TR RS "ES au LA l AE LEE È < MAR RES à (pie A TR es Q BTE DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES ARTS ET DES MÉTIERS, PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES MIS EN ORDRE ET PUBLIÉ PAR M **#. Tantum feries junéluraque poller, Taniim de medio fumpis accedit honoris ! HORAT, _—: A rends TOME-DIXIEME. Ou" « QUELS Dose Se A « & MAM= MY. RE - RE STE NN TS € F NN \ ) À) Sp ! Je À NEUFCHASTEE, Cuez S À MUEL FAULCHE & Compagnie, Libraires & Imprimeurs, N ue F Hoparmens 1 ;: + AO 4 nb Dar se ar En DAC" RÉCIT Song BR as ES53 751 4H 10 sLDIRÈ RS ER AMMELLE oz MAMELLE., le + SE La | ff, (Anar, & Phyftol. ) en la- le ÿ: ARE 4 tin 7amma , partie du corps E 27 à re 3 humain plus ou moins élevée, É Ge M * #2 4] charnue, glanduleufe , pofée Ë dxmeeex D 2] extérieurement vers les deux EL MSASAT" 7 côtés de la poitrine. + A # EE On donne le nom de r74m- mnelles à deux émunences plus ou moins rondes , fituées à la partie antérieure & un peu latérale dela poitrine , de maniere que leur cen- tre eft à-peu-près vis-à-vis l'extrémité offeufe de la f- xieme des vraies côtes de chaque côté. Elles varient en volume & en forme, felon l’âge & le fexe. Dans les enfans de lun & l’autre fexe, & dans les hommes de tout âge, elles ne font pour lordinaire que des tubercules cutanés , comme des verrues mollafles , plus ou moinsrougeätres, qu’on appelle mammellons | & qui font environnés chacun d’un petit cercle ou difque médiocrement large , très- mince , d’une couleur plus ou moins tirant fur le brun, & d’une furface inégale. On l’appelle aréole. Dans les femmes, à l’âge d’adolefcence , plutôt ou plus tard, il fe joint à ces deux parties une trot- fieme , comme une groffeur ou protubérance plus ou moins convexe & arrondie , dont la largeur va jufqu’à cinq ou fix travers de doigts , & qui porte à-peu-près au mulieu de fa convexité le mammel- lon & l’aréole. C’eft ce qui eft proprement appellé mammelle, & que l’on peut nommer auffi le corps de la mammelle , par rappott à fes deux autres par: ties. Ce corps augmente avec l’âge, acquiert beau- coup de volume dans les femmes grofles, & dans celles qui nourriflent. Il diminue auffi dans la vieil- lefle , qui lui fait perdre de même fa fermeté & fa confiftance naturelles: … Le corps de la rzammelle eft en partie glanduleux & en partie graifleux. C’eft un corps glanduleux entremêlé de portions de la membrane adipeufe, dont les pellicules cellulaires {outiennent un grand nombre de vaifleaux fanguins , de vaifleaux [ym- phatiques , de conduits féreux & laiteux , avec plu- fieurs petites grappes glanduleufes qui en dépen- dent, le tout fermement arrêté entre deux mem- branes qui font la continuation des pellicules. La plus interne de ces deux membranes & qui fait le fond du corps de la sammelle , eft épaiñle, prefque plate , 8 attachée au mufcle du grand peétoral. L'autre membrane ou lexterne eft plus fine , 8 forme au corps de la mammelle une efpece de técument particulier, plus où moins convexe, & elle eft fortement adhérente à la peau. Le corps graifleux ou adipeux de la memmelle e particulier eft un peloton fpongieux,, entrelardé plus ou moins de sraifle. C’eft un amas de pellicules membraneufes, qui forment enfemble, par l’arran- ement de leurs faces externes, comme une mem- brane particuliere en maniere de fac, dans lequel tout le refte du corps graifleux eft renferme. La por- tion externe de ce fac, c’eft-à-dire celle qui touche Ja peau eft fort mince , au lieu que l’autre qui eft contre le mufcie grand peétoral eft fort épaille. Le corps glanduleux renferme une mafle blan- che , qui n’eft qu’un amas de conduits membraneux, étroits en leur origine , larges dans le milieu, qui accompagnent principalement la mafle blanche &c fe retréciflent de rechef en allant au mammellon, vers lequel ils font une efpece de cercle de commu- Tome X, nication ; on les appelle conduits laiteux. Le difque ou cercle coloré eft formé par la peau; dont la furface interne foutient quantité de petits corps glanduleux de cette efpece, queM. Morgagny, appelle glandes fébacées. Ts paroïffent aflez vifible- ment dans toute l’aréole, même en-dehors, où ils font de petites éminences plates qui s’élevent d’ef- pace en efpace comme des monticules tout autour, dans l’étendue du cercle ou du difque. Ces monticules ou tubercules font percés d’un petit trou , par lequel on peut faire fortir une ma ticre fébacée. Quelquefois on en exprime une li- queur féreufe , d'autrefois une férofité laiteufe ou même du lait tout pur, fur-tout dans les nourrices. Ce fait donne à penfer que ces tubercules com- muniquent avec les conduits laiteux , &t qu'on pour- roit les regarder comme de petits mammelons auxi- liaires qui fuppléent un peu aux vrais mammelons, Les matieres ou liqueurs différentes qu'on peut ex- primer fucceflivement d’un même corps glandu- leux, donnent encore lieu de croire que le fond de ces petits trous eft commun à plufieurs autres plus petits. On voit par ce détail que la fubftance des z14m- melles eft compofée de plufeurs chofes différentes. 1°, On trouve les tégumens communs qui font l’épi- derme , une peau tendre & une quantité confidéra- ble de graifle. 2°. On trouve une fubftance particu- liere , blanche, qui paroït être glanduleufe, &c qux n’eft pas différente de la fubftance qui compofe la plus grande partie des #ammelles des animaux ; elle occupe fur-tout le milieu de la wammelle, & elle eft environnée d’une grande quantité de graifle , que forme une partie confidérable des mammelles.….. Les corps glanduleux qui ont été décrits comme des glandes parNuck, mais fur-tout par Verheyen , & par d’autres qui ont fuivi ces anatomiftes : ces corps, dis-je, ne font pas des glandes, ils ne font que de la graïfle. On trouve 3°. les tuyaux qui por- tent le lait, quimarchent à-travers la fubftance glan- duleufe , & qui fe joignent par des anaftomoles ; ils ramaflent & retiennent le lait qui eft féparé dans les filtres. Toutes ces chofes font fort fenfibles dans les mammelles gonflées qui font grandes , 8c fur-tout dans les nourrices ; mais à peine peut-on les voir dans les filles qui n’ont pas encore l’âge de puberté, dans les femmes âgées, dans celles qui font extre- mement maigres , ou qui ont les mammelles deflé- chées. 4°. Quant aux vaifleaux des warmmelles , on fait que les arteres & les veines qui s’y difiribuent, fe nomment wemmaires internes & externes, &t qu’el- les communiquent avec les épigaftriques. Warthon a décrit les vaifleaux lymphatiques, Les nerfs mam- maires viennent principalement des nerfs coftaux, & par leur moyen communiquent avec les grands nerfs lympathiques. Les mammelles bien conditionnées font le princi- pal ornement du beau fexe, & ce qu'il a de plus aimable & de plus propre à faire naître l’amour , fi lon en croit les Poëtes. L’un d’eux en a fait le re- proche dans les termes fuivans à une de fes mat- trefles coquette. | Num quid laïleolum finum ; € ipfas Præ te fers fene linteo papillas ? Hoc ef} dicere , pofte’, pofce, srado ; Hoc ef? ad yenerem vocare amantes. Mais les mammelles font {ur-tout deftinées par la nature à cribler le lait & à le contenir, jufqu’à ce À 2 MAM que Penfant le fuce ; delà vient que les femmes dont les mammelles font en forme de poire , paflent pour les meilleures nourrices , parce que l’enfant pent alors prendre dans la bouche le mammellon , con- jointement avec une partie de l'extrémité de la 74m Trrelle, Cet avantage eft fort au-deflus de la beauté réel- le des wammelles , qui confifte à être rondes, fermes, bien placées fur la poitrine , & à une certaine dif- tance l’une de l’autre ; car fuivant la régle de pro- portion mife en œuvre par nos flatuaires , il faut qu'il y ait autant d’efpace de l’un des mammelons à Pautre , qu'il y. en a depuis le mammelon jufqu’au milieu de la foffette des clavicules ; enforte que ces trois pomts faflent un triangle équilatéral ; mais laiffons ces chofes accefloires pour nous occuper de faits plus intéreflans. La premiere queftion qui fe préfente, c’eft fi le tiflu des mammelles n’eft pas celluleux aufli-bien que glanduleux, Il paroît qu'il s’y trouve des cellules ou des organes, dans lefquels Le lait filtré fe verfe. De- R naïflent fans doute les tuyaux laëtés qui font longs, groffiflent dans leurs progrès, & en approchant du mammelon forment des tuyaux plus étroits ; ces ca- naux font accompagnés d’un tiffu fpongieux dans lequel le fang fe répand , & cet aflemblage va fe terminer de deux façons; car les tuyaux laétés re- trécis vont aboutir à une efpece de tuyau circulaire qui forme un confluent; & le tiflu fpongieux va for- mer le corps du mammelon, & finit par un amas de mèches & de faifceaux pliflés. Cet amas eft un tiflu qui peut prendre divers'degrés de fermeté, qui s’al- longe &c {e racourcit, & qui eft extrèmement fenf- ble à caufe des houpes nerveufes que M. Ruyfch y a obfervées. | ; Du confluent dont nous avons parlé, partent plu- feurs tuyaux , lefquels vont s’ouvrir à la furface du bout du mammelon, & qui font réferrés & racour- cis par le pli des méches du mammelon. Autour de la bafe du mammelon , on voit un plan circulaire parfemé de petites glandes dont les ouvertures excrétoires font aflez vifbles ; il eft cer- tain que par les ouvertures qui font répandues fur la furface de ce plan circulaire, 1l fort une matiere fébacée & une matiere laiteufe ; c’eft Morgagny qui a fait cette découverte. On demande, 2°. quelle eft la nature du lait qui fort des mammelles des femmes. Je réponds qu'il eft de la nature même du lait des animaux : ce lait a quelque rapport avec le chyle, tel qu’il eft dans les inteflins , mais il en differe par plufieurs de fes pro- priétés ; car 1°, le lait a moins de férofité , parce que la férofité qui fe trouve dans lechyle, fe par- tage à toute la mafle du fang ; il ne doit donc en avoir qu'une partie dans le lait. 2°. Le lait a été plus trituré, puifqu’il a pañlé par le cœur & par les Vaifleaux. 3°. On en peut faire du fromage, ce qu'on ne peut fawe du chyle, parce que l’mule n’eft pas affez féparée du phlegme, & mêlée avec la ma- tiere gélatineufe & terreufe qui eft mêlée avec le fang. 4°. Le lait ne fe coagule pas comme la féro- fité du fang , parce que la férofité du fang a plus Louvent pailé par les filieres ; dans ce paffage la par- tie la-plus aqueufe, coule dans les filtres &z dans les vaifleaux lymphatiques; alors la partie huileufe fe ramañle, davantage , enfute elle ne fe mêle plus f bien avec l’eau, 5°. Le lait devient âcre & tend à s’alkalifer dans les fiévres , 11 change de couleur ; on l’a vù quélquefois devenir jaune du foir au len- demain ; on donne cette couleur au lait en le faifant bouillir avec des alkalis; da chaleur qui s’excite dans le fang par la fiévre, produit le même effet, auffi les nourrices qui Ont la fiévre ou qui jeûnent , donnent au lait jaunâtre & très 2 nuifible aux enfans ; on MAM voit par-là que les matieres animales foht moins propres à former de bon lait que les matieres vécé- tales, car les parties des animaux font plus difpofées à la pourriture. La troifieme queftion qu’on propofe , c’eft fi le lait vient du fang dans les mamelles , ou fi le chyle peut y être porté par les vaifleaux fanguins. Nous répondons ; 1°. qu'on a des exemples qui prouvent que le lait peut fortir par plufieurs endroits du corps humain , comme par la cuifle , Gc. or dans ces par- ties , il n’y à pas lieu de douter, que ce ne foit le fang qui y porte le fuc laiteux. 2°, Les injedions r . » Le ÿ démontrent, qu'il y a un chemin continu des artè- res aux tuyaux laiteux ; or cette continuation de canaux ne peut être que pour décharger les artè- res. On objeétera que le fang pourroit changer le chyle ; mais 1l faut remarquer que le chyle mêlé au fang ne quitte pas d’abord la blancheur , & qu'il cir- cule au contraire aflez long-tems avec le fang , fans fe dépouiller de fa couleur ; fi on ouvre la veine d’un animal quatre ou cinq heures après qu'il a beau- coup mangé, On verra une grande quantité de chyle femblable au lait quinage avec le fang coagulé. Lo- ver a obfervé qu’un homme qui avoit perdu beau- coup de fang par une longue hémorrhagie, rendoit |. le chyle tout pur parle nez. On demande comment le lait fe filtre | & com: ment 1l eft fucé par lenfant. Voici le méchanique de cette filtration. Le fang rempli de chyle , étant porté dans les artères mamaires, fe trouve trop srof. fier pour pafler par les filtres, tandis que le tait dont les molécules font plus déliées s’y infinue ; parmi les organes qui féparent le lait, il y a des vaifleaux lymphatiques ; la partie aqueufe pafle dans ces vaif- {eaux , ce lait porté dans les fofficules & dans les tuyaux , eft pouflé par le fans qui fe trouve dans le tiffu fpongieux dont les canaux laïteux font envi- ronnés , & dont le mamelon eff formé, Les tuyaux qui reçoivent le lair filtré, s’élargiflent vers leur partie moyenne , & par-là peuvent contenir une grande quantité de lait qui coulera de lui-même ; lorfque la détenfion de ces vaiffeaux furmontera le refferrement du mamelon ; pour ce qui regarde l'acz tion de l'enfant qui fuce. Voyez-en la méchanique * au 70£ SUCTION ou au m0 T'ETTER. La cinquieme queftion qu’on fait ici, c’eft pour2 quoi les hommes ont des mamelles ? On peut répon- dre qu'on en ignore lPufage, & que peut-être les manuelles n’en ont aucun dans les hommes. La natus re a d’abord formé les parties qui étoient néceffai= res à la confervation de l’efpece ; mais quoique ces parties foient inutiles dans un fexe, elle ne les re- tranche pas, à moins que ce retranchement ne foit une fuite néceffaire de la ftru@ure qui différencie les fexes. Il eft certain que les mamelles font les mêmes dans les hommes & dans les femmes ; car dans les deux fexes elles filtrent quelquefois de vrai lait, de forte que les menftrues & la matrice ne font que des caufes occafionnelles qui déterminent l'écoulement du fuc laiteux. Les enfans des deux fexes qui ont fouvent du lait fuintant de leurs #amelles, en font une nouvelle preuve. Maïs, dira-t-on, pourquoi les hommes en géné tal n'ont-ils pas du lait comme les femmes, & pour: quoi leurs warnelles {ont-elles plutôt feches ? TA4- chons d'expliquer ce phénomene. 1°. Dans les en- fans de l’un & de l’autre fexe , les #4melles font fort gonflées , & contiennent ordinairement du lait ; ce- la doit être ainfñ, puifque les organes font les mê- mes , & qu'il ny a pas plus de tranfpiration d’un côté que d'autre, durantque le fœtus eft dans le fein de la mere, & durant l'enfance. 2°, Dès que les fil- les font venues à un certain âge, &. que la plénitu- de arrive dans l'utérus, alors les marelles fe son- DS) flent , le fang dilateles vaifleaux artériels , qui font encore fort fléxibles à cet âge, où coulent les menf- trues pour la premiere fois ; Le gonflement dont nous venons.de parler, arrive à proportion quelles filles approchent de l’âge de treize ou quatorze ans; mais il fe fait fur-tout fentir quelques jours avant que les mehftrues coulent ; & il eft f vrai qu'il fe fait fen- tir d'avance , que fi l’on examine attentivement le pouls, on trouvera qu'il s’éleve cinq ou fix jours avant l'écoulement des menftrues ; le fang qui rem- plit extraordinairement les vaifleaux utérins , em- pêche celui qui vient après , d'y entrer ; ce fang qui vient après entre en plus grande quantité dans les artères, qui de l’abdomen vont communiquer avec les mamaires ; par-là les marnelles fe gonflent, dès que les tuyaux excrétoires de l'utérus viennent à s'ouvrir, le fang ne pañle plus en aufüi grande quan- tité par les artères communiquantes avec les ma- maires : & alors le fang qui gonfloit les ramelles , s'écoule peu-à peu; voilà donc deux caufes qui pro- duifent le gonfiement des zamelles ; la premuere eft la préparation de la nature au flux menftruel, & cette préparation dure aflez long-tems : ainfi on ne doit pas être furpris , fi les mamelles fe gonflent long- tems avant cet écoulement : 3°. le gonflement eft encore caufé par les efforts que fait la nature dans les premiers écoulemens. | Ajoutez à tout cela les aiguillons de l'amour, qui fouvent ne font pas tardifs dans les filles ; les impref- fions de cette pañlion s’attachent à trois organes qui agiflent toujours de concert, la tête, les parties de la génération & les mamelles ; le feu de la pafion fe porte de l’une à l’autre ; alors les marmelles fe gon- flent , le fang fait des efforts contre les couloirs qui doivent filtrer du lait , & les difpofe par-là à le recevoir un jour; or ce que nous venons de dire au fujet de Paccord de ces trois parties , quand elles font agitées par les impreflions de l'amour, doit nous rappeller une troifieme caufe qui agit dans le gonfle- ment des #amelles | c’eft l’aétion des nerfs {ÿmpa- tiques ; quand l’utérus fe prépare à l'écoulement menftruel , il eft agité par les efforts du fang ; cette agitation met en jeu les nerfs fympathiques, qui agif- fent d’abord fur les rzamnelles ; ces nerfs par leur ac- tion , rétréciflent les vaifleaux qui rapportent le fang des mamelles ; il eft donc obligé de féjourner dans leur tiflu fpongieux, & de le gonfler ; tous ces mouvemens dilatent les couloirs des ramnelles êt fa- vorifent l’ufage auquel la nature les a deftinées. On voit par-là, que la raifon qui montre qu'il ne doit pas y avoir un écoulement reglé dans les hommes, nous apprend que le lait ne doit pas fe filtrer dans leurs rzamelles ; comme ils n’éprouvent pas de plé- nitude ainf que les femmes, les vaifleaux mamai- res qui ne font jamais gonflés, ne fe dilatent point ; au contraire , comme ils fe fortifient & fe durcif- {ent , les fofficules & tuyaux laiteux acquierent de la dureté, parce qu'ils font membraneux ; ainfi le fang a de la peine à y féparer le lait, quand même il arriveroit dans la fuite quelque plémitude , com- me on le voit fouvent par les écoulemens périodi- ques qui fe font par les vaiffleaux hémorrhoïdaux. Il peut cependant fe trouver des hommes en qui la plénitude , les canaux élargis dans les mamelles, la preflion ou le fucement produiront du lait ; tout cela dépend de la dilatation des canaux. La fixieme queftion qu’on peut former, c’eft pour- quoi le lait vient aux femmes après qu’elles ont ac- couché. Pour bien répondre à cette queftion 8 com- prendre clairement la caufe qui pouffe le lait dansles marmnelles après l'accouchement, il faut fe rappeller, 1°.que le lait vient du chyle, 2°. que les vaifleaux delutérus font extrémement dilatés durant la grof- fefle ; 3°. que l'utérus fe retrécit d’abord après lac- Tome X, MAM 3 couchement, 4°. qu'il pañoit une grande quantité de chyle ou de matiere laiteufe dans le foetus. De la troifieme propoñtion, 1°. il s'enfuit que le fang ne pouvant plus entrer en fi grande quantiré dans les arteres afcendantes , par conféquent les ar- teres qui viennent des fouclavieres & des axillaires dans les zramelles , feront plus gonflées ; 2°. il s’en- fuit de cette même propoftion que le fang qui entre dans l’aorte defcendante ne pouvant plus s’infinuer en fi grande quantité dans l’utérus, remplira davan- tage les arteres épigafltriques qui communiquent avec les mamaires. Voilà donc les mammelles plus gonflées de deux côtés après l'accouchement. 3°. De la quatrieme propoñtion il s’enfut que le chyle fu- perflu à la nourriture de la mere, lequel pafloit dans le fœtus , doit fe partager aux autres vaifleaux & fe porter aux #4melles, À la premiere circulation qui fe fera, il en viendra une partie ; à la feconde il en viendra une autre , &c. & comme cinq ou fix heures après le repas le chyle n’eft pas encore changé en fang , les circulations nombreufes qui fe feront du- rant tout ce tems y porteront une grande partie de ce chyle , qui auroit pañlé dans le fœtus sil eût été encore dans le fein de la mere. Dans le rems que le chyle eft ainf porté aux 714- melles , les foflicules fe rempliffent extraordinaire ment , les tuyaux gonflés fe preflent beaucoup ; &e à l’endroit où 1ls s’anaftomofent, cette preflion em- pêche que le lait ne s’écoule. Les tuyaux extérieurs qui n’ont pas encore été ouverts, contribuent aufli par leur cavité étroite à empêcher cet écoulement ; mais dès qu’on a fucé les mamelles une fois, 1°, les tuyaux externes fe dilatent, 2°. les cylindres delait qui font dans Les tuyaux internes font continus avec les cylindres qui font entrés dans les externes : alors le lait qui ne couloit point auparavant rejaillira après qu’on aura fucé une fois ces tuyaux, dont l'ouverture étoit fermée au lait, parla même raïfon que l’uretre eft quelquefois fermée à lurine par la trop grande dilatation de la veflie, laquelle étant trop gonflée , fait rentrer fon col dans fa cavité, On peut ajouter une autre caufe qui ne contribue pas moins que celles dont nous venons de parler, à faire entrer le lait en grande partie dans les mamelles après l’accouchement ; 1l faut fe rappeller le grand volume qu’occupe lutérus pendant la groffefle ; après l’accouchement , l’utérus revient dans peu de tems à fon premier volume : durant les premiers jours la révolution y eft extraordinaire, c’eft-à-dire que la conftruétion des fibres , l’expulfion du fang y caufent des mouvemens furprenans & pour ainfdire fubits. Or, par l’aétion des nerfs fympathiques , le mouvement fe porte avec la même violence dans les mamelles ; elles fe gonflent par ces mouvemens , leurs couloirs s'ouvrent, & le lait fe filtre & s’écou- le. Le lait entre dans les filtres par la même raifon que fi les vaiffeaux de la matrice étoient mis en jeu par les mouvemens des nerfs, le fang ou une matiere blanche , pourroient s’écouler. Par cette méchanique qui fait que le lait fe filtre dans les marmelles des femmes accouchées , il peut fe filtrer dans les filles dont les regles font fupprimées ; car le fang ne ponvant ni circuler librement ni fe faire jour par la matrice, fe jettera dans les wamelles, ce qui n’eit pas rare. On voit auff par-là que cela peut arriver à quelques femmes qui n’ont plus le flux menftruel ; cependant comme les fibres fe durciflent par l’âge, ce cas ne fe rencontrera point ou très- rarement dans les femmes âgées, dont les parties {e= ront defléchées. 1 Les filles qui font fort lafcives pourront avoir du lait par une raifon approchante de celle queje viens de donner ; car les convulfions qui s’exciteront dans leurs parties génitales feront monter une FE grande ÿ 4 MAM quantité de fang dans les arteres épigaflriques, parce que les convulfionsretréciflent lacavité desvaifleaux dans la matrice, levagin, 6, cet effet arrivera fur tout dans les filles qui auront les regles fupprimées ; & le fang étant retardé dans utérus, ira toujours remplir les arteres épigaftriques, jufqu’à ce que les mouvemens qui agifient {ur la matrice ayant ceflé, le fang trouve un pañlage plus libre. Il faut fur-tout ajouter à cette caufe l’aétion des nerfs fympathiques, qui fontaci les principaux agens, Le même effet peut arriver fi les femmes manient {ouvent leurs tettons. 1°. Les houpes nerveufes qui fe trouvent aumamelon étant chatouillées, tiraillent le tiflu fpongieux & les vaifleaux fanguins ; ce tirail- lemént joint à l’aétion du fang de ce tiflu , exprime le lait des vaifleaux fanguins & le fait couler. De plus, le chatouillement des #7amelles produit des fen- fations voluptueufes, met en jeu les parties de la génération, lefquelles à leur tour réagiflent fur les mamelles. On a vu des hommes qui en fe maniant les vrammelles fe {ont fait venir du lait par la même raon. | Il ne fera pas difficile d'expliquer pourquoi les vuidanges diminuent par l'écoulement du lait, & vice verlé , & pourquoi elles augmentent par la fup- preflion du lait; le fang qui fe décharge par une ou- verture doit fe décharger moins par une autre. De tout ce que nous venons de dire, il s’enfuit encore que le foir durant lagrofleffe, la douleur, la tenfion, la dureté de la rramelle doivent augmenter. 1°. Les mouvemens que les femmes fe donnent pen- dant le jour , font que le {ang fe porte en plus grande quantité vers les mamelles ; 2°. la chaleur diminue le {oir , la pefanteur de l’air augmente, les pores fe trouvent moins ouverts, la furface du corps fe trouve plus comprimée : tout cela peut faire que le fang resorge vers les mamelles ; on ne doit pas être fur- - pris f. alors il en découle une liqueur féreufe, fur- tout dans les pays feptentrionaux. Voilà la réponfe aux principaux phénomenes qui regardent les wamelles : la nature n’a pas exempté cette partie de fes jeux. Ordinairement les femmes n’ont que deux #amelles ; cependant Blafus , Walo- cus & Borrichius en ont remarqué trois. Thomas Bartholin parle d’une femime qui en avoit quatre. Jean Faber Lyneœus a fait la même remarque d’une femme de Rome, & toutes quatre étoient pleines de lait. Lamy, fur les obfervations duquel on peut compter, aflure qu'il a vu quatre zramelles à une femme accouchée à l’hôrel-dieu, quitoutes rendoient du lait. Il y en avoit deux à la place ordinaire d’une groffeur médiocre , 8 deux autres immédiatement au-deflous beaucoup plus petites. On lit dans un recueil de faits mémorables, com- pofé par un moine de Corbie, & dont il eft parlé dans la république des lettres Septembre 1686, qu’une payfanne qui vivoit en 1164 avoit quatre 77amelles, deux devant & deux derriere, vis-à-vis les unes des autres , également pleines de lait; & cette femme, ajoute-t-il, avoit eu déjà trois fois des jumeaux qui Pavoienttetté de part & d’autre : mais un fait unique ffingulier rapporté par un amateur du merveilleux & dans un fiecle de barbarie , ne mérite aucune croyance. Pour ce qui regarde la groffeur &c la grandeur des rnamelles,, elle eft monftrueufe dans quelques per- fonnes êc dans quelque pays. Au cap de Bonne-Ef- pérance & en Groenland , il y a des femmes qui les ont figrandes, qu’elles donnent à tetter à leurs enfans par-deflus l'épaule. Les wamelles des femmes de la terre des Papous & de la nouvelle Guinée font fem- blablement fi longues, qu’elles leur tombent fur le nombril , à ceque dit le Maire dans fa defcription de ces deux contrées, Cada Mofto, qui le premier # MAM nous a certifié que les pays voifins de la ligne étoient couverts d’habitans , rapporte que les femmes des deferts de Zara font confifter la beauté dans la lon- gueur de leurs mamelles. Dans cette idée, à peine ont-elles douze ans qu’elles fe ferrent les ramelles avec des cordons , pour les faire defcendre le plus bas qu'il eft poffble. re Outre les jeux que la nature exerce fur les 74 melles , elle les a encore expofées à des maux terri- bles dont il ne s’agit pas de parler ici, c’eft la trifte befogne de la Medecine & de la Chirurgie. Finiflons cette phyfologie des zamelles par quel- ques obfervations particulieres qui s’y rapportent direétement. Premiere obférvation. Pour bien voir exatement la ftru@ure des mamelles, outre le choix de la 74- nelle bien conditionnée, médiocrement ferme , d’un volume affez confidérable dans une nourrice ou femme morte en couche, ou peu de tems après lac- couchement , il faut divifer le corps de la wamelleen deux parties par une fettion verticale qui doit fe continuer fur le mamelon , pour le partager auffi fuivant fa longueur , comme l’enfeigne Morgagny, l’auteur à qui l’on doit le plus de recherches fur cette matiere. Seconde obférvation, Letems où les z7amelles {e gon- flent eft l’âge où les filles commencent à devenir nu- biles ; à 12 ans, r4ans, 16 ans, fuivant les pays, êt plütôt ou plütard dans les unes que dans les au- tres ; ce gonflement s’exprime en latin par ces ter- mes , amine fororiantur , & par d’autres qu'Ovide & Catulle connoifloient mieux que moi. Le tems où les rramelles diminuent varie femblablement , fans qu'il y ait d'âge fixe qui décide de leur diminution. Troifieme obfervation. Le lait dans une femme n’eft point une preuve certaine de groffeffe ; elle peut être vierge & nourrice tout-à-la-fois : nous en avons dit les raifons. Aïnfi Bodin a pu aflurer fans menfonge qu'il y avoit dans la ville de Ham en Picardie un pe- tit enfant qui s’amufant après la mort de fa mere à fucer le tetton de fa grand’mere, lui fit venir du lait & s’en nourrit. On trouve dans Bonnet d’autres exemples femblables , atteftés par la célebre Louife Bourgeois , accoucheufe de l’hôtel-dieu. Enfin on peut lire à ce fujet la diflertation de Francus, intitu- lée , fatyra medica lac virginis. On cite auf plufieurs exemples d'hommes dont les mamelles ont fourni du lait ; & l’on peut voir fur ce fait Le /épulchreum. On peut confulter en parti- culier Florentin: ( Francifci Mariæ ) , de genuino pue- rorum laëte, 6 de marmillarum in viro lattifero ffru&luré, difquifitio , Luce 1653. Mais comme perfonne ne doute aujourd’hui de cette vérité, il eft inutile de s’y arrêter davantage. Quatrieme obférvation. Nous avons dit ci-deflus que le lait pouvoit fortir par plufeurs endroits du corps humain , comme par la cuifle : voici un fait très-curieux qui fervira de preuve, fur letémoignage de M. Bourdon , connu par fes tables anatomiques in-folio , difpofées dans un goût fort commode. II aflure avoir vu une fille de 20 ans rendant une auf grande quantité de lait par de petites puftules qui lui venoient à la partie fupérieure de la cuiffe gau- che fur le pubis, qu’une nourrice en pourroit rendre de fes mamelles. Ge lait laifloit une crême , du fro- mage & du férum , comme celui de vache , dont il ne différoit que par un peu d’acrimonie qui piquoit la langue. La cuiffe d’où ce lait découloit étoit tumé- fiée d’un œdème qui diminuoit à proportion de la quantité de lait qui en fortoit; cette quantité étoit confidérable,, &c afoiblifloit beaucoup cette fille, Quand ce lait parut, elle ceffa d’être réglée, & d’ail- leurs fe portoit bien à Paffoibliffement près dont on vient de parler. Voyez le Journal des Savans, du 5 Juin 1684. k ; Cinquieme obfervation. Si le phyficien, après avoir confidéré tout ce qui concerne Les mamelles humai- nes , jette finalement les yeux fur l'appareil de cette partie du corps dans les bêtes, 1l le trouvera égale- ment curieux & digne de fon admiration , foit qu'il examine la ftruêture glanduleufe de leurs tettines,de leurs trayons , les arteres , les veines, les netfs , les tuyaux laétés qui s’y difiribuent ; foitqu'il confidere le nombre convenable de leurs pis proportionné aux diverfes circonftances de l'animal , & placé dans Vendroit le plus commode du corps de chaque ef- pece pour difpenfer le lait à fes petits. Fe Les animaux qui ont les piés folides, qui rumi- nent & ceux qui portent des cornes, comme la cavale, l’änefle, la vache, &c. ont les mamelles pla- cées entre les cuiffes, parce que les petits fe tiennent fur leurs piés dès le moment de leur naïflance, &c que les meres ne fe couchent point pour les alaiter. Les animaux qui ont des doipts aux prés & qui font d’une feule portée plufeurs petits, ont une double rangée de mamelles placées le long du ventre, c’eft- a-cire depuis l’aîne jufqu’à la poitrine ; dans le lapin cette rangée s'étend jufqu'à la gorge : ceux-ci fe cou- chent pour donner le tettin à leurs petits, comme cela fe voit dans'l’ourfe, dans la lionne , Gt, | Si ces animaux portoient leurs zamelles unique- ment aux aînes, en fe couchant leurs cuifles empé- cheroient les petits d'approcher des wamelles. Dans l'éléphant les trayons font près de la poitrine, parce que la mere eft obligée de fucer fon lait elle-même par le moyen de fa trompe, & de le conduire en- fuite dans la bouche du petit. Voyez les Tranfaë&ions philofophiques n°.336, l'anatomie comparée de Blafius & autres écrivains. Ils fourniront au leéteur plufieurs détails fur ce fujet que je fupprime ; & il s’en faut bien que les recherches des Phyfciens aient épuifé Ja matiere. « Une chofe qui montre , dit Ciceron , » que ce font-là les ouvrages, d’une nature habile & » prévoyante, c’eft que les femelles qui comme les » truies & les chiennes font d’une portée beaucoup » de petits, ont beaucoup de mamelles , au lien que » celles-là en ont peu, qui font peu de petits à-la- » fois. Lorfque l’animal fe nourrit de lait, prefque » tous les alimens de fa mere fe convertiffent en lait; 5» c par le feul inftinét l'animal qui vient de naître » va chercher les mamelles de fa mere , & fe raflafie » du laitqu'il y trouve. Liv. IL, ch. xly. de nat, deorum, (D. =: MAMMELON, f. m. (Anatom.) en anglois ripple. On appelle marmelon le tubercule ou bouton qui s’é- leve du centre de l’aréole de la mamelle ; fon volume eft différent felon l’âge & le tempérament en géné- ral, &c felon les différens états du fexe en particulier. Dans les femmes enceintes & dans celles qui alai- tent , il eft d’un volume aflez confidérable , ordinai- rement plus en hauteur ou longueur qu’en largeur ou épaifleur. Il y en a qui Pont très-court, ce qui eft très-incommode à l'enfant qui tette. Le tiflu du zamelon eft caverneux, élaftique, & fujet à des changemens de confiftence, en fermeté êT en flaccidité. Il paroît compofé de plufeurs faifceanx ligamenteux , dont les extrémités forment la bafe & _ la fommité du zamelon ; ces faifceaux paroïffent être légerement pliflés dans tonte la longueur de leurs fibres : de forte qu’en le tirant & lallonseant on en efface les pliflures, qui reviennent aufi-tôt qu’on cefle de tirer. Entre les faifceaux élaftiques font placés , par de petits intervalles & dans la même dire@tion , {ept ou Puit tuyaux particuliers qui du côté de la bafe du Iameloz aboutiffent à un confluent irrégulierement cwculaire des conduits laiteux ; & du côté de la MAM ; fommité du même memelor s'ouvrent par autañit de petits trous prefque imperceptibles. Ces tuyaux étant étroitement liés avec les faifceaux élaftiques , fe pliffent de même, | , Le corps du ramelon eft enveloppé d’une produc- tion cutanée extrémement mince, & dé l’épiderme ; la furface externe du #amelon eft fort inégale , paf quantité de petites éminences & rugofités itrégulies res dont celles du contour & de la circonférence du mamelon Îe trouvent en quelques fujets avoir un ar- rangement tranfverfal ou annulaire , Quoique très= interrompu & comme entrecoupé, | Cette direétion paroît dépendre de la pliflute élaf tique des faïfceaux dont je viens de parler, & on peut par cette fimple ffruéture expliquer comment les enfans en fuçant le mamelon, 8e les payfannes en tirant Les pis de la vache, font fortir le lait; car les tuyaux excrétoires étant ridés conformément aux plis des faifceaux, ces rides , comme autant de val= vules , s’oppofent à la fortie du lait, dont les con- duits laiteux font remplis : au lieu que le mamelon étant tiré &c allongé , ces tuyaux perdent leurs plis & préfentent un paflage tout droit, Ajoutez ici que fi l’on tire avec quelque violence , on allonge en même tems le corps de la mamelle, d’où réfulte un retréciflement latéral qui prefle le lait vers les tuyaux ouverts, On peut encore, en comprimant feulement le corps de la mamelle, preffer le lait vers le mame- lon, & forcer le paflage par les tuyaux. Comme la fubftance du mamelon eft caverneufe : de même que celle du pénil, c’eft pour cette raifon qu'il groflit & fe releve quand on le manie , que les impreflions de l’amour agiflent, & que les enfans tettent ; outre que cette partie eft compofée de vaif- {eaux fanguins très-nombreux , de tuyaux ladtés, & d’une épiderme fenfible qui le couvre , les trous & les orifices des tuyaux laétés font au nombre de fept, huit , dix, & paroïiffent bien dans les nourrices : l’ae réole qui eft parfemée de glandes eft d’un rouge vif dans les jeunes filles ; il devient d’une couleur plus obfcure dans les femmes mariées, & livides dans les vicilles. Hollier a vu un double mamelon dans une feule mamelle , & le lait découloit de chacun de ces. deux 7zarmelons. Quand le z1amelor dans une jeune femme nouvel- lement accouchée eft fi petit & fi enfoncé dans le corps de la mamelle, que l'enfant ne peut s’en faifir pour tetter, 1l faut alors fe fervir d’un enfant plus âgé , plus fort, d’un adulte, d’un inftrument de verre à tetter, de la partie fupérieure d’une pipe à famer : c. Les femmes en couches qui nourtiflent leurs en- fans font aflez fréquemment affligées de gerçures & d’ulcérations douloureufes au mamelon: onlefrottera du mucilage de femence de coings, d'huile de mytrhe par défaillance , ou l’on fera tomber deflus le mame- lon à-travers une mouffeline, un peu de poudre fine de gomme adraganth : on tâchera d’empêcher le marelon de s'attacher au linge ; c’eft pourquoi lor{- que l’enfant aura tetté , on lavera le mamelon avec une folution d’un peu de fucre de faturne dans de l'eau de plantain, & on appliquera deffus un cou- vercle d'ivoire ou de cireblanche fait exprès. (D.J.) MAMMELONS de la langue, (Anar. ) font des pe- tites éminences de la langue, qu'on appelle ainfi parce qu’elles reffemblent au petit bout des mamel- les. Voyez LANGUE. De la tunique papillaite de la langue s’élevent quantité de mamelons nerveux qui, pénétrant les fubftances vifqueufes qui font au-deflus , {e termi- nent à la furface de la langue. Voyez PAPILLAIRE. C’eft par le moyen de ces mamelons que la langue eft fuppofée avoir la faculté du goût. Voyez GOÛT. MAMMELONS,(Hife, rat, Minéral,) c’'eft au que 6 MAM lon nomme des comcrétions pierreufes & minérales, dont les furfaces préfentent des efpeces de tubercu- Les ou d’excrefcences , aflez femblables au bout d’un tetton, Plufeurs pierres & incruftations prennent cette forme; on la remarque pareillement dans plufieurs mines métalliques, fur-tout dans l’héma- tite , dans quelques pyrites qui ont la forme d’une grappe de raïfin, &c. (—) | MAMMELON , {. m.( Coxchyliol, ) Ce mot fe dit, en Conchyliologie, de toutes fortes de tubercules qui fe trouvent fur les coquillages, & en particu- lier de la partie ronde &c élevée qui fe voit fur la sobe des ourfins, de laquelle le petit bout s’en- grene dans les pointes ou piquans dont la coquille de cet animal eft revêtue. ( D. J. ) MAMMELON , ( Jardinage. ) c’eft le bouton d’un fruit. MAMMELON , ( Art méchanig. ) c’eft l'extrémité arrondie,de quelques pieces de fer ou de bois. Le -ynamelon {e place &c fe meut dans la lumiere. La lu- miere eff la cavité où il eft reçu. Ainf le mamelon d’un gond eff la partie qui entre dans l’œil de la pen- tiere; Le #2amelon d’un treuil eft l’extrémité aigue de arbre, fur laquelle 1l tourne. MAMMELUC, f. m.(Æift, d'Egypte.) muhce com- pofée d’abord d'étrangers, & enfuite de conqué- rans ; c’étoit des hommes ramañlés de la Circaffie &z des côtes feptentrionales de la mer Noire. On les enrôloit dans la milice au Grand-Caire, & là onles exerçoit dans les fonétions militaires. Salah Nugiu- meddin inftituacette milice desmammelucs qui devin- rent fi puiflans , que felon quelques auteurs arabes, ils éleverent en 125$ un d’entr'eux fur le trône. Il s’appelloit Apoufaid Berkouk , nom que fon maitre lui avoit donné pour défigner fon courage. Sélim I. après s'être emparé de la Syrie & de la Méfopotamie , entreprit de foumettre l'Egypte. C’eutété une entreprife aïfée sil n’avoit eu que les Egyptiens à combattre ; mais l'Egypte étoit alors gouvernée & défendue par la milice formidable d’é- trangers dont nous venons de parler, femblable à celle des janiflaires qui feroient fur le trône. Leur nom de ammeluc fignifie en fyriaque homme de guerre a la folde, & en arabe eftlave : foit qu’en effet le premier foudan d'Egypte qui les employa, les eût achetés comme efclaves ; foit plutôt que ce füt un nom qui les attachât de plus près à la perfonne du fouverain, ce qui eft bien plus vraifemblable. En effet , la maniere figurée dont on s'exprime en Orient, y a toûjours introduit chez les princes les titres les plus ridiculement pompeux , & chez leurs ferviteurs les noms les plus humbles. Les bachas du grand-feigneur s'intitulent fes efclaves ; & Thamas Kouli-Kan, qui de nos jours a fait crever les yeux à Thamas fon maître, ne s’appelloit que fon efclave, comme ce mot même de Xozli le témoigne. Ces mammelucs étoient les maitres de l'Egypte de- puis nos dernieres croifades. Ils avoient vaincu êc pris faint Louis. Ils établirent depuis ce tems un gou- vernement qui n’eft pas différent de celui d'Alger. Un roi & vingt-quatre gouverneurs de provinces étoient choïfis entre ces foldats. La molleffe du chi- mat n’affoiblit point cette race guerriere qui d’ail- leurs fe renouvelloit tous les ans par l’affluence des autres Circafles , appellés fans cefle pour remplir ce corps toüjours fubfftant de vainqueurs. L’E- gypte fut ainfi gouvernée pendant environ deux cens foixante ans. Toman-Bey fut le dernier roi mammelucs 1 n’eft célebre que par cette époque, & par le malheur qu'il eut de tomber entre les mains de Sélim. Maïs il mérite d’être connu par une fingula- rité qui nous paroît étrange , & qui ne l’étoit pas chez les Orientaux, c’eft que le vainqueur lui con- fia le gouvernement de l'Egypte dont illui avoit ôté M A M la couronne. Toman-Bey de roi devenu bacha, eut le fort des bachas, il fut étranglé apres quelques mois de gouvernement. Ainf finit la derniere dy- naftie qui ait régné en Egypte. Ce paysdevint par la conquête de Sélim en 15 17 une province de l’em= pire turc, comme il l’eft encore. (D.J.) MAMMEY, ( Botan, exor. \ ou mamey ; en.latin nammea par le P.Plumier , genre de plante que Lin- næus cara@térife ainfi. Le calice particulier de la fleur eft formé de deux feuilles ovales qui tombent. La fleur eft compofée de quatre pétales concaves, arrondis, & plus larges que le calice. Les étamimes {ont des filets nombreux , de moitié moins longs que la fleur. Leurs boffettes: ainfi que le germe du pifül font arrondis. Le file eft en forme de cône. Le fruit eft une baie très-erofle , charnue , ronde- lette & pointue à l’extrémité. Les graines font ova- les, quelquefois renfermées au nombre de quatre dans une fimple loge. Le P. Plumier ayant eu occafon de voir des mam- mey en plufeuts endroits des Indes occidentales, n’a pas oublié de décrire cette plante avec toute l’exaétitude d’un botanifte confommé. C’eft, dit-il, un fort bel arbre &c un des plusagréa- bles qu'on puifle voir , mais moins encore par fa grandeur remarquable, que par la bonté de fon fruit & la beauté du femllage dont il eft couvert en tout tems. Ses feuilles font attachées deux à deux, vis-à-vis l’une de l’autre, & foutenues par une groffe nervure , & par plufeurs petites côtes traverfieres. Les fleurs font compofées de quatre pétales ar- gentins , un peu charnus, difpofés en rofe , ovales, creux, & deux fois plus larges que longle. Leur calice eft d’une feule piece rougeûtre 8 fendne en deux quartiers, en façon de deux petites cuillers ; il poufle un piftil entouré d’une belle toufe d’étami- nes très-blanches , furmontées chacune d’un petit fommet doré. Lorfque la fleur eft tombée, le piftil devient un fruit à-peu-près femblable à nos pavies , mais fou- vent aufli gros que la tête d’un enfant, Il eft pour- tant terminé par une pointe conique, fon écorce eft épaifle comme du cuir, de couleur grisätre, & toute couverte de tubercules qui la rendent rabo- teufe. Elle eft fort adhérente à une chair jaunä- tre, un peu plus ferme que celle de nos pavies, mais de même odeur & de même goût. Le milieu du fruit eft occupé par deux, trois, & fouvent qua- tre noyaux, aflez durs , filaffeux, couleur de cha= taigne, & un peu plus gros qu’un œufde pigeon. Cet arbre fleurit en Février ou Mars, & fes fruits ne font mürs que dans les mois de Juillet ou d’Août. On voit des zammey en plufeurs endroits des îles de l'Amérique, mais plus particulierement dans l'ile Saint-Domingue, où on les appelle abricots de S4 Domingue. Ray ditqu’il fort enabondance des incifions qu'on fait à cet arbre , une liqueur tranfparente , que les naturels du pays reçoivent dans des gourdes, & que cette liqueur eftextrèmement diurérique. (D. J. } MAMMIFORME , adj.( Anatomie, ) eft un nom que l’on donne à deux apophyfes de los occipital, parce qu’elles reflemblent à une mamelle, Voyez MASTOIDE, MAMMILLAIRE , adj. ( Anaromie. ) eft un nom que l’on donne à deux petites éminences qui fe trou- vent fous les ventricules antérieurs du cerveau , &c qui reflemblent un peu au bout d’une mamelle. On les regarde comme les organes de l'odorat. Woyez nos PL, d’Anatomie € leur explication. Voyez auffe l’article ODEUR. MAMMILLAIRES, {. m. plur. ( Théo/og. ) feëte des Anabatiftes, qui s’eft formée à Harlem ; on ne fait M A M pas en quel tems. Elle doit fon origine à la liberté qu'un jeune homme fe donna de mettre la main fur. le fein d’une fille qu'il aimoit & qu'il vouloit épou- fer. Cette aétion avant été déférée au tribunal de l'églife des Anabatiftes, les uns foutintent qu’il de- voit être excommunié ; & les autres dirent que fa faute méritoit grace, & ne voulurent jamais con- fentir à fon excommunication. Cela caufa une divi- fion entr'eux, & ceux qui s’étoient déclarés pour ce jeune homme , furent appellés du nom odieux de mamimillaires, M. Miralius, fÿrtagm. hiflor. eccléf. 1 7e et 3e RL pag. 1012 , édit. 1679. Bayle, difionn, critig, 2 édir. 1702, MAMMINIZZA , ( Géog. ) bourg de Grece dans la Morée, fur la côte occidentale, à dix ou douze milles de Patras, des deux côtés d’une riviere, & à trois milles de la mer. M. Spon croit que ce lieu étoit la ville d'Oférus , & la riviere celle de Piras. (D.J.) MAMOËRA,f.m, (lift, nat. Bor.) atbre du Bréfil dont il y a deux efpeces. L’un eft mâle, il ne donne point defruit , mais il porte des fleurs fufpendues à des longues tiges , &c formant des grappes qui ref- femblent à celles du fureau, & qui font inodores & d'une couleur jaunâtre. La femelle ne porte que du fruit fans aucune fleur, mais pour que cet arbre produife il faut que la femelle foit voifine du mâle. Le tronc eft ordinairement de deux piés de diametre & s'élève de neufpiés ; le fruit eft rond & fembla- ble à un melon ; fa chair eft jaunâtre , elle reaferme des grains noïts & luifans. Ses feuilles reflemblent à celles de l’érable, elles n’ont aucune différence dans les deux fexes. MAMMONA , ( Cririg. facrée.) ce nom eft pro- prement fyriaque, &cfignife les richeffes. Jefus-Chrift dit qu'on ne peut fervir à la fois Dieu & les richeffes : non potefits fervire Deo & mammonæ. Mathieu, », 24. Dans faint Luc, xw. 9. les richefles font ap- pellées inyufles , papmmuve adirias, foit parce qu'elles iont fonvent une occafion d’injuftice , foit parce qu'elles s'acquierent ordinairement par des voies njuftes ; cependant Beze a , ce me femble, fort bien traduit ces paroles du ÿ. 11, dre peymeove, par richeffes trompeufes ; parce que Jefus-Chrift les oppofe aux véritables richefles,, ro aude. On peut appuyer cette interprétation par les re- marques de Grævius fur un pafage d'Héfiode, oper. € dier, v. 280 , où le poëte s’eft fervi du mot diese, Jufie , ala place de aubi, vrai, Anfñ cet habile criti- que l'a-t1l traduit de cette derniere façon. Ce ter- me, dit-il, ne fignifie pas ici yufle , comme on le croit communément; mais vrai, comme il paroît par loppoñtion que le poëte fait. | Il feroit fuperflu , ajoûte Grævius, de m’étendre à faire voir que dans l’une &c l’autre langue ces ter- mes fe confondent fouvent, & fe prennent fré- quemment l’un pour l'autre; 8 les Grecs & nous, dit Prifcien, employons fréquemment le terme de Jufle pour celui de vrai, & celui de vrai pour celui de Jufle. Héfode lui-même s’eft fervi plus bas du terme de vérité, dileræ, à la place de celui de ;uf £1Ce, H en eft de même dans les écrivains facrés. May- puvas Tûe amies & pampasis ddivoe, les: richeffes 2r1- ques , font des richeffes qui ne méritent pasce nom, qu n'ont rien defolide, qui fontcaduques &périfa- bles. Auf {ont-elles oppotées à payer? danéwa, aux vraies richeffes , c’eft-à-dire, à celles que Dieu dif- penfe. Le favant Louis de Dieu a fait voir que les Hébreux ; les Syriens &les Arabes ,n'avoient qu'un feul mot pour exprimer les idées de yuffice & de ve- rifé, Toutes ces remarques font bonnes, mais la parabole qui précede, fait voir qu'il s’agit pourtant de richefles iniques ; c’eft un ircendanr infidele, MAM 7 MM, Simon & le Clerc'ne font point d'accord fur l'origine du mot memmona. Le premier le tire du verbe aman, croire ,fe confier ; mais cette étymo- logie eft moins vraifflemblable que celle qui dérive ce terme de #7anah, nombrer ; voyez , fi vous vou- lez, le grand diffionnaire de Buxtorff. ( D.J.) MAMMOTH, os DE, ( if, nat, Minéral.) nom que l’on donne en Rufñe & en Sibérie à des offe- mens d'une grandeur très-confidérable , que l’on trouve en grande quantité dans la Sibérie, fur les bords des rivieres de Lena & de Jenifei, & que quel- ques-uns ont regardé comme des offemens d’élé… phans. M. Gmelin les regarde comme des reftes d’u- ne efpece de taureau, & dit qu’il faut les diftin- guer des os des éléphans que l’on trouve auffi dans ce même pays. Voyez l’art. IVOIRE FOSSILE, où cette queftion a été fuffifamment difcutée. Les Ruf. fiens appellent ces offemens marmnotovakoff. MAMORE, LA, (Géog.) c’étoit une ville d’A- frique au royaume de Maroc , à quatre lieues E, de Salé ; on n’en connoît plus que les ruines. L’an 1515, les Portugais y perdirent plus de cent bâti- mens dans une bataille contre les Maures, qui font préfentement les maîtres de cette côte. (D.J. MAMOTBANTI , f. m. ( Com. ) toile de coton; blanche, fine, rayée, qui vient des Indes orienta- les, les plus belles de Bengale. Les pieces ont huit aunes de long , fur trois quarts, à cinq, fix de large. Dictionnaire de Commerce. MAMOUDI, f. m, (Com. ) monnoie d’argent qui a cours en Perfe. Un Warmoudi vaut neuf {ols , trois deniers, argent de France; deux mamowdis font un abaff ; fix memoudis & un chayer , équiva- lent à l’écu ou nos foixante {ols. MAN , f. m. ( Myzhol. ) divinité:des anciens Ger- mains, Ils célébroient par des chanfons, entre au tres le dieu Tuiflon, & fon fils appellé Mar, qu'ils reconnoïfoient pour les auteurs de la nation, &cles fondateurs de état. Ils ne les repréfentoient point comme des hommes, & ne les enfermoient point dans les temples les bois & les forêts leur étoient confacrés, & cette horreur fecrete qu'infpire le fi lence & l’obfcurité de la nuit, fervoit à ces peuples d’une divinité inconnue. (D. J. ) MAN 04 MEM, ( Com. ) poids dont on fe fertaux Indes orientales , particulierement dans les états du grand Mogol. Il y a de deux fortes de »a#s!, l’un qui eft appellé 42 du roi, ou poids.de roi , & l’autre. que l’on nomme fimplement man. Le man de roi {ert à pefer les denrées & chofes néceffaires à a vie, même les charges des voitures. Il eff compofé de 49 Ierres, chaque ferre valant jufte une livre de Pa- ris, de forte que 40 livres de Paris font égales à un run de roi. Le fieur Tavernier, dans fes obferva- tions fur le commerce des Indes orientales , ne fem- ble pas convenir dece rapport du #47 avecles poids de Paris. Selon lui, lea de Surate ne revient qu'à 34 livres de Paris, & eft compofé de 40, & quel- quefois 41 ferres; mais la ferre eft d’un feptieme moins forte que la livre de Paris. I] parle aufli d’un man qui eft en ufage à Aora capitale des états du Mogol,, qui eft la moitié plus fort que celui de Sur- rate, 6c qui fur le pié de 6o ferres dont il eft com. polé, fait ÿ r à $2 livres, poids de Paris. Le fecond mar, dont l’ufage eft pour pefer les marchandifes de négoce, eft auf compolé de 40 {erres ; mais chaque de fes ferres n’eft eftimée que douze onces, ou les trois quarts d’une livre de Pa- ris; de maniere que ce deuxieme "47 ne pefe que 30 livres de Paris, ce qui eftun quart moins que le man de roi, On fe fert encore dans les Indes orientales d’une troifieme forte de poids , que l’on appelle aufli man, lequel eft fort en ufage à Goa ville çapitale du ô M A N royaume de Decan, poflédée par les Portugais. Cette troïfieme efpece de man eft de 24 rotolis, chaque rotoli faifant une livre & demie de Venife, ou 13 onces un gros de Paris; en forte que le mar de Goa pefe trente-fix livres de Venife, &c dix-neuf livres onze onces de Paris. Le «ax pefe à Mocha, ville célebre d'Arabie, un peu moins de trois livres; 10 mans font un traflel, dont les 15 font unbahart, & le bahart eft de 40 livres. MAN, ( Com.) c’eft pareillement un poids dont en fe fert à Cambaye dans l’ile de Java, principa- lement à Bantam , & dans quelques iles voifines. Man, ( Com. ) qu’on nomme plus ordinairement BATMAN, eft aufli un poids dont on fe fert en Per- fe ; il y en a deux, le #47 de petit poids, &c le mar de grand poïds. On les appelle auffi ma7 de roi, &c man de Tauris. Voyez BATMAN. Man, ( Com. ) c’eît encore un des poids de Ban- daar: Ameron , dans le fein perfique ; 1l eft de fix li- vres; les autres poids font le 47.cha qui pefe douze livres, & le man-furats qui en pefe trente. IL faut remarquer que les proportions qui fe ren- contrent entre les sas des Indes & le poids de Pa- ris, doivent être regardées de même à l’égard des poids d’Amfterdam, de Strasbourg, de Befançon, &c. où la livre eft égale à celle de Paris. Ditfon- naire de Commerce. Man, ile de, ( Géog. ) île du royaume d’Angle- terre dans la mer d'Irlande, avec un évêché, qui eft à la nomination du comte de Derby, & non pas à la nomination du moi, comme les autres évê- ques du royaume. Aufli n’a-t-il point féance au par- lement dans la chambre haute : il eft préfenté à l’ar- chevêque d'Yorck, qui le facre. L'île de Mar a environ 30 nulles en longueur, 15 dans fa plus grande largeur , & huit dans a moin- dre. Elle contient cinq gros bourgs; Douglas & Rufhin en font les lieux principaux; le terroir y eft fertile en avoine, bétail, &c gibier; le poiffon y abonde. Voyez fur cette île la defcription curieufe qu’en a faite M. King, Kings defcriprion of the isle of Man. Sa long. eft 12. 36. 55. lar, 54, 35. L'île de Mar eft nommée par les anciens auteurs Menavia & Menapia dans Pline. Elle eft plus fep- tentrionale que l’ile d’Anglefey , &t beaucoup plus éloignée de la côte. L'île Mona de Tacite, n’eft point l’île de Mar, c’eft l'ile d'Anglefey, fituée au couchant du pays de Galles, &c les Gallois la nom- ment encore l’{/e de Mon. MANA , { £. (Mythol. ) divinité romaine qui préfidoit particulierement à la naiffance des enfans, office que les Grecs donnoïent à Hécate; c’eft la même que Genita-Mana. Voyez ce mor. MANACA , {. m. ( Botan. exot. ) arbrifleau du Bréfil, décrit par Pifon; l'écorce en eft grife, le bois dur & facile à rompre; fes feuilles approchent de celles du poirier. Ses fleurs font dans de longs calices, découpées comme en cinq pétales de cou- leurs différentes ; car fur le même arbrifleau on en trouve de bleues, de purpurines, & de blanches, toutes d’une odeur de violette fi forte, qu’elles em- baument des bois entiers. Il fuccede à ces fleurs des baies femblables à celles du genievre, enveloppées d’une écorce grife, fendues par-deflus en étoile, renfermant chacune trois grains gros comme des lentilles ; cet arbrifleau croit dans les bois êc autres lieux ombrageux : fa racice qui eft grande, folide, & blanche, étant mondée de fon écorce , eftun vio- lent purgatif par haut & par bas, comme les racines d’éfule. On s’en ferr pour lhydropifie , mais on ne l’ordonne qu’aux perfonnes très-robuftes avec des correétifs ; & dans une dofe raifonnable; elle aun peu d’amertume & d’aigreur. MANACHIE, (Géog,) nom moderne de lan- cienne Magnéfie dusmont Sipyle. C’eft à préfent une ville de la Turquie afiatique dans la Natolie, fituée au pié d’une haute montagne près du Sarabat, qui eft l'Aermus des anciens. Lucas dit que Mana- chie eft grande, peuplée , qu'on y voit de très-beaux bafars ; enfin, que le pays eft abondant, & fournit tout ce qui eft néceflaire à la vie. Long. 45, 14. lee. 38.44. (DJ) MANAEH , ( Æiff. ancienne, ) idole adorée par les anciens arabes 1dolâtres : c’étoit une groffe pierre, à qui l’on ofroit des facrifices. On croit que c’eft la même chofe que Meni, dont parle le prophete Ifaie; d’autres croyent que c’étoit une conftellation. MANALE, PIERRE , wanalis lapis, (-Arsiq. rom.) & dans Varron , manalis perra : c’étoit une pierre à laquelle le peuple avoit grande confiance, & qu’on . rouloit par les rues de Rome dans un tems de féche- refle pour avoir de la pluie. Elle étoit placée proche du temple de Mars; on lui donna peut-être cenom, parce que #analis fons, fignifioit une fontaine dont l’eau coule toüjours. MANAMBOULE, ( Géog.) grand pays très-cul- - tivé dans l’île de Madagafcar. Flacourt dit qu’il eft montueux, fertile en riz, fucre, ignames, légumes, & pâturages. MANAPIA, ( Géog. anc, ) ville d'Hibernie dont parle Piolomée. Ses interpretes croient que c’eft préfentement Waterford en Irlande. MANAR , ( Géog, )ile des Indes, fur la côte oc- cidentale de Ceylan, dont elle eft une dépendance, n’en étant féparée que par un canal aflez étroit. Les Portugais s’emparerent de cette ile en 1560; mais les Hollandoïs la leur enleverenten 1658. Long. 984 20. lat, 9.( D.J.) MANATI LAPIS , ( Hiff. nar. ) c’eft une pierre, ou plutôt un os qui fe trouve dans la tête de la va- che marine ou du phoca , qui calcinée, réduite en poudre, & prile dans du vin blanc, a dit-on, de grandes vertus pour la guérifon de la pierre. Il fem- ble quetout os calciné ou réduit en chaux, doit pro- duire les mêmes effets; peut-être même que l’eau de chaux, que quelques auteurs regardent comme un puiffant litontriptique , feroit un meilleur effet, quoique plus fimple & moins rare. (—) MANBOTTE , f, £. ( Jurifprud. ) vieux mot de rivé de manbotta, terme dela bafle latinité qui figni- fioit l'amende ou intérêt civil que l’on payoit à la partieintéreflée pour le meurtre de quelqu'un. Voyez le Gloffaire de Ducange, au mot MANBOTTA. ( 4) MANCA , f. f. ( Hiff. mod. ) étoit autrefois une piece quarrée d’or , eftimée communément à 3ofols ; mancufa étoit autant qu’un marc d'argent. Voyez les lois deCanut; on l’appelloit rencufa , comme ranx cufa. MANCANARES , Le, ( Géog.) je l'appellerai pour un moment petite riviere d'Efpagne, dans PAI- garia. Elle a fa fource dans la Sierra Gadarama, auprès de la petite ville de Marçanarès, pañle au fud-oueft de Madrid, & va fe jetter dans le Xara- ma, autre riviere qui Le dégorge dans le Tage au- deffous d’Aranjuez. Le Mançanarès, à proprement parler , n’eft ni un ruifleau ni une riviere ; maïs tantôt il devient rivie- re, & tantôt il devient ruifleau, felon que les neï- ges des montagnes voifines font plus ou moins fon- dues par les chaleurs; pour s’y baigner en été, il faut y creufer une fofle. C’eftcependant fur cette efpece de riviere , que Philippe IT. fit bâtir un pont, peu inférieur à celui du pont-neuf fur la Seine à Paris ; on l’appelle puente de Segovia, pont de Sé- govie. Apparemment que Philippe ne le fit pas feu- lement bâtir pour fervir à traverfer le ruifleau du Mançanares, mais {ur-tout afin qu’on püt pañler plus commodément le fond de la vallée, & dans le _ des des débordemens du Mansanarès, qui au refle n’en- tre point däns Madrid, mais pafle à côté, vis-à-vis du palais royal. b- MANÇANARES , ( Géog. } petite ville d’'Efpagne _ dans la nouvelle Caftille , au pié des montagnes de Gadarama, qui partagent les deux Caftilles, C'’eft le chefhieu d’un petit petit pays de fon nom, à la fource du ruifleau de Mançanarès, & à huit lieues de Madrid. (D. J.) MANCANILLA, ( Bor. ) genre de plante à fleur en chaton , formée de plufieurs fommets ferrés les uns contre les autres , & attachés à un axe, Lesem- bryons naïflent fur le même arbre, mais féparés des fleurs, & deviennent dans la fuite‘ un fruit rond, charnu, qui contient nne amande ligneufe, ridée &c _de même forme que le fruit, Plumier , z0v2 plant. amer, gen. Voyez PLANTE. MANCENILLIER , { m, ( Botan. ) grand arbre très-commun fur les bords de la mer, le long descôtes de le terre-ferme & desiles de l'Amérique fituées en- tre les tropiques. Les feilles de cet arbre ont durapport à celles du poirier ; 1l porte un fruit rond, peu charnu , rempli d’une fubftance ofeufe & coriace ; ce fruit jaunit un peu en müriffant, & reflemble beaucoup, à la couleur près, aux pommes d’api. L’odeur en eft fi fuave & fi appértiffante , qu'on eft vivement tenté d’en manger. C’eft un des plus violens poifons de la nature; facauf- ticité efttelle , qu’elle occañonne en peu de tems des _inflammations & de douleurs fi vives, qu'il eft im- poñible d'y réfifter, Le remede le plus efficace pour ceux qui ont eule malheur d’en manger, eft de leur faire avaler beau- coup d'huile chaude , pour les exciter À vomir. On Leur fait prendre enfuite des chofes adouciffantes , comme du lait ; mais queiques foins que l’on appor- te , Pimpreffion refte long-tems dans le corps, & le malade traine une vie languiflante. L’écorce & les feuilles du zzencerillier renferment un fuc laiteux , extrèmement blanc & fort épais ; il s'écoule à la moindre inciñon ; & s’il tombe fur la chair, 1l y produit l'effet de l’huile bouillante, L'eau qui féjourne pendant quelques minutes fur lesfeuil- les du manceuillier., contraéte une qualité fi mal fai- jante, que,ceux qui ont l’imprudence de fe réfugier fous ces arbres, lorfqu’il pleut, font bientôt couverts de bonffoles très-douloureufes, qui laiffent des ta- ches livides fur tous les endroïts de la peau qui ont reçu des gouttes d’eau. Il eft même dangereux de s'endormir à l'ombre des rancenilliers ; leur atmo(- pere eff fi venimeufe , qu'elle caufe des maux de iste, des inflammations aux yeux, &c des cuiflonsfur les levres. | Le mancenillier fert à confiruire détrès-beaux meu- bles; c’eft un des plus beaux bois de l'Amérique : il eft dur , compaëte, pefant, incorruptible, prenant très-bien-le poli lorfqu’ileft travaillé. Sa couleur eft d'un gris clair, un peu jaunâtre , ondé & varié de nuances couleur d'olive tirant fur le noir. Ce bois eft tort difficile à employer , non-{eulement par le dan- ger auquel s'expofent ceux qui abattent les arbres , inais éncore par la poufliere danpereufe que peu- vent refpirer les ouvriers aui le fcient & le mettent en œuvre, {ur-tout lorfqu'iln’eft pas bien fec. Quand on veut abattre un rancerillier | on com- mence par allumer au-tour du pié un grand feu de bois fec : 11 faut en éviter la fumée, craïnté d’en être incommodé ; & quand on juge que l'humidité eff confamée, on peuty mettre La hache : malgré cette précaution, on a bien de la peine à fe garantir des accidens. Plus de vingt travailleurs que j’employaià couper un grand nombre de ces arbres fur les côtes dé l'île de la Grenade , à queique diftance du poft, revinrent tous fi maltraités de ce travail, que plu- | Tome X, \ * M AN 9 fieurs d’entreux ne voyoient plus à fe conduire , ayant les yeux couverts decroûtes auffi épaifles que le doigt, Cette incommodité fubfifta plus de quinze jours ; malgré les foins que l’on prit de les frotter avec des hinimens adouciflans & defficarifs. Où prétend que le lait de femme tout chaud ; for. tant des mamelles , eft un fouverain remede contre les inflammations des yeux caufées par le fuc du mancenillier, Ce fuc fert aux fauvages pour empoi= fonner leurs fleches , dont les bleflures deviennent prefqu'incurables, fi l’on n’eft promprement fecourus Le zancenillier ; où l'arbre de mancenilles , a été ainfi nommé par les Efpagnols de la nonvelle Efpa- gne , en latin acanilla, Arbortoxica € laëtea , fruitu Juavi pomi-formi, quo Indiani fagittas inficiune. Voyez Surian. | Le pere Plumier, minime, dans fon livre des plan tes d'Amérique , difingue trois éfpeces de mancenil. liers; mancanilla piri- facie | mancanilla aqui folii foz lis , à mancanilla lauti foliis oblongis. M, LE Ro: MAIN. MANCHE , 1. m ( Gram, ) c’eft dansun marteau, par exemple , 18 morceau de bois que l’on fixe dans l'œil, & qu’on prend à la main pour s’en fervir. Ainfi en général un manche où une poignée que l’on adapté à quelqu’inftrament, c’eft la même chofe, Les limes font emmanchées , les couteaux , les canifs, prefque tous les inftrumens de la Chirurgié , les rafoirs, les biftouris , les lancettes , tous les outils tranchäns de la menuiferie , ec. MANCHE DE COUTEAU, ( Conchyliol.) ( Plan: XIX. fig. 4.) courelier, folene. Coquillage de mer, auquel on a donné le nom de z7arche de couteau, pat rapport à la grande reflemblance qu'il a avecle man- che d'un vrai couteau. Ce coquillage eft compofé de deux preces , allongé , ouvert par les deux extré- mités, fouvent un peu courbe, & quelquefois droit, Les manches de couteau ne reftent pas fur le fond de la mer, comme la plüpart des autres coquillages, lis fe font un trou dans le fable, quia quelquefois juf- qu'à deux-piés de profondeur ; ils font pofés verti- calement dans ce trou , relativement à leur lon- gueur ; de temsentems ils remontent jufqu’au deflus du fable, & ils redefcendent bientôt après au fond de leur trou. Quand la mer fe retire , on trouve beaucoup de ces trous dans Le fable, On fait monter l'animal jufqu’à la furface , en y jettant un peu de fel. Il y a plufieurs efpeces de manches de couteau , qui different entr'elles par la longueur & par les couleurs. #oyez COQUILLAGE & COQUILLE. MANCHE DE COUTEAU, ( Conchyliol, ) Les man ches de couteau, appellés en latin fo/enes | compofent une des fix familles de coquilles bivalves; leur figure, qui reflemble à un manche de conteau , eft toujours la même, & très-aifée à reconnoïître. Onappellece coquillage dans le pays d'Aunis , courelier, Voyez COUTELIER. Le poiflon de ce coquillage s’enfonce jufqw’à deux. piés'en terre , & revient perpendiculairement à fa furface. Lorfqw'ileftentierement dégagé de fontrou, & qu'on l’abandonne à lui-même , il s’allonge , re- courbe la partie la plus longue de fon corps, & creu- fe promprement un nouveau trou ob114e cache. On peut deffiner les manches de couteau fur le rivage’,-en: jettant un peu de fel fur le trou où ils font placés , ce qui les fait fortir auffitôt. Il faut avoir grand foin de changer l’eau della mer tous les jours, & de laïffer un peu à fec les ani- maux, environ pendant vingt-quatre heures , en- fuite onles afperge légerement avec les barbes d’une plume. Le poïffon , qui a été privé d’eau pendant quelques heures, revient à ln1, fort de fa coquille, & s’épanouit peu-à-peu pour chercher l’eaude lamer.* - Quand çes animaux {Ont rebelles à la Kat de 2e MAN obietvateut, jufqu'à refufer d’allonger leurs bras où -quelqw'autre-membre , onentrouvre la coquille, & on la perce avec un fer pomtn du côté oppolé à la bouche dé l’animal, ou à la partie qu’on fouhaite de “aire fortir. Pour lors on fait entrer par cette perite “ouverture, plufeurs grains d’un fel noir & piquant , ‘av’onnomme à la Rochellee/ de chaudiere ; l'effet de cet acide.eft.fi violent, qu'on voit aufh-tôt l'animal revenir de fa léthargie , & céder à cet effort, en ou- vrant fa coquille, ouallongeant quelques-uns de fes 5membres. -C’eft ainfi qu'on peut venir à bout de ces “animaux, pour avoirletems de les examiner , & de terminer fes deffeins. Il faut encore obferver que comme ces animaux ne reftent pas long-tems dans la même fituation, on ‘peut recommencer À leur donner du nouveau fel, pourvu qu'entre les deux obfervations ; 1l y ait un. certain intervalle-de tems. ‘La lumiere leur eft très-conttaire, & ils fe reti- rent à fon'éclat ; c’eft donc la nuit qui eft le tems le plus favorable pour les examiner : une petite lampe Sourde réufit à merveille pourles fuivre, & profiter de ce qu'ils nous découvrent. On doit avoir grand {oin delesrafraîchir le foir avec de l’eau nouvelle, ou de changer le foir & le matin l’herbe dans laquelle ils doivent être enveloppés. On les trouve fouvent -qui rampent la nuit fur cette herbe, & cherchent les ifeétes qui y font contenus. Cette herbe qui ne fe trouve que fur les bords de la mer, fe nomme /#r à la Rochelle, & s'appelle varec où goémon dans d’autres endroits. Outre Pa- vantage qu’elle a d’être remplie d’une multitude de petits infectes très-propres à la nourriture du co- quillage, fon goûtmarin le trompe ; & quoique placé dans un grand vafe , il fe croit proche des côtes de la mer. Æif?, nar. éclairée , tom. 1. & IT. (D. J. ) MANCHE FAUX À TREMPER, ( Cowrelier. ) c’eft une barre de fer terminée par une efpece de douille -où l’extrémité des pieces qu'on a à trempereltreçue. MANCHE A ÉMOUDRE, c’eft un manche debois fur lequel on place les pieces à émoudre , pour les tenir plus commodèment, MANCHE À POLIR, C’eft un manche de bois fur equel on place les pieces à polir, pour les travailler plus commodément. | Une piece trempée, émoulue ou polie » Îe faux manche {ert tout de fuite à une autre qui eft prête à être ou polie, ou émoulue, ou trempée. MANCHE , ( Are méchanig. ) c’eft dans tout vête- ment moderne, la partie qui couvre depuis le haut du bras jufqu’au poignet. La anche eft difcile à bien tailler. La chemife a des szanches , la vefte, l’habit, da foutane , le furplis , 6e. | MANCHE, ( Pharmac. ) manche d'Hippocrate , snanica Hippocratis. Voyez CHAUSSE , Pharmac. MANCHES du bataillon, ( Art milir. ) c’eft ainfi qu’on appelledifférentes divilions du bataillon. Foyez DivISIONS. MANCHE A EAU, 04 MANCHE POUR L'EAU, ( Marin.) c’eftun long tuyau de cuir faiten maniére de manche ouverte par les deux bouts. On s’en fert à conduire l’eau que lon embarque, du haut d'un vaiffeau jufqw’aux futailles qui font rangées dans le fond de cale, pour faire pafler l'eau d’une futaille dans l’autre. On applique pour cela une des ouver- tures de la manche {ur la futaille vuide , & l’autre ouverture fur celle qui eft pleine, & oùl'on a mis une pompe pour faire monter l’eau. On fe fert de ce moyen pour conferverlarrimage & l’affiete, ou l’ef- tive d’un vaifleau , en remphflant les futailles vui- des du côté où il fautquele vaifleau foit plus chargé. Manche de pompe , c’eft une longue manche de toile soudronnée , qui étant clouée à la pompe , re- goitl’eau qu'on en fait forur, & la porte jufqueshors le vaiñlean. MAN MaNcHE, LA MANCHE, ( Marin, ){e dit d’une ‘efpece de mer de figure oblongue, qui eft renfermée entre deux terres. Il s'applique plus particuliere- ment à quelques endroits. ManNcues, serie de Péche, ufité dans le reflort de l’amirauté de Marennes, forte de rets. Ce font les véritables suideaux à hauts étaliers, à la différence qu'au lieu d'être auf folidement établis que les gui- deaux de cette efpece , qui font fur les côtes de la haute Normandie , au lieu d’être ‘montés fur des pieux , ils ne font tendus que fur des perches , qui ont à la vérité quatre , cinq, jufqu'à fix braffes de hauteur. Le fac qui forme le guideau a environ qua- tre à cinq brafles de long , & prefqu’antant d'ouver- ture ; à chaque coin du manche, tant du haut que du bas de l'entrée du guideau , 1l y a une raque ow annelet de bois, qui fert de couet ou œil pour arrê- ter le fac ; on pañle ces raques dans les deux perches qui tiennent le fac du guideau, dont l'ouverture eft tenue ouverte par unetraverfe de corde, comme aux autres guideaux. Les pêcheurs ont befoin d’un ba- teau pour tendre leur rets ; & pour faire couler les raques le long des perches & defcendre le guideau autant qu'ils le jugent à propos, ils fe fervent d’une petite perche croifée par le bout , pour abaïfler & arrêter les raques ; fouvent même la tête du guideau refte à un pié ou deux au-deflus de la furface de leau. Les manches pêchent de la même maniere que les guideaux, c’eft-à-dire, tant de marée montante que de juflant. Il faut du beau tems pour faire cette pé- che avec fuccès : les grofles mers & les tempêtes , ainfi que les molles eaux y font contraires. On prend dans les guideaux des chevrettes, des falicots ou de la fanté ; & généralement toutes fortes de poiffons que la marée y peut conduire. Cette pêche a le même abus de celle des guideaux. Les manches ont les mailles très-larges à l'ouverture; maïs elles diminuent , de maniere que vers le fond , ou à la queue du fac , à peine ont-elles deux à trois lignes au plus en quarré. Deux perches fufifent pour chaque guideau , qui s'étendent la plüpart fépare- ment & non en rang &c contigus, comme font les rangs d’étaliers des côtes de Caux & du pays d’Auge. Les mailles des #7anches ont à l’entrée dix - huit lignes ; elles diminuent vers le milieu , où elles ont environ neuf lignes , & vers le fond du fac, à peine ont-ellestroislignes en quarré. Voyez la figure dans nos PI, de Péche. MANCHES, MANIOLLES ou SANET. Woyez MA- NIOLLE. Cet inftrument eftune efpece de bouteux ; ou bout-de-quievre. Les pêcheurs qui font la pêche avec cet inftru- ment , montent dans leur chalan : c’eft un perit ba teau femblable en toutes manieres aux pirogues de la Martinique. Plufieurs font faits comme d’un feuk tronc d’arbre. Ceux qui font conftruits avec du por- dage , n’ont que deux ou trois plates petites va- rangues aflez foibles ; cette forte de bateau reffem- ble à une navette de tiflerand, dontles deux bouts fontun peu relevés ; le deffous eff plat, l'avant poin- tu , & l’arriere un peu quarré en deffous. Un cha- lan de dix - neuf piés de longueur ; a deux piés un quart de hauteur dans le milieu ; & deux piés neuf pouces de largeur. Deux hommes fufilent pour faire la pêche, l’un tend le rets,, &c l’autre rame de la même maniere que nous l’avons ci-devant ex- pliqué des pêcheurs de la riviere d’entre le pont & la barre de Bayonne. Quand ces bateaux portent voile’, elle eft placée furun petit mâtà l'avant, & faite comme celle des tillolles, &c la voile leur fert auff de teux. Quand les chalans pêchent à la manche , ils fuivent le bord.de la levée de la riviere , en tenant leur, MAN manche de la même maniere qu’on tient une écumet- te, avec quoi ils prennent généralementtont ce qui range le bord de l’eau ; lufage alors en eft aufli per- nicieux , que celu du bouteux ou bout-de-quievre fur les fables durant les chaleurs. Les pêcheurs ne fe fervent ordinairement de ces manches , que durant les kavañles & débordemens provenant de la fonte des ncives des Pyrénées, qui arrive toujours dans les mois de Juillet & d'Août, . | . MANCHE , en termes de Porer de terre, eft une ef- pece de poignèe arrondie , par laquelle on prend une piece quelle qu’elle foit. MANCHE, en termes de Blafon, ef la repréfenta- tion d’une anche de pourpoint à l'antique, telle qu'on en voit dans quelques armoiries. MANCEE, /a ( Géog. ) contrée d'Efpagne dans la nouvelle Cafülle, dont elle eff la partie méridio- nale , le long de la Guadiana qui la traverfe, Elle eft bornée au couchant par l’Efframadure , au midi par le royaume de Grenade & par l’Andaloufie ; au le- vant par la Sierra, & par le royaume de Valence & de Murcie, & au nord par le Tage, qui la fépare de l’Algarrie. La Guadarména qui fe perd dans le Gua- dalquivir , & la Ségura qui arrofe le royaume de Murcie , ont leurs fources dans la Manche, Cieudad- Real, Orpaz & Calatrava, font les principaux lieux de cette contrée ; mais élle n’eft vraiment fameufe , que depius qu'il a plu à Miguel Cervantes d’y faire naître Dom Quixote , & d’y placer la fcène de fon ingénieux roman. Le feul village du Tobofo eft im- mottalifé par l'imagination de cet aimable auteur, qui la choifi pour y loger la dulcinée de fon cheva- her errant. ( D. J.) | MANCHE, la ( Géog.) nom que l’on donne à cette partie de la mer qui fe rrouve reflerrée entre l’An- gleterre au nord, & la France à l’orient, & au midi; _ce qui eft au nord-eft eft Le détroit , & s'appelle le pas de Calais. Horace voulant faire fa cour à Augufte , lui dit dans une de fes odes : Te belluofus qui AS Obffrepic Oceanus Britannis Audit. & Vous voyez couler fous voslois l'Océan,qui nour- # rit dans {on fein une infinité de monftres, & bar # de fes flots bruvans les côtes britanniques ». Of. trepis eft un terme propre à cette mer, dont les flots font d'ordinaire dans une grande agitation , à caufe desterres qui les reflerrent , &c du refoulement con- tinuel qui s’y fait par l'Océan, & par la mer dunord. Mais on nomme aujourd’hui la Manche |, Oceanus Britannicus , & Von peut avancer qu’elle coule fous les lois de la Grande Bretagne , tant en vertu de fes forces maritimes, que parce qu’elle poffede'les îles de Jerfey &t de Guernefey du côté de la France. (2.J.) | MANCHE de Briflot, la, (Géog.) bras dela mer | d'Irlande, fur la côte occidentale de Angleterre, entre la côte méridionale du pays de Galles, & les provinces de l’oueft, à l'embouchure de la Sever- ne, auprès de Briftol. (D. J.) MANCHE de Danemark, la, (Géogr.) partie de l'Océan, entre le Danemark, la Suede & la Nor- wege. Ceux du pays lappelient le Schager-Rach ; les Flamands & les Hollandois la nomment Carrepar, D. JT, | | A de $. Georges , la , ( Géogr.) c’ef la par- tie méridionale de la mer d'Irlande; elle comprend la Manche de la Severne ou de Briftol. (2. 7.) MANCHESTER, ( Géog.) c’eft, felon M. Gale, leMancunium des anciens, ville à marché & à pofte d'Angleterre, en Lancafhire, avec titre de duché; . elle eft belle: riche, bien peuplée, & très-floriffante par fes manufa@tures de laine & de coton; elle eft à Tome A, | | { M A N 1} | 46 lieues N, O. de Londres, fur le Spelden, Long. 15, 12. lat, 53. 29. Long. {eloh Strect, 15, 11, 18, dar, FITAEUDME) a. MANCHETTE , f. f. (Gram. ) garniture où d’une toile plus fine, ou d’une broderie, on de dentelle ; qui s'attache au bout des manches d’une chemife see qui couvre le bras aux femmes , & une partie de la main aux hommes, [Il y a des mancherres d'hotnmés & des manchertes de femmes, | MANCHETTE, rerme de marchand de modes. Les marchands de modes ne font que des manchettes de gaie, bordées tout-au-tour par en bas de blonde, &z par en haut elles font fort pliflées fur un petit ru- ban de fil fort étroit, de façon que l’ony peut paf. fer le bras ; elles forment l’éventail par en bas; elles en font à un, deux ou trois rangs qui font plus courts les uns queles autres, c’eft-à-dire celui de deffus eft le plus court, le fecond un peu plus long, & le troi: fieme aufli un peu plus long: les deffus de bras font auf plus longs que le dedans. Les femmes s'en fervent pour garnir leurs bras, & les attachent au bout des manches de leurs che- miles, Les marchands de modes font auffi des mancherres de robes de cour qui font toutes rondes , pasplus lirges par en haut que par en bas, &c qui font de dentelle ou deblonde ; ces manchertes s’attachent fur les manches du corps de robe, & ont quelquefois fix rangs. MANCHETTE, ( Impr.) les Jmprimeurs appellent un Ouvrage à menchestes un manufcrit dont les marges font chargées d’additions. Voyez ApprrroN MANCHON, f. m,. ( Pellererie, ) eft une fourrure qu’on porte en hiver pour garantir les mains du froid: c’eft une efpece de fac fourré en dedans & dehors, 8 percé par les deux bouts, qu’on attache à la ceinture, & dans lequel on met les mains pour en conferver la chaleur pendant le tems froid, On | fait des manchons avec toutes les fortes de Peaux qui entrent dans le commerce de la pelleterie, comme mattres, tigres, ours, loups-cerviers, renards, Ge. Ce font les marchands Pelletiers qui les font & les vendent. On fait encore des manchons de plumes, d’étof. fes, G'c. mais ceux-là font partie du commerce des marchands merciers. Em MANCIPIUM, où MANCUPIUM, ( Annigs rom. ) droit depropriété d’acquifition qu'avoient les feuls citoyens romains fur tous les fonds d'Italie, & fur leurs apparteaances, comme les efclaves & le bétail, | Ces fonds, ainfi que leur dépendances, ne pou- voient être poflédés que par les Romains, & ils en failoient l’acquifition avec de certaines cérémonies, en préfence de cinq témoins , & d’un potte-balance, cette mamiere de vente s’appelloit rexzm,ouxexus, & les chofes ainfi achetées, jure nexi empta ou per œs & libram., On appelloit.ces fonds, res mancipi, On res Juris civilis ,c'eft-à - dire romani, une chofé pofñlédée par droit de propriété. (D. J.) | MAND ; (if. mod. Comm.) efpece de poids ufité dans l’Indoftan , & qui varie dans les diféren- tes provinces. À Bengale le 474 eft de 76 livres ; à Surate, il eft de 37 livres +; en Perfe le mand n’eft que de 6 livres. MANDAR, ( Géog.) province de l’île de Célèbes, dans la mer des Indes, au royaume de Macaflar, dont elle occupe la partie feptentrionale : la capitale porte le même nom que la province, & eft a fept journées de chemin de la ville de Macaffar: fa one, eft à 137. lat. mérid. 74, 5! EDHIE) MANDARIN, f. m.( Æif. mod.) nom que les Portugais donnent à la nobleile & aux magiftrats, &cparticulierement à ceux de la Chine. Le mot mers darin eft inconnu en ce fens parmi les Chinois, qui | ÿ 12 M AN au-lieu de cela appelient leurs grands & leurs ma- giflrats quan, ou quan-fu, ce qui fignifie Jervireur ou nirufire d'un prince. [l'y a à la Chine neuf fortes de mandarins où degrés de nobleffe qui ont pour mar- que divers animaux, Le premier a une grue, pour marque de fon rang ; le fecond a un lion ; & le troi- fieme a un aigle; le quatrieme a un paon, &c. Il ya en tout 32 Ou 33 mille merdarins ; il y a des manda- rins de lettres &c des randarins d'armes. Les uns &c les autres fuhiffent plufieurs examens ; il y a outre cela des mandarins civils ou de juftice. Depuis que les Tartares fe font rendus maîtres de la Chine, la plû- part des tribunaux font mi-partis, c’eft-à-dire au- lieu d’un préfident on en a établi deux, l’un tartare & l’autre chinois. Ceux de la fete de Confucius ont ordinairement grande part à cette diftinétion. Dans les gouvernemens qu’on leur confie ,.& qui font toujours éloignés de leur naïffance , pour évi- ter les injuflices que l’amitié , la proximité du fang pourroient leur faire commettre , ils ont un vafte & riche palais ; dans la principale falle eft un lien élevé où eft placée la ftatue du roi, devant laquelle le mandarin s’agenouille avant que de s’afleoir fur fon tnbunal, On a un fi grand refpeét pour les ma7- darins qu'on ne leur parle qu’à genoux ; les voya- geurs vantent fort leur intelligence & leur équité. Le mandarinat n’eft pas héréditaire , & l’on y éleve que des gens habiles. Voyez LETTRES. MANDARIN, (Lirtérar.) eft auffi le nom que les Chinois donnent à la langue favante du pays. Voyez LANGUE. Outre le langage propre & particulier de chaque nation & de chaque province , il y en a un commun à tous les favans de empire, qui eft ce qu’on appelle /e mandarin, c’eft la langue de la cour: les officiers publics, comme les notaires ou gref- fiers , les jurifconfultes, les juges , les magifirats écrivent &parlent /e mandarin, Voyez CHINoOïS. MANDARU , ( Botan. exot. ) arbre de Malabar, qui porte des fihiques & des fenilles divifées en deux; arbor filiquofa, malabarica, foliis bifidis, foliis purpurä firiatis , de Syen. Il eft décrit dans l’hiftoire des plan- tes de Zanoni, fous le nom d’affitra, ou arbor fanth Thome , parce que fes feuilles font tachetées de rou- ge. Ray en compte quatre efpeces, dont on peut voir la. defcription dans fon Æifloire des plantes, DAT: LR Rinne ou PROCURATION , ( Jurifp.) man- daium, c’eft un contrat par lequel quelqu'un fe char- ge gratuitement de faire quelque chofe pour une autre perfonne. Ce contrat appellé mendatum! chez les Romains, étoit mis au nombre des contrats nommés de bon- ne foi & fynallagmatiques qui font parfaits par le feul confentement. Parminous on fe fert plutôt du terme de rende ment, & encore plus de celui de procuratioz. Le man- dat differe néanmoins de la procuration, en ce que celle-ci fuppofe un pouvoir par écrit ; au - lieu que le mandat peut n'être que verbal ; néanmoins le ter- me de mandat eft plus général , & comprend tout pouvoir donné à un tiers , foit verbalement ou par écrit. Voyez PROCURATION. Le mandat produit une double aétion que les Ro- mains appelloient direéle & contraire. La premiere appartient au mandant contre fon mandataire, pour lui demander compte de fa mif- fion ; le mandataire eft tenu, non-feulement de fon dol , mais auff de fa faute & de fa négligence ; ilne doit point excéder les bornes du mandat, L’aétion contraire appartient au mandataire pour répéter les frais qu'il a fait de bonne foi. Le mandat peut être contraëté en diverfes manie- res, favoir en faveur du mandant feul, où du man- dant &c du mandataire, ou en faveur d’un tiers, ou bien en faveur du mandant & d’un tiers, enfin eri faveur du mandataire & d’un tiers. Le mandat finit, 1°. par la mort du randant, à- moins que le mandataire, ignorant cette mort, n’ait achevé de bonne foide remplir fa commifon. 29, Îl finit auf par la mort du mandataire, les chofes étanr encore entieres. 3°. Il peut être révoqué pourvû que ce foit à fems, 4°. Le mandataire peut renoncer au #iandat pour- v que le mandant puifle y fuppiéer, foit par hui même ou par un autre, Voyez au Digeffe le titre mañndatt vel contra, & au Code de mandato , & aux Tajlituses, liv. III, tir, vij. (A) | MANDAT APOSTOLIQUE, (Jurifprud.) eft un ref- crit ou une lettre du pape, par lequel il enjoint à un collateur ordinaire de conférer le prernier béné- fice qui vaquera à fa collation, à l’eccléfaftique qui eft dénommé dans le mandat. Tous les interpretes du droit canon font d’ac- cord que cette façon de conférer les bénéfices n’a point té en ufage dans les onze premiers fiecles de l’'Eglife; & en effet il ne s’en trouve aucun exemple dans le decret de Gratien qui fut publié Pan ri$r. On tient communément que ce fut Adrien IV. lequel monta fur le faïnt fiege en 1154, qui intro- duifit lufage de ces fortes de mandats, en deman- dant que l’on conférât des prébendes aux perfonnes qu'il défignoit. Il y a une lettre de ce pape qui prie l'évêque de Paris, en vertu du refpeët qu'il doit au fuccefleur du chef des apôtres, de conférer au chan- celier de France la premiere dignité ou la premiere prébende qui vaqueroit dans l’éslife de Paris. Les fuccefleurs d’Adrien regarderent ce droit comme attaché à leur dignité, & ils en parlent dans. leurs decrétales comme d’un droit qui ne peut leur être contefté. Au commencement , l’ufage de ces mandats étoit peu fréquent ; ce m’étoient d’abord que de fimples prieres que les papes adrefloient aux collateurs or- dinaires, lefquels fe faifoient honneur d’y déferer volontairement ; dans la fuite, ces requifitions de- venant plus fréquentes, & les collatenrs ordinaires fe trouvant gênés par-là, il y eut des évêques qui ne voulurent point y avoir égard. C’eft pourquoi le pape accompagna la priere qu'il leur faifoit d’une injonéHion & d’un mandement. Et comme il y avoit des évêques qui refufoient encore d’exécuter ces mandats, les papes nommerent des exécuteurs pour conférer les bénéfices aux mandataires, au cas que les collateurs négligeaflent d’en difpofer en leur faveur. Etienne de Tournay fut nommé éxécuteur des randats adreflés par le pape au chapitre de S. Agnan, & déclara nulles les provifions que ce chapitre avoit accordées, au préjudice des mandats apoftoliques. La pragmatique attribuée à S. Louis, abolit indi- reétement les r7amdars, en maintenant le droit des collateurs 8 patrons; mais on n’eft pas d’accord fur Pauthenticité de cette piece ; ce qui eff de cer- tain, c’eft qu'on fe plaignit en France des mandats. Peu de tems après S. Louis, le celébre Durand évé- que de Mendes, les mit au rang des chofes qu'il fal- loit faire réformer par le concile général: cepen- dant le concile de Vienne ne changea rien à cet égard. Dans le xv. fiecle , tems auquel le fchifme d’oc- cident duroit encore, les François s'étant fouftraits à l'autorité des papes de l’une & Pantre obédience, firent des réglemens contre les 7zandars ; mais cela n'eut lieu que pendant cette féparation ‘le concile de Baîle & la pragmatique-fanétion conferverent au pape le droit d'accorder des mandaisir Cependant le concile de Bafle en modera l’ufage, MAN En ordonnant que le pape ne pourroit accorder qu- une fois en fa vie, un wandar fur les collateurs qui Ont plus de dix bénéfices à leur difpoñtion & moins de cinquante, & deux #andars fur les collateurs qui conferent cinquante bénéfices ou plus. Le concordat paffé entre Léon X, & François I. renouvella ces réolemens : on y inféra même la for- me des mandats. Enfin le concile de Trente a aboli les mandars ; & Îles papes s'étant foumus à cette loi, les collateurs ordinaires de France & des autres pays catholiques ont depuis ce tems cefle d’être fujets aux mardats apoftoliques. Se _ Les mandats apoftoliques étoient de plufieurs for- tes, ce que nous allons expliquer dans les fubdi- vifions fuivantes: Mandat de conferendo, n’étoit autre chofé qu'un mandat apoftoftolique ordinaire , pat lequel le pape prioit un collateur ordinaire de conférér à un tel le premier bénéfice qui vaqueroit. Voyez CASTEL. Mandat exécutoire, étoit celui par lequel'le pa- pe donnoit pouvoir à l’exécuteur par lui délégué de conférer le bénéfice, en cas de refus de fa part du collateur. Mandat 27 forma dignum, eft un fimple mandat de providendo; ce font de véritables provifions, maïs conditionnelles , & la condition eff de juftifier à l’or- dinaire de fa capacité. Mandat iz forma gratiofa, n'étoit pas adreflé à l'ordinaire ; le pourvû n'étoit pas renu de fe pre- fenter devant lui, parce qu'il avoit juftifié de fa capacité avant la provifion de Rome. Mandat général, eft celui qui n’eft point limité à un tel bénéfice, mais pour le premier bénéfice qui -Vaquera. Mandat monitoire, étoit celui qui ne contenoit de la part du pape qu'un fimple confeil ou priere de . conférer, tel qu'étoient d’abord tous les mandats. _ Mandat préceptoire, étoit celui par lequel Le pape ne fe contentoit pas de prier le collateur, mais lui enjoigaoit de conférer. Mandat de providendo, eft celui qui n’a de force & d'effet que par le va de l’évêque; lequel v2/7 a un effet rétroaétif à ce zandat. Mandat ad vacatura. On entend par-là que le man- dat devoit être donné pour les bénéfices qui vaque- roient dans la fuite, & non pour un bénéfice déjà vacant. Sur les mandats en général, voyez les définitions canoniques, & la bibliotheque canonique, les lois eccle- fiaffiiques. Ferret, le traité de l'ufage & pratique de cour de Rome. MANDATAIRE, {. m. (Jurifprud.) eft celui qui eft chargé d’un mandat ou procuration pour agir au nom d'unautre, Voyez ci-devant MANDAT, É PROCURATION & PROCUREUR. MANDATAIRE, (Jurifprud.) eft auf celui qui a un mandat ou relcrit de cour de Rome, adreflé à quelque collateur à l’effet d’obliger ce collateur de donner au mandataire le premier bénéfice qui va- quera à la nomination de ce collateur. Foyez ci-de- yant MANDAT APOSTOLIQUE. (4) : MANDELE,, (Géog. anc.) Mandela, hameau, vil- lage d'Italie dans la Sabine, arrofée par la dili- gence. Horace y avoit fa maïfon de campagne, _épit, XVIII. L, I. verf. civ. On croit que ce village eft préfentement Poggio mirteso. (D, J.) MANDEMENT, (Géog.) en latin, madamentum. Ce mot, dans les chartulaires & dans les a@tes du moyen âge, qui regardent le Dauphiné, la Provence, la Brefe, le Lyonnois, & autres cantons, fignifie la même choie que fit, territoire, jurifdittion, C’eft ce qu'on nommeroitailleurs bailliage. ( D. J.) MANDEMENT, {. m., (Théolog.) écrit qui fe publie MAN "1 de là pat d’un évêque dans l’éténdue de fon dio. cèfe ; par lequel Pévêqué enjoint aux fideles quel- ques précautions relatives ax mœurs ou à la re ligion, | Les mañdemens des évêques ne#5ht point foumis à Pexamen des cenfeurs ; cependant l’expérience a montré plus d’une fois que cette attention du gon- vernement n’auroit pas été fuperflue, L'objet d’un mandement eft communément important, Un évêque eft cenfé avoir beaucoup d’autorité fur Pefprit des peuples ; les peuples foumis à linflrudion des év8s ques, doivent l'être auf à l'autorité du fouverain. Il ne peut donc pas être indifférent au fouverain de connoîtré d'avance ce que l’évêque qui peut être par hafard un fanatique, un mauvais efprit, un faétieux, enjoindra à fes fiets dans un ouvrage qu'il va publier : cela eft d’autant plus raifonnable que tout ouvrage de religion, compofé ou par un curé, où même par un dofteur de Sorbonne, né s’imprime point fans la permiflion du chancelier & l'approbation du cenfeur royal. MANDEMENT, (Jurifprud.) fignifie quelquefois la même chofé qué mardar où procuration; quelque- fois on entend par ce térme un ordre ou commiffion de faire quelque chofe , o4 une 277onéfion de venir : comme quand on donne à un officier un vezias, ou qu'un accufé eft mande par Le juge, foit pour être blâmé ou pour être admonefté. Foyez MANDAT, MANDATAIRE, PROCURATION & WENrAT. (4) MANDIBULE. (Arart.) Voyez MACHOIRE. MANDIL, £. m. (Æ1/. mod.) nom d’une efpece de bonnet ou turban que portent les Perfes. Voyez BONNET 04 TURBAN. Le #andil {e forme premie- ment en roulant au-tour de la tête une piece de toile blanche, fine, de cinq à fix aunes de long, en tournant enfuite fur cela & de [à même ma- niere ;, une piece de foie ou écharpe dela même longueur, qui fouvent eft de orand prix. Il faut, pour avoir bonne grace, que l’écharpe foit roulée de telle forte que fes diverfes couleurs, en fe ren- contrant dans les différens plis, faffent des ondes, comme nous voyons fur le papier marbré, Cet haz billément de tête eft fort majefluenx, maïs très: pefant ; 1l met la tète à couvert du grand froid & de l’ardeur exceffive du foleil. Les contelas ne peus vent entamer un 4741} ; la pluie le gâteroit , fi Les Perfes n’avoient une efpece de capuchon de eros drap rouge dont ils couvrent leur wa»dil dans le mauvais tems, La mode du mardil a un peu changé depuis quelque tems : pendant le regne de Scha- Abba IT: le zandil étroit rond par le haut ; du tems de Schà Soliman, on faifoit fortir du milieu du randil & par-deflus la tête un bout de l’échar- pe ; & récemment fous le regne de Scha-huffein, au lieu d’être ramafé, comme auparavant, on l’a porté pliffé en rofe, les Perfans ont trouvé que cette nou- velle forme avoit meilleure grace: & c’eft ainf qu'ils le portent encore. MANDINGOS, (Æift. mod. Géos.) peuple indé- pendant de brigands qui habitent le royaume des Fouls en Afrique. Ils ne vivent que de pillage, ne font point foumis au frarick, & fe difpenfent de payer aucune impoñfition ou de contribuer aux charges de l'état. On dit que ce peuple refflemble beaucoup aux Arabes vagabonds qui infeftent l’A- fie : ils ont un langage particulier. MANDINGUES , LES (Géog.) peuple d'Afrique dans la Nigritie, à 180 milles de la côte occiden. tale, fur la riviere de Gambie, au fud du royaume de Bambouc. Leur contrée eft appellée par les Ef- pagnols Mandinenga. Leur principale habitation eft Songo. Les Negres de cette contrée font mieux faits que ceux de Guinée, plus laborieux, plus fins, & zélés mahométans ; mais ils admettent les femmes 14 MAN dans le paradis, & pour leur en donner des aflu- rances, ils les font circoncire d’une maniere con- venable à leur fexe. Voyez ce qu’en difent de la Croix & Labat. (D: J,) MANDOA, (& dog.) ville de lindouftan, dans da province de Malva, au midi de Ratipor. /ar, 22. (2. 1.) | MANDORE,, f. £. (Mufique anc. & mod, ) inftru- ment de mufique à cordes. | La mandore des modernes eft une efpece de luth, compofé pour l'ordinaire de quatre cordes ; fa lon- gueur ordinaire eft d’un pié & demi: la premiere coïde eft la plus déliée, & fe nomme chanrerelle ; les autres qui la fuivent vont toujours en augmen- tant de grofieur. Son accord eft de quinte en quarte, c’eft-à-dire que la quatrieme corde eft à la quinte de la troifieme , la troïfieme à la quarte de la fecon- de ; & la féconde à la quinte de 4 chanterelle. On abaifle quelquefois la chanterelle d’un ton, afin qu’elle faffe la quarte avec la troifieme corde, ce qu'on appelle accorder à corde avalée ; fouvent aufli Pon abaïfle la chanterelle & la troifieme corde d’une tierce: enfin cet inftrument peut encore être monté à l'union ; il étoit autrefois à la mode, & n’y eft plus auourd’hui. | La mandore n’eft pas de invention des modernes, elle étoit fort d’ufage chez les anciens, qui l’appel- loient æasd'opor, æard'oupe, ravd'oupie. Il en eft parlé dans Athénée , dans Poliuxe, dans Hefychius, dans Nicomaque, dans Lampride, &c quelques autres: Suivant la defcriprion que nous donne de la 47- dore ancienne le favant Perrault, elle étoit mon- tée de quatre cordes, dont la chanterelle fervant à jouer le fujet, étoit pincée par le doigt index armé d’une plume , faifant l'effet du plerum. Pendant qu'on la pinçoit ainfi, les trois autres cordes, qui faifoient l'oétave remplie de fa quinte, étoient frap- pées l’une après l’autre fucceflivement par le pouce. On tâchoit de faire enforte que ces trois cordes, qui tenoient lieu d'autant de bourdons, s’accordaflent avec les tons du fujet, qui devoit être néanmoins dans le mode , fur lequel étoit accordé le bourdon; c’eft-è-dire que la chanterelle devoït être accordée, de maniere que les cadences principales & les domi- nantes tombafñlent fur les bourdons que le pouce frappoit , fuivant la cadence propre à Pair que l’on jouoit. On voit par-là que les anciens formoient une efpece de fymphonie, où entroient trois con- fonnances; mais ils n’en demeurerent pas là, ils alle- rent jufqu’à faire ufage de quelques diflonnances dans le concert, & de ce nombre ont été certaine- ment la tierce & la fixte. (D. F) MANDOUAVATTE, {. m.(Æiff. rar, Botan.) at- brifleau de l’île de Madagafcar, qui porte un fruit femblable à Paveline. MANDOUTS, f. m. (Æiff. rar.) C’eftune efpece de ferpent de l’île de Madagafcar, qui eft gros comme -le bras ou comme la jambe d’un Homme, On dit qu'il n’eft point venimeux, & qu'il fe nourrit de chauvefouris & de petits oïféaux. MANDRAGORE , mandrapora,f. f.(Bor. ) genre de plante à fleur monopétale en forme de cloche & profondément découpée. 11 fort du calice un pifül qui pénètre jufqu'au-bas de la fleur ; ce piftil devient dans la fuite un fruit mou, ordinairement rond , & dans lequél on trouve des femences qui ont le plus fouvent la figure d’un rein, Tournefort , 12/£. rer herb. Woyez PLANTE. .… On pourroit prefque reconnoitre les #erzdragores, même avant qu'elles foient en fleurs, à la groffeur de leurs racines , &c à la grandeur de leurs feuilles æondes & puantes. , | Les deux principalesefpeces de cegenrede plante dont lamandragore blanche oumêle; la rendragore noire ou femelle , car il plaît aux Botaniftes depars ler ainf. | | La rmandragore méle , nommée par Bauhin, Tour. nefort , Ray, sanñdragora frudu retundo, C.B.P, 169. J. R. EH 76. Ray MfÉ 668. n’a point de tige, Sa racine eft épaifle, longue , quelquefois fimple & unique, fouvent parragée en deux, trois ou quatre parties. Elle eft blanchâtre en-dehors , ow d’une couleur cendrée , ferrugineufe, pâle en-dedans. Il fort du fommet de fa racine , des feuilles longues d'environ une coùdée , prefque larges d'une palme &t demie, pointues des deux côtés, d’un verdioncé, fétides. On voit naître d’entre les feuilles plufeurs pédicules longs de deux , trois qu quatre pouces. Ces pédicules porteat chacun une fleur d’ure feule piece, en cloche , divifée en cinq parties, lépére- ment velue, blanchäire,un peu purpurine &r fétide. Le calice eft vélu, verd, partagé en cinq lanieres. Le piftil perce la partie inférieure de la fleur, fe change en unfrut de la figure & de la grofieur d’une petite pomme, verd d’abord, enfuite jaunâtre, char- nu, mol, d’une odeur forte & puante, Sa-pulpe contient des graines blanches, arrondies , applaties, & prefque dé la figure d’un rein. La mandragore femelle, par Tournefort,J.R.H.76. mandragora flore Jub cæruleo , purpurafcente , a les feuilles femblables à celles de fa wandragore mâle, mais plus étroites & plus noiïrès. Ses fleurs font de couleur purpurine, tirant fur le bleu: fes fruits font plus pâles , plus petites ; de la figure de ceux du {orbier ou du poirier , mais d’une odeur auf forte que ceux de la wandragore mâle. Ses graines font plus petites & plus noires : fa racine eft longue, plus noirâtre en-dehors, blanchätre en-dedans, L’une & l’autre rzandragore viennent naturellement dans les pays chauds , enltalie, en Efpagne,, dans les forêts, à l'ombre & fur le bord des fleuves, On les trouve dans les jardins de médecine, où on les feme de graine , & leurs racines fe confervent faines , fortes & visoureufes pendant plus de cin- quante ans : les feuilles 8 l'écorce des racines de cette plante font de quelque ufage rare. (D.J.) MANDRAGORE , ( Pharmac, & Mar. médic. ) les feuiiles 8&z les racines de z2andragore tépandent une odeur puante, zauféabonde, & qui porte à la tête. On ne doit point les prefcrire intérieurement , quoi- que les auteurs de matiere médicale ne foient pas abfolument d'accord {urleur qualité vénéneufe ; car le foupçon feul qu'on peut en avoir fuffit pour les faire rejetter de l’ordre des remèdes intérieurs, puif- que d’un autre côté la vertu narcotique fébrifuge &c utérine qu’on lui a attribuée n’eft pas évidente, & que nous ne manquons pas de reredes éprouvés qui pofledent ces diverfes vertus. La propriété de purger par haut & par bas avec violence , quoique plus conftatée , fur-tout dans les racines , n’eft pas un meilleur titre, puufque rien n’eft ñ commun que les remedes qui ont ces qualités. | Les feuilles & l'écorce dé la racine de wandragore appliquées extérieurement paffent pour émollientes, difcufives 8z éminemment flupéfantes , elles font recommandées par divers auteurs , ponr réfoudre les tumeurs dures & skirtheufes, & pour appaifer la -douleur des tumeurs inflammatoires ; fur-tout de l'éréfipele : dans ce dernier cas , on des fait ordi nairement bouillir avec du lait ; mais les Médecins prudens craignent l'application des remedes qui cal- ment trop efficacement & trop foudainement {a dou- leur, & qui peuvent opérer des réfolutions précipt- tées. Voyez REPERCUSSIF, STUPÉFIANT, ÉOPIQUE & INFLAMMATION. | | L’apphication exterieure des feuilles, des racines & duuc de rrandragore fous forme de cataplafme & de fomentation , qu mêlés avec d’autres {ubftances plus où moins analogues , telles que Îà cigné , lé tabac, Gr. dans des onguens ou des emplâtres ; leur application, dis-je, fous toutes ces formes eft fort recommandée contre les obftruétions des vifceres, & Lur-tout contre les tumeurs dures de la rate. On prépare aufi une huile de maxdragore par in- “fafion & par décoëtion, à laquelle on a attribué les mêmes vertus. Le fruit de #aridragore ; dont on ne fait aucun ufage , a été regardé auf comme ayant la vertu d’afloupir & d’engourdir, foit par fa pulpe, foit par fes graines. Mais il a été démontré par des expé- riences , qu'on pouvoit manger des fruits de #a- dragore avec leur graine, fans en éprouver le moin- dre äfloupiflement , n1 aucune autre incommodité; La mañdragore entre dans les compofitions fui- vantes de la pharmacopée de Paris ; favoir, fes feuilles dans le baume tranquille, dans l’onguent po- puleum, & l'écorce de fa racine dans le reguies de Nicolas Mirepfe. Les fables que les anciens ont débitées fur la 1e- dragore , fe font dès long-tems répandues chez le peuple ; il fait que la racine de mandragore produit des effets furprenans par fa prétendue figure hu- maine , qu’elle procure furtout la fécondité aux femmes ; que les plus excellentes de ces racines font celles qui font arrofées de l’urine d’un pendu ; qu’on ne peut les arracher fans mourir ; que , pour éviter ce malheur , on creufe la terre tout autour de cette racine ; qu'on y fixe une corde qui eft atta- chée par fon antre extrémité au cou d’un chien; que ce chien étant enfuite chaflé, arrache la racine en s’enfuyant ; qu'il fnccombe à cette opération, & que l’heureux mortel qui ramaffe alors cette racine, ne court plus le moindre danger , mais qu'il poflede au contraire en elle un tréfor ineftimable , un rem- part invincible contre les maléfices, une fource éter- nelle de bonheur, éc. On ne meurt point en arra- chant la racine de mandragore ; cette prétention feule æ paru digne d’être examinée , & elle Pa été ; les autres font trop miférables, pour qu’elles méritent de faire naître Le moindre doute. MANDRALÆ , (Géog. anc. ) peuple de linde en-decà du Gange , & qui s’étendoient jufqu’à ce fleuve. Prolomée leur donne pour. capitale Pali- Bothra. MANDRE , f f. Mandra , ( Hifi. ecclef. greg. ) les favans conviennent.du {ens de ce mot qui, dans les écrivains eccléfiaftiques fur-tout de l’Eglife d'Orient, fignifie un couvent , un monaflere. Les Grecs moder- nes l’emploient dans cette figoification ; & on a formé de ce terme celui de zandrite, pour dire un moine. Dans la langue grecque , les gloffaires appel- lent une caverne , une grotte | maydpa. Les folitaires d'Orient ont anciennement logé dans les grottes. Le Carmel, le mont Liban, le mont Sinaï & la haute Egypte font pleines de grottes, qui ont fervi de retraite à des folitaires. Ainfi le mot andre, dans le fens de monaflere, convient aflez à cette origine, * &c'eft vraiflemblablement la véritable. MANDRIA , ( Géog. ) petite île de PArchipel , près de la côte de la Natolie. Elle eft déferte ; & toute entourée de rochers en l’île de Samos au fep- tentrion & celle de Calamo au midi, à 15 milles de celle de Palmofo!,anciennement Pathmos. (D: J.) MANDRIN , f. m. ( Are méchanig.) mftrument à l’ufage d’un grandnombre d’artifans: Voyez les arri- cles fuivans , prefque par-tout il fait la fonétion de moulé ou modele ; & à la forme d’une autre piece. MANDRIN de porte-mouchette ; en terme d'Arger- teur, eft un cercle de fer un peu ovale:, foutenu fur trois piés , traverfé en long par deux barres immo- biles , & percés de’plufieurs trous pour recevoir deux autrestrayerfes qui s’approchent & s’éloignent MAN ts autant Qu'on vèut ; felon la longueur de là piece à ces traverfes y font attachées par d’autres petites parties qui y font viflées ; & deux efpeces de pe tites machines aufli retenues par des vis , arrêtent le porte-mouchetté entrelles & les traverfés. Il faut que tout srañdrin d’argenteur foit toujours égale: ment chaud , fans quoi l'argent ne prendroit pas: Voyez Planche de l'Argenteur. . MANDRIN a éguiere, (Argenteur.) eft une éfpecé d’étau creux dans fon intérieur ; dont lès Arsenteuré fe fervent pour argenter les éguieres. MANDRIN , terme d’Artillerte, éfpece de moule owù de petit cylindre de bois, dont on fe fert pour for mer les cartouches propres au fufil. Les mandrins ÿ doivent être parfaitement cyhndriques ; & avoir 7 à 8 pouces de longueur, & 6 lignes 3 quarts de dia+ metre , fuivant une ordonnance fur les cartouches, donnée en 1738. Ils doivent être creufés dans les deux bouts en cavité fphérique , en forte que de quelque côté que l’on s’en ferve , cette cavité puiffe Lea & embrafler environ un tiers de la balle. Q) MANDRIN , ext terme de Chauderonnier, c’eft ur long bâton de fer qui diminue proportionnellement, & {ur lequel on forme le tuyau d’un cor-de-chaffe. Voyez les PI, du Chauderonnier. | MaANDRIN , en terme de Doreur , font des plateaux de bois de plufeurs grandeurs , fur lefquels on tra- vaille les plus grandes pieces. Il n’eft guere poflible de leur donner une forme qui ferve de modele. Ils la doivent au caprice , comme lés pieces auxquelles ils fervent. Voyez dans nos Planches du Doôreur Les fi: gures qui tepréfentent les #z4ndrins néceflaires pour tenir toutes les pieces d’une épée. Il y a le mandrin de plaque ; le coin pour faire ferrer le 7andrin, Le poinçeau monté fur fôn mandrin. Le plaque d'épée montée fur fon mandrirr. Le coin dudit andrin. Le zrandrin de corps , fur lequel eft monté ur corps d'épée. Le coin dudit rzandrin, MAnNDRIN à boutons , ( Doteur en feuilles. ) font des formes de boutons de cuivre montés fur une branche de fer, fur lefquelles on brunit les boutons. II faut avoir foin de faire chauffer ces zzandrins à cha- que bouton que lon brunit. Voyez BRUNIR. MANDRIN , (Fourbiffeur.) les Fourbifleurs appel: lent ainfi un outil qui leur {ert à foutenir , entr’on- vrir & travailler plufieurs pieces de la garde de leurs épées & des fourreaux. Ils en ont de cinq fortes, qui font le wandrin de plaque , le mandrir de garde, le mandrin de corps, le mardrin de bran- che & le rzandrin de bout. Ce dermier fert pour le bout du fourreau , & les quatre autres aux manoœu- vres. Tous ces outils font de fer. Foyez bloc de corps , bloc de plaque & wandrin de bout , Planche du Fourbiffeur & du Cizeleur-Damafquineur. ManpDRix de bous , (Fourbiffeur.) les Fourbifleurs fe fervent de deux morceaux de fer forgés, reflem- blant à des limes | mais qui font unis, qui font plus larges au milieu , & finiffent un peu en diminuant ; pour relever les boffes des bouts dés fourreaux d’é+ pées & les viroles d'en-haut , & aufli pour pañer fut Les fourreaux quand ils ont peine à entrer fur les lamés ; cela fe fair en tenant cès deux morceaux de fer des deux mains, & mettant entre les deux la lame dans fon fourreau, & faifant glifler ces deux morceaux de fer de bas‘en-haut , cela preffe le four< reau, &c l’élargit tant foit peu. #oyez la fig. PA du Fourbiffeur. - 4 AR | MANDRIN de chapes \; en terme de Fourbifleur , eft un fer triangulaire, dont les pans {ont arrondis , fur lequel on dore ou l'on argente des chapes d'épées: 10 M À N Voyez Cuapes, Voyez les fig. dans les Planches du Fourbiffeur. MANDRIN de corps , en terme de Fourbiffeur , eft un morceau de fer quarré, recourbé & percé pour re- cevoir le bout de la branche qu’on dore ou qu’on arsente deflus. Voyez Planche du Doreur. MANDRIN,, parmi les Hor/ogers figniñie un outil dont ils fe fervent pour tourner certaines pieces ; cet outil eftmonté fur un arbre, tantôt on fait en- trer la piece que l’on veut tourner fur fa circonfé- rence , tantôt on l’appuie contre fon plan: dans le premier cas , le #andrin doit être tourné parfaite- ment rond , & dans Le fecond parfaitement droit du côté où la piece s'appuie, Voyez PL, d’AHorlog. MANDRINS, ce {ont , ex terme d'Orfèvre en taba- tieres, des mafles de cuivre jaune de boiïs ou de fer, contournées différemment, fur lefquellesonemboutit les tabatieres , en leur imprimant le contour & les moulures qui font modelées fur ces sandrins, Voyez Les PL. d'Orfev. ManpriN, outil de Posier d’érain, c’eft un mor- ceau de fer ordinairement quarré, dont la moitié entre dans l’arbre du tour, s’il eft creux 5; & cetre partie demardrin eft percée, ainf que l'arbre, pour y pouvoir pañler une clavette de fer qui tient le mandrin attaché à larbre , comme fi c’étoit une feule piece. L'autre bout du wandrin qui fort de l'arbre , fert à faire les gaines des empreintes ou ca- libres , & c’efl fur ce bout qu’on les monte loriqu’on veut tourner, Voyez TOURNER L’'ÉTAIN. A l'égard de la longueur & grofieur du #andrin, il n'y a rien de déterminé pour cela , parce que la différence & la grofleur des arbres de tour en fait la regle ; mais communément il doit avoir environ fept à huit lignes fur chaque face eñ diminuant peu- à-peu jufqu'aux bouts , & cinq à fix pouces de ion- gueur en tout. Poyez les PL. de Porter d'erair. MANDRIN , ( Serrurerie en Tatllanderie. ) piece de fer ou d’acier un peu plus reñflu dans ton mieu qu'à fes extrémités, ce qui lui donne la facilité d’en- trer & de forur plus facilement, & en même tums de former un trou plus égal à celui qu’on demande. Ainf ce mandrin eftune efpece de pointe ou d'inftru- ment à percer ou à froid ou à chaud. Il y en a de différentes formes , felon le trou à percer. On fe {ert du andrin chaud, lorfqu'l eft queition d'ouvrir plufieurs trous fur la longueur d’une barre, comme aux traverfes des grilles où les barreaux font com- pris dans l’épaifleur das traveries. Il faut que le mandrin foit de la groffeur des barreaux. On fe {ert auf de rzandrin à froid : celui-ci doit être d’acier trempé. On le chafle à force dans. les trous faits à la lime, & il marque les endroits qu’il faut diminuer, On commence l'ouvrage ou l’ouverture au poinçon, & on l’acheve au sazdrin. Le poinçon perce, le mandrin dirige en perfeétionnant. 7, PJ, de Serrur. MANDRIN , (Taulland.) efpece de poinçon rond ou quarré , qu'on pañle dans un trou qu’on a percé dans une efpece de fer, lorfqu'il s’agit de finir ce trou , & de lu1 donner fa grandeur jufte, & la forme convenable ; c’eft ainf qu'on forme l’œ:il d’un mar- teau , d’une coignée , la douille d’une bèche. Voyez PI, de Tallandier. MaANDRIN,ez terme de Tablerier-Cornetier, eft un rouleau de bois uni & égal dans fa circonférence , que l’on enfonce à force dans les cornets pour les redreffer. oyez REDRESSER. W, PL, du Tabl, Corn. MANDRIN , ( Tourneur. ) eft un morceau de bois de hêtre ou de poirier, ou autre qui puifle fe cou- per net , qui fert à monter l'ouvrage fur le tour, Voyez; TOUR À LUNETTE. MANDRERIE , f. £. ( Vannier.) les Vanniers fe fervent de ce terme pour défigner tous les ouvrages pleins, & d’ofier feulement , fans lattes ou cerceaux. M A N MANDRISE, ( ff. "nat. Bor.) arbre de l’île de Madagatcar, dont le bois eft fort beau, il eft marbré & violet dans le cœur ; fes feuilles font aufi petites que ceiles de l’ébénier. MANDSJADI, f. m. (Bosan, exor.) arbre indien de Malabar, qui porte des filiques dont la fleur eft pen- tapétale & en epi ; fes filiques contiennent des févés noueufes &z de couleur d’écarlate : cet arbre eft un des plus grands des Indes ; il ne donne du fruit qu’au bout de 20 ans, & fubfifie 200 ans. On emploie fon bois à plufieurs ouvrages domeftiques, & l’on mange à un bouillies, ou réduites en farine. Foyez Ray. D.J, MANDUBIENS , Les, (Géog. anc,) Mandubii, dans Céfar de Bello gall, lib. VII. cap, 68. ancien peuple de la Gaule ; Aléfia étoit une de leurs villes. On fait qu'Aléfia eft Alife en Bourgogne, dans le Duefmois, quartier qui eft tout engagé dans le dio- cèle de Langres, & qui dépend néanmoins du dio- cèle d’Autun. ( 2. J. MANDUCATION, £ f. (Gram.) c’eft l'a&tion de manger : il eft de peu d'ufage. Voyez MANGER. MANDUCUS , ( Livér, ) efpece de marionette hideufe ; lesRomains appellerent marducus certaines figures on certains perlonnages qu'ils produifoient à la comédie, où dans d’autres jeux publics, pour faire rire lesuns, & faire peur aux autres. L'origine du nom wanducus vient de ce qu'on donnoit au perfonnage qui jouoit ce rôle, de grandes joues, une grande bouche ouverte, des dents longues & poiniues, qu'il fanoit craqueter à merveille. Les enfans, au rapport de Suétone, en étoient fort ef- frayés , & les meres leur en faifoient un épouvantail, Les hommes n’ont jamais fu fe conduire eux-mêmes, ni conduire les autres par les lumieres de la raïfon, qui devroient feules être employées. (D.J.) MANDURIA, (Géog. anc, ) ville de la grande Grece, au pays des Salentins. Pline Zv. Il: ch. cu. dit qu'il y avoit près de certe ville, un lac qui ne: décroifloit nt n’augmentoit par les eaux qui y tom- _boient, ou qui en fortoient. Ce lac eft encore recon- noiffable à {on ancien nom, on l'appelle Azdoria ; le nom moderne de Manduria eit Cafal-Nuovo , felon Léandre. (D.J.) | MANEÉAGE , {.m. (Com. Mar.) forte de travail de main des matelots, dont ils ne peuvent deman- der aucun falaire au marchand; tel eft celui qui confifte à charger des planches , du mairrein & du poiflon, tant verd que falé. MANÈGE, {. m. (Maréchall. ) art de dompter, de difcipliner, & de travailler.les chevaux. Voyez CHEVAL. | Le manége, pris dans toute fon étendue, embraffe tout ce qui concerne la figure, la couleur, l’âge, les tempéramens & les quahtés des chevaux, leur pays reipechif & leurs climats, la maniere de les nourrir & d’én multiplier l’efpece, &c. les ufages auxquels ils font propres, foit la guerre, les haras, la felle ou le labour, & les moyens de les rendre propres à tous ces ufages. Il embrafle auffi la connoïffance des défauts & des maladies des chevaux, des reme- des qui leur conviennent, avec les diverfes opéra= tions qui y ont rapport, comme écouer, châtrer, ferrer, ce qui eft du reflort du maréchal. Voyez MARÉCHAL, ECOUER, CHATRER, FERRER , 6, . Ce mote dit de l’art de monter à cheval , ou de manier un cheval avec avantage, non - feulement dans les mouvemens ordinaires, mais particuliere- ment dans les doffes, airs, &c. Voyez MANIER, Dosses, AIRS, &c. Manépe par haut. C’eft la façon de faire travailler les fauteurs.qui s'élevant plus, haut: que le terre. à- terre, mamient à courbettes, à croupades, à ballota- des, F, COURBETTES, CROUPADES, BALLOTADES. Manège Manège de guerre, eft le galopinégal, tantôt plus écouté, tantôt plus étendu, dans lequel le cheval change ailément de main dans les occafions où on en a befoin.. S . MANEQUIN, f. m. (Comm, ) ancienne mefure dont on fe tervoit autrefois en Angleterre ; elle con- tenoit huit balles ou deux cuves, autres mefures angloifes. Ces mefures étoient des efpeces de pan- miers d'ofier: on ne fait pas leurs réduétions aux mefures modernes. Diéionn. de commerce, (G) MANEQUIN où MANNE, (Jardinage. ) eft une ef- pece de panier de gros ofier, fait à claire voie; ce peut être encore des paniers qui entourent les racines dits, d'ormes, de tilleuls, & d’arbres à fruit, refervés pour regarnir les places vuides d’un jardin. La Quintinie veut que les arbres deflinés aux ef- paliers foient un peu cachés dans les mamequins, afin qu'ils fuivent l’inclination que l’on donne aux autres plantes en efpalier, & qu'ils approchent plus facilement de la muraille, Quant aux arbres de haute tige ou en buiflon, ils feront plantés droits dans les maneauins. Ils doivent être ronds, faits d’un ofer très-verd, leur profondeur & grandeur feront proportionnés à la force des arbres. MANEQUIN, ex Peinture , flatue ou modele de &ire ou de bois , dont les parties font jointes de fa- con qu'on peut la mettre dans toutes les fituations uw’on veut. Son principal ufage eft de jetter & aju- der des draperies : 1l y a des manequins de grandeut naturelle & au-deflous. Voyez dans nos PI, de Dej- Jan un ‘manequin détaille. MANES, {. m. ( Myrhologie.) divinités domefti- ques des anciens payens, & dont il paroit par leur mythologie qu'ils n’avorent pas des idées bien fixes, ce qu'on peut en recheillir de plus conftaté, c'eft que fouvent ils les prenoient pour les ames féparées des corps, d’autres fois pour les dieux infernaux, ou fimplement comme les dieux on les génies turé- Taires des défunts. Quelques anciens, au rapport de Servius , ont prétendu que les grands dieux céleftes éroient les dieux des vivans ; mais que les dieux du fecond or- dre, ks manes en particulier , étoient les dieux des morts; qu'ils n’exerçoient leur empire que dans les téncbres de la nuit, auxquelles ils préfidoient, ce qui , fuivant eux, a donné lieu d’appeller le matin ane, Le mot de #añes a aufhi été pris quelquefois pour les enfers en général, c’eft-à-dire pour léslieux fou- terreins, où fe devoient rendre les ames des hom- ines apres leur mort , & d’où les bonnes étoient en- voyées aux champs Æ/iféens, & les méchantes au lieu des fupplhices appellé le Tartare, C'eft ainfi que Virgile dit : Hac manes veziet mihi fama [ub imos, On a donné au mot de manes diverfes étymolo- ges : les uns le font venir du mot latin manare, fortir, découler, parce, difent-ils, qu'ils occupent l’air qui eft entre la terre & le cercle lunaire, d’où ils def- tendent pour Venir tourmenter les hommes; mais fi ce mot vient de manare, ne feroit-ce point plutôt parce que les payens croyoient que c’étoit par le canal des manes que découlent particulièrement les biens ou lés maux de la vie privée: d’autres le ti- rent du vieux mot latin manus, qui fignifié bon, & fuivant cette idée ils ne les confiderent que com- me des divinités bienfaifantes qui s’intéreflent au bonheur des humains, avec lefquels elles ont fou- tenu pendant leur vie des relations particuheres, comme leurs proches ou leurs amis. Un auteur alle- mand, prévenu en faveur de fa langue, tire manes du vieux mot zanr, homme, qu'il prétend être un Ë Tome X, MAN {7 mot des plus anciens, & qui vient de la langue étrufque. Or il dit que manes fionifie des hommes par excellence, parce. qu'il n’y a que les âmes véri tablement vertueufes qui puiflent efpérer de deve- fir, après la mort de leurs corps, des efpeces de divinités, capables de faire du bien aux amis de la vertu : mais la véritable étymologie du mot manes fe trouve dans les langues orientales, & vient fans doute de l’ancienne racine our ,; d'où fe font formés les mots chaldaique, & arabe, moan, man, hébreux , fgura, Jimilitudo, imago, Phantafrna , idea, fpectes intelligibilis, forma imaginis cujufdam, dicitur entm de rebus, tam corporalibus quam fpiris tualibus, prefertim de Deo. Vide Robert. Thef. ding, Janütæe, Ce font là tout autant de fignifications analogues aux idées qu'on fe formoit des mans, & aux diverfes opérations qu’on leur attribuoit, De tous les anciens, Apulée et celui qui, dans fon livre de Deo Socratis , nous parle le plus claire: ment de la doûtrine des manes, « L’efprit de l’hom- » me, dit-il, après être forii du corps, devient uné » efpecede démons, que les anciens Latins appel- » Joient Zemures ; ceux d’entre les défunts qui » étoient bons, & prenoïent foin de leurs defcen- » dans, s’appelloient Lares familiares ; mais ceux » qu étorent inquiets , turbulens & malfaifans , qui » épouvantoient les hommes par des apparitions » noéturnes, s’appelloient /arvæ, & lorfqu'il étoic » incertain ce qu étoit devenue l’ame d’un défunt, » fi elle avoit été faite /ar ou Zarva, on l’appelloit » manc», & quoiqu'is ne déifiaflent pas tous les morts, cependant ils établifloient que toutes les ames des honnêtes gens devenoient autant d’efpes ces de dieux, c’eft pourquoi on lifoit fur les tom- beaux ces trois lettres capitales D. M, $. qui figni- fioient diis manibus facrum. Je ne fais où les compi= lateurs du célebre diétionnaire de Trévoux ont pris qu'à Rome :l étoit défendu d’invoquer les wanés; s'ils avoient confulté Feftus, il leur auroit appris que les augures même du peuple romain étoient chargés du foin de les invoquer, parce qu’on les repardoit comme des êtres bienfaifans & les pro- tecteurs des humains ; 1l paroïît même que ceux qui avoient de la dévotion pour les ares, & qui vou- loient foutenir avec eux quelque commerce parti- culier , s’endormoient auprès des tombeaux des morts, afin d'avoir des fonges prophétiques & des révélations par l’entremife des wars , ou des ames des défunts. C’eft ainfi qu'Hérodote, dans Melpomene, dit que les Nafamons, peuples d'Afrique, « juroient par » Ceux qui avoient été Juites & honnêtés gens, » qu'ils devinoient en touchant leurs tombeaux, & » qu’en s'approchant de leurs fépulcres, après avoir » fait quelques prieres ils S’endormoient , & étoient » inftruits en fonge de ce qu'ils vouloient favoir». Nous verrons dans l’article de l’ob des Hébreux, ce qui regarde l'évocation des morts & leur préten- due apparition. Au refte, 1l paroît clairement par une multitude d'auteurs , que les payens attribuoient aux ames des défunts, des efpeces de corps très. fubtils de la na- ture de l’air, mais cependant orgamifés, & capables des diverfes fonélions de la vie humaine, comme voir, parler, entendre, fe communiquer, pañer d’un lieu à un autre, &c. il femble même que fans cette fuppoñtion nous ayons de la péine à nous tirer des grandes difficultés que l’on fait tous les jours contre les dogmes fondamentaux & confolans de l'immortalité de l’ame, & de la refureétion des corps, Chacun fait que l’idée de corps ,ou du-moins de figures particulieres unies auxintelligences céleftes , à la divinité même, a été.adoptée par ceux des chrétiens qu’on appelloit Azrropomorphytes mRANEe 18 M AN qu'ils repréfentoient Dieu fous la figure humaine. Nous fommes redevables à cetre erreur de je né fais combien de belles peintures du Pere - Éternel, qui ont immortalifé le pinceau qui Les a faites, dé- corent aujourd’hui plufieurs autels, &r fervent à fou- tenir la foi & la piété des fideles, qui fouvent ont befoin de ce fecours. MANETS ox APPLETS, cerme de péche. Voyez MAQUEREAUX. MANFALU , ( Géog. ) les voyageurs écrivent ce mot diverfement , les uns Monfalu , d’autres Maufe- lou, d'autres Monfelout, d’autres Momfallor, &c. Le fieur Lucas dit que c’eft une ville de conféquence de la haute Egypte, fituée près du Nil à l’oueft : qu'elle eft fermée de murs, que tous les bafars font couverts, c’eft-à-dire toutes les rues ; 8 que la plü- part deshabitans y travaillent en toiles. On la donne pour être la capitale d’un des vingt-quatre gonver- nemens de l'Egypte, & la réfidence d’un bey. Le grand férgneur y tient des janiffaires &c dés fpähis en garnifon , pour empêcher les incurfons des Arabes. Elleeit à cinq lieues au-deflous de Siouth. Long. 49, 27, lat. 26, $0.(D.J.) MANFREDONTA , ( Géog. ) petite ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Capitanate, au pié du mont Saint-Ange, avec un archevêché. Elle aété bâtie en 1256 par Mainfroi, bâtard de l’empereur Fréderic LE. &c s’eft accrue des ruines de l’ancienne Siponte qui en étoit à un mille. Les Turcs la prirent en 1620, &c l’abandonnereñt après y avoir mis le feu. Elle eft fur le golfe de même nom, connu des Latins fous le nom de fpontinns fênus , à 1 lieues N. de Cirenza, 20 N. O. de Bari, 40 N. E, de Na- ples. Long. 33 , 35, lat. 41, 30.( HD) MANGABA , f. m. (if, nat. Bor,) grand arbre du Brefil, qui ne fe trouve qu'aux environs de la baie de tous les Saints. Il a l'écorce du hêtre & la feuille du frêne. Ses feuilles font toüjours vertes, & il ne s’en dépouille jamais. Il porte du fruit deux fois par année ; fes boutons font bons à manger, quandils s’ouvrent il en fort une fleur femblable au jafmin, & qui ne lui cede point pour l’odeur. Le fruit eft jaune & tacheté de noir, il renferme des pepins qui fe mangent avec l'écorce ; le goût en eft charmant, & ce fruit eft d’une facile digeftion. Les Brafiliens en font une liqueur femblable à du vin. Ses feuilles & - fon fruit, avant d’être mür, donnent une liqueur laiteufe, amére & vifqueufe. MANGAIBA , f.m. ( Boran. exot. ) arbre du Bre- fil, prunifere , à fruit de figure arrondie, contenant un grand nombre de graines. Cet arbre très-beau fleurit au mois d'Août, & eft chargé de fruits pen- dant neuf mois de l’année. Il fe multiplie tellement qu’il remplit des forêts. Il eft grand comme un de nos pruniers , &c fe cultive dans les terres grafles, Ses feuilles font petites, oblongués , dures, +an- gées l’une vis-à-vis de l’autre, fur une branche qui en porte plufieurs. Elles font d’un beau verd, mar- quées. dans leur longueur. de plufeurs fillons para- telles , très-menus, Ses fleurs font petites, blanches, fort odorantes, & en étoile , comme celles du jaf- min, Son fruit eft rond, reffemblant à un abricot, de couleur dorée , mélangée de taches rouges, Il eft couvert d’une peau fine , & contient une pulpe moël. leufe, fuicculente, fondant dans la bouche, d’un goût délicieux, contenant cinq ou fix petites grai- ñes jaunes. Îl acheve fa maturité après être tombé de l'arbre. Si on le cueille avant le tems, il a un goût ftyptique amer , & eft aftringent ; mais quand il eft mûr , il humeéte, appaife l’ardeur de la févre ; _& ii ventre ; voyez Pifon, Marcgrave & Ray. DJ: ( MANGALIS , f. m. ( Comm.) petit poids des Indes orientales quipefe environ cinq grains, On ne s’en fert que pour pefer les diamans, les émeraudeg & les autres pierreries fe pefant par catis de trois granschacun. Le ranpalis eft rene du mangelirte Voyez craprès MANGELIN. Didfionn. de Comm.(G) MANGALOR ox MANGUELOR ,( Géog. ) ville de lInde fur la côte de Malabar, appartenant auroï de Banguel. Long. 02, 45, la. 13,6; felon les PP. Thomas & Claya, jéfuites. ( D. J. 3 | MANGANESE, MAGALAISE, MAGNÉSIE, MAGNESE , {.f. ( Hifi. nat. Minéralogie. ) magne- Jia, fubftance minérale affez femblable à l’aimant ; elle eft d’un gris noirâtre, compofée à l’intérieur de firies comme l’antimoine, fans que la mañe totale ait une figure réguliere & déterminée. Wallerius en compte quatre éfpeces ; favoir , 1°. la manganefe ou ragnéfie compaéte où folide, la ranganefe ffriée : la manganefe par écailles, & la manganefe dont les parties font cubiques. Quelques gens ont diftingué la ranganefe en mâle & en femelle, mais la diffé- rence étoituniquement fondée fur le plusoule moins de longueur des fîries dont elle éioit compafée. Cette fubftance fe trouve en Piémont ; il s’en rencontre auffi en Styrie, en Mifnie , en Bohème, en Siléfie, en Norwège &t en Angleterre, 6e. Quel- ques auteurs françois femblent avoir confondu la manganefe avecle périgueux qui eft une pierre noire ; d’autres l’ont confondue avec le cobait ou le faffre, Henckel 8 Wallerins ont cru que la manganefe étoit une mine de fer qui en contenoit très-peu à la véri- té ; mais M. Pott a fait voir dans les m#ce/lanea bero- linenfia ; année 1740 , que cette fubftance pure ne contient pas le moindre atôme de fer, & lorfquil s’y en trouve ce n’eft qu'accidentellement, & ce métal n’eft point effentiel à fa compoñition. Vovez la Lithogéognofie , tome II. p.251. m 2: Le plus grand ufage de la manganefe ou magnéfieeft _ dans les verreries ; on s'en fert pour nettoyer le verre , & le dégager de la couleur verte qui lui eft très-ordinaire , voilà pourquoi on l’a quelquefois appellée le Javoz du verre, Mais pour que la manga- nefe produite cet eftet , il faut avoir grand foin de prendre un jufte milieu, & de n’en mêler ni trop, ni trop peu, à la fritte, c'eft-à-dire, à la compoñtion du verre ; eneffet, en en mettant trop, le velte de- viendroit d'une couleur brune & enfumée, en en mettant trop peu, 1l feroit trop blanc ; c’eft de-là , fuivant M. Henckel , que vient la différence qui fe trouve entre le verre de Venite , qui eft ordinaire- ment noirâtre parce qu'on y fait entrer trop de mer ganefe, & le verre de Bohème qui eft blanc comme du cryftal. Il faut auf obferver de laïfler le verre affez long-tems en fufion , pour que la manganefe ait le tems de le nettoyer &z de le débarraffer parfaite- ment de fa verdeur. Avant que d’employer cette fubftance à cetufage on aura foinde la calciner, ou de la griller parfaitement pour la dégager des matie- res étrangeres qui pourroient nuire à la couleur du verre, En mêlant une certaine quantité de cette ma»- ganefe grillée avec du verre , on pourra lui donner une couleur d’un très-beau rouge. Les potiers fe fer- vent aufli de la manganefe pour donner un vernisou une couverte noire à leurs poteries, Les Alchimiftes , accoutumés à pervertir toutes les dénominations , ont donné le nom latin de mas grefia à plufieurs fubftances qui n’ont aucun rapport avec celle que l’on vient de décrire. C’eft ainfi que Rulandus dit que la sragnéfle eff la même chofé que La marcaffite , qui Je combine avec le mercure & qui forme avec lui une malle blanche 6 caflante ; dans un autre endroit il dit que c’eft la mariere de La pierre philofo- phale, enfin il la confond avec le bifmuth. D’autres auteurs ont entendu par-là le mercure tant véritable que celui des métaux ; d’autres ont défigné fous ce . nom le cobals 8e la pyrise, Foyez la Pyrithologie, ch, ij, M AN Iine faut point confondre la fubftance dont il s’a- git ici avec celle que les Chimiftes appellent magne Jia où magnéfie blanche ; qui eft un produit de Part. Voyez MAGNÉSIE. a ) MANGARZAHOC , {. m.(Æiff. nat.) grandanimal quadrupede de Pile de Madagafcar , que l’on regarde comme un onagre ou âne fauvage, & qui fait braire . comme lui. - MANGAS, f, m.( Æiff. nat. Bor.)fruit des Indes orientales, qui eft très-commun dans l'ile de Java. Son goût furpaile celui de nos meilleures pêches; arbre qui le produit reflemble à unnoyÿer, mais ? dont les branches font peu toutfues & chargées de feuilles. Ce fruit eft oblong , d’un verd jaunâtre, ti- rant quelquefois fur le TOUgE ; il renferme un noyau très-amer, mais qui rôti fur les charbons , ou confit dans dufucre perd{on amertume ; on vante fa vertu contre le flux de fang & contre les vers. Il y a en- core une efpece de #24#gas , que l’on regarde com- me un poifon très-fubtil. | L MANGASEJA,(Géog.) Le Brun écrit Murgafeya ; ville de l'empire ruffien dans la partie feptentrionale de la Sibérie , dans la province de Jenifcéa, fur la droite de la riviere de Jenifcéa versle cercle polaire, au 104 degré de longitude. ( D. J. ) MANGELIN , f. m. ( Commerce.) poids dont on {e fert pour pefer les diamans aux mines de Raolcon- da & de Gani , autrement Cowfours. Le mangelin de ces deux mines pefe un carat outrois quaxts de carat, c’eft-à-dire, fept grains. il y a aufli dans les royau- mes de Golconda & de Vifapour des zangelins qui pefent uncarat & trois huitiemes de carat. Les man- gelins de Goa dont fefervent les Portugais,ne pefent que cinq grains. On les nonime plus ordinairement ‘mangalis. Voyez MANGALIS, Diélionnarre de Commer- ce.(G) MANGEOIRE 04 CRÈCHE, ff. ( Maréhaliere, jauge des chevaux quieft appliquée fous le ratelier , où l’on met l’avoine , lefon, ou autre chofe qu'on leur donne à manger. On mer des anneaux de fer de diflance endiftance au-devant ou à la devanture de la mangeoire en-dehors , dont Les uns fervent à atta- cher les longes du licou de chaque cheval, & lesau- tres à arrêter les cordes d’un bout des barres qui fé- -parent les chevaux les uns des autres. Devanture de ‘mangeoire , c’eft l’élévation ou bord de la zzangeore ‘du côté du poitrail des chevaux. Ænfonçure de la mangeoire, eftle creux ou le canal de la mangeoire , “dans lequel on met le fon, Pavoine, &ec. MANGER, verbe oz f. m.( Méd, Diere.) fe dit de TPa&ion de prendre des alimens folides pour fe nour- rir : cette ation {e fait par l’intrufion dans la bouche, fuivie de la maftication, de la déglutition & de la digeftion. . On ne peut pas dire que ce foit manger, que de prendre par la bouche & d’avaler même des matie- res qui ne font pas fufceptibles d’être digérées : ainft ce n’eft qu'improprement qu’on peut dire de quel- qu'un, qu'il ange de la terre, de la craie, des pierres, du charbon, &c. parce que ces différentes -matierés ne peuvent être prifes comme aliment : 1l n'ya que celles qui font ahbiles,qui foient la matiere du manger, comme les fluides convenables font celle du boire : quoiqu’on dife auff très-impropre- ment que l’on boit du fang , de l'urine , 6c. c’eft, dans l’un & l’autre cas, pour exprimer que l’on prend ces différentes .chofes par la bouche, & que lon les avale par le même méchanifme qui fert à manger & à boire. Voyez ALIMENT ; NOURRITURE, -MaSTICATION, DÉGLUTITION , DIGESTION. Le manger & le boire font une des fix chofes -qu'on appelle , dans les écoles, 207-naturelles. Voyez NON-NATURELLES , chofes, HYGIENE , RÉGIME. MANGER. ( Marine, ) Ce terme n’eft en ufage Tome X, M A N 19 qu'au paffif, On dit étre mangé par la mer, pouf dire que la mer étant extrèmement agitée entre par les hauts du vaïfleau , fans qu’on pürfle s’en garantir. Manger du fable : avoir mangé du fable. Cela fe dit du timonnier qui , étant au gouvernail , a fecoué le fable de l'horloge pour le faire pafler plus promp tement, ou qui a tourné le fablier trop-tôt & avant que tout le fable foit pañlé. MANGERA , ( Geog. ) petite île de la mer du Sud , entre les terres bafles du golfe d’Anapalla. & la pointe de Cafwina ; on lui donne environ deux lieues de circuit; elle n’a qu’un bourg habité par des Indiens. (D.J.) MANGEUR DE FOURMIS , PZ FI. fig. 3: € Æift, nat. ) voyez FOURMILLIER. M. Briflon diftin: gue quatre efpeces de fourmillier, 1°. Le fowrmillier à la defcription duquel nous renvoyons, & qu’il appelle fourmillier tamanoir | voyez FOURMILLIER. 2°, Le fourmillier tamandua-i qui eft plus petit de moitié que le fourmillier tamanoir ; fa queue eft pref- que rafe , la tête, les jambes, les piés ; la queue &e toute la partie antérieure du corps font de couleur de paille ; la partie poftérieure a une couleur brune ÿ rouflâtre, qui couvre la poitrine tranfverfalement , qui pafle fur les côtés & s’étend jufque fur le dos : cet animal {e trouve dansla Guyane & au Brefil, 3°, Le fourmillier à longues oreilles ; 1 a trois doigts aux piés de devant & un à ceux de derriere. L’ongle du doigt du milieu des piés de devant eft beaucoup plus long que les autres; les oreilles font longues & pendantes; le corps eft couvert de longs poils d’un châtain clair en-deflus , & d’un brun plus foncé en= deflous : ce fourmillier eft dans les Indes occidentales, 4°, Le perir fourmillier ; il n’a qu’environ quinze pou- ces de longueur depuis le bout du mufeau jufqu’à l'extrémité de la queue qui eft plus longue que le corps & la tête. Il n’a que deux doigts aux piés de devant êt quatre à ceux de derriere ; l’ongle exté- rieur des piés de devant eft très-grand. Le poil eft doux comme de la foie, & de couleur jannâtre mê- lée de gris. Cet animal fe trouve dans la Guyane. Voyez le regne animal , 8e. pag. 25 & fuiv, Voyez QUADRUPEDE: É MANGEUR DE FEU, (Æiff. mod.) Nous avons une : grande quantité de charlatans qui ont excité l’atten- tion & l’étonnement du public en mangeant du feu, en marchant dans le feu , en fe lavant les mains avec du plomb fondu , 6c. Le plus célebre eft un angloïs nommé Richardfon, dont la réputation s’eft étendue au loin. Son fecret , qui eft rapporté dans le Journal des Savans de l’année 1680 , confiftoit en un peu d’efprit de foufre pur dont il fe frottoit les mains & les parties qui étoient deftinées à toucher Le feu ; cet efprit de foufre brû- lant l’épiderme , endurcifloit la peau & la rendoit capable de réfifter à l’aétion du feu. À la vérité ce fecret n’eft pas nouveau. Ambroife Paré nous aflure qu'il a éprouvé par lui-même qu’a- près s'être lavé les mains dans fa propre urine ou avec de l’onguent d’or, on peut en fureté les laver avec du plomb fondu. | Il ajoute qu’en fe lavant les mains avec le jus d’oi- gnon , On peut porter deflus une pelle rouge, tandis qu’elle fait diftiller du lard, MANGEURES , f. f. ( Vénerie. ) ce font les pâtu- tes des loups & fangliers. MANGI, (Géog. ) contrée de l’Afie à l'extrémité orientale du continent. Marco Polo , vénitien, nous donne une idée charmante de fes habitans. Le Mang: eft la partie méridionale de la Chine, comme le Ca thai eft la partie feptentrionale. (D. J. ). MANGLE , f. m. (Botan.) genre de plante à fleur monopétale en forme d’entonnoir, tubulée & pro- * fondement déconpée, de même que le calice, dus Ci 20 M AN quel fort le piftil qui eft attaché à la partie inférieure dé la fleur comme un clou, & qui devient dans la fuite un fruit charnu en forme dé poire renverfée, d’où il fort une femence reffemblant à un fufeau. La tête de: cette femence eft renfermée dans le fruit & couverte d’une coëñfe charnue. Plumier, 20ya plant. arner. gen. Voyez PLANTE. | | C’eft un arbre très-commun fur les rivages de la mer fituée fous la zone torride , principalement le long des côtes de la nouvelle Efpagne en Amérique & aux îles Antilles. On en compte de trois fortes ; favoir le blanc , le rouge & le noir, qu’on nomme aufli palétuvier ; c’eft de ce dernier dont on parlera , les deux autres pouvant être regardés comme des efpeces différentes, tant par la figure que par la qua- lité de leur bois, & même par leurs propriétés. Voyez les articles MAHOTS & RAISINIER. Le mangle ou palétuvier ne croit jamais que dans les marécages du bordde la mer , & prefque toujours vers l'embouchure des rivieres. Ses feuilles font ob- longues, fortunies, Liffes & d’un verd gai ; fon bois eft dur , pefant , affez liant , ayant les fibres longues & ferrées : il eft rare de le trouver roulé ou vicié. Sa couleur eft d’un brun un peu rougeätre : Le grain en eft fin & fort égal. Cet arbre ne s’éleve guère au-deflus de 25 piés, & fon diametre n’excede pas ordinairement 15 à 20 pouces ; ileft couvert d’une peau médiocrement épaifle , très - unie , fouple & d’une couleur grife tirantfur Le brun;fes branches font flexibles ; elles s’étendent autour de l’arbre & pouf- fent une multitude de jets affez droits , fe dirigeant vers le basen continuant de croitre jufqu’à ce qu'ils aient atteint le fond de la mer ou du maraïs , où ils produifent un grand nombre de groffes racines qui s’élevent de plufieurs piés au-deflus de la furface de l’eau , s’entremêlent les unes dans les autres, fe re- courbent en arc vers le fond, & poufñlent de nou- velles tiges & de nouveaux jets qui par fucceflion de tems continuent ainfi à fe provigner de telle for- te, qu’un feul arbre forme une efpece de forêt fort épaifle qui s’étend quelquefois à cinq &c fix cens pas dans la mer: ces endroits font toujours remplis d’une prodigieufe quantité de bigailles, c’eft ainfique les habitans du pays nomment en général toutes les dif- férentes efpeces de petites mouches parafites qui rendent le voifinage des manglards & des mahotieres prefqu’inhabitable. Foyez MARINGOIN , VARREUX 6 MOUSTIQUES. Les racines & les branches qui baignent dans la mer font chargées d’une multitude innombrable de petites huitres vertes qui n’excedent guère la eran- deur des moules ordinaires : leurs écailles font baro- ques, inégales, difficiles à ouvrir ; mais l’intérieur ef très-délicat & d’un goût exquis Quoique le angle ne vienne jamais bien gros, fon bois pourroit cependant être employé à différens ouvrages ; il eft franc, fans nœuds ni gerçures ; il fe travaille très-bien fans s'éclater , & 1l fe conferve dans l’eau. On en fait quelquefois des courbes & des membrures pour des petites barques & des canots. M. LE ROMAIN. MANGONNEAU,f. m.( Are milir. ) vieux mot qui fe difoit autrefois des traits & des pierres qui fe jet- toient dans les villes afliégées par le moyen des baliftes & des catapultes , avant l'invention de la poudre. Ce mot s’appliquoit tant à la machine qu'aux pierres qui étoient lancées par fon moyen. «On voit, dit le P. Daniel, dans lhifloire de la » milice françoile , les mangonneaux mis en ufage fur » la fin du regne de Charles V. cinquante ans après » qu'on eut commencé àfefervir du canon en France. » On les voit encore bien avant dans le regne de # Charles VI. où avecles bombardes ou canons, il # eÎt fait mention de ces autres machines fous le nom w d'engins. Les engins & bombardes , dit Jean Ju- » venal des Urfins en parlant du fiéoe de Ham que » le fire Bernard d’Albret défendoit contre Jean duc. » de Bourgogne, furenr affis & tiroïent ken chaude »ment, On jettoit, dit-il plus bas, dans la ville de » Bourges , par le moyen des engins, groffes pierres qui » faifoiert beaucoup de mal aux habitans ». MANGOREIRA , f. m. ( Æif. rat. Bor. ) arbrif- feau des Indes orientales qui ne fe trouve que dans l’Indoutian, C’eft une efpece de jaflemin dont Les fleurs font blanches, on les nomme mangorins : leur odeur eft plus douce que celle du jaffemin, qui d’ail- leurs n’a que fix feulies,, tandis que les arsorins en ont plus de cinquante. MANGOUSTAN, f.m. (Bos.exor.) arbre pomifere des îles Moluques, mais qu’on a tranfporté dans celle de Java, & dont on cultive aufli quelques piés à Ma- lacca, à Siam, aux Manilles & ailleurs. Il a la touffe fi belle , fi répuliere , fi égale, qu’on le regarde ac- tuellement à Batavia comme le plus propre à déco- rer un jardin. Il eft vraiflemblable que s’il pouvoit vivre dans nos climats, il ne tarderoit pas à y paroître 6t à y détrôner les maronniers d'inde : fon fuccès fe- roit prefqu'affuré par la feule bonté de fon fruit, qui eff agréable, fain, humeétant & rafraîchiffant ; enfin . fonécorce aies mêmes vertus que celledela grenade: elle eff très-refferrante , & l’on pourroit l’employer à tanner les cuirs. Tout concourt donc à rendre ici quelques honneurs à cetarbre étranger, enle décri- vant de notre mieux. C’eft un arbre grand, gros, toufu & branchu ; fes feuilles font longues de fix à fept pouces , larges de deux , d’un beau verd ; elles font coupées par diverfes nervures , dont les unes font un double rang, qui partant de la queue vont par les bords fe réuir à la pointe, tandis que d’autres fe rendent du milieu aux extrémités. La fleur eft compofée de quatre petits pétales verds aflez épais, & arrondis par l’extrémité : ils me tombent point ; mais quand ils viennent à s'ouvrir, ils découvrent les premiers rudimens du fruit qui commence à fe former, lui reftent toujours attachés par le bas , & lui fervent comme de-foutien. Ce fruit s'appelle mengouffar ainfi que l'arbre, & même les voyageurs qui ne font pas botaniftes n’en- tendent que le fruit fous ce nom. Il eft parfaitement rond &t gros comme une orange ; fon écorceeftgrile & quelquefois d’un verd obfceur femblable à celle de la grenade, un peu amere, épaiffe d’une ligne , rouge en-dedans, jafpée & filionnée de filets jaunes. Elle eft couronnée de petits rayons qui viennent fe ren- contrer enfemble & fe terminer en pointe. La chair ou pulpe du fruit eft blanche , tendre, affez femblable à celle de l'orange , d’un goût doux fort agréable, & approchant de celui des framboifes. Elle eft compofée de.plufeurs lobes qu’on peut fé- parer les uns des autres comme ceux des oranges, quoiqu’ils ne foient pas enveloppés de pellicules. II y a autant de lobes que de rayons à la couronne, or- dinairement fix ou fept. | On trouve dans les gros mangouflans parfaitement mürs, une amande verte en-dehors & blanche en- dedans , affez infipide , ce qui fait qu’en la rejette ordinairement fans la manger ; mais dans les petits mangouflans qui ne font pas bien mürs, cette amande nef qu'un germe fort tendre qui fe mange avec le refte. Ce fruit eft très-eftimé, parce qu'il eft délicat, agréable au goût, plein de fuc, & qu'il raffraïchit. Les européens qui ne font pas faits à l’odeur du du- rion ; donnent aurzangouflanle premier rang parmi les fruits des Indes. On fait de la décoëtion de fon écorce une tifane aftringente qu'on prefcrit pour arrêter le cours de ventre. Îl yaune efpece derangouflan fauvage d'Amérique que les Portugais appellent 410, moins beau que le vrai zunpouftan, & dont le fruit n’eft pas bon à man- ger. (D.J.) Lui : MANGOUSTE, ichneumon , {. f. (Hifi. nat.) animal quadrupede qui a, depuis le bout du mufeau jufqu’à Vorigine de la queue, un pié neuf pouces de longueur, celle de la queue eft d’un pié & demi. La mangouflea les jambes de derriere un peu plus longues que celles de devant , les oreilles très-courtes , larges &t arron- dies , la queue grofle à fon origine &c terminée en pointe. Le ventre eft d'un roux jaunäâtre, tout le refte du corps a des poils variés de noirârre & de blanchä- tre. On trouve cet ammal en Egypte. Voyez le regne animal de M. Brion. La zangoufle eft fort agile & fi courageufe , qu’elle ne craint pas de fe battre con- tre un grand chien ; elle a le mufeau fi eflilé , qu'elle ne peut pas mordre les corps un peu gros. Elle fe noutrit de limaces, de lézards , de cameléons, de ferpens , de grenouilles, de rats, 6’c. & elle recher- che par préférence les poules & les pouflins. On Papprivoite & on la garde dans les maifons comme un chat. Les Egyptiens lui donnent Le nom de ras de Pharaon. Raï. fyrop. anim, quadr, Voyez QUADRU- PEDE. MANGRESIA , ( Géog. ) ville de Turquie en Na- tolie, dans lAidia-ili , fur le Madre , au pié des montagnes, à 70 milles de Smyrne. C’eft la Magnéfie du Méandre des anciens. (D. J.) MANGUE, f. m.(Bor. exor.) arbre étranger nom- mé mangas, fève amba par J. B. 173. arbor manpifera de Bontius 95. Jouf. derdre 92. mar, five mau H. M. 4. 1. tab. 1.2. manga indica, fiuülu magno, retiformi Ray, H. 2. 1550. Commel for. mal. 1. 170. On diftingue le zengue cultivé & le fauvage. Le mangne cultivé eft un grand arbre de 40 piés de haut, & de 18 ou 20 piés de diametre , étendant fes branches au loin à la ronde, toujours verd, 6e por- tant du fruit deux fois par an, depuis fix ou fept ans jufqu'à cent. On le multiplie, foit en greffanr, foit en le femant , dans le Malabar, à Goa, à Bengale, à Pégu, & dans plufeurs autres contrées des Indes orientales. Son fruit eft d’une figure ronde, oblon- gue, plate, tant foit peu recourbé ou creufé par les côtés, fait en forme de rein, plus gros qu’un œuf d’oie , poli , luifant, d’abord verd , marqueté de blanc , tirant enfaite fur le jaune , enfin d’une cou- leur d’or. Sa pulpe eft jaunâtre & fucculente , aflez femblable à celle de la pêche ou plütôt de la prune, d’abord acide , enfuite aigre , douce & agréable au coût. Elle contient un noyau oblong, comprimé , lanugineux, dur , ténace quoique mince, & renfer- mant une amande calleufe , oblongue , affez fembla- ble au fruit qui porte parmi nous le même nom , de la même groffeur, & d’un goût tant foit peu amer & aflez agréable. it IL y a différentes fortes de ce fruit, comme nous avons différentes pommes &r poires ; il fe diverfifie {elon les contrées d’où il vient, L’efpece quiteft fans noyau &c qui eft très-agréable au palais , pafle pour un caprice de la nature ou pour un fruit qui dégé- nere. On le coupe par morceaux , & on le mange crud ou macéré dans du vin : on le conferve auf confit. Les Indiens l’ouvrent quelquefois avec un couteau & le rempliflent de gingembre nouveau, d'ail, de moutarde & de fel , pour le manger avec du riz ou comme des olives dans leur faumure. Le mangue fauvage eft plus petit que le domefti- que : fes feuilles font plus courtes & plus épaiñles ; {on fruit eft gros comme un coing , de couleur verte & refplendiflante , peu charnu, empreint d’un fuc laiteux & venimeux. Son noyau eft fort gros & dur, Les Portugais appellent ce fruit mangas bravas. (2.7) M AN 21 MANGUER A, f. m.(Æf£. nar, Bor.) arbre des In- des orientales quieft de la hauteur d’un grand poirier, mais {es feuilles font plus grandes & plus minces. Sonfruiteft verd à l'extérieur, fa chair eft d’un blanc jaunètre ; 1left fort pefant & fufpendu par une queue très-longue : on l’appelle mangue où mangoué. Tous les voyageurs difent que fon goût eft délicieux. Le tems de fa maturité eft dans le mois d'Avril, de Mai & de Juin. On le cueille verd pour le laïfler mürir dans les matfons. On le confit, foit dans du fucre, foit dans du vinaigre ; on fait , avec celui qui a été confit de là derniere façon , des falades que l’on nomme achar. ; MANHATAM, (Géog. ) les François difent Man _ hate ; île de l'Amérique feptentrionale, fur la côte de la nouvelle Yorck, entre l'ile Longue & le continent, à l'embouchure de la riviere Hudfon, qui a pris fon nom de Hudfon, navigateur anglois, qui la décou- vtit en 1609. MANHARTZBERG , (Géog.) contrée d’Allema- gne entre la haute Autriche , la Bohème , la Hon- grie & le Danube, C’eft la partie feptentrionale de la baffe Autriche. MANHEIM , ( Géog. ) en latin moderne Manhe- mtum , Ville d'Allemagne dans le bas Palatinat, avec une citadelle & un palais où l’éleéteur Palatin fait fouvent fa réfidence. Les François la prirent en 1688 © en démolirent les fortifications , mais on les a relevées. Manheim eft au confluent du Necket & du Rhin , à 4 lieues N. E. de Spire , 3 O. d'Hei- delberg,, Long, 26. 8. las. 49.25. (D. TI.) MANT , f. m. ( Hif£. mod. ) titre qu’on donne dans le royaume de Loango en Afrique à tous les grands officiers , aux gouverneurs & aux miniftres du roi. Le mani-bomma eft le grand amiral ; le mani-mambo eft le général en chefèt gouverneur d’une province; le mani-beloor eft le chef ou le furintendant des {or- ciers & devins ; le r2ar1-bellulo eft une efpece de fou- veraiñ indépendant ; le mani-canga eft le chef des prêtres ; le mani-matta eft le capitaine des gardes du roi, &c. MaN1, ( Géog.) ce mot dans la bafle Guinée veut dire Le feigneur , le roi de Congo. Quelques auteurs, faute de {avoir la fignification du mot mari , ont fait du Congo & du Maricongo deux états de la bafle Guinée différens l’un de l’autre. (D, J. MANIA , 1. f. ( Mythol. ) divinité romaine. Elle pafloit pour la mere des dieux lares, qui préfidoient aux carrefours , lares compitaliti, On lui offroit le jour de fa fête, qui étoit le même que celui de fesen- fans , des figures de laine, en pareil nombre qu’il y avoit de perfonnes dans chaque famille ; on la prioit de s'en contenter , & d’épargner les perfonnes qui lui rendoient cet hommage. ( D. J. MANIA , ( Géog. anc. ) ville de la Parthie , felon Pline, Le P. Hardouin croit que ce peut être la Zania de Prolomée ou la Genonia d’Ammien Marcellin. MANJA , 1. m.( Com. ) poids d’ufage en quelques endroits de la Perfe , mais fur-tout dans le Servant &t aux environs de Tauris. Il pefe douze livres un peu legeres. C’eft au manja que fe vend le pugnas , racine propre à la teinture. MANIABLE , adj. ( Gram. € art. méchan. ) quife manie facilement, ou qui fe prête facilement à l’ac- tion de la main, On dit d’un drap qu’il eft doux , & maniable, d’un cuir ou d’une peau bien travaillée , qu’elle eft maniable ; d’un fer, lorfqu’il eft refroidi , wil eft maniable : alors maniable a une acception différente ; il défigne qu’on peut touchér fans fe ble{- fer. Maniable {e prend aufh au moral, & l'on dit d’un homme d’une humeur difficile , qu'il n’eft pas maniable. | MANJAPUMERAM, £. m. (Bo. exos.) grand arbre des Indes occidentales, que nousne connoiflons que 22 M A N par le nom qu’on lui donne dans le pays. Ses fleurs font d'un blanc d’eau , & ont l’odeur du miel. On la recueille foigneufement , 8: on en fait une eau diftil- lée pour les maux des yeux. (D. J, ) MANIAQUE, f. m. ( Gram. ) qui eft attaqué de manie, Voyez l’article MANIE. MANIBELOUR , (Æiff. mod. ) c’eft le nom qu'on donne dans le royaume de Loango en Afri- que au preñner miniftre du royaume, qui exerce un pouvoir abfolu, & que les peuples ont droit l’élire fans le confentement du roi, | MANICA, ( Géog. ) contrée d'Afrique dans la Cafrerie. Il y a royaume, riviere, ville & mines de cenom. La riviere eft la même que celle de Laurent Marquez. Elle a fa fource dans les montagnes de Lu- para, vers les 42. 30. de longir. &£ par le 20. de lat. méridionale ; elle fe perd dans un petit golfe , qui forme l’ile d’Inhaqua. Le royanme s'étend à Po- rient & au nord de cette riviere, Le roi du pays s’ap- pelle Chicanga. Manica où Magnica eft fa ville capi- tale , &lafeule qu’on connoît, Au midi de cette ville font des mines d’or , connues fous le nom de rires de Manica. ( D.J.) MANICABO , ( Géog. ) ville des Indes , fur la côte occidentale de lile de Sumatra , entre Priaman au nord, & Indrapoura au midi. Il croit aux environs beaucoup de poivre. Larir. méridion, 2. ( D. J. MANICHEISME , f. m. ( Æiff. eccléf. Métaph. ) Le Manichéifme eft une feéte d’hérétiques , fondée par un certain Manès, perfe de nation , & de fort baffle naiffance. Il puifa la plüpart de fes dogmes dans les livres d’un arabe nommé Scythion® Cette feête commença au troifieme fiecle, s'établit en plu- fieurs provinces, & fubfifta fort long-tems. Son foi- ble ne confftoit pas tant dans le dogme des deux principes , l’un bon & l’autre méchant, que dans les explications particulieres qu’elle en donnoit , & dans les conféquences pratiques qu’elle en tiroit. Vous pourrez le voir dans l’hrffoire eccléfraftique de M, l’ab- bé Fleuri, & dans le difionnaire de Bayle, l’article des Manichéens, & dans l’hifloire des variations de M, de Meaux. Le dogme des deuxprincipes eft beaucoup plus an- cien que Manès. Les Gnoftiques, les Cerdoniens , les Marcionites & plufeurs autres fe@aires le firent entrer dans le Chriftianifme,avant que Manès fit par- ler de lui. [is n’en furent pas même les premiers au- teurs ; 1] faut remonter dans la plus haute antiquité du paganifme, pour en découvrir l’origine. Si l’on s’en rapporte à Plutarque, ce dogme étoit très-an- cien. Il fe communiqua bientôt à toutes les nations du monde, & s’imprima dans les cœurs fi profon- dément, que rien ne put l’en détacher. Prieres , fa- crifices , cérémonies, détails publics & fecretsde re- . ligion, tout fut marqué à ce coin parmi les barbares & les grecs. il paroit que Plutarque lui donne trop détendue. Il eft bien vrai queles payens ont recon- nu 8 honoré des dieux malfaifans , mais ils enfei- gnoient aufli que le même dieu qui répandoit quel- quefois fes biens fur un peuple, l’afligeoit quelque tems après, pour fe venger de quelque offenfe. Pour peuqu'onhfeles auteurs grecs, on connoîït cela ma- nifeftement. Difons la mêméchofe de Rome. Lifez T. Live, Cicéron , & les autres écrivains latins, vous comprendrez clairement que le même Jupiter, à qui l’on offroit des facrifices pour une viétoire ga- gnée!, étoithonoré en d’autres rencontres, afin qu’il ceffât d’affliger le peuple romain. Tousles poëtesne nous le repréfentent-1ls pas armé de la foudre & ton- nant du haut*des cieux, pour intimider lés foibles mortels ? Plutarque fe trompe auffi , lorfqu'il veut que les philofophes &ciles poétes fe foient accordés dans la doëtrine des deux principes. Ne fe fonvenoit- pas d'Homere , le prince des poëtes , leur modele &c leur fource commune ; d’Homere, dis-je, qui n’a propoié qu’un dieu avec deux tonneaux du bien & du mal ? Ce perce des poëtes fuppofe que devant le palais de Jupiter font deux tonneaux , où ce dieu pnife con- tinuellement & les biens & les maux qu'il verfe fur le genre humain. Voilà fon principal emploi. Encore s’il y puifoit également , & qu'ilne fe mépritjamais, nous nous plaindrions moins de notre fort. Zoroaître , que les Perfes & les Chaldéens recon- noïflent pour leur infituteur , n’avoit pas manqué de leur enfeigner cette doétrine. Le principe bienfaifant, ille nommoit Oromafe, &c le malfaifant , Arimanius. Selon Im, le premier reflembloit 4la lumiere, &£ le fecond aux ténebres. Tous les partifans du fyffème des deux principes, les croyoïent incréés , contemporains , indépen- dans Pun de l’autre , avec une égale force & nne égale puiffance. Cependant quelques perles, au rap- port de M. Hyde, qui la pris dans Plutarque , fou- tenoient que le mauvais principe avoit été produit par le bon, puifqu'un jour il devoit être anganti, Les premiers ennemis du Chriflianifme , comme Celfe, Crefconius , Porphire , fe vantoient d’avoir décou- vert quelques traces de ce fyflème dans l’Ecriture- fainte , laquelle parle du démon & des embuches qu'il drefla au Fils de Dieu , & du foin qu'il prend de troubler fon empire. Mais on répondit aïfément à de tels reproches. On fit taire des hommes vains, qui pour décréditer ce qu'ils n’entendirent jamais , prenoient au pié de la lettre beaucoup de chofes al- légoriques. ; Quelque terrein qu’ait occupé ce fyftème des deux principes , 1l ne paroït pas, comme je lai oblervé, que les Grecs & les Romains fe le foient approprié. Leur Pluton ne peut être recardé comme le mauvais principe. Il navoit point dans léur théologie d'autre émploi,que celuide préfider à l’affemblée des morts, fans autorité fur ceux qui vivent. Les autres divini- tés infernales , malfäifantes , triftes , jaloufes de notre repos , n'avoient rien aufli de commun avec le mauvais principe , puifque toutes ces divinités fubordonnées à Jupiter, ne pouvoient faire de mal, aux hommes , que celui qu'illeur permettoit de faire. Elles étoient dans le paganifme ce que font nos dé- mons dans le Chriftianifme. Ce qui a donné naiflance au dogme des deux prin- cipes , c’eft la difficulté d’expliquer l’origine du mal moral & du mal phyfique, 1 faut l'avouer, de tou-- tes les queftions qui fe préfentent à l’efprit, c’eft la plus dure & la plus épineufe. On n’en fauroittrou- ver Le dénoument que dans la foi qui nous apprend la chute volontaire du premier homme , d’où s’enfuivi- rent & fa perte, & celle de toute fa poftérité. Mais les payens manquoient de fecours furnaturel ; ils fe trouvoient par conféquent dans un paflage très-étroit & très-gênant. Il falloit accorder la bonté & ia fain- teté de Dieu avec le péché & les différentes mife- res de l’homme, il falloitquftifier celui quipeut tout, . de ce que pouvant empêcher le mal, il l’a préféré au bien"même, & dece qu'étant infiniment équi- table , il punit des.créatures qui femblent ne lavoir point mérité , & qui voyent le jour plufeurs fiecles après que leur condamnation a été prononcée. Pour fortir de celabyrinthe, où leur raïfon ne faifoit que s'égarer , les philofophes grecs eurent recours à des hypothèfes particulières. Les uns fuppoferent la préexiftence des ames , & foutinrent qu'elles ne ve- noient amimer les corps que pour expier des fautes commifes pendant le couts d’une autre vie. Platon at- tribue l’origine de cette hypothèfe à Orphée, qui l'a- voit lui-même puifée chez les Esypriens.'Les autres ravifloient à Dieutoute connoiflance des affaires fub. lunaires", perfuadés qu’elles font trop mal aflorties pour avoir été réglées par une main bienfaifante. De-là ilstiroient cette conclufion , qu'il faut reñnon- cer à l’idée d'un être jufte ; pur; faint, où convenir qu'ilne prend aucune part à tout ce qui fé paflle dans le monde, Les autres établifloient une iucceffion d'événemens ; une chaine de biens & de maux que tien ne peut altérer ni tompre. Que fert de fe plain: dre, difoient-ils, que fert de murrmurer ? le deftin entraine tout, le deftin manie tout enaveugle & fans retour. Le mal moral n’eft pas moins indifpenfable quelle phyfique ; tous deux entrent de droit dans le plan dé la nature. D’autres enfin ne goûrant point toutesces diverfes explications de l’origine du mal moral & du mal phyfique , en cherchérent le dénou- ment dans le fyflème des deux principes. Quand il eft queftion d'expliquer Les divers phénomenes de la nature corrompue ; il a d’abord quelque chofe de plaufble ; mais f on le confidere en iui-même, rien n’eft plus monftrueux. En effet, 1l porte fur une fup- potion qui répugne à nos idées les plus claires, au lieu que le fyftème des Chrétiens eftappuyé fur ces notions-là. Par cette feule remarque la fupériorité des Chrétiens fur les Manichéens eft décidée ; car Tous ceux qui fe connoïflent en raifonnemens, de- meurent d'accord qu'un fyftème eft beaucoup plus imparfait, lorfqu'l manque de conformité avec les premiers principes , que lorfqu'l ne fauroit rendre raïifon des phénomenes de la nature, Silon bâtit fur üne fuppoñtion abfurde , embarraflée , peu vraif- femblable , cela ne fe répare point par lexplication heureufe des phénomenes ; mais s’il ne les explique ‘pas tous heureufement , cela eft compenfé par la netteté , par la vraiflemblance & par la conformité qu'on lui trouve aux lois & aux idées de l’ordre ; &c ceux qui l'ont embraflé, à caufe de cette perfe@ion, n’ont pas coutume de fe rebuter, fous prétexte qu’ils ne peuvent rendre raifon de toutes les expériences, Hs imputent ce défaut aux bornes de leur efprit. On objeétoit à Copernic, quand il propofa fon fyftème, que Mars & Vénus devroïent en un tems paroitre beancoup plus grands parce qu'ils s’approchoient de la terre de plufeurs diametres. La conféquence étoit néceflaire, & cependant on ne voyoit rien de cela. Quoiqu'il ne fût que répondre , il ne crnt pas pour cela dévoir l’abandonner. Il difoit feulement que le tems le feroit connoître. L’on prenoit cette raïfon pour une défaite ; & l’on ayoit, ce femble, raifon : mais les lunettes ayant été trouvées depuis ,onavu que cela même qu’on luioppofoit comme une grande objettion ; étoit La confirmation de fon fydtème , & Le renvetfement de celui de Ptolomée. | Voici quelques-unes des raifons qu’on peut pro- pofer contre le Manichéifme, Je les tirerai de M. Bayle Ini-même, qu’on fait avoir employé tonte la force de fon efprit pour donner à cette malheureufe hypothèfe une couleur de vraiflemblance. _ 1°, Cette opinion ef tout-à-fait injurienfe au dieu qu'ils appellent bon ; elle lui Ôte pour le moins la moitié de fa puiflance , & elle le fait timide, injuf- te, imprudent & ignorant, La crainte qu’il eut d’une irruption de fon ennemi, difoient-ils , l'obligea à lui abandonner une partie des ames , afin de fauver le refte. Les ames étoient des portions & des membres de fa fubftance , & n’avoient commis aucun péché. Il y eut donc de {a part de l’injuftice à les traiter de Ja forte, vu principalement qu’elles devoient être tourmentées , & qu'en ças qu'elles contraëtaflent quelques fotullures , ‘elles devoient demeurer éter- nellement au pouvoir du mal. Ainfi le bon principe n'avoit fu ménager fes intérêts, il s’étoit expofé à une éternelle & irréparable mutilation. Joint à cela que fa crainte avoit été mal fondée ; car, puifque de toute éternité , les états du mal étoient féparés des états du bien, 11 n’y avoit nul fujet de craindre que le mal fit une irruption fur les terres de {on ennemi. M A N 27 D'ailleurs il5 donnent moins de prévoyance & moins de puiflance au bon principe qu'au mauvais, Le bon principe n'a voit point prévu l'infortihine des détache mens qu'il expofoit aux aflauts de l'ennemi = mais 1e Mauvais principe avoit fort bien fu quels feroient les détachemens quel’onenverroit contre lui , &il avoit préparé les machines néteffaires pour les enlever, Le bon principe fur aflez fimple pour aimer mieux fe muriler, que de recevoit für des tertes les mens de l'ennemi, qui par ce moyen eût perdn une partie de {és membres, Lé mauvais principe avoit toujours été fupérieur, il n’avoit rien perdu , & il avoit fait des conquêtes qu'il avoit gardées ; mais le bon principe avoit cedé volontairement beaucoup de choies par timidité, par injuftice & par impru- dence. Ainf , en réfufant de connoître que Dieu foit l’auteur du mal, on lé fait mauvais en toutes manierés, 2°, Le dogme des Manichéens eft l’éponge de tou- tes les religions, puifqu’en raifonnart conféquems ment , 115 ne peuvent rien attendre de leurs pricres nirien craindre deleur impiéré. Ils doivent être per fuadés que quoi qu'ils faflent ; Le dieu bon leur {era toujours propice, & que le dieu mauvais leur fera toujours contraire, Ce font deux dieux ; dont Fun ne peut faire que du bien, & l’autre ne peut faire que du mal ; 1ls iont déterminés à cela par leur naturel ëc ils fiivent , felon toute l'étendue de leurs forces 4 cette détermination: C 3°. Si nous confultons les idées de l’ordre , nous verrons fort clairement que l’unité, Le pouvoir in- fini & le bonheur appartiennent à Pauteur du mon: de, La néceffité de fa nature a porté qu y eût des lu néceffaire- x{e détache- caules de tous les effets. Il a donc fa ment qu'ilexiflât une force {uMfante à la production du monde. Or, il eit bien plus felon l’ordre que cette puiflance foit réunie dans un {eul fujer que fi elle étoit partagée à deux ou trôis, ou à les mille. Concluons donc qu'elle n’a pas été partaoée 8 qu'elle réfide toute entiere dans une AN A & qu'ainfiil n’y a pas deux premiers principes, us un feul. Il y auroit autant de raifon d’en Mdr une infinité, comme ont fait quelques - uns, que de n’en admettre que deux. S'ilef coatre l’ordre que la puiffance de la nature foit partagée à deux fujets combien feroit-il plus étrange que ces deux fujets fuffent ennemis, Il ne pourroit naître de-là que tou- te forte de confufion. Ce que l’un vondroir faire, l'autre voudroit le défaire, & ainfirien ne fe feroit ; ou s’il fe faifoit quelque choïe , ce feroit un ONVrage de bifarrerie, & bien éloigné de la juftefle de cet umvers. Si le Manicheéifine eût admis deux principes ie agiflent de concert, il eût été expofé à de moin- resinconvéniens ; :l auroit néanmoins choqué l’idée de l'ordre par rapport à la maxime, qu’il ne faut point multiplier les êtres fans nécefité : car , s’il y à deux prenuers principes , 1ls ont chacun toute la force né- ceffaire pour la produétion de l’univers , ou ils ne l'ont pas ; s'ils l'ont, l’un d’eux eft fuperflu ; s'ils ne l'ont pas , cette force a été partagée inutilement, & il eût bien mieux valu la réunir en unfeul let, elle eût été plus aétive. Outre qu'il n’eft pas aifé de com- prendre qu'une caufe qui exifte par elle-même , n’ait qu’une portion de force. Qu’eft-ce qui l’auroit bore née à tant Qu à tant de degrés ? Elle ne dépend dé rien, elle tire tout de fon fond, Mais fans trop infif- ter fur cette raifon, qui pafle pour folide dans les écoles , je demande fi le pouvoir de faire tout ce que l’on veut, n’eft paseflentiellement renfermé dans l'idée de Dieu ? La raifon m’apprend qüe l’idée de Dieu ne renferme aucun attribut avec plus de net- teté &c d’évidence , que le pouvoir défaire ce que l'on veut. C’eft en quoi conffte la béatitude. Or, dans l'opimion des Manichéens ; Dieu n’auroit pas la 24 MAN puiffance de faire ce qu'il defire le plus fortement ; donc il ne feroit pasheureux. La nature du bon prin- cipe, difent-ils, ef telle qu'il ñe peut produire que du bien, & qu'il s’oppofe de toutes fes forces à l'in- troduétion du mal, {1 veut donc, & il fouhaite avec la plus grande ardeur qu’il n’y ait point de mal; il a fait tout ce qu’il a pu pour empêcher ce défordre. S'il a donc manqué de la puiffance néceffaire à J’empé- cher, fes volontés les plus ardentes ont été fruftrées, & par conféquent fon bonheur a été troublé 6€ in- quietté ; il n’a donc point la puiffance qu'il doit avoir felon la conftitution de fon être. Or, que peut-on dire de plus abfurde que cela ? N’eft-ce pas un do- gme qui implique contradiébon ? Les deux principes des Manichéens feroient les plus malheureux detous les êtres. Le bon principe ne pourroitjetter Les yeux fur le monde , que fes regards ne fuffent bleflés par une infnité de crimes & de défordres, de peines & de douleurs qui couvrent la face de la terre. Le mau- vais principe ne feroit pas moins afligé par le fpec- tacle des vertus & des biens. Dans leur douleur , ils devroient fe trouver malheureux d’être immortels. 4°. Enfin, je demande aux Manichéens , l’ame qui fait une bonne aétion , a-t-elle été créée par le bon principe , ou par le mauvais ? Si elle a été créée par le mauvais principe, il s’enfuit que le bien peut naï- tre de la fource de tout mal. Si c’eft par le bon prin- cipe, le mal, par la même raifon, peut naître de la {ource de tout bien ; car cette même ame en d’au- tres rencontres commet des crimes. Vous voilà donc réduits à renverfer vos propres raifonnemens , & à foutenir, contre le fentiment intérieur, que jamais l’ame qui fait une bonne aétion , n’eft la même que celle qui péche. Pour fe tirer de cette difiiculté, ils auroient befoin de fuppoñfer trois premiers princi- pes ; un effentiellement bon, & la caufe de tout bien ; un efleñtiellement mauvais, & la caufe de tout mal ; un eflentiellement fufceprible du bien & du mal, & purement pañif. Après quoi il faudroit dire que l’ame de l'homme eft formée de ce troifie- me principe, & qu’elle fait tantôt une bonne aëion, &c tantôt une mauvaife, felon qu’elle reçoit l’influen- ce ou du bon principe, où du mauvais, Rien n’eft donc plus abfurde niplus ridicule , que les deux prin- cipes des Manichéens. Je néglige ici plufeurs autres raïfons , par lefquel- les je pourroiïs attaquer les endroits foibles dece fyf- tème extravagant. Je ne veux point me prévaloir des abfurdités palpables que les Manichéens débi- toient, quand ils defcendoient dans le détail des ex- plications de leur dogme. Elles font f pitoyables , que c’eft les réfuter fufifämment , que d’en faire un fimple rapport. Par les fragmens de leur fyftème, qu’on rencontre çà & là dans les peres, il paroît que cette feéte n’étoit point heureule en hypothèles. Leur premiere fuppoftion étoit faufle , comme nous venons de le prouver ; mais elle empiroit entre leurs mains, par le peu d’adrefle & d’efprit philofophique qu'ils employoient à l'expliquer. Ils n’ont pas affez connu, felon M. Bayle , leurs avantages, ni fu faire jouer leur principale machine , qui étoit la difficulté fur l’origine du mal. Il s’'imagine qu’un habile hom- me de leur parti, un Defcartes , par exemple, au- roit bien embarraffé les orthodoxes, & 1l femble que lui-même , faute d’un autre, ait voulu fe charger d’un foin fi peu néceffarre , au jugement de bien des gens. Toutes les hypothèfes , dir-il , que les Chré- tiens ont établies, parent mal les coups qu’on leur porte ; elles trromphent toutes quand elles agiflent offenfivement ; mais elles perdent tout leur avanta- ge, quand il faut qu'elles foutiennent l'attaque. Il avoue que les dualifles, ainfi que les appelle M. Hy- de , auroïent été mis en fuite par des raïfons a priori, prifes de la nature de Dieu ; mais 1l s’imagine qu'ils MAN triomphent à leur tout, quand on vient aux raifons d! pofleriori, prifes de l’exiftence du mal. I fautl'avouer.: M. Bayle , en écartant du Maxichéifine les erreurs grofleres de {es premiers défenfeurs , en a fabriqué un fyftème, lequel, entre fes mains, paroït armé d’une force nouvelle qu'il n’avoit pas autrefois, Les objettions qu'il a femées dans divers endroits de fes. ouvrages , lui ont paru fi fortes & fitriomphantes, qu'il ne craint pas de dire, que la raifon fuccombe- ra fous leur poids, toutes Les fois qu’elle entrepren- dra d’y répondre. La raïfon , felon lui, eft un prin- cipe de deftruction , & non pas d’édification: elle n’eft propre qu’à former des doutes, à éternifer les difputes , & à faire connoître à l’homme fes téne- bres , fon impuiflance , & la néceflité d’une révé- lation, & cette révélation eft celle de l’Ecriture. C’eft-là que nous trouvons de quoi réfuter invinci- blement l’hypothefe des deux principes, & toutes les objections des Manichéens; nous y trouvons lu- nité de Dieu & fes perfettions infinies , la chute du premier homme, & fes fuites funeftes, Comme, M. Bayle n'eft pas un antagonifte du commun, les pius favantes plumes de l’Europe fe font eflayées à le réfuter, Parmi ce grand nombre d'auteurs, on peut compter M. Jaquelor, M. le Clerc, &c M. Leibnitz : commençons par M. Jaquelot,, &. voyons fi dans cette difpute il a eu de l'avantage. M. Jaquelot fuppofe pour principe que la liberté. de l'homme peut réfoudre toutes les difficultés de M. Bayle. Dieu ayant formé cet univers pour..fa gloire, c’eft-à-dire pour recevoir des créatures l’a- doration & l’obéiflance qui lui eft dûe : l’être libre étoit feul capable de contribuer à ce deflein du créateur. Les adorations d’une créature qui ne fe- toit pas libre, ne contribueroeïent pas davantage à la gloire du créateur que ne feroit une machine de figure humaine, qui {e profterneroit par la vertu de fes reflorts. Dieu aime la fainteté; maïs quelle vertu y auroit-il, fi l’homme étoit déterminé né- ceflairement par {a nature à fuivre le bien, comme le feu eft dérerminé à brüler? Il ne pourroit donc y avoir qu’une créature libre qui pût exécuter le deffein de Dieu. Ainfñi, quoiqu'une créature libre pût abufer de fon franc arbitre, néanmoins un être libre étoit quelque chofe de fi relevé & de f au- gufte, que {on excellence & fon prix l’emportoient de beaucoup fur toutes les fuites les plus fâcheufes que pourroit produire l'abus qu'il en feroit. Un monde rempli de vértus, mais fans liberté, eft beau- coup plus imparfait que celui où regne cette li= berté, quoiqu’elle entraine à fa fuite bien des défor- dres. M, Bayie renverfe tout cet argument par cette feule confidération, que f l’une des plus fublimes perfe@tions de Dieu, eft d’être fi déterminé à la- mour du bien, qu'il implique contradition, qu'il uifle ne pas l’aimer : une créature déterminée au ie feroit plus conforme à la nature de Dieu, &z par conféquent plus parfaite qu'une créature qui a un pouvoir égal d'aimer le crime & de le hair. Jamais on n’eft plus libre que lorfqu'on eft fixé dans le bien. Ce n’eft pas être libre que de pou- voir pécher. Cette malheureufe puiflance en eft l'abus & non la perfe@tion. Plus la Hberté eft un don excellent de Dieu, plus elle doit porter les caracteres de fa bonté. C’eft donc mal-à-propos, conclut M. Bayle, qu'on cite ici la liberté pour expliquer l’origine du mal. On pouvoit lui répon- dre que Dieu n’eft pas obligé de nous douer d’une liberté qui ne fe porte jamais vers le mal; qu'il ne peut la retenir conftamment dans le devoir, qu’en lui accordant de ces graces congrues, dont le foufle falutaire nous conduit au port du falut. J'avoue, difoit M. Bayle, qu'il ne nous devoit pas une li- berté fi parfaite ; mais il fe devoit à lui-même d'empêcher d'empêchér toùs les défordres qu'enfante l'abus dé Îa liberté ; fa bonté, fa fagefle, & plus encore fa fainteté, lui en failoient une loi. Or, cela polé, comment donc concilier avec tous ces attributs la ‘chute du premier homme ? Par quelle étrange fata- lité cette liberté fi précieufe , gage de l’amour di- vin , a-t-elle produit, des fon-premier coup d'effai, & le crime & la mifere qui les fuit, & eéla fous es yeux d’un Dieu infiniment bon, infiniment faint &c infiniment puiflant? Cette liberte qui pouvoit être, dirigée confflamment & invariablement au bien, fans perdre de fa nature, avoit-elle donc été donnée pour cela ? M. Jaquelot ne s'arrête pas à la feule liberté, pour expliquer l’origine du mal; il en cherche aufli le dénouement dans les intérêts & de la fagefle & de la gloire de Dieu: Sa fagefle & fa gloire l'ayant déterminé à former des créatures libres, cette puiflante ration a dû l’emporter fur les fâ- cheufes fuites que pouvoit avoir cette liberté qu’il donnoit aux hommes. Tous les inconvéniens de la liberté n’étoient pas capables de contre-balancer les æaifons tirées de la fagefle, de fa puiflance & de fa gloire. Dieu a créé des êtres libres pour fa gloire. Comme donc les deffeins de Dieu ne tendent qu’à fa propre gloire, & qu'il y a d’ailleurs une plus am- ple moiflon de gloire dans la direétion des agens dibres qui abufent de leur liberté que dans la direc- tion du genre humain toujours vertueux, la per- miffion du péché & les fuites du péché font une chofe très-conforme à la fagefle divine. Cette raifon de la gloire paroït à M. Jaquelot un bouclier impé- nétrable pour parer rous les coups du Manichézfme, Il da trouve plus forte que toutes les difficultés qu’on oppofe, parce qu'elle eft irée immédiatement de la gloire du créateur. M, Bayle ne peut digérer cette æxpreflion , que Dieu ne travaille que pour Ja gloire, Il ne peut comprendre que l'être infñini, qui trouve ‘dans fes propres perfetions une gloire & une béati- tude aufli incapables de diminution que d’augmen- tation, puufle avoir pour but, en produifant des créa- tures, quelqu’acquifñtion de gloire. En effet, Dieu eft au-deflus de tout ce qu'on nomme de/ir de louan- ges, defir deréputation. 1] paroït donc qu'il ne peut y avoir en lui d'autre motif de créer le monde que fa bonté. Mais enfin, dit M. Bayle, fi des mo- tifs de gloire l’y déterminoient, il femble qu'il choi- _froit plutôt la gloire de maintenir parmi ies hom- mes la vertu & le bonheur, que la gloire de mon- trer que par une adrefle & une habileté infinie 1l vient à bout de conferver la fociété humaine, en dépit des confufions & des défordres, des crimes & des miferes dont elle eft remplie; qu'à la vérité un grand monarque fe peut eftimer heureux, lorf- que contre fon intention &c mal-à-propos, la rebel- lion de fes fujets & le caprice de fes voifins lui ont attiré des guerres civiles & des guerres étran- geres, qui lui ont fourni des occations de faire briller fa valeur & fa prudence; qu’en diffipant tou- tes fes tempêtes, 1l s’acquiert un plus grand nom, & fe fait plus admirer dans le monde que par un regne pacifique, Mais, fi de crainte que fon cou- rage & les grands talens de fa politique ne demeu- raflent inconnus, faute d’occañons, il ménageoit adroitement un concours de circonftances, dans lefquelles 1l feroit perfuadé que fes fujets fe révol- teroient, & que fes voifins dévorés de jaloufe fe ligueroient contre lui, il afpireroit à une gloire indigne d’un honnête homme, &c il n’auroit pas de goût pour la véritable gloire; car elle confifte beau- coup plus à faire regner la paix, l'abondance &c les bonnes mœurs, qu’à faire connoitre-au public qu’on a ’adreffe de réfréner les féditions, on qu’à repouffer & difiper de puiffantes & de formidables ligues Tome X, que l’on aura foméntées fous main. En un mot, il femble que f Dieu gouvernoit le monde par un principe d'amour pour la eréature qu'il à faite à {on image ; il ne manqueroit point d’occañons auf favorables que celles que l’on äliegue, de mani: fefter fes perfeétions infinies ; vû que fa fcience & fa purflance n'ayant point de bornes, les moyens également bons de parvenir à {es fins ne peuvent être limités à un petit nombre. Mais il femble à dé certaines gens, obferve M. Bayle, que le:genre hu- main innocent n’eût pas été aflez mal-alé à con duire,pour mériter que Dieu s’en mélât, Ea fcene eût été fi ume, fi fimple; f. peu intriguée, que ce n'eût pas été la peine d'y faire intervenir là- pro: vidence. Un printems éternel, une terre fertile {ans culture, la paix &c la concorde des animaux & des élémens, & tout le refte de la defcription de l’âge d’or, n’étoient pas des chofes où l’art divin put trouver un affez noble exercice : ce n’éft que dans les tempêtes & au milieu des écueils que paroit l’habileté du pilote. | M. Leibnit eft allé chercher le dénouement de toutes ces difficultés dans le fyflème du monde le plus beau, le plus réglé, le meilleur enfin, & le p'us digne de la grandeur & de la fagefle de l'être luprème. Mais pour le bien comprendre, il faut obierver que le meilleur confifte non dans la per» feétion d’une partie du tout, mais dans le meilleur tout pris dans fa généralité, Un tableau; par exem2 ple, eft merveilleux pour le naturel des carnations: Ce mérite particulier fait honneur à la main dont il fort; mais le tableau dans tout ie refte n’a point d'ordonnance, point d’attitudes régulieres, point de feu, point de donceur. Il n’a rien de vivant ni de pafhonné ; on le voit fans émotion, fans inté- rêt; l'ouvrage ne fera tout au plus que médiocre. Un autre tableau a de légeres FN Tr On y voit dans le lointain quelque perfonnage épifodiqué dont la main ne fe.trouve pas régulierement pro- noncée; mais le refte y eft fini, tout y parle, tout ÿ eft animé, tout y refpire, le deflein y eft corre®, l'action y eft foutenue, tous Les traits y font élégans. Hèfite-t-on fur la préférence ? non, fans doute. Le premier peintre n'eft qu’un éleve à qui le génie manque ; l’autre eft un maître hardi dont la main favante court à la perfeétion du tout, aux dépens d’une irrégularité dont la correéion retarderoit lan- thoufiaime qui l'emporte, Toute proportion gardée, il en eft de la forte à l'égard de Dieu dans le choix des mondes poflibles. Quelques-uns fe feroient trouvés exemts des défec- tuofités femblables dans le nôtre; maisle nôtre avec fes défauts, eft plus parfait que Les autres qui dans leur conftitution comportoient de plus grandes ir- régularités jointes à de moindres beautés. L’être infiniment fage, à qui le meilleur eft une loi, devoit donc préférer la produétion admirable qui tient à quelques vices à la produétion dégagée de crimes, mais moins heureufe, moins féconde, moins riche, moins belle dans fon toui. Car comme le moindre mal eft une efpece de bien; de même un moindre bien eft une efpece de mal, s’il fait obftacle à un plus grand bien; & il y auroit quelque chofe à cor- riger dans les a@tions de Dieu, s’il y avoit un moyen de mieux faire. On dira peut-être que le monde auroit pu être fans le péché & fans les fouffrances, mais alors il n'auroit pas été le meilleur. La bonté de Dieu au- roit eu plus d'éclat dans un tel monde, mais fa fagefle auroit été bleflée ; & comme l’un de fes attributs ne doit point être facrifié à l’autre, il étoit convenable que la bonté de Dieu pour les hom- mes füt tempérée par fa fagefle. Si quelqu'un al légue l'expérience pour prouver que Dieu auroit. D 26 M AN pù mieux faire, il s’érige en cenfeur ridicule"de fes ouvrages. Quoi, peut-on lui répondre, vous ne connoiflez le monde que depuis trois jours , & vous y trouvez à redire | Attendez à le connoître da- vantape, &C confidérez-y fur-tout les parties qui préfentent un tout complet, tels que font les corps organiques, & vous y trouverez un artifice &c une beauté bien fupérieure à votre imagination. Le dé- faut eft dans quelque partie du tout, je n’en dif- conviens pas : mais pour juger d’un ouvrage, n'eft-ce pas le tout qu’il faut envifager? Il y a dans liliade quelques vers imparfaits & informes, en eft-elle moins un chef-d'œuvre de l’art? C’eft la totalité, c’eft l’enfemble, pour aïinfi dire, qui décide de la perfettion ou de l’imperfeétion. Or l'univers confi- déré dans cetté généralité vañte, eft de tous les pof- fibles le plus régulier. Cette totalité dont je parle, n’eft pas un effét, comme on pourroit fe l'imagi- ner; c’eft l’amas feul des êtres & des révolutions que renferme le globe qui me porte: l’univers n’eft pas reftreint à de fi courtes limites. Dès qu’on vent s’en former une notion philofophique, il faut por- ter fes regards plus haut & plus loin ; mes fens ne voient diftintément qu’une foible portion de la terre; & la terre elle-même n’eft qu’une des planetes de notre foleil, qui à fon tour n’eft que le centre d’un tourbillon particulier, chaque étoile fixe ayant le même avantage que lui. Quiconque envifage l'univers fous une image plus retrécie, ne connoît rien à l’œuvre de Dieu; il eft comme un enfant qui croit tout renfermé dans le petit berceau où fes yeux commencent à s'ouvrir. L'homme quipenfe met fa raifon à la place de fes yeux; où fes regards ne pénetrent pas!, fon efprit y eft, Il fe promene dans cette étendue immenfe , pour revenir après avec humiliètion &c furprife fur fon propre néant, & pour admirer l’auteur dont l’inépuifable fécon- dité a enfanté cet univers, & a varié la pompe des ornemens que la nature y étale. Quelqu'un dira peut-être qu'il eft impoñfible de produire le méilleur, parce qu'il n’y a point de créa- ture, pour fi parfaite qu'on la fuppofe, qu’on ne puifle toujours en produire une qui le foit davan- tage, Je réponds que ce qui peut fe dire d’une créa- ture ou d’une fubftance particuliere qui peut tou- jours être furpañlée par une autre, ne doit pas être appliqué à l'univers, lequel fe devant étendre dans toute l'éternité future, eft en quelque façon infini. Il ne s’agit donc pas d’une créature, mais de l’uni- vers entier; & l’adverfaire fera obligé de foutenir qu'un univers poflible peut être meilleur que l’au- tre à l'infini : mais c’eft ce qu'il ne pourra jamais prouver, Si cette opimion étoit véritable, Dieu n’en auroit produit aucun, car il eft incapable d'agir fans raifon; & ce feroit même agir contre la raifon. C’eit comme fi lon s’imaginoit que Dieu eût imaginé de faire une fphere matérielle, fans qu'il y eût aucune raifon de la faire d’une telle grandeur. Ce decret feroit inutile; il porteroit avec lui ce qui en empêcheroit l’effer. Mais fi Dieu produit toujours le meilleur, il pro- duira d’autres dieux ; autrement chaque fubftance qu'il produiroit ne feroit point la meilleure ni la plus parfaite. Mais on fe trompe faute de confidé- rer l’ordre &c la laifon des chofes. Si chaque fubf- tance prife à part étoit parfaite, elles feroient tou- tes femblables:: ce qui n’eft point convenable n1 pof- fible. Si c’étoit des dieux, 1l n'auroit pas été poffi- ble de les broduire. Le meilleur fyftème des chofes ne contiendra donc point de dieux ; il fera toujours un fyftème de corps, c'eft-à-dire, de chofes rangées felon les lieux &c les tems, & d’ames qui les répif- fent & les gouvernent. Il eft aifé de concevoir qu'une flruéture de l'univers peut être la meilleure de toutes , fans qu'il devienne un dieu. La liaïfon & l’ordre des choies fait que le corps de tout: ani- mal & detoute plante vient d'autres animaux & d’autres plantes. Un corps fert à l’autre; ainfileur perfeétion ne fauroit être égale. Tout le monde conviendratfans doute qu’un monde qui raflemble le matériel & le fpiriuel tout enfemble, eft beau- coup plus parfait que s’il ne renfermoit que des efprits dégagés de toute matiere. L’un n’empêche point l’autre: c'eft une perfe@tion de plus. Or vou- droit-on, pour la perfection de ce monde, que tous les corps y fuflent d’une égale beauté? Le monde peut être comparé à un bâtiment d’une ftruéture admirable. Or dans un bâtiment, il faut non-feule- ment qu'il y ait des appartemens, des falles ,; des galeries , des jardins, mais encore la cuifine, la cave, la bafle-cour, des écuries, des égouts, &ee Ainfi 1f n'auroit pas été à-propos de ne faire que des foleils dans le monde, ou de faire une terre toute d’or &t de diamans, mais qui n’auroit point été ha- bitable. Si l’homme avoit ‘été tout œil ou tout oreille, 1l n’auroit point été propre à {e nourrir. Si Dieu lavoit fait fans pañfñon , il l’auroit fait ftu- pide ; & s'il l'avoit voulu faire fans erreur, il auroit fallu le priver des fens, ou le faire fentir autrement que par les organes, c’eft-à-dire, qu'il n’y auroit point eu d'homme, Je vous accorde, dira-t-on, qu'entre tous les mondes pofhbles, il y en a un qui eft le meilleur de tous; maiscomment me prouverez-vous que Dieu lui a donné la préférence fur tous les autres qui comme a hi prétendotent à l’exiftence ? Je vous le prouve- rai par la raïon de lordre qui veut que le meil- leur foit préféré à ce qu eft moins bon, Faire moins de bien qu'on ne peut, c’eft manquer contre la fa- gefle ou contre la bonté, Aïnf demander fi Dieu a pu faire les chofes plus accomplies qu'il ne les a faites, c’eft mettre en queftion fi les a@ions de Dieu font conformes à la plus parfaite fagefle & à la plus grande bonté. Qui peut en douter ? Mais en admettant ce principe, voilà Les deux conféquen- ces qui en rélultent. La premiere eft que Dieu n’a point été libre dans la création de l’univers; que le choix de celui-ci parmi tous les poffibles a été Peffet d’une infurmontable néceflité; qu’enfin ce qui eft fait eft produit par l’impulfion d’une fatalité fupérieure à la divimité même. La feconde conféquence eft que tous les effets font néceflaires & inévitables: & que ‘dans la nature telle qu’elle eft, rien ne peut y être que ce qui y eft & comme il y eft; que l’univers une fois choifi, va de lui-même, fans {e laiffer fléchir à nos juftes plaintes’ ni à la trifte voix de nos larmes. J'avoue que c’eft-là l’endroit foible du fyftème Leibnitzien. En paroïffant fe tirer du mauvais pas où fon fyftème l’a conduit, ce philofophe ne fait que s’y enfoncer de plus en plus. La liberté qu'il donne à Dieu, & qui lui paroïît très-compatible avec le plan du meilleur monde , eft une véritable nécefité, malgré les adouciflemens & les correctifs par lef- quels il tâche de tempérer l’auftérité de fon hypo- thèfe. Le P. Mallebranche , qui n’eft pas moins partifan de l’optimifme que M. Leibnitz , a fû éviter l’écueil où ce dernier s’eft brifé. Perfuadé que l’effence de la liberté confifte dans lindiffé- rence , il prétend que Dieu a été indifférent à poler le decret de la création du monde ; enforte que la néceflité de créer le monde le plus parfait, auroit été une véritable néceflité ; & ; par conféquent, auroit détruit la liberté , f elle n’avoit point été précédée par un decret émané de lindifférence mê- me , @& qui l’a rendue hypothétique. « Il faut pren- » dre garde, dit-il, dans fon sraité dela Nature Gde la » Grace,que bien que Dieu five les regles que fa fa- M AN » geffe lui prefcrit,ilne fait pas néanmoins néceffar- » rement ce qui eft le mieux, parce qu'il peut ne »rienfaire. Agir & ne pas fuivre exaétement les » regles de la fageñle, c’eft un défant. Ainfi fup- » poié que Dieu agïfle, il agit néceflairement de la » maniere la plus fage qui puifle fe concevoir. Mais » être libre dans la produétion du monde, c’eit une » marque d’abondance , de plénitude , de fufifance » à foi-même. Il eft mieux que le monde foit, que » de n'être pas. L’incarnation de J. C. rend l’ou- » vrage digne de fon auteur ; mais comme Dieu » eft eflentiellement heureux & parfait, comme il » n’y a que lui qui foit bien à fon égard , ou la caufe » de fa perfeétion & de fon bonheur , 1l n’aime 1n- » vinciblement que fa propre fubftance ; & tout ce » qui eft hors de Dieu , doit être produit par une » action éternelle , & immuable à la vérité ; mais » qui ne tire fa néceflité que de la fuppoñtion des » décrets divins ». | Il y en a qui vont plus loin que le P. Mallebran- che, & qui donnent plus d’étendue à la liberté de Dieu. Ils veulent non-feulement que Dieu ait pù ne point produire le monde ; mais encore qu'il ait choïf librement , entre les degrés de bien & de per- _feétion poffibles , Le degré qu'il lui a plà ; qu'il ait ju- gé à propos d'arrêter là l'exercice de fon pouvoir infini, en tirant du néant tel nombre précis de créa- tures douées d’un tel degré de perfection , & capa- bles d’une telle mefure de bonheur. Quelque 1yf- tème qu'on adopte, foit que l’on dife que la {a- gefle de Dieu lui a fait une loi de créer le monde le plus parfait , & qu’elle a feulement enchaïné fa liberté , fuppofé qu'il fe déterminât une fois à créer, foit que l’on foutienne que fa fouveraine liberté a mis aux chofes créées Les bornes qu'il a voulu, on peut réfoudre les difficultés que l’on fait fur l'ori- sine du mal. Dites-vous que Dieu a été parfaite- ment libre dans les limites qu'il a données aux per- fedions de fes créatures ? Donc il a pû leur don- _ner une liberté flexible pour le bien & pour le mal. De-là l’origine du mal moral, du mal phyfique, & du mal métaphyfique. Le mal métaphyfique pren- dra fa fource dans la limitation originale des créa- tures ; le mal moral, dans l’abus de la hiberté ; & le mal phyfique , dans les peines & les douleurs qui feront ou un effet de la punition du péché, on une fuite de la conftitution naturelle des corps. Vous en tenez-vous au meilleur de tous les mondes pofi- bles ? Alors vous concevez que tous les maux qui paroïflent défigurer l’univers , étant liés avec le plan du meilleur monde , Dieu ne doit point en avoir choïfi un moins parfait, à caufe des incon- véniens qu'en reffentiroient certaines créatures. Ces inconvéniens font les ingrédiens du monde le plus parfait. Ils font une fuite néceffaire des regles de convenance , de proportion , de haïfon , qu’une fagefle infinie ne manque Jamais de fuivre, pour arriver an but que la bonté fe propofe, favoir le plus grand bien total de cet aflemblage de créatu- res qu'elle a produites. Vouloir que tout mal für exclu de la nature, c’eft prétendre que la bonté de Dieu devoit exclure toute régularité, tout ordre, toute proportion dans fon ouvrage, ou, ce qui revient au même , que Dieu ne fauroit être infini- . ment bon, ians fe dépouiller de fa fagefle, Suppo- fer un monde compofé des mêmes êtres que nous voyons, 6c dont toutes les parties feroient liées d’une maniere avantageufe an tout, fans aucun mélange du mal, c’eft fuppofer une chimere. M. Bayle fe trompe aflurément , quand il pre- tend que cette bonté, qui fait le caraëtere de la divinité, doit agir à Pinfini pour prévenir tout mal & produire tout bien. Un être qui eft bon , & qui p'eft que cela , nn être qui n’agit que par ce feul at- Tome X, “tenoit fa place partout, Il dira, fans doute MAN 27 tribut, e’eft in être contradi@oire, bieñ I6in que ce foit l'être parfait, L’être parfait comprend tou: tes les perfeétions dans fon effence ; il eft infini par l’aflemblage dé toutes enfemble , comme :ül il eft par le degré où il poffede chacune d’elles. S'il eff infiniment bon, il eft auffi infiniment fage 5 infi- niment libre, = ss Les maux métaphyfques font injurieux À Ja faë gefle & à la purflance de Dieu : les maux phyfi- ques bleflent fa bonté : les maux moraux terniffent l’éclat de fa fainteté, C’eft là ; en partie , où fe réduifent tous les raifonnèmens de M; Bayle ; aflu- rément 1l outre les chofes, On accorde que quel- que vices ont été liés avec le meilleur plan de l’u- niVers ; mais on ne lu accorde pas qu'ils foient contraires à fes divins attributs. Cette objetion auroit lieu s'il n’y avoit point de vertu , fi le vice qu'il fufit que le vice regne , & que la vertu ef peu de chofe en comparailon, Mais je n'ai garde de lui accorder cela ; & je crois qu’effedivement, à le bien prendre , 1l y a incomparablement plus de bien moral , que de mal moral dahs les créatures raïfonnabies , dont nous ne connoiflons qu’un très- petit nombre, Ce mal n’eft pas même fi grand dans les hommes qu'on le débite, Il n’y a que les gens d'un naturel malin , Où des gens devenus un peu fombres & mifantropes par les malheurs, comme le Timon de Lucien , qui trouvent de la méchanceté par-tout, qui empoifonnent les meilleures aétions par les interprétations finiftres qu’ils leur donnent, & dont la bile amere répand fur la vertu la plus pure les couleurs odieufes du vice. Il y a des per- {onnes qui s'appliquent à nous faire appercevoir des crimes , où nous ne découvrons que des vera tus ; & cela, pour montrer la pénétration de leur efpritt On a critiqué cela dans Tacite , dans M. de la Rochefoucauld , & dans le livre de l'abbé Efprit, touchant la fauffeté des vertus humaines, Mais fup- pofons que le vice furpañle la vertu dans le genre- humain , comme l’on fuppofe que le nombre des reprouvés furpafle celui des élus ; il ne s’enfuit nul- lement que le vice & la mifere furpañlent la vertu &c la félicité dans l'univers. IL faut plutôt juger tout le contraire, parce que la cité de Dieu doit être le plus parfait de tons les états poffibles, puif- qu'il a été formé , & qu'il eft toujours gouverné par le plus grand & le meilleur de tous les monar- ques. L'univers n’eft pas contenu dans la feule planete de la terre. Que dis-je ? cette terre que nous habitons, comparée avec l'univers , fe perd & s’évanouit prefque dans le néant. Quand même la révélationne n'apprendroit pas déja qu'il y a des in- telligences créées, aufli différentes entre elles, par leur nature , qu’elles le font de moi , ma raïfon ne me conduiroit-elle pas à croire que la région des fubftances penfantes eft, peut-être, anffi variée dans fes efpeces, que la matiere l’eft dans fes parties à Quoi ! cette matiere, n à & morte par elle-même, reçoit un million de beautés diverfes , qui font pref- que méconnoïtre fon unité parmi tant de différen- ces ; & je voudrois penfer que dans l’ordre des ef- prits 1l n’y a pas de différences pareilles ? Je vou- drois croire que tous ces efprits {ont enchaînés dans la même fphére de perfeion. Or, dès que je puis & que je dois fuppoñer des efprits d’un autre ordre que n’eft le mien, me voilà conduit à des nouvelles conféquences , me voilà forcé de reconnoître qu'il peut yavoir, qu'il y a même beaucoup plus debien moral que de mal moral dans l’univers. Eh bien, me direz-vous, quand je vous accorderois tout cela, il feroit toujours vrai de dire, que l'amour de Dieu pour la vertu n’eft pas fans bornes , puifqu'il tolere le vice que fa puiffance pourroit fupprimer ou pré- D à 28 M A N venir, Mais cette objeétion n’eft établie que fur une équivoque trompeule. Efe@ivement , il n’eft pas véritable que la haine de Dieu pour le vice, & fon amour pour la vertu foient infinis dans leur exer- cice. Quoique chacune de fes perfeétions foit en lui fans bornes , elle n’eft pourtant exercée qu'avec reftriétion , & proportionnellement à fon objet ex- térieur. La vertu eft le plus noble état de l'être créé : quien doute ? mais la vertu n’eft pas un ob- jet infini ; elle n’eft que l'être fini , penfant & vou- lant dans l’ordre avec des degrés finis. ‘Au-deflus de la vertu font d’autres perfeétions plus grandes dans le tout de l’univers , qui s’atrirent la complailance de Dieu. Cetamour du meilleur dans le tout , l’em- porte en Dieu fur les autres amours particuliers. De-là le vice permis ; 1l faut qu'il foit, parce qu'il fe trouve néceflairement lié au meilleur plan, qui n’auroit pas été le meilleur de tous les pofhbles, fi la vertu intelligente eüt été mvariablement ver- tueufe. Au refte, l'amour de la vertu, & la haine du vice, qui tendent à procurer l’exiftence de la vertu, & à empêcher celle du vice , ne font que des volontés antécédentes de Dieu prifes enfemble, dont le réfultat fait la volonté conféquente, ou le decret de créer le meilleur ; & c’eft de ce decret que Pamour de la vertu & de la félicité des créatures rai- fonnables , qui eft indéfni de foi, & va auf loin qu'il fe peut, reçoit quelques petites limitations , à caufe de l'égard qu’il faut avoir au bien en général. C’eft ainf qu’il faut entendre que Dieu aime fonve- rainement la vertu, & hait fouverainement le vice; & que néanmoins quelque vice doit être permis. Après avoir difculpé la providence de Dieu fur les maux moraux , qui font les péchés, il faut main- tenant la juftifier fur les maux métaphyfiques, & fur les maux phyfiques. Commençons par les maux métaphyfiques , qui confiftent dans les imperfe@tions des créatures. Les anciens attribuoient la caufe du mal à la matiere qu'ils croyoient incréée & indé- pendante de Dieu. Il n’y avoit tant de maux, que parce que Dieu, en travaillant fur la matiere, avoit trouvé un fujet rébelle , indocile , & incapable de fe plier à fes volontés bienfaifantes : mais nous qui dérivons tout de Dieu, où trouverons-nous la fource du mal? La réponfe eft , qu’elle doit être cherchée dans la nature idéale de la créature , entant que cette créature. eft renfermée dans les vérités éter- nelles, qui font dans l’entendement divin. Caril faut confidérer qu'il y a une imperfeétion originale dans les créatures avant le péché, parce que les créatures font limitées effenticilement. Platon a dit, dans fon Timée, que le monde avoit fon origine de Pentendement joint à la néceflité. D’autres ont joint Dieu 8 la nature. On y peut donner un bon fens. Dieu fera l’entendement & la néceffité, c’eft- à-dire , la nature eflentielle des chofes fera l’objet de l’entendement , entant qu’il confifte dans les vé- rités éternelles. Maïs cewobjet eft interne, & fe trouve dans l’entendement divin. C’eft la région des vérités éternelles qu’il faut mettre à la place de la matiere , quand il s’agit de chercher la fource des chofes. Cette région eft la caufe idéale du mal & du bien. Les Hmitations &c les imperfeétions naïf- fent dans les créatures de leur propre nature, qui borne la produétion de Dieu ; maïs les vices & les crnnes y naflent du confentement libre de leur vo- lonté. Chryfppe dit quelque chofe d’approchant. Pour répondre à la queftion qu'on lui faïoit touchant l’o- rigine du mal , il foutent que le mal vient de la premiere confhtution des ames, que celles qui font bien faites naturellement réfiftent mienx aux impref- fions des caufes externes ; mais que celles dont les défauts naturels n’ayoient pas été corrigés par la difcipline , fe laïfoient pervertir. Pour expliquer fa penfée , il fe fert de la comparaifon d’un cylin- dre, dont la volubilité & la viteffe, on la facilité dans le mouvement vient principalement de fa f- gure, Ou bien, qu’il feroit retardé s’il étoit rabo- teux. Cependant 1l a befoin d’être pouflé, comme l’ame a beloin d'être follicitée par les objets des fens , ê reçoit cette impreflion felon la conftitution où elle fe trouve. Chryfippe a raifon de dire que le vice vient de la conflitution originaire de quel- ques efprits. Lorfqu’on lui obje@toit que Dieu les a formés, 1l repliquoit, par limperfe&ion de la ma- tiere , qui ne permettoit pas à Dieu de mieux faire. Mais cette replique ne vaut rien; car la matiere eft elle-même indifférente pour toutes les formes, & Dieu la faite. Le mal vient plutôt des formes mê- mes , mais abftraites ; c’eft-à-dire , des idées que Dieu n’a point produites par un aëte de fa volonté, non-plus que les nombres & les figures, que toutes les eflences poffbles, qui font éternelles & nécef- faires ; car elles fe trouvent dans la région idéale des pofñlibles , c’eft-à-dire, dans l’entendement di- vin. Dieu n’eft donc point auteur des eflences en- tant qu’elles ne font que des poffbilités ? mais il n°y a rien d’aétuel à quoi il n’ait donné l’exiftence. Ila permis le mal , parce qu'il eft enveloppé dans le meilleur plan qui fe trouve dans la région des pof- fibles , que la fagefle fuprème ne pouvoit pas man- quer de choïfir. Cette notion fatisfait en même tems à la fageffe , à la puiffance , à la bonté de Dieu, & ne laiffe pas de donner lieu à l'entrée du mal. Dieu donne de la perfe@ion aux créatures autant que univers en peut recevoir. On poule le cylindre ; mais ce qu'il y a de raboteux dans la fi- gure , donne des bornes à la promptitude de fon mouvement, L’être fuprème , en créant un monde accompa- gné de défauts, tel qu’eft l’univers a@uel, n’eft donc point comptable des irrégularités qui s’y trouvent? Elles n’y font qu'à caufe de l’infirmité naturelle , fonciere , infurmontable , & originale de la créa- ture ; ainfi, Dieu eft pleinement & philofophique- ment juitñhé. Maïs, dira quelque cenfeur audacieux des ouvrages de Dieu , pourquoi ne s’eft-il point abftenu de la produétion des chofes , plutôt que d’en faire d’imparfaites ? Je réponds que l’abondance de la bonté de Dieu en eft la caufe. Il a voulu fe communiquer aux dépens d’une délicatefle , que nous imaginons en Dieu, en nous figurant que les imperfeétions le choquent. Ainf, il a mieux aimé qu'il y eût un monde imparfait, que s’il n’y avoit rien. Au refte , cet imparfait eft pourtant le plus parfait qui fe pouvoit, & Dieu a dù en être pleine- ment content, les imperfeéhions des parties fervant à une plus grande perfeétion dans le tout. [left vrai qu'il y a certaines chofes qui auroient pù être mieux faites , mais non pas fans d’autres incommodités en- core plus grandes. Venons au mal phyfique, & voyons sl prête au Manichéifine des armes plus fortes que le malmétaphy- fique & le mal moral, dont nous venons de parler. L'auteur de nos biens l’eft:l aufhi de nos maux? Quelques philofophes effarouchés d’un tel dogme ont mieux aimé mer l’exiftence de Dieu , que d'en reconnoitre un qui {e fafle un plarfir barbare de tour. menter les créatures, ou plutôt ils l'ont dégradé du titre d’intelligent , &c l’ont relégué parmi les caufes aveugles. M. Bayle a pris occafon des différens maux dont la vie eft traverfée, derelever le fyftème des deux principes , fyftème écroulé depuis tant de fiecles. Il ne s’eft apparemment fervi de fes ruines que comme on fe fert à la guerre d’une mafure dont on eflaye de fe couvrir pour quelques momens. Il étoit trop philofophe pour être tenté de croire M AN en deux divinités , qu’il a lui-même fi bien combat- tues, comme on a pu voir dans cet article. Son grand but, du moins à ce qui paroït, étoit d’humi- lier la raifon, de lui faire fentir fon impuiffance » de LB captiver fous le joug de la foi. Quoi qu’il en toit de fon intention qui paroît fufpeéte à bien des per- fonnes , voici le précis de fa doëtrine. Si c’étoit Dieu qui eût établi les lois du fentiment , ce n’au- roit certainement été que pour combler toutes fes créatures de tout le bonheur dont elles font fufcep- tibles, il auroit donc entierement banni de l’univers tous les {entimens douloureux, & fur-tout ceux qui nous font inutiles. À quoi fervent les douleurs d’un homme dont les maux font incurables, ou les dou- leurs d’une femme qui accouche dans les déferts ? Telle eft la fameufe objettion que M. Bayle a éten- due & répétée dans fes écrits en cent façons diffé- rentes ; &t quoiqu'elle fût prefque auf ancienne que la douleur l’eft au monde ; il a fu l’armer de tant de comparaifons éblouiffantes , que les Philofophes & les Théologiens en ont été effrayés comme d’un monfire nouveau. Les uns ont appellé la métaphy- fique à leur fecours , d’autres fe font fauvés dans Fimmenfité des cieux ; & pour nous confoler de nos maux, nous Ont montré une infnité de mondes peuplés d’habitans heureux. L'auteur de la théorie des Jentiriens agréables à répondu parfaitement bien à cette objeétion. -C’eft d'elle qu'il tire les principales raïfons dont il la combat. Interrogeons, dit-il, la nature par nos obfervations , & fur {es réponfes fi- xon$ nos idées. On peut former fur l’auteur des lois du fentiment deux queftions totalement différentes, eft-1l intelligent ? eik-1l bienfaifant ? Examinons {- parément ces deux queftions ,; & commençons par Péclairciflement de la premiere, L'expérience nous apprend qu'il y a des caufes aveugles, & qu'il en eft d’intelligentes , on les difcerne par la nature de leurs produétions, & l’unité du deffein eft comme le fceau qu'une caufe intelligente appofe à fon ou- vrage. Or, dans les lois du fentiment brille une parfaite unité de deffein. La douleur & le plaïfir fe rapportent également à notre confervation. Si Le piaïlir nous indique ce qui nous convient , la dou- Jeur nous inftruit de ce qui nous eft nuifible. C’eft une impreflion agréable qui cara@térife les alimens qui font de nature à fe changer en notre propre fubflance ; mais c’eft la faim & la foif quinous aver- | tiflent que la tranfpiration & lemouvement nous ont enlevé une partie de nous-mêmes, & qu'il feroit dangereux de différer plus long-tems à réparer cette perte. Des nerfs répandus dans toute l'étendue du corps nous informent des dérangemens qui y fur- viennent , & le même fentiment douloureux ef pro- portionné à la force quile déchire, afin qu’à propor- on que le mal eft plus grand , on fe hâte davantage d'en repoufléf la caufe ou d’en chercher le remede. Il arrive quelquefois que la douleur femble nous avertir de nos maux en pure perte. Rien de ce qui €ft autour de nous ne peut les foulager ; c’eft qu'il eneft des lois du fentiment comme de celles du mou- veément, Les lois du mouvement reglent la fuccef. fion des changemens qui arrivent dans les corps, & portent quelquefois la pluie fur les rochers ou fur des terres ftériles. Les lois du fentiment reglent de même la fucceffion des changemens qui arrivent dans les êtres animés , &c des douleurs qui nous pa- roiffent inutiles, en font quelquefois une fuite né- ceflaire par les circonftances de notre fituation. Mais Pinutilité apparente de ces différentes lois, dans quel- ques cas particuliers, eft un bien moindre inconvé- nent que n’eût été leur mutabilité continuelle, qui n'eût laiffé fubfifter aucun principe fixe , capable de diriger AU À des. hommes & des animaux. Celles du mouvement font d’ailleurs fi parfaitement - | MAN 29 afforries à la frudure des corps, que dans toute l’é- . tendue des lieux êgdes tems, elles préfervent d’al- tération les Cléméps} La lumiere & le foleil » & four- niflent aux animatéé& aux plantes ce qui leur eft néceflaire ou utile. Céllesdu fentiment font de même l'organifation de tous les fi parfaitement aflorties à animaux , que dans toute l’étendue des tems & des heux elles leur indiquent ce qui leur ef convenable, & lesinvitent à en fairela recherche , elles les inftrui- nt de ce qui leur eft aire , &c le HA doisnes ou de Abe pet Lo de PRÉ FISI . À pro ON deur d'intelligence dans l’auteur de la nature > Qui, par des refloris fi uniformes, fi fimples , fi féconds, varie à chaque inftant la fcene de l’univers > & la conferve toujours la même ! Non feulement les lois du feñtiment fe joignent à tout l'univers , pour dépofer en faveur d’une caufs intelligente ; je dis plus, elles annoncent un légifla- teur bienfaifant. Si, pour ranimer une main engour- die par le froid , je Papproche trop près du feu, une douleur vive la repouile , & tous les jours je dois à de pareils avertiflemens la confervation tantôt d’une partie de moi-même, tantôt d’une autre ; mais fi je n’approche du feu qu’à une diftance convena- ble , je iens alors une chaleur donce , & c’eft ainf qu'aufl-tôt que les imprefions des objets , ou les mouvemens du corps , de l’efprit ou du cœur font , tant-foit-peu , de nature à favorifer la durée de notre Être ou fa perfeétion , notre auteur y a libé- ralement attaché du plaifr, J’appelle à témoin de cette profufon de fentimens agréables, dont Dieu nous prévient , la peinture , la {culpture , larchi- tetture , tous les objets de la vûe , la mufque, la danfe , la poéfie, l’éloquence , l’hiftoire , toutes les fciences , toutes les OCCupations , l'amitié , la ten- drefle , enfin tous les mouvemens du corps, de Pef- prit & du cœur. M. Bayle & quelques autres philofophes , atten- dris fur les maux du genre humain , ne s’en croient pas fufifamment dédommasés par tousces biens, & ils voudroient prefque nous faire regretter que ce Les, ne foient pas eux qui ayent été chargés de didter les lois du fentiment, Suppofons pour un moment que la nature fe foit repofée für eux de ce foin , À cilayons de deviner quek eût été le plan de leut ad- mimifiration. [ls auroient apparemment commencé par fermer l’entrée de l’umvers à tout {entiment douloureux , nous n’euffions vécu que pour le plai- fr, Mais notre vie auroit eu alors le {ort de ces fleurs ; qu’un même jour voit naître & mourir. La faim , la {oif, le dégoût, le froid , le chaud , la laf- fitude , aucune douleur enfin ne nous auroit avertis des maux préfens ou à venir , aucun frein ne nous auroit modérés dans l’ufage des plaifirs, & la dou- leur n’eût été anéantie dans l'univers que pour faire place à la mort, qui, pour détruire toutes les cÂpe- ces d'animaux , fe füt également armée contre eux de leurs maux &.de leurs biens. Ces prétendus légiflateurs , pour prévenir cette deftruétion univerfelle, auroient apparemment rap- pellé les {entimens douloureux , & ie feroient con tentés d’en affoiblir limprefion. Ce n’eût été que des douleurs fourdes qui nous euffent averti , au lieu de nous affliger. Mais tous les inconvéniens du premier plan fe feroient retrouvés dans le fe- Imcond. Ces avertiflemens refpe@ueux auroient été une voix trop foible pour être entendue dans la jouffance des plaïfirs, Combien d'hommes ont peine à entendre les menaces des douleurs les plus vives ! Nous euflions encore bientôt trouvé la mort dans l’ufage même des biens defltinés à affürer notre du- rée. Pour nous dédommager de la douleur , on au- roit peut-être ajouté une nouvelle vivacité au plaifir des fens. Mais ceux de l’efprit & du cœur fuffent : à & >. Æ M A NN alors devenus infipides , & ce font pourtant cenx qui font le plus de nature à remplir le vuide de la vie. L'ivrefle de quelques m 1s eût alors erm- poifonné tout,le refte du tersmpai Fennui. Eût-ce été par l’angmentation dés plaifirs de lame qu’on nous eût confolés de nos douleurs ? 1ls euflent fait oublier le foin du corps. Enfin auroit-on redoublé dans une même proportion tous les plaifirs , ceux des fens , de l'efprit &c du cœur ? Mais il eût fallu aufl ajouter dans la même proportion une nouvelle vivacité aux fentimens douloureux. Il ne feroit pas moins pernicieux pour le genre humain, d’accroitre le fentiment du plaïfir fans accroître celui de la dou- leur, qu'il le feroit d’affoiblir le fentiment de la douleur fans affoiblir celui du plaïfir. Ces deux dif- férentes réformes produiroient le même effet , en af- foibliffant le frein qui nous empêche de nous livrer à de mortels excès. Les mêmes légiflateurs euffent fans doute caraëté- rifé par l'agrément tous les biens néceffaires à notre confervation , maïs euflions-nous pu efpérer d’eux qu’ils euffent été aufli ingénieux que l’eft la nature, à ouvrir en faveur de la vûe, de l’ouie ét de Pefprit, des fources toujours fécondes de fentimens agréa- bles dans la variété des objets , dans leur fymmétrie, leur proportion & leur reflemblance avec des ob- jets communs ? Auroient-ils fongé à marquer par une impteffion de plaifirs ces rapports fecrets qui font les charmes de la mufique , les graces du corps & de l’efprit , le fpeétacle enchanteur de Ja beauté dans les plantes , dans les animaux, dans l’homme, dans les penfées , dans les fentimens ? Ne regret- tons donc point la réforme que M. Bayle auroit vou- lu introduire dans les lois du fentiment. Reconnoif- {ons plutôt que la bonté de Dieu efttelle, qu'il fem- ble avoir prodigué toutes les fortes de plaïfirs &c d’agrémens, qui ont pü être marqués du fceau de fa fagefle. Concluons donc , que puifque la diftribution du plaifir & celle de la douleur entre également dans la même unité de deflein , elles n’annoncent point deux intelligences eflentiellement ennemies. Je fens qu’on peut m’objeéter que Dieu auroit pu nous rendre heureux ; 1l n’eft donc pas l’Etre infini- ment bon. Cette objettion fuppofe que le bonheur des créatures raifonnables gft le but unique de Dieu. Je conviens que fi Dieu n’avoit regardé que l’hom- me dans le choix qu’il a fait d’un des mondes poffi- bles!, il auroit choifi une fuite de poffibles, d’où tous ces maux feroient exclus. Mais l’Etre infini- ment fage fe feroit manqué à lui-même , & il n’au- roit pas fuivi en rigueur le plus grand réfultat de toutes fes tendances au bien. Le bonheur de l’homme a bien été une de fes vües , mais il n’a pas été luni- que &c le dernier terme de fa fagefle. Le refte de l'univers a mérité fes regards. Les peines qui arri- vent à l’homme font une fuite de {on aflujettifle- ment aux lois univerfelles , d’où fort une foule de biens dont nous n’avons qu'une connoïflance im- parfaite. Il eft indubitable que Dieu ne peut faire {ouffrir fa créature pour la faire fouffrir. Cette vo- lonté impitoyable & barbare ne fauroit être dans celui qui n’eft pas moins la bonté que la puiffance. Mais quand le mal de l’humanité eft la dépendance néceflaire du plus grand bien dans le tout , il faut que Dieu fe laïffe déterminer pour ce plus grand bien. Ne détachons point ce qui eff lié par un nœud: indiffoluble. La puiflance de Dieu eft infinie, aufi- bien que fa bonté , mais l’une & l’autre eft tempé- rée par fa fagefle , qui n’eft pas moins infinie , & qui tend toujours au plus grand bien. S’ily a du mal dans fon ouvrage , ce n’eft qu'à titre de condition, iln°y eft même qu'à titre de néceflité qui le lie avec le plus parfait, 1l n’y eft qu’en vertu de la limitation originale de la créature. Un monde où notre bon- MAN heut n'eût jamais été altéré, & où la nature entiere auroït fervi à nos plaïfirs fans mélange de difgraces étoit affürément très-poffible, maïs il auroit entraie né mille défordres plus grands que n’eft le mélange des peines qui troublent nos plaïfirs. Mais Dieu ne pouvoit-il pas fe difpenfer de nous aflujettir à des corps, & nous fouftraire par-là aux douleurs qui fuivent cette union ? Il né le devoit pas, parce que descréatures faites comme nous, entroient néceflairement dans le plan du meilleur monde. Il eft vrai qu'un monde où il n’y auroit eu que des in- telligences, étoit poffible , de même qu’un monde où 1l n’y auroit eu que des êtres corporels. Un troi- fieme monde , où les corps exiftant avec les efprits, ces fubftances diverfes auroient été fans rapport entre elles , étoit également poffible. Mais tous ces mondes font moins parfaits que lenôtre, qui, ontre les purs efprits du premier , les êtres corporels du {e- cond , les efprits & les corps du troifieme, contient une haïfon , un concert entre les deux efpeces de fubftances créables. Un monde où il #y auroit eu que des efprits, auroit êté trop fimple, trop uni- forme. La fagefle doit varier davantage fes onvra- ges: multiplier uniquement la même chofe, quelque noble qu’elle puifle être , ce feroit une fuperfluité. Avoir mille Virgiles bien reliés dans fa bibliothe- que, chanter toujours les mêmes airs d’un opéra, n'avoir que des boutons de diamans, ne manger que des faifans , ne boire que du vin de Champagne, appelleroit-on cela raïfon ? Le fecond monde, je veux dire celui qui auroit été purement matériel, étant défénature infenfble 8 inanimé , ne fe feroit pas connu & auroit été incapable de rendre à Dieu les aétions de graces qui lui font dûes, Le troifieme monde auroït été comme un édifice imparfait, ou comme un palais où auroiït regné la félitude , comme un état fans chef, fans rom#gou comme ün temple fans facrificateur. Ms, dans un monde où Pefprit eft uni à la matiere , l’homme devient le centre de tout » il fait remonter jufqu’à Dieu tous les êtres corporels. dont il eft le lien néceflaire. Il eft l'ame de tout ce qui eft inanimé , l'intelligence de tout ce qui en eft privé, l’interprete de tout ce qui n’a pas recu ja pa= role , le prêtre & le pontife de toute la nature. Qui ne voit qu'un tel monde, eft beaucoup plus parfait que les autres ? Mais revenons au fyfème des deux principes. M. Bayle convient lui-même que les idées les plus füres & les plus claires de l’ordre nous apprennent qu'un être qui exifte par lui-même , qui eft nécef- faire , qui eft éternel, doit être unique , infini, tout- puiflant, & doué de toutes fortes de perfeétions ; qu’à confulter ces idées, on ne trouverien de plus abfurde que l’hypothefe de deux principes éternels & indé- pendans l’un de l’autre. Cet aveu de M. Bayle me fuflit, & je n’ai pas befoin de le fuivre dans tous fes rafonnemens. Mais un fyftème, pour être bon, dit- il, a befoin de ces deux chofes; l’une, que les idées en foient diftinétes ; l’autre , qu’il puifle rendre rai- fon des phénomenes. J’en conviens : mais f les idées vous manquent pour expliquer les phénomenes , qui vous oblige de faire un fyftème, qui explique tou- tes les contradiétions que vous vous imaginez voir dans l'univers. Pour exécuter un fi noble deffein , if vous manque des idées intermédiaires que Dieu n’a pas jugé à propos de vous donner ; aufli-bien quelle néceflité pour la vérité du fyftème que Dieu s’eft prefcrit, que vous le puifiez comprendre? Con cluons qu’en fuppofant que le fyftème de l’unité de principe ne fufhit pas pour l’explication des phéno- menes , vous n'êtes pas en droit d'admettre comme vrai celui des Manichéens. Il lui manque une condi- tion effentielle , c’eft de n'être gas fondé, comme vous en convenez, fur des idées claires & füûres, maïs plutôt fur des idées abfurdes. Si doncil rend raïon des phénomenes , il ne faut pas lui en tenir compte ; ilne peut devoir cet avantage qu’à cequ'il a de défeétueux dans fes principes. Vous ne frappez doncpasaubut, enétalanticitous vos raifonnemens en faveur du Marichéifme. Sachez qu’une fuppoñrion n’eft mauvaife quand elle ne peut rendre raifon des phénomenes , que lorfque cette incapacité vient du fond de la fuppoñtion même, mais fi fon incapacité vient des bornes de notre efprit, & de cé que nous n'avons pas encore aflez acquis de connoïffances pour la faire fervir, il eft faux qu’elle foit mauvaife. Bayle a bâti fon fyftème touchant l’origine du mal, fur les principes de la bonté , de la fainteté & de la toute-puiflance de Dieu. Mallebranche préfere ceux de l’ordre , de la fagefle. Leibnitz croit qu’il ne faut que fa raifon fufñlante pour expliquer tout. Les Théologiens emploient les principes de la liberté, de la providence générale & de la chûte d'Adam. Les Sociniens nient la prefcience divine ; les Origé- miftes , l'éternité des peines ; Spinofa n’admet qu’une aveugle & fatale néceflité ; les Philofophes payens ont eu recours à la métempfycofe. Les principes , dontBayle , Maliebranche ; Leibnitz, & les Théo- logiens fe fervent , font autant de vérités. C’eft l'avantage qu'ils ont fur ceux des Sociniens, des Ori- géniftes, des Spinofiftes & des Philofophes payens. Mais aucune de ces vérités n’eft aflez féconde pour nous donner la raïfon de tout. Bayle ne fe trompe point, lorfqu’il dit que Dieu eft faint, bon, tout- uiflant : il fe trompe fur ce qu’en croyant ces don- nées là fufifantes, il veut faire un fyflème. Jen dis autant des autres. Le petit nombre de vérités que notre raifon peut découvrir , & celles qui nous font révélées , fonc partie d’un fyftème propre à réfou- dre tous les problèmes poffbles , mais elles ne font pas deftinées à nous le faire connoître. Dieu n’a tiré qu'un pan du voile , qui nous cache ce grand myftere de l’origine du mal. On peut juger par-là fi les objeétions de Bayle , quelle que foit la force &r l’adrefle avec laquelle il les a maniées , & avec quelque air de triomphe que ces gens les faflent va- loir , étoient dignes de toute la terreur qu’elles ont répandue dans les efprits. MANICHOIRE , f. m.( Cordonnerie. ) eft un mor- ceau de buis plat & mince en rondache par les deux bouts , un bout plus large que l’autre ; il fert à ran- gér les points de derriere les fouliers. Foyez nos Planches du Cordonnier-Bottier. MANICORDE ox CLARICORDE , f. m. ( Zu- cherie. )infirument de mufique en forme d'épineite. Voyez ÉPINETTE. Îl y a 49 ou so touches où marches, & 70 cordes qui portent fur ; chevalets, dont le premier eft le plus haut ; les autres vont en diminuant. Il à quel- ques rangs de cordes à Puniflon, parce qu'ilyena plus queide touches. On y pratique plufieurs petites mortaifes , pour faire pañler les fauteraux armés de petits crampons d’airain qui touchent êt hauffent les cordes , au lieu de la plume de corbeau qu'ont ceux des clavefins & des épinettes. Mais ce qui le diftingue encore plus, c’eft que fes cordes font couvertes depuis le clavier jufqu’aux mortaifes , de morceaux de drap qui rendent le fon plus doux, &c l’étouffent telle- ment qu’on ne le peut entendre de loin. Quelques perfonnes l’appellent par cette raifon, La ; ÉRLES : épinerte fourde ; & c’eft ce qui fait qu'il eft particu- lierement en ufage dans les couvens religieufes, où on s’en fert par préférence pour apprendre à jouer du claveflin dans la crainte de troubler le filence du dortoir. | Le claricorde eft plus ancien que le clavefin & l'épinette ; comme le témoigne Sçaliger , qu'il ne M AN 27 lui, donne au refte que 3$ cordes. : Poyez CLa= VESSIN. MANICORDION , f. m.serme de Lurk. c’eft une forte de fil de fer.on de léton très-fin & très-délié, dont on fait les cordes des manicordions, épinettes, claveffins , plalterions & autres infirumenstde mu- fique femblables. | MANICOU , fm: ( Hi. nat. ) quadrupede gros à-peu-près comme un hevre; il eft couvert: d’un poil aflez rude, de! couleur grife tirant fur le rouffà- tre ; fa tête approche de celle du renard, mais plus allongée, ayant le mufeau pointu, les oreilles dtoi- tes, les yeux ronds paroïflant fortir de la:têtes, la. gueule très-fendue & garnie de dents fort algues ; les pattes font armées d'ongles aflez forts ; fa queue eft extrèmement longue , fort fouple, & pelée com- me celle d’un rat; ce n’eft pas la partie la moins utile à l’animal ;1l s’en fert non-{eulement pour s’ac- crocher aux branches des arbres , mais encore pour épouvanter & faifir les volailles dont il eft extrè- mement avide, [la fous le ventre entre les deux cifles une. efpece de poche ouverte en longueur comme le jabot d'une chemife , dans laquelle la fe- melle retire fes petits, foit pour les alaiter ou les tranfporter plus commodément d’un lieu en un au- tre , &t par ce moyen les fouftraire à la pourfuite des chiens & des chafleurs. Cet animal.eft fi ftupide, qu'étant furpris il n’ofe s'enfuir & fe laifle tuer à coups de bâton ; fa chair peut s’accommoder à dif. férentes fauces, maïs il faut avoir faim pour en man- ger; car elle exhale une odeur qui répugne ; les feuls negres en font ufage. Le manicoufe trouve très-com- munément dans les îles de la Grenade, des Grena- dins , de Fabago, 6c autres îles qui avoifinent le continent de PAmérique. On le nomme quelquefois opofluin ; coriguayra, maritacaca , &t filander, felon les diflérens pays où 1l fe rencontre. M.1E ROMAIN. MANIE, [. f. ( Medecine.) pans , vient du mot grÈC Amopéti qui fignifie Je jus er fureur. On ap- pelle de ce nom un délire univerfel fans fievre, du moins eflentielle : aflez fouvent ce délire eft furieux, avec audace, colere , &c alors il mérite plus rigou- reufemient le nom de manie ; s’il eft doux, tran- quille , fimplement ridicule, on doit plutôt Pappel- ler folie, 1mbécillirée. Voyez ces mots. Comme ces différens états ne font que des degrés, des efpeces de manie , tous dépendans de la même caufe, nous _ comprendrons en général dans cet article toutes ces maladies longues dans lefquelles les malades non- fenlement déraifonnent , mais n’apperçoivent pas comme il faut, & font des aétions qui font ou pa- roiflent être fans motifs extraordinaires & ridicules. Si les malades n’avoient qu’un ou deux objets dé- terminés de délire, & que dans les autres fujets ils fe comportaflent en perfonnes fenfées, c’eft-à-dire comme la plüpart des hommes , ils feroient cenfés mélancoliques & non pas maniaques , &ec. Voyez l’article MÉLANCHOLIE. La manie eft ordinairement annoncée par quel- ques fignes qui en font les avant-coureurs ; tels font la mélancholie, des douleurs violentes dans la tête, des veilles opimiâtres, des fommeils legers, inquiets, troublés par des fonges effrayans, des foucis, des triftefles qu’on ne fauroit difliper , des terreurs , des coleres excitées par les caufes les plus legeres. Lorf- que la manie eft fur le point de fe décider , les yeux font frappés , éblouis de tems en tems par des traits de lumieres , des efpeces d’éclairs ; les oreilles font fatiguées par des bruits, des bourdonnemens pref- ue continuels ; l'appétit vénérien devient immo déré , les pollutions noëturnes plus fréquentes ; les malades fondent en pleurs, ou rient demefurément _ contre leur coutume & fans raïfon apparente ; ils parlent beaucoup à-tort & à-travers, où gardent 32 M À N un filente profond, patoïfant enfevelis dañs gnela ‘que grande méditation; les yeux deviennent fixes, appliqués à ün feul objet, où furieux, menaçans & hagards , le poulseft dur ; 1l fe fait, fuivant l'obfer- vation d'Hippocrate., appercevoir au coude; les urines fontrouges fans fédiment, mais avec quelque leger nuage. Lorfque la arte eft déclarée , 1ls s’em- portent lerplusfouvent contreles afhiftans, contre eux-mêmes ils mordent, déchirent, frappent tout ‘ce quiles envifonnent.,, mettent leurs habits en pie- ces, fe découvrent indécemment tout le corps ; ils matchent ainfi pendant les froids lesplus aigus fans “en reflentir les atteintes ; ils ne font pas plus fenf: bles à la faim, à la foif, au befoin de dormir, Hy en a qui, aurapport de Fernel, ont pañlé jufqu'à quatorze mois fans dormir ; leur corps s’endurcit, devient robufte; leur tempérament fe fortifie. On obferve qu'ils font d’une force étonnante, qu'ils vi- vent aflez long-tems, que les caufés ordinaires de maladie ne font point ou que très-peu d’impreffion fur eux ; 1l eftrare de les voir malades, même dans lesconflitutions épidémiques les plus meurtrieres. Il yen a qui né ceflent de chanter , de parler, derire, ou de pleurer; ils changent de propos à chaque in: tant, parlent à bâtons rompus, oublient ce qu'ils viennent de dire & le répetent fans cefle. Il yena de téméraires , d’audacieux, qui ne connoiflent au- cuns dangers, les affrontent hardiment , méprifent &c bravent tout le monde : d’autres au contraire, font timides, craintifs, & quelquefois le délire eft continuel ; d’autres fois il et périodique : les mala- des femblent pendant un tems jouir de toute leur xaïfon ; ils étonnent par leur fagefle ceux qui les traitent de fous ; mais après quelques heures, quel- ques jours, quelquefois aufli des mois entiers, ils retombent de nouveau dans leur folie. Des auteurs dignes de foi, rapportent avoir vüdes fous , qui dans le plus fort de leurs accès, parloient des langues étrasgeres, faifoient des vers, & raifonnoient fu- périeurement fur des matieres qui ne leur étoient pas connues ; quelques-uns même prédifoient l’ave- nir; Ce qui pourroit faire préfumer que les devins : fibylles, & ceux qui rendoient des oracles chez les idolâtres anciens , n’étoient que des fous qui étoient dans quelqu’accès de fureur. Les portraits qu'on nous a Laiflés de ces enthoufiafmes prophétiques qui précédoient leurs oracles, s'accordent affez bien à cette idée. Peut-être pour lire dans l’avenir ne faut- il qu'une tenfion extraordinaire & un mouvement impétueux dans les fibres du cerveau. Parmi les çaufes qui produifent cetre maladie, les pafñions d’ame , les contenfons d’efprit, les études forcées , les méditations profondes, la colere, la triftefe, la crainte, les chagrins longs &r cuifans, l’amour mé- prifé, Gc. font celles qu'une obfervation conftante nous a appris concourir le plus fréquemment à cet “effet; les excrétions fupprimées ou augmentées, en {ont auf des caufes aflez ordinaires. Hippocrate, -8r après lui Foreftus, Bonningerus, ont obiervé que ‘la manie étoit quelquefois une fuite de la fuppreffion ‘des regles, des locmes, Elle eft pour lors annoncée par lamas du fang dans les mamelles. Æphor. 40. div. F. Hippocrate remarque encore que la ceffation d’un ulcere , d’une varice, la difpofition destumeurs qui font dans les ulceres, font fouvent fuivies de manier: les obfervations de Schenkius confirment -cette aflertion. Zacutus Lufitanus afure que le même effet eft -produit par la fupprefñion du flux hémorrhoïdal ; une évacuation trop abondante de femence a été le principe de la manie dans un vieillard dont parle Henri de Heers, & dans unjeure homme dont Fo- æeftus faitmention, qui ayant époufé une jolie fem- ame dans l'été , devint waeraquepar le commerce ex- MAN cefhf qu'il eut avéc elle, Les fievres aigués, inflarñs matoires , ardentes , la petite vérole, ainf que l’onf obfervé Fabrice, Hildan , & Chriftien Ewincier, & le plus fouvent la phrénéfie, laiflent après elles la manie, Sydenham en compte une efpece aflez fré- quente parmi les accidens qui fuccedent aux fievres intermittentes maltraitées par les faignées &les purs gatifs réitérés, Opufc. med, cap. y. I] n’y a point de caufes qui agiflent plus fubitement que certaines plantes vénéneufes ; telles font le firämonium , l& jufquiame, les baies du folanum , la dulcamare ; les femences de pomme épineufe : l’opium même or- donné inconfiderément dans les délires fébrils , loin de les calmer les fait dégénérer en sance. Pour que ces caufes agifient plus fürement, il faut qu'elles foient aidées par une difpofition, une foibleffe du cerveau acquile, naturelle, ou héréditaire, Les perfonnes pefantes, ftupides ; celles qui font äu con- traire douces, d'un efptit vif, pénétrant, les Poëtes, les Philofophes , les Mathématicieus, cenx qui fe livrent avec paflion aux analyfes alsébriques , font les plus fuyets à cette maladie. Toutes ces cauies {ont conftatées pat un grand nombre d’obfervations; maïs l’on n’a pas encore pt découvrir quel eft le vice, le dérangement intérieur qui eft l’origine & la caufe immédiate des fympto- mes qui conftituent cette maladie. En général l’étioà logie detoutes les maladies de la tête, & fur-tout de celles où les opérations de l'efprit fe trouveñt com- pliquées , eftextrèmement obfcure ; lesobfervations anatomiques ne répandent aucun jour fur cette matiere ; le cerveau de plufieurs maniaques ouvert n’a offert aux recherches les plus fcrupuleufes au- cun vice apparent : dans d’autres, il a païu inondé d’une férofité jaunatre. Baiïllou a vu dans quelques- uns les vaifleaux du cerveau dilatés, variqueux ; 1ls étoient de même dans un waniaque dans lequel on trouva le plexus choroïde prodigieufement élaroi, & embraliant prefque toute la furface interne des ventricules , &c parlemé de vaifleaux rouges , dilatés &c engorgés. Mifcellan, nat, curiof. décad. 2. ann. 6, L'état le plus ordinaire du cerveau des perfonnes mortes maniaques , eft la fécherefle, la dureté, & la friabilité de la fubftance corticale. Foyez à ce fujet Henri de Heers, chjérv. 3.e lettere mediche del fignor Martine Ghifi, pag: 26. le fépulchretum de Bonet, Lib. € tom, I. feil. vi. pag. 205. les obfervarions de Littre,inférées dans les mémoires de l'acad, royale des Scienc. ann. 1705.pag: 47. Antoine de Pozzis racon- te qu’un maniaque fut guéri de fa maladie en rendant dans un violent éteérnument une chenille par le nez. Fernel dit avoir trouvé deux gros vers velus dans le nez d’une perfonne qui étoit tombée dans une #74- nie mortelle à la fuite de la füppreflion d’un écoule- ment fétide par le nez; & Riolan aflure avoir vu un vers dans le cerveau d’un cheval devenu fou. Tous ces faits, comme l’on voit, ne contribuent en rien à éclaircir cette théorie; ainfi ne pouvant rien donner de certain, ou au moins de probable, nous ne nous y arréterons pas; nous nous contens terons d’obferver qu'il y a néceflairement un vice dans le cerveau idiopathique ou fympathique ; les fymptomes effentiels de la wanie viennent de ce que les objets ne fe préfentent pas aux malades tels qu'ils font en effet; on a attaché aux mouvemens parti- culiers & déterminés des fibres du cerveau, la for- mation des idées , lapperception. Lorfque ces mo- titations font excitées par lésobjets extérieurs, les idées y. font conformes; les raifonnemens déduits en conféquence font juftes; mais fi le fang raréfié, les pulfations rapides ou defordonnées des arteres, ou quelqu’autre dérangement que ce foit, impriment le même mouvement aux fibres, elles repréfente- ront çormme préfens des objets qui ne le font pas, comme comme vrais céux qui font chimériquesz &r ainfi les fous ne me paroïffent pécher que dns l’appercep- tion: la fanfleté apparente de, leur raifonnement doit êtreattribuée à la non conformité de leurs idées avec les objets extérieurs. Ils font furieux, empor- tés contre les affiftans, parce qu'ils croient voir en eux autant d'ennemis prêts à les maltraiter. Leur m- fenfibilité au froid, au chaud, à la faim, au fom- meil, vient fans doute de ce que ces impreflions ne parviennent pas jufqu’à lame ; c’eft pour cela gw'Hippocrate a ditque fiquelque partie eft affetée de quelque caufe de douleur fans que le malade la reflente , c’eft figne de folie. On peut en examinant les fignes que nous avons détaillés au commencement de cet article , non-feu- lement s’aflurer de la préfence de la manie, mais même la prédire lorfqu’elle eft prochaine ; elle ne fauroit être confondue avec la phrénefe, qui eft unemaladie aigue toijours accompagnée d’une fie- vre inflammatoire. Onda diftingue dela mélancho- lie par l’univerfahté dudélire , par Ja fureur, l’au- dace, &c. Voyez MÉLANCHOLIE. On peut en con- faltant les parens, les afiftans , connoître les caufes _ qui l'ont excitée. La manie eft une maladie longue, chronique , qui n'entraine pour l'ordinaire aucun danger de la vie: au contraire ceux qui en font attaqués, font à l'abri des autres maladies; ils font forts, robuftes, à leur état près, bien portans ; ils vivent aflez long-tems ; les convulfons & latrophie furvenues dans la 77a- rie, font des fymptomes très-fächeux. Un figne auf très-mauvais, & qui annonce l’accroiflement &+ l’é- tat defefpéré de manie, c’eft lorfque les malades paf fans d'un profond fommeil à un délire continuel, font infenfibles à la violence du froid:, & à la&tion des purgatifs Les plus énergiques. La mort eft pro- chaine les forces font épuiiées par. l'abflinence ou par les veilles , & que lé malade tombe dans lépi- lepfeou dans quelqu’autre affeétion foporeufe. Quaïque la-maniesne toit pas dangereufe, elle .eft extremement difhoile à guérir, fur-tout lorfqu'elle eftinvérérée : elle eftinçurable lorfqu’elle eft héré- ditaire ; onpeutavoir quelque efpérancefi les paro- xifmes font legers, fi la manmieeftrécente, & fur-tout alors le malade-obferveexafiement & fans peine les remedes qu’on lui preferit; car ce qui rend en- core: la guérifonides 7aniaques plus difcile, c’eft qu'ils prennent enaverfon leur medecin, & regar- dent comme des poifons les remedes qu'il leur or- donne.-Eorfque la manie fuccede aux flevres inter- mittentes malrtraiées:, à quelque écoulement fup- primé, à desrulceres fermés mal-à-propos, à des poonsnarcotiques ; On peut davantage fe flatter de la guérifon, parce que le rétabliflement des ex- crétions. arrêtées , la formation de nouveaux ulce- res, l'évacuation prompte des plantes vénéneufes, font quelquefois fuivies d’une parfaite fanté. Hip- pocrate nous apprend queles varices du leshémor- rhoïces furvenues à un zamiaque ; le guériflent. 4. Fi aphor:. 21. que la dyfenterie, lPhydropifie, 8e | uñe fimpleahénauion d’efprit dans laranie, étoient d'un ès-bon augure s 48, FEI. aphors $5 que lort- qu'ilty avoit idesitumeurs dans lesmlceres, les ma- Kidesène rifquoient pas d’être maninques;) Aph. 56, Bis Ty a dansiForeflus, Obfervrtags lib. X. une Cbfervation d'unefitle folie qui guérit deicette inaladie par desiniceres quide foimerent: à fes jam besu Bes fievres inrernuttentes;fievres quartes, font auf, fuivant Hippocrate,:des- puiflans remedes pouropérer latguérifon de la manie, Ceux qui gué- hentde cette maladie reftent-pendant long-tems frites, abattus &cilanguifans ; ils confervent un … f6nds de mélancholie invincibleÿ:que Le Houvenit bumiliant de leur état précédent entretient. | Tome ZX, M: À N 35 La manieeft une de ces maladies où les plus ha biles medecins échouent ordinairement , tandis que les charlatans, Les gens à fecret, réuffiront très.fou. vent. La guérifon qui s’opere par la nature, eft la plus fmple & la plus füre: la Medecine n’offre au cun fecours propre à corriger le vice du cerveau qui confitue la #242nie, ou du moins qui produit con. flamment cet effet 1 bien plus, tel remede qui à guéri un #artaque, augmente le délire d'un aitres L'opium, par exemple, que degrands praticiens déa fendent abfolimentdans la manie, inftruits par leurs obfervations de fes mauvais effets ; l’opium ; dis-je, a guéri plufñeurs mariaques, pris à nu confidés fables. Nous lifons dans le journal déSS avans du mois de Juillet, ann. 1701-page 314, qu'une jeanne fille fut parfaitementgutrie dela manie, après avoir avalé un onguent dans lequel 1l y avoit un fcrupule d’o- pium ; quelques medecins l’ont donné en aflez gran de quantité avec fuccès. Wepfer, hiflor. apoptë, pag: 68 7. Actus , Sydenham , n’en defapprouvent pas lufave ; la terreur , affeétion de l'ame, très:pro= pre à produire la manie, en a quelquefois été l’an- tidote ; Samuel: Formius , Obfervar. 32. fappotte qu'unjeune wanraque cefla de l'être après avoir été châtre ; des chûtes avec frature duicrâne ; letré- pan, le cautere ; ont été fuivis de quélqhes heureux fuccès : on a même vu la transfufion diffiper tota= lement la manie : quelquefois cette Operation n’a fait qu'en diminuer les fÿmpromes ; fes effers per= micieux ne font rienmoins que folidement conftatés. Voyez là-deflus Dionis; cours d'opérations de Chirurgie, démonfir. vu: pag, 498. & la bibliotheque medico-pra- rique de Mançget,; so, III, Gb. XI. pag. 344, 6 L Jequent. I me paroït que pour la guériion de la ma- nie, 1l faut troubler violemment & fubitemerit tout le corps, & opérer par-lquelquerchangement con fidérable ; c’eft pourquoi les remedes-quivont beau coup d'aivité, donnes par des empyriquesauff har- dis qu'ignorans , ont quelquefois réuffnn Lorfque la manie dépend de auelque-excrétion fnpprimée, if faut renter tous les fecours pour les rappellér ;:rou- vrir les ulceres fermés,rexciterides diarrhées ; des dyfenteries artiñcielles; tâcher en unmot; dans l’ad- miniltration des remedes, d’imiterla nature & de fuivre festtraces! Dans les manies furieutes, les fai- gnées font aflez convenables ; 1l eft fouvent nécef. faire ou utile de.lés réitérér ;! l'arrérioromie peut être employée avec{uceès Fabrice Seldän#apporte plufieurs obfervations quien conftatent l'efficacité, Efficac. medic, pare, IE pag. 45. & feg On ne doit pas négliger l'application dés fang-fues aux tempes, aux vaifleanx. hémorrhoïdaux, msles ventoufes ; quant aux véfcatoires , leur ufage.peut:être très pernicieux ; les feules faignées copieules ont quel- quefois guéri la marie, Felix Platér raconte: avoir vuurempyriquequiguérifloit tousles wariaques en les faignant jufqu’à foixante & dix fois dans une fe: maine, Objérv, lib: 1 par, 86, Une foulerde prati- ciens célebres affurent qu'ils: ne ‘connoiflent pas dans la manie de remede’plusieficace: Lespurgatifs émétiques & cäthartiques font auf généralement approuvés. Les'añciens fanfoient beaucoup d’ufage delhellébore pursatif violent ;Horaceiconfeille aux fous de voyager à Anticyre, fe fertile en hellébore. Quelques moderfés croient qu'il ne fant pastufer des purgatufs drafliqués silspenlentigüe l'hellébore dès anciens étoit chârré@radouci par quelque correduif approprié ; 1l faut(cependantremarquér que ces ma lades étant moins fenfibles," moins'iniprefionables aux 1ffitanons ont befoin d’être plus violemment fécotiés, 8e ext dent: pat-lqu'ondeur donnedes re: medes plus forts & à plus hante dofe. Non-feules mènt l’évacuation opérée par l'émétique efhutile, mais'en outre la! fecoufle’ générale:quisen tréfulre, 34 M A N l’ébrantement de tour le corps , les efforts quien font la fuite, rendent leur ufage très-avantageux. Les bains chauds étoient fort ufités chez les anciens dans le traitement de la manie. Galien, Aretée, Alexandre de Tralles, Profper Alpin, &c. en van- tent les heureux fuccès ; on ne fe fertplus aujourd’hui dans cette maladie que des bains froids ; c’eft Van- helmont qui nous a fait connoître l’utilité de ce re- mede ; le hafard la lui avoit apprife : on tranfpor- toit fur un chariot un artifan maniaque, qui ayant pu fe débarrafler des chaînes dont il étoit garroté, fe jetta dans un lac profond. On l'en retirale croyant mort; mais de tems après, 1l donna des fignes de vie &c de fañté ; il vécut enfuite aflez long-1ems fans éprouver aucune atteinte de fohe ; Van-hel- mont animé pat cet exemple, e/laya depuis ce re- mede fur plufieurs maniaques, &t prefque toûjours avec un fuccès complet, excepté, dit-il, lorique craignant pour la vie du wamiaque ; on ne le laïfloit pas affez long-tems dans l’eau. L'immerfion dans la mer ou dans la riviere eft indifférente ; la feule at- tention qu'on doive avoir , c’eft de plonger fubite- ment & à l’improvifte , les malades dans l’eau, & de les y foutenir très-long-tems ; il n’y a rien à crain- dré pour leur vie. L’eau froide ou glacée appliquée ou verfée de fort haut fur la tête, a produit le même effet ; lorfqu’elle réuflit, certe application eft fuivie d’un fommeil profond. J’ai connu une per- fonne maniaque, qui s’échappant d’une prifon où elle étoit retenue, fit plufeurs lieues avec une pluie violente fans chapeau & prefque fans habits, &c qui recouvra par ce moyen une fanté parfaite. Voyez les mémoires de l’acad. roy. des Scienc. ann. 1734. hiftoir. pag, 56. Pfychroloufia , ou the hiftory of cold Bathings, &c. pag. 452. Quelques auteurs em- ploient dans ce cas.ci avec fuccès les eflences aro- matiques violentes, les fpiritueux à haute dofe, le mufc, l’ambre, le camphre, éc. D’autres aflurent que les humeétans, rafraichiflans, calmans , les ni- treux , &c. font les remedes fur lefquels on peut le plus compter : mais ce ne font pas des remedes cu- ratifs ; ils ne font propres qu'à diminuer la violen- ce des fureurs , propriété que poflede éminemment le fucre de Saturne, donné depuis deux grains juf- qu'à huit; ils font préférables à l’opium dont ils ont les avantages fans les inconvéniens. La amie qui fuccede aux fievres intermittentes, demande ün trai- tement particulier. Sydenham, le feul qui en ait parlé, remarqueque les faignées & les purgatifs l’ai- griflent & l’opiniarrent; que les remedes les plus appropriés font une diete analeptique, reftaurante des lesers cordiaux comme la thériaque , la poudre de la comtefle, &c. IL affüfe avoir guéri par cette méthode plufieurs manies, quidevoient leur origine à cette caufe. M. MENURET. MANIEMENT , f. m. ( Gramm. ) la@ion de tou- cher avec attention. Il y a plufeurs fubftances na- turelles ou aruficielles, dont la bonne ou mauvaife qualité fe reconnoît au #aniement. MANIMENT , {. m. ( Aiff. mod.) terme dont les Anglois fe fervent en parlant de leur combat de coq: il fignifie l’aétion de mefurer la groffeur de cet ani- mal, en prenant fon corps entre les mains & les doigts. MANIEMENT ; ( Commerce. ) en termes de finances &c de banque , fignifie argent que les caifliers & autres employés dans les fermes du roi, dans le commerce & dans les affaires des particuliers, reçoi- vent, & dontils font comptables, On dit qu’un caif- fier, un receveur a un grand maniement | quand il a en caïfle des fommes confidérables. Di&ionn. de COTTIIIIETCE, MANIEMENT d'épée, en fait d'ecrime. On dit d’un efcrimeur qu’il maniebien l'épée, lorfqu’il la tient de façon qu'il puiffe faire tous les mouvemens de l'efcrime fans être gêné , & fans que l'épée chan- ge de place dans fa main. Pour bien tenir l'épée , il fant ; 1°, placer le pom- meau à la naiflance de la main, entre le ténar & l’hypoténar ; 2°, allonger le pouce & les mufcles té- nar {ur le plat de la poignée, ou ce qui eft le même alignés fur le plat de la lame ; 3°, mettre le milieu de l'index deflous l'extrémité de la poignée , qui eft du côté de la garde; 4. placer les bouts du petit doigt & du doigt annulaire , fur le côté & à l’ex- trémité de la poignée qui eft du côté du pommeau ; 5°. prefler avec ces deux doigts extrémité de la poignée , contre le ténar ; 6°, obferver de laifler un intervalle d’un travers de doigt au moins, en- tre la garde & l’extrémité du pouce, & qu'il ne faut ferrer la poignée avec les doigts collatéraux , que dans l’inftant d’une a@ion , parce que les muf- cles ténar font d’abord engourdis, & que le petit doigt & l’annulaire ne s’engourdiffent jamais. L’épée ainfi placée dans la main , elle ne doit ja- mais y changer de pofirion; & iorfqu’on eft obligé de faire un mouvement, foit pour attaquer ou pour fe défendre , la main doit tourner & mettre l'épée où elle doit être. MANIER , v. a&. ( Gramm. )c’eft ou toucher de la main, ou donner de la fouplefle à une chofe, en la faifant pafler & repañfer entre les mains,ou en éprou- ver la qualité par le toucher,ou toucher fouvent, ou favoir faire unufage adroit, ou diriger. Voici diffé- rens exemples de ces acceptions : il n'appartient qu’au prêtre de marier les vafes facrés ; il faut #72- zier les peaux jufqu’à ce qu’elles foient tout-à-fait fou- ples & douces ; on connoît la qualité d’un chapeau en le mariant ; les sens d’affaires anienr beaucoup d'argent ; l’expérience a appris aux fupérieurs de communauté à anier les efprits. Cet homme fait bien manier un cheval , un fleuret, une épée, &c. MANIER À BOUT , ( Architeit, ) c’eft relever la tuile ou ardoife d’une couverture , & y ajouter du lattis neuf avec les tuiles qui y manquent , faifant reflervir les vieilles ; c’eft aufli affeoir du vieux pa- vé fur une forme neuve, & en remettre de nouveau à la place de cehui qui eft café. MANIER , (March. ) fe dit du cheval de manége quand il fait fon exercice avec grace & légereté. Un cheval peut manier bien ou mal. Manier de ferme à ferme , fe dit du cheval que le cavalier fait manier fans fortir de fa place. MANIER ; ( Peinture) On dit, ce peintre manie le pinceau , manie la couleur comme il lui plaît, c’eit-à-dire , qu’on lui reconnoît une main füre. Ma- rer la couleur , saniement des couleurs , manier le pinceau , #zaniement du pinceau. MANIER, ( Vergetier. ) Voyez APPRÉTER. MANIERE, {. f. (Gramm. Pol. Moral.) dans le fens le plus généralement reçu , font desufages éta- blis pour rendre plus doux le commerce que les hom- | mes doivent avoir entr'eux. Elles font l’expreflion des mœurs,ou feulement l’effet de la foumiffion aux ufages. Elles font par rapport aux mœurs, ce que le culte eft par rapport à la religion ; elles les ma- nifeftent , les confervent , ou en tiennent lieu, & par conféquent elles font dans Les fociétés d’une plus grande importance quelesmoraliftes ne l'ont penfé. On ne fait pas aflez combien l’habitude machina- le nous fait faire d’aétions dont nous n’avons plus en nous le principe moral, & combien elle contri- bue à conferver de principe. Lorfque certaines ac- tions , certains mouvemens fe font liés dans notre efprit avec les idées de certaines vertus, de certains fentimens ; ces ations, ces mouvemens rappellent en nous ces fentimens , ces vertus, #oyez LIAISON DES IDÉES. | | + M AN - À la Chine les enfans rendent d’extrèmes hon- ñeurs à leurs parens ; 1ls leur donnent fans ceffe des marques extérieures de refpe&t & d'amour : il eft vraiflemblable que dans ces marques extérieures, 1l y a plus de démonftration que de réalité ; mais le refpeét & l’amour pour les parens font plus vifs & phis continus à la Chine, qu'ils ne le font dans les pays où les mêmes fentimens {ont ordonnés , fans que Les loix prefcrivent la maniere de les manifefter. Il s’en manque bien en France, que le peuple ref- peéte tous les grands qu'il falue ; mais les grands y font plus refpeëtés, que dans les pays où les manie- res établies n’impofent pas pour eux des marques de refpett. Chez les Germains , & depuis parmi nous dans les fiécles de chevalerie, on honoroit les femmes comme des dieux. La galanterie étoit un culte, & dans ce culte comme dans tous les autres, il y avoit des tiédes & des hypocrites ; mais ils honoroient encore les femmes, & certainement ils les aimoient &. les refpeétoient davantage que le caffre qui les fait travailler, tandis qu'il ferepofe, & que l'afiati- que qui les enchaine & lescarefle, comme des ani- maux deflinés à {es plaifirs. L’habitude de certaines a@ions, de certains gef- tes, de certains mouvemens, de certains fignes ex- térieurs maintiennent plus en nous les mêmes fen- timens, que tous les dogmes & toute la Métaphy- fique du monde. “ J'ai dit que l'habitude machinale nous faifoit fai- re les aétions dont nous n'avions plus en nous le principe moral ; j’ai dit qu’elle confervoit en nous le principe, elle fait plus, elle langmente ou le fait Haitre. | | Il n’y a aucune paflion de notre ame, aucune affection , ancun fentiment , aucune émotion qui n'ait fon effet {ur le corps, quin’éleve, n’affaifle , ne relâche ou'ne tende quelques muicles, & n'ait du plus au moins en variant notre extérieur , une expreflion particuliere. Les peines & les plaifirs, les defrs & la crainte , l'amour ou l’averfon , quel- que morale qu'en foit la caufe, ont plus ou moins en nous des effets phyfques qui fe manifeftent par des fignes , plus ou moins fenfibles. Toutes les af- feétions fe marquent fur le vifage , y donnent une certaine exprefhon, font ce qu’on appelle la phy/£o- norte , changent l'habitude du corps , donnent & Ôtent la contenance, font faire certains geftes., cer- tains mouvemens. Cela eft d’une vériié qu’on ne contefte pas. … Mais il n’eft pas moins vrai, que les mouvemens des mufcles & des nerfs qui font d'ordinaire les ef- fets d’une certaine paflion , étant excités , répetés en nous fans le fecours de cette pafñon, s’y repro- diifent jufqu'à un certain point. Les effets dé la mufique {ur nous font une preuve fenfible de cette vérité ; l'impreffion du corps fono- 1e fur nos nerfs y excite différens mouvemens , dont plufieurs font du genre des mouvemens qu'y exciteroit une certaine pañion ; & bien-tôt fi ces mouvemens fe fuccédent, f le muficien continue de donner la même forte d’ébranlement au genre nerveux; 1l fait pafler dans l’ame telle ou telle paf- fon , la joie , la triftefle , l'inquiétude, &c. Il s’en- fuit de cette obfervation | dent tout homme doué de quelque délicatefle d’organe, peut conftater en foi la vérité, que fi certaines paflions donnent au corps certains mouvemens , ces mouvemens rame- nent l’ame à ces paflions ; or les wanieres confiftant pour la plüpart en geftes, habitudes de corps, dé- marches, actions, qui font les fignes , l’expreffion, les effets dercertains fentimens , doivent donc non- feulement manifefter, conferver ces fentimens, mais quelquefois les faire naître, Tome ZX, s MAN 35 Les anciens ont fait plus d’attention que nous à linfluence des #anieres fur les mœurs, & aux Tap= ports des habitudes du corps à celles de l'ame, Pla- ton diftingue deux {ortes de danfe , l’une qui eft un art d'imitation , & à proprement parler, la panto= mime , la danfe & la feule danfe propre au théâtre; l’autre , l’art d’accoutumer le Corps aux attitudes décentes , à faire avec bienféance les monvemens ordinaires ; cette danfe s’eft confervée chez les mo- dernes , & nos maitres à danfer {ont profeffeurs des manieres. Le maitre à danfer de Moliere navoit pas tant de tort qu’on le penie, finon de fe préférer , du moins de fe comparer au maitre de Philofophie, Les manieres doivent exprimer le refpe& & la foumiflion des inférieurs à l'égard des fupérieurs , les témoignages d'humanité & de condeitendance des fupérieurs envers les inférieurs, les fentimens de bienveillance & d’eflime entre les égaux. Elles réglent le maintien, elles le prefcrivent aux diffé- rens ordres, aux citoyens des différens états. On voit que les manieres, ainfi que les mœurs, doivent changer, felon les différentes formes de pou- vernement. Dans les pays de defpotifme, lés nrar- ques de foumifhion font extrèmes de la part des in- férieurs ; devant leurs rois les fatrapes de Perfe fe profternoient dans la poufliere , & le peuple devant les fatrapes fe profternoit de même; l’Afie n’eft point changée. Dans les pays de defpotifme , les témoignages d'humanité 6 de condefcendance de la part des fu- périeurs , fe réduifent à fort peu de chofe. Il y a trop d'intervalle entre ce qui eft homme & ce qui eft homme en place, pour qu’ils puiffent jamais fe rapprocher ; là les fupérieurs ne marquent aux infé- rieurs que du dédain, & quelquefois une infultante pitié. | Les épaux efclaves d'un commun maitre, n’ayant ni pour eux-mêmes, ni pour leurs femblables, au cune eftime , ne s’en témoignent point dans leurs manieres ; 11s ont foiblement l’un pour l’autre , les fentimens de bienveillance ; ils attendent peu lun de l’autre, & les efclaves élevés dans la fervitude ne favent point aimer ; ils font plus volontiers oc- cupés à rejetter l’un fut l’autre le poids de leurs fers, qu'à s'aider à les fupporter ; ils ont plus l'air d’im- plorer la pitié, que d'exprimer de la bienféance. Dans les démocraties , dans les souvernemens où la puiflance légiflative réfide dans le corps de la nation , les #azeres marquent foiblement les rap- ports de dépendance, & en tout genre même; il y a moins de manteres & d’ufages établis , que d’ex- prefions de la nature ; la liberté fe manifefte dans les attitudes , les traits & les aétions de chaque ci- toyen. Dans les ariflocratiques, & dans les pays où la liberté publique n’eft plus, mais où l’on jouit de la liberté civile; dans les pays où le petit nombre fait les lois , & fur-tout dans ceux où un feul regne, mais par les lois, il y a beaucoup de manieres & d’ufages de convention. Dans ces pays plaire eft un avantage, déplaire.eft un malheur. On plait par des agrémens & même par des vertus, & les marieres y font d'ordinaire nobles & agréables. Les citoyens ont befoin les uns des autres pour fe conferver, fe fecourir , s'élever ou jouir. Ils craignent d’éloigner d'eux leurs concitoyens en laïflant voir leurs dé- fauts. On voit par-tout l’hiérarchie &r les égards, le refpeét & la hberté, l’envie de plaire & la franchife, D'ordinaire dans ces pays on remarque au pre- mier coup d'œil une certaine uniformité, les carac- teres paroïient fe reflembler, parce que leur diffé- rence eft cachée par les zzanieres , & même on voit beaucoup plus rarement que dans les républi- ques, de ces caracteres originaux qui para ne u Eiÿ 36 MAN tien devoir qu’à la nature, & cela nor -feulemenit parce que les manieres gênent la nature , mais qu’elles la changent. Dans les pays où regne peu de luxe , où le peu- ple eft occupé du commerce & de la culture des ter- res, où leshommes fe voyent par intérêt de premiere néceffité, plus que par des raïfons d’ambition ou par goût du plaifir, les dehors font fimples &c hon- nêtes, & les manieres font plus fages qu’affetueufes. Il n’eft pas là queftion de trouver des agrémens & d'en montrer; on ne promet & on ne demande que de la juftice, En général dans tous les pays où la nature n’eft pas agitée par des mouvemens impri- més par le gouvernement, où Îe naturel eft rare- ment forcé de fe montrer, & connoit peu le befoin de fe contraindre, les manieres font comptées pour rien, il yenapeu, à moins que les lois n'en ayent inftitue. Le préfident de Montefquieu reproche aux légis- lateurs de la Chine d’avoir confondu la religion, les mœurs , les lois &c les zanieres ; mais n’eft-ce pas pour éternifer la légiflation qu'ils vouloient donner, ue ces génies fublimes ont lié entre elles des cho- , qui dans plufeurs gouvernerens font indépen- dantes , & quelquefois même oppofées ? C’eft en ap- puyant le moral du phyfique, le politique du reli- gieux, qu'ils ont rendu la conftitution de l’état éter- nelle, & les mœurs immuables. S'il y a des circonf- tances, fi les fiecles amenent des momens où il feroit bon qu’une nation changeât fon caraétere, les lépi- flateurs de la Chine ont eu tort. Je remarque que les nations qui ont confervé le plus long-tems leur efprit national, font celles où le légiflateur a établi le plus de rapport entre la confti- tution de l’état, la religion, les mœurs, & les 7a- nieres , & fur-tout celles où les maxieres ont été inf- tituées par les lois. “.; Les Égyptiens font le peuple de l'antiquité qui a changé le plus lentement, & ce peuple étoit conduit par des rites, par des manieres. Sous l’empire des Perfes & des Grecs on reconnut les fujets de Pfame métique & d’Apriès, on les reconnoit fous les Ro- mains & fous les Mamelucs : on voit même encore aujourd’hui parmi les Egyptiens modernes des vefti- ges de leurs anciens ulages, tant eft puiflante la force de l’habitude. Après les Egyptiens, les Spartiates font le peuple qui a confervé le plus long-tems fon caractere. Ils avoient un gouvernement où les mœurs, les marie- res , les lois & la religion s’unifloient, fe fortifioient, étoient faites l’une pour l’autre. Leurs manieres étoient inftituées , les fujets & la forme de la conver- fation, le maintien des citoyens, la maniere dont ils s’abordoient , leur conduite dans leurs repas, les détails de bienféance, de décence, de l'extérieur enfin, avoient occupé le génie de Lycureue, comme les devoirs effentiels & la vertu. Aufl fous le rene de Nerva les Lacédémoniens fubjugués depuis long- tems, les Lacédémoniens qui n’étoient plus un peu- ple libre , étoient encore un peuple vertueux. Né- ron allant à Athènes pour fe purifier après le meur- tre de fa mere, n’ofoit pañler à Lacédémone ; 1l crai- anoit les regards de fes citoyens, & il n’y avoit pas là des prêtres qui expiaflent des parricides. Jé crois que Les François font le peuple de l'Europe moderne dont le caractere eft le plus marqué, & qui a éprouvé le moins d’altérarion. Ils font, dit M. Duclos, ce qu'ils étoient du tems des croifades, une nation vive , gaie, généreufe, brave, fincere, préfomptueufe , inconftante, avantageufe , inconfi- dérée. Elle change de modes & non de mœurs. Les manieres ont fait autrefois, pour ainfi dire, partie de fes lois. Le code de la chevalerie, les ufages des anciens preux, les regles de l’ancienne courtoifie ônt eu pour objet les marieres, Elles font éncore eri France, plus que dans le refte de l’Europe , un des objets de cette feconde éducation qu’on reçoit en entrant dans le monde, & qui par malheur s’accorde trop peu avec la premiere. Les manieres doivent donc être un des objets dé l'éducation , & peuvent être établies même par des lois , aufli fouvent pour le moins que par des exem- ples. Les mœurs font lintérieir de l’homme, les manieres en font lextérieur. Etablir Les manieres par des lois, ce n’eft que donner un culte à la vertu. Un des effets principaux des manieres, C’eft de gêner en nous les premiers mouvemens : elles Ôtent l'eflor & l'énergie à la nature; mais aufli en nous donnant le tems de la réflexion, elles nous empé- chent de facrifier la vertu à un plaifir préfent, c’eft- à- dire le bonheur de la vie à l'intérêt d’un mo- ment. : Il ne faut point trop en tenir compte dans les arts d'imitation. Le poëte & le peintre doivent donner à la nature toute fa liberté, mais le citoyen doit fou- vent la contraindre. Il eft bien rare que celwi qui pour des légers intérêts fe met au-deflus-des marie- res, pour un grand intérêt ne fe mette au-deflus des mœurs. Dans un pays où les zanieres font un objet im- portant, elles furvivent aux mœurs, & 1l faut même que les mœurs foient prodigieufement altérées pour qu’on apperçoive du changement dans les manieres, Les hommes fe montrent encore ce qu'ils doivent être quand ils ne le font plus. L'intérët des femmes a confervé long-tems en Europe les dehors de la galanterie, elles donnent même encore aujourd’hui un prix extrème aux wamieres polies, aufli elles n’éprouvent jamais de manvais procédés, & reçoi- vent des hommages, & on leur rend encore avec empreflement des fervices inutiles. Les manieres font corporelles, parlent aux fens, à l'imagination, enfin font fenfibles, & voilà pour- quoi elles furvivent aux mœurs, voilà pourquoi elles les confervent plus que Les préceptes & les lois ; c’eft par la même raifon que chez tous les peuples il refte d’anciens ufages, quoique les motifs qui les ont établis ne fe confervent plus. Dans la partie de la Morée, qui étoit autrefois la Laconie, les peuples s’aflemblent encore certains jours de l’année & font des repas publics, quoique l'efprit qui les fit inftituer par Lycurgue foit bien parfaitement éteint en Morée, Les chats ont eu des temples en Egypte ; on ignoreroit pourqu@i ils y ont aujourd'hui des hôpitaux s'ils n’y avoient pas eu des temples. S’il y a eu des peuples policés avant l’invention de Pécriture , je fuis perfuadé qu'ils ont confervé long-tems leurs mœurs telles que le gouvernement les avoit inftituées, parce que n’ayant point le fecours des lettres , ils étoient obligés de perpétuer les principes des mœurs par les zanieres, par la tradition, par les hiéroglyphes, par des tableaux, enfin par des fignes fenfibles , qui gravent plus for- tement dans le cœur que l'écriture, les livres, & les définitions: les prêtres Egyptiens prêchoient ra= rement & peignoient beaucoup. . MANIERES, FAÇONS, ( Syron. ) les manieres font Pexpreffion des mœurs de la nation, les façons font une charge des manieres, ou des manieres plus re- cherchées dans quelques individus, Les manieres de- viennent façons quand elles font affeétées, Les fzcons font des rmanieres qui ne font point générales , & qui font propres à un certain caraétere particulier, d’or- dinaire petit & vain. MANIERE grandeur de, (Archite‘ture.) \a grandeur dans les ouvrages d’architetture peut s’envifager de deux façons ; elle fe rapporte à la maffe &c au corps de l'édifice ; où à la maniere dont il eft bâti. A l'égard du premier point, les anciens mont- mens d’architeéture ; fur-tout ceux des pays orien- taux l’emportoient de beaucoup fur les modernes. Que pouvoit-on voir de plus étonnant que les mu- railles de Babylone, que fes jardins bâtis fur des vo- tes, & que fon temple dédié à Jupiter-Bélus, qui s’élevoit à la hauteur d’un mille, où il y avoit huit différens étages, chacun haut d’un ftade ( 125 pas géométriques), & au fommet l’obfervatoirebabylo- mien ? Que dirons-nous de ce prodigieux baflin, de ce réfervoir artificiel qui contenoit l’Euphrate, juf- qu’à ce qu’on lui eût dreflé un noùüveau canal, & de tous Les foffés à travers lefquels on le fit couler? Il ne faut point traiter de fables ces merveilles de l’art, parce que nous n'avons plus aujourd’hui de pareils ouvrages, Tous les Hiftoriens qui les décrivoient n’é- toient ni fourbes ni menteurs.La muraille de la Chine eft un de ces édifices orientaux qui figurent dans la mappemonde , & dont la defcription paroiïtroit fa- buleufe , fi la muraille elle -même ne fubfftoit au- jourd’hui. Pour ce qui regarde [a grandeur de maniere, dans les ouvrages d’architeéture , nous fommes bien éloi- gnés d'égaler celle des Grecs & des Romains, La vüe du feul Panthéon de Rome fuffiroit pour défa- bufer ceux qui penferoient le contraire. Je n’ai pas trouvé de juge qui ait vü ce fuperbe temple, fans reconnoître qu'ils avoient êté frappés de fa nobleffe &t de fa mayjeñte. | Cette grandeur de maniere , en archite@ure, a tant de force {ur l'imagination , qu’un petit bâtiment où elle regne, donne de plus nobles idées à lefprit, qu’un autre bâtiment vingt fois plus étendu à l'égard de la mafle, où cette maniere eft commune. C’eft ainfi peut-être qu’on auroit été plus furpris de l’air majeftueux qui paroifloit dans une ftatue d’Alexan- dre faite par la main de Lifippe, quoïqu’elle ne fût pas plus grande que le naturel, qu’on ne l’auroit été à la vûe du mont Athos, fi, comme Dinocrate le propofoit, on l'eût taillé pour repréfenter ce con- quérant avec une riviere fur l’une de fes mains, &c une ville fur Pantte. M. de Chambray dans fon parallele de larchitec- ture ancienne avec la moderne, recherche le prin- cipe de la différence des manieres, & d’où vient qu'en une pareille quantité de fuperficie, l’une fem- ble grande & magnifique, & l’autre paroït petite & mefquine : la raïfon qu’il en donne eft fort fimple ; il dit que pour introduire dans l’archite@ure cette grandeur de maniere , 1l faut faire que la divifion des principaux membres des ordres ait peu de parties, &t qu'elles foient toutes grandes & de grands reliefs, afin que l'œil n’y voyant rien de petit, l’imagina- tion en foit fortement touchée, Dans une corni- che, par exemple, fi la doucine du couronnement, le larmie, les modillons oules denticules viennent à faire une belle montre avec de grandes faillies, & qu'on n’y remarque point cette confufion ordinaire de petits cavets, de quarts de ronds, d’aftragales, St je ne fais quelles autres particularités entremé- lées ; qui loin de faire bon effet dans les grands ou- vrages, occupent une place inutilement à aux dé- pens des principaux membres ,1l eft très - certain que la maniere en paroïtra fiere & grande ; tout au- contraire, elle deviendra petite & chetive, par la quantité de ces mêmes ornemens qui partagent l’an- gle de la vûüe en tant de rayons fi preflés , que tout lui femble confus. En un mot, fans entrer dans de plus grands détails qui nous meneroient trop loin, 1l fufit d’obferver qu'iln’y a rien dans l’Archite@ure, la Peinture, la Sculpture, &r tous les beaux-arts, qui plaife davan- tage que la grandeur de maniere : tout ce qui eft ma- M AN 27 jeftüeux frappe, imprime du refpe®, & fympatife avec la grandeur naturelle de l'ame, (D. J.) MANIERE , er Peinture, eft une façon particuliere que chaque peintre fe fait de defliner, de compofer, d'exprimer, de colorier, felon que cette maniere approche plus où moins de là nature, ou de ce qui eit décidé beau , on l’appelle #on%e où manvaile ma riere, Le même peintre à fucceflivemant trois manieres St quelquefois davantage ; la Premiere vient de l’habitude dans laquelle il eft d’imiter celle de fon maître : ainfi l’on reconnoît par les Onvrages de tel, qu'il fort de l’école de tel ou tel maîtte; la feconde fe forme par la découverte qu'il fait . des beautés de la nature, & alors il change bien avantagcufement; mais fouvent au-lieu de {ubfti- tuer la nature à la maxiere qu’il a prife de fon mai- tre, 1l adopte par préférence la maniere de quelque autre qu'il croit meilleure ; enfin de quelques vices qu’ayent été entachées fes différentes manieres , ils {ont toujours plus outrés dans la troifieme que prend unpeintre, & {a derniere rzaniere eft toujours la plus mauvaile. De même qu’on reconnoît je ftyle d’un auteur ou l'écriture d’une perfonne qui nous écrit fouvent, on reconnoit les Ouvrages d’un peintre dont on a vu fouvent des tableaux » & l’on appelle cela connoître La maniere. Il y a des perfonnes qui pour avoir vù beaucoup de tableaux, connoiffent les différentes manieres , & favent le nom de leurs auteurs , même beaucoup mieux que les Peintres, fans que pour cela ils foient en état de juger de la beauté de l'ouvrage. Les Peintres font fi maniérés dans leurs ouvrages, que quoique ce foit à la m4- riere qu'on les reconnoiffe , les ouvrages de celui qui n’auroit point de waniere feroient le plus facile. ment reconnoître leur auteur, s MANIES, f. f, (Mych.) déeffesque Paufanias croit être les mêmes que les Furies ; elles avoient un tem- ple fous ce nom dans l’Arcadie, près du fleuve Alphée, au même endroit où Orefte perdit l’efprit, après avoir tué fa mere, ( D. J.) MANIETTE , f. £, (Imprimeur en toile.) petit mor- ceau de feutre dont on fe fert pour frotter les bords du chafñs. MANIEURS, f. m. pl. ( Comm.) ce font des gagnes-deniers établis fur les ports de Paris , & qui y fubfiftent en remuant avec des pelles les blés qui y reftent quelque tems. [ls ne font pas de corps, comme plufieurs autres petits ofMiciers de la ville. Dhiélion. de commerce. MANIFESTE , f. m. ( Droit polir.) déclaration que font les Princes , & autres puiffances, par un écrit public, des raïfons & moyens fur lefquels ils fondent leurs droits & leurs prétentions, en com- mençant quelque guerre, ou autre entreprife ; c’eft en deux mots l’apologie de leur conduite. Les anciens avoient une cérémonie augufte & folemnelle , par laquelle ils faifoient intervenir dans la déclaration de guerre, la majefté divine, comme témoin & vengerefle de l’injuftice de ceux qui fou- tiendroient une telle guerre injuftement. Peut -être aufli que leurs ambafladeurs étaloient les raifons de la guerre dans des harangues exprefles, qui précé- doient la dénonciation des hérauts d’armes : du- moins nous trouvons de telles harangues dans pref. que tous les Hiftoriens, en particulier dans Polybe, dans Tite-Live, dans Thucydide, & ces fortes de pieces font d’un grand ornement à l’hiftoire, Que ces harangues foient de leur propre génie ou non, il eft très - probable que le fond en eft vrai, & que les raifons juftificatives, ou feulement perfuañves, ont été publiées & alléguées des deux côtés. Sans doute que les Romains employoient toute leur force de plume pour colorer leurs guerres , & fur cet arti- 38 MAN cle, jamais peuple n’eut plus befoin des fuperche- ries de l’éloquence que celui-là. Les puiffances modernes étalent à leur tour, dans leurs écrits publics, tous les artifices de la rhétori- que, & tout ce qu'elle a d’adrefle, pour expofer la juftice des caufes qui leur font prendre les armes, &c les torts qu'ils prétendent avoir reçus. Un motif de politique a rendu néceflaires ces 71a- zifefles, dans la fituation où {ont à l’égard des uns des autres les princes de l’Europe, liés enfemble par la religion, par le fang , par des alliances, par des ligues ofenfives & défenfives. IL eft de la pru- dence du prince qui déclare la guerre à un autre, de ne pas s’attirer en même tems fur les bras tons les alliés de celui qu'il attaque: c’eft en partie pour détourner cet inconvénient qu'on fait aujourd’hni des manifefkes , qui renferment quelquefois la raifon qui a déterminé le prince à commencer la guerre fans la déclarer. | Ce n’eft pas cependant fur ces fortes de pieces qu'ils fondent le plus Le fuccès de leurs armes, c’eft fur leurs préparatifs, leurs forces, leurs alliances & leurs négociations. Ils pourroient tous s'exprimer comme fit un préteur latin dans une afflemblée où l’on délibéroit ce qu’on répondroit aux Romains, qui fur des foupçons de révolte, avoient mandé les magiftrats du Latium. « Mefheurs, dit-1l , 1l me fem- » ble que dans la conjonëture préfente nous devons » moins nous embarrafler de ce que nous avons à » dire que de ce que nous avons à faire; car quand » nous aurons bien pris notre parti, & bien concerté »# nos mefures, ilne fera pas difcile d’y ajufter des » paroles ». (D.J.) MaAnNIFESTE, {. m. (Comm.) eft le nom que les François, Anglois , Hollandois donnent , dans les échelles du Levant, à ce que nous nommons autre- ment wze déclaration, Les reglemens de la nation angloife portent que les écrivains des vaifleaux feront tenus de remettre des rranifefles fideles de leurs chargemens, à peine d’être punis comme contrebandiers , & chaflés du fervice. Ceux de la nation hollandoife ordonnent aux capitaines, pilotes, &t écrivains de remettreleurs manifefles au trélorier, tant à leur arrivée qu'avant leur départ, &c d’aflurer par ferment qu’ils font fide- les, à peine de mille écus d'amande, & d’être pri- vés de leur emploi. Ces rmanifefles font envoyés tous les ans par le tréforier des échelles, aux direéteurs du Levant éta- blis à Amfterdam, pour fervir à l’examen de fon compte. Did. de commerce. (G MANIFESTAIRES , f. m.( Théolog.) hérétiques de Prufle, qui fuivoient les impiétés des Anabati- ftes, & croyoient que c’étoit un crime de nier leur doétrine, lorfqu'ils étoient interrogés, Prateole. Voyez Manifeft. Gantier Cron. fac.l, XII. c. Ixxvi. MANIGUETTE ox MELEGUETTE, {. m.(Æf. nat. des Epiceries. ) graine étrangere nommée rani- guetta ou meleguetta dans les boutiques ; par Cordus cardamomum piperatum, &t par Geoffroy cardamomum RAJuS , femine piperato, Le rnaniguette eft une graineluifante, anguleufe, plus petite que le poivre, roufle ou brune à fa fu- perficie, blanche en-dedans , âcre , brûlante comme le poivre & le gingembre, dont-elle a femblable- ment l'odeur. On nous en apporte en grande quan- tité , & on s’en fert à la place du poivre pour aflai- fonner les mets. Quelquefois on fubftitue cette graine au cardamome dans les compofitions pharmaceuti- ques. Elle naît dans l’Afrique , dans l’île de Madagaf- car & dans les Indes orientales, d’où les Hollandois nous l’apportent ; mais perfonne jufqu’à ce jour n’a pris la peine de nous décrire la plante. On eft avide de gagner de l'argent , & fort peu de l'avancement | de la Botanique, Je fais bien qhe Matthiole prétend que la meleguerre ou manigustte Eft la graine du grand cardamome ; mais, premierement , le goût du grand cardamome eft doux, très-agréable , & ne brûle pas la langue; fecondement , quand cela feroit, nous n’en ferions pas plus avancés, car nous ignorons quelle eft la plante qui produit Le grand cardamome : on en con- noît le truit & rien de plus. (D. J. MANILLE , { f, serme de jeu. Au jeu de quadrille c’eft la feconde & la plus haute carte après efpadille: c’eft le deux en couleur noire, & le fepten couleur rouge. Manille a la comete, neuf de carreau que l’on fait valoir pour telle carte qu’on vent , pour roi, pour dame, valet &c dix, & ainfi des autres cartes infé- rieures. Il y a de l’habileté à faire valoir cette carte à-propos. MANILLE , ( Géogr.) ville forte des Indes, capi- tale de l’ile de Luçon , & la feule ville de cetre île, avec un bon château , un havre magnifique, & un archevêché. On y jouit prefque toujours d’un équi- noxe perpétuel, car la longueur des jours ne differe pas de celle des nuits d’une heure pendant toute l'année , mais la chaleur y eft exceflive. Cette ville, qui appartient aux Efpagnols , eff fi- tuée au pié d’une file de montagnes fur le bordorien- tal de la baie de Luçon. Les maifons y font prefque toutes de bois, à caufe des tremblemens de terre. On y compre environ trois mille habitans, tous nés de l'union d’efpagnols , d’indiens , de chinois , de malabares, de noirs & d’autres. | Les femmes de diftin@ion s’habillent à lefpagnole, & elles {ont rares ; toutes Les autres n’ont pas befoin de tailleurs : elles s’attachent de la ceinture en bas un morceau de toile peinte qui leur fert de jupe, tandis qu’un morceau de la même toile leur fert de manteau. La grande chaleur du pays les difpenfe de porter des bas & des fouliers. | On permet aux Portugais de négocier à Maille ; mais les Chinois y font la plus grande partie du com- merce. Long. felon Lieutaud , 137. 41!. 30". lauir. 14, 30, Selon les Efpagnols long. 138,59". 45/'. ar, 14. 16% MANILLE, le, ( Géog.) voyez LUÇON. MANILLES, fes, ( Géogr. ) voyez PHILIPPINES: MANIMI ; ( Géog. anc. ) ancien peuple de la Ger- manie , felon Facite , qui le regarde comme faïfant partie de la nation des Lypgiens, fans nous en mar- quer le pays ; mais les modernes fe font égayés à lui en chercher un dans la baffe Autriche &z ailleurs. (D.J.) MANIOC ox MAGNIOC, f. m. ( Botan. ) plante dont la racine préparée tient lieu de pain à la plü- part des peuples qui habitent les pays chauds de PA- mérique. | Le manioc vient ordinairement de bouture ; il poufle une tige ligneufe, tendre , caffante , parta- gée en plufeurs branches toriueufes , longues de cinq à fix piés, paroïflant remplies de nœuds ou pe tites éminences qui marquent les places qu'occu- poient les premieres feuilles , dont la plante s’eft dépouillée à mefure qu’elle a acquis de la hauteur. Ses feuilies font d’un verd brun ; aflez grandes, dé- coupées profondément en maniere de rayons, & attachées à de longues queues. | | L’écorce du rzarioc eft mince , d’une couleur où grife ou rougeâtre, tirant fur le violet, & la pellicule quicouvre lesracines participe de cette couleur felon l’efpece, quoïque l’intérieur en foit toujours extrème- ment blanc & rempli de fuc laiteux fort abondant , plus blanc que le lait d'amande, &c fi dangereux avant d’être cuit , que les hommes & les animaux ont en plufñeurs fois éprouvé des effets funeftes, quoique ce fuc ne paroïffe ni açide mi corroff, Les racines du M AN manioc font communément plus grofles que des bet- teraves : elles viennent prefque toujours trois ou quatre attachées enfemble ; il s’en trouve des efpe- ces qui müriflent en fept ou huit mois de rems, mais Ja meilleure , & celle dont on fait le plus d’ufage, demeure ordinairement 15 ouy8 mois enterreavant de parvenir à une parfaite maturité : pour lors avec un peu d'effort on ébranle les tiges ; & les racines étant peu adhérentes à la terre, elles s’en détachent fort aifément. | Préparation des racines pour en faire foir de La caffa- ve, ou de la farine de manioc, Les racines, aprèsavoir été féparées des tiges, font tranfportées fous un an- gard, où l’on a foin de les bien ratifler & de leslaver en grande eau pour en enlevertoutes les malpropre- tés, & les mettre en état d’être gragées, c’eft-à-dire rapées fur des grages ou grofles rapes de cuivre rouge courbées en demi-cylindre, longues & larges de 18 à 20 pouces , & attachées fur des planches de trois piés & demi de longueur , dont le bout d’en bas fe pofe dans un auge de bois , & l’autre s’ap- puie contre l’eftomac de celui qui grage, lequel à force de bras réduit les racines en une rapure grof- fiere & fort humide, dont il faut extraire le fuc au- paravant de lafaire cuire. Pour cet effet on en rem- plt des facs tiffus d’écorce de latanier , on arrange ces facs les uns fur les autres, ayant foin de mettre des bouts de planches entre deux, enfuite de quoi on les place fous une prefle compofée d’une longue & forte piece de bois fituée horifontalement , & difpo- fée en bras de levier , dont l’une des extrémités doit être pañlée dans un trou fait au tronc d’un gros ar- bre : on charge l’autre extrémité avec de groffes pierres ; & toute la piece portant en-travers fur la planche qui couvre le plus élevé des facs , il eft aïfé d'en concevoir l'effet: c’eft la façon la plus ordinaire de prefler le zanioc. On émploie quelquefois au lieu de facs , qui s’ufent en peu de tems, de grandes & fortes caïfles de bois percées de plufieurs trous de tarriere, ayant chacune un couvercle qui entre li- brement en dedans des bords: on charge ce couver- cle de quelques bouts de foliveaux , par-deflus let- quels on fait pañler le bras du levier , comme on l’a dit en parlant des facs. Les Caraibes ou Sauvages des Iles ont une inven- tion fort ingénieufe, mais qui ne pouvant fervir que pour exprimer le fuc d’une médiocre quantité de manioc, il paroît inutile de répéter ici ce que l’on a dit à l’arricle COULEUVRE. Après dix ou douze heures de prefe,, la rapure du #anioc étant fufifamment dégagée de fon fuc fu- perflu , on la pale au-travers d’un hébichet, efpece de crible un peu gros, & on la porte dans la caze ou lieu deftiné à la faire cuire, pour en fabriquer foit de la caflave , ou de la farine de manioc. Maniere de faire la caffave, I] faut avoir une platine de fer coulé, ronde, bien unie, ayant à-peu-près deux piés & demi de diametre , épaïfle de fix à {ept lignes, & élevée fur quatre piés, entre lefquels on allume du feu. Lorfque la platine commence à s’é- chauffer, on répand fur toute fa furface environ deux doigts d'épaifleur de la fufdite rapure paflée au crible , ayant foin de l’étendre bien également par-tout , & de l’applatir avec un large couteau de bois en forme de fpatule. On laiffe cuire le tout fans le remuer aucunement , afin que les parties de la rapure, au moyen de l'humidité qu’elles contiennent encore , puiffent s’attacher les unes aux autres pour ne former qu'un feul corps , qui diminue confidéra- blement d’épaiffeur en cuifant. Il faut avoir foin de le retourner fur la platine, étant effentiel de donner aux deux furfaces un égal degré de cuiflon : c’eft alors que cette efpece de galette ayant la figure d’un large croquet , s’appelle cafaye, On la met refroidir M AN 3h à Lait , où elle acheve de prendre une confiftance feche , ferme & aifée à rompre par morceaux, Les Caraïbes font leur caflave beaucoup plus épaifle que la nôtre, elle paroït auffi plus blanche , étant moins riflolée ; mais elle ne fe conferve pas fi long-tems. Avant que l’'ufage des platines fût intro- duit parmi ces fauvages , ils fe fervoient de grandes pierres plates peu épaifles, fous lefquels ils all moient du feu & faifoient cuire ainfi leur caflave. Maniere de faire la farine de manioc. Elle ne differe de la caffave qu’en ce que les parties de la rapure dont il a été parlé ne font point liées les unes aux autres, mais toutes féparées par perits grumeaux qui reflemblent à de la chapelure de pain, ou plûütôt à du bifcuit de mer groflierement pilé, Pour faire à-la-fois une grande quantité de farine, on fe fert d’une poële de cuivre à fond plat , d’envi- ron quatre piés de diametre , profonde de fept à huit pouces, & {cellée contre le mur de la caze dans une maçonnerie en pierre de taille ou en brique , for- mant un fourneau peu élevé , dont la bouche du foyer doit être en-dehors du mur. La poële étant échauffée , on y jette la rapure du zzazioc , & fans perdre de rems on la remue entous fens avec un ra- bot de bois femblable à ceux dont fe fervent les ma- ÇORS pour corroyer leur mortier. Parce mouvement continuel on empêche les parties de la rapure de s'attacher les unes aux autres ; elles perdent leur humidité & cuifent également. C’eft À l'odeur favou- reufe & à la couleur un peu rouflâtre qu'on juge fi la cuiffon eft exaéte : pour lors on retiré*la farine avec une pelle de bois , on l’étend fur des napes de grofle toile , & lorfqw’elle eft refroidie on lenferme dans des barils, où elle fe conferve long-tems. Quoique la farine de wanioc, ainf que la caffave,' puiflent étre mangées feches & fans autre prépara- tion que ce qui a été dit , il eft cependant d'ufage de les humeéter avec un peu d’eau fraîche où avec du bouillon clair, foit de viande ou de poiflon : ces fubffances fe renflent confidérablement , & font une fi excellente nourriture dans les pays chauds , que ceux qui y font accoutumés la préferent au meilleur pain de froment. J’en ai par-devers moi l'expérience de plufeurs années. Par l’édit du roi , nommé le code zoir , donné à Verfailles au mois de Mars 168, il eft expreflément ordonné aux habitans des îles françoifes de fournir pour la nourriture de chacun de leurs efclaves âgé au-moins de dix ans , la quantité de deux pots & denu de farine de #anioc par femaine , le pot conte- nant deux pintes ; ou bien au défaut de farine > (rois caflaves pefant chacune deux livres & demie. L'eau exprimée du wanioc , ou le fuc dangereux dont il a été parlé ci-deflus , s'emploie à plufieurs chofes. Les fauvages en mettent dans leurs fauces & & après Pavoir fait bouillir, ils en ufent journelle- ment fans en reflentir aucune incommodité , Ce qui prouve que ce fuc, par une fort ébullition, perd fa qualité malfaifante. Si l’on reçoit l’eau de manioc dans des vafes pro= pres, & qu'on la laifle repofer, elle s’éclaircit ; la fécule blanche s’en fépare & fe précipite d’ellemême au fond des vafes. On décante comme inutile Peau qui furnage , & l’on verfe fur la fécule une fufifante quantité d’eau commune pour la bien laver: on lui donne encore le tems de fe précipiter, on décante de nouveau ; & après avoir réitéré cette manœuvre pendant cinq ou fix fois, on laïffe fécher la fécule à l'ombre. Cette fubftance s’appelle mouchache, mot efpagnol qui veut dire enfans ou petit , comme qui diroit le pecit du manioc. La mouchache eft d’une extrème blancheur, d’un grain fin , faifant un petit craquement lorfqw’elle eft froiflée entre les doigts, à-peu-près comme fait l’a- 49 M AN mydon , à quoi elle refflemble beauconp., On lem- ploie de la même façon ponr'empeler le linge. Les fauvages en écrafent fur les deffeins bifarres qu'ils sravent fur leurs ouvrages en bois , de façon que les hachures paroïflent blanches fur un fond noir ou brun , felon la couleur du bois qu’ils ont mis en œu- vre. On fait encore avec la mouchache d’excellens gâteaux ou efpeces de craquelins , plus legers , plus croquans & d’un bien meilleur goûr que les échau- dés ; mais dl faut beaucoup d’art pour ne pas les manquer, Prefque toutes les îles produifent une autre forte de r#anioc, que les habitans du pays nomment-ca/e- nioc ; le fuc n’en eft point dangereux comme celui du manioc ordinaire: on peut même fans aucun dan- ger en manger les racines cuites fous la cendre. Mais quoique cette efpece foit beaucoup plus belle & plus forte que les autres, on en fait peu d’ufage , érant trop long-tems à croître & produilant peu de caflave ou de farine. M, LE ROMAIN. MANIOLÆ, ( Géog. anc. îles de l'Océan orien- tal, Ptolomée qui les nomme ainfi, n’en parle que fur une tradition obfeure & pleine d'erreurs; cepen- dantil'tencontre aflezbien enmettantleur longitude à 142 degrés. Ce font lesiles Manilles on Philippines des modernes. (D, J.) MANIOLLE ou LANET ROND , f. f. terme de Pêche, Cet inftrument eft formé d’un petit cercle d'environ 18 pouces de diametre, emmanché avec perche ; l’ufage de ce filet ne peut faire aucun tort au frai du poiflon , "parce que la mamolle ne peut agir que comme une écumoire, & neiraîne point fur les fonds comme font Les bouteux & bouts: de-quievres des pêcheurs des côtes de la Manche. Les mailles des #naniolles d’Anglet, dans le reflort de l’amirauté de Bayonne, font de quatre lignes au plus en quarré. MANIPULATION, MANIPULER, ( Gramm. ) ces mots font d’ufage dans les laboratoires du diftul- lateur , du chimifte, du pharmacien, & de quelques autres artiftes, Ils s’oppofent à chéorie ;1l y a la théo- rie de l'art & la manipulation. Tel homme faità merveille les principes , & ne fauroit manipuler ; tel autre au contraire fait manipuler à merveille , & ne fauroit parler : un excellent maître réunit ces deux qualités. La manipulation eft une faculté acquife par ne longue habitude , & préparée par une adrefle naturelle d'exécuter les différentes opérations ma- nuelles de l’art. | MANIPULE , £ m. ( Hiff eccléf. ) ornement d’é- olife que les ofheians, prêtres, diacres ëc foudiacres portent au bras gauche. Il confifte èn une petite bande large de trois à quatre pouces, & configurée en petite étole , voyez d'article ETOLE. Le rranipile eft de la même étoffe, de la même couleur que la chafuble & la tunique. On prétend qu'il repréfente le mouchoir dont les prêtres dans la premiére églife effuyoient les larmes qu’ils verfoient pourles péchés du peuple, En effet, ceux qui s’en revêtent difent : teréor , domine, portare maniplumn flerus & doloris, On Pappelle én beaucoup d’endroits f#zor. Les Grecs &c les Maronites ont un waripule à chaque bras: les Evêques de l’églife latine ne prennent Île sraripule qu’au bas de l'autel , après la confeflion dés péchés : le foudiacre leur pañle au bras: Marir- plie He: dit en latin Jédarium, manuale , mappula, mouchoir. MANIPULE , ( Art militaire des Romains. ) corps d'infanterietomaine quidutéms de Romulus formoit Jafdixième partie d’une légion ; mais fous Marius la légion fut compolée de trente zanipules, & chaque ranipule contenoit plus on moins d'hommes; félon due la légion'étoit plus où moins forte, Dans une _Lémion compofée-de fix mile hommes , le wrarzpule “éteit de deux cens hommestou de deux centuries ; parce que le waripule avoit deux centufions qui fé commandoient, & dont l’un étoit comme léntenant de l’autre. Les Romains donnoient Le nom de 47 pule à cette troupe , de lenfergne qui étoit à Ja tête de ces corps: Cet enfeigne , #aripulus, confiftoit dans les commencemens en une botte d'herbe atta- chée au‘bout d’une perche, ufage qui fubffta jufqu’à ce que les Romans euflent fubititué les aigles à leur boite de foin. ( D. J.) MANIPULE , ( Medecine.) c’eft une poignée, Cette quantité fe defñgne dans les ordonnances par une M ; iuivie du chiffre qui indique le nombre des poi= enées. | MANIPULES , (Artific. ) Les Artificiers appellent ainfñ une certaine quantité de pétards de fer ou de cuivre joints enfemble parun fil:d’archal, & chargés de poudre graimée &c de bailes de moufquets , qu’on jette où l’on veut qu'ils faffent leurs effets par le moyen d’un mortier , comme les bombes & les car- cailes. Voyez BOMBE, CARCASSE, 4 MANIQUE o4 MANICLE , ( Crapelier. ) chez dif- férens artulans eflun morceau de cuir attaché à quel- ques-uns de leurs outils, dans lequel ils paffent la mainpour les tenir plus fermes. x L'arçon des chapeliers a une amièle au milieu de fa perche ; dans laquelle l’ouvrier, appellé arçon- eur, pañle fa main gauche quand il fait voguer l’é- toffe. Voyez CHAPEAU, & Les PL, du Chapelier, MANIQUE ; ( Cordonnerie. ) morceau de cuir qui enveloppe la main pour empêcher le fl de la cou- per. Voyez la fig. PL, du Cordonnier-Botriers On fait entrer le pouce de la main gauche dans le trou À, on couvre ‘enfuite le dos de la main avec la boucle de cuir que l’on ramene par le dedans pour faire en- trer le pouce dans letrou 2. | MANIS , cerme d'Agriculture. Les manis {ont des fumiers compofés en partie de pouémon: L’ufage du gouémon de coupe ou de récolte pour la culture des terres, efthbien un moindre objet pour les labou= reurs riverains de ce reflort, que le long des autres côtes de la Bretagne feptentrionale, Les terres com- mencent à devenir plus chaudes à la côte de Benit fur Saint-Brieux , cependant on ne laiffe pas de s’en fervir , mais ils'en faut de beaucoup que le goué- mon y {oit un objet confidérable , tel que fur le ref fort des amirautés de Saint-Brieux, de Morlaix & de Breft, Autrefois les feigneurs propriétaires des fiefs voifins de la mer préténdoient une exclufion dont ils ont été déboutés ; lorfque les procès ont été portés au fige de l’amirauté, les riverains des paroïfles qui s’en fervent ont été avertis de la liber= té de cette récolte dans Le tems permis, & de tout ce qui regarde l’ufage du gouémon de coupe. On doit ici obferver la finguliere différence dela maniere dont les laboureurs fe fervent de ces herbes marines pour la culture de leurs terres ; les uns aï- ment mieux le gouémon de flot, deplein, où de rapport que la marée rejette journellement àlacô- te’, le prétérent à celui de conpe ou de récolte; les autres méprifent le premier, & n’efliment , pour rendre leurs terres fécondés’, que le gouémon noit Où vif qu'ils nomment sonémon d'attache ou de pié, ils font de miême différernment ufage de ces herbes marines, Pluficurs laboureurs dans différentes pro+ vinces répandent furlés terres les souémon où va- rechs fraichement coupés ; on nouvellement ra- mafñés à la côte , quelques-uns le font fécher ‘avant de’ Je jetter fur leurs terres, ‘d’autres enfin Pamaf- fent en meulons qu'ils nomment wa21s Où mans, le laflent louvent plufeurs ‘années pourrir avant de s'en fervir , &cle mettent enfuite fur leursterres. Ceux diti‘ramaflent de ces wer1s ou fumiers ont foin de les placer toûjours dans un lieu humide , à om- bre, 62 Uans un fond où l’eau fe trouve naturelle- ment ; ment , on par la chûte des pluies; ils font ces fu miers Ou anis quarrés , longs & larges , à propor- ton de la place où ils les amaflent, & hauts de quatre à cinq piés au plus ; ils ont foin de les couper net pour empêcher qu'ils ne s’éboulent ; ils joignent au gouémon les fumiers ordinaires qu'ils font pour- tir auparavant , & des croutes, ou de la fuperficie des landes. Le gouémon le plus eftimé & de la meilleure qualité , eft celui que l’on nomme chéne de mer foit de la premiere efpece , ou le pesit chêne à poix ou & boutons ; les autres ne {ont pas fi recherchés dans de certains lieux , fur-tout le long des côtes où ces deux premieres efpeces fe trouvent en abondance : d’autres riverains, fans aucune diftinétion , fe fer- vent de toutes les efpeces d’herbes marines. Ces fortes de fumiers font excellens pour lesterres froi- des que le fel dont ceshetbes font remplies échauffe, & rend de cette maniere plus fertiles. Preéfque tous les riverains laboureurs qui fe fer- vent du gouemon pour l’engrais de leurs terres , en font la coupe dans des tems différens, Cependant en la fixant comme on l’a marqué ci-deflus , celui qu'ils choififlent le plus ordinairement y fera compris. MANITOUS , f. £. (Hifi. mod. Juperflirion.)e’eft le #om que les Alsonquins, peuple fauvage de l’Ame- rique feptentrionale, donnent à des gémes on efprits fubordonnés au Dieu de l’univers. Suivant eux, il y en a de bons & de mauvais ; chaque homme a un de ces bons génies qui veille à fa défenfe &c à fa sû- reté ; c’eftà lui qu'il a recours dans les entrepriles dificiles & dans les périls prefans.On n’acquiert en naiffant aucun droit à fes faveurs, il faut pour cela favoir manier l’arc & la fleche; &r 1l faut que chaque fauvage pafle par une efpece d'initiation , avant que de pouvoir mériter les foins de Pun des æmanitous. On commence par noircir la tête du jeune fauvage, enfuite on le fait jeûner rigoureufement pendant huit jours , afin que le gémie qui doit le pren- dre fous fa protettion fe montre à lui par des fon- ges, ce qui pent aifément arriver à un jeune hom- me fain dont l’eftomac demeure vuide; mais on fe contente des fymboles, qui font ou une pierre, ou un morceau de bois, ou un animal, &c,. parce que , felon les fanvages, il n’eft rien dans la nature qui n'ait un gémie particulier. Quand le jeune fau- Vage a connu ce qu'il doit regarder comme fon pé- mie tutélaire, on lui apprend l’hommage qu'il doit fni rendre. La cérémonie fe termine par un feftin, &z il fe pique fur quelque partie du corps la figure du zantiou qu'il a choïf, Les femmes ont aufli leurs manitous, On leur fait des.offrandes & des facrifices, qui confiftent à jetter dans les rivieres des oifeaux égorgés, du tabac, &c. on brûle les offrandes defti- nées au foleil ; quelquefois on fait des libations ac- compagnées de paroles myflérieufes. On trouve auffi des colliers de verre, du tabac, du maïz, des peaux, des animaux & fur-tout des chiens , atta- chés à des arbres & à des rochers efcarpés, pour fer- vir d’offrandes aux #7anitous qui préfident à ceslieux. Quant aux efprits malfaifans , on leur rend les mé- mes hommages , dans la vüe de détourner les maux qu'ils pourroient faire. Les Hurons défignent ces gé- - mies fous le nom d’okki/fk. MANIVELLE , {.f.( Hydr. )eft la piece la plus effentielle d’une machine. Elle eft de fer coudé, & donne le mouvement au balancier d’une pompe; il. y en a de fimples, d’autres fe replient deux fois à angles droits , & la sarivelle à tiers points fe replie trois fois. (X) MANIVELLE du gouvernailou MANUELLE , ( Ma. rine, ) c’eft la piece de bois que le timonnier tient à la main , qui fait jouer le gouvernail, Il y a une bou- Tome X, MAN pe: cle de fer qui la joint à la barre du gouvernail, ce qui fait jouer Le vouvernail, La manivelle où manuelle du gouvernail doit être a-peu-près de la longueur du tiers de la largeur du vaifleau , & avoir un pouce d'épaifleur au bout qui joint la barre par chaque deux piés qu’elle a delon- pueur ; mais elle ne doit avoir quela moitié de cette même épaifleur par ie bout d’en-haut. Voyez Plan- che IV, figure premiere , la manivelle ox manuelle : cotée 181, MAaNIVELLE #rmple, outil de charron, c’eft la moi tié d’un petit effieu de bois rond , dont un bout eft enchäflé dans une petite fleche , ce qui forme une efpece d’équerre qui fert aux Charrons pour con- duire une petite roue, en mettant la moitié dudit eflieu dans le trou du moyeu , & la pouffant avec la fleche par-tont où ils la veulent conduire, Poyez les Planches du Charron. | MANIVELLE double , outil deCharron , c’elt un petit effieu entier au milieu duquel eft enchâffé un petit timon ou fleche de bois, dont les Charrons fe fervent pour conduire deux petites roues à la fois, en faifant entrer le petit efficu dans les trous prati- qués au milieu des moyeux. Y, PL, du charron. MANIVELLES, ( Cordier. ) font des inftrumens de fer dont les Cordiers fe fervent pour tordre de gros cordages, Woyez nos Planches de Corderie, G en eft la poignée ; Æ, le conde; Z, l’axe; L,un bouton qui appuie contre la traverfe £ du chantier ; M, une clavette qui retient les fils qu'on a pañlés dans l’axe Z, On tord les fils qui font attachés À l’axe Z, en tournant la poignée G, ce qui produit le même effet que les molettes, plus lentement à la vérité; mais puifqu'on a befoin de force , il fant- perdre fur la vitefle, & y perdre d’autant plus qu'on a plus befoin de force : c’eft pourquoi on eft plus long- tems à commettre de gros cordages , où on emploie de grandes rzarivelles, qu’à en commettre de médio- cres, où il fufiit d’en avoir de petites. Foyez l’arti- cle CORDERIE. MANIVELLE, ( rmprimerie. ) Les Imprimeurs ap- pellent ainfiun anche de bois creufé, long de trois pouces & demifur cinq pouces de diametre ; dans le- quel paffe le bout de la- broche du rouleau ; elle n’a d'autre ufage que la plus grande commodité de la main de l’ouvrier. Voyez BROCHE, @ Les PL d’Im- PTLNMIETLE. MANIVELLE , en serme de fleur d’or , eft un mor- ceau de fer courbé par le milieu en zigzag , & percé quarrément par le bout qui entre dans l'arbre. MANIVELLE, ( Rwbannier. ) s'entend de tout ce qui fert à faire tourner quelque chofe que ce foit ayec lamain ; ce mor eft à préfent aflez connu pour fe pafler de toute autre explication. MANIVELLE, ( Wüsrier. ) Les Vitriers appellent manivelle dans un tire-plomb ou rouet à filer le plomb, certain manche qui, en faifant tourner l’ar- bre de deffous, fait aufi tourner celui de deflus par le moyen de fon pignon. Voyez TirE-PLOM8. MANLIANA , ( Géog. anc. ) ancienne ville de Luftanie, au pays des Wettons, felon Ptolomée , L. IT. c. v. Mariana croit que c’eft Mallen ; & Orte- hus penfe que c’eft Moztemayor : ils n’ont peut-être raïon ni l'un ni l’autre, ( D. J.) MANNE , ff. (if, nat. des drog.) la manne ordi- naire des boutiques eft un fuc concret, blanc , ou jaunâtre, tenant beaucoup de la nature du fuere &z du miel, & fe fondant dans l’eau ; ce fuc eft gras, doué d’une vertu laxative, d’un goût douceâtre , mielleux, tant-foit-peu âcre , d’une odeur foible & fade. Il fort fans incifion ou par incifion , à la maniere des 50m- mes, du tronc, des groffes branches , & des feuilles de quelques arbres , en particulier des rt cultis pe 42 M A N vés ou non cultivés, qu’on appelle orxes ; arbres qui croiflent en abondance dans la Calabre ; en Sicile, & dans la Pouille , près du mont Saint-Ange, le Gar- ganus des anciens. | Par la définition que nous venons de donnér , on voit bien qu'il s’agit 1c1 de ce fuc mielleux , dont on fait grand ufage en medecine, & qu'il ne s’agit point ni de la manne d’encens , mi de la anne célefle , m1 de la graine que l’on appelle manne, &t qui vient d’une efpece de chiendent bon à manger , nommé par C, B. P.8. Gramen Daüyloides , e[culentum. Les Grecs anciens, les Latins & les Arabes, fem- blent avoir fait mention de la manne , mais très-ob{- curément, & comme d’un miel derofée, qu’on cueil- loit , dit aflez bien Amyntas, fur des feuilles d’ar- bres. Pline parle de ce fuc mielleux avec peu de vé- rité , quoiqu'agréablement, Les Arabes n’ont guere été plus heureux dans leurs écrits fur les nuels de rofée. Enfin Angelo Palea, & Barthélemi de la Vieu- ville, francifcains, qui ont donné un commentaire fur Mefué, lan 1543, font les premiers qui ont écrit que la anne étoit un fuc épaifi du frêne, foit de l'ordinaire , foit de celui qu'on appelle /zuvage. Donat-Antoine Altomarus , medecin & plulofo- phe de Naples , qui a été fort célebre vers l’an 1558, a confirmé ce fentiment par les obfervations fui- vantes. La manne eft donc proprement, dit-il, le fuc & l’humeur des frênes &c de quelques autres arbres, que l’on recueille tous Les ans pendant plufieurs jours de fuite dans la canicule ; car ayant fait couvrir les frênes de toiles, ou d’étoffes de laine, pendant plu- fieurs jours & plufeurs nuits, enforte que la rofée ne pouvoit tomber deflus, on ne laiffa pas d’y trou- ver &c d’y recueillir de la manne pendant ce tems-là ; er cela n’auroit pù être, fi elle ne provenoit pas des arbres mêmes, 2°, Tous ceux qui recueillent la manne reconnoïf- fent qu'après l'avoir ramaflée, il en fort encore des mêmes endroits, d’oùelle découle peu-à-peu , & s’é- paiflit enfuite par la chaleur du foleil. 3°, On rapporte qu'aux troncs des frênes il s’é- leve fouvent fur l'écorce comme de petites vef- cules, ou tubercules remphs d’une liqueur blan- che , douce & épaifle , qui fe change en une excel- lente anne. 4°, Si on fait des incifions dans ces arbres , & que dans l'endroit où elles ont été faites on y trouve le même fuc épaifii & coagulé , qui ofera douter que ce ne foit Le fuc de ces arbres qui a été porté à leurs branches & à leurs tiges ? s°. Cette vérité ch encore confirmée par Île rap- port de ceux du pays , qui aflurent avoir vü de leurs propres yeux, des cigales, ou d’autres animaux qui avoient percé l'écorce de ces arbres, & en u- coient les larmes qui en découloient ; & que les ayant chañlés, il étoit forti une nouvelle #a77e par ces trous & ces ouvertures, 6°. J'ai connu (c’eft toûüjours Altomarus qui parle) des hommes dignes de créance, qui m'ont afluré qu'ils avoient coupé plufeuts fois des frênes fauva- ges pour en faire des cerceaux ; &c qu'après les avoir fendus &c les avoir expolés au foleil , ils avoient ! trouvé dans le bois même, une aflez grande quan- tité de manne. 7°. Ceux qui font du charbon ont fouvent remar- qué que la chaleur du feu fait fortir de la anne des frênes vorfins. | Le même auteur obferve que quoiqu'il vienne beaucoup de manne fur le frêne, il ne s’en trouve ja- mais fur les feuilles du frêne fauvage ; qu’il ne s'en trouve que très-rarement fur fes branches ou fur fes rejettons , & que l’on n’en recueille que fur Le tronc même , ou {ur les branches un peu groffes, La çaufe M AN de cela eft peut-être , que comme le frêne fanvage ne croît que fur des pierres , & dans des lieux arides & montueux, 1l eft } lus fec de fa nature ; c’eft pour- quoi il ne contient pas une fi grande quantité de fuc, & le fuc qu'il a n’eft point äflez foible ni affez délié pour arriver jufqu’aux feuilles & aux petites bran- ches ; de plus, cet arbre eft raboteux & plein de nœuds, de forte qu'avant que le fuc arrive jufqu’à fes feuilles & à {es petits réjettons , il eft totale- ment ablorbé entre l'écorce du tronc & les groffes branches. Altomarus ajoute que l’on recueille encore de la manne tous les ans , dés frênes qui en ont donné pen- dant trente ou quarante ans ; de forte qu’il fe trouve toûüjours des gens qui en achetent dans l’efpérance d’en tirer ce revenu annuel. Il y a aufli quelques ar- bres qui croiffent dans le même lieu, & qui iont de la même efpece , fur lefquels cependant on netrouve point de "anne, Ces ohbfervations d’Altomarus ont été confirmées par Goropius dans {on livre qui à pour titre Mi/ofco- pium, par Lobel, Pena , la Cofte, Confentin, Paul Boccone , & pluñeurs autres, qui s’en font plus ra p- portés à leurs yeux qu’à l’autorité des auteurs. La manne eft donc une efpece de gomme, qui d’a- bord eft fluide lorfqu'elle fort des différentes plantes, ëc qui enfuite s'épaiflit, & fe met en grumeaux fous la forme de {el eflentiel muüleux. On la trouve non-feulement fur les frênes , mais quelquefois auf fur le mélèfe , le pin, le fapin, le chène , le genèvrier, l’érabe, le faule, l’olivier , le figuier & plufeurs autres arbres, ÿ Elle eft de différente efpece, felon fa confiftance, fa forme , le lieu où on la recueille , & les arbres d’où elle fôrt: car l’une eft liquide & de confiftence de miel ; l’autre eft dure & en grains ; on appelle manne en grains, Celle-ci eft en grumeaux ou par pe- tites mañles , & on l’appelle z2anne en marons. Celle- là eft en larmes, ou reflemble à dés gouttes d’eau pendantes , ou à des ftala@tites, elle s’appelle alors vermiculaire ; Où bombycine. On diftingne encore la manne orientale, qui vient de la Perfe & de l'Arabie ; la manne européenne, qui croît dans la Calabre & à Briançon; la manne de cédre, de frêne, du mélèfe, Éc. la manne alhagine, & plufeurs autres. À Pégard dulieu d’où on apporte la anne, on la divife en orientale & européenne : la premiere nous eft apportée de l'Inde, de la Pérfe & de l'Arabie, & elle eft de deux fortes , la anne liquide, quia la confiftence de miel , & la anne dure. Plufieurs ont fait mention de la anne liquide, Robert Confentin & Belon rapportent qu’on l'appelle en Arabie sere- riabin , qui eft un nom fort ancien. Ils croient que c’eft le xedpsroy mens d’Hippocrate, ou le miel cédrin, &t la rofée du mont Liban, dont Galien fait mention. Belon dans fes obfervations , remarque que les moines ou les caloyers du mont Sina, ont une marne liquide qu'ils recueillent fur leurs montagnes , & qu'ils appellent auffi serexiabin , pour la difinguer de la manne dure. Garcias & Céfalpin difent que l’on trouve auf cette anne chez les Indiens , & même en Italie fur le mont Apennin ; qu’elle eft femblable au miel blanc purifñié, & fe corrompt facilement, Cette manne liquide ne differe de la z7anne dure que par fa fluidité ; car celle qui eft folide a d’abord été fluide , elle ne s’épaiflit point fi le tems eft humide ; on ne nous en fournit plus à préfent. Avicenne , Garcias & Acofta parlent encore de plufieurs efpeces de rennes dures, qu'ils n’ont pas diftinguées avec aflez de foin. Cependant on en compte particulierement trois efpeces ; favoir celle que l’on appelle anne en grains, 14774 ne tichina , parce qu'elle eft par grains très-durs, com- me les grains de maftic ; celle que l’on appelle som Éjcine, manna bombycine, qui s’eft durcie en larmes ; ou en grumeaux longs & cylindriques , femblables À des vers à foie, & qui eff par perites mafles , telle qu'étoit la marne d’Athénée , où le miel célefte des anciens , que l’on apportoit en mañfles. Telle eft au- jourd’hui la #47 que l’on apporte par grimeaux , àppellée communément manne en marons, La #ranne européenne eft de plufieurs fortes ; fa- voir, celle d'Italie ou de Calabre, celle de Sicile , & cellé de France ou de Briançon. Ces efpeces de mannes ne font point liquides. Si on confidere les arbres fur lefquels on recueille la manne, elle a encore différens noms. L'une $’ap- pelle cédrine ; c’eft celle d'Hippocrate : Galien & Belonen font mention. L'autre eft nommée anne de chêne, dont parle Théophrafte. Celle-ci manne de frêne, qui eft fort en ufage parmi nous. Celle-là manne du mélèfe, que l’on trouve dans le territoire de Briançon. Une autre manne alhagine, dont ont parlé quelques arabes & Rauwolhus. De toutes ces efpeces de mannes, nous ne faifons ufage que de celle de Calabre ou de Sicile’, que l’on recueille dans ces pays-là {ur quelques efpeces de frène. La manne de Calabre, manna Calabra, eft un fuc mielleux , qui eft tantôt en grains, tantôt en larmes, ar grumeaux , & de figure de flalaëtites , friable &c Elane , lorfqu'’il .eft récent ; 1l devient roufsâtre à la longue, fe liquéfie, & acquiert la confiftance de miel pat l'humidité de l'air ; il a Le goût du fucre avec un peu d'acreté. | La meilleure anne eft celle qui eft blanche ou jaunâtre, légere, en grains, ou par grumeaux creux ; douce , agréable au goût, & la moins mal-propre. On rejette celle qui eft grafle , mielleufe , noirâtre & fale. C’eft mal-à-propos que quelques perfonnes préferent celle dont la fubftance eft grafle & miel- leufe, & que l’on appelle pour cela manne graffe , puifque ce n’eft le plus fouvent qu'une marne gârée par l'humidité de l’air, ou bien parce que les caifles où elle a été apportée, ont été mouillées par l'eau de la mer ou par l’eau de la pluie, où de quelque autré maniere. Souvent même cette manne grafle m’eft autre chofe qu'un fue épais mélé avec le miel & un peu de fcammonée ; c’eft ce qui fait que cette manne eft mielleufe 8 purge fortement: _ On rejette aufh certaines mafñles blanches , mais opaques , dures, pefantes , qui ne font point en fta- Ja@ites. Ce n’eft que du fucre & de la manne que l’on a fait cuire enfemble, jufqu’à la confiftance d’un "éleduaite folide ; mais il eft aifé de diftinguer cette manne artificielle de celle qui eft näturelle ; car elle eft compaëte, pefante , d’un blanc opaque, &c d’un ‘goût tout différent de celui de la mare. Dans la Calabre & la Sicile, pendant les chaleurs de l'été, la manne coule d’élle-même , où par inci- ion, des branches &-des feuilles du tronc ordinaire, ‘& elle fe durcit par la chaleur du foleil, en grains ou en grumeaux. Gelle qui coule d’elle-même s’ap- pelle /ponranée : celle qui ne fort que par imcifion eft appellée par les habitans de la Calabre , forzata ou forzatella , parce qu'on ne peut lavoir qu’en faifant ‘une incifion à l’écorce de l’arbre, On appelle a77a di fronde , c'eft-à-dire manne des feuilles , celle que l’on recueille fur les feuilles; & wanna di corpo, eelle que l’on tire du tronc de l'arbre. En Calabre, la manne coule d'elle-même dans un tems ferein, depuis le 20 de Juin jufqu’à la fn de Juillet , du tronc & des grofles branches des arbres. Elle commence à couler fur le midi , & elle continue Jufqu’au foir fous la forme d’une liqueur très-claire ; elle s’épaifit enfuite peu-à-peu , & fe forme en gru- méaux, qui durciflent & deviennent blancs. On ne ‘es ramafle que le matin du lendemain , en les déta- Tome X, M AN 43 > chant avec des couteaux de bois, pourvû que letemé ait été férain pendant la nuit; car s'il furvient de la pluie ou du brouillard, la manne fe fond, & fe perd enuerement. Après que l’on a ramaffé les grumeaux on les met dans des vafes de terre non verniflés ; en: fuite on les étend fur du papier blanc, & on les ex: pole au foleil jufqu’à ce qu'ils ne s’attachent plus aux mains. C’eft là ce qu’on appelle la manne choufre du tronc de l'arbre. | Sur la fin de Juillet ; lorfqne cette liqueur ceffe de couler , les payfans font des incifons dans l'écorce des deux fortes de frêne jufqu’au corps de l’atbre : alors la même liqueur découle encore depuis De jufqu’au loir , & fe transformé en grumeaux plus gros. Quelquefois ce fuc eft fi abondant, qu’il coule jufqu’au pié de l’arbre, & y forme de grandes males qui reflemblent à de la cire ou à de la réfine, On les. y laiffe pendant un où deux jours, afin qu’elles fe durciflent ; enfuite on les coupe par petits more ceaux, & on les fait fécher au foleil. C’eft là ce qu’on appelle la manne tirée par incifion, forzata 8€ forçatella. Sa couleur n’eft pas fi blanche ; elle de: vient roufle , & fouvent même noire, à caufe des ordures & de la terre qui y font mélées. La troifieme efpece de anne et celle que l’on re- cueille fur les feuilles du frêne, & que l’on appelle marra di fronde. Au mois de Juillet & au mois d’Août, vers le midi, on la voit paroïtre d'elle-même, com: me de petites goutes d’une liqueur très-claire, fur les fibres nerveufes des grandes feuilles , & fur les veines des petites. La chaleur fait fécher ces gouttes, & elles fe changent en petits grains blancs de la groffeur du muillet, ou du froment. Quoique l’on ait fait autrefois un grand ufage de cette manne recueil. lie fur les feuilles, cependant on en trouve très-rare- ment dans les boutiques d'Italie ; à caufe de {a dif ficulté de la ramaffer. Les habitans de la Calabre mettent de la diffé- rence entre la #annetitée parincifion, des arbres qui en ont déja donné d'eux-mêmes, & de la mz2ñne tirée par incifon des frènes fauvages , qui n’en donnent jamais d'eux-mêmes. On croit que cette derniere eft bien meilleure que la premiere; de. même que la manne qui coule d’elle-même du tronc eft bien meil: leure que les autres. Quelquefois après que l’on a fait l’incifion dans l’écorce-des frênes , on y infere des pailles , des chalumeaux, des fétus, ou de pe- tites branches. Le fuc qui coule le long de ces corps s’épaifit, & forme de grofles gouttes pendantes ou ftalatites, que l’on Ôte quand elles font aflez gran- des ; on enretire la paille, & on les fait fécher au foleil ; il s'en forme des larmes très-belles, longues, creufes, légeres, comme cannelées en-dedans , blan- châtres, & tirant quelquefois fur le rouge. Quand elles font feches, on les renferme bien précieufe- ment dans des caïfles, On eftime beaucoup cette manne flalaite , $& avec rañon; car elle ne con- tient aucune ordures: On l'appelle communément chez nous , manne en larmes. Après la manne en larmes , on fait plus de cas dans nos boutiques de la manne de Calabte, & de celle qu’on recueille dans la Pouille près du mont Saint- Ange, quoiqu'elle né foit pas fort feche , & qu’elle foit un: peu jaune. On place après celle-là , la re772e de Sicile, qui eft plus blanche & plus feche. Enfin, la moins eftimée eft celle qui vient dans le territoire de Rome, appellée,la so/pha, près de Civita-vec- chia, qui eft feche, plus opaque , plus pefanté, & moins chere. | Nous avons ci-deflus nommé en paffant, la marne de Briançon : on l'appelle ainfi parce qu’elle découle près de Briançon en Dauphiné. Cette marre eft blanche, & divifée en grumeaux , tantôt de figure fphérique , tantôt de la grofleur de la coriandre , Fi F 44 M A N tantôt un peu longs & gros. Elle eft douce, agréa- ble, d’un goût de fucre un peu réfineux ; mais on en fait rarement ufage, parce qu’elle eft beaucoup moins purgative que celle d'Italie. Les feuilles du mélèfe tranfudent auffi quelque- fois dans les pays chauds une efpece de marne au fort de l'été ; mais cela n'arrive que quand l’année eft chaude & feche, & point autrement. On a bien de la peine à féparer cette efpece de marne, quand il y en a fur des feuilles du mélèfe , où elle eft forte- ment attachée. Les payfans pour la recueillir , vont le matin abattre à coups de hache , les branches de cet arbre, les mettent par monceaux , &c les gardent à l'ombre. Le fuc qui eft encore trop mou pour pou- voir être cueilli, s’épaifht, &c fe durcit dans l’ef- pace de vingt-quatre heures ; alors on le ramafñle , on l'expofe au {oleil pour qu’il fe feche entierement, & on en fépare autant que lon peut, les petites feuilles qui s’y trouvent mélées. Cette récolte eft des plus chétives. Le Ni? Enfin nous avons remarqué qu'on connoïfoit en Orient la manne alhagne : elleeftainfinommée parce qu’on la tire de larbrifleau +/hagi. Woyez ce qu'on a dit de la manne alhagine en décrivant l'arbufte, J'a- joûterai feulement que la menze alhagine ne feroit pas d’une moindre vertu que celle de Calabre , fi elle étoit ramaflée proprement, & nettoyée des or- dures & des feuilles dont elle eft chargée. Le célebre Tournefort ne doute point que cette manne orientale ne foit la même que le sereziabin de Sérapion & d’Avicenne , qui ont écrit qu'il tomboit du ciel comme une rofée, fur certains arbrifleaux chargés d’épines. En effet, l'alhagi jette de petites branches fans nombre , hériffees de toutes parts d é- pines de la longueur d’un pouce , trés-aigues, grêles & flexibles. D'ailleurs il croît abondamment en Egypte, en Arménie, en ‘Géorgie ) en Perfe fur- tout, autour du mont Ararat & d’Echatane, & dans quelques îles de PArchipel. Je finis ici cet article, qui méritoit quelque éten- due, parce que l’origine de la manne eft fort curieufe, parce que Les anciens ne l'ont point découverte, &c parce qu’enfin ce fuc concret fournit à la medecine, le meilleur purgatif lénitif qu elle connoifle, conve- nable à tout âge, en tout pays, à tout fexe, à toute confltution, & prefque en toutes fortes de mala- ies. (D. J. ARE ; Op. nat. Chim. Pharm, & mat. méd.) man où manna eft un mot hébreu , chaldaique, ara- be, grec & latin, que nous avons aufli adopté , & uiaété donné , dit Geoffroy, à quatre fortes de fubftances. Premierement à la nourriture que Dieu envoya aux Juifs dans le défert; ou plus ancienne- ment encore , à un fuc épais ; doux, &par confé- quent alimenteux, que les peuples de ces contrées connoifoient déja, & qu'ils imaginoient tomber du ciel fur les feuilles de quelques arbres. Car, lorfque cette rofée célefte fut apperçue pour la premiere fois par les Ifraélites , ils fe dirent les uns aux autres , man-hu, qui fignifie, felon Saumaile, c'eff de la man- ne. Ce peuple fe trompa cependant , en Jugeant fur cette reflemblance ; car, felon le témoignage incon- teftable de l’hiftorien facré , l'aliment que Dieu en- voya aux Ifraélites dans le défert, leur fut miracu- leufement accordé, par une proteétion toute parti- culiere de fa providence ; au lieu que le fuc miel- eux dont ils lui donnerent le nom , étoit, comme nous l'avons déja remarqué , une produélion toute naturelle de ce climat, où elle eft encore aflez com- mune aujourd’hui. y | Voilà donc déja deux fubftances différentes qu'on trouve défignées par le nom de manne. Les anciens Grecs ont donné auf très-communé- ment ce nom à une matiere fort différente de celle-ci ; M À N favoir à l’oliban ou encens d petits grains. Voyez EN« CENS. Enfin, quelques Botaniftes ont appellé manne, la graine d’un certain gramen , bon à manger, &z con- nu fous le nom de gramen daily loidesefeulentum , gra- men manne efculenium, &c. Nous ne donnons aujourd’hui le nom de anne ; qu'à une feule matiere ; favoir à un corps concret, muelleux , d’une couleur matte & terne, blanche ou jaunâtre , d’une odeur dégoûtante de drogue, qu’on ramañfle dans différentes contrées, fur l'écorce & fur les feuilles de plufieurs arbres, Le chapitre de la manne de la matiere médicale de Geoffroi, eft plein de recherches & d’érudition. Cet auteur a ramañffé tout ce que les auteurs anciens &c modernes ont écrit de la 4772. Il prouve par des pañages tirés d’Ariftote, de Théophrafte, de Diof- coride , de Galien, d'Hippocrate, d’Amynthas , de Pline, de Virgile, d'Ovide , d’Avicenne êr de Sera pion, que tous ces auteurs , grecs, latins & arabes, ont fort bien connu notre manne, fous les noms de miel, de miel de rofée, de miel céleffe , d’huile miclleu- Je, 6e. & que la plüpart ont avancé que cette ma tiere tomboit du ciel , ou de l'air. Pline, par exem- ple, met en queftion, fi fon miel en rofée eft une efpece de fueur du ciel, de falivedes aftres ,;ou une forte d’excrément de Pair. Ce préjugé fur l’origine de la manne, n’a été dé- truit que depuis environ deux fiecles. Ange Palea, &t Barthélerni de la Vieux-ville, francifcains , qui ont donné un commentaire fur Mefué en 1543, ont été les premiers qui ont écrit que la manne étoit un fuc épaifi du frêne. Donat-Antoine Altomarus , médecin & philofophe de Naples, qui a été fort cé- lebre, vers l’année 1558, a confirmé ce fentiment par des obfervations décifives , dont voici le précis. Premierement, ayant fait couvrir des frênes de toiles ou d’étoifes de laine, pendant plufieurs jours & plufeurs nuits , en forte que la rofée ne pouvoit tomber deflus, on ne laïffa pas d’y trouver & d’y recueillir de la anne pendant ce rems-là, Secondement, ceux qui recueillent la anne, re= connoïffent qu'après l'avoir ramañlée , il en fort en- core des mêmes endroits d’où elle découle peu-à= peu, & s’épaflit enfuite par la chaleur du foleil. Troifiemement , fi on fait des incifions dans ces arbres, il en découle quelquefois de la véritable II1A7T1ILE, Quatriemement, les gens du pays afurent avoir vu des cigales , on d’autres animaux, qui avoient percé l’écorce de ces arbres , & que les ayant chaf- {és , il étoit forti de la anne par le trou qu'ils y avoient fait. Cinquiemement , ceux qui font du charbon , ont fouvent remarqué que la chaleur du feu fait fortir de la manne des frênes voifins. Sixiemement , il y a dans un même lien des ar- bres qui donnent de la manne, & d’autres qui n’en donnent point. Ces obfervations d’Altomarus ont été confirmées par Goropius, dans fonlivre intitulé Ni/o/copium , par Lobel, Penna, la Cofte , Corneille Confentin , Paul Boccone & plufeurs autres naturaliftes. Ex- trait de la mat, méd, de Geoffroy. C’eft un point d’hiftoire naturelle très-décidé au- jourd’hui , que la manne n’eft autre chofe qu’un fuc végetal, de la claffe des corps muqueux, qui.décou- le ioit de lui-même , foit par incafion, de lécorce &c des feuilles de certains arbres. On la trouve principalement fur les frênes , affez communément fur les melèfes , quelquefois fur le pin, le fapin, le chêne, le genévrier , l'olivier ; on trouve fur les feuilles d'érable , même dans ce pays, une fubftance de cette nature ; le figuier four MAN nit auf quelquefois un fuc très-doux , qu'on trouvez M AN 45 en effet , elle en a toutes les propriétés ; elle donne fur fes feuilles, fous la forme de petits grains , ou? de petites gouttes defléchées. | La manne varie beaucoup en forme & en confif- tance , felon le pays où on la recueille, & les ar- bres qui la fourmiffent. Les auteursnous parlent d’une manne liquide qui eft très-rare parmi nous , ou plu- tôt qui ne s’y trouve point ; d’une wanne maflichina , d’une manne bombycine , d’une anne de cedre, man- ne alhagine, &c. On trouve encore la manne diftinguée dans les craités des drogues , par les noms des pays d’où on nous l’apporte : en warneorientale, manne de l'Inde, manne de Calabre, manne de Briançon , &c. De toutes ces efpeces de manne, nous n’em- ployons en Médecine que celle qu’on nous apporte d'Italie, & particulierement de Calabre on de Sicile. Elle naït dans ce pays fur deux différentes efpeces, ou plutôt variétés de frênes ; favoir, le petit frêne , fraxinus humilior, fêve altera Theophraffi, & le frêne à feuille ronde , fraxinus rotondiore folio. Pendant les chaleurs de l'été , la arme fort d’elle- même des branches & des feuilles de cetarbre, fous la forme d’un fuc gluant , mais liquide , qui fe dur- cit bientôt à l’air , même pendant la nuit , pourvu que le tems foit ferein ; car la récolte de la manne eft perdue , s’il furvient des pluies ou des brouil- lards, Celle-ci s'appelle manne fpontanée, La manne Jpontanee eft diflinguée en anne du tronc & des branches , d corpo, & en manne des feuilles, di fron- de. On ne nous apporte point de cette derniere qui eft très-rare, parce qu’elle eft difficile à ramañer. Les f2bitansde ces pays font auffi des incifions à l’é- corce de l'arbre , & il en découle une manne qu'ils appellent forzara ou forçatella. Cette derniere opéra- tion fe fait , dès le commencement de l’été , fur cer- tains frênes qui croiffent fur un terrein fec & pier- reux, 8 qui ne donnent jamais de la manne d’eux- mêmes ; & à la fin de Juillet , à ceux qui ont fourni jufqu'alors de la mannefpontanée. Nous avons dans nos boutiques l’une &c l’autre de ces mannes dans trois différens états. 1°. Sousla for- me de #roffes gouttes ou ftalaëites, blanchâtres, opaques, feches, caffantes ; qu’on appelle manne en larmes. On prétend que ces gouttes {e font formées au bout des pailles, ou petits bâtons que les payfans de Calabre ajuftent dans des incifions qu’ils font aux frênes. La manne en larmes eft la plus eftimée, & elle mérite la préférence , à la feule infpeétion, parce qu’elle eft la plus pure, la plus maniteftement inal- térée. % 2°. La manne en forte ou en marons, c’eft-à-dire, én petits pains formés par la réunion de plufieurs grains ou grumeaux collés enfemble ; celle-ci eft plus jaune & moins feche que la précédente ; elle eft pourtant très-bonne & trèes-bien confervée. La plü- part des apothiquaires font un triage dans les caifles de cette manne en forte ;ils en féparent les plusbeaux morceaux, qu'ils gardent à part, fouslenomde ma 7e choifie , ou qu'ils mêlent avec la manne en larmes, 3°. La manne grafle ; ainfi appellée parce qu’elle eft molle & ontueufe, elle eft auf noirâtre & {ale. C’eft très-mal-à-propos que quelques perfonnes , parmi lefquelles on pourroit compter des médecins, la préférent à la manne fêche. La manne graffe eft toÿjours une drogue gâtée par l’humidité , par la . pluie ou par l’eau de la mer , qui ont pénétré les caif- {es dans lefquelles on la apportée Elle fetrouve d’ail- leurs fouvent fourrée de miel,de caflonadecommune 6t de fcammonée en poudre; ce qui fait un remede au moins infidele , s’il n’eft pas toujours dangereux, employé dans les cas où la 7771 pure eft indiquée. Nous avons déja obfervé plus haut, que la manne devoit être rapportée à la claffe des corpsmuqueux: dans l'analyfe chimique tous les principes qui fpéci- fient ces corps. Voyez MUQUEUx. Elle contient le corps nutritif végétal. Voyez NOURRISSANT. Elle eft capable de donner du vin. Voyez Vin. La partie vraiment médicamenteufe de la menne À celle qui conftitue fa qualité purgative, paroit être un principe étranger à la fubftance principale dont elle eft formée, au corps doux. Car quoique le miel, le fucre , les fucs des fruits doux lâchent le ventre dans quelques cas & chez quelques fujets , cepen- dant ces corps ne peuvent pas être regardés comme véritablement purgatifs , au lieu que la manne eft un purgatif proprement dit, Voyez Doux. Voyez Pur- GATIF, La manne eft de tous les remedes employés dans la pratique moderne de la Médecine, celui dont l’u- fage eft le plus fréquent, fur-tout dansle traitement es maladies aiguës, parce qu’il remplit l’indica- tion qui fe préfente le plus communément dans ces cas, favoir, l’évacuation par les couloirs des in- teftins, & qu’elle la remplit efficacement , douce- ment & fans danger. Il feroit fuperflu de fpécifier les cas dans lefquels il convient de purger avec de la manne, comme tous les pharmacologiftes l'ont fait, & plus encore d'expliquer comme eux, ceux dans lefqnels on doit en redouter l’ufage. Elle réuffit parfaitement toutes les fois qu'une évacuation douce eft indiquée ; elle concourt encore affez efficacement à l’aétion des pur- gatifs irritans , elle purge mêmeles hydropiques, elle eft véritablement hydragogue , & enfin elle ne nuit jamais, que dans les cas où la purgation eft abfolu- ment contr'indiquée. On la donne quelquefois feule , à la dofe de deux onces jufqu’à trois, dans les fujets faciles à émou- voir ,; ou lorfque le corps eft difpofé à l'évacuation abdominale. On la fait fondre plus ordinairement dansune infufon de fené , dans une décoétion de ta- marins ou de plantes ameres ; on la donne auf avec la rhubarbe , avec le jalap, avec différens fels , no- tamment avec unou deux grains de tartre-émétique, dont elle détermine ordinairement laétion par les felles. On corrige aflez ordinairement fa faveur fade & douceâtre , en exprimant dans la liqueur où elle eft difloute , un jus de citron , ou en y ajoutant quel- ques grains de crême de tartre ; mais ce n’eft pas pour l’empècher de fe changer en bile , ou d’entrete- nir une cacochimie chaude & feche , felon l’idée de quelques médecins , que l’on a recours à ces addi- tions. C’eftencoreun vice imaginaire que l’on fe propofe- roit de corriger, parun moyen qui produiroitun vice très-réel , fi l’on faifoit bouillir la serre , pour l’em- pêcher de fermenter dans le corps, & pour détruire une prétendue qualité venteufe. Une diflolurion de manne acquiert par l’ébullitioh , un goût beaucoup plus mauvais que n’en auroit la même liqueur pré- parée , en faifant fondre la manne dans del’eautiede. Aufl eft-ce une loi pharmaceutique , véritablement peu obfervée , mais qu’il eft bon de ne pas négliger pour les malades délicats & difficiles , de diffoudre la anne à froid, autant qu'ileft poffible. (4) MANNE DU DESERT, ( Crisique facrée. ) quant à la figure , elle reffemble affez à celle que Moife de. peint. On obferve que la marne qui fe recueille aux environs du mont Sinaï, eft d’une odeur très-forte, que lui communique fans doute les herbes fur! lef- quelles elle tombe. Plufieurs commentateurs , &, entre autres , M. de Saumaife , croient que la anne d'Arabie eft la même dont les Hébreux fe nourrif- foient au defert, laquelle étant un aliment ordinai- re, pris feul &: dans une certaine quantité, n’avoit 46 M AN pas , coinme la manne d'Arabie, une qualité ede- cinale, qui purge & affoiblit; mais que l’effomac y étant accoutumé , elle pouvoit nourrir & fuften- ter ; & même Fufchius dit, que les payfans du mont Liban, mangent la manne qui vient dans leur pays, comme on mange ailleurs le miel ; aufi plufieurs commentateurs font dans l’idée que le miel fauva- ge, dont Jean-Baptifte fe nourrifloit fur les bords du Jourdain ; n’eft autre chofe que la #7a7ne de lO- rienf. Onine peut que difficilement fe faire une idée jufte de la manne dont Dieu nourrifloit fon peuple au deferr, voici ce que Moiïfe nous en rapporte : 1l dit (Gen. xv], Ÿ.13 »14,15.), qu'il y eut au ma- sin une couche de rofée au-tour du camp , que cette cou- che de rofée s'étant évaporée , 1 y avoit quelque chofe de menu & de rond , comme du grefil fur la terre, ce | que les enfans d’Ifrael ayant v4, ils fe dirent l’un à L'autre, qw'efl-ce ? car ils ne favoient ce que c’étoit. L'auteur facré ajoute, au ÿ. 31 du même chapitre: E1 la maifon d'Ifrael nomma ce pain manne ; 6 elle étoit comme de La femence de coriandre, blanche, 6aÿant le goût de bignets au miel Il y à fur l’origine du mot manne quatre opinions principales : elles ont chacune leurs partifans qui les foutiennent , avec ce détail de preuves & d’ar- gumens étymologiques, lefquels, comme on le fait, emportent rarement avec Eux une démonftration. La premiere, & la plus généralement fuivie par les interpretes, c’eft que le nom figmifie gu'eff-ce ? La narration de Moiïfe fortifie cette opimion ; z/s fe dirent L'un à l'autre qu’eft-ce ? car ils ne favotent ce que c’étoit, Dans l’hébreu il y a MAN-HOU, ainfi, fui- vant cette idée , la manne auroit pris fon nom de la queftion même que firent les liraélites lorfqu'ils la virent pour la premiere fois. La feconde , des favans, &, entre autres, Haf cung , prétendent que #47-hou eft compofé d’un mot égyptien & d’un mot hébreu, dont Pun fionifie 401, & l’autre cela, & que les Ifraélites appellerent ainfi l'aliment que leur préfentoit Moïfe, comme pour infulter à ce pain célefte, dontil leur avoit fait fête, man-hou , quoi cela ? La troifieme , les rabins , &c plufeurs chrétiens après eux, font venir le mot de r7anne de la raçine minach , qui fignifie préparé, parce que la anne étoit toute prête à êtré mangée , fans autre prépara- tion que de l’amafler , ou plutôt, parce que les If- raélites, en voyant cet aliment, fe dirent l’un à Pau- tre, voici ce pain qui nous a été préparé; &c ils l’appellerent manne ,.c’eft-à-dire , chofe préparée, Deig , Cris. facra, in voce manna ; pag. 127. La quatrieme , enfin le favant M. le Clerc pré- tend que le mot anne vient du mot hébreu menach, qui fignifie un don ; & que les Ifraélites , furpris de voir fe matin cette rofée extraordinaire; & enfuite de ce que leur dit Moïfe: c’eff ici le pain du ciel, s’écrierent, #7an-hou, voici le don , ou, peut-être, par une expreffion de dédain, qui étoit bien dans l'efprit &c le caractere de ce peuple indocile & grof- fier, ce petit grain qui couvre la rofée, efi-ce donc- là ce don que l'éternel nous avoit promis ? On doit , en faine philofophie, regretter le tems won met à rechercher des étymolopies , fur-tont lorfqw’elles ne répandent pas plus de jour fur le fu- jet dontil s’agit, & fur ce qui peut y a avoir du rapport ;que les diverfes idées qu’on vient d’articu- ler, ques la rranne ait reçu fon nom d'un mouve- ment, d’étonnement, de gratitude ou de dédain,, c’eft ce qu’on ne peut.décider , qu'il importe aflez peu de favoir, & qui d’ailleurs ne change rien à la nature de la chofe. | Ce qu’il y a de moins équivogne , c’eft que fur la maniere dont l’auteur façré rapporte la chofe , on M À N ne peut pds raïfonnablement douter que la manne du defert n’ait été miraculeufe , &z bien différente ; par-là-même, de la manne ordinaire d'Orient. Celle: ci ne paroît que dans certain tems de l’année ; celle du defert tomboit tous les jours, excepté le jour du fabath ; & cela pendant quarante années: car elle ne ceffa de tomber dans le camp des Ifraélites , que lorfqu'ils furent en poffefhon de ce pays, découlant de lait & de miel, qui leur fourmit en abondance des alimens d’une toute autre efpece. La anne or- dinaire ne tombe qu’en fort petite quantité, & fe forme infenfiblement ; celle du defert venoit tout- d’un-coup, & dans une fi grande abondance , qu’elle fufifoit à toute cette prodigieufe & inconcevable multitude , qui étoit à la fuite de Moife. La anne ordinaire peut fe conferver aflez long-tems , & fans préparation : celle qui fe recueil- loit dans le defert, loin de fe conferver , & de fe dureir au foleil, fe fondoit bientôt : vouloit-on la garder, elle fe pourrifloit , &c1l s’y engendroit des vers : la manne ordinaire ne fauroit nourrir, celle du defert fuftentoit les Ifraélites. Concluons de ces réflexions, &c d’un grand nom- bre d’autres, qu’on pourroit y ajouter que la marne du defert étoit miraculeufe , furnaturelle, 8x très- différente de la manne commune : c’eft fur ce pied- là que Moife veut que le peuple lenvifage, lorfqu’il lui dit (Deus, vi], V. 23.) : « Souviens-toi de tout » le chemin par lequel l’éternel , ton Dieu , ta fait » marcher pendant ces quarante ans dans ce defert, » afin de t'humulier , & de t'éprouver, pour con- » noître ce qui eft en ton cœur; fi tu gardois fes » commandemens ou non :1l t’a donc humilié, & » t’a fait avoir faim ; mais il t’a repû de anne, la- » quelle tu n’avois point connue, nites peres auf, » afin de te faire connoitre que l’homme ne vivra » pas de pain feulement ; mais que l’homme vivra « de tout ce qui fort de la bouche de Dieu. Le pain défigne tous les alimens-que fournit la na- ture ; & ce qui fort de la bouche de Dieu, fera tout ce que Dieu , par fa puiflance infinie, peut créer & produire pour nourrir & fuftenter les hu« mains d’une manière miraculeufe. Ilme femble même que l'éternel voulut faire con+ noître à fon peuple , quec’étoit bien de fa bouche que fortoit la manne , puifque les Hébreux, comme le leur repréfente leur conduéteur , virent la gloire de l'éternel , c’eft-à-dire , une lumnere plus vive, plus éclatante que celle qui les condmfoit ordinai- rement ; & ce fut du milieu de ce fymbole ex- traordinaire de fa préfence , que Dieu publia fes ordres au fujet de Paliment miraculeux. qu’il Jéur- difpenfoit; & 1l.le ft d'une maniere bien propre à les faire.obferver, Illeur ordonna 1°. de recueillir la manne chaque matin pour la journée feulement ; 2°, en recueillir chacun une mefure égale, la dixie- me partie. d'un éphu, ce qui s'appelle un Aower, c’eft-à-dire, cinq à fix livres ;, 3°..de ne jamais re- cueillir de la manne le dernier jour de la femaine qui étoit le jour du repos, dont la loi de Sinaïleur ordonnoit l’exaûte obfervation: Ces trois ordres particuliers, également juftes , raïfonnables. & faciles, fourniflent aux moraliftes une ample matiere de bien de réflexions édifiantes, & de plufieurs maximes pratiques, le tout fortifié par d’amples déclamations: contre l’ingrate indoci- lité des Hébreux. | L'envoi de la manne au defert étoit un événe- ment tropintéreffant pour n’en pas perpétuer la mé- moire dans la poftérité de cenx en faveur defquels s’étoit opéré ce grand miracle; aufli l'éternel vou- lut en conferver un monument autentique; voici ce que Moïfe dit à Aaron fur ce fujet , par l’ordre | de Dieu (Æxod. x], Ÿ. 33.) : Prends une cruches M À N mets-y un plein hower de manne, € le pofe devañi l'éternel pour être garde en vos âges. S. Paul nous apprend que cette cruche étoit d’or; &c par ces mots , étre pofée devant l'éternel, ( Hébr. 4x, 4.) 1 explique érre snif dans l'arche, ou , com- me portent d’autres verfions, 4 côté de l'arche , ce qui paroïît plus conforme à quelques endroits de E- critute qui nous apprennent qu'il n’y avoit rien dans l’arche que les tables de l'alliance ( ÆExod, xxv, 46. I. Roïs vi. 9.11. chron, Y.10.);1l faut d’ail- leurs obferver, que lorfque Moife donna cet ordre à fon frere ; l'arche n’exiftoit point , & qu’elle ne fut conftruite qu’aflez long-tems après. Au refte, le célébre M. Réland a fait de favantes & de curieufes recherches fur la figure de cette cru- che ou vafe , dans lequel étoit confervée la manne facrée. Iltire un grand parti de fa littérature , & de fa profonde connoïffance des langues, pour faire voir que ces vaies avoient deux anfes, que quel- quefois ils s’appelloient croi ; ainfi dans Athénées on lit cvouc peuovras oie, c’eft-à-dire, des ê7es remplis de vin , d'où notre favant commentateur prend occa- fion de juftifier les Hébreux de la faufle accufation de conferver dans le lieu faint la tête d’un âne en "or, & d’adorer cette idole. Voyez Reland Differra- “rio aliera de infcript, quorumdam nurmmorum Samari- ÆaTIOTHTT à ÉLCe Le livre des nombres (x. 7.) dit que la manne étoit blanche comme du bdellion. Bochart, ( Hier. part, LI. lib. V. cap.v. pag. 678. ), d’après plufeurs thalmudifies , prétend que le bdellion fignifie une perle ; à la bonne-heure, peu importe. Ceux d’entre les étymologiftes qui ont tiré le mot “manne du verbe #znrack , préparer, par la raifon, difent-ils , qu'ellen’avoit pas befoin de préparation, ont pas fait attention à ce quieft dit au verfer 8 du chap. xj. des nombres. Le peuple fe difperfoir, & la ramaffoir, puis 1l la mouloit aux meules, ou la pi- doit dans un mortier , 6 La faifoit cuire dans un chau- dron , & en faifoit des géteaux | dont le goës étroit fèm- blabie a celui d'une liqueur d'huile fraiche , ce qui, pour le dire en paflant, nous fait voir combien la anne du defert devoit être folide & dure, & toute diffé- rente , par-là-même, de la zanne d'Arabie, ou de celle de Calabre. “lat: Quant à fon goût, l’Ecriture-fainte lui en attribue deux différens : elle eft comparée à des higners faies au miel ; & dans un autre endroit , & de l'huile frai. che ; peut-être qu’elle avoit le premier de ces goûts avant que d’être pilée & apprètée , & que la pré- paration lui donnoit l’autre, Les Juifs (Schemoth Rabba, 4&, xx. , fol, 24.) expliquent ces deux goûts différens , & prétendent que Moife a voulu marquer par-là , que la zzanne étoit comme de l'huile aux enfans, comme du miel aux viellards, & comme des gâteaux aux perfonnes robuftes. Peu contens de tout cequ'ilya d’extraordinaire dans ce miraculeux événement, les rabbins ont cherché à en augmenter le merveilleux par des fuppoñtions qui ne peuvent avoir de réa- lité que dans leur imagination , toujouts poufiée à l'extrême. Ils ont dit que la manne avoit tous les goûts pofhbles ; hormis celui des porreaux ; des oignons, de l'ail, & celui des melons & concom- bres, parce que c’étoient-là les divers légumes après lefquels le cœur des Hébreux foupiroit, & qui leur faïfoient fi fort regretter la maifon de fervitude. Thalmud Joma , cap. vi. fol. 74. . [ls ont accordé à la manne tous les parfums de divers aromates dont étoit rempli le paradis terref- tre. Lib. Zoar, fol. 28. Quelques rabbins font allés plus loin ( Schemat Rabba, fe. xxy , &cc.), & n'ont pas eu honte d’aflurer que la ranre deve- noit poule, perdrix, chapon, ortolan, &c, felon MAN 4 que le fouhaitoit celui qui en mangeoit. C’eft ainf qu'ils expliquent ce que Dieu difoit à fon peuple : qu'il n'avoit marqué de rien dans le dejert, Denr, xjs 7, Neh, 1x. 21,5. Auguftin ( com. I, retraël, lib, LE, pag. 33: ), profité de cette ôpinion des dodteurs juifs, & cherche à en tirer pour la morale un mer: veilleux parti , en établiffant qu'il ny avoit qué les vrais juftes qui enflent le privilège de trouvet dans Ja anne le goût des viandes qu'ils aimoient le plus : ainf, dans le fyftême de S. Auguftin, per de Juftes en Ifraël ; car tout le peuple concut un te dégoût pour la manne, qu'il murmura, & fit, d’urt commun accord, cette plaïînte, qui eft plus dans une nature foible ; que dans une pieufe réfionation + quoi | toujours de la manne ? nôs yeux ne voient que manne, Nomb, x7, 6, Encore un mot des tabbins. Quelque ridicules que foient leurs idéés , il eft bon de les connoitré pou favoir de quoi peut être capable une imaginas 16n dévoternent échauffée, Ils ajoutent au récit dé Moife » que les monceäux de manne étoient fi hauts, & fi élevés , qu’ils étoient apperçus par les rois d’O: rient & d'Occident ; & c’eft à cette idée qu'ils ap= pliquent ce que le Pfalmifte dit au paume 2 34 Ÿ. Ga Tu drèfles ma table devant roi , à la vie de ceux qui me preffent. Thalmud Joma , foz. 763 col, is Le Hébreux, & en général les orientaux; ont pour la manne du defert une vénération particu- liere, On voit dans la bibliotheque orientale d'Hers belot > PAS. 547, que les Arabes le nomment a drax gée de la toute-puiffance. Et nous lifons dans Abenezra fur Lexode, que les Juifs jaloux du miracle de la manne, prononcent malédiétion contre ceux qui oferoient fountenir l’o: Pinion contraire. Akiba prétenidoit que la manne avoit été produité par l’épaififfement de la lumiere célefte, qui, de= venue matérielle ; étoit propre à fervir de nourri- ture à l’homme : miais Le rabbin I{maël defapprouva cette opinion, & la combattit gravement ; fondé fur ce principe , que la manne , felon l’Ecritute , eft le pain des anges. Orles anges, difoit-il, ne font pas nourtis par la lumiere, devenue matérielle $ mais par la lumiere de Dieu-même. Neft-il pas à craindre , qu’à forcé de fubtilités, on fafle de cette manne une Viande un peu Creufe ? Au tefte, le mot de manne eft employé dans di- vers ufages allégoriques, pour défigner les vérités dont fe nourrit l’efprit , qui fortifient la piété, & foutiennent l’ame. MANNE , (Vannier,) c’eft ur ouvrage de man: drerie, plus long que large, aflez profond, fans anfe , mais garni d’une poignée à chaque bout, MANNE, qu'on nomme aufi anne, & quelque: fois mannetre, {. f, ( Chapelier. ) efpece de grand panier quarré long, d’ofier ou de chataignier refendw, de la longueur & de la largeur qu’on veut ; & d’un pié ou un pié & demi de profondeur, Les marchands chapeliers & plufeurs autres fe fervent de ces mannres pour emballer leurs marchandifes ; & les chapeaux de Caudebec en Normandie ne viennent que dans ces fortes de paniers, MANNE , ( Marine.) c'eft une efpece de corbeille qui fert à divers ufages dans les vaifleaux. MANNSFELD , PIERRE DE, ( Hijf, nur.) c’eft ainfi qu'on nomme en Allemagne une efpece de fchifte ou de pierre feuilletée noiïrâtre, qui fe trouve près de la ville d’Eifleben, dans le comté de Murn/f feld, On y voit très-diftinétement des empreintes de différentes efpeces de poiflons , dont plufieurs font couverts de petits points jaunes êc brillans qui ne font que de la pyrite jaune ou cuivreufe ; d’autres font couverts de çuivre natif, Cette pierre eft uné Ad M AN vraie mine de cuivre, dont on tire ce métal avec : fuccès dans les fonderies du voifinage ; on a même trouvé que ce cuivre contenoit une portion d'ar- gent. On remarque que prefque tous les poiflons dont les empreintes font marquées fur ces pierres, font recoutbés, ce qui a fait croire à quelques auteurs que non-feulement ils avoient été enfevelis par quel- que révolution delaterre, mais encore qu'ils avoient fouffert une cuiflon de la part des feux fouter- reins. (--) 11.14. MANOA & DORADO, ( Géog.) ville imagi- naire, qu'on à fuppofé exifter dans PAmérique , fous l'équateur, au bord du lac de Parime. On a prétendu que les Péruviens échappés au fer de leurs conquérans, fe réfugierent fous l’équateur, y bâti- rent le Manoa, & y porterent Les richefles immen- fes qu'ils avoient fauvées. Les Efpagnols ont fait des efforts dès 1570, &r des dépenfes incroyables, pour trouver une ville qui avoit couvert fes toits & fes murailles de lames & de lingots d’or. Cette chimere fondée fur la foif des richefles, a coûté la vie à je ne fais combien de milliers d'hommes, en particulier à Walther Ra- “wleigh, navigateur à jamais célebre, & l’un des plus beaux efprits d'Angleterre, dont la tragique hiftoire n’eft ignorée de perfonne. On peut lire dans les Mémoires de l’academnie des Sciences, année 1745, la conjeture de M. de fa Con- damine , fur l’origine du roman de la Manoa dorée. Mais enfin cette ville fiétive a difparu de toutes les anciennes cartes, où des géographes trop crédules lavoient fait figurer autrefois , avec le lac qui rou- loit fans cefle des fables de l’or le plus pur. (2. J.) MANOBA , ou plérôt MŒNOBA, & par Stra- bon, en grec MairoBa, (Géog. anc.) ancienne ville d’Efpagne, dans la Bétique , avec une riviere de même nom. Cette riviere s'appelle préfentement Rio-Frio, & la ville Torrés, au royaume de Grenade, (2.J.) MANOBIT, f. m.(Botan exo.) fruit des Indes occi- dentales , improprement appellé piffache par les ha- bitans des îles françoifes de l’Amérique. Ces fruits font tous fufpendus aux tiges de la plante nommée atachidua, quadrifolia, villofa , flore luteo , Plum, 49. arachidnoides americana , Mém. de l'académie des Sciences , 1723. La racine de cette plante eft blanche, droite & Jongue de plus d’un pié, piquant en fond. Elle poule plufeurs tiges de huit à dix pouces de long, tout- à-fait couchées fur terre, rougeâtres, velues, quar- rées, noueufes, & divilées en quelques branches naturelles. Les feuilles dont elles font garnies font larges d’un pouce, longues d’un pouce & demi, de forme prefque ovale, oppofées deux à deux, attachées fans pédicule à des queues. Les fleurs fortent des aïfelles des queues ; elles font léguminenfes, d’un jaune rougeâtre, & foute- nues par un pédicule. L’étendard ou feuille fupé- rieure a fept ou huit lignes de largeur ; mais fes ailes ou feuilles latérales n’ont qu'une ligne de large ; il y a entre deux une petite ouverture par où l’on dé- couvre la bafe de la fleur, appellée ordinairement carina. Elle eft compofée de deux feuilles, entre lefquelles eft placé le piftl qui fort du fond du ca- lice , lequel eft formé en une efpece de cornet dentelé. Ce piftil, lorfque les fleurs commencent à pañler, fe fiche dans la terre, & y devient un fruit long & oblong, blanc-fale, tirant quelquefois fur le rougeà- tre. Ce fruit eft une efpece de goufle membraneufe, fillonnée en fa longueur, garnie entre les fillons de plufeurs petites lignes tantôt tranfverfales, tantôt M AN obliques , fufpendu dans la terre par une petite queue de fept à huit lignes de long. La longueur de ces goufies varie fouvent ; il y en a d’un pouce & demi de long, & d’autres de huit à neuf lignes. Leur grofeur eft aflez ifréguliere , les deux extrémités étant communément renflées, & le milien comme creufé en gouttiere, Le bout par où elles font atta- chées à la queue, eft ordinairement plus gros que le bout oppofé, qui fe termine fouventen uneefpece de pointe émouflée &c relevée en façon de bec crochu. Chaque gouffe eft compofée de deux cofles dont les cavités qui font inégales & garnies en-dedans d’une petite pellicule blanche, luifante & très-dé- hée , renferment un ou deux noyaux ronds & ob- longs, divifés en deux parties, & couverts d’une petite peau rougeâtre , femblable à-peu-près à celle qui couvre les amandes ou avelines, qui noircit quand le fruit vieillit ou devient fec. a Ces noyaux, lorfque la gouffe men renferme qu'un feul, font aflez réguliers , & ne reflemblent pas mal aux noyaux du gland; maislorfquwily ena deux , ils font échancrés obliquement , l’un à la tête, l’autre à la queue , aux endroits par où ils fe tou- chent. La fubftance de ces noyaux eft blanche &z oléagineufe , & Le goût en eft fade & infipide, tirant fur le fauvage , ayant quelque rapport avec le gout des pois chiches verts. J'ai donné la defcription du a70b: d’après M.. Nifole , parce que celle du P. Labat eft pleine d’er- reurs & de contes. Voyez Les Mémoires de l’Acadé- nie des Sciences, année 1723 , où vous trouverez auf la figure exaéte de cette plante, ( D. J.) MANŒUVRE, f.m, ( Archireit. ) dans un bâti- ment , eft un homme qui fert au compagnon mâçon, pour lui gâcherle plâtre, nettoyer les régles & cali- bres, à apporter fur fon échaffaut les moëllons & au- tres chofes néceffaires pour bâtir. MANGUVRE , terme dont on fe {ert dans l’art de bâtir pour fignifier le mouvement libre & aifé des ouvriers, des machines , dans un endroit ferré ou étroit pour y pouvoir travailler. MANGŒUVRE, (Peinture) fe dit d’un tableau qui eft bien empâté, où les couleurs font bien fondues, hardiment & facilement touché ; on dit la maneu- vre de ce tableau eff belle. MANGŒUVRE fe dit encore, lerfqu’on reconnoït dans un tableau que le peintre a préparé les cho- fes dans fon tableau différemment de ce qu’elles font reftées ; c’eit-à-dire, qu'il a mis du verd, du rouge, du bleu en certaines places , & qu’on n’apperçoit plus qu'un refte de chacune de ces couleurs, au tra- vers de celles qu'il a mife ou frottée deflus, On dit, le peintre a une finguliere manœuvre, MANGUVRE 6 MANGUVRES , (Marine) ces ter- mes ont dans la marine des fignifications très-éten- dues, & fort différentes. 1°, On entend par la manœuvre ; art de conduire un vaifleau , de régler fes mouvemens , & de lui faire faire toutes les évolutions néceflaires , foit pour la route, foit pour le combat. 2°, On donne le nom général de zzanœuvres à tous les cordages qui fervent à gouverner & faire agir les vergues & les voiles d’un vaiffleau , à tenir les mâts , &c. | MANGUVRE; att de foumettre le mouvement des vaifleaux à des lois, pour les diriger le plus avan: tageufement qu'il eft poflible ; toute La théorie de cet art, confifte dans la folution des fix problèmes fuivans. 1°, Trouver lPangle de la voile &c de la quille ; 2°. déterminer la derive du vaiffeau, quel- que grand que foit Pangle de la voile avec la quille; 3°. mefurer avec facilité cet angle de la derive; 4°. trouver l'angle le plus avantageux de la voile avec avec le vent, l’angle de la voile & de la quille étant donné; 5°. l'angle de la voile & dela quille donné, trouver l'angle de la voile avec la quille, le plus avantageux pour gagner au vent ; 6°. déterminer la vitefle du vaifleau , felon les angles d'incidence ‘du vent fur les voiles, felon les différentes vitefles du vent , felon les différentes voilures ; & enfin ,. fuivant les différentes dérives. La maniere de réfoudre ces fix problèmes feroit d’un trop grand détail ; il fufiit d'indiquer où lon peut les trouver , & d'ajouter un mot fur les difcuf- fions que la théorie dela anœuvre a excitées entreles fivans. Les anciens ne connoïfloient point cet art. André Doria génois , qui commandoit les galeres de France fous François I, fixa la naïflance de la manœuvre pat une pratique toute nouvelle : il con- ‘aut le premier qu'on pouvoit aller fur mer par un vent prefque oppolé à la route. En dirigeant la proue de fon vaiflean vers un air de vent, voifin de celui qui lui étoit contraire, 1l dépañloit plufeurs navires , qui bien loin d'avancer ne pouvoient que retrograder , ce qui étonna tellement les naviga- teurs de ce tems, qu'ils crurent qu'il y avoit quel- que chofe de furnaturel. M'. les chevaliers de Tour- ville, du Guay-Trouin, Bart, du Quefne poufle- rent la pratique de la #arœuvre à un point de per- fettion, dont on ne l’auroït pas cru fufceptible. Leur capacité dans cette partie de l’art de naviger, n’étoit cependant fondée que fur beaucoup de pra- tique & une grande connoïfiance de la mer. À force de tâtonnement , ces habiles marins s’étoient fait une routine , une pratique de ranæuvrer d’autant plus furprenante , qu'ils ne la devoient qu’à leur génie. Nulle régle, nul principe proprement dit ne ‘os dirigeoit, & la manœuvre w’étoit rien moins, qu'un art. Le pere Pardies jéfuite , eft le premier qui ait eflayé de la foumettre à des lois : cet effai fut adop- té par le chevalier Renau , qui, aidé d’une longue pratique à la mer, établit une théorie très-belle fur ces principes ; elle fut imprimée par ordre de Louis XIV. & reçûe du public avec un applaudiffement général. M. Huyghens attaqua ces principes & forma des objeétions, qui furent repouflées avec force par le chevalier Renau ; mais ce dernier s’étant trompé dans les principes, on reconnut l'erreur , &c les ma- rins favans virent avec douleurtomber par ce moyen une théorie qu'ils fe préparoïient de réduire en pra- tique, M. Bernoulli prit part à la difpute, reconnut quelqués méprifes dans M, Huyghens, fçut les évi- ter, & publia en 1714. ua livre intitulé, efflai d’une nouvelle théorie de la manœuvre des vaiffeaux. Les favans accueïillirent cet ouvrage, les marins le trou- verent trop profond, &c les calculs analytiques dont il étoit chargé le rendoit d’un accès trop difficile aux pilotes. M. Pitot de l’academie des fciences, travaillant fur les principes de M. Bernoulli, calcula des ta- bles d’une grande utilité pour la pratique, y ajou- ta plufieurs chofes neuves, & publia fon ouvrage en 1731, fous le titre de la rhéorie des vaiffeaux re- diite en pratique. Enfin, M. Saverien connu par plu- fieurs ouvrages , a publié en 174$ une nouvelle théorie à la portée des pilotes. MM. Bouguer & de Genfane l’ont critiquée, & 1l a répondu; c’eft dans tous ces ouvrages qu’on peut puifer la théorie de la manœuvre, que les marins auront toujours beaucoup de peine à allier avec la pratique. - MANŒUVRES , ( Marine) On appelle aïnfi en gé- néral toutes les cordes qui fervent à faire mouvoir Îles vergues & les voiles, & à tenir les mâts. On diffingue les mazœeuvres en #anœuvres coulan- Tome X, L . ne fe manœuvrent que rarement MAN 49 Zes Où coutantes, & manœuvres dormantes, Mamœuvres courantes ; font celles qui pañlent fur des poulies, comme les bras, les boulines y Étci &E qui fervent à manœuvrer le vaifleau à tout moment, Manœuvres dormantes ; {ônt les cordages fixes, comme | itaque , les haubans , les galoubans, les étais, &c, quine pañlent pas par des poulies , ou qui Manœuvres d queue de rat qui vont en diminuant & qui par conféquent font moins garnies de cordon vers le bout , que dans toute leur longueur. Manœuvres en bande, manœuvres qui n'étant nf tenues , ni amarées , ne travaillent pas. Manœuvres majors, ce font les gros cordages, tels que les cables, les hauflieres , les étais , les grelins de. Le ? Manœuvres palfées à contre , manœuvres qui font paflées de larrière du vaiflean à l'avant, comme celle du mât d’artimon, Mañnœuvres pallées à tour, manœuvres paflées de l'avant du vaifleau à l'arriere, comme les cordages du grand mât & ceux des mâts de beaupré & de mifaine. Voyez PI, I. de la Marine , le déflein d’un vaïfleau du premier rang avec fes mâts, veroues & cordages , Ge, À MANŒUVRE , ( Marine.) c’eft le fervice des ma- telots, & lufage que l’on fait de tous les cordages pour faire mouvoir le vaifleau. Manœuvre balle, manœuvre qu’on peut faire de deflus le pont. Manœuvre haute, qui fe fait de deflus les hunes les vergues & les cordages. 1 Mancœuvre groffe, cet le travail qu’on fait pour embarquer les cables & les canons, & pour mettre: les ancres à leur place. Manœuvre hardie ; manœuvre périlleufe & dif- cile, Manœuvre fine , c’eft une manœuvre prompte & délicate, . Marœuvre tortue, c’eft une mauvaife manœuvre. MANŒUVRER, c’eft travailler aux manœuvres, les gouverner , & faire agir les vergues & les voi= les d’un vaifleau , pour faire une manœuvre. MANŒUVRIER , (Marine) c’eft un homme qui fait la Zaenœuvre: on dit, cet officier eft un bon mas næuvrier. MaNŒUVRIER ox MANOUVRIER , f. m, (Comm.) compagnon, artifan , homme de peine & de jour- née , qui gagne fa vie du travail de fes mains. Le manouvrier eft différent du crocheteur & gagne-de nier, MANOIR , f. m. (Jurifp.) dans les coutumes fi gnihe zzaifon. Le manoir féodal ou feigneurial , eft la maïfon du fergneur; le principal manoir eftla prin- cipale maïfon tenue en fief, que l’aîné a droit de prendre par préciput avec les accints & préclôtu- res, & le vol du chapon ; quand il n’y a point de maifon , 1l a droit de prendre un arpent de terre te. nu en fief pour lui tenir lieu du principal manoir, Count. de Paris, arr, 12 @ 18. Voyez Figr, PRÉCI- PUT, VOL DU CHAPON. (4) | MANOMETRE , {. m. Pr ) inftrument qui a été imaginé pour montrer ou pour melurer les al- térations qui fur viennent de la rareté ou de la denfité de l’air, voyez ATR. _Ce mot eft formé desmots grecs waves, rare » 8e HaArpor, AMEJuTe, &c. Le ranometre differe du barometre en ce que ce dernier ne mefure que le poids de latmofphere ou de la colonne d'air qui eft au-deflus, au lien que le pres imer mefure en même tems la denfité de l’air dans lequel il fe trouve ; denfité qui ne dépend pas feule- ment du poids de l’atmofphere, mais encore de l'adion du chaud & du froid, 6, Quoi qu'il en{oit, G . So M AN plufieurs auteurs confondent affez généralement le manometre avec le barometre , & M. Boyle lui-même nous a donné un vrai #7anometre fous le nom de ba- rormetre ffatique. | Cet inftrument confifte en une boule de verre Æ, fig. 12. pneum. très-peu épaifle & d’un grand volume qui eft en équilibre avec un très-petit poids , par Le moyen d’une balance ; 1l faut avoir foin que la ba- lance foit fort fenfble, afin que le moindre change- ment dans le pois Æ la fafle trébucher ; & pour ju- * ger de ce trébuchement , on adapte à la balance une portion de cercle 4 DC. Il eft évidentque quand l'air deviendra moins denfe & moins pefant, le poids dela boule £ augmentera, & au contraire : de forte que cette boule l’emportera fur le poids ou le poids fur elle. Voyez BAROMETTE. Dansles mémoires de l'académie de 1705 , on trouve un mémoire de M. Varignon, dans lequel ce géome- tre donne la defcription d’un szanometre de fon inven- tion , & un calcul algébrique par le moyen duquel on peut connoître les propriétés de cet inftrument. O ( MANOSQUE , Manofca, ( Géog.) ville de France en Provence fur la Durance, dans la viguerie de Forcalquier , avec une commanderie de l’ordre de Malthe. Elle eft dans un pays très-beau & très-fer- tile , à 4 lieues S. de Forcalquier, 154S.E. de Paris. Long. 23.30. lat. 43. 52. Dufour (Philippe Sylveftre) , marchand droguifte à Lyon, mais au-deflus de fon état par fesonvrages, étoit de Manofque. Il mourut dans le pays de Vaud en 1685 , à 63 ans. MANOTCOUSIBI, (Géogr.) riviere de l’Améri- que feptentrionale , au 59 degré de latitude nord , dans la baie de Hudfon. Les Danois la découvrirent . en 1668; on l’appellé encore la riviere danoife , & les Anælois la nomment Churchill, (D. J.) MANQUER , v. a. ( Gram. ) il a un grand nom- bre d’acceptions. Voyez-en quelques-unes dans les articles fuivans. | MANQUER , ( Comm.) fignifie faire banqueroute , faire faillite. Voyez BANQUEROUTE & FAILLITE. On voit fouvent manquer de gros négocians & des banquiers accrédités, foit par leur mauvaife con- duite , foit par la faute de leurs correfpondans. MANQUER ez Marine fe dit d’une manœuvre qui a largué , ou lâché , ou qui s’eft rompue. MANQUER , ez Jardinage , fe dit d’un jardin qui manque d’eau, de fumier: les fruits ont marque cette année. MANRESE, (Géog.) en latin Minoriffa, ancienne petite ville d'Efpagne dans la Catalogne, au con- fluent du Cordonéro & du Lobrégat, à 9 lieues N. ©. deBarcelone, 6 S.E. de Cardonne. Long. 19.30. lat, 41. 30. MANS , LE, ( Géogr.) ancienne ville de France fur la Sarte , capitale de la province du Maine. C’eft la même que la table de Peutinger appelle Szixdï- num, Dans les notices des villes de la Gaule elle eft nommée civisas Cenomanorum., Sous le regne de Char- lemagne c’étoit une des plus grandes &c des riches villes du royaume; les tems l’ont bien changé. Pref- que dans chaque fiecle elle a éprouvé desincurfions, des fiéges , des incendies, & autres malheurs fem- blables , dont elle ne fauroit fe relever. Elle contient à peine aujourd’hui neuf ou dix mille ames. Son évé- que fe dit le premier fuffragant de l’archevêché de Tours, mais cette prétention lui eft fort conteftée. Son évêché vaut environ 17000 livres de revenu. Le Mans eft fur une colline , à 8 lieues N. O: d’A- lençon, 17 N. O. de Tours, 19 N. E. d'Angers, 30 N.E. d'Orléans, 48 S. O. de Paris. Longir, felon . Caffini, 17. 367. 30!!. lat. 47. 58. (D. J.) MANSART , ( Hifi, nat.) voyez RAMIER. MAN MaxsARD , f. m. ( Docimall. ) on appelle ainfi dans les fonderies un inftrument avec lequel on prend les effais du cuivre noir, & qui eftune verge de fer au bout de laquelle eft une efpece de cifeau d’acier poli. Dans chaque percée de la fonte, aufli-tôt que la matte eft enlevée, on trempe un pareil inftrument , le cui- vré noir s'attache à l’acier poli, & on l’en fépare pour l’ufage. Tiré du fchlutter de M. Hélot. MANSARDE , f. f. verme d’Archireüture, On nom- me ainfi la partie de comble brifé qui eft prefque à- plomb depuis l’égoût jufqu’à la panne de brefée , où elle joint le vrai comble. On y pratique ordinaire- ment des croifées. On doit l'invention de ces fortes de combles à François Manfard , célebre architeéte. MANSEBDARS, f. m. ( Hifloire mod. )nomqu’on donne dans le Mogol à un corps de cavalerie qui compofe la garde de l’empereur, & dont les foldats font marqués au front. On les appelle ainfi du mot manfeb , qui fignifie une paye plus confidérable que celle des autres cavaliers. En effet, 1l y a tel manfeb- dar qui a jufqu’à 750 roupies du premier titre de paye par an, ce qui revient à 1075 livres de notre monnoie. C’eft du corps des zranfebdars qu'on tre ordinairement les omrhas ou officiers généraux. Voyez OMRHAS. (G) | MANSFELD , Mansfeldia , ( Géogr. ) petite ville de même nom, avec titre de comté. Elle eft à 14 lieues S. O. de Magdebourg , 18 N. E. d’Erfort, 19 S. O. de Wirtemberg. Long. 29. 30. lat, 51. 35. Vigand (Jean), favant théologien , difciple de Mélan&hon , a illuftré Mansfeld fa patrie, en y re- cevant le jour. Il eft connu par plufeurs ouvrages _ eftimés, & pour avoir travaillé avecFlaccusIllyricus aux centuries de Magdebourg. Il décéda en 1587, à 64 ans. ( D. J.) MANSFENY , f. m, (Hi/ff. nar.) oïfeau de proie d’A- mérique ; il reffemble beaucoup à Paigle ; il n’eft guere plus gros qu'un faucon , maïs 1l a les ongles deux fois plus longs & plus forts. Quoiqw’il foit bien armé, il n’attaque que les oïfeaux qui n’ont point de défenfe , comme les grives , les alouettes de mer , les ramiers, lés tourterelles, &c. Il vit auffi de fer- , pens & de petits lézards. La chair de cet oïfeau efb un peu noire & de très-bon goût. ÆJf, gen. des An | silles , par lé P, du Tertre MANS-JA , f. m. ( Commerce. ) poids dont on fe | fert en quelques lieux de la Perfe, particulierement dans le Servan & aux environs de Tauris. Il pefe douze livres un peu léveres. Diéfionnaire de Com= merce, ( G) MANSION , f. f. (Géogr.) Ce mot doit être em- _ ployé dansla géographie de l'Empire romain lorfqu’il | s'agit de grandes routes. C’eftun terme latin, mano, . lequel fignifie proprement demeure, féjour , & même fes autres acceptions font toutes relatives à cette | fignification. 1°, Quand lesRomains's’arrétoient un petit nom bre de jours pour laïffer repofer les troupes dans des camps , Ces camps étoient nommés manfionts : mais s'ils y pafloient un tems plus confidérable , ils s’ap- pelioient ffariva caftra. | 2°, Les lieux marqués fur les grandes routes, où les légions , les recrues, les généraux avec leur fuite, lesempereurs mêmes trouvoient tous leurs befoins préparés d'avance, foit dans les magafins publics foit par d’autres difpofitions , fe nommoïent wanfo- nes. C’étoit dans une rranfion , entre Héraclée & Conftantinople , qu’Aurelien fut affafliné par deux de fes gens. Ces ranfions étoient proprement affec- tées à la commodité des troupes ou des perfonnes _ revêtues de charges publiques , & on leur fournif- {oit tout des deniers de l’état. Celui qui avoit l’in- tendance d’une manfion fe nommoit #anceps ou ffa- | ÉONArIUS, .M' AIN 3°. Il y avoit outre cela des wz2/0ns on pîtes pour les particuliers qui voyageoient | & où ils étoient regus en payant les frais de leur dépenfe : C’étoient proprement des auberges. C’eft de ce mot de ran/o , dégénéré en mafto, que nos ancêtres ont formé le-mot de aifor. 4°. Comme la journée du voyageur finifoit-au gite on à lamanfon, de-là vint lufage de compter les diftances pañmanffons, c’eft-à-dire par journées de chemin. Pline dit mezfonihus éélo flat regio tkuri- fera à monteexcelfo. Les Grecs ont rendu le mot de #nanfion pat celui de flathmos, craduoc, (D. J.) MANSIONNAIRE, {. m.( Æif, eccléf. )- officier eccléfiaftique dans les premiers fiecles , fur la fonc- tion duquel les critiques font fort partagés. Les Grecs les nommoient wapauorapros: c’eft fous ce nom qu'onles trouve diftingués des économes & des défenfeurs dans le deuxieme canon du concile de Chalcédoine, Denis le Petit, dans fa verfion des canons de ce concile , rend ce mot par celui de rar fonarius ; qu’on trouve aufñi employé par fainr Gré- goire dans fes dialogues , liv, I, & III. Quelques-uns penfent que l'office de anffonnaire étoit le même que celui du portier , parce que faint Grégoire appelle abundius le manfionnaire, le gardien de l'églife , cuflodem ecclefæ ; mais le même pape dans un autre endroit remarque.que la fonction du manffonnaire étoit d’avoir foin du luminaire & d’al- lumer les lampes & les cierges , ce qui reviendroit à-peu-près à l'office de nos acolytes d’aujourd’hui. Juftel & Beveresius prérendent que ces manfonnai- res étoient des laics & des fermiers qui faifoient va- loir les biens des églifes ; c’eft aufli le fentiment de Cujas , de Godefroi, de Suicer & de Voflius. Bing- ham, orig. ecclef. rom. II. Lib. IT. c. xüj. S.1.(G) MANSIONILE , (Géog.) terme de la latinité bar- bare , employé pour fignifier un champ accompagné d’une maïfon, pour y loger le laboureur. On a dit également dans la baffe latinité anfonile , manfio- nilis, manfoniilum , manfile , mafnile, mefnillum ; de ces mots onena faiten françois Maifnil ; Mefnil, Ménil : de-là vient encore le nom propre de Méril & celui de du Mefnil. Il y a encore plufeurs terres dans le royaume qui portent le nom de Blanc - Ménil ; Grand-Menil, Perit-Ménil, Ménil-Piquer, &c. MOn voit par d'anciennes chroniques qu’on mettoit une grande différence entre manjftonile & villa. Le premier étoit une maifon détachée & feule , comme on en voit dans les campagnes , au lieu que vi//a fi- gnifoit alors tout un village. (D. J.) MANSOURE ox MASSOURE, ( Géogr. ) forte ville d'Egypte qui renferme plufieurs belles mof- quées ; c’eft la réfidence du cafcief de Dékalie. Elle eit fur le bord oriental du Nil, près de Damiete, C'eft dans fon voifinage qu’en 1249 fe livra le com- bat entre l’armée des Sarrafins & celle de S, Louis, qui fut fuivie de la prife de ce prince & de la perte de Damuete. Long. 49. 33, lar. 27. (D. J. MANSTUPRATION 04 MANUSTUPR ATION-: (Médec. Parhol.) Ce nom & fes fynonymes maffu- Pration & maflurtion, {ont coimpotés de deux mots latins anus, qui fignifie main, &c flupratio où fh:prum, violement, pollution. Ainfi fuivant leur étymologie, ils défignent une pollution opérée par la main, c’ett-à- dire, une excrétion forcée de femence determinée par des attouchemens, titillations & frottemens im- propres. Un auteur anglois l’a auf défignée fous le titre d’orania dérivé d'Onam, nom d’un des fils de Juda, dont il eft fait mention dans l’ancien T'efta- ment (Genef. cap. xxxvüy, verf. ix. 6 x.) dans une efpece de traité ou plutôt une bifarre colle&tion d’obfervations de Médecine, de réflexions morales, & de décifions théologiques fur cette matiere.M.Tif {ot s’eft auf {ervi, à fon imitation, du mot d’ezx- Tome X, | / M AN si Aifme dans la tradudion d’üne excellente differtas HOn qu'ilavoit compolée fur les maladies qui {ont une fuite! de la manu/tupration, & dont noris avons tiré beaucoup pour cet article. . De toutes les humeurs qui font dans notre Cofps, il n’y en a point qui foit préparée avec tant de dé penfe & de foin que la femence, humeut précieunfe " lource & matiere de la vie. Toutes les parties con- courent à fa formation ; & elle n’eft qu'un extrait digéré du fnc noufricier , ainfi qu'Hippocrate *&r quelques anciens l’avoient penfé, & comme noûsg Vavons prouvé dans une thefe fur la génération foutenue aux écoles de Médecine de Montpellier, Voyez SEMENCE, Toutes les parties concourent auf à fon excrétion, & elles s’en reffenterit après par une efpece de foibleffe, de lafitude & dan xiété. Il eft cependant un tems où cette excrétion eft permife, où elle eft utile, POur ne pas dite néceflaire. Ce temps eft marqué par la nature, annoncé pat l'éruption plus abondante des poils,par ’accroiflement {ubit & le gonflemerit des parties génitales, par des éreétions fréquentes ; l’homme alors brûle de répandre cette liqueur abondante qui diftend & irrite les véfcules {éminales. L’humeur fournie par les glandes odoriférantes entre le pré- puce & le gland, qui s’y ramafle pendant une inac- tion trop longue, s’y altere, devient âcre, flimu- lante, fert aufñ d’aiguillon ou de motif. La {eule façon de vuider la femence fuperflue qui foit felon les vües de la nature, eft celle qu'elle à établie dans le commerce & l’union avec la femme dans qui læ puberté.eft plus précoce, les defirs d’ordinaire plus violens , & leur contrainte plus funefte ; & qu'elle a confacrée pour l’y engager davantage par les plai_ firs les plus délicieux, À cette excrétion naturelle &t légitime, on pourroit auf ajouter celle que proh voquent pendant le fommeil aux célibataires des fonges voluptueux qui luppléent ésalement & quel quefois même furpañlent la réalité. Maloré ces ages précautions de la nature, on a vû dans les tems les plus reculés, fe répandre & prévaloir une infame coutume née dans le fein de l’indolence-& de l’oif- veté, mulupliée enfuite & fortifiée de plus en plus par la crainte de ce venin fubtil & COntagieux qu£ ie communique par ce commerce naturel dans les momens les plus doux. L'homme & la femme ont rompu les hens de la fociété; & ces deux fexes également coupables, ont tâché d’imiter ces mêmes plaufirs auxquels ils fe refufoient, & y ont fait fer- vir d'inftrumens leurs criminelles mains ; chacun fe fufhfant par-là, ils ont pu fe pañler mutuellement, l'un de l’autre. Ces plaifirs forcés, foibles images des premiers, font cependant devenusune pañfion aux a été d’autant plus funefte, que par la commodité de l’aflouvir, elle a eu plus fouvent fon effet. Nous ne la confidérerons ici qu’en qualité de médecin, comme caufe d’une infinité de maladies très-ora ves, le plus fouvent mortelles, Laiffant aux AE logiens le foin de décider & de faire connoître l’énormité du crime en la faifant envifager fous ce point de vûe, en préfentant l’affreux tableau de tous les accidens qu’elle entraîne , nous croyons pouvoir en détourner plus. efficacement. C’eit en ce fens que nous difons que la manuflupration qui n'eft point fréquente, qui n’eft pas excitée par une imagination bouillante & voluptueufe, & qui n'eft enfin déterminée que par le befoin, n’eft fui. vie d'aucun accident, & n’eft point un mal (en Mé- decine.) Bien plus, les anciens, juges trop peu féve. res & {crupuleux, penfoient que lorfq#on la conte- noit dans ces bornes, on ne violoit pas les fois de la continence. Aufi Galien ne fait pas difficulté d'avancer que cet infame cynique (Diogene) qui avoit l'impudence de recourir à cette honteufé pres G à 52 M A N tique en:préfence des. Athéniens, étoit très-chaîte , quoad continentiam pertinet conffantiffimamz parce que; pourfuit-il, il ne le faifoit que pour éviter es inconvéniens que peut entrainer la femenceretenue. Mais il eft rare qu'on ne tombe pas dans l’exces. La pafion emporte : plus on s’ylivre, &plusion y eft porté ; & en-y fuccombant, on ne fait que d'ir- riter. L’efprit contiuellement abforbé dans despen- fées voluptueufes , détermine fans cefe les -efprits animaux à fe porter aux parties de la génération, qui,parles attouchemensrépétés, font devenues plus mobiles, plus obéiffantes au déréglement de l'ima- gination : de-là les éretions prefque continuelles , les pollutions fréquentes, & lévacuation exceffive de femence. C’eft cette excrétion immodérée qui eft la fource d’une infinité de maladies : 1 n’eft perfonne quun'ait éprouvé combien, lorsmême qu’elle n’eft pas pouf- fée trop loin, elle afloiblit, & quelle langueur , quel dérangement , quel trouble fwuvent l’aéte vénérien un peu trop sénere : les nerfs font les parties qui femblent principalement afeftées, & les maladies nerveufes {ont les fuites les plus fréquentes de cette évacuation trop abondante. Si nous confidérons la compofñtion de la femence &t le méchanifme de fon excrétion, nous ferons peu furpris de la voir deve- nir la fource & la caufe de,cette infinité de ma- ladies queles médecins obfervateurs nous ont tranf- mis. Celles qui commencent les premieres à fe déve- lopper, font un abatement de forces , foibleffes, lafitudes fpontanées , langueur d’eftomac , engour- diflement du corps & de lefprit, maigreur, 6. 8i le malade nullement effrayé par ces fymptomes, perfifte à en renouveller la caufe , tous ces acci- dens augmentent; la phthifie dorfale furvient; une fievre lente fe déclare; le fommeil eft court , inter- rompu , troublé par des fonges.effrayans ; les digef- tions fe dérangent totalement ; la maigreur dégé- nere en marafme ; la foiblefle devient extrème; tous les fens, & principalement la vùe, s’émouf- fent;, les yeux s’enfoncert, s’obfcurciflent , quel- quefois même perdent tont-à-fait la clarté ; le vifage eft couvert d’une pâleur mortelle ; le front parfemé de boutons; la tête eft tourmentée de douleurs af- freufes ; une goutte cruelle occupe les articulations; tout le corps quelquefois fouffre d’un rhumatifme univerfel, &z fur-tout le dos & les reins qui fem- blent moulus de coups de bâton. Les parties de la génération, inftrumens des plaïfirs & du crime, {ont le plus fouvent attaquées par un priapifme douloureux, par des tumeurs, par des ardeurs d’u- rine, ftrangurie, le plus {ouvent parune sonorrhée habituelle, ou par un flux de femence au moindre effort : ce qui acheve encore d’épuifer le malade. Par và une perfonne qui a à ia fuite des débau- ches outrées ,étoit tombée dans une fievre lente ; & toutes Les nuits elle effuyoit deux ou trois pollutions noëturnes involontaires. Lorfque la femence for- toit, 1l lui fembloit qu’un trait de flamme lui dé- voroit l’urethre. Tous ces dérangemens du corps influent auf fur l’imagination , qui ayant eu da plus grande part au crime, eft auffi cruellement punie par les remords, la crainte, le defefpoir, & fouvent elle s’appefantir. Les idées s’obfcurciflent; la mémoire s’affoiblit : la perte on la diminution de la mémoire eft un accident des plus ordinaires. Je fens bien , écrivoit mn mafluprateur pénitent à M. Tilot, que certe mauvaife manœuvre m'a dimi- nué la force des facultés, 6 fur-tout la mémoire. Quel- quefois lestalades tombent dans une heureufe ftu- pidiré : ils deviennent hébètés , infenfbles à tous les maux qui les accablent. D’autres fois au contraire, tout.le corps eft extraordinairement mobile, d’une fenfibiné exquife; la moindre caufe excite des dou- M AN leurs aiguës, occafonne des fpafmes, des: mouve- mens convulfifs ;-quelques malades font devenus par cette caufe, paralytiques, hwdropiques ; plu- -dieurs font tombés dans des accès démame, de “mélancolie , d’'hypocondriacité , d’épilepfe, On a vü dans quelques-uns la mort précipitée par des at- taques d’apoplexie, par des gangrenes fpontanées : -ces derniers accidens font plus ordinaires aux vieil- lards hbertins qui fe livrent fans mefure à des plai- frs qui ne font plus de leur âge. On voitpar-là qu'il n’y a point de maladie grave qu’on n'ait quelque- fois obfervé fuivre une évacuation exceffive de femence ; mais bien plus, les maladies aiguës qui furviennent dans ces circonftances font toujours plus dangereufes, & acquierent par-là untcaraétere de malignité, comme Hippocrate Pa obfervé (epi- dem, lib. III. Je, 3, ægr. 16.) H femble qu’on ne fauroit rien ajouter au déplorable état où fe trou- vent réduits ces malades : mais Phorreur de leur fituation eft encore augmentée par le fouvenir defefpérant des plaifirs pañlés, des fautes., des im prudences, & du crime. Sans reflource du côté de la Morale pour tranquillifer leur efprit ne pou- vant pour l'ordinaire recevoir de la Médecine au- cun foulagement pour le corps, ils appellent à leur fecours la mort, trop lente à fe rendre à leurs fon- hauts; ils la fouhaitent comme le feul afyls à leurs maux, &c ils meurent enfin dans toutes les horreurs d'un affreux defefpoir. Foutes ces maladies dépendantes principalement de l'évacuation exceflive de femence, regardent prefqu'également le coit & la manuffrupration; mais l’obfervation fait voir que les accidens qu’entraîne cette excrétion ilégitime font bien plus graves & plus prompts que ceux qui fuivent les plaïirs trop réitérés d’un commerce naturel : à l’obfervation incontettable nous pouvons joindre les raifons fui- vantes. 1°. C’eft un axiome de Sanétorius, confirmé par l'expérience , que l’excrétion de la femence déter- minée par la nature, c'eft-à-dire par la plénitude & lirritauion locale des véficules féminales, loin d’affoiblir le corps, ie rend plus agile, 6z qu'au con- traire « celle qui eft excitée par l’imagination, la » bleffe, ainfi que la mémoire », 4 mente, mentem & memoriars ledir. (fe. WI. aphor. 351) c’efliite qui arrive dans la #anu/ffupration, Les idées ob{cè- nes, toujours préfentes à l’efprit, occañonnent les éreétions, fans que la femence ÿ concoure par fa quantité ou fon mouvement. Les efforts que l'on fait pour en provoquer l’excrétion, font plus grands, durent plus long tems, & en conféquence affoiblif- fent davanrage. Mais ce qu’il y a de plus horrible, c'eft qu'on voit des jeunes perfonnes fe livrer à cette paflion, avant d’être parvenues à l’âgé fixé par la nature, où l’excrétion de la femence devient un befoin ; ils n’ont d’autre aiguilloa que ceux d’une imagination échauffée par des mauvais exem- ples, ou par des leétures obfcènes ; ils tâchent, inf truits par des compagnons féduéteurs, à force de chatouillemens, d’exciter une foible ére@tion, & de fe procurer des plaifirs qu’on leur à exagérés, Mais ils fe tourmentent en vain, n’éjaculant rien, ou que très-peu de chofe, fans reffentir cette volupté pre quante qui aflaifonne les plaifirs légitimes. Ils par- viennent cependant par-là à ruiner leur fanté, à affo1blir leur tempérament, & à fe préparer une vie lanpuiffante 8: une fuite d’incommodités. 2°, Le plaifir vif qu'on éprouve dans les embraffe: mens d’une femme qu'on aime, contribue à réparer les pertes qu'on a fait & à diminuer la foibielfe qui devroit en réfulter. La joieeft, comme perfonnen’i- gnore, très-propre à réveiller, à ranimerles efprits animaux engourdis, à redonner du ton & de la for ee au cœrm:après qu'on a fatisfait en particulier à Pinfamepafion dontil eft ici queftion, on refte foi- ble ; anéanti, 8 dans une trifte confufion qui aug- mente encore la foiblefles Sanétorius, exaët:obfer- vateur de tous dés changemens opérés dans la ma- chine ,'aflurerque «l'évacuation mème immodérée » de fementce dans le commerce avec une femme » qu'on a défiré paflionnément , n’eft point fivie » deslaflitudesiordinaires ; la:confolation de l’efprit » aide alors la tranfpiration du cœur, augmente fa # force! & donne lieu par-là à une prompte répara: » ton des pertes que l’ontvient dé faire »#, Secé, vy, aphor 6. C’eftce qui'a fait dire à l’auteur du sablean de l'amour conjugal, que le commerce avec une jo- lie femme affoiblifloit moins qu'avec une autre. 3°. La manuffripation étant devenue , comme il arrive ordinairement , pañlion ou fureur, tous les objets-obfcènes:, voluptuenx, qui peuventlentre- tenir &c qui lui font analogues, fe préfentent fans cefle à l’efprit qui s’abforbertout entier dans cette idée, il s’en repait jufque dans les affaires les plus férieufes | & pendant les pratiques de religion ; on ne fauroit croire à quel point cette attention à un feul'objet énerve & afloiblit. D'ailleurs les mains obéiffant aux impreflions del’efprit fe portent habi- tuellement aux parties génitales, ces deux caufes rendent les éreétions prefque continuelles; il n’eft pas douteux que cet état desparties de la génération n'entraîne la difipatuon des efprits animaux ; ül éft conftant que ces érettions continuelles, quand mé- me elles ne feroient pas fuivies de lévacuatiôn de femence , épuifent confidérablement : j’ai connu un jeune homme qui ayant pañlé toute une nuit à côté d’une femme fans qu’elle voulût fe prêter à fes de- firs, refta pendant plufieurs jours extraordinaire- ment affoibli des fimples efforts qu'il avoit fait pour en venir à bout. . 4°. On peut tirer encore une nouvelle raifon de l'attitude & de la fituation gênée des maftrupateurs dans le tems qu'ils aflouviflent leur paflion, quine contribue pas peu à la foibleffe qui en réfulte & qui peut même avoir d’autresinconvéniens , comime 1l paroît par une obfervation curieufe que M. Tifot rapporte d’un jeune homme qui, donnant dans une débauche effrénée fans choix des perfonnes, des lieux ê des poftures , fatisfaifoit fes defirs peu déli- cats fouvent tout droit dans des carrefours, fut at- taqué d’un rhumatifme cruel aux reins & d’unéatro- phie, 8 demi-paralyfe aux cuifles & aux jambes , quile mirent au tombeau dans quelanes mois. Pour donner un nouveau poids à toutes cés rai- fons, nous choifirons parmiune foule de faits celui que rapporte M. Tiflot , comme plus frappant & plus propre äinfpirer une crainte falutaire à ceux qui ont commencé de fe hivrer à cette infame pañion. Un jeune artifan , robufte & vigoureux, contraa à l’âge de dix-fept ans cette mauvaife habitude , qu'il pouffa fi loin qu'il y facrifioit deux ou trois fois par Jour. Chaque éjaculation étoit précédée & ac- compagnée d’unelégere convulfion de toutie corps , dun obfcurciflementdansla vûe, & en même tems la tête étoit retirée en-arriere par un fpafme violent des mufcles poftérieurs, pendant que le col fe gon- floit confidérablement fur le devant. Après environ un an pañlé de cette façon, une foibleffe extrème le joignit à ces accidens qui, moins forts que fa pafion, ne purent encoré le détourner de cette per- nicieufe pratique ; il y perfifta jufqu’à ce qu’enfn il tomba dans un tel anéantiflement que craignant la mort qui lui fembloit prochaine, il mit fin à {es déré- glemens. Mais il fut fage trop tard, la maladie avoit éjajetté de profondes racines. La continence la plus exate ne püt en arrêter les progrès. Les parties gé- rmtales étoient devenues # mobiles , que le moindre M A IN 53 aigtullon fifffoit pour exciter uneéreétionimparfaite même à fon insû, & déterminer l’excrétion de: {e+ mence ; la rétra@ionfpafmodique de la tête étoit ha bituelle > revenoit par intervalles, chaque paro- xifme duroit au moins huit heures ; quelquefois-il s'étendoit jufqu'à quinze, avec des douleurs fiai- gues que Le malade poufloit des hurlemens affreux à là déglutition étoit pour-lors fi gênée qu'il ne pou- voit prendre la moindre quantité d’un aliment li2 quide & folide, fa voit étoit roûjours rauque , fes forcés étoient entierement épuifées. Obligé: d’aban- donner fon métier, al languit pendant plnfieurs mois fans le moindre fecouts , fans confolation, prefté au contraire parles remords.que lui donnoit lé fou venir defés crimes récehs ; qu'ilvoyoit être la caufe du funefte état où il fe trouvoitréduit. C’eft dansces circonftänces, raconte M. Tiflot, qu'ayant oui par- ler de hi; ÿallai moi-même le voir : j’apperçus un cadavre étendu fur la paille | morne, défait, pâle, maigre, exhalant une puanteur infoutenabler, pref- qu'imbécille, &'ne confervant prefqu'aucun carac: tere d'homme ; un flux involontaire de falive inon- doit fa bouche, attaqué d’une diarrhée abondanteil étoit plongé dans l’ordure. Ses: narines:laïfloient échapper par intervalles un fang diflous &aqueux ; le défordre de fonefprit peint dans fes yeux & fur fon vifage étoit fi confidérable qu'il ne pouvoit dire deux phrafes de fuite. Devenu fupide, hébêté, il étoit infenfible à la trifte fituation qu’il éprouvoite Une évacuation de femence fréquente fans éreion m chatouillement, ajoutoient encore à fa foibleffe & à fa maigreur exceflive; parvenu au derfiter de gré de marafme, fes os étoient prefque tous à décou: vert à l'exception des extrémités qui étoient œdé- mateufes ; fon pouls étoit petit, concentré, fré- quent ; fa refpiration gênée ; anhéleufe ; les yeux qui dès le commencement avoient été affoiblis, étoient alors troubles ; louches, recouverts d’écail- les ( lemofr ) & immobiles : en un mot, il eftimpoflia ble de concevoir un fpettacle plus horrible, Quel- ques remedes toniques employés diminuerent {es paroxifmes convulfifs, mais 11$ ne purent empêcher le malade de mourir quelque tèms après ayant tout le corps bouff ; & ayant commencé depuis long- tems de cefler de vivre. On trouve plufieurs autres obfervations à-peu-près femblables dans différens auteurs , & fur-tout dans le traité anglois dont nous avons parlé |, & dans l'ouvrage intéreflant de M. Fiflot. Il n’eft même perfonne qui ayant vécu avec des jeunes gens n’en ait, vü quelqu'un qui, livré à la wenuflhipration , n'ait encouru par-là des aecidens très fâcheux ; c’eft un fouvenir que je ne rappelle encore qu'avec effroi, j'ai vü avec douleur plufieurs de mes condifciples emportés par cette cri- minelle paffion, dépérir fenfiblèement , maigrir, de- venir foibles , languiflans, & tomber enfuite dans une phthyfie incurable. Il eft à remarquer que les accidens font plus prompts & plus fréquens dans les hommes que dans les femmes ; on a cependant quelques obfervations rares des femmes qui font devenues par-là hyfléri- ques, qui ont été attaqués de convulfions ; de dou- leuts de reins, qui ont éprouvé’ en conféquence des chûtes, des ulceres de la matrice, des dartres, des allongemens incommodes du chtoris : quelques-unes ont contracté la fureur utérine: une femme à Mont. pellier mourut d’une perte de fang pour-avoir fon- tenu pendant toute une nuit les carefles fucceflives de fix foldats visoureux. Quoique les hommes four- niflent plus de triftes exemples que les femmes ;1ce n'eft pas une preuve qu’elles foient moins: conpa- bles ; on peut aflurer qu’en fait de libertinage des femmes ne le cedent en rien aux hommes ; mais,r6- | pandant moins de vraie femencedans léjaculation, 34 MAN | excitée par le coit ou pat la manuffupration., “eliés peuvent fans danger la réitérer plus fouvent : Ciéo- patre & Meflaline en fourniflent des témoignages fa- ‘meux auxquels on peut ajouter ceux de-la quantité innombrable denoscourtifannesmodernes, qui font auffi voir par-là le penchant effréné que ce fexe a ‘pour la débauche. i ci Réflexions pratiques. Quelqu'meficace que foient les traitemens ordinaires dans les maladies qui font excitées par la wanuflupration, onne doit cependa nt pas abandonner cruellement les malades à leur dé- plorable fort , fans aucun remede. Quand même on feroitalluré qu'ils nepeuvent opérer aucun change: ment heureux , il faudroit Les ordonner dans la vue d’amufer & de tranquillifer les malades ;il faut feu- lement dans les maladies qui exigent un traitement particulier , comme l’hydropifie, la manie , lPépt- lepfe, 6c. éviter avec foin tous les. médicamens forts, adifs, échauffans, de même que ceux quire- lâchent , tafraîchiffent & affadiflent trop ; la faignée & les purgatifs font extremement ruifbles ; les COf- diaux les plns énergiques ne produifent qu'un effet momentané, ilsne diminuent la foibleile que pour un tems, maisaprès que leur aétion eft pañée elle de- vient plus confidérable, Les remedes qu'une obfer- vation conftante a faitregarder comme plus .appro- priés, comme capables de calmer la violence des accidens & même de les difiper lorfqu'ils ne font pas invétérés, font les toniques, les légers ftomachi- ques amers,, & par-deflus tous le quinquina, leseaux martiales, & les bains froids dont la vertu roborante eft conftatée par plus de vingr fiecles d’uneheureufe expérience. Quelques anteurs confeillent auf le lait; mais outre que l’eftomac dérangé de ces mala- des ne pourroit pas le fupporter, 1l eft très.certain que fon ufage continué affoibht. Hippocrate a pro- noncé depuis long-tems que le lait ne convenoit pont aux malades qui étoient trop exténues ( Aphor. 64. dib. V.); la moindre réflexion fur fes effets fufiroit pour le bannir du cas préfent. ayez LAIT. Le régi- me des malades dont il eft ici queftion doit étre 1é- vere , il faut les nourrir avec des alimens fucculens mais en petite quantité; On peut leur permettre quelques gouttes de vin pourvt qu'il foit bien bon ëc mêlé avec de l’eau qui ne fauroit être aflez fraîche ; en doit de même éviter trop de chaleur dans le it, pour cela il faut en bannir tous ces lits de plumes , elon les ouvras ges où1ls doivent être employés. Le marbre du latin marmor, dérivé du grec papas pe, reluire , à caufe du beau poli qu'il reçoit, As efpece de pierre calcaire, dure, difficile à tailler, qui porté Le nom des différentes provinces où font les carrieres d’où on letire. C’eft de cette efpece de pierre que l’on fait les plus beaux ornemens des palais , temples, & autres monumens d'importance comme les colonnes , autels, tombeaux ,; vafes Fa gures , lambris, pavés, &c. 7 Les anciens qui en avoient en abondance en f1:- foient des bâtimens entiers, en revétifloient non feulement intérieur de leurs maifons particulieres ÿ mais même quelquefois l'extérieur, ILen eft de plu leurs couleurs ; les uns font blancs ou noirs ; d’au- tres font variés ou mêlés de taches > Veines, mou ches, ondes & nuages, différemment colorés ; les uns & les autres {ont opaques; le blanc feul ef tran{parant lorfqu'il eft débiré par tranche mince ; aufh , au rapport de M. Félibien, les anciens s’en ervoient-ils au lieu de verre qu’ils ne connoifloient pas alors pour les croifées des bains, étuves, & au- tres lieux, qu'ils vouloient garantir du froid. On voyoit même à Florence, ajoute cet auteur, une églife très-bien éclairée, dont les croifées en étoient garnies. La marbrerie fe divife en deux parties : l’une con: fifte dans la connoïffance des différentes efpeces dé marbre, & l’autre dans l’art de les travailler pour en faire Les plus beaux ornemens des édifices publics & particuliers. Nous avons traité la premiere À l’arricle M ACON: NERIE , voyez cet article, [Il ne nous refte ici qu'à par« ler de la feconde. Du marbre felon [es façons. On appelle marbre Brut , celui qui étant forti de la carriere en bloc d’échantillon ou par quartier, n’a pas encore été travaillé. Marbre dégroffi ; celui qui eft débité dans le chan tier à la foie, où feulement équarri au marteau, felon la difpoñtion d'un vafe, d’une figure, d’un profil , ou autre onvrage de cette efpece, Marbre ébauché, celui qui ayant déja reçu quel- ques membres d’architeéture ou de fculpture, eft travaillé à la double pointe pour l'un, & approché avec le cifeau pour l’autre. Marbre piqué, celui qui efttravaillé avec la pointe du marteau pour détacher les avant-corps des ar- riere-corps dans l’extérieur des ouvrages ruftics. Marbre matte , celui qui eft frotté avec de la prêle ou de la peau de chien de mer , pour détacher des membres d'architetture ou de {cuilpture de deflus un fond poli, Marbre poli, celui qui ayant été frotté avec le grès & le rabot, quieit de la pierre de Gothlande , ët enluite repaflé avec la pierre de ponce , eft poli à force de bras avec un tampon de linge &c de la potée d’émeril pour les marbres de couleur, & de la potée d’étain pour les marbres blancs ; celle d’é- meril les rougiflant, il eft mieux de fe fervir , ainf qu'on le pratique en Italie, d’un morceau dé plomb au lieu de linge, pour donner au marbre unplusbear poli & de plus longue durée ; mais il en coûte béau- coup plus de tems & de peine ; le marbre fale , ter- ne ou taché, fe repolit de lamême maniere ; lestau ches d’huile particulierement fur le blanc , ne peus vent s’effaçer , parce qu’elles pénetrent, # MAR Marbre fini , celui quiayant reçu toutes les opéra- “ions de la main-d'œuvre eft prêt à être polé en place. Le Maïbre artificiel , celui qui eft fait d’une compo- ftion de gypfe en maniere de ftuc, dans laquelle on met diveries couleurs pour imiter le marbre ; cette compoftion eft d’une confiftance aflez dure, & re- goit le poli ; maïs fujette à s’écailler. On fait encore d’autres marbres artificiels avec des teintures cor- rofives fur du marbre blanc, qui imitent les diffé- xentes couleurs des autres marbres, en pénétrant de plus de quatre lignes dans l’épaifleur du marbre ; ce qui fait que l’on peut peindre deflus des ornemens & des figures de toute efpece ; enforte que fi l'on pouvoit débiter ce marbre par feuilles très-minces , on en zauroit autant de tableaux de même façon, Cette invention eft de M. le comte de Kailus. Marbre-feuille, peinture quiimite la diverfité des couleurs, veines & accidens des marbres, à laquelle on donne une apparence de poli fur le bois ou {ur la pierre, par le vernis que l’on pole defus. Des ouvrages de marbrerie, Les ouvrages de Mar. brerie fervoient autrefois à revêtir non-feulement l'intérieur des temples , palais, & autres grands édi- fices, mais même quelquefois l'extérieur. Quoique cette matiere foit devenue très-rare chez nous, on s'en fert encore dans l’intérieur des églifes , dans les veftibules, grandes falles & fallons des palais , & au- tres maifons d'importance, fur-tout dans des lieux humides, comme grottes , fontaines , laiteries , ap- partemens des bains, 6c. Tous ces ouvrages fe divifent en plufieurs efpeces ; les uns confitent dans toutes fortes d’ornemens d’Archireëture ; les autres dans des compartimens de pavés de mar- bre de différente forte ; les premiers comme ayant rapport aux décorations d’Architeéture , nous les paflerons fous filence:les antres font de deux fortes ; Ja premiere appellée /mple, eft celle qui n'étant com- pofée que de deux couleurs, ne forme aucune ef- pece de figure ; la feconde appellée fgurée, elt celle qui étant compofée de marbres de plus de deux cou- leurs , forment par-là différentes figures. Des compartimens de pavés femples, La fig. 1. PI. I. repréfente Le plan d’un pavé compolé de carreaux quarrés blancs & noirs ,ou de deux autres couleurs, alternativement difpofés les uns contre les autres en échiquier. La fig. 2. repréfente le même deflein , mais dif- pofé en lofange. La fig. 3. repréfente un femblable deffein de car- reaux quartés d’une même couleur , croifés & en- trelacés par d’autres noirs, ou d’une autre couleur. La fg. 4. eft un compartiment de carreaux en pointes de diamans noirs & blancs, ou de deux au- tres couleurs différentes. La fig. 5. PL IT. repréfente le plan d’un compar- timent de carreaux en lofanges tranchés aufli de deux couleurs. La fig. 6. repréfente un autre compartiment de carreaux triangulaires, aufli de deux couleurs diffé- rentes ,-difpoiés en échiquier. La fig. 7. eft un deffein de carreaux quarrés bor- dés & entrelacés chacun de batons rompus ou pla- tes-bandes d’un marbre d’une autre couleur. La fg. 8. eft un autre deffein de carreaux ofto- gones, avec de petits carreaux quarrés d’une autre couleur, difpofés en échiquier. La fig. 9. eft le plan d’un compartiment de mar- ‘bre d’exagone , étoilé aufli de deux couleurs. La fig. 10. eftun autre plan de compartiment d’é- toiles confufes en marbre, qui quoique de trois cou- leurs différentes , ne peut être admis dans la feconde gfpece. Des compartimens de pavé figurés , la feconde forte appetlée compartumens figurés , font ceux quidans {a maniere dont ils font deflinés, forment des figures de toute efpece , telles font les fuivantes. La fig. 11 PL, TIT. eft le plan d’un pavé de marbre de quatre couleurs différentes, repréfentant des dés À , avec fonds B. La fig. 12 eft le plan d’un autre pavé de marbre de trois couleurs différentes, repréfentant auf des dés 4, mais fans fonds. La fx. 13 eft le plan d’un pavé de marbre de trois couleurs, repréfentant des exagones étoilés avec bordures 4. La fig. 14 eft le plan d’un pavé de marbre de trais couleurs, compofés de ronds 4, entrelafiés en B. La fig. 14 eft le plan d’un autre pavé de marbre, auf compofé de trois couleurs différentes , compofé de ronds 4, avec bordure 2. La fig. 16 eft un autre plan de pavé de trois'cou- leurs, repréfentant des otogones 4, régulièrement irréguliers, avec bordures À, en petits quarrés C, difpofés en échiquier. Les fig. 17 & 18 PL, IV. font des foyers de grandes cheminées, dont Le premier en marbre veiné eft dif- tribué par bandes de panneaux 4, & demi-panneaux B, en lofange, d’un marbre plus foncé ; le fecond bordé d’une plate - bande 4, de marbre blanc, eft auf diftribué de différens panneaux B, & d’une autre forme, ornés d'étoiles par leur extrémité. Les fig. 19 € 20 font auffi deux foyers de chemi- nées plus petits que les précédens ; le premier en marbre veiné, bordé de plate-bande À, formant des panneaux À, en pointe de diamant, Les fig. 21,22, 23 & 24 font des plates-bandes ; dont les defleuns font difpofés de maniere à répon- dre aux compartimens des arcs-doubleaux des vou- tes, fubdivifées chacune de panneaux quarrés, cir- culaires ou ovales, avec cadres, entrelacés & non- entrelacés, en marbre aflorti de différentes couleurs. La fig. 25 PI. V. eft le plan d’un pavé de marbre, propre à placer dans un fallon quarré , &c dont le plafond terminé en vouflure s’arrondiroit vers le milieu, pour former des arcs-doubleaux. Ce pavé eft fubdivifé de cadres & de panneaux, & le milieu arrondi repréfente, par fes différens panneaux, les arcs-doubleaux de la voute. La fig. 26 eft un plan de pavé deftiné, comme le précédent, à un fallon, mais donr le plafond s’éle- veroit en forme de calotte. La fig. 27 eft le plan d’un autre compartiment de pavé deftiné aux mêmesufages que le précédent, mais d'un autre deffein. Les fig. 28, 29 & 30, PL VI. font autant de compartimens de pavé de marbre de différentes cou- leurs, employés aux mêmes ufages que les précé- dens , mais pour des pieces circulaires. La PL, VIL. repréfente le plan des différens com- partimens du pavé en marbre de l’églife du college Mazarin, dit des quatre Nations ; À A, &c. font les portes d'entrée du veftibule, Z l'intérieur du vefti- bule, Cle milieu du dôme enellipfe, D le maître autel, £ E différentes chapelles, F un tombeau par- ticulier, G le paffage pour aller à la facriftie, H ce- lui pour fortir dans l’intérieur du college. La PL, VIII. repréfente le plan du pavé de Péglife de la Sorbonne avec les diférens compartimens; A eft la principale porte d'entrée, B la nef, C les bas côtés de la nef avec des chapelles, D le milieu du dôme diftribué de compartimens fort ingénieux en marbre de différentes couleurs, veiné &c non vei- né , le refte de l’églife étant pavé par carreaux noirs & blancs , difpofés en lofange; E eft un périftile qui donne entrée dans l’églife par une face latérale, F eft la chapelle de la Vierge, G des paflages pour aller à des chapelles particuheres ; H le tombeau du MAR cardinal de Richelieu, placé au milien du chœut, / bas-côtés du chœur avec des chapelles, X petit paf. fage pour fortir dehors ;.£ différens corps de logis de la mailon. VUS à fol à: | La PI, IX, ,eftle plan du pavé du fanétuaire & d'une partie.du chœur de l’églife de Notre - Dame de Pariss, 21.4, Ge. font différens deffeins d’orne- mens en marbre de plufieurs couleurs, dont. les ar- mes Gtle chuifire du roi font partie, 8 eft un autel | appellé l'aurel des féries, CC {ont des degrés de marbre pour y monter, D eftune grande niche cir- culaire où eft placé un groupe de la fainte Vierge au pié, de la croix, Æ,eftlermaitre autel, FF font des {ocles qui portent des Anges.en adoration ; G font des degrés de marbre pour. monter au maître autel , Heft le tabernacle ; 17 ont des piédeftaux portant les figures de Louis X{IT. &z.de Louis XIV. KK, €. font deslambris de marbre dont font revêtus les pi- hers, les (ept arcades, & les portes de l’enceinte du chœur jufques au-deflous des tribunes, LL, &c. font des.grilles de fer, doré qui regnent autour du fanc- tuaire, MM font les deux baluftrades circulaires qui féparent le fanétuaire du chœur, NN font des portes à panneaux de.fer doré.qui donnent entrée au chœur , O © fontiles chaires archiépifcopales, P P portes de dégagement. pour le facriftain, Q Q font la repréfentation des arcs-doubleaux qui devroient fe trouver dans la voute f elle étoit à I4 moderne, RR degrés pour monter aux hautes ftales , TT les bafes ftales. + La PJ, X, repréfente lés compartimens du payé de l’églife du Val-de-Grace ,: 4 -eneft la porte d’en- trée ;, B C en eft la ref,,ornée de pilaftres d’ordre corinthien , dont les plate-bandes 8 font diftribuées d'ornemens de marbre noir & blanc, qui répondent aux compartimens des arcs doubleaux , & les in- tervalles C font ornés de différens defleins auffi en marbre noir & blanc. Aux deux côtés de la nef DD &c. & EE 6c, {ont des chapelles dont le pavé eft auf orné de compartimens, Feft le milieu du dôme oùeft placé le chiffre de l’abbaye , accompagné de palmes furmontées d’une couronne, Ce chifire eft ceint de deux chapelets ornés de bordures, dont l'intervalle eft diftribue de cœurs entrelacés en mar- bre derance au milieu de chacun defquels eft une feur-de-lys, le tout en.marbre blanc pofé fur un fond de marbre noir, Le refte du compartiment cir- culaire eft diftribué de bandes de marbre de rance entrelacées , féparées pat des carreaux de marbre noir. Les trois ronds-points G font fubdivifés de compartimens qui, femblables à ceux des plate- bandes de la nef, répondent à ceux de la voûte qui leur.eft fupérieure. Aux quatre angles A H éc, du dômefont quatre chapelles carrelées en marbre noir & blanc, Zeft la chapelle du faint Sacrement, Æ la chapelle de la reine , & L le chœur des dames religieufes, La PJ, XI. repréfente le plan des compartimens du pavé compris fous le dôme des Invalides, 4 eft un périftile qui donne entrée par le portail du côté de la campagne; 8 eft le milieu du dôme, fubdivifé de compartimens de marbre de différente couleur, femé çà & là du chiffre du roi & d’autres ornemens aufli de marbre; € D Æ & F font les quatre croi- féesdont l’une € eft le côté de l'entrée, 2 celui du maître-autel de l’églife, Æ celui où eft la chapelle de faïnte Therefe; G 4 1 & K font quatre autres chapelles qui par les pafñlages L ont communication dans les croifées du dôme , & par ceux M dans le dôme. Dans la premiere G eft la chapelle de faint Auguftin, dans la feconde Æcelle de faint Ambroife, dans la troifieme J celle de faint Grégoire, & dans la quatrieme X celle de faint Jérome. NN 6e. font des efcaliers pratiqués dans les épaifleurs des murs pour monter aux combles, M A R #9 Des outils demarbrerie, La figure premiere, PL 7, eft un fort établi de menuiferie » Tur-lequelon tra. Vaille la plûpart des ouvrages en marbre. Iheft cdm- POIÉ d’une table 4 4 fort épaile, portée fire deux piés doubles BB en forme. de traiteaux’ d'affetit. blage. À ST EEE HER : La fig, 2 eft un maillet, efpece de mafle Je bois A , portant un manche 2 qui fert à frappèr {ur dif férens outils pour travailler Le marbre. : : La fo. 3 eft un inftrument appellé g'offé nraffes, -defliné aux mêmes ülages que le précédent s c’eft une mafle de fer. portant un manche debois B: La ÿg, 4 eft le mêmeünfrument ; mais beaucou plus petit, auf l’appellet-0n poux celaperire mafle. La fig. 5 elt unécuillere à deux manches appels lée fébrile , faite pour contenir du près & de l’eau lorfquel’on fcieles blocs de marbre. \ 64 La fig. G'eft une.cuilliere plus petite avec tin feul manche fort long, faitelpour prendre du grais mêlé avec dé l’eau pour répandre dans les-rraits de la fcie , & lui procurer par- à le moyen d'avancer l'ouvrage & de ne point s'échaufer ni fe gâter. La fig. 7 eft une {cie à main fans dents , appelle Jctotte | compofée d’un fer. 4, & de fa monture de bois B. | 1 y” La fs: 8 eft une fcie:À main, maïs dentée; 4 en eftle fer, & B le-manche, | s La y. 9 eft une autreftieà main fans dents ; 4 en eft-le fer, &1B le manche, * Q+, ANR La fig. 10 eft une petite fcie fans dents avec une monture compolée de deux montans 4, une tra- verte 8, une corde C & un gareau D, par Le moyen duquel on bande le fer Æ della fcie autant qu'on le Juge à-propos. 11:11: La Xg, 11 eft une autre fcie de même façon qué la précédente, mais beaucoup plus forte , portant deux gateaux D D, La fig.e2, PLOXTIT, eft un infirument appellé marteline, efpece de marteau acéré par chaque bout, dont l’un 4 eft femédepetites pointes fort aigues , & l’autre B eft pointu , dont C eftie manche ; il eft deftiné à marteler les ouvrages que l’on veut égrai- ner. 19 La fig. 13 eftuneefpece de poinçon appellé cie en marteline , acéré par le bout_4 , femé comme au précédent de petites pointes , & deftiné aux mêmes ulages. | hi 16 La fig. 14 eft une autre efpece de poinçon appellé boucharde, avec pointes acérées en 4, & employé aufli aux mêmes ufages. HET La fig. 15 eft un poinçon appellé dent-de-chien , acéré en À. | | La fig. 16 eft un autre poinçon appellé gradine , acéré' aufh en À, | 12 La fig. 17 eit un poinçon acéré en 4, fait le plus fouvent pour chafler des pointes. La fg. 18 eft une pointe quartée & acérée en 4, faite pour tailler le marbre par petites parties. La f$. 19 eft une autre pointe appellée kowguerre, méplatte & acérée en 4. ; Si UE La fig. 20 eft un inftrument appellé ouril crochu, fait pour fouiller & unir des cavités. La fig: 21 eft un autre inftrument appellé rozdelle, deftiné aux mêmes ufages que le précédent. La fig. 22 eft un inftrument appellé auffi rondelle, mais improprement ; c’eft plütôt une efpece de ripe acérée & dentée en À, faite pour fouiller dans des cannelures. : La fig. 23 eft un inftrument appellé rpe, acéré en A ; employé aux mêmes ufages que le précédent. La fig: 24 eft encore une ripe acérée en 4, appel- lée grartoir, deftinée aux mêmes ufagesique les pré- cédentes. 1 2 La fig, 25 eft un inftrument appellé fard ,efpece 80 MAR de limé plate recourbée & acérée par chaque bout, deftiné à limer & unir les endroits où les autres ou- tils ne peuvent pénétrer, La fg. 26 eft un autre riflard en queue de rat re- courbé & acéré auf par chaque bout , employé aux mêmes ufages que le précédent. La fig. 27 eft un riflard méplat en rape, la taille étant différente des autres. La fg. 28 eft un riflard en queue de rat , fembla- ble au précédent. La fg, 29 eftune lime dite /7me d'Allemagne, em- manchée dans un manche de bois 4. La fs. 30 eft une lime en queue de rat, emman- chée auffi dans un manche de bois 4. La fg. 31 eft une lime appellée , à caufe de fa taille, rape, emmanchée dans un manche de bois 4. La fig. 3 2 eft une rape en queue de rat, emman- chée dans un manche de bois À. La fig. 33 eft une lime fans dents, emmanchée dans un manche de bois 4. La fg. 34 eft une queue-de-rat fans dents, em- manchée dans un manche de bois 4. La fg. 35 eft un cifeau appellé burin , acéré en À. La fg. 36 eft un autre burin acéré aufli en A. La fig. 3 7 eftun inftrument appellé fermoir a dents, acéré en À , emmanché dans un manche de bois 8. La fg. 38 elt un autre fermoir fans dents acéré en A , emmanché auffi dans un manche de bois B. La fig. 39 , PL XIF , eft un inftrument appellé vilbrequin , efpece de chaffis de fer À, portant par un bout B une broche qui traverfe un manche de bois C'tournant à pivor, & par l’autre D ,une douille quarrée où s’ajufte la tête auffi quarrée d’un trépan, dont l’autre botu F'acéré fert en égrugeant le marbre à faire des trous. La fg. 40 eft une mêche à tête quarrée par un bout 4, evuidée & acérée par l’autre B, faite aufh pour percer des trous, mais dans du marbre très- tendre. La fig. 41 eft Le fuft d'un trépan compolé d’une tige À, portant par en-haut un trou au-travers du- quel pañle une petite corde B B , dont les deux bouts vont fe joindre aux deux extrémités d’une traverfe CC, percée d’un trou dans fon milieu au-travers duquel paffe la tige À; cette traverle fert à manœu- vrer le trépan de cette maniere, la corde B B étant roulée autour de la tige 4, & la traverfe CC par conféquent montée ju{qu’au milieu , on appuie def- fus avec fecoufle pour la lâcher enfuite ; & la laif- fant ainfi remonter , la corde B B qui étoit roulée d’un côté, fe déroule pour s’enrouler de l’autre au- tour de la tige 4, ce qui fait faire plufieurs tours au frépan ; on donne enfuite à la traverfe CC une nouvelle fecouffe , qui réitere la manœuvre toujours de même façon jufqu’à ce que le trou foit percé ; & pour faciliter le volant de cette machine, on arrête à demeure à la tige À une mafle de plomb D de la forme qu’on juge à propos ; cette même tige porte. par fon extrémité E une moufle ou douille méplate, dans laquelle entre la tête d’un trépan F acéré par le bout perçant G. La fig. 42 eft un inftrument , appellé fraife , dont l'extrémité fupérieure À s’ajufte dans la moufle Æ du fuft du trépan , fig. 41 , & qui, par fon extrémité intérieure 2, formant différens angles aigns & acé- rés , fert à élargir l'entrée des trous ; ou à en per- cer d’autres dans des marbres très-durs. La fig. 43 eft une autre fraife différente de la pré- cédente , en ce qu’elle eft quarrée par le bout À, & qw’elle s’ajufte dans une boîte B, pour la mouvoir par Le moyen de l’archet fg. 44, ou de celui fg. 45. La fig. 44 eft un archet ou arçon différent du récédent , en ce qu'il eft compofée d’une lame d'épée A ou tige d’étoffe (on appelle éroffe une com- MAR pofñtion de bon fer & de bon acier mêlés enfemble; qui, lorfqu’elle eft trempée , fait les meilleurs ref- forts , c’eft de cela que l’on fait ordinairement les lames d’épée élaftiques, emmanchée par un bout dans un manche de bois B, portant par les deux extrémités les deux bouts d’une corde à boyau ou corde d’arçon C', qui fe fait avec des lanieres de cuirs arrondies ou tournées fur elles-mêmes. La fig. 46 eft un inffrument appellé palesre ; c’eft en effet une palette de bois À dont le milieu porte une piece de fer 2, percée de plufeurs trous qui ne vont que jufqu’au quart de fon épaiffeur : c’eft avec les quatre derniers inftrumens que lon perce des trous en cette maniere; on commence d’abord par former avec la corde Cde l’arçon fig. 45, un ou deux trous autour de la boîte Z de la fraife fig. 43, que l’on place par le bout © dans un des trous de : la piece de fer B de la palette fg. 46, que l’on ap- puie alors fur l’eftomac , &c dans cette fituation le bout 4 de la fraile fig. 43 élargit ou perce les trous en manœuvrant l’arçon , fig. 45, à-peu-près comme l’archet d’un violon. L’archet fé. 44 fert aufi comme celui fig. 45, mais pour des fraifes beaucoup plus petites. La fg. 4,7 eft un grand compas à charniere en À, fait pour prendre des diftances égales par les pointes La fig. 48 eft un petit compas à charniere en À, fait aufli pour prendre des diftances égales par les pointes BB, La fig. 49 eft un grand compas , appellé compas d’épaifjeur à charniere, en 4, fait pour prendre des épaifleurs , diamètres & autres chofes femblables , égales par les pointes recourbées B B, La fig. 50 eft un compas a’épaifleur plus petit à charniere en 4, employé aux mêmes ufages que le précédent. La fig. 51 eft un inftrument, appellé ziveau, coms pofé d’un chaffis de bois afflemblé d’équerre en 4, portant une traverfe B, au milieu de laquelle eft un plomb C, fufpendu à un petit cordeau D ; c’eftavec cet inftrument que l’on pofe de niveau toutes les pierres , carreaux , pavés , & autres compartimens horifontaux. Il eft une quantité d’autres outils qui ne font qu’un rafinement de ceux que nous avons vüs , plus petits ou plus gros, plus courts ou plus longs à pro- portion de la délicateffe des ouvrages où on les em- ploie & du génie des ouvriers à les inventer, Ces ar= cicle eff de M. LUCOTTE. MARBRIERE , f. £. ( Hifi. nat. ) carriere de mar- bre. Voyez l’article MARBRE. MARC, EVANGILE DE S. ox SELON S. (Théol.) hiftoire de la vie, de la prédication, & des mira- cles de Jéfus-Chrift, compofée par S. Marc , difci- ple & interprete de S. Pierre , & l’un des quatre évangéliftes. C’eft un des livres canoniques du nou- veau Teftament, également reconnu pour tel par les Catholiques &c par les Proteftans. On croit communément que S. Pierre étant allé à Rome vers l’an de Jéfus-Chrift 44, S. Marc ly accompagna , & écrivit fon évangile à la priere des fideles qui lui demanderent qu'il leur donnât par écrit ce qu'il avoit appris de la bouche deS, Pierre, On ajoûte que ce chef des apôtres approuva len- treprife de S. Marc, & donna fon évangile à lire dans les églifes comme un ouvrage authentique. Tertullien , Zv. IF. contra Marcion. attribue cet évangile à S. Pierre ; & l’auteur de la fynopfe attri- buée à S. Athanafe veut que cet apôtre l’ait dité à S. Marc. Eutyche, patriarche d'Alexandrie, avance ue S. Pierre l’écrivit ; &c quelques-uns cités dans S. Chryfoftome (oil. j. in Matth.) croient que S. Marc l'écrivit en Egypte : d’autres prétendent qu'il ne MAR mé Pécrivit qu'après la mort de S, Pierre, Tontes ces diverfités d'opinions prouvent aflez qu’il n’y a rien de bien certain fur le tems ni fur le lieu où S. Marc compofa fon évangile. | On eft aufli fort partagé fur la langue dans la- quelle il a été écrit, les uns foutenant qu'il a été compofé en grec , & les autres en latin. Les anciens & la plüpart des modernes tiennent pour le grec, qui pañte encore à-préfent pour l'original de S. Marc; mais quelques exemplaires grecs manufcrits de cet évangile portent qu'il fut écrit en latin ; le fyriaque & l'arabe le portent de même. Il étoit convenable qu’étant à Rome & écrivant pour les Romains, 1l écrivit en leur langue. Baronius & Selden fe font déclarés pour ce fentiment qui au refte eft peu fuivi. On montre à Venife quelques cahiers que l’on pré- tend être l'original de la main de S. Marc, Si ce fait étoit certain, & que l’on pût lire le manufcrit, la queftion feroit bientôt décidée ; maïs on doute que ce foit le véritable original de S. Marc ; & il eft tel- lement gâté de vétuité, qu'à peine peut-on difcer- ner une feule lettre. Entre les auteurs qui én ont parlé, dom Bernard de Montfaucon qui l’a vu, dit dans {on voyage d'Italie, chap. iv. paye 55, qu'il eft écrit en latin ; & il avoue qu'il n’a jamais vüû de fi ancien manufcrit. Il eft écrit fur du papier d'Egypte beaucoup plus mince & plus délicat que celui qu’on voit en difiérens endroits. Le même auteur, dans fon antiquité expliquée ; liv. XIII. croit qu’on ne hafarde guerc en difant que ce manufcrit eft pour le plus tard du quatrieme fiecle. Il fut mis en 1564 dans un caveau dont la voûte même eft dans les marées plus bafle que la mer voifine, de-là vient que l’eau dé- goutte perpétuellement fur cenx que la curiofré y amene, On pouvoit encore le lire quand il y fut dépofé. Cependant un auteur qui l’avoit vù avant le P. de Montfaucon, croyoit y avoir remarqué des cataéterés grecs. Quelques anciens hérétiques, au rapport de S. Irénée (4b. TIT, cap. ij.),, ne récevoient que le feul évangile de S. Marc, D'autres parmi les Catholi- ques rejettoient , fi lon en croit S. Jérôme &S. Grégoirede Nyfle, les douze derniers verfets de fon évangiledepuis le verf. o.furgens autem manè, &c. juf- qu'à la fin du livre, apparemment parce qun S, Marc ea cet endroit leur paroïfoit trop oppofé à S. Mat- thieu , 8 qu'il y rapportoit des circonftances qu'ils «croyoient oppolées aux autres évangéliftes, Les an- ciens peres , les anciennes verfons orientales, & prefque tous les anciens exemplaires , tant imprimés que manu{crits grecs & latins , lifent ces douze der- niers verfets, & les reconnoiflent pour authenti- ques, aufi:bien que le refte de l’évangile de S. Marc. Enfin en confrontant S. Marc avec $, Matthieu, il paroît que le premier a abrégé l’onvrage du fecond ; 1lemploie fouvent les mêmes termes, rapporte les mêmes circonftances, & ajoûte quelquefois des par- ticularités qui donnent un grand jour au texte de S. Matthieu. Il rapporte cependant deux ou trois mira- cles qui ne fe trouvent point dans celui-ci, & ne fe conforme pas toûüjours à l’ordre de fa narration, furtout depuis le chap. iv. verf: 12 jufqu’au chap. xiv, verf. 13. de S. Matthieu , s’attachant plus dans cet intervalle à celle de S. Luc. Calmet, diionn. de la bibl, tom. IT, pp. 616 & 617. (G) > Marco, (A? eccléf.) chanoines de S. Marc, con- grégation de chanoines réguliers fondés À Mantoue par Albert Spinola, prêtre qui vivoit vers la fin du douzieme fiecle. Voyez CHANOINE. Spinola leur donna une regle qui fut fuccefive- ment approuvée & corrigée par différens papes. Vers Lan 1450, ils ne fuivirent plus que la regle de S. Auguftin, | Cette congrégation qui étoit compofée d’environ Tome X, MAR 81 dix-huit où vingt maifons d'hommes & de quelques. unes de filles dans la Lombardie & dans l’état de Venife, après avoir fleuri pendant près de quatre. cens ans, diminua peu-à-peu, & fe trouva réduite à deux couvens où la régularité n’étoit pas même cb fervée, Celui de S. Marc de Mantoue, qui étoit le chef-d’ordre , fut donné l'an t $84, du confentement du pape Grégoire XIII. aux Camaldules , par Guil- laume Duc de Mantoue, & cette COngregation finit alors. foye CAMALDULE, Ordre de S. Marc eft l’ordre de la chevalerie de [a république de Venife , qui eft fous la proteétion de S. Marc l’évangélifte ; les armes de cet ordre font un hon aîlé de gueule , avec cette devife y PAX tibi Marce evangelifla. On le donne à ceux qui ont rendu de grands tervices à la république, comme dans les ambaflades , & ceux-là reçoivent ce titre du fénat même, [ls ont le privilége de porter la ftole d’or aux jours de cérémonie, & un galon d’or fur la ftole noire qu'ils portent ordinairement. Ceux À qui on le donne comme récompenfe de la valeur ou du mé- rite littéraire, le reçoivent des mains du doge , & portent pour marque de chevalerie une chaîne d’or, d’où pend le lion de S. Marc dans une croix d’or. Le doge crée quand il lui plaît des chevaliers de cette feconde efpece , qu'on regarde comme fort infé- tieurs à ceux de la premiere. Marc, (Commerce) poids dont on fe fert en France & en plufieurs états de l’Europe , pout pe- fer diverfes fortes de marchandifes, & particuliere- ment l'or & l'argent : c’eft principalement dans les hôtels des monnoies & chez les marchands qui ne vendent que des chofes précieufes ou de petit volu- me, que le marc & fes divifions font en ufave. Avant le regne de Philippe premier, l'on ne fe {er- voit en France, fur-tout dans les monnoies , que de la livre de poids compotée de douze onces. Sous ce prince, environ vers l’an 1080, on introduifit dans le commerce & dans la monnoie le poids de arc , dont 1l y eut d’abord de diverfes fortes , comme le marc de Troyes , le arc de Limoges, celui de Tours, ëc celui de la Rochelle, tous quatre diféréns entre eux de quelques deniers.Enfn ces arcs furent réduits au poids de #arc, fur le pié qu’il eft aujourd’hni. Le marc eft divifé en 8onces, où 64 gros 192 denier$, ou 160 efterlins, ou 300 mailles, ou 140 félins, ou 4608 grains. | Ses fubdivifions font chaque once en 8 gros , 24 deniers, 20 efterlins , 40 mailles, So felins > & 576 grains; le grosen 3 deniers, 2 efterlins & demi > 5 mailles, 10 felins, 72 grains; le denieren 24 grains, l’efterlin en 28 grains, quatre cinquiemes de grain. Le felin en 7 grains 1 cinquieme de grain ; enfin le grain en demi, en quart, en huitieme, &c, Toutes ces diminutions font expliquées plus amplement à leur propre article. Il y a à Paris dans le cabinet de la cour des monnoiïes un poids de rzare Original gardé fous trois clés, dont l’une eft entre les mains du pre- mier préfident de cette cour, l’autre en celle du con- feiller commis à linftruétion & jugement des mon- noies, & la troifieme-entre les mains du greffier. C’eft fur ce poidsqueceluiduchâteletfutétalonnéenr 494)! en conféquence d’un arrêt duparlement du 6 Maide la même année ; & c'eft encore fur ce même poids que les Changeurs & Orfevres, les gardes des Apoticai- res &t Epiciers, les Balanciers, les Fondeurs , enfin tous les marchands & autres qui pefent au poids de marc font obligés de faire étalonner ceux dontils fe fervent. Tous les autres hôtels des monnoiés de France ont aufli dans leurs greffes un marc original mais vérifié {ur l’étalon du cabinet dela cour des monnoies de Paris. Il fert à étalonner tous les poids dans l’étendue de ces monnoïes, A Lyon on dit échanciller | & en Bourgogne égantiller , au lieu d’éras 82 MAR lonner. Voyez ÉTALON 6 ETALONNER. Louis XIV. ayant fouhaité que le poids de zarc dont on fe fer- voit dans les pays conquis füt égal à celui du refte duroyaume, envoya en 1686 le fieur de Chaffebras, député & commuiffaire pour cet établiflement. Les anciens étalons qu'on nommoit poids dormans , lui ayant été reprélentés, comme 1l paroît par fon pro- cès-verbal, & ayant été trouvés dans quelques lieux plus forts & dans d’autres plus foibles que ceux de France, furent déformés & brilés, & d’autres établis en leut'place, pour être gardés à la monnoie de Lille, & y avoir recours à la maniere obfervée dans les autres hôtels des monnoies du royaume. Ces nouveaux étalons font époinçonnés & marqués de L couronnée de la couronne impériale de France, &z continuent d’y être appellés poids dormans , com- me les anciens , qui avoient pour marque un foleil, au-deflus duquel étoit une fleur-de-ls. En Hollan- de, particulierement à Amfterdam , le poids de zzarc fe nomme poids de troy , il eft égal à celui de Paris. Voyez Poips. Voyez auffi Livre. On appelle en Angleterre un warc les deux tiers d’une livre fter- Hing. Sur ce pié les mille zarc font fix cens foixante- fix & deux tiers de livre fterling. Voyez LivRE , où il eft parlé de la monnoie de compte. L’or &c l’ar- gent fe vendent au warc , comme on l’a dit ci-deflus; alors le marc d’or {e divife en vingt-quatre karats, le karat en huit deniers, le denier en vingt-quatre grains , & le grain en vingt-quatre primes. Autrefois on contraétoit en France au zzarc d’or & d’argent, c’eft-à-dire qu’on ne comptoit point les efpeces dans les grands payemens , pour les ventes & pour les achats , mais qu’on les donnoit & recevoit au poids du arc. Avant les fréquens changemens arrivés dans les monnoies de France fous le regne de Louis XIV. on faifoit quelque chofe de femblable dans les caifles confidérables , où les facs de mille livres en écus blancs de trois livres piece ne fe comptoient pas, mais fe donnoient au poids. Lorfque dans une faillite ou abandonnement de biens l’on dit que des créanciers feront payés au marc la livre , cela doit s'entendre qu'ils viennent contribution entre eux fur les effets mobiliers du débiteur, chacun à proportion de ce qui lui peut être dû : c’eft ce qu'on appelle ordinairement coner:- bution au fol la livre. Marc s'entend aufli d’un poids de cuivre com- pofé de plufeurs autres poids emboités les uns dans les autres, qui tous enfemble ne font que le zarc, c’eft-à-dire huit onces , mais qui féparés fervent à pefer juiqu'aux plus petites diminutions du arc. Ces parties du werc faites en forme de gobelets font au nombre de huit, y compris la boîte qui les enfer- me tous , & qui fe ferme avec une efpece de men- tonmiere à reflort attachée au couvercle avec une charniere. Ces huir poids vont toûjours en dimi- nuant, à commencer par cette boite qui toute feule pefe quatre onces, c’eft-à-dire autant que les fept autres ; le fecond eft de deux-onces & pefe autant que les fix autres; ce qui doit s’entendre , fans qu’on le répete, de toutes les diminutions fuivantes hors les deux derniers ; le troïfieme pefe une once, le dApisue une demi-once ou quatre gros, enfin le eptieme &c Le huitieme qui font égaux, chacun un demi-gros , c’eft-à-dire un denier & demi ou trente- fix grains, à compter Le gros à trois deniers & le de- nier Vinpt-quatre grains. Voyez les PL. du Balancier. Ces fortes de poids de #74rc par diminution {e ti- rent tout fabriqués de Nuremberg; mais les Balan- ciers de Paris & des autres villes de France qui les font venir pour les vendre , les reétifient & ajuftent en les faifant vérifier & étalonner fur le arc origi- nal &c fes diminutions,, gardés, comme on l’a dit, dans les hôtels des monnoies, Diéfionnaire de Com- merce (G) | MAR Marc, ( Balancier.) On appelle un marc une boi- te de cuivre en forme de cone tronqué : voici les noms des pieces qui le compofent. 1°. La poche eft dans quoi font renfermés tous les autres poids, dont il eft compote ; 2°. le deffus qui fert pour fermer les poids dans la poche ; 3°. deux charnieres , une de devant, & l’autre de derriere qui fert à tenir le marc fermé. Les deux marottes ou les piliers, font deux petites figures ou piliers où l’anfe eft ajuftée; 4°. l’anfe. | Dans la poche font les différens poids dont il eft compolé ; fuppofons-en un de trente-deux arcs, la poche avec fon tour garni, pefe feize arcs ; le plus gros des poids de dedans, en pefe huit ; le fecond, pefe quatre arcs ; le troifieme, deux marcs ; le qua- trieme , un arc ; le cinquieme , pefe huit onces ; le fixieme, quatre onces ; le feptieme, deux onces: le huitieme, une once ; le neuvieme, quatre gros ; le dixieme , deux gros ; le onzieme, un gres ; le dou- zieme & treizieme , chacun un demi-gros , qui font les derniers poids d’un arc. Le Balancier vend auffi les poids de fer , dont le plus fort eft le poids de so liv. les autres au-deflous, font 25 liv. 12 iv. 6 Liv. 4 liv. 2 Liv. 1 liv. demi- livre ; un quarteron & demi-quarteron , qui eft le plus petit de ces fortes de poids. MaRcC , ( Econ, ruflig. ) fe dit de ce qui refte du raifin , quand il a été prefluré ; 1l fe peut dire en- core du verjus , du houblon , des pommes, des poi- res, & des olives, quand ces fruits ont rendu la Li- queur qu'ils contenoient. Ce marc n’eft point inutile , il entre dans la com- pofition des terres pour les orangers , & eft encore propre à améliorer les terres grafles ou humides, dont les parties peu volatiles fixent les principes trop exaltés du marc. MaARcG d’Apalache , faint (Géog.) baie, riviere & fort de l'Amérique dans la Floride Efpagnole , Zac, 30. 25. MARCASSIN , f, m,. (Venerie) c’eft le nom que l’on donne aux petits du fanglier. MARCASSIN , ( Diere & Mar. méd, ) Voyez SAN- GLIER. ( Dicre & Mat. med.) MARCASSITE , 1. f. (Hifi. nat. Minéral.) une rar caffire eft une fubftance minérale brillante , d’un jau- ne d’or, compofée de fer, de foufre , d’une terre non métallique , à laquelle fe joint accidentellement quelquefois du cuivre. Cette fubftance donne des étincelles frappée avec de l'acier, d’où l’on voit que marcaffite &t pyrite font des noms fynonymes,comme Henckel l’a fait voir dans fa pyrirologie, ch. iy. Quelquefois pourtant on donne le nom de war caffites aux pyrites anguleufes , qui affeétent une f- gure réguliere & déterminée, aux pyrites cryftalli- fées ; ces pyrites ou zarcaffires font de différentes formes ; il y en a de cubiques , d’exahédres cubiques, d’exahedres prifmatiques , d’exahedres rhomboïda- les , d’exahedres cellulaires. Il y en a d’oétahedres, ou à huit côtés ; de décahedres ou à dix côtés, de dodécahedres ou de douze côtés ; de décatenahe- dres ou de quatorze côtés; il y en a dont les côtés où les plans font irréguliers ; d’autres font par grou- pes de cryflaux ; d’autres enfin font en lames pofées les unes fur les autres. Voyez l’article PYRITE. Quelquefois on s’eft fervi du mot de marcaffire pour défigner le bifmuth , & on l’a appellé æarcaf- … Jita argentea , five officinarum. Quelques auteurs ont aufñ donné auzinc le nom de marcaffite d’or ( mar- caffita aurea ) fondé vraïflemblablement fur la pro- priété que le zinc a de jaunir le cuivre. Par marcaf- fêta ferrt, on a voulu défigner la pyrite martiale, êc Paracelfé a donné le nom de wurcaffite à toutes les pyrites. D’autres alchimiftes fe {ont fervi indiffé- remment du mot de marcaffit pour défigner tous les M AR Memi-mêtaux & les mines des autres métaux impats fairs, On prétend que ce mot eft dérivé du mot hé- breu marah , qui fignifie polir, nettoyer; on prétend qu'il figniñie auf ffaveféere, être jaune, MARCELL{IANA , (Géog. ane. ) lieu d'Italie dans Ja Lucanie, au voifinage d’Atina. M. de Lifle le nom- ine Marcellianum , on croit qué c’eft la Pola d’au- jourd’hui. (D. J.) | MARCELLIENS , { m. ( Théo. ) hérétiques du quatrieme fiecle , attachés à la doëtrine de Marcel d'Ancyre, qu'on accufoit de faire revivre les erreurs de Sabellius. #’oyez SABELLIENS. Quelques-uns cependant croient que Marcel étoit orthodoxe, & que ce furent les Ariens fes ennemis, qui lui imputerent des erreurs: S. Epiphane obferve qu’on étoit partagé fur le fait de la doûrine de Marcel ; mais que pour fes feétateurs ; 1l eft tres-conftant qu’ils ne reconnoif- foient pas les trois hypoftales , & qu’ainfi le marcel- liamifme n’étoit point une héréfie imaginaire, MARCELLIN , S.( Géog. ) petite ville de France en Dauphiné , au diocèfe de Vienne, capitale d’un bailliage ; elle eft fituée dans un terrein agréable & fertile en bons vins, près de l’Ifcre , à fept lieues de Grenoble & de Valence, ror S. E. de Paris: Log. ai 53.9 lat, 45. 30. 31, (D...) _ MARCHAGE, & m. (Jurifp.) mérchapium, dans les coutumes d'Auvergne & de la Marche, fignifie le droit que les habitans d’un village ont de faire marcher & paître leurs troupeaux {ur le territoire d'un autre village ; ce terme vient de marche, qui fi- gnifie limire ou confir de deux territoires, Voyez le gloff. de Ducange au mot Marchagium. MARCHAND , f. m. (Comm.) perfonne qui né- gocie , qui trafique où qui fait commerce ; c’eft-à- dire , qurachete, troque, ou fait fabriquer des mar- chandifes , {oit pour les vendre en boutique ouver- te ou en magafñn, foit aufh pour les débiter dans les foires & marchés, ou pour les envoyer pour fon compte dans les pays étrangers. Îly a des marchands qui ne vendent qu’en gros, d’autres qui ne vendent qu’en détail , & d’autres qui font donc enfemble le gros & le détail. Les uns ne font commerce que d’une forte de marchandife, les autres de plufeurs fortes ; :l y en a qui ne s’atra- Chent qu'au commerce de mer, d’autres qui ne font que celui de terre, & d’autres qui {ont conjointe- ment l’un & l’autre. La profeflion de warchand eft honorable, & pour être exercée avec fuccès , elle exige des lamieres & des talens , des connoiflances exactes d’arithméti- que , des comptes de banque ,; du cours & de l’éva- luation des diverfes monnoies,de la nature & du prix des différentes marchandifes, des lois & des coutu- mes particulières au commerce. L'étude même de quelques langues étrangeres , telles que l’efpagnole, italienne & l’allemande , peut être très-utile aux négocians qui embraflent un vafte commerces, & fur-tout à ceux qui font des voyages de long Cours Ou qui ont des correfpondances établies au loin. On appelle marchands groffiers où magafiniers, ceux -qui vendent en gros dans les magafins , & détail. leurs, ceux qui achetent des manufaturiers & grof- fiers pour revendre en détail dans les boutiques. A Lyon, on nomme ceux-ci houriquiers, À Amfterdam, On ne met aucune différence entre ces deux efpeces de rzarchands ; fi ce n’eft pour le commerce du vin : dont ceux qui ne font pas reçus marchands ne peu- Vent vendre moins d’une piece à la fois, pour ne pas faire de tort à ceux qui vendent cette liqueur en détail. Les marchands forains font non-feulement ceux qui fréquentent les foires & les marchés , mais en- -core tous les archands étrangers qui viennent ap- Tome X, | M A À Ba Pôrtef dans les villes des marchandifes pout les ven: dre à ceux qui tiennent boutique & magañn, On appellé à Paris les fix corps des marchands ; les anciennes communautés des marchands qui ven: dent les plus confidérables marehandifes, Ces corps font, 1°, les drapiers , chauffetiers ; 2°, les épiciers, apoticaires, droguites , confifeurs, ciriers, 3°. Les merciérs ; Jouailliers, quinqualliers ; 4°, les pelle- tiers-foureurs, haubaniers ; s°: les bonnetiers , au< mulciers , mitonniers ; 6°, les orfévres jouailliers. Henri III, en 1577 & en 1581, y ajouta un corps Où communauté des zzarchands de vin ; maïs en di£ férentes occafions les fix premiers corps n'ont pas voulu s’aflocier cette nouvelle communauté , & malgré divers réglemens ; le corps des marchands de vin ne paroîït pas plus intimement uni aux fix autres anciens corps qu'il ne l’étoit autrefois. Les marchands dé vin font ceux qui trafiquent du vin, Où qui en acheterit pour le revendre. Il y a des fnarchands de vin en gros & des marchands de vin en détail, Les premiers font ceux qui lé vendent en pieces, dans des caves, celliers, magafins ou hal- les. Les autres qu'on nomme auf cabaretiers ou taverniers , le débitent à pot & à pinte, dans les caves ; tavernes & cabarets, | Les marchands libraires font ceux qui font impri- mer, vendent & achetent toutes fortes de livres ; foit en blanc, foit reliés ou brochés. foyez LIBRAIRE 6 LIBRAIRIE. Les marchands de bois font ceux qui font abattre & façonner les bois dans les forêts pour les vendre en chantier ou fur les ports. À Paris il y a deux for: tes de marchands de bois à brûler , les uns qu’on nomme zzarchands forains , & les autres rarchands bourgeois. Ces deux fortes de #archands font ceux qui tont venir le gros bois par les rivieres, & c’eft à eux feuls qu'il eft permis d’en faire le commerce. étant défendu aux regrattiers d’en revendré, Foye? Bois: | Ceux qui vendent des orains ; conime blé , avoiz ne, orge, 6c. Ceux qui vendent des tuiles, de la chaux, des chevaux , prennent généralement la qua- lité de rarchand, Pleure autres négocians , enco- re qu'ils ne {oient proprement qu’artifans , comme les chapeliers, tapifers , chandeliers; tanneurs, &c: prennent aufh le nom de marchands. Les lingeres , graimieres, celles qui vendent du poiflon d’eau-douce ou de mer frais, fec ou falé; les fruitieres , Gc, font auffi réputées marchandes. Les marchañds en gros & en détail font réputés majeurs pour le fait de leur commerce ; & ne peu vent être reftitués {ous prétexte de minorité. La jurifdiétion ordinaire des riarchands eft celle des juges & confuls, &c leur premier magiftrat de police à Paris pour le fait de leur commerce, eftle prevôt des marchands, Voyez ConsuLs & PREVÔT DES MARCHANDS: MARCHAND , fe dit aufi des bourgeois & parti- cubers qui acherent. On dit d’une boutique qu’elle eft fort achalandée , qu'il y vient beaucoup de mar: chands. MARCHAND , fe dit encore des marchandifes de bonne qualité, qui n’ont ni fard, ni défaut, & dont le débit eft facile, Ce blé eft bon , il eft loyal & marchand. Les villes zvarchandes font celles où il fe fait un grand commerce, foit par rapport aux ports de mér ËT aux grandes rivieres , qui y facilitent l'apport & le tranfport des marchandifes , foit à caufe des ma- nufaëtures qui y font établies. On dit qu'une riviere eft marchande , lorfqu’elle eft propre pour la navigation, qu’elle à affez d’eaw pour porter les bateaux, qu’elle n’eftni débordée, x glacée, La Loire n’eft pas oe une grande ka 1] 54 partie de l’année , à caufe de fon pen de profondeur & des fables dont eile eft remplie. MarcHanDb, fe ditencore proverbialement en plufieurs manieres, comme marchand qu perd ne peut rire, il n’eft pas marchand qui toujours gägne , être mauvais #archand d’une entreprife , Gc. Did, de commerce, MARCHAND, vaiffeau, Voyez VAISSEAU. MARCHANDER , V.a@, ( Commerce. )offrir de l’ar- gent de quelque marchandife que l’on veut acheter, faire en{orte de convenir du prix. Ily a de la différence entre marchamder &t mefof- frir. Îl faut favoir marchander pour n’être pas trompé dans l’achat des marchandifes , mais c’eft fe moquer du vendeur que de mefoffrir. Ditlonnaïre de Cornmer- ce. ( G MARCHANDISE, f. f. ( Commerce. ) fe dit de toutes les chofes quife vendent & débitent, foit en gros, foit en détail, dans les magafins , boutiques , foires, même dans les marchés, telles que font les draperies , les foieries, les épiceries, les merceries, lès pelleteries, la bonneterie , l’orfévrerie , les rains, @c. Marchandife {e prend aufli pour trafic, négoce , commerce. En ce fens, on dit aller en marchandife, pour fignifier aller en acheter dans les foires, villes de commerce , lieux de fabrique, pays étrangers; faire marchandife , pour dire en vendre en boutique, en magafin. Mérchandifes d'œuvres du poids, ce font celles au- tres que les épiceries & drogueries , qui font fujet- tes au droit du poids-le-roi établi à Paris. Ce droit pour ces marchandifes eft de trois fols pour cent pe- {ant. Voyez POIDS-LE-ROI. Diéfionn. de Commerce. Marchandifes de contrebande ; voyez CONTRE- BANDE. Marchandife marinée, celle qui a été mouillée d’eau de mer. Marchandife naufragée | celle qui a effuyé quelque dégât parun naufrage. Marchandife avariée , celle qui a été gâtée dans un vaifleau pendant fon voyage, foit par échouement, tempête, ou autrement. Diéfionn. de Commerce. ( G) MARCHÉ, {. m. ( Commerce. ) place publique dans un bourg ou une ville où on expofe des den- rées en vente. Voyez BoucHeRtE 6 Forum, Marché fignifie aufli un droir ou privilege de tenir marché, acquis par une ville, foit par conceñfon, foit par prelcription. Braëton obferve qu'un marché doit être éloigné d’un autre au moins de fix milles & demi, & un tiers de moitié. Onavoit coutume autrefois en Angleterre de te- nir des foires & deszarchés les dimanches & devant les portes des éplifes, de façon qu’on fatisfaifoit en même tems à fa dévotion & à fes affaires. Cetufage, quoique défendu par plufeurs rois, fubfifta encore juiqu’à Henri VI. qui Pabolit entierement. Il y a en- core bien des endroits où l’on tient les marchés de- vant les portes des églifes. Le marché eft différent de la foire en ce que le marché n’eft que pour une ville ou un lieu particu- lier, & la foire regarde toute une province, même plufieurs. Les marchés ne peuvent s'établir dans au- cun lieufans la permiffion du fouverain. À Paris, les lieux où fe tiennent les warches ont différens noms. Quelques-uns confervent le nom de marche, comme le marché neuf, le rarché du cime- tiere de faint Jean, le arche aux chevaux, &c. d’au- tres fe nomment places, la place maubert, la place aux veaux; d’autres enfin s’appellent kz/Zes, la halle au blé, la halle aux poiffons , la halle à la farine. Il ya, dans toutes les provinces de France , des marchés confdérables dans les principales villes, MAR qui fe tiennent à certains joursreglésde la femaine, On peut en voir la lifte dans le défionnaire de Com- merce ; torne III, pag.293 6 fui. | Marché de Naumbourg, C’eft ainfi qu’on nommeen Allémagne une forre célebre qui fe tient tous les 2as dans cette ville de Mifnie. Onregarde ce marchécom- me une quatrieme foire de Leipfck, parce que la plüpart des marchands de cette derniere ville ont coutume de s’y trouvér. Il commencele 29 Juin, & ne dure que huit jours. Marche ou bourfe aux grains, On nomme ainfi à Arafterdam un grand bésiment ou halle , où les mar- chands de grains tant de la ville que du dehors s’af- femblent tous les lundis, mercredis & vendredis, & où leurs faéteurs portent & vendent fur montre les divers grains dont on juge tant fur la qualité que fur le poids, en en pefant quelques poionées dans de petites balances, pour évaluer quelle fera la pefan- teur du fac 6 du laft. Marché de Petersbourg. Voyez Lawxs. Marché fe dit encore du tems auquel fe fait la vente. Îl y a ordinairement dans chaque ville deux jours de rzarché par femaine. Marché fe dit pareïllement de la vente 8 du débit qui fe fait à beaucoup ou à peu d'avantage. Il faut voir le cours durarché. Le marché r'a pas été bon au- jourd’hui. Chaque jour de #arché on doit enreciftrer au greffe le prix courant du warché des grains, Dic- tionnaire de Commerce , 1ome III, pag. 296: MARCHÉ: ( Commerce. ) en général fignifie un traité parlemoyen duquelon échange, ontroque, on achete quelque chofe, ou l’on fait quelque aîe de commerce. Murché fe dit plus particulierement, parmi les marchands &négocians, desconventions qu’ils font lesuns avec les autres, {oit pour fournitures, achats, ou trocs de marchandiles fur un certain pié , ow moyennant une certaine fomme. Les marchés fe concluent ou verbalement fur les fimples paroles, en donnant par l'acheteur au ven- deur des arrnes , ce qu’on appelle donner Le denier a Dieu ; ou par écrit, foit fous fienature privée, foit pardevant notaires. Les marchés par écrit doivent être doubles, l’un pour le vendeur , l’autre pourl’acheteur, On appelle marché en bloc E en tâche , celui qui fe fait d’une marchandife dont on prend le fort & le foible , lebon & le mauvais enfemble, fans le diftin- guer ni le féparer. Didionnaire de Commerce. MARCHÉ. ( Comm. ) Dans le commerce d’Amf terdam on diftingue trois fortes de warchés : le marché conditionnel, le marche ferme, & le marché à op- tion, qui tous trois ne fe font qu'à terme ou à tems. Les marchés conditionnels font ceux qui fe font des marchandifes quele vendeur n’a point encore en fa pofflefion, mais qu'il fait être déja achetées & chargées pour fon compte par fes correfpondans dans les pays étrangers, lefquelles il s’oblige de li- vrer à l’acheteur à leur arrivée au prix & fous les conditions entr’eux convenues. Les marchés fermes font ceux par lefquels le ven- deur s’oblige de livrer à lacheteur une certaine quantité de marchandifes, au prix & dans le tems dont ils font demeurés d'accord. Enfin les marchés à option font ceux par lefquels un marchand s’oblige, moyennant une fomme qu'il recoit & qu’on appelle prime, de ivrer ou de rece- voir une certaine quantité de marchandifes à un cet- tain prix & dans un tems ftipulé, avec liberté néan- moins au vendeur de ne la point livrer & à l’ache- teur de ne la point recevoir , s'ils le trouvent à pro- pos, en perdant feulement leur prime. Sur la nature, les avantages ou défavantages de M A R cesi différentes fortes de rarchés , la maniere de les conclure, la forme & les claufes des contrats qui les énoncent, on peut voir le sraité du négoce d’ Amf- terdam par le fieur Picard, & ce qu’en dit d’aprèscet auteur M. Savary. Dréionnaire de Commerce. MARCHÉ , ( Commerce. ) {e dit du prix des chofes vendues on achetées. En ce fens, on dit j'ai eu oz marché de ce vin, de ce blé , &c. c’eft-à-dire, que le prix n’en a pas été confidérable. C’eft un marché donné ,| pour dire que le prix en eft très-médiocre. C’eft un marché fair, pour exprimer que Le prix d’une marchandife eft reglé , & qu'on n’en peut rien di- minuer. | Il y a auf plufeurs expreflions proverbiales ou familieres dans le commerce où entre Le mot de mar- ché, comme boire le vin du marché , mettre le marché a la main, Gt. I eft de principe dans le commerce , qu'il faut fe défier d’un marchand qui donne fes marchandifes àtrop bon rarché, parce qu'ordinairement il n’en agit ainfñi que pour fe préparer à la fuite ou à la ban- queroute , en fe faifant promptement un fonds d’ar- gent pour le détourner. Diéfionnaire de Commerce, MARCHÉS de Rome, ( Antiq. rom.) places publi- ques à Rome, pour rendre la jufticeau peuple, ou pour y expoler en vente les vivres & autres mar- chandifes, Les marchés que les Romains appelloient fora , {ont encore au nombre des plus fuperbes édi- fices qui fuffent dans la ville de Rome pour rendre la juftice au peuple. C’étoient de fpacieufes & larges places quarrées ouquadrangulaires | environnées de galeries , foutenues par des arcades, à-peu-près comme la place royale à Paris, mais ces fortes d’é- difices à Rome croient beaucoup plus grands & plus fuperbes en architetture. Ammian Marcellin rap- porte que le arche de Trajan , forum Trajani , paf. {oit pour une merveille par le nombre d’arcades po- féesartiftement les unes fur les autres, de forte que Conftantnius, après l'avoir vû, défefpéra de pou- voir faire rien de femblable. Strabon parlant du fo- rum Romanum, dit qu'il étoit fi beau , fi bien accom- pagné de galeries , de temples & autres édifices ma- gruifiques, ué hec fingula contemplans , facilè alia om- nia oblivione delebre. Outre ces marches deftinés aux affemblées du peu- ple, il y avoit à Rome quatorze autres marchés pour la vente des denrées, qu’on appelloit fora venalia ; tels étoient le forum olitorium , le marché aux herbes oùfe vendoient les légumes : ce zarchéétoit auprès du mont Capitolin. On y voyoit un temple dédiéà | Junon, ratura ; & un autre confacré à la piété. Il y avoit la halle au vin, vizaerium ; le marché aux bœufs, forum boarium ; le marché au pain , forum pifiorium ; le marché au poiffon ou la poiflonnerie , forum pifcarium ; le marché aux chevaux, forum equariumm ; le marché aux porcs , forum fuarium. Il y avoit encore un arche que nous ne devons pas oublier, le arche aux friandifes , où étoient les rôtifleurs , les pâtifliers 8 les confifeurs, forum cu. pedinarium : Feftus croit que ce mot vient de cupedia, qui figniñe chez les Latins desmers exquis ; mais Var- ron prétend que ce zzarché prit fon nom d’un cheva- lier romain nommé Cupes, qui avoit fon palais dans cette place, lequel fut rafé pour fes larcins, & la place employée à l’ufage dont nous venons de parler. Quoi qu'il en foit, tousles marchés de Rome defti- nés à la vente des denrées & marchandifes, étoient environnés de portiques & de maifons, garnies d’é- taux Ôt de grandes tables , fur lefquelles chacun ex- potoit les denrées & marchandifes dont il faifoit commerce. On appelloit ces étaux , abaci & opera- rie men. Onuphre Panvini ; dans fon ouvrage des régions MAR 8$ deRome, vous donnera la defcription completté de tous les marchés de cette ancienne capitale du monde ; c’eft aflez pour nous d’en raflembler ici les noms : le forum romanum ou le grand warché ; forum Cœfaris ; Augufli ; boarium ; tran/itorium 3 olitorium ; Piflorium ; Trajani; Ænobarbi ; Juarium ; archæmo- FUI ; Diocleriani 5 CqUariumn ; rufficorume ; Cupedi- us ; pycartum ; Salufl. Il y faut ajouter la halle au Vin, virarium. Voyez nos PL, d'Antiq, (D. JT. ) MARCHE D’APPius, LE, ( Géog. anc. ) forum Appü, c'étoitune bourgade du Latium, au pays des Volfques, à 45 milles de Rome, dans le ma- rais Pontino, palus pemptina , entre Seti au nord 4 & clauffra romana au fud. Appius, pendant fon con- fulat, fit jetter une digue autravers de ce marais 5 & Augufte fit enfuite crenfer un canal depuis le bourg jufqu’au temple de Féronie; ce canal étoit navigable & très-fréquenté. (D, J. MARCHES , LES ; (Arc milir, ) dans les armées , font une des parties les plus importantes du général ; elles font la principale {cience du maréchal général des logis de l’armée. Les #arches des armées doivent fe regler fur Le pays dans lequel on veut marcher, fur le tems 5: A L] We » qu'il faut à Pennemi pour s'approcher, & fur le def. fein qu’on a formé. On doit toûjours marcher com- meoneft, ou comme on veut camper, où comme on veut combattre. « Il fautavoirune parfaite connoiffance du pays, # & beaucoup d'expérience pour bien difpofer une » marche, lorfqu’on veut s’avancer dans le pays » ennemi, & s'approcher de lui pourle combattre, » Il y a des rarches que l’on fait fur quatre, fix ou » huit colonnes , fuivant la facilité du pays ou la » force de l’armée ; il y en a d’autres qui fe font # fans rien changer à la difpoñition de l’armée , en » marchant par la droite ou par la gauche, fur au- » tant de colonnes qu’il y a de lignes. » Ordinairement ces marches fe font lorfqu’on eft » en préfence de l’ennemi, & qu’il faut l'empêcher » de pañler une riviere, ou gagner quelque pofte » de conféquence, On a destravailleurs à la tête de chaque colonne pour leur ouvrir les pañlages né- » ceffaires, & les faire toutes entrer en même tems » dans le camp qu'elles doivent occuper. Il eft » très-utile de prévenir de bonne heure ces zzarches » par des chemins que l’on doit faire à - travers » champ, qui facilitent la marche des colonnes & » leur arrivée au camp. à 4 La » Lorfqu'on marche en colonne dans un pays couvert, &t que l’ennemi vous furprend & vous renverfe , 1l eft important de favoir prendre fon parti fur le champ, en difpofant promptement en bataille les troupes qui ne font point encore at- taquées, afin de donner le tems aux autres de fe rallier. S'il y avoit dans cet endroit quelque ter- » rein avantageux, on l’occuperoit auffi-tôt pour » y combattre. Souvent les troupes quine font pas » foutenues à tems, fe détruifent plus par la ter- reur que par le coup de main, On évite de fembla- bles furprifes en pouflanten-avant des partis & de forts détachemens qui tiennent en refpe@ l’enne- » mi, & donnent avis de fes mouvemens. Il faut encore qu'il y ait entre les intervalles des colon- » nes, de petits détachemens de cavalerie avec des » officiers entendus pour les faire toutes marcher à » même hauteur; &, fi l'ennemi paroïfloit, les » colonnes auroient le tems de fe former en ba- taille & remplir le terrein. » Il feroit bon de donner par écrit cet ordre de » marche aux commandans de chaque colonne , & » leur marquer celles qui marchent fur la droite & fur la gauche , afin qu’ils puiffent apprendre les à, 4 à. 4 TEEN S Y Va Ÿ Y Y à, 4 h 4 AU + ÿ 86 MAR # uns dés autres l’ordre du général, & fe conformet # à ce qu'il leur eft prefcrit. » On marche quelquefois à colornes renverfées ; 5 c’eft-àdire, la droite faifant la gauche, ou la » gauche faifant la droite ; cetté rarche fe fait fui- # vant la difpofition où l’on eft, ou le deflein qu’on » ade fe porter brufquement dans un camp pour # faire têté, eh y arrivant, aux colonnes de la » droite de l’armée ennemie, qui péut en arrivant # engagerune ation. Nos troupes occupent d’abord # le pofte le plus avantageux, & donnent le tems » aux autrés colonnes d'arriver & de s’y mettre » en bataille. » On peut quitter de jour fon camp, quoiqi'à » portée de l'ennemi, lorfque l’on connoït qu'il eff # de conféquence de changer lé premier de fitua- # tion: pour faire cette #arche, On met toutes les » troupes en bataille, aufi-tôt on fait marcher la # prenuere ligne par les intervalles de la feconde # pour pafler diligemment les défilés ou les ponts, » elle s'étend pour foutenir la feconde qui pañle en- » fuite par les intervalles de la premiere, & fe met » derriere en bataille. Il faut que cette difpofition » de arche foit bien exécutée, & qu'il y ait au » flanc dela droite & de la gauche des troupes pour # obferver les ennemis : les officiers de chaque régi- » ment doivent être attentifs à contenir leur trou- » pe-Si le terrein étoit trop défavantageux pour » faire une femblable arche pendant le jour , il # faudroit décamper à l'entrée de la nuit fur autant # de colonnes que le terrein pourroit le permeitre ; # on laifleroit des feux au camp à l’ordinaire avec » des détachemens de tous côtés, dont les fenti- » nelles ou vedetes feroient alertes pour empêcher » l'ennemi de s’en approcher , & Lui ôter la con- # noiflance de certe #arche : il faut la rendre plus 5» facile par des ouvertures que l’on fait pour chaque » colonne, & que des officiers-majors les recon- noïflent, afin de ne point prendre le change, & # que les colonnes ne s’embarraflent point, . # Quand on veut décamper de jour & dérober # ce mouvement aux ennemis, avant que de le »# faire, 6n envoie fur leur camp un gros corps de # cavalerie avec les étendards , à deflein de les in- » triguer, & les amufer aflez de tems pour donner #» à l’armée celui de fe porter au pofte qu’elle veut # occuper, avant qu'il fe puifle mettre en marche. » Il y a des warches qu'il faut faire à l'entrée de # la nuit pour empêcher que l’ennemi n’attaque no- » tre arriere-garde dans fes défilés, & faciliter par » ce moyen {on arrivée dans un autre camp. Quoi- # que l’on foit proche de l’enremi, & qu'il n’y ait # aucune riviere qui lefépare , un général qui con- » noît l’avantage de fa fituation , & qui veut enga- # ser une affaire, peut reculer fon armée des bords # de cette riviere pour lui donner la tentation de » la paflers mais lorfqu’on fait ce mouvement, 1l » ne faut pas lui laiffer prendre affez de terrein pour » placer deux lignes en bataille : on doit au con- » traire le reflerrer, & profiter du piege qu’on lui a » tendu, ne lui laffer pañler de troupes qu’autant # qu'on en peut combattre avec avantage, fans # quoi il faudroit abfolument garder les bords de la # riviere». Traité de La guerre par Vaultier. _ Une arche de 3 ou 4 lieues eft appellée #arche ordinaire, S1l’on fait faire 6 ou 7 lieues à une armée, c’eft-à-dire à peu près le double d’une zzarche ordi- naire, on donne à cette marche le nom de arche forcée, Ces fortes de marches ne doivent fe faire que dans des cas preflans, comme pour furprendre l’en- nemi dans une poñtion defavantageufe, ou pour gagner des poftes où l’on puiffe s'arrêter ou l’incom- moder , ou enfin pour s’en éloigner ou pour s’en ap- procher, lorfqu’il a eu l’art de faire une marche fe- crête, c’eft-à-dire lorfqu'il a fu fouffler où dérobet une /2arche, | _ Les marchès forcées ont l’inconvénient de fatiguer beaucoup l’armée , par cette raïfon on ne doit point en faire fans grande nécefhté. Celles qui font occa: fionnées par les #zarches que l’ennermi à dérobées, font lès plus défagréables pour le général, attendii que ce n’eft qu'à {0h peu d’atteñtion qu’on peut les attribuet ; C’eft pourquoi M. lé chévalier de Folard prétend qu'il en eïft plus mortifié que de la perte d’une bataille, parce que riex ne prêre plus 4 la glofë des malins & des raïlleurs. | | & Dans les zzarches vives & forcées, il faut faire » trouver avec ofdre & diligence, dans lés lieux où » paffent les troupés, des vivres 87 toutes les cho- » fes néceflaires pour leur foulageñient. Avec ces » précautions , le général qui prévoit lé defléin de # fon ennemi, eft en état dé le prévenir avec aflez » de forces dans les lieux qu'il veut occuper; cette » diligence l’étonne, &c les obftacles à fôn entreprifé » augmentant à mefure que les troupes arrivent, il » l’abandonne & fe retire ». méme Traité que Re Nous renvoyons ceux qui voudront entrer dans tous les détails des warches, à Ars de La guerre par M. le maréchal de Puvyfeour, & à nos Elémens de Taïlique. MARCHE, ( Archir.) en latin gradus , deoré fut lequel on pofe le pié pour monter où defendre, ce qui fait partie d’un efcahier. Les anciens donnoïent ä leurs zarches, 8 comme on difoit dans le dernier fiecle, à leurs degrés, 10 pouces de hauteur de leur pié, qu’on appelle pié romain antigie, Ce qui revient efiviron à ÿ pouces de notre pié de roi. Ils donnaient de giron à chagné marche les trois quarts de leur hauteur, c’eft-à-dire un de nos piés de roi, Ce qui failoit des marches trop hautes, & pas aflez larges. Aujourd’hui on‘donne à chaque arche 6 on 7 pour ces de hauteur, & 13 ou 14 de giron. Dansiesgrands éfcaliers, cette proportion rend nos #arches beau- coup plus commodes que celles des anciens. Leurs fieges des théâtres étoient en façon de marches, à chaque marche fervant de fiege avoit deux fois la hauteur des degres qui fervoient à monter & à def- cendre. Voyez les Noces de M°. Perrault fur Vitruve, div. IIL 6 F. , On fait des #rarches de pietre, de bois, de marbre, non-feulement on diftingue les marches ou degrés par leur hauteur & leut giron ou largeur , mais en- core par d’autres différences , que Davilerexpliqué dans fon Cours d’Archtetture. On appelle, dit-il, arche carrée, ou droite, celle dont le giron eft contenu entre deux lignes paral- léles ; marche d'angle, celle qui eft la plus longue d’un quartier toufnant ; marches de demi-angle, les deux plus proches de la marche d'angle ; marches gi- ronnées , celles des quartiers tournans des efcaliers ronds ou ovales ; z14rches délardées , celles qui font dérnaigries en chanfrain par deffous, & portent leur délardement pour former une coquille d’efcalier ; marches moulées , celles qui ont une moulure avec fi- lets au bord du giton ; #arches courbes, celles qui font ceintrées en dedans ou en arriere ; marches ram- pañtes, celles dont le giron fort large eft en pente, & où peuvent monter les chevaux ; on appelle rar- ches de gafon, celles qui forment des perrons de ga- fon dans les jardins , & dont chacune eft ordinaire- ment retenue par une piece de bois qui en fait la | hauteur. (2. J.) MarcHes, 4s,( Rubaniers.) ce font des mor- ceaux de bois minces , étroits & longs , de 4à 5 pies, au nombre de 24 ou 26 : cependant un maître dudit métier nommé Deftappe, a imaginé d’en mettre jufqu’à 36, qui au moyen de leur extrême dékica= MAR tefle n’occupent pas plus de place que 24, cé qui lui a parfaitement réufli. Ces #arches font percées & enfilées par un bout dans une broche ou boulon de fer, qui s'attache lui-même fous le pont du métier. Voyez PONT. Par l’autre bout elles portent les tirans des lames, & ces tirans fervent à faire baïffer les lames, Voyez Lames. Lorfqu’il y a 24, 26 ou plus de marches à un métier, il faut qu'il y ait autant de lames & de hautes-lifles qu'il y a de warches, puif- que chaque marche tire fa lame, qui à fon tour tire da haute-lifle. Voyez HAUTE-LI5SE. On voir parfai- tement tout ceci dans nos PI. de Soirie & de Pafñle- menterie. [l faut, commela figurele fait voir, queles marches foient d’imégale longueur, les plus longues au centre, comme devant tirer les lames les plus éloignées , cette longueur donnant la facilité d’atia- cher le tirant perpendiculairement à la lame que la marche doit faire agir; on fent par ce qui vient d’être dit pourquoi les marches des extrémités doivent être plus courtes ; les marches ne doivent point être non plus fufpendues à leurs tirans fur le même niveau, puifque l’on voit dans les figures que celles du centre pendent plus bas que les autres, & s’élevenr petit-à- petit à mefure qu'elles approchent de l’extrémité, en voici Ja raifon : lorfque l’ouvrier marche les s1er- ches des extrémites , il a les jambes fort écartées, ce qui doit indubitablement leur faire perdre de leur longueur, au lieu qu’en marchant celles du centre illes a dans toute leur longueur & dans toute leur force ; il éft donc néceffaire de donner ce plan aux marches, outre que l’ouvrier y trouve encore une facilité pour les marcher. Comme elles font fort fer- rées les unes contre les autres , fur-tout quand elles y font toutes, cette inclinaifon lui eft favorable pour trouvér celles dont il a befoin. MARCHES, ( Bas au métier) eft une partie de cette machine. Voyez l’article BAS AU MÉTIER. MARCHE, ( Soirie.) partie du bois dz métier d’écoffe de foie. La marche eft un litteau de z pouces 2 à 3 pouces de largeur, fur 1 pouce d’épaiffeur "El eft de 5 piés + à 6 piés de long , & percé à un bout ; ce trou eft néceflaire pour y pafñler une broche de fer au travers pour les fixer & les rendre folides, lorfque l’ouvrier veut travailler. Les marches fervent à faire lever les liffes, tant de fatin, gros-de-tours, que celles de poil. MARCHE-BASSE , ( Tapiffier. ) les ouvriers appel- lent quelquefois ainfi cette efpece de tapiflerie, qu'on nomme plus ordinairement Baffe -Jiffe. Ils Imi donnent ce nom, qui n’eft d’ufage que dans les ma- nufaétures , à caufe de deux marches que l’ouvrier a fous fes piés, pour hauffer ou baïfler les liffes. Voyez BASSE-LISSE. MARCHES, ( Tifferand ) partie inférieure du mé- tier des Tiflerands, Tiflutiers, Rubaniers, &c. ce font de fimples tringles de bois, attachées par un bout à la traverfe inférieure du métier, que l’ou- vrier a fous fes piés, & {ufpendues par l’autre bout aux ficelles des lifles. + Les #arches font ainfi nommées parce que l’ou- vrier met les piés deflus pour travailler, Les marches font haufler ou baiffer les fils de la chaîne » a travers lefquels Les fils de la trame doivent pañler. Ainfi lorf. que l’ouvrier met les piés fur uné arche, tous les fils de la chaîne qui y répondent par le moyen des lifles fe levent, & lorfqu'il Ôte fon pié ils retom- bent dans leur fituation par le poids dés plombs que Les lifles ont à chaque extrémité. MARCHE , serme de Tourneur, c’eft la piece de bois fur laquelle le tourneut pofe fon pié, pour donner à la piece qu'il travaille un mouvement cir- ! culaire, Cette marche n’eft dans les tours communs qu'une tringle de bois foulevée par léxtrémité là / ® na . Q L Lis | plus éloignée de l’ouvrier, par une corde attachée MAR 87 de l’autre bont à une perche qui pend du haut du plancher. Voyez Toûr. | MARCHE DU LOUP, ( Vénerie.) c'eft ce qu'on appelle en vrais termes , piffe ou voie, faux marché, la biche y eft fujette dans le cours de douze à quinze pas. MARCHE, terme de Blafon. Le P. Menetrier dit qu'il eft employé dans les anciens manufcrits pour la corne du pié des vaches. MARCHE , ( Géog. ) ce mot, dans la baffe latinité, eft exprimé par warca, marchie , & fignifie limites, frontieres ; c’eft pourquoi M. de Marca a intitulé fes favantes recherches fur les frontieres de l’Efpagne & de la France, marca hifpanica, Le feigneur qui commandoit aux frontieres étoit nommé #zarcheus ; de ce mot s’eft formé celui de #archis, que nous difons aujourd’hui #arquis , & que les Allemands expriment par sargrave. Voyez MARGRAVE. Dans les auteurs de la bafle latinité; marchant & marchiani , font les habitans de la frontiere. On a aufli nommé archiones , des fokdats employés fur la frontiere , & avec Le tems ce mot a été affe@é aux nobles, qui aprés avoir en un gouvernement fur la frontiere qui leur donnoit ce titre, l’ont rendu héréditaire, & ont tranfmis à leurs enfans mâles ce gouvernement avec le titre. Enfin la qualification de marquis a été prife dans ces derniers tems en France par de fimples gentilfhommes, & même par des roturiers ennoblis, qui n’ont rien de commun avec le fervice, ni avec les frontieres de l’état, Voyez MARQUIS. ( D, J. 7" MARCHE, a, (Géog.) Marchia gallica, province de France , avec le titre de comté. Elle eft bornée au feptentrion par le Berry , à l’orient pat l’Auver- gne , à occident par le Poitou & PAngoumois, & au midi par le Limoufin, dont elle a autrefois fait partie, étant même encore à préfent du diocèfe de Limoges. Son nom de Marche lui vient de ce qu’elle eft f- tuée furles confins ou #7arches du Poitou & du Berry. Elle a été réunie à la couronne par François I, l’an 1$31. La Marche a environ 22 lieues de longueur , für 8 où 10 de larseur. Elle donné du vin dans quelques endroits & du blé dans d’autres ; fon commerce confifte principalement en beftiaux & en tapifferiés que l’on fait à Aubuflon, Felletin, & autres lieux. Elle eft arrofée par la Vienne, le Cher, la Crenfe & la Cartempe. On fa divife en haute & baffle, & on lui donne Guéret pour capitale. (D, J.) MARCHE, (Géog.) petite ville, ou bourg de France, au duché de Bar, fur les confins de là Cham- pagne , entre les fources de la Meufe & de la Saoné, à 13lieues de Tonl. Lozg. 23.206 lar. 48,2. (D. J) MARCHE , (Géog. ) petite ville des Pays-bas, ai duché de Luxembourg, aux confins du Liégeois, entre Dinant & la Roche, dans lé petit pays de Famène. M. de Lifle ne devoir: pas dire comme le peuple, Marche où Famine. Long. 23. 15. la. 50. 13. (D. JT.) MARCHE TRÉVISANE, la, (Géograph.) province d’Italié, dans l’état de la république de Venife, bornée E. par le Frioul, S. par le golfe le Dogat, & lé Padotian , O. par le Vicentin, N. par le Feltrin & le Belunefe. On appelle cette province Marche trévifare, parce que dans la divifion de ce pays:à, fous les Lombards, l'état de Venile étoit gouverné par un marquis dont la réfidence ordi. naire étoit à Trévife ( Trevigio). La Marche avoit alors une plus grande étendue qu'aujourd'hui. Sa principale riviere eft la Piave; mais elle éft entre- : coupée d'un grand nombre de ruifléaux: fes deux feules villes font Trévife 8€ Céneda. (D, 7.) 88 MAR Marcome, la, (Géog.) c’eft aiufi que les Fran- ! cois nomment une province maritime de l’Ecoffe feptentrionale , que les Anglois appellent Mers. Voyez Mers. (D.J.) | MAR CHE-PIÉ, {. m.( Gremm.) efpece d’efca- beau qu’on place fous fes piés, pour s’élever à une hauteur à laquelle on n’atteindroit pas de la main fans ce fecours. MARCHE-PIÉ , ( Marine. ) nom général qu'on donne à des cordages qui ont des nœuds, qui font Tous les vergues, & fur lefquels les matelots pofent les piés lorfqu'ils prennent les ris des voiles, qu’ils les ferlent & déferlent, & quand ils veulent mettre ou Ôter le boute-dehors. Marche-pié : on appelle ainf fur le bord des ri- vieres un efpace d'environ trois toifes de large qu'on laifle hbre , afin que les bateaux puiffent re- monter facilement. -Marcne-PIié, meuble fervant dans les manufa- éures en foie à changer les femples & à faire les gances. MARCHENA , ( Géog. ) ancienne ville d’Efpa- gne dans l’Andaloufe , avec titre de duché ; elle eit fituée au milieu d’une plaine , dans un terroir fertile, à 9 lieues S, de Séville. Quelques auteurs la pren- nent pour l’ancienne Artégua ; mais Les ruines d’Ar- tégua en font bien éloignées ; d’autres ecrivains conjeéturent avec vraiflemblance, que Lucius Mar- cius, qui fuccéda à Cn. Scipion dans le commande- ment de l’armée romaine, en eft le fondateur, & que c’eft la co/onia marcia des Romains, parce qu’on y a déterré des infcriptions fous ce nom. Log, 11. FRS PRIE ET 0 2 ME) MARCHER Le, ( Phyfiolog. ) le marcher ou l’a- étion de #archer , eft celle par laquelle or pañie d'un lieu à un autre, au moyen du mouvement que l’on peut donner aux parties du corps deftinées à cet ufage. Pour expliquer comment cette aétion s’exécute, fuppofons un homme qui {e tienne debout fur le point z ; faut-il qu'il æarche, un pié refte immobile, & eft fortement foutenu par les mufcles ; de forte que le corps eft tenu par le feul point ?; Pautre pié s’éleve, la cuifle confidérablement pliée ; de façon que le pié devient plus court, & le tibia auff le de- vient un peu. Maintenant lorfque le genou eft per- pendiculaire fur ce point où nous voulons fixer no- tre pié mobile , nous laiflons aller le même pié fur la terre où il s’afermit, tout le pié étant étendu, & le fémur incliné en-devant : alors il faut marcher de l’autre pié qui étoit immobile. Lors donc que nous jettons ce pié devant l’autre, qui lui-même eft plié ar le mouvement en-avant du fémur , & [a plante tellement élevée par le tendon d'Achille, qu'on ne touche d’abord la terre qu'avec la pointe, & qu’on ne la touché plus enfuite de la pointe même, nous fléchiflons en même tems toutle corpsen-devant, tant par le relâchement des extenfeurs de l’épine du cou & de la tête, que par les mufcles ihaques, pfoas, les droits, & les obliques du bas-ventre; mais alors la ligne de gravité étant avancée hors de la plante du pié, il nous faudroit encore néceflaire- ment tomber, fi nous ne laiffions aller à terre le pié qui étoit fixe auparavant, & qui eft préfente- ment mobile, par le relâchement des extenfeurs, & l’attion des fléchifeurs ; fi nous ne nous y accro- chions ainfi en quelque maniere ; fi. nous ne lui don- nions un état ftable ; &c fi enfin étant aflujettis:, nous ne lui donnions le centre de gravité du corps; mais tout cela s’apprend par l'habitude, & à force de chütes. | Quand on arche , les pas font plus longs en mon- tant, & plus courts en defcendant ; voici la raifon que M. de Mairan en apporte. Un homme qui fait un pas, a toûjours une jambe qui avance, & que nous appellerons antérieure, & une jambe pofférieure qui demeure en-arriere. La jambe poftérnieure porte tout le poids du corps, tan- dis que l’autre eft en l’air. L'une eft toùjours pliée an jaret , & l’autre eft tendue & droite. Lorfqu’on marche {ur un plan horifontal , la jambe poftérieure eft tendue & l’antérieure pliée; de même lorfqu’on monte fur un plan incliné , l’antérieure feulément eft beaucoup plus phée que pour le plan horifontal. Quand on defcend , c’eft au contraire la jambe po- ftérieure qui eft pliée : or comme elle porte tout le poids du corps, elle a plus de facilité à le porter dans le cas dela montée oùelle eft tendue, que dans le cas de la defcente où elle eft pliée, & d'autant plus affoiblie, que le pli ou la flexion du jarret eft plus grande. Quand la jambe poftérieure a plus de facilité à porter le poids du corps, on n’eft pas fi preflé de le tranfporter fur l’autre jambe, c’eft-à- dire de faire un fecond pas & d'avancer ; par con- féquent on a le loifir & la liberté de faire ce pre- mier pas plus grand, ou ce qui eft le même, de porter plus loin la jambe antérieure, Ce fera le con- traire quand la jambe poftérieure aura moins de fa- cilité à porter le poids du corps; & par lincommo- dité que caufera naturellement cette fituation, on fe hâtera d'en changer & d'avancer. On fait donc en montant des pas plus grands & en moindre nom- bre, & en defcendant, on les fait plus courts, plus précipités, & en plus grand nombre. Il ya des perfonnes qui marchent les genoux en- dedans & les piés en-dehors. Ce défaut de confor- mation vient de ce que les cavités fupérieures fi- tuées extérieurement dans le tibia ou dehors, fe trouvent un travers de doigt tantôt plus bas, tantôt moins, que les cavités qui font placées intérieure- ment. La luxation des vertebres empêche le mouve- ment progreflif : en effet, il eft alors difficile, quel- quefois même impoflible au malade de marcher ; tant parce que l’épine n'étant plus droite , la ligne de di- re&tion du poids du corps fe trouve changée, & ne pañle plus par l’endroit du pié qui appuie à terre; que parce que fi le malade pour ma’cher, effaye de l'y faire paller comme font les boffus , tous les mou- vemens qu'il fe donne à ce deffein, font autant de fecoufles qui ébranlent & preflent la moële de Pé- pine ; ce qui caufe.de violentes douleurs que le ma- lade évite, en ceffant cette fâcheufe épreuve. Ce qui fait encore 1c1 la difficulté de marcher, c’eft que la compreffon de la moëlle interrompt le cours des efprits animaux dans les mufcles de la progreffion. Ces mufcles ne font quelquefois qu'affoiblis ; mais fouvent ils perdent entierement leur reflort dans les vingt-quatre heures, & même plutôt, felon le de- gré de compreflion que fouffre la moële & les nerfs. Pour ce qui regarde le mouvement progreflif des bêtes, je me contenterai de remarquer 1c1 que Les animaux terreftres ont pour wzarcher des piés, dont la ftrudure eft très-compofée ; Les ongles y fervent pour affermir les piés, & empêcher qu'ils ne gliflent, Les élans qui les ont fort durs, courent aifément fur la glace fans gliffer ; la tortue qui marche avec pei- ne , emploie tous fes ongles les uns après les autres pour pouvoir avancer ; elle tourne fes préside telle forte , quand elle les pofe fur terre, qu'elle appuie premierementfur le premier ongle quieften-dehors, enfuite fur Le fecond, & puis fur le troifieme , & toûjours dans le même ordre jufqu’au-cinquieme ; ce qu’elle fait ainfi, parce qu'une patte, quand elle eft avancée en-devant, ne peut appuyer fortement que fur l’ongle qui eft en-arriere ; de même que quand elle eft pouflée en-arriere, elle n’appuie bien que fur l’ongle qui eft le plus en-devant, ; e3 Les ahimaux qui erchenr fur deux piés, &c qui ne font point oïleaux , ont le talon court, & pro- che des doigts du pié ; en forte qu'ils pofent à-la- fois fur les doigts & fur le talon, ce que ceux qui vont fur quatre piés ne font pas, leur talon étant fort éloigné du refte du pié. (D. J.) MARCHER EN COLONNE RENVERSÉE , ( Art milite. ) c’eft marcher la droite de l’armée faifant la gauche, ou la gauche la droite. Voyez MARCHES. MARCHER , ( Art milit. ) marcher par manches, demi-manches , quart de manches , ou quart de rang de manches. Woyez DiIVISIONS 6 EVOLUTIONS, : MARCHER, ( Marine, ) voyez ORDRE DE MAR- CuE. Marcher dans les eaux d’un autre vaïfleau, é’eft faire la même route que ce vaïffeau en le fui- vant de près, & en pañlant dans les mêmes endroits qu'il pañle. : … Marcher en colonne, c’eft faire filer les vaifleaux fur une même ligne les uns derriere les autres : ce qui ne peut avoir lieu que quand on a le vent en poupeou le vent largue. : . MARCHER L'ÉTOFFE D'UN CHAPEAU, germe de Chapellerie, qui fignifie manier avec les mains à froid fur la claie, ou à chaud fur le bafin, le poil ou la laine dont on a dreflé les quatre capades d’un cha- peau avec l’arçon ou le tamis. | Pour faire cette opération à froid, il faut enfer- mer chaque capade dans la feutriere l’une après Vautre.; & pour la faire à chaud , on les y enferme toutes les quatre enfemble , les unes par-deflus , les autres ayec des lambeaux entre chaque capade ; 1l fautoutre cela, pour la façon à chaud , jetter de tems entemis de l’eau furle bafin & fur la feutriere avec un goupillon. C’eftà force de marcher l’éroffe, qu’elle fe feutre. Voyez CHAPEAU. MARCHER , en cerme de Potier de terre ; c’eft fouler la terre avec les piés quand elle a trempé pendant quelques jours dans de l’eau. MARCHER, parmi les ouvriers qui ozrdiffent au metier ; C’eft prefier les marches du pié, afin de faire mouvoir convenablement les lies, Voyez l’article L155E. MARCHESVAN , ( Calend. des Hébreux.) mois des Hébreux; c’étoit le huitieme mois de leur an- née; il répondoit en partie à notre mois d’Oétobre, & en partie à notre mois de Novembre. Voyez Mors DES HÉBREUX. ( D. J.) MARCHET, {. m.0o2MARCHET A, ( Æiff. d’An- gler. ) droit en argent que le tenant payoit autrefois au-feigneur pour le mariage d’une de fes filles. Cet ufage fe pratiquoit avec peu de différence dans toute l'Angleterre, l’Ecofle, & le pays de Gal- les. Suivant la coutume de la terre de Dinover dans la province de Caermarthen, chaque tenant qui “marie fa fille, paye dix fchelins au feigneur. Cette redevance s'appelle dans l’ancien breton, gwaber marched , c’eft-à-dire préfent de la fille. Un tems a été qu'en Ecofle, dans les parties fep- tentrionales d'Angleterre, & dans d’autres pays de l’Europe, le feigneur du fief avoit droit à l’habita- tion de la premiere nuit avec les époufées de fes te- nans. Mais ce droit fi contraire à la juftice & aux bonnes mœurs, ayant été abrogé par Malcom III. aux inftances de la reine fon époufe , on lui fubfti- tua une redevance en argent, qui fut nommée le marcher de la mariée. Ce fruit odieux de la débauche tyrannique a été depuis long-tems aboli par toute l’Europe ; mais 1l peut rappeller au leéteur ce que Laétance dit de l’in- aime Maximien, wr ipfe in omnmibus nuptiis præpu- féatoreffer. _ Pifieurs favans anglois prétendent que l’origine du borongh-enolish, c’eft-à-dire du privilége des ca- dets dans les terres, qui a lieu-dans le Kentshire, Tom X, M A R 59 vient dé l’ancien droit dufeigneur dont nos venons de parler; les tenans préfumant que leur fils aîné étoit celui du feigneur, ils donnerent leurs terres au fils cadet qu’ils fuppofoient être leur propre en fant, Cet ufage par la fuite des tems,. eft devenu coutume dans quelques lieux. (D. J.) MARCHETTES, f f. (Soierie.) petites marches qui font lentement baïffer les liffes de liage, MARCHETTE, ( Chaffe, ) c’eft un morceau de boïs qui ueñt une machine en état, & fur lequel ur oïfeau mettant le pié fe prend dans la machine » en faifant tomber cette marcherre, MARCHIENNES AU PONT, ( Géog. ‘bourg des Pays-bas, dans l'évêché de Liége, aux deux côtés de la Sambre, à huit lieues S. O. de Namur, une ©. de Charleroi. Il ne faut pas confondre ce bourg, comme Ont fait les auteurs du Dihonnaire de la France, avec Marchiennes. abbaye de Flandres, fur la Scarpe, entre Douai & Orchies, Long. 22. lar, 501 2%. MARCHOMEDES res, oz MARDOMEDES, en latin Marchomedi, ou Mardomedi , ( Géog. anc. ) c’eft le nom d’un des peuples qui furent vaincus par l’em- pereur Trajan, & qui étoient quelque part dans PAflyrie : leur nom fe lit diverfement dans Eutro- pe, 4 PIHI, c.ij. (D, J.) MARCIAGE,, f.m. (Jurifprud.) eft un droit {ei eneurial qui a lieu dans les coutumes locales de Bourbonnois ; il confifte en ce qu’il eft dû au fei- gneur un droit de mutation pour les héritages rotu- riers , tant par la mort naturelle du-précédent fei- gneur , que par celle du tenancier ou propriétaire. Dans la châtellenie de Verneuil , le #arciage con- fifte à prendre de trois années la dépouille de l’une quand ce font des fruits naturels , comme quand ce font des faules ou prés; 8 en ce cas, le tenancier eft quitte du cens de cette année. Maïs fi ce font des fruits induftriaux, comme terres labourables ouvi- gnes, le feigneur ne prend que la moitié dela dé- pouille pour fon droit de marciage, & le tenancier ñe paye que la moitié du cens de cette année. Dans cette même châtellenie, les héritages qui font tenus à cens payable à jour nommé, & portant fept fols tournois d'amande à défaut de payement, ne font point fujets au droit de arciage. En la châtellenie de Billy, le arciage ne confifte qu’à doubler lecens dû pour l’année où la mutation arrive. En mutation par vente il n’y a point de marciage, parce qu'il eft dû lods & ventes, Il n’eft point dû non plus de marciage pour les hé* ritages qui font chargés detaille & de cens tout en- femble, à-moins qu'il n’y ait titre, convention au contraire. L’Eglife ne prend jamais de warciage par la mort du feigneur bénéficier , parce que l’Eglife ne meurt point ; elle prend feulement warciage pour la mort du tenancier dans les endroits où on a coûtume de le lever. La coutume porte qu’iln’eft dû aucun 7arciage au duc de Bourbonnois,, fi ce n’eft dans les terres fujet- tes à ce droit , qui feroient par lui acquifes, ou qui lui adviendroïent dé nouveau de fes vaflaux &c fu- jets ; il paroît à la vérité, que ceux-ci conteftoient le droit ; mais la coutume ditque monfeigneur le due en jouira, ainfi que de raifon. Foyez Auroux des Pommiers, fur {a courumede Bourbonnois ,; à l’endroit des coutumes locales , & /egloff. de M. de Lauriere, au mot zarciage. ( A) . MARCIANOPOLIS , ( Géog. anc. ). ville de la Moëfie dans-les terres ; fon nom lui avoit été donné en l’honneur de Mareiana, fœur de l’empereur Tra- jan. Aufli toutes les médailles anciennes qui parlent de cette ville, la nomment Meprjaromonss :ilne faut M 90 MAR donc pas écrire Martianopolis, Holfténius prétend que c’éft aujourd’hui Preflaw ; ville de la baffe Bul- garie;, aux confins de la Romamie. MARCIGNI, ( Géogr.) petite ville de France en Bourgogne, au diocèfe d’Autun. C’eft la patrie de M. du Ryer , fieur de Malézair , dont j'ai parlé au mot MacONNo1s. Elle eft la vingt-deuxieme qui dé- pute aux états de Bourgogne , & eft fitnée près de la Loire, dans un pays fertile en blés. M. Baïllet nomme cette ville Marfigni-les-Nonains ; Garraut écrit Marcigny , & l’appelle en latin Marcigniacum. Long. 22. 20. lat. 46,18. \ MARCINA, (Géogr. anc.) ville d'Italie entre Si- rénufe & Pofdonie, felon Strabon , Zv. #. Cluvier croit que c’eft le lieu qu’on appelle aujourd’hui #:c- cri , fut la côte de Salerne. (D. J.) MARCIONITES , f. m. pl, (Thcol.) nom d’une des plus anciennes & des plus pernicieufes feétes qui aient été dans l'Eglife, Elle étoit répandue au tems de faint Epiphane dans litalie, dans l'Egypte , la Paleftine, la Syrie , l'Arabie , la Perfe , &e dans plu- fieurs autres pays. Marcion, auteur de cette fefte, étoit de la pro- vince du Pont ; c’eft pourquoi Eufebe l'appelle le loup du Pont. Il étoit fils d’un très-faint Evêque , & dès fa jeunefle, il fit profeflion de la vie monaftique; mais ayänt débauché une vierge, il fut excommunié par fon propreipere, qui ne voulut jamais le réta- blir dans la communion de l’Eglife ,| quoiqu'il fe füt fournis à la pénitence. C’eft pourquoi ayant aban- donné fon pays, il s’en alla à Rome , où il fema fes erreurs au commencement du pontificat de Pie I. vers la cinquiee année d’Antonin le Pieux, la qua- rante-troifiéme de Jefus-Chrift. Il admettoit deux principes ; un bon & un mauvais; il nioit la vérité de la, naiffañce, de l’incarnation & de la pafñfion de Jefus-Chrit, & prétendit que tout cela n’étoit qu'’ap- parent. il croyoit deux Chrifts, l’un qui avoit été en: voyé par un dieu inconnu pour le falut de tout le monde ; l’autre que le-créateur devoit envoyer un jour pour rétablir les Juifs. Il nioit la réfurre@ion des corps, & il ne donnoit le baptême qu'aux vier- ges, ou à ceux qui gardoient la continence; maïs il doutenoit qu’on pouvoit être baptifé jufqu'à trois fois , & fouffroit même que les femmes le confé- raflent comme miniftres ordinaires de cefacrement; mais il n’en altéroit pas la forme, ainfi que l'ont re- marqué faint Auguftin & Tertullien , auffi l’Eglife ne le jugeoit-elle pas invalide. Comme il fuivoit les fentimens de l’hérétique Cer- don, il rejettoit la loi &c les prophetes. Il prétendoit que l'Evangile avoit éte corrompu par de faux apô- tres, & qu’on fe fervoit d’un exemplaire interpofé. Il ne reconnoifloit pour véritable Evangileque celui de faint Luc ;, qu'il avoit altéré en plufieurs endroits, aufli-bien que les épitres de faint Paul, d’où il avoit Ôté ce qu'il avoit voulu. Il avoit retranché de fon exemplaire de faint Luc les deux premiers chapitres. Di. de Trévoux. Les Marcionites condamnoient le mariage , s’abf- tenoient de la chair des animaux &c du vin, & n’u- Loient que d’eau dans le facrifice. Ils jeûnoient le fa- medi en haine du créateur, & ils pouffoient la haine de la chair jufqu’à s’expofer eux-mêmes à la mort, fous prétexte de martyre. Leur héréfie dura long- tems , malgré les peines décernées contr'eux par Conftantin en 326 ; & il paroit par Théodoret que dans le cinquieme fiécle | cetté fete étoit encore très-nombreufe. MARCITE., {. m. (Théolog.) nom de feéte. Les Marcires étoient des hérétiques du deuxieme fecle , qui fe nommoient les parfairs , & faifoient profef- fion de faire tout avec une entiere liberté , & fans auçune crainte, À MAR Ïls avoient hérité cette doétrine de Simon Fu gicien , qui ne fut pourtant pas leur chef; cat ils fu< rent nommés Marcites d’un héréfiarque appellé Mar- cus , ou Marc, qui conféroit le facerdoce, & attri- buoit ladminiftration des facremens aux femmes. ” Dit. de Tréyoux. MARCK , LA (Géogr.) en latin Marchiæ comi- tatus, contrée d'Allemagne dansla Weftphalie, avec titre de comté. Elle eft poffédée par le roi de Prufle, éleéteur de Brandebourg. Les villes du pays de la Marc , font Ham , Werden, Soeft, Dortmund, Ef fen. Ce pays eft traverfé par la Roer , la Lenne, 8a la Wolme, qui s’y joignent enfemble. Il eft encore arrofé par l’Emfer & la Lippe. Il portoit autrefois le nom d’Æ/rena, bourgade fur la Lenne. Le nom qu'il porte aujourd’hui lui vient d’un château fitué près , &t au fud-eft de la ville de Ham, qui paffe pour fa capitale. Il ne faut pas le confondre avec la Marche de Brandebourg , que les Allemands appellent auft Marck , & que nous nommons en françois la Marche de Brandebourg. Voyez BRANDEBOURG , (Géogr.) MARCODURUM , 04 MARCOMAGUS , (Géog: anc.) ces deux noms fignifient un même lieu, qui étoit fur la Roër, riviere des pays-bas, Durer &x Magen , dit Cellarius , font des mots celtiques, qui fignifient le paffage d’une riviere. Marcodurum eft la ville de Dyren, qui dans la fuite fut appellée Marco- magus , Village dans l'itinéraire d’Antonin & dans la table de Peutinger , fur la route de Cologne à Treves. MARCOLIERES , fubff. £. pl. (Péche.) terme de pêche ufité dans le reflort de l’amirauté de Poitou ,! ou des fables d'Olonne. Ce font les filets avec lef- quels on fait la nuit & pendant l'hiver , la pêche des oifeaux marins. D’autres nomment ces filets a/ourers & alouraux ; mais on les appelle zarcolieres | parce w’on y pêche des macreufes. MARCOMANS, Les ( Géogr. anc.) Marcomani ; ancien peuple de la Germanie, où ils ont habité dif- férens pays, Spener croit ce mot formé de warck & de manner, deux mots allemands, qui fignifient des hommes établis pour la garde &c la défenfe des fron- tieres. On conjefture avec probabilité, que la demeure des Marcomans étoit entre le Rhin & le Danube. Cluvier a tâché de marquer les bornes précifes du pays des Marcomans, Il dit que le Nécre bornoit la Marcomanie au nord; que le Kocker qui fe joint au Nécre , & le Brentz qui fe jette dans le Danube, la bornoïerit à l’orient, le Danube au midi, & le Rhin à l’occident. Tout cela eft aflez vraiflemblable. De cette façon les Marcomans auroient poflédé les ter- res que comprend le duché de Wirtemberg, la partie du Palatinat du Rhin qui eft entre le Rhin & le Né- cre , le Brifgaw ;, &c la partie du duché de Souabe, fituée entre la fource du Danube &c le Brentz. MARCOPOLIS , ( Géogr. anc. ) ville de Grece à lorient d'Athènes, à l'entrée de l’Euripe, C’eft pré- fentement un village de vingt ou trente maifons, que Wheler appelle encore Marcopoli, & Spon Marcopoulo. ( D. J.) MARCOSIENS, 1. m. ( Thcolog. ) nom de fe&e; anciens hérétiques du parti des Gnoftiques. Voyez GNOSTIQUE. Saint Irenée parle fort au long du chef de cette fe£te nommé Marc , qui étoit réputé pour un grand magicien. Le fragment de ce faint, qui mérite d’être là , fe trouve en grec dans S. Epiphane. Il renferme plufñeurs chofes très-curieufes touchant les prieres ou invocation des anciens Gnoîtiques. On y voit des veftiges de l’ancienne cabale juive fur les lettres de Palphabet, & fur leurs propriètés , aufli-bien que fur les myfteres des aombres; ce que les Juifs & les Gnofliques avoient emprunté de la pMlofophie de Pythagore & de Platon. Ce Marc étoit un grand impofñteur , qui faifoit illu- fion aux fimples , principalement aux femmes ; il fa- voit l’art de la magie , qui étoit comme une efpece de métier dans l’Egypte dont il étoit ; & pour impo- fer plus aifément à fes feétateurs , il fe fervoit de certains mots hébreux, ou plûtôt chaldaiques , qui étoient fort en ufage parmi les enchanteurs de ces tems-là. Le but de tous ces prefliges étoit la débau- che & l’impureté ; car Marc & fes difciples ten- doient à féduire les femmes , &c à en abufer, comme il paroït par divers traits que rapporte M. Fleury , hifl. eccléfiaff. com. I. liv. IV, pag. 139 € 140. Les Marcofiens avoient un grand nombre de livres apocryphes qu'ils mettoient dans le même rang que les livres divins. Ils avoient tiré de ces livres plu- fieurs réveries touchant l’enfance de Jefus-Chrift , qu’ils débitoient comme de véritables hifloires. II eft étonnant que ces fortes de fables aïent été du goût de plufieurs chrétiens, & qu’elles fe trouvent encore aujourd’hui dans des livres manufcrits qui font à l’ufage des moines grecs. Diéf. de Trévoux. MARCOTTE , f. £. (Jardin. ) c’eft un moyen em- ployé par les Jardiniers pour multiplier quelques plantes & beaucoup d’arbres. Après la femence, c'eft le moyen qui réuffit le plus généralement pour la propagation des plantes ligneufes. Il n’y a guere que les arbres réfineux, les chênes verds, les tére- binthes, €. qui s’y refufent en quelque façon ; car fi on vient à-bout ; à force de tems, de faire jetter quelques racines aux branches warcortées de ces ar- bres , les plants que l’on entire font rarement du progrès. Cependant ce mot marcotte ne fert qu’à ex- primer particulierement l’une des façons dont on fe fert pour multiplier Les végétaux de branches cou- chées ; au lieu que:par cette expreflion de branches couchées , on doit entendre en général un moyen de multiplier les plantes & les arbres , en faifant pren- dre racine à leurs branches fans les féparer du tronc. Il eft vrai qu’on peut venir à-bout de faire prendre racine aux branches fans les zzarcorter, & qu’on peut encore.les zzarcotrer fans les coucher. Pour faire eu- tendre ces différences, je vais expliquer les divertes méthodes dont on fe fert pour faire prendre racine aux branches des végétaux. C’eft une pratique du jardinage des plus intéreffantes , & fouvent la feule que l’on puiffe employer pour multiplier les arbres rares & précieux. Pour faire prendre racine aux branches, on pent fe fervir de quatre moyens que l’on applique felon que la pofition des branches le demande , ou que la qualité des arbres l'exige. 1°. Cette opération fe fait en couchant fimple- ment dans la terre les branches qui font aflez longues & aflez bafles pour le permettre. IL faut que la terre foit meuble, mélée de terreau & en bonne culture. On y fait une petite foffe , un peu moins longue que la branche, & d’environ cinq ou fix pouces de pro- fondeur, on y couche la branche en lui faifant faire un coude, & en rempliflant de terre la foffe au ni- veau du fol. On arrange & on contraint la branche de façon que l'extrémité qui fort de terre fe trouve droite; on obferve que quand les branches ont aflez de roi- deur pour faire reflort, il faut les arrêter avec un crochet de bois , & que toute la perfeétion de cet œuvre conffte à faire aux branches dans l'extrémité de la fofle, le coude le plus abrupte qu'il eft pof- fible , fans la rompre mi l’écorcer. Par l’exaétitude de ce procédé, la feve trouvantles canaux obftrués par un point de reflerrement & d’extenfion tout en- femble , elle eft forcée de s’engorger , de former un bourrelet , & de percer des racines, Il faudra cou- Torre X, MAR 91 per la branche couchée à deux yeux au-deflus de terre , & l’arrofer fouvent dans les féchereffes, Cette fimple pratique fufit pour les arbres qui font aifément racines, comme l’orme, le tilleul , le pla- tane , Gc. 2°, Mais lorfqu'il s’agit d’arbres précieux qui ont de la lenteur ou de la difficulté à percer des racines, on prend la précaution de les marcorter comme on le pratique pour les œillets. On couche la bran- che de la maniere qu’on vient de l’expliquer, & on y fait feulement une entaille de plus immédiatemenc au-deflus du coude. Pour faire cette entaille, on coupe & on éclate la branche entre deux joints juf- qu’à mi-bois, fur environ un pouce ou deux de lon- gueur, fuivant fa force , & on met un petit mor- ceau de bois dans l'entaille pour l'empêcher de fe réunir. Quand il s’agit d'arbres qui reprennent dif cilement à la tranfplantation, tels que les houx pa- nachés & bien d’autres toujours verds , on plonge le coude de la branche dans un pot ou dans un ma- nequin , que l’on enfonce dans la terre. 3°. Mais cet expédient ne réuflit pas fur tous les arbres ; il y en a qui s’y refufent , tels que le tuli- pier, le murier de Virginie, le chionautus, ou l’ar- bre de neige, 6c. alors en couchant la branche , il faut la ferrer immédiatement au-deflus du coude avec un fil de fer au moyen d’une tenaille, enfuite percer quelques trous avec un poinçon , dans l’é- corce à l'endroit du coude. Au moyen de cette liga- ture il fe forme au-deffous de létranglement un bourrelet qui procure néceflairement des racines. Au lieu de fe fervir du fil de fer, on peut couper & enlever une zone d’écorce d'environ un pouce de largeur au-deflous du coude: ileft vrai que cette in- cifion peut opérer autant d’effet ; mais commé en af- foibliffant l’aétion de la feve elle retarde le fuccès, le fil de fer m'a toüjours paru l’expédient le plus fim- ple , le plus convenable & le plus efficace. Quel- ques gens au lieu de tout cela , conferllent de tordre la branche à l'endroit du coude. C’eft un mauvais parti, capable de faire périr la branche; d’ailleurs impraticable lorfqu’elle eft forte, ou d’un bois dur. Le meilleur moyen de multiplier un arbre de bran- ches couchées, c’eft de le coucher tout entier, de ne lui laiffer que les branches les plus vigoureufes , & de faire à chacune le traitement ci-deflus expli- qué, felon la nature de l'arbre. Ceci eft même fondé {ur ce que la plûüpart des arbres délicats dépérifent lorfque lon fait plufieurs branches couchées à leur pié. dé 4°. Enfin 1l y a des arbres qui ont trés-rarement des branches à leur pié, comme le laurier-tulipier, ou que l’on ne peut coucher en entier ; parce qu'ils font dans des caifles ou des pots. Dans ce cas on ap- plique un entonnoir de fer blanc à la branche que l’on veut faire enraciner, ou la warcotte vers le mi- lieu de l’entonnoir , que l’onemplit de bonne terre. On juge bien qu’une telle pofition exige de fréquens arrofemens. C’eft ce qu’on peut appeller ercoster les branches fans les coucher. Lorfque les branches couchées ont fait des racines fufifantes , on les fevre de la mere pour les mettre en pepiniere. On ne peut fixer 1c1 le tems de couper ces branches & de les enlever : ordinairement on le peut faire au bout d’un an ; quelquefois il fuflit de fix mois ; d’autresfois il faut attendre deux &£ trois années : cela dépend de la nature de l'arbre, de la qualité du terrain, & fur-tout des foins que l’on a dû y donner. | Mais on peut indiquer le tems qui eft le plus con- venable pour faire les branches couchées. On doit y faire travailler dès l'automne , auflitôt après la chûte des feuilles , s’il s’agit d'arbres robuftes , & fi le terrain n’eft pas argilleux , bas & fee car en 1] 92 MAR ce cas , il faudra attendre le printems. Îl faut encore en excepter les arbres toujours verds, pour lefquels la fin d’Août ou le commencement de Septembre font le tems le plus propre à coucher les plus ro- buftes, parce qu’alors ils ne font plus en feve. A lPé- gard de tous les arbres un peu délicats, foit qu'ils quittent leurs feuilles ou qu'ils foient toujours verds, il faut laifler pañler le froid & le hâle , pour ne s’en occuper que dans le mois d'Avril, | On obferve que dans les arbres qui ont le bois dur, ce font les jeunes rejettons qui font le plus ai- fément racine ; & qu’au contraire , dans les arbres qui font d’un bois tendre & mollafle , c’eft le vieux bois qui reprend le mieux. On dit coucher Les arbres , marcotter des œillets, provigner des feps. À ce dernier égard, voyez PRO- VIN. Article de M. DAUBENTON. MARDAC, {. m.(Mar,méd, anc.)nom donné par les anciens à la litharge, car les auteurs arabes la nomi- ment quelquefois zrardac , & quelquefois merdefan- gi; mais c’eft une feule & même chofe. Avicenne n’à fait que traduire , fous le nom de mardac , le cha- pitre de Diofcoride fur la litharge; & ce que dit Sé- rapion du merdefangi, eft la defcription de la lithar- ge par Galien.( D. J.) MARDARA ( Géogr. anc, ) Ptolomée nomme deux villes de ce nom. 1°, Une ville du Pont-Cappado- cien, longit, 71. 30. lat. 43.40. 2°. Une villedela petite Arménie. Longir. 69. 6. lat. 39. 40.( D.J.) MARDELLE , ox MARGELLE , {. m. (Maçon.) dans l’art de bâtir, c’eft une pierre percée, quipofée à hauteur d'appui, fait le bord d’un puits. MARDES Les, ( Géogr. anc. ) Mardi, ancien peuple de Médie , voilin des Perfes. Ils rava- gcoient les campagnes , & furent fubjugués par Alexandre. Il y avoit auf un peuple marde contigu à J'Hircanie & aux Tapyriens. Enfin Pline, Av. VI. chap. xvj. parle des Mardes ; peuples de la Margia- ne , qui s’étendoient depuis les montagnes d’Autri- che, jufqu’aux Baétriens. (D. J.) - MARDI, f. m. ( Chronol.) troifieme jour de la fe- maine, confacré autrefois par les payens à la pla- nete de Mars, d’où lui eft venu fon nom. On lappelle dans l'office de l’Eglife, féria tertia. MARE , {.f. ( Géogr. anc, ) mot latin d’où nous avons fait celui de mer, qui fignifie la même chofe ; mais les auteurs fe fervoient du mot zare dans le fens que nous exprimons par celui de côse, pour f- gnifier /a mer qui bat les côtes d’un pays. En voicides exemples. | Mare Ægyptium, eft la côte d’Esypte ; mare Œo- liurr, la côte aux environs de Smyrne ; are Afjiati- cum ; la côte de l’Afie proprement dite dans l’Ana- tolie ; are Aufonium , la côte occidentale du royau- mede Naples, & la merde Sicile ; mare Cantabricum, la côte de Bifcaye; mare Cilicium, la côte de Cilicie, aujourd’hui la côte de Caramanie ; mare Germani- cum , les côtes de Zélande, de Hollande, de Fnife, êt ce qui fit jufqu’à PElbe , où commence rare Cimbricum , c’eft-à-dire, la mer qui lave la prefqu’ile où font le Holftein , le Jutland , & le Sleswig ; rare Iberum , la côte d'Efpagne, depuis legolfe de Lyon, jufqu’au détroit ; mare Illiricum , la côte de Dalma- tie; are Lyguflicum , la côte delaLygurie, oula riviere de Gènes ; mare Lycium , la côte de laLycie, aumidi de l’Anatolie. Elle fait préfentement partie de la mer de Caramanie ; mare Suevicum , les côtes méridionales de la mer Baltique, vers la Poméra- nie ; zzare Tyrrhenum , la côte occidentale de l'Italie ; mare Venedicum , le golfe de Dantzig. Les anciens ont aufli nommé l'Océan, wzare ex- cerius , mer extérieure, par oppofñtion à la Méditer- ranée , qu'ils appelloient are interius , mer inté- rieure. Ils nommoient auf mare inferum ; la mer de MAR Tofcane, par oppoñition à mare fuperum , nom qu’ils donnoient à la mer Adriatique. Ils ont appellé mare Hefperium , l'Océan au cou chant de la Lybie ; are Hyperboreum , la mer au fep- tentrion de l’Europe & de l’Afe : ils n’en avoieut que des idées très-confufes. Enfin, ils ont nomméymare Myrtoum, cette partie de l’Archipel, qui s’étendoitentre l’Argolide dans le Péloponnefe , l’Attique , l’'Eubée &r les îles d’An- dros , de Tine, de Scyro & de Sérife. Ce nom de Myrioum , lui vient de la petite île de Myrtos, quieft à la pointe méridionale de Négrepont. La fable dit d’un certain Myrtile , écuyer d'Enomaus , que Pé- lops jetta dans ceite mer. ( D. J.) MARE SMARAGDINUM , ( Hifi. nat. ) nom que quelques auteuts ont donné à un jafpe de couleur de fer, & fuivant d’autres, à la prime d’émeraude. MARÉAGE , f. m.( Marine. ) c’eft le marché qu'on fait avec les matelots à un certain prix fixe pour tout le voyage, quelque long qu'il foit. MARÉCAGE , f. m.ez Géographie , eft une efpe- ce de lac ou plutôt de marais. Voyez Lac 6 Ma- RAIS. Il yen a de deux fortes ; le premier eftun compofé d’eau & de terre mêléesenfemble, & qui pour l’or- dinaire n’eft pas aflez ferme pour qu’un homme puif- fe pañler deflus. Voyez MARAIS. La 2° forte font des étangsou amas d’au bourbeufe, au-deffus de laquelle on voit çà &r là des éminences de terrein fec qui s’élevent fur la furface. Chambers. « Lorfque les eaux qui font à la furface de la ter- » re ne peuvent trouver d'écoulement, elles for- » ment des marais & des marécages, Les plus fameux » marais de l'Europe font ceux de Mofcovie , à » la fource du Tanaïs ; ceux de Finlande, où font » les grands marais Savolax & Enafak; il yena » aufh en Hollande, en Weftphalie, & dans plu- » fieurs autres pays bas. En Afié, on a les marais dé » l'Euphrate , ceux de la Tartarie, le Palus Méo- » tide; cependant en général , il y en a moinsen » Afie & en Afrique , qu’en Europe ; mais l’Améri- » que n'eft, pour ainf dire, qu'un marais continu » dans toutes fes plaines : cette grande quantité de » marais eft une preuve de la nouveauté du pays, .» &c du petit nombre des habitans , encore plus que » du peu d'indufirie. » Il y a de très - srands #arécages en Angleterre , » dans {a province de Lincoln, près dela mér , qui à » perdu beaucoup de terrein d’un côté , & en a ga- » gné de l’autre. On trouve dans Pancien terrein » une grande quantité d'arbres qi y font enterrés » au-deflous du nouveau terrein amené par Îles ».eaux. On en trouve de même en grande quantité » en Écofie, à l'embouchure de la riviere Nefs. Au- » près de Bruges, en Flandres , en fouillant à 40 ou » ço piés de profondeur, on trouve une très-grandé » quantité d'arbres aufhi près les uns des autres que » dans une forêt; les troncs, les rameaux &r les feuil- » les font fi bien confervés, qu’on diftingue aifément » les différentes efpeces d'arbres. Il y a sos ans que » cette terre où l’on trouve des arbres , étoit uné » mer, & avant ce tems-là on n’a point de mémoire » ni de tradition que jamais cette terre eût exifté : » cependant il eftnéceffaire que cela ait été ainfi dans » le tems que ces arbres ont crû & végété ; ainfi » le terrein qui dans Les tems les plus reculés étoit » une terre ferme couverte de bois, a été enfuite » couvert par les eaux de la mer, qui y ont amené » 4o où So piés d'éparfieur de terre, & enfuite ces » eaux fe font retirées. | » Dans l’île de Manon trouve dans un maraïs qui » a fix milles de long & trois milles de large , appellé » Curragh, des arbresfouterrains quifont des fapins, » & quoiqu'iis foient à 18 on 20 piés de profondeur, » ils font cependanr fermes fur leurs racinès, Poyez pRays, Difcourfes, pag. 232. On en trouve ordi- » nairement dans tous les grands marais , dans les » fondrieres & dans la pläpart dés endroits maréca+ » geux , dans les provinces de Sommerfet, de Chef. wter; de Lançaftre, de Staford. On trouvé aufi # une grande quantité de ces arbres fouterrains dans » lesterres marécageufes de Hollande, dans la Frifé » & auprès de Gromingue, & c’eft dé-là que viennent # les tourbes qu'on brûlé dans tout le pays. » On trouve dans la terre une infinité d’arbres , » grands & petits, de toute efpece; commeé fapins , » chênes, bouleaux , hêtres, 1fs, aubépins, faulés, » frènes. Dans les marais de Lincoln, Le long de là » riviere d'Oufe , & dans la province d’Yorck en » Hatñeldchace, ces arbres font droits, & plantés .» comme on les voit dans une forêt. Plufieurs autres » endroits marécageux de l’Angleterre & dél’Irlandé 5 font remplis de troncs d’arbres, aufli-bien que les » marais de France, de Suifle, de Savoie & d’Ita- » lie. Foyez tranf. phil. abr. pas, 418, &c. vol. IF, » Dans la ville de Modene, & à quatfe nulles aux »environs, en quelqu’endroit qu'on fouille, lorf- » qu’on eft parvenu à la profondeur de 63 piés, & # qu'on a percé la terre à $ piés de profondeur de » plus avec une tarriere , l’eau jaillit avec une fi » srandé force , que le puits fe remplit en fort peu » detems prefque jufqu’au-deffus ; cette eau coulé # continnellement, & ne diminue ni n’augmente par » la pluie ou par la fécherefle : ce qu'il y a de re: » marquable dans ce terrein , c’eft que loffqu’on eft » parvenu à 14piés de profondeur, on trouve les ._.» décombremens & les ruines d’une ancienne ville » des rues pavées , des planchers , des maïifons , dif. » férentes pieces de molaiques ; après Quoi, on trou- » ve une terre aflez folide, & qu’on croiroit d’avoir # Jamais été rémuée; cependant au-deflous ontrouve # une terre humide & mêlée de vécétaux , & à 26 # piés, des arbres tout efñitiers ; comme des noife- » tiers avec des noïfettes deflus, & une grande quan- 5 tité de branches & de feuilles d’arbrés : à 28 piés » on trouve une craie tendre, mêlée de beaucoup » de coquillages, & ce lit a onze piés d’épaifleur ; » après quoi on retrouve encore des végétaux, des » feuilles & des branches , &t ainf altertativement » de la craie & une terre mêlée de végétaux, jufqu'à » La profondeur de 63 piés , à laquelle profondeur » eft un lit de fable mêlé de petit gravier & de co- 5 quilles femblables à celles qu’on trouve fur les cô- s tes de la mer d'Italie : ces lits fucceflifs de terre ma- # récageufe & de craie fe trouvent toujours dansle » mème ordre, en quelqu'endroit qu’on fotulle, & # quelquefois la tarriere trouve de gros troncs d’ar- » bres qu'il faut percer, ce qui donne beaucoup de # peine aux ouvriers. Ony trouve aufli des os, du 5 charbon de terre, des cailloux &r des morceaux de » fer. Ramazzini, qui rapporte ces faits , croit que »# le golfe de Vénife s’étendoit autrefois jufqu’à Mo- # dene & au-delà, & que par la fucceflion destems , » lesrivieres, & peut-être les inondations de la mer # ont formé fucceflivement ce terfein. » On ne s’étendra pas davantageici fur les variétés » que préfentent ces couchesde nouvelle formation, #ilfufit d’avoir montré qu’elles m'ont pas d’autres » caufes que les eaux courantes ou flagnantes qui # font à la furface de la terre, & qu’elles ne font ja- # mais aufñ dures , ni aufli folides que les couches » anciennes qui fe font formées fous les eaux de la #mer ». Voyez l’Hifl. nat. gén. 6 parr. tom. I. d’où cet article eft entierement tiré. œ MARÉCHAL, { m.( Æif. mod. € afémil.)il y a un prand nombre d'officiers de ce nom. Voyez Les ar- &cles fuivans. MARÉCHAL DE BATAILLE, (Ars mmilir. ) c’étoit MAR 93 autrefois » dans les armées de France , üñ oficiérdont la Principale fonétion étoit dé méttre l’armée en bas taille , felon l’ordre dans lequel lé général avoit ré4 folu de combattre, Cetitre ne paroît pas plus ancien que Lotus XIIT. Il s’eft fenlement confervé dans le commencement du regne de Louis XIV. Il n’eñ eft plus queftion dépuis la guerre de Hollande en 1692. MARECHAL DE CAMP, ( Arr milivaire, ) officier général de l’armée dont le stade eft immédiatement au-deflus de celui de brigadier, & au- deffous de celui de lieutenant général, . C’eft l'officier de l’armée qui a le plus dé détail lorfqu'il veut bien s’appliquer à remplir tous les de= voirs de fon emploi. On peut dire qu’un officier qui s’en eft acquitté dignement péndant fept à huit ans de pratique & d'exercice, eff très-capable de templiè les fonétions de lieutenant général. C’eft fur le maréchal de camp que roule lé détail des campemens & des fourrages, I éft de jour comme le lisutenant général , dont 1l prend l’ordre , pour le donner enfinte aux majcts généraux de l'armée. Son pofte dans nne armée eff à la gauche des troupes qui font fous les ordres du lieutenant général & fous les fiens. Quand le général veut faite marcher l'aimée , il donne fes ordres au maréchal de camp , qui conduit le campement & lefcorte néceffaire pour fa füreté, aux lieux quilui ont étéindiqués. Lorfqu'ileft arrivé, il doit envoyer des partis dans tous les endroits des environs , pour reconnoître le pays & obferver sl n’y a point de furprife à craindte de l'ennemi : on fé fauroit être trop alerte & trop vigilant fur ce fujet mais 1l eft à-propos de ne faire aller À la découverte que de petits partis conduits par dés officiers intelli gens, afin dene point fatiguer exceflivement & fans néceflte les troupes de l’eicorte. Avant que de faire marquer le camp, il doit eñ polter les gardes & fur-tout n’en pas trop mettre, car c'eft ce qui fatigue extrèmement l’armée quand il faut lés relever journelleinent. Il eft abfolumené réceflaire d’'épargnér aux troupes toutes les fatigues inutiles , elles en ont toujours affez , fans qu'il foit befoin de leur en ajoûter de fuperflues. Quand les gardes font poftées & que le terreur eft bien reconnu, le maréchal de camp doit examiner , conjointement avec le maréchal des logis de l’armée & les majors généraux , la difpoñition qu'il veut dons ner au camp, & obfervet de mettre les troupes dans le terrein qui leur convient. Il preñd énfuite les points de vie néceffaires pour l'alignement du camp. Le maréchal général des logis fait après cela la dif ttibution du terfein aux officiers majors de l’infan- tefie & de la cavalerie, qui en fort là répartition aux majots des régimernis , fuivant l’étendue fixée pour le frônt de chaqué bataillon & de chatue ef: caaron, Le maréchal de caïñp doit s'infltuite des fourtages qui fe trouvent dans les environs du camp, & rendre aprés cela compte aù général de tout ce qu'il a fait & obfervé, Les maréchaux de camp Gnt à proportion de leur rang des honneufs imlitaires réglés par les ordon- nances, Un maréchal dé camp qui Commande en chéf dans une province par ordre de fa majefté, doit avoir une | _ garde de quinze hommes commandés par un fergent, ans tambour. Il en fera de même s’ii commañde fous un chef au deflus de li, ji Si un gouverneur de place eff #raréchal de camp | lufage eft que l'officier de garde faffe mettre fa garde en haie & le fufil fur l'épaule lorfque le gouverneur pale , mais Le tambour ne bat pas. Que fi le maréchal de camp a ordfe pour comman- der eh chef un corps de troupes, alors il à pour fa 94 MAR garde trente hommes avec un tambour, commandés par un officier, & le tambour doit appeller quand il pafle devant le corps-de-garde. | Les maréchaux de camp ont en campagne neuf cens livres d’appointemens par mois de campagne ou de 45 jours. Le grade deraréchal de camp eft aujourd’hui une charge dont l'officier eft pourvu par brevet du roi. MARÉCHAL DE FRANCE, ( Are mile. ) c’eft le premier officier des troupes de France. Sa fonétion principale eft de commander les armées en chef. Foyez GÉNÉRAL. Le P. Daniel prétend que c’eft du tems de Philippe Augufte qu’on voit pour la premiere fois le comman- dement des armées joint à la dignité de maréchal. Avant ce prince l’office de maréchal étoit une inten- dance fur les chevaux du prince , aufli-bien que ce- lui de connétable , maïs fubordonné &c inférieur à celui-ci. Le premier maréchal de France qu’on trouve avoir quelque commandement dans les armées , eft Henri Clement , quiétoit à la tête de l'avant-garde dans la conquête que Philippe Augufte fit de Anjou & du Poitou , ainfi que Guillaume le Breton , hiftorien de ce prince le rapporte. On voit dans le même hif- torien que ce zraréchal commandoit l’armée par fa dignité de maréchal, Jure marefcalli cunélis prælatus agebar. La dignité de raréchal de France n'étoit point à vie dans ces premiers tems : celui qui en étoit revêtu la quittoit lorfqu’il étoir nommé à quelqu'autie em- ploi qu’on jugeoit incompatible avec les fonétions de raréchal, Îl y en a plufeurs exemples dans l’hif- toire , entr’autres celui du feigneur de Morcul, qui étant maréchal de France fous Philippe de Valois, quitta cette charge pour être gouverneur de fon fils Jean, qui fut fon fucceffeur {ur le trône, mais 1ly fut rétabli dans la fuite. Il n’y eut d’abord qu’un maréchal de France lorfque le commandement des armées fut attaché à certe dignité ; mais il y en avoit deux fous le regne de S. Louis : car quand ce prince alla à fon expédition d'Afrique, l’an 1270, il avoit dans fon armée avec cette qualité Raoul de Sores, feigneur d’Eftrées , & Lancelot de Saint Maard. François I. en ajouta un troifieme , Henri II. un quatrieme ; fes fucceffeurs en ajouterent encore plufeurs autres : mais il fut ordonné aux états de Blois , tenus fous le regne de Henri II. que le nombre des maréchaux feroit fixé à quatre. Henri IV. fut néanmoins contraint de {e difpenfer de cette loi, & d’en faire un plus grand nombre , qui a encore augmenté par Louis XII, &c par Louis XIV. Il s’en eff trouvé jufqu’à vingt fous le regne de ce prince, après la promotion de 1703. La dignité de maréchal de France eft du nombre de celles qu’on appelle charges de la couronne, & il y a déja long-tems : on le voit par un aéte rapporté par le P. Anfelme, où il eft dit: Er l'arrêt du duc d’Or- léans, du 25 Janvier 1361 , ef} narré que les offices de maréchaux de France appartiennent a la couronne, G l'exercice auxdirs maréchaux, qui en font au roi foi É hommage, | Les maréchaux ont un tribunal où ils jugent les querelles fur le point d'honneur, & de diverfes au- tres chofes qui ont rapport à la guerre & à la no- bleffe. Ils ont des fubdélégués & lieutenans dans les provinces pour en connoître en premiere inftance , avec leur jurifdiétion au palais à Paris, fous Le titre de connétablie & maréchauffée de France. Ils ont des officiers qui exercent la juftice en leur nom. Le revenu de leur charge n’étoit autrefois que de soo livres , encore ils n’en jouifloient que pendant qu'ls en faifoient les fonétions ; à-préfent leurs ap- MAR [_ pointemens font de 12000 livres même en tems de paix. Quand ils commandent l’armée, ils en ont de beaucoup plus forts, favoir 8000 livres par mois de 45 jours : outre cela, le roi leur entretient un fecré- taire, un aumônier , un chirurgien, un capitaine des gardes, leurs gardes, & plufeurs aides de camp. Les maréchaux de France, en quelque ville qu'ilsie trouvent, quand même ils n’y feroient point de fer- vice, ont toujours une garde de 50 hommes, com- pris deux fergens & un tambour, commandés par un capitaine , un lieutenant, avec l’enfeigne & {on drapeau. Lorfqu’ils entrent dans une ville, on fait border les murs d’une double haie d'infanterie , depuis la porte par oi1ls entrent jufqu’à leur logis : les troupes préfentent les armes, les officiers faluent , & les tam- bours battent aux champs. S'il y à du canon dansla place ; on le falue de plufieurs volées de canon. La dignité de maréchal de France ne s’obtenoit au- trefois que par le fervice fur terre, mais Louis XIV. l’a auffi accordée au fervice de mer. Jean d’Etrées , pere du dernier waréchal de ce nom, eft le premier qui l'ait obtenu: il y en a eu depuis plufeurs autres; comme MM. de Tourville, de Château-Renaud, &c. Les maréchaux de France portent pour marque de leur dignité, deux bâtons d'azur femés de fleurs. de- lis d’or , pañfés en fautoir derriere l’écu de leurs ar- mes. Æf2. de la milice françoife. MARÉCHAL GÉNÉRAL DES CAMPS ET ARMÉES DU Ro, (Art. milir. ) c’eft une charge militaire qui fe donne à-préfent à un maréchal de France auquel le roi veut accorder une didin@ion particuliere. Dans fon origine elle étoit donnée à un maréchal de camp, & c’étoit alors le premier officier de ce grade. Le baron de Biron en étoit pourvu avant que d’être élevé au grade de maréchal de France ; il en donna fa démiffion lorfque le roi le ft maréchal de France le 2 O&tobre 1583. Voyez fur ce fujet la chronologie militaire par M. Pinard ; some I, p, 320, & le com- mencement du tome 11. du même ouvrase. ’ Le] La charge de maréchal général des camps & armées du roi fut enfuite donnée à des maréchaux de France. On trouve dans lhiftoire des grands officiers de la couronne, trois maréchaux de France qui en ont été revêtus , le maréchal de Biron, fecond du nom, le maréchal de Lefdiguieres , depuis connétable de France , & M. le vicomte de Turenne. On trouve dans le code miliraire de M. de Briquet , les provifions de cette charge pour M. de Turenne : elles ne por= tent point qu il aura le commandement fur les au- tres maréchaux de France ou qu'ils lui feront fubor- ‘donnés ; c’eft la raifon fans doute pour laquelle le feu roi ordonna en 1672 qu'ils fuflent fous fes or- dres, fans tirer à conféquence. Depuis M. de Turenne, M. le maréchal de Villars à obtenu cette même charge en 1733, & M. le ma- réchal de Saxe en 1746. MARÉCHAL GÉNÉRAL DES LOGIS DE LA CAVA- LERIE, (Art milit. ) c’eft en France un oflücier qui a à-peu-près les mêmes fonétions & les mêmes détails dans la cavalerie que le major général dans l’infan- terie. Voyez MAJOR GÉNÉRAL. Cet cfhcier va au campement ; il diftribue le terrein pour camper la cavalerie fous les ordres du maréchal de camp de jour, dont il prend l’ordre pour le donner aux ma- jors de brigades ; il a chez lui à l’armée un cavalier d'ordonnance pour chaque brigade , afin d’y porter les ordres qu'il peut avoir à donner, Ceite charge, felon M. le comte de Buffy, ne paroît point avant le regne de Charles IX. Îlya, outre la charge de maréchal général des logis de la cavalerie, deux autres officiers qui ont le titre de maréchal des logis de la cavalerie, dont la création eft de Louis XIV. ils font dans les armées, lorfque MAR Je maréchal général de la cavalerie n’y eft point, les mêmes fonétions qui appartiennent à cer officier : ills ont les mêmes honneurs & privileges, & des ai- des de même que lui. Æ3f£. de la milice françoife. MARÉCHAL GÉNÉRAL DES LOGIS DE L'ARMÉE, ( Ars milie. ) eft un des principaux officiers de l’ar- mée, dont l'emploi demande le plus de talens & de capacité. Ses fonétions confiftent à diriger les mar- ches avec le général , à choifir les lieux où l’armée doit camper , & à diftribuer le terrein aux majors de brigade. Cet officier eft chargé du foin des quartiérs de fourrage , & d’inftruire les officiers généraux de ce qu'ils ont à faire dans les marches & lorfqu'ils font de jour. Le roi lui entretient deux fourtiers , donttes fonétions font de marquer dans les villes & les villages que l’armée doit occuper, les logemens des officiers qui ont le droit de loger. Le maréchal général des logis de l’armée eft en titre d'ofiice , mais le titulaire de cette charge n’en fait pas toujours les fonétions : le roi nomme fouvent pour l’exercer un brigadier, un maréchal de camp Ou un lieutenant général. Celui qui eft chargé de cet important emploi, doit avoir une connoifiance par- faite du pays où l’on fait la guerre ; il ne doit rien né- gliger pour l’acquérir. Ce n’eft qu’à force d’ufage &r d'attention, dit M. le maréchal de Puyfégur fur ce fujet, qu’on peut y parvenir ; que l'on apprend a mettre en œuvre dans un pays tout ce qui eff praticable pour faire marcher, camper & pofler avantageufement des armées , les faire combattre, ou les faire retirer en féreté. Comme tous les mouvemens de l’armée concer- nent le maréchal général des logis , il faut qu'il foit inftruit des defleins fecrets du général, pour prendre de bonne heure les moyens néceffaires pour les exé- cuter. Quoique cet officier, n’ait point d’autorité fur les troupes , la relation continuelle qu'il a avec le général pour tous les mouvemens de l’armée , lui donne beaucoup de confidération , fur-tout , dit M, de Feuquiere , lorfqu'il eft entendu dans fes fonc- tions. MARÉCHAL DES LOGIS , Le, ( Art milit. ) dans une compagnie de cavalerie & de dragons eft un bas officier qui eft comme l’homme d’affaire du capitai- ne ; 1l a fous lui un érigadier & un foubrigadier : ces deux derniers font compris dans le nombre des ca- valers ou dragons ; ils ont cependant quelque com- mandement fur les autres. Le maréchal des logis doit faire fouvent la vifite dans les tentes, pour voir fi les cavaliers ne décou- chent point , & s'ils ont le foin qu’il faut de leur équipage, C’eft lui qui porte l’ordre aux officiers de fa compagnie ; il doit être pour ainfi dire l’efpion du capitaine, pour l’avertir exaétement de tout ce qui fe pafle dans fa compagnie. Lorfqu'l s’agit de faire quelque diftriburion aux cavaliers , foit de pain ou de fourrage , c’eft le maréchal de logis qui doit les conduire au lieu où fe fait la diftribution. MARÉCHAL. (Hift. de Malte.) Le maréchal, dit M. de Vertot, ett la feconde dignité de l’ordre de Malte , car il n’y a que le srand-commandeur devant lui. Cette dignité eft attachée à la langue d'Auvergne dont il eft le chef & le pilier. Il com- mande militairement à tous les religieux, à la ré- ferve des grands-croix, de leurs lieutenans, & des chapelains. En tems de guerre, il confie le grand étendatd de la religion au chevalier qu’il en juge le plus digne. Il a droit de nommer le maitre-écuyer; & quand il fe trouve fur mer, il commande non- fenlement le général des galeres, mais même le grand-amiral., ( D. J.) MARÉCHAL FERRANT, (rt méchan.) eft un ouvrier dont le métier eft de ferrer les chevaux, & | MAR 95 de les panfer quand ils font malades, on bleffés, Voyez FERRER, Les infirumens du saréchal font les flammes, La lancette, le biftouri, la feuille de fauge, les cifeaux, les renettes, la petite gouge, l'aiguille, les couteaux & les boutons de feu, le brûle-quene, le fer à com- pas, l'efle de feu, la marque , la corne de chamois, le boëtier , la corne de vache, la cuiller de fer, la {eringue, le pas-d’âne, le leve-fole, la fpatule, &c. Poyez tous ces inftrumens aux lettres & aux figures qui leur conviennent. | Les jurés & gardes de la communauté des rar chaux {e choïfiflent entre les anciens & les nou- veaux. Deux d’entrenx font renouvellés chaque année, & pris parmi ceux qui ont été deux ans auparavant maitres de la confrairie de S. Éloi pa- tron de la communauté , & encore auparavant bâ- tonmiers de la même confrairie, Chaque maître ne peut avoir qu’un apprentif outre fes enfans : l’apprentiflage eft de trois ans. Tout maréchal à fon poinçon dont il marque fon ouvrage, & dont l’empreinte refte fur une table de plomb dépofée au châtelet. Avant d'être reçus maîtres, les apprentifs font chef-d'œuvre, & ne peuvent tenir boutique avant l’âge de 24 ans; permis néanmoins aux enfans de maitres , dont les peres & meres feront morts, de la lever à dix-huit ans. Aucun maître, de lettres, ne peut entrer en ju- rande, qu'il n'ait tenu boutique douze ans. Il n'appartient qu’aux feuls maréchaux de prifer & eftimer les chevaux & bêtes chevalines, & de les faire vendre & acheter, même de prendre ce qui leur fera volontairement donné pour leurs peines par les vendeurs & acheteurs, fans pou- voir y être troublés par aucuns foi-difans cour- tiers Ou autres. MARÉCHAUSSÉE; (Jurifprud.) c’eft la jurif- diéon des prevôts des maréchaux de France. Voyez CONNÉTABLIE, PREVÔT DES MARÉCHAUX, & POINT-D'HONNEUR. (4) MARÉCHAUSSÉES. (Are milir.) C’eft en France un corps de cavalerie compoié de trente-une com- pagmes, dont l’objet eft de veiller à la fécurité des chemuns, & d’arrèter les voleurs & les affafins. Leur fervice eft regardé comme militaire ; & ils doivent avoir les invalides, après 20 ans de fer- vice. MARECHER, (Jardinage) {. m. On appelle ainfi les jardiniers qui cultivent les marais. MARÉE, (Phyf.) 1. f. fe dit de deux mouve- mens périodiques des eaux de la mer, par lefquels la mer fe leve & s’abaife alternativement deux fois par jour, en coulant de l’équateur vers les poles, & refluant des poles vers l’équateur. On appelle auff ce mouvement ffux & reflux de la mer. Voyez FLUX G& ReFLUx, MER, OCÉAN, Éc. Quand le mouvement de l’eau eft contraire au vent, on dit que le marée porte au vent, Quand on a le cours de l’eau & le vent favorables , on dit qu’oz a vent & marée. Quand le cours de l’eau eft rapide, on l’appelle forte marée. On dit artendre les marées dans un parage ou dans un port, quand on mouille l'ancre ; ou qu’on entre dans un port pendant que la marée eft contraire, pour remettre à la voile avec la marée fuivante & favorable, On dit refouler la ma- rée, quand on fuit le cours de la marée, OÙ Qu'on fait un trajet à la faveur de la marée, On appelle la marée, marée & demie , quand elle dure troistheures de plus au largue, qu’elle ne fait aux bords de là iner : Et quand on dit de plus, cela ne fignifie poiût que la marée dure autant d’heures de plus; mais que fi. par exemple, la were eft haute aux bords de le 96 MAR mér midi selle ne fera haute au largue qu'à trois heures. | + Quandla lune entie dans fon premier & dans fon troïfieme quartier, c’eft-à-dire, quand on a nou- velle & pleine lune, les marées font hautes & fortes. 1& on les appelle grandes marées. Et quand la lune «ft, dans fon fecond & dans {on dernier quartiert, des marées, font baffes & lentes, on les appelle mortes-marées ; &cc. Chambers. Nous avons donné au 101 FLux & RErFLUx les principaux phénomenes des marées, & nous avons tâché d’en expliquer la caufe. Nous avons promis au même article fux &c reflux, d'ajouter ici quelques détails fur Les marées; &t nous allons fatisfaire à cette promeñle, On demande pourquoi ilin’y a point de #arées #enfibles dans la mer Cafpienne m1 dans Ja Méditer- ranée. | ; : On trouve pat le calcul, que laétion du foleil & de la lune pour foulever les eaux , ef d'autant moindre que La mer a moins d’étendue ; & ainf comme dans le vafte & profond Océan, ces deux adions ne tendent à élever les eaux que d’envi- ron 8 à 10 piés, il s’enfuit que dans la mer Caf- pienne qui n’eft qu'un grand lac, l’élevation des gaux doit être infenfble. Il en eft de même de la Méditerranée dont la com- munication avec l'Océan eft prefqu’entierement coupée au detroit de Gibraltar. On peut voir dans la piece de M. Daniel Ber- noulli , fur le flux &c reflux de là mer, lexphcation d’un grand nombre d’autres phénomenes dés zzarées. On trouvera aufh dans cette même piece des tables pour la hauteur & pour l'heure des marées de cha- que jour : & ces tables répondent aflez bien aux oblervations, fauf les différences que la fituation des côtes & les autres circonftances particulieres y peuvent apporter. Les alternatives du flux & reflux de fix heures ‘en fix heures, font que les côres font battues fans tefle par les vagues qui en enlevent de petites par- ties qu’elles emportent &) qu'elles dépofent au fond ; de même les vagues portent fur les côtes “différentes produétions, comme des coquilles, dés fables qui s’accumulant peu-à-peu, produifent des éminences. * Dans la principale des iles Orcades où les rochers font coupés-à pic, 200-piés au-deflus de la mer, la marée {e leve quelquefois jufqu'à cette hauteur, Zorfque le vent eft fort. Dans ces violentes agita- tions la mer’ rejette quelquefois fur les côtes des matiètes quelle apporte de fort loin, &c qu’on ne trouve jamais qu'après les grandes tempêtes. On en peut voir le détail dans PHÿf. mat. générale 6 particuliere, tome I. page 438. La mer, par fon mouvement général d'orient en occident, doit porter furles côtes de l’Amérique les produétions de nos côtes; & ce ne peut être que par ‘des mouvemens fortirréguliers,& probablement par des vents, qu'elle porte fur nos côtes les produc- tions des Indes & de l'Amérique. On a vû fouvent dans les hautes mers, à une très-srande diftance des “côtes, des plages entieres couvertes de pierres- ponces qui venoient probablement des volcans des ‘Îles &z dela terre-ferme , voyez VOLCAN 6 PIERRE- :PONCE, 80 qui paroïiflent avoir été emportées au -milieu-de la mer par de courans. Ce fut:un indice de cette nature qui fit foupçonner la communica- ‘tion de larmer des Indes avec notre Océan, avant - qu’on eût découverte. (0) MARÉES, (Marine. ) Les Marins nomment ainf de tems que la mersemploie à monter &t à defcen- “dre, c’ett-à-dire, le flux & le reflux qui eft une ef- -pece: d'inondation. de la part.de la mer deux fois le jour. MT: A Av. Les eaux montent environpeñdant fix heures ce mouvement qui ft quelquefoisaflez rapides 8 par lequellamer vient couvrirdes plages, te idées le Jlux ou le for. Les eaux, Morfqu'elles font parve- nues à leur plus grande hauteur, reftenta peine un demi-quari-d’heure dans cet état. La merteft alors pleine ou elle eft éule, Elle commence .enfuite à defcendre, & elle le fait pendant fix heures qui for ment le tems du refux, de d’ébe, ou de jufan. La mer en fe retirant, parvient à fon plus bas terme qu'on nomme baj/e-mer, & elle remonte prefque aufl-tôt. Chaque mouvement dela mer n’eft pas préci- fément de fix heures : elle met ordinairement un peu plus à vemr & un peu plus à s’en retourner. Ces deux mouvemens contraires font même conf- dérablement inégaux dans. certains ports : mais les deux enfemble {ont toujours :plus de douze heu- res; ce qui eft caufe que la, pleine mér où chaque marée ne le fait pas à la même heure tant le foir que le matin, elle arrive environ 24 minutes plus tard. Et d’un jour à lautre, il fe ttouve environ 48 mi- nutes de retardement; c'eft-dire, que s’il eft pleine mér aujourd’hui dans un port à o heures du matin 1l ny fera pleine mer ce foïr qu'à o heures 24 mi= nutès, & demain à neuf heures quarante-huit mi nutes du matin, & le foir à ro heures 12 minutes. C’eft aufli la même chofe à l’égard des baffes-mers elles retardent également d’un jour à l’autre de 48 minutes, & du matin au foit de 24 minutes, Ce retärdement étant connu, on peut, fi l’on a été attentif à l'inftant de la marée un certain jour prévoir à quelle heure 1l fera pleine mer dans le même port un autre Jour, & faire fes difpoñitions à-propos pour fortir du port ou y entrer ce jour-là. Chaque jour les marées rerardent de 48 minutes ; ainfi en ÿ jours, elles doivent retarder de 4 heu- res, ce qui donne la facilité de trouver leur rerar- dement à proportion pour tout autre nombre de jours. Elles doivent retarder de 8 heures en 10 jours & de 12 heures en 15 jours. Or il fuit de-là que les wrarées reviennent exaétément aux mêmes heu res dans les quinze jours ; mais que celles qui fe fai- foient le matin, fe font le foir, & celles qui arri- voient le foir, fe font le matin : à la fin de quinze autres Jours elles reprennent leur premier ordre. Les marées {ont plus fortes de quinze jours en quinze jours, c'eft ce qui arrive à toutes les nou velles & pieines lunes. On donne le nom de grandes eaux à ces plus fortes #arées : on les nomme aufft malines Où reverdies. Dans les quadratures, c’eft-à- dire aux premier & dernier quartiers, la mer monte moins, & elle defcend auffi moins, c’eft ce qu’on nomme les sortes eaux. Et la différence de hauteur entre les mortes eaux & les malines, va quelquefois à la moitié : ce que l’on doit favoir pour entrer ou {ortir d’un port. En général, les marées du matin & du foir ne {ont pas également fortes ; mais ce qu'il y a de très-remarquable, c’eft que l’ordre de ces marées change au-bout de fix mois; c’eftà-dire, que fi ce font les marées du matin qui font aQuellement les plus fortes, comme cela ne manque pas d’ar- river ; en hiver, en fix mois ou un peu plus, elles feront les-plus foibles. Ce font effediyement les marées du foir qui font les plus fortes en été. Mais au-bout de fix mois, les plus fortes rzarées devien- nent. les plus foibles, & les plus foibles deviennent les plus fortes. Au furplus, les malines n’arrivent pas précifé- ment les jours des nouvelles & pleines lunes, mais un jour & demi ou deux jours après. Les plus pe- tites marées ou les mortes-eaux ne concourent pas non-plus exaétement avec les quadratures ; elles tombent un jour &c demi plus, tard. Après qu’elles ont été fort grandes un ou deux jours après la nou- | velle MAR velle on la pleine lune, elles vont en diminuant jufqu’à.un jour & demi après la quadrature, & elles augmentent enfuite jufqu’à la pleine ou nou- velle lune fuivante. On a vù ci-devant que les marées retardoient chaque jour de 48 minutes, & qu’elles ne reve- _ noient aux mêmes heures que de 1$ jours en 15 jours, Il eft pleine mer fur toute une étendue de côte à la même heure. Mais felon que les ports font plus ou moins retirés dans les terres, ou que leur ouverture eft plus ou moins étroite, la mer emploie plus où moins de tems pour s’y rendre, & il y eft pleine mer plus tôt ou plus tard. Chaque port a donc fon heure particuliere ; outre que cette heure eft différente chaque jour , il a été naturel de confidérer plus particulierement les marées des nou- velles & pleines lunes,& d’y rapporter toutes Les au- îres. On nomme érabliflemens cette heure à laquelle il eft pleine mer, lorfque la lune eft vis-à-vis du foleil, ou qu'elle fe trouve à l’oppoñite. Par exemple, à Breft , l’établiflement des marées eft à 3 heures 30 minutes; au-heu qu’au Havre-de-grace, il eft à o heu- res, parce qu'il eft pleine mer à ces heures-là les jours de nouvelle & pleine lune. __ Ii eft bon de remarquer que les pilotes font aflez dans l’ufage d’exprimer l’établifement des ports, par les rumbs de vent de la bouflolle. Ils fe fer- vent du nord & du fud pour indiquer 12 heures ; ils indiquent 6 heures par left & l’oueft, 3 heu- res par le fud-eft & nord-oueft, & ainfi des au- tres. Cet ufage qui s’eft introduit dans plufeurs livres, n’eft propre qu’à induire en erreur les per- fonnes peu inftruites, en leur faifant croire que ces prétendus rumbs de vent qui défignent létablife- ment des warées, ont rapport à la diredtion des ri- vieres, ou aux régions du monde, vers lefquelles les entrées des ports font expofées. Il n’eft pleine mer plus tard à Nantes qu’au bas de la Loire, que païce que cette ville eft confidérablement éloignée de la côte”, & qu'il faut du tems au flux pour y faire fentir fon effet. . | . Tout ce qu’on vient de dire fur les marées, eft tiré. du zouveau, traité de Navigation, publié par M. Bouguer en:1753, auquel on peut avoir re- cours pour de plus grands détails. On ajoute ici use table de quelques côtes & ports de l'Europe, où l’heure deda pleine mer eft marquée, les jours de ki nouvelle lune & de la pleine, &. à la fuite une table du retardement des marées. Tables. des-côtes'& -ports de l'Europe où l'heure de La .pléine uner arrive le jour, de la nouvelle & pleine = dune, 52 ' ÿ | FRANCE, À. Saint-Jean de Luz, à Bayonne , à... 3h. 5o/. A la côte de Guyenne & Gafcogne, :.,3 0. | Côtes de Saintonge & d'Aunis. A Royan, à Brouage, à la Rochelle, à l'embouchure de fa Charente, . ; . 3 45. À l'ile-de Ré 6e dans les pertuis bretons @: d’Artioche 9e a,0 eee les 0 à Ge 4e Côtes de Poitou, Dans toute la côte de Poitou, ,,.. 3. 2. Cu rer RS TR RFA 2 PAR 2 D BPHE-Dien, + ee 4e» sen ve nn. 3e Côtes de Bretagne. A l'embouchure de la Loire, . .., 3 IS. A, PEL eq ss en Se À Morbian, Port-Louis, Tome X, MAR & toute la côte du fud de Bretagne , À Vannes, à Auray, À la Roche-Bernard, À Belleifle, LAON CNE OCT TE Et AENDDIEVELRR, NET, AUTIÉ AE RAS ALT OUR, AMEN TE ET À Saint Pol de Léon & à l'embouchure de la riviere de Morlaix, . ADEME D IBLLES ee des e Dee el À Saint-Malo & Cancale, Côtes de Normandie, 0 L L] L3 ° L L] [] L] L] [1 À Grandville, . ® © + + +» L] L] e L] L] è Côtes de Picardie, Dans toute la côte depuis Tréport juf- qu'à Ambleteufe, . . ACHETE SE Are Dans 1e pas de.Calais, FL. els À Dunkerque, Nieuport & Oftende, , En-Flandres. Dans le canal entre l'Angleterre & la PRandEeS IR CR CL ES CURE et) ! 9 9% je o + + à + à En Hollande. À l'Eclufe 8 à Flefingue, .. : .,.. Dans les îles de Zélande, ., : ,,.. DANS TRE EN ee, Det: Hors le Téxel à la côtes | . . . ... ‘À Amfterdam , à Roterdam & à Dor- drecht, MEN et nE tons et 5: Er'ldes e à dis En Angleterre, Aux Sorlingues & à la pointe occiden- tale d'Angleterre, . , À lentrée de la Manche, . . AEMORTDO ME Ne ent. ea LEA Aux côtes près le cap Lezard, . . ., ALFÉIMONRONEN. MEME À Faure , à Plimouth & à Darmouth, À la côte , près le cap Gouftard, . .. À Torbay & à Exmouth, . . ., À Portland. & à Weymouth, : +... Le long dela côte, depuis Portlan jufqu’à. l'ile de Wight, +... Dans la rade de Sainte-Hélene, . ..., À Portfmourh & Hampton,....., Dans toute la côte | depuis l’île de Wigth jufqu'à Douvres,.. .. AL DOTE et MUR SIGRT EI Dans la rade des Dunés,,. .,.,,. A lémbouchure de la Tamife, : , .. Depuis la Tamufe jufau’à Yarmouth, le long de la côte, | ® % %. nn « + ee + + ee a + MURS US TE En Irlande. Dans toute la côte de l’oueft, 1e » + Aux iles Blaques ,, 452 84 ce HDi CARRE 7 Dans la: baie de Bantrÿ, à 4, 9! © »o À Baltimont,, à Roïfle,, &c à King ale, "A 30 45° 30 30. 30. 30% 4 ( 30: ! 30e 3 : N 15e 98 AUKOTÉ, 0 0 ARLES ... $ 15: A Waterfort & le iong de lacôte, . . . 6 30. EC NPICIOS TN PE ER TRE À. DUR MER TEE RO: À la côte du nord d'Irlande, . . . . . GREC: En Efpagne. A Cadix & par tonte la côte voifine, 1 30 En Portugal. À Lagos, :........... Mons GE ARSENAL ae de esse cuve ei RE EI Dans le port de Lisbonne, . . . . . . 3 30. Dans toute la côte depuis Lisbonne juf- qu’au cap Finiftere , . . . . .. Pie a 1ED à Il eft inutile d'étendre cette table ; ce qu’on vient de voir fufit pour l'intelligence de ce que nous avons dit ci-devant fur l’établiflement des marees dans un port. Il ne nous refte plus que la table du retardement des warées , qu'on va donner. Table du retardement des marces. Antici- | : Retard. pation. Hs M. H. M QE lee = SEE ECS = 7/ e + = F CE 5 CPE or LA LES ER EE 5 6 ÿ 22|| À 6 O 54 a. le REA) Le: Er AZ Eh er 1 28 8 4513 341 4211-46 ê. 4° |2 58 CR 2 D Va) 7.429 B 3 +|2 21 ET TER 2 40 SNL SON ONE ENEEt 2. 2 OMR DNS QT D, 1 2) 07 1 7 | 3 44 SO P CON E Tr z 4.209 ® _o+|o 18 01 NA 3 sol € D |; 6 © O-+|0%17 oO ; | 5 39 BI o À 36. 1 « à 6 : 19 em 1210,54/hmnr sé 58 Lez I II QE 7 37.| Do 2 HSE AU PSN SE NS RE Fe 46. E 3 8 47 | OMIS NT 07 M Sa LR 4 4 |2 21]| 5 4 | 0. 44 sn NM O EAN rS Ro D-4 sale Es ere = 4 gs 5 SU 5 5 TONRR S .- je. SM a RE LUE D | 3 44 + 6 TRI Sa 6 = e. © e ° 6 . CE] 5 Ë 7 e 7 e el'e HUE PIRE 725 Cette table fert'auffi pour trouver l’établiffement d’un poït ; lorfqu’on y aura obfervé l'heure de la À sé sv «+ heures 20 minutes dans un certain portun demijour ._ avant lanouvellelune.. : & « - : . .« ne On confulte la petite table qui apprend qu’un de- mi jour donne 18 minutes d'anticipation, Ow que fa Len MAR pleine mer doit arriver 18 m. plutôt À caufe du demi Jour , on aura donc 10h. 38 m. pour Pétabliflement. Suppolons, pour fecondexemple, que deux jours & un quart avant une des quadratures , on obferve | qu'il elt pleine mer dans un port à ÿ heures 40 mi- nutés , On trouvera dans la table 3 heures 11 minu- nutes pour le retardement ; d’où 1l s’en fuivra que : RTL la mer aura été pleine le jour de la nouvelle ou plei- | ncluneà 2h. 29 m. , & ce fera l’établiffement requis. Marées qui portent au vent, font des marées qui vont contre le vent. / # ° Marées &T contremarées, ce {ont des marées qui fe | rencontrent en venant chacune d’un côté, & qui forment {ouvent des courans rapides & dangereux qu’on appelle des ras. d Marces qui Joutiennent ; expreflion qui fignifie qu'un vaiffeau faifant route au plus près du vent , & ayant le courant de la marée favorable , fetrouve foutenu par la marée contre les lames que poufle le vent; enforte que le vaiffleau va plus facilement où il veut aller. Article de M. B£LIN. MAREGRAVE, f. f maregravia, ( Bor. ) genre de plante à fleur monopétale en forme de cloche ; | placée fur un pifüil entouré d’étamines qui font tom | ber la fleur. Ce piftil devient dans la fuite un &uit prefque {phérique , mol, charnu , qui renferme plu- fieurs petites femences. Plumier, nova plant, Amer. | per. Voyez PLANTE. MAREMMES DE SIENNE , Les ( Géog.) petit pays d'Italie, en Tofcane, dans l’état de Sienne dont il forme la partie méridionale 8& maritime. L'Ombrone , riviere , le partage en deux. On y trou- de Fe de Groffetto , Maflo , Anfedena & aftisghone, qui font tous dépeuplés , parce que l’ai re da dite (D.JT. À AP) RENE Pt tar MARE-MORTO ; (Géog.) c’eft ce qu’on appel- loit autrefois Portus-Mifenus | un peu au- delà de Cumes dans le royaume de Naples. Aujourd’hui ce port ne peut fervir de rétraite qu’à de petites bar- ues. (D.J.) ns te aid SAT PEV SE » à Sur Thafie vites , fut, 6 Mareotides.a/bæ., d'A. 7% À ‘:Les excellens:vins de l’île de Tharos, 8 ceux du lac Maréotide font blancs. « MAR Sur la nouvelle qu 'O&aveavoit pris Alexandrie, Horace, pour lui plaire , peint le cara@tere de Cléo- patre avec les couleurs les plus vives ; l'amour de cètte princelie étroit, felon lux, une fureur; fon cou- rase un defefpoir , fon ambition une ivrefle ; le rrouble , dit-:1l, de fonefprit, caufé par les fumées du vin d'Egypte, fe changeatout-à-coup en une véritable crainte. Mentemque hymphatam Marcotico Redegis in veros cimiores Caar. | | | Non-{eulementonné voit plusles bordsdu lac Ma: réoiide , aucuns veftiges des fameux vignobles où croifloit ce vin fi renommé chez les anciens; mais le ac lui-même eft tellementdefléché,que nousdoutons f c’eft le lac de Bukiara des modernes, Il ne faut pas néanmoins s'étonner de fon defléchement , puiique ce r’étoit d’abord qu'un étang formé par les eaux d’u- ne funple fource, &t que cefut la feulé communica- tion avecieNilquien fit un grand & vafte lac, (22,J.) MARESCAYRE,, 1. f (Péche.) terne de pêche ufté dans Le reflort de l’amirauté de Bordeaux ; c’efl ainfi qu’on appelle les rets avecleiquels ont fait la pêche des oïfeaux marins dans la baye d’Arcaflon. . MARÉTIMO , (Géog.) Maritima infula ; pote île d'Italie fur la côte occidentale de Sicile, à FO, des iles de Lévanzo & de Savagnana, & à 20 milles de Trapani. Elle n'en a que 15 de circuit, un feul château, @c quelques métairies que les fermiers tiennent pour y recueillir du miel, Baudran croit eue c'eft dans cette ile que Catulus, général de la floite romaine, remporta la viétoire fur l’armée na- vaie des Carthaginois. Quoiqu'il en foit, le nomde … Maretino lui vient de ce qw’elle eff plus avancce dans la mer que les deux iles qui font entre elle &c la Si- cile. Long. 30. 2. lar. 38.5. (D. JT.) MARGARITINI. ( Aris.) C’eit aimfi que l’on nomme à Venife & en ltahe de petites pieces de compoñtion diverfement colorées, que l’on fait fur- tout à Murano, près de Venufe. Pour les faire on prend des tuyaux de barometres , que l’on caffe en petits morceaux, qui ont la forme de petits cylin- dres courts ; on les mêle avec de la ceudre, & on les met fur le feu dans une poële de fer ; lorique les bouis de cylindres commencent à fondre, on les re- mue & on les agite fans cefle avec une baguette de fer, ce qui leur donne une forme ronde; on ne les life point chauïter trop iong-rems , de peur que le trou ne fe bouche, vù qu'il faut pouvoir y pañer un #l pour faire des colliers dont fe fervent les fem- mes du commun ; on en fait aufa des chapelers. MARGAUTER , ox MARGOTER , v.n. (Chaffe.) fe dit des cailles qui font un cri enroué de la gorge avant que de chanter , ainf on dit que les caules Far COLE. MARGE, f. f. (Gram.) blanc réfervé tout-à-l’en. tour de la page imprimée d’un livre , où aux.côtés de la page écrite d’un manuferir. | _ MARGE, (Cosn.) fe dit parmi les marchands &z né- gocians des bords des livres on des comptes entre lefquels ils écrivent les articles les-uns après les au- tres. Les Zarges à pauche fervent à mettre les 6/10, les années és les dates en chiffres ; & c’efl fur les marges à droite que l’on tire les fommes en srarge, ls de fervent quelquelois du mot wargini pour dire Anarge, Dilionn. de comm. - | MARGEOIR , {. m, (Verrerie. )c’eftla piece avec laquelle on ferme la lunerte.de chaque arche. On poufleile vnwrpeoir toutes les fois qu'on finit la jour- née, qu'on fuipend le travail, êc qu'on veut empê- Cher la confommation mutile du feu. MARGER UN FOUR, (cerme de Verrerie, ) c’eft boucher les ouvreaux du four avec de la terre glai- le, pour y entretenir la chaleur es fêtes & les dre Tome À, M, A R 09 manches , &c autres jour$ qu'on ne travaille pas, Foyez VERRERIE. MARGGRAVE, {m.(Æiff. mod. ) en allemand marek=praf, > titre que l’on donne à quelques princes de l'empire germanique , qui poflédent un état que l’on DOMME 724rgpraviar ; dont ils reçoivent linvets uture dé l’empereur. Ce: mot eft compofé de marck, fronuere ou hmité, & de graf, comte ou juge ; aint le mot de #arggrave indique des feigneurs qué les empereurs chargeoient de commander les trous pes & de rendre la jnftice en leur nom dans les pro: vinces fronuieres de l’empire. Ce ütre {emble avoir la même originé que celui de marquis, wurchio, Îl y à aujourd’hui en Alle- magne quatre mArggraviats , dont les poñeffeurs s'appellent sarporaves ,\davoir ; 1°, celui de Bran- debout ; tous les princes des différentes branches de cette maifon ont ce titre , quoique la Marche où le maïgpraviar de Brandebourg appartienne au roi de Prulie ; comme chef de la branche aînée : cet ainfi qu'on dit le zzarggrave de Brandebourg« Anipach , le margorave de Brandebourg-Culmbach 3 ou de Bareuth , ie wmarowrave de Brandeboute-Sch- wedt, Ge, 2°, Le marggravsar de Mifnie , qui appar= tient à l’éleéteur de Saxe 3°. Le warguraviar-de-Ba- de, les princes des différentes branches de cette mailon prennent Île titre de margorave. 4°. Le mar p= graviat de Moravie, qui appartient à la maï{on d’Aus rriche. Ges princes , en vertu des terres qu'ils pol fédent en qualité de rrarggraves , ont voix & féan- ces à la diete de l'empire, Voyez Diere. (—) TARGIAN , {. ma. (Mur, méd, anc.)On croit géné: ; fut, Méd, arc, it yénéz ralement que le wrargtan des Arabes , 82 le mertgiar des grecs modernes, eft Le corail; mais les écrits des anciens ne conviennent point au corail, &: fe. rapa portent à une cfpece de fucus rouge qui croît fur Les rochers , & qu'on emploie dans la peinture & la teinture ; c'eft le fucus thalafius des anciens orecss (DJ) | MARGIANE LA , (Géog. anc.) pays d’Afe le long de la riviere Margus ; qui lui donnoit ce nom, Pto= lomée ( Lv. V1, ch. x.) dit qu’elle eft bornée aw couchant-par Hycarnie , au nord par l'Oxus, à lo rient par li Baëtriane, au midi par les monts Sériphes. Pline tait un eloye pompeux de la Margiares dit qu'elle eft dans la plus beile expoñtion du mona de; que c'eft Le feul pays-de ces cantons qui porté des vignes ; qu'elle 'eft entourée de monragnes dé- licieutes ; qu'elle à 15 cent ftades de circuit, mais que ion entree en eft difficile, à caufe des deferts de fable qui ont cent vingt mulle päs détendue, Stra: bon confirme tout Le difcours de Pline, Ce pays fait aujourd’hui partie du Khoraffan. (D.J.) MARGIDUNUM , (Géog. anc.) ancien lieu dé la Grande-Bretagne fur la route de Londres à Lin: coin ; c’eft aujourd’hai Willoughby, bourg de Not: tinghamshire, aux confins de Leiceftershire. (D.J.} MARGINAL, adj. (Grem.) qu'on a mis ouimpre me en marge. Amf, ondir un titre #æaroiral, des notes marginales. | MARGOT , (Æif?. nat.) Voyez Pre. MARGOT LA FENDUE au Jeu de trittrag 5: À fe dit lorique l'adverle partie fait un coup qui tombe fur une fleche vuide entre deux dames découvertes. Cé terme n’eit plus guere d’ufage., . ._ MARGOT AS, f, M. terre de riviere. Petits ba: teaux que lon accouple deux enfemble, & que lo charge ordinairement de foin. Ils ont un aviron pare ticuhier, 8 une manœuvre finsuliere. Ils fervent auflà conduire des avoines & des blés. Voyez es PL. de Charpente, | MARGOTER,, v. n. (Chaffe.) c’eft le cri enrouë & rauque que lé mâle de la caille fait entendre dans fon goñer lorqu'il eft en amour, id Ni 100 MAR MARGOZZA, (Géog.) petite ville d'Italie dans le Milanez, au comté d’Anghiera, {ur un petit lac de mêmenom. Long. 25. 58. lat. 44.53.(D.J.) MARGUAIGNON, (Hifi. nar.) Voyez ANGUILLE. MARGUERITE, Zeucanthemum , (Bor.) genre de plante qui ne differe du chryfanthemum que par la couleur des demi fleurons qui font entierement blancs. Tournefort, Zn/£. rei herb. Voyez PLANTE. On connoît en françois deux plantes de différent genre fous le même nom de marguerire , favoir, la grande & la petite marguerite. left bonde faire cette obfervation avant que de les décrire. La grande marguerite fe nomme encore autrement: la grande paquette , ou l'œil de bœuf. C’eft un genre de plante que les Botaniftes défignent par le nom de leucanthemum vulgare, ou de bellis major ; en anglois the common ox-eye daiyy. Ses carateres font les mê- mesque ceux du chryfanchemum,excepté dans la cou- leur de fes demi fleurons , qui font conftamment blancs. On compte fix efpeces de ce genre de plante. L’efpece la plus commune dans les campagnes a la racine fibreufe, rempante , âcre. Ses tiges font hau- tes de deux coudées, à cinq angles, droites, velues, branchues. Ses feuilles naifient alternativement fur les tiges ; elles font épaifles , crénelées , longues de deux pouces, larges d’un demi pouce. Ses fleurs font fans odeur , grandes, radiées. Leur difque eft compofé de plufeurs fleurons de couleur d’or, par- tagés en cinq quartiers garms d’un fule au milieu. Ea couronne eft formée de demi-fleurons blancs, qui font portés fur des embryons , renfermés dansun calice demi fphérique, écailleux, &t noirâtre. Les embryons fe changent en des petites graines oblon- gues, cannelées , &c fans aigrettes. Ses fleurs font d’ufage en Médecine dans les maladies de poumon. La perite marguerite, autrement dite paguerette, eft nommée par les Botaniftes , bellis mimor, bellis [y1- veftris minor , en anglois the common [mall daizy. On cara@érife ce genre de plante par la racine qui eft vivace , & qui ne forme point de tige. Le calice de la fleur eft fimple , écailleux, divifé en plufieurs quartiers. Les fleurs font radiées, &c leurs têtes , après que les pétales font tombés, reffemblent à des cônes obtus. Miller diftingue huit efpeces de paquerette. La commune qu’on voit dans les prés a des racines nom- breufes 8: menues. Ses feuilles font en grand nom- bre, couchées furterre, velues, longues, légerement dentelées, étroites vers la racine, s’élargiflent & s’arrondiflentpeu-à-peu. Cette planteau-lieu de tige a beaucoup de pédicules qui fortent d’entre les feuil- les , longs d’une palme &r plus, grêles, cylindri- ques &c cotonneux. Ils portent chacun une fleur ra- diée, dont le difque eft compofé de plufieurs fleu- rons jaunes , & la couronne de demi-fleurons blancs, ou d’un blanc rougeâtre , foutenus fur des em- bryons , & renfermés dans un calice fimple par- tagé en plufieurs parties. Les embryons fe changent en des petites graines nues , entaflées fur une cou- che pyramidäle. Cette plante pafle pour vulnérai- re, réfolutive, 8& déterfive. La marguerite jaune , ou foucy des champs, ef le nom vulgaire qu’on donne à l’efpece de chyfanthe- mum que les Botaniftes appellent chryfanthemum fe- gecumvulgare, folio glauco. Elle eft commune dans les terres à blé. M. de Juffieu l’a décrite fort au long dans les Mémoires de l’acad, des Sciences ; ann. 1724, parce que la fleur radiée janne qu’elle porte eft très-propre à teindre dans cette couleur , comme cet habile botanifte s’en eft convaincu par quelques expériences. fl commença par enfermer la fleur dans du pa- pier , où fon jaune ne devint que plus foncé , ce qui étoit déja un préjugé favorable ; enfuite il mit dans M AR des déco@ions chaudes de ces fleurs différentes étof: fes blanches , de laine , ou de foie, qui avoient au- paravant trempé dans de l’eau d’alun, & il leur vit prendre de belles teintures de jaune, d’une difte- rente nuance , felon la différente force des décoc- tions, ou la différente qualité des étoffes ; & la plü- part fi fortes , qu’elles n’en perdoïent rien de leur vivacité pour avoir été débouillies à l'eau chaude. L’art des teinturiers pourroit encore tirer de-là de nouvelles couleurs par quelques additions de nou- velles drogues. Rien n’eft à négliger dans la Bota- nique : telles plantes que l’on a ôté du rang des ufuelles , parce que l’on n’y reconnoît point de ver- tus médécinales , en a fouvent pour les arts, ou pour d’autres vûües. (D. J.) MARGUERITE, ( Pharm. 6 mat, medical. ) grande marguerite, grande paquette | œil de bœuf, & petite marguerite ; paquerette ; ces plantes font comptées parmi les vulnéraires , les rélolutives & déterfives deftinées à l’ufage intérieur. C’eft précifément leur fuc dépuré que l’on emploie, aufli-bien que la dé- cottion des feuilles & des fleurs dans l’eau commune ou dans le vin. Ces remedes font principalement célébrés , com- me propres à diffoudre le fang figé ou extravafé. Vanhelmont la compte , à caufe de cette propriété, parmi les antipleuritiques ; 8c Mindererus, comme un remede fingulier contre les arrêrs de fangfurvenus à ceux qui ont bû quelque Hiqueurfroide , aprèss’être fort échauffés ; d’autres auteurs Pont vantée , pour la même raifon, contre l’inflammation du foie, dans les plaies du poumon , 8: même dans’des phrifies ; contre les écrouelles , la goutte , l’afthme, Éc. On leur a auf attribué les mêmes vertus, c’eft- à-dire , la qualité éminemment vulnéraire ; réfolu- tive & déterfive , fi on applique extérieurement la plante pilée fur les tumeurs écrouelleufes , & fur les plaies récentes, ou fi on les bafline avec le fuc. On trouve dans les boutiques une eau difiillée de war- guerites , que beaucoup d'auteurs & même Geof- froi regardent comme fort analogue à la décoétion & aufuc , en avouant feulement qu’elle eft plus foi- ble. Il s’en faut bien que ce foit avouer affez ; 1lfaut au contraire avancer hardiment que Peau de war- guerite eft abfolument dénuée de toute vertu , pif que ni l’une ni l’autre marguerire ne contient aucun principe médicamenteux volatil, & pour la même raifon que /s marguerires font des ingrédiens fort in- utiles de l’eau vulnéraire & de l’eau générale de la pharmacopée de Paris. (2) MARGUERITES , {. f, ( Marin.) ce font certains nœuds qu’on fait fur une manœuvre pour agir avec plus de force. | MARGUERITE /4, ( Géogr.) ou comme difent les Efpagnols , à qu elle appartient , Sanüta-Mar- garita de las Caracas , Île de l'Amérique , aflez près de la terre ferme & de la nouvelle Andaloufe , dont elle n’eft féparée que par un détroit de huit lieues. Chriftophe Colomb la découvrit en 1498. Elle peut avoir 15 lieues de long fur 6 de large , & environ 35 de circuit. La verdure en rend l’afpeét agréable ; mais c’eft la pêche desperles de cette île, qui a exci- té l’avarice des Efpagnols. Ils fe fervoient d’efclaves negres pour cette pêche, & les obligeoïent, à force de châtimens , de plonger cinq ou fix braffes pour arracher des huitres attachées aux rochers du fond. Ces malheureux étoient encore fouvent eftropiés par les requins. Enfin, lépuifement des perles a fait cefler cette pêche aux Efpagnols ; ils fe font re- tirés en terre ferme, Les naturels du pays, autrefois fort peuplé , ont infenfiblement péri , & l'on ne voit plus dans cette ile, que quelques mulâtres qui font expofés aux pillages des flibufliers , & fonttrès- fouvent enlevés. Les Hollandois y defcendirent en MAR 1626, 8 en raferent le château, Longir, 314, dar, so ro, ( D:J0); MARGUERITE, Sainte, ( Géogr. ) ile de France, en Provence , que les anciens ont connue fous le nom de Lero, Voyez LÉRINS. MARGUILLIER , fm. (Jwrifp.) eftl’adminiftra- teur des biens & revenus d’une églife. Les warguil- liers font nommés en latin, marricularii , @ditui, ope- rarii ,adminiftratores , hierophylaces., & en françois, dans certains lieux, on les appelle fabriciens , procu- reurs , luminiers , gagers ; &tC. Le nom le plus ancien qu'on leur ait donné eft celui de marguillier, matriculii ;| Ou marricularii, ce qui vient de ce qu’ils étoient gardes du rôle où ma- tricule des pauvres , lefquels n’ofant alors mendier dans les églifes, fe tenoïent pour cet effet aux por- tes en dehors, La matricule de ces pauvresétoit mife entre les maïns de ceux qui recevoient les deniers des quêtes , colleétes & dons faits pour les nécefi- tés publiques, & qui étoient chargés de diftribuer les aumônes à ces pauvres. On appelloit ces pau- vres matricularii, parce qu'ils étoient inferits fur la matricule , & l’on donna auffi le même nom. de 77a- sricularit aux diftributeurs des aumônes, parce qu'ils étoient dépofitaires de la matricule. Entre les pauvres qui étoient infcrits pour les au- mônes, onen choififfoit quelques-uns pour rendre à l’églife de menus fervices ; comme de balayer l’é- glife , parer les autels, fonner les cloches. Dans la fuite , les marguilliers ne dédaignerent de prendre eux-mêmes ce foin, ce qui peut encore contribuer à leur faire donner le nom de natriculurii , parce qu'ils pirent en cette partie la place des pauvres matri- culiers , qui étoient auparavant chargés des même fonétions. Les paroïfles ayant été dotées , & les zmarguilliers ayant plus d’affaires pour admimifirer les biens & revenus de l’éplife, on les débarrafla de tous les foins dont on vient de parler , dont on chargea les bedeaux & autres miniftres inférieurs de Péglife. Néanmoins dans quelques paroïfles de campagne, l’ufage eft encore demeuré, que les #7arouilliers ren dent eux-mêmes à l’églife tous les mêmes fervices qu'y rendoient autrefois les pauvres , & que pré- fcntement rendent ailleurs les bedeaux. Les rmargurlliers étoient autrefois chargés du foin de recueillir les enfans expofés au moment de leur naflance , & de les faire élever. Ils en dreffoient procès-verbal , appellé epiflolz colleélionis , comme on voit dans Marculphe. Ces enfans étoient les pre- miers infcrits dans la matricule ; mais préfentement c'eft une charge de la haute-juflice. Ce ne fut d’abord que dans les églifes paroïffiales que lon établit des marguilliers mais dans la fuiteon en mit auflidans les églifes cathédrales,& même dans les monafteres. Dansles cathédrales & collégiales 1l y avoit deux fortes de marouilliers , les uns clercs , Jes autres lais. Odon, évêque de Paris, inftitua en r204, dans fon églife, quatre marguilliers lais, dont le titre fubfifte encore préfentement. [ls ont confer- vé le furnom de Zais, pour les diftinguer des quatre narguilliers clercs, qu'ilinftitua dans le même tems. Ces marguilliers lais font confidérés comme officiers de l’églile , & portent la robe &lebonnet. Dans les églifes paroifliales, ily a communément deux fortes de rarguilliers ; les uns qu’on appelle marguilliers d'honneur, c’eft-à-dire ad honores , parce qu'ils ne fe mêlent point du maniement des démiers , & qu'ils font feulement pour le confeil ; on prend , pour remplir ces places , des magiftrats, des avo- cats, des fecrétaires du roi. Les autres qu’on appelle narguilliers comptables , font des notaires , des pro- cureurs , des marchands, que l’on prend pour gé- rer les biens & revenus de la fabrique. Les marguilliers font dépoftaires de tous les titres MAR toi &T papiers de la fabrique , comme auffi des livres , ornemens , reliques, que l’on emploie pour le fer- vice divin, Ce font eux qui font les baux des maifons 8 au- tres biens de la fabrique ; ils font les conceffions des bancs, & adminiftrent généralement tout ce qui ap+ partient à l’églife. La fonétion de ziarguillier eft purement laicale 3 il faut pourtant-obferver que tout curé eft marguil- lier de fa paroïffe , &e qu’en cette qualité , ila la pre- miere place dans les affemblées de la fabrique. Les margutlliers laïcs ne peuvent même accepter aucune fondation , fans y appeller le curé & avoir fon avis. L'éleétion des sarguilliers n'appartient ni À l’évê- que , ni au feigneur du lieu, mais aux habitans ; 88 dans les, paroifles qui fonttrop nombreufes , ce font. les anciens marguilliers qui élifent les nouveaux. On ne peut élire pour marpuillier aucune femme, même conftituée en dignité. ù Les marguilliers ne font que de fimples adminif- trateurs, lefquels ne peuvent faire aucune aliéna- tion du bien de l’églife , fans y être autorifés avec toutes les formalités néceflaires. Le tems de leur adminiftration n’eft que d’une où deux années , felon l’ufage des paroifles, On conti- nue quelquefois les #arguilliers d'honneur. Les marguilliers comptables font obligés de rendre: tous. les ans compte de. leur adminiftration aux ar: chevèques ou évêques du diocèfe , ou aux archidia= cres,, quandls font leur vifite dans la paroiffe, L’é= vêque. peut commettre uneccléfiaftique fur leslieux: pour entendre le compte. Si l’évêque, ou l’archidia- cre ne font pas leur vilite , & que l’évêque n’ait commis, perfonne pour recevoir Le compte, il doit être arrêté par le: curé & par les principaux habi= tans , & repréfenté à l’évêque ou archidiacre, à læ plus prochaine vifite. Les officiers de juftice & les: | principaux habitans doivent auffi , dans la regle , y aflifter,, ce qui néanmoins ne s’obferve pas bien ré gulerement. Woyez édit de 1695 ; les lois eccléfiafti- | ques ; Favet , sraité de l'abus ; & L mot FABRI1I= QUE.(4) MARGUS, ( Géogr. anc. ) nom d’une riviere d’A- fie & d'Europe. Le Murgus d’Afe arrofoit Le pays qui en prenoit le nom de Margiane, Ptolomée met la fource de ce | fleuve à 105$ € de longis, &t à 391. de La, & fa chute dans POxus, à 102. 40 de longir, & à 43. 30 de /ae, Le Aargus d'Europe eft , felon M. de Lifle & le P. Hardouin, l’ancien nom de la Morave , riviere de: | Servie, Elle eft nommée Margis par Pline , & c’eft le Mofchius de Ptolomée , Liv. FIT, chap. ix, eftropié dans les cartes qui accompagnent fon livre. (D, J.). MART , f. m. ( Juri/prud, ) eft celui qui eftjoint & uni à une femme par un lien quide fa nature eft ins diffloluble, . Cette premiere idée que nous donnons d’abord de la qualité de art , efl relative au mariage en géné: ral, confidéré felon le droit des gens , & tel qu'ileft enufage chez tous les peuples. Parmi les chrétiens , un rt eft celui qui eft uni à une femme par un contrat civil, & avec les cé- rémonmies de l’églife. Le marteft confidéré comme le chef de fa femme, c’eft-à- dire comme le maître de la fociété conju- gale. Cette puiffance duari fur fa femme eft la plus ancienne de toutes, puifqu’elle a néceflairement pré- cédé la puiffance paternelle , celle des maitres fur | leurs ferviteurs, &c celle des princes fur leurs fujets. Elle eft fondée fur Le droit divin; car on lit dans la Genefe, chap, ii. que Dieu dit à la femme qu’elle 102 M AR feroit fous la puiflance de fon mari : f4b viri potef- « date eris,, & ipfe dominabitur tuï, | On lit auffi dans Efther, chap. y. qu’Afluerus ayant ordonné à fes eunuques d'amener devant lui Vañthi, & celle-ci ayant refufé & méprifé le commande- ment du roi fon art, Afluerus, grandement cour- roucé du mépris qu’elle avoit fait de fon invitation & de fonautorité, interrogea les fages , qui, fuivant la coutume , étoient toujours auprès de lui, & par le confeil defquels il farfoit toutes chofes , parce qu'ils avoient la connoïffance des lois & des coutu- mes des anciens ; de ce nombre étoient fept princes qui gouvernoient les provinces des Perfes & des Medes: leur ayant demandé quel jugement on de- voit prononcer contre Vafthi, l’un d'eux répondit , n préfence du roi & de toute la cour, que non-feu- | A Vafthi avoit offenfé Le roi, mais auffi tous es princes & peuples qui étoient foumis à l’empire d’Affuerus ; que la conduite de {a reine feroit un exemple dangereux pour toutes les autres femmes, lefquelles ne tiendroient compte d’obéir à leurs a- ris ; que le roi devoit rendre un édit qui feroit dé- poié entre les lois duroyaume, & qu'il ne feroitpas permis de tranfprefler, portant que Vafthi feroit ré- pudiée , & la dignité de reine transféréé à une au- tre qui en feroit plus digne ; que ce jugement feroit publié par tout l'empire, afin que toutes les femmes des grands , comme des petits , portaflent honneur à leurs waris. Ce confeil fut goûté du roi & de toute la cour, & Afluerus fitécrire des lettres en diverfes fortes de langues & de caraëéteres | dans toutes les provinces de fon empire, afin que tous! fes fujets puflent les lire & les entendre, portant que les waris étoient chacun princes & feigneurs dans leurs maï- ons, Vafthi fut répudiée , & Efther mile à fa place. Les conftitutions apoftoliques ont renouvellé le même principe. S. Paul dans /4 premiereaux Corin- chiens , chap. xj. dit que le rar eft le chefde la fem- me, capus off mulieris vir : 1l ajoute , que l’homme n'eft pas venu de la femme ; mais la femme de l’hom- e, ét que celui-ci na pas été créé pour la femme, mais bien la femme pour l’homme ; comme en effet il eft dir.en la Genele, faciamus ei adjutorium Jémile fébi. S.Pierre, dans fon épirreI. chap. tij. ordonne pa- reillement aux femmes d’être foumifes à leursmaris : mulieres fubdicæ [ent viris Juis ; il leur rappelle à ce propos , l'exemple des faintes femmes qui fe confor- moient à cette loi, entr'autres celui de Sara , qui obéifloit à Abraham, & l’appelloit fon feigneur. . Plufñeurs canons s'expliquent à-peu-près de mê- me , {oit fur la dignité, ou fur la puffance du mari. Ce n’eft pas feulement fuivant le droit divin que cette prérogative eft accordée au art ;, la même chofe eft étäblie parle droit des gens, fice n’eft chez quelques peuples barbares où lon tiroit au fort qui devoit être le maître du ar ou de la femme ; com-: me cela fe pratiquoit chez certains peuples de Scy- thie, dont parle Ælien; où1l étoit d’ufage que celui qui vouloit époufer une fille , fe battoit auparavant avec elle; f la £lle étoit la plus forte, elle l’emme- noit comme fon captif, & étoit la maîtrefle pendant le mariage ; f l’homme étoit le vainqueur, il étoit le maïre ; ainfi c’étoit la loi du plus for qui déci- doit. LS Chez: les Romains , fuivant une loi que Denis d'Halicarnaffe attribue à Romulus, 8 qui fut inférée dans le code papyrien , lorfqu’une femme mariée s’étoitrendue coupable d’adultere, ou dequelqu’au- tre érime tendant au libertinage, fon marz étoit fon juge , & pouvoit la punir lui-même , après en avoir delibéré avec fes parens ;.au lieu que la femme n’a- voir cependant pas feulement droit de mettre la main fur fon mari, quoiqu'il fütconvaincu d’adultere, Il étoit pareïllement.permis à un mari de tuer fa femme, loriqu'il s’appercevoit qu’elle avoit bû du vin. La rigueur de ces lois fut depuis adoucie par la loi des douze Tables. Voyez ADULTERE & Divorce, loi Cornelia de adulieriis | loi Cornelia de fécarits. Céfar , dans fes commentaires de Bello gallico , rapporte que les Gaulois avoient aufi droit de vie &c de mort fur leurs femmes comme fur leurs en- fans. En France , la puiance maritale eft reconnue. dans nos plus anciennes coutumes , telles que celles de Touloufe , de Berri & autres ; mais cette puiffan- ce ne s'étend qu'à des aétes léoitimes. La puiffance maritale a plufieurs'effets. Le premier , que la femme doit obéir à fon mari , lui aider en toutes chofes, & que tout ce qui pro- vient de fon travail eft acquis au mari, foit parce que le tout eft préfumé provenir des biens & du fait du. mari, foit parce que c’eft aurari à acquitter les char- ges du mariage. C’eft aufli la raifon pour laquelle le mari eft le maître de la dot ; il ne peut pourtant l’alié- ner fans le confentement de fa femme : il a fenle- ment la Jouiffance des revenus, & en conféquence. eft le maître des aétions mobiliaires & poffefloires de fa remme. Il faut excepter les paraphernaux, dont la femme. a la libre adminiftration. | Quand les conjoints font communs en biens , le mari eft le maïtre de la communauté, il peut difpo- fer feul de tous les biens ; pourvû que ce foit fans fraude: 1l oblige même fa femme jufqu’à concürren- ce de ce qu’elle ou fes héritiers amendent de lacom- munauté , à MOins qu'ils n’y renoncent. Le fecond effet de la puiffance maritale eft que la femme eflfujette à correétion de la part de fon rar. comme le décide le canon placuir, 3 3. quefl. 2. mais cette correétion doit être modérée, & fondée en raifon, Le troifieme effet eft que c’eft au art à défendre en jugement les droits de fa femme. | Le quatrieme eft que, la femme doit fuivre fon mari Joriqu'il le lui ordonne , en quelque lieu qu’il aille, à moins qu'ilne voulüt la faire vaguer çà & là fans raon. : Le cinquieme effet eft qu’en matiere civile , la femme ne peut efter en jugement, fans être antorifée de fon mari , ou par juftice, à {on refus. Enfin le fixieme effet eft que la femme ne peut s’o- bliger fans l’autorifation de fon mari, Au refte, quelque bien établie que foit la puiffan- ce maritale , elle ne doit point excéder les bornes d’un pouvoir légitime ; car , fi l’Ecriture-fainte or- donne à la femme d’obéir à fon ruri , elle ordonne aufü au 7ari d'aimer {a femme & de l’honorer ; il doit la resarder comme fa compagne , & non com-. me un efclave;. & comme il n’eft permis à perfon- ne d’'abufer de fon droit, f le mari adminiftre mal les biens-de fa femme, elle peut fe faire féparer de biens ; s'il la maltraite fans fujet, ou même, qu'ayant recu d'elle quelque fujet de mécontenie- ment , il ufe enverselle de févices & mauvais trai- temens qui excédent les bornes d’une corretion modérée, ce qui devient plus ou moinsgrave, fe- lon la condition des perfonnes, en te cas, la femme peut demander fa féparation de corps & de biens. Voyez SÉPARATION. * La femme participe aux titres, honneurs &£ privi- leges de fon mari; celui-ci participe aufli à certains droits de fa femme : par exemple, il peut fe dire fei- gneur des terres qui appartiennent à fa femme ; il fait aufli la foi & hommage pourelle: pour ce qui eft de la fouveraineté appartenante à la femme de fon chef, le mar! n'ya communément point de part, On _ peut voir à ce fujet la diflertation de Jean-Philippe Palthen, profeffeur de droit à Grypfwald , de mariro repinæ. A défaut d’héritiers , le w1ari fuccede à fa femme , en Vertu dutitre wrde vir & uxor. Voyez SUCCES- SION ! Aer Le mari n’eft point obligé de porter Le deuil de fa fémme , fice n’eft dans quelques coutumes fingu- liètes, comme dans le reflort du parlement de Di- jon , dans lequel auff les héritiers de la femme doi- vent fournir au ar des habits de dewl: Voyez Au- TORISATION ; DOT , D'EUIL , FEMME, MaARIA- GE, OBLIGATION , PARAPHERNAL. ( 4 ) MARIABA , ( Géog. anc. ) nom commun à plu- fieurs villes de PArabie-Heureufe , qui avoient en- core d’autres noms pour les diftinguer. Mariaba fi- gnifoit en arabe une efpece de 7zésropole , une ville qui avoit la fupériorité fur les autres ; de-là vient que, dans le chaldaïque & dansle fyriaque , wara fignifie Jécgneur | matre. (D. J. MARILÆ GLACIES, ( Æif. nat. ) en alle- mand marienglaff, efpece de talc en feuillets très- iinces & auffi tranfparens que du verre ; ainfi nom- mé parce qu’on le met au lieu de verre en quelques endroits d'Allemagne fur des petites boîtes qui ren- ferment des petites figures de la Vierge-Marie. Y’oyez TALC ; voyez Russie (verre de ). MARIAGE, £. m. (Théol.) confidéré en lui-même 8 quant à fa fimple étymologie , fignifié obligasion , devoir, charge &t fonétion d’une mere : quaff maris TILUTLUS OÙ TIIHLIIITEITL, . Ale prendre dans fon fens théologique &t naturel, il défigne l’uxion volontaire & maritale d’un hom- me & d’une femme, contraëtée par des perfonnes libres pour avoir des enfans. Le mariage ef donc 1°. une union foit des corps, parce que ceux qui fe ma- tient s'accordent mutuellement un pouvoir fur leurs corps ; foit des efprits, parce que la bonne ‘intelli- gence & la concorde doivent régner entre eux, 2°. Une union volontaire, parce que tout contrat fup- pofe par fa propre nature le confentement mutuel des parties contraétantes. 3°, Une union maritale, pour diftinguer Punion des époux d'avec celle qui {e trouve entre les amis ; l'union maritale étant la feule qui emporte avec elle un droit’réciproque- ment donné fur le corps des perfonnes qui la con- tra@ent. 4°. L’union d’un-homme & d’une femme, pour marquer l'union des deux fexes & le fujet du inariage, $°. Une union contraétée par desperfonnes libres. Toute perfonne n’eft pas par fa propre vo- lonté, &indépendamment duconfentement de toute autre , en droit de fe marier. Autrefois les efclaves ne pouvoient fe marier fans le confentement de leurs maîtres, & aujourd'hui, dans lés états bien poli- cés , les enfans ne peuvent fe marier fans lé confen- tement de leurs parens ou tuteurs, s'ils font mineurs, ou fans lavoir requis, s'ils font majeurs. Voyez MA£ JEuRS & MinEURS. 6°, Pour avoir des enfans : la naïflance des enfans eft le but & la fin du ariage. Le mariage peut être confidéré fous trois différens rapports, ou comme contrat naturel, ou comme contrat Civil, où commefacrement. Le mariageconfidéré comme facrement , peut être défini l'alliance où l'union légitime par laquelle un Homme & une femme s'engagent à vivre enfemble lerefte de leurs jours comme mari & époufe, que Jefus-Chrift a inftitué comme le figne de fon union avecl'Eglife, & à laquélle il a attaché: des graces particuhieres pour l'avantage de cette fociété & pour l’éducation des enfans quien proviennent. _ Le fentiment des Catholiques à ce fuet:, -eft fon- dé fur untexte précis de l’apôtre faint Paul däns fon épitre aux Ephéfiens , ch.v. & fur plufieurs paflages des Peres, qui établiffent formellement que le m4: i M A R 103 _ riage des Chrétiens eft le figne fenfible de l'alliance de Jefus-Chrift avec fon Eglife ,| & qu'il confereune grace particuliere , & c’elt ce que le concilé de Trente a décidé comme de foi, Jeff. 24, can. 1. On croit que Jefus-Chrift éleva le mariage à. la disnité de facrement, lorfqu'il honora de fa préfence les noces de Cana. Tel eftle fentiment de faint Cyrille dans fa Zerre à Neflorius ; de faint Epiphane ; heref. 67. de faint Maxime, Aomél. 2, fur l'épiphante $ de faint Auguflin , srait, 0. fur faint Jean, Les Proteftans ne comptent pas le zariage au nombre des facre- mens. On convient que l’obligation de regarder le #14- rlage en qualité de facrement n’étoit pas un dogme de foi bien établi dans le douzieme & treizieme fe- cles. Saint Thomas, faint Bonaventure & Scotn’ont OfÉ définir qu'il fût de foi que le wariage fut un facre- ment. Durand & d’autres fcholaftiques ont même avancé qu'il ne l’étoit pas. Mais l’Églife affemblée à Trente a décidé la queftion. Aurefte, quand on dit que le mariage eft un fa- crement proprement dit de la loi de grace, onnepré- tend pas pour cela que tous les mariages que les Chrétiens contraétent foient autant de factemens. Cette prérogative n’eft propre qu'à ceux qui font célébrés fuivant les lois &z les cérémonies de l’'E- glife. Selon quelques théologiens, il y a des mariages valides qui ne font point facremens , quoique San- chez prérende le contraire. Un feul exemple fera voir qu'il s’eft trompé. Deux perfonnes infidelles , mariées dans le fein du paganifme ou de lhéréfe, embraflent la rehgion chrétienne, le mariage qu’elles: ont-contracté fubfifte fans qu’on puifle dire qu'il eft un facrément. La raifon eft qu'il ne l’étoit pas dans le moment de fa célébration, 8 qu’onne le réhabi- lite point lorfque les parties abjurent l’infidélité, Les fentimens font plus partagés fur les mariages contrac- tés parprocureur ; on convient généralement qu'ils font valides ; mais ceux qui leur refufent le titre de facrément, comme Melchior Cano , 46. VIII. de . loc. théologie: cv. remarquent qu’il n’eft pas vraiflem- blable que Jefus-Chrift ait promis de donner la grace fan@ifiante par une cérémonie à laquelle n’afifte pas celui qui devroit la recevoir , à laquelle il ne penfe fouvent pas dans: le tems qu’on la fait. D’au- tres prétendent que ces rzariages {ont de vrais facre- mens , puifqu'il s’y rencontre forme, matiere | mi- niftre de lEglife ; & inftitution de Jefus-Chrift ; que: d’ailleurs l’Eglife er juge ;& par conféquent qu’elle ne lesregarde pas comme de fimples contrats civils. Les Théolopiensine conviennent pas non plus en- tr’eux fur la matiere ni fur la forme du rariage con- fidéré comme facrement, 1°. L’impofition des:maïins du prêtre, le contrat civil, le confentement inté- rieur des-parties,, la tradition mutuelle des: corps, & les! parties contractantes elles-mêmes, font au- tant dé chofes que différens fcholaftiques affignéent pour la matiere du facrement dont il s’apit 2°, Il ny. a pastant de divifion fur ce qui conflitué la: forme du mariage : les uns -difent qu’elle confifte: dans les paroles par lefquelles les contraëtans fe déclarent lun à l’autre qu'ils fe prennent mutuellement pour époux s &les autres enfeignent qu’elle fe réduit aux paroles & aux'priéres: du prêtre. Sur ces diverfes opinions ileft bon d’obferver 1°, que ceux qui affignent pour la matiere du facrement de mariage les perfonnes mêmes qui s’époufent en face d’églife ,éonfondent le fujet du facrément.avec la matiere. du facrement:12°. Que ceux quiipréten-! dent quele confentémentintérieur des parties j:ma- nifefté au-dehots par desifignes-ou par des:paroles ,: éftla matiere du facrement de #artage;nelfontpas attention qu'ils confondent la matiere avec les dif- pofitionis quidoiventfe trouver dans ceux qui {e ma) 104 MAR rient, où, pour mieux dire, avec la caufe efliciente du weriage, 3°, Que ceux qui foutiennent que la tradition mutuelle des corps eft la matiere du a- riage à confondent l'effet de ce facrement avec fa matiere. 4°. Dire que le facrement de sariage peut fe faire fansquele prêtre y contribue en rien, c’eft confondre le contrat civil du wariage avec le 74- rlage confidéré comme facrement. Le fentiment le plus fuivi eft que le facrement de mariage a pour matiere le contrat civil que les deux parties font enfemble, & pour forme les prieres ëc Îa bénédiétion facerdotale. La raifon en eft que tous les miffels, rituels, eucologes , que le P. Martenne a donnés au public, nous apprennent que les pré- tres ont totjours béni les noces, cette bénédiétion a totjours été regardée comme le fceau quiconfirme les promefles refpedives des parties. C’eft ce qui a fait dire à Tertullien , /4. IL, ad uxor. que les mar1a- ges des fideles font confirmés par l'autorité de l'E- glife. Saint Ambroiïfe parle dans une de fes lettres de la bénédiétion nuptiale donnée par le prètre , & de l'impoñtion du voile fur Pépoux & fur lépoufe; &c le quatrieme concile de Carthage veut que les nou- veaux mariés gardent la continence la premiere nuit de leurs nôces par refpeét pour la bénédiétion facer- dotale. | De-là il s'enfuit que les prêtres font les miniftres du facrement de mariage, qu'ils n’en font pas fim- plement les témoins néceflaires & principaux, & qu’on ne peut dire avec fondement que les perfon- nes qui fe marient s’adminiftrent elles-mêmes le fa- crement, par le mutuel confentement qu’elles fe donnent en préfence du curé & des témoins. Ter- tullien dit que les mariages cachés, c’eft-à-dire, qui ne font pas faits en prélence de l’'Eglife, font foup- connés de fornication & de débauche, XL. de pudic, c. vj. par conféquent , des les premiers tems de LE- glife, il n’y avoit de conjonéhons légitimes d'hom- mes & de femmes qu'autant que les miniftres de l’Eglife les avoient eux-mêmes bénies & confacrées. Dans tousles autres facremens les miniftres font dif- tingués de ceux qui les reçoivent. Sur quel fonde-. ment prétend-on que le mariage feul foit exempt de cette regle ? Le concile de Trente a exigé la préfence du propre curé des parties, & l'ordonnance de Blois a adopté fa difpoftion. La fin du mariage eft la procréation légitime des enfans qui deviendront membresdel'Egliie, & aux- quels.les peres & meres doivent donner une éduca- tion chrétienne. Ets | MARIAGE, 1. m.( Droir naturel, ) la premiere ; la plus fimple de toutes les fociétés, & celle qui eft la pépiniere du genre humain, Une femme, des enfans, font autant d’otases qu’un homme donne à la for- tune , autant de nouvelles relations & de tendres liens, qui.commencent à germer dans fon ame. : Par-tout où il fe trouve une place où deux perfon- nes peuventwvivre commodément , 1l fe fait un 74- rage, dit l’auteur de l’efprit. des lois, La nature y conduittoijours, lorfqu'elle n’eft point arrêtée par la difficulté de la fubfñflance. Le charme que les deux fexes infpirent parleur.différence., forme leur union ; & la priere naturelle qu'ils fe font toûjours l’un à l’autre en confirme les nœuds: | \ ". | O Vénus, Ô mére de l'amour, Toutreconnoët tes lois! Les filles que on conduit par le mariage à la li- berté, qui ontun efprit quisn’ofe penfer, un cœur qui-n’ole fentw, des yeux qui m'ofent voir, des oreilles qui n’ofentcentendre, condamnées fans re- lâche à despréceptes & à des bagatelles, fe portent néceffairement au weriage : l'empire aimable que: donne larbeaunté:fur toutce quirefpire, y engage- MAR ta bien-tôt les garçons. Telle eft la force de l’infti- tution de fa nature, que le beau fexe fe livre invin= ciblement à faire les fonétions dont dépend la pro pagation du genre humain, à ne pas fe rebuter par les incommodités de la groffeffe, par les em- barras de l’éducation de pluñieurs enfans, &c à par- tager lé bien & le mal de la focièté conjugale. La fin du mariage eft la naïffance d’une famille, ainf que le bonheur commun des conjoints, où mê- me le dernier féparément, felon Wollafton. Quoi qu'il en foit, celui qui joint la raifon à la pañffon, qui regarde l’objet de fon amour comme expofé à toutes les calamités humaines, ne cherche qu’à s’ac- commoder à fon état &c aux fituations où il fe trou. ve. Il devient le pere , ami , le tuteur de ceux qui ne font pas encore au monde. Occupé dans fon ca- binet à débrouiller une affaire épineufe pour le bien de fa famille , il croit que fon attention redouble lorfqu'il entend fes enfans, pour l’amour defquels il n’épargne aucun travail, courir , fauter & fe di- vertir dans la chambre voifine. En effet, dans les pays où les bonnes mœurs ont plus de force que n'ont ailleurs les bonnes lois, on ne connoît point d'état plus heureux que celui du mariage, « Il a pour » fa part, dit Montagne , l'utilité, la juftice , l'hon- » neur & la conftance. C’eft une douce focicté » de vie, pleine de fiance & d’un nombre infini de » bons, de folides offices, & obligations mutuel- » les : à le bien façonner, 1l n’eft point de plus belle » piece dans la focièté. Aucune femme qui en fa- » voure le goût, ne voudroit tenir lieu de fimple » maitrefle à {on mari ». Mais les mœurs qui dans un état commencent à fe corrompre , contribuent principalement à dégoù- ter les citoyens du wariage , qui n’a que des peines pour ceux qui n'ont plus de fens pour Les plaifirs de l’innocence. Ecoutez ceci, dit Bacon. Quand on ne connoîtra plus de nations barbares, & que la politeffe & les arts auront énervé l’efpece , on ver- ra dans les pays de luxe les hommes peu curieux de fe marier, pat la crainte de ne pouvoir pas entre- tenir une famille ; tant il en coûtera pour vivre chez les nations policées ! voilà ce qui fe voit par- mi nous ; voilà ce que l’on vit à Rome, lors de la décadence de la république. | On fait quelles furent les lois d’Augufle, pour porter fes fujets au mariage. Elles trouverent mille obftacles ; &,trente-quatre ans après qu'il les eut données, les chevaliers romains lui en demanderent la révocation. Il fit mettre d’un côté ceux qui étoient mariés , & de l’autre ceux qui ne l’étoient pas: ces derniers parurent en plus grand nombre, ce qui étonna les citoyens êc les confondit, Augufte avecla gravité des anciens cenfeurs, leur tint ce difcours. « Pendant que les maladies &c les guerres nous » enlevent tant de citoyens, que deviendra la ville » fionne contraéte plus de mariages ? la cité ne » confifte point dans les maifons , les portiques , » les places publiques : ce font Les hommes qui font » la cité. Vousne verrez point comme dans les fa- » bles fortir des hommes de deffous la terre pour » prendre foin de vos affaires. Ce n’eft point pour » vivre feuls que vousreftez dans le célibat: chacun ». del vous a des compagnes de fa table & de fon lit, »! & vous ne cherchez que la paix dans vos dérésle- » mens. Citerez-vous exemple des vierges vefta- » les ? Donc, fi vous ne gardiez pas les lois de la » pudicité, il faudroit vous punir comme elles. ». Vous êtes également-mauvais citoyens, foit que » tout le monde imite votre exemple, foit que per: » fonne ne lefuive.Monmunique objet eft la perpé- ». tuité de la république. Vai augmenté les peines ».. de ceux qui n'ont point obé: ; & à l'égard des ré- » compenfes..elles font telles que, je. ne fache pas 1 | »#que MAR # que la vertu en ait encore eu de plus grandes: » 1ly ena de moindres qui portent mille gens à ex- » pofer leur vie; & celles-ci ne vons engageroient # pas à prendre une femme & à nourrir des enfans ». Alors cet empereur publia les lois nommées Pappia-Poppæa , du nom des deux confuls de cette année. La grandeur du mal paroïfloit dans leur éleétion même : Dion nous dit qu’ils n’étoient point mariés & qu'ils n’avoient point d’enfans. Conftan- tin & Juflinien abrogerent les lois pappiennes , en donnant la prééminence au célibat; & la raïfon de fpiritualité qu'ils en apporterent impofa bien-tôt la néceflité du célibat même. Mais, fans parlericidu célibat adopté par la religion catholique, il eft du- moins permis de fe récrier avec M. de Montefquieu contre le célibat qu'a formé le libertinage : « Ce cé- # libat oùles deux fexes fe corrompant par les fen- » timens naturels même, fuient une union qui doit # les rendre meilleurs pour vivre dans celle qui rend » toûjouts pire. C’eft une regle tirée de la nature , »# que plus on diminué le nombre des mariages qui > pourroient fe faire, plus on corrompt ceux qui » font faits; moins il y a de gens mariés, moins il y » a de fidélité dans les #ariages , comme lorfqu'il y # a plus de voleurs, 1l y a plus de vols ». Il réfulte de cette réflexion, qu’il faut rappeller à l’état du zzariage les hommes qui font fourds à la voix de la nature; mais cet état peut-il être permis fans le confentement des peres & meres ? Ce con- fentement eft fondé fur leur puiffance, fur leur amour, fur leur raifon, fur leur prudence, & les inftitutions ordinaires les autorifent feuls à marier leurs enfans. Cependant, felon les lois naturelles , tout homme efl maitre de difpofer de fon bien & de fa perfonne. Il n’eft point de cas où l’on puiffe être moins gêné que dans le choix de la perfonne à la- quelle on veut s'unir ; car qui eft ce qui peut aimer par le cœur d’autrui, comme le dit Quintilien ? J’a- voue qu'il y a des pays où la facilité de ces fortes de mariages fera plus ou moins nuifible ; je fai qu’en Angleterre même les enfans ont fouvent abufé de la loi pour fe marier à leur fantaife, & que cetabusa fait naître l’ae du parlement de 1753. Cet ae a cru devoir joindre des formes, des termes & des gènes à la grande facilité des mariages ; mais il fe peut que des contraintes pareilles nuiront à la po- pulation. Toute formalité reftriétive ou gênante eft deftruétive de l’objet auquel elle eft Impoñée : quels inconveniens fi fâcheux a donc produit dans la Grande-Bretagne, jufqu’à préfent, cette hberté des w mariages, qu'on ne puifle fupporter ? des difpropor- tions de naiffance & de fortunes dans l’union des perfonnes ? Mais qu'importent les méfalliances dans une nation où l'égalité eft en recommandation , où la nobleffe n’eft pas l’ancienneté de la naïflance, où les: grands honneurs ne font pas dûs privativement à cette naiflance, mais où la conftiturion veut qu’on donne la nobieffe à ceux qui ont mérité les grands honneurs ; l’aflemblage des fortunes les plus difpro- portionnées n’eft.1l pas de la politique la meilleure &t la plus avantageufe à l’état ? C’eft cependant ce vilintérêt peut-être, qui, plus que l'honnêteté pu- blique, plus que les droits des peres fur leurs en- fans , a fi fort inffté pour anéantir cette liberté des mariages : ce font les riches plutôt que les nobles qui ont fait entendre leurs imputations : enfin, fi l’on compte quelques zariages que l'avis des parens eût mieux aflortis que l’inclination des enfans ( ce qui eft prefque toüjours indifférent à l’état ) , ne fera-ce pas un grand poids dans l’autre côté de la balance, que le nombre des rariages , quele luxe des parens, le defir de jouir, le chagrin de la privation, peut fup- primerouretarder, en faifant perdre à l’étatlesannées précieufes & trop bornéesde la fécondité des femmes? Tome X, ar MAR 105 Comme un des grands objets du mariage eft d’ôter toutes les incertitudes des unions illésitimes , la re. ligion y imprime 16 CIVi Hg1on y imprime fon caraétere, & les lois civiles y joignent le leur, afin qu'il ait l'authenticité requife de légitimation Ou de réprobation, Mais pour ce qui regarde la défenfe de prohibition de mariage entre pa- . rens, C’eft une chofe très-délicate d’en fixer le point par les lois dela nature’ IL n’eft pas douteux que les #ariapes entre les af- cendans &c les defcendans en ligne direéte, ne foient contraires aux lois naturelles comme aux civiles ; ë l'on donne de très-fortes raifons pour le prouver. D'abord le mariage étant établi pour la multipli- cation du genre humain, il eft contraire à la nature que l’on fe marie avec une perfonne à quil’ona donné la naïflance, ou médiatement où immédia- tement, & que Le fang rentre pour ainf dire dans la lource dont il vient. De plus, il feroit dangereux qu'un pere owune mere , ayant conçu de l’amour pour une fille ou un fils , n’abufaffent de leur auto- rité pour fatisfaire une pafñion criminelle , du vi= vant même de la femme ou du mari à qui l’enfant doit en partie la naïffance. Le mariage du fils avec la mere confond l’état des chofes : le fils doit un très- grand refpeét à fa mere ; la femme doit aufi du ref- peét à fon mari ; le #ariage d’une mere avec fon fils renverferoit dans l’un & dans l’autre leur état na- turel. | Il y a plus : la nature a avancé dans les femmes le’ tems où elles peuvent avoir des enfans, elle l’a reculé dans les hommes; & , par la même raïfon, la femme cefle plutôt d’avoir cette faculté , & l’hom- me plus tard. Si le sariage entre la mere & le fils étoit pernus , il atriveroit prefque toûjours que , lorfque Le mari feroit capable d’entrer dans les vûes de la nature, la femme en auroit pañlé le terme. Le martage entre le pere & la fille répugne à la nature comme le précédent ; mais il y répugne moins parce qu'il n’a point: ces deux obftacles. Auf les Tartares qui peuvent époufer leurs filles, n’époufent-ils ja- mais leurs meres. IL a toùjours été naturel aux peres de veiller fur la pudeur de leurs enfans. Chargés du foin de les établir , ils ont dû leur conferver & le corps le plus parfait, & l’ame la moins corrompue, tout ce qui peut mieux infpirer des defirs, & tout ce qui eft le plus propre à donner de la tendrefle. Des pe- res toüjours occupés à conferver les mœurs de leurs enfans , ont dù avoir un éloignement naturel pour tout ce qui pourroit les corrompre. Le mariage n°eft point une corruption, dira-t-on ; mais, avant le 14- riage , il faut parler, 1l faut fe faire aimer , il faut féduire ; c’eft cette féduétion qui a dù faire horreur. Il a donc fallu une barriere infurmontable entre ceux qui devoient donner l'éducation & ceux qui devoient la recevoir, & éviter toute forte de corruption, même pour caufe légitime, L’horreur pour l’incefte du frere avec la fœur a dû partir de la même fource. Il fuit que les peres & meres aient voulu conferver les mœurs de leurs en- fans & leur maïfon pure, pour avoir infpiré à leurs enfans de l’horreur pour tout ce qui pouvoit les por- ter à l’umion des deux fexes, La prohibition du wariage entre coufins-germains a la même origine. Dans les premiers tems, c’eft-à- dire, dans les âges où le luxe n’étoit point connu, tous les enfans refloient dansla maifon & s’y établif- foient : c’eft qu'il ne falloit qu'une maifon très-petire pour une grande famille , comme on le vit chez les premiers Romains. Les enfans des deux freres, ou les coufins-germains , étoient regardés & fe regar- doient entr'eux comme freres. L’éloignement qui étoit entre les freres & fœurs pour le mariage , étoit donc auf entre les confins-germains, O 4 106 MAR Que fi quelques peuples n’ont point rejetté les #4- tiages entre les peres &e les enfans, les {œurs & les freres, c’eft que les êtres intelligens ne fuivent pas toñjoursleurslois, Qui le diroit Des idées religien< fes ont fouvent fait tomber les hommes dans ces éga- remens. Si les Aflyriens , fi les Perles ont épouié leurs metes, les premiers l’ontfait par un refpeët re- ligieux pour Sémiramis ; & les feconds , parce que. la religion de Zoroaftre donnoit la préférence à ces mariages, Si les Egyptiens ont épouié leurs fœurs, ce fut encore un délire de la religion égyptienne qui confacra ces mariages en l'honneur d’'Ifis. Comme Pefprit de la religion eft de nous porteräfaire avec effort des chofes grandes & difficiles , il ne faut pas juger qu'une chofe foit naturelle parce qu'une reli- gion fauffe l’a confacrée. Le principe que les waria- ges entre les peres & les enfans, les freres & les fœurs , font défendus pour la confervation de la pu- deur naturelle dans la maïfon, doit fervir à nousfaire découvrir quels font les mariages défendus par la loi naturelle , & ceux qui ne peuvent l'être que par la loi civile. Les lois civiles défendent les rariages lorfque, par les ufages reçus dans un certain pays, ils fe trouvent être dans les mêmes circonftances que ceux qui font défendus par les lois de la nature; & elles les permettent lorfque les rzartages ne fe trouvent point dans ce cas. La défenfe des lois de la nature eft mvariable, parce qu’elle dépend d'une chofe inva- riable; le pere , la mere & les enfans habitant né- ceffairement dans la maifon. Mais les défenfes des lois civiles font accidentelles ; les coufins-germains & autres habitant accidentellement dans la maïfon, On demande enfin quelle doit être la durée de la fociété conjugale felon le droit naturel, indépen- damment des lois civiles: je réponds que la nature même & le but de cette fociété nous apprennent qu’elle doit durer très-long-tems. La fin dela fociété entre le mâle & la femelle n'étant pas fimplement de procréer , mais de continuer l’efpece , cette fociété doit durer du-moins même, après la procréation, auf long-tems qu’il eft néceflaire pour la nourriture & la confervation des procréés, c’eft à-dire, jufqu’à ce qu'ils foient capables de pourvoir eux-mêmes à leurs befoins. En cela confifte la principale & peut- être la feule raïfon , pour laquelle le mâle & la fe- Melle humains font obligés à une fociéré plus lon- gue que n’entretiennent les autres animaux. Cette raïfon eft que la femme eft capable de concevoir, & fe trouve d’ordinaire grofle d’un nouvel enfant long- tems avant que le précédent foit en état de pourvoir lui-même à fes befoins. Ainfi le mari doit demeurer avec fa femme jufqu'à ce que leurs enfans foient grands & en âge de fubffter par eux-mêmes , ou avec les biens qu'ils leur laïffent. On voit que par un effet admirable de la fagefle du Créateur , cette re- gle eft conftamment obfervée par lés animaux mê- mes deftitués deraifon. Mais quoique les befoins des enfans demandent que l'union conjugale de la femme & du mari dure encore plus long-tems que celles des autres animaux, iln’yarien , ceme femble , dans la nature & dans le but de cette union, qui demande que le mari & la femme foient obligés de demeurer enfemble toute leur vie, après avoir élevé leurs enfans & leur avoir laïflé de quoi s’entretenir. Il n’y a rien, dis-je, qui empêche alors qu’on n'ait à l'égard du mariage la mê- me liberté qu’on aen matiere de toute forte de fociété & de convention : de forte que moyennant qu’on pourvoie d'une maniere où d'autre à cette éduca- tion, on peut régler d’un commun accord , comme on le juge à propos, la durée de l’union conjugale, foit dans l'indépendance de l’état de nature, ou lorf- .que les lois civiles fous lefquelles on vit n’ont rien déterminé là-deflus. Si de-là il naît quelquefois des inconvéniens, On pourroit y en oppofer d’autres auf confidérables , qui réfultent de la trop longue durée ou de la perpétuité de cette fociété. Er après tout ; fuppofé que les premiers fuflent plus grands, cela prouveroit feulement que la chofe feroit fujerre à l’abus , comme la polypamie , & qu’ainft, quoi- qu'elle ne füt pas mauvaife abfolument & de fa na- ture, on devroit s’y conduire avec précaution.(D.J.) MARIAGE , #atrimOnium , COnjugium, conrubin nuptiæ , confortium, ( Jurifprud.) confidéré en géné- ral, eff un contrat civil & politique , par lequel un homme eft uni & joint à une femme , avec intention de refter toujours unis enfemble. Le principal objet de cette fociété eft la procréa- tion des enfans. Le mariage eft d’inftitution divine , auf eft-il du droit des gens & en ufage chez tous les peuples, , mais il s’y pratique différemment, Parmi les Chrétiens, le mariage eft un contrat ci- vil , revêtu de la dignité du facrement de zariage. Suivant l’inftitution du zzertage , l’homme ne do avoir qu'une feule femme , & la femme ne peut avoir qu'un feul mari. Il eft dit dans la Gènefe que l’homme quittera fon pere & fa mere pour refter avec fa femme , & que tous deux ne feront qu’une même chair. | Lamech fut le premier qui prit plufeurs femmes ; & cette contravention à la loi du rzariage dépluttel- lement à Dieu, qu'il prononça contre Lamech une peine plus févere que celle qu'ilavoit infligée poux l’homicide ; car il déclara que la vengeance du crime de Lamech feroit pourfuivie pendant foixante-dix- fept oénérations, au lieu que par rapport à Cain il dit feulementque celuiquiletueroit,feroit punifeprfois. Le droit civil défend la pluralité des femmes &c des maris. Cependant Jules Céfar avoit projetté une loi pour permettre la pluralité des femmes, mais elle ne fut pas publiée ; Pobjet de cette loi étoit. de multiplier la procréation des enfans. Valenti- mien [. voulant époufer une feconde femme outre celle qu’il avoit déja, fit uneloi, portant qu’il feroit permis à chacun d’avoir deux femmes , mais cette loi ne fut pas obfervée. Les empereurs romains ne furent pas les feuls qui défendirent la polygamie, Athalaric, rot des Goths & des Romains , fit la même défenfe. Jean Métro- politain, que les Mofcovites honorent comme un prophete , fit un canon, portant que fi un homme marié quittoit {a femme pour en époufer une autre, ou que la femme changeât de même de mari, ils fe- roiént excommuniés Jufqu'à ce qu'ils revinflent à leur premier engagement. US Gontran, roi d'Orléans , fut excommunié, parce qu'il avoit deux femmes. La pluralité des femmes fut permife chez les Athé- niens, les Parthes, les Thraces , les Esgyptiens, les Perfes ; elle eft encore d’ufage chez les Payens, & particulierement chez les Orientaux : ce grand nom- bre de femmes qu’ils ont , diminue la confidération qu'ils ont pour elles , & fait qu'ils les regardent plu- tÔt comme des efclaves que comme des compagnes. Mais il n’y a jamais eu que des peuples barbares, qui ayent admis la communauté des femmes, on bien certains hérétiques, tels que les Nicolaites, les Gnoftiques & les Epiphaniftes, les Anabaptiftes, EnArabie, plufieurs d’une même famille n’avoient qu’une femme pour eux tous. En Lithuanie, les femmes nobles avoient outre leurs maris plufieurs concubins. Sur la côte de Malabar , les femmes des naïres , qui font les nobles , peuvent avoir plufeurs maris, quoique ceux-ci ne puiflent avoir qu'une femme, Dans certains pays, le prince on le feisneur du lieu avoit droit de coucher ayec la nouvelle mariée la premiére nur de fes noces. Cette coûtume bar- bare qui avoit lieu en Ecofle, y fut abolie par Mal- come , & convertie en une retribution pécuniaire. En France , quelques feigneurs s’étoient arrogé des droits femblables , ce que la pureté de nos mœurs n’a pu foufirir, Comme il n'ya rien de fi naturel que le mariage, & fi néceïlaire pour le foutien des états, on doit | toujours favoriler ces fortes d’établifiemens. L'éloignement que la plüpart des hommes avoient pour le mariage, oit par amour pour leur liberté, {oit par la crainte des fuites que cet engagement en- traine après foi, obligea dans certains tems de faire des lois contre le célibat, foyez CÉLIBAT. En France, les nouveaux mariés font exemts de Ja colleéte du fel pendant un an. Quoique le mariage confifte dans l'union des corps &c des efprits , le confentement des contraftans en fait la bafe & l’effence , tellement que le mariage éft valablement contra@té , quoiqu'il n’ait point été confommé , pourvû qu'au temps de la célébration lun ou l’autre des conjoints ne fût pas impuiffant. Pour la validité du mariage, 1l ne faut en général d'autre confentement que celui des deux contrac- tans, à moins qu’ils ne foienten la puiffance d’autrui, Ainf les princes & princefes du fang ne peuvent fe marier fans le confentement du roi Dans le royaume de Naples, les officiers ne peu- vent pareillement fe marier fans la permiffion du roi ; 1l eft défendu aux évêques de fouffrir qu'il fe fafle de pareils mariages dans leur diocefe. Autre- fois , en France, le gentilhomme qui n’avoit que des filles perdoit fa terre s’il les marioit fans Le confen- tement de fon feigneur ; &c la mere en ayant ia garde qui les marioit fans ce même confentement , perdoit fes meubles, L’héritiere d’un fief, après la mort de fon pere, ne pouvoït pas non plus être mariée fans le confentement de fon feigneur : cet ufage fubfftoit encore du tems de faint Louis , fuivant les établifte- mens ou ordonnances qu'il fit. Les enfans mineurs ne peuvent fe marier fans le confentement de leurs pere & mere. Suivant le droit romain , obfervé dans tous les parlemens de droit écrit , Le mariage n’émancipe pas; mais dans toutes Les coutumes &c dans les pays de oit écrit du reflort du parlement de Paris , Îe #14- ge opere une émancipation tacite. Ceux qui n’ont plus leurs pere & mere & qui font encore mineurs , ne peuvent fe marier fans avis de parens ; le confentement de léur tuteur ou curateur ne fuffit pas pour autorifer lé mariage. Pour la validité du zariage , il faut un confente- ment libre , c’eft pourquoi le mafiage ne peut fub- fifter entre le ravifleur &c la pérfonne ravie. On regarde comme un devoir de la part du pere de marier fes filles, & de les dorer felon fes moyens ; les filles ne peuvent cependant contraindre leur pere à le faire. | Le mariage parmi nous eft quelquefois précédé de promeflés de mariage , 6c ordinairement il l’eft par des fiançailles. LT Les promefles de #zariage fe font ou par des ar- “4 ticles & contrats devant un notaire, ou par des pro- . mefles fous feing privé. | Ces promefles pour être valables, doivent être accompagnées de plufieurs circonftances. _ La premiere, qu’elles foient faites entre perfon. mes ayant l’âge de puberté , & qui foient capables de fe marier enfemble. La à Pet La feconde, qu’ellés foient par écrit, foit fous {eïing privé ou devant notaire. L’arr, vij, de l’ordon- Rance de 1679 défend à tous juges, même d'Eglife, d'en recevoir la preuve par témoins. Tome X, M AR 107 La troifieme, qu’elles foient réciproques & faites doubles entre les parties contra@antes , quand il n'y en à point de minute. La quatrième , qu’elles foiént arrêtées en préfence de quatre parens de l’une & lautredes parties ; quois qu’elles foient de baffe condition ; c’eft la difpofition de l’art, vi. de l'ordonnance de 1679 , ce qui ne s’6b- ferve néanmoins que pour les rariages de mineuts. Quand'une des parties contrevient aux promefles de rartage, l'autre la peut faire appeller devant le Juge d'Eglife pour être condamnée à les entretenir, Le chapitre Zsteris veut que l’on piuffe contraire dre par cenfures eéccléfiaftiques d'accomplir les pros mefles de mariage ; c’eft une décifion de rigueur & de féverité, fondée fur lé parjure qu'encourent ceux qui contreviennent à leur foi & à leur ferment ; Gt pour obvier à ce parjure, on penfoit autrefois que c’étoit un moindre mal de contraindre au mariage à mais depuis les chofes plus murement examinées , l'on a trouvé que ce n’eft point un parjure de réf. lier des promefles de mariage , on préfume qu’il ya quelque caufe légitime qu’on ne veut pas déclarer, & quand il n’y auroit que le feul changement de volonté , il doit être fuffant , puifque la volonté doit être moins forcée au mariage qu’en aucune autre aétion ; c’eft pour ce fujet qu'ont été faites lés decré- tales præterea & requifivie, par lefquelles la liberté eftlaitféetoute entiere pour contraéter mariage, quels ques promefles que l’on puifle alléguer. Autrefois, dans quelques parlemens ,on condam- noit celui qui avoit ravi une perfonne mineure à l'époufer , finon à être pendu ; mais certe jurifprus dence dont on à reconnu les inconvéniens , eft prés fentement changée, on ne condamne plus à époufet: Il eff vrai qu'en condamnant une partie en des dommages &c intérêts pour l’inexécution des pros mefles de mariage , on met quelquefois cette alter= native f2 ieux n'aime l’époufer, mais cette alterna= tive laiffe la liberté toute entiere de faire ou ne pas faire le rrariage. Les peines appofées dans les promefles de mariage font nulles , parce qu’elles ôtent la liberté qui doit toujours accompagner les #ariages | on accorde néanmoins quelquefois des dommages & intérêts felon les circonftances ; mais fi l’on avoit ftipulé une fomme trop forte , elle feroit redu&ible, parce que ce feroit un moyen pour obliger d’accomplir le mariage , {oït par limpoffibilité de payer le dédit , Toit par la crainte d’être ruiné en le payant. Les fiançailles font les promefles d’un mariage fu- tur qui fe font en face d’Éclife ; elles font de bien= féance & d'ufage , mais non pas de néceffité ; elles peuvent fe contraéter par toutes fortes de perfon- nes, âgées du moins de fept ans , du confentement dé ceux quiles ontenleur puiflance. Foy. FIANÇAILLES. Le contrat civil du #ariage eft la matiere, la bafe, le fondement & la caufe du facrement de TIATIASE 3 c’éft pourquoi il doit être parfait en foi pour être élevé à la dignité de facrement ; car Dieu n’a pas voulu fanétifer toute conjonéion , mais feulement celles qui fe font fuivant les lois reçues dans la fo ciété civile , de manière que quand le contrat civil eft nul par le défaut de confentement légitime , le facrement n’y peut être attaché, Le contrat ne produit jamais d'effets civils lorf= qu'il n’y a point de facrement : il arrive même quel- quefois que Le contrat ne produit point d’effers C1= vils , quoique le facrément foit parfait ; favoir, lorfque le contrat n’eft pas nul par le défaut dé confentement légitime, mais par le défaut de quel- que formalité requife par les lois civiles > qui n’eft pas de l’effence du mariage, fuivantles lois de l’'Eglife, Toute perfonne qui a atteint l’âge de puberté, peut fe marier, M © 1: 108 M A R Les lois avoient défendu lermariage d’un homme de 60 ans & d’une femme de 50, mais Juftinien leva “cêt obftacle , & il eft permis à tout âge de fe marier. On peut-contraéter mariage avec toutes les per- fonnes , à l'égard defquelles 11 n’y a point d’empê- chement. ‘Ces empêchemens, font de deux fortes ; les uns ‘empêchent feulement de contratter mariage | lorf- qu'il n’eft pas encore célébré ; les autres, qu’on ap- pelle dirimans , {ont tels qu'ils obligent de rompre de mariage lors même qu'il eft célébré. Voyez EM- PÊCHEMENT. 4 * L’ordonnance de Blois & l’édit de 1697 enjoi- gnent aux curés & vicaires de s'informer foigneu- fement de la qualité de ceux qui veulent fe marier ; -&t en cas qu'ils ne les-connoiffent pas, de s’en faire inftruire par quatre pérfonnes dignes de foi, qui cer- tifieront la qualité des-contraétans ; &e s'ils font en- fans de famille, ou-en la puiffance d’autrui , il eft ‘expreflément défendu:aux curés & vicaires de paf- er outre à la célébration des rrariages, s’il ne leur -apparoit du confentertent des pere, mere , tuteur -8& curateur, fur peine-d’être punis comme fauteurs de crime de rapt. Il eft auffi défendu par l’ordonnance de Blois à tous tuteurs d'accorder ou confentir le mariage de leurs mineurs, finon avec l'avis & confentement de leurs plus proches parens , tant paternels que ma- ternels, fur peine de pumuion exemplaire. Si les parties contraétantes font majeurs de 25 ans accomplis , le défaut de confentement des pere & mere n'opere.pas la nullité du mariage ; maïs les parties, quoique majeurs de 25 ans, font obli- gées de demander par écrit le confentementdeleurs pere & mere, &c à leur défaut de leurs ayeul & ayeule, pour fe mettre à couvert de l’exhérédation, & n'être. pas privés des autres avantages qu'ils ont recus de leurs pere & mere, ou qu'ils peuvent efpé- rer en vertu de leur contrat de mariage ou de la loi. Il fuffit aux filles majeures de 25 ans de requérir ce confentement , fans qu’elles foient obligées de attendre plus long-tems : à l'égard des garçons, äls font obligés d’attendre ce confentement jufqu'à 20 ans, autrement ils s’expofent à l’exhérédation & à toutes les peines portées par les ordonnances. Néanmoins quand la mere eft remaniée , le fils âgé de 25 ans peut luifaire Les fommations refpeétueufes. Les enfans mineurs des pere & mere qui font fortis du royaume fans permiffion & fe font retirés dans les pays étrangers, peuvent en leur abfence contraéter zariage | fans attendre ni demander le confentement de leurs pere & mere, ou de leurs tuteurs & curateurs, quife font retirés en pays étran- gers, à condition néanmoins de prendre le confen- tement ou avis de fix de leurs plus proches parens ou alliés , tant paternels que maternels ; & à défaut de parens , on doit appeller des amis. Cet avis de parens doit fe faire devant le juge du lieu , le pro. cureur d'office préfent. | La déclaration du 5 Juin 1635 défend à toutes ‘perfonnes de confentir fans la permiflion du roi que leurs enfans , où ceux dont 1ls font tuteurs ou cu- rateurs, fe marient en pays étranger , à peine des galeres perpétuelles contre les hommes , de bannif- fement perpetuel pour les femmes, & de confifca- tion de leurs biens. | Suivant les ordonnances, la publication des bans doit être faite par le curé de chacune des parties contraétantes ayec le confentement des pere, mere, tuteur ou curateur : S'ils font enfans de famille , ou en la puifflance d'autrui , & cela par trois divers jours de fêtes avec intervalle compétent, on ne peut obtenir difpenfe de bans,, finon après la publication &u premier, & pour caule légitime, ‘Quandles mineurs qui fe marient demeurent dans - une-paroifle différente de celle de leurs pere & mere tuteurs ou curateurs , 1l faut publier les bans dans les deux paroïfies. | On doit tenir ün fidele regiftre de la publication des bans ; des difpenfes , des oppoñitions qui y fur- viennent , & des maiu-levées qui en font données par les parties, ou prononcées en juftice. Le défaut de publication de bans entre majeurs n’annulle pourtant pas le mariage. La célébration du wariage pour être valable doit être faite publiquement en prélence du propre curé; c’eft la difpofition du concile de Trente, & celle des ordonnances de nos rois ; & fuivant la derniere ju- rifprudence , il faut le concours des deux curés. Pour être réputé paroiffien ordinaire du curé qui fait le wzariage , il faut avoir demeuré pendant un tems fuffifant dans fa paroïifle ; ee. tems eft de fix mois pour ceux qui demeuroient auparavant dans une autre paroiïfle de la même ville, ou dans le même diocefe,, & d’un an pour ceux qui demeu- roient dans un autre diocefe, | Lorfqu'ilfurvient desoppoñtions aurariage,lecuré ne peut pañler outre à la célébration , à moins qu'on ne lui en apporte main-levée. Outre les formalités dont on a déja parlé , 1l faut encore la préfence de quatre témoins. Enfin c’eft la bénédiétion nuptiale qui donne la perfe&tion au mariage ; jufques-là, il n’y a ni contrat civil, ni facrement, Les juges d’Eglife font feuls compétens pout connoître direétement des caufes de mariage par voie de nullité, pour ce qui eft purement fpirituel &c de l’effence du facrement. Cependant tous juges peuvent connoître indi- retement du wariage , lorfqu’ils connoiffent ou du rapt par la voie criminelle, ou du contrat par la voie civile. Lorfque l’on appelle comme d’abus de la célébra- tion du rzariage , le Parlement eft le feul tribunal qui en puifle connoître. | Le mariage une fois contraëté valablement, eft in- difloluble parmi nous , car on ne connoît point Le divorce ; & quand il y a des empêchemens diri- mans, on déclare que le xariage a té mal célébré, enforte qu’à proprement parler, ce n’eftpas rompre le mariage , puifqu’il n’y en a point eu de valable. La féparation même de corps ne rompt pas non plus le mariage. L'engagement du szariage eft ordinairement pré- cédé d’un contrat devant notaire , pour régler les conventions des futurs conjoints. Ce contrat contient la reconnoiffance de ce que chacun apporte en rariage, & les avantages que les futurs conjoints fe font réciproquement. Dans prefque tous les pays il eft d’ufage que le futur époux promet à fa future époufe un douaire ou autre gain nuptial, pour lui affürer fa fubfftance après la mort de fon mari; autrefois les zariages fe concluoient à la porte du xouffier ou églife ; tout fe faifoit fans aucun.écrit, & ne fubfiftoit que dans la. mémoire des hommes ; de-là tant de prétextes pour annullef les mariages & pour fe féparer. | On ftipuloit le douaire à la porte de l’églife ; 8 c’eft de-là que vient l’ufage qui s’obferve préfente- ment dans l’églife , que le futur époux, avant la bénédidion nuptiale, dit à fa future : Je vous doue du dowaire qui a êté convenu entre vos parens G Les miens, & lui donne en figne de cet engagement, une piece d'argent. Suivant le manuel de Beau- vais, le mari dit en outre à fa femme : Je vous ho nore de mor Corps, 8tC. = à Il n’eft pas néceflaire que le mariage ait été con- fommé pour que la femme gagne {on douaire, fi M À R ce n’eft dans quelques coutumes fingulieres, qui portent expreflément , que Ja femme gagne fon douaire au coucher; comime-celle de Normandie, celle de Ponthieu, & quelques autres ; on n’exige pourtant pas la preuve de la confommation ; elle eit préfumée dans ce cas, dès que la femme a cou- ché avec fon mari. C’eft au mari à acquitter les charges du mariage; & c’eft pour lui aider à les foutenir, que Les fruits de la dot lui font donnés. Les feconds, troifiemes & autres mariages {ont fujets à des lois particulieres, dont nous parlerons au In0£ SEGONDES NOCES, Sur le #rariage en général , voyez le Liv. V. du code de Paris, le sir. 4. jufqu’au 27. 1nclufivement ; le liv. IV. des decrétales; les novelles 117. 140; 'édit d'Henri IV. de Février 1556; l'ordonnance d'Orléans, art. 3; l'ordonnance de Blois, ar. 40. & fuiv. l’édit de Melun, arc. 25; Pédit d'Henri IV. de 1606, art. 123 l’ordonnance de Louis XIII. de 1629, art. 39. & 169 ; la déclaration de 1639; l’édit du mois de Mars 1697; les Mémoires du cler- gé, tome V; les lois eccléfiaftiques , de Dhericourss la Bibliotheque canonique ; celle de Bouchel ; & celle de Jovet; le diétionnaire de Brion, au mot _ mariage ; & les autéurs qui ont traité du srariage, dont 1l donne une longue lifte, Il y a encore plufieurs obfervations à faire fur certains wariages, dont nous allons donner des no- tions dans les fubdivifions fuivantes. (4) MARIAGE ABUSIF, eft celui dans la célébration duquel on a commis quelque contravention aux faints canons ou ordonnances du royaume , voyez ABUS, & ce qui a été dit ici du mariage jen général. MARTAGE ACCOMPLI fignifie celui qui eft célébré en face d'Eghfe ; par le contrat de mariage les parties contraétantes promettent fe prendre en lécitime 774- riage , t ajoutent ordinairement qu'il fera accompli imceflamment. (4) MARIAGE AVENANT ex Normandie eft la légitime des filles , non mariées du vivant de leurs pere & mere ; leur part fe regle ordinairement au tiers de la fuccefhon, are. 256, de la cour. & en quelque nom- bre qu’elles foient, elles ne peuvent jamais deman- der plus que le tiers ; mais s’il y a plus de freres que de fœurs , en ce cas les fœurs n’auront pas le tiers, mais partageront également avec leurs freres pui- nés , art. 209. de La cour. parce que foit en bien no- ble ou en roture , foit par la coutume générale ou par la coutume de Caux, jamais la part d’une fille ne peut être plus forte, mi excéder la part d’un ca- det puiné. Sur la maniere dont le mariage avenant doit être liquidé , voyez Routier fur La cout, de Nor- mandie, lv, IF. ch. iy, fe. iv. (A) MARIAGE CACHÉ ou SECRET, eft celui dans le- quel on a obfervé toutes les formalités requifes , mais dont les conjoints cherchent à ôter la connoif. fance au public en gardant entr'eux un extérieur contraire à l’état du rariage, foit qu'il ny ait pas de cohabitation publique , ou que demeurant en- femble.; ils ne fe faflent pas connoître pour mari & femme, | | Avant la, déclaration du 26 Novembre 1639, ces fortes de #ariages étoient abfolument nuls à tous égards, au lieu que fuivant cette déclaration, ils font réputés valables guoud fedus € facramentum. Mais quand on les tient cachés jufqu’à la mort de l’un des conjoints, ils ne produifent point d’effets civils; de forte que la veuve ne peut prétendre ni communauté, ni douaire, ni aucun des avantages portés par fon contrat de mariage, les enfans ne fuc- cedent point à leurs pere & mere. On leur laifle néanmoins les qualités fériles de MAR 109 Veuve & d’enfans légitimes , & on Îeut adjuge ora dinairement une fomme pour alimens ou une pen- fon annuelle. ed | Les mariages cachés font différens des Mmaïlages clandeftins , en cé que ceux-ci font faits fans forma. lités &c ne produifent aucun effet civil ni autres Voyez Soefve, tom, I. cent. iv, ch, xxvij, & tom. IL. ch, lviys & lxxj. Augeard, tom. I, ch. I. 6 Lx. & ci-après MARIAGE CLANDESTIN. (4). MARIAGE CÉLEBRE , c’eft lorfque l’homme & la femme qui font convenus de s’époufer , ont reçi de leur propre curé la bénédiétion nuptiale. Voyez MARIAGE GONTRACTÉ. MARIAGE CHARNEL fe dit par oppofñon au #43 rlage {pirituel; on l’appelle charnel, parce qu’il com: prend l'union des corps aufli-bien que celle des ef prits. Voyez ci-après MARIAGE SPIRITUEL MARIAGE PER COEMPTIONEM , étoit une deg trois formes de mariages ufités chez les romains, avant qu'ils euflent embraffé la religion chrétienne, cette forme étoit la plus ancienne 6e la plus folem: nelle , & étoit beaucoup plus honorable pour la femme , que le mariage qu’on appelloit per ufum ou . par ufucapion. | _ On appelloit celui-ci srariage per coemptionem ; parce que le mari achetant folemnellement fa fem me, achetoit aufli conféquemment tous fes biens ; d’autres difent que les futurs époux s’achetoient mutuellement ; ce qui eft de certain, e’eft que pour parvenir à ce zariage ils fe demandoient l’un & law tre; favoir le futur époux à la future, fi elle vouloit être fa femme, & celle-ci demandoit au futur époux s’il vouloit être fon mari; & fuivant cette forme, la femme pañloit en la main de fon mari, c’eft-à-dire, en fa puiflance ou en la puiflance de celui auquel il étoit lui-même foumis. La femme ainfi mariée étoit appellée 7ufla uxor, tota uxor, mater-familias ; les cé- rémonies de cette forte de ariage font très- bien détaillées par M. Teraflon, dans fon Hiff, de la ju- rifprudence rom. Voyez aufli Loïfeau, dx déguerpiffem. Liv. IE. ch. iv. n. 5. & Gregorius Tolofanns, ir fyn- tag. juris , Lib, IX, cap, y. n. 24. ufucapion, MARIAGE PAR CONFARRÉATION , per confarrea= toner, étoit auf une forme de mariage ufitée chez les Romains du tems du paganifme; elle fut intro- duite par Romulus : les futurs époux fe rendoient à un temple où l’on faifoit un facrifice en préfence de dix témoins ; le prêtre offroit entr’autres chofes un pain de froment & en difperfoit des morceaux fur la viétime; c'éroit pour marquer que le pain fym- bole de tous les autres biens , feroit commun en- tre les deux époux & qu'ils feroient communs en biens, ce rit fe nommoit confarréation, La femme par ce moyen étoit commune en biens avec fon ma- r1, lequel néanmoins avoit l’adminiftration: lorfque le mari mouroit fans enfans , elle étoit fon héritie- re ; s'il y avoit des enfans, la mere partageoit avec eux : 1l paroïît que dans la fuite cette forme devint particuliere aux mariages des prêtres. Voyez Loifeau, du déguerpiifem. liv. IL, ch, iv. n. 5. Voyez Grego- rius , 22 fyntag, jur, div, IX, ch. v.n. 7: & M, Ter- raflon ,, Æij£. de la jurifp.rom. (A) MARIAGE CLANDESTIN, eft celui qui eft célchré fans y obferver toutes les formalités requifes pour la publicité des rrariages , comme lorfqu'l n’y a pas le concours des deux curés, ou qu'il n’y a pas eu de publication de bans, ou du moins une difpenfe pour ceux qui n'ont pas été publiés. ; Ces fortes de mariages {ont nuls, du moins quant aux effets civils, ainf les enfans qui en proviennent font incapables de toutes fuccefñons direétes & col- latérales. x Mais la clandeftinité ne fait pas toujours feule annuller un mariage, on le confirme quelquefois quoæd LrO MAR fedus , ce qui dépend des circonftancer , & néan- moins ces fortes de mariages ne produifent jamais d'effets civils. Voyez la biblioth, can, tom. TI. page 78 (4) | MARIAGE DE CONSCIENCE, c’eft un #ariage le- cret ou dépourvû des formalités & conditions qui #ont requiles pour la publicité des mariages, mais qui ne font pas eflentielles pour la légitimité du con- trat fait en face d’églife , ni pour l'application du facrement à ce contrat , on les appelle mariages de confcience , parce qu'ils font légitimes devant Dieu, & dans le forintérieur, mais ils ne produifent point d'effets civils. Ces fortes de mariages peuvent quel- quefois tenir un peu des ariages clandeftins; il peut cependant y avoir quelque différence, en ce qu'un mariage de confcience peut être célebré devant lé pro- pre curé, & même avec le concours des deux cu- tés 8x avec difpenfe de bans ; c’eft plutôt un ariage caché qu’un mariage clandeftin. | Il y a auf des wariages qui femblent n’être faits que pour l’acquit de la confcience , & qui ne font point cachés ni clandeftins, comme les r1ariages faits snextremis. Voyez MARIAGE IN EXTREMIS. (A) MARIAGE CONSOMMÉ , c’eft lorfque depuis la bénédi@ion nuptiale les conjoints ont habité en- femble, Le mariage quoique non-confommé n’en eft pas moins valable, pourvû qu’on y ait obfervé toutes les formalités requifes , & que les deux conjoints fuffent capables de le confemmer. Un tel mariage produit tous les effets civils, tels que la communauté &c le douaire ; il y a néanmoins quelques coutumes telles que celle de Normandie, qui par rapport au douaire , veulent que la femme ne le gagne qu'au coucher ; maïs ces coutumes ne difent pas qu'il foit néceflaire précifément que le mariage ait été confommé. Le mariage n'étant pas encore confommé , il eft réfolu de plein droit, quand l’une des deux parties entre dans un monaftere approuvé & y fait profef- fion religieufe par des vœux folemnels , auquel cas celui qui refte dans le monde peut fe remarier après la profeflion de celui qui l’a abandonné. Voyez le titre des décrétales, de converfione conjugatorum. (A) MARIAGE CONTRACTÉ , n'eft pas la convention portée par le contrat de mariage , car ce contrat neft proprement qu’un fimple projet , tant que le mariage n'eft pas célebré , & ne prend fa force que de la célébration ; le mariage n’eft contra@é , que quand les parties ont donné leur confentèment en face d’églife, & qu'ils ont reçû la bénédiétion nup- tiale. MARIAGE pissous , eft celui qui a été déclaré nul où abufñf; c’eft très-improprement que lon fe fert du terme de diffolution , car le mariage une fois valablement contraëté eft indiffoluble ; ainfi par le terme diffous , on entendun prétendu mariage que lon a jugé nul. MARIAGE DISTINCT, DIVIS OU SÉPARÉ, dans le duché de Bourgogne, fignifie la dos ou mariage préfix, diftin&@ & féparé du refte du bien des pere êt mere qui ont doté leurs filles, au moyen duquel mariage Ou dot elles font exclufes des fucceffions directes , au lieu qu’elles n’en font pas exclufes quand Îe mariage n’eft pas divis, comme quand leur dot “ou #ariage leur eft donné en avancement d’hoirie & fur la fucceflion future. Voyez la cout. de Bour- gogne, #r. des fuccef]. (A) MARIAGE DIVIS. Voyez l’article ci-deffus. MARIAGE OU DOT, ce que les pere ou mere donnent en dot à leurs enfans en faveur de ariage eft fouvent appellé par abréviation le mariage des érfans. (A) + MARIAGE PAR ÉCHANGE, c’eft lorfqu'un pere MAR marie fa fille dans une maifon où il choifitune fem me pour fon fils , & qu’il fubroge celle-ci à la place de fa propre fille pour lui fuccédet. Ces fortes de mariages {ont principalement ufités entre perfonnes de condition fervile, pour obtenir plus facilement le confentement du feigneur; il en eft parlé dans las coûtume de Nivernois , chap. xvilj. art, xxx]. qui porte que gens de condition fervile peuvent marier leurs enfans par échange. Voyez le Gloff. de M. de: Lauriere au mot échange. (A) MARIAGE ENCOMBRÉ , terme ufté en Norman- die pour exprimer une dot mal aliénée ; c’eft lorfque la dot de la femme a été aliénée par le mari fans le confentement de la femme, ou par la femme fans lautorifation de fon mari. Le bref de mariape encom- bré dont il eft parlé dans la coûtume de Normandie, art, dxxxviy, équipole, dit cet article, à une reinté- grande pour remettre les femmes en pofleffion de leurs biens, moins que dûement aliénés durant leur mariage , ainfi qu'elles avoient lors de l’aliénation ; cette ation poflefloire doit être intentée par elles ou leurs héritiers dans l’an de la diflolution du #4- riage. fauf à eux à fe pourvoir après l’an & jour par voie propriétaire, c’eft-à-dire au pétitoire. Voyez Bafnage & les autres Commentateurs fur cet arzicle dxxxvi, | MARIAGE INCESTUEUX, eft celui qui eft con- traété entre des perfonnes parentes dans un degré prohibé , comme les pere & mere avec leurs enfans ou petits-enfans, à quelque degré que ce foit, les freres & fœurs, oncles, tantes, neveux & meces, & les coufins & coufines jufques & compris le qua- trieme degré. Il en eft de même des perfonnes entre lefquelles 1l y a une alliance fpirituelle, comme le parrain & la filleule, la marraine &c le filleul , le parrain & la mere de l’enfant qu'il a tenu fur Les fonts, la mar- raine & le pere de l'enfant. Voyez INCESTE. MARIAGE IN EXTREMIS, eft celui qui eft con- traêté par des perfonnes, dont l’une ou l’autre étoit dangereufement malade de la maladie dont elle eft décédée. | Ces mariages ne laïiflent pas d’être valables lorf- qu'ils n’ont point été précédés d’un concubinage entre les mêmes perfonnes. Mais lorfqu'ils ont été commencés ab illicitis, 8 que le zariage n’a été contraété que dans le tems où l’un des futurs conjoints étoit à l’extrémité ; en ce cas ces mariages, quoique valables quant à la con- fcience, ne produifent aucuns effets civils, les en- fans peuvent cependant obtenir des alimens dans la fucceflion de leur pere. Avant l'ordonnance de 1630, un #ariage célébré 11 extremis, avec une concubine , dont 1l y avoit même des enfans, étoit valable, & les enfans légi-= timés par ce zrariage, &t capables de fuccéder à leurs pete & mere ; mais Lars. vj. de cetre ordonnance dé« clare les enfans nés dé femmes que les peres ont en: tretenues , 8: qu’ils époufent à l'extrémité de la vie, incapables de toutes fucceflions, tant direétes que collatérales. (4) FOR-MARIAGE, Voyez ci-devant à la lettre F le not FOR-MARIAGE. - MARIAGE DE LA MAIN GAUCHE, c’eft une ef- pece particuliere de mariage qui eft quelquefois pra- tiquée en Allemagne par les princes de ce pays; lorf- qu'ils époufent une perfonne de condition infé- rieure à La leur , ils lui donnent la main gauche au- lieu de la droite. Les enfans qui proviennent d’un tel mariage {ont légitimes & nobles , mais ils ne fuc- cedent point aux états du pere, à moins que l’em- pire ne les réhabilite. Quelquefois le prince époufe enfuite {a femme de la main droite, comme fit le duc Georges - Guillaume de Lunebourg-à-Zell, qui Époufa d’abord de la main gauche une demoifelle françoife , nommée Eléonore de Miers , du pays d’Aunis, & enfuite il l’époufa de la main droite. De ce mariage naquit Sophie- Dorothée, mariée à fon coufin Georges, éleéteur d'Hanovre, & roi d’Angle- terre, qui fe fépara d’elle, Voyez le Tableau de Pem- pire Germanique, pag. 138. (4) MARIAGE À LA GOMINE, on appelloit ainf les prétendus mariages que quelques perfonnes faifoient autrefois, fans bénédiftion nuptiale, par un fimple acte, par lequel Les parties déclaroïent au curé qu'ils fe prenoient pour mari & femme : ces fortes d’aétes furent condamnés dans les aflemblées générales du | clergé de 1670 & 1675 ; & par un arrêt du parle- ment du $ Septembre 1680, 1l fut défendu à tous notaires de recevoir de pareils actes, ce qui fut confirmé par une déclaration du 15 Juin 16609. Voyez les Mémoires du clergé, rom. V. p.720. & Juiv. & À Abrégé defdits mémoires ; p. 851. (4) _ MARIAGE À MORTGAGE, Ce n'étoit pas un ”74- riage contraté ad morganaticam , comme l’a cru M. Cujas fur la loi 26°. n fine, ff. de verb. oblig. c’étoit un rzariage en faveur duquel une terre étoit donnée par le pere ou la mere à leurs enfans, pour en percevoir les fruits jufqu’à ce qu’elle eût été ra- chetée. Pierre de Fontaines en fon confeil chap. 13. n°. 14. dit que quand on a donné à la fille une terre en mariage , cela n’eft pas contre la coûtume, pour- vù que cette terre revienne au pere en cas de décès de la fille fans enfans ; mais que fi l'on a donné à la fille des deniers en rzariage, & une piece de terre 4 mortgage pour les demiers; que fi la fille meurt fans enfans , la terre doit demeurer pour la moïtié dx hombre (de la fomme ) au mari ou à fon héritier, felon ce qui a été convenu par le contrat. Woyez Boutillier, dans fa Somme, div. I. tir, Ixxvüy. p. 458. Loifel dans fes Znffirures, Liv. III, tit, viy, arr, 1j. € 1j. (A) MARIAGE À LA MORGANATIQUE, ad morgana- ticam: on appelle ainfi en Allemagne les mariages dans lefquels le mari fait à fa femme un don de no- ces, qui dans le langage du pays s'appelle morgen- gabe, de morgen qui veut dire satin, & de gabe qui fiynifie don, quaft matutinale donum, Depuis par cor- ruption on l’a appellé worgingab ou morgincap , mor- ghanba ou rmorghangeba, morganegiba, &t enfin mor- ganaticum , &t les mariages qui étoient accompagnés de ce don, mariage à la morganatique. Suivant Kilia- nus, & le Speculum faxonicum, ce don fe faifoit par le mari le jour même des noces ayant le banquet nuptial; mais fuivant un contrat de mariage qui eft tapporté par Galland dans fon Traité du franc.aleu, ce don nuptial fe faifoit après la premiere nuit des noces, guaft ob premium defloratæ virginis. Ce don confiftoit dans le quart des biens préfens & à venir du mari, du-moius tel étoit l’ufage chez les Lom- bards. Voyez le Spicilege d’Achery , rome XII. page 153. 8t le Goff, de Ducange au #01 MORGAGE- NIBA. (4) | MARIAGE NUL, on appelle ainfñ, quoiqu'impro- prement, une conjonétion à laquelle on a voulu donner la forme d'un mariage , mais qui n’a point eté revêtue de toutes les conditions & formalités requifes pour la validité d’un tel contrat , comme quand il y a quelque empêchement dirimant dont on n’a point eu de difpenfe , ou qu’il n’y a point eu de publication de bans, ou que le mariage n’a point été célébré en préfence du propre curé, ou par un prêtre par lui commis. On dit que cette expreflion mariage nul eft impropre ; en effet, ce qu’on entend par mariage nul n'eft point un mariage , mais une conjonétion illicite & un aëte irrégulier. Voyez ce qui a été dit du mariage en général, & l’article fui- vant. (4) MAR 115 MARIAGE NUL QUANT AUX EFFETS CIVILS SEULEMENT, On entend par-là celui qui, fuivant les lois eccléfiaftiques, et valable gquoad fœdus 6 Vinculum , ais qui, fuivant les lois politiques, eft nul quant au contrat civil. Il ya trois cas où les mariages {ont ainfi valables quant au facrement, & nuis quant aux eflets civils; favoir, 1°. lorfque le mariage a Eté tenu caché pendant toute la vie de l’un des conjoints; 2°, les mariages faits in exerémis, lorfque les conjoints ont vecu enfemble en mauvais commerce avant le mariage ; 3°. les mariages CON- traëtés par des perfonnes mortes civilement, MARIAGES PAR PAROLES DE PRÉSENT : on en- tendoit par-là ceux où les parties contraétantes, après s'être tranfportées à l’églife & préfentées au curé pour récevoir la bédédidion nuptiale, fur fon refus, déclaroient l’un & l’autre, en préfence des notaires qu'ils avoient amenés à cet effet, qu'ils fe prenoïent pour mari & femme, dont ils requéroient les notaires de leur donner aëte, Ces fortes de mariages s’étoient introduits d’après le Droit canon, où l’on fait mention de fponfalibus quæ de præfenti vel futuro funt , & où il eft dit que les promefles de præfenti matrimomium imitantur,qu'étant faites après celles de fururo , tollunt ea, c’eft-à-dire que celui qui s’eft ainfi marié poftérieurement par paroles de préfent eft préféré à l’autre, mais que les promefles de futuro étant faites après celles de præfenti ne leur dérogent & nuifent en rien. Ces pro- mefles de futuro font appellées fides paëtionis, celles de præfénti , fides confenfus. Le Droit civil n’a point connu ces promeffes ap- pellées /pon/falia de præfènti, mais feulement celles qui fe font de futuro, Voyez M. Cujas fur le titre de Jponfal. 6 matrim. lib. IV, Decreral, tir, j, Cependant ces fortes de mariages n’ont pas laïffé de fe pratiquer long-tems en France , il y a même d'anciens arrêts qui les ont jugé valables, notam- ment un arrêt du 4 Février 1576, rapporté par The- veneau dans fon Commentaire fur les ordonnances, L’ordonnance de Blois, arr. xliv. défendit à tous notaires, fous peine de punition corporelle ,de paf- fer on recevoir aucunes promefles de rariage par paroles de préfent. Cependant, foit qu’on interpretät différemment cette ordonnance, ou que l’on eût peine à fe fou- mettre à cette loi, on voyoit encore quelques zaria- ges par paroles de préfent, Dans les affemblées générales du clergé tenues en 1670 & 1675, on déhibéra fur les mariages entre catholiques & huguenots faits par un fimple a@e, au curé, par lequel, fans fon confentement, les deux parties lui déclarent qu'ils fe prennent pour mari & femme ; il fut réfolu d'écrire une lettre à tous les prélats, pour les exhorter de faire une or- donnance fynodale, portant excommunication con- tre tous ceux qui affifteroient à de pareils reriages , & que l’afflemblée demanderoit un arrêt faifant dé- fenfes aux notaires de recevoir de tels aétes. Les évêques donnerent en conféquence des ordon- nances fynodales conformes à ces délibérations , & le ; Septembre 1680, il intervint un arrêt de regle- ment, qui défendit à tous notaires, à peine d’interdi- &ion, de pañler à l'avenir aucuns aêtes par lefquels les hommes & les femmes déclareroient qu’ils fe pren- nent pour maris & femmes, fur les refus qui leur feront faits par les archevèques & évêques, leurs grands-vicaires, ou curés, de leur conférer le facre- ment de #ariage, à la charge par lefdits prélats, leurs grands - vicaires, & curés , de donner des aétes par écrit qui contiendront les caufes de leur refus lorf- qu'ils en feront requis. l Il fe préfenta pourtant encore en 1687 une caufe au parlement fur un mariage çontrafté par paroles ds 112 MAR préfent, par aûte du 30 Juillet :679, fait en parlant à M. l’évêque de Soiflons. L’efpece étoit des plus favorables, en ce qu'il y avoit eu un ban publié & difpenfe des deux autres. La célébration du wariage n’avoit été arrêtée que par une oppoñition qui étoit une pure chicane; on avoit trainé la procédure en longueur pour fatiguer les parties ; depuis le pré- tendu rartage le mari étoit mort ; il y avoit un en- fant. Cependant par arrêt du 29 Août 1687, il fut fait défenfes à la femme de prendre la qualité de veuve, êcà l'enfant de prendre le titre de légitime ; on leur accorda feulement des alimens. La déclaration du 15 Juin 1697, ordonna que les conjonétions des perfonnes qui fe prétendront ma- riées en conféquence des aëtes qu'ils auront obte- nus, du confentement réciproque avec lequel ils fe feront pris pour mari &r femme, n’emporteront au- cuns effets civils en faveur des prétendus conjoints & des enfans qui en peuvent naître, lefquels feront privés de toutes fucceffions directes & collatérales ; & 1l eft défendu à tous juges, à peine d’interdiétion, &t même de privation de leurs charges, d’ordonner aux notaires de délivrer des aétes de cette nature, &z à tous notaires de les délivrer fous les peines por- tées par cette déclaration. Voyez les Mémoires du clergé, come W. pag. 767. (4) MARIAGE PRÉCIPITÉ eit celui qu'une veuve con- traête avant l’année révolue depuis le décès de fon précédent mari, | : On le regarde comme précipite, foit propter incer- eitudinem prolis , foit à caufe des bienféances qu’une veuve doit obferver pendant l'an du deuil. Voyez Deviz 6 SECONDES NOCES, (4) MARIAGE PRÉSOMPTIF, Voyez ci-après MARIAGE PRÉSUMÉ. (4) MARIAGE PRÉSUMÉ o% PRÉSOMPTIF, 2a{rimo= nium ratum 6 prefumptum. On appelloit ainf les promefles de mariage de futuro , lefquelles étant fui- vies dela copule charnelle, étoient réputées ratifiées & former un rzariage pré[ume. Alexandre III. qui fiégeoit dans le xj. fiecle , fem- ble en quelque forte avoir approuvé les mariages préfumés, per confenfum & copulam ,au ch. xiy.G xv. de fponfalib. & matrim. mais 1l paroïît aux endroits cités que dans l’efpece 1l y avoit èu quelques folem- nités de l’Eglife obfervées , & que /ponfalia præcef- ferant, c’étoient d’ailleurs des cas finguliers dont la décifion ne peut donner atteinte au droit général. En effet, Honorius III. qui fiégeoit dans le x1. fiecle témoigne afez que l’on ne reconnoïfloit alors pour mariages valables que ceux qui étoient célébrés en face d’églife, & où les époux avoient reçu la bé- nédiétion nuptiale. Ce fut Grégoire IX. fucceffeur d’'Honorius , qui décida le premierque les promefles de mariage futur, fponfalia de futuro, acquéroient le titre & l’effet du mariage lorfqu’elles étoient fuivies de la copule char- nelle, Mais comme l’Eglife avoit toujours détefté detels mariages, queles conciles de Latran &c enfuite celui de Trente, les ont déclarés nuls & invalides, & que les édits & ordonnances de nos rois les ont auffi dé- clarés non-valablement contraétés : l’'Eglife ni les tribunaux ne reconñoïffent plus de telles conjonc- tions pour des mariages valables ; elles font même tellement odieufes, que la feule citation faite devant l’official, 22 cafu matrimoni: rati © præfumpti , eft toujours déclarée abufive par les parlemens. Voyez Fevret, sraite de l'abus , tome I, liy. 5, ch. ij. n. 36. & Juiv. (A) MARIAGE PAR PROCUREUR ; ce que l’on entend par ces termes n’eft qu'une cérémonie qui fe prati- que pour les mariages des fouverains & princes de leur fang , lefquels font époufer par procureur la MAR princeffe qu'ils demandent en mariage , lorfqu’elle demeure daus un pays éloigné de celui où ils font leur féjour. Le fondé de procuration & la future époufe vont enfemble à l’églife , où l’on fait toutes les mêmes cérémonies qu'aux #ariages ordinaires. Il étoit même autrefois d'ufage qu'après la cérémonie la princefle fe mettoit au lit, & qu’en préfence de toute la cour le fondé de procuration étant armé d’un côté, met. toit une jambe bottée fous les draps de la princeffe. Cela fut ainfi pratiqué lorfque Maximilien d’Autri- che , roi des Romains , époufa par procureur Anne de Bretagne; & néanmoins au préjudice de ce #74= riage projetté , elle époufa depuis Charles VIIL. roi de France, dont Maximilien fit grand bruit, ce qui n'eut pourtant point de fuite, Comme les facremens ne fe reçoivent point par procureur , ce que l’on appelle aïnfi sariage par pro- cureur n’eft qu'une cérémonie & une préparation au mariage qui ne rend pas le mariage accompli : telle ment que la cérémonie de la bénédiétion nuptiale fe réitere lorfque les deux parties font préfentes en perfonnes, ce qui ne fe feroit pas fi le mariage étoit réellement parfait. On peut voir dans le mercure de France de 1739 ; & autres mémoires du tems, de quelle maniere fe fit Le wariage de Madame avec l’in- fant don Philippe , que M. le duc d’'Orleans étoit chargé de repréfenter dans la cérémonie du mariage. La premiere cérémonie fe fit dans la chapelle de Verfailles. M.le cardinal de Rohan, grand-aumônier de France, demanda au duc d'Orleans fi, comme procureur de don Philippe infant d'Efpagne , il pre- noit madame Louife Élifabeth de France pour fa femme &c légitime époufe. Il ft pareille queftion à la princefle , & 1l eft dit qu’il leur donna la bénédic- tion nuptiale. Néanmoins on trouve enfuite que la princefle étant arrivée à Alcala le 24 O&tobre fui- vant, & ayant été conduite dans l'appartement de la reine , le patriarche des Indes lui donna & à l’in- fant don Philippe , dans la chambre de la reine , la bénédiétion nuptiale en préfence de leurs majeftés & des princes & princeffes de la famille royale. (4) MARIAGE PROHIBÉ eft celui qui eft défendu par les canons ou par les ordonnances du royaume. (4) MARIAGE appellé RATUM ET PRÆSUMPTUM; Voyez MARIAGE PRÉSUMÉ. MARIAGE RÉCHAUFFÉ, c’eft ainfi qu'en quelques provinces, comme en Berry, l’on appelle vulgaire: ment les feconds mariages. Voyez Bœnius confil. 40 , & le gloffaire de M. de Lauriere, au mot ariage. (4) MARIAGE RÉHABILITÉ, c’eft lorfque le mariage eft célébré de nouveau pour réparer ce qui manquoit au premier pourfa validité. Le termedereékabilitatiors femble impropre, en ce que les vices d’un mariage nul ne peuvent être réparés qu’en célébrant un autre mariage avec toutes les formalités requifes : de ma- niere que le premier mariage ne devient pas pour cela valable , mais feulement le fecond. Cependant un #ariage qui étoit valable quant au for intérieur, peut être réhabiliré pour lui donner les effets civils , mais il ne produit toujours ces effets que du jour du fecond mariage valablement contraété. Voyez les re- gles générales qui ont été expliquées en parlant des mariages en général. (4 MARIAGE ROMPU s’entend ou d’un fimple projet de ariage dont l'exécution n’a pas fuivi , ou d’un prétendu ariage dont la nullité a été prononcée ou qui a été déclaré abufif. (4) MARIAGE, SECOND, TROISIEME , Ou autre fub- féquent, voyez ci-après au morNOCES l’article SECON: DES NOCES. (4) MARIAGE SECRET , voyez MARIAGE CACHÉ. MARIAGE SOLEMNEL, On entendoit par-là chez les W MAR les Romains celui qui fe faifoit per coemptionem, à la . différence de celui qui fe faifoit feulement per fur, Ou par «/“capion. Parmi nous on entend par mariage Jolemnel celui qui eft revêtu de toutes les formalités requifes par les canons & par les ordonnances du royaume. (4) MARIAGE SPIRITUEL s'entend de l’engagement qu'un évêque contraite avec fon églife & un curé avec fa paroiïfle. En général le facerdoce eft confi- déré comme un mariage fpirieuel; ce mariage cit ap- ellé fpiriuel par oppoñition au wariage charnel. Voyez cap. y. extra de tranflatione epifcop. Berault fur la couiume de Normandie, article 381, & le srairé des rratieres bénéficiales de M. Fuet, pag. 254. MARIAGE SUBSÈQUENT, Onentend par-là celui qui fuit un précédent zzriage, comme le fecond à l'égard du premier ; ou le troifieme à l'égard du fe- cond , & ainfi des autres. Le mariage fubfèquent à l'effet de légitimer les enfans nés auparavant, pourvu que ce foit ex foluro E Joluta. Voyez BATARD 6 LE- GITIMATION. (4) MARIAGE À TEMS. Le divorce qui avoit lieu chez les Romains , eut lieu pareïllement dans les Gaules depuis qu’elles furent foumifes aux Romains; c’eftapparemmentpar unrefte de cetufagequ’ancien- nément en France, dans destems de barbarie & d’i- gnorance, il y avoit quelquefois des perfonnes qui contrattoient mariage pout un tems feulement. M. de Varillas trouva dans la bibliotheque du roi parmi les manufcrits, un contrat de mariage fait dans l’Ar- magnac en 1297 pour fept ans , entre deux nobles, quiferéfervoient la hberté de le prolongeraubout de fept années s'ils s'accommodoient l’un de l’autre ; & en cas qu'au terme expiré ils fe féparaffent, ils par- tageroient par moitié les enfans mâles & femelles provenus de leur mariage ; & que file nombre s’en trouvoit impair, ils treroient au fort à qui le furnu- méraire échéeroit. Il fe pratique encore dans le Tonquin que quand un vaifleau arrive dans un port, les matelots fe ma- rient pour une faifon ; & pendant le tems que dure cet engagement précaire , ils trouvent, dit-on, l’é- xattitude la plus fcrupuleufe de la part de leurs époufes , foit pour la fidélité conjugale, foit dans l’arrangement économique de leurs affaires. Voyez Peflai fur la polysamie & Le divorce , traduit de l’an- glois de M. Huine , inféré au mercure de Février 1757 p.45. (4) | MARIAGE PAR USUCAPION 04 PFR USUM, étoit une forme de wariage ufitée chez les Grecs & chez les Romains du tems du paganifme. Le mari prenoit ainfi une femme pour l’ufage, c’eft-à-dire pour en avoir des enfans légitimes, mais il ne ini communi- quoit pas les mêmes privileges qu’à celle qui étoit époufée folémnellement: Ce mariage {e contraétoit par la co-habitation d’un an. Lorfqu’une femme maî- trefle d'elle-même avoit demeuré pendant un an en- tier dans la maifon d’un homme fans s'être abfentée pendant trois nuits, alors elle étoit réputée fon €poufe, mais pour lufage & la co-habiration feule- ment : c’étoit une des difpoñtions de la loi des douze tables. | Ce mariage | comme on voit , étoit bien moins folemnel que le mariage per coemptionem ou par con- Jarréation : la femme gui étoit ainfi époufée étoit qua- liée uxor, mais non pas water-familias : elle contrace toit un engagement à la différence des concubines , qui n'en contraétoient point, mais elle n’étoir point en communauté avec fon mari ni dans fa dépen- dance, Le mariage par ufucapion pouvoit fe contra@er €n tout tems & entre toutes fortes de perfonnes : une femme que fon mari avoit inflituée héritiere À condition de ne fe point remarier , ne pouvoit pas: orme X, MAR 113 contraêtor de #uriage folemnel fans perdre la fuccef. fon de fon mari, maiselle pouvoit fe marier par af. capior, en déclarant qu’elle ne fe marioit point pour vAvre en communauté de biéns vec fon mari, ni pour être fous fa puiffance , mais fenlement pouf avoir des enfans. Par ce moyen elle étoit cenfée demeurer veuve, parce qu'elle ne faifoit point par- tie de là famille de fon nouvedu mari, 8 qu’elle ne lui faifoit point part de fes biens , lefquels confé- quemment pañloient aux enfans qu’elle avoit eme de fon premier mariage. Voyez ci- devant l'article MA RTIAGE PER COEMPTIONEM, & les auteurs cités em cet endroit, ( 4) MARIAGE des Rornains 9 ( Hi? TÔII1, ) lé ariagé fe célébroit chez les Romams avec plufieurs céré mOries fcrupuieutes qui fe conferverent long-tems : du-moins parmi les bourgeois de Rome, Le mariage fe traitoit ordinairement âvec le pere de la fille on avec la perfonne dont elle dependoit, Lorfque la demande étoit agréée & qu’on étoit d’ac- cord des conditions , on les mettoit par écrit, on les fcelloit du cachet des parens , & le pere de la fille donnoit le repas d’alliance ; enfuite l'époux en- voyoit à fa fiancée un anneau de fer , & cet ufage s’obfervoit encore du tems de Pline ; mais bientôt après on n'ofa plus donner qu’un anneau d’or. Il ÿ avoit aufh des négociateurs de mariages auxquels on fau{oit des gratifications illimitées, jufqu’à ce que les empereurs Établirent que ce falaire"eroit propor- tionné à la valeur de la dot, Comme on n’avoir point fixé l’âge des flançailles avant Augufte, ce prince ordonna qu’elles n’aurotent lieu que lorfque les par- tiés feroïient nubiles ; cependant dès l’âge de dix ans on pouvoit accorder une fille, parce qu'elle étoit cenlée nnbile à douze. Le jour des noces on avoit contume en coëfant la mariée , de féparet lés cheveux avec le fer d’une javeline, & de les partager en fix treffes à la manieré des veftales ; pour lui marquer qu’elle devoit vivre chaftement avec fon mari, On lui mettoit fur la tête un chapeau de fleurs , & par-deflus ce chapeau une. efpece de voile , que les gens riches enrichifloient de pierreries. On lui donnoit des fouliers de la mê- me couleur du voile, mais plus élevés que la chauf- fure ordinaire , pour la faire paroïtre de plus grande taille. On pratiquoit anciennement chez les Latins une autre cérémome fort finguliere ; qui étoit de préfenter un joug furle col de ceux qui fe fançoient, pour leur indiquer que le zrariage eft une forte dé joug : & c’eft delà , diton, qu'il a pris le nom de conjugium. Les premiers Romains obfervoient en- core la cérémonie nommée confarréation , qui pañlà dans la fuite au feul rariage des pontifes & des prè- trés. Foyez CONFARRÉATION. | La mariée étoit vêtue d’une longue robe blanche ou de couleur de fafran, femblable à celle de fon voile ; {a ceinture étoit de fine laine nouée du nœud berculéen qu'il n’appartenoit qu’au maride dénouer. On fergnoit d'enlever la mariée d’entreles bras de fa mere pour la livrer à fon époux, ce qui fe faifoir le foir À la lueur de cinq lambeaux de bois d’épine blanche , portés par de jeunes enfans qu’on nommoit puert lautt , parce qu’on les habilloit proprement & qu'on les parfumoit d’effences : ce nombre de cind étoit de regle ex l'honneur de Jupiter, de Junon, de Vénus, de Diane, & de la déeffe de Perfüafion. Deux autres jeunes enfans conduifoient la mariée , en la tenant chacun par une main, 8 un troifieme enfant portoit devant elle le flambeau de lhymen. Les parens faifoient cortege en chantant hymen , à hyménée. Une femme étoit chargée de la quenouille, du fufeau & de la caflette de la mariée. On lui jet- toit fur la route de l’eau lufirale, afin qu'elle entrât pure dans la maïfon de fon mari, È 4 T14 M AR Dés qu’elle arrivoit fur le feuil de la porte, qi étoit ornée de guirlandes de fleurs , on lui préfentoit le feu & l’eau , pour lui faire connoître qu’elle de- voit avoir part à toute la fortune de fon mari. On avoit foin auparavant de lui demander fon nom, & elle répondoit Cara, pour certifier qu’elle feroit auf bonne ménagere que Caïa Cæcilia , mere de Tar- quin l’ancien, Aufli-tôt après on lui remettoit les clés de la maïfon , pour marquer fa jurifdiétion fur le ménage ; mais en même tems on la prioit de s’afleoir fur un fiége couvert d’une peau de mouton avec fa laine , pour lui donner à entendre qu’elle devoit s'occuper du travail de la tapifferie, de la broderie, ou autre convenable à fon fexe : enfuite on faifoit le feftin de nôces. Dès que l'heure du coucher étoit arrivée , les époux fe rendoient dans la chambre nuptiale ; où les matrones qu’on appelloit pronube accompagnoient la mariée & fa mettoient au lit gé- nial , ainfi nommé, parce qu'il etoit dreflé en l’hon- neur du génie du mari. Les garçons & les filles en quittant Les époux leur fouhaitoient mille bénédi@ions , & leur chantoient quelques vers fefcennins. On avoit foin cette pre- muere nuit de ne point laifler de lumiere dans la chambre nuptiale, foit pour épargner la modeftie de la mariée, foit pour empêcher l'époux de s’ap- percevoir des défauts de fon époufe, au cas qu'elle en eût de cachés. Le lendemain des nôces il donnoit un feftin où fa femme étoit aflife à côté de lui fur le même lit de table, Ce même jour les deux époux recevoient les préfens qu’on leur faifoit, & offroient de leur côté un facrifice aux dieux, Voilà les principales cérémonies du mariage chez les Romains; j’ajouterai feulement deux remarques: la premiere que les femmes mariées confervoient toujours leur nom de fille, & ne prenoient point ce- lui du mari. On fait qu'un citoyen romain qui avoit feduit une fille bre, étoit obligé par les lois de l’é- poufer fans dot, ou de lui en donner une propor- tionnée à fon état ; mais la facilité que les Romains avoient de difpofer de leurs efclaves, & le grand nombre de courtifannes rendoit le cas de la féduion extrèmement rare, 2°, Il faut diftinguer chez les Romains deux ma- meres de prendre leurs femmes : l’une étoit de les époufer fans autre convention que de les retenir chez foiselles ne devenoient de véritables époufesque quand elles étoient reftées auprès de leurs maris un an entier, fans même une interruption de trois jours : c’eft ce qui s’appelloit un meriage par l’ufage, ex fu. L’autre maniere étoit d'époufer une femme aprèsdes conventions matrimoniales, & ce mariage s’appelloit de vente mutuelle, ex coemptione : alors la femme donnoit à fon maritrois as en cérémonie, & le mari donnoit à fa femme les clés de fon logis, pour mar- quer qu’il hu accordoit l’adminiftration de fon logis. Les femmes feules qu’on époufoit par une vente mutuelle, éroient appellées meres de famille, marres- farmilias, 8c 1l n’y avoit que celles-là qui devinflent les uniques héritieres de leurs maris après leur mort. Il réfulte de-là que chez les Romains le watrimo- Aium ex u]u, Où ce que nous nommons aujourd’hui concubinage , étoit une union moins forte que le 774- riage de vente mutuelle ; c’eft pourquoi on lui don- not aufl le nom de demi-mariage, fémi-matrimonium, êz à la concubine celui de demi-femme , fémi-conjux. On pouvoit avoir une femme ou une concubine, pourvu qu'on n’eût pasles deux en même tems : cet ufage continua depuis que par l’entrée de Conftan- tin dans l’Eglife , les empereurs furent chrétiens. Conftantin mit bien un frein au concubinage , mais 1] nel’abolit pas, & 1l fur confervé pendant plufeurs fiecles chez les chrétiens : on en a une preuve bien authentique dans un concile de T'olede , qui ordonne que chacun, foit laïc, foit eccléfiaftique ; doive fe contenter d’une feule compagne , ou femme , ou concubine, fans qu’il foit permis de tenir enfemble l’une & l’autre. . . . . Cet ancien ufage des Romains fe conferva en Italie, non-feulement chez les Lom= bards , mais depuis encore quand les François y éta- blirent leur domination. Quelques autres peuples de l’Europe regardoient aufh le concubinage comme une umon légitime : Cujas aflure que les Gafcons & autres peuples voifins des Pyrénées n’y avoient pas encore renoncé de fon tems. ( D. J. ) MARIAGE LÉGITIME, & NON LÉ- GITIME, ( Hifl. & droit rom. ) Les marie ges légitimes des enfans chez les Romains, étoient ceux où toutes les formalités des lois avoient été remplies. On appelloit mariages non légitimes ceux des enfans qui, vivant fous la puiflance pa- ternelle, fe marioient fans le confentement de leur pere. Ces mariages ne fe cafloient point lorfqu’ils étoient une fois contraétés ; ils étoient feulement deftitués des effets de droit qu'ils auroient eû s'ils euflent été autorifés par l'approbation du pere : c’eft ainfi que Cujas explique le paffage du jurifcon- fulte Paul, dont voici les paroles: Éorum , qui in poteflate patris funt , fine voluntate ejus , matrimoniæ Jure non contrahuntur, fed contratta non folyuntur. Mais il y a tout lieu de croire que le jurifconfulte romain parle feulement du pouvoirôté aux peres de rompre le wariage de leurs enfans encore fous leur puiflance , lors même qu'ils yavoient donné leur confentement.On peut voir là-deflusles notesde M. Schulting , page 300 de fa Jurifprudentia ante-Jufii- nianca. Pour ce qui eft de l’uxor injufta , dont il eft parlé dans Za loi 13. .1. dig. ad. leg. Juliani de adulter, Cujas lui-même femble s’être retra@té dans un autre endroit de fes obfervations, où 1l conjec- ture qu'il s’agit dans cette loi, d’une femme qui n’a pas été époufée avec les formalités ordinaires , q4æ nonfolemniter accepta efl,aqué & igneobfervat. Lib. VI. cap. x&v].: Cat chez les anciens Romains quand on avoit obmis ces formalités, qui confiftoient dans ce que l’on appelloit confarreatio & coemptio, une fille, quoiqu'elle eût été menée dans la maïfon de celui qui en vouloit faire fa femme , n’étoit pourtant pas cenfée pleinement &t légitimement mariée ; elle n’é- toit pas encore entrée dans la famille, & fous la puiflance du mari, ce qui s’appelloit 27 #anum vire convenire : elle n’avoit pas droit de fuccéder à fes biens, ou entierement ,. ou par portion égale avec les enfans procréés d’eux : 1l falloit, pour fuppléer à ce défaut de formalités requifes, qu’elle eût été un an complet avec fon mari, fans avoir découché trois nuits entieres, felon la loi des XII. tables, qu'Aulu-Gelle, Noëf. arric. lib. III, cap. y. 6 Ma- crob. Sarurnal. lib. I. ch. xiiy. nous ont confervée. Jufques-là donc cette femme .étoit appellée zxor zrjufta, comme le préfident Briflon l’explique dans fon Traité , ad Leg. jul, de adulreriss ; c’eft-à-dire qu’elle étoit bien regardée comme véritablement femme , & nullement comme fimple concubine ; enforte cependant, qu’il manquoit quelque chofe à cette union pour qu’elle eût tous les droits d’un #a- riage légitime, Mais tout mariage contraété fans le confentement du pere , ou de celui fous la puiffance de qui le pere étoit lui-même, avoit un vice qui le rendoit abfolument nul & i//égitime , de même que les mariages inceftuenx , ou le wariage d’un tuteur avec fa pupille, ou celui d’un gouverneur de pro= vince ayec une provinciale, &c. (D.J.) MARIAGE DES HÉBREUX ; ( Æif, des Juifs.) Les mariages {e firent d’abord chez les Hébreux avec beaucoup de fimplicité , comme on peut le voir dans le Zvre de Tobie, 1°. Tobie demande en r4- riage Sara fille de Raguel ; on la lui accorde. 2°, Le pere prenant la main droite de fa fille, [a met dans la main droite de l'époux, ancienne coutume ou cé- rémonie dans les alliances. 3°. Le pere écrit le con- trat & le cachette, 4°. Un feflin fuit ces engagemens. 5°, La mere mene la fille dans une chambre defti- née aux époux. 6°, La mere pleure, & la fille auf; la mere, parce qu’elle fe fépare de fa fille; & la fille , parce qu’elle va être féparée de fa mere. 7°, Le pere bénit les époux, c’eft-à-dire, fait des vœux pour eux; cela étoit fort fimple ; mais l’eflentiel s’y trouve. Ces feftins nuptiaux duroient fept jours, coutume ancienne. Dans la fuite des tems les 71a- riages des Juifs furent chargés de cérémonies. Voyez Nôces Des HÉBREUX. (D.1J.) | MAR1AGE DES Turcs, (Hifi. moderne.) Le mariage chez les Turcs, dit M. de Tournefort, qui en étoit fort bien inftruit , n’eft autre chofe qu'un contrat civil que les parties peuvent rompre ; rien ne paroïît plus commode : néanmoins, comme on s’ennuyeroit bien-tôt parmi eux du wariage , auifñ bien qu'ailleurs ; & que les fréquentes féparations ne laifferoient pas d’être à charge à la famille, on y a pourvb fagement. Une femme peut demander d’é- tre féparée d'avec fon mari sil eft impuiflant , adonné aux plaifirs contre nature, ou si ne lui paye pas le tribut , la nuit du jeudi au vendredi, laquelle eft confacrée aux devoirs du mariage. Sile mari fe conduit honnêtement , & qu’il lui fournie du pain, du beurre, du riz, du bois, du café, du cotton, & de la foie pour filer des habits , elle ne peut fe dégager d'avec lui. Un mari qui refufe de l'argent à fa femme pour allerau bain deux fois la fe- maine,eftexpofé à la féparation; lorfque la femme ir- ritéerenverfe {a pantoufle en préfence du juge , cette aétion défigne qu’elle accufe fon mari d’avoir voulu la contraindre à lui accorder des chofes défendues, Le juge envoie chercher pour los le mari, le fait bâ- tonner , sl trouve que la femme dife la vérité, & cafle Le rartage. Un mari qui veut fe féparer de fa femme, ne manque pas de prétextes à fon tour ; cependant la chofe n’eft pas fi aifée que l’ons’imagine, Non-feulement il eft obligé d’aflurer le douaire à fa femme pour le refte de fes jours ; mais fuppofé que par un retour de tendrefle il veuille la repren- dre, il eft condamné à la laïfler coucher pendant 24 heures avec tel homme qu’il juge à propos : il choïfit ordinairement celui de fes amis qu'il con- noit le plus difcret ; mais on aflure qu'il arrive quel- quefois que certaines femmes qui fe trouvent bien de ce changement , ne veulent plusrevenir À leur premier mari. Cela ne fe pratique qu’à l'égard des femmes qu’on a époufées, - Il eft permis aux Turcs d'en entretenirde deux autresfortes: favoir, celles que l’on prend à penfon, & des efclaves ; on loue les premieres , & on achete les dernieres Quand on veut époufer une fille dans les formes, -on. s’adreile aux parens, & on figne les articles après être convenu de tout en préfence du-cadi & _de deux témoins. Ce ne font pas les pere & mere de la fille qui dotent la fille, c’eft le-mari: ainfi, quand on a réglé le douaire , le cadi délivre aux parties la copie de leur contrat de mariage: la fille de fon côté n'apporte que fon troufleau. En atten- dant le jour des nôces, l’époux fait bénir fon ma- -riage par le prêtre; & pour s’attirer les graces du ciel, ildiftribue des aumônes , & donne:la liberté à quelque efclave. | Le jou” des nôces, la fille monte à cheval cou- «verte d’un grand voile ; & fe promene par les rues fous un dais, accompagnée de plufieurs femmes, & . de quelques efclaves, fuivant la qualité du mari ; . les joueurs & les joueufes d’infrumens font de la cé- LA L2 e . . 1 -rémomie :,on fait porter enfuire les nippes ; qui ne . font pas le moindre ornement de la marche, Com- Tome X, MAR trs me c’eft tout le profit qui enrevient au futur époux, on affecte de charger deschevaux & des chameaux de plufieurs coffres de belle apparence; mais fou: vent vuides, ou dans lefquels les habits & les bi- Joux font fort au large, L’époufée eft ainfñi conduite en triomphé par le chemin Le plus long chez lépoux , qui la re- çoit à la porte : là ces deux perfonnes, qui ne fe font jamais vües , & qui n’ont entendu parler l’une de l’autre que depuis peu, par l’enttemife de quel ques amis , fe touchent la main , & fe témoignent tout l'attachement qu'une véritable téndreffe péut infpirer. On ne manque pas de faire la lecon aux moins éloquens ; car il n’eft guere poffible que le cœur y ait beaucoup de part. La cérémonie étant finie, en préfence dés pareng & des amis, on pañle la journée en feftin, en dan- fes, & à voir les marionettes ; les hommes fe ré- jouiflent d’un côté, & les femmes de l’autre. Enfin la nuit vient, & le filence fuccede à cette joie tu- multueufe. Chez les gens aifés la mariée eft con duite par un eunuque dans la chambre qui lui eft deftinée ; s’il n’y a point d’eunnques , c’eft une pa- rente qui lui donne la main, & qui la met entre les bras de fon époux. Dans quelques villes de T'urquie 1l y à des fem mes dont la profeffion eft d’infiruire l’époufée de ce qu'elle doit faire à l'approche de l'époux, qui eft obligé de {a deshabiller piece-à-piece, & de la pla- cer dans le lit, On dit qu’elle récite pendant cé tems-là de longues prieres, & qu’elle à grand foin de faire plufeurs nœuds à fa ceinture , enforte que le pauvre époux fe morfond pendant des heures en- tieres avant que ce dénouement foit fini. Ce n’eft d’ordinaire que fur le rapport d'autrui qu’un homme eft informé , fi. celle qu'il doit époufer eft belle ou laide, | Il y a plufieurs villes où, le lendemain des nôces, les parens & les amis vont dans la maifon des nou- veaux mariés prendre le mouchoir enfanglanté, qu’ils montrent dans les rues, en fe promenant avec des joueurs d’inftruméns. La mere ou les parentes ne manquent pas de préparer ce mouchoir, à telle fin.que de raifon , pour prouver , en cas de befoin, ue les mariés font contens l’un de l’autre. Si les dde vivent fagement , lalcoran veut qu’on les traite bien , & condamne les maris qui en ufent au- trement , à réparer ce pêché par des aumônes , ou par d’autres œuvres pies qu’ils font obligés de faire avant que de fe reconcilier avec leurs femmes, Lorfque le mari meurt le premier , la femme prend fon douaire , & rien de plus. Les enfans dont la mere vient de décéder , peuvent forcer le pere de leur donner ce douaire. En cas de répudiation, le douaire fe perd , fi les raifons du mari font perti- nentes ; fi-non le mari eft condamne à le continuer, & à nourrir les enfans, Voilà ce qui regarde les femmes légitimes : pour celles que l’on prend à penfon, on n’y fait pas tant de façon. Après le confentement dui pere & de la mere, qui veulent bien livrer leur fille à nn tel, on s’adrefle au juge, qui met par écrit que ce tel veut prendre une telle pour lui fervir dé femme , qu il fe charge de fon entretien, & de celui des enfans qu'ils auront enfemble, à condition qu'il la poutra fen- voyer lorfqu'il le jugera à-propos , en lui payant fa fomme convenue, à proportion du nombre d’an- nées qu'ils auront été enfemble. Pour colorer ce mauvais commerce , les Turcs en rejetterit le fear dale fur les marchands chrétiens , qui, ayant laiffé leurs femmes dans leurs pays , en enfretienrient à penfon dans le Levant. À l'égard dés efclaves, les Mahométans , fuivant la loi, en peuvent faire tél ufage qu'il leur plaît 5 ils leur donnent la hberté Pi 1:# mt . 110 MAR quand ils veulerit ; ou ils les retiennent toujours à lear fervice. Ce qu’il y a de louable dans cette vie libértine, c’eft que les enfans que les Turcs ont de routes leurs femmes , héritent ésalement des biens de leur pere ; avec cette difiérenice feulèment, qu'il faut que les enfans des femmes efclaves fotent dé- clarés libres par teftament ; fi le pere ne leur fait pas certe grace, ils fuivent la condition de leur mere, . & font à la difcrétion de Painé de la famille, (2.7) | MariAGE. (Médec. Dicte.) Nous ne prenons ici lé mariage que dans le point particulier de fon Exé- éution phyfique , de fa confommiation, où les deux fexes'confondus dans des embraflemens mutuels, goûtent des plaifirs vifs & permis qui font augmen- tés & terminés par l’éjaculation réciproque de la femence, cimentés & rendus précieux par la foi- mation d’un enfant: Ainfñi nous n’envifagerons Le mariage que fous le point de vüe où il eft fynonyme à coë ; & nous avons à deffein renvoyé à cet article prélent tout ce que nous avions à dire fur cette matiere; parce que le mariage regardé comme convention civile, politique, religieufe, eft fuivant les mœurs, les préjugés , les ufages, les lois, la religion reçue, le feul état où le coit foit permis, la feule façon d’autorifer & de légitimer cette aétion naturelle. Ainf toutes les remarques que nous aurons occa- fion de faire ici fur le mariage, ne régatderoient chez dés peuples qui auroient d’autres mœurs, d’autres coutumes, une autre religion, &c. que l’ufave du coù ou l’aété vénérrien. En confécquence 8 nous comprenons le mariage dans la clafle des cho- {es non naturelles, comme une des parties de la diete où de la gymnaftique. On peut confidérer dans le mariage ou le coër légitime, 1° l’excrétion de la femence, 2° le méchanifme de cette excré- tion, 3° les plaïfirs qui y font attachés, 4° enfin, les fuites particulieres qu’elle a dans les femmes, favoir, la groffeffe & l'accouchement : c’eft de l’exa- men comparé de ces différentes confidérations qu'on doit déduire les avantages où les incon- véniens du 7zariage. [°. Toute fecrétion femble, dans l’ordre de la nature, exiger & indiquer lPexcrétion de l'humeur féparée; ainfi l'excrétion de la femence devient, fuivant ces mêmes lois, un befoin, & fa retention un état contre nature, fouvent caufe de maladie, : Jorfque cette humeur a été extraite, préparée, tra- vaillée par les tefticules devenus acufs, &c qu'elle à été perfetionnée par fon féjour & fon accumu- ation dans les véficules féminales. Alors les par- ties-organes de cette excrétion en marquent la né- ceffité par un accroiffement plus prompt, par une demangeaifon continuelle, par un feu fecret, une ardeur qui les embrafe, par des éreétions fréquen- tes involontaires. De-là naïffent ces defirs violens, mais indéterminés, cet appetit naturel qu'on vou- | droit fatisfaire; mais quelquefois on n’en connoit | pas les moyens, fouvent on n’ofe pas les em- | ployer. Toutes ces fenfations inaccontumées atti- | rent, occupent , abforbent l’efprit, en alterent les ; fon@ions; plongent le corps dans un état de lan- gueur infupportable, jufqu'à ce qu'inftruit par la nature, On ait recours au remede fpécifique en | fe mariant, ou que la pléthore de femence portée à un point excefhf, n’en détermine Pexcrétion ; mais | il arrive quelquefois que, par un féjour trop long ! elle s’altere, fe corrompt, & occafionne des acci- dens trèsfâcheux. Les hommes plus libres, moins retenus, peut-être moins fenfbles, font moins in- -commodés que les femmes; il eft rare que leur ef- prit en foit dérangé. Le plus fouvent on n’obferve “dans ceux qui gardent févérement la continence, M AR qué des priapifmes , des demangeaifons affrenfes ; des tumeurs dans les tefticules, &c. accidens légers que l’évacuation de la femence fait ceffer à l’inftant, Les filles dans qui les aiguillons font plus préco- ces & plus preffans, les pafñions plus vives, la re- tenue plus néceffaire, font bien plus incommodées de la trop longue réténtion de la femence; & ce qui me paroit encore contribuer à augmenter le nom- bre & la gravité des fymptomes qu'attire la priva- tion du mariace , c’eft que non-feulement elles de firent l'évacuation de leur femence; maïs en outre la matrice appete avec avidité la femence de Fhom- ie; &c quand ces deux objets, ne font pas remplis, elles tombent dans ce délire chlorétique, également funefte à la fanté & à la beauté, biens que le fexe regarde comme les plus précieux ; elles deviennent foibles, languiffantes, mélancoliques, &c. D'’au- tres fois au contraire, les impreflions que la fe- mence trop abondante & trop aétive fait fur les organes & enfuite fur l’efprit, fonc fi fortes, qu’elles Pemportent fur la raifon. L’appetit vénérien par- venu à ce degré de violence, demande d’être fatif- fair ; il les jette dans ce délire furieux connu fous le nom de fureur utérine. Dèflors emportées hors d’el- les-mêmes, elles perdent de vüe toutes les lois de la pudeur , de la bienféance , cherchent par toutes fortes de moyens à aflouvir la violence de leur paffon ; elles ne rousiffent point d’attaquer les hom- mes, de les attirer par les poftures les plus indécen« tes & les invitations les plus lafcives, Tous les pra- ticiens conviennent que les diférens fymptomes de vapeurs ou d’affettions hyftériques qui attaquent les filles ou les veuves, font une fuite de la privation du rzariage. On peut obferver en effet que les fem- mes, fur-tout bien mariées , en font ordinairement exemptes; 8e que ces maladies font très-communes dans ces vaftes maïfons qui renferment un grand nombre de filles qui fe {ont obligées par devoir & par état de garder leur virginité. Le mariage eft dans tous ces cas utile, ou même néceflaire pour prévenir tous ces accidens : 1l peut même, quand ils {ont déjà formés, les difiper; & c’eft fouvent le feul fecours dont l'efficacité foit aflürée. Tous les martiaux, les fondans, les foporatifs font ordon- nés fans fuccès à une fille chlorétique. Les Méde- cins font fouvent obligés de faire marier ces ma- lades, 8c le fuccès du remede conftate la bonté du confeil. Il en eft de même de ces filles qui font dans les accès d’une fureurmtérine ; c’eft en vain qu’on les baigne, qu'on les gorge de tifanes nîtrées , d’émulfions, leur délire ne peut s’appaifer que par l’excrétion de l’humeur dont Pabondance & l’a@i- vité l'ont déterminée. Il eft mille occafions où le coït légitimé par le mariage n’eft pas poffible:; & la religion ne permet pas alors d'imirer l’heureufe témérité de Rolfink, qui ne voyant d’autre ref- fource pour guérir une fille dangereufement ma- lade, que de procurer lexcrétion de la femence : au défaut d’un mari, 1l fe fervit dans ce deffein, d’an moyen artificiel, & la guérit entierement. dl A el Ce moyen ne fera peut-être pasgoûté par des cen- feurs rigides, qui croient qu'ilne faut jamais faire un mal dans l’efpérance d’un bien. Je laifle aux théo- logiens à décider, fi dans pareils cas, une pollution qui ne feroit nullement déterminée par le liberti- nage, mais par Le befoin preffant, eft un crime, ou s’il n’eft pas des circonftances , où de deux maux, :, L + . . n il fautéviter Le pire. Il paroiït aflez naturel que dans certains cas extrèmes, on fait céder toute autre confidération à celle de rendre la fanté. H paroït par-là que le mariage, fimplement confi- déré comme favorifant êc déterminant l’excrérion de la femence, eft très-avantageux à l’un & à l’autre fexe. C’eft dansicet état feul'où/la fanté peut être la M AR plus complette, & où elle réfulte de l’exercice, non-feulement pofible, mais a@uel de toutes les fonéhons. Dans tous les temps, les lois politiques fondées fur celles de la nature, ont encouragé le muriage, par des récompenfes ou des diftinéhions accordées à ceux qui en fubifloient le joug, & par des punitions ou un déshonneut qu'elles attachoïent à ceux qui s’y fouftrayoient. La fférilité ou le célibat étoit chez les Juifs une efpece d’opprobre ; les céli- bataires étoient chez les anciens chrétiens, jugés indignes des charges de là magiftrature. Les Ro- mains Couronnoient ceux qui avoient été mariés plufeurs fois. Et d’un autre côté, les Spartiates, euples gonuvernés par-des lois dont la fageffe fera à-jamais célebre, inflituerent une fête où ceux qui n'étoient point mariés étoient fouettés par des femmes : & de nos jours, le célibat n’eft ho- noré que parce qu'il eft devenu un point de reli- gion. L'on a vû cependant le mariage & la fécon- dité excités & récompenfés par des penfons, pat des diminutions d'impôts. Mais comme l’excrétion de femence retenue peut être nuifible , de-même fi elle eft immodérée, elle dévient la fource de maladies très-férieufes. #7. Ma- NUSTUPRATION. Le mariage influe à un tel point {ur la fanté ,que s’il eft modéré, il contribue beaucoup à la rendre floriffante & à l’entretenir, Son entiere privation n’eft pas indifférente ; & fon ufage défor- donné ou fon abus a pareïllement fes inconvéniens; il ne peut produire que des mauvais effets, lorf- qu'il eft célébré à la fuite d’une maladie ; pendant la convalefcence ,après des pertes exceflives, dans un état d'éptufement. Galien rapporte l’hiftoire d’un homme, qui commençant à fe relever d’une “maladie férieufe coucha avec fa femme, & mou- “rut la même nuit. Sennert remarque très-judicieufement que le mariage, très-falutaire à une chlorétique, luidevien- dra pernicieux, s’il y a chez elle un fond de mala- die indépendant, s’il y a une léfion confdérable dans les vifceres. On peut aflurer en général que le mariage eft nuïfible , lorlqu’il n’eft pas déterminé par l’abondance ou l’a@ivité de Phumeur fémi- nale : c’eft ce qui arrive principalement aux vieil- Tards, & aux jeunes gens qui n’ont pas encore atteint l’âge de puberté. Tous les auteurs qui ont écrit fur cette matiere, fe font mis à la torture pour tâcher de déterminer exaétement l’âge le plus ‘propre au martage ; mais on trouye dans leurs écrits ‘beaucoup de variétés. Les uns fixent cetermeà l’âge de quatorze ans; d’autres, fondés fur quelques exemples rarés de perfonnes qui ont eu des en- fans à huit & dix ans, avancent ce terme ; il en ft qui le reculent jufqu’à vingt-cinq ou trente ans. :: Ce défaccord qu’on obferve dans ces différentes dé- cifions, vient de la variété qu’il y a réellement dans la chofe ; car il eft très-certain que des perfonnes {ont en état de fe marier à un Âge où d’autres font _ auffi infenfbles aux plaïfirs de l'amour qu'incapa- bles de les goûter. Le climat , le tempérament, l'édu- ‘cation même, une idiofyncratie particuliere, con- tribuent beauconp aux différences. D'ailleurs il faut fur-tour dans les hommes, diftinguer le tems où la fecrétion de la femence commence à fe faire, de celui où ils font propres à foutenir les fatigues du mariage ; & dans ce cas, le trop de promptitude nuit toujours plus qu'un délai, même poufé trop loin. "Dans les premiers tems de la puberté, la femence eft encore aqueufe, fans force, & fans a@ivité; d’ailleurs repompée dans le fang, elle contribue à ‘Téruption des poils, à la force, à la vigueur mâle ‘qui doit caradérifer l’homme. Le tems auquel il peut la répandre fans danger & avec fuccès, n’eft ‘ point fixé ; il n’y a même aucun figne afluré quille | M AR 117 dénote , f ce n’eft la ceflation de l’âccroilfement ; le bon état des parties de la génération , les érec- ons fréquentes, & les defrs violens. Il ne faut paë confondre ici les defirs ou l'appétit vénériens , qui narffent d'ün véritable befoin, qui font l'effet natu- rel d’une irritation locale, avec ces cupidités folles: ces paflons defordonnées qui provienpent dure imagination déréglée, d’un libettinage Outré qu’on voit fouvent dans des Jeunes gens, trop inftruits avant de fentir,& chez des vieillards qui tâchent de ranitmer leurs feux languiflans. Le tems de la nubilité eft beaucoup mieux marqué dans les fem- mes : il eft pour l'ordinaire plus précoce. L’évacuaz tion menfiruelle eft le figne ardemment defiré qua défigne leur maturité ; & il n'y à point non plus de tems généralement fixé pour cette évacuation, Elle commence plutôt dans les climats chauds dans les villes, dans les tempéramens vifs , bie lieux, Gc. que dans Les climats froids, à là campa- one, & dans les rempéramens mols, pituiteux, éc Le tems qu’elles durent ef a-peu-près le même dans tous les fujets; de facon que celles qui ont com- mencé à être réglées rard, ceffent de même. La cef- fation du flux menftruel eft le figne afluré qui fait connoître que les femmes ne font plus propres au marlage. Les hommes n’en ont d’autres marques que la flaccidité des parties qui en font les inftrumens & l’extinétion des defirs ; ce qui arrive rdiuaitél ment lorfque le froid de la vialleffe vient glacer les membres, & que le corps defléché commence à décroître ; mais la vieillefle vient plus où moins promptément dans les différens fujets. C’eft fans railon que quelques auteurs ont prétendu en dé- terminer le commencement À cinquante ou foixante ans ; On voit tous les jours des perionnes épuifées par les débauches, avoir avant cet âge toutes les incommodités d’une vieilleffe avancée ; tandis que d’autres ayañt vécu dans la fobriété, fatisfont avec modération à tous leurs befoins,& ne laiffent pas d’ê tre jeunes, quoique chargés d’années : ils {ont lono= tems capables de donner, même dans l’Âve qui chez quelques-uns eft viellefle décréyite, des marques inconteftables de virilité. Il n’eft pas râre de voir des {éxagenaires avoir des enfans : il y a même des exemples d'hommes qui font devenus peres à quatre= vingt-dix & cent ans, Uladiflas roi de Pologne ft deux garçons à l’âce de juatre-vingt-dix ans. Féix Platérus raconte que fon grand-pere engendra à cent ans. Hoffman fait mention d’un homme qui à l’âge de cent deux ans a Eu un garçon, & deux ans après une fille, Ces faits, quelque poffibles qu'ils foient , font toujours furprenans, & par-là même douteux, d’au- tant nueux qu'ils ne font pas fufceptibles de tous les genres de preuves, & qu'ils ne font fondés que fur la fragile vertu d’une femme mariée À un vieil. lard ; 1ls ne peuvent manquer de trouver des incré- dules, perfuadés que fouvent on eft entouré d’en- fans dont on fe croit le pere: Ce qui peut cepen- dant en augmenter la vraiflemblance, c’eit qu’on a vu des femmes, déjà vieilles à l’âge de foixante ans, dévenirenceintes & accoucher heureuiement. Ainfi on doit défendre le mariage aux hommes qui font réellement vieux, à ceux qui n'ont pas at- teint l'âge de puberté, à ceux en qui elle ne s’eft Pas manifeftée par les fignes expofés ; il ft même plus prudent d'attendre éncore quelques années ; il eft rare qu'avant vingt ans un homme puife fans danger {ubir le joug d’un mariage continué ; 8 à- moins de maladie, à vingt-cinq ans il peuütien fou tenirles fatigues prifes avec modération. Une fille Pourroit être mariée dès l’inftant qu’elle a eu fes : regles ; Pexcrétion de la femence qui eft tiés-peute ne l’affoiblit que très-peu ; mais 1l y a d'autres con- fidérations tirées de l’état de sroffeile 8 de l’accous L] 119 MAR chement , qui demandent du délai. Cependant fi quelques accidens furvenoient dépendans de la pri- vation du mariage , il faudroit fans crainte des êve- nemens l’accorder aufli-tôt: rarement on eft incom- modé de ce que la nature demande avec empreffe- ment. Un medecin fage & prudent peut dans pareils cas trouver des expédiens , 6 les combiner de façon qu'il n’en réfulte que de l’avantage. Il, Le méchanifme de l’excrétion de la femence, c’eft-à-dire l’état de conftriétion, de refferrement , de faififlement général qui la précede ; l’accompagne &c la détermine, mérite quelques réflexions parti- culieres : il eft certain que toute la machine concourt à cette évacuation, tout le corps eft agité de mou- vemens convulfifs ; & c'eft avec raifon que Démo- crite a appellé le mariage dans le fens que nous le prenons , une épilepfe paflagere ; il n’eft pas dou- teux que cette concuflion univerfelle ne foit très- propre à ranimer la circulation engourdie , à réta- blir une tranfpiration dérangée, à diffiper certaines affe@tions nerveufes ; elle porte principalement fur les nerfs & fur le cerveau. Les medecins obferya- teurs rapportent plufieurs exemples de goutte, d’é- pilepfe , de pafion hyfterique, de maux d’eftomac habituels, de veilles opiniâtres diffipées par le 77a- riage ; & nous lifons dans Pline qu'un medecin avoit éprouvé l'efficacité de ce fecours dans le traitement &c la guérifon des fievres quartes; cependant il faut obferver que la laffitude & la foibleife fuivent cet exercice, que le fommeil doux & tranquille qui {uc- cede, en eft fouvent l'effet qu’on a vü quelquefois Pé- pilepfe paflagere de Démocrite continuer & devenir très-réelle. Un homme , au rapport de M. Didier, avoit un violent paroxifme d’épilepfie toutes les fois qu’il remplifoit le devoir conjugal. Cette vive émotion eft très funefte à ceux qui ont eu des blef- fures, qui ont fouffert des hémorragies confidéra- bles : elle peut faire rouvrir les vaifleaux par lef- quels hémorragie s’eft faite, donner aux plaies un mauvais caraere, occafonner quelquefois des mé- taftafes dangerenfes , &c. Fabrice de Hilden raconte qu’un homme à qui on avoit coupé la main gauche, voulut lorfque la bleflure fut prefque suérie, pren- dre avec fa femme les plaifirs autorifés par le r7a- riage: ceHe-ci inftruite par le chirurgien, refufe de fe prêter aux inftances de fon mari, qui dans les efforts qu'il fit pour la vaincre, ne laïfla pas d’éja- culer: à l’inftant la fievre fe déclare ; il furvient des délires, des convulfions , & le malade mourut au quatrieme jour. Obf. chirurgicales, centurie v.xxv. Ii. Si les plaifirs du rartage ont quelqu'inconvé- nient, c’eft d’exciter par cet attrait puiffant à en faire un nfage immodéré, & à tomber dans les acci- dens qui fuivent une trop grande excrétion de fe- mence : ainf ces plaifirs font une des premieres cau- fes des maladies qu’excite l'excès dans le mariage ; mais ils en font en mème tems lantidote, & l’on peut aflurer que plus les plaifirs font grands, moins l'abus en eft nuifible. Nous avons déja remarqué après Sanétorius, dans un autre article, voyez Ma- NUSTUPRATION , que cette joie pure, cette douce _confolation de l’efprit qu’entrainent les plaifirs atta- chés au ariage , rétabliffent la tranfpiration du cœur, fervent infiniment à diminuer la foibleffe, la langueur qui fans cela fuivroient l’excrétion de la femence, & contribuent beaucoup à la prompte ré- _paration des pertes qu’on vient de faire ; il n’eft pas douteux quelles bons effets produits par le zrartage, ne dépendent principalement des plaifirs qu'on y _ goûte, & du contentement mexprimable d’avoir . fatisfait une pafñon, un appétit qui faifoit naître des P | . defirs violens. Eft:il poffible de concevoir un état plus favorable à homme que celui du plaifir? La … férénité eft peinte fur fon front, la joie brille dans MAR fes yeux, fon vifage frais & coloré annonce une. fatisfa@ion intérieure; tout le corps eft agile & dif- pos , les mouvemens s’exécutent avec prefteife ; exercice de toutes les fon@ions eft facile ; la tranf- piration eft augmentée ; les mouvemens du cœur {ont libres & uniformes Cette fituation du corps n’eft-elle pas le plus haut dégré de la fanté? n’a-t- on pas eu raifon de regarder dans tous les tems ces plaifirs comme le remede le plus afluré contre la mélancolie ? Ÿ at-il en effet rien de plus propre à difiper la trifteffe &c la mifantropie qui en font les cara@eres; c’eit dans cette idée qu'on avoit donné à la courtifanne Neëa le furnom d’Azricyre, ile cé- lebre par fa fertilité en hellébore, parce qu’elle avoit un fecret plus affuré que ce remede fameux, dort l’efficacité avoit été conftatée par la guérifon radi- cale de plufieurs mélancoliques. Les perfonnes du fexe , plus fenfbles aux impref- fions du plaïir, en reffentent aufli davantage les bons effets. On voit des chlorétiques languiflantes, malades, pâles , défigurées, dès qu’elles font ma- riées, fortir rapidement de cet état de langueur , ac- quérir de la fanté, des couleurs, de l’embonpoint , prendre un vifage fleuri, animé ; il y en a même qui naturellement laides, font devenues après le r4- riage extrèmement jolies. L'hymen fit cette heureufe _métamorphofe dans la femme d’Arifton, qui fui- vant ce qu’en raconte Paufanias, furpafloit étant vierge , toutes les filles de Sparte en laideur, &c qui dès qu’elle fut femme, devint fi belle, qu’elle auroit pü difputer à Hélene Le prix de la beauté. Georges Pfaalmanaazar aflure que cette métamor- phofe eft affez ordinaire aux filles de fon pays de l'île Formofe ; Les femmes qui ont goûté ces plaïfirs en fupportent bien plus impatiemment la privation que celles qui ne les connoiffent pas par expérience. Saint Jerome &c faint Thomas ont avancé oratuite- ment que les filles fe faifant une idée trop avanta- geufe des plaifirs du wariage , les fouhaitoient plus : ardemment que les veuves. La fauffeté de cette af- fertion eft démontrée par une obfervation fréquente, qui fait voir que les accidens , les fymptômes d’hyf- téricité font plus multiphiés, plus fréquens & plus graves chez les veuves que chez les filles ; on pour- roit auf fixer, s’il en étoit beloin, un argument de quelque poids, de la façon dont les unes èc les au- tres {e conduifent. IV. Enfin la grofleffe & l'accouchement font les dernieres chofes qu’il y ait à confidérer dans le 7a- riage ; ce font des fuites qui n’ont lieu que chez les femmes ; quoique la grofieffe foit d’abord annoncée & fouvent accompagnée pendant plufieurs mois de beaucoup d'incommodités , il eft rare qu’elle foit nuifible ; le cas le plus à craindre eft celui des mala- dies aiguës qui peuvent fe rencontrer dans ce tems ; Hippocrate a décidé mortelles les maladies aiguës qui furviennent aux femmes enceintes , & il eft cer- tain qu’elles font très-dangereules ; maïs du refte tous les accidens qui dépendent de l’état même de groflefle , tels que les vomiflemens , les dégoûts , les fantaifies , les veilles, 6:c. fe diflipent après quel- ques mois, OÙ d'eux-mêmes ou avec une fagnéesz & quand ils perffteroient juiqu'à l'accouchement, ils n’ont ordinairement aucune mauvaife fuite ; on peut même avancer que la groffefle eft plütôt avan- tageufe : les femmes qui paroiffent les plus foibles , Janguiffantes, maladives, font celles fouvent qui s’entrouvent mieux; ces langueurs , ces indifpofi= tions {e diflipent. On voit aflez fréquemment des femmes qui font prefque toujours malades , hors le tems de leur groffefle; dès qu’elles font enceintes, elles reprennent la fanté, & rien ne peut l’altérer, ni la fufpenfon de l’évacuation menftruelle , ni le poids incommode de l'enfant; ce qui paroit vérifier, MAR laxiome reçu chez le peuple que la groffefe purse, & que lPenfant attire les mauvailes humeurs, D’un autre côté , les femmes ftériles font toujours valétu- dinaires, leur vie n’eft qu'un tems d’indifpoñitions. I y a lieu de penfer que le dérangement qui empé- che la fécondité, y contribue auf en quelque chofe ; il n'en eff pas de même de l’accouchement , qui dans Pétat le plus naturel, ne laifle pas d'exiger un travail pémble, d’affoiblir confidérablement , & qui peut par la moindre caufe , devenir laborieux & amener un danger preflant. Les femmes qui ont fait beau- coup d’enfans font plütôt vieilles, épuifées ; elles ne vivent pas longtems , & font aflez ordinairement fujettes à beaucoup d’incommodités ; ce qui arrive bien plus furement f elles ont commencé trop jeu- nes à faire des enfans. D'ailleurs les accouchemens font encore dans ce cas-ci bien plus difficiles , les parties de la génération ne font pas aflez ouvertes, aflez fouples ; elles ne prêtent pas aflez aux efforts que l’enfantfait pour fortir; l'accouchement eft bien plus laborieux, & les accidens qui le fuivent plus graves. Cette feule raifon fufit pour déconfeiller le mariage aux perfonnes trop jeunes , à celles qui font trop étroites, Il y a aufli des femmes encore moins propres au mariage , chez qui quelque vice de con- formation rend l'accouchement extrèmement dan- gereux ,ou mêmeimpoflble. Telles font les boffues, qui à caufe de la mauvaife ftruéture de la poitrine , ne peuvent pas faire les efforts fufifans pour chafler le fœtus ; il m’eft pas rare de les voir mourir fuc- combant à ces efforts ; il en eft de même des phthif- ques, qui ont la refpiration fort gênée , & peu pro- pre à fouffrir & à aider le méchanifme de laccou- chement. Ces perfonnes rifquent non-feulement leur fanté & leur vie en contraétant le mariage, mais en- core fe mettent dans le cas de donner le jour à des malheureufes créatures , à qui elles tranfmettent leurs mauvaifes difpofitions , & à qui elles prépa- rent par-là une vie des plus defagréables, 11 arrive quelquefois que des femmes dont la matrice eft mal conformée , deviennent enceintes ; mais quand le terme de accouchement eft venu , le fœtus ne trouve point d'iflue , l'orifice de la matrice eft de travers, tourné en arriere, de côté ; il ne répond point au conduit & à l'ouverture du vagin, ou bien il eft en- tierement fermé par quelque cicatrice ou par quel- que indifpofition naturelle. Il faut pour lors en ve- nir à l'opération céfarienne , cruelle reflource , mais indifpenfable , & préférable à l’expédient furement mortel de laiffer Le foetus dans la matrice , cert4 defe Pératione potior eff incerta falus : d’ailleurs on peut efpérer de fauver l'enfant , & la vie de la mere qui éprouve cette opération, n’eft pas entierement dé- fefpérée ; autrement on abandonne la mere & l’en- fant à une mort inévitable. Lorfque ces vices de conformation font connus , ils doivent être des mo- tifs affez preflans pour empêcher les femmes de fe marier ; ce n’eft ni dans l’excrétion de la femence, n1 dans la groffefle qu’eft Le danger ; maïs il eft afluré à laccouchement. Ainf le mariage peut être très- falutaire à certains égards, & nuifñble confidéré dans d’autres ; on voit par-là de quelle importance il eft d’en bien examiner & d’en comparer l’aéion, les effets & les fuites dans les différens fujets pour en tirer des regles de conduite avantageufes, Il nous paroit inutile de chercher dans l’état de nourrice de nouvelles confidérations, quoique lallaitement de l’énfant paroifle exigé par la teñndreffe maternelle , confeillé par la nature, indiqué par la fecrétion du lait, par les rifques qu'on court à le difiper , & la fievre qui s’excite pour le faire perdre : c’eft une chofe dont on peut fe difpenfer, & nous voyons tous les jours les perfonnes riches fe fouftraire à ce devoir , moins par la crainte d’altérer leur fanté : MAR 119 que dans la vue d'éviter les peines , les embarras A les veilles , que l’état de nourrice occafonne fure_ ment, On croit aflez communément que les perfon- nes délicates, Qui ont la poitrine foible , le peuvent pas nourrir fans s’incommoder ; c’eft une regle affez reçue chez le peuple , que l'allaitement ufe > épuife, qu'il deffeche la poitrine ; on peut aflureér que de toutes les excrétions, c’eft celle du lait qui affoiblit le moins. Cette humeur préparée fans dépenfe, pref- ie point animalifée ,peut être répandue même en très-grande quantité, fans que le corps s’en reffente aucunement ; & cela eft fur-tout vrai pendant la pre- miere année qui fe pale après l’accouchement. Lorf. que le lait devient vieux, il eft plus lymphatique, moins propre aux enfans nouveatknés , {on excrétion eft plus forcée , & par conféquent plus fenfible dans la machine. Je fuis très-perfuadé que des femmes qui continuent par l’apêt du gain, trop longtems, le métier de nourrice , rifquent beaucoup de s’incom- moder , & nuifent confidérablement aux enfins qu'elles allaitent ; mais ce qui prouve encore mieux que l’état de nourrice contenu dans les juftes bor- nes , n'a pouf l'ordinaire aucun inconvénient, au- cune fuite facheufe , & qu'il eft plütôt falutaire > c’efl qu'on voit prefque toujours les nourrices frai- ches, bien portantes, ayant très-bon appétit, & Joui- fant de beaucoup d’embonpoint ; mais quand même il feroït vrai que l'alaitement pât altérer la fanté, il ne pourroit pas être un motif fufifant pour empê= cher un mariage , d’ailleurs falutaire, par la feule rai- fon que les femmes n’y font pas indifpenfablement aflervies. (#1) MARIAGE , (Soierie. ) il fe dit de deux fils tordus enfemble qui faifoient {oraire. MARIAME , 04 MARIAMME, felon Arrien, & Marriammia par Etienne le géographe, (Géopr. anc.} ville ancienne de Phénicie “an, la Cafotide , felon Ptolomée, Z. F. c. xy. elle a eté épifcopale. Pline en appelle les habitans Marriammitani. MARIANA, ( Géogr.) ville & colonie romaine de l'ile de Corie , ainfi nommée de la colonie que Marius y mena, comme Seneque & Pline nous l'ap- prennent. On voit encore les ruines de cette ville Le qui portent toujours fon nom. Elles font dans la par- tie feptentrionale de l’île, à trois milles de fa côte orientale. MARIANDYNIENS , Mariandyni, (Géogr. anc. ) ancien peuple d’Afie dans la Bithynie ; ils habitoient aux environs d'Héraclée, entre la Bithynie & la Pa- phlaponie , & donnoient le nom au golfe où tombe le fleuye Sangar. Ce furent eux Qui adopterent les premiers, & communiquerent le culte d’Adonis à toute l’Afie mineure. MARTANES , (LES ÎLES) autrement LES ÎLES DAS VELAS , LES ÎLES DES LARRONS, ( Géogr. ) îles de Océan oriental , à l'extrémité occidentale de la mer du Sud. Elles occupent un efpace d'environ cent lieues, depuis Guan, qui eft la plus grande & la plus méridionale de ces îles, jufqu’à Urac, qui eft la plus prochs du tropique. Magellan les découvrit en 1521 , & Michel Lopez de Legafpi fit la cérémonie d'en prendre pofleflion en 156$, au nom de Phi- lippe fl. roi d'Éfpagne, Enfin en 1677 les Efpagnols, à la follicitation des Jéfuites , fubjuguerent réelle- ment cesiles , dont le P. de Gobien a fait l’hiftoire à fa maniere. Elles étoient fort peuplées avant l’ar- rivée des Efpagnols ; on dit que Quan, Rota, & Ti- nian, quifont les trois principales îles Marianes, con- tenorent plus de cinquante mille habitans. Depuis ce tems-là Tinian eft totalement dépeuplée , & on n’a laiflé que deux ou trois cens Indiens à Rot: pour cultiver le riz néceflaire à nourrir les habitans de Guan ; enforte qu’il n’y a proprement que cette der- mere ile qu'on puifle dire habitée, & qui toute en- 120 MAR ticre, contient à peine quatre mille ames en trente lieues de circuit, On peut en croire le lord Anfon, qui y étoit en 1746. Cependant les montagnes des iles Mariannes, char. gées d’arbres prefque toujours verds, & entrecou- pées de rufleaux qui tombent dans les plaines, ren- dent ce pays agréable. Ses infulaires font d'une grande taille, d’une épaiffe &c forte corpulence , avec un teint bafané, mais d’un brun plus clair que celui des habitans des Philippines. Ils ont la plüpart des cheveux crépus, le nez &c les levres grofles. Les hommes font tout nuds, & les femmes prefqu’entie- rement. [ls font idolâtres , fuperftitieux, fans tem- ples, fans autels, & vivent dans une indépendance abfolue. On compte douze où quatorze f/es Marianes fituées du 14 au 20 degré de ati. feptent. Le P. Morales, jéfuite , en a évalué la poftionfeulement pareftime ; mais voyez la carte de la partie feptentrionale de l'O- céan paciñque, que l’amiral Anfon a jointe à fon voyage. MARTANUM, PROMONTORIUM (Géogr.anc.) promontoire de l’île de Corfe, felon Ptolomée, d. IIT. c. ir. qui le place à l'extrémité de la côte oc- cidentale, en tirant vers le midi. Ce promontoire s'appelle à préfent , 2! Capo di cafa Barbarica. _ MARTANUS ,Imons ( Géogr. anc. ) montagne d'Efpagne que Ptolomée, /. II. c. iv. place dans la Bétique. On convient que ce font les montagnes de Sierra-Morena. On lit Ariani au lieu de Marian: dans - quelques exemplaires de Pline. Le manufcrit de la bibliotheque royale écrit Mareni montes ; le nom mo- derne las Areas Gordas, qu’on donne au pays, ap- proche fort de celui du manufcrit. MARICA ,. (Mychol.) déefle de Minturne. Il-en eft parlé dans le feptieme livre de lEnéide : Er Nymphé genitum Laurente Marica. Servius dit fur ce paflage : e/? autem Marica , Dez lictoris Minturnenfium , juxta Lirim fluvium. Elle avoit un bois facré qui menoit de Minturne à la mer. On prétend que Marica eft la même que Circé, parce qu'à l'égard de fon boïs facré , on obfervait la loi de ne laifler rien fortir de tout ce qui y étoit entré, idée qu'on prit en faveur de Circé, pour compatir à la douleur de cette déefle au fujet de Pabandon d’'U- lyfe. ManrtcA SYiV A, ( Géog. anc.) bois ou forêt d’I- talie, dans la Campanie, fur le chemin de Suefla Aurunca. Cette forêt étoit dans le voifinage de la ville de Minturne , vers l'embouchure du fleuve Liris. Tite-Live appelle cette forèt, Marice lucus , bois facré de Marica | parce qu’on lui portoit une véné- ration fingulhere , & qu’on obfervoit fur-tout avec Loin , de n’en laïffer rien fortir de tout ce qui y étoit entré. On juge de cet ufage, que la nymphe Marica , qui préfidoit à ce bois , étoit la même que Circé ; & la coutume de ne laïffer-rien {ortir de fon bois, s’é- toit fans doute établie, pour compätir à la douleur qu'éprouva cette déefle, de la défertion d'Ulyfle. D'ailleurs, La@tance nous dit pofñtivement que Cir- cé fut appellée Marica après {a mort. Ainf c’eft de Circé qu'il faut entendre ce vers du VII. livre de l’'E- néide : Hunc fauno & nymphé genitum leurente Maricà LACCepITIus. . 11 y avoit auprès de fon bois un marais , nommé par Plutarque Marice paludes. C’eft dans ce marais que Marius vint fe cacher , pour éviter les gens de Sylla qui le pourfuivoient. Il étoit alors âgé de plus üe 7o ans, &c pañla toute la nuit enfeveli dans la bourbe, À peine en fortoit-il au point du jour , pour gagner Îles bords de la mer, & pour s’embarquer ; qu'il fut reconnu par des habitans de Minturne, êc mené par eux en prifon dans leur ville, la corde au cou , tout nud & tont couvert de fange. Lui, Ma- nus, ainf conduit ! Oui, Marius lui-même , qui avoit été.fix fois conful , & qui quelques années au- paravant s’étoit vu le maître d’une partie du mon- de. Exemple mémorable de linflabilité des gran- deurs humaines ! Nous verrons la fuite non moins finguliere de cet événement, à l’article MINTurNe. (D. 1.) . MARICEHS , où Merifch, ( Géogr. ) riviere de la Tranfylvanie. Elle a fa fource dans des montagnes au nerd de cette province , court du nord au fud, enfuite de left à l'oueft, & fe décharge dansla Teyf- fe auprès de Seyedin. Cette riviere eft le Marifus de Strabon, le Marus de Tacite, & le Maris d'Hérodo- te. Dansla fuite on lui donna lenom de Muriffus, 8c les Hongrois l’appellent à préfent Maros.( D. J.) MARICI ; ( Géogr. anc. ) peuples d'Italie, qui, felon Pline, bâtirent la ville de Ticezum. Merula prétend qu'ils avoient leur demeure aux environs d'Aléxandrie de la Paille, ( D. J.) MARIDUNUM ; ( Géogr. anc. ) ville de l’île d'Albium, que Ptolomée donne aux Démetes : c’eft la même ville que l’itinéraire d’Antonin nomme Âe- ridunum. On croit que c’eft aujourd’hui Cacrmarther. (D.J.) MARIE , Chevaliers de fainte Marie , ( Hifi. mod.) c'eft le nom de plufeurs ordres de chevalerie , comme Sarre Marie du Chardon. Voyez CHARDON, Sainte Marie de la Conception. Voyez CONCEPTION. Sainte Marie de Elephant, Voyez ELEPHANT. Sair- te Marie & Jefus , fainte Marie de Lorette, fainte Marie de Mont-Carmel, Voyez CaRMEL. Sainte Ma- rie de Teutonique. Voyez TEUTONIQUE, Éc, MAR1Eaux Mines, fainte, on MARKIRCK; ( Géogr. ) petite ville de France dans la haute-Al- face. La riviere de Lebel la partage en deux. Ellea pris fon nom de quelques pauvres mines d’argent , qu'on a cru admirables. Longir. 25, 2. anis. 48. 16. CEE) MARIE, SAINTE ( Géogr. ) ville d’Efpagne dans l’Andaloufie , fur la Guadalété, à 4lieues N. E, de Cadix, 4 S. O. de Xérés de la Frontera, Long, 12. 2, lat. 36. 35.( D.J.) MARIE, SAINTE ( Géogr. ) ville de PAmérique méridionale dans ? Audience de Panama. Elle fut bâ- tie par les Efpagnols lorfqu’ils eurent découvert les riches mines d’or qu’elle a dans fon voifinage. Les Anglois la prirent quelque tems après. Elle eft au fond du golfe de faint-Michel , à l'embouchure de la riviere de fainte-Marie, qui eft navigable, &c la plus large de celles qui fe jettent dans ce golfe. Long. 299. 2 1at 7 (CD TA) MARIE , SAINTE ( Géogr. ) ville de l'Amérique dans la province de Mariland , fur la riviere de faint- Georges. Elle appartient aux Anglois , &c eft la de- meure des principaux officiers de ce canton. (D. J.) MARIE, SAINTE ( Géogr. ) ile de l'Océan, aux environs de l'Afrique, à $ nulles de Madagafcar. On lui donne 11 lieues de long fur 2 de large. Son terroir fertile eft femé de riz , eft coupé de petites ri- vieres ; && bordé de rochers. Il y pleut prefque tou- jours. On trouve fur fes côtes du corail & de Pam bre gris. Elle n’eft habitée que par 4 ou 500 negres. Long. 63. lat. mérid.16, 30. (D. J.) MaRiE , SAINTE ( Géogr.) petite ile d’Angleter- re, la principale des Sorhingues , avec un bon ha- vre. Elle a 3 lieues de tour. Long. 114, 26. las, 50.2, (D, J.) MARIES , ff. ( Hiff. mod. ) fêtes ou réjouiflan- ces publiques qu’on faifoit autrefois à Vénile, & dont on tire l’origine de ce qu'antrefois les Ifiriens, ennenus M A R ennemis des Vénitiens , dans une courfe qu'ils firent fur les terres de ceux-ci, étant entrés dans l’églife de Caftello ; en enleverent des filles aflemblées pour quelque mariage , que les Vénitiens retirerent de leurs mains après un fanglant combat. En mémoire de cette aétion , qu s’éroit paflée au mois de Fé- viier , les Vénitiens inftituerent dans leur ville la fête dont il s’agit. Only célébroit tous les ans Le 2 de - Février, & cet ufage a fubfifté trois censans, Douze jeunes filles des plus belles, magnifiquement parées, accompagnées d’un jeune homme quirepréfentoit un ange , couroient par toute la ville en danfant ; mais les abus qui s’introduifirent dans cette cérémonie, la firent fupprimer. On en conferva feulement quel- ques traces dans la proceffion que le doge & les féna- teurs font tous les ans à pareil jour , en fe rendant en troupe à l’églife de Notre - Dame, Jean-Baptifte Egnat. exempl, 1lluff, vire. MARIÉE , RIME ( Poéf. franç. ) on appelle en termes de poëfie françoife des rimes marices | celles qui ne font point féparées les unes des autres , dont les deux mafculines fe fuivent immédiatement, & les deux féminines de même , telles qu’on les voit dans les élégies & le poëme épique. Corneille dit dans fon examen de l’Andromede, qu'il fe gliffe plus d’autres vers en profe, que de ceux dont les rimes font toujours rrariées. Je ne fai fi Corneille ne fe trompe pas dans fon jugement : quoi qu'il en foit, les rimes mariées s'appellent autrement des rires pla. res, ( D.J.) MARTÉE , o4 JEU DE LA GUIMBARDE, le nom que porte ce jeu marque aflez l’enjonement & les di- vertiflemens qu'il procure. Le mot de guimbarde ne fignifie autre chofe qu’une danfe fort amufante , & remplie de poftures fort plaifantes. On appelle en- core ce jeu /a mariée, parce qu'il y a unmariage qui . en fait l'avantage principal. On peut jouer à ce jeu depuis cinq jufqu’à huit perfonnes & même neuf, Si l'on eft huit ou neuf, l’on prendra un jeu de cartes entier ; mais fi l’on eft que cinqoufix, l’on ôtera jufqu’aux fix ou fept, pourvu qu’il refte aflez de car- tes pour faire un talon de quelque groffeur. Quand On a pris des jettons à un nombre & d’une couleur fixés par les joueurs , l’on a cingpetites boîtes quar- rées ; dont l’une fert pour la gzimtbarde, l’autre pour le roi, l’autre pour le fou , la quatrième pour le ma- riage , 8z la cinquieme. Poyez chacun de ces termes à leur article, Chacun ayant mis un jetton dans chà- que boîte, celui qui doit faire, bat, & donne à cou- per les cartes à l’ordinaire , puis en diftribue cinq aux joueurs par trois & deux, & tourne la premiere du talon quieft la triomphe. Après qu’on a reçu fes cinq cartes & qu'on connoît la triomphe , chacun voit dans fon jeus’il n’a pas l’une des cartes dont nous avons parlé ci-deflus ; s’il a tous ces avantages à la fois , ce qui peut arriver, il tireroit pour fes cœurs , fuppofé que fon point fût le plus haut , la boîte qui lui eftdûe , pour le roi , pour là dame & pour le va- let , leurs boîtes , & l’autre pour le mariage ; mais s'il n'avoit que quelques-uns de ces jeux , iltireroit ce qui eft dû à ceux qu’il auroit, obfervant d’abai. fer fon jeu avant que de rien tirer. Le premier qui eft à jouer commence par telle carte de fon jeu qu’il juge à propos ; le refte fe fait comme à la triomphe, chacun jouant pour foi, & tirant aux mains autant qu'il eft poffible, afin de ga- . gner le fonds. Outre le mariage de la guimbarde , il yen a encore d’autres qui fe font, ou lorfque la dame de quelque couleur que ce foit, tombe fur le roi de cette con- leur > Où lorfqu’ils font tous deux raffemblés dans la même main, Celui qui a un mariage affemblé en jouant les cartes , gagne un jettonfur chaque joueur, excepté de celui qui a jetté la dame ; mais quand-le _ TomX, MAR 121 mariage fé trouve tout fait dans la main , fans qu'il ait été befoin de jouer, perfonne n’eft difpenfé de payer le jetton dû au gagnant : fi ce mariage fe gagne par triomphe ; c’eft-à.dire , fi le roi , la dame d’une même couleur font coupés avec de la triomphe , 1l n'y a que les deux joueurs qui ont jetté le roi & la dame qui payent chacun un jetton à celui qui les a COUPÉS. Il n’eft pas permis d'employer ni la guimbarde , ni le roi, ni fon fou à couper un mariage. Qui a le grand mariage, c’eft-à-dire, la dame & le roi de cœur en main, tire un jetton de chacun en jouant les cartes, outre les boîtes qui leur font dûes féparément , comme premieres triomphes & comme Mariage ; mais quand le roi eft levé par la grimbar- de ; on ne leur en donne qu’un , non plus que pour le fou , qui fe paye au contraire lui , lorfque le roi ou la guimbarde V’ont pris fur le jeu. Les mariages ne fe font en jouant , que lorfque le roi & la dame de même couleuf tombent immédiatement l’un après l'autre, autrement le mariage ne vaut pas. Mais celui qui à la dame d’un roi joué, ne peut la retenir fous peine de payer à chaque joueut un jetton, pour avoir rompu le mariage. Celui qui renonce doit le même droit aux-joueurs, ainfi que celui qui pou- vant forcer ou couper une cartejonée, ne le fait pas. Celui qui donne mal eft condamné à payer an jetton à chacun, &c à refaire. Si le jeu eft faux, le coup n’eft bon que lorfqu’il eft achevé. Les précédens paf- fent comme tels. Il n’eft pas permis de jouer à la guimbarde avant fon tour, fous peine d’un jetton d’a- mende pour chaque joueur. MARIEN , ( Géogr. ) c’étoit un des cinq royau= mes qui compofoient l’ile Hifpaniola , lorfque Chrif= tophe Colomb la découvrit. ( D. J.) MARIENBERG , ( Géogr. ) ville d'Allemagne en Mifnie , au cercle d’Erfibourg , près d’Anneberpg. Les mines d'argent qui font dans le voifinage ont été caufe de fa fondation , par Henri, duc de Saxe , en 1519. Elle eft entre des montagnes , à 10 lieues de Dreide , & appartient à Péleéteur de Saxe. Longied 31.27. lat. $1. 10. (D, J.) MARIENBOURG , ( Géogr. ) petite ville démen telée des pays-bas françois , dans le Haïnault , au pays d’entre Sambre & Meufe. Elle avoit éré bâtie en 1542 par Marie, reine de Hongrie, fœur de Char- les-quint. Elle eft à 4 lieues de Rocroy. Long. 22,5, lat. 50. 4.( D.J.) 'MARIENBURG, ( Géogr. ) ancienne & forte ville de la Pologne , dans la Pruffe royale, capitale du Palatinat de même nom, avecunchäteau. Elle a été bâtie par les chevaliers de l’ordre Teutonique. Les Suédois la prirent en 1616 ; mais elle revint par la paix à la Pologne. Elle eft fur un bras de la Viftu- le, appellé Nagor, à 4 lieues S. O. d’'Elbing, 6S. E, de Dantzick. Long. 37.10. la, 54.6, ( D. JT.) MARIEN-GROSCHEN, ( Comm. ) monnoïe d’ar: gent quia cours dans le pays de Brunfvick & de Lu- nebourg , qui fait la trente-fixieme partie d’un écu d'Empire, c’eft-à-direenviron deux fous monnoie de France. MARIENSTADT , en latin Mariffadium ( Géogr. ) petite ville de Suede , dans la Weftrogo- thie , furle lac Wener, à 14 lieues S. E. de Carlef- tadt, 65 S. O, de Stockholm. Long. 32. lat. 38. 38% MARIENTHAL 07 MERGENTHEIM, ( Géogr. ) petite ville en Franconie ; où elle fait la réfidence du grand-maître de l’ordre Teutonique. L'armée de M. de Turenne y fut battue en 1645. Elle eft fur le Tauber , à 6 lieues S. O. de Wurtsbourg , 9 N, de Hall. Long, 27. 24, lat, 49. 354 ( D. J.) MARIENWERDER , ( Géog. ) ville du royaume de Pruffe au cercle de Hockerland ; dans la partie occidentale de la Poméranie , au confluent du Na- Q 122 MAR got & de la Liebe. Long. 37. 10. lat, 33,42. (D.1.) MARI-GALANTE,, {. f. ( Géog. } 1le de l'Améri- que , appartenant à la France ; elle eft fituée au vent de celles des Saintes, à 18 lieues au nord de la Martinique , & à 3 ou 4 de la pointe des falines de la grande terre de la Guadeloupe. Cette ile eft prefque ronde & peut avoir 18 lieues de tour; fes bords font fort efcarpés dans certaines parties, mais les montagnes qui couvrent l’intérieur du pays font moins hautes que celles des hantes îles, la terre y produit du fucre, du caffé, beaucoup de coton & quantité de mays & de légumes , elle n’eft pas bien pouryûüe de rivieres ; à cela près cette île eft très- agréable. | MARIGNAN , (Géog.) Melignanum, petite ville d'Italie, au duché de Milan, remarquable par la viétoire que François I. remporta aux environs de cette place en 1515. fur le.duc de Milan & les Suifles réunis. Marignan eft fur le Lambro , à 4 lieues S. E, de Milan, $ N.E. de Pavie, ; N, O. de Lodi, Long. 26.45. lat, 45. 20. ( D.J.) MARIGOT , {. m. ( Terme de relation. ) Ce mot fignifie en général dans les îles de l'Amérique, ua lieu où les eaux de pluie s’affemblent & fe confer- vent. (D.J.) MARILAND , (Géog.) province de l'Amérique feptentrionale , bornée au fud par la Virginie, E. par l’Océan Atlantique , N. par la nouvelle Angle- terre &c la nouvelle Yorck , ©. par la riviere de Patowmeck. Le golphe de Chofepeak qui eft navigable 70 lieues , & par où les vaiffeaux entrent en Virginie & Mariland, traverfent cette derniere province par le milieu, le terroir en eft très-fertile, on y culti- ve beaucoup de tabac qui eft d’un grand débit en Europe. On y trouve les mêmes animaux , oifeaux, poiflons, fruits, plantes, racines & gommes, qu’en Virginie. Les naturels du pays ont le teint bafané , les che- veux noirs, plats & pendans. Ils font partagés en tribus , indépendantes les unes des autres. Ce que les Anglois poffedent eft divifé en dix cantons, & comme ils ont accordé la liberté de religion à tous les chrétiens qui voudroient s’aller établir à Mari- land , is ont fait en peu de tems de nombreufes re- crues , & des commencemens de villes avantageu- fement fituées pour le commerce. On nomme Sain- Le-Marie, le lieu le plus confidérable & la réfidence : du gouverneur. | Mariano eft fitué , entre le 37° degré so mi- nutes & le 40 de la. feptentrionale. Les chaleurs y font modérées, tant par les vents, que par les pluies, & l'hiver y eft peu durable. (D. J.) Marin, SEL, Voyez MARIN, acide, ( Chimie.) Voyez SEL MARIN. Marin, acide, ( Chimie, ) Voyez à l’article Sex MARIN. Marin , adj. ( Marine ) fe dit d’un homme qui va fur mer , 8 qui eft attaché au fervice de la marine. Marins , CORPS, ( Aufé, nat. Minéralogie ) nom que l’on donne dans l’hiftoire naturelle aux coquil- les, coraux ou lithophytes , aux poiflons, &c. que l’on trouve enfouis & pétnifiés dans le fein de la terre. Voyez l'article FOSSILES. | MARINADE, 1.f. (Cuifine) c’eft une faumure , | ouune fauce, compotée ordinairement de fel, de vinaigre, &c, où l'on ajoute quelquefois un peu d’é- pices; elle fert à affaifonner & à conferver les mets, les fruits, Ge. On prend auf cemot fubftantivement pour un fruit, une racine, une feuille, ou toute autre matiere végétale que l’on a préparés dans uneyrarinade pour s’en fervir comme d’une fauce , &c, Voyez SALADE, On marine avec de l'huile & du vinaigre mêlés MAR enfemble, des artichaux ;. des monfferons, efpece de champignons, des fruits d’épine - vinette, des afperges , desféves, &c. des boutons de genêt , des capres & des olives. Voyez CAPRES, Gc. MARINAÏT, (Géog.) ou MARIANARI où PLANINA montagne de la Turquie en Europe, à lorient de PAlbanie , au midi de la Servie & de la Bulgarie, & au nord de la Macédoine : les anciens l’appel- loient croron ou fcardus. Le Drin, la Morave & le Vardar quieft l’Accius des anciens, y prennent leur fource. (D. 7.) ! MARINE , {,f. (Marine) On entend par ce mot tout ce qui a rapport au fervice de la mer, foit pour la navigation, la conftruétion des vaiffeaux , & le commerce maritime ; foit par rapport aux corps des officiers militaires , 8 ceux employés pour le fer- vice des ports , arfenaux & armées navales : ainfi cet article renvoie à une infinité d’autres qui re= gardent les différentes parties de la wrarine. . L'hiftoire de la marine eft encore un renvoi de cet article, mais qui jetteroit trop loin ; il fuffit d’indi- quer ici quelques livres qui peuvent donner des con- noiflances fur cette hiftoire , tels que l’Æiffoire gènes rale de la marine; Æiffoire navale d'Angleterre , de Le- diard ; Hifloire de la navigation € du commerce des anciens , pat M. Huet ; Differtation concernant la na- vigation des anciens, du chevalier Arbuthnot ; Wy- drographie ; du P. Fournier; De re navali, Laz, Baif; De militié navali veterum , Joannis Cheferi; Orbis maritimi hifloria generalis , C. B. Marifalh, &c. La marine fut prefque oubliée en France après la mort de Charlemagne : depuis ce regne,les feigneurs particuliers avoient leurs amiraux , nommés parri- moniaux. Elle commença à renaître fous S. Lons, le premier de nos rois qui ait eu un officier princi- pal avec le titre d’amiral. La guerre avec l’'Angle- terre rendit la #arine plus confidérable fous Charles. V. par les foins de fon amiral, Jean de Vienne. Les regnes fuivans laifferent la marine dans l'oubli, ainfi que le commerce, dont il r’étoit feulement pas quef- tion ; mais l’un & l’autre reparurent fous le muinif- tere du cardinal de Richelieu , & ont été portés beaucoup plus loin par M. Colbert fous le regne de Louis XIV. | Il y auroit beaucoup de chofes à faire pour la perfeétion de notre marine; l’objet eft important , & nous avons penfé qu’on liroit ici avec plaifir un extrait d’un petit ouvrage fort folide & fort rare, intitulé Réfléxions d’un citoyen fur la marine, Cet ouvrage eft d’un habitant de Dieppe , fils d’un li- braire. Cet enfant, dégouté du métier de fon pere » s’eft fait corfaire , a fervi fur des vaifleaux de roi , a commandé des bâtimens qui lui appartenoient , & parle ici d’une chofe qu'il faït ou qu'il doit fa- voir. Condamné au repos par les pertes qu'il a fai- tes dans cette derniere guerre , il s’eft mis à écrire {es réfléxions & à les imprimer. Il a préfenté fon ouvrage au miniftre quia approuvé fes vies : l’édi- tion en a été fupprimée, & cet extrait eft fait fur un des trois exemplaires qui exiftent. Il ny a point, à proprement parler , de guerre maritime défenfive. ! Dans lestems de guerre » 1l faut que les bätimens foient tous.armés offenfiyement. Sur les mers , on fe cherche fans fe trouver, on fe trouve fans fe chercher. L’audace , la rufe & le ha- fard décident des fuccès. Se contenter de couvrir fes poffeffions, & n’ar- mer qu’à cet effet , c’eft précément jouer avec le hafard de perdre, fans avoir jamais celui de gagner. De la caufe des maladies fur les vaifleaux, 6 des moyens d'y remédier. Onattribue aflez légerement les maladies des équipages , au climat & aux mauvais vivres, TE J'ai fervi, dit l’auteur, fous M. le duc d’Anville ; : dans fon expédition fur les côtes d’Acadie , notre équipage étoit compolé de fix cens hommes. Après un féjour d’un mois dans la baie de Chibouc- ton, aujourd’hui Halifax , à peine reftoit-il affez de monde pour manœnvrer, nous n’étions plus que deux cens en arrivant à Lorient, Ce ne fut point l'influence du climat qui caufa ce ravage, cariln°y eut aucune proportion entre le nombre des officiers malades & celui des matelots. Les vivres n’y con- tribuerent point; car il ne mourut prefque perfonne à bord des vaiffeaux marchands, approvifonnés de 1a même maniere que les vaifleaux de rot. D'où naît la différence ? _1. Du peu de foin qu'on a des équipages à bord des vaifleaux de guerre. 2. Du peu d’aifance forcé par la quantité des do- meftiques , provifions & beftiaux, embarqués pour la commodité de l'état-major. 3. De la malpropreté d’entre les ponts, dont on m'ouvre prefque jamais les fabords, malgré l’air in- fecté par les beftiaux , &c refpiré par ceux que leur trifte fort y renferme. Sans les foins de l'officier , le foldat périroit de mifere. Sans ces foins', le matelot eft encore plus malheureux : 1l reçoit dans les ports fes avances, qu'il difipe. Il s'embarque prefque nud , la punition fuit de près la faute ; mais il n’y a pas de remede, Point de facilité de pourvoir aux beloins , on n’endure pas fans fuite fâcheufe , le froid & la mi- fere. Le fcorbut naît, & fe répand dans tout l’é- quipage. Il faut donc embarquer des hardes, pour en four- nir au matelot. L'écrivain , perfonnage oiïfif , fera note de ce qui lui fera délivré, pour être retenu fur fes gages au défarmement. Il faut au matelot la petite perruque de peau d’a- gneau , la vefte un peu ample , le petit bufle en foubre-vefte , & le manteau à la turque avec le ca- puchon. Un matelot bien équipé néglige de changer de linge & d’habit,fe couche mouillé au fortir du quart, & gagne par {a parefle le fcorbut , comme un autre par manque de vêtement. Dans la rarine françoife | le matelot appartient uniquement à l’état. S'il meurt, il eft remplacé fans qu'il en coute à l’officier ; pourquoi celui-ci veil- lera-t-1l à fa confervation ? Faites des réglemens , tant qu’il vous plaira ; le feul bon, c’eft celui que liera officier par fon inté- rêt, faites donc des La GA matelots. Qu'un mate- lot ne puiffe périr fans qu'il en coute un homme à l'officier de marine, On a trois cens mille hommes de troupes de ter- se. Il faut trente mille matelots ; mais il les fant en- æégimentés. Qu'ils foient répandus dans la Breta- gne , la Provence & le pays d’Aunis , & qu’en un Clin d'œil ils puiflent être raflemblés. Que les compagnies foient recrutées, ou de ma- telots ou de novices. Sur-une compagnie de cent hommes, il faudroit en ordonner vingt-cinq qui n’euflent point navigué. Comme ils travaïlleront dans les ports aux arme- mens , défarmemens & entretiens des navires , 1l leur faut une forte paye. Qu'il y ait des fergens , gens expérimentés dans la manœuvre. Que ces fergens repréfentent à bord les officiers- fMatiniers. Qu'ils ayentinfpeëtion & fur le devoir & fur l’en- -fretien ,; comme il fe pratique dans les troupes de terre. | Que les capitaines gardent leurs compagnies , Tome X. M AR 123 tant qu'ils ne feront que lieutenans dé vaiffeaux, Le foldat de marine eft un peu mieux que le ma- telot, on s’apperçoit qu'il eft protepé ; mais il eft encore mal, Pourquoi? C’eftque l'officicr convaincu qu'on lui retirera fa compagnie, pour peu qu'ilavan- ce , 11s°y regarde comme étranger. Il n'y VOItqu'un moyen d'augmenter fa paye , il fait bien qu'en quel que mauvais état qu’elle foit, fon confrere [a recevra fans difcuter, Qu'on débutepar créer cinq ou fix régimens , comme Je les propole, & l’on verra l’effer de line térêt perfonnel, S'il eft difficile de changer à ce point les ufages, je demande feulement que les commiflaires des clafles faflent des efcouades de huit hommes. Que ces hommes foient commandés par un off cier-marinier. Que.cet officier vifite les hardes avant le départ. Qu'en campagne cette troupe ait fes hamacs tène dus l’un à côté de l’autre. Qu'elle foit tenue proprement ; qu’on rafe ceux qui auront de la vermine ; qu’on fafle changer les hardes, quand elles feront mouillées; qu’on les obli. ge à les mettre au fec ; qu’on leur donne du linge une fois la femaine ; que le linge fale foit lavé ; qu'on faffe des revües ; qu’on punifle les noncha- lans ; qu’au retour, les efcouades foient vifitées par le commuflaire des clafles ; que le commiffaire rende compte au fecrétaire d'état, c. Après l’expédient de l’incorporation , point de plus für moyen de prévenir les maladies. Autre inconvément dans les vaiffeaux de guerre; le gaillard d'avant eft occupé par les cuifines ; le gaillard d’arriere par les gardes marine , les domefti- ques & l'office; l’entreponr,par les canonniers & les foldars ; entre les ponts, des canoniers font à leur aife , les officiers-mariniers enfermés avec de la toi- le ; au nulieu de ces entreponts eft un grand parc aux moutons ; le refte eft pour le matelor, c’eft-à- dire, que Îles trois quarts de l'équipage , la claffe la plus néceflaire , eft entañlée dans la partie la plus étroite & la moins commode de l’entrepont. C’eft de ce lieu auffi dangereux que dégoutant , de cette étuve.qu'il va à la pluie , au vent & à la grêle, fer- rerune voile au haut d’un mât. Quel tempérament peut réfifter à ces alternatives fubites de chaleur & de froid à Joignez à cela les viandes falées , quelquefois le manque d'eau. Si l'on fe propofoit d’engendrer le fcorbut, s’y prendroit-on mieux ? Le poîfte qui convient au matelot eff fous le gail- lard d’arniere ; il eft à portée de fon fervice ; il eft en plein air; plus de vicifitudes extrèmes ; l'office {era auffi-bien entre-pont que fous le gaillard, Que les matelots malades foient defcendus en entre-pont dans un lieu deftiné à cet effet; qu’on écarte de-là les valétudinaires ; que dans ce pofte les fabords puiffent refter ouverts plus long-tems : que fi cela ne fe peut, on y: ouvre deux fenêtres plus élevées ; que les fains & les malades ne reftent plus confondus ; que rien,ne ferve de prétexte au chirurgien; que fes viftes foient exactes ; qu’il foit à portée de reconnoitre les fainéans , &c. Qu'on excite les matelots à l’amufement dans le beau tems ; qu'il y ait toûjours à bord d’un vaifleau quelque inftrument ; celui.qui rira de cette atten- tion, n’a pas d'humanité ; la vie de la mer eft mélan- colique ; la mufique & la danfe font les principaux moyens dans les voyages de la côte de Guinée, . d’entrétenir la fanté des negres. Lorfqu’on fera dans le. cas de retrancher d’eau les équipages, qu’on ordonne. aux capitaines de {e dé- faire des trois quarts de leurs moutons, volailles, Qi 124 MAR fous les peines les plus grieves ; l’aifance de fept à huit perlonnes continuent de condamner à mort ou à la maladie cinq à fix cens hommes non moins utiles. Qu’on tienne la main à l'exécution de l’ordonnan- ce de balayer tous les jours, d'ouvrir les fabords , lorfque le tems le permet ; de laver deux fois le jour les parcs aux moutons, les cages à volailles, Ge. de jetter de l’eau & de frotter foir & matin le dermer pont , les tillacs entre les ponts, &c. Mais encore une fois comment efpérer ces atten- tions, fans l'intérêt perfonnel de l'officier ? Il faut retirer de l’entre-ponit le parc aux mou- tons, loger le bétail en-haut , ou s’en priver. Ce lieu {ert d’afile au grand nombre de l'équipage , & il ne recoit de jour que par les écoutilles. Faites faire branle bas deux fois par femaine , pour laver & frotter plus aifément entre les ponts. Maïs fans un arrangement tendant à intérefler l'officier au falut du matelot , n’attendez pas que ces chofes fe faffent. #1 Du moyen d'avoir des matelots. Je fais ce queje dis : un matelot n’eft pas auff difficile à faire qu'on penfe. Lorfque le cœur eft guéri du mal de mer, ül ne faut plus que quelque tems de pratique ; deux mois pour le tout. or Une galere échoue fur les côtes de l’Italie; les Romains conftruifent des bâtimens fur ce modele : en trois mois des matelots font dreflés ; une flote eft équipée, & les Carthaginoïs battus fur mer. L’art du matelot eft autre chofe à préfent, d’ac- cord ; mais le pis, c’eft que nous ne fommes pas des Romains. Nous avons perdu beaucoup de matelots; ce- pendant il en refte plus qu'il n’en faut pour en former. | Qu'on effaye ce que feront cent hommes de mer, dans un vaifleau de guerre, où le refte de l’équi- page n’aura jamais navigue, en deux mois de croi- fiere, je ne demande quecetems. , Les hommes les moins robulftes font guéris en huit ou quinze jours du mal de mer. | Après ce repos, qu'on fafle monter fans cefle les novices dans les haubans & fur les vergues, avec d’autres qui leur montrent à prendre un ris & à fer- rer une voile. En Dans un autre tems, qu’on leur apprenne à faire dés amarrages. Cela fait, ilne s’agit plus que de les bien com- mander ; mais où prendre ces novices ? dans le tirage d’une milice de jeunes hommes depuis 16 jufqu’à 30 ans, fans égard à la taille. | Pour ne pas dévañter les côtes, faites ce tirage fur toutes les provinces. | Une cinquantaine de corvettes répandues depuis Bayonne jufqu’à Dunkerque, pourroient commen- cer ces novices pendant lhiver. Exercez ceux qu’on n’embarquera pas dans vos ports ; qu'ils amarrent , gréent, dégréent , & faffent le fervice du canon & du moufquet. . Donnez-leur pour fergens des matelots inftruits, pour officiers des pilotes marchands. Tout ie métier confifte à favoir fe foutenir fur &c avec des cordages. : | Il n’eft pas rare que des gens qui n’avoient point navigué, foient devenus fur les corfaires d’aflez bons matelots, après une courfe de deux mois ; quoi- ue les capitaines qui ne les avoient pris que pour Hidats ,ne les euffent pas inftruits. | Dans la plüpart des vaiffeaux anglois, combien de gens qui n’ont Jamais Vu la mer ? hfez là-deffus les feuilles de l’état politique de Angleterre. Rien de plus étrange que l’ufage de renvoyer les - équipages après la campagne. MAË C’eft on économie ou juftice, Mauvaife économie de renvoyer des matelotà pour en faire revenir autant deux mois après. Juflice cruelle que de le forcer, en ne lui payant au defarmement qu’un mois ou deux de la campa- one qu'il vient de faire, d’alier en courfe, de mon- ter fur d’autres bâtimens , & de gagner de quoi fou- tenir fa femme & fes enfans. Fauffe politique d’annoncer toûjours à l'ennemi par les levées, la quantité de vaiffeaux qu’on veut armer. Et puis l'attente des équipages traîne les arme- mens en longueur : les uns reftent malades fur les routes ; les autres excédés de la fatigue du voyage, ne peuvent s’embarquer , ou languiflent fur le vaif- feau. Ceux qui profitent du congé pour fuivre les corfaires, font pris. Il y en a qui de defefpoir fe ven- dent à l’ennemi pour deux ou trois cens livres, & font perdus pour la patrie. Les flotes efpagnoles font pleines de matelots françois. Jufqu'à ce jour , les claffes ont eu une peine in- finie à fatisfaire aux levées ordonnées , quoique mo- diques, Qu’a-t-on fait ? on a renvoyé au fervice les matelots qui en revenoient. Abandonner la marine, ou retenir pendant l’hi- ver dix mille matelots : point de milieu. | Dix mille , indépendamment de ceux qui font employés en Amérique & aux Indes. Avec ces dix mille hommes prêts, on équipe en quinze jours trente vaifleaux de guerre. Occupez ces hommes à terre, partie à l’entretien des navires, partie à l’exercice du canon & du moufquet dans les ports de Bretagne & d’Aunis. Qu'ils apprennent la charpente & le calfatage ; l’efpoir d'apprendre ces métiers les attirera au fer- vice. Ces métiers appris ils fubfifteront, & les falaires exorbitans de ceux qui y vaquent diminueront. De la néceffité de croifer contre le commerce an- glois. S'il faut croifer, l'hiver eft la faïfon la plus avantageufe pour la puiffance la plus foible : autre raifon d'entretenir des matelots dans cette faïfon. Vous encouragez à la courfe, cela ne fuffit pas 3 il faut des vaifleaux de guerre pour foutenir l’ar- mateur. Défendre la courfe ou la foutenir, point de mi- lieu. Lo Que font tout l'hiver des vaifleaux de guerre dans des ports ? Quel rifque pour eux fur la mer? Les nuits font longues , les efcadres peu à craindre, les coups de vent les difperfent. "3 Douze vaïfleaux de guerre croifant au premier méridien depuis 45 jufqu’à so degrés de latitude , feront plus de mal à l'ennemi en hiver, que toutes nos forces réunies ne lui en peuvent faire en été. : On n’a point armé à cet effet, & nos corfaires ont prefque tous été pris. Les matelots étant devenus rares, on a interdit cette navigation, & l’ennemi a commercé libre- ment. Pourquoi les armateurs fe font-ils foutenus fous Louis XIV. par les efcadres qui croifoient ? Mais les forces de l’ennemi n’étoient pas alors aufh confidérables : faufle réponfe. Duguar & Barth étoient à la mer & interceptoient des flotes à lan glois & au hollandoïis combinés. | De quoi s'agit-il ? de favoir où croïfent À-peu- près les efcadres, & de les éviter fi on n’eft pas en force pour les combattre. | Et nos vaifleaux de guerre ne font-ils pas fortis de Breft, & n’y font-ils pas revenus malgré les efca< dres angloifes qui croifoient fur Oueflant » Combien de vaifleaux anglois croifent feuls à MAR … Sônt-ce leurs efcadres qui ont pris nos corfaites ? fennemu lés a détruits, en envoyant contre eux fé: parément quelques vaifleaux de ligne, & quelques frégates d’une certaine force. ‘ | Comment les flotes de l’anglois {ont-elles con- voyées ? Employera-t-il à cet effet une douzaine de vaifleaux de puerre pour chacune ? bloquera-t-il Breft? Lorient? Rochefort ? Avec toutes ces dé- penfes, il ne nous empêcheroit pas d’appareiller, quand nous en aurions le deflein. C’eft au commerce anglois feul qu'il faut faire la guerre : point de paix folide avec ce peuple , fans cette politique. Il ne faut pas fonger à devenir puif- fant , mais dangereux. Que l’idée d’une guerre avec nous fafle trembler le commerce de l’ennemi ; voilà le point important. L’ennemi a fait dans la guerre de 1744 ; des aflu- rances confidérables fur nos vaifleaux marchands ; dans celle-c1 peu , & à des primes très-onéreufes. Pourquoi cela ? c’eft qu’ils ont penié que la guérre de terre feroit négliger la urine, & ils ont eu rai{on. Pentens fans cefle parler de la dette nationale an- ù RE gloife, quelle fottife ! Qui eft-ce qui eft créancier de l’état ? eft.ce le rentier ? non, non, c’eft le com- merçant; & le commerçant prêtera, je vous en ré- pons , tant qu'il ne fera pas troublé. Vous voulez que le crédit de l’ennemi cefle ; & au lieu de pourfuivre le créancier, vous le laiflez en repos. Prenez à langlois une colonie, il menacera; rui- nez {on commerce , il fe révoltera. L’ennemi s'applique à ruiner notre warine mar- chande ; c’eft qu'il juge de nous par lui. Sans commerce maritime, nous en ferions encore puiflans ; lui, rien. Ses efcadres empêcheront-elles de defirer, d'exporter nos denrées , nos vins, nos eaux-de-vie, nos foieries ? Lui-même les prendra maloré toute la févérité de fes réglemens. . La marine de l'ennemi n’exifte que par fa finance ; € fa finance n’a d’autre fonds que fon commerce. Faifons donc la guerre à fon commerce, & à fon commerce feul ; employons-là l’hiver & nos vaif- feaux ; foyons inftruits du départ defes flotes ; ayons quelques corvettes en Amérique, &c. Vous voilà donc pirates, dira-t-on ? fans doute : c'eft le feul rôle qui nous convienne. Tant que vous vous bornerez au fontien de vos colonies , vous ferez dupes; & vos matelots pañle- ront à une nation qui eft toüjours en croifiere , d’une nation qui n’y eft jamais. Croïfez, envoyez vos vaifleaux de ligne en cour- fe , 6 vous aurez de grands marins; vous reflerre- rez l’étendue des efcadres ennemies; vous l’attaque- rez dans fon endroit fenfible, & vous le contrain- drez à la paix. Des officiers de marine. Ici c’eft la nobleffe feule qui commande la z7arine; en Angleterre , quiconque a du talent. | Ici, après trente ans de paix, des gens qui n’ont jamais navigué ofent fe préfenter : c’eft un grand mal qu'ils ofent. En Angleterre, ce font toûjours des hommes qui ont été employés fur des bâtimens marchands. Le gentilhomme marin ne s’honore point de la connoïffance de fon métier : voilà le pis. Peut-être faura-t-il le pilotage : pour l’art du ma- telot , il le dédaigne ; fa fortune n’y eft pasattachée, êt fon ancienneté & fes prote@ions parleront pour lui. Il fe propofe ou de ne combattre qu’avec des for- ces fupérieures , ou réparer l'ignorance par la bra- voure. Quelle erreur | ce brave ne fait pas que fon. ignorance lu lie les mains, Jen ai vu, j'en ai vu de MAR ces braves mains-là liées, & j'en pleurois. L’ignorance eft le tombeau de l’émulation. Dans la marie marchande, un. armateur ne fe choïfira qu’un capitaine expérimentés; dans la ra: rine royale , on fuppofe tous les officiers également habiles. Nos équipages font toûjours les plus nombreux: il faut donc aborder, 8 depuis Duguai, on ne fait plus ce que c’eft. Duguai avec fon François de 40 canons , aborda & prit des villes ambulantes. Le grand nombre nuit dans un combat au canon. C'eft manquer à l’état que de ne pas combattre vergue à vergue un ennemi d’un tiers moins fort en nombre ; mais pour exécuter un abordage , il ne fufit pas d’être brave, il faut encore être un grand marin : le niera-t-on? Maiseft-ce dans le combat feulement que la fcien- ce de toutes les parties du métier de la mer'eft né- ceffaire à l’officiérà Et l’économie des armemens, & la confommaz tion & la qualité des matieres, &c la connoiffance des rades, &c, &c. Tout ce qui eft des agrès, des accidens , &c, n’eft-il pas de fa compétence ? Pour ceux qui favent, les pilotes n’ont qu'une au torité précaire: que l'officier puifle donc fe pañier de fes eonfeils, ou les recevoir fans humeur. Des corfaires font fortis de nos ports avec 300 hommes d'équipage , parmi lefquels il n'y avoit pas 50 hommes de mer. Oui, mais l’habileré de ceux-ci 125 A fuppléoit à tout. Méprifer la connoïffance du fervice du matelot, c’eft dire, je fuis fait pour commander , moi; mais que m'importe le bien ou mal exécuté ? L’ordonnance dit, Zes gardes embarqués ferviront cornme foldats”; il falloit dire comme mateloës : Barth aété matelot. En Angleterre , le garde-marine fait le fervice de matelot ; il indique le travail & l’exécute : le nôtre a toutes fortes de maîtres à terre ; en mer il ne fait rien. Ce jeune homme ignorera toute fa vie les côtes : c’eit le gouvernement qui le vent, en donnant le commandement des frégates & corvettes à con- voyer ou à croifer, à des officiers de fortune. On - lui donne un pilote cotier, & ne vaudroit-il pas mieux qu'il pût s’en pafler? On compte 1200 officiers de srarine : l'ordon- nance en met fix fur les vaifleaux du premier & du fecond rang ; quatre fur les frégates, &c trois fur les corvettes, Vorià de quoi armer en officiers 240 bâ: timens que nous n’avons pas. Pourquoi donc ne les donne-t-on pas aux marchands? c’eft qu'ils {ont mauvais. Ceft ainfi que la Cour aide le mépris des officiers, & elle ne fauroit faire autrement. D'un autre côté , elle avilit les officiers marchands, en leur refufant des dignités & des grades qu'ils méritent. Quel deshonneur peut faire à un gentilhomme la confraternité d’un homme de mérite ? - Que l’officier de marine ferve le marchand, s’il le juge à propos ; au moins le miniftre ne doit pas plus le lui défendre que lui impofer. Qu'on paffe fans obftacle de l’un à l’autre fervice. Il faut réformer le corps des pilotes hauturiers, & le remplacer par un certain nombre d’enfeignes de vaifleaux de la marine marchande, Il en fera embar- qué deux fur chaque vaiffleau, l’un pour infpeéteur de la partie du maitre, l’autre du pilotage. | Que les gardes-marine fervent de pilotins à bord des vaifleaux fous ces infpeéteurs. Les officiers de fortune font prefque tous fur les mêmes bâtimens, il faut les difperfer, Je ne parle point des encouragemens, ilen faut par-tout, c'eft la même chofe pour les châtimens, 126 MAR De la proreiflion du commerce des colonies, Qu'on ne craigne rien : la nobleffe dédaignera toujours le commerce; & le négociant aimera toujours la for- tune, ne fût-ce que pour obtenir un jour le droit de méprifer le principe de fon élévation. Ayez une marine marchande , mais que votre pre- mier foin foit de la couvrir. x Quand on déclare qu'on ne donnera aucun con- voi aux bâÂtimens marchands ; c’eft exattement les envoyer à l'ennemi. L’ennemi en prend tant qu'il veut, & puis létat à la paix lui porte le refte de fes fonds pour les ra- cheter, Voilà ce qui nous arrivera. Ce ne font point vos vaifleaux marchands qui ont entretenu de vivres vos colonies. Laiflez-donc ce prétexte , 8 retenez ces vaifleaux dans vos ports, ou les-protégez s'ils en fortent. | Ce font les neutres & les corfaires d'Amérique qui ont pourvu à vos colonies. Que fi vous n'avez point de convoi à donner, fachez-le du-moins de longne-main , afin que vos népotians avides bâtiffent des frégates propres à bien Courir, & à {e défendre. Si vous accordez aux neutres le trafic dans vos colonies, on y portera peu de vivres, &c beaucoup de marchandifes feches ; & vous acheverez de les ruiner, à-moins que l'ennemi ne vous feconre en fe jettant fur les neutres, comme il a fait mal-adroite- ment. Voulez-vous rendre au commerce quelqu’'aétivité, retenez les bâtimens non conftruits pour fe défen- dre & bien courir , & établffez une chambre d’aflu- rance , de folvabilité non-fufpeéte, à 25 pour cerit l’aller aux colonies, & autant le retour. Voulez-vous faire le mieux ? donnez feulement à douze frégates un vaifleau de convoi. Comptez les frégates parties feules à feules,, arri- vées & revenues, &c jugez de l’avantage de cette prime que je propofe. Mais dira-t-on, nos corfaires faits pour la mar- che , ont bien été pris? c’eft qu'il y a bien de la dif férence entre celui qui va à la rencontre, & celui qui l’évite. Les dépenfes confidérables pour les équipages en Amérique , fuffifent pour fufpendre les armateurs; & puis à peine nos marchands font-ils arrivés aux colonies , que les matelots défertent. Les uns vont en courfe; les autres fe font acheter à des prix exor- bitans. Un capitaine au momenr de fon départ, eft obligé de compter à un matelot jufqu’à mille livres pour la fimple traverie. Republiez les ordonnances fur la défertion, ag- gravez les peines pour la défertion du fervice-mar- chand; puniffez les corfaires qui débaucheront ces équipages, &c. | Les vaifleaux du roi enlevent en Amérique tous les matelots du commerce, s’ils en ont befoin. Il n’y a point de regle là-deflus , & il arrive fouvent qu'un marchand ainfi dépouillé, nepeut plus appareiller. On ne peut trop affoiblir l'autorité confiée, à- mefure qu’elle s'éloigne du centre. C’eft une loi de la nature phyfque toujours enfreinte dans la nature morale. R Queftion difficile à décider: les efcadresenvoyées aux coloniés depuis la guerre, y ont-elles été dépé- chées pour protéger le commerce , ou pour le faire à Ici on dit pour protéger, là-bas on démontre pour commercer. Plus la défenfe eft éloignée , & l'ennemi proche, plus la fécurité doit être grande. Sion eût fait an cap Breton ce que les Anglois ont fait à Gibraltar, le cap Breton feroit à prendre; il n’y falloit que trois mille hommes, mais pourvoir à ce qu’on ne-pût les zéduire que par famine. LEE M À R | S'il faut fubflituer fans cefle des efcadres à des fortifications, tout eft perdu. | L’ennemi peuploit fes colonies feptentrionales ; il falloit penpler la Louifiane & le Canada; & le Canada feroit encore à nous. | ‘ Quand je penie à l’union de nos colons, &c aux diffenfions continuelles des colons ennemis, je me demande comment nous avons été fubjugués, &c c’eft au miniftere à fe répondre ; je lai mis fur Îa voie. Encore une fois, nos colonies bien fortifiées & foutenues par un commerce protégé, & foixante vaïifleaux de ligne dirigés contre le commerce de notre ennemi, & l’on verra la fuite de cette politi- que. | Des invafions, 300 lieues de côtes à garder exi- gent une marine refpeétable. Depuis S. Jean-de-Luz jufqu'à Dunkerque fans marine, tout eft ouvert. + Qui eft-ce qui défendra des côtes ? Des vaiffeaux? abus, abus: ce font des troupes de terre ; on ar- mera cent cinquante mille hommes pour épargner. Cependant les riverains feront ravagés, & on ne fongera point à les dédommager. On armera cent cinquante mille hommes, & il eft clair que vingt-cinq vaifleaux de ligne dans Breft, & 15 mille hommes fous cette place fuffifent pour arrêter tout, excepté la prédileétion pour les {oldats de terre. O mes concitoyens, prefque toutes vos côtes font défendues par des rochers ; approche en eft difh- cile & dangerenfe; votre ennemi a contre lui tous les avantages de la nature des lieux, &c vous ne voulez pas vous en appercevoir. L'expédition de vos efcadres concertées & ren dues prefqu’en même tems à Lowisbourg en 1757; les fuites que pouvoit avoir cette expédition, ne vous apprendront-elles point ce que vous ferez au loin, quand vous aurez dn fens & de la raifon? Et croyez-vous que fi vous menacez fans cefle les côtes de l’ennemi (8 vous les tiendriez en échec à peu de frais}, ilperfiftera à les garder ? Le pourroit-1l quand à1l Le voudroit ? Menacezies côtes, n’attaquez que fon commerce, entretenez dans Breft une efcadre toûjours armée, montrez des-hommes armés & prêts à mettre à la voile, cela fuffit : on exécute quelquefois ce qui n’é- toit qu'une menace. La menace dans les grandes chofes fe confond toûjours avec le projet. À la lon- gue, ou l’on s'endort {ur Le péril, ou las de veiller, on fe réfoud à tout pour Le faire ceffer. Si des navires de tranfport ajoutent à l'inquiétude; une bonne fois pour toutes, ayez-en, & la moin- dre expédition contre les pingues de Huil&c d'Yar- mouth vous en procureront plus qu'il ne vous en fant ; & vous vous paflerez de ces affretemens faits avec des particuliers, qui ont dû vous coûter des fom- mes immenfes. Voyez.en 1756 la terreur répandue fur toutes les côtes de l'ennemi ; cependant qu’étiez- vous alors? plér— Conclufion. La fuite n’eft qu’une récapitulation abrégée de l'ouvrage , à laquelle nous nous en ferions ténus, fi les vûes de l’auteur avoient été publiées, & fi nous n'avions craint que teftreintes à un petit nombre d'exemplaires qui peuvent aifé- ment fe perdre , il n’en. füt,plus queftion dans dix, ans. Quoi quil en arrive, elles fe trouveront du- moins dépofées dans ces feuilles. L'idée de l’incorporation des matelots par batail- lons n’eft pas nouvelle. Le roi de Danemark en- - tretient 10006 matelots à fon fervice. . Il eft certain que dans les voyages aux pays, chauds la mortalité eft moindre que fur les vaiffeaux de roi dans lesicampagnes de Louisbourg &c du Cas MAR nada, moindre encore fur les vaieaux marchands; quelques trajets qu'ils faifent. Je crois avec l’auteur que des miliciens de 20 à 30 ans ferviront mieux que des gens claffés qu’on compte pour des matelots. Quant aux officiers de plume, l’auteur remarque feulement qu'il faut où payer comptant les fouraif- feurs, ou être exaëts aux termes des payemens. Sans quoi fur-achat néceflaire. Pourquoi un capitaine dans un armement ne fe- roit-1] pas maitre: tout-à-fait de {on navire ? Pourquoi au défarmement le foin en eft-1l aban- donné aux officiers de plume ou de port ? Pourquoi en tout tems un vaifleau n’a-t-il pas fon capitaine, fon état-major , & une vingtaine de ma- telots refponfables de fon dépériflement ? Pourquoi des navires défarmés font-ils gardés par ceux que leur entretien intérefle le moins ? Aufh-tôt que la quille d’un vaifleau eft en place, pourquoi Le capitaine ne feroit-il pas nommé chargé de l’emploi des munitions, de l’infpeétion dans le défarmement fur le gruement & fes dépendances, MAÉ Pourquoile magafñn général ne délivreroit-al pas fur {es recûs ? Pourquoi ne pas encourager l’économie par des gratifications ? C’eft alors qu'on verra reflervir des voiles & des cordages rebutés. . Sans une autre adminiftration que celle qui eft, il faut que la d'fipation, le dépériflement, & le pillage ayent lieu, On croit que Le défarmement fréquent produit une grande économie ; oui on le croit: mais cela eft-il ? J'en fais là-deflus plus que je n’en dis. Mais fi le rétablifflement de notre marine fera tonjours à l'ennemi un prétexte de guerre, je de- mande faut-il ou ne faut1l pas la rétablir? S'il faut la rétablir, efl-ce dans la paix qui fera enfreinte au premier fymptôme de vie? Eft-ce dans Le tems même de la guerre , où l’on eft au pis-aller ? MARINE , (Peinture) on nomme marines ces ta-. bleaux qui repréfentent des vües de mer, des com- bats , des tempêtes, des vaifleaux, & autres fujets marins. Le Lorrain, ce grand maitre dans les payfa- ges , a fait auffi des merveilles dans fes marines. Sale vator Rofa, peintre & graveur papolitain, s’eft dif- tingué dans ces combats de mer ; comme dans {es fujets de caprice, Adrien Van-Der-Kabel a montré beaucoup de talens dans fes peintures marines ; c’eft gommage qu'ilfe foitfervi de mauvaifescouleurs,que le tems a entierement effacées, Corneilie Vroom & Backyfen fes compatriotes , lui {ont fupérieurs à tous égards; mais les Van Der-Veide , fur-tout le ls Guillaume , ont fait des merveilles. Ce font les peintres de zarines qui méritent la palme fur tous leurs compétiteurs. Les artiftes d'Angleterre excel- lent aujourd’hui dans ce genre ; il ne faut pas s’en étonner ; tout ce qui a rapport à la navigation in- | téreffe extrémement les Anglois. C’eft prefque une mode chez eux que de faire peindre un vaifleau de guerre que l’on montoit glorienfement dans une ac- tion périlleufe; & c’eft en même tems un monu- |: ment flatteur qu’ils peignent toujours avec plaifir, (2.3) | | MARINÉ, adj. en sermes de Blafon, fedit des lions, & des autres animaux auxquels on donne une queue ! de poiffon , comme aux firenes. . Imhof en Allemagne , de gueules au lion marié | d’er: talie dans l'état de l’Eglife, patrimoine de S. Pierre, à fix milles de Civita- Vecchia, avec un port ruiné. Long, 29.30, lat, 42.10. taines qui la fertilifent. MARINELLA SANTA , (Géog.) petite ville d'I. | MAR 127 MARINGOUIN , f m. (Ai/?, nat.) éfpeëe de cou- fin fort commun en Amérique, & fort incommode. Cet infcéte s’engendre dans les eaux croupies ; 1l n'eft d’abord qu’un petit ver prefqu’auffi délié qu’un cheveu , & long comme un grain de blé. Lor{- que les maringvuins {e {ont métamorphofés , & qu'ils ont des ailes, ils prennent l’effor en f grand nom- bre, qu'ils obfcurciflentlesendroits ou ils paffent, Ils volent principalement le matin & le {oir, deux heu- res aprés le coucher du foleil : ils font fort IMPOT- tuns par leur bourdonnement, Lorfqu'ils peuvent s'attacher fur la chair | ils caufent une douleur vive , fucent le fang , & s’en rempliflent au point de ne pouvoir prefqué plus voler, Les fauvages des Antilles fe prélervent de ces infeêtes par le moyen de la fumée en allumant du feu fous leuts lits. Les fauvages du Brefl font des réfeaux de fil de coton dont les carrés font aflez petits pour arrêter ces in. fcétes qui ont de grandes aîles. Les François em ploient ce même moyen, qui eft bien prétérable à la fumée. #57, gén. des Ant. parle P, Tertre, om, IL. pag. 286, MARINIANÆ , (Géog. anc.) ville de la Panno- mie felon l’itinéraire d’Antonin, qui la met fur la route de Jovia à Sirmium. Lazius croit que c’eft Caf- tra Marciana , d'Ammien Marcellin ; & ajoute qu'on nomme aujourd'hui ce lieu Margburg, (2.7) MARINIER , f. £ (Marine.) on appelle ainfi en général un homme qui va à la mer, & qui fert à la conduite & à la manœuvre du vaiffeau. On donne ce nom en particuher à ceux qui conduifent les ba- teaux fur les rivieres: | MARINO, CONTRÉE DE (Géog.) ce pays s’é- tend du levant au couchant, entre la mer de l’Eglife au midi, & la campagne de Rome au nord, Latérre de Labour la borne à l’orient, & le Tibre à l’occi- dent. Terracine & Nettuno en font les feules vil- les ; c’eft un pays mal-&in & dépeuplé. (D...) MARINO, SAN (Géog.) bourg d'Italie fur Le grand chemin.de Rome à Naples, avec titre de duché. Marino cit, à ce qu’on croit, l'ancien ÆWerrinum. On lappella depuis Villa Mariana , À caufe que Ma- rius y avoit une maifon de plaifance, Dans le voi- finage étoient , à main droite, les maifons de cam pagne de Muréna , de Lucullus , & de Cicéron ; & un peu plus bas celles de Pontius , & de plufienrs autres romains , qui avoient choifi cette agréable fituation pour leurs lieux de plaifance. Les chofes ont bien changé de face ; cependant le bourg de San Marino, capitale de la république de fon nom, crée fes magiftrats & fes officiers fous la proteétion du pape, Elle eft en même tems la réfidence de lé vêque de Monrefeltro, Longic. 30. 4. lat, 4 CHE (D.J.) MARINUM, (Géog. anc.) ville d'Italie que Stra- bon met dans l’Ombrie ; elie fe nomme aujourd’hui S. Marini, on S. Marino. (D:J) MARIOLA , (Géog.) montagne d’Efpagne au royaume de Valence, dans le voifinage de la ville d’Alcoy. Elle abonde en piantes médecinales ; & toute la campagne des environs eft arrofée de fon- (D.7.) MARJOLAINE, fub. f, marjolina.(Bor.) genre de plante qui nediffere de l’origan qu’en ce que {es têtes {ont plus rondes, plus courtes | &compofées de quatre rangs de feuilles pofees comme des écailles, Tournefort , Inff. rei herb. Voyez PLANTE. La marjolaine vulgaire, en anglois, 5he common Jiweet majoram | majorana vulgaris , de C. B, P. 224, de Tournefort J.R.Æ 199.€ de Ray Hiff. 538. eft la principale efpece de ce genre de plante, rempli de parties fubtiles , aéuves, falines, aromatiques $C huileufes. Les racines decette petite plante font fort menues, 128 M AR Ses tiges font hautes depuis fix jufqu’à dix pouces ; srêles , ligneufes, le plus fouvent quarrées, un peu velues , & un peu rougeâtres, partagées en plufieurs rameaux ; autour des rameaux pouflent des feuil- les oppofées , de la figure de celles de l’origan vul- gaire, mais plus petites, couvertes d’un duvet blanc, d’une odeur pénétrante, d’une faveur un peu âcre, un peu amere, aromatique & agréable. Il naît autour du fommet de la tige des épics, ou petites têtes écailleufes , plus arrondies que dans l’o- rigan, plus ferrées & plus courtes, compofées de quatre rangs de feuilles placées en maniere d’écail- les, & velus. D’entre ces feuilles fortent de très- petites fleurs blanchâtres , d’une feule piece, en gueule , dont la levre fupérieure eft redreffée , ar- rondie, échancrée , & l’intérieure divifée en trois fegmens. , Il s’éleve du calice un piftil attaché à la partie poftérieure de la fleur , en maniere de clou , & com- me accompagnée de quatre embryons , qui fe chan- gent enfuite en autant de petites graines arrondies, roufles , cachées dans une capfule, qui fervoit de calice à la fleur. Cette plante vient en Efpagne , en Italie , & dans les parties méridionales de la France. On la cultive beauçoup dans les jardins. On l’emploie en méde- cine & dans les alimens pour les rendre plus agréa- bles. Enfin , les Chimiftes tirent par la diftilation de la marjolaine defléchée une huile effentielle, d’une odeur très-vive , utile dans les maladies des nerfs. Hoffman a remarqué, que fion retifie cettehuile par une nouvelle diftillation, elle laïfle encore après elle beaucoup de lie réfineufe. (D: J.) MARJOLAINE, ( Pharmacie 6 Mat. méd.) on fe {ert indifféremment dans les boutiques de deux for- tes de marjolaine ; {avoir , la grande ou wulgaire , &c la marjolaine à petites feuilles. | Les feuilles & les fommités fleuries de ces plantes, l’eau aromatique, & l’huile effentielle qu’on enre- tire par ladiftillation, font d’ufage en médecine. La mafjolaine a toutes les propriétés communes aux plantes aromatiques de la claffe des labiées de Tournefort ; elle eft ftomachique, eordiale , dia- phorétique, emménagogue, nervine, tonique, apé- ritive, bechique, &cc. Celle-ci a été particulierement recommandée dans l’enchiffrenement & dans la perte de l’odorat. Artman prétend que cette plante à une vertu fecrette contre cette derniere maladie. On a vanté encore la poudre des feuilles de rarjolaine comme un ex- cellent fternutatoire. On a attribué la même vertu à l’eau diftillée, auffi-bien qu’à la déco@ion des feuil- les. Cette eau eft mife d’ailleurs au nombre des eaux céphaliques & nervines. On peut aflurer avec autant de fondement , qu’elle poflede la plupart des autres qualités que nous avoñs attribuées à la plante même, c’eft-à-dire, à l’infufion des feuilles , ou des fommités. L'huile effentielle de rrarjolaine a une odeur très- vive & très-pénétrante ; elle a été fort louée com- me très-bonne dans la paralyfie & dans les mala- dies des nerfs, foit prife intérieurement à la dofe de deux ou trois gouttes, fous la forme d’o/co-faccha- rum , foit en en frotant la nuque du cou , & l'épine du dos. Cette huile entre dans la compofition de la plupart des baumes apopleétiques , qui font recom- mandés par différens auteurs. Les fléurs & les fommités fleuries de warjolaine entrent dans un grand nombre de compoñitions off- cinales, dont les vertus font analogues à celles que nous avons accordées à cette plante, & dont elle fait par conféquent un ingrédient utile. L'huile d'olive, dans laquelle on fait infufer des fommités fleuries de garjolaine, fe charge réelle- MAR ment des parties véritablement a@ives descette plante; favoir, de fon huile effentielle , 87 de fa par- tie aromatique ; mais fi l’on vient à cuire jufqu'à confommation de l'humidité, felon l'art, ces prin- cipes volatils & adifs fe diffipent au moins en très- grande partie ; & la matiere qui refte ne poflede plus gueres que les vertus de Phuile d’olive altérée par la coftion. Voyez Huire. (6) MARIONNETTE, {. £. (Méchan.) les marionner- tes {ont des petites figures mobiles de carton, de bois, de métal, d’os , d'ivoire, dont fe fervent les batteleurs pour amuler le peuple , & quelquefois aufñ ce qu'on appelle les honnêtes gens. | Leur invention eft bien ancienne. Hérodote les connoïfloit déja , & les nomme des ftatues mobiles par des nerfs. Dans les banquets de Xénophon, So- crate demande à un charlatan , comment 1l pouvoit être fi gai dans une profeflion fi trifte ? Moi, répond celui-ci, je vis agréablement de la folie des hom- mes dont je tire bien de l'argent, avec quelques mor- ceux de bois queje fais remuer. Ariftote n’a pas dé- daigné de parler de ces figures humaines, tendues, ‘dit-1l,avec des fils, qui leur font mouvoir les mains, les jambes , & ia tête. On trouve dans le premier livre de Platon fur les loix,un beau paflage à ce fu= jet : c’eft un Athémen qui dit que les paffions pro- duifent dans nos corps, ce que les-petites cordes exécutent {ur les figures de bois ; elles remuent tous nos membres , continue-t-1l, & les jettent dans des - mouvemens contraires , felon qu’elles font oppofées entreelles. L’ufage de ces figures à reflort ne pañla:t-il pas, avec le luxe de l’Afie , & la corruption de la Grece, chez les Romaïns , vainqueurs de ces peuples ingé- nieux ? Rien n’eft plus vrai; car il en eft quelque- fois queftion dans les auteurs latins. Horace parlant d’un prince ou d’un grand, qui fe laiffe conduire aw caprice d’une femme ou d’un favori, le compare à ces jouets dont les reflorts vont au gré de la main qui tient le fil. « Vous, dit-il, n’êtes-vous pas l’ef- » clave d’un autre ? Idole des bois , c’eft un bras » étranger qui met en jeu tous vos reflorts » ! Tu mihi qui imperitas , aliis fervis mifer atque Duceris , ut nervis alienis mobile lignum. Sat, 7. iv, IL, Y. 81e Ecoutons l'arbitre des plaifirs de Néron. « Tandis # que nous étions à boire, dit Pétrone au feftin de » Trimalcion , un efclave apporte un fquelete d’ar- » gent, dont les mufcles & les vertebres avoient une » flexibilité merveilleufe. On le mit deux fois fur la » table ; & cette ftatue ayant fait d’elle-même des » mouvemens & des grimaces fingulieres , Trimal- » cion s’écria : Voilà donc ce que nous ferons tous, » quand la mort nous aura plongé dans la tombe à Sans doute que le fquelete de Pétrone étoit mu par des poids ; des roues, des reflorts intérieurs , com= me les automates de nos artiftes. | L'empereur Marc Antonnin parle deux ou trois fois dans fes ouvrages de ces fortes de ftatues mobiles à reflort, & s’en fert de comparaifon pour des pré- ceptes de morale. Semblablement Favorinus, f vanté par Aulu-Gelle , voulant prouverla liberté de l’homme, & fon indépendance des aftres , dit que les hommes ne feroient que de pures machines a faire jouer, Sils n’agifloient pas de leur propre mouve- ment, & s'ils étoient foumis à l'influence de ces af- tres. | En uñ mot , toutes les expreflions dont les Grecs & les Romains fe fervent, indiquent qu'ils connoif- foient , aufli-bien que les modernes , ces figures mo- biles que nous appellons wrarionnettes. Les neurof- pleffa d'Hérodote, de Xénophon & autres , c’eft-à- dire, des machines à nerfs & à reflort ; les mobélia lignæ bgnanervis alienis d'Horace, les tatenationes mobiles de _Pétrone ; les Æigneolæ hominum figure d’Apulée, ren- dent parfaitement ce que les Italiens entendent par gelli buratimt , les Anglois par the puppers, & les François paf 77arionnettes, A | | Ce fpeétacte femble fait poui nôtre nation, Jean Brioché, arracheurde dents, nous le rendit agréa- ble dans le milieu du dernier fiecle. Il eft vrai que dans lé même tems un anglois trouva le fecrei de faire mouvoir les marionnettes par des refforts, & fans employer des cordes ; mais nous préférâmes Les marionnettes de Brioché, à caufe des plaifañteries qu’il leur faifoit dire. Enfin Fanchon, ou François Brioché , immortalifé par Defpréaux , fe rendit en- core plus célébre que fon pere dans ce noble métier. (2. 1.) | MARIONNETTES , en terme dé Cardeur , font deux montans de bois plantés à la tête du rouet fur cha- que bord du banc, & garnis de deux frafeaux de jonc ou de paille qui fe traverfent parallelément à la pofñtion de la roue. Woyez Les PL, de Draperie, MARIONNETTE , {. f. ( Are. d'ourdif.) piece de bois mobile à laquelle font attachés les frafeaux de tous les rouets. Voyez FRASEAUX. 2 MARIPENDAM, ( Bor. exor. ) arbrifleaux de la mouvelle Efpagne , qui s’éleve à la hauteur de fix à fept pieds ; fa tige eft cendrée; fes feuilles font ver- tes, & portées fur des longs pédicules rougeâtres ; fon fruit croît en grappes ; on en recueillie les bou- tons ; on en exprime le jus, on le fait épaifhir, & on s’en fert pour déterger les ulceres. (D.J.) MARIQUES Les, ( Géog. anc. ) peuple d'Italie. Poyez Marici. (D.J.) MARIQUITES , (Geog.) peuples errans , fauva- ges & barbares de l'Amérique méridionale au Bré- fil. M. de Lifle le met à l’orient de Fernambuc, & au nord de la riviere de S. François. (D. J.) MARITAL, adj. ( Jurifprud. ) fe dit de quelque chofe qui a rapport au mari, comme la puiffance maritale. Voyez PUISSANCE. MARITIMA CoLoN14 ,(Géog. anc.) ville de la Gaule Narbonoife. On prétendque c’eft aujourd'hui MARTEGUE. (D.J.) MARITIME, adj. (Marine. ) épithete qu’on donne aux chofes qui regardent la marine. Ainf, on dit une place aritime ; des forces maritimes, &c. MARISA , ( Geogr. ) riviere de la Romanie. Elle a fa fource au pié du mont Hémus, &c finit par fe jet- ter dans le goife de Mégarifle , vis-à-vis de l’île Sa- mandrachi, On la dit navigable depuis fon embou- chure jufqu’à Philippopoli, Cette riviere eft l'£brus des anciens. ( D. J. MARIZAN , ( Géogr. ) montagne d'Afrique dans la province de Gutz, au royaume de Fez. Elle eft fort haute &c fort froide ; {es habitans font béréberes. Ils vivent dans des huttes faites de branches d’ar- bres,ou fous de nattes de jones plantées fur des pieux. Ce font de vrais fauvages., errans dans leurs mon- tapnes , & ne payant de tributs à perfonne. MALBOROUGEH , ( Géogr. ) c’eit le Cunerio des anciens, petite ville à marché d’Angleterre en Wilf- hire , avec titre de duché , qu’elle a donné à un des plus grands héros du dernier fiecle Elle envoie deux députés au parlement, & eft fur le Kennet, à 60 milles S. O. de Londres. Long. 16, 10. Lar, Si. 24.(D.J.) MARLE , ( Géogr. ) petite ville de France en Pi- £ardie, avec titre de comté, fur la Serre , dans la Thiérache , à trois lieues de Guife, 37 N.E. de Paris. Long, 214 26!. 16", lat, 49 4 44!. 24 (D.J.) MARLIE ox MARLI , {.m. (Art d’ourdif]. 6 foirie.) le smarli quoique fabriqué fur un métier , tel que ceux qui fervent à faire l’étoffe unie , néanmoins eft un ouvrage de mode ou d’ajuftement , qui dérive de la Tome X, 4 a MAR 129 gaïe ue. On diftingue deux fortes de arts; favoir, le rrarli fimple & le marli double, auquel on donne le nom de mar!i d'Angleterre. Le mardi fimple eft monté comme la gare, & fe travaille de même, avec cette différence néanmoins qu'on laïffe plus ou moins de dents vuides au peigne, pour qu'il foit à jour, Le mari le plus groffier eft compofé de 16 fils chaque pouce ; ce qui fait 352 fils qui ne font point pañlés dans les perles, & pareille quantité qui y font pañlés deux fois , en fuppolfant l'ouvrage en démis aune de large. Le marli fin eft compofé de 216 fils par pouce ; ce qui fait 440 fils pañtés en perle, & pareille quantité qui ne le font pas. Une chaine ourdie pour un #marli fin, doit contenir 880 fils feulement roulés fur une même enfuple ; & le arf le plus groffier, 704 de même. Chaque dent du peigne contient un fl pañlé en perle , & un fil qui ne left pas, quant à celles qui font remplies, parée qu'on laïfle des dents vuides pour qu’il foi à jour. Suivantcette difpofition , le #arli groffier contient 9 points de ligne de diftance d’un fil à l’autre , & le marli fin , 7 points à peu-près, | Lorfque l’ouvrier travaille Le zarli , il pale deux coups de navette qui fe joignent , & laifle une diftan: ce d’une ligne & demie pour les deux autres coups qui fuivent de même , & fucceflivement continue l'ouvrage de déux coups & en deux coups ; de façon qu'il repréfente un quarté long ainfi qu’il eft repré- {enté par la figure du marli groflier. Le #arli plus fin eft de 13 points environ, ce qui revient à-peus< près à une hauteur qui forme le double de la largeur. Il femble que l'ouvrage auroit plus de grace, fi le quarré étoit parfait, mais aufh il reviendroit plus cher parce qu'il prendroit plus de trame. La foie deftinée pour cet ufage n’eft point mon:- tée , C’eft-à-dire qu’elle eft grete, ou telle qu’elle foit du cocon. Elle eft teinte en crud pour les marlis de couleur; & pour ceux quifont en blanc, on n’em- ploie que de la foie grefe, qui eft naturellement blan- che, On ne pourroit travailler ni le mer, ni la gaze, fi la foie étoit cuite ou préparée comme celle qui eft : employée dans les éroffes de foie. Le marli croifé, ou façon d'Angleterre, eft bien diffé rent du #arli fimple, [1 eft compoié d’une chaîne qui contient la même quantité de fils du warli grof- fier ; c'eft-à-dire 704 environ , qui font pañlés fur quatre hifles, comme le taffetas, dont deux fils par dents de celles qui font remplies, & à même diftan- ce de neuf points de ligne au moins chaque dent. Cette chaîne doit être tendue pendant le cours dela fabrication de l’ouvrage , autant que fa qualité peut le permettre ; elle eft roulée fur une enfuple. Indépendamment de cette chaîne, il faut un poil contenant la moitié de la quantité des fils de la chat- ne, qui doit être roulé fur une enfuple féparée. Le poil contient 352 fils ; cette quantité doit faire 704 perles , parce que les fils y font paflés deux fois. En les paflant au peigne, il fautune dent de deux fils de chaine fimplement, fans aucun fil de poil, de façon que le poil ourdi ne compofe que la moitié de la chaine. La façon de pañfer les fils de poil dans les perles eft fi finguliere , qu'il feroit très - difficile d’en donner une explication fans la démontrer. Ji Le poil de cet ouvrage doit être extraordinaire- ment lâche, ou auñfi peu tendu que le poi! d’un ve- lours , afin que le fil puifle fe prêter à tous les mou- vemens qu'il eft obligé de faire pour former la croi- fure ; de forte que le poids qui le tient tendu , & quiefttrès-léger , doit être paflé de façon qu’il puifle monter au fur & à mefure qu'il s'emploie. 130 MAR 11 faut quatre lifles à perle pour pañfer le poil; fa- voir deux demi - lies & deux hiffes entieres : ces quatre lifles doivent être: attachées ou fufpendues devant le peigne, ans quoi la croifure ne pourroit pas fe faire dans l'ouvrage, parce qu’elle feroit con- trarice par les dents de ce peigne. Ces quatre liffes, qui font polées fur des ferons extraordinairement minces , font arrêtées par une baguette de fer de la longueur de la poignée du battant dans un efpace de fix lignes , ou un demi-pouce environ. Cette pré- caution eft néceflaire , afin que quand l’ouvrier a pañlé fon coup de navette , & qu'il tire le battant à . = oi pour faire joindre la trame, les liffes à perle qui dévancent le peigne ne foient pas arrêtées à l'ou- vrage, êt puiffent avancer & reculer de la même façon , & faire le même mouvement du peigne. Tous les fils de poil doivent être pañlés deffous les fils dela chaîne , afin que les derniers puiffent le- ver alternativement pour arrêter la trame, fans con- trarierle poil par la croifure ordinaire du taffetas pen- dant le cours de la fabrication. Chaque life doit contenir 176 perles , tant celles qui font entieres, que celles qui ne le font pas ; de façon que les quatre lifles doivent avoir la quantité de 704 perles; ce qui fait le double des fils de poil, parce que chaque fil doit être pañlé alternativement dans la perle d’une demi - life , &c dans celle d’une life entiere. Les quatre liffes à perle doivent être attachées de maniere qu’elles puiflent lever comme celles d'un fatin. Chacune des lifles entieres doit être placée de façon que la perle fe trouve entre les deux fils de la chaîne , tant de ceux qui n’ont point de fil de poil dans le milieu, que de ceux qui en ont. Des deux fils de poil qui font dans une même dent entre les deux fils de chaîne, le premier à gauche doit être placé dans la perle de la life entiere qui eft entre les deux fils de la dentqui n’a que deux fils de chaîne à gauche , & de-là être repañlé dans la perle de la demi - lifle qui doit répondre aux deux fils de la dent où font les fils de poil. Le fecond fil de poil de fa même dent doit.être pañlé dans la perle de la demi- liffe qui répond aux deux fils qui n’ont point de poil à droite s & de-là être repaflé dans la perle de la feconde life entiere à gauche. CRUE | Chacun des fils de poil qui eft paffé dans la perle d’une demie-liffe , doit pañler fous le filde la life en- tiere , tant à droite qu'à gauche, & embrafler {a maille ; c’eft ce qui fait la croifure. Le marli figuré ou croifé fe travailleavec deux mar- ches , fur chacune defquelles on pañle un coup de navette qui eft la même, en obfervant de ne faire joindre chaque coup de trame qu’autant qu'on veut donner de hauteur au carreau. La premiere marche fait lever la premiere & la troifieme lifle de chaîne, & la deuxieme & troifieme life du poil. La feconde marche faitlever la deuxie- me 8 quatrieme de chaîne , & la premiere &c qua- triemede poil, ainfi en continuant par la premiere &c deuxieme marche jufqu’au plein & la hauteur du carré, quand le rzerli eft à grands carreaux. On met une troifieme marche pour faire du plein, quand le marli eft à grands carreaux ; pour lors on pañle une navette garnie d’une trame cuite de cinq à fix brins, fix coups de fuité; favoir , le premier fur la premiere marche, le fecond fur la troifieme , le deuxieme fur la troifieme marche, le troifiemecoup fur la premiere, le quatrieme fur la troifieme, le cinquieme coup fur la premiere , & Le fixieme enfin fur la troifieme. Cette troifieme marche fait lever les deux liffes entieres du poil , & deux lifles de la chaîne , diffé- À M A R rentes des deux que fait lever la premiere marche: C’eft par inadvertance qu’on a inféré qu’en laif- foit des dents vuides au peigne pour que le zzarl fût à jour. Il eft vrai que la chofe pourroit être poffible fi le peigne étoit fin , & qu’on n’en eût pas d’autres; mais f1 on le faifoit faire exprès, on le demanderoit avec lenombre de dents convenable , & fuivant la quantité de fils dont la chaîne eft compofée en ob- fervant que cette quantité de dents fût égale à celle de la moitié des fils de la chaîne : comme parexem- ple, fur une chaîne de 04 fils, le peigne, ne doit contenir que 352 dents ; ainfi des autres. | MaARLIE, {. f. ex termes de Planeur, c’eft un petit bouge qu'on remarque au-deflous de la moulure d'une piece, & au-deflus de l’arrête. Poyez Ar- RÊTE, MARLIN , f, m. ( Taï/1.) efpece de hache à fendre du bois. Elle eft faite comme le gros marteau à frap- per devant des Serruriers, T'aïllandiers | &c. avec cette différence qu’au lieu de la panne, c’eft un gros tranchant , comme il eft pratiqué aux coignées des bucherons ; l’autre extrémité eftune tête. Cet outil fert aux boulangers , bouchers, Gc. Voyez les PI, MARLOVW , ( Géogr.) petite ville d'Allemagne > au cercle de bafle-Saxe , dans le duché de Mecklen- bourg , fur le Reckenits , & cheflieu d’un bailliage de même nom, Long. 30.40. lat, 53.53. (D. J.) MARLY, ( Géogr. ) maiïfon royale , fituée entre Verfailles & faint-Germain, dans un vallon à l’extré- mité d’une forêt de même nom. Les jardins font de le Nôtre, & les bâtimens ont étéélevés fur les defleins & par les {oins de Manfard. Nous ne verrons plus re= naître de fi beaux morceaux d’architeéture & de goût, le temseneft paflé. Marly eft à 4 lieues de Paris. Long. 17.45". 41". lat. 48, 511, 38. ( D. TJ.) MARMANDE,, Géogr. ) ville de France en Guien- ne. Elle eft fur la Garonne , à 6 lieues d'Agen, 12 de Bordeaux , 140 S. O. de Paris. Long. 17. 50. lat, 44. 35. Marmande eft remarquable pour avoir été la pa- trie de François Combeñs domimicain , qui s’eft dif- tingué par {on érudition théologique. Il a publié plu- fieurs opufcules des peres grecs, des additions à la bibliotheque des peres en 3 vo/17-fol, une bibliothe- que des prédicateurs en & vol. nfol. & d’autres ou vrages. [left mort à Paris en 1679, à 74 ans.(2.J.) MARMARA , o4 MARMORA, ( Géog.) nom de quatre iles d’Afe dans la mer de Marmora, à la- quelle elles donnent le nom. La plus grande appel- lée Marmara , a environ 12 lieues de circuit, & une ville de fon nom. Ces quatre iles abondent en blé, en via, en fruits, en coton, en pâturages , & en beftiaux. Elles font fituées au 384. & environ 35. de lac, feprent. & à l’orient d’été d'Héraclée. La mer de Marmora , ou mer Blanche, eft un grand golfe entre l'Hélefpont & la mer Noire : c’eft ce que les anciens appelloient Propontide, (D.J.) MARMARES , ( Géog. anc. ) peuples des frontie: res de la Cilicie , du côté de l'Afyrie. Diodore de Sicile, Liv. XVIT, chap. xxxvü. remarque qu'ils fu- rent aflez hardis pour attaquer Alexandre-le-Grand , &c que ce.prince fut obligé de les affiéger dans leurs retraites au milieu des rochers; mais lorfqu'ils fe virent prêts à être forcés , 1ls mirent le feu à leurs cabanes, traverferent de nuit le camp même des Macédoniens, & fe retirerent dans les montagnes voifines. (D. J.) MARMARIQUE , ( Géog. anc.) grande contrée d'Afrique, entre l'Egypte & les Syrtes , mais qui n’a pas toujours eu le même nom, & dont les bor- nes ont beaucoup varié. Ptolomée, lis. IF, chap. v. commence la Marmarique à la Cyrénaique du côté du couchant, & met entre elle & l'Egypte le Nome de Libye. Strabon dit que Les Mermarides joignoient MAR PEgypte, & s’étendoient jufqu'à la Cyrénaique, étant bornés au nord par la Méditerranée. ( D. J.) MARMELADE, f. f. ( Pharmac. ) confiture faite du jus des fruits, où de fruits mêmes, comme de prune, d’abricot, de coin, &c, qu’on fait bouillir dans du fucre jufqu'à confiftence. Voyez CONFITURE. La rmarmelade de coin eft un peu aftrinsente , & agréable à l’eftomac. Toutes ces marmelades font excellentes lorfque le fucre n’y donune point ,que les fucs ou les fruits font bien cuits, elles font des remedes excellens dans le dévoiement, dans les pertes, & dans Le reiä- chement des fibres. | MARMENTEAU , f. m. (Eaux & forérs. ) c’eft un bois de haute futaie qui eft confervé & qu'on ne taille point. On l’appelle quelquefois Lois de tou che, lorfqu'il fert à la décoration d’un château ou d’une terre. MARMITE, f. f, (Cufine. ) eft un uftenfle de cuifine, de fer, de fonte, ou de cuivre, profond, & fermé d’un couvercle. On en voit qui ont tro piés, & ce font plus communément celles de fer ou de fonte, & d’autres qui n’en ont point, comme celles de cuivre. MARMITE, ( Aydr.) eft un coffre où tambour de plomb qui fe met au milieu d’un bafin, orné de plufieurs jets dardans, foudés fur un tuyau, tour- nant autour du centre remph d’un groupe de figures. ‘ as À FEU, ferme & outil de Ferblantier. Cette marmite eft de fonté, d’un pié & demi de cir- conférence, dans laquelle les Ferblantiers mettent de la cendre &c du charbon de bois pour faire chauf- fer les fers à fouder. Voyez La fig. dans les PL, du Fer- blantier: MARMOROIDES, f. f.(Æiff. nat. Minéral.) nom générique fous lequel quelques auteurs défignent des pierres qui ont de la reflemblance avec les marbres. M. Dacofta comprend fous ce nom les pierres, qui par leur tiflu, leur nature & leur propriété ref- femblent aux marbres, mais qui differeni en ce que les marmoroides ne forment point comme eux de cou- ches ou.de bancs fiuvis, mais fe trouvent par maffes détachées dans des couches d’autres fubftances. Poyez Em. Mandez Dacofia #arural hiftory of foffils Der bete - > ere DENTALE, DANTALE, DENTÉ, ( Æif. nat. )poiflon de mer qui reflemble à la dau- rade par la forme du corps, par le nombre & la po- finion des nageoires & des aigwillons, & même par les couleurs ; ilen differe par la tête qui eft platte, il a dans chaque mächoire quatre dents plus longues quéles autres. Rondelet, 42/2. des poiffons, prem. part, div: VW. chap. x1x. Voyez D'AURADE ( poiffon.) MARMOTTE, ff. mus alpinus, ( Æift. nat.) qua- drupedequi a depuis le bout du mufeau jufqu’à l'ori- gine de la queue environ treize pouces de longueur ; Celle de la queue eft de fix pouces &c demi. Comme le lievre & le lapin il a Le mufeau court & gros, la tête allongée & un peu arquée à l'endroit du front ; les oreilles font très-courtes, à peine paroïffent-elles au-deffus du poil, quia peu delongueur fur la tête, excepté à l'endroit des joues où il eft beaucoup plus long. La levre du deffous eft plus courte que celle du deffus ; le corps eft gros &c fort étoffé ; les jambes _ font courtes & le paroïfient encore davantage parce qu'elles ne font jamais bien étendues. Le fommet de la tête, le deflus du cou, les épaules, le dos & les flancs font noirs avec des teintes de gris & de cen- dré ; les côtés de la tête ont du gris & du noirâtre; les oreilies font grifes ; le bout du mufeau, le deffous de la mâchoire inférieure & du cou, les jambes de devant, le deflous & les côtés de la poitrine, le ven- tre, la face intérieure de la cuitfe & de la jambe ,& Tome X, | MAR 137 les quatre piés ont une coulent roule mêléc de noir, de gris, & meme de cendré; la croupe & la face extérieure de la cuifle & de la jambe font d’une couleur brune & rouisâtre; la queue eft mèlée de cette dernieré couleur & de noir. La marmotte prife jeune sapprivoife plus aifémént qu'aucun autre animal fanvage ; on Papprend à te- nir un bâton, à gefticuler, à danfer, &c, Elle mord lorfqu'eile ef irritée ; elle attaque les chiens ; elle ronge les meubles, les étoffes, & même le bois, Elle fe tient fouvent affife, & elle marche fur les piés de derriere. Elle porte à fa gueule ce qu'elle faifit avec cêux de devant & mange debout comme l’écus reurl. Elle court aflez vite en montant ; elle grimpe fur les arbres; elle monte entre deux parois de ro chers : c'eft des marmottes, dit-on , que les Savoyatde Ont appris à grimper pour ramonner les cheminées, Elles mangent de la viande, du pain, des fruits, des racines, des herbes potageres , des choux, des han: netons, des fauterelles, &c. Elles aiment le lait, & le boivent en grande quantité en marmottant, cel à-dire en faifant comme le chat une efpece de mur: mure de conténtement: elles ne boivent QUE trÈSe rarement de l’eau & refufent le vin. La marmoite à la voix d’un petit chien; mais lorfqn’elle eft irritée ou effrayée, elle fait entendre un fifflement fi pets çant & fi aigu qu'il bleffe le tympan. Cet animal {eroit aflez bon à manger, s’il n'avoit, comme le rat, fur-tout en été, une odeur très-forte & défas greable que lon ne peut mafquer que par des affais ionnemens très-forts. [l fe plaît dans la région de la neige & des glaces, que l’on ne trouve que für les plus hautes montagnes; cependant il eft fujet plus qu'un autre, à s’engourdir par le froid ; il fe retire en terre à la fin de Septembre, où au commence ment d’Oétobre pour n’en fortir qu'au commence- ment d’Avri. Sa retraite eft grande, moins larve que longue, & très-profonde: c’eft une efpece de galerie faite en forme d’V, dont les deux branches ont chacune une ouverture, & aboutiflent toutes deux à un cul-de-fac qui eff le lieu du féjour. Il eft non- feulement jonché mais rapiflé fort épais de moufie 6 de foin; les z2armortes en font ample pro- vihon pendant l'été. Elles demeurent plufeurs ens femble & travaillent en commun à leur habitation ; elles sy retirent pendant orage, pendant la pluie, &c dès qu'il y a quelque danger : elles n’en fortent même que dans les beaux jours. L’une fait le guet, &c dès qu'elle apperçoit un homme, un chien, une aigle, Ge. elle avertit les autres par un coup de fé flet, êc ne rentre elle-même que la derniere. Lorfque ces animaux fentent les approches de la faifon qui doit les engourdir, ils ferment les deux portes de leur domicile, 1ls font alors très-oras ; quelques-uns pefentjuiqu'à vingt livres; ils l2 font encore trois Os après ; mais 1ls deviennent maigres à la fin de lhiver. 1! n’eft pas sûr qu’ils foient toujours engour- dis pendant fept ou huit mois: auffi les chafleurs ne vont les chercher dans leur caveau que trois femai- nes où un mois après que les iflues {ont murées, & ils n'ouvrent leur retraite que dans le tems des grands froids : alors ils Les trouvent tellement affou- pis, qu'ils les emportent aifément ; mais lorfqu'il fait un vent chaud, les #armortes fe réveillent au premier bruit, &c creufent plus loin en terre pour fe cacher. Ces animaux ne produifent qn’une fois lan, les por- tées ordinaires font de trois ou quatre petits ; ils ne vivent que neuf ou dix ans, On trouveles marmoites furles Alpes, les Apennins, les Pyrénées, & fur les plus hautes montagnes de PAllemagne, On diftin- gue pluñeurs autres efpeces de zarmores ; favoit le bobak, ou r7armotte de Pologne ; le mouax , ou rar motte de Canada, le cavia , on marmotte de Bahamas & le cuicer, ou warmorre de Strasbours. Hifloire nars R 132 MAR gen. & part. tom. VIII. Voyez QUADRUPEDE. On demande comment les rarmortes, les loirs, qui font plufeurs mois fans prendre de nourriture, ont cependant le ventre rempli de graifle : voici comme on explique ce phénomene. Dans les ant maux quifont amas de graifle, 1l fe trouve des mem- branes redoublées, & comme fewilletées: ces mem- branes diverlement collées les unes aux autres par certains endroits, & féparées par d’autres, forment une infinité de petits facs, où aboutiffent des peti- tes plandes , par lefquelles la partie huileufe du fang eft filtrée. Il y a lieu de croire que les veines ont aufli de petites bouches ouvertes dans ces mêmes petits facs , & qu’elles y reçoivent cette fubftance huileufe , pour la porter avec les reftes du fang | -dans le ventricule droit du cœur, lorfqu'il fe ren- contre des befoins extraordinaires. Les marmottes au-lieu d’un épiploon, qui eft uni- que dans les autres animaux, en ont trois ou quatre les uns fur les autres ; ces épiploons ont leurs vei- nes qui retournent dans la veine cave , comme pour reprendre dans les aquéducs, qui portent au cœur la matiere du fang , & pour lui envoyer dans Pin- digence la matiere que les facs membraneux qui con- tiennent la graifle onten referve, & qu'ils ont reçu des arteres, pendant que le corps de l’animal avoit plus de nourriture qu’il ne lui en falloit pour réparer les difipations ordinaires. MARMOUTIER ox MAURMUNTIER , (Geogr.} en latin Mawri cévisas , perite ville de France, dans la bafle Alface , à une lieue de Saverne, avec une abbaye de bénédiétins, qui a pris fon nom d’un de fes abbés, nommé Maurus, Elle fut cependant fon- dée par faint Firmin, vers l'an 725. Cette abbaye occupe le tiers de la ville, & par conféquent cette ville eft miférable. Long. 25. 2. lat, 48. 44. ‘| Iyaune autre abbaye de Marmoutier en France, qui eft auf fous la reole de faint Benoit, & qui a été fondée dans la Touraine, près de la Loire, à une lieue de Tours. Cette abbaye eft bien autrement célebre que celle de la baffe Alface. Ce futS. Mar- tin qiu établit ce monaftere en 371. On le fait pañler pour le premier & le plus ancien de ceux qui font en occident. Aufli l’a-t-on nommé par excellence, rnajus monafterium , d'où lPona fait en notre langue Marmoutier. Le revenu de l’abbaye eff de 16 mille livres de rente, & celui des moines de 19 mulle, Les bâtimens ont été fuperbement rétablis dans ces der- niers tems ; enfin en 1737 cette abbaye a en partie été réunie à l’archevêché de Tours. (2. J.) MARNAUX, {. m. pl. serme de Péche , ufité dans le reflort de l’amirauté de Marennes, eft un rets qui fert à faire [a pêche des oifeaux. Ce fontles mêmes filets que les pêcheurs de la pointe du Bafck nom- ment marécages ;. les piecesen ont trente à quarante brafles jufqu'à cinquante de long, & trois brafles de chüûte ; elles font amarées fur de hauts pieux plan- tés à la côte à l'embouchure des petites gorges & bafles marécageules. Les tems les plus favorables pour faire cette pé- che avec fuccès font les nuits noires & obfcures, & les grands froids, & encore durant les motures & les tempêtes ; les filets font compotfés de fil très-fin, & les mailles ont depuis quatre pouces jufqu’à fept ou huit pouces en quarré ; le ret eft tenu volant &c caché ,! pour donner lieu aux oïfeaux qui s’y pren- nent de s'engager davantage en fe débattant pour fe pouvoir échapper 1 … MARNE, ff, (Æifé. nar. Minéralogie & Economie ruflique. ) marga, c’éft une terre calcaire, légere, peu compaéte, qui perd fa liaifon à l'air, qui fait effervefcence avec les acides , en un mot qui ne dif. fere de la craie, que parce qu’elle n’eft point denfe ni fi folide qu'elle, Foyez CRAIE. MAR Rien de plus confus que les defcriptions que Jes Naturaliftes nous donnent de la marne: leurs dé: finitions de cette fubftance ne s'accordent nulle- ment ; 115 lui affignent des propriétés qui lui font - entierement étrangeres, où du-moins qu’elle n’a que par fon mélange accidentel avec d’autres fub- ftances, & fur-tout avec des terres argilleufes ; c’eit auf ce mélange qui femble avoir induit eh erreux la plûpart des Naturalifies ; 1f eft caufe que Walle- rius & beaucoup d’autres ont placé la marre au tar des argilles, c’eft-à-dire des terres qui fe durciffent au feu, propriété qui ne convient point à la warne comme telle, mais qui ne peut lui être attribuée qu'en raïon de la portion d’argille ou de glaife avec laquelle elle fe trouve quelquefois mêlée. On fent auili que c’eft au mélange de la marre avec Parsille qu’eft dûe la propriété de fe virifier que quelques auteurs lui attribuent: en effet, nous favons que Pargille mêlée avec une terre calcaire devient vitri- fable, quoique féparées, la premiere de ces terres ñe fafle que fe durcir par lation du feu, & la fe= conde fe change en chaux. En'un mot il eft conftant que la sarne eft une terre calcaire, qui fait effervef: cence avec les acides, qui ne differe de la craie que parce que la premiereeft moins liée où moins folide que la derniere; c’eft comme terre calcaire qw’ellé a la proprièté de fertilifer les terres, & M. Pott, dans fa Lithogéognofie, a fait remarquer avec beaucoup de raifon qu'il falloit bien diftinguer dans la marne; fa partie conftituante, par laquelle elle eft propre à divifer les terres & à contribuer à la croiflance des végétaux, des parties accidentelles, telles que L& glate, le fable, &c. S1 l’on fait attention à la diftinétion qui vient d'être faite, on fentira que c’eft avec très-:peu de raifon que la marne a été placée par plufeurs auteurs au rang des terres argilleufes , on verra que rien n'eft moins exa& que de donner le nom de marne à des terres à pipes, à des terres dont on fait de la porcelaine, à des terres propres à fouler les étoffes , à des terres qui fe durciflent dans le feu, &c. toutes ces terres ont des propriétés qui ne conviennent qu'aux vraies.-arpilles, C’eft aufli, faute d’avoir eu égard à ces diftinc- tions , que les auteurs anglois fur-tout nous parlent de la marne d’une maniere fi confufe & fi contradie- toire ; en effet, les uns nous difent que rien n’eft plus avantageux que la murze pour rendre fertiles les terreins fablonneux ; d’autres au contraire pré- tendent que cette terre eft propre à fertihfer les terres glaifes trop denfes & trop compaétes : il eft aifé de voir qu'une même terre n’eft point propre à remplir des vûes fi oppofées. Nous allons tâcher de faire difparoitre ces contradiétions, qui ne viennent que de ce qu'on n’a point aflez connu la nature de la fubftance dont on parloit, & nous remarque- rons en pañlant que cela prouve combien on peut être trompé quand on ne confulte que le coup-d’œïk extérieur des fubftances du regne minéral. Si la terre que l’on trouve eft feche, en pouffere;; peu liée, & foluble dans les acides, c’eft-à -dire calcaire, ce fera de la vraie r7arre proprement dite, alors elle fera propre à fertilifer les terreins. trop gras & trop pefans, parce qu’elle les divifera, elle écartera les unes des autres les parties tenaces de: la glaïfe, par-là elle la rendra plus perméable aux eaux, dont lalibre circulation contribue effentielle. ment à la croiflance des végétaux. D'un autre côté fi ce qu'on appelle marne eft une terre purement glaifeufe& argilleufe, ou du-moins une pierre cal caire mêlée d’une grande partie d’argille ou de glaifez alors elle fera propre à fertilifer les terreins mai- gres: & fablonneux, elle leur donnera plus de liaxs {on ; propriété qui fera dûe à la partie argrlleufe, MAR .… Une vraie marne , c’eft-à-dire celle qui eft calcaire _& précifément de la nature de la craie, fera très- propre à bonifier un terrein humide & bas , qui fui- vant l’expreflion aflez jufte du laboureur , eft aigre &c froid $ cette aigreur ou cette acidité vient du {é- jour des eaux & des plantes qu’elles ont fait pourrir dans ces fortes d’endroits : alors la vraie #urne étant une terre calcaire , c’eft-à-dire abforbante & alka- line , fera propre à fe combiner avec lès parties aci- des qui dominoient dans un tel terrein, & qui nui- {oient à fa fertilité. Par la combinaifon de cet acide avec lararne, il fe formera, fuivant le langage de la Chimie , des fels neutres qui peuveñt contribuer beaucoup à favorifer la végétation. Il eft donc important de favoir avant toute chofe ce que c’eft que l’on appelle zarne, de s’aflurer fi celle que l’on trouve dans un pays eft pure & cal- caire, ou f c’eft à de l’areille ou de la terre mêlée d'argille que l'en donne le nom de #arne, Pour s’6- clarcir là-deflus, on n’aura qu'à l’efayer avec de l'eau-forte, ou fimplement avec du vinaigre : fi la terre s’y diflout totalement, ce fera une marque que c'eft de la warne pure, véritable & calcaire ; s’il ne s’en diflout qu’une portion, & qu’en mettant une quantité fufhfante de diffolvant il refte toujours une partie de cette terre qui ne fe diflolve point, ce fera un figne que la marre étoit mêlée d’argille où de glaife. S'il ne fe diffont rien du tout, ce fera une preuve que la terre que l’on a trouvée eft une vraie argile ouglaife, à qui lon ne doit par conféquent point donner le nom de rrarne. à Il faudra aufli confulier la nature des terreins que lon voudra marrer ou mêler avec de la sarne : il Y en a qui étant déja calcaires, fpongieux par eux-mé- mes , ne demandent point à être divifés davantage: dans ce cas la vraie marne calcaire ne doit pas leur convenir ; on réuflira mieux à fertilifer de pareils terreins , en leur joignant de la glaife ou de Pargille, Voyez GLAISE. En général on peut dire que la marne fertilife en- tant qu'elle eft calcaire, c’eft-à-dire entant qu’elle ft compoiée de particules faciles à diffoudre dans: | les eaux , & propres à être porrées par ces mêmes eaux en molécules déliées à la racine des plantes dans lefquelles ces molécules paflent pour contribuer à leur accroiflement. La marne varie pour la couleur ; il y en a de blan- che, de grife , de rougeître , de jaune, de brune, dé noire, &c. ces couleurs font purement acciden- telles & ne viennent que des fubftances minérales étrangeres avec lefquelles cette terre eft mêlée. (—) . MARNIERE, £ £. ( Economie ruftique. ) eft le lieu ou la mine d’où l’on tire la marne. Voyez MARNE, MARNOIS, f. m. ( Marine. ) ce font des bateaux de médiocre grandeur qui viennent de Brie & de Champagne jufqu’à Paris fur la Marne & fur la Seine. MARO & GÉMÉLICOLLES , (Géog. arc.) mon- tagnes de la Sicile ainfi nommées par Pline Lv. fII. ch. viiy. Solin & d’autres géographes leur donnent le nom commun de Nebrodes. La montagne Maro s’ap- pelle aujourd’hui Madonia, &r celle de Géméili Monre di mele. . MAROC , EMPIRE DE , ( Géogr, ) grand empire d'Afrique dans la partie la plus occidentale de la Bar- barie, formé des royaumes de Maroc, de Fez , de Taflet, de Sus, & de la province de Dara. Voyez M. de Saint-Olon. . Cet empire peut avoir 250 lieues du nord au fud, & 104 de l’eft à l’oueft ; ileft borné du côté du nord par la Méditerranée , à lorient & à l'occident par | la mér Atlantique , & au midi par le fleuve Dara. Les chrétiens cependant tiennent quelques places fur les _ çôtes; les Efpagnols ont du côté de la Méditerranée ND AURA ii Ceuta , Meilila & Orans ; les Portugais poffedenr Magazan fur l'Océan. Tout le refte appartient À l'empire de Maroc , qui fe forma dans le dernier fiécle. Le fameux Monley- Archi , roi de Tafilet » © Moula-Ifmaël fon frere ; réunirent les royaumes de Maroc, de Fez , de Tafilet ët de Sus, la vafte province de Dara fous une même puiffance. | Ainfi cet empire ; qui comprend une partie dé là Mauritanie , fut mis autrefois par Auguite fous le feul pouvoir de Juba. Il eft peuplé des anciens Mau- res, des Arabes Bédouins iqui fuivirent les califes dans leurs conquêtes, & qui vivent fous des tentes comme leurs ayeux, des Juifs chaflés par Ferdinand & Lfabelle , & des noirs qui habitent par-delà le mont Atlas. , On voit dans les campagnes ; dans les maifons ; dans les troupes , un mélange de noirs & de métis. Ces peuples, dit M. de Voltaire, trafiquerent de tout tems.én Guinée ; ils alloient par les deferts ; aux côtes où les Portugais vinrent par l'Océan, Ja- mais ils ne connurent la mer que comme l'élément des pirates. Enfin toute cetre vafte côte de l'Afrique depuis Damiete jufqu’au mont Atlas, étoit devenue barbare, dans le tes quenos peuples feptentrionaux autrefois plus barbares encore, fortoient de ce trifte état pour tâcher d'atteindre un jout À la politefle des Grécs &c des Romains, ( D. J.) MAROC, royaume de, ( Géog, } royaume d’Afris que dans la partie la plus occidentale de la Barbarie. Il eft borné au nord par Le fleuve Ommirabi , À lo: rient par le mont Atlas, au midi par la riviere de Sus , & au couchant par l'Océan occidental, Ce royaume s'étend le long de la côte, depuis lembou- chure de la riviere de Sus, que les anciens appela loient Suriga, jufqu'à la ville d’Azamor. Les forces de cé royaume font peu redoutables par mer, parce que le nombre des bâtimens qu'il équipe en mauvais ordre, n’ont ordinairement qu’une dou- zaine de 15 à 20 piecés de canon mal fervies. S'ils font des prifes , le roi en a fa moitié ; mais il prend tous les efclaves en payant ÿo écus pour chacun de ceux qui ne font pas compris dans fa moitié. Les forces de terre ne valent pas mieux que celles de mer, parce qu’elles n’ont ni armes ni difcipline. Quoique le royaume de Maroc foit divifé en fept provinces aflez grandes , il eft cependant très-peu peuplé , à caufe de fon terrein fablonneux & ingrat, qui ne permet pas l'abondance des grains & des bef= taux ; il produit feulement une grande quantité de cire & d'amandes qui fe débitent en Europe. . On compte dans tout ce royaume 25 à 30 mille cabanes d’adouards, qui font 80 à 100 nulle hommes payant annuellement au roi la dixme de leurs biens depius l’âge de 15 ans. Un adouard eft une efpece de village ambulant compofé de quelques familles arabes, qui campent fous des tentes tantôt dans un lieu, tantôt dans l’autre ; chaque adouard a fon ma- rabou & fon chef, quu eft elu. Rien n’eft compara- ble à la mifere & à la malpropreté de ces arabes. Le roide Maroc prend letitre de grand chérif,, c’eft- a-dire de premier fuccefleur de Mahomet, dont il prétend defcendre pag Aly & par Fatime, gendre & fille de ce faux prophete. | d Sa religion, pleine de fuperftitions , eft fondée fur Palcoran, que les Maures & les Arabes expli= quent à leur mamere , felon l'interprétation de Melich. | s | Quoique les efclaves chrétiens appartiennent au roi , ils n’en font pas moins malheureux par la ru- defle de leurs travaux , leur mauvaïle nourriture ; les lieux fouterreins où on les fait coucher. Les juifs, quoiqu'utiles & en grand nombre dans 134 MAR cet état , y font rançonnés comme autrefois parmi les chrétiens. | Les alcaïdes gouvernent le royaume fous l’auto- rité du chérif, car il n’a nicour de juftice, ni confeil particulier , ni miniftre ; il eft l’auteur , l'interprete & Le juge de fes lois. Dans fon royaume de Maroc, comme à la Chine, il donne le droit à l'empire par fon teftament en faveur de celui de fes enfans qu’il lui plaît de nommer, ou même d’un autre fujet pour fon fuccefleur. Aïnf les partis peuvent fe former pendant la vie du monarque ; & s’il ne fait point de teftament , ou s’il ne laifle point de nomination par fon teftament , tout fe trouve préparé à la divifion &z aux guerres civiles. J'ajoute que le roi de Maroc, malgré fon defpotif- me, reconnoît en matiere de religion l’autorité fupé- rieure du Moufti & de fes prêtres; 1l n’a pas le pou- voir de les dépofer, quoiqu'il ait celui de les établir: cependant s'ils mettoient obftacle à fes deffeins, fa vengeance feroit sûre & leur perte inévitable, à moins qu'ils ne le détronaflent au même moment. (D. J) Maroc , province de, ( Géog. ) c’eft la principale des fept provinces du royaume de même nom, &c qui forme une figure triangulaire au nulieu des au- tres. Cette province fe nommoit autrefois Bocano emero, & fa capitale étoit l'ancienne ville d’Apmet, d’où les Lumptunes ou Almoravides vinrent fondre dans le pays. [ls y bâtirent enfuite la ville de Maroc pour être le fiége de leur empire & la capitale non-feule- ment de la province, mais encore de toute la partie occidentale de la Mauritanie Tangitane. Les habitans de cette province ont hors des mon- tagnes un terrein abondant en froment , en orge, en millet & en dattes ; ils font dans les villes affez bien vêtus à leur mode, mais les montagnards font nufé- tables, parce qu’ils ne recueillent qu'un peu d'orge fous la neige. ( D. J.) Maroc, ( Géogr.) capitale du royaume & de la province de même nom; c’eft une grande ville, la mieux fituée de toute l'Afrique, dans une belle plai- ne , à cinq ou fix lieues du mont Atlas, environnée des meilleures provinces de la Mauritanie tangitane. On croit que c’eft l’ancienne Bocanum Hemerum, où il y avoit un évêché avant la domination des Mau- res. Elle a été bâtie par Abu Téchifien, premier roi des Almoravides , environ l’an 1052, & 454 dé l’hé- aire. Elle eft fermée de bonnes murailles faites à chaux & à fable, avec une forterefle du côté du midi ; mais cette ville a bien déchu de fon ancienne fplendeur , & ne contient pas aujourd’hui 25 mille ames. Sa forterefle & fa mofquée, autrefois fi fa- meufes , ne font plus rien. Maroc eft à environ 100 lieues S. O. de Fez, so N. E. de Sus. Log. 10.50. dat. 30. 32: ( D. 1.) Maroc, {. m.( Draps. ) ferges qui fe fabriquent à Rouen. Foyez l’article MANUFACTURE EN LAINE. MAROCOSTINES , ( Pharmacie. ) pilules maro- coffines ; c’eit un extrait cathartique compofé des drogues fuivantes. Prenez gomme ammoniaque une once & demie ; myrrhe, fix gros ; aloës , une livre ; agaric ; fix gros ; rhubarbe, trois onces; fafran , une demi-once; coftus , fix gros; bois d’aloës, deux gros ; feuilles de lentifque, une demi-once : faites une décoétion des fix derniers ingrédiens dans deux livres de fuc de rofe de damas , & dans une quantité fufifante d’eau commune. Exprimez le tout fortement : ajou- rez enfuite la gomme ammoniaque & la myrrhe dif- foute dans quatre onces de vinaigre de fquille avec l’aloës. Donnez au tout une confiftence convenable par évaporation. Ce remede eft apéritif; 1l s'ordonne depuis qninze grains jufqu'à deux fcrupules. C’eft nn grand atté- nuant & défobftruétif. | V MAROGNA , ( Géog. ) c’eft l’ancienne Maronca 3 petite ville de Turquie dans la Romanie: l’archevé- que de Trajanopoli y fait fa réfidence. Elle ef fituée proche la mer, à 28 lieues S. O. d’Andrinople , 6a € O. $ Conftantinople. Long. 43.16, lar, 40. 56. D. J. | MARORK , {. m. (Æ1ff. nar.) oïfeau que l’on trouve en Ethiopie & en Abiffinie : on le nomme auf oifeax de miel, à caufe de linftin& qui lui fait découvrir le miel des abeilles fauvages, qu’elles cachent avec foin ou fous la terre où dans les creux de quelques arbres. Lorfque le #arok a découvert un de ces tré- fors cachés , il en avertit les voyageurs par fon cris & lorfqu’il eft parvenu à s’en faire fuivre , il bat des aîles & fait un ramage agréable fur l’endroit où le miel eft renfermé. On a foin d’en laïfler quelque portion pour le guide , qui eft fort avide de s’en nourrir. MARON , f. m. ferme de relation, On appelle mas rons dans les îles françoifes les negres fugitifs qui fe fauvent dela maifon de leurs maîtres, foit pour évi- ter le châtiment de quelque faute , foit pour fe déli- vrer des injuftes traitemens qu'on leur fait. La loide Moife ordonnoit que l’efclave à qui fon maître au- roit caflé une dent feroit mis en liberté ; comme les chrétiens n’acquierent pas les efclaves dans ce def- fein , ceux-ci accahlés de travaux ou de punitions, s’échappent par-tout où ils peuvent ; dans les bois, dans les montagnes, dans les falaifes , ou autres lieux peu fréquentés, & en fortent feulement la nuit pour chercher du manioc, des patates , ou au- tres fruits dont ils fubfftent. Maïs felon le code noir, c’eft le code de marine en France, ceux qui prennent ces efclaves fugitifs , qui les remettent à leurs mai- tres , ou dans les prifons , ou entre les mains des officiers de quartier , ont cinq cens livres de fucre de récompenfe. Il y a plus : lorfque les marons refu- fent de fe rendre , la loi permet de tirer deflus ; f on les tue , on en eft quitte en faifant fa déclaration par ferment, Pourquoi ne les tueroit-on pas dans leur fuite, on Les a bien achetés ? Mais peut-on acheter la liberté des hommes , elle eft fans prix ? Voyez Es< CLAVAGE , Droit nat. Morale, Religion. Au refte, j'oubliois de dire une chofe moins impor- tante , l’origine du terme z7aron : ce terme vient di mot efpagnol fmaran , qui fignifie un f£ñge. Les Efpa- gnols qui les premiers habiterent les îles de l'Amé- rique , crurent ne devoir pas faire plus d’honneur à leurs malheureux efclaves fugitifs, que de les appel- ler f£nges , parce qu'il fe retiroient comme ces ani- maux au fond des bois, & n’en fortoient que pour cueillir les fruits qui fe trouvoient dans les lieux les plus voifins de leur retraite, ( D. J. ) | MARONÉE , Maronca , ( Géogr. anc. ) ville de Thrace ‘entre le fleuve Neftus & la Cherfonèfe. If paroît par des médailles qu’elle reconnoifloit Bac- chus pour fon proteéteur , à caufe de l'excellence du vin de fon territoire , déja renommé dès le tems d'Homere, puifque c’éroit-là qu'Ulyffe avoit pris ce- lui dont il emvra le cyclope, Cette ville s'appelle aujourd’hui Marogna, fituée dans la Romanie fur la côte, près du lac Bouron. Pline dit qu’elle avoit été bâtie par Maron l’ésyptien, qui fuivit Ofiris ou Bac chus dans fes conquêtes. (D. J. MARONIAS, (Géog. anc.) où MARONIAS ; ville de Syrie. Ptolomée la place dans la Chalcydie, & les modernes à environ 12 lieues d’Antioche, elle devint un évêché. (D. J.) MARONITES , {. m. ( Æiff. ecclef.) nom qu’on donne à une fociété de chrétiens du rit Syrien, qui font foumis au pape, & dont la principale demeure eft au mont Liban, Leur langue vulgaire eft l’arabe, MAR On ne convient pas de leur origine ; les uns pré- tendent que c’étoit un nom de feétes qui embrafié- rent le parti des Monothélites, & d’autres aflurent qu'ils n'ont jamais été dans le fchifme. Un fçayant maronite, Faufte Nairon profefleur en arabe à Ro- me , a fait l'apologie defa nation & de l'abbé Maron, dont les Maronites tirent leur nom. [prétend que les difciples de ce Maron qui vivoit vers l’an 400, fe ré- pandirent dans toute la Syrie où ilsbätirent plufeurs monaftères. Quoi qu'il enfoit , les Maronites ont un patriarche qui réfide au monaftére de Cannubin au mont Liban, à rolieues de Tripoli. Il prend la quali- té de patriarche d’Antioche. Son éleétion fe fait par le clergé &c par le peuple felon l’ancienne difcipline de lPEglife. Il a fous lui quelques évêques qui réfi- dent à Damas, à Alep , à Tripoli, & dans quelques autres lieux où fe trouvent des Maronites. Les eccléfiaftiques qui ne font pas évêques peu- vent tous fe marier avant l’ordination. Leurs moi- nes font pauvres, retirés dans le coin des monta- ones, travaillant de leurs mains, cultivant la terre, & ne mangeant jamais de chair ; mais ils ne font point devœux. Les prêtres ne difent pas la mefle en particulier ; ils la difent tous enfemble , étant tous autour de lau- tel, & 1ls afliftent le célébrant qui leur donne la communion. Les laiques n’obfervent que le caré- me, &ne commencent à manger dans ces jours-là que deux ou trois heures avant le coucher du foleil, Ils ont plufeurs autres coutumes fur lefquelles on peut confulter avec précaution la relation du pere Dandini jéfuite écrite en italien, traduite par M, Simon avec des remarques critiques. (D. J. ) MARONTI, (gcog.) riviere de l'Amérique méri- dionale dans la France équinoxiale qu’elle borne à occident. C’eft la riviere la plus confidérable du pays , elle a un cours de 60 à 80 lieues, & fe dé- charge dans la mer à environ 45 lieues de l’embou- chure de la Cayenne. (D. J). MAROSTIE A , (Géog.) petite ville, ou même bourg d'Italie, dans le patrimoine du S. Siege; fon aieft pur , le pays admirable , fertile en toutes for- tes de fruits, & particulierement en cerifes, qui font les plus belles d'Italie. On n’y voit que fources & fontaines, le Boffa pafle au milieu , & le Silano à un mile plus loin. C’eft la patrie de Profper Alpin, qui s’eft fait une haute réputation par {es ouvrages de médecine & de botanique. Il mourut à Padoue en 1616, âgé de 63 ans. (2. J.) MAROTIQUE,;adj.( Lis.) dans la poéfie françoife fe dit d’une maniere d'écrire particuliere, gaie, agréa- ble, &c tout à la fois fimple 8 naturelle, Clément Marot, valet-de chambre du roi François I. en a donné le modéle, & c’eft de lui que ce ftyle a tiré fon nom. Ce poëtea eu plufeurs imitateurs, dont les plus fameux {ont la Fontaine & Roufeau. ‘ La principale différence qui fe rencontre entre le ftyle marotique & le ftyle burlefque , c’eft que le ma- rotique fait un choix, & que le burlefque s’accom- mode de tout, Le premier eft le plus fimple , mais cette fimplicité a {a noblefle, & lorfque fon fiecle ne lui fournit point des expreflions naturelles, il les emprunte des fiecles pañlés. Le dernier eft bas & rampant, & va chercher dans le langage de la po- pulace des expreffions profcrites par la décence & par le bon gout. L’un fe dévoue à la nature, mais il commence par examiner fi les objets qu’elle lui préfente font propres à entrer dans fes tableaux, n'y en admettant aucun qui n'apporte avec foi quel- que délicatefle & quelque enjouement. L’autre don- ne pour ainfi dire tête baïiflée dans la bouffonnerie, &t adopte par préférence tout ce qu'il y a de plus extravagant ou de plusridicule. Voyez BURLESQUE. Après des caraëteres fi difparates & fi marqués ‘1 eue M AR 135 il eft étonnant que des auteurs celébres tels que Bal- zac, Voiture , le P. Vavaffeur , ayent confondu ces deux genres , & il ne l’eft pas moins qu'on prodi- gue encore tous les jours le nom de ftyle arorique a des ouvrages écrits fur un ton qui n’en a que la plus légere apparence. Des auteurs s’imaginent avoir écrit dans le gout de Marot lorfqu'ils ont fait des vers de la même mefure que les fiens, c’eft-à-dire, de dix fyllabes, patfemés de quelques expreflions gauloifes , fous prétexte qu’elles fe ren- contrent dans le pocte, dans S. Gelais, Belleau, &c. Maisils ne font pas attention 1°, que ce langa- ge furanné ne {çauroit par lui-même prêter des gra ces au ftyle, à moins qu'il ne foit plus doux, ou plus énergique, plus vif ou plus coulant que le langage ordinaire, & que fouvent dans ces poéfies marori- ques on emploie un mot par préférence à un autre, non parce qu'il eft réellement meilleur, plus expref- fif , plus fonore , mais parce qu'ileft vieux. 2°, Que Marot écrivoit & parloit très-purement pour fon fiecle, & qu'il n’a point ou prefque point employé d’exprefions vieilles relativement à fon temps; que par conféquent fi fes poéfes ont charmé la cour de François Ï. ce n’eft point par ce langage prétendu gaulois , maïs par leur tour aifé & naturei. 3°, Qu'un méchanifme arbitraire, une forme extérieure nefont point ce qui caraétérife un genre de poéfie, & qu’elle doit être marquée par une forte de fceau dépen- dant du fonds même des fujets qu’elle embrafle & de la maniere dont elle les traite. De ces trois ob- fervations il réfulte que l'élégance du ftyle rarorique ne dépend ni de la ftruéture du vers, nidu vieux jar- gon mêlé fouvent avec affeétation à la langue ordi- naire , mais de la naïveté , du génie & de l’art d’aflor- tir des idées riantes avec fimplicité. Ce n’eft pas que le vieux ftyle n’ait fon agrément quand on fçait l’em- ployer à propos: peut-être a-t-on appauvri notre langue fous prétexte de la polir ,en en banniffant cer- tains vieux termes fort énergiques comme l’a remar- qué la Bruyere, & que c’eft la faire rentrer dans fon domaine que de les lui rendre parce qu'ils font bons & non parce qu'ils font antiques. Des idées fim- ples fans être communes, naïves fans être bafles, des tours unis fans négligence, du feu fans hardieffe, une imitation conftante de la nature, & le srandart de déguifer l’art même; voilà ce qui fait le fonds de ce genre d'écrire, & cequi caufe en même temps la difiiculté d’yréuflir. Principes pour la leëture des poë- ces, tome I. page 56 6 fuiv. MAROTTI, f.m. ( Bor. exor.) arbre du Mala- bar, à feuilles de laurier. Il porte un fruit rond, oblong , contenant un noyau large, dur & jaunâtre, qui renferme dix ou onze amandes. On entire une huile d’ufage dans la galle & autres maladies de la peau. (D. J.) MAROUCHIN, f. m. (if. des drop.) nom vul- gaire qu'on donne au pañtel de la plus mauvaife qualité, & qui n’a pas plus de force que le vouéde de Normandie. On le fait de la derniere récolte, & du marc des feuilles de la plante qui produit cette drogue fi néceffaire pour les teintures en bleu. Foyez INDI1GO & PASTEL. (D. J.) MAROUFLER , v. at. en Pezzrure, c’eft enduire le revers d’un tableau peint en huile fur toile, avec de la couleur, & particulierement avec de la terre d'ombre qu’on a fait bouillir , & qu’on applique fur un mur, ou fur du bois. Cela les garantit un tems du dommage que l’humidité pourroit y caufer. MAROÛTE LA, (Boran.) c’eft l’efpece de came- mille, que les botaniftes nomment camomille puan- te, chamælum fœtidum off. Ses racines font fibreu- fes ; fes tiges font cylindriques , vertes, caflantes , fucculentes & partagées en plufeurs rameaux. Elles font plus groffes & s’élevent plus haut que celles de 136 MAR lacamomille commune. Ses feuilles font auf plus prandes , &t d'un verdfoncé. Ses fleurs font fembla- Dles à belle de la camomille ordinaire pour la cou- leur & pour la figure. Toute cette plante fette une odeur forte, birumineufe , &t eft rarement d’ufage. Elle rougit un peu le papier bleu, d’où lon voit qu’elle contient un fel effentiel ammoniacal, enve- Zoppé dans beaucoup d’htle grofiere & fétide. Matthiole dit que certe efpece de camomille eft Vu ne telle acreté qu’elle ulcere la peau. On peut s’en fervir en furmigation, dans la pañion hyférique. (D. | MarGUTE où camomille puañte, (Mat. med.) La dévotion de maraute , felon Tragus, eft très-fa. lutaire pour la pañlion hyftérique. Onlemploie en demi-bain, en fomentation & en fumiganion, Cette plante et f acre, dit Matrhiole, qu'elle ulcere la peau ; ce qui fait que ceux qui font leurs néceflités dans les-champs & qui s’efluyent enfuite avec cette plante , font tourmentés peu detems après d’une ar- deur infupportable. Geoffroy , Mar. med. MARPACE , (Geog.) petite ville d'Allemagne en Souabe , au duché de Wirtemberg , fur le Necker, entre Hailbron & Schorndorff, Long, 16, 57. dar, DE Re , LARPESSUS , (Geog. ane.) ville de la Phrygie dans le mont Ida, aux ‘environs du fleuve Ladon. {2. 7.) | MARPOURG ,, ( Géogr. ) ville d'Allemagne au landgraviat de Heffe-Caffel, dont elleeft la capitale, avec une uriverfité fondée en 1526. Marpourg n'étoïit anciennement qu'une forterefle des Mattiaques, que Ptolomée , Zv.LI. chap. xj. ap- pelle Mattiacum. Elle a été autrefois libre 8 impé- riale , mais les landgraves de Heffe la foumirent à leur obéffance. Elle eft dans un pays agréable, fur la Lohn , à 14 lieues S. G. de Waïldeck , 18 N. E,de Francfort, 198. O.de Caflel. Long. 26. 28. lar. 50, 42. | Quoique cette ville foit uneuniverfité , elle n’eft pas fécondeen gens de lettres, &jene connoïs guere que Frédéric Sylburge qui mérite d’être nommé. C’é- toit il eft vrai un des favans hommes du xvj fiecle , _-dans la connoïffance de la langue grecque, comme le prouve fa Grammaire &c autres ouvrages, où fon érudition en ce genre n’eft pas douteule. Il eur grande part au tréfor de cette langue morte , donné fous le nom d'Henri Etienne ; & mourut à Heidelberg en 1569, à la fleur de fon âge. ( D. J. ) MARPURG, ( Géogr. ) ville d'Allemagne, dans la baffe-Styrie. Lazius penfe que c’eft le Ca/fra Mar- cianad’ Ammien Marcellin , &c c’eft ce qu’il feroit bien embarraflé de prouver. Cette petite ville eft fur la Drave, à 9 milles de Gratz. Long, fuivant Street, 3. 26. lat. 48.50.(D.J.) MARQUAIRE, { Géog. ) ville des Indes , fur la côte de Malabar au royaume de Calicut. Elle eft peuplée, marchande , & a un port avec des forts qui en défendent l’entrée. Voyez Pylard, voyage aux {ndes orientales, ( D. J.) MARQUE, L.f. ( Gramm. ) figne naturel ou arti- ficiel auquel on diftingue une chofe d’une autre. Voyez aux articles fuivans différentes acceptons de ce mot. MARQUE , ( Aift. mod.) lertres de marque , ou Ler- tres de repréfailles, ce font des lettres accordées par unfouverain, en vertu defquellesileftpermis aux fu- jets d’un pays de faire des repréfailles fur ceux d’un autre , après qu'il a été porté par trois fois, mais inutilement , des plaintes contre l’agerefleur à la cour dontii dépend. Voyez Lors & LETTRES. Elles fe nomment ainfi du mot allemand warcke, limite, frontiere , comme étant /z5 conceffum in alre- jius principis marchas fen limites tranfèundi fibique jus MAR faciendi , un droit de paflerles limites où frontieres d’un autre prince , & defe faire jufticeà foi-même. Voyez REPRÉSAILLES. MARQUES , ( Marine.) ce font des indices qui font à terre, comme des montagnes , clochers, mou. lins à vent , arbres , &c. 8 qui fervent aux pilotes à reconnoître les pañles , les entrées de ports ou de ri= vieres, lesdansers, &c. On appelle auffi marques les tonnes & les balifes qu’on met'en mer pour ce même üiace, MARQUE , ( Comm. ) dans Le commerce & dans Les ranfaëlures, c’eit un cértain caraétere qu’on frappe Ou qu'on imprime fur différentes fortes de marchan= dife , foit pour montrer le lieu où elles ont été fabri= quées ,; & pour défigner les fabriquans qui les ont faites , foit pour témoigner qu’elles ont été vües par lesofficiers ou magiftrats chargés de l’infpe&tion de la manufa@ture , foit enfin pour faire voir queles droits auxquels elles font fujettes ont été acquittés, con- formément à l’ordonnance, Tels fontles draps & lestoiles, les cuirs, les ou- vrages de coutellerie , le papier, la vaiffelle , les poids , les mefures, qui doivent être marqués. Marque eft aufli un figne où un carattere particu- her parce qu ils emploient le plus fouvent des bois d'ébene. Ceux qui travaillent à la feconde font appeliés Ærnarlleurs, 135 MAR voyez cet art, & ceux qui travaillent à la derniere {ont les Marbriers, voyez cet article. L'art de marquererie eltfelon quelques-uns fort an cien ; l’on croit que fon “origine qui étoit fort peu de chofe dans fon commencement , vient d'Orient, “8c que les Romains l’emporterent en Occident avec une partie des dépouilles qu'ils tirerent de l’Afe. Anciennement on divifoit la marqueterie en trois clafles. La premiere qu'on appelloit peyænoppagix “étoit la plus eftimée; on y voyoit des figures des dieux & des hommes. La feconde repréfentoit des oïfeaux & autres animaux de toute efpece; & la troifieme, des fleurs, des fruits, des arbres, payfa- ges, & autres chofes de fantaiñe. Ces deux dernie- res étoient appellées indifféremment podvypapia. Cet art n’a pas laifé que de fe perfeétionner enitalie vers le quinzieme fecle ; mais depuis le milieu du dix feptieme , il a acquis en France toute la perfeétion que l’on peut defirer. Jean de Veronne, contempo- rain de Raphaël & aflez habile peintre de fon tems, fut le premier qui imagina de teindre les bois avec des teintures & des huiles cuites quiles pénétroient. Avant lui, la #arqueterie n’étoit, pour ainfi dire, autre chofe que du blanc & du noir; mais il nela pouffa que jufqu’à repréfentér des vûes perfpeéti- ves qui n’ont pas befoin d’une fi grande variété de couleurs. Ses fucceffeurs enchérirent furla maniere de teindre les bois , non-feulement par le fecret qu'ils trouverent de les brûler plus ou moins fans les confumer, ce qui fervit à imiter les ombres, mais encore par la quantité des bois de différentes couleurs vives & naturelles que leur fournit | Amé- rique, ou de ceux qui croiflent en France dont juiqu’alors on n’avoit point fait ufage. Ces nouvelles découvertes ont procuré à cet art les moyens de faire d’excellens ouvrages de pieces de rapport, qui imitent la peinture au point que plufieurs les regardant comme de vrais tableaux , lui ont donné le nom de peinture en bois , peinture 8 Jeulpture en mofaique. La manufaëture des Gobelins, établie fous le regne de Louis XIV. & encouragée par {es hbéralités , nousa fourni les plus habiles ébé- rites qui ont paru depuis plufieurs années, du nombre defquels le fameux Boule le plus diftin- gué, eft celui dont il nous refte quantité de fi beaux ouvrages : auf eft-ce à fui feul, pour ainf dire, que nous devons la perfeétion de cet art, mais de- puis ce tems-là la longueur de ces fortes d'ouvrages les a fait abandonner. On divife la zrarqueterie en trois parties. La pre- miere , eft la connoïffance des bois propres à cet art ; la feconde, l’art de les aflembler & de les join- dre enfemble par plaques & compartimens, mélés quelquefois de bandes de différens métaux fur de la mentulerie ordinaire ; & la troifieme, la connoiffan- ce des ouvrages qui ont rapport à cet art. Des bois propres à la marquererie. Prelque toutes les fortes des bois font propres à la zarqueterie , les uns font tendres & les autres fermes. Les premiers fe vendent à la piece, & les feconds à la livre àcaufe de leur rareté. | Les bois tendres qu’on appelle ordinairement bois françois, ne font pasles meilleurs ni les plus beaux, mais auffi {ont-ils les plus faciles à travailler , raiï- fon pour laquelle on en fait les fonds des ouvra- ges (a). Ceux que l’on emploie le plus fouvent À cet ufage font le fapin, le châtaignier, le tilleul, le frêne , le hêtre , & quelques autres très-legers ; les bois denoyer blanc & brun, de charme , de cormier, de buis, de porrier , de pommier, d’alizier, de me- rizier, d’acacia, de pfalm, & quantité d’autres, s’emploient refendus avec les bois des Indes aux (a) Les fonds des ouvrages de marquererie {ont les ouvra- ges mêmes non plaqués, F compaïtimens de placage ; mais il faut avoir grand foin d'employer cetté forte dé bois bien fecs; car comme 1ls fe tourmentent beaucoup, lorfqu'ils ne font pas parfaitement fecs , quels mauvais effets ne feroientils pas, fi, lorfqu’étant plaqués , ils ve- noient à fetourmenter? Les bois fermes , appellés bois des Indes parceque la plûpart viennent de ces pays, font d’une infinité d’efpeces plus rares & plus précieufes les nnes que les autres ; leurs pores font fort ferrés, ce qui les rend très-fermes & capables d’être refendus très- minces. Plufieurs les appellent tous indifféremment bois d’ébene, quoique l’ébene proprement dit foit prefque feul de couleur noite , les autres ayant chacune leur nom particulier. On en comprend néanmoins , fous ce nom, denoir, de rouge, de vert , de violet , de Jaune, &c d’une infinité d’au- tres couleurs nuancéés de ces dernieres. L’ébene noir eft de deux efpeces ; l’une qui vient de Portugal , eft parfemée de taches blanches ; Pau: tre qui vient de l’ile Maurice , eft plus noïre 8cbeau« coup plus belle, Le grenadil eft une efpece d’ébene que quélques- uns appellent ébeze rouge, parce que fon fruit eft de cette couleur ; mais le bois eft d’un brun foncé tirant fur le noir veiné de blanc; ceux qui font vraiment rouges font le bois rofe, & après lui le mayenbeau , le chacaranda , le bois de la Chine qui eit veiné de noir, &e quelques autres ; le bois de fer approche beaucoup du rouge , mais plus encore du brun. Les ébenes verts font le calembour, le gaïac, ôt autres; mais cette derniere efpece beaucoup plus foncée, dure & pefante, eft mêlée de petites taches brillantes. Les ébenes violets font l’amarante ; l’ébene pa- liffante, celui qu’on appelle violerte, & autres; mais le premier eit le plus beau, les autres appro- chant beaucoup de la couleur brune. Les ébenes jaunes font le clairembourg , dont la couleur approche beaucoup de celle de l’or, le cé- dre, différens acajous & l'olivier, dont la couleur tire fur le blanc. | Il eft encore une infinité d’autres ébenes de diffé- rentes couleurs nuancées plus ou moins de cesder- nieres. Des affemblages. On entend par aflemblages de marqueterie, non-feulement l’art de réunir & de Join- dre enfemble plufieurs morceaux de bois pour ne faire qu’un corps , mais encore celui de les couvrir par compartimens de pieces de rapport. Les uns fe font quarrément à queue d’aronde. en onglet, en faufle coupe, É:c. comme on peut le voir dans la Menuiferie où ces aflemblages {ont traités fort am- plement. Les autres fe font avec des petites pieces de bois refendues très-minces , découpées de diffé- rente maniere felon le deflein des compartimens, &c collées enfuite les unes contre les autres. Cette derniere forte d’afflemblage en laquelle con- fifte principalement l’art de marqueterie,fe fait de deux _mamieres : l’une eft lorfque l’on joint enfemble des bois, ivoires ou écailles de différente couleur; lau- trellorfque l’onjoint ces mêmes bois,ivoires ou écail- les avec des compartimens ou filets d’étain , de cuivre , & autres. La premiere fe divife en deux efpeces : lune lorfque les bois divifés par compartimens , repré- fentent fimplement des cadres, des panneaux, & quelquefois des fleurs d’une même couleur; lau- tre , lorfqu'indépendamment des cadres &t des pan- neaux d’une ou plufeurs couleurs, ces derniers re- préfentent des fleurs, des fruits, & même des figu- res qui imitent les tableaux. L’une &c l’autre confi- ftent premierement à teindre une partie des bois que lon veut employer & qui ont befoin de lêtre, pour leur donner des couleurs qu'ils n’ont pas natu- rellement ; les uns en les brülant leur donnent une couleur noirâtre qui imite les ombres ; les autres les méttent pour cet effet dans du fable extrème- ment chauffé au feu; d’autres fe fervent d’eau-de- chaux & de fublimé ; d’autres encore d’huile de foufre : cependant chaque ouvrier a fa maniere & les drogues particulieres pour la teinte de fes bois, dont il tait un grand myftere. Deuxiemement, à ré- duire en feuilles d'environ une ligne d’épaifleur tous les bois que l’on veut employer dans un pla- cage. Troifiemement, ce qui ef le plus difiicile & qui demande le plus de patience & d'attention, à contourner ces feuilles avec la foie, fg. 75. fuivant la partie du deflein qu’elles doivent occuper en les errant dans différens étaux , fig. 65, GG, G 67, -que l’on appelle aufi 4e. Cela fe fait en pratiquant d'abord fur l'ouvrage même un placage de bois de a couleur du fond du deflein. On y trace enfuite le deffein dont on fupprime les parties qui doivent | recevoir des bois d'une autre couleur que l’on ajufte alots à force, pour les faire joindre parfaitement. Quatriemement'enfin, à les plaquer les unes contre les autres avec de la colle forte, en fe fervant des marteaux à plaquer, fig. 78 & 70. La feconde maniere avec compartimens d’étain, de cuivre, ou autres métaux, eft de deux fortes ; Tune 4 fy. C1, C2, & 63, eft celle dont le bois forme les fleurs &T autres ornemens auxquels le- tain Ou le cuivre fert de fond. L’autre 2, eft au con- traire celle dont le cuivre ou l’étain font les fleurs & autres ornemens auxquels le bois, l’écaille ou Pivoire fert de fond ; l’une & l’autre s’ajuftent de la ‘même matiere que celle en bois, mais ne {e peut coller comme le bois avec de la colle forte, qui ne prend point fur les métaux, mais bien avec du maftic. Des ouvrages de marqueterie. La marqueterie étoit fort en ufage chez les anciens. La plus grande ri- cheffe de leurs appartemens ne confiftoit qu’en meu- bles de cette efpece ; ils ne fe contentoient pas d'en faire des meubles , ils en faifoient des lambris , des parquets , des plafonds ; ils en revétifloient leurs pieces de curiofité ; ils en faifoient même des vafes & des bijoux de toute efpece, qu'ils confidéroient comme autant d'ornemens agréables à la vûe. Mais . depuis que les porcelaines & jes émaux les plus pré- cieux ont fuccédé à toutes ces chofes, la rarquete- rie a beaucoup diminué de fon luxe. Néanmoins on . voit encore dans les appartemens des châteaux de Saint-Cloud & de Meudon , des cabinets de curio- fité , & dans beaucoup de maïfons d'importance, œuantité de meubles & bijoux revêtus de ces fortes d ouvrages. De tous les meubles faits de marquererie, ceux dont on fait le plus d’ufage font les: commodes , fg. 1. 2. 3- 4. 5. & 6. d’une infinité de formes &z grandeurs. Ce meuble fe place ordinairement dans les grandes pieces entredeux croifées , adoflé aux trumeaux , & eftcompolé de plufieurstiroirs À, fée. 1.3. & 3, plus grands ou plus perits les uns que les autres , felon l’ufage que l’on en veut faire, divifés extérieurement de cadres & de panneaux de bois de placage de dif- férentes couleurs : ces commodes font furmontées de tables de marqueterie , fie. 2. 4. & 6, fubdivitées par compartimens de différens deffeins, & plus ordi- nairement de tables de marbre , beaucoup moins fu- “Jettes aux taches. _ Après les commodes font les armoires , f£g. 7, à Pufage des lingeries , ou bas d’armoires , fig. 8. 69, à l’ufage des anti-chambres, falles à manger , &c. on les fait , comme tous Les autres meubles, en noyer fmplement , fig. 7, avec portes 4 quarrées ou cein- Tome X, M A R 139 trées par le haut, & pilaftres 8 , fubdivifés de pan neaux 4 êc B,& de cadres €, ou par compartimens de placage, fe. 8 , avec portes 4 & pilaftres B, or. nés de bafes & corniches, La #g. 9 eft la table de ce même bas d’armoire , qui pour la même raifon des commodes eft auf le plus fouvent en marbre. La fig. 20 eft l'élévation d’un chafis d'écran , dont la eg. 11 eft le plan , compofé de deux traverfes 4, de deux montans 2 , appuyés {ur deux piés C ; le tout quelquefois en bois de noyer orné de moulure, & quelquefois en bois couvert de rrarquererie, La fig. 12 eft l'élévation, & la fe. 13 le plan d’une table dite sable de nuit, que l’on place ordinairement près des lis pendant la nuit. Cette table eft compo- fée d’une tablette inférieure 4, d’une fupérieure B, fouvent en marbre, pour placer une lumiere , un livre , & autres femblables commodités pendant la nuit, montées enfemble fur quatre piés €. Ce meu- ble eft, comme les autres, quelquefois en noyer, & quelquefois en marqueterie. La fe. 14 eftl’élévation, & la fg. 15 le plan d’une petite table appellée chifoniere, dont fe fervent or _dinairement les femmes pour le dépôt de leurs ou- vrages ou chiffons , d’où elle tire fon nom, Cette ta- ble , montée fur quatre piés 4 , eft compofée de plufieurs tiroirs B, divifés de cadres & de panneaux, dont le fupérieur B contient ordinairement une écri- toire. Le deffus C de cette table , fig. 15, eftquelque- fois couvert d’un maroquin. La fix. 16 eft l'élévation extérieure d’une biblio- theque à l’ufage des cabinets, avec portes de trei- lage 4, bafe B, & corniches C’, ornées de différens compartimens de »arqueterie en bois. La fig. 17 eft auf une bibliotheque fervant aux mêmes ufages que la précédente , mais différente , en ce qu'elle forme une efpece de lambris de hau- teur & d'appui, ornée de pilaftres, ayant auf des portes de treillage 4, bafe B, & corniches C ,cou- verte.par compartimens de rzarquéterie en bois. La fig. 18 eft élévation, & la fig. 19 le plan d’un fecrétaire meublé , aflez commun dans les cabinets, compofé de plufieurs tiroirs extérieurs 4 grands ou petits, de plufeurs autres intérieurs B , avec tablet- tes C en forme de ferre-papier, & une efpece de cave D fervant de coffre fort ; les tiroirs B, tablet- tes € & coffre D, fe trouvent enfermés furement par une table £, garnie intérieurement de maroquin, qui étant couverte, fert à écrire, deffiner, &c. L’ex- térieur & l’intérieur font plaqués de rrarquererie en bois , monté le tout enfemble fur quatre pies F, La fig. 20 eft un fecrétaire en forme d’armoire , aufi à l’ufage des cabinets , dont l'intérieur de la partie fupérieure 4 eft garni, comme.le précédent, de petitstiroirs & tabletresen forme deferre-papier, enfermés par une table garnie intérieurement de maroquin, fervant à écrire; & la partie inférieure B s’ouvrant en deux parties, forme intérieurement une armoire contenant des tablettes , tiroirs & coffre fort. L’extérieur de ce meuble couronné d’une ta- ble de rarqueterie où de marbre, eft décoré de ca- dres de différens compartimens de marqueterie en bois, & de panneaux repréfentant des fleurs & des fruits. 1 a La fig. 21 eft élévation ; & la fg. 22 le plan d’une efpece de table appellée bureau , aufi à l’ufage des cabinets, compotée de deux ou trois tiroirs 4, fur- montés d’une table B,, ordinairement garnie de ma- roquin , le tout enfemble monté fur quatre piés C. La fig. 23 eft l'élévation , & la fig. 24 le plan d’un bureau beaucoup plus riche & plus commode que le précédent, décoré de chaque côté de pilaftres A , avec cadres & panneaux de rarquererie , & en- tre-pilaftres C' pour placer des tiroirs 3 “ armoires ? 1] 140 M AR C , ornées de cadres de marquererie & de panneaux repréfentans des fleurs : au milieu plus enfoncé pour placer les genoux, eft une grande armoire D'ouvrant en deux parties, dont l’intérieur contient des ta- blettes, tiroirs & cofe-fort. Ce bureau eft couronné d'une table Æ garnie de maroquin. La fig. 25 eft ie plan , & la fig. 26 l'élévation in- térieure d’uneécritoire, efpece de boîte faite pour contenirencre, plumes, papiers, &c. le deffus du couvercle, fig. 25 , eft garni de marroquin bordé de cadres de z7arqueterie, La fig. 27 eft le plan, & la fig. 28 l'élévation in- térieure d’une autre écritoire en zarqueterie, dont l’encre & les plumes fe trouvent placées extérieure- ment, & les papiers intérieurement. La fig 29 eft l'élévation d’un ferre-papiers à l’u- fage des bureaux , compofé de plufieurs tablettes entrelacées , propre à ferrer des papiers d’où il tire {on nom. La fig. 3 0 eft l'élévation, & la fg. 31 le plan d’un coin , efpece d’armoire légere faite pour être fuf- pendue dans les angles des appartemens, compofée dans fa partie fupérieure de quelques tablettes pour placer des porcelaines , cryftaux & autres vafes pré- cieux, & dans fa partie inférieure d’une petite ar- moire fermante en deux parties, divifée chacune par compartiment de cadres & panneaux de z7ar- quererie. La fig. 32 eft l'élévation, & la fg. 33 le plan d’une efpece de tablette ou armoire droite, fervant aux mêmes ufages que la précédente, mais faite pour être placée fur un mur droit. La fig. 34 eft l’élévation , & la fg. 35 le plan d’une table à jouer barre-longue( on en fait de quat- rées & de triangulaires , que l’on place ordinaire- ment dans les falles de jeu), compofée d'un chañlis 4, contenant de petits tiroirs B pour ferrer les jettons, furmontée d’un table C garnie de ferge , monté le tout enfemble fur quatre piés D. La fs. 36 eft l'élévation , & la fig. 37 le plan d’une table , dite table de toilette compotiée de plu- feurs tiroirs À , coffres B, dont l’un contient un néceffaire tablette C , garnie par-deflus de marro- quin & pupitre D , qui s’éleve &c s’abaifle felon linclinaifon qu'on veut lui donner, montés enfem- ble fur quatre piés £ , le tout couvert par compar- timens de warqueterie en bois. La fig. 38 eft un coffre fort de marqueterie en bois, arni de bandes de cuivre À pour la füreté. La fe. 39 eft l'élévation intérieure, & la fig. 40 le plan d’un coffre de marqueterie appellé cave, fait pour contenir des feaux des porcelaine ou de fayen- ce, propres à conferver du tabac. La fg. 41 eft le plan intérieur d’un néceffaire pe- tit coffre, rempli de différens flacons , entonnoirs, & autres chofesnéceflaires aux toilettes des femmes. La fig, 42 eft le plan d’un jeu de triétrac ; c’eft une efpece de boîte double à charniere en 4, dont l’intérieur eft fubdivifé de 24 pyramides de rarque- zerte en bois de plufeurs couleurs. La fig. 43 eft un jeu de dames ou damier {ubdivifé de 64 quarrés lorfqu’il eft appellé 4 /a françoife , & de 100 lorfqu’il eft appellé 4 /a polonoife, tous régu- liers & alternativement de deux couleurs. La fig. 44 eft un guéridon , efpece de tablette 4 à charniere en B, fur une tige € montée fur trois piés D ; l'arc de cercle Æ fert à lui donner l’'incli- naïfon que l’on juge à propos par le moyen d’une vis montée furune piece de bois F, qui porte fou- vent la tige G d’un écran. La fg. 45 eft un pupitre de mufique , compofé de deux chaffis croifés 4, pofés obliquement , arré- tés enfemble par leur extrémité fupérieure à une piece de bois plate B; & par leur extrémité infé- MAR rieute à un chaffis croifé C, pofé liorifontalement , tournant enfemble à pivot autour d’une tige D mon- tée fur un pié croifé Æ ; cette tige change, comme l’on veut, de hauteur, par le moyen d’une boucle F, placée au milieu & s’agraffant dans une cramaillée pratiquée le long des côtés de fa tige D. Les fig. 46, 47 G@ 48 font des piéceftaux de rare queterie, que l’on place ordinairement dans les gran- des falles , fallons , galeries, & autres pieces des appartemens d'importance pour porter des figures, vales, cryftaux, girandoles , & autres bijoux pré- cieux ; le premier qui tient de la nature des pié- deftaux d’archireéture eft quarré par fon plan avec avant-corps , le focle , la corniche & la bafe font ornés de cadres & panneaux de marqueterie ; le fe- cond qui tient de la nature des piédouches , eft auffi quarré par fon plan ; fon focle, fa corniche & fa bafe font ornées comme le précédent, de cadres & panneaux de zrarqueterte ; le troifieme tenant de la nature du baluftre, eft circulaire par fon plan, fon focle eft décoré de cannelures en #arqueterie, {a cor- niche & fa bafe d’autres ornemens de marquererie, Les fig. 49 & 30 font des piédonches faillans en forme d’encorbellemens fubdivifés de différens or- nemens de rarqueterie , faits comme les piédeftaux, pour fupporter des vafes, figures & autres orne- mens dont on décore les grandes failles des appar- temens. Les fig. 31 & 52 font des confoles de diférente efpece , dont la derniere termine l’extrémité fupé- rieure d’un pilaftre , l’un & l’autre décoré de difté- rens ornemens de warqueterte fe placent dans les mêmes pieces dont nous venons de parler , pour y placer des vafes de porcelaine, cryftaux, 6, Les fig. 53 & 54 font des efpeces de piédeftaux , que l’on appelle efcablons & guenes , lorfque leur forme eft plus étroite par en-bas que par en-haut ; leur focle, corniche 8 bafe font ornés de marque- terie comme les précédens , & font employés aux mêmes ufages. Les fi. 35 & 56 font des boites de pendules por- tées fur leur pié ; ornés, comme elles, de différens compartimens de marqueterie en Cuivre, étain ou au- tres métaux. | La. fg. 57 eft une boîte de pendule à fecondes , ornée de différens compartimens de marqueterie en bois , avec quelques filets en étain & autres mé- taux. Les fig. 58 & 39 font deux plans de parquets de marqueterie en bois, qui ordinairement ne font d’u- fage que pour les cabinets de curiofité, des appar- temens d'importance : le premier eft quarré , & le fecond circulaire par fon plan ; tous deux répon- dent à de femblables compartimens de voñtes pla- cées au-deflus d’eux. La fig. Co eft un lambris de #arqueterie en bois dans le goût des lambris de menniferie , à l’ufage des cabinets, arriere-cabinets, & autres pieces de curiofité, compofée de lambris de hauteur 4 & B, & lambris d'appui € & D, & décorés l'un & l’autre de pilaîftres 4 C & entre-pilaf- tres B D, fubdivifés de cadres & de panneaux de marqueterie furmontés d’une corniche £ avec gofr- gerin F & aftragale G, régnans enfemble autour de la piece: les pilaftres À pofés chacun fur des efpeces de piédeftaux compofés de focles €, cymai- fes I, & plinthes X, font couronnés d’une efpece de chapiteau L orné de feuilles d’acanthe ou d’oli- vier, prifes fur la hauteur de la corniche. Les fg.. 61, 62, & 63 font des modeles en grand d’ornemens de marqueterie, en étain , cuivre, Ou au- tres métaux. * Des outils propres à la marqueterie. La fe. 64 eft un inftrument appellé ouril 4 ondes, dont on fe fer MAR voit autréfois pour faire des moulures ; mais de puis qu'on a füpprimé ces fortes d’ornemens, on a aufli fupprimé l’ouul qui les faifoit. H eft com- pofé d’une forte boite 4, longue d'environ fix à fept piés, montée fur deux traiteaux d’aflem- blage B , retenus enfemble par une grande tra- verie €; fur la boîte À eft arrêtée une roue den- tée D, müe par une manivelle £ faifant aller & venir une crémaillere #, fur laquelle eft arrêtée une travée G qui tient la piece de boïs Æ7 qui doit recevoir la moulure de loutil de fer aciéré Z monté dans une prefle X ferrée avec des vis Z, arrêtées à un fommier inférieur M qui monte & defcend à la hauteur que l’on juge à propos, par le fecours d’une vis N à écrou dans un fommier fupérieur O , afflemblé à tenons & mortaifes dans quatte montans ou jumelles P arrêtées folidement fur la boîte 4. La fig. 65 eft une efpece d’étau que l’on ap- pelle 4e, compofé de deux jumelles 4 2, dont celle Z, à charniere par-enbas, appuie contre la premiere, pour ferrer l'ouvrage par l'extrémité C d’un arc-boutant D, aufi à charmiere, arrêté à une corde où chaine Æ, retenue par-enbas à une pé- dale F, à charniere, par une de fes extrémités, fur laquelle on met le pié lorfqne l’on veut ferrer l’ou- vrage. Cela étant, 4 À eft arrêté à demeure fur une table G, bordée tout-autour pour empêcher de tomber les plus petits ouvrages & outils, ar- rêtée, fur un fort chaflis d’aflemblage compofé de lommiers Æ, montans 1, & traverfes X, fur deux defquelles &c les fommiers font attachées des plan- ches Z, _ La 5. GG'eft un autre âne compofé, comme le précédent, de jumelles 4 Z, dont l’une 2, à char- niere par enbas, eft appuyée par l'extrémité d’un arc boutant €, dont l’autre eft prife dans une cré- maillere D retenue à une chaîne ou corde Æ, ar- têtée par fon extrémité inférieure à une pédale F, faifant charniere dans chacun de deux des piés G de la table X. La fig. C7 eft un âne, à fort peu de chofe près femblable, & compolé des mêmes pieces que le précédent, fervant auffi aux mêmes ufages. La fig. 68 eft une prefle, efpece d’établi 4 monté fur deux traiteaux compofés de montans 2 & tra- vetfes C, dans lequel font arrêtées deux vis D & leurs écrous Æ ferrant la piece de bois F, entre laquelle & l'établi À on place les pieces de bois que l’on veut refendre, ou autres ouvrages pour les travailler. La fg. 69 eftune prefle beaucoup plus folide que la précédente, étant arrêtée dans le plancher 4 par les montans B & arcs-boutans C, fur léfquels eft affemblé à tenons & mortaifes un {ominier TRE entre lequel & la piece de bois horifontale Æ {er- rée avec les vis F, par le fecours des manivelles G, on place la piece de bois Æ que l’on veut refen- dre, qui par-enbas traverfe le plancher 4. La fg. 7o eft un établi, l’'inftrument le plus né- ceffaire aux ouvriers de 7zarqueterie, {ur lequel ils font tous leurs ouvrages. Sur cet établi eft un va- let À de fer, qui paflant par des trous femés çà ëc là fur létabli, eft fait, pour qu’en frappant def- us, il tienne ferme les ouvrages que l’on veut tra- vaiiler. L'érabli eft compofé d’une grande & forte Planche B, d'environ cinq à fix pouces d’épaifleur , far environ deux piés & demi de large, & dix à quinze piés de long, pofée fur quatre piés C af femblés à tenons & mortaifes dans Pétabli avec des traverfes ou entretoifes D, dont le deffous eft revêtu de planches clouées les unes contre les au: tres, formant une enceinte où les ouvriers dépo- fent leurs outils, rabots & autres inflrumens dont M A R 141 ils n'ont pas befoin dans l'inflant qu'ils travail. lent, Sur le côté Æ de l’établi fe trouve une pe tite planche clouée qui laifle un intervalle entre l’un & l’autre pour placer les fermoirs , cifeaux, limes, 6. marqués F, À l’oppoñte, & prefqu’aw milieu eft un trou quarré G;, dans lequel on place un tampon À de même forme que le trou, ajufté à force, fur lequel eft enfoncé un crochet de fer Z, à pointe d’un côté, & de l’autre à queue d’aronde, & denté, qui fert d'arrêt aux planches & autres pieces de bois, lorfqu’on les rabote, Ce tampon 4 peut monter & defcendre à coups de maillet, fig. 77, felon l’épaiffeur des planches ou pieces de bois que l’on veut travailler, À eft un autré arrêt de bois pofé fur le côté de l’érabli, qui fert lorfque l'on en rabote de larges fur leurs champs, en les pofant le long de l'établi, & les fixant deflus pat le moyen d’un valet 4 à chaque bour, La fig. 71 eft une fcie À refendre, compofée d’un chaffis de bois 4 & P aflemblé dans fes angles à tenons & mortailes, d’une fcie dentée C, rétenue par enbas à une couliffe D gliffant à droite & à gauche le long de la traverfe B du chaffis, & par-enhäut dans une pareille coulifle E eliflant auffi à droite & à gauche le long d’une autre tra- vérle BP, Cette couùlife Æ eft percée d’un trou F, au-travers duquel paffe une clavetre en forme de Coin qui bande également la fcie. Cet inftrüment fe maneuvre horifontalément par deux homimes qui la tiennent chacun par uné de fes extrèmités, tel qu’on le voit en f dans la vignétte de la pre: miere Planche, | La fg. 72 eft une fcie appellée cie à débirèr, qui fért à fcier de gros bois ou planches, coin- pofée d’un fer de fcie denté À, retenu par {és ex= trémités B à deux traverfes C féparéés paf üne entre- " toife D qui va de l’une à l’autre : les deux bouts Ë des traverles font retenus par une ficellé ou cot: de F, à laquéllé un bâton G appellé en ce cas gas reau, fait faite plufieurs tours qui faifant faire la baf> Cule aux travertes C, font par-là bander la {cie 4, cé qui la tient ferme , & c’eft ce qu’on appelle là monture d'une fcie. Fe La fig. 73 eft une autre fcie appellée /cie sour- nante , dont la monture reffemble à celle dé là pré: cédente fcie ; fes deux extrémités 8 font retenues à deux efpeces de clousronds en forme de toutelle,qui la font tourner tant & fi peu que l’on veut; ce qui fans cela , gêneroit beaucoup lotfque l’on a de lon- gues planches , ou des parties circulaires à débiter ou à refendre, La fig. 74 eft une fcie appellée Jéie 4 tenon , qui ne differe de celle fg. 72 que par la légéreté, & en ce cas beancoup plus commode ; elle fert pour des petits onvrages pour lefquels la grande feroit trop embarraffante. + La fg. 75 eft une fcie dite foie de marqueterie, dont le fer 4 extrèmement petit afin de fe procurer par-là un pañlage facile dans les ouvrages délicats ; eft ar- rêté par un bout B à une petite moufle à vis & écrou dans le manche C de la fcié qui traverfe l'ex: trémité de la monture de fer D, & par l’autre £; à une femblable moufle à vis avec écrou à oreille, traverfant l’autre extrémité de la monture D. La fig. 76 eft une fcie appellée fie 4 rain, ow TON ‘ \ PTS : égorne , qui fert dans les ouvrages où les précédentes ne peuvent pénétrer ; elle doit être uri peu plus forte que les autres, n'ayant point de. monture comme elles pour la foutenir ; fon extrémité inférieure eft à pointe enfoncée dans un manche de bois, La fg. 77 eft ün inftrument appellé mailles ; on en. fait de plufñeurs groffeurs, felon la délicateffe plus où moins grande des ouvrages; les uns & les autres fervent également à frapper fur le mançhe de 142 M A R bois des cifeaux , fig. 107, 108 , 109 , 10, Econ s’en fert pour cela plütôt que du marteau, fg. 91, pour plufeurs raifons; la premiere eft que quoique beaucoup plus gros, il eft quelquefois moins pefant; da feconde qu'il a plus de coup; la troifieme & la meilleure , qu'il ne rompt point les manches de ces mêmes cifeaux ; ce n’eft autre chofe qu'un morceau de bois d’orme ou de frêne (bois qui fe fendent difi- cilement), arrondi ou à pan, percé d’un trou au milien, dans lequel entre un manche de bois. Les fe. 78 & 79 font des marteaux à plaquer, parce qu'ils font faits exprès, & ne fervent pour ainf dire qu’à cela ; la partie À B de chacun d’eux eft de fer aciérépar chaque bout, dont celui À fe nomme la réte, & Bla panne a queue d’aronde , tres- Jarse & mince , percée au milieu d’un œil ou trou méplat, dans lequel on fait entrer un manche de bois C'un peu long. La fig. 8o eft un inftrument appellé par les ou- vriers triangle anglé , mais plus proprement éguerre en onglet, plus épaifle par un bout que par l’autre, & dont l’épaulement 4, ainfi que {es deux extré- mités , font difpolés felon l'angle de quarante-cinq degrés ; fon ufage eft pour jauger les bâuis des ca- dres ou paneaux lorfqu’on les affemble, afin qu'é- tant coupés par leurs extrémités à quarante- cinq degrés , ils puiflent faire étant aflemblés , un angle droit ou de quatre-vingt-dix degrés. Le 4 . La fig. 81 eft un infirument dé bois appellé fzuffe équerre, Où faurerelle, fait pour prendre des angles -de différente ouverture. La fig. 82. eft une équerre de bois aflemblée en 4 , à tenon & mortaile, faite pour prendre des an- gles droits. La fe. 83 eft une autre équerre de bois employée aux mêmes ufages que la précédente , & appellée improprement par les ouvriers, riangle quarré ; mais qui plus commode, differe en ce que la branche 4 €ft plus éparfle que la branche B, & que par-là l’é- paulement € pofant le long d’une planche, donne le moyen de tracer plus facilement l’autre côté B d’é-. } querre. La fig. 84 eft une pointe à tracer, aciérée parun bout 4, & à pointe par l’autre, entrant dans un manche de bois Z. La fg. 85 eft un inftrument appellé compas, fait pour prendre des intervalies égaux. La fig. 86 eft un inftrument appellé vibrequin, fait pour percer des trous ; c’eft une efpece de ma- mvelle À ;:compofée d’un manche 8 en forme de tourelle. que l’on tient ferme & appuyé {ur l’efto- mac ; le côté oppolé C eft quarré, & un peu plus gros que le corps de cet inftrument, & eft percé d’un trou aufhi quarré, dans lequel entre un petit morceau de bois 2 quarré de la même grofleur que celui € qui lui eft voifin, portant du même côté un tenon quarré de la même groffeur que le trou dans . lequel 1l entre ; & de l’autre une petite mortaife, dans laquelle entre la tête 4 de la meche, fig. 87, cet infirument avec fa meche eft appellé vz/brequir , êt fans meche eft appellé f4/f de vilbrequin. La fig. 87 eft une meche faite pour percer des trous , dont la partie inférieure B eft évuidée pour contenir les copeaux que lon retire des trous que l’on perce, | La fig. 88 eft un fraïfoir quarré fait pour fraifer des trous par la fraife aciérée 4 autre côté 2 étant Joint au fuft de vilbrequin , fg. 86, ou à un tourne- à-gauche. La fig. 89 eftaufhunfrailoir à huit pans par la fraife Æ , pour le rendre plus doux lorfque l’on s’en fert. La fig: 90 eft un autre fraitoir femblable aux précédens ; mais plus fort ; fa fraile À eft à pluficurs MAR pans , pour le rendre à caufe de fa grofieur, plus doux pour s’en fervir. | La fig. 91 eft un marteau qui fert à enfoncer des clous, chevilles , broches , & auires chofes qui ne peuvent fe frapper avec le maillet #9. 77 ; la partie A B de ce marteau eft de fer, dont À {e nomme le gros Ou Ja céte, 87 B la panne ; il eft percé au mi- heu d'un œil, ou trou méplat, dans lequel on fait entrer un manche de bois €, qui eft toujours fort court chez les ouvriers de r7arqueterie comme chez les Menuifers, & qui pour cela à moins de coup, & n’en eft pas plus commode. | La fig. 92 eft un inftrument double appellé senail- - le ou sriquoife, compolé de deux bafcules 4, qui répondent aux deux mächoires B, par le moyen d’une efpece de charniere en tourniquet €, leur ufa- se eft d’arracher des cloux, chevilles, & autres cho: 8 , ; {es femblables en ferrant les deux branches 4 l’une contre l’autre. La fg. 93 eft un compas à verge qui fait en grand le mème effet du petit compas fig. 85, & qui fert aux mêmes ulages ; 1l eft ainfi appellé à canie de fa verge quarrée 4 de bois dont il eft compofé ; cette verge porte environ depuis cinq piés ju{qu'à dix à douze piés de long , fur laquelle glffent deux plan- chettes 3, percées chacune d’un trou quarré de la grofleur de la verge 4, leur partie inférieure eft armée chacune d’une pointe pour tracer, qui en s’éloignant ou fe rapprochant font l'effet des pointes de compas , & la partie fupérieure d’une vis pour les fixer fur la verge où on le juge à propos. La fig. 94 eft un inftrument de fer appellé fergenr, compolé d’une grande verge À, de fer quarré d’en- viron dix à douze lignes de groffeur, coudée d’un côté B avec un talon C recourbé , & d’une couliffe D , aufh de fer, portant une vis £ , qui fert à ferrer les ouvrages que l’on colle enfemble, l’autre bout F de la verge À eft renforcé pour empêcher la cou- life D de fortir. ; La fg. 95 eft une efpece de rabot d’une forme longue appellée varlope, qui fert à drefler & cor- royer de longues planches; la partie de deflous, ainfi qu’à toutes les autres efpeces de rabots, doit être bien dreffée à la regle; pour s’en fervir on em- ploie les deux mains, la droite de laquelle on tient le manche 4 de la varlope, & l’autre avec laquelle on appuie fur {a volute B ; il eft percé dans fon mi- lieu d’un trou qui fe rétrécit à mefure qu'il appro- che du deflous, & fait pour y loger une efpece de lame de fer appellée fer du rabot, qui porte un tail- Jant à bifeau & aciéré, arrêté avec le fecoursd’un coin à deux branches dans le rabot: chaque ouvrier a deux varlopes, dont l’une appellée rifZard fert à corroyer , & l’autre appellée varlope {ert à finir & polir les ouvrages ; auf cette derniere eft-elle tou- jours la mieux conditionnée. La fg. 96. eft un rabot connu fous ce nom à caufe de fa forme & de fa groffeur, percé comme la var- lope d’un trou pour y loger fon fer & fon coin. La fg. 97 eft un rabot appellé demi-varlope, ou varlope a onglet, non qu’elle ferve plutôt que les autres fabots pour des affemblages en onglèt, mais feulement à caufe de fa forme qui tient une moyenne proportionnelle entre la varlope, fig. 05, & le ra- bot, fig. 96", {on fer & fon coin ne different en rien de ceux de varlopes & rabots. La fg. 98 eft un rabot appellé fezi//erer, qui dif- fere des précédens en ce que fon fer & fon coin ne different en rien de ceux des varlopes & rabots. La fig. 9 9 eft un rabot appellé guillaume, à l’ufage des plates - bandes, & autres ouvrages de cette ef- pece, different des autres en ce que fon fer placé au milieu comprend toute {a larseur, MAR La fig. 100 eft un rabot armé de fer deflous, & quelquefois par les côtés, dont le fer & le coin font très-mclinés, fervant à corroyer les ouvrages de placage. St Il en eft une infinité d’autres dé tonte efbecé, dont les fufts font de bouis, ou autres bois durs, d’autres en partie dont les fers de différentes formes font quelquefois bretelés. | La fig. 101 eft un. inftrument appellé couréax à crancher, fait pour couper proprement les bois de placage, compofé d’un tranchoir 4, d’un fer aciéré à pointe par un bout, dans un {long manche €, La f£. r62 eft un couteau à trancher, femblable au précédent, mais plus petit. La fig. 103 eft un inftrument appellé fer crochu, coudé en effet par chaque bout À , portant &n tran- chant aciéré B, La fig. 104 eft un poliffoir dé joné fait pour polir les ouvrages. La fg. 105 eff un inftrument appellé srufquin ou guilboquet, compofé d’une tige 4, percée fur fa longueur d’une mortaife, au bout de laquelle ef une petite pointe B, faite pour tracer, & d’une planchette C, percée d’un trou quatré, travetfé fur {on épaifleur d’un autre trou plat au-travers duquel pañle une clavette de bois D en forme de coin pour fixer l’une & l’autre enfemble ; cet inftrument {ert à tracer des paralleles en Le gliflant le long des plan- ches. La fig. 106 eft un trufqnin plus fort que le pré- cédent, fervant aux mêmes ufages, mais différent en ce que la clavette D pañle à côté de la tige 4 au- lieu de la traverfer. La fig. 107 eft un cifeau appellé fermoir, parce qu'il n’a aucun bifeau; on s’en fert avec le fecours du maillet, fg. 77, à dégrofir les bois; ce cifeau s’élaroit en s’aminciffant du côté du taillant 4, l’au- tre bout 3 qui eft à pointe entre dans un manche de bois C, La fig. 108 eft un cifeau appellé ainfi à caufe de fon bifeau À tout d’un côté ; on s’en fert à toute forte de chofes. La fig. 109 eft un petit cifeau mince, à l’ufage des ouvrages délicats. Entre celui-ci & le précé- dent, ilen eft d’une infinité de groffeurs & d’ef- peces. La fig. 110 eft un cifeau appellé Bec-d’êne ou ci- Seau de lumiere, fervant à faire des mortaifes qu’on appelle Zurieres, ee. La fig. 111 eft un bec-d’âne beaucoup plus petit & plus délicat que le précédent , entre lefquels il en eft d’une infinité de groffeurs différentes. La fig. 112 eftun cifeau appellé gouge, dont le taillant 4 arrondi 8&c évuidé dans fon milieu , fert pour toutes les parties rondes. La fig. 113 eft une gouge plus petite que la pré- cédente, entre lefquelles 1l en eft d’une grande quan- tité de groffeurs. La fig. 114 eft une tarriere pointue , faite pour percer des trous par la meche évuidée 4, en la tournant par le tourne-à-gauche 2, La fig, 215 eft une petite preffe faite pour ferrer les ouvrages collés , compofée d’un chaflis 4 ren- forcé de jumelles B, à l'extrémité duquel eft une vis C.. * La fg. 116 eft un inftrument appellé racloir , compofé d’une petite lame d’acier 4, dont les an- gles horifontaux font fort aigus, arrêtée dans l’é- paifleur d’une piece de bois 2, Cet inftrument fert à tacler les ouvrages que l’on veut polir. La fig. 117 eft un inftrument appellé rourme-vis, dont la partie 4 aciérée , fervant à tourner les vis 5 entre à pointe dans un manche de bois Z. La fg. 118 eft un inftrument appellé zire-fond , à | M AR 143 Vis, en bois aciéré par un bout À, portant par l’au- tre B un anneau pour le pouvoir tourner facile- ment. Les oùvriers induftrieux dans Ja merquererte, com me dans les autïes parties, ont toujours l’art de compofer de nouveaux outils plus prompts & plus commodes que: ceux dont ils fe fervent ordinaire- ment , & aufli plus propres aux ouvrages qu'ils font. M. LucorTe. MARQUETTE , (Géog.) rivière de l'Amériqué feptentrionale, dans la nouvelle France ; elle fe jetté à la bande de left du lac des Ilinois : fon embou- churé eft par les 434, 49!. de ar. feptentr, (D.J.) MARQUEUR , £. m, (Comm.) celui qui marque; Marqueur de monnoie. Marqueur de draps , de ferge, de toile, de fer, de ur, &c. c’eft celui qui appofé à ces marchandifes la marque prefcrite par les or- donnances & régleméns. MARQUEURS DE MESURES. On nomme en Hol: lande 7xrés maltres marqueurs de mefures de petits off ciers établis pour faire la marque on étalonnage des melurés qui fervent dans le commerce. Leur prin= cipale fonétion eft de jauger & mefurer les vaifleanx qui font fujets au droit de laft-géldt ou droit de laft, & d’en délivrer l’a@te de mefurage , qu’on nomme autrement eétre de marque. Voyez LAST-GELDT. Ces officiers font tenus de faire le jaugeage pat eux-mêmes , & de ne pas s’en rapporter au calcul que pourroient leur préfenter les capitaines, maîtres ou proprictaires-defdits vaiffeaux , à peine de dépo- fition de leur emploi. Dionn. de Commerce. MARÇQUEUR , terme de Paurmier , qui fignifie un garçon Où compagnon qui marque les chañfles, com- pte les jeux, & rend aux joueurs tous les fervices néceflaires par rapport au jeu de paume & au billard, Suivant les ftatuts des maîtres paumiers, les #1ar2 queurs doivent être apprentifs où compagnons du métier : ce font quelquefois des pauvres maîtres qui en font les fonétions, Voyez PAUMIER. MARQUIS, f.m. (Hif. mod.) 8 par quelques vieux auteurs gaulois MARCHIS, ce qui eft plus conforme au terme de la bafle latinité marchio : fur quoi voyez MARCHE € MARGGRAVE. Les princes de la maifon de Lorraine prenoient la qualité de ducs & de marchis de Loherrene, comme on le voit dans le codicille de Thibant IIL. de l’an 1312,dans un autre ate de 1320 , & dans le tefta- ment du duc Jehan I. de 1377. Quoique les noms de marchis, marquis, & marg- grave fignifient originairement la même chofe , #r Jeigneur commandant fur la frontiere, ils ont acquis avec le tems une fignification bien différente. Un marggrave eft un prince fouverain qui jouit de toutes les prérogatives attachées à la fouverai- neté, & les marggraves ne fe trouvent que dans l'empire d'Allemagne. Il y a quelques zarguis où marquifats en Italie, comme Final ; en Efpagne, comme le marquifat de Villena, poflédé par le duc d’Efcalona. Il n’y en a point en Dañemark, en Suede & en Pologne. Enfin le titre de marquis en France eft une fimple qualification que le fouverain confere à qui il veut, fans aucun rapport à fa figñification primitive ; & le marquifat n’eft autre chofe qu’une terre ainfi nommée par une patente, foit qu’on en ait été graz tifié par le roi, foit qu’on en ait acheté la patente pour de l'argent. Sous Richard en 1385 , le comte d'Oxford fut le premiet qui porta le titre de marquis en Angleterre, où 1l étoit alors inufité. (D. J.) 48 MARQUISE, f. f. (4raificier.) les Artificiers ap pellent ainfi une fufée volante d'environ un pouce de diametre felon M. d'O , & de dix-fept lignes fui 144 MAL vant M. de Saint-Remi. La double rarquife a qua- torze lignes felon le premier , & dix-neuf fuivant le fecond. Voyez nos PI. d’Artificier. MARR, (Géog.) province maritime d’Ecofle, fituée-pour la plus grande partie entre le Don &r la Dée , avec titre de comté, Elle abonde en blé, lé- gumes, bétail, poiffon & gibier. Aberdeen en eft la capitale ; c’eft pour cela qu’on l’appelle autrement the shire of Aberdeen. Ce qu'il y a de plus curieux pour un phyficien dans cette province, eft une forte de pierres fragiles que les habitans appellent E/fa- rawheads. Elles font longues de quelques lignes, minces aux bords, & fe produifent en quelques heu- res de tems. Comme les voyageurs en tronvent quel- quefois dans leurs bottes & dans leurs habits, ces pierres fe formeroient-elles dans l'air , par des exha- laifons du pays? (2. J.) MARRA, (Géog.) ville de Syrie au voifinage d’Ama ; elle eft commandée par un fangiac, & n’a rien de remarquable que le han où on loge ; il eft tout couvert de plomb, & peut loger huit cens hom- mes avec leurs chevaux. Au milieu du han eft une mofquée , une belle fontaine, êc un puits profond de quarante-deux toifes depuis le haut jufqu’à la fuper- ficie. (D. J.) MARRON, ( Boraniq.) fruit du marronnier, voyez l’article MARRONNIER. MARRON , (Dierre & Mar. méd.) Voyez CHAT A- GNES , {Dierte & Mar. méd.) MARRON, mines en( Hifi. nat. Minéralogie, )les Naturaliftes nominent ruines en marrons Où mines en roignons , celles quife trouvent par mafles déta- chées, répandues çà & là dans une roche, au lieu de former des filons fuivis & continus. On les nomme aufli mines égarées oumines en nids , mineræ nidulan- ces ; cette maniere de trouver les mines n’eft point la plus avantageufe pour l'exploitation , mais elle annonce le voifinage des filons, ou que l'endroit où l'on trouve ces marrons eft propre à la formation des métaux. Il ne faut point confondre ces 7es en mar- rons avec les mines par fragmens , qui ont été arra- chées des filons par la violence des eaux &t qui ont été arrondies par le roulement : les premieres fe trouvent dans la roche même où elles ont été for- mées , au lieu que les dernieres ont été tranfportées quelquefois fort loin de l’endroit où elles ont été produites. Voyez Mines. (—) MarRoON, (Pyrotechnis.) c'eft une forte de pétard ou de boîte cubique, de carton fort, & à plufieurs doubles. On remplit ce pétard de poudre grenée, pour produire une grande détonation qu'on augmen- te comme aux faucfions, en forufñant le cartouche par une enveloppe de ficelle trempée dans de la colle forte ; ainfices deux artifices ont lemême effet & ne différent que dans leur figure, Unwarronfe fait avec un parallélogramme de car- ton, dont l’un des côtés eff à l’autre , comme 3 à 5, pour que l’on puiffe y former 15 quarrés égaux en- tr'eux, 3 {ur une face & 5 {ur l’autre : on le plie en- fuite en forme de cube qu'on remplit de poudre. On en fait d’aufh grands & d’auffi petits qu’on veut : on y proportionne le carton, la grofieur &cle nombre des rangs de ficelle dont on les couvre. Les gros marrons contiennent ordinairement une livre de poudre , tiennent lieu de boîte de métal que l’on tire dans lesréjouiffances publiques, & font au- moins autant de bruit. Il faut y placer au lieu d’é- toupille un petit porte-feu de compofition lente, añn d’avoir letems de s’enéloigner, pouréviterleséclats qui font dangereux lorfqu'on leur donne cette grof- eur. Les petits zerrons fervent à garnir des fufées pour faire une belle efcopeterie ; leur effet eft particulie- rement beau dans les grandes caifles, lorfqu'on en M A L garmtune partie des fufées qui les compofent, Onles couvre fouvent de matierescombuftibles , afin qu'ils brillent aux yeux avant que d’éclater; alors on les appelle #arrons luifans : leur effet eft à-peu-près le même que celui des étoiles à pétards. Voyez les PI, d’Artificier. MARRON, ({mprimerie.) termeufté dans l’Impri- merie, & connu de certains auteurs. Ce n’eft point un terme d’art, maison entend: par ce mot un ouvra- ge imprimé furtivement, fans approbation , fans pri- vilege, ni nom d’imprimeur. On efttoûjours blâma- ble de fe prêter à l’impreffion &t au débit de pareils ouvrages. MARRON , (Maréch.) poil de cheval ayant la cou- leur d’un warron, c'éft une nuance du poil bay. Voyez BAY. MARRONNIER, f. m.(Bors.) grand arbre du mê« me genre que le châtaigmier, dont il ne differe que. par {on fruit que l’on nomme warron, qui eftplus pros & de meilleur goût que la châtaigne. On multiplie le marronnier par la greffe fur le châraignier, &c 1l fe cultive de même. Voyez CHATAIGNIER. MARRONNIER D'INDE, hippocaflanum , ( Bor. } genre de plante à fleur en rofe compofée de plufeurs pétales difpofés en rond; le pifil s’éleve hors du calice , & devient dans la fnite un fruit qui s’ouvre en plufeurs parties ; ce fruit contient des femences femblables à des châtaignes. Tounrnefort , 27/2 rei. kerb. Voyez PLANTE. MARRONNIER D'INDE, hppocafflanum, grand ar- bre qui nous eft venu de Conftantimople il'y a envi- ron cent cinquante ans, 67 que l’on ne cultive que pour l’agrément. Cet arbre prend de lui-même nné tige droite & fait une tête aflez répuliere ; fon tronc devient fort gros. Dans la jeunefle de l'arbre fon écorce eft lifle & cendrée ; lorfqu’il eft dans fa for- ce, elle devient brune & un peu gerfée. Sa feuille ef grande, compofée de cinq ou fept folioles raffem- blées au bout d’une longue queue en forme d’une main ouverte ; la verdure en eft charmante au prin- tems. L'arbre donne fes fleurs dès la fin d'Avril; elles font blanches, chamarrées d’une teinte rougeûtre , & elles font répandues fur de longues grappes en pyramide:ces grappes viennent au bout des bran- ches ; fe foutiennent dans une poñtion droite, & leur quantité femble couvrir la tête de l’arbre. Les fruits qui fuccedent font des marrons, renfermés dans un brou épineux comme celui des châtaignes, Ce ra ronnier eit d’un tempéfament dur & robufte, d’un accroiflement prompt & répuher ; il réuflit dans toutes les expofñtions ; il fe foutient dans les lieux ferrés & ombragés à force de s’élever:tous les ter- reins lui conviennent,àl’exception pourtant de ceux qui font trop fecs & trop fuperficiels ; il ne craint pas l'humidité à un point médiocre ; fes racines ont tant de force qu’elles paffent fous les pavés & per- cent les murs: enfin, 1l n’exige n1 foin ni culture, Telles font les qualités avantageufes qui ont fait re- chercher cet arbre pendant plus de centannées. Mais depuis quelques rems fon regne s’eit afloibli par la propreté &c la perfeétion qui ie font introduites dans les jardins. On convient que le marronnier eff d’une grande beauté au printems , mais lagrément qu'il étale ne fe foutient pas dans le refte de l’année. M6- me avant la fin de Mai le marronnierelt fouvent dé= pouillé de fes feuilles par Les hannetons; d’autresfois les chaleurs du mois de Juin font jaunir les feuilles qui tombent bien-tôt après avec les fruits avortés par la grande féchereffe ; il arrive fouvent que les iewilles font dévorées au mois de Juillet par une chenille à grands poils qui s’engendre particuliere- ment fur cet arbre : mais on fe plaint fur-tout de la malpropreté qu’il caufe pendant toutela belle faifon ; d’abord au printems par la chûtede fes fleurs, &en- | fuite faite des coques hériflées qui enveloppent le fruit ; après cela parles marronsquife détachent peu-à-peu; enfin, par fes feuilles qui tombent en automne : tout cela rend les promenades impraticables à-moins d’un foin continuel. Ces inconvéniens font caufe qu’on n’admet à-préfent cet arbre que dans des pla- ceséloignées & peu fréquentées :1lade plus un grand défaut ; il veut croitre ifolé & il refufe de venir lorfs qu'il eft ferré 8&c mêlé parmi d’autres arbres: mais Le peu d'utilité de fon bois eft encore la circonftance qui le fait le plus négliger. Le feul moyen de multiplier cet arbre ef d’en fe- mer les marrons , foit après leur maturité au mois d'Oûtobre, ou au plus tardau mois de Février. Avec peu de recherches fur la qualité du terrein, un foin ordinaire pour la préparation , & avec la façon com- mune de femer en pepimiere , les marrons leveront aifément au printems. Ilsferont en état d’être trant- plantés à demeure au bout de cinq ou fix ans; mais ils ne donneront des fleurs & des fruits qu'à environ douze ans. Cette tranfplantation fe doit faire pour Le mieux en automne , encore durant l’hiver tant qu'il ne gele pas, même à la fin de Février & pour le plus rard au commencement de Mars. On fuppofe pour ces derniers cas que l’on aura les plants à portée de {01 ; car , s’il faut les faire venir de loin, il y aura fort à craindre que la gelée n’endommage les raci- nes; dès qu’elles en font frappées, l’arbre ne reprend pas. Il faut fe garder de retrancher la tête du warron- zier pendant toute fa jeunefle, ni même lors dela tran{plantation, cela dérangeroit fon accroiflement & le progrès de fa tige:ce ne fera que dans la force de l’âge qu’on pourra le tailler fur les côtés pour dé- gager Les allées & en rehauffer le couvert. Par ce moyen l'arbre fe fortifie, fes branches fe multiplient, fon feuillage s’épaifit, l'ombre fe complete, l’objet annonce pendant du tems fa perfeétion, & prend peu-à-peu cet air de grandeur qui fe fait remarquer dans la grande allée des jardins du palais des Tiule- ries à Paris. - Le marronnier eft plus propre qu'aucun autre arbre à faire du couvert , à donner de l'ombre, à procu- rer de la fraîcheur; on l’employera avec fuccès à for- mer desavenues , des allées , des quinconces, des falles, des grouppes de verdure, &c. Pour planter des allées de #arronniers, on met ces arbres à la diftance de quinze , dix-huit & vingt piés, felon la qualité duterrein & la largeur de lallée. On en peut auffi faire de bonnes haies, en les plantant à quatre piés de diflance , mais on ne doit pas l’employer à garnir des maflifs ou des bofquets, parce qu'il fe dégrade &T dépérit entre les autres arbres, à moins qu’il ne domine fur eux. Cet arbre fouffre de fortes incifions fans inconvénient, & même de grandes mortoifes ; en a vûü en Angleterre des paliffades dont les pieces de fupport étoient infixées dansle tronc des marron ziers ; fans qu'il parût après pluñeurs années que “cela leur causât de dommage. Cet arbre prend tout fon accroiflement au mois de Mai en trois femaines détems ; pendant tout le refte de l’année , la feve .n'eftemployée qu'à fortierlesnouvelies poufles , à former les boutons qui doivent s'ouvrir l’année fui- vante, à perfetonner les fruits, & à groflir la tige & les branches. Quoique le bois de zarronnier ne foit pas d’une ütilité générale & immédiate, on peut cependant en tirer du fervice. Il eftblanc , tendre, mollaffe & flandreux ; il fert aux Menuifiers, aux Tourneurs ;, aux Boiffelliers, aux Sculpteurs, même aux Ebé- rites , pour des ouvrages grofliers & couverts foit par du placage ou par la peinture. Ce bois n’eft fujet à aucune vermoulure, il reçoit un beau poli, dl Torne X, | MAR 145 prend aifément le vernis, il a plus dé fermeté & il fe coupe plus net que le tilleul , & par conféquent il eft de meilleur fervice pour la Gravure. Ce bois n'eft un peu propre à brûler que quand il eft verd. Les marrons d'inde préfentent un objet bien plus fufceprible d'utilité. M. le préfident Bon atrouvé que ce fruit peut fervir à nourrir & à engraifler tant le gros & menu bétail que les volailles de toutes {or tes , en prenant feulement la précaution de faire tremper pendant quarante-huit heures dans la lefive d'eau paflée à la éhaux vive, les marrons après les avoir pelés & coupés en quatre, Enfuite on les fait cuire & réduire en bouillie pour les donner aux ani« maux. On peut garder ces marrons toutel’année, en les faifant peler & fécher foir au four ou au foleil. Par un procedé un peu différent , la même expérience a été faite avec beaucoup de fuccès & de profit. Voyez le Journal économique | Oëlobre 1751. Mais M, Ellis, auteur anglois qui à fait imprimeren1738 An traite fur La culture de quelques arbres , paroît avoir trouvé un procedé plus fimple pour ôter l’amertu- me aux marrons d'inde, & les faire fervir de nourri ture aux cochons &t aux daims. [lfait emplir de mar- rons un vieux tonneau mal relié qu’on fait tremper pendant trois ou quatre jours dans une riviere: nulle autre préparation. Cependant on a vû des vaches &t des poules manger de ce fruit dans fon état natu-! rel & malgré fon amertume, Mais il y a lieu de croire que cette amertume fait un inconvénient, puifqu’on a remarqué que les poules qui mangeoient des mar- rons fans être préparés ne pondoient pas. Ce fruit peut fervir à faire de très-bel amydon, de la poudre à poudrer , & de l’huile à brûler; ileft vrai qu'on en tire peu & qu'elle rend une odeur infupportable. Mais fans qu'il y ait ce dernier inconvénient , un {eu} marron d'inde peut fervir de lampe de nuit : il faut le peler , 1: faire fecher , le percer de part en part avec une vrille moyenne, le faire tremper au- moins vingt-quatre heures dans quelque huile que ce foit, y pafler une petite meche, le mettre enfuite nager dans un vale pleind’eau , & allumer la méche le foir, on eft afluré d’avoir de la lumiere jnfqu’au jour. On en peut faire aufli une excellente pâte à dé- crafferles mains & les D :il faut pelerles marrons, les faire fecher, les piler dans un mortier couvert, & pañler cette poudre dansun tamis très-fin. Quand on veut s’en fervir , on jette une quantité convena= ble de cette poudre dans de eau quidevientblanche, favonneufe & auf douce que du lait ; le fréquent ufage en ef très-falutaire , & la peau en contrae un luftre admirable. Woyez pour ces deux dernieres propriétés le Journal économique, Seprembre 1 732. Les marrons d'inde ont encore la propriété de favonner & blanchir le linge, de dégraifler les éroffes, de lefliver le chanvre, & on en peut faire , en les brû lant, de bonnes cendres pourla lefive. Voyez Ze Jour nal économique ; Décembre 1757. Enfin , ils peuvent fervir à échauffer les poëles, & les Maréchaux s’en fervent pour guérir la poufle des chevaux: on fait grand ufage de ce remede dans le Levant ; c’eft ce qui a fait donner au srarronnier d'inde le nom latin hippocaftlanum , qui veut dire chétaigne de cheval, On prétend que l’écorce &c le fruit de cet arbre font un fébrifuge qu’on peut employer au lieu du quinquina dans les fiévresintermittentes ; on aflure même que quelques médecins ont appliqué ce remede avec fuccès, On ne connoit qu'une feule efpece de #zarronnier d'inde, dontily a deux variétés. L'une à feuilles panachées de jaune, & l’autre de blanc. IL eft dif cile de fe procurer & de conferver ces variétés, car, quand-on les greffe fur des marronniers vigoureux: it arrive fouvent que les feuilles de la greffe perdent leur bigarrure en reprenant leur verdure naturelle à Fr 146 MAR d’ailleurs on voit dans ces variétés plus que dans aucun autre arbre panaché, une apparence de foi- blefle & de maladie qui en Ôte agrément. MARRONNIER @ fleurs rouges, pavia , petit arbre qui nous eft venu de la Caroline en Amérique , où on le trouve en grande quantité dans les bois. Quoi- qu’il ait une très-grande reffemblance à tous égards avec le marronnier d'inde, fi ce n’eft qu'il eft plus petit & plus mignon dans toutes fes parties, les Botaniftes en ont cependant fait un genre différent du #aron- nier d'inde, par rapport à quelque différence qui fe trouve dans les parties de fa fleur. Ce petit 72erron- nier ne s’éleve au plus qu’à douze ou quinze piés : 1l fait une tige droite, une joie tête ; fes boutons font jaunâtres en hiver fans être glutineux comme ceux du raerronnier d'inde ; la forme des feuilles eft la mê- me, mais elles font plus petites, Liffes , & d’un verd plustendre. Ses fleurs font d’une couleur rouge affez apparente , elles font répandues autour d’une grap- pe moins longue, moins fournie que dans l’autre marronnier , mais elles paroïffent un mois plus tard. Les fruits qui leur fuccecent font de petits marrons d’une couleur jaune enfumée ; & le brou quileur fert d’enveloppe n’eft point épineux. L’arbre en produit peu ; encore faut-il que l’année foit favorable. Ce marronnier eft robufte , & quoiqu'il foit originaire d’un climat plus méridional, nos fâcheux hivers ne lui caufent aucun dommage. Il fe plaît dans toutes fortes de terreins, il réuflit même dans les terres un peu feches, il fe multiplie aifément , & il n’e- xige qu'une culture fort ordinaire. On peut élever cet arbre de femences, de branches couchées , & par la greffe en approche ou en écuflon fur le #arron- nier d'inde ; la greffe en écuflon réuflit très-aifé- ment, & fouventelle donne des fleurs dès la feconde année. Il faut le femer dela même façon que les chä- taignes , 1l donnera des fleurs au bout de cinq ans. Les branches couchées fe font au printems ; elles font des racines fuffifantes pour être tranfolantées l'automne fuivante, fi l’on a eu la précaution de les marcotter. Les arbres que l’on éleve de femence viennent plus vite, font plus grands & plus beaux , & donnent plus de fleurs & de fruits que ceux que l’on éleve des deux autres façons. Article de M. DAUBENTON , fubdelegné. MARROQUIN, {. m. (Artméch.) peau desboucs ou des chevres, ou d’un autre animal à-peu-près fem- blable, appellé ez0o7, qui eft commun dans le Le- vant, laquelle a été travaillée & pañlée en fumac ou en galle, & qu'on a mife enfuite en telle couleur qu’on a voulu : on s’en fert beaucoup pour les tapif- feries, pour les reliures des livres, &c. On dérive ordinaitement ce nom de Maroc royau- me de Barbarie dans l’Afrique, d’où l’on croit que l’on a emprunté la maniere de fabriquer le ar- roquin. Il y a des zaroquins de Levant, de Barbarie, d’'Efpagne, de Flandre, de France, tc. Il yena de rouges, de noits, de jaunes, de bleus, de vio- lets, &c. Les différentes manieres de fabriquer les maroquins noirs & de couleurs, ont paru fi curieu- fes, qu’on a cru que le public ne feroit pas fâché de les trouver ici. Marniere de fabriquer le maroquin noir. Ayant fait d’abord fécher les peaux à l'air, on les met trem- per dans des baquets remplis d’eau claire, où elles reftent trois fois vingt-quatre heures; on les en retire, & on les étend fur un chevalet de bois fem- blable à celui dont fe fervent les Tanneurs, fur le- quel on les brife avec un grand couteau deftiné à cet ufage. On les remet après cela tremper dans des baquets où l’on a mis de nouvelle eau que l'on change tous les jours jufqu'à ce que l’ons’ap- perçoive que les peaux foient bien reyenues, Dans MAR cet état, on les jette dans un plain, qui cft une efpece de grande cuve de bois ou de pièrre rem- plie d’eau dans laquelle on a fait éteindre de la chaux qu’on a bien remuée, & où elles doivent refter pendant quinze jours. Il faut néanmoins avoir foin de les en retirer, & de les y remettre chaque jour foir & matin; après quoi on les jettera dans une cuve pleine de nouvel- le chaux &z de nouvelle eau de laquelle on les re- tire & où onles remet encore foir & matin pendant quinze autres jours. Enfuite on les rince bien dans l’eau claire , les unes après les autres; on leur Ôte le poil fur le chevalet avec le couteau ; & on les jette dans une troifieme cuve de laquelle on les retire & où on les remet foir & matin pendant encore dix-huit jours. On les met après cela dans la riviere pendant douze heures pour les faire boire; d’où étant forties bien rinfées, elles font placées dans des baquets où elles font pilonnées avec des pi- lons de bois , en les changeant deux fois d’eau. On les étend enfuite fur le chevalet pour les écharner avec le couteau; après quoi on les remet dans des baquets de nouvelle eau, d’où on les retire pour leur donner une nouvelle facon du côté de la fleur, pour être rejettées enfuite dans des baquets dont les eaux ont été auparavant changées. Après quoi . on les jette dans un baquet particulier dont le fond eft percé de plufeurs trous, dans lequel elles font foulées pendant une heure, en Jeïtant de tems en tems de l’eau fraîche par-deflus à-mefure qu'on les foule. Enfuite on les étend fur le chevalet, & on les ratifle des deux côtés ; on les remet boire dans les baquets toujours remplis de nouvelle eau claire; & lorfqu’elles y ont fufifamment bu, on les en re- tire pour les coudre tout-au-tour en forme de facs, enforte que les jambes de derriere qui ne font point coufues , leur fervent comme d’embouchure pour y pouvoir faire entrer une mixtion dont il fera parlé ci-après. Les peaux aïnfi coufues, font mifes dans une cuve appellée cozfir, remplie d’eau tiede, où l’on a bien fait fondre & difloudre de lexcrément de chien; on a foin d’abord de les y bien retour- ner avec de longs bâtons l’efpace d’une demi- heure ; après quoi on les y laifle repofer pendant. douze heures; d’où étant retirées, elles font bien rinfées dans de l’eau fraiche. Enfuite on les rem- plit au moyen d'un entonnoir, d’une préparation d’eau & de fumac mêlés enfemble, & échauffés . prefqw'à bouillir ; à-mefure qu’elles fe rempliffent, on en lie les jambes de derriere pour en fermer lembouchure. En cet état on les defcend dans le vaifleau où eft l’eau & le fumac, & on les y re- mue pendant quatre heures. On les en retire, & on les entaffe l’une fur l’autre. Après quelque tems on les change de côté, & on continue de la forte jufqu’à ce qu’elles foient bien égouttées. Cela fait, on les retire & on les remplit une feconde fois. de la même préparation; on les coud de nouveau, & on les remue pendant deux heures ; on les met: en pile, & on Les fait égoutter comme la premiere fois. On leur donne encore après cela un femblable: apprèêt, à la referve qu’on ne les remue feulement que pendant un bon quart-d’heure. Les laïffant en- fuite jufqu’au lendemain matin qu'on les retire de la cuve de bois, on les découd, on en ôte le fu- mac qui eft dedans , on les plie en deux de la tête à la queue , le côté. du poil en dehors; & on les met les unes fur les autres fur le chevalet, pour ache- ver de les ésoutter, les étendre, & les faire fécher. Lorfqu’elles font bien feches , on les foule aux piés deux à deux; puis on les étend fur une table de bois pour en ôter avec un couteau fait exprès toute la chair & le fumac qui peut y refter. Enfin on les frotte fuperficiellement d’huilé du côté du poil, & enfuite on les lave du même côté avec de l’eau. Lorfque les peaux ont recu leur huilé & leur eau, on les roule & on les tord bien avec les mains, pour les étendre après cela fur la table, la chair en deflus, ce qui fe fait avec une eftire femblable à celle des Corroyeurs. Ayant été ainfi retournées dé l’autre côté qui eft celui de la fleur, on pañle fortement par-defus avec une poignée de jonc, pour en faire fortir autant qu'il eft poffble, toute l'huile qui peut être encore dedans ; on leur donne alors la premiere couche: de noir du côté de la fleur, par le moyen d’un paquet de crin tortillé qu'on trempe dans une forte de teinture de noir appellé roir de rouille, parce qu'il a été préparé avec de la biere, dans laquelle l’on a jetté de vieil- les fertailles rouillées, Lorfqu’elles font à-demi-fe- ches, ce qu'on fait en les pendant à l’air par les jambes de derriere, on les étend fur la table, où avec une paumelle de boïs on les tire des quatre côtés pour en faire fortir le grain, par-deflus le- quel on donne une légere couche d’eau; puis on les Efe à force de bras avec une life de jonc faite exprès. Étant liffées, on leur donne une feconde couche de noir, & on les met fécher. Elles reviennent en- core fur [a table, 8 pour lors on fe fert d’une paumelle dé hege pour leur relever le grain; & aprés une légere couche d’eau, on les lifle de nou- veau; & pour leur relever le grain une troifieme fois, on fe fert d’une paumelle de bois. Après que le côté de la fleur a recu toutes ces façons, on les pare du côté de la chair avec un couteau bien tranchant deftiné à cet ufage, & on frotte vivement le côté de la fleur ou du poil avec un bonnet de laine, leur ayant auparavant donné une couche de luftre qui eft fait de jus : d'épine-vinette, de citron ou d’orange. Enfin tous ces divers apprêts fe finiflent en relevant légére- ment le gran pour la derniere fois avec la pau- melle de liege: ce qui acheve de les perfe@ionner & de les mettre en état d’être vendues & em- pioyées. Mariere de préparer le maroquin rouge. On met tremper les peaux dans de l’eau de riviere pen- dant vingt-quatre heures, & lorfqu’elles en ont été retirées, on les étend fur le chevalet fur lequel on les brife avec le couteau; on les remet enfuite trem- per de nouveau pourquarante-huitheures dans l’eau de puits; on les brife encore fur le chevalet. Après avoir été trempées pour la derniere fois, elles font jettées dans le plain pendant trois femaines; tous les matins on les retire du plain, & on les y rejette pour les difpofer à être pelées. Les peaux ayant été rétirées pour la derniere fois du plain, on les pele avec le couteau fur le chevalet; & lorfque le poil en a été entierement abattu, on les jette dans des baquets remplis d’eau fraîche, dans laquelle elles font bien rinfées pour être enfuite écharnées avec le coutean, tant du côté de la chair que du côté de la fleur. Après quoi on les rejette dans les ba- quets, pañlant ainfi alternativement des baquets {ur le chevalet & du chevalet dans les baquets juf- qu’à ce que l’on s’apperçoive que les peaux ren- dent l’eau claire. Dans cet état on les met dans l'eau tiede avec le famac, comme ci-deflus, & quand elles y ont refté l’efpace de douze heures, On les rinfe bien dans de l’eau claire, & on les ratifle des deux côtés fur le chevalet. On les pi- lonne dans des baquets jufqu’à trois fois, & à cha- que fois on les change d’eau ; on les tord enfuite, &c on les étend fur le chevalet, & on les pafle les Tome X, MAR 147 tinés apres les autres dans uné atige remplie d’eau, dans laquelle on a fait fondre de l’alun. pe" Etant ainfñ alunées, On les laiffe égoutter jufqu’au lendemain ; on les tord; enfuite on les détire für le chevalet ; & on les plie uniment de la tête à la queue, la chair en-dedans, C’eft alors qu’on leur donne la premiere teinture, én les paflant les unes après les autres dans un rouge préparé avec de la laque mêlée de quelques ingrédiens, qui ne font bien connus que des feuls maroguiniers, On y re= vient autant de fois qu'il eff néceffaire, pour que les peaux puiflent être parfaitement colorées, Après quoi on les rinfe bien dans l’eau claire ; puis on les étend fur le chevalet où elles reftent à égoutter l’ef- pace de douze heures ; enfuite on les jette dans une cuve remplie d'eau, dans laquelle on a mis de la noix de galle blanche, pulvérifée & pañlée au tamis ; ë& on les y tourne continuellement pendant un jour entier avec de longs bâtons. On les én retire, & on les fufpend, rouge contre rouge & blanc con- tre blanc, fur une longue barre de bois pofée fur le travers de la cuve où elles pañlent toute la nuit. Le lendemain, l’eau de galle étant bien brouillée, on y rèmet les peaux, de façon qu’elles en foient entierement couvertes. Au bout de quatre heures, on les releve fur la barre; & après les avoir bien rinfées les unes après les autres, on les tord & on les détire ; enfiute on les étend fur une table, où on les frotte du côté de la teinture les unes après les autres, avec une éponge imbibée d'huile de lin. Après cette opération, on les pend par les jam bes de derriere, à des clous à crochet où on les laïfle fécher à-forfait. Enfuite on les roule au pié le ronge en-dedäns ; on les pare pour en ôter toute la chair & la galle qui pourroit y être reflé attachée. Puis on prend . une éponge imbibée d’eau claire dont on mouille légérement les peaux du côté du rouge ; après quoi les étendant fur le chevalet, on les y lifle À deux différentes reprifes avec un rouleau de bois bien pol : après cette derniere façon, le waroquin eft en état d'être vendu. Les maroquins jaunes, violets, bleus, verts, €, fe préparent de même que les rouges, À la feule couleur près. Chambers. MARROQUINER , serme d'art , qui fignifie fz- çonner le marroquin, ou les peaux de veau & de mouton à la façon de marroquin , pour qu’elles pa- roiffent être de véritables peaux de marroquin. MARROQUINERIE, f. f. art de fairele MarrOQuir, on appelle auffi de ce nom le lieu où on fabrique ces fortes de cuir ; Marroquinerie fe dit encore des cuirs pañés en marroquin. | MARROQUINIER, fm. (Ars méch.) ouvrier qui fabrique le marroquin ou d’autres peaux en façon de matroquin ; ce terme convient également & au maitre manufaéturier qui conduit les ouvrages de marroquinerie, & à l’artifan qui les fabrique. MARRUBE , marrubium ,f, m. (Bor.) genre de plan- te à fleur monopétale labiée: la levre fupérieure eft relevée & fendue en deux parties & l’inférieure en trois ; le pifül fort du calice, & tient À la partie poftérieure de la fleur comme un clou ; il eft ac- compagné de quatre embryons qui deviennent au- tant de femences arrondies & contenues dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Tournefort, Inff.rei herb. Voyez PLANTE. On vient de lire les caraëteres du mtarrube, mais il faut ajouter que de toutes les plantes qui portent ce nom chez les Botaniftes , il‘ en a deux principa- lement connues en Médecine , le marrube blanc & le marrubenoïr , & que ces deux plantes ne {ont point du même genre, Ti 148 MAR Le marrube blanc , en latin marrubium album, vul- gare, C.B.P. 230 J,R.H. 102, en anglois she com- mon hite hore-hound, et la principale efpece du gence ici caraétérifé _ Sa racineeft fimple, ligneufe, garnie de plufieurs fibres ; fes tiges font nombreufes, hautes d'un pié & plus, velues, quarrées, branchues , garmies de feuilles , oppofées deux à denx à chaque nœud, arrondies, blanchâtres , crenelées à leur bord, ri- dées, portées fur des queues aflez longues, Les fleurs naiflent en grand nombre autour de chaque nœud, difpofées par anneaux fans pédicule, ou fur des pédicules très-courts : leur calice eft ve- lu , cannelé, & chaque cannelure fe termine parune petite pointe. Ces fleurs font très-petites, blan- châtres, d’une feule piece en gueule, dont la le- vre fupérieure eft redreflée & a deux cornes, & l'inférieure eft partagée en trois. Le pifil qui s'éleve du calice eft attaché à la partie pofténieure de la fleur en maniere de clou, & comme accompagné de quatre embryons. Ces embryons, quand la fleur eft tombée, fe changent en autant de graines oblongues, cachées dans une capfule qui fervait de calice ; les anneaux des fleurs fortent des aiffelles des feuiiles, quoiqu'ils paroif- fent environner la tige. Toute cette plante a une odeur forte &c defa- gréable. Elle vient naturellement, & eft très-com- mune dans les grands chemins, fur les bords des champs, dans des terres incultes , &c fur les décom- bres : elle eft toute d’ufage. On la regarde comme apéritive & propre à difloudre puifflamment les hu- meurs vifqueules. C’eft un des principaux reniedes dans l’afthme humoral & dans les maladies chro- niques qui viennent d'un mucilage épais, gluti- neux & tenace. (D. J.) MARRUBE AQUATIQUE ; lycopus , ( Boran. ) genre de plante à fleur monopétale, labiée & à-peu- près en forme de cloche , car on diftingue à peine la levre fupérieure des parties qui compoñent la le- vre inférieure ; de forte que cette fleur paroït au premier coup d'œil partagée en quatre parties. Il s'éleve du calice un piftil attaché à la partie pof- térieure de la fleur , comme un clou; ce piftil eft accompagné de quatrefortes d’embryons quidevien- nent dans la fuite autant dé fementes arrondies, ren- fermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Tournefort, #2/f. rez herb. Voyez PLANTE. MARRUBE NOIR, (Boran.) ou "arrube puant , marrubium nigrum , J. B. 3.318. ballote , J, KR. H. 185. genre de plante, caraétérifée au 70: BALLOTE. $a racine eft ligneufe , fibrée. Il en fort plufeurs tiges , hautes d’une ou deux coudées, velues , cou vertes d’un duvet court , quarrées, creufes, bran- chues , rougeâtres , garnies de feuilles, oppoñées deux à deux fur chaque nœud , femblables à celles de la méliffe ou plutôt de lortie rouge , plus arron- dies & plus noires, cotonneufes , molles , ridées. Ses fleurs naïflent par anneaux fur les tiges, & plufieurs en nombre fur un pédicule commun, qui {ort de l’aiffelle des feuilles. Elles font d’une feule piece, en gueule ; la levre fupérieure eft creufée en cueilleron, & l'inférieure eft partagée en trois parties , dont celle du milieu eft plus grande, en forme de cœur , de couleur pourpre-pâle , rayée de lignes de couleur plus foncée, Les calices font cannelés, oblongs, partagés en cinq fegmens aïgus. Il fort de chaque calice un piftil attaché à la partie poftérieure de la fleur en maniere de clou, & comme accompagnée de qua- tre embryons, qui fe changent enfute en autant de petites oraines , longues , noirâtres quand elles font mures, cachées dans une capfule en forme de tuyau, Ce MAR à cinq angles décotipées en cinq pointes égales , & qui fervoit de calice à la fleur. Cette plante a l’odeur de lortie-puante , elle naît fur les décombres , le long des chemins &c des haies: elle eft toute d’ufage extérieurement pour réfou- dre & déterger. On la prend rarement à l’intérieur, à caufe de fon odeur fétide & de fa faveur défas oréable, (D.J.) | MARRUBE NOIR 0% BALLOTE , ( Mar. med. ) les feuilles de warrube noir, pilées feules où avec du miel, pañlent pour guérir les ulceres fordides , les gales, les dartres malignes , & les croutes fuppu- rées de la tête des enfans. Ce remede eff fort peu ufité , quoiqu'on puifle raifonnablement croire aux vertus que nous venons de rapporter, Cette plante n’eft d’aucun ufage pour Pintérieur , à caufe de fon odeur puante & de fon gout défa- gréable ;, on pourroit cependant en tirer peut-être quelque fecours dans les maladies hyftériques & hy- pocondriaques ; contre lefquelles J, Raï la recom- mande, (4) | MARRUBE BLANC, ( Mar. med. ) les feuilles & les fommités fleuries de warrube blanc qui ont une odeur aromatique très-agréable, & un goût un peu amer, font les parties de cette plante qui font d’u- fage en Médecine. Elles poflédent véritablement les vertus généralement obfervées dans les plantes aromatiques légerement ameres , c’eft-à-dire, qu’el- les font apéritivés, incifives, diurétiques , diapho- rétiques, ftomachiques, utérines , béchiques , &c. Le marrube blanc'a été particulierement recom- mandé contre la rétention des vuidanges & des re- gles , pour faciliter la fortie du fœtus ou de l’arrie- re-faix , comme excellent dans l’afthme, & même dans l’hydropiñe. Plufieurs auteurs graves font fur- tout favorables aux vertus de cette plante , contre la jaunifle & le skitrhe du foie, & ils appiient leur _ fentiment fur des obfervations. Plufieurs autres célebrent aufñ cette plante, com- me utile dans les coliques néphrétiques & dans le calcul: Foreftus prétend au contraire, avoir obfer- vé qu’elle nuifoit plutôt qu’elle n’étoit utile dans les maladies des reins , &c qu'il falloit par confé- quent s’en abftenir, lorfque ces organes étoient af- feétés. Diofcoride avoit déja fait cette remarque. Il faut peu compter , dit Juncker, fur les éloges qu’on a donnés au warrube blanc , dans le traitement de la goutte , de la phthifie & de la morfure des animaux enragés. On l’ordonne en infufion dans du vin blanc ou dans de l’eau, à la dofe d’une poignée fur une pinte de liqueur que l’on donne par verrées. On peut faire prendre aufh Les feuilles féchées & réduites en poudre à la dofe d’ungros , dans de l’eau ou dans du vin. L’eau difillée de marrube blanc poflede les quali- tés les plus communes des eaux diflillées aromati- ques ; voyez EAUX DISTILLÉES ; fes qualités parti cuiieres , fi elle en a , font peu connues. On prépare avec le warrube blanc un fyrop fim- ple par la difllation, voyez SYROP; cette prépara- tion contient toutes les parties vraiement médica- menteufes de la plante, & en poffede par confé- quent toutes les vertus. On trouve dans quelques pharmacopées modernes, un fyrop fimple de zzarrube de Praffio , mis au rang de ceux qui doivent être préparés par l’nfufondes feuilles féches des plantes dans leurs propreseaux difüllées , z propriis aquis, &c par la cuite ordinaire qui diffipe dans l’opéra- tion patticuliere dont nous parlons , la moitié de la liqueur employée ; des pareilles préparations font des monfitres dans l’art , des produétions ridicules de l'ignorance la plus inconféquente. Voyez Svrop. Le marrube blanc entre dans plufieurs compofñ- Fe te nt MAR tions officinales de la pharmacopée de Paris: favoit, le fyrop d’armoife ; l'eau générale , lorviétan ordi- _haire, l’hiere de coloquinre, le mondificatif d’ache 8 la thériaque. () . Tournefort & Boerhaave , comptent fix efpeces de ce genre de plante, ainfi nommée, parce que fes feuilles ont quelque rapport avec celles du marru- be, maïs aucune des elpeces ne demande de def- cription particulière ; on en cultive rarement dans les jardins de botanique, & feulement pour la va- rieté & la couleur bleue de leurs fleurs , qui naïflent én guirlande épaiñle. Les Anglois appellent cette plante he baftard hore-hound, ( D.J, ) . MARRUBIASTRUM, (Botan.) genre de plante à fleur monopetale , labiée ; la lèvre fupérieure eft creufée en. cuilliere , & linférieure divilée en trois cannelures. Le piftil fort du calice, il eft attaché comme un clou à la partie poitérieure de la fleur &t entouré de quatre embryons qui deviennent dans la fuite autant de femences arrondies, renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur, Ce genre de plante diffère du galéopfis , par le port de la fleur, Tournefort , 22/£.-rei herb. Voyez PLANTE. MARS , fub. m. er Affronomne, et une des cinq planetes & des trois fupérieures , qui eft placée entre la terre & Jupiter. Voyez PLANETE. Son caraétere efta, fa moyenne diftance du foleil eft à la moyenne diftance du foleil à la terre :: 1524 : 1000, & fon excentricité eft à la même moyenne diflance du foleil à la terre :: 141 : 1000. L'incli- naifon de fon orbite, c’eft-à-dire , l'angle formé par le plan de fon orbite & celui de lécliptique,eft d’un degré 52 min, le tems périodique dans lequel il fait fa révolution autour du foleil, eft de 686 jours 23 heures ; cependant les Affronomes varient un peu entr'eux fur ces différens élémens , comme nous le - verrons plus bas. Sa révolution autour de fon axe fe fait en 24 heures 40 min: Pour le diametre de Mars, voyez DIAMETRE. Mars a des phafes différentes , felon fes différen- tes fituations, à l'égard de la terre & du foleil, car il paroiït plein dans fes oppofitions & fes conjonc- tions ; parce qu'alors tout l’hémifphere qu'il nous _préfente eft éclairé par le foleil. Mais dans fes qua- dratures, nous ne voyons qu'une partie de Phémif- phere qui nous regarde , l’autre n’étant point éclai- rée, parce qu’elle n'eft point tournée du côté du fo- leil. Dans la fituation acronique de cette planete, c’eft-à-dire , lorfqu’elle eft en oppofition avec le fo- leil, elle fe trouve alors deux fois plus près de la terre que du foleil, phénomene qui a beaucoup fervi à faire tomber abfolument l’hypothèfe de Ptolomée. Voyez ACRONIQUE. De plus, la diftance de Mars à la terre étant alors beaucoup moindre que celle du foleil , fa parallaxe doit être deux ou trois fois plus grande que celle du foleil ; ce qui fait que quoique la parallaxe du foleil foit très - difficile à déterminer à caufe de fa _petitefle, on peut la déterminer plus exattement par le moyen de la parallaxe de Murs. R Or , depuis plus d’un fiecle les Aftronomes ont recherché cette parallaxe avec beaucoup de foin : en France elle fut d’abord trouvée prefque infenf- ble, par la comparaifon que M. Ricard fit de ces obfervations avec celles de M. Richer qui fut en- voyé à l'ile de Cayenne en 1672, comme on le voit dans les obfervations & les voyages de l’académie royale des fciences publiés en 1693. mais dans la fuite feu M. Caffini a crû devoir établir cette paral- laxe , tant fur fes propres obfervations que fur d’au- tres qui avoient été faites à Cayenne , d'environ ; “ou 7 de min. ce qui donne la parallaxe de Mars ré- “duite à lhorifon d'environ 25 min. Selon M. Hook M A R 149 &t après lni M. Flamftead , la parallaxe de cétte: planete eff tout au plus de 30 fecondes. 17/8, fr, Le doëteur Hook obferva en 166$. plufieurs ta- ches fur le difque de Mars , & comme elles avoient un mouvement, il en conclut que la planete tour- noit autour de fon centre. En 1666 M. Caffini ob- ferva plufeurs taches fur les deux faces on hémif- pheres de Mars , 6 il trouva en continuant fes ob- fervations avec grand foin » Que cés taches fe mou- voient peu à peu d Orient en Occident, & qu'elles revenoient dans l'efpacé de 24 heures , 40 min, À leur premiere fituation Voyez TACHES. Mars paroït toujours rougeâtre & d’une lumiere trouble, d’où plufeurs aftronomes ont conclu qu’il eft environné d'une atmofphere épaifle & nébu- leufe. | Comme Mars tient fa lumiere du foleil , qu'il tourne autour de lui & qu'il a fes phafes , ainfi que la lune , il peut aufh paroïtre prefque dichotome , lorfqu'il eft dans fes quadratures avec le {oleil , ou dans {on périgée ; mais il ne paroîït jamais en croif- fant comme les planetes inférieures. Voyez PHAses: La diftance de cette planete au foleil eff à celle du foleil à la terre , fuivant ce qu’on a déja dit, envi- ton :: 1,à I, Où comme 3 à 2 ; de façon quefion étoit placé dans Mars on verroit Le foleil d’un tiers moins grand qu’il ne nous paroit ici , & par confé- quent le degré de Inmiere & de chaleur que Mars reçoit du foleil , eft moins grand que le degré qu’on en reçoit fur la terre, en raïfon de 4 A9. Voyez QUALITÉ. Cette proportion peut néanmoins varier fenfiblement , eu égard à la grande excentricité de cette planete. La période ou l’année de Mars, fuivant qu’on l’a déja obfervé , eft prefque deux fois auffi grande que la nôtre; & ion jour natutel on le tems que le foleil y paroït fur l’horifon ( fans faire attention aux cré- pufcules ) , eft prefque par-tont égal à la nuit, parce que fon axe eft prefque perpendiculaire au plan de {on orbite. Par cette même raïfon , il paroît que dans un même lieu de fa furface il ne peut y avoir que fort peu de variété de faifons, & prefque point de différence de l'été à Phiver , quant à la longueur des jours 8 à la chaleur. Néanmoins des lieux fitués en différentes latitudes, c’eft-à-dire à différentes diftan- ces de fon équateur , recevront différens degrès de chaleur, par rapport à l’inclinaifon différente des rayons du foleil fur lhorifon , comme 1} nous arrive à nous-mêmes lorfque le foleil eft dans l’équinoxe ou dans les tropiques. M. Grégory fait en forte de rendre raifon par-là des bandes qu’on remarque dans Mars , c’eft-à-dire de certaines barres ou filets qu’on y voit & qui y font placés parallelemenr à fon équateur ; car comme parmi nous le même climat reçoit en des faifons dif- férentes différens degrés de chaleur, &c qu'il en éft autrement dans Mars, le même parallele devant tou- jours recevoir un degré de chaleur prefqu’égal, il s'enfuit de-là que ces taches peuvent vraiflembla- blement fe former dans Mars & dans fon atmofphe- re, comme la neige & les nuages fe forment dans le nôtre, c’eft-à-dire par les intenfités du chaud & du froid conftamment différentes én diférens paralleles, & que ces bandes peuvent venir à s’étendre en cer- cles paralleles à l'équateur ou au cercle de la révo- lution diurne. Ce même principe donneroit auff la folution du phénomene des bandes de Jupiter, cette planete ayant ainfi que Mars un équinoxe perpé- tuel, On voit fouvent dans Mars de grandes taches dif- paroître après quelques.années ou quelques mois , tandis qu’on y en voit d’autres fe former & fubffter plufieurs mois, plufieurs années. Ainfi il faut qu'il fe fafle dans Murs d’étranges changemens ; puifqu'ils 150 MAR {ont fi fenfibles à uge telle diftance , & que la fur- face de la terre foit bien tranquille en comparaifon de celle de Mars ; car à peine s’eft-l fait depuis 4000 ans quelques changemens fenfibles fur la furface de notre globe. Nosterres, nos grandes chaînes de mon- tagnes , nos mers n’Ofrent que des changemens qui ne feroient point apperçusde Mars avec les meilleu- res lunettes. Il faut néanmoins que la terre ait eu des révolutions confidérables, car enfin des arbres enfoncés à de fort grandes profondeurs , des coquil- lages & des fqueletes de poifons enfevelis fous les terres & dans les montagnes, en font d’affez bonnes preuves. M. FORMEY. Outre la couleur rougeätre de Mars, on prétend avoir encore une autre preuve qu'il eft couronné d’une atmofphere. Lorfqu’on voit quelques-unes des étoiles fixes près de fon corps , elles paroïffent alors extrèmement obfcures &t prefqu'’éteintes. Si on imaginoit un œil placé dans Mars, il verroit à peine Mercure, excepté fur le difque du foleil ou dans fa conjonétion avec cet afîre, c’eft-à-dire lorf- que Mercure pañle fur le foleil & qu'il nous paroît alors à nous-mêmes en forme de taches. Un fpeéta- teur placé dans Mars verroit Vénus à la même dif- tance du foleil que Mercure nous paroït, & la terre à la même diftance que nous voyons Vénus ; & quand la terre feroit en conjonétion avec le foleil &c fort près de cet aftre, le même fpeétateur placé dans Mars verroit alors ce que M. Cañini a appercu dans Vénus, c’eft-à - dire que la terre lui paroïîtroit en croiffant , ainfñi que la lune fon fatellite. Dans la planete de Mars on obferve beaucoup moins d’irrégularités par rapport à fon mouvement, que dans Jupiter &c dans Saturne : l’excentricité de fon orbite eft conftante , au-moins fenfiblement , & le mouvement dé fon aphélie eft égal &z uniforme; aufñ eft-ce de toutes les planetes ceile dont le mou- vement de Paphélie eft le mieux connu, 8&c que M. Newton a choifi pour en déduire le mouvement des aphélies des planetes inférieures, Suppofant avec Kepler la moyenne diftance de Murs au foleil de 152350 parties, dont la moyenne diftance du foleil à la terre en contient 100000, l’excentricité de Murs fera , fuivant M. le Monnier, de #23. Kepler fait auf La plus grande équation du centre de 10° 37/ :, laquelle ayant été vérifiée , s’eft trouvée conforme aux obfervations , comme il paroît par le réfultat des recherches faites à ce fujet, & publié il y a 30 ans par MM. Caffini & Maraldi. La détermination du lieu de Faphélie par M. de la Hire , qui le place en 1707 à 0° 35’ 35/ de la vier- ge , s'accorde aflez avec ce qui fe trouve dans les mémoires de l’académie des Sciences de l’année 1706 , où l’on affure que par les obfervations du lieu de Mars , faites alternativement proche l’aphé- lie & le périhelie , on a reconnu qu’ä falloit le fup- pofer de 20 minutes moins avancé que felon les ta- bles rudolphines. : M. Newtos ayant pris vraiflemblablement un mi- lieu entre les deux réfultats du mouvement de l’a- phélie de Mars, donnés par Kepler & par Bouillaud, l’établit de 1° 58/ < en 100 ans, c’eft-à-dire de 35’ plus grand que felon la proceffion des équinoxes ; il l’a enfuite établi de 33/ 20" ; mais il femble que le mouvement de cet aphélie pourroit être mieux connu en y employant les plus récentes obfervations comparées à celles de Tycho & du dernier fiecle. M. de la Hire a déterminé le lieu du nœud de Mars pour 1701, au%17° 25’ 20/; cependant la déter- mination rapportée dans le volume de l’académie de 1706 , paroïît encore plus exaéte : elle place le lieu du nœud afcendant à & 17° 13/2. On ne connoît pas néanmoins encore aflez le mouvement du nœud de Mars pour aflurer s’il eft fixe dans le ciel étoilé , ou s’il a un mouvement réel , foit direé , foit retro: grade. La plüpart des Aftronomes depuis Kepler lui donnent un mouvement rétrograde , relativement aux étoiles fixes ; il n’y a guere que les conjonétions prifes de cette planete aux étoiles zodiacales , qui puiffent conduire à décider cette queftion. L'inclinaifon de fon orbite au plan de l’écliptique, eft aflez connue , à caufe que dans l’oppoñtion de cette planete au foleil , fa latitude géométrique eft très-grande, Kepler l’a déterminée de 1° so/ 30/ ; Bouillaud de 1° 51° 4”; Stréet de 1° 52/00! ; M, de la Hire, 1° 51/00". Nous avons pris 1 ° 52/ qui eft à-peu-près moyenne entre toutes ces détermina- tions ; cependant M. Caffini fait l’inclinaifon de 1° 50’ 45". Tout ceci eff tiré des inffisurions aflronom. de M. le Monnier. Il y a une remarque finguliere à faire fur cette planete : la terre a un fatellite ; Ju- piter , environ cinq fois auffi loin du foleil que la terre, en a quatre ; & Saturne , près de deux fois aufli loin que Jupiter , en a cinq, fans compter l’an- neau qui lui tient lieu de plufñeurs fatellites pour léclairer pendant la nuit. L’efprit fyflématique , la commodite des analogies , & le penchant que nous avons à faire agir la nature felon nos vûües & nos befoins , n’ont pas manqué de perfuader à bien des philofophes que les fatellites avoient été donnés aux planetes les plus éloignées du foleil, comme un fup- plément à la lumiere affoiblie par l'éloignement , & qu'ils leur avoient été donnés en d’autant plus srand nombre, qu’elles étoient plus éloignées de cet aftre. Mais la planete de Mars vient rompre ici La chaîne de l’analogie, étant beaucoup plus loin du foleil que nous , & n'ayant point de {atellite, du-moins n’a- ton pu lui en découvrir aucun jufqu'ici , quelque foin que l’on fe foit donné pour cela. M. de Fonte- nelle fait cette remarque dans la pluralité des mon- des , & 1l ajoûte que fi Murs n’a point de fatellite , il faut qu'il ait quelque chofe d’équivalent pour l’é- clairer pendant fes nuits. Il conjeéture que la ma- tiere qui compofe cette planete eft pent-être d’une nature femblable à celle de certains phofphores , & qu'elle conferve pendant la nuit une partie de la lu- miere qu’elle a reçue durant le jour. Voilà de ces ueftions fur lefquelles il eft permis, faute de faits, de penfer également le pour & le contre. (0) MARS, er Chronologie , eft le troifieme mois de l’année, felon la maniere ordinaire de compter. Voyez Mois 6 AN. Ce mois étoit le premier mois parmi les Romains. On conferve encore cette maniere de compter dans quelques calculs eccléfiaftiques , en particulier lorf- qu'il s’agit de compter lenombre d'années quife font écoulées depuis lincarnation de Notre-feigneur , c’eft-à-dire depuis le 25 de Murs. En Angleterre le mois de Mars eft à proprement parler le premier mois, la nouvelle année commen- çant au 25 de ce mois-là. Les Anglois le comptent néanmoins comme le troifieme, pour s’accommodet à la coutume de leurs voifins , & il en réfulte feu- lement qu’à cet égard on parle d’une façon & que lon écrit de l’autre, Voyez AN. En France on a commencé l’année à Pâques juf- qu’en 1564: de forte que la même année avoit ou pouvoit avoir deux fois le mois de Mars, & on di- loit Mars devant Päques & Mars après Péques. Lorf- que Pâques arrivoit dans le mois de Mars , le com- mencement du mois de Mars étoit d’une année & la fin d’une autre. C’eft Romulus qui divifa l’année en dix mois , & donna le premier rang à celui-ci , qu'il nomma du nom de Mars fon pere. Ovide dit néanmoins queles peuples d'Italie avoient déja ce mois avant Romu- lus , & qu'ils le plaçoient fort différemment : les uns en faifoient le troifieme , d’autres le quatrieme, MAR d’autres le cinquieme,& d’autres le fixieme où même ledixieme de l’année. C’étoit en ce mois que lon fa- crifioit à Anna-Perenna, qu’on commençoit les co- mices , que l’on failoit l’adjudication des baux & _ des fermes publiques ; que les femmes fervoient à table les efclaves & les valets, comme les hommes le faifoient aux faturnales ; que les veftales renou- velloient le feu facré. Le mois de Murs étoit fous la proteétion de Minerve , & 1l a toujours eu 31 jours. Le mois de Mars pafloit pour être malheureux pour les mariages, aufli-bien que le mois de Mai. Numa changea l’ordre inftitué par Romulus, & fit commen- cer l’année au premier Janvier : Pannée fe trouva ainfi de douze mois, dont Janvier & Février éroient les premiets. C’eft dans le mois de Mars vers la fin, que le printems commence , le foleil entrant au figne du bélier. Chambers. Mars, (Aychol.) le dieu des batailles étoit , felon Héfiode, fils de Jupiter & de Junon. Bellone fa fœur conduifoit fon char ; la Terreur & la Crainte, doBos 8 Awos, que la Fable fait fes deux fils, laccompa- gnoient. Tout le monde connoit d’après Homere, les prin- cipales avantures de Mars ; 1°. fon jugement au confeil des douze dieux pour la mort d’Allyrotius fils de Neptune : Mars le défendit fi bien qu'il fut ab- fous ; 2°. la mort de fon fils Afcalaphus , tué au fiege de Troie, qu'il courut venger lui-même ; mais Mi- nerve le ramena du champ de bataille , & le fit af- feoir malgré fa fureur. 3°. Sa bleflure par Diomede, dont la même déefle conduifoit la pique : Mars en la retirant jétta un cri épouventable , tel que celui d’une armée entiere qui marche pour charger l’en- nemi. Le medecin de l’Olympe mit fur fa bleflure un baume qui le guérit fans peine, car dans un dieu 1l n’y a rien de mortel. 4°. Enfin les amours de Mars & de Vénus font chantés dans lOdyflée ; les cap- tifs mis en liberté par Vuleain lui-même qu'on def. honoroit , s’envolerent, l’un dans la Thrace & l’au- tre à Paphos. C’eft au fujet de cette avanture que Lucrèce adreffe ces beaux vers à Vénus. Hunc tu, diva, tuo recubantem corpore fanélo , Circumfufa fuper, [uaveis ex ore loquelas Funde. “ Dans ces momens heureux, que livrée à fes em- » braflemens vous le tenez entre vos bras facrés , » employez, belle déefle , pour adoucir fon carac- » tere , quelques-unes de ces douces paroles dont le » charme eft fi raviflant ». Je laïffe à l’abbé Bannier l’application de toutes ces fiétions fabuleufes:; j'aime mieux m'occuper des faits. Les anciens monumens repréfentent Mars {ous la figure d’un grand homme armé d’un cafque , d’une pique , & d’un bouclier, tantôt nud , tantôt avec Phabit militaire , même avec un manteau fur les épaules , quelquefois barbu , mais aflez fouvent fans barbe. Mars vainqueur paroit portant un trophée, & Mars gradivus dans l’atuitude d’un homme qui mar- che à grands pas. . Il me femble que le culte de Mars n’a pas été fort répandu chez les Grecs ; car Paufanias qui fait men- tion de tous les temples des dieux & de toutes les {tatues qu’ils avoient dans la Grece , ne parle d’au- _ cun temple de Mars , & ne nomme que deux ou trois de fes ftatues, en particulier celle de Lacédé- mone , qui étoit liée & garottée , afin que le dieu ne les adandonnât pas dans les guerres qu'ils auroient à foutenir, Mais fon culte triomphoit chezlesRomains, qui regardoient ce dieu comme le pere de Romulus, êt le proteêteur de leur empire. Parmi les temples qu'il eut à Rome, celui qu'Augufte lui dédia après la bataille de Philippes, fous le nom de Mars vengeur, MAR 151 pafloit pour le plus célebre, Vitruve remarque que les temples de Mars étoient de l’ordre dorique | & qu'on les plaçoit ordinairement hors des murs, afin que le dieu fût là comme un rempart , pour déli- vrer les murs des périls de la guerre. Cependant dans la ville d'Halicarnafe le temple de ce dien fut érigé au mieu de la forterefle. Les faliens, prêtres de Mars , formoient à Rome un collége facerdotal très- confidérable. Voyez SALIENS. Le gramen, le coq & le vautour lui étoient con- facrés. On lui immoloit d’ordinaire le taurea verrat & le bélier, Il y à une infcription qui prouve qu’on le mettoit quelquefois dans la claffe des divinités infernales ; & u, le à qui ce titre convenoit il mieux qu’à un dieu meur- u trier, dont le plaifir étoit de repeupler fans cefle de nouveaux habitans le royaume de Pluton? Les principaux noms qu'il portoit font expliqués dans cet ouvrage ; mais le plus ingénieux de tous, eft celui qu'Homere lui donne , en l’appellant 4/0 profatlos, inconftant , dévoué tantôt à un parti, tan- tôt à l’autre. Lycophron le nomme crwenris pafium prælus ; car, dit-1l, le carnage eft fa nourriture. (D, 7.) Mars , (Lirrér.) c’étoit le premier mois de l’année chez les Romains ; quoiqu'il eût pris fon nom du dieu Mars, on l’avoit mis fous la proteétion de Mi- nerve. Les calendes de ce mois étoient remarquables par plufieurs cérémomes, On allumoit le feu nouveau {ur l'autel. de Vefla : on Ôtoit , dit Ovide , les vieilles branches de laurier , & les vieilles couronnes tant de la porte du roi des facrifices, que des maifons des flamines &c des haches des confuls, pour en fub- ftituer de nouvelles, Le même jour on célébroit les matronales & les ancilies , ou la fête des boucliers facrés. Le 6 arrivoient les fêtes de Vefta ; le 14 les équiries : le 15, la fête d'Anna-Perenna ; le 17, les libérales , & le 19 , la grande fête de Minerve, ap- pellée Zes quinquatries, qui duroient cinq jours ; enfin le 25 on célébroit les hilaries. On trouve ce mois perfonnifié fous la figure d’un homme vêtu d’une peau de louve , parce que la louve étoit confacrée au dieu Murs. « Il eft aifé , » dit Aufonne y de reconnoïtre ce mois par la peau » de louve dont 1l eft ceint , c’eft le dieu Mars lui- » même qui la lui a donnée; le bouc pétulant , hi- » rondelle qui gazouille, le vaifleau plein de lait & » l'herbe verdoyante , nous annoncent dans ce mois » le printems qui commence à renaître ». (D. VF MARS, remple de ,( Architeüt, anc. ) On voit en- core aujourd’hui quelques veftiges de cet ancien temple dans un endroit de Rome appellé la place des prétres, entre la rotonde & la colonne antonine. Sa forme étoit périptere , c’eft-à-dire qu'il étoit envi- ronné d’allées en forme de cloître. Sa maniere étoit picnoftile ou à colonnes preflées. Palladio a donné le plan de tout l'édifice d’après une aîle qui de fon tems fubfiftoit encore prefqu’entiere. (D. J.) Mars, FER , ox ACIER, REMEDES MARTIAUX, (Matiere medicale & Chymie pharmaceutique.) les remedes que la Médecine tire du fer , font 1°. le fer en fubftance , ou la limaille de fer : 2°, fes dif- férentes chaux, favoir la rouille de fer, le fafran appellé apéritif, &t le fafran appellé affringent ; le fafran de mars antimonié de Stahl , l’œthiops mar- tial de Lemery le fils, & la terre douce de vitriol : 3°. les fels neutres martiaux , fous forme concrete, ou fous forme liquide ; favoir , le vitriol de mars &c & le fel de riviere, qui eft un véritable vitriol de mars ; le tartre martial ou calibé , le firop, l’extrait de mars & la boule d’acier ; les teintures martiales tirées par les acides végétaux, &t même les teintures ordinaires tirées par l’efprit-de-vin , qui font des dif: M AR #olutions de fels martiaux, ou qui ne font riens en- fin la teinture martiale alkaline de Sthaal: 4°. les fleurs martrales appellées auf ezs wartis, &t mars dia- phorénique : 5°, les eaux martiales ordinaires, c’eft- à-dire non vitriohiques ; l'eau appellée exsinélionis fabrorum , c’eft-ä-dire dans laquelle les forgerons éteignent le ferrougiau feu, & les liqueurs aqueufes dans léfquelles on fait éteindre à deflein des mor- ceaux de fer rouillés & rougis au feu. La limaille de fer ou d’acier qu’on emploie fans qu'elle foit calcinée ni rouillée, telle qu’elle nous vient des ouvriers qui polifient le fer, doit être broyée fur le porphyre jufqu’à ce qu’elle foit réduite dans l’état d’alkool, ou poudre très-fubtile. Les différentes chaux de wars fe préparent de la maniere fuivante, 1°. la rouille fe fait d’elle-même, comme tout le monde fait , il n’y a qu'à la détacher en ratiffant légérement du fer, où elle s’eft formée, & la porphyrier, fi on veut la porter à un état de plus grande ténuité. Ce remede n’eft proprement qu'une même chofe avec le fuivant, qui eft beau- coup plus ufité. Safran de mars appellé apéritif: prenez limaille de fer ou lames de fer, telle quantité qu'il vous plaira ; la limaïlle vaut mieux, parce qu’elle hâte l’opéra- tion ; prenez donc de la limaïlle par preférence , ex- pofez-la à la rofée, ou arrofez-la de tems en tems avec de l’eau de pluie, jufqu’à ce qu’elle foit con- vertie en rouille, que vous alkooliferez fur le por- phyre. Les anciens Chimiftes ‘ont exigé expreflé- ment & exclufivement la rofée, & même la rofée du mois de Mai ; voyez avec combien de fondement à l’article ROSÉE , (Chimie), Voilà pourquoi ce fa- fran de mars eft ordinairement prefcrit dans les li- vres de Medecine , fous le nom de /afran de mars préparé à la rofée de Mai , Marali rore. Safran de mars, appellé plus communément 4/f- tringent qu’apéritif , préparé par le foufre : prenez li- maille de fer récente & non rouillée, & fleurs de founfre , parties égales , faites-en une pâte avec fuf- fante quantité d’eau ; placez cette pâre dans un vaif- eau convenable , 8 laiffez-la fermenter pendant cinq ou fix heures ; alors calcinez la matiere à un feu violent , la remuant très-fouvent avec une fpa- tule de fer. Le foufre commencera par fe brüler, & immédiatement après la matiere paroîtra noire , & en continuant à la calciner à grand feu, en remuant affiduement la matiere pendant environ deux heures, elle prendra une couleur rouge foncée, qui annonce . 5j . . que l'opération eft achevée. Cette opération ne dif- fere point réellement du colcothar artificiel , ou vi- triol martial très-calciné. Voyez ViTRIOL. Safran de mars appellé affringent : les Chimiftes cent donné fous ce nom diverfes chaux de wars, ou pour mieux dire des chaux de #ars préparées de di- verfes façons , mais communément par la calcina- tion proprement dite. Le fafran de zzars aftringent le la pharmacopée de Paris eft préparé le plus fim- lement, & par cela même le mieux qu'il eft poffi- ble ; ce n’eft autre chofe que de la limaille de fer calcinée par la réverbaration pendant plufieurs heu- res , & jufqu’à ce qu'elle foit réduite en une poudre souge qu'onlave plufeursfois, qu’on feche & qu’on porphyrife. L’utilité de ces fréquentes lotions n’eft certainement pas fort évidente; cependant elle pour- æoit peut-être fervir à titre d’imbibition pour réduire £n fafran ou en rouille quelques parties de fer qui pourroientavoir échappé à la calcination. Safran de mars antimonié: prenez huit onces de limaille. de fer , & feize onces d’antimoine cru, met- tez l’un & l'autre dans un creufet, & pouffez le feu jufqu'à la fufion parfaite des matieres ; ajoutez alors, «ce qu'on auroit ph faire également dès le commen- «erent de l'opération, deux outrois onçes de fel de MAR tartre , Ou de cendres gravelées. Lorfque la matiere fera bien en fufion, verfez-la dans un cône chauffé ê&c graiflé, le régule fe précipitera, &c il fe formera au-deflus des fcories brillantes & de couleur brune : féparez ces fconies, concaffez-les groffierement, & les expofez enfuite à l’ombre dans un lieu humide ; par exemple dans une cave, elles y tomberont bien- tôt d’elles-mêmes en poufliere ; jéttez cetre poudre dans l’eau froide ou tiede , & l’y agitez fortement. Laiflez enfuite repofer la liqueur pour donner lieu aux parties les plus groffieres de tomber au fond ; cela fait, verfez par inclination l’eau trouble qui furnage ; reverfez de nouvelle eau fur le marc, & répérez cette manœuvre jufqu’à ce que l’eau reflorte auffi claire qu’on l’a employée. Raflemblez enfemble toutes vos lotions, & les laïflez s’éclaircir d’elles- mêmes ; ce qui arrive à la longue par Le dépôt qui fe forme d’un fédiment très-fin & très-fubtil: pour abre- ger, on peut filtrer la liqueur; faites fécher votre fé- diment , ou ce qui fera refté fur le filtre ; c’eftune poudre rougeâtre de couleur de brique pilée : vous n’en aurez qu'une très petite quantité, comparaifom faite avec ce qui vous reftera de la partie sroffiere des fcories, après qu’elles auront été épuifées de tout ce qu’elles peuvent fournir par le lavage. Faites fécher cette poudre , & la mettez enfuite à détonner dans un creufet avec le triple de fon poids de fal= pêtre ; édulcorez avec de l’eau la mafle rouge qu vous reftera après la détonation. Décantez ou filtrez la liqueur , vous aurez un fédiment d’un rouge pâle qui étant defléché , fe réduira en poudre très-fine & très-fubtile ; ce fera le fafran de zars antimonié apé ritif de Srahl. Cette defcription eft celle que M. Baron a donnée dans fes additions à la chimie de Lemeri, d’après læ differtation de Stahl fur les remedes martiaux, infé= rée dans fon opuftule. Æthiops martial : prenez la quantité qu'il vous plaira de limaille d'acier bien pure, mettez-la dans un pot de terre non verniflé, ou dans un vaifleau de verre ou de porcelaine, verfez deflus ce qu'il faut d’eau claire pour qu’elle furpañe la limaille de trois ou quatre travers de doigt, remuez le mélange tous les jours avec une fpatule de fer, &z ayez foin d’a= jouter de nouvelle eau pour en entretenir toujours la même hauteur au-defflus de la limaille ; celle-ci à la longue perdra fa forme brillante & métallique ,, & 1e réduira en une pouflere très-fine, auf noire que lencre ; c’eft ce qui lui a fait donner le nom d’ærhiops. C’eft cette poufliere même qui étant def- féchée & porphyrifée , forme l’œrhiops martial, Addi= tion à la chimie de Lemeri, par M. Baron , d’après le mémoire de Lemeri fils ; 2m. de l’acad. royale des, Sciences, 1735. Il eft remarqué avec raifon dans læ pharmacopée de Paris, que cette opération peut être confidérablement hâtée , fi l’on traite la limaiile de fer par la machine de la garaye. Voyez HYDRAULT QUE , ( Chimie.) La chaux martiale que les Chimiftes appellent serre douce de virriol , n’eft autre chofe que du colcothar convenablement édulcoré. Voyez VITRIOL. Quant au vitriol de zars & au fel de riviere à voyez VITRIOL. Tartre martial: prenez tartre blanc en poudre, ou mieux encore, crème de tartre en poudre une livre, limaille de fer brillante, c’eft-à-dire non rouwllée & très-fine, porphyrilée pour le mieux, trois ou quatre onces ; une proportion exate n’eft pas néceflaire ici, parce qu’on ne fe propofe point d’unir tout ce fer au tartre ; & que la portion de fer qui n’eft point dif- foute , refte fur la chauffe. Faites bouillir ces ma- tieres dans une marmite de fer avec environ douze livres d’eau pendant environ une demi-heure , ou jufqu'à ce que le tartre foit fondu , & qu'il fe foir fuf- | fifamment MAR fifamment empreint de fer ; pañlez la liqueur éhau _dement à la chaufle, & placezla dans un vaifleau convenable loin du feu pour c/y/fa/lifer, Après cette premiere cryftallifation, décantez la liqueur furna- peante, faites-en évaporet à peu-près là moitié fut le feu, remettez-la à cryftallifer , & enfin réitérez ces évaporations &c ces cryftallifations , jufqu’à ce que vous n'obteniez plus de cryftaux. Prenez tous vos cryffaux , faites les bien fécher au foleil, ou à une Chaleur artificielle équivalente, & ferrez-les pour l’ufage. Ce fel eft bien éloigné de l’état neutre, le tartre n’y eft pas faoulé de fer à beaucoup près; auffi la plüpart de fes propriétés chimiques font-elles peu changées. I eft par exemple fort peu foluble , com- me dans fon état pur ou nud ; aulieu que lorfqu'il eft parfaitement zeuralifé avec le fer, comme il left dans la préparation fuivante, il devient très-foluble. Feiniure de mars fartarifée ou firop de mars, 6 ex- trait de Mars tartarifé : prenez douze onces de li- maille de fer, trente-deux onces de bean tartre blanc , faites bouillir ce mélange dans une grande marmite, Ou dans un chauderon de fer , avecttlouze ou quinze livres d’eau de pluie, pendant douze heu- res ; remuez de tems en tems la matiere avec une {patule de fer , & ayez foin de mettre d’autre eau bouillante dans le chauderon à mefure qu'il s’en con- fumera ; laiflez enfuite repofer le tout , & vous ver- rez qu'il demeurera deflus nne liqueur noire, qu'il faut filtrer, & la faire évaporer dans une terrine de grès au feu de fable , jufqu'à confiftence de firop : vous en aurez quarante-quatre onces. Lemeri, cours de Chimie, Quand le mélange bouilli quelque tems, il s’é. paiflit comme une bouillie, il fe gonfle, & il pafe- roit par deffus les bords de lamarmite , fi on ny pre- noit garde ; il faut donc dans ce tems-là beaucoup modérer le feu: c’eft aufli là le tems d'ajouter de nouvelle eau bouillante. Si après avoir filtré la tein- ture, on met bouillir derechef le marc refté fur le filtre dans de nouvelle eau comme devant , on en retirera encore de la teinture, mais en moindre quantité. On peut même en réitérant plufeurs fois ce procédé , diffoudre la plus grande partie de la lie maille de fer qui reftera , & la réduire en teinture, Lemeri, cours de Chimie, Cette teinture eft fort fujette À moifir & À Le dé: - compofer. On y ajoute ordinairement une petite quantité d’efprit-de-vin; par exemple, celle d’envi- ron deux onces fur la quantité ci-deflus mentionnée, pour prévenir cette altération. M. Baron penfe qu’on la préviendroit plus efficacement, fi on employoit à {a préparation la crême de tartre au lieu de tartre blanc , dont les impuretés occafonnent très-yraif. femblablement felon lui, cette moififlure. Cela peut être ; cependant on connoît en Chimie plus d’un {el neutre fujet à moïfir, dans la compofñtion duquel n'entre aucun principe chargé d’imputetés : & d’un autre côté, ces impuretés moififlantes du tartre ne paroïflent pas en être véritablement féparées par l’o- pération qui le convertiten crême detartre. La cré- me de tartre eft un acide encore fort impur ; au refte il faut tenter. Le même chimifte foupçonne encore, il affure même que le plus sûr moyen de prévenir l'inconvénient dont nous parlons, c’eft de réduire _ le tems de l’ébullirion à une on deux heures , OÙ en core mieux, de ne point faire bouillir du tout le mélange ; & il penfe encore que cette réforme non- feulement empêcheroit de confumer du charbon en Pure perte, mais même qu’elle contribueroit à la perfeétion de la préparation, puifque la longue ébul- lition occafionne la décompofition du tartre , & le rend par-là moins propre à difloudre le fer. Je ne fuis certainement pas pour les longues ébullitions ; cependant Je ne faurois penfer que la longue ébulli- : Torre X, PMAUR +9 tion foit 1e auffi nuifible , 8e même au inutile que M. Batôn l’avancé, cas 1°, la décompoñtion que ie tartre peut éprouver dans cette ébullition n’eft pag démontrée ; & quand même lé tartre s’altéretoit récllement , ce feroit plûtôt avec profit qu'avec dommage, ce feroit les impuretés qui s’en détäche- roient; il fe réduiroit tout au plus À l’état de crême de tärtre, 2°. On ne voit point pourquoi une Equeut claire, chimiquement homogène, une Vraie lefive où diffolution chimique dépofée pat la filtration , es roit plus altérable , parce qu'elle auroit été produite par uñe longue ébullition. Il eft très-vraifflemblable au contYaire,, que fi cette ébullition trop prolongée nufoit à la perfeétion de l’opération , ce feroit {eus lement en détruifant fon propre ouvrage ; c’eft.u dire en décompofant fur la fin de l’opération le {el neutre qu'elle auroit précédemment formé ; mais alors les débris de cette décompoñtion reftéroient fur le filtre, & la leflive filtrée ne feroit ni plus rit moins conftante, 3°. Une heure d’ébiüllition on là digeftion a un degré de chaleur inférieur , patoït ab» folument infuffifante ici, puifque demi-heure d’é= bullition ne fait qu'imprégner légérement le tartré des particules du fer dans la préparation du tarte chahbé ; car ce dernier fel qui differe tant par lé de+ gré de faturation de celui dont il eff ici queftion, ne doit cette différence qu’à la briéveté de l’ébullition qu’on emploie pour le préparer. | Si lon réduit la teinture du fyrop c1-deflus décrit en confiftance du miel épais, cette préparation prerts dra le nom d'exsrait de mars, & elle fera un peu plus de garde, | | La boule martiale de mars où d'acier eft une matiere! qui ne diffère des précédentes que par l'excès de tata tre, & parce qu'il n’y a qu'une très-petite portion des deux ingrédiens employés qui foit réellement combinée. Mais comme c’eit précifément cette por tion qui pafle dans l’eau ou dans les liqueurs dans lefquelles ont fait infufer cette boule pour Pufage ;; ileft clair que la partie utile & employée de la oué martiale eft exaétement femblable au {el neutre mar> tial taftareux dont nous venons de parler. La pré= paration de ces boules eft décrite fous le #0: BOULE DE MARS, Voyez cer article, | Les teintures martialés tirées avec les acides vé: gétaux fermentés ou non fermentés, tels que le vi= naïigre , le vin du Rhin qui eft acidule , le fuc de ci- tron, &c. ne different que par le moindre degré de faturation, de confiftance , & de concentration de la teinture de Mars tartarifée, avec laquelle elles ont d’ailleurs la plus grande analogie, Les teintures fpiritueufes réellement chargées de fer ne font, comme nous l’ayons déja infinué , que des diffolutions de fels neutres martiaux par Pefprit de vin. La teinture de Ludovic, & la teinture de Mynficht , qui font les feules que la Phatmacopéede Paris ait adoptées, font , la premiere une diflolution legere de fyrop de Mars, à la préparation duquel on a employé le vitriol martial à la place de la limaille de fer. Voyez VirriôL. Et la feconde, qu’une difs folution de fleurs martiales. Voyez /a fuite de cer article Teinture martiale alkaline de Srahli, Ayez de bonne eau-forte, dans laquelle vous jetterez du fil d’acier, peu à-la-fois , & à différentes reprifes , jufqu’à ce qu'il ne fe fafle plus de diffolution , ce que vous res connoïîtrez, lotfqu’en ajoutant de nouveau fil de fer, il ne s’excitera aucun mouvement dans la liqueur, & que ce fil reftera dans fon entier ; alors vous fe. rez sûr d’avoir une diflolution de fel dans l’efprit de nitre, auf chargée qu'il eft poñlible de l'avoir, & telle qu'il la faut pour la réufite du refte de l'opération. Prenez enfuite de l’huile de tar: tre par défaillance , ou une leffive de cendres pra. velées la plus chargée qu'il fe peut , & bien filtrée, M2, 254 Laiflez tomber dans cette liqueur alkaline quelques gouttes de votre diflolution de fer; elles iront d’a- bord au fond , mais l’effervefcence de l'acide avec - d’alkaliles ramenera bientôt à la {urface fous la for- me d’écume ; remuez le mélange pour faire rentrer cette écume dans la liqueur; l'acide nitreux qui te- noit le fer en diflolution , abandonnera-ce métal pour s'unir avec ce qu'il lui faut d’alkali pour re- produire du nitre, tandis que le refte de la liqueur alkaline faifita Îe fer devenu libre, &c en fera la dif- {olution : continuez à ajouter ainfi fucceflivement &:goutte à goutte , de la folution de fer par lefprit de nitre, juiqu'à ce que la liqueur ait pris une cou- leur rouge.de fang trés-foncée, ce quieft une mar- que que l’alkali eft bien chargé de fer. Il ne s’agit plus préfentement que de féparer cette difolution alkaline de fer d'avec lenitre regénéré qui s’y trouve confondu; c’eft ce qui arrive quelquefois de foi- même , fi la difolution du fer dans l’acide nitreux eft bien concentrée, ou fi l’on fait cette opération dans un lieu frais, ou dans un tems froid; car alors le nitre fe précipite en aiguilles très fines ; mais on peut accélerer cette féparation, en foumettant le : mélange àune légereévaporation. Lorfquetout le ni- tre eft précipité, on décante la liqueur, & l’on a par-là une teinture alkaline martiale , c’eft-à-dire,. une diflolution de fer:par une alkali dans toute fa pureté. Le procédé dont on vient de donner la def- cription , ef tiré entierement de l’opu/ezlum de Stahl. Additions au cours de Chimie de Lemery , par M. see martiales, Pulverifez & mêlez enfemble exa@tement douze onces de limailles de fer , & huit onces de {el armoniac bien fec : mettez le mélange dans une cucutbite de terre , capable de réfifter au feu nud, & dont 1l n'y ait qu'un tiers au plus de rempli : placez-la dans, un fourneau , & garniflez- en le tour avec quelques petits morceaux de brique & du Int, pour empêcher que le feu ne s’éleve trop : adaptez fur la cucurbite un chapiteau avec un petit récipient, & lutez exattement les jointutes : laiffez la matiere en digeftion pendant 24 heures, puis don- nez deflous la cuücurbite un feu gradué > il difüllera premierement une liqueur dans le récipient , puis il s'élevera des fleurs qui s’attacheront au chapiteau, &z fur les bords de la cucurbite ; continuez un feu aflez fort, jufqu’à ce qu'il ne monte plus tien ; laif- {ez alors refroidir le vaifleau, 6c le délutez, vous trouverez dans le récipient une once & demie d’une liqueur femblable en tout à l’efprit volatil du fel at= moniac ordinaire , mais d’une couleur un peu jau- nâtre; ramaflez les fleurs avec une plume , vous en trouverez deux onces & deux dragmes : elles font jaunâtres, d’un goût falé vitriolique, très-péné- trant ; gardez-les dans.une bouteille de verre bien bouchée, ce font les fleurs martiales. Ces fleurs ne {ont autre chofe que la fubftance même du fel ar- moniac empreinte du mars, & fublimée par la force du feu; elles ne tiennent leur couleur jaune que d’une portion du fer qu’elles ont enlevé ; elles ne font non plus alkalines que le fel armoniac même, Si on les mêle avec du fel detartre, elles rendent une odeur fubtile 8 urineufe, pareille à celle qui vient du mélange du même fel avec le felarmoniac. Lemery, Cours de chimie, n°: | Il refte au fond de la cucurbite après la fublima- tion des fleurs,une matiere fixe & noirätre ; qui eft compofée en partie d’un {el neutre, formé par Pu- nion du fer avec l’efprit acide du fel armoniac , êx en plus grande partie de fer fuperflu , c eft-à-dire , ui na été ni fublimé , ni dious. C’eft de cette précipitation du fel armoniac opérée par le fer,qu'e f provenu l'alkali volatil qui s’eft élevé pendant l’o- pération que nous venons de décrire. Voyez SEL MAR ARMONIAC:, SUBSTANCES MÉTALLIQUES, PRÉ- CIPITATION & RAPPORT. à Quant aux eaux minérales martiales , voyez Mi- NÉRALES (eaux): les liqueurs aqueufes dans lefquel- les on éteint du fer rongi au feu, doivent auffi y être apportées, comme nous l'avons déja. infinué , en rangeant ces liqueurs dans la même divifion que les eaux 7nartrales. | Les préparations martiales tiennent un rang diftin- gué dans la clafle des remédes. Le fer eft le remede par excellence des maladies chroniques , qui dépen: dent des obfiructions. Tomfon dit, dans une differ- tation fur l’ufage médicinal du fer, que les Méde- cins n'ont pas propoié le manger comme une ref- fource plus affurée contre la faim, que le fer contre les obftruétions, | Une opinion médicinale aflez générale fur les mé- dicamens martiaux, eft encore la diftinétion qu’on a faite anciennement de leurs vertus en apéritive &'af. tringente. Un dogme plus récent , c’eft que ces remedes dif- ferent confidérablement en a@ivité, felon qu'ils font plus ou moins difpofés à être diffous par les humeurs digeftives , ou du-moins à pañler avec elles dans les fecondes voies : & ces différences fe déduifent de trois fources principales; 1°. de leur état de diflolu- tion aétuelle par quelque menftrue approprié, ou de l’état contraire que les Chimiftes appellent z1d, libre ou pur. Cette différence fe trouve entre les {els neutres martiaux, & les liqueurs falines srarsiales d'une part, & la limaille, les fafrans, l’ethiops martial de l’autre. 2°. La faculté de pafler dans les fecondes voies du fer libre ou nud,, eft déduite de fa pulvérifation ou divifion extrème; & la qualité contraire, la prétendue impoffbilité de pafer dans les fecondes voies , de la groffiereté de fes parties, c’eft-à-dire , de la pulvérifation imparfaite. 3°, En- fin l’infolubilité du fer dans les premieres voies mé- me, chargées de fucs acides , eft attribuée à fon état de calcination, ou privation de phlosiftique ; & la {olubilité du fer dans ces fucs eft par conféquent réfervée au feul fer entier, c’eft-à-dire, chimique ment inaltéré. Nous obferverons fur ces différentes opinions 1°. que Pufage des remédes martiaux ne fauroit être auf général contre les obftruétions , même les plus évi- dentes, les plus décidées. Stahl obferve (dans la differtation déja citée), que ces remédes font fou- vent utilés dans les maladies chroniques légeres , on dans les fuites peu rébelles de ces maladies, chroni- corum reliquiis tenerioribus ; maïs qu’on ne peut les regarder comme une reflource aflurée & folide con- tre les maladies chroniques graves; & même que leur ufage 2mprudent peut caufer des accidens fou- dains & funeftes. Il faut avouer cependant que l’ex- périence prouve que les remedes wariaux font pref- que fpécifiques dans les maladies de lamatrice. Voyez MATRICE (maladie de la). Leur finguliere vertu pour provoquer les regles eft établie par une fuite d’obfervations fi conftante , qu'il ne refte ici aucun lieu au doute. Ileft vrai auf que la fuppreflion des regles eft ordinairement une maladie chronique lé- gere. Les remédes martiaux convenablement admi- niftrés, font auf très-bien dans les fleurs-blanches, & même dans le flux immodéré des regles , les au- tres pertes des femmes , & généralement dans tous les flux contre nature dépendans de relâchement, tels que certaines diarrhées, la diabetes, la queue des gonorrhées virulentes, &tc, Voyez ces araicles 6 RELACHEMENT ( Médecine. ), HÉMORRHAGIE 6 REGLES (Médecine.) Ceci nous conduit naturelle- ment à dire un mot de cette contrarièté apparente d'action dans nn remede qui eft en même tems apc- ritif &c aftringent, M AR Les Médecins chimiftes môdernes les plus éclai- tés, Ettmuller, Stalh, Cartheufer, 6e, convien- nent généralement que le fer, & toutes fes prépara- tions indifhinétement, n'ont qu'une feule & unique vertu, favoir , la vertu qu'ils ont appellée tonique, fortifante, roborante , excitante, affringente ; & que ce n'eft que relativement à l’état particulier du fu- jet qui ufe de ces remedes qu'ils produifent tantôt l'effet appellé apéririf, & tantôt l'effet appellé fpé- cialement a/ringent ou fipryque. Ils avouent pour- tant que certaines matieres rrartiales , telles que le vitriol, & fur-tout fon eau mere ; le colcotar, &c. font éminemment ftyptiques , & doivent être regar- dées commeoceupant Pextrême degre d'énergie dans l’ordre de ces remedes. Tous les augtes dont nous avonsfait mention font feulementaftringenstoniques. L’extrème divifon du fer foit calciné , foit non calciné , paroît véritablement utile. Il eft démontré par la couleur noire, que tous les remedes martiaux, & même ceux qu’on prend fous forme de diflolution, donnent aux excrémens , que la plus grande partie de ces remédes ne pañle pas dans les fecondes voies. Il paroït donc convénable de favorifer, autant qu’on peut, ce paflage par l’attéauation des parties dutemede , & même par leur divifion abfolue, c’eft- à-dire, leur d:flolution dans un menftrue convenable. Mais 1l n'eit certainement pas exaét de regarder Les chaux #artiales ; le fer dépouillé de phlogiftique comme infoluble per les acides des premieres voies, & moins encore d'imaginer que cette diflolution eft néceflaire pour que le fer patle dans le fang, ou du moins pour qu'il exerce un effet médicamenteux. I] eft démontre au contraire que les acides les plus foi- bles, tels que les acides végétaux & la crême de tartre, attaquent la rouille du fer; & que Lemery qui l’emploie dans la préparation de fon tartre cali- bé, ne manque pas pour cela fon opération. Il eft prouvé auf par l’obfervation , que la rouille de fer &t le fafran de wars le plus calciné , dont le peuple ufe très-communément, agiflent véritablement, foit qu'il y ait des acides dans les premieres voies, foit qu'iln'y en ait point. Nous croyons cependant que sl n’eft pas abfolument néceflaire , il eft cependant meilleur , plus convenable de fe fervir par préféren- ce de l’œthiops rartial, & de la teinture de wars tar- tarifée ; mais prefque fans diftinétion de l’aéion de labfence ou de la préfence des acides dans les pre- mieres voies. Il eft généralement reçu chez les vrais médecins, que Le mars doit être donné à très-petite dofe : car ce remede eft vif, a@tif, vraiment irritant & échauf. fant ; 1l éleve le pouls ; il caufe une efpece de fievre, qui, quoiqu’elle doive être regardée comme un ef- fet falutaire | comme un bien, doit cependant être contenue dans des juftes bornes, La dofe de fafran , de la limaille , de œthiops marrial, &tc. ne doit pas être portée au-delà de cinq ou fix grains. Celle de toutes les teintures peut être beaucoup plus confidé- able , parce que fans en excepter la teinture tarta- zifée , le fer y eft contenu en une très-foible pro- portion. Elle peut être d’une ou de plufeurs dragmes. Au relte il n’y a en ceci aucune regle gé- mérale ; la dofe des teintures doit être déterminée ‘fur leur degré de faturation & de concentration. La teinture alkaline de Stahl fait, par exemple, une exception à la regle générale que nous venons d’é- tabhr; elle eft très-martiale ; elle ne peut être pref- crite que par gouttes. ° Lesfleurs martiales étant compofées de fer, & d’u- ne autre fubftance aflez aétive & dominante ; favoir, le fel armoniac ; le médecin doit avoir principale- ment égard dans leur adminiftration à cet autre prin- cipe. Voyez SEL ARMON1AC. La dofe ordinaire de ges fleurs eft d’un demi-gros. Tome À, MAR 155$ Le tartré martial oucalibé eft le plus foiblé de tous les remedes oficinaux tirés du fer, On pourroit le donner fans danger jufqu'à une dofe confidérable, fi la creme de tartre elle-même n’exipeoit d’être don- née à une dofe aflez modérée. Foyez TARTRE. Onle donne communément à un gros, Les eaux martiales font encore infiniment plus foibles. Il eft affez connu qu’on en prend plufieurs pintes fans danger. Voyez MINÉRALES (eaux). Les remedes martiaux folides fe donnent commitE nément avec d’autres remedes fous forme de bo! 4 MP: > d’opiat , &c. ou fe réduifent feuls fous la même forme.avec des excipiens appropriés , comme con ferve , marmelade des fruits, &c. ils font trop dé- goutans pour la plupart, lorfqu’on les prend en pous dre dans un liquide, Les fels martiaux tartatifés doivent être donnés diflous dans des liqueurs fimples , & qui ne les al- térent point, comme l’eau & le vin. Lorfau’on les fait fondre dans des décoétions d'herbes ou de raci- nes , ils s’y décompofent en très-grande partie; ils troublent ces liqueurs qui en prennent le nom de bouillons noirs, & ils les rendent abominables au goûts Le fer entre dans quelques préparations pharma- céutiques oMicinales ; par exemple dans l’opiat mé- fanterique, la poudre d’acier , les pillules &tablet- tes d'acier de la pharmacopée de Paris , l’emplâtre opodeltoch, & l’emplâtre ftiptique, &c, On prépare encore pour Pufage extérieur un baume auquel le fer donne fon nom , maïs dont il eft un ingrédient aflez inutile. Ce baume eft connu fons le nom de baume calibé, & plus communément fous celui de baume d'aiguilles ; il eft fort peu ufité, & paroît pro- pre à fort peu de chofe. Ileneft fait mention 44 mor NITRE , en parlant de l’aétion de l’acide nitreux fur le huiles. (2) MARSA, (Geog.) petite ville d'Afrique au royaume de Tunis, dans la feigneurie de la Goulet- te, & dans l’endroit même où étoit l’ancienne Car- thage> mais on n’y compte que quelques centaines de maifons, une mofquée, & un college fondé parMuley- Mahomet. Qui reconnoîtroit ici la rivale de Rome! MARSAILLE , (Geog.) en italien Marfaglia : plaine de Piémont, connue feulement par la bataille qu'y gagna M. de Catinar, le 4 O&obre 1693, con= tre Viétor Amédée IL. duc de Savoie, (D. J.) MARSAIQUES , f. £. (Péche.) terme de pêche ; efpece de filet dont on fe fert pour pêcher le ha- reng. Il eft ainfi nommé dans certaines contrées , parce que c’eft dans le mois de Mars que ce poiflon paroît ordinairement. Ces rets different des feines qui font flottantes , en ce qu'ils font fédentaires fur le fond de la mer ainfi que les folles. Voyez SOLLES dont les mar/aiques {ont une efpece. Les mailles de ce filet n’ont que 10 à r1 lignes en quarré. On fait cette pêche ordinairement près de terres pour cela on jette une ancre à la mer pefant deux outrois cent livres, on y frappe le bout du filet qui eft fait de fil delié. La tête eft foutenue de flottes de liége, & lebas eft pierré; fur cette premiere ancre on frappe une bouée afin de la pouvoir relever, À l’au- tre extrémité de cette tifure de rets, compofée de douze à quinze pieces , eftune autre ancre avec une _femblable bouée. On établit le flet un bout à la mer & l’autre à la côte , afin de croifer la marée, de même que l’on difpofe les feines flottantes. On luffe ainfi la rarfaique au fond de l’eau pendant quelques jours , après quoi on la vient relever & retirer le hareng qui peut s’y être pris, les autres poiflons ne pouvant s’y arrêter excepté les petites roblottes ou jeunes maquereaux. Cette pêche dure tout letems que le poiffon refte à la côte, qui eft ordi. nayrement les mois de Janvier, Février, Mars & Avril, Vi 156 MAR On tend eucore ce même filet à la côte de deux manieres différentes, flottes & non flottes, comme on fait les cibaudieres &c autres filets fimples, comme on l’a déja obfervé. : MARSAL.,, (Geog.) en latin moderne Marfallum , autrefois Bodatium ; ville de France en Lorraine avec titre de châtellenie, remarquable par fes fali- nes. Elle eft dans des marais de difficile accès pro- che la Seille, à 7 lieues N, E. de Nanci. F, Lon- guerue, # 11. p. 174. iLong. 24. 18. las. 48. 46. MARSALA', (Geog.) ancienne & forte ville de Sicile dans le val de Mazzara proche la mer. Elle eft bâtie des ruines de l’ancienne Lilybæum, à 21 lieues S. O. de Palerme, 5 N.de Mazzara, Long. 30. 42. la, 37. 52 (D.J.) MARSAN, (Geog.) ou le Mont-de-Marfan ; petite ville de France en Gafcogne, bâtie vers lan 1140. C’eft la capitale d’un petit pays de même nom, fer- tile en vin & en feigle ; & de plus un des anciens vicomtés mouvans du comté de Gafcopne, fur Le- quel voyez Longuerne & Piganiol. La ville eft dur la riviere de Midouze dans l'endroit où elle com- mence à être navigable, à 10 lieues de Dax. Lorg. 16. 56, lat, 44. 2 | Le Mont-de-Marfan a été 1lluftré par la naïffance de Dominique de Gournes, un de ces vaillans hom- mes nés pour les belles & glorieufes entreprifes. Ayant été très-maltraité par les Efpagnols qui épor- gerent une colonie de François établis fur les côtes de la Floride, il équipa trois vaifleaux à fes dé- pens en 1567, defcendit à la Floride même, prit trois forts aux Efpagnols, & les tailla en pieces. De retour en France, au lieu d’y recevoir la récom- penfe de fes exploits, il eut bien de la peine à fanver fa tête des pourfuites de lambafladeur d'Efpagne. La reine Elifabeth touchée du fort de ce brave homme, réfolut d'employer avec gloire Fé- pée qu'il offroit à fon {ervice; mais il mourut en 1593 , en fe rendant à Londres pour y prendre le commandement d’une efcadre qui lui étoit deftinée. MARSAQUI-VIR, (Geog.) où MARSALQUI- VIR , ville forte &c ancienne d'Afrique dans la pro: vince de Béni-Arax , au royaume de Trémecen, avec un des plus beaux, des plus grands &z des meilleurs poits d'Afrique. Les Portugais en 1501 tenterent de furprendre cette place, & furent eux- mêmes furpris pat les Maures. Les Efpagnols ne furent pas plus heureux cinq ans après. Cette ville eft bâtie fur un roc proche la mer, à une lieue d'O- ran. Quelques auteurs fe font perfuadés qu’elle doit fa fondation aux Romains ; mais il faudroit en mê- me tems indiquer lenom qu'ils lui donnerent, Long. 17.25. lat. 35.40. (D. J.) MARSAUT , f. m. (Jardinage.) falix caprea lati- folia. Cet arbrifleau fauvage , aquatique, monte affez haut. Ilale bois blanc, la feuille ronde d’un verd clair, les fleurs jaunes; &c il fe multiplie de marcottes & de jettons. C’eft une efpece du faule, &c on dit 4 faule marceau , le foule offer. | MARSCHEVAN , 1. m. (Chronol.) mois des He- breux. C’étoit le fecond de l’année civile & le hui- tieme de l’année fainte. Il n’a que vingt-neuf jours & répond à la lune d'Oftobre. | Le fixieme jour de ce mois les Juifs jeünent à caufe que Nabuchodonofor fit crever les yeux à Sé- décias, après avoir fait mourir fes enfans en fa préfence. Le dix-neuvieme, le lundi, jeudi & lundi fuivans {ont jeûines, pour expier les fautes commuifes à l’oc- tafñon de la fête des Tabernacles. Le vingt-troifieme eft fête en mémoire des pier- res de l'autel profané par Grecs, qu'on cacha en at- tendant qu'il parüt un prophete qui déclarät ce qu'on devoit en faire, Z, Macc, 46, Le vingt-cinq étoit aufli fête en mémoire de quel: ques lieux occupés par les Chutéens, & dont les Ifraélites de retour de la captivité fe remirent en poffeffion. Calend, des Juifs, à la tête du diétion. de la Bible du P. Calmet , #. I. MARSEILLE, (Geog.) Maffilia ; ancienne 8 forte ville maritime de France en Provence, la plus riche, la plus marchande & la plus peuplée de cette province , avec un port, un ancien évêché fuffra- gant d'Arles, & une fameufe abbaye fousle nom de S; Viétor. Cette ville fondée cinq cent ans avant J, C. par des Phocéens en Ionie, fut dès fon origine une des plus trafiquantes de Poccident, [fus d’ancêtres , les premiers de la nation Grecque qui euflent ofé rif- quer des voyages de long cours, & dont les vaifs feaux avoient appris aux autres la route du golfe Adriatique & de la mer T'yrrhénienne : les Marfeil- lois tournerent naturellement leurs vues du côté du commerce. Un port. avantageux fur la Méditerranée, des voifins qu'ils méprifoient peut-être comme barba= res , &z dont fans doute ils craignoient la puiffance , leur firent envifager Le parti du trafic maritime pour être l’unique moyen qu'ils euflent de fubfifter & de s'enrichir. | Comme tous les vents , les bancs de la mer, [a difpofition des côtes ordonnent de toucher à Mar- fille , elle fut fréquentée par tous les vaifleaux, && devint une retraite néceflaire au milieu d’une mer orageufe. Mais la ftérilité de fon terroir, dit Juftin; liy. XXX XIII. chap. III, détermina fes citoyens au commerce d'économie. Il fallut qu'ils fuffent la- borieux pour fuppléer à la nature ; qu’ils fuffent juf= tes pour vivre parmi les nations barbares qui de= voient faire leur profpérité ; qu'ils fuflent modérés pour que leur état reflât toujours tranquille ; enfin qu'ils euflent des mœurs frugales pour qu'ils puf- fent vivre d’un négoce qu'ils conferveroient plus fürement lorfqu'il feroit moins avantageux. Le gouvernement d’un feul a d'ordinaire pour objet de commerce le deffein de procurer à la na- tion tout ce qui peut fervir à fa vanité, à fes dé- lices, à fes fantaifies ; le gouvernement de plufieurs fe tourne davantage au commerce d'économie : aufli les Marfeillois qui s’y livrerent, fe gouverne- rent en république à la maniere des villes Grecques. Bientôt 1ls eurent d’immenfes richefles, dont ils fe fervirent pour embellir leur ville & pour y faire fleurir les arts & les fciences. Non feulement Mars fèille peut fe vanter de leur avoir donné l’entrée dans les Gaules, mais encore d’avoir formé une des trois plus fameufes académies du monde, &c d’a- voir partagé fon école avec Athènes & Rhodes. Auffi Pline la nomme la maîtrefle des études , 7144 giftram fludiorum. Ony venoit de toutes parts pour y apprendre l’éloquence, les belles-lettres & la philofophie. C’eft de fon fein que font fortis ces hommes illuftres vantés par. les anciens, Télon &c Gigarée fon frere excellens géometres , Pithéasfur- tout fameux géographe & aftronome dont on ne peut trop adnurer Le génie, Caftor favant médecin, &c plufieurs autres. Tite-Live dit que Marfeille étoit auf polie que fi elle avoit été au milieu de la Gre: ce ; & c’eft pourquoi les Romains y faifoient élever leurs enfans. Rivale en même tems d'Athènes & de Carthage; peut-être qu’elle doit moins fa célébrité à une puif= fance foutenue pendant plufñeurs fiecles , à un com- merce floriflant , à l'alliance des Romains qu'à la fagefle de fes loix , à la probité de fes habitans, en- fin à leur amour pour les fciences & pour les arts. Strabon tout prévenu qu'il étoit en faveur des vil- les d'Afe, où l'on n’employoit que marbre & gra- it, décrit Marfeille comme une ville célebre , d’u- ne grandeur confdérable, difpofée en maniere de théâtre, autour d’un port creufé dans les rochers. Peut-être même étoit-elle encore plus fuperbe avant le regne d’Ausufte, fous lequel vivoit cet auteur ; car en parlant de Cyzique une des belles villes Afiatiques , il remarque qu’elle étoit enrichie. ques que q des mêmes ornemens d'architecture qu’on avoit au- trefois vü dans Rhodes, dans Carthage & dans Mar- Jéille. | On ne trouve aujourd’hui aucuns reftes de cette ancienne magmificence. Envain y chercheroit-on les fondemens des temples d’Apollon & de Diane, dont parle le même Strabon : on fait feulement que ces édifices étoient fur le haut de la ville. On igno- re aufü l'endroit où Pithéas fit drefler fa fameufe aiguille pour déterminer la hauteur du pole de fa patrie ; mais on connoît les révolutions qu'ont éprou- vé les Marfeillois. | Ils firent de bonne-heureune étroite alliance ayec les Romains, qui les aimerent & les protégerent beau- coup. Leur crédit devint f grand à Rome qu'ils ob- tinrent la révocation d’un decret du fénat, par le- quel il étoit ordonné que Phocée en lonie feroit rafée jufqu'aux fondemens, pour avoir tenule parti de limpofteur Ariftonique qui vouloit s'emparer du royaume d’Attale. Les Marfeillois par recon- noiflance donnerent lieu à la conquête de la Gaule Trifalpine, en en ouvrant la porte ; mais ils furent fubjugués par Jules Céfar, pour avoir embraflé le partide Pompée. Après avoir perdu leur puiffance, ils renoncerent à leurs vertus, à leur frugalité , & s’abandonnerent à leurs plaifirs , au point que les mœurs des Marfeil- lois paflerent en proverbe, f l’on en croit Athénée, , P , ; pour défigner celles des gens perdus dans le luxe & la mollefle. Ils cultiverent encore toutefois les fciences, comme 1ls lavoient pratiqué depuis leur premier établiffement ; & c’eft par eux que les Gau- dois fe défirent de leur premiere barbarie. Ils appri- rent l'écriture des Marfeillois, & en répandirent la pratique chez leurs voifins ; car Céfar rapporte que le regitre des Helvétiens , qui fut enlevé par les Ro- mains, étoit écrit en caractere grec, quine pouyoit être venuà ce peuple que de Marfeille. Les Marfeillois dans la fuite quitterent eux-mê- mes leur ancienne langue pour le latin; Rome & lItalie ayant été fubjuguées dans le v. fiecle par les Hérules , Marfezlle tomba fous le pouvoir d’En- ric roi des Wifigoths & de fon fils Alaric, après la mort duquel Théodofe roi des Ofrogoths , s’'empa- ra de cette ville & du pays voifin. Ses fuccefleurs la céderent aux rois Mérovingiens, qui en jouirent qufqu'à Charles-Martel. Alors le duc Moronte s’en rendit le maître, & fe mit fous la prote&tion des Sarrazins. Cependant ce prince étant preflé vive- ment par les François , fe fauva par mer, & Mar- feille obèit aux Carlovingiens, puis aux rois de Bour- gogne , &c finalement aux comtes d’Arles. Ce fut fous le regne de Louis l’aveugle , & le gouvernement d'Hugues comte d'Arles, que les Sar- razins qui s’étoient établis & fortifñiés fur les côtes de Provence, ruinerent toutes les villes maritimes, &t fpécialement Marfeille. Elle eut le bonheur de fe rétablir fousle reone de Conrad le pacifique. Ses gouverneurs, qu’on ap- pelloit vicomtes , fe rendirent abfolus {ur la fin du x. fiecle, Guillaume , qui finit fes jours en 1004, fut{on premier vicomte propriétaire. Hugues Geo- froi, un de fes defcendans , laiffa fon vicomté à partager également entre cinq de fes fils. Alors les Marfeillois acquirent infenfiblement les portions des uns & des autres, & redevinrent république li- breën 1226000 MAR 157 lis ne Jouirent pas long-tems de: cet avantage, Charles d'Anjou , frere de $, Louis , étant comte de Provence, ne put fouffrit, cette république. Il fi marcher en 1262, une armée contre elle & la fou mit ; Cependant fes habitans fe font maintenus juf- qu'à Louis XIV. dans plufieurs grands privileses, & : : entr'autres dans celui de ne contribuer en rien aux charges de la province. | , Cette ville a continué pendant tant de fiecles.; d'être entrepôt ordinaire & des marchandifes de La domination Françoife » & de celles qui s’y tran{por- toient des pays étrangers. C’eft dans fon portqu'on débarquoït le vin de Gaza, en latin Gagerum, fire nomme dans les Gaules du vivant de Grégoire de Tours 3 € le commerce étoit alors continuel de Mar- Jeslle à Alexandrie. Enfin, lan 1660, Louis XIV. étant allé en Pro vence, fubjugua les Marfeillois, leur Ôta leurs droits ëc leurs libertés ; bâtit uné citadelle au-def: fus de l’abbaye de S. Vidtor, & fortifa la tour de S. Jean, qui eft vis-à-vis de la citadelle à l'entrée du port. On fçait que c’eft dans ce port que fe reti- rent les galeres, parce qu’elles y font abriées des vents du nord-oueff. | Cependant Marféille et teftée très-commerçan- te ; & même les prérogatives dont elle jouit , ont prefque donné à cette ville, & aux mannfadures méridionales de la France , le privilege exclufif du commerce du Levant; fur quoi il eft permisde dou- ter fi c’eft un avaatage pour le royaume. | Perfonne n'ignore que cette ville fut défolée en 1720 &t 1721, par le plus cruel de tous les fléaux. Un vaïfleau venu de Seyde, versle 15 Juin 1720, yÿ apporta la pefte, qui de-là fe répandit dans pref- que toute la province. Cette violente maladie en- leva dans Marfeille feule, cinquante à foixante mille ames, | Son églife eft une des plus anciennes des Gaules les Provençaux ont foutenu avec trop de chaleur qu'elle a été fondée par le Lazare, qu’avoit refluf- cité J. C. & le parlement d’Aix dans le fiecle der- niet, condamna au feu un livre de M. de Launoy : où ce favant critique détruit cette tradition par les preuves les plus fortes. Les trois petitesiles fortifiées, fituées à environ une lieue de Marfelle, font flériles, & ne méritent que lenom d’écueils. [left fingulier qu'on les ait pris pour les Stoëchades des, anciens. | Marfeille eft proche la mer Méditerranée, à fix leues S. ©. d’Aix, douze N. O. de Toulon, feize S. E. d'Arles ; trente-cing S. O. de Nice, cent foi- xante & fix S. E. de Paris, Long. 22. 58. 30, La, 43 19, 30. Eraftoftène, & Hipparque conclurent autrefois d’une obfervation de Pithéas, que la diftance de Marfeslle à l'équateur étoit de 43 deg. 17. min. Cette lat. a té vérifiée par Gafflendi, par Caflini & par le P. Fetullée. On voit qu’elle differe peu de celle que nous venons de fixer , d'après MM. Lieutaud & de la Hire. . A eftbien glorieux à Marfeille d'avoir donné le Jour à ce même Pithéas,le plus ancien de tousles gens de lettres. qu’on ait vu en occident, & dont Pline fait une mention fi honorable: il fleurifloit du tems d'Alexandre le grand. Aftronome fublime & pro- fond géographe , il a porté fes fpéculations à un point de fubulité, où les Grecs qui fe vantoïent d’é- tre les inventeurs de toutes les fciences, n’ayoient encore pu atteindre. Cer écrivain en profe &c en vers, fi délicat & fi voluptueux:, qui fut l'arbitre des plaifirs de Néron, Pétrone en un mot étoit de Marfeille. Mais comme J'aurai lieu de parler de lui plus commodément ail- leurs, je pafle à queiques modernes dont, Marfeille 158 MAR eftla patrie; car quoiquecette ville s'occupe prine cipalement du commerce, elle a cependant produit au xvi. fiecle des hommes célebres dans les fcien- ces & les beaux-afts. Le Chevalier d’Arvieux, mort en 1701, s’eftit. fuftré par fes voyages , par fes emplois, & parfon érudition orientale, Le P. Feuillée minime, s’eft diftiigué par fonjout- nal d’obfervations-aftronomiques & botaniques, en 3 vol. in-4°., imprimésau Louvre, Jules Mafcaron, évêque de Tulles & ‘puis d’A- gen, où 1l finit fa carriere en 1703, à 69 ans, pro- nonça des oraifons funèbres: qui balancerent d’a- bord celles de Bofluet ; mais 1l eft vrai qu’aujour- d’hüi elles ne fervent qu’à faire voir combien Bof- fuet étoit un grand homme. Charles Plumier , un des habiles botaniftes de l'Europe, fit trois voyages aux ifles Antilles pour herborifer. 11 alloit une quatrieme fois en Améri- que dans la même vüe, loriqu'l mourut près de Ca- dix, en 1706, On connoit fes beaux ouvrages fur les plantes d'Amérique, & fon traité de l’art de tourner, quilavoit appris du P. Maigran, religieux minime comme lui. Antoine de Ruffi, mort confeiller d'état en 1689, a par-devers lui trop de titres honorables pour que je fupprime fon nom. Auteur d’une bonne hiftoire de Marfeille & des comtes de Provence, il joignit l'intégrité la plusdélicate à fa vafte érudition. Etant membre de la fénéchauflée de fa patrie, & fe repro- thant de n'avoir pas aflez approfondi la caufe d’un plaideur dont il étoit rapporteur, 1llui remit la fom- me de la perte de fon procès. Honoré d'Urfé, le cinquieme de fix fils, & le frere de fix fœurs, s’eft rendu fameux par fon ro- man de l’Aftrée. Il époufa, dit M. de Voltaire, Dia- ne de Châteaumorand , féparée de fon frere, de la- quelle il étoit amoureux, & qu'il a déguifée dans fon roman fous le nom d’Aftrée & de Diane, com- meils’y eft caché lui-même, fous ceux de Céladon & de Sylvandre. Il mourut en 1625, à sé ans. Il faut réferver l’article du Puget, né à Marfeulle, au mot SCULPTEUR MODERNE, à caufe de fon mé- rite éminent dans ce bel art. (2. J.) Il y a à Marfeille une académie des Belles - lettres. Elle fut établie en 1726 par lettres-patentes du roi fous la protettion de feu M. le maréchal duc de Vil- lars, gouverneur de Provence, & adoptée en même tems par l’académie Françoife, à laquelle elle en- voie pour tribut annuel un ouvrage de fa compofi- tion , en profe ou en vers. Les objets que fe propofe cette académie font l’Eloquence, la Poéfie, PHif- toire & la Critique. Toute matiere de controverfe {ur le fait de la religion y eft interdite. Les acadé- miciens font au nombre de vingt & ont trois offi- Ciers, un direéteur, un chancelier &c un fecrétaire. Le fort renouvelle tous les ans les deux premiers, maïs Le fecrétaire eft perpétuel. Le direéteur eft chef de la compagnie pendant fon année d'exercice, il porte la parole & recueille les voix. Le chancelier tient le fceau de l'académie, & fait l'office de tré- forier. Le fecrétaire écrit les lettres au nom de l'académie, fait l’éloge hiftorique des académiciens qui meurent , & fupplée le direteur & le chancelier en leur abfence. L'académie 4 vingt aflociés étran- gers, dont chacun eft obligé de lui envoyer tous les ans un ouvrage de fa compofition, &c qui ont droit de féance dans l'académie lorfqu’ils font préfens. Il leur eft permis de travailler pour le prix fondé par M. le maréchal de Villars, à moins qu'ils ne vien- nent s'établir à Marfeslle. Ce prix étoit donné tous les ans par la libéralité du proteéteur ; mais il le fonda en 1733 par un contrat de rente annuelle de go livres qui doivent être employées en une mé- daille d'or qu'on donne tous les ans à un ouvrage en profe ou en vers alternativement, dont l'académie propofe le fujet. Cette médaille qui portoit d’abord d’un côté le nom du proteéteur, & au revers la de- vife de l'académie, porte maintenant d’un côté le bufte, & au revers la devife du maréchal de Villars. Le duc de Villars fon fils lui a fuccédé dans la place de protetteur, | L’académie de Marfeille s’affemble tous les mer: credis, depuis trois heures après midi jufqu'à cinq, dañs la falle que le roi lui a accordée à l’arfenal; fes vacances durent depuis la S. Louis jufqu’au pre- mier mercfedi après la $. Martin. Elle tient tous les ans le 25 Août une affemblée publique où elle ad- juge le prix. Elle accorde la vétérance À ceux des académiciens qui vont fe domiciliér hors de Mur- faille, ou à qui leur âge & leurs infirmités ne permet- tent plus d’afhfter aux affemblées, & quoiqu’on les remplace par de nouveaux fujets, ils ont toujours droit de féance & voix confultative aux affemblées. Il faut avoir les deux tiers des fuffrages pour être élu académicien on aflocié, & les éleéteurs doivent être au-moins au nombre de douze. En 1734 l’aca- démie obtint du roi la pefmiffion de s’aflocier dix perfonnes verfées dans les fciences, telles que la Phyfque, les Mathématiques, &c. La devite de l’a cadémie eft un phénix {ur fon bucher renaïffant de fa cendre aux rayons d’un foleil naïffant, avec ces mots pour ame, primis remafcor radiis , parallufion à cetie académie de Marfelle , fi fameufe dans l’anti- quité, & qui eft en quelque forte réflufcitée au com- mencement du regne de Louis-XV. dont le foleil eft l'emblème, Morery. = MARSES, LES, ( Géog. anc.) en latin Murf£, an- ciens peuples d'Italie aux environs: du lac Fucin, aujourd’hui le lac de Célano. On croit communé- ment qu'ils avoient les Veftins au nord, les Pélignes . & les Samnites à l’orient , le Latium au midi, & les Sabins à l’occident. Les anciens leur donnoient une origine fabuleufe: les uns les faifoient venir d’Afie avec Marfyas le phrygien qu'Apollon vainquit à la lyre ; & d’autres les faifoient defcendre d’un fils d'Ulyffe & de Circé. On ajoutoit qu'ils ne craignoient point les morfu- res des ferpens, & qu’ils favoient s’en garantir par certaines herbes & par les enchantemens. Ce qu'il y a de plus vrai, c’eft que les Marfès étoient très-braves &c dignes de jouir de la liberté ; dès qu'ils fe virent accablés de contributions, & fruftrés de l’efpérance du droit de bourgeoïfie ro- maine dont on les avoit flattés ; ils réfolurent de l'obtenir à la pointe de l’épée, Pour y parvenir ils fe liguerent lan de Rome 663, avec les Pifcentins, les Pélignes, les Samnites, & les autres peuples d'Italie. On donna à cette guerre le nom d’xalique, ou de guerre des Marfes, & les Romains y perdi- rent deux confuls & deux batailles en deux années confécutives. Les Marfes devinrent enfuite la meilleure infan- terie des Romains, & donnerent lieu au proverbe que rapporte Appien, que l’on ne peut triompher d’eux ni fans eux. Aujourd’hui le pays des anciens Marfès fait partie de l’Abruzze feprentrionale, au- tour Fe de Célano, dans le royaume de Naples. (D.J. MARST, MARS ACT, MAS ACT, MARS ATIL, ( Géog. anc. ) peuples de la Germanie, compris pre- mierement fous le nom de peuples Iftævons, qui du tems de Céfar habitoient au-delà du Rhin. Du tems de Drufus ils habitoïent au bord du Rhin. On eftfondé à leur affigner les terres qui fe trouvent entre le premier bras du Rhin & l’Iffel , jufques vers Batavodurum; du - moins les pays que l’on donne aux Sicambres, aux Uufñpiens, aux Frifons &c aux ruétères, ne permettent pas de placer ailleurs les _Marf: de Germanie. ( D. J.) MARSICO-NUOVO, ( Géog.) Marficum , petite ville d'Italie au royaume de Naples, dans la princi- pauté citérieure, avec un évêché fufragant de Sa- lerne. Elle eft au pié de l’Apennin, proche l’Agri, à 2 lieues de Marfico-verere , bourg de la Bafilicate, à 11 5, O. de Cirenza, 20 S. E, de Salerne, Long. 33-24, lat. 40,22. (D. J.) MARSIGNI, ( Géog. anc. ) peuple de Germanie, que Tacite met avec les Gothini, les Of & les Burn, au-deflus des Marcomans & des Quades, vers l’o- rient d’été ; ils habitoient des forêts & des monta- gnes, mais nous n'en favons pas davantage. (D.1.) MARSILLIANE, f. f. (Marine.) bâtiment à poupe quarrée, qui a le devant fort gros, &t qui porte juf- qu’à quatre mâts, dont les Vénitiens fe fervent pour naviger dans le golfe de Verife & le long des côtes de Dalmatie ; fon port eft d'environ 700 tonneaux. MARSOUIN, COCHON DE MER, f. m, ( Æf£. nat, I&, ) poiflon cétacée , qui ne differe du dauphin gwen ce qu'il a le corps plus gros & moins long , & le mufeau plus court & plus obtus. Rondelet, Æ:f, des poiff. parh I. iv. XVI, ch, vy. Voyez D'AUPHIN, Poisson, & CÉTACÉE. Les Angloïis appellent porpeffe ou porpoifè ce grand poiflon cétacée , qu’il ne faut pas confondre avec le dauphin. Le leéteur trouvera fa defcription fort étendue dans Ray, & dans les Tranfaë, philofopk. n°. 74, & n°. 231. Nous en avons encore une def- cription particuliere du doéteur Edouard Tyfon, imprimée à Londres en 1680, :z-4°, c’eft la def- cription d'un warfouir femelle, dont la longueur étoit de quatre à cinq piés. Ce poiflon à 48 dents très-aigues à chaque mâchoire , &c l’anatomifte de Grefham lui a découvert l'organe de l’ouie; il lui a éompté 73 côtes de chaque côté. Ses nageoires font placées horifontalement , & non pas verticalement comme dans les autres poiflons; fa chair eft de fort mauvais S£0ûte On pêche le marfouin avec le barguot, qui,eft un gros javelot joint au bout d’un bâton. La graiffe ou l’huile qu’on en tire eft d’ufage pour les tanneries, les favonneries, 6c. On a fait vraiflemblablement le mot françois marfouin, du latin warinus fus, co- chon de mer. (D. J.) MarsoUIN, ( Péche, ) les pêcheurs du mont Far- ville, lieu dans le reflort de l’amirauté de Barfleur, ontinventé de grands filets, inufités dans toutes les autres amirautés ; ils les ont fabriqués pour la pêche des 7zarfouins, qui abondent tellement à leur côte que ces poiflons y mangent tous les autres qui y font paflagers ou qui y féjournent ordinairement , ou qui y reftent en troupes, & que les zarfouins viennent chercher entre les rochers où ces poiflons fe retirent pour les éviter, d’où ils les chaflent & en rendent leurs côtes ftériles. Les pêcheurs pour tâcher de prendre des marfouins ont fait des rets formés de gros fils femblables à de moyennes lignes, avec des mailles de la grandeur des contremailles ou hameauxfixés par ordonnance de 168 1 de neuf pouces en quarré ; le filet a environ cinq à fix brafles de chûte ou de hauteur, & qua- rante à cinquante brafles de longueur. Lorfque les pêcheurs apperçoivent de hante mer à la côte des marfouins dans les petites anfes que forment les pointes des rochers , ils amarrent le Bout de leurs flets à une des roches, & portent le refte au large avec une de leurs chaloupes, en for- mant une efpece d'enceinte, & ils arrêtent l’autre bout du filet à une autre roche, enforte que les narfouins s'y trouvent de cette maniere enclavés, & reftent à fec iorfque la mer vient à s’en retirer ; les szarfouns franchiflent quelquefois le filer en s’é- MAR 159 lançant, mais il faut obferver qu'ils ne le forcent ja- mais : quand ilstrouvent quelques obftacles & qu'ils ont la liberté de nager , 1ls tournent autour du rets qu'ils cotoyent jufqu’à ce qu'ils fe trouvent à fec. MARSYAS, ( Mychol, ) cet homme dont les Pogs tes ont fait un Silène, un fatyre , joignoit beaucoup d’efprit à une grande induftrie, Il étoit natif de Phry- gie, & fils de Hyagnis. Il fit paroître fon génie dansé l'invention de la flûte , où 1l fut raffembler tous les fons, qui aüparavant fe trouvoient partagés entré les divers tuyaux du chalumeau., On fait la difpute qu'il eut avec Appollon en fait de mufique, & quelle en,fut l’hiftoire. Cependant fi l’on en veut croire Fortuneio Liceti, Marfyas écor ché par Apollon n’eft qu'une allésorie, « Avant line » vention de la lyre, dit-1l , la flûte l’emportoit fut » tous les autres inftrumens de mufique, & enrichif.. » foit par conféquent ceux qui la cultivoient ; mais » fitôt que l’ufage de la lyre je fut introduit, comme »elle pouvoit accompagner le chant du mufcien » même qui la touchoit, & qu'elle ne lui défiguroit » point les traits du vifage comme faifoit la flñte. » celle-ci en fut notablement décréditée, & abana » donnée en quelque forte aux gens de la plus vile » condition, qui ne firent plus fortune par ce moyens » Or, ajoute Liceti, comme dans ces anciens tems » la monnoie de cuir avoit cours, & que les joueurs » de flûte ne gagnoient prefque rien , les joueurs de » lyre leur ayant enlevé leurs meilleures pratiques s »les Poëtes feignirent qu’Apoilon , vainqueur de » Marfias, Vavoit écorché. Îls ajouterent que fon fang » avoit été métamorphofé en un fleuve qui portoir ». le même nom, & qui traverfoit la ville de Célènes, » où l’on voyoit dans la place publique, dit Héro- » dote, la peau de ce mulicien fufpendue en forme » d’outre ou de ballon; d’autres aflurent que le detef. « poir d’avoir été vaincu, fit qu'il fe précipita dans » ce fleuve & s’y noya», Comme les eaux de ce fleue ve paroifloient rouges, peut-êire à caufe de fon {az ble, la fable dit qu'elles furent teintes du fang de Marfyas. L'ancienne mufique inftrumentale lui étoit rede- vable de plufieurs découvertes, Il perfe&tionna fur2 tout le jeu de la flûte & du chalumeau, qui avant lui étoient fimples, ILjoignitenfembie, par Le moyen de la cire &r dé quelques autres fils, plufieurs tuyaux ou rofeaux.de différentes longueurs, d’où réfulta le chalumeau compoié ; 1l fut auffi l'inventeur de la double flûte, dont quelques-uns cependant font hon- neur à fon pere: ce fut encore lui qui pour empê- cher le pontlement du vifage fi ordinaire dans le jeu des infirumens à vent, & pour donner plus de force au joueur, imagina une efpece de ligature ou de bandage compolé de plufeurs courroies, qui affer. muifloient les jones & les levres, de facon qu’elles ne laïflotent entre celles-c1 qu’une petite fente pour y introduire le bec de la flute, Les repréfentations de Mar/yas décoroient plufieurs édifices. [l y avoit dans la citadelle d'Athènes , une ftarue de Minerve, qui châtioit le fatyre Marfyas, pour S’être approprié les flûtes que la déeffe avoit rejettées avec mépriss On voyoit à Mantinée, dans le temple de Latone, un Mar/yas jouant de la dou ble flûte, & il n’avoit point été oublié dans le beau tableau de Polygnote, qui repréfentoit la defcente dŒUlyfleaux enfers, Servius témoigne que les villes libres avoient dans la place publique une ftatue de Mar/yas , qui éroit comme un fymbole de leur lis berté, à caufe de la liaifon intime de Marfyas pris pour Silène avec Bacchus, connu des Romains fous le nom de Liber, Il y avoit à Rome, dans le Forum, une de ces ftatues, avec un tribunal dreflé tout au- prés, où l’on rendoit la juftice. Les avocats qui ge gnoient leur caufe avoient foin de couronner certe 160 MAR atue de Mar/yas, comme pour Le remercier du fuc- <ès de leur éloquence , & pour fe le rendre favora- ble., en qualité d’excellent joueur de flûte; car on fait combiene fon de cet infrument & des autres anflueit alors dans la déclamation, & combien il étoit capable d'animer les orateurs & les afteurs: enfin 6n voyoit à Rome , dans le temple de la Con- corde. -un Marfyas garotté, peint de la main de sZeuxis. (DJ) MARSVAS, (‘Géog. anc.) fleuve de l’Afie mineu- se , aux environs de [a Phrygie ou de la Froade, Il Aorteit de la même fource que le Méandre , & après avoir traverfé la ville Célæne, ils fe partageoient, “êt prenoient chacun leur nom. (2...) MARTAGON , f. m. Zilium floribus reflexis mon. “axum, (Jardinage. )eft une plante bulbeufe, qu’on peut regarder comme une efpece de lys; du haut d’une tige de deux piés s’élevent des ramilles où viennent des fleurs dont des feuilles fans queue font æecourbées en s'ouvrant & fe frifent; il en fort de petits brins avec leurs chapiteaux, dont celui du amilieu-eft plus élevé ; ils fleuriflent l’été. Ses couleurs font variées; on en voit de jaunes, ‘de pourprées, de blanches, de rouges. Le martagon demande la culture deskis, peu de Toleil, 8 à être replanté fitôt que fes cayeux font détachés. | MARTAVAN,ou MARTABAN , ( Géogr. ) royaume d’Afie , dans la prefqu'ile au-dela du Gan- ge, fur le golfe de Bengale. L'air y eft fain, & le terroir fertile en riz & en toutes fortes de fruits. On dit qu'il y a des mines de fer, de plomb, d'acier & de cuivre. On y fait ces vafes de terre nommés rar. zavanes , dont quelques-uns contiennent jufqu’à deux pipes.On en ufe beaucoup dans Inde , parce.que le vin , l’eau & l’huile s'y confervent parfaitement bien, Ils font fort recherchés des Portugais, qui s’en fervent dans leurs navires pour les Indes, Ce royau- me appartient préfentement au roi de Siam, qui s’en eft emparé , & l’a réduit en province. Sa capitale fe nomme Martavan. ( D.J.) MARTAVAN, ( Géogr. ) ville d’Afie, dans la pref- qu'ile au-delà du Gange, capitale de la province de Martavan, auquel elledonne fon nom. Elle eft peu- plée, riche, & la bonté de fon port y contribue beaucoup. Long. 115. 25. lat, 15, 35, (D. J.) MARTE, MARTES , f. f. ( Æiff. nat. ) animal quadrupede , qui ne differe de la fouine que par les couleurs du poil ; aufñli les Latins comprennent - ils l’un & l’autre fous le nom de rartes, La marre eft plus fauvage que la fouine: on l’a appellée marre fau- yage, ou marte des Japins , pour la diftinguer de la fouine, qui a été défignée par les noms de marte do- neflique, ou marte des hétres ; mais les marres &c les fouines {e trouvent dans toutes fortes de forêts , mê- me dans celles où 1l n’y a ni fapins , ni hêtres, Les martes font originaires du climat du nord , où elles fe trouvent en très-grand nombre ; il y en a peu dans les climats tempérés , & on n’en voit aucune dans les pays chauds. Il y a quelques serres en France. Cet animal a un duvet de couleur cendrée , légere- ment teinte de couleur de lilas fur la plus grande par- tie de fa longueur , & de couleur fauve très-claire & prefque blanchâtre à l'extrémité ; les poils longs & fermes font de la même couleur que le duvet fur la moitié de leur longueur, le refte eft luifant & de couleur brune mêlée de roux ; le bout du mufeau, la poitrine , les quatre jambes & la queue ont une cou- jeur brune, noirâtre , très-léserement teinte de fau- ve ; la gorge, la partie inférieure du cou , & la partie antérieure de la poitrine | font de couleur mêlée de blanc & d'orange fale plus ou moins appa- rent à différens afpe@s; 1l y a au milieu de cette cou- leur deux petites taches brunes plaçées , l’une fur la MAR gorge , & l’antre entre le con & la poitfine. Le mar: | se parcourt les bois, grimpeau-deflus des arbres , vit de chair , & détruit une quantité prodigieufe d’oi- feaux, ‘dont elle fuceles œufs. Elle prend les écu- reuils, les mulots, les lerots, &c, Lorfqu’elle eft pré- te à mettre bas, elle s'empare du nid d’un écureuil ; d’un duc, d’une bufe , on des trous de VIEUX Ar= bres , Rabités par des piesde bois & d’autres oifeaurx. La arte met bas au printems; la portée n’eft que de deux ou trois. Les zartes {ont aufli communes dans Amérique , que dans le nord de l’Europe & de l’A- fie, if, nat. gen, & part, tom, VII. Voyez Qua- DRUPEDE, MARTE ZIBELINE, "ares gibelina, ( Hifi. mar. ) animal quadrupede , un peu plus petit que la marte. I n'en differeque par les couleurs du poil ; la gorge eft grife , la partie antérieure de la tête & les oreil- les font d’un gris blanchâtre : tout le refte de l’ani- mal eft de couleur fauve obicure. Sa fourrure eft bien plus précieufe que celle de la marte, Voyez Rai, | Jynopf.anim.quadr. On diftingue deux fortes de sarres ; favoir , les . Inartes Mais un peu plus gros. La mafle en eft un peu allongée pour fa grof- feur , arrondie par un bout & un peu applatie par l’autre , toute lamaffe eft un peucourbéeen-dedans, Le manche de ce marteau eft de bois d'environ dix Tome X, MAR 16 Pouces de longueur , arrondi-pat ‘en-bas & un plus gros que par-tout ailleurs, Le maricau fèrre-ateache ef tout de fér, inafle & manche, La mafle en eft droite, arrondie des deux côtés ; moins longue &r Plus groffe que celle du mar teau fimple, Le manche qui eftauif demi de longueur , & fe {pare pa Parties qui font un peu écarté en-dedans, On s’en {ert pour là couture peu point , & aindi la couture feroit naturellement lâche, Pour la ferter comme:il faut , on Commence par ap- platir.le bointen frappant deffus avec a mafle, &c enfuite on tortille le bout de la laniére antour du manche, & on le fait Pafler entre les deux crochets recourbés, ce quidonne à l’ouvrier béancoup plus de facilité pour tirer la laniere ët ferrer Le point. Voyez la fix. PL, du Bourrelier, ARTEAU, terme & outil de Ceinturiers » Quileur {ert Pour rogner le fuperflu de leurs OùVrages & pour river, Ce marteau a d'un côté une tête quarrée , & de l’autre eft fait en forme de bachette fort tranchante, Voyez la fig, PI, du Cernturier, MARTEAU, terme outil de Chafnetiers ; qui leur fert pourjoindre exa@tement le bout des S des chaînes contre Le milieu de la derniere S, Ce marteau n’a rien de particulier, a une panne quarrée & l’autre bout plat, avec un manche aflez court, | MARTEAU A POLIR » terme & outil de Chafneriers » c'eft un zarteau dont les deux bouts font quarrés, qui peut avoir un pouce de furface, Îls lappellent rer teau 4 polir, parce que quand leur onvrage eft prefs que fait, ils en corrigent les défauts AVEC Ce Marteau, dont la furface des pannes eff affez unie pour qu'ils ne craignent point de rayer ou gâter leurouvrage, MARTEAU, GROS , owril de Charrons'c’eftun mots ceau de fer quarré d’un bout & plat de l’autre bout , qui eft plus mince & un peu recourbé , fendu par le milieu formant une fourchette, au milieu duquel eft un œil où fe place un manche affez gros &t long de deux piés 8 demi. Les Charrons s’en fervent pour chafler des chevilles de bois ou de fer » FC MARTEAU MOYEN, outil dé Charron ; C’eft un Marteau dont un pan eft quarré de la largeur de deux pouces, l’autre pan eff plat, fendu & un peu recours bé ; au milieu eft ün œil oùfe place le manche qui -eftlong dedix-huit pouces & gtOs à proportion. Les Charrons s’en fervent pour des Guvrages un peu moins forts, MARTEAU, ( Charpentier. ) il fert aux Charpen« tiers pour faire entrer les chevilles de {er qu'ils font obligés d'employer dans certains Ouvrages, Foyez la | fig. PL, des ousils du Charpentier. MARTEAU, (Chauderonnier.)lés Chauderonniers ont diveries fortes de marteaux » entr'autres le rar tau rOnd, le marteau à panne, le marreau à planer , & le marteau à river. Le merteau rond n’a qu’un côté > Mais quieftlong de plus d'un pié, avec fon diametre d'environ ux pouce, Il fert à enlever les chauderons ,c'eft-à-dire , à en faire le fond fur la grande bigorne, Voyez la fe. PI, du Chauderonrier. N—. Le martean à planer n’a pareillement qu'un côté, mais Ja maffe en eft large, plate, unie & fort pefam te : c’eft avec lui qu’on plane les chauderons , en les battant fur l’enclume Pour les rendre plus minces. Le martean X panne a deux côtés, &e, à la pefans teur près , il eff femblable À celui des Sérruriers, If fert à faire les bords des chauderons. Le marteau à river eft un petit marsan ordinairs ayec lequel les Chaderonniéts riventleurs clous de 162 M A R cuivre, foit fur la bigorne.d’établi, foit contre d’en- claméau. Poyez ENCLUMEAU. | Ces quatre fortes de marteaux fervent auf aux Ferblantiers. Voyez les fig. PL. du Ferblantier. MARTEAU DE BOIS, (Chauderonnier.) 11 leur fert à fermer les cors-de-chafle , les tromipettes, &autres ouvrages , & à drefler leur cuivre , éc. Woyeyles PL, MARTEAU A REPASSER , ( Chauderonnier) il leur ert à polir l'ouvrage quand il eft plané. Voyez RE- PASSER. MARTEAU , ( Cloutier, ) le marteau des Cloutiers eft un peu différent desyrarteaux ordinaires, Sa mafle eft un quarré long, & le trou par où on l’em- manche n’eft pas placé précifément au milieu de la mañle , mais vers une de ces extrémités. Les Clou- tiers ont deux marteaux qui ne different que par la grofleur de la mafle, & dont 1ls fe fervent felon le lus ou moins de délicateffe des ouvrages qu'ils font. Voyez Planches du Cloutier. MARTEAU , { Cordonnier. ) 11 lui fert à attacher les clous & les chevilles de bois fous le talon. Foyez da fig. PL. du Cordonnier- Botrrer. “ MARTEAU , ( Courelier. \les marteaux du coutelier font les mêmes que ceux du taillandier & du ferru- rier, Voyez l’article COUTELIER. : MARTEAU A ARDOISE, ( Couvreur. ) il fert àtail- ler l’ardoife , & à la percer on piquer pour faire les trous des clous. MARTEAU A PLAQUER , ( Ebénifle. ) dont fe fer- vent les Ebéniftes, & ne differe du marteau ordinaire qu’en ce que la panne eft beaucoup plus large; on $’en fert pour appliquer les plaques en les colant. Voyez la fig. Planches de Marqueterie. MARTEAU D'ENLEVURE DU FORGEUR, (Eperon- nier.) en terme d’éperonnier , {e dit d’un marteau à tranche & à panne de la groffeur ordinaire, dont le forgeur fe fert lorfqu'il eft queftion d’enlever des branches ou des embouchures d’un barreau. Voyez FORGEUR ; EMBOUCHURES 6 BRANCHES. MARTEAU D’ENLEVURE A RABATTRE,, en terme d’Eperonnier , eft le marteau dont l’ouvrier, qui eft fur le côté du forgeur & frappe en rabattant , fe fert. Il eft plus pelant que le marteau du forgeur, & de devant. Voyez MARTEAU DU FORGEUR & MAR- TEAU DE DEVANT. MARTEAU D'ENLEVURE DE-DEVANT ; parmi les Eperonniers fe dit d’un marteau plus gros que le ar- teau du forgeur, qui tire fon nom de la place que louvrier qui s’en fert occupe vers l’enclume. : MARTEAU À PANNER, en terme d’Eperonnier, {e dit d’un marteau d’une médiocre grofleur, dont la panne eft fort mince : elle peut être ronde ou quar- rée , &r on s’en fert pour panner. Voyez PANNER. MARTEAU, outil de Ferblantier, Ce marteau eft gros environ du pouce, a un pan rond & la face extrèmement umie. L’autre pan eft plat, quarré, & un peu mince; 1l fert aux Ferblantiers à plufieurs ufages. Voyez les Planches du Ferblantier. MARTEAU À EMBOUTIR , outil de Ferblantier. Ce rrarteau eft courbe en-dedans, & forme un quart de cercle , au milieu duquel eft un œil dans lequel fe pofe un manche de bois de la longueur d’environ un pié. Les pouges ou pans de ce zarteau , font tou- tes rondes, & a les faces faites en tête de diamant uni &e rond ; 1l fert aux Ferblantiers pour emboutir, c’eft-à-dire pour faire prendre à un morceau de fer- blanc la figure d’une boule coupée par le milieu. Voyez les fig. PI. du Ferblantier. MARTEAU À PLANER € À REDRESSER , outil de Ferblantier ; ce marteau eft un morceau de fer de la longueur de fix ou huit pouces, rond des deux pans &t gros dans fa circonférence d’environ un pouce &c demi; les deux faces de ce marteau font fort MAR unies. Les Ferblantiers s’en fervent pour planer & redrefferles morceaux de fer-blanc qu’ils emploient. Voyez la fig. PL du Ferblanrier. MARTEAU À RÉPARER, outil des Ferblaniiers ; ce marteau tite {on nom de fon ufage, & en fait à-peu- près comme le zrarreux à emboutir; excepté que le pan de ce #artean a les faces longues & plattes ; 1l y en a. aufh qui les ont demi rondes, &c. Ils fer- vent tous à réparer les inégalités que le marteau à emboutir a formées fur la piece que l’on travaille. Voyez la fig. PI, du Ferblanrier, MARTEAU, outil de Fourbiffleur ; ce marteau eft long de fix pouces, rond & plat d’un côté, & plat & quarré de l’autre, Il fert aux Fourbiffeurs pour chaffer les gardes d’épées dans la foie avec lé chaffe poignée, pour les affujettir au corps des lames. MARTEAU , Gutil de Gainier ; c’eft un marteau de la groffeur d’un pouce, dont un pan eft rond, & Vautre eft plat, qui fert aux Gainiers à différens ufages. Ils en ontauffi quine font pas plus gros qu'un tuyau de plume, & qui fervent pour aflujettir les clous d'ornement, MARTEAU , ( Horlogerie, ) les Horlogers en ont de plufieurs efpeces , d’établi qui font d’une moyen- ne groffeur ; 1ls en ont à deux têtes & à tête ronde, pour river de tranchant , pour redrefler des pieces trempées & un peu revenues : enfin, ils en ont de bois & de cuivre pour frapper fur des pieces fans les gâter, - | MARTEAU , erme d’Horlogerie , fisnifie en géné- ralla piece qui, dans les horloges detoutes efpeces , frappe fur le timbre. On diftingue dans un marteau la tête, latige, & la queue. La tête eft cette partie par laquelle il frap- pe fur le timbre; la tige, celle fur laquelle il eft monté , & la queue une efpece d'aîle ou de palette, par laquelle la roue de la fonnerie le fait mouvoir ; mais tous les zarteaux n'étant pas faits de même, cette diflinétion de parties ne peut avoir lieu que pour quelques-uns. Pour qu’un werteau foit bien difpofé , il faut qu’a- vec une puiflance donnée il puifle frapper le plus grand coup. La premiere regle pour cet effet, c’eft qu'il foit aufh pefant, & que fon centre de percuf- fion foit auffi éloigné de celui de fon mouvement , qu'il eft poffible. La feconde, c’eft qu’il rencontre le timbre dans une perpendiculaire, qui pafferoit par ces deux centres. Les 1arteaux dont on fe fert dans les horloges , les pendules, les réveils, les montres à répétition, &c. font faits de différentes façons. Voyez; HORLOGE, PENDULE, RÉPETITION, PERCUSSION, &c. MARTEAU , outil des Faëleurs d'orgue , repréfenté dans les PI, d'orgue , eft un rarteau à deux têtes ron- des , dont la face eft très-polie & bien dreflée, qui leur fert à planer fur un tas les feuilles de plomb ow d’étain qu'ils ont coulées fur le coutil. MARTEAU , ( Maçonnerie. ) eft un inftrument de fer, de la même forme à-peu-près que les marteaux ordinaires ; 1l en differe en ce que les pannes où ex- trémités de la tête font brettelées ou dentées. C’eft de cet outil dont on fe fert pour tailler la pierre; on le nomme plus communément hache. Manier le marteau , fe dit d’un habile tailleur de pierre : cet homme manie bien le marteau. MARTEAU À SERTIR, ex cerme de Metteur en œu- vre ; c’eft une petite mafle de fer platte, tantôt ron- de , tantôt quarrée, montée fur un brin de baleine plat, ou fur une branche d’acier aflez longue; ce qui lui donne plus de coup. On l’appelle marteau à Jertir, parce que fon principalufage eft de fèrtir, Voyez SERTIR , PL. du Metteur en œuvre. . MARTEAU, ancien terme de Monnoyage, exprimoit la manutention des monnoies avant la découverte “du laminoir & du bâlancier, Foyez MONNOIE AU MARTEAU. MARTEAU A BOUGES , ( Orfèvre.) font des mar eaux dont les tranches plus ou moins épaifles font fort arrondies ; 1ls prennent ce nom de leur ufage, fervant à former les bouges des pieces d’orfévrerie : ces marteaux {ont tantôt minces , tantôt quarrés , tantôt ronds , &c. felon les bouges qu’on a à tra- vailler. Voyez les PL, MaARTEAU A ACHEVER, en cerme d’Orfévre en grofferie , eft un marteau à tranche arrondie dont on {e fert pour commencer à enfoncer une piece. Foyez ENFONCER , voyez les PI, MARTEAU A DEVANT , en éerme d'Orfevre en grof- Jérie, c’eft un gros zzarteau à tranche & à panne, ainfi nomme, parce qu'il n’y a que ceux qui forgent fur le devant de l’enclume qui s’en fervent. Voyez Les PL. | | MARTEAU DE BOIS, en serme d'Orfevreen grofferie, eft un 7zarteau qui ne differe du rarteau de fer que par fon ufage , qui eft de drefler une piece fur la- quelle les zarseaux de fer ont imprimé leurs coups. Voyez DRESSER, voyez les l'1, Ils font ou de bouis ou de frêne. MARTEAU A RETRAINDRE, ( Orfévre. ) eft parmi les Orfevres en grofferie un wzarteau tranchant par les deux bouts, mais d’une tranche un peu arron- die, afin d'étendre la matiere fans la couper, ou mar- quer des coups trop profonds. Voyez les Planches & RETRAINDRE. MARTEAU DE PAVEUR , ( #rt méchan. ) il differe des autres marteaux en ce que la partie depuis l’œil jufqu’à la tête eft plus longue qu’à l'ordinaire , & eft façonnée à huit pans. La partie depuis l'œil jufqu’à la pointe s’appelle pioche : elle eft en forme de feuille de fauge. Elle fert à remuer le fable ou la terre avant que de poufler le pavé. Pour faire ce rarteau , le taillandier prend une barre de fer quarrée , de grof- {eur convenable ; 1l perce l’œil à la diftance du bout néceflaire pour pouvoir y fouder la pioche : il foude la pioche. Il en fait autant à la tête , & il acheve en- fuite le 7erteau comme fes autres ouvrages. Il faut : favoir que la tête & la pioche font aciérées. MARTEAU A BOUGES, en serme de Planeur, font des marteaux dont la panne eft tant foit peu arron- die, pour creufer la piece &c former le bouge. MARTEAU A MARLIE, en cerme de Planeur, figni- gnifie un marteau à bouge, dont la panne eft arrondie proportionnellement à la grandeur de la marlie. MARTEAU A PLANER, en terme de Planeur, eft un 7rarteau qui fert à effacer les coups trop fenfbles des arteaux tranchans de la forge. Ils ont la pañne fort unie & plate. Voyez Les PL, MARTEAU A BATTRE LES LIVRES. Cet outil des Relieurs doit être de fer, ayant la tête plus menue que le bas , que l’on nomme la platine ; cette platine doit être toute des plus polies. Foyez les P1, de la Re- lieure, & la fig: qui repréfente un ouvrier qui bat “plufieurs feuilles d’un livre. | ré, MARTEAU À ENDOSSR eft un marteau ordinaire, avec cette différence que la queue n’en doit pas être fendue. Il fert auf à coigner les ficelles. MARTEAU ; ( Serrurerte. ) c’eft l’inftrument dont ils fe fervent pour donner la forme premiere à froid ou à chaud à leurs ouvrages. Ils en ont pour la forge à main , de panne & de traverfe ; ils ont dix-neuf à vingt-deux lignes en quarré par la tête, &r fept à huit pouces de long. Les marteaux de devant, ou de ceux qui font pla- cés à la forge devant l’enclume, font aufi de deux fortes, à panne & à traverfe , & ont vinet-huit à | vinpt-neuf lignes en quarré par la tête, fur fix à fept pouces de long. Ils font tous emmanchés de bois de cornouillier , Tome X, de deux piés & demi de long ou environs Le marteau à panne a cette partie parallele au manche, Le wartean a traverfe a {a panne perpendiculaire ax manche, Si le forgeron fe propofs de diminuer où d'élargir, ou d’allonger une partie de fa barre, il fait fervir la panne. | S'il faut la diminuer fans lélargit, celui qui frappe devant prend un marteau à panne , & ceux qui {ont à fes côtés chacun un marteau de traverfe. S'il s’agifoit au contraire d’élargir, le frappeur du milieu prend un marteau de traverle , & les deux au tres des zz4rteaux à panne. | Lorfque le forgeron a réduit la piece à la largeur convenable , il dit de rére, & tous les batteurs re- tournent leurs rarreaux. Le marteau du forgeron eft toujours le même que celui de l’ouvrier qui frappe devant; il eft feulement plus petit. Le marteau à bigorner eft À panne , mais plus petit que le marteau à main. Il prend fon nom de la partie de lenclume où l’on travaille quand on s’en {ert. Le marteau à téte plate eft ordinairement à deux têtes; il fert à planer & À redreffer les pieces qui font min- ces & qui ont une certaine étendue, comme les pla= tines des targettes ; elles en deviennent plus fax ciles à blanchir à la lime, & font plus achevées au cas qu’elles doivent refter noires. MARTEAU, (Taïillandier. ) Les marteaux du tail: landier font les mêmes que ceux du coutelier & du jerrurier , mais c’eft lui qui en pourvoit tous les ou- vriets. Îl prend un ou plufieurs morceaux de fer qu'il foude;1len formele corps du marteau,ilaciere enfuite la tête & la panne ; il perce l'œil ; il lime enfuite fon ouvrage, le trempe , & finit par le polir au grès. MARTEAU DU TAILLEUR DE PIERRE; ilyena de formes & de noms différens : l’un s'appelle pioche, ë& 1l y a la pioche pour la pierre dure , & la pioche pour la pierre tendre. La premiere a fon extrémité pointue , la feconde l’a en tranche. L'autre, hache, la hache a les deux extrémités tranchantes, maisune de ces extrémités eft à dents ou entelée. Pour les forger on prend une barre de fer plat de Longueur convenable, à l'extrémité de laquelle on foude, une mife de la largeur de la barre & de la longueur que doit avoir la partie du marteau comprile depuis l'œil jufqu’au tranchant. Cette mife fera prife encore aflez forte pour donner, quand elle fera fendue, lé paifleur néceffaire à l’œil. On prend enfuite une au- tre barre de fer de la largeur & épaiffeur que la 163 premiere ; à l’extrémité de celle - ci on foude une feconde mife de la folidité de la premiere. Lorf= que ces deux pieces font ainfi préparées , on fait chauffer les parties de lune & de l’autre barre où les mifes ont été foudées ; lorfqu’elles font affez chaudes , on les applique l’une fur l’autre pour les faire prendre & les corroyer enfemble. Notez que les deux mifes ne doivent point fe toucher à l’en- droit où l’œil doit être formé , & que là il doit refter un vuide entr'elles. Lorfque cette partie du marteau eft ainf faite , on travaille à l’autre de la même ma- mere , on finit l'œil avec un mandrin ; l’œil achevé, on forme le tranchant : pour cet effet on ouvre le bout avec la tranche , & dans cette ouverture l’on infere une bille d’acier que l’on nomme aciérure : on en fait autant à l’autre bout, Lorfque le forgeron aciere une partie, il la finit tout de fuite : cela fait, il répare au marteau, à la lime ; il trempe, & l’ou- vrage eft à fa fin, Éc. gl MARTEAU, ( Wisrier.) Le marteau des Vitriers eft de mêmeque celui des Tapifliers , Mais plus fort. . MARTEL, ( Géogr. ) petite ville de France dans le Quercy, életion de Cahors, fur la Dordogne, 1} 164 MAR Longitude 18, 18. latitude 43, 4. ( D. J.) MARTELAGE , f. m. (Jurifprud.) terme d’eaux & forêts qui fignifie la rarque que font les officiers avec un marteau fur certains arbres, tels que font les chablis & arbres de débit, & lorfqu’ils font l’af- fiete des ventes, les piés corniers, tournans & ar- bres de lifiere , les baliveaux & autres arbres de re- ferve. Le garde-marteau doit faire le martelage en perfonne. Ÿoyez l'ordonnance des eaux &c forêts , titre 7, article 3 & 4, & en divers autres endroits. Voyez auffi GARDE-MARTEAU, (4) MARTELET, {. m. (Æiff. nat.) Voyez MARTINET € MOUTARDIER. MARTELET , ( Couvr. & autres artif. ) eft un petit marteau avec un long manche de bois, qui fert aux ‘Couvreurs pour tailler la tuile. MARTELET, ( ancien terme de Monnoyage.) c’étoit un marteau ou feconde efpece de fletoir ; il étoit beaucoup plus leger que la mafle , & fervoit à arrondir les carreaux ou plütôt à en adoucir les pointes. MARTELET , ( Orfévrerie, ) petit marteau dont les Orfévres fe fervent pour travailler les ouvrages délicats. MARTELEUR , f. m. (Art méc. ) ouvrier occupé au marteau dans les grofles forges. Voyez l'article FORGES. MARTELINE , f. f. serme de Fonderie, eft un mar- teau d’acier pointu par un bout, & qui a plufieurs dents de l’autre, avec lequel celui qui polit l'ouvrage {ortant de la fonte , abat la crafle qui fe fait fur le bronze par le mélange de quelques parties de la po- tée avec le métal. Voyez la fig. PL. du Sculpteur. MARTELINE , ( Sculpture. ) eft un petit marteau qui a des dents d’un côté en maniere de doubles poin- tes, fortes & forgées quarrément pour avoir plus de force , & qui fe termine en pointe par l’autre bout. La marteline doit être de bon acier de carme. Les Sculpteurs s’en fervent à gruger le marbre, parti- culierement dans les endroits où ils ne peuvent s’ai- der des deux mains pour travailler avec le cifeau & la mafle. Voyez Les PL. MARTELLÉES , ( Vénerie. ) il fe dit des fentes ou fumées de bêtes fauves qui n’ont pas d’aiguillon au bout. Marteller fe dit en Fauconnerie des oïfeaux de proie quand ils font leur nids. MARTHE , SAINTE, ( Géogr. ) province de PA- mérique méridionale , fur la côte de terre ferme, vers le levant. Elle a 70 lieues de long , fur prefque autant de large : il y fait extrèmement chaud du côté de la mer du nord , mais le dedans du pays eft affez froid, à caufe des hautes montagnes qui l’environ- ment. On y trouve des falines , des oranges , des grenades , des limons , &t quelques mines d’or. Les Efpagaols poflédent feulement une partie de cette province, dont Suinre-Marthe la capitale, étoit affez confidérable du tems que les flottes d'Efpagne y abordoient ; maïs ce n’eft plus à-préfent qu’un vil- lage de trente maifons. Long. de ce village 303. 45’. 30". dat, 11.267 40".Mém. de l’acad. deScienc.1729. MARTHE , Sainte, (Géog. ) ou SIERRA NÉVEDA, montagne de la nouvelle Efpagne dans la zone tor- ride, à 60 lieues de la mer. Cette montagne pañle pour une des plus hautes du monde: on lui donne une lieue d’élévation & 30 à 40 de circuit. Son fom- met eft toujours couvert de neige : on Papperçoit, dit-on, quand le tems eft ferain, du cap de T'ibérin , fitué dans l'île de Saint-Domingue, qui en eft à 150 lieues; mais on ne l’apperçoit fans doute qu’en imagination, Le pié de cette montagne eft habité par des peuples de fi petite taille , qu'ils peuvent pañler pour des pigmées. Long, 323. lat. 8. (D. J.) MARTIA, ( Litcérar. ) épuhete que les Romains MAR donnéreñt à Juñon ; cette déefle avoit à Rome u# temple fous le nom de 420 rartia , Junon mere de Mars, CDI nn, nn, j MARTIAL, adj. (Gram.) né pour la guerre. Ainfi l’on dit, cet homme a l’ame wartiale ; tels étoient le grand Condé, Charles XIL. Aléxandre, MARTIAL , œthiops , (Mar. med.) Voyez Mars. MARTIALE Cour , ( Mif. mod. d’Angl. ) c’eft ainf qu’on appelle en Angleterre le confeil de guer- re , établi pour juger la conduire des généraux, des amiraux , &c la décifion eft quelquefois très-fe- vere. | À La coutumé de jugér févèrement , & de flétrir les généraux malheureufement , dit M. de Voltaire, a paflé de la Turquie dans les états chrétiens. L’em- pereur Charles VI. en a donné deux exemples dans la derniere guerre contre les Turcs, guerre qui paf: foit dans l’Europe pout avoit été plus mal conduite encore dans lecabinet , que malheuteufe par les ar= mes. Les Suédois, depuis ce tems-là ; condamne- rent à mort deux de leurs généraux ; dont route l’Europe plaignit la deftinée ; & cette févérité ne rendit pas leur gouvernement ni plus refpeétable ; ni plus heureux au dedans. Enfin, l'amiral Matthews fuccomba dans le procès qui lui fut fait après le combat naval, contre les deux efcadres combinées de France & d’Efpagne en 1744. Il paroït, continue notre hiftorien philofophe ; que l'équité éxigeroit que l’honneur & la vie d’un général ne dépendit pas d’un mauvais fuccès. Ileft für qu’un général fait tonjours ce qu'il peut,à moins qu’il ne foit traître ou rebelle, & qu'il n’y a guère de juftice à punir cruellement un homme qui a fait tout ce que lui permettoient fes talens : peut - être même ne feroit-1l pas de la politique , d'introduire l'ufage de pourfuivre un général malheureux, car alors ceux qui auroient mal commencé une campa- gne au fervice de leur prince, pourroient être ten- tés de l’aller finir chez les ennemis. (2. J.) MARTIALE, fleur , (Mat. med.) Voyez Mars. MARTIANA SYLVA , ( Géog. anc.) forêt de la Germanie , qu’on nomme vulgairement féhwartz- wald , & en françois , forét noire. On croit que c’eft la même que Ptolomée appelle eremus Helyesiorum. Voyez HERCYNIE. (D.J.) MARTIATUM, onguent , ( Pharmacie & matiere médicale externe. ) Cet onguent eft compofé d’huile d'olive , dans laquelle on a fait macerer pendant trois jours un grand nombre de matieres végétales , dont la plus grande partie contient une huile effen- tielle, dont l'huile d'olive fe charge très-bien , &êc qu’elle peut retenir pendant le cours de la prépara- tion , attendu qu’on n’y emploie que la chaleur du bain-marie. Quoique cette préparation foit à cet égard conforme aux regles de l’art , on peut obfer- ver cependant ; 1°. que quelques fubftances végéta- les parfaitement inodores, telles que les feuilles de fureau & les femences d’ortie,doivent être rejettées comme inutiles ; 2°. qu'au lieu de prendre fcrupu- leufement un certain nombre de plantes fpécifiées dans les difpenfaires, on peut prendre indiftinéte+ ment quelques poignées de calices de fleurs, feuilles ou de femences, très-riches en huile effentielle : ain- fi donc on prendra d’huile d’olive aromatifée par une fuffifante infufñon de ces fubftances, hachées ou pilées, par exemple, huit livres : on la pañfera avec forte expreffion , on fondra dans la colature à la chaleur du bain-marie , de la cire jaune deux livres, de graine d’oie, d'ours , 8 de moëlle de cerf , de chacun , quatre onces ( fi Partifte veut renoncer à la magnificence de ces deux derniers ingrédiens, il peut leur fubfituer fans fcrupule du bon fain-doux ou de l’hule de laurier, felon la réforme de Lémery } de flirax liquide deux onces, de belle gomme élemi MAR nñe once. Pañlez éncore & mêlez à la colatute dé baume liquide du Pérou deux onces , d'huile buti- teufe de noix mufcade démi-oncé , de baume dé copahu & de maftic en poudre de chacun une once: remuez jufqu’à ce que là matiere fe refroidifle , &€ vous aurez votre onguent. N. B,.que fi, au lieu du maftié en poudre, on em ployoit cette réfine fous la forme de ce que Hoff- man appelle baume liquide de maftie, (voyez MASTIC) on auroit un compofé plus égal & plus élégant. Cet onguent eft très -précieux , il eft formé par a réunion de plufieurs matieres éminemment vul- néraires , balfamiques , réfolutives, fortifiantes ; ce qui le rend propre à appaifer les douleurs des mem- bres , à difliper les tumeurs appellées froides, à re- médier aux contraétions de membres récentes, &c. al doit fon nom à un médecin nommé Martianus , qui en eft l'inventeur ; car il s’eft appellé d’abord unglentum martiani , & enfuite #artiatum par cor- ruption ; dénomination qui a fait tomber fouvent même des gens de l’art dans l'erreur , d'imaginer que la bafe de cet onguent étoit quelque prépara- tion wartiale. On le trouve auffi défigné dans quel- ques livres fous le nom d’rgueztum adjutorium. b ; He , JEUX (Anrig. rom.) ludi martiales; als furent appellés zartiaux , comme ceux inftitués en lhonneur d’Apollon , furent appellés apolli- naires, Les Romains les célebrerent d’abord dans le cirque le 13 de Mai, & dans la fuite le premier _d’Août, parce que c’étoit le jour auquel on avoit dédié le temple de Mars. On faïfoit dans ces jeux des courfes à cheval & des combats d'hommes con- tre les bêtes , deux chofes qui s’accordoient à mer- veille avec la fête du dieu de la guerre. Poyez JEUx. D. JT. ) à ARTICLES ou LIGNES DE TRÉLINGAGES, (Marine.). petites cordes difpofées par branches ou _pattes en façon de fourches , qui viennent aboutir à des poulies appellées araignées ; la vergne d’arti- mon a des marticles qui lui tiennent lieu de balan- cines. Ces articles prennent l’extrémité d’en-haut de la vergue, fe terminent à des araignées, & vont répondre par d’autres cordes au chouquet du per- roquet d’artimon. Au bout de chaque warricle eft une étrope par où pañle une poulie, fur laquelle eft frappé le martinet de la vergue , qui fert pour l’ap- piquer. L’érai de perroquet de beaupré fe termine aufli par des zarsicles fur l’éperon de mifaine ; voyez MaRiNE , PL, I. les marticles de la vergue d’artimon qui eft cottée 107. & les articles de l’étai de beau- pré, cotté 105. Marricles, ce font auffi de petites cordes qui em- braffent les voiles qu’on ferle. (Z) MARTIGNY , (Géog.) Martiniacum , & enaile- mand Martinacli, bourg du bas-Vallais , fur la ri- viere de Dranfe, qui fe jette dans le Rhône , à quel- ques centaines de pas de ce lieu. Il eft fitué dans une plaine, près des ruines d'Oë&odurus, qui étoit la principale place des Véragres , & une des ancien- nes cités des Gaules. Quelques auteurs prétendent que Martigny foit Ododurus même, on y a du-moins trouvé des infcriptions romaines. Les évêques du Vallais y réfidoient , avant que les guerres l’euffent ruiné, Martigny eft à s lieues de Lyon, & à 4 de Saint-Mauris. Long. 15.14, lat. 46. 12. (D.J.) MARTIGUES , (Géog.) petite ville de France, en Provence ; c’eft une place maritime, à l'occident de Marfeille, fituée entre la mer & l’étang , dit de Berre ou de Martigues à l'endroit même où cet étang fe dégorge dans la mer. | Cette ville jufqu’à lan 1266. s’eft appellée Saint- Gènes ; en latin caffrum Sanüi Genefii ; elle dépend avec fon territoire pour le fpirituel de l’archevêché M À À t6 s 4 TT & 3 4 ‘A d î CPE RE UONTS PP * d'Arles, & les archevêque d'Arles ëñ 6nt eu loñga tems le hant domaine, ns Elle fut réunie au comté de Provence pat Louis d'Anjou l'an 1382. Le roi René l'érigea en vicomi té ; ëêc le donnäà à fon neveu, Charles du Maine: Henri IV.'en fit une Principauté, en faveur de Mas rie de Luxembourg , duchefle de Mercœur. La £l: le unique de cette princeffe époufa le duc de Ven: dôme ; dont le petit-fils eft mot en Efbagne fans enfans en 1712. Le maréchal de Villars à acheté cette principauté en 1714. Long. de Martigues, 23h 3- lat, 43. 18 J'imagine que tôus les chevaliers de Malthe fa: vent que le premier inflituteur & grand-maître dé leur ordre, Gérard Thoïn ou plutôt Gérard Ten- que, étoit né à Martigues. Il adminiftroit l’hôpital de Jérufalem en 1099, lorfque Godefroi de Bouil- lon prit cette ville , & Pannée fuivante T'enque fon: da fon ordre ; qu'il gouvérna faintement jufqu’à fa motrt,arrivée en 1121 Il eut Raimond Dupüy pour fuccefleur. (D. J.) . | | MARTIGUES , étang de ( Géogr.) cet étang eft fut la côte de Provence , entre Marfeille & le Rhône; on le nomme auñl l’érang de Berre, & le vulgaire l'ap- pelle indifféremment l’écang , la mer, ox le golfe de Martigues. Îl a quatre ou cinq lieues de long depuis la tour de Bouc , autrefois d’Embouc , c’eit-à-dire de l'embouchnre qui eft tournée vers le levant , juf: qu’à Berre , & deux lieues de large. Il eft navigable par-tout, & a depuis quatre jufqu'à quatorze brafles de profondeur. Le fel qui fe fait fur le bord de cet étang eft très bon, & en telle quantité, qu'on er fournit la Provence , & des cantons de provinces voifines. (D, J.) . MARTIN-PÉCHEUR , PÉCHEUR , MERLE D'EAU, ASTRE, MAMIER, DRAPPIER , £. m. af: pedo;ifpida, (Hifl. nat. Orn.) oïfeau qui pefeune once un quart ; 1l a fix pouces de longueur depuis la pointé du bec jufqu’à l'extrémité de la queue ; envergure eft de dix pouces, le bec a près de deux pouces de longueur ; 1l eft épais , fort, droit, pointu & noir ; à l'exception de l'angle que forment les deux bran- ches de la piece de deflous, qui eft blanchâtre. Dans la plûpart des martins-pécheurs, la partie fupérieure du bec déborde un peu la partie inférieure ; il y en a au contraire qui ont la partie inférieure plus Lon- gue que la partie fupérieure. La langue eft courte, large, pointue ; le dedans de la bouche eft jaunâtre; les narines font oblongues, Le menton eft blanc , mélé d’un peu de roux ; le milieu du ventre eft d’un roux pâle ; le bas-ventre, les côtés 8 les plumes qui font fous la queue font de couleur roufle foncée , de même que celles qui font fous les ailes, Les plumes de la poitrine font d’une couleur rouffe encore plus foncée, & leur extrémité eft légérement teinte de gris. Il y a une large bande qui va depuis le cou jufqu’à la queue en paflant au milieu du dos , qui eft d’une très-belle couleur bleue peu foncée , mais fort éclatante. Quand on oppofe l’oifeau au jour , cette couleur prend une teinte de verd. Si on regarde de fort près ces plumes bleues, On apperçoit fur quelques-uns une petite bande noire tranfverfale. Le deflus de la tête eft d’un noir ver- dâtre avec des bandes tranfverfales bleues : il ya entre les narines & les yeux une tache roufle; onen voit une autre au-delà des yeux de même couleur ; &t plus bas fur les côtés du cou, une autre beaucoup plus grande de couleur blanche rouffâtre ; au-deflous de ces taches, il y a une bande de couleur blenever- dâtre. Chaque aile a vingt-trois grandes plumes, dont les trois premieres font les plus longues ; tôu- tes les grandes plumes , &c celles du premier rang qui le recouvrent , ont les barbes extérieures bleues, êt les intérieures brunes, Les plumes des autres rangs 166 MAR font d’un verd foncé, excepté la pointe quieft bleue; cette pointe bleue n’eft pas marquée fur les plus pe- tites plumes qui font près de la côte de l'aile : les grandes plumes de l'épaule qui s'étendent fur les deux côtés du dos font d’un verd brun. La queue ef courte , elle n’a qu'un pouce & demi de longueur ; elle eft compofée de douze plumes , toutes d’une couleur bleue obfcure ; le tuyau eft noir. Les pattes + font couttes, noirâtres par-devant, & rougeâtres par-derriere, de même que la plante despiés, On dit qu’on trouve dans le nid de cet oïfeau juf- qu'à neuf petits. Willughby dit en avoir vù cinq dans un creux d’une demi-aune de profondeur fur la rive d’une petiteriviere: Willughby , voyez OrseAU. MARTIN, Saint- ( Géogr. ) ile de l'Amérique fep- tentrionale, l’une des Antilles du golfe de Mxique, au N.O. de l’île de Saint-Barthelémi, & au S. O. de lAnguille. On lui donne dix-huit lieues de tout, mais elle n’a ni port nirivieres ; quelques François & quelques Hollandois en jouent en commun. Long. 314. lat. 18.10. (D. J.) MARTINET, MARTELET , £. m. *irundo agref- tis Plinii féve ruftica, (Hifi. nat. Ornithol,) oxeau qui a cinq pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l’extrémité de la queue, & neuf pouces huit lignes d'envergure. La tête eit plate & le bec eft très-applati, comme dans l’hirondelle ; il a les trois huitiemes d’un pouce de largeur à fa racine, & il fe termine en pointe. La mâchoire fu- périeure eft un peu plus longue que l’inférieure. Cet oifeau a le dedans de la bouche jaunâtre , la langue fourchue, & l'iris des yeux:couleur de noifette. Les ongles font blancs , les pattes font petites & recou- vertes jufqu’anx ongles d’une efpece de duvet blanc; ce cara@tere fert à faire diftinguer très-aifément le martinet des autres oùfeaux de fon genre. Le rnartiner a de même que l’hirondelle , la tête, le cou, le dos, la queue & les aîles d’un bleu foncé & pourpré ; cependant cette couleur eft plus obfcure dans le martinet. Le croupion , le ventre &c la poi- trine font très-blancs; la couleur du menton eft moins blanche. Il y a dix-huit grandes plumes dans chaque aîle ; les fix ou fept plumes qui fe trouvent placées après la dixieme font crenelées , & plus larges que lesextérieures ; les intérieures ont la pointe blanche, La queue eft moins fourchue que celle de l’hiron- delle; les plumes extérieures font les plus longues ; elles ont deux pouces trois lignes de longueur, & celles du milieu feulement un pouce neuf lignes. Le martinetne fait pas comme l’hirondelle, fon nid dans les cheminées, mais fous les fenêtres & fous les en- tablemens des toits. Wällughbi, Orrxhol, Voyez OISEAU. MARTINET GRAND , voyez MOUTARDIER. MARTINET-PÉCHEUR, (Ornich. ) voyez MaR- TIN PÊCHEUR. MARTINET , {. m. ( Marine.) c’eft la corde ou manœuvre qui commence à la poulie, nommée cap de mouton, laquelle eft au bout des marticles. Elle fert à faire haufler ou baïfler la vergue d’artimon. voyez MARINE , Planche premiere , ce martiner coté 49 3 & le martinet de l'avant, coté 23. Martinet ; c’eft encore un nom général qu’on donne aux marticles , à la maque , &c aux araignées. (&) MARTINET , c’eft ainf qu'on appelle dans les groffes forgesune efpece d’ufine. Voyez l’art, GROSSE Force. Ce nom a été donné à ces ufines du mar- tean qui y travaille. MaARTINET , ( Papeterie.) c’eft ainfi qu’on appelle un pros marteau qui fe meut par la force des roues d’un moulin, Il y a des martiners dans les moulins à papier , àtan, Gc. Voyez Les PL, de Papeterie. : MARTINIENES, CHRONIQUES (Aiff. Liver, ) MAR ouvrage ainfi nommé, parce que prefque toute læ premiere partie eff une tradudtion de la chronique latine de Martin le Polonois, dominicain , qui fleu- riffoit en Italie au milieu du treizieme fiecle, Cet au- teur écrivit en deux colonnes, mettant d’un côté les papes depuis faint Pierre, & fous chacun l’hif- toire de fa vie &c les événemeus eccléfiaftiques arri- -vés de fon tems; de l’autre les empereurs romains depuis Augufte » avec un extrait de quelques-unes de leurs actions , & les principaux événemens ci- vils & politiques. Cette chronique a été conduite par l’auteur juf qu'en 1276 ; 1l mourut l’année fuivante dans le tems qu'il venoit d’être nommé à l’archevêché de Gnefne en Pologne par le pape Nicolas IL. fon ouvrage fut fort eftimé durant le refte du fiecle, & on en fit plu- fleurs copies : celles qui furent faites les dernieres ont à la tête du livre, immédiatement après le pro- logue , une hifloire abregée depuis la création du monde , dans laquelle l’auteur s'étend principalement fur le peuple romain. Ilne s’écoula pas cinquante ans, qu’un autre au- teur entreprit une feconde chronique , en adoptant celle de Martin , qu’il continua jufqu’à fon tems : il fut fuivi par deux autres écrivains, qui pouflerent leurs recherches vers l’an 1400. Voilà ce qui forme le premier volume des chroniques martinienes : le fe- cond volume de ces chroniques ne porte le nom de martinienes que par ce qu'il eff joint au premier vo- lume , dont le prologue, l’hifloire romaine, & le plus grand nombre des faits, font tirés de l'ouvrage de Martin le Polonois. Il eft certain que prefque tout ce qui eft contenu dans ce fecond volume n’a jamais été écrit qu’en françois : il forme un recueil de diffé- rens morceaux qui regardent l’hiftoire de France, à quelques articles près ; c’eft une efpece de chronique du royaume & de nos rois , depuis l’an 1400 , juf- qu'à l'an 1500. On doit à Antoine Verard , libraire à Paris, l’é- dition unique de cette colleétion, qu'il donna un peu après l’an 1500 ; & cette édition des chroniques martinienes eft d'autant plus eftimable que les chro- niques latines dont elles font la traduétion, n’ont jamais été imprimées. Voici le titre qui eft à la tête de tout l’ouvrage, & qui regarde les deux volumes joints enfemble : « la chronique martiniene de tous les papes qui furent » jamais , & finit au pape Alexandre dernier, décédé »en 1503, & avec ce, les additions de plufeurs » chroniqueurs ; c’eft à à favoir de meflire Verve- » ron, chanoine de Liege , monfeigneur le chroni- » queur Caftel, monfeigneur Gaguin , général des » Mathurins, & autres. La derniere édition latine de la chronique de Mar- tinus Polonus eft faite à Cologne en 1616 , énfolio. L'imprimé de Martinus forme deux colonnes, l’une des papes pour l’hiftoire eccléfiaftique, & l’autre des empereurs pour l’hiftoire politique de l'empire & des royaumes. On trouve deux exemplaires des chroni- ques martinienes à la bibliotheque du Roi. Quoiqu'il y ait autant de chapitres dans ces chroniques , qu'il y a eu de papes depuis faint Pierre jufqu’à Clément V. cet ouvrage n’eft pas pour cela une fimple chro- nique des fouverains pontifes ; c’eft une hiftoire abre- géede l'Eglife , des empereurs romains, & des rois de France , jufques à l'an 13:5 ; tous les faits diffé rens y font rapportés fous l’article de chaque pape. La continuation des chroniques martinienes eft de Ber- nard Guidonis , mortten 1331. Le fecond volume de la chronique martiniene ,ainfi qualifiée par limpri- meur Verard vers l'an 1500, eft un ramas de dif- férens livres manufcrits concernant l’hiftoire de France. Nous avons cru devoir parler ici de cet ouvrages parce qu'ileft fort rare, que le P. le Long n’en a donné aucune notice, & que cependant il contient des fragmens de l’huftoire de France qu’on ne trouve pas ailleurs. Ceux qui voudront s’eninftruire à fond, peuvent confulter le mémoire de M. l'abbé le Bœuf _ fur les chroniques martinienes ; inféré dans le recweil de l’acad, des Infcript. tome X°X, in-4°, ( D, J.) MARTINGALE , f. f. ( Maréchallerie. ) courroie _de cuir qui s’attache d’un côté à la fangle du chevai “ous Le ventre, & de l’autre à la mufeliere, pour l’empêcher de lever ou de fecouer la tête, MARTINIQUE iL£ DE LA, {. £. (Géogr. ) c’eft la principale des Antilles françoifes ; elle eft fituée par les 149. 43/: 8e 9". de Zarirude au nord de l’équa- teur, & la longitude differe occidentalement de 634, 18/. 45! du méridien de l’obfervatoire de Paris; ce qui fait 4, 137, & 15/, de différence. … Cette ile peut avoir 6o lieueside circuit, fa lon- ‘sueur eft d'environ 25, {ur une largeur inégale, étant découpée par de grandes baies, au fond def- quelles font de belles ances de fable, &c de très-bons ports couverts par de fongues pointes qui avancent “beaucoup en mer; les rivages de Pile font défendus par des rochers & des falaifes qui en rendent l’afpeét formidable ; quant à l’intérieur du pays il eft occupé par de très hautes montagnes, dont les intervalles forment de grands vallons remplis d’épaiffes forêts, & ‘arrofés d’un grand nombre de rivieres & de tor- rens , dont l’eau eft communément excellente. Quoique le climat par fon exceflive chaleur, foit fouvent funefte aux étrangers intempérans, ceux qui y font accoutumés y jouiflent d’une aufli par- faite fanté qu’en aucun lieu du monde ; la terre y produit abondamment des cannes à fucre, du café, du coton, de la cafe, du manioc , des fruits déli- cieux, & une prodipieufe quantité de plantes & de beaux arbres, dont le bois, les réfinés & les sgom- es ont des propriètés qui peuvent être utilement employées tant en médecine que: dans les arts mé- chaniques. La culture du fucre a fait négliger celle de l'indigo, du rocou & du tabac ; on commence depuis quelques années à reprendre avec fuccès ceile ‘du cacao, dont les arbres par une efpece d’épidé- mie, étoient prefque tous morts en 1728. La colonie que M. Dofnambuc ; gouverneur de l’île de Saint-Chriftophe , fit pafler à la Martinique “en 1635 ,seft confidérablement augmentée malgré les guerres qu’elle fut obligée de fourenir-contre les fauvages,& les difficultés de défricher un pays rempli de ferpens venimeux & d’infeétes fort incommodes, La Martinique eft aujourd’hui très-floriffante , fa ville capitale, que l’on nomme le Forr.Royal , eft avantägeufement fituée près d’un excellent port cou- vert d’une pénintule entierement occupée par une grande citadelle, où réfide ordinairement le gou- verneur général ; mais le lieu leplus confidérable de l’îlé, tant par fon étendue que par fon commerce & {es richefles, eft le Fort-Saint-Pierre , diftant du Fort-Royal d'environ fept lieues, Sa fituarion s'étend en partie fur des hauteurs au pié d’une chaine de montagnes , & en partie fur Les bords d’une grande plage courbée en croiflant, au-devant de laquelle eît une fpatieufe rade , où nombre de vaifleaux ex. pédiés de tous les ports du royaume abordent con- tinuellement, excepté depuis le 15 de Juillet juf- qu'au 15 d'Oétobre , tems de l’hyvernage, que ces vaifleaux vont pañer dans le carénage du Fort-Royal pour être plus en fureré contre les ouragans & les ras de marée , très-fréquens pendant cette faifon. Dans la partie orientale de l’ile, font fitués le bourg &c le fort de la Trinité, au fond d’un grand cul-de-fac, dans lequel les vaiffeaux peuvent mouil- ler à Pabri des vents pendant la faifon de l’hyver- nage ; ce heu eft beauçoup moins confidérable que M AR 16 f + » ° b : L les précédens, Outre ces trois principaux eñdroits, l'ile eff très-bien garnie dans toute {à circonférence d'un bon nombre de jolis bourgs, dont plufieurs Jouiflent d’une agréable ftuation, Les habitans de la Marrinique, quoique moins opui lens que ceux de Saint-Domingue, font prefque tous riches ; ils aiment le fafte & la dépenfe ; leur aabi- Lté envers les étrangers trouve peu d'exemple ail leurs; ils font naturellement généreux & très-braves. On n'ignore pas la réputation que les cotfaires de la Martinique fe font acquis pendant les guerres qui fe font fuccédées contre les ennemis de l’état. M, zx ROMAIN. MARTIN-VAS, ( Gégr. ) île dela mer du Nord : entre la côte des Cafres & celle du Bréfil , environ fous le troifieme degré de long, & fous le 20° de ar, Elle eff très montueufée &z fans habitans. (D.J.) MARTIOBARBULE, f. m,.( Are ali, }ancienne arme des Romains. C’étoit auffi le nom d’une forte de milice, formant un corps de douze mille hommes. Les martiobarbules ne nous font guere connus, MARTOIRE,, f. £. ( Serrur.) c'eft un marteau à deux pannes , qui fert à relever les brifemens. MARTOLOIS , LES ( Géogr. ) efpece de voleurs fameux du dernier fiecle, dans la Hongrie &c PEfcla- vonie. Il y a eu de tout tems endivers royaumes des compagmes de voleurs , auxquels on a donné des noms dont il ne faut pas chercher les étymolopies. De pareils voleurs en Cilicie s’appelloient autrefois 1Jauri , en Angleterre /cori, dansles Pyrénées hando- liers, en Dalmatie #/cocchi, en Efclavonie martilofe &c par les François æartolois, On pourroit y joindre les Cofaques de Pologne & de Mofcovie, MARTORANO ,.( Géopr.) petite ville d'Italie au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure avec un évêché fuffragant de Corenza. Elle eft À ; CAE dela mer, 6 S. de Cofenza. Long. 34 121 lat, 9.4. MARTORELO , ( Géogr. ) petite ville d'Ef pa- gne dans la Catalogne , au confluent de la Noya & du Lobrepat, à 4 lieues de Barcelonne, Lone. ; 9e 49, lat. 41. 15. (D, JT, : MARTYR, £ m. { Théo. ) celui qui fouffre des * peines, des fupplices & même la mort pour la dé- fenfe de la vérité de lEvangile. | Le mot martyreftorec, paprus, & fignifie propre- ment £moir, On le donne parexcellence à tous ceux qui fouffrent la mort pour La vérité de l'Evanpile, Autrefois ceux qui étoient éxilés pour la foi ; & qui mouroiënt dans les guéertes de religion étoient tenus pour wzartyrs, Du tems de S. Auguftin & de S. Epiphane , on donnoit le titre de martyrs aux con- fefleurs quiavoient fouffert quelques tourmens pour Jefus-Chrift, encore qu’on ne leur eût pas Ôté la vie. C’eft la penfée de Tertulien dans fon apoloyeti. que. Plures efficimur ; quoties metimur à vobis ; Jemen efe fanguis Chriflianorum. cap, L, On compte 19 mille 700 martyrs qui fouffrirent le martyre à Lyon avec S. Irénée , fous l’empire de Se- vere ; 6666 foldats de la lésion thébéenne que la perfécution fit périr dans les Gaules, Le P. Pane- brock compte 16 mille marryrs abyflins , & 1 sa mille autres fous le {eul Dioclétien. Dodwel avoit fait une differtation exprès pour montrer que le nombre des #arsyrs qui ont fouffert fous Les empereurs romains eff très-médiocre. Il pré- tendoit que ce qu’on en trouve dans les peres fe ré= duifoit à peu dechofe, & que fi l’on excepte Néron & Domitien , les autres empereurs avoient fair peu de martyrs. Le P.Ruinard a montré au contraire que l’on n’a point enflé le catalogue des martyrs. Le car- nage fut grand , & la perfécution fanglante lousles premiers empereurs, en particulier fous Diociétien. LeP,Papebrock , dans fes ada fanélorur , en com: 168 M AR pte un nombre prefqu'infini. Iln’y aprefque point de ‘religion quin’ait eu fes marsyrs, fi l’on prend le titre de martyrs dans un fens général pour ceux qui meu- rent pour la défenfe deleur religion, foit vraie , foit faufle. Mais les théologiens catholiques foutiennent, ‘après les peres , que ce nom ne convient qu’à ceux | qui perdent la vie pour la vérité de l'Evangile dans l'unité de l’Eglife catholique ; ainf ils le refufent à ceux qui meurent pour le nom de Jefus-Chrift , mais dans le fchifme on dans l’héréfie. Leur maxime cayi- tale fur cette matiere eft que ce n’eft point le fuppli- ce qu'on fouffre, mais la caufe pour laquelle on fouffre qui conftitue les martyrs, Martyrum non facit pana fèd caufa. Ce que S. Auguftin explique très- bien dans ce paflage , en parlant des Donatiftes qui vantoient la conftance de leufs prétendus martyrs. Jaëlant fallaciter innocentiam fuam , 6 quam ron pof fünt a Domino accipere, abhominibus querunt marty- rum gloriam. Veri autem martyres 1/4: funt de quibus Dorninus ait : beati qui perfècutionem patiuntur propter juflitiam ; non ergo qui propter iniquitatem 6 propter chriflianæ unitatis impiam divifionem, féd qui propterju- flitiam perfecutionem partuntur, hi mattyres ver: furt… Ideo in pfalm. xlij. vox illa intelligenda eff verorum martyrum volentium [e difcerni à martyribus falfis : Judica me Deus , & difcerne caufam meam de pente non Janélé : non dicit, diféerne pœnaim meam , [ed difcerne caufam meam. Potefi enim effe impiorum fimilis pæna , Jed diffimilis eff martyrum caufa, S. Auguft. Epifi. L veter, edit. Ce qui a fait dire à S. Cyprien, dans fon livre de l'unité de l’Eglife, qu'un fchifmatique peut bien être maflacré pour la défenfe de certaines vé- tités, mais non pas couronné : salis occidi pouf, coronari non poteft. Ouil faut admettre ces principes, ou confondre le fanatifme avec la religion. On confervoit anciennement avec foin les aîes des fouffrances & de la mort des #arsyrs qui avoient verfé leur fang pour la défenfe de la religion chré- tienne. Cependant , malgré toute la diligence qu’on y apportoit, 1lnouseftrefté peu de ces aûtes, Eufebe compofa un martyrologe pour réparer ces pertes ; mais il n’a point pale jufqu’à nous, & ceux que l’on , a rétablis depuis font très-fufpeéts. Voyez MARTY- ROLOGE. | L’ére des wartyrs eft une ere que l'Egypte & l’A- byflinieont fuivie & fuivent encore, & que les Maho- métans même ont fouvent marquée depuis qu'ils font maîtres de l'Egypte. On la prend du commen- cement de la perfécution de Dioclétien , qui fut l’an de Jefus-Chrift 302 ou 303. L’ere des martyrs s’ap- pelle auffi lere de Dioclétien. MARTYRE, f. m. wartyrium , ( Théol. ) témoi- gnage rendu à Jefus-Chrift &r à fa religion, & fcellé par la mort de celui quile rend : ou, fi l’on vent, la mort éndurée par un chrétien dans l’unité de Pé- glite pour avoir confeflé la foi de Jefus-Chrift; car On diftinguoit les martyrs des confeffeurs. On don- noit ce dernier nom aux chrétiens qui ayant été tour- mientés pour la foi, avoient cependant furvécu à la perfécution , & on appelloit proprement zzartyrs ceux qui avoient donné leur vie pour l'Evangile. _ Voici quelles étoient les principales & les plus ordinaires circonftances du martyre , felon M. Fleury. La perfécution commençoit d’ordinaite par quel- qu'édit qui défendoit les affemblées des Chrétiens , & condamnoit à de certaines peines tous ceux qui ne voudroient pas facrifier aux idoles, Il étoit permis de fuir la perfécution, de s’en racheter même par ar- gent, pourvu qu'on re diffimulât point {a foi. Mais les regles de l’'Eghile défendoient de s’expofer foi- mêmé au martyre , n1 de rien faire qui pût irriter les payens &c atürer la pérfécution ; comme de brifer leurs idoles , mettre le feu aux temples, dire des in- jures à leurs dieux , ou attaquer publiquement leurs MAR fuperflitions., Ce n’eft.pas qu'il n'ait des exemples de faints martyrs.quiont fait des chofes femblables, & de. plufeurs.entr’autres qui fe font dénoncés eux- mêmes, Mais on doit.attribuer ces.exemples; fingu- liers à des mouvemens.extraordinares de la.grace. La maxime générale étoit de.ne point tenter Dieu. & d'attendre en patience que l’on füt découvert .& interrogé juridiquement pour rendre compte de fa foi. Quand les chrétiens étoient pris , .on.les-menoit devant le magiftrat, qui les interrogeoit juridique- -ment , affis fur fon.tribunal.S’ils nioient qu'ils fuflent chrétiens , on.les,renvoyoit d'ordinaire fur leur, pa- role, parce que l’on favoit bien que ceux qui l’é- toient véritablement nele nioient jamais , ou dès- lors cefloient de l'être. Quelquefois , pour s’en af- furer , on leur faifoit faire quelqu’a@te d’idolâtrie. S’ils confefloient qu'ils fuffent chrétiens , on s’effor- çoit de vaincre leur conftance , premierement par la perfuañon & parles. promefles , puis par les mena- .ces & enfin par les tourmens. Les fupplices ordinaires étoient , étendre furun chevalet par des cordes attachées aux.piés & aux mains , & tirées des deux bouts avec des poulies 5 ou pendre par les mains, avec des poids attachés auxpiés; battre de verges, ou de sos bâtons, o1 de fouets garnis de pointes, nommés fCorpions , où de lanieres de cuir crud , ou garnies de balles de plomb. Onen a vu grand nombre mourir fous les coups. D’autres , étant étendus , on leur brûüloit les côtés ,. & on les déchiroit ayec des ongles ou des peignes de fer ; en forte que fouvent on découvroit les côtes jufqu’aux entrailles , & le feu entrant dans le corps , étouffoit les patiens. Pourrendre ces plaies plus fenfibles, on les frottoit quelquefois de {el $tde vinaigre , &c on les rouyroit lorfqw’elles commen- çolent à fe fermer. Pendant ces rourmens , on interrogeoit toujours. Tout ce qui fe difoit ou par le juge ou par les pa tiens, étoit écrit mot pour mot par des sreffiers , &g 1l en demeuroit des procès-verbaux bien plus exaûts que tous ceux que font aujourd’hui les officiers de juflice ; car comme les anciens avoient l’art d'écrire par notes abrégées , ils écrivoient anff vite que l’on parloit, & rédigeoient précifément les mêmes pa- roles qui avoient été dites, faifant parler direéte- ment les perfonnages ; au lieu que dans nos procès= verbaux, tous les difcours fonten tierce perfonne ;: &c rédigés fmivant le fiyle du greffier. Ce font ces procès-verbaux recueillis par les Chrétiens, qui for- ment les aêtes que nous avons des martyrs. Voyez ACTES, SCRIBES, NOTAIRES. Dans ces interrogatoires , on prefloit fouvent les chrétiens de dénoncer leurs complices , c'eft-à-dire les autres chrétiens , fur-tout les évêques , les prê- tres , les diacres , & de hivrer les fainites-écritures. Ce fut particulierement dans la perfécution de Dio- clétien que les payens s’attachetent à faire périr les lHyres des Chrétiens, perfuadés que c’éroit le moyen le plus sûr d’abolir leur religion. Ils les recherche- rent avec foin, & en brûlerent autant qu’ils en pu= rent faifir. Maïs fur toutes ces fortes de queftions , les chrétiens gardoient un fecret aufi profond que fur les myfteres. Ils ne nommoient jamais perfonne, & ils difoient que Dieu les avoit inftruits, 8e qu'ils portoient les faintes-écritures gravées dans leur cœur. On nommoit sraditeurs ou traitres , ceux qui étoientaffez lâches pour livrerles faintes.-écritures, ou pour découvrir leurs freres ou leurs pafteurs, Foyez TRADITEURS. Après l’interrogatoire, ceux qui perfiftoient dans la confeflion du chriftianifme , étoient envoyés au fupplice; mais plus fouvent on les remettoit en pri- fon pour les éprouver plus long-tems, & les tour- menter MAR mentes à plufieuts fois : f toutefois les prifons n°é- _toïent pas encore une efpece de tourmens ; car on y renfermoit les martyrs dans les cachots les plus noirs & les plus infeéts ; on leur mettoit les fers aux piés &c aux mains ; on leur mettoit au cou de grandes pie- _ces de bois, & des entraves aux jambes pour les tenir élevées ou écartées, le patient étant poié fur le dos ; quelquefois on femoit le cachot de têts de pots dé terre ou de verre caflé , & on les y étendoit tous nuds & tout déchirés de coups ; quelquefois on laif- foit corrompre leurs plaies , &c on les laïfloit mourir de faim & de foif ; quelquefois on les nourrifloit & on les panfoit avec foin ; mais c’étoit afin de les tourmenter de nouveau. On défendoit d'ordinaire de les laiffer parler à perfonne , parce qu’on favoitqu’en cet étatils convertifloient beaucoup d’infideles, {ou- vent jufqu’aux geoliers & aux foldats qui les gar: doient, Quelquefois on donnoit ordre de faire entrer ceux que l’on croyoit capables d’ébranler leur conf- tance, un pere, une mere, une femme, des enfans , dont les larmes & les difcours tendres étoient uneef- pece de tentation, & fouvent plus dangereux que les tourmens. Mais ordinairement les diacres & les fide- les vifitotent les martyrs pour les foulager & les con: {oler, Les exécutions fe faifoient ordinairement hors des villes ; & la plüpart des martyrs , après avoir fur- monté les tourmens, ou par miracle , ou par leuts forces naturelles , ont fini par avoir la tête coupée. Quoiqu'on trouve dans Fhiftoire eccléfiaftique di- vers genres de mort par lefquels les payens en ont fait périr plufieurs , comme de les expofer aux bê- tes dans l’amphithéâtre , de les lapider , de les brûler vifs , de les précipiter du haut des montagnes , deles noyer avec une pierre au cou, de les faire traîner par des chevaux ou des taureaux indomptés, de les écorcher vifs, &e, Les fideles ne craignoient point de s’approcher d’eux dans les tourmens , de les ac- compagner jufqu'au fupplice , de recueillir leur fang dans des linceuls ou avec deséponges, de conferver leurs corps ou leurs cendres , n’épargnant rien pour les racheter des mains des bourreaux , au rifque de fouffrir eux-mêmes le martyre. Quant aux martyrs, & dans les tourmens, & au moment même de la mort, s'ils ouvroiïent la bouche, ce n’étoit que pour loner Dieu, implorer fon fecours, édifier leurs fre- res. Voilà les hommes que les incrédules ne rou- giflent pas de nous donner pour des entêtés, des fa- natiques & même des féditieux juftement punis, des hommes quine favoient que fouffrir, mourir, & bé- nir leurs perfécuteurs. Fleury , mœurs des Chrétiens, DATE TE RNA NT NA EU à MARTVYRES , LES ( Geéogr. ) petites îles de l’A- mérique feptentrionale, comptées entreles Lucaies, ou plutôt ce font des rochers fitués au fud du cap de la Floride , à la hauteur de 25 degrés. Jls font difpo- {és en rang , eft & oueft. On leur a donné ce nom de l’image qu'ils repréfentent quand on les découvre de loin en mer ; ilfemble que ce foient des hommes empalés ; & ils font diffamés par plufeurs naufra- DCE ne 4 MARTYROLOGE , f. m. ( Théologie.) lifte ou ca- talogue des martyrs: ce mot vient de eprup, témoin , &z de A6y0, dico, difcours. D’autres difent de xt»v, . colligo , jeramañle. Voyez MARTYR. Le martyrologe, à proprement parler , ne contient _que le nom, le lieu 6 le jour du martyre de chaque faint. Toutes les feétes ont auffi des livres de l’hif. toire de leurs martyrs , qu'ils ont auffñ appellés er- tyrologe. Cette coutume de dreffer des warryrologes eft empruntée des Payens , qui infcrivoient le nom de leurs héros dans leurs faftes pour conferver à la poftérité l'exemple de leurs belles a@ions. Baro- qius donne au pape Clément la gloire d’avoir intro- dm x M AR 169 duit l’ufage de recueillir les a@tes des martyrs, Voyez ACTES. Le martyrologe d'Ufebe de Céfarée a été l’un des plus célebres de l’ancienne Eglife. Il fut traduit en latin par S. Jérôme; mais les favans conviennent qu'il ne fe trouve point. Celui qu'on attribue À Bede dans le vi. fiecle, eft aflez fufpett en quelques endroits, On y remat que le nom de quelques faints qui ont vécu après lui. Le ix. fiecle fut tès-fécond en mariyrologes, On ÿ vit paroître celui de Florus, foudiacre de l'églife de. Lyon, qui ne fit pourtant que remplir les vides du martyrologe de Bede : celui de Wandeibertus , moine du dioceie de Trèves : celui d'Ufuard, moine fran- çois , qui le compofa par l’ordre de Charles le Chaure ve; c’eft lé marryrologe dont l’Eglife romaine fe fert ordinairement : celui de Pabanus Maurus, qui ef un fupplément à celui de Bede & de Florus, compofé vers l'an 845 : celui de Notkerus, moine de S. Gal, publié en 804. Le martyrolope d’Adon , moine de Ferrieres en Ga: tinois, puis de Prom , dans le diocefe de Trèves , & enfin archevêque de Sienne, eft une fuite & un defcendant du romain, % l’on peut parler ainfi, Car voici comme le P. du Sollier marque fa généalogie, . Le martyrologe de S. Jérôme eft le grand romain, De celui-là on a fait le petit romain imprimé par Rofwiéy. De ce petit romain avec celui de Bede , augmenté par Florus, Adon a fait le fien , en ajoutant à ceux-là ce qui y manquoit. Ille compila à fon retour de Rome, en 858. Le martyrologe de Nevelon, moine de Corbie, écrit vers lan 1089, n'eit proprement qu’un abrégé d’Adon , avec les ad- ditions de quelques faints, Le P. Kirker parle d’un : martyrologe des Koptes, gardé aux Maronites à Ro- me. On a encore divers autres martyrologes, tels que celui de Notger furnommé le Begue ; moine de l’ab- _baye de $. Gal en Suifle, fait fur celui d'Adon. Le _Mmartyrologe d’Auguftin Belin ; de Padoue; celui de François Maruli, dit Maurolicus : celui de Vander Meulen , autrement Molanus, qui rétablit le texte d'Umard , avec de favantes remarques. Galerini, protonotaire apoftolique, en dédia un à Grévoire AIT. mais qui ne fut point approuvé, Celui que Baronius donna enfuite accompagné de notes , fut mieux reçu & approuvé par le pape Sixte V.&ila depuis paflé pour le marsyrologe moderne de l’Eglife romaine, M. l'abbé Chaftelain, fi connu par fon éru- dition, donna, en 1709, un texte du martyrologe romain ; traduit en françois, avec des notes, & avoit entrepris un commentaire plus étendu fur tout le martyrologe , dont il a paru un volume. Quant à la différence qui fe trouve dans les nar- rations de quelques martyrologes | 8 au peu de cer- titude des faits qui y font quelquefois rapportés , voici quelles eniontles canfes, 1°.La malignité des hérériques , ou le zele peu éclairé de quelques chré- tiens des premiers tems, qui ont fuppofé des aûes. 2°. La perte des aétes véritables arrivée dans la per- fécution de Diocletien , ou occafionnée par l’inva- fion des Barbares; actes auxquels on en a fubftitué d'autres, fans avoir de bons mémoires. 3°, Les fal- fifications commifes par les bérétiques. 4°. La cré- dulité des légendaires , & leur audace à fabriquer des aëtes à leur fantaifie. 5°. La dévotion mal en- tendue des peuples, qui a accrédité plufieurs tradi- tions où incertaines , ou faufles , ou fufpedtes. 6°. La tinudité des bons écrivains, qui n’ont ofé choquer les préjugés populaires, Il eft vrai pourtant que, depuis la renaïflance des lettres, &cles progrés qu'a fait la critique, les Bollandiftes, M M. de Launoy , de Tillemont, Ballet, & plufeurs autres, ont purgé les vies des faints de plufieurs traits, qui , loin de tourner à Pédifiçation des fideles ; fervoient de ma: Y 170 MAR tiere à plaifantetie aux hérériques , ou aux libertins. Dom Thierry Ruinart nous a donné entre autres, deux petits volumes fous le titre d’Aéfes fénceres des martyrs, qui, dans leur fimplicité , portent rous les caraéteres de la vérité, & refpirent un certain goût de l’antique, qui montre qu’on ne les a pas compotés à deflein d’enfler les faits , & de furprendre la cré- dulité du leteur, Les proteftans ont aufli leurs martyrologes ; favoir, en anglois , compoié par J. Fox, Bray & Clarck. Si lon peut donner ce titre à l’hiftoire du fupplice de quelques fanatiques, que la reine Marie fit punir pour leurs emportemens. Martyrologe fe dit auffi d’un regître , ou rôle d’u- ne facriftie, où font contenus les noms des faints & des martyrs, tant de l’églife univerfelle, que des par- ticuliers de la ville du diocèfe à pareil jcur. On le dit auf des tableaux qui font dans les grandes facrif- ties, qui contiennent le mémoire des fondations, obits ou prieres , & mefles qui fe doivent dire cha- ue jour. MARTYROPOLE , Martyropolis, ( Géog. anc.) ville de la grande Arménie , dans la partie de cette province, appellée Sophanene, {ur le bord du fleuve Nymphius, proche de la frontiere des Perfes. Jufti- nien Ja fit forufer de fon tems, comme on peut le lire dans Procope, Liv. LIL. ch. ÿ. (D, 7.) MARVA , (Géog.) montagnes des Indes dans les états du mogol. Elles commencent près d'Amanda: bat, s'étendent plus de 7o lieues vers Ayra, & plus de 100 vers Onyen, (D.J.) MARVAN , (Géog.) ville du Couheftan près du Hamadan, Elle eft fituée, felon l’hiftorien de Timur- Bec , à 84. de long. fous les 35. 30. de las, (D.J) MAR VEJOLS ox MARVEJOULS o4 MARVÉ.: GE, (Géog.) ville de France en Languedoc , & la fe- conde du Gévaudan. Le duc de Joyeufe la prit fur les calviniftes en 1586 ; & la ruina fi bien, qu’elle ne s’eft guere rétablie. Elle eft cependant fituée dans un beau vallon , arrofé par la riviere de Co- lange, à 4. lieues N. O. de Mende, 112.S.E, de Pa- ris. Long, 20.58. lat. 44. 35. (D. J.) MARUM, f. m. (Boran.)on donne le nom de rarum à deux plantes qui appartiennent à deux genres diffé- rens, Le vrai marum , ou celui de Cortufus, eft une efpece de chamédris. L'autre m4rum , ou rmarum- maflich, eft une efpece de thymbra. Le vrai marum, eft le chamædris maritima , incana frudtefcens,foliis lanceokmais,de Tournefort,l.R.H.20 Se C’eft une planre de la hauteur d’un pié, dont la racine eft fibreufe , &c qui différe des autres efpeces de chamædris , 1°. par fes tiges ligneufes, blanches &c velues ; 2°. par fes feuilles, femblables à un fer de lance , longues de quatre lignes, larges de deux, d’un verd gai, blanches en-deflous , d’une faveur acre & amere , d’une odeur forte & aromatique agréable , qui porte aufli-tôt aux nerfs de la mem- brane pituitaire , & caufe l’éternument. » , Ses fleurs font entieres, &c naïflent des aiffelles des feuilles ; eiles font d’une feule piece, purpuri- nes, en gueule. Les étamines occupent la place de la levre fupérieure ; la levre inférieure eft divifée en cinq parties, dont celle du milieu eft plus ample, &c creufée en ceilleron. Leur calice eft femblable à ceux des autres chamæ- dris; 1l eft cotonneux , blanchâtre. Il en fort un piftil attaché à la partie poftérieure de la fleur ; il eft comme accompagné de quatre embryons, quife changent en autant de graines arrondies, fembla- bles à celles des chamaædris , renfermées dans une caplule qui fervoit de cahce à la fleur. Cette plante eft cultivée parles curieux ; mais fon odeur eft tellement agréable aux chats , qu’elle les attire de tous côtés dans les jardins où on la cultive. MAR Efle les tend comme infenfés, & les brûle des feux de l’amour; de forte qu'ils mordent le marum, fe roulent deffus, l’humeétent de {alive , & le fouillent quelquefois. En un mot, on a bien de la peine à conferver cette plante dans des jardins , à moins qu’on ne la renferme dans des cages de fer. On emploie rarement le marum de Cortufus dans les boutiques , cependant il ne tient pas le dernier rang parmi les plantes aromatiques. On tire de fes feuilles une huile eflentiellé , dont l’odeur eft très- agréable , & qui eft recherchée par les Hollandois. Le marum-maftich et letpece de thymbra, nom- mée pat Tournefort rhyrmbra hifpanica, majorane fo- lo, 1, R.H. 197. C’eit une petite plante ligneufe, qui jette beaucoup de branches divifées en plufieurs rameaux. Les racines font menues,, ligneufes. Ses feuilles font femblables à celles du ferpoler, mais cendrées, d’une odeur qui approche en quelque fa- çon à celle du maftic, & d’une faveur âcre. Au fommet des rameaux, & un peu au-deffous, font des pentes têtes cotonneufes , qui lesembraffent en maniere d’anneaux. Il en fort des petites fleurs blanchâtres, femblables à celles du thym, d’une feule piece, en gueule ; la levre fupérieure eft re- dreflée & échancrée, & l’inférieute eft partagée en trois parties. Toute cette plante a une odeur agréable, mais un peu forte; elle vient d'elle-même en Efpagne, & dans les pays chauds. On la cultive dans nos jardins. (D.J.) MARUM, vrai arm, ou marum certuft , (Chimie € mar, med.) les feuilles de zzarum étant froiflées entre les doigts exhalent un principe volatil aromatique pénétrant, qui excite l’étérnument, qui pique les yeux,même à une diftance de quelques pouces : elles ont une faveur âcre , piquante & amere ; elles four- niffent par la diftillation une huile effentielle , com- me la plupart des autres plantes aromatiques, & une eau diftillée très-chargée d’un principe mobile, aif & aromatique. On fait rarement ufage du #arum en Médecine ; 1l n’eft cependant inférieur en vertus À aucune autre plante de fa claîle, qui eff celle des labiées de Tour- nefort. La vivacité de fa partie volatile peut faire penfer au contraire, qu’il feroit plus efficace que la plupart de ces plantes, comme ffomachique , dia- phorétique, diurérique , émunagogue, béchique, apéritif , tonique, aphrodifiaque , 6c. Cette derniere qualité eft peut-être indiquée par l'effet que cette plante produit fur les chats, qui font attirés de très-loin par fon odeur, qui fe jettent def- fus avec une efpece de fureur, qui s’y roulent, qui Ja mordent, la déchirent , & qui finiffent par y ré- pandre leur femence, Les fommités fleuries du marum entrent dans Îles trochiques hedicroy, & dans l’eau générale de la Pharmacopée de Paris. (2) MARUM MASTIC, (Mar. méd.) cette planteaune odeur agréable , mais forte; on lui attribue les mê- mes vertus qu’au vrai marcum ; &c en effet, elle doit pofféder au moins les vertus génériques de la clafle à laquelle elles appartiennent l’une & l’autre. Voyez MaruM. (4) MARUVIUM , (Géog. anc.) Maruvium dans De- nis d'Halicarnafle & Strabon ; Marruvium dans Si- lus Italicus ; & Marrubium dans d’autres. Virgile eft |. pour cette derniere orthographe, fuivant ce vers de l’'Enéide , Zv. VII, ÿ. 750. Quin & Marrubiâ venir de gente facerdos. C’étoit une ville d’Italie dans le Latium, & la ca- pitale des Marfes. Il en eft parlé dans une infcrip- tion de Reynefius, fous le beau titre de /pZendidiffr- ma cryitas, ( D. I, ) - MARZA, ( Géogr.) nom que les Malthois ont donné à divers ports de leur iles. Ainfi #arge Mu- fet, marga Scala, marga Siroco , eft le port Mufet, le port Scala, le port Siroco ; 1l ne s’agit fouvent 1e d'entendre unterme pourne pas faire des bévues. D.J.) | - MAS, f. m. (Jurifprud.) dans la bafe latinité men- Jus, manfa & manfum , fignifie en généraldemeure, habitation. Il s’entend communément d’un tenement . ou héritage main-mortable, compofé d’une maifon de payfan avec une quantité de terres labourables, prés & autres héritages , qui font tenus par une per- fonne de condition fervile : en‘d’autres endroits on dit #ex ou meix. voyez ci-devant MAIN-MORTE. Mas o2 MASE , {. m: (Com.) efpece de petit poids dont onfe fert à la Chine, particulierement du côté de Canton , pour péfer & diftribuer l'argent dans le négoce. Le mas fe divife en dix condorins : dix 745 font untaël. Voyez TaEL. Le mas eft auf en ufage dans plufeurs endroits des Indes orientales ; mais fur différens piés ; il fert à pefer l'or & l'argent. Dic- tionnairede comm. (G - MASACI, (Géog. anc.) anciens peuples de la Germanie, qui prirent auf le nom de Marf. Voyez Mars. : MASARANDIBA, f.m. (Bo. exor.) efpece de cérifer du Bréfil, aflez femblable aux nôtres, ex- cepté que le fruit qu'il produit n’eft pas rond com. me nos cérifes, Ce fruit contient un noyau fort dur, plein d’un fuc laiteux aflez agréable. Les häbitans du Bréfil l’expriment , & s’en fervent en émulfion contre la toux, l’enrouement , 8& autres maladies de la gorge ou de la poitrine. ( D. J. _ MASBAT , (Géog.) ile de la mer des Indes ; l’une des Philippines , d'environ 30 lieues de tour ; les E£ pagnols la prirent en 1569. Les ports en font fort commodes. Elle eft habitée par des Indiens, tribu- taires des Efpagnols : fes bords font enrichis d’am- bre gris, qu’y jettent les courans du canal qui s’y termine. ( D.J. + MASBOTHÉEN oz MASBUTHÉEN , fubf. m. (Théo!.) nom d’une feéte , ou plutôt de deux’, car! Eufebe , ou plutôt Hégéfippe qu'il cite ; faitmen- tion de deux fortes de Mashothéens. Les uns font Pune des fept feétes qui fortirent du Judaïfme, & troublerent l’Eplife. Elle fut ainfi nommée de Maf- bothée qui en fut l’auteur : les autres étoient une des fept fetes judaiques avant Jefus-Chrift. Ce mot vient de l’hébreu , fchabat | repofer, & fignifie des gezs oififs | des gens de repos, les tran- guilles , les oififs. Eufebe en parle comme s’ils avoient été ainfi appellés du nom de Mashothée, chef de leur feéte : maïs il eft bien plus probable que leur nom.eft hébreu ou plutôt chaldaïique, & fignifie la même chofe que abaraire en notre langue, c’eft-à- - dire qui font profeflion de garder le fabbat. De Valois croit qu'il.ne faut point confondre ces deux efpeces de Masbothéens , puifque les derniers étoient feéte juive du tems de Jefus-Chrift, & que les premiers font des hérétiques qui en étoient def- cendus. Rufin les diftingue même par leurs noms : 1l appelle la feête judaique Masbuthéens , & les hé- rétiques qui en étoient venus Masburhéaniens. Les Masbuthéens étoient une branche des Simoniens. Dit. de Trévoux. ; ect MASCARADE , f. f. (Hiff. mod.) troupe de per- fonnes mafquées ou déguifées qui vont danfer & fe divertir fur-tout en tems de carnaval : ce mot vient de l'italien mafcarata, 8e celui-ci de l’arabe mafcara, qui fignifie re/lerie, bouffonnerie. + -: Jén’ajoute qu'un mot à cet article : c’eft Granacci qui compofa le premier & qui fut le premier in- venteur des mafcarades , où l’on repréfente des attions héroïques & férieufes, Le triomphe de Paul Tome X, | | MAS TE Emile lui fervit de fujet , & il y acquit beaucoup de-réputation, Granacci avoit été éleve-de Michel. Ange, & mourut l’an 1543. | À 4 MASCAREIGNE, ( Géog. ) ou l'ile de Bourbon , île d'Afrique dans l'Océan éthiopique à lorient de l'île de Madagafcar. Elle peut avoir 15. Heues de long, 10 de large & 40 de tour. Elle fut découverte par un Portugais de lamaifon de Mafcarenhas, Les Françoisis’y établirent en 1672 ; c’eft l'entrepôt des. | vaifleanx de la compagnie des Indes, Elle’eft fertile, l'air yeft fain, les rivieres poiflonneufes, & les mon- tagnes pleines de gibier. On recueille fur le rivage de l’'ambre gris, du corail, des coquillages ; mais la fréquence & la violence dés. Ouragans y défolent tous les biens qui font fur terre. Long, 73, 30. las. mérid, 20,30. (D. J. MASCARET, f. m. (Mar.) reflux violent de la mer dans la riviere de Dordogne, où elle remonte avec beaucoup d’impétuofité : c’eft la même chofe que ce qu’on appelle 47 barre {ur la riviere de Seine »& en général le nom que l’on donne à la premiere pointe du flot, qui proche de l’embouchure des rivieres fait remonter le courant & le repoufle vers la fource. ; MASCARON , f. m. ex Architeëlure | eft une tête ridicule & faite À fantaifie | comme une grimace qu'on met aux portes des grottes, fontaines ; ce mot vient de l’italien 4fcharone , fait de l'arabe af caro , bouffonnerie. MASCATE,, (Géog.) petite ville d’Afe fur læ côte de l'Arabie heureufe, avec une citadelle fur un rocher. Elle eft habitée par des Maures , desIn- diens., des Juifs , & quelques Portugais, Lozp. 75. 25. lat, 23.30. (D. J, MASCON , (Géog.) ville de France en Bourgo- gne. Woyez; MACON. MASCULIN , INE , adj. ( Gramm.) ce mot ef ufité en grammaire dans bien des fens qu'il faut dif- tinguer, 1°. Par rapport aux.noms on diftingue le genre mafeulin.;C'eit la premiere des ou deux trois clafles, dans lefquelles on a rangé les noms aflez arbitraire , ment pour feryir À déterminer le choix desterminai- fons des mots qui ont aux nomsun rapport d'identité. Voyez GENRE. 2/4 Il y a certaines terminaifons que l’on nomme mafculines : ce font celles que Pufage donne dans chaque langue aux adjectifs pour indiquer leur re- lation à un nom afculin , afin de mieux marquer le rapport d'identité qui eft entre les deux mots, V0YEz IDENTITÉ. ‘On à même étendu cette déno- mination aux terminaifons des noms indépendam ment du genre. dont ils. font effeétivement : ainf le nom merhodus , quieft du genre féminin, a une terminaifon afculine, parce qu’elle eftla même que celle de l’adje@tif bozus , qui défigne la corrélation à un nom #afculin ; au contraire poeta » qui eft du: genre mafculin, a une terminaifon féminine , parce qu'elle eft la même que celle de l’adjettif 2074 qui marque le rapport à un nom féminin. C’eft la même chofe en françois , le nom vigueur avec une termi- | naïifon mafculine y eft du genre féminin : le nom | POËrRé AVEC une terminaïfon féminine y eft du genre mafculin... % .3°. On difingue dans nos rimes des rimes 714/c4= lines 6c des féminines, Voyez FÉMININ & RIME. | MASCULIN , (4ffrolog.) nom que les Aftrologues donnent à certains fignes du zodiaque. Ils divifent ces fignes en rafculins & en féminins en égard aux qualités aétives , chaudes & froides , qu'ils appel- lent mafeulines, & aux qualités paflives, feches &e humides , qu'ils nomment féminines, Sur ces princi- PES purement imaginaires 1ls comptent parmi les planetes mafiulines le Soleil, Jupiter , Saturne & pe Ÿ 4 172 MAS Mars & parmi les féminines la Lune & Venus ; Mercure participe de ces deux qualités , & eft, pour ainf dire, hermaphrodire ; dans les fignes!, le:Bé lier , la Balance, les Gémeaux, le Lion , le Sagit- taire & le Verfeau! font maftulins ; lEcrevifle ; le Capricorne, le Taureau /,-la Vierge , le Scorpion & les Poiflons font féminins: * MASGULIT , f, m. ( Marine, ) chaloupe des In- des, dont les bordages font couverts avec du fil, de l'herbe &z dont la mouffe fait le calfatage. | MAS:D’AZIL, Manfum-Ayilii ; ( Géog. ) petite villé démantelée de France au comté de Foix, dans’ - un béäu vallon fur le torrent de la Rife , à 3 lieues dè Paniers, & à 4 de S. Lizier de Conferans. Elle: étoit autrefois fort peuplée, mais elle n'offre que des mazures depuis larévocation de l’édit de Nantes, Long/29, 16. lat. 43.19 | MASENO , ( Géog.) vallée de fa Valteline, qui s'étend du nord au fud des deux côtés de la petite riviere Mafeno , qui lui donne fon nom : cette val- lée a des bains d’eau-minérales, qu’on nomme Bz- gni de Mafèno ; l’eau en efttiede & claire , elle charte du fer, de l’alun, du nitre & du foufre. MASKESIPI , ( Géog.) riviere de l'Amérique féptentrionale dans la nouvelle France. Elle-fe-jerre dans Le lac fupérieur à la bande du fud, près de l'ile de S. Michel, (D. J.) | MASLES- ox MALES , (Marine.) ce font des pen- tures qui entrent dans des anneaux, & qui forment la ferrure du gouvernail, Voyez MARINE , PA WI. [eg : s de MASOLES ; CHR. mod.) c’eftainfi qu'on nomme une milice de la Croatie , qui eft obligée de fe:tenir rête à marcher en cas d'invafñon de la part des Turcs. Au lieu de folde , on afligne des morceaux de terre à ceux qui fervent dans cette milicé ; maïs leurs offi- ciers réçoiventune paye. « | MASORE,, ff. ( Critiq. hébraïg.) terme hébreu , qui fignifie sradition ; la mafore eit un travail fait fur la Biblé par quelques favañs juifs , pour en-em- pêcher l'altération, 8 pour fervir de Aae’à la loi , comme ils difent, pour la défeñidre de tous les chan- gemens qui pourroient y arriver: ce travail confifte à avoir compté avec une exactitude minutieufe les verfets, les mots &c les lettres du texte, en‘ avoir LA ” d ": [y marqué toutes les diverfités pour'en fixer la le@ure, ! ñ / ‘ afin qu'il ne s’altérât plus. Ils ont nommé ce travail mafore où tradition, comme fi ce m'étoit autre chofe qu'une tradition qu'ils euflent reçuéde leurs peres. ; Voyez; MASORETHES. On varie fur l’origine de la ra/ore : quelques-uns la rapportent à Efdras & aux membres de la grande Synagogüe qui vivoient de fon téms : d’autres pré- tendent qu'elle eft l’ouvrage des: rabbins qui enfei- gnoïent dans la fameufe école de Tibériade au Cin- quieme fiecle ; enfin le feñtiment le plus général eft que la zrafbre n’eft l'ouvrage n1 d’un doëteur , n1 d'un fiecle. Les rabbins de Tibériade y ont travaillé les prémiers, & d’autres rabbins äprès eux à diverfes réprifes jufqw'aux x. 82x17. frecles , où l’on y mit la dEtniéTe MAR EL TN) MS SE ER SE SEE MASORETHES, f. m, (Théologie rabiniqueY les Maforeches étoient dés sens dont la profeflion con- fiftoit à tranfcrire Ecriture , à faire des remarques de critique, & à enfeigner à la lire comme il falloir. Cette éfpece de critique qu'ils enfergnoïent , eft ce que les Juifs appellent la mafore, 1 EE e Mais cet art & la tradition fur laquelle il étoit fondé , n’alloit pas plus loin que laleturé de PE-" criture-fainte &z du texte hébreu. Ily avoit une au: tre tradition pour l'interprétation de l’Ecriture.. Celle dont il s’agit ici, qui regardoit feulernenit la” véritable maniere de lire, étoit wie affaire à part; : qu'ils prétendoient-avoir été établie aufh-bien que : repréfénrées les pieces de Fhefpis, MAS | l’autre par une conftitution-de Moïfe fur là Monta= gne de Sinaï ; car ils croyoient que-quand Dieu lui: donna! la loi, il lui apprit premierement la véritaz: ble maniere de la lire ; & fecondement la véritable! explication; & que l’une &c l’autre de ces chofes fut tranfmife à la poftérité par la tradition oralé pen- dant un grand nombre de’‘générations,; jufqu'à ce qu’enfin on! écrivit cette maniere de lire , en fe fer vant pour cela d’accens &de points voyelles; com me l’explication fut auffi enfin écrite dans la Mifna - & la Gémare, Ils appellent la premiere de ces cho-: ! fes la rafore, qui fignifie la sradition ; 8&c l'autre la : cabale ; qui fignifié la réceprion, Mais dans le fond ces deux mots reviennent à {a même chole, & marquent une connoïffance qui pafle d’une génération à l’autre par voie dettradi- tion. Comme alors l’un donne & l’autre reçoit , l’art: de la leéture a pris le nom qui marque cette a@ion: de donner ; & celui de l'explication a eu en partage celui.quimarque celle derecevoir. Au refte, ceux qui ont compofé la mafore que’ nous avons,ont porté à un excès ridicule leuramour _pour des minuties ; le chef-d'œuvre de leur criti- que a été de compter le nombre des verfets ,:8c juif qu'aäcelui des mots & des lettres de chaque livre du vieux teflament, de marquer le verfet, le mot, 8: la lettre du milieu de chacun de ces livres. Le refte de leurs obfervations n’eft pas plus relevé, quoi qu'en dife M, Simon, dans fon Hifloire critique du vieux Tefflamenr. " Fu j MASOX., ox MASOXER-THAL, ( Géog. ) c’eft-: à-dire communauté de la vallée de Mafox. C’eft le nom de la huitieme & derniere communauté géné: rale de la ligue grife : cette communauté eft com- pofée de la vallée de Mafox , 8 de celle de Galanca® . Elle eft divifée en quatre parties, qu’on appelle 2/2: ! cadres ; & chaque efcadre comprend un certain nom bre de villages.L’étendue de pays poflédée par cette: communauté eft aflez grande ; mais la plüpart des! endroits en font ftériles, MASPHA, ( Géog. facrée. ) nom d’une petite ville de la Paleftine dans la tribu de Juda , & d’une autre? , dans la tribu de Gad. Mafpha fignifie un lieu élevé, d’où l’on découvre de loin unehauteur ; & c’eft:là fans doute l’origine du nom des deux petites villes dont nous venons de parler, (D. J. ) +014 MASQUE DE THÉATRE , ( Æif?, du théatre des anciens, ) en grec mporumar, en latin perfore , partie . de l'équipage des aéteurs dans les jeux fcéniques. Les mafques. de théatre des anciens, étoient une‘ efpece de cafque qui couvroit toute la tête , .& qui | outre les traits du vifage, repréfentoit encore læ CEE i barbe, lescheveux, les oreilles , & jufqu’aux orne mens que les femmes employoient dans leur coëf: . fure. Du-moins , c’eft ce que nous apprennent tous les auteurs qui parlent de leur forme ; comme Feflus, Pollux , Aulu-Gelle; c’eft aufli l’idée que nous en: donne Phedre, dans la fable fi connue du r4/que 8e du renard; Perfonam tragicam fort vulpes yiderat , &c, C’eft d’ailleurs-un fait dont une infinité de bass reliefs &c de pierres gravées ne nous permettent oint de douter. ) 14 el ea : Il ne faut pas croire cependant que les m4/ques de | shéatre ayent eu tout-d’un-coup cette forme ; il eft | certain qu'ils n’y parvinrent que par degrés , & tous | les auteurs s'accordent à leur donner de foibles com | mencemens. Ce ne fut d’abord’, comme tout le mon- : de fait, qu'en fe barbouillant levifage , que les pres | miers attéursife dépuiferent ; & c'e ' flainfrqu'étoient MAS Que cancrent agerent ve, perunëli fæcibus or4: Ils s’aviferent dans.la fuite de fe faire des efpeces dewrafques avec des feuilles d’arétion , plante que les Grecs nommerent à caufe de cela rposura y ce quisétoit auf quelquefois nommée per/oratz chez les Latins , comme onle peut voir par ce paflage de Pline : guidam arülion per{onatam vocant ; cujus folio rullum efi latius; c’eft notre grande bardane. Lorfque le poëme:dramatique eut toutes fes par- tes , lænéceflité où fe trouverent les aéteurs de re- préfenter des: perfonnages de différent genre, de différent âge ; 8 de différent fexe, les obligea de chercher quelque moyen de changer tout-d’un-coup de former& de figure; & ce fut alors qu’ils imagi- nerent les-wafques dont nous parlons ; mais 1l n’eft pas aifé de favoir qui en fut linventeur. Suidas 8e Atheénée en font honneur au poëte Chœærile, con- témporain de Thefpis ; Horace au contraire, en rap- poïte l'invention à Efchile. Pof? hunc perfonæ palleque repertor honefle Æjchilus. ….. Cependant Aniftote «qui en devoit être un peu mieux inftruit , nous apprend au cinquieme chapi- tre de fa Poëtique ; qu’on ignoroit de fontems; à qui k gloire en étoit dûe. Mais quoique l’on rgnore par qui ce genre de w1af- ques futiinventé, on nous.a néanmoins confervé le nom de ceux qui en ont mis les premiers au théa- tre quelquetelpece particuliere. Suidas , par exem- ple ;mous apprend que.ce fut le poëte Phrynicus, qui expofa le premier:24afque: de femme au théatre, & Néophron de Sicyone , celui de cette efpece de domeftique que les anciens chargeoïent de la con- duite de‘leursenfans:,. & d’où nous eft venu le mot depédagogné, D'un autre.côté, Diomede aflure que ce fut un Rofus Gallus, qui le premier porta un mafque fur lethéatre de Rome, pour cacher le dé- faut de‘fes yeux qui étoient bigles. - Athénée nous apprend aufh qu'Æfchile fut le premier qui ofa faire paroître fur la fcene des gens ivres dans fa piece des Cabires; & que ce fut un acteur de Mépare nommé Maïfon, Masse, qui in- ventales,a/ques comiques de valet & de cuifinier. Enfin, nous lifons dans Paufanias , que ce fut Æf- chile qui mit en ufage les za/ques hideux & effrayans dans fapiece des Euménides; mais qu'Euripide fut le premier qui s’avifa de les repréfenter avec des ferpens fur leur tête. | : La matiere de ces a/ques aû refte ne fut pas toù- jours la même; car il.eft certain que les premiers metorentique d’écorce d'arbres. Oraque corticibus [umunt horrenda cavatis, Etinous voyons dans Pollux, qu’on en:fit dans la fuite de cuir, doublés de toile’, ou d’étoffe ; mais ; comme la forme de ces mafques fe corrompoit aifé- ment, on vint, felon Héfychins, à les faire tous de bois ; c’étoient les Sculpteurs qui les exécutoient d’après l’idée des Poëtes, comme on le peut voir par la fable-de Phedre que nous-avons déja citée. - Pollux diftingue trois fortes de mafques de théatre; des comiques, des tragiques, & des fatyriques:: il lèur donne. tous dans la defcription qu’ilén fait, la difformité: dont leur genreteft fufceptible, c’eft-à- dite des traits outrés & chargés à plaifir, un air Mideuxowridicule , & uné grânde bouche béante, toûjours prête, pour ainfi dire ; à dévorer les fpe- : Éateurs. - auAPuE nsuot 3 jen " Onpent ajouter à ces troïs fortes de rafques, ceux du'genre orcheftrique, où des danfeurs, Ces der- -mers,, dontiknous refte dés repréfentations fur une - infinité de motiumens antiques; n’ont aucun dés dé: M AS 173 fauts dont nous venons desrparler: Rieñ n’eft plus “agréable que les mafques des danfeurs; -dit Lucien ; ils n’ont pas la bouche ouverte comme les autres ÿ mais leurs traits font juftes & résuliers ; leur forme eff naturelle, & répond parfaitement an fujet: On leur donnoit quelquefois lé nom de mafques muers y. OpHhopite Hal dPtoyct porte. Outre les mafqués de theatre , dont nous venons de parler, il y.en a encore trois autres gentes!, que Pol lux n'a point difingués, & qui néanmoins avoient donné lieu aux différentes dénominations de porn Féloy 9 HOPHOAUKEIOY à &z Yopyoverer ; car, quoique ces termes ayent été dans la fuite employés indifféreme ment , pour fignifier toutes fortes de mafques, il yä bien de l'apparence que les Grecs s’en étoient d'a: bord fervis , pour en défigner des efpeces différen- tes ; & l'on en trouve en effet dans leurs piéces de trois fortes, dont la forme & le caraëtere répon- dent exaétement au fens, propre & particulier de chacun de,ces termes, | Les premiers & les plus communs étoient ceux qui repréfentoient les perfonnes au naturel ; & c’é- toit proprement le genre qu'on nommoit power. Les deux autres étorent! moins ordinaires & c’eft pour cela que le mot de xpocwre prit le deflus, & devint le terme générique. Les-uns ne fervoient qu'à repréfenter les ombres ; mais comme l'ufage en étoit fréquent dans les tragédies, & que leur appa- ritionnelaifloit pas d’avoir quelque chofe deffrayant, les Grecs les nommoïent mopioauxer. Enfin , les der- niers étoient faits exprès, pour infpirér la terreur, &c ne repréfentoient que des figures affreufes, telles que les Gorgones & les Furies ; & c’eft ce qui leur fit donner le nom de Yopy over, | Il eft vraiflemblable que ces termes ne perdirent leur premier fens , que lorfque les mafques eurent en- tierement changé de forme, c’eft-à-dire du tems de la nouvelle comédie : car jufques-là , la différence en avoit êté fort fenfible, Mais dans la fuite tons les genres furent confondus; les comiques 6e lestra giques ne différérent plus'que par la grandeur, & par le plus ou le moins de difformité ; 1l n'y eut que les zafques des danfeurs qui conferverent leur pre- miere forme. En général, la forme des mafques co: miques portoit au ridicule , & celle des mafques tra- giques à infpirer la terreur. Le genre fatyrique fon- dé fur l'imagination des Poëtes , repréfentoit par fes mafques ; les Satyres , les Faunes , les Cyclopes, & autres monftres de la fable. En un mot, chaque genre de poéfe dramatique avoit des mafques par ticuhers , à l’aide defquels Pa@teur paroïfloit ani conforme qu'il le vouloit, au caraétere qu'il devoit foutenir. De plus ; les uns & les autres avoiïent plufieurs #4/ques qu’ils changeoient felon que leur role le requéroit. Mais comme c’eft la partie de leurs ajuftémens qui a le moins de rapport à la maniere de fe mettre de nos-atteurs modernes , & à laquelle par confé- quent nous! avons le plus de peine à nous prêter aujourd’hui, 1l éft bon d'examiner en détail, quels avantages les anciens tiroient dé leurs mafques ; & filesinconvémiens étoient efeétivement auf grands qu'on fe l’imagine du prémier abord. | Les: gens de théatre parmilés anciens , éroyoient qu'une certaine phyfonomietétoit tellement eflen- tielle au perfonnage d’un! certain caraûtére, qu'ils penfoient , que pour donner une connoïffance cont- plérté du caraétere de ce’pérforinage, ils devoient donnet le deflein du »14/que propre à le répréfentér, Hs plaçoientdonc après la définition de chaque per- fonnage, telle qu'on a coutume de la méttre'à"Ta tête dés pieces de théatre, & fous le titre de Dr. matis perfonæ , un deflein dé ce mafque ; cette in Éruétion leur fembloit néceflaire, En effer ces m4. 174 M AS ques repréferitoient non-feulement le vifage,; mais même la tête entiere , ou ferrée, ou large, on'chau- ve, ou couverte de cheveux, ou ronde, où poin- tue. Ces mafques couvroient toute la tête de lPa- éteur ; & ils paroïfloient faits; comme en jugeoit le finge d’Efope, pour avoir de la cervelle. On peut juftifier ce que nous difons, en ouvrant l’ancien ma- nufcritde Térence , qui eftà la bibliotheque du Roi, & même le T'érence de madame Dacier. L’ufage des r7afques empêchoit donc qu’on ne vit fouvent unaéteur déja flétri par l’âge, jouer le per- fonnage d’un jeune homme amoureux êcaimé. Hyp- polite, Hercule , & Neftor, ne paroifloient fur le théatre, qu'avec une tête reconnoiffable à l’aide de fa convenance avec leur caraétere connu. Le vifage fous lequel l’ateur paroifloit, étoit toùjours aflortr à fon role , & l’on ne voyoit jamais un comédien jouer le role d’un honnête homme , avec la phyfo- nomie d’un fripon parfait. Les compofiteurs de-dé- clamation, c’eft Quintilien qui parle, lorfqu'als mettent 1tne piece au théatre, favent tirer desaf- ques même le pathétique. Dans les tragédies, Nio- bé paroît avec un vifage trifte, & Médée nous an: nonce fon caraétere , par l’air atroce de fa phyfo- nomie, La force & la fierté font dépeintes fur.le majque d'Hercule. Le mafque d'Ajax eft le vifage d’un homme hors de lui-même. Dans les comédies, les zafques des valets, des marchands d’efclaves, & des parafites, ceux des perfonnages d'hommes grof- fiers , de foldat , de vieille, de courrifane , & de femme efclave , ont tous leur caraétere particulier. On difcerne par le mafque,le vieillard auftere d’avec le vieillard indulgent ; les jeunes gens quifont fages, d'avec ceux qui font débauchés ; une jeune fille d'avec une femme de dignité. Si le pere, des inté- rêts duquel il s’agit principalement dans la comédie, doit être quelquefois content, & quelquefois fâché, il a un des fourcils de fon mafque froncé , & l’autre rabatu , & 1l a une grande attention à montrer aux _ fpeétateurs , celui des côtés de fon ma/que, lequel convient à fa fituation préfente. On peut conje&urer que le comédien qui portoit ce mafque , {e tournoit tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, pour montrer toùjours le côté du vifage qui convenoit à fa fituation atuelle; quand on jouoit les fcenes où il devoit changer d’affeétion , fans qu'il püt changer de rzafque derriere le théatre. Par exemple, fi ce pere entroit content fur la fcene , il préfentoit d’abord le côté de fon mafque, dont le fourcil étoit rabattu ; & lorfqul changeoïit de fen- timent, il marchoit fur Le théatre, & il faifoit fi bien, qu'il préfentoit le côté du rafque , dont le fourcil étoit froncé, obfervant dans l’une & dans l’autre fituation, de fe tourner toùjours de profil. Nous avons des pierres gravées qui repréfentent de ces mafques à double vifage, & quantité qui repré- fentent des fimples mafques tout diverfifiés.Pollux en parlant des mafques de caraëteres, dit que celui du vieillard qui joue le premier rôle dans la comédie, doit être chagrin d’un côté, & férein de l’autre. Le même auteur dit auf, en parlant des "afques des tragédies , qui doivent être caraétérifés, que celui de Thamiris, ce fameux téméraire que les Mufes rendirent aveugle, parce qu’il avoit ofé Les défier , devoit avoir un œil bleu, & l’autre noir. . Les mafques des anciens mettoient encore beau- coup de vraiflemblance, dans ces pieces excellentes où le nœud naît de l'erreur, qui fait prendre un per- fonnage pour un autre perfonnage, par une partie - des acteurs, Le fpeétateur qui fe trompoit lui même, en voulant difcerner deux aéteurs , dont le mafque étoit auf reflemblant qu’on le vouloit, concevoit facilement que les ateurss’y mépriflent eux-mêmes. Il fe Hvroit donc fans peine à la fuppoñtion fur La- M A 6 quelle les incidens de la piece font fondés, an-fieur que cette fuppoñtion eftfi peu vraifflemblable parmi nous , que nous avons beaucoup ide peine ànous y prêter. Dans la repréfentation des deux pieces que Moliere &c Renard ont imitées de Plaute,cnous re- connoiflons diftinétement les perfonnes qui donnent lieu à l’erreur, pour être des! perfonnages différens. Comment concevoir que les'autres aéteurs qui les voyent encore de, plus près que nousipuiflent s’y méprendre? Ce n’eft doncrque: par l'habitude ‘où nous fommes de nous prêter à toutes les fuppoñtions établies fur le théâtre, par lufage , quenous-entrons dans celles qui font le nœud de l’Amphitrion &c des Ménechmes. | Ces mafques donnoient encore aux anciens la com: modité de pouvoir faire jouer à des hommes ceux des perfonnages de femmes, dont la déclamation deman- doit.des poulmons plus robuftes que nele font com- munément ceux des femmes, fur-tout quand il fal- loit fe faire entendre en des lieux auffi vaftes que les théâtres l’étoient à Rome. En effet, plufieurs pafla- ges des écrivains de l’antiquité , entre autres le récit que fait Aulugelle de l'aventure arrivée à un comé- dien nommé Polus, qui jouoitle perfonnage d’Elec- tre, nous apprennent que les anciens diftribuoient fouvent à des hommes des rôles de femme. Aulu- gelle raconte donc, que ce Polus jouant fur-le thé- tre d'Athènes le rôle d’'Eleûre dans la tragédie de Sophocle, ilentra fur la-fcene en tenant uneurne où étoient véritablement les cendres d’un de fes enfans qu'il venoit de perdre. Ce futdans l'endroit de la piece où 1l falloit qu'Eleëtre parût tenant dans fes mains l’urne où elle croit que font les cendres de fon frere Orefte. Comme Polus fe toucha exceflivez ment en apoftrophant fon urne, il toucha de même toute l’afflemblée. Juvénal dit, en critiquant Néron, qu'il falloit mettre aux piés des flatues de cet empe- reur des mafques, des thyrfes, la robbe d’Antigone enfin, comme une efpece de trophée , qui confervât la mémoire de fes grandes.aétions. Ce difcours fup- pofe manifeftement que Néron avoit joué le rôle de la fcene d’Etéocle & de Polinice dans quelque-tra« édie. | Onintroduifit auf , à l’aide de ces wafques, toutés {ortes de nations étrangeres fur le théâtre, avec la phyfionomie qui leur étoit particuliere. Le mafque du batave aux cheveux roux, & qui eft l’objet de votre rifée, fait peur aux enfans, dit Martial, Ruf perfona Batavi Quem tu derides , hœæc timer ora puer. Ces mafques donnoient même lieu aux amans de faire des galanteries à leurs maitrefles, Suétone nous apprend que lorfque Néron montoit fur le théâtre pour y repréfenter un dieu ou un héros, il portoit un mafque fait d’après fon vifage ; mais lorfqu'il y repréfentoit quelque déefle ou quelque héroïne, 1f portoit alors un "4/que qui refflembloit à la femme qu'il aimoit aétuellement. Æeroum deorumque, itere heroïdum , perfonis effetlis ad fémilitudinem oris [ui G femine prout quamque diligerer. Julius Pollux quicompofa fon ouvrage pour l’em: pereur Commode , nous aflure que dans l’ancienne comédie greque , qui fe donnoit la liberté de cara- &érifer & de jouer les citoyens vivans, les aûteurs portoient un 74/que qui reflembloit à la perfonne - qu'ils repréfentoient dans la piece. Ainfi Socrate a pù voir fur le théâtre d'Athènes un aéteur qui por- toit unym4/que qui lui reffembloit, lorfqu’Ariftophane lui fit jouer un perfonnage {ous le propre nom de Socrate dans la comédie des Nuées. Ce: même Pol- lux nous donne dans le chapitre de fon:livre que je viens deciter, un détail curieux fur les différens ca- raëteres des a/ques qui fervoient dans Les repréfen tations des comédies, & dans celles des tragédies; Mais d’un autre côté, ces ma/ques failoient perdre aux fpeëtateurs le plaifir de voir naître les pailions, & de réconnottre leurs diférens fymptômes fur le vi- fage des atteurs. Toutes les expreflions d’un homme pañionné nous affeétent bien; mais les fignes de la _paffion qui fe rendent fenfibles fur fon vifage , nous affectent beaucoup plus que les fignes de la paflion qui fe rendent fenfibles par le moyen de fon gefte, & par la voix. Cependant les comédiens des an- ciens ne pouvoient pas rendre fenfibles fur leur vifage Les fignes des paflions. Il étoit rare qu’ils quit- taflent le mafque , & même il y avoit une efpece de comédiens qui ne le quittoient jamais. Nous fouf- frons bien, 1l eft vrai, que nos comédiens nous ca- chent aujourd'hui la moitié des fignes des pañfions qui peuvent être marquées fur le vifage. Ces fignes confiftent autant dans les aitérations qui furvien- nent à la couléur du vifage , que dans les altérations qui furviennent à fes traits. Or le rouge qui eft à la mode depuis cinquante ans, & que les hoinimes mê- mes mettent avant que de monter fur le théâtre, nous empêche d'apercevoir les changemens de cou- leur, qui dans la nature font unef grande impref- fion fur nous. Mais le 4fque des comédiens anciens cachoit encore l’altérarion des traits que le ronge nous laifle voir. On pourroit dire en faveur de leur mafque, qu'il ne cachoit point au fpeétateur les yeux du comé- dien, & que les yeux font la partie du vifage qui nous parie le plus imtelligiblement. Mais il faut avouer que là pilüpart des pafñons, principalement les pañlions tentires, ne fauroient être fi bien expri- mées par un aéteur mafqué, que par un ateur qui joue à vifage découvert. Ce dernier peut s’aider de tous les moyens d'exprimer la pafion que l’ateur mafqué peut employer, & il peut encore faire voir des fignes des paflions dont l’autre ne fauroit s’aider, Je croirois donc volontiers, avec l’abbé du Bos, que les anciens qui avoit tant de goûr pour la re- préfentation des pieces de théâtre, auroient fait quitter le m4/que à tous les comédiens , fans une rai- fon bien forte qui les en empêchoit ; c’eft que leur théâtre étant très-vaite & fans voûte ni couverture folide , les comédiens tiroïent un grand fervice du mafque, qui leur donnoit le moyen de fe faire en- tendre de tous les fpectateurs, quand d’un autre côté ce rrafque leur fafoit perdre peu de chofe. En effet, il étoit impoffible que les altérations du vifase que le mafque cache, fuifent apperçues diftinétement des fpeétateurs, dont plufieurs étoient éloignés de plus de douze ou quinze toifes du comédien qui récitoit, Dans une figrande diftance , les anciens retiroient cet avantage de la concavité de leurs mafques, qu’ils fervoient à augmenter le fon de la voix; c’eft ce ue nous apprennent Aulugelle & Boëce qui en étoient témoins tous les jours. Peut - être que l’on plaçoit dans la bouche de ces #afques une incrufta- tion de lames d’airain ou d’autres corps fonores À propres à produire cet effet. On voit par Les figures des mafques antiques qui font dans les anciens manuf- cris, fur les pierres gravées fur les médailles, dans les ruines du théâtre de Marcellus , & de plufeurs autres monumens, que l’ouverture de leur bouche étoit exceflive. C’étoit une efpece de gueule béante qui faifoit peur aux petits enfans. Tandemque redit ad pulpita notum Exodium, cum perfonæ pallentis kiatum, In gremio matris formidat ruflicus infans. Juven. far. ii. Of fuivant les apparences les anciens n’auroient pas fouffert ce defagrément dans les mafques de théä- 9° SD un LEE. : ms £ s tre, s'ils n'en avoient point tiré quelque grand avan- MAS | 175$ age ; & ce grand avantage confftoit fans doute dans la commodité d'y mieux ajufter les cornets pro. Prés à renforcer la voix des acteurs. Ceux qui réci- tent dans les tragédies, dit Prudence » {é couvrent la tête d’un maque de bois , & c’eft par l’ouvertute qu'on y a méhagée, qu'ils font entendre au loin leur déclamation. Tandis que le r24/que fervoit À porter la voix dans l'éloignement ; ils faifoient perdre, par rapport à lexpreffon du vilage, peu de chofe aux {pectateurs : dont les trois quarts n’auroient pas été à portée d’appercevoir l'effet des paffions fur le Vvifage des comédiens , du - moins aflez diflin@tement pour les voir avec plaïfr. On ne fauroit démêler ces expref- fions à une diftance de laquelle on peut néanmoins difcerner âge, & les autres traits les plus marqués du caraëtere d’un mafque. I] faudtoit qu'une expref- fion fit faite avec des srimaces horribles, pour être fenfble à des fpedateurs éloigñés de Ja fcene, au- delà de cinq ou fix toifes. Ajoutons une autre obfervation , c’eft que les ac- teurs des anciens ne jouoient pas comme les nôtres, à la clarté des lumieres artificielles qui éclairent de tous côtés, mais à la clarté du Jour, qui devoit laïfier beaucoup d’ombres fur une fcene où le jour ne veñoit guère que d’en-haut. Or la jufteffe de la déclamation exige fouvent que l’altération des traits dans laquelle une expreffion confifte, ne foit pref- que point marquée ; c’eft ce Qui arrive dans les fitua- tions où il faut que l'acteur laiffe échapper, malgré lui , quelques fignes de fa pafon. Enfin les mafques des anciens répondotent au refte de l'habillement des aûteurs, qu'il falloit faire pa. roitre plus grands & plus gros que ne le font les hommes ordinaires, La nature & le cara@ere du genre fatyrique demandoit de tels mafques pour re- préfenter des fatyres, des faunes , des cyclopes, & autres êtres forgés dans le cerveau des Poëres. La tragédie fur-tout en avoit un befoin indifpenfable , pour donner aux héros & aux demi-dienx cet air de grandeur & de dignité, qu'on fuppofoit qu'ils avoient eu pendant leur vie. il ne s’agit pas d’exa- nunñer fur quoi étoit fondé ce préjugé, & s'il eft vrai que ces héros &c ces demi - dieux avoient été réellement plus grands que nature ; il fuffit que ce fût une opinion établie, & que le peuple le crût ainfi, pour ne pouvoir les repréfenter autrement fans choquer la vraiffemblance. Concluons que les anciens avoient les mafques qui convenoient le mieux à leurs théâtres, & qu'ils ne pouvoient pas fe difpenfer d’en faire porter à leurs aéteurs, quoique nous ayons raifon à notré tour de faire jouer nos aéteurs à vifage découvert. Cependant lufage des mafques à fubfifté long- tems {ur nos théâtres, en changeant feulement a forme & la nature des mafques, Plufeurs adteurs de la comédie italienne font encore mafqués , plufieurs danfeuts ie font auf. Il n'y a pas même fort long- tems qu'on fe fervoit communément du #za/que fur le théätre françois, dans la repréfentation des co- médies , & quelquefois même dans la repréfentation des tragédies, Plufieurs modernes ont tâché d’éclaircir cette partié de [à littérature qui regarde les rafques de théâtre de l’antiquité. Savaron y a travaillé dans fes notes fur Sidonius Apollinaris. L'abbé Pacichelli en a recherché l’origine & les ufages dans fon traité de mafcheris ceu Larvis. M. Boindin en a fait un {yi- tèmé très-fuivi par un excellent difcours inferé dans les Mémoires de littérature. Enfin un favant italien, Ficoronius (Francifcus) , a recueilli fur ce même fujet des particularités curieufes dans fa différtation latine de /arvis Jéenicis, & figuris comicis anti. rom. impriiée à Rome en 1750, in- 4°, avec fig, mais 176 M AS maloré toutes les recherches des Littérateurs & des Antiquaires, il refte encore bien des chofes à entendre fur les rrafques ; peut-être que cela ne feroit point, fi nous n'avions pas perdu les livres que Denis d’'Halicarnafle, Rufus, & plufeurs autres écrivains de l’antiquité, avoient écrit fur les thé4- tres, & fur les repréfentations : ils nous aurotent du-moins inftruits de beaucoup de chofes que nous ignorons , s'ils ne nous avoient pas tout appris. Le P. Labbe dérive le mot de mafque de mafta, qu, dit-il, fignifie proprement une forciere dans les lois lombardes, Z. I. sir, XI, 0. férix que dicitur mafca, « En Dauphiné, en Savoie, & en Piémont, » continue-t-1l, on appelle encore les forcieres de » ce nom, & d'autant qu’elles fe déguifent, nous # avons appellé mafques les faux vifages ; & de-là » les mafcarades», (D. J.) MASQUES, {. m.( Hydr. ) Voyez DEGUEULLEUX. MASQUE, cerme de Chirurgie, nom qu’on donne à un bandage qui fert principalement pour les brülu- res du vifage. Il eft ainfi nommé par rapport à fa figure ; c’eft un morceau de linge auquel on fait quatre ouvertures qui répondent à celles des yeux, du nez, & de la bouche. Voyez la fig. 6. PL X XVII. Cette piece de linge eft fendue à fx chefs, qui fe croifent poftérieurement & s’attachent au bonnet. (7 ; x SQUE, terme d’Architeëure , eft une tête d'homme ou de femme, feulptée & placée à la clé d’une arcade, dont les attributs & le cara@tere ré- pondent à Pufage de l'édifice. Quoique cette forte d'ornement foit aflez d’ufage dans les bâtimens, je penfe que l’on devroit préférer les clés ou confoles : quelque bien fculpté que foient ces mafques, ils ne préfentent jamais qu’ua objet imparfait, en n’offrant qu’une partie du corps humain: cette mutilation ne me femble tolérable qu’à une maïfon de chafle, à un chenil, à une boucherie, & où ils font un attri- but de l’extérieur du bâtiment à Fufage de l’inté- rieur, foit par des abattis de bêtes fauves ou do- meftiques. Quelque plaïfir que Pon puiffe avoir de confidé- rer une belle tête dans un claveau , le pié 8 la main me femblent des parties prefque auf belles, & ce- pendant il paroïtroit ridicule de les placer ou de les admettre dans une décoration, affectant de les faire pañler à-travers la muraille, telle qu’une main ar- mée qui montre au public la falle d’un maître d’ef- crime : de plus le claveau d’une arcade doit tenir les voufloirs de part & d’autre en équilibre, & fa foli- dité ne peut procurer à l’efprit Pillufon d’une efpa- ce libre pour contenir la tête d’une fiatue, ce qui annonce plûtôt un déreglement d'imagination que de l’ordre , du génie, & de l'invention. La plûpart des Architectes apportent pour raifon que ce ne font que des we/ques moulés fur la na- ture qu’on affecte de mettre fur les claveaux des arcades, & non la repréfentation réelle, mais il n’en eft pas moins vrai que cette fiéhon eft vicieufe & ces effigies defagréables, foit que l’on y place des têtes d’une forme élégante ou hideufe ; car plus elles feront d’un beau choix, plus elles paroïîtront fou- mettre l'humanité à la fervitude & au fupplice; en- fin, plus on affectera d’y placer des wafques chi- mériques, tels qu'il s’en voit dans un grand nom- bre de bâtimens de réputation, & plus, ce me fem- ble, on tombe dans le défaut d’allier les contraires, puilque cette efpece de fculpture qui n’annonce ue de lextravagance s’unit mal avec ia pureté, l'élégance, & la beauté des proportions de larchi-. teure qu’on y remarque avec admiration. MASQUE, (.Arguebuf.) on appelle ainfi un des poinçons ou cifelets dont les Arquebufers, Armu- tiers, Eperonniers, Fourbiffeurs, & autres fembla- MAS bles ouvriers cifeleurs fe fervent pour leurs cife- lures.. SR Ces poinçons font gravés en creux, ét repréfen- tent diverfes têtes d'hommes , de femmes , d’anges, de lions, de léopards, de chiens, &c. fuivant la fantaifie du graveur. Ils font courts & d’un morceau bien aciéré, afin de mieux fupporter le coup de mar- teau qu'on donne deflus, quand on veut en impri- mer le relief fur le métal qu’on a entrepris de cife- ler. | Après que le r74/que eft frappé, on le recherche & on le régie avec divers autres cifelets tranchans ou points comme font les gouges, les frifons, les poinçons, les filieres, &c. | MASQUES, ( Peinture, ) ce font des vifages ou fa- ces humaines fans corps, dont les Peintres & les Sculpteurs font ufage pour orner leurs ouvrages. On. appelle #aftarons les gros mafques de fculpture. Les mafquesont ordinairement l’air hideux ou grotefque. MASQUÉ , en serme de Blajon, fe dit d’un lion qui a un mafque, | MASQUER , v. at. ( Jardinage, ) On dit mafquer une bafle-cour, un bâtiment, une montagne, ou quelque afpeét défagréable , quand on plante au-de- vant un rideau de charmiile ou un bois. MASSA, ( Géog. anc. } Il y a beaucoup de petits. lieux dans les anciens auteurs, nommés mafla , avec un furnom qui les diftingue les uns desautres. Mais il faut remarquer que ces petits lieux ne défignoient ordinairement qu'un village, un hameau , où le feigneur d’un lieu logeoitles efclaves deftinés à l’a- oriculture. On en trouvera les exemples dans Orte= lus, qui les a raflemblés, & dans Ducange, On a dit avec le tems dans le même fens, mafa , mayada , mafagium , mafum , mafio; & c’eft de ce dernier mot eftropié que nos ancêtres ont fait le mot de zaifon. 1,7.) NET Géog.) ville d'Italie, capi- tale du petit pays de même nom en Tofcane, dans la Lunégiane, avec titre de principauté , que poflé- dent les princes dela maïfon de Cibo. Maffa ef re- nommée par fes carrieres de marbre, Elle eft fituée dans une belle plaine à une lieue de la mer, 4S.E. de Sarzane, 10 N. O. de Pife, 22 N. O. de Flo- rence. Long. 27.45.1ar, 44, 1, ( D. J.) MASSACRE, f. m. ( Gramm, ) e’elt l’a@tion de tuer impitoyablement ceux fur lefquels on a quel- que avantage qui les a mis fans défenfe. Il ne fe dit guere que d’une troupe d'hommes à une autre. Le malfacre de la faint Barthélemi , l’opprobre éternel de ceux qui le confeillerent, de ceux qui le permi- rent, de ceux qui l’exécuterent , & de l’homme infi- me qui a Ofé depuis en faire l’apologie, Le raffacre des Innocens. Le maffacre des habitans d’une ville. MASSACRE riviere du, ( Géog. ) on riviere de Monte-Chriflo ; riviere dans la partie de l'ile de Saint- Domingue qui eft aux François : ies Efpagnols veu- lent que cette riviere fépare leurs terres de celles des François du côté de cette montagne. On lap- pelle riviere du maflacre, parce que les deux peuples en font fouvent venus aux mains fur fon rivage. (D.J.) MASSACRE, Î. m. en Vénerie & en Blafon, fe dit d’une tête de cerf, de bœuf , ou de quelqu’autre animal , quand elle eft décharnée, MASSADA , ( Géog. facrée.) forterefle de la Pa- leftine, dans la tribu de Juda , à l'occident de la mer Morte ou du lac Afphaltite , fur un rocher efcarpé , & où l’on ne pouvoit que très-difficilement monter. Hérode le grand fortiña cette place, & la rendit prefque imprenable. Après la derniere guerre des Juifs contre les Ro- mains , Eléazar, chef des Sicaires, s’empara de Maffada, Flavius Sylva que l’empereur Titus A aiflé M AS laiflé dans la Judée, y affiésea Eléazar ; celui , dit Jofephe , Aif£. de larguerre des Juifs, iv. VII, ch. æxvij Voyant qu'il ne pouvoit plus tenir contre l'arméeromaine, perfuada à tous les Juifs qu'ilavoit avec lui de fe tuer l’un lautre , & que le dernier vi- vant mettroit le feu au château. Ce projet futexécu- té ; deux femmes qui s’étoient cachées dans des aqueducs avec cinq jeunes enfans , raconterent ce fait le lendemain aux Romains. (D.J.) : MASSÆSYLIENS ,"LES:; ( Géog. ac.) Maffæfy: dir, peuple de l’Afriqueipropre. Peut-être . que les peuples nommés Maffæfyli, Maffæ-Libyi, Maffage- te ; ont pris cette addition de 74/4 dans la langue grecque, du mot uaeou, qui fignifie soucher. Suppo- ez que cette conjeéture foit bonne , ce mot Joint au nom d’un peuple, fignifieroit un peuple qui confine à celui quieftnommé ; par exemple, les Maf]æ-Sy- dit feroient un peuple ainfi nommé à caufe des Sy- liens dont ils étoient voifins. (2. J.) MASSAFRA , ( Géog. ) petite, mais forte ville d'Italie au royaume de Naples, dans la terre d'O: trante, Elle’ eft au pié de l’Apennin, & quelques-uns la prennent pour l’ancienne Meflapie. Long, 34. 53. dar. 40.50. ( D. J.) MASSAGETES , LES, (Géog. anc.) Maffagetæ , ancien peuple que les hiftoriens , fur-tout les Grecs, ont placé diverfement ; 1l y a tout lieu de croire que c’étoient des branches d’une feule & même nation qui s’étoit étendue, & dont les parties difoerfées en divers lieux de l’Afie , formerent autant de peuples. Les Maflageres de Pomponius Méla & d’Etienne le géographe , étoient des peuples Scythes. La plüpart s’avoifinerent des Parthes & des Saces ou Saques, & fe difperferent entre la mer Cafpienne & la T'artarie mdépendante, où ef maintenant le pays des Us- becks & le Khorafan. Pline, Z PI, c. xix. en par: lant de ces peuples, dit, wultitudo eorum innumera , & que cum Parthis ex æquo deger. Les Maffagetes de Ptolomée étoient un peuple de la Margiane, au midi des Derbices. Les Maflagetes de Procope font les mêmes que les Huns. ( D. 7.) MASSALIEN , f. m,. ( Théolog. ) nom d’anciéns feétaires qui ont été ainfñ appellés d’un mot hébreu Qui fisnifiepriere , parce qu'ils croyoient qu’il falloit toùjouts êtreenpriere. Les Grecs les nomment Exchites, Evurrar , qui fi- gnifie [a même chofe en leur langue. Voyez Eu- CHITE. Saint Epiphane diftingue deux fortes de Maffaliens, favoir , les anciens & les nouveaux. Les premiers ne font, felonlui, ni juifs, ni chré- tiens , m1 famaritains; mais des’sentils qui recon- noiflant plufeuts dieux n’adorent cependant aucun d'eux : ils n’adorent qu'un feul Dieu qu'ils appellent le Tout-Puiffanr. Ces anciens Maffaliens , dit le même faint Epiphane, qui font fortis des Gentils , ont fait bâtir en quelques lieux des oratoires femblables à nos éghfes. [ls s’y affemblent pour prier & pour chanter des hymnes en honneur de Dieu. Ces églifes font éclairées de flambeaux &c de lampes. Cette def- cription que faint Epiphane a faite des anciens Maffa- diens approche fi fort de la vie des Efléniens , que Scaliger a prétendu qu’on ne devoit point les diftin- guer de ceux-ci. Voyez ESSÉNIENS. À l'égard des autres Maffaliens qui étoient chré- tiens de profeffion, ils ne faifoient que de naître au temsde faint Epiphane. Ils prétendoient que la priere feule fufloit pour être fauvé. Plufieurs moines qui aimoient à vivre dans l’oifiveté & qui ne vouloient point travailler , fe jetterent dans le parti des Maffa- liens. Diffionnaire de Trévoux. À cette cifiveté déja fi condamnable ils ajoutoient plufieurs erreurs très-pernicieufes : favoir, que le jeûne &e les facremens n’étoient d’auçune efficace ; Tome X, MAS. 177 que la priere feule leur donnoit la forte de furmoi- ter les tentations , qu’elle chafloit le démon & effa= çoit les péchés que le baptême n’avoit fait que cou. Per, pour ainfi dire, fans les extirper, Ils ajoutoient que chaque homme avoit deux ames, l’une célefte , & un démon que la priere chafloit ; qu’ils voyoient la Trinité de leurs yeux corporels ; qu'ils parve- _noient à la reflemblance avec Dieu & À l’impecca- bihté, Ils s’attribuoient le don de prophétie & des infpirations particulieres du Saint-Efprit, dont ils fe perfuadoient de reflentir lapréfence dans leurs ofdi- nations ( car ils avoientdes évêques & des prêtres }3 alors ils fe mettoient à danfer difant qu’ils danfoient fur le diable , ce qui leur fit donner le nom d’exrhoz- Jiaftes où de poffédes. Ils eurent aufli celui de facco- phores parce qu'ils fe revêtoient d’unfac, mais non pas tous; car on leur reproche aufli d’avoir porté des robes magnifiques , & donné dans une mollefle à peine fupportable dans des femmes. Lesempereuts firent des lois contréeux; leurs converfons fmulées & leurs fréquentes rechutes engagerent les évêques; aflemblés dans un concile en 427, à défendre qu’on les reçût dans l'Eglife de l’indulgence de laquelle ils avoient tant de fois abufé. Saint Anguft. de heref. c. vi. Theodoret, hæresic. fabul, liv, IF, Baronius , ad ann, Chrifé, 361, num. 34, 35. 8tc. MASSALIOTICUM OSTIUM ; (Géog. anc. ) c’eft le nom que les anciens ont donné à l’embou- chure la plus orientale du Rhône, 8e par conféquent la plus voifine de Marfeille. C’eft ce qu’on appelle dans le pays le Gras de Paflon , ou le grand Gras. D. JT. MAO TALUDRENCR) ( Géog. ) petite ville d’I- talie au royaume de Naples dans la terre de Labour, avec un évêché fuffragant de Soriente, dont le re- venu eft établi fur le pañlage des cailles , car les hommes ont imaginé que tous les êtres de la nature leur appartenoïent, Maffa-Lubrenfe et fituée {ur un rocher efcarpé de tous côtés, & prefque environné de la mer , à 2 lieues 8, O. de Soriente, 7 $. O de Naples. Long. 31. 58. lat. 40.40.( D.J.) MASSANE 07 VOLTIGLOLE, f. f, ( Marine. ) terme ufité pour les galeres. C’eft le cordon de la poupe qui fépare le corps de la galere de l’aiffade de poupe. Voyez MARINE, Planche III. fig. 2. le def- {ein de la poupe de la galere réale, MASSANE, ( Géog. ) haute montagne des P yré- nées vers le Rouflillon, Elle a 408 toiles de hauteur. DAT: SUN RACHES > (-H/. mod. ) c’eft ainfi que lon nomme dans le royaume de Camboya , firué aux Indes orientales, le premier ordre du clergé, qui commande à tous les prêtres, &qui ef fupérieur même aux rois. Les prêtres du fecond ordre fe nom- ment zaffendeches , qui font des efpeces d’évêques qui fontégaux aux rois, & qui s’afleient fur la mê- me ligne qu’eux.Le troifieme ordre eft celui de ris res où prêtres, qui prennent féance au-deflous du fouveran ; ils ont au-deflous d’eux les chaynifes & les faxes, qui font des prêtres d’un rang plus bas encore. MASSAPÉE , £ f. ( Murine. ) inftrument qui fert à mouvoir les cordages d’un bâtiment. MASSA VETERNENSIS , ( Geéog. ) miférable petite ville d'Italie , dans le Siennois en Tofcane, avec un évêché fuffragant de Sienne. Elle eft fur une montagne proche la mer, à 10 lieues S. O. de Sien- ne. Long. 28,35. lat. 43. 5.( D. 7) MASSE , rypha, ( Botan. ) genre de plante à fleur fans pétales, compofée de plufieurs étamines, dif- pofée en épi. Ces étamines font Rériles ; les em bryons fe trouvent à la partie inférieure de Pépi & deviennent des femences dans lafuite, Tournefort , infe rei herb, Voyez PLANTE, z 176 * MAS58, f. (Phyf.) en Méchanique, eft la quan- tité de matiere d’un corps. Voyez Corps é Ma- TIERE, La mafle fe diftingue par-là du volume qui eft l'étendue du corps en longueur, largeur &:pro- fondeur. Poyez DENSITÉ € VOLUME: On:doit juger de la 74/2: des corps par leur poids; car M, Newton a trouvé par des expérier- ces fort exaétés, que lepoids des corps étoit pro- portionnel à la quantité de matiere qu'ils contien- nent. 1 Ce grand géometre ayant fufpendu à des: fils ou verges d’épale longueur, des poids égaux de daffé- rentes matieres, comme dot, de plomb, renfer- més dans des boites égales, & de même matiere, a trouvé que tous ces poids faifoient leurstofcilla- tions dans le même tems. Of la réfiffance étoit égale pour tous, puifque cette réfftance n’agiffoit que fur des boites égales qui les renfermoient. Donc la caufe motrice de ces poids ÿ produifoit la même vitefle ; doncicetie caufe étoit proporrion- nelle à la waffe de chaque poids; donc la pefanteur qui étoit la caufe motrice, étoit dans chaque poids ofcillantrproportionnelle à la zaffe. Aïnfi les zafles de deux corps également pefans font égales. Il n’en eft pas de même dela denfité qu'il ne faut pas confondre avec la zaffe ; car un corps.a d'autant moins de denfité qu'il a moins de mafle {ous un même volume; enforte que fi deux corps font égalèment pefans , leurs denfités font en raifon. réciproque de leurs volumes, c’eft-à-dire, que fi l’un a deux.fois plus de volume que lautre, il eft deux fois moins denfe. Voyez l’article DEN- SITÉ, où vous trouverez une formule pour com- parer les affes, les volumes, & les denfités des dif- férens corps. Il s’en faut de beaucoup que la affe ou la quan- tité de matiere des corps n’occupe tout le volume de ces mêmes corps. L'or, par exemple, quieeft le plus pefant de tous les corps, étant réduit en feuilles minces, donne pañlage à la lumiere & à difiérens fluides, ce qui prouve qu'il y a beaucoup de pores &c d’interftices entre fes parties. Or l’eau eft 19 fois moins pefante que lor; ainfi en fuppofant même qu'un pié-cube d'or n’eüt point du-tout de pores, il faut convenir qu'un pié-cube d’eau contient 18 fois au-moins plus de pores 6 de vuide que dé ma- tiere propre. (O0) Masse, (Hydraul.) On dif une raffe de terre, de fable, de glaife, de terre franche, quand on y pra- tique quelque piece d’eau , ce qui épargne de faire des corrois. (X) Masse , (Pharmacie.) c’eft ainfi qu’on appelle la quantité totale & informe dun remede compote, deftiné à être divifé en pluñeurs dofes & à être ap- pliqué ou donné fous une forme particulere. C’eft ainfi qu’on dit une waffe de pilules, une maffe d’emplâtres, de la matiere toute préparée de ces remedes, à laquelle 11ne manque pour la pre- miere, que d’être formée en pilules; & pour la feconde, que d’être étendue fur des morceaux de linge d’une certaine figure, ou bien formée en magdaleons, (b) Masse, ( Murine.} piece de bois, longue d’en- 74 ‘viron 42 piés, qui iert à tourner le gouvernail d’un bateau foncet. Masse, (Com.) amas, aflemblage de plufeurs chofes, {vit qu’elles foient de différente nature, foit qu’elles loient de même efpece: Ce terme a différentes acceptions dans le commerce ; dont nous. allons donner les plus générales, Maffe fe dit d’une certaine quantité de marchan- difes femblables, que l’ufage a fixées à un certain poids ou à un certain nombre, pour en faciliter le débit. Ainfi l’on dit des foïes en waffe, des plu- MAS mes d’autruche en maffes, des-pelleteries en maffes: Voyez SOIE, PLUMES, PELLETERIES. Maffe fe dir aufli dans la jurifprudence du com- merce, d'un capital que l’on fait de tous les effets mobiliers d’un marchandiou de plufieurs marchands aflociés.qui ont mal fait leurs affaires, pour être partagésià leurs: créanciers, au fol la livre, Maffe fe dit aufi en fait de gabelles, d’une quan- tité de fel provenänt: d’une même voiture, qu’on met en un leul tas dans les greniers à fel on les dépôts, pour y être.vendue & difiribuée au pu- blic. On fait auffi des raffes de fels confifqués. Didfionn. de commerces MASSE, ox CHAISE , (Monnoy.) monnoïe d’or. Philippe-le-Bel fit faire des chaifes ouvcadieres, com- me on parloit alors, qu’on appelloit aufli roveux durs, Cette monnoie n’étoit qu'à 22 karats, & pe- foit $ deniers 72 grains trébuchans. Elle fut appellée male, à caufe que le roi y tenoit une raffe de la main droite. On la nomma chaift , parce que le roi y étoit aflis dans une chaie. Enfin on donna à cette efpece le nom de royal dur, parce quetn’étant qu'à 22 karats, elle étoit moins pliable que les monnoies d’or fin. Les fuccefleurs de Phihippe-le-Bel firent auf des males ou chaifes d’or: Celies de Philippe de Valois étoient d’or, & peloient 3 deniers 16 grains. Les premieres que Charles VI, fit faire, peloient 4 de- mers 18 grains, &étoient pareillement d’or fin; mais il en fit aufhi frapper d’autres qui n’étoient qu'à 22 Kkarats + Sous Charles VI. elles furent d’un moindre poids &t d’un moindre titre, pnif- qu’elles n’étoient qu’à 16 karats, & du poids de 2 deniers 29 grains +, (2. J.) Masse, (Architeüt,) terme dont on fe fert en Ar- chitetture, pour exprimer l’enfemble des parties principales aufh-bien que la grandeur des édifices. On dit: les avant-corps du palais du Luxembourg font de belles zzaffes ; toute fa façade de Verfailles, du côté du jardin, fait une belle maffe, On fe fert aufli de cette expreflion, par rapport à la Sculpture : cette figure, ce grouppe, ce tro- phée eft bien zraffe. Majfe de carriere, fe dit d’un tas de plufeurs lits de pierre, les uns fur les autres dans une car- riere, tels que la nature les a placés. En latin moes Jaxea. Masse, outil de Bourrelier, c’eft une efpece de gros marteau de fer, fort pefant & quarré, à man- che court, dont ces ouvriers fe fervent pour battre & applatir les cuirs qu'ils emploient aux différens ufages de leur métier. Masse DE FER, (Charpenr.) elle fert aux Char- pentiers pour emmancher à force, certains affem- blages qu'il faut juftes 6c ferrés. | Masse, outil de Charron, c'eft un morceau de fer, lons de fix pouces, quarré, plat {ur fes deux pans, au milieu duquel eft un œil où fe place un manche aflez gros, & long de deux piés & demi. Les Charrons s’en fervent pour chafler les raies dans les mortaifes des moyeux. Masse DE FER, (Cordonnier.) elle fert à battre les femelles des fouliers. C’eft une maffe ordinaire qui pefe trois ou quatre livres. À MassE, en terme de Graveur en pierres fines, {e ‘dit d’un morceau de pierre qu’on leve d’un’ endroir pour y graver en creux fontes les parties dans le détail. Lever la maffe d'un œil, c’eft proprement ébaucher l'œil où marquer fa place, fans entrer dans aucun détail des parties. MASSE , cerme de billard, c’eft un inftrument dont les joueurs fe fervent pour poufler une bille contre une autre. La zraffe eft un morceau de bois ou d’i- voire, d’un doigt d'épaifleur, de trois bons doigts dé largeur, & d'autant de longueur ; elle eft cour- be, & n'eft pas fi large par en haut que par en bas, Au bout de la maffe eft une mortaife dans la- quelle on fait entrer un manche de bois tourné , long de trois piés, & d’un doigt de diametre. La male a dans fon milieu en deflus, une raie mar- quée qui fert au joueur à prendre fa vifée. MASSE DE LUMIERE , fe dit ez Peinture, de la réunion de plufieurs lumieres particulieres qui n’en font qu'une. Maffe d’ombres eft de même la reu- nion de plufeurs petites ombres. Voyez CLAIR- @BSCUR , LARGE, PEINDRE-LARGE. On dit, de belles maffes, de grandes affes ; jamais les objets ne font de beaux, de grands ef- fets dans un tableau, s'ils ne font compris fous de grandes zraffes de lumiere & c'ombres. MASSE DE PLUMES , (P/umaffrer.) on appelle ainfi en terme de Plumafler un paquet de cinquante plumes d’autruches blanches êc fines, car il n’y a que celles-là qui fe vendent en maffe , les autres moins précieufes fe vendent au cent. Masse, (Sculpr.) c’eft un gros marteau avec le- quel les Sculpteurs dégrofliffent leurs ouvrages en frappant fur les cifeaux. Voyez les Planc. MASSE DE TRAME , terme de marchand de foie. La maffe de trame eft compolée de fix , huit, à dix mat- teaux , lefquels font enfilés à un petit écheveau de foie, & enfuite arrêtés & fixés au moyen d’une bou- cle que l’on fait à l’écheveau. Cette façon de plier les foies n’eft en ufage que dans les foies d'Avignon, du Vivarais & du Dauphiné, Voyez MATTEAUX. Masse, f. f. (Tailland.) efpeces de marteaux qui font fabriqués par les T'aillandiers , &c à l'ufage des Charrons & des Carriers. Ceux-ci s'en fervent pour fénüre les blocs de pierre. MASSEL TERRE BOLAIRE DE; (Hiff. nar.)terre d'un beau rouge, grafle & douce au toucher , adhé- rente à la langue ; elle eft très-pure ; elle fe trouve à Majfel en Siléfie. Le plomb natif de Maffel a fort embaraffé Les Mi- néralosiites. Ce font des grains de plomb pur , fem- blable à de la dragée, qui ont été trouvés dans une butte de fable en Siléfe , dans le vorfinage de cette ville. On ne fait quelle eft leur origine, & f on doit regarder ces grains de plomb comme produits par la nature ou par l’art : ces grains font blancs à l’extérieur comme de la cérufe ; & M. de Jufü croit que c'éft accidentellement qu'ils ont été enfouis dans cet endroit, qui ne paroit point de nature à les avoir produits, (—) MASSELOTTE , {. f. en serme de Fonderie, eft une fuperfluité de métal qui fe trouve aux moules des pieces de canon & des mortiers , après qu'ils ont été coulés; car il faut toüjours mettre plus de métal qu’il n’en eft befoin pour cerque l’on.a à fondre. Quand on coule la piece, la volée en bas, la waffe- lotte {e trouve à la culafle : c’eft le métal le dernier fondu ; on le fcie lorfqu’on repare la piece. Voyez VOLéE , CULASSE, &c. MASSE MORE, f. f. (Marine.) c’eft du bifeuit pilé dont on nourrit les beftiaux fur un vaifeau, uand on n’a rien autre chofe à leur donner. MASSEPAIN , {. m. en terme de Confifeur , ce font des efpeces de pains d’une pâte d'amande & de fucre, à peu-près comme celle des bifcuits ; on en fait avec la marmelade de prefque tous les fruits, dans chaque filon. MASSERANO , (Géogr.) petite place d'Italie en- clavée dans le Piémont, entre le Verceillois , & le Biellois ; c’eft la capitale d’un petit état de même nom, avec titre de principauté. Elle eft fur une mon- fagne , à huit lieues N. ©. de Verceil, dix-huit N.E, de Turin. Long. 25. 40. latit. 45. 32. (D.J.) MASSETER,, {, m, cerme d’ Anatomie, eft un muf- Tome X, à M À $ 190: cle triangulaire à deux têtes, & qui fert à tirer la mâchoire inférieure en en-haut lorfqu'on mange, Foyez MAGHOIRE, « Le mafferer eft gros & court ; il vient de l’arcadé zypGmatique & de los de la pommette , &s’infere dans le bord intérieur de la mâchoire inférieure, de- puis {on angle externe jufqu’à fon milieu. Ses fibres s'étendent en trois direétions différentes ; celles qui viennent du zygoma s’avancent obliquement jul- qu'au milieu de la branche de la mâchoire : celles qu partent de l'os de la pommette croifent celle-là:8 les fibres qui font au milieu vont perpendiculaire ment depuis leur origine jufqu’à leur infertion, Foy, Planc. anat. (Myolog.) MASSETERIQUE , adj. ex Anatomie, nom d’un artere qui fe diftribue au mañleter, & qui eft pros duite par la carotide externe. Voyez CAROTIDE. MASSIA, (ff. mod. Culre.) c’eft le nom que les Japonnois donnent à des petits oratoires ou chapel- les bâtis en l'honneur des dieux fubalternes ; elles font deffervies par un homme appellé canuf , qui s’y tient pour recevoir les dons & les offrandes des voyageurs dévots qui vont invoquer le dieu. Ces canufe {ont des féculiers à qui les kuges on prêtres de la religion du Sintos, par un defintéreflemenr aflez rare dans les hommes de leur profeffion , ont abandonné le foin & le profit des chapelles &: même des mia ou temples. | MASSIAC , (Géogr.) petite ville de France dans la haute Auvergne, fur la riviere d’Alagnon, entre Brioude &: Murat. Long. 21. C. lat, 45. 12. MASSICOT , f. m. (Chimie & Peinture.) c’eft aïinfi qu'on nomme une chaux de plomb d’une couleur jaune dont les peintres fe fervent pour peindre en jaune. Lorfqu’on fait fondre du plomb , il fe forme à fa furface une poudre grife qui eft une véritable chaux de ce métal ; f après avoir enlevé cette poudre grife on l’expofe à un feu plus violent, elle devient jaune ; & c’eft-là ce qu’on appelle wafficor, On peut encore le faire d’une autre façon. On n'aura qu'à prendre de la cérufe , c’eft-à-dire du plomb diflous pat le vinaigre ; on en remplira des vieux canons de piftolets ; on bouchera ces canons avec de la terre glaife , & on les mettra dans le feu où on les tiendra rouges pendant quatre ou cinq heures , au bout def- quelles le zzaffrcot fera fait. Quelques auteurs diftinguent trois efpeces de majfecot ; le blanc , le jaune &c le doré. Ces trois ef- peces font trois chaux de plomb, qui ont éprouvé des degrés de feu différens. Voyez PLOMB. . On donne aufñi que quefois le nom de #taffécot on : de rmaflichot à une compoñtion qui fert de bafe À Ia couverte où aux vernis dont on couvre la fayence & la poterie de terre. C’eft une efpece de verre fait avec du fable fin, de la foude ou de la potafle. On y mêle enfuite foit de la chaux d’étain, foit de la ltharge, foit du plomb , fuivant différentes propor tions. On applique ce mélange en poudre fur les poteries que l’on veut vernifler, & on les expofe dans un fourneau , pour que cette compoñtion en fe fondant s'applique fur le vaifleau. Voyez PoTE- RIE. (—) MASSIER ,; f. m. ( Gramm. Hiff. mod.) celui qui porte une mañle , voyez Masse. Le refteur de l’uni- verfité a fes raffiers ; le chancelier a les fiens ; le roi eft précédé de raffiers aux proceflions de l'ordre; les cardinaux ont des maffiers à cheval devant eux en leurs entrées ; deux rrajfters tiennent la bride du cheval du pape , & le conduifent lorfqu'il fort en cérémonie. MASSIF , adj. ce qui eft gros & folide ; ceterme eftoppofé à menu & délicat, Voyez SOLIDITÉ. C’eft ainf que nous difons qu'un bâtiment ef trop Zij Le 180 M AS mallif, pour marquer que les murs en font trop épais; qu'un mur eft waffif, pour marquer que les jours &c les ouvertures en font trop petites à proportion du refte. | On appelle #4ffif en Archite@ure toute batifle de moilon, de pierre , de brique , faite en fondation , fans qu’il y ait de cave, pour porter un ou plufieurs murs, colonnes , piliers, perron &r autres. ; Massir, {. m.( Æydraul.) s’entend d’un courroi de glaife ou d’une chemife de ciment qui fert à re- tenir les eaux dans les baflins,. Foyez CONSTRUC- TION DES BASSINS. MASS1Fs font ordinairement des bandes de gafon que l’on pratique de la largeur de deux outrois piés, entourées des deux côtés d’un fentier ratiflé d’un pié de large, & fablé de rouge. Ces affifs prennent naiflance de la broderie d’un partere, où ils fe con- tournent en volutes d’où fortent des palmettes , des nilles &c des becs de corbin ; quand ils fe répetent , ils compofent les compartimens des parterres. _ MASSIN, ( if. mod. Jurifprud.) c'eft le nom que l’on donne dans l’île de Madagafcar aux lois aux- quelles tout le monde eft obligé de fe conformer : elles ne font point écrites; mais étant fondées fur la loi naturelle, elles font pañlées en ufage, & il n’eft permis à perfonne de s’en écarter. Ces lois font de trois fortes : celles que lon nomme waffén-dili ou lois du commandement , font celles qui font faites par le fouverain ; c’eft fa volonté fondée fur la droite raifon , par laquelle il eft obligé de rendre la juffice ; d'accommoder les différends , de diftribuer des peines &t des récompenfes. Suivant ces lois , un voleur eft obligé de rendre le quadruple de ce qu'il a pris ; fans cela il ef mis à mort , ou bien il devient l'efclave de celui qu’il a volé. Maffén-poch, font les lois & ufages que chacun eft obligé de fuivre dans la vie domeftique,, dans fon commerce , dans fa famille. Maffin-tane , font les ufages , les coutumes .ou les lois civiles , & les réglemens pour l’agriculture, la guerre , les fêtes, 6c. Il ne dépend point du fouve- rain de changer les lois anciennes, & dans ce cas 1l rencontreroit la plus grande oppofition de la part de fes fujets , qui tiennent plus qu'aucun autre peu- ple aux coutumes de leurs ancêtres. Cependant il regne parmi eux une coutume fujette à de grands inconvémiens , c’eft qu’il eft permis à chaque parti- culier de fe faire juftice à lui-même, & de tuer celui qui lui a fait tort. MASSINGO , ( Æif4, nar, ) efpece de graine affez femblable au millet , excepté qu’elle eft plus grande & plus ferme, qui fert à la nourriture des habitans du royaume de Congo en Afrique. On dit qu’elle eft très-bonne au goût , mais elle produit des flatuo- fités & des coliques fur les européens , qui r’ont point l’eflomac auf fort que les negres. MASSIQUE , MonT, Mafficus mons ( Géog. anc.) côteau ou monticule de la Campanie , aux environs de Sinuefle. Il;s’y recueilloit beaucoup de vin & il étoit excellent. Martial en fait l'éloge épigr, 57. div. XIT, dans ce vers: De Sinueffanis venerunr Mafica prels. Horace le vante auffñ dans fa premiere ode , &r dit que quand il eft vieux il rappelle le goût du buveur. Eft qui nec véteris pocula Mafici Spernit. Le vin affique fe nomme aujourd’hui s4ffacano, & le côteau monte di Dracone, Ce côteau eft dans . la terre de Labour, qui fait partie de l'Italie méri- dionale, MASSOLAC , maffolacum ; ( Géogr.) un des an- ciens palais des rois de France. Ce fut dans ce palais MAS que Clotaire IL. ft comparoître devant lui en 613%. le patrice Alèthée , & le ft condamner à périr par le glaive. Ce fut encore à Maffolac qu'après la mort du roi Dagobert I. les feigneurs de Neuftrie & de Bourgogne s’aflemblerent pont proclamer roi fon fils Clovis, Dom Germain &r dom Ruinart ont laiflé indécife la fituation de ce palais ; cependant bien des raifons portent à croire que l’endroit où il étoit bâti doit être Maflay, à une lieue de Sens , vers l’o- tient , fur la petite riviere de Vanne. On ctoit qu'il fut détruit par les Sarrafins; mais le nom un peu al- tére Mafiliacus pagus, pour Maffolacus pagus,Maflay, eft refté aux deux villages contigus , dont l’un s’ap- pelle Maflay-le-roy , & l’autre Maflay -le- vicomte. (D.J.) k MASSUE , f. f, ( Lirsier. ) On fait que chez les an, ciens c’étoit une forte d'arme lourde & grofle par un bout, hériffée de plufeurs pointes, Perfonne n’i- gnore encore que c'’eft le fymbole ordinaire d’Her- cule, parce que ce héros ne fe fervoit aue d’une maflue pour combattre les monftres & les tyrans. Après le combat qu'il foutint contre des géans , il confacra fa maffue à Mercure : la fable ajoûte qu’elle étoit de bois d’olivier fauvage , qu’elle prit racine & devint un grand arbre, On donne aufli quelque- fois la maffue à Théfée. Euripide dans fes fppliantes appelle la maffue de ce héros épidaurienne, parce qu’au rapport de Plutarque Théfée en dépouilla Périphétè, qu'il tua dans Epidaure , & 1il s’en fervit depuis, comme fit Hercule de la peau du lion de Nemée. (D. J.) | MASTIC, LE, f. m. (Æiff. des drog. ) en latin #af- ciche, maffix , ou refina lentifcana, Offic. péri cie, tai waçixn. Diofcor. maftech arab. Réfine feche, tranfparente., d’un jaune pâle, en larmes ou en grumeaux, dela groffleur d’un petit pois ou d’un grain de riz, fragile, qui fe cafe fous la dent , & s’amollit cependant par la chaleur comme de la cire, s’enflamme fur les charbons, répandune odeur agréable, & a un goût légerement aromatique, réfineux & un peu aftringent. Cette gomme réfineufe découle du lentifque des iles de l’Archipel par incifion, & Bellon même af- fure que les lentifques ne donnent de réfine que dans. l'ile de Scio. Cependant ceux d'Egypte en produi-, foient autrefois, puifque Galien recommande le maf- zic d'Egypte, Quelques-uns difent qu'il en découle aufli des lentifques d'Italie ; & Gaffendi , dans la vie de Peirefc, ouvrage excellent en fon genre, où l’on trouve cent chofes curieufes qu’onn'y attend point, remarque que du côté de Fonlonil y a de ces arbres qui rendent quelques grains de wraffc. Il eft pourtant vrai que tout celui que l’on débite aujourd’hui ne vient que des iles de l’Archipel , & en particulier de celle de Scio. On croit communément que c’eft la culture feule quirend ces arbres propres à fournir du zaffic, mais c’eft une erreur, puifqu'il fe trouve dans Scio mê= me beaucoup de lentifques qui ne produifent pref- que rien, & qui néanmoins font aufh beaux que les . autres : il faut donc attribuer la raïfon de ce phé= nomene à une tiflure particuhiere des racines & des bois , qui varie confidérablement dans les individus de même efpece. On a beau tailler & cultiver les lentifques de Toulon , ils ne fourniflent point de maflic. Combien y a-t-il de pins dans nos forêts qui ne donnent prefque pas de réfine , quoiqu’ils foient de même efpece que ceux qui en fourniflent beau- coup ? Ne voit-on pas la même chofe parmi ces {or tes de cèdres, cedrus folio cupreffi major, fruëu fla= vefcente, de C. B.P. dont on tire l’huile de cadé ? L'expérience donc a fait connoïtre que c’étoit la feule qualité des efpeces de lentifque qui produifoit le rmaflic ; & que la meilleure précaution que l’on pouvoit prendre pour en avoir beaucoup, étoit de conferver & de provigner les feuls lentifques qui na- turellement en donnent beaucoup. C’eft pour cette raifon que ces arbres ne font pas alienés dans les champs , mais qu'ils font difpofés par pelotons ou bofquets , écartés fort inégalement les uns des autres. L'entretien de ces arbres ne de- mande aucun foin ; il n’y a qu’à les bien choïfir & les faire multiplier, en couchant en terre les jeunes tiges. On émonde feulement quelquefois les lentifques dans le mois d'Oftobre , ou pour mieux dire on dé- charge leurs troncs des nouveaux jets qui empèche- roient le fuccès des incifions. Du refte, on ne la- boute pas la terre qui eft au-deflous : on arrache {eulement les plantes qui y naïfient ; on balaye pro- prement le terrein pour y recevoir le affic, & il eft néceflaire qu'il foit dur & bien applani. Peut-être que fi on fuivoit la même méthode en Candie, enltalie, en Provence, on trouveroit plu- fieurs lentifques qui répandroient du zzaflie comme ceux de Scio, On commence dans cette ile les incifions des len- tifques le premier jour du mois d’Août ; on coupe en travers & en plufñeurs endroits l'écorce des troncs avec de gros couteaux , fans toucher aux jeunes branches. Dès le lendemain de ces incifions, on voit diftiller le fuc noutricier par petites larmes, dont fe forment peu-à-peu les grains de af ; ils fe dur- ciflent fur la terre , & compofent fouvent des pla- ques aflez grofles : c’eit pour cela que l'on balaye avec foin ie deffous de ces arbres. Le fort de la ré- colte eft vers la mi-Août, pourvu que le tems foit ec & ferain ; fi la pluie détrempe la terre, elle en- veloppe toutes ces larmes , & c’eft autant de perdu : telle eft la premiere récolte du zzaffc. Vers la fin de Septembre les mêmes incifions en fourniflent encore , mais en moindre quantité : on le pafle au fas pour en féparer les ordures ; & la poufliere qui en fort s'attache fi fort au vifage de ceux qui y travaillent, qu'ils font obligés de fe la- ver avec de l’huule. Ils ne mériteroient pas d’être plaints pour ce leger accident , fi du-moins il leur revenoit quelque petite portion de leur récolte ; mais on nejuge pas que cela 1oitéquitable dansles pays foumis au grand-feigneur. Tout le produit des fonds lui appartient avec la pro- prièté des fonds ; fi quelqu'un vend la terre, les ar- bres qui fourniflent la réfine de raflic font refervés pour {a Hautefle, c’eft-à-dire qu'on ne peut rien ven- dre. Quand un habitant eft furpris pôrtant du raflic de fa récolte dans quelque village, il eft condamné aux galeres & dépouillé de tous fes biens. Nous en _ufons à-peu- près de même pour le fel. On n'accorde aux habitans des lieux où lon te- cueille cette réfine , que la prérogative de porter la fefle blanche autour de leur turban , de même que les Turcs’; prérogative peut-être confolante pour des peuples qui ctoïient avoir quelque faveur quand le prince ceffe de lever fa main pour les anéantir. Les lentifques femblent faits pour la gloire du ful- tan , qui jouit des pays où ces arbres donnent le maflic fans culture. En effet , pufqu'l eft proprié- taire du fond de la terre, 1l en réfulteroit infaillible- ment pour lui la perte du raffic s’il falloit cultiver les arbres ; car dans ces lieux-là l'abandon des terres à cultiver eft toujours certain : on ne répare point, On n’améliore point ,onne plante point , on tire tout dé laterre , on ne lui rend rien, La récolte entiere du maflic eft deftinée pouf la Capitale de empire, & par conféquent la plus grande partie pour le ferrail, Le fultan ne voit, n’envifage que le palais où il eft renfermé , & dont il fe trouve pour ainf dire le premier prifonnier ; c’eft à ce pa- M AS 18x lais qu'il rapporte fes inclinations , fes lois , fa pol: à ? AO tique , fes plaïfirs : c’efl-là qu'il tient fes fultanes & fes concubines , qui confomment ptefque tout le maftic de l’Archipel, Elles en mâchent principalement le matt à jeun; pour s’amufer , pour affermir leurs gencives , pour prévenir le mal des dents, pour le guérir du pou: rendre leur haleine plus agréable, On jetté auf des grains de z2a/iic dans des caflolettes Pout dés pat: fums , ou dans le pain avant que de le mettre au four. On l'emploie encore pour le mal d’eftomaé pour arrêter les pertes de fang ; & on en délivre aux femmes du ferrail à-proportion de leur crédit & de leur autorité. C'eft quelquefois un aga de Conftantinople qui fé rend dans Îes îles de lArchipel, pour recevoir le maflic dû au grand-feigneur , ou bien on chargé dé cette commnflion le cadi de Scio: alors le douanier va dans trois où quatre des principaux villages ; & fait.avertir lés habitans des autres de porter leur contingent. Tous ces villages enfemble doivent 286 caifles de rraflc, lefquelles pefent cent mille vingt: cinq ocques , c’eft-à-dire entotal 300 mille 6 25 livres à 16 onces pour livre ; car l’ocque ou ocos eft un poids de Turquie qui pefe trois livres deux onces poids de Marfeille, | Outre cela, comme les lois qui ôtent la propriété de fonds ne diminuent point la cupidité des grands ; laga , le cadi de Scio , prépofé Pour recevoirle maf- tic, commet dans fa recette les vexations &z les in- juftices dont 1l eft capable , par la prande raïfon qu'il croit n'avoir rien en propre que ce qu'il voles Ordinairement 1l retire de droits pour fa portion trois caifles de #74/2c du poids de 8o‘ocques chactine; il revient aufli une caifle à l'écrivain qui tient les re - giftres de ce que chaque particuliér doit fournir de maflic : lhomme du douanier qui le pefe en prend une poignée fur la part de chaque particulier ; & un autre commis qui cft encore au douanier, en prend autant pour la peine qu’il a de reffaffer cette part. Il me femble voir les manœuvres des commis ambulans aux fermes & aux gabelles. ge Les habitans qui ne recueillent pas aflez de #aftie pour payer leur contingent , en achetent ou en em2 pruntent de leurs voifinsqui ont eu plus de bonheur; finalement ceux qui en ont de refte , le gardent pour l’année fnivante ou le vendent fecrétement, Quel- quefois ils $’en accommodent avec le douanier » QUÉ le prend à une piafire l’ocque ; & le vend deux à trois piaftres. C’eft apparemmentde la levée perfonnelle du eadi &t des douaniers que nous revient par cafcades le peu de sraflic de Scio que nous avons en Europe ; il eft beaucoup plus gros & d’un goût plus balfami- que que celui du Levant que l’on reçoit par la voie de Marfeille. Cependant ce dernier eft prefque le feul que l’on apporte en France par la même voie de Marfeille. On calcule qu’il nous en revient en: viron 70 à 80 quintaux chaque année , À raifon de 70 {ols la livre pefant , dont nous faifons la confom: mation ou le débit. Il faut remarquer que les hégocians du Levant qiu Penvoient, mettent toujours le plus commun au fond , le médiocre au milieu , & le bon deffus. Ils ne veulent jamais le vendre l’un {ans l’autre. _ L'on peut acheter à Smyrne pour l’Europe tous les ans environ 300 caifles de maftic, pefant chaque caïfle un quintal un tiers. Il faut choifir le ma/ffic en groffes larmes, blanc ; pâle ou citrin, net, tranfparent, {ec, fragile, odos : rant, craquant ; & qui étant un peu maché devienne. {ous la dent comme de la cire blanche : on l'appelle maffic en armes. On ne fait aucun ças de celui qui ef noir, verd , livide ou impur, 182 MAS On vend chez les droguiftes fous Le nom de 14/fic «en forte, quelques mafles réfineules , feches, groffie- es, faites de maflie commun & d’autres réfines, mais elles font entierement rejettées pour la Medecine. Quelques ouvriers en emploient , & nomment zafhc ‘leur ciment ou compoftion faire de méchant mafhe, de poudre de briques , de cire & de réfine, dont les Lapidaires fe fervent pourtenir les pierres quand ils les taillenr, les Sculpteurs pour rejoindre les pieces d’une ftatue , &c les Vitriers pour coller leurs car- eaux de verre ou leurs glaces aux croifées. Il y a encore unwa/hic noir qu’on apporte d'Egyp- te , dont on prétend qu’on peut fe fervir pour fophuf- tiquer le camphre. -On préfuppote, pat l’analyfe du mafhe , qu'il ef ‘compoté de beaucoup d'huile épaiffe , de fel acide, de très-peu de fel alkali & deterre, & qu'il contient fort peu de parties fubuiles & volatiles. Les anciens medecins le recommandent pour beau- coup de maux ; c’eft pourquoi il entre dans une inf- «nité de compoftions galéniques , d’onguens ét d’em- _pltres. Les Allemands en tirent une eau, une huile fmple , une huiie diftillée, un efprit, avec l’efprit- de-vin, & en font aufli des pilules. On juge bien qu’ils donnent de grandes vertus à toutes ces prépa- fations. Quelques-uns de nos modernes ne font pas plus fages que les anciens , dans les propriétés vagues “qu'ils attribuent au wa/hic, pour guérir les diarrhées, la colique , le vomiflement, le flux de fang, Comme -ces maladies dépendent d’une infinité de caufes dif- férentes , il faudroit du-moins fpécifier les occafions où le saflic eft recommandable dans ces maladies. On doit reconnoître en général qu'il eft légere- ment aromatique & aftringent, c qu'il peut conve- nir lorfqw’il faut deflécher , affermir &c fortifier les fibres des vifceres qui font trop humides , trop là- ches & trop foibles : il peut encore quelquefois adou- -cir l’acrimonie des humeurs, foit en enveloppant les pointes des fels , foit en humetant les membranes. Etant mâché , il refferre & affermit les gencives, parce qu'il eftaftringent ; fon le mâche long-tems, al excite la falive , proprièré qu'il partage avec tout ce qui fe mâche long-tems. Il fe diffout également dans les liquides aqueux & huileux. On dit qu’appliqué fur la région ombilicale , il ar- yête les diarrhées , & qu'il guérit le mal de dents étant mis fur les tempes ; mais on répete fi fouvent ces fortes d'expériences fans fuccès , qu’on devroit bien en être détrompé. On l’emploie dans les poudres dentifirices , & il y convient , comme aufh dans quelques emplâtres , céras ou onguens aftringens. Cependant le principal ufage qu’on en fait eft dans les Arts. Les Orfévres en mêlent avec de la térébenthine & du noir d'ivoire , qu'ils mettent fous ‘les diamans pour leur donner de léclat. On s’en fert aufli beaucoup dans la compofition des vernis, cet art moderne induftrieufement inventé pour lufrer, colorer , conferver le papier, les tableaux, & tant d'ouvrages différens de fculpture ou de menuiferie. Peut-être que le vernis fi précieux de la Chine weft autre chofe qu’une efpece de réfine qui, comme le «maftic , dégoutte de quelqu’arbre naturellement ou par incifion. ( D. J.) MASTIC , TERRE , ( Hiff. rar. ) efpece de terre “bolaire qui fe trouve dans l’île de Chio. Ce nom fingulier lui a, dit-on , été donné , parce que cette terre {e trouve dans un pays où fe trouve aufü le nafhic. | Masric, f. m. ( Hydr.) eft une compoñition chaude de poudre de brique, de poix réfine & de cire , avec laquelle on attache un corps avec un autre, Ce maflic eft fort en ufage dans les conduites de près. Il y en a qu’on n’emploie que froid, ce qui l’a fait nommer waffic à froid, MASTICATION , £. £. (Phyfolog.) la maflication ou l’aétion par laquelle on mâche , eft une atténua- tion des alimens dans la bouche qui fe fait & par le broyement des dents & par le détrempement de la falive. Le principal objet de cette opérarion font les alimens folides qui doivent être atténués, afin que l’augmentation de leuts furfaces donne plus de prife aux forces digérantes. Ce qu'on mâche plus pour le plaifir que pour fe nourrir, comme par exem- ple les aromates , n’eft que le fecond objet de la maflication. Pour atténuer les alimens folides & les divifer en plufieurs particules, 1l faut les mordre. Foyez MORDRE. L’aétion de mordre confifte à écarter la mâchoire inférieure , & à la prefler enfuite fortement contre la mâchoire fupérieure , afin que les alimens folides puiffent être coupés par les huit dents incifives des deux mâchoires entre lefquels ils font pris. | Les alimens mordus êc divifés font réfervés entre les furfaces larges & pierreufes des dents molaires pour y recevoir l’aétion du broyement. Ce reffer- rement fe fait 1° par la contraéhion principalement du mufcle buccinateur, qui applique les joues aux dents molaires & à leur fiege externe, par l’ation de l’orbiculaire des levres dont l’ufage eft de rider, retrécir, fermer la bouche ; par l’a@ion du zigoma- tique qui tirant les levres obliquement en-haut, preffe fortement la partie fupérieure de la joue voi- fine du buccinateur contre les gencives des dents molaires fupérieures & contre ces dents mêmes ; par l’aétion du releveur commun des levres qui les tirant en-haut , les applique ainfi qu'une partie des joues aux dents & aux gencives qui font en cet endroit ; par laétion des deux releveurs propres de la levre fupérieure qui agiflant enfemble , reflerrent ladite levre contre Les gencives & contre les dents antérieures fupérieures | quand la bouche eft fer- mée par fon fphinéter ; par l’a@ion de l’abaïffeur &c du releveur propre des deux levres ; enfin par l’aétion du peaucier qui meut &c ride les tégumens, êc qui applique les joues & les mufcles placés fous lui aux mâchoires & aux dents molaires. Si ces mufcles agiflent tous enfemble, les joues & les levres font tellement appliquées contre les gencives & les dents , qu'il ne tombe aucune partie de ce qu'on mange & de ce qu’on boit entre les joues , entre la furface extérieure des dents & des parties antérieures des gencives, au lieu que les alimens font pouflés en divers lieux , lorfque ces mufcles n’apiflent que tour-à-tour. Les alhmens font donc alors reflerrés ou compri- més au même endroit par la langue, qui eftun muf- cle d’une extrème volubilité en tout fens, & qui fe ment avec une facilité prodigieufe vers tous les points du dedans de la bouche. C’eft par le moyen de ces mufcles qu’elle détermine les alimens folides entre les molaires , & ce qu’on mange & ce qu'on boit vers le gofier. Pour peu que lon fafle attention au mouvement fucceflif des mufcles moteurs de la mâchoire,à leur façon d'ouvrir & de comprimer en-devant latéra- lement & en arriere, onfera convaincu fans peine que les mufcles des joues, des levres, de la langue peuvent broyer les alimens dans l’écartement qui fe trouve entre les dents, & dans celui que laiffent les dents qu’on a perdues. Par tous ces mouvemens, les alimens font brifés, atténués , mêlés, délayés , lubrifiés , & deviennent fluides par le mélange de la falive , de la liqueur de la bouche , & de la muço- fité du palais & du gofier. Les alimens étant donc atténués par le mouve- met de la-mafication , la falive qui s’exptihe par cette même-aëtion fe mêle exaétement avec eux, & contribue à les .affimiler à la natute du corps dont ls doivent être la nourniture. Voyez CHYLE. (D. 1) MASTICATOIRE, f. m. ( Thérapeutique & Phar- macie. ) efpece d’apophlegmatifme par la bouche:, oude remède propre à exciter une évacuation par les excrétoires de la bouche, c'eft-à-dire les difté- rentes glandes falivaires. L'action fimple & mécha- nique de la maftication, lation de mâcher à vuide, où de mordre.un corps ténace ou plus où moins réfiftant, qui ne répand dans la bouche aucun prin- cipe médicamenteux , fufit pour. faire couler abon- damment la falive. Le mouvement de la langue & des joues employé à rouler dans la, bouche un Corps dur, poli & infoluble, détermine aufli cette excre- tion : ainfi un. morceau de cire ou de carton, un petit peloton de linge mâché pendant un certain tems, ou de petites boules de verre ou d'ivoire rou- lées dans la bouche peuvent étre resardées comme des efpeces de rraflicatoire quoique ce motne puifle convenir à la rigueur qu’à ce qui eff mordu où mâ- ché ; maïs ce font des raflicaroires faux où méchani- ques. Les vrais mefficatoires {ont des matieres qui ont une certaine folidité qui ne peuvent point fe difoudre entierement dans la bouche , & dont le goût eft âcre & vif, tels que les racines de pyretre, de gimgembre, de rofeauw aromatique, d’iris | d’aul- -née, &c. le poivre, le cardamome,, la femence de nelle, les feuilles de tabac & de betoine, le maf- tic, Fc. | … On peut donner à mâcher un feul de ces remedes, &t l’on a alors un a/fhicatoire fimple , ou bien en mê- ‘ler plufieurs fous forme de tablettes pour faire un snaflicatoire compoté. … "On regarde ces remedes comme très-utiles dans des maladies catarrales de tous les organes de la tête, telles que les fluxions fur les dents , les yeux, les oreilles, les engorgemens féreux des amygda- les , les affe&tions foporeufes , la paralyñe , 6e. Paéion de ces remedes eft abfolument analogue aux autres efpeces d’apophlegmatifmes par la bou- che, tels que les gargarifmesirritans & la fümée du tabac, Elle a beaucoup de rapport encore avec celle des errhins. Foyez ERRHINS. Lcs maflicatoires ne peuvent être regardés que comme des fecours d’un ordre inférieur, mais ce- pendant dont lPufage continué eft fouvent très-effi- cace, principalement contre les ‘affeétions carar- reufes de la tête. Ce genre de remedes eft prefque abfolument inufité aujourd'hui. C’eft à l'habitude de fumer & à celle du tabac pris par le nez qu’on a recours pour produire la même évacuation. (4) MASTIGADOUR , f.m. ( Meréchalerie. ) efpece de mors uni, garni de patenotres & d’anneaux, qu’on met dans la bouche du cheval , pour [ui exciter la falive 8 luirafraichir la bouche. Il eft compoté de trois moitiés de grands anneaux faites en demi-ova- les d'inégale grandeur , les plus petites étant renfer- mées dans la plusgrande, qui doit avoir un demi- pié de hauteur. Le maflisadour eft monté d’une têtiere & de deux longes où rènes. On dit qu'un cheval eft au wafhgadour, lorfqu’on lui met la tête entre deux piliers, la croupe tournée vers la mangeoire. MASTIGOPHORE oz PORTE-VERGE , 1. m. (Littér. grecq.) efpece d'huifiier des Hellanodices, prépolés aux jeux publics de la Grece. Les lois qui concernoient la police des jeux pu- blics étoient obfervées d’autant plus exaétement, que on punifloit avec féverité ceux qui n’y obéif- oient pas. C’étoit ordinairement la fon@ion des mafligophores, lefquels, par Bordre des hellanodices MANS 183 ou ägonothietes., & même quelquefois à là priere des fpeétateurs, frappoient de verges les coupables. Pour mériter..ce châtiment > 11 fufifoit: qu'un athlete entrât mal-à-propos:en lice en prévenant-le fignal où fon rang. Si l’on-s’appercevoit de quel que coilufñon entre deux antagoniftes , c'eft-i-dite quals paruflent vouloir s’épargner réciproquement encombaitant avec trop de négligence , on leur impofoit la mênie peine. On ne faifoit pas meilleur quartier à ceux qui, après avoireu l’exclufion pour les jeux, ne lailoient pas d’yparoître , ne füt-ce que pour, réclamer unerpalme: qu'ils prétendoient leur appartenir, quoiqu'ils l'euflent gagnée fous un nom-emprunté.. SL La févetité. des aganothetes grecs à châtier les fautes où la prévarication des äthletes, fe faifoit ex trèmement redouter de ceux qui vouloient fe don< ner en fpeétacle dans lès jeux publics ; & lorfque les courtifans de Néron lexhorterent de paroître aux jeux olympiques pour y difputer le prix dé la mufique., 1l leur donna pour -excufe la crainte qu'il avoit dés:ma/igophores ; mais pour s’en délivrer, if eut d’abord {foin de gagner leurs bonnes sraces., 82 plus encore de corrompre tout-enfemble fes juges & les antagoniftes à force. d’honnêétetés-& de pré- fens. C’eft par ce moyen qu'il vint à bout de fe délivrer de la jufte appréhenfion que lui in{piroit fa foiblefle. Suétone nous apprend cette anecdote : Quam autem strepidè anxiè que-certaverir ; dit-il en parlant de cetempereur, quantd adverfariorum æmu latione, & quo metu judicum, vix credi potef?. Adyer- Jarios fe qui arte præcellerint ; corrumpere folebat ; ju dices autem ;pribfquam incipéret , reverendiffimè allo- quebarur, Il eft donc vrai qu’on punifloït les athletes: qui corrompoient leurs ädverfaires:par-argent, 8 les concurrens quis’étoient laiflé corrompre ; mais quel agonothete eût ofé févir contre Néron ! Onne pend point un homme qui a cent mille écus de rente, dit à l'oreille dumaréchal de Villars un par. tifan, dont il vouloit faire juftice,. pour s’êtte.enri- chi dans la campagne du plus pur fang des peuples & en effet il ne fut point pendu, ( D. J.) MASTILLY , f. m. (- Comm.) meélure dont on fe fert à Ferrare , ville d’italie, pour les liquides. Le mafhlly contient huit {echys. Voyez Didionnaire de Commerce. MASTIQUER, (Gram.) c’eft unir par le mañic. Voyez l’arricle MASTIc. MASTOIDE , ad. ez Anaromie , eft la même chofe que zzamillaire, Voyez MAMILEAIRE. Le mot vient du grecuagos, mamelle, &t de 64006 3 image , figure. Masroine fe dit auffi des apophyfes du corps qui reflemblent à des mamelles, & qui naïffant d’une bale large | fe terminent par une extrémité obtufe. MASTOIDIEN , adj. ez Anatomie, fe dit en dif. férentes parties relatives à l’apophyfe mañtoïde, Voyez MASTOIDE. Le trou mafloidien poftérieur eft celui qui eff le plus remarquable de tous ceux qui s’obfervent à la partie poftérieure de l’apophyfe maftoide, Le mufcle maffoidien antérieur | voyez STERNO- Deipo-MASTOiDIEN. Le muicle raffoidien latéral, voyez COMPLEXUS, Le mufcle zza/foidien poftérieur, voyez SPLENIUS, MASTOU, i. m. ( Péche.) ce terme eft ufité dans l'amirauté de Bretagne, Ce font de petites planches d’un pié en quarré ; ‘on y a pratiqué en-deflus un rebord qui fuit les contours & marque la forme dur pié, & ajufté deux barres en croix qui traverfent d’un angle à Pautre. On affermit ceite machine fous le pié avec une courroie de cuir où de corde, à- 184 M AS pou-près comme les fanvages du Canada attachent : {ousleurs piés leuts raquettes pour aller fur la neige, Avec ces maftous , les pêcheurs parcourent dibre- ment Les fonds vafeux fans enfoncer ; ils fe foutien- - nent en même tems avec leurs fouannes qu'ils ont à leurs mains. MASTRICHT 04 MAESTRICHT , ( Géog.) an- -cienne, grande , belle & forte ville des Pays bas. Elle eft enclavée d’un côté de la Meufe dans l’évé- ‘ché de Liege & le comté de Vroenhove , dé l’autre côté de la même riviere , elle eft enclavée dans le pays de Fanquemont , & dans le comté de Gronf- velt, fief de l'empire. Le nom latin de Maftricht eft Trajeëtum ad Mofam, & c’eft ce que fignifie en flamand Mae/frichr ; parce ‘que la Meufe s'appelle Maes dans cette langue, &c que le mot Trajetum a été corrompu en Treitfum ou Triéum ; aufh Monftrelet lappelle-t-1l en fran- çois /a ville de Treet. Maftrichr fignifie donc trajet fur la Meufe, & les Romains l’appelloient Trajeüum Juperius , Trajet fupérieur , pour la diftinguer de Trajeilum inferius ; qui eft Utrecht fur un bras du Rhin. | Maftrichs eft une ville fort ancienne, qui étoit autrefois comprife dans le royaume d’Auftrafie, Pendant long tems elle n’a reconnu d'autre fouve- rain que l’empereur ; enfuite les ducs de Brabant poflederent cette feigneurie , que les évêques de Liege leur difputerent : enfin l’'Efpagne la céda aux états généraux par le traité de Muniter. _ Elle a éprouvé plufieurs fois les malheurs de la guerre, & a foutenu fix fieges confidérables depuis 1579 jufqu’à ce jour. Louis XIV, la prit en 1673, & la rendit en 1678 aux Provinces-Unies par le traité de Nimepue. C’eft une des plus fortes places , & la principale clé de la république fur la Meufe. Elle eft gouver- née conjointement par leurs hautes-puiflances & par l’évêque de Liege ; mais leurs hautes-puifflances y ont une jurifdiétion prééminente. On compte 12 à 13 mille habitans dans cette ville , fans y com- prendre la garnifon , dont les états généraux ont feuls le droit. Maffricht eft fur la Meufe, qui la fé- pare en deux parties ; lune qu’on nomme propre- ment Mafiricht fur la rive gauche de cette riviere, & l’autre Fick fur la rive droite. Sa diftance eft à ; lieues N. E. de Liege, 6 E. d’Aïx-la-Chapelle, 22 E. de Bruxelles, 19 S. O. de Cologne. Long. 200 Mat 0 CD ET MASULIPATAN , (Géog.) petite ville mal bâtie, . mais très-peuplée, des Indes, fur la côte de Coro-. mandel dans les états du mogol. Ses toiles peintes ‘font les plus eftimées de toutes celles de lorient, Il s’y fdit un commerce prodigieux, & plufieurs na- tions d'Europe y ont des comptoirs. La chaleur y eft cependant infupportable au mois d’Août, de Mai & de Juin. Les habitans ne mangent d’aucune chofe qui ait vie, ce qui joint à la grande fertilité du pays, fait que tout y eft prefque pour rien. Mafulipatan eft à embouchure de la Crifna , à environ 8o lieues de Golconde. Long. 99. lat, 16. 30. MAT, adj. (Are. mech, ) il fe dit des métaux dont on a laiflé la furface fans éclat, en ne la bruniffant pas. Il y a des fubftances naturellement marres, & qui ceflent de l'être par art; 1l y en a qui font écla- tantes & qu'on aa ; il y en a qu’on ne peut faire briller, d’autres qu’on ne peut empêcher de briller: on dit aufli des couleurs qu’elles font rattes , lorf- qu’elles n’ont aucun luifant; telles font la terre d'ombre & le maficot. Un tableau feroïit marre, fans le vernis & fans l’huile dent on délaye les couleurs. __ Mar, adj. & fubff, (Jeu d'échecs.) il fe dit du «coup qui finit la partie, le roi étant mis en prife d’une piece, & ne pouvant où fe remuer du tout ; alors le MAS mac eft étouffé,ou fe remuer fans fé mettre en prife "ou. ; : ; de la même piece où d’une autre: f un joueur donne . échec au roi, & que cet échec arte , fans que le joueur s’en {oit apperçu, on dit que le mar eff | aveugle. MAT & MATS , f.m.( Marine. ) grofles & lon- gues pieces de bois arrondies qui s’élevent prefque perpendiculairement fur le vaifleau , pour porter les vergues & les voiles. Le mét de beaupré doit être excepté de cette regle, puifqu’il eft pointé à l’avant fous un angle d'environ 45 degrés. Les méts font fortifiés &r foutenus par des manœuvres qui font lés aubans & les étais, Les 2475 majeurs font les quatre mâts qui s'élevent immédiatement fur le pont. : Les grands vaifleaux ont quatre mérs ; favoir , un vers la poupe , qu’on appelle 4e d'arrimon ( Mar. PI, I, coté W. ); le fecond au milièeu , nommé grand mär coté X ; le troïfieme versla proue, on l'appelle mât de mifaine, où mât d'avant, coté Y ; le quatrie- me fenomme 7745 de beaupré coté Z : on ajoute quel- quefois à ces quatre mérs un cinquieme , c’eft un double artimon. Voyez aufñi ces mêmes mérs dans la deuxieme figure de la premiere Planche | coté 38, Go. 95.6 14, Chaque réf eft divifé en deux ou trois partiesou brifures,qui portent auffi le nom de mér, & qu’on di- - tingue vers le tenon, dépuis les barres de hune ju£- qu'aux chouquets , qui font les endroits où chaque mât eft affemblé avec l’autre ; car le chouquet affer. mit la brifure par en-haut, & par en-bas elle eff liée & entretenue par une clé ou groffe cheville de fer, forgée à quatre pans. Le #4 qui eft enté fur le m4r d’artimon , s’appelle #47 de perroquet d’artimon , ou fimplement perroquet d’artimon , perroquet de foule ow perroquet de fougue. Le mér qui eft enté fur le grand mât , fe nomme le grand mât de hune, & on nomme le grand mât de perroquet , ou fimplement perroquer, celui qui eft enté fur celui-ci: On donne le nom de tnât de hune d'avant au mat qui eft enté fur le #4 de mifaine , & le #4r qui eft enté fur ce mét de hune, s'appelle #4êt de perroquet de mifaiïne | de perroquet d'a- vant , où fimplement perroquet de mifaine , de mê- me que la voile qui y eft attachée ; enfin mr de perroquet de beaupré, ou fimplement perroquet de beau pré, tourmentin & petit beaupré font les noms du rés qui eftenté fur le beaupré, Voyez; MARINE , PZ I, fig. 1, 6 fig. 2. | Les mérs des plus grands vaiffleaux font fouvent de plufeurs pieces ; & outre Le foin qu’on prend de les bien aflembler , on les furlie encore avec de bonnes cordes, & on y met des jumelles pour les renforcer. Voyez JuMELLES. On les peint aufli affez fouvent par le bas , & on les frotte de goudron , fur-tout par le haut , au-tour des hunes & de tout le toit , afin de les conferver : leurs piés de même que les tours font raillés en exagone ou oftogone, Le grand mét eft pofé à-peu-près au milieu du vaif- feau dans l'endroit où fe trouve la plus grande force du bâtiment. Le mér d’artimon eft éloigné autant qu'il eft poffible de celui-ci , afin de donner à fa voile la plus grande largeur , pourvu qu'il y ait cependant aflez d’efpace pour manœuvrer aifément derriere ce mât, & pour faire jouer la barre du gouvernail. Pour avoir une regle à cet égard qui conferve tous ces avantages , les conftruéteurs partagent toute la longueur du vaifleau en cinq parties & demie, & placent ce mätentre la prenuere partie & la feconde , à prendre de l'arriere à l'ayant. Cette même regle fert pour placer le rés de mifaine , & cette place eft à la cinquieme partie de la longueur , à prendre de l'avant à l’arriere. Le pié de ce mét ne porte pas fur le plafond , à caufe de la rondeur de l’avant qui l'en empêche, mais il eft pofé fur l’affemblage de l’étrave & de la quille, Comme le mér de beaupré eftentiere- ment ment hors du vaifleau , fa place n’eft point fixée. Poyez BEAUPRÉ. Dans leur pofition le grand mér & le mät d’artimon penchent un peu versl’arriere;, afin de faire carguer le vaifleau par - 1à , & de le faire mieux veñir au vent. 114 Laregle qu'on fuit généralement pour les propor- tions des #4rs , eft de leur donner autant de piés de hauteur, qu'ily ena en deux fois la largeur & le creux du vaifleau: ainf 30 piés de large & 10 piés de creux qui font 4opiés , étant doublés , ona 80 piés pour la hautéur du grand #4, qui eft le plus haut parce qu’il eft placé où eft la plus grande force du vaifleau, & où il peutle plus contribuer à Péquilibre. Les autres mâts font plus bas que celui-ci. Le m4: de mifaine eft ordinairement d’une dixieme partie plus côurt que le grand mé. La hauteur de celui d’artimon n’a que les trois quarts de celle du grand m4, 6c la hauteur du r4r de beaupré eft égale-aux trois huitiemes de la Jongueur du vaifleau. On proportionne auffi Pé- paifleur des mérs au creux du vaiffeau. On leur don- ne un pié d’épaifleur dans l’étembraie , par chaque fix piés de creux qu’a le bâtiment, & on donne à Pépaiffeur du toitles trois quarts de celle durzér dans l’étembraie. À cet endroit les #4rs font un peu plus épais qu'’au-deflous , à caufe des manœuvres qui y pañlent. A l'égard de l’épaifleur des méts de hune, on la regle fur celle des tours des mérs fur lefquelsils font entés, & cette regle confifte à leur donnér les cinq fixiemes parties. Enfin, pour ne rien omettre d’eflentiel dans cet article, j'ajoute que les hauts mes , en y comprenant les bâtons des pavillons, fe mettent bas par les trous d’entre les barres de hune de devant, & que les An- glois les baiffent par derriere , quoique cela foit plus difcile. C’eft à un maître de vaifleau d’Enchuife, nommé Krein Wouterz, qu’on doit la mamere d’at- tacher ainfilés 415 pour les amener quand on veut ; &t pour lesremettre de même avec une égale facilité. On mâte un vaifleau en enlevant les mérs avec des machines à mâter,des grues,des alleges; & quoiqu'ils {oient déja arborés , on ne laïfle pas quelquefois de les changer de place, en coupant les étanbraies ; en {e fervant de coins pour les repouffer, & en les t1- rant par le moyen des étais & des galaubans. + Les plus beaux 7415 viennent de Norvege ou de Bifcaye. On entire auffi du mont Liban &c de la mer Noire, qui font eftimés, Voici un détail particulier de la pofition des mars & de leurs proportions , tiré de l’architecture na- vale , que j'ai citée en plufieurs endroits. Le milieu du diametre du grand mé eft placé en arriere du milieu du vaifleau de 5 lignes + par pié de _ Ja longueur totale. Le devant du wér d’artimon eff placé entrela cin- quieme & fixieme parties de la longueur totale. Il y a des conftruéteurs qui placent lPavant du grand ét plus à l’arriere qu’au milieu , d'autant de fois 4 lignes qu'il y a de piés dans cette longueur. Exemple pour un vaifleau de 74 canons. Longueur de l’étrave à l’étambort , 154 piés 8 pouces multiphiés par 4lignes, produit 4 piés 8 pou- ces 6 lignes 8 points. À l’épard de la longueur du grand wér, pour les gaifleaux depuisle premier juiqu’auquatriemerang, on lui donne 2 fois + la plus grande largeur du vaif- eau. Pour les vaiffleaux du cinquieme rang, onajoute 3 piés à la longueur ci-deflus , & 6 piés pour les fré- gates qui n’ont qu'un pont, Exemple : le maitre bau a 42 piés, lalongueur du grand mét fera done de 105 piés. Plufieurs conftruéteurs prennent, pour avoir la longueur du grand 14, deux fois la longueur du maître bau , à quoi ils ajoutent le creux ; ce qui fait là même chôfe que fi l’on fuivoit la méthodé précé- Tome X, MAT 185 j dente, quand le creux eff égal À la moitié de Ja lar: geur:Le plus grand diametre d’un #47 eft au premier pont, où on lui donnie autant de pouces que le 5 dé la plus grande longueur du mér a de piés. Exemple, Le grand mé a de longueur ro$ piés. Le: de 105 eft de 35 pics. | Ainf le plus grand diametre du grand #41 de ce vaiñeau, aufa 3$ pouces , ou 2 piés 11 pouces. Le plus petit diametre du grand ar eftau bout, où fe place le chouquet, & il a en cet endroit les 5 du grand diametre. NT 2 1920 Le diametre du grand #4 étant de deux piés onze pouces; Le petit diametre fera d’un pié onze pouces quai tre lignes. | D'autres conftruéteurs tronivent le grand diametre en-prenant deux fois la largeur du vaifleau , & une fois le creux; ils divifent cette fommé par trois, & le nombre du quotient indique le diametre du m2 en pouces, ce quireviernt à ce qu'on a dit plus haur. Exemple, Largeur, 43 piés. Doublée, 86 piés. Creux, 21 piés. Total, 107 piés. Ce total 107 piés eft la longueur du grand #4r qu'il faut divifer par trois ; il vient au quotient 35 3, Ce qui indique que le grand mé doit avoir 3 5 pouces 8 lignes de diametre au niveau du premier pont. Le thon qui eft là partie du m4: comprife depuis le chouquet jufqu’aux barres de hüne ,'a de longueur + de celle du 4e. Exemple. La longeur du grand mét eft de 105 piés divifés par o. 4 Lé quotient qui indique la longueur du thon, eft de r1piés 8 pouces. Méthodes pour trouver les diametres moyens entre le plus grand & le plus petir. On trouve les diametres moyens entre le plus grand qui eft au premier pont, & le plus petit qui eft au chouquet, en rirant la ligne 4 B égale au grand diametre, . Le compas ouvert de 4 B, décrivez de À l’ärc BE, & dupointB larc 4 F; ces deux arcs fe coupe: ront au point C ; de ce point abaïflez une perpendi- culaire à la ligne 4 B ; tracez enfuite parallelement à AB , la one L G, égale au plus petit diametre ; de façon qu’elle touche par fes extrémités les deux arcs À Fen BF; divifez la longueur duré en un cer- tain nombre de parties égales, en 9 fi l’on veut; partagez de même fur votre figure, la difance com- prife entre les lignes qui marquent les diametres , _en autant de parties égales que vous voudrez, 9 par exemple , par des lignes païalleles également éloignées les unes des autres, & ces lignes vous in- diqueront les diametres moyens entre le plus grand AB, & le plus petit LG; ainfi la diftance comprife entre 4 B & LGeft partagéeeno parties égales : & qu’on ait partagé de même la longueur du mé en 9 parties égales, la premiere parallele après 4B fera le diametre du és à la premiere divifion ; la deu- xieme parallele fera Le diametre du m4t à la deu« xieme divifon, 6c. À à 186 MAT . “Le mdt de mifaine fe place {ur l'extrémité du brion, fon-diametre en arriere ; par cette poñtion {on avant eft à-peu-près à la dixieme partie de la longueur torale. | LA ‘La longueur du mé de mifaine eft égale à celle ‘du grand ét , moins le thon du même grand mr. … La longueur du grand mé eft de 105 piés, dont il faut fouftraire la longueur du thon de 11 piés 8 pouces. ' Refte pour la longueur totale du mé: de mifaine ‘03 piés 4 pouces. Son.grand diametre fe-prend comme celui du ‘grand wétau premier pont ; il eft égal à autant de pouces que le + de la longueur a de piés. Longueur du m4 de mifaine, 93 piés 4 pouces, dont le 5 eft 31 piés 1 pouce 4 lignes ; ce qui donne pour le diametre du 74: de mifaine à fon gros bout 31 pouces ligne 4 points, " TE Son diametre-au.petit bout. à l’endroit du chou- quet, eft les deux tiers du grand diametre, 31 pou- ces 1 ligne 4:points, dont les deux tiers font 20 pouces 8 lignes 10 points, Connoiffant le plus grand & le plus petit diametre, on aura les diametres moyens en opérant comme pour le. grand mé. Mais plufeurs conftruéteurs trouvant que par œette méthode le #4: de mifainé ft trop foible, fe contentent de faire fon diametre de 2 pouces plus petit que celui du grand mé. On aura la place du mér d’artimon, en portant depuis la perpendiculaire de la rablure de l’étambot en avant, les + de la plus grande largeur du vaifleau fur la ligne du premier pont, ayant foin de mettre fon épaifleur en avant. Le mat d’artimon a fa carlingue ou fon pié fur le premier pont, & il finit vis-à-vis la grande hune : fi lon-ôte du grand mér fa partie qui eft dans la calle & fon thon, on aura donc la longueur du m4e d’artimon, | Grand mé, 10% piés, dont il faut ôter le thon & lecreux , 32 piés $ pouces. | Longueur du m4 d’artimon, 72 piés 4 pouces. Le grand diametre du w4t d’artimon eft au niveau du fecond pont ; il a autant de pouces que le + de fa longueur a de piés. Longueur du mät d’artimon ; 72 piés 4 pouces ; le tiers, 24 piés 1 pouce 4 lignes. Ainf le diametre de ce 24: aura 24 pouces 1 ligne 4 points. Le petit diametre a les < du grand, 16 pouces 10 points +. | Les diametres moyens conime dans les précédens, ou bien les diametres du ét d’artimon, font les +de celui du grand mér, La carlingue ou le couflin du m4: de beaupré , eft : au premier pont ; 1l eft placé à trois ou quatre pou- ces du 74: de mifaine. Ainfi le pié du #47 de beau- pré eft fouvent très-peu éloigné du #4r de mifaine; 1] porte fur un couffin de 25 à 26 pouces de haut ; fa pointe, à 35 degrés ou à-peu-près, pañle fous le bau qui fert de feuils aux portes de proue, & va pañler à un pouce & demi où deux pouces du bout de l’é- trave, à laquelle il ne doit jamais toucher, de peur que dans les meuvemens de tangage , il n’ébranlât ‘cette piece fur laquelle toutes les parties de l’avant “ont aflemblées. Néanmoins il ÿ en a qui font porter le beaupré fur la contre-étrave & fur la moitié de l’étrave en- dedans ; l’autre moitié en-dehors ne touche à rien, y ayant ordinairement un pouce ou un pouce & demi de jour entre le bout extérieur de l’étrave & le beaupré. On obfervera que le pié du beaupré a une dent, pour l'empêcher de tomber de deflus fon goufin, La fongueur du beaupté eft égale à une fois & demie le maitre bau. | Longueur du maitre bau, 42 piés, Longueur du beaupré, 63 piés. son grand diametre fe mefure vis-à-vis le bout de Pétrave ; & pour l'avoir, on prendunemoyenne proportionnelle entre le grand diametre du grand rmét, & le diametre du 4 de mifaine. Le petit diametre eft égal à demi du grand. Diametre du grand mér, 35 pouces. Diametre du mér de mifaine, 31 pouces une lis gne quatre points. Le total de ces deux eft 66 ponces uné ligne qua- tre points ; donc le grand diametre dû beaupré eff 33 pouces & huit points; & le diametre du petit bau, 16 pouces 6 lignes 4 points. MAT d'un brin, (Marine) c’eft un mét fait d’un feul arbre, Le beaupré & les méts de hune font d’une feule piece. Mt forcé, mdr qui a fouffert un effort & qui eff en danger de fe rompre dans l’endroit où il eft en- dommagé. Mér jemellé, jumellé, réclanpé où renforce. Mt fortifié par des jumelles ou pieces de bois liées tout au tour avec des cordes, de diffance en diftance, pour empêcher qu’il n’éclate & ne rompe. MATACA, (Géog.)où MAT ANCA,baie fur la cô- te feptentrionale de l’ile dé Cuba en Amérique, entre la baie de la Havane & le vieux détroitde Bahama, Les flottes des gallions y viennent ordinairement faire de l’eau, enretonrnant en Efpagne. C’eft auf là que Pieter Hein amiral de Hollande les attaqua en 1627, les prit , & enrichit fon pays des richefes dont ils étoient chargés. La baie de Maraca eft à 14 lieues de la Havane: Lozg, 296; lar. 25. (D.J.) . MATACON , f. m, (Gram, Hiff. nat.) eipece de noïfette dont on fait du pain à Madagafcar. MATADORS , f. m. (A1. mod.) c’eft ainf que l’on nommoit en 1714, une compagnie de deux cent hom- mes que leverent ceux de Barcelone qui refuferent opiniatrement dereconnoîtrele roiPhilhippes V. pour leur fouverain : le but de l’établiflement de cette mili- ce,ou de ces brigands,étoit de maffacrer tous ceux de leurs concitoyens qui favorifoient le parti de ce prince, MATADORS, (jeu) au jeu de quadrille font les premiers atous de chaque couleur, comme l’as de pique, l'as de trefle & le deux de pique ou de trefle en noir , & le fept de cœur ou de carreau en rouge. Quoique à proprement parler 1l n’y ait quetrois r24- tadors ,on ne laiffe pas de donner aufli ce nom à tou- tes les triomphes qui fuivent fans interruption ces trois premiers maradors ; & lorfqu’elles leur {ont join- tes ainf, on les paye comme eux. MAT AFIONS, f. m. (Marine) ce font des petites cordes femblables à des aiguillettes, dont on fe fert pour attacher les moindres pieces. MATAGARA, (Géog.) montagne d'Afrique dans la province de Cutz, au royaume de Fez, Cette montagne qui eft très-haute & très-efcarpée , n’eft éloignée de Tezar que de deux lieues. Des Bérébe- res d’entre les Zénetes l’habitent , & ne paient au- cun tribut au roi de Fez, ni au gouverneur de Te- zar. Marmol dit que ces Béréberes n’ont pu jamais être foumis par la force des armes ; qu’ils cultivent beaucoup de vignes, qu'ils recueillent quantité de blé, & nourriflent force troupeaux dans cette montagne. Il ne faut pas la confondre avec le mont Matagara , qui eft dans le royaume de Trémecen ; cette derniere montagne n’apporte, par fa froideur, que de l'orge & des carrogues. (D. J.) MATAGASSE, (Hifi. rar.) Voyez P1E GRIECHE. MATAGESSE, (Hit. nat.) Voyez P1E GRIECHE, MAT MATALONI, (Géog.) petite ville moderne du royaume de Naples, dans la terre de labour, avec titre de duché. C'eft prefque l'endroit où étoit Ga- latia, colonie de Sylla fur la voie appienne. Elle eft à 4 milles de Calerte au N. & à 8 nulles d’Averfes. (D. J.) MATAMORS, (Æiff. mod, Econom.) c’eft ain que l’on nomme des efpeces de puits ou de cavernes faites de main d'hommes, & taillées dans le roc, dans lefquelles les habirans de plufieurs contrées de l'Afrique ferrent leur froment &c leur orge, comme nous faifons dans nos greniers. On aflure que les grains fe confervent plufieurs années dans ces ma- gafins fouterreins , qui font difpofés de maniere que l’air peut y circuler hhrement, afin de prévenir l'humidité. L'entrée de ces conduits eft étroite, 1ls vont toujours en s'élargiflant, & ont quelquefois jufqu’à 30 piés de profondeur. Lorfque les grains font parfaitement fecs , on bouche l'entrée avec du bois que l’on recouvre de fable. MATAN, (Géog.) ou MACTAN,; ifle de l’océan oriental , & l’une des Phihppines : les habitans ont fecoué le joug des Efpagnols , & ont recouvré leur liberté. Ce fut dans cette ile que Magellan fut tué en 1501, prefque en y débarquant, (D. J.) MATANCE, BA1E DE (Géog.) baia de Matança; grande baie de lile de Cuba fur la côte feptentrio- nale, à 14 lieues à l’eft de la Havane, & de la pointe d’Itaque; cette baie a 2 lieues de large. Matanca veut dire tuerie , les Efpagnols ont appa: remment dépeuplé les habitans de ces cantons, par leurs maffacres. (D. J.) | MATAPAN , PROMONTOIRE DE (Gcog.) pro- montoire de la Morée , dans la partie méridionale, entre le golfe de Cochinchine à l’orient, &r le golfe de Coton à l’occident. De tousles promontoires de la Morée, celui de Marapan avance le plus dans la mer. On l’appelloit autrefois promontorium 1æna- riums & c’eft dans les entrailles de ce promontoire que fe trouve l’entrée de Ténare, dont l’ouverture affreufe a donné lieu aux poëtes de dire que c’étoit la gueule de lenfer. (D. J.) À MATARA, f. m. (Com.) mefure pour les liqui- des , dont on fe fert en quelques lieux de Barbarie. Le szatara de Tripoli eft de 42 rotolis. Foyez. Ro- TOLI, Dition. de comm. MATARAM , ( Géog.) empire compofé de plu- fleurs provinces , dans la partie orientale de l’île de Java. Ces provinces font au nombre de douze, gouvernées par dés vice-rois ; mais ces vice-rois eux-mêmes ne paroiflent qu’en pofture de muféra- bles efclaves devant l’empereur, dont le pouvoir eft abfolu. Les voyageurs nous difent que ce prince a un grand nombre de concubines , dont 1l eft toujours accompagné , entouré , fervi & gardé. Ce font les plus belles filles de fes états qu’on lui choïfit par- tout, & auxquelles on apprend l'exercice des ar- mes , à chanter, à danfer & à jouer des inftrumens. Les tournois font à la mode dans l’empire du Ma- taram; les plus beaux fe font devant le palais de l’empereur, & les cavaliers s’y préfentent à cheval, avec un bonnet à la javanoife ou bien en forme de turban , & une fine toile de coton qui regne autour du corps de la ceinture en-haut , car de la ceinture en bas , 1ls font tous nuds. Si-tôt que l’empereur arrive , on regarde attentivement ce qu'il porte fur la tête ; f c’eft un turban, tout le monde en prend un & met fon bonnet dans fa poche ; fi c’eft un bon- net, chacun en fait de même. Il me femble voir les finges de l’île de Robinfon Crufoë , tantôt fans bon- (D TS tantôt avec des bonnets qu'ils avoient pris. MATARAM , ( Géog.) ville d’Afie, autrefois ca- Tome X, MAT 187 pitale de l'empire de ce nom , dans l’île de Java. Elle feroit forte par fa fituation & les montagnes qui l'environnent , mais elle eft tombée en ruine, depuis que le fiége du royaume a été transferé fur la fin du dernier fiecle à Cartafoura. Long. 129 lat mérid, 7,85; (D. JT.) MATARO , (Géog.) pétite ville d'Éfpagne, dans la Catalogne , remarquable par fes verreries ; elle eft fur la Méditerranée , à 14 lieues $. O, de Giron- ne, 6 lieues NE, de Barcelonne, Long, 20,10. lat. 41 31e (D.J. MATASSE , f. f. foiès en pelotes , & non filées, Il fe dit auf du coton. MATATOU , f.m. ( serme de relation ) meuble des Caraibes: c’eft une efpece de corbeille quarrée, plus ou moins grande, & qui n’a point de couver- cle. Le fond en eft plat & uni; les bords ont trois ou quatre pouces d'élévation, les coins font portés fur quatre petits bâtons qui excedent de trois à qua- tre pouces la hauteur des bords ; ils fe terminent en boule , ou font coupés à quatre pans. Ils fervent de piés au matatou , & s’enchäflent dans les angles. On lui donne depuis huit jufqu’à douze pouces de hauteur , au-deflous du fonds de zatarou, pour l’é- lever de terre à cette hauteur. Le fonds & les cô- tés font travaillés d’une maniere fi ferrée , qu'on peut remplir d’eau le #aratou , fans craindre qu’elle s'écoule, quoique cette corbeille ne foit faite que de rofeaux ou de queue de lataniers, Les matatous fervent de plats aux Caraïbes ; ils portent dans un mrataton leur caffave qu’ils font tous les jours , & qui eft bien meilleure en {ortant de deflus la platine , que quand elle eft féche & roide. Ils mettent fur un autre maratou la viande , les poif= fons , les crabes, en un mot leur repas avec un couf plein de pimentade, c’eft-à-dire du fuc de manioc bouilli , dans lèquel ils ont écrafé quantité de pi- ment avec du jus de citron. C'eft.là leur fauce fa= vorite pour toutes fortes de viandes & de poiffons x elle eff fi forte , qu'il n’y a guère que des Caraïbes qui puiflent la goûter. (D. J.) MATCOMECK , (if. mod. ) c’eft le nom que les Iroquois & autres fauvages de l'Amérique fep- tentrionale donnent à un dieu qu’ils invoquent pen- . dant le cours de l'hiver. MATCOWITZ , (Géog.) petite ville forte de la haute-Hongrie , au comté de Scépus , fur une mon- tagne. Les impériaux la prirent en 1684. (D. J.) MATÉ EN CARAVELLE , ( Marine) c’eft n'avoir que quatre mâts dans un vaifleau, fans mÂts de hune. MATÉ EN CHANDELIER, c’eft avoir les mâts fort droits & prefque perpendiculaires au fond du vaifleau. MATÉ EN FOURCHES 04 À CORNE ; c’éft porter à la demi-hauteur de fon mât une corne qui eft po- fée en faillie fur l'arriere, & fur laquelle il y a une voile appareillée ; deforte que cette corne eft une véritable vergue. Cette forte de mâture convient principalement aux yachts,aux quaiches,aux boyers & autres femblables bâtimens. #oyez MARINE , PL XII, fig. 1. & PL XIII, fig. 2. MATÉ EN GALERE; c’eft n’avoir que deux mâts, fans mâts de hune. | | MATÉ EN HEU, forte de mâture qui confifte à n'avoir qu'un mât au milieu du vaifleau, qui fert auffi de mât de hune avec une vergue qui ne s’ap- pareille que d’un bord. MATÉ EN SEMALE ; c’eft avoir au pié du mât un boute dehors au balefton qui prend la voile de tra- vers par fon milieu. Voyez MARINE, P/. XIY. fig. 2. M ATÉ, ( Diéte }ceft du maiz cuit à l’eau ju{- qu'à ce que le grain s'ouvre; c’eft la nourriture la plus ordinaire des Indiens du Pérou, qui le préfe= À a i] 188 MAT | rent au pain. Ils mangent auffi du macha, qui n'eft autre chofe que de l'orge rôti, jufqu'à ce qu'il fe réduife en farine. Le maiz grillé de la même ma- niere fe nomme Carcha. MATELAS, f. m. la partie du lit fur laquelle on étend les draps. C’eft un grand & large couffin de coutil, de toile de coton où de toile, qui eft rémplie de laine ou de plume, & qui occupe toute l’éten- due du Hit. MATELASSER , v. a@. (Gram.) c’eît rembourer de laine, de foie & de coton, & pour aïnfi dire gar- nir de petits matelas. MATELASSIER, f. m. ( Gram. art méchanig.) ou- vtier qui carde la laine ou le coron , où qui trie la plume deftinée à des matelas, & qui fait auffi les matelas & les fommiers de crin ou d’autre matiere. MATELOT , f. m. vaiffeau matélot, vaiffeau fe- cond, (Marine.) Il y a deux fortes de vaifleaux à qui on dofine le nom de #afelot : premierement , dans certaines armées navales , on aflocie deux à deux les vaifleaux de guerre pour fe prêter du fecours mutuellement en cas de befoin, & ces vaifleaux font arelors l’un de l’autre ; cette façon n’eft pas ordinaire : fecondément, dans toutes les armées na- vales , les officiers généraux qui portent pavillon, comme amiral, Vice-amiral, & chaque comman- dant d’une divifion ont chacun deux vaifleaux pour les fecourir, l’un à leur avant appellé marelot de l’a- vant, & l’autre à leur arriere appellé marelor de l’ar- riere ; ou fécond de l'arriere, Quelquefois quand Pa- miral tient la mer , il n’y à que lui qui par préro- gative ait deux vaifleaux feconds : &c les autres pa- villons n’en ont que chacun un. MATELOT, f. m. (Marine) c’eft un homme de mer qui eft employé pour faire le fervice d'un vaifleau. Ce qui regarde les fonétions , les engagemens , & les loyers & falaires des marelots, fe trouvent dans l’ôrdonnance de 1681. Liv. II, ue, 7, & liv. ITT. tit, 4. Chaque atelos eft obligé d’ailer à fon tour fur l'ordre du capitaine , faire la fentinelle fur la hune pendant le jour, & on fait quelque gratification à celui qui découvre quelqu’une des chofes qu'il im- porte de favoir, comme vüûe des terres, de vaifleau, Ëc. Marelots gardiens. 1 y en à huit entrèténus fur les vaifleaux du premier rang, fix fur ceux du fecond rang, & quatre fur ceux du quatrieme & cinquie- me rang , defquels gardiens il ÿ en a toujours le quart qui font caltats ou charpeniers, Les matelots gardiens étant dans le port couchent à bord, & font divifés pendant le jour pour le fervice du port , en trois brigades égales. MATELOT , ( Marine ) il eft bon watelor , fe dit d’un officier ou tout autre qui entend bien le métier de la mer, & qui fait bien la manœuvre. MATELOTAGE , {. m.( Marine )c’eft le falaire dés matelots. | MATELOTTE, f. f. ( Cuifine ) maniere d’ac- commodér le poiflon frais. Ce ragoût qui eft fort à la mode dans les auberges fituées fur les bords de lä riviere, fe fait avec du fel, du poivre, des oi- gnons , des champignons & du vin. MATER UN VAISsEAU , ( Marine ) c’efl garnir un vaifleau de tous fes mâts. MATERA , ( Myrhol. ) c’eft un des furnoms de Minerve , à laquelle étoient confacrées les piques, &x en l'honneur de laquelle on en fufpendoiït quel- quefois autour de fes autels & de fes fatues. (D. J.) MaATERA , (Géogr.) ville du royaume de Naples, dans la terre d'Otrante, avec un évêché fufragant de Cirenza. Eile eft fur le Camapro, à rr lieues S. O. dé Bari, 13 E. de Cirenza , 14 N. O. de Taren- te, Long. 34 18. lar, 40.45, (D.J.) M AT MATEREAU 0% MATEREL , (Marine) c’eft un étit mât ou ün bout de mât. MATERIALISTES, f. m. (Théol.) nom de feûte. L'ancienne églife appelloit marérialifles ceux qui, prévenus par la Philofophie qu'il ne fe fait rien de rien, recouroient à une matiere éternelle fur la- quelle Dieu avoit travaillé , au-lieu de s’en tenir au fyfteme de la création, qui n’admet que Dieu feul , - comme caufe unique de l’exiftance de toutes chofes. Voyez MONDE &t MATIERE. Tertullien à folidement & fortement combattu l'erreur des matérialifles dans fon traité contre Her- mogene, qui étoit de ce nombre. On donne encore aujourd’hui le nom de watéria- Lifles à ceux qui foutiennent ou que l'âme de l’hom- me eft matiere, ou que la matiere eff éternelle, & qu’elle eft Dieu; ou que Dieu neft qu'une ame univerfelle répandue dans la matiere , qui la meut & la difpofe, foit pour produire les êtres ; foit pour former les divers arrangemens que nous voyons dans l'univers. Voyez SPINOSISTES. MATERIAUX , rerme d’Archire&ure ; ce font tou- tesles matières qui entrent dans la conftruéhion d’un bâtiment, comme la pierre , le bois & le fer. Latin, materia , {elon Vitruve. MATÉRIEL, ELLE , adj. (Pkyf.) fe dit de tout ce qui appartient à la matiere ; ainfi on dit principe matériel, {ubftance matérielle , &c. Voyez MATIERE. MATERNEL , adj. (Gramm.) relatif à la qualité de mere. On dit l'amour maternel , la langue #1a- ternelle. MATEUR , f. m. ( Marine. ) c’eft un ouvrier qui travaille aux mâts des vaifleaux , &c qui fait toutes les proportions qu'ils doivent avoir. La maniere de les placer, &c. | MATHÉMATICIEN ,ENNE , (Mathémar.) fe dit d'une perfonne verfée dans les Mathématiques. Voyez; MATHÉMATIQUES 6 GÉOMETRIE , p.630: du VII. vol. col, 1. MATHÉMATIQUE , ox MATHÉMATIQUES , {. f. (ordre encyclop. entend. , raifon , philofophie ou fêience , féience de la nature, Mathématiques.) c’eft la fcience qui a pour objet les propriétés de la gran- deur entant qu’elle eft calculable ou mefurable. Voyez GRANDEUR ; CALCUL, MESURE, é*c. Mathématiques au pluriel eft beaucoup plus ufité aujourd’hui que Mathématique au fingulier. On ne dit guere la Mathématique ; mais les Marhémati- ques. La plus commune opinion dérive le mot Marhe- matique d'un mot grec, qui fignifie féience ; parce qu’en cffet,on peut regarder , felon eux, les Mahé: matiques , comme étant la fcience par excellence, puifqu’elles renferment les feules connoïffances cer- taines accordées à nos lumieres naturelles ; nous difons à zos lumieres naturelles, pour ne point com- prendre ici les vérités de foi, & les dogmes théolo- giques. Voyez For & THÉOLOGIE. D’autres donnent au mot Mathématique une autre origine, {ur laquelle nous n’infifterons pas, & qu’on peut voir dans lhifloire des Mathématiques de M. Montucla, pag. 2. & 3. Au fond, il importe peu quelle origine omdonne à ce mot, pourvu que l'on {e fafle une idée jufte de ce que c’eft que les Ma- chémathiques. Or cette idée eft comprife dans la dé- finition que nous en avons données ; & cette déf- | nition va être encore mieux éclaircie. Lés Mathémathiques fe dWifent en deux clañfes ; la premiere, qu’on appelle Marhématiques pures , con- fidere les propriétés de la grandeur d’une maniere abftraite : or la grandeur fous ce point de vüe, eft ou calculable , ou mefurable : dans le premier cas, elle eft repréfentée par des nombres ; dans lefecond, . par l'étendue: dans le premier cas les Marhémari- ques pures s’appéllent Arithrnésiques ; dans le fecond, Géométrie, Voyezles mots ARITHMÉTIQUE 6 GEO- MÉTRIE. La féconde clafle s'appelle Mathématiques mixtes; elle a pour objet les propriétés de la grandeur con- crete, entant qu’elle eft mefurable ou calculable ; nous difons de la grandeur concrete, c’eft-à-dire, de la grandeur envifagée dans certains corpsou fujets particuliers. Voyez CONCRET. Du nombre des Mathématiques mixtes, font la Mé- chanique., l’Oprique , lAftronomie , la Géographie, la Chronolopie, PArchite@ure militaire , l’'Hydrof- tatique , Hydraulique , l'Hydrographie ou Naviga- tion, &c. Foyez ces mots. foyez aufñ le fyflème f- guré des connoiffances humaines , qui eft à la tête de cet ouvrage , & l'explication de ce fyftème, immédiatement à la fuite du difcours préliminaire ; toutes les divifions des Mathématiques y {ont détail- lées, ce qui nous difpenfe de les rappeller ici. Nous avons plufieurs cours de Mathématiques ; le plus eftimé eft celui de M. Wolf, en $. vol. i-4°, mais il n’eft pas exempt de fautes. Voyez Cours & ÉLEMENS DES SCIENCES. À l'égard de l’hiftoire de cette fcience , nous avons à prélent tout ce que nous pouvons defirer fur ce fujet, depuis l’ouvrage que M. de Montucla a publié en deux volumes 27-4°. fous le titre d’hiffoire des Mathématiques ; & qui com- prend jufqu’à la fin du xvij°. fiecle. Quant à lutilité des Mathemariques | voyez les dif férens articles déja cités ; & fur-tout les arzicle GEOMÉTRIE & GEOMETRE. (4) Nous dirons feulement ici, que fi plufeurs écri- vais ont voulu contefter aux Mathémariques leur utilité réelle , fi bien prouvée par la préface de Phiftoire de lacadémie des Sciences, il y en a eu d’autres qui ont cherché dans ces fciences des objets d'utilités frivoles ou ridicules. On peut en voir un léger détail dans lPAifoire des Mathématiques de M, Montucla, rome I. p. 37. & 38. Cela me rappelle fe trait d’un chirurgien, qui, voulant prouver la néceflité que les Chirurgiens ont d’être lettrés , pré- tend qu'un chirurgien qui n’a pas fait fa rhétorique, n'eft pas en état de perfnader à un malade de fe faire faigner lorfqu’il en à befoin. Nous ne nous étendrons pas ici davantage fur ces différens fujets, non plus que fur les différentes branches des Marhématiques , pour ne point répéter ce que nôus avons déja dit, ou ce que nous dirons ailleurs. Voyez auf l’article PHysi1co-MATHÉMA- TIQUES. Différentes branches des Marhémariques {e divi- fent encore en fpéculatives & pratiques. Voyez As- TRONOMIE , GEOMÉTRIE , &c. (O0) . MATHEMATIQUE, adj. fe dit de ce qui a rapport aux opérations, ou aux fpéculations zæathématiques ; ainfi on dit un calcul mathématique, une démonftra- tion mathématique, &c. Voyez D'EMONSTRATION, Fc. MATHÉO, san (Géog.) petite ville d'Efpagne en Arragoni, fondée par le roi D. Jayme , en 1237,fur les frontieres de la Catalogne. Elle eft dans un ter- roir fertile, & arrofée de quantité de fontaines; mais ce font les habitans qui lui manquent. (D. J.) MATHIOLE , sathiola , (Botan.\ genre de plante à fleur monopétale , tubulée, & en forme d’enton- ñoir ; fon calice devient dans la fuite un fruit ar- rondi qui contient un noyau rond , dans lequel il y a une amande de la même forme. Plumiér , z20ya plant, amer. gen. Voyez PLANTE. MATIANE , Mariana, (Géog. anc.) contrée d’A- fie entre PArménie & la Médie, mais qu’on range plutôt fous la derniere de ces deux provinces. Hé: rodote dit que le Gynde avoit fa fource dans les montagnes Matianes, par où il entend les monta- 3 M A T 189 gnes: dé cette même contrée. Dans un autre en- droit , il appelle Mariane le pays traverfé par le grand chemin, qui conduifoit de l'Arménie à la ville de Suze, en paflant près de Gynde. Voyez, fi vous voulez, les Mn. de l’acad. des Infe. +, XI, in 12°, pr 53 (DJ). MATIERE , f, f. (Mésaph. 6: Phyf.) fubftance étendue , folide, divifible , mobile & pañible, le prenuer principe de toutes les chofes naturelles, & qui par fes différens arrangermens & combinaifons 3 forme tous les corps. Foyez Corps. Ariftote établit trois principes des chofes, la #4- tiere, la forme, & la privation, Les Cartéfiens ont rejetté celui - ci; & d’autres rejettent les deux der- niers. Nous connoiffons quelques propriétés de la m4= tiere ; nous pouvons raifonner fur fa divifbilité , fa. fohidité, &c Woyez Divisigitiré. Mais quelle en eft l'effence, ou quel eft le fujet où les propriétés réfident ? C’eft ce qui eft encore à trouver. Anftote définit la maiere, ce qui eft rec quid , nec quantum, nec quale, ni aucune chofe dé- terminée, ce qui a fait penfer à plufeurs de fes difciples, que la matiere n’exiftoit point. Voyez Corps. Les Cartéfiens prennent l'étendue pour l’effence de la rariere ; ils foutiennent que puifque les pro- priètés dont nous venons de faire mention font les feules qui foient eflentielles à la masiere, il faut que quelques-unes d'elles conflituent fon effence ; & comme l'étendue eft conçue avant toutes les autres ; & qu'elle eft celle fans laquelle on n’en pourroit concevoir aucune autre, 1ls en concluent que lPéten- due conftitue l’effence de la matiere ; mais e’eft une conclufion peu exaéte: car felon ce principe, l’exif- tence de la rrariere | comme l’a remarqué le dofteur Clarke , auroit plus de droit que tout le refte à en confüutuer l’eflence ; l’exiftence ou le rc ex1ffere étant conçu avant toutes les propriétés, &cemême avant l'étendue. Ainfñ puifque le mot éezdue paroît faire naître. une idée plus générale que celle de la æatiere ; il croit que l’on peut avec plus de raifon appeller effence de la rratiere , cette folidité impénétrable qui eft eflentielle à tonte masiere ; & de laquelle toutes les propriétés de la mariere découlent évidemment. Voyez ESSENCE , ÉTENDUE, ESPACE, 6. De plus, ajoute-t-il, fi l'étendue étoit l’effence de la rratiere, & que par conféquent la matiere & lefpace ne fuflent qu’une même chofe, il s’enfui- vroit de-là que la zrariere eft infinie & éternelle s que c’eft un être néceffaire, qui ne peut être ni créé ni anéanti; ce qui eft abfurde ; d’ailleurs il paroît, {oit par la nature de la gravité, foit par les mouve- mens des cometes, foit par les vibrations des pen- dules , &c. que l’efpace vuide & non réfiftant eft dif- tingué de la zariere , &t que par conféquent la #74- tiere n’eft pas une fimple étendue, mais une étendue folide, impénétrable , & douée du pouvoir de ré- fifter. Voyez VUIDE, ÉTENDUE. Plufeurs des anciens philofophes ont foutenu l’é- ternité de la matiere, de laquelle ils fuppofoient que tout avoit été formé, ne pouvant concevoir qu’au- cune chofe pût être formée de rien. Platon prétend que la matiere a exifté éternellement, & qu’elle a concouru avec Dieu dans la produétion de toutes chofes , comme un principe pañfif, ou une efpece de caufe collatérale, Voyez ÉTERNITÉ. La matiere & la forme, principes fimples & ori- ginaux de toutes chofes, compofoient felon les an- ciens certaines natures fimples qu'ils nommoient élémens , des différentes combinaïifons defquelles toutes les chofes naturelles étoient formées. Foyez ELÉMENT. 196 MAT Le dofteur Woodward femble d’une opinion pen éloignée de celle-là. 11 prétendque les parties de La ÿnatiere font originairement & réellement différentes les unes des autres; que da atiere au moment de fa création a été divifée en plufeurs ordres ou gen- res de corpufcules différens les uns des autres en fubftance ,'en gravité , en dureté, en flexibilité , en figure , en grandeur, 6e. & que des diverfes com- poñitions & combinaifons de ces corpufcules, réful- tent toutes les variétés des corps tant dans la cou- leur que dans la dureté, la pefanteur, le goût, &c. Mais M. Newton veut que toutes ces différences ré- fultent des diférens arrangemens d’une même #4- ziere qu'il croit homogene & uniforme dans tous les corps. | Aux propriétés de la matiere qui avoïent été con- nues-jufqu’ici, M. Newton en ajoute une nouvelle, {avoir celle d’attraion ; qui confifte en ce que cha- que partie de la wariere eft douée d’une force at- tradtive , ou d’une tendance vers toute autre partie, force qui eft plus grande dans le point de contaët que par-toutailleurs, & qui décroit enfuite fi promp- tement, qu’elle n’eft plus fenfible à une très-perite diffance. C’eft de ce principe qu'il déduit l'exphica- tion de la cohéfion des particules des corps. Voyez ConÉsiON. Voyez auff: ATTRACTION. li obferve que tous lescorps, & même la lumiere & toutes les parties les plus volatiles des fluides , femblent compofées de parties dures ; de forte que la dureté pent être regardée comme une propriété de toutes raïieres, & qu’au moins la dureté de la matiere lui eft auf effentielle que fon impénétrabi- lité ; car tous les corps dont nous avons connoif- fance , font tous ou bien durs par eux-mêmes, ou capables d’être durcis : or fi les corps compofés font auf durs que nous les voyons quelquefois, &t que cependant ils foient très-poreux, & compofés de parties placées feulement les unes auprès des autres, les parties fimples qui font deftituées de pores, &c qui n’ont jamais été divifées , feront encore bien plus dures ; de plus, de telles parties dures ramaflées en un monceau, pourront à peine fe toucher l’une l’au- tre, fi ce n’eft en un petit nombre de points ; &c ainfi il faudra bien moins de force pour les féparer, quil n’en faudroit pour rompre un corpufcule folide, dont les particules fe toucheroient par-tout fans qu’on imaginât de pores ni d’interftices qui puñlent en affoiblir la cohéfion. Mais ces parties fi dures étant placées fimplement les unes auprès des autres, & ne fe touchant qu’en peu de points , comment , dit M. Newton, feroient-elles fi fortement adhé- rentes les unes aux autres fans le fecours de quelque caufe, par laquelle elles fuflent attirées ou preflées les unes vers les autres ? Cet auteur obferve encore que les plus petites parties peuvent être liées les unes aux autres par J’attra@ion la plus forte , & compofées de parties plus groffes & d’une moindre vertu, & que pluñeurs de celles-ci peuvént par leur cohéfion en compofer encore de plus groffes, dont la vertu aille toujours en s’afloibliflant, & ainf fucceflivement jufqu’à ce que la progreffion finifle aux particules les plus groffes , defquelles dépendent Les opérations de Chi- mie & les couleurs des corps naturels, & qui par leur cohéfion, compofent les corps de grandeur {en- fible. Si le corps eft compaët, & qu'il plie ou qu'il cede intérieurement à la preflion , de maniere qu'il revienne enfuite à la premiere figure , il eft alors élaftique. Voyez ÉLASTIQUE. Si les parties peuvent être déplacées , mais ne fe rétabliffent pas, le corps eft alors malleable , ou mol ; que fi elles fe meuvent aifément entrelles, qu’elles foient d’un volume propre à être agitées par la chaleur , & que la cha- leur foit aflez forte pour les tenir en agitation, le MAT corps fera fluide ; & s’il a de plus l'aptitude de s’at: tacher aux autres corps , il fera humide : les gouttes de tout fluide , felon M. Newton, affetent une figure ronde par lattra@ion mutuelle de leurs parties, de même qu'il arrive au globe de la terre & à la mer qui l’environne ; fur quoi , voyez ConÉsION. Les particules des fluides qui ne font point attachées trop fortement les unes aux autres , & qui font aflez petites pour être fort fufceptibles de ces agitations qui tiennent les liqueurs dans l’état de fluidité , font les plus faciles à féparer & à raréfier en vapeurs; c’eft-à-dire , felon le langage des Chimiftes , qu’elles font volatiles , qu'il ne faut qu’une légere chaleur pour les raréfier, & qu'un peu de froid pour les condenfer ; mais Les parties plus groffes , qui font par conféquent moins {ufceptibles d’agitation , & qui tiennent les unes aux autres par une attraction plus forte , ne peuvent non plus être féparées les unes des autres que par une plus forte chaleur, ou peut-être ne le peuvent-elles point du tout fans le fecours de la fermentation; ce font ces deux dernieres efpeces de corps que les Chimiftes appellent fxe. M. New- ton obferve encore que tout confidéré , 1l eft pro- bable que Dieu dans le moment de la création, a formé la matiere en particules folides, maflives, dures, impénétrables , mobiles , de volumes , de figures, de proportions convenables, en un mot, avec les propriétés les plus propres à La fin pour la- quelle il les formoit ; que ces particules primitives étant folides , font incomparablement plus dures qu'aucun corps poreux qui en foient compolés 5 qu’elles le font même à un tel point, qu’elles ne peu- vent nis’ufer ni fe rompre, n’y ayant point de force ordinaire qui foit capable de divifer ce que Dieu a fait indivifé dans le moment de la création. Tant que les particules continuent à être entieres , elles peuvent compofer des corps d’une même nature &r d’une même texture. Mais fi elles pouvoient venir à s’ufér ou à fe rompre, la nature des corps qu’elles compofent changeroïit néceflairement. Une eau &z une terre compofées de particules ufées par le tems, & de fragmens de ces particules , ne ferotent plus de la même nature que l’eau & la terre compolées de particules entieres , telles qu’elles l’étoient au mo- ment de la création ; & par conféquent pour que l'univers puifle fubfifter tel qu'il eff , il faut que les changemens des chofes corporelles ne dépendent que des différentes féparations, des nouvelles aflo- ciations, & des divers mouvemens des particules per« manentes ; & fi les corps compofés peuvent fe rom- pre, ce ne fauroit être dans le milieu d’une particule {olide , mais dans les endroits où les particules fo- lides fe joignent en fe touchant par un petit nombre de points. M. Newton croit encore que ces particules ont non-feulement la force d'inertie, & font fujettes aux lois paflives de mouvemens qui en réfultent natu- rellement, mais encore qu’elles font mues par de certains principes aétifs, tel qu’eft celui de la gra- vité, ou celui qui caufe la fermentation & la cohé- fion des corps ; & il ne faut point envifager ces prins cipes comme des qualités occultes qu’on fuppofe ré- fuiter des formes {pécifiques des chofes ; mais com- me des lois générales de la nature, par lefquelles ces chofes elles-mêmes ont été formées, En effet , les phénomenes nous en découvrent la vérité, quoi- que les caufes n’en aient point encore été décou- vertes. Voyez FERMENTATION » GRAVITATION ; ELASTICITÉ ; DURETÉ, FLUIDITÉ , SEL, ACIDE, Ec. | Hobbes , Spinofa, &c. foutiennent que tous les êtres dans l’univers font matériels, & que toutes leurs différences ne viennent que de leurs différentes modifications , de leurs différens mouvemens , &e. ainf ils imaginent qu’une meriere extrèmeiment fubz tile , & agitée par un mouvetnent très - vif, peut penfer. Voyez & l’article AME , la réfutation de cet opinion. Sur lexiftence de la satiere | voyez les ar- cles Corps & EXISTENCE , Chambers. MATIERE SUBTILE , eft le nom que les Carté- fiens donnent à une matiere qu'ils fuppofent traverfer & pénétrer librement les pores de tous les corps, & remplir ces pores de façon à ne laifer aucun vuide ouinterfhces entr'eux. Voyez CARTÉSIANISME.Mais en vam ils ont recours à cette machine pour étayer leur fentiment d’un plein abfolu , & pour Le faire ac- corder avec le phénomene du mouvement , &c. en un mot, pour la faire agir & mouvoir à leur gré. En effet, s'il'exiftoit une pareille #aciere , il faudroit pour qu'elle dût remplir les vuides de tous les autres corps , qu’elle füt elle-même entierement deflituée de vuide ; c’eft-à-dire partaitement folide , beau- coup plus folide , par exemple que Por, & par con- féquent , qu’elle füt beaucoup plus pefante que ce métal, & qu’elle réfiftât davantage (voyez RÉsIs- TANCE ); ce qui ne fauroit s’accorder avec les phé- nomenes. Voyez VUIDE. M. Newton convient néanmoins de l’exiftence d’une mauiere fubrile, ou d’un milieu beaucoup plus délié que l'air, qui pénetre les corps les plus denfes, & qui contribue ainfi à la produétion de plufieurs des phénomenes de la nature, Il déduit l’exiftence de cette matiere des expériences de deux thermome- tres renfermés dans deux vaifleaux de verre, de l’un defquels on a fait fortir l’air, & qu’on porte tous deux d’un endroit froid en un endroit chaud, Le ther- mometre qui eft dans le vuide devient chaud, & s’é- leve prefque auflitôt que celui qui eft dans l’air , & fi on les reporte dans l’endroit froïd , ils fe refroi- diflent, & s’abaiflent tous deux à peu près au même point. Cela ne montre-t-il pas, dit-il, que la chaleur d’un endroit chaud fe tranfmet à-travers le vuide par les vibrations d’un milieu beaucoup plus fubtil que l’air , milieu qui refte dans le vuide après que Fair en a êté tiré? &c ce milieu n’eft-1l pas le même qui brife & réfléchit les rayons de lumiere? &r. Voyez LUMIERE, Chambers, Le même philofophe parle encore de ce milieu ou fluide fubtil, à la fin de fes principes. Ce fluide , dit-il, pénetre les corps les plus denfes ; il eft caché dans leur fubftance ; c’eft par fa force & par fon ac- tion que les particules des corps s’attirent à de très- petites diftances, & qu’elles s’attachent fortement quand elles font contigués ; ce même fluide eft auff la caufe de l’a&tion des corps éleétriques , foit pour repoufler, foit pour attirer les corpufcules voifins ; c’eft lui qui produit nos mouvemens & nos fenfa- tions par {es vibrations , qui fe communiquent de- puis l'extrémité des organes extérieurs jufqu’au cer- veau , par le moyen des nerfs. Mais le philofophe ajoute qu’on n’a point encore une aflez grande quan- tité d'expériences pour déterminer & démontrer exattement les loix fuivant lefquels ce fluide agit. On trouvera peut-être quelqu’apparence de con- tradiétion entre la fin de cet article , où M. Newton femble attribuer à une #aviere fubtile la cohéfion des corps ; & l’article précédent où nous avons dit après lui que lattraétion eft une propriété de la matiere. Mais 1l faut avouer que M. Newton ne s’eft jamais expliqué franchement & nettement fur cet article ; qu'il paroït même avoir parlé en certains endroits autrement qu'il ne penfoit. Voyez GRAVITÉ € ÂTTRACTION > Voyez auff ÊTHER & MILIEU ÉTHERÉ, au mot MILIEU, (O) MATIERE IGNÉE o4 MATIERE DE FEU, principe que quelques chimiftes emploient dans l'explication de plufieurs effets, fur-tout pour rendre raifon de langmentation de poids que certains corps éprou- vent dans la calcination. Ceux qui ont fait lé plus d'ufage de ce principe, & qui l’ont mis le plus én vogue; conviennent qu'il n’eft pas démonftratif par lui-même, comme le fel l'eau, &c. mais ils préten: dent feulement quil left par les conféquences : don- nons-en nn exemple. Lorfqu’on fait fondre vingt livres de plomb dans une terrine plate qui n'eft pas verme, & qu'on agite ce plomb fur le feu avec une fpatule jufqu’à ce qu’il foit réduit en pouffiere; on trouve après une longue calcination , que quoique par l’aétion du feu il fe foit difipé une grande quan tité de parties volatiles du plomb, ce qui devroit diminuer fon poids; cette poudre, ou cette chaux de plomb, auelieu de pefer moins que le plombne peloit avant la calcination , occupe un plus grand efpace, & pefe beaucoup plus ; car au-lieu de pefes vingt livres, elle en pefe vingt-cinq. Que fi au con: traire on revivifie cette chaux par la fufon , fon volume diminue, & le plomb fe trouve alors moins péfant qu'il n’étoit avant qu’on l’eût réduit en chaux 3 en un mot On ne trouve que dix-neuf livres de plomb. Or ce n’eft ni du bois ni du charbon qu’on à employé dans cette opération, que le plomb en fe calcinant a pu tirer ces cinq ou fix livres de poids; car on a fait calciner plufeurs matieres an foyer du verre ardent, dont feu M. le régent a fait pré- fent à l’académie, & on a trouvé également que le poids augmentoit, L’air n’a pu non plus fe con- denfer durant l'opération, en une aflez grande qua: tité dans les pores du plomb, pour y produire un poids fi confidérable : car pour condenfer un volume d’air du poids de cinq livres dans un efpace cubique de quatre à cinq pouces de hauteur, il faudroit y employer un poids énorme. On a donc conclu que cette augmentation de poids ne pouvoit procéder que des rayons du foleil qui fe font concentrés dans la rasiere expofée à leur ation pendant tout le tems que dure l'opération, & que c’étoit à la rrariere condenfée de ces rayons de lumiere qu'il falloit at- tribuer l’excès de pefanteur qu'on y obfervoit; & pour cet effet on a fuppofé que la matiere qui fert à nous tranfmettre la lumiere & la chaleur, l’aétion du foleil ou du feu , étoit pefante , qu’elle étoit capable d'une grande condenfation , qu’elle fe condenfoit en effet prodigieufement dans les pores de certains corps, fans y Être contrainte par aucun poids ; que la chaleur, qui raréfie univerfellement toutes les autres #atieres,avoit néanmoins la propriété de con- denfer celle-ci, & que la tiflure des corps calcinés quoique très-foible , avoit nonobftant cela la force de retenir une #atiere qui tend à s'étendre avec une telle force, qu’une livre de cette zratiere contenue dans les pores de cinq livres de plomb, étänt dans fon état naturel, devoit néceffairement occuper un efpace immenfe, puifque la pefanteur de cette ma= tiere, dans fon état naturel, eft abfolument infenf- ble ; que c’étoit enfuite cette wariere de feu , conden- fée dans les fels alkalis, qui produifoit en nous ce goût vif & perçant que nous y éprouvons, & dans les fermentations cette ébullition qui nous étonne, ces couleurs vives que les différentes watieres pren- nent enfe précipitant ; en un mot que c’étoit à cette matiere de feu qu'on devoit attribuer conformément les effets les plus délicats de la Chimie, & que fans être obligé d’entrer dans aucune autre difcuffon, il fufffoit d’avoir remarqué , que ces effets avoient . quelque relatièn à ceux que le feu produit commu- nément, fans qu’on fache comment, ni qu'on {oit obligé de le dire, cela fuffifoit , dis-je, pour rappor= ter tous les effets à cette caufe : voilà bien des hypo- thefes précaires. Les Chimiftes ont-ils donc conitaté par quelque expérience fenfble , ce poids prétendu des rayons du foleil ? ont-ils éprouvé que la matiere qui refte dans le récipient de la machine du vuide, 192 MAT lorfqw’on a pompé l'air groflier , & qui contient cer- tainement la mariere de la lumiere, pufque nous voyons lestobjets qui y {ont renfermés, tenoit le vif argent fufpendu dans le barometre à la moindre hauteur, ou plurôt pour employer le moyen infail- lible que M. Newton nous a donné pour juger du poids des flüides , ont-ils fenri quelque réfiftance que la sratiere dela lumiere fafle àun globe pefant qui latraverfe, qui ne doive être attribuée à l'air groflier? S'ils n’ont rien fait de tont cela, on peut conclure que la ratiere ignée , confidérée comme un amas prodigieux de lamiere pefante, condenfée , & réduite en un petit efpace, eft une pure chimere. Selon les remarques très déraillées de M. Boer- haave , l’air contient dans fes pores un grand nom- bre de molécules pefantes , de l’eau, de Phuile, des fels volarils, &c. À l’ésard de l’eau, on fait de quelle façon, quelque quantité que ce foit de fel de tartre, expofé à l’air, fe charge en fort peu de tems dun poids égal de molécules d’eau. Cette wariere pefante eft donc contenue dans les pores de Pair. La pré- fence des molécules de foufre, de fels, Gc. n’eft pas plus difficile à conftater. Sans recourir à aucun alembic, on n’a qu'à fe trouver en raie campagne dans un tems d'orage, y lever les yeux au ciel pour y voir ce grand nombre d’éclairs qui brillent de tou- tes parts.: ce font des feux , ce font des foufres al- lumés, ce font des fels volatils, perfonne n’en-peut difconvenir ; & fi dans la moyenne région, dans la région des nuées, l’air fe trouve chargé de molécu- les d'huile, de fel, &c. à plus forte raifon en fera-t- il chargé, & comme imbibé dans le lieu où nous refpirons , puifque ces matieres pelantes fortant de la terre, n’ont pas pu s'élever fi haut, fans avoir paflé par les efpaces qui nous féparent des nues, & fans s'y être arrêtées en plus grande abondance que dans ces régions élevées. D'ailleurs ne voit-on pas avec quelle facilité, & à la moindre approche du feu, le vif-argent même, qui eft une matiere fi pefante, fe répand dans l’air ; & qui pent douter après cela que l'air ne contienne dans fes pores un très - grand nombre de particules pefantes? Mais, dira-t-on, l'huile ne s’évapore point, elle ne fe mêle que très- difficilement avec l'air ; n’eft- ce pas plutôt là une preuve que l’air en eft abondamment fourni, & qu'il men peut recevoir dans fes pores plus qu’il n’en a déjà reçu ? D’ailleurs l’efprit-de-vin, expolé à l'air, ne s’affoiblit-1l pas continuellement , &t les molécules de l'huile qu'il contient ne s’y répandent -elles pas fans cefle ? Lorfque les Aie de l'huile n’ont pas été développées jufqu'à un certain point, elles font trop pefantes & trop fortement comprimées l’une contre l’autre par l’action élaftique de la #a- siere éthérée pour être détachées l’une de l’autre par l'adion diflolvante de l’air. Ainfñ l'huile commune ne s’évapore pas: mais lorfque par l'aétion du feu les molécules de l’huile fe font développées & dé- tachées l’une de l’autre dans les pores de l’eau qui les contient , elles fe répandent dans l’air avec faci- lité, parce qu’elles font devenues beaucoup plus léperes. Quelle impoñfbilité y a-t-1l donc, après qu'on a vû que l'air pouvoit fournir facilement vingt livres d’eauà vingt livres de fel de tartre , & qu'illes leur fournifloit en effet en peu detems , que le même air puifle fournir à vingt livres de plomb pendant tout Le tems que dure la calcination, je ne dis pas vingt livres de molécules d’eau , que l’aétion du feu éloigne & chafle des pores de l’air, qui environne le vafe dans lequel on calcine le plomb, mais feule- ment cinq livres de molécules de atieres plus den- fes, plus pefantes , & en même rems plus fubtiles, qui étoient contenues dans les pores de l’air parmi ces mêmes molécules d’eau, lefquelles n’étant plus foutenues dans: ces pores par les molécules de certe MAT eau, que le feu en a éloigné, fe dégageront des po res de l'air par leur propre pefanteur, viendront fe joindre aux molécules du plomb, dont elles augrmen- teront le poids êc le volume. Eff-ce qu'il eft plus dif- ficile de concevoir que l’air fournifle à vingt livres de plomb un poids de cinq livres, qu'il Peft que le même air fournifle à une même quantité de fel de tartre le poids de vingt livres: c’eft tout le con- traire ,puifque ce poids eft quadruple du précédent. On concevra donc enfin diftinétement qu'à mefure won calcinera vingt livres de plomb, l’ardeur du feu échauffera l'air voifin du vafe qui contient la matiere, qu'elle en éloignera toutes les molécules d’eau que cet air peut contenir dans fes pores , & que les molécules de cet air étant devenues plus grandes, leur vertu diflolvante aura diminué ; d’où il fuit que les molécules des autres macieres plus pe- fantes qui y font en même tems contenues ceffant: d'y être foutennes , tomberont fur la fuperficie du plomb; qu’enfuite ce volume d’air s'étant prompte» ment rarefñé, & étant devenu plus léger que celui qui eft au-deffus, montera & cedera {a place avec la même vitefle à un nouvel air, qui dépofera de la même façon fur le plomb les molécules pefantes qu'il contient, & ainf de fuite , f bien qu’en fort peu de tems toutes les parties de l’a contenu dans un grand efpace, pourront par cette méchanique fim- ple & intelligible, s'approcher fucceflivement l’une après l’autre du plomb que l’on calcine, & dépofer les molécules pelantes que cet air contient dans fes porés. - Dans l'expérience dont il s’agit principalement ici, à mefure qu’on bat le plomb avec une fpatule, cette pouffere répandue dans l'air s’y infinue, & comme fes particules ne font pas adhérentes les unes aux autres, elles s’attachent facilement à la fuperficie des molécules du plomb, formant une efpece de croûte fur les fuperficies de ces molécu- les, qui les empêche de {e réunir, & qui réduit le plomb à paroître fous la forme d’une poudre impal- pable. Par où l’on voit que le feu, ou Les rayons de lumiere , réunis au foyer d’une loupe, ne fournif- fent ici qu’un grand mouvement qui défunit les parties du métal, en calcinant les fouffres, qui les lient entre elles, & laiffent aux particules pefantes, qui viennent des pores de air, & qui n’ont pas la même vifcofité, la liberté d’environner les molécules du plomb, & de réduire ce métal en poudre. Et f dans la révivification de cette chaux de plomb, il arrive que non-feulement elle perde le poids qu’elle avoit acquis, mais qu'on trouve au contraire le plomb qui en renaît encore plus léger que n'étoit celui qu'on avoit d’abord employé, ne voit-on pas que cela ne vient que de ce que les particules pefan- tes & fubriles que. le plomb a reçues de l’air durant la calcination , & qui enveloppant les particules de ce métal , l’'avoient réduit en poudre & en avoient augmenté le poids & le volume, s’umiffant aux mo- lécules onétueufes du fuif que l’on joint à la rariere dans cette opération, ou que la flamme même leur fournit, fe volatilifent de nouveau, & fe répandent dans l’air d’où elles étoient venues. De forte que ce nouveau plomb deftitué de cette 7ratiere & des fou fres groffiers qu'il a perdus dans l’opération , doit pe- fer moins qu'il ne pefoit avant qu'on leût réduit em chaux ; ce qui arriveroit dans toutes les marieres que l’on calcine, fi Le poids des particules qui s’exhalent durant la calcination n’excédoit pas quelquefois le poids de celles qui viennent s’y joindre. Voyez FEU, CHALEUR, &FEU ÉLASTIQUE.Are. de M. FORMEY. MATIERE, SUJET, ( Gramm. ) la matiere eft ce qu'on emploie dansle travail ; le uyee eft ce fur quo l'on travaille. La matiere d’un difcours conffte dans les mots dans: dans les phrafes & dans les penfées, Le fier eft ce qu'on explique par ces mots, par ces phrafes & par Ces penfées. | | Les rafonnemens, les pañages de l’Ecriture-fain. te, les caracteres des paflions & les maximes de mo- rale , font la matiere des fermons ; les myfteres de la foi & les préceptes de l'Evangile en doivent être le Tujet. Synonymes de l'abbé Girard. ( D. J.) MATIERE MORBIFIQUE, ( Médec. ) on a donné le nom de matiere morbifique à toute humeur étrange- ré ou altérée, qu’on a cru fe mêler au fang, & y de- venir le germe, le levain, là caufe de quelque ma- ladie. Les maladies excitées par ces humeurs nuifi- bles, ou déplacées, ont été appellées maladies avec matiere Où humorales, Suivant les théories vulgaires , dès que la matiere morbifique eft dans le fang , elle y y produit une altération plus où moins prompte, fe- lon le degré d'énergie qu’elle a , & différente, felon le vice particulier de l'humeur. Bocrhaave a prodi. gieufement multiplié, diverfement combiné, & très- méthodiquement claffé les prétendus vices des hu- meurs, de façon à établir pour chaque maladie une matiere morbifique patticuliere ; il a cru appetcevoir dans Le fang & les humeurs qui circulent dans les vVaifleaux formés d’un corps organique , les mêmes altérations qui auroient pû leur arriver par différens mélanges , ou par leur dégénération fpontanée laïf- Îées à elles-mêmes 8 en repos dans des vaifleaux ouverts expolés à l’a@ion de l’air : ainf il a fubfti- tué à l’hiftoire & à l’évaluation jufte des phénome- nes de la nature fa propre maniere deles concevoir ; de-là font: veñues ces divifions minutieufes & ces claffes nombreufes devices fémples 6 fpontanés des hu- meurs, de viftofité glutineufe fpontanée , de diverfes acrinonies méchaniques , falines huileufès & favonneu- Jes , &t de celles qui réfultoient de la differente combinaïfon des quatre efpeces ; ces foudivifions ultérieures d’acrimonie faline & muriatique ammo- aiacale , acide, alkaleftente , fixe, volatile, fimple ou compofée, d'acrimonie huileufe , Jpiritueufe, faline, ter- réfère 6 âcre , &c. Les humoriftes modernes ont re- tenu beaucoup de ces vices ; ils ont prétendu que lon en obfervoit toujours quelqu'un dans toutes les maladies, & qu'il n’y en avoit point fans watiere, fans altération propre & primitive des humeurs ; & c'eft fur cette idée purement théorique qu’eft fondée la réglé générale {ur l'ufage prétendu indifpenfable des évacuans. Quelques-uns ont jugé que la fueur & la tranfpiration retenues ou dérangées , fournifloient toujours la matiere morbifique , aui jettoit les premiers fondemens de la maladie ; d’autres en plus grand nombre , ont penfé que la mariere morbifique dans tou- tes les maladies aiguës, n’étoit autre chofe que des humeurs viciées qui fe préparoient & s’accumu- loient dans l’effomac par uné fuite de mauvaifes di- geftions , d’où elles étoient verfées par la voie des veines laûtées continuellement ou périodiquement dans la mañle des humeurs , & y produifoient d’or- dinaire un épaififfement confidérable, qui, fuivant eux, détérminoit la fevre , l'accès ou le redouble- ent. En conféquence, dans le traitement des mala- dies aigués, 1ls ont eu principalement en vue d’é- puifer le foyer de ceshumeurs , & d’en tarir la four- ce ; c’eft d’une théorie aufli faufle qu'infufñfante > qu'a pris naiflance un des dogmes fondamentaux de la Médecine pratique la plus accréditée , c’eft qu'il faut dans les maladies aiguës purger au moins tous les deux jours ; le peu de fuccès répond à l’in- conféquence du précepte : & il eff très-certain qu'il feroit moins indifférent & plus nuifible, s’il éroit exé- cuté auffi efficacement qu'il eft vivement recomman- dé, & qu’on s’empreffe de le fuivre avec ponétualité. Les anciens médecins chimiftes ont auffi prétendu que toutes les maladies Étoient avec marigre ; ils en at- Tome X, | MAT 19% tribuoïent l’origine à des fermens morbifiqtes indé- terminés , mais pas plus obfcurs ni plus incertäins que la watiere morbifique des méchaniciens moder- nes. Les écleétiques , pour foutenir les droits de leur ame ouvriere, fe font accordés fur ce point avec les humoriftes, perfuadés que l’ame étoit la caufe efi- ciénte de toutes les maladies , & qu'ellen’a eifloit pas fans motif ; ils fe font vus contraints de recourir tou jours à un vice humoral, à une mariere morbifiqué qui excitât le courroux & déterminât les effets de ce principe aufl fpirituel que bienfaifant. L’abfurdité de l’humorifme trop généralifé, & la connoiffance aflurée de quelques affeétions purement nerveutes ont fait tomber quelques médecins dans l'excès Op+ pofé ; ils ont conclu de quelques faits particuliers bien conflatés, au général, & n’ont pas fait difficulté d'avancer qu'il n’y avoit point de maladiesavec ma tire, 8t que tous ces vices des humeurs n’étoient que des fuppoñtions chimériques ; que le dérange- ment des folides étoit feul capable de produire tous tes les différentes efpeces de maladie : & partant de cette idée , 1ls ont bâti un nouveau fyfième prati- que ; les émolliens, relâchans, narcotiques leur on£ paru les fecours les plus indiqués par l’état de fpaf- me 6€ de conftriétion toujours fuppofé dans Les fo lides ; ils ont borné à cesremedesdiverfement com- binés, toute leur zzariere médicale, On voit par là , & c'eft ce qui eft le plus préjudiciable à l'humanité, que toutes ces variétés de théorie ont produit des Changemens qui ñe peuvent manquer d’être nuifis bles dans la pratique : on ne s’eft pas contenté de dé raifonner, on a voulu faire des applications , & l’on a rendules malades des vi@imes d’une bifarre imagi= nation, Îls’eft enfin trouvé des médecins fages qui , après avoir mûrement & fans préjugé pefé les diffé= rentes afertions, & fur-toutconfulté la nature, ont décidé qu'il y avoit des maladies où les nerfs feuls étoient attaqués , & on les appelle zerveufès, Voyez ce mot. Que d’autres étoient avec matiere ; c’eft-às dire , dépendoient de l’altération générale des hu« meurs , opérée par la fuppreflion de quelque excré= tion, & qui ne peut fe guérir fans une évacuation critique ; elles font connues fous le nom de 4/42 dies humorales. Voyez ce mot, Telles font toutes les fievres putrides fimples, ou inflammatoires , quel ques autres maladies aigues , toutes les maladies vi- rulentes, contagieufes, &c. Les maladies chroni- ques {ont prefque toutes abfolument nerveufes dans leu origine, dépendent du défordre trop confidé- rable &t de la léfion fenfible de quelque vifcere ; mais ces vices ne peuvent pas fubfiiter long-tems fans donner lieu à quelque altération dans les humeurs , qu'on obferve toujours quand la maladie a fait quel- que progrès, ( M) MATIERE MÉDICALE, ( Thérapeutique, ) enfem: ble ; total, fyflème des corps naturels qui fourni: fent des médicamens. Voyez la fin de l'article MÉDr- CAMENT. (b) | MATIERE PERLÉE DE KRÜUGER, ( Chim, & Mar, méd. ) qu’on appelle encore magiffere d’antimoine. Les chimiftes modernes donnent ce nom à une poudre blanche , fubtile , qui fe précipite des lotions de l’antimoine diaphorétique , foit d’elle - même, foit par Faddition d’un acide, & principalement de l’a+ cide vitriolique. La nature de ce précipité n’a point été encore dé- terminée par les Chimiites ; car fans compter les dé: finitions évidemment faufles, telles que celle de Boherhaave , qui le nomme un foufre fixe d’ansi. moine , les idées qu’en donnent Mender & Hoffinan ne patotflent rien moins qu'exattes. Le premier avance que « cette poudre n’efl rien autre chofe » qu'une chaux fine de régule s , & Hoffman qui ob- ferve qu’on obtient cette matiere perlée en une quan- LS 194 MAT tité très - confidérable ( cet auteur dit que les lo- tions de la mafle provenue de douze onces de régu- le d'antimoine , & de deux livres de nitre détonnés enfémble, lui ont fourni cinq onces de cette rzarie- re) , croit que cette rzatiere eftbeaucoup moins four- nie pat la fubftance réguline , que par le nitrequia a été changé en terre par la force de la calcination, &t par la mixtion de l’acide vitriolique. Hoffman, obf. phyf. chim. liv. III. obf. iv. Lemery qui , auffi-bien que Mender , a retiré ce précipité des lotions du régule d’antimoine préparé avec l’antimoine entier , dit au contraire qu’on n’ob- tient qu'un peu de poudre blanche , qu'il regarde comme la partie d’antimoine diaphorétique la plus détachée, c’eft-à-dire apparemment divilée. M. Baron penfe que « ce n’eft autre chofe pour la » plus grande partie , que la terre que le nitre four- » nit en fe décompofant , & fe changeant en alkali » par la violence de la calcination ; ou, ce qui eft la » même chofe, qu’elle provient en très-srande par- » tie des débris de l’alkali fixe du nitre; & qu'on ex- # plique aifément par- là pourquoi cette matiere fe » réduit difficilement en régule par l'addition des w74- » tieres inflammables, c’eft que la quantité de terre « régulinequiluirefteunie, n’eft prefque rien, com- » paraifon faite à ce qu’elle contient de la terre du » nitre fixé ». Notes [ur la chim. de Lemery , art. aritim, diaphorét. Nous obferverons fur toutes ces opinions ; 1°. qu'il eft vraiflemblable que la matiere perlée eft com- pofée en partie des débris terreux du nitre alkalifé , &t qu'’ainfi M. Mender dit trop généralement que ce n’eft autre chofe qu’une chaux fine derégule. 2°.Que cette terre nitreufene peut point cependant en conf- tituer la plus grande partie ; car ces débris terreux du nitre devroient fe trouver en beaucoup plusgran- de quantité dansl’antimoine diaphorérique lavé , que dans fes lotions : or l’antimoine diaphorétique n’en contient point ; car il ne fait aucune effervefcence avec les acides ; ce qui feroit, s’il étoit mêlé de terre nitreufe, que les acides difolvent avec effervefcen- ce. 3°. Que les cingonces de satiere perlée que Hoff- man a retirée de fa leffive (qui ne contenoit que de Palkali fixe & du nitre entier, puifqu'il avoit préparé fon antimoine diaphorétique avec le régule d’anti- moine), paroiflent avoir été principalement du tar- tre vitriolé , ce qui n’eft certainement point la mé- prife d’un chimifte bien expérimenté ; maïs enfin ce ne peut avoir abfolument été que cela ; & l’on eft d’autant plus fondé à s'arrêter à cette idée, que la lotion ou leffive qu'a employée Hoffman, doitavoir été très-rapprochée, s'il eft vrai, comme il lé dit, que l’acide vitriolique en ait détaché des vapeurs d’acide nitreux, & qu'ila employé d’ailleurs un act- de vitriolique concentré. 4°. Sila mariere perlée eft véritablement compolée en très-srande partie de terre alkaline nitreufe , cette terre n’y eft point nue, mais elle eft combinée avec l’acide vitriolique fous forme defélénite; ce que Hoffman paroït avoir con- nu lorfqu'il a dit que le nitre étoit changé en terre parla calcination & lamixtion avec lacide vitrioli- que ; & par conféquent il n’eft point indifférent à la nature de la waiere perlée qu'on emploie à fa prée- aration l'acide vitriolique, ou un autre acide car s’il réfulte de la combinaifonde l’acide employé avec la terre nitreufe un fel neutre très-foluble, toute cette terre réftera fufpendue dans la leffive, à la fa- veur de cette nouvelle combinaifon, commeelle s’y foutenoit auparavant par le moyen de l’alkali fixe, ou des felsneutres auxquels elle étoit attachée. Nous concluons de toutes ces obfervations , qui ne font que des conje@ures , 1°. que nous avons été fondés à avancer que la nature de la matiere perle étoit en- £ôre ignorée des Chimiltes ; 2°. qu’elle pouvoit être _ déterminée cependant par un petit nombre d’expé= riences fimples ; 3°. enfin que fa vertu médicinale étoit parfaitement ignoiée 4 prior. Or, comme la connoiflance & pofferiort , ou l’obfervation médici- nale manque auf prefqu’abfolument , & que le peu qu’on fait fur cette zatiere porte à croire que c’eft-là un remede fort innocent, où même fort inutile, nous PU qu’on peut fans fcrupule en négliger l’ufage. MATIERES , éranfport des, ( Finances, ) on entend pat ce mot de maieres , la fortie des efpeces ou lin- gots d’oroud’argenthots d’un pays qu’on porte dans un autre, pour acquitter la balance de ce qu'on doit dans le commerce, Prouvons que la liberté de ce tranfport ne peut ni ne doit être empêché dans un état commerçant. | La défenfe de tranfporter les efpeces ou rarieres } ne les empêche point d’être tranfportées. ‘Les Efpa- gnols ont fait des lois très-rigoureutes contre le tranf- port des efpeces &C matieres ; mais comme les dén= rées & manufactures étrangeres confommées en Ef- pagne , montoient à une plus grande fomme que les denrées &les manufaétures étrangeres coniommées en pays étrangers , & qu'une grande partie des ef- fets envoyés en Amérique , appartenoïit aux étran- vers , la valeur de ces effets, & fa balance dûe par l’'Efpagne , ont été tranfporiées en efpeces ou #14= tieres, Gt de tout ce qui a été apporte des Indes , très- peu eftrefté aux Efpagnols, malgré lesdéfenfes qu'on a pu faire. | Il eft inutile de défendre le tranfport des efpeces ou zatieres ; quand 1il n’y a point de balance dûüe, alors ce tranfport cefle ; quand une balance eft dûe, cette défenfe n’eft pas Le remede propre à ce mal. Le meilleur eft d’être plus induftrieux ou plus mé- nager , de faire travailler davantage le peuple, où l’émpêcher de tant dépenfer. | Prétendre empêcher le tranfport des efpeces && matieres , tant qu'une balance eft dûe, c’eft vouloir faire cefler l'effet , quoique la caufe dure. Rendre le peuple plusinduftrieux, diminuer la dépenfe, &c. fait cefler le mal , en levant la caufe ; par ce moyen le commerce étranger peut être rendu avantageux, &c Les efpeces ou matieres des étrangers feront appor- tées dans le pays ; mais tant qu’une balance eit dûe aux étrangers, 1ln’eft guere praticable ni jufte d’em- pêcher le tranfport des efpeces ou rrarieres. De plus , la défenfe de tranfporter les efpeces où matieres eft préjudiciable à l’état ; elle fait monter le change ; le change affecte le commerce étranger &c augmente la balance , qui eft caufe que les efpeces font tranfportées ; ainfi en augmentant lacaufe, elle augmente le tranfport, L’Angleterre même, quoique plus éclairée que la France fur le fait de la monnoïe, eft mal confeillée au fujet du tranfport des efpeces & marieres ; l’An- gleterre défend ce tranfport ; &c fon commerce en fouffre par ce moyen; car pendant la guerre , le chan- ge alors continue d’être confidérablement à fon dé- favantage. Voyez ESPECES , OR, ARGENT ; MON- NOIE, COMMERCE , CHANGE, MANUFACTURE, (C2:572) MarTierE. (Monnoyage.) À la Monnoie, on ap- pelle ainfi une mafle de métal, foit d'or, d'argent. de billon, ou de cuivre, foit à fabriquer, ou mon- noyé, de quel titre &r de quel poids que ce foit. Il y a des états, où l'or & l'argent monnoyé, comme non monnoyé, fert au dehors comme à l'intérieur à commercer; on le trafique comme marchandife, comme des étoffes, des toiles, éc. Les fentimens fur le trafic de l’or & de l’argent font bien oppolés. Voici là-deflus ce que penie un auteur étranger. « Ce commerce eft d’un fi grand » avantage pour une nation, que les états qui les MAT » défendent, ne peuvent jamais être regardés con. # me confidérables; cat il eft plus avantageux de » tranfporter, d'envoyer chez l'étranger de l'or & » de argent monnoyÿés que non monnoyés, puifque » dans le premier cas on gagne l'avantage de la fa- # brication «, Cette réflexion tombe d’elle-même ; car l’étran- ger achete le métal au titre, ainf ce gain eft une chimere. En France, loin de regarder ce commerce des efpeces monnoyées comme avantageux pout l'état , il eft expreflément défendu fous peine ca- pitale. Ce crime fe nomme #i//ornage. Voyez Bit- LONNAGE. Les Orfevres ne peuvent non plus fondre des Marteres monnoyées, de quelque nature qu’elles foient , ou de quelque pays qu’elles viennent, à l'exception des piaftres qui ont un cours libre dans le commerce. MATIERES , terme de riviere, pieces de bois en- travers , pofées fur les plats-bords d’un bateau foncet. dr MATILICATES, (Géog. anc.) peuples d'Italie, que Pline, Liv. III. chap. xiv. place dans lUmbrie, C'eft aujourd’hui Marelica bourg dans la marche d'Ancone fur le Sano, entre fan-Severino à l’o rient, 6 Nibbiano à l'occident. (D. Je) MATILALCUIA; (Æ:f. mod. Juperft.) c’eft le nom que les Mexiquains donnoient à la déefle des eaux. MATIN , f. m. (4ffron.) eft le commencement du jour , ou le tems du lever du foleil. Voyez Jour. Les Affronomes comptent le matin, #4an2, de minuit à midi. Ainfi on dit qu’une éclipfe a commencé à onze heures du zatin, &c. Les différens peuples font commencer le marin à différentes heures. Cela dépend de leurs différen- tes manieres de compter les heures. Mais la façon la plus commune eft de le commencer à minuit, Ainf on peut diftinguer, pour ainf dire, deux fortes de marins; l’un qu’on peut appeller ré/, commence avec la lumiere du jour; l’autre qu’on peut nommer civil ou affronomique, commence à minuit, ou à une autre heure fixe, felon l'ufage du pays où l’on eft, Foyez HEURE. L'étoile du watir eft la planete de Vénus » Quand elle eft occidentale au foleil, c’eft-à-dire lorfqu’elle fe leve un peu avant lui. Dans cette fituation , les Grecs l’appellent pho/bhorus , & les Latins lucifer, Voyez VENUS. Crépufcule du matin, Voyez CRÉPUSCULE. Chamb. MATIN, le, (Médec.) Des nuits inégale couriere S’éloigne € pälit à nos yeux, Chaque aftre au-bour de [a carriere Semble Je perdre dans Les cieux. * Des bords habités par le Maure Déja les heures de retour, Ouvrent lentement à l’ Aurore Les portes du palais du jour. Quelle fraicheur! L'air qu'on refpire Æft le foufle délicieux | De la Volupté qui foupire Au féin du plus jeune des Dieux. Déja la colombe amoureufe Pole du chène fur l’ormeau : L'amour cent fois La rend heureufe., Sans quitter le même rameau. Triton fur la mer applanie Promene fa conque d’aur, Et la nature rajeunie ŒExhale l’ambre le plus pur. Au bruit des Faures qui fe jouens Sur les bords tranquilles des eaux Les chafles Naïades dénouent 5 Leurs cheveux creffés de roféaux, Wome À, Dieux, qu'une pudeur ingénne Donne de lufire à La beauté! L'embarras de paroftre nue Fait l'attrair de la nudité. Le flambeau du Jour fe rallume , Lebruit renait dans Les hameaux , ÆEct lon entend gémit l'enclume Sous les Coups pefans des Marteau, Le regne du travail comrnentce Monté fur le crône des airs, Sotail, annonce l'abondance Æt les plaifirs à l'univers. Vengez, &xc. &c. &c. Œuvres mélées de M, le cardinal DE BÉRNIS, Cette partie du Jour qui offre à l'imagination du poëte ces images riantes, matiere des defcriptions agréables, n’eft point indifférente pour le méde- cin; attentif à examiner & à recueillir les phéno- menés de la nature, il ne perd aucune occafion de lire dans ce livre intéreffant ; il n’examine tous ces changemens, toutes ces a@ions, que pour en reti- rer des lumieres dont il prévoit l'utilité ; il laiffe au phyficien oifif fpéculateur le foin de remonter aux caufes des phénomenes qu'il obferve , de les combiner, d’en montrer l’enchaînement. Pour lui, il met fes obfervations en pratique, & tourne tou- jours fes réflexions vers l'intérêt public, le mobile & le but le plus noble de fes travaux, en même tems qu'il en eft la récompenfe la plus flatteufe. Le médecin obferve que dans l’état de fanté le corps eft plus léger, plus difpos le zratin que le foir, les idées en conféquence plus nettes, plus vives, plus animées. Le fommeil précédent n’eft pas feul capable de produire cet effet ; puifqu’on l’é- prouve bien moins, ou même pas du-tout , lorf- qu'on poule le fommeil bien avant dans le jour, Il eft vrai aufi que cet effet eft bien plus fenfi- ble, lorfqu’on a pañlé la nuit dans un fommeil tranquille & non interrompu. Le retour du foleil fur l'horifon , le vent léger d’orient qui excite alors les vapeurs rerombées , une douce humidité qui couvre & imbibe la terre , tous ces change- mens furyenus dans l’atmofphere doivent nécef- fairement faire quelqu'impreffion fur nos corps , V0yex INFLUENCE DES ASTRES. Quoi qu’il en foit, ces changemens font conftans & univerfels ; les plantes, les animaux , l’homme, en un mot, tout ce qui vit, tout ce qui fent, les éprouve. [ci fe préfente naturellement la réponfe à une queftion célebre ; favoir, sil eft utile à la fanté de fe lever matir. Le raifonnement & l'expérience s'appuient mutuellement pour faire conclure à l’affirmative. La nuit eft le tems deftiné au repos, & le marin le tems le plus propre au travail; la nature femble avoir fixé les bornes & le tems du fommeil ; les animaux qui ne fuivent que fes ordres, & qui font dépourvus de cette raifon fuperbe que nous vantons tant, & qui ne fert qu’à nous égarer en nous ren- dant fourds à la voix de la nature ; les animaux, dis-je, fortent de leur retraite dès que le foleil eft prêt à paroître ; les oifeaux annoncent par leur ramagé le retour de la lumiere ; les fauvages, les payfans, qu’une raifon moins cultivée & moins gâtée par l’art rapproche plus des animaux, fuivent en cela une efpece d’infin@; ils fe levent très-r14- tin, & ce genre de vie leur eft très-avantageux, Voyez avec quelle agilité ils travaillent, combien leurs forces s’augmentent, leur fanté fe fortifie » leur tempérament devient robufte , athlétique ; ils fe procurent une jeunefle vigoureufe, & fe préparent une longue & heureufe vierlleffe. Jettez enfuite les yeux fur cette partie des habitans de la ville, qui fait de la nuit le jour, qui ne fe conduit que par les modes, les préjugés , les ufages, É raifon où 1] 195 196 MAT fes abus. Ces'perfonnes pouffent les veilles jufques : bien avant dans la nuit, fe couchent fort tard, goûtent un fommeil peu tranquille, paflent beau- coup plus de tems dans le litque ces payfans, dor- ment quelquefois davantage; mais quand elles fe levent, inquiettes, fatiguées, nullement ou peu refaites d’un fommeil femblable, elles ne fentent point cette douce fraicheur du matin, elles n’éprou- vent point cette légéreté qu'il femble qu’on prenne alors avec air qu’on refpire. Voyez en même tems combien leur fanté eft foible , leur tempérament délicat ; la même inconféquence dans les autres ac- tions de la vie devient la fource féconde des maux variés dont elles font fans cefle attaquées. On demande en fecond lieu, file #74#:7 n’eft pas Île tems le plus propre pour remplir les devoirs conjugaux, Les auteurs, partagés fur cet article, pour ce qui regarde l’homme, affurent que tous les tems font à-peu-près égaux pour la femme, & qu'elle peut vaquer à ce devoir agréable lorfqw’elle veut & dans tous les tems, parce qu’elle defire plus vivement que l’homme, qu’elle perd moins dans late, & qu'elle n’en eft pas aufli fatiguée, Comme ces facrifñices trop fréquens épuifent l’hom- me, & que même lorfqu'ils font modérés, il en éprouve une lafitude & une efpece de langueur, on a prétendu afligner un tems de la journée, qu’on a cru plus propre à l'exercice de cette fonétion. Les uns ont penfé que c’étoit quatre où cinq heu- res après chaque repas ; d’autres ont voulu qu’on attendit plus long tems; les uns, comme Hermo- gène, ont préféré le Jour, aflurant que la nuit les plaïfirs de l'amour font plus doux, &t que le jour ils {ont plus falutaires, D’autres ont donné la préférence à la nuit, difant qu'ils font d'autant moins nuifi- bles, qu'ils font plus agréables. Ceux qui croient le foir plus favorable que le watin, {e fondent fur ce qu'alors les alimens font digérés, le corps bien refait, les pertes réparées, & qu'après cela le fom- neil. peut diffiper la lafitude qui en pourroit réful- ter; au-lieu que le main, difent-1ils, l’eftomac eft rempli de crudités; c’eftle tems du travail, il eft à craindre que cet exercice ne diminue l'aptitude à remplir les autres. Ceux-enfn qui prétendent que le murin ef de tous les tems de la journée celui qu'on.doit choifir préférablement à tout autre, difent que le foir les alimens ne font pas digérés; ou s'ils le font, que les fécrétions ne font pas fai- tes, que la quantité de femence n’eft pas augmen- tée ; au-lieu que le satin la derniere coétion, pour parler avec Hippocrate, eft achevée, le corps eft dans cet état d'égalité qui réfulte de l'harmonie &.du bien-être de toutes les parties, que le fom- meil précédent a rendu le coïps agile & difpos ; que le satin, femblable au printems , eft plus com- mode & plus für pour la génération; qu'alors auffi les defirs font plus vifs; que c’eft une erreur de croire que, quand on.fe porte bien, l’effomac foit plein de matieres crues &, pituiteufes. Et ils foutiennent après Santorius, que les plaifirs du ma- tiage modérés dégagent .& rendent légers, loin de fatiguer; mais.qu'au cas qu'on refientit.quel- que lafirude, 1l éroit tout fimple de fe rendor- mirun peu. ls citent l'exemple des payfans vi- goureux &z robuftes, qui font des enfans aufi bien conftitués, @ qui lafles des travaux de la journée, s’endorment dès qu'ils font au lit, & ne rempli lent leurs devoirs .conjugaux que le matin à leur réveil. Enfin, ils n’ont qu’à faire obferver que les oifeaux choififlent prefque tous ce tems, qu'ils té- moignent leurs plaifirs par leur chant; &c. Ge Ge. Ceite opinion paroït aflez vraiflemblable & méri- tetoit. d'être adoptée, fi dans, des affaires de cette vaure, il falloit confulter des lois & obferver des al MAT regles, & non pas fuivre fes defirs &' profiter dés occañons. sa, L'influence êc les effets du s7arin font encore bien plus fenfbles dans l’état de maladie où le corps eft bien plus impreffonable. On obferve dans prefque toutes les fievres, & pour mieux dire, dans toutes les maladies, que le malade eft pour l’ordinaire moins mal le zzarin que le foir. Prefque tous les redoublemens fe font le foir, & 1l n’eft pas nécef- faire pour les exciter que le malade ait mangé; car foit qu'il ait fait des excès ou obfervé la diete la plus exaûte , ils m'en reviennent pas moins dans ce tems plus ou moins forts; la nuit eft alors mau- vaife, troublée, & le redoublement ne fe difipe que vers le lever du foleil. Alors le malade eft plus tranquille, 1l s’afloupit & fe livre à un fommeil, d'autant plus agréable, qu'il a été plus attendu, Voyez INFLUENCE DES ASTRES. La confidération de cette tranquillité que procure le zzatin, à la plus grande partie des maladies, n’eft pas une fimple fpéculation ; elle eft d’une grande utilité & d’un ufage fréquent dans la pratique. Lorfqauw’on a quelque remede à donner &c que Pon peut choïfir le tems, on préfere le zatin; c’eft le tems d’éleétion de la journée, comme le printems l'eft dans l’année; on ne le manque que lorfque la néceflité preffante oblige d’admunifirer les fecours à toute heure. Le ain eft le tems où l’on purge; où l’on fait prendre les apozemes , les opiats, les eaux minérales, &c, C’eft auf celui que le méde- cin éclairé fait choifir au chirurgien manouvrier pour faire les opérations, quand le mal n’eft pas de nature à exiger des fecours preffans, En un mot, le marin eft le ses d’életlion, toutes les heures peu- vent être le sems de néceffité. (m) MATIN , ( Critig. facrée, ce mot fe prend d’a- bord dans l’Ecriture pour le commencement ou la premiere partie du jour artificiel, qui eft diftingué en trois , vefpere ; mane, © reridie, &t 1lfe prend en ce premier {ens dans ce pañlage : væ mb, terra, cujus rex puer.eff, & cujus principes mane comedunre. Ecclef, 10; 16, 20, Il fe prend aufl pour le jour artificiel tout entier : faëumque ef} vefpere & mane dies unus. Genef, 1, $. Le jour naturel fe fit du marin qui eft le Jour artificiel, & du foir qui fe met au commence: ment, parce qu'il précéda le jourartificiel qui com= mence par le matin, & fe compte du lever du foleil à un autre ; c’eft pour cela que les Jmifs commen: coient leur jour parlefoir , & vefperé in vefperam > ce mot fe met fouvent pour prornptement ; vous m’exaucerez le marin, c’eft-à-dire, de bonne heure. Il défigne la diligence avec laquelle on fait quelque chofe : le: Seigneur dit qu'il s’eft levé de grand warir pour inviter fon peuple à retourner à Jui, mane confurgens converfatus fum , 6 dixi , audite vocerr meam. Jet, 11,7. (D. J.) are MATINE, ( Géog:anc.) Marinum , Valle maritr- me des Salentins fur la mer Ilonniene , dans le pays qu’on appelle aujourd’hui la serre d'Orrante, Lucain & Pline parlent des Martini, peuples de la Pouille. Horace diftingue matinum littus, matina,palus, ma- tina cacuynina ; mâis fous ces noms paroiflent cor- rompus, 1! faut lire Bartini, Bantinum, Baniina, CD) # ATX MATINES , ff. hore matutine, officium noëlurnum, ( Liturg.) c’eft le nom que l’on donne vulgairement À la premiere partie de l'office eccléfiaftique compo- {6 de trois nofturnes,, & qu’on récite ou la veille des fêtes, ou à minuit , oule matin: WE? Ceux qui ont-traité des offices eccléfaftiques fon- dent laconvenance onlanéceflité de cette priere de la nuit fur.ces paroles du Pfalmifte ;-medix ‘noce fur- gebam ad confisendumribss: &'dé-là vient Vufage éta- bli dans plufeurs cathédrales, chapitresiée commu É SA0 à MAT nautès relisienfes de commencer les marines À mi- nuit, js On trouve dans l’Hiftoire eccléfaftique divers monumens très-anciens qui atteftent cette coutumé de prier la nuit. Les conftitutions attribuées anx Apô- tres ordonnent aux fideles de prier au chant du coq, parce que le retour du jour rappelle les enfans de la lumiere au travail & à l’œuvre du falut. Caffien de cant, noë, nous apprend que les moires d'Egypte ré- citoient douze pleaumes pendant la nuit & y ajou- toient deux leçons tirées du nouveau Teftament. Dans les monafteres des Gaules, felon le même au- teur, on chantoit dix-huit pleaumes &z neufleçons, ce quife pratique encore le dimanche dans le bre- viaire romain. Saint Epiphane , faint Bafile, faint Jean-Chryfoftome, & plufieurs autres Peres grecs font une mention exprefle de l'office de la nuit. En Occident, on n’a pas été moins exaét fur cette partie de la priere publique qui fut, dit-on, intro- duite par faint Ambroiïle pendant la perfécution que lui fufcita l’impératrice Juftine , arienne, & mere de Valentinien le jeune. Le quatrieme concile de Carthage veut qu'on prive des diftributions les clercs qui manquent{ansraifon aux offices de Ja nuit. Saint Ifidore, dans fon livre des offices eccléfafti- ques , appelle celui de la nuit vioiles & noëurnes , &z celui du matin marines ou laudes. On voit dans la regle de faint Benoît une grande conformité avec ce qi fe pratique aujourd’hui dans toute l’Eglife. L'office de la nuit y commence par Deus, in adjutorium, 6rc.enfuite le pfeaume verte, l'hymne, fix pleaumes qui doivent être récités à deux chœurs, le verfet & la bénédiétion de l'abbé. Enfuite trois leçons entre lefquelles on chante des répons, au dernier on ajoute p/oria Pari. Enfuute fix autres pfeaumes & une leçon de l’apôtre par chœur. Le dimanche, on hfoit huit leçons , puis on ajoutoit aux douze pfeaumes trois cantiques de l’ancien Teftament, trois leçons du nouveau aveclés ver- ts & le se Deum, Enfuite l’abbé lifoit une Lecon de FEvangile, ce qui étoit fuivi d’une hymne , après laquelle on chantoit marines, c’eft-à-dire , ce que nous appellons aujourd’hui laudes. Vovez LAUDES. Fhomaffin , difcip. ecclefraflig. part. I. Liv. I. ch. xxxiy. G fuiv. - Dans’ la plüpart des breviaires modernes , ex- cepié dans le romain pour le dimanche , les matines font compolées du Deus, in adjutorium , d’un verfet nommée invitatoire, Qu pleaume veñite , d’une hym- ne. Enfuitefuivent trois noûturnes compofés de neuf pleaumes foustrois ou neuf antiennes felon la {o- lernnité plus oumoins grande, trois ou neuflecons précédées chacune d’une courte oraifon dite bérédic. 1107, & fuivies chacune d’un répons. A la fin du troifieme noëturne, on dit dans les orandes fêtes & les dimanches, excepté l’avent êcle carême, le can- tique re Deum que {uit un verfet nommé facerdoral, après quoi l’on chante laudes, Voyez LAUDES | Ré- PONS, VERSET, LEÇON, Gc. MATIR 04 AMATIR, ( Gray.) en terme de Ci- feleur | Graveur en creux & en relief, c’eft ren- dre mate une-pattie de louvrageenla frappant avec le matoir(voyez: MaToir },'qui répand fur d'ou vrage un. grain uniforme qui détache les parties matées des autres qui font polies. PL T : MaATiIR ,LIME A, c’eft um outil dont fe:fervent les Graveurs enrelief & en creux pour former les grains du-matoir, voyez Matoïr. En le frappant: | deflus , les grainsidu matoir font plus ou moins fer- rés , {elon que la lime dont ion s'eft fervi pour les: #ormer eft plus ou moins grofle. MATIR, terme d'Orfevre. Voyez AMATIR. MATISCOrK Géog. anc.) ville des Gaules dans le pays. des Æduens. Jules-Céfar sde béllo: gall, 44 ner la forme que l'ouvrage demande ; puis pour je’ MAT to VII. ce. xe, eft le premier Qui'en fafle mention, & il Ja place fur la Saone. Le même nom de cette ville fe trouve {ur la table de Peutinger &c l'itis néraire d’Antonin, On ne peut guere douter que cé ne foit Mâcon. Voyez MACON. ( D.J. | MATITES ,L f, ( Æiff. nat. \ nomdonné par Guels ques Naturalifies à des pierres qui font en mames lons , ouqui ont la forme du bout d’un tetton. On croit que ce font des pointes d’ourfins qui ont fait des empreintes dans de certainés pierres , d'autant plus qu'il y a des ourfins qui ont des mamelons. MATMANSK À, ( Géog. jile du détroit qui fépara le Japon du pays d'Yeflo, où de Kamfchatka, C’eft l'ile de Matfumay des Japonois. ( DJ.) MATOBA, {. m. (Æf£. nac, Bor.) elpece de palmiet d'Afrique , fort commun dans les royaumes de Con- 80 & d'Angola, dont lés habitans tirent par incifion une liqueur on une efpece de vin extrèmement acide. MATOIR , f. m. ouri! d’Arquebufier : c'eftun petit cifeau de la longueur de deux pouces & gros à Proportion, qui n’eft pas fort aigu, qui fert aux Arquebufiers pout matir deux pieces de fer jointes enfemble. Cela fe fait en pofant la piece que l'ont veut matr dans l’étau , & en frappant deflus avec le zratoir & le marteau & mAchant un peu ; cela ef face la raie des deux pieces jointes & fondées ent femble. MATOIRS , ex serme de Bijoutier, font des cife2 lets dont l'extrémité ef taillée en petits points ronds & drus ; leur ufage eft pour amatir & rendre bruté les ornemens de réliefs qui fe trouvent fur les ouvra- ges, & les détacher du champ qui eft ou btuni où. poli, où pour amatir & rendre bruts les champs QUE entourent des ornemens brunis ou polis : cette va- rièté détache agréablement, & forme un contrafte qui releve l'éclat des parties polies, & féduit l'œil des amateurs, | MATOIR, ( Ciféleur. ) petit outil avec lequel ceux qui trävaillent de damafquinerie, où d’ou- vrages de rapport, amatiflent l'or. C’eft un cifelet dont l'extrémité inférieure qui porte fur l'ouvrage, eft remplie de petits points faits par des tailles com me celles d’une lime douce, Voyez la fig. PL, di Graveur : il y en a de différentes grandeurs, : MATOIR, ( Graveur.) forte de cifelet , dont fe fervent les Graveurs en relief & en creux , Cftun morceau d'acier de 2 ou 3 pouces de long , dont'urr bout éft arrondi &t fert de tête pour recevoir les - coups de marteau; l’autre bout eft grené. On don- ne cette façon à cet outil en le frappant fur une lime , les dents de la lime entrent dans le avoir, & y font autant de trous ; on léttrempe enfuite, pour que les trous ne fe rebouchent point. Voyez La fie. PI, de la Gravure, Fe Où fe fért de cet outil pour frapper fur diffé. rentes parties des ouvrages de cifelure , qu’on ne veut pas quifoient liffées & polies : cet outil y ré. pand'un grain uniforme , qui fert à diftinguer ces parties de celles qui font polies & brunies. MATOIR , ex terme d'Orfevre en grofferte, eft un cifelét dont l'extrémité ‘eft matte, & fait fur l’ou- vrage unelforre de petits grains, dont l'effet eft de faire Sortir le poli, & d'en relever l'éclat. Poyez POLIMENT,, voyez les PI, | - Pour faire le matoir, où commence par lui dote rendre propre à atir on s’y prend de trois façons différentesi;iles deux premieres fe font avant que || deletremper, avec un martéau dont la furface fe” taille en grain, & dont on frappe le bout du ma | soir ; de la feconde façon, l’on prend un morceau : | d'acier trempé , on le cafle:, & quandile prain s’en. |, trouvehien ;-on s'enfert pour former la {urface du * 195 MAT matoir ; la troifieme , on trempe fon morceau d’a- cier deftiné à être zatoir, & on le frappe fur un grais, & l’on obtient un matte plus rare & plus clair. MATRALES , f. f. plur. matralia, ( Antig. rom.) fêtes qu’on célébroit à Rome le 11 Juin en l’hon- neur de la déeffe Matuta , que les Grecs nommoient Ino. Il n’y avoit que Les dames romaines qui fuffent admifes aux cérémonies de la fête, & qui puflent entrer dans le temple ; aucune-efclave n'y étroit ad- mile, à l'exception d’une feule , qu’elles y faifoient entrer , & la renvoyoient enfuite après lavoir lé- erement foufletée en mémoire de la jaloufie que fe déeffe Ino , femme d’Athamas, roi de Thebes, avoit juftement conçue pour une de fes efclaves que fon mari aimoit paflionnément. Les dames romaines obfervoient encore une autre coûtume fort fingu- liere ; elles ne faifoient des vœux à la déefle que pour les enfans de leurs freres ou fœurs , & jamais pour les leurs , dans la crainte qu'ils n’éprouvaffent un {ort femblable à celui des enfans d’Ino ; c’eftpour cela qu'Ovide , Zv. VI. de fes faftes , confeille aux femmes de ne point prier pour leurs enfans une déefle qui avoit été trop malheureufe dans les fiens propres : elles offroient à cette déefle en facrifice un gâteau de farine, de miel & d’huile cuits fous une cloche de terre. Le poëte appelle ces facrifices flava liba ; des libations roufles. Voyez Plutarque, quaff, rom. & le did, des antiq. de Pitifcus. ( D. J.) MATRAMAUX oz FOLLES , terme de Péche, voyez FOLLE, que l’on nomme matramaux , dans le reflort de l’amirauté de Bordeaux ; ce filet eft fim- ple, c’eft-à-dire qu'il n’eft point travaillé ou com- pofé de trois rets appliqués l’un fur l’autre. MATRAS, f. m. ( Ars milir. ) efpece de gros trait ou de dard fans pointe, plus long que les fleches & beaucoup plus gros, armé au bout au lieu de pointe d’un gros fer arrondi ; on s’en fervoit anciennement pour fracafler le bouclier, la cuirafle & Les os de celui contre lequel on le tiroit, mais on ne le tiroit qu'avec de groffes arbaletes que l’on bandoït avec des reflorts. Æifloire de la milice françoife. (Q) MATRAS, f. m. (Chimie.) efpece de vaifileau de verre , bouteille fphérique , armé d’un col cylindri- que, long & étroit (voyez les Planches de Chimie), dont on fe fert comme récipient dans les diftilla- tions (voyez DISTILLATION 6 RÉCIPIENT), qu’on emploie aux digeftions & aux circulations ( voyez DiGEsTION 6: CIRCULATION, Chimie), foit bou- ché avec une veflie ou un parchemin, ou bien ajuf- té avec un autre 7zatras , en appareil de vaifleaux de rencontre (#07 RENCONTRE, Chimie ), & qui fert enfin de vaifleau inférieur, ou contenant dans la difillation droite étant recouvert d’un chapiteau. Voyez les Planches de Chimie. (b) MATRICAIRE, ff. matricaria, (Botan.) genre de plante à fleur en rofe, le plus fouvent radiée. Le difque de cette fleur eft compofé de plufieurs fleu- rons , & la couronne de demi-fleurons, foutenus fur des embryons par un calice demi-fphérique, dont les feuilles font difpofées comme des écailles. Les embryons deviennent dans la fuite des femences oblongues , & attachées à la couche. Ajoutez aux caradteres de ce genre que les fleurs naïffent par pe- tits bouquets , &c que les feuilles font profondément découpées & difpofées par paires. Tournefort, Z/£. rez herb, Voyez PLANTE. Tournefort compte douze efpeces de ce genre de plante, dont la principale ef l’efparsoutte | ou la matricaire COMMUNE , Mafricaria vulgaris, feu fativa, C. B.P. 133. I. R,H. 493. en anglois, she common garden feferfew. Sa racine eft blanche , garnie de plufieurs fibres : fes tiges font hautes d’une coudée & demie, roides, cannelées , liffes , aflez groffles , remplies d’une moëlle fongueufe : fes feuilles font nombreufes, d’un verd-gai, d’une odeur forte , amere , placées fans ordre ; elles font comme compofées de deux ou trois paires de lobes, rangés fur une côte mitoyenne ; ces lobes font larges & divifés en d’autres plus petits , dentellés à leur bord. Il fort vers les fommités des tiges, & de l’aiffelle des feuilles , de petits rameaux fur lefquels naiffent, aufli-bien qu'aux fommets des tiges, plufieurs petites fleurs portées fur des pédicules oblongs , rangées comme en parafols & radiées : leur difque eft rem pli de plufieurs fleurons jaunâtres, & la couronne de demi-fleurons blancs , portés fur des embryons de graines , & renfermés dans un calice écailleux & fémifphérique. Quand les demi-fleurons de la couronne font fanés , le milieu du difque fe renfle, & les embryons fe changent en autant de petites graines oblongues, cannelées , fans aigrette, atta- chées fur une couche au fond du calice. Toute cette plante a une odeur défagtéable & vive. On la cultive dans les jardins , ainfi que d’au- tres efpeces du même genre, à caufe de la beauté de leurs fleurs. Les Médecins en particulier font un grand ufage de la sratricaire commune, cat elle tient un rang éminent dans la clafle des plantes utérines & hyftériques. (D. J.) R MATRICAIRE , ( Mar. méd. ) toute cette plante a une odeur défagréable & vive : fes feuilles & fes fommités fleuries font fouvent d’ufage. La smatricaire tient un rang diflingué parmi les plantes hyftériques. On la donne en poudre depuis un demi-{crupule jufqu'à deux , ou fon fuc exprimé & clarifié jufqu’à une once ou deux : fa décottion & fon infufñon à la dofe de quatre onces. Elle fait couler les regles , les lochies, & elle chaffe l’arriere- faix ; elle appaife les fuffocations utérines, & calme les douleurs qui furviennent après l'accouchement. La watricaire produit utilement tout ce que les carminatifs & les amers peuvent procurer ; elle dif- fipe les vents, elle fortifie l’eftomac , aide la digef- . tion. Cette plante ou fon fuc exprimé chafñle les vers de même que la centaurée & l’abfynthe : on emploie utilement fa déco@tion dans les layvemens, fur-tout pour les maladies de la matrice. On la prefcrit extérieurement dans les fomenta- tions avec la camomille ordinaire, ou avec la ca- momille romaine, bouillie dans de l’eau ou dans du vin , pour l’inflammation de la matrice & les dou- leurs qui viennent après l’accouchement dans les retardemens des lochies , & dans certains cas de: regles douloureufes. Geoffroy , Mar. méd. On garde dans les boutiques une eau diftillée des fleurs de marricaire, qui polede quelques-nnes des vertus de la plante , favoir celles qui dépendent de fon principe aromatique. Voyez EAUX DISTILLÉES. Les feuilles & les fleurs de rzarricaire entrent dans toutes les compofitions officinales , byftériques , an- tifpafmodiques &emménagogues , telles quele fyrop d’armoife , les trochifques hyftériques, &c. (4) MATRICE , e7 Anatomie, eft la partie de la fe- melle de quelque genre que ce foit, où le fœtus eft conçu , & enfuite nourri jufqu’au tems de la déli- vrance. Voyez F&@TUs , CONCEPTION, GÉNÉRA- _ TION, Gc Les anciens Grecs appelloient la marrice pures , de pwrup mere ; c’eft pourquoi les maux de matrice font fouvent nommés maux de mere. Ils ’appelloient auf us-npa ; parce qu’elle eft le plus bas de vifceres dans fa fituation ; ils la nommoient auffi quelquefois queis , ature, &t vulvæ, vulve, du verbe vulyo, plier envelopper, ou de valve , portes. Platon &c Pythagore regardoient la marrice comme ua animal diné, renfermé dans un autre, Paul d'Égine obferve qu’on peut Ôter la marrice À une femme fans lui caufér la mort, & il y a des exem- les de femmes qui ont long-tems vécu après qu’on la leur avoit ôtée. Rhafis & Paré remarquent que des femmes ont été guéries de certaines maladies par l'extirpation de là warrice. En 1669 ; on produi- fit à l'académie royale des Sciences de Paris un enfant qui avoit été conçu hots de la marrice , 8e n'avoit pas laïflé de croître de la longueur de fix pouces. Voyez EMBRYON, F@TUs. La marrice dans les femmes eff fituée dans le baf- fin , où la capacité de l’hypogaftre entre la veffe & l’inteftin red&um, & s'étend jufqu’aux flancs : elle eftentourée & défendue par différens o$ ; en-devant par Pos pubis ; en arriere, par l'os facrum ; de cha- que côté par l’os des îles & los ifchiüm : {a figure reflemble un peu à celle d’un flacon applati , où d’une poire féche. Dans les femmes enceintes, elle s'étend & prend diverfes formes, fuivant les divers tems êcles diverfes circonftances de la grofefle : elle a plufieurs membranes, arteres, veines, nerfs & li- gamens , & elle eft tiflue de plufeurs différentes fortes de fibres. Les Anatomiftes divifent la marfice en fond où partie large, & en col ou partie étroite : fa longueur depuis l’extrémité de l’un jufqu'à Pextrémité de l’autre , eft d'environ trois pouces : fa largeur dans fon fond eft d'environ deux pouces & demi, & on épaifleur de deux : elle n’a qu’une cavité , à moins qu'on ne veuille diftinguer entre la cavité de la rarrice & de celle de fon col. Celle-ci eff trèse petite, & contiendroit à peine une feve : elle eft fort étroite , fur-tout dans les vierges, 8 fon ex- trémité fupérieure , c’eft-à-dire celle qui regarde le fond de la rarrice, fe nomme orifice interne. Elle s’ou- vre dans les femmes grofles , principalement aux approches de l’accouchement. L’extrémité oppofée, ouinférieure du col de la marrice , c’eft-à-dire celle qui regarde le vagin , fe nomme orifice externe, Elle déborde un peu, & refflemble en quelque façon au gland du membre viril. Woyez nos Planches d Ana- £ornLe, La fubftance de la narrice et membraneufe & char- nue : elle eft compofée de trois membranes ou tu- niques , ou feulement de deux , felon quelques-uns, qui refufent ce nom à la fubftance du milieu. La tu- nique externe , appellée auf commune , vient du péritomne , & fe trouve formée de deux lames, dont l’extérieure eft aflez unie, & l’intérieure eft rabo- teufe & inégale. Cette tunique enveloppe tonte la rnatrice, & l’attache à l’inteftin reûtum , à la vef- fie, 6c, La tunique moyenne eft très-épaifle, & compofée de fibres fortes, difpofées en divers fens. Quelques-uns croïent qu’elle contribue à l’exclufion du fœtus, & d’autres, qu'elle fert feulement à réta- blir le reflort de la matrice après une diftenfion vio- lente : la tunique interne eft nerveufe. … Lararrice eft attachée au vagin par fon col. Pofté- rieurement & antérieurement elle eft attachée à la veflie par fa tunique commune : fes côtés font atta- chés à d’autres parties, mais fon fond ef libre, afin de pouvoir s'étendre & fe dilater plus aifément : fes ligamens font au nombre de quatre , deux qu'on nomme larges, & deux qu’on nomme ronds, à caufe de leur figure. Les ligamens larges font membra- neux , lâches & mols ; c’eft pourquoi quelques-uns les ont comparés aux ailes d’une chauve-fouris , & les ont nommés ae verfpertilionum. Les lisamens ronds font d’un tiflu plus ferme, & compofés d’une double membrane , enveloppée de fes arteres ivei- nes , nerfs & vaifleaux lymphatiques. Les vaifleaux fanguins ; tant des ligamens larges que des ronds, font une grande partie de ce qu'on nomme ur Jubfiance, Ces deux fortes de ligamens fervent à MAT 199 maïntenir la masrice dans une fituation droite : ils peuvent être facilement endommagés:par les fage- femmes mal-adroites, Foyez LIGAMENT. De chaque eôté du fond (dé la sarrice naît un conduit qui s'ouvre dans ce vifcere paru petit ori- fice ; mais qui devient plus large À mefure qu'il avance , & qui, vers fon extrémité , {8 retrécit:de nouveau. Cette extrémité qui fe trouve près des ovaires eft libre, & s’épanouit derechef en forrne d'un feuillage rond & franpé. Fallope qui découvrit le premier cétte expanfon, la compara à l'extrémité d'une trompette ; c’eft pourquoi tout le conduit a été nommé vrompe de Fallope : 1l eft compofé d’une double:membrane les veines & les arteres y {ont en trés-grand nombre , fur-tout les dernieres, qui, par différentes ramifications & différens contours, forment la principale fabftance des deux conduits. Le doëteut Wharton donne des valvules aux trom- pes de Fallope, mais les autres Anatomiftes les nient. Voyez TROMPE DE FALLOPE. Cette partie que Platon comparoït à un animal vivant, douée d’un féntiment merveilleux, eft pref. que toujours unique ; cependant Julius Obléquens dit, qu'on a vû autrefois à Rome une femme qui avoit une »atrice double. Riolanen cite deux autres exemples, l’une d’une femme ouverte dans les éco- les des Lombards , en 1599, & l’autre dans une fem- me qu'il avoit lui-même difléquéeen 1615, en pré- feñce de plufienrs perfonnes, Bauhin rapporte auf qu'il a vû une fois la marrice partagée en deux por- tions pat une cloifon mitoyenne, On lit dans l’Æ5f£ soire de l'académie des fciences un cinquieme exem ple de deux wasrices dans un même fujet, obfervée par M. Littre en 1705; chactine n’avoit qu’une trompe &unovaire, qu'unligament large & qu’un lisament rond. Enfin, je trouve dans la même A. de l'acad, des Sciences, année 1743, une fixieme obfervation tout-à-fait femblable à celle de M. Littre, de deux matrices dans une femme morte en couches, vûes par M: Cruger, chirurgien du roi de Danemark. Quelquefoïs l’orifice interne de l’utérus n’eft point percé. Fabrice d’Aquapendente dit qu'il a và ce vice de conformation dans une jeune fille âgée de qua- torze ans, qui en penfa mourir, parce que fes re- gles ne pouvoïent percer ; il fit à cette partie une incifion longitudinale , qui donna cours au flux menftruel , & rendit cette fille capable d’avoir des enfans. Dans le tems de l’accouchement , la marrice, qui eft alors extrémement tendue, peut fe déchirer, foit à fon fond, foit à fes côtés , foit fur-tout à fon col, qui ne peut foutenir une fi grande dilatation, & qui devient très-mince dans le tems de travail. M. Gregoire, accoucheur, a dit à l’acad. des Scien- ces, qu'en trente ans il avoit vû ce funefte accident atrivér feize fois. Hifloire de l'académie des Sciences année 1724. ‘ On demande fi la marrice peut tellement fe ren- verfer , que fon fond tombe du dedans en dehors par l'orifice interne jnfqw’au-detà du vagin. De Graaf juge la chofe impoffble dans les vierges , par- ce que l’orifice interne eft alors trop étroit pour li- vrer le paflage : maïs il croit cé fait très -‘poflible dans les accouchemens, lorfque l’arriere-faix adhere fortement à la matrice, & qu'un accoucheur, où la fage-femme , foit par ignorance , ou par impruden- ce, venant à le tirer violemment , entraîneen même tems le fond de la matrice, & en caufe le renverfe- ment. Cette faute fait périr bien-tôt la malade, f l’on ne la fecourt très-promptement. #oyez de nou- velles preuves de la réalité de ce fait dans les Ojer- vations anatomiques de Ruyich. (2.7) | Suffocation de MATRICE. Voyez SUFFOCATION, Speculum MATRICIS. Voyez SPECU LUM, 200 M AT MaTrICE, le dit aufli des endroits prôpres à la génération des végétaux, des minéraux êc des mé- taux. Ainf la terre eft la marrice où les graines pouf- ent. Les marcaflites font regardés comme les 74- srices des métaux. Voyez FOSSILE, MINÉRAL, MaR- CASSITE , 6c. | MATRICE, fe dit fisgurément de différentes chofes, où il paroît une efpece de génération ét où certai- nes chofes femblent acquérir un nouvel être, ou du moins une nouvelle maniere d’être. De ce genre {ont les moules où l’on met les caraéteres d'Impri- merie , & ceux dont on fe fert pour frapper les mon- noies & les médailles, & qu’on appelle cos, Voyez Coin & MONNOYAGE. MATRICE , maladies de la , ( Médecine.) c’eft bien avec raifon qu'Hippocrate a dit, que la marrice étoit la fource, la caufe , & le fiege d’une infinité de maladies : elle joue en effet un grand rôle dans l’œconomie animale ; Le moindre dérangement de ce vifcere eft fuivi d’un defordre univerfel dans toute la machine ; on pourroit aflurer qu'il weft prefque point de maladie chez les femmes où la rarrice n'ait quelque part ; parmi celles qui dépendent principa- lement de fa léfion , il y en a qui font générales, connues fous les noms particuliers de fureur , fuffo- cations utérines, vapeurs, pañlion hyftérique &c ma- ladies, qui, quoiqu'elles ne foient pas excitées par un déplacement réel de la warrice, comme quelques anciens l'ont prétendu , font le plus fouvent ocea- fionnées & entretenues par quelque vice confidéra- ble dans cette partie que les obfervations anatomi- ques démontrent, & qui donnent lien à ce fenti- ment. Voyez tous ces articles féparés. Les autres maladies font fpécialement reftreintes à cette par- tie, ou locales; le vice de la marrice qui les confti- tue eft apparent , & forme le fymptôme principal : dans-cette claffe nous pouvons ranger toutes celles qui regardent l’évacuation menftruelle, qui font ou feront traitées à l’article REGLES , voyez ce mot; enfuite la chute où defcente , l’hernie, l’hydropifie, linflammation , l’ulcere , le skirrhe , & enfin le can- cer de la matrice ; nous allons expofer en peu de mots ce qu'il y de particulier fur ces maladies, rela- tivement à leur fiege dans cette partie. Chute ou defcente de matrice, prolapfus uteri , voreps mpoæbuois. La matrice dans l'état naturel eff foutenue par plufeurs ligamens à l'extrémité du vagin, à une certaine diftance qui varie dans différens fujets de l'entrée de la vulve ; il arrive quelquefois que la matrice defcend dans le vagin , en occupe tour l’ef- pace , quelquefois même elle s'étend en dehors , &c pend entre les cuifles. Quelques auteurs uniquement fondés fur leur inexpérience (tels font Kerkringins, Van-Roonhuyfen, Van-Meeckren , &c.) ont refufé de croire que la defcente de marrice püt avoir lieu ; on pourroit leur oppofer une foule d’obfervations qui conftatent évidemment ce fait : on peut conful- ter à ce fujet Fabrice de Hildan, Mauriceau, De- venter , Diemerbroek , Stalpart, Van-Derwiel, &c. &c tous ceux qui ont traité des accouchemens ê des maladies des femmes ; il eft vrai que quelquefois la defcente du vagin peut enimpofer ; on peut même prendre des tumeurs polypeufes, attachées à l’orifice de la vulve,pourla chute de la marrice, comme Seger rapporte s’y être trompé lui-même. Meeckren a anffi une obfervation femblable ; mais les ouvertures des cadavres confirment encore ce fait. Graaf, Blafius aflurent avoir ouvert des femmes dans lefquelles ils trouverent effeétivement la marrice déplacée, &c pref- qu’entierement contenue dans le vagin ; 8&c Jean Bau- hinrapportequ'ilavoitpris une véritable defcente de matrice pour un corps étranger, & qu'il ne connnt fa méprile que par l'ouverture du cadavre ; mais ce MAT qui doit ôter tout fujet de doute, c’eft qu'on a quel- ‘quefois emporté la marrice aïnfi defcendue ; Am- broife Paré raconte avoir détaché une arrice qui pendoit dehors le vagin; cette opération rétablit la fanté à la malade ; mais étant morte d’une autre ma: ladie quelques années après, on l’ouvrit , l’on né trouva point de zzarrice ; on peut voir des obferva- tions femblables dans Berenger, Lanpius , Mercu- rialis, Duret, & plufeurs autres, qui tous affurent avoir extirpé la warrice fans fuite facheufe. Jai con- nu un chirurgien qui, en accouchant une dame, emporta la matrice, & la faifoit voir comme une piece curieufe, bien éloigné de penfer que ce fût effetivement elle ; cet accident couta cependant la vie à la malade. La defcente de matrice eft accompagnée de diffé- rens fymptômes , fuivant qu’elle eft plus ou moins complette, qui fervent à nous la faire reconnoitre; lorfque la matrice n’eft defcendue que dans le vagim, on s’en apperçoit en y introduifant les doigts,on fent l’orifice interne de la warrice fe préfenter d’abord à l'ouverture ; le devoir & les plaifirs du mariage font à charge , infipides, douloureux, difficiles ou impoffbles à remplir. Il y a outre cela une difi- culté d’uriner , d’aller àla felle , la warrice déplacée comprimant la veflie & le reétum ; on fent aufh pour l’ordinaire des douleurs , des tiraillemens aux lom- bes, partie où vonts’implanter les ligamens larges; ces douleurs fe terminent aufli quelquefois à l’exté- rieur de la vulve , aux aînes; & lorfque la marrice eft entierement tombée , on peut par la vûe fe con- vaincre de l’état de la maladie ; il faut, pour ne pas fe tromper, être bien inftruit de la figure de la e- trice ; il arrive quelquefois que la zzarrice en tom- bant ainfi fe renverfe, c’eft-à-dire, que l’orifice refte en-dedans du vagin, tandis que la partie inté- tieure du fond fe préfente au-dehors ; dans ces cir- conftances, on pourroit , comme il eft arrivé plus d’une fois, la confondre avec quelque tumeur, quel- que concrétion polypeufe ; mais un bon anatomite ne rifque pas de tomber dans cette erreur, fur-tout s’il fait attention que les tumeurs augmentent infen- fiblement , aü-lieu que cette defcente fe fait fubites ment toujours à la fuite d’un accouchement labo rieux, & par la faute d’un mauvais chirurgien, ou d’une fage-femme inhabile. D'ailleurs, il fuinte con- tinuellement de la marrice quelque férofité jaunâtre ou fanguinolente. Plufeurs auteurs ont penfé que cette maladie étoit fpécialement affeétée aux fem- mes manées , qu'on ne l’obfervoit jamais chez les jeunes filles, parce que , difent-ils, les ligamens font trop forts, la marrice trop ferrée &c trop ferme; mais ce mauvais raifonnement eft démontré faux par quelques obfervations : Mauriceau dit avoir vi la matrice pendre entre les cuifles de la groffeur de la tête d’un enfant dans deux filles, qui por- toient cette incommodité depuis fept ans; il vint à bout malgré cela de la remettre heureufement, Obférvation xcvj. Il y a même dans quelque au- teur un exemple d’une jeune enfant de trois ow qnatre ans atteinte de cette maladie, Pour ce qui re- garde le renverfement de la matrice , 1l eft très-cer- tain qu'il eft particulier aux femmes nouvellement accouchées. Les caufes de cet accident confiftent dans un re- lâchement , ou dans la diftra@ion , & même le dé- chirement & la rupture totale des ligamens qui re- tiennent la matrice attachée & fufpendue ; le relä- chement eft principalement occafionnée par l'état cachetique, chlorétique , parles fleurs-blanches, par l'hydropifie ; c’eft pourquoi Bartholin remarque que les femmes hydropiques font très-fujettes à la chute de masrice, Ces caufes font favorifées par la groflefle ; l'enfant qui eft alors dans la marrice en augmente augmente le poids, & la fait tendre néceflairement vers les parties inférieures ; les perfonnes enceintes rifquent cette maladie lorfqu’elles font des exerci- ces violens , qu'elles font de grands efforts pour le- ver des fardeaux pefans , pour aller à la felle , pour vomir, toufler, éternuer, &c. lorfqu’elles danfent ê&c fautent beaucoup , lorfqu’elles font des voyages un peu longs dans des voitures mal fufpendues qui cahorent beaucoup, &c. Mais de toutes les cauies, celle qui eft la plus fréquente & la plus dangereufe, _ c’eft accouchement laborieux & opérée par un chi- rurpien mal-adroit , qui ébraniera , fecouera vive- . ment la matrice, tirera fans ménagement les vaif- feaux ombilicaux , & voudra détacher par force larriere-faix ; har-là 1l entrainera la rarrice en bas, tiraillant où déchirant fes ligamens , ou il la renver- fera, & même, ce qui eft le plus fâcheux, il em- portera tont-à-fait la marrice, | Lorfque la defcente eft incomplette, cette mala- die eft plus incommode que dangereufe ; elle eft, ou. tre cela , un obftacle au coit, & par conféquent à la génération; elle trouble par-là une des fonétions les plus intéreflantes & la plus agréable ; on a ce- pendant vü quelquefois des femmes concevoir dans cet étaf. Lorfque la matrice elt tout-à-fait tombée, il eft à craindre qu'il ne fe forme un étranglement qui amene l’inflammation & la gangrene ; l’aétion de l’air fur des parties qui n’y font point accoutu- mées peut être facheufe ; néanmoins les deux filles dont Moriceau nous a laïflé l'huftoire , gardoïient depuis fept ans cette defcente fans autre incommo- dité, étoient très-bien reglées , & il n’en eft pas de même lorfque la #atrice et renveriée ; l’inflamma- tion & la gangrene fuivent de près l’accident, & la mort eft ordinairement prochaine : les defcentes qu'occafionne un défaut dans l'accouchement , font accompagnées d’un danger beaucoup plus prompt & plus preflant que les autres ; enfin , lorfqu’elle a lieu danses filles qui le font réellement, elle eft plus opiniâtre & plus dificile à réduire, à caufe que les parties par lefquelles on doit faire rentrer la masrice, naturellement fort étroites, n'ont pas encore été élar- gies. Dès qu’on s’appercoit de la defcente de marrice, il faut tâcher de la réduire ; mais on doit aupara- vant examiner fi elle eft bien faine , fans inflamma- tion & gangrene: car fi on en appercevoit quelques traces, ilfaudroit, avant de la remettre, y faire quel- ques légeres fcarifications avec la pointe de la lan- cette, & la fomenter avec des déco@tions de quin- quina , de fcordium , l’eau-de-vie camphrée , ou au- tres anti-feptiques , ce qu’on pourracontinuer quand elle fera reflerrée : avant d’eflayer la réduétion, 1] faut avoir attention , pour la faciliter , de faire uriner la femme, de la faire aller du ventre par un leger lavement s’il eft néceflaire ; après quoi on la fait coucher fur le dos, la tête fort bafle, & les fefles élevées; on prend la sratrice | qu'on envelo- pe d’un linge fort fouple , & l’on tâche, par des le. geres fecoufles de côté & d’autres, de la repouñer en-dedans ; on a foin auparavant d'oindre ces par- ties d'huile d'amandes douces, de beurre, ou de graifle bien fraiche, &c. Roderic à Caftro , auteur . connu par un excellent Traité {ur maladies des fem- mes , confeille , pour faire rentrer la zratrice, d’en approcher un fer rouge, comme fi on vouloit la brû- ler ; il affure qu’alors la masrice fe retire avec impé- tuofité ; & pour prouver l’efficacité de ce remede, il cite le fuccès qu’il a eu dansune defcente de boyau, qui fut reduit tout de fuite par cet ingénieux arti- fice. Quand la matrice eft bien réduite , il faut en prévenir la rechute , & la contenir par un peflaire qu'on introduira fimplement dans le vagin, & non pas dans la marrice, comme Le prétend ridiculement Tome X, ; | MAT 201 Rouet : ces peflaires feront percés pour laifer pal {er les excrétions de la masrice | & pour laifer le moyen d’injeéter quelque liqueur aftringente , com- me la décoétion de plantin, de grenades , Les eaux de forge; &c. pour forrifier la marrice : d’ailleurs la femme peut alors ufer du coit, quoiqu’elle doive s’en abfienir, & même engendrer , comme il confte par des obfervations. Si la defcente eft une fuite d'un relâchement occafonné par un état chloréti- que , cachettique, d’hydropifie, &c, il faut ufer des rémedes qui font convenables dans ces maladies , & {ur:tout infifter {ur les martiaux. On peut même fortiher les reins par des fomentations aftringentés, _G'c Si une femme enceinte eft fujette à cet acci- dent , il faut qu'elle agifle très-peu , qu’elle refte prefque toujours au lit, ou couchée dans une ber- gere; &c lorfqu’on les accouche, il faut que Le chi. rurgién, ou la fage-femme à chaque douleur fou- tienne l'orifice de la zatrice , en même tems qu’elle tâche d’attirer en-dehors la tête de l'enfant ; fans cetre précaution on rifque d'entraîner la arrice avec l'enfant, Il arrive quelquefois que la masrice ayant refté trop long-tems dehors, eft étranglée dans quel- que partie ; l’inflammation fe forme , le volume augmente , la gangtene furvient ; alors ou la réduc- tion eft impolhble , ou elle eft dangereufe ; il n’y a pas d'autre parti à prendre que de couper entiere- ment la marrice ; il ne manque pas d’obfervations qui font voir qu'on peut faire cette opération, fans mettre la vie de la malade dans un danger évident, On a quelquefois pris la matrice pour une tumeur, on l’a extirpée en conféquence , fans qu’il en foit réfulté-aucun accident fâcheux ; l’art peut imiter & fuivre ces heureux hafards ; mais il ne doit le faire que dans une extrème néceflité ; & lorfqu’elle eft bien décidée , 1l ne faut pas balancer à recourir à ce remede , le feul qui puifle avoir quelque heureux fuccès , fans examiner fcrupuleufement sl eft ins failible, Nhi/ incereft, dit Celle, ar fasis turum pre- Jidium féc, quod unicum efi. . Hernie de la matrice, hyflérocele , vseporunan. La plus légere teinture d'anatomie fufit pour faire fen- tir combien il eft difficile que la warrice foit portée hors du péritoine , & fur-tout par les anneaux des mufcles.du bas-ventre, pour y former une hernie ; mais les raifonnemens les plus plaufibles ne fau- roient détruire unfait, & quelqu'impoñfible que pa- roifle un tel déplacement de la masrice , il eft cer tain qu’on en a vû quelques exemples. Sennert ra- conte que la femme d’un tonnelier, dans les pre- miers mois de fa grofefle, aidant à fon mari à cour- Ber des perches , reçut un violent coup à laine gau- che de cette perche, qui, étant lâchée, fe remet- toit par fon élaflicité ; il furvint immédiatement après une tumeur, qui augmenta tous les jours , de façon à mettre un obftacle à fa réduétion. Lorfque le terme de l'accouchement arriva, il ne fut pas pofhble de tirer l'enfant par les voies ordinaires ; on fut obligé d'en venir à lopération céfarienne , qu’on pratiqua fur la tumeur. Cette opération fut avantageufe à l’enfant , & préjudiciable à la mere, dont elle accélera la mort d’ailleurs inévitable. /2/° tusut. medrc. Lib. IT, part. I, cap. ix. Moriceau dit avoir vü dans une femme grofle de fix mois & de- mi, une hernie ventrale fi confidérable , que la #a- zrice & enfant étoient prefqu’entierement contenus dans cette tumeur , qui s'élevoit prodigieufement par-deflusle ventre. Liv. LT. ch. xv. Pour concevoir comment cette hernie peut fe former , il faut faire attention que cette maladie eft particuliere aux femmes enceintes , qu'alors la a- trice augmentant en volume , force les enveloppes extérieures du bas-ventre , Les contraint de fe dila- ter; il peut arriver alors que le péritoine , peu fuf- (2 202 MAT ceptible d’une pareille dilatation , fe rompe , que les faifceaux charnus qui compofent les mufcles du bas« ventre s’écartent , & donnent aïnf paflage à la #14- srice alors diftendue. Cette rupture peut plutôt avoir lieu vers le nombril & aux aînes, parce que ces endroits font les parties les plus foibles du ven- tre ; ces caufes dépendantes de la sarrice font beau- coup aidées par les efforts violens , les vonuflemens continuels , des éternumens fréquens , des chüûtes , dés coups, ou autre caufe violente ; & enfin par la vanité & l’imprudence de quelques femmes qui, pour paroître de plus belle taille , où pour cacher leur groffeffe , fe ferrent trop la poitrine & le ven- tre, & empêchent par-là la marrice de s'étendre éga- lement de tous côtés, & la poufflent avec plus de force vers les parties inférieures. i Si lon ne remedie pas tout de fuite à cer acct- dent , il peut devenir dangereux ; outre qu'il eft difforme , mcommode, la fource d’indigeftions , de vomiflemens , de vapeurs, &c. l’étranglement peut amener l’inflammation , la sangrene, & obliger de recourir à l'opération incertaine , & toujours très- périlleufe du bubonocele ; ou enfin, pour tirer l’en- fant dans le tems de l’accouchement à l'opération céfarienne , dont les rifques ne font pas moins pref- fans ; l’hernie peut auffi être funefte à l’enfant dont elle gêne l’accroiflement , & que le mauvais état de la matrice ne peut manquer d’incommoder. La réduétion eft le feul remede curatif qu'il con- vient d'employer lorfque l’hernie eft bien décidée ; on empêche enfuite par un bandage approprié le retour de l’hernie ; il faut auffi que les femmes elles- mêmes y concourent par leur régime : lorfqw’elles ont à craindre pareils accidens , elles ne doivent porter aucun habillement qui leur ferre trop le ven- tre & la poitrine , & fur-tout éviter ces corps tiflus de baleine , qui ne peuvent préter aucunement , Où la vanité a emprifonné leur taille aux dépens même de leur aifance & de leur fanté. Il faut aufli qu’el- les s’abftiennent de tout exercice violent, de tout effort fubit & confidérable , & bien plus, qu’elles gardent tout-à-fait le lit, fi leurs affaires le leur per- mettent. S1, lorfque le terme de l'accouchement eft venu, la réduétion n’étoit pas faite, & que l’her- nie étant totale l'enfant ne püût fortir par les voies ordinaires, il ne faut pas balancer à tenter l’opéra- tion céfarienne, dont le fuccès , quand elle eft faite à tems, eft prefque toujours afluré pour l'enfant, quoiqw’elle foit funefte à la mere , parce que dans ces circonftances, fans cette opération , la mort de la mere eft aflurée ; avec elle, elle n’eft que proba- ble. Je crois qu'il feroit à-propos, lorfqu’on eft obli- gé d’en venir à ces extrémités , en même tems qu'on a fait la fe@ion des técumens &c de la marrice pour avoir l’enfant,de débrider les parties du péritoine qui forment l’étranglement ; par cette double opération, qui ne feroit pas plus cruelle, on pourroit remettre la matrice & guérir l’hernie. Hydropifie de matrice. Les hydropifies fe forment dans la cavité de la matrice, comme dans les autres parties du corps, par l'épanchement & la colleétion des férofités qui y font retenues parle renverfement & l’obfirution de l’orifice interne de la rzatrice , ou qui font renfermées dans de petites poches particulie- res qu'on nomme kydatides, C’eft ainfi que Pechlin (obfer. 19.) trouva la matrice d’une femme morte en- ceinte, toute parlemée d’hydatides. Tulpius (of. 45. lib, IF) raconte qu’une femme portoit dans les deux cornes de la marrice , plus de neuf livres d’eau très-limpide, renfermée dans de femblables veflies. Mauriceau a une obfervation curieufe touchant une femme à qui il tira une wo/e très-confidérable, qui n’étoit qu'un tiflu de petites véficules remplies d’eau, qui étoient implantées à une mañle de chair confu- MAT fe obferv. 177. Ces eaux fe ramaflent-quelquefois f abondamment dans la matrice , qu’elles la dilatent, diftendent les tégumens du bas-ventre, & en impo- fent pour une véritable groflefle. Vefale dit avoir fait l'ouverture d’une femme, dans la rarrice de la- quelle il y avoit plus de foixante mefures d’eau, de trois livres chacune. On lit dans Schenckins plu- fieurs obfervations femblables, Il raconte entr’au- tres qu'on trouva dans une femme la mwrrice fi pro- digieufement dilatée par la grande. quantité d’eau qu'elle renfermoit, qu’elle auroit pu contenir un enfant de dix ans: ce font fes termes o/érv. Lib, IF, obfery. 6. Fernel nous a laiffé l’hiftoire d’une fem- me, chez qui l'évacuation menftruelle étoit précé- dée d’un écoulement abondant de férofité, au point qu’elle en remphfloit fix ou fept grands baffins. Patholog. lb. VI. cap. xv. On peut cependant diftinguer l’hydropifie de la marrice d'avec la véri- table grofleffe. 1°. Par l’état des mamelles qui, chez les femmes enceintes , font dures, élevées, rebon- dies & rendent du lait ; chez les hydropiques, font flafques, molles 8z abattues. 2°, Par la couleur du vifage qui , dans celles-ci, eftmauvaife, pâle, jau- nâtre , lvide. 3°. Par l’enflüre du ventre qui, dans l’hydropife, eft uniforme, plus molle & plus arron- die, & ne laifle appercevoir au ta qu’un flotte- ment d’eau fans mouvement fenfible qui puifle être attribué à l'enfant; au lieu que dans la grofleffe , le ventre fe porte plus en pointe vers le devant, & l’on fent après quelques mois remuer l’enfant. On peut ajouter à cela les accidens qui accompagnent lhydropifie ; tels font la langueur, lafitude , difi- culté de refpirer, petite quantité d’urine , qui dé- pofe un fédiment rouge &c briqueté; & tous ces fi- gnes combinés nedevroient, ce femble, laiffer aucun lieu de méconnoïtre ces maladies. On voit cepen- . dant tous les jours des perfonnes qui efperent & font efperer un enfant à des meres crédules, qui s'imaginent auff être enceintes parce qu’elles le fou- haitent ardemment, & qui ne font qu'hydropiques ; d’autres qui traitent d’hydropiques des femmes réel- ment enceintes. Jai connu un médecin qui, don- nant dans cette erreur, prefcrivoit à une femme grofle des violens hydradogues , dont le fuccès fut tel que la prétendue hydropique accoucha au hui- tieme mois d’un enfant qui ne vécut que quelques heures, au grand étonnement de linexpérimenté médecin. Il arrive quelquefois aufi que cette hy- dropifie foit compliquée avec la groffefle ; la férofité fe ramañle alors autour des membranes de l'enfant. Mauriceau fait mention d’une femme enceinte qui vuida beaucoup d’eau par la marrice quelques fe- maines avant d’accoucher; & ce qui démontra que cet écoulement étoit une fuite d’hydropife, & n’é- toit pas produit par les eaux de lenfant, c’eft le délai de Paccouchement ; & d’ailleurs c’eft qu’en accouchant cette femme , il trouva les membranes formées & remplies à l'ordinaire , obferv. 9. Le même auteur en rapporte d’autres exemples fem- blables, iv. L. chap. xxiij. & obf. 29, Go. &c. Cette hydropife ne fe connoît guere que par l’éva- cuation de ces eaux, ou par l’enflüre prodigieufe du ventre, accompagnée de quelques fymptomes d’hydropifie, combinés avec les fignes qui caraété- rifent la grofleffe, L’hydropife de la matrice peut dépendre des mé- mes caufes que les colle&tions d’eau dans les autres parties , quelquefois elle n’en eft qu'une fuite; d’au- tres fois elle eft déterminée par un vice particulier de ce vifcere, parles obftruétions ; Les skirrhes, par la fuppreffion des regles, les fleurs blanches, par les tumeurs, lhydropifie des ovaires, &c, maïs il ne fuflit pas que la férofité vienne en plus grande abondance aborder à la warrice ; 1l faut, pour for- fier l'hydropifie ; qu’elle foit retenue dans fa cavi- té, ou dans dés véficules, ou dans la matrice, fon orifice étant fermé par fa propre conftriétion, par quelque tumeur , pat lé reflerrement voluptueux qui arrive aux femmes dans le moment qu’elles conçoi- vent ; la masrice voulant alors garder exaftement la femence qu’elle a pompée avec avidité, fe fer- me. L’imperforation du vagin de la marrice pat un hymen trop fort, peut produire le même effet. Outre le danger commun à toutes les hydropifies, cette efpece a cela de particulier qu’elle eft un obf- tacle à la génération; elle caufe la flérilité ; f elle ne fe forme qu'après la conception, ces eaux gê- nent pour l'ordinaire l’accroiflement de l'enfant, Pafoibliflent ; & elles indiquent d’ailleurs un vice dans la matrice, dont l'enfant doit néceflairement fe reflentir. Lorfque l’hydropifie de la arrice n’eft point coni- pliquée avec la groffeffe, il faut tâcher de relâcher Vorifice interne de la #marrice par des baïns, des fo- mentations , des fumigations, des injections ; fi ces remedes ne fufhfent pas, on peut y porter la main ou même les inftrumens néceflaires, la {éule dilata- tion de cet orifice fuffit pour évacuer les eaux, lorf- que l’hydropifie n’eft pas enkiftée ou véficulaire. Si VPhymen s’oppofoit à leur évacuation , il n’y a qu’à le couper; cette fimple opération guérit quelque- fois entierement l’hydropifie. Lorfque les eaux fe font écoulées, on peut prévenir un nouvel épan- chement , par l’ufage des légers adftringens , & fur- tout des martiaux , qui font ici fpécifiques. Si l’eau eft renfermée dans des hydatides , ouverture de l’o- rifice de la marrice eft fuperflue; on ne doit atten- dre la guérifon que d’un repompement qui peut être opéré par la nature, par les purgatifs hydragogues, par les apéritifs, par les diurétiques, &c, qui en mé- me tems difpent cette férofité fur-abondante, par les felles où les urines, 6; Sicette hydropife fe rencontre dans une femme enceinte, elle fe termine ordinairement par l’accouchement ; ainfi on doit éviter tout remede violent, dans ces circonftances, ne tenter aucune dilatation de la rarrice ; il faut feu- lement faire obferver un régime exatt, defficatif à la malade : on peut auffi lui faire ufer de quelqu’a- péritif léger, & fur-rout des préparations de fer les moins énergiques, telles que le tartre chalybé, la teinture de mars, &c. Il y a quelquefois dans la matrice des collettions d'air & de fang , qui reflemblent à des hydropifies, &t qui en impofent pour la groffefle; on peut les en difinguer par les fignes que nous avons détaillés un peu plus haut, en parlant de l’hydropifie. Mais 1l eft bien difficile de s’aflurer de la nature de ces colleétions; on ne les connoît le plus fouvent que lorfqu’elles fe difiipent ; l'air en fortant avec préci- pitation, fait beaucoup de bruit ; il refte quelquefois -emprifonné pendant bien des années , chez quelques femmes il fort par intervalles: on en a vù chez qui cette éruption fonore & indécente étoit habituelle & mvolontaire ; elle fe faifoit brufquement, fans qu’elles en fuffent prévenues par aucune fenfation, ce qui les expofoit à des confufions toujours défa- gréables. Ces femmes font prefque dans le cas de celles dont il eft parlé dans la folle allésorie des bijoux indifcrets. Vai connu une jeune dame atta- quée d’un cancer à la marrice, qui rendoit fréquem- ment des vents par-là. Cette éruption, à ce qu’elle m'a afluré, la foulageoit pendant quelque temns. Ces vents feroient-ils, dans ce cas, produits ou deve- loppés par la putréfaétion ? Leur origine eft dans les autres occafions extrèmement obfcure. Lorfque les vents font renfermés dans la #atrice, on n’a pour leur donner iflue qu’à en dilater l’orifice ; c’eft ordi- nairement la nature qui opere cet effet: on a vù Tome ZX, M À T 203 quelquefois lés purgatifs forts & les lavemeris irri- tans , donnés dans d’autres vües , procurer l’expul- fion de ces vents; ce pourroïit être un motif pour s’en fervir dans ce cas. Si l’éruption eft habituelle ; elle eft incurable, on fuit le fort de la maladie qui la produit & l’entretient. Le fang fe ramafle dans la matrice, lorfque fon orifice ou celui du vagin eft fermé ; alors le fang menftruel , fourni par les vaif: feanx, mais métant point évacué , fe famañfle. Sa quantité augmente tous les mois ; lé veritre s’éleve quelquefois au point de faire naître des doutes fur la groffeffe : cette méprife eft de grande confé- quence , parce qu’elle peut flétrir la réputation de filles très-fages, ou laifler des femmes dans uns funefté fécutité. Un vice qui donne aflez ordinai: rement lieu à cette maladie, eft la membrane de l’'hymen qui neft point percée, &c qui eft quelque: fois double, Un fameux médecin de Montpellier, profefleur dans la celébre univerfité de cette ville (M. Fizé) , me racontoit il y a quelques mois, qu’il avoit été appellé pour examiner une jeune fille qu'on avoït foupçonnéede grofléffe , jufqu'à ce qu’el- le eût pañlé le dixieme mois , avécune eflure confide: rable du ventre qui augmentoit encore. En vifitant cette fille il s’apperçut qu’elle étoit imperforée ; il ne douta plus alors que cette tumeur ne fût occas fionnée par le fang menftruel retenu : il ordonne en conféquence, au chirurgien préfent, de couper cette membrane. Cette {e@tion donna iflue à une quantité prodigieufe de fang , auffi fluide, rouge & naturel que celui qu’on tire de la veine; & c’eft-là le feul fecours convenable dans ce cas, quand on eft bien affuré dé fa réalité. S'il n’y a qu'une fimple obftuttion , ou refferrement à l’orifice de la matrice, 1l faut fe fervir des moyens propres à corriger ces vices, fi l’on eftaflez heureux pour les connoître : le plus fouvent la folution de cette maladie ; eft l’ouz vrage de la nature. Inflammation de la matrice, Cette maladie eft peu connue, les médecins modernes en font rarement mention ; les anciens s’y font un peu plus arrêtés, Paul d’Egine en donne une defcription fort détail- lée. 46: III; cap: 64. Les fymptomes qui la cas ra@érifent font, fuivant cet auteur, une fievre ar- dente, une chaleur vive ; une douleur aiguë, rap- portée à la région de la matrice | aux aînes$, aux lom- bes, à l’hypogaftre, fuivant que l’inflammation occupe les parties latérales, poftérieures où anté- tieures de la matrice ; à ces fÿmptomes fe joignent l’extrème difficulté d’uriner , douleur à la tête, à la bafe des yeux, aux mamelles, qui s’étend de-là au dos & aux épaules, aux jointures des mains, des doigts, &c: les mouvemens irréguliers du col, nau- fées, vomiflement, hoquet, défaillance, convul- fions, délire, 6:c. la langue eft feche, le pouls eft petit, ferré , tel en un mot, que celui qui eft connu fous le nom de pouls ézférteur ; l’orifice de la arrive paroît dur & reflerré ; les douleurs de la marrice augmentent par la preffion ; ou par les mouyemens de la malade. | Les caufes les plus ordinaires de cette inflamma- tion, fans parler 1e1 des générales, (voyez INrLAM= MATION) font les coups , les bleffures, la fuppref- fion des regles , ou des vuidanges dans les nouvel: les accouchées , le froid, des paflions d’ame vives ê&t fubites , quelque corps étranger, comme larrieres faix refté après l’accouchement en entier ou en par: tie dans la watrice, un fœtus mort y féjournant trop long-tems, un accouchement laborieux, &c. L'inflammation de la marrice et une maladie très. dangereufe , tous les accidens qui l’accompagnent font grands ; il eft rare qu’elle fe termine par la ré. folution , le plus fouvent elle dégénere en ulcere ; en skirrhe ou en gangrene, Mo. toutes très- C 1j 204 MAT funeftes, Cette maladie met la femme dañs un dañ- ger beaucoup plus imminent fi elle eft nouvelle- ment accouchée ou enceinte; dans ce dermier cas, dit Hippocrate, l’éréfipele (ou inflammation ) eft mortelle. Aphor. 43. lib W. » Le hoquet , le vomif- » fement, la convulfon , le délire & l’extrème ten- » fion du ventre en une femme accouchée, qui a »une inflammation de marrice, font tous fignes »avant-coureurs de fa mort ». Mauriceau , Aphor. 264. Les remedes qui conviennent dans cette maladie font ceux, à peu près ; que nous avons ordonné dans linflammation & les maladies inflammatoires ; on ne doit pas trop compter fur les faignées ; une, deux &c peut-être trois, ne peuvent qu'être avantageu- fes; mais trop réitérées, elles pourroient devenir nuifibles. Fréderic Hoffman raconte qu’un médecin ayant fait faigner fept fois, dans l’efpacede fix jours, une dame qui avoit une inflammation à la rarrice , d’abord après la feptieme faignée, fes yeux s’obfceur- cirent & elle tomba dans une défaillance mortelle. Oper. tom, ij. fe. 2. cap. +. Les purgatifs font en- core moins convenables. Mauriceau qui, quoique chirurgien, mérite d’en être cru fur cette matiere à caufe de fa longue expérience, aflure que Xs pur- gatifs Jont pernicieux a la femme qui a une inflam- mation dematrice. Aphor. 263. Aïnfi on doit fe reftraindre à l’ufage intérieur des tempérans , cal- mans, antiphlogiftiques &c légers emménagogues , tels que la liqueur minérale anodine d'Hoffman, le nître, le borax, le fel fédatif, le caftor, le camphre Ec. Les lavemens adouciffans , rafraichiffans , peu- vent avoir quelqu’efer; on peut auf appliquer avec fuccès, ou du moins fans inconvénient , des fomentations avec l’eau vulnéraire: les inceflus, ou bains des piés, les demi-bains font de tous les emménapoguesceux qui conviennent le mieux. Si quelque corps étranger eftreflé dans la zarrice,, il faut l'en retirer au plutôt. L’inflammation loin d’être un motif de différer l’extraétion de quelque morceau d’ariere faix retenu, ou d’un fœtus mort, comme pluñenrsont prétendu,doit au contraire faire accélé- rer cette opération , quoique la arrice dont l'orifice eft dur &c ferré, y apporte un plus grand obftacle,; mais inflammation & l’obflacle augmenteroient continuellement f on laïfloit perfifter la caufe qui d'a produite &c qui entretient. Ülcere de La matrice. L’inflammation de la arrice ordinairement fuperficielle , ne fe termine que rare- ment en abcès; lorfqu'elle fupure , elle dégénere en ulcere, qui femble n'être qu'un abcès imparfait, dont l’entiere formationteft prévenue par la rupture trop prompte des vaifleaux. L’ulcere eft quelque- fois auf une fuite des fleurs blanches invétérées , d’une excoriation faite pendant un accouchement laborieux ; il peut auffi être le produit du virus vé- nérien, & je crois que dans ce tems-ci cette caufe eft la plus fréquente. Frédéric Hoffman aflure que les femmes qui font beaucoup ufage du lait, & cel- les qui ne peuvent fatisfaire leur appetit vénérien, pour l’ordinaire fort grand, font les plus fujettes à cette maladie. C’eft à l'écoulement du pus par le vagin qu'on connoît fürement l’ulcere de la masrice. On peut même aufli s’aflurer de fa préfence, & s’inf- truire de la partie qu'il occupe, par Le taét & même la vûe, au moyen du /peculum de la matrice. Les perfonnesqui en font attaquées reffentent des dou- leurs dans cette partie, font triftes, languiffantes, abattues., fans force, fans appetit: la fievre, les friflons , les défaillances, &c. furviennent quelque- fois, Siluicere occupe les parties antérieures, 1left accompagné deftrangurie, de difeurie, &c.ilexcite au contraire le tenefme .s’il a fon fiege aux parties poftérieures. L’ulcere de la marrice fe guérit rare- M A « ment, 1l confume infenfiblement la malade ; il en: traîne ordinairement à fa fuite la fievre lente, le marafme, &c enfin la mort. Une des caufes fréquen- tes de lincurabilité de ces ulceres , eft la mauvaife méthode qu’on fuit dans leur traitement, ce n’eft ordinairement qu'avec des rafraichiffans , des affa diffans, & fur-rout des laitages qu’on attaque cette maladie; cependant fuivant la remarque d'Hofman, le lait difpofe plütôt à ces ulceres qu'il ne les gué- rit. [l eft d’ailleurs certain que ce remede fi celébre affadit, épaiflit & énerve entierement le fang, & s’oppofe par-là à la guérifon des ulceres; aufli peut- on s’appercevoir que les ulceres extérieurs, foumis à la vüe, font mollaffes, baveux , fordides, & ont beaucoup de peine à fe cicatrifer tant qu’on ufe du lait : on doit appliquer cette obfervation à ceux qui font dans l’intérieur, ê& compter un peu moins dans leur curarion, fur les propriétés fi vantées, mais fi peu conftatées, du lait & autres médicamens fem- blables, Les remédes qu’on doit regarder comme plus appropriés, font les décoétions vulnéraires, balfamiques, les baumes , les eaux minérales, ful- phureufes, celles de Barrege , de Banniere , de faint Laurent, &c. prifes intérieurement & injeétées dans la marrice, Les fuccès répétés qu'ont eu.ces eaux dans la guérifon d’autres ulceres, même intérieurs, nous font des garants aflurés de leur efficacité dans le cas préfent. Quant aux injééhions, 1l faut avoir attention qu’elles ne foient pas adftringentes , car alors elles feroient extremèment pernicieufes, & rifqueroient de rendre lPulcere carcinomateux. S1 l’ulcere eft vénérien, on doit avoir plus d’efpérance pour fa guérifor, parce que nous connoïflons un {pécifique für pour détruire ce virus : le même re- mede réufliroit peut-être dans les autres cas. Du moins lorfqu'il n’eft pas permis au médecin de pren- dre tous les éclairciffemens néceflaires , il doit, fi la malade veut s’y réfoudre, en venir fans crainte à ce remede ; d'autant mieux qu'il y a peu d’occa- fions où les foupçons qu’on pourroit avoir ne {oient bien fondés. La meilleure façon d'employer le mer- cure, c’eft fous forme d’onguent en friétion ; l’ufage intérieur eft quelquefois nuifible , & toujours très- incertain, de quelque façon qu’on le dépuife, Skirrhe de la matrice. Le skirre dela acrice eft ordi- nairement la fuite de l’inflammation traitée par des remedes trop froids, aftringens, 6c. ou 1l eft prècé- dé & comme préparé par des engorgemens , des em- barras qui fe forment peu-à-peu dans le tiffu de ce vifcere, qui augmentent infenfiblement par un régt- me peuexaét, & qui acauierent enfin la dureté skir- rheufe ; quelquefois la matrice groflit prodigieufe- ment, excite une tumeur confidérable à l’hypogaf- tre. On a vu des rarrices dans ce cas-là qui étoient monftrueufes, qui pefoient jufqu’à trente êc quarante livres : la maladie pour lors fe connoït facilement. Quelquefois au contraire Le skirrhe n’occupe qu'une petite partie , le col, par exemple , ou lorifice ; dans ces circonftances la rarrice n’eit pas trop tu- méfiée , on s’apperçoit cependant de cette tumeur par le fait, en appuyant la main fur le ventre ,ou en introduifant le doigt fur le col de la matrice : on fent alors fon corps groffi, dur , inégal; orifice interne eft auf plus réfiftant & plus court que dans létat ordinaire. Cette maladie eft fouvent occafonnée par un dérangement.dans l’excrétion menftruelle, &£ elle en eft ordinairement accompagnée : le cours des regles eft ou fupprimé ou plus abondant , êc tou- jours irrégulier. Les femmes qui approchent de cin- quante ans 6 qui font fur le point de perdre tout-à- fait leuts regles , font affez fujettes à cette maladie. Lorfque le skirrhe fe forme, il'excite des fymptomes plus graves, jette la machine dans un plus grand défordre que lorfqw’ileft formé ; pendant qu’il fe pré- pare, la femiie ét dans un malaile préfquecontinuel, fans cefle attaquée de vapeurs, de fuffocation, de palpitation , &c, & lorfqul eft décidé, tons ces {ympromes ceffent : il femble être le fruir d’un mou- vementicritique , & former un dépôt falutaire, , . On peut rapporter au skirrhe de la vrarrice fon offi- fication , dont il y a quelques exemples. Un de mes anciens condifciples $&amis, M. Delfgaux , doéteur en Medecine de l’univerfité de Montpellier , a donné une obfervation très-curieufé touchant une mavrice ofifiée, Journal de medecine année 1739 , moisd'Oo- bre, pag. 336, Elle étoit, aflure-t:il, enveloppée d'une membrane mince, à-peu-près comme le pé- riofte , qui recoavroit une fubftance offeufe , life & polie dans la partie extérieure , prefque femblable à celle des os du crâne : cette fubftance n’étoit point continue, elle paroifloit féparée par uné partie tendineufe dans fon milieu ; la partie extérieure toit iolhidé , réfiftoit aux différens coups , & rendoit le même fon que les os : elle auroit pu fupporter la fcie &letrépan, .... Après la croûte offeufe, qui avoit environ deux lignes d’épaifleur, étoit une efpece de diploë-auffi fokde que celui qu’on trouve dans les condylomes des os de la cuiffe; quelques glandes du vagin parurent auf offifiéés, La perlonne de qui on avoit tiré cette #arrice avoit eu dans fa jéunefle les päles-couleurs , après cela une fievre intermittente ; elle reffentit enfuite des douleurs à la matrice, qui furent enfin terminées par le skirrhe de la marrice qui S’oflifia à la longue, &z augmenta au point qw’elle peloit huit livres 8 demie. André Cnoëtfell rapporte qu'on trouva dans une jeune veuve la arice entie- rement Cartilagineufe ; l’offication ne feroit - elle qu'un progrès du skirrhe , ou plütôt un endurcif- fement propre aux parties nerveufes, mufeulenfes on voit Îes gros varfleaux près de leur embouchure devenir d’abord durs, skirfheux, & enfin parfuccef- lion de tems offeux, Lorfque le skirrhe de la marrice eft encore dans fon commencement, dans l'état fimple d’engorge- ment , d'embarras, les fymptomes font plus graves, le danger paroît preffant , mais il eft moins certain ; la guérifoneft plus facile ; lorfqu’au contraire il eft formé , quelquefois il rétablit la fanté, mais le plus fouvent :l dégénere en cancer, ou donne lieu à des Bydropifies funeftes ; il eft d’ailleurs pour l'ordinaire incurable : alors il ne demande auf aucun remede ; ceux qui paroitroient les plus indiqués , tels que les apéritifs énergiques, ftimulans , les eaux minérales, &c. font les moins convenables ; ils le font dégénérer plütôt en cancer, ou hâtent l’hydropifie. C’eft pour- quoi la malade doit s’en tenir à un régime exact, S’abftenir de viandes falées , épicées , des exercices violens, des veilles trop longues ; & fur-tout du coït: par ce moyen elle pourra {ans autre incommo- dité porter fon skirrhe pendant de longues années. Quelques oblervations font voir que les martiaux ne doivent point être compris dans la regle que nous avons établie. Zacutus Lufitanus aflure avoir vu des obftruétions dures comme des pierres , lapido- ras durities, ramollies 87 fondues par leur ufage. IL raconte avoir guéri par leur moyen une femme qui avoit à la ratrice une tumeur skirrheufe, dure, in- dolente , de la groffeur d’une coufge, qu'il avoit inutilement combattue par les fudorifiques , fomen- tations , cataplafmes , onguens & autres remedes auf peu efficaces. Prax, medic. admirab. lib. I. ob= Jerv. 88. Si l'engorgement nefait que commencer , les apéritifs réfineux, les emménagogues , les fon- dans, les eaux minérales, peuvent être employés a vec fuccès. Cancer de la matrice, Le skirrhe de la marrice dégé- nere En cancer Jorfqu’il eft traité par des remedes trop actifs, échauffans , incendians le fang; lorfque MAT 308 là femime qui en eftattagquééhe garde atièun régime, faitunufage immodéré des liqueurs ardentes , {piri- tucuies , aromatiques , des alimens falés ; épicés ; qu'elle pouffe les veilles fort avant dans la nuit, & lur-tout quand toutes ces caufes font aidées 8e déter. minces par üne difpoñition héréditaire, naturelle où acquife. Cette funefte dégénération s'annonce par deg douleurs extrèmement aiguës rapportées à l’en- droit de la musrice qui paroïfloit auparavant skit- rheux , & qu'on obferve toujours dur & inépal : es malades y reflenrent dans certains tems comme des Piquures d’aiguille ou des traits de flamme Qui Les dévorent , ainfi qu’elles s'expriment; & que me le difoit une jeune dame atteinte de cette cruelle ma. ladie, à la violence de laquelle elle a fnécompé. Je ne me rappelle qu'avec horreur lé fouvenir de l’état affreux dans lequel la jettoient les douleurs Violentes dont elle étoit tourmentée; la fievre lente ) avec fins & redoublemens, eft une fuite aflez, ordi- naire de cette maladie, de même que les défaillances, les enflûres, &c. Tant que le cancer eft fermé ,ilne fe manifefte que par ces fymptomes;-mais lorfque fur la fin il vient à s'ouvrir, il donne ifue à une! fa- nie noirâtre extrèmementâcre , quis’échappe par la vulve & excorie en paflant tout l’intérieur-du vagin, Il femble dans cette maladie que la lymphé éprouve la mème altération que le fang dans la gangrene ow dans l'état fcorbutique qui-en eftie commencement: la corruption eft quelquefois fi grande, qu’il s’y én- gendre des vers; comme Moriceau & autres l'ont obfervé. | Cette maladie, fi terrible en elle:même ; l'eften- core plus par fes fuites , qui font toujours dés plus fâcheufes. Elle ne fe rermine que par la mort ; qui arrive fouvent trop-lentement felonles defirs de la malade , qui femble l’attendre avec inlifférénce & même avec plaifir , commé le terme de fes peines, Elle eft quelquefois précédée par des enflures , des fyncopes fréquentes, des cours de ventre colliqua- tifs, marafme, &c. Le cancer de la #arriee eff l’écucil de la Medecine : elle né peut fournir aucune efpece de fecourspropres, je ne dis pas à guérir, mais même à pailier cette maladie, à en arrêter les progrès : elle étude l’aétion molle des remedes adouciffans , inéf- caces , & les médicamens aëtifs héroïques Paigriflent. Il eft plus à: propos de ne pas médicamenter les can. cers cachés, dit Hippocrate ; car deflitués de reme- des, les malades vivent plus long-tems. Aphor. 38. lb, VI, L’extirpation, fecours pour l'ordinaire utile dans celui qui attaque les mammelles, n’eft Pas per- mife dans celui qui a fon fiége à la marrice 3 on n’a pas même la reflource de pouvoir y appliquer des remedes extérieurs. Il eft bien douloureux pôur un medecin de voir un malade dans l’état le plus affreux, fans avoir le moindre fecours à porter ; & ileft bien défefpérant pour un malade de fe trouver dans ce cas. Cependant pour qu'un medecin ne réfle pas Oïfif fpeétateur des progrès de la maladie , il pent amufer & confoler la malade en lui prefcrivat des petits remedes indifférens , incapables de Pouvoir opérer le moindre effet fenfible {ur le fang : c’eft ici le cas où les laitages pourroient être employés, fi on peut les foutenir ; ils font très- propres à bien remplir cette vüe , mais il eft rare que leur ufage fympathife avec celui des narcotiques, dont on doit fans cefle enivrer la malade , pour lui dérober une partie de fon mal, pour calmer la vivacité de fes douleurs. Le plus srand fervice qu’on puiffe lui ren- dre dans ces cruelles circonftances , eft de la rendre infenfible. (7) MATRICE , er Minéralogie , eft un fynonyme de miniere. On nomme ainfi la pierre ou la fubftance dans laquelle un mineraïa été reçu , formé & éla- boré, C'eft ainf qu'on dit que le quartz'eft Ordinais 206 MAT tement la masrice de l'or. Une mine déja formée peut fexvir de matrice ou de réceptacle à une autre mine dont la formation eft poftérieure. Prefque toutes les pierres peuvent devenir des matrices métalliques ; mais celles qui font les plus propres à cet ufage , font le quartz &c le fpath, Foyez ces articles &c Particle Mr- NIERE (=) MaTRicE, { f. ( Comm.) fe dit des étalons ou originaux des poids & mefures qui font gardées par des officiers publics dans des greffes ou bureaux, & qui fervent pour étalonnerlesautres. Voyez ÉTALON € ÉTALOoNNER. Dicfionn, de Commerce. MaTRICES , ( Fondeur de caraëteres d'Imprimerte. ) {ervant à fondre les caraéteres d'imprimerie , font de petits morceaux de cuivre rouge longs de quinze à dix-huit lignes, & de la largeur proportionnée à la lettre qui eft formée. Ïl faut des #arrices pour toutes les lettres, fignes,, figures ; &c: qui fe jettent en moule pour fervir à Pim- preffion, parce que c’eft dans la marrice que fe forme la figure qui laïfiera fon empreinte fur le papier. La matrice fe place à une extrémité du moule, entreles deux regiftres qui la retiennent ; le métal ayant pafé le long du moule où le corps fe forme , vient prendre la figure qui eft dans ladite murrice, Voyez MOULE. | La marrice fe fait avec un poinçon d’acier , fur leqnel eft-gravée la lettre ou autres figures dont on veut la former. Ce poïnçon étant trempé, c'eft-à- dire l’acier ayant pris fa dureté par l’aétion du froid & du chaud , on l’enfonce à coups de marteau dans le morceau de cuivre-poli & préparé pour cela ; & y'ayant laïffé fon empreinte , on lime ce cuivre juf- qu’au degré de proportion qu’il doit avoir pour que la matrice foit parfaite, afin que , cette marrice étant lacée au moule, la lettre fe forme fur fon corps dans la place & proportion où elle doit être. Foyez PoinconN, REGISTRE, € /es PI. de Fond, en carac, MaTRICE , ( Gravure, ) Les graveurs en relief & en creux appellent #arrices les quatrés qui font for- més & frappés avec des poinçons gravés en relief. MATRICES , à la monnoie, font des morceaux d'acier bien trempés & gravés en creuxavecles trois efpeces de poinçons. Les matrices font hautes de quatre à cinq pouces, quarrées & rondes par le haut , avec des entailles angulaires. Voyez Les PI, Voyez la façon de graver ou empreindre les 724- grices à l'article POINÇON DE MONNOYAGE. Il n’y a qu’une matrice , appellée la primitive, de chaque efpece pour toutes les monnoies du royau-. | me ; c’eft le graveur général qui la conferve, & c’eft de cette marrice qu'émanent les quarrés que l’on en- voie & dont on fe fert dans toutes les monnoies du royaume. MATRICE ez Teinture, fe dit des cinq couleurs fim- les dont toutes les autres dérivent ou font compo- fées : favoir le blanc , le bleu, le rouge, le fauve ou couleur de racine , & le noir. Voyez COULEUR 6 TEINTURE. MATRICULE,, f. f. (Jurifprud.) eft un regiftre dans lequel on infcrit les perfonnes qui entrentdans quelque corps ou fociété. Il eft fait mention dans les auteurs eccléfiaftiques de deux fortes de marricules, lune où l’on infcrivoit les Eccléfaftiques, l’autre étoit la lifte des pauvres qui étoient nourris aux dépens de l’Eplife. Prélentement le terme de matricule s'entend prin- cipalement duregiftre où l'on inferit les Avocats à mefure qu'ils font reçus. On appelle auffi masricule l'extrait qui leur eft délivré de ce regiflre, & qui fait menuon de leur réception. Il yavoit auffi autrefois des Procureurs matriculai- res , c'eft-à-due, quin’avoient qu'une fmple m4- éricule on comimffion du juge pour pofluler { préfens tement ils font érigésen titre d'office dans toutes les jurifh@tions royales. Un huifier Îe dit ématriculé dansunejurifdiétion ; c’eft-à dire, reçu & inferit fur la marricule du fiege. Les payeurs des rentes de l'hôtel de ville de Pa= ris tiennent aufli une efpece de masricule ou regiftre ; où ils écrivent le nom des rentiers & nouveaux pro- priétaires des rentes, &, pour cette infcriprion, on leur paye un droît d’immarricule, (A ) | MATRICULE DE L'EMPIRE , ( Æifé, mod, & Drois public. ) c’eft ainfi que lon nomme dans lPempire d'Allemagnele regiffrefur lequel font portés les noms des princes & états de l’Empire, & ce que chacun d’eux eft renu de contribuer dans les charges publ:- ques de l’Empire , & pour l'entretien de la chambre impériale ou au tribunal fouverain de l’Empire. Cet- te matricule eft confiée aux foins de Peleéteur de Mayence, comme garde des archives de l’'Empires Il y a plufieurs marricules de l’Empire qui ont été faites en différens tems, mais celle qu'on reyarde comme la moins imparfaite, fut faite dans la diete de Worms en 1521. Depuis on a fouvent propofé de la corriger, mais jufqu’à-préfent ces projets n'ont point été mis à exécution. (— ee, MATRONALES , ( Larsér. rom. ) matronalia ; ratronales feriæ , fêtes que les gens mariés célébroient teligieufement à Rome le premier jour de Mars ; les fenimes en mémoire de ce qu’à pareil jour les Sabi- nes qui avoient été enlevées par les Romains , firent la paix entre leurs maris & leurs peres; & les hom- mes pour attirer la faveur des dieux fur leur maria- ge. Ovide vous indiquera les auires caufes de l'infli- tution des arronales ; je me contenterai de dire qu’on les célébroit avec beaucoup de plaifir &c de poinpe. a. Les femmes fe rendoient le matin au temple de Ju- non & lui préfentoient des fleurs, dont elles étoient elles-mêmes couronnées. Les poëtes aimables n’ou- blioient pas de leur en rappeller la mémoire. Ovide leur recommande expreflément de ne jamais perdre courage :- | Ferte deæ flores , gaudet florentibus herbis Hac dea ; de tenero cingite flore caput. Les dames romaines de retour à la maifon y pafs {oient le refte du jour extrèmement parées , &£ y re- cevoient les félicitations & les préfens que leurs amis & leurs maris leur offroient ou leur envoyoient, comme pour les remercier encore de cette heureufe médiation qu’elles avoient faite autrefois. Les hom« mes mariés ne manquoient pas dans la matinée du même jour de fe rendre au temple de Janus, pour lui faire aufli leurs facrifices &c leurs adorations. La folemnité finifloit par de fomptueux feflins que les maris donnoient à leurs époufes , car cette fête ne regardoit que les gens mariés ; c'eft pour cela qu'Horace écrivoit à Mécene , ode vii. Liv. ITT, « Mécene, vous êtes fans doute furpris de ce que » vivant dans le célibat, je me mets en frais pourle » premierjour de Mars, dont la folémnité nintérefle » que les perfonnes engagées dans le mariage : VOUS » ne favez pas à quoije deftine ces corbailies de » fleurs, ce vafe plein d’encens, & ce brafer que » j'ai placé fur un autel revêtu de gazon ; la recon- » noiïllance le veut & l'exige. A pareiljour, Brutus » me garantit dela chûte d’un arbre dont je penfai » être écrafé, Ge. »: Martiis celebs quid agam calendis, Quid velint flores | &cc. Dans cette fête des marronales, les dames accor< doient à leurs fervantes les mêmes privileges dontles efclaves jouiffoient à l’égard de leurs maîtres dans les faturnales : 77 martio matron& fervis Juis Cenas ponebant, fecut faturnalibas domini, En un mot , C’É- toit un jour de joie pour le fèxe de tout rang êc de tout étage. (2, J.) MATRONE, f. £. (Æf. ane.) fignifioit parmi les Romains une /émime , & quelquefois aufi uné were de famille. Il y avoit cependant quelque différence entre #7. trone Gt mere de famille. Servius dit que quelques auteurs la font confifter en ce que atrona Ctoit une femme qui n’avoit qu'un enfant , & mater-familius , une femme qui en avoit plufieuts; mais d’autres , & en particulier Aulugelle , preténdent que le nom de matrona appattenoit à tonte femme mariée » Toit qu'elle eût des'enfans , foït qu’elle n'en eût point ; lefpérance & l'attente d’en avoir fufifant pour faire accorder à une femme le titre de mére ) Tite trorta ; c’eft pour cela qué le mariage s'appelloit a trimonium, Cette opinion a été aufi foutenne par Nonius. MATRONE , ( Jurifprud, ) qu'on appelle vulgaire ment fage-femme , elt celle qui eftreçue & approu- vée pour aider les femmes enceintes dans leur acz couchement, On ordonne en juftice qu’une femme ou fille fera vie & vifitée par des marromes pour conftater fon rat, J’oyez SAGE-FEMME. (4) MATSUMAY, ( Géog. ) ville & port de mer d'Yeflo, ou de Kamfchatka, & capitale d’une ptine cipauté du fnême nom, tributaire dé l’empereur du Japon. Long. 156, 30. lat. 50.40, (D.1J.) MATSURI , (ff. mod.) c'eft le nom que les Japonoiïs donnent à une fête que l’on célebré tous les ans en lhonneur du dieu que chaque ville a _choïfi pour fon patron. Elle confifte en fpe@acles que l’on donne au peuple, c’eft-à-dire, en repré- fentations dramatiques, accompagnées de chants & de danfes & de décorations qui doivent être renou- vellées chaque année. Le clergé prend part à ces ré- jouiflances , & fe trouveà la proceffion dans laquelle on porte plufeurs bannieres antiques ; une paire de fouliers d’uné grandeur démefurée ; une lance, un panache de papier blanc, & plufñeurs autres vieil- leries qui étoient en ufage dans les anciens tems de la monarchie. La fête fe termine par la répréfenta- tion d’un fpe@acle dramatique. . MATTE, £ £ (Méallurgie.) c’eft ainfi qu’on nomme dans l'art de la fonderie la /xbffance méralli- que chargée de foufre , qui réfulte de la premiere | fonte d’une mine qui a été traitée dans le fourneau de fufñon. Comme il s’en faut beaucoup que cette matiere foit un métal pur, & comme , Outre le mé- tal que l’on a voulu tirer dela mine qui le contenoïit , elle renferme plufieurs autres {ubftances étrangeres qu'il eft éffentiel d’en dégager , on eft obligé de faire pafler la marre par plufieurs travaux fubféquens. Lorfqu’on fait fondre une mine d'argent, après avoir commencé par la torréfier ou la griller, on eft obligé de lui joindre ou du plomb ou de la mine de plomb, à moins que la mine que l’on traite ne fût déja par elle-même unie avec de la mine de plomb. Pendant la fufion, ée plomb fe charge de Pargent que la mine contenoit, & de plusil fe charge encore des parties arfénicales, fulfurenfes, ferrugineufes ; cuivreufes , c, s’il s’en eft trouvé dans la mine ; ce mélange de plomb , d’ärgent , de foufre, de fer d’arfenic, 6c. fe nomme marre de plomb & d’ar- gent. Si l’on traite de la mine de cuivre, quoiqu'on l’ait Préalablement torréfiée ou grillée, il eft impoffble qu'on en ait dégagé entierement les parties ferrupi- neufes, fulfureutes & arfénicales dont elle étoit compofée ; la matiere fondue qui rélulte de cette premiere fonte , fe nomme en allemand rohfleir ou . Maille crue, Où pierre crie , Ou premiere macte, M AT 207 Pour dégager la marfe crue des parties Ctranperes qui s’y trouvent jointes, on la grille de nouveau en arrangeant Ces rares dans des hüttes de maçonne- tie, dont lé foleft forméde pièrres dures, fur léquel on pofe horfontalément des Morceaux de bois de chêne que lof allume ; par-là le feu acheve de dé- gager les parties étrangéres & volatiles qui étoient reflées tinies avec le métal dans [à marie. Quelque- fois on éft obligé de réitéret jufqu'à cinq ou fix fois ët même plus ce grilla ge dé larve, fuivant qu'elle elt plus ou moins impure, avant que dé pouvoir la remettre au fourneau de fufion ; alors on obtient du Cuivre noir avec wne nouvelle rare que l'onñomme matte 1éconde Ou marre moyenne, eh allemand Jpur- frein, que l’on eft obligé de faire griller encore un grand nombre de fois. Woÿez l'article CUIVRE, (— MATTEAU DE SOIE , sermme dé Marchand de foie ; le racreau de Joie eft compofé de quatre, cinq, fix à huit échevaux; on les tord & les plie de façon qu'ils ne fe dérangent point. | MATTÉES, £ f. pl (Luiérar.) Martens, gen, æ, f. Suéton. Marria, gen, æ, f. Martial. Mets friand. Il paroît que c’éroit un férvice compofé de mets délicats, haches, & affaifonnés d'épiceries. Ce mot eft tiré du grec, & fignifie toutes fortes de viandes délicates, tant poiffon qu'autres. Voyez Suétone, dans la vie de Caligula, ch, xxxvii}, & Athénée, Gy. XIL COS MATTHIEU, ÉVANGILE DE SAINT où SELON SAINT , ( Théo!. ) livre canonique du nouveau-Tef tament, contenant l’hiftoire de la vie de Jefus-Chriff écrite par faint Maschieu, apôtre & l’un des quatre évangéliftes. Voyez APÔTRE & ÉVANGEÉLISTE, Saint Marthieu étoit fils d’Alphée , galiléen de naïflance , juif de religion & publicain de proféffion. Les autres évangéliftes l’appellént fimplément Levi qui étoit fon nom hébreu , pour lui il fe nommetot- jours Marthien , qui étoit apparemment le nom qu'on lui donnoit dans fa proféfion de publicain qu'il quit- ta pour fuivre Jefus-Chrift, Foyez PUBLICAIN. Cet apôtre écrivit {on évangile en Judée avant que d’en partir , pour aller prêcher dans Ja province qui luiavoit été afignée , que quelques-uns croyent être lé pays des Parthes & d’antres l'Ethiopie ; les fideles de la Paleftine l'ayant prié dé leur laiffer par écrit ce qu'il leur avoit enfeigné de vive voix. On ajoute que les Apôtres l'en folliciterent auf, & qu'il Pécrivit vers l’an 41 de l’ere vulgaire, huit ans aprés là réfurreétion de Jefus-Chrift, comme le marquent tous les anciens manufcrits grecs, quoi- que plufieurs écrivains, & enti’autres{aint Irenée , aflurent que cet évangile ne fut compolé que pen- dant la prédication de faint Pierre & de faint Paul à | Rome, ce qui revient à l’an 61 de l'eré commune. L'opinion la plus générale eft que cet ouvrage fut d’abord écrit en fyriaque , c’elt-à-dire, en hé- breu de ce tems-là , mélé de fyriaque & de chal- déen pour le fonds de la langue, mais dont les ca- raétéres étoient hébreux : chaldäico [yroque fermone , Jed hebraicis listeris feriptum , dit faint Jérome, Zb. LIT. ady. Pelag. cap. j. & il fut long-tems en ufage parmi les Juifs convertis au chriftianifme : mais les Chrétiens n’ayant pas confervé ce dépôt avec aflez de fidélité, & ayant ofe y faire quelques additions, d’ailleurs les Ebionites l'ayant notablement altéré , il fut abandonné par les églifes orthodoxes qui s’at- tacherent äd’ancienne verfion grecque , faite fur l’hébreu ou fyriaque peu de téms après faint Mar- thieu. Du tems d'Origene, l’évangile hébreu des Chrétiens hébraifans ne pañloit déja plus poir au- thentique , tantil avoit été altéré, cependant il de- meura aflez lonp-tems dans fa pureté entre lesmains des Nazaréens , auxquels faint Jérome ne reproche point comme aux Ebionites de lavoir COrrompu, 208 M A Au refte le vrai évangile hébreu de faint» Marrhieu ne fubflte plus, que l’on fache, en aucun endroit. . Car ceux que Sébaftien Munfter & du Tillet ont fait imprimer font modernes, & traduits en hébreu fur le latin ou fur le grec. Quelques modernes comme Groûüus, M. Huet, & Mille dans fes prolégome- nes, ont avancé que l’évangile fyriaque de faint Matthieu, qui eft imprimé à part & dans les poly- glotres, étoit le texte original; mais ceux qui l'ont examiné avec plus de foin remarquent que cette tra- duétion eft faite fur le grec. _ La verfion grecque de cet évangile qui pañfe au- jourd’hui pour l'original, a été faite dès les tems apoftoliques. Quant à la traduétion latine, on con- vient qu'elle eft faite fur le grec, &t n’eft guere moins ancienne que la grecque même, mais l’auteur de l’une. & de l’autre eft inconnu. Quelques modernes comme Erafme, Calvin, Lig- foot, Witaker, Schmith, Cafaubon, le Clerc, G'c. foutiennent que faint Marthieu écrivitengrec, & que ce que l’on dit de fon prétendu original hé- breu éft faux 8 mal-entendu. Car, difent-ils, les Pe- res comme Origene , faint Epiphane & faint Jéro- me, n’en parlent pas d’une maniere uniforme ; ils le citent, mais fans lui donner autant d’autorité qu'ils auroient dû faire fi c’eût été un original. Si l’on en avoit eu cette idée, l’auroit-on laiffé péris dans l’E- glife ? Si faint Mathieu avoit écrit en hébreu , trou- veroit-on dans fon ouvrage l'interprétation des noms hébreux en grec? Y citeroit-il l'Ecriture , commeil la cire, fuivant les Septante ? La langue grecque étoit alors commune dans tout l'Orient, dans tout Empire, à Rome même , puifque faint Paul écrit en grec aux Romains , faint Pierre &c faint Jacques écrivent dans la même langue aux Juifs difperfés en Orient, & faint Paul aux Hébreux de la Paleftine. Enfin, pendant que tous les autres auteurs du nou- veau- Teftament ont écrit en grec, pourquoi veut- on que faint Matthieu feul ait écrit en hébreu? Mais ces raifons ne font pas fans réplique. Car 1°. les anciens témoignent que faint Marthieu avoitécrit en hébreu, & ils le difent pour avoir vi & confulté cet évangile écrit en cette langue. Si leur témoi- gnage n’eft pas uniforme , c’eft qu'il y avoit deux fortes d'évangile attribué à faint Marchzeu : un pur & entier, dont ils ont parlé avec eftime ; l’autre al- téré, qu'ils ont jugé faux &r apocryphe. 2°. On con- vient que la langue grecque étoit vulgaire en Paleft- ne, mais il n’en eft pas moins vrai que le commun du peuple y parloit ordinairement hébreu, c’eft-à- dire, un langage mélé de chaldaique & de fyriaque. Saint Paul ayant été arrêté dans le temple, harangua la multitude en hébreu, af. XXI, ÿ. 4. 3°. Les noms hébreux, expliqués en grec dans famt Mur- thieu , prouvent que le traduéteur eft grec & l’ori- ginal hébreu. 4°. Saint Marchieu ne cite que dix paf- fages de Pancien-Teftament, dont fept font plus ap- prochans du texte hébreu que de la verfon des Sep- tante, & les trois autres ne paroiflent conformes aux Septante que parce que dans ces pañlages les Septante eux-mêmes font conformes au texte hé- breu. 5°. La perte de l'original ne détruit pas la preu- ve de fon exiftence, les églifes l’abandonnerent in- fenfiblement parce que les Ebionites le corrom- poient , le grec qui éioit demeuré pur fut confervé Ê régardé comme feul authentique. Voilà pourquoi «| l’on négligea lhébreu, mais s’enfuit-il de-là qu'il n’ait pas exifté ? 6°. Quoique les autres Apôtres aient écrit en grec aux J uifs de la Palefine , & à ceux qui étoient difperfés en Orient, on n’en fauroit conclu- re que faint Matthieu n’ait pas écrit en hébreu pour ceux de la Paleftine qui parloient l'hébreu vulgaire plus communément que le grec. Enfin, on ne pré- tend pas que faiat Mathieu ait abfolument été obli- MAT gé d'écrire en hébreu , mais il s’agit de fayoir s'il y a écrit. Or c’eft un fait attefté par tous les anciens dont plufieurs ont vi fon original & ont été très- capables d’en juger, comme Origene , Eufebe, faint Jérome. Oppofe-t-on des conjettures à des faits at- teflés ? Il paroît donc confiant que l’évangile de faint Marthieu à été prinitivement écrit en hébreu vulgaire. | Le but de faint Mathieu dans fon évangile a été, felon le vénérable Pierre Damien, de-montrer que Jefus-Chrift étoit le Meflie. Pour celail montre par fes miracles qu’il eftie Chrift, que Marie famereeft Vierge , que Jefus-Chrift n’eft point venu pour dé- truire la loi, mais pour accomplir, & que fes mira- cles vraiment divins forit des preuvesinconteftables de fa mifion. On remarque dans faint Marthieu une aflez grande différence dans l’arrangement des faits depuis Le chap. iv. v, 224 juiqu’au chap. xiv. v, 134 d'avec l’ordre que fuivent les autres évangéliftes , mais cela ne préjudicie en rien à la vérité de ces faits. On a attribué à faint Marchieu quelques ouvra- ges apocryphes, comme le Zyre de l'enfance de Jefus- Chriff, condamné par le pape Gelafe, une Zrurgie échiopienne, & l’évangile felon les Hébreux dont fe fervoient les Ebionites, c’eftà-dire , un évangile altéré dont le fonds étoit de faint Marthien , mais non les parties furajoutées. Calmet , diéfionn. de la Bible, om. III, pag, G46 & Jui. MATTIAQUES ces, ( Géog. anc.) Mattiaci , peuples de la Germanie , qui tiroient leur nom de Mattium où Mattiacum , capitale du pays des Car- tes. Les bains d’eau chaude appellés anciennement aquæ Matriace , e trouvoient chez les peuples Mar- tiatiques. On nomme aujourd’hui ces bains Wersba- den , & comme leur fituation eft connue, il n’eft pas befoin d’autre preuve pour établir la demeure des Mattiaques ; il habitoient donc fur le Rhin, dans le pays que les Ubiens ayoient abandonné , felon que Facite, Zv. I. ch. dvi. le fait entendre. (D. J.) MATTIOLA , (Botan.) nom d’un genre de plan- te dont voici les caracteres, felon Linnæus. Le ca- lice particulier de la fleur eftcylindrique,court,droir, & fubfifte après la chûte de la fleur ; la fleur eft mo- nopérale, faite en longtuyau qui s’élargit infenfible- ment , & forme une gueule avec une bordure unie. Les étamines font cinq flamens pointus, plus courts que la fleur. Le germe du piftil eft arrondi & placé au-deflous du calicè : le flile eft très-délié, & celui du piftil eft gros & obtus. Le fruit à noyau eft fphé- rique , contenant une feule loge. La graine eftof- feufe , arrondie, & renferme un noyau de même fi- gure. (D.J.) - MATULI, f. m. ( Comm.) mefures des liquides dont on fe fert en quelques villes de Barbare. Le matuli de Barbarie eft de trente-deux rotolis, Foyez RoTozis. Ditfionn. de commerce. MATUMA, f. m.( Hifi. rar. )efpece de ferpent aqua- tique , qui fe trouve dans lés fleuves du Bréfl, &z qui ne fort jamais de l’eau ; on en rencontre qui ont 2$ ou 30 piés de long. Ils ont les dents d’un chien, font très-voraces , &c attaquent les hommes &c les animaux. Les couleurs de fa peau font de la plus grande beauté, & c’eft à fon exemple, dit-on, que les fauvages du pays fe peignent le corps de diffé- rentes couleurs. MATURATIFS , adj. (Pharm.) remedes propres à aider la formation de la matiere purnlente. Tels font les oignons de lys, la levure de biere, le vieux levain, la bouffe de vache, les sommes & les réfi- nes, les plantes émollientes & leurs pulpes. Et en- fin, ce terme fe dit de rous lesremedes qui peuvent hâter la coétion , l’atténuarion , la préparation des humeurs nuifbles & génératrices des maladies,pour | | enfuite MAT \ SUPPURATION. Le MATURATION des fruits (Chim.) L’altération fpontanée qui fait pafler les fucs devcertains fruits , des fruits charnus , pulpeux, mous, de l’érat d’im- maturité, c’eft-à- dire de verdure, d'acidité, d’à- preté, d'acerbité, quelquefois de cauflicité, comme dans la figue à l’état de maturité, c’eft-à-dire de douceur; cette altération, dis-je, doit être rangée parmi les efpeces de fermentations , voyez FERMEN- TATION. J'ai appellé cette altération /pontanée, ce qui fuppofe que pendant qu’un fruit l'éprouve , 1l ne reçoit rien du dehors , qu'il doit être confideré comme ifolé par rapport à l’arbre auquel il tient quelquefois encore. En effet, non-feulement l’ana- logie déduite de la maturation des fruits détachés des tiges qui les ont produits, & qui eft finguliere- ment remarquable dans le melon, la poire, la né- fle, 6c. fait comeéturer , que le fruit ne ure plus rien de l'arbre lorfque l'ouvrage de la maturation S’accomplit ; mais plufieurs obfervations concou- rent à appuyer cette idée ; le fruit ne groffit plus, Ja queue ou pédicule fe defleche , ou du-moins fe flétrit, &e. Enfin , la loi générale des fermentations qui ne procedent convenablement que dans les li- queurs qui font ifolées, folitaires , ui juris, fournit une induction très-forte en faveur de cette opinion. La maturation a cela de commun avec la putré- fation, qu’elle peut furvenir à des fucs enfermés en très-petite quantité dans de petites cellules diftinc- tes ; 6 elle difere en cela de la fermentation vineu- fe & de l’acéteufe , en ce que ces dernieres ne s’ex- citent jamais que dans des volumes confidéräbles de fiqueur, voyez VIN 6 VINAIGRE ; aufñ Les fruits pañlent-1ls de la maturaiion à la putréfa@ion, & ja- mais à l’état vineux ou à l’état acéteux. La théorie particuliere de la maturation , qui , comme on voit eft toute chimique , n’a été ni ex- pofée, ni fuivie, ni même ou à peine mife au rang des objetschimiques. Elle eft pourtant très-curieute & très-intéreffante par la circonftance de préfenter un des phénomenes les plus fenfbles de l’économie végétale , 87 par conféquent d'ouvrir la porte de cette partie du fanêtuairé chimique. Savoir ce que c’eft poliiivement que le {el äcide, acerbé »auftére, ou le fuc réfineux des fruits verds, par quelle fuc- ceflion de changemens ces corps fe changent en Corps doux ; quel principe des premieres fubftances s’altere réellement ; quel autre pafle mue du fuc Verd dans le fuc-doux, &c. ce foni-là des connoif- fances chimiques d’un ordre fupérieur , tant en foi, que comme fource de lumiere ultérieure pour la- nalyfe végétale tranfcendante ; du-moins me pro- mettrois-Je beaucoup de ces notions, fi je conti- muOIS un Jour mes travaux fur Les vécétaux. L'état de vapidité & l’amertume que contraétent les fruits meurtris , qui ef le produit d’une autre ef pece de fermentation , eft encore un phénomene dont la théorie chimique eft du même ordre que la Hs te St à laquelle elle eft néceffairemenr liée, b : MATURE, f. f. ( Marine) ce mot fe prend ou pour l’aflemblage des mâts d’un vaiffleau,voyez MAT, ou pour l’art & la fcience de mâter les vaifleaux. Le mât eft deftiné à porter la voile, & la voile à tranfmettre au vaifleau lation du vent; & comme on fuppole qu'un navire en mouvement eft enfin parvenu à une vitefle uniforme , il faut que l’aétion du vent foit égale & direétement oppolée à lation de la réfiftance de l’eau , parce que lune de ces ac- tions tend à accélerer le mouvement du vaifleau , &t la feconde au contraire à le ralentir. Or, de-là il s’eniuit que le mât doit être placé , s’il n’y en a qu'un,dans lendroit où la direétion du choc de l’eau Tome X, i ; enfuite les rendre plus faciles à être expulfées, Poyez. MAT 205 coupe la quille; s’il y a plufieurs mâts, on les mer. tra de part & d’autre du point où la quille eft cou pée par la direétion du choc de l’eau , & on obie- Vera en même-tems de difpofer les voiles de ma ruere qu'il y ait entr’elles un parfait équilibre , voyez Voie. Ceux qui défireront fur ce fujet un plus grand détail, peuvent confulter les pieces de MM. Bouguer & Camus, fur la matiere des vaifleaux : & le srairé du navire de M. Bouguer, p. 417. (0) MATURITÉ , f. f. (Jardin.) c’eft la codion du fuc nourricier qui fe fait au-dedans des fruits pat la chaleur de la terre, & qui de durs qu'ils étoient n rend leur fubflance plus tendre & plus agréable au goût. C'eft le tems que le fruit paroït propre à cueil. lir & bon à manger: ce tems varie, felon la qua= lité de la terre & lexpoñtion des fruits. « La Quin- » tinie, tom. II. pag. 198. ne peut fouffrir les gens » qu tâtonnoient les fruits, {oit fur l’arbre, foit » cueillis, & qui pour trouver un fruit à leur goût » en gâtent cent avec l’impreffion violente de leur » malhabile pouce. Les pêches font mûres quand elles ont acquis leur gofeur, une couleur rouge d’un côté & jaune de l’autre : elles doivent, ainf que la poire, obéir au pouce, quand 1l les preffe doucement du côté de la queue, La figue doit fe détacher de l’arbre fans téfiftance. Il faut que la prune quitte fa queue & foirun peu ridée de ce côté-là, Aux poires & aux prunes , la queue fe détache de Parbre & leur refte pour ornement. Aux melons , outre la couleur & le fentiment du. pouce , 1l faut encore l’odorat & l'écorce bien bro- dce. La couleur jaune des poires d’hiver eft la vraie marque de leur #aturité, Les pommes de même, étant bien jaunes & un peu ridées, dénotent qu’elles font mures. Les apis changent leur verd, les calvilles devien- nent plus légeres & leurs pepins fonnent quand on les fecoue : celles qui ne paroïffent point telles, ainf que les épines d'hiver & la louife:bonne, font connoitre leur warurité par léurs rides. Les abricots l’annoncent par leur couleur dorée, ceux quifont à plein vent prennent plus de couleur & de goût ; mais étant en efpaliers , ils deviennent & plus gros & plus beaux. | Les oranges font ordinairement feize mois À mû- rir ; le beau doré de leur couleur vous invite à Les cueillir. MATURITÉ , (Médecine.) On fe fert de ce même terme par analogie, en parlant de quelque chofe qui arrive à fon Juite degré de perfeétion. C’eft ainfi que dans les maladies , on dit que la matiere morbi- fique eft parvenue à fa maturité, ce qui veut dire que la matiere eft au degré d'atténuation & de per= fettion pour en faciliter la crife ou l’expulfon. C’eft de cette raturiré dont il eft parlé dans l’a phorifme d’Hippocrate, où il ef dit qu'il faut éyau cuer les matieres cuites , & non celles qui font crues. On doit attendre cette maturité ou la procurer , avant d'employer les remedes évacuans de l’hu- meur morbifique , ce qui fe fait.en y préparant la nature par les faignées. Âoyez THÉRAPEUTIQUE. MATUTA, ( Mythol. ) divinité des Romains, Cette déefle, la même que Leucothoé, étoit Ino fœur de Sémélé, mere de Bacchus, s’il en faut jn… ger, dit Plutarque , par la cérémonie de fes facrif- ces; car entre autres particularités, lés dames ro maines en célébrant fa fête, faifoient entrer au mt. lieu de fon temple , une feule de leuxs afclaves , lui donnoient quelques foufilets , & la chafloient en- fuite du temple avec ignominie, Veñai dit la raifon au mot Masronales : Cet IS vu Sérvius Tullins qui MAU 210 Hâtit le-premier un temple à Rome à [a déefle Ma- œuta ; le conful Camille le rétablit dans fa didature, &c le dédia vers l’an 362 de Rome. Voyez Tite. Live, 4v. 7. Vofius, Ziv. I. c. xi. div. VIL, c. x. Pitilcr lex antig. roman. & le mot MATRONAEES, ({D.J.) MAUBEUGE , Malbodium , ( Géog. ) ville de la Flandre françoife, avec un illuftre chapitre de cha- moinefles, qui doivent prouver 32 quartiers de no- blefle paternelle 8 maternelle. La plüpart des vil- lages de la prévôté de Maubeuge, dépendent de l’ab- bêfle qui en a la jurifdiétion fpirituelle & tempo- relle. Maubeuge fut cédée à la France par le traité de Nimegue, en 1678. Elle eft fortifiée à la Vau- ban , & eft fur la Sambre , à cinq lieues S. de Mons, fept S. E. de Valenciennes ; 16 S. O. de Bruxelles, 46 N.E. de Paris. Long. 21. 35. lat, 50. 15. MAUBILE LA, ( Géog. ) grande riviere de l’A-. mérique feptentrionale, dans {a Louifiane. Elle prend fa fource dans les montagnes qui bornent le pays des Ilinois , traverfe plus de 200 lieues de pays , & fe rend dans le golfe du Méxique, à la baie de la Magbile, Cette baie eff fituée fur Les côtes de la Louifiane, & a trente,lieues de profondeur. Les François ont fondé leur principale colonie de la Louifiane, à la côte de l’oueft de la baie Maubile, & ils y ont bâti le fort Louis. Ce même côté eft habité de plufieurs nations ; des Maubiliens , des Chicachas, des To- mez , de quelques Apalaches, & Chattes. (2. J.) MAUBOUGE, f. m. ( Com.) droit d'entrée qui fe leve en Normandie & en d’autres lieux fur les boifflons qui entrent & qui font braflées dans les villes & lieux où 1l y a foires ou marchés. Les boif- Sons fujettes au droit de maubouge font la biere, le gidre, & le poiré. Diéfionnaire de Commerce. Maubouge eft aufi le nom d’un droit qui en quel- ques lieux eft dû fur tous les animaux qui ont lon- gle on corne des piés fendus, comme les bœufs, Vaches, moutons, &c. On l’appelle à Paris droir de pie fourche. Voyez P1É FOURCHÉ. Diéfion, de Com. MAUDIRE., v. a&. ( Gram. ) c’eft prononcer fur œuelqu’un , ou contre quelque chofe la malédiétion. Woyez MALÉDICTION, MAVELAGONGUE LA, ox MAWILGANGE, € Géog: ) autrement la riviere de Trinquilimale, iviere de l’île de Ceylan, coupée par des rochers & des chütes d'eau, qui l’empêchent d’être navi- gable. (D. J.) MAUGERE, f. £. ( Marine. ) ce font des bourfes de cuir ou de grofle toile goudronnée, longues d'environ un pié, & qui reflemblent à des manches ouvertes par les deux bouts, pour mettre à chaque dalot, & fervir à l'écoulement des eaux qui font fur les tillacs, fans que l’eau de la mer puiffe en- trer dans le varfleau, parce que les vagues appla- tiflent la #angere contre le bordage. MAUGES Les, ( Géog. ) ou le pays de Maupges, Petite contrée de France dans l’Anjou, qui la borne au feptentrion. Elle a l’éléion de Saumur à l’o- tient , &c le duché de Retz à l'occident : c’eft un pays montueux & très-pauvre. MAULEON , ( Géog. ) petite ville de France en Poitou , chef d’une éledion au diocèfe de la Ro- chelle, avec une célebre abbaye. Mauléon eft fitué près du ruffeau de POint, à 18 lieues N. E. de la Rochelle, & 20 N. O. de Poitiers. Long. 16, 50. dar, 46, 52, MAULÉON DE SOULE, ( Géog. ) petite ville de France, en Gafcogne, capitale du pays de Soule, à huit lieues S. O. de Pau, 16 S. E. de Dax, 172 de Paris. Long, 16. 46. lar. 43, 12, Henri Sponde naquit à Mazléon en 1568, & eut pour parrein Henri de Bourbon, depuis foi de Fran- ce, fous le nom d'Henri I V. fut élevé dans le Cal: vinifme, & changea comme ce prince de religion; ce qui lui valut Pévêché de Pamiers. | Il a abrégé & continué les annales de Baronius ; juiques en 1640 : il eft mort à Touloufe en 1643: La meilleure édition de fes œuvres, eft celle de la Noue , à Paris en fix volumes 7 fo/1o. | MAULT , ( Géog.) riviere du royaume de Sicile dans la vallée de Noto : elle pañle à Ragufe, & va fe jetter dans la mer au port de Mazzarelli; c'eft pour cela qu’on l'appelle quelquefois Fiume di Ra- gufa : c’eft l’Herminius des anciens. MAUMAQUES , ( Géog. ) village du diocèfe de Soïflons , fitué entre Compiegne & Noyon, dans la plaine un peu au-delà de Choify-fur-Aine. Les premiers rois de France y avoient un palais, & dom Germain femble être très-fondé à appliquer à ce lieu tout ce qu’on lit de l’ancien Mamacas, où Mamaccas. La forêt de Lezque, enlatin Lifca, mal nommée de Laigle, efttout proche Maumaques ; ce qui entendoit le féjour agréable À nos rois. ( D.J.) MAUND, ( Æiff. mod. ) ancienne mefure dans l'Angleterre. Voyez Harris, fupplément. MAVONDRE , ( Æiff, nai. Botan. ) racine qui croit dans l'île de Madagafcar ; elle eft de la grof- feur d’un œuf de poule ; fa peau eft amere, mais le dedans a le goût des marrons. MAUNE, £. m. (Commerce. ) poids dont on fe fert dans les états du Mogol. Il pefe 54 livres d’Angle- terre, ou so livres de Paris , Diéfionn. de Com. MAURE CAP, ox CAVESSE DE MAURE ; ( Maréchallerie, ) voyez Car. | MAURE SAINTE, ( Géog.) petite ville de France en Touraine , au diocèfe de Tours , à fept lieues de cette ville, 59 S. O. de Paris, Long. 184, 16!, 45 lor47 OO MAURE SAINTE, ( Géog. )ilede la mer Ionienne; entre la bafle Albanie & l'ile de Céfalonie. Elle a environ 10 lieues de circuit & contient quelques ports. Les Vénitiens l’ont enlevée aux Turcs en 1684 : mais ceux-ci la reprirent en 171$, en détrui- firent les fortifications, & l’abandonnerent. MAURES zes , ( Géog, anc. & mod. ) en latin Mauri, peuples d'Afrique , qui felon les tems, ont eu une étendue plus ou moins confidérable, Sous les Romains, on appelloit Maures, les habi- tans naturels des trois Mauritanies. Ces peuples abandonnerent à ces maîtres du monde, toutes les côtes de leur pays, &c leur payerent des tributs, pour poñéder en paix leurs campagnes. Ils en agi- rent de même avec les Vandales qui inonderent l’A- frique , & fe cantonnerent dans l’intérieur du pays vers les montagnes ; mais ils goûtérent le Chriftia- nifme que les Vandales avoient répandu dans leurs climats, Avec le tems, les califes de Bagdat ayant fait de grandes conquêtes le long de la Méditerra- née en Afrique, les Sarrafins qui s’y étendirent, y porterent le Mufulmanifme. Les Maures étant ainfi devenus mahomérans , à le: xemple des Sarrafins leurs maitres, feroient vraif= femblablement demeurés en Afrique, f le comte Julien ne les eût point appellés en Efpagne. Dès qu'ils eurent connu l’heureux climat de l’'Hefpérie, ils s’y fixerent, s’y multiplierent, la remplirent de leurs compatriotes ; &c leur général n’agiffant.pas long-tems au nom du calife, fe fit fouverain lui- même. On fait comme les rois d'Efpagne ont repris peu-à-peu fur les Maures, les royaumes qu'ils avoient fondés très-promptement. Ces Afriquains chaffés d’'Efpagne , retournerent en Afrique , & continues rent d’y exercer le Mahométifme. | Il faut aujourd’hui diftinguer les pays des Mau res où 1ls dominent, de ceux où ils jouiffent feule- ment d’une liberté qui n’eit guere différente de la MAU fervitude. Les Maures, par exemple, font les maîtres aux royaumes de Maroc & de Fez, qui répondent à la Mautitanie Tingitane des anciens ; maïs il n’en _ eftspas de même à Alger, la milice compote de turcs & de renégats , ya la fouveraine puifance. Voyez MAURITANIE. MAURIAC, Mauriacum , ( Géog. ) petite ville de France dans la haute Auvergne, chef-lieu d’une éleétion particuliere. Elle eft près de la Dordogne , & des frontieres du Limoufin, à 11 lieues S. E, de Tulle. Long. 19. 59. lar, 45. 19. (D. J.) MAURICE, SAINT, ( Æif. mod.) ordre mili- taire de Savoie. Amé ou Amédée VIII, premier duc de Savoie, s'étant retiré à Ripaille avec quelques feigneurs de fa cour, inflitua cet ordre de chevale- rie, tant pour honorer la mémoire de ce faint mar tyr, que pour conferver celle de fa lance & de fon anneau, qu'on garde précieufement dans la maïfon de Savoie, & qui font les principales marques de cet ordre. _ Linfituteur ordonna que les chevaliers porte= roient une longue robe & un chaperon de couleur grife avec la ceinture d’or, le bonnet & les manches de camelot rouge, & fur le manteau une croix pom- metée de taffetas blanc, à l’exceprion de celle du général ou grand-maitre, qui devoit être en brode- rie d’or. | Phihbert Emmanuel obtint du pape Grégoire XIII. en 1572, que l’ordre de faint Lazare feroit réuni à celui de /arré Maurice. La deftination de ces cheva- liers, felon la bulle de ce pontife , eft de combattre pour la foi & pour la défenfe du faint fiége. Par cette réumion, les chevaliers de faint Lazare ont changé leur croix verte en une croix blanche pommetée. Le manteau de cérémonie de l’ordre de Jaint Maurice, eft de taffetas incarnat doublé de blanc, avec un cordon & une houpe de foie blan- che & verte. La cafaque & la cotte d'armes font de damas incarnat chargées devant & derriere de la croix de l’ordre en broderie. Guichenon, hif?, de Savoie, Favin, rhéar. d'honn. & de chevalerie. MAURICE , l'ile, ( Géogr. ) île d'Afrique fituée vers le 21 degré de /arir. méridionale , près de l’île Mafcaren’has. Les Hollandois y aborderent en x 508, & lui donnerent fon nom de celui du prince d'Oran- ge, qui étoit amiral des Provinces-Unies. Les Por- tugais l’appellent /ka do Cerno ; j'ignore pourquoi ; car ce n’eit point l'ile de Cerné dont Pline fait men- non. L'ile Maurice a environ 1 lieues de tour > avec un bonhavre , des montagnes fort élevées , toujours couvertes d'arbres verds, du poiflon en abondance, des vaches, des veaux marins, toutes fortes d’oi- feaux; l'air en eft pur, le terrein fertile, & cepen- dant c’eft un lieu qui refte defert. MAURICE, Saint , ( Géogr. ) petite ville de Sa- voie dans la Tarentaire , fur l'Îfere, au pié du pe- tit S. Bernard, entre Mouftier & Aourte, Long, 24, 35:lat, 45. 40. : MAURIENNE, ( Géogr. ) vallée dans la Savoie. Elle a environ 20 lieues de longueur de lorient à l'occident | depuis Charbonnieres jufqu’au mont- Cénis (pes cortiennes des anciens ) qui la fépare du Piémont vers l’orient. Mais cette vallée eft très- étroite, parce qu'elle eft reflerrée de toutes parts par les Alpes. Grégoire de Tours qui vivoit dans le vJ. fiecle, eft le premier des auteurs fubfftans qui ait parlé de cette vallée, qu'il appelle Mariana, 1 nous apprend qu’elle étoit du diocèfe du Turin Se dans la dépendance de cette viile. Tout ce pays ayant été cédé par les Lombards À Gontran roi de France, ilfondaun évêché à Mau- rienne, foumis à la métropole de Vienne. Sous Ro- dolphe Ill, Humbert furnommé awx #lanches mains ; fut créé comte de Maurienne par ce prince, qui y Joi- « _ Tome X, | M À U ait gnit le comté de Savoie. Les fuéceffeurs d'Humbert fe qualifierent fimplement de comtes de Maurienne , & préférerent ce titre à celui de comtes de Savoie $ Savoge ; aufli ont-ils été enterrés dans l’éslife de S, Jean de Maurienne, Enfuite peu-à-peu le nom de Sa- voie l’a emporté fur celui de Maurienne ; de foite qué quand l’empereur Sigifmond créa duc le comte Amé= dée, ce fut la Savoie & non pas la Maurienne qu’il érigea en duché, MAURIPENSIS, Pacus , ( Géogr. ) v’étoit A felon M. le Bœuf, une contrée de la Brie & de la Champagne , étendue le long du rivage droit de la Seine, après que cette riviere a recu l’Ionne, Quel= ques + uns Ont écrit Morivenfis, & même Morvifins, M. de Valois a fouvent confondu le pagus Mauripens Jis avec le pagus Héripenfis, le Herpois, nommé des puis le Aurepois, MAURITANIE, ( Geéopr. anc. ) en latin Maureèras ra ; COrnme portent la plupart des anciens monu- mens, & non Mauritania. Grande contrée d'Afrique , en partie fur la mer Méditerranée , en partie fur l'Océan, occidental. Anciennement elle n’obéifoit qu’à un feul roi, Boc- chus y regnoit du tems de la guerre de Jugurtha. Ses héritiers la diviferent en deux royaumes , quifurent réunis en un feul fous Juba , & fous fon fils Ptolos mée , par la libéralité d’Augufte ; c’eft pour cela qu'Horace l'appelle Jubæ rellus. Enfuite l’empereuf Claude ayant fubjugué les Maures , pour les'punir du meurtre du roi Ptolomée , partagea ce vafte état en deux provinces, dont celle qui étoit à l’occident fut nommée Mauricanie tiñgitane , & celle qui étroit à lorient fut appellée Mauritanie cefarienfe ; enfin , dans la fuite, 11 fe forma une: troifieme province, à laquelle on donna le nom de Mauritanie citifenfe. La Mauritanie tingitane , tingirana , tiroit fon nor de la villede Tingis, métropole de la province, C’é- toit en quelque maniere la Mauriranie propte; car la Mauritame céfarienfe étoit rentermée pour la plus grande partie dans la Numidie des Marfefyliens. Cette province étoit bornée au nord par le détroit d'Hercule , aujourd’hui de Gibraitar , & par la mer Méditerranée ; à l’orient par le fleuve Malva ; au mich par le mont Atlas , & au couchant par l'Océan atlantique. La Mauritanie céfarienfe , que le fleuve Malva féparoït de la Mauritanie tangitane , étoit à l’occi= dent de la Mauritanie fitifenfe ; mais avant que cel- le-c1 fût formée , elle la comprenoit toute entiere ; &t s’étendoit jufqu’au fleuve Ampfaga, qui la bor- noit à lorient, Sa ville capitale étoit Julia cæfarea , qui lui donnoit fon nom. Les royaumes de Treme- cen & de Couco , & le pays d'Alger font la Mauri- tanie céfariente, Ptolomée vous donnera le nom des villes & des peuples de la Mauriranie tingitane & céfariene. La Mauritanie fitifenfe étoit bornée au nord parla mer Méditerranée ; à l’orient par une ligne tirée de l'embouchure du fleuve Ampfaga jufqu’à la ville ap- pellée Maximianum oppidum ; à loccident par la Mauritanie céfariene ; les bornes du midi font aflez incertaines. | La notice épifcopale d'Afrique vous indiquera les noms des évêchés des trois Mauritanies, fi vous en êtes curieux. | Il patoït que l’ancienne Meuriranie contenoit toute la partie occidentale de la Batbarie , Où font à pré- fent les royaumes de Tremecen, de Tenés, d'Alger, deBugie , de Fez & de Maroc. (CDD MAUROMIDIE , Géogr. ) cap fur la côte de Ja Morée ; à la diftance d’environ 2 lieues du cap de Calogréa. On l’appelloit autrefois le promontoire Arrenius. MAURS , ( Géogr. ) petite ville de France en Au- _ Dd; u2 MAU vergne , élettion d'Aurillac, C’eft le chef-lieu d’une des quatre prevôtés qui compofent les états de la haute-Auvergne , qu'on ne convoque plus. MAUSOLÉE , 1. m.( Listér. ) on appelle maufo- lées, ces tombeaux magnifiques Où fe perdent les noms des maîtres de la terre , D'arbitres de la paix , de foudres de la guerre ; Comme ils n’ont plus de [ceptre , ils n'ont plus de flatteurs ; Er tombent avec eux d’une chute commune, Tous ceux que la fortune Faifoit leurs fervireurs. Ce n’eft pas qu’on n’ait élevé quelquefois de fu- . perbes tombeaux à d’illufires citoyens qui avoient bien mérité de leur patrie; mais il faut avouer que ce cas eft fort rare. Il me femble que les Hollandois font de tous les peuples modernes, ceux qui fe font les plus diftingués par leur reconnoïflance en ce gen- re, &cen même tems ceux qui ont fait paroître le plus de bon goût dans les ouvrages de cette nature. Les maufolées qu'ils ont élevés à leurs amiraux,les re- préfentent à nos yeux tels qu'ils étoient, & font enri- chis de couronnes roftrales, accompagnées d’orne- mens convenables ; comme de feftons d’herbes ma- rines, de coquillages &r de corail, qui ont un jufte rapport avec touté l'ordonnance. Perfonne n'ignore l’origine du nom de maufolee ; il vient du tombeau qu'Artémife reine de Carie, fit bâtir en l'honneur du roi Maufole fon époux. Ce monument, unique dans l'univers , fubfifta plufeurs fiecles, & faïloit le plus bel ornement de la ville d'Halicarnafle. Il a été mis au nombre des fept mer- Yeilles du monde , tant pour fa grandeur & la no- blefle de fon architedure , que par la quantité &r l'excellence des onvrages de fculpture dont il étoit enrichi. Les Grecs & Les Romains ne fe laffoient point de l’admirer ; &c Pline en a laïflé une defcrip- tion complette, dont il paroît que la vérité ne fauroit être conteftée. L’étendue de ce maufolée étoit de 63 piés du midi au feptentrion ; les faces avoient un peu moins de largeur , & fon tour étoit de 411 piés. Il avoit 36 piés de haut , &renfermoit 36 colonnes dans fon encein- te. Scopas entreprit la partie de lorient, & Timo- thée celle du midi ; Léocarés exécuta la partie du couchant, & Bryaxis celle du feptentrion. Tous quatre pañloient pour les plus célebres fculpteurs qui fuflent alors. Artémife , dans le courtintervalle de fon règne, n eut ge le plaïfir de voir cet ouvra- ge conduit à fa perfection ;mais Idriéus en pourfuivit Tentreprife , & les quatre artiftes eurent la'ploire de la confommer. On doute encore aujourd’hui , dit Pline , lequel d'eux a le mieux réufhi, Aodieque cer- tant manus, pour me fervir de fon exprefhon. Pithis eut l'honneur de fe joindre à eux , & éléva une py- tamide au-deflus du waufolée, fur laquelle il pofa un char de marbre, attelé de quatre chevaux. Voyez de plus grands détails dans Pline, 4v, XX XVI, & dans Vitruve, 4v. WII. Les Latins adopterent le nom de maufolée, & le donnerent à tous les tombeaux fomptueux, comme Paufanias nous l’apprend.C’eft ainfi que l’on appelle le fuperbe monument qu'Augufte fit faire pendant fon fixieme confulat, entrele chemin de Flaminius & le Tibre, pour y être enterré avec les fiens. Strabon, liy. V. pag, 236. nous en a laïffé la defcripuon. Il dit que c’étoit un tertre élevé fur une bale de mar- bre blanc, & couvert juiqu’au haut d’arbres tou- jours verds ; qu'à la cime de cetertre il y avoit une flatue de bronze d’Auguite ; qu'en bas l’on voyoit les tombeaux de ce prince , de fes parens & de fes domeftiques ; & que derriere l'édifice 1l y avoit un grand bofquet ayec des promenades admirables, Enfin, le nom de maufolés eft celui que Florus donne auxtombeaux des rois d'Egypte: dans lequel, dit-il, Cléopatre s’enferma, & fe fit mourir, La langue françoife a adopté le nom de zaufolée dans le même fens que lui donnoient les Romains : elle ap- pelle zzaufolées les tombeaux des rois. (2. J.) MAUVAIS, adj. ( Gramm. ) ceft l’oppofé de bon. On donne ce nom à tout ce quin’a pas les qua- lités relatives à l’ufage qu’on fe propole de faire d'une chofe , à l’utilité qu’on en attend, à idée qu'onena;, &c. MAUVE , (if. nar.) Voyez MONETTE. MAUVE , malya, ( Botar. ) genre de plante à fleur monopétale , en forme de cloche ouverte, & profondement découpée. Il s’éleve du fond de cette fleur un tuyau pyramidal chargé le plus fouvent d’e- tamines. Le piftil fort du calice ; il eft attaché com- me un clou à la partie poftérieure de la fleur & au tuyau pyramidal ; & il devient dans la fuiteun fruit applati, arrondi , & quelquefois pointu : ce fruit eft le plus fouvent enveloppé du calice de la fleur, & compofé de plufeurs capfules, qui font fi fortement adhérentes tout-au-tour de l’axe , que chaque ftrie du fruit reçoit une capfule, comme s'ils étoient ar- ticulés enfemble. Chaque capfule eft remplie d’une femence femblable pour l’ordinaire à un rein. Ajou- tez aux cara@teres de la mauve que les feuilles font découpées moins profondement que celles de l’al- cée , & font moins velues & moins blanches que celles de la guimauve. Tournefort , 2/f, re: herb, Voyez PLANTE. On vient de lirelescaraéteres de ce genre de plan- te qui eft très-étendu; car Tournefort en compte 49 efpeces , au nombre defquelles il y en atrois d’ufage en médecine. Nous ne devons pas oublier de les nommer ici, la mauve ordinaire , la petite mauve , && celle qu’on appelle la ro/fe d'outremer, ou le frémier, nalva rofea , dont nous ferons un article à part. La sauve ordinaire eft nommée par J. Bauhin ; Tournefort & autres, walva vulgaris , flore majore folio finuato. Sa racine ef fimple, blanche , peu fibreufe, plon- gée profondement dans la terre, d’une faveur douce & gluante. Il fort de la même racine plufeurs tiges hautes d’une à deux coudées, cylindriques, velues, remplies de moëlle, branchues , & à-peu-près de la grofleur du petit doigt, Ses feuilles font arrondies, placées par intervalle fur les tiges, & portées fur des longues queues. Les feuilles du bas de la tige font un peu découpées , & celles du haut le font davan- tage. Elles font d’un verd foncé, crenelées à leurs bords, couvertes d’un duvet court &t que l’on apper- çoit à peine. Ses fleurs fortent des aiffelles des feuilles, plu= fieurs en nombre, portées fur de longs pédicules , grêles &c velus ; elles font amples, d’une feule pie- ce , en cloche évafée, partagées prefque jufqu’au bas en cinq fegmensde la figure d’un cœur, purpu- rines , rayées de lignes de couleur foncée , & quel- quefois elles font de couleur blanche. Il fort du fond de la fleur un tuyau pyramidal ; chargé d’étamines purpurines, porté fur un double calice, dont l’intérieur eft divifé en cinq parties, & marqué de cinq lignes faillantes. Le calice extérieur eft partagé en trois fepgmens. Ïl s’éleve du fond du calice un prftil attaché à la par- tie inférieure & au tuyau de la fleur , lequel fe chan: ge enfuite en unfruit plat, orbiculaire, femblable à un bouton enveloppé du calice intérieur de la fleur. Ce fruit eft compofé de plufeurs graines de figu- re de reins , environnées chacune d’une capfule pro- pre , membraneufe , tellement attachée à un poin- con fongueux & cannelé, que chaque cannelure recoit une capfule en mamiere d’articulation. MAU Cette plante vient d'elle-même le long des haies & des chemins, dans les lieux incultes, & fur les décombres; fes feuilles , fes fleurs &c fes graines font d’un très-grand ufage, Mais ce ne {ont ici que des propriétés communes à toutes les fubffances mucilagineufes. Voyez Mucrt Ace. La décotion de #auve donnée en lavement, te- lâche & ramollit très-utilement le ventre , calme les -douleurs des inteftins dans la dyflenterie , le te- nefme , certaines coliques , &c, ce font encore ici les propriétés génériques des fubftances mucilagi- neufes. Voyez MUCILAGE. Cette partie vraiment médicamenteufe de la mauve, le mucilage fe détruit dans cette plante par le progrès de la végétation, ou plutôt pañle des feuilles & des fleurs dans la femence, Les feuilles des mauves en graine ne contiennent plus qu’une fubftance acerbe ftyptique , dont un des principes cftun acide affez développé pour fe manifefter par la couleur rouge qu'il produit dans ces feuilles. Il faut donc avoir attention de n’employer aux ufages mé- dicinaux que nous avons indiqués , que la mauve qui commence à donner des fleurs. Les femences de mauve poffedent à-peu-près les mêmes vertus que les feuilles & les fleurs , on les emploie cependant fort rarement aux mêmes ufa- ges ; elles entrent dans quelques compoñitions off- cinales, adouciffantes & peétorales , dans le {yrop d’armoife , & le fyrop de tortue, par exemple , & elles ne font point des ingrédiens inutiles de ces pré parations. La conferve de fleurs de mauve eft recommandée non-feulement dans les maladies des conduits uri- naires, comme nous l’avons déja obfervé > MAIS en= core dans les maladies de la poitrine. (4 MAUVESIN , (Géog.) ville démanteléé de France en Armagnac, capitale du vicomté de F ezenzaguel, D. J. c MAUVIETTE , (if. nat.) voyez ALOUERTTE. MAUVIETTES, f. f. (Chaffe.) ce font de petits oi. feaux qui reflemblent aux alouettes ; pour les man- get, onles plume , mais on ne les vuide point , On appelle à Paris mauviertes les alouettes mêmes. MAUVIS , TRASTE , TOURET , CALEN- DROTTE , BOUSSEQUEUELONG,, surdus , ilias cus ; five 1llas ant vilas, ( Hifi. nat. ) oïfeau qui eft de la grofféur de la grive ou un peu plus petit. Il ne pefe que deux onces & demie ; il a huit pouces de longueur , depuis la pointe du bec jufqu’à l’extré= mité de la queue : les pattes font auf longues que la queue : le bec a un pouce de longueur , la piece du deffus eft brune , & celle du deflous eft en partié brune êten partie jaune ; la langue eft dure & divi- fée en plufieurs filamens à fon extrémité ; le dedans de la bouche eft jaune, l'iris des yeux eft de cou- leur de noïfette obfcure : les cuifles & les pattes font d’une couleur de chair pâle. Le doigt extérieur tient au doigt du milieu à fa naïffance. Toute la face fupérieure de cet oifeau reflemble beaucoup à celle de la grive ordinaire. Les petites plumes qui recou: vent la face inférieure des ailes, & les côtés deflous les ailes font de couleur orangée , & cette marque 2T4 M À X fait diftinguer lerrauvis de la grive, qui a du jaune au lieu d’orangé fur les plumes : le ventre & la poi- trine font blancs comme dans la litorne ; la gorge eft jaunâtre avec des taches brunes qui font au mu- lieu de chaque plume. Il y a de pareilles taches fur les côtés du corps, mais toutes ces taches font plus petites & en moindre nombre que dans la prive or- dinaire, on voit au-deflus des yeux une longue tache ou bande d’un blanc jaunâtre , qui s'étend de- puis.les yeux jufque derriere la tête ; chaque aile a dix-huit grandes plumes, comme dans toutes les au- tres efpeces de grives & dans prefque tous les autres petits oifeaux ; elles font d’une couleur chätain ou roufle plus foncée que le refte du plumage, mais les couleurs de ces plumes varient. [l'y a des oïfeaux de cette efpece, dont le bord extérieur des grandes plumes eft blanchâtre, d’autres ont ces mêmes plu- mes entierement brunes. La pointe de la feconde plume & des huit dernieres eft blanche ; lavant- dermere &t la derniere des grandes plumes dé aile a la pointe blanchâtre, de même que celle des der- mieres plumes du premier rang qui recouvre les grandes, à commencer d’après la dixieme : la queue a trois pouces & demi de longueur, & elle eft com- pofée de douze plumes. On trouve dans l’éffomac de cet oïfeau des infeétes, des himaçons, 6'c. Il eft paflager, comme la litorne ; ces deux efpeces d’oi- feaux arrivent & partent dans les mêmes tems. Wil- lughby, Ornitch. Voyez O1sEAU. MAWARALNAHAR , LE, ( Géogr.) ce nom eft arabe , & figmfie au-delà du fleuve ou plutôt au- delà du lac d’Arall , que nous nommons /a mer bleue, mais il fe prend en Géographie pour la Tranfoxane des anciens , c’eft-à-dire pour le pays fitué au-delà, où, pour mieux parler, au nord & nord-eft de POxus, & à lorient de la mer Cafpienne. Nous ap- ” pellons cette vafte contrée e pays des Usbecks, nation qui la poffede aujourd’hui, & dont les princes pré- tendent tirer leur origine de Ginghiskan, La partie de cette province la plus célebre dans les hiftoires orientales eft la vafte campagne , appel- lée Sogd, de laquelle la Sogdiane des anciens a pris fon nom. Elle a environ 40 de nos lieues en lon- gueut , & 20 en largeur. Samarcande en eft la ca- pitale, mais on y compte plufieurs autres villes confidérables «on y trouve auffi des mines d’or & d’atgent. La provihce de Mawaralnahar fut conquife par les Arabes dans les années de l’Hégire 87, 88 & 89. Enfuite elle tomba fous la puiflance des Kho- wWarefmiens ; qui en jouirent jufqu'à Ginghiskan. Tamerlan en chafla les fuccefleurs de ce conqué- rant ; & la poftérité de Tamerlan en fut dépouil- lée par Schalbek, fultan des Usbecks, l’an 904 de l’'Hépire. (Géog.) petite province d'Afrique fur la côte de la Méditerranée, à r 2 lieues E, de Tri- pol ; fa capitale eft, felon les apparences, la Maco- mada d'Antonin, autrefois le fiége d’un évêché , & maintenant un village. ( D. J, MECHANEUS, ( Mythol, ) furnom de Jupiter ; il fignifie celui qui Péxir les entreprifes des hommes, du verbe uyayévoue , j’entreprens. Il y avoit à Ar- gos au milieu de la ville , un cippe de bronze d’une grandeur médiocre , qu foutenoit la ftatue de Jupi- ter méchanéen. Ce fut devant cette ftatue que les Ar- gens, avant que d'aller au fiége de Troie, s’enga- gerent tous par ferment à périr plütôt que d’aban- donner leur entreprife. ( D.J. ) MÉCHANCETÉ, f. f. & MÉCHANT,, adj. (Morale. ) nouveau terme fait pour notre nation en particulier, & qu’il faut définir, C’eftune efpece de médifance débitée avec agrément & dans le goût du bon ton. Il ne fuit pas de nuire, il faut fur- tout amufer, fans quoi le difcours le plus méchant re- tombe plus fuf fon auteur que fur celui qui en eft le fujet. La méchanceté dans ce goût, dit l’auteur des mœuts, fe trouve aujourd’hui l'ame de certaines fociétés de notre pays, & a ceflé d’être odieufe fans perdre fon nom : C’eft même une mode ; cependant les éminen- tes qualités n’auroient pü jadis la faire pardonner : parce qu’elles ne peuvent jamais rendre autant à la fociété que la zzéchancere lui fait perdre ; puiféu’elle en fappe les fondemens , & qu’elle eff par-là , finon l’affemblage , du-moins le réfultat des vices. Aujour- d’hui la rréchanceré eft réduite en art : elle tient com- munément lieu de mérite à ceux qui n’en ont point d'autre , & fouvent leur donne de la + LS e i 220 MEC dans plufieuts cotteries. Les petits méchans fubal- #ernes fe fignalent ordmairement fur les étrangers que le hafard leur adreffe, comme on facrifoit au- trefoïs dans quelques contrées ceux que leur mau- vais fort y faifoient aborder. Les méchans du haut “étage s’en tiennent à leurs compatriotes, & les fa- io impitoyablement au moindre trait heureux “qui fe préfente à leur efprit & qui peut porter coup. ‘C’eft auf qu’en un feul jour ils flétriflent la répu- “ation de plufeurs perfonnes , qui n’ont d’autre tort que d’en être connues. La vertu tremble à leur af- pet, & la médifance leur prête fes couleurs les plus Odienfes ; mais qu'ils fachent qu’à linftant qu'ils amufent., leur méchanceté les fait détefter des honné- tes gens. Tout le monde devroit encore s’accorder à les tourner en ridicule. Je ne crois pas qu’en géné- tal les François foient nés avec ce caraétere de mé. chanceté qu'on leur reproche ; naturellement touchés de la, vertu, ils la refpeéteroient fi l’exemple & la coutume n’étoient les tyrans de tous leurs ufapes. DEF 9 MÉCHANICIEN , f. m, ( Médec.) on appelle de te nom ceux d’entre les médecins modernes qui, “après la découverte de la circulation du fang. & lPé- tabliffement de la philofophie de Defcartes, ayant fécoué le joug de l'autorité, ont adopté la méthode des geometres dans les recherches qu'ils ont faites fur tout ce qui a rapport à l’œconomie animale , en tant qu'ils l'ont regardée comme une produétion de mouvemens de différente efpece , foumis à toutesles lois de la méchanique , felon lefquelles fe font tou- tes les opérations des corps dans la nature, Dans certe idee , le corps animal, par conféquent le corps humain , eft confidéré comme une vérita- ble machine ; c’eft-à- dire , comme un corps com- polé , dont les parties font d'une telle forte de ma- tiere, de figure & de ftruêture, que par leur con: nexion, elles font fufceptibles de produire des ef- fets déterminés pour une fin préérablie. Les Meéchaniciens ont vu dans cette machine ani- mée , des foutiens ou appuis , dans les piés qui fer- vent à porter tout le corps ; des colonnes ou pihers, dans les jambes qui peuvent le foutenir dans une fi- tuation perpendiculaire; des voûtes , dans l’aflem- blage des os de la tête ; de la poitrine, des poutres , . dans la poftion des côtes ; des coins , dans lafigure des dents ; des leviers, dans lufage desos longs ; des puiffances appliquées à ces leviers, dans le jeu des mufcles ; des poulies de renvoi , dans la deftination des anneaux cartilagineux des grands angles des yeux ; des forces de prefloir , dans l’aétion de l'ef- tomac fur les alimens ; le méchanifmé des foufflets , dans celui de la refpiration ; l’aétion d’un pifton, ‘dans celle du cœur ; l’effet des cribles, des filtres, dans la furface des vaifleaux, qui diftribuent les flui- des à-travers les orifices des varfleaux plus petits & de genre différent, dont elles font percées ; des re- fervoirs, dans la veffie urinaire , dans la véficule du fiel ; enfin des canaux de différens calibres, dans les différens conduits qui contiennent des fluides, qui Ont un cours ; ce qui particulierement a fait re- garder Je corps animal , comme une véritable ma- chine hydraulique, dont les effets font produits, re- nouvellés , confervés par des forces femblables à celles du coin , du reflort , de l'équilibre , de la pompe, &c. De ces confidérations introduites dans la théorie de la Médécine , 1l s’enfuivit qu’elle parutavoir pris une face entierement nouvelle , un langage abfo- lument différent de celui qui avoit été tenu juf- qu'alors. Quelques idées chimiques fe joignirent d’a- bord à ces nouveaux principes. Pour trouver une puiffance motrice dansla machine conftruite, on eut recours à la matiere fubtile, à des fermens pour pro= duire des expanfons , des ébullitions, des effervef* . cences dans les fluides, qui puflent être des caufes d'impulfon, de movement progreflif, prôpres à retenir , felôn lés lois méchaniques, hydrauliques , la circulation , le cours de la mafle des humeurs dif- tribuees dans leurs différens cânaux. | Maïs l’hypothefe de Defcartes & de fes fetateurs fur le principe du mouvement circulatoire, ayant été combattue & détruite par Lower , cetauteury en fubftitua une autre , qui fut adopté par Baglivr, & qui a eu beaucoup de partifans ; dans laquelle établifloit une réciprocation d’aétion fyftaltique & diaftaltique entre les fibres élafliques de la fubftance du cœur, & celles des membranes du cerveau: mais comme dans une machine fufceptible de réfiffances, de frottemens entre les parties qui la compofent, l'équilibre & le repos fuccéderoient néceffairemient bientôt à un pareil principe de movement , &7 que d’ailleurs expérience anatomique a appris que le cœur peut continuer à avoir du mouvementindépen- damment du cerveau , cette opinion de Lower a refté fans fondement : on a cru pouvoir y fuppléer par l'influence du fluide nerveux attiré dans Les fibres du cœur par l’aétion ftimulante , irritante du feul volu- me du fang , en tant qu'il dilate , qu'il force les pas rois de cet organe mulculeux, Mais dans ce fyfteme , qui eft celui de Vieuflens ; & qui a été long-tems celui de l’école de Montpel- lier , la caufe premiere de cette influence du fluide nerveux , quelque modification qu'on lui fuppofe, reftant inconnne, & toutes les explications phyfi- ques & méchaniques que l’on en a données, paroif- fant infuffifantes, les Sthaaliens &7 tous les médecins autocratiques ont prétendu qu’elle devoit être attri- buée à une puiflance intelligente , felon eux , la na- ture qui:n’eft pas différente de l’ame même, fans avoir égard à ce que le cœur féparé du corps eft en- core fufcepuble de mouvemens contraétiles , répé- tés ; mais comme ce prétendu principe moteur ne s'accorde point avec les faits, les cbfervations, on en eft venu à faire convenir Sthaal même , que la recherche des caufes du mouvement automatique dans le corps humain , eff une recherche ftérile, en même tems que l’on a avoué que les reflorts du mé- chanifme ne peuvent en fournir le principe, qu'il femble que l’on ne peut trouver qu’en le cherchant dans une caule phyfque, telle que lirritabilité,, cette qualité mobile de la matiere animée, fur la- quelle on a des obfervations inconteftables , & dont les principaux organes de la circulation paroïffent particulierement doués, de maniere qu’il paroît pro- pre à concilier tous les phénomenes ; mais une qua- lité de cette nature fuppoferoit toujours une premie= re caufe qui nous eft inconnue. Voyez [RRITABI=< LITÉ, Cependant , dit Boerhaave ( comment, in propr. inflit, $ 40.)f les différentes parties du corps animal ont réellement du rapport avec les inftrumens mé- chaniques , tels que ceux qui ont été mentionnés eï- devant , elles ne peuvent être mifes en aétion , que felon les mêmes lois de mouvement, qui convien nent à cesinftrumens ; car toutes les forces des orga- nes confiftent dans leurs mouvemens , & ces mou- vemens , par quelque caufequ'ils foient produits, ne peuvent fe faire que felon les lois générales de la méchanique, quoique ces caufes foient inconnues; parce que ce n’eft pas des caufes dont il s’agit à cet égard, mais d'effets qui ne peuvent qu'être foumis à ces lois. c Combien ne fe fait-il pas de mouvemens dans la nature qui font très-orands , très-multipliés, maïs dont nous ignorons les caufes ? cependant ces mou- vemens fe font felon les loiscommunes à tout ce qui eft matiere, Quoiqu’on ne connoifle pas la çaufe du ME C magnétifmé ; ôn ne laifle pas d'obfervér que fes ef. fets s’opérént d’une maniere fixe & Invariablé} que Von peut faïfr, 8 qui étant bien connue , {ért de re- gle dans l'application que l’on peut en faire pour multiplier les phénomenes , les expériences. : Ilen eff de même du cotps humain ; il produit des effets dont les caufes font très-obicures: mais aptes tout, ces effets fe réduifent à mettre en mouvement des fluides dans des vaifféaux quirecoivent &diftri- buent , comme des pompes foulantes, à élever des poids par le moyen de cordes mifes en jeu, ec. ce qui ne fait que des opérations femblables à célles qui fe font par des caufes purement méchaniques ; ces opérations font foumifes aux mêmes lois du mouve- ment qui leur font communes avec tous les corps. Les élémens des fluides font des moléculesfolides; s'ils font mis en mouvement , ce ne peut être que d’après les mêmes lois qui reslent les mouvemens de tous lesfolides;& lation d'unfluide quelconque, con: fidéré par rapport à fa mafle , eft la fomme du mou- vement de chacune des particules qui la forment. Maïs quoiqu’onne puifle pas difconvenir que ces lois générales font obfervées dans tous les mouve- mens de Pœæconomie animale, elles ne font pas és feules qui en déterminent la regle. Les vaiffeaux du corps humain ne font pas des corps fermes , d’une téfiftance invincible , comme les canaux des machi- nes inanimées : ceux-là font compofés de parties flexibles , élaftiques , fufceptibles d’allongement , d’extenfon, deraccourciflement , de contration al- ternatives, Nos fluides ne font pas un liquide pur , homogene, comme eft cenfé l’être le fluide des ma- chines hydrauliques; ils font compofés d’un mélange d’eau, de fel, d'huile & deterre, qui font des par- ties fufceptibles de s’attirer , de fe repoufler fenfi- blement entrelles, felon les différens degrés d’af- nité , de force , de cohéfion dont elles font douées les unes par rapport aux autres; en forte que com- me les fluides du corps humain font en conféquence aflujettis à des lois qui leur font propres, outre celles qui leur font communes avec les fluides en général, dont ils s’éloignent à proportion de la différence qu'il y a entre Peau & nos liqueurs ; de même nos vaifleaux font foumis à d’autres lois qu’à celles qui conviennent à des canaux inflexibles, dans lefquels font tenus des fluides incompreflibles. Ainfi , 1l eft des phénomenes dans le corps hu- main dont on ne peut point rendre raifon par les feuls principes méchaniques , hydrauliques ou hy- drauftatiques : ainf, il n’eft pas étonnant que l’'évé- nement n'ait pas répondu à l'attente de ceux qui croyoient pouvoir regardertoutes les opérations de lœconomie animale , au moins à l'égard des fonc- tions vitales , comme les fimples effets d’une ma- chine hydraulique ; parce que le corps humain ef une machine d’un genre bien différent, entant qu’elle eft fufceptible de mouvemens accidentels , dépen- dans de la volonté, & que le principe de ces mou- . Vemens, ainfi que la plüpart de ceux que l’on obfer- ve dans l'économie animale , paroît n’avoir rien de commun avec celui des mouvemens que l’on obferve dans les machines inanimées, Donc , quoique le corps humain ait plufeurs apports qui lui font communs avec les autres corps, dans la nature, il ne s’en fuit pas moins qu'il faut diffinguer ce qu'il a de propre & de relatif à des loïs particulieres | qu'on ne peut faifir que d’après Pobfervation des phénomenes de- l’œconomie ani- male, dans l’état de fanté & dans celui de maladie ; en forte qu'on ne peut ufer de trop de précaution pour faire une jufte application des principes de la fimple méchanique , à la phyfique du corps humain, pour éviter de tomber dans les erreurs où font tom- bés la plüpart des médécins méchaniciens de ce fiecle, . # AS ae = he .£ Qui ayant Voulu ne conférer l’homme ue Comme ün être corporel, relativement à‘ quahté d'animal , ont Cru trés-mal-à-propos trouvér l'exemple du vez ritable Mouvement perpétuel- dans là ‘difpoñition phyfique & méchanique de fes Parties, comme dans lacolombe de Roger Bacon: d'onils croyoiént pou: voir déduire la caufe & les cffets de tous léurs mots vemens ; de toutes leurs a@ions, Maïs , comme on y trouve un aflemblage de cat: fés ; plutôt qu'une caufe unique , leur concours né nous permet pas d'apprécier féparément leurs pro- duits ; toutes fe contrebalancent & fe Combattent lesunes les autres ; elles déguifent réciproquement la part qu’elles ont aux différentes a@ions : c’eft cé qui rend fi difficile de connoître , d’apprécier , d’ef: timer les poids & les méfures de la nature, & dé les exprimer par désnombres. | Cependant, dit lilluftre M. de Senac dans fa préface de fon traité di cœur; dont nous extraitons ici quelques réflexions {ur l'abus de l'application dé la méchanique à la théorie de la Médecine, tout aété foumis au calcul; la manie de calculer ef devenue parmi la plupart des médecins éclairés de ce fiécle ; une maladie épidémique : la raifon & les égaremens font des remedes inutiles. On a calculé la'quantité du fang , le nombre des vaifleaux capillaires, leurs diametres , leur capacité, la force du cœur & dela circulation , l'écoulement de la bile , le jet de Puri- ne ; on a pouflé l’extravagance fi loin en ce genre, qu’on a entrepris de fixer lés dofes des remedes par les ordonnées d’une coutbe, dont les divers fe- gmensrepréfentent la durée de la vie humaine ; c’eft ainfi qu’on ne peut éviter de donner dans le ridicule 3 lorfqu'on veut traiter avec un efprit géométrique, des matieres qui n’en font pas fufceptibles; c’eft ainf que les uns élevent la force du cœur jufqu’à celle d'un poids de trois millions de livres , tandis que d’autres la réduifent à la force d’un poids de huit onces. | a Croiroit-on, contintte notre auteur, que des phy= ficiens célebres , tels que Borelli & Keill, que des phyficiens guidés par les principes d’une fcience qui porte avec elle la lumiere & la certitude, ayent vu dans ces principes des conféquences f oppofées? Ce ne font pas en général les calculs qui font faux ,1l$ ne pechent que parce qu'ils ne font appuyés que fur de fautes fuppoñtions. Ces écrivains, par leurs erreurs , ont préparé à leurs critiques une victoire facile, Michelotti &Jue rin Ont méprifé la géométrie de Borelli fi eftimablé néanmoins dans [a plus grande partie de fon traité 2e motu'animalinum , celle‘ de Morland & de Keill d'au tres ont cenfuré ces critiques fi éclairés fur les fautes des autres, & fi aveugles furleurs propres défants. Voilà donc la géométrie armée contre la géométrie, fans qu'on puifle faire retomber fur cette fcience la honte de ces diflentions, qui neregarde que les phy- ficiens qui en ont abufé, comme on abufe de la rai- fon, fans qu'on puiffe jamais en conclure qu’il faut la rejetter & n’en plus faire ufage. L'application de la Géométrie eft plus difficile que la géométrie-même: peut-être que dans mille ans on pourra, en appliquer les principes aux phénomenes de la nature ; encore même y en a til dont on peut aflurer qu'ils s’y refuferonttoujours. va * Mais, de toutes les fciences phyfiques auxquelles on a prétendu appliquer la Géométrie, il paroït qu'il n’y en a pas où elle puifle moins pénétrer que dans la Médecine, Avec le fecours de la Géométrie, les médecins feront fans doute desphyficiens plus exa@s; c'eft-à-dire , que lefprit géométrique qifils pren- dront dans la Géométrie , leur fera plustutile que Ja Géométrie-même; ils éviteront des fantes grofhéres, dans léfquelles ils tomberoient fans cé fecours: en fé: 222 ME C quoi ce jugement peut parfaitement feconcilier avec celui d'Hippocrate , dans fa lettre à fon fils Theffa- lus, où il lui recommande l’étude de la Géométrie, comme d’une {cience qui fert non-feulement à ren- dre l’efprit jufte , mais de plus à l’éclairer & à le rendre propre à difcerner tout ce qu'il impoïte de favoir dans la Médecine. Il n’en eft pas moins vrai de dire que les médecins qui, en traitant de leur art, ne parlent que de mé- chanique, & hériffent leurs ouvrages de calculs, ne font le plus fonuvent qu’enimpofer aux ignorans , qui regardent les figures & les calculs , auxquels 1ls ne comprennent rien, comme le fceau de la vérité, qui eft ordinairement fi éloignée des ouvrages dans lef- quels ils croyent qu’elle eft manifeftée. Ces auteurs profonds fe parent d’une fcience étrangere à. leut art ; &, fans le foupçonner, ils s’expofent au mépris des vrais géometres. N’eft-ce pas un contrafte frap- pant que la hardiefle avec laquelle Les médecins cal- culent , & la retenue avec laquelle les plus grands géometres parlent des opérations des corps animés À Suivant M. d’Alembert , dans fon admirable ou- vrage fur l'hydrodynamique , le méchanifme du corps humain , la vitefle du fang, fon aéton fur les vaifleaux, fe refnfent à la théorie ; on ne connoït ni le jeu des nerfs , nl Pélafticité des vaifleaux , ni leur capacité variable dans les différens individus , ainfique la confiftance, la ténacité du fang ëc les de- grés de chaleur dans les différens organes. Quand chacune de ces chofes feroit connue , ajou- te cet auteur célebre, la grande multitude des élé- mens qui entreroient dansune pareillethéorie, nous conduiroit vraifemblablement à des calculs imprati- cables; c’eft un des cas Les plus compofés d’un probles me, dont le plus fimple ef fort difficile à réfoudre, Lorfque les effets de la nature font trop compli- qués pour pouvoir être foumis à nos calculs , l’ex- périence eft le feul guide qui nous refle ; nous ne pouvons nous appuyer que fur des induéhons tirées d’un nombre de faits. Il n’appartient qu’à des phyfi- ciens oififs de s’imaginer qu’à force d'algebre & d’'hy- pothefes , ils viendront à bout de dévoiler les reffors du corps humain. | De telles raifons d’un fi grand poids , n’excufent pas cependant lignorance de ceux qui, fans le fe- cours de la Géométrie, croyent pouvoir pénétrer dans le méchanifme du corps humain ; tous leurs pas feront marqués par des erreurs geroferes ; ils ne fau- roient apprécier les objets les plus fimples ; tout ce qui aura quelque rapport avec la folidité , l'étendue des furfaces , l'équilibre, les forces monvantes, le cours des liqueurs , fera un écueil pour eux : f la géométrie ne nous ouvre pas les fecrets de la nature dans les corps animés ; elle eft un préfervatif nécef- faire ; c’eft un flambeau qui, en éclairant nos pas , nous empêche de faire des chutes honteufes , qui en occafonneroient bien d’autres. Les erreurs font plus fécondes que la vérité ; elles entraînent toujours avec elles une longue fuite d’égaremens. On ne peut donc décrièr que l’abus des mathéma- tiques dans la médecine , & non pas les mathéma- tiques elles-mêmes ; parce que ce feroit proferire les ouvrages de ce fiecle les plus favans , & qui en géne- «tal répandent le plus de lumiere fur Îa théorie de Tatt:tels font ceux des Bellini, Borelli, Malpighi, Michelotti, Valfalva , Baglivi, Lancifi, Pitcarn, Keiïll, Jurin, Bianchi, Freind , Boerhaave , Sau- vage, Lamure, Hamberger , Halles , Haller , &c. Voyezles differtations de Michélotti, Strom, Boer- haave fur l’article du raifonnement méchanique dans la shéorie de la médecine. Voyez; MÉDECINE, ÉCONOMIE ANIMALE, NATURE, Ëc. | ” MECHANIQUE, f. £.( Ordre encycl. ent. raïfon. phil, ou Jéienc, fcience dé la nat, Maihem, Mathem, mixt, Méchanique.) partie des mathématiques mixs tes, qui,confidere le mouvement & les forces me- trices, leur nature, leurs loix & leurs effets dans les machines. Voyez MouvEMENT & FORCE. Ce mot vient du grec uiyawm, rachine ; parce qu’un des objets de la zzéchanique eft de confidérer les forces des machines, & que l’on appelle même plus par- ticulièrement méchanique la {cience qui entraite. La partie des méchaniques qui confidere le mou- vement des corps, en tant qu'il vient de leur pe- fanteur , s'appelle quelquefois. ffarique, (Foyez GRA- VITÉ G'c,) par oppoñtion à la partie qui confdere, les forces mouvantes -&c leur application, laquelle eft nommée par ces mêmes auteurs Méchanique. Mais on appelle plus proprement ffatique, la partie de Ja Méchanique qui confidere les corps & les piuf- fances dans un état d'équilibre , 8 Méchanique là partie qui les confidere en mouvement. Voyez STA: TIQUE. Voyez aufl FORCES MOUVANTES, MA- CHINE, ÉQUILIBRE, Gc. M. Newton dans la préface de [es Principes , re= marque qu’on doit diflinguer deux fortes de #écha- niques , lune pratique , l’autre rationelle ou fpécu- lative, qui procede dans fes opérations par des dé- monftrations exaétes ; la méchanique pratique renfer- me tous les arts manuels qui lui ont donné leur nom. Mais comme les artiftes & les ouvriers ont coutu- me d'opérer avec peu d’exaditude, on a diftingué la Méchanique de la Géométrie , en rapportant tout ce qu eft exaët à la Géométrie, &c ce qui left moins à la Méchanique, Ainf cet illuftre auteurremarque que les defcriptions des lignes & des figures dans la Géo- métrie, appartiennent à la Méchanique , &t que l’objet véritable de la Géométrie eft feulement d’en démon- trer les propriétés , aprèsen avoir fuppofé la defcrip- tion. Par conféquent, ajoute-t-1l, la Géométrie eft fondée fur des pratiques méchaniques , & elle n’eft autre chofe que cette pratique de la Méchanique uni- verfelle, qui explique & qui démontre l’artde me- furer exaétement. Mais comme la plüpart des arts manuels ont pour objet le mouvement des corps, on a appliqué le nom de Géométrie à la partie qui a l'étendue pour objet, & le nom de Méchanique à. celle qui confidere le mouvement. La réchanique rationelle , prife en ce dernier fens , eft la fcience des mouvemens qui réfultent de quelque force que ce puifle être, & des forces néceflaires pour pro- duire quelque mouvement que ce foit. M, Newton ajoute que les anciens n’ont guere confideré cetre fcience que dans les pmiffances qui ont rapport aux arts manuels, fcavoir le levier, la poulie &c ; & qu'ils n’ont prefque confideré la pefanteur que com- me une puiflance appliquée au poids que l’on veut mouvoir par le moyen d’une machine. L'ouvrage de ce célebre philofophe , intitulé Principes mathe- matiques de la Philofophie naturelle ,eft le premier où on ait traité la Méchanique fous une autre face & avec quelque étendue, en confidérant les lois de la pefanteur , du mouvement, des forces centrales & centrifuges, de la réfiftance des fluides, 6, Au refte comme la mwéchanique rationelle tire beaucoup de fecours de la Géométrie , la Géométrie en tire auñit quelquefois de la Méchanique, & l’on peut par {on moyen abréger fouvent la folution de certains pro- blèmes. Par exemple, M. Bernoulli a fait voir que la courbe que forme une chaîne, fixée fur un plan vertical par fes deux extrémités, eft celle qui for- me la plus grande furface courbe, en tournant au- tour de fon axe ; parce que c’eff celle dont le centre de gravité eft le plus bas, Foyez dans les Mén, de ’accad, des Scien, de 1714,1e mémoire de M. Vari- gnonintitulé, Réffexions fur l'ufage que la méchan- que peut avoir en Géométrie. Voyez aufli CHAINETTE, MÉÇGHANIQUE, adj. figniñie ce qui a rapport à MEC a Méchanique, ow qui fe regle par la nature & les lois du mouvement. Voyez MOUVEMENT. : Nous difons dans ce fens, puiffances méchaniques, propriétés, ou affédlions méchaniques, principes mé- chaniques. | Les affeéfions méchaniques {ontles propriétés de la matere qui réfultent de fa figure, de fon volume &de fon mouvement a@uel, Voyez MATIERE & Corps. Les caufes méchaniques {ont celles qui ont de telles affe@tions pour fondement. Joyez CAUSE. Solutions méchaniques, ce font celles qui n’em- ploient que les mêmes principes. Voyez SOLUTION. Philofophie méchanique, c’eft la même qu’on ap- pelloit autrefois corpufculaire, c’eft-à-dire celle qui explique les phénomenes de la nature, & les a@ions des fubflances corporelles parles principes mécha- ziques, {çavoir le mouvement, la pefanteur , la f- gure, l’arrangement, la difpoñition ; la grandeur ou Ja petitefle des parties qui compofent les corps na- turels, Voyez CorPuscuLE 6 CORPUSCULAIRE, AÂTTRACTION, GRAVITÉ, éc. | On donnoit autrefois le nom de corpuftulaire À la philofophie d’Epicure, à caufe des atomes dont ce philofophe prétendoit quetout étoit formé. Aujour- d'hui les Newtoniens le donnent par une efpece de dérifion à la philofophie cartéfienne, qui prétend expliquer tout par la matiere fubtile, & par des flui- des inconnus, à l’aétion defquels elle attribue tous les phénomenes de la nature. Puiffances méchaniques , appellées plus proprement forces mouvantes, font Les fix machines fimples aux- quelles toutes lesautres, quelque compofées qu’el- les foient, peuvent fe réduire, oude l’afflemblage defquelles toutes les autres font compofées. Voyez PuISSANCE & MACHINE. . Les puiffances méchaniques {ont le levier, le treui- le, la poulie, le plan imcliné, le coin, & la vis. Voyez les articles qui leur font propres, BALANCE, Levier, &c. On peut cependant les réduire à une feule , favoir le levier, % on en excepte le plan in- cliné qui ne s’y réduit pas fi fenfiblement. M. Va- rignon a ajouté à ces fix machines fimples, la 74. chine funiculaire, ou les poids fufpendus par des cor- des , & tirés par plufieurs puiffances. Le principe dont ces machines dépendent eft le mème pour toutes, & peut s'expliquer de la maniere fnivante. | La quantité de mouvement d’un corps, eft le pro- duit de fa virefle, c’eft-à-dire de l’efpace qu’il par- court dans untems donné, par {a mafle; 1l s'enfuit cie-[à que deux corps inégaux auront des quantités de mouvement égales, f les lignes qu'ils parcou- sent en même tems font réciproquement propor- tionnelles à leurs mafles, c’eft-à-dire fi l'efpace que parcourt le plus grand , dans une feconde par exem- ple , eft à l’efpace que parcourt le plus petit dansla même feconde, comme le plus petit corps eft au plus grand. Ainfi , fuppofons deux corps attachés aux extrémités d’une balance ou d’un levier, fi ces corps ou leurs mafles , font en raifon réciproque de leurs diftances de l'appui, ils feront auffi en raïfon réciproque des lignes ou arcs de cercle qu’ils par- coureroient en même tems, fi l’on faifoit tourner le levier fur fon appui ; & par conféquent ils auroient alors des quantités de mouvement égales, ou, comme s'expriment la plüpart des auteurs, des mo- mens évaux. Par exemple, fle corps 4 (PL. mech. fig. 4.) eft triple du corps B , & que dans cette fuppoñtion on attache les deux corps aux deux extrémités-d’un le- vier 4 B , dont l’appui foit placé en C, de facon que la diftance B C foit triple de la diftance À C, il s’enfuivra de-là qu’on ne pourra faire tourner le le- MEC 223 vier fans que l’efpace B Æ , parcouru par Îe Corps fa tué enË fe trouvetriple del'efpace 4 D parcouru en M: EU | MÉmetems par le corpsélevéen À, c’eft-à-dire, fans que la vitefle de B ne devienne triple de celle de 4, Où enfin fans que les vitefles des deux corps dans ce mouvement foient réciproques à leursmafles. Ainf lés quantités de mouvement des deux corps feront égales ; & comme ils tendent à produire des mou- vemens contraires dansle levier, le mouvement dit levier deviendra par cette raifon abfolument impoñli: ble dans le cas dont nous parlons ; c’eft-à-dire qu’il y aura équilibre entre les deux corps. Voyez EQuiLt- BRE , LEVIER & MOUVEMENT, De-là ce fameux problème d’Archimede, daris viribus, datum pondus movere, En effet , piuifque la diffance C B peut être accrue à infini, la puif- fance ou le moment de 4, peut donc auf être fuppofé auf grand qu'on voudra par ra port à ce- lui de B, fans empêcher la poffbilité de ‘équilibre. Or quand une fois on aura trouvé le point où doit être placé le corps 2 pour faire équilibre au corps A , on n'aura qu’à reculer un peu le corps 2, & alors ce corps À, quelque petit qu'il foir, obligera le corps 4 de fe mouvoir. Voyez MOMENT. Ainf toutes les méchaniques peuvent fe réduire an problé- me fuivant, Uncorps Aavec fa viteffe C, & un autre corps B étant donnés , trouver la vîtefle qu’il faut donner à P > pour que les deux corps aient des momens égaux. Pour ré- ioudre ce problème, on remarquera que puifque le moment d'un corps eft égal an produit de fa vite£ fe, par la quantité de matiere qu'il contient , il n’y a donc qu’à faire cette proportion, B: 4:: C:à un quatrieme terme, & ce fera la viteffe cherchée qu'il faudra donner au corps B, pour que fon mo- ment foit égal à celui de 4, Auf dans quelques ma- chines que ce foit, fi l’on fait en forte que la puif- fance où la force, ne puifle agir fur la réfiftance ow le poids, ou les vaincre a@uellement fans que dans cette aéhion les vitefles de la puiffance & du poids foient réciproques à leur maïñle, alors le mouve- ment deviendra abfolument impoñible. La force de la puiflance ne pourra vaincre la réfiftance du poids, & ne devra pas non plus lui céder ; & par conféquent la puifance & le poids refteront en équilibre fur cette machine, & fon augmente tant- foit-peu la puiffance, elle enlevera alors le poids ; mais fi on augmentoit au contraire le poids, il entra neroit la puiflance, Suppofons, par exemple, que 4 B foit un levier, dont l'appui foit placé en C, & qu’en tournant au- tour de cet appui, il foit parvenu à la fituation z, Cy b (Ag. 1 Méchan.) la vitefle de chaque point du levier aura été évidemment dans ce mouve- ment proportionnelle à la diftance de ce point à l'appui ou centre de la circulation. Car les vi- tefles de chaque point font comme les arcs que ces points ont décrits en même tems, lefquels font d’un même nombre de degrés. Ces viteñles font donc aufi entr'elles comme les rayons des arcs de cercles par chaque point du levier, c'eft-à-dire, comme les diftances de chaque point à l'appui. Si l’on fuppofe maintenant deux puiflances ap- pliquées aux deux extrémités du levier & qui faf- {ent tout-à-la-fois effort pour faire tourner fes bras dans un fens contraire l’un à l’autre, & que ces puiffances foient réciproquement proportionnelles à leur diflance de l'appui , il eft évident que le moment ou efort de l’une pour faire tourner le levier en un fens, fera précifément écal au mo- ment de l’autre pour le faire tourner en fens con« traire. Il n’y aura donc pas plus de raïfons, pour que le levier tourne dans un fens que dans le fens | oppofé. Il reftera donc néceflairement en repos, & 224 ME C il y aura équilibre entre les deux puiffances : c’elt ce qu'on'voit tous les jours ,lorfqu'on pefe un poids avec une romaine. Îl eft aïfé de concevoir par ce que nous venons de dire, comment un poids d’une livre peut fur cette machine faire équilibre avec un poids de mille livres & davantage, C’eft par cette raifon qu’Archimede ne deman- doit qu'un point fixe hors de la terre, pour len- lever, Car, en faifant de ce point fixe l’appui d’un levier, & mettant la terre à l'extrémité d’un des bras de ce levier, il eft clair qu’en alongeant l’au- tre bras, on parviendroïit à mouvoir le globe ter- reftre avec une force aufli petite qu’on voudroit. Mais on fent bien que cette propoftion d’Archi- mede n’eft vraie que dans la fpéculation; piuf- qu'on ne trouvera jamais ni le point fixe qu'il demandoit , ni un levier de la longueur néceflaire pour mouvoir le globe terreftre. Ii eft clair encore par-là que la force de la puif- fance n’eft point du-tout augmentée par la ma- chine, mais que l’application de linftrument di- minue la viteflé du poids dans fon élévation ou dans fa tra@ion, par rapport à celle de la puif- fance dans fon aétion; de forte qu’on vient à bout de rendre le moment d’une petite puiffance éval, & même fupérieur à celui d’un gros poids, & que par-lè on parvient à faire enlever ou traîner le gros poids par la petite puiflance. Si, par exem- ple, une puiflance eft capable d’enlever un poids d’une livre, en lui donnant dans fon élévation un certain degré de vitefle, on ne fera jamais par le fecours de quelque machine que ce puifle être que cette même force puille enlever un poids de deux livres, en lui donnant dans fon élévation la même vitefle dont nous venons de parler. Mais on vien- dra facilement à-bout de faire enlever à la puif- fance le poids de deux livres, avec une vitefle deux fois moindre, ou, fi lon veut, un poids de dix mille livres, avec une vitefle dix mille fois moindre. Plufieurs auteurs ont tenté d’appliquer les prin- cipes de la Méchanique au corps humain; il eft ce- pendant bon d’obferver que l'application des prin- cipes de la Méchanique à cet objet ne fe doit faire qu'avec une extrème précaution. Cette machine eft fi compliquée, que l’on rifque fouvent de tom- ber dans bien des erreurs, en voulant détermuner les forces qui la font agir; parce que nous ne con- ‘ noïfflons que très-imparfaitement la flruêure &c la nature des différentes parties que ces forces doi- vent mouvoir. Plufieurs médecins & phyfciens, fur-tout parmi les Anglois, font tombés dans lin- convénient dont je parle ici. Ils ont prétendu don- ner, par exemple, les lois du mouvement du fans , & de fon aétion fur les vaifleaux ; &c ils n’ont pas pris garde, que pour réuflir dans une telle recherche , il feroit néceffaire de connoître auparavant une infinité de chofes qui nous font cachées, comme la figure des vaifleaux, leur élaf- ticité, le nombre, la force & la difpofition de leurs valvules, le degré de chaleur & de tenacité du fang, les forces motrices qui le pouffent, &c. En- core, quand chacune de ces chofes feroit parfaite- ment connue, la grande quantité d’élémens qui entreroient dans une pareille théorie, nous con- duiroit vraiflemblablement à des calculs imprati- cables. Poyez LE DISCOURS PRÉLIMINAIRE. MÉCHANIQUE, (Marhém.) eft encore d’ufage en Mathématiques, pour marquer une conftruétion ou folution de quelque problème qui n’eft point géo- métrique, c’eft à-dire, dont on ne péut venir à-bout par des defcriptions de courbes géométriques. Telies font les confiruétions qui dépendent de la quadra- ture du cercle, Voyez CONSTRUCTION , QUADRA: \ TURE, &c. Voyez auf GÉOMÉTRIQUE. Arts méchaniques. Voyez ART. SUP Courbe méchanique, terme que Defcartes a mis en ufage pour marquer uné courbe qui ne peut pas être exprimée par une équation aloébrique. ;Ces courbes font par-là oppolées aux courbes algébri- ques ou géométriques. Foyez COURBE. * SM M. Leïbnitz & quelques autres les appellent rez cendantes au lieu de méchaniques, & ils ne convien- nent pas avec Defcartes qu’il faille les exclure de la Géométrie. Le cercle, les feftions coniques, &c. font des courbes péomérriques , parce que la relation de leurs abfdes à leurs ordonnées eft exprimée en termes fi- nis. Mais la cycloide, la fpirale, &une infinité d’au- tres font des courbes réchaniques; parce qu’on ne peut avoir la relation de leurs abfides à leurs ordon- nées que par des équations différentielles, c’eft-à- dire, qui contiennent des quantités infiniment pe- tites. Voyez DIFFÉRENTIELLE, FLUXION, TAN- GENTE, EXPONENTIELLE, 6c. (O0) Les vérités fondamentales de la Méchanique , en tant qu’elle traite des lois du mouvement, & de l'équilibre des corps , méritent d’être approfondies avec foin. Il femble qu’on n’a pas été jufqu’à-pré- fent fort-attentif ni à réduire les principes de cette fcience au plus petit nombre, ni à leur donner toute la clarté qu’on pouvoit defirer; auffi la plñüpart de ces principes, ou obfcurs par eux-mêmes ou énon- cés & démontrés d’une maniere obfcure, ont-ils donné lieu à plufñieurs queftions épineufes. En géné- ral on a été plus occupé jufqw’à-préfent à augmenter l'édifice, qu'à en éclairer l'entrée , & on a penfé principalement à l’élever ; fans donner à fes fonde mens toute la folidité convenable. Il nous paroît qu’en applaniflant l’abord de cette fcience, on en reculeroit en même tems les limites, c’eft-à-dire qu'on peut faire voir tout-à-la-fois & linutilité de plufieurs principes employés jufqu’à- préfent par les Méchaniciens, & l'avantage qu’on peut tirer de la combinaïfon des autres, pour le progrès de cette fcience ; en un mot, qu’en réduifant les principes on les étendra. En effet, plus ils feront en petit nombre, plus ils doivent avoir d’étendue , puifque lobjet d’une fcience étant néceflairement déterminé , les principes en doivent être d’autant plus féconds, qu'ils font moins nombreux. Pour faire connoître au lecteur les moyens par lefquels on peut efpérer de remplir les vües que nous pro- poions , il ne fera peut-être pas inutile d’entrer ici dans un examen raifonné de la fcience dont il s’agit. Le mouvement & fes propriétés générales font le premier & le principal objet de la réchanique : cette fcience fuppofe l’exiftence du mouvement, & nous la fuppoferons auffi comme avouée & recon- nue de tous les Phyfciens. À l'égard de la nature du mouvement, les Philofophes font au contraire fort-partagés là-deflus. Rien n’eft plus naturel, je l'avoue , que de concevoir le mouvement comme l'application fucceflive du mobile aux différentes parties de l’efpace indéfini que nous imaginons comme le lieu des corps ; mais cette idée fuppofe un efpace dont les parties foient pénétrables & immo- biles; or perfonne n’ignore que les Cartéfiens (fee À la vérité fort-affoiblie aujourd’hui) ne reconnoif- fent point d’efpace diftingué des corps , & qu’ils re- ardent l'étendue & la matiere comme une même chofe. Il faut convenir qu'en partant d’un pareil principe, le mouvement feroit la chofe la plus dif= ficile à concevoir, & qu’un cartéfien auroit peut= être beaucoup plütôt fait d’en nier l’exiftence, que de chercher à en définir la nature. Au refte, quelque abfurde que nous paroiffe l'opinion de ces philofo- phes, phes, & quelque peu de clarté & de précifion qu'il y ait dans les principes métaphyfiques fur lefquels ils s'efforcent de l’appuyer ,.nous n’entréprendrons point de Ja refuter ici: nous nous contenterons de remarquer que pour avoir une idée claire du mou- vement, on ne peut fe difpenfer de diftinguer au- moins par l’efprit deux fortes d’étendue ; l’une qui foit regardée comme impénétrable, & qui conftitue ce qu'on appelle proprement Zes corps; l’autre, qui étant confidérée fimplement comme étendue , fans examiner fi elle eft pénétrable ou non, foit la mefure de-la-diftance.d’un cofps À un autre, & dont lés par- ties envifagées comme fixes écimmobiles, puiflent fervir à juger. du repos ou du mouvement des corps. Il nous fera donc toujours permis de concevoir un efpace indéfni commé le lien des corps , foit réel, {oit fuppofé, 8 de regarder le mouvement comme le tranfport du mobile d’un lieu dans un autre. La confidération du mouvemententre quelquefois dans les recherches de laGéométrie pure ; c’eft ainfi qu'on imagine fouvéent les lignes droites ou courbes engendrées par le mouvement continu d’un point, les furfaces par le mouvement d'une ligne , les foli- des enfin par celui d’une furface. Mais il ya-entre la Méchanique & la Géométrie cette différence, non- feulement que dans celle-ci largénération des figures par le mouvement eft pour ainf dire arbitraire & de pure élégance , mais encore que la Géométrie ne confidere dans le mouvement que l’efpace parcouru, au lieu que dans la Méchanique on a égard de plus au terms que le mobile emploie à parcourir cet efpace. On ne peut comparerenfembie deux-chofes d’une nature différente, telles que l'efpace & le tems: mais on peut comparer le rapport des parties du tems, avec celui des parties de l’efpace parcoutu. Le tems par {a nature coule uniformément, & la Méchanique {uppofe cetteuniformité. Du refte, fans connoître le tems en lui-même , & fans avoir de mefure pré- cife, nous ne pouvons repréfenter plus clairement le rapport de fes parties, que par celui des portions d’üné ligne droite indéfinie. Or l’'analogie qu’il y a entre le rapport des parties d’une telle hgne, & ce- lui des parties de l’elpace parcouru par un corps qui fe meut d’une maniere quelconque, peut toujours être exprimée par une équation, On peut donc ima- giner une courbe , dont les abicifles repréientent les portions du tems écoulé depuis le commence- ment du mouvement ,les ordonnées correipondantes défignant les efpacés parcourus durant ces portions de tems: l’équation de cette courbe exprimera non le rapport destems aux efpaces, mais fion peut par- ler ain, le rapport du rapport que les parties de tems ont à leur unité, à celui que les parues de Pef- pace parcouru ont à la leur. Car l’équauon d’une courbe peut être confidérée ou comme exprimant le rapport des ordonnées aux abfcifles, ou comme l’é- quation entre le rapportque les ordonnées ont à leur unité, & Le rapport que les ab{cifles correfpondantes ont à la leur. Il eft donc évident que par l’application feule de la Géométrie & du calcul ,.on peut , fans le fecours d'aucun autre principe, trouver les propriétés géné- rales du mouvement, varié fuivant une loi quelcon- que. Mais comment arrive-t-il que le mouvement d’un corps fuive telle ou telle loi particuliere ? C’eft fur quoi la Géométrie feule ne peur rien nous appren- dre ; & c’eft aufli ce qu’on peut regarder comme le premier problème qui appartienne immédiatement à la Meéchanique. On voit d’abord fort-clairement qu’un corps ne peut fe donner le mouvement à lni même. Il ne peut donc être tiré du repos que par l’aétion de quelque caufe étrangere, Mais continue-t-il à fe mouvoir de lui-même, ou a-t-il befoin pour fe mouvoir de l’ac- Tome X, | ME C 22 $ tion répétée de la canfe ? Quelque parti qu’on pûr prendre là-deflus, il fera toujours inconteftable que Pexiflence du mouvement étant une fois fuppoiée Le mouvement eft donc uniforme par {a nature : On a données jufqu’à-pré: La force d'inertie , c’eft à-dire la propriété qu’ont les corps de perfévérer dans leur état de repos où de mouvement ; ‘étañt üne fois établie ,1left clair que’ le mouvement qui a befoin d’une eaufe pouf commencer au-moins à.exiiter, ne fauroit non plus être accéléré ou retardé que parune canfeé: rangere. Or quelles font les caufes capables de proëuire on de changer le mouvement dans les corps? Nous n’en connoïiflons jufqu’à-préfent que de deux fortes ; les unes fe manifeftent à nous en même tems que l'effet qu’elles produifent, ou plutôt dont elles {ont l’occa- fon : ce font celles qui ont leur fource dans Padtion fenfble & mutuelle des corps, réfultante de leur im: pénétrabilité ; elles fe réduifent à limpulfion & à quelques autres aéions dérivées de celles-[à : toutes les autres caufes ne fe font connoître que par leur effet, & nous en ignorons entierement la nature : telle eft la caufe qui fait tomber les corps pefans vers le centré de la terre, celle qui retient les planetes dans leurs orbites, &c. Nous verrons bien-tôt comment on peut détermi- ner Les effets de l’impulfion & des caufes quipeuvent S'y rapporter: pour nous en tenir ici à celles de la feconde efpece, il eft clair que lorfqu’il eft queftion des effets produits par detelles caufes, ces effets doiz vent toujours être donnés indépendamment de la connoïffance de la caufe, puifqu'’ils ne peuvent en être déduits ; fur quoi voyez ACCÉLÉRATRICE. Nous n'avons fait mention jufqu’À préfent , que du changement produit dans la vite du mobile par les caufes capables d’altérer fon mouvement : & nous n'avons point encore cherché ce qui doit arriver , fi la caufe motrice tend À mouvoir le cor ps dans une diredtion différente.de celle qu'il a déja. Tout ce que nous apprend dans ce cas le principe de la force d'inertie , c’eft que le mobile ne peut tendre qu’à décrire une ligne droite, & à la décrire umformément : mais cela ne fait connoître ni {a vi- tefle , ni fa diredion, On eft donc obligé d’avoir recours à un fecond principe, c’eft celui qu’on ap pelle la compo/ition des mouvemens ; & par lequel on détermine le mouvement unique d’un corps qui ‘ tend à fe mouvoir fuivant différentes dire@tions à la fois avec des vitefles données. Voyez Composi- TION DU MOUVEMENT. Comme le mouvement d’un corps qui change de direétion, peut être regardé comme compolé du mouvement qu'il avoit d'abord, & d’un nouveau mouvement qu'il a recu , de même le mouvement que le corps avoit d’abord peut être regardé comme compofé du nouveau mouvement qu'il a pris, & d’un autre qu’il a perdu. De-là il s'enfuit, que les lois du mouvement changé par quelques obftacles que ce puffe être , dépendent uniquement des lois du mouvement, détruit par ces mêmes obftacles. Car ileft évident qu'il lufit de ARS le mous ee d 126 M E C vement qu’avoitle corps ayant {a rencontte de l’obf- tacle, en deux autres mouvemens, tels que l’obfta- cle ne nuife point à l’un , & qu'ilanéanufle l’autre. Par-là, on peut non -feulement démontrer les lois du mouvement changé par des obftacles infurmon- tables , les feules qu’on ait trouvées jufqu’à préfent par cette méthode ; on peut encore déterminer dans uel cas le mouvement eft détruit par ces mêmes obftacles. A l'égard des lois du mouvement changé .par des obftacles qui ne font pas infurmontables en eux-mêmes, 1l eft clair par la même raifon , qu'en général il ne faut point déterminer ces lois, qu'a- près avoir bien conftaté celles de équilibre. Voyez ÉQUILIBRE. … Le principe de l'équilibre joint à ceux de la force d'inertie & du mouvement .compofé, nous conduit donc à la folution de tous les problèmes où l’on confidere le mouvement d’un corps, en tant qu'il peut être altéré par un obftacle-impénétrable & mobile , c’eft-à-dire en général par un autre corps à qui il doit néceffawrement communiquer du mou- vement pour conferver au moinsune partie du fien, De ces principes combinés, on peut donc aïifément déduire les lois du mouvement des corps quife cho; quent d’une maniere quelconque... ou qui fe tirent par le moyen de quelque corps interpofé entieux , & auquel ils font attachés : lois auffi certaines & de vérité aufli néceflaire, que celles du mouvement des corps altéré par des obftacles infurmontables, puifque les unes & les autres fe déterminent par les mêmes méthodes. Si les principes de la force d'inertie, du mouve- ment compofé, & de l’équiibre ; font eflentielle- ment différens l’un de l’autre , comme on ne peut s'empêcher d’en convenir ; & fi d’un autre côté, ces trois principes fuffifent à la Méchanique , c’eft avoir réduit cette fcience au plus petit nombre de principes poflbles, que d’avoir établé fur ces trois principes toutes les lois du mouvement des corps dans des circonftances quelconques , comme j'ai rà- ché de le faire dans mon traité. À l’égard des démonftrations de ces principes en eux-mêmes, Le plan que l’on doit fiivre pour leur donner toute la clarté & ja fimplicité dont elles font fufceptibles , a été de les déduire toujours de la confidération feule du mouvement , envifagé de la maniere la plus fimple & la plus claire. Tout ce que nous voyons bien diftinétement dans le mouve- ment d’un.corps, c’eft qu'il parcourt un certain ef pace, & qu'il emploie un certain tems à le parcou- tir. C’eft donc de cette feule idée qu’on doit tirer tous Les principes de la Méchanique ; quand on veut les démontrer d’une maniere nette & précife ; en conféquence de cette réfléxion , le philofophe doit pour ainf dire, détourner la vûe de deflus les cau- fes motrices, pour n’envifager uniquement que le mouvement qu’elles produifent ; il doit entierement profcrire les forces inhérentes au corps en mouve- ment, êtres obfcurs & métaphyfiques, qui ne font capables que de répandre les ténebres fur une fcien- ce claire par elle-même. Voyez FORCE. Les anciens , comme nous l’avons déja infinué plus haut, d’après M. Newton , n’ont cultivé la Me: chanique que par rapport à la flatique ; 8&c parmi eux Archimede s’eft diftingué fur ce fujet par fes deux traités de æquiponderantibus , &c. incidentibus humi- do. Il étoit réfervé aux modernes , non-feulement d'ajouter aux découvertes des anciens touchant la ftatique, voyez STATIQUE ; mais encore de créer une fcience nouvelle fous le titre de Méchanique pro- prement dite, ou de la fcience des corps & mouve- ment. On doit à Stevin, mathématicien du prince d'Orange , le principe de la compofition des forces que M, Vanignon a depuis heureufement appliqué MEC à l'équilibre des machines ; à Galilée, lathéorie de l'accélération, voyez ACCÉLERATION & DEscex- TE ; à MM. Huyghens, Wren & Wallis, les lois de la percuffon , voyez PERCUSSION & CoMMUNICA- TION DU MOUVEMENT ; à M. Huyghens les lois des forces centrales dans le cercle ; à M. Newton, l’extenfon de ces lois aux autres courbes & au {yf- tème du monde, voyez CENTRALE & FORGE ; enfin aux géometres de ce fiecle la théorie dela dynami- re Voyez DYNAMIQUE & HYDRODYNAMIQUE, [0] ab , MÉCHANISME , f.m. (Phyf.) fe dit de la ma- niere dont quelque caufe méchanique produit {on effet; ainfi on dit le meéchanifme d’une montre, le méchani/me du corps humain. MECHE, 1 f. (Gram.) matiere combuftible qu'on place dans une lampe , au centre d’une chan- delle on d’un flambeau qu’on allume , qui brûle & qui éclaire ; abreuvée de lhuile ; de la cire ou du fuif qui lenvironne. La seche fe fait ou de coton , ou de filaffe | ou d’alun de plume ou même d’a- miante , Éc. MECHE DE MAT , ( Marine) cela fe dit du tronc de chaque piece de bois, depuis fon pié jufqu’à la hune. | | MECHE DE GOUVERNAIL, ( Mar.) c’eft la pre- . muere piece de bois qui en fait le corps. MECHE D’UNE CORDE , ( Mar. ) c’eft le touron de fil de carret qu’on met au milieu des autres tou- rons pour rendre la corde ronde. . MECKHE, ( Are milir. ) c’eft un bout de corde allumée qui fert pour mettre le feu au canon , aux artifices, éc, on s'en fert auf pour mettre le feu aux brulots. La meche fe fait de vieux cordages battus , que l’on fait bouillir avec du foufre &c du falpêtre , & qu’on remet en corde grofliere après l’avoir fait fécher. On compte 50 livres de meche par mois pour l’en- tretien des eches & bâtons à meche dans un vaif- feau, 8 on compte que chaque livre de z7eche doit brûler trois fois vingt-quatre heures. MECHe , f. f. (Are milis.) c’eft dans l’art militaire une maniere de corde, faite d’étoupes de lin ou d’é- toupes de chanvre, filée à trois cordons , chaque cordon recouvert de pur chanvre féparément, Son ufage eft, quand eft elle une fois allumée , d’entre- trenir long-rems le feu pour le communiquer ou aux canons où aux mottiers par l’amorce de poudre qui fe met à la lumiere ou au baffinet d’un mouf- quet. j MECHE , outil d Arquebufier. C’eft une baguette de fer ronde de la groffeur d’un demi-pouce , lon- gue de quatre piés & demi, & faite en gouge par en- bas, & tranchante des deux côtés. Le haut eft quar- ré & un peu plus gros pour mettre dans le villebre- quin ; les Arquebufiers s’en fervent pour percer le trou qui eft en-deflous & dedans la croffe du fufil , où s'enfonce le bout de la baguette par en-bas ; ils fe fervent aufli de zreches plus courtes , mais faites de la même façon. Voyez les PL. MECKHE,, serme de corderie ; ce {ont des brins de chanvre qui fe trouvent au centre d’un fil, qui ne font prefque point tortillés, & autour defqunels les autres fe roulent. C’eft un défaut confidérable dans un fil que d’avoir une eche. | MECHE D’UNE CORDE , (Corderie,) eft un toron que l’on met dans l’axe des cordes qui ont plus de trois torons ; &T autour duquel les autres fe rou- lent. Les Cordiers n’ont point de regle certaine pour déterminer la groffeur que doit avoir la meche qu'ils placent dans l'axe de leurs cordages ; ils fuivent pour l'ordinaire l'ancien ufage qu'ils tiennent de leurs maîtres, M. Duhamel enfeigne dans fon Traire de la corderie., que dans les auffieres à quatre to- rons la #reche doitêtre la fixiemepartie.d’untoron ; &c que dans celles de fix torons la meche doit être égale à un toron, entier. | | Ilne fuffit pas de favoir la grofleur qu’on doit don ner aux reches ; 1l faut encore favoir placer la rne- che, Pour cela , on fait pafler cette meche par un trou detarriere,, quitraverle l’axe du toupin, &r on l’ar- rête feulement par un de fes bouts à l'extrémité de la grande manivelle du quarré , de façon qu’elle foit placée entre les torons qui doivent lenvelopper. Moyennant cette précaution, la eche fe place tou- jours dans l'axe de l’aufñere , & à mefure que le toupin avance yers le chantier , elle coule dans, le trou qui le traverfe, comme les torons coulent dans les rainures qui font à la circonférence du toupin. Il y a des cordiers qui, pour mieux raffembler les fils.des meches Les commettent, & en font une vé- titable aufliere à deux ou trois torons. Mais M. Du- hamél prétend, dans {on art de la corderie , qu'il eft beaucoup mieux de ne point commettre les meches , 6c qu'il fufiit de les tordre en même tems, & dans 1e même fens que les torons. Voyez l'article Cor- DERIE. _.MECHE , cerme de perruquier; C’eft ainfi que ces ouvriers appellent une petite pincée de cheveux qu'ils prennent à la fois lorfqu'ils font une cie de cheveux. On coupe les cheveux par zeches, afin qu'ils foient plus égaux parla tête, & qu’ainfi il y ait moins de déchet. #Woyez CHEVEUX. Mecue, (Ÿénerie.) on fait fortir les renards de leurs terriers avec des meches, & voici comme on s’y prend; on prend des bouts de meche de coton, grofle comme le petit doigt, qu'ontrempe, & qu’on laifle imbiber dans de l'huile de foufre , & qu’on xoule enfuite dans du foufre fondu, où l’on a mêlé du verre pilé, qui en rougifiant fait brûler mieux le foufre ; avant qu'ils foient refroidis , on les roule dans l’orpin en poudre, autrement dit arfénic jau- %e, puis on fait une pâte liquide de vinaigre très- fort avec de la poudre à canon, On trempe les 7e- ches dedans pour y faire un enduit de cette com- poñtion , enfuite on met tremper des vieux linges pendant un jour dans de l’urine d'hommes, gardée depuis long-tems , on en enveloppe chaque meche ; quand on veut s’en fervir on l’allume , & on l’en- fonce dans les terriers, & la compoñtion 6 le lin- ge tout fe brûle enfemble; on laifle les trous du ter- rier fur lefquels le vent frappe débouchés , pour que le veñit refoule dans les terriers la fumée que la we- che produit ; on bouche tous les trous au-deffous du vent , à l'exception de celui par où on met la méche, qui doit être aufi au-deflous du vent ; 1l n’y arien dansle terrier qui réfifte à cette meche , &c les renards {ortent, &z on.les prend avec des pantieaux, lorf- qu’on veut les chaffer avec des chiens courans, on fait fumet les terriers la veilles car ils ne tentrent pas de long-tems dans les terriers fumés. . MECHED ; (Géog.) autrement METCHED , oz MESZAT ; ville de Perfe dans le Koraffan ; Scha- Abas y bâtit une fuperbe mofquée, & fit publier en habile politique ; qu'il s’y faloit de grands miracles: {on bnt étoit par-là de décréditer le pélerinage de la Mequie. (D. J.) js | 9 MÉCHOACAN , LE (Borañ.) racine d’une efpece de liferon d'Amérique. Elle.eft nommée éryonia , mechoacanz, alba,dans C. B.P,. 297. Jesuca Mareor. qa. & Pifon 253. C’eftune racine blanche, coupée par tranches, couverte d’une écorce ridée ; elle eft d’une fubftan- ce où l’on difingue à peine quelques fibres, d’un goût doucâtre, avec une ceftaine acreté qui ne fe ‘fait pas fentir d’abord ; & qui excite quelquefois le vomiflement.. : | , Cette racme a des bandes circulaires comme la T OITLE À; M EC 237 brione ; mais-elle en differe en ce qu'elle eft plus vifqueufe, plus pefante ; & qu’elle n’eft pas fon- gueufe ni rouflâtre , niamere, nipuante. On l’ap: pelle méchoacan ; du nom de la province de PAméri- que méridionale, où les Efpagnols l'ont d’abord trouvée au commencement du xv]. fiecle y mais on nous, en apporte amjourd'hui de plufieurs autres con- trées de cette même Amérique méridionale, com- me de Nicaragua, de Quito, du Bréfil, & d’autres endroits. / Cette racine étoit inconnue aux Grecs & aux Arabes ; c’eft fur-tont Nicolas Monard qui l’a mife en ufage au commencement du xvi, fiecle , & nous favons de Maregrave, témoin oculaire, que c’eft la racine d’un. liferon d'Amérique , dont voici la defcription. | + Ilpouffe en terre une fort groffe racine d’un pié de long, partagée le plus fouvent en deux, d’un gris foncés où brun en-dehors, blanche en-dedans; laiteufe , & réfineufe. Iljette des tiges farmenteu- fes, grimpantes, anguleufes, laiteufes, garnies de feuilles alternes , tendres ; d’un verd foncé, {ans odeur , de la figure d’un .cœur , tantôt avec des oreillettes , tantôt fans oreillettes, longues d’un, de deux, de trois ; ou de qüatre pouces , ayant à leur partie inférieure une côte , & des nervures éle- vées. Les fleurs font d’une feule pièce en cloche, de couleur de chair pâle, purpurines intérieure ment. Le piftäil fe change en une capfule-qui con: tient des graines noitätres , de là grofleur d’un pois, triangulaires & applaties, | Les .habitans du Bréfil cueillent les racines au printems ; les coupent tantôt en tranches circeulai- res, tantôt en tranches oblongues, lesenfilent, & les font fécher. Ils tirent aufli de cette racine une fécule blanche, qu'ils nomment Zais, on fécule du méchoacan simais cette fécuie refte dans le pays, les Européens n’en font point curieux. Ils emploient la feule racine, qui purge modéremient.. On accuié même fa lenteur à agir, & la grande dofe, qu'il en faut donner ; d’ailleurs, 1l s’agit d’avoit le 71éch04: can récent ; car fa vertu ne {e conferve pas trois années; Ainfla racine du méchoacanica, qu'Hernandez a décritfous le nom.de,racrache , differe du. wéchoa- can denos boutiques ; 1°. parce que fa racine brûle la gorge ; & que notre rréchaacan elt prefque infi- pide; 2°.-parce que la, plante qu'il décrit fous le nom de wechoacanica, eft différente du cozvolvolus americanus, ou liferon d'Amérique de Maregrayve. (D. 1.) MÉCHOACAN ; (Mat. méd.) On trouve fous ce nom dans les boutiques une racine appellée aufl quelquefois rhubarbe blanche , coupée par tranches, d’une fubftance peu compaéte , couverte d’une écor- ce ridée, marquée de quelques bandes circulaires, d’un goût un peu acre & brülant lorfqu’on la roule long-tems dans la bouche, grife à l’extérieur, & blanche, ou d’un jaune pâle à Pintérieur, On nous l’apporte, dans cet état de l'Amérique méridionale, & principalement de l'ile de Méchoacan qui lui a don- né {on nom, Ii faut choïfir le séchoacan récent , aufli compacte qu'il efbpoñlible, d’un blanc jaunâtre ; & rejeter celui quieft trop blanchâtre ; léger , carié, mollaf fe ; 8t mêlé de morceaux de racine de brione , avec laquelle on le trouve affez fouvent falfñfé. Cette derniere racine eft facile à diflinguer, à fon goût amer; & à fon odeur puante & nauféeufe. x Le méchoacan contient; felon lanalyfe de Cartheu- fer, une portion confidérable d’une terre fubtile blar- châtre & comme farineufe , (c’eft-à-dire d’une fé- cule farineufe, analogue à celle de brione, & de quelques autres racines, voyez FECULE), très-peu FER | DÉTRLE 228 MPESC® de réline ; favoir, demifcrupule fur une once, & quantité aflez confidérable de fubftance sommeufe- faline, c’eftà-dire, de matiere extra@ive, voyez EXTRAIT; {avoir , trois gros fur une once. Cette racine purge doucement donnée en pou- ure à la dofe de demui-once jufqu’à une, dans une liqueur appropriée, Ce remede eft peu employé ;on lui préfere, avec jufte raïon, lejalap, qui purge aufli plus doucement qu’on ne lé penfe communément, mais plus efficacement que le méchoacan , auquel il eft d’ailleurs très-analogue , étant la racine d’une plante de même genre. Voyez JALAP, Æif. nat. bos. JALAP, Mar. méd. MECHOACAN, if}. nas, bor, Orrapporte quelquefois des Indes , fous la forme de petit pain, une certaine matiere qu'on prétend être préparée en épaifüiflant {ur le feu, une liqueur qui a découlé par incifion de la plante de rréchoa- can. M. Boulduc le pere a donné l’examen de cette fubftance dans les wrémores de l'acad. des Sciences, année 1711;1] a trouvé que ce prétendu fuc concret n’étoit autre chofe qu’une fécule abfolument privée de tonte vertu purgarive, & parfaitement analogue à celle qu'il retira d’une liqueur exprimée du méchoa- can infufé pendant plufeurs jours dans l’eau : le même auteur a trouvé que la liqueur féparée par inclination de la fécule , purgeoit aflez bien, de mèê- me que la décoétion du z2échoacar ; maïs encore un coup; on a très-rarement recours à ce purgatif, qui eft trop foible pour la plüpart des fujets. (2) MEÉCHOACAN, (Géog.) province de la nouvelle Efpagne dans l’Amerique feprentrionale. C’eft la troifieme des quatre provinces qui compofoient le Mexique propre. Elle a 8o lieues de tour , & pro- duit tout ce qui eft néceflaire à la vie ; fon nom de Méchoacan fignifie une pécherie, parce qu’elle abon- de en certains poifions excellens à manger, Tho- mas (Gage a fait une defcription un peu romanefque des coutumes de fes anciens habitans ;c’eft aflez pour nous de dire que Valladolid évêché en eft la princi- pale ville. (2. 7.) MECKELBOURG , LE DUCHÉ DE (Géog.) con- trée d'Allemagne dans la bafle-Saxe , avec titre de duché, entre la mer Baltique, la Poméranie, la Marche.de Brandebourg , le pays de Saxe - Lawem- bourg, & le Holftein. Elle eft très-fertile en blé, en pâturages, en venaifon, & en gibier. Elle tire fon nom d’une ville autrefois très-floriffante, Mégalo- polis, & à préfent réduite à une feule maiïfon. Ce duché a 34 13°. d’étendue en longitude, fui- vant M. de Lifle ; 1l fe divife en fix provinces par- ticulieres. 1°. Le Mecklembourg propre. 2°. Le comté de Schwerin , qui appartient à la branche ai- née des ducs. 3°. La Wandalie. 4°. La feigneurie de Roftoch. 5°. La principauté de Schwerin, 6°. La feigneurie de Stutgard. Les premiers habitans de ce pays-là furent les Wandales, peuple qui s’étendit fort loin. Ils en for- tirent , & n’y laïfferent que peu de monde, ce qui donna lieu aux Wendes de s’en emparer. Ces Wen- des ou Slaves étoient un peuple partagé en divers corps ; à-peu-près comme les hordes des T'artares : ces corps prirent des noms différens. On les appela felon leur poñtion, Oborrires, Hérules, Warnaves ou Warins , Tollenfes, Circipanes , & Rhédariens. Enfin les Otrites engloutirent ces différentes na- tions. Aujourd’hui la vraie capitale du duché de Meckelbourg eft Guftow. L’article de ce duché dans la Martimiere , eft aufli favant qu'exatt. (2.J.) MÉCODYNAMIQUE , adj. (Navig.) côté me- codynamique & navigation , eft ce qu’on appelle au- trement Zeues mineures de longitude, ou milles de lon gitude, Voyez MILLES DE LONGITUDE, MEC MÉCOMPTE , . m. (Com.) défaut de fupputas tion, erreur de calcul; ainfi on dit, il ya du #é- compte en cette addition , en cette regle, pour faire entendre que le cälcui n’en eft pas jufte , & qu’on s'y efttrompé D | Mécompte, figniñe aufh cé qui manque au compte de quelque fomme. Il y a du mécompre à mon ar- ent. | Mécompte {e dit encore du mauvais fuccès d’une entreprife, d’une affaire de commerce. Jai trouvé du wécompte dans la vente de mes grains, &c. Did. de comm. (G | MÉCOMPTER , fe tromper, fe méprendre dans fon calcul. _ MÉCON , Le (Géop.) riviere de l'Inde au-delà du Gange ; elle a fa fource au pays de Boutan dans la Tartarie, reçoit des noms différens , felon les con- trées qu’elle arrofe , & prend enfin celui d'Onbe- guaumé , avant que de fe jetter dansla mer. Elle a cela de commun avec toutes les grandes rivieres de ces cantons-là, qu’elle fe déborde comme le Nil, &c coupe les campagnes voifines. (D. J. | MÉCONITES , {. f. ( Hiffnar. ) c’efl la même pierre que l’on appelle ammires , oolites, pifolitus ; elle eft compofée d’un amas de petits corps marins ;! ou de coquilles femblables à des graines, liés par un fuc lapidifique. Quelques auteurs ont voulu faire pañler cette pierre pour des œufs de poiffons pétri- trifiés. Voyez AMMITES 6 OOLITES. MÉCONIUM , f. m. (Pharmacie) le mot vient du, grec unxer, pavot, ft le fuc de pavot, tiré par ex- prefhon, & féché. Voye Pavor. Le réconium differe de l’opium, en ce que le der- nier coule de lui-même , après une incifion faite aux têtes de pavot ; au - lieu que le premier fe tire par expreflion des têtes, des feuilles, & même de toutes. les parties de la plante pilées & preflées en- femble. Voyez OPIUM. | MÉconiIuM, ( Médec. ) eft auffi un excrément noir & épais, qui S'amafle dans les inteftins des en. fans durant la groffeffe. I! reffemble en couleur & en confiftence à la pul- pe de caffe. On trouve aufli qu'il reffemble au meé- conium ou fuc de pavot, d’où lui vient fon nom. MÉCONNOISSABLE , MÉCONNOISSANCE ; MÉCONNOISSANT ,MÉCONNOITRE , (Gram.} méconnoiffable, qu'on a peine à reconnoître tant al eft changé , foit en bien , foit en mal; la petite vé- role l’a rendu wréconnoiffable. Méconnoiflance n’eft guere d’ufage, cependant on le trouve dans Patruw pour fynonyme à ingratitude, Méconnoif[ant ne s’eft guere pris que dans le même fens. Mécornoirre a la même acception , & d’autres encore : on dit les vi- lains enrichis #éconnoiffent leurs parens ; les longs voyages l’ont tellement vieilli, qu'il eft facile de le méconnoître ; en quelque fituation qu'il plaife à la fortune de vous élever, ne vous #éconroiffez point: MÉCONTENT , MÉCONTENTE, MÉCON- TENTÉ, MÉCONTENTEMENT , ( Gramm.) ter- mes relatifs à l’impreflion que notre conduite laifle dans les autres ; fi cette impreffion leur eft douce ; ils font contens ; f elle leur eft pénible , ils font _méconrens. Quelle que foit la juftice d’un fouverain, il fera des mécontens. On ne peut guere obliger un homme qu’en lui accordant la préférence fur beau- coup d’autres, dont on fait ordinairement autant de mécontens. Il faut moins craindre de #écontenter que d’être partial. Les ouvriers font prefque tous des malheureux , qu'il y auroit de l’inhumänité à mécontenter , en retenant une partie de leur falaire. Il eft difficile qu'un #écontentement qui n’eft pas fon- dé , puifle durer long-tems. Quand on s’eft fait un caratere d'équité , on ne mécontente qu’en s’en'éçar- tant; quand au contraire , on eff fans caraétere, on M EC mécontente également en.faifant-bien ou:mal. Les hommesin'ayant plus de regle que leur intérêt, à laquelle ils puiflent rapporter votre conduite, ils ‘fe rappellent les injufticesque vons avez commiles, ils trouvent fort mauvais que vous vous aviez d'être équitable une fois à leurs dépens ,: & leurs murmures-s’élevent: LEZ 7 , MECQUE , za, ( Géog.) ancienne ville d’Afie -dans Arabie heureute , & dans la province d’Hy- gaz, Les Mahométans Pappellènt Omm-alcore ; (a ere des villes. Selon M. Thevenot, elle eit à-peu- prés grande comme Marfeille, mais pas lequart auffi peuplée ; cependant elle eft non-feulement fameufe pour avoir donné la naiffance à Mahomet , & à caufe que les feétateurs de ce faux prophete y vont en grand pelerinäge , comme nous le verrons dans la fuite,mais encore parce qu'elle avoitun temple qui dans l’ancien paganifme n’étoit pas moins revéré des Arabes que celui de Delphes l’étoit des Grecs. Cenx qui avoient la préfidence de ce temple £toient d'autant plus confidérés , qu'ils pofédoient, comme aujourd’hui,le gouvernement de la ville, Auf Mahomet eut la politique , dansune trève qu’il avoit conclue avec les Mecquois fes ennemis , d’ordonner à fes adhérens le pélerinage de la Mecque. En confer- vant cette coutume religieufe , qui faifoit fubfifter le peuple de cette ville, dont le terroir eft des plus ingrats , 1l parvint à leur impofer fans peine le joug de fa domination. | La Mecque eft la métropole du Mahométifme , à caufe de fon temple on kiabé, maifon facrée, qu'ils difent avoir été bâtie dans certe ville par Abraham ; & ils en {ont fi perfuadés , qu'ils feroient empaler quiconque oferoit nier qu’il ny avoit point de ville de la Mecque du tems d'Abraham. Ce kiabé,, que tant de voyageurs ont décrit, eft au milieu de la mofquée appellée karam par les Turcs ; le puits de zemzein., fi refpeété des Arabes , eft aufli dans l’en- ceinte du: haram. La ville, le temple, la mofquée & le puits, font fous la domination d’un fériph, ou, comme nous écrivons , shérif, prince fouverain comme celui de Médine, & tous deux defcendans de la famille de Mahomet ; le grand-feigneur , tout puiffant qu'il ef, ne peut les dépofer qu'en mettant à leur place un prince de leur fang. La Mecque ef fituée dans une vallée ingrate , en- ‘tre des montagnes ftériles, à 90 lieues S. O. de Mé- dine , & 40 milles de la mer Rouge , où eft Gidda où Jodda,, qu'on appelle le port de la Mecque. Long. felon de Lifle, Go, 10. Lar. 21. 40. MEÉCRAN ,LE, ( Géog. ) province de Perfe aux confins de l’Indouftan , entre le Kerman all COU- chant, le Seyeftan au nord , le pays de l’Inde au le- vant, & la mer au midi. Il répond à la Gédrofie des anciens , & eft toute environnée de deferts & de terres fablonneufes. Nous n’en connoïflons que la côte, & encore fi peu, que c’eft comme fi nous n’en connpiflions rien. MECYBERNA , ( Géog. ac. ) lieu de Macédoine à 20 ftades d’Olinthe, felon Suidas, dans le golfe qui,en prenoit le nom, Mecybernens finus , appellé préfentement le golfe d’4iomama. (D. J.: MÉDAILLE , f. f. ( Are Aaurmifmat,) numifina dans Horace ; piece de métal frappée & marquée , {oit qu’elle ait été monnoiïe ou non. | Le goût pour les médailles antiques prit faveur en Europe à la renaïflance des beaux-arts. Pétrarque , qu'a tant contribué à retirer les Lettres de la barba- rie où elles étoient plongées, rechercha les médailles avec un grand empreflement; & s’en étant procuré quelques-unes, il crut les devoir offrir à l’empereur Charles IV. comme un préfent digne d’un grand prince. M EC 229 Dans le fiecle fuivant , Alphonfe roi de Naples &t d’Arragon , plus célebre encore par fon amour pour les Lettres que par fes vidoires , fit une fuite de rvédailles affez confidérable pour ce tems-là. À l’e- xemple de ce monarque , Antoine , cardinal de Saint Marc , eut la curiofité de former à Rome un cabinet de médailles impériales. . Coime de Médicis commencoit dans le même terris à Florence cet immenfe recueil de manuferits , de flatues!, de bas-relicfs, de marbres , de pierres gra vées &-de médailles antiques, qui fut enfuite conti« qué avec la même ardeur par Pierre de Médicis fon fils ,& par Laurent fon petit-fils. Les encouragemens & les foconrs que les Savans reçurent de la maifon de Médicis , contribuerent infiniment aux progrès rapides que les Lettres firent en Italie. Depuisla fn du xv.fiecle , le goût de l'antique & l’étude des #é« dailles s'yfont perpétués , & les cabinets s’y font mulripliés & perfe@ronnés. L'Allemagne connut les médailles dans'le xvj.fie- cle ; Maximilien I. en raffembla beaucoup, &infpira par fon exempleaux Alfemans l’amour pour ces pré- cieux reftes d’antiquité. Nous trouvons.les eflais de leur goût pour ces monumens , danslé livre de Jean Xuttichius fur la vie des empereurs.& des Céfars enrichie de leurs portraitstirés des médailles antiques. Celivre fut publié en1525, réimpriméen 1534, & augmenté trois ans après de 42 rrédailles confulaires gravées en bois. m Budé fut le premier en France qui #é pour l'étude de l'antiquité, fit une petite colletion de rrédailles d'or & d'argent , avant même qüe d'écrire fur leë monnoies des anciens. Il futimité par Jean Grollier;: Guillaume du Choul & quelques autres. Les progrès que cette fcience a! fait enfuite dans ce royaume ; font trop connus pour qu’il foit néceffaire de nous y arrêter. | | Le goût des médailles prit la plus grande faveur dans les Pays-Bas, lorfque Goltzius vint à s’y réfu- gier; & ce goût pafla bientôt la mer, pour jetter dans la grande-Bretagne des racines auf vives que, profondes. À l'égard de l’Efpagne , Antonio Auguftini, mort archevêque de Tarragone en 1586 , eft le premier & paroit être prefque le feul qui fe foit appliqué à connoïître & à raflembler des médailles. Ce {avant homme , l’un des plus célebres antiquaires de {on tems ; éffaya de répandre parmi les compatriotes læ paflion qu'il avoit pour les monumensantiques ; mais {es tentatives furent infruétueufes, perfonne ne mar: cha fur fes traces. Il n’en a pas été de même dans les autres pays que J’ai nommés. Dès lan 155$ on avoit yû paroître en Italie le difcours d'Enée Vico , pour introduire les amateurs dans l’intimeconnoiflance des médailles: L'auteur y traita de la plüpart des chofes qu’on peut y obferver en général , des métaux fur lefquels on lés a frappées , des têtes des princes qu’elles repré- fentent ; des types gravés fur les revers , des légen- des ou infériptions qui fe lifent fur les deux côtés de la médaille ; des médailions & des contorniates ; des médailles faufles ou falfifiées ; enfin, des faits h:fto- riques dont on peut ou.établir la vérité, ou fixer la date par le moyen des zrédailles ; de la forme des édifices publics qu’on y remarque ; des noms des perfonnages qu'on lit fur ces monumens, & des dif férentes magitratures dont il y eft fait mention. En 1576 Goltzius publia dans les Pays-Bas fes mé: dailles des villes de Sicile & de la grande Grece; l’année fuivante Urfini mit au jour les monumens numifmatiques des familles romaines jufqu’au regne d’Augufte ; entreprife continuée dans le même fie- cle par Adolphe Occo , jufqu’à la chûte de l'empire: À la foule de beaux ouvrages qui parurent dans 555 MED le fecle fiivant für les médailles en général ,les An: fiquaites y joignirent les explications detoutes celles! de leurs propres cabinets êc dés cabinets étrangers : älors on fut'en état , par la comparaifon de tant de monumens ; foit entr’eux > foit en les confrontant avec les auteurs grecs 8x latins, de former des fyfte- mes étendus fur l’art numifmatiqué. Plufieuts favans n’oublierent pas d'étaler, peut- être avec excès, les avantages que PHiftoite & la Géographie peuvent tirer des médailles & des inf- criptiônss 11 eft vrai cépéndant que ces Monumens brécieux-réunis enfemble, forment prefque une hif- foire fuivié d'anciens peuples, de princes , & de grandes villes ; &c leur autoritéeft d'autant plus ref- pedable , qu'ils n’ont pu être altérés..Ce font des témoins contempordins des chofes qu'ils atteftent tevêtus de l’autorité publique , qui femblent n’avoir furyéeu à une longue fuite de fiecles &c aux diver- fes révolutions des états, que pour tranfmettre à la oftétité des faits plus où moins importans ; dont élle ne poufrôit d’ailleurs avoir aucune connoïflance. On nignoré pas que M. Spanheim a réduit à des points généraux l’objet des zédaillts en particulier, bour en juftifier l’utihté ; & M. Vaillant , rempli des mêmes vies, a diftribué paf regnes toutes les 7é- dailles des villes grecques fous Pempire Romain. D’auttes auteurs fe tournant d’un autre côté, ont Envifagé le$ médailles commé monnoie , &t en ont comparé le poids & la valeur avec celle des monnoies modernes ; l’exarñen de ce feul point a déja produit plufieurs volumes. Fay 4 | Enfin les ouvrages numifmatiques fe font telle- ment multipliés , qu'on avoit befoin d’une notice des favans qui ont écrit fur cette matiere; c’eft ce ia éxécuté complettement le P. Bauduri , dans fa bibliotheca nummaria , imprimée à la tête de fon grand ouvrage des médailles depuis Trajan Dece , jufqu'à Confrantin Paléologue. | Mais cé fiecle ayant trouvé quantité de nouvelles médailles , dont on a publié des catalogues exaëts , c’cft aujourd’hui qu’on eft en état de rendre par ce moyen lhiftoire des peuples plus détaillée & plus intéreflante qu'on ne pouvoit la donner dans le fiécle précédent. se tente à - Voilà comment la foience des médailles s'étant in- fénfiblement perfeétionnée, eft devenue , parmi les Monumens antiques , celle qui fe trouve la plus pro- pre à illuftrer ceux qui la cultivent. Il ne faut pas éétonner du goût qu'on a pris pour elle : fon étude brillante-n’eft point hériflée des épines qui rendent les autres fciences triftes & fâcheufes. Tout ce qui éntre dans la compofition d’une #7édaille contribue à rendre cette étude agréable: les figures amulent Les yeux ; les légendes, les infcriptions y les fymbo= Îes toujours variés, réveillent lefprit êr quelquefois Pétonnent. On y peut faire tous les jonrs d'heureu- és découvertes : fôn étendue n’a point de bornes; les objets de toutes les fciences &z de tous les arts font de fon reflort , fur-tout l’Hiftoire , la Mytho- logie , la Chronologie , & l’ancienne Géographie. Je voudrois bién traiter un peu profondément cette belle fcience dans tous les articles qui la con- Cernent , entr’autres dans fon article générique , & c’eft à quoi du-moins je donnerai mes foins ; mais: pour éviter qué ma foible vûe ne m'épare dans cette entreprile ; j'emprunterai mes Iurnieres desinftruc- tions du P. Jobert, des excellentes notes dont M. le Yaron de la Baftie les a enrichies ; des mémoires de l'académie des Infcriptions, & de tous les autres li- vres propres à me guider. Je tâcherai de mettre de la netteté dans les fubdivifions néceffaires , &c de remplir avec exaitude les articles particuliers. Le leéteur en les rafflémblant y pourra trouver lés fe- tours fuffifans pour acquérir lesélémens delafcience || ME nuinifmatiqie, & peut-être pour l'engager vemfaire une étude plus profonde. L'on s’étoirpropofé de fa. ciliter cette étude par les Planches ; maisdeshommes habiles nous ontrepréfenté que les feules médailles très-rates alloient à plufieursmillesset à: 4. Divifion générale des tnédailles: Tountés les médailles fe partagent en deux claffes générales ; en antiques êt en modernes ; car C’eft de cette premiere notion. que dépend l’eftime.êcle prix des médailles. ! Les antiques font toutes celles qui ont été frap=< pées jufque vers le mieu du ïij, où jnfqu'auix. fie cle de Jefus-Chrift:; je fuistobligé-de m’exprimer ainf, à caufe du différent goût des curieux, dont les uns font finir les médailles antiques avec le haut empire ; dès letems de-Gallien:, 8 -même quelque: fois avant Gallien ; les autres feulement au tems de Conftantur; d’autres lesoportent jufqu'à Auvufte , dit Auguftule:; d’autres même ne lestterminent qu’a- vec Charlemagne , felon les idées: différentes qu'ils {e forment ; & qui font purement arbitraires. Les modernes font toutes celles quiont été-faites depuis 300 ans: nous en ferons un article à part. On diftingue dans les antiques les grecques &r les romaines : les grecques font les premieres &8z les plus anciennes ; puifqu'’avant la fondation de Rome les rois & les villes grecques frappoient de très-belles monnoiïes de fous les trois métaux ; &c avec tant d’art, que dans l’état le plus floriffant de la républi- que & de l'empire, l’on a eu bien de la peine à les égaler. On en peut juger par les médaïllons grecs qui nous reftent , car 1l y ena de frappés pour les rois &c d’autres pour les villes de la Grece: Il faut avouer que dans ce qui concerne les figures; les médailles grecques , généralement parlant; ont un deffein, une attitude, une force & une délicatefle X exprimet juiqu'aux mufcles & aux veines ,qui, fou- tenues par un très grand relief , leur donnent une jufte préférence en beauté fur es romaines. Ces dernieres font confulaires ou impériales: Of appelle séduilles coufulaires celles quilont été frap- pées pendant que La république romaine étoit gou- vernée par les confuls ; on nomme #rédailles impén riales celles qui ont été faites fous les empereurs. Parmi les impériales on diftingue le haut & le bas empire ; «& quoiqu'à légard de ce qu’on appelle moderne les médailles des empereurs jufqu’aux Paléo- loguespaflent pour antiques, encore qu’elles defcen- dent jufqu’au xv. fiecle,les curieux en gravure n’ef. timent que celles du haut empire, qui commence à Jules-Céfar ou à Augufte ; & finit, felon eux, aw tems des trente tyrans. Aïnf les médailles du haut empire s'étendent environ depuus l’an 709 de Rome, 4 ans avant Jefus-Chrift,jufqu’àl’an 1010 deRome ouenviron , & de Jefus-Chriit environ 260. Le bas empire comprend près de douze cens ans; fi l’on veut aller jufqu’à laruine de l'empire de Conf- tantinople , qui arriva l’an 1453, que les Furcss’en rendirent les maîtres ; de forte qu'on ne reconnut plus que l'empire d'Occident dans tout le monde chrétien. Ainfñ lon peut y trouver deux différens | âges ;le premier depuis Pempire d’Aurelien ou de Claude le Gothique, jufquà Héraclius, quieft d’en- viron 350 ans; le deuxieme depuis Héraclius juf- u’aux Paléologues, qui eft de plus de 800 ans. Des différens métaux qui compofent les médailles. Le prix des zédailles ne doit pas être confidéré précifé- ment par la matiere, c’eft un des premiers principes de la fcience des rrédailles : fouvent une même 7ré- daille frappée {ur l’or fera commune , qui fera très- rate en bronze ; & d’autres fort eftimées-en or , le feront très-peuren argent & en bronze, Par exemple, un Othon lätin de erand bronze , -n’auroiït pas de prix : onne connoît que (des médailles d'Othon en moyen bronze, frappées dans l'Orient , à Antioche | MED & en Egypte, elles font mème très-précienfes ; maïs un Othon d’or ne vaut que quelques piftoles an- deffus de fon poids , qui eft environ de deux gros ; êt le même Othon d'argent ne vaut qu’un écu au- delà de ce qu'il pefe , excepté qu'il n’eût quelque revers extraordinaire qui en augmentât le prix. Si même l’on pouvoit recouvrer quelques-unes des : monnoies de cuir qui étoient en ufage à Rome avant le regne de Numa, & que l’hifioire nomme af/es fcor- | ri, On n'épargneroit rien pour les mettre à la tête | d’un cabinet. ILeft utile de connoître les métaux antiques’; afin | de n’y être pastrompé, & de favoir ce qui formeles | différentes fuites où les métaux! ne doivent jamais être mêlés , fi ce n’eft lorfque pour rendre la fuite d'argent plus ample & plus complette , on y place certainestêtes d'orqui ne fe trouvent plüsen argent; car cela s'appelle enrichir une fuite. Ajoutons cepen- dant que dans la fuite des rois & des villes, il eft aflez d’ufage de mêler enfemblé!les trois métaux! & même les différentes grandeurs : c’eft aufli ce quife pratique ordinairement dans la fuite des médailles confulatres ; mais cela vient de ce qu’il y a des têtes de rois &c des familles romaines qui ne fe trouvent que dans l’un des trois métaux & fur ces pieces de différent volume , outre l’extrème difficulté qu'il y auroit de raflembler un affez grand nombre de ces têtes de même métal & de même volume ; pour en compofer une fuite. On voit déja par ce détail que la matiere des me: daïlles antiques fe réduit à trois principaux métaux , Por, Pargent & le cuivre , qu’on nomme bronze par honneur. Les médailles d’or, à ne parler que des feu: les impériales , peuvent être d'environ trois mille : lès médailles d'argent vont bien à fix mille ; mais les médailles de bronze , en y comprenant les trois diffé- rentes grandeurs, pourtoient aller à plus de trente mille, puifque le petit bronze feul s’étend peut-être juiqu'a vinpt mille. Le célebre Morel, que la mort furprit lorfqu'il travailloit à exécuter le grand & dtile deffein de graver toutes les wédailles connues , fe propofoit d’en repréfenter vingt cinq mille , quoi- qu'il terminât la fuite des impériales à l’empereur Héraclius. Si donc au nombre des médailles impéria- les en or , en argent, & dans les trois grandeurs de bronze , on y ajoutoit les médaillons en tous mé- taux, les quinaires , les potins, Les plombs antiques, les confulaires , les srédailles des rois & des villes grecques , il eft vraflemblable que le nombre des médailles antiques connues pañleroit cinquante mille. On ne peut guère réfléchir fur la découverte de tant de redailles, fans venir à fe perfuader qu’elles étoient originairement des monnoies répandues dans le commerce, c’eft-à-dire des efpeces courantes ou dans tout l'empire, ou du-moins dans Les pays où elles ont été battues. 1°, L’ufage des métaux monnoyés a de tous tems été dans l’Empire , comme il eft encore aujourd’hui parmi nous: cet nfage eft abfolument néceffaire dans le commerce , depuis qu’on ne trafique plus par le feul échange des marchandifes ; il faut donc croire qu’il n’a point été interrompu dans le fiecle de Conf- tantin , non plus que dans les précédens. On ne peut douter que durant tant de fiecles on n’ait frappéune bien plusprande quantité de pieces de monnoies que de jettons, qui n’avoient aucun cours dans le com- merce. Par quel miracle feroit-il arrivé que ces jet- tons feuls fe fuffent confervés , qu’on en trouvât une infinité par-tout, & qu’au contraire il ne nous fût refté aucune monnoie ? Quand on me dit qu'il nous eft refté beaucoup moins de médaillons que de me- darlles ; je répons aufh-tôt que les médaillons n’é- toient d'aucun ufage dans le commerce, & qu’il s’en frappoit beaucoup moins que de monnoies ; mais MED 237 quand on me demande pourquoi oh trouve une if. finité de médailles | & qu'il ne nous tefte plus aucune monnoie antique, je ferois forcé , fi je convenois du fait, d’avouer que c’eft un prodige. 2° Il eft conftant que la plüpart des #édailles, foit d'argent, foit de bronze, que nous avons du tems de la république (car pour parler médaille, tout 1e monde fait qu’on donne le nom de bronze au cui- vre ), ileft conftant, dis-je | que c’éroient les MOÔI- noies courantes. La plüpart en portent la marque 1m- dubitable , qui eft la valeur de chacune ; fur celles d'argent le Xa. le Q. le IS, font voir qu'elles vas loient tant d’as ; & {ur éelles dé brosze, le nombre de 0. 00. 000. 0000. dit qu’elles valoientune once, deux onces, trois onces, quatre onces y Ge. Pourquoi dont du tems des émpereurs n’auroit:on pas contre nué la même chofe, quoique ces marquesne s’y trous vent-ellés pas ? c’eftque l’ufage commun frifoit aie favoir, comme A-préfent, la valeur de chaque piece: Aïnfi nous ne noùs étendrons point à répéter les preuves que Patin a données après Savot & les au tres antiquaires , que toutes lès médailles que nou$ avons font les vraies monnoïës dont ‘on {e fétvoit dans ces tems:là : il fufär de rappeller ceux qui fes roient d’un fentiment contraire à ce uraclé, qui ferà toujours inconcevable , puifqi'il n’y atroir que les médailles qui auroient eu le Bohbieur de fe COnferver jufqu’à nos tems, pendant qhe toutés les monnoïieë abfolument fe feroient perdues, fans que dans ces tréfors qu’on tire encore rous lés jours des entraillég de la terre, on en pût rencontrér une {bule° 3°. Quand les médaillés déclärént elles - mêmes qu'elles font des monnoies’, il me femble qu’on doit les en croire für leur propre témoignage: Or noùs avons dans Ie fiecle de Conftantin pluñieutrs mérite les qui portent pour légendes, Srére Monera Angd, & Cœf. NN. Pourquoi ne voulôir pas lire dans leg lettres initiales de l'exergue, ce qui fe lit dans M légende tout au long , en expliquant S. M. par Sac/d Moneta ; plütôt que par Socieras Mercatorubr ? Nous avons aufli des médailles qui portent Mort Urbis. Cela veut-il dire dés jezrons ? Ce qui s’appellé rOnnO1e du prince où monnoié dé la ville, n’eft point fans doute un préfent fait pardes marchands gauloise Nons avons enfin Moneta Augufii, & Monera Ango. Dans Hadrien, dans Antonin, dans Septime Sevéré &t fous prefque tous fes fucceffeurs ; dans Trajan Dèce , Frébonien, Galle, Volufien, Valérien , Gale lén , Salonien, Pofthume, Tétrièus , Claude lé go- thique, Tacite, Florien, Carus, Carin , Numérien: &c. nous avons Moreta Augufli fur les médailles de quelques princeffes, comme de Julia Pia, &c. Sous d’autres empereurs où on ne trouvé pas Moñera , on trouve Æquiras Ang. avecle mémetyped’uné femmé affife ou debout qui tient une balance. Cependant je ne voudroïs pas décider que toutes les médailles ab{olumént fans exception , fuffent or ginairement des monnoies ; je crois cela prefque toujours vrai , mais il pent fe faire qu’en cértaines occafions ôn ait frappé dés médailles au poids & au titre de la monnoïe courante , fans avoir deffein de les faire pafer dans le commerce , & unigtrement dans la vüe de conferver la mémoire de quélque évenement remarquable , où par d’autres raï{ons particulieres ; mais s’il fé trouve de ces médailles , elles font en fi petit nombre, que l’opinion d’Erizzô &t du P. Hardouin n’en eff pas moins infotenable: Des différentes grandeurs qui forment les fuites en bronze. La grandeur de toutes les médaillés antiques n’eft ordinairement que depuis trois pouces de diaz metre juiqu'à un quart de pouce , foit enor, foït en ärgent, foit en cmivre, qui font les principaux mé taux fur léfquels travailloient les monéraires. | On appelle #rédaillons les médailles qui font d'une 232 MED grandeur extraordinaire, Voyez MÉDAILLON. I y aune fi grande quantité de médailles de bron- ze, qu’onles fépare en trois grandeurs, qui forment ces trois différentes fuites dont les cabinets font rem- plis, le grand bronze, le moyen bronze &t le petit bronze : on juge du rang de chacun par fon volume, qui comprenden même tems l’épaiflenr & l'étendue de la médaille , la groffeur & le relief de la tête ; de forte que telle médaille qui aura l’épaifieur du grand bronze, pour n’avoir que la tête du moyen , ne fera que de la feconde grandeur. Telle autre qui n'aura prefque point d'épaifleur , pour avoir la tête aflez groffe , fera rangée parmi celles de la premiere grandeur. L'inclination du curieux y fait beaucoup ; car ceux qui préferent le grand bronze y font entrer beaucoup de médailles qui dans le vrai ne font que de moyen bronze , y placent des médailles quidevroient être mifes dans le grand, particulierement pour avoir des rêtes rares , qu'on.a peine à trouver dans toute forte de grandeur. Ainfi l’Othon de moyen bronze , l’Antonia, le Drufus, le Germanicus, fe mettent dans le grand bronze; & d’antres têtes du petit bronze fe placent dans le moyen , fans que perfonne fe foir opiniâtré à faire un procès furcelaaux curieux, pour les contraindre à déranger leurs cabinets. Chacune de ces grandeurs a fon mérite : la pre- miere, qui fait le grand bronze, excelle par la déli- catefle & la force du relief, & par les monumens hifforiques dont les revers font chargés, & qui y patoiflent dans toute leur. beauté : la feconde , qui eft le moyen bronze, fe fait confidérer par la multi- tude, & par la rareté des revers, fur-tout à canfe d’une infinité de villes grecques & latines, qu’on ne tiouverpréfque point en grand bronze : la troifieme, ui fait le petit bronze, eft eftimable par la nécefire dont. elle eft dans le bas empire , où le grand & le moyen bronze abandonnent les curieux, 8 où lun & l’autre, quand ils fe rencontrent, pañfent pour médaillon. | IL faut favoir , pour ne pas fe donner une peine inutile", que la fuite complette du grand bronze ne s’éténd point au-delà des Pofthumes , parce qu'il eft infiniment rare de trouver dans le bas empire des médailles de ce volume : celles qui fe rencontrent de- puis Anaftafe n’ont communément m1 l'épaifleur , ni le relief, ni la groffeur de tête fuffifante ; cependant fans paffer les Pofthumes, on peut, comme nous l'avons dit, pouffer la fuite au-delà de trois mille, La fuite de moyen bronze eft la plus facile à for- mer & la plus complette, parce que non-feulement elle va jufqu'aux Pofthumes , mais jufqu’à la déca- dence de l’Empire romain en Occident & même en Orient jufqu’aux Paléologues. À la vérité , depuis Héraclius , il eft difficile de les tronver toutes : on eft forcé d'interrompre la fuite ; maïs cela peut ve- nir du peu de foin qu’on a eu de les conferver , à çaufe qu’elles font fi groflieres &c f-informes , qu’il femble que la gravure ne fait plus alors que gratter miférablement le méral; & rien ne prouve mieux la défolation de l’Empire que la perte univerfelle de tous les beaux-arts, qui paroïît fi fenfiblement dans celui de la Gravure. | La fuite de petit bronze eft affez aifée à former dans le bas empire , puifqu’on a de ces fortes de médailles depuis les Pofthumes jufquw’à Théodofe ; mais depuis Jules jufqu’aux Pofthumes, il ef très- difiicile de la remplir ; & depuis Théodofe jufqu’aux Palélogues, avec qui l’empire des Grecs a fini, 1l eftahfolumentimpofñble d’y parvenir fans le fecours de l’or & de l'argent , & même de quelques moyens bronzes : car ce n’eft que de cette maniere que M. du | Cange,un des favans hommes du dernier fiecle dans l'Hiftoire, nous a donné cette fuite dans fon livre des familles , qu'il nomme #yçazines ; parce qu’elles MED ne font venues à l'empire qu'après la fondation de Conftantinople , dite auparavant Byzance, dont Conftantin ft une nouvelle Rome. Aufñ a-t-elle fait gloire d'oublier fon ancien nom-pour prendre celui de fon reftaurateur. Ïl ne faut donc point efpérer d’avoir aucune fuite complette de chaque métal en.particulier, ni de chaque grandeur différente, mais onne doit paspour cela les pârer par le mélange des différens métaux; cependant on permet , pour la fatisfaétion de ceux qui veulent avoir une fuite des plus complettes, de mêler le petit bronze avec le moyen, afin defe voir fans interruption notable conduits, depuis larépu- blique romaine, qui perdit fa liberté fous Jules-Cé- far , jufqu’anx derniers empereurs grecs, qui furent détrônés par les Turcs l’an 1453. Ainfi la fuite des médailles nous trace pour ainfi dire l’hiftoire de plus de quinze fiecles. | Tr Des fuites de médailles par les têtes & par les revers. On.peut encore compofer des fuites fort curieufes par les têtes des médailles, en rangeant par ordre les médailles des rois, des villes, des familles romaines, des empereurs & des déités : ce font autant declaffes fous lefquelles on diftribue toutes les différentes fui- tes de médailles , comme nous l’expliquerons fort au long au #0 SUITE, Art numifmatique, Quant aux revers qui rendent les médailles plus ou moins curieufes, nous en détaillerons le mérite au rot REVERS ; mais dès qu’on eft parvenu à former les fuites de médailles d’un cabinet, 1l s’agit de con- noître l’état de chaque srédaille, parce que c’eft de- là que dépend particulierement leur prix 6 ieur beauté. | De l’état & de la beauté des médailles. Tes antiques médailles ne font les plus belles &c les plus précieu- fes que lorfqu’elles font parfaitement confenvées ; je veux dire lorfque Le tour de la médaille & le gre= netis en font entiers, que les figures imprimées {ur les deux côrés en font connoifiables, & que la lé- gende en eft lifible. Il eft vrai que cette parfaite confervation eft quel- quefois un jufte fujet d’avoir la médaille pour fuf- peéte, & que c’eft par-là que le Padouan & le Par- mélan ont perdu leur crédit. Cependant ce n’eft point une preuve infaillible qu’elle foit moderne, puifque nous en avons quantité d’indubitables,, de tous métaux, & de toutes grandeurs, que l’on ap- pelle fleur de coin, parce qu’elles font aufli belles, aufli nettes, & aufli entieres que fielles ne faifoient que de fortir de la main de l’ouvrier. Le prix de la médaille antique augmente encore par une autre beauté que donne la feule nature, êt que l’art jufqu’à préfent n’a pu contrefaire, c’eft le vernis que certaine terre fait prendre aux #édailles de bron- | ze, & qui couvre les unes d’un bleu turquin, prefque auffi foncé que celui de la turquoife ; les autres d’un certain vermillon encore inimitable; d’autres d’un certain brun éclatant & poli, plus beau fans compa- raifon que celui de nos figures bronzées , &c dont l’œil ne trompe jamais, ceux même qui ne font que médiocres connoïfleurs, parce que fon éclat pañle de beaucoup le brillant que peut donner au métal le {el armoniac mêlé avec le vinaigre. Le vernis ordi- naire éft d’un vert très-fin, qui fans effacer aucun des traits les plus délicats de la gravure, s’y attache plus proprement que le plus bel émail ne fait aux métaux où on l’applique. Le bronze feul en eff fuf- ceptible ; car pour l'argent, la rouille verte qui s’y attache ne fert qu’à le gâter, & il faut l’ôter foi- _gneufement avec le vinaigre ou le jus de citron, lorfqu’on veut que la médaille foit eftimée. Quand donc vous trouverez une médaille frufte ordinaire, c’eft-à-dire à laquelle il manque quelques- unes des chofes néceflaires, foit que le métal foit Écorné écorné où ropné, le grenetis effleuré, les figurés biffées ; lalépende effacée , la tête méconnoiflable ; ne lui donnéz point de place dans votre éabinet: mais plaignant le fort malheureux des grandeurs humaines, laiflez aller ces princes qui ont autrefois fait trembler la terre, mollir fur l’enclume de l’or- févre , ou fous le marteau du chaudronnier, Si néanmoins c'étoient de certaines #édailles fi ra- res, qu’elles puffent paffer pour uniques ; ouque l’un des deux côtés fût encore entier, ou que la légende fût finguliere ou lifible, elles mériteroient fort d’être gardées, & ne laifferoient pas d’avoir leur prix. En effet, on voit-peu de cabinets où il n’y en ait quelqu'une de mal confervée , & l’on eft trop heu- reux quand on peut avoir, même avec imperfeéhon, certaines têtes rares, pourvûü qu’elles foient tant-foit- peu connoifables ; il ne faut pas fur-tout fe rebuter pour une légende effacée, quand le type eft bien confervé, puifqu'il y a des favans qui les déchif- frent à merveille, témoins M, Vaillant & M. Morel, qui par un peu d'application, rappelloient les mots les plus invifbles , & réfufcitoient les caradteres les plus amortis, Il eft bon de favoir que les bords des rrédailles, éclatées par la force du coin, ne pañlent pas pour un défaut qui diminue le prix de la médaille, quand les figures n’en font point endommagées ; au con- traire, c'eft un figne que la rrédaille n’eft point mou- lée ; ce figne néanmoins ne laïfle pas d’étre équivo- que, à l’égard de ceux qui auroient battu fur l’anti- que , car cela ne prouveroit pas que la tête ou le revers ne fût d'un com moderne, & peut-être tons les deux. _ Prenez garde aufli à ne pas rebuter les sédailles d’argent dont les bords font dentelés, & qu’on nom- me zumi]mata ferrata, parce que c’eft encore une preuve de la bonté & de l'antiquité de la médaille. _ Maisilfe trouve certains défauts qui nuifent à la beauté des médailles; &: qu’on ne peut attribuer qu’à la négligence des monnoyeurs; par exemple, lorf- que le: coin ayant coulé forme deux têtes pour une, deux grenetis ou deux légendes ; lorfque les lettres de la légende font ou confondues ou fupprimées, ou déplacées, comme on en voit communément fur les médailles de Claude-le-Gothique, & des trente tyrans ce. font des monftres dont il ne faut point faire des miracles ; car quoique cela n'empêche pas que la médaille ne foit antique, cependant le prix au-lieu d’en augmenter en diminue notablement. Quant à certaines r1édailles qui ont une tête d’em- pereur avec-quelques revers bifarres , ou avec des revers qui appartiennent à un autre empereur que celui dont elles-portent la tête, 1l n’en faut faire au- cune eftime., puifque ce n’eft qu’un effet de l’igno- rance ou de la précipitation du faux monnoyeur. Enfin il arrive quelquefois que ce monnoyeur ou- blie de mettre les deux quarrés, & laifle ainfi la médaille fans revers: on nomme cafés ces {ortes de snédailles, Voyez MÉDAILLE INCUSE. C’eft icile lieu de parler des contre:- marques!, que les jeunes curieux pourroient prendre pour des diferaces arrivées aux médailles , dont elles en- tament le champ:, quelquefois du-côté de la tête, d’autres) fois du côté du revers, particulierement dans. le grand & moyen bronze, aflez femblables à ces marques qui fe voyent fur nos fous , que le peu- plenomme rappés, à caufe quel’impreflion ducoup | qu'ils ont reçu, quand on leur a fait cette marque, yeftdemeurée : cependant ce font des beautés pour les favans, qui recherchent les médailles oùrfont des contre-marques. | On en trouve fur les srédailles des rois & des villes greques’, fur celles des colonies, & fur les im- périalés. Ile a quelquefois plus d’une contre-mar- Tome X, M ED 233 que fui la même médaille; mais les Antiquaires n’en Ont jamais vû au-delà de trois. Rien n’eft moins in- forme que ces contre marques , même fur les we- da:lles latines : le plus fouvent ce font des lettres liées enfemble, qui expriment fimplement le nom de l’empereur ; quelquefois ce font les lettres S. C: Senatus Confulro , fut Les rnédailles frappées dans les monnoies de Rome, D, D, Decrero Decuriontm; far les médailles des colonies, comme fur une de Sa: gunte. &c fur une autre de Nifmes , où enfin N. C, À. P. R, que Golthins expliquoit avec Angeloni; Vicus & Manuce , par MWobis Conceffum A Populo Romano, formule qu'on peut peut. être mieux inter- preter par Nurmus Onfus, Auélorirate Populi Ro- mant; d'autres fois ces Contre-marques font des ty: pes, tantôtaccompagnés de lettres ; comme {ur une médaille de Jules- Céfar, frappée à Bérire, où l’on voit au contre - marque une corne d’abondance au milieu dè deux C; & tantôt fans lettres, commé une petite roue, qui porte fur les têtes d’Aunguite & d’Agrippa, dans une médaille de la colonie de Nifmes; & une tête de taureau gtavée fut le cou de Domitien, dans une médaille de ce prince. Le malheur eft que d’un côté les Antiquaires ne con- viennent pas de la fignification de piufieurs contre: marques , & que de l’autre ils favent encote moins les raifons qui les ont fait naître, comme nous le dirons au 7705 MÉDAILLES CONTRE-MARQUÉES. Quant au relief des médailles | voyez RELIEF, il fufit d'obferver i£i que c’eft une beauté, mais qui n'eft pas une marque indubitable de l'antique. Des fourberies en médailles. Non -feulement il ef facile d'attraper les nouveaux curieux, par de fauf- {ès médailles, auxquelles on donne du relief, mais il eft encore aïfé de les furprendre à plufieurs autres égards, principalement lorfqu’ils font dans la pre- miere ardeur de leur paflion pour les médailles, & qu'ils fe trouvent aflez opulens pour ne pas appré- hender la dépenfe. On les voit tous les jours fe li- vrer à la-mauvaife foi & à l’avarice des trafiquans, qu'on nomme par mépris Érocanteurs, faute d’en foupçonner les artifices. [ls font trompés d’autant plus aitément , que les meilleurs connoïffleurs fe trouvent partagés fur de certaines médailles, que les uns croyent antiques & les autres modernes; les uns moulées, les autres frappées, à peu près comme il arfive par rapport aux tableaux, où les yeux les plus favans ne laïflent pas de prendre quelquefois un original pour une copie , & une copie pour l’ori- ginal. Le danger eft encore devenu plus grand pour les amateurs des zédailles, depuis que parmi les Médailliftes il s’eft trouvé un Padouan & un Parmé- | fan en talie,qui ont fu imiter parfaitement l'antique. Pour dévoiler tout ce mytftere, il faut commen- cer par indiquer les mañieres différentes de. falñfer les rréduilles, S le moyen de recoñnoitre la falf- cation , afin que le mal ne démeure pas fans-remede, La premiere & la plus groffiere, eft de fabriquer des médailles: qui jamais n’ont exifté, comme celle de Priam, d'Enée ; de Cicéron, de Virgile, & fem- blables perfonnagesillufires, pour qui le Parméfan, &t quelques autres ouvriers modernes, ont fait des coins tout exprès, afin de furprendre les curieux; animés du defir d’avoir des médailles fingulieres: C’eft avec la même mauvaife foi, .& par le mème motif d'intérêt, que l’on a fabriqué des revers ex- traordinaires, & capables de piquer la curiofité; par exemple , un Jules-Céfar, avec ces mots, Jens, vidi, vict; un Augufte avec ces deux-c1, Fefñna lente ; car quoique ce bon mot foit cffeétivement d’Augufte, cependant onne s’étoit pas ayifé d'en conferver la mémoire fur le méral. Il eft aifé à ceux qui ne font pas novices dans linfpeétion des médéilles ,, de reconnoître l’impofs Gg 23 4 M E D M E D ture: car toutes ces médailles font monlées, où | #ailles, on trouve fur celles-ci de certains conps dé frappées d’un coin & d’un métal qui paroît d'abord À ce qu'il eft, c’eft-à -dire moderne, & qui n’a ni la fetté ni la tendrefle de l'antique. La feconde fourbe eft de mouler les rrédailles an- tiques , de les jetter en fable, & puis de les réparer fi. adroitement , qu’elles paroiffent frappées. Ons’en apperçoit par les grains de fable, qui s’impriment toujours d'une certaine mamete vifible fur le champ de la médaille, ou par certaines petites enfonçures, ou par les bords qui ne font pas aflez polis n1 arron- dis , ni fi licés que ceux des médailles frappées , ou par les caraéteres qui ne font point francs , mais pochés & épatés, ou enfin par les traits qui ne font ni fi vifs nif tranchans. On les reconnoït auffi par le poids qui eft toujours moindre ; car le métal fondu par le feu fe raréfe, au-lieu que lorfqu'il eft battu il fe condenie, & devient par conféquent plus pefant; enfin quand la médaille eft jettée en moule, 1l refte ordinairement la marque du jet , qui ne peut être bien effacée par la lime; & les bords qui ont beloin d’être arrondis, laiffent aufli voir les coups de lime , qui font une marque eflentielle de fauffeté. Comme les hommes deviennent de jour en jour plus rafinés, les uns à tromper , les autres à fe dé- fendre de la tromperie , on a trouvé le moyen d’em- êcher que l’on n’apperçüt, dans le champ de la médaille, les enfonçures que les grains de fable y laïf- fent par leur inésalité qui eft inévitable. On les couvre d’un certain vernis obfcur qui remplit ces petits creux, & l’on pique les bords pour les rendre raboteux. Si l’on parvient, fans le fecours du ver- nis, à polir le champ avec le burin, la fourberie n’en eft que plus favante. Il faut donc, pour s’en défendre, piquer le vernis, sil y en a, & on le trouvera beaucoup plus tendre que le vérnis anti- que ; & s’il n’y en a point , 1l faut étudier avec atten- tion la médaille, dont Le champ paroïtra infaillible- ment plus enfoncé ; enfin fi on a le toucher un peu délicat, on trouvera le métal trop poli, au-lieu que l'antique a quelque chofe de plus fort & de plus rude. Ceux qui ne favent point cette finefle, & la différence du poids dont nous avons parlé, admirent que l’on connoïfle quelquefois les médailles fanfles feulement à les manier. flne faut pas néanmoins rejetter certaines médail- les, qui ayant éte enchâflées dans de petites bordu- res ou de métal, ou de corne, ou de bois, ont les bords limés ,parce qu'il a fallu les arrondir, car cela n'empêche pas qu’elles ne foient bonnes & antiques : c’eft pour cela que les connoïffeurs difent commu- nément que quelquefois les bords juftifient le champ de la médaille, & que quelquefois auffi le champ rend témoignage aux bords, qui par accident ont recu quelque diforace. La troifieme rufe, eft de réparer finement les me- dailles antiques, enforte que de fruftes & d’effacées qu’elles étoient, elles paroïffent nettes & lifibles, On connoit des gens qui y réufliflent parfaitement, & qui favent avec le burin enlever la rouille , réta- blir les lettres, polir le champ, & reflufciter des figures qui ne paroïffent prefque plus. Quand les figures font en partie mangées, il y a une forte de maftic que l’on applique fur le mé- tal, & qu’on retaille fort proprement enfuite : le tout étant couvert de vernis, fait paroiître les figu- res entieres & bien confervées. On découvre ce dé- guifement avec le burin dont on fe fert pour égrati- gner quelque petit endroit de la médaille ; fi l’on s’ap- perçoit qu'il morde plus aifément fur une partie que fur l’autre, c’eft la preuve que le morceau eft ajouté. Cependant, quand l'œil eft accoutumé aux me. bürin trop enfoncés, des bords trop élévés, des traits raboteux 8 mal polis, par lefquels on déviné qu'elles ont êté retouchées: cela ne dégrade pas ab- foläment une médaillé antique, mais le prix en dimi- nue du tout au tout: x | Le quatrieme artifice, c’eft de frapper des coins exprès fur certaines médailles antiques les plus ra- res, que l’on reftitue de nouveau , & que l’on fait pañler pour véritables, avec d'autant plus d’appa- rence, qu'il eft vifible qu’elles ne font ni moulées m retouchées. | | C’eft en quoi le Padouan &c le Pärméfan ont f bien réufli, que leurs faufles médailles {ont devenues une partie de la curiofié. Le Padouan'a plus de for- ce, le Parméfan plus de douceur : en général on ne peut pas approcher de plus près lantique que ces deux ouvriers l’ont fait. Cependant leur maniere finie & délicate ne vaut point cet air fer de lanti- que, qui tient beaucoup plus du grand. On les re- connoit encore par le trop de confervation, qui les rend fufpeéts ; par l’œil'du métal, & principalement par le poids qui eft moindre que celui du métal anti- que. Peut - être encore que fi l’on examinoit avec attention les coins du Padouan, on pourroit les dif- tinguer infailliblement des coins antiques, On fait, par exemple, que furle revérs de Tibere gravé par le Padouan, ces mots placés dans l’exergue, Rorr. ET Aug. {ont ponétués de façon que le T fe trouve entre deux points, Rome T. Aug. aufli n’eft=1l pas poffible de s’y méprendre, qhand la médaillé eft bien confervée : l’embarras n’a lieu que lorfque la ponc- tuation ne fe voit pas. La cinquieme fraude, eft de battre fur l'antique même, c’eft-à-dire de fe fervir de coins modernes! pour reformer de vieilles médailles avecle marteau, afin de leur donner enfuite une nouvelle empreinte. Quoique cette tromperie foit difficile à décou- vtir, fur-tout par un curieux qui commence, parce qu'il n’a aucune des indications communes; cepen- dant s'il veut bien prendre garde au relief, il le trouvera pour l’ordinaire ou trop fort, ou trop foi- ble, la coupure trop nette & trop neuve, & les bords trop peu confervés, à proportion du champ &c des figures, Le fixieme flratagème conffte à effacer un re- vers commun pour y en mettre un plus fare, ce qui augmente confidérablement le prix de la wé- dalle. Par exemple , on met une Otacille au revers de Philippe ; un Tite au revers de Vefpañien ; c’eft ainfi que l’on a gâté un Helvius-Pertinax de grand bronze , en lui mettant au revers un Milon croto- niate chargé de fon bœuf; un Domitien, en y met- tant une allocution de huit foldats ; & un médaillon de Dece , en lui gravant une infcription, Deciare Cafarum , Decennalia féliciter. On fait plus.; car afin que rien ne paroïfle répa- ré, on coupe deux szédailles | &t puis avec un cer- tain maflic on colle à la tête de l’une le revers de l'autre , pour faire des 7rédailles uniques & qui n’ayent jamais été vües ; on a même l’adrefle de réparer fi bien les bords’, que les moins fins y font ordinairement trompés. Le P. Jobert dit avoir vü un Domitien de grand bronze d’une confervation merveilleufe , dont on avoit enlevé le revers pour inférer à la place le bel amphithéâtre qu’on avoit auffi enlevé par deffous le grenetis à une médaille de Titus. Morel, dans fon Specimen R. Numrmar. tom... P.77; tapporte un exemple d’une falffication à:peu- près pareille. On connoiït ces faux revers ou par la différence qui fe trouve immanquablement dans les traits d’une tête antique , & d’un revers moderne quelque bien travaillé qu'il puiffe être ; ou lorfquele revers eft MED antique & fimplement appliqué , on le découvte en fondant les bords de la médaille , qui ne font jamais fi parfaitement unis que l’on ne s’apperçoive de quelque chofe ; & que les deux marques ne décou- vrent la jointure ou la différence du métal. Tel étoit un Vérus, à qui l’on avoit attaché une Lucile, pour en faire une #édaille rare , fans avoir confidéré que le Vérus étoit de cuivre rouge, & Lucille de cuivre jaute, | | La feptième impofture fe fait dans les légendes, {oit du côté de la tête, foit du côté du revers. Il eft plus ordinaire de le tenter du côté de la tête par l'intérêt qu'on a de trouver des têtes rares, ee qui manqué communément dans les fuites, Or, cela s’exécute en fubftituant avec adreffe un nom à l’au- tre , {ur-tout quand il y a peu de lettres à changer ou à ajouter. C’eft ainfi que, dans le cabinet du P.obert , 1l y avoit une Lucille changée en Domi- ta de grand bronze , 8 un jeune Gordien d'Afrique, moyennant l'addition d’un peu de barbe , & le chan- gement des lettres P. F. en A FR. C’eft encore ainf que dans le cabinet de M, l’ibbé de Rothelin ,üy avoit une Cœlonia d’or , qui n’étoit autre chofe qu'une Agrippine , mere de Caligula. La huitieme finefle trompeufe eft de contrefaire le vernis antique , ce qui fert à empêcher qu'on ne reconnoifle les médailles moulées, & à cacher les défauts des bords & des caraeres , comme nous lavons déja dit, Il y en a même qui mettent les mé- dailles en terre , afin de leur faire contra@er ,» fice n’eft le vernis, du-moins une certaine rouille qui impofe aux connoiffeurs moins habiles : d’autres emploient le fel armoniac mêlé avec le vinaigre ; d’autres le fimple papier brûlé, qui eft la maniere la plus facile. | On fe défend aifément de cette trompérie, parcé qu'on ne peut donner au vernis moderne ni la cou- leur, ni éclat, ni le poli du vernis antique qui dé- pend de la terre. D’ailleuts on n’a pas la patience de laïfler une médaille en terre aflez long-tems pour qu'elle puifle y prendre cette belle rouille qu'on eftime plus que Le plus riche métal. Il fandroit être affüré d’une longue vie , & pouvoir compter fur un prince auf dupeque l’étoit le pape Paul IL, pout ten- ter ce quiréuflit à un fourbe italien. Il ft frapper fur le plomb un bufte de S. Pierre, avec ces mots, Perrus On y trouva cette rzédaille qu’il décraffa foigneufement, & qu'il montroit à tout le monde comme un monument de la piété des premiers chré- tiens. Le bruit s’en répandit bientôt à Rome : le pape voulut avoir cette médaille , il la demanda au poflefleur, & la lui paya mille écus. Enfin le vernis moderne.eft tendre , & fe pique aifément , au lieu que l’antique eft dur comme.le métal même, La neuvieme fupercherie a pour fondement nn accident qui atrive quelquefois aux médailles qu'on frappe , Ce qui a fait dire aux Antiquaires que totte médaille , dont les bords ont éclaté, eft infaillible- ment frappée. Pour profiter de cette préoccupation, ceux qui font defaufles médailles , tächent de les faire éclater lorfqu’ils les frappent effetivement , on même de les fendre tout exprès quand elles font aflez bien moulées, On n’en fera pas la dupe fi l’on examine ces fentes avec un peu de foin ; car quand elles ne font point affez profondes, ou que la coupure n’en eft pas franche, ou qu'elles ne finiffent pas par certains f- lamens prefque imperceptbies ; c’eft une preuve que cela n’eft point arrivé par l'effort du coin , mais’ par artifice. : Torne À, MED EX Enfin lé ioyen génétal de fe précautionner con. tre toutes les fourbeties des brocanteurs, c’eft de s’appliquet à la connoiffance de l'antique qui com prend le métal, la gravure des coins & le poinçoria nement des caraëtères ; c’eft ainf qu'on acquiert ces yeux , que Cicéron appelle oculos erndiros, Mais exiger d'un homme de lettres qu’il s'attache à déa mêler la différence de l’antique & du moderne , qu'il defcende jufqu’au détail ea gravute & de la fabri- que des médailles, n’eft-ce point le réduire à la con: dition d’un fimple artifte à n’eft-ce point même lui impofer une obligation qu'il fera hors d’érat de remplir, puifque le goût qu'il doit avoir pour la lec. ture ; ne peut s’accorder avec la diffipation infépaz rable de la vie d’un homme qui s’occuperoit À vif ter les cabinets. Nous conviendrions de la force de cette objee= tion , fi la connoïflance du matériel de la médaille demandoit une occupation longue &r férieufe , ou, fi Pon ne fuppofoit pas un goût né pour les mé dailles , dans celui qui veut acquérir cette connoif- fance. En effet, fans ce goût , ce feroit faire trop peu de cas de fon tems que de le confacrer à de tels fois. Mais il s’agit ici d’un curieux, en qui l'amour des lettres augmente Le penchant naturel. qu'il fé fent pour déchiffrer ces précieux reftes de l’antiqui- té. Il s’agit d’un curieux qui fe propofe fans cefle, d'étudier le fens, Pefprit des médailles, & pour parvenir de confacrer fes veïlles à la leure des ous vrages, dans lefquels il peut puifer des lumietes, Nous ailons donc lui en indiquer les principaux. Livres fur les médailles. Je fuppofe qu'il fait auf bien que moi qu'on ne fera jamais de progrès dans l’art numilmatique {ans la connoiffance des langues favantes , de l’Hiftoire greque &c romaine , de la Géographie ancienne & moderne , de la Chronolo- gie & de la Mythologie. Si cependant je parlois À un jeune homme qui n’eût pas étudié préalablement toutes ces fciences , je lui confeillerois de commen- cer à les apprendre par les tables chronologiques du P. Pétau , les paralleles géographiques du P. Briet, Ja mythologie de l’abbé Banier , ou autres fembla- bles. Le livre du P. Pétau eft connu fous le titre de Dia. hyfei Petavi rationarium temporum ; il y eu a grand nombre d'éditions. Celui du P. Briet eft intitulé : Philipp: Brietii parallela geographiæ veteris € nova, Mais attendu qu'il n’eft pas complet , ileft nécef- faire d'y joindre la géographie ancienne de Cella- rius , Chriftoph. Cellarû noritia orbis antiqui, ab ortu rerum publicarum ad Conflantinorum lemIpOræ ÿ. CUNe tabulis geographicis : on préférera l'édition de Leip- fic 1733, in-4°, deux volumes, avec les obferva- tions de M. Schuwartz, Comme l’Hiftoire doit être la principale étude d’un curieux en wrédailles, on conçoit bien que, pour les entendre, il doit lire Hérodote , Dion’, Denis: d'Halicarnafle , Tite-Live , Tacite, Céfar, Vel- leius Paterculus, Ge. À mefure qu'il fera des pro- grès dans Part numifmatique , il faudra qu'il ait fous les yeux Suwidas , Paufanias, Philoftrate, & parmi les modernes Rhodiginus, Giraldus , Rofinus , êc autres femblables , qui lui fourniront des lumieres pour l'explication des types & des fymboles. À cesiecours , 1l joindra le livre du P. Hardotun, intitulé: Nurmi populorum € urbium illuftrati jee livre où l’on trouve cent chofes curienjes, quoique fouvent conjetturales, a été réimprimé avec.des changemens & des augmentations dans le recueil des œuvres choifies du même auteur : Joaz, Har- douin Opera fele&a ; Amftelod. 1709, 22-f01. mais fi notre curieux veut s’animer encore, davantage dans la carriere qu'il a choifie , 1l faut qu'il hfe le favant traité de M. Spanheim fur Fufage des mes 8 236 MED dailles. Ce bel ouvrage , dont voici la bonne éüi- tion, eftintitulé : Ezechielis Spanhemit, 6tc. differ- tationes de præflantid G ufu 2H mL fra tt antiquOrum , edirio nova, tom. I. Lond. 1706 , in-fol, volumen al- serum, opus pofihumum , ex autoris autopgrapho edithm, ac numifmatum iconibus tUufiratum, ab Ifaaco Ver- burgio, Amit.1717, é2 fol. La premiere édition eft de Rome 1664, in-4°. & la deuxieme d’Amfterdam 1671, in-4°. Il faut enfuite fe procurer les ouvrages où les médailles antiques de toutes efpeces font gravées &x expliquées. Voici quelques-uns des plus nécef- faires. On acquérera la connoiffance des srédailles gre- ques des villes, dans les livres de Goltzius fur la Si- cile & la Grece ; en voici les titres: HMuberrt Goltzu Sicilia , & magna Grecta, five hifloriæ urbium 6 po- pulorum Sicilie & magne Grece , ex antiquis rurmif- matibus reflicute liber primus , Brugis 1576, ën folio. On doit préférer la feconde édition imprimée à An- vers 1618, par les foins de Jacques de Bie , avec les remarques du P. André Schott, jéfuite. L'autre livre de Goltzius fur les rrédailles des villes greques n’a paru que long-tems après fa mort , avec les com- mentaires de Louis Nugnez , favant Efpagnol , Lu- dovici Nonni Commentarius in Huberti Goltzii Gre- ciam, Infulas , € Afiam minorem , Ant. 1620, ir-fol, Nous avons un excellent ouvrage de M. Vaillant fur les r1édailles des villes greques qui ont été frap- pées avec des têtes d’empereurs. On y a joint une ample explication des époques, des jeux, des fêtes, des alliances, & de tout ce qui donne de la peine à ceux qui commencent à s'appliquer à cette étude, ce qui eft d’un grand fecours pour les médailles, dont les légendes ont quelque chofe de frufte & de difi- cile à déchiffrer. La premiere édition eft à Paris en 1698. La feconde édition faite en Hollande avec plufieurs augmentations eft connue fous ce titre: Numifmata imperatorum , Auguflarum ; 6 Cafarum a populis Romanæ dirionis grecè loquentibus ; ex omni modulo percufla , &c. editio altera ab 1pfo autore re- cognita , feptingentis nummis auüla, &c. Amit. 1700, 1a-folio. Quoique ce recueil foit fort confidérable, le nom- bre des médailles qui avoïent échappé aux recher- ches de M. Vaillant , eft prefque aufh grand que ce- lui des médailles décrites dans fon ouvrage. Onen trouvera 700 nouvelles dans les Numifmata Mujei Teupoli , &e. Venet. 1736, in-4°. deux volumes ; & plus de 300 dans le livre d’un jéfuite allemand, inti- tulé : Ærafimi Frœlich foc, Jef. quatuor tentamina in re monetarié vetere..... éditio altera.... Vienn. 1737, in-4°. [l y en a de même plufieurs dansle Te/oro Bri- tanico Nic. Haym. On pourroit joindre celles du ca- biner du roi, & d’autres cabinets particuhets, qui foutniroient le moyen d'augmenter du double le recueil de M. Vaillant. Nous fommes enrichis de quatre ouvrages fur les médailles des familles romaines. 1° De l'ouvrage de Fulvio Urfini, intitulé : Familie romane que repe- riuntur in antiquis nurmifmatibus, ab urbe condit&, ad cernpora divi Augufh, Rom. 1577 ,tn-fol. 2° Idem... Carolus Patinus, Gc. reflituit , recognovit | auxir. Paris 1663 ,in-fol, 3° Nummi antiqui familiarum ro- manarum ; perpetuis interpretationibus 1lluffrati , per Joan. Vaillant, &c. Amitel. 1703 , deux vol. /z.fol, 4° Thefaurus Morellianus , f£ve familiarum romana- um numifmata omnia , juxta ordinem F. Urfint & Car. Patini difpojita , à Cel. antiquario And, Morel- lio. Accedunt nummi mifcellane: urbis Romæ, Hifpa- nici, & Golrziani. Nunc primum edidit, & commenta- ris perpetuo illuffravit, Sigeb. Havercampus, Amftel. 1734, 2. fol, deux volumes. Pour les impériales , il fant néceflairement avoir un Occo: fon livre eft intitulé : Zzperarorum roman rum nurmifmata , a Pompeio magno , ad Heraclium, ab Adolpho Occone olim congefla , ffudio Francifci Mediobardi, Mediol. 1683, 27-folio. On en a fait une feconde édition à Milan en 1730, par lés foins de M. Archelati, avec quelques additions & cor- recuons , quine font pas aufli confidérables que le public avoit lieu de l’efpérer. Mais à lOcco & au Mezzabarba , on netpeut fe difpenfer d'ajouter, Numifmara imperatorum , à Tra- jano Decto, ad Palæologos Auguflos , ffudio D. Ay- Jeimi Banduri, 6c. Paris 1718 , 27-fo1, deux volumes. Quoique M. Patin , dans fon grand ouvrage des impériales , n’ait fait graver que le moyen bronze, il y a cependant beaucoup à apprendre pour tous les métaux & pour toutes les grandeurs, à caufe de la reflemblance des types: fon livre eftintitulé : Zr7- peratorum romanorum numifmata, à Julio Cefaread He- raclium , per Car. Patinum , Argentinæ 1671 , ir. fol, edit. prim. Amftel. 1697, #-fol, edit. fec. Il convient d’avoir encore fur les médailles impé- riales les defcriptions du cabinet du duc d’Arfchot, que Gevarfius a fait imprimer avec des explications, & où l’on trouve prefque toutes les zédailles ordi- naires : il eft intitulé : Regum € imperatorum roma- Aorum numifmata aurea, argentea , ærea, 4 Romula & C, Julio Cæfare ufque ad Juflinanum, Antuerp.165 4, in-fol. Si l’on veut y joindre Oùïfelius, fes explica- tions font encore meilleures : fon livre porte pour titre : Jac. Oifelii Thefaurit feleélorum numifinatum antiquarum cum fig. Amitel. 1677, 27-49, Il eft vrai que les auteurs que nous venons de nommer , n’ont parie proprement que des rrédailles de bronze |, mais Hemelarius, chanoine d'Anvers, a fait un volume à part fur les rzédailles d’or : ce volume eft intitulé : {mperatorum romanorum numife mata aurea, a Julio Cafare ad Heraclium colle&a | & explicata à Joan, Hamelario , Antuerp. 1627, 27-42. cum fig. æneis. Patin a raflemblé dans fon tréfor un affez beau recueil de médailles d'argent, quelques médaillons, &c quelques grands bronzes : mais on en trouvera un beaucoup plus grand nombre dans M. Vaillant , qui ne s’eft pas contenté d’en donner fimplement la def- cription, comme il avoit fait pour le bronze, ila encore ajouté à chacune une explication fuccinte, Le même auteur, dans les deux volumes qu'il a publiés fur les médailles des colonies , n’a rien omis de ce qu’on pouvoit exiger d’un habile antiquaire ; il en a donné les types & les explications avec un fuccès admirable, 8 a fait graver les médailles avec un très-erand foin : cet ouvrage eft intitulé : Mu mnifinata ærea , imperatorum in coloniüs | Paris 1688, 12-fol, deux volumes. M. du Cange, dans les familles byzantines, a fait graver auf fort exaétement tout le bas-empire, & en a facilité l'explication par une favante differta- tion qu'il a imprimée à la fin de fon gloffaire de la baffle & moyenne latinité,r. LIT, Paris 1678,12-fo1. Les familles byzantines portant pour titre : Hifloria By- Jantina, duplicicommentarioilluffrara, &c.artlore Car. du Frefne, D. du Cange, Paris 1680, £n-folio. Les gravures de ce livre {e retrouvent prefque toutes dans celui du P. Banduri. Il importe aufli de connoitre quelles font les ré dailles rares, afin de les favoir eftimer ce qu’elles méritent. Elles ont été autrefois expliquées fort au long par Jean Triflan, fieur de Saint-Amand. Sonkhvre eft intitulé, Cormentaires hifforiques; con- tenant l’hiftoire des.empereurs, impératrices, cé- fars & tyrans de lempire romain, illuftrés par les infcriptions & énigmes de 13 À 1400 méduilles, tant greques que latines, Paris 1644, 3 vol. :.foZ. Si les commentaires de Triftan font très-fautifs, il faut obferver qu'il vivoit dans un fieclé où per- fonne ne lui pouvoit encore fervir de guide. Mais en échange, M. Vaillant a excellé dans fes Expli- cations dès médailles rares en général, & dans l'ex- pofition de la rareté de chacune en particulier. Tous les Antiquaires pofledent l'ouvrage dont nous par- lons : Numifmata imperatorum romanorum pr@flan- #ora, à Julio cefare ad pofthumum © tyrannos, per Joann. Foi-Vaillant, &c, tom. I. De romanis æreis fenatñs-confulto percuffis, &c. cui acceffit feries nu- nifinatum maximimoduli nondum obfervata, tom. Il, De aureis & argenteis, &cc. Paris, 1602, 22 4°. Il faut auffi avoir la premiere édition de cet ouvrage, Paris, 1682 ; parce qu’on y a marqué le cabinet où fe trouvoit chacune des médailles qui y font dé- crites: & de-plus, les pofthumes d’or & d'argent ont été obmis dans la feconde édition. M. Baudelot, dans fon livre de l'Triliré des voya- ges, s’eft aufli donné la peine d’y marquer les mé- dailles rares, pat rapport à la tête. Enfin, on en trouve un grand nombre qui font expliquées dans le Recueil de l’acad, des belles lettres. En indiquant ces livres profonds fur la fcience des médailles, j'allois prefqu’oublier d'en nommer quelques-uns, qui font propres à y introduire un nouveau curieux, & à lui en donner une connoif- fance générale. Il peut donc commencer fa car- riere par le Difcours d'Enée Vico fur les médailles, . imprimé à Rome en 1555; ou plutôt par les Dix. logues d’Antonius Angufhnus, qui font comme au- tant de leçons capables de l’éclairer. Le livre de l’archevêque de Tarragone eff inti- tulé : Dialogos dè medallas, 2nfericiones, y otras anti- quidades en Farragona, por Felipe Mey, 1587. C’eft un petit 27 4°. de 470 pages, avec 26 Planches de médailles, dont les deux premieres font ordinaire- ment placées à la tête du premier dialogue, & les 24 autres avant le dialogue fuivant. Cette édi- tion, d’ailleurs très-bien imprimée, eft devenue très-rare, & on l’a vue vendre juqu’a trente pif- toles. L'ouvrage d'Antoine Auguftin a été traduit deux fois en italien. La premiere de ces traduc- tions, imprimée à Venife, 27.42. eft aflez conforme à l'édition efpagnole. La feconde dont l’auteur s’ap- pelloit Orraviano Sada, eff de Rome, 15092, #r-fol, Le traduéteur y a joint quelques obfervations, &z une diflertation de Lælio Pafchalini {ur les médail. des de Conftantin, qu'il a inférée dans le premier dialogue. Les médailles y {ont placées dans le corps de l'ouvrage, aux endroits où il en fait mention; on y a même ajouté celles qui y font expliquées, & qu'on n'avoit pas fait graver dans l'édition ef- pagnole. Mais 1l auroit êté à fouhaiter que les def- feins euflent été plus exaëts & les gravures plus belles. Enfin, le P. André Schott traduifit ces dialo- gues en latin, & les fit imprimer à Anvers en 1617, ir-fol, avec fig. Em Le même curieux trouvera dans le Tréfor de Goltzaus, l’intelligence des abréviations les plus ordinaires , fans quoi l’on ne peut rien connoître aux légendes; il. y verra les noms &:les prénoms des empereurs, des charges &c des magiftratures, qui ne fe trouvent qu'en abrégé fur les médailles. S'il veut un plus grand répertoir, Urfatus le lui fournira. Le livre de ce dernier auteur eftintitulé, Sertoris Urfari de Notis Romanorum Commentarius, Patavir, 1672, én-fol,n nt Dit 1 2: Mais la Science des médailles, du P. Louis Jobert jéluite, me paroît être, en petit, le meilleur livre qu'on ait juiqu’à préfent, pour rendre l'étude de ces monumens antiques plus facile, plustutile, & plus agréable, La derniere édition eft à Paris 1739, 2 VOL 2-12, avec fig 0 0 ne M E D. 337 Quant à ceux qui defireront de connoître ou de fe procurer tous les auteurs qui ont écrit fur l’art numifmatique , je ne puis rien faire de fmieux, que de les renvoyer à la Bibliotheca nummaria, du P. Bandurï, imprimée à Hambourg en 1710, 27-49, avec les Nores de Fabricius; car depuis ce tems:là, à-peine a-t1l paru dix livres un peu confidérables fur les rnédailles. Objervarions générales Jür les médailles, & für leur étude. La publication de tant d'ouvrages fur Vart numifmatique , &c la defcription d’une infinité de caï binets, ont fait dans cette fcience, ce que fait l’ex- périence dans les arts. Les arts ne fe font perfec- tionnés que par les diveries obfervations de ceux qui ont fu profiter de ce que l’ufage leur avoir appris ; mas dans la fcience des médailles on a voulu trop tôt établir des principes indubitables, que les moins habiles ont détruits.en un moment, par la feule vüe de quelques médailles que le ha- fard leur a fait tomber entre les mains. Ainfi la croyance du fiecle pañlé, que l’on n’a- voit aucun véritable Othon de bronze, eft aujour- d’hui entierement effacée par la quantité des Orthons de ce métal qui fe trouvent dans les cabinets, & dont on n’oferoit difputer l'antiquité, d'autant plus qu'ils nous font venus de l'Orient, Ainfi, pour réfuter celui qui a dit, qu’on ne don- noit la couronne de laurier qu’aux Auguftes, & ja- mais aux Céfars; il n’y a qu'à voir le médaillon de Maxime r. IOY. OYH MAFIMOC KAICAP, où il a la couronne de laurier, avec la qualité de Céfar, fans parler du bas empire où Crifpus Céfar eft couron- né de laurier. On a encore avancé deux maximes comme conf- tantes, au fujet des fleuves qu'on voit très-fou- vent fur les revers des médailles. La prémiere, que les fleuves étant ordinairement repréfentés par des figures couchées à terre; on ne mettoit debout que ceux qui portoient leurs eaux ‘dans celui qui étoit couché. La feconde, que fi lon trouvoit un fleuve repréfenté fans barbe , il falloit conclure que ce n'étoit qu’une petite riviere qui n’étoit point navigable, Cependant voici trois médailles qui prou- vent la faufleté de ces principes. 1°. Une #édaille de Gordien IT; elle porte au revers le Méandre & le Marfyas, tous deux couchés par-terre ; quoique le Marfyas fe jette dans le Méandre. 2°. Une ré- daille de Philippe, où ces deux mêmes fleuves font fans barbe, quoique le Méandre fit aflurément très- navigable, au rapport de Strabon. 3°, Une médaille d’Antonin Pie, Travav , où l’on voit le Bil= lœus & le Sardo, tous deux de-bout : & l’on fait que le fecond fe décharge dans le premier. Cependant, quoiqu'il y ait peu. de maximes qui ne.fouffrent des exceptions, 1l feroit dangereux|de n'en vouloir jamais admettre aucune-:Obfervons feulement , qu’elles foient toujours fondées en né- ceflité ou en raifon, &iqu'elles faffent-plier, la re- gle à leur objet, fans la détruire fur.des autres points, où elle peut avoir fon application, C'eft, par exemple, une maxime généralement adoptée par les antiquaires, que ce que nous ap- pellons médailles | les romaines fur-tout , etoient originairement la monnoïe courante; êc ils'en don- nent une bonne preuve. On trouvé tous les joirs, difent-1ls, une prodigieufe quantité de ces-mrédarlles cachées dans la terre, comme autant de trélors particuliers qu'on youloit mettre à couvert de lin: curfion & de l’avidité des Barbares: “Er-loin que ces petits tréfors forment jamais des fuites de 7762 dailles® plus ou moins completes , où qi'ils foïent tous compofés de différens revers ; ils né confiftent 238 MED communément que dans un petit nombre d'empe- reurs qui ont régné enfemble, ou qui fe font immé- diatement fuccédés; & le même revers s’y trouve quelquefois par milliers ; ce qui feul porte avec foi un caraétere fi marqué de monnoie courante, qu'il eft comme impofñble de fe refufer à l'évidence d’un pareil témoignage. | On ne laïffe pas d’en excepter les médaillons, du-moins ceux qui par leur relief, leur étendue, & leurs poids , auroient été fort à charge dans le com- merce, ceux fur-tout, qui, compolés de plufieurs cercles de différentes efpeces de cuivre, femblent nous dire encore qu'ils ont uniquement été faits pour le plaifir & l’oftentarion, & nullement pour Pufage & la commodité. Peut-être en viendra-t-on auffi à faire une clafle féparée en plufeurs autres fortes de médailles qui, quoiqu’au même titre, & uniformes entr’elles par le poids & le volume, offrent des objets tout-à- fait étrangers , pour ne pas dire contraires à l’idée d’une monnoie courante. Telles font entrautres, ces médailles qui paroiflent n'avoir été imaginées que pour honorer après leur mort, des princes &z des princefles, dont le portrait n’avoit jamais été gravé, de leur vivant, des gendres, des fœurs , des mieces d’empereurs, des enfans décédés au berceau ou dans la plus tendre jeunefle. Telles encore celles, où après une affez longue fucceffion d’empereurs, on a renouvellé l’image & le fouvenir de quel- ques illufires romains des premiers tems de la république. Non toutefois que ces mêmes médailles n’ayent pu être reçues &: même recherchées dans le com- merce, parce qu'elles étoient de la même forme & de la même valeur intrinfeque; parce que tra- vaillées avec autant & plus de foin, on y trouvoit aufli des chofes plus fingulieres &c plus intéreflan- tes. Enfin, parce que frappées fans doute en moin- dre quantité qu'on ne frappoit des revers de la monnoie ordinaire, elles étoient dans le même tems, à-proportion aufli rares qu’elles le font au- jourd’hui. Une autre maxime en fait de médailles, c’eit lorfqu’au revers d’un empereur romain, on trouve le nom d’une ville, d’un peuple, d’un.pays; ce pays, ce peuple, cette ville doivent avoir été de la domination romaine; ou, s'ils ne lui ont'pas été immédiatement foumis, 1lsreconnoiffoient du-moins fon autorité par quelque hommage, par quelque tribut ,ou autre condition équivalente flipulée dans des traités, [Len faut cependant excepter ces 7xe- dailles, où lon voit d’un côté, la tête d’un empe- reur, & de l’autre, celle d’un prince voifn allié de l'empire, qui s’honoroit bien du titre d'ami du peur ple & des empereurs romains /gopouese, mais dont l'alliance urile étoit quelquefois achetée par de gros fubfdes , que la vanité romaine qualiñoit de pra- tifications. a. A combien plus forte raifon, n’en devroit-on!pas excepter encoré les médailles, où l'on verroit d’un côté, la tête d’un empereur romain, & de lPautre, le nom & les fymboles d’une ville, qui, loin d’a- voir été Jamais fous fa domination, fe trouveroit appartenir depuis long-tems à une autre prince puif fant, lequel n’avoit rien à démêler avec l'empire; rien à efpérer de fon alliance, rien à craindre de fes entreprifes? Sans cela, quelle abfurde confé- quence ne tireroit-on pas un jour de la médaille du-czar Pierre I. frappée en 1718, avec le nom de la viile.de Paris à exergue, Lurerig-Parifiorum ? & vingt autres femblables; fi ceux qui joindront la connoiffance de l’hiftoire à celle des médailles, n’é- toient, pas, à-portée d'expliquer ces énigmes d’or MED 8 d'argent, comme le poëte Prudence Îes-appel- loit déjà de {on terms. On né tariroit point fur les abus qui fe font gliflès dans étude des médailles, & qui ont pour auteurs, je ne dis pas des hommes fans lettres, mais des écrivains d'une érudition reconnue. C’eft fur la parole de ces écrivains célebres qu’on cite chaque jour des médailles, qui n’ont peut-être ja- mais exifté ; c’eft leur témoignage qui empêche de rejetter des médailles d'une autre efpece, qui maloré lenr antiquité, ne peuvent faire foi dans l'hifloire ; c’eft fur leur autorité que font fondées ces interpétations chimériques qui désraderoient les monumens les plus refpeétables, en les rendant le jouet de lPimagination de chaque particulier. Enfin, c’eft principalement à ces auteurs qu'il faut imputer plufieurs fautes, où tombent tous les jours des amateurs des médailles, fur-tout ceux qui Les recucillent uniquement , ou par le goût naturel qu'ils ont de ramaflér, ou par le defr de s’acquérir une forte de nom dans les lettres, Il en eft des médailles comme d’une infinité d’au- tres chofes, qui font partie de ce qu'on appelle curiofités ; la vanité de pofléder une piece rare & unique , fait fouvent mettre en ufage toutes fortes de rufes & d'artifices pour en impofer. De:là font venus ces catalogues informes , où des médailles qui n'ont d'autre qualité que d’avoir été frappées par des fauffaires &c par des ignorans, font décrites avec de pompeux éloges, De-là ces imterprétations arbi- traires qui-vont quelquefois jufqu’à renverfer les points d'hifloire les plus conftans. De-là cette con- fufon & ce mélange dans les cabinets, & dans les livres, des médailles faufles avec les vraies, ou des modernes avec les antiques. De-là enfin, mille in. convéniens que l’on découvre à chaque inflant dans l'étude & dans la recherche des médailles ; car cette vanité s'étant une fois emparée de l’efprit, on ne s’en eft point tenu au vrai, on a couru après le merveilleux. Chacun a voulu que fa colleétion fût plus frguhere que celle d’un autre, ou du-moins qu’elle paflâr pour telle. Pour y parvenir, on a tout fait valoir, on a tout loué, on a tout admiré, Il eft donc effentiel à un amateur de ces monu- mens antiques, d’être en état de jugér par lui:même du mérite de chaque piece, & de ne point fe laï£ fer féduire aux pompeules defcriptions qu'il enten- dra faire, foit au nouvel acquéreur d’une médaille, foit à cel qui cherche à en vendre, Souvent, après avoir examiné ce qu'on lui vantoit avec tant d’em- phafe, il trouvera que c'eft un coin moderne ; que la médaille eft faufle ou réparée, Mais fuppo- fons-la antique & légitime, elle fera peut-être inu- tile pour Phritoire ; 1l ceffera pour lors d'admirer cette médaille ; & ayant ceflé de l’admirer il ceflera bientôt de rechercher ce qu'il ne défiroit ardem- ment, que faute de le:bien connoître. C’eft en- core un nouvel avantage pour le grand nombre des gens. de lettres, à quida nature. à donné de la facilité pour les fciences, plus que la fortune ne Icur a proouré de fecours pur les acquérir. Les vains!curieux qui ne joignent aw goût qu'ils ont pour les médailles, ni une certaine connoif- fance de l'hiftoire, ni la leûure des ouvrages de l'antiquité, n'efliment communément les, médailles, qu'à proportion de leur rareté; & cette rareté dé- pend fouvent ou du caprice, où de la mauvaife foi de ceux qui ont fait imprimer des catalogues de médailles , quelquefois de la beauté feule & de la confervation de la rrédaille, & prefque toujours du, hazard qui a permis qu'on ait découvert un trélor antique plürôt ou plus tard. | Au contraire, celui qui n’envifage les, rrédailles qu'en homme de lettres, c’eft-à-dire, qui n’en:me- M ED fure le prixique fur l'utilité, ne préfere en mé- dailles, que celles qui fervent à découvrir quelque fait nouveau, ou à éclaircir quelque point obfcur de l’hifoire. Une médaille qui porté une date inté- reffanté, où qui fixe une époque de quelque con« féquence, eft plus précieufe pour-lui que les Cors _ nelia fupera , les Tranquillines , & les Peftennius, Ce n’eft pas que nous voulions condamner les gens qui népargnent rien pour recueillir toutes _ les têtes des perfonnages illuftres de Pantiquite ; nous avouons que les #édailles ne feroient pas dé- pouillées dé tout prix, quand même elles ne fervi- roient qu'à nous conferver les portraits des prands hommes ; mais ce n’eft point là ce qui doit les faire principalement rechercher par un homme de let- trés, Si uné rrédaille de Pefcenniuis ne porte aucune date particuliere ; fi elle n'apprend aucun fait d’hif- toire, & qu’elle ne nous préfente qu'un portrait, il eft indifférent à celui qui veut devenir favant, que cette pièce rare foit entre fes mains, ou entre celles d’un autre. Tout le monde convient de l'exif- tence de Pefcennins. Le curieux qui poñlede la z26- _ daille, n’eneft pas plus afluré qu'un autre. L'homme de lettres voudroit fixer préciiément le tems où ce prince a vécu; il voudroit apprendre quelque cir- comffance particuliere de fa vie: fi la médaille ne peut l'infiruire de ce qu'il cherche, il eft prefque inutile qu'il lait vue, | : Voilà la vraie maniere dont on doit envifager les médailles, {ans les eftimer ni chacune en parti- culer ni toutes en général, au-delà de lutilité dont elles font réellement, Gardons-nous fur-tout, d’ima- giner que leur étude puifle fe féparer de celle des in{- criptions , & de la leture des auteurs anciens. EU éclairciflent des pañlages ; elles fuppléent des da- tes où des noms, & redreflent même quelquefois des erreurs; mais, pour un fervice qu'elles rendent à l’hiftoire, elles en reçoivent mille des luftoriens, & tous d’une fi grande conféquence, qu'avec les livres fans médailles, on peut favoir beaucoup & favoir bien ; & qu'avec les sédailles fans les li- vres, on faura peu & l’on faura mal. C’eft par cette remarque qui neft point d’un amateur an- thoufañle , que je rermime ce détail. Il ne me refte plus qu’à y joindre une courte explication de quelques mots fréquens dans la langue numifma- dique. EE “Termes d’ufage dans l'art numifinatique. Ame dela médaille, Les Antiquaïres regardent la lépende com- ‘me lame dela médaille, :& les figures comme le corps; tout-de-même que dans l'emblème où la devife tient lieu d’ame; fans quoi l’on n'auroit au- cune connoïffance de ce que les. figures qui en font le corps, nous doivent apprendre. Par exemple, nous voyons, dans une médaille d’Auguñte, deux mains jointes qui ferrent un caducée entre deux cornes d’Amalthée, voilà le corps ; le mot pax qui y eft gravé, marque la paix que ce prince avoit rendue à l’état, en fe réconcihant avec Marc An- toine, réconciliation qui ramena la félicité &z Pa- bondance, voilà l’are, Bufle, I] défigne , en matiere de médailles, comme dans les autres arts, un porsrait d-demi-corps, qui ne préfente que la tête, le col, les épaules, une partie de la poitrine, & quelquefois les deux bras. Les Buffes qu’on voit fur les médailles, fe trouvent ac- compagnés de fymboles qui leur font particuliers, fur-tout quand Îles deux bras paroïflent, comme il eft ordinaire dans les médaillons & dans les pe- tites médailles du bas empire. Ces fymboles font le fceptre, la férule, Pacacia. Dans d’autres buÿles qui vont jufqu'à-mi-corps, on y voit le cafque, le bouclier, & un cheval qu’on tient per la bride, pour MED 339 marquer les viétoires remportées ‘où dans les com- bats de la guerre, ou dans les jeux, | * Champ. C’eft le fond de la piece qui eft vuide; 8t fur lequel il n’y a rien de gravé. On eft par- venu à trouver l’explication de certaines lettres initiales qui fe trouvent dans le champ des médailles du bas empire. En voici des exemples : EUR Bout Beata Tranquilliras. CRE « Claricas Räpüblice, E.sS, Claritas Sœculi. Es Bon Pelicitas Beata. FM Feliciras Temporuri, PA: Pieras Augufta. S. A, Securiras Auguft, ns, Be Securites Publica où Pop. T,F: Ternporum Feliciras, V; I. Vôrà Imperi, V.:P, Vota Publica ou Populi, Coin. On fait que c’eft la même chofe que la matrice ou le carré d’une rédaille, Chaque médaï!lè n’a point eu un coz2 différent de toutes les autres qui lui font femblables, M: Baudelot a combattu favamment l’opinion contraire, dans fon livre dé VPariliré des voyages, | Corps. On regarde toutes les figures comme le corps de la médailles, | Exergue. C’eft un mot, une date, des lettres, des chiffres marqués dans les médailles au-deflous des têtes qui y font repréfentées, foir fur le revers, ce qui eft le plus ordinaire, foit fur la tête. Les lettres on les chiffres des exergues de médailles figni- fient ordinairement, où lé nom de la ville dans laquelle ellés avoient été frap ées, ou le tems,, ou la valeur de la piece de monnoie : & les lettres initiales ne marquent que cela. de Taféription: On appelle proprement ir/criprion, les paroles qui tiennent lieu de revers , & qui chargent le champ de la wrédaille au lieu de figures: égende. Elle confifte dans les lettres qui font au: tour de la médaille, & qui fervent à expliquer les figures gravées dans le champ, ; Module, Grandeur déterminée des médailles, d’a- près laquelle on'compofe Les différentes fuites. Monogramme. Lettres, carateres ou chiffres, com potés de lettres entrelacées. Ils dénorent quelquefois le prix dela monnoie , d'autrefois une époque , quel: quefois le nom de la ville, du prince, de la déité repréfentée fur la médaille, Nimbe. Cercle rayonnant qu'on remarque fur cer. taines r2édailles , fur-tout fur celles du bas empire. Ordre. C’eftainfi qu’on appelle une clafle générale fous laquelle on diftribne les fuites : on forme ordi: nairement cinq ordres: de médailles, l’un defquels contient la fuite des rois, un fecond la fuite des vils les, un troïfieme la fuite desconfulaires , un qua trieme la fuite des impériales ; & fous un cinquieme on range toutes les divinités ; les héros , les hom= mes célebres de l'antiquité. L'ordre dans les fiutes du moderne’eft abfolument arbitraire. Pantheées, Ce lont des têtes ornées de fymboles de plufieurs divinités. Parazonium. Sorte de poignard, de courte épée ; de bâton; de fceptre tantôt attaché à la ceinture ; tantôt appuyé par un bout fur lésenou, & tantôt placé d’urfelautre maniere. Quinaire C’eftune médaille du plus petir volume en tout métal. | | Relief, Saillie dés figures & des types empreints fur la tête ou fur le revers d’une édaille. Réversi Côté de la médaillé oppofé à la tête: Suite. C’eft l’arrangement qu'on donne aux és dailles dans un cabinet, foit d’après leur différente | grandeur; foit d’après les têtes &c lés revers, Symbole ow'éype: Terme générique qui défigne 240° ME D l’empreinte de tout ce qui eft marqué dans le: champ des médailles. | . Tére. Côté de la riédaille oppofé aux revers. Chez les Romains, Jules-Céfar.eft le premier dont on ait ofé mettre la tête fur la monnoie ; de fon vivant. : Volume. On entend parce mor l’épaifleur, léten- due, le relief d’une #nédaille , & la grofleur de la tête. Le leéteur trouvera les articles de médailles qui fuivent, rangés avec quelque ordre. Toute médaille eft antiqueou moderre ; nous com- mencerons par ces deux mots. Enfuite nous viendrons aux métaux, parce qu'il y ades meduilles d'or, d'argent , de billon,, de bron- ze, de cuivre , d’éran , de fer, de plomb, de potin. Une médaille peut être contrefaite , .dentelée , écla- tée | faufle, fourrée, frappée fur l’ansigue ; non frap- pée, frujte, inanimée , incertaine ; incufe , martelée , moulée, réparée , faucée , fans tête. Parmi les rrédailles | il y en a de contorniates , de contre-marquées , de rares, de reffituées , d’uniques &t de-votives. Il y a encore des médailles fur les allocutions, &c d’autres qu'on nomme de confécration ; nous en fe- rons aufh les articles. Les rédailles de colonies | les confulaires , les grecques , les impériales, les romaines, méritent fur- tout notre curiofité. Cependant nous n’oublierons pas de parler des miédailies arabes , égyptiennes ; efpagnoles , étrufques , gothiques , hébraïques, phéniciennes & famaritaines. Enfin , les rrédailles d’Arhenes , de Crotone , de Lacédémone & d'Olba , intéreflent trop les curieux pour les pañler fous fiience. Nous terminerons ce fujet par dire un mot des épo- ques marquées ur les médailles. | Il eft inutile d’avertir que les autres articles de Part numifmatique font traités fous leurs lettres. (D.1.) | MÉDAILLE ANTIQUE, ( Art numifmat. ) J'ai déja dit que ce font toutes celles qui ont été frappées jufques vers le milieu du troifieme ou du neuvieme fiecle de Jefus-Chrift. Depuis les progrès de la renaïffance des Lettres, on a raflemble les médailles antiques ; on les a gra- vées, déchiffrées & diftribuées par fuites ; on ena fait une fcience à part très-étendue.I[ne s’agit peut- être plus aujourd’hui que d'éclairer le zele de ceux qui l’étudient avec paflion , & leur prouver qu'ils ne doivent pas donner une confiance aveugle à tou- tes les zédailles:qui font antiques , de bon alloi, & frappées dans les monnoies publiques. Juftifions ici cette vérité par les judicieufes obfervations de M. l'abbé Geinoz, rapportées dans Phifloire de l’acad. des Infériptions, tom, XII, [n’y a, ditil, que trop de médailles antiques fin- gulieres, & quirenferment des contradi@ions pal- pables avec la tradition hiftorique la plus conftante , Gt même avec les autres médailles, La caufe de ces fingularités vient fans doute d’u- ne confufon de coins ; femblable à celle qu'onare- marquée fur les médailles fourrées. Il eft arrivé plus d’une fois aux Monétaires même, fur-tout lorfqu’il y avoit plus d’un prince pour lequel on travailloit dans le même hôtel des monnoies:illeur eft, dis-je, arrivé plus d’une fois de joindre enfemble deux coins, qui n'étoient pas faits pour la même piece de métal. Il n’étoit pas difficile que deux ouvriers tra- vaillant lun près de l’autre, celui qui vouloit ap- pliquer un revers à la tête de Vefpañen, prit par mé- garde le coin dont fon voifin devoit fe fervir, pour en frapper un à celle de Titus : il n’étoit pas même ämpofhble qu'un ançien coin oublié dans Ja falle , fût M E D employé-par imadvertance à former le revers. de quelque rzédaille nouvelle par un ouvrier peu atten- tif. Cette confufon n’a rien quirépugne, 6 elle a été avouée:par Le Pere:Pagi dont la bonne critique eft aflez connue; & par M. Liebe , un des célebres antiquaires de.ces derniers tems. Les exemples en | font rares à la vérité, &c les médailles qui nous les fourniflent , font ordinairement uniques :on va ce- pendant en rapporter quelques-unes pour prenve de ce qu'on vient d'avancer. Sur deux médailles d'argent d’Antonin Pie, on trouve anrevers Avgufla, avec des types quimon: trent évidemment qu'on a joint à la tête de cetem- | pereu: des revers qui avoient été. deftinés aux me2 dailles de Faufthine fa femme. Deux autres médailles d'argent de Julia Domna ont à leurs revers, l’uné Liberal, Augg. & Vautre Virtus Aug. Cof.. :.On voit bien que ces légendes ne peuvent convenir à cette princefle : aufh les a-t-on prifes pour des médails les de Severe, où. on les trouvera facilement. Une autre zédaille d'argent d'Herennia Etrufcilla, a pour revers un type connu parmi ceux de Trajan Dece, avec la légende Pannonie. Au revers d’une rrédaillé de Fauftine la jeune en grand bronze, on lit Primi Decennales Cof. LIT. S. C. Quelqu'un prétendroit-il qu'on fanoit des vœux décennaux pour les femmes des empereurs ? non, car le filence de l’hiftoire & de roug les autres monumens nous prouve le con- traire $ mais fi on confulte les médailles de M. Au- tele, on verra quece revers a été frappé avec un coin defliné à cet empereur. Une autre médaille en grand bronze de Didius Julianus , a fur le revers Juno Regina , légende qui ne lui peut appartenir, mais qu'on a empruntée d’un coin de Manlia Scantilla. M. Liebe a fait graver dans fon tréfor de Saxe- Gotha une nédaille d'argent d'Hadrien, où on lit d’un cÔté Hadrianus Auguflus , & del’autre S. P. Q. À: M. O. PRINC. Qui éft-ce qui ne voit pas que le coin d’un des revers de Trajan a été employé paf mégarde avec un coin d'Hadrien ? le même anti- quaire rapporte enfuite une zrédaille d’Antonin Pie , danslaquelle fa 15°. puiflance tribunitienne fetrouve également marquée äntour de la tête & au revers. La caufe de cette fingularité eft que le monétaires’eft fervi de deux Coins qui étoient bien de la même an- née, mais qui navoient pas été faits pour être unis enfemble. Tous ces exemples paroïffent prouver ‘fans con tefation , du-moins aux yeux des critiques impar- _tiaux, que Îles Monétaires même ont fait des mépri- f 2 . À / : | fes ; & fi le pere Chamillard eût connues médailles | qu’on vient de citer, il n’auroit point cherché des moyens plaufbles de les concilier avec l’hiftoire , ou d'accorder enfemble les légendes destêtes & cel: les des revers. Tandis que le pere Hardouin rejette avec hauteur l'idée de ces méprifes de Monétaires, il nous en foufnit lui même plufieurs traîts dans fon hifioire augufte. On y voit une médaille de grand bronze , qui joint le fixieme confulat de Vefpañen avec le fecond de Titus; quelques-unes de Domi tien avec latêtede Vefpañen au revers; une de Trae jan avec fon cinquieme confulat, &cawrevers les 16 tes d'Hadrien & de Plotine, avec la légende Ha- drianus Aug, Les critiques fages aimetont toûjours mieux adopter dans ces rrédailles des erreurs de Monétaires , erreurs qui n’ont tien que de naturel & | d'ordinaire, que d’en faire la bafe de quelque fyftè- | me entierement oppoié à l’hiftoire de toute l’antis quité. Ne reconnoiflons donc point pour des pieces au= thentiques ces médailles fingulieres , qu ne peuvent s’accorder ni avec les autres médailles reçues, ni avec lhifioire ; 8 examinons fi ce qui caufe notre embarras, lorfque nous cherchons à en: déméler le {ens - MED fens, ne vrent pas de quelque méprife du monétaire. Nous pourrons facilement nous en appercevoir, en vérifiant fi ces revers ne fe trouvent pas joints fur W’antres médailles à des têtes auxquelles ils convien- nent mieux; quand cela ferencontrera, nous avoue- rons que des coins mélés ou confondus font la fource de nos doutes , & nous verrons la difficulté difparoiître. Aurefte, on voudroit en vain nous perfuader qu'il regne quelquefois fur les médailles antiques des traits d'irome & de plaïifanterie , femblables à ceux qu’on voit aflez fouvent dans nos médailles moder- “es. On cite pour le prouver la médaille de Gallien que le roi poflede, Galliene Augufle Pax Ubique : fédaïlle frappée dans le tems que par la lächeté & lindolence de cet empereur l'Empire étoit déchiré par les trente tyrans. Ce qu'il y a de sûr, c’eft que tout ce que M. Baudelot nous a ingénieufement ex- pliqué des médailles qui fe frappoient pour les plaifirs des faturnales , ne fert de rien pour appuyer ce fen- timent. [ln’eft pas mieux établi par une feule médaille équivoque. Jeconviens que la difficulté d’accommo- der lé nom d’une princefle à la tête d’un empereur eft d’abord embarraflante ; mais on peut la réfoudre par linadvertance ou laprécipitation du monétaire, & confirmer cette folution par les preuves que nous venons d’en donner tout-à-l’heure. Enfin, on adop- tera bien moins un fait unique, que le defir qui nous anime de prêter aux anciens le carattere d’efprit de notre fiecle. (D. J.) , MÉDAILLE MODERNE. ( rc numifm. ) On ap- pelle #eédailles modernes celles qui ont été frappées depuis environ trois fiecles. En effet , il faut obfer- ver qu'on ne met point au rang des médailles rnoder- mes celles qu'on a fabriquées pendant la vie de Char- lemagne, & , après lui, pendant cinq cens ans; parce qu’elles font fi groffieres , que les antiquaires regardent cet efpace de tems comme un vilain entre- deux de lPantique &c du moderne. Maïs quand les beaux Arts vinrent à renaître, 1ls fe prêterent une main feconrable pour procurer des médailles qui ne fuflent plus frappées au coin de la barbarie, Voilà nos nédailles modernes. Leur curiofité, comme celle de la belle Peinture, eut fa premuere aurore au commencement du quin- zieme fiecle , après avoir été enievelie l’efpace de mille ans avec les triftes reftes de la majefté ro- maine. Ce fut d’abord par les foins d’un Pifano, d’un Bolduc: , & de quelques autres artiftes, qu’on vit re- paroitre de nouvelles médailles avec du deflein & du relief. Le Pifano fit en plomb, en 1448, la 7é- daille d’'Alphonfe, roi d’Arragon ; & , dix ans aupa- ravant , il avoit donné celle de Jean Paléologue, dernier empereur de Conftantinople. Enfuite , on fe mit à frapper des rreédailles en or; telle eft celle du concile de Florence , & d’un confifloire public de Paul IL: qui font les premueres ébauches des médail- ‘les modernes , perfetionnées dans le fieclé fuivant, êt enfuite recherchées, pour la gravure, par quel- ques curieux. IL eft vrai que la plüpart de ces nouvelles médail- es ont été faites avec grand foin , que les époques s’y trouvent tohjours marquées, que les types en ont choifis & l'explication facile, pour peu qu’on ait connoiffance de l’hifloire. On y voit des combats fur terre & fur mer , des fieges, des entrées, des fa- cres de rois, des pompes funébres, les alliances , les mariages , les familles, en un mot, les événe- mens les plus importans qui concernent la religion & la politique : cependant tout cela réuni né nous touche point comme une feule médaille de Brutus, de Lacédémone, ou d'Athènes. _ Je né puis même deviner les raifons qui ontenga- gé le pere Jobert à décider que fur les médailles anti- ) Tome X, M ED a4i ques dn trôuve, plus que fur les modernes ; le faux mérite honoré Il femble , au contraire, que cet ih- convénient, qui eft inévitable das toute fociété humaine , eft beaucoup plus à craindre dans les #16- dailles modernes, qu'il ne l’étoit dans les monnoiés antiques ; Car parmi nous les princes font maîtres abfolus de la fabrication de leurs monnoies , tandis qu'à Rome le fceau de l'autorité du {énat quelque corrompu qu'on le fuppofe, y intervenoit encore. D'un autre côté, les monnoïies antiques ne fe frappoient que pour le prince; & l’hiftoite nous 4 éclairé fur fes vertus ou fur fes vices. Mais aujour- d'huiiln'eft point de particulier qui ne puifle faire frapper des zédailles en fon honneur : éombien de gens fans mérite , que la vanité a déja porté à ef- fayer de fe procurer une efpece d’immortalité ; En fe faifant repréfenter fur des médailles ! Je ne détournerai néanmoins perfonne de donner dans la curiofité du woderne. On peut raffembler , fi l’on veut, ces fortes de médailles, & former même des fuites de papes , d’empereurs , de rois, de vil- les & de particuliers, avec le fecours des monnoies ëz des jettons. La fuite complette des papes peut fe faire depuis Martin V. jufqu’à préfent : mais la fuite des empereurs d'Occident depuis Charlemagne ne pourroit s’exécuter qu’en y joignant les monnoies. Si l’on me dit qu’Oétavius Strada a conduit cet ou- vrage depuis Jules-Céfar jufqu’à l’empereur Mar- thias, je réponds que c’eft avec des médailtes pref- que toutes faufles , inventées pour remplir les vui- des , où copiées fur celles que Maximilien II. ft battre pour relever la grandeur de la maifon d’Au- triche, Quant à la fuite des rois de France, il faut fe con- tenter des monnoies pour les deux premieres races + car 1] n’y a aucune zédaille avec l'effigie du prince avant Charles VIT, Toutes celles qu’on a frappées dans la France métallique jufqu’à Charlemagne ; font imaginaires ; & la plüpart des poftérieures , font de l'invention de Jacques de Bie, & de Duval fon aflo- cié. [left vrai qu’il ya dans le cabinet de Louis XV. une fuite de tous {es prédécefleurs jufqu'à Louis XIV, gravée très-proprement en relief fuf de peti- tes agates; mais on fait que c’eft une fuite de la mème grandeur , d’une même main, & d’un ou- vrage exquis, qu'on fit à plaifir fous le regne de Louis XIII. Les médailles &’Efpagne , de Portugal, & des cou- ronnes du Nord, ne font que du dernier fiecle. En Italie, les plus anciennes, j'entends celles deSicile , de Milan, de Florence, ne forment aucune fuite , & ne fe trouvent que moulées. Telles font les médair. les de René &t d’Alphonfe , rois de Sicile, de Fran- çois de Sforce, duc de Milan, & du grand Côme de Médicis. En un mot, la Hollande feule, par la quantité de médailles qu’elle a fait frapper, forme une hiftoire intéreffante. Elle commence par la fameufe médaille de 1566, fur laquelle les confédérés des Pays-Bas qui fecouerent la tyrannie du roi d’Efpagne, frent graver une beface , à caufe du fobriquet de gzeux qu'on leur donna par mépris, & qu'ils afe@erent de conferver. LUE | Il ne faut donc pas s'étonner qu’il y ait peu de li- vres qui traitent des médailles modernes. Je ne con- nois que ceux du pere du Moulinet & de Bonanni pour les papes; de Luckius, de Trypotius, de la France métallique dont j'ai parlé ; de l'abbé Bizot & de Van-Loon pour la Hollande. Voici les titres de ces fept ouvrages. 19, Claudii du Moulinet hifforia fummorwm pont: ficum à Martino V. 44 Innocentium XL. pereorum nu. mifmata ; id eff, ab anno 1417 ad an, 1678, Pari, 1679 , fol. 2 Hh 242 MED. 2°, Numifinata pontificum romanorum & fempore Martini”. ad ann, 1699, üluftrataa Philippo Bonan- ni S. J.Romæ,. 1699 , 2 vol. fol. 3°. Sylloge numifinatum clegantiorum , quæ diverfe mp. reges ; principes, refpublicæ, diverfas ob caufas , ab anno 1300 ad annum ufque 1600 cudt fécerunt ; &c. operé Joh. Jac. Luckit argentoratenfrs. Argenti- næ,1620, fol. 4°. Symbola divina & humana pontificum , ëmpera- torum regurm. Acceflit brevis ifagoge Jac. Trypoti ex -mufæo OŒaw. de Strada. Sexlptor Egidius Sadeler ; Pragæ, 1601, fol. 5°. La France métallique, contenant les aétions célebres, tant publiques que privées, des rois &c reines, marquées en leurs médailles d’or , d'argent «& de bronre, par Jacques de Bie; Paris, 1636, 22-foL. 6°, Hiftoire métailique de Hollande, par M. l’ab- bé Bizot; Paris, 1687, fol. 7°. Mais l'ouvrage de Van-Loon eft bien autre- ment complet: il eft intitulé hif/oire métallique des dix-fept provinces des Pays-Bas, depuis l’abdica- tion de Charles V, jufqu'à la paix de Bade conclue en 1716,traduite du hoflandois de M. Girard Van- Loon;àla Haie, 1732, 1737, 5 vol. 2-fol, Pour ce qui concerne l’huftoire de Louis Le Grand &c des événemens de fon regne par les médailles, de l’Imprimerie royale, 1702 & 1723, 2n-fol, tout le monde fait ce qu'ilen faut penfer. ( D. J. ) MÉDAILLE D'OR, (Ars numifmar.) Dans le grand nombre des médailles d’or greques & romaines , 1 y na qui font, foit or fin, toujours plus pur & d’un plus bel œ1l que le nôtre ; foit or mêlé plus pâle, d’un aloi plus bas, &c ayant environ fur quatre parts un cinquieme d’alliage ; foit enfin or notablement alteré , tel que nous le voyons dans certaines gothi- ques. Il faut obferver, que quoique Sévere Alexan- dre, eût donné la permiflion de fe fervir d’alliage dans les monnoies, cela n’a point empêché que les médailles de ce prince & de ceux qui lui ont fucce- dé, même dans le bas empire , ne foient ordinaire- ment d’un or auf pur & aufli fin que du tems d’Au- gufte , le titre ne fe trouvant proprement altéré que dans les gothiques. L'or des anciennes médailles grecques eft extré- mement pur ; lon en peut juger par celle de Phi- lippe de Macédoine & d'Alexandre le grand, qui vont à vinst-trois karats &c feize grains, à ce que dit M.Patin, l’un des fameux antiquaires du der- nier fecle. ‘On lui eft redevable d’avoir tâché d'inf- pirer aux curieux l'amour des médailles, & de leur £n avoir facilité la connoiflance. L'or des wédailles impériales eft auf très-fin, & de mêmealloi que celui des Grecs; c’eft-à-dire au plus hautititre qu'il puifle aller , en demeurant ma- niable : car les affineurs le préferent encore aujour- d’hui à celui des fequins &€ des ducats ; & du tems de Bodin,, les orfévres de Paris ayant fondu un Vefpañien d'or , ils n'ytrouverent.qu'un 788 d’em- pirance qui eft l’alliage. Il faut fe fouvenir que les Romains ne commen- cerent à fe fervir de monnoies d'or que l’an 547.de Rome, afin que l’on ne foit pas trompé à celles qui -{e trouveront avant ce tems-là: Par exemple, f Pon nous préfentoit quelqu'un des rois de Rome, ou des premuers confuls frappés fur l'or, il n’en faut pas davantage pour conclure que c’eft une faufle 7e- daille : j'entends qu’elle n’eft point frappée du tems de ces-roïs onde ces confuls ; car les defcendans de ces familles, plufeurs fiecles après, ont fait frapper quelquefois les têtes de leurs ancêtres : témoin cel- les de Quirinus , de Numa, d’Ancus Martius , de Junius-Brutus; & cestfortes de médailles ne laiffent pas d’être antiques par rapport à nous , quoiqu’el- MED les ne foient pas du tems de ceux qu’elles repréfeñi tent, (D.J.) MÉDAILLE D'ARGENT , (rt raumifmat. ) lufa: ge des vnédailles d'argent commença chez les Ro- mains l’an 485, de Rome. L’on en trouve en beau- coup plus prand nombre que d’or, mais l'argent n’en eft pas: fi fin que le titre des smédailles d’or; car les curieux ont remarqué par les fontes, que les Ro- mains ont toujours battu les wédailles d’or fur le fin, au lieu qu'ils ont frappé celles d'argent à un titre d'un fixieme plus bas que nos monnoies de France. On ne laiffe pas d’appeller argent fin ; Vargent des médailles qui {e trouvent jufqu’à Septime Sévere, en comparaïfon de celles qui fe trouvent jufqu’à Conf- tantin, dont l’argent eft bas & fort allié. On le nom- me communément potis. Voyez; MÉDAILLE DE POTIN. Savotremarque , qu’Alexandre Sévere, fit battre de la monnoie d'argent, où il ny avoit qu'un tiers de fin, quoique le poids fàt toujours le même. On l’appella néanmoins reflitutor monere, ce qui fait voir combien de {on tems la monnoie avoit été altérée. Didius Julhianus eft le premier qui ait corrompu le titre des zrédailles d'argent ; Ale fit, à ce qu'on prétend, pour remplir plus aifément fes coffres qu’il avoit épuifés par fes largeffes, en achetant l'empire des foldats prétoriens , qui venoient de maflacrer Pertinax. Depuis Didius Julianus , le titre alla tou- jours en baïflant , & certainement les médailles de ce prince ont moins d’alliage que celles de Septime Sévere : &z celles de ce dernier font encore moins mauvaifes, que celles de Sévere Aléxandre. Sous Gordien , c’eft encore pis, 8c peut-être c’eft par cette raifon , que l’on trouve fous cet empereur, les médailles d’un module plus grand & plus épais ; car quoique ce module foit connu dès le tems de Septi= me Sévere, de fa femme Julia Pia , & de fon fils Caraçalla ; il eft cependant vrai, qu'il y a peu de cegrand module fous ces princes ; commeil y a fort peu de petit module fous Gordien, Gallien alla encore en baïflant le titre, &z je crois qu'il neft pas douteux que fa monnoie d'argent ; quoiqu’elle eût au-moins quatre cinquiemes d’allia- ve, ne fût la feule monnoie d'argent, connue pour: lors dans l’Empire. Je n’ignore pas cependant , que quelques curieux prétendent avoir des médailles d'ar- gent pur de ces tems-là, & même de Probus, de Ca tus, &c, mais ces zrédailles qu'ils vantent tant, font toutes faufles , & cela paroït aflez prouvé par les médailles fourrées, que nous trouvons fous Gallien, & même fous Pofthume. Comment auroit-on rif- qué fa vie pour fourrer des médailles d'argent pur à Un antiquaire qui eft mort a long-tems vanté une #nagnia urbica d'argent pur de fon cabinet: cette 716: daille a été vüe & examinée après fa mort; il eff évident qu’elle eft moulée. Depuis Claude le Gothique, jufqu’à Dioclétien ; qui rétablit la monnoie, il n’y a plus d’arpent du- tout dans les médailles ; on s’il s’en trouve quelques- unes , elles font fi rares que l’exception confirme la regle. Ona frappé pour lors fur le cuivre feul, mais après l'avoir couvert d’une feuille d’étain. C’eft ce qui donne cet œil blanc aux médailles que nous ap- pellons Jaucées , telles que plufieurs Claudes, les Autéliens, & la fuite jufqu'à Numérien inclufive- ment. On trouve même encore de ces médailles fau cées fous Dioclétien, Maximien, Conftance Clo+ re, & Galéro Maximien; quoique l’ufage de frap= per fur l'argent pur fût déja rétabli. Je ne fai fi quelque cabinet peut fournir des Licis nius, des Maxences,.& des Maximins de cette efpe- ce; on y trouveroit plutôt de vrai billon. En tout cas , il femble qu'il ne foit plus queftion de médailles fauçées fous Conftantin. Au relte, files auteurs qui nous ont donné des colleétions de édailles euflent fait cette attention, ils auroient évité de groffir leurs Hvres d’un long catalogue de médailles d'argent, en- tre Pofthume &c Diociétien, puifque toutes celles de ce tems-là ne font véritablement que de petit bronze couvert d'une feuille d’étain,êc que par con- féquent , xl étoit inutile de répéter des wédailles ab- folument les mêmes, dans deux différentes clafles, Il n’eit pas aifé de deviner , pourquoi lon cefla tout-à-coup de frapper des médailles d'argent , tan- dis qu’on continuoit d’en frapper en or; car il eft à remarquer que dans le tems.du plus grand afoibhf- fement, & même de l’anéantiflement prefque entier des efpeces d’argent ; celles d’or ont toujours été battues fur le fin. Cela proviendroit-il de ce que la recette &’une grande partie de revenus de l'Empire, seit toujours faite en or ? La plüpart des termes em- ployés pour exprimer les tributs & les autres impo- ftions , étoient des épithetes d’aurum , comme au- Tum vicefemariure , aurum coronarium , aururme lufirale, &tc. L'empereur étoit intéreflé à ne pas permettre qu'on altérat le titre de ce métal, afin que fes finan- ces ne foufrifflent pas de cette altération. Au con- traire, le tréfor impérial faifant fes payemens en argent ou en cuivre ; plus le titre de l’un & le poids de l’autre de ces métaux étoient affoiblis , plus le fifc y trouvoit fon compte, parce que cet affoiblif- fement des efpeces n’en faifoit pas changer la valeur dans le commerce; & qu'avec une plus petite quan- tité d’or, on pouvoit avoir du cuivre en mañfle pour en faire de la monnoie , à laquelle l’on donnoit la valeur des pieces d'argent , en y ajoutant une feuil- le d’étain afané. Cet expédient à la fin ruineux pour l’état , a pû être un effet de la nécefité où fe font trouvés les empereurs, de recourir aux moyens les plus odieux, pour payer leurs troupes, pendant le défordre où l’Empire fe vit plongé depuis Gailien jufqu’à Dio- clétien & Maximien; car durant tout cet intervalle de tems , l’Empire fut toujours attaqué au - dehors » 1P } q par les nations Barbares qui l’environnoient , & dé- chiré au-dedans par les tyrans, qui s’éleverent ou enfemble,ou fucceffivement dans fes différentes pro- vinces. (D.J.) MÉDAILLE DE BILLON , ( Are numifimar. ) On nomme ainf toute r7édaille d’or ou d'argent, mêlée dé beaucoup d’alliage , car le Aiflon en matiere de monnoïe , fignifie toutes fortes de matiere d’or ou d'argent alliée, c’eft-à-dire mêlée au -deffous d’un certain degré, & principalement de celui qui eft f- xé pour la fabrication des monnoies. Depuis le regne de Gallien & de fes fuccefleurs , on ne trouve prefque que des médailles de pur bil- lon , dont les unes font battues fur le feul cuivre À êt couvertes d’une feuille d’étain ; on les nomme médailles faucées : les autres n’ont qu'une feuille d’ar- gent battue fort adroitement fur le cuivre ; on les appelle médailles fourrées. Voyez MÉDAILLE FOUR- RÉE. (D.J.) MÉDAILLE DE BRONZE , ( Art numifmar. ) c’eft par le mot de éronze qu’on a cru devoir annoblir le nom deczivre , en termes de médailliftes. Le bron- ze eft comme on fait, un mélange de cuivre rouge &t de cuivre jaune, dont les antiquaires ont formé trois efpeces différentes de médailles | qu'ils appel- lent le grand, le moyen & le petit bronze, felon la grandeur , l’épaiflenr & l'étendue de la rrédaille “a groffeur & le relief de la tête. (D..J.) MÉDAILLE DE CUIVRE , ( Are numifmar.) Quoi- que tout le cuivre dans la diftin@ion des fuites dont les cabinets {ont compofés , ait l’honneur de porter le nom de bronze , on ne laïfle pas néanmoins de le diféinguer par les métaux, Quand on en veut parler orme À, M ED 243 exaétement, comme M. Savot a fait dans fon D; des Méd. IT. part. ch. xviy. Où voit plufieurs médailles de cuivre rouge dès le tems d'Augufte , particulièrement parmi ce qu’on appelle #0yen bronze, | On en voit auffi de cuivre jaune dès le même téms parmi le grand bronze;comme parmi le moyen. Il s'en trouve de vrai bronze dont l’œil eft im comparablement plus beau ; mais on n’en connoît point de cuivre de Cotinthe. IIl eft très - yraiffem- blable que ce cuivre ne fut jamais introduit dans les-monnoies , parce que’c’eût été ÿ mettre une grande confufion; puifqu’alors il auroit dû y avoir une différence de valeur dans des pieces de même grandeur & de même poids , ce qui auroit expofé le public à toutes fortes de fraudes & de trompe- res. Cependant il y a des médailles de deux cuivres qui ne font point alliés , mais dont feulement l’un enchäfle l’autre | & qui font frappées d’un même coin;tels font quelques médaillons antiques de Com- mode , d’Adrien, rc. & certains autres, qui fans cela ne feroient que de grand & de moyen bronze. L'on peut y remarquer , que les cara@teres de la lé- gende mordent quelquefois fur les deux métaux s d’autres fois ils ne font que fur l’intérieur, auquel le premier cercle de métal ne fert que d’encafille- ment. ( D.J.) MÉDAILLE D'ÉTAIN, ( Art numifm.) c’étoient vratffemblablement des #édailles de plomb noir & de plomb blanc ; mais ilne nous en eft point pat= venu. Cependant les anciens ontémployé quelquefois Pétain à faire de la monnoie. Jules Pollux nous ap- prend que Denys le Tyran força les Syracufains a battre de la monnoie d’étain au lieu d'argent, & qu'il fxa là valeur de ces fortes de pieces à quatre drachmes. | Une loi du digefte (c’eft la loi 9, ad leg. Cornet. de Faif. ) défend d'acheter & de vendre des pieces de monnoies d’étain ; d’où 1l eft évident que les an- ciens avoient frappé des æédailles en ce métal : mais Savot , difcours fur les médailles, pare. II, c, jj. & äj. croit qu'on n’a jamais. pu fe fervir pour cela de véritable étain , qui étoit un compofé d'argent & de plomb fondus enfemble, ni même de l’étain faux compofé d’un tiers de cuivre blanc, & de deux tiers de plomb blanc , parce que Pun & l’autre éroit trop aigre © trop caflanr. On n'a donc pu frapper des édailles que fur deux autres efpeces d’étain faux, dont l’un fe faifoit avec du plomb noir & du plomb blanc mêlés enfemble en égale quantité, & l’autre avec deux tiers de plomb noir, & un tiers de plomb blanc. ( D. J. ) MÉDAILLE DE FER, ( rt numifmar, ) nous ne connoïflons point de vraies médailles de fer: il eft vrai que Céfar dit que certains peuples de la grande: Bretagne fe fervoient de monnoies de fer. Il eft en: core vraique la même chofe eft arrivée dans quel= ques villes de la Grece. Enfin, Savot rapporte qu'il s’eft trouvé des monnoies romaines que l’aimant at- tiroit ; mais ce n’étoit que des médailles fourrées à telles qu’il nous en refte encore plufieurs & du tems de la république, & du tems des empereurs. MÉDAILLE DE PLOMB, ( re numifm. ) en latin zummus plombeus. Perfonne ne douté aujourd’hui. qu'il ne nous refte des médailles antiques de plomb, Plaute parle des monnoies de plomb en plus d’un endroit, ez ze nummum crederem , dit un de fes ac teurs, cui f£ capitis res fint, nummUM 2Urquam cre dam plumbeum : & dans une autre de fes pieces ; Tace , [is faber qui cudere foler plumbeos nummos. A la vérité, Cafaubon a prétendu que Plaute donnoit le nom de #ummi plumbei à ces petites pie. hi 244 M E D ces dé bronze, que les Grecs appelloient #wauwo;; & xonnuBos ; & ce favant homme donne la même ex- plication aux pañlages de Martial, où il eft parlé de médailles de plomb, favoir , épigramm. lib, I. épr- gram. 79 G lib. X. épigr. 4. Mais l'illuftre com- mentateur de Théophrafte, d’Athénée , de Strabon, & de Polybe, auroit bien changé d'avis, sl eût vu les médailles de ce métal de plomb, qui fe font conferyées en grand nombre , jufqu’à des fuites de trois à quatre cens dans les cabinets des curieux de Rome, M. le baron de la Baffie en a vu deux inconte- ftablement antiques, dans le cabinet de M. Pabb£ de Rothelin. La premiere dont le reverseft entiere- ment fruité, eft un Marc-Aurele. La feconde qui eft bien confervée ; repréfente d’un côté la tête de Lu- cius Verus couronnée de laurier : Jp. Cæf. L, We- rus Aug. Au révers ünefemme debout vétue de la ftole, offre à manger dans une patere qu’elle tient de la main droite , à un ferpent qui s’éleve d’un pe- tit autel, autour duquelileft entortillé, On lit pour légende Saluri Auguffor. Tr. P, Cof. 11. Patin déclare dans fon Æi/f. des médailles , p. 50, en avoir vu un grand nombre de greques, &c il en cite deux latines de fon cabinet. Il eft donc certain que les anciens Grecs & Romains fe font fervi de monnoies de plomb , quoiqu'il paroïfle par les paf- fages de Plaute, cités ci-deffus, que les pieces de ce métal étoient de la plus petite valeur. Mais 1l faut prendre garde de n'être pas trompé én achetant des médailles de plomb modernes, pour des médailles antiques de ce métal. Les modernes ne font de nulle valeur, & les antiques font très-cu- rieufes; le plomb en eft plus blanc que le nôtre, & plus dur, (D. J.) MÉDAILLE DE POTIN, ( Art rumifmar. ) on nom- me ainfi des rzédailles d'argent bas &s allié. Ce font des médailles d’un métal fa@ice compoié de cuivre jaune, & d’un mélange de plomb, d’é- tain, & de calamita avec un peu d'argent. Savot dans fon difcours für les médailles , définit le potin une efpece de cuivre jaune quine fe peut do- rer à caufe du plomb qui y entre, On lui donne, ajoute:t-il, le nom de por, à canfe qu'on fait or- dinairement les pots de cuivre de cette matiere, Mais il entroit encore dans la compofition du po- tin, dont on fe fervoit pour frapper des médailles , environ un cinqueme d'argent, comme on l’a re- connu en en faifant fondre quelques-unes. - On commence à trouver des médailles de potin dès le tems-d’Augufte & de Tibere. M. le baron de la Baftie a vu une rédaille greque de Tibere au re- vers d'Augufte en potin, dans le cabinet de M. l'abbé de Rothelin, qui avoit fait une fuite prefque complette en ce métal:, chofe finguliere , & qui peut pañler pour unique en fon genre. (D. J. MÉDAILLE CONTREFAITE , ( Are numifmar. ) les médailles contrefaites | font toutes les médailles faufles & imitées. Nous ayons indiqué au mot médaille, les diver- £es fourberies qu’on met en ufage dans leurs con- trefaçcons , & les moyens de les découvrir. Nous ajouterons feulement ici quelques obfervations. Comme les Emiliens de G B, font forteftimés, & coutent 40 ou so francs, les fauflaires ont trouvé le moyen d’en faire avec les médailles de Philippe Pere, dontle vifage a aflez de refflemblance avec celui d'Emilien. On a trouvé quelques médailles de Gordien troïfieme, aux Gor- diens d'Afrique ; foit en réformant la légende de la tête, & en mettant 4 FR au lieu de Pius F. foit en marquant un-peu de barbe au menton; de forte que guelques-uns ont pris de-là fujet de foutentr que c’é- femblablement le fecret de donner toit. un troifieme africain , fls on neveu des deux autres. FI fera aifé de fe defabufer , en fe fouvenant que tous les revers où il y a 44g. ne conviennent point auxdeux africains, qui marquent ordinaire- ment deux @, G. fur leurs rzédailles. Ce n’eft pas ‘ qu'il ne s’en renconire quelquefois avec 4ug. par un {eul G, comme providentis Aug. virus Aug, mais alors le mot 4 FR, qui fetronve du côté de la rête, empèche qu'on ne puifle y être abufé. Il ne faut pas fe laifler tromper par certains Né rons de moyen bronze, dévuifés quelquefois en Othons ; il ne faut pas non plus s’arrèter à la perru- que qui paroît fi nettement fur l’argent & fur l'or, &t condamner fur les médailles où l’on ne la remar que pas; car quoiqu'elle ne fe trouve pas furles médailles battues hors d'Italie, elles n’en font pas moins véritables ; & quoique le Padouan ait pris foin de la marquer fort proprement fur le grand bronze, fes médailles n’en font pas moins faufles. Enfin , il ne faut pas établir pour regle fans ex2 ception qu'on contrefaffe uniquement les médailles rares 6 de grand prix, comme celles dont le même Padouan a pris la peine de-faire les carrés : en effet, il ya des médailles très-communes qui ne laïffent pas d’être contrefaites. ( D. J.) MÉDAILLE DENTELÉE , ( fc numifin. ) en latin aumifma ferrata. On appelle zrédailles dentelées ou crenelées , les médailles d'argent dont les bords ont une dentelure. Cette dentelure eft une preuve de la bonté & de l'antiquité de la médaille : elles font communes par- miles médailles confulaires jufques au téms d'Au- gufte, depuis lequel 11 n’y en a peut-être aucune. Il s’en trouve de bronze desroiïs de Syrie; mais 1l femble que ces dernieres n’ayent été denrelées que pour l’ornement, & non pour la néceffité ; au lieu que dans les srédailles d'argent , la fourberie des faux monnoyeurs a obligé de prendre cette précau- tion dès le tems que la république frappa des mon- noies d'argent. En effet, les faux monnoyeurs s’é- tudioient à contrefaire les coins des monétaires; & ayant imaginé de ne prendre qu’une feuille d’or ow d'argent pour couvrir le cuivre de leurs rédailles , ils la frappoient avec beaucoup d’adreffe. Pour remédier à cette friponnerie, &z pour di- ftinguer la faufe monnoie de la bonne, on inventa l’art de créneler, de denteler les médailles | & on décria tous les coins dont on trouvoit des efpeces. fourrées. (D. J.) | MÉDAÏLLE ÉCLATÉE oZFENDUE , (Art numifm.) on nomme ainfi les #édailles dont lès bords font éclatés ou fendus par la force du coin, Il eft bon de favoir que les bords des rrédaillès éclatées par la caufe dont nous venons de parler , ne font pas un défaut qui diminue le prix de la médaille, quand les figures n’en font point endommagées ; au contraire c’eft un des bons fignes que la zédaille n’eft point moulée. Ce figne ne laïffe pas néanmoins d’être équivoque à l'égard des fourbes qui auroient battu fur l'antique; car cela ne prouveroit pas que la tête ou le revers ne füt d’un coiïr moderne, & peut-être tous les deux. ( D. J. } MÉDAILLE FAUSSE , ( Art numifm. ) toute mé daille faite à plaifir, & qui n’a jamais exifté chez les anciens. On nomme aufi rédailles fauffes, les médailles antiques , moulées ; réparées , vérnifiées, refituées, avec dès coins modernes , réformées avec le marteau ; celles dont les revers ont été con- trefaits, inférés , appliqués ; celles dont la tête, les légendes ont été alrérées ; enfin, celles qu’on a fait éclater ou fendre exprès en les frappant. ( D. J. } MÉDAILLE FOURRÉE , ( Arénumifmar. ) médaille de bas alloi avec un faux revers. Les antiquaires nomment fpécialement rédailles À MED fourrées ,celles de l'antiquité qui font couvertes d’une petite feuille d'argent fur le cuivre ou fur le fer , battues enfemble avec tant d’adrefle, qu’on ne les reconnoît qu'à la coupure. Ce font de fautes mon- noies antiques , qui malgré leur antiquité reconnue, re méritent aucune foi dans l’hifloire. Rien de plus commun que ces fortes de pieces, pour qui s'eft familiarifé avec l'antique, & rien de plus rare qu'un antiquaire, quu fachant réfifter à la vanité de pofféder une médaille unique , né fafle de celles-ci que le cas dont elles font dignes. * On n'aura pas de peine à croire que l’objet de l’at- tention des gouvérnemens fe foit porté en touttems, &e en tout pays, fur les faux monnoyeurs. De-là ce qu’on appelle faufle-monnoie, a été un ouvrage de ténebres. Ceux que Pavidité du gain à entraîné dans un métier fi dangereux, ont ordinairement exercé leur art dans des lieux obfcurs & retirés: & c’étoient plutôt des gens fans connoïflance & fans éducation, qui expofoient ainfi leur vie pour un vil intérêt, que des hommes inftruits & capables de travailler avec exaétitude. Auffi voyons-nous peu de ces médailles fourrées , fur lefquelles on ne remar- que des erreurs grofleres , foit dans les dates , lorf. que le même confulat , a même puiffance ttibuni- tienne , font répétées fur les deux faces de la mé- daille, ou qu'on y trouve une différence réelle, & quelquefois de plufieurs années, foit dans les faits, lorfqu'ils ne conviennent qu’à un prince qui régnoit devant, ou après celui, dont la tête eft repréfentée de l’autre côté de la rrédaille. 25 Ces fautes doivent être imputées aux fabricateurs de ces faufles monnoiess L’inquiétude inféparable * de toute aétion qui met la vie dans un rifque perpé- tuel , ne accorde guere avec l’attention néceflaire pour la correétion d’un ouvrage. Ils frappoient donc leurs faufles médailles fuivant que le hafard arran- geoit les différens coins, que ce même hafard avoit fait tomber entre leurs mains ; ils joignoient à la tète d’un empereur le premier revers qu'ils rencon- troient, &c ne craïgnoiént point que ce bifarre mé- lange pûtempêcher le cours de leurs efpeces, parce qu'ils jügéoient des auttes par eux-mêmes, & que leur ignorance ne leur permettoit pas de s’apperce- voir de leurs propres bétifes. M: Geinoz en a obfervé quantité fur des médailles Jourrées du feul cabinet de M. l’abbé Rothelin. Il a vu avec étonnement dans Trajan, fon fixiemie con- fulat marqué au revers d’une médaille d’argent, qui du côté de la tête, ne porte que le cinquieme, Dans Hadrien fortune reduci, où lé mot reduci eft écrit avee un æ& Dans M. Aurele, la vingt-quatrieme puiffance tribunitienne d’un côté, péndant que l’au- tre n’exprime que la dix-huitieme. Ici des confulats &c des puiflances tribunitiennes au revers d’une im- pératrice , là des types &t des légendes quine con- viennent qu'à des princefles, au revers de la tête d’un empereur. Dans Gordien, un de ces revers que fit frapper Philippe pour les jeux féculaires qui fe célebroient fous fon regne; quelquefois une tête impériale avec le revérs d’une médaille confulaire. Enfin, des exemples fans nombre de tout ceque peu- vént produire en ce genre la négligence, la préci- pitation, l'ignorance, ou le manque de coins nécef. faires, pour frapper toutes les médailles qu'ils vou- loient imiter. Il faut en conclure, que d'ajouter foi à ces fortes de médailles, & vouloir entirer avantage pour faire naître des problèmes dans lhiftoire , c’eft tromper le public par de frivoles & faufles difcuffions. Si ceux qui jufqu'à préfent nous ont donné des catalogues de médailles, n’ont point eu foin de diftinguer ces fauflés monnoies d'avec les vraies C’eft un repro- che bien fondé que nous fommes en droit de leur - MED ni faire, Mêlet les rreduilles fourrées avec les nédaities légitimes, c’eft mêler de faux titres avec ceux qui font vrais ;. c’eft confondre la Fable avec l’'Hifioire. Mais, dira-t-on, pourquoi les rrédailles \fourrées {ont-elles prefque toüjours rares, & même aflez fou- vent uniques ? C’eft d’abord parce que les faufles monnoies n'ont jamais été aufh abondantes que les vraies. Cleft encore, parce que celles-Jà ontété plus aifément détruites par la fouille & les autres accis dens , qui font plus d'impreffion fur le fr & fur le cuivre , queifur l’or.& fur l'argent, C’eft enfin ) pars ce qu'il eftaflez rare; que là même faute foit ioua vent répètée par des ouvriers qui n’ont d’autres con. duéteurs que le hafard. Len Lire On.a peine à comprendre aujourd’hui que les faufles pieces puflent avoit cours autrefois , & qu'on ne s’apperçüt pas: d’abord de leur fauffeté,, par la contrariété quifetrouvoit entre la tête &lerevers: mais on ne fauroit faire là-deflus la moindre com. paraifon entre les pieces de monnoïe de notre fis- cle, &t celles qui avoient. cours chez les anciens: Nos monnoiïes confervent le même revers pendant long-tems, & 1l n’y a'par exemple ; à tous noslouis, ët à tous nos écus, qu'un feul & même revers; en forte que fi l’on en préfentoit quelques-uns qui por- taflent d’un côté la tête de Louis XV, & de l’autre des revers employés fur les monnoies de Louis XIV. ils feroient ailément reconnus pour faux, &c ne pal- feroient pas dans le commerce. Il n’en étoit pas de même chez les Romains; chäque année , chaque mois , &c prefque chaque jour , on frappoit. une pro- digieufe quantité de revers diflérens pour la même tête. Comment diftinguer du premier coup d'œil , dans cette varièté prefqu'infinie de revers, fi celui qu'on voyoit fur la piece de monnoie qu’on repré- fentoit,, répondoit à la tête qui étoit de l’autre côtéà Chaque particulier étoit-1l en état de faire cette di- fHnétion ? Tout le monde favoit-il lire, pour pou- voir juger fi la légénde de la tête convenoit avec celle du revers ? Il n’y avoit donc à proprement par- ler , que le côté de la tête qui fût le caractere de la monnoie gourante ; 8 il fufifoit que cette tête für celle de, quelque empereur ; de quelque princefle, de quelque Céfar, éc. pour qu’elle füt reçue dans le commerce; car pôur lors, cen’étoit pas l'ufage qu'à tous les'avenemens des empereursautrone,encom- mençant de battre monnoie à leur coin, on décriât les pieces qui étoient marquées au coin de leurs pré- décefleurs. FIN C’eft à la faveur de cet ufage, par lequel toute piece de monnoie qui portoit l’image d’un empe- reur; foit pendant fa vie, {oit après fa mort, avoit un libre cours dans l’empire , que les faux mon- noyeurs apporterent moins de foin à copier exaéte- ment les monnoies qu'ils vouloient contrefaire, Ce- pendant 1l n’y a pas d'apparence que leur fraude ait été long-tems cachée. Dès qu'on reconnoifloit les pieces faufles , fans doute.on ie hâtoit de les décrier, de les refondre, & d’en brifer les moules ce les coins : de-là vient que plufieurs medailles fourrées font uniques en leur efpece, & la plüpart très rares. Mais en attendant que la fraude füt découverte, les fauffaires avoient le tems de travailler, de faire cir- culer leur fauffe monnoie dans le public, & de fe dédommager de leufs frais, peut-être même de ga- gner confidérablement. À +4 Après tout, quelles quefoient les caufes des fautes qu'ontrouve fur les médailles fourrees , il fufät pour les décréditer , de prouver qu'elles en font remplies, & qu'elles ne peuvent fervir de preuve à aucun fait hiftorique. Or c’eft ce dont tous les antiquaires con: viennent, Voyez le mémoire de M. le baron de la Ba- Île ; infêré dans le recueil de l’acad, des Tnfcriprions . come XII, | 246 M E D Il ne faut pas cependant imaginer que Les medail- Les qui ont été frappées par ordre du prince, &c fous les yeux du magïftrat , foient tohjours exemptes de fautes. Il s’en trouve dont la légende n’eft pas exa- &e ; tantôt quelques lettres y font obmiles ; tantôt il y en a de fuperflues ; on en voit où les lettres font tranfpofées , & d’autres okle monétaire à la place des lettres véritables, en a fubflitué qui ne fignifient rien, ou dont le fens ne s'accorde nullement avec le type. Sur quelques-unes , la tête du même prince eft gravée en relief des deux côtés, fouvent avec des infcriptions qui portent des dates différentes. Sur quelques autres qu’on nomme incufes , la même tête eft d’un côté en relief, & de l’autre en creux. Quelquefois le revers d’un empereur eft joint à la tête d’une impératrice ; ou bien le revers gravé pour une impératrice, eft uni à la tête d’un empereur. Enfin , il eft certaines médailles qui ont été frappées plus d’une fois, & celles-là nous repréfentent fon- vent l’aflemblage monftrueux de mots compofés de deux légendes différentes. Voyez MÉDAILLE ANTI- QUE. (D. J.) MÉDAILLE FRAPPÉE SUR L’'ANTIQUE ( rs nu- mifmat. ) les médailles ainfi nommées font celles que l’on a réformées par fourberie avec le marteau , & auxquelles on aenfuite donnéune nouvelle emprein- te. Voyez fur cette rufe Je mot MÉDAILLE. MÉDAILLE NON FRAPPÉE , ( Art numifmat.)on nomme ainfi des pieces de métal d’un certain poids, qui fervoient à faire des échanges contre des mar- chandifes ou des denrées, avant qu’on eût trouvé Vart d’y imprimer des figures ou des caraéteres par le moyen des coins & du marteau. On peut lire au fujet de ces fortes de médailles , une favante differta- tion de Sperlingius , intitulée, Sperlingii (Othonis ) différtatio de nummis non cufis | tam vetérum qua re- centiorum. Amft. 1700 , 11-4. MÉDAILLE FRUSTE , ( Art numifmat. ) les anti: quaires appellent médailles frufles, toutes celles qui {ont défeQueufes dans la forme, & qui pechent , foit en ce que le métal eft rogné , le grenetis effleuré , la légende effacée , les figures biffées, la tête mécon- noïflable , &c. Il faut qu'une telle médaille foit fort rare, pour que les curieux l’eftiment précieufe mal- gré fes défauts. é MÉDAILLE INANIMÉE, ( Art numifmat. ) les an- tiquaires appellent médailles inanimées , celles qui n’ont point des légendes , parce que la légende eft l'ame de la médaille. Voyez LÉGENDE , ( Are numif.) MÉDAILLE INCERTAINE ;, O4INCONNUE , ( Arc numifmat.) les antiquaires nommentainfi les médail- les dont on ne peut déterminer n1 le tems, ni l’occa- fion pour laquelle on les a fait frapper. M. le baron de la Baftie en cite pour exemple dans cette clafle, une d’argent qui étoit dans le cabinet de M. l'abbé deRothelin. Cette médaille offre d’un côté une tête couronnée de laurier, avec une barbe fort éparile. La légende eft Hercules adfertor : au revers eft une femme debout, tenant un rameau de la main droite, & une corne d’abondance de la gauche. On lit au- tour , florente fortunä. (D. J.) MÉDAILLE INCUSE, ( Art numifmat. ) les me- dailles qui ne font marquées que d’un côté, s’appel- lent médailles incufes. Ce défaut eft fort commun dans les monnoïes mo- dernes, depuis Othon jufques à Henri l’Oifeleur. Dans les antiques confulaires, il fe trouve aufli des médailles incufes, & quelques-unes dans les impéria- les de bronze &r d'argent. La conformation de ces 7édailles pourroit furpren- dre un nouveau curieux, parce qu’au lieu derevers, elles n’ont que l’impreflion de la tête en creux, com- me fi on eût voulu en faireun moule; mais il eft cer- fain que cette défeétuofité vient de l'oubli, ou dela M ED précipitation du monnoyeur, qui avant que de re- tirer une rrédaille qu'il venoit de frapper, remettoit unenouvelle piece de métal, laquelle trouvant d’une part le quarré , & de Pantre la médaille précedente , recevoit l’impreflion de la mêmetête, d’un côté en relief, &c de Pautre en creux; maistoujours plus im- parfaitement d'un côté que de l’autre, l’efort de la médaille étant beaucoup plus foible que celui du quarré. | MÉDAILLE MARTELÉE,( Artnumifimar. )on appel le une médaille martelée, celle-dont on a fait une zé- daille tare d’une médaille commune , en fe fervant du martelage. On prendune médailleantique , mais fort commune , onenlime entierement le revers qui eft commun, & on y frappe à la placeun nouveau re- vers qui eft rare, avec un Coin tout.neuf, qu’on rend exprès dans le goût antique le plus qu'il eft poffible. On prend garde dans cette opération frauduleufe, d’altérer la tête qui doit être confervée dans fa pu- reté. Comme c’eft à coups de marteau qu’on em- preint ce nouveau revers, on a donné à ces fortes de médailles le nom de rartelées. Les habiles antiquai- res reconnoïffent la fupercherie | en comparant la tête avec le revers, dont ilsapperçoivent bientôt la différente fabrique. (D. J.) MÉDAILLE MOULÉE, ( Ars numifinat. ) on ap: pelle rzedailles moulées, des médailles antiques jettées en fable dans des moules, & enfuite réparées. On a découvert à Lyon au commencement de ce fiecle, des moules de médailles antiques, dont la fa= brique n’eft pas indigne de notre curiofité, La matiere de ces moules eftun argilleblanchâtre; cuite ; leur forme eft plate, terminée par une cir- conférence ronde, d’un pouce de diametre; leur épaifleur eft de deux lignes par les bords , & eft di- minuée dans cet efpace , de l’un ou des deux côtés du moule, qui a été cavé par l’enfoncement de la piece de monnoie , dont le type y eft refté imprimé. Je dis de l’un ou des deux côtés du moule, parce que la plûpart ont d’un côté Pimpreffion d’une tête, & de l’autre celle d’un revers, & que quelques-uns ne font imprimés que d’un côté feulement. Chacun de ces moules a un endroit de fon bord ouvert par une entaille, qui aboutit au vuide formé par le corps de la piece imprimée ; & comme la for- me plate & l'égalité de la circonférence de tous ces moules les rendent propres à être joints enfemble par arrangement relatif des types , à ceux des re- vers dont ils ont confervé l’impreflion, & dansune difpoñtion où toutes ces entailles fe rencontrent, on s’apperçoit d’abord que le fillon continué par la jonc- tion de ces crénelures , fervoit de jeu au grouppe for- mé de l’aflemblage de ces moules, pour la fufñon de la matiere deftinée aux monnoies. Ce grorippe qui pouvoit être plus ou moins long ; felon le nombre des moules à double type dont on le compofoit ; fe terminoit à chaque extrèmité parun moule imprimé d’un côté feulement. Il eft facile de juger par le refte de terre étrangere , comme atta- chée aux bords de quelques-uns de ces moules , que la terre leur fervoit delut pour les tenir unis, & pour fermer toutes les ouvertures par lefquelles le metal auroit pû s'échapper ; celutéroit aïfé à féparer de ces moules fans les endommager, lorfqu’après la fufions la matiere étoit refroidie. L'impreflion des types destêtes de Septime Séves re, de Julia Pia & d’Antonin leur fils, furnommé Caracalla , qui s’eft confervée fur ces moules , rend certaine l’époque du tems de leur fabrique ; c’eft celui del’empire de ces princes, dont les monnoïes de- voient être abondantes à Lyon, puifque le premier y avoit féjourné aflez de tems après la viétoire qu'il y remporta fur Albin, & que cette ville étoit le lieu de la naiffançe du feçcond, Un lngot de billon , dont la rouille! verdâtre marquoit la quantité de cuivre dominante fur la por- tion de l'argent qui y entroit,trouvéeenmêmetems & au même lieu que ces moules dont nous parlons, ne laiffe aucun lieu de douter qu'ils nayent fervi à jetter en fable des monnoies d'argent , plutôt que des monnoies d’or. Il paroît par cette defcription, & par l’ufage que les anciens faifoient de ces moules , que leur manie- re de jetter en fonte étoit aflez femblable À lanôtre, &t que ce qu'ils avoient de particulier étoit la qualité du fable dont ils fe fervoient , qui étoit f bon & fi bien préparé , qu’aprés 1400 ans, leurs moules {ont encore en état de recevoir plufeurs fufons. La bonté des moules, & le grand nombre qu'on en avoit déja trouvé du tems de Savot dans la même ville de Lyon, l’ont perfuadé que les Romains mou- loient toutes leurs monnoies. Fréher adopta l’idée de Savot, & leur fuffrage entraîna tous les antiquai- res; mais on eft aujourd’hui bien revenu de cette erreur , & les favans font convaincus que tous ces moules n’avoient été employés que par les faux monnoyeurs, du genre de ceux qui joignent À la con- trefaçon par le jet en fable , la corruption du titre, en augmentant confidérablèment l’alliage du cuivre avec l'argent. De-là vient cette différence notable du titre qu'on obferve aflez fouvent dans beaucoup de pieces d’ar- gent du même revers &c de même époque fous un même empereur. Cette mamiere de falffier là mon. noie , avoit prévalu fur la fourrure , dès le tems de Pline, qui en fait la remarque. La décadence de la Gravure , qui fous Septime Sévere étoit déja confidérable , & l’altération qu'il avoit introduite dans le titre des monnoies, favori- ferent encore davantage les billonneurs & les fauf- faires , en rendant leur tromperie plus aifée. La quantité de ces moules qu’on a découverts à Lyonen différens tems , fait aflez juger qu'il devoit y avoit une multitude étonnante de ces fanffaires, Lenombre devint depuis f prodigieux,dans les villesmêmes où il y avoit des préfeétures des monnoies, & parmi les officiers & les ouvriers qui y étoient employés, qu’il fut capable de former à Rome , fous l’empereur Au- rélien, une petite armée , qui, dans la crainte des châtimens dont on les menaçoit, fe révolta contre fui, & lui tua dans un choc fept mille hommes de tronpes réglées, Bel exemple de la force & de Pé- tendue de la féduétion du gain illicite ! Voilà l’ex- trait d’un mémoire qu'on trouvera fur ce fujet dans le tom. TI de Pacad, des Inferipr, ( DT.) MÉDAILLE RÉPARÉE, ( Ari numifimar. ) les an- tiquaires nomment médailles réparées , les médailles antiques quiétoientfruftes , endommagées , & qu'on a rendu par artifice entieres , nettes & lifibles. Nous avons parlé de cette rufe au 701 MÉDarrre. MÉDAILLE SAUCÉE , ( #re ruinifinar. ) c’eft-à- dire, médaille battue [ur le Jeu cuivre, & enfuite cou- verte d’une feuille d'étain. | Depuis Claude le Gothique, jufqu'a Dioctérien,il n'ya plus d'argent du-tont dans les #édailles où s'il _s’entrouve dans quelques-unes,elles font firates,que exception confirme la regle. On a frappé pour lors fur le cuivre feul, mais après lavoir couvert d’une femlle d’étain ; c’eft ce qui donne cet œil blanc aux médailles que nons appellons faucées, Tels font plu- fieurs Claudes , les Auréliens, & la fuite jufqu'à Nu- mérien inclufivement, On trouve même encore de ces) médailles faucées {ous Dioclétien, Maximien , quoique l’ufage de frapper fur l'argent pur fût déja ré- tabli. Jene fai f quelque cabinet peut fournir des Li- cuuus, des Maxences & des Maximes de cette elpe- ce ; on y trouveroit plutôt devratbillon. En tout gas, 1l femble qu'il ne foir plus queftion de médacl. M ED 247 les faucées fous Conftantin. Aurefte, fi les auteurs qui nous ont donné des colleétions de médailles euf. fent fait cette attention, ils auroient évité de groffir leurs livres d’un long catalogue de médailles d'argent, entre Pofthume & Dioclétien, puifque toutestcelles de ce tems-là ne font véritablement que de petit bronze couvert d’une feuille d’étain, & que par con- féquent il étoit inutile de répéter des médailles ab folument les mêmes dans deux différentes claffes, MÉDAILLE SANS TÊTE , ( Ar: numilinar. ) nom des médailles qui fe trouvent avee les {eules légen- des, & fans té. Telle eft celle qui porte une vic- toire pofée fur un globe , avec la légende, falus Êe= meris himani : au revers S. P. Q. R. dans une cou- ronne de chêne. Les uns la donnent à Augufte, les autres aux COnjurés qui aflaflinerent Jules-Céfar ; en un mot, on en abandonne l'énigme aux conjedtures dés favans. Ces fortes de médailles qui n’ont point de réte, fe placent ordinairement à la fuite des confulairés , dans la claffe qu’on appelle zwmmi incerti, MM. Vail- Jant, Patin & Morel, en ont ramañlé chacun un af fez grand nombre ; mais il y en a beaucoup qui leur Ont échappé. Les uns veulent que ces médailles ayent été frappées après la mort de Caligula, d’autresaprès celle de Néron; car le fénat, dit-on ,' crut alors qu'il alloit recouvrer fa liberté & fon autorité, & il fit frapper ces monnoies pour rentrer en jouiflan- ce de fes anciens droits. Auff , ajoute-t-on, ces mé- dailles ont-elles pour la plüpart fur un des côtés’, ou S. P. Q. R. dans une couronne , ou P, R./%72, ou d’autres fymboles , qui paroïfient appartenir plutôt. à la république , qu’à quelqu'un desempereurs. Mais il y eut trop peu de rems entre la mort de Cahgula 8e l’éleétion de Claude, & entre la mort de Néron & l’arrivée de Galba à Rome, pour que dans des in- tervalles f courts, le fénat eût pà faire frapper tant de médailles différentes. On a peine à fe perfuader aujourd’hui, que fous les empereurs, on ait fait frapper à Rome ouen Ita- lie des monnoies quilne portoient ni leur nom, ni leurimage, parce qu'on fe repréfente l’empire des Céfars , comme unefmonarchie parfaitement fem- blable à celles qui fônt attuellement établies en Eu- rope. C’eft une erreur, dit M. le baron de la Baftie, qw'ilferoit aifé de réfuter ;, & ceux qui voudront s’en défabufer ; n’ont qu’à lire le livre du célebre Gravi- na, de Ermperio romano ; (Won a joint aux dernieres éditions de l'ouvrage de ce favant homme , fur les fources du Droit civil. (D. J.) MÉDAILLE CONTORMIATE , ( Ar numifinar. \ on appelle cortorniate en italien medaglini | contor- nati, des médailles de bronze avec une-certaine en- fonçuretout-autour , qui laifle un rond des deux cô tés, &avec des figures qui n'ont prefque point de relief, en comparaifon des vrais médaillons. Fayeg CONTORNIATES. J'ajoute ici qu’on ignore en quel tems l’on a com- mencé d’en frapper , quoique M, Mahudel ait fou- tenu avec aflez de probabibté ; que ce fut.vers le milieu dia. fecle de J:C. que Pufage en a continué jufquevers la fin du iv. fecle, ét que c’eft à Rome, Gt non pas dans la Grece, qu'il faut chercher l’o- rigine-de ces fortes de pieces. h , Unfavant,, qui ne s’eft point fait connoître ,a pré- tendu dernierement ( en 1636) que les médailles contorniares étoient une invention des perfonnes em- ployées aux jeux publics , fur la foène ; ou dans le cirque: ÀL croit que ces aéteurs > Aprés avoir Mar- que fur un descôtés de la médaille leur nom, celui de leurs chevaux, & leurs viétoires ; avoient mieux aimé faire mettre fur l’autre côté le nom &e la tête de quelque perfonnage 1lluflre des fiecles précédens, 248 M ED ‘que de le faïffer fans type, quoique cela foit arrivé ‘quelquefois. e* Cette opimon narien decontraire à celle de M. Mahudel; mais 1l faut avouer que l’anonyme fe trompe, s’il ne croit pas qu'il y ait d’autres cozsor- niates, que celles fur lefquelles on trouve le nom des athletés., cochers & comédiens, celui des chevaux qui avoient rempotté le prix dans les courfes du cir- que , enfin les viétoires des différens aéteurs em- -ployés aux jeux publics, Nous connoïffons plufieurs de ces médailles, où au revers d'Alexandre, de Né- ron.,, de Trajan, &c. on ne rencontre rien de fembla- ble ; & M. Havercamp en a fait graver quelques- unes dans fa difertation d’une médaille contorniate d'Alexandre le grand , & fur les contorniates en gé- méral; mais ce favant homme, qui convient en plus d’un endroit de fon ouvrage, que ces médailles ont toutes été fabriquées depuis le tems de Conftantin juiqu'à Valentinien IL, & qu'elles ont été faites à l’occafion des jeux publics, ne laifle pas de prodi- guer l’érudition pour en expliquer les revers, de la même façon que fi c’étoient des pieces frappées du tems même des princes dont elles portent l’image, La médaille qui a donné lieu à fa difertation, & qu'il lui plaît de rapporter à Alexandre le grand, re- préfente , à ce qu'il prétend, d’un côté l’orient & Voccident , fous la figureide deux têtes qui ouvrent la bouche d’une maniere hideufe , & au revers, les quatre grands empires par quatre fphinx. Comment M. Havercamp ne s’eft-1l pas apperçu que ce qu'il prend pour deux têtes accollées, ne font que deux mafques fort reflemblans à quelques-uns de ceux qui font repréfentés dans les ouvrages de Bergerus & de Ficoroni fur les mafques des anciens ? Il eft aifé de diftinguer un mafque d’une tête, puifque les têtes ne font jamais repréfentées fans cou , & que les mafques n’en ont jamais. Ainf, cette médaille ne peut avoir rapport qu'aux jeux fcéniques, Toutes ces remarques font de M. le baron de la Baîtie. ( D. J. ) MÉDAILLE CONTREMARQUÉE, (Are rumifinar.) les Antiquaires appellent ainfi certaines médailles greques ou latines , fur lefquelles fe trouvent em- preintes par autorité publique différentes figures, types ou fymboles , comme dans les rrédailles gre- ques, ou bien, comme dans les médailles latines, tantôt de fimples lettres , tantôt des abréviations de mots frappés fur les mêmes médailles après qu’elles ont eu cours dans le commerce. On recherche tou- jours avec avidité les raifons politiques qui don- nerent-lieu à ces zzédailles contremarquées | & c’eft fur quoi nous n'avons encote que des conjeëtures ; mais voici les faits dont on convient. 1°. Le méchanifme de l’art de contremarquer les inédailles , à en juger par l'élévation du métal plus où moins apparente à l'endroit qui répond: direéte- “ment à la contremarque fur le côté oppofé, ne de- mandoit qu'un grand coup de marteau fur le nou- veau poinçon que le monnoyeur pofoit fur la piece; -& comme il étoit eflentiel que par cette opération Îles lettres de la légende & les figures du champ de Ja médaille oppofé à la contremarque,, ne faflent ni applaties , nieffacées, on conçoit qu'il falloit qu’on ‘plaçât la piece fur un billot d’un bois qui cédât à la violence du coup ; c’eft par ce défaut de réfiftance du bois qui fervoit de point d'appui que le métal prêtant fous le marteau , formoit une efpece de boffe. 2°. L'art &c l'ufage de consremarquerles monnoïes ont pris leur origine dans la Grece. Le nombre de médailles des villes greques que l’on trouve en ar- gent ét.en bronze avec des contremuarques, ne per- met pas d'en douter:; il y en a cependant moins fur les médailles des roïs grecs que fur celles des villes de la grande Grece:; de l'Añe mineure , & des îles de l’Archipel ; mais de toutes les villes de ces diffé. rentes parties dé la Grece, il n’y en a point qui ait plus ufé de contremarques que la ville d’Antioche de Syrie. 3° Les Romains du tems de la république ne fe font point fervi de contremarques fur leurs monnoies, ni fur celles de bronze qui ont d’abord eu cours à Rome, ni fur celles d'argent ; l’ufage n’en a com- mencé chez eux & fur celles de bronze feulement que fous Augufte , & il paroït finir à Trajan. On ne trouve point de contrernarques fur les médailles de Vitellius 8 de Nerva ; on ne commence à en revoir que fous Juftin , Juffinien , & quelques-uns de leurs fucceffeurs ; encore font-ce des coztremarques d’une efpece différente , & il y en a des deux côtés de la médaille. 4°. La coûtume des Grecs & celle des Romains en fait de contremarques ont été différentes. Les pre miers n’ont employé fur les monnoies de leurs rois & de leurs villes tant qu’elles fe font gouvernées par leurs propres lois , & depuis même qu’elles ont été foumifes aux empereurs, que des têtes ou des buftes de leurs dieux , des figures équeftres de leurs prin- ces & de leurs héros, ou des figures de plantes, de fruits, & d'animaux qui naïfloient dans leur pays, ou de vafes & d’inftrumens qui étoient en ufage ; les derniers au contraire fur leurs monnoïes & fur celles de quelques-unes de leurs colomies latines, comme de Nimes, des Empouries & d’autres , ne {e font fervi pour comtremarques que de monogram- mes formés de caraéteres romains , ou de mots la- tins abregés qui compofent de courtes infcriptions, enforte qu’on peut dire qu’on ne voit ordinaire- ment en contremarques {ur les médailles romaines impériales aucune figure , ni fur les greques impé- riales aucune infcription greque. Ajoutez que les contremarques des médailles de villes greques font faites avec beaucoup d’art & de foin , au lieu que les contremarques des médailles romaines {ont renfer- mées dans des carrés très-groffiers. | s°. Les contremarques des médailles greques font miles fur toutes les efpeces courantes à la différence des contremarques des médailles romaines, qui n’ont été placées que fur lé bronze. Cependant comme il y avoit très-peu de villes greques où l’on frappât de la monnoie d’or, on n’a point encore và de leurs rnédaïlles en or qui fuflent contrermarquees. 6°. On n’a pas appliqué pour une feule corre- marque fur les médailles latines , mais fouvent deux & quelquefois trois ; on les y a placées avec fi peu de ménagement pour les têtes & pour les revers, que de cela feul naïfloit une difformité fi choquante, qu’elle à peut-être fufñ pour engager les fuccefeurs de Trajan à profcrire cet ufage qui ne reprit faveur que fous quelques empereurs du bas empire , qui avoient totalement perdu le goût des arts. 7°. Le nombre des rédailles de bronze conrre= marquées eft fort rare en comparaïfon de celles du même empereur, du même type & du même coin, qui ne l’ont jamais été. Il y a telle rédaille qui fe trouve chargée de deux ou trois cortremarques diffé- rentes, & la même contremarque fe trouve aufi em- ployée fur des médailles empereurs , & de types tout différens. 8°. Enfin les conrremarques que l’on trouve fur les médailles greques & fur celles de bronze de l'empire romain portent avec elles un caraétere d’authen- ticité, qui ne permet pas de penfer qu’elles ayent été l’ouvrage du caprice des Monétaires. Tout.y annonce lautorité du mimiftere public , foit de la part des empereurs , foit de la part du fémat conjoin- tement avec le peuple, foit du confentement du peuple repréfenté par les principaux magiftrars He Es M E D les villes greques, par les tribuns à Rome & par les décurions dans les colonies. Les faits qu’on vient de rapporter font reconnus q P | de tous les {avans , mais il leur eft très-difficile de découvrir les motifs qui ont engagé les Romains à contremarquer ainfi quelques-unes de leurs pieces de monnoie. L'opinion la plus généralement adoptée par les Antiquaires, eft que les contremarques ont été introduites pour produire, dans des occafions pañla- geres , une augmentation de valeur de monnoie dans le commerce , fans en augmenter la matiere. Mais pourquoi ne Yoyons-nous point de contremarques fur les édailles canfulaires ? Pourquoi fous les em- peéreurs romains trouve-t-on fi peu de médailles con- trernarquées en comparaifon de celles qui ne le font pas, quoique du même prince, du même type & du même coin ? Pourquoi les feules médailles de bronze ont-elles été fujettes à la coztremarque, puifque celle fur lor & fur l'argent auroient donné tout-d’un-coup un profit cent fois plus confidérable que fur le bron- ze? Enfin pourquoi n’a-t-on pas mis des contremar- ques indifféremment fur toutes les monnoies du même tems ? Je conviens que les concremarques de médailles des villes greques ayant été faites avec foin & ap- pliquées indifféremment fur toutes les efpeces cou- rantes, peuvent avoir fervi à indiquer une augmen- tation de valeur dans le commerce ; mais il n’en eft pas de même des coztremarques des médailles romai- nes qui n’ont êté placées que fur le bronze , & qu'il auroit été facile de contrefaire , fi la chofe en eût valu la peine. Toutes ces raifons ont fait conjeûu- rer à M. de Boze que les pieces contremarquées ne fervoient que comme de mereaux, qu’on diftribuoit aux Ouvriers employés à des travaux publics, civils Ou militaires. Ce fyftème à la vérité eft très-ingé- nieux, mais je doute qu'il puifle feul réfoudre toutes les difficultés. Concluons qu'il faut mettre les mé- darlles contremarquées an nombre des énigmes numif- matiques qui ne font pas encore devinées. ( D. J.) MÉDAILLE RARE, (Ar numifmar.) toute mé- daille qui ne fe trouve que dans quelques cabinets de curieux , a le nom de rrédaille rare. On a indiqué au mot médaille les ouvrages qui les font connoître, Je me borne donc à quelques remarques. Certaines médailles font rares dans un pays , & font communes dans l’autre. Tels font les po/fhumes dont la France eft pleine, & dont on trouve fort peu en [talie : tels lès Æ7ius de grand bronze, qui paflent pour rares en Italie, & dont nous avons quan- tité en France. Ces connoïflances font néceflaires pour faire des échanges. Ce n'eft ni le métal, ni le volume qui rend les médailles précieufes | mais la rareté ou de la tête $ Ou du revers, ou de la légende. Telle rédaille en or ft commune, qui fera très-rare en bronze. Telle fera très-rare en argent, qui fera commune en bronze & en or. Tel revers fera commun , dont la tête fera unique. Telle tête fera commune , dont le revers étant très-rare, rendra la sédaille d’un fort grand prix. Il feroit inutile d’en mettre ici des exem- pies. M. Vaillant, dans fon dernierouvrage, en a fait un détail f exact, qu'il n’a rien laïflé à defirer pour l'inftrution parfaite des curieux. Î y a des médailles qui ne {ont rares que dans cer- taines fuites , & qui font fort communes dans les autres. Quelques-unes font rares dans toutes les fuites, & jamais dans les autres. Par exemple, on n’a point d’Antonia pour la fuite du grand bronze; 1l faut néceflairement fe fervir de celle du moyen bronze. Au contraire on n’a point d’Agrippine , femme de Germanicus , en moyen bronze , mais feu- ment en grand. L’Othon ef rare dans toutes les fuites de bronze ;ileft commun dans celles d'argent. L’Au- gufte eft commun dans toutes les fuites : l’on n’a Tome X, M E D 249 port pour la fuite d’ot ni Pauline, ni Tranquilline, ni Mariniana, ni Corn. Supera. On les trouve en bronze & en argent. Les colonies font communes dans lemoyenbronze, elles font raresdansle grand ; tout cela S’apprend encore chez M. Vaillant ; qui s’eft donné la peine de marquer Le degré de rareté {ur chaque médaille en particulier, _ILen eft des médailles comme des tableaux, des diamans &c de femblables curiofirés ; quand elles paflent un certain prix, elles n’en. ont plus que celui que leur donnent l'envie & les facultés des acqué= rours. Ainf quand une médaille pafle dix cu douze piftoles , elle vaut tout ce qu'on veut, Ainfi la feule Curioûüté du rare fait monter les Othons de grand bronze à nn prix confidérable ; & l’on croit que ceux de moyen bronze ne font point trop chers, quand ils ne coutent que trenfe ou quarante pifto- les. On met prefquele même prix aux Gordiens d'A. frique grecs , quoique de fabrique égyptienne, parce qu'on en a de ceux-là en moyen bronze. Les médailles uniques n’ont point de prix limité. Voyez MÉDAILLE UNIQUE. Quandil y a plufeurs têtes fur le même côté de la médaille, elle en devient plus rare & plus curieufe, foit que les têtes foient affrontées, c’eft-à-dire qu’el- les fe regardent comme celles de M. Aurele & de Vé. rus, de Macrin & de Diaduménien, & autres fem blables ; foit qu’elles foient accollées comme Néron &t Agrippine , Marc-Antoine & Cléopâtre, &c, La médaille devient encore plus précieufe quand on y voit trois têtes , au lieu-de deux, comme celles de Valerien avec fes deux fils, Gallien & Valerien le jeune ; celle d'Otacille avec fon mari & fon fils ) FC Pour le prix de médailles , il n’eft pas alé de rien décider, puifqu’à proprement parler , il ne dépend que de la difpoftion du vendeur & ded’acquéreur : car cette curiofité eft toute noble , & c’eft la pal fon des honnêtes gens ; un acheteur pafñionné ne confidere pas le prix exceffif d’une médaille qu'il trouvera rare, belle , bien confervée, & néceflaire pour une de fes fuites : cela dépend auff de l’hon- nêteté du vendeur , qui quelquefois préfere à fon intérêt la fatisfation d'obliger un galant homme, ravi de l’accommoder d’une médaille qu'il defire (D. 1.) MÉDAILLE RESTITUÉE , (Ar rumifinat,) on ap= pelle proprement rrédailles reffiruées ou de reliution les médailles, foit confulaires | foi impériales , fur lefquelles outre le type & la légende qw’elles ont eu dans la premiere fabrication , on voit de plus le nom de l’empereur qui les a fait frapperune feconde fois , fuivi du #10: RESTITUIT entier, ou abrégé » REST. Telle eft la médaillede moyen bronze, ob autour de la tête d’Augufte rayonnant on lit : Divus Auw= guftus Parer ; au revers eft un globe avec un gous= vernail, &c pour légende Z»p.T. Vefp. Aug, REST. Telle eft encore cette rrédaille d'argent de la famille Rubria , qui repréfente d’un côté la rête de la con= corde voilée , avec le mot abrégé Dofi c’eft-à-diré Doffennus ; au revers un quadrige , {ur lequel’ eft une viétoire qui tient une couronne au-deffous, L. Rurri, & autour, Imp. Cef. Trajan, Aug. Gers DacP,P. REsT. - Il y a d’autres médailles à qui on donne impropres ment le nom de re/fituées, qui femble en être lé ca ractere diftinétif. Telles les médailles frappées {ous Gallien , pour renouveller la mémoire de la confé. cration de plufeurs de fes prédécefleurs. Foyez MÉ- DAILLES DE CONSÉCRATION. Mais on ne peut en aucun fens donner le nom de médailles reflituées à celles qu'Augufte , libere, Ca- ligula , Claude & Néron ont fait frapper avec les noms &c la tête de Jules Céfar, d’Auguite , de Livie, PA 259 MED d'Agrippa, d'Agrippine , de Drufus, de Germani- cus, parce que cé ne font pas d’anciens types qu'on ait employé de nouveau, mais des efpeces abfolu- ment nouvelles, tant pour le type que pour le coin. Ce n’eft que fous Titus qu’on commence à voir des médailles reffituées | & nous en connoïflons de frappées pour Augufte , Livie, Agrippa, Drufus, Tibere, Drufus fils de Tibere, pour Germanicus, Agrippine mere de Caligula , pour Claude, pour Galba & pour Othon. À l'exemple de Titus, Domi- tien refhua des médailles d'Augufte , d’Agrippa, de Drufus, de Tibere, de Drufus fils de Tibere, & de Claude. Nous ne connoïflons jufqw’à préfent que des médailles d’Augufte reffitutes par Nerva: Trajan en a reflitué de prelque tous fes prédéceffeurs : on connoit celles de Jules Céfar , d’Augufte, de Ti- bere , de Claude, de Vefpañen, de Titus & de Nerva. Il avoit outre cela reffitué un très-grand nombre des médailles des familles romaines ; on a celles des familles Æmilia , Cœcilia , Carifia , Cafia , Clau- dia , Cornelia, Cornuficia , Didia, Horatia, Julia, Junia, Lucretia, Mamilia, Maria, Martia , Mem- mia, Minucia, Norbana , Numonia, Rubria, Sul- pitia, Titia, Tullia, Valeria, Vipfamia: On trouve enfin une edaille refituée par Marc-Aurele & Lu- cius Verus ; on y voit d’un côté la tête de Marc- Antoine , & pour légende Ars. Aug. III. Pic. R. P, C. au revers l’aigle lésionnaire au mulieu de deux. autres enfeignes militaites avec ces mots: Leo, VI Antoninus 6 Verus Aug. REST. Voilà toutes les reffisutions proprement dites, connues juf- qu'à préfent ; mais les favans ont été partagés fur l’idée qu'on devoit attacher au mot Ref. c’eft-à-dire Refliture, qui fe lit fur toutes ces médarlles en abrégé ou entier. La plüpart des Antiquaires croient d’après Vail- lant , que ce mot fignifie feulement que Titus, Do- mitien , Nerva & Trajan ont fait refaire des coins de la monnoie de leurs prédécefleurs ; qu'ils ont fait frapper des médailles avec ces mêmes coins ; êr qu'ils Ont permis qu’elles euffent cours dans le com- merce , ainfi que leurs propres monnoies. À leur avis, Trajan ne s’eft pas contenté de faire frapper des médailles au coin des princes fes prédécefleurs ; il a de plus fait rétablir tous les coins dont on s’étoit fervi pour les médailles confulaires , lorfqw’elles étoient la monnoïe courante. Le P. Hardouin ; aufi diflingué par la fingularité de fes fentimens que par l'étendue de fon érudition, s'étant fait un jeu de s’effayer contre les opinions les mieux fondées , n’avoit garde d’épargnen celle- ci ; mais celle qu’il a fubftituée eft encore plus dé- nuée de vraiflemblable. Il a prétendu contre l’ufage de la langue latine que le mOt refhisuere , fignifie 1ci imiter, repréfenver les vertus : ainf, par exemple , la médaille dont la légende porte du côté de la tête, Ti-Caæfar. Divi, Augufh. F. Auguflus, 6t au revers, TImp. T. Cœf. Divi. Vefp. F. Aug. P. M. TR. P.P.P. Cos vrir. RESTITUIT, doit s’expliquer en ce fens: Tite, Gc. fait revivre en fa perfonne les vertns de Tibere. Une pareille déclaration de la part de Tite avoit de quoi faire trembler le fénat & le peuple ro- main. Ce fentimenr ne paroît pas avoir fait fortune, & le fimple énoncé fuffit pour le faire mettre au rang des paradoxes littéraires de ce favant homme. Il y a certainement beaucoup plus de probabilité dans le fentiment de M. Vaillant ; Trajan , afin de fe concilier les efprits du fénat & du peuple ,-vou- dut donner des marques de fa vénération pour la imé- moire de fes prédéceffeurs , & des témoignagnes de fa bienveillance envers les premiéres maifons de la république. Dans ce deffein , il fit reffituer les mon- noies des empereurs qui avoient regné avant lui, M E D & celles fur lefquelles étoient gravés les noms des familles romainés, Nous ne connoïffons à la vérité qu'environ trente de ces dernieres rédailles, mais on en découvre tous lés jours de nouvelles ; Urfin n’en avoit d'abord fait graver qu’un très-petit nom- bre ; Patin, Vaillant & Morel y en ont ajouté plu: fieuts. On a trouvé depuis trente ans en Allemagne une médaille de la famille Didia , reftituée par Trajan ; il y en avoit une de la famille Carifa, reftituée de même dans lé cabinet de feu M. le Bret ; & quoique, felon les apparences , elle ft moulée , comme elle avoit cértainement été moulée fur l’antique , l’ori- ginal exifte , on a exifté dans quelqu’autre cabinet. Uné preuve que Trajan ayoit re/firué toutes les 7n£- dailles confulaires, c’eft que dans le petit nombre qui nous en refte aujourd’hui, on en connoît plu= leurs de la même famille avec des types différens , &t quelquefois d’une famille péu célebre , comme eft entr’autres la famille Ribria, dont on a trois dif- férentes médailles reflituées par Trajän. Le fens qu'on donne fnivant cette opinion à la légende Zmp. Cef. Trajan Aug. Ger. Dac, PP. RESsT. eft parfaitement conforme aux regles de la grammaire & au génie de la langue latine. ; | Quand linfcription {e gravoit fur le monument même qu’on faifoit rétablir, fouvent on omettoit le nom du monument refärué, parce qu'il n’étoit pas poflible de fe méprendte fur le cas régi par le verbé reflruir , &t que tout le monde le fuppléoit aifémerit. Ainñ lorfqu'on voyoit fur le chemin de Nîmes une colonne muilliaire avec cette infcription : 7. Cæfar. Divi, F, Aug. Pont, Max. Tr. Por. XX XIL. Refeci. -6 RESTITUIT V. on comprenoit fort bien que cette colonne qui fervoit à marquer le cinquieme mille de Nimes , avoit été rétablie par les ordres de Tra- jan auprès de Mérida en Efpagne ; elle eft rappor- tée par Gruter , à qui je fenvoie pouf une infinité d'exemples de cette façon de parler elliptique. Dans l’ancienne infcription du pont Fabricius à Rome on lifoit : L. Fabricius C. F. Cur. Viarum. Fa- ciundum Curavit ; & cela fufifoit pour faire enten- dre que Fabricius avoit fait conftruire ce pont , parce que c’étoit fur le pont même que l’infcription étoit gravée, Rien de fi commun que de trouver fur les cippes, foit votifs, foit fépulchraux, Pofuis, Fecir, Faciundam Curavit, fans que ces verbes foient fuivis d’aucun régime , parce que les cippes inêmes font cenfés en tenir lieu. Par la même raifon , quand on trouve fut les re- dailles, Imp. Titus, Imp. Domitianus , Imp. Traja- nus RESTITUIT, fic’eft, comme on le croit , du ré- tabliflement de la médaille mème dont on à voulu faire mention ; 1l n’a pas été néceffaire d’ajouter hurc Aummium , Cat On tient dans fa maïn & on a fous les yeux la chofe même qui a été rétablie. Mais 1l n’en feroit pas de même fi on avoit voulu marquer que ces empereurs faifoient en quelque fofte revi- vie leurs prédéceffeurs & les grands hommes, dont les noms étoient gravés fur ces pieces de monnoïe; car fouvent il n’y a rien dans le type qui ait rapport aux vertus ou aux actions par lefquelles on fuppofe que les empereurs les repréfentoient. En un mot , le paradoxe du P. Hardouin eft infoutenable. A la vérité l'opinion de M. Vaillant, adoptée par le génétal des Antiquaires, n’eft pas heureufe à tous égards , car elle n’eit point appuyée du témoignage des-anciens auteurs. Ils ne nous difent nulle part qu'un empereur fe foit avifé de rétablir les mon- noies de fes prédécefleurs. De plus, on n’allegue aucun motif vraifflemblable qui ait pu engager Tite, Domitien , Nerva &c Trajan à faire battre monnoie au coin des empereurs qui les avoient précédés. Ces raifons ont paru fi fortes à M. le Beau, qu'elles l'ont engagé à bâtir un nouveau fyflème fur l'origine de rédarlles de reflirution. 11 pente que le mot reffiuir fignifie que l’empereur qui eft annon- cé comme reflituteur a rétabli en tout ou en partie quelque monument de l’autre empereur, ou du ma- giftrat nommé fur la même médaille ; de forte que ce monument eft tantôt repréfenté dans le type, & tantôt fimplement indiqué. On defireroit 1° que cette hypothefe qui plaît par fa fimplicité , füt ap- puiée du témoignage des Hiitoriens pour la confr- mer. 2° Une partie des médaïlles reffisuées ne préfente {ouvent fur le revers ni monument , ni figure , fur quoi puiffe tomber le terme re/fiuir 3 or s’il fe rap- portoit à quelqu’ouvrage rétabli, cetouvrage feroit fans doute repréfenté fur la médaille. 3° Parmi les types des médailles réflituées , il y en a qui ne défi- gnent affürément aucun monument , comme , par exemple, deux mains jointes enfemble , l'aigle des confécrations , des chats attelés par des éléphans, &e. Je ne décide point fi. M. Le Beau peut réfoudre cestrois difficultés fans réplique ; mais je puis affürer qu'il nous à donné fix mémoires trèsintéreflans fur toutes les médailles reffituées ; &j'invite fort un curieux à les hre dans le Recueil de L'Académie des Belles-Lestres : som, XXI, XXII, & XXIV. in-4°. (D. J.) | MÉDAILLE UNIQUE, (dre rumifmar.) on appelle médailles uniques, celles que les antiquaires n’ont ja- mais vues dans les cabinets, même dans ceux des princes & des curieux du premier ordre; quoique peut-être elles foient dans des cabinets fans nom, où le hafard les a placées. Ainf l'Othon de vérita- ble grand bronze, que M, Vaillant a vu en Italie, eft une médaille unique. Le médaillon grec d’argent de Pefcennius , que le même M. Vaillant découvrit en Angleterre, entre les mains de M. Falchner, & qui eft aujourd’hui an cabinet du roi, eft unique. L’Annia Fauffina d'argent que M. l'abbé de Roihe- lin a pofedé eft encore unique jufqu’à-préfent. Tel eft encore l’Hérode Antipas, fur laquelle M. Rigord qui Le poflédoit, a fait une favante differtation. Mais l’Agrippa-Céfar, troïfieme fils de M. Aprippa & de Julie, adopté par Augufte avec Tibere, qu'on a donné pour snique, ne l’eft plus aujourd’hui, . Quoiqu'on trouve de tems en tems des médailles inconnues auparavant, &iqui d’abord paflent pour niques ; néanmoins les médailles dont le type eft ex- traordinaire , & dont les antiquaires n’ont jamais fait mention , doivent à parler régulierement , être regardées comme douteufes & fufpeétes, parce qu'il n'eft pas à préfumer qu’elles fe foient dérobées fi long-tems à la connoiflance des antiquaires, & de tant de perfonnes intéreflées à publier ces: nouvelles découvertes. Ainf la prudence veut qu’on enexa- || mine foigneufement & avec des yeux éclairés, le métal & la fabrique, afin d'éviter le piege que les | brocanteurs favent tendre avec adrefle aux nou- _VEaUX CUTIEUX. | | Les médailles qui n’ont jamais été vies des favans dans un métal ou dans une certaine grandeur, offrent -donc de fortes préfomptions contre leurantiquité. | :Par exemple, les Gordiens d'Afrique, les Pefcennius | -Ou le Maximus d'or, font aflurément très-fufpedtes. Une Plorine, une Marciana, une Maridia, une-Di- dia Clara de moyen bronze, le feroient de mème, : | paice qu’on n’en connoît point jufqu’àce jour de ce : .module; mais il ne faut pas conclure abfolüment que les médailles quine font point encore connues _dansun métal ou dansune certaine grandeur, n’ont jamais été frappées fur ce métal ou‘dans cette gran- déur, autrement il faudroit rejetter l'Anria Fauféi- 4 en argent , dont l'antiquité eft néanmoins incon: teftable, parce qu’elle: n’étoit pas connue du tems de M. Vaillant. Tom &, at. Or,.ce qui eft arrivé à l'égard de: | l'Annia Fauflina en argent, peut arriver pour. les MED 251 Gordiens d'Afrique, les Pefcentins 8e les Maximus En Of, parce que la terre qu'on viendra À fouiller heureufement, peut nous procurer aujourd’hui de nouvelles médailles, qu’elle ne nous:a pas encore données ; & que rien ne nous aflure que ces princes dont nous venons de parler, font les feuls exceptés de la loi généralé, qui nous fait voir des médailles d’or de tous ceux dont nous en avons d'argent. .Il fufit donc d'être attentifs, jufqu'au fcrupule, dans l'examen de toutes les médailles qui paroiftent pour la prèmiere fois, (22, 7) | | MÉDAILLE VOTIVE, (Are nümifimar.) les anti- quaires françois ont appellé médailles voriyes, d'a près M, du Cange, toutes les médailles où les vœux publics qui fe faifoient pour la fanté des empereurs de cinqencing ans , dé dix en dix ans, &e quelque fois de vingt en vingt ans, font marqués foit en lé: gendes , foit en infcriptions. Ces médailles portent le mot de Vora quinquennalia , decennalia, vicennalia. Sur la médaille de Marc-Aurele le jeune, dont le revers reprélente les vœux qu’on fit au tems de {on mariage , on lit en légende Fora pnblica, Sur une més daille d'Antonin, vora fafcepta decennalia ; & fur une feconde du même prince, qui fut frappée dix ans après , Forz decennalinmr, Dans le bas empire on rencontre perpétuellement ces fortes dervœux que l’on portoit toujours même plus avant que le ters me ; CE QU'ON exprimoit par ces mots wwlis, Par exemple, Vois x, Mulris xx, ou parcelui.de fc; comme fic x, fie xx. Mais entre les médailles vorià ves du bas empire,il n’y en a guere de plus curieu{es que celles de Dioclétien & de Maximien fon colle: gue, qui ont pour légende Primis x Mhiliis x x Qnelques-unes de ces médailles ont pour type Jupis ter debont, Il yen a où l’on voitune viftoire affites tenant de la main gauche un bouclier appuyé fur {on genou, & de la main droite écrivant dans le bouclier votis x, où voris xx. D’autres encore rez préfentent deux vioires ‘qui fourienhént-un hou clier.où:l'on lit voris x fel, Ces médailles font d’au- tant plus remarquables que lés vœux font en légert- de & non en infeription, &-iqu'ils font répétés fu celles où on les lit de-rechef dans le bouclier. Les rrédailles vorives avec linfcription au revers VOUS V ,%, xx, dansune couronne, font beaucoup plus fréquentes dans le bas que dans léthaut emMpi- re. On içait qu’on rencontre cette infcription {ur les médailles de Maximien de Baibin » de Piippien,, de Crébonien Galle ; d'Œmilien , de Valérien & de Gallien. -Midu Cangea favamment éclairei tout ce quire- garde les médailles votives, Il nous apprend que dé- puis qu'Angufte feisnant de vouloir quitter les rê- nes de l'empire, eût accordé par deuxifois aux prié- tes du fénat; qu'il continueroit dé souvérner dix ans, On.commença à faire à chaque décennale dès prieres publiques , des facrifices & des feux pour la coniervaiion des empereurs: que dans:lebas empi- re, On en fit de cinq én. cinq ans; que ©’eft par cette raifon.que depuis Dioclésien, l’on voit fur les - médailles ; Voris y 5 2%vVs 6e, IlLobfervéenfn que la |. Contume deces vœux dura jufqu’à Thécdofe , après lequel tems.onine trouve plus cette forté d'époque. , Maïs'outre du Gange, le ledteur appreñdra bien des chofes fur cette matiere , dans l’Auéartim chiro: nologicure dervotis decennalibus imperarorum & Crefaz ram , du, cardinal Noris:, :mis au jour à Padoue er 1676: aa flute des differtations du. Mmêmé. ânteur, fur détix médailles de D'ioclétien & deLitiniuss On peut duficonfultersla differtation latine decoñ/iuta. ribus cejareis ; du P, Pagi jimprimée à Lyoncen 1682 \. 7 49: (D. "D | Lbo trs 4 MÉDAILLES SÛR LES ALLOCUTIONS:, 1(14#7 vu. mifmat,) on nommernédailles Jar les allotniions cer. 2 bi à 252 MED taines médailles de plufieurs empereurs romains, fur lefquelles ils font repréfentés haranguant des trou- pes ; & la légende de ces fortes de médailles c’eft adlocutio , d’où vient que quelques-uns de nos cu- rieux appellent cette efpece de rédaille, une a/- locution. | La premiere qu'on connoïffe eft celle de Caligu- la. Ce prince y eft repréfenté debout en habit long, fur une tribune d’où 1l harangue quatre foldats qui ont leur cafque en tête &c leur bouclier en main, com- me tout prêts à partir pour une expédition. À l’e- xergue on lit, Æd/oc. coh. c’eft-à-dire, adlocutio co- hortium. Îl y a une a/locurion femblable de Néron, enfuite de Galba & de Nerva, de Trajan, de Marc-Au- rele, de Lucius Verus, de Commode, de Septime- Severe, de Caracalla, de Geta, de Macrin, de Se- vere Alexandre, de Gordien Pie, des deux Phiip- pes pere &c fils, de Valérien, de Gallien, de Tacite, de Numérien & de Carin joints enfemble , enfin de Maxence. On connoït une douzaine d’allocurions d'Hadrien , trois de Pofthume, & quelques médail- ons de Probus dans le même genre. Voyez l’hift. de d'accad, des Infcrip. tom. I, (D. J.) MÉDAILLE CISTOPHORE, (Arf numifmat.) me- aille qu’on frappoit par autorité publique au fujet des orgies, ou fêtes de Bacchus. Comme dans ces fêtes on nommoit ciffophores les corbeilles myfté- rieufes, & les caflettes portées par de jeunes filles, on appelle médailles ciflophores celles où l’on voit la corbeille empreinte avec les ferpens autour, ou qui en fortent. Les antiquaires croient aufñi découvrir fur quelques-unes de ces médailles , la planté nom- mée ferule , qu’on portoit dans la folemnité des or- gies, pour marquer qu'Ofris qu’on regardoit com- me l'inventeur de la médecine , avoit compoié des remédes falutaires de cette plante. Voyez l'antiquité expliquée du P. Monfaucon, &c /e rraïré des cifto- phores du P. Panel. (D.J.) MÉDAILLES DE CONSÉCRATION, (rt numif.) médailles frappées en l'honneur des empereurs après leur mort, lorfqu’on les plaçoit au rang des dieux. On fait les cérémonies qu’on pratiquoit à leur apo- théofe, par la defcription qu'Hérodien nousa laiflée de celle de Sévere.. Il nous apprend entr'autres particularités que dès que le feu étoit au bncher, on en faifoit partir du haut un aigle qui s’envolant dans les airs, repréfentoit l’ame de l’empereur en- levée au ciel. Nous avons plufieurs médailles qui re- préfentent des monumens de la confécration d’Au- gufte, rétablis par quatre empereurs, Tite , Domi- tien, Nerva & Trajan. Gallien fit frapper de ces fortes de médailles, pour renouveller la mémoire de la cozfécration de la plû- part de ceux de fes prédéceffeurs qu’on avoit mis au rang des dieux après leur mort. Ces #édaillesont toutés la même légende au revers, confécratio ; & ces revers n’ont que deux types différens, un autel fur lequel il y a du feu, & un aigle avec les aîles déployées. Les empereurs dont Gallien a reftitué la confécration , font Augufte, Vefpañen , Titus, Ner- va, Trajan, Hadrien, Antonin Pie, Marc-Aurele, Commode, Sévere & Sévere Alexandre. Il n'y. a que deux médailles pour chacun d'eux, ex- cepté pour Marc-Aurele, dont on en connoït trois; mais toute la différence qui s’y trouve, c’eft que dans les deux premieres on lit du côté de la tête, Divo Marco, & fur la troïfieme , Divo Marco Anto- rino. Il ne s’eft pas encore trouvé de médailles frap- pées fous Gallien, avec les confécrations, de Clau- de, de Lucius Verus, de Pertinax, de Pefcennius, de Caracalla, de Gordien, ni des princefles qui avoienñt été miles au rang des déefles. Ainfi on ne connoit jufqu’à préfent que 23 médailles différentes MED des confecrations reftituées par Galien. Le P. Ban- duri n’en a même rapporté que huit, & il ne con. noïfloit pas celles de Vefpañen, d'Hadrien &r de Commode. (D, J.) MÉDAILLES DE COLONIES, ( Art numif.) ces for: tes de médailles exigent des obfervations pénérales. 1°. On fait que les Romains envoyoient de tems en tems des familles entieres de citoyens dans le pays qu'ils avoient nouvellement conquis; & pour en conftater l’époque, on frappoit des médailles avec certaines marques diftinétives, qui faifoient connoi- tre le fujer pour lequel elles avoient été frappées, Par exemple, un bœuf fur le revers, on deux bœufs avec un homme qui conduit une charrue, défignent l’établiffement d’une colonie, 2°, Les médailles de colonies font rares en coripa- rafon des yrédailles ordinaires ; quoique les unes foient plus rares que les autres, tant parmi les grec, ques que parmi les latines. Leur beauté dépend ou du type, quand 1l eft hiftorique ou extraordinaire, ou du pays; quand ce font certaines villes peu con- nues; d’où l’on apprend quelque trait de Pancienne géographie : enfin quand les charges & les dignités de ceux qui les ont fait battre font fingulieres, 3°. La médaille pafle pour commune quand il n’y a qu’un bœuf fur le revers, ou deux bœufs avec le prêtre qui conduit la charrue, ou les feules enfei- gnes muiliraires ; Cependant nous apprenons de-là quels ont été les premiers habitans de la colonie, En effet, quand les enfeignes repréfentées fur les mé- dailles de colonies , portent le nom de quelque légion, on eft en droit d’aflurer que ces colonies ont été for- mées par les foldats de ces légions ; maïs quand on ne lit fur ces enfeignes le nom d’aucune légion, foit qu'elles-accompagnent une charrue, foit qu’el- les ne l’accompagnent pas , ce feroit fans fonde- ment qu'on en concluroit que la colonte défignée n’a pas été formée de fimples citoyens; fi pareille- ment la médaille n’a pour type qu’une charrue fans enfeignes militaires , on auroit tort de nier pour ce- la , qu’elle füt compofée de foldats. 4°. Les colonies portent ordinairement fur les mé. dailles le nom de celui qui les a fondées, & de celui qui les à ou fortifiées ou rétablies. Toutes celles qui s'appellent Julie , ont été fondées par Jlules-Céfar. Colonia julia Beritus. Celles qui fe nomment Axouf tæ ; ont été fondées par Augufte, Muxicipiur Augufla Bilbilis. Quand élles prennent les deux noms en- femble , c’eft que Jules les a fondées, ou qu'Augufte les a renforcées ou réparées par de nouvelles re- crues : Colonia Julia Augufla Dertota, Quandlènom d'Augufla eft devant celui de J4Z4, c’eft figne que la colonie, étant en mauvais état, Auguüfte l’a répa- rée. Cela ne doït néanmoins s’entendre que quand les deux noms fe fuivent immédiatement ; car s’il fe trouve quelque mot entre-deux , ce n’eft plus la mê- me chofe. Voilà une des fineffes de l’art que nous ap- prenons de M. Vaillant, dans fon expoñtion de la médaille colonia Julix, Concordia, Aupufla, Apamez. ÿ°. Quoiqu'il y ait eu dés colonies en Italie, pas une n’a jamais mis la tête du prince fur fes meédail. les, C’étoitun honneur réfervé aux villes quiavoient droit de battre monnoïe, & que les empereurs n’ont jamais voulu accorder à aucune ville d'Italie. Ce droit de battre monnoïe , s’accordoit par une per- ‘miflion où du fénat feul , ou du fénat &c du peuple tour feuls , ou de l’empereur. Quand il étoit obtenu del’empereur, on mettoit fur la monñoïe, perriffu Cafaris. Quand on tenoit ce droit du fénat , on gra: voit fur les médailles, mêmes fur les grecques, S. C. Jenatus confulto , où SR. fenatus romanus, en fouf- entendant conceffir, permifre. 6°. Depuis Cäligula , ‘on ne trouve plus ‘aucüne médiille frappée dans les colonies d'Efpagne , quoi: que nous en ayons quantité fous Anpufte & fous Ti bere, Suetone rapportée que Caligula leur en ota le privilese, en pumtion de ce qu’elles enavoient battu en l’honneur d’Agrippa fon ayeul, dont il trouvoit mauvais qu'on {fe fouvint qu'il étoit petit-fils, ima- ginant que ce titre ne tournoit point à fa gloite, 7°. Depuis Gallien, on ne trouve prefque plus de médailles d’empeteurs frappées dans Les cofonies ; foit que ce droit leur ait été Ôté par les fucceffeurs de Gallien, foit que dans lé boulverfement de l’em- pire, les colonies ñe {ächant prefque plus à quels maîtres elles appartenoïent , {fe mireñt peu en peine de rendre cet hommage à des princes qui ne pou- voient les protéger. Toujours eft-il sûr que depuis Aurélien, onne voit plus aucune rrédaille de colonie, M. Vaillant a fait graver toutes les médailles des colonies , les a décrites & expliquées avéc fa fagacité ordinaire, dans un ouvrage qui compole 2 vol. ##-fo/, Nous indiquerons la maniere de former de cet ordre de médailles, une fuite agréable & facile ; ce fera au mot SUITE. (D. J.) MÉDAILLES CONSULAIRES , (Ar numifmar.) le nom de confulaires donné aux médailles romaines , frappées dans le temis que Rome étoit souvernée par des confuls , ne fignifie pas qu’elles fe frappoient par leur ordre, avec leurs noms & des fymboles propres à marquer ce qu'ils avoient fait pour l’a- _ vantage ou la gloire de la république. 2°. Il ne faut pas croire que tous les faits hiftori- ques que l’on trouve marqués fur lés monnoies que nous appelons médailles confulaires ;, 'ayent été däns le tems même de ces événements ; & la plus grande preuve qu'il foit poffible d’en donner, c’eft que la plüpart de ces événemens font du prémier, du fe- cond, du troifièeme & du quatriéme fiecle de Ro- me, & que ce n’eft que fur la fin du cinquieme qu’on a commencé à y frapper de la monnoie d’argent, 5°. Il n’éft pas moins certain que pendant plus d’un fiecle encore, lès quefteurs , les édiles & les triumvirs monétaires, qui eurent fuccéfivement l’intendance des monnoies, Jus cudende monete , dans [a crainte de donner le moindre fujet de jalou- fie à des concitoyens qui n’en étoient qué trop fuf- ceptibles, affecterent de ne méttre fur ces monnoies que la double tête de Janus, avec une proue de vaif. feau , un bige ou un quadrige au revèérs , ou bien la tête de Rome cafquée., avec des pareilles biges ou quadriges au revers , & plus fouvent encore des f- gurés de Caftor & Pollux. Ce ne fut que vers le tems de Marius, de Sylla, de Jules Céfar, & fur- tout du triumvirat, que les monétaires romains, prenant un peu plus Peflor, commencerent à rap- pellér fur les monnoiés les aétions mémorables de leurs ancêtres, qui pouvoient donner un nouveau luftre à leur famille, viétoires , conquêtes ; triom- phes, facerdoces, jeux publics, confulats, diétatu. res, Gc. Auffi ces fortes de rrédailles {ont d’un goût de gravure fi femblable, qué cette uniformité feule fufiroït pour nous apprendre qu’elles font prefque toutes du même fecle, quand nous n’en aurions pas la preuve d’ailleurs. 4°. Il fuit de ces obfervations , que lès chats gra- vés aux revers de la plüpart des zédailles confulai: res, avec un attelage de deux ; trois où quatre che- vaux, ne font pas toujours autant de fÿmboles des viétoirés remportées, & des triomphes obtenus par les confuls romaïns , dont cés médailles portent le nom; ils défignéent pour l’ordinaire les courfes dans les jeux que ces magiftrats ayoient donnés au peuple pendant leur édilité. $ . Golztius a faitun recueil de médailles confulai- res par ordre chronologique ; tandis qu'Urfinus les a difpofées par ordre des familles romaines ; mais M. Vaillant a beanconpamplifié 1e recueil de ce dét- E D 253 nief ahtiquèire, comme nous l'avons réthatqué aila leurs, en indiquant leurs ouvrages (D...) MÉDAILLES GREQUES, ( Arc numifmer. ) Ïl ef certain que les Grecs commencerent de frapper des medaïlles, où de battre monnoie, long-tems avant là fondation de Rôme; mais il ne nous refte aucune dé ces précieufes monnoies grèques de ce tenis-là, C’eft à Phédon qu’on doit l'invention des poids ÿ des mefures, & des monnoies ffappées dans la Gres ce. Les marbres d’Arondel fixent l’époque de cé prince à lan 142, avant la fondation de Rome, C’eft à Phédon que Beger rapporte une médaille d’argent qu’il a fait graver dans {on Tréfor de Brandes bourg, tom. Î, pag 279. On y voit d’un côté un Vafe à deux anfes , au-deffus duquel eft une grappé de raifin ; on lit dans le champ à droite æ, & à gau« che Ao. Le revers repréfente un bouclier béotien, Cette médaille eft très - précieufe, mais on doute fort qu’elle ait été frappée du vivant de Phédon ; car entr'autres raifons les cara@teres paroiflent trop arrondis, & trop bien formés pour être un premier effai dé l’art de battre monnoie, On croit généralement qu’une des plus anciennes MOnNOIËS greques qui nous refte , eft une pétite mé daille d'or de Cyrène, publiée par le P, Hardouin, dans les-Mem, de Trévoux, Août 17217: elle repré- fente d’un côté un homme debout , la tête ceinte d’un diadème ; & rayonnée, avec une corne de bé= let au-deflus de l'oreille. Cet homme tient de la main dfoïte une image de la vi@toire, & de la gau« che une hafte, ou un fceptre de la même longueur que la hafte ; à fes piés eft un mouton: on lit dans le champ à gauche, AAMONAKTOS ; au revers eft un Char attelé de quatre chevaux de front, avec un homme qui le guide, au-deflus KYPANAION. Cette médaille {eroit la plus ancienne qui nous refte, fi elle avoit été frappée pour Démonax le mantinéen, régent du royaume de Cyrène, pendant la mino- rité de Battus IV. car il vivoit du tems de Cyrus, vers la fin du fecond fiecle de Rome, comme on peut en juger par ce qu’Hérodote nous en a appris ; mais 1l y a toute apparence que le Démonax, dont On lit 1c1 le nom, devoit être un des magiftrats de Cyrène, & non pas le tuteur de Battus IV. qui vi- voit plus de deux cens ans avant l’archontat d’Eucli- de, Le nom AAMONAKTOS qui s’y trouve écrit par un omépa, en eft une preuve fans replique; puifque perfonne n'ignore que les voyelles longues H & a n'ont été reçues dans l'alphabet grec que fous l’ar- chontat d’Euclide, la feconde année de la 94° olym- piade: La médaille d’Amyntas, roi de Macédoine, bifayeul d’Alexandre-le-Grand, poutroit donc encore pañler pour la plus ancienne que l’on connoïffe, s’il ne fe trouvoit pas dans le cabinet du Roi des monnoies d’or & d'argent de Cyrène ; où l’on voit d’un côté des têtes qui paroïflent naturelles, & de l’autre le Jylphium, ou quelque autre type ufité fur les mon- noies dés Cyrénéens, avec ces légendes APk, BA; Où BAT; &K, KYP ; légendes qui ne peuvent être expliquées que pat APKeoras, OÙ BATrou KYPeriwre Quand même ces médailles n’appartiendroient qu'à Battus IV, & à Arcéfilaus IV. les deux derniers rois de Cyrène, de la famille des Battiades , elles feroient cependant du teims de Cyrus & de Cambyfe, & par conféquent plus anciennes que celles d'Amyntas. Quoi qu’il en foit, non-feulement les Grecs batti= rent monnoie avant la fondation de Rome , mais ils la porterent ripidement à un degré de perfeétion fupérieur à celui des tems les plus floriflans de la république & de l'empire; on peut en juger encore par les médailles de Gilon , d’Agathocles , de Philip- pe, d'Alexandre, de Lyfimachus, de Caffandre, &c, Nous fommes fort riches en médailles greques ; cax 2$4 MED celles que nous avons des feuls rois de Syrie, d'Egypte, & de Macédoine, forment ce belles & nombreufes fuites. Le roi de France, en particulier, en a une colle&tion des plus complettes & des mieux choifies, qui mériteroir d'être publiée. En un mot, là quantité des rzédailles greques eft fi confidérable , qu'il faudroit la féparer des médailles latines, &t don- ner à chacune leur propre fuite, au-lien dé join- dre aux latines les greques du même volume, On imiteroit en cela les bibliothécaires, qui fépatent Phiftoire greque de l’hiftoire romaine. De plus, en leur donnant des tablettes féparées, on les démêle- roit commodément fans avoir fouvent inutilement in gtand noïmbre de planches à tirer. Âu refte, 11 eft vraiflemblable que l’ufage de frap- per les médailles greques avec la tête des empereurs, vint à cefler fous Dioclétien & Maximien, Je n’ajoute qu’un mot fur les caraëteres grecs : ils font compofés de lettres qu’on appelle majufcules ; ils fe font confervés uniformes fur toutes les médail- lés, fans qu'il y paroïfle prefque aucune altération ni aucun changement dans la conformation des ca- raëteres, quoiqu'il y en ait eu dans l’ufage ëc dans Îa ptononciation. Iln”y a quela lèttre x, qui n’a pufe conferver que jufqw'à Domitien ; car depuis ce tems- là on la voit conftamment changéeen Couene, {oit au commencement, au milieu, ou à la fin des mots. L'on trouve auffñ z & = marqué ; le par r', &le r par C; l'opar War. Ontrouve pareille- ment un mélange de latin & de grec, nonfeulement dans le bas empire , où la barbarie regnoït, mais même dans les colonies du haut empire. S.R.F. lettres latines, fe trouvent pour le c.P. 6. grec. M. de Spanheïm en donne les exemples. El faut donc bien prendre garde à ne pas condam- ner aifément les médailles, à caufe de quelques let- tres mifes les unes pour les autres; car c’eft être no- vice dans le métier, que de ne pas favoir que fou- vent on a mis Epout H, AGENA:;OpourQ, HPOs ; H en forme de pure afpiration, HIMEPAEw; Z pour S, ZMYPNAIQON, & = pour Z , ÆEYC,, ou même SAEYC pour ZEYC; À pour Q à la fin des noms de peuple s APOAGANTATAN ; KYAONTATAN, pour TON, & quelques autres femblables de dialeëte dorique. Le caraëtere grec s’eft confervé dans fa beauté jufqu’à Gallien, depuis lequel tems il paroit moins rond & plus affamé , fur-tout dans les médailles frap- pées en Egypte, où le grec étoit moins cultivé. MÉDAILLES IMPÉRIALES, (_4rt numifmar.) Nous avons remarqué , au mot médaille, qu'on faifoit deux clafles des médailles impériales, que la premiere con- tenoit le haut empire, & la feconde le bas empire. Le curieux ne recherche que les médailles du haut empire, parce qu'il n’eftime que les beautés de la gravure antique ; mais l’homme fudieux qui ne tra- vaille qu’à s’inftruire & à perfe&ionner fes connoif. fances , raflemble également les rrédailles de l’un & de l’autre empire. Il eft vrai que les médailles impériales , frappées après le regne de Caracalla, & après çcelui de Ma: crin fon fuccefleur, quine lui furvécut que deux ans, font très-inférieures à celles qui furent frap- pées fous les trente premiers empereurs. Après Gor- dien-Pie, elles dégénérerent encore plus fenfible- ment , & fous Gallien, qui regnoit cinquante ans après Caracalla , elles n’étoient qu’une vilaine mon- noie. Il n’y a plus ni goût ni deffein dans leur gra- vure, ni entente dans leur fabrication. Comme ces médailles préfentoient une monnoie deftinée à flatter le prince, fous le regne de qui on les frappoit, & à fervir dans le commerce, on peut bien croire que les Romains, auffi jaloux de leur mémoire qu'aucun autre peuple, employoient à les faire les ouvriers Les plus habiles qu'ils puffent trouver ; il eft donc M E D raïfonnable de juger par la beauté des médailles, de l’état où étoit la gravure fous chaque empereur. Mais mettant à part la gravure des médailles impé- riales, on peut en former les fuites de plufieurs ma- nieres différentes: nous en indiquerons quatre. 1°, On peut fe contenter de faire entrer dans une fuite, les médailles qu’on appelle communément du haut empire, c'eft-à-dire depuis Jules - Céfar jufqu'à Pofthume, fmivant le plan qu’a fuivi M. Vaillant dans fes numifmata præflantiora : 2°, On peut Continuer cette fuite juiqu’à Conftantin: 3°. ceux qui vou- dront la poufler jufqu’à la chûte de l'empire d’Oc- cident, y feront entrer toutes les médailles jufqu’à Auguflule: 4°, fi on eft bien-aife de ramaïler des médailles de tous les empereurs fans exception, quoi» qu'on ne puiffe pas fe flatter de jamais y réuflr; on peut fe propofer pour but de la conduire juiqu'à Conitantin Paléologue, fous lequel Conftantinople fut prife par les Turcs. Chacune de ces fuites paroitra faite fuivant un ordre fyftématique, & quoiqu’on mette ordinaire- ment au rang des modernes , les monnoïes des prin- ces qui ont vécu après Charlemagne, & même celles de nos premiers rois ; on peut cependant re- garder comme antiques celles des empéreurs de Conffantinople, qui ont regné depuis cette époque, parce qu'elles achevent de rendre complette une fuite impériale, commencée par le véritable anti- que. D'ailleurs, comme ces princes ont regné dans un pays affez éloigné du notre, la diftance de lieu fait à peu près le même effet que la diftance de tems, & fupplée en quelque fgçon ce qu’on a coûtume d'exiger pour donner à quelques monumens le titre d’antique. (D. J.) MÉDAILLES ROMAINES, ( Are numifmat.) On ap- pelle médailles romaines, où latines, les médailles frappées fous les rois de Rome, la république ëc les empereurs. On les divife en confulaires & en impé- riales ; & parmi ces dernieres on diftingue celles du haut. & du bas empire. Comme les médailles étoient une monnoïe deftinée autant à flatter le prince qu’à fervir dans le com- merce, on peut croire que les Romains employe- rent à les faire leurs ouvriers les plus habiles ; ainfi par la beauté des médailles romaines, on peut juger de l’état où étoit la gravure fous chaque empereur. Celles qui furent frappées après Le rene de Cara- cala & de Macrin, font très-inférieures à celles qui furent frappées fousies trente premiers empereurs. Elles dégénérerent fenfblement fous Gordien Pie, & fous Gallien elles n’avoient ni goût ni deffein dans la gravure. Depuis Conftantin jufqu'a Fhéo- dofe c’eft,bien pis, on ne trouve que de petites me- dailles fans relief & fans épaiffeur ; enfin après la mort de Théodofe ce n’eft plus que de la vilaine monnoie, dont le tout eft barbare, les caraéteres, la langue, le type, la légende; de forte qu'on ne fe donne pas même la peine de les ramafler, &c qu’elles font devenues par-là prefque auf rares qu’elles font laides. | Vers le tems de Dèce on commence déjà à ap- percevoir de l’altération dans le cara@ere, les N étant faites comme des M, ainfi qu'on peut le voir dans le revers Pannonia , 8 autres femblables. Ce qu'il y a de particulier, c’efl que quelque tems après le caraétere fe rétablit, & demeura paffable jufqu’à Juftin. Alors il commença à ‘altérer de nou- veau, pour tomber enfin dans la derniere barbarie, trois fiecles après Le regne de Conftantin. Il faut cependant avertir ici un jeune curieux, de ne pas prendre pour des fautes d’ortographe, l’ancienne maniere d'écrire que les médailles latines nous confervent , & de ne pas {e fcandalifer devoir V pour B, Dennvius ; O pour V, Volcanus, Divas; £E pour un É long, FEELIX ; ni deux II, VIIR- TUS;S & M retranchés à la fin, ALBINV, CAPTV,; ’XS pour X, MAXSVMVS; F pour PH, TRIVM- FVS, & chofes femblables, fur quoi on peut con- fulter les anciens Grammaitiens. (D, J.) MÉDAILLES ARABES, (dre numifmar. ) On ap- pelle ainfi des médailles mahométanes modernes, dont on trouve une aflez grande quantité, & dont on eft peu curieux, En effet, la fabrique en ef pitoyable ; très- peu de gens en connoiffent la lan- gue & le caraétere ; enfin elles ne peuvent fervir à quoi que ce foit dans les fuites, parce qu’elles ne renferment que peu de têtes de princes mahomé- tans; cependant le cabinet du roi de France, eft actuellement autant fupérieur en rédailles arabes, aux autres cabinets de l’Europe, qu'il l'étoit déjà en médailles modernes êr antiques. M. Morel a fait graver la plus belle des rédailles arabes, celle du grand Saladin, ou comme on l'écrit, Salahoddin, D'un côté on voit fa tête avec celle d’un jeuné AI- melek [fmahel, fils de Nurodin, qui eft de la fin du xi. fiecle. La légende eft en ärabe, Joféph flius Job, comme sappelloit Saladin, & au revers, Rex émperator princeps fidelium. (D: J.) MÉDAILLES ÉGYPTIENNES, ( Arc numifmar.) les Antiquaires appellent ainfi les médailles frappées en Egypte , en l'honneur de leurs rois, ou des émpe- reurs romains. Ces médailles font précieufes ; parce qu'on à fu en tirer un avantage confidérable pour les lettres. Par exemple, M. Vaillant à donné l’hi£ toire des rois d'Egypte, d’après leurs anciennes monnoies. D’autres favans ont fait ufage dés rrédaili Zes impériales frappées en Egypte pour l’éclaircifte- ment de lhiftoire des empereurs. On n’a trouvé même jufqu’à préfent aucune zrédaille greque de Dioclétien, excepté celles qui ont été frâppées en Egypte; quoiqu'on ignore l’année où les Esyptiens ceflerent d’en fabriquer en fon honrieur : peut-être fut-ce en l'an 296 de l’ere chrétienne ; année où l'Egyple ayant été réunie au refte de empire, pa la défaite du tyran Achillæus, on commença à bat- tre la monnoiïe avec des légendes latines, comme On faifoit dans les autres provinces. (D. J.) MÉDAILLES ESPAGNOLES ; (rc, rumifmatique:) anciennes monnoies efpagnoles qu’il ne faut pas con- fondre avec les puniques , quoiqrie les unes & les autres aient été pour la plûpart trouvées en Ef pagne. | Perfonne n’igñore que dans l'antiquité ce royaume a €té habité par divers peuples. Ontre les anciens habitans du pays , les Phéniciens attirés pat le com- imerce , s’étoient établis en divers endroits fur les côtes & y avoïent bâti des villes ; les Grecs même ÿ avoient envoyé des colonies. Ces nations diffé- rentes avoient chacune leurs mœurs, leurs ufäges ; leur langue & leurs monnoies particulieres. À la vérité nous n’avons point de médailles frap- pées par les grecs qui s’établirent en Efpagne : peut* être même que leur petit nombre les empêcha d’en faire frapper dans une langüe qui n’auroit pas été entendue de leurs voifins:; mais nous avons d’an- ciennes médailles efpagnoles. Laftanofa a tendu {er- Vice aux curieux , en en faifant graver environ deux cens qu'ilavoitramaffés dans fon cabinet, la plüpart en argent. Son livre , qui eft devenu rare , eit inti- _tulé, Muféo de las medallas efconofcidas, efpagnolas tmpreflo in Huefca , par Joan Nopnez, anno 1645, 4-4", Il foutient dans cet ouvrage que les carafteres de fes médailles font efpagnols & non pas puniques , & que c’eft de ces pieces-là que Tite-Live parle, quand 1l met au nombre des dépouilles rapportées d'Efpagne par lés Romains, ergentum Jignaturr of- cenfe. Quoi qu'il en foit de cette derniere conjeture , M E D 25$ la différence des médailles efpagnoles & des riddailles phéniciennes ou püniques,eft évidente pour tousceux qui fe font donné là peine de les comparer , Où qui ont des médailles puniques avec le hvre de Laflanofa; Dans lés efpapnoles les types femblent ne les rappora ter qu'à des peuples qui habitoient le milieu des terres : On ÿ voit ordinairement nn homme à ches val, quelquefois un cheval tout feul, & quelquefois un bœuf. Dans les puniques où phéniciennes, on ne voit que des fymboles qui conviennent À des villes maritimes, Un navire, des poiflons, Ge, La légende de ces dernieres eft en cara@teres ar2 rondis , mais inégaux, & ces caralteres font tout-à2 fait femblables à ceux qu’on voit fur lés médailles de Tyr & de Sidon ; fur les médailles de Carthage, de Malthe , de Gorre ou Coflura ; de quelques villes de Sicile , & enfin fur celle du roi Juba. Par toutes ces Preuvesonnefauroit raifonnablement douter que cé né foient de véritables cara@teres phéniciens ou pu niques. Au contraire ; fur les médailles oh l’on voit un homme à cheval & les autres types dont nous avons parlé, la légende eften carä@eres plus quarrés, plus égaux, & ces caradteres font tréé-reffemblans à ceux des médailles & des autres monumens étrufe ques. Peut-être cette obfervation de M. le baron de fa Baftie n’aura point échappé aux favans Italiens ) qui travaillent avec ardeur à faire revivre l’äncienne langue des Etrüriens , & à éclaircir tout ce qui re- garde les antiquités de ces peuples. Ces remarques, qui mériteroïent d’être plus appro- fondies , fufifent néanmoins pour montrer que puif- qu’on a trouvé en Efpagne des rédailles de deux ef: peces différentes , tant pour les types que pour les caraéteres ; les unes étant aflurément phéniciennes Ou puniques,, les autres doivent être les monnoies des anciens Efpagnols ; d'oùil fuit que la langue dans laquelle font conçues leurs légendes & les lettres qui férvent à l’exprimer , font l’ancienne langue & les anciens caratteres des peuples qui habitoiént l'Efpagne. | On fera bien de lire à ce fujet la differtarion de M. Mahudel f&r les monnoies antiques d'Éfpagne ,im= primée à Paris en 1725, in-4°: & placée à la fin dé l’hiftoire d'Efpagne de Mariana, traduite en françois par le P. Charenton. (D.J.). MÉDAILLES ÉTRUSQUES ; ( re. mumifin, ) On à commencé de nos jours à ramafler avec foin les #6 dailles étrujques, qui pâroïflent avoir été trop négli- gées dans les fiecles pafñlés : c’eft une nouvelle car rieré qui s'ouvre à la curiofité & à l’érudition ; & quoique les recueils qu’on a fait de ces médailles ne foient pas encore bien confidérables, & qu'il foit très-difficile , pour ne pas dire impoffble ; d’en for- mer une fuite , il fera cependant très-utile d’empé- cher à l’avénir qu’on ne difipe tout ce qui pourra fe découvrir en ce genre : peut-être même la fagacité des favans , aidée de toutes ces nouvelles découver- tes , leur fera-t-elle retrouver l’ancienne langue étrufque , dont nous ayons des fragmens aflez con: fidérables dans quelques infcriptions. L’académie étrufque établie à Cortone ; & compofée de fujets difingués par leur érudition & par leur amour pour les Lettres, contribuera beaucoup à étendre nos connoïfances , par le foi qu’elle prend d’éclaircir non-feulement tout ce qui regarde les antiquités des anciens Etrufques , mais encore l’origine de tous les anciens peuples d'Italie. On pourra vraifflembla- blement ranger dans la clafle des médailles étrufques, celles qu’on croit avoir été frappées par les Samni- tes; les Ombres , les Meffapiens, &c. On trouvera quelques planches des médailles étrufques dans Erru- ria regalis de Dempfter , tome I, pag. 356 ; dans le 250 M E D mufeum errufeum de M. Gori, rome I, tab. 106. 197; dans les antiquités d’Ilorta de M, Fontanimi , diff. d'ell acad. etrufg. tome IT, table 1. 2 ; 8e à la fuite des differtations de l'académie étrufque de Cortone, antiquit, Hort. liv. I. pag. 126-140. ( D. I.) MÉDAILLES GOTHIQUES , ( Art. numifm.) On aomme ainfi des médailles de quelques rois goths qui ont pañlé jufqu’à nous , & qui font communément en bronze ; maïs on nomme fpecialement 7rédailles gothiques de certaines médailles frappées dans des fie- cles de barbarie , & dont les têtes ont à peine la forme humaine, fans porter aucune infcription, ou fi elles en ont, c’eft dans des caraéteres méconnus aux Antiquaires, auffi bien que ceux des médailles qu'on appelle puriques. (D.J.) MÉDAILLES HÉBRAIQUES , ( Art rumifmatiq. ) Divers favans ont cherché à expliquer les anciennes médailles hébraïques qui fe font confervées jufqu'à nos jours ; de ce nombre font Villalpand, Kircher , le P. Morin , Conringius, Vaferus , Bouteroue , Hot- tinger , Valton , &c plus récemment le P. Hardouin ê& le P, Etienne Souciet. Ce dernier, dans une dif- fertation très- étendue 8€ très - favante, foutient , 1°. que la langue & les caraéteres qu’on voit fur ces. médailles font l’ancienne langue & les anciens carac- teres des Hébreux, c’eft-à-dire ceux dont ils ufoient avant la captivité de Babylone ; 2°, que les caraëte- res dont les Juifs fe font fervis depuis leur retour de la captivité, font les cara@teres aflyriens qu'ils rapporterent en revenant dans leur pays ; 3°. enfin que ces médailles ont été frappées par les Juifs mé- mes , & non par les Samaritains. Le P. Hardouin, dans fa chronologie de l’ancien Teftament & dans les notes dé la feconde édition de Pline, a eflayé de prouver que ces médailles, fans aucune exception, font du tems de Simon, frere de Judas Machabée , & de Jonathas , grand-prêtre des Juifs; qu’elles ont été frappées dans la Samatie, dont quelques villes ayoient été cédées aux Juifs par Dé- métrius, roi de Syrie ; que les caraëteres des légen- des font famaritains ou aflyriens , c’eft-à-dire que les légendes font gravées dans les caraéteres des Cuthéens que Salmanafar envoya dans la Samarie après en avoir enlevé les dix tribus d’ifraël. Onpeut voir dans les ouvrages des denx favans jéfuites, les raïfons dont chacun d’eux fe fert pour appuyer fon fentiment. On trouvera dans les mêmes ouvrages un catalogue complet des médailles hébraiques connues jufqu’à préfent, avec les defcriptions des types qui y fontrepréfentés, Voyez Morel, fpecimen R, nummar. tom. I. p,230 G feg. (D. J.) MÉDAILLES PHÉNICIENNES 04 PUNIQUES, (Are numifinat. ) On nomme ainfi celles dont les légendes font en caraëteres phéniciens ou puniques. Quoique la plûpart de ces fortes de médailles aient été trouvées en Efpagne , elles different des anciennes médailles æfpagnoles & par la nature destypes , & par celle -des cara@teres , comme nous l'avons obfervé plus au long au mor MÉDAILLES ESPAGNOLES. ( D. J.) MÉDAILLES SAMARITAINES , ( Arc numifmat. ) On appelle ainfi les médailles qui font empreintes fur un des côtés de caraëteres fzmaritains, On trouve même aflez communément des rédailles qui préfen- tent de chaque côté des lettres famaritaines ; & felon es apparences , elles ont été frappées du tems de Simon Macchabée, en mémoire de la liberté que les Juifs recouvrerent alors, Mais les rrédailles fur lef- quelles eft jointe une infcription grecque à une le- -gende famaritaine, font fortrares; & peut-être celles -d’Antigonus roi de Judée , font les feules qui foient venues jufqu’à nous. Le célebre Reland, qui avoit tenré de les éclaircir, les regarde comme une énigme, F'oyez la cinquieme difiertation de zurmmis famarita- sis. Voyez aufh l’hiffoire de l'acad, des Belles-Lestres , some XXIV, ( D.J.) M E D MÉDAILLES LATINES , voyez MÉDAILLES RO“ MÉDAILLES D’ATHÈNES , ( Art. numifmatiq. ) Nous avons un aflez grand nombre de médailles d’A- thènes ,| maïs nous n’en voyons point de frappées au coin des empereurs de Rome ; & il faut croire ou que l'amour de la liberté a empêché les Athéniens de reconnoître l'autorité romaine dans leurs mon noies, ou que leur religion ne leur a pas permis dy graver autre chofe que les images de leurs divi- nites. Le plus grand nombre des médailles d’ Athènes qui font au cabinet du Roi , confifte en médaillons d’ar- gent prefque uniformes , tous avec le bufte de Mi- nerve d’un côté, & au revers une couronne d'oli- vier, au milieu de laquelle eft une chouette fur un vale renverfé, & marqué d’une lettre grecque : dif- férens noms de magiftrats y font joints à Pinfeription A’bnvaror ; & c’eft, avec de petits fymboles ajoûtés dans le champ, tout ce qui diftingue ces médaillons, dont on ne fauroit d’ailleurs fixer précufèment l’é- poque. On fait quel a été le culte de Minerve dans Athè- nes, & ce que l’antiquité en a publié. Les mufes grecques & latines ont célébré à lenyi les unes des autres la dévotion des Athéniens pour leur déefle; mais rien n’en marque mieux l'étendue & la durée que leurs monnoîies , fur lefquelles on voit toujours d’un côté la têre de Minerve , & de l’autre une chouette dans une couronne d’olivier, fes fymboles ordinaires, L’olivier lui appartenoit à bon titre, fur-tout de- puis fa victoire ; & hors Jupiter qui en a quelquefois été couronné aux jeux olympiques, aucune autre divinité n’a ofé le difputer à Minerve. À l'égard de la chouette, on la lui avoit donné comme un fym- bole de prudence, la pénétration de cet oïfeau dans l'avenir ayant été établie par les anciens ; ce qui eft encore certain, c’eft que le nom de chouette avoit été donné aux monnoies de l’Attique, L’efclave d’un riche lacédémonien difoit plaifamment dans ce fens- là, qu’une multitude de chouettes nichoiïent fous le toit de fon maitre. Une chofe qui mérite encore quelqu’attention dans les médailles d'argent de la ville d’Arhères, ce font les différens noms par lefquels on les difingue auffi les unes des autres. Il n’y a point à douter que ce rie foit autant de noms de magiftrats athéniens ; mais la queftion eît de favoir fi ces magiftrats {ont archontes ordinaires d'Athènes, ou d’autres officiers prépofés à la fabrication de ces monnoies, L'examen & la comparaifon de leurs noms & furnoms , pour- ront fervir à la décifion d’une difficulté fur laquelle perfonne n’a encore ofé prononcer. Le culte de Minerve ne regne pas moins dans ce que nous avons de srédailles de bronze d’Ashènes, que dans celles d'argent ; hors une feule tête de Ju piter, on n’y voit par-tout que le bufte de cette déeile toujours cafquée , & quelquefois avec le cafque &c l'égide ; mais les revers font plus variés que dans les médailles d'argent. Enfin dans prefque toutes les médailles d'Athènes foit d'argent , foit de bronze , il n’eft queftion que de Minerve. Les Arhéniens ne pouvoient pas faire trop d'honneur à la déefle de la fagefle, qu'ils croyoient préfider à leurs confeils, veiller fur leurs magiftrats , animer leurs guerriers , infpirer leurs poëtes, former leurs orateurs, & foutenir leurs phi- lofophes. Mais il feroit à fouhaiter que cettemême déefle , les intérêts à part, eût un peu mieux inf- truit leurs monétaires. Les autres peuples du-moins nous ont appris par leurs monnoies quelque chofe de leur gouvernement, de leurs privileges , de leurs alliances A MED alliances , de leurs jeux, de leurs fêtes , des fingu- larités de leurs pays , des tems où ces monnoies ont été fabriquées ; mais le peuple athénien n’a pas jugé àä-propos de les imiter en cela; non-plus que dans l’ufage de frapper des médailles en l'honneur des em- pereurs romains. Uniquement reñfermé dans {a re- lgion, il a négligé tout le réfte dans ces fortes de monumens ; & l’on peut dire de ce qui nous eff refté des médailles d'Athènes , comme des-ruines de cette ville, autrefois fi floriflante & fi belle , le théâtre de la fageffe humaine & de la valeur , & l’école publi- que des Sciences & des Arts, Quid pandion® reflat nifi nomen Athena | _ MÉDAILLES DE CROTONE ;: ( Art numif[matiq. ) Les Antiquaires ont raflemblé dans leurs cabineis plufieurs médailles curieufes de Crosone , aujourd’hui Cortona , ville du royaume de Naples dans la Cala- bte ultérieure. Denys d'Halicarnañle fixe la fonda- tion de cette ville à la troifieme année de la dix- {eptieme olympiade, qui, felon lui, répond à la qua- trieme année du regne de Numa. , M. de Boze remarque , dans l’Aiffoire de l'académie des Infcriptions, usb t 19. Qu'iln’a jamais vû de médailles de Crotone qu'en argent, mais que Goltzius en rapporte une en or, à la différence de celles de Lacédémone, qui certai- mement {ont toutes de bronze ;.& à la différence de celles d’Athenes , dont on a prefque un pareil nom- bre ‘d'argent & de bronze ,& point du tont en or.. 29. Qu'on ne trouve aucune: médaille frappée par ceux de Grosone en l'honneur des empereursromains, comme on n’en trouve point d'Athènes dans toute la futé des mêmes rrédailles impériales , au lieu qu'il ÿ en'a beaucoup de Lacédémone. 3°. Que , comme on reconnoît par les rédailles d'Athènes que le principal culte des Athéniens s'a- drefloit à Jupiter & à Minerve; & par celles de Lacédémone qu'Hercule & les Diofcures y étoient Fobjet dé la vénération publique , de même on voit par les médailles de Crotone qu'on y adoroit particu- herement Junon , Apollon & Hercule. | : Myicellus fonda Crotone après avoir confulté Po racle d’Apollon;.&.ce dieu voulut bien accorderau fondateur, ainfiqu'aux habitans, la fanté &.la force: c’eft pour celä qu'il paroit fi fouvent fur les médailles tee bn PU CIS CNRC TON - Le culte des Crotoniates envers Junon Lacinia, eft encore marqué parfaitement fur leurs médailles. La tête de cette déefle y eft prefque toujours gra- vée, on n’yen-voit pas même d'autre. Ony trouve auffi des trépiés & des branches de laurier , prix or- dinaires des jeux de la Grece, où les Croroniates s’étoient fignalés parun grandnombre de vidoires : Herçüle occupe enfin la plûpart destrevers. us = A l'égard d’Hercule, dont il femblequ'il s’agiffe sci plusque d'aucune autre divinité, on comprendailé.. ment qu'il devoitêtre dansune vénération infime pär- mi des: peuples fi récommendables par la foree ra- turelle.. C’efk, Crarorequr aproduit le célebre Milon,. Iscomachus, Tificrate, Aftyle, &sitaritd'autresallut. tresathlètes. Dans une même olympiade,diStrahon, » fépticrotoniatés furent couronnés aux jeux olympi-: ques ,.& remporterent fous-les prix: du flade. ils pañloient pour des Hercules dèsiile: berceau, & ce fut bientôt unpfoverbe que-lé plus foible d’entr'eux. étoit le plus fort des Grecs. (D: 2): 0 : MÉDAILLES DE: LACÉDÉMONE, (Art numif ) Oneft très -curieux:de connoître. des medaillesides Lo tag à | JE 4 + .. mn Û : % , 4 Lacédémoniens srles plus hbhreside tons les Grecs:,: comme. lAntiquifé les appelle, 8: ceyx:du monde: connu qui ont joui le plus Jong-1ems.detleuvs lois: &c deyléurs fages,-Fideleé àdasrépuhlique romaine 4 orme À, - ee - 4 : = F3 MED 57 qui leur avoit rendu leur gouvérnement après la réa .duéhon de PAchaïer,ils furénr-{e conferver juiqu’att ‘bout l'eflime & l'amitié de leurs vainqueurs. Spatte éleva des temples en l’honneut de Jules-Célar & d'Augufte » dont elle avoit reçu dé nouveaux biens faits , &r ne: crut. point faire injure aux diéux dé la Laconie en battant des monnoies au coin de plufieurs luccefleurs de cès princes. Le roi de Fräñce en pofz fede qui font frappées au nom & avec la tête: d'Haz drien , d’Antonin le pieux ; de Marc Aurele & de Commode. M. Vaillant en a cité une de Néroti : &e quoique cetempereur ait toujours refufé d'aller à Sparte à Ca ufe.de la-févérité des-lois:de Lyeurgue ” dont il n'eut pas moins de peur, dit-on';-que des faux ries d’Athènes , cela n’empêcha pas que les Lacédé. moniens ne cherchaflent lés moyens de lui faire leur cour lorfqu'il.vint fe fignaler dans les jeux de-tæ Grece. Les têtes.de.Caftor & de Pollux que M. Vaillant donne pour revers À la médaille de Néron qu'il avoit vüe , s'accordent parfaitement-avec les autres. médailles: de Sparte, oùril n’eft queftion-que de ces anciens rois de la-Laconié;, plus célebres dans les fables que dans l’'Hifioire, - e Dans la médaille d'Hadrien, ces illuftres gémeaux font repréfentés à cheval:la lance baiflée + comme on les voit communément dans les médailles conf laires,,-êc tels qu'ils apparurent an didateur Pofthus mius dans la bataille qu’il gagna contre les Latins. La feconde médaille et d’Antonin ; &-ce font les bonnets des Diofcures qui en font les revers. L’an- tiquité les repréfentoit avec des bonnets, parce què- les Lacédémoniens alloient au combat la tête con verte.de cette efpece de cafque. A pileatis noha fra tribus pila', dit Catüle.,.en parlant de Cañtor & de Pollux. La médaille de Marc Aurele regarde encore les Diofcures; ils y font repréfentés de bout fous-læ figure.de deux jeunes hommes de même âge; demê-= mé-taille ; de même air; & d'une parfaite reflem< blance, Une de leurs médailles repréfente Commode dans la fleur de fa jeuneffe ; la maflue-qui-eft au re- vers entre deux.bonnets-étoilés ,-fait:voir qu'Her cule étoitreveré dans la Laconie'avec les Diofcures: Dansune autre médaille de Commode ; Minerve:otr Vénus y paroït fur le revers armée de toutes piéces p' £ | 5 A & affez femblable au dieu Mars... rh 5,4 :-Après Commode:on.ne trouvé-plus rien-de Lacée démone dans les médailles des-empereurs de Romes- à peine lhiftoire des fiecles {aivans parle-t'elle-dés cette ville ; encore fi floriflante fons‘les- Antonins£ Hercule-ef la divinité dominante dans'laplipart des- médailles purement lacédémoniennes, c’eft-à-dire dans: celles où les Romains n’ont aneune part, foit duektes aient été frappées du-tems/de:larrépublique , ou: de2s puis l’établiffement de l’empites 44 n à 2 | Onvient de-dire qu’Hercule partageoit avec Cafa. tor &.Pollux.lencens-des Lacédémonienss &vicétoit AT LE |. àrbontitre qu'ikentroit dans’ee partage. H avoit rem du de grands-fervices à la Lacomie ; fes defcendans: y regnerent-fuccefivement depuis leurrerour-dans- . le-Péloponnefe +68 les Lacédémomiensrs’étoient- fa [| ne. religion de n’obéir qu'ädésiroisde lxpoñtérité: || d'Hercule, Ainf ce héros pouvoïtiencore- prétendre. aux-bonneurs.de leursrmonroïes-añfi-bienqne les’ Diofcures. -Ily ne rédaillede Lacedérmone Qui rex? || préfente ce dieu-d’un-cotéravec la coëffare:de-peami || delion, &c de l’autre, deux vales entourés de demx* fenpens ; ce qui-fe:rapporte afféz haturellement au Il premier de féstravaux, &ûè-cesvafes quel'antiquités |: luiavoitiparticuherement confacrés, : ve 11< 01 Fur Der Goltziusrapporte deux:rédailles de deux-an ciefst. |. rois de-Bacédémone.. Agéfilais-8c:Potydore Omar S. |: les: couronnés:de laurier qu'il-donne-à-ces oise |: leur conviennent point du tout ; & le refléeftrenk |. coxe-plusfufpeétr Ainfine comptons mo Les mé 7 k 258 M ED dailles dontnous pouvons répondre : elles ne remon- tent pas jufqu’aux monnoies de fer , feules en ufage À Lacédémone du tems de Lycurgue ; mais elles fe reflentent encore de la défenfe exprefle qu'il fit des monnoies d’or & d'argent, fi conftamment obfer- vée par les Lacédémoniens. En un mot , ces peu- ples ne nous ont laiflé que des monnoies de cuivre , &c tout y roule fur les divinités dela Laconie, comme les médailles d'Athènes fur les divinités de l’Attique. Il ne faut rien chercher de plus dans ce qui nous refte de ces deux républiques fi fameufes , qui ont difputé entr'elles l’empire de la Grece jufqu'à ce qu’elles aient pañlé avec la Grece entiere fous le joug des Romains. (D.J.) Mépaizces D'OLBA, (Art numifmar.) les me- dailles d'Olba en Sicile, méritent un article à part. Les grands-prêtres de cette ville faifoient battre. monnoie à leur coin , & exerçoient dans l'étendue de leurs états, les droits de la fouveraineté. Minif- tres de la religion , ils portoient le fceptre d’une main , & de l’autre offroient des facrifices à l'Etre- fuprème. Princes & pontifes au milieu des provin- ces romaines, ils étoient libres, & vivoient fuivant leurs propres lois. Nous ne connoiflons jufqu’à préfent que fept #e- dailles frappées au coin de trois princes d’O/Pa nom- més Polémon, Ajax & Teucer; & ces fept médail- Les font toutes rares. La ne de moyen bronze , eft de la grandeur ordinaire ; mais par fon relief &c fon épaifleur , elle peut pafler pour un médaillon. C’eft une médaille de Polémon, dont oneût donné le deffein dans Les PI. fi la matiere eût permis. On voit d’un côté la tête nue d’un jeune homme , tournée de droite à gauche : on lit autour M. ANTONIOY HOAEMONQNE APXIE- PEOS ; & de l’autre côté KENNAT. AYNAZTOY OA- BEON THS IEPAS , & dans une feconde ligne , KAI AAAASSEON. @ 1A., c'eft-à-dire, tête de M. An- toine Polémon , grand - prêtre des Kennati, d’OZa la facrée, & de Palaffis, année feconde, qui tomboit en l’année 714 de Rome. Le type eft une chaire à dos & fans bras, à moitié tournée de droite à gau- che. On voit au côté droit un fymbole fingulier, une efpece de triquetre. Une autre médaille du même prince Polémon re- préfente d’un côtéune tête d'homme &c un caducée, avec cette légende , Ayrono ; au revers unfoudre: &t on litautour Apyspeos rorapyou Keyrarwt AxAac Et B. La même médaille fe trouve dans le cabinet du comte de Pembrock , mais avec un revers diffé- rent. Deux autres médaille d’Olba ont été frappées par l'ordre d’un prince appellé 4jax , qui vivoit fous Augufte, & qui fut un des fucceffeuts de Polémon. Une de ces médailles, qui eft du cabinet du duc de Dévonshire , repréfente d’un côté la tête d’Augufte renfermée dans une couronne de laurier, avec la légende Kassapes SeGuce. Le revers repréfente deux foudres pofés l’un fur l’autre : on lit dans le champ Apyispews Asayroc Teuxpoy TO7MpXOU HéVVæ TU HE AE L'autre médaille d’un prince de même nom étoit con- fervée à Venife dans le cabinet de M. Belloto. On voit d’un côté la tête duprince, avec ces mots Asaæyros reuxpov ; de l’autre, la figure ou le fymbole de la tri- quetre : on lit au-deflus Apyseps. romapyou mere. Aa ‘ AGE, On connoït encore deux rédailles d’un autre prince d’Olba , appellé Teucer. Sur l’une on voit la tête du jeune prince nue, & devant elle un cadu- cée, pour légende Tevyps Areyros : au revers, le fymbole comme ci-deflus, & l'infeription Apysepeo Towapyo. Kerar. Auñas. ET. À. Sur l’autre médaille, la tête & la légende font les mêmes, mais fans ca- ducée. On voit aureversun foudre, & l’infcrip- MED tion Apxipios Toæapy. Kerraror s AuXaccs ET B M. Maflon, dans fon édition des œuvres du théteur Ariftide , n’a décrit que la troifieme , la qua- trièeme & la cinquieme de ces 7rédailles des princes d’Olba ; maïs M. l'abbé Belley les a toutes décrites avec des obfervationstrès-curieufes , qu'il faut lire dans les Mém, de litteraure , tom. XXI. 1m - 42. (D.J.) MÉDAILLES, époques marquées fur les (Art rumif.) Les époques marquées fur les médailles , font les dates des années du regne des princes,ou dela durée desvil- les , foit depuis leur fondation, foit depuis quelques événemens,d'où ellesont commencé decompterleurs années. Ces époques donnent un grand mérite aux mé- dailles, à caufe qu’elles reglent fürement la chronolo- gie ; ce quifert beaucoup à éclaircir les faits hiftori- ques. C’eft avec leur fecours que M.Vaillanta fibien débrouillé toute l’hiftoire des rois de Syrie, où les noms femblables des princes font une grande con- fuñon ; & c’eft par-là que le cardinal Noris, aupa- tavant célebre antiquaire du grand-duc, a fait tant de découvertes utiles dans fon livre de epochis S'yro- Macedonum. IL eft vrai que fur ce point les Grecs ont été plus foigneux que les Romains, & les derniers fiecles plus exaéts que les premiers ; en effet , les médailles romaines ont rarement marqué d'autre époque ; que celle du confulat de l'empereur, dont elles repré- fentent la tête, & de la puiffance de tribun : or nt l’une , ni l’autre n’eft aflurée , parce qu’elles ne fui- vent pas toujours l’année du regne de ce même prince, & que difficilement l’année de la puiflance de tribun, répond à celle du confulat. La raifon en eft que la puiffance de tribun fe prenoit régu- lierement d'année en année; au-lieu que l’empe- reur n'étant pas toujours conful , intervalle de l’un à l’autre confulat, qui fouvent étoit de plufeurs an- nées , gardoit toujours l’é/oge du dernier ; par exem- ple, Adrien eft dit durant plufieurs années Co/. III. de forte qu’on ne fauroit par-là fe faire aucun ordre afluré pour les différentes médailles qui ont été frap- pées depuis l’an de Rome 872, que ce prince entra dans fon troifieme confulat, jufqu’à fa mort, qui n’arriva que vingt ans après. Cependant comme les puiflances tribunitiennes fe renouvelloient toutesles années au même jour où elles avoient commen- cé , on fait à quelles années de la puiffance tribu- nitienne doivent répondre les confulats de chaque empereur. C’eft du moins un calcul qui eft afé à faire pour peu que l’on ait les premiers élemens de la chronologie ; la fixation des dates des principaux faits hiftoriques en dépend; & c’eft une des plus grandes utilités qu’on doive fe propofer dans l’étu- de des médailles. Les Grecs ont eu foin de marquer exaétement les années du regne de chaque prince, & cela jufques dans le plus bas empire, où-les revers ne font pref- que chargés que de ces fortes d’époques:, furtout après Juftinien. | Je ne parle ici que dés médailles impériales : car je fai qu’à l’exception de certaines villes, toutes les autres que Goltzius nous a données, n’ont point d’époques ; & que c’eft ce qui embarrafle extrème= ment la chronologie. Pour les rois, l’on y trouve plus fouvent les époques de leur regne ; le P. Har- douin , dans fon antirrhétique, a publié des médails* les du roi Juba , dont l’une marque l’an 32, d’autres Pan 36,40, 42 & 53. Quelques colonies marquoient aufl leur époque, comme nous voyons dans les médailles de Wimina- cium, en Mæfie , qui, fous Gordien qu’elle com- mença , marque 4x. j. à. Gc. fous Philippe , az. vx. &c. fous Décius, az. xy. Or, le commencement de ces époques doit fe pren: dre tantôt du tems que la colonie a été envoyée: tantôt du regne du prince à qui elle étoit foumife alors : tantôt du regne de quelqu’autré prince qui leut avoit fait quelque nouvelle grace, d’où il 6ft arrivé quelquefois que la mêmé ville, telle par exemple qu'Antioche, s’eft fervie de différentes épo= ques ; & c’eft à quoi il faut faire une attention fé- rieufe; pour ne pas confondre des faits dont les #4- dailles nous intéreflent. , _ Les villes grecques fotimifes à l’empiré étoient jaloufes d’une époque particuliere , c’étoit de l’hon- neur qu’elles avoient eû d’être zéocores, c’eft-à-dire, d’avoir eû des témples , où s’étoient faits les facri- fices folémnels de toute une province pour les em- pereurs. Poyez NÉOCORE: Les Grecs marquoient éncoré nne épôgue particu- liere fur leurs médailles , qui eft celle du pontificat. Il y avoit des villes grecques où les pontifes étoient perpétuels ; ils s’appelloient Apxiepers Ja Gie : dans les autres villes où le pontificat étoit annuel , ceux qui poflédoient cette charpe n’étoient pas moins loigñeux de le marquer, fur-tout lorfqu'ils étoient élus pour la feconde ou pour la troïfieme fois. Il faut obférver en pañlañt que ces lettres APX né fignifient pas feulement porrife ; mais que le plus fouvent elles figmifient archonce ; c'étoit le titre des magiftrats grecs qui gouvernoïent les villes foumi- Les aux loix d'Athènes, M. Vaillant en a fait une grande énumération: Les époques qui fofment les années du fegrie des empereurs fe marquent prefque toujours fur les re- vers, en une de ces deux manieres : quelquefois en exprimant les mots entiers ‘Erouc Awxareu, Ge. Plus fouvent par les fimples chifres, & le mot abrégé E, OU ET. A. B. prefque toujours par le lambda an- tique £, qui fignifie , felon la tradition des antiquiai- res, AuxaGayres, mot poétique & inufité dans Le lari- age ordinaire, mais qui veut dire a#x0 , & qui pro- lement étoit plus commun en Egypte que dans la Grece, puifque c’eft fur les médailles de ce pays qu’il fe trouve toujours. Nous avons cependant un canope au revers d’Antonin Er. B. comme nous avons du même empereur un revers L. Evarou, GC plufieurs autres, avec les fimples chifres L. 2. Le H.L.11. chargés de la figure de l’Équité , de la tête de Sérapis , & d’un dauphin entortillé autour d'un trident. | | | Les époques des villes , font éommiunément éxpri- mées par le fimple chifre fans &. ni L. & le nombre plus bas eft ordinairement le premier pofé. Dans les médailles d'Antioche 4. M. & non pas M. 4: Dans une de Pompéopolis, qui a d’un côté la tête d’A- ratus, & de l’autre celle de Chryfipe, ©. K. c. au- lieu de c.K.@. &c Dans le bas empire Grec , les époques forit mar- uées en latin, azno III. V. VII. &c. depuis Juftin jufqu’à Théophile, & elles occupent le champ de la médaille fur deux lignes de haut en bas. ( 2.7.) MÉDAILLES , ornemens des, ( Art numifmar, ) ce font toutes les chofes qui ornent les têtes, Les buf- tes , & les revers d’une rédaille ; ainfi le diademe, la couronne , le voile fe nomment les ornemens des têtes couvertes. Les divers types ou fymboles qui font empreints fur les revers dés médailles , en font tout autant d’orremers. Voyez-en la defcription au mor SYMBOLE. ( D. J.) "M" » MÉDAILLER ; f.m. (Gram.) il fe dit d’une col. le&ion de médailles ; &c fe dit auf des tiroirs où on les conferve. | nh-+: MÉDAILLISTE, f. m. (Gram.) il fe dit de celui qui s’eft appliqué à l'étude des médailles. Il fe dit auffi de celui qui en a beaucoup ramañfé. Il eft auf facile d’avoir bien des médailles & de n’y rien en- Tome X, Ge MED. 259 tendre, que d’avoir beaucoup de livres &r d’être un. ignorant. | LE TET TE MÉDAILLON ; (Ari numifimat.) médaille d'us né grandeur extraordinaire ; & communément d'un, beau travail. Nous avons emprunté des tas hens le mot de rédaillon pour exprimer une grande médaille, comme le mot de fal/on pour fiygnifier uné grande alle, | La plûpart des antiquaires prétendent ane les nés daillons n'étoierit pas des monnoies courantes, dus moins chez les Romains; mais qu’on les frappoit comme des monnmens publics ; pour répandre pats mi lé peuple, dans les cérémonies des jeux & des triomphes , ou pour donner aux ambafladeurs êe aux princes étrampers. Ces pieces étoient nommées par les Latins wffélias à pm. + H y à des médaillons d'ot ; d'argent & de brônié ;! & comime ceux d’or {ont fort rates ; les particuliers qui én poflédent , {e contentent de les mettre à la tête de l’or ou de l'argent, pout faire l'honneur de leur cabinet. Le cardinal Gafpard Carpegna eft uñ des prés miets qui fe foit attache à former une fuite de mé: datllons: Cependant dans la premiere édition de {on recueil, on en fit graver feulément 23 , & on dorinæ la defetiption de 45. Dans la fuite cette colleétion s'étant fort augmentée, dans la feconde édition , à laquelle on ajouta les obfervations de M. Buonarot: ti, On en fitgraver juiqu'à 129: M. Vaillant en a dé: crit environ 450 depuis Célar jufauw’à Conftance ; qu'il avoit vüs dans différens cabinets de France & d'Italie: On publia à Venife 1l y a quelques années, fans date, & {ans nom de ville ni d'imprimeur, un autre recueil de médaillons fous le titre de Nurnife rnata @rea feleiora maxiini moduli, & müfæo Pifano olim corrario, || s'y trouve environ 229 #édaillons gravés en 92 planches, nf. Les charireux de Kome avoïient une très : bellé colleétion de médaillons , qu'ils avoient aufli fait graver ; mais cétie colleéhon ayant été vendue à l'empereur, les planches {ont paflées avee les or: ginaux , dans le cabinet de S, M. impériale ; & on lupprimé toutes Les épreuves qui avoient été tirées, mais qui n’avoient pasencore été diftribuées ; enforté que ces gravures {ont aujourd'hui d’une extrème ra reté , je n'en ai vû qu'un feul exemplaire à la grande. chartreufes | , Dans le fiecle pañlé on fitgraver plus de 400 és daïilons qui {e trouvoient alors dans le cabinet du Roi: le nombre en a étéextrèmement augmenté des puis ce tems-là, & il vient de l'être tout récem= ment par Pacquifition que le ro1 a faité de tous ceux de M..le maréchal d'Rfrées. Cette fiute comptend tous les médaillons qui avoient appartenu à l'abbé dé Camp; outre ceux quiavoient pari avec des explis cations de M. Vaillant, & quinailoient qu’à 140, dont J'ai vü des épreuves rirées.M.Pabbé de Rothelin en avoit aufh une fuite aflez confidérable. Ainf om pourroit aujourd’hii ; fans fortif de Paris, exécuter le projet de M. Morel , c’eft-à-dire, faire graver plus de mille meédaillons ; & le cabinet du Roi fnfiroit. feul pour fournir cerombre, & peut-être davantage: . Ileft vraiffemblable que l'intention de ceux qui faifoient frapper ces médaillons n’étoit pas qu'ils fer- vifient de monñoies ; nous penfons cependant qué lorfque ces preces avoïent rempli leur premiere def- tination, à qu'elles étoient diftribuées ; on leur donnoit un libre couts dans le commerce; en res glant leur valeur à proportion de leur poids &c de leur titre. C’eft du moins ce que M: de la Baftie croit en pouvoirinduire des contre-marques qu'il à obiervées {ur plufieurs médaillons ; telles que {ur deux de Caracalla , & fur une de Macrin. Ces iroig médaillons font grecs , & il eft certain que es triés K 1 260 M E D daillons grecs étoient de vraies monnoies. Or , fe- Jon toute apparence , les Romains fuivirent l'exem- ple dés Grecs, & mirent aufli leurs médailies au Hombre des pieces de monnoie courante. Enfin cette explication nous paroir la feule qui puiffe con- dilier les différens fentimens des antiquaires fur cette matière. On à avancé comme un principe fixe , que les colonies n’ont jamais battu de médailons, mais é”eft une erreur : M. Vaillant a fait graver un mé- daillor d'Augufte, frappé à Sarragofle ; un de Livie, frappé à Patras, un de Tibere , frappé à Tunalo, aujourd’hui Tarafcona, en Efpagne , &c un autre d'Augufte, frappé à Cordoue , comme on apprend dé la légende Coonia patricia. » On ne trouve que très: peu de médaillons d'argent battus enltalie qui foient du poids de quatre dragmes, Il n’y a eû que Les Grecs qui nous aient donné com- mutiément des médaillons de ce volume, foit de leurs villes , foit de leurs rois, foit des empereurs. M. Vaillant rapporte dans fon dernier ouvrage un Ha- drien de ce même poids. Nous avons les Vefpa- fiens avec l’époque E Tous Neë leps. &z M. Patin cite des médaillons de Conftantius & de Conftant d’un beaucoup plus grand volume, mais d'une bien moi- dre épaifleur. Il y à dans le cabinet du roi un Ve- rus d'argent parfaitement beau. Les Antiquaires font beaucoup plus de cas des re- daillons que des médailles ordinaires, parce que leurs revers repréfentent communément ou des trlom- phes , ou des jeux, ou des édifices , on des monu- mens hiftoriques , qui font les objets qu’un vrai cu- rieux recherche davantage, & qu'il trouve avec le plus de fatisfaétion. Ainfi l’on doit bien de la re- éonnoiffance à ceux qui nous ont fait connoïtre les médaillons de leurs cabinets. Erizzo a commencé à nous en faire voir, M. Triftan en a fait graver plu- fieurs , M. Patin nous en a donné de fort beaux dans fon tréfor, M. Carcavi a mis au jour ceux du cabinet du Roi, & M. l'abbé de Camps publia les fiens quelque-tems après, avec les belles explications de M. Vaillant. Le recueil des médaillons de M. l'abbé de Camps parut fous ce titre : Seleéliora Nurnifmata in ære ma- ximi moduli, à mafæo, Ill. D. Francitci de Camps, abbatis fanëti Marcelli , &c. concifis interpretationtbus per D. Vaillant D. M. &c. lufirata. Paris 1695. in-4°. Mais pour réunir tout ce que nous avons de Mieux écrit fur les wédaillons , 1l faut Joindre à ce recueil, fée/ta dè medaglioni pin rart, n'ella BBa. dell eminentiffimo € reverend. principe , l fignor card. Gafparo Carpegna , Rom. 1679. in-4°. Les explica- tions font de Jean-Pierre Bellori. Dans la fiute le norabre des médaillons du cardinal Carpegna ayant été fort augmenté, on les donna de nouveau au public avec les obfervations du fénateur Philippe Buonarotti ; offervazioni ifloriche fopra alcunt meda- glioni antichi : all alrezga féreniffima di Cofimo IIT. grand dca di Tofcana , Rom. 1698. grand /72-4°. c’eft un excellent ouvrage. (D. J.) MEDAMA , (Géogr. ane.) ancienne ville d'Italie, dans la grande Grece, au pays des Locres, fur la côte. Pline, div. III. chap. v. la nomme Medma; le P. Hardouin croit que c’eft Roffarno. (D. JT.) MEDECIN, £. m. ( Med. ) eft celui qui profefle & qui exerce la Médecine après des études conve- nables de cette fcience; c’eft par-là qu'il eft diftingué d’un charlatan. Voyez CHARLATAN & MÉDECINE. On diftingue les medecins en anciens & en moder- nes. Voyez MÉDECINS ANCIENS, car les modernes font aflez connus. (D. J.) MÉDECINE, f. f. (Art 6 Science.) La Médecine eft l’art d’appliquer des remedes dont l'effet conterr e la vie faine, & redonne la fanté aux malades, Ain M E D la vie, la fanté, les maladies, la mort de l'homme, les caules qui les produifent, les moyens qui les dirigent, fon l’objet de la. Médecine. Les injures & les vicifitudes d’un air auffi nécef- faire qu'inévitable , la nature des ahmens fohdes & liquides, Pimprefhonvivedes corps extérieurs, les aéhons de la vie ; la fruéture du corpsthumain, ont produit des maladies, dès qu'il ya eu des hommes quiont vécu comme nous VIVONS. Lorfque notre corps eft affligé de quelque mal, il eft machinalement déterminé à chercher les moyens d'y remédier , fans cependant les connoître. Cela fe remarque dans les animaux, comme dans l’homme, quoique la raifon ne puifle point comprendre com- ment cela fe fait; car tout ce qu'on fait, c’eft que telles font les lois de l’auteur de la nature , defquelles dépendent routes les premieres caufes. La perception défagréable ou fâchenfe d’un mou- vément empêché dans certains membres, la douleur que produit la léfion d’une partie quelconque , les maux dont l’ame eft accablée à l’occafion de ceux du corps, ont engagé l’homme à chercher & à ap- pliquer les remedes propres à diffiper ces maux, & cela par un defir fpontané, ou à la faveur d’une ex- périence vague. Teile eft la premiere origine de la Médecine , qui prifé pour l'art de guérir, a été pra- tiquée dans tous les tems &t dans tous les lieux. Les hiftoires & les fables de Pantiquité nous ap- prennent que les Aflyriens , les Chaldéens, & les mages, fontles premiers qui aient cultivé cet art, & qui aient râché de guérir ou de prévenir les ma- ladies ; que de-là la Médecine patia en Egypte, dans la Lybie cyrénaique, à Crorone, dans la Grece où elle fleurit, principalement à Gnides, à Rhodes, à Cos, & en Epidaure. Les premiers fondemens de cet art font dûs 1°. au hafard. 2°. À l’inftin@ naturel. 3°. Aux évenemens imprévüs. Voilà ce qui fit d’abord naitre la Medecine fimplement empyrique, | L'art s’accrut enfuite, & fit des progrès 1°. par le fouvenir des expériences que ces choles offrirent. 2°, Par la defcription des maladies, des remedes, & de leur fuccès qu’on gravoit fur les colonnes, fur les tables, & fur les murailles des temples. 3°. Par les malades qu'on expofa dans les carrefours êt les places publiques, pour engager les paflans à voir leurs maux, à indiquer les remedes s’ils en connoif- foient , & à en faire l'application. On obferva donc fort attentivement ce qui fe préfentoit, La Médecine empyrique fe perfeétionna par ces moyens, fans ce- pendant que fes connoifiances s’étendifent plus loin que Le pañlé & le préfent. 4°. On raifonna dans la fuite analogiquemént , c’eft à-dire en comparant ce qu’on avoit obfervé avec les chofes préferites & fu- tures. L'art fe perfe&ionna encore davantage 1°. par les médecins qu’on établit pour guérir toutes fortes de maladies, ou quelques-unes en particulier. 2°. Par les maladies dont on fit une énumération exatte. 3°. par l’obfervation & la defcription des remedes , &T de la maniere de s’en fervir. Alors la Médecine devint bien-tôt propre & héréditaire à certaines familles & aux prêtres qui en retiroient l'honneur &c le profit. Cependant cela même ne laïfla pas de re- tarder beaucoup fes progrès. 1°. L'infpeétion des entrailles des viétimes. 2°. La coutume d’embaumer les cadavres. 3°, Letraitement des plaies, ont aidé à connoître la fabrique du corps fain, & les caufes prochaines ou cachées, tant de la fanté & de la maladie, que de la mort même. Enfin les animaux vivans qu'on ouvroit pour les facrifices , l'infpeétion attentive descadavres de ceux dont on avoit traité les maladies , l’hiftoire des ma- ladies, de leurs caufes, de leur naiffance, de leur 1 ÿ M E D accroiflement, de leur vigueur, de leut diminution, de leur iflue,, de leur chaupement, de leurs evene- mens ; la connoïffance , le choix, la préparation, l'application des médicamens , leur aétion & leurs éfets bien connus & bienobfervés fembierent avoir prefqu’entierement formé l’artide la Médecine, Haippocrate, contemporain. de Démocrite ; fort au fait de toutes ces chofes, & de plus riche d’un éxcellent fonds d’obiervations qui lui étoient pro pres , fit un recueil de tout ce qu'il tronväd'utile, en compofa un corps de Médecine, & mérita le pre- nüér le nom devrai médecir, parce.qu'en-effet ou- tre la médecine empyrique & analogique qu'il fçavoit, il étoit éclairé d’une faine philoioplue , &' devint le premier fondateur de la médecine dogmatique. Après quercétte médecine eût été long-tems cultis vée dans la famille d’Afclépiade, Arêtée de Cappa- doce en fit un corps mieux digéré & plus mérhodi- que ; & cet art fe perfeéhonna par le différent fuccès ées tems, des lieux, des chofes ; de forte qu'après avoir britlé fur-tout dans l’école d'Alexandrie , 11 fube fiffa dens cet état jufqu'au tems de Claude Galien, Celui-ci ramafla ce qui éroit fort épars, & fut: éclaircirleschofesemhrouillées ; mais commeilétoit Honteüfement aflervi à La philo‘ophie des Péripaté- ticiens , il expliqua tout fuivant leurs principes ; & par conféquent sil contribua beaucoup aux progrès de l’art, il ny fit pas moins de dommage, en ce qu'il eut recours aux élémens, aux qualités cardinales, à leurs degrés, & à quatre humeurs par lefqueiles il prétendoit avec plus de fubulité que de vérité, qu'on pouvoit expliquer toute la Médecine. Au commencement du vi. fiecle on perdit en Eu- rope prefque jufqu’au fouverir des aris. Ils furent détruits par des nations barbares qui vinrent du fond du nord, & qui abolirent avec les fciences tous les moyens de les acquérir, qui font les livres. Depuis le jx. juiqu’au x1ij. fiecle, la Médecine fut cultivée avec beaucoup de fubtilité par les Arabes, dans l’Afe, l'Afrique & l'Eipagne. Ils augmenterent êt corrigerent la matiere médicale, fes préparations, & la Chirurgie. A la vérité 1ls infecterent art plus que jamais des vices galéniques, & prefque tous ceux qui les ont fnivis ont été leurs partifans, En effet les amateurs des fciences étoient alors obligés d'aller en Efpagne chez les Sarrafins , d’où revenant plus habiles , on les appelloit Âages. Or on n'expli- quoit dans les Académies publiques que Les écrits des Arabes; ceux des Grecs furent preiqu'inconnus, où du-moins on n’en faifoit aucun cas. Cette anarchie médicinale dura jufqu’au tems d’'Emmanuel Chryfoloras, de Théodore Gaza , d’Ar: gyropyle,de Lafcaris, de Démétrius Chalcondyle , de George de Trébifonde, de Marius Mylurus, qui les prenmers interpréterent à Venrfe & ailleurs des manufcrits grecs, tirés de Byfance, firent revivre la langue grecque, & mirent en vogue les auteurs grecs vers l’an 1460, €Eommel’Imprimerievintalors à fe découvrir, Alde eut l'honneur de publier avec fuccès les œuvres des Médecins grecs. C’eft fous ces heureux aufpices que la doëtrine d’Hippocrate fut réfufcitée & fuivie par les François. Arnauld de Vil- leneuve, Raymond Lulle, Bafile Valentin, Para- celfe, introduifirent enfuite la Chimie dans la Mé. decine. Les Anatomiftes ajouterent leurs expériences à celles des Chimiftes. Ceux d'Italie s’y dévouerent à l'exemple de Jacques Carpi, quife diftinguale pre- mier dans l’art anatomique. Tel fut l’état de la Médecine jufqu’à l’immortel Harvey, qui renverfa par fes démonfiranions la faufle théorie de ceux qui l'avoient précédé, éleva fur fes débris une doûtrine nouvelle & certaine, & Jetta glorieufement la bafe fondamentale de Part de guérir, Je viens de parcourir rapidement l'hiftoire MED 261 de cèt at, 8 cet abrégésfucciné peut fufiire à Ja plûpart des leéteurs; mais J'en dois faire un com mentaire détaillé en faveur-de ceux qui ont us le pié dans le temple d'Efculape, : . La Médecine ne commença fans doute à être eus tivce que lorique lintempérance, loifiveté, & Pus fage du vin multipliant les maladies, firent fentirle beloin decetre fcience. Semblable aux dutresy elle fleurit d’abord chez les Orienraux, paffa d'Orient en Egypte, d'Epypre en Grece, & de Grece danstous tes les autres parties du monde, Maïs les Egyptiens ont fi {Gigneufement enveloppé leur hiftoire d’ema blèmes d'eroglyphes , & de récits merveilleux 5 qu'ils en ont fait un chaos de fables dont ileft bien difficile d'extraire Ja vérité ; cependant Clément d’As lexandrie nous apprend:que le fameux Hermès avoit renferme toute la philofophie des Egyptiens en qua rante-deux hvres , dont les fx derniers concérmtant la Médecine, étoient particulierement à Pufage des Pañtophores, & que l’auteur y traitoit de la {truc ture du corpshumain en général , decelle des yeux en particuker , des inflrumens néceffaires pour les opérations chirurgicales ,. des maladies , & des acci- dens particuliers aux femmes. Quant à la condition & au caraGtere des Médez cins en Égypte, à en juger fur la defcr'prion que le même écrivain en a faite à la fuite du paflage cité, is compoloient un ordre facré dans l’état : mais pour prendre uneidée jufte du rang qu'ils ytenvient , &c des richefles dontils étoient pourvus, il faut fa- voirque la Médecine étoit alors exercée par les pré trés, à qui; pour foutemir la dignité de leur minifte: re & fatisfaire aux cérémonies de la religion, nous lifons dass Diodore de Sicile qu’on avoit affigné le niérs des revenus du pays, Le facerdoce étoit héréi ditaire, & pañloit de a en fiis {ans intérruption à mais ileft vraiflemblable que le college facré étoit partagé en différentes claffes, entre lefqnelles les embaumeurs avoient la leur; car Diodore nous af: fure qu'ils étoient inftruits dans cette p:ofeflion par leurs peres., 28 que les peuples qui les regardoient comme des membres du corps facerdotäl, & comme jouiflans en cette qualité d’un libre accès dans les endroits les plus fecrets des temples, réunifloient à leut égard une grande eftime à la plus haute véné- ration. : Les Médecins payés par l’état ne retiroïent en Egypte aucun falaire des particuliers : Diodere nous apprendique les chofés étoient fur ce pié, an-moins en tems de guerre; mais en tout tems1ls fecouroient fans intérêt un égyptién qui tomboit malade en voyagé. L’embaumeur avoit différens flatuts à obferver dans l’exercice de fon art. Des regles établies par des prédécefleurs qui s’étoient illuftrés dans la pros fefion, & tranfmifes dans des mémoires authenti- ques , fixoient la pratique du médecin : s’il perdoit fon malade en fuivant ponétuellément les lois de ce code facré , on n’avoit rien à lui dire ; maïs il étoit puni de mort, s’il entreprenoir quelque chofe de fon chef, & que le fuccès ne répondit pas à fon attente. Rien m’étoit plus capable de rallentir lés progrès de la Médecine ; aufli la vit-on marcher à pas lents, tant que cette contrainte fubffta, Ariftote aprèsavoir dit , chap. uy. de Jes quefltons politiques , qu’en Egypte le médecin peut donner quelque fecours à fon mas lade le cinquieme jour de la maladie ; mais que sil commence la cure avant que ce tems foit expiré , c’eft à fes rifques & fortunes; Ariflote, dis-je ; traite cette coutume d’indolente , d’inhumaine, & de per: nicienfe , quoique d’autres en fiflent l’apologie. Par ce que nous venons de dire de la digriié de la Médecine chez les Esyptiens, de l’opulence de leurs médecins, & de la fingularité de-leur pratique , il + x 262 M E D eft aïfé de juger que les principes de l'art &c l'exi- gence des cas déterminoient beaucoup moins que des lois écrites. De-là nous pouvons conclure que leur théorie étoit fixée, que leur profeffion deman- doit plus de mémoire que de jugement, & que le médecin tranfgrefloit rarement avecimpunité les re- gles prefcrites par le code facré. JR Quant à leur pathologie , ils rapporterent d’abord les caufes des maladies à des démons , difpenfateurs des biens 8 des maux; maisdans la fuite ils fe gué- tirent de cette fuperflition, par les occafons fré- quentes-qu’eurent les embaumeurs de voir & d’exa: miner les vifceres humains. Car les trouvant fouvent corrompus de diverfes façons , ils conjetturerent que les fubftances qui fervent à la nourriture du corps font elles-mêmes la fource de ces infirmités, Cette découverte &z la crainte qu’elle infpira, don- nerent lieu aux régimes, à l’ufage des clyfteres, des boiflons purgatives, de l’abftinence d’alimens, & des vomitifs : toutes chofesiqu'ils pratiquoient dans: le deffein d’écarter les maladies, en éloignant leurs caufes. Les ufages variant felon l'intérêt des peuples &c la diverfité des contrées, les Egyptiens, fans être privés de la chair des animaux, en ufoient plus fo- brement que les autres nations. L’eau du Nil, dont Plutarque nous apprend qu’ils faifoient grand cas, & qui les rendoit vigoureux, étoit leur borflon or- dinaires : Hérodote ajoute que leur fol étoit peu propre à la culture. des vignes ; d'où nous pouvons inférer qu'ils tiroient d’ailleurs les vins qu’on fervoit aux ta- bles des prêtres & des rois. Le régime prefcrit aux monarqueségyptiens , peut nous donner une haute idée de la tempérance de ces peuples. Leur nourri- ture étoit fimple, dit Diodore de Sicile, & ils bu- voient peu de vin, évitantavec foin la réplétion &c l’ivrefle ; en forte que les lois qui régloient la table des princes, éroient plutôt les ordonnances d’un fa- ge médecin , que les inftitutions d’un légiflateur. On accoutumoit à cette frugalité les enfans dès leur plus tendre jeuneffe. Au refte , ils étoient très-attachés à la propreté, en cela fideles imitateurs de leurs prêtres qui, felon Hérodote, ne pafloient pas plus de trois jours fans fe rafer le corps, & qui »pour prévenir la vermine & les effets des corpufcules empeftés, qui pouvoient s’exhaler des malades qu'ils approchoiïent , étoient vêtus dans les fon@ions de leur miniftere d’unetoile fine & blanche. Nous lifons encore dans le même auteur, que c’étoit la coutume univerfelle chez les Egyptiens d’être prefque nuds ou légerement cou- verts, denelaifer croître leurs cheveux que lorf- qu'ils étoient en pélerinage, qu'ils en avotent fait vœu, ou que quelques calamités défoloient le pays. - Cent ans après Moife, qui vivoit 1530 ans avant la naiffance de Jefus-Chrift, Mélampe, fils d’Amy- thaon & d’Aglaide , paffa d’Argos en Egypte, où1l s’inftruifit dans les fciences qu’on y cultivoit, & d’où il rapporta dans la Grece ce qu'il avoit appris de la théologie des Egyptiens & de leur médecine, par rap- port à laquelle il y atroiïs faits à remarquer. Le pre- mier , c’eft qu'il guérit de la folie les filles de Præ- tus, roi d'Argos , en les purgeant avec l’eliébore blanc ou noir, dont il avoit découvert la vertu ca- thartique, par l'effet qu'il produifoit fur fes chevres après qu’elles en avoient brouté. Le fecond , c’eft qu'après leur avoir fait prendre l’ellébore, il les bai- gna dans une fontaine chaude, Voilà les premiers bains pris en remedes, &c les premieres purgations dont il foit fait mention. Le troifieme fait concerne l’argonaute Iphiclus, fils de Philacus. Ce jeune hom- me, chagrin de n’avoir pas d’enfans, s’adreffa à Mé- lampe , qui luiordonna de prendre pendant dix jouts de la rouille de, fer dans du vin, & ce remede pro- duifit tout l’effet qu’on en attendoit : ces trois faits nous fuggerent deux réflexions. La premiere, que la Médecine n’étoit pas alors aufñ imparfaite qu’on je penfe communément; car, finous confidérons les-propriétés de l’ellébore., & fur-tout de l’ellébore noir dans les maladies particu- lieres aux femmes, & l'efficacité des bains chauds à la fuite de ce purgatif, nous conviendrons que les remedés étoient bien fagement prefcrits dans le cas des filles de Prætus, D'ailleurs, en fuppofant, com- meil eft vraiflemblaäble ; que l’impuiflance d’Iphi- clus provenoit d’un relâchement des folides & d’u- ne circulation fanguiflante des fluides, je crois que pour corriger ces défauts en rendantaux parties leur élafticité, des préparations faites avec le fer étoient tout ce qu'avec les connoïffances modernes on au- roit pu ordonner de mieux. 2°. Quant aux incanta= tions & aux charmes dont on accufe Mélampe de s'être fervi, i1lfaut obierver que ce manege eft auf ancien quela Médecine , & doit vraiflemblablement fa naïiffance à la vanité de ceux qui l’exerçoient , & à l'ignorance des peuples à qui ils avoient affaire, Cenx-c1fe laifloient perfuader par cet artifice, que les Médecins étoient des hommes protégés & favori- fés du ciel. Que s’enfuivoit-il de ce préjugé ? c’eft qu'ils marquoient en tout tems une extrème véné- sation pour leurs perfonnes , & que dans la maladie ils avoient pour leurs ordonnances toute la docilité poflible, L’on commençoit l’incantation : le malade prenoit les potions qu’on lui prefcrivoit comme des chofes effentielles à la cérémonie :1l guérifloit, & ne manquoit pas d'attribuer au charme l'efficacité des remedes. L'hiftoire nous apprend que Théodamas, fils de Mélampe, hérita des connoïflances de fon pere, & que Polyidus , petir-fils de Mélampe, fuccéda à Théodamas dans la fonétion de médecin : mais elle ne nous dit rien de leur pratique. Après Théodamas & Polyidus, le centaure Chi- ron exerça chez les Grecs la Médecine & la Chirur- gie; ces deux profeflions ayant été long-tems réu- nies. Ses talens fupérieurs dans la médecine de l’hom- me & des beftiaux , donnerent peut-être lieu aux poëtes de feindre qu'ilétoir moitié homme & moitié animal, Il parvint à une extrème vieillefle, & quel- ques citoyens puiflans de la Grece luiconfierent l’é- ducation.de leurs enfans. Jafon le chef des Argonau- tes, ce héros de tant depoëmes & le fujet de tant de fables, fut élevé par Chiron, Hercule non moins célebre fut encore defes éleves. Un troifieme difci- ple fut Ariftée, qui paroit avoir aflez bien connu les produétions dela nature, & les avoir appliquées à denouveauxufages : 1lpaffe pour avoir inventé l’art d’extrairel’huile des olives, de tourner Le lait en fro- mage, & de recueillir le miel, M. le Clerc lui attri= bue de plus la découverte du lafer & de fes proprié- tés. Mais de tous les éleves de Chiron, aucun ne fut plus profondément inftruit de la fcience médicinale, que le grec Efculape quifut misau nombre desdieux, & qui fut trouvé digne d'accompagner dans la péril- leufeentreprife des Argonautes, cette troupe de hé- ros à qui l’on a donné cenom. Voyez fon article au mot MÉDECIN, Les Grecs s’emparerent de Troie 70 ans après l'expédition des Argonautes, 11o4avant la naïffan- ce de Jefus-Chrift, & la fin de cette guerreeft deve- nue une époque fameufe dans l’hiftoire. Achille qui s’eit tant illuftré à ce.fiege par fa colere & fes ex2 ploits, élevé par Chiron , & conféquemment inf. truit dans la Médecine, inventa lui-même quelques remedes. Son ami Patrocle n’étoit pas fans doute ignorant dans çet art, pufqu'il panfa la bleflure d’Eu- rpile : mais on conçoit bien que Podalire & Ma- chaon , fils d’Efculape , furpañlerent dans cette fcience tous les Grecs qui aflifterent au fiege de Troie. Quoiqu'Homere ne les emploie jamais qu’à des opérations chirurgicales, on peut conjeäurer quenés d’un pere tel qu'Efculape , &:médecins de profeflion, ils n’ignoroient rien de ce qu'on favoit alors en Médecine. Après la mort de Podalire , la Médecine & la Chi- rurgie cultivées fans interruption dans fa famille, firent de fi grands progrès fous quelques-uns de fes defcendans ; qu'Hippocrate le dix-feptieme en ligne directe, fut en état de pouffer ces deux fciences à un point de perfeétion furprenant. Depuis la prife de Troie jufqu’au tems d'Hippo- crate, l'antiquité nous offre peu de faits authentiques & relatifs à l’hiftoire dela Médecine : cependant ; dans ce long intervalle de tems, les defcendans d’Efcu- lape continuerent fans doute leur attachement à Pé- tude de cette fcience. Pythagore qui vivoit, à ce qu’on croit, dans la foixantieme olympiade, c’eft-à-dire, $20 ans ou en- viron avant la naïffance de Jefus-Chrift, après avoir éprufé les connoiffances des prêtres égyptiens, alla chercher fa fcience jufqu'aux Indes : il revint enfuite à Samos qui pafle pour fa patrie; mais la trouvant fous la donnination d’un tyran, il fe retira à Cro- tone , où 1l fonda la plus célebre des écoles de l’an- tiquité. Celfe aflure que ce philofophe hâta Les pro- grès de la Médecine ; mais, quoi qu’en dife Celfe, 1l paroiït qu'il s’occupa beaucoup plus des moyens de conferver la fanté que de la rétablir , & de prévenir les maladies par le régime que de les guérir par les remedes. Il apprit fans doute la Médecine en Egypte, mais il eut la foibleffe de donner dans les fuperfti- tions qui jufqu'alors avoient infe@é cette fcience ; car cet efprit domine dans quelques fragmens qui nous reftent de lui. Empédocle, fon difciple, mérite plus d’éloges. . On dit qu'il découvrit quela pefte & la famine, deux fléaux qui ravageoient fréquemment la Sicile, y étoient l'effet d’un vent du midi, qui, foufflant con: tinuellement par les ouvertures de certaines monta- gnes, infectoit l'air & féchoit la terre ; ii confeilla de fermer cesgorges, & les calamités difparurent. On trouve dans un ouvrage de Plutarque , qu'Empédo- cle connoïfloit la membrane qui tapifle la coquille du limaçon dans organe de l’ouie, & qu'il la regar- doit comme le point de réunion des fons & l’organe immédiat de l’ouie. Nous n’avons aucune raifon de croire que cette belle découverte anatomique aït été faite avant lui. Quant à fa phyfologie, elle n’étoit peut-être guere mieux raifonnée que celle de fon maître ; cependant, par une conjeéture aufh jufte que délicate , il aflura que les graines dans la plante étoient analogues aux œufs dans l'animal, ce qui fe trouve confirmé par les expériences des modernes. Atron étoit compatriote & contemporain d’Empé- docle : j’en parlerai an m0 MÉDECINE. Alcméon, autre difciple de Pythagore , fe livra tout entiér à la Médecine, & cultiva fi foigneufement l'anatomie , qu’on l’a foupçonné de connoître la com- munication de la bouche avec les oreilles , fur ce qu’il affura que le chevres refpiroïent en partie par cet organe. Après avoir expofé les premiers progrès de la Me- decire en Egypte & dans la Grece, nous jetterons un coup d’œil fur l’état de cette fcience chez quelques autres peuples de l’antiquité, avant que de pañfer au fiecle d’'Hippocrate , qui doit attirer tous nos regards. Les anciens Hébreux , ftupides , fuperftitieux , fé- parés des autres peuples , ignorans dans l'étude de la phyfique ; incapables de recourir aux caufes na- turelles , attribuoient toutes leurs maladies aux mau- La M E D. 263 vaisefprits, exécuteurs de la vengeance célefte : des là vient que le roi Afa eft blâmé d’avoir mis fa con- fiance aux médecins, dans les douleurs de la goutte aux piés dont il étoit attaqué. La lepre même, fi commune chez ce peuple , pañoit pour être envoyée du ciel; c'étotent les prêtres qui jugeoient de la na- ture du mal, &c qui renfermoient le patient lorfqu’ils efpéroient le pouvoir guérir. Les maladies des Egyÿptiens , dont Dieu promet de garantir fon peuple, font, ou les plaies dontil frap- pa l'Egypte avant la fortie des Ifraélites de cette contrée, ou les maladies endémiques du lieu ; com- me l'aveuglement, les ulceres aux jambes, la phthi- fie, l'éléphantiafis ; & autres femblables qui y re- gnent encore. On ne voit pas que les Hébreux ayent eu des mé- decins pour les maladies internes, mais feulement pour les plaies, les tumeurs, les fraétures, les meur- triflures , auxquelles on appliquoit certains médica- mens , comme la réfine de Galaad, le baume de Ju- dée , la graine & les huiles ; en un mot, l’isnorance où ils étoient de la Médecine , faifoit qu'ils s’adref- foient aux devins, aux magiciens, aux enchanteurs, ou finalement aux prophetes. Lors même que notre Seigneur vint dans la Paleftine , il paroît que les Juifs n’étoient pas plus éclairés qu’autrefois ; car dans l’'E- vangile , ils attribuent aux démons la câufe de la plüpart des maladies. On y lit, par exemple , Luc, xt}. v, 164 que le démon à lié une femme qui étoit courbeée depuis dix-huit ans. Les gymnofophiftes, dont parle Strabon , fe mé- loient beaucoup de médecine en orient , &c fe van- toient de procurer par leurs remedes la naiffance à des enfans , d’en déterminer le fexe, & de les don- ner aux parens, mâles ou femelles à leur choix, Chez les Gaulois , les druides , revêtus tout en- femble du facerdoce , de la juftice & de l’exercice de la Médecine , n’étoient n1 moins trompeurs , ni plus éclairés que les gymnofophiftes. Pline dit qu’ils regardoient le gui de chêne comme un remede fou- verain pour la ftérilité , qu'ils lemployoient contre toutes fortes de poifons , & qu'ils en confacroient la récolte par quantité de céremonies fupeñtitieufes. Entre les peuples orientaux qui fe difputent l’an= tiquité de la Médecine , les Chinois , les Japonois & les habitans de Malabar, paroïffent les mieux fon- dés. Les Chinois aflurent que leurs rois avoiént in- venté cette fcience long-tems avant le déluge ; mais quelle que foit la dignité de ceux qui l’exercerent les premiers dans ce pays là , nous ne devons pas avoir une opinion fort avantageufe de l’habileté de leurs fucceffeurs : ils n’ont d’autre connoïffance des ma- ladies que par des obfervations minutieufes fur le pouls , & recourent pour la guérifon à un ancien li- vre , qu'on pourroit appeller /e code de’ la médecine chinoife , & qui prefcrit les remedes de chaque mal. Ces peuples n’ont point de chimie ; ils font dans une profonde ignorance de lanatomie , & ne faignent prefque jamais. Ils ont imaginé une efpece de circu- lation des fluides dans le corps humain , d’après un autre mouvement périodique des cieux, qu'ils difent s'achever cinquante fois dans l’efpace de 24 heures. C’eft fur cette théorie ridicule que des européens ont écrit, que les Chinois avoient connu la circulation du fang long-tems avant nous. Leur pathologie eft auffi pompeufe que peu fenfée : c’eft cependant par elle qu'ils dérerminent les cas de l’opération de l’ai- guille , & de l’ufage du moxa ou coton brûlant. Ces deux pratiques leur font communes avec les Japo= nois , & ne different chez ces deux peuples, qu’en quelques circonftances légeres dans là maniere d'o- pérer. En un mot, leurthéorie & leur pratique, tou- te ancienne qu’on la fuppofe , n’en eft pas pour cela plus philofophique ni moins imparfaite. + se. M E D Rte + ces ‘4 étoit contenue. _. un ouvrage mi- érable, qu'ils appellent « en leur langue vagadafaffi- LA Le peu qu'ils ont de théorie eft plein d'erreurs ë& d ablurdités. Ils divifent les maladies en huit ef- ces différentes ; & 8& comme c’eft pour eux une étu- de immenfe, ch que. médecin fe doit borner à un genre de maladie, & s’y livrer tout entier. Le pre- mer ‘ordre des. médecins eft compolé de ceux qui traitent les enfans ; le fecond , de ceux qui guéri fent de la morfure des animaux venimeux ; le troi- ñeme, dé ceux qui favent chafler les. démons , 8x dif. fiper es! maladies de l’efprit ; le quatrieme , de ceux qu'on confulte dans le Cas d’ impuiflance , & dans ce qui concerne la génération ; le cinquieme, pour le- quel 1ls ont une vénération, particuliere eft compolé de ceux qui préviennent les maladies ; le fixieme, de CEUX qui : foulagent les malades par. l'opération de la main ; le feptiemé , de ceux qui retardent les effets de la vicillefe , & qui entretiennent le poil & les chéveux ; le hütiome , de ceux qui $ "occupent des aux de tête & des, maladies de l'œil, Chaque Or- dre a fon dieu tutélaire , au nom duquel les opéra- tions fc font faites. & les remedes adminiftrés. Cette cérémonie elt une partie du culte qu’on lui rend. Le vent préfide < aux maladies des enfans ; l’eau à celles qui.proviennent de. Ja. morfure des. animaux veni- MIEUX 3 Pa al "exorcifme des démons ; la tempête à linpuiflance ; lé foleil aux maladies de la tête &c des yeux. da faignée n n Pet gucte d ufage chez eux » 6 les ciyiteres. leur {ont encore MOINS connus. Le méde- in ordonne, PESpAEe jes ee dans lefquels il fait enfrer ‘de Ta fente & de l urine de vache, en contéquence de ER yénération profonde « que leur re- ü jo. | Teur prefent, pour cet animal. Au refte , per- de onng ne peut'exercer Ja Héoise fans € être in{crit fur 1e : régiftre der s bramines Se pes fonne ne peut pafier d’ une branc lé à une autre. ILeft à préfumer, fur l’at- tachement, prefqu invincible que tous çes peuples marquent, ouf, Jeurs . coutumes ,, qu” ils ne change- rOnt pas. : itÔt la pratique de leur wédecine pour en adopter une meilleure 2 malgré la communication de ont ayec les Européens. , A éne pus. finir l hiftoire de fa médecine des peuples éloignés , fans obferver que de tous ceux dont les MES. nous, font, /Sonnues par des relations authen- au , il ny, en. a point chez.qui cette fcience ait é traitée, avec.plus, de fagefle , fans fcience ,.que < it anciens AMÉTICAINS. JA tome. de Solis, aflue, en parlant de Montézu- éreur.du pie sue a fes Jardins de toutes les plantes que p roduoit ce glnat heureux ; ; que l'étude des médecins fe bornoit à à,en {avoir lenom & les vertus: gi ais & voient des hmples] pour toutes fortes. d'infir- TUÉS a qu ils, LORÈT ojent des,cures. furprenantes + foie En, donnant, antérieurement les. fues qu'ils EnLEX primo: te Loiten MED 27$ ces prands maîtres s’appliquoient à étendre la théoz rie parles connoïffances qui naiffent de la prâtique; les autres fciences qui doivent éclairer ces connoif= fances faifoient peu dé progrès. Ainfi Les produétions de ces medecins dévoient être fort imparfaites, Quelques autèurs {e font atraché, à étendre & à perteétionner la théorie de certaines malidies + rels ont été les Baillou, les Pifon, les Enpalenus ,'les Bennet, les Magatus, les Severinus, les Wépter, 6c. qui , par leurs recherches & pat leurs travaux ont enrichi de nouvelles connoiffances Ja théorie des maladies qu'ils ont traitées. [il féemble même qu’en n'embraflant ainfi que des parties dé la théorie > ON pourroit davantage en’hâter les progrès; mais tou tes les maladies ont entr’elles tant de haifon, que l'accroiffement des connoiflances für une maladie dépend fouvent entierement du concours dé celles que l’on acquiert de nouveau fur les autrès maladies, & cet accroiflement dépend auffi du progrès des fciences qui peuvent éciairer cette théorie, Enfin , il:y à une autre clatfe de grahds maîtres s qui eft d’un ordre fupérieur à celles dont nous ve: nous de parier, & qui fe ré luit à un trepetit nom- bre d'hommes. Elie comprend les vrais infituteuré de la ihéore de la M decine qui culrivént en même tems les différentes fciences néceflires pour former ceite théorie ; & qui raembient & concilient de nouveau les counoiffinces qu'elles peuvent leur: fournir pour former les principes d’une doûrine plus ciendue , plus exacte & plus lumin-ute ; ce font deg architectés Lui recommencent l'édifice des les fon- demens-; qui ne fe iervent des produéhons des au: tres que comme de: matériaux déja prépirés; qui ne s’en rapportent pas fimolement äu jug ‘ment dé ceux qui L2s ont fournis ; qi en examin-ni eux mê: mes toute la tolidité, toute la valeur & routes leg propriétés ; qui en raffemalent beiucoup d’autres qu'on-n'a pas encore employé, & qui par dés recher= ches générales & une grande pénétration, en décous vrent eux-mêmes un grand nombre , don. l'utiiré reple & détermine l'ürage des autres. C’eft par dé tels travaux qu'Hippocrate, Arétée, Galien & Bosr- haave ont foriné ta théorie de la Medecine, où l'ont fait reparoire dans un plis.grani jour, & l'ont éles vée fucceffivement à de plus hauis degrés de pera fe&tion. | | C'eft par ces prolu@tons plus ou moins étendues de tant d'auteurs qui ont concouru aux prorres de ‘a théorie de la Medecine, que nous reéonnoifions tous les avañtages de Pexperience : nous y voyons pat-tout que fes progrès dépendent de l’acercifles ment des connoiflances qu'on peut pufer dans la pratique de cet art ; que ces connoifances doivent étre éclairées par la phyfique du corps human ; que cette phyfique ure elle-même des lumieres d’autres fciences qui naïffent auffi de l'expérienc:; & qu’ainfi l'avancement de la théorie qui peut guider dans là pratique , dépend de l’accrotffement de tous ces dif férens genres de connoïffances, & des travaux des maîtres qui cultivent la Medecine avec gloire. Mais les praticiens de routine , affujettis fans dif: cernement aux méthodes vulgaires , loin de contri- buer à l’âvancement de la Medecine, ne font qu'ert retarder les progrès ; car le pubuc les préiente ordis nairement aux autres medecins comme des modeles qu'ils doivent imiter dans la pratique ; & ce fuffiage aveugle & dangereux vient à bout de téduire des hommes fages. Extr, de La préf. du Dit. de Med, traz duite par M. Diderot, de l'angl. du D. James. ( D, 7.) MÉDECINE, parties de la, ( Science.) La Médecines comme je l'ai déja dit , eft l’art de conferver ia fanté prétente & de rétablir celle qui eft altérée ; c’eft la définiion deGalien. Les modernes divifent généralement la Médeéine M m i 276 MED en. cinqiparties : 1°, la Phyfologie, qui traite.de la conftitution du corps humain, regardé comme fain $ bien difpofé. Voyez PHYSIOLOGI1£. 2°. La Pathologie, qui traite de la conftitution de nos corps confidérés dans l’état de maladie, Foyez PATHOLOGIE. | 3°, La Sémiotique , qui raflemble les fignes de la fanté ou de la maladie, Voyez SÉMIOTIQUE. 4°. L’Hygiene , qui donne des regles du régime qu'on.doit garder pour conferver fa fanté, Poyez Hy- GIENES AE ve 5°. La Thérapeutique, qui enfeigne la conduite & l’ufage de la diete ainfñ-que des remedes, & qui comprend en même-tems la Chirurgie. Foyez Tus- RAPEUTIQUE. , .., | Cette diftribution eftaufli commode pour appren- dre que pour enfeigner ; elle eft conforme à lanature des chofes qui forment la fcience médicinale , & d’ailleurs eftufitée depuis long-tems par touslesmai- tres de l’art, M. Bogrhaave l’a fuivie dans des infti- tutions de Médecine , qui comprennent toute la doc- trine générale de cettefcience. Il expofe d’abord dans cet ouvrage admirable, 1°, les parties, oula ftruéture du corps humain; 2°, en quoi confifte la vie; 3°. ce que c’eft que la fanté ; 4°.les effets qui en réfultent. Cette premuere partie s'appelle Phyfologie ; & les objets de cette partie qu'on. vient de détaller, fenomment communément chofes naturelles , ou conformes aux lois de la na- ture. | . Dans la feconde partie de fon ouvrage, il fait mention 1°. des maladies du corps humain vivant ; 2°. de la différence des maladies ; 3°. de leurs çau- fes ; 4°. de leurseffets. On nomme cette partie Pa- chologie , en tant qu’elle contient la defcription des maladies ; Ærhiologie pathologique , lorfqw’elle traite de leurs caufes ; Nofologie, quand elleexplique leurs différences ; enfin, Syrpromatologie, toutes les fois qu’elle expofe les fymptomes, les effets, ou les ac- cidens des maladies. Cette partie a pour :objet les chofes contraires aux lois de la nature. Il examine dans la troifieme partie, 1°. quels font les fignes des maladies ; 2°. quel ufage on en doit faire ; 3°. comment on peut connoitre par des fignes dans un corps fain & dans un corps malade, les divers degrés de la fanté ou de la maladie. On ap- pelle cette partie Sémiorique. Elle a pour objets les chofes naturelles,non-naturelles, & contre-nature. Il indique dans la quatrieme partie, 1°. les reme- des ; 2°. leur ufage. Comme c’eft par ces remedes qu’on peut conferver la vie & la fanté, on donne pour cette raifon à cette quatrieme partie de la Me. decine , le nom d’Æygiene. Elle a pour objet principa- lement les chofes qu’on appelle zon-naturelles, M. Boerhaave donne dans la cinquieme partie :°. la matiere médicale ; 2°. la préparation des reme- des ; 3°. la maniere de s’en fervir pour rétablir la fanté & guérir les maladies. Cette cinquième partie de la Médecine, fe nomme Thérapeurique , & elle comprend la diete , la Pharmacie , la Chirurgie, & la méthode curative. Enfin l’auteur développe dans des aphorifmes par- ticuliers les caufes & la cure des maladies ; ces deux ouvrages renferment toute la fcience d’Efculape en deux petits volumes iz-12, fcientiä graves , qui joints aux beaux commentaires de MM. Haller &. Van- Swieten , forment une bibliotheque médicinale pref- que complette: Apolline nati, Noëurnä verfate manu , verfate diurné. Tum diros @gro pellets & corpore morbos, (D.J.) MÉDECINS ANCIENS, ( Médec, ), nons enten- [ M E D dons fous ce titre les principaux Médecins grecs à romains &c arabes, quiont vécu jufqu'à la décou- verte de l’Imprimerie, Comme leur hiftoire & la con- noiflance de leurs ouvrages font eflentiellément liées à la fcience de la Médecine, nous avons eu foin. dans notre difcours fur ce #04 d’y faire les renvois néceflaires à celui-ci, 8 nous avons fuivi cette mé thode pour plus d'agrément & de netteté. | Nous comumencerons ici leur articlé en indiquant fimplement leurs noms. par ordre de dates ; mais, pour la commodité du leéteur , nous fuivrons l’ordre alphabétique dans les détails qui les concernent. Nous ne parlerons point des Médecins qui ont fleur£ depuis le célebre Harvey, c’eftà-dire , depuis le commencement du dix-feptieme fiecle , 1°, parce qu'ils font aflez connus ; 2°. parce que nous avons déja nommé , en traitant de la Médecine, ceux qui ont contribué davantage à l’avancement de cette fcience; 3°. parce qu’enfin les autres appartiennent pas effentiellement au but de ce Diétionnaire, Voici donc les anciens Médecins grecs & romains ; rangés à-peu-près fuivant l’ordre des tems qu’ils ont vécu, du-moins pour la plus grande partie, çar jene puis pas répondre pour tous, de mon ordre chronologique : ; Efculape , Machaon & Podalyre, Démocrite de Crotone, Acron, Alcmœon, Ægimius , Hérodicus de Sélymbre, Hippocrate, Démocrite d’Abdere , Dioclès de Caryite , Praxagore, Chrifippe de Cni- de, Erafiftrate, Hérophile, Callianax, Philinus de Cos, Sérapion grec, Héraclide le Tarentin, Afcié- piade, Thénufon, Ælius Promotus , Artorins, Æmi- lius Macer, Mufa , Euphorbe, Ménécrate, Celfe, Scribonius Largus, Andromachus, Arétée, Sym machus, Theflalus, Rufus d'Ephefe , Quintus , Ga- lien, Athénée, Agathinus, Archigene, Soranus , Cœlius Aurelianus, Oribaze, Aëtius, Vindicianus,, Prifcianus, Alexandre Trallian , Mofchion, Paul Eginete, Théophile, Protofpatarius, Palladius, Gariopontus, Auarius, Myrepius. Les Médecins arabes qui fuivirent, font: Joanna, Haly-Abbas, Abulhufen-Ibnu-Telmid ; Rhazès, Ezarharagni, Etrabarani, Avicenne , Mé- fué, Sérapion , Thograi , Ibnu-Thophail , Ibnu- Zohar , Ibnu-el-Baitar, Avenzoar, Averrhoës, Al« bucafis. Les auteurs européens qui introduifirent la Chi mie dans la Médecine, font : Albert le Grand, Roger Bacon, Arnauld de Vif: leneuve, Bafile Valentin, Paracelfe & Van-Hel- mont, dont nous avons déja parlé aux mots ME- DECINE & CHIMIE. Je pafle maintenant aux détails particuliers qui concernent les anciens, & je {uivrai l’ordre alpha- bétique des noms de chacun, pour la plus grande commodité des Médecins lecteurs. Abaris , prêtre d’Apollon l’hyperboréen, eft un fcythe qu’on dit avoir été verfé dans la Médecine , & qu’on donne pour l’auteur de plufieurs talifmans admirables. Les uns placent Abaris avant la guerre de Troie, d’autres le renvoient au tems de Pytha- gore , mais tout ce qu'on en raconte eft entierement fabuleux. Abulhufen-Ibnu-Telmid , habile médecin arabe } chrétien, de la feête des Jacobites , naquit à Bag- dad. Il compofa un ouvrage fur toutes les mala- dies du corps humain; cetouvrage intitulé e/malihi , c’eft-à-dire , la vraie réalité , fut préfenté au foudan, & valut à l’auteur la place de médecin de ceprince, dans laquelle il acquit beaucoup d'honneur & de ri- chefles. [l mourut l’an de l'hégyre 384, & de Jefus- Chrift 994. Acéfras, médecin grec , dont nous ne favons autre chofe finon qu'il étoit fi malheureux dans M ED l'exercice de fa profeffion, que lorfqu'on parloit de quelqu'un qui avoit échoué dans une entreprife, on difoit communément en proverbe , Axeoiac loao y Acéfas s’en eft mélé. Il en eft parlé dans les pro: verbes d'Ariftophane, Athénée fait mention d’un Acéfas que l’on métau nombre des auteurs qui ont traité de la mamiere de faire des conferves , lequel, à ce que prétend Fa- bricius, eft différent de celui dont il s’agit ici. Acron, naquit à Agrigente , & fut contempo- rain d’Empedocle ; il exerça la Médecine quelque tems avant Hippocrate ; il pafle pour avoir pratiqué cette fcience avec beaucoup de fuccès, & l’empirif- me le revendique comme un de fes feétateurs. Plu- tarque dit qu’Acron fe trouva à Athènes lors de la grande pefte qui ravagea ce pays au commencement de la guerre du Péloponnefe , & qu'il confeilla aux . Athéniens d’allumer dans les rues de grands feux , dans le deflein de purifier l'air. On raconte le même fait d'Hippocrate; c’eft quelquefois la coutume des anciens d'attribuer à plufeurs grands médecins les cures remarquables & les aétions fingulieres d’un feul. Les modernes ont donné dans une erreur aflez femblable au fujet de découvertes qui avoient été faites , ou de chofes qui avoient été dites plufieurs fiecles avant qu'ils exiftaffent, Aétuarins, Ce n’eft point le véritable nom de Jean, fils de Zacarias, écrivain gtec des derniers fiecles. Tous les médecins de la cour de Conftanti- nople porterent cetitre, qui par une diflinétion dont nous ne connoïflons point la caufe, &r dont nous ne pouvons rendre raifon, demeura fi particuliere- ment attaché à l’écrivaindontil s’agit ici, qu'à-peine le connoît-on fous un autre nomque fous celui d’Ac- tuarius. sas La feule citconftance de fa vie qui foit parvenue jufqu’à nous, c’eft qu'il fut honoré de ce titre; & fes ouvrages font des preuves fufifantes qu'il le méri- toit ; qu’en l’élevant à cette dignité on rendit juftice à fon habileté , & qu’elle feule l’en rendit digne. Les fix livres de Thérapeutique qu'il écrivit pour l’ufage du grand chambellan qui fut envoyé en am- baflade dans le Nord , quoique compofés commeil nous l'apprend en fortpeu de tems , & deftinés à Pu- tilité particuliere de l'ambaffadeur, contiennent, au jugemenit du dofteur Freind , une compilation judi- cieufe des écrivains qui l'ont précédé, &r quelques obfervations qu'on mavoit point faites avant li, comme on peut voir dans lafeétion de la palpitation du cœur. Il en diftingue de deux fortes; l’une pro: vient de la plénitude on de la chaleur du fang, c’eft la plus commune. Les vapeurs font la caufe de l’au- tre. Il indique la maniere de les diftinguer, en re- marquant que celle qui naît de plénitude efttoüjours accompagnée d’inégalité dans le pouls, ce qui n’ar- tive point dans celle qui provient de vapeurs. Il confeille dans cette maladie la purgation & la fai- gnée; & cette pratique a été fuivie par les plus grands médecins de ces derniers fiecles. Fabricius le placeau tems d'Andronic Paléologue, aux environs de l’an 1300, ou, felon d’autres, de Van 1100; mais aucun écrivain de ces fiecles n’en ayant parlé, il eftdificile de fixer le tems auquelil a vécu. Nous n'avons d’autres connoïflances de fon éducation , de fes fentimens &c de fes études, que celles que nous pouvons tirer de fes ouvrages, Il a expofé fort au long la doûtrine des urines dans fept traités, & il finit {on difcours par une forrie fort vive contre ceux qui exerçant fur les connoif- fances &r la vérité une efpece de monopole ;ne peu- vent fouffrir qu’on en fafle part au pubhc, &c ne voyent que d’un œil chagrin les hommes fe familia- rifer avec des lumieres qui leur fontutiles. Aëtuarius aimoit les fyftèmes &c les raifonnemens MED 59% théoriques ; il à éompolé les ouvrages fuivans. Sept hvres fut les urines qui n’ont jamais été pus bliés en grec: Ambrofius-L.eo Nolanus les a traduits en latin, dont Goupylus a revu latraduétion , & on les a imprimés ir-8°, Ils fe trouvent dans lAriis mes dice principes de Henri Eflienné, Six livres de Thérapeutique qui n’ont jatiais pati engrec : Ruellius atraduit en latin le cinquieme & le fixièeme, & fa verfon a étéimprimée à Paris. L’ous vrage entier a été traduit par Henricus Mathifiuss On trouve fa verfion dans lAriis medice principes. Goupylus fit paroître en grec à Paris déux livres du même auteur, l’un des affeétions ; &c l’autre de la génération des efpritsanimaux , fous le titre coms MUIL, @sp) érepyerdr à œal@y red urixoû myévuares s # TAG LT œUTop J'ixiTic. Ontrouve dans l’Arris medicæ principes une tradué: tion latine de l'ouvrage précédent; elle eft de Julius Alexandrinus Tridentinus ; elle a été auffi imprimée féparément, Parifiis, apud Morellum ; in-89.. & Lug= dini, apud Joannem Tornefium, 1536 , in-8°, Ses traités de venæ feélionc, de diaté , fes regales 8e coimentarit in Hippocratis aphorifmos , font demeus rés en manufcrit. Adrien, Depuis que les édecins ont lu dans Aits rehus Viétor, que cet empereur poñlédoit la medéa cine ; ils ont trouvé leur profeflion trop honotéé pour ne pas le mettre dans leur bibliographie médi« cinale. Ils, ont fait inventeur d’un antidoté qui porte fotfnom, & dont la préparation fe trouve dans Aerus Tetrab, IV; Jérm: I. cap, 108, Cepens dantil tomba de bonne heure dans une hydropife fi fâcheufe, qu'il prit le parti de fe donner la mort; ne voyant aucune efpérance de guérifon, Il recon< nut dans ces derniers momens qu'il n’avoit confulté quetrop de médecins. Minc illa infœlicis monument inferiptio sturba Je medicorwm periffe ; dit Pline: pas toles qui font devenues une efpece de proverbe ; dontles hommes, & fur-tout les princes, ne profitent pas aflez, | | Ægimius. C’eft le premier rédéciñ qui ait éctif expteflément fur Le pouls, fi nous en croyons Gala lien. Il étoit de Vélie ; mais nous ne favons dans: quel fiecle il a vécu. Le Clerc croit qu'il a précédé Hippocrate, & fon opinion eft très-vraifemblable: Le traité d’Ægimius fur le pouls , étoit intitulé ep manu, des. palpitations; ce qui prouve que l’aus teur de ce traité étoit très-ancien , puifqu'il exiftoit fans doute avant que les autres termes, dont les au teurs de médecine fe {ont enfuite fervis pour expris mer la même chole, fuffent inventés, Ælius Promotns. H paroît qu'il y a deux medec:2$ de ce nom ; lun fut difciple d'Oftanes roi de Perfe, êt accompagna Xerxès en Grece. | f L'autre exerca la medecine à Alexandrie, êc, ve: cut du tems de Pompée, Il a écrit un traité œepi icRo= xoÿ © d'nnanragior pupuarons des poifons 6 des médis camens mortels. Gemer & Tiraqueau difent qu’of voit dans quelques bibliotheques italiennes, cet où vrageen manufcrit: Mereurialis & Fabricius aflurent qu'il eft au Vatican. | Æmilius Macer, Poëte de Véronne, vécut fous le regne d'Aupufte. Il eft contemporain d'Ovide ; mais un peu plus âgé que lui , comme il paroït par çes vers d'Ovide : S'epe fuas volucres legit mihi gtandior ævo ; Queque ñocet ferpens, que. juvat herba , Mädéf: L'on fait de-là quil avoit écrit des oïfeaux, des ferpens & des plantes. Le Clerc prétend qu'il nas voit parlé que des végétaux qui fervoient d'antis dote aux poifons qui faifoient la matiere de fon poëme. Servius dit que le même auteur avoitéerié auffi des abeilles. | 1 zu C'eft par la matiere de fon poëmie qu'Ærmilius 278 MED Macet a obtenu une place entre les auteurs de me- décine. Ses ouvrages ont été perdus. Ceux qui por- tent fon nom pañlent, parmi les favans, pour fup- pofés ; ils ont été écrits à ce qu’on dit, par un certain Obodonus. Æjchrion | médecin grec de la fete empirique, dont nous favons feulement qu’il étoit très-verfé dans la consoïffance de la matiere médicale, &c qu’il eut part à l’inftruétion de Galien , qui nous a laiffé la defcription d’un remede contre la morfure d’un chien énragé, qu'il tenoit de lui & qu'il eftime très-efficace ; ce remede fe fait tous les jours, & pañe pour une découverte moderne : c’eft une pré- paration de cendres d’écrevifles, de gentiane &c d’encensinfufés dans de l’eau. Son emplâtredeporx, d’opopanax & de vinaigre, appliqué fur la plaie, étoit plus fenfée. Ætius. W paroît qu’il y a eu trois médecins de ce . nom, & qu'ils ont tous trois mérité que nous en di- fions quelque chofe. Le premier eft Æius Sicanius. C’eft de fes écrits qu’on dit que Galien a tiré le livre de arrd bile, qu'on lu attribue. _ Le fecond eft Æxius d’Antioche , fameux par les diférens états qu'il embrafla fucceflivement: il ceffa d'être vigneron pour devenir orfevre ; 1l quitta le tablier d’orfevre pour étudier la médecine ; aban- donna cette {cience pour prendre les ordres facrés, &c devint évêque vers l’an 361. Il embrafla 6 fou- tint l’Arianifme avec beaucoup de zele & habileté. Le troïfieme Ærius, fut Ætius d’Amida, dont nous poffédons les ouvrages. On croit qu'il vécüt fur la fin du iv. fiecle , on au commencement du v. Tout ce que nous favons de fa vie, c’eft qu'il étu- dia la.médecine en Egypte 8& en Cælefyrie.l paroît par deux endroits de fes ouvrages (Tetrab. IT. Jérm. ÎV. cap. 50. & Tetrab. IV: Jerm. I. cap. 11.) qu'il étoit chrétien ; mais d’une telle crédulité , que fa foi faifoit peu d’honneur à fa religion. Cependant cet auteur mérite la confidération des rédecins, en ce qu’il leur a confervé dans fes colleétions quelques pratiques importantes , qui fans lui auroïent été 1m- manquablement perdues. Ilne s’eft pas feulement enrichi d’Oribafe, mais de tout ce qui lui convenoit dans la thérapeutique de Galien, dans Archigene, Rufus, Diofcoride, Soranus, Philagrius, Pofido- nius & quelques autres , dont les noms fe trouvent avec éloge dans l’hiftoire de la medécine. Il ne nous refté des ouvrages d’Ætius imprimés en grec , que les deux premiers tetrabibles , ou les huit premiers livres , qui ont paru chez Alde à Venife en 1524, iz-fol. On dit que le refte eft en manuferit dans quelques bibliotheques. Janus Cornarius tra- duifit & publia l'ouvrage entier à Bâle en 1542. On le trouve dans la colleétion des ærtis medicæ princi- pes de Henry Etienne. Agatarchides furnommé Gnidien , vivoit fous Pto- lomée Philométor qui regnoit environ cent trente ans avant Alexandre le grand. Il n’étoit pas médecin de profefion, mais il avoit compofé entre autres ouvrages qui font tous perdus, une hiftoire des pays voifins de la mer rouge, dans laquelle il parle d’une maladie endémique de ces peuples, qui confiftoit dans de petits animaux (dracnnculos) qui s’engen- droient dans les parties mufculeufes des bras & des jambes, & y caufoient des ulceres. Agathinus, médecin dont il eft parlé dans Galien, dans Cælius Aurelianus & dans Ætius. Il a compofé différens traités fur l’ellébore, le pouls & divers autres fujets. Il étoit de la feéte pneumatique, & par conféquent partifan d’Athénée. Suidas nous ap- prend qu’il avoit été maître d’Archigene, qui exer- ça la medécine à Rome, fous l'empire de Trajan, : Sesouvrages font perdus, Albucafis , médecin arabe de la fin du xj. fiecle, Suivant Fabricius il eft connu fous le nom de 4//a haravius ; l a compofé un ouvrage appellé a/afrif, ou méthode de pratique , qui eft effetivement un livre fort méthodique , mais qui ne contient rien qu’on ne trouve dans les ouvrages de Rhazès. Quoi- qu’on fappofe communemèent qu'il vivoit vers l’an _ 108$, on a tout heu de croire qu’il n’eft pas fl an- cien ; cat en traitant des bleflures , il décrit les fle- ches dont fe fervent les Tures ; & l’on fait qu'on ne lesconnoïfloit point avant le milieu du douzieme fiecle. Après tout Albucafis eft le feul des anciens qui ait décrit 8 enfeigné l’ufage des inftrumens qui conviennent à chaque opération chirursicalé; il a même foin d’avertir le leéteur de tous les dangers de l’opération , 8 des moyens qu’on peut employer pour les écarter, on les diminuer. On a imprimé les ouvrages d’'Albucafis en latin à Venife, en 1500, in-folio ; à Strasbourg , en 1532, in-folio, & à Bâle avec d’autres auteurs , en 1541 i7-fol. Aléxandre Trallian, c’eft-à-dire de ‘Fralles ville de Eydie ; Où 1l naquit dans le fixieme fiecle , d’un pere qui étoit médecin de profeffion. Après la mort de ce pere, il continua d'étudier fous un autre mé decin , &t compila fon ouvrage qui lui procura tons les avantages d’une grande réputation; en entrant dans la pratique de la medécine , 1l mérita cette ré- putation par l'étendue de fes cennoïffances. C’eft en effet le feul auteur des derniers fiecles des let- ttes, qu’on puifle appeller un auteur otiginal, Sa méthode eft claire &c exate, & fon exattitude fe remarque fur-tout dans fes détails des fignes dia- gnoftiques. Quant à fa maniere de traiterles malae dies , elle eft ordinairement affez bien raïfonnée, accompagnée du détail de la fucceffion des fympto- mes &c de l'application des remedes. Ii s’eft écarté fréquemment de la pratique reçue de fon tems , & paroît le premier qui ait introduit l’ufage du fer en fubftance dans la Médecine: maïs malgré fes con- noïffances & fon jugement, il n’a pas été exemt de certaines foibleifes dont on avoit tout lieu d’efpé- rer que fa raïon & fon expérience l’auroient ga- ranti. Il poufla la crédulité fort loin, & donna dans les amulettes & les enchantemens ; tant les caufes de l’erreur peuvent être étranges chez les hommes qui ne favent pas fe garantir des dangers de la fuperftition. Peut-être que fans ce fanatifme, Trallian ne le céderoit guere qu’à Hippocrate & à Arétée. Nous avons une traduétion de fes ouvrages par Albanus Taurinus, imprimée à Bâle apud Henricum Petri 1532 & 1541 2-fol. Guinierius Andernacns en a donné une autre à Strasbourg , en 1549 27-82. & Lugduni 1575, cum Joannis Molinei annotatio- mibus. On trouve cette traduétion entre les Zrris medicæ principes, donné par Etienne. Nous avons auffi une édiuion de Trallian en grec, Parifiis apud Robertum Stephanum , 1548 fol. cum cafhgationibus Jacobi Goupilii. Enfin la meilleure édition de toutes les œuvres d'Alexandre, a paru à Londres græcè & latinè 1732, 2 vol. 27-fol, Alexien fut un médecin qui vivoit du tems de Ci- céron & d’Atticus. Ces deux illufires perfonnages paroïffent lavoir honoré d’une grande amitié, Il mourut avant Cicéron, & il en fut extrémement regretté , comme on voit par ce que Cicéron même en écrit à Atticus. » Nous venons de perdre Ale- » xion ; quelle perte! Je ne peux vous exprimerla » peine que J'en reflens. Mais fi je m'en affige, ce » n'eft point par la raifon qu'on croit communé- » ment que j'ai de m'en affiger; la difficulté de lui » trouver un digne fuccefleur. A qui maintenant » aurez Vous recours, me dit-on ? qui appellerez- » vous dang le maladie ? comme fi j’avois grand M ED # befoin de rrédecin , ou comme s’il étoit fi difficile » d'en trouver ! Ce que je regrette, c’eft fon ami- » tié pour moi, fa bonté , fa douceur ; ce qui m'af- » flige, c’eft que toute la fcience qu’il poffédoit, » toute fa fobrièté ne l’aient point empêché d’être # emporté fubitement par la maladie, S'il eft poffi- »ble de fe confoler dans des événemens pareils, # c'eft par la feule réflexion que nous n’avons reçu » la naïflance , qu’à condition que nous nous fou- # mettrions à tout ce qui peut arriver de malheu- » reux à un homme vivant. & Æpiff. à Asric. Lib. XV, epill. j. Sur cet éloge que Cicéron fait d’Ale- xion, On ne peut qu’en concevoir une haute éftime, &c regretter les particularités de fa vie qui nous manquent. Alexippefut un des médecins d'Alexandre le grand, qui lui écrivit, au rapport de Plutarque, une lettre pleine d’affeétion ; pour le remercier de ce quilavoit tiré Peuceftas d’une maladie fort dangereufe, Andreas, ancien médecin dont parle Celfe dans la préface de fon cinquieme livre. Andreas, dit-il, Ze- non & Apollonius furnommé Ms , ont laiflé un grand nombre de volumes fur les propriétés des purgatifs. Afclépiade bannit de la pratique la plû- part de ces remedes, & ce ne fut pas fans raïfon, ajoute Celle, car toutes ces compofitions purgati- ves étant manvaifes au goût, & dangereufes pour l’eflomac, ce médecin fit bien de les rejetter, & de fe tourner entierement du côté de la partie de la mé- decine qu traite les maladies par le régime. Añdromachus , naquit en Crete, & vécut fous le regne de Néron, comme on en peut juger par fon poëme de la thériaque dédié à cet empereur. La deule chofe qui nous refle de ce medecin, c’eft un grand nombre de defcriptions de médicamens com- pofés qui étoient en partie de fon invention. Il nous refte ençore aujourd’hui le poëme grec en vers élé- giaques qu’il dédia à Néron, où il enfeigne la ma- niere de préparer cet antidore , & où il défigne les maladies auxquelles 1l éft propre. Ce remede ent tant de faveur à Rome, que quelques empereurs le firent compofer dans leur palais , &c prirent un foin particulier de faire venir toutes les drogues nécef- faires, & de les avoir bien conditionnées. On fuit encore aujourd’hui affez fcrupuleufement par-tout Ja defcriprion de la thériaque du medecin de Néron, quoiqu'elle foit pleine de défauts & de fuperfluités. De favans medecins ont été curieux d’examiner quand ; comment , on en vint à ces fortes de com- poñtions, & combien infenfiblement on en aug- menta lesingrédiens. Je renvoie là-deflus le leéteur à l’excellente huftoire de la Medecine de M. le Clerc. . ÆApollonides | medecin de Cos, vivoit dans ia 75° Olympiade. Il n’eft connu que par une avanture qui le fit périr malheureufement , & qui ne fait hon- neur ni à fa mémoire, ni à fa profeflion. Amithys veuve de Mégabife, 87 fœur d’Artaxerxès Longue- main , eut une maladie pour laquelle elle crut de- voir confulter Apollonides. Celui-ci abufant de la confiance de la princefle, obtint fes faveurs , en lui perfuadant que la guérifon de fon malen dépendoit ; cependant Amuthys voyant tous les jours fa fanté dépérir , fe repentit de fa faute , & en fit confidence à la reine fa mere. Elle mourut peu de tems après, &t le jour de fa mort, le medecin Apollônides fut £ondamné à être enterré vif. Archagathus , medecin célebre parmiles Romains, qui, felon quelques auteurs, fit le premier connoi- tre la medecine à Rome ; c’eft Pline lui-même , Zvre XXIX, chap. j. qui nous apprend qu’Archagathus fils de Lyfanias du Pélopponnefe, fut le premier medecin qui vint à Rome fous Le confulat de Lucius Æmilius, & de Marcus Livius, l'an 535 de la fon- dation de la ville, Il ajoute qu’on lui aççorda la MED 279 bourgeoifie , & que le public lui acheta gratuite- ment une boutique pour y exercer fa profeffion ; qu'au commencement on lui avoit donné le furnom de gzériffeur de plaies, vulaerarins ; maïs que peu de tems après, la pratique de couper & de brûler dont il fe fervoit , ayant paru cruelle, on changea fon furnom en celui de bourreau ; & l’on prit dès-lors une grande averfion pour la Medecine , & pour ceux qui l’exerçoient. : Il paroîtra furprenant que les Romains fe {oient paflés fi long-rems de medecins ; & l’on oppofe à l'autorité de Pline celle de Denys d’Halicarnaffe , qui dit, Zv. X, que la pefte ravageant Roine l’an 301 de fa fondation, les Medecins ne fufifoiént pas pour le nombre des malades. Il y avoit donc des medecins à Rome plus de 200 ans avant l’époque marquée par Pline, & comme il ÿ en a eu de tout tems chez les autres peuples. Ainfi pour concilier ces deux auteurs, il faut entendre des medecins étrangers, & particulierement des grecs, tout ce que Pline én dit. Les Romains jufqu’à la venue d’Archagathus, ufefent de la fimple medecine empiri- que, qui étoit fi fort du goût de Caton, & de la- quelle 1l toit le premier des Romains qui en eût écrit. Il n’eft pas étrange que Les Romains n’ayent point eu de connoïffance de la medecine rationelle , jufqu'’à la venue d’Archagathus, puifqu'ils ont d’ailleurs beaucoup tardé à cultiver les autres fciences & les beaux arts. Cicéron nous apprend qu'ils avoient dédaigné la Philofophie jufqu’à fon tems. Archigenes , vivoit fous Trajan, pratiqua la Me- decine à Rome, & mourut à l’âge de 63 ans, après avoir beaucoup éerit fur la Phyfique & fur la Me- decine. Suidas qui nous apprend ce détail, ajoute qu’Archigenes étroit d’Apamée en Syrie, & que fon pere s’appelloit Philippe. Juvenal parle beaucoup d’Archigenes , entre au- tres , faryre VI. vers 236, Tunc corpore fano Adyocat Archigenem , onerofaque pallia jaëtas Quor Themifum æpros. Et dans la fatyre XIV. vers 52, Ocyus Archigenem quare , arque eme quod Mithri- dates Compofuir. Juvénal ayant vécu jufqu’à la douzieme année d’Adrien, a été contemporain d’Archigenes ; & la maniere dont il en parle, fait voir la grande prati- que qu’avoit ce medecin. Mais ce n’eft pas fur Le feul témoignage de Juvé- nal, que la réputation d’Archigenes eft établie ; 1l a encore en fa faveur celui de Galien, témoignage d'autant plus fort, que cet auteur eft du métier , & qu’il n’eft point prodigue de louanges pour ceux qui ne font pas de fon parti. « Archigenes, dit-il, a » appris avec autant dé foin que perfonne, tout ce » qui concerne l’art de la Medecine ; ce qui a rendu » avec juftice recommendable tous les écrits qu'il » a laiflés, & qui font en grand nombre ; maïs 1l » n’eft pas pour cela irrépréhenfible dans fes opi- » nions, Éc. » Archigenes avoit embraflé la feéte des Pneumatiques &e des Méthodiques , c’eft-à-dire, qu'ilétoit proprement de la feéte écleétique. Arètée , vivoit felon Wigan, fous le regne de Néron, & avant celui de Domitien ; comme Actius 8 Paul Eginete le citent, il eft certain qu'il les a précédés, C’eft un auteur d’une fi grande ré- puration , que les Médecins ne fauroient trop létu- dier. Il adopta les principes théoriques des Pneuma- tiques, & fuivit généralement la pratique des Mé- thodiques : fes ouvrages fur les maladies ne permet: 260 MED tent pas d’en douter. Il employa le premier les can- fharides en qualité de véficatoires , & ent pour imi- tateur Archigenes. « Nous nous fervons du cata- » plafme où elles entrent, dit ce dernier dans Àe- » tius, parce qu'il produit de grands effets; pourvu » que les petits ulceres demeurent ouverts , & qu'ils » fluent; mais il faut avec foin garantir la veflie par » l’ufage du lait, tant intérieurement qu'extérieu- “rement».. © Arétée n’ayoit pas moins de modeftie que de fa- voir, comme il paroît par fon détail d'une hydro-. pifie véficulaire, dont les autres médecins n’ayoient point parlé. {1 rapporte ailleurs le cas d’une mala- die encore plus rare. « Il y a, dit:il, une efpece de » manie dans laquelle les malades fe déchirent le » cotps, & fe font des incifions dans les chairs, » pouflés à cette pieufe extravagance par l’idée de » fe rendre plus agréables aux dieux qu'ils fervent, » 8 qui demandent d'eux ce facrifice. Cette efpece » de fureurneles empêche pas d’être fenfés fur d’au- » tres fujets : on les guérit tantôt par le fon de la » flute, tantôt en les enivrant ; & dès que leur ac- » cès eft pañlé, ils font de bonne humeur, & fe » croient initiés aufervice de Dieu. Aurefte, con- » tinue:t-il, ces fortes de maniaques font pâles , mai- » ares, décharnés, &leur corps demeure long-tems » affoibli des bleflures qu'ils fe font faites ». Ce n’eft point ici le lieu de parler de l’anatomie d'Arétée : il fuffit de remarquer qu'il a coutume de commencer chaque chapitre pat une courte defcrip- tion anatomique de la partie dont il va décrire les maladies. | Junius Publius Craflus mit au jour une traduétion latine de cet illuftre médecin, à Venife en 1552. in-4°, mais l'édition greque de Goupylus, faite à Paris en 1554. n-8°. eft préférable à tous égards. Elle a été fuivie dans les artis medicæ principes de Henri Etienne , en 1567. éz-fol. Dans la fuite des tems, Jean Wigan fit paroïtre à Oxford en 1723. in-fol, une exacte & magnifique édition d’Arétée : cette édition ne cede Le pas qu’à celle de Boerhaave, publiée Lugd. Bat. 1735. in-fol. Artorius , que Cælius Aurelianus a cité comme fucceffeur d’Afclépiade , eft vraiflemblablement le même médecin que celui que Suétone & Plutarque ont appellé l'ami d’Augufte, & qui fauva la vie à cet empereur à la bataille de Philippe, en lui con- feillant (apparemment d’après les defirs des mili- taires éclairés ) de fe faire porter fur le champ de bataille tout malade qu'il étoit, ou qu'il feignoit d’être. Ce confeil fut heureufement fuivi par Au- gufte ; car s’il füt demeuré dans fon camp, il feroit infailliblement tombé entre les mains de Brutus, qui s’en empara pendant l’aétion. Quoiqu’Artorius ne fe foit point illuftré dans fon art par aucun ouvrage, tous ceux qui ont écrit l’hiftoire de la Médecine, en ont fait mention avant moi. Afclépiade , médecin d’une grande réputation à Rome pendant la vie de Mitridate, c’eft-à-dire, vers le milieu du fiecle xxxix. Cet Afclépiade n’étoit pas de la même famille des Afclépiades , c’eft-à-dire des enfans d’Afclépius, qui eft le nom grec d’Efculape; nous en parlerons tout-à-lheure dans un article à part. Il s’agit ici d’Afclépiade, qui remit en crédit dans Rome la Médecine qu'Archagatus médecin grec y avoit fait connoïtre environ 100 ans aupa- ravant. Afclépiade étoit de Prufe en Bithinie, &c vint s’é- tablir à Rome à l’imitation d’un grand nombre d’au- tres grecs qui s’étoient rendus dans cette capitale du monde, dans l’efpérance d’y faire fortune. Afclé- piade pour fe mettre en crédit, condamna les re- medes cruels de fes prédécefleurs, & n’en propofa MED que de fort doux, difant avec efprit, qu'un méde- cin doit guérir des malades promptement &r agréa- blement ; méthode charmante, s’il étoit poflible de n'ordonner rien que d’agréable, & s’il n’y avoit or- dinairement du danger à vouloir guérir trop vite. | Ce nouvel Efculape ayant réduit toute la fcience d'un médecin à la recherche des caufes des mala- dies , changea de face l’ancienne médecine, Il la borna felon Pline, à cinq chefs’, à desrèmedes doux, à l’abftinence des viandes , à celles du vin en certai- nes occafñons, aux friétions, 6e à la promenade : il inventoit tous les jours quelque chofe de particulier pour faire plaifir à fes malades. Il imagina cent nouvelles fortes de baïns, & entre autres des bains fufpendus ; en forte qu'il gagna, pour ainfidire, tout le genre humain, &c fut regardé comme un homme envoyé du ciel. Quoique tous ces éloges partent dé Pefprit de Pline , qui n’eft guere de fang froid quand il s’agit de louer ou de blâmer, 1l eft vrai cependant que le témoignage de l’anti- quité, eft prefque tout à l’avantage d’Afclépiade. Apulée , Scribonius Largus, Sextus Empiricus, & Celle, en font beaucoup de cas; mais pour dire quel- que chofe de plus, il étoit tout enfemble le médecin & l’ami de Cicéron, qui vante extrèmement fon éloquence; ce qui prouve que ce médecin n’avoit pas quitté fon métier de rhéteur, faute de capacité. Maiheureufement les écrits d’Afclépiade ne font pas parvenus jufqu’à nous ; & c’eftune perte, parce que, s'ils n’étoient pas utiles aux Médecins , ils {er- viroient du-moins aux Philofophes à éclaircir les écrits que nous avons d'Epicure, de Lucrece, & de Démocrite. Il ne faut pas confondre notre Afclépia- de avec deux autres de ce nom cités par Galien , & dont l’un fe diftingua dans la compoñition des médi- camens appellés en grec pharmaca. Afclépiades, Afclepiadæ ; c’eft ainfi qu’on a nom: mé les defcendans d’Efculape, qui ont eu la répu- tation d’avoir confervé la Médecine dans leur fa- mille fans interruption. Nous en faurions quelque chofe de plus particulier, fi nous avions les écrits d’Eratofthènes , de Phérécides, d’Apollodore , d’A- rius de Tarfe, & de Polyanthus de Cyrène, qui avoient pris le foin de faire l’hiftoire de ces defcen- dans d’Efculape. Mais quoique les ouvrages de ces auteurs fe foient perdus , les noms d’une partie des Afclépiades fe font au moins confervés, comme le juftifie la lifte des prédécefleurs d'Hippocrate, dix. huitieme defcendant d’Efculape. La généalogie de ce grand homme fe trouve encore toute dans les Hifloriens. On penfera fans doute que cette généa- logie eft fabuleufe ; mais Outre qu'on peut répon- dre qu’elle eft tout aufli autentique que celle de la plüpart de nos grands feigneurs, 1l eft du-moins cer- tain, qu’on connoifloit avant Hippocrate, diverfes branches de la famille d’Efculape , outre la fienne ; &t que celle d’où ce célebre médecin fortoit, étoit diftinguée par le furnom d’A/clépiades Xebrides, c’eft- à-dire de Xébrus. | On comptoit trois fameufes écoles établies par les Afclépiades : la premiere étoit celle de Rhodes; & c’eft auffi celle qui manqua la premiere, par le défaut de cette branche des {uccefleurs d’Efculape ; ce qui arriva, felon les apparences, long-tems avant Hippocrate, puifqu’il n’en parle point comme il fait de celle de Gnide, qui étoit la troifieme, & de celle de Cos, la feconde. Ces deux dernieres fleurifloient en même tems que l’école d'Italie, dontétoit Pytha- gore ; Empédocle, &r d’autres philofophes médecins, quoique les écoles greques fuflent plus anciennes. Ces trois écoles, les feules qui fiffent du bruit, avoient une émulation réciproque pour avancer les progrès de la Médecine, Cependant Galien donne la M E D la premiere place à celle de Cos, comme ayant pro- duit le plus grandnombre d’excellens difciples ; celle de Gnide tenoit le fecond rang , & celle d'Italie le troifieme. Hérodote parle auffi d’une école d’Aïclé- piades établie à Cyrène, où Efculape avoit un tem- ple. Enfin, le même hiftorien fait mention d’une école de Médecine qui régnoit à Crotone, patrie de Démocede, Voyez DÉMOCEDE. FA On connoït la méthode des Æ#/c/épiades de Gnide par quelques paflages d’Hippocrate, dont on peut recueillir , 4°. que ces médecins fe contentoient de faire une exaéte defcription des fymptomes d’une maladie , fans raïifonner fur les caufes, & fans s’at- tachet au prognoftic ; 2°. qu'ils ne fe fervoient que d’un très-petit nombre de remedes, qu'eux & leurs prédécefleurs avoient fans doute expérimentés, L’é- latérium, qui eft un purgatif tiré du concombre fauvage , le lait, & le petit-lait, faifoient prefque toute leur médecine, À l'égard des médecins de Cos , on peut auffi dire, que fi les prænotiones coacæ qui fe trouvent parmi les œuvres d’Hippocrate, ne font qu'un re- cueil d’obfervations faites par les médecins de Cos, comme plufñeurs anciens l’ont cru ; il paroïît que cette école fuivoit les mêmes principes que celle de Gnide, & qu’elle s’attachoit peu à la Médecine rai- fonnée, c’eft-à-dire, à celle qui travaille à recher- cher les caufes cachées des maladies, & à rendre raifon de l’opération des remedes. Quoi qu’en dife Galien, les Afclépiades n’avoient pas fait encore de grands progrès dans l’Anatomie avant le tems d'Hippocrate; mais la pratiquede l'art leur fournifloit tous les jours des occafons de voir fur des corps vivans, ce qu'ils n’avoient pü découvrir fur les morts, lor{qu’ils avoïent à traiter des plaies , des ulceres, des tumeurs, des fraûures, & des diflocarions. _ Athenée, natif d’Attalie, ville de Cilicie , fut le premier fondateur de la feéte pneumatique. Ce mé- decin parut après Thémifon, après Archigène , & fleurit un peu de temps après Pline. Il penfoit que ce n’eft point le feu, l'air, la terre & l’eau qui font les véritables élémens ; mais il donnoit ce nom à ce qu'on appelle les qualités premieres de ces quatre corps, c’eftà-dire, au chaud , au froid , à l’humi- de, & au fec; enfin, il leur ajoutoit un cinquie- me élément , qu'il appelloit e/prse, lequel, felon lui, pénétroit tous les corps , & les confervoit dans leur état naturel. C’eft la même opinion des Stoiciens que Virgile infinue dans ces vers de fon Ænéide 1. VI. Principio cœlum ac terras , campofque liquentes , Lucentemque globum lune , ticaniaque afira, Spiritus ireus alit : totamque infufa per artus Mens agitat molem ; 6 magno Je corpore mifcer. Athenée appliquant ce fyftème à la Médecine, croyoit que la plüpart des maladies furvenoient, lorique l’efprit dont on vient de parler, fouffre le premier quelque atteinte : mais comme les écrits de ce médecin , à l'exception de deux ou trois chapi- tres qu'on trouve dans les recueils d'Oribaze, ne font pas venus jufqu’à nous , on ne fait guere ce qu'il entendoit par cet efpris, ni comment il con- venoit qu'il fouffre. On peut feulement recueillir de fa définition du pouls, qu'il croyoit que cet #f- prit étoit une fubftancetqui fe mounvoit d’elle- mê- me, & qui mouvoit le cœur é les arteres, Galien prétend qu'aucun des médecins de ce tems-là n’a- voit f univerfellement écrit de la Médecine qu’A- thenée. Avenzoar , médecin arabe, moins ancien qu’A- vicenne, & qui a précédé Averrhoës qui le comble d’éloges dans plus d’un endroit de fes ouvrages, IL Tome X, MED 281 naquit, ou du moins il demeuroit à Séville, capi- tale de lAndaloufe , où les califes mahemétans fai- foient pour lors leur réfidence. Il vécut beaucoup au-delà de cent ans, & jouit d’une fanté parfaite jufqu'au, dernier moment de fa vie, quoiqu'il eût efluyé bien des traitemens barbares de la part d'Ha- ly, gouverneur de Séville. Il paroît par fon livre nommé thæifler, qu'il avoit la direttion d’un hôpi- tal, & qu'il fut fouvent employé parle miramamo- lin. Il montre dans le même ouvrage beaucoup de favoir & de jugement. [l paroît méprifer tontes les fubrilités des fophiftes, & regarder Fexpérience comme le guide le plus sûr que lon puifle fuivre dans la pratique de la Médecine. Mais attaché en même tems à la feéte dogmatique , il raifonne avec bon fens fur les caufes & les {ymptomes des mala- dies. Enfin, comme il prend Galien pour fon guide dans la théorie médicinale , il ne perd aucune oc- cafion de le citer, Son livre thaifler ou their, _ceft-à-dire, redificario médicationis 6 regiminis , a été imprimé à Venifeen 1496, & 1514. in-fol. On l’a réimprimé avec fon antidotaire, & les collec- tions d’Averrhoës, Lupduni , 1531. in-8?, Ayerrhoès vivoit peu de tems après Avenzoar, puifqu’il nous apprend lui-même qu'il étoit en liai- fon avec fes enfans. Îl mourut à Maroc vers l'an 600 de l’hegyre , & fes ouvrages l’ont rendu céle- bre dans toute l’Europe. 11 naquit à Cordoue , fut élevé dans la jurifprudence, à laquelle il préféra l'étude des mathématiques, Il feconda par fon ap- plication les talens qu'il renoit de la nature, & fe rendit encore fameux par fa patience & {a pénéro= fité. Il compofa par ordre du miramamolin de Ma- roc, fon livre fur la Médecine fous le nom de co/- leilion, parce que , de fon aveu , c’eft un fimple re- cueil tiré des autres auteurs ; mais il y fait un grand ufage de la philofophie d’Ariftote, qui étoit fon hé- ros. Il paroit être le premier auteur qui ait aflüré qu’on ne peut pas avoir deux fois la petite-vérole. Bayle a recueilli un grand nombre de paflages dans différens auteurs au fujet d’Averrhoës , mais comme il n’a pas cru devoir confulter les originaux pour fon deffein , il n’eft pas furprenant qu’il ait commis autant de mépriles qu'il a fait de citations. Les ouvrages d’ÆAverrhoës {ont intitulés Co/L62- neorum de re medicä,Lugduni,1537. fol, Veneriis apud Juntas, 1552. fol. & fon commentaire fur Avicene, a auf vü le jour , Veneriis, 1555. in fol. Avicennes ; fils d'Aly, naquit à Bochara dans la province de Korafan, vers l’an 080, & pañla la plus grande partie de fa vie à Ifpahan ; il fit des pro- grès fi rapides dans l'étude des Mathématiques & de la Médecine , que fa réputation fe répandit de toutes parts ; mais fon {avoir ne put le détourner des plaïfirs,nides maladies qu'ils lui procurerent ; il mourut à l’âge de cinquante-fix ans , en 1036. à Mé- dine. Néander n’a fait qu'un roman de la vie de cer auteur. Le fameux canon d’Avicenne a été fi goûté dans toute l’Afie, que divers auteurs arabes du douzie- me & treizieme fiecles , l'ont commenté dans ce tems-là : la doëtrine de cet auteur prit auffi grand crédit dans toute l’Europe, & s’eft foutenue juf qu’au rétabliflement des lettres; cependant fes où- vrages ne renferment rien de particulier qui ne fe trouve dans Galien, dans Razès , ou Haly Abbas, Ils ont été imprimés un grand nombre de fois à Venife , & entre autres apud Juntas , en 1608, in fol. 2 vol. C’eft la meilleure édition, il eft inutile d'indiquer les autres. | Cælus Aurelianus, médecin méthodique, a écrit enlatin. Il paroît à fon ftyle, qui eft aflez particu- lier , qu'il étoit africain, ce que le titre de fon ou- vrage acheye de confirmer. Il y eft ji ra. Celius AN A 282 MED Aurelianus ficcénfis; or Siccaétoit-une ville de Nu- midie. | Nous n'avons rien de certain {ur le téms auquel al a vécu, maisje croirois que ce ne fut pas long-tems après Soranus, dont 1! fe donne pour le tradudeur; cependant ; ce qui prouveroit qu'il ne doit point être regardé comme un fimple copifte des œuvres d'autrui, c'eft qu'il a lui-même compofé plufeurs ouvrages ,; comme 1l le reconnoit ; favoir fur les -caufes des maladies, fur la compofition des médica- «mens, fur les flevres, fur la Chirurgie, fur la confer- vationde la fanté , &cc. Ilne nous eft refté des écrits de cet auteur que ceux dont 1l fait honneur à Soranus ; mais heureu- #ement ce font les principaux. [ls font intitulés des snaladies aïguès & chroniques | & renferment la ma- aiere de traiter felon les regles des méthodiques, toutes les maladies qui n’exigent point le fecours de Ja chirurgie. Un autre avantage qu'on en retire, c’eft qu’en réfutant les fentimens des plus fameux vrédecins. de l'antiquité | cet auteur nous à con- fervé des extraits de leur pratique, qui feroitentie- rement inconnue, fi: l’on en excepte celle d'Hppo- craier, letprenuer dont 1l a parlé , & dont il rap- porte néanmoins quelques pafages , quine fe trou- vent point dans fes œuvres tels que nous les avons. Les deux premieres éditions qui aient paru de Calius. Aurelianus., dont celles de Paris de l’année 1529.2#-fol. qui ne contient que les trois livres des maladies aiguës ; 8t celle de Bâle de la même for- -me, oùWd'ommne trouve que les cinq livres des mala- . dies croniques. Jean Sicard qui a donné cette édi- tion, croyoit que les livres des maladies aigues, avoientété perdus avec Les autres ouvrages de Caæ- lus. La troifieme édition, qui eft auf #7-fo£, eft celle d’Aldiüs de 1547, où Cælius eit joint à d’autres auteurs, & où1l n’y a plus que les cinq livres dont on vient de parler., Dalechamp a fait imprimer ce même auteur complet,.à Lyon en 1567 , chez Rouillé , #1-8°. avec des notes marginales ; mais il ne s’eftpas nommé.Une des dernieres éditions de cet auteur, eft celle d'Holiande, Amflerdam 1722.1n-4°. je crois même que c’eftila meilleure. Callianax , ieateur d'Hérophile , n’eft connu dans l’hifloire de la médecine que par fon peu de douceur pour les malades qui le confultoiént : Ga- lien &c Palladius rapportent à ce fujet , qu’un cer- tain homme qui l’avoit appellé pour le traiter d’une maladie dangereufe , lui demanda s’il penfoit qu'il en mourût ; alors Callianax lui répondit durement par ce vers d’'Homere : Patroclus ef? bien more , qui valoit plus que vous. Celfe naquit à Rome, felon toute apparence, fous Île regne d’Augufte , & écrivit fes ouvrages fous ce- lui de Tibere. On lui donne-dans la plüpart des édi- tions de fes œuvres le furnom d’Awrelius , {ur ce que -tous les mauvais écrits portent Le titre fuivant, 4. Cornelii Celfc artium libr: VI. Il n’y a qu’une édition -d'Aldus Mänütins, quichange Aurelius en Aulus , & peut-être avec raifon ; car le prenom Æwrelius ‘étant tiré de la famille Aurelia, &t celui de Corne- dius de la famille Corzelia, ce feroit le feul exem- .ple qu’on eût de la jonétion des noms de deux famil- les différentes, Je m'embarraffe peu-de la queftion fi Ceffe a pra- tiqué la médecine ou non, C’eft aflez de favoir qu'il ‘en parle en maître de l’art, 8: comme il juge fa- .vammient de tout ce qui appartient tant à la prati- .que qu'à la théorie de la médecine, cela nous doit duffire. Ce qui fertencore à augmenter notre bonne “opinion en faveur.de cet homme célebre , c’eft qu'il avoit traité lui feul de tous les arts libéraux, c’eft- à-dire, qu'il s’étoit chargé d’un ouvrage que plu- ieurs perfonnes auroient eu beaucoup de.peine à exécüter. Cette ‘entréprife parut fi belle à Qinntis lien , qu'il ne peut s’empêcher de déclarer que cet auteur méritoit que l’on crût qu'il avoit {à tout ee qu'il faut favoir far chacune des chofes dont ila écrit. Dignus velipfo propofito , #t illum fciffe omnia illarcredamus, Ce jugement de Quintilien eft d’au- tant plus remarquable , quil traite formellement Celle d'homme médiocre, relativement aux grands génies de la Grèce & de l'Italie. Enfin Cel/e a êté fort eftimé dans le fiecle où à 4 vécu, &c dans les âges fuivans pour fes écrits de Mé- . decine; Columelle fon contemporain le met au rang des 1lluftres auteurs du fiecle. On ne peut en particulier faire trop de cas de la beauté de fon ftyle; c’eft fur quoi nous avons uré ancienne épigramme où l’on introduit Ce//e parlant ainfi de lui-même. Diélantes medici quandoque & Apollinis artes … Mufas romano juffimus ore loqui, Nec minus eff nobis per pauca volumina fame , Quarm quos nulla Jatis bibl'otheca capir. « J'ai contraint les mufes à diéter en latin l’art du » dieu de la Médecine, 8 je n’ai pas moins.acquis » de réputation par le petit nombre de volumes que » J'ai compofés , que ceux dont les bibliotheques » contiennent à peine les ouvrages. « Une des premieres éditions de Ce} ; fi ce n’eff pas la premiere , fe fit à Venife, apud Joh. Rubeurz 1493. 1n-fol. enfuite 2bid, apud Phil, Pinzi, en 1497. troifiermement apud Aldum 1524.1in-fol. depuis lors, à Paris. Parmi les wedici principes d'H. Etienne, 1567.1n-fol, Lugd. Batav. curé ant. Vander Linden, apud Joh Elfevir 1659. in-12, & 166$. 7-12. Ce font là deux jolies éditions , qui ont été fuivies par celles de Th. J. ab Almeloveen, Amft. 1687. 17412. enfuite par celle de Wedelius, avec une grande ta- ble des matieres, Jezæe 1713. 17-8°. Il eft inutile de citer les autres éditions , qui ont facilité par-tout la leêture de cet excellent auteur. Chrifippe de Cnide vivoit fous le regne de Phi- lippe, pere d'Alexandre le grand , & fut un des pre- miers qui fe déclarerent contre la Médecine experi- mentale, Pline l’accufe d’avoir bouleverfé par fon babil les fages maximes de ceux qui l’avoient précé- dé dans fa profeffion. Il défappronvoit la faignée, ufoit rarement des purgatifs, & leur fubftituoit Les clyfteres &r les vomitifs. Ses écrits déja fort rares du tems de Galien , ne font pas venus jufqu'à nous. Criton, contemporain de Martial, & dont1l parle dans une de fes épigrammes , L£4. IL, épig. Gi. eff apparemment le même qui eft fouvent cité par Ga- lien , comme ayant très-bien écrit de la compofi- tion des médicamens. Il avoit en particulier épuifé la matiere des cofmétiques , c’eft-à-dire , des com poftions pour l’embelliffement, pour teindre les che- veux, la barbe, & toutes Les diverfes efpeces de fards. Héraclide de Tarente en avoit déja dit quel- que chofe ; mais les femmes ne s’étoient pas encore portées à l’excès où elles étoient parvenues de ce côté-là dans le fiecle de Criton , qui d’ailleurs étoit médecin de cour, & qui defiroit de s’y maintenir. Dérmocede, fameux médecin de Crotone, vivoit en même tems que Pythagore. Ce médecin, à ce que dit Hérodote, ayant été chaflé par la févérité de fon pere, qui s’appelloit Calliphon, vint premiere ment à Egine, & enfuite à Athènes, où il fut en grande eftime. De-là il pañla à Samos ; où il eut oc- cafñon de guérir Polycrate, roi de cette île, & cette guérifon lui valut deux talens d’or, c’eft-à-dire en- viron fix mille livres fterling. Quelque tems après ayant été fait prifonnier par Les Perfes , il cachoit fa profeffion; mais on le découvrit, & on l’engagea à donner fon miniftere au foulagement du roi Dariug MED quinavoit aucun repos d’une diflocation de l’un des “piés. Il traita auffi la reine Atofla, femme du même Darius, d’un cancer qu’elle avoit au fein. Hérodote ajoute, que Démocede ayant réufli dans ces deux curés , reçut de très-riches préfens, & s’acquit un fi grand crédit auprès du roi, qu'il le faifoit manger à {a table, Cependant il eut la liberté de retourner en Grece, fous la promefle de fervir d’efpion ; mais il s’y fixa tout-à-fait, fe garda bien de jouer ce rôle infame, & époufa une fille du fameux Milon fon ‘compattiote. On ne fait aucune autre particularité “de la médecine de Démocede, ni de celle des autres médecins de Crotone. Démocrire d'Abdere voyagea beaucoup, & fe plut à faire des expériences ; mais 1l ÿ a long-tems que nous avons perdu fes ouvrages, & ce que lhif- toire nous apprend de fa vie & de fes fentimens , eft plein d'incertitude. On fait feulement, à n’en : pouvoir douter, qu'il étoit d’Abdere en Thrace, qu'il defcendoit d’une famille illuftre , 8 que ce fut dans de lonos & pénibles voyages, où le porta l’ar- deur infatiable de s’inftruire, qu'il employa fa jeu- nefle , & diffipa fon riche patrimoine. Revenu dans fa patrie, âgé, fort favant & très-pauvre , il raflem- bla toutes fes obfervations , & écrivit {es livres, dans lefquels on a prétendu qu'il avoit traité de Panatomie & de la chimie. Ce qu’il y a de certain, c’eft qu'il eft l’auteur, ou du-moins le reftaurateur de la philofophie corpufculaire, que les méthodi- ques appliquerent enfuite à la médecine. Hippocrate vint un jour Le voir à Abdere ; & charmé de fes lu- mieres, il conferva toute fa vie pour lui la plus ” grande eflime. Voyez ci-après Hippocrate. Diociès, de Carifte, fuivit de près Hippocrate quant au tems, & fe fit une réputation des plus cé- lebres. [Il pafle pour auteur d’une léttfe que nous avons, & qui eft adreflée à Antigonus, roi d’Afe, ce qui marqueroit qu'il vivoit fous le regne de ce fucceflenr d'Alexandre, $es ouvrages cités pas Athé- née fe font perdus, ainf que celui intitulé, des 77a- Zadies, dont Galien rapporte un fragment. Il poffe- doit, ajoute-t:il, autant que perfonne l’art de gué- rir, & exerça la Médecine par principe d'humanité, & non comme la plüpart des autres médecins, par intérêt ou par vaine gloire: il a écrit le premier de la maniere de difléquer Les corps. Ermpédocle ; difciple de Pythagore, & philofophe d’ungrand génie, étoit d’Agrigente en Sicile, &c flo- rifloit aux environs de la 84° olympiade, ou 430 ans avant la naiflance de Jefus-Chrift, Il faifoit un tel cas de la Médecine, qu'il élevoit prefque au rang des immortels ceux qui excelloient dans cet art. Il étoit en cela bien éloigné des idées du fameux Héra- clice, qui difoit que les Grammairiens pourroïent fe vanter d’être les plus grands fous, s’il n'y avoit point de Médecins au monde. « Erafifirate, difciple de Crifippe de Gnide, étoit de Julis dans lile de Céa, & fut inhumé fur le mont Mycale, vis-à-vis de Samos. Il tient un rang diftin- gué entre les anciens médecins, par fon efprit, par {es fyflèmes , fes talens &c fes ouvrages , dont nous devons regretter la perte : il fleurifloit fous le regne de Séleucus Nicanor; l’hiftoire fuivante en eft la pretve. Antiochus devint éperdument amoureux de Stra- tonice, feconde femme de Séleucus fon pere. Les efforts qu'il fit pour dérober cette pafñon à la con- foïffance de ceux qui l’environnoient, le ‘etterent dans une lanoueur mortelle. La-deflus Séleucus appella les médecins les plus experts, entre lefquels fut Erafiftrate , qui feul découvrit la vraie caufe du mal d’Antiochus. Il annonça à Séleucus, que l’amour étoit la maladie du prince, maladie, ajoûta-t-1l, d'autant plus dangereufe, qu'il eft épris d’une per- Tome X, Û | ME D 28 ÿ fonne dont il ne doit rien efpérer. Séleucus furpris de cette nouvelle, & plus encore de ce qu'il n’étoit point au pouvoir de fon fils de fe fatisfaire , demans da qui étoit donc cette perfonne qu’Antiochus des voit aimer fans efpoir. C’eft ma femme, répondis Erafiftrate. Hé quor, reprit Séleucus ! cauferezvous la mort d'un fils qui m'eft cher, en lui refufant votre femme ? Seigneur, reprit le médecin, fi le prince étoit amoureux de Stratonice, la lui céderiez-vous ? Sans doute, reprit Séleucus avec ferment, Eh bien L lui dit Erafftrate, c’eft d’elle:même dont Antiochus eft épris. Le roi tint fa parole, quoiqu'il eût déjà de Stratonice un enfant, Aucun anatomifte n'ignore qu'Erafiftrate pouffa cette fcience concurremment avec Hérophile , à un haut degré de perfection, Ils connurent les premiers les principaux ufages du cerveau & dés nerfs, du- moins les ufages que les Anatomiftes ont depuis afignés à ces parties. Erafifirate découvrit en parti- culier dans les chevreaux les vaifleaux ladés du méfentere. Il fit aufi la découverte des valyvules du cœur. Galien vous inflruira de fa pratique ; c’eft aflez de dire ici que fe&ateur de Crifippe fon ma: tre , 1l defapprouvoit la faignée & les purgatifs, les lavemens âcres, & les vomitifs violens. IL n’em- ployoit auflique les remedesfimples, méprifant avec raïon ces compoftions royales & tous ces antidotes que fes contemporains appelloient es mains des dieux. Il étroit aflez éloigné de la fete des empiriques : ju= geant néceflaire la recherche des caufes dans les mas ladies des parties organiques, & dans toute maladie en général. Le livre qu'il compofa fur ce fujet n’eft pas parvenu jufqu’à nous, ainfi que fes autres écrits , dont Galien & Cœlus Aurélianus ne nous ont cons fervé que les titres, Sa franchife mérite des éloges car 1l avouoit ingénuement au fujet de cette efpece de faim qu’on ne peut raflañer , & qu’il appelle £ow= limia (terme qu'il employa le premier} , qu'il igno- Toit pourquoi cette maladie regnoit plàtôt dans le grand froid que dans les chaleurs, C’eft Aulu-Gelle div. XVT. chap. li. qui rapporte ce trait de la vie d’Erafftrate. Petrus Caftellinns raconte, que cet illuftre médecin , accab.é dans la vieillefe des dou- leurs d’un ulcere qu'il avoit au pié, & qu'il avoit vainement tenté de gnérir, s’empoifonna avec le fuc de cigue, & en mourut, Efculape, eft cé grand médecin fur le compte du quel on a débité tant de fables , qu’il eft maintenant impofñble de les feparer de la vérité. Paufanias & d'autres auteurs comptent jufqu'à foixante-trois tem ples qu’on lui avoit élevés dans la Grece & les co- lomes greques. Les peuples y accouroient de toutes parts pour être guéris de leurs maladies, ce que l’on faifoit apparamment par des moyens fort naturels, mais qu'on déguifoit adroïtement par mille céré- momies aux malades, qui ne manqguoient pas d’at- tribuer leur guérifon à la protettion miraculeufe du dieu. Une vérité que l’on apperçoit au-travers de toutes les fables que les Grecs ont débitées fur le compte d’Efculape, c’eft que ce fut un des bienfai- teurs du genre humain, & qu'il dut les autels qu'on lui éleva, aux efforts heureux qu’il fit pour donner à la Médecine, imparfaite & groffere avant lui, une forme plus fcientifique & plus réguliere, Ces princie pes paflerent aux Afclépiades , fes defcendans, juf- qu’à Hippocrate, qui y mit le fceau de limmortalité, . Pouf ne nous en rapporter ici qu'aux gens du mé- tier, je croirois que d’après le témoignage de Celfe & de Galien, on pourroit former quelques conjeétu- res aflez approchantes de la vérité {ur le compte, d’Efculape. Il paroît d’abord qu'il fut fils uaturel de quelque femme d’un rang diflingué, qui le ft expofer fur une montagne fituée dans lé territoire d'Épidaure, pour çacher fa faute, & qu'il tomba N a ij 204 M E D entre les mains d’un berger, dont le chien lavoit découvert. La mere de cet enfant retrouvé , fe chargea fecrettement de fon éducation , & le fit remettre à Chiron, qui élevoit dans ce tems-là les enfans de la Grece, qui étoient de quelque naïf fance. Efculape profita de l’occafion de s’avancer à la gloire par le chemin que Chiron lui ouvroit, & où 1l étoit entraîné par fon génie. La Médecine fit fon étudefavorite, & il parvint dans cet art à un fi baut point d'intelligence, que fes compatriotes lui donnerent le furnom d’'Efculape , emprunté de celui qui avoit inventé la Médecine en Phénicie. L’ob{cu- rité de fa naïflance, jointe à fes lumieres en Méde- cine , engagerent fes compatriotes à lui donner Apol- lon pour pere, & à le défier lui-même après fa mort. Etrrabaran: | médecin arabe , naquit dans une pro- vince du Chorozan. Il fit médecin du fultan Thechm, roi de Ghazna, ville d’Afe , fituée fur les frontieres de l'Inde, Il compofa un livre de médecine, fort vanté chez les Arabes, intitulé Ze Paradis de la pru- | dence , 8€ qui contient des obfervations concernant Part de guérir, avec un détail des propriétés des plantes , des animaux, & des minéraux. [l mourut à Chazna, l’an de l’hégire 474, & de J. C. 10817. Eudeme. | y a eu pluñeurs médecins de ce nom; le premier étoit vendeur d’antidote, pharmacopo- La ; le fecond étoit un médecin de Chio, que l’eilé- bore ne pouvoit pas purger ; le troifieme étoit anatomifte, contemporain d'Hérophile, ou de fes difciples ; le quatrieme avoit décrit en vers la com- pofition d'une efpece de thériaque dont ufoit Antio- chus Philométor , & cette defcription étoit gravée fur la porte du temple d’'Efculape ; le cinquieme dont parle Cœlius Aurelianus, eft le même que la- duitere de Livie, qui eft appellé par Tacite, las & le médecin de cette princeffe, & qui empoilonna Drufus fon époux. Tacite ajoûte, que cet Eudeme failoit parade de pofléder beancoup de fecrets, afin de paroïtre plus habile dans fon art, maxime qui a réufli à plufieurs médecins deftitués de taléns nécef- faires pour fe faire diflinguer en fe conduifant avec franch'fe; ie fixieme Eudeme éroit un médecin mé- thodique, difciple de Thémilon , fous le regne de Tibere ; peut-être eft-ce le même que l’Eudeme de Tacite. On trouve encore dans Galien, un Eudeme qu'il appelle l’azcier, & dont il rapporte quelques compofñtions de médicamens. Athénée cite ün Eu- deme, athénien, qui avoit écrit touchant les herba- ges :-enfin Apulée parle d’un Eudeme qui avoit traité des animaux. On ne fauroit dire f ces derniers font différens des quatre ou cinq premiers. ÆEuphorbus , frere d’Antonius Mufa, médecin chéri d'Augufte, devint aufli médecin d’un prince qui fe plaïfoit à la Médecine ; ce prince étoit Juba, fecond du nom, roi de Numidie, celui qui époufa Sélene, fille d'Antoine & de Cléopatre. Entre les livres que Juba lui-même avoit écrits, ceux où il traitoit de la Lybie & de l'Arabie, lefquels il dédia à Caius Céfar, petit-fils d'Aupufte, contenoient plufeurs chofes curieufes concernant l’hiftoire naturelle de ces pays- là ; par exemple, il y décrivoit exaétement , à ce que dit Pline, l’arbre qui porte l’encens. Euphorbe ne laïffa point d'ouvrage, Exarhagui , médecin arabe, compofa un ouvrage de médecine, femblable au canon d’Avicenne: les médecins mahométans en font même à préfent un grand cas. Il mourut à l’âge de cent un an, l'an de lhégire 404, & de Jefus-Chnit 1073. Galien (Claude), étoit de Pergame, ville de ’Afe mineure, fameule à divers égards, & particuliere. ment par fon temple d'Efculape. Il eft né vers l'an 131 de Jefus-Chrit, environ fa 15° année du regne d’Adrien, Il paroit par fes écrits qu'il a vécu fous les empéreurs Antonin, Marc-Aurele, Lucius-Verus, Commode, & Sévere. Il embrafla la médecine à l’âge de 17 ans, l’étu- dia fous plufieurs maîtres , 8 voyagea beaucoup. Il fut dans la Cilicie, dans la Palefline, en Crète, en Chypre, & ailleurs. Il demeura quelque tems à Ale- xandrie, capitale de l'Egypte, où fleurifloient en- core toutes les fciences. À l’âge de 28 ans il revint d'Alexandrie à Pergame, & traita les blefures de nerfs des gladiateurs avec beaucoup de fuiccès, ce qui prouve que Galien entendoit aufli-bien la Chi- rurgie que la Médecine. Il {e rendit à Rome à l’âge de 32 ans, eut le bon- heur de plaire à Sergius Paulus, préteur, à Sévérus., qui étoit alors conful, & qui fut depuis empereur, êc à Boëthius, homme confulaire, dont il guérit la femme , qui lui fit un préfent de quatre cens pieces d’or; mais fon mérite & {on habileté lui firent tant d’ennemis parmi les autres médecins de Rome, qu'ils le contraignirent de quitter cette ville, après y avoir féjourné quelques années. | Cependant au bout de quelque tems Marc-Aurele le rappella dans la capitale, où il écrivit entr’autres livres, celui de l’ufage des parties du corps humain. Il eft vrai que craignant extrèmement l'envie des médecins de cette ville, il fe tenoit le plus qu’il pou- voit à la campagne, dans un lieu où Commode, fils de l’empereur, faifoit {on féjour. On ne fait point combien de tems Galien demeura à Rome pour la feconde fois, ni même s'il y pafla le refte de fa vie, on s’il retourna en Afe: Suidas dit feu lement que ce médecin vécut 7o ans, | Le grand nombre de livres qui reftent de fa pluz me, fans parler de ceux qui fe font perdus, prouve bien que c’étoit un homme d’un prodigieux travail, & quiécrivoit avec une facilité finguliere, On comp- toit plus de cinq cens livres de fa main fur la feule Médecine ; mais nous apprenons de lui, qu'une par- tie de tant d'ouvrages périr de fon terms , par un in cendie qui confuma le temple de la Paix à Rome, où ces mêmes ouvrages étoient dépofés. Tous les anciens ont eu pour Galien la plus gran: de eftime ; 8 Eufebe qui a vécu environ cent ans après lui, dit que la vénération qu’on portoit à ce médecin , alloit jufqu’àa l’adoration. Trallien, Ori. bafe, Aëtius, & fur-tout Paul Eginete, n’ont fait prefque autre chofe que de le copier; & tous les médecins arabes fe font conduits de même. Il eft pourtant certain qu'il eut pendant fa vie un grand parti à combattre, & la médecine d'Hippocrate qu'il entreprit de rétablir, ne triompha pas appa- remment de la feéte méthodique, ni des autres, Nous avons deux éditions greques de Galien ; lune d'Aide , donnée en 1525, en deux volumes :n- folio ; Vautre plus corrette d'André Cratandrus, de Jean Hervagius, & de Jean Bébélius, parut en 1538 en cinq volumes z7-folio. f Quant aux éditions latines, il y en a eu grand nombre. On a plufieurs tradudions de Galien en cette langue. On en a donné une à Lyon en 1536, in-folio, elle eft de Simon Colinœus, La même a paru en 1554, beaucoup plus correéte &z avec de grandes augmentations ; c’eft Jean Frellonius qua l'a mife au jour. Il y en a une autre édition de Jean Frébomus, à Bâle en 1541. La même reparut, en 1561 avec une préface de Conrard Gefner, dans la- quelle il eft parlé avec beaucoup de jugement de Galien , de fes ouvrages, & de ies différens tradu- éteurs. . Îlyenaune troïfieme des Juntes , qui ont donné à Venife dix éditions de Galien; la premiere eft in-8°. en 1641 ; & les autres in-folio dans les années _juivantes; là neuvieme ou dixieme, car ces deux éditions ne different point , font les plus complettes & les meilleures. ds Nous ne connoiflons qu'une feule édition de Ga- en qui foit greque & latine; elle a été donnée à Paris en 1639, fous la direétion de René Chartier, en treize volumes :7-fo/10, Cet élégant ouvrage con- tient, non-feulement les écrits de Galien, mais en- core ceux d'Hippocrate, &quelques autres anciens médecins. La traduétion en eft correëté & fidelle ; elle a été faite fur la comparaifon des textes dans les différentes éditions & dans les manufcrits. “Gariopontus a été mal jugé pour beaucoup plus ancien qu'il ne left effeétivement ; car puifque Pierre Damien , élevé au cardinalat en 1057, en parle comme d’un homme qu’il avoit vü , il en réfulte que ce medecin vivoit au xJ. fiecle. On peut croire qu'il étoit di nombre de ceux qui compoloient l’école de Salérne. René Morean , dans fes prolésomenes fur cette école , cite un paflage dans léquel il eft appellé Warimporus, Il adopta le fyftème des méthodiques , &t a écrit fept livrés de pratique dans ce goût-N, mais d’un ftyle barbare, [l traite dans les cinq pre- miers livres de la plûpart des maladies , & les fe- vres font la matiere des deux derniers. Cet ouvrage parut à Lyon, Lugdunt apud Blanchardum , en 1516 &c 1526, in-4°. fous le titre de Paffonarit galent de ægritudinibus , à capite ad pedes, Enfuite 1l a été im- primé à Bâle apud Henr. Per 1531 ,1n-4°. & 1536 in-8°, fous le titre fuivant : De morborum caufrs, ac- cidentibus & curationibus | libri oëto. Glancias, diciple de Sérapion, c’eft à-dire mede- cin empirique , eft fouvent cité par Galien , qui dit qu'il avoit commenté le fixieme livre des épidémi- ques d'Hippocrate. Il fait auf l’éloge de quelques- uns de fes médicamens. Pline en parle dans fon hiff, pat. lv. XXI, ch, xxu. . Haly-Abbas, medecin arabe , pafloit de fon tems pour un homme d’un favoir fifurprenant , qu’on l’ap- pelloit Mage, Il publia vers l’an 980 fon livre in- titulé a/malecz, qui renferme un fyftème complet de toute la Medecine, & c’eftle fyftème dont les Arabes font l'éloge le plus pompeux. Etienne d’Antioche traduifit cet ouvrage en latinen 1127.1Ileft vrai que fi l’on avoit à choifir quelque fyfième de medecine fondé fur la doétrine des Arabes , celui qui a été fait par Haly-Abbas paroît moins confus , plus intelligi- ble & plus lé que tousles autres, fans même excep- ter celui d’'Avicennes , & Rhafès en a pris bien des chofes. La tradu@tion d’Etienne d’Antioche dont je viens de parler, eft intitulée Regalis difpofitionis theoricæ libri décem , & praticæ libri decem , quos Stephanus ex arabicä in latinam linguam tranflulit. Venetiis 1492, regal, fol. Lugd, 1523 , in-4?. . Héraclide le tarentin fut le plus illuftre de tous les feétateurs de Sérapion , fondateur de l’empirifme. Gäkhen fait grand cas d’un ouvrage qu'il avoit com- pofé fur la Chirurgie. Nous lifons dans le même au- teur qu’Æeraclide avoit commenté tous les ouvrages d'Hippocrate ; Cœlius Aurelianus cite aufli les Livres d’Aéraclide {ur les maladies internes; mais aucun des écrits de ce medecin ne nous eft parvenu. Hermogène. Il y a deux medecins de ce nom ; l’un fe&ateur d'Erafñftrate , a pu vivre du tems d’Adrien, un peu avant Galien, qui en parle ; l’autre plus an- cien, eft celui contre léquel Lucile fit en grec lépi- gramme dont le fens eft : « Diophante ayant vu en # fonpe le medecin Hermogène , ne fe réveilla ja- »# mails , quoiqu'il portät un préfervatif fur lui». Martial, en imitant cette épigramme, attribue la même Chofe à un autre médecin qu’il appellé Hermo- crate, &t qui eft peut-être un nom fuppofé ; quoique Pépigramme de Martial n'ait pas la fineffe & la brié- MED 33; veté de celle de Lucilé, on voit pourtant d'elle part d'une Bonne main, La voici : Lotus robifeuin ef hilaris , cœnavit € idem Înventus mane ef? moréuns Andragoras. Tam fubitæ mortis caufam , Faufiine, requiris à In fomnis medicum viderar Hermocrarem. &« Andraporas , après avoir fait un très bon fotiper » aveC noûs, futtrouvé mort le matin dans fon lits » Ne me demandez point, Fauftinus , la caufe d’une » mOrt auft prompte ; il avoit eu le malheur de voir » en fonge le medecin Hérmocrate ». Herodicus où Prodicus de Sélymbre , naquit quel que temis avant Hippocrate , & fut contemporain de ce prince de la Medecine. Platon le fait inventeur de là gymnaftique médicinale , c’eft-à-dire de l’art de prévenir ou de guérir les maladies par l'exercice, Si cette idée eft vraie, on pourroit regarder Herodi- cus comme le maître d'Hippocrate en cette partie. Hérophile naquit à Ce qu'on croit à Carthage , & vécut fous Ptolomée Sôter. Il étoit contemporain d'Erañftrate , un peu plus âgé que lui, & tous deux fe diflinguerent également dans l'anatomie humaine. Galien dit d'Hérophile qu'il étoit confommé dans les diverfes parties de la Medecine, mais fur-tout dans l’Anatomie. Il découvrit le premier les nerfs propre- ment dits ; il donna aux parties de nouveaux noms, qui ont prefque tous été confervés. C'eft lui qui à impofé les noms de rétine & d’arachnoide à deux tuniques de l'œil ; celui de prefoir ou de rorcular à l'endroit où les finus de la dure-mere viennent s’u- mr; celui de paraffares à ces glandes qui ont fituées à la racine de la verge , &c. Il cultiva beaucoup la Chirurgie & la Botanique , & fitle premier entré les anciens dogmatiques , un grand ufage des médi- camens fimples & compoiés. La doétrine du pouls acquit fous lui de grands progrès ; il ne s’écaita point dans la cure des malas dies, ni par rapport à la confervation de la fanté ; des fentimens d'Hippocrate ; cependant il écrivit contre les prognoftics de ce grand homme , qu'on avoit rarement attaqué, & toujours avec peu de fuc- cés. Hérophile ne fut pas plus heureux que les au- tres , fes ouvrages n’ont point pañlé jufqu'à nous. Hippocrate defcendoit d'Efculape au dix-huitieme degré, & étoit allié à Hercule par fa mere au ving- tieme degré. Il naquit à Cos la premiere année de la Ixxx° olympiade, 458 ans avant la naiffance de Jefus-Chrift, & la cinquième année du regne d’Ar- taxerxès-longue-main. Il étoit digne contemporain: de Socrate , d'Hérodote , de Thucydide, & d’autres grands hômmes qui ont illuftré la Grece. Son grand-pere Hippocrate & fon pere Héraclide, qui n’étoient pas feulement d’habiles medecins, mais des gens verlés en tout genre de littérature , ne fe contenterent pas de lui apprendre leur art , ils linf- truifirent encore dans la logique , dans la Phyfique, dans la Philofophie naturelle , dans la Géométrie 6 dans PAftronomie. Il étudia l’éloquence fous Gorgias le rhéteur , le plus célebre de fon tems. L'ile de Cos , lieu de fa naiflance , eft très-heureu- fement fituée. Il y avoit longtems que fes ancètres l’avoient rendue fameufe par une école publique de Medecine qu'ils y avoient fondée, Il eut donc toutes les commodités poffibles pour s'initier dans la théo- rie de la Medecine , fans être obligé d’abandonner fa patrie ; mais comme c’eft à l’expérience à perfec- tionner dans un medecin ce qu'il tient de l'étude, les plus grandes villes de la Grece n'étant pas fort peuplées , il fuivit le precepte qu'il donne aux au- tres ; il voyagea. « Celui qui vent être medecin, » dit-il , doit néceflairement parcourir les provinces » étrangeres ; car l'ignorance eft une compagne fort “ incommode pour un homme qui fe mêle de guérir 86 MED » les maladies ; elle le gêne & la nuit êc le jour ». Il parcourut la Macédoine , la Thrace &s la Thef- falie : c’eft en voyageant dans ces contrées qu'il re- cueillit la plus grande partie des obfervations pré- cieufes qui font contenues dans fes épidémiques, IL vit toute la Grece, guériflant en chemin faifant non- feulement les particuliers , mais les villes &c les pro- vinces. Les Illyriens le folliciterent par des Ambaf- fadeurs de fe tranfporter dans leur pays, & de les délivrer d’une pefte cruelle qui le ravageoit. Hippo- crate étoit fort porté à fecourir ces peuples ; mais s'étant informé des vents qui dominoient dans l'IIly- rie, de la chaleur de la faifon , & de tout ce qui avoit précédé la contagion, il conclut que le mal étoit fans remede. Il fit plus : prévoyant que les mê- mes vents ne tarderoient pas à faire pañler la pefte de l'Illvrie dans la Theffalie, & de la Theffalie en Grece, il envoya fur-le-champ fes deux fils, Thef- falus & Draco , fon gendre Polybe, & plufieurs de fes éleves en diférens endroits , avec les inftruétions néceflaires. Il alla lui-même au fecours des Theffa- liens ; il paffa dans la Doride , dans la Phocide & à Delphes, où il fit des facrifices au dieu qu’on y ado- roit ; iltraverfa la Béotie, & parut enfin dans Athe- nes, recevant par-tout les honneurs dûs à Apollon. En un mot, il fit en Grece, pour me fervir des ter- mes de Callimaque , l'office de cette panacée divine, dont les gouttes précieufes chaffent les maladies de tous les lieux où elles tombent. | Dans une autre occafon plus preffante encore , il délivra la ville d'Athènes, felon quelques hiftoriens, de cette grande pefte qui caufa dans l’Attique des ravages inouis, que Thucydide , qui en fut le té- moin oculaire, a fi bien décrits, & que Lucrece a chantés dans la fuite, On dit qu'il n’employa pour remedes généraux que de grands feux qu'il fit allu- mer dans toutes les rues, & dans lefquels il fit jetter toutes fortes d’ingrédiens aromatiques , afin de puri- fier l'air ; méthode pratiquée long-tems avant lui par les Egyptiens. ; Telle fut fa réputation, que la plüpart des princes tenterent de l’attirer à leur cour. Il fut appellé an- près de Perdiccas, roi de Macédoine » qu'on croyoit attaqué de confomption ; mais après lavoir bien examiné , il découvrit que fon mal étoit caufé par une pañion violente dont il brüloit pour Hila , qui étoit la maîtrefle de fon pere. On prétend, dans des pieces ajoutées aux œuvres d'Hippocrate , & dont je ne garantis point l’authen- ticité ; on prétend, dis-je, dans ces pieces, qu'Arta- xerxès lui offrit des fommes immenfes & des villes entieres pour l’engager à pañler en Afe , & à difiiper une pefte qui défoloit & fes provinces & fes armées; 3l ordonna qu’on lui comptät d'avance cent talens ( quarante-cinq mille livres fterling ) ; mais Hippo- crate regardant ces richeffes comme les préfens d’un ennemi & l’opprobre éternel de fa maifon s’il les ac- ceptoit , les rejetta, êc répondit au gouverneur de J’Hellefpont qui les lui offroit de la part d’Artaxer- xès: « Dites à votre maître que je fuis affez riche ; # que l'honneur ne me permet pas de recevoir {es # dons, d’aller en Afie , & de fecourir les ennemis # de la Grecew 7 Quelqu'un lui repréfentant dans cette occafon qu'il fafoit mal de refufer une fortune auffi confidé- rable que celle qui s’offroit, & qu'Artaxerxès étoit un fort bon maître, il répondit : Je ze veux point d’un naître, quelque bon qu'il foir. Le fénat d’Abdere le pria de fe tranfporter dans {a folitude de Démocrite , & de travailler à la gué- rifon de ce fage , que le peuple prenoit pour fou. On fait ce qu’en dit lP'Hiftoire : | Hippocrate arriva dans letems Que celui qu'on difoit n'aveir raifon ni [ens , Cherchoit dans l’homme ou dans la bêse Quel fiège a la raifon , foir le cœur , foir lavéte: Sous uñ ombrage épais, affis près d’un ruiffeau s Les labyrinthes d'un cerveau L’occupoient. Il avoir à fes piés maint volume , Et ne vir prefque pas for ami s’avancer , Artaché felon fa coutume... , , Lorfque les Athéniens furent fur le point d’atta: quer l’île de Cos , Hippocrate , plein d’amour pour fa patrie , fe rendit en Theflalie, invoqua contre les armes de PAttique , des peuples qu'il avoit délivrés de la pefte , fouleva les étais circonvoifins, & en même tems envoya fon fils Theffalus à Athènes pour écarter la tempête qui menaçoit fon pays. Le pere êc le fils réuflirent : en peu de jours la Theflalie &z le Péloponnefe furent en armes, prêts à marcher au fecours de Cos ; &c les Athéniens , foit par crainte, foit par reconnoïflance pour Hippocrate , abandon- nerent leur projet. Ce grand homme, qui femblable aux dieux mé- prifa les richefles , aima la vérité & fit du bien à tout le monde , ne defira qu'une longue vie en par- faite fanté , du fuccès dans fon art, & une réputation durable chez la poftérité. Ses fouhaits ont étéaccom- plis dans toute leur étendue : on lui a rendu même pendant fa vie des honneurs qu'aucun grec n’ayoit reçus avant lui. Les Argiens lu éleverent une flatue d’or ; les Athéniens lui décernerent des couronnes , le maintinrent lui & fes defcendans dans le pritanée, & l’initierent à leurs grands myfteres ; marque de diftinétion dont Hercule feul avoit été honcré:= enfin il a laiflé une réputation immortelle. Platon & Ariftote le vénérerent comme leut maître, & ne dédaignerent pas de le commenter. Il a été regardé de tout tems comme linterprete le plus fidele de 1æ nature ; & il confervera, felon les apparences, dans les fiecles à venir , une gloire & une réputation que plus de deux mille deux cens ans ont laïffées fans atteinte. Il mourut dans la Thefalie la feconde année ;! difent quelques auteurs , de la cvij. olympiade, 349 ans avant la naïffance de Jefus-Chrift, & fut inhumé entre Larifle & Gortone. Ce petit nombre de parti- cularités de la vie d'Hipppocrate font fufifantes pour fe former une idée de fon caraétere. Je n’ajouterai que de courts détails fur quelques éditions de fes ouvrages. La premiere édition grecque parut à Vénife chez Alde en 1526, 27.fo1. La feconde à Bâle par Forbé- nius, en 1538 , 2z-fol, La premiere édition latine faite fur l’arabe , vit le jour à Véuife en 1493, 2z-fo2. Il en parut une autre traduétion fur les manuferits grecs du Vatican à Rome en 1549, 27-fol. La verfion de Janus Cornarius vit le jour à Venife en 1545 , 1-8°, & a Bâle en 1553 27-fol. La verfon latine d’Anutius Fœfñus, parut à Francfort en 1596, i-8°. On compte entre les éditions grecques &x latines, 1°, celle de Jérôme Mercurialis, à Venife 1588, 27- fol. 2°. celle d’Anutius Fœfus, à Francfort sypis Wechelianis 159$ , in-fol, 1621, 1645, & la même à Geneve 1657, 22.fol, 3°, de Van-der-linden , avec la verfon de Cornarius, à Leyde en 1665 , 2 vol. in-8°. 4°. De René Charlier , avec les ouvrages de Galien, à Paris 1670, 13 vol. zz-fol. On a imprimé 22 traités d’Hippocrate avec la ver: fion de Cornarius , des tables & des notes, à Bâle en 1579, 2%:-fol, &r cette édition eft maintenant fort rate. On a tout fujet de croire, fuivant plufieurs té- moignages des auteurs orientaux, qu'il s’étoit fait en arabe des traduétions d'Hippocrate dès les pre- miers tems d'Almanzor & d’Almamon : mais la ver- fion qui a effacé toutes les autres a été celle de Honain , fils d'Ifaac, quifut en grande réputation fous le calife Eimotewakel. Ce prince commeñça fon regne l’an 232 de l’hégire , de Jefus-Chrift 846, & mourut l'an de l’hégire 24% , &t de Jefus-ChritN6r. Cet Honain fut difciple de Jean, furnommé fils de Malowia, Les hiftoriens remaïquent qué Honñaïn entreprit de nouvelles traduétions des livres grecs, parce que celles de Sergins étoient fort défeäueufes. Gabriel, fils de Boû-Jechua, autre fameux médecin, l'exhor- ta à ce travail, qu'il fit avec tant de fuccès, que fa traduction furpafla toutes les autres. Sergius avoit fait les fiennes en fyriaque ; & Honain , qui avoit demeuré deux ans dans les provinces où on parloit grec, alla enfuite à Balfora où l'arabe étoit le:plus pur; & s'étant perfectionné dans cette langue, il fe mit à traduire. | La plûpart des traduétions arabes d'Hippocrate êr de Galien portent fon nom; & les hébraïiques faites al y a plus de 700 ans , l’ont été fur la fienne. Ho- nain eft donc le plus confidérable interprete d'Hippo- crate ; & c’eft de lui que les Arabes ont tiré tout ce qu'ils ont d’érudinon fur l’hiftoire de la Médecine. Il y avoit encore dans ce tems-là deux traduétions d'Hippocrate : l’une fyriaque ; & l’autre arabe, La prenuere pafloit pour un fecond original , & pour avoir été conférée avec les éditions fyriaques, qui {ont fort rares depuis plufieurs fiecles, à caufe que le fyriaque eft devenu une langue favante qui n’a plus été d’ufage que parmi les Chrétiens, & qui ne s’apprend plus que par étude. On peut juger par ce ; détail qu'il ne faut pas attendre de grands fecours des Arabes pour la réviñon des textes grecs, Nous pouvons encore conclure de-là qu'il feroit dificile de decouvrir chez les Orientaux quelque chofe qui fervit à l’hifloire d’Hippocrate, de plus que ce qu'en difent les Grecs & les Latins. Cepen- dant les Arabes ont des vies de.cet ancien médecin, & 1ls en parient comme d’un des plus grands hom- mes qui aient exifté ; c’eft ce qu’on lit dans les deux deules verfions quifoient imprimées: la premiere eft d’'Eutychius ou Sahid, patriarche d'Alexandrie ; l’autre eft de Grégoire, furnommé Albufarage, qui étoit métropolitain de Takrit, ville d'Arménie, & qui a vécu jufqu'au treizième fieclé : mais on ne trouve ni dans Pune ni dans l’autre aucun trait qui ait un fondement folide, _ Enéchange nos médecins, entr’autres Brafavolus, Jacotius, Marinellus, Martianus & Mercurialis, ont fait d’excellens commentaires fur Hippocrate. Voici les titres de leurs ouvrages, Brafavolus , ( Antonius Mufa ) 7 aphorifinos Hip- pocratis commentarius ; Ferrariæ, 1504 , in-4°. În dibros de rations viés in morbis acutis, commentaria ; Venetus, 1546, 27-fol. i Jacotius , ( Defiderius } commentariorum ad Hip- pocratis coaca præfagia libri tredecim ; Lusd. apud Guil. Rovillium, 1576 , in-fol. Marinellus , ( Joannes ) commentaria in Hippocra- #15 opera ; Venet. apud Valorifium , 1575 , in-fol. ed. prima & optima : ibidem , 1619, £-fol, Vicentiæ, 1610 , 22-fol, Martianus, (Profper ) Hippocrates conf: nationi- Bus explicatus; Patavu , 1719, in-fol. Mercuriälis, ( Hieronymus ) commentarii in Hip- pocratis prognofhica ; Venet. 1597, ix-fol. Ir Hip- _ pocratis aphori/mos ; Bonon. 1610, ir-fol. _ _ Tbnu-el- Baitar , médecin arabe , naquit à Malaga en Andaloufie. Pour fe perfeétionner dans la connoifance des plantes, il parcourut l'Afrique & . préfque toute l’Afie. À fon retour de l'Inde par le “Caire, ildevint médecin de Saladin, premier fou- dan d'Egypte ; &c, après la mort de ce prince, il re- tourna dans fa patrie où il finit fes jours l’an de l’hé- gire 594, &c de Jefus-Chrift 1197. Il a compofé.un | 4 385 tenu CEE E D | -buvragé fur les propridtés des planteb, furdes Bois fons, & fur les animaux. M 0 RAT: Tbni - Thophail , médecin Arabé ; haquit à Sé: ville dans lAndaloufié, d’une famile noble ::mais {es parens ayant été dépouillés de leuts biens pour avoir ptis parti dans une tébellion contre leur prince; il fut obligé de fé jetter du côté de la: Médecine. Averrnoës, Rabbi Mofes l'égyptien, & beaucoup d'autres vinrent prendré dé tes leçons il mourut l'an de l’hégire $7r, 8 de Jefus:Chrift 1175. C'eft le même quAbu-Bécr, ‘Ebn-Thophail ,:laureur d’un ouvrage ingémeux &'bien écrit ; publié par le doéteur Pocock , én arabe &enlatin, fous le titre de philofophus , uulodidarlos ; imprimé à: Oxford en 1671, réimprimé plufieurs fois depuis, & traduit end’autreslangués, | 3 | Îbrx - Zohar, d'érigine ‘arabe, naquit en Sicile dans le ciiquiemenfiecle ; 8c. devint médecin du roi de Maroc. [l exerça fon art fans intérêr pour les gens dont la fortune étoit médiocre , maïsil acceptoities prélens des princes/8 dés rois. IL a eu un fils céle- bre par des ouvrages de Médecine , & pour difciple Averrhoës qui le laiffa bientloin derriere lui. ILmour rut âgé de quatre-vingt-douze ans lan de lhégire 564, & de jefus-Chriit 1168. | | | Joanna, chaldéen de natiôn & chrétien de rehi- gion,, de la feéte de Neftorius, eft un fameux méde- -cin arabe par le crédit qu'il eut fous de célebre Almamon , calife de Bagdad, qui fit tant de bien à la Lutérature en raffemblant les meilleurs ouvrages en Médecine, en Phyfque, en Aftronomie, en Cof- mographie, &c. & en les faifanit traduire, Joanna fur chargé de préfider aux tradu@ions des auteurs grecs, &:ce fut alors qu’on mit pour la premiere fois en langue arabefque les ouvrages de Galien & ceux d’Ariftore. {t mourut à la quatre-vingtieme année de fon âge l’an de l'hégire284, & de Jefus:Chnift 8 ro. Ifaac, fils d'Erram, médecin juif , naquit à Damas, étudia à Bagdad, & fut médecin de Zaide , vicero1 d'Afrique. Il a fait un livre fur la cure des poifons , & eft mort l’année de l’hégire 183, & de Jefus.Chrift 700. Lucius Apulée , de Madaure ville d'Afrique ; vivoit fous lès empereurs Adrien, Antonin le Dé- bonnaire, & Marc Aurele.Sa mere, nommée Sa/- via , étoit de la famille de Plutarque, & de celle du philofophe Sextus. Après avoir étudié à Athènes la philofophie de Platon , 1l étudia la furifprudence à Rome, & s’acquit même de la réputation dans le barreau ; mais il reprit enfuité la Philofophie, & fit en grec des livres de queffions natwrelles &t de queflions médicinales, On met au nombre de fes écrits un livre intitulé , des remedes tirés des plantes ; livre qui nous refte & qui eft écrit en latin, mais on n’eft pas cer- tain qu'il foit de lui: Les deux plus anciennes éditions de cet ouvrage chargé de remedes fuperftitieux , font l'édition de Paris de 1528, 27-fol, & celle de Baîle de la même année , anfñi 27-fo1. La cinauieme édition de toutes les œuvres prétendues d’Apulée de Madaure, eft à Lyon en 1587, :7-8°, Son livre-de l’éne d'or, efttout plein de contes magiques, quoi- que ce ne foit qu’un jeu d’efprit dont le fujet. mêine n'eft pas de l'invention d’Apulée. Machaon ; étoitfrere aîné de Podalyre , tous deux fils d'Efculape; maisil paroît par Homere, que Ma- chaon étoit plus eftimé que Podalyre , & qu'on l'ap- pelloit préférablement pour panier les grands de l’armée. Ce fur Machaon qui traita Ménélaüsbleffé par Tindare, en efluyant prémierement le fang de fa bleflure , & en y appliquant enfuite des remedes adouciffans , comme faifoit fon pere. Ce fut aufli Machaon qui guérit PhiloËtete, qui avoit été rendu | -boiteux pour. s'être laifié tomber fur le pié une fle- che trempée dans le fiel de l'hydre de Lerne, pré: 268 MED ent ou dépôt que lui avoit remis Hercule.en mou- rant. Les deux freres étoient tous deux foldats auff- bien que médecins, & Machaon femble avoir été fort brave.Ilfut une fois bleffé à l'épaule dans une fortie que firent les Froyens ; & 1l fut enfin tué dans un combat fingulier qu'il eut contre Nirée, ou, felon d’autres, contre Euripyle, fils dé Telephe. Ma- chaon: & Podalyre font auffi mis au nombre des amans d'Helene, La femme de Machaon s’appelloit Anticlea, elle étoit fille de Dioclès, roide Meffénie; il en eut deux fils qui poffederent le royaume de leur ayeul, jufqu'à ceque les Héraclides,, au retour de la guerre de Troye , fe furent emparés de la Meflénie & de tout le Péloponnefe, On ne fair fi Machaon étoit roi par lui-même , ou s'il tenoit cette dignité de fafemme : mais Homere l’appelle en deux outrois endroits, pafieur des peuples , qui.eft le titre qu’il donne à Agamemnon, & aux autresrois. Quant à Podalyre , commeil revenoit du fiege de Troie, 1l fut pouflé par une tempête fur les côtes de Carie, où un berger qui le reçut, ayant appris qu'il étoit médecin, le mena au roi Dametus dont la fille étoit tombée du toit d’une maïfon, Il la gué- r't en la faignant des deux bras , ce qui fit tant de plaifir à ce prince, qu'il la lui donna en mariage avec la Cherfonnefe. Podalyre eut de fon mariage , entr’autres enfans , Hippolochus dont Hippocrate defcendoit. Au refte, la faignée de Podalyre eft le premier exemple de ce remede que l’hiftoire nous offre, On en trouve le récit dans Euienne de Byfance. Ménécrate. Il y a eu plufeurs Ménécrates, mais nous ne parlerons que du Ménécrate qui vivoit fous le regne de Tibere, un peu après Antonius Mufa. Il mourut fous Claude , comme il paroïît par une inf- cription grecque qui fe trouve à Rome , & qui eft apportée par Grutérus &c par Mercurialis, Il eft nommé dans cette infcription srédecin des Céfurs , ce qui marque qu'il l’avoit été de plufeurs empe- reurs. Galien nous apprend que Ménécrate avoit fait un très-bon livre fur la compoñtion des médicamens , dont le titre étoit aurocrator hologrammatos , c’eft à- dire, l’empereur dont les mots font écrits. Ce titre n’eft pas aufü ridicule qu'il le paroît , car quant au mot autocrator, où empereur, il y a divers exemples chez les anciens de cette maniere d’intituler des li- vres. Le mot ho/ogrammatos marquoit que l’auteur avoit écrit tout au long les noms & le poids, ou la quantité de chaque fimple , pour éviter les erreurs qu’on pourroit faire en prenant une lettre numérale pour une autre, ou en expliquant mal une abbrévia- tion. Cette particularité prouve que les Médecins avoient déja la coutume d’écrire en mots abrégés, &z de fe fervir de chiffres ou de caraéteres particu- liers , comme quelques-uns de nos Médecins font aujourd’hui, & , à mon avis, fort mal-à-propos, Ménécrate avoit raifon de condamner cette nou- velle mode, & de montrer le bon exemple à fuivre. C’eft lui qui a inventé l’emplâtre que l’on appelle diachylon , c’eft-à-dire, compofé de fucs, & qui eft un des meilleurs de la Pharmacie, Méfuach ou Méfué, chrétien , de la feéte des Jaco- bites où demi-Eutychiens , naquit, felon Léonl’A- fricain, à Maridin, ville fituée fur les bords de l’Euphrate , étudia la Médecine à Bagdad , &c fut difciple d’Avicenne. Il exerça fon artau Caire, il y jouit de la bienveillance du calife, & y acquit de la réputation & des richeffes. Il mourut âgé de quatre- vingt-dix ans, l’an de l’hégire 406 , & de Jefus- Chrift 1015. Le doûteur Freud croit que Méfué eft MED né à Nifabur, & qu'il écrivit fes ouvrages, de medi- camentis, 6 morbis internis, en langue fyriaque. Ils ont paru pour la premiere fois en latin, avec des notes de Pierre de Apono, à Venife ,en 1494, 2#- fol. enfuite à Paris, apud Valgrifium, 1575 , tr-fol. & enfin Wener. apud Juntas; 1589 &t 1623, &r-fol, qui font les deux meilleures éditions. Mofthion , médecin grec méthodique qui fleurif- foit dans le cinquieme fiecle , a fait un livre fur les maladies des femmes, qui nous eft parvenu. Il a pa- ru en grec, par les foins de Gafpard Wolph, à Bale , apud Thom. Guarinum, 1566 , in-4°, On l'a inféré , en grec & en lauin, 7 Gyneciorum libris, de Spacchius; Argentinæ | 1597, ir fol. . Mufa, (Antonius) a été le plus fameux de tous les médecins qui ont vécu fous le regne d’Augufte , parce qu'il guérit cet empereur dangereufement ma- Jade , en lui confeillant de fe baigner dans de l’eau froide, & même d’en boire ; cette cure mit ce re- mede fort en vogue, & valut au médecin de gran des largeffes, & des honneurs diftingués. Pline parle entrois endroits des remedes qui guérirent Augufte, Dans le premier (Ziv. XXIX, ch. j.), 1 dit que ce prince fut rétabli par un remede contraire, c’eft-à- . dire , Oppofé à ceux qui avoient été pratiqués. Dans le fecond ( Liv. XWIIL. ch. xv.), il avance qu'Au- ogufte avoit mandé dans quelques-unes de fes lettres , qu'il s’étoit guéri par le moyen de l’orobe, Et dansle troifieme ( Liv. XLX, ch. vi. ), Pline attribue la même chole à l’ufage des laitues ; peut-être queces trois remedes avoient été employés dans la même maladie , ou dans d’autres, On ne trouve rien d’ailleurs de remarquable dans Phiftoire fur la médecine de Mufa. Il traitoit les ulce- res en faifant manger de la chair de vipere. Galien parle de quelques livres qu'il avoit écrit fur les médi- camens. On lui a attribué un petit livre de /a bétoine qui nous eft refté, & que l’on foupçonne avoir été tirée de l’herbier d’Apulée. Mais Horace & Virgile ont immortalifé ce médecin dans leurs poéfies. It avoit un frere nommé Ephorbus, dont nous avons dit un mot ci-deffus. Myrepfus (Nicolaus ), médecin grec d’Alexan- drie , qui vivoit, à cé qu'on croit, fur la fin du douzieme fiecle, dans le tems que la barbarie cou- vroit encore la terre, Il n’eft connu que par un livre des médicamens , divifé en quarante-huit feétions , traduit du grec en latin par Léonard Fuchfus, & imprimé à Bafle, chez Oporin , en 1549 , 22.fol, Il fe trouve parmi les Medici principes d'Henri Etienne, publiés en 1567, ir-fol. Oribafe , naquit à Pergame , & devint profeffeur à Alexandrie. Eunapius, médecin auquel il dédia fes quatre livres de Euporiffis, &cc. en fait les plus grands éloges , & dit qu'il contribua beaucoup à élever Julien à l'empire ; ce qui lui mérita fa con- fiance, comme cela paroît par une des lettres de cet empereur. Oribafe jouifloit d’une fortune éclatante dans le tems qu'Eunapius écrivit cette hiftoire, c’eft-à-dire, l’an 400 de Jefus-Chrift, Oribafe écrivit foixante-dix livres de colle@ions felon Photius , & foixante-douze felon Suidas. fl : n’en refte que les quinze premiers , & deux autres qui traitent de l’Anatomie. Il s’eft perdu quelques. traités de cet auteur. Freind remarque que fa diétion eft extrèmement variée , ce qui jette de la lumiere fur fes écrits. Il paroït que c’étoit un homme d’efprit êt un médecin expérimenté , quia donné dans plu- fieurs cas des regles de pratique fort bien raifonnées. Ses ouvrages ont paru à Baîle, en 1557, éz-8°. &, dans les Medici principes d'Henri Etienne , à Paris, 1567, in-fol, Mais la meilleure édition eft græcè & datinècum notis G, Dundas; Lugd, Bar, 1735, 2n-4°.. ? Palladius MED -" Palladius ; médecin d'Alexandrie, où il fut élevé & où il naquit vraiffemblablement. Il eft de beau- coup poftérieur à Galien &.à Ætius. Il nous refte de lui, 1°. Jcholia in librum Hippocratis de fraëturis, _apud Wekel, 1595. 27-fol; 2°. Breves interpreta- iones fexti libri de morbis popularibus Hippocratis. Bafleæ, 1581. 21-4°. 3°. de febribus [ynopfis. Pa- t1S, 1646. 1» 4°. Les cominentaires de ce médecin fur le livre des fra@tures d'Hippocrate font peu de chofe : il a mieux réuffi dans fes interprétations fur les livres des épidémies. Son traité des fiévres eft bon & court, mais tout ce qu’il en dit paroit être emprunté d'Ætius. apile Ed Paracelfe, ou pour le nommer-par tous les noms faftueux qu'il, s’arrogea : Auwreolus, Philippus Para- celfus , Theophraflus Bombaft ab, Hoppenheim , naquit en-1493 à Einfdlen, village fitué à deux milles de Zurich. Il apprit fous Fugger Schwartz, les opéra- tions fpargiriques , & s’attacha à tous ceux qui avoient de la réputation dans l’art. Il ne s’en tint pas là ; il voyagea dans toutes les contrées de PEu- rope, & commerça indiftinétement avec les méde- cins, les barbiers, les gardes-malades, & les pré- tendus forciers. . Après avoir vifité les mines d'Allemagne à lâge de vingt ans, il pañla en Ruffie, & fut fait prifon- nier par.des Tartares qui le conduifirent au Cham. IL eut enfuite l'avantage d'accompagner le fils de ce prince à Conftantinople, où 1l dit avoir appris, à l’âge de vingt-huit ans, le fecret de la pierre phi- lofophale, qu'il ne pofléda jamais. « La réputation qu'il fe fit par quantité de cures, engagerent les magiftrats de Bâle à lui donner un honoraire confidérable pour profefer la Médecine dans leur ville. Il y fit des leçons en 1527, ordinai- ment en langue allemande, car 1l favoit fort mal le latin. Il eut un grand nombre de difciples ; & com- muniqua quelques-uns de fes fecrets à deux ou trois d’entr'eux ; cependant il ne féjourna que deux ans à Bâle, & fe mit à parcourir l’Alface avec Opo- tinus, qui finalement mécontent de lui, le quitta. Paracelle continua d’errer de lieu dans un autre, dormant peu, ne changeant prefque jamais de linge ni d’habit, &c étant prefque toujours ivre. Enfin en 1541:1l tomba malade dans une auberge à Salt- bourg, où 1l mourut dans la quarante-huitieme an- née de fon âge. Voici fon portrait en raccourci, siré de la préf. du Dict. de Med. traduët. de M. Dideror. » Paracelje eft un des plus.finguliers perfonnages » que nouspréfente l'Hiftoire littéraire : vifionaaire, » fuperftitieux, crédule, crapuleux, entêté des chi- » meres de laftrolosie, de la cabale, de la magie, de » toutes les fciences occultes ; mais hardi, préfom- » ptueux, enthoufiafte, fanatique, extraordinaire » en tout, ayant {ü fe donner éminemment le re- » lief d'homme pafionné pour l’érude de fon art » (il avoit voyagé à ce deffein, confultant les fa- » vans, les ignorans, les femmelettes, les bar- » biers, 6c.), &c s'arrogeant le fingulier titre de » prince de la Médecine, & de monarque des ar- » canes, GC. - _ Sa vie, dont il faut fe défier, a été donnée par Oporien. Ses ouvrages, qui {ont pour la plupart fuppofés & de la main de fes dilciples , ont été recueillis à Francfort fous le titre de Paracelfr ope- rum medico-chimicorum , five paradoxorum tomi duo- decim. Francof. apud Palthænios, 1603.12 vol. iz-4. Ils ont été enfuite reimprimés à Genève plus exaéte- ment & plus complétement en 1658, 3 vol. iz-fol. Paul Eginete, Paulus Ægineta, exerçoit la Méde- cine dans le vi. fiecle. Le frontifpice de la pre- mire edition de fes ouvrages porte en grec : « voilà » les ouvrages de Paul né à Ægire, qui a parcouru # la plus grande pargie du monde », & çette infçrip- Tome X, | M E D 2839 tion contient la feule particularité de favie quinons foit connue. Quant à fes ouvrages, Paul ÆEgirere eft au féntiment du docteur Fréind, unde ces écrivains infortunés à qui l’on n'a point rendu juftice:, &z . Qu'on n’a point eftimés ce quls valoient; cepen- dant, quand on l’a lu attentivement, on s’apperçoit qu'il avoit mürement difcuté la pratique des an ciens, 8 qu'il étoit fondé en raïfons dans ce qu'ils en a adnus ou rejetté. [l fait mention dans fes ope- rations chirugicales, de quelques opérations! qui .pa- roiflent avoirété ignorées de fes prédéceffeuts, telle eft celle de la bronchotomie. Il paroît encore avoir bien connu les maladies particulières aux fémmes ce qui le fit furnonimer Paul 4/kayabel:, c’eft-à - dire l’accoucheur, Les Arabes le nomment Bz/os 41 ægianithi, Herbelot dit qu'il vivoit fous l’empereur Héraclius , & du tems que régnoit Omar fecond ca- life des Mufulmans, qui mourut lan de l’hégire 23: ou l’an 645 de I, C. Ses ouvrages qu'on a traduits anciennement, en: arabe, font divifés en fept livres, & äls ont été. plufieurs fois imprimés en grec. La premiere édi- tion eft celle d’Alde en 1528. La feconde parut à Bâle en1558 , chez André Cratander. On en a trois traduétions latines, l’une d’Albanus Taurinus, l’au- tre d’Andernacus, &c la troïifieme de Cornarius. avec de bonnes remarques : la meilleure édition. eft Lugduni, 1589 in-8. in Philinus: de Cos, difciple.d'Hérophile contem- porain de Sérapion d'Alexandrie, pañle dans l’ef= prit de quelques-uns, pour être l’auteur de la fete empirique qui s'établit 287 ans avant J. C. Athenée nous apprend qu'il avoit fait des commentaires {ur Hippocrate; mais il ne dit point par quel fecret il vint à-bout de fonder une fee. Podalyre. Voyez ci-deflus Machaon. Prazagore eft le troifieme médecin qui fe foit fait connoître avec diftmétion après Hippocrate &c Diocles. Il étoit de l'ile de Cos, & de la famille des Afcléprades ; avec cette particularité, qu’il fut le dernier de cette race, qui fe fignala dans Lx Médecine. Prifcianus, (Theodorus) médecin méthodique, dif- ciple de Vindicianus,, vivoit fous les regnes de Gra- tien & de Valentimien Il. vers l’an 370. Il écrivit en latin les quatre livres que nous avons de lui. Le premier eft intitulé logicus, quoiqu'il ne contienne rien moins que des raifonnemens philofophiques ; au-contraire, l’auteur fe déchaine dans fa préface, contre les médecins quiraïfonnent ; mais il faut aufli dire qu'on ignore d’où vient qu’on a fubftitué dans l'édition d'Italie ce titre de ogicus à celui d’ezpho- riflon , ou des remedes faciles à trouver , qu'il porte dans l’édition de Bâle. Prifcianus dédie ce premier livre à fon frere Ti- mothée, ainfi que le fecond où il traite des ma- ladies aigues 8 des maladies chroniques. C’eft ce fecond livre qui pourroit porter le titre de logicus, car il eft plein de raifonnemens. Le troifieme intitulé Gyræcia , ou des maladies des femmes , eft dédié à une femme nommée Y%éoria dans l'édition d’Alde, & Salvina dans celle de Bâle. Le quatrieme intitulé de pkyfica [ientia, eft adreflé à un fils de l’auteur, nommé Æujfebe. Il ne s’agit point de phyfque dans cet ouvrage; c’eft une compilation de médicamens empiriques , dont quel- ques-uns font fort fuperftitieux. La fin du hvre traite de quelques queftions phyfologiques, comme de la nature de la femence, des fonétions animales, &rc. le tout d’une maniere barbare. La premiere édition des œuvres de Prifcien s’eft faite à Strasbourg en 1532. On lui donne dans cette édition pleine de fautes (commeil’a remarqué Reï- nefius qui a expliqué plufeurs SAR de cet au- O teur dans fes lecons), le nom de Quimus Hora- tianns , @& le titre d’archiarer, La feconde édirion 9 F er B "AMBAX A TE , s’en fit la même année à Bâle fous le nom de Thcv- dorus Priftianusg mais le quatrieme livre ne fe trouvé point dans cette édition, Enfin, Aldus ou fes . fils, en donnérent une troifieme édition en 1547, dans jaquelle ils réunirent fes œuvres à celles de tous les anciens médecins qui ont éerit én latin. Il ne porte point dañs l'édition d’Aldus, le titre d’ar- chiater, Le troifiete livre de cet auteur, qui traité des maladies des femmes, a été inféré par Spa- Chius dans un recueil d'ouvrages fur la même ma- tiére. Nous avons un livre intitulé Diera, attribué: à un ancien médecin nommé Théodore, &t que Réi- nefius croit être lé même que Theodorus Prifcianus. | Quintus, médecin gfec, vivoit véfs l’an 100 de J. C. Il pañloit pour le plus grand médecin de fon terms, & un des plus exaëts anatomiftes. Galien lui marque dans fes écrits beaucoup de confidération, quoiqu'il fût dans des principes tout-à-fait 6ppolés aux fiens. Car Quiñtus difoit en raillant, que lé froid, le chaud, le féc, & l’hnmide étoiént des qualités dont là connoiflance appatténoir plutôt aux baigneurs qu'aux médecins, & qu’il falloït laif- fer aux teinturiers l’examen de lufine, Galien lui donne éncôre un bôn mot au fujet des drogues qui entrent dans la thériaque. Il difoit que ceux qui, faute d’avoir de véritable cinñamome, met- tent däns cét antidote lé double de cafà, font la même chofe, que fi quelqu'un manquant dé vin de Falerne, buvoit lé double de quelque méchant vin frelaté ; où que manquant de bon pain, il mangeñt le double de pain de fon. Rhasès eft un des plus grands & des plus labo- rieux médecins arabés. On l’appellé encore Æ/bu- bécar-Muhamède ; que Léon l’africain écrit Abwba- char, Il nous àpprend én même tems, qu'il étoit perfan, de la ville de Ray fituée dans le Chorazan, Où il fut chargé de l’inténdance d’un hôpital. Il étu- dia à Médecine à Bagdad, d’où il vint au Caire ; du Caire il pafla à Cordoue, à la follicitation d'A manzor homme puiflant, riche, & favant, viceroi de la province. Il pratiqua fon art avec fuccés dans tout lé pavs, donna le premier l’hiftoiré de la pe- tite véroie, devint aveugle à l’âge de 80 ans, & mourut l’an de l’hégire 401, & de J. C. 1010, à l’âge d’énviron 90 ans. “Nous avons de lui un ouvrage célebte parmi les Arabes, divifé en douze livres, & qui a pour ti- tre Ælchavi, en latin, Libri continentes , ou le Conti- mens, qu'on fuppole un abregé de toute la Méde- cine réduit en {yftèmes; dix livres, dédiés à Al- manzor ; fix livres d’aphorifmes, & quelques au- tres traités. Ses ouvraces intitulés Rh4/fs opera ex- quifitiora , Ont paru Brixie 1486, Venetits 1497, in fol. Vbid, 1509. 2 vol. #7 regali fol, & finale- mént Bafileæ, apud Henric. Petri, 1$44. in-fol, cette dermere édition pañle pour la meilleure de toutes, Rufus, d'Ephèle, vivoit fous l’empereur Trajan, &t mérite d’être compté entre les plus habiles mé- decins;, maïs la plupart de fes écrits, cités par Sui- das, ne nous font pas parvenus. [l ne nous refte qu'un petit traité des noms grecs des diverfes par- ties du corps, & un autre des maladies des reins & de la veflie, avec um fragment où il eft parlé des médicamens purgatifs. On recueille du pre- mer de fes ouvrages, que toutes les démonftrations anatomiques fe faifoient dans ces tems-là fur des bêtes. Les troïs livres de Rufus ephefius fur les noms grecs dés parties du corps humain, furent publiés par Goupylus, à Paris 1554, 22 8. cypis repiis, ex officine Turnebi, Ils ont té réimprimés parmi les MED mèdict Principes d'Étienne, 1567 én-fol, Il eft de même de fon livre des maladies dès reins & dé la vefñie: ainfi que fon fragment des imédicamens purgatifs. Enfin tous fes ouvrages ont paru grecè G datinè, Londini, 1726 in 4, cum nous & commen tario Gul. Clinch. ês c’éft:là la meilleure édition, Scribonins Largus, médecin romain, qui vivoit fous lés empereurs Claude & Tiberé ; il nous refte de lui un Recueil de la compoñtion dés médicas mens, qui eft fouvent cité dans Galien. Il l’avoit dédié à Julius Calliftus, celui de tous les afran- chis de Claude qui étoit le plus en faveur. 1 le remercie dans la préface de fon ouvrage, de ce qu'il à bien voulu prendre la péiné de préfénter {on traité latia à l’empereur, Le nom de ce méde- cin marque qu'il étoit romain &c de la famille Scri= bonia. Je fai qu'on peut objedter qu'il avoit ém- prunté ce nom de la même famille, à limitation des autrés étrangers; mais fi cela étoit, il auroit joint fon nom pfopte à ce dermiér. Son livré de compofitions médicamentorum , a êté imprimé par les foins de Ruellius , Pari 1528.in2 fol, à Bâle,-en 1529 ,2#-8. à Vénilé, apkd Aldum, 1547, 21-fol. parmiles artis medicæ Principes d'Henti Etiénne ; & finalement Parayi, 1657, in-4,. & c’eft la meilleure édition. Sérapion. Les médecins connoïiflent deux Séraz pion : un d'Alexandrie, l’autré arabe, Sérapion d’Alexandiie étoit poftérienr à Érafffrate, êc antérieur à Héraclide de T'arante. Celfe le donne pour fondateur delafe@eempirique. CæliusAutelia- nus parlé affez fouventde fesremedes.Galien nousdit qu'ilnée énageoit pas Hippocrate dans fesouvrages, où l’on remarquoit d’ailleurs la bonne opinion qu'il avoit de fon favoir-faire , & fon mépris exceffif pour tout cé qu'il y avoit eû de grands médecins ayant lui. Sérapion arabe n'à fleuri que fur la fin du ix. fiecle , entre Melué & Rhazès. Ses ouvrages ne mé: ritént aucun éloge. Ils ont patu fous le nom de Praëlica à Venifé apud Ofav. Scotum , en 1497. in- fol. enfuite apud Juntas, Andrèa Alpage interprète, 1550. 7n-fol. & finalement Argentine 1931. in-fol. avéc les opufcules d’Averrhoës, de Rhasès, & au tres, curd Otton. Brusfelfii. Soranus, il y a eù quatre on Cinq médecins de ce nom. Le premier d’'Ephefe , étoit lé plus habile de tous les médecins méthodiques , 8 celui qui mit la dernière main à la méthode ; c’eft du moinsle juge: ment qu'en porte Cælius Aurelianus , qui étoit de la même feête ; maïs ce qui augmente beaucoup f4 gloire, c’eft qu'il a été confidéré pat les médecins mêmes qui n'étorent pas dé fon parti, comme par Galien, Il vivoit fous les empereurs Trajan & Adrien, & après avoir Jong-tems deineuré à Alez xandrie , il vint pratiquer la médecine à Rome, fous lé regne dès deux empereuts qu'on vient de nom- mer. Ses écrits fe font perdns, mais on lés retrouvé dans Cælius Aurelianus qui reconnoît ingénutent , qué tout ce qu'il a mis au jour n'eft qu'une traducs tion des ouvrages de Sorantrs. | | Le fecond de même nom étoit éphéfien , aïnfi que le grand méthodique ; mais il a vécn lohg-tems après lui. Suidas parle de divers livres de médecine dé ce fecond Soranus, entre autres d’un qui étoit intitulé des maladies dis femmes. C’eft apparemment de ce Livre qu'a été tiré le fragment grec qui a pour titre de la matrice, 6 des parties des femmes, fragment nus au jour par Turnebé dans le fecle paflé, C’eft ce fecond Soranus qui a écrit la vie d'Hippocrate que nous avons. | Le troïfieme Soranus étoit de Malles'en Cilicie ; & porte le furnom de zrallotes. L'auteur de la vie d’Hippocrate cité un quatrieme Soranus, qui étoit, dit-1l, de l'ile de Cos. M E D On trouve dans les priapées de Scioppins, des lettres de Marc-Antoine à Q. Sorarus ; & de celui- ci à Marc-Antoine , de Cléopatre au même Sora- nus, & de Soranus à Cléopatre. Dans ces lettres lon demande & l’on donne des remedes contre Pincontinence. Ce font des pieces vifblement fup- pofées. | - Symmachus fleurifloit fous le regne de Galba ; il falloit qu’il eût une réputation éclatante, de la ma- mere dont Martial fon contemporain le repréfente , fuivi d’un grand nombre d’étudians en médecine, qu'il menoit avec lui chez les malades. L’épigram. me du poëte à ce fujet eft fort bonne ; c’eft la o. du Z, PF. Languebam : [ed tu comitatus protinàs ad me Venifii, centum , Symmache, difcipulis ; Cenvuin mme tetigere manus aquilone gelatæ ; Non habui febrem , Symmache, runc habeo, Thémifon de Laodicée fut difciple d'Afclépiade, &c vécut peu de tems avant Celfe , c’eft-à-dire fous le regne d’Auguile. [left célebre dans Phifioire de la médecine | pour avoir fondé la feéte méthodique ;° quoiqu’en fait de pratique il ne fe foit pas écarté des regles de fon maître. Il appliqua le premier Pu- fage des fang-fues dans les maladies, pour relâcher de plus en plus. Galien nous apprend aufli, qu'il donna le premier la defcription du diacode , remede compoié du fuc & de la decoétion des têtes de pa- vot & de miel. Il avoit encore inventé une compo: fition purgative appellée hiera. Enfin il avoit écrit fur les propriétés du plantain, dont il s’attribuoit la découverte. Diofcorius prétend qu'il fut un jour mordu par un chien enragé, & qu'il n’en guerit qu'après de grandes fouffrances. Pline en fait un éloge pompeux ; car il le nomme /ummus auélor , un très-prand auteur. Le Thémifon , à qui Juvenal re- proche le nombre des malades qu'il avoit tués dans un automne, g402 Themifon ægros autumno occide- rit uno , ne paroît pas être celui dont il s’agitici. Il eft vraffemblable que le poëte fatyrique a eu en vûe quelque médecin méthodique de fon tems , qu'il ap- pelle Fhémifon , pour cacher fon véritable nom. = Théophile, furnommé Prorafbatharins | médecin grec , qui vécut , felon Fabricius , fous Pempereur Héraclius, & felon Ferimd, feulement au com- mencement duiv. fecle. Il étoit certainement chré- tien, & eft fort connu des Anatomiftes par fes qua- tre livres de la flrudure du corps humain , dans lefquels on dit qu'il a fait ur excellent abrégé ‘de ouvrage de Galien fur l’ufage des parties. Ce n’eft pas ici le liensd’en parler ; à1l fuit de dire que les ouvrages anatomiques de Théophile ont été publiés à Paris en grec & en latin en 1456. i#-8°, Nons avons fon petit livre de urinis Gt excrementis, publié pour la premiere fois d’après des manufcrits de la Bibliotheque d'Oxfort, Eugd. Batay. 1703. in-8. PAT Dogreca re Latine er 0 8 L27 Por Theffalas jdifciple de Thémifon, vivoit fous Né- ton, environ 50. ans après la.mort de fon mai- ÉRELUNE LÉNVATEANL À DRE EE | I étoit de Tralé en Lydie, & fils d'un cardeur de lame , chez lequel il fur élevé parmi des femmes , fi Fonien croït Galien. La baffefle de fa naiflance , & le peu de foïi qu’on avoit pris de fon éducation ne firent que retarder {es progrès dans le chemin de la fortune. [l trouva le moyen de s'introduire chez les grands : 51 fut adroitement profiter du goût qu'il . Leur connut pour ia flatterie : illobtint leur confan- ce &c leurs faveurs par les viles complaifances aux- quelles if ne rougit point ders’abaifler ; enfin il joua à la cour uniperfonnage fort bas : ce n’eft pas ainfi, dit Galien ; que fe conduifirent ces defcendans d'Ef- culape qui commandoient à leurs malades comme Tome X, | ME D. 2 un prince à fes fujets. Theffalus obéit aux fiens, comme un efclave à fes maîtres, Un malade vou loit-il fe baigner, il le baignoît ; avoit-il envie de boire frais | 11 lui faifoit donner de la glace & de la neige. À ces réflexions , Galien ajoute que Thefla- lus n’avoit qu'un trop grand nombre d'imitateurs ; d’où nous devons conclure qu'on diflinguoit alors auffi bien qu'aujourd'hui, la fin dé l’art , & la inde l’ouvrier. Pline parie de ce médecin, comme d’un homme fer , infolent, & qui étoit, dit-il, f plein de la bonne opinion de fon mérite, qu'il prit le titre de vainqueur des Medecins , titre qu'il fit graver fur fon tableau qui eff fur la voie appienne. Jamais bate- leur , continue lPhiftorien, n’a patu en public avec une fuite plus nombreufe. Liv, XXIX, ch. D C'eft dommage que Theffalus ait fait vair tant de défauts, car on ne peut donter qu'il n’eñt de l’ef. prit & des lumieres. 11 compofa plufieurs ouvrages, introduifit l’abfhinence de trois jours pour la cure des maladies, fut Pinventeur de la métafyncrife, qui paroït être une doétrine judicieufe ; & pour tout dire, défendit, amplifia, & re@ifia fi confidérable. ment les principes de Thémifon , qu'il en fut fur- nomme l'inflaurateur de la méthode, Thograt ,: médecin arabe, philofophe, rhéteur , alchimifte , poëte & hiftorien, Il nâquit à Hifpa- han en Perfe. Ses talens l'éleverent à la dignité de premier miniftre du prince Mufchud,, frere du fou. dan d’Afie. Il amaffa dans ce poite des richeffes im: menfes ; mais fon maître s'étant révolté conire fon frere , 1l fut pris ; & Thograi fon minittre dépouillé de tout ce qu'il poflédoit , fut attaché à un arbre, ëc percé à coups de flèches , l'an de l’hégire SE ET A & de J. C. 1112. Outre fes œuvres hiforiques & poétiques, il à laiffé un ouvrage intitulé , Le rape de la nature ; 1 y traite de Palchimie. C. Valgius fut le premier des médecins romains après Pompeius Lenæus & Caton, qui écrivit de l’ufage des plantes dans la médecine ; cependant Pline, qui a’ fait cette remarque , ajoute que cet ou- vrage étoit très-médiocre , quoique lauteur pailat pour être favant, Pitus Fulens , médecin méthodique , qui eut avec Meflaline ; femme de l'empereur Claude, la même familiarité qu'Eudeme avoit ene avec. Livie , eft cité par Pline comme auteur d’une nouvelle fete, Îl y a néanmoins de l’apparence qne {1 do@rine né toit autre chofe que celle de T'hémifon , dévuitte par quelques changemens , qu'il fit à l'exemple des autres méthodiques , & dans le même deflein, je veux dire, de s’ériger en fonda:eur de fée, Pline ajoute que Valens étoit éloquent , & qu'il acquit une grande réputation dans fon art, [l eft-vraifem. biable que ce Valens eft le même que celui que Cæ- lius Aurelianus appelle Fa/ens lé phyfitien. Vindiciamus | médecin grec de la feéte des métho- diques’, vivoit vers lan 370: de J. C. & devint pre- mier médecin de l'empereur Valentinién. Nous n'a- vons de lui qu'une feule lettre fur la médecine, epif- 2012 de medecina : elle eft imprimée à Venife, cum antiquis medicis, chez Alde:1547. in-fol. p. 86. Xénophon , médecin de Claude , fut f avant dans la faveur, que cet empereur obligea le fénat à faire ün édit, par lequel on exemptoit, à la confidéra- tion du médecin, les habitans de l'ile. de Cos de tous impôts pour toujours: Cette île étoit la patrie de Xénophon, qui {e difoit de la race des 'Afclé. piades , où des defcendans d’Efculape: Maïs ce bien- fait n'empêcha pas ee méchant homme’, qui avoit “été gagné par Aprippine , de hâter la mort de {on ‘prince, en lui mettant dans le gofer pour le ‘faire vomir, une plume énduite d’un poifon très-prompt. faut bien difinguer le-Xézophoz dont on vient O oi 292 M E D de parler, d'avec le difciple d’Erafiftrate, Voilà la lifte des médecins célebres de l'antiquité dont parle l’hifteire ; & je ne doute point que le mérite de leur pratique , j'entends le mérite de la pratique des feétateurs d'Hippocrate & de Thémi- {on , ne l'emporte fur celle des modernes, en pro- diguant moins les remedes dans les maladies , en voulant moins accélerer les guérifons, en obfervant avec plus de foin les indications de la nature , en s’y prétant avec plus de confiance, & en fe bornant à partager avecelle l'honneur de la guérifon, fans prétendre s’en arroger la gloire. J’ajoute cependant, pour conclure ce difcours, & celui de la Médecine , que fi l’on vient à pefer mûrementle bien qu'ont procuré aux hommes, de- puis l'origine de l’art jufqu’à ce jour,une poignée de vrais fils d'Efculape , & le mal que la multitude 1m- menfe de doéteurs de cette profeflion a fait au genre humain dans cet efpace de tems ; on penfera fans doute qu'il feroit beaucoup plus avantageux qu'il n°y eût jamais eu de médecins dans le monde. C’étoit de fentiment de Boerhaave , l’homme le plus capa- ble de décider cette queftion, & en même tems le médecin qui, depuis Hippocrate, a le mieux mérité du public. (D.J. ) MÉDECINE , ce mot eft quelquefois fynonyme de remede où médicament, C’eft dans ce fens qu'il eftem- ployé dans cette expreflion , médecine univerfelle , c’eft-à-dire remede univerfel. Voyez MÉDECINE UNI- VERSELLE.Mais onentend plus communément dans Je langage ordinaire par le mot médecine, employé dans le fens de remede , une efpece particuliere de remedes ; favoir, les purgatifs & principalement même une potion purgative. (4) MÉDECINE UNIVERSELLE , ( Médec. & Chim.) c’eft-à-dire , remede univerfel, ou 4 tous maux ; chi- mere dont la recherche a été toujours fubordonnée à celle de la pierre philofophale , comme ne faifant qu'un feul & même être avec la pierre philofopha- le. Voyez PIERRE PHILOSOPHALE. (b) MÉDECINE MAGIQUE ,voye; ENCHANTEMENT, Médecine. MÉDÉE , (Hifi. grecq. & Mythol.) cette fille d'Hé- cate & d’Aëtes, roi de Colchide, joueun trop grand rôle dans la fable, dans l’'hiftoire & dans les écrits des poëtes, pour fupprimer entierement fon article. Paufanias , Diodore de Sicile , & autres huifto- riens nous peignent cette princefle comme une fem- me vertueufe, qui n’eut d’antre crime que d’aimer Jafon, qui l’abandonna lâchement, malgré les ga- ges qu'il avoit de fa tendrefle , pour époufer la fille de Créon ; une femme qui, étant en Colchide , fau- va la vie de plufieurs étrangers que le roi vouloit fai- re périr, & quine s'enfuit de fa patrie que par l’hor- reur qu’elle avoit des cruautés de fon pere : enfin, une reine abandonnée , perfécutée, qui, aprèsavoir eu inutilement recours aux garants des promefles de fon époux, fut obligée de pafler les mers pour cher- cher un afile dans les pays éloignés. : Les Corinthiens inviterent Médée à venir prendre chez eux pofleflion d’un trône qui lui étoit dû ; mais ces peuples inconftans, foit pour venger la mort de Créon dont ils accufoient cette princefle.. ou pour mettre fin aux intrigues qu’elle formoit pour aflurer la couronne à fes enfans , les lapiderent dans le temple de Junon, où 1ls s’étoient refupiés, Ce fait étoit encore connu de quelques perfonnes , lorfque Euripide entreprit de l’altérer fauffement en don- nant fa tragédie de Médée, Les Corinthiens lui firent préfent de cinqtalens , pour lengager de mettre fur le compte de Médée , le meurtre des jeunes princes dont leurs aieux étoient coupables. Ils fe flatterent avecraifon , que cette impofture s’accréditeroit par la réputation du poëte, & prendroit eufin la place d'une vérité qui leur étoit peu honorable: en effet, les tragiques qui fuivirent fe conformant à Euri- pide, inventerent à l’envi tous les autres crimes de l’hiftoire fabeuleufe de Médées les meurtres d’Abfyr- tes ,de Pélias, de Créon & de fa fille , l’'empoifon- nement de Théfée, &c. Cependant ceux qui ont chargé cettereine de tant de forfaits , n’ont pu s’empêcher de reconnoître que née vertueule , elle n’avoit été entrainée au vice que par une efpece de fatalité, 8 par le concours des dieux, fur-tout de Vénus, qui perfécuta fansre- lâche toute la race du Soleil, pour avoir découvert fon intrigue avec Mars. De-là ces fameufes paroles d'Ovide : Video meliora, proboque , deteriora fequor : paroles que Quinault a fi bien imitées dans ces deux vers : Le deflin de Médée ef? d'être criminelle ; Mais Jon cœur étort fait pour aimer la vertu. Outre Euripide qui choifit pour fa premiere piece de préfenter fur la fcène la vengeanceque Médée tira de l’infidélité de Jafon , Ovide avoit compofé une tragédie fur ce fujet, qui n’eft pas venue jufqu’à nous, & dont Quintilien nous a Confehre ce feul vers fi connu : Servare potui, perdere an poffim , rogas ? « Si j'ai pu le fauver , ne puis-je le détruire? » On dit que Mécénas avoit auff traité ce fujetà fa maniere ; mais 1l ne nous refte que la Médée de Sé- neque. Nous avons parmi les modernes la tragédie de Louis Dolce en italien , & en françois celle du grand Corneille. (D. J.) MÈDÉE , Pierre de, ( Hifi. nat.) medea ; nom donné par Pline à une pierre noire, traverfée par des vei- nes d’un jaune d’or, qui, felon lui, fuinte une li- queur de couleur de fafran , & qui a le goût du vin. MÉDELLIN , (Géog. ) en latin wecellinum , an- cienne ville d’Efpagne , dans l’Eftramadure, avec titre de comté ; elle eft dans une campagne fertile, fur la Guadiana. Long, 12, 42. lat, 38. 46, Quintus Cæcilius Metellus , conful romain, en eft regardé comme le fondateur, & l’on prétend que c’eft du nom de ce conful qu’elle a été appellée Me- tellinum. Quoi qu'il en foit, c’eft la patrie de Fer- nand Cortez, qui conquit le Mexique. Mais, dit M, de Voltaire , dans le som, III. de Jon effai fur l’hift. quel fut le prix des fervices inouis de Cortez? celui qu’eut Colomb ; 1l fut perfécuté ; & le même évêque Fonfeca ,quiavoit contribué à faire renvoyer le dé- couvreurde l’Amérique chargé de fers , voulut faire traiter. de même le vainqueur du Mexique : enfin, maloré les titres dont Cortez fût décoré dans fa pa- trie , il y fut peu confidéré , à peine put-il obtenir audience de Charles-quint. Un jour 1lfendit la pref- fe qui entouroit le coche de l’empereur , & monta fur létrier de la portiere. Charles demanda quel étoit cet homme ? C’ef?, répondit Cortez , ce/ur qui vous a donne plus d’etats, que vos peres ne vous ont laiffé de villes. (D. I.) MÉDELPADIE, LA ( Géog.) Medelpadia | pro vince maritime de Suede, fur le golfe de Bothnie, dans la Scandinavie ; elle eft hérifflée de monta- gnes , de forêts, & eft arrofée de trois rivieres , dont la plus feptentrionale la traverfe dans toute fa longueur , & s'appelle {zdal. Sundfwald en eft la capitale. MÉDEMBLICK , ( Géog.) ville des Provinces= unies dans la Weftfrile , fur le Zuyderfée. Les hif- toriens du pays ont appellé cette ville Medemleck , à caufe d’un lac de ce nom , que traverfoit la riviere Hifla.. Alting dit que medem fignifie des prairies chez les Fnifons , & c’eft-de-là peut-être que le mot an: glois meadow ; une prairie, tire fon origine, Le lac dont on vient de parler, eft préfentement confondu avec le Zuyderzée, quiauroit bientôt ab- forbé la ville-même, fans les belles & fortes digues qui en font la füreté. La riviere Hifla eft apparem- ment le Lefc, ruifleau fouvent confondu avec les canaux pratiqués , mais qui reparoît encore avec fon nom au fud de Wogum, en tirant vers Hoorn. Médemblick a efluyé fes malheurs, comme d’au- tres villes ; elle fut prife en 1517 par les Gueldrois, qui la brûülerent , & incendiée en 1556. Elle a réparé fes pertes, &a creufé de beaux canaux pour mettre les navires à couvert. Elle a la feconde chambre de la compagnie des Indes orientales, poflede un peu plus du cinquieme du total du fonds de la compa- gnie entiere, &t envoie fes députés aux états de la province ; où elle a la dix-feptieme voix. Elle eft fur la mer avec un bon havre , à 3 lieues d'Enkhuy- fen , 3 lieues & demie deHoorn, autant d’Almaat , & 9 N. O.d’Amfterdam, Longir. 22. 28. larirud, 32, 47. (D.J.) MEDENA , ( Géog. anc. ) ancien nom de la ville aujourd’hui nommée Newport, dans l’île de Wight, fur la côte d'Angleterre. MÉDENIENS , en latin Mederi , en grec Mndwros, ( Géog. anc. ) ancien peuple de l’Afrique propre , fe- lon Prolomée , Zv. IF, chap. ïij. Is avoient une ville du tems de Belifaire, zommée Médene où Midene , & qui étoit fituée aux confins de la Numidie & de lA- rique, non loin de Madaure. MÉDÉON , ( Géog. anc. ÿ nom commun à deux villes de Grece ; l’une, dont parlent Homere & Stra- bon , étoit en Béotie ; l’autre étoit en Phocide , af- {ez près d’Anticyre, dans le golfe Crifléen. Cette derniere fut détruite par le roi Philippe durant la guerre facrée. | | MEDES, (Géog.) peuples de Médie. Voyez MÉDIE. Les anciens auteurs grecs confondent les noms des Medes & des Perfes , à caufe que ces peuples vinrent à ne compofer proprement qu’une nation qui vivoit fous les mêmes fouverains , & felon Les mêmes lois. Les rois de Médie avant Cyrus, petit-fils d’Achémé- nés , étoient vrais Medes ; mais depuis que cette _tace fut éteinte ; les noms de Mode &c de Médie fe perpétuerent avec honneur fous les Perfes, ou Aché- ménides. Echbatane capitale de Médie, étoit aufi-. bien que Suze , la réfidence du roi de Perfe. Il paf- foit l'été dans la premiere, & l'hiver dans l’autre ; fonroyaume pouvoit donc également s’appeller Mé- die ou Perfe, & fes fujets Perfes ou Medes. Ces der- niers même depuis la jonétion des deux monarchies, conferverent dans la Grece l’éclat de leur nom, & la haute réputation de leursarmes, comme on le voit dans Hérodote , Zv. VI.( DJ.) MEDIÆ , murus, ( Géog, anc. ) mur dans l’Af. fyrie entre le Tigre & l’Euphrate, au-deflus de Ba- bylone &c d'Opire. Xénophon, Liv. I. chap. üj. en parle ainfi dans la retraite des dix mille. On arriva au mur de la Médie, qui a quelques cent piés de-haut , vingt d'épaifleur , & s'étend, à ce qu’on dit , au- delà de vingt lieues. IL eft tout bâti de briques liéés enfemble avec du bitume , comme les murs de Ba- bylone dont il n’eft pas fort éloigné. (D.J.) MÉDIALES, adj. ( Ecrivain. ) fe dit dans l’écritu- re , decertaines lettres quine fe placent bien effe@ti- vement.qu'au milieu des mots, comme f'ainf faite, d;r,p, 8. Voyez le vol. des PL, à la table de l’écri- ture, Planche des majufcules coulées. . MÉDIANA, ( Géog. anc. ) nom d’une ville d’A- fie dans l’'Orrhoëne, & d’une ville épifcopale d’A- frique, dans la Mauritanie fitifen{e. (D...) MEDIAN , ANE , adj.ez Anatomie , c’eft ainfi que l’on appelle un nerf du bras & une veine. - Ce nerf eff fitué entre le nerf mufculocutané & M E D 293 lé nerfcubital, Il naît de l'union de la fixième paire cervicale avec les deux paires précédentes, & de la feptieme avec la premiere paire dorfale : il defcend avec l’artere brachialele long du bras ; & ayant paf: fé avec elle par-deffous l’aponévrofe du biceps, il defcend entre les mufcles fublime & profond tout le long de la partie interne de l’avant-bras : il jette dans ce trajet plufieurs filets , &xvient enfuite paffer fous le ligament tranfver{al du poignet dans la pau» me de la main, où il donne plufeurs rameaux au pouce ; au doigtindex, au doigt dumilieu, au doipt annulaire, | La veine mediane eft formée pat la réunion de la céphalique & de la bafilique dans le pli du coude, Ce n’eft pas une veine particuliere, ou une troifies meveine du bras, comme croient quelques auteurs ; mais une fimple branche de la bafilique, qui s’éten- dant fur la partie interne du conde , s’unit à la cé: phalique, & forme une veine éommune, appellée mediane , & par les Arabes veine noire. Voyez nos Planihes d’Anat, La mediane céphaliqué eft la branche la plus cout te des deux qui s’uniffent à la céphalique vers le pli du bras. Voyez CÉPHALIQUE. La mediane céphalique defcend obliqiement vers le milieu du pli du bras fur les tegumens & par:defa fus le tendon du biceps, où elle s’ünit à une pareille branche tordue de la veine baflique, appellée me« diane bafilique. Voyez Basix1QUE. MEDIANOCEHE ; f. f.(Gramm. ) térme qui nous vient d'Italie ; c’eft un repas qui fe fait la nuit , après un bal où un autre divértiffement , au paflage d’un jour maigre à un jour gras. MÉDIANTE,, f f. (Mufique. ) eft en mufiqtie , la corde ou le fon qui partage en deux tierces l’interval. le de quinte qui fe trouve de la tonique à la domi= nante, L'une de ces tierces eft toujours majeure, 8 l'autre mineure ; quand la tierce majeure fe trouve augrave, c'eftà-dire, entre la médiante & la toni= que ; le mode eft toujours majeur ; mineur, quand [a tierce majeure eft à l’aigu, & la mineure au graves Voyez MODE , TONIQUE, DOMINANTE. (S) MÉDIASTIN , f. m. er Anatomie, eft une cloii fon formée par la-rencontre des deux facs qui tapifs fent la poitrine , & fervent à divifer le thorax & les poumons en deux parties , à foutenir les vifceres & à empêcher qu’ils ne tombent d’un côté du thorax dans l’autre. Poyez THoRAx, &c. Il vient du flernum, & traverfant tout droit le milieu du thorax jufqu'aux vertebres, il partage en deux cette cavité. Les deux lames dont il eft com: poié, s’écartent en bas pour loger le cœur, & le pe- ricarde: l’œfophage , l'aorte & différens nerfs paf= fent dans cette duplicature , qui feble leur former des efpeces de loges par l’écartement & le tappro- chement de fes membranes en certains endroits. Il reçoit des branches de veines &c d’arteres des mam- maires,des diaphragmatiques & des intercoftales:fes branches font nommées mediaflines : fes nerfs vien- nent de la huitieme paire & des diaphragmatiques 3 il a aufliquelques vaïfleaux lymphatiques qui fe dé= chargent dans le canal thorachique, Le rediaflin divife en deux le thorax dans fa lon“ gueur. Le rmediaflin {ert à retenir les lobes du poumon > qui feroient tombés l’un fur l’autre quand nous au- rions été couchés fur les côtés ; la circulation & la refpiration euflent fouffert de cette compreffion: de plus , il étoit à propos que l’œfophage ne füt pas . flottant, & qu’il ne pût être comprimé par le poids des poumons ; la nature attentive a d’abordréuniles lames du médiaftin pour y enfermer l'aorte & las zgos, enfuite elle lesa féparées pour embrafer l’o. fophage ; mais le cœur fur-tout n’ayoitil pas be» 294 MER foin d’un lieu qui l’affermit dans fa poñition , & qui lui formât pour ainfi dire une caifle qui l’empêchät de flotrer & qui foutint un peu l'effort des poumons ? Voyez CŒUR, POUMON, &c. MÉDIASTINE., (Anatom.) c’eft le nom des ar- teres & des veines, qui fe ditribuent au médiaftin. Voyez MÉDIASTIN. MEDIASTITICUS ou MEDIXTUTICUS, fubft. mafc. ( if anc. ) c’étoit autrefois le premier magiftrat à Capoue. Il avoit dans cette ville la même autorité que le contul à Rome. On aboht cette ma- giftrature , lorfque Capoue quitta le parti des Ro- mains pour fe fonmettre à Anmbal. MÉDIAT , adj. (Gramm.) terme relatif à deux. extrèmes ; il fe dit de la chole qui les fépare. Ainf Ja fubftance eft genre à l’épard de l’homme ; mais ce n’eft pas le genre média, Il a fur moi une puiflance médiare, c'elt-à-dire que c’eft de lui que la tiennent -ceux qui l’exercent immédiatement fur moi. MÉDIATS , (Hifi. Jurifprud.) c'eft ainfi que dans Pempire d'Allemagne on nomme ceux qui ne poffe- -dent point des fiets qui relevent immédiatement de lempire ; on les nomme auffi andfaffes. Voyez cet article. MÉDIATEUR, f. m. ( Théol, ) celui qui s’entre- met entre deux contraétans , ou qui porte les paroles de lPun à l’autre pour les lui faire agréer. Dans les alliances entre Les hommes où le faint nom de Dieu intervient , Dieu eft le témoin & le médiateur des promefles & des engagemens récipro- ques que les hommes prennent enfemble. Lorique Dieu voulut donner fa loi aux Hébreux, & qu'il fit alliance avec eux à Sinaï, il fallut un médiateur qui portât les paroles de Dieu aux Hé- breux & les réponfes des Hébreux à Dieu , & ce médiateur fut Moife. Dans la nouvelle alliance que Dieu a voulu faire avec l'Eglife chrétienne , Jefus-Chrift a été le me- diateur de rédemption entre Dieu & les hommes ; il a été le répondant , l’hoftie , le prêtre & l’entre- metteur de cette nouvelle. alliance. Mediator Dei & hominum homo Chriflus Jefus , Tim. xj. 5. Saint Paul, dans fon épître aux Hébreux, relève admirable- ment cette qualité de médiateur du nouveau Tefta- ment qui a été exercée par Jefus-Chrift. - Ouire ce feul & unique Médiateur desrédemption, les. Catholiques reconnoiflent pour médiareurs d'in- æerceffion entre Dieu &c les hommes les prètres & Les miniires du Seigneur , qui ofrentles prieres publi- ques & les facrifices au nom de toute l’Eglife. Ils donnent encore le même nom aux faints perfonna- ges vivans. , aux prieres defquels 1ls fe recomman- dent , aux. anges qui portent ces prieres jufqu’au trône de Dieu \saux faints qui regnent dans:lé ciel &8t qui intercedent pour les fideles qui font fur la terre. Et cette expreflionsne déroge en rien à l’uni- que & fouveraine médiation deJefus-Chrift , ainfi que nous lereprochent les proteftans, qui, comme on voit , abufent à cet égard du nom de wédia- æeur… ( G), MÉDIATEUR, f, m. (Politique. ) lorfque des na- tions fe font la guerre pour foutenir leurs'préten- tions réciproques , on donne.le nom de-rédiateur à un fouverain ou à un état neutre , qui offre fes bons offices pour'ajufter les! différends des puiffances bel- lgérantes, pour régler à l'amiable leurs prétentions, & pour rapprocher lés efprits des princes ; que les fureurs de la.-guerre, ont: fouvent trop ahénéspour écouter la raifon., ou pour.vouloir traiter de Ja paix direétement les uns-avec-lés-autres. Pour cet effet, 1l faut que la médiation foit «acceptée par toutes les parties Antéreflées ; 1] fautique le médiateur ne foit point lui-même engagé dans la guerre que l’on veut fermier ;; qu'il ne fayorife point une des puiffances : Æ : si MER aux déperis de l’autre ; en un mot , il faut que fai- fant en quelque façon les fonéions d’arbitre & de concihateur , il fe montre équitable, impartial & ami de la paix. Le rôle de conciliateur eft le plus beau qu'un fouverain puifle jouer ; aux yeux de . l’homme humain & fage , il eft préférable à l'éclat. odieux que donnent des viétoires fanguinaires , qui font toujours des malheurs pour ceux mêmes quiles remportent , & qui les achetent au prix du fang , des trélors & du repôs de leurs fugets. MÉDIATEUR , (if, de Conflant.) en grec peragovs On nommoit riédiateurs | peoaCwvres , {ous les empe- reurs de Conftantinople, les miniftres d'état , qui avoient l’adminiftration de toutes les affaires de la cour ; leur chef ou leur préfident s’appelloit le grazd médiateur ; peyas péCasar 5 & c'étoit un poite de grande importance. (D. J.) MÉDIATEUR, (Jez,) au jeu de ce nom, c’eft un roi que demande à l’un des joueurs un autre joueur qui peut faire fix levées à l’aide feule de ce roi. Il. joue feul , & gagné feul alors , & donne pour le roi qu'il demande telle carte de fon jeu qu'il veut àce- lui qui le lui remet, & une fiche ou deux, s’il joue encouleur favorite. 4 Ce jeu eft, à proprement parler , un quadrille, où pour corriger en quelque façon, ou plutôt pour étendre à tous les joueurs , l'avantage confidérable de pouvoir jouer avec leur jeu au préjudice même du premier en cartes, on a ajouté à la maniere: ordinaire de jouer le quadrille , celle de le jouer avec le rrédiateur & la couleur favorite , ce qui rend ce jeu beaucoup plus amufant : au refte, cette pe- tite addition ne change rien à la maniere ordinaire de jouer le quadrille , il y faut le même nombre de cartes , elles ont la même valeur ; & c’eft la même quantité de perfonnes qui jouent. Celui qui demande en appellant dans la couleur favorite, a la préférence fur un autre qui aufoit demandé avant lui en cou- leur fimple. Celui qui demande avec le médiateur, a la préférence fur un autre qui demanderoit fim- plement , en ce cas il doit faire fix mains feul pour gagner, Celui qui demande avec le médiareur dans: la couleur favorite, doit avoir la préférence fur unt autre qui demande avec le zrédiareur dans une des: autres couleurs, Célui qui joue fans-prendre dans une autre couleur que la favorite , aura la préfé- rence fur celui qui ne jouera que le médiateur ; ou qui auroit demandé , le {ans-prendre en couleur fa- vorite a la préférence fur tous les autres jeux. Foyez SANS-PRENDRE. À l’égard de la maniere de jouer le: médiareur , elle eft la même que celle du jeu de qua- drillesordinaire, tant pour celui qui demande: en ap- pellant un roi , foit dans la couleur ‘favorite, foit en couleur fimple , que pour celui qui joue fans- prendre en-couleur favorite, ou autrement. La feule différence qu'il y ait dans ces deux jeux, eft lorf- qu'un des joueurs demande le médiateur ; alors äl eft obligé de jouer feul, & de faire fix levées comme s’il jouoit fans-prendre. Celui qui a demandé le #26: diareur, doit, s'il n’eit pas premier , jouer de Lx couleur de fon roi ; parce qu'l eft à prélumer qu’il aiplufñeurs cartes de la couieur dé cé roi qui, par ce moyen, peut être coupé. Il faut obferver anfit de ne point jouer dans le roi appellé quand Phombre eft dernier en carte , ou qu'il ne peutjouer dans la couleur de fon roi, parceque par-là on feroit l’avane tage de fon jeu : & que quand on le couperoit , pourroit ne mettre qu’une baffe carte , &c le garder pour quandilauroit fait tomber tous [es atous. Le jeu femarque par celui qui mêle en mettant devant lui le nombre de fiches qu'on eft convenu, qui eft de deux ordinairement pour le jeu , &'de quatre pour les matadors, que ceux qui les ont tirent en’ treux deux: pour fpadille’, & un pour-chacun des ME D autres. Ceux qui ont gagné par demande én éou- leur fimple, reçoivent fix Jettons chacun de chaque joueur, & chacun une fiche ; s'ils perdent parremifes ils perdent quatre jettons de confolation , & fix f c'eft par cocuile. Si le roi appellé fait deux mains, il ne doit point payer ni bête, ni confolation : ceux qui gagnént dans la couleur favorite par demande funple , fe font payer chacun douze jettons des deux autres joueurs ; ils en donnent huit s'ils perdent par remile , & douze par codille. Celui qui a gagné avec le zrédiateur , doit recevoir feize jettons de chacunk s’il perd par remife, il en doit donner quatorze à chacun, & feize par codille. Celui qui a gagné en jouant dens la couleur favorite avec le médiateur ,| doit recevoir de chacun trente- deux jettons, & doit en donner vingt-huit à chaque joueur s’il perd par remife , & trente-deux par codille. Cehn quia gagné un fans-prendre dans une autre couleur que là favorite , doit recevoir vingt-fix jet- tons de chacun ; s'il perd par codille, il payera pa- reil nombre à tous les joneurs , & vingt-quatre par remife. à Celui qui gagne fans-prendre dans la couleur favorite ; doit récevoir cinquante-deux jettons de Chacun ; 1l en paye pareil nombre aux joueurs s’il perdcodille , &-quarante-huit s’il perd par remife : pour da vole en couleur fimple deux fiches, en fa: vorite quatre; pour la vole avec le zzédiareur en fim- pie trois fiches, & fix en favorite ; pourda vole & le fans prendre ordinaire quatre fiches , en couler favorite huit fiches. On paye deux jettonspour cha- que matador , riquatre en couleur favorite, Il y a des maifons où l’on paye deux fiches pour fpadille, &tune pour chacun des autres matadors, Il y a même des perfonnes qui ne comptent point les matadors, & qui veulent que l’on donne une fiche pour tous ceux qu'on peut avoir, & deux quand on les a dans la couleur favorite. Il faut encore obferver qu’on peut jouer le médiateur & annoncer la vole, & que cehu qui demande le médiateur & annonce la vole, doit emporter fur celui qui a demandé le rédiateur fans l’annoncer , parce qu'il eft à préfumer que ce- lui qui annonce ainf la vole, doit avoir dans fon jeu de quoi faire neuflevées , ou tout-au-moins huit avec une dame dont il demande le roi, & parce qu'il rique de perdre la vole annoncée , fi {on roi eff coupé, comme cela peut arriver ; de même celui qui peut entreprendre la vole avec le fecours d’un médiateur , doit l'emporter fur celui qui a de quoi jouer fans prendre. Quant aux bêtes 8z à leurs paye- mens, tien de plus facile à concevoir ; toute bête augmente de vingt-huit fur celle qui eft déja faite ; la prenuere , par exemple , éft vingt-huit ; la fe- conde, de cinquante-fix ; la troifieme , de quatre- vingt-quatre , & ainf des autres. La plus haute fe paye toujours la premiere. Ce jeu, comme on le voit , étant bien mené & bien entendu, ne peut être que fort amufant, , MÉDIATION , ff. (Géom, ) felon certains au- teurs anciens d'arithmétique ; eff la divifion par 2, on lorfqw’on prend la moitié de quelque nombre où quantité. Ce mot n’eft plus en ufage : ‘on fe fert plus communément de celuide Æiparrition , qui nef pas lui-même trop ufiré ; &lorfqu’il s’agit de lignes, on dit éffeion. Voyez BISSECTION. . MEDICAGO, (Botan.) genre de plante à fleur papilionacée ; le piftil fort du calice, & devient, quand la fleur eft pañlée, un fruit plat , arrondi, en forme de faux , & qui renferme une femence à- peu-près de la figure d’un rein. Tournefort, 1nf. Te herb. Voyez PLANTE. M. de Tournefort compte quatre efpeces de ce genre de plante , dont la plus commune fe nomme Pedicago ; annuca ; trifolir facie. Les feuilles naïffent M E D 29$ au nombre de trois fur unéqueue , comme aû trefle ordinairé ; fa fleur eft légumineute , foutenue par un cornet , dentelée ; lorique cette fleur ef pañlée le piftil devient un fruit applati, plus late que l’on: gle du pouce, coupé enfraife, & compoié de deux lames appliquées l’une fur l’autre , qui renferment quelques femences de la figure d’un petit rein, (D. J.) MÉDICAL , adj, (Gramm.) qui appartient À la Médecine : amf l’on dit sutiere médicale , & l’on entend par cette exprefion la colle@ion de toutes les fubftances que la Médecine emploie en médica- mens. Létude de la matiere médicale eft une branche trés-1mportante de la Médecine. Les Médecins étran. gers me femblent plus convaincus de cette vérité que les nôtres. MÉDICAMENT , £ m. (Thérapeutique. ) où REs« MEDE ; ces deux mots ne font cependant point tou jours fynonymes. Voyez REMEDE, | On appelle édisament toute matiere qui eft capas ble de produire dans lanimal vivant des changes mens utiles; c'eft-à-dire propres à rétablir ta fanté, Où à en prévenir les dérangemens , foit qu'on leg prenne intérieurement ;ou qu'on les applique exté- rieurement, | Cette diverfité d'application établit la divifon générale des médicamens en externes & en internes. Quelques pharmacologiftes ont ajouté À cette di- viñon un troifieme membre ; ils ont reconnu des 1762 dicaiens MOYENS: mais On ya Voir que cette der niere difiinétion eft fuperflue. Car ce qui fonde ef fentiellement la différence des médi:amens internes & des externes, c’eft la différente étendue de leur attion, Les internes étant reçus dans l’eftomac , êt étant mis ainfi à portée de pañler dans le fang par les voies du chyie, & de pénétrèr danstoutes les routes de la circulation, c'eft-à dire jufque dans les plus perits organes & les moindres poruons des liqueurs, font capables d'exercer une opération générale, d'affefter immédiatement la machineien. tierc. Les externes fe bornent 1enfbiement à une opération particuliere {ur les organes extérieurs, ils ne méritent véritablement ce titre. que lorfque leur opération ne s’éiend pas plus loin; car fi l’on introduit par les pores de la peau un remede qui pé- nétre , par cette woie, dans les voies dela cireuias tion , où feulement dans le fyftème parenchyma- teux & ‘cellulaire; ou fimn remede appliqué à Ja peau, produit fur cet organe une afiéhion qui fe communique à toute la machine, ou à quelque or- gane intérieur, ce médicament {e rapproche beau- coup du caraétere propre des médicamens internes. Ainf les bains , les friétions &7 les fumigations mer curielles, les véfcatoires, la fomentation avec la décoëtion de tabac qui purge ou fait vomir, ne font pas proprement des remedes externes, où du moins ne méritent ce nom que par une circonftance peu importante de leur adminifiration. Il {eroit donc plus exaët 87 plus lumineux de difinguer les reme- des, fous ce point de vüe, en univerfels, &en to- piques où locaux. Les médicamens appellés #oyens fe rangeroient d'eux-mêmes fous l’un.ou fous l’au- tre chef de cette divilion. On a ainfi appellé ceux qu'on portoit dans les diverfés cavités du corps qui ont des orifices à l'extérieur; les lavemens , les gat- garifmes, les injefhions dans la vulve, dans lure- tre les narines , Ge, éroient des rmidicamens moyens. Il eff clair que % un lavement , par exemple, pur: ge , faitevomir, rovéille d’une affection foporeufe,, éc. al eft remede univerfel, que fi au contraire Al ne fait que ramollir des excrémens ramañfes & dur cis dans les wros inteftins, déterger un ulcere de ces parties, Gc. il eft véritablement topique, Une feconde divifion des médiramens, c'eftcelle 296 MED qui eft fondée fur leur aétion méchanique ; c’eft-à- dire dépendante du poids, de la mañle, de l'effort, de l'impulfon , éc. & de leura@tion appellée pkyf- que , c’eft-à-dire occulte, & qui fera chimique fi ja- mais elle devient manifefte. L’aétion méchanique eft fenfible: par exemple, dans le mercure coulant donné dans le volvulus, pour forcer le paffage in- tercepté du canal inteftinal, comme dans la flagel- lation , les ligatures, lesfri@tions feches, la fuccion des ventoufes, &c. l’aétion occulte eft. celle d’un purgatif, d’un diurétique , d’un narcotique quelcon:- que, &c. c’eft celle d’une certaine liqueur, d'une telle poudre , d’un tel extrait, éc. qui produit dans le corps animal des effets particuliers & propres, que telle autre liqueur, telle autre poudre, tel autre extrait méchaniquement , c’eft-à-dire fenfiblement identique , ne fauroient produire. Cette aétion oc- culte ef la vertu médicamenteufe proprement dite: les corps qui agiffent méchaniquement fur Panimal, -portent à peine, ne portent point même pour la plû- part le nom de médicament, mais font & doivent être confondus dans l’ordre plus général des fecours médicinaux ou remedes, en prenant ce dernier mot dans fon fens le plus étendu. Foyez REMEDE. En attendant que la Chimie foit aflez perfeétion- née pour qu’elle puifle déterminer, fpécifier , dé- montrer le vrai principe d’aétion dans les médica- mens , les médecins n’ont abfolnument d’autre fource de connoïffance fur leur aétion , ou pour mieux dire fur leurs effets, que l’obfervation empirique. Quant à l’affeétion, à la réaétion du fujet, du corps animal , aux mouvemens excités dans la machine par les divers médicamens ; à la [érie , la {ucceffion des changemens qui amenent le rétabliflement de l'intégrité & de l’ordre des fondions animales, c’eft- à-dire de la fanté ; la fäine théorie médicinale ef, -ou du moins devroit être tout aufli muette &c aufli modefte que la chimie raifonnable l’eft fur la caufe de ces changemens, confiderée dans les rédicamens; mais les médecins ont beaucoup difcouru, raifon- né, beaucoup théorifé fur cet objet, parce qu'ils difcourent fur tout. Le fuccès conftamment mal- heureux de routes ces tentatives théoriques eff très- remarquable , même fur le plus prochain , le plus fimple , le plus fenfible de ces objets, favoir leur effet immédiat, le vomifflement, la purgation, la fueur, Ec. on plus prochainement encore l'irrita- tion. Que doit-ce être fur lation éleétive des mé- dicamens, fur leur pente particuliere vers certains organes , latête, les reins, la peau, les glandes fa- livaires, &c; ou fi l’on veut leur affinité avec cer- taines humeurs, comme la bile, l'urine, 6:c; car quoiqu’on ait outré le dogme de la détermination conftante des divers remedes vers certains organes, 8 qu'il foit très-vraique plufieurs remedes fe por- tent vers plufieurs couloirs en même tems, ou wers différens couloirs dans différentes circonf- tances; que le même médicament foit communément diurétique , diaphorétique & emménagogue, &t que le kermès minéral, par exemple, produife felon les divérfes difpofitions du corps, ou par la variété des dofes, le vomiffement, la purgation, la fueur ou des crachats ; il eft très-évident cependant que quel- ques remedes affeétent conftamment certaines par- ties ; que les cantharides & le nitre fe portent fur les voies des urines, le mercure fur les glandes fali- vaires, l’aloës fur la matrice & les vaifleaux hé- morrhoïdaux , 6c: encore un coup , tout ce que la théorie médicinale a établi fur cette matiere eft ab- folument nul, n’eftqu’un pur jargon ; mais nous le repétons aufh, l’art y perd peu, l’obfervation em- pirique bien entendue fufiit pour l'éclairer à cet égard. Relativement aux effets immédiats dont nous ve- MED. nons de parler , les médicemens font divifés'en alté= rans, c’eft-à-dire produifant fur Les folides owfu* les humeurs des changemens cachés, ou quiine fe manifeftent que par.des effets éloignés, & dont les médecins ont évalué lPaétion immédiate par des conjeétures déduites de ces effets, & en évacuant. L'article ALTÉRANT ayant été omis, nous expofe- rons ici les fubdivifions dans lefquelles on a diftri- bué les r7édicamens de cette clafle, & nous renver- rons abfolument aux articles particuliers, parce que les généralités ne nous paroïflent pas propres à inftruire fur cette matiere. Les différens a/sérans ont été appellés émolliens, délayans, relâchans, in- craflans , apéritifs, incififs, fondans, déterffs , af= tringens, abforbans, vulnéraires, échauffans, r:- fraîchiflans, fortifians, cordiaux , ffomachiques, to= niques , nervins, antifpafmodiques, hyftériques , céphaliques, narcotiques, tempérans ou fédatifs , repercuffifs, ftyptiques, mondificatifs , réfolutifs ; fuppuratifs , farcotiques ou cicatrifans , defficatifs , efcarrotiques , corrofifs. (Voyez ces articles.) La fubdivifion des évacuans eft expofée au mot ÉVACUANT. (Voyez cer article.) 1 | Les médicamens font encore diftingués en doux ou benins, & en aétifs ou forts; ces termes: s’expli- quent d'eux-mêmes. Nousobferverons feulementque les derniers ne différent réellement des poifonsique par la dofe ; & qu’il eft même de leur eflence d’être dangereux à une trop haute dofe. Car l’aétion vrai- ment efficace des medicamens réels doit porter dans la machine un trouble vif & foudain, & dont par conféquent un certain excès pourroit devenir fu- nefte. Aufñ les anciens défignoient-ils par un même nom, les médicamens & les poifons ; ils les appel- loient indiftin@ement pharmaca. Les médicamens be- nins , innocens , exercent à peine une aétion direéte & véritablement curative. Souventils ne fontrien; & quand ils font vraiment utiles , c’eft en difpo- fant de loin &c à la longue, les organes ou les hu- meurs à des changemens qui font principalement opérés par l’aétion fpontanée!, naturelle de la vie; êt auxquels ces remedes doux n’ont par conféquent contribué que comme des moyens fubfidiaires très- fubordonnés ; au lieu qu’encore un coup, les médz- camens forts bouleverfent toute la machine, & la déterminent à un changement violent, forcé , {ou- dain. | Il y a encore des médicamens appellés a/menteux. On à donné cc nom & celui d’aliment médicamen- teux, à certaines matieres qu'on a cru propres à nourrir & à guerir en même tems, par exemple à tous les prétendus incraffans, au lait, 6e. Woyez INCRASSANS , LAIT & NOURRISSANS. Les rrédicamens {ont difingués enfin, eu égard à certaines circonftances de leur préparation, en fim- ples & compofés, officinaux, magiftraux & fecrets (voyez ces articles.) ; en chimiques & galéniques. Voyez l’article PHARMACIE, La partie de la Medècine qui traite de lanature & de la préparation des médicamens , eft appellée Phar- macologie , & elle eft une branche de la Thérapeuti- que (voyez PHARMACOLOGIE 6 THÉRAPEUTI- QUE. ); & la provifon , le tréfor de toutesles matie- res premieres ou fimpies, dont on tire les meédica- mens , s'appelle zatiere médicale. Les trois regnes dela nature (voyez REGNE, Chimie.) fourniffent abondamment les divers fujets de cette colleëtion, que les pharmacologiftes ont coutume de divifer fe- lon ces trois grandes fources ; ce qui eft un point de vûe plus propre cependant à l’hiftoire naturelle de ces divers fujets, qu’à leur hiftoire médicinale, quoiqu’on doive convenir que chacun de ces regnes imprime à çes produits refpedifs , un çaraGere de (at étal qui n'eft pas abfolument étranger À feuf vettii médicamenteufe, (2) MEÉDICAMENFEUSE ; PIERRE: Voyez fous de mot PIERRE , pierre médicamentenft, MÉDICAMENTEUX , (Régule d'anrimoine.) Voyez RÉGULE MÉDICINAL, /ous Le mot ANTI- MOINE. | MÉDICINAL, adj. (Gram.) qui a quelque pro: priété relative à l’objet de la Médecine. C’éft en ce fens qu’on dit une plante médicinale, des eaux né- dicinales. | | MEpiCINALES, Heures,( Malad, )on nomme ainfi lés tems du jour que lon éftime propres à prendre lès médicamens ordonnés par les Médecins. On en reconnoît ordinairement quatte ; favoit , le ma- tin à jeun, une heure environ avant le dîner, qua- tre heures environ après dîner , & enfin le tems de fe coucher: voilà à-peu-près comme on regle les momens de prendre des médicamens dans les mala- dies qui ne demandent pas une diette auftere, tel« lés que les fievresintermittentes , les maladies chro- niques ; mais dans les maladies aiguës, les tems doi- vent être réglés par les fymptômes & l’augmenta- tion de la maladie , fans aucun égard aux heures me- dicinales, Outre cela , lorfqu’un malade dort & re- pofe d’un fommeil tranquille , il ne faut pas le tirer de fon fommeil pour lui faire prendre une potion ou un bol. - Les. heures médicinales dépendent encore de l’ac- tion & de la qualité des remedes , comme auf du tempérament des malades & de leur appétit, de Leur façon de digérer, & de la liberté ou de la pareffe que les différens organes ont chez eux à exercer leurs fon@ions. MÉDICINIER , f. m. ( Ricinoides Botañ. ) genre de plante à fleur en rofe qui a plufieurs pétales dif- pofés en rond , & foutenus par nn'calice compofé de plufieurs feuilles, & flérile. L’embryon naît fur d’autres parties de la plante, il eft enveloppé d’un calice, & devient dans la fuite un fruit partagé en trois capfules ; remplies d’une femence oblongue, Tournefort , inf. rei appendix herb. Voyez PLANTE. _ MEDICINIER, (Boran.) PIGNON , en latin van- _fheedia folio fub rotundo , fruëlu luteo. Arbufte de l’A- mérique dont le bois eft fibreux , coriace, mol & léger ; fes branches s’entrelacent facilement les unes dans les autres , elles font garnies de feuilles larges, prefque rondes , un peu anguleufes à leur extrémité & fur les côtes ; ces feuilles font attachées à de longues queues, qui étant féparées des branches, répandent quelques gouttes d’un fuc blanchâtre , vifqueux, caufant de l’Âpreté étant mis fur la lan- gue , 6e formant fur le linge de très-vilaines taches roufles qui ne s’en vont point à la leffive; cet arbre s'emploie à faire des hayes &c des clôtures de jardin. Les fleurs du redicinier viennent par bouquets; elles font compofées de plufieurs pétales d’une couleur blanchâtre , tirant fur le verd , difpofées en efpece de rofe & couvrant un pifüil qui fe change en un fruit rond, de la groffeur d’un œufde pigeon, cou- Vert d’une peau épaifle, verte, life, & qui jaunit en mûriffant : ce fruit renferme deux & quelquefois trois pignons oblongs, couverts d’une petite écorce noire un peu chagrinée , feche , caffante , renfer- mant une amande très-blanche, très-délicate, ayant un goût approchant de celui de la noiïfette , mais dont il faut fe méfier ; c’eft un des plus violens pur- gatifs de la nature, agiffant par haut & par bas. Quelques habitans des îles s’en fervent pour leurs _négres & même pour eux ; quatre ou cinq de ces pignons mangés à jeun & précipités dans l’eftomac ar un verre d'eau, produifent l'effet de trois ou quatre grains d’émétique. On peut en tirer une hui- le par exprefion & fans feu , dont deux ou trois Tome X, M ED 207 | gottes thifes dans une tafle de chocolat né lai com. muiiquent aucun goût , & purgent aufi-bien que les pignons ; mais cette épreuve ne doit être tentée que pat un habile 8 très-prudent médecin, M £s ROMAIN. | … MEDICIRIER d'Amérique, (Boran. éxor.) Voyez RiciN & RICINO1DE d'Amérique. (Botan:) MEDICINTER dE fpagne , (Boran. exot.) , voyez la defcription de cette plante fous le motRicrn: Voyez Prenon D’INpe. | MEDICINIER ; (Mar. méd,) Riciñnoide, ricin d’As mérique , pignon de Batbarie, La graine de cette plante eft un purgatif émétique des plus violens même à une très-foible dofe ; pa exemple, à celle de trois ou quatre de ces femences avalées entieres : enforte qu’on ne peut guères l'em-. ployer fans danger. Foyez PurGaTIr. On retire de ces femences une huile pat expref- fion, que les auteurs afurent être puiflamment réfo- lutive & difcuive, L'infufion des feuilles de médi- cinier ft auf un puiffant émétique , dont les nègres font ufage en Amérique. (B MEDICINIER d'Efpagne ; ( Mar. méd. ) Foye Pr- GNON D'INDE, MÉDIE, (Géog. anc.) Media, grand pays d’Afie, dont l'étendue a été fort différente , felon les divers tems. La Médie fut d’abord une province de Pempiré des Affyriens , à laquelle Cyaxares joignit les deux Arménies , là Cappadoce, le Pont, la Colchide & l'Ibérie : enfuite les Scythes s’emparerent de la A4: die , & Y tégnerent vingt-huit ans. Après cela les Médes fe délivrerent de leut joug ; enfin, la Médie ayant été confondue de nouveau dans l’empire de Cyrus, on, ce qui eft la même chofe,dans la monar- che des Perfes , tomiba fous la puiffance d'Alexan- dre. Depuis les conquêtes de ce prince, on-diftin- gua deux Médies , la grande & la petite, autrement dite la Médie Atropatène. La grande Médie, province de l'empire des Per fes ; étoit bornée au nord par des montagñes qui la féparoïent des Cadufiens & ‘de l’'Hyrcanie : elle ré- pond , felon M. de l'ffle, à l’Arac Agémie, au Ta= briftan & au Laureftan d'aujourd'hui. La Médie Atropatène , ainfi nommée d’Atropatos qui la gouverna , avoit au nord la mer Cafpienne, & au levant la grande Médie, dont elle étoit féparée par une branche du mont Zagros. Cette petite Me: die tépond préfentement à la province d’Adirbeir- zan , & à une lifiere habitée par les Turcomans , entre les montagnes de Curdiftan & l'Irac-Agémie. D, J. AMEL se » (Pierre de) lapis medus ou medinus, (Hip. rat.) pierre fabuleufe qui , dit-on, fe trouvoir chez les Médes ; il y en avoit de noires & de vertes; on lui attribuoit différentes vertus merveilleufes , comme de rendre la vûe aux aveugles , de guérir la goutte en la faifant tremper dans du lait de bre: bis , 6c. Foyez Boéce dé Boot, MÉDIMNE , £ m. (Mefur. antig.) ped'quvos ; C'és toit une mefure de Sicile, qui felon Budée, con: tient fix boiffeaux de blé, & qui revient à la mefure de la mine de France ; mais j’aime mieux en tradui- fant les auteurs grecs & latins , conferver le mot medimne ; que d'employer le terme de #27 qui eft équivoque. M. l’abbé Terraflon met toujours médi- mne dans {a tradnétion de Diodore de Sicile. (D. J,) MÉDINA-CÉLI , (Géog.) en latin Merhymna cœ- leflis ; ancienne ville d’Efpagne dans la vieille Caf- tille , autrefois confidérable, & n'ayant aujourd’hui que l’honneur de fe dire capitale d’un duché de mê- me nom, érigé en 1491. Elle eft fur le Xalon , à 4 lieues d’Efpagne N. E. de Siguença , 20 $. ©, de Sarragofle, Long. 15,26, lat. 41,15, (D.J.) P p 298 MED MÉDINA DEL-CAMPO , ( Géog.) en latin Me- tymra-Campefiris ancienne ville d'Efpagne,auroyau- me de Léon, Cette ville jouit d’un terroir admuira- rable, & de grands privileges:; elle eft fur letor- rent de Zapardiel, à 12 heues S. E. de Zamora ; 10 S. O. de Valladolid, 25 N. O.de Madrid. Long, 13. 15. laf, 419121 | C'’eft la patrie de Balthazard Alamos, & de Go- waez Pereyra, médecin du feizieme fieclé. Alamos partagea la confiance &r la difgrace d'An- toine Pérez, fecrétaire d'état, fous Philippe I. On le retint onze ans en prifon, & ce fut pendant fa: captivité qu'il compofa fa tradu@ion eftimée de Tacite, en efpagnol ; elle parut à Madrid:en 1614. Mais Pereyra {e fit une toute autre réputation par fon.amour des paradoxes ; né dans un pays où la liberté de philofopher eft prefque aufli rare qu’en Turquie ; il ofa franchir cette contrainte, & mit au jour un.ouvrage dans lequel, non-feulement il atta- qua Galien.fur la fievre , 8 Ariftote fur la matiere premiere; mais il établit, que les bêtes font des ma- chines & qu’elles n’ont point l’ame fenfitive qu'on leur attribue. Je vous renvoie fur ce point àce que Bayle en dit dans fon Diionnaire. (D. J.) MEDINA.DE LAS TORREZ , (Géog.) en latin Afe- thymna Turrium , petite ville d'Efpagne, dans l'E tramadure,au pié d’une montagne, proche de Bada- j0z.. Long.u1. 27. lat, 38.35. (D. 9.) | MEpiNa-DeL-Rio-SEeCO:, (Géo. ) en latin Me- thymnalÆluvii Sicci : quelques auteurs la prennent pour le Forum Egurrorum , ancienne ville d’Efpagne, au royaume de Léon, avectitre de duché, qui eft dans la maifon d'Henriquez, iflue de la famille roya- Le : elleeft fituée dans une plaine abondante en pä- turages , à 6 lieues ©; de Palencia, 11 de Vallado- id &c'de Zamora, 15! S. E. de Léon. Log. 13. 2. dat. 42.8, (D. JT.) MepiNa-SiDoNtA , (Géog.) en latin 4fidonia ou Affindum , ancienne ville d'Efpagne dans l’'Andalou- fie ; elle eft fur une montagne , à 15 lieues de Gi- - braltar, 20 S. ©. de Séville, 9 E. de Cadix. Long. - 412.20. lat. 36.25. (D.J.) MÉDINE , (Géog. ) Metymna , ville de la pref- qu’ile d'Arabie dans l'Arabie heureufe : le mot Me- dinah fignifie en Arabe une ville en général, &c ici la ville par excellence, parce que Mahomet y éta- blit le fiége de l'empire des Mufulmans , & qu'il y mourut; on l’appelloit auparavant Larreb, Au milieu de Médine , eft la fameufe mofquée où les Mahométans vont en pélerinage , & dans les coins de cette mofquée , font les tombeaux de Ma- homet , d’Abubecker & d’Omar : le tombeau de Mahomet eft de marbre blanc à plate terre, relevé & couvert comme celui des fultans à Conftantino- ple. Ce tombeau eft placé dans une tourelle ou ba: timent rond, revètu d’un dôme que les Turcs ap- pellent Turbé : il regne autour du dôme une gale- rie, dont on prétend que Le dedans eft tout orné de pierres précieufes d’un prix ineftimable , mais on ne peut. voir ces richefles que de loin & par des rilles. Abulfeda nous a donné les diftances de Médine , aux principaux lieux de l'Arabie : c’eft aflez de dire, awelle æft à ro flations de la Mecque, &c à 25 du Caire. Cesiftations ou journées font de 30 milles ara- biques. Médine eft gouvernée par un chérif qui fe dit de la race.de Mahomet , & qui eft fouverain indépendant, L’enceinte de cette ville ne confifte qu’en un méchant mur de briques ; fon terroir eft humide, 87 fes environs abondent en palmiers. Long, $7. 30: dat, 28. (D.3.) MÉDIOCRITÉ, f. f. ( Morale.) état qui tient le jufte milieu entre l’opulence & la pauvreté ; heureux état au-deflus du mépris ê&c au-deflous de l’envie | MED : C'eft auf l’état dont le fage fe contente, fachant que la fortune ne donne qu’un vernis de bonheur à {es favoris , & que travailler à augmenter fes ri- ASE q 5 . : 5 ï F cheffes fans une vraie néceflité , c’eft travailler à | auomentér fes inquiétudes. Aveugles mortels que l'a- 8 q 8 varice, l'ambition &c la volupté amorcent par de vains appas jufqu’aux bords du tombeau ! Vous qui empoifonnez les plaifrs bornés d’une vie paflagere par des foins toujours renaiflans , & par des peines inutiles! Vous qui méprifez les tranquilles douceurs de la médiocrité ; qui demandez plus au deftin que la nature n'exige de vous , & qui prenez pour des be- foins ce que la folie vous fuggere ! Croyez-moi, une étoile rayonnante ne rend pas heureux : un collier de diamans n’enrichit pas le cœur. Tous les biens &z les joies des fens confftent dans la fanté, la paix êcle néceflaire ; la médiocrité poflede ce néceflaire : elle maintient la fanté par là tempérance foumife à fes lois, & la paix'eft {a compagne inféparable.- Auream quifquis mediocritatem. . (D. J.) MEDIOLANUM Infubrie , ( Géogr. anc.) ville d’Infubrie, aujourd’hui Milan ;elle eft très ancienne, & la premiere que les Gauloisaient bâtie en Italie ; car Mediolanum eft un nom gaulois commun à plus d’un lieu : fur quoi je remarque que toutes les villes ainfi nommées font dans un terroir fertile & avan- tageux. Tacite la met entre Les plus fortes places de la Gaule Cifpadane. Il paroît , par une lettre de, Pline le jeune , Æy. IV, ép. 13 ,que les études y flo< rifloient. Aufonne a enchéri dans les vers fuivans, de, claris urbibus, ÆEzMediolani w2ra omnia copia rerum , Innumere culiæque domus , facunda virorum Ingenia 6 mores lœrr. ” Il eft du moins certain que Milan a été regardée comme la métropole d'Italie par rapport aux affaires eccléfiaftiques. Trajan y fit bâtir un palais ; Hadrien, les Antonins , fur-tout Théodofe & Conftantin , y féjournerent long-tems. Théodoric, roi des Goths , 8€ Pepin, roi d'Italie, y moururent. Saint Grégoire pape , donna à l’archevêque de Milan la prérogative de confacrer les rois d'Italie. Enfin Milan avoit tous les édifices publics des grandes villes, une arène, un théâtre où l’on repréfentoit des comédies ; un hippodrome pour les courfes des chevaux, un am- phitéâtre où l’on fe battoit contre les bêtes féroces 3 des thermes, un panthéon , & autres fuperbes édi- fices. On fait l’avanture de Céfar avec Les magiftrats de Milan. Plutarque rapporte que ce grand capitaine traverfant Milan , & voyant au milieu de cette ville une ftatue de bronze de Brutus parfaitement refflem- blante & d’un travail exquis , 1l appella les magif- trats ; & jettant les yeux fur la ftatue, 1l leur repro= cha que la ville manquoit au traité qu’elle avoit fait avec lui, en recélantunde fes ennemis dans fes mu- rdilles. Les magiftrats confondus ne furent que ré- pondre pour fe juftifier ; mais Céfar prenant un ton plus doux , leur dit de laiffer cette flatue , & les loua de ce qu'ils étoient fideles à leurs amis jufque dans Les difgraces que la mauvaife fortune leur failoit éprouver. Pour ce qui regarde l’état aétuel de cette ville ; voyez MILAN. (D.J.) LL. MEDIOLANUM ordovicum , (Géograph. anc. )an= cienne ville de l’île de la Grande-Bretagne ou d'Al bion , au pays des Ordovices , felon Prolomée, 2. II. ch. ti. Les favans d'Angleterre ne s’accordent point fur le nom moderne de cet: endroit. David Powel penfe que c’eft Marhraval ; Cambden croit que c'eit Lan-vethling : enfin M. Gale à encore plus de raifon de conje@urer que ç’eft Meivod , où d’ailleurs l'on a MED déterré des marques d’antiquiré qui concourent à jufifier fa conjedure. MEDIOMANUM , ( Géogr. anc. ) ancien lieu de la Grande-Bretagne fur la route de Segozsium , qui eft Cacrnarvon. M. Gale conjedure que c’eft Marn- crog en Mérionetshire. MÉDIOMATRICES , LES , (Géog. anc.) en latin Mediomatrici ; ancien peuple de la Gaule-Belgique qui étoient alliés du peuple romain. Sanfon dit d’eux que du tems de Céfar, outre le diocèfe de Metz ils occupoient encore celui de Verdun d'un cÔté , & que de l’autre, ils s’avançoient vers le Rhin ; cepen- dant bientôt après , ils firent un peuple en chef. (2. J.) ; _ MÉDISANCE,, f. f. ( Morale, ) médire, c’eft don- ner atteinte à la réputation de quelqu'un, ou en ré- vélant une faute qu'il a commife , ou en découvrant fes vices fecrets ; c'eft une adion de foi-même indifrerente. Elle eft permife & quelquefois même néceflaire, s’il en réfulte un bien pour la perfonne qu'on accufe, ou pour celles devant qui on la dé- voile : ce n’eft pas-là précifément médire. On entend communément par médifance une fa- tyre maligne lâchée contre un abfent , dans la feule vüe de le décrier ou de l’aviuir. On peut étendre ce terme aux hbelles diffamatoires , médifances d'autant plus criminelles , qu’elles font une impreffion plus forte & plus durable. Auffi chez rous les peuples po. licés en a-t-on fait un crime d’état qu’on y punit fé- verement. On médit moins à-préfent dans les cercles qu’on ne faifoit les fiecles paflés, parce qu’on y joue da- vantage. Les cartes ont plus fanvé de réputations, que n'eût pô faire une légion de miflionnaires atta- chés uniquement à prècher contre la médifance ; mais enfin on ne joue pas toujours, & par conféquent on médit quelquefois. ; | Une trop grande fenfbilité à la médifance entre- tient la malignité , qui ne cherche qu’à affliser. MÉDITATION , £. f. ( Gramm. ) opération de l’efprit qui s'applique fortement à quelque objet. Dans la méditation profonde, l'exercice des fens ex- térieurs eft fufpendu , & 1l y a peu de différence en- tre l’homme entierement occupé d’un feul objet , & l'homme qui rêve, ou l’homme qui a perdu l’efprit. S1 la médiration pouvoit être telle que rien ne fût ca- pable d’en diftraire , l’homme méditatif n’apperce- cevant rien , ne répondant à rien , ne prononçant que quelques mots découfus qui n’auroient de rap. ports qu'aux différentes faces fous lefquelles il confi- déreroit fon objet ; rapports éloignés que les autres ne pourroient lier que rarement, il eft certain qu’ilsle prendroient pour un imbécille, Nous ne fommes pas faits pour méditer feulement , mais il faut que la me- ditation nous difpofe à-agir , ou c’eft un exercice méprifable, On dit , cette queftion eft épineufe, elle exige une longue rrédiration, L’étude de la morale qui nous apprend à connoître & À remplir nos de- voirs , vaut mieux que la zédiration des chofes abf- traites. Ce font des oïfifs de profeffion qui ont avancé que la vie méditative étoit plus parfaite que la vie aduve. L’humeur & la mélancolie font compagnes de la méditation habituelle : nous fommes trop mal- heureux pour obtenir le bonheur en méditant ; ce que nous pouvons faire de mieux , c’eft de gliffer fur les inconvéniens d’une exiftence telle que la nÔ- ire. Faire la médirarion chez les dévots, c’eft s’oc- cuper de quelque point important de la religion. Les dévots diftinguent la méditation de la contemplation; mais cette diétin@ion même prouve la vanité de leur vie. Ils prétendent que la médirarion eft un état difcurfif , & que la contemplation eft un ae fimple permanent , paf lequel on voit tout en Dieu, comme l'œil difcerne les objets dans un miroir, À s’en tenir Tome X, MED 299 à cette diflin£tion, je vois qu’un méditatifeft fouvent un homme très-inutile, & que le centemplatif eft tonjours un infen{é. Il y a cette diflinéion à faire entre méditer un projet & médirer {ur un projet, que celui qui médite un projet, une bonne , une mauvaile action, cherche les moyens de l’éxécutions au lieu que [a chofe eft faite pour celui qui médité fur cette chofe ; il s’efforce feulement à la connof- tre , afin d'en porter un jugement fain. MEDITERRANEE, f. £ ( Géogr. ) fignifie cette vaffe mer qui s'étend entre les continens de l'Europe êt de l’Afrique , qui communique à l'Océan par le détroit de Gibraltar | voyez GIBRALTAP , & qui mouille jufqu’à lAfie en frrmant le Pont Euxin & lès Palus mæotides. Foyez MER. La Méditerranée s'appelloit autrefois la mer de Grece & la grande Mer ; elle eft maintenant partagée en différentes divifons qui portent différens noms, A l'occident de l'Italie ,elle s'appelle la mer de Toftane, Près de Venife, la mer Adriarique ou le golfe de Venife. Vers la Grece, la mer lonique, ou Egée , ou l'Archia bel, Entre l’'Hellefpont & le Bofphore , elle fe nomme mer Élanche , parce que la navigation en eff facile : & par-delà , mere Noire, À caule que la navigation en devient alors difficile. | Sur la communication de l'Océan avec la Médi. terranée , éntreprile exécutée fous le regne de Louis XIV. voyez CANAL ARTIFICIEL, Chambers. MEDITRINALES , adj. ( Æif. anc.) fêtes que les Romains célébroient en Automne le 11 d'Ofobre ; dans lefquelles on goûtoit le vin nouveau & l’on en buvoit aufh du vieux par maniere de médicament : Parce qu'on regardoit le vin non-feulement comme un confôrtatif , mais encore çomme un antidote puiflant dans la plüpart des maladies. On faifoit auffi en honneur de Meditrina, déeffe de la Mede- cine , des libations de l’un & de l’autre vin, La pre- miere fois qu’on büvoit du vin nouveau, on fe {er- voit de cette formule , felon Feflus : Pesus novim vinuim bibo , vereri novo morbo medior : c’eft-à-dire Je bois du vin vieux, nouveau , je remédie À La maladie vieille, nouvelle : paroles qu’un long ufage avoit con- facrées, & dont j’omiffion eût pañlé pour un préfage funefte. (G) MEDITULLIUM, ( Anar.) eft un terme latin employé par quelques anatonuites pour figmfer le chploé , autrement cette fubftance fpongieute qui fe trouve entre les deux tables du crâne , & dans les interftices de tous les os qui ont des lames. Voyez Os, CRANE. MEDIUM , terme de philofophie méchanique : c’eft la même chofe que fluide ou milieu, Ce dernier eft beaucoup plus ufité. Voyez MILIEU. MEDIUS FIDIUS , ( Myrholog. ) divinité qui préfidoit à la foi donnée. Plaute i7 afen. dit , per deu Fidium , credis jurato mihi ? Ainf v0yez FIDIUS. MEDMA , ( Géogr. anc. ) ville maritime d'Italie, au pays des Brutiens. Strabon & Pemponius Mela difent Médama. Quelques modernes croient que c’eft la Nicorera d’Antonin qui fubffte encore ; d’au- tres , comme le P. Hardowin, penfent que c’eft pré- fentement Boffarno , ville de la Calabre ultérieure : maïs celle-ci eft trop dans lés terres pour avoir été un port de mer. MEDNIRI, ( Géogr. ) en latin Mednicia ; ville épicopale de Pologne dans la Samositie, {ur la ri- viere de Wirwitz. Long, 41. lat, 55. 40. E* MEDOACCUS, (Géog. arc.) rivieres d'Italie, tou tes deux du même nom, n'ayant qu'une embouchure commune dans la bouche la plus feptentrionäle du PO. On les diftinguoit par les furnoms de grande & Petite , z7ajor & minor. Le Médoacus major eft préfen- tément la Brenta, &c le Medogcus minor et la Bachi- ghone, 2} | Him 300 M F D MEDOBREGA , (Géog. anc.) & Mundobriga dans l'itinéraire d’Anvonin ; anciehne ville d'Efpagne dans laLufitanic , près du mont Herminius , qu s’appelle aujourd’huionte Arminno:la mème ville pritenfuite le nom dela montagne, &s’appella Aramenha, Elle eft ruinée ; mais Refende , dans fes antiquirés ; dit qu’on en voyoit encore de fon tems les ruines près de Marvaon dans l’Alentéjo , à peu de diftance de Portaleere. MÉDOC, ( Géogr.) par les anciens Medulicus pagus ; nos ancêtres ont écrit Médouc : contrée de France en forme de prefqu’ile, entre Océan & la Garonne, en Guienne dans le Bourdelois. Aufone appelle la côte de Médoc litius Medulorum. Ses huï- tres avoïent alors une grande réputation. Offrea Baïanis certantia quæ Medulorum, Dulcibus in flagnis , reflui maris æflus opimat, Les Romains les nommoïent offrez Burdigalen/ia, parce qu'ils les tiroient de Bourdeaux : on les fervoit à la table des empereurs. Sidonius Apollinaris les nomme wedulica fupellex ;& les gens de bonne-chere qui en faifoient leurs délices , wedulicæ fupelleitilis epulortes. Le bourg de l’Efparre eft le principal lieu du pays de Médcc ; mais c’eft au village de Soulac qu'on prend à-préfent les huîtres de Médoc. Voyez, fur ce pays, Duchefne dans fon chapitre du duché de Guienne. (D. J.) Mépoc, cailloux de , ( Hifi. nat. ) On donne ce nom à des fragmens de cryftal de roche qui fe trou- vent fous la forme de cailloux roulés & d’une figure ovale , dans un canton de la Gafcogne que l’on ap- pelle pays de Médoc. Quelques petfonnes ont cru que ces pierres approchoient du diamant, mais elles ne different aucunement du vrai cryftal de roche, êc fe taillent avec la même facilité. On en fait des bou- tons & d’autres petits ornemens. ( —) | MÉDRASCHIM , f. m. ( Théol. rabbin.) c’eft, dit M. Simon , le nom que les Juifs donnent aux commentaires allégoriques fur PEcriture-fainte , principalement fur le Pentateuque : ils le donnent même généralement à tous les commentaires allé- goriques , cat z2édrafchim fignifie a/légorie. (D.JT.) MÉDRESE, f. m. (Æiff. mod.) nom que les Turcs donnent à-des académies ou grandes écoles que les fultans font bâtir à côté de leurs jamis ou grandes mofquées. Ceux qui font prépofés à ces écoles fe ‘nomment rzuderis : on leur afligne des penfions an- ! nuelles proportionnées aux revenus de la molquée. C’eft de ces écoles que l’on tire les juges des villes, ue l’on nomme #20/las ou molahs. MÉDUA , ( Géogr.) ville d'Afrique au royaume d’Alser, dans une contrée abondante en blé & en troupeaux , à 50 lieues $. ©. d’Alger. La milice de cette ville y tient garnifon. Long. 21. 12. lat, 33. 2280). MEDULLA SAXORUM, ( Hifi. natur. ) nom donné par quelques auteurs à une fubftance calcaire ou à une efpece de craie fluide qui funte quelque- fois au-travers des fentes de la terre , & qui fe dur- cit enfuite : c’eft la même chofe que le /ac lunæ ou ait de lune, ou que le guhr blanc. (—) + MÉDUELAIRE, adj. huile médullaire ; eft la par- tie la plus fine &c la plus fubtile de la moëlle des os. Voyez MoeLLe & HUILE. Cette huile, felon la remarque du doéteur Har- vers, nepañle pasdans les os par des conduits, mais par. de. petites véfcules accumulées en lobules dif- tindts., &. revétues des différentes membranes qui envelopent, la moëlle. Toutes ces véficules font | formées, de la tunique extérieure des arteres , & l'huile médullaire pafle de l’une à l’autre juiqu’à ce qu’elle jparvienne à la fuperficie de l'os, Maïs la : M ED partie de cette huile, qui va aux articulations s'y rend par des conduits qui traverfent l'os, & qui font faits exprès pour cela. L'’ufage de l'huile médullaire eft, ou commun à tous les os, dont il conferve la température, & qu'il empêche d’être trop caffans ; ou particulier aux articulations , auxquelles il eft d’un grand fecours. 1°. Pour lubrifier les extrémités des os, & rendre leur mouvement plus libre & plus aifé. 2°. Pour empêcher les extrémités des os de s’échauffer par le mouvement. 3°. Pour empêcher les articulations de s’ufer par le frottement des os les uns contre les autres. 4°, Pour lubrifier Les ligamens des articula- tions , & les empêcher de devenir fecs & roides , & entretenir la flexibilité des cartilages. La fubftance médullaire du cerveau paroit com- pofée de fibres creufes , dont l’origine eft dans les extrémités des artérioles, &c la fin dans les nerfs ; elle a un peu plus de confiftance que la fubftance corticale, foyez CORTICALE & CERVEAU. MÉDULLE , MONT, LE ( Géog. amc.) en latin Medullins mons ; montagne d’'Éfpagne dans la Can- tabrie, au-deffus du Minho : Garibay croit que le nom moderne eft Manduria ; mais voici un fait d’hif- toire bien étrange, Quand le mon: Médulle, dit Florus , Z. IF. ch. xij. fut affiégé par les Romains ; & que les Barbares virent qw’il ne leur étoit pas pof- fible de réfifter long-tems , ils fe firent tons mourir à l’envi les uns des autres dans un repas , par le fer, ou par le poifon qu’on tire des 1fs : & c’eft ainfi qu'ils fe déroberent à une foumiffion, qu'ils regar- doient comme une captivité. ( D. J.) MEDULLI, (Géog. anc.) ancien peuple d’Ita- lie dans les Alpes ; leur pays eft préfentement une partie S la Savoie , & s’appelle la Maurienne. D. J. MÉDULLIA , (Géog. anc. ) ville d'Italie dans le Latium. Tite-Live, Denis d'Halycarnafle & Pline en parlent ; mais elle ne fubfftoit plus du tems de ce dernier écrivain. (D.J.) MÉDUS, (Géog. anc.) le fleuve Médus, ou le fleu- ve des Medes, Medum flumen, comme dit Horace, ode ix, L. IT, eft vralemblablement l’Euphrate. Il féparoït les deux empires des Parthes & des Ro- mains. [1 y avoit aufli le fleuve Medus en Perte, qui venoit de la Médie, & tomboit dans lAraxe. 17 Araxem à Parætacis labentem Medus influit a Me- dia decurrens, dit Strabon, Z. XW. p. 729. L’Araxe dans lequel ce fleuve fe décharge , eft celui qui tom- be dans le fein Perfique, ( D. J.) MÉDUSE, f. f. (Mythol.)une des trois Gorgones, & celle-là même fur laquelle l’hiftoire a inventé le plus de fiéions qui fe contredifent. Mais pour ne rien répéter à ce fujet, nous renvoyons le leéteur à Particle GORGONES. Nous ajouterons feulement que la Sculpture, la Peinture , & la Gravure ont pris les mêmes libertés que les poëtes dans la repréfentation de Meédufe, dans la plüpart des anciens monumens ; cette Gor- gone lance des regards effroyables au milieu de la terreur & de la crainte ; il en eft d’autres où elle n’a point ce vifage affreux & terrible. Il fe trouve même des Médufes très-cracieufes, gravées fur l'é- side de Minerve, ou féparément. On connoît une Médufe antique afife fur un rocher , accablée de douleur, de voir que non-feulement fes beaux che- veux fe changent en ferpens ; maïs que ces ferpens rampent fur elle de tous.côtés, & lui entortillent les bras , les jambes, & le corps. Elle appuie trif- tement fa tête fur la main gauche; la nobleffe de fon attitude , la beauté & la douceur de fon vifa- ge fait qu'on ne peut la regarder fans s’intéreffer à fon malheur. On oublie en ce moment la peinture qu’en fait Héfiode, & les explications que M M. le M EG Clerc & Fourmont nous ent données de la fable des filles de Phorcus. ( D. J.) MEDWAY , ( Géogr. ) riviere d'Angleterre dans la province de Kent. Elle pañle par Maidftone, Ro- chefter, Chatham, & fe jette dans la Tamife. Le chevalier Blackmore en fait une jolie peinture, The fair Medwaga rhar with wanton pride es « LD Forms félver mayzes with her crooked tide , rs nobler féreams in wreathing volumes flows, Sul formine ready Iflands, as it gows. Comme la Medway eft fort profonde, on s’en fert pour mettre en füreté les gros vaiffeaux de guerre en hiver, l'entrée de cette riviere étant défendue ar le fort Sheernefs, (D. J.) MÉFAIRE , (Droir cour, de France.) M, le Fevre Chantereau explique ainfñ ce vieux terme. « Si le » feioneur vexoit intolérablement fon vaflal , & » manquoit à la proteétion qu'il lui devoit , il é- » faifeit, c’eft-à-dire, qu'il perdoit la feigneurie qu’il # avoit fur fon vañal & fur fon fief ; qu'il relevoit » à l’avenir non du feigheur dominant , mais du fei- » gneur fouverain, qui eft celui de qui releve le » leigneur dominant ; donc, ajoute notre jurifcon- » fuite, les mots de commufe de fief & de méfaire, » font relatifs ; & toutes les fois qu’ils font employés » dans les aûtes, ils concluent autant l’un que l’au- »tre la feudalité, &c. (2.J.) MEFFAIT , {. m. (Jurifp.) ation contraire au bon ordre & aux loix. Ainfi meffaire, c’eft faire une action de cette nature. Ce terme n’eft plus en ufage que dans le ftyle de ratique. MÉFIANCE , f. f. (Gramm. &: Moral.) c’eft une crainte habituelle d'être trompé. La défiance eftun doute que les qualités qui nous feroient utiles ou agréables foient dans les hommes ou dans les cho- fes, ou en nous-mêmes. La méfiance eft l’inftinét du carattere timide & pervers. La défiance eît l'effet de l'expérience & de la réflexion. Le méfiant juge des hommes par lui-même , &c les craint ; le défiant en penfe mal, &c en attend peu. On naît méfiant, && pour être défiant, 1l fuflit de penfer , d’obferver, & d’avoir vécu. On fe méfie du caraétere & des in- tentions d’un homme ; on fe défie de fon efprit & de fes talens. _ MÉGABYSE, (Mythol.) nom des prètres de Dia- ne d’Ephefe; les Mésabyfes, ou Mépalobyfes, étoient eunuques ; une déefle vierge ne vouloit pas d’autres prêtres, dit Strabon. On leur portoit une grande confidération,, & des filles vierges partageoïient avec eux l’honneur du facerdoce ; mais cet ufage chan- gea fuivant le tems & les lieux. (D. J.) MÉGAHÉTÉRIARQUE , f. m. (Æiff. du bas em- pire.) nom d’une dignité à la cour des empereurs de Conftantinople.. C’étoit l'officier qui commandoit en chef les troupes étrangeres de la garde de Pem- -pereur ; & fon vrai nom, dit M. Fleury, étoit mé- gahécairiaque. (D. J.) MÉGALASCLÉPIADES, (Myrhol.) c’eft-à-dire, les grandes afc/épiades, ou afclépies ; fêtes qu’on cé- lébroit à Epidaure en l'honneur d’Efculape. A'sxas- aie, it le nom grec du dieu de la Médecine, à qui tout le monde rendoit hommage, (D. J.) MÉGALARTIES, {. m. pl. ( Æf£. anc. & Mym.) fêtes que l’on célébroit à l'honneur de Cerès dans l'ile de Délos. Elles étoient ainfi nommées d'un _grand pain qu'on portoit en proceffion. Mégas figni- fie engrec grand, & artos, pain , dont on fit méga- larties. | MÉGALESIE , (Antig. rom.) mégalefie ; fètes inf- tituées à Rome l'an ÿ50 de fa fondation , en l’hon- neur de Cybele, ou de la grande-mere des dieux. Les oracles fibyllins marquoient ,* au jugement des! MEG 39i décemvirs, qu’on vaincroit l'ennemi, 8 qu'on le chafferoir d'Italie, fi la mere Idéenne étoit appor- tée de Peflinunte à Rome. Le fénat envoya des em bafladeurs au roi Attalus , qui les reçut hümaine- ment, & leur fit préfent de la ffatue de la déefe, qu'ils defiroient d’avoir. Cette flatue apportée à Rome , fut reçue par Scipion Nafica , efliméle plus homme de bien de la République. Il la mit, le 12 Avril, dans Le temple de la Viétoire, fur le mont Paz latin, Ce même jour, on inftitua la mégaldfe, avec des jeux qu’on appella mégaléfiens, Voyez MÉGaLÉ. SIENS jeux. (D.J. MÉGALEÉSIENS , jeux ( Ant, rom. ) ludi mega. lenfes. On les nommoit auffi les grands jeux, non- feulement parce qu'ils étoient magnifiques, mais encore parce qu'ils étoient dédiés aux grands dieux , c’eft-à-dire, à ceux du premier ordre , & particulierement à Cybele, appellée par excellence la grande déeffe ; peyann. Les dames romaines dan loient à ces jeux devant l’autel de Cybele. Les ma- gifirats y afhfloient revêtus d’une robe de pourpre ; la loi défendoit aux efclaves de paroître à ces au- guftes cérémonies ; & pendant qu’on les célébroit, plufieurs prêtres phrygiens portoient en triomphe, dans toutes les rues de Rome , l’image de la déeffe, On repréfentoit aufli fur le théatre pendant ces folemnités , des comédies choifies. Toutes celles de Terence furent jouées aux eux’ mésaléfiens, excepté les Adelphes , qui le furent aux jeux funebres de Paul Emile , êc le Phormion, qui le fut aux jeux romains. Les Ediles donnoient d'ordinaire ce diverriflement au peuple pendant fix jours, & ils y joignoient des feftins où regnoit la magnificence & la fomptuofñté, fur la fin de la république, (D. J.) MEGALOGRAPHIE , 1. £ (Peinture.) terme qui fe dit des peintures dont le fujer eft grand, telles que font les batailles , ainf que Zyparographie fe dit des peintures viles &c des fujets bas , tels que des ani- maux, des fruits, &c. MÉGALOPOLIS, (Géog. anc.) Ptolomée, Pau- fanias , & Etienne le Géographe, écrivent Mégale. polis. Polybe écrit indifféremment Mégale-polis, & Megalepolis. Strabon écrit feulement Mésalopolis en un feul mot. Ses habitans font appellés par Tite- Live Mégalopolites , 8&t Mégalopolitani. Mégalopolis étoit une ville de Péloponnefe dans l’Arcadie , qui fe forma fous les aufpices d’Epami- nondas, de diverfes petites villes raflemblées en une feule, après la bataille de Leuêtres, afin d’être plus en état de réfifter aux Lacédémoniens. On nomme aujourd'hui cette ville Leontari , felon Sophian & de Witt. M. Fourmont prétend , que ce n’eft point Léontart qui tient la place de Mégalopolis,maisun mé- chant village d'environ 150 maiïfons, la plûpart ha- bitées par des mordates. Quoiqu'il en foit, Mégalapolis a été la patrie de deux grands perfonnages, qui méritent de nous ar- rèter quelques momens ; je veux parler de Philopæ- men, & de Polybe fon tendre éleve. Philopæmen fe montra l’un des plushabiles & des prenuers capitaines de l'antiquité. Il réfufcita la puiffance de la Grece, à mefure qu’elle vit croître fa réputation. Les Achéens Pélurent huit fois pour leur général & ne cefloient de l’admirer. Il eut une belle preuve de la haute confidérarion qu’on lui portoit , lorfqu’il vint un jour par hazard à l’aflem- blée des jeux neméens , au moment que Pylade chantoit ces deux vers de Thimothée, C’eff lui qui couronne nos, réres Des fleurons de la liberté. Tous les Grecs en fe levant jetterent les yeux fur Philopæmen , avec desacclamations, des battémens des mains , des cris de joie , qui marquoient affez “leurs éfpérances dé parvenir fous {es ordres, à leur 302 MEG premier degré de bonheur &c de gloire. Mais cet il- luftre guerrier, en chargeant Dinocrate, qui s’étoit emparé d’un pofte important, eut fon cheval abattu fous lui, &c tomba prefque fans vie. Les ennemis le releverent, comme fi c’eût été leur général, &c le conduifirent à Meffene, où Dinocrate acheva fes jours par le poifon. Les Achéens ne différerent pas la vengeance de cet attentat, & le tyran fe donna la mort, pour évi- ter fa jufte peine. L’on tira de Meffene le corps de Philopæmen, lonle brûla, & l'on porta fes cendres à Mépalopolis. Toutes les villes de Péloponnefe lui décernerent les plus grands honneurs par des decrets publics, êz lui érigerent par-tout des ftatues &c des infcriptions. Son convoi funebre fut une forte de pompe triom- phale. Polybe, âgé de 22 ans , portoit Purne, &c Lycortas fon pere , fut nommé général des Achéens, comme le plus digne de fuccéder auhéros qu'ils pleu- roient, Ce fut à ces deux écoles de Philopæmen & de Ly- cortas, que notre hiftorien prit ces favantes leçons de gouvernement & de guerre qu'il a mifes en prati- que. Après avoir été chargé des plus grandes négo- ciations auprès des Prolomées, rois d'Egypte, il fut long-tems détenu à Rome dans la maifon des Emiles, & forma lui-même le deftruéteur de Carthage & de Numance. Quel pupile, & quel maître ! Notre ame s’éleve en lifant ces beaux confeils qu'il lui donnoit, ces fentimens de générofité & de magaantmité qu'il tâchoit de lui infpirer, & dont le pupille fit un fr bel ufage. C’eft encore aux confeils de Polybe que Dé- métrius fut redevable du trône de Syrie. Génie fu- périeut , il cherchoit dans les regles de la prudence, de la politique , & de la guerre, la caufe des ÉvÉ- nemens. H traitoit la fortune de chimere , &c ne croyoit point à ces divinités qui avoient des yeux fans voir, & des oreilles fans entendre. Il compoia la plus grande partie de fon hifoire dans la maifon même des Emiles, qui lui donnerent tous les mémoires qu'il defira. Scipion l’emmena au fiege de Carthage, & lui fournit des vaifleaux pour faire le tour de la mer Atlantique. Toutes les villes du Péloponnefe adopterent le code des lois dont il étoit l’auteur, & les Achéens, en reconnoiffance, lui érigerent , de fon vivant, plufieurs ftatues de marbre. Il mourut l’an de Rome 624, à l'âge de 82 ans, d’une bleflure qu'il s’étoit faite en tombant de cheval. Il avoit compofé fon hiftoire univerfelle en qua- rante-deux livres, dont il ne nous refte que les cinq premiers, avec des fragmens des douze Bvres fui- vans. Quel dommage que le tems nous ait envié des annales f précieufes ! Jamais hiflorienne mérita mieux notre confiance dans fes récits , 8 jamais homme ne porta plus d'amour à la vérité. Pour la olitique , il l’avoit étudiée toute fa vie ; il avoit géré Les plus grandes affaires, & avoir gouverné lui- même. Les Géographes ont encore raifon de partager avec les politiques, & les généraux d’armées , la douleur de la perte de fon hiftoire. Si l’on doit juger de ce que nous n'avons pas par Ce qui nous en ref- te, fes defcriptions de villes & de pays font d’un prix ineftimable, & n’ont été remplacées par aucun hif- torien. On defreroit qu’il eût fait moins de réflexions & de raïfonnemens ; mais il réfléchit avec tant de fa- gefle, il raïfonne fi bien, il difcute les faits avec tant de fagacité, qu'il développe chaque événement juf- que dans la fource. On lui reproche auffi fes digref- dons , qui font longues &c fréquentes ; mais elles font utiles & inftrudives. Enfin , Denys d'Halicarnaffe critique fon ftyle raboteux ; mais ç’eft que Polybe ME G s’occupoit de plus srandes chofes , que du nombre & de la cadence de fes périodes; & c'eft encore par- ce que Dénis ne prifoit dans les autres, que ce qu'il poflédoit lui-même davantage. Après tout, nous avons en françois une excellente traduë&tion de Po- lybe, avec un favant commentaire militaire , qui pafferont l’un & l’autre à la poftérité, (D. 7.) MÉGARA , pl. ( Listér. ) Méyapa. Les Grecs ap- pelloient peyapoy un grand édifice, de peyeupo, j'en vie, je refpeile. Méyepz, ditPaufanias , eft le nom qu’on donnoit dans P’Attique aux premiers temples de Cérès, parce qu'ils étoient plus grands que les bâtimens ordinaires, & qu'ils étoient propres à ex- citer la jaloufie ou la vénération. (D. J.) MÉGARA, (Géog. anc.) il y a plufieurs villes de ce nom, 1°. Mégara, ville de Grece dans PAchaie, Voyez MÉGARE. 2°. Mégara ville de Sicile, fur la côte orientale de l’île, dans le golfe de Mégare, au nord de Syracufe, Elle avoit été appellée aupa- ravant Æybla. 3°. Etienne le géographe, place une Mégara en Macédoine, une autre dans la Molofhde, une autre enIllyrie, & une quatrieme dans le royau- me de Pont, 4°. Mégara, ville de Syrie, dans la dé- pendance d'Apamée , felon Strabon. s°. Mégara, ville du Péloponnèfe, felon Arniftote. (D. J) MEGARADA, ou BAGRADA, (Géog.) riviere d'Afrique, au royaume de Tunis. Elle a {a fource dans la montagne de Zeb, qui fépare le royaume de Tunis de celui d'Alger, prend fon cours du midi au nord oriental, paîle à Tunis, & va fe jetter dans la mer. (D.J.) MÉGARE, (Géog. anc.) ville de Grece, dont il importe de parier avec plus d’étendue que de cou- tume, La ville de Mégare étoit fituée dans l'Achate. Elle étoit la capitale du pays connu fous le nom de la Mégarique, ou Mégaride, Megaris ; au fond du golfe faronique, entre Athenes & Corinthe, à 20 nulles d’Athenes , à 40 de Thefpies, ville de la Béo- tie, & à 12 d'Eleufs, ville de l’Atrique. Son ter- ritoire étoit bas, enfoncé, & abondant en pâtura- ges. La Mégarique ou Mégaride s’étendoit entre. le golfe Saronique , au levant, & celui de Corinthe à l'occident, & jufqu'à l'ifthme de Corinthe. Les Latins, tant poëêtes qu'iftoriens, qui ont fuivi les | Grecs, appellent la ville Megara au fingulier fémi- nin, ou Megara au neutre pluriel. 1i faut d’abord obferver avec les anciens géogra- phes, qu'il«y avoit une ville de Mégare en Syrie, une au Péloponnèfe, une en Theffahie, une dans le Pont, une dans l’Illyrie, une enfin dans la Molof- fide. Nous n’entrerons dans aucun détail fur la fonda- tion & les révolutions de la ville de Mégare en Si- cile , qui fut bâtie par une colonie des Mégariens de l’Achaïe, fur les ruines de la ville d'Hybla, fa- meufe par l'excellence de fon miel. Nous dirons feu- lement ques’ilfetrouve dansle cabinet des antiquai- res des médailles,avec l’infcription Meyapar(Angelo- ni & Goltzius en rapportent chacun une),qui foient antérieures aux tems des empereurs romains, elles {font de la colonie de Mégare en Sicile, qui porte une ancre pour revers, comme Mégare de l’'Achaie. Les habitans de cette derniere étoient furnommés Nioaior Méyapnes Niflei, & Théocrite les diftingue de ceux de Sicile, en difant d'eux qu'ils étoient mai- tres en l’art de naviger. Les Hiftoriens, fuivant leur coutume ordinaure, ne font point d'accord fur l’origine du nom de la ville de Mégare en Achaïe, ni fur celle de fon fon- dateur ; mais peu nous importe de favoir fi ce font les Héraclides qui du tems de Codrus bâtirent A4- gare ; fi c'eft Megarus fils de Neptune, & protecteur de Nifus ; ou bien encore Mégarée fils d’Apollon. Selon Paufanräs c’eft Apollon lui même qui prêta fon miniftere à la conftru@ion des mmutailles de cette ville. Elles ont été plus fouvent renverfées & dé- truites que celles de Troie qui fe vantoit du même honneur. Je penfe que Paufanias ne croyoit pas plus que nous qu'Apollon eûüt bâti Mégare, quoiqu'on l’engagea pour Le lui perfuader, à obferver le rocher für lequel ce Dieu dépoloit fa lyré, pendant le tems de fon travail, & qui fendoit, difoit-on, un fon harmonieux , lorfqu’on le frappoit d’un caillou. Il y a plus d'apparence que le nom de Mégure fut donné à cette ville, à caufe de fon prémier temple bâti par Car, fils de Phoronée, à l'honneur de Cé- rés. Euftathe nous apprend que les temples de cette déefle étoient fimplement appellés Méyape. Ce tem- pleattiroitune figrande quantité de pélerins, que l’on fut obligé d'établir des habitations pour leur fervir de retraite & de repofoir, dans les tems qu'ils y ap- portoient leurs offrandes. C’eft ce temple dédié à Cérès , fous la prote&ion de laquelle étoient les troupeaux de moutons dont Diogene fait mention, quand :1l dit qu'il aïneroit mieux être bélier d’un troupeau d’un mégarièn, que d’être fon fils; parce que ce peuple négligeoit de garantir fes propres en: fans des injures de l’ait, pendant qu'il avoit grand foin de couvrir les moutons, pour rendre leur laine plus fine & plus aifée à mettre en œuvre. Du-moins Plutarque fait ce reproche aux Mégariens de fon fiecle. La ville de Mégare étoit encore célebre par fon temple de Diane furnommée /4 proteëtrice, dont Pau- fanias vous fera hiftoire, à laquelle felon les appa- rences il n’ajoutoit pas grand foi. On aflure que le royaume de Mégaride fut gou- verné par douze rois, depuis Clifon, fils de Lélex, roi de Lélégie, jufqu’à Ajax, fils de Télamon, qui mourut au fiege de Troie, de fa propre main, & de l'épée fatale dont He@or lui avoit fait préfent, en confideration de {a valeur. Après cet évenement, ce royaume devint un état Bbre & démocratique, jufqu’au tems que les Athé- miens s’en rendirent les maîtres, Enfuite les Héra- clides enleverent aux Athéniens cette conquête, &c établirent le gouvernement ariftocratique. Alors les Mégariens prefque toujours occupés à fe défendre contre des voifins plus puiffans qu'eux, devenoïient troupes auxiliaires des peuples auxquels leur intérêt les attachoit, tantôt d’Athenes, tantôt de Lacédémone, & tantôt de Corinthe, ce qui ne mManqua pas de les metrre aux prifes alternativement avec les uns ou les autres. Enfin les Athéniens outrés de l’ingratitude des Mégariens, dont ils avoient pris la défenfe contre Corinthe & Lacédémone , leur interdirent l’entrée des ports & du pays de PAtrique, & ce decret ful- minant alluma la guerre du Péloponnèfe. Paufanias dit que le héraut d'Athènes étant allé fommer les Mépariens de s’abftenir de la culture d’une terre confacrée aux déefles Cérès & Profer- pine, on maflacra le hérant pour toute réponfe. L'intérêt des Dieux, ajoute Plutarque, fervit aux Athéniens de prétexte, mais la fameufe Afpañie de Milet, que Périclès aimoit éperduement , fut la vé- litable caufe de la rupture des Athéniens avec Mé gare. L’anecdote eft bien finguliere. Les Mégariens par repréfailles de ce qu'une troupe de jeunes Athéniens ivres avoient enlevé chez eux Séméthé courtifane célebre dans Athenes , enleve- sent deux courtifanes de la fuite d’Afpañe. Une folle paflion , lorfqw’elle poñlede les grandes ames, ne leur infpire que les plus grandes foibleffes. Périciès époufa la querelle d’Afpañe outragée, & avec le pouvoir qu'il avoit en main, il vint facilement à-bont MEG 307 de perfuader ce qui lui plut, On publia contre Îes Mégariens , un décret foudroyant, On défendit tout commerce avec eux, fous peine de là vie, & l’on drefla un nouveau formulaire de ferment, par lequel tous les généraux s’engaseoient À ravager deux fois chaque année les terres de Mésare, Ce decret jetta les premieres étincelles, Qui peu-à-peu allumerent là guerre du Péloponnèfe. Elle fut l'ouvrage de trois courtifanes Les plus grands évenemeñs ont quelques fois une origine aflez honteufe ; j'en pourrois citer des exemples modernés, maïs il eft encore de trop bonne heure pour ofer le hafardet, | Enfin il paroît que la ville de Mégaré n'eut de confiftence décidée, qu'après qu'elle fut detenne colonie romaine par la conquête qu'en fit Quintug!l Cecilius Metellus, furnommé / Macédonien , lorfque Alcamène fut obligé de retirer les troupes auxiliaires qu'il avoit amenées à Mévare, & qu'il les tranfporta de cette ville à Corinthe. Paflons aux idées qu'on nous a laiflées des Mépariens: Ils m'étoient pas eftimés ; les auteurs grecs s’éteris' dent beaucoup à peindre leur mauvaife foi ; leur goût de plaifanterie avoit pañlé en proverbe, & if s’appliquoit a ces hommes fi communs parmi nous, qui facrifient un bon ami à un bon mot: illufion de l’efprit qui cherche À briller aux dépens du cœur ! On comparoit aufi les belles promefles des Méga riens aux barillets de terre de leurs manufattures 5 ils impofoient à la vûe par leur élégance , mais on ne s’en fervoit point, & on les mettoit en réferve ! dans les cabinets des curieux, parce qu'ils étoient aufñ minces que fragiles. Les larmes des Mégariens furent encore regardées comme exprimées par force, & non par de vrais fentimens de douleur, d’où vient qu'on en attribuoit la caufe à l'ail & à Poignon de leur pays. . Les femmes & les filles de Mésare n’étoient pas plus confidérées par leur vertu, que les hommes par leur probité ; leur nom fervoit dans la Grece à dé figner les femmes de mauvaife vie. | L’imprécation ufitée chez les peuples voifins que perfonne ne devienne plus fage que les Mégariens , n'eft vraiflemblablement qu’une dérifion , Ou qu'une . déclaration de opinion qu’on avoit du peu de mé- rite de-ce peuple. Je crois cependant qu'il entroit dans tous ces jugemens. beaucoup de partialité : parce que la politique des Mégariens les avoit obli: gés d'être très-inconitans dans leurs alliances avec lès divers peuples de la Grece. Cependant je ne tirerois pas la défenfe de leur piété & de leur religion, du nombre & de la mag ni ficence des temples, & des monumens qu'ils avorent élevés à l'honneur des dieux & des héros Quoique Paufanias feul m'en fournit de grandes preuves. IE faudroit même copier plufieurs pages de ce célebre liftorien, pour avoir une idée des belles chofes en ce.genre, qui fe voyoient encore de fon terms à Mes gare ; mais lui-même n’a pu s'empêcher de rabattre fouvent la vanité des Mésariens, par la critique ju- dicieufe de la plus grande partie des monumèens qu'ils affeétoient de faire voir, Il endémontre même quel- quefois la fanfleté, par des preuves tirées des ana Chronifmes, ou du peu de vraiflemblance » En com« parant leurs traditions avec les monumens hiftoz riques. Quoi qu'il en foit , les Mégariens ne négliserent jamais la culture des beaux arts & de la Philofophies D'abord il eft sûr que la Peinture & la Sculpture étoient chez eux en grande confidération. Théocof. me qui avoit acquis un nom célebre en Sculpture , étoit de cette ville, Il travailla conjointement avec Phidias, aux ornemens du temple de Jupiter Olym pien. | M La Poéfñe n'étoit pas moins honorée 4. Mégares 304 ME G Théognis né dans cette ville ; & qui fleuriloit 548: ans avant j. C. peut fervir de preuve. Le tems nous a confervé quelques-uns de fes ouvrages. Henri tienne les arecueillis avec ceux des autres poètes, dans {on édition de 1566. Mais c’eft Enclide, fondateur de la fete Mégarie que , qui fit le plus d'honneur à fa patrie. [l vivoit 390 ans ayant l’ere chrétienne, ëc près de cent ans avant le grand péometre du même nom, qui étoit natif d'Alexandrie, Euclide le mégarien aVOit tant d'amour pour Socrate dont 1l étoit difciple, qu'il fe déguifoit en femme , &t fe rendoit prefque toutes les nuits, de Mégure à Athènes, pour voir &t pour en- tretenir ce philofophe, malgré les peines décernées pat les Athéniens, contre tout citoyen de Mégare qui mettroit le-pié dans leur ville. On rapporte un mot de lui, qui peint nne ame tendre & {enfble. Entendant fon frere qui lui difoit dans.fa colere: « Que je meurs fi je ne me venge Î » Et moi, répliqua-t:l, je mourrai à la peine, fi je » ne puis.calmer votre tranfport, & faire en {forte “que vous n'aumiez encore plus que vous n'avez s» fait julqu'ic1 #. Eubulide {on fuccefleur, étoit aufli de Meégare. I eut la gloire d'attirer à lui Démofthene, de le for- mer, de l'exercer, & de lui apprendre à prononcer Ja lettre À, que la conformation de fes organes de la voix; & la négligence de {on éducation, l’avoient empêché d’articuler jufqu’alors. Enfa Stilpon quifleurifoit vers la 120 Olympiade, où 314 ans avant J. C. étoit natif de Mégare. Son éloquence entraîna prefque tonte la Grece dans la fee Mégarique. C’eft de lui que Cicéron dit à l’hon- neur de la Philofophie , qu'érant porté par fon tem- pérament à amour du vin 6 des femmes, elle lui avoit appris à dompter ces deux pañhons. Piolomée Soter s'étant emparé de Mégare, fit tous fes efforts pour l'emmener en Egypte, & lui remit une grofle fomme d'argent, pour le dédommager de la perte quil pouvoit avoir faite dans le fiege de la ville. Stilpon renvoya la plus grande partie du préfent , & refta dans fa patrie. C’eft dommage qu’une fete qui eut pour chefs de fi grands maîtres , ait enfin dénénéré en difputes frivoles. Mais, me demandera peut-être quelqu'un, qu’eft devenue votre ville de Mégare qui produifoit des ar- tifles, des poëtes, & des philofophes illuftres dans le tems même qu’elle étoit fi fort en butte au mé- pris & aux traits faryriques de fes voifins, qui l’ont tant de: fois faccagée &c renverfée ? Je réponds que Mégare conferve toujours fon nom , avec une légere altération: on la nomme aujourd’hui Mégra, efpece de village habité feulement par deux ou trois cent malheureux grecs. Ce village eft fitué à left du du- ché d’Athènes, dans une vallée, au fond de la baie du golfe de Corinthe , qui fe nomme à-préfent Live- dofiro, & au fud-eft du golfe faronique , qu’on ap- pelle le go/fe Engia. On ytrouve encore quelques infcriptions & reftes d'antiquités. Son territoire eft affez fertile dix heues à la ronde. Il yaune tour dans cet endroit, oblogeoïit ci-devant un vayvode que des corfaires prirent , & depuis lors aucun turc n’en a voulu. Les pauvres grecs de Mégra craignent eux-mêmes tellement les pirates, qu’à la vûe de la moindre barque, 1ls phent bagage, & fe fauvent dansles montagnes. Ils gagnent leur vie à labourer la terre , &c les Turcs à quu elle appartient en propre, leur donnent la moitié de la récolte. Long. 41.27. lat. 38.10. (D. J.) MEGaRE, Pierre de, ( Hifi. naë. ) lapis megaricus , nom donné par quelques naturalftes à des pierres entierement d’un amas compofée de coqulles. MEGARIQUE, Jé&e, (Hit. de la Philofophie. ) Euclide de Mégars fut le fondateur de cette feéte, M E G qui s’appella auffi l'eriffique ; megarique, de la part de celui qui préfidoit dans l’école ; eriffique ,de la maniere contentieufe & fophiftique dont on y dif putoit. Ces philofophes avoient pris de Socrate l’art d'interroger &c de répondre; mais ils l’avorent cor- rompu par la fubtilité du fophifme & la frivolité des fujets. Ils fe propofoient moins d'inffruire que d’embarraffer ; de montrer la vérité, que de réduire au filence. Ils fe jouoient du bon fens & de la raifon. On compte parmi ceux qui excellerent particuliere- ment dans cet abus du tems & des talens Euclide, ce n’eft pas le géomètre, Eubulide , Alexinus, Eu- phants , Apollonius Cronus , Diodore Cronus, Ichtias, Clinomaque , & Stilpon : nous allons dire. un mot de chacun d’eux. Euclide de Mégare reçut de la nature un efprit prompt & fubril. Il s’appliqua de bonne heure à l'étude. Il avoit Iù les ouvrages de Parmenide, avant que d'entendre Socrate. La réputation de ce- lui-ci l’attira dans Athènes. Alors les Athéniens 1rri- tés contre les habitans de Mégare, avoient décerné la mort, contre tout mégarien qui oferoit entrer dans leur ville. Euclide, pour fatisfaire fa curiofté, fans expofer trop indifcrettement fa vie, fortoit à la chûte du jour, prenoit une longue tunique de femme, s’enveloppoit la tête d’un voile, &c venoit pañler la nuit chez Socrate. Il étoit difficile que la maniere facile & paifble de philofopher de ce mai- tre plût beaucoup à un jeune homme auf bouillant. Auf Euclide n’eut guère moins d'empreffement à le quitter, qu'il en avoit montré à le chercher. Il fe jetta du côté du barreau. Il fe Hivra aux fetateurs de l’eléatifme; & Socrate qui le regrettoit fans dou- te , lui difoit : « Ô Euclide , tu fais tirer partides So- » phiftes , mais tu ne fais pas ufer des hommes ». Euclide de retour à Mégare, y ouvrit une école brillante, où les Grecs, amis de la difpute, accou- rurent en foule. Socrate lui avoit laïflé toute la pe- tulence de fon efprit, mais il avoit adouci fon carac- tere. On reconnoît les lecons de Socrate dans la ré- ponfe que fit Euclide à quelqu'un qui lui difoit dans un tranfport de colere: je veux mourir fi je ne me venge. Je veux mourir, reprit Euclide, fi je ne t’appaile , & fi tu ne m'aimes comme auparavant. Après la mort de Socrate, Platon & les autres dif- ciples de Socrate, effrayés, chercherent à Mégare un afile contre les fuites de la tyrannie. Euclide les recutavec humanité, & leur continua fes bons off- ces jufqu’à ce que le péril fût pañlé, & qu'illeur füt permis de reparoïtre dans Athènes, On nous a tranfmis peu de chofe des principes philofophiques d’Euclide. Il difoit dans une argu- mentation : l’on procede d’un objet à fon femblable ou à fon diffemblable. Dans le premier cas 1l faut. s’aflurer de la fimilitude ; dans le fecond, la compa- raifon eft nulle, \ Il n’eft pas néceffaire dans la réfutation d’une erreur de pofer des principes contraires ; 1l fuflt de fuivre les conféquences de celui que l’adverfaire admet ; s’il eft faux, on aboutit néceflairement a une abfurdité. Le bien eft un, on lui donne feulement différens noms. Il s'exprimoit fur les dieux &r fur la religion avec beaucoup de circonfpettion. Cela n’étoit guère dans fon caraétere; maïs le fort malheureux de Socrate l’avoit apparemment rendu fage. Interrogé par quel- qu'un fur ce que c’étoient que les dieux, & fur ce qui leur plaifoit le plus. Je ne fais là deflus qu'une chofe, répondit-1l, c’eft qu'ils haiflent les curieux. Eubulide le miléfien fuccéda à Euclide. Cet hom- me avoit pris Ariftote en averfon, &z il n’échappoit aucune occafon de le décrier : on compte Démo- fthene parmi fes difciples. On prétend que l'orateur d'Athènes d'Athènes en apprit entré autres clioles à cotriget le vice de fa prononciation. IL fe diflingua par l'invention de différens fophifmes dont les noms nous font parvenus, Tels font le menteur , le caché, Peleétre, le voile, le forite, le cornu, le chauve : nous en donnerions des exemples s'ils en valoient la peine. Je ne fais qui je méptife Le plus, ou du phi- lofophe qui perdit fon tems à imaginer ces inepries, ou de ce Philetas de Cos, qui fe fatigua tellement à les refoudre qu’il en mourut. Clinomaque parut après Eubulide, Il eft le pte- mier quifit des axiomes , qui en difputa > Qui imagina des catégories, & autres queftions de dialeétique. Clinomaque partagea la chaire d’Eubulide avec Alexinus , lé plus redoutable fophifte de cette école. Zénon, Ariftote, Menedeme, Stilpon, & d’autres ; en furent fouvent impatientés. Il fe retira À Olym- pie, où il fe propofoit de fonder une feéte, qu’on appelleroit du nom pompeux de cette ville, l'olimpi- que. Maïs le befoin des chofes de la vie, l’intempé- sie de l'air, Pinfalubrité du lieu dégoûterent fes au- diteurs ; ils fe retirerent tous, & le laiflerent là {eul avec un valet, Quelque tems après, fe baignant dans PAlphée, il fut bieffé par un rofeau, & il mou- rut de cet accident. IL avoit écrit plufieurs livres que nous n'avons pas , & qui ne méritent guère nos regrets. En y Alexinus, ou fi l'on aimé mieux, Eubulide , eut encore pour difciple Euphante. Celui-ci fut précep- teur du roi Antigone. Il ne fe livra pas tellement aux dificiles minuties de l’école eriftique, qu’il ne fe refervât des momens pour une étude plus utile & plus férieufe. Il compofa un ouvrage de l’art de re- gner qui fut approuvé des bons efprits. Il difputa dans un âge avancé le prix de la tragédie ; & fes compofitions lui firent honneur. Il écrivit auf l’hif toire de fon tems. Il eut pour condifciple Apollo- nius Cronus, qu’on conñoit peut. Il forma Diodore, qui porta le même furnom 6 qui lui fuccéda, On dit de celui- c1, qu'embarraffé par Stilpon en préfence de Ptolomée Soter, il fe retira confus, fe renferma pour chercher la folution des dificultés que fon ad- verfaire lui avoit propofées , & qui lui avoit attiré de l’empereur le furnom de Cronus ; & qu’il mourut de travail & de chagrin. Ceuton & Sextus Empyri- cus le nomment cependant parmi les plus fers. logi- ciens. Îl eut cinq filles, qui toutes fe firent de la réputation par leur fageñle & leur habileté dans la dialeétique. Philon, maître de Carnéade, n’a pas dé- daigné d'écrire leur hiftoire. Il y a eu un grand nom- bre de Diodore & d’Euclide, qu'il ne faut pas con- fondre avec les philofophes de la fete wegarique. Diodore s’occupa beaucoup des propoñitions con- ditionnelles. Je doute que fes regles valuffent mieux que celles d’Ariftote & les nôtres. Il fut encore un des fectateurs de la phyfique atomique, I] regardoit les corps comme compoiés de particules indivif- bles , &c les plus petites poffibles, finies en grandeur, infinies en nombre ; mais leur accordoit-il d’autres qualités que la figure & la poñition, c’eft ce qu’on ignore, & par conféquent fi ces atomes éteient ou non les mêmes que ceux de Démocrite, Ine nous refte d’Ichtias que le nom ; aucun philo- fophe de la feéte ne fut plus célebreque Stilpon. Stilpon fut inftruit par les premiers hommes de fon tems. Il fut auditeur d’Euclide, & coñtemporain de Thrafimaque, de Diogene le cinique, de Pañclès le thébain, de Diociès, & d’autres qui ont laiflé une grande réputation après eux. Il ne fe diflingua pas moins par la réforme des penchans vicieux qu’il avoit reçus de la nature, que par fes talens, Il aima dans fa jeunefle les femmes & le vin. On l’accufe d’avoir eu du goût pour la courtifane Nicarete, fem- me aimable & inftruite, Mais on fait que de fon Tome X, M E G 30$ teris Îes Courtifannes fréquentoient affez fuvens les écoles des Philofophes. Laïs afliftoit aux leçons d’Arifipe, & Afbañe fait autant d'honneur à So: crate qu'aucun autre de fes dfciples. {1 eut urie fille Qui n'imita pas la févérité des mœurs de fon pere; & 11 difoït à ceux qui lui parloient de fa mauvaite. conduite : # je ne fuis pas plus defhonoré par fes vi- » ces qu'elle n’eft hororée par mes vertus ». Quelle apparence qu'il eût ofé s'exprimer ainfi » S'il eût donné à fa fille l'exemple de l’incontinence qu'on lui réprochoit ! Le refus qu'il fit des ticheffes que Ptolo: mée Soter lui offroit, après la prife de Mégare, mon: tre qu'il fut au-déflus de toutes les grandes tenta tions de la vie. « Je n'ai rien perdu, difoitil à ceux qui lui demandoient l’état de fes biens, pour qu'ils lui fuffent reftitués, après le pillage de fa patrie par Démétrius, fils d'Antigone ; « il me refte mes con: » noiflances & mon éloquence ». Le vainqueur fit épargner fa maifon & fe plut à l’entendre. [Il avoir de la fimplicité dans l’efprit, un beau naturel, une érudition très - étendue. Il jouifloit d’une fi grande célébrité, que s’il lui arrivoit de paroître dans les rues d’Athenes , on fortoit des maifons pour le voir. Il fit un grand nombre de feétateurs à [a philofophie qu'il avoit embraflée, 11 dépeupla les autres écoles : Metrodore abandonna Théophrafte pour l'entendre 3 Cltarque & Simmias, Ariflote; & Peonius, Arifide, Il entraîna Phrafidenus le péripatéticien, Alcinus, Zénon, Crarès, & d’autres. Les dialogues qu’on lux attribue ne font pas dignes d’un homme tel que lui: Il eut un fils appellé Dryfon ou Brifon qui cultiva aufli la philofophie, & qu’on compte parmi les maî: tres de Pirrhon. Les fubtilités de la fete ernftique conduifent naturellement au fcepticifme: Dans la recherche de la vérité, on part d’un fi qui # perd dans les tenebres , & qui ne manque guêre d'y rame ner , fi on le fuit fans difcuffion, Il eftun point inter- médiaire où il faut favoir s’arrêter ; & il femhle que l'ignorance de ce point ait été le vice principal de l’école de Mégare & de la feéte de Pirrhon. Il nous refte peu de chofe de la philofophie de Stil: pon, & ce peu encore eft-il fort au- deffous des talens & de la réputation de ce philofophe. Il prétendoit qu'il ny a point d'umverfaux, 6 que ce mot, homme ; par exemple, ne fiymifioir rien d’exiftant. Il ajoûtoit qu’une chofe ne pouvoit être le prédicat d’une autre, &c. Le fouverain bien, felon li, c’étoit de n’avoir lame troublée d'aucune paffon. On le foupconnoit dans Athènes d’être peu reli: gieux. Il fut traduit dévant l'aréopage , & condamné à l'exil pour avoir répondu à quelqu'un qui lui pars loit de Minerve, « qu’elle n’étoit point fille de Jupi- » ter, mais bien du ftatuaire Phidias». Il dit une autre fois à Crarès qui l’interrogeoit fur les préfens qu’on adrefle aux dieux, & fur les honneurs qu'on lenr rend: « étourdi, quand tu auras de ces queftions à » me faire, que ce ne {oit pas dans les rues», On ra- conte encore de lui un entretien en fonge avec N ep- tune, où Le dieu ne pouvoit être traité auiñ ami lièrement que par un homme libre de prémgés. Maïs de ce que Silpon faifoit aflez pen de cas des dieux de fon pays, s’en fuitilqu’il fût athées? Je ne le crois pas. MEGARIS , ( Géog. anc. ) île fur la côte d'Italie; Pline la place entre Naples & Paufilipe. On l'appelle aujourd’hui lfe de l'Œuf, à caufe de fa figure ovales & la forterefle qui eft deflus ; fe nomme le chérears de L'Œuf, UR Do «1 MÉGARISE Gore , ( Géog. } eñ latin Megari- | Jenus firus ; Melanus , où Cardiants fins golfe qui fait une partie de Archipel, .& qui s'étend le long de la côte de la Romanie, depuis la prefqu'ile de ce nom, jufqu’à l'embouchure de la Marifa. MÉGARSUS , 07 MAGARSUS > CGéog. anc, } Q q | 306 M E G nom 1°, d'une ville de Cilicie, près du fleuve Py= rame ; 2°, d’une riviere de Scythie, felon Sirabon; 3°. d’un fleuve de Pinde, felon Denys le Periégete. D: 5 ( COUDE , SF. (Hifi. mod.) c’eft Paflemblée des grands feigneurs à la cour de Perfe, foit que le fophi les appelle pour des chofes de cérémonie, foit wil ait befoin de leur confeil dans des affaires 1m- portantes & fecrettes. Les mégelles ont été de tous les temsimpénétrables. MÉGERE , ( Mychologie. ) une des furies , la trot- fieme de ces déefles inexorables ; dont l’unique oc- cupation étoit de punir le crime, non-feulement dans les enfers, mais même dès cette vie, pourfui- vant fans relâche les fcélérats par des remords qui ne leut donnoient aucun repos, & par des vifons efrayantes , qui leur faifoient fouvent perdre la rai- fon. Voyez FURIES. Le nom de Mégere, dit Servius , marquoit fon en- vie d'exécuter la vengeance célefte, puifqu'al vient de usyao, invideo, où de peyaAi êpié, Magna con- teritL0. | Au moment qu’il s’agifloit de faire mourir quel- qu'un, c’étoit ordinairement de Mégere queles dieux {e fervoient, comme nous le voyons dans le dou- zieme livre de l’Enéide ; lorfque T'urnus doit perdre la vie ; & dans Claudien, qui a employé la même furie à trancher les jours de Rufin, (2. J. ) MÉGERE , f. £ (Commerce.) mefure de grains dont on fe fert à Caftres en Languedoc. Quatre mégeres font l’émine, & deux émines le feptier decette ville; on divife la mégere en quatre boifleaux. Voyez EMI- NE, SEPTIER , BOISSEAU. Didionnaire de Com- mérce. (G) MÉGESVAR, ox MEDGIES, ( Géog. ) &t par les Allemands MIDWISW , ville de Tranfylvanie fur le Kokel, chef-lieu d’un comté de même nom; elle eft renommée par fes excellens vins. Long, 42. 38. lat. 46. 50. ( D. JT. ) MÊGIE , £ f, ( Art méchan. ) art de préparer les peaux de mouton; nous lavons décrit à l’article CHAMOISEUR. Voyez cet article. MÉGILLAT , o4 MÉGILLOTS , f. m.( Théo. ) terme hébreu qui fignifie rouleau : les Juifs donnent le nom de Mégillos à ces cinq livres, PEcciéfiafle, le Canrique des Cantiques , les Lamentations , Ruth &c Efther. C’eft ce qu'ils nomment les cirg mégilloss. Voyez ROULEAU. | MÉGISSERIE ; f. f. (Comm. ) négoce qui fe fait des peaux de moutons, &c. pañlées en mégie. On appelle auffi Mégifferie, le métier des ouvriers qu’on appelle Mégiffiers ; ce qui comprend encore le négoce des laines , queleurs fatuts leur permettent de faire. | MÉGISSIER , £. m, ( Are méchan. ) celui qui pré- pare les peaux de moutons, d’agneaux, de chevres, lorfqu’elles font délicates & fines. Foyez GANT, PEAU , Ge. Ce font auffi les Mépiffiers qui préparent lespeaux dont on veut conferver le poil ou la laine, foit pour être employés à faire de grofles fourrures , ou pour d’autres ufages. Ils apprêtent aufli quelques cuirs propres aux Boumeliers, & font le négoce des laines. Ce font encore les Mépiffiers qui donnent les pre- mieres préparations au parchemin & au vélin avant qu'ils paflententre les mains du parcheminier. La communauté des Mépiffiers de la ville de Paris, eft aflez confidérable : fes anciens ffatuts font de l’année 1407, &c ont été depuis confirmés & aus- mentés par François L. en 1517, & encore par Hen- ri IV. au mois de Décembre 1594. Suivant ces ftätuts, un maître ne peut avoir qu'un apprentif à la fois, & les afpirans ne peuvent être F ME H réchs maîtres qu'après fix ans d’apprentiflage, &e après avoir fait un chef-d'œuvre, qui confifte à pafler un cent de peaux de mouton en blanc. Les fils de maîtres font difpenfés de faire l’ap= prentiffage; mais on ne les difpenfe pas du chefs d'œuvre. La communauté des maîtres Méoiffiers eft régie par trois maîtres jurés ; On en élit deux tous les ans dans nne aflemblée générale des maîtres, & le pre- vôt de Paris reçoit leur ferment, Les autres articles des ftatuts contiennent des re- glemens au fujet du commerce des laines, que les Mégifliers ont droit de faire. Difionn. de Commerce. MÉGISTA , ( Géog. anc. ) ile de la merde Lycie; felon Pline & Ptolomée. H en eft aufli fait mention fur une médaille rapportée par Goltzius. MÉHAIGNE , ( Géog. ) petite riviere des Pays: Bas : elle a fa fource dans le comté de Namur , & fe perd dans la Meufe. MÉHEDIE , ( Géog. ) petite ville d'Afrique, au royaume de Trémécen, à 15 lieues d'Alger, enti- - rant vers le midi. Elle fut bâtie anciennement par une colonie romaine, comme on le voit par des re- ftes d’antiquités & d’infcriptions qui fe trouvent dans {es ruines. C’eft maintenant une forterefle, où le dey d’Alger tient un gouverneur avec une garnifon pour défendre le pays contre les Arabes, ( D. J. } ME HERCULES, ( Hiff. anc, ) jurement des hommes par Hercule : me Hercules, eft la même chofe que ira me Hercules juver. Les femmes ne juroient point par Hercule ; ce dien ne leur étoit point pro- pice; une femme lui avoit refufé un verre d’eau, lorfqu’il avoit foif, les artifices d’une femme lui coûterent la vie; c’étoit le dieu dela force, &c les femmes font foibles. On fit dans les premiers fiecles de l'Eglife un crime aux Chrétiens de jurer par Her- cule. MÉHUN-SUR-LOIRE , ( Géogr.) petite ville de France dans l’Orléanois , éleétion de Beaugency; on lappelle en latin Magdunum , Maïdunur , Me dinum & Maudunum ; il:y avoit anciennement un château qui donnoit fon nom à la ville Cu/frum Mag- dunenfe, mais il fut détruit par les Vandales vers l'an 409. Cette ville a toujours éprouvé dans les guerres le fort d'Orléans , dont elle eft à 4 lieues: Long. 19.17. datit, 47, 50. Mais fa principale illuftration ui vient d’avoir donné la naïffance à Guillaume de Lorris, qui vivoit fous faint Louis, & à Jean Clopinel ou Jéan de Mé- hun, qui florifloit fous Philippe le bel vers lan 1300: Le premier commença le fameux roman de la Rofe,, ouvrage imité de l’art d’aimer d'Ovide, &t 40 ans après le fecond le continua. (D. J.) MÉHUN-SUR-YEVRE oZ MEUN-SUR-ŸEVRE » ( Géogr.) en latin Macedurum , ancienne ville de France dans le Berry , dans une plaine fertile fur l'Yevre, à 4 liènes de Bourges, 42 S. O. de Paris, Long.19.50. latit. 47. 8. Charles VIL. avoit fait bâtir dans cette ville un château , où il finit fa carriere le 12 Juillet 1467, âgé de 58 ans. Il s’y laïffa mourir de faim, par la crainte que Louis XI. ne lempoifonnät, ce prince aimable ne fut malheureux que par fon pere & par fon fils. Il eut l’avantage de conquérir fon royaume {ur les Anglois, & de rentrer dans Paris , comme y entra depuis Henri IV. Tous deux ont été déclarés incapables de pofléder la couronne , &tous deux ont pardonné ; mais Henri IV. gagna fes états par lui-même , au lieu que Charles VIT. ne fut, pour ainf dire , que le témoin des merveilles de fon re- gne: la fortune fe plut à les produire en fa faveur, tandis qu'aux piés de la belle Agnès il confumoit fes lus belles années en galanteries , en jeux &en fêtes. Un jour la Hire étant venu lui rendre compte d’une affaire très-importante après le fAcheux fuc- cès de la bataille de Verneuil, le roi très-occupé d’une fête qu'il vouloit donner , lui en fit voir les apprèts, & lui demanda ce qu'il en penfoit: Je penfe, dit la Hire, qu’on ne fauroit perdre fon royaume plus gaiement. Räpneau (François) qui fleurifloit fur la fin du xv]. fiecle, étoit né à Méur-Jur-evre, Il eft auteur d’un grand commentaire fur la coûtume de Berry, & d’autres ouvrages femblables eflimés de nos ju- tifconfultes. (D. J.) MEIBOMIUS , conduits de meibomius , ( Anar.) cet auteur a découvert de nouveaux vaifleaux qui prennent leur chemin vers les paupiéres , ce qui lui a donné occafion d'écrire une lettre à l'Angelot fur cette découverte ; on les appelle les conduits de Merbomius. Voyez Œrz. Son ouvrage eft intitulé : Meibom. de fluxu humorum ad oculum , Helmft. 1687. MÉIDUBRIGA , (Géog.anc.) c’eft la même ville que Médobrega , dont nous avons parlé ci-deflus. Woyez-en Particle, ( D. J.) MEIGLE, £. m.(Æconom. ruf?.) outil de vigneron, compofé d’un fer large du côté du manche, & fe Fe en pointé. On s’en fert beaucoup à Cha- ï. MEIMAC , ( Géogr.) petite ville de France dans le Limoufin , à 7 lieues de Tulles, entre la Véfere & la Dorgogne, avec une abbaye d'hommes, ordre de S. Benoit , fondée en 1080. Long. 18. 50, larit. 26 MONDE) MEIN , £. m. (Comm. ) poids des Indes, qu’on nomme autrement 47. Le mein d’Agra, capitale des états du grand Movol, dont Surare eft la ville du plus grand commerce, eft de foixante ferres, qui font 57 livres ? de Paris. Poyez MAN. Didion, de commerce, (G MEIN, /e%( Géog.) en latin Mœnus x grande ri- viere d'Allemagne. Il prend fes deux {ources au marqufat de Culmbach fur les confins de la Bo- Hème , dans les mêmes montagnes , d’où fortent la Sala 6c l’Egra, qui vont fe pérdre dans l'Elbe , l’une au nord, l’autre à Porient , & le Nab qui coulant: vers le midi porte fes eaux au Danube. L& Les deux fources du Meiz font diftinguées par les farnoms de weis , blanc , & de rosk, rougè. La plus feptentrionale eft le Mein-blanc | & la plus méri- dionale eft le Mein-rouge ; tous deux fe joignent à Culmbach ; le Mein arrofe l'évêché de Bamberg; celui de Wurtzbourg baigne Péleftorat de Mayence, pañle à Afchafenbourg , à Sclingftad , à Hanau, à Francfort , & va finalement fe dégorger dans le Rhin à la porte Mayence. Le Mein a été long-tems écrit Moyr: (D. J. | - MEIÏSSEN, (Géog.) en latin Mifra, Mifnia & Mifèra , confidérable ville d'Allemagne dans l’élec- torat de Saxe, capitale du Margraviat de Mifnie, auquel elle donnele nom ; elle appartenoit autre- fois à fon évêque , qui étoit fufragant de Prague, mais les éleéteurs de Saxe ont fécularifé cet éyêché. Ce fut en 928 que l’empereur Henri ft bâtir Meife Jén, 6 qu'il établit le marquifat de Mifnie. Auwjour- d'hui Meiffer eft luthérienne. Elle recoit fon nom du ruifleau qu'on appelle la Meifle, qui y tombe dans VElbe , fur lequel cette ville eft fituée, À 3 milles S:E. de Drefde ; 9°S. E: de Leipfck ,r5 S.E: de: Wittemberg,, 80 NO, de Vienne» Long. 31. 28, MIÉDAISI TI SE 208 -MEIX, fm. (Droit cout. franç:) ce vieux termeeft particulier aux coutumes des deux Bourgognes & a celle de Nivernois, où le meix fignifie non-feule- ment la maifon qu'habite le main-mortable & l’hom- me de condition fervile | mais encore les héritages “quifont fujets à main-morte 8 qui accompagnent la aïlon. Ainfilars, 4, du dir. IX, de larçoñtume du Tome X, MEL 307 duché de Bourgogne porte qu’un #eix aflis en lieu de main-morte & entre meix main-mortable , Eft ré- puté de femblable condition que fontlesautres ex, s'il n’y a titre & ufances au contraire, (D. J.) MEKKIEMES , ( Aif, mod, ) nom que les Turcs donnent à une falle d'audience, où les caufes fe plaï- dent & fe décident. Il y a à Conftantinople plus de vingt de ces rrekkiemes. MELA ox MELLA , (Géog. anc.) dans Virgile l, IV, v, 277. riviere de la Gaule tranfpadane, dont la fource eft au mont Brennus. Elle pafle au cou- chant de Brefcia , & à quelque diftance de la ville d’où vient que Catulle , carmin. EXIL, y. 31. dit: * Flavus guam molli precurrit flumine Mela Brixia, Veronæ mater amata me, En effet, Mélz tombe dans POglio aux confins du Breflan, du Crémonefe & du Mantouan. Cette riviere garde encore fon nom & fa fource au cou- chant du lac d’Idro aux confins du Trentin ; elle fe perd dans l’Oglio auprès & au-deflus d'Oftiano. (D. J.) MÉLA , (Géog.)MiLA par Marmol, & MiceuM dansAntonin , ancienne ville d'Afrique , au pays d'Alger. Elle eft remarquable par deux conciles qui s’y {ont tenus ; le premier, en 402 ; le fecond, en 416 : l’un & l’autre eft nommé concilium milevita- um. Saint Optat a été évêque de cette ville ; anffi eft-il qualifié wi/eviranns epifcopus à la tête de {es œuvres , dont M, Dupin a donné la. meilleure édi- tion en 1700 , iz-folio. Ce grand ennemi des Dona- tiftes mourut vers l’an 380. (D. J. MELAMPYRUM, ( Botan.)) en françois blé de vache; genre de plante à fleur en mafque , mono- pétale , anomale, & divifée en deux levres : la levre lupérieure eft en forme de Caique ; 6e linférienre n'eft pas découpée. Il fort du calice un piftil qui tient à la partie poftérieure de ‘la fleur comme un clou ; ce piftil devient dans la fuite un fruit on une coque qui s'ouvre en deux parties ; cette coque eft divilée en deux loges parune cloifon, & remplie de femences qui reflemblent à des'grains de fro- ment, Tournelort, Zn? rei herb. Voyez PLANTE. MEÉLANAGOGUE, (Thérapeutique) fiénifie dans la doétrine des anciens remedes qui purge [a mélan- colie, Voyez MÉLANCOLIE, HUMEUR € PurGA- TIF. (b) ali MELANCELŒNES , Les, (Géog. anc.) en latin Melanchlæni , ancien peuple de la Sarmatie afati- que , felon Pline; Z. F, c. x, qui les place dans les terres entre le Palus Mæotide & le Volga. Héro- dote dit : « Tousles Mélanchlænes portent des ha- » bits noirs | & c’eft delà que leur vient leur nom; » ce font les feuls entre les Sarmates qui fe nour- » riffent de chair humaine ». (D.J.) MÉLANCOLIE , f. f, ( Econornie animales) c’eft la plus grofliere,, la moins a@tive, &la plus fufcep- tible d’acidité de toutes nos humeurs. Voyez Hu- MEUR, La mélancolie étoit, felon les anciens, froïde & feche ; elle formoit le tempérament froid & fec. Voyez TEMPÉRAMENT. MÉLANCOLIE , {. f. c’eft le fentiment habituel de notre imperfe@tion. Elle left oppofée à la.gaieté qui naît du contentement de nous-mêmes : elle eft le plus fouvent l'effet de la foiblefle ide ame & des organes : elle left auf des idées d’une certaine perféétion, qu'on ne trouve ni en foi, ni dans les antres , n1 dans les objets de fes plaifirs, ni dans la nature: elle fe plaît dans la méditation qui exerce aflez les facultés de lame pour lui donner un fenti- ment doux de fon exiftence ; & qui en mêmetems la dérobe au trouble des paflions , aux fenfations vives qui la plongeroïient danslépuifement. La més Qgy 308 MEL dancolie n’eft point l'ennemie de la volupté, elle fe prête aux illufions de l’amour , & laiffe favourer les plaifirs délicats de l'ame &r des fens, L'amitié hui eft néceflaire , elle s'attache à ce qu’elle aime, comme le lierre à l’ormeau. Le Féti la repréfente comme une femme qui a de la jeunefle & de l’'embonpoint fans fraîcheur. Elle eft entourée de livres épars, elle a fur la table des globes renverfés & des inftru- mens de mathématique jettés confufément : un chien eft attaché aux piés de fa table , elle médite pro- fondément fur une tête de mort qu’elle tient entre fes mains, M. Vien l’a repréfentée fous l’embleme une femme très - jeune , mais maigre & abat- tue : elle eft aflife dans un fauteuil, dont le dos eft oppofé au jour ; on voit quelques livres &c des inftrumens de mufique difperfés dans fa chambre, des parfums brûlent à côté d'elle , elle a fa tête ap- puyée d’une main , de l’autre elle tient une fleur, à laquelle elle ne fait pas attention ; fes yeux font fixés à terre, & fon ame toute en elle-même ne recoit des objets qui l’environnent aucune im- prefñon. - MELANCHOLIE RELIGIEUSE , ( Théol. ) triftefle née de la faufle idée que la religion profcrit les plaifirs innocens , & qu’elle n’ordonne aux hom- mes pour les fauver , que le jeûne, les larmes &c la contrition du cœur. Cette triftefle eft tout enfemble une maladie du corps .& de l’efprit , qui procéde du dérangement de la machine, de craintes chimériques & fuperfti- tieufes, de {crupules mal fondés & de faufles idées qu’on fe fait de la religion. Ceux qui font attaqués de cette cruelle maladie regardent la gaieté comme le partage des réprou- vés , les plaifirs innocens comme des outrages faits à la Divinité, & les douceurs de la vie les plus lé- gitimes, commé une pompe mondaine, diamétras lement oppofée au falut éternel. L'on voit néanmoins tant de perfonnes d’un mé- tite éminent, pénétrées de ces erreurs,.qu’elles font dignes de la plus grande compafñlion , & du foin cha- ritable que doivent prendre les gens également ver- tueux & éclairés , pour les guérir d'opinions con- traires à la vérité, à la raïfon, à l’état de l’romme, À fa nature, &c au bonheur de fon exiftence. .; La fanté même qui nous eft fs chere , confifte à éxécuter les fon@ions pour lefquelles nous fommes faits avec facilité, avec conftance & avec plaïfir ; c’eft détruire cette facilité, cette conftance, cette alacrité, que d’exténuer fon corps par une conduite qui le mine. La vertu ne doit pas être employée à extirper les affeétions, mais à les regler. . La con- templation de l’Etre fuprême & la pratique des de- voirsdont nous fommes capables ,conduifent fi peu à bannir la joie de notre ame , qu’elles font des four- ces intarifflables de contentement & de férenité. En un mot , ceux qui fe forment de la religion une idée différente , reflemblent aux efpions que Moïfe en- -voya pour découvrir la terre promife, & qui par léurs faux rappvrts, découragerent le peuple d’y en- trer. Ceux au us , Qui nous font voir la Joie & la tranquillité qui naïflent de la vertu, reflem- blent aux efpions qui rapporterent des fruits déli- cieux pour eñgager le peuple à venir habiter le pays charmant fui les produiloit. (D. J.) MELANCHOLIE , 1. f, ( Medecine ) penaryoru et unnomcompolé de mexœuve, noire, 8 yon, pile, dont Hippocrate s’eft fervi pour défigner une maladie qu’il cru produite par la bile noire dont le carac- tere générique Be diftinéhf eft un délire particuher , roulant fur un ou deux objets déterminément , fans fievre ni fureur, en quoi elle differe de la manie &e de la phrénefe. Ce délire eft joint le plus fouvent à une triftefle infurmontable, à une humeur fom- bre, à la mifanthropie, à un penchant décidé pont la folitude , on peuten compter autant de fortes qu'il ya des perfonnes quien font attaquées; les uns s’imaginent être des rois, des feigneurs, des dieux; les autres croient être méthamorpholés en bètes, en loups, en chiens, en chats, en lapins: on appelle le délire de ceux-ci {ycanthropie, cyranthropie , gal- lantropie , &c. voyez ces mots, &c en conféquence de cette idée. ils imitent ces animaux & fuivent leur genre de vie ; ils courent dans les bois, fe brûe lent , fe battent avec les animaux, &c. on a vû des mélancholiques qui s’abftenoient d’uriner dans la crainte d'inonder l'univers & de produire un nou- veau déluge. Trallian raconte qu’une femme tenoit toujours le doigt levé dans la ferme perfuañon qu’el- le foutenoit le monde ; quelques-uns ont cru n'avoir point de tête , d’autres ayoir le corps ou les jambes de verre, d’argille, de cire, Ge. il y en a beaucoup qui reffentant de la gêne dans quelque partie, s’i= maginent y avoir des animaux vivans rénfermés. Îl y a une efpece de mé/ancholie que les arabes ont appellé kzzabuk, du nom d’un animal qui court toujours de côté & d’autre fur la furface de l'eau, ceux qui en font attaqués font fans cefle errans &z vagabons : le délire qui eft diamétralement oppofé à celui-là eft extrèmement rare. Sennert dit lu mé- me ne l'avoir pas pù obferver dans le cours de fa pratique. Un médecin de l’éleéteur de Saxe nome mé Janus , raconte qu’un pafteur tomba dans cette efpece de mélancholie ; 1l reftoit dans l’état & la fi tuation oil s’étoit mis jufqu'à ce que fes amis l’en tiraflent; lorfqu'il étoit une fois aflis,, il ne fe feroit jamais relevé ; il ne parloit pas, ne faifoit que fou- pirer, étoit trifte, abattu, ne mangeoit que lorf- qu’on lui mettoit Le morceau dans la bouche , é: or peut rapporter à la mélancholie , la nofiralgieou maladie du pays , Le fanatifme & les prétendus pôt- {effions du démon. Les mélancholiques font ordinai- tement triftes, penñfs, rêveurs , inquiets , conftans: dans l'étude & la méditation, patiens du froid & de | la faim ; ils ont.le vifage auftere , le fourcil froncé, le teint bafané, brun, le ventre conftipé. Forefius | fait mention d’un mélancholique, qui refta trois mois fans aller du ventre, Lib. II. obfery. 43. & on dit dans les memoires de Petersbourg, rom, I. pag, 368. l’'hiftoire d’une fille auffi mélancholique , qui n’alla pas à la felle de plufeurs mois. Ils fe comportent & raifonnent fenfément {ur tous les objets quine font pas relatifs au fujet de leur délire. | Les caufes de la mélancholie font à-peu-près les mêmes que celles dela manie ; #oyez ce rot: les cha- grins , les peines d’elprit , les paflions, &c fur- tout l'amour & l'appétit vénerien non fatisfait , font le plus fouvent fuivis de délire mélancholique ; les craintes vives & continuelles manqnent rarement de la produire :, les impreflons trop fortes que font certains prédicateurs trop outrés., les craintes ex- ceflives qu’ils donnent des peines dont notre religion menace les infraéteurs de fa loi, font dans des ef. prits foibles des révolutions étonnantes. On avù à l'hôpital de Montelimart plufieurs femmes attaquées de manie & de mélancholie à la fuite d’une mifion qu'il y avoit eu dans cette ville ; elles étoient fans ceffefrappéesdes peintures horribles qu'onleuravoit inconfidérement préfentées ; elles ne parloient que défefpoir , vengeance , punition, &c, & une entr'aus tres ne vouloit abfolument prendre aucun remede, | s’imaginant qu’elle étoit en enfer, &T que rien ne pouyoit éteindre le feu dont elle prétendoit être dé- vorée. Et ce ne fut qu'avec une.extrème difficulté que l’on vint à bout de l’en retirer , 8 d’éteindre ces. _ prétendues flammes. Les dérangemens qui arrivent dans le foie, la rate , la matrice, les voies hemor- roïdales donnent fouvent lieu à la wé/ancholie. Le £< long ulage d’alimens auftéres, endurcis par ie fel & la fumée , les débauches , le commerce immodéré avec les femmes difpofe le corps à cette maladie, quelques poifons lents produifent aufli cet effet ; il y en a qui excitent aufh-tôt le délire mélancholi- que : Plutarque ( dans la vie d'Antoine ) rapporte que les foldats d'Antoine paflant par un défert, fu- rent obligés de manger d’une herbe qui les jetta tous dans un délire qui étoit tel, qu'ils fe mirent tous à remuer , à tourner, à porter les pierres du camp; vous les eufliez vù couchés par terre, occu- pés à défricher & tranfporter ces rochers, & peu de tems après mourir en vomiffant de la bile; Le vin fut , au rapport de cet auteur, le feul antidote fa- lutaire, | ) Quelques médecins, très- mauvais philofophes, ont ajouté à ces caufes l’opération du démon ; ils n’ont pas héfité à lui attribuer des #é/ancholies dont ils ignoroient la caufe , ou qui leur ont paru avoir quelque chofe de furnaturel ; ils ont fait comme ces auteurs tragiques, quine fachant comment amener le dénouement de leur piece, ont recours à quel- que divinité qu'ils font defcendre à propos pour les terminer, Les ouvertures des cadavres des perfonnes mor- tes de cette maladie , ne préfentent aucun vice fen- fible dans le cerveau auquel on puifle l’attribuer ; tout le dérangement s'obferve prefquetoujours dans le bas-ventre, & fur-tout dans les hypocondres , dans la région épigaftrique ; le foie, la rate | l’ute- tus patoilient principalement affetés & femblent être le principe de tous les fymptômesde la manie; parcourons pour nous en convaincre , les différen- tes obfervations anatomiques qu’on a faites dans le cas préfent. 1°, Bartholin a trouvé la rate extrème- ment petite & les capfules atrabilaires confiderable- ment augmentces , cezrur. 1. kif. 38, Riviere a vu lépiploon rempli de tumeurs skirrheufes, noirâtres, dans un chanoine de Montpellier , mélancholique , db, X'LIT, cap. jx. Mercatus écrit, que fouvent les vauffeaux méfaraiques font varigheux , carcinoma- teux, engorgés, diftendus par un fang noïrâtre. Wol- frigel a fait la même obfervation , #ifcellan, curiof. an, 1670. Antoine de Pozzis raconte , qu’on trou- va dans le cadavre d’un prince mort mélancholique, le méfentere engorgé , parfemé de varices noirâ- tres’, le pancreas obftrué , la rate fort groffe, le foie petit, noir & skirrheux, les reins contenans plus de cent petits calculs, &c. tbid. ann. 4. obferv. 29, En- fin , nous remarquerons en géneral, que très - fou- vent les cadavres des mélancholiques examinés , nous font voir un dérangement confidérable dans le bas-ventre ; dans les uns Les vifcères ont paru groflis , monflruéux , dans d’autres extrèmemént petits , flétris ou manquans abfolument ; dans ceux- €t, durs, skirrheux ; dans ceux-là, au contraire, ra- mollis, tombant en difiolution : dans la plüpart on les a vüs de même que l’eftomac, le cœur & le cer- veau , inondés d’un fang noirâtre ou d’une humeur foire ; épaifle, gluante comme de la poix, que ies anciens appelloient arrabile ou mélancholie ; on peut confulter à ce fujet Bartholin, Dodonée, Lorichius, Hoechftetter, Blazius , Hoffman, &c. Confiderant toutes ces obfervations , & les caufes les plus ordi- ñairesde cette maladie , l’on ñe feroit paséloigné de croire que tous les fymptômes qui la conftituent {ont le plus fouvent excités par quelque vice dans le bas-ventre, & fur-tout dans la region épigaftri- que: IL y à tout lieu de préfumer que c’eft-là que tefide ordinairement la caufe immediate de la #é: Jancholie, & que lé cerveau n’eft que fympathique- ment affecté ; pour s’affurer qu’un dérangement dans ces parties peut exciter le délire mélancholique , il ne faut que faire attention aux lois Les plus fimples MEL 309 de l'économie animale ; fe appeller gite ces paities font parfemées d’une grande quantité de nerfs extrès mement fenfblés , confidérer qué leur lefion jette lé _ trouble & le défordre dans toute la machine, & quel: quefois eft fuivie d’une mort prochaine ; qué l’ins flammation du diaphragme detérimine un délire phrés nétique;. connu fous le nom de paraphrénefie ; & en= fin al ne faut que favoir que l'empire & l'influence de la region épigaftrique fur tout le refte du COrpsÿ principalement fur la tête, eft très-confiderable: cé n'eft pas fans fondement que Van-Helmont ÿ avoit placé un archée, quidé-là gouvernoit tour le corps, les nerfs qui y {ont répandus lui fervoient de rènés pout en diriger les aétionss Des faits que nous avonscités plus haut,on pout: roit auf déduire que la bile noire ou atrabile qué les anciens croyoient embarraflée dans les hypo: condres , n'eft pas aufli ridicule & imaginaire que la plûpart des modernes l’ont-penfé : outre cés 6ba fervations , il eft conftant que des mélancholiques ont rendu par les {els & le vomiflement des matiez tieres noirâtres, épaifles comme de la poix, & qué fouvent ces évacuations ont été falutaires ; on lit dans les mélanges des curieux de la nature, deca, 1, ann. 6. pag. lxxxxij. une obfervation rappottéé par Dolée, d’un homme qui fut guéri de la méans cholie par une fueur bleuâtre qui fortit en abondance de l’hypocondre droit. Schmid i4id, raconte auf que dans la même maladie , un homme fut beaucoup {oulagé d’une excrétion abondante d’urinesnoire ÿ mais comment & par quel méchanifme, un pareil embarras dans le bas-ventre peut-il exciter ce dés lire , fymptôme principal de mélancholie , c’eft ce que l’on ignore ? Il nous fuffit d’avoir le fait conftäs té, une recherche ulterieure eft très-dificile pures ment théorique & de nulle importance ; il feroit sis diculé de dire avec quelques auteurs, que les ef prits animaux étant infectés de cette humeur noire ; ils en font troublés , perdent leur nitidité & leur tranfparence , & en confequence l’ame ne voit plus les objets que confufement , comme dans un miroit terni ou à travers d’une eau bourbeufe. Ju Cette maladie eft trop bien cara@erifée par l’ef: pece de délire qui lui eft propre, pout qu’on puiffe la méconnoître, on peut même la prévoir lorfqu’el- le et prête à fe décider ; les fymptômes qui la prés cedent font àä-peu-près les mêmes que nous avons rappottés à l’article MANIE , voyez ce mor. Si la trif- tefle &c la crainte durent long-tems, c’eft un figne de rnélancholie prochaine ; dit Hippocrate : le même auteur remarque , que fi quelque partie eft engour die & que la langue devienne incontinente ; celà annonce la #élancholie ; aphor; 23. lib. VT, &c. La mélancholie eft rarement une maladie dange« teufe ; elle peut être incommode , defagréable ; où au contraire plaifante , fuivant l’efpece de délire ; ceux qui fe croient rois, empereuts, quis’imaginent gdüter quelque plaïfir, ne peuvent qu'être fâchés de voir guérir leur maladie ; c’eft ainf qu’un homme qui s’imaginoit que tous les vaiffleaux qui atrivoient à uñ port lui appartenoient ; fut très - fâché ayant ratrappé fon bon fens , d’être défabufé d’une erreur auf agréable. Tel étoit auffi le mélancholique dont Horace ñôûs a tranfmis l’hifloire , qui étant feul au theâtre ; croyoit entendre chanter de beaux vers ê voir Jouer des tragédies fuperbes ; il étoit fâché contre ceux qui lui avoient fémis l’efprit dans fof affiete naturelle ; & qui le privoient par-là de ce plaïir, . _ Poffme occidiflis ; amici ; | Non Jervaflis ; ait; cui fèc extorta voltptasy Et demprus per vim mentis gratiffimus error. Epifts à, hb. il $10 MEL Il n’eneft pas de même de ceux qui penfent être transformés en bêtes, qui ont des délires triftes , in- quiets ; celui, par exemple, qui s’abftenoit de piffer crainte d’inonder le monde, rifquoit beaucoup pour fa fanté & pour fa vie, en retenant un excrément dont le féjour dans la veflie ou la fuppreffion peut occafonner des maladies très-fâcheufes. Le délire, dit Hippocrate, qui roule fur les chofes néceflaires, eft très-mauvais en géneral: il eft à craindre que les vices du bas-ventre n’empirent, que la bile noï- re ne fe forme & n’engorge ces vaifleaux 8 même fe mêle avec le fang ; lépilepfe fuccedant rauffi quelquefois à la #é/encholie. Les tranfports ou me- taftales des maladies mélancholiques , dit Hippocra- te, font dangerenfes au printems &r à l'automne ; elles font fuivies de même, de convulfion , de mor- tification ou d’aveuglement , aphor. 56, lib. IT. y a beaucoup à efperer que la mélancholie fera diffi- pée fi le flux hemorroidal, les varices furviennent ; les déjefions noires, la galle, les différentes érup- tions cutanées , l’élephantiafs font aufli, fuivant Hippocrate , d’un très-henreux augure. Ï] faut dans la curation de la zré/ancholie | pour que le fuccès en foit plus afluré , commencer par guérir l’efprit & enfuite attaquer les vices du corps, lorfqu’on les connoît ; pour cela il faut qu'un méde- cin prudent fache s’attirer la confiance du malade , qu'il entre dans fon idée, qu'il s’accommode à fon délire, qu'il paroïfle perfuadé que les chofes font telles que le mélancholique les imagine , & qu'il lui promette enfuite une guérifon radicale , & pour l'o- gerer , il eft fouvent obligé d’en venir à des reme- des finguliers ; ainf lorfqu’un malade croira avoir senfermé quelque animal vivant dans le corps,il faut faire {emblant de l’en retirer ; f. c’eft dans le ventre, on peut par un purgatif qui fecoue un peu vivement produire cet effet, en jettant adroitement cet ani- mal dans le baflin, fans que le malade s’en apperçoi- ve ; c'’eft ainfi que certains charlatans par des tours de fonplefle femblables abufent de la crédu- lité du peuple , & paflent pour habiles à faire fortir des vipères ow autres animaux du corps. Si le mé- lancholique croit l’animal dans fa tête, il ne faut pas balancer à faire une incifion fur les tépumens , le malade comptera pour rien les douleurs les plus vives , pourvû qu'on lui montre l'animal dont la préfence l’incommodoit fi fort ; cette incifion a cet autre avantage, que fouvent elle fait ceffer les dou- leurs de tête qui en impofoient au malade pour un animal & fert de cautere toujours très-avantageux. On voit dans les différens recueils d’obfervations, des ouérifons auffi fingulieres, Un peintre , au rap- port de Tulpius, croyoit avoirtous les os du corps ramoillis comme de la cire, iln’ofoit en conféquence faire un feul pas ; ce médecin lui parut pleinement perfuadé de la vérité de fon accident ; il lui promit des remedes infaillibles, mais lui défendit de mar- cher pendant fix jours , après lefquels il lui donnqut la permifion de le faire. Le mélancholique penfant qu'il falloit tout ce tems aux remedes pour agir &c pour lui fortifier & endurcir les os , obéit exaéte- ment ; après quoiil fe promena fans crainte &t avec faciité. ” a! Il fallut ufer d’une tufe pour engager celui dont nous avons parlé plus haut à pifer : on vint tout ef- farouché lui dire que toute la ville étoit en feu, qu’on n’avoit plus efpérance qu’en lui pour empé- cher la ville d’être réduite en cendres ; il fut ému de cette raifon & urina, croyant fortement par-là d’ar- rêter l'incendie. Il eft auffi quelquefois à-propos de contrarier ouvertement leurs fentimens , d’exciter eneux des paflions qui leur faflent oublier le fujet de leur délire : c’eft au medecin ingénieux & inftruit à bien fair les occafñons. Un homme croyoit avoit MEL des jambes de verre; & de peur de les caffer, il ne faifoit aucun mouvement : 1l fouffroit avec peine qu'on lapprochât ; une fervante avifée lui jetta ex- près contre les jambes du bois : le mélancholique fe met dans une colere violente , au point qu'il fe leve & court après la fervante pour la frapper. Lorf- qu'il fut revenu à lui, il fut tout furpris de pouvoir fe foutenir fur fes jambes, & de fe trouver guéri Trallian raconte qu’un medecin diflipa le Meme läncholique d’un homme qui s’imaginoit n’avoir point de tête, en lui mettant deflus une balle de plomb dont le poids douloureux luifit appercevoir qu'il en avoit une. On doit avoir vis-à-vis des mé- lancholiques l'attention de ne rien dire qui foit rela- tif au fujet de leur délire : par ce moyen ils Pou- blient fouvent eux-mêmes ; ils raifonnent alors , & agiflent très-fenfément fur tout le refte ; mais dès qu’on vient à toucher à cette corde, ils donnent des nouveaux fignes de folie. On doit aufhi écarter de leur vûe les objets qui peuvent les reveiller, Un de cesmélancholiques qui s’étoit figuré qu'il étoit lapin, raifonnoit cependant en homme très-fenfé dansrun cercle ; lorfque malheureufement un chien entroit dans la chambre , alors il femettoit à fuir & alloit fe cacher promptement fousun lit pour éviter les pour fuites du chien. On peut dans ce cas-là occuper l’ef- prit de ces perfonnes ailleurs, Pamufer, le diftraire par des bals, des fpeétacles , & fur-tout par la mu- fique ,; dont les effets font merveilleux. Pour ce qui regarde le corps., les fecours dont l'efficacité eft la mieux conftatée, font ceux qu’on tire de la diete ; ils font préférables à ceux que la pharmacie nous offre , & encore plus à ceux qui viennent de la Chirurgie. Je prens ici le mot dicte dans toute fon étendue , pour l’ufage des fix chofes non naturelles ; & on doit interdire aux mélancho- liques des viandes endurcies par le fel & la fumée, les liqueurs ardentes, mais non pasle vin, qui eff un des grands anti-mélancholiques , qui fortifie & ré- jouit l’eftomac ; les viandes les plus legeres , les plus faciles à digérer ; font Les plus convenables ; les fruits d'été bien mûrs font très-falutaires. On doit beaucoup attendre dans cette maladie du change- ment d'air, du retour du printems, des voyages » de l'équitation , des friétions fur le bas-ventre , des exercices vénériens, fur-tout quand leur privation a occafionné la maladie , & encore plus de la jouif- fance d’un objet aimé, Gc, la maladie du pays exige le retour dans la patrie ; il eft dangereux de différer trop tard ce remede fpécifique : on eft quelquefois obligé d’en venir, malgré ces fecours , à quelques remedes ; on doit bien je garder d’aller recourir à ces bifarres compoftions qui portent ces noms faf- tueux d’exhilarans , anti- mélancholiques | 8tc. ces remedes femblent n'être faits que pour en impofer, ad fucum & pompam, omme on dit.Les feuls remedes vraiment indiqués , font ceux qui peuvent procurer le flux hémorrhoïdal ou le rappeller, les apéritifs falins, le nître, le {el de Glauber, le fel de feignette, letartre vitriolé, &c. les martiaux, les fondans aloé- tiques, hémorrhoïdanx , hépatiques , les favon- neux fur-tout: ces médicamens variés fuivant les indications , les circonftances , les cas , 8 prudem- ment admimiftrés, font très-efficaces.dans cette ma- ladie,& la guériffent radicalement. [left quelquefois aufh à- propos de purger ; il faut, fuivant l’avis d'Hippocrate , aphor, 9. liv. IV. infifter davantage fur les purgatifs catharétiques, même un peu forts, &c parmi ceux-là 1l faut choifir ceux que les obfer= vateurs anciens ont regardés comme fpécialement affledés à la bile noire , & qui font connus fous lé nom de mélanagogues ,tels font, parmi les doux ou médiocres , les mirobolans indiens, le polypode, l'épithime , le féné ; parmi les forts, on compte la pierre d'Arménie ; lazuli, la coloquinte, l’helléborè ROSE ME 0, | MÉLANDRIN , ( Æifi. nat. ) poiflon de mer. On le confond fouvent avec le fargo auquel il reffem- ble beaucoup par la forme du corps & par la pof- tion &c le nombre des nageoires. Le corps eft pref- qu'entierement noir, & le tour de la tête a une cou- leur violette ; les dents font petites & aiguës. Ce poiflon differe du fargo en ce qu’il n’a pas la queue fourchue ; fa chaïr et ferme & aflez nourriflante. | Rondelet, Hiff. des poiffons, I. part. liv, V. chap. vi. Voyez SARGO , poiffon. e MÉLANGE , f. m. ( Gram. ) iMe dit de l'aggré- gation de plufieurs chofes diverfes. Le vin de caba- ret éftun mélange pernicieux à la fanté. La {ociété eft un wé/ange de fots & de gens d’efprit. On donne le titre de srélanges, à un recueil d’onvrages com- pofés fur des fujets divers. Le mélange des animaux produit des monftres & des mulets. On ne s’eft pas af. {ez occupé du mélange des efpeces. MÉLANGE, ( Pharm, ) c’eftuneopération de phar- _macie, foit chimique, foit galénique, qui condifte à unit enfemble plufeurs fimples , foit folides, foit li- quides ; ou plufieurs drogues par elles-mêmes com- pofées ; comme lorfqu’on fait un opiate avec la thé- riaque, la confeétion hyacinthe & le catholicon dou- ble. Ce mélange doit être raifonné ; car il faut join- dre des remedes qui foient analogues , & dont l’u- nion fafle un effet plus énergique ; c’eft ainfi que les fels joints au féné tirent mieux fa teinture, & que les alkalis joints aux graïfles aident à divifer Les corps gras & à les rendre mifcibles à l’eau & plus ef- ficaces foit pour l’intérieur, foit pour l'extérieur. Le mélange eft faux & nuifible , lorfqu’on emploie des médicamens qui n’ont nulle analogie , on qui fe détruifent, On peut repracher ce défaut à plufeurs compoñrions galéniques, quoique faflueufes & fai- tes avec beaucoup d'appareil ; on a même fait ce ju- gement il y a long-tems de la thériaque d’Androma- chus. Les pondres diamargariti froides & chaudes , les efpeces diambra & autres , font des preuves plus que fufñfantes de ce que nous avançons. On peut dire que dans ces mélanges on fouffle tout-à:la-fois le chaud & le froid, Foyez PHARMACIE à l'article PRÉ- PARATION. Le MÉLANGE, terme de Chapellerie, qui fe dit de la quantité de chaque matiere qui entre à la compo- fition d’un chapeau , & que lon mêle enfemble: par exemple, du poil de fapinavec ducaftor , de la laine &e mouton avec celle desagneaux, &c. Voyez CHa- PEAU. ” MÉLANGE , fe dit en Peinrure ; dés teintes qu’on fait en mêlant les couleurs fur la palette avec un couteau, & fur la toile avec le pinceau; c’eft-à.dire, 2 3 en les fondant enfemble, On ne dit point , des cou- leurs bien mélangées, mais des Couleurs bien fondues, MÉLANGE, en terme de Potier, eft proprement l’aétion de mêler la terre avec du fable, du ciment, ou du mâche-fer. Le fournalifte fait toujours fon me- lange avec du mâche-fer, Voyez FOURNALISTES. MELANI MonTes , ( Géog.anc, ) en grec ue Agrx O'pa, chaine de montagnes que Ptolomée place dans l'Arabie pétrée: ce font les mêmes montagnes : que PEcriture-fainte nommé Oreb 8 Sinaï, : MELANIDE , adj. f. ( Myrhol, ) furnom: qu’on a donné quelquefois à/ Vénus! &:qu'on'a formé dugrec pas , ténebres, parce que cette déefle ‘aime lefi: | lenceide la nuit, dans la récherche defes plaifirs: pes MELANIPPIUM Ezvuen, ((Géog/änct) ri" viere d'Afe dans la Pamphylie ; elle étoit confacrée à Minerve au rapport de Quintus-Calabet; iv, LIT. .MÉLANO-SYRIENS, Les , Melano=Syri ;( Géog gac. ) c'eft-à-dire ; Syriens-noirs. ATE On äppelloit de ce MEL v” nom les habitans de 14 véritable Syrie, au-delà du mont Taurus , pour les diftinguerdes Lewco-Syriens , c'eft-à-dire , Syriers-blancs j qui habitoient dans la Cappadoce, vers le Pont-Euxin. (DJ) MELANTERIE, 1. f, ( Æif£ rar, Minéra. ) nom donné par quelques auteurs anciens à une fubftance minérale , fur laquelle les fentimens des Naturalif- tes ont été très-partagés, Il y a tout lieu de croire que cequ'ils ont voulu défigner par-là , n’eft autre chofe qu'une efpece de terre ou de pierre de couleur noire : chargée d’un vitriol qui s’eft formé par la décompoñ- tion des pyrites. C’eftce que M. Henckel a fait voir dans fa pyritologie ; ainfi la mélanterie peut être définie une pierre notre chargée de vitriol, (— MELANTATI , ( Géog. anc. ) écueil de la mer Icarienne, auprès de Samos. Strabon en parle, 4v, XIV. pag. 636. Le nom moderne eft Furni, {elon Niger, 8c Fornelli, felon d’autres, (D. J.) MÉLAS , ( Médec. )tache de la peau, fuperficielle ; noirâtre, de couleur de terre d'ombre. Cette tache eft exempte de douleur & d’excoriation, & la cou: leur de la peau n’y eft altérée qu’à fa furface. Elle paroït peu différer des taches livides de quelques fcor- butiques. Woyez LENTILLES. (F) MÉLAS , ( Géog.anc.) ce mot eft grec, & finifie noir ; & parce que les fleuves dont le cours eft lent, ou dont le fonds eft obfcur , paroïiffent avoir les eaux noires , les anciens ont appellé bien des rivie- res du nom de Mess. Il y en avoit une en Arcadie, une en Achaie , une en Béotie , une en Migdonie ; une en Macédoine ,une en Pamphylie, uneen Thef- falie , & une en Thrace, dont le nom moderne eft Sulduth ; enfin , une en Cappadoce; on l’appelle au- jourd’hui Carafon. MÉLAS Siaus, ( Géog. anc. ) golfe de Thface , à l'embouchure de la riviere de même nom. L'ile de Samo-Thrace étoit à l'entrée ; la ville de Cardia étoit au fond du golfe. Cette ville de Cardiz s'appelle aujourd’hui-Mégarifle, & donne fon. nom au volfe. L'île de Samandrachi eft la Samo-Thrace des an2 ciens. (D.J.) MÉLASSE , f. f. ( Mar. méd.) c’eft cette matiere grafleufe & huileufe , mais fluide qui refte du fucre après le rafinage , & à laquelle on n’a pu donner; en la faifant brüler, une confiftance plus folide que celle du firop ; on l'appelle aufi pour'cela frop de Jfucre. | Cette mélaffe eft à proprement parler l’eau-mefe du fucre , ou la fécule du fucre qu'on n’a pu faire cryftallifer , ni mettre en forme de pain. Quelques-uns font de cétteeau-mere une eau-dez vie qui eft fort mal-faine. Il s’eft trouvé des empiriques qui ont fait ufage de ce prétendu firop pour différentes maladies, qu'ils donnoient fous un nom'emprunté; Ce qui a mis ce remede ên vogue pendant quelque téms. °°: Les gens de la campagne des environs des villes où fe fait le raffinagé duficre, ufenr béaucoup'de cétte forte de fitop ;'1l$ en mangent; ils en mettent dans l’eau ; ils en font une efpece de vin, & s’eni férvent au lieu de fucre ; quelques épiciers en frelatent leur _ éau-de-vie. Voyez SUCRE. “MÉLAZZO où MÉLASSO , ( Géog.Y ficienne . ville delà Turquie afiätiquér, dans la Natolie, Cet : l’ancienne My/a/aoù l’ôn voyoit encote dans le der: : nier fiécle’de beaux monumens d’antiquité 'entr’auz tres un pétittemple de Jupiter, un grand'témple dé: | dié à Avgufte ; &' la belle colonne-érigée en l’hôn: neur dé Ménander fils d'Euthydéme,: un de fes : plis célébres citoyens. Loxp:45. 30188, 3e et “MELCA\, éénmal; ( Pharmaci) ce terme eft latin | feion Galien, & fignifie une forte lotablé d’élimenr ar fafraichiflant ;humettant, 8 en ufäge chez les Ro- | mins, C'eftuneefpece d'oxygala, où de laitirepofé: 312 MEL & mélé avec du vinaigre bowillant, Gorræus. MELCARTHUS , ( Myrhol.) dieu des Tyriens , en l'honneur duquel les habitans de Tyr célebroient tous les quatre ans avec une grande pompe les jeux quinquennaux ; 90yez QUINQUENNAUX. . Melcarthus eft compofé de deux mots phéniciens mélec & kartha , dont le prenuer fignifie ro & le fe- cond ville, c’eft-à-dire, le roi, le feigneur de la ville, Les Grecs trouvant quelque conformité entre le culte de ce dieu à Tyr, & celui qu’on rendoit dans la Grece à Hercule , s’imaginerent que e’étoit la mé- me divinité ; & en conféquence ils appellerent le dieu de Tyr, l’Hercule de Tyr: c’eft ainf qu'il eft nommé par erreur dans les Macchabées d’après Pu- fage des Grecs. _ Il y a beaucoup d'apparence que Mecarthus eft Le Baal de l’Ecriture, dont Jézabel apporta le culte de Tyr chez les Ifraélites ; car comme mélec-cartha en phénicien, fignifie le roi de la ville, pareillement baal-cartha dans la même langue, veut dire le Jer- gneur de la ville ; & comme dans l’Ecriture baal tout feul, fignifie le dieu de Tyr , mélec fe trouve auf fignifier feul le même dieu, Héfychius dit Ma- AUH 3 TOY H'patAta A'uabëcioi ; Male, nom d’Hercule chez les Amathufiens : or les Amathufens étoient une colonie des Tyriens en Chypre. Voyez; fi vous voulez de plus grands détails, Sanchoniaton apud Eufeb. de prœpar. evang. I. Bocharti Phaleg, part. 2. Bb. I, c.xxxiv, & Lib. IL. c. y. Selden, de diis [yriis 3 & Fulleri, muifcellan. III. xvi. ( D. J.) L MELCHISÉDÉCIENS, f. m. pl. ( Æiff. eccléf.) anciens feîtaires, qui furent ainfi appellés parce qu'ils élevoient Melchifedechau-deflus de toutes les créatures, & même au-deflus de Jefus-Chrift, L'auteur de cette fete étroit uncertain Théodote, banquier , difciple d’un autre Théodote, corroyeur, en forte queles Melchifédéciens ajouterent feulement à l’héréfie des Théodotiens ce qui regardoit en parti- culier Melchifedech qui étoit, felon eux, [a grande &t excellente vertu. Di. de Trévoux. Cette héréfie fut renouvellée en Egypte, fur la fin du troifieme fiecle, par un nommé Æierax qui foutenoit que Melchifedech étoit le Saint-Efprit , abufant pour cet effet de quelques pañlages de Pépi- tre aux Hébreux. On connoît une autre forte de Melchifédéciens plus nouveaux qui paroïffent être une branche des Mani- chéens. Ils ont pour Melchifedech une extrème vé- nération. Ils ne reçoivent point la circoncifion , & #’obfervent point le fabbat. Ils ne font proprement ni juifs, ni payens, ni chrétiens, & demeurent principalement vers la Phrygie. On leur a donné le nom d’Aringani, comme qui diroit gens qui n’ofent toucher les autres de peur de fe fouiller. Si vous leur préfentez quelque chofe ils ne le recevront pas de votre main, mais fi vous le mettez àterre ils le pren- dront ; & tout de même ils ne vous préfenteront rien avec la main, mais ils le mettront à terre afin que vousle preniez, Cedren, Zonar.Scalig. ad Eufeb, PAS. 2414 Enfin, on peut mettre au nombre des Melchiféde- ciens ceux qui ont foutenu que Melchifedech étoit le fils de Dieu , qui avoit apparu fous une forme hu- maine à Abraham : fentiment qui a eu de tems en tems des défenfeurs, & entr’autres Pierre Cunæus dans fon livre de la république des Hébreux. Il a été réfuté par Chriftophe Schlegel , & parplufeurs au- tres auteurs qui ont prouvé que Melchifedech n’é- toit qu'un pur homme, parles textes mêmes qui paroïflent les plus favorables à l'opinion contraire. C’eft ce qu’on peut voir au long dans Za differtation du pere Calmet /#r Melchifedech. | | MELCHITES , { m. pl. (ff. eccléf.) c’eft le nom qu'on donne aux feétaires du Levant, qui ne parlent point la langue grecque, & qui ne different prefque en rien des Grecs, tant pour la croyance que pour les cérémonies. Ce mot eft la même chofe dans la langue fyria: que que royalifles. Autrefois ce nom fut donné aux Catholiques par les hérétiques , qui ne voulurent point {e foumettre aux décifions du concile de Chal- cédoine , pour marquer par-là qu'ils étoient de la religion de l’empereur. On nomme cependant aujourd’hui Me/chires par= miles Syriens, les Cophtes ou Egyptiens , & les au- tres nations du Leyant, ceux qui n'étant point de véritables Grecs ; fuivent néanmoins leurs opinions. C’eft pourquoi Gabriel Sionite, dans fon traité de la religion & des mœurs des Orientaux, leur donne indifféremment le nom de Grecs &c de Melchitess Voyez GREC: N Il obferve encore qu'ils font répandus dans tout le Levant, qu'ils ment le purgatoire , qu’ils font en- nemis du pape, & qu'il n’y en a point dans tout l'Orient qui fe foient fi fort déclarés contre fa pri- mauté ; mais ils n’ont point là-deflus , ni fur les arti- cles de leur croyance ,, d’autres fentimens que’ceux des Grecs fchifmatiques. Ils ont traduit en langue arabe l’eucologe des Grecs , & plufieurs autres livres de l'office ecclé- fiaftique. Ils ont aufli dans la même langue les ca- nons des conciles, & en ont même ajouté des now« veaux au concile de Nicée , qu’on nomme ordinai- rement les canons arabes , que plufeurs favans trai- tent de füuppofés. Ces mêmes canons arabes font auf à l’ufage des Jacobites & des Maronites. Voyez CA- NONS. Dit. de Trévoux, | MELECHER , f. mm; ( Hifi anc.) idole que les Juifs adorerent, Melecherfut, felonles uns , Le foleil 3 la lune; felon d’autres. Ce qu'il y a de certain , c’eft que les femmes lui offroient un gâteau figné d’une étoile , &c que les Grecs faifoient à la lune l'ofrande d’un pain fur lequel la figure de cette planete étoit imprimée. MELEK , ( Géog. ) petite villed’Allemagne dans la baffe-Autriche, {ur le Danube: Elle eft ancienne 3 & a plufieurs chofes qui la rendent remarquable, Cluvier veut qu’on l'ait d’abord appellée Nora: leck ; d’où le nom moderne s’eft formé par une abré: viation aflez ordinaire chez toutes les nations. Quoi qu'ilen foit, elle appartient préfentement À la fas meufe abbaye des Bénédiétins ; qui commande la ville & les campagnes des environs , je dis qui com mande, parce qu'elle eft bien fortifiée, & qu’elle a fu fe défendre en 1619 des attaques de l’armée des états d'Autriche ligués contre elle, avec la Bohème. Cette abbaye ne releve que du faint-fiège; & quoi- que Pabbé quien eft feigneur aujourd’hui wait plus hi les richeffes ; n1 la puiffance dont jouifloient fes , prédécefleurs avant les guerres de religion, il con= ferve encore la préféance dans toutes les dietes du pays. | Lazius prétend que les Bénédi@ins ont été établis généreufement à Melek par Léopold Il. & Albert II: qui leur céderent le château où ils réfidoïent eux=: mêmes. C’eft dans leur églife, la plus riche de Autriche, : w’eft le tombeau de Colmann, prince du fang des rois d'Ecofle, qui , paflant dans cet endroit en équi- page de pélerin pour fe rendre à Jérufalem, fut arrês té par le gouverneur du pays, & perdu comme efx pion ; ER 1014 de , A Meleck eft bâtie au-bas d’une colline , à 12 milles! d'Allemagne de Vienne. Long, 33.25. lar, 484 w5, (D.1.) | ! MELDELA , LA, ( Géog:) en latin moderne; : Mildula, petite place d'Italie, dans la Romagne. Elle appartient à fon propre prince ; qui eft de la maillon MEL Maifon Pamplulr, & eft à 3 lienes 5. de Forli, Ai de Ravenne. Lohg, 29, 45 lat, 44.23%, (D, J. ) MELDORP , ( Géog. ) ancienne ville d'Alléma: gne; au duché de Holftein, dans la Dithmat{e ; pro: che la Mille & la mer, à $ milles S. de Fonningen, 3 S: O! de Lunden, 12 N. O. de Hambourg, Lonp, $4. 10, laï, 42. 32. felon les géographes du pays. (D.2.) si SEPT à MÊLECÉ, (Géog. ) 6x MÉLÉCEY én Bourgogne près de Charton ; c’eft un village, mais j'en parle à caufe de {a grande ancienneté : il fe nommoit ager iniliacenfrs dans le feptieme fiecle. Cuflet, dans {on hifioire de Châlons, donne la defcription d’un tem- ple des äncièns Gaulois; qui fubffloit encore de fon sems en ce lieu, Dom Jacques Martin a obfervé que la figuré de cet édifice tenoitle milieu entre le rond & le quarré. (29. J. | MÉLÉDA, ( Géog. ) en latin Melia , par les ET. clavons Mir ; Île de Dalmatie, dans le golfe de Ve- nife, Elle appartient à la république de Ragufe, a 10 lieues de long, abonde en poiffon, vin, orangers & citronniers. 1 y a une fameufe abbaye de Bénédic- tins. C’eft dans cette île que faint Paul fut mordu d'une vipere felon Popinion de queiques critiques; &c d’autres en plus srand nombre prétendent que c’é- toità Malte, Long, 354, 28/, 381, Jus, 42, 411. 461, OL ARRS MÊLER , v. a@. (Gramm. ) c’eft faire un mélan- ge, voyez l’article MÉLANGE. Meler am jeu , c’eft battre les cartes, afin qu’elles ne fe retrouvent pas dans l’ordre où ellesétoient. Méer du vin, ceftletar- later, Méler une ferrure, c’eft en emharrafler les ref. torts; Je méler, fe dit auffi de certains fruurs, lorfque la maturité les colore ; ilne fant pas /è mé/erordinai- rement d'une affaire étrangere , on s’expofe à faire dire de foi, de quoi fe méle:t-il ? Dieu a fi fagement mêlé la peine au plaïfir , que l’homme ignote fiia vie eft un bien où un mal, Il fe #/e d’un méchant mé- tier. 3 LI MÉLER UN CHEVAL, (Maréchal) enterme de ma- nege, c'eft, à l'égard du cavalier, le mener de fa- çon qu'il ne fache ce qu’on lui demande, Un cheval de tirage eff mél, lorfqu'il embarraffe fes jambes dans les traits qui s’attachent à la voiture, MÊLES, ( Géog. anc. ) petite riviere d’Afe , près de Smyrne , dans l’lonie. À la jource de cette ri- viete, dit Paufanias , eft une grotte dans laguelle on penfe qu'Homere compofa fon iliade ; c’eft du- moins de cette tradition que ce poëte a pris le fur- nom de Meléfioène, & c’eft aufh fur ce fondement que Tibulle difoit : Poffe Meletæas rec mallem vincere chartas. ( D. Ta ) : MELESE , Zarix , (Botan.) gente de plante à fleur en chaton, compofée de plufeurs fommets & ftérile, L’embryon naît entre les feuilles du jeune fruit & devient une femence foliacée, cachée fous les écailles qui font attachées à l'axe & qui compo- fent le fruit. Ajoutez aux caraéteres de ce genre que les feuilles naiflent par bouquet. Tournefort » inff. rel herb. Voyez PLANTE, | MELESE ,{. m. /arix, ( Botan. ) grand arbre qui fe trouve communément dans les montagnes des Alpes, des Pyrénées, & de l’Apennin ; dans le Canada, dans le Dauphiné, en France, & particu- lerement aux environs de Briançon. C’eft le feul des arbres réfineux qui quitte {es feuilles en hiver : il donne nne tige auffi droite, auf forte , & auf haute que les fapins, avec lefquels il a beaucoup de reflemblance à plufeurs égards. La tête de l'arbre fe garnit de quantité de branches qui s'étendent &c de phent vers la terre ; les jeunes rameaux font fou- ples comme unofier, & tout l'arbre en général a Tome X, M EL 313 | beariéonp dé Âexibilité. Sôn écorce eft épais, crez vallée ; & rouge en-dedans ; comme cellés de la pli part des arbres réfineux, Au commencernent du pris tèms çet arbre a un agrément fingulier : d’abord ; les Jeunes branches de la derniere année fe chargent de fleurs mâles ou chatons écailleux ; de couleut de foufre ; raflemblés en un globule ; les fleurs femelz les paroïffent enfuite à d’autres endroits des mêmes Branches : ce font de petites pommes de pin ; écail: leufes , d’une vive couleur de poutpré violet ; dé là plus belle apparence : puis viennent les feuilles d’ud vérd tendre des plus agréables; elles font raffein< blées plus ou moins en nombre de quarante ou foi: xante ; autour d'un petit mamelon: L'arbre produit des cônes qui contiennent la femence ; ils font en maturité à la fin de l'hiver, mais 1l faut les cueillig avant le mois de Mars, dont le hâle les fait ouvrit, & les graines qui font très-menues & très-legeres ; tombent bien-tôt & fe difperfent, Le melefe et fi ro: buite, qu'il réfifte à nos plus grands hivers. Son acz= croiflement eft régulier ; il fe plaît dans les lieux élez vés &T expolés au froid ; fur les croupes des hautes montagnes tournées au nord, dans des places incul= tes & ficriles. Il vient aufi dans un terrein fec & léger ; mais il fe refufe au plat pays , aux terres for: tes, cretacées, fablonneufes, à largile, & à l’hu= midité. I lui faut beaucoup d'air & de froid ;ilne: xige aucune culture, lorfqu’il eft placé à demeure: Cet arbre n’eft point aifé à multiplier : on ne peut en venir à bout qu’en femant fes graines après les avoir tirées des cônes : pour y parvenir on expofe les cônes au foleil ou devant le feu ; onles remue de tems en tems ; les écailles s'ouvrent peu à peu, &c les graines en fortent, On peut les femer dès le com- mencèment de Mars ; mais la faifon dans ce mois étant fujette aux alternatives d’une humidité trop froide, ou d’un hale trop brûlant , qui font pourrir ou deffécher les graines ; il vaut beaucoup mieux attendre les premiers Jours d’Avril, Et comme cette graine leve dificilement, & que les plants qui en viennent, exigent des précautions pour les garantir des gelées pendant les premieres années, il {era plus convenable de la femer dans des caïfles plates ou ternines, que de les rifquer en pleine terre. On le répete encore, & on ne peut trop le redire, il ef très-difiicile de faire lever la graine de melefe, & de conferver pendant la prémieré année les jeunes plants qui en font venus. Faites préparer un afflem- blage deterres de différentes qualités, en forte pour: tant que celles qui font legeres dominent ; ce mé- lange fervira-à emplir les caifles ou terrines jufqu’à un pouce près du bord. Après que les graines y {e- ront femées, faites-les recouvrir d’un pouce de ter- reau très-pourri, tès-leser, très-fin ; faires-les pla= cer contre un mur, ou une paliflade à l’expoñtion du levant, & recommandez de ne les arrofer que modérément dans les grandes fécherefles ; les grai< nes leveront au bout d’un mois ; prefcrivez de nou- veaux foins pour l’éducation des jeunes plants. La trop grande ardeur du foleil & les pluies trop abon- dantes, peuvent également les faire périr: on pourra les garantir du premier inconvénient en fuppléant quelque abri, & les fauver de l’autre en inclinant les terrines pour empêcher l’eau de féjourner, IL faudra ferrer les caifles ou terrines pendant l'hiver , &c ne les fortir qu’au mois d'Avril lorfque la faifon fera bien adoucie ; car rien de fi contraire aux jeu- nes plants d'arbres réfineux que les pluies froides, les vents defféchant ; & le hâle brûlant qu’on éprou- ve ordinairement au mois de Mars. On pourra un an après les mettre en pepiniere; dans une terre meuble & legere, vers la fin de Mars ou le com- _mencement d'Avril, lorfqu'ils font fur le point de poufler, On aura fom de conferver de la terre aux | £ p 314 MEL tour de leurs racines en les tirant dé la caïfle , dé les garantir du foleil & des vents , jufqu'à ce qu'ils ayent poufié, & de les foutemir 8c drefler avec des petites baguettes ; parce qu'ils s’inclinent volon- tiers & fe redreflent dificilement, fi on les a négli- gés. Au bout de trois ans, on pourra les tranfplan- ter à demeure fur la fin du mois d'Otobre , lorfque les feuilles commencent à tomber. ls réufliffent ra- rement lorfqu'ils ont plus de deux piés, ou deux piés &c demi de hauteur, à-moins qu'on ne puifle les enlever & les tranfporter avec la motte de terre. Ces arbres viennent lentement pendant les cinq premie- res années ; mais dès qu’ils ont pris de la force, ils pouffent vigoureufement ,; & fouventils s’élevent à 8o piés. On peut les tailler & leur retrancher des branches fans inconvénient, avec l’attention néan- moins d’en laiffer à l’arbre plus qu’on ne lui en re- tranche. Le bois du melefe eft d’un excellent fervice ; il eft dur , folide , facile à fendre. Il y en a de rouge & de blanc ; ce qui dépend de l’âge de l'arbre : le rouge éft le plus eftimé ; aufl eft-ce le plus âgé. Il eft pro- pre aux ouvrages de charpente, & à la conftruétion des petits bâtimens de mer; on le préfere au pin _& au fapin pour la mentiferie. Ce bois eft d’une grande force & de très-longue durée; il ne tombe pas en vermoulure ; il ne contraéte point de gerfu- re ; il pourrit difficilement , & on l'emploie avec fuc- éès contre le courant des eaux. Il eft bon à-brüler, 83 on en fait du charbon qui eft recherché par ceux qui travaillent le fer. On fe fert de l'écorce des jeu- ñes melefès, comme de celle du chêne , pour tannér les ciurs. Le melefe eft renommé pour trois produétions ; la manne, laréfine , & l’agaric. La manne que l’on trouve furle melefe, fe forme en petits grains blancs, mollaffes, glutineux, que Ja tranfpiration raffemble pendant la nuit fur les feuilles de l'arbre, au fort de la feve , dans les mois de Mai & Juin, Les jeunes arbres font couverts de éette matiere au lever du foleil, qui la diffipe bien- #ôt. Plus ily a de rofée, plus on trouve de manne ; élle eft aufi plus abondante fur Les atbres jeunes & Yigoureux. C’eft ce que l’on appelle la marre de Briançon , qui eft la plus commune ëe la moins efti- fée des trois efpeces de manne que l'on connoit. On ne l’emploie qu'à défaut de celle de Syrie & de celle de Calabre. On donne le nom de sérébenthine , à la réfine que Pon fait couler du r2e/efe, en y faifant des trous avec 15 tarriere. On tire cette réfine depuis la fin de Mai sufqwà la fin de Septembre. Les arbres vigoureux en donnent plus que ceux qui font trop jeunes où . trop vieux. Un meefe dans la force de l’âge peut fournir tous les ans fept à huit livres de térébenthi- ñe pendant quarante Ou cinquante ans. C’eft dans Ja vallée de S. Martin &c dans le pays de Vaudois en Suifle, que s’en fait la plus grande récolte, &e é’eft à Briançon ou à Lyon qu’on la porte vendre. On trouvera fur ce fujet un détail plus circonflancié dans le traité des arbres de M. Duhamel, au mot La- FX, L’agaric eft une efpece de champignon qui croit für le tronc du reefè, On croyoit que cette pro- duétion étoit une excroïffance, une tumeur caufée par la maladie; ou la foibleffe de l’arbre ; mais M. Tournefort confidérant l’agarice comme une plante, l’a mife au nombre des champignons; & M. Micheli a prétendu depuis avoir vh dans l’agaric des fleurs 8! des femiences. On diflingue encore un agaric fâle, & un agaric femelle. On ne fait nul cas du premier ; mais le fecond'eft d’ufage en Médecine : c'eft un pürgatif qui étoit eftimé des anciens, & qui Péeft fort peu à préfent, Voyez le mor AGARIC, MEL Outre le melefe ordinaire auquel on doit priñci= palement appliquer ce qui vient d'être dit, on con- noît encore quelques efpeces de cet arbre, favoir : Le melefe à fruit blanc : c’eft la couleur des petits cônes naïffans qui en fait toute la différence. Ils font d’un blanc très-éclatant, au lieu que ceux du elefe ordinaire font d’une couleur pourpre très-vive. On peut encore ajoûter que les feuilles de l’efpece à fruit blanc , font d’un verd plus-clair & plus tendre. Le melefe de Canada’, ou le melefe noir : fes feuilles font moins douces au toucherêc d’un verd moins clair; cet arbre eft encore bien peuconnuenFrance, Le melefe d’Archangel : tout ce qu’on en fait, c’eft qu’il donne fes feuilles trois femaines plutôt que le melefe ordinaire , &c que fes branches font plus min- ces & plus difpofées par leur flexibilité à s’incliner vers laterre. M. D'AUBENTON le Subdelegue. MELESE , ( Mar. méd. ) cèt arbre appartient à la matiere médicale ; comme lui fourniffant une etpece de manne connue dans les boutiques fous Le nom de manne de Briançon , ou de rzelefe | 8t une efpece de térébenthine communément appellée sérébenchine de Venife, Voyez MANNE & TÉRÉBENTHINE. (6) MELET ou SAUCLES, ( Æif£. nat. ) poiffon fort long , relativement à fa groffeur qui n’excede pas celle du petit doigt; ila le dos épais, le ventre plat, les yeux grands & la bouche petite & fans dents, La couleur du véntre eft argentée ; le dos eft brun, & Le tour de la tête en partie jaune & en partie rouge comme dans la fardine. Il a deux nageoires auprès des ouies, une de chaque côté, deux autres fous le ventre placées plus en-arriere ; une antre grande nageoire fituée immédiatement au-deffous de l'anus, & deux fur le dos ; toutes ces nageoires font blanches ; le corps de ce poiflon eft tranfpa= rent ; on voit feulement une ligne obfcure loriqu’on le regarde à contre jour , ou loriqu'il eff cuit. Cette ligne s'étend fur les côtés du corps depuis la tête juf- qu’à la queue : le meer eft de bon goût, ilala chair aflez ferme. Rondelet, Æiff des poil]. prem. part, liv. VIT, chap, IX, Voyez POISSON. MELETTE , voyez NADELEE. MELFI, ( Geog.) ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Bañlicate , ayecun château furune roche ; létitre de principauté , & un évêché fuffra- gant de la Cerenza, mais exempt de fa jurifdiétion. Il ne faut pas la confondre avec Amalf. Elle eft à quatre milles de l’Offante, 15 N. O. de Conza, 65 N. E. de Naples. £ongir, 33.25. laut, 41. 2. (D.J.) MELIANTHE , {. f. melianthus , ( Botan. exot, ) genre de plante à fleur polipétale , anomale , com- pofée de quatre pétales difpofés tantôt en éventail, & tantôt en forme de cône. Le piftil fort du calice, qui eft découpé profondément en plufieurs parties inégales, & devient dans la fuite un fruit tétragone & reflemblant à une veflie : ce fruit eft divifé en qua- tre loges, & contient des femences arrondies. Tour nefort , {ff rei herb. Voyez PLANTE. M. de Tounrnefort compte trois efpeces de ce genre de plante, qui ne different qu’en grandeur : les Botaniftes l’appellent melianthus africanus , à caufe de fon origine afriquaine. Cette plante s’éleve en général à la hauteur de fept à huit piés, toùjours verte, & en vigueur. Sa tige eft de la groffeur d’un, deux, ou trois pouces , ronde, cannelée, rude au toucher, noueulfe , foli- de, rougeûtre. | Ses feuilles font faites, &cà peu près rangées comme celles de la pimprenelle, mais cinq ou fix fois auffi grandes, liffes, nerveules, dentelées profondément tout-autour , de couleur de verd de mer , d’une odeur forte,puante, afloupifante, d’un goût herbeux , un peu ftyptique. MEL - Ses fleurs naïffent aux fommités de la tige difpo- fées en épis , d’un noir rohgeâtre , attachées à de petits pédicules rouges, couverts d’un fin coton, portant fous la fleur une feuille de la grandeur de l'ongle, quelquefois purpurine , quelquefois d’un purpuürin verdâtre. Ces fleurs fontirrégulieres , à quatre pétales, dif- polées en main ouverte, ou en cône, foutenues par un calice découpé jufqu’à la bafe en cinq parties iné- gales, & contenant au fond un fuc mielleux rouge. hOir , doux, vineux , & fort agréable. Quand la fleur eft pañlée, le piftil devient un fruit véficulaire, gros comme celui du nigella, membra- neux, relevé de quatre coins, & divifé en quatre loges, qui renferment des femences rondelettes , toirâtres, luifantes comme celles de la pivoine. La racine de cette plante eft vivace, grofe, bran- thue, Hgneufe, rampante profondément en terre, & s'étendant beaucoup. La melianthe eft originaire d'Afrique : M. Herman profefleur en Botanique à Leyde, l’a fait connoi- tre en Europe, & lui a donné fon nom, qui fignifie Jéeur miellée, parce que fa fleur eft pleine d’un fuc juellé qu'elle diftille. On cultive cette plante en Europe dans les jar- dins des Botaniftes curieux, fur-tout en Angleterre; elle y fleurit, & y perfetionne fes graines, Miller vous apprendra fa culture, qui n’eft même pas dif- file. ( D. J.) MELIAPOUR , o4 MELTAPOR , ( Géog. ) ville célebre de l’Inde, en-deçà du Gange, fur la côte de Coromandel, au royaume de Carnate. On l’ap- pelle auf S. Thome; quoiqu’à proprement parler, Mellapour & S. Thomé, foient plutôt deux villes contigués qu'une feule : Melapour n’eft habitée que par des Indiens & des Mahométans, au lieu qu'il y a beaucoup d’arméniens & quelques portugais à S. Thome. Meliapour eft nommée par les Indiens Mailabourain , c'eft-à-dire ville des paons, parce que les princes qui y regnoient portoient un paon pour armes, Aurengzeb ayant conquis le royaume de Golconde, eft aujourd’hui maître de Meliapour &t de Sainr- Thomë, oùles Portugais ont eu long-tems un quartier confidérable. Long. 98. 30. lar. 13.10. MELIBÆE , ( Géog. anc. ) en latin Meliboa, an- cienne ville de Thrace, dans la Theflalie, au pié du mont Offa, & au-deflus de Démétriade, com- ne le prouve un pañlage de Tite-Live, 4y. XLIF. chap. Xi, MELIBŒUS Mons, LE, ( Gcog. anc.) ancien nom d'une montagne de la Germanie, dont Céfar ‘parle, de bello gallico, lib. VI. cap. x. Il eft aflez vraiflemblable que Blocbers eft le nom moderne du Melibœus des anciens. Il eft dans le Hartz, nom qui conférve encore quelque chofe de celui d'Hercynie. Les Cattes voifins du Melibœus, Catti Melibæi, étoient les Cattes limitrophes des Chérufques.(D.J.) MELICA , f. £. ( Gram. Hifi. nat. Bot. ) blé battu: c'eft une efpece de millet qui poufle plufeurs tiges à la hauteur de huit ou dix piés, & quelquefois de treize, femblables à celles des rofeaux , groffes com- me le doigt , noueufes, remplies d’une moëlle blan- che. De chaque nœud il fort des feuilles longues de “plus d’une coudée , longues de troïs où quatre doigts, femblables auffi à celles des rofeaux ; fes fleurs font petites, de .couleur jaune , oblongues , pendantes ; elles naïffent par bottes où bouquets , longs prefque d’un pié , larges de quatre à cinq pou- ces, Lorfqu’elles font pañlées, il leur fuccede des fémences prefque rondes, plus groffes du double que celle du millet ordinaire, de couleur tantôt jau- ne ou rouflâtre , tantôt noire. Ses racines font for- _tes & fibreufes ; le me/ica aime les terres grafles & ” humides ;°on la cultive en Efpagne , en Halie, & Tome X, MEL 315$ en d’autres pays chauds. Les payfans nettoyent le grain, & l'ayant fait moudre, ils en péifient du pain friable, lourd, & peu hourriflant ; on en en- graiffe la volaille & les pigeons en Tofcane ; on fait de la moëlledes tuyaux un remede pour les écrouel- les. Galpard Bauhin défigne cette plante par cette phrate, riillium arundinaceum, fubrocondo femine , 10190 ITONTILILALIULTIZ, MELICERIS , f. m.( Chirurgie. eft une tumeur enfermée dans un kiffe, & contenant une matiere qui reflemble à du miel, d’où lui vient fon nom. Elle eft fans douleur, & reffemble beaucoup à la thérome &c au fléatome. Voyez ATHÉROME & STÉATOME. Le meliceris eft une efpece de loupe. PES (OS) MELICRATE, (Chimie, Diete, Mat, med.) eft la même chofe qu'hydromel, Voyez HYDROMEL, & MIEL. MELIO , ox MELIS , ( Marine, ) Poyez Toile. MELIKTU-ZIZIAR , o4 PRINCE DES MAR- CHANDS , f. m. ( ÆjE. mod, & Comm. ) On nomme ainfi en Perfe celui qui a linfpedtion générale fur le commerce de tout le royaume , & particulierement fur celui d’ifpaham. C’eft une efpece de prevôt des marchands, mais dont la jurifdiétion eft beaucoup plus étendue que parmi nous, C'eft cet officier qui décide & qui juge de tous les différends qui arrivent entre marchands ; il a auffi in{peétion fur les tiferands & les tailleurs de la cour fous le nazir , aufli-bien que le foin de fournir toutés les chofes dont on a befoin au ferrail : enfin il a la direétion de tous les courtiers & commiffion- naires qui font chargés des marchandiles du roi, & qui en font négoce dans les pays étrangers. Voyez NaAZzIR & SERRAIL. Diéionn, de Comm. (G MELILLE , Melilla , ( Géogr. ) ancienne ville d'Afrique au royaume de Fez., dans la province de Garet. Elle tire {on nom de la quantité de miel qu’on trouve dans fon terroir. Les Efpagnols la prirent en 1496 , & y bârirent une citadelle ; mais cette ville eft retournée aux Maures. Elle eft près de la mer, à 30 lieues de Trémécen. Long. 15. 35, lat. 34. 58, (D...) MELILOT, f mémelilorus, (Bor.) genre de plante: à fleur papilionacée : Le piftil fort du calice & de- vient, quand fa fleur eft paflée, une capfule décou- verte, c'eft-à-dire qu’elle n'eft pas enveloppée du calice de la fleur comme dans le trefle. Cette cap- fule contient une ou deux femences arrondies. Ajou- tez aux caratteres de ce genre que chaque pédicule porte trois feuilles. Tournefort , inf£. rei herb. Voyez PLANTE, M. de Tournefort compte 15 efpeces de mélilor, auxquelles on peut joindre celle qui eft repréfentée dans les memoires de l'académie de Petersbourg , tome VIIT, page 279. Elle y eft nommée relilotus , Jiliqua membranacea, compreffé ; & elle eft venue de graines cueillies en Sibérie. Mais c’eft aflez de décrire ici le mélilor commun à fleurs jaunes, qu’on appelle vul- gairement wzrdirot ; c’eft le melilotus Germanicus de C. B.P. & des. R.H, 407, enanglois she common Où german mélilor, Sa racine eft blanche , pliante , garmie de fibres capillaires fort courtes , plongées profondément dans la terre ; fes tiges font ordinairement nombreu- fes, quelquefois elle n’en a qu’une ; elles font hau- tes d’une coudée ou d’une à deux coudées, liffes , cylindriques, cannelées , foibles , cependant creu- fes , branchues , revétues de feuilles qui viennent par intervalles au nombre de trois fur une même queue , grêles & longues d’un pouce & demi ; ces feuilles font oblongues, légerement dentelées, & comme rangées à leur bord , liffes ;, d’un vera foncé, R ri Voyez Lou- 316 MEL Ses fleurs naiflent fur de longs épis qui fortent des aïffelles dés feuilles : elles {ont clair-femées , légumineufes, petites, jaunes, à quatre pétales, ortées fur despédicules courts ‘très-menus ; 1l leur fuccéde des capfules ou goufles fort courtes , fim- ples, pendantes ; ridées, nues , c’eft-ä-diré qui ne font pas cachées dans le calice, commie dans le tre- fle ; noires quand elles font mürés ; ellés rénferment chacune une ou deux graines arrondies, Jaunâtres , d’une faveut lésumineufe. x ; Cette plante verte na prefqué point d’odeur ; mais quand elle eft feche , elle en a une très-péné- tränté : élle croît en abondance dans leshaies, les buiffons & parmi les blés; elle eft d’ufage étant fleu- rie. On s’en fert extérieurement pour ämollir , ré- fondre , digérer. On tire de fes fleurs une eau diftl- lée qui s'emploie dans les parfums. (D. J.) MELILOT , 0% MIiRLIROT , (Pharm. 6 Mat. méd.) Les ‘fommités fleuries dé mélilos font employées très-fréquemment dans Les décoëtions pour les lave- mens carminatifs & adouciflans , & pour les fomen- tations réfolutives & difcuffives : on les appliqueen cataplafmies, étant ctites dans de l’eauavec les plan- tes & les femences émollientes , fur les tumeurs 1n- flanimatoires , dont on prétend qu’elles arrêtent les progrès ou qu'éllés procurent la maturation. Quel- dues duteurs ont recommandé lapplication exté- rieure de ces fomentations où de ces cataplafmes , conimé étant très- utile contre les affeétions inflam- matoires des vifcérés, & particulierement contre la pleutéfie. Voyez aux arricles INFLAMMATION, PLEU- RÉSIE & TOPIQUE, quels fonds on peut faire fur les fecours dé cé genre. Ban | Lé fuc ou l'infufion des fleurs de mé/ilor ont té recommandés dans les ophthalmies douloureufes. On emploie rarémentle rzé/11os à l’intérieur ; quel- ques auteurs ont recommandé cependant linfufñion & la décotion de fes fleurs contre les inflammations du bas-ventre, les douléursnéphrétiques & les fleurs Blanches, * On garde dans quelques boutiques une eau diftil- Jée & chargée d’un petit parfum leger qui ne peut fui communiquer que très-peu de vertu médicinale. Le rélilor à doñné fon nom à fon emplâtre dont l'ufage cit aflez fréquent , &c dont voici la compofi- roiites 4 t * Emplätre de mélilot de la pharmacopée de Paris. Prenez des fommités de rrélilor fleuries & fraiches, trois livres ; hachez-les & jettez-les dans quatre li- vres de fuif de bœuf fondu ; cuifez jufqu’à la confom- mation ‘prefqu'entiere de l'humidité ; exprimez le fuif fortement , & mêlez-y de réfine blanche fix li- vrés, de Cité jaunetrois livres, & votre emplâtre eft fait. (b) . * MÉLINDE, Melindum , ( Géogr. ) royaume d’A- frique fur la côte orientale de l’Ethiopié, au Zangue- bar. Les Poitugais y ont un fort , à caufè qu'ils font le commerce de cette côte, lé long de laquelle il y a dés îles confidérables. Tout le pays eft arrofé de plufiéurs rivieres. ( D. J.) Fr MÉLINE,, f. £. ( Hiff. anc. des foffiles. ) melinum , n. Celf. Vitr. sp LE * Vitruve dit que la méline étoit un métal ; il paite comme les anciens, qui appelloient indifféremment mésal tout ce qui fe tiroit de la terre ; car la méline étoit une vraie terre alumineufe , & de couleur jau- ne, felon Diofcoride. Pline lui donne une couleur blanche , & Sérvius une couleur fauve : mais les modernes $’en tiennent au féntiment de Diofcoride; &e ce que les Peïntres appellent ocre de ju, approche fort de la defcription que cet auteur fait de la terre mèline. Galièn nomme fous ce titre divers emplâtres qui devoient apparemment ce nom à leur couleur jauñes (40), JP een . MÉLINET-CERINTHE , f. £. (Hifi. nat. Botan.) genre de plante à flCurmonopétalé, campaniforme, tubulée & profondement découpée. Cette fleur eft fermée dans quelques efpeces , êt ouverte dans d'au- tres. Le pifil fort du calice, qui eff rétragone ; il tient à la partie poftérieure de la fleur comme un ciou, & il devient dans la fuite un fruit compofé de deux coques, qui {6 divifent en deux loges dans lef- quelles on trouve une femence pour l’ordinaire ob- longue. Tournéfoft, 27/f. rec herb. Foyez PLANTE. * MELINUM ,( Hif. nar. Peinture. ) Les anciens donnoient ce nom à une terre très-blanche dont [es Peintres fe fervoient dans leurs ouvrages pour pein- dre en blanc. On nous dit que cette terre, étoit lé- gère, donce au toucher , friable entre les doigts ,& qu’elle coloroit : jettée dans l’eau , elle faifoit un petit bruit où une efpece de fifflement ; elle s’atta- choit à la langue, & fondoit comme du beurre dans la bouche. C’eft de cette terre que l’on fe fervoit anciennement pour le blanc dans la Peinture ; depuis On lui a fubftitué le blanc de cérufe , qui a l’incon- vénient de jaunir. M. Hill prétend que le melinum ou la terre dont on\vient de parler , eft exempte de ce défaut, & demeure toujours blanche , ce qui mérite d’être examiné. r ct ” Le nom de cette terre annonce qu’on la trouvoit dans l’île de Melos ou Milo ; mais d’après la défcrip- tion qu’on en donne , il paroït que nous n’avons pas befoïn dé l'aller chercher fi loin , puifque nous avons des terres blanches qui ont tous les caraëte- fes qui viennent d’être rapportés ;'il s’agit feulement de favoir fi'elles prendroient corps avec l'huile, qualité néceffaire pour fervir dans la Peinture, ( — MÉLIORATION , f. f. ( Gramm, 6 Jurifprud. en terme de palats fignifie toute impenfe que l’on a faite pour rendre un héritage meilleur, comme d’a- voir réparé les bâtimens , d’y avoir ajouté quelque nouvelle conftruétion ; d’avoir fumé , marné , ou amandé autrement les terres ; d’avoir fait des plants d’arbtes fruitiers ou de bois. Voyez FRUITS, IMPEN- SES , RESTITUTION. (4) à Pat, MELISSE , Meliffa ,{. £. (Hiff. nat. Botan. ) genre de plante à fleur monopétale labiée : la Levre fupé- rieure eftrelevée , arrondie, & divifée en deux par- ties, & l’inférieure en trois. Le piftil fort ducalice, & il eftattaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur ; ce piftil eft accompagné de quatre em- bryon$ , qui deviennent autant de femences arron- dies & renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Ajoutez aux caraëteres de ce genre que les fleurs naiflent dans les aïffelles des feuilles, & qu’elles ne font pas entierement verticillées. Tournefort, 2ff. rei herb. Voyez PLANTE. M. de Tournefort compte fix efpeces de ce genre de plante , dont les deux principales font la mé/iffe des jardins & la meliffe de bois. La réliffe des jardins ou la #4/iffe cultivée , meliffa hortenfis des Botaniftes , en anglois #he common, gar- den baum , poule fes tiges à la hatteur de deux piés, quarrées, prefque lifles, rameufes., dures , roides, fragiles ; fes feuilles font oblongues , d’un verd brun, aflez femblables à celles du calament ou du baume «a des jardins, luifantes, hériflées d’un petit poil follet Le agréable , & d’un goût un peu âcre. . Des aiflelles des feuilles fortent des fleurs verti- cillées qui ne forment point d’aänneaux entiers au- tour de latige , mais {ont placées ordinairement au nombre de fix, trois d’un côté & trois de Paütre; elles font en gueule , petites, blanches, ou d'un rouge-pâle : chacune d'elles eff un tuyau découpé par le haut en deux levres, foutenu par un long ca- lice velu , tubuleux , divifé en deux parties. . Quand la fleur, eft pañlée , il lui fuccede quatre dentelées fur les bords , d’une odeur de citron fort M EL femences jointes enfemble , prefque rondes ou ob longues , enfermées dans le calice de la fleur. On cultive la #é73/7e dans les jardins ‘elle fléurit en Juin, Fuller & Août; l'hiver élle fe feche fur la furface ée laterre , mais fa racine ne périt point. Elle eft lieneufe, longue , fibreufe & rampante. | La cle des jardins eft d’un grand ufage en Me. decine ; Gafpar Hoffinan confeïlle de la cueillir au Prntems pour les boutiques, avant que la flehr pa- roïflé ; parce que dès qu'elle vient à fleurir , elle fent la punaife. Elle contient beaucoup d'huile exal- tée & de fel effentiel.” RTA La néliffe des bois, la méliffe fanvage, la meliffe bâtarde ou la #é/ffe puante ( car elle porte tous ces noms), eft celle que Tournefort appelle re/iffa hu rulis, fylvefiris, latifolia, axtmo flore, purpurafcente, 1. RH. 193 lamium montanum , meliffe folio, par C.B.P.2317. _ Ellé vient dans les bois & differe de la précédente par fes tiges, beaucoup plus bafles & moins rameu- fes , par fes feuilles plus velues, plus longues ; par fes fleurs très-erandes , & par fon odeur qui n'eft point agréable. Sesracines font fi femblables À celles de lariftoloche menue ; que plufiéurs apoticaires les confondent. Ses fleurs naïflent dans des calices oblongs &e velus : elles font grandes, toutes tournées én-devant, fans odeur , aflez femblables à celles du larmium , ais plus grandes , d’un blanc purpurin ou d’un pourpre clair ; quelquefois la crête de la fleur eft entiere , & quelquefois taillée comme un cœur, Sa graine eft grofte , noirâtre & inégale. (D, 17,) MÉLISSE, (Chimie , Pharm. € Mar. med, ) méliffe des jardins ôù citronelle. Cette plante content un efprit aromatique & une huile eflentielle : ce der- mer principe eft contenu dans cêtte plante en aflez petite quantité , mais en revanche lès Pharmacolo- gifies lui accordent tant de fubtilité, qu'ils lont comparé aux efprits qui animent le corps hümain, Pour parler plus raifonnablement des vertus de la mé- Zffe & de fes principes volatils, il faut fe contenter de dire que c’eff à ces principes quelle doit toutes fes qualités médicinales, du-moins dans l’emploi ordi- naïre ; car la teintute qu’on peut en retirer par l’ap- plication de l’efprit-de-vin, n’eft empreinte d’aucun autre principe utile que de fon huile effennielle : une autre fubftance qui confüitue manifeftement la principale partie du produit que M. Cartheufer a re- tiré dé cette plante par l'efbrit-de-vin, ne paroît être autre chofe que la partie colorante verte , com- _mune à routes les plantes , qui ne paroît douée d’au- cune vertu médicamenteufe. L'infufion théiforme , beaucoup plus ufirée que la teinture, ou quieft, pour mieux dire , le feul remede magiftral que nous tinions de la zé/iffe, doit fa principale vértu au prin- cipe aromatique ; car l’exträit leger dont cette infu- nfion fe chärge , n’a ni aprèté , nr amertume, ni au- cune autre qualité fenñble par laquelle ou puife évaluer l’âion de cé témede: La relif[e tient un rang diflingué parmi les remedes cordiaux , ffomachiques , carmminatifs, céphaliques ë& utérins. L'obfervation prouve cependant que là longue lifte de maux contre lefquels les anteuts [a célebrent , doit ètre refreinte aux legeres affections de tête ; qui dépendent efféntiellement d’un vice de l'eflomac , à être effaÿée à fon touf dans les douleurs êt les foibleffes d’eftomac , dans les coliques intefti- nales légeres ; dans les difpoñitions aux afféétions mélancholiques & hyftériques, 8 enfin dans les 46 fÉIONS nerveules peu graVes. En un mot, c’éft ici un fecours fort leger, fur lequel'il ne faut pas aftez compter pour négliger d'en employer dé plus Ef- caces, | rt: L'emploi officinal de la mélifle eft beaucoup plus étendu ; & ce font toujonts principalement {es piin- . + CD HE DD LUS Ci coiUfr 251 re” AA 258] MEL 317 cipes volatils qu’on fe propofe dé mettre en œuvre- On prépare une eau diftillée fimplé de l'herbe & des fleurs : elle donne fon nom à une éau fpirituenfe compofée , & qui eft auñi connue fous celui d’eex des Carmes | & dont nous allons donner la defcrip- tion. Son huile eflentielle eft gardée dans les bouti- ques , du-moins dans les bouriques les-mieux pour- Vues. On fait un firop de fés fommités féchées, & fes feuilles entrent dans le firop d’armoife, qui doit être préparé pe le moyen de la diftillation aufi bien que le précédent, On fait une conferve de fes fleurs ; fes feuilles entrent dans la compofition de plufeurs eaux difillées aromatiques, telles que l’eau générale de la pharmacopée de Paris, léau de lait alexitere, l’eau prophyladique, & fon eau diftillée fimple dans l’eau impériale & dans l’eau divine ou admirable de la pharmatopée de Paris, qui eft uneliqueur {piritueu- {é, ratañat dont le goütne doit pas être bien admui- table. | Eau fpiritueufe de mélifle compolte , où eau des Car- mes ; felon la defcription de Lemery. Prenez des ferulles de mé/iffe tendres, Vertes , odorantes , nou- vellement cueillies , fix poignées ; de l'écorce de ci tron extérieure jaune , deux onces ; de la mufcade & de la coriande , de chacune une once : dé la ca= nelle & des gérofles , de chacune demi-once : pilez & concaflez bien les ingrédiens , mélez-les enfem- ble; &c les ayant mis dans une cucurbite de verre ou de grès, verfez deflus du vin blanc &c de l’eau- { de-vie , de chacune deux livres ; bouchez-bien le vaiflean , & laïflez la matiere en digeftion pendant trois Jours; mettez-la enfuite diftiller au bain-marie, VOUS aurez une eau aromatique fpiritueufe , fort propre pour les maladies hyffériques , pour les mala- dies du cerveau, pour fortifier le cœur , l'eflomac ; pour les palpitations ; pour les foiblefles, pour reñf- ter au venin: la dofe en eft depuis une dragme juf- qu'à une once. Leméry, cours de Chimie. Le com- mentateur de Lemery ajoute en note fur cette pré- paration l'avis fuivant : « Il faut favoir que cette » prétendue eau de mé/iffe eft la fi fameuie eau des » Carmes dont le public s’obftine fans fondement à * vouloir attribuer le fecret à ces religieux, quoique » ce ne foit de leur part qu’une ufurpation fur la » profeflion des Apothicaires , qui font tous en état , ” de la préparer aufli belle & auf bonne, &c ». L'eau de 77eZffe fpiritueufe compotée eft un des ingrédiens les plas ordinaires des potions cordiales les plus ufitées. (2) Meuisse, Melia, ( Géog. anc. ) nom d’une ville deLibye, 2°. d’un bourg de la grande Grece, 3°. d’un village de Péloponnefé au térritoire de Corinthe , & , 4°. d’un autre village en Phrygie, célébre par le tombeau d’Alcibiade , qui y fut inhumé après qu'il y éut péri par les embuches que lui tendit Phar. nabafe. Plutarque nous a donné la vie curieufe de ce fameux athénien | mais il a oublié un trait qui le peint d’après nature. Etant encore jeune » il vint rendre vifite à Périclès fon oncle, qu'il trouva plongé dans une profonde réverie ; il'lui en demanda la railon : & C’eft, dit Périclés , que je ne trouve pas » le moyen de rendre mon compte du tréfor facré. » Eh bin, imaginez-en quelqu'un, lui répondit » le jeune Alcibiade avec vivacité, pour vour dif » penfer de le rendre ». Cet avis fut malheureufe- ment fuivi, & dès-lors Périclès hafarda de s’enfeve- lir plûrôt fous les ruines de la république que fous celles de fa maiïfon. PQ D gE * MELIT A, (Géog. anc. ) nom latin de l'ile & de la ville de Malthe, Ciceron le dit, in qué infulé Me: lita , éodem nomine, oppidum ef. Ovide appelle çetté le fertile ES Per Fertilis efe Melite ; flerili vicina Cofyre; | | È 2 Î 4 #2 ; 318 M EL Maïs cétoient les habitans qui la fertilifoient ; ils y travailloient aufli les laines avec beaucoup de goût, car c’eft là-deflus que porte l’épithete de /argera, dont Silius Îtalicus l’honore. Scylax & Prolomée ont trop approché cette île de l'Afrique , à laquelle ils la donnoiïent , au lieu que les Romains, qui la connoïfloient beaucoup mieux , la regardoient com- me une annexe de la Sicile, dont elle efl en effet bien lus voifine. MELITÆNSES ,( Géogr. anc.) peuples de la Theflalie dans la Phthiotide. Strabon nomme leur ville principale Pyrrhæ , & Pline Melisæa. MÉLITÉ , ( Géog. anc. ) Meñrn, quartier d’Athe- nes de la tribu cécropide. Il y avoit dans ce quar- tier plufieurs temples, un à Hercule, un à Eurifaces, un à Mélanippe, fils de Théfée , un à Diane où lon enterroit ceux qui étoient morts de la main du bourreau, &c. Enfin Thémiftocle , Phocion & les aéteurs des tragédies y avoient leurs palais. MÉLITENE , ( Géog. anc. ) contrée d’Afie dans la Cappadoce , & enfuite dans la petite Arménie. Son chef-lieu en prit le nom, & devint une ville cé- lebre dans l’hiftoire eccléfaftique , parce que S. Po- lieuéte y fut le premier martyrifé en 257. De plus, c’eft le lieu de la naïffance de faint Mélece , évêque d’Antioche au iv. fiecle. Cet endroit fe nomme au- jourd’hui Malarhiah. (D. J.) MELITES , ( Hif. nat. ) Quelques auteurs ont donné ce nom au bois de frêne pétrifié. MELITAIA , ( Livrérar.) gâteaux faits avec du miel , & qu’on offroit à Trophonius. (D.J.) : MEÉLITITES, {. f. (Æift. rar.) nom donné par les anciens auteurs lithologes à une efpece d’argille compaéte, d’un blanc tirant fur le jaune &e fembla- ble à la couleur du miel. On s’en fervoit autrefois intérieurement, & on la regardoit comme un fopo- ratif; on l’appliquoit auf extérieurement pour la guérifon des ulceres. Le nom de rclititesa aufli té donné par quelques auteurs à une efpece d’ourfine arrondie comme une pomme. (—). MÉLITO ox MILETO , (Géog) Miletus ; perite ville d'Italie, au royaume de Naples , dans la Ca- labre ultérieure, avec un évêché fuffragant de Res- gio; mais exemt de fa jurifciétion. Elle eft fur une montagne , à 16 milles N. E. de Reggio, 20 S$. ©. de Cozenza. Un tremblement de terre la maltraita cruellement en 1638. Long. 34. 9. lar, 38. 36. D,J.) | MELLARIA , (Géog. anc.) ancienne ville d'Ef- pagne dans la Bérique, auprès de la mer ; elle eft entierement ruinée. Le P. Hardouin dit que le lieu où elle étoit, fe nomme préfentement Msarefe. M. Conduit gentilhomme anglois, qui a fait bien des recherches dans le pays , penfe que Mellaria étoit fituée dans le val de Vacca, canton qui produit d’excellent miel, ainfñ que d’autres lieux fur la mé- me côte, qui en tirent également leur nom. (D. J.) MELLARIUM , {. m. (Mych.) vaifleau rempli de vin qu’on portoit dans les fêtes de la bonne déef- fe. On lui failoit des libations de ce vin qu’on n’ap- pelloit poïnt vir, mais lait ; 8c le vaifleau étoit ap- pellé re/larium. MELLE, (Géog.) petite ville de France dans le Poitou, au midi de S. Maixant. Elle contient deux paroifles, & c’eft le fiege d’une juftice royale. Lozg. 17. 25. lat. 46. 30. (D.J.) MELLEUM MARMOR, (Hif£. rat.) nom don- né par les anciens à une efpece de marbre d’un jaune clair , de la couleur du miel. On en trouve, dit-on , en plufeuts endroits d'Italie. MELLI , (Géog.) royaume d’Afrique dans la Ni- oritie, au midi de lariviere de Gambie. Il eft borné au nord-oueft par les Biafares , au nord-eft & à left par les Sonfors, au fud par les Feloupes de Sierra-Lionne, & au conchant par les Mallons, qui le féparent de la mer : nous n’en avons aucune rela- tion fatisfaifante, la moitié du monde nous eft in- connue. (D. J.) MELLONIA , (Mychol.) divinité champêtre qui, difoit-on, prenoit {ous fa proteétion les abeilles & leur ouvrage. Parmi des peuples dont le miel faifoit la grande richefle, il falloit une divinité proteëtrice de cette denrée, & fevere vengerefle de quiconque la voleroit , ou gâteroit les ruches d’un autre. VOEU: | MELLONA , {. m. (Mythol.) déefle de la récolte du miel. MELLUSINE, . f. (Blazon.) en terme de blazon on donne le nom de mellufine à une figure mu- échevelée, demi-femme & demi-ferpent , qui fe _ baigne dans une cuve, où elle fe mire & fe cocffe ; on ne fe fert de ce terme que pour les cimiers. Les maïfons de Lufignan & de S. Gelais portoient pour cimier une ellufine, (D, J. MELNICK , (Géog.) petite ville de Bohème, au confluent de l’Elde & du Muldan, à 4 nulles N. au- defflous de Prague. Long. 30. 18. lar. 50. 22. (D. J. MELOCACTUS , (Botan. exot.) genre de plante | à fleur monopétale , campaniforme, tubulée, pro- fondément découpée, & foutenue par un calice qui devient dans la fuite un fruit mou, reflemblant à une olive, charnu & rempli d’une pente femence. Ge fruit eft furmonté d’un chapiteau dans plufieurs efpeces. Tournefort. 1z/?, rei herb. appendix. Voye PLANTE. | Le melocaëus, ou le melon à chardons, comme difent les Anglois , elonthiffle, en latin par nos bo- taniftes melocaélus, melocardnus, termes qui défi- gnent la même chofe , une pomme, un melon hé- riflé de piquans, à caufe que cette plante améri- caine a quelque reflemblance à une pomme, à un melon garni d’épines. Elleeft pleine de fuc, & toute armée de pointes anguleufes ou polygonales, Sa fleur eft monopétale, en cloche, tubuleufe, nue, divifée en plufeurs feomens placés fur l'ovaire , & garnie en-dedans d'un grand nombre d’étamines. Son ovaire dégénere en un fruit pulpeux, rempli d’une multitude de femences. | On trouve de plufeursefpeces de elocaëles dans les Indes occidentales, mais nous n’en connoïfions que deux en Europe, qui même ne different que par leur groffeur; favoir le grand & le petit melocaüke. Melocaëlus Americana major , & melocaëtus minor. C’eft une des plus merveilleufes plantes de la na« ture, & en même tems de la forme la plus étrange & la plus bizarre de Paveu des connoïffeurs. Il n°y a rien qui lui reflemble dans le regne végétable de l’Europe. Aufñ les curieux qui la pofledent , la con- fervent précieufement ; & ceux qui la voient du premier coup d'œil, la prennent pour un ouvrage de l’art, fait à deflein d’amufer le peuple. Mais voici fa defcription, faite par le P. Pluvier, qui prouvera. ce que j'avance. Elle préfente une s#rofle mafle ovale , garnie d’é- pines robuftes, ou fi lon aime mieux, un QTOS ME= lon tout hériflé de piquans, & planté immédiate- ment fur la terre. Elle naît ordinairement ou fur les rochers, ou dans des lieux fecs &z arides, de même que nos grandes jombardes. Sa racine reflemble quelquefois à la corne d’un bœuf; mais ordinairement c’eft un corps de plu- fieurs grofles fibres blanches, ligneufes & bran- chues , d’où il fort immédiatement une mañle, fou- vent plus groffe que la tête d’un homme. On en voit de plufieurs figures ; les unes rondes comme des boules, les autres ovales, & d’autres prefque en pain de fucre. La furface extérieure eft toute cannelée , à la façon de nos melons ; mais les côtes font plus fréquentes, plus relevées. Elles ne font point arrondies , mais taillées comme en dos d’Âne, & toutes ondées par divers plis. Dans l’entre-deux des plis , on remarque fur le dos un écuflon coton- neux, d'où fortent ordinairement deux aïguillons très-pointus, roides., prefque offeux, blancs, mais - rouges par la pointe. Il y a toujours un de ces aiguillons plantés per- pendiculairement au centre de l’écuffon. Les autres font arrangés en rayons tout-autour dela bafe. Le plus bas de tous, eft la moitié plus grand que les au- tres; leur longueur ordinaire eft depuis demi-pouce, quiques a un pouce & demi, La peau extérieure de cette mafle eff fort unie, d'un verd-foncé, & toute picotée de petits points un peu plus clairs en façon de miniature Son inté- rieur eft maffif & fans vuide, charnu, d’une fubftan- ce blanche, fucculente, un peu plus ferme que celle du melon, & d’un goût tant-oit-peu acide, _ Du fommet de cette mañle, il en fort une maniere de colonne ou cylindre, haut d'environ un pié, & épais de trois à quatre pouces. Le dedans de cette colonne eft charnu , de même que la mañle, l’efpace * d'environ deux pouces. Le refte eft un compolé d’un coton très-blanc & très-fin, mêlé d’une inf- nité de petites épines fubtiles , piquantes, rouges, dures, quoique pliables comme les foies dont on fait les vergettes à nettoyer Les habits. Le fommet de cette colonne eft arrondi comme la coëffe d’un chapeau, 8 comparti Le plus agréablement du mon- de, en façon d’un réfeau formé de plufeurs rayons coutbés , qu fe croifent de droite À gauche , &r de gauche à droite, du centre à la circontérence. Dans, chaque lozange que compofent ces rayons ainfi croités , on voit fortir une fleur d’un rouge très- if, faite en tuyau évaié, & fendue en plufeurs pointes en façon de couronne. Dans quelques efpe- ces de plantes ces fleurs font doubles, c’eft-à-dire, compolées de plufenrs tuyaux les uns dans Les au- tres. Elles ont ordinairement trois à quatre lignes de diametre, & portent toutes fur un embryon qui de- Vient enfute un fruit rouge comme de l’écarlate, poli, mol, de la groffeur & figure prefque d’une oli- ve. Sa chair eft fort tendre, fucculente, blanche, d’un goût très-agréable. Elle eft remplie de quantité de petites femences noires, chagrinées, &c prefque auf grofles que la femence du pavot. Quand ce fruit eft mûr, 1l fort de foi-même du dedans de fa niche, où 1l étoit entierement caché; 6c quand il commence à fortir, vousdiriez que c’eft ün rubis enchäfé dans les piquans de cette colonne. On voit quantité de ces plantes dans l’île Saint- Chniftophe, du côté des falines. On en voit dans toute l'Amérique de différentes efpeces; mais les deux efpeces mentionnées ci-deflus, font prefque les feules que nous connoïffions en Europe. Cette plante croit communément dans lesrochers des Indes occidentales, d’où elle fort par les ouver- tutes qui fe trouvent dans ces rochers, & par con:- féquent reçoit très-peu dé nourriture du terroir. Elle ne profpere point quand elle eft tranfplantée dans un autre terrein, à moins que ce terreinne foit roc ,ou élevé du fol ordinaire par un amas de pier- des & de décombres. . La grande efpece abonde à la Jamaïque , d’où on Penvoie en Angleterre, mais elle y arrive rarement _ |en bon état; ceux qui la tranfportent l’humeëtent | trop, &la pourrifient pour vouloir la mieux con- ferver. La meilleure méthode pour la tran{porter faine , eftde la tirer entiere des lieux où elle croit; de choïfirles plus jeunes plantes par préférence aux Vicalles ; de les empaqueter féparées dans une large Les { . | ! MEL 319 caifle avec du foin ou de la paille feche, & de les préferver de la moififlure & des vers dans le trajet. Quand on les veut apporter toutes plantées dans des tonneaux, alors la bonne façon eft de remplir d abord les tonneaux de blocailles, d'y mettre en même temsles plantes , de ne les point arrofer dans le paffage ; mais au contraire de les préferver de l'humidité. Arrivées en Europe, il faut prompte- ment les ôter des tonneaux, les replanter dans des pots , remplis en partie de moëllon & en partie de fable. L'on plongera ces. pots dans un Lit chaud de poudre ménue d'écorce de chêne, pour aider les plantes à prendre racine. On les laiflera dans ce lit jufqu’au, mois d'Otobre; enfuite on les remettra dans une bonne ferre au lieu le plus chaud & le plus fec, pour y refter pendant tout l'hiver. Au prin= tems on les remettra de nouveau dans un lit de tan, & dans un lieu chaud à l’abri de Pair froid. On ob- fervera de ne les point arrofer , parceque la vapeur du tan fuffit à leur entretien. | | Malgré ces précautions , cette plante à bien de la peine à croître dans nos climats; cependant on a trouvé le moyen de la multiplier par les graines mê- mes qu'elle donne en Europe. Alors on feme les graines dans des pots de décombres, qu’on couvre artifement tant de blocailles, que de fable de mer. On plonge enfuite ces pots dans un lit chaud detan:; & avec beaucoup de foins la plante commence À poufler au bout de dix à douze femaines > Mais comme elle croît très-lentement, & qu’elle n’atrap- pe un peu de grandeur qu’au bout de cinq ou fix ans, cette méthode très-ennuyeufe & fautive eft ra- rement mife en pratique, Müller ayant remarqué les inconvéniens de cette méthode , En a imaginé une autre qui lui a fort bien réufl. Quand la tête, ou la couronne qui fe forme fur le fommet de la plante, a fouffert quelque inju- re, 1l atrive que la plante poufle plufieurs têtes de côté ; Miller a donc enlevé diverfes de ces têtes à les a plantées dans des pots remplis de blocaïlles & de fable de mer, & a plongé ces pots dans un lit chaud de poudre d’écorce de chêne : par ce moyen ‘la plante a pris parfaitement racine, & eft deyenue fort belle dans le cours d’un an. On obfervera feu- lement de ne pas planter les jeunes têtes immédia- tement après qu'on les a coupées de deflus les vieil- les, parce que la partie bleflée fe pourriroit ; c’eft pourquoi 1l faut avoir foin après les avoir cou- pées, de les mettre à part dans une ferre chaude pendantune quinzaine de jours, pour confolider leur bleflure. | Le fruit de cette plante fe mange en Amérique ; il a une acidité agréable, qui plait beaucoup aux habi- tans de ces pays chauds. (D. J.) MELOCALENT , (Géog.\anc,) peuple des Alpes. Pline , Liv. LIT. eh, xx. les place entre Tergefte & Pola. Lazius croit que leur principale habitation eft aujourd'hui Mengelfiar, (D.J.) MELOCHIE , ff, corchorus, ( Hiff. nar. Born.) genre de plante décrit fous lenom de corchorus. Voyez ce 110€. MELOCORCOPALT, f. £ (ÆIf£. nat. Bor. exo.) atbre des Indes occidentales, aflez femblable au coi- anafñer. Il porte un fruit fait comme le melon à cô- tes, mais plus petit, d’un goût agréable, qui tient de celui de la cerife , & qui eft tant foit peu catharti- que. C’eft le corcopal de Thevet, (D. J.) MÉLODIE, f. £. er Mufique , et l’arrangement fucceffif de plufieurs fons , qui conftituent enfemble un chant régulier. La Has de la mélodie dé- pend des regles & du goût. Le goût fait trouver de beaux chants ; les regles apprennent à bien modu- duler : il n’en faut pas davantage pour faire une bon- ne mélodie, | 320 MEL Les anciens refferroient plus que nous le lens de ce mot : la mélodie n'étoit chez eux qué l'exécuticn du chant; {a compoñtion s’appelloit reélopée : lune & Vautre s'appelle chez nous méloëie. Mais comme à conftitution de nos chants dépend entiérèment de Yharmonie, la mélodie ne fait pas une partie confidé- table dé notremnfique. Voyez MARMONTE, MELO- PÉE, Ge. Voyez auf l'arritlé FONDAMENTALE fur ten gueftion ; fi la srelodie vient de l’hzronie. F Se MÉLODIE oratoire, ( Artoraroire.) accord fuccef- Gf des fons , dont il n’exifte à la fois qu'une partie, mais partie liée par fes rapports avec les fons qui précédent & qui fuivent ; comme dans le chant mu-, fical, où les fons font placés à des intervalles aifés à fair : c'eft le ruifleau qui coule. La mélodie du difcours cotfifte dans la maniere dont les fons fimples ou compofés font aflortis 8&c liés en- treux pour former des fvllabes ; dans la maniere dont les fyllabes font Hées entr’elles pour former un mot ; les mots entr’eux pour former un membre de période, ainfñ de fuite. Toutes les langues font formées de voyelles, de confonnes & de diphthongues , qui font des combi- naifons de voyelles feulement. On a fait enfuite les fyllabes , qui font des combinaifons des voyelles avec les confonnes. De ces combinaïfons primor- diales du langage, les peuples ont formé leurs mots, qu'ils ont figuré au gré de certaines lois’, que Pufa- ge, l'habitude, l'exemple, le befoin , Part, limagi- nation, les occafons , le hafard ont introduits chez eux. C’eff ainfi que de fept notes , Les Muficiens ont compofé non-feulement différens airs , mais diffé- rentes efpeces , diférens genres de mufique. Ceux qui ont traité de la mélodie , nous difent que des lettres doivent fe joindre entr’elles d’une maniere aifée ; qu'il faut éviter le concours trop fréquent des voyelles , parce qu'elles rendent le difcours mou & flottant ; celui des confonnes, parce qu’elles leren- dent dur & fcabreux ; le grand nombre des mono- fyllabes, parce qu’elles lui ôtent fa confiftance ; ce- lui des mots longs , parce qu'ils le rendent lâche & traînant ; il fant vatier les chûtes, éviter les rimes, mettre d’abord les plus petites phrafes , enfuite les orandes ; enfin il faut , dit-on , que les confonnes &c de voyelles foient tellement mèlées & aflornes, qu’elles fe donnent par retour les unes aux autres, la confiftence & la douceur ; que les confonnes ap- puient , foutiennent les voyelles ; & que les voyel- les à leur tour, lient & poliflent les confonnes ; mais tous ces préceptes demandent une oreille faite à Tharmomie. Ils ne doivent pas être toujours obfer- vés avec bien du fcrupule ; c’eft au goût à en déci- der. Il fuffit prefque que le goût foit averti qu'il ya 1à-deflus des lois générales, afin qu'il foit plus atten- tif fur lui-même. (D. J.) MELON , melo , {. m. (Æff. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche , ou- verte, profondement découpée , & entierement femblable à celle du concombre.Il y a deux fortes de fleurs fur cette plante, les unes n’ont point d’em- bryon, & font ftériles, les autres font fécondes, &c placées fur un embryon, qui devient dans la fuite un fruit, le plus fouvent ovoide, life ou couvert de rugofités. Ce fruit fe divife en trois loges, qu fem- blent fe foufdivifer chacune en deux autres. Ces lo- ges contiennent des femences oblongues. Tourne- fort , Inf?, rei herb, Voyez PLANTE. Tournefort compte fept efpeces de 6/07 , entre lefquellés nous nous contenterons de décrire l’ef- pece commune , que les Botamiftes nomment 7/0 yulgaris. Cette plante pouffe fur terre des tiges longues, farmentenfes, rudes au toucher. Ses feuilles reflem- MEL blent entierement à celles di concombre ; elles font feulément un peu plus petires, plus arrondies, moins anguleufes. Des aiffelles des fleurs naiffent des fleurs jaunes, femblables à celles du concom- bre, nombreufés , dont les unes font flérilés, & les autres fertiles. À ces dernieres fleurs fuccedent des fruits, qui font au commencement un peu velus, mais qui perdent leur coton en grandiflant. Il y a beaucoup de variété dans ce fruit, tant par tapport à la couleur de écorce &c de la pulpe, au goût & à l'odeur, que par rapport à la figure, à la grofleur, & à d’autres parncularités femblables. Les uns font plus gros que la rête d'un homme , les au- tres font de médiocre groffeur , &c les autres petits. Les uns font de forme alongée, les autres ovale, arrondie, renflée ; les uns liffes, les autres différer ment brodés , ou cannelés. Tous font couverts d’u- ne écorce aflez dure & épaïle, de couleur verte, cendrée, jaune, &c, Leur chair efttendre , moëlleufe , humide, glhiti- neufe, blanche , jaunâtre, verdâtre, on rougeûtre, d’une odeur fuave , d’un goût doux comme du fu- cre, & fort agréable. L'intérieur du fruit eft divifé en trois principales loges, chacune defquelles fem- | ble être fubdivifée en deux autres. Ces loges font remplies d’un grand nombre de femences, prefque ovales, & applaties, blanches, revétues chacune d’une écorce dure comme du parchemin, & conte- nant une amande très-blanche, douce, huileufe, fa- voureufe. Les loges où font enchâflées les femen- ces, & qui font le cœur du me/on, font compofées d’une moëlle liquide , rougeâtre & de bon goût. On cultive cette plante fur des couches dans les jardins:pour l’excellencé de fon fruit; & cette cul= ture, fi perfeétionnée de nos jours, demande ce- pendant quelques remarques particuberes ; fur quoi voyez MELON, Agriculr. (D. J.) MELON, (Agriculr.) Quoique la culture des me: lors foit très-perfeétionnée , M M. Bradiey &c Miller y réprennent encore des pratiques , qui, pour être d’un ufage prefque univerfel, n’en font pas moins contraires aux lois de la nature, 1°, Lorfqu’un #7e/on où un concombre eft en fleur, plufieurs jardiniers ont coutume d’en ôter toutes les faufles fleurs, qui, difent-ils, ne manquerotïent pas. d’affoiblir la plante ; mais fi ce font des fleurs mâles qu'ils Ôtent, comme il eft vraiflemblable , ce font elles que la nature a deftinées pour la propagation du fruit. | 2°, Ils ont l'habitude de coucher les différentes branches courantes à égale diftance les ünes des au- tres , & de Les foulever très-fouvent pour apperce- voir le jeune fruit ; mais cet ufage lui fait beaucoup de tort, parce que les vaifleaux qui portent le fuc dans le fruit font tendres, & fujets à fe froiffer, pour peu qu’on le dérange de l’endroiït où il croît naturellement, de forte qu'il arrive que par cette feule raifon , il ne croît; ni ne profpere. 39, C'eft encore une erreur d’expofer le jeune fruit au foleil, en écartant les feuilles qui en font voifines , dans le deffein de mieux faire croitre le fruit; mais la chaleur immédiate du foleil n’eft né- ceffaire que pour faire murir le fruit, &c non pour fon accroiflement ; car les rayons du foleil tombant diretement fur une plante , en deffechent & refler- rent les vaifleaux ; de forte que la feve ne trouvant pas un paffage libre , il eft impoflble qu'elle rem- life la plante fi promptement & f abondamment qu’elle le feroit, f fes vaiffeaux étoient larges ëe ouverts, comme ils le font toujours à lombre. Pour ce qui regarde les graines , 1l faut s’en pro- curer de bons melons nés dans quelques jardins éloi- gnés ; car fi l’on feme la graine de ceux de fon pro- pre jardin , elle ne manque guere de SFR Ii auf MEL faut garder cette praine deux ou trois ans avant que de la femer. Si l’on ne peut avoir des eraines.de deux outrois ans, & qu’on {bit obligé d’en femer de plus fraîches, il faut les tenir dans un endroit chaud à une diffance du feu pendant deux mois , afin de leur Ôter leurs parties aqueufes, & pour lors cette grai- peeft auf bonne, que fi on l’avoit gardée deux où trois ans. Îleft parlé dans /es Tranf, phil. n°. 475. fe. G. de graines de melon qui avoient 33 ans, & quront produit de très-bons zelons ; & dans les mé- nes Tranf. n°. 464. de graines de zze/on de 43 ans, qui ont donné du fruit. Une chofe très-importante dans la culture du #e- lon, eft d'enlever exaftement les mauvaifes herbes, &c retourner la furface de la terre fur laquelle les branches rampent ; car leurs racines font tendres, & pouflent toujours en longueur aufli loin que les branches. Ruprta Si l'on veut avoir des melons de bonne odeur, il ne faut point laifler de concombre auprès, de crainte que leur duvet mâle ne foit emporté par le vent fur les fleurs des melons , & ne les faffe tourner en fruit, ce qui donneroit à coup für au melon ainfi produit, le goût de concombre, felon que la farine y feroit tombée en plus ou moins grande quantité. Quand le meloneft mûr, il faut le couper de bon matin , avant que le foleil l’ait échauñé, en obfer- vant de conferver à ce z1el/on deux pouces de tige, pour ne lui rien Ôter de fon parfum ; mais fi l’on ne doit manger un re/oz qu'au bout de deux ou trois jours, 1l faut Le cuerllir avant qu'il foit parfaitement mûr , autrement 1l fe trouveroit pañlé. … Si lon defire de tranfplanter le #/07 d’une cou- che dansune autre, 1l faut faire cette tranfplanta- ion dans des corbeilles d’ofier, ouvertes de tous cô- Je aient dix pouces d'onverturé par en haut, êt quatre de profondeur, parce que les racines en liberté , s'ouvrent un pañlage à travers la corbeille dans la terre-voifine de la couche , qu’on couvre de paille & de paillafons pendant la nuit. _M. de la Quintinie a le premuer publié, 1l y a déja prefque 80 ans dans es Tranf. philef: la vraie cul- ture des zelons ; &.perfonne en France n'a depius dors rencherifur la méthode, quoiqu’on n’aît cultivé cette plante beaucoup plus communément que du temps de cet habile jardinier. Nos melons font en gé- _néralafiez médiocres, plus gros que favoureux: j'en excepte bien ceux des parties méricionalés de ce royaume , qui viennent, pour ainf dire , d'eux-m€- mes, & fans foin; ceux-c1 font admirables & pour le soût, & pour la graine. (D. J) | - Melons. M. Triewald indique , dans les mémoires de l’academie de StockhoÏm,une méthode dontil s’eft fervi avec fuccès pour entretenir les couches où l’on fait venir des welons dans une chaleur égale, & plus durable que celles que ces couches ont ordinaire- ment. Pour cet efñet , il fit faire dans fon jardin des tas d'écorces de bois femblables à celles dont fe fer. vent les Tanneurs ; 11 ft couvrir césitas avec de la paille , afin qu'ils ne fuffent point expofés à fe geler pendant l'hiver ; lorfqu’il fut queftron de templir les couches à zelons, on étendit évcalement ces écorces au fond, de l’épaifleur d'environ ün 16; on mit par-déflus dela paille légérement, lorfque cette paille éut commencé à e pourrir, ou à fe confommer , & ds'affaifler., onremit.encore une couche d’écorces d'enyiron.deux piés d’épañlfeur , jufqu'à cé que les couches euflent la Hauteur requife ; on mit encore de lapaille par-deflus , & lorfqu’elle ent commencé À fe pourrir, on couvrit.le tout avec du térreau or- dinaire dont on fe fért,communément pour les cou- ches. M. Triewald aflure que par cette méthode il _eftpatvenu à entretenir dans fes couches”tne cha- leur égale jufque bien avant darts l’aitomne, & el: a ouh 4 PS cèt el EE ETS OL NE M EL 237 les lui ont produit de très-bons melos, même dans une faifon avancée, & à la fuité du printems qui avoient été très-froids. MELON, (Dicre E mat, Méd.) on fe mange gere à Paris, & dans les provinces feptentrionales de la France que le 16/02 commun, à chair rougeätré où Otangée; mais dans les provinces méridionales de ce royaume, On mange encote le me/or blanc, ou à chair blanche, c’eft-à-dire , prefqué femblable à celle d’une poire, mais tirant fur lé verdâtre "CE | qu'on appelle communément #e/o7 d'Efpagne , & le mélor d'eau , qui a la chait d’un ronge vineux très: foncé, Le #elon commun & le selon blanc orit la chair également fondante ; celle du re/02 d’eau left inf: niment davantage; c’eft peut-être la plus aqueufe de toutes les fubftances végétales organifées, Ce n'eft prefque que de l’eau. Les qualités diététiques de ces trois efpeces de fruit font exaétement les mê- mes ; la dermere differe feulement des deux pr'emies res quant au degré de ces qualités, c’eft-à diré , en ce qu’un certain volume de re/0n d’eau doit être re- gardé comme répondant à peine à uñ volume trois fois moindre de 12/07 commun , ou de me/or blanc Le melon fournit un aliment agréable , aifé à di- gerer, rafraichiflant , hume@ant , défaltérant, Les habitans des pays chauds, où ils font excellens trouvent une grande reffoutce dans leur ufage jour- naler contre l'influence du climat. Dans ces PAÿSs On en mange prefque à tous les repas ; & on les fait fafraichir en les faifant tremper tout entiets dans dé l’eau de puits ,ou enles couvrant degiace. Ileftraré qu'ils caufent des accidens. Ils ne [âchent pas même aufli fouvent le ventre qu'on pourtoit le penfet , em confidérant leur analogie avec d’autres fruits de l4 même famille,tels que la coloquinte & le concombre fauvage, 8 en partant d’après l’obfervation de la vértutrès-purgative du ze/o7 lui-même, dans lé pays Où 1l croit naturellement &c fans cultute. J'ai vü un malade.qui en mangeoït un par jour, tandis qu'il prenoit des eaux minerales purgatives , fans en être incommodé. On a Cependant vû quelquefois que cé fruit mangé avec excès , fur tout par les perfonnes qui n'y font point accoutumées , & dans les climats moins chauds, a caufé des coliques , fuivies quel: quefois de diflenteries ou de cours de ventre opiniâs tres. Mais il n’eft pas poffible de déterminer quels font les fujets qui doivent s’abftenir de Pufage du re. lon. Il faut s’en rapporter à cet ésard auxtentatives de chacun ; & heureufement ces tentatives ne font pas dangereufes. On croit communément que le 1e. lon eft moïns dangereux lorfqu’on le mange avec du fl , & qu’on boit par-deffus du bon vin un peu co- pieufement. Il n’eft pas clair que ce foit-Ià unaffaïz fonnement falutaire ; ‘maïs il eft céstain qu'il'éft au: moins fort agréable. | La femence du meloz commun eftune des quatre femencés froides majeures. Voyez SEMENCES FRor DES. ” La los - Cette confiture f commune, qu’on nous vend fous le nom d’écorce verte de citron, eftl'écorce prépa: rée d’une efpece de gros z7eloz, qui croît en Italie. Cette confiture eft en général pefante à l'efflomac, & de difcille digeftion. (4) eus . MELONS PÉTRIFIÉS, (ÆHiff. nat.) nom donné trés-improprement par quelques voyageurs 8 na- furaliftes, à dés pierres d’une forme ovale ou fphé= roïde, en un mot de la forme des #e/ons ; il y'en a depuis la groffeur d’un œuf de poule jufqu'x celle des plus gros mé/ons ; ces melons font unis à leur furface & d'une couleur qui et ou erifâtre ou brune &r ferrugineufe; on les trouve fur le mont Carmel, dans une couche de près d’un gris coulent de cendre, dont ils fe détachent affez aile} . CMPCTE | Te) Pr ag 5 322 MEL ment. Quand on vient à les caffer, ôn y trouve une cavité plus où moins régulière, qui eft entie- ment couverte de petits cryftaux brillans & tranf- parens, dont les fommets font vers le centre de lé cavité. On dit que la pièrte même paroît être de la nature du marbre ; elle eft d’une couleur jaunâtre, prend très-bien le poli, & reffemble afñlez au marbre de Florence; à proportion de la groffeur de la pierre , elle a tantôt un pouce tantôt un demi- pouce d’épaifleur; & quelquefois la pierre totale eft enveloppée dans une autre croûte plus mince qui reffemble en quelque façon à l’écorce du fruit, Les Moines qui habitent le mont Carmel, difent aux voyageurs, que c’eft par miracle que ces pier- res ont êté formées; & ils racontent, que lorf- que le prophete Elie vivoit fur cette montagne, voyant un jour pafler un laboureur chargé de snelons auprès de fa grotte, il lui demanda un de ces fruits ; mais ayant répondu que ce n'étoit point des melons, mais dés pierres qu'il portoit, le pro- phete, pour Le punir,changea fés melons en pierres, Au refte, ces prétendusrelons petrifiés ne reflem- blent point parfairement à de vrais welons ; on n'y remarque point les côtes , ni la queue ou tige, &c le merveilleux ceffera , lorfqu’on fera attention que l’on rencontre en une infinité d’endroits des cail- loux & d’autres pierres, arrondis à l'extérieur, dans iefquelles on trouve des cavités remplies de cryftaux, & quelquefois même de l’eau. Ainf les melons pétrifés du mont Carmel ne doivent être repardés que comme des corps produits fuivant l’ordre ordinaire de la nature. (—) MELON, rerme de Perruquier , eit une forte d’étui, à peu-près de la forme d’un me/o7, qui s'ouvre par le milieu, & dont les perfonnes qui voyagent fe fervent pour enfermer leurs perruques, fans qu’elles foient gâtées. Les zelons font ordinairement faits de carton battu, 8 recouvert d’une peau : ce font les Gaïniers qui les fabriquent. MELONGEÈNE, f. f. ( Æiff. nat, Bor.) Tourne- fort compte douze efpeces de ce genre de plante ; mais fes variétés ne confiftent que dans la difié- rente grandeur, forme, & couleur du fruit , ou dans les piquans dont il eft armé. Nous navons donc befoin que de décrire ici l’efpece commune nommée par le même Tourne- fort, melongena, frutlu oblongo, violaceo, Inff, rei herb. 151. Sa racine qui eft fibreufe & peu profonde, pouffe une tige ordinairement fimple, d’environ un pié de haut, de la groffeur du doigt, cylindrique, rou- eÂtre, couverte d’un certain duvet qui s’en peut aifément détacher. Elle jette des rameaux nom- breux, & placés fans ordre, qui partent des aïf- felles des feuilles. | Ses feuilles font de la grandeur de Ia main , & même plus grandes, affez refflemblantes aux feuil- les de chêne, finuées ou pliffées fur les bords, mais non crenelées ou dentelées, vertes êc cou- vertes fuperñciellement d’une certaine poudre blan- che comme de la farine. Elles font portées fur de grofles queues, longues d’un empan; leurs nervu- res font rouseätres comme la tige, & quelquefois épineufes, À l’oppoñite des feuilles, fortent des fleurs, tan- tôt feules, tantôt deux à deux ou trois à trois, fur la mème tige ou la même branche. Ces fleurs font des rofettes à cinq pointes ; en façon d'étoile, am- ples, finuées , blanchätres Ou purpurines, foute- nues par des,calices hériflés de petites épines rou- getres, & divifés en cinq fegmens pointus, Quand les fleurs font pañlées, 1l leur fuccede des fruits, environ de la srofleur d’un œuf ou d’un concom- bre, & felon l’efpece, oblongs, cylindriques, ou dvoides, folides, liffes, dé couleur violette, jauné, purpurine, blanche, noire, on verdâtre, doux au toucher, remplis d’une pulpe ou chair fucculente. Ces fruits contiennent plufieurs femences blanchà- ttes, applaties, qui ont pour l'ordinaire la figuré d’un petit rein, & reflemblent aflez à la graine du poivre d'inde. I eft vraiflemblable que la #é/ongene eft le Pedin- gian des Arabes, le sozgu des haäbitans d’Angola, & le belingel des Portugais. Quelques botaniftes modernes, comme Dodonée, Gérard, Lonicer, & Gefner, ont nommé le fruit de cette plante "4/4. infana, des pommes dangereufes, ou mal-faines, ou propres à rendre fou. Cependant ce fruit m’eft nullement mal-faifant, comme il paroït par l’nfage continuel qu’en font les Efpagnols, les Italiens, &c les habitans de la côte de Barbarie dans leurs falades & leurs ragoûts. Les habitans des Antilles les font bouillir après les avoir pelées ; enfuité ils les cou- pent par quartiers, & les mangent avec de lhuilé & du poivre. Les Anglois leur trouvent un goût infipide; les Botaniftes qui s’embarraflent pen du eoût des fruits, cultiveñt la zélongene par pure curiofité. (D. J.) | M&LONGENE, (Diere,) Le fruit de cette planté fe mange très communément en ête & en automne, dans les provinces méridionales de France. La ma- mere la plus ufitée de les apprêter, c’eft de les partager longitudinalement par le milieu, de faire dans leur chair de profondes entailles, qui ne per- cent cependant point la peau, de les faupondrer de fel & de poivre, de les couvrir de mie de pain &c de perfil haché, de les arrrofer avec beaucoup d'huile, & de les faire cuire avec cet affaifonne- ment au four ou fur le gril. On les coupe auffi tranches longitudinales ; après les avoir peléess"on les couvre d’une pâte fine, & on en prépare des bignets à l’huile. On les mange auffi au jus comme les cardes, avec du mouton fous la forme du ra- goût populaire qu’on appelle haricot à Paris & aux environs. Ce fruit a fort peu de goût par lui-même, mais il fournit une bafe très convenable aux divers aflais fonnemens dont nous venons de parler. | Préfque tous les auteurs, en y comprenant lé continuateur de la matiere médicale de Geoffroy, conviennent que la zzelongene eft un aliment non feulement froid & infipide, mais aufi mauvais que les champignons ; qu'il excite des vents, des indigeftions , & des fievres, 6'c. Tous ces auteurs fé trompent : on en mange à Montpellier, par exemt- ple, pendant quatre mois confécutifs!, autant au- moins que de petits pois à Paris, dans lé même tems, c’eft-à-dire prefque deux fois par jour dans la plus grande partie des tables : les étrangers fur- tout les trouvent très appétiflantes, 67 en man- gent beaucoup. On en trouve dans plufeuts pota- gers de Paris, depuis quelques années , &c J'ai vi beaucoup de perfonnes qui connoïfloient ce mets, en faire apprêter plufieurs fois, & en fairé man- ger à beaucoup de perfonnes, pour leftomac def: quelles c'étoit un aliment infolité; & je puis aflu- rer que je n'ai jamais vû l’ufage de ce fruit fuivi de plus d’accidens que la nourriture la plus inno- cente. (b) | MELONNIERE, f. f. (Jardinage.) eft l'endroit du jardin où s’élevent les melons ; il eft ordinairement renfoncé &c foutenu par dés murs où entouré dé brifes-vent de paille. Les couches qu’on y formé fervent non feulement à élever les plantes les plus délicates, mais elles fourniflent tout le terreau fi néceflaire dans les jardins. | MELOPÉE, f. f, Msnoraiie , (Mufique.) étoit dans la mufque greque, l’art ou les reglés de la compos fition du chant, dont l'exécution s’appelloit mélo: die, Voyez ce mor. | Les anciens avoient diverfes regles pour la ma- niere de conduire le chant , par degrés conjoints , disjoints ou mêlés, en montant ou en defcendant: On en treuve plufeurs dans Ariftoxene qui dépen- dent toutes de ce principe, que dans tout fyftème harmonique , le quatrieme ou le cinquieme fon après le fon fondamental, on doit toujours frapper la quarte ou la quinte jufte , felon que les tétra- cordes font conjoints ou disjoints; différence qui rend un mode quelconque authentique ou plagal, au gré du compoñteur. Ariftide Quintilien divife toute la ré/opce en trois efpeces qui fe rapportent à autant de modes , en pre- nant ce nom dans un nouveau fens. La premiere étoit l’aypatoïde appellée ainfi de la corde Aypate , la prin- cipale ou la plus baffle ; parce que le chant répnant feulement fur les fons graves, ne s’éloignoit pas de cette corde, & ce chant étoit approprié au mode tragique. La feconde efpece étoit la mefoide, de mefé, la corde du milieu, parce que le chant rou- loit fur les fons moyens, & celle-ci répondoit au : mode nomique confacré à Apollon. Et la troifieme s’appelloit zeroide, de neté, la derniere corde ou la plus haute : fon chant ne s’étendoit que fur les fons aigus, & conftituoit le mode dithyrambique ou bac- chique. Ces modes en avoient d’autres qui leur étoïent en quelque maniere fubordonnés , tels que lhérotique ou amoureux, le comique, & l’encof- miafque deftiné aux louanges. Tous ces modes étant propres à exciter ou à calmer certaines pañhons, influoient beaucoup dans les mœurs : & par rap- port à cette influence, la mélopée fe partageoïit en- core en trois genres; favoir, 1°. Le fyffalique, ou celui qui infpiroit les pañlions tendres & amou- reufes, les paffions triftes & capables de reflerrer le cœur, fuivant le fens même du mot grec. 2°. Le diaffaltique, ou celui qui étoit propre à l’'épanouir en excitant la joie, le courage , la magnanimité, & les plus grands fentimens. 3°. L'éachafique, qui tenoit le milieu entre les deux autres, c’eft-à-dire, qui ramenoit l'ame à un état de tranquillité. La * premiere efpece de rélopée convenoit aux poéfies amouteufes, aux plaintes, aux lamentations, & autres expreflions femblables, La feconde étoit ré- fervée pour les tragédies & les autres fujets hé- roiques. La troïfieme, pour les hymnes, les louan- ges, les inftructions. (S) MELOPEPO, (Bofan.) genre de plante qui dif- fere des autrés cucurbitacées, en ce que fon fruit eft rond, ftrié , anguleux , divifé le plus fouvent en cinq parties, & rempli de femences applaties & attachées à un placenta fpongieux. T'ournef. inff, rei herb. Voyez PLANTE. MELOPHORE, adj. (Lirrér. greg.) furnom de Cérès, qui fignifie celle qui donne des troupeaux, Cérès mélophore avoit à Mégare un templefans toit. Le mot élophore eft formé de uÿno, brebis » & de gépo, Je porte. (D. JT.) MELOS, (Géog. anc.) nom commun à quelques lieux,..1°. Mélos , petite île de Archipel, dont le nom moderne eft Mz/0. 2°, Mélos, ville de Theffa- lie. 3°. Mélos, ville fituée à Pextrémité de PEfpa- gne, auprès des colonnes d’Hercule, (D. J.) «MËLOS, serre de, (Hifi. na.) nom donné pat quelques auteurs anciens à une terre qui fe trouve dans l’île de Mélos dans l’Archipel. On dit qu’elle eft d’un blanc tirant fur le gris, feche, friable , & un peu liée, ILy a tout lieu de croire que c’eft une ef- pece de marne,Les anciens lappelloient terra mélia; il ne faut point la confondre avec la terre qu'ils nommoient relinum, Noyer cet article. (=) -- Tome X, MEL 333 MÉLOTE, f. f. (Antig, éccl.) Ce mot purement grec, minor, fe prénd en général felon Henri Etienne, pour la peau de toutes fortes de quadru- pedes à poil ou à laine ; mais il defigne én parti- culier une peau de mouton ou une peau de brebis avec fa toifon: car pin fignifie érebis. Les pre- miers anachofetes fe couvroient les épaules âvec une zzelote; & erroient ainfi dans les deferts: Par- tout où la vulgate parle du manteau d’Élie, les Septante difent la méloce d'Élie. M. Fleury, dans fon Hiffoire eccléfiaflique, rapporte que les difciples de S. Pacôme portoient une ceinture , & deflus la tunique une peau de chevre blanche , nonimée en grec minor, qui couvroit les épaules. Il ajoute qu'ils gardoient l’une & l’autre à table & au lit; mais, que, quand ils venoient à la communion, ils Gtoient la mélore & la ceinture , & ne gardoient que la tunique. (D, J. | MELOUE, ox MELAVE, (Géog.) petite ville de la haute Egypte, fur la riviere occidentale du Nil, prefque vis-à-vis d’'Anfola, à 4 lieues d’Infine qui eft l’Antinopolis des anciens. Long. 49. 30. lat, 27: 30. (D. J. MELPES, (Géograph. anc.) riviere de la grande Grece, auprès du promontoire Palinure, felon Pli ne, Æb. IIT. cap. v. Le nom moderne eft la Mo/pa, riviere du royaume de Naples, dans la principauté citérieure., (D. J.) ; | MELPOMENE, (Mychol,) une des neuf Mufes. Son nom fignifie attrayante, & les poëtes la font préfider en particulier à la tragédie. | Dans une fcene intéreffante Retraçant: d'illuftres malheurs ; Vois Melpomene gémiffante De nos Yeux arracher des pleurs! Sur l’ame vivement atteinte La compaflion & la crainte Font d'utiles impreffions, Et l’affreufe image du crime Dont le coupable eff la vilimes Du cœur purge les paffions. On repréfente Melpomene avec un vifage férieux, tenant le poignard d'une main, & des {ceptres de l’autre; La Pitié la fuit gémiffante ; La Terreur, toujours menaçante, La foutient d'un air éperdu. Quel infortuneé faut-il plaindre ? Ciel! quel eff le [ang qui doit teindre Le fer qu'elle tient fujpendu ? Cependant cette mufe, fous le nom de laquelle On nous peint le vrai caraëtere du tragique; cette mule, dis-je, qu’on a tant de raifons d’admirer, n’eft autre chofe dans Horace que la poéfie même , le feu, l'harmonie , 8e l’enthoufiafme : l’art & l'étude peu- vent bien les régler; mais la nature feule en fait préfent À ceux à qui elle deffine fes lauriers ; & fans le don de fes faveurs, on ne méritera jamais le beau nom dé poëte, (D. J.) " MELPUM, (Géog. anc.) ancienne ville d'Italie dans l’Infubrie. Elle ne fubfiftoit déjA plus du tems de Pline. On foupçonne que c’eft Me/zo, bourg du Milanez. (D. J.) j MELTE, {. f. (Jur:fpr.) terme ufité dans quel- ques coutumes pour figmifer Pérezdue de la jurifs diétion d’un juge, Voyez DISTRICT & RESSORT. MELTRISCHSTATT , (Géogr.) ‘ou MELLER- STATT, en latin moderne, Me/riffladium , ville rai née d'Allemagne, au cercle de Franconie, dans l'évêché de Wurtzhourg, cheftieu d’un bailliage de même nom; fur le Strar, Elle eft renommée par | S si 324 MEL la bataïlle qui s’y donna entre l'empereur Henri IV. & Rodolphe duc de Suabe. (D. J.) ._ MEÉLUÉE, (Géogr.) Mellulus, grande. riviere d'Afrique au royaume de Fez. Elle fort du mont Atlas, & fe rend dans le Mulnya qui eftle ffwmen Malya des anciens, qui féparoit les deux Mauri- tanies, la Tingitane & la Céfarienne; de même le Mulnya fépare aujourd’hui les royaumes de Fez & d'Alger. (D. J.) MELUN, (Géog.) ville de France dans le Hure- poix, aux confins du Gâtinois, fur la Seine, à dix lieues au-deflus de Paris, à quatre au-deffous de Fon- tainebleau, & à quatorze de Sens. Cette ville eft fort ancienne; & fi l’on en croit fes citoyens, elle a fervi de modele pour bâtir celle de Paris. Ce qu’il y a de sûr, c’eft que la figure & la fituation de ces deux places font parfaitement femblables. La riviere de Seine forme une île à Melun, & coupe la ville en trois parties: Fune du côté de la Brie qui eft la ville, celle de l'ile qui eft la cité, & celle qui touche le Gâtinois. L'ancien nom de Melun eft Melodunum ; elle eft nommée Meriofedum, dans les commentaires de Ce- far, dit le favant abbé de Longuerue; mais cet ha- bile homme auroit eu bien de la peine à le prouver, & pour n’en pas dire 1c1 davantage, voyez MET10- SsEDUM. Melun étoit autrefois dans le territoire des Sénonois ; auf eft-elle encore du diocefe de Sens. _. On avoit cru voir dans cette ville les veftiges d'un temple confacré à Ifis. Mais après avoir mieux regardé, il s’éft trouvé, que ce qu’on y montre fous ce nom, fur le bord de l'île vers le Nord, à côté de l’églife de Notre-Dame, n’eft qu’un refte de falle des chanoines de ce lieu, & fon antiquité ne paroît pas remonter plus haut que le regne du roi Robert.:C’eft un bâtiment de forme quarrée-lon- gue, dont il n’y a plus que.les quatre murs, Melun a été.affiégé & pris plufieurs fois par les Anglois & le duc de Boursogne. Les habitans en chafferent les.premiers, & y reçurent les troupes de Charles VII. Ce prince, par reconnoïffance leur accorda de beaux privileges, dont il ne leur refle que les lettres patentes en date du dernier Fé-, vrier 1432. Lekbailliage & le fiege préfidial de : Melun {e gouvernent par une coutume particuliere appellée la cousume de Melur, qui fut rédigée en 1560. Long. 20. 16. lat. 48. 33. Cette ville a été le tombeau de deux de nos rois & la pâtrie d’un homme qui fut le précepteur ! de deux autres, après avoir commencé par l’être des enfans d’un particulier (de M. Bouchetel) fecrétaire d’état. On fait que je veux parler de Jacques Amyot, qui de très-baffe naïffance, par- vint aux plus émnentes dignités. La sraduition des amours de Théagene & de Chari- clée qu'il mit au jour en 1549, en fut l’origine. Elle le fit connoître à la cour , & Henri II. lui donna | pour lors l’abbaye de Bellozane en 1551, 1l fut nommé pour aller à Trente, & y prononça au nom du roi, cette proteftation f hardie &c fi judicieufe, que l’on ne cefle de lire avec plaifir dans les aëtes de ce concile: Peu de tems après fon retour d'Ita- lie, il fut choifi par Henri Il. pour être le précep- teur de fes enfans. Ce fut à la reconnoiflance de fes auguftes, éleves, qu'il dut fa fortune. Charles IX..le fit évêque d'Auxerre & grand aumômier. HenriIIE. lui donna le cordon bleu, qu’à fa-confidération 1l aitacha pour toujours à la grande aumônerie, Enfin il mourut comblé de célébrité, de gloire & d’an- nées en, 1593, étant prefqu'oétogénaire. Son principal ouvrage eft {a traduétion de toutes les œuvres de Plutarque, dont nous avons deux édi- tions très-belles par Vafçcofan, l’une #7-fo/, &c l'au: tre iQ - | Les graces du ftyle la firent réufir: avec avi- dité, quoiqu’eile foit fouvent infidele; & malgré les changemens arrivés: dans la langue, on la lit toujours avec plaifir. Les vies des hommesilluftres ont été traduites plufieurs fois depuis Amyot, mais {a traduéhioneft toujours reftée leule entre lesmains de tout le monde, & celle-même de M. Dacier, qui parut en 1722, ne l’a point fait oublier. Difons un mot des rois Robert & Philippe, morts à Melun. Le premier y finit {acarrierele 20 Juinro3x, à ioixante ans. On fait tout ce que ce prince éprouva de Grégoire V. au fujet de fon mariage avec Ber- the. Il fallut qu'il obéit; & même enfuite combien de pélérinages ne fe crut-il pas obligé de faire à Rome? Le roi Philippe termina fes jours à Melun, âgé de Cinquante-fept ans, le 29 Juillet 1108, Son regne celebre par {a longueur, Le fut fur-tout par plufeurs grands évenemens, où ce monarque ne prit point de part; de forte qu'il parut d’autant plus méprifa- ble à fes fujets, que le fiecle étoit plus fécond en héros. (D, J.) | MÉMARCHURE , . f. (Maréchall, on appelle ainfi l’effort qu’un cheval fe donne au paturon, en pofant fon pié à faux. Voy-z PATURON. | MEMBRANE , f. f. ( Anar. ) c'eft une efpece de peau mince, flexible, formée de diverfes fortes de fibres entrelacées enfemble | & qui fert à couvrir ou à envelopper certaines parties du corps. Voyez Corps, 6 PARTIE. Les membranes du corps font de différentes fortes, 8t ont différens noms; tels font le périofte , la ple- vre , le péricarde, le péritoine, 6:c. Voyez-les cha- cun dans fon arcicle, &c. tels font aufli la membrane adipeuje , la membrane charrue | la membrane appel- lée zéhrans. Les membranes des vaifleaux fe nomment sriques, &7 celles qui couvrent le cerveau, portent le nom particulier de meninges. V,TUNIQUE & MENINGES. Les fibres des r1embranes leur donnent une élafti- cité, au moyen de laquelle elles peuvent fe contrac- ter, & embraffer étroitementles parties qu’elles en- veloppent ; &ces fibres étant nerveufes, leur don- nent un fentiment exquis , qui eft la caufe de leur contraétion : ainf elles ne peuvent guere fouffrir les médicamens âcres, & fe réunmiffent difficilement quand elles font bleflées. Elles font garnies de quan- tité de petites glandes qui féparent une humeur pro- pre à humeéter les parties qu’elles renferment. L'é- paiffeur & la tranfparence des membranes font caufe qu'on y apperçoit mieux que dans aucune autre par- tie du corps , les ramifications des vaifleaux fan- guwuns , dont les divifñons infinies, les tours &c les détours en mille mamieres , les fréquentes anafto- mofes , non-feulement des veines avec les arteres, mais auffli des veines avec les veines, & des arteres avec les arteres , forment un réfeau très-délicat qui couvre toute la wembrane, & quieft très agréable à voir. Voyez VAISSEAU, &c. | L’ufage des membranes eft de couvrir & envelopper les parties , & de les fortifier , de les garantir des an- jures extérieures, de conferver la chaleur naturelle, de joindre une partie à l’autre, de foutenir les petits vaifleaux & les nerfs qui s'étendent dans leurs du- picatures , d'empêcher les humeurs de retourner dans leurs vaifleaux , comme les valvules empêchent le fang.de retourner au cœur &:dans les veines , _ d'empêcher le chyle de retourner dans le canal tho- rachique, & la lymphe dans les vaifleaux lympha- tiques. Voyez VALVULE, &c. | Col, quur es Les Anatomiftes avancent généralement qu'al ya une #embrane commune à tousles mufcles: l’apone- vrofe que l’on voit à plufeuts, les a jettés dans cetté erreur ; Car fi on y fait bien attention; on ne MEM _ trotvera point dé pareille membrane, La membrane propre dés mufcles eft celle qui cou- Vre immédiatement toutes les fibres d’un mufcle en général &c chacune en particulier, & qui y eft étroi- tement attachée. [I Y a une autre #embrane , appel- lée membrane commune des vaiffeaux , qui et fort min- ce; 6c qui accompagne prelque tous les vaifleaux. On doit au refte remarquer que toutes ces #embraæ nes nie font que des dépendances du tifu cellulaire , & qu’elles font formées par ce tiflu. Voyez CEL- LULAIRE, VAISSEAU, VEINE, ARTERE, @c, Toutes ces membranes reçoivent des arteres, des veines & des nerfs, des parties dont elles {ont le plus proche, MEMBRANE commune des mufiles, | MEMBRANE propre des muf. véles. MEMBRANE commune des vaiffeaux, MEMBRANE adipeufe, Voyez ADIPEUSE, MEMBRANE charnue. Voyez CHARNUE. MEMBRANE du tympan. Voyez TYMPAN GTROU, MEMBRANE allantoide, Voyez ALLANTOIiDE, MEMBRANE des yeux. Voyez YEUX. MEMBRANE VELOUTÉE, ez Anatomie , c’eft la Membrane Où tunique interne de l’eftomac & des in- teftins. Voyez ESTOMAC 6 INTESTINS. On voit {ur la furface intérieure de cette mem Drane Où tunique, un nombre infini de fibrilles , qui s’élevent perpendiculairement dans toute la fubitan- ce ; que quelques-uns prétendent ne fervir'qu’à dé- fendre l’eftomac contre les humeurs acrimonieufes ; mais M. Drake les regarde comme des conduits ex- crétoirs des glandes qui font au-deffous, que quel- Voyez MEMBRANE, ques-uns appellent un parerchime , & qu'on a déja rejerté : mais elles font vraiment les Organes par lefquels la plus grande partie de l'humeur qui eft dé- chargée dans l’eflomac & des inteftins eft féparée, & ces fibrilles font les conduits immédiats par let quels Phumeur eft portée, ; MEMBRANE , ( Jardinage, ) eft la peau où l’enve- loppe des chairs & autres parties d’un fruit. MEMBRANEUX , EUSE , adj. er Anatomie 6 épithète qui fe donne à différentes parties qui ont quelque rapport avec la membrane. Foyez MEM- BRANE, … C’Eft dans ce fens qu'on a appellé un des muf cles de la jambe, le demi-membraneux. Ce mufcle eft finé à la partie poftérieure & in- terne de la cuifle ; il s’attache fupérieurement par un tendon très-plat & large à la partie latérale in- terne de la tuberofité de los ifchion au-deflous du biceps & du demi-nerveux ; fon tendon plat & large fe continue jufqu’environ la partie moyenne de la cuifle: c’eft ce qui l’a fait nommer demi.membraneux ; enfuite redevenant charnu , il va s’attacher à la par- tie poftérieure & fupérieure & interne du tibia par un tendon court. | MEMBRES , f. m. en Anatomie, fontles parties extérieures qui viennent du tronc ou Corps d’un ani- mal, Comme les branches viennent du tronc d’un arbre. Voyez Corps. ; cr Les Médecins divifent le corps en trois régions ou ventres , qui font la tête , la poitrine & le bas véntre , ou abdomen; & en extrémités » Qui font les membres. Voyez EXTRÉMIT + cdagr a à :, MEMBRE, (Mychol, ) chaque membre OU Partiort du corps, étoit autrefois confacré &voué À quelque divinité ; la tête à Jupiter, la poitrine à Neptune, la ceinture à Mars, l'oreille À là Mémoire , le front au Génie, Ta main droite à la Fot ou Fidélité les ge- noux à la Miféricorde, ls fourcils À Junon lès yeux à Cupidon, ou, felon d'autres, à Minerve ; le der- M'EM. ‘35; riéré de l’oréil le droite, à Némeñs, le dos à Pluton, les reins à Vénns, les piés À Mercure , les talons &c les plantes des piés à Thétis, les doigts à Minerve, &r. MEMBRE , 2 Grammaire, {e dit des parties d’uné période ou d’une penfée, Voyez PÉRIODE & PENSÉE, | | ET 4e Be, ! MEMBRES D'UNE ÉQUATION, (4/g.) ce font les deux parties féparées parle figné =; ainfi danse += c,a + belt un embre & € l’autre. Dans +: +axx = 63 0,x 3 + axx —=c3 eft le premier membre , & à l’autre : les termes d’une équation {ont les diféren- tes parties de chaque mere ; par exemple , icix3, Haaxx,= ci, 6e. font trois termes. Voyez ÉQua« TION 6 TERME, (O) | MEMBRE, ( Architet, ) s'entend de toute mouluz re en particulier , ou bien d’une des parties de l’entaz blement, d'un chapiteau , d’une baie , pié-d’eftal , inpofte, arcivolte, chambranle, Ge, fervant à la décoration tant extérieure qu'intérieure. On dit, cé membre d'architeétute efttrop forton trop foible, par tapport à la colonne ; àla borte , à la croifce y FC MEMBRES D'UN VAÏSSEAU, ( Mar, )onwappellé membre dans un vaifleau , toute groffe piece de bois qui entre dans fa conftruion » COMME varanpues ; alonges , genoux, &c, | MEMBRE , ( Peinture, \_on dit que les s7embres d’une figure font bien proportionnés, lorqu'il n’y en a point de trop gros ni de trop petits-par comparais fon avec les autres. On ne fe fert sucre de ceterme: On dit des parties bien proportionnées, MEMBRÉ , adj, en termes de Blajon ; il fe dit des cuifles & jambes des aigles, des cygnes. &7 autres oi» feaux, quand ils Les ont d’un autre émail que lerefte du corps. de Foifft, d'azur au cygne d'argent, bequé & wembré d’or. MEMBRETTO, dans l'Architeëfure » ft le terine italien pour dire pilaftre qui porte un arc. Ils font fouvent cannelés, mais ils n’ont jamais plus de 7 où 9 cannelutes, On s’en fert fouvent pour ornerles chambranles.des portes & des cheminées , les fronts des galeries, & pour porter les corniches & les fria fes de boiferie. MEMBRON , erme de l lomberie, c’eft ainf qu'on appelle la troifieme piecé qui compote: les enfaîte- mens de plomb qu'on met au faite des bâtimens qui font couverts en ardoife ; cette piece eft faite en far- me de quart de rond , & fe place au bas de la bas vette. Foyez ÉNFAÎTEMENT. MEMBRURE , [. f. ( Com. ) forte de mefure dont on fe fert fur les ports pour mefuter la voie-de bois de corde. | La membrure doit avoirquatre piés de haut & quas tre piés de large. j + HT Te MEMCEDA , f. £. ( Commerce.) mefure dés hqui- des dont on fe fert à Mocha en Arabie ; elle contient trois chopines de France ou trois pintes d'Angle- terre: 40 memcedas font un teman. F4 oyez TEMAN: Didfionn. de comm. MEMINA , {. m.( ff. nar. ) animal quadrupede de File de Ceylan, quirefflemble parfaitement-à un daim, quoiqu'il ne foit pas plus gros qu'un hevre, . MEMINT, ( Géogr. arc. ) peuple de la Gaule :nar- bonnoïfe. Pline, ivre IT. chap. iv, donne ce nom aux babitans de la ville & du territoire de. Carpen: ttas. (D. J.) | NTM ARRET # MEMMEL 04 MEMELBURG, ( Géogr. ) en latin moderne Memelium ville forte, & château de la Pruffepolonoife, fur la riviere de l'angé; près.de la Mer Baltique, bâtie en 1250, à 48 lieues N, E. de Dantzig, 81 N. de Varfoyie. Long. 39.25 “late 854 OR) of nt db ri sb EU NN HT MEMMINGEN, (Géog.) Drufomagus, ville im périale d'Allemagne, au cerçle de Suabe, dans PA 326 ME M gow. Les Suédois la prirent en 1634, les Bavarois en 1703, & les Impériaux la même année. Elle eft dans une plaine fertile & agréable, à 6 lieues d'Ulm, 10 d’Augsbourg , à quelque diftance de Pller, Ses habitans font Luthériens, Son commerce confifte en toiles, étoffes, & papier qu’on y fabrique, Long. 27. So. lat, 47.58, (D. J.) MEMNONES , ( Géog. anc. ) peuples d’Ethiopie fous l'Egypte, felon Ptolomée, Av. IF. chap. vuy. qui les place près de Méroé, (D. J.) MÉMOIRE, SOUVENIR, RESSOUVENIR, RÉMINISCENCE , ( Synonymes. ) ces quatre mots expriment également l'attention renouvellée de l’efprit à des idées qu'il a déjà apperçues. Mais la différence des points de vûe accefloires qu'ils ajoû- P tent à cette idée commune, affigne à ces mots des cara@teres diftinétifs, qui n’échappent point à la juf- tefle des bons écrivains, dans le tems même qu'ils s’en doutent le moins: le goût, qui fent plus qu'il ne difcute, devient pour eux une forte d’inftinét, qui les dirige mieux que ne feroient les raifonne- mens les plus fubtils, & c’eft à cet inftinét que {ont dûes les bonnes fortunes qui n'arrivent qu’à des gens d’efprit, comme le difoit un des écrivains de nos jours qui méritoit le mieux d’en trouver, &c qui en trouvoit très-fréquemment. La mémoire & le fouvenir expriment une attention libre de l’efprit à des idées qu'il n’a point oubliées, quoiqu'il ait difcontinué de s’en occuper : les idées avoient fait des impreflions durables ; on y jette un coup-d’œil nouveau par choix, c’eft une aétion de l'ame. Le reffouvenir & la reminifcence expriment une at- tention fortuite à des idées que l’efprit avoit entie- rement oubliées & perdues de vie: ces idées n’a- voient fait qu'une impreflion légere, qui avoit été étouffée on totalement effacée par de plus fortes ou de plus récentes ; elles fe repréfentent d’elles- mêmes, ou du-moins fans aucun concours de notre part; c’eft un évenement où l’ame éft purement pafive. On fe rappelle donc la mémoire ou le fouvenir des chofes quand on veut, cela dépend uniquement de la liberté de l’ame; mais la mémoire ne concerne que les idées de l’efprit; c’eft l’aéte d’une faculté fubordonnée à l’intelligence, elle fert à l’éclairer : au-lieu que le fouvenir regarde les idées qui intéref- fent Le cœur; c’eft l’aéte d’une faculté néceflaire à la fenfibilité de l’ame , elle fert à léchauffer. C’eft dans ce fens que l’auteur du Pere de famille a écrit: Rapportez tout au dernier moment , 4 ce mo- ment où la mémoire des faits les plus éclatans ne vau- dra pas le fouvenir d’un verre d’eau préfenté par huma- niré à celui qui avoir foif.( Epit. dédic. ) On peut dire auffi dans le même fens : qu'une ame bienfaifante ne ‘ conferve aucun foverir de l’ingratitude de ceux à qui elle a fait du bien; ce feroit fe déchirer elle- même & détruire fon penchant favori: cependant elle en garde la zémoire, pour apprendre à farele : bien ; & c’eft le plus précieux & le plus népligé de | tous les arts. On a le reffouvenir ou la réminiféence des chofes quand on peut ; cela tient à des caufes indépendan- tes de notre liberté, Mais le reffouvenir ramene tout- à-la-fois les idées effacées & la conviétion de leur préexiftence ; l’efprit les reconnoit : au -lieu que la réminifcence ne réveille que les idees anciennes, fans aucune réflexion fur cette préexiftence ; l’efprit croit les connoitre pour la premiere fois. L’attention que nous donnons à certaines idées, foit-par notre choix, foit par quelque autre caufe, nous porte fouvent vers des idées toutes différentes, quitiennent aux premieres par des liens très-délicats &t quelquefois même imperceptibles. S'il n’y a entre ces idées que la liaifon accidentelle qui peut venir de notre maniere de voir , ou fi cette liaifon eft en- core fenfible nonobftant les autres liens qui peuvent les attacher l’un à l’autre; nous avons alors par les unes le refouvenir des autres; nous reconnoïflons les premieres traces : mais fi la liaifon que notre an- cienne maniere de voir a mife entre ces idées , n’a pas fait fur nous une imprefhon fenfible , & que nous n’y diftinguions que le lien apparent de l’analogie ; nous pouvons alors n'avoir des idées poftérieures qu’une réminifcence, jouit fans fcrupule du plaïfir de l'invention, & être même plagiaires de bonne- foi ; c’eft un piége où maints auteurs ont été pris. . Il y a en latin quatre verbes qui me paroïffent aflez répondre à nos quatre noms françois , & diffé- rer entre eux par les mêmes nuances ; favoir memi- rifle, recordart , memorari, &t reminifci. Le premier a la forme &c le fens aëtif, &c vient, comme tout le monde fait, du vieux verbe meno, dont le prétérit par réduplication de la premiere confonne eft remint ; meminifle, {e rappeller la mé- moire , ce qui eft en effet l’aétion de l’efprit. Le fecond a la forme & le fens pafñif, recordart, fe recorder, ou plütôt être recordé, recevoir au cœur une impreflion qu'il a déjà reçue ancienne- ment, mais la recevoir par le fouvenir d’une idée touchante: fi ce verbe a la forme & le {ens pañhf, c’eft que, quoique l’efprit agifle ici, le cœur yeft purement paññf, puifque fon émotion eft une fuite néceflaire & irrefñftible de l’aéte de mémoire qui l’oc- cafionne ; & il y a une forte de délicatefle à mon- trer de préférence lérat conféquent du cœur, vü d’ailleurs qu'il indique fufifamment l’aûe antérieur de lefprit, comme l'effet indique affez la caufe d’où il part: Tua ir me fludia & officia multi tecare recordere, dit Cicéron à Trébonius ( Epif. famil. xv, 24. ) & comme sl avoit eu le deflein formel de nous faire remarquer dans ce recordere l’efprit & le cœur, il ajoûte : 207 modo virum bonum me exiffi- mabis , ce qui me femble defigner l'opération de l’efprit fimplement, verdm etiam te à me amari plurt- mim judicabis, ce qui eft dit pour aller au cœur. Les deux derniers, z2emorari, être averti par une mémoire accidentelle & non fpontanée, avoir le re/- Jouvenir, 8 reminifcr, être ramené aux anciennes notions de l’efprit, en avoir la réminifcence ; ces deux derniers, dis-Jé, ont la forme & le fens pañlif, quoi qu’en difent Les traduéteurs ordinaires ,à qui la dé- nomination de verbe déponent mal entendue en a impoñé ; & ce fens pañfif a bien de l’analogie ayec ce que j'ai obfervé fur le reflouverir &c la réminifcence, Au refte, malgré les conjeétures étymolopiques, peut-être feroit-1l difficile de juftifier ma penfée en- tierement par des textes précis : mais il ne faudroit pas non plus pour cela la condamner trop ; car fi l’eu- phonie aamené dans la diétiondes fautes même contre l’analosie & les principes fondamentaux de la gram- maire, felon la remarque de Cicéron( Orar. n. 47.) Tmpetratum eff à confuetudine ut peccare fuavitatis caufæ liceret ; combien l'harmonie n’aura - t-elle pas exigé des facrifices de la jufteffe qui décide du choix des fynonymes? Dans notre langue même, où les lois de l'harmonie ne font pas à beaucoup près fi impé- rieufes que dans la langue latine, combien. de fois les meilleurs écrivains ne font-ils pas obligés d’aban- donner le mot le plus précis, & de lui fubftituer un fynonyme modifié par quelque correétf, plûtôt.que de faire une.phrafe mal fonnante, mais jufte ?, (2. E.R.M.) | a. | Mémoire, {. f, ( Méraphyfique. ) il eft important de bien diftinguer Le point qui fépare l'imagination de la mémoire, Ce que les Philofophes en ont dit jufqu'ici eft fi confus , qu'on peut fouvent-appliquer à la mémoire ce qu'ils difent de Pimagination , & à MEM Vimagination èe qu'ils difent de la mémoire. Loke fait lui-même confifter celle-ci en ce que l’âme a la puiffance de réveiller les perceptions qu’elle a déja eues, avec un fentimeñt qui dans ce tems-là la con- vainc qu'elle Les a eues auparavant. Cependant cela n’eft point exa€t ; car 1l eft conftant qu’on peut fort bien fe fouvenir d’une percéption qu'on n’a pas le pouvoir de réveiller. Tous les Philofophes font ici tombés dans l'erreur rde Loke. Quelques-uns qui prétendent que chaque perception laiffe dans l’amé une image d’elle-même, à-peu-près comme un cachet laïffe fon empreinte, ne font pas exception ; car que feroit-ce que l’image d’une perception qui ne feroit pas la perception même ? La méprife en cette occafon vient de ce que , faute d’avoir aflez confidéré la chofe , on a pris pour la perception même de l’objet quelques circonftances ou quelque idée générale, qui en effet le réverlent, Voici donc en quoi different l'imagination , la mémoire & la réminifcence ; trois chofes que l’on confond aflez ordinäirement. La premiere réveille les perceptions mêmes ; la feconde n’en rappelle que les fignes & les circonftances ; & la dermiere fait reconnoiître celles qu'on a déja eues. Mais pour mieux connoître les bornes pofées entre l'imagination &c la mémoire , diftinguons les différentes perceptions que nous fommes capables d’éprouver , & examinons quelles font celles que nous pouvons réveiller, & celles dont nous ne pou- vors nous rappeller que les fignes , quelques cir- conftances ou quelque idée générale. Les premieres donnent de l'exercice à limagination & les autres à la mémoire, ” Les idées d’étendue font celles que nous réveil- lons le plus aifément ; parce que les fenfations d’où nous lés tirons font telles que, tant que nous veil- lons, il nous eft impofñble de nous en féparer. Le goût & l’odorat peuvent nétre point affettés ; nous pouvons Wentendte aucün fens & ne voir aucune couleur ; mais il n'ya que le fommeil qui puifle nous enlever les perceptions du coucher. Il faut abfolu- ment que notre corps porte fur quelque chofe, & ‘que fes parties peient les unes fur les autres. De-là ait une perception qui nous les repréfente comme diftantes 6e limitées , 6£ qui par conféquent em- porte l’idée de quelque étendue. Lib Or, cette sdée , nous pouvons la généralifer en 1a confidérant d’une maniere indéterminée, Nous pouvons enftite la modifier & en tirer, par exem- ple, l’idée d’une lipne droite ou courbe. Maïs nous ne faurions réveiller exaétement la perception de la grandeur d’un corps, parce que nous n’avons point là-deflus d'idée abfolue qui puiffe nous fervit de mefuüre fixe. Dans ces occañons , Pefprit ne fe rappelle que lès noms dé pié, de toife , &c. avec une idée de grandeur d'autant plus vague que celle qu'il veut fé repréfenter eft plus confidérable. Avec le fecours de ces premieres idées, nous pouvons en l’abfence des objets nous repréfenter exa@tement les figures les plus fimples : tels font des triangles 8 des quarrés : mais que le nombre des côtés s’augmente confidérablement , nos efforts de- viennent fuperflus. Sije penfe à une figure de mille côtés & à une de 999, ce n’eft pas par des percep- tions que ‘Je les diftingue , ce n’eft que par les noms queje leur ai donnés : 1l en eft de même de toutes les notions complexes ; chacun peut remarquer que, quandülien veut faire ufage, ilne fe retrace que lés noms. Pour les idées fimples qu’elles renférment, ilne peutles réveiller qué lune après l'autre, & il faut lattribuer à une opération différente de la we- more. | L’imagination s'aideinaturellement de tout ce qui M EM 527 peut lui être dé quelque fécours. Ce fera par com paraifon avet notre propre figuré que nous nous répréfentérons celle d’un ami ablent; & nous l’ima> ginerons prand Ou pètit; parce Que nous en mefu- rérons en quelque forte la taille avec la nôtre. Mais l’ordre &c la fymmétrie font principalement ce qui aidé l'imagination , parèé qu'elle y trouve différens points auxquels elle fe fixe & auxquels elle rapporte le tout. Que je fonge à un beau vifage , les yeux où d’auttes traits qui m'auront le plus frappé , s’offri- ront d’abord ; & ce féra relativement à ces premiers traits que les autres viendront prendre place dans mon imagination. On imaginé donc plus aifément une figure à proportion quelle eft plus réguliere ; on pourroit même dire qu'elle eft plus facilé à voir , car le premier coup-d’œil fuffit pour s’en former une idée S1 au contraire elle eft fort irréguliere, on n’en viéndra à bout qu'après en avoir long-tems confi- déré les différentes parties. Quand les objets qui occafionnent les fenfations de goût, de fon, d’odeur, de couleur & de lumiere font abfens , 1l ne refte point en nous de perception que nous puiflions modifier pour en faire quelque . Chofé de femblable à la couleur , à l’odeur & au goût, par exemple d’une orange. Il n’y a point non plus d'ordre ; de fymmétrie ; qui vienne ici au fe- cours de l’imagination, Ces idées ne penvent donc fe réveiller qu'autant qu’on fe les eft rendues fami- lieres. Pat cette raïfon, celles de la lumiere & des couleurs doivent fe retracer le plus aifément , en- fuite celles des fons. Quant aux odeurs & aux fa- veurs ; on ne réveille que celles pour lefquelles on a un goût plus marqué. Ilrefte donc bien des per- ceptions dont on peut fe fonvenir , & dont cepens dant on ne fe rappelle que les noms. Combien de fois même cela n’a-t-il pas lieu par rapport aux plus famuilières , où l’on fe contente fouvent de parler des chofes fans les imaginer ? Où-peutobfervér différens progrès dans l'imapi- nation. Si nous voulons réveiller une perception qui nous eft peu familière , telle que le goût d’un fruit dont nous n'avons mangé qu'une fois , nos-ef- forts n’aboutiront ordinairement qu’à caufer quel- que ébranlement dans les fibres du cerveau & de là bouche ; & la perception que nous éprouverons ne reffemblera point au goût de ce fruit : elle feroit la même pour un melon , pour une pêche , ou même pour un fruit dont nous n’aurions jainais goûté. On en peut remarquer autant par rapport aux autres fens. Mais quand uné perception eft familiere , les fibres du cerveau accoutumées à fléchir fous l’adion des objets obérflent plus facilement à nos efforts ; quelquefois même nos idées {6 retracent fans que nous y ayons part ; & fe préfentent avec tant de: vivacité , que nous y fommes trompés &c que nous croyons avoir les objets fous les yeux ; c’eft cé qui arrive aux fous & à rous les hommes quand ils ont des fonges. On pourroit, à l’occafion de ce qui vient d’être dit, faire deux queftions. La premiere, pourquoi nous avons le pouvoir de réveiller quelques-unes de no$ percéptions, La feconde , pourqioi , quand ce pouvoir nous manque, nous pouvons fouvent nous rappeller au-moins les noms ou les circonfs tances. Pour répondre d’abotd à la feconde queftion , je dis que nous ne pouvons nous rappeller les noms Ou les circonftances qu’autant qu'ils font familiers. Alors ils rentrent dans la claffe des perceptions qui font à nos ordres , & dont nous allons parler en répondant à la premiere queftion , qui demande un plus grand détaïl. _? Laliaifon de plufieurs idées ne peut avoir d’autre caufe que l'attention que nous leur ayons donnée, ME M conclure que le pouvoir deréveiller nos percep- [325 M EM quand elles fe font préfentées enfemble. Ainfi-les : -chofes n’attirant notre attention que par le rapport _-qu’elies ont à notre tempérament , à. nos pafñons, à notre état, Où, pour toutdire emun mot, à nos befoins.;.c’eft une conféquence que la même atten- tion embraffe tout-à-la-fois Les idées des befoins & celles des chofes qui s’yrapportent, & qu'elle les lie. Tous nos befoins tiennentles uns aux autres , & Jon en pourroit confidérer les perceptions comme “une fuite d'idées fondamentales auxquelles on rap- porteront toutes celles qui font partie de nos connoif- fances. Au deflus de chacun s’éleveroïent d’autres fuites d’idées qui formeroient des efpeces de chai- nes, dont la force feroitentierement dans l’analogie des fignes , dans l’ordre des perceptions, &c dans la Liaifon que les circonftances, qui réuniflent quelque- fois les idées les plus difparates , auroient formée. À un betoin ef liée l’idée de la chofe qui eft propre à le foulager ; à cette idée eft liée celle du lien où cette chofe fe rencontre ;, à celle-ci, celle des per- fonnes qu’on y a vûes ; à cette derniere , les idées des plaifirs ou des chagrins qu’on en a reçus &t plu- fieurs autres. On peut même remarquer qu'à melure que la chaîne s'étend, elle fe foudivife en différens Chaînons , enforte que plus on s'éloigne du premier anneau, plus les Chainons s’y multiphient. Une premiere idée fondamentale eft liée à deux ou trois autres ; chacune de celles-ci à un égal nombre , ou même à un plus grand , & ainfi de fuite. Ces fuppoñitions admifes,, il fufiroit, pour fe rap- peller les idées qu’on s’eft rendues fanulieres, de pouvoir donner fon attention à quelques-unes de nos idées fondamentales auxquelles elles font liées. _Or cela fe peut toujours , puifque tant que nous veillons., il n’y a point d'inftant où notre tempéra- ment... nos pafhons & notre état n’occafonnent en nous quelques-unes, de ces perceptions que J'ap- pelle fordamentales. Nous y: réuffirions avec plus ou moins de.facilité ,. à -proportion.que les idées que nous voudrions nous retracer!, tiendroient à un plus grand nornbre de befoins, & y tiendroient plus im- médiatement. ke Les fuppoñtions que je viens de faire ne font pas gratuites. .J’en appelle à l’expérience, & je fuis per- fuadé que chacun, remarquera qu'il ne cherche à fe xeflouvenir d’une chofe que par Le rapport qu’elle a aux circonftances où il fe trouve, & qu'il y réuflit d'autant plus facilement que.les circonftances font en grand nombre ,.ou qu’elles ont avecelle une liar- fon plusimmédiate. L’attention que nous donnons à unie perception qui nous affecte aétuellement ,nous en rappelle le figne ; celui-ci, en rappelle d’au- tres , avec lefquels il a.quelque rapport ; ces der: niers réveillent les idées auxquelles ils font liés; ces idées retracent d’autres fignes ou d’autres idées, & ainfñ fucceffivement. Je fuppofe que quelqu'un me fait une difficulté, à laquelle je ne fais dans le moment de quelle ma- niere fatisfaire.. Il efb certain que , fi elle n’eft pas {ohide, elle doit elle-même n’indiquer ma réponie. Je m’applique donc à en confidérer toutes les par- lies, & j'en trouve qui étant liées avec quelques- unes des idées qui entrent dans la folution que je cherche, ,ne manquent pas de les réveiller. Celles- 111031 Cfpece de bälcon Où de galerie avec une faillie hors de Pédifice. Ce mot tiré {on origine de Ménius ; Citoyenromainh , qui le premier fit pofer des pieces de bois fur une co- lonne, Ces pieces de bois faifant faillie hors de fa maifon , lui donnoient moyen de voir ce qui fé paf: foït dans les lieux voifins. Son e: prit lui fuggéra cette idée par l’amour dés fpeëtacles. Comme :] étoit accablé de dettes, & qu’il fut obligé de vendre fa maifon à Caton & à Flaccus, confuls , pour y bâ: tir une bafilique , il leur démanda de s’y réfervet une colonne , avec la permiffion d’y élever un pé= tittoit de planches , où lui & fes defcendans puflent avoir la liberté de voir les combats de gladiateuts. La colonne qu'il ajufta fut appellée méniane; & dans la fuite, on donna ce même nom à toutes les faillies de bâtimens qu'on fit, à limitation de celle dé Ménius. Il ne faut pas confondre les colonnes ménianes avec les colonnes médianes dont parle auffi Vitruve, Ces dernieres , colonnæ mediane ; {ont les deux co- lonnes du milieu d’un porche, qui ont leur entre- colonne plus large que les autres. Les Italiens de nos jours nomment ménianes les pé- tites retrafles , où l’on voit fonvent les femmes du commun expolées au foleil, pour fécher leurs chez veux après les avoir lavés. (D, J. MENIANTE, f f.( Botan.) meniantes, gente de plante à fleur monopétale , en forme d’entonnoir & profondément découpée, Il fort du calice un piftil quieft attaché, comme un clou, à la païtie pofté- rieure de la fleur ; ce piftil devient dans la fuite uni fruit ou une coque le plus fouvent oblongue , com- pofée de deux pièces & remplie de femences arton- dies. Tournefort, irÿ?, rei herb, Voyez PLANTE. . MENIANTE, TREFLE D'EAU o2 DE MARAïS: ( Mai, méd. ) Les feuilles & la racine de cette plante font fort vantées prifes en déco&ion , contre la goutte & le fcorbut ; & principalement contre cette dernière maladie, Il ne faut pas croire cependant avec les cohtinuaz teurs de la matieré médicale de Géoffroy , que cette plante Contienne un alkali volatil libre » comme les plantes cruciféres de Tournefort, qui font regardées comme les antifcorbutiques par excellence, Le rrefle d’eau eft un amer pur , qu’on mêle très: utilement à ce titre avec les plantes antifcorburis ques alkalines, dans le traitement du fcorbut de terre, Voyez ScoRBUT. C’eft encore comme amer qu'on s’en fert avec avantagepour prévenir où pour éloigner les accès de la goutte. | On prépare un extrait & un firop fimple de me: hiarite ; Qui contiennent les païties médicamenteu- fes de cette plante, & quelesmalades peuvent pren: dre beaucoup plus facilement que fa décoction , dont la grande ameftume eft infupportable pour le plus grand nombre de fujets. Le trefle d’eau eft recommandé encore dahs les pa= les-couleurs , lés fuppréflions des regles, dans les fievtes quartes, l’hydropifie, & les obftru&ions invétérées. Toutes ces vertus lui fontcommunesavec le chat: don-benit, lé houblon, la fumeterre, la chicorée amefe, la racine de grande gentiane, dé fraxinelle ; &c. Voyez tous ces articles, ( b MENTANUM , f, m. (Hff. anc.) balcon. Lorique Caïfus Menius vendit fa maïfon aux cenfeurs Caton &t Flaccus , il fé referva un balcon foutenu de co: lonne , d’où lui & fes defcéndans puflent voir les - jeux. Ce balcon étoit dans la huitieme récion. Il lappella meriannum , & on le défigna dans la fuite par ? 334 M EN la colonne qui le fontenoit ; on dit columna menfa pour le menianum. Les Italiens ont fait leur mot 71- granit du mot 7rerianum des anciens. Voyez ME- NIANE. MENIMA , (Hit. nar.) animal quadrupede de lile de Ceylan, qui reflemble parfaitement à un daim , mais qui n’eft pas plusgros qu'un hevre ; il eft gris &z tacheté de blanc ; fa chair eft un manger délicieux. MENIN , £. m. ( Hifi. mod. ) ce terme nous eft ve- nu d'Efpagne, où l’on nomme eninos , c’eft-à-dire, mignons où favoris, de jeunes enfans de qualité pla- cés auprès des princes, pour être élevés avec eux , & partager leurs occupations & leurs amufemens. MENIN, ( Geog.) en flamand Menéen , ville des Pays-bas dans la Flandre. Le feipneur de Montigni la fit fermer de murailles, en 1578 ; elle a été prife & reprife plufieurs fois. Les Hollandois étoient les inaîtres de cette place par le traité de Baviere de 1715, & y mettoient le gouverneur & la garnifon. Menin a fleuri jufqu’en 1744, que Louis XV. s’en MP YES ( Anatomie.) ce font les membranes qui enveloppent le cerveau. Joyez CER- VEAU. Elles font au nombre de deux : les Arabes les ap- pellent weres ; c’eft de-là que nous les nommons or- dinairement dure-mere, & pie-mere. L’arachnoïde eff confidérée par plufeurs anatomuites comme la lame externe de la pie-mere. Voyez DURE-MERE 6’ P1E- MERE. MENINGOPHILAX , {. m. (Chirur.) inftrument de chirurgie dont on fe fert au panfement de l’opé- ration du trépan. Il eft femblable au couteau lenti- culaire , excepté que fa tige eft un cylindre exaéte- ment rond, & n’a point de tranchant. Sa lentille, qui ef fiinée horifontalement à fon extrémité, doit être très-polie pour ne pas bleffer la dure-mere, L'u- fase de cet inffrument eft d’enfoncer un peu avec fa lentille la dure-mere,&t de ranger lacirconférence du findon-fous le trou fait au crane par la couronne du trépan. Voyez la fig. 16. PI. XVI. On peut avoir une lentille à l'extrémité du flilet dans l’étui de poche, & fupprimer le meringophilax du nombre des inftru- mens non portatifs. | Meningophilax eftun mot grec, qui fignifie gardien des meninges 3 1l eft compolé pAvyé ,Senit. jiwyycs, membrana meninx , Membrane meninge, &c de quaaë, cuflos ; gardien. On peut aufü fe fervir pour le panfement du tré- pan d’un petit levier applatn par fes bouts. P/, A WI. fig. 17: QT) | MEÉNIPPÉE,, (Livérar.) fatyre menippée , forte de fatyre mêlée de profe &z de vers. Voyez SATYRE. Elle fut ainfi nommée de Menippe Gadarenien, philofophe cynique, qui, par une philofophie plaï- fante & badine , fouvent auf inftru@ive que la phi- lofophie la plus férieufe , tournoit en rallerie la piñpart des, chofes de la vie auxquelles notre 1magr- nation prete un éclat qu’elles n’ont point. Cet ou- vrage étoir en profe & envers ; mais les vers nié- toientque des parodies des plus grands poetes.Lucien nous a donné la véritable idée du caraétere de cette elpece de fatyre, dans fon dialogue intitulé 4 Ne-, CrOMmATICLE, Elle fut auff appellée varroriene du favant Varon, MEN quien compofa de femblables , avec cette diféren- ce, que les vers qu'on y lifoit étoxent tous de lus, & qu'il avoit fait un mélange de grec &c de latin. Il ne nous refte de ces fatyres de Varron que quelques fragmens, le plus fouvent fort corrompus, à les ti- tres qui montrent qu'il avoit traité un grand nombre de fujets. Le livre de Seneque fur la mort de l’empereur Claude, celui de Boëce de la confolation de la Phi- lofophie , l'ouvrage de Pétrone, intitulé Sariricon , 8£ les Céfars de l’empereur Juhen , font autant de Jaiyres menippées, entierement femblables à celles de Varron. , Nos auteurs françois ont aufli écrit dans ce genre;ê& nousavons en notre langue deux ouvrages de ce ca- ra@tere, qui ne cedent l'avantage ni à l'Italie, n1 à la Grece. Le premier c’eft le Catolicon , même plus connu fous le nom de /uryre menippée, où les états tenus à Paris par la ligue, en 1503 , font fiingénieu- fement dépeints, & fi parfaitement tournés en ri- dicule. Elle parut, pour la premiere fois, en 1594, & onla regarde , avec raifon, comme un chef-d’œu- vre pour le tems. L'autre, c’eft la Pompe funebre de Voiture par Sarrafin , où le férieux & le plaïfant font mélés avec une adrefle merveilleufe. On pourroit mettre aufli au nombre de nos Jatyres menippées l’ou- vrage de Rabelais, fi fa profe étoit un peu plus mé- lée de vers , & fi par des obfcénités affreufes 1l n’a- voit corrompu la nature & le caraétere de cette ef- pece de fatyre. Ilne manque non plus que quelques mélanges de vers à la plüpart des pieces de lingé- nieux doéteur Swift, d’ailleurs fi pleines de fel & de bonne plaifanterie pour en faire de véritables faty- res menippées. Difc. de M. Dacier, fur la fatyre. Mém, de l’ac. des bell, Lettres. MENISPERMUM, ( Boran. ) genre de plante à fleur en rofe, compofée de plufeurs feuilles difpo- fées au-tour du même centre. Le piftil eft à trois pieces dont chacune devient une baie qui renferme ordinairement une femence plate échancrée en croif- fant. Tournefort , Mérn. de l’acad, roy. des Sciences , année 1705. Voyez PLANTE. MENISQUE , f. m. (Optique.) verre ou lentille concave d’un côté & convexe de l’autre, qu’on ap- pelle aufi quelquefois Zunula, Voyez LENTILLE 6 VERRE. | Nous avons donné à larsicle LENTILLE une for- mule générale par le moyen de laquelle on peut trouver le foyer ou le point de réunion des rayons. Cette formule eftz = Dr , dans laquelle ; marque la diftance du foyer au verre, y la diftance: dé l’objet au verre, + le rayon de la convexité tournée vers l’objet , à le rayon de l’autre convexi- té. Pour appliquer cette formule aux merifques ; al faudra faire a négatif ou #négatif,, felon que la par- tie concave fera tournée vers l’objet ;ouvers l'œil: ainfi on aura dans le premier cas: n REINE Er TENTEETTL ab & dans le fecond, =: delà on tire les regles fuivantes, Si le diametre de la convexité d’un menifqueeft égal à celui de la concavité , les rayons qui tombe ront parallelement à laxe., redeviendront paralle- les après les deux réfraétions fonffertes aux deux furfaces du verre. 4! 2. | Car foit a = 6 &c y infinie ; c'eft-à-dire fppofons les rayons des deux convexités égaux, & l'objet à une diftance infinie, 'afin que les rayons:tombent* paralleles fur le verre; on aura dans lepremier cas &c dans le fecond rer ce qui donne Linfnies & par conféquent les rayons feront paralleles en MEN _fofrtant, puifqu'ils ne Le réuniront qu’à une diftance infinie dumwerre, . an NÉ … Un tel ménifque ne feroit donc propte ni À raffem- Hler en un point les rayons de lumiere , ni à les dif- .perfer ; & ainful ne pent être d'ancun, ufage -en .Dioptrique. foyer RÉFRACTION, . RTE _. Voicr la régle pour tronver.le foyer d’un rénife que, c'elt-à-dire le point de concours des rayons qhi tombent paralleles, Comme la différence des æayons de la convexité, & de la..concavié: eft | au rayon de la convexité , .ainf le: diamette de la concavité eft à la diftance du foyer au,yréaf° En effet {uppofnt y infoie, la. premiere formile donne ? = HE, &c da feconde donne is , qui donne dans le premier cas b—gc:p:: 24:7,68 dans lé fecond eh: ati eh Par exemple, fi le rayon de [à concavité étoit tiiple du rayon de la convexité , la diflance du foyer au/reémifque feroit alors, en conféquence de cette regle, €gale au rayon de la concavité ; & par conféquent Le meérifque {eroit en ce cas équivalent à une lentille également convexe des deux côtés. Voyez LENTILLE, | De même f le tayon de la concavité étoit double de celui de la convexité, on frouveroit que la dif- tance du foyer feroit évale an diametre de la conça- vité ; ce q ue” e meénijque équivalent à un verre planconvèxe. Voyez VERRE. _ De plus, les formules qui donrent la valeur de 7 font voir que le foyer eft de l’autre côté du verre, par rapport à l’objet. Si # eft plus petit que « dans le premier cas, & fi 4 eft plus grand que 4 dans le fecond ;& au contraire fi eft plus grand que 4 dans le premier cas , & plus petit que + dans Le fecond, le foyer fera du même côté dutverre que l’objet, & fera par conféquent virtuel, c’eft-à-dire que les rayons fortiront divergens. Payez FOYER. _ Ils’enfuit encore de cette même formule que le rayon de la conyexité étant donné, on peut aïfé- ment trouver celui qu’il faudroit donner à la conca- vité pour reculer le foyer à une diffance donnée. Quelques géometres ont donné le nom de wénif. que à des figures planes ou folides , compofées d’une partie concave &-d’une partie convexe, à l’inflar des ménifques optiques. (0) MÉNISQUES , f, m. pl. ( Æife anc.) plaques ru- des qu’on mettoit fur la tête des flatues , afin que les oùfeaux ne s’y repofaflent point, & ne les gâtaf fent point de leurs ordures. C’eft de-là que les au- réoles de nos faints font venues. . MENNONITE, £ m. (Æiff. eccl, mod. les chrétiens connus dans les Provinces Unies , & dans quelques endroits de l’Allemagne, fous le nom Mennonires, ont formé une fociété à part, prefque dès le com- mencement de la réformation, Gnlesappella d’abord Anabapriffes ; & c'eft le nom qu'ils portent encoreen Angleterre, où ils font fort eflimés. Cependant ce nom étant devenu.odieux par les attentats des fana- tiques de Munfter , ils le quitterent dès-lors ; & ils ne l'ont plus regardé depuis, que comme,une forte | d’ingure. Celuide Mernonires leur vient de Menno Frifon , qui fe Joignit à eux , en 1536, & qui par fa doëtrine , fes écrits, fa piété, fa fagefle , contribua plus qu'aucun autre à éclairer cette fociété , & à lui faire prendre ce caraétere de fimpliciré dans les mœurs, par lequel elle s’eft diftineuce dans la fuite, &t dontelle fe fait toujours honneur. Les Mernonites furent expofés aux plus cruelles per- fécutions fous Charles-Quint. Les crimes que prof. crit cet empereur par fon placard de 1540, font d’a- voir, de vendre, donner, porter, lire des livres de Luther; de Zuingle, de Mélan@thon, de prêcher MEN 337 lent doûrine, & de la communiquer fecrettement ou publiquement, Voici la peine portée contre ces cri- mes ; & qu'il éft févérement défendu anx juges d’a- doucir, fous quelque prétexte que ce foit : les biens _ fontconfifqués , les prétendus coupables condamnés à périr par le feu, s'ils perfiflent dans leurs erfeurs; & s'ils les avouent , ils font exéentés ,» les hommes par l'épée , & les femmes par la foffe , c’eft à-dire, qu'on les enterroit en vie: même peiné contre ceux qui logent les Anabaprifles, ou qui fachant où il yen a quelques-uns de cachés, ne les décelent point. Les cheveux dreffent à la tête quand on lit de pareils £cits. Eft-ce que la religion adorable de J, C. a pû jamais les infpirer à Le malheur des Mennonites voulut encore qu'ils euflent à foufirir en divers lieux de la part des au- tres proteftans, qui, dans ces commencemens, lors même qu'ils fe croyoientrevénus de beaucou p d’er- reurs, rétenoient encore celle qui pofe que le ma- giftrat doit févir contre des opinions de rehgion, comme contre des crimes. | Mais la république des Provinces-Unies a toujours traité les Mennonires , aflez peu différemment des autres proteftans. Tout le monde fait quelle eft leur façon de penfer. Ils s’abftiennent du ferment ; leur fimple parole leur en tient lieu devant les mapiftrats, [5 regardent la guerre comme illicite ; mais % ce fcrupule les empêche de défendre la patrie de leurs petfonnes , ils la foutiennent volontiers de leurs biens. Ils ne condamnent point les charges de ma- gutrature ; feulement pour eux-mêmes , ils aimert mieux s’en tenir éloignés. Ils n’adminiftrent le bap- tême qu'aux adultes, en état de rendre raïfon de leur foi. Sur leuchariftie, ils ne différent pas des ré- formés, À l'égard de la grace &c de la prédeftination , ar- ticles épineux , fur lefquels on fe partage encore au Jourd’hui , foit dans l’éghife romaine , foit dans le proteftantifme , les Mernonites rejettent les idées ri- gides de S. Aupuftin, adoptées par la plûpart des téformateurs , {ur- tout par Calvin, & fuivent à- peu-près les principes radoucis que les Luthériens ont pris de Mélaséthon. [ls profeflent la tolérance, & fupportent volontiers dans leur fein des opinions différentes des leurs, dès qu’elles ne leur paroiflent point attaquer les fondemens du chriftianifme , & qu'elles laiffent La morale chrétienne dans fa forme. En un mot, les fucceffeurs de fanatiques fanguinai- res font les plus doux, les plus paifibles de tous les hommes, occupés de leur négoce , de leurs manu- fatures , laborieux, vigilans, modérés, charitables, Il n’y a point d'exemple d'un fi beau , fi refpe@able, & fi grand changement ; mais , dit M. de Voltaire, comme les Menronites ne font aucune figure dans le monde , on ne daigne pas s’apperceyoir s'ils font méchans ou vicieux, ( D. J.) MENOIS , (fe. nat.) nom donné par quelques auteurs à une pierre femblable au croiffanit de la lu- ne , que Boot conjecture être un fragment de Lx corne d'Ammon, MÉNOLOGE, f. m.( Æiff. eccl. ce mot eft grec, 1 vient de pi, MOIS, & de Aoyoe, difcours. C’eft le martyrologe ou le calendrier des grecs ,divifé par chaque mois de l’année. Voyez MARTYROLOGE & CALENDRIER. Le menologue ne contient autre chofe que les vies des faints en abrégé pour chaque jour pendant tout le cours de l’année , ou la fimple commémoration de ceux dont on n’a point les vies écrites. Il y a diffé- rentes fortes de #érologues chez les Grecs, [Il faut remarquerque les Grecs, depuis leur fchifmes, ont in- féré dans leurs meéro/ogues le nom de plufieurs héré- tiques ; qu'ils honorent comme des faints, Baillet 338 MEN parle fort au long de ces ménologues dans {on difcours Jur l'hifloire de la vie des Saints. Did, de Trevoux. MENON, f. m. (Hiff. nat.) animal terreftre à qua- tre piés, qui refflemble à-peu-près au bouc ou à la chévre. On le trouve aflez communément dans le Levant ; & on fabrique le marroquin avec fa peau. Voyez MARROQUIN. MENOSCA , (Géog. anc.) ville d'Epagne chez les Vardules, On croit allez généralement que c’eft au- jourd’hui la ville d’Orez ou Orio dans le Guipufcoa. D.J. ( MÉNOTTE ,f. m, (Gram.) lien de corde ou de fer que l'on met aux mains des malfaiteurs, pour leur en Ôter l’ufage. MENOVIA ; (Géog. anc.) ancienne ville d’An- gleterre avec évèché fuffragant de Cantorbery , dans la partie méridionale du pays de Galles, au comté de Pembroch ; elle a été ruinée par les Da- nois , & n’eft plus aujourd’hui qu’un village : cepen- dant le juge épifcopal fubfifte toujours fous Le nom de Saint David. (D. J,) MENOYE, (Géog.) petiteriviere de Savoie. Elle vient des montagnes de Boege, & fe jette dans l’Ar- ve, au-defous du pont d’Ertrambieres. (2. J.) MENS , (Mychol.) c’eft-à-dire l’efprit, la penfée, Tintelligence, Les Romains en avoient fait une di- vinité qui fuggéroit les bonnes penfées , & détour- noit celles qui ne fervent qu’à féduire. Le préteur T. Ottacilius voua un temple à cette divinité, qu’il fit bâtir {ur le Capitole, lorfqu'il fut nommé duum- vir. Plutarque lui en donne un fecond dans la hui- tieme région de Rome. Ce dernier étoit celui qui fut voué par les Romains , lors de la confternation où la perte de la bataille d’Allias & la mort du conful C. Flaminus , jetterent larépublique. On confulta, dit Tite-Live, les livres des Sibylles, & en conféquen- ce, on promit de grands jeux à Jupiter, & deux temples ; favoir, l’un à Vénus Erycine, & l’autre au bon Efprit, Mens. (D. J.) MENSAIRES, {. m. pl. (if. anc.) officiers qu’on créa à Rome, au nombre de cinq, l’an de cette ville 402, pour la premiere fois. Ils tenoient leurs féances dans les marchés. Les créanciers & les débiteurs comparoifloient là ; on examinoit leurs affaires ; on prenoit des précautions pour que le dé- biteur s’acquittât, &c que fon bien ne füt plus en- gagé aux particuliers, mais feulement au public qui avoit pourvu à la fureté de la créance. Il ne faut donc pas confondre les menfurit avec les argentarii &t les rummularii: ces derniers étoient des efpeces d’ufuriers qui faifoient commerce d’argent. Les mex- farii, au contraire, étoient des hommes publics qui devenoient on quinquivirs où triumvirs ; mais fe faïfoit argentarius 8 nummularius qui vouloit. L’an de Rome 356, on créa à la requête du tribun du peuple M. Minucius, des triumvirs & des renfai- res. Cette création fut occafonnée par le défaut d'argent. En 538, on confiera à de pareïls officiers les fonds des mineurs & des veuves; & en 542, ce fut chez des hommes qui avoient la fonéhon des menfaires ,que chacun alloit dépofer fa varffelle d’or & d’argent &c fon argent monnoyé. Il ne fut permis à un fénateur de fe réferver que l’anneau, une once d’or, une livre d’argent ; les bijoux des femmes, les parures des enfans & cinq mille affes, le rout pañoit chez les triumvirs & les merfarres. Ce prêt, qui fe fit par efprit de patriotifme, fut rembourfé {crupuleufement dans la fuite. Il y avoit des men. faires dans quelques villes d’Afe ; les revenus pu- blics y étoient perçus & adminiftrés par cinq pré- teurs, trois quefteurs & quatre rnenfaires OU 1rape- etes; car on leur donnoit encore ce dernier nom. MENSE , £ f. (Jurifprud.) du latin menfa qui figni- fie table. En matiere eccléfaftique , fe prend pour la part qué quelqu'un a dans les revenus d’une églifes On ne parloit point de menés tant que les évêques & les abbés vivoient en commun avec leur clergé; mais depuis que les fupérieurs ont voulu avoir leur part difinéte & féparée de celle de leur clergé, on a diftingué dans les cathédrales la men/è épiicopale & celle du chapitre, dans les abbayes on a diftin- gué la menfe abbatiale & la menfe conventuelle, qui eft la part de la communaute. Outre les deux menfes de l’abbé & du couvent, il a le tiers lot deftiné pour les réparations de l’é- og hife & des lieux réguliers. | La diftinétion des menfes n’eft que pour l’admi- niftration des revenus ; elle n’ôte pas à l’abbé Pau- torité naturelle qu'il a fur fes religieux ; & Palié- nation des biens qui font de l’une ou l’autre ment, ne peut être faite fans le confentement réciproque des uns & des autres. Dans quelques monafteres il y a des menfes par- ticulieres, attachées aux offices clauftraux.; dans d’autres on a éteint tous ces offices, & leurs men/es ont été réunies à la enfe conventuelle. On entend par menfes monachales, les places de chaque religieux ; ou plutôt la penfion deftinée pour l'entretien &c la nourriture de chaque religieux. Cette portion alimentaire n’eft dûe que par la mai- fon de la profeffion ; &c pour la pofléder, il faut être religieux profésde l’ordre. Ie nombrelle ces menfes eftordinairementreglépar les partages &tranfaéions faites entre l’abbé & les religieux; de maniere que l’abbé n'eft tenu de fournir aux religieux que le nombre de menfes qui a été convenu , autrement il dépendroit des religieux de multiplier les #enfes monachales ; un officier clauftral , retenant fa #en- Je, réfigneroit fon office à un nouveau religieux; celui-ci à un autre, & c'eft au réfignataire à at- tendre qu'il y ait une wenfe vacante pour la re- querir. Anciennement les menfes monachales étoient f- xées à une certaine quantité de vin, de bled, d’a- voine. Les chapitres généraux de Cluny, de 1676 & 1678, ordonnent que la szenfe de chaque reli- gieux demeurera fixée à la fomme de trois cent Liv. en argent, @& que les prieurs auront une double menfe. ” Dans les abbayes qui ne font impofées aux déci- mes que par une feule cotte, c’eft à l’abbé feul à l’acquitter ; on préfume que la #ez/é conventuelle n’a point été impofée. Dans celles où Pabbé & les religieux ont leurs _menfes féparées , la menfe conventuelle doit être im- pofée féparement de celle de l’abbé ; & les religieux doivent acquitter leur cotte fans pouvoir la répéter fur leur abbé, quoiqu'il jouiffe du tiers lot. Lorfque les revenus d’un monaftere foumis à Ia jurifdiétion de l’évêque, ne font pas fuflifans pour entretenir le nombre de religieux fuffifans pour fou- tenir les exercices de la régularité , les faints de- crets & les ordonnances autorifent l’évêque à étein- dre & fupprimer la renfe conventuelle, & en-ap- pliquer les revenus, en œuvres pies plus convena- bles aux lieux, aux circonflances , &c fur- tout à la dotation de féminaires. Woyez la biblio. can, tom. I. p28. 12. Bouchel, verbo Menfe. Carondas, Av. XIII. rep. ÿ. Les mémoires du clergé &t le diétionn. des arrêts au mot Menfe. MENSONGE, {, m.(Morale.) fauffeté deshon- nête ou illicite. Le menfonge confifte à s’exprimer, de propos délibéré, en paroles ou en fignes, d’une maniere faufle, en vûe de faire du mal, ou de cau- fer du dommage , tandis que celui à qui on parle a droit de connoïtre nos penfées , & qu’on eft obli- gé de lui en fournir les moyens , autant qu'il dépend de nous, Il paroït de-là que l’on ne ment pas de | es des fois qu'on parle d’une maniere qui n’eft pas con. forme, où aux chofes, ou à nos propres penfées; & qu'ainf la vérité logique, qui confifte dans une fmple conformité de paroles avec les chofes, ne répond pas toujours à la vérité morale. Il s'enfuit encore que ceux-là fe trompent beaucoup , qui ne mettent aucune différence entre mentir & dire une Jaufleté. Mentir eft une a@ion deshonnête &c con- damnable, mais on peut dire une faufleté indiffé- rente; on en peut dire une qui foit permife, louable & même néceflaire : par conféquent une faufleté que les circonftances rendent telle, ne doit pas être confondue avec le #enjonge, qui décele une ame foible , ou un carattere vicieux. Il ne faut donc point accufer de mezfonge, ceux qui emploient des fiétions ou des fables ingénieufes pour l’inftruétion , & pour mettre à couvert l’inno- cence de quelqu'un, comme aufñ pour appaifer une perionne furieufe, prête à nous blefler : pour faire prendre quelques femedes utiles à un malade; pour cacher les fecrets de l’état, dont il importe de dé- rober la connoiflance à l'ennemi, & autres cas fem- biables , dans lefquels on peut fe procurer à foi-mê- me ; où procurer aux autres une uuhté légitime & entierement innocente, Mais toutes les fois qu’on eft dans une obligation manifefte de découvrir fidélement fes penfées à au- trui, & qu'il a droit de lesconnoître, on ne fauroit fans crime ni fupprimer une partie de la vérité, ni “üfer d’équivoques ou de reffriétions mentales ; c’eft pourquoi Cicéron condamne ce romain qui, après fa bataille de Cannes, ayant eu d'Annibal la permif- fon defe rendre à Rome, à condition de retourner dans fon camp, ne fut pas plütôt forti de ce camp, qu'il y révint fous prétexte d’avoir oublié quelque chofe , &c fe crut quitte par ce ftratagème de fa pa- +ole donnée. Concluons que f le renfonge, les équivoques & les reftriétions mentales font odieufes, 1l y a dans le difcours des faufletés innocentes, que la prudence éxige Ou autorife ; car de ce que la parole eft l’'inter- prête de la penfée, il ne s’enfuit pas toujours qu'il faille dire tout ce que l’on penfe. Il eft au contraire certain que l’ufage de cette faculté doit être foumis aux lumieres de la droite raïfon , à qui il appartient de décider quelles chofes il faut découvrir ou non. Enfin pour être tenu de déclarer naïvement ce qu’on a dans lefprit, il faut que ceux à quil’onparle, aient droit de connoître nos penfées. (D. J.) MENSONGE OFFICIEUX : .un certain roi, dit Muiladin Sad: dans fon Rofarium poluicim, con- damna à la mort un de fes efclaves qui, ne voyant aucune efpérance de grace, fe mit à le maudire. Ce prince qui n'entendoit point ce qu'il difoit, en de- manda l'explication à un defes courtifans. Celui-ci qui avoit le cœur bon &c difpofé à fauver la vie au coupable, répondit : » Seigneur, ce miférablé dit » que le paradis eft préparé pour ceux quimoderent > leur colere, & qui pardonnent les fautes ; &'c’eft #'amfqu'il implore votre clémence «. Alors lé roi _pardonna à l’efclave, êc lui accorda fa gtace. Sur - Cela un autre courtifan d’un méchant cara@ere, s’é- cria qu'il ne convenoit pas à un homme de fon rang de mentir en préfence du toi , & fe tournant vers ce prince: » Seigneur, ditil, je veux vons inftruire » de la vérité ; ce malheureux a proféré contre vous » les plus indignes malédiétions, &c ce feigneur vous » a dit un werfonge formel «. Le roi s’'appercévant dumauvais caraétere de celui qui tenoit ce langage, uirépondit: » Cela fe peut; mais {on menfonge vaut # mieux que votre vérité, puifqu'il a tâché par ce # moyen de fauver un homme, au lieu que vous # cherchez à le perdre. Ionorez-vous cette {age ma- # xime, que le menfonge qui procure du bien , vaut ee Forte ANR ME +1 Ps M FLN 337 » mieux que la vérité qui caufe du domage » à Cependant , auroit dû ajouter le prince, qu'on ne me mente jamais, | MENSORES., (Antig. rom.) c'étoient des four: riers & maréchaux-des-logis, qui avoient Îe foin d'aller marquer les logis quand l’empereur vouloit fe rendre dans quelque province ; & quand il fal- loit camper, 1ls dréfloient le plan du camp, &z aflis gnoient à chaque réoiment fon quartier. Les wenfores défignoïent aufli les arpenteurs, les architeétes & les experts des bâtimens publics; en- fin ceux qui pourvoyoient l’armée de grain , fe nom: moient mezfores frumentaris, (D, J. MENSTRUES, caramenia, (Medécine,) ce font les évacuations qui arrivent chaque mois aux fem- mes quine font ni enceintes ni nourtices, Voyez MENSTRUEL. On les appelle ainf de #e7fs mois, parce qu’elles viennent chaque mois, On les noms me aufli JZeurs, regles, ordinaires, &c. Voyez REGLES. Les menflrues des femmes font un des plus curieux & des plus embarraflans phénomènes du corps hu- main, Quoiqu'on ait formé différentes hypothèfes pour lexpliquer, on n’a encore prefque riende cer- tain fut cette matiere. On convient umverfellement que la néceflité de fournit une nourriture fuffifante au fœtns pendant la groflefie , ef la raifon finale de la furabondance de fang qui arrive aux femmes dans les autres tems, Mais voilà la feule chofe dont on convienne. Quel- ques-uns non contens de cela, prétendent que le fang menftruel eft plütôt nuifible par {a qualité ,que pat fa quantité; ce qu'ils concluent des douleurs que pluñeurs femmes reflentent aux approches des regles. Ils ajoutent, que fa malignité et fi grande , qu'il gâte les parties des hommes par un funple con- taét ; que l’haleine d’une femme qui a fes regies, laifle une tache fur l’ivoire, ou fur un miroir; qu'un peu de fang menftruel- brûle la plante fur laquelle elle tombe &x la rend ftérile ; que fi une femme groffe touche de ce fang elle fe blefle; que fi un chien en goûte , il tombe dans lépilepfe, &z devient'enragé, Tout cela, ainfi que plufñeurs autres fables de mè- me efbece , rapportées par de graves auteurs , eft trop ridicule pour avoir befoïn d’être refuré, D’autres attribuent les menf/russ à une prétendue influence de la luné fur les corps des femimes. C’é- toit autrefois l'opinion dominante; mais la moindre réflexion en auroit pu faire voir la faufleté. En efet, fi les menflrues étoient cauféés par l'influence de la lune , toutes les femmes de même âge & de même tempérament, auroient leurs regles aux mêmes pé- riodes & révolutions de la lune, & par conféquent en même tems; ce qui eft contraire à l'expérience. Ïl y a deux autres opinions qui paroiffent fort probables, & qui font foutenues avec beaucoup de force &" par quantité de raifons. On convient de part & d'autre que le fang menftruel n’a aucune mauvaile qualité ; mais on n’eft pas d'accord fur la caufe de fon évacuation. La premiere de ces deux opinions eft celle du doftenr Bohn & du doë&teur Freind, qui prétendent que l'évacuation menftruelle ER uriquement l’eftet de la pléthore. FT PLÉTHORE. Freind qui a foutenu cette opinion avec beaucoup de force & de netteté, croit que la plethore eft pro- duite par une furabondance de nourriture , qui peu- à-peu s’'accumule dans les vaifleaux fanguins; que cette plethore a lieu dans les femmes & non dans les hommes, parce que les femmes ont des corps plus humides, des vaitleaux & fur-tout leurs-extré- tités plus tendres, & une maniere de vivre moins active que les hommes ; que le concours de ces cho- fés fait que les femmes ne tranfpirent pas fuffim- ent pour difhiper le fuperflu des parties nutri- tives, lefquelles s'accumulent au point de diften- Ÿ 338 M EN dre les waifleaux, & de s'ouvrir une iffue par les arteres capillaires de la matrice. La plethore arrive plus aux femmes, qu'aux femelles des animaux qui ont les mêmes parties, à caufe de la fituation droite des premieres, &c que le vagin & les autres conduits fe trouvent perpendiculaires à l’horifon, enforte que la preffion du fang fe fait direétement contre leurs or1- fices ; au-lieuque dansles animaux , ces conduits font paralleles à l’horifon, & que la preffion du fans fe fait entierement contre leurs parties latérales ; l'éva- cuation, fuivant le mêmeauteur,fe fait par la matrice plutôt que par d’autres endroits, parce que la ftruétu- re des vaifleaux lui eft plus favorable, les arreres de la matrice étant fort nombreufes, les veines faifant plufieurs tours & détours, & étant par conféquent plus propres à retarder l’impétuofité du fang. Ainf, dans un cas de plethore les extrémités des vaifleaux s'ouvrent facilement, & l'évacuation dure jufqu’à ce que les vaifflcaux foient déchargés du poids qui les accabloit. | Telle eft en fubftance la théorie du docteur Freind, par laquelle il explique d’une maniere très-méchani- que & très- philofophique, les fymptomes des rzenf- trues, À ce qui a été dit, pourquoi les femmes ont des mer: fîrues plutôt que les hommes, où peut ajoûter , {elon Boerhaave, que dans les femmes los facrum eft plus large &c plus avancé en- dehors, & le coccyx plus avancé en dedans, les os innominés plus larges &c plus évalés, leurs parties inférieures, de même que les éminences inférieures du pubis , plus en dehors que dans les hommes. C’eft pourquoi la capacité du baffin eft beaucoup plus grande dans les femmes, &t néanmoins dans celles qui ne font pas enceintes, il n’y a pas beaucoup de chofes pour remplir cette capacité. De plus, le devant de la poitrine eft plus uni dans les femmes que dans les hommes, & les vaifleaux fanguins , les vaiffeaux Iymphatiques, les nerfs, les membranes & les fibres font beaucoup plus lâches : de-là vient que les humeurs s’accumu- lent plus aifément dans toutes les cavités, les cel- lules, les vaifleaux, Gc. & celles-ci plus fujettes à la plethore. D'ailleurs, les femmes tranfpirent moins que les hommes, & arrivent beaucoup plutôr à leur matu- rité. Boerhaave ajoûte à tout cela la confidération du tiflu mol & pulpeux de la matrice, & le grand nombre de veines &c d’arteres dont elle eft fournie intérieurement. Ainf, une fille en fanté étant parvenue à l’âge de puberté, prépare plus de nourriture que fon corps n’en a befoin; & comme elle ne croit plus, cette furabondance de nourriture remplit néceflairement les vaifleaux, fur-tout ceux de la matrice & des mammelles , comme étant les moins comprimés. Ces vaifleaux feront donc plus dilatés que les au- tres, & en conféquence les petits vaiffleaux latéraux s’évacuant dans la cavité de la matrice, elle fera emplie & diftendue , c'eft pourquoi la perfonne fen- tira de la douleur, de la chaleur , & de la pefanteur autour des lombes, du pubis, 6c. en même temsles vaifleaux de la matrice feront tellement dilatés qu'ils laïifferont échapper du fang dans la cavité de la ma- trice ; l’orifice de ce vifcere fe ramollira & fe relà- cheraêcle fang en fortira. À mefure que la plethore diminuera, les vaifleaux feront moins diftendus, fe contratteront davantage, retiendront la partie rouge du fang, & ne laifferont échapper que la férofité la plus grofiere, jufqu’à ce qu’enfin il ne pañle que la férofité ordinaire. De plus il fe prépare, dans les per- fonnes dont nous parlons, une plus grande quantité d'humeur, laquelle eft plus facilement reçue dans les vaifleauxune fois dilatés: c’eit pourquoi les men/frues fuivent différens périodes en différentes perfonnes, Cette hypothefe, quoique très-probable, ef combattue par le doéteur Drake, qui foutient qu’ n'y a point de pareille plethore, ou qu'au-moins elle n’eft pas néceflaire pour expliquer ce phéno- “mene. Îl dit, que fi les #en/frues étoient les effets de la plethore , les fymptomes qui en refultent, com- me la pefanteur , l’engourdiffement , l’ina@ion , fur- viendroient peu-à-peu & fe feroient fentir long- tems avant chaque évacuation; que les femmes recommenceroient à les fentir auffi-tôt après l’écou- lement, & que ces fymptomes augmenteroient cha: que jour: ce qui eft entierement contraire à l’ex- périence ; plufieurs femmes dont les rer/frues vien- nent tégulierement & fans douleur, n'ayant pas d'autre avertiffement n1 d'autre figne de leur venue, que la mefure du tems; enforte que celles qui né comptent pas bien, fe trouvent quelquefois furpri: fes, fans éprouver aucun des fymptomes que la ple- thotre devroit caufer. Le même auteur ajoûte, que dans les femmes même, dontles menfrues viennent difficilement , les fymptomes , quoique très-fâcheux & très-incommodes, ne reflemblent en rien à ceux d’une plethore graduelle. D'ailleurs, fi l’on confi- dere les fymptomes violens qui furviennent quel- quefois dans lPefpace d’une heure ou d’un jour, on fera fort embarraflé à trouver uné augrenta- tion de plethore aflez confidérable pour caufer en fi peu de tems un fi grand changement. Selon cette hypothefe, la derniere heure avant l'écoulement des menfirues n°y fait pas plus que la premiere , & par conféquent l’altération ne doit pas être plus grande dans l’une que dans l’autre, mettant à part la fimple éruption. Voilà en fubflance les raifons que le doéteuf Drake oppofe à la théorie du do&eur Freind, la- quelle , nonobftant toutes ces objeétions, eft encore, il faut lavouer , la plus raifonnable &r la mieux en« tendue, qu'on ait propofée jufqu’ici. | Ceux qui la combattent ont recours à la fermen- tation, & prétendent que l'écoulement des ren/rues eft l’effet d’une effervefcence du fang. Plufieurs au- teurs ont foutenu ce fentiment, particulierement les docteurs Charleton, Graaf & Drake. Les deux premiers donnent aux femmes un ferment particu- lier , qui produit écoulement, & affeéte feulement, ou du moins principalement la matrice. Graaf, moins précis dans fes idées, fuppole feulement une effervefcence du fang produite par un ferment, fans marquer quel eft ce ferment, ni comment il agit. La furabondance foudaine du fang a fait croire à ces auteurs , qu’elle provenoit de quelque chofe d’étran- ger au fang, & leur a fait chercher dans les parties principalement affectées, un ferment imaginaire, qu'aucun examen anatomique n'a jamais pu mon- trer ni découvrir, & dont aucun raifonnement ne prouve l’exiftence. D'ailleurs , la chaleur qui accome pagne cette furabondance les a portés à croire qu’il y avoit dans les renffrues autre chofe que de la ple- thore & que Le fang éprouvoit alors un mouvement inteftin & extraordinaire. Le doéteur Drake enchérit fur cette opinion d’un ferment, & prétend non-feulement qu'il exifte, mais encore qu'il a un refervoir particulier. Il juge par la promptitude & la violence des fymptomes, qu'il doit entrer beaucoup de ce ferment dans le fang en très-peu de tems, &r par conféquent, qu'il doit être tout prêt dans quelques refervoirs, où il demeure fans a@ion, tandis qu'il n’en fort pas, Le même auteur va encore plus loin, & prétend dé- montrer que la bile eft ce ferment , & que la veficule du fiel en eft Le refervoir. Il croit. que la bile eff très- propre à exciter une fermentation dans le fang , lorfs qu'elle y entre dans une certaine quantité ; & coma me elle eft contenue dans un refervoir qui ne lui Las M E permet pas d’en fortir continuellement, elle y de- meute en referve jufqu'à ce qu’au bout d'un certain tems la veficule étant pleine & diffendue, & d’ail- leurs comprimée par les vifceres voifins, lâche fa bile, qui s'infinuant dans le fang par les vaiffleaux laëtès, peut ycaufer cette effervelcence qui fait ou: vrirles arteres de la matrice. Voyez FiEz. | Pour confirmer cette doûtrine Drake ajoûte, que les femmes d’un tempérament bilieux ont leurs men. ffrues plus abondantes ou plus fréquentes que les autres, &cque les maladies manifeftemenr bilieufes font accompagnées de fymptomes qui reflemblent À ceux des femmes dont les men/rues viennent difi- cilement. Sion objefte que fur ce pié-là les hommes devroient ayoir des menffrues comme les femmes, ïl répond que Les hommes n’abondent pas en bile autant que les femmes, par la raifon que les pores, dans les premiers étant plus ouverts, 8: donnant ifue à une plus grande quantité de la partie féreute du fang, laquelle eft le véhicule de toutes les autres humeurs, il s'évacue par conféquent une plus gran- de quantité de chacune de ces humeurs dans les hommes que dans les femmes, dont Les humeurs fu- perflues doivent continuer de circuler avec le fang, où fe. ramañler dans des refervoirs particuliers, comme il arrive en effet à la bile. Il rend de même raifon pourquoi les animaux n'ont point de menf- rues: C'eft que ceux-ci ont les pores mamfelte- ment plus ouverts que lés femmes, comme il pa- roit par la qualité de poil qui leur vient, & qui a befoin pour: poufler d’une plus grande cavité & d’une plus grande ouverture des glandes que lorf- qu'il n’en vient point. Il y a néanmoins quelque dif férence entre les mâles & les femelles des animaux, c’eft que celles-ci ont auffi leurs menfiries ; quoique pas fi {ouvent ni fous la même forme, nien mème quantité.que les femmes. ” L'auteur ajoûte que les ‘divers phénomenes des menftrues, foit en fanté, foit en maladie; s’expliquent naturellement & facilement par cette hypothele ; &c auf bien que par celle de la plethore, où d’un fer- ment particulier. | _ La racine, d’hellébore noir &c le mars, font les principaux remedes pour faire venir les reples. Le premier eft prefque infaillible, & même dans plu- fieurs cas .où le mars n’eft pas feulement inutile, mais encore nuifble , comme dans les femmes ple- thoriques auxquelles le mars caule quelquefois des mouvemens hyftériques; des convulñons, & une efpece de fureur utérine : au-lieu que lhellébore at- ténue le fang & le difpofe à s'évacuer fans l’agiter. Ainfi quoique ces deux temedes provoquent les menfirues ; ils le font néanmoins d’une maniere diffé- rente ; le mars les provoque en augmentant la vélo- cité du fans , & en lui donnant plus d’aétion contre les arteres de la matrice; & l’hellébore en le divifant & le rendant plus fluide. Voyez HELLÉBORE 6 CHÀ- LIBÉ, re. LL en | MENSTRUE & ACTION MENSTRUELLE » O4 DIS- SOLVANT 6 DISSOLUTION , ( Chrmie. ) le mot menffrue a Été emprunté par les Chimiftes du lan- gage alchimique. Il eft du nombre de ceux auxquels les philofophes hermétiques ont attaché un fens abfolument arbitraire, ou du moins qu’on ne peut +approcher des fignifications connues de ce mot que par des allufions bifarres & forcées. . On entend communément par difflolution chimi- que laliquéfaétion, ou ce qu’on appelle dans le lan- gage ordinaire la fonte de certains corps concrets par l'application de quelques liqueurs particulieres ; tel eft le phénomene que préfente le fel, le fucre, la gomme, &c. diflous. ou fondus dans l’eau. Cette idée de la diflolution eft inexacte & faufle à la rigueur, comme nous l’avons déja remarqué à Tome À, | x MENN 339 l'article CHIMIE , voyez cet article ip. ty. col. 24 fe qu'elle eft incomplette & trop particuheres Nous l'avons crue cependant propre à repréfenter ce grand phénomene chimique de la manière la plus fenhble, parce que dans les cas auxquels.elle con- vient , les agens chimiques de la diflolution operent avec toute leur énergie ,:& que leurs effets font aufi mantieftes qu'il eft poihble. Mais, pourrettihiercette notion fur les vérités & les obfervations que fournit la faine Chine, 1l faut fewappeller, 1°. Que les corps que nous avons appellés aeré- ges, voyez article CHIMIE , p. 410. col, 2, font des amas des particules continues , arrêtées dans leur poñuon refpeëive , leur aflemblage , leur fyfième par un lien on une force quelconque , que j’ai ap- pellé raoport de maffe, & que les Chimiftes appellent auf wnion aporégrarive On d’aggrégation. 2°. Que cet état d'agerégation fubffle fous la confiftance liquide 8x même {ous la vaporeufe, & qu'unmême corps en paffant de l'état conctetà l’étar liquide , 7 même à celui de vapeur n’eft altéré, tout étant d'alleurs égal, que dans le degré de viciniré de {es parties intégrantes, &c dans le plusoule moins de laxité de fon lien aggrégatif. | 3°. 1 faut favoir que dans toute diflolution les patties intégrantes du corps diflous s’uniffent chi- miquement aux particules du menffrue | &r confii- tuent enfemble de nouveaux compofés fables , conf- tans , que l’art fait manifefter de diverfes manieres., & qu'il eft un terme appellé porzr de faturation , voyez - SATURATION, au-delà duquel il n’y a plus dé mix- tion, voyez MIXTION , ni par conféquent de diflo- lution , circonftance qui conflitue l’eflence de la diffolution parfaite : c’eft ainfi que de la diffolution ou de l’union en proportion convenable de lalkali fixe &c de l'acide nitreux réfulte le fel neutre, appellé _ritre. 1] faut fe rappeller encore à ce propos que Les divers principes qui conftituent les compofés chi- miques , font retents dans leur union par un lien où une force , que les Chimiftes appellent zzion mixIIVe Où de mixtion, & qui, quoique dépendant très - vraiflemblablement du même principe que l'union aggrégative , s'exerce pourtant très-diver- _fement, comme il eft prouvé dans toute la partie dopmatique de larsicle CHIMIE , voyez cet article, 4°. De quelque maniere qu’on retourne l’appli- cation mutuelle, le mélange, Pintromifäon de deux corps naturellement immifcibles , jama's la diffolu- tion n'aura lieu entre de tels corps : c’eit ainfi que de l'huile d'olive qu'on verfera fur du fel matin qu'on fera bouillir fur ce fel , qu’on battra ayec ce -{el, dans laquelle on broyera te fel ; dans laquelle on introduira ce fel aufh divilé qu'il ‘eft pefible précédemment diffous fous forme liquide, c’eft inf, dis-je, que l'huile d'olive ne diffoudra jamais le fel marin. 5°. On doit remarquer que la diflolution, c’eft-à- dire l’union intime de deux corps a lieu de la même maniere & produit un nouvel être exaftement le même, foit lorfque le corps appellé 4 difoudre eft concret , Loit lorfqu'il eft en liqueur , foit lorfqu'il ” êft dans l’état de vapeur ; ainf de l’eau ou un cer- |tain acide féront convertis chacun dans un corps exaétement le même , lorfqu'ils feront imprégnés dè la même qüantité de {el alkali volatil, foit qu'on l'introduife dans le #7enffrue fous la forme d’un corps folide , ou bien fous celle d’une liqueur, où enfin {ous celle d’une vapeur. Il faut favoir cependant que l’union de deux liqueurs mifcibles ; dont l’une eft l’eau pure , a un caradere diftinétif bien effen- tiel, favoir que cette union a lieu dans toutes les ptoportions poffibles des quantités refpeétives des deux liqueurs , ou, ce qui eft la même chofe , que cette union n’eft bornée par aucun terme , -auçun Vviy 340 MEN point de faturation. Auñfi n’eft-ce pas là une vraie diflolution , l’eau ne diflout point proprement un liquide aqueux , compofé tel qu’eft tout liquide, compofé mifcible à l’eau ; elle ne fait que l’étendre, c’eft-à-dire entrer en aggrégation avec l’ean Hiqué- fiante du liquide aqueux compofé. Ceci recevra uh nouveau jour de ce qui eft dit de la liquidité em- pruntée au mot LIQUIDITÉ ( Chimie ), voyez cet ar- iicle, & de l’état des mixtes artificiels dans la for- mation defquels entre l’eau à l’article MIXTION, voyez cet article. 6°. Il eft indifférent à l’effence de la diffolution que le corps diffous demeure fufpendu dans le {ein de la liqueur diflolvante, ou , ce qui eft la même chofe, foit réduit dans l’état de liquidité. Il y a tout auff.bien diflolution réelle dans la produétion d’un amalgame folide, dans celle du tartre vitriolé formé par l’effufion de l’huile de vitriol ordinaire fur l’al- kali fixe concret , ou fur l'huile de tartre ordinaire, dans l’offa de Vanhelmont , dans la préparation du précipité blanc, &c. quoique les produits de ces diflolutions foient des corps concrets, que dans la préparation d’un firop, d’un bouillon, &c. quoique ces dernieres diflolutions reftent fous forme li- quide. Enfin il eft des corps qui ne peuvent être diffous tant qu'ils font en mafle folide, & même d’autres que leur diffolvant propre n’attaque point, encore qu’ils foient dans l’état de liquidité, & qui ont be- foin pour obéir à l’aétion d’un menffrue d’avoir été déja divifés jufques dans leurs corpufcules primi- tifs par une diflolution précédente. C’eft ainh que le mercure crud ou en mañle n’eft point diflout par l'acide du fel marin, qui exerce facilement fa vertu menfiruellefur ce eorps lorfqu’il a été précédemment diflont par l’acide nitreux. Voyez MERCURE, Chimie. Ileft facile de déduire de ces principes l’idée vraie & générale de la diflolution, de reconnoître qu’elle n'eft autre chofe qu’une mixtion artificielle , c’eft- à-dire que l’union mixtive déterminée par Pappof- tion artificielle de deux fubftances diverfes & ap- ‘propriées ou mifcibles. _Il eft encore aïfé d’en conclure que les explica- tions méchaniques que certains Phyficiens ont donné de ce phénomene, & dont le précis eft expoié , ar- cicle CHIMIE, page 418, col. 2 | tombent d'elles- mêmes par ces feules obfervations ; car enfin ces “explications ne portant que fur la difgrégation & la liquefaétion des corps concrets , & ces changemens étant purement accidentels & très-fecondaires lors même qu'ils ont lieu , il eft évident que ces expli- cations ne peuvent être qu'infufifantes. D'ailleurs la néceflité de l’appropriation ou rapport des fujets de la diflolution & l’union intime , ou la mixtion qui en eft la fuite , dérangent abfolument toutes ces fpéculations méchaniques ; il n’eft pas pofñfible à quelque torture qu’on fe mette pour imaginer des proportions de molécules, d’interftices , de figu- res, &c. d'attribuer aux inftrumens méchaniques un choix pareil à celui qu’on obferve dans les dif- folutions ; & il eft tout aufli difficile de réfoudre cette objeétion vidtorieufe, favoir l'union de l’inftru- ment avec le fujet fur lequel il a agi, car les inftru- mens méchaniques fe féparent dès que leur a@ion a ceflé des corps qu’ils ont divifés , felon que leur diverfe pefanteur, ou telle autre caufe méchanique agit diverfement fur ces différens corps. C’eft une des raifons par laquelle Boerhaave qui a d’ailleurs beaucoup trop donné aux caufes méchaniques dans fa théorie de l’aétion menftruelle , voyez elementa chemiæ , pars altera, de menftruis , infirme les explica- tions purement méchaniques. Cet auteur obferve aufñ avec raïfon qu’un inftrument méchanique , un éoin, par exemple, ne peut point agir en fe prome- nant doucement (/o/a levi cireumnatatione ) autour du corps à divifer, qu'il doit être chaflé à coups re- doublés , & que certainement on ne trouve point cette caufe impulfive dans des particules nageant paifiblement dans un fluide , 27 particulis molli flui- do placidè circumfufis omni cauf& adigente carenti- bus , &c. | La caufe de la diflolution eft donc évidemment l'exercice de la propriété générale des corps que les Chimiftes appellent z/cibilité, affinité, rappore, &zc, voyez RAPPORT, Où, ce qui revient au même, la tendance à l’union mixtive, voyez encore M1x- TION. Si cette tendance eft telle que l’union aggrégative des fujets de la diflolution en puiffe être vaincue, la diflolution aura lieu, quoique ces fujets ou du- moins l’un d’eux foit dans l’état de l’aggrégation la plus flable, c’eft-à-dire qu'il foit concret ou folide. Il arrivera au contraire quelquefois que la force du lien aggrégatif fera fupérieure à la force de mifci- bilité ; &z alors la diffoilution ne pourra avoir lieu, qu’on n’ait vaincu d'avance la réfiftance oppofée par l'union aggrégative , en détruifant cette union par divers moyens. Ces moyens les voici : 1°. Il y en a un qui elf de nécefité abfolue ; favoir , que l’un des fujets de la diffolution foit au-moins fous la forme liquide ; car on voit bien, & il eft confirmé par l'expérience , que des corps concrets , quand même ils feroient réduits dans l’état d’une poudre très-fubtile , ne fauroient fe toucher aflez immé- diatement pour que leurs corpufcules refpe&ifs fe trouvaflent dans la fphere d’a@ivité de la force mixtive. Cette force qui eft à cet égard la même que celle que les Phyficiens appellent asrrailion de cohefion, ne s'exerce, comme 1l eft aflez générale- ment connu, que dans ce qu’on appelle le comaëf & qu'il ne faut appeller qu'une grande vicinité, Voyez l'article CHIMIE. »' | C’eft cette condition dans le men/frue que les Chi- miftes ontentendue, lorfqu'ils ont fait leuraxiome , corpora ; Où plütôt men/trua non agunt nififint foluta. La liquidité fert d’ailleurs à éloigner du voifinage du corps ; à difloudre les parties du menffrue, à me- fure qu’elles fe font chargées & faturées d’une par- tie de ce corps, & en approcher fucceffiyement les ‘autres parties du wze2//rue: car il ne faut pas croire . que la liquidité confifte dans une fimple ofcillation , c’eft-à-dire dans des éloignemens & des rapproche- mens alternatifs & uniformes de ces parties. Tout liquide eft agité par une efpece de bouillonnement; le feu produit dans fon fein des tourbillons , des courans, comme nous l’avons déjà infinué à l’ar- ticle CHIMIE ; & quand même cette aflertion ne feroit point prouvée d’ailleurs , elle feroit toujours démontrée par les phenomenes dela difolution. Au refte la liquidité contribue de la même maniere à la diflolution ; elle eft une condition parfaitement fem- blable , foit qu’elle refide dans un corps naturelle- ment liquide fous la température ordinaire de notre atmofphere , ou qu’elle foit procurée par un desré très-fort de feu artificiel, ou, pour s’exprimer plus chimiquement , que cette liquidité foit aqueufe, mercurieile ou ignée. Il faut remarquer feulement que les menffrues qui jouiffent de la liquidité aqueu- fe, font tous, excepté l’eau pure, compofés de l’eau liquéfiante & d’un autre corps, lequel eft propre- ment celui dont on confidere laétion menftruelle : en forte que dans l’emploi de ces renffrues aqueux- compolés , il faut diftinguer une double diffolutions celle du corps à difloudre par le principe fpécifique du menffrue aqueux compofé, les corpufcules aci- des, par exémple , répandusidans la liqueur aqueufe compofée , appellée acide vitriolique , 8e la diffolu- tion par l’eau du nouveau corps réfultante de [a premiere diflolution. Poyez LIQUIDITÉ , Chimie. Lorfque les Chimiftes emploient des menfirues doués de la liquidité aqueufe;, ils appellent de tels procédés, procédés, par la voievhumide ; & ils nom- ment procédés par la voie feche, ceux dans lefquels:Le menfirue employé éprouve la liquidité ignée ou la fufon. Woyez: l'article VOIE SECHE 6 VOIE HU- MIDE. : | C’eft l’état ordinaire de liquidité propre äcertai- nes fubftances chimiques qui leur a fait donner fpé- cialement le nom desenfirue ou de &ffolvant; cat on voit bien par [a doëtrine que nous venons d’ex-! pofer , que:cette qualité ne peut pas convenir à un certain nombre d'aggrégés {eulement ; qu’au con- traire tous,les aggrégés dé. lasnature font capables d'exercer l’attion menftruelle, puifqu'il n’en eft point quine foient mifcibles à d’autres corps, & que d’ail- leurs Patton menftruelleeft abfolument réciproque, que l’eau ne diflout pas plus le fucre que le fucre ne diflout l’eau. Cette diftinétion entre le corps à dif- foudre & le diflolvant , que les Chimiftes ont con- fervée , n’a donc rien de réel, mais elle eft auffi {ans inconvénient ,. & elle eft très-commode dans la pra- tique , en ce qu’elle fert à énoncer d’une façon très- abrégée l’état de la liquidité de l’un des réa@ifs, & l’état ordinairement concret de l’autre. Sous ce der- nier point de vüe , acception commune du mot menfirue ne fignifie donc autre chofe qu’une liqueur g q capable de s’unir ou de fubit la mixtion avec un fu. jet chimique quelconque; & les liqueurs étant en ef. fet naturellement difpofées à s’aflocier à un grand nombre de corps, méritent de porter par préférence le titre de diffolyane. On a groffi pourtant la lifte des enffrues de quel- ques corps qu'on a aufli sffez communément fous la forme concrete; tels font l’un & l’autre alkali, quel- ques acides, comme la crême de tartre & le fel de fuccin, le foufre , quelques verres métalliques , le plomb, la litharge, Le foie defoufre, &c. mais outre que ces corps font très-facilement ou liquefables ou fufibles, ils ont d’ailleurs mérité le titre de diffolvans par l'étendue de leur emploi. On trouvera aux arti- cles particuliers les propriétés & les rapports divers de tous ces différens wez/frues, que nous croyons très- inutile de clafler, & fur l’hiftoire particuliere def quels on doit confulter aufi la favante differtation que le célebre M. Pott a publiée fur cette mauere , fous le titre de ifforia partic. corporum folutionis. Voyez, par exemple, EAU, HUILE , SEL, Sou- FRE, ÉC.. _ La feconde condition, finon eflentielle, du-moins Je plus fouvent très-utile pour faciliter la difflolution, c’eft que le menftrue foit plus ou moins échautffé par üne chaleur artificielle : cette chaleur augmente la hquidité ; c’eft-à-dire la rapidité des courans & la laxité de l’aggrégation du zerffrue, Il eft néceffaire dans quelques cas particuliers que cetteliquidité foit portée jufqu’a fon degré extrèmer, c’eft-à-dire l’ébul- lition , & quelquefois même que l’un & Pautre fujet de la diflolution foit réduit en vapeurs. Le mercure n’eft point diflous , par exemple, par l’acide vitrio- lique , à-moins que cette liqueur acide ne foit bouil- lante ; & l'acide marin qui ne diflout point le mer- cure tant que l’un & l’autre corps demeurent fous forme de liqueur, s’unit facilement à ce corps , & forme avec lui le fublimé corrofif, s'ils fe ren- contrent étant réduits l’un & l’autre en vapeurs. Au refte Le feu n’agit apfolument dans l'affaire de ia difolution que de la maniere que nous venons d’ex- pofér;ilne faut point lui prêter la propriété de pro- duire des chocs, des collifions , des ébranlemens par lagitation qu'il produit dans.les parties du liquide. Cette prétention feroit un refte puérile & routinier _des miféres phyfiques que nous avons réfutées plus MEN 341 haut, Encore un coup, l’effet de cette agitation fe borne à amener rmo//ement les-parties du liquide dans le voifinage de celles du corps concret. Tout ceci eft déja. infinué à l'arcicle CHIMIE, pag, 417 col. 2. Un:traifieme moyen de favorifer les diflolutions, eft quelquefois de /écherle lien aggrégatif des liquis des falins , en faifant ce qu’on appelle communément les affoiblir,, c’eft à-dire en les étendant dans une plus grande quantité de la liqueur à laquelle ils doivent leur liquidité ; favoir l’eau. Foyez LiQUuiDITÉ, Chimie, C'eft ainfi que l'acide nitreux concentré n’a- git point fur l’argent , & que l’acide mitreux foible , c’eft-à-dire plus aqueux, diflont ce métal. Quatriemement , on fupplée au mouvement de liquidité , ou on accélere fes: effets en fecouant roulant, battant , agitant avec une fpatule , un moufoir , quelques brins de paille, &c. le liquide diffolvant. Cinquiemement enfin , on difpofe les corps con- créts à La diflolution de la maniere la plus avanta- seufe, en rompant d’avance leur aggrégation par les divers moyens méchaniques ou chimiques, en les pulvérifant , les rapant, les laminant,, grenail- lant, &c. les pulvérifant philofophiquement , les Calcinant , les réduifant en fleurs , & quelquefois même en les fondant ou les divifant autant qu'il eft poffble par une diffolution préliminaire, Il ef nécef faire , par exemple, de fondre le fuccin pour le ren- dre difloluble , dans une huile par exprefion même bouillante ; & l'acide marin n’attaque l’argent que lorfque ce métal a été préalablement diffont par Pas, cide nitreux, Les Chimiftes admettent ou du-moins diftinguent trois efpeces de diflolutions : celle qu'ils appellent radicale , la diffolution énviere ou abfolue , & la diffo- lution partiale, La diflolution radicale eft celle qui divife un corps jufque dans {es premiers principes , & quilaifle tous ces divers principes libres, ou à nud véritablement féparés les uns des autres & du menffruequi a opéré leur féparation. Une pareille diflolution n’a été ju qu’à-préfent qu'une vaine prétention, & on peut lé- gitimement foupçonner qu’elle fera fondée encore long-tems fur un efpoir chimérique. L’agent mer- veilleux de cette prétendue diffolution, eft ce que les Chimiftes ont appellé a/kaheff ou diffolvant uni. verfel. Voyez ALKAHEST. On trouvera une idée très-claire & très-précife de cette prétendue pro- prièté de l’alkaheft dans la phyfique fouterraine de Becher , Liv, I. fe, 3, ch, iv. n°.10 G 11. La diffolution entiere ou abfolue eft celle que fu- biffent des fujets dont la fubftance entiere inaltérée, indivife ,eft diffoute , mêlée, unie : c’eft celle qui a lieu entre le fucre & l’eau , l'acide & lalkahi, l'ef- prit-de-vin & une réfine pure, 6c, | Enfin, la diffolution partiale eft celle dans laquelle le menftrue , appliqué à un certain corps compofé ou à un fimple mélange par confufion ( voyez CONFU: SION Chimie ) , ne diffout qu’un des principes de ce compofé ; ou l’un des matériaux de ce mélange. La diflolution de l'acide vitriolique, qui eft undes prin- cipes de l’alun par l’alkali fixe , tandis que ce 77/2 crue ne touche point à la terre , qui eftun autre prin» cipe de l’alun, fournit un exemple d’une d'flolution partiale de la premiere efpece, &c cette opération eft connue dans l’art fous le nom de précipitation ÿ voyez PRÉGIPITATION, Chimie. La diflolution d'une réfine répandue dans un bois par l’efprit-de-vin qui ne touche point au corps propre du bois, fournit un exemple d’une diffolution partiale de la feconde efpece , & cette opération eft connue dans l’art fous le nom d’exrraétion , voyez EXTRACTION. L’effer- vefcence eft un accident qui accompagne plufieurs diflolutions , & qui étant évalué avec précifion , 342 MEN doit étre rapporté à la claffe desprécipitations. Payet ÉFFERVESCENCE @ PRÉCIPITATIONS Lés ufages , tant philofophiques que pharmaceu- tiques , diététiques , économiques ; EC. de la diflo- lution chimique , font’ extrémement étendus : c’eft cette opération qui produit les leffives ou liqueurs falines dé tôhtes les efpeces ; les fels neutres , les firops , les baumes artificiels, les foies de foufre , {oit fimplés, foit métalliques ; les amalgames , Les métaux foufrés par art, le favon, les pierres pré- cieufes artificielles, le vérre commun, les vernis, 6'c. Les ufages & les effets du même ordre de la diffo- lution partiale ; ne font pas moins étendus , mais celle-ci offre de plus le grand moyen , le moyen principal fondamental des recherches chimiques ‘en À un mot , l'emploi de cé moyen conftitue l’analyfe ménftruelle. Voyez MENSTRUELLE ; 2241yfe. On emploie quelquefois dans le langage chimique lé mot de Zfo/urion , comme fynonyme à celui de diacrefè où fépararion (voyez SÉPARATION , Chimie ) ; mais fon ufage dans cé fens, qui eft beaucoup plus étendu que celui que nous lui avons donné dans cét article, eft peu reçu. | Nous avons déja dit ailleurs(voyez DiSSOEUTION, Chimie) qu'on donnoit auffi le nom de diffo/urion aux liqueurs compofées produires par la diffolu- tion. (2 | L'; MENSTRUEL , dans l’économie animale ; fe dit du fang que les femmes perdent chaque mois dans léurs évacuations ordinaires. Voyez MENSTRUES. On peut définir le fang ren/fruel ; un fang fura- bondant qui fert à la formation &e à la nutrition du fœtus dans la matrice, & qui dans les autres tems s'évacue claque mois. Voyez SANG De tous les animaux ; il n’y a que les femmes 6e peut-être les femelles des finges qui aient des évacua- tions menffruelles. Hippocrate ditquele fang menftruel rougit la terre comme le vinaigre ; Pline & Columelle ajoutent qu’il brûle les herbes , fait mourir les plantes ; ter- nit les miroirs, & caufe la rage aux chiens qui en coûtent. Mais tout cela eft fabuleux, car il eff cer- tain que ce fang eft le même que celui des'véines ëc des arteres. Voyez SANG. | Selon la loi des Juifs, une femme étoit impure tant que le fang menffruel couloit : l'homme qui la touchoit dans cet état, ou les meubles qw’elle tou- choit elle-même, étoient pareillement impurs: Levre, chap. xv. , Je n’ajouterai qu'une feule remarque à cet article. Quand le fang menftruel accumulé ne peut couler par les voies qui lui font deftinées, la nature plus forte que tout lui ouvre des routes également éton- nantes & extraordinaires. Les Médecins ont vu le fang menftruel fe frayer un paffage par toutes les par- ties du corps, à-travers les pores dela peau du vifa- ge , des joues, par des bleffures 8 des ulceres , par le fommet de la tête , les oreïlles , les paupieres, les yeux, les narines , les gencives, les alvéoles, les levres , la veine jugulaire , les poumons, Pefto- mac , Le dos ; par des abfcès fur les côtes , par les mamelles, laine, lavefie ,lenombril, les vaifleaux hémOrrhoïidaux, Les jambes , cuiffes ulcérées; par le talon , le pié , les orteils; par le bras, la main , les doigts &cle pouce. . Éd Ce 2 | Je n'entre point ici dans l'énumération de ces par- tes au hafard. Les curieux qui voudront fe convain- cre de la vérité de ce que j'avance , en trouveront, Les faits obfervés dans les écrits des auteurs fuivans; dans Amatus Lufiranus , les ouvrages des Bartho- lins, Bennet, Bergerus, Binningerus ; Blancard , Biafun , Blegny, Bonet, Borellüs , Brendelius, Ro- deric à Caftro, Dionis; Dolœus ) Dodonœus , Do- natus, Fabrice de Hilden; Fabrice d’Aquapendente, MEN ÿ Fernel, Foreflus, Gochelius, de Graaf, Hagendorn j Harderus, Helwigius, Highmor, Hoechfteter, Mau- | rice & Frédéric Hoffman; Hollerius, Horftius; Ker- kringius, Langius, Laurentius, Lemnius, Lentihus, Lotichius, Mercartus, Michaelis, Mufñtanus , Nen= terus’, Palfyn,, Panatolus, Paré, Paullint, Peclinus, Péyerus,, Platerns, Ricdlinus , Riolan, Riverius, Rulandus , Ruyfchius | Salmuthus , Schenckius, Sennert, Solénander, Spacchius, Spindlér!, Stal- part, Vander-Wiel, Sylvius, Timæus,; Tulpius; Velschins, Verdnc:, Vérheyen, Vezarfchà; Wede- lius, Zacutns Lufitanus ,les a@tes de Berlin, de Co- . penhague , des curieux de la nature, lés tranfactions: de Londres ; les memoires.de l’académiedes Scien- ces. Ilétoit impoflible de joindre les citations fans y, - confacrer une vingtaine de pages. EL Si une femme chéz les Hébreux a ce qui lui arrive tous Les mois, elle fera impure pendant fept jours , FE dit le Léviriqne, xv. 19, 20.21. 8c. tous ce qu'elle” touchera pendant ces fept jours fera fouillé ; 8 ceux qui toucheront fon lit , fes'habits ou fon fiege ; fe- | ront impurs jufqu’au for, laveront leurs habits, &c uferont du bain pour fe purifier. Si pendant le tems de cette incommodité un homme s’approche d'elle; il fera fouillé pendant fept jours , & tous les lits-où. ils auront dormi feront aufli fouillés Que s'il s’en approche avec connoïffance ; & que la chofe foit pottée devant les juges ; ils feront tous deux mus à mort: Les anciens Chretiens regardoïent auf cet: écoulement naturel au féxe comme une fouillu-, | re. Les femmes grecques s’abffiennent encore au- | jourd’hui d'aller à l’éghife pendant ce tems : quelques | indiens ne fouffrent pas alors leurs femmes dans leurs maifons. Les négrefles de a côte d'Or pañfeñt pour fouil- lées péndant leurs incommodités lunaires, & font | forcées de fe retirer dans une petite hutte à une cer-. taine diftance. Au royaumede Congo c’elt un ufage qui fubffte pour les filles lorfque leurs infirmités lunaires commencent pour la premiere fois, des’ar-. rêter dans le lieu où elles fe trouvent, & d’attendré qu'ilarrive quelqu'un de leur famille pour lesrecon- duire à la maïfon paternelle : on leur donne alors deux efclaves de leur fexe pour les fervir dans um logement féparé ; où elles doivent pafler deux où trois mois ; & s’aflujettir à certaines formalités ,: comme de ne parler à aucun homme , de fe laver. plufieurs fois pendant le jour , & de fe frotter d’un onguent particulier. Celles qui négligeroient cette pratique , fe croiroient menacées d’une ftérilité per- | pétuelle ; quoique l’expérience leur ait fait fouvent connoître la vanité de cette fuperftition. On fait que toutes ces faufles idées font le fruit de Pignorance ; & qu’une femme qui fe porte bien ne rend point un fang #enffruel différent de celui qui circule dans les arteres du refte du corps, excepté que par fon féjour dans les vaifleaux de Putérus , ik ait acquis quelque corruption Il ne faut pas non plus ajouter foi aux exemples qu’on rapporte de femmes qui ont eu leurs regles à 65,70; 80, 90 ans : les récits de filles nubiles à quatre Ou cinq ans ne font pas plus vrais; &t Pacadé: mie des Sciences n’auroit jamais dù tranfcrire dans | fon hiftoire des contes auf ridicules. (D. 7.) MENSTRUELLE , enalyfe ; Chimie ou analyfe paf combinaifon, par précipitation, par extraéhon , paf intermede : c’eft ainfi que les chimiftes modernes appellent la voie de procéder à Pexamen chimique des corps , en féparant par ordre leurs principes conftitutifs par le moyen de la diflolution partiale- & fuccefive. Foyez MENSTRUE , Chimie. On trou- ” veraunexemple plus propre à donner une idée de cette analyfe, que toutes les généralités que nous MEN pourrions éñ éxpoferici, À l'ars. VÉGÉTAL, Chimie Après avoir confidéré le tableau de ce travail particulier, on s’appércévra facilement qu'il peut fervir de modele à l’examen de tous les COrps natu= rels , & principalement de ceux qui font très-com- poiés , tels que les végétaux & les animaux, fujets. lur lefquels on emploie cette analyfe avec le plus de fuccès , & l’on fe convaincra fans peine des avanta- ges qu'a cette méthode moderne fur l'emploi du feu ieul que l’ancienne chimie mettoit en œuvre pour l'examen des mêmes corps; car on retire par le fe- cours de cette analyfe des principes réellement hye poftatiques ou préexiftens, & évidemment inalté- rés : ces principes font en grand nombre ou très- variés en comparaifon des produits de l’analyfe à feu feul. Ces avantages fufiiroient pour mériter la préférence à l’analyfe menftruelle, puifque les défauts tant reprochés à l’ancienne analyfe fe réduifoient précifément à l’altération ou même À la création des produits on principes qu’elle manifeftoit , au petit nombre & à l’uniformité de fes produits. Mais un titre de prééminence plus eflentiel encore pour l’'ara- dyfe menffruelle, c’eft la réoularité de fa marche , de fa méthode : elle attaque par rang , comme nous l’a- vons déja infinué , les différens ordres de combinai- on du corps qu’elle fe propofe d'examiner, encom- mençant par les matériaux les plus groffiers, les plus fenfibles ; au lieu que l’analyfe par la violence du feu atteint tout d’un coup les dérniers ordres de _combinaïion. Cette différence peut être repréfentée par la comparaïfon d’un mur formé de pierres & de mortier , &c recrépit ou enduit d’une couche deplà- tre , dont on fépareroit les matériaux en enlevant d’abord la couche de plâtre, dont il feroit recou- vert, détachant enfuite les pierres une à une, & les féparant du mortier ; prenant enfuite fucceflive- ment chacun de ces matériaux, féparant, par exem- ple la pierre que je fuppofe coquilliere, en coquilles êt en matiere qui leur {ervoit de maftic naturel ; le mortier en chaux & en fable , &c. & voilà limase de Ki marche de laralyfè menftrulle. Celle de l’ana- lyfe par la violence du feu {ul, feroir à-peu-près repréfentée par la deftruétion foudaine & confufe de ce mur, le broyement d’un pan entier du plâtre, de la pierre, du mortier pêle-mêle, &c. (8 MENSURABILITÉ , f.f. (Géom.) c’eft l'aptitude on la propriété qu'a un corps, de pouvoir être ap- pliqué à une certaine mefure , c’eft-à-dire de pou- voir être meluré par quelque grandeur déterminée, Voyez MESURE 6 MESURER. MENTAGRA , (Médec.) je fuis obligé de confer- ver Le mot latin mertagra ; c’étoit une éfpece de dar- _tre lépreufe de mauvaife qualité, qui felon le rap- port de Pline, Ziv. XXI. ch. j. parut pour la pre- muiere fois à Rome , fous le règne de Claude; elle commençoit par le menton, d’où elle prit fon nom, s’étendoit fucceflivement aux autres parties du vi- fage, ne laïfloit que les yeux de libres , & defcen- doit enfuite fur le cou , fur la poitrine , & fur les mains. Cette maladie ne faifoit pas craindre pour la vie, mais elle étoit extrèmement hideufe ; Pline, de qui nous tenons ce récit, ajoute que les fermes, le menu peuple & les efclaves , n’en furent point atteints, mais feulément Les hommes de la premiere . qualité. On fit venir, continue cet auteur , des médecins d'Egypte , qui eft un pays fertile en femblables aux. La méthode qu’on fuivoit generalement pour le cure , étoit de brûler ou de cauterifer en quel- ques endroits jufqu’aux os pour éviter le retour de la malädie; mais ce traitement faifoit des cicatrices auffi difformes que le mal étoit laid. Galien parle d'un Pamphile qui guérifioit cette dartre fans em- ployer les cauteres , & qui gagna beaucoup d’ar- 4 MEN 34? gent par fes rémedes. Manilius Cofnutus , gouver- neur d'Aquitaine, compofa avec le medecin qui en- treprit de le guérir, pour une fommeé marquée dans Pline de cette maniere, AS. CC. cette ligne mife au-deffus de deux €’, indiquetoit qu'il faut entendre deux cens milles grands fefterces qui font environ deux millions de livres, Maïs comme cette {ommé paroît follement exceflive, pour avoir été le falairé de la guérifon d’une fimple maladie , où d’ailleurs la vie ne fe trouvoit point en danger ; le P. Har= dôuin a fans doute raifon de croire ; qu'il faut en- tendre feulement deux cens fefterces , c’eft-à-diré environ vingt mille livres , ce qui éft toujours une récompenfe magnifique. Te re On prétend que fous le pontificat de Pélage IT. dans un été qui fuivit l’inondation du Tibre , il pa- rut à Rome une efpece de dartre épidémique que les Médecins n’avoient jamais vüe , & qui tenoit des caraéteres de la wentacra , dont Pline a donné là defcripuon. Mais il ne faut pas s’y tromper , la ma- ladie qui ravagea Rome fous le pape Pélage, & dont lui-même périt , étoit une pefte fi violente, que fou- vent on expiroit en éternuant ou en baïllant ; c’eft de-lä qu'eft venu, felon quelques hiftoriens, la cou- tume de dire à celui qui éternue , Dieu vous béniffe, & celle de faire le figne de La croix fur la bou che lorfqw’on baïlle, coutume qui fubfifte encore parmi le petit peuple. (D. J.) MENTAL , ( Gram. ) qui s’execute dans l’entende- nent ; Verbal ou qu'on profere au - dehors eft fon oppoié, 1l y a l’oraifon mentale ; la reftrition mer tale. Voyez l’article RESTRICTION. MENTAVAZA , ( Hifi nat. ) oifeau de l’île de Madagafcar , 1l eft de la profleur d’une perdrix ; fon plumage eftigs, fon bec eft long & recourbé ; il fe tient fur le fable des côtes de la mer ; fa chair eft un manger très-délicat. MENTEITH, (Géog.) petite province d’Ecofle ; qui confine à lorient avec celle de Fife, Le flenve Forth la fépare au midi de la province de Sterling ; & elle a celle de Lennox à l'occident ; elle prend fon nom de la riviere de Teith qui l’arrofe, & fe jette dans le Forth. Sa longueur eft de treize lieues, & fa largeur de quatre. Dublin fur l’Allan en eft la capitale, & la ieule ville. (D. J.) MENTÉSA , ( Géog. anc. ) il y avoit deux villes de ce nom en Efpagne:; lune dont les habitans étoient nommés Mence/ant Orerani, 8e l'autre Menrefani Baf- tul1 ; on ne trouve plus de trace de ces deux viilesa (D.J.) | MENTES-ILI , (Géog.) contrée d’Afe dans la Na- tolie, fuivant M. de Lrile ; elle eft bornée au nord, par lAïdin -Ili, à lorient par le pays de Macri , au midi par le golfe de Macri, & à l’occident par l’Ar- chipel. (2.J.) MENTHE , f. f. mentha , (Botan.) genre de plan- te à fleur monopetale labiée ; la levre fupérieure eft votée, & l’inférieure divifée en trois parties ; ce- pendant ces deux levres font partagées de façon que cette fleur paroît au premier coup d’œil , divifée en quatre parmes. Il s’éleve du calice un piftil qui eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur ; ce piftl a quatre embryons qui deviennent dans la fuite autant de femences renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur, Tournefort, infe. ret herb. Voyez PLANTE. La Médecine retire tant d'utilité de la menthe, & l'odeur de ce genre de plante qui tient du baume ë du citron , plait fi généralement, qu’on en cultive dans les jardins de botanique prefque toutes les ef- peces ; mais 1l fufhira de décrire 1c1 la rexzhe la plus commune de nos Jardins. | La menthe ordinaire eft appellée par C. Bauhin, odeur de baflic ; en anglois 14e verticillated garden- data, de C.B, p. 227. s'éleve pour l’ordinaire à trois ‘fes fleurs qui forment au haut de la tige &c des bran- plait dans les lieux humides. Ses fleürs font ramaf- odeur fort péretrante, ant. Sesifleurs font de couleur bleuâtre on purpu- {ent de l’affoibliffement des vifceres , n’eft pas feule- ‘ment dûe à l'huile dont on vient de parler ; mais 344 M EN mentha hortenfis , verticillata, otymi odore , CP: p: 227. c'eft-à-dire menthe des jardins verticillée ,'a raènt, #rith the fmell of bafil. Sa racineteft traçante &c garnie de fibres, qu S'e- tendent au loin de toutes parts. Elle pouffe des tiges à la hauteur d’un pié &r demi, quarrées , un peu ve- lues, roides , & rougeâtres. Ses feuilles font arron- dies , oppofées deux à deux, d’une odeur forte, af- {ez {emblables à celles du moyen bafilic ; maïs plus longues, plus pointues, & plus dentelées au bout de la tige. Des aïffelles des feuilles naïflent des anneaux fer- rés de petites fleurs en gueule purpurine , qui for- ment un épi, & font découpées en deux levres cour- tes, fendues de maniere que ces fleurs femblent dé- coupées à quatre fegmens, parce que les deux levres paroiïffent à peine. Quatre graines menues fuccedent à chaque fleur, dont le piful eft plus haut que dans le pouliot-thym, & d’une couleur plus pâle. Toute la plante a une agréable odeur, balfamique , aromatique ; elle fleu- zit en Juillet & Août. La menthe frifée ou crépue, meéxtha crifpa , verticil- piés , & ne différe de la précedente que par fes feuil- les qui font ridées, crèpues, & comme gandron- nées. La menthe à épi &t a feuilles étroites ; par ©. Bau- hin, menthe angufhfolia, fpicata , C. B. p. 1227. & ches, un épi allongé. Elles font difpofées en gueu- le , découpées en deux levres, blanchätres, femées de petits points rouges. L’odeur de cette efpece ef Æorie, fon goût eft âcre &c aromatique. La senthe aquatique, en latin rmeffhia rotundifolia, palufiris , fes aquatica major , de CB. p. 227. fe fées en grofles têtes arrondies, & d’un pourpre la- vé. Chaquefleur à quatre étamines faillantes à fom- mets, d’un ronge plus foncé. Les graines font me- nues &c noirâtres. Cette efpece de menthe cit d’une La menthe aquatique à larges feuilles , eft la même plante que prefque tous les Botaniftes nomment pou: liot, poulios royal : pulegium, pulegium regium , & par Tournefort, mentha aquatica , five pulegiumvul- gare, 1, R. H, 189. en anglois, £he commen penny- T0yal. Ses feuilles approchent de celles de l’origan; elles font douces au toucher, noirâtres , d’un goût brü- rine, quelquefois blanches & quelquefois d’un rou- ge-pâle. Cette plante croit abondamment au bord des lieux humides, fleurit en Juillet & Août; & comme elle eft plus aromatique quand elle eff en fleur , c'eft alors qu'il la faut cueillir. Son odeur eft tres- pénétrante , fa faveur très-âcre , êc très-amere ; la Medecine en fait un grand'ufage. La rmenthe Jauvage ou le menthaftre , wentha f[ÿy£ veftris , rorundiore folio, de C, B. p. 227. vient fans culture , répand. une odeur plus forte, mais moins agréable que celle des envhes cultivées. La menthe de quelque efpece qu’elle doit, contient une grande quantité d'huile fubtile , confortative, & amie des nerfs ; cependant la vertu qu'elle a de fortifer le ton de l’eflomac-& des inteftins, d’arré- ter le hoquet, le vomiffement, la diarrhée, qui naif- encore à un principe terreftre, quelque peu aftrin- gent.- On tire de la menthe une eau fimple , un ef- prit & une huile difüilée , qu'on trouve dans les boutiques. (D.J.) MIE N MenTueE , (Chimie, Pharmacie , 6 Mar, medic. ) menthe crèpue des jardins: cette plante eft très-aro- matique, &c a une faveur âcre & amere ; elle donne dans la difüllation une bonne quantité d'huile effen- tielle, qui eft d’abord jaune, qui prend bien-tôtune couleur rougeâtre, & qui devient enfin d’un rouge très-foncé. M. Cartheufer a retiré d’une hvre de feuilles feches de 72er2the, cueillie dans Le tems con- venable, c’eft-à-dire , lorfqu'elle commence à mon- trer quelques fleurs, environ trois gros d'huile; ce qui eft beaucoup. L'eau diftillée qu'on en retire dans la même opération eft très-chargée de parties aromatiques, fur-tout lorfqu’elle a été convenable- ment cohobée ; on peut en retirer auf une eau dif- tillée effentielle, très-chargée des mêmes principes. Voyez EAU DISTILLÉE. C’eft aux principes volatils dont nous venons de faire mention , que la wenche doit évidemment fes qualités medicamenteufes ; car M. Cartheufer n’a retiré de cette plante qu'un extrait qui n’annonce aucune alivité , & une teinture qui étant rappro- chée n’a fourniqu’une très-petite quantité d’un prin- cipe réfineux. La menthe tient un rang diflingué, peut-être mê- me le premier rang parmi les remedes ftomachiques; c’eft {on eau difhllée que l’on emploie principals- ment pour cette vertu : deux autres onces de bonne eau de zzerthe font un fecours prefque afluré pour arrêter le vomiflement , fortiñier l’eftomac, en ap- païfer les douleurs. On la donne encore dans les mêmes cas en infufñon, principalement dans le vin à la dofe d’une on de deux pincées ; l’eau diftillée & linfuñon de wenthe font auffi de très-srands remedes contre les coliques venteufes , les coliques & les autres affle“tions hyftériques , &c la fuppreffion des regles ; elles font aufü très-eflicaces contre les vers. L'application de la seche en forme de cataplaf- me fur les mamelles eft donnée par plufeurs auteurs comme un remede éprouvé, pour refoudre le lait coagulé dans ces païties ; quelques gouttes d'huile effentielle foit feule , foit mêlée à un peu d'huile d'olive peut en temperer l’âcreté qui feroit capable d’enflammer la peau ; cette efpece d’épithème, dis- je , eft recommandé contre les foiblefles d’eftomac & le vomiflement habituel. Une pareille applica- tion fur la région hypogaftrique pafle pour capable de rétablir l'écoulement des regles ; l'huile par in- fufion qu’on prépare avec cette plante , poflede à- peu-près les mêmes vertus que le mélange dont nous venons de parler , maïs dans un degré inférieur, Cette huile par infufñon eft veritablement chargée des principes médicamenteux de la plante; elle doit être mife au rang des remedes exterieurs puiflam- ment refolutifs & propres à appaifer les douleurs. On trouve dans Les boutiques un fyrop fimple de menthe, qui, sil eft préparé comme il doit l'être par la diftillation , poffede les vertus réunies de l’infus fion & de l’eau diftillée, confiderablement afoiblies cependant par le fucre, ce qui le rend moins propre aux ufages principaux & eflentiels de Ia rremshe, Les feuilles de cette plante entrent dans l’orvié- tan, l’eau vulneraire, l’eau de lait alexitere , l’eau oéncrale, l'élixir de vitriol, la poudre contre lara- se , la plante feche entre dans les tablettes ftoma- chiques, les fleurs dans le vinaigre prophylaëtique, &z le baume tranquille , Le fuc dans l’emplâtre de be- toine, le fyrop dans les pillules ne quibus, l'huile effentielle dans le baume nervin & l’emplâtre fto- machal. (4) | © Nora, c’elt par inadvertance qu'on a renvoyé de l’art. EAUX DISTILLÉES à celui-ci, pour y trouver dans la defcriprion de l’eau de menthe compofée, un exemple d’une eau difillée compofée, proprement dite. L'eau de zezrhe, compofée des boutiques , eff fpriueute | MEN | {pirituenfe comme l’eau de melifle cômpolée, &c toutes les eaux diftillées compofées, ufuelles® MENTHE SAUVAGE , ( Mariere med, ) menthaffre. La menthe fauvage tue les vers comme les autres mer- thes ; elle eft utile dans l’afthme, peut p'ovoquer les mois, & contre la dureté de l’ouie. Elle entre aufñ dans les bains utérins & nervihs ; plufieurs appli- quent dans la fciatique cette plante pilée en maniere de cataplame fur la partie malade : on affure qu’elle y excite des veflies, qui venant à crever, calment la douleur. Tournefort dans fon Aiffoire des plantes des environs de Paris, dit que la tifane dé cette menthe eft bonne pour les vapeurs. Suire de la ima- siere medicale de Geoffroy. Les Médecins ne fe fervent prefque point de cette plante, quoiqu’elle foit très-bonne contre les vers; cette vertu eft prouvée par l'experience conftante des payfans de plufeurs provinces qui en font pren- ‘dre le fuc à leurs enfans attaqués de vers, avec beau- coup de fuccès, & qui la leur appliquent auffi pilée {ur l’eftomac dans le même cas, moins utilement que beaucoup de medecins ne feront tentés de le penfer. | Cette plante entre dans l’éleQuaire de baies de laurier & dans les trochifques de myrrhe. (2) MENTHE-COOQ, ( Botan. ) efpece de tanaifie, comme fous les noms vulgaires de wenthe-cog ; herbe de coq, ou coq des jardins, cof£us hortorurn des bou- tiques, mais par Tournefort, caracetum hortenje , fotus & odore menthe. La racine de cette petite plante eft aufli aflez fem- blable à celle de la emthe , oblique , ronde, garnie de plufieurs fibres. Elle poufle des tiges à la hau- teur d'environ deux piés, cannelées, velues, ra- meufes, de couleur pâle; {es femlles font oblon- gues, approchantes de celles de la paflerage , dente- Îées dans leurs bords, de la même couleur que les tiges, rarement découpées, d’une odeur torte & agréable, d’un goût amer & aromatique. Ses fleurs naïflent comme celles de la tanaifie en bouquets, ou petites ombelles, aux fommets des tiges & des branches, ramañlées & jointes enlemble en rond, d’une couleur jaune dorée. Quand ces fleurs font tombées, 1l leur fuccede des femences menues & fans aigreite, oblongues , applaties, en- fermées dans le fond du calice de la fleur. Cette plante fe trouve dans prefque tous les jar- dins où l’on fe plait à la culuiver , & où elle fe mul- tiplie fort aifément. Elle fleurit en été, mais aflez tard, & fubfifte enfin jufqu’à la fin de l'automne. On tire quelquefois de cette plante une eau diftillée , & une huile par infufion, qu’on nomme improprement huile de baume. ( D. I.) MENTHE-COQ ,( Mat.méd.) coq , herbe du cog, coq des jardins , grand baume. Cette plante a beaucoup d’analogie avec la tanaïfie & avec l’abfynthe , aux- quels on la fubftitue quelquefois dans tous les cas. Mais elle eft principalement & particulierement connue comme fervant à préparer une huile par infufion , appellée à Paris huile de baume , qui eft un remede populaire & domeftique des plaies & des contufñons, & qui vaut autant, mais non pas mieux que toute autre huile par infufion , chargée | q P ; 8 du parfum & de l’huile effentielle d’une ou de plu- fieurs plantes aromatiques. L’herbe du cog eft employée aufh quelquefois à ti- tre d’affaifonnement dans quelques ragoüts vul- gaires. Elle entre dans l’onguent martiatum & dans le baume tranquille. (2) | | MENTION, £. f. ( Gram. ) témoignage ou rap- _ port par écrit ou de vive voix. Combien de grands hommes dont les noms font tombés dans l’oubli, & à qui nous ne donnons ni larmes ni regrets, parce Tome X, MEN 345 qu'ilne s'eft trouvé aucun homme facfé qui en ait fait mention. Cet homme facré, c’éft le poëte ou l’hifto- rien. Il y a tel perfonnage aujourd’hui qui fe promet de longues pages dans l’hiftoire, & aui n’y occupera pas uné lipne fi elle eft bien faite. Qu’a-tal fait pour qu'on tranfmette fon nom à la poflérité ? Il yéna tel autre qui ne s’eft fignalé que par des forfaits, qui feroit trop héuréux s’1l pouvoit fe promettre dé mou- rit tout entier, & qu'on ne féra non plus mezrion dé lui que s’il n’eûr pas exifté. | MENTON, [ t, ( Anatomie. ) c’eft la partie moyenne de la mâchoire inférieure. Foyez Ma | CHOIRE. MENTON, (Jardinage. ) ce font les trois feuilles de Ja fleur d’iris qui s’inclinentverslatetre, F. f[rrs. MENTON , ( Maréchal, Ÿ on appelle ainfi dans le cheval la partie de fa mâchoire inférieure qui eftinr- médiatement fous la barbe. Voyez BARBE. MENTON , ( Géog.) petite ville d’italie, dans la principauté de Monaco. Elle eft près de la mer, fur la côte occidentale de la riviere de Gènes, à 3 lieues de Vintimiglia, & 2 de Monaco, dont elle dépentl depuis 1346, que Charles Grimaldi, gouverneur de Provence &t amiral de Gènes, en fit l’achat. Long. 25. 10. lar, felon le pere Laval , 434 44. 437, (D.1.) | MENTONNIERE , adj. et Anatomie : fe dit des parties relatives au menton. Le tron mentonnier antérieur. Le trou merronnier poftérieur. Voyez MACHOIRE. L’artere mentonniere, Voyez MAXILLAIRF: MENTONNIERE, ( Docimaftlique. ) on nomme ainfi une plaque de fer, placée horifontalement au-dé- vant & au-bas de l’entrée de la moufle dans le four- neau d’effai, Cette plaque fért à fupporter des char- bons ardens qu'on met à cette éntrée ou bouche, . Li . lorfqu’on veut augmenter, par ce moyen, là cha- leur intérieure de la moufle. On y pole auf les ef- fais, pour les refroidir lentement à mefire qu’on les retire. Tiré du fchlutrer de M. Héliot. MENTZELE , menpelia, ( Botan. ) genre de plan- te à fleur enrole ; compofée de plufieurs pétales dif- pofés enrond , &foutenus par un calice dont le piftil devient dans la fuite un fruit en forme de tuyau mem- braneux & rempli de petites femences. Plumier , 204 plant. amer. gen. Voyez PLANTE. MENU, adj. ( Gran) terme relatif à la mañle. C’eft Poppoié de gros & de groffier. On réduit les corps en poudres menues ou grofferes. On dit, ces parties de Pédifice font trop rrenues ; alors il eft {y- nonyme à #aigre. Voyez, dans les articles fuivans, d’autres acceptions de ce or. MENUES DIiMES. ( Jurifprud, ) Voyez au mot Di- MES l’article MENUES DÎMES. MENUS PLAISIRS où fimplement MENUS , ( Hi/f. mod. ) c’eft chez le roi le fonds deftiné à l'entretien de la mufique tant de la chapelle que du concert de la reine, aux frais des fpettacles, bals , & autres fêtes de la cour. Îl y a un intendant, un tréforier , un contrôleur, &8c un caiffier des szæenus , dont chacun en droit foi eft chargé de ordonnance des fêtes, d’en arrêter , vifer & payer les dépenfes. MENU , (Comm. ) on entend par ce terme, dans les bureaux du convoi à Bordeaux, toutes les mar- chandifes généralement quelconques qui doivent droit au convoi , & qui fe chargent fur les vaifleaux à petites parties. On appelle regiffre du menu un des regiftres du re ceveur du convoi, où on enregiftre toutes ces mat- chandifes 6 les droits qu’elles payent. On nomme aufli iffue du menu les droits defortie ; qui font dûs pour les marchandifes qui fortent en pe tite quantité. X x 3 46 M EN Les entrées du fel ax menu fe difent auf à Bor- deaux du fel blänc qui ne pañle pas un quart. La fortie du fel 4 menu eft quand ie fel qui fort ne pañle pas une mine. Diéfionn. de Commerce. MENU, en cerme de Commerce ; figmifie quelquefois la même chofe que dérail. Ce marchand trafique tant en gros qu’en menu, Détail eft plus uñté. Foyez DE- TAIL, Dicfionn, de Commerce. MENU, er terme de pain d’épicier , défigne tous les ouvrages faits de pâte à 7%, depuis la valeur d’un liard jufqu'à deux fols. MENU, ez terme de Diamantaire ; ce {ont des dia- mans fort petits, qu’on taiile néanmoins en rofe ou en brillant comme les autres , avec cette différence qu’on les taille à moins de pans, ce qui fait des ro- fes fimples & des brillans fmples. Menus Droits, ( Chafle.) ce font les oreilles d’un cerf, les bouts de fa rête quand elle eft molle, le mufle, les dintiers, le franc boyau, & les nœuds qui fe levent feulement au printems &e dans l'été ; c’eft le droit du roi. MENUET , f. m. ( Dane. ) forte de danfe que l’abbé Broffard prétend nous venir originairement du Poitou. Il dit que cette danfe eft forteaie, & que le mouvement en eft fort vite. Ce n’eft pas tout-à- fait cela. Le caraétere du meruer eft une noble &r élé- gante fimplicité, le mouvement en eft plus modéré que vite ; & l’on pent dire que le moins gai de tous les senres de danies, ufités dans nos bals ; eft le menuer, C’eft autre chofe fur le théatre, La mefure du wenuet eft à trois tems qu’on marque par le 3 fimple, ou par le +, où par le £. Le nom- bre de mefures de l’air , dans chacune de fes re- prifes, doit être quatre ou un multiple de quatre, parce qu’il en faut autant pour achever le pas du menuer : & le foin du muficien doit être de faire fen- tir, par des chûtes ou cadences bien marquées , cette divifon par quatre, pour aider l’oreille du dan- feur & le maintenir en cadence. (S) Le menuer eft devenu la danfe la plus ufitée, tant par la facilité qu'on a à la danfer, qu'à caufe de la figure aifée que l’on y pratique, & dont on eft rede- vablé au nommé Pécour, qui lui a donné toute la grace qu'il a aujourd'hui, en changeant la forme $ qui étoit fa principale figure, en celle d'un Z, où les pas comptés pour Le figurer, contiennent toû- jours les danfeurs dans la même régularité. Le menueteft compoie de quatre pas, qui n’en font qu’un par leur liaifon. Ce pas a trois mOuvEMENS ; & un pas marché fur la pointe du pié. Le premier mouvement, eft un demi-coupé du pié droit & undu gauche ; le fecond, un pas marché du pié droit fur la pointe avec les jambes étendues ; &c letrorfieme, eft qu’à la fin de ce pas on laiffe pofer doucement le talon droit à terre pour laifler plier fon genou, qui, par ce mouvement , fait lever la jambe gauche won pafle en-avant, en faifant un demi- coupé échappé , & ce troifieme mouvement fait le qua- trieme pas duzrenuer, Voyez COUPÉ. MENU , f. m.( Écon. ruffig. ) efpece de lin qui croît en Egypte, & qui fe vend an Caire. Son prix eft de 7 à 8 piaftres le quintal de cent-dix rofols. Voyez ROSOLS. | | ' Îl y a des toiles appellées eruf. Elles ont 83 piés de longueur, & fe vendent 83 meidens la piece, ouunmedin le pic. Voyez MEIDEN & Pic. Didiionn. de Commerce. MENUISE,, f.f. (Wenerie.\ c’eft la plus petite ef- pece de plomb à giboyer. Elle eft au-deflons de la dragée, & ne fe tire qu'aux petits oifeaux.La meruife s'appelle aufli cerdree. MENUISERIE, { £. (Are. méchan.) De la Menu. férie en général, Sous le nom de Menuiferie, l’on com- prend l'art de tailler, polir & aflembler avec pro- preté & délicateffe lés bois de différente efpece pou les menus ouvrages; comme les portes, les croi- fées , les cloifons , les parquets, plafonds , lambris, & toutes les efpeces de revétifflement dans linté- rieur des appartemens , faites en bois. Ce mot vient de minutarius Où munitiarius ; parce que l’ouvrier emploie des menus bois , debités (a) par planches, ou autres pieces d’une groffleur médiocre, corroyées &c polies avec des rabots (fig. 92, 95.) &autres inf- trumens , & qu'il travaille en peut en comparaifon du charpentier dont les ouvrages font en gros bois, comme poutres , folives, chevrons, fablieres, Ge. charpentés avec la coignée &c parés feulement avec la befaioué. Quelques-uns nomment encore aimf ceux qui travaillent en peut, comme chez les Or- févres & les Potiers d'étaim, ceux qui font des boucles, anneaux, crochets, &c. oppofés aux vaif- felles & autres ouvrages qu'ils appellent grofferie. En général on donne plus communément ce nom à ceux qui travaillent aux menus ouvrages en bois. La Menurferie {e divife en deux clafles : l’une où l’on emploie les bois de différentes couleurs, débi- tés par feuilles très-minces, qu’on applique par compartiment fur de la menuiferre ordinaire , &c à la- quelle on donne plus communément le nom d’éhe- nifterie ou de marquetérie. L'autre qui a pour objét la décoration & les revêtiflemens des appartemens , pour laquelle la connoïffance du deflein eft nécef- faire, fe fournit dans les bâtimens par les Mem- fiers à la toife courante ou fuperfcielle , felon qu'il eft {pécifié par les devis & marchés faits avec eux. Les ouvriers qui travaillent à la premiere, fe nom- ment Menurfiers de placage où Ebénifles ; & ceux qui travaillent à la feconde, fe nomment Mexuifiers d’affemblage ou feulement Menuifiers On divile encore cette derniere en trois différens tes efpeces. La premiere eft la connoïffance des bois propres à ces fortes d'ouvrages ; la fecondeen eftl’affemblage ; &c la troifieme eft l'art de les profñ- ler & de les joindre enfemble , pour en faire des lam- bris-propres à décorer l’intérieur des appartemens, Des bois propres à la Menuiferie. Les bois dont on fe fert pour la menuiferie font le plus communément le chêne, le fapin, le tilleul, le noyer & quelques autres. On fe fert encore quelquefois de bois d’or- me, de frêne, d'hêtre, d’aune, de bouleau , de châtaignier , de charme, d'érable, de cormier , de peuplier, de tremble, de piñ & d’une infinité d’au- tres de différente efpece ; mais de tous ces bois em- ployés le plus ordinairement par les Fourneurs en bois, les uns font rares, les autres font trop durs ou trop tendres; & d’autres enfin font trop foibles, - trop petits, & n’ont aucune folidité. Il y a encore des bois de couleur fort durs qu’on appelle éheners mais ils ne font employés que pour Pébénifterie 6e la marqueterie. | Le chêne eft de deux efpeces : l’une que l’on ap- pelle chéne proprement dit, fe trouve dans toutes les terres fraiches , fur-tout lorfqw’elles font un peu fablonneufes. On l’emploie pour les gros ouvrages. comme portes cocheres,, chartieres, d’écurie ; de cuifine, &c; 8 pour les chaflis des autres portes &c croifées qui ont befoin de folidité. Ce bois feul a la qualité de fe durcir dans l’eau fans fe pourrir, L'au- tre ‘efpece de chêne, que l’on nomme, bois de Vau- ge & qui vient du pays de ce nom.en Lorraine , eft plus tendre que le précédent, & fert pour Les lam- bris, fculptures &c autres ouvrages de propreté & de décoration. | Re Le bois de fapin quieft beaucoup plus leger ; plus tendre, plus dificile à travailler & plus caflant que ce dernier, fert auffi quelquefois pour des lambris €) Débiter des planchesiou pieces de bois, c'eft les re fendre ou {cier fur leur longueur. de pieces peu importantes, 8 qui n'ont pas befoin d’une fi grande propreté, | Le bois de tilleul eft auffi fort tendre & fort le- ger; peu folide à la vérité dans fes affemblages , mais fe travaillant mieux &c plus proprement que tous les autres bois. C’eft pourquoi on ne s’en fert que pour des modeles ; aufli eft-1l d’un ufage excel- lent pour ces fortes d'ouvrages, NT. Tous les bois propres à la meruiferie, quife ven- dent chez les marchands de bois, fe débitent ordi- nairement dans les chantiers (2) ou forêts de cha- que province; & arrivent à Paris tous débités par planches de différentes dimenfions ; dont la longueur differe de trois en trois piés , depuis fix jufqu’à envi- ron vingt & un, & l’épaifleur à proportion , en va- rrant de trois en trois lignes depuis fix lignes, épaif. feur des planches de fix piés de long qu’on appelle voliches, jufqu’à cinq à fix pouces épaifleur des plan- ches qui fervent aux tables de cuifine 8 aux établis de Menuifiers & d’Ebémftes. Mais les Menuïfiers intelligens, & qui peuvent faife une certaine dépen- fe , ont foin d’en prendre fur les ports de la Rapée ou de l'Hôpital à Paris , dont ils font une provifñon qu'ils placent dans leurs chantiers par piles les unes. fur les autres, entrelacées de lattes, afin que lair puifle circuler dans l’intérieur, & que l’humidité . puifle facilement s’'évaporer. Ils couvrent enfuite ces piles de quelqnes mauvaifes planches en talut , pour faire écouler les eaux, & obfervent d’entrete- hir cette quantité de bois, & de n’employer que ce- lui qui a feché pendant cinq ou fix ans. Auf les Menuifiers qui ne font pas en état de faire cette dé- penfe, & qui l’achetent chez les marchands à me- fure qu'ils en ont befoin , font très-füjets à faire de mauvais ouvrages ; ce qu'ils peuvent, à la vérité, éviter lorfqu'ils ont affaire à des marchands de bon- ne foi, ou en l’achetant chez leurs confreres , lorf- qu'ils en trouvent d’affez.complaifans pour leur en vendre. | ALI. Poux que le bois {oït de bonne qualité, 1l faut qu'il foit dedroit fil, c’eft-à-dire que toutes les fibres foient à-peu près paralleles aux deux bords des planches, qu'il n’ait aucun nœud vicieux (c), tam- pon (4), aubier (e), malandre (f), flache (£), fiftule (4), ou galle (7); on le diftingue felon tes efpeces , felon fes défauts, &c felonfes façons. . Du bois felon [es efpeces. On appelle hors de chêne rufte ou dur, celui qui a le plus gros fil & dont on fe fert dans la charpenterie & dans la menuiferie, pour les chaffis des portes & croifées, qui ont befoin d’une certaine folidité, hi Bois de chêne tendie, eft celui qui eft gras & moins poreux que le précédent, qui a fort peu de fils, & qu’on emploie dans la menuifèrie pour les lam- bris, profils, moulures, fculptures & autres ou- vrages de propreté, On lappelle encore bois de Vange ou de Hollande. c (h) On appelle ordinairemenr chantier , uh lieu à décoü- vert & très-valte, où l'on difpofe les materiaux propres à faire des ouvrages- (c) Un nœud dans une planche eft origimairement la naïf. fance w’une branche de l'arbre que l’on a débité. Cet endroit eft toujours très-dur, & fans aucune folidité ni propreté. (4) Untampon dans une planche eff le clofoir d’un trou formé ordinairement par un nœud. { (e) L'aubier eft la partie entre l'écorce & le fort du bois: C'eft la pouile de la derniere année , qui, comme nouvelle, eft par conféquent plus tendre. (f) Malandre eft une efbece de fente qui s'ouvre d’elle- mème dans le bois lorfqu'il féche. (g) Flache eft un manque de bois dans ut ouvrage fini, comme lorfque lon emploie des planches on des bois trop étroits , il en refte ue partie qui n’a point été travaillée. (4) Fiftule eft tonte efpece de coup de marteau, de cifeaü, où autres chofes femblables donnés mal-à-props , qui font au- tant de cavités dans les ouvrages finis. (2) Galles font des mangeures de vers, Tome X, MEN 347 Bois précieux 8c dur, eft un hoïs tiès:rare, de plufients efpeces & de différentes couleurs, qui re: çoitun pois très-luifant, & qu'on emploie le plus {ouvent dans l’ébénifterie & la marqueterie: Bois légers, font des bois blancs dont oh f@ fert au lieu de chêne, tels que lé tilleul, Le fapin; le tremble & autres qu’on emploie dans les plan: chers, cloifons, 6. pour en diminuer le poids: Bois fain &c net, ef unibois qui n’a aucun nœud ÿ malandres , galles, fiflules, e. Dubois Jelon fes défaurs. On appelle bois blancs celui qui eft de même natureque l’aubier, & quifé corrompt facilement, | Bois carié ou vicié, celui qui à des malandrés 5 galles ou nœuds pourris. Bois gelif, celui que l’éxcès du froid où du chatid a fait fendre ou gerfer. Bois noueux ou nouailleux, celui qui a beaucoup de nœuds qui le font caffer lorfqu'il eft chargé dé quelques fardeaux, où lors même qu’on le débite, Bois qui fe tourmente, celui qui fe déjette (k}; ou fe caufline (2), lorfqu'il feche plus d’un côté que de l’autre , dans un endroit que dans un autré, Bois rouge, celui qui s’échauffe & eft fujet à fe pourrir, _ Bois roulé , celui dont les cernés où fibres font féparées, & qui ne faifant pas corps, n’eft pas pro- pre à débiter: Bois tranché , celui dont les fibres font obliqués ét traverfantes , 8& qui coupant la piece l’'empêchent de réfifter à la charge. | j Bois vermoulu , celui qui eft piqué de vers: Du bois felon [ès façons. On appelle bois bouge où bombé, celui qui eft courbé en quelques endroits: . Bois cofroyé, celui qui eft corroyé avec le rabot; fig. 92 , ou la varlope, fig. 94. | Bois d’échantillon, celui qui eft d’une groffeur ordinaire ; tel qu'il fe trouve dans les chantiers des marchands, Bois de fciage, celui qui eft propre à refendre, 8 que l'on débire pour cela avec la cie, fig. 125$, poux des planches, voliches , &e. | Bois flache ; celui dont les arrêtées ne font pas vi“ ves, & où 1l y a du déchet pour Le dreffer ou l’é- quarrir. Les ouvriers appellent cautibai, celui qui n’a du flache que d’un côté, Bois gauche ou deverté , celui qui n’eft pas droit felon fes angles & fes côtés. ni) Bois favé , celui dont on a Ôté tous les traits de la fcie avec le rabot, fg. 92 , ou la varlope, fg. 95. Bois méplat ; celui qui a beaucoup moins d’épaif- feur que de largeur , telles que des membrures de me: nuiferie, &c. Bois tortueux, celui dontles fibres font courbées; &t qui pour cela n’eft propre qu'à faire des parties circulaires. Bois vif, celui dont les arrêtes font vives, & dont il ne refte ni écorce , ni aubier , ni flache. Des affemblages dé menuiferie, On entend pat af: femblage de menuiferie l’art de réunir & de joindre plufieurs morceaux de boïs enfemble, pour ne faire qu'un corps. Il y en a de plufñeurs efpeces; on les nomme aflemblages quarrés, à bouement , à queue d’aronde , à clé; ou onglet, ou anglet, en faufle coupe, en adeul & en emboitures Le premiere efpece , que l’on appelle aflemblage quarré, fig. 1. & 2, fe fait quarrément de deux manieres ; l’une, fg. 1 ; en entaillant le deux mor- ceaux de bois par les bouts 4 & B, que l’on veut joindre enfemble, chacun de la moïtié de leur épaif- (k) Un bois déjetté eft celui qui, après avoir été bien dreflé devient gauche. (1) Caufiné refflemble à peu de chofe PRE au précédents Xp à | 3 40 MEN feur; & en les retenant avec des chevilles êc de la colle forte que l’on applique toute chaude deflus : ce que lon appelle communément co//er G& chevil- der, tel.qu'on le voit en €, même ÿfg. L'autre, fg. 2, en les affemblant à tenon 4, & à mortaife B; cet affemblage fe fait en perçant dans l’épait- feur du bout B, d’unde ces deux morceaux de bois, un trou méplat qu'on appelle mortaife,;avec un bec- d'âne, fig. 77» &cuncifeau, fig. 75 , & en entail- lant le bout À de l’autre morceau de bois du tiers de fon épaifleur de ei côté; & laiffer par-là de quoi remplir la mortaile B; ce qu'on appelle te- non. On fait entrer enfuite le tenon dans la mor- tafe , que l’on colle & que lon cheville, fi on le juge à propos. Mais ordinairement lorfque Le tenon & la mortaife font bien dreflés, & qu'ils entrent bien juite l’un dans l’autre , on fe contente de Îles cheviller fans les coller ; afin que fi par la fuite il étoit néceflaire de démonter cet aflemblage ; on n’ait que les chevilles à ôter pour les féparer. On a tou: jours foin lorfque l’on fait ces fortes d’ajuftemens, detenir le tenon 4 plus d’un côté que de l’autre, afin qu'il puifle refter à Pextrémité de la mortaife B, une épaifléur de bois qui puifle la foutenir, & de la rendre plus ferme. Il faut obferver’encore de tenir ce tenon 4, un péu plus épais que latroifieme partie de l’épaffeur du bois ; parce que de ces trois parties, letenon n’en a qu'une, & la mortaife ena deux, & que deux font plus forts qu'une. Il arrive quelquefois que ce même tenon 4 ne traverfe pas la mortaile B, comme on le voit dans les fig. 3 & 4; ce qui rend cet aflemblage beaucoup plus propre, ê& non moins folide. Le fecond affemblage, fg. 3. 4. & 5. fe nomme ‘à bouement, & fe fait à tenons & à mortaifes comme le précédent ; à l'exception que les moulures ou les cadres de fes paremens font coupés en onglet (7). 4l y en a detroïs fortes. La premiere, fig. 3. eft ap- pellée à bouement fimple, parce qu’elle n’a de mou- lure À que d’un côté. La feconde, fg. 4. eft appel- iée à bouement double, parce qu'elle en a des deux côtés. Et la troifieme, fig. 5. eft appellée 4 boue. ment double de chaque côté, parce les moulures 4 font doubles des deux côtés. La mortaife eff 1c1 percée à jour; &c comme il s'y trouve un tenon de chaque côté, ils ne contiennent chacun que [a moitié de l’épaifleur du bois. Le troifieme affemblage, fg. 6. 7. 6 8. fe nom- me à queue d’aronde ; c’eft une efpece d’ajuftement À tenons & à mortaïfes ; maïs qui differe des précé- dentes, en ce que les tenons 4 s’élargiffent enappro- chant de leurs extrémités, & qu'ils comprennent toute l’épaiffeur du bois , &c les mortaifés font faites comme les tenons. Il y en a de trois fortes : La pre- miere, fg. 6. que l’on appelle à queue d’aronde feule- ment, fert quelquefois à entretenir de fortes pieces de bois pour lesempêcher defe déranger de leurs places, orfqu’elles font pofées. Auffi cet aflemblage n'eft-1l pas des plus folides , parce qu'il coupe le bois tranf- verfalement. La feconde, fig. 7. fe nomme 4 queue per- due, parce que ces efpeces derenons 4 font perdus dans l’épaiffeur du bois, & qu'ils fe trouvent recou- verts par un joint B en onglet, qui rend cet ajufte- ment fort propre. La troifieme , fig. 8. fe nomme 4 queue percée, parce que les tenons 4 entrent dans les mortaifes B, & traverfent l’épaifleur du bois. Cet aflemblage feroit fort folide, & plus que le précé- dent , fi ce qui refte de bois Centre chaque mor- taife ne fe trouvoit pas à bois debout (7) ; & que (m ) Un morceau de bois coupé en onglet, ou à quarante- cinq degrés, c’eft la même chole. (n) Le bois de bout, dans de certains ouvrages, commime, par exemple, dans des tenons ou mortoifes, eft lorfque les fibres du bois font difpofées fur la largeur ou l'épaifleur de ces MEN le bois difpolé de cette maniere n’a aucuñe force & eft fujer à s'éclater d’une façon on d’une autre, C’eft pourquoi les bons ouvriers ont foin de choïrfir pour cet effet des morceaux de bois noneux dans cet endroit, & propres à cela, afin de donner à ces intervalles plus de fermeté. Celui qui porte les te- nons, n’a pas befoin de ces précautions, en obfer-« vant toujours de le difpofer à boïs de fil (0). Le quatrieme affemblage, fg. 9. fe nomme 4 ce, IL fert ordinairement à joindre deux morceaux de bois ou planches l’une contre l’autre, ainfi que pour les emboîtures, fig. 14. comme nous le verrons ci- après. Ce n’eft autre chofe qu’une mortaile 4 fg. 9, percée de chaque côté, dans l’une defquelles on chaffe à force (p) une efpece de tenon, collé, che- villé ê&c retenu à demeure d’un côté, & par Fautre chevillé feulement, pout donner la liberté de dé- monter cet aflemblage lorfqu’on le juge à propos. On en peut placer dans la longueur de deux plan- ches que l’on veut joindre enfemble, autant qu'il eft néceflaire pour les entretenir. Le cinquieme affemblage, fg. 10, & 11, fe nomme un onglet ou angles, C’eft une efpece d'aflemblage quarré, plus long à faire & moins folide que les autres; raifon pour laquelle on s’en fert fort peu. Il s’en fait cependant de deux fortes : l’une fg. 10. dont l’extrémité 4 du bois eft taillée quarrément d’un côté, & à onglet de l’autre. Et l’autre B eft ercée d’une efpece de mortaife à jour, dont un côté eft auffi en onglet. La feconde forte en on- glet, fig. 11. s’aflemble fimplement à tenons & à mortaes dans l'angle : mais il eft mieux de le faire, comme ceux des affemblages quarrés. Le feptieme aflemblage, fe. 13. fe nomme ez adent. Wiert à joindre des planches l’une contre l’au- tre, à l’ufage des lambris, panneaux de portes, &c, On l'appelle plus communément affemblage à rairure É languette, parce qu'il eft compolé d’une rainure 4 faire avec les bouvets, fg. 105.190 & 111, & d’une languette faite avec celui fig. 107. Le huitieme & dernier aflemblage, #g. 14. fe nom- me ez emboñture, Il eft compofé d’une emboiture 4, fur laquelle on fait une rainure B d’un bout à lau- tre, dans laquelle entre la languette €. Cette em- boiture fe trouve percée de diftance en diftance, de mortaifes D dans lefquelles s’ajuftent des clefs Æ, chevillées feulement, pour retenir de part & d’au- tre plufieurs planches £, affemblées à rainures & languettes, comme nous venons de le voir, à lPu- fage des tables, des portes, &c. Des lambris. Les lambris de rzenuiferie font très en ufage, & d’une plus grande utilité en France &c dans les pays voifins du Nordque dans les pays chauds ; car dans ceux-là, ils échauffent les pieces, les rendent feches, & conféquemment falubres, & habitables peu de tems après leur confttuéton; au- lieu que dans ceux-ci, ils font perdre une partie de la fraîcheur des appartemens, & les infeétes, en abondance, sy amaflent & s’y multiplient. Ils n’ont pas le feul avantage d’économifer des meubles dans les pieces d’une moyenne grandeur, & dans celles qui font les plus fréquentées : 1ls ont encore celui de corriger leurs défauts : comme des irrégularités, biais, enclaves, caufés par des tuyaux de chemi- nées, murs mitoyens, ou par la décoration exté- rieure des bâtimens, fur lefquels on adofle des ar- moires, dont les guichets confervent la même fym- métrie que le refte des lambris, Les bâtis (7) qui mêmes tenons où mortoifes, & non [ur la longueur. (o) Le bois de fil eft lorfaue les fibres du bois font dif= pofées fur la longueur des ouvrages. {p) Chañler à force, c'eft frapper jufqu'à ce que ce qui eft frappé ne puifle plus entrer fans rompre quelque chofe. (4) Un bâti de panneaux eft le chañis fur lequel il eft aflemblé. contiennent lés panneaux, doivent former des com: partimens de moulures &c de quadres, proportion: nés, féparés par d’autres plus étroits , que l’on nomme pilaftres ; en obfervant d'éviter Les petites parties, défaut fort commun autrefois, où l’on em- ployoit tous les bouts de bois; de forte qu'il y avoit des panneaux fi petits qu'ils étoient élégisà la main fans aucun aflemblage ; & les plus grands “Étoient de mairrain, de cinq à fix lignes d’épaiffeur: mais maintenant que l’on tient le bois plus long &z plus épais, on aflemble plufieurs ais l’un con- tre l’autre, à clef, fg, 9. ou à rainure & languette, fig. 13. que l’on colle enfemble. On les affemble auf à rainure & languette dans leurs bâtis ; mais bien loin d'y être collés, ils y font placés à Paife, afin que fi ceux fur-tout qui ont beaucoup de largeur, wenoîent à fe tourmenter , ils ne puñlent fe fendre hi s'éclater. | Des lambris en particulier. Sous le nom de Zam- bris, on comprend les différens compartimens de menuiferié {ervant à revêtir les murailles, tel que dans l’intérieur des appartemens, les portes à pla- , cards, fimples & doubles, les armoires, buffets, cheminées , trumeaux de glaces, tablettes de biblio- theques, & dans la plupart des églifes, des reta- bles, tabernacles, crédences d’autels, bancs, for- mes, confeffionnaux, œuvrés, chaires de prédica- teurs, tribunes, porches, &c, On les réduit à deux efpeces principales, l’une qu'on appelle Zembris d'appui, & l’autre lambris à hauteur de chambre, ou feulement /ermbris de hauteur, La premiere ne fe place que dans le pourtour in- téricut des falles, chambres & pieces tapiflées, & n’ont que deux piés & demi à trois piés & demi de hauteur. Ils fervent à revêtir les murs au-deflous dés tapifferies pour les garantir de humidité des planchers & du doffier des fieges.. La feconde fert à revêtir les murs des apparte- mens dans toute leur hauteur depuis le deflus du carreau ou du parquet jufqu'au deflous de la cor- niche, La continuité & reflemblance des mêmes pan- ñeaux dans un même fambris, tel qu'on le pra- tiquoit autrefois, ne produiloit rien de fort agréa- ble aux yeux : on y a introduit peu-à-peu des ta- bleaux, pilaftres, éc. de diftance à autre, difpofés fymmétriquement & correfpondans à leurs parties oppofées, Le choix des moulures & des ornemens que lon y diftribue maintenant à propos & avec délicatefle, ne concourent pas moins à en augmen- ter la richefle & Pagrément, jufqu'à le difputer même avec les plus beaux ouvrages de cifelure les plus recherchés. Les formes des quadres que Pon infere dans les panneaux fe varient à l'infini, felon le goût des décorateurs ; mais il faut leur don- ner peu de relief, ainfi qu'aux parties de lambris qui forment des avant-corps, & il eft fort défagréa- ble de voir des reflauts trop marqués dans une même continuité de lambris. On avoit coutume autrefois de divifer les panneaux dans leur hauteur, par des efpeces de frifes (r) : ce que l’on peut faire cependant lorfque les planchers des piecesfont d’une trop grande élévation, & on ne connoïfloit alors que les formes quarrées. Mais depuis que la weruife- rie s’eft perfettionnée, on a reconnu que les grands panneaux faifoient un plus bel effet; & il n’y a plus maintenant de forme, quelqu'irréguliere qu’elle {oit tant fur les plans que fur les élévations, que l’on ne puiffe exécuter facilement ; on s’étudie même tous les jours à en imaginer de nouvelles : tellement que quelques-uns font tombés dans un défaut op- poié de trop chantourner leurs panneaux, au point (r) Le mot fife, tiré de l'archite@ure, eft la partie de lentablement entre l'architrave & la corniche, M E 349 qu'ils placént ces frivolités jufque dans les pieces qui demandent le plus de gravité; mais ce qui aug mente encore larrichefle dé ces nouveaux lambris, ce font les places que l’on ÿ infere, & que l’on place fur des trumeaux en face des croifées , des cheminées, & fur les cheminées mêmé. La fg. 30. eft une portion de lamibris, dans las quelle 11 {e trouve trois efpeces de portes 4, B ë C dont nous parlerons ciaprès, Ce lambris eft diftribué de panneaux D & de pilaftres £ de diffé rentes elpeces, felon la grandeur & l’ufage des piez ces où ils doivent être placés. Lorfquil s’agit des principales, commé fallons, faile de compagnie , cabinets , chambres à coucher, &c. on décore leurs extrémités haut & bas d’ornemens de fculpture, comme on le voit d’un côté de cette figure. On ÿ en place quelquefois dans le milieu de ces mêmes panneaux & pilaftres, lorfqu’ils font longs & étroits, & cela pour interrompre leur trop grande lon- gueur. Mais lorfqu'il s’agit de pieces peu impor tantes, comme vVefhbules, antichambres , garde- robe, &c. on y fupprime la fculpture, comme on le voit de l’autre côté de la même fg. Font des pan: neaux d'appui, D des panneaux de hauteur, G des pilaîtres d'appui, Æ des pilaftres de hauteur, A des panneaux dits défus dé portes ;où l’on place très- fouvent des tableaux, camayeux,paytages, &e.Q eft une efpece de platebande où moulure qui regne autour des pieces , & qui couronne le lambris d’ap- pui, ainf que la plinthe ou efpece de focle R qui lui fert de bafe ; & S une corniche qui fe fait quel- quefois en bois, avec plus où moins de féulpture, felon l'importance du lieu, mais le plus fouvent en plâtre, pour plus d'économie. Les lambrtis d’appui fe mefurent à la toife cou- rante, enles contournant par-rout , fans avoir égard à la hauteur, & les lambris de hauteur à la toife fu perfcielle, en multipliant la hauteur parle pourtour, Des moulures, Le choix des moulures ; leurs pro- portions & leurs exécutions , font trois chofes abfo- lument néceflaires pour la perfeétion des lambris. La premiere, qui dépend de la capacité du décora teur , confifte à n’employer que les moulures rela- tives à cet art, & qui ont ordinairement plus de dé: licatefle que celles de la pierre , tant parce qu’elles fe foutiennent mieux, que parce qu’elles font plus près des yeux des fpeétateurs. Celles qui y font le plus particulièrement affe@tées, font les baguettes, fig. 154 boudins, fig. 16. quart de ronds, fé, 17. caret, fig. 18. talons , fg. 19. douflines , fg. 20. bec-de-corbins , fig. 21. &c, qui en quelque fituation qu'ils foient, fe préfentent toûjours avantageufe- ment, & qui pour cette raifon réuffiflent toûjours dans la compofition des profils des quadres qui fe voyent de différens côtés; leur proportion deman- de aufli beauconp de précifion de la part du déco- rateur ; car il eft effentiel qu’elles foient d’une gran deur convenable à celle des quadres 8c des panneaux auxquels elles fervent de bordure , que les plus dé- licates ne fe trouvent pastrop petites; car lorfqw’el- les font couvertes de plufeurs couches de peinture, elles fe confondent , & ne font plus qu'un amas de profils qu’on ne peut diftinguer, & dont on ne peut voir la beauté: que les profils des chambranles des portes ayent beaucoup plus de faillie que ceux des quadres de leurs vanteaux , rien ne rendant la Me- auiferie plus maflive , que lorfque ce qui eft contenu a plus de relief que ce qui contient, La troifieme , qui eft l’exécution, & qui n’a pas moins befoin de l'attention du même décorateur, dépend plus particulierement de l’ouvrier , raifon pour laquelle il faut choifir Le plus habile, & exiger de lui qu’il les poufle ( s ) avec beaucoup de, pro- (s) En terme de menuilerie on ne dit point faire une mo 350 MEN preté; qu'il ait foin de bien atrondir les moulures circulaires , de bien drefler celles qui font plates, &c de rendre leurs arrêtes bien vives, Tous ces différens profils fe réduifent à trois prin- cipaux : la premiere, que l’on appelle quadre ravalle ; la feconde, gwadre élégi, & la troifieme , quadre em- breuvé: onleur donne encore les noms de bouemens Jérmples & doubles ; on les appelle bozerment frmple, lorfqu’elles ne font compofées que d’une groffe moulute , foit douffine, bec-de-corbin , ou autres ; &c bouemencs double , lorfque cette même moulure eft doublée ; houement à baguette, lorfqu’elle eft ac- compagnée d’une baguette à boudin , à douffine, à talon, lorfqwelle eft accompagnée d’un boudin , d’une doufline ou d’un talon. fl faut remarquer que ces quadres doivent être tous pris dans l’épaifleur des bâtis, & jamais pla- qués; ce qui les rend alors beaucoup plus folides. La premiere fe diftingue lorfque la moulure a été prife dans l’épaiffeur du bois, & qu’elle ne les def- afleure point telles que celles marquées 4 B &r €’, fig. 26. La feconde , lorfque n’entamant point l’é- paifleur du bois, elle femble être appofée deflus telles que celles marquées 4, fig: 27. 6 28. & la troifieme , lorfqu’elle {e trouve prife moitié dehors, & moitié dans l’épaifleur du bois, comme les cham- branles 4, fig. 22. 23. 24. 25. & prefque toutes les autres moulures de cette même planche. Les figures 22. 23, 24. & 25. font autant de pro- fils de portes à placards fimples ou doubles ; dont nous verrons dans la fuite l'explication; 4 en ef le chambranle , tel qu’on le peut voir en petit, fig. 30. dans la partie du lambris marquée 7; B eft le bâtis de la porte fatfant battement marqué en X, fig. 30. C eft le quadre de la porte marqué auf en L, fe. 30. D eit le panneau de la porte marqué en 4 & en B, fig. 30. & E eftun bâti dormant (2) du lambris placé dans l’embrafement de la porte Les figures 26, 27. 28. 29. {ont différens profils de quadres pour des panneaux de lambris. Des portes. Les portes de Menuiferie ont , com- me on le fait, faites pour fermer les communica- tions des lieux dans d’autres , tant pour leur sureté, que pour empêcher l’air extérieur d'y entrer; mais leur ufage étant affez connu , il fufit d’en diftinguer les efpeces; Les unes placées dans l’intérieur des bä- timens, fervent à communiquer de pieces en pie- ces dans un appartement ; les autres placées dans les dehors, fervent à communiquer de l’extérieur à l'intérieur des maïfons, des ayant-Coursaux principa- les , de celles-ciaux bafles-cours, &r autres, &c. Les premieres font appellées a parement fimple, &t à pare- nent double : lune, lorfqw’elles ne font parement que d’un côté, c’eft-à-dire lorfqu'’elles ne font or- nées de quadres & de panneaux que d’un côté ; l’au- tre lorfqu’elles font parement des deux côtés, c’eft- à-dire lorfqu’elles font ornées de quadres & de pan- neaux des deux côtés ; elles fe divifent en deux ef- peces, l’une marquée 4, fig. 30. que l'on nomme porte a placard fimple ,; porte ordinairement de lar- eur depuis deux piés jufqu'à trois piés & demi, te fix à huit piés de hauteur , & n’a qu’un feul van- tail (z) compofé de deux panneaux B , environné chacun d’un quadre.L , embreuvé ou élégi, pris dans l’épaifleur d’un bâti X, qui regne autour def- dits panneaux. M , eft une traverfe allant d’un bâtis à l’autre , faitepour interrompre la trop grande hau- teur d’un panneau, qui dans une porte qui va & Lure, mais la pouffer ; & cela, parce qu'elle fe fait en pouffant les rabots ou bouvets. (#) On appelle dormant, tout ce qui ne bouge point de fa place, & qui en quelque façon dort. (u) Un vantail de porte eft ce que le vulgaire appelle ba- tans de Portes | MEN vient journellement , ne pourroit pas fe foutemit 5 la feconde marquée 8, méme figure, que Von ap- pelle à placard double, differe de cette derniere, en ce qu’elle a deux vanteaux; les grands apparte- mens exigeant des portes d’une proportion relative à leur grandeur, on eft obligé par conféquent d’en faire de très-larges & très-hautes, dont la largeur eft communément depuis quatre jufqu'à fix piés, & la hauteur depuis {ept jufqu'à dix piés; & pour éviter l'embarras que ces grandes portes cauferoient dans les appartemens ,on les fait en deux morceaux, c'eft-à-dire à deux vanteaux, dont l’un fert pour entrer & fortit ordinairement, & les deux enfem- ble en cas de cérémonie. Ces vanteaux font ornés de quadres & de panneaux en proportion avéc leur hauteur, & quelquefois aufhi de fculpture comme le refte du lambris. La troifieme efpece de porte, même figure , fe nomme coupée dans le lambris , 8 fert à dégager des falles de compagnie, chambres à cou- cher, Gc. dans des gatde-robes , toilettes , arriere- cabinets, & autres pieces de commodité voifines: de ces grandes pieces. Ces efpeces de portes ne font autre chofe qu’une portion du lambris coupée en N & en ©. Dans l'endroit où arrive la porte, if faut obferver pour cacher les joints N de la porte, de les faire rencontrer autant qu’il eft poflble, dans les affemblages des quadres avec leurs bâtis, com- me on le voit du côté O de la même porte. Cette portion de lambris coupée a befoin pour fe foutenir d’être plaquée & attachée avec de grandes vis fur une autre porte de Menuiferie P , même figure , fufifamment forte ; 8 de cette mamiere les joints étant bien faits, on ne s’apperçoit pas qu'il y ait de porte dans cette partie de lambris. Cette figure eft accompagnée de fon plan au-def- fous d’elle , &t fert à indiquer les vuides des portes & le plein des murs fur lequel eft adoffé le lambris. La feconde efpece de porte font les portes coche. res de plufeurs efpeces , de bafles-cours, charretie- res, bâtardes, bourgeoifes, d’écurie battantes à un & à deux vanteaux, de cuifine, d'office, de cave, &c. Toutes ces fortes de portes fe font de deux efpe- ces ; les unes que l’on nomme d’affemblage lorfqu’el- les font diftribuées de quadres & de panneaux, com- me les figures 31. 32. 33. 34.35. &c autres, & fans aflemblage , lorfqu’il n’y a ni quadres ni panneaux, comme celles des figures 36. 44. 45, &c. | Les portes cocheres fe varient à l'infini, felon le goût & l'endroit où elles doivent être placées ; elles ont ordinairement depuis fept piés & demi jufqu'à neuf piés & demi, & quelquefois dix piés delargeur, fur douze à vingt piés de hauteur. Il y en a de air- culaires ou en plein ceintre, fig. 31. & 32, de quar- rées, fig. 33. de bombées, fig. 34. & de furbaïffées en forme d’anfe de panier, fig. 35. De cenombre, les unes, fig. 31. 34. & 33. s'ouvrent depuis le haut jufques en-bas ; les autres, f2. 32. & 33.ne s'ouvrent que jufqu'au-deffous du linteau 4, & la partie fupérieure tefte dormante; ce n’eft pas que les unes & les autres ne puiflent s’ouvrir indiffé- remment depuis Le haut jufqu’en:bas , ou feulement jufqu’au-deflous du linteau ; mais cette derniere maniere fert à procurer le moyen de placer dans la partie dormante la croifée d’un entre-fol , comme . dans la fig. 32. alors oneft obligé de placer le lin- teau À, quitient lieu d’impofte ( x ) , beaucoup plus bas que Le centre de la partie circulaire , lieu où l’on a coutume de le placer. De ces cinq efpeces de por- tes cocheres, les trois premieres fe placent fouvent aux entrées principales des palais, hôtels, & gran- des maïfons ; les deux dernieres font le plus fouvent (x) Impofte eft un ornement d'architecture placé dans tou- tes les arcades à la retombée du ceintre êx au même niveau que fon centre, ME N° “ädinifes À caufe de leurs formes, aux entrées de maillons particulières dé pêu d'importance , cu de bafles-cours , chacune d’elles ont de chaque côté une petite porte F, que l’on appélle guicher, qui eft dor- mant d'un côté & ouvrant de l’autre, à l’ufage des gens de piès,, la gfande porte ne s’ouvrant que pout le pañläge des voitures, ou en cas de cérémonie. Ces gchets font compofés d’un bâtis C qui règne tout autour d’un quadre D, d’un panneau 2, & d’une table faillanté £ , courontée d’une moulure. Celui qui eft dormant eft affemblé À rainure & lan- guette ( voyez la figure 13.) dans le bâtis Fdela gran- dé porte, & celui qui ne l’eft pas entre tout entier dans uñe fèuillure qui régne autour du même bâtis F, la figure 38, en eft le profil développé, C'eft le bâti du guichet, D le quadre , E le panneau , F lé bâti de la grande potte portant fa feuillure. Dans la figure 31. les deux guichets font couron- ns chacun d’une table fallante G, fur laquelle fe trouve une autre table A, dite d’artenre, & fur la- quelle où fe propole de tailler des ornemens de fcul. pture ; au-deflus eff Le linteau 4, qui comme nous l'avons dit, tient liéu d’impofte; au - deflus font placés deux panneaux 1, ornés de quadres X , em- breuvés où élépis. . Les deux guichets B de la fs, 32 font furmontés d’uñ panneau G orné de quadre À, au- deflus et le lintéau À, au-deffus du linteau eft la croifée au bas de laquelle fe trouve une banquette Z, aux deux côtés de cette croilée font dèux panneaux X ornés de quadres Z, | Au-deflus des guichets de la fég. 3 3 font deux tables faillantes G, otnées de panneaux À & de quadre 7, terminés par en bas de croffettes À, & couronnés d’un bec de corbin L, äccompagné de fon filet; au-deflus eft le linteau 4, au-deflus duquel fe trouve une gran- de table dififibuée de panneau M, & de quadre N. Les portes, ffg. 34 & 35, font terminées par en- haut chäcune d’une table {aillante G, dont la pre: iete eft couronnée d’une aftragalle # (y) parallele à la courbe de la porte, & ornée de panneau 7 & du quadre L fuivant auffi la même courbe, au- deffous fe trouvé une plinthe M & la feconde fans couronnement fuit la courbe de la porte, & eft dif- tribuée dé quadré Zou de panneau Z, fuivant auf la ième courbe; cette table fe trouve terminée par {on extrémité inférieure d’une aftragalle X en bee de corbin, : | À | Toutes ces portes font füfceptibles plus Où moins de richeffes'& d’ornemens de fculpture, comme on peut les faire fimplement & fans aucun aflemblage, felon l'importance plus où moins grande dés lieux où ellés font placées. | P Les portes charretieres, fég. 36; fe font aufü à deux Vanteaux comme les portes cocheres, mais de deux manieres: lune eftun compofé de plufeurs planches 4 dé bateau (7) de même longueur, pofces l’une . Contre l’autre, & rétenués par derriere avec deux , trois où quatre travérfes B de bois de deux À trois pouces d'éparffeut fur fix à huit pouces de largeur, attachées avec de forts clous de diftance en diftan- ce; l’autre eft auffi un compofé de plufeurs plan: ches 4 même figure, de chêne, affemblées à rainure Gt languette, & retenues comme la premiere, avec deux, trois, ou quatre traverfes 2, entaïllées à queue d’aronde dans l’épaifleur des planches 4: _ dans ces deux manierés on ajoûte à ces traveres B déux où trois autres C polées obliquement en for- ME de fupport, attachées aufli avec de forts clous, & de [on filet: (3) Use aftragale eft une moulure compofée d’une baguette. G&) On appelle planches de bateaux, celles qüi proviennent ss: vièux batèdux Qui tranfportent des provi- | dés débris fronse MEN 35i Gt cela pour foutenir chaque vantail, Qui fé man: quetoit pas de s’affaifler par {a pefanteur, ces efpe: ces de portes fervent de fermetures aux bafles: cours, granges, fermes, & autres, par où pañent toutes les efpeces de charettes d'où elles tirent leurs homs, ue . Les portes bataïdes, fe. 37, qui ont dépuis cind jufqu’à fept piés de largeur fur dix à quatorze piés de hauteur, font appellées ainfi parce qu'elles tien: nent le milieu entre lés portes cocheres & les portes bourgeoïfes d’allées, &c. Elles fetvent ordinaires ment d'entrée aux maïfons bourgeoïfes, & autres où l’on ne fait pafler aucune voiture , ces por tes s'ouvrent à deux vanteaux , & font décorées à peu près comme les portes cocheres.,, c’eft. à- diré de bâtis B, de quadres €, de panneaux D , & d’une table £, couronnée comme les précédentes d’ine moulure ; elles {ont aufli ornées quelquefois dé fculpture ; on les fait circulaires, quatrées, boôom: bées ou lambriflées comine les autres , en les faifant aufli ouvrir, tantôt depuis le haut jJufqu'en bas, & tantôt depuis le deflous du linteau 4, &c la partié füpérieure décorée de quadres F & de panneaux G refte dormante. Lafg. 30 en eft le profil détaillé, 8 eft le bâti, Cle quadre, & D le panneau. Les portes bourgeoïes, fig. 40 , font otdinairez ment à un feul ventail de trois à quatre piés de largé fur fept à neuf piés de haut, & fetvant d'entrée aux- _maïif@ns particulieres bourgeoifes & à loyer; elles font Compofées d’un bâti 4, d’un quadreB, d’un panneau €, & d’une table faillante D , couronnéé d’une moulure. | | Les portes d’écuries qui ont depuis trois jufqu’à cinq piés de large fur fept à dix piés de haut » 16 font à un 8c à deux vanteaux fort fimples & fans moulures, mais elles ne peuvént avoir moins de trois piés de largeur, puifqu'il faut que les chévaux y pañent; celle-c1, fig. 41, eft à deux vanteaux 3 compolés chacun dun bâti 4, d’un panneau B, rentrant, faillant ou arrafé, fans quadre ni mouilu- re, & par en bas d’une table €, couronnée d’une moulure; | . Les portes battantes fe font À deux vanteaux ; _ fig. 42 5 8c à un feul, fg. 43 , l’une & l’autre Le plas cent dans l’intérieur des bâtimens, derriere les por: tes à placard des veftibules, anti-chambres, falles à manger, 6c. pour empêcher l’air extérieur de c'e introduire ; fur-tout pendant l'hiver; ces portes font ferrées de maniere à pouvoir fe fermer tous jours d’elles -mêmes, raifon pour laquelle on les appelle harrantes ; ce n’eit autre chofe qu'ün chaffs À ; aflemblé quarrément felon les y. 1, 2 & 3 avec des traverfes B , auf affemblées quarrément, fur lefquelles on tend une étoffe que l’on attache de clous dorés : les portes de cuifine, d’ofice, de caves, Gc. fe font de différentes manieres; les unes ; fig: 44, de font de plufeurs planches 4 affemblées à rainure @ languette, ayec une emboîture Z par en haut &c par en bas ; les autres fans aflemblape dé rainure & languette avec deux emboîtures P én haut & en bas, & une trayerfe C dans le milieu ; aflem- blées ä queue d’aronde dans l’épaiffeur de la porte, ou pofées feulement deflus, attachées avec de forts clous ; d’autres avec une feule emboîture P par en haut ; & deux traverfes € ; d’autres enfin 5 JE 43 5 avec troistraverfes C'; ces deux dernieres font beau coup mieux lorfqu'elles font placées dans des lieusé hümides , parce que l’eau qui coule perpétuellement de haut en bas pourrir facilement & en fort peu de tems les emboîtures, | | Toutes les portes que nous venons de voir. ont chacune leur plan au-deflous d'elles pour plus gran< deuntelligence. | Des croifées 6 de leurs volets, Sous Le aotñ de ervla 352 MEN fée on entend toute efpece d'ouverture dans, les murs , faites pour procurer du jour dans Pintérieur des appartemens ; ce mot étoit beaucoup plus figni- catif autrefois que l’on faifoit des croifées en pierre, dans Le milieu de ces ouvertures, telles que l’on en voit encore aux palais des Tuilleries, du Louvre, du Luxembourg , & ailleurs ; mais depuis ce tems on a trouvé le moyen de fubftituer le bois à la pier- re, & on en a confervé le nom. Une croifée eft donc mainteñant, non-feulement l'ouverture faite dans le muf pour procurer le jour, mais encore la réunion de tous les chafis de bois qu’elle contient, & qui fervent tant à la fureté du lieu, qu'à empècher l'air extérieur d'entrer dans l'intérieur, & par conféquent y procurer plus de chaleur. La fig, 46 eft l'élévation d'une croifée compofée d’un chaflis dormant BC, de deux chaflis à verre DEFG , & de deux volets brifés À L M ; au-deflous de cette croifée eft fon plan, mais pour pius d'intel- ligence la fg. 47 en eft le plan en grand de la moi- tié, & la fig. 49 le profil; 4, fé. 47 8 49 » eft le trumeau , tableau , baie où appui de la croïfée, BC eft le chaffis dormant, marqué aufi en B C fig. 46, qui entre dans la femllure du tableau 4, &c dont le bas C fo. 49 eft en bec de corbin, afin que l’eau ne puiffe remonter & entrer par-là dans l’inté- rieur; DEFG, font les chafñis à verre, dont le haut F & le bas G fig. 49 , terminé par une douflne en bec de corbin, de peur que l’eau ne remente, entrent à feuillure dans Le chaflis dormant BC, D en eft le battant de derriere, dont un côté entre à noix dans l’épaiffeur du chaflis.dormant B, & l’au- tre eft orné d’une moulure en dedans & d’une feul- lure en dehors pour recevoir le verre, £ en eft le battant de devant, qui d’un côté a aufli une mou- lure & une feuillure pour recevoir le verre, & qui avec celui qui lui eft oppofé, font appellés 4 recou- yrement l'un fur autre, parce qu'ils fe ferment l’un après l’autre & l’un fur l’autre ; mais depuis quelque tems s'étant apperçu que l'air extérieur s'introdui- foit par le joint de ces deux battans £, & que, pour le peu que le bois travailloit dans {a hauteur, non- feulement il produifoit beaucoup de froid pendant l'hiver, mais encore étoir defagréable à la vüe, on a imaginé de les faire à noix, fig. 48 , c'eft-à-dire que celui À de cette figure entre dans une efpece de cannelure ou gorge pratiquée dans lépaïfleur de celui 8 de la inême figure, & qu’ainfi ces deux bat- tans font toujours contraints dans leur hauteur, & que la communication de l'air extérieur ie trouve in- terrompue : ces chaflis à verre DEFG fe trouvant trop larges pour contenir des verres de cette gran- deur, qui coûieroient beaucoup, tant pour leur achat que pour leur entretien, on divife cet inter- valle de petits bois Æ fur la largeur &c fur la hau- teur, compofé du côté des dedans de moulures, & par dehors , d’une feuillure de chaque côté, un peu plus profonde que l’épaifleur du verre dans laquelle il fe trouve contenu. Lorfque la croifée fe trouve d’une trop grande élévation, on place alors quatre chaflis à verre, deux au-deffus & deux au-deflous d’un linteau 7, fg. 49; orné en dehors d’une moulure en bec de corbin , & de l’autre de fewillure deflus & deffous, fur laquelle viennent battre les chaflis; on donne de hauteur aux premiers environ la moitié ou les deux tiers de la largeur de la croifée. Les volets fervent à la fureté des dedans pendant la nuit, à procurer un peu plus de chaleur pendant le même tems , 2 éviter les vents coulis , &£ à fuppri- mer Je grand jour du matin: pour empêcher que leur trop grande faillie n’embarrafle dans les apparte- mens, on les brife dans leur milieu fur leur hauteur en K fig. 46 & 47, à moins que les murs ne fe trou- vent d’une affez grande épaifleur pour qu'ils pifient fe loger dans leur embratement ; chaque partie bri- fée eft compolée d’un chaflis L, fig. 46°, 47: & 49 qui ferme d’un côté à recouvrement fur les chaffs à verre, & de l’autre eft aflemblée à rainufe & lan- guette en À, comme le fair voir la Sig. 13 ; ils font chacun divifés de deux ou trois traverfes M, ornés comme le chaflis de quadres ravallés N, & de pan- neaux ; O P fig. 47 & 49 eft une partie du lambris qui {ert de revêtiflement dans lembrafement de la même croiée. ; La fig. 50 eft auffi une croifée, mais plus propre- ment appellée fenétre, du latin fézeffra ou feneftro , ouvrir, quoique l’on cenfonde ces deux mots enfem- ble, elle differe de la premiere en ce qu’elle s’ouvre des deux côtés € à coulifle, & qu’elle ne defcend que jufqu’à deux piés 8 demi à trois piés hauteur d'appui, au-lieu que l’autre s'ouvre à deux vanteaux, comme une porte, & qu’elle defcend jufqu'à env ron un pié de la fuperfñcie du plancher inférieur 3 cette fenêtre eft compolée d’un chaflis dormant 4, &e de quatre autres chaflis à verre 2 C, dont les deux füpérieuts 2 font dormans, & les deux inférieurs € s’ouvrent à coulifle par deflus les deux autres ; cette couliffe n’eft autre chofe qu’une rainure ou feuil- lure pratiquée dans le chaffis dormant À fig. 51, &c une dans le chaffis à verre C, & qui s’emboiïtant l’une dans Pautre forment une couhfle, chacun d’eux font divifés de petits bois B & C', comme dans la fig. 40 fervant aux mêmes ufages ; au- defious de cette fenêtre eft fon plan. Des portes croifées , vitrées, &c. Il eft encore des portes ou croifées qui participent des unes & des autres , & qui fervent aux deux ufapes en même tems , raifon pour laquelle on leur donne le nom de portes croifées. On les nomme portes parce qu'elles iervent à communiquer de l’intérieur des fallons, galeries , & autres pieces femblables, danses vefti- bules , périftiles , jardins, 6c. & onles nomme auffi croijées parce qu’elles fervent en mème-tems à éclai- rer l’intérieur de ces mêmes pieces. Onen faitcomme, de toutes autres efpeces de portes, de quarrées, de circulaires, de bombées, furbaiflées , &c. elles s’ou- vrent comme les portes-cocheres, quelquefois de-. puis le haut jufqu’en-bas , 87 quelquefois jufqw’au- deffous du linteau À, fig. 32. & le chaflis à verre, de quelque forme qu'il {oit, refte dormant. La fg. 42. eft une porte croifée, compofée d’un chaffis dormant B, qui, au-lieu de régner tout au- tour comme celui de la croïfée, fig. 46. fe termine feulement jufqu’en-bas, fans traverfer la baie de la croifée. C D {ont deux vanteaux de porte croifée ou chaffis à verre ouvrant jufqu’au linteau 4, compo- {és comme la croifée fg. 46. chacun d’un battant de derriere € & d’un battant de devant D, dont lin- tervalie eft divifé de petits bois Æ pour foutenir le verre. Chacun de ces vanteaux differe encore de ceux de la croifée, en ce que le bas F eft divifé de panneaux À & de quadres G jufqu’à environ deux piés de hauteur, afin que là où le jour ne vienr point les verres ne foient pas fi fujets à être cafés. On peut y placer aufli, fi onle juge à propos, des volets de la même maniere que ceux de la croifée , fig. 40. La partie circulaire au-deflus du linteau étant dor- mante , on la divife aufh de perits bois Æ qui fui- vent la courbe de la porte, entrelacés d’autres pe- tits bois qui vont joindre le centre de cette courbe, & qui enfemble forment l’évantail ; ce qui lui en a fait donner le nom. Au-deflous de cette porte croïfée eft le plan de la même figure. La fig. 53. en eft le plan détaillé d’une partie, 4 di var A Æ MEN eftle bâtison chafis dormant , C le battant de der- riere du chañlis à verre, & D le battant:de devant, qui, avec celui. quilui eftoppofé, ferment à recou- vrement l’un. fur l’autre, 7. Le, fig. 54. eftaufi un évantail fait d’une autre ma- niereique le précédent. | Bes portes vitrées, fig. 55. font aufli des portes qui fervent d'entrée à des cabinets, garde-robes, G’c. 8: qui fervent en même:tems à leur donner du jour. La différence de celle-cià la précédente, eft que l’une prend fon, jour de l'intérieur des pieces pourleprocurer dans celles de commodités , au-lieu que l’autre le prend direétement des dehors. Elle eft compofée d’un chaflis à verre À qui regne toutau- tour , dont l’intervalleefhdivifé de petits bois B., & la partie inférieure €, jufqu’à environtrois piés de hauteur, eft divifée depanneaux € &dequadre D. Des cloifons de menuiférie. Les cloifons de merñuife- rie fervent comme toutes les autres à féparerplufieurs pieces lesunes des autres , pour en faire des pieces purement de commodités. Si ces cloifons ont l’a- vantage de charger très-peu les planchers À caufe de leur légéreté 67 de leur peu d’épaifleur , elles ont auf pourcette rafon l'inconvénient que d’une piece à l’autre l’on entend tout ce qui s’y pañle ; c’eft pour- quoi on prend quelquefois le parti d'y faire un bâtis enduit de plâtre. Ces cloifons font compofées de plufieurs planches 4 bien ou peu dreffées, & cor- royées felon limportance du lieu & la dépenfe que l’on veut faire, pofées l’une contre Pautre, ouaflem- blées à rainure & languette, emboîtées dans une couliffe 8 en-haut & en-bas, & fur laquelle on pofe de la tapiflerie , lambris de #enuiferie, &c. Des jaloufres. Les jaloufes , fg. 57. fervent de fermeture aux croifées, contribuent à la sûreté des dedans , à ne point ôter entierement le jour, & à empêcher d'être apperçu des dehors. On les fait à un & à deux vanteaux , felon la largeur des croïfées, & elles font compofées chacune d’un chafis 4 aflemblé quarrément par dés angles à tenon & à mortaife, d’u- ne , deux ou trois traverfes B affemblées auf de même mamiere,& de plufieurs planches € très-minces & très-étroites qu’on appelle /awres ou voliches , po- fées à trois on quatre pouces de diftance l’une de l’autre, & inclinées à-peu-près felon l’angle de qua- rante-cinq degrés: | Depuis peu l’on a imaginé ; par le moyen d’une ferrure , d'incliner ces lattes ou voliches tant & fi peu que l’on vouloit, & c’eft ce qui a donné heu à d’autres jaloufies Qui prennent toute l’épaifleur du tableau de la croifée , & qui s’enlevent toutes en- tieres jufqu'à fon fommet, Ce n’eft autre chofe qu'’u- ne certaine quantité de pareilles lattes ou-voliches dont la lorigueur ef Ia largeur de là croiïfée, fufpen- dues de diftance en diftance fur des efpeces d’échel- les de forts rubans attachés par en-haut, fur des planches qui touchent au fommet du tableau de la croifée & qui y font à demeure , fur lefquelles font placées des poulies qui renvoyent les cordes avec lefquelles on lesenleve , 8 de cette maniereonpeut donner à ces voliches tant & fi pen d’inclinaifon qu’on le juge à-propos. Ces fortesde jaloufiesnetien- nent pas direétement à la mexuiferie, parce qu’elles font compofées de fer & de bois; auffi tontes les ef- peces d'ouvriers intellisgens en font , 8 les font mieux Les uns que les autres. | Des fermetures de boutique, La fie. 58. eft une fer- mieture de boutique, compofée de plufeurs plan- ches 4 affemblées à clé ou à rainure & languette, avec une emboîture B par en-haut & paren-bas, & qui fe brifent en plufeurs endroits {elon la commo- dité des Commerçans. On les divife quelquefois comme les lambris de quadre & de panneaux , felon l'importance des maifons où elles font placées. Tome X, | NEENT, 33 … Duparquet. La fig. 30. eft un affemblage de me nuifère ; appellé parques, quifert à paver ou, pour parler plus exaétement, couvrir le fol des appärte- mens. Ce parquet eft compofé de plufeurs quarrés #4, environnés chacun de quatre bâtis 2; aflemblés ; PTE " CPR? Pau È A: . PAFEUrS extrémunes €, & à tenon & à mortaife. Chacunde ces quarrés A eff divifé dé plufieurs autres bâris 2 croïfés également , aflemblés à tenon & À mOrtoife par leurs extrémités , & dirigés vers les anz gles du quarré. La diffance de ces petits bâtis D fe trouve remplie d’un autre petit quarré Æ, affembli dans fon périmetre avec les petits bâtis D À rainure & languette. Cette forme de parquet la plus commune fe füt ordinairefent en bois de chêne , & eft aflez enufave en France pour rendre les appartemens plus fecs & par conféquent plus falubres. On peut encoreen faire de plufieurs autres manieres, & leur donner diver: fes formes telles que des cercles pohgones,ouautres figures circonfcrites ou infcrites autour , Où dans d’autres quarrés , cercles ou poligonés, divifés auf de bâtis de différentes formes, Ces fortes de parquets fe font en bois de chêne feulernent ou recouvert de marqueterie ; c’eft-à-dire, de bois précieux débité par feuilles très-minces, ouvrage relatif à l’ébénif- terie. . Pour rendre les appartemens plus fecs & plus fains, & éviter en même ternsla dépenfe du parquet, on fe fert de planches affemblées bout-à-bout pat leurs extrémités » Ceft-à-dire, pofées l’une contré Pautre, & à rainure & languette furleurs longueurs, ce qu'on appelle planchéier. Cette maniere qui ne contribue pas moins que le parquet à la filubrité des appartémens , n'eft pas fi propre à la vérité, mais ne monte pas à beaucoup près à une fi grofle dé- pente. Fous ces parquets ou planchers fe pofent & s’at- tachent, avec des clous ou des broches (a), furdes lambourdes ( # ) d'environ quinze à dix-huit pouces de diftance l’une de l’autre , dont l’intervalle fe remplit de pouflier de charbon de cendre ou de mA- chefer (c) , fur-tont dans les lieux humides , pour ernpècher que cetternême humidité ne fafle déjeiter ces parquets Ouplanchers. | Obfèrvation [ur les ouvils de Menuifèrie, 1 faut re. marquer, avant que de parler des outils propres À là nenuiferie , que dans tous les arts &z profeffions les euvriers fe fervent le plus fouvent, & même autant qu'il eft poflible 5our leurs ontils, des matériaux qu'ils ont chez eux & qui femblent leur coûter pêu : tels, par exemple , que cebx qui emploient le fer ; les font de fer ; ceux qui emploient le bois, com me les Menuifiers & autres , les font de bois, ce qui en éffet leur coûte beaucoup moins & leur eft auf utile. di Des outils propres à la menuiferie. La fig. Co. eft une équerre de bois, aflemblée en 4, à tenon & à mortaife faite pour prendre des angles droits. La fg. 67. eft auffi une équerre de bois employée aux mêmes ufages, & appellée improprement par les Menuifiers sriangle quarré, mais qui plns com- mode que la précédente, differe en ce que la bran- che 4 eft plus épaïfle que la branche 2 , & que par+ là l’'épaulement € pofant le long d’une planche , | donne le moyende tracer l’autre côté 8 d'équerre. . La fg. C2. eff un inftriment auf de bois, appellé fauffe équerre ou fauterelle , fait pour prendre diffé- rentes ouvertures d’anples, (2) Des broches font des efpeces de cloux ronds, longs & fans tête. IR (5) Des lambourdes font des pieces dé bois de charpente de 4 pouces fur 6 poucès de grofleur: _(c) Le mâchefer eft ce qui fort des forges où l’on ufe du éharbon de terre. Yy 354 MEN La fig. 63. eft un inftrument appellé par les Me- nuifers trianple anglé, mais plus proprement éguerre er onglet | plus épaifle par un bout que par lPautre, & dont l’épaulement 4 ainf que fes deux extrémi- tés font dilpofés felon l'angle de quarante-cinq de- grés. Son ufage eft pour jauger les bâtis des quadres “qui environnent les panneaux de lambtis lorfqu’on lesaffemble , afin que les bouts des deux bâtis étant coupés à quarante-cinq degrés, ils fafflent enfemble ‘un angle droit ou de quatre-vingt-dix degrés, La fo. 64. eft un maillet. On en fait de plufeurs srofleurs , felon la délicateffe plus ou moins grande des ouvrages : lesuns & les autres fervent également à frapper {ur le manche de bois des figures 73 , 74 » 75 , &c. Ons’en fer pour cela plutôt que du mar- teau, fg. 65. pour plufeurs raifons : la premiere, c’eftque, quoique plus gros, 1l eft quelquefois moins pefant ; la feconde , qu'il a plus de coup (4); la troifieme & la meilleure, qu'il ne rompt point les manches de ces mêmes cifeaux. Ce n’eft autre chofe qu’un morceau de bois d’orme ou de frêne ( bois qui ie fendent dificilement ), arrondi ou à panscoupés, percé d’un trou au mulieu, dans lequel entre un manche de bois. | La figure 65 eft un marteau qui fert à enfoncer des cloux, chevilles, broches, ferres , & autres cho- fes qui ne peuvent {e frapper avec le maillet, figure 54, la partie 4 B de ce marteau eft de fer, dont 4 fe somme le gros, ou fatête, & B la paume; il eft percé au mulieu d’un œil, ou trou méplat, dans le- quel on fait entrer un manche de bois C, qui eff tou- jours fort court chez les Menuifers, & qui, pour cette raifon a moins de coup, & n’en eft pas plus commode. La figure GC eft un inftrument appellé srufquin, compolé d’un morceau de bois quarré 4 d'environ un pié de long, portant par un bout une petite pointe B, de fer ou d'acier, qui fert à tracer, & d’une planchette €, d'environ un pouce d’épaifleur, percée dans fon milieu d’un trou quarré, bienjuite à la groffeur du bois Æ, qui pañle au-travers, &c fur equel elle gliffe d’un bout à l’autre : pourl’y fixer, on perce dans fon épaifleur un trou méplat, qui ren- contre celui du milieu , 8 qui avec une efpece de clavette de bois en forme de coin , ferre l’un &c l’au- tre enfemble,, & fixe la planchette C au point que l’on defire :cette même planchette C, fait une bafe que l’on fait #lifer Le long des planches, déja drefées d’un côté, & dont ia petite pointe B traceles pa- ralelles de la largeur que l’on juge à-propos. La figure C7 eît aufh un trufquin, qui ne differe du précédent que par la longueur de fa petite pointe B, qui quelquefois eft d’un grand ufage , lorfqu'il fe trouve des faillies plus grandes que fa longueur. La figure 68 eft un compas fait pour prendre des intervailes égaux. La figure 6'9 eft un infirument double , appellé e- nailles ou triquoifes , compoié de deux bafcules À, qui répondent aux deux mâchoires B par le moyen d’une efpece de charniere ou tourniquet C ; leur ufage eft d’arracher des cloux, chevilles, & autres choïfes femblables, en ferrant les deux branches 4 lune contre l’autre. La figure 70 eft une efpece de petite fcie, appel- lée fcie a cheville, dentelée des deux côtés, à pointe par un bout, & enfoncée dans un manche de bois 4, qui fert à élargir des mortaifes très-minces , à ap- profondir des rainures, où à d’autres ufages. La figure 71 eft encore un trufquin appellé un sf quin d'affemblage ou guilboquet | employé auf aux mêmes ufages ; 1l eft plus petit &c fait différemment ( 4) On dit qu'un maillet, un marteau, a plus de coup qu'un autre , lorfqu’avec un poids égal, le coup qu'il donne fait plus d'effet. que lésautres, fewres C6 6 C7, 8& compolé d’une uige A, percée fur la longueur d’une mortaife, au bout de laquelle eft la petite pointe B faite pour tra- cer, & d’une planchette €, percée auffi d’un trou quarré dans le milieu , traverfé dans le milieu fur fon épaifieur d’un autre trou plat, au travers de laquelie à la mortoife de latige À pañle une clavette de bois en forme de coin pour fixer l’un & l’autre enfemble. La figure 62 eft un inftrument appellé hofe a re caller, qui fert pour les afflemblages en onglet , on pañle dans fon intérieur 4 les bâtis que l’on veut af- fembler, en coupant du côté B ce qui pafle la boite, aufñ ce côté B eft-il difpofé felon l’angle de 45 de- orés. | Fe La figure 73 eft un cifeau appellé fermoir , qui avec le fecours du maillet, foure 64, fert à couper le bois pour le dégroflir, ce qui s'appelle encore ébaucher:; ce cifeau s’élargit en s’aminciflant du côté du taillant 4 qui a deux bifeaux (e); l’autre bout 8 qui eff à la pointe , entre dans un manche de bois C, 5 M La figure 74 eft auffi un cifeau proprement dit ; fervant à toute efpece d'ouvrage , & qui differe du précédent en ce que le bifeau du taillant À eft tout d’un côté. La figure 75 eft un pareil cifeau que le précédent, mais plus petit, & appellé pour cela cifeau de lu- miere, parce qu'il fert le plus fouvent à faire des mortoïfes , qu'on-appelle auffi /wieres. La fg. 76 eft un cifeau appellé férmoir à nez rond, qui differe du fermoir, fg.73 , en ce que{on taillant, aufh à bifeau des deux côtés , fe trouve à angle aigu du côté 4, & par conféquent à angle obtus de l’au- tre B. La figure 77 eft un cifeau appellé bec- d'âne, qui fert communément aux mortailes , & quife trouve de différente éparfleur, felon celle des mortaifes ; ce cifean differe des précédens en ce qu’il eftbeaucoup plus étroit & beaucoup plus épais. La figure 78 ‘eft un-cifeau appellé gouge , dont le taillant À s’arrondit, & eft évide dans fon milieu ; il fert pour toutes les parties rondes. La figure 79 eft aufliune gouge appellée grain d'or= ge, dont le taïllant 4 retourne quarrément , & for- me un angle un peu aigu ; 1l, fert pour toutes fortes d’angles. Du côté de la pointe de chacun de ces différens cifeaux eft un arrafement qui empêche que cette pointe n’entre trop avant dans le manche à mefure qu'on la frappe , ce qui cauferoit en peu de tems fa deftruétion. La fgure So eft'une lime appellée qguarelerte d’ AI. lermagne., parce que.ces fortes de limes viennent du pays de ce nom, telles qu’on les vend chez les quin- cailliers au paquet, chacune de une, deux , trois, quatre, cinq, fix , rc. Cette lime, à pointe par un bout , entre dans un manche de bois 4,, & fert à drefler 8 adoucir des parties de #eruiférie où le rabot & le cifeau ne fauroient pénétrer. | | La figure 81 eft aufli une lime appellée repe, qui différe de la précédente par la taille , en ce que celle-là .eft tailleé avec des cifeaux plats, &c celle- ci, ruftiquée avec des poinçons ,.eft faite non pour limer , mais pour râper & ébaucher des ouvrages où l’on ne fauroit employer le rabot nile cifeau. La figure 82 eft aufli une râpe taillée de la même maniere que la derniere, & afÿpellée quexe de rar, à caufe de {a forme ; elle fert à râper dans des trous ronds , foit pour les arrondir, les rendre ovales , ou leur donner la forme que l’on juge à-propos. : On fe fert encore ,.fi l’on veut; de limes & de rapes de différentes formes &groffeurs , felon le be- (e) Le bifeau d’un cifeau eft une partie inclinée qui en fait le taillant. | foin que l’on en a , comme des cifeaux que Îles ou- vriers intelligens compofent , font eux-mêmes , ou font faire, felon les ouvrages qu'ils ont à exécuter. La figure 83 eft une efpece de rabot appellé cie à enrafer; c’eft une petite fcie À attachée avec des cloux ou des vis , fur une efpece de rabot , qui , lui- même fur fa longueur , eft entaillé par - deffous à moitié , ou felon une meture requife, & qui en glif- fant le long des planches déja dreflées , forme une rainure de lépaifleur de la petite fcie 4. La figure 84 eft un inftrument appellé regles , fait pour dégauchir les planches : 1l eft compofé d’une tige À de bois quarré d'environ deux , trois ou qua- tre piés de long , Iclong de laquelle gluflent deux planchettes B:, auffi de bois, d'environ un pouce d’épaiffeur, percées chacune d’un trou quarré dans leur milieu, bien ajufté à la groffeur de la tige de bois À ; on peut encore, fi l’on veut, pratiquer par- deflous deux petites ouvertures €, pour les empê- cher de toucher dans le milieu. La figure 85 eft un inftrument appellé vilebrequin, fait pour percer des trous; c’eft une efpece de ma- nivelle À , compofée d’une manche B , en forme de touret, que l’on tient ferme & appuyé furl’eftomac; le côté oppofé C'eft quarré , & un peu plus gros que le corps de cetinftrament, & eft percé d’un trou aufli quarre,dans lequel entre un petitmorceau de bois D, quarré, de la même groffeur que celui © qui lui eft voifin, portant du même côté un tenon quarté de la même groffeur que Le trou dans lequelilentre, & de l’autre une petite mortaife , dans laquelle entre la tête À de la meche, figure 86 ; cet inftrument avec fa meche eft appellé #i/ebrequin , & fans meche eft appellé f4/? de villebrequin. La figure 86 eft une.meche faite pour percer des trous, dont la partie inférieure B eft évidée pour contenir les copeaux que l’on retire des trous que l’on perce. Des fties. La figure 8 7 eft une fcie à refendre com- pofée d’un chaflis de bois 4 B , affemblé dans fes an- gles à tenon & à mortaife d’une fcie à groffe dents €, retenue par en-bas dans un tafleau D, qui ghifle à droite & à gauche le long de la traverfe B du chaf- fis, & par en-haut, dans un pareil tafleau £, qui shffe auffi à droite & à gauche le long d’une pareille traverfe B; le trou quarré £ de ce taffeau fe trouve toujours affez grand pour le pouvoir caller lorfqu’il s’agit de bander la fcie , ou, ce qui vaut mieux, on perce au-deffus un autre trou F', au travers duquel pañle une clavette en forme de coin, qui bande épa- lement la fcie ; extrémité fupérieure de ce même tafleau fe trouve encore percé d’un autre trou au- travers duquel on pafle un bâton G , qui fert à la ma- nœuvrer quelquefois par un feul homme , & quel- quefois par deux ; mais dans le premier cas elle ef beaucoup plus fatiguante lorfqu’elle eftmanœuvrée par un feul homme ; il la tient des deux mains, en les écartant à droite & à gauche par les bâtis mon- tans À du chaflis ; lorfqu'’elle eft manœuvrée par deux , le fecond monte fur l’établi, fégure 124, & la tient des deux mains par le bâton G ; elle fert à refendre ou débiter des planches retenues avec des valets 4, figure 124 , fur l’établi , même figure. La figure 88 eft une fcie appellée /cie a débiter, qui fert à fcier de gros bois ou planches ; elle eft com- pofée d’une fcie dentelée 4, retenue par les deux “extrémités B, à deux traverfes C , féparées par une entretoife D, qui va de l’un à l’autre. Les deux bouts Æ des traverfes €, font retenus par une ficelle ou corde F, à laquelle un bâton G, appellé en ce cas gareau, fait faire plufieurs tours , qui font faire la bafcule aux traverfes G, & par-là font bander la fcie A, ce qui la tient plus ferme, & c’eft ce qu’on ap- pelle monture de foie, Tome X, MEN 355 La figure 89 eft aufh une fcie appellée /cie tour zarte, dont la monture reflemble à la précédente & les deux extrémités B de la fcie font retenues à deux efpeces de clous ronds en forme de touret ; qui la font tourner tant & fi peu que l’on veñt, ce qui, fans cela, gêneroit beaucoup lorfqu’on a de longues planches, ou des parties circulaires à débiter ou à refendre. La figure 9 0 eft une fcie appellée Jüie 4 tenon, qui eft faite de même maniere que celle de la figure 88 , excepté qu'elle eft plus legere , & en cela beaucoup plus commode ; elle fert pour des petits ouvrages, Ou autres, qui n'ont pas befoin de la grande, figuré 88 , qui, par fa pefanteur , eft plus embarraflante. La figure 91 eflune autre fcie, appellée [cie a main, Ou égoine, qui fert dans les ouvrages où les précé- dentes ne peuvent pénétrer ; elle doit être un peu plus épaifle, n’ayant point de monture, comme les autres, pour fe foutenir ; fon extrémité inférieure eft à poirite enfoncée dans un manche de bois, Des rabors, La figure 92 eft un infirument appellé fimplement rabor ; 1l eft connu fous ce nom à caufe de fa forme & de fa groffeur : la partie de deffous, ainfi qu'à toutes les autres efpéces de rabots, doit être bien dreflée à la regle. Celui-ci eft percé dans fon milieu d’un trou qui fe rétrécit à mefure qu'il approche du deflous, & fait pour y loger une efpece de lame de fer appellée fr du rabot, qui porte un taillant à bifeau aciéré, arrêté avec le fecours d’un coin à deux branches dansde rabot : cet inftrament {ert à unir, drefler ou raboter les bois. La figure 93 eft le coin du rabot, La figure 94 en eft le fer. La figure 95 eft un rabot d’une autre forme, plus long & plus gros, appellé varlope , qui fert à dreffer de grandes & longues planches : pour s’en fervir on emploie les deux mains ; l’une, de laquelle on tient le manche 4 de la varlope ; & l’autre avec laquelle on appuie fur la volute 8. Il eft percé dans fon mi- lieu , comme le rabot précédent , d’un trou pour y loger fon fer & {on coin , qui font l’un & l’autre de même forme que ceux du rabot. Chaque ouvrier a deux varlopes, dont l’une, appellée riffard , fert pour ébaucher, & l’autre, appellée varlope , fert pour finir & polir les ouvrages ; auf cette derniere eft-elle toujours la mieux conditionnée. La figure 96 eft un rabot appellé deri-varlope, ou varlope a onglet, non qu’elle ferve plutôt que d’au- tres rabots pour des aflemblages en onglet ; mais feu- lement à caufe de fa forme , qui tient une moyenne proportion entre le rabot , figure 92, & la varlope, Jigure 95 : {on fer & fon coin ne different en rien de ceux des rabots êc varlopes. La figure 97 eft un autre rabot appellé guillaume, à l’ufage des plates-bandes , & autres ouvrages de cette efpece : 1l differe des rabots en ce que fon fer. comprend toute fa largeur. La figure 98 eneft le coin. La figure 99 en eft le fer, beaucoup plus large en bas qu’en haut. La figure 100 eft un rabot appellé feuilleres | qui differe du précédent , en ce que fon fer & fon coin fe placent par le côté, & que par-deffous il porte une feuwillure ; cet inftrument fert pour faire des feuil- lures d’où il tire fon nom. La figure 101 en eft le coin. La figure 102 en eft Le fer, dont la partie fupérieure eft en forme de crochet , pour le retirer plus facile ment de fa place lorfqu’il y a été trop chaflé. La fig. 103 eft encore un guillaume employé aux mêmes ufages que celui de la fg. 47 : mais différent en ce que fon fer & fon coin fe placent par le côté comme ceux du feuilleret ; aufli fon fer Æg. 104 et-il difpofé différemment, | Yyi: 356 M EN La fig. z05 eft un rabot, appellé bouver fmple, dont le côté 4 eft plus haut que celui B, afin de pouvoir gliffer Le long du bord des planches ; linter- valle de ces deux bords eft à rainure, ce qui, avec la maniere dont le fer , fig. 106 , eft fait, procure le moyen de former une rainure fur le bord de ces mêmes planches. La fig. zo7 eft un pareil rabot, appellé £ouver double , parce qu'il eft difpofé de maniere, lui & fon fer, fg. 108 , qu’en faifant comme le précédent la rainure, 1l fait de plus 87 en même tems une lan- guette à côté, d’où il a été appellé double, La fig. 109 eft un double rabot, appellé Zouver brife, dont l’un 4, femblable à celui, figure 105, fert à faire les rainures, & l’autre B qui lui fert de conduéteur, porte par fon extrémité inférieure une efpece de languette €, ou rainure, felon le lieu où l’on doit s’en fervir ; ces deux rabots font rete- aus enfemble par deux tiges de bois quarrées , arrê- tées & clavetées à demeure fur celui 4, & à couliffe fur celui 2, mais que l’on fixe cependant avec deux clavettes D en forme de coin; cet affemblage dou- ble eft le même que celui des trufquins fg. 66° & 67 ; ect inftrument ne fauroit être mancœuvré, à caufe de fa largeur, par un feul homme, mais bien par deux, qui font obligés d’y employer les quatre mains ; 1l fert à former des rainures dans le milieu des planches , & à la diftance de leurs bords que l’on juge à propos, La fe. 110 en eft le f&, qui peut auf êtfe fembla- ble à celui #g. 106, La fig. 111 eft encore un bouvet brifé, qui ne dif- fere du précédent qu'en ce que la languette du pre- mier rabot À eft foutenue par une petite lame de fer attachée de clous ou de vis, &c les tiges } retenues auf à demeure dansles mêmes trous font fendus en forme de mortaife d’un bout à l’autre, 8 aflemblées comme celles du guilboquet fig. 71. Au lieu du rabot 4, on en peut placer d'autres, comme ceux fig. 107 &119 , felon le befoin qu’on en a, de même que l’on en peut fubftituer auf d’autres à celui B, felon l’utilité des ouvrages. La fig. 112 eft un rabot ceintré , femblable à celui, fig. 92, excepté qu’il eft ceintré fur fa longueur, à Pufage des parties circulaires. La fig. 114 en eñt le fer. La fig. 115 eft un rabot rond, aufi femblable à celui fig. 92 , excépté qu'il eft arrondi fur fa largeur par-deffous, il fert pour Les fonds des parties rondes, La fg. 116 en eft Le fer arrondi du côté du tal- Jant, 8 qui prend la forme du rabot. La fig. 117 eft un rabot appellé #ouchette ronde , parce qu'il eft arrondi fur fa largeur par-deflous , & qu'il a un côté plus haut que l’autre ; il'fert quel- quefois pour des moulures. La fig. 18 en eft le fer dont le taillant prend la forme du rabot. La fig. 119 eft un rabot appellé rroucherte 4 grains d'orge, femblablé au précédent, à l’exception que fa partie inférieure toujours plus haute d’un côté que de l’autre eft droite. La fig. 120 en efît lefer. On ie fert encore d’une infinité de mouchettes, que lon nomme #ouchette & talon,a baguette, à douf- ine, à bec de corbin, a bouement double, fimple, &c. felon les moulures que l’on veut pouffler , & dont les fers font faits de même. La fig. 121 eft un imftrument appellé compas à verge, qui fait en grand le même effer du petit com- pas fig. 68, & qui fert aux mêmes ufages , il eft ainfi appellé à caufe de la verge quarrée 4 de bois dont il eft compolé, cetre verge porte environ depuis cinq où fix piés juiqu'à quelquefois dix & douze piés, lelong de laquelle gliffent deux planchettes £ / percées chacune d’un trou quarré de la groffeurde la verge À, leur partie inférieure.eft armée chacune d’une pointe pour tracer, qui en s’éloignant ou fe rapprochant, font l'effet des pointes de compas, & la partie fupérieure d’une vis, pour les fixer fur la verge où l’on le juge à propos. La fig. 122 eft un inflrument de fer appellé /ergent, compolé d’une grande verse À de fer quarrée, d’en- viron dix ou douze lignes de groffeur , coudée d’un côté B avec un talon recourbé C, & d’une couliffe D auf de fer avec un talon E auf recourbé, Pau- tre bout F' de la verge eft renforce de peur que la coulifle D ne forte, , La fig. 123 eft un pareil infirument beaucoup plus commode, en ce qu’au lieu d’un talon F, fig. 122, on y place une vis Æavec une tête à piton, qui fait que l’on peut ferrer les planches autant qu’on le veut fans ébranler leurs aflemblages.- La fig. 124 eft un établi, la chofe la plus nécef- faire aux Menuifers , & fur lequel ils font tous leurs ouvrages; c’eft avec le valet 4, le feul inftrument que les maîtres Menuifiers fourmiflent à leurs com- pagnons, qui font obligés de fe fournir de tous les autres outils. Cer établi eff compofé d’une grande &c forte plan- che 2 d'environ cinq à fix pouces d’épaifleur, fur environ deux piés 8 demi de large, & dix à quinze piés de long, pofée fur quatre piés ©, affemblés à tenon & à mortoife dans l’établi avec des traverfes ou entretoifes D, dont le deflous eft revêtu de plan- - ches clouées les unes contre les autres, formant une enceinte où les ouvriers mettent leurs outils, rabots, & autres inftrumens dont ils n’ont pas be- foin dans le tems qu'ils travaillent ; fur le côté £ de l’établi fe tronve une petite planche clouée qui laifle | un intervalle entre l’un &c l’autre, pour placer les fermoirs, cifeaux, limes, &c. marquésF; à l’'oppoñte & prefque au milieu eft un trou quarré G, dans le- quel fe trouve un tampon #, de même forme que le trou ajufté à force, fur lequel eft enfoncée une pie- ce de fer /, coudée & à pointe d’un côté, & de Pau- tre à queue d’aronde & dentelée, qui fert d’arrêts aux planches & autres pieces de bois lorfqw’on les rabotte ; ce tampon Æ# peut monter & defcen- dre à coups de maillet, felon lépaiffeur de ces plan- ches ou pieces de bois que l’on veut travailler ; Æ eft encore un arrêt de bois polé fur le côté de l’éta- bli qui fert lorfque l’on en rabote de grandes fur leurs côtés en les pofant le long de l’établi, en les y fixant par le moyen d’un valet 4 à chaque bout. Ce valet 4 quieft de fer & qui pañfe par des trous femés çà &c là fur établi, eft fait pour qu’en frap- pant deflus il tienne ferme les ouvrages que l’on veut travailler. La fig. 125 eftune grande fcie à refendre à l’ufage des fcieurs de long , gens qui ne font que refendre; elle eff faite comme celle fg. #7, mais plus grande, & dont la partie fupérieure À eft compolée d’un petit chaflis de bois d’une certaine élévation, on ne s’en fert pour refendre à caufe de fa grandeur, que dans les chantiers feuléement ; & pour la manœuvrer on place d’abord deux traiteaux de cinq à fix piés de hauteur, & diftans l’un de l’autre de prefque la longueur des planches que l’on veut refendre & que Pon pofe deflus, fur lefquels ft monté un'homme tenant la fcie des deux mains par la partie 4, tandis qu’un autre placé au- deflous la tient par fon extré- mité inférieure B, & de cette maniere vont tou jours, celui-là en reculant ,. celui-ci en avançant à mefure que l'ouvrage fe fait. Les ouvriers les plus induftrieux dans la: Menai/e. fie, comme dans toutes les autres profeffionsy ont - toujours l’art de compofer de nouveaux outils plus prompts & plus commodes que ceux dont ils fe fer- vent ordinairement, & auffi plus propres aux onvra- ges qu’ils ont à faire. . , C] « / Explication des deux vignertes; la Prerniere repré- fente u12e boutique de menuifier ou atrelier de Menuile- rie, : Fig. a, ouvrier qui fcie de long avec la fcie à refendre, fe. 87. Fig. b, il débite du bois avec lafcie, fg. 87. Fig, c, deux fcieurs de long , fe. 125. Fig. d, perce des trous au vilebrequin, fg. 83. Fig. e, deux ouvriers qui pouflent des moulures, rainures ou languettes avec les bouvets brifés , fig. 109 & 111. Fig. f, ouvrier qui travaille au parquet, fg. 40. Fig. g, portion de comptoir. Fig. k, portes, planches, & autres ouvrages faits. Fig.1,i,1,1, établis chargés de maillets, de mar- téaux, de valets, de rabots, de cifeaux, & autres outils. La vignette feconde repréfente un chantier, Fig..a , fcieurs de long en ouvrage. Fig.6, attelier ou boutique de la vignette précé- dente. : Fig. 9 ; ouvriers qui defcendent des planches. Fig. 5,5 ,5, piles de bois. M. Lucors, : MENUISERIE D'ÉTAIN, ( Potier d’étain. ) fous ce terme On entend prefque tout ce qui fe fabrique en étain, excepté la vaiflelle & les pots : les moules qui Ont dés vis, comme les feringues, boules au ris, &c. ou des noyaux de fer, comme les moules de chandelle,fe dépouillent avec un rourne-à- gauche, le refte fe fait comme à la poterie d’étain. Voyez POTE- RIE D'ÉTAIN & ACHEVER. MENUSSE ox CHERRON , rerme de péche ; forte de petit poiffon que l’on pêche pour fervir d’apât aux pêcheurs à la ligne où corde de toutes les for- tes, Gerte pêche fe fait avec une chauffe de toile, . voyez CHAUSSE ; maïs celle-ci eft menée par deux hommes qui la traînent fur les fables & au-devant de la marée. Voyez CHERRON. MENU-VAIR,, (Blajon.) le menu-vair étoit une efpece de panne blanche & bleue, d’un grand ufage parmi nos peres. Les rois de France s’en fervoient autrefois au lieu de fourrures ; les grands feigneurs dû royaume en faifoient des doublures d’habit, des couvertures delit, &-les mettoient au rang de leurs meubles les plus précieux. Joinville raconte, qu’é- tant allé voir le feigneur d’Entrache qui avoir été bleifé , il le trouva enveloppé dans fon couvertoir de menu-vair. Les manteaux des préfidens à moftier, les robes des confeillers de la cour, & les habits de cérémome des hérauts d’armes en ont été doublés _juiqu'’au quinzieme fiecle. Les femmes de qualité s’en habilloient pareïllement; il fut défendu aux ri- baudes d’en porter, auffi-bien que des ceintures do- rées , des robes à collets renverfés, des queues & Boutonnieres à leurs chaperons, par un arrêt de l'an 1420. a on | , Cette fourrure étoit faite, de la peau d’un petit écureuil du nord , qui a le,dos gris & le ventre blanc. C'eft le Jéruro variod’ Aldrovandi > & peut-être levres. Pônticus de Pline. Quelques naturalifies latins lenom:- mentyarius, foità caufe-de la diverfité des deux cou- leurs grife & blanche;ou parquelque fantaifie de ceux quiont commencé à blafonner. Les Pelletiers non rent à préfent cette fourrure perir-gris. | ” On la diverfifioit en grands'ou petits carreaux , qu'on appelloit grand-vair Ou perir-vair: Le nom de panne impofé à ces fortes de fouriures ; leur vint de M E P 357 Ce qu'on les compofa de peaux coufues enfemble £ comme autant de pans ou de panneaux d’un habit. On conçoit de-là que le vair pañla dans le blafon, ët en fit la feconde panne , qui eft prefque toujours d'argent ou d'azur, comme l’hermine eft prefque toujours d'argent ou de fable. Le menu-vair, en ter- mes d’armoiries , fe dit de l’écu chargé de vair , lorfqu'il eft compofé de fix rangées; parce que le Vair Ordinaire n’en a que quatre. S'il s’en trouve cinq, 1l le faut fpécifier en blafonnant, auffi-bien én al > quand'ileft autre que d'argent & d’azur, D, J. MENYANTHE, (Botan.) plante encore plus con- nue fous le nom de trefle de marais » ifolium palufe (TE ; VOyez donc TREFLE de MARAIS. (2.J.) MÉOVIE, (Géog. anc.) Maonia ; contrée de l'A 2 fie mineure , autrement appellée Lydie. Voyez Lypre. La capitale de cette province portoit anffi le nom de Méonie | Mæonia ; elle étoit au pié du Tmolus, du côté oppofé à Sardes. La riviere S’appeiloit Meo- nos, & les peuplesMæones on Maœonii ; les Méons, les Méoniens, (D. 7.) MEPHITIS , {. £. (Phy[.) eft le nom latin des ex- halaifons minérales, appellées mouphetes, Voyez Ex- HALAISON. MEPLAT , adj. rerme d'artifle, I] défigne la forme des corps qui ont plus d’épaifleur que de largeur, Les Peintres le prennent dans un fens un peu différent. Foyez MEPLAT. (Peine.) MEPLAT , (Penture.) fe dit en Peinture & em Sculpture des mufeles qui ont un certain plat, tel que feroit le côté d’une orange qu'on auroit appuyé {ur un plan uni, MÉPLATE maniere, (Gravure) la maniere méplare confifté dans des tailles un peu tranchées & fans adouciffement, On fe fért de cette maniere pour for- tifier les ombres &'en arrêter les bords. Voyez; GRA: VURE. (D, J.) | | MEPPEN, (Géog.) petite ville d'Allemagne, au cercle de Weftphalie, dépendant de l'évêché de Munfter. Elle eft fur l’Ems, à 6 lieues N. de Lingen , 20 N. O. de Munfter. Long. 25, 3. lue, 32. 45. (DJ) | MÉPRIS, f. m. (Morak.) L'amour excefüif de l'eftime fait que nous avons pour notre prochain ce mépris qui fe nomme éxfolence, hauteur: ou fierté ; felon qu'ila pour objet nos fupérieurs, nos infé- rieurs ounos épaux. Nous cherchons à abaïffer da- vantape ceux qui font au-deflous de nous, CrOyant nous élever à mefure qu'ils defcendent plus bas; où à faire tort à nos égaux, pour, nous ôter du, pair avec eux ; Ou même à ravaler nos fupérieurs, parce: qu'ils nous font ombre par leur grandeur. Notre or- - gueil fe trahit vifiblement en ceci: car.fi les hom- mes nous font un,objet de mépris, pourquor ambi- tionnons-nous leur eftime ? Qu f leur eftime. eff di- gne de faire la plus forte. pafion de nos ames., COM ment. pouvons-nous les méprifer à Ne . feroit:ce point que le ‘mépris du prochain eft plutôt affedté: que véritable ? Nous entrevoyons fa grandeut ,pruf- que fon eflime nous paroît d’un f grand prix; mais nous fadons tons nos efforts pour la, cacher; poun nous faire honneurà nousmêmes, tone rinid - De-kà naiflent les médifances ; les:calomnies:,les: louanges empoifonnées ; la fatyre, la malignité & l'envie. H eft vrai que celle-ci fe cache avecun fon extrème , parce qu’elle eft un aveu forcé queinous faifons du mérite. ow'du:bonheur des autres, UT hommage-forcé que nous leur rendonss où xs Li De tous les fentimens d’orgueil, le mépris du pro chain eft le plus dangereux, parce que c’éft “celui qui va le plus direétement contre-lé bien: de: 14 102 358 MEQ ciété, qui eft la fin à laquelle fe rapporte Pamour de l’eftime. MEQUE , PÉLERINAGE DE LA (Hiff. des Turcs.) c’eft un voyage à la Meque prefcnit par lalcoran. « Que tous ceux qui peuvent le faire, n’y man- » quent pas, dit l’auteur de ce livre ». Cependant le pélerinage de la Meque eft non-fenlement difficile par la longueur du chemin, mais encore par rap- port aux dangers que l’on court en Barbarie , où les vols font fréquens, les eaux rares & les chaleurs exceflives. Auffi par toutes ces raifons , les doéteurs de la loïont décidé qu’on pouvoit fe difpenfer de cette courfe, pourvu qu’on fubftituât quelqu'un à fa place. Les quatre rendez-vous des pélerins font Damas, le Caire, Babylone & Zébir. Ils fe préparent à ce pénible voyage par un jetne qui fuit celui du rama- zan ; & s’aflemblent par troupes dans des lieux con- venus. Les fujets du grand-feigneur qui font en Europe, fe rendent ordinairement à Alexandrie fur des bâtimens de Provence, dont les patrons s’obli- gent à voiturer les pélerins. Aux approches du moin- dre vaïfleau ,ces bons mufulmans , qui n’apprehen- dent rien tant que de tomber entre les mains des ar- mateurs de Malte, baïfent la banniere de France, s’enveloppent dedans, & la regardent comme leur afyle. D'Alexandrie ils paffent au Caire, pour joindre la caravane des Africains. Les Turcs d’Afie s’aflem- blent ordinairement à Damas ; les Perfans & Les In- diens à Babylone; les Arabes & ceux des îles des environs, à Zébir. Les pachas qui s’acquittent de ce devoir, s’embarquent à Suez, port dela mer Rou- ge, à trois lieues & demi du Caire. Toutes ces ca- raVanes prennent fi bien leurs mefures, qu'elles arrivent la veille du petit bairam fur la colline d’A- rafagd, à une journée de la Meque. C’eft fur cette fameufe colline qu’ils croient que l’ange apparut à Mahomet pour la premiere fois ; & c’eft-là un de leurs principaux fanétuaires. Après y avoir égorgé des moutons pour donner aux pauvres , ils vont faire leurs prieres à la Meque , & de la à Médine, où eft le tombeau du prophete, fur lequel on étend tous les ans un poële magnifique que le grand-feigneur y envoié par dévotion: l’ancien poële eft mis par morceaux ; car les pélerins tâchent d’en attraper quelque piece , pour petite qu’elle foit, & la confer- ventcommeunerelique très: précieufe. Le grand-feigneur envoie auffi par l’intendant des caravanes, cinq cent fequins, un alcoran couvert d’or, plufieurs riches tapis, & beauconp de pieces de drap noir, pour les tentures des mofquées de la Meque. | * On choïfit le chameau le mieux fait du pays, pour être porteur de l’alcoran: à fon retour ce chameau, tout chargé de guirlandes de fleurs & comblé de bé- nédiétions , eft nourri graflement, &difpenfé de tra- vailler le refte de fes jours. On le tue avec folem- nité quand il eft bien vieux, & l’on mange fa chair comme une chair fainte: car s’il mouroit de vieil- leffe ou de maladie, cette chair feroit perdue &c fu- jette à pourriture. | Les pélerins qui ont fait le voyage de la Megue, font en grande vénération le refte de leur vie; ab- fous de plufieurs fortes de crimes ; ils peuvent en commettre de nouveaux impunément, parce qu'on ne fauroitles faire mourir felon la loi ; ils font répu- tés incorruptibles, irréprochables & fanétifiés dès ce monde. On aflure qu'il y a des Indiens affez fots pour.fe crever les yeux, après avoir vu ce qu'ils appellent les faints lieux de Méque; prétendant que les yeux ne doivent point après cela, être propha- nés par la vûe des chofes mondaines. Les enfans qui font conçus dans ce pélerinage , font resardés comme .de petits fants , loit.que les pélerins les aient eû de ieurs femmes légitimes, ou des aventurieres: ces dernieres s'offrent humble- ment fur les grands chemins, pour travailler à une œuvre auf pieufe. Ces enfans font tenus plus pro- prement que les autres, quoiqu'il foit mal-aifé d’a- jouter quelque chofe à la propreté avec laquelle on prend foin des enfans par-tout le levant. (2:10) MÉQUINENCA , (Géog.) ancienne ville d’Efpa- gne au royaume d’Arragon. Elle a été connue au- fois {ous les noms d'Oéogefx & d’Itofx. Elle eft forte par fa fituation, & défendue par un château. Elle eft au confluent de l’Ebre & de la Ségre, dans un pays fertile & agréable, à 12 lieues N. E, de Tortole, 65 N. E.de Madrid. Log. 17. 35. las. 41. 22. (D, J.) MER , ff. ( Géog.) ce terme fignifie ordinaire- ment ce vafle amas d’eau qui environne toute la terre, & qui s’appelle plusproprement Océan. Voyez OCÉAN. Mer eft un mot dont on fe fert aufli pour expri= mer une divifion ou une portion particuliere de l’O- céan , qui prend fon nom des contrées qu’elle borde, ou d’autres circonftances. | Ainfi l’on dit, la er d'Irlande, la er Méditerra- née, la mer Baltique , la mer Rouge, &c. Voyez MÉ- DITERRANÉE. Jufqu’au tems de l’empereur Juftinien , la er étoit commune êc libre à tous les hommes ; c’eft pour cela que les lois romaines permettoient d'agir contre toute perfonne qui en troubleroit un autre dans la navigation libre ; ou qui gêneroit la pêche de la rer. L'empereur Léon , dans fa 56° novelle, a été le premier qui ait accordé aux perfonnes qui étoient en poffeffion de terres, le privilege de pêcher de- vant leurs territoires refpeétifs exclufivement aux autres. Il donna même une commiflion particuliere à certaines perfonnes pour partager entr’elles le Bof- phore de Thrace. Depuis ce tems les princes fouverains ont tâche de s'approprier la mer, & d’en défendre l’ufage pu- blic. La république de Vénife prétend fi fort être la maîtreffe dans fon golfe, qu'il y a tous les ans des époufailles formelles entre le doge & la er Adria= tique. Dans ces derniers tems les Anglois ont prétendu particulierement à l'empire de la er dans le canal de la Manche , & même à celui de toutes les zers qui environnent les trois royaumes d'Angleterre ; d'Ecofle & d'Irlande, & cela jufqu’aux côtes ou aux rivages des états voifins : c’eft en conféquence de cette prétention que les enfans nés fur les zers de leur dépendance font déclarés natifs d'Angleterre ; comme s'ils étoient nés dans cette île même. Gro- tius & Selden ont difputé fortement fur cette préten- tion dans des ouvrages qui ont pourtitre , #are Ît- berum , la merlibre, & mare claufum, la mer inter- dite. Chambers. Mer MÉDITERRANÉE. Voyez MÉDITERRANÉE( Mer Noire. Voyez NoïRe. Mer RouGe. Voyez ROUGE. Mer CASPIENNE. Voyez CASPIENNE & LAC. Sur les différens phénomenes de la mer, voyez EFLux GRerLUx, MARÉE , VENT, COURANT; Moussons ; GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ; LAC. Voyez auf Ze difcours de M. de Buffon ur le théorie de laterre, art. 8. 13.19. On prouve dans ce dif- cours ; 1°. que les amas prodigieux de coquilles qu'on trouve dans le fein de faterre à des diftances fort confidérables de la mer, montrent incontefta- blement que la mer a couvert autrefois une grande partie de la terre ferme que nous habitons aujour- d’hui. Aifl, acad. 1720. pag. 5. 2°. Que le fonds de la mer eft compofé à-peu-près comme la terre que mous habitons ; parce qu’on ytrouve les mêmes ma- ticres, & qu'on tire de la furface du fonds de la rer les mêmes chofes que nous tirons de la furface de la terre. 3°. Que la er a un mouvement général d’o- rient en occident qui fait qu’elle abandonne certai- nes côtes , &qu'elle avance fur d’autres. 4°. Qual et très-probable que les solfes & les détroits ont été formés par l'irruption de l'Océan dans les terres. Foyez CONTINENT & TERRAQUÉE. Voyez auf Dé- LUGE , MONTAGNE & FossiLe. (0) C'eft une vérité reconnue aujourd’hui par les na- turaliftes les plus éclairés, que la mer, dans les tems - Les plus recuiés , a occupé la plus grande partie du continent quenoushabitons; c’eft à fon féjour qu’eft dû la quantité prodigieufe de coquilles , de fquelet- tes de poiffons, & d’autres corps marins que nous trouvons dans les montagnes & dans les couches de la terre , dans des endroits fouvent très-eloignés du litique la mer occupe a@uellement, Vainement vou- droit-on attribuer ces phénomenes au déluge uni- verfel ; on a fait voir dans l’article FOSSILLES , que çette révolution n'ayant été que paflagere ; n’a pu produire tous les effets que la plüpartdes phyficiens lui ont attribués. Au contraire , en fuppofant Le {é- jour de la mer fur notre continent, rien ne fera plus facile que de fe faire une idée claire de la formation descouches dela terre , & de concevoir comment un fi grand nombre de corps marins {e trouvent ren- fermés dans un terrein. què la mer a abandonné. Foyer Fossires; TERRE, couches de La ; TERRE, révolutions.de La. + La retraité de la rer a pu fe faire ou fubitement ; ou fuceflivement, & peu-à-peu ; en effet , fes eaux ont pu fe retirer tout-à-coup , &c laiffer À fec une pottion de notre continent par le changement du centre de gravité de notre globe, qui a pu caufer Pinclination de fon axe. A l'égard de la retraite des Eaux de la mer qui fe fait fucceflivement & par de- grés infenfibles, pour peu qu’on ait confidéré les bords de la er on s’apperçoit aifément qu'elle s’é- loigne peu-à-peu de certains endroits, que lescôtes augmentent; & que l’on netrouve plus d’eau dans des endroits qui étoient autrefois des ports de mer où les vaiffeaux abordoient, L'ancienne ville d’Alexan- drie eft a@uellement affez éloignée de la mer ; les villes d'Arles , d’Aigues-mortes, 6. étoient autre- fois des ports de mer ; il n'y a guere de pays mariti- mes qui ne fourniffent des preuves Convaincantes de cette vérité ; c'eit fur tout en Suede que ces phéno- menes. ont été obfervés avecle plus d’exaéhtude de- puis quelques années , ils ont donné lieu à une dif- pute très-vive entre plufeurs membres illuftres de l'académie royale des fciences de Stockholm. M. Dalin ayant publié une hiftoire générale de la Sue- de, très-eftimée des connoiffeurs, ofa jetter quel- quesfoupçons fur l'antiquité de ce royaume, & parut douter qu'il eüt été peuplé auffi anciennement que lavoient prétendu les hiftoriens du nord quu l'ont. précédé ; 1l alla plus loin, & crut trouver des preu- ves que plufieurs parties de la Suede avoient été couvertes des eaux de la merdans des tems fort peu éloignés de nous ; ces idées ne manquerent pas de à trouver des contradiéteurs; prefque tous les peu-. ples de la terre ont de tout tems été très - jaloux de l'antiquité de. leur origine. On crut la Suede desho. norée parce qu'elle n’avoit pointété immédiatement peuplée par les fils de Noé, M. Celfius, favant géo- metre de academie de Stockholm , inféraen 1743, dans,le recueil de fon académie > Un Mémoire très- curieux ; il yentre dans le détail des faits qui prou- ventique les eaux ont diminué & diminuent encore journellement dans la mer Baltique, ainf que lO- céan qui borne la Suede à l'occident. Il s'appuie du, Kémoignage d’un grand nombre de pilotes &c de pê- 1 MER $ 35% cheurs avancés en Âge , qui atteftent avoir trouvé dans leur jeuneffe beaucoup plus d’eau en certains endroits qu’ils n’en trouventaujonrd’hui ; des écueils € des pointes des rochers qui étotent anciennement fous l’eau ou à fleur d’eau » 1Ortent maintenant de plufeurs piés au-deflus du niveau de la mer ; Onne peut plus paffer qu'avec des chaloupes ou des bar- ques dans des endroits où il pafloit autrefois des na- vires chargés ; des hourgs & des villes qui étoient anciennement fur le bord de la mer , en {ont main: tenant à une diflance de quelques lieues ; on trouve des ancres & des débris de vaifleaux qui font fort avancés dans les terres, &c. Après avoir fait l’énu- mération de toutes ces preuves, M. Celfustente de déterminer de combien les eaux de la mer baiffent en untems donné, Il établit fon calcul fur plufieurs ob- fervations qui ont été faites en différens endroits wi trouve entr'autres qu'un rocher qui étoit il y à 168 ans à fleur d'eau , & fur lequel on alloit à la pêche des veaux marins,s’eft élevé depuis ce tems de 8 piés au-deflus de la furface de la er. M. Celfius trouve que l’on marche à {ec dansun endroit où So ans au- Paravant on avoit de l’eau jufqu’au genou. Il trouve que des écueils qui étoient cachés fous l’eau , dans la Jeuneffe de quelques anciens pilotes | & qui même étoient à deux piés de profondeur, fortent mainte- nant de 3 piés, &c. De toutes ces obfervations sil rélulte , fuivant M. Celfius , que l’on peut faire une eflimation commune, & que l’eau de la mer baiffe en unan de 4; lignes, en 18ans de 4 pouces & s lignes, en centans de 4 piés $ pouces, en 500 ans de 22 piés $ pouces , en mille ans de 45 piés géométri- ques , Gc. M, Celfius remarque, avec raifon, qu'il feroit À fouhaiter que l’on obfervât exattement la hauteur de certains endroits au deflus du niveau de la mer ; par ce moyen la poflérité feroit à portée de juger avec-cerutude de la diminution de fes eaux EN: priere, M, Rudman {on ami, ft tracer en 173! une ligne horifontale fur une roche appellée /warchællen pe wihcker, qui fe trouve à la partie {eptenirionale de l’ile de Loefcrund , à deux miiles au nord-eft de Gefle. Cette ligne marque précifément jufqu’où ve- noit la furface des eaux en 1731. Voyez les mémoi- res de l'académie de Suede , tom. V. année 1743. I {e- roit à fouhaiter que l’on fit des obiervations de ce genre futtontesles côtes & dans toutes les mers con= nues, cela jetteroir beaucohp de jour fur un phéno- mene trés-Curieux de la Phyfique , & dont Juiqu’à préfent l’on ne paroît s'être fortement occupé qu’en Suede. La grande queftion qui partage maintenant. les académiciens de Suede, a pour objet de favoir fi la diminution des eaux de la mereftréelle ; c’eft à die ÿ. - fi la fomme totale des eaux de la mer diminue efec- tivement fur notre globe , ce qui paroît être le fen- timent de M. Celfius, du célebre M. Linnæus & de plufeurs autres : ou fi , comme M. Browallius & d'autres le prétendent , cette diminution des eaux n'eftquerelative ; c’eft à-dire, fila mer va reoapner d’un côté ce qu’elle perd d’un autre, On fent afé- ment combien cette queftion eft embarraflante : en effet, 1l faudroit un grand nonibre d’obférvarions faites dans toutes les parties de notre globe, &con- tinuées pendant plufieurs fiecles pour la décideravec quelque certitude. dj à Ieftconitant que les caux' de la mer s’élevent en vapeurs, forment des nuages & retombent en pluie ; une partie de ces pluies rentre dans la mer , une aus tre forme desrivieres qui fetombent encore däns la mer, de là ilréfulte une circulation perpétuelle qui ne tend point à prodiire une diminution réelle des eaux de la rer ; mais, fuivant M. Celfius, la par- He dés eaux qui abreuve les terres, & qui lert à la 360 MER Végétation , c’eftàdire, à Paccroiflement des àr- bres & des plantes, eft perdu pour la fomme totale des eaux, & cette partie, felon lui, peut fe con- vertir en terre par la putréfaétion des végétaux, fen- timent qui a été foutenu par Van Helmont, & qui n’eft rien moins qué démontré ; le grand Newton, quil'aadopté , en conclut que les parties folides de laterre vont en s’augmentant, tandis que les parties fluides diminuent & doivent un jour difparoître to- talement, vüque,fuivantce favant géometre ; notre globe tend perpétuellement À s'approcher du foleil ; d’où il conjetture qu'il finira par fe deffécher totale- ment, à moins que l'approche de quelque comète ne vienne rendre à notre planete l'humidité qu’elle aura perdue. | M. Celfiustrouve encore une autre maniere d’ex- pliquer la diminution des eaux de laner ; c’eftque, felon lui, une partie des eaux fe retire dans les cavi- tés & les abyfmes qui font au fond du lit de la 7er ; mais il ne nous dit point comment Ces cavités fe forment : il y a tout lieu de croire que c’eft le feu qui fait place à l’eau, &t que les eaux de la rer vont occuper les efpaces qui ont été creufés par Les * feux fouterreins dont l’intérieur de notre globe eft: perpétuellement confumé. Il feroit très-important que l’on fit les obferva- tions néceflaires pour conftater jufqu'à quel point ces idées peuvent être fondées ; cela ne manqueroit pas de jetter beaucoup de lumieres fur laPhyfique &c furla Géographie, &c fur la connoïiflance de notre globe. M. Celfus croit que la Scandinavie a été an- Ciennementune île , & que Le golfe de Bothnie com- muniquoit autrefois avec la wer Blanche par les ma- rais aujourd’hui formés par J’'Ulo- Elbe ; ce fenti- ment s’accorde avec celui de Ptolémée &r de plu fieurs anciens géographes , qui ont parlé de la Scan- dinavie comme d’uneile. Ce n’eft point feulement dans le nord que l’on a obfervé que les eaux de la mer fe retiroient 6 laif- foient à fec une partie de fon lit , les plus anciens hiftoriens nous apprennent que l’île du Delta en Egypte, quifetrouve à l'embouchure du Nil, a été formée par le limon que ce fleuve a fucceflivement dépofé. Les voyageurs modernes ont obfervé que le continent gagnoit éontinuellement de ce côté. Les ruines du port de Carthage font aujourd’hui fort éloi- gnées de la mer. On a auffi remarqué que la Mé- diterranée fe retiroit des côtes méridionales de la France vers Aigues-mottes , Arles, &c. & l’on pour- roitconjedurer qu'au bout de quelques milliers d’an- nées , cette er dilparoîtra totalement , comme M. Celfius préfume que cela arrivera à La #er Baltique. Onpeuten dire autant de la mer Noire, de la mer Caf- ss dont le fond doit néceffairement hauffer par es dépôts qu’y font les grandes rivieres qui vont s’y gendre. Tout ce qui précede, nous prouve que les rers produifent fur notre globe des changemens perpé- tuels. Il y en a qui difparoïflent dans un endroit ; il n’en eft pas moins certain qu'il s'en produit de nouvelles dans d’autres. C’eft ainfi qu'a été for- la mer d'Harlem en Hollande, que l’on voit entre Harlem & Amfterdam, dont la formation qui eft aflez récente, eft due à des vents violens qui ont pouflé les eaux de la 7er par-deflus fes anciennes bornes, & qui par-là ont inondé un terrein bas d'où ces eaux n’ont point pu fe retirer. Pline re- garde la rer Méditerranée comme formée par une irruption pareille de l'Océan. Voici comme ce cé- lébre naturalifte s'exprime, au div. III. de fon hf. patur. Terrarum orbis univerfus in tres dividitur partes; Europam , Afiam 6 Africam; origo ab occaju folis 6 gaditano freto, qua irrumpens Occanus atlanticus in naria séeriora diffunditur, ïL y a des mers, telles que la mer Cafpienne , fà mer morte, &c. qui fe trouvant au milieu des ter- res, n’ont point de paffages fenfbles par où l’'écout- lement des eaux qu’elles reçoivent puïfle fe faire, LeP.Kircher & plufieurs autres naturaliftes ont foup- conné que leurs eaux $’écouloient par des conduits ou canaux fouterreins par où elles fe dégorgéoient: . dans l'Océan; & qu'il y avoit une efpece de liaïfon entre toutes les mers, qui fait qu’elles communiquent les unes avec les autres. Ces auteurs n'ont trouvé que ce moyen d'expliquer pourquoi ces 77ers ne débordoient point, malgré les eaux des rivieres qw’elles reçoivent continuellement ; mais ils n’ont point fait attention que l’évaporation pouvoit être: équivalente à la quantité d'eau que ces mers réçoi= vent journellement. | C’eft au féjour des eaux de la 7% fur de ceïtai- nes portions de notre continent, qu'il faut attri- buer la formation des mines de fel gemme ou dé {el marin foffile que l’on trouve dans plufieurs pays ui font maintenant très-éloignés de la 7er. Des caux falées font reflées dans des cavités d'oùelles ne pouvoient fortir. Là, par l’évaporation, ces eaux on£ dépofé leur fel, qui, après avoir pris une confif- tance folide & concrete, a été recouvert de terres &z forme des couches entieres que l’on rencontre aujourd’hui à plus ou moins de profondeur. Voyez Particle SEL GEMME. _Il n’eft point fi aifé de rendre raifon de la falure des eaux dé la rer, & d'expliquer d’où elle tire fon origine. Un grand nombre de phyficiens ont cru que l’on devoit fuppofer Le fond de la rer rempli de mafles ou de roches de fel que les eaux de la nef diffolvoient perpétuellement, mais on ne nous ap- prend point comment ces males de fel ont été el= Jes:mêmes formées. | | Au refte, le célebre Stahl regarde la formation du fel marin comme un des myfteres de la nature que la chimie wa point encore pu découvrir. En général, nous favons que tous les fels font com- pofés d’une terre atténuce & d’eau, & l’on pour- roit préfumer que le fel marin fe génere conti- nuellement dans la zér, Quelques phyficiens onf cru que Peau de la mer avoit été falée dès la créa- tion du monde: Ils fe fondent fur ce que fans cela les poiflons de mer, exigeant une eau falée, n’au- roient pas pu ÿ vivre, fi elle n’avoit été falée dans fon origine. M. Cronftedt, de l’acad. des Sciences de Suede; remarque dans fa minéralogie; $. 21, que l’eau de la mer tient en diflolution une quantité prodigieufe de terre calcaire, qui eft faturée par l'acide du fel marin. C’eft cette terre qui s'attache au fond des chaudieres où l’on fait cuire l’eau pour obtenir le {el; elle a la propriété d’attirer l'humidité de l'air. Suivant cet auteur, c’eflacette terre calcaire qui forme les coquilles, les écailles des animaux cruf- tacés, &c. à quoi il ajoute qu'il peut arriver que la natute fache le moyen de faire de la chaux un fel alkali qui ferve de bafe au fel marin: Quoi qu'il en foit de toutes ces conjénétures , il éft conftant que toutes les wers qui font fur notre globe, ne font point également falées. Dans les pays chands & vers ja ligne, l’eau de la rer efl beaucoup plus falée que vers le nord: ce quisvient de la forte évaporation que la chaleur caufe , 8x qui doit rapprocher & comme concentrer le fel. Des circonftances particulieres peuvent eñncoré con" courir à faire que les eaux de la rer foient moins falées en quelques endroits qu’en d’autres : cela arrivera, par exemple, vers l'embouchure d’une rivière dont l’eau tempérera la falure de la æ+r dans ‘un grand efpace; c’eft ainfi qu'on nous dit que la rer Blanche n’eft nullement falée à l’em - bouchure MER bouchure de la grande riviere d'Oby en Sibérie. D'ailleurs, 1l peut fe faire qu'il y ait dans de cer- tains endroits dés fources , qui, en entrant dans la ‘ner & en fortant du fond de fon lit, adouciflent fa falure dans ces fortes d’endroits ; mais c’eft fans fondement que quelques perfonnes ont étendu cette regle, & ont prétendu que l’on trouvoit toujours de Peau douce au fond de la mer, Voyez l'arricle fuivant, MER, eau de la. Outre la falure, les eaux de la mer ont ordinai- rement un goût bitumineux & dégoûtant qui ré- volte Peftomac de ceux qui veulent en boire: Il y a lieu de conjeéturer que ce goût leur vient des cou- ches de matieres bitumineutes qui fe trouvent dans le lit de la ser : à quoi l’on peut joindre la décom- pofition de la graïile que fournit une quantitéim- smenfe d'animaux &t de polons de toute efpece, qui vivent & meurent dans toutes les mers. La falure 6 le mauvais goût des eaux de la rer empêchent de la boire. C’eft pour remédier à cet inconvénient, que l’on eft obligé d’embarquer de Feau douce dans les vaifleaux; & lorfque les voya- ges font fort longs, cette eau douce fe corrompt, &t les équipages fe trouvent dans un très-grand embarras. Depuis long-tems on avoit inutilement cherché Te moyen de deffaller l’eau de [a rer. Enfin il y a quelques années que M. Appleby, chimifte anplois, a trouvé le fecret de rendre cette eau po- table ; cette découverte lui a mérité une récom- penfe très-confidérable dela part du parlement d’An- gleterre qui a fait publier {on fecret. 11 confifte à mettre quatre onces de pierre à cautere & d'os cal- cinés fur environ vingt pintes d’eau de rxr; on dilhile enfuite cette eau avec un alambic, & l’eau qui pañle à la diftillation eft parfaitement douce, Cette expérience importante a été réiterée avec fuccès par M. Rouelle. Pour peu qu’on veuille s’en donner la peine, ‘on adaptera les vaiffleaux diftil- l:toires À la cheminée de la cuifine d’un vaifleau, &: fans augmentation de dépenfe, on pourra diftil- ” Jercontinuellement de l’eau de 7er, en mêmetems que l’on préparera les alimens des équipages. _ Les eaux de la rer ont trois efpeces de mouve- ment. Le premier eft le mouvement d’ondilation ou de fluétuation que les vents excitent à fa fur- face en produifant des flots on des vagues plus ou moins confidérables , en raïon de la force qui les excite, Ce mouvement des flois eft modifié par la poñiuon des côtes, des promontoires , des îles, &c. que les eaux agitées par les vents rencontrent. Le fecond mouvement de la mer eft celui que l’on nomme courant; c'eft celui par lequel les eaux de la er font continuellement entraînées d’orient vers l'occident; mouvement qui eft plus fort vers Péquateur que vers les poles, & qui fournit une preuve inconteftable, que le mouvement de la terre fur fon axe fe fait d’occident vers orient. Ce-mou- vement dans l’'Océan,commence aux côtes occiden- tales de l'Amérique, où il eft peu violent ; ce qui lui fait donner Le nom de #er pacifique, Maïs en partant de-là , les eaux dont le mouvement eft accéléré, après avoir fait le tour du globe, vont frapper avec violence les côtes orientales de cette partie du monde, qu’elles romproient peut-être, # leur force n'étoit arrêtée par les îles qui fe trouvent en cet endroit, &c que quelques auteurs regardent comme des reftes de l’Arlantide ou de cette ile im- menfe dont les anciens prètres égyptiens, au rap- port de Platon, ne parloient déjà que par tradi- tion. Un auteur allemand moderne appellé M. Po- Powus, qui a publié en 1750, en fa langue, un ou- vrage Curieux, fous le titre de recherches fur La mer, prélume que tôt on tard la violence du mouvement “de la 7er dont nous parlons, forceroit un paflage | Tome X, | MER 361 au travers de l’ifthme de Panama, fi ce terre né. toit rempli de roches qui oppofent de la réfftance aux entreprifes de la wzer ; fur quoi il rémarque que quelque tremblement de terre pourra quelque jour aider la ser à effeduer ce qu'elle n’a point encote pu faire toute feule. | Cette conjetture eft d'autant mieux fondée qué plufieurs exemples nous prouvent que la violence des eaux de la mer arrache & fépare des parties du continent, & fait des Îles de ce qui étoit au trefois terre ferme. C’eft ainfi qu’une infinité de circonfiances prouvent que la grande Bretagne te- noit autrefois à la France; vérité qui a été mife dans un très-grand jour par M. Defimarets dans {a differtation fur l’ancienne jon&ion de l'Angleterre avec la France, publiée il ÿ a peu de tems. On ne peut guere douter non plus que la Sicile n’ait été fépa- rée de la même maniere de Italie, &c, Le troifieme mouvement de la mer eft celni qui eff connu fous le nom de la marée ou dû fx &t reflux ; on n'en parlera point ici, vu que cet important phénomene a été examiné au long dans les arsicles FLUX @& MaARÉe. _ Outre les trois efpeces de mouvemens dont on vient de parler, il en eft encore un autre für le- quel les phyficiens ne font point tout-à-fait d’ac- cord. Quelques auteurs ‘prétendent que dans les détroits , tels que ceux de Gibraltar, du Sund & des Dardanelles, les eaux de la mer ont deux cou rans directement oppofés, & que les eaux de la furface ont une direétion contraire à celle des eaux qui font au-deflous, Le comte de Marfigli a obfervé ces deux coufrans contraires au paflage des Dar- danelles, phénomene qui avoit déjà été remarqué dans le fixieme fiecle par l’hiflorien Procope. Ces deux auteurs aflurent que lorique les pêcheurs jet. tént leurs filets dans ce détroit, la partie fupérieure du filet eft entraïnée vers la Propontide où #er de Marmora; tandis que la partie la plus enfoncée du filet fe trouve emportée par le courant inférieur vers le pont Euxin ou la mer Noire, Le comte de Marfghi a conftaté la même expérience avec une fonde de plomb attachée à une corde; quand il ne lenfonçoit que de cinq on fix piés, la fonde étoit emportée vers la propontide; mais lorfqu’il l'enfonçoit plus avant, il voyoit qu’elle étoit pouf. fée vers le pont Euxin, M. Popowits explique d’après ce phénomene; pourquoi les éaux de la mer Noire font toujours également falées, malgré les rivieres qu’elle re- çoit.C’eft que, fuivant ces expériences, la Méditer= ranée fournit continuellement à la er Noire par le détroit des Dardanelles, de l’eau falée, gielle reçoit elle-même de la même maniere de l'Océan par Île détroit de Gibraltar. Suivant le rapport du célebre Ray, on a fait dans le Sund les mêmes expériences que dans le détroit des Dardanélles ; & l’on a trouvé que les eaux de Ia mer Baltique fortoient à la partie fupérieure, & que lés eaux de l'Océan entroient dans la er Baltique pâte deflous les premieres. Comme plufieurs mers de notre globe font pla- cées au milieu du continent, & reçoivent de très- grandes rivieres, fans que l’on apperçoive de paf fages par où leurs eaux puiflent s’écouler : quel- ques auteurs ont cru qu'il falioït qu'il y eût des coms munications fourerreines entre ces wers & l'Océan. C’eft ainfi que l’on a cru qu'il ÿ avoit uné coff- munication cachée fous terre entre la mer Caf. ETES & l'Océan, entre la mer Morte & la Médie terranée, Gc. On a cru fur-tout expliquer par-là pourquoi ces mers ne débordent point; peut-être que lévaporation des eaux de ces mers eft équivalente À la quantité dés eaux que lesrivières leur pu (—) À 362 MER _ Men, cu de la, ( Phyfique, Chimue.) L'eau de l'Océan &c des autres mers differe de Peau pure par es principes étrangers dontelle eft chargée, c’eft-à- dire , par les diflérens fels qu’elle renferme, &cpar a fubftance fulfureufe qui produit fon amertume ; Xon onduofité , &c fa qualité phofphorique. Nous ne nous-étendrons point fur la nature du fel marin proprement dit, fur fa vertu feptique, ou an- ti-feptique, fuivant la dofe dans laquelle on le joint aux fubftances qui fe putréfient. Voyez plus bas SEE MARIN. LS On aflure que ceux qui navigent fous lalignes’ap- perçoivent que la mer eft plus falée dans les climats où la chaleur du {oleil eff plus forte & plus propre à corrompre les fluides. Cependant d’habiles obferva- teurs ont rapporté à Boyle que la gravité fpécifique de l’eau de mer étoit la même que fous l'équateur, & au-delà du trentieme degré de latitude. Il paroît par les obfervations de Swedenborg , que cite Walle- œius dans fon Âydrologie, p. 81. que la falure de la mer, dans les pays du Nord & vers les poles de la terre , diminue toûjours très-fenfiblement. On ne peut guère douter que les mers du Nord ne gelent , que parce qu’elles font moins falées ; car on a obfer- vé que le fel marin, le fel ammoniac , font de tous les fels ceux dont les diffolutions fe changent en glace de plus difficilement. Walleriusrapporte ailleurs ( 2» sentam. chim. Hiet- ne, . LI. p. 117, mote. ) que M. Palmftruck a conf- taté par des expériences faites dans le golfe de Both- nie, au tems des folftices & des équinoxes, que la fa- lure de la mer diminue dans les grands jours, & aug- mente quand les jours deviennent plus courts. Le même M. Palmftruck aflure que la mer eft plus falée pendant le flux que pendant le reflux, & que fa fa- lure eft plusconfdérable à une plus grande diftance des côtes & à une plus grande profondeur, Cette derniere obfervation eft conforme à celle du comte Marfigli; & quoiqu’elle ne s’accorde pas avec les expériences de Boyle, elle eft d’une vérité fenfible , puifque l’eau de la furface de la mer, ainf que celle qui baïgne les côtes, doit être beaucoup plus dé- Tayée par les eaux des pluies & des fleuves qui fe ettent dans la mer. C’eft fans doute à caufe que les fels des eaux de la furface de la mer font plus lavés par des eaux pu- res, qu’ils font plus acides. Ceci eft prouvé, parce que le comte Marfgli ayant mis des fels tirés de l’eax de mer fuperñcielle , & des fels tirés de la même eau prife à une certaine profondeur, dans du papier bleu, il vit que ceux qui avoient été tirés de l’eaz fuperfcielle teignoient ce papier enrouge;6t au con- traire le fel des eaux profondes ne donnoit aucune impreffion de rongeur. M. Hales a remarqué que des morceaux de papier bleu prenoient un œil rougeâtre, après avoir été trempés dans de la faumure de fel tiré de lea de la ner, mais ils n’avoient point cette couleur, lorf- qu’on lestrempoit de même dans une forte faumure de fel commun ; ce qui montre, dit M. Hales, que le fel imparfait d’eau de mer eft en partie nitreux, mais cette conclufion ne femble pas aflez jufte, & ce fait prouve feulement que le fel de la premiere faumure étoit moins exaétement neutralifé. De mé- me onaexpliqué , parce principe nitreux, pourquoi l’eau de mer n'éteint pas la flamme ainfi que l’eau douce ; mais il eft plus naturel d’attribuer cet effet aux parties fulfureufes & bitumineufes. On eft mieux fondé à admettre un principe ni- treux dans l’zau de la mer , parce que l’efprit de fel , tiré du fel de la mer, eft un diffolvant de l’or, & parce que l’ona retiré de l’efprit nitreux de l’eau- snere des falines, L'origine de ce nitre n’eft pas bien connue , il appartient fans doute aux plantes mari- nes, il eft développé, & rendu fenfble par leur pr tréfaétion. J'ai appris de M. Venel qu’on voit-beaucoup dé fel de glauber très-diftiné@t, & très-bien cryftallifé dans les tables des falines où on évapore l’eau de mer, Je ne connoïs point d’auteurs qui aient fait cette re- marque. Peut-être ce fel de glauber eft-il formé dans les falines par la combinaifon d’un acide aérien avec la bafe alkaline du fel marin : peut-être auffi l’exif- tence des fels neutres , produits dans l’eau de la mer ar l'acide nitreux & par l'acide vitriolique , doit- elle fortifier le foupçon fi légitime qu’on a de l’iden- : tité radicale des acides nitreux, L'eau de la mer eft d'autant plus amere qu’on la puife à une plus grande profondeur. Il eft très-proba- ble qu’elle doit {on amertume à un efprit huileux, volatil, de nature bitumineufe , dont elle eft impré- gnée. Carle comte Marfgli a publié dans fon Æiffoire phyfique de la mer, p. 26. une table des propor- tions des fels communs & d’efprit de charbons, qui donnent à l’eau de citerne, outre la même pefanteur fpécifique, le même goût falé 8 amer qu'à Peau na- turelle de a mer , fuperficielle on profonde. Le mè- me auteur a trouvé que l’eax de la mer, bien qu’elle ait été entierement dépouillée de fel après beaucoup d’exates & réitérées difillations , conferve avèc une amertume désoûtante, quelque chofe de vifqueux & de gluant , qui s’attache aux côtés d’une bouteille dans laquelle on agite cette eau diftillée, & ne fe précipite au fond qu'avec peine lorfqu’on la laïfle repofer : il a remarqué que cette fubftance ontueufe ne rend l’eax de la mer diftillée en aucune façon plus pefante que l’eau infipide des citernes , ce qui prou- ve la grande volatilité de l’efprit bitumineux qui pro- duit cette fubftance onétueufe, Cette volatilité eft encore démontrée parce que l’efprit qu'employoit Marfpli, pour donner le goût amer à l’eau fimple- ment falée , n’en altéroit point du tout le poids. Il faut obferver néanmoins qu’on ne trouve point d’a- mertume, ni de goût de bitume , fi l’on difülle de l’eau de mer qui ait été puifée feulement à quatre ou cinq pouces de la furface de la mer. | On n’eft point d’accord fur l’origine de la falure des eaux dela mer, plufñeurs auteurs penfent qu’elle eft auf ancienne que la mer même ; d’autres prétendent qu’elle eft dûe à la diflolution des rochers &r des mi- nes de felgemme , que le baflin de la merrenferme en grande quantité fuivant Varenius. Mais les Stalh- liens conjeéturent ayec beaucoup de fondement, qu'il fe produit chaque jour une nouvelle quantité de fel dans les eaux de la mer, puifque le fel eft un mixte compoié de terre & d’eau, & que rien n’em- pêche que ce mixte ne puifle être produit par la com- binaifon de l’eau avec le fable, lelimon, les débris des coquillages, & de terre calcaire qui recouvre en plufieurs endroits le fond de la mer, dont les par- ties font fubtilifées par l'agitation de la mer &c par la chaleur du foleil. Les cadavres refous d’une infinité de poïflons, & le bitume de la mer ajoutent à ce produit une fubftance inflammable particuliere , qui acheve le caraétere fpécifique du fel marin. L’opi- nion des Stalhliens peut être confirmée par ce que Tavernier rapporte, que dans le royaume d’Affem on prépare un fel femblable au fel commun , en agt- tant fortement pendant dix à douze heures une diflo- lution du fel lixiviel des feuilles du figuier d'Adam, u’on dépure des feces , & qu'on épaifitenfuite par Ja cottion. Sthal ( furdam. Chim. part. II. p.154. } ne doute point qu'on ne pt retirer de même du fe£ commun des autres fels lxiviels. Le comte Marfglia vû en plufeurs endroits de la mer de Thrace du bitume flottant, qui paroït fur l’eau lorfqu’elle eft calme. Il ajoute qu'on en trouve de même abondamment dans les mers des Indeg orientales, fur-tout aux endroits où il ya quantité d’ambre gris, [croit que l’eax de Le mer fe charge de cette fubftance en baignant des couches de bitume qui s'étendent dans fon baffin , & qui fecontinuent avec des veines de charbons deterre & de jais dans les montagnes des rivages voifins. Cette canfe ne paroït pas étreumverfelle, mais elle ne doit pas être négligée. Boyle nous apprend que le bitume li- quide, connu en Angleterre fous le nom de poix des barbades ; coule des rochers de ces îles dans la mer. Hales dit qu'on pourroit attribuer en partie à des fources de pétroles l’origine du bitume de la mer, M, Deflandes prétend que ces minieres de bitume ne fe trouvent point dans la mer, mais que l’onduo- fité amere de l’eax de la mer vient d’une infinité de maticres pourries , bois , plantes ; poiflons morts, cadavres; 1l remarque qu'un limon huileux enduit toûjours les bords de la mer, & les rend fi gliffans qu’on a de la peine à s’y foutenir. On voit d'autant mieux comment les cadavres des poiffons concou- rent à la prodnétion du bitume des eaux de La mer, qu'on a remarqué que la graifle de poiflon eft plus propre que les autres graifles à la réduétion des ter- res cuivreufes. Ilparoît que le bitume qui furnage les eaux de la mer elt produit par un acide vitriolique, fulfureux , femblable à celui des charbons par l'acide marin plus développé à la furface de ces eaux, & qui fe joint au pétrole & aux parties huileufesque fourniflent les plantes marines & les poiffons en fe putréfiant. On aeflayé par un grand nombre de moyens de rendre lea de la mer potable. Pour y parvenir , il ne fuffit pas de la deflaler, mais il faut encore lui ôter ce goût défagréable & bitumineux qu’elle conferve même après la difillation. Pline rapporte que les na- Vigateurs fe procuroient de l’eau douce en expri- mant despeanx demoutons, qu'ils avoient étendues autour de lenrs vaifleaux &c qui avoient été humec: tées par les vapeurs de la mer ; ou, en défcendant dans la mer des vafes vuides & bien bouchés, ou _ des boules de cire creufes : mais le premier moyen étoitinfufifant , & onaobfervé quele fecond ne def. faloit pas entierement l’eau marine: La filtration de Peau de mer à-travers le fable , oulaterre de jardin, n'a pas mieux réufli au comte Marfgli, On peut rapporter à ces moyens tous ceux dont On a fait ufage avant que de connoître l’art de diftil- ler. M. Hales fait entendre que les effais faits avant lui en Angleterre pour rendte l’eux de mer potable, fe réduifoient tniquement à la difillation, Je fuis fur- pris qu'il w’ait point parlé du procédé qu'a publié Lifter dans les Tranfadions philofophiques. I y pro- pofe ; pour éviter l’empyreume ordinaire à l’eex de mer diftillée ; de placer l’alembic fr un vafe rempli d’eau, ou d’algue, ou d’autres plantes marines, M. Gautier, médecin de Nantes, avoit imaginé fortin- génieufement, pout perfectionner la diftillation de l'eau de mer ; un vaïfleau diftillatoire, dontla defcrip- tion fe trouve dans le Recweil des machines approu- vées par l'académie royale des Sciences, com. LIT, Aombre 189. , Nous n'avons rien de plus intéreffant fur la ma- mere de rendre l’eau de mer potable, que les expé- riences de M, Hales ; ce grand phyficien ayant dif- tillé une quantité affez confidérable d’eax de are JU en fit diverfes portions à mefure qu’elle fortoit de Falembic. Lapremiereétoit belle, claire, & detrès- bon goût ; les dernieres étoient âcres 8 défaoréa- bles. M. Hales s’eft affuré quel’ea demer difillée ten- fermoit de l’efprit de fel, parce qu'on voit des nua- ges blancs & épais s'élever dans les différentes por- tons de cettecaz , lorfqu’on y verfe de la diffolution d'argent dans l’eau forte , parce qu’elle conferve & durcit la chair, & parce qu’elle fe corrompt moins Tome &, n F4 MER 363 vite, 8c ne fent jamaisaufi mauvais que l’eau com- mune. Cet efprit de fel, qu'on rétine par üné chaleur au-deflous du degré de Peau bouillante, paroît à M. Hales n'être point Pefprit du fel marin parfait, mais fortipd’un fel beaucoup plus imparfait, Âcre, impur & acide, dont leu de merabonde, M. Hales à trouvé d’abord que des alkalis Axes, très-forts, la chaux & diversablorbans, étant ajou- tés à l'eau de mer difillée ; font très-propres à ôter | les qualités nuifibles de cérte cax dans une feconde difillation. On voit par-là que M. Appledy rarien imaginé de fortnouveau, lorfqu'il a propofé dernie:: rement, comme les nouvelles publiques l’ont raps porté ; de deflaler l’eax de La mer par le moyen dela pierre infernale. Les Anglois donnent ce nom à la Pierre a cautere, Où à Pa/kali fixe combiné avec Ja chaux. Il paroît certain, quoique M. Hales ne fañlé que le conjeéturer, que les alkalis fixes, très-fortes Ou aiguités par la chaux , peuvent fixer en partie lé foutre délagréable de lea de mer , puifqu'on fait d’ailleurs que lefprit de vin diflout plus dé fuccin lorfque cer epnit eftalkalifé , &t qu'il en extrait d'au: tant plus qu'il a été préparé avec un alkalicauftique. Enfin, les embarras d'une feconde difillation ont fait chercher à M. Hales , & découvrir un moyen trés-avantageux de rendre lea de mer potable 6 faine, Cet de la laiffer premierement bien putré- fier, & de la diftiller lorigu’ells fera revenue dans fon état naturel: la difillation de cette ere produit les + d’une eau qui ne donne aucun nuage blané loôrfqu’on y verfe de la iolution d'argent, qui n'a guère plus de goût adufte que la meilleure eau dé lource difüllée ; qui, de même que l’eau de pluies fe putréfie , 6e laïfle corrompre la chair qu'on y mér, 6c. jufqu'à ce que les + de la liqueur fuffent difillées. M: Hales obferva qu'aucun efpritde felnes’éleva dé l’eau marine, mais aux +il parut, un pouce au-defus de la furface de l’eau, un cercle de fel blanchâtre, attaché aux parois intérieurs de la retorte, qui eroifà {oit de plus en plus. M. Hales exphque fort bien la théorie de fa mé thode. Pendant que la putréfä@tion mer en mouvez ment les {els & lesfoufres de l’eaz de mer, l'efprit de fel s’éleve fort ailément dans la diflilation de cette eau encore putride; mais après la putréfaétion les parties es plus groflieres s'étant précipitées d’elles- mêmes ; il faut beaucoup plus de chaleur pour élever l’efprit du fel imparfait de Peas de mer qu'il n’en au roit fallu avant la putréfaétion, & l’on peut par con- féquent diftiller une grande quantité de cetie ei avant que lefprit de fel commence à fe lever Le à s'y méler. Je penfeque Boyle employoitiaputréfac- tion dans cette cugeftion parciculiere 8e fort longue ; par laquelle il dit que le fel marin et amené au point que l'efprit de fel s’en éleve fans aucune addition à un feu de fable modéré, & même que cet elprit pañfe avant le phlegme. Boyle, de origine 6 prouwe- tione volatiliratis , cap. iv. "À Il nous refte à parler de la lumiere que produifent les eaux de la mer pendant la nuit lorfqw'elles fout agitées, On à obfervé que dans certains tems & dans ceftaines mers 1l fe produit plus facilement des points lumineux & même fans le fecoutrs de l’apita- tion, & que ces points confervent leu: fummere beau- coup plus long-tems. M. Vianelh, qui a été fuivi de M: l'abbé Nollet & de M. Grifelini, a prérendu que ces points lumineux font des vers luifans de met, dont xl a fait defliner & graver la figure. Mais M: le Roï, célebre profeffeur en Médecine ee univer- fité de Montpellier , a objeëté contre ce fyfième dans un mémoire fort curieux, qui eft A AA érotfie= me voluriré des Mémoires approuvés par l'académie des Sciences , qu'on ne peut guère Concevoir com ment la proue d’un vaiflean feroit parôitre confia Lz ij 364 MER ment moins d'animaux , lorfqu'il fait route lente: ment que lorfqu'il va vite; comment ces animaux , étant dans un vafe avec de l’eau de mer, où {ur un mouchoir d’untiffluferré, bienéteridu , & imbibé de cetteeau, ne luiroient pour ordinaire queloriqu'on agite cette eau , ou lorfqu'on frappe le mouchoir. M. Wallerius, dans fes zoces fur Hherne, £. I.p. 60, a oppofé depuis les mêmes raïfons contre le fenti- ment de M. Vianelli. M. le Roi aflure que fi on coule de leu de mer au-travers d’un cornet de papier , l’eau qui a paflé ne donne plus d’étincelles. Il ajoute, qu'en regardant avec une loupe très-forte les étin- ,} celles, qu’on voyoit paroître dans lobfcurité fur les cornets par lefquels ilavoit coulé de l’eaz de mer, il n’a jamais pù découvrir fur ces papiers aucun corps qui approchât de l’animal décrit par M. Vianell. M. le commandeur Godehen a donné dans le mê- me volume des Mémoires préfentés à l'académie des Sciences , la figure & la defcription d'infeétes lumi- neux qui laiflent échaper une liqueur huileufe qui furnage l’eau dela mer, &c qui répand une lumiere vive &zazurée. On peut aufli confulter les amæntta- tes de Linnæus, volume troifieme , p. 202. de nothiluca marinä. Mais il femble que ces infeêtes ne peuvent fervir qu’à expliquer pourquoi la mer eft beaucoup plus lumineufe en certains endroits , comme aux en- virons des îles Maldives & de la côte de Malabar ; & que les obfervations de M. le Roï que nous allons rapporter peuvent feules fournir la caufe générale du phénomene. L'eau de la mer, expofée à l'air libre , perd en un jour ou deux la propriété de produire des étin- celles, & même en un moment, fi on la metfur le feu , quoique fans la faire bouillir, Cette propriété de l’eau de la mer fe conferve un peu plus long-tems dans des vaifleaux fermés. Dans certains jours l’eaz de la mer produit beaucoup plus d’étincelles qu’à lor- dinaire, & dans d’autres tems elle en donne à peine quelques-unes. En mélant dans l’obfcurité un peu d’efprit de vin avec de l’eau récemment tirée de la mer, & conte- nue dans une bouteille, M. le Roi a obfervé que ce mélange produit des étincelles en plus grand nom- bre, & qui durent d'ordinaire plus long-tems que lorfqu’elles font produites feulement par l’agitation. On produit aufli des étincelles par le mélange d’un grand nombre d’autres liqueurs acides, alkalines, & autres avec l’eau de mer; mais aucune de ces li- queurs n’en fait paroître autant que l’efprit de vin. Après les étincelles qui font excitées par ces mélan- ges, on ne peut plus en exciter de nouvelles d’au- cune maniere, M. le Roi conclut de ces expériences intéreffan- tes, que le phénomene général qu’on peut obferver dans toutes les faifons, &c vraiflemblablement dans tous les pays, doit être attribué à une matiere phof- phorique qui brûle & fe détruit lorfqu'elle donne de la lumiere, 8 qui par conféquent fe confume & fe régénere continuellement dans la mer; que cette matere qui fe porte naturellement à la furface de l’eau , eft de telle nature que le contaét d’un très- rand nombre de liqueurs la fait déflagrer , mais qu'elle ne fait déflagrer que les parties de cette matiere ; enfin, que cette matiere ne pañlant pas à-travers le filtre, 1l eft clair qu'elle n’eft que fuf- pendue dans l'eau de lamer, & qu’elle eft par confé- quent d’une nature huileufe ou bitumineufe. Onfe perfuadera encore davantage que la qualité lumineufe des eaux de la mer eft attachée à leur bitu- me , fi l’on fait attention à ce que le pere Bourzeis {Lettres édifiantes , volume F.) dit avoir obfervé , que dans quelques endroits de l'Océan l'eau étoit fi onc- tueufe qu’en y trempant un linge on le retiroit tout gluant, & qu'en l’agitant rapidement dans cette eau MER il jettoit un grand éclat. Il remarque auf , que Îe vaifleau traçoit après lui un fillon d'autant plus lus mineux que cette eau étoit plus grafle, Enfin, il pa roît que l’efprit de vin n’eft fi propre à extraire la fubftance phofphorique des eaux de la mer, que parce que l'acide du bitume de ces eaux eft très- développe. MER, ( Marine, ) ce mot s'emploie dans pluñeuts fens par les marins : voici les principales expreflions, Mestre a la mer, c'eft un vaifleau qui part & com- rence fa route, Mettre un vaifleau à la mer, ou le mettre à l’eau, c'eft-à-dire Ôter le vaifleau de deflis les chantiers & le mettre à flot, Voyez LANCER. Meitre une efcadre a la mer, c’eft la fortir du port. Mettre la chaloupe a la mer , c’eft ôter la chalonpe de deffus le tillac & la mettre dans l’eau. Tenir la mer , c’eft continuer fa navigation ou croi- fiere fans entrer dans les ports ou rades. Tirer à la mer, ou porter le cap a la mer, c’eft fe mettre au large en s’éloignant de la terre. La mer eff courte, c'eft-à-dire que les vagues de la mer {e fuivent de près les unes des autres. La mer eff longue, c'eft-à-dire que les vagues de la 2er fe fuivent de loin & lentement. La mer brife , c’eft lorfqu’elle bouillonne en frap- pant contre quelques rochers ou contre la terre. La mer mugit, c’eft lorfqu’elle eft agitée & qu’elle fait grand bruit. La mer blanchir ou moutonne, c’eft-à-dite que l’écu- me des lames paroit blanche, de forte que les va- gues paroïffent comme des moutons, ce qui arrive quand il y a beaucoup de er pouflée par un vent frais. La mer étale jc’eft lorfqu’elle ne fait aucun mou- vement ni pour monter m1 pour defcendre. La mer rapporte, c’eft-à-dire que la grande marée recommence. La mer va chercher le vent , c’eft-à-dire que le vent fouffle du côté où va la mer. : Mer va contre le venr , ce qui arrive lorfque le vent change fubitement après une tempête. La mer fe creufe, c’eft-à-dire que les vagues devien- nent plus grofles & s’élevent davantage , que la rer s’enfle & s'irrite, | La mer a perdu, c’eft-à-dire qu’elle a baïffé, ly a de la mer, c'eft-à-dire que la mer.eft un peu. agitée. Il ny a plus de mer, c’eft-à-dire que la mer eft calme , ou qu'après qu’elle a été agitée elle s’adou- cit ou fe calme à caule que le vent a ceflé. Groffe mer, c'eft l'agitation extraordinaire de la mer par les lames. La mer nous mange, être rnangé par la mer, c'eft-à- dire que la mer étant extrèmementagitée, entre par les hauts. dans le navire, foit étant à l'ancre, foit étant fans voiles. MER D’AIRAIN, ( Critique facrée.) grande cuve que Salomon fit faire dans Le temple, pour fervir aux prêtres à fe purifier ayant & après les facrifi- ces. Ce vafe étoit de forme ronde ; 1l avoit cinq cou- dées de profondeur, dix de diametre d’un bord à l’autre, & environ trente de circonférence. Le bord étoit orné d’un cordon, embelli de pommes & de boulettes , & de têtes de bœufs én demi- relief, I portoit {ur un pié qui formoit comme une grofle co- lomne creufe appuyée fur douze bœufs difpofés en quatre groupes, trois à trois, & laïffant quatre pafla- ges pour aller tirer l’eau par des robinets attachés au piés du vafe; ÿ. Rois 16 ,17, 23 Par. 4.(D.J.) MER, ( Mychol.) non-feulement la mer avoit des divinités qui préfidoient à fes eaux, mais elle étoit elle-même une grande divinité perfonnifiée fousile nom d'Océar, auquel on faifoit de fréquentes hba- MER tions, Lorfque les Argonantes furent prêts de mer. tre à la voile, Jafôh ordonna un facrifice folemnel ; & chacun s'empreffa de répondre à fes defirs. Om: éleva un autel {ur le rivage, & après les oblations ordinaires, le prêtre répandit deflus de la flent de farine, mêlée avec du miel & de l'huile, immola deux bœufs aux dieux de la mer, & les pria de leur Être favorables pendant leur navigation. Ce culte étoit fondé fur l'utilité qu’on en retiroit ,lurles mer- veillés qu'on remarquoit dans la mer, lincorrupti- bilité de fes eaux, fon flux & reflux, la variété & la grandeur des monflres qu’elle enfante : tout cela produifit l’adoration des dieux qu’on fuppofoit gou- verner cet élément, (D.J7.) MER, (Géoor.) petite ville de France dans le Blaifois , à une lieue de la Loire & à 4 de Blois & de Beaugency. Les Calviniftes avoient un temple dans cette ville, avant la révocation de l’édit de Nantes. Long. 18. 30. lat, 47. 35. Jurieu ( Pierre) profeffeur en théologie & miniftre à Rotterdam, naquit à Mer en 1637, & mourut en 1713, à 76 ans. Il s’eft fait connoître par des écrits pleins d’efprit, de feu, & d'imagination , par des opinions chimériques fur le rétabliffement du calvi- nifme en France en 1689; & ce que je trouve de plus blamäble , il ne cefla de perfécuter Bayle, qui a vécu & qui eft mortenfage, (D. J. MER D’ABEx, ( Geog. ) partie de la mer Rouge, le long des côtes de l’'Abyflinie. ( D. 7.) MER ADRIATIQUE, (Géog.) Adriaticum mare ; ce grand golfe de la Méditerranée, qu'on nomme aufh golfe de Venife, s'enfonce du fud - {ud - eft, au nord-nord-oueft, entre l'Italie & la Turquie euro- péenne, & s'étend depuis le 404. de Zar. jufqu’au 454 25°. Son nom latin vient de l’ancienne ville Adria, aujourd’hui 4, fur les côtes de l’Abruzze fcptentrionale. Dans les Aüfes des apôtres, c. xxvij. v. 27. le nom Aria, ou mer Aüriatique, fe dit de la mer de Sicile, 8x de la rer lonienne. (D.J.) MER D'AFRIQUE, ( Géog. ) partie de la rer Médi- terrante, entre les îles de Malthe, de Sicile & d'Egypte, Se long des côtes de Barca & de Tri- pol. (D. J.) | MER D'ARABIE, ( Géog. ) on appelle proprement ainfi la partie de l'Océan, qui eft entre le cap Rafal- gate &c File de Zocotora. Les autres parties de la mer , Qui font une prefqu'îile de l'Arabie, ont des noms particuliers, favoir, Ze Jèin Perfique, Le golfe d'Ormus , 8 la mer Rouge. Les anciens comprenoient la mer d'Arabie fous le nom d’Erihreum mare. (DJ) MER ATLANTIQUE, (Géog.) Voyez au mos ATLANTIQUE. (D. J.)" MER AUSTRALE, ( Geog. } c’eft la partie de l'Océan la plus méridionale. On à découvert qu’elle occupe un vafte efpace, où l’on fe figuroit des ter- res : cette fanfle idée engageoit les navigateuts à pafñler le détroit de Magellan, avec bien des difficul- tés & des dangers. À préfent qu’on a fait le tour de l’île de Feu, l'on fait qu'à la referve d’un amas d’iles ; il n’y a qu'une rer aflez large au midi de ce détroit, que l’on évite pour entrer dans la mer du Sud. CD) | BALTIQUE, ( Géog.) Voyez BaALTIQUE. D. J. ( MER DE BassoRA, ( Géog.) c’eft la même que le golfe Perfique. Voyez GOLFE PERSIQUE. (D. J.) Mer BLANCHE, ( Géog.) Voyez au mor BLAN- CHE. (D.J.) | Mer BLEUE, ( Géog.) en latin moderne, /acus Caæfius, dans la langue du pays, 4ral/nov , c’eft un grand lac d’éan falée, dans le pays auquel il donne ion nom d’#rall, & qui fait partie du pays de Kho- Warefme, où Mavaralnahar, province montueufe, MER 365 fablonnente , généralement férile , Mäis ayant en plufieurs endroits des paturages excellens pour les troupeaux : elle tire fon nom du lac. Ce lac qui fépare le pays d’Arall des provinces Orientales de Khowarefine , eft un des plus grands lacs de l’Âfie feptentrionale, [1 a plus de 30 milles : géographiques , ou 4o lieues en longueur du nord au {ud, environ la moitié en largeur de l'eft À l'oueft, & plus de quatre-vingt lieues d'Allemagne de tour, Ses eaux font extrèmement falées, Il reçoit toutes les eaux de la riviere de Sirt , celles de Kefell, & d’autres rivieres moins importantes : Cependant il ne s'éleve point au-deflus de fes rives ordinaires, & l'on ne connoît aucun canal apparent par où fes eaux puifient s’écouler, Les Kara-Kalpacks, qui occupent le bord fepten: trional du lac d’Arall, condmfent en été les eaux de ce lac par le moyen de certaines rigoles, dans les plaines fablonneufes d’alentour; & l'humidité de l'eau venant à s’exhaler peu à peu pâr la chaleur du foleil, laiffe à la fin toute la furface de ces plaines Éouvertes d’une croute d’un beau fel cryftalifé où chacun en va prendre fa provifion de l’année, pour les befoins de fon ménave. (D. J.) MER pu BResiL, (Géog.) partie de l'Océan fur la côte du Brefl, le long de la côte orientale de l'Amérique , entre l'embouchure de l'Amazonne & celle de la riviere de la Plata. (D.J.) MER CARPATHIENNE, (Géog. ) Carpatium mare) partie de la mer Méditerranée, entre l'Egypte &e l’île de Rhodes ; elle avoit pris fon nom de l’île de Scarpanto, que les Grecs nommoient Carpathos , & les Latins Carpathus.Elle a au nord la mer Icarienne, au midi celle d'Egypte , & au couchant celle de Candie & d'Afrique, , MER CASPIENNE, (Géog.) Voyez CASPIENNE. Je n'ajoutérar que quelques lignes, Les anciens ont cons nu cette 7er, mais fort mal; cependant Hérodote ; Liv, I. chap, 203. avoit très- bien remarqué qu’elle n’a aucune communication vilible avec les autres 5 êt on en eft revenu au fentiment d’Hérodote. Pierre-le-Grand a fait faire une carte exaûte de cette 77er par des pilotes également habiles & har- dis. M. Charles Van-verden a dreflé cette carte, & M. de Lifle l’a réduite au méridien d’Aftracan. il n'y a point de gouffre dans la er Cafpienne , maïs elle fe décharge à fa partie orientale dans une autre petite #er de rs lieues d’étendue. L'eau de cette der. mere 7er eft d’une fi srande falure ) Que les poiffons de la mer Cafpienne qui y entrent meurent peu de tems après. Cette mer n’a ni flux ni reflux, & ce ne font que les vents qui la font monter ou baiffer fur l’üne ou l’autre côte : l'unique bon port qui foit fur cette 7er, eft le port de Manguflave, fur la côte orientale au pays de Kovarefme, au nord de l’em. bouchure de l’Aum: ce port eft entre les mains des Tartares, qui n’en font point d'ufage. (D. J.) MER DE DANEMARK, (Géogr.) On appelle ainfi là 7er qui s'étend depuis l'Océan jufqu’à la mer Baltique , dont elle eft en quelque façon le vef. tibule, entre la Norwege au nord, la Suede À l'o- rient , le Jutland au midi & au couchant. (D. J. MER D'ESPAGNE, ( Géogr.) partie de la Médi.. terranée, le long de l’Efpagne, depuis le cap de Creuze au pié des Pyrenées, jufqu’au détroit de Gi- braltar. (D.J.) | MER EGÉE, Æpgeum mare, ( Géog. anc.) cette partie de la Méditerranée que nous appellons 47. chipel, 8 qui s'étend entre la Turquie européenne & la Natolie , depuis le détroit des Dardanelles juf qu'a l'île de Candie. Cette mera été nommée Æpeur, ceft-à-dire, fuéuofum, procellofum, à caufe qu'au moindre vent fes flots bondiffent comme des chevres. Les Grecs ont appellé xiyac, chevres, ces flots écu. » 360 MER mans dont la mer eft tonte couvette dans un gt0s tems. Nous les appelions de même des mowons ; & nous difons que la mer montonne, quand elle eft tourmentée par la tempête. Plufieurs îles de la 7er Égée tiroient leur nom de la même caule, comme celle qu'on appelloit Ægea, aujourd’hui les Fournis, entre Nicaria & Samos. (D.J.) Mer DE FRANCE , ( Géog. ) On appelle propre- ment ainfi la partie de l'Océan qui lave les côtes de France, depuis le cap de S. Mahé en Bretagne, juf- qu'aux côtes d'Efpagne , où commence Ja mer de Bifcaye ; mais quand on dit les mers de France, on entend depuis Bayonne jufqu’à Dunkerque fur l'O- céan, toutes les côtes de Provence &t de Langue- doc fur la Méditerranée , dans ie golfe de Lyon. (D.J.) Mer DE GRECE, ( Géog. ) partie de la Médi- terranée, le long des côtes de la Grece & de la Morée , depuis Les îles de Sainte Maure, de Cépha- lonie, & de Zante, jufqu’à l’île de Cérigo. La côte orientale de la Grece eft de la er qu'on nomme Archipel, (D. J.) MER DE GROENLAND, ( Géog. ) partie de PO- céan, fur la côte des terres archiques. La parue orientale du Groenland, que cette mer baigne, eff devenue inaccefhble par les glaces qui s’y font ac- cumulées avec le tems. Il y avoit autrefois fur cette côte , une colonie danoife qui a long-tems fubffié ; mais qu’on a été obligé d'abandonner depuis deux fecles, faute d’avoir pu en approcher. (2. I.) MER D'IÈMEN, ( Géog.) païtie de l'Océan, le long des côtes de l’Arabie heureufe, entre la mer Rouge & le golfe d'Ormus. (2. J.) Mer pes Inpes, ( Géog. ) parue de l'Océan, le long des côtes méridionales de l’Afe, depuis la Perfe ‘jufqu’an golfe de Siam ; pañfé lequel commence ’O- céan oriental qui coule le long de la Cochinchine, du Tonquin, & de la Chine. (D. Ja) Mer IONIENNE, ( Géog.) Ce devroit être la mer qui lave les côtes d’Ionie dans l'Afe mineure. Mais le caprice de quelques géographes a voulu que l’on donnât très-improprement ce nom à la partie de la mer Méditerranée qui eft entre la Grece, la Sicile, & la Calabre. Cependant nos navigateurs ont rejetté ce mot, & difent /e mer de Grece, la mer de Sicile, La mer de Calabre, &c. (D. J.) Mer pe MaARMorA, ( Géag.) nom moderne de la Propontide des anciens. Voyez PROPONTIDE. (D. 1.) Mer MÉDITERRANÉE , (Géog.) grande mer en- tre l'Europe, l’Afe & l'Afrique. Elle communique à l'Océan par le détroit de Gibraltar. Elle eff fépa- rée de la rer rouge par l'ifthme de Suez, èt de la mer de Marmora par le détroit des Dardanelles. Elle contient plufieurs grands solfes. Les principaux font le golfe de Lyon, le golfe Adriatique , V'Archipel & le golfe de Barbarie. Elle renferme trois grandes prefqu'iles : favoir l'Italie, la Grece &r la Natole. Ses. principales iles font Sicile , Sardaigne, Corfe, Majorque, Minorque, Malthe , Corfou , Céphalo- nie, Zante & Candie, outre cette multitude d’au- tres îles qui font comprifes dans la partie de cette mer qu'on appelle Archipel. La meilleure carte de la Méditerranée que nous ayons, a été donnée par M. Guillaume de Eile. Cette 7er fi connue de tout tems par les nations les plus favantes, toujours couverte de leurs vaifleaux , traverfée de tous les fens poñffibles par une infinité de navigateurs, s'eft tronvéen’avoir que 860 lieues d’occident en orient , au liende 1160 qu’on lui don- noit ; & c'eft ce que M, de Lifle a reétiñié par des obfervations aftonomiques. Cependant non content de ces obfervations aftronomiques, dont on vouloit fe défier, il entreprit, pour ne laiffer aucun doute , de mefurer toute cette mer en détail & par parties fans employer ces obfervations, mais feulement les portulans & les journaux des pilotes, tant des routes faites de cap en cap, en fuivant les terres, que de celles qui traverfoient d’un bout à l'autre ; &z tout cela évalué avec toutes les précautions né- ceffaires, réduit & mis enfemble, s’eft accordé à donner à la Méditerranée la même étendue que les obfervations aftronomiques donr on vouloit fe dé- fer: (0: 7) Mer MorTe , (Géog.) où MER DE SEL, 01 mienx encore ; LAC ASPHALTIDE , grand lac de la Palefti- ne à l'embouchure du Jourdain, Sa longueur du N. au S. eft d'environ 7o milles anglois, & fa largeur d'environ 18 milles. Le Jourdain & l’Arnonfe jet- toient dedans & s’y perdoient. On peut confulter fur celac, le P. Nau jéfuite, dans fon voyage de la Terre-fainte. (D. J.) MER Noire , (Gcog.) ou MER MAJEURE ; CON- nue des anciens fous le nom de Poni-Euxin. Voyez PONT-EUXIN. Grande mer d’Afe , entre la Tartarie au nord, la Mingrélie, l’Imirete , le Guriel & quelques provin- ces de l’ancienne Colchide, que poflede aujourd’hui le turc. Elle a à lorient la Natolie, au midi la Buls garie, & la Romanie au coucant. Cette wer reçoit plufñeurs grands fleuves ; favoir le Danube, le Boryfthene, le Don, le Phafe, le Cafalmac , l’Aitocza & la Zagarie. Elle communique à la Propontide, autrement rer de Marmora, par le détroit de Conflantinople, nommé le canal de la mer Noire , & par cette rer, avec l’Archipel. Elle communique encore par le dé- troit de Cafa, avec le Palus Méotide , qui eft une mer formée par le concours des eaux de la er Noire & du Don. - Les peuples qui habitent les bords de cette #77 font ou fujets, ou tributaires de Pempire oitoman. Le canal de la mer Noire, ou le bofphore de Thra= ce, comme difoient les anciens, a 16 mulles êz demi de longueur; commence à la pointe.du ferrail de Conflantinople, & finit vers la colôlime de Pom pée. Hérodote, Polybe & Strabon, lui donnent 120 ftades d’étendue, lefquelles reviennent à 1$ milles. Lis xent le commencement de ce canal ,en- tre Bizance & Chalcédoine ; & le font terminer au temple de Jupiter, où eft préfentement le nouveau château d’Afie; mais cette différente maniere de mefurer le canal eft arbitraire & revient au même calcul. Sa largeur, aux nouveaux châteaux où étoient autrefois les temples de Jupiter & de Sérapis, efl depuis un mille juiqu'à deux. Son cours eft fi ra- pide entre les deux châteaux, qu'avec un vent du nord il n’y a point de bâtimens qu s’y puiffent arrê- ter, & qu'il faut un vent oppofé aux courans, pour les pouvoir remonter ; cependant la vitefle des eaux diminue fenfiblement , que l’on monte & que lon defcend fans peine, lorfque les venis ne font pas violens, Indépendamment des vents, il. y a des courans fort finguliers dans le canal de fa mer Noire ; le plus fenfble eft celui qui en parcourt la longueur , de- puis l'embouchure dé la mer Noure, jufqu’à la mer de Mermora , qui comme on fait, eft la Propontide des anciens. M. le comte de Marfigliy a obfervé de pe- tits conrans, qui permettent aux batteaux de mon- ter, tandis que d’autres batteaux defcendent à la fa- veur du grand courant. Cependant cette diverfité de courans ne doit point paroître merveïrlleufe, arce qu'on conçoit afément qu'umcap. trop aVan- cé, doit faire reculer les eaux qui fe préfentent dans une certaine direétion ; mais il eft difficile derendre raïfon d’un autre courant caché, que nous appel Terons corañr inférieur, lequel dans un endroit du grand canal, roule fes eaux dans une direétion con- traire au courant qui hui eft fupérieur, comme le prouvent les filers des pêcheurs, Procope de Céfa- rée, M. Gilles, M. le comte de Marfigi & M. de Tournefort, en ont fait l’obfervation. Il n'eft pas plus aifé d'expliquer pourquoi le ca- nal vuide f peu d’eau, fans que la #er Noire qui en reçoit une fi prodigieufe quantité, en devienne plus grande. Cette zer reçoit plus de rivieres que la Mé- diterranée ; les plus grandes de l’Europe y tombent par le moyen du Danube , dans lequel {e dégorgent celles de Suabe, de Franconie, de Baviere, d’Au- triche, d'Hongrie , de Moravie , de Carinthie, de Croatie, de Bofnie, de Servie, de Tranfylvanie, de Valaquie ; celles de la Ruflie-noire & de la Podo- lie , fe rendent dans la même mer, par le moyen du Niefter ; celles des parties méridionales & orienta- les de [a Pologne, de la Mofcovie feptentrionale, &t du pays des Cofaques, y entrent par Le Nieper ou Boryfthene; le Tanais & le Coper ne pañlent:ils pas dans la er Noire, par le Bofphore Cimmérien? les rivieres de la Mingrelie, dont le Phafe eft la principale , fe jettent auffi dans La er Noire , de mê- me que le Cafalmac, le Sangaris & les autres fleu- ves de l’Afie-mineure , qui ont leur cours vers le nord : néanmoins le Bofphore de Thrace n’eft com- parable à aucune des rivieres dont on vient de par- ler. ILeft certain d’ailleurs que la mer Noire ne orof- fit pas, quoiqu’en bonne phyfque, un réfervoir augmente quand fa décharge ne répond pas à la quantité d'eau qu'il reçoit. Îl faut que la er Noire, indépendamment de fon évaporation par le foleil, fe viude & par des canaux fouterrains qui traverfent peut-être l’Afie & l’Europe, & par la dépenfe conti- nuelle de fes eaux, lefquelles s’évaporent en partie, en partie s’abreuvent dans la terre, & s’écoulent bien loin des côtes. Quelque rapide que foit le cours des eaux dans le çanalde la mer Naire , elles n’ont pas laiffé de fe ge- Jer dans les plus grands hivers. Zonare aflure qu'il: y en eutun fi rude fous Conftantin Copronime, que Ton pañloit à pié fur la glace, de Conftantinople à Scutari ; la olace foutenoir même les charrettes. Ce fut bien autre chofe en 4or, fous l'empire d’Arca- dius : la mer Noire fut gelée pendant 20 jours; & “quand la glace fut rompue, on en voyoit pafler de- vant Conftantinople des monceaux effroyables. D'un autre côté , quoi qu’en aient dit les anciens, & quoi que penfent les Turcs de cette mer, qu'ils ont nommée Worre , elle n’a rien de noir que le nom; les vents n’y fouflent pas avec plus de füurie, & les orages n'y font guere plus fréquens que fur les au- tres zzers. Il faut cependant pardonner les exapéra- tions aux poëtes anciens, & fur-tout aux chagrins d'Ovide; mais le fable de la mer Noire eft de même couleur que eelui de la erBlanche , &{es eaux {ont -aufh claires: en un mot, fi les côtes de cette mer , qui pañlent pour fort dangereufes | paroiffent fom- bres de loin, ce font les bois qui les couvrent, ou lé grand éloignement qui leur donnent le coup d’œil noirâtre. Valerius Flaccus, qui a décrit poétiquement le voyage des Argonautes, aflure que le ciel de la rer Noire eft toujours brouillé, & qu’on n’y voit Jamais de tems bien formé ; maïs nos navigateurs qui ont couru cette 727, démentent hautement ce fameux poëte latin. | . On voyage tout auffi fürement fur la rer Noire, que dans les autres mers, fi les vaiffleaux font con- . duits par de bons pilotes. Les Grecs & les Turcs ne - font guere plus habiles que Tiphys & Nauplius, . qui conduifirent Jafon, Hercule, Théfée & les au- MER 367 trés héros de la Grece, jufques fur les côtes de 1à GColchide , la Mingrelie de nos jours. On voit par la route qu'Apollonius de Rhodes leur fit tenir, que toute leurfcience aboutiffoit » fui: vant le Confeil de Phinée, ce roi de Thrace qui étoit aveugle, à éviter les écueils qui fe trouvent {ur la côte méridionale de la mer Noire ; fans ôfer pout- tant fe mettre au large ; c’eft-à-dire, qu’il falloit n'y pañler que dans le tems calme. Les Grecs & les Turcs ont prefque les mêmes maximes. Ils n’ont pas l’ufagé des cartes marines, & fachanr à peinè qu'une des pointes dé la boufole fe tourne vers le nord ; ils perdent la tête dès qu'ils perdent les ter- res de vûe. Enfin, ceux qui ont le plus d'expérience parmi eux, au lieu de compter par les rhumbs de veñt, pañlent pout fort habiles lorfqu'ils favenr que pour aller à Caffa, il faut prendre à main gau- che en fortant du canal de la mer Norre; que pour aller à Trébizonde , il faut fe détourner à droite. À l'égard de la manœuvre, ils l’ignorent tout-à-fait , leur feule fcience confifte à ramer, On a beau dire que les vagues de ja rez Noire font courtes, & par conféquent violentes, il eft certain qu'elles {ont plus étendues & moins coupées que celles de la mer Blanche, laqueile eft partagée paf une infinité de canaux qui font entre les iles, Ce qu'il y a de plus fâcheux pour ceux qui navigent fur la er Noire, c’eit qu’elle à peu de bons ports, & que la plüpart de fes rades font découvertes 3 mais ces ports feroient inutiles à des pilotes qui, dans une tempête, n’auroient pas l’adrefle de s'y. retirer, Pour aflurer la nävigation de cette mer, toute autre nation que les Turcs formeroit de bons pi= lotes, repareroït les ports, y bâtiroit des moles, ÿ établiroit des magafins ; mais leur efprit n’eft pas tourné de ce côté là. Les Génois navoient pas man- quéde prendre toutes ces précautions, lors de la décadence de empire des Grecs > © lorfqu'ils fais {oient tout le commerce de la mer Noire » après en avoir occupé les meilleures places. Mahomet les en chaffa, & depuis ce tems-là les Turcs ayant tout life ruiner par leur négligence, n’ont Jamais voulw permettre aux Francs d’ÿ naviger, quelques avan- tages qu'on leur ait propofé pour en obtenir la per mifñon. Les côtes de la mer Noire fourniffent abondam- ment tout ce qu'il faut pour remplir les arfenaux , les magafins & les ports du grand-feigneur, Comme elles font couvertes de forêts & de villages ; les ha- bitans font obligés de couper des bois & de lesfcier. Quelques-uns travaillent aux clous , les autres aux voiles , aux cordes & agrès néceflaires pour les fé- louques, caiques & faiques de fa hautefle, C’eft même de-là que les fultans ont tiré leurs plus puif- fantes flottes, dans le tems de leurs conquêtes ; & rien ne {eroit plus aifé que de rétablir leur mariné. Le pays eft fertile, il abonde en vivres » comme blé, riz, viande, beurre, fromages , & les gens Y vivent très-fobrement. (D. 7) MER DU NORD , (Géog.)on appelle ainf la partie de 7zer qui lave les côtes orientales de l'Amérique , depuis la ligne équinoxiale au midi, jufqu’à la er glaciale au feptentrion. Le golfe du Mexique fait partie de certe zxer. Elle comprend un grand nom- bre d'îles : Terre-Neuve, les Açores, les Lucayess Cuba, S. Domingue, la Jamaique & les Antilles , font les principales. On appelle aufi rer du nord, la partie de PO- céan qui eft entre l’Iflande & la Norvege. (D. J.) … MER ROUGE, (Géog.) Oceanus ruber dans Ho- race ; golfe de l'Océan méridioal , qui fépare l’A- frique de l’Afie, & s'engage dans les terres entre la côte d'Abeck, l'Egypte &c l’Arabie, depuis Le dé- 368 MER troit de Babel-Mandel , jufqu'à l'iffhiie de Suéz. “Les anciens l’ont nommé frs Arabicus, le golfe d'Arabie, parce que les Arabes en ont occupé les deux côtés. L'Ecriture-fainté l'appelle la #er du Juph, cel X-dire la mer du jonc, à caufe dé la gran- dé quantité de jones, ou dé moufle de mr, qui fe trouve dans fon fonds & fur fes bords. Les Turcs la nomment la mer de Suez, & plus communément fa mer de la Meque , parce que cette ville, pour la- quelle ils ont üne fingulière vénération, eft fituéé près de cette mer. | On éft en peine de favoir d’où vient ce nom de rer 1ouge, Pline div. V1. c. 28 , Strabon äy, XVL, pag. 310, & Quinte-Curfe 4. Æ, avancent, fans aucune preuve , qu'on nomma cette mer Rouge, en grec Eryéhrea , d'un certain roi Erythros qui regna dans l'Arabie. Les modernes ont à leut tour cher- ché plufieurs étymologies de ce nom dont les plus favantes fônt apparemment lés moins vraies. Il en eft de cette mer, comme de la mer Blanche, la #er Bleue, la mer Noire, la mér Vermeille, la mer Verte, Éc.le hafard, là fantaifie, ou quelque événement particulier, a produit ces noms bizarres, qui ont enfuite fourni matiere à l'érudition des ctitiques. Il eft plus important de remarquer que l’on a quelquefois étendu le nom de mer Rouge au fein Per- fique & À la mer des Indés; faute de cette attention, les interprètes ont repris fort mal-à-propos, plu- fieuts endroits des ancièns auteurs qu'ils n'ont pas entendus. M. de Lille place la fituation de la mer Rouge, fe- Jon fa longueur, à 51 degrés du méridien de Pars. Abulféda à donné la deferiprion la plus détaillée & là plus exaûte de cette #er, qu'il nommé 7er de Koifum, parce que cette ville eft fituée à l’extré- rite de fa côte feptentrionalé, fous ie 23. 45. de latitude. Tout lé monde fait le fameux miracle du paflage de la Aer rouge, lorfque le Séigneur ouvrit cetté mer , la deffécha, & y ft pañler à pié fec les Ifraëli- tes, du nombre de fix cent mille hommes, fâns comprerles vieillards, lés Fèmmes 8e les enfans. Divérs critiques, verlés dans là connoiffance du génie des langues orientales, ont cru pouvoir interpréter fimplement le texte de l’'Ecriture ; quel- que formel qu'il paroifle. Ils ont dit que Moiïle, qui avoitété long-tems fur la rer Rouge dans le pâys de Madian, ayant obfervé qu’elle avoit fon flux &x reflux reglé comme lOcéan, avoit fagement rofité du téms du reflux, pour faire pañler le peu- ple hébreu ; & que les Esypriens qui ignoroiïent la nature de cette #67, s’y étant témerairement enga- gés dans le tems du flux, furent enveloppés dans fes eaux, & périrent tous, comme dit lhifiorien {acré. C’eft du moins ainfi que les prêtres de Mem- phis le racontoient, au rapport d’Artapané, apud Eufeb. præpar. liv. IF. €. xvi. Jofephe dans fes 4%1ig. Liv. TT, ch. dérnièr , après avoir rapporté l’hiflone du paffage de la mier rouge, || telle que Moïfe l’a racontée , ajoute qu'on ne doit pas regardér ce fait comme impofhble, parce que Dieu peut avoir ouvert un paflage aux Hébreux, à tra- vers les éaux de cette mer, comme il en ouvrit üñ, long-tems après, aux Macédôniens conduits par Alexandre, lorlqu'ils pafferent la 7er de Pamphulie. Or les hifioriens qui ont parlé de ce paflage des Macédoniens, difent qu'ils entrerent dans la 7er, & en cotoyerent les bords, en marchant tout le jour || dans l'eau jufqu'à la ceinture. Arrien Zb. I. dé ex- ped. Alixandri, remaique qu'on n'y fauroit pañfér quand le vent du midi foufle ; mais que le vent s'é- | fant changé tontà-coup, donna aux foldafs le | moyen d'y pañler fans péril. C’eft peut-être la réfle- | ion dé Jofephie qui a fait croire a quelques anciens, | ‘ & à divers modernes , à S. Thomas par exemple ; À Toftat, à Grotius, à Paul de Burgos, à Géné- brad , à Vatable &r à plus d’un rabin, que les Liraé- lites ne paflerent pas la we Rouge d’un bord à lau- tte; mais feulement qu'ils la cotoyerent , 8 remon- terent pendant Le flux, dé l’endroit où ils éroient à un autre endroit un peu plus haut, en faifant com- me un demi-cercle dans la mer. On ne manque pas de favans qui fe font attachés à refuter cette opimon. Voyez les principaux come, imentateurs de l’Ecriture /ur l'Exode, ch. xiv. Voyæ ën particulier la differtation de M. Leclerc, & celle de dom Calmet; fur le paflage de la mer Rouge. (D. 1.) Men pe Sicire, (Géog.) quoique ce nom con- Vienné à toute la #2er dont la Sicile eft environnée , on le dofine pfincipalément à celle qui eft à lorient & au midi, jufqu’à l’île de Maïlthe. (D. J.) Mer pu Sup, (Géog. ) vaite partie de l'Océan, entre l'Amérique & l’Afie, Elle a été découverte le 35 Septembre 1513, par Vafco Nulles de Balboa, efpagnol. Comme la premiere fois que les Efpagnols la navigerent , ils partoient d'Efpagne pour le Pé- rou , & que par conféquent cette "er étoit au fud à leur égard, ils Pappellerent rer du Sud, Is l'ont auffi nommée la mer Pacifique, à caufe des grands calmes qui y regñent en certains tems & en certains parages. Elle a un grand golfe que l’on appelle la er Per meille, Le golfe de Kamtzchatka peut être auflicon- fidéré comme faifant partie de cette wer, fur-tout fi on l’étend jufqu’au Japon & à la Chine, & que D y comprenne l'Océan oriental, les Philippines, ï 1C, | . La mer du Sud communique à l'Océan qui lave les côtes de l'Europe, 1°. par la mer des Indes, au midi de l'Afrique & de PAfie ; 2°. par la mer Glacia- le, au nord de l’Afie &c de l’Europe; 3°: par le dé- troit de Magellan ; 4°. par le midi des îles qui font au midi de cedétroits $°. enfin, il peut fé faire qu'il y ait au nord de l'Amérique, par la baie de Hudfon &c par celle de Bafin, un pañlage vers cette mer. Il ya long-tems qu’on tâche de découvrir le paf- fage de la rer du nord à celle du fud par le nord- oueft. Les Efpagnols inftruits des tentatives fré- quentes que les Anglois avotent déjà faites dans le xvj. ficcle, en furent alarmés , & prirent la réfo- lution de le chercher eux-mêmes par la mer du Sud, dans la vûe que s’il s’y en trouvoit efedivement un, de le fortifier fi bien qu'ils en demeuraflent les maîtres. Îls équiperent pour ceteffet quatre vaif- feaux de guerre qu'ils mirent en er le 3 Août 1640 au port de Callao, fous la conduite de Barthelemi de Fuente, alors amiral de la nouvelle Efpagne. Cet homme célebre n’a pas trouvé le pañlage qu'il cherchoïit ; mais les autres ‘découvertes qu'il fit, jointes à celles des Ruffes en 1731 , nous donnent la connoiflance de prefque, toute la partie fepten- trionale de la rer du Sud, & le dénouement de la dificulté fur la maniere dont le nord de l'Amérique a pû être peuplé, rien n'étant plus aifé que defran- chir le détroit qui la fépare de l’Afie, du moins dans les tems de glaces où'ce détroit eft gelé, Cependant les Anglois n’ont point encore aban- donné l’efpérance de trouver le paflage à la er du S'ud Bar le nord:oueît , & c’eftun objet [ur lequel le parléthént a tâché d'encourager les recherches. IE promit par, un aéte paflé en 1745 une récompenfe magnifique aux navigateurs de la Grande-Breiagne qui én feroient la découverte. Ceux qui propote- ront des vües fur cette matiere., font dans le cas d’obténit une gratification , quand même leurs QU= Vertüres n’auroient pas lés'degrés d'utilité qui font " fpécifiés MER fpécifiés dans l’aête, Il fuit que leut fyflème pue être de quelque avantage au public, pour que les commifaires ayent le droit de leur affigner uneré- compenie proportionnée au mérite de leur travail. MER DE TIBÉRIADE, ( Géog. } & dans S. Mat- thieu , €. iv. Ÿ. 18. rer de Galilée, à caufe que la Galilée lenveloppoit du côté du nord & de l’o- rient. On la nomme encore Zac de Génézareth , ou de Généyar, Ce n’eft en effet qu’un petit lac auquel Jofeph, de bello judaïc. L, II, ce. xvii, donne envi- ron douze milles de longueur, & deux de largeur ; fon eau étoit fort poifionneufe. S. Pierre, S. André, S. Jacques, &S. Jean , qui étoient pêcheurs, exer- çoient leur métier fur ce lac. Notre Seigneur y étoit fouvent , Matth. xv. 29. Marc , 7.16, Jean, y. 1. Luc, #7. Le Jourdain entroit dans ce lac, & en _ fortoit enfuite; mais il alloit fe perdre dans le lac Afphaltide. | Ÿ MER DE TOSCANE, (Géog.) partie de la er Mé- diterranée, le long des côtes occidentales d'Italie, depuis la riviere de Gènes jufqu’au royaume de Naples, Elle baigne les états du grand-dne , & l’état du faint fiége de ce côté-là. On y trouve l'ile d’Elbe & quelques autres. MER VERMEILLE, ( Géog. ) grand golfe de l’A- mérique feptentrionale dansla mer du Sud, au midi occidental du nouveau Mexique, au couchant de la nouvelle Efpagne, & au couchant feptentrional de la prefqu’ile de Californie. M. de Lifle & le P. Kino, jéluite, qui a fait le tour de cette er , en ont donné [a carte. MER VERTE, ( Géog.) les Géographes orientaux appellent aïnfi la er qui baigne les côtes de Perfe & celles d'Arabie. MER DE ZABACHE, ( Géog.) nom moderne de la rer, que les anciens ont appellée Palus méotide, Voyez ce mo. ( D. J.) MERA , (Aiff, nat. Boran.) arbre de l’île de Ma- dagafcar ; dont la feuille eft femblable à celle de l'olivier. Son bois eft très-dur, le cœur en eft jau- ne, il n’a aucune odeur, MÉRAN , ( Géog. ) ancienne ville d'Allemagne, dans le Tirol , capitale de l’Eftchland, fur le bord de l’Adige , à 5 heues N, ©. de Bolzano, Long. 28. 26. lat, 46. 35. | MÉRAGUE oz MÉRAGA , ( Géog. ) ville de Perfe dans l’Azerbiane , renommée par l'excellence des fruits de fon terroir. Long. 79. 5. lar. 37. 40. MERCANTILLE , adj. ( Comm. ) ce qui a rap- port à la profeflion de marchand. Ainf on dit qu’un homme eft de profeflion rrercantille, pour exprimer qu'il fe mêle de marchandife & de commerce. On dit aufli\ arithmétique rrercantille, pour diflinguer celle qui n’eft propre qu'aux marchands, d'avec celle des géometres , algébriftes, &c. Difion. du Comm. - MERCANTILLEMENT , adv. ( Comm. ) fe dit d’une maniere mercantille. On l’emploie en ce fens dans le commerce. Il parle, il écrit, il s’exprime mercantillement | pour dire qu'il s'exprime felon les maximes, les ufages & avec les termes affe@és aux négocians. Dit, du Comm. MERCANTISTE , {. m. (Comm.) terme dont on fe fert quelquefois pour fignifier un marchand. Voyez MARCHAND. MERCANTORISTE , adj. ( Comm. ) 1l fe dit de la maniere de parler d’un marchand. Ce flyle eft mercantorifte , C’eft-à-dire, plein d’expreflions fami- lieres & affectées aux marchands. Di&. de Comm. MERCELOT ox MERCEROT , f. m. ( Comm. ) petit mercier qui étale aux foires de village , ou qui porte à la campagne une balle ou panier de menue mercerie fur fon dos, ou dans les rues de Paris une manette pendue à fon cou & remplie de peignes, Tome X. | MER 369 couteaux, cifeaux , fifflets &c autres petites mars chandifes ou jouets d’enfans , qui fe vendent à bon | marché. Dif, de Comm | MERGENAIRE , f. m. (Gramm.) s'ileft pris com me une modification de l’ame , il fignifie un carac: tere infpiré par ua intérêt fordide, {oit dans les mê: mes fens qu’on dit des aétions, des difcours, desami» tiés , des amours mercenaires, — Merceraire fe dit de tout homme dont ôn paye le travail, I ya dans l’état des métiers qui fembleroient ne devoir jamais être mercenaires ; ce font ceux que récompen{e la gloire ou même la confidérarion. Machiavel prétend que les peuples font corrom- pus fans refflource quand ils font obligés d’entrete- nit des foldats mercenaires. Il eft poffble que les grands états s’en pañlent. Avant François L. il n’y avoit point eu en France des corps armés & flipen- diés en tout tems. Sile citoyen ne vent pas être op: primé , 1l faut qu'il foit toujours en état de défen- dre lui-même fes biens & fa liberté. Depuis un fiecle les troupes mercenaires ont été augmentées à un ex- cès dont l’hiftoire ne donne pas d'idée, Cet excès ruine les peuples & les princes , il entretient en Eu- rope entré les puiffances une défiance qui fait plus entreprendre de guerres que l'ambition, & ce ne font pas là les plus grands inconveniens du grand nom- bre des troupes #rercenaires, MERCERIE , 1. f. ( Comm.) commerce de pref- que toutes fortes de marchandifes, Un mércier eft marchand de tout & faifeur de rien. Ce corps eft trés-nombreux ; c'eft le troifieme des fix corps mar- chands : il a été établi en 1407, par Charles VI. MERCEZ, ( Géogr. ) riviere des Pays-bas danslé Brabant. Elle prend fa fource dans le comté de Hockftratten, &c fe perd dans la mer vis-à-vis l’île d'Overelakée, MERCIER , f.m. ( Gramm, Comm. ) marchand qui ne fait rien & qui vend de tout. Voyez l’article MERCERIE. MERCIE , ( Géog. ) grande contrée d’Angleter- fe, qui eut anciennement le titre de royaume, Il porta d’abord le nom de Middel- Angles, c’eft-à-dire “nglois miroyens. Crida , le premier de fes rois , fut couronné en 584 | | Le royaume de Mercie étoit borné au nord par l’'Humber , qui le féparoit du Northumberland. Il s’étendoit du côté du couchant jufqu’à la Saverne , au-delà de laquelle étoient les Bretons, ou Gallois, Du côté du midi, la Tamife le féparoit des trois royaumes faxons , de Kent, de Suflex & de Wef- fex ; ainfi la Mercie étoit gardée de trois côtés par trois grandes rivieres qui fe jettoient dansla mer , & elles fervoient comme de bornes à tous les autres royaumes par quelqu'un de fes côtés ; c’eft ce qui lui fit donner le nom de Mercie, du mot faxon werck , qui fignifie borne. Oncomptoit entre les principales villes de la Mer cie, Lincoln, Nottinghan , Warwick, Leicefter, Coventry, Lichfield, Northampton, Worcefter, Glocefter, Darby , Chefter, Shrewsbury, Stafford, Oxford & Briftol. Ce royaume le plus beau & le plus confidérable de l’heptarchie , fubffta fous dix-fept rois, jufqu’en 827, qu Ecbert en fit la conquête, MERCŒUR , ( Géog. ) enlatin moderne Merco- rium , petite ville de France en Auvergne , avec titre de duché érigé en 1569 par Charles IX. en fa- veur de Nicolas de Lorraine. M. le prince de Conti en eft Aujourd’hui le feigneur. Mercæur eft fitué au pié des montagnes près d’Ardes, à 8 lieues de Cler- mont. Long. 20. 45. lar. 45. 46. ( D. J.) MERCREDI, f. m. ( Chron. 6: Affrol.)eftle qua- trieme jour de la femaine chrétienne, & le cinquie» me de la femaine des Juifs, Il étoit dues à Mex- a à 379 MER cüre chez les payens ; c’eft de-là que lui eft venu fon nom dies Mercuri. Dans l’'Eglite on lappelle feriz quarta. | MerCREDI DES CENDRES, ( Aiff eccl, ) c’eftle premier jour du carême, On croit qu'il a été ainñ . appellé de la coutume qu'avotent les pémitens dans les premiers fiecles de fe préfenter ce jour-là" à la por- te de l’églile revêrus de cilices & couverts de cen- dres, Aujourd’hui dans Péplife romaine, lecélébrant, après avoir recité Les pfeaumes pémitentianx &c quel- ques ordifons qui ont rapport à la pénitence, benit des cendres , & en impote fur la tête du clergé & du peuple qui les reçoit à genoux; & à chaque perfonne à laquelle il en donne, 11 dit ces paroles bien vraies : memenrto homo quia pulvis es G in pulverem reverteris. MERCURE , fm. ©, er Affronomie , eft la plus petite des planeres inférieures , & la plus proche du Soleil. Foyez PLANETE G SYSTEME. La moyenne diftance de Mercure au Soleil eft à celle de notre Terre au Soleil, comme 387 eft à 1000. L'inclinaifon de fon orbite , c’eft-à-dire, l'angle formé par le plan de {on orbite avec le plan de l’é- cliptique , eft de 6 degrés 52 minutes, Son diametre eft à celui de la Terre, comme 3 eft à 4 ; par con- équent fon globe eft à celui de la Terre à-peu-près comme 2 eft à $. Voyez INCLINAISON , DIAMETRE, DisTANCE , &c. Selon M. Newton, la chaleur & la lumiere du Soleil fur la furface de Mercure, font fept fois auf grandes qu’elles le font an fort de l’êté fur la furface de la Terre ; ce qui , fuivant les expériences qu'il a faites à ce fujet avec le thermometre , fufroit pour : faire bouilkr l’eau. Un tel degré de chaleur doit donc rendre Mercure inhabitable pour des êtres de notre conftiution, & fi les corps qui {ont fur fa fur- facé ne font pas tout en feu, 1] faut qu'ils foient d’un degré de denfité plus grand à proportion que les corps terreftres. Voyez CHALEUR. La révolution de Mercure au-tour du Soleil fe fait en 87 jours & 23 heures ; c’eft à dire que fon année eft de 87 jours & 23 heures. Sa révolution diurne, ou la longueur de fon jour n’eft pas encore déterrni- née ; 1l n’eft pas mème certain s'il a où s’il n’a point de mouvement autour defonaxe, Nous ne favons pas non plus à quelle varièté de tems oude faifons il peut être fujet, parce que nous ne connoïf{ons point encore l’inclinaifon de fon axe fur le plan de {on orbite. Sa denfité, & par confé- quent la gravitation des corps vers fon centre, ne fauroit fe déterminer exaétement ; mais le grand chaud qu'il fait fur cette planete ne laïffe pas dou- ter qu’elle ne foit plus dure que la terre. Voyez GRA- VITÉ 6 D'ENSITÉ, rc. Mercure change de phafes comme la Lune , felon fes différentes poñrions avec le Soleil & la Terre. Voyez LUNE. Il paroït plein dans fes conjon@ions fupérieures avec le Soleil , parce qu’alors nous voyons tout l’hé- milphere illuminé ; mais dans les conjonéions infé- rieures , on ne voit que l'hémifphere obfcur ; fa lu- miere va en croiflant, comme celle de la Lune , à mefure qu'il fe rapproche du Soleil. Voyez PHASE. Quelquefois à peine offre -t-1l à nos yeux une perte trace lumineufe , parce qu’étant entre le So- leïl & la Terre, 1lne nous préfente qu’une fort pe- tite partie de {on hénufphere éclairé. Quelquefois il eft comme une efpece de petite lune dans fon croiflant , dans fes quartiers, &c. Quelquefois c’eft une forte de pleine lune ; fon difque lumineux paroît entier ou prefque entier, parce qu'étant au-deflus ou au-delà du Soleil, 1l offre à nos yeux tout fon hémifphere ou éclairé ou du-moins prefque tout. Si lhémifphere ne paroït pas tout entier , c’eft appa- rémment à caufe de quelques inégalités de la pla- nete , ou de quelques parties peu propres à réfléchir la lumuère. Si Mercure étoit toujours entre Le Soleil &t la Terre , à peine montreroitil à nos yeux une petite partie de fon hémifphere éclatré. S'il étoit toujours dans une même diffance, à droite on àgau- che , 1 ne paroïtroit jamais plein. S'il étoit toujours au-déffus du Soleil, jamaïs on ne le verroit en forme de croiflant, toujours 1l paroïtroit rond ou prefque rond , il faut donc qu'il tourne autour du Soleil ; le cercle qu'il décrit autour de cet aftre environ en trois mois , eft excentrique ; 1l eft plus près du Soleïl dans quelques-uns de fes points, plus loin dans d'au. tres. Enfin Mercure a fon apogée & {on périgte, & Ce ‘qui paroit d'abord furprenant , c'eft qu'il fe montre plus petit dans fon périgée que dans {on apogée, quoiqu'alofs il foit plus près de nous. La railon en eft pourtant fenfble : c’eft que dans {on périgée, comme il effentre la Terre & le Soleil, à ‘peine prélente t:1l à nos yeux quelque partie de fa furface éclairée, & que dans {on apogée il nous la montre entiere où prelque entiere, étant alors au-deflus du Soleil qui fe trouve entre la Terre & lui. M, FORMEY. 1 | Le fyfleme de Prolomée.eft faux ; car on apper- çoit bien quelquefois Mercure entrela Terre & le So- leil , & quelquetois au-delà du Soleil ; mais jamais onne voit la Ferre entre Mercure & le Soleil ; ce qui dévroit arriver , fi les cieux de toutes lés planetés renférmotent Ja Terre dans leur centre | comme le fuppofe Prolomée. Voyez SYSTEME. , Le diametre du Soieil vü de Mercure, doit paroi- tretrois fois plus grand que de la Terre, cette plané- teen étant trois fois plus proche qué nous ne le fommes, & par conléquent fon difque nous paroî- troit , fi nous étions dans cette planete , environ neuf fois plus grand qu’il ne nous paroïît ici. Sa plus grande élongation du Soleil par rapport.à nous, c’eft-à-dire lors de l’écliptique compris entre le lieu du Soleil & celui de Mercure , ne pafle jamais 28 degrés , voyez ÉLONGATION ; ce qui fait qu'il eft rarement viñble , fe perdant d’ordinaire dans la lu- miere du Soleil; ou, lorfqu’il en eft pluséloïgné, dans le crépufcule, Les meilleures obfervations de cette planere font celles qu’on en fait lorfqu’elle eft vue fur le difque du Soleil ; car dans fa conjonétion infé- rieure elle paffe devant le Soleil, comme une petite tache qui éclipfe une petite partie de fon corps, & qu’on ne fauroit obferver qu’au télefcope. La pre- miere obfervation de cette efpece a été faite par Ga{- fendi en 1631 , à Paris le 7 Novembre. On trouve dans le recueil des ouvrages de ce célebre philofo- phe un grand nombre d’autresobfervations de Mer- cure, ainfi que des autres planetes. Voyez PASSAGE. Les taches du Soleilparoïtroient à un habitant de Mercure traverler fon difque , quelquefois en lignes droites d’orient en occident, & quelquefois décrire des lignes elliptiques. Comme les cinq autres plane- tes font fupérieures à Mercure, leurs phénomenes pa- roitroient aux habitans de Mercure à-peu-près les mê- mes quenous paroïflent ceux de Mars , de Jupiter & de Saturne. Il y a cependant cette différence que les planètes de Mars, de Jupiter & de Saturne paroïtrontencore moins lununeufes aux habitans de Mercure, qu'elles ne nous le paroïffent à caufe que cette planete en eft plus éloignée que nous. Vénus leur paroïtra à- peu-près aufli éclatante qu’elle nous le paroît de la terre. Un des meilleurs moyens de perfe@tionner la théorie de Mercure eft l’obfervation du paflage de fon difque fur le foleil, M. Picard à donné fur ce fujet un mémoire à l’Académie en 1677, que M. le Monnier a publié dans fes inflitutions aftronomi- ques. Le 3 Mai 1661 » l’auteur des tables carolines -obferva à Londres avec M. Huyghens le paflage de Mercure fur le foleil. En 1677, le 28 Oétobre, vieux ityle , M. Halley eut le premier l'avantage d’obferver dans l'ile de Sainte Hélene l’entrée & la fortie de Mercure fur le Soleil ; ce qui donnoit la po- fition du nœud d’une maniere beaucoup plus pré- cife qu’on ne l’avoit établi pat les obfervations de 163 1 &t 1661, ces deux premieres n'étant pas d’ail- leurs aufli complettes à beaucoup près qu’on pou- voit le defirer. Cependant quoique Mercure ait été vû encore deux fois depuis ce tems-là fur le Soleil, ce n’a été qu'en 1723 que M. Halley s’eft déterminé à publier fes élémens des tables de cette planete , dont on peut dire que le mouvement eft aflez exaétement connu aujourd’hui. On peut s'en aflürer en com- parant ces élémens à deux autres obfervations du pañlage de Mercure fur le Soleil faites en 1736 & 1743 , & qui ont été aufli complettes qu'on pouvoit le defirer. Selon M. Newton, le mouvement de l’aphélie de Mercure {eroit beaucoup plus lent que ne fuppoñfent les Afironomes , ce qui ne doit pas nous éronner, Mercure n'ayant jamais été fi fouvent ni f exacte. ment obfervé que les autres planetes. Ce mouve- ment ,fuivant M. Newton, eft d'environ $2/ par an, Le mouvement du nœud, déterminé par M. Halley, d’après fes obfervations des pañlages de Mercure par le Soleil en cent ans de 1°. 26’. 35". felon la fuite des fignes. L’excentricité de cette planete eft très-confidé- rable , & fa plus grande équation du centre eft, felon M. Halley , de 24°. 42/. 37". Cependant les Aftronomes font encore partagés là-deflus , & cet élément de fa théorie eft celui qui paroît jufqu’à préfent le moins connu. Il n’en eft pas de même de l’inclinaifon de fon orbite au plan de l’écliptique , M. Haiïley l’a établie par des obfervations décifives & fort exa@tes de 6°. 59/. 20". | M. Halley , dans la differtation qu’il a donnée fur Pobfervation du paflage de Mercure faite dans l’île de Ste Hélene en 1677, a prédit les différens paflages qui doivent être obfervées jufqu’au xix. fiecle ; fui- vant le calcul de cet aftronome, Mercure doit être vüû dans le Soleil proche de fon nœud afcendant au mois d'Oftobre des années 1756, 1769, 1776, 1782, 1789, & proche de fon nœud defcendant au mois d'Avril des années 1753 , 1786, 1790. Voyez PASSAGE. Chambers | Wolf, & Inft M. le Monnier. M. le Monnier , dans l’aflemblée publique de l’académie des Sciences d’après Pâques 1747 , a lu un mémoire qui contient les élémens de la théorie de Mercure, déterminés avec l’exaétitude qu’on fait qu'il apporte dans l’Aftronomie. (O0) ! afir. de MERCURE, ez Phyfique , {e prend pour le rer- cure du barometre dans les expériences de Toricelly. Voyez; BAROMETRE. Quoique le rercure ne fe foutienne ordinaire- ment dans le barometre qu’à la hauteur de 28 à 29 pouces , cependant M. Huyghens a trouvé que fi. on enferme le mercure bien purgé dans un lieu bien fermé & à l’abri de toute agitation, il fe foutiendra alors à la hauteur de 72 pouces, phénomene dont les Philofophes ont aflez de peine à rendre raïfon. M.Mufchenbroeck, dans fon Effai de Phyfique, Vat- tribue à l’adhéfion du mercure aux parois du verre, &c dit, pour appuyer fon fentiment, que lorfqu’on fecoue un peu le tuyau , le wercure fe détache, & retombe à la hauteur de 29 pouces. Voyez BARO- METRE. (O0) MERCURE ox VIF-ARGENT , ( Hiff. nat, Minéra- _ dogie, Chimie, Métallurgie & Pharmacie.) en latin, Tome X, MER > MerCHrLES à dréehtum vivent , hydrarsyrui, Le mers cure et une fubftance métallique fluide , d’un blané brillant, femblable à de l’étain fondu ; le sercure eft, après l’or & la platine , le corps le plus pefant de la nature, cela n'empêche pas qu'il ne fe difipé entierement au feu, Quelques auteurs placent lé mercure au rang des métaux , d’autres le régardent comme un demi-métal ; mais la fluidité qui le carac: terife fait qu'il patoit n’appartenir hi aux tnétaux ÿ ni aux demi-métaux , quoiqu'il ait des propriétés communes avec les uns & avec les autres, Il paroît donc plus naturel de le regarder comme une {ubf: tance d’une nature particulhere. Le mercure fe trouvé en deux états différens dans le fein de la terte ; ou il eft tout pur & fous la forme fluide qui lui eft propre, & alors on le nom- me /ercre vierge ; patce qu'il n’a point éprouvé l’aétion du feu pour être tiré de fa mine ; ou bien il fe trouve combiné avec le foufre , & alors il forme une fubftance d’un rouge plus où moins vif que l’on nomme crnabre. Voyez cet article, oh l’on a décrit les différentes efpeces de cinnabre, & la maniere dont on en tire le zercure ; il nous refte donc fimplement à parler ici du mercure vierge, & de la mamiere dont il fe trouve. De toutes les mines de rercure connues en Ert- rope , il n’en eft point de plus remarquables que celles d'Ydria dans la Carniole , qui appartient À la maifon d'Autriche. Ces mines font dans une vallée au pié de hautes, montagnes, appellées par les Ro: mains 4/pes Julie, Elles furent découvertes par ha- fard en l’année 1497. On dit qu'un ouvrier qui faifoit des cuves de bois, ayant voulu voir fi un cuvier qu'il venoit de finir étoit propre à tenir l’eau, le laïffa un foir au bas d’une fource qui couloits étant revenu le lendemain & voulant ôter fa cuve ; il trouva qu'elle étoit fi pefante, qu’il ne pouvoit point la remuer ; ayant regardé d’où cette pefanten pouvoit venir , 1l apperçut qu'il y avoit {ous l’eau une grande quantité de ercure qu'il ne connoifloit point ; 1l l’alla porter à un apothicaire qui lui acheta ce mercyre pour une bagatelle, & lui recommanda de revénir lor{qu'il auroit de la même matiere : à la fin cette découverte s’ébruita, & on en avertit l’ar- chiduc d’Autriche, qui fe mit en pofeffion de ces mines , dont les princes de cette maifon fe font juf qu'à préfent fait un revenu très-confidérable. Les mines d’Ydria peuvent avoir environ neuf cens piés de profondeur perpendiculaire ; on y def- cend par des bures ou puits, comme dans toutes les autres mines ; 1l y a une infinité de galeries fous terre, dont quelques-unes font fi bafles , que l’on eft obligé de fe courber pour pouvoir y pafler, & il y a des endroits où 1l fait fi chaud que, pour peu qu’on s’y arrête , on eft dans une fueur très-abon- dante. C’eft de ces fouterreins que l’on tire le mer. cure vierge ; quelques pierres en {ont tellement rem- plies ; que lorfqu’on les brife, cette fubftance en fort {ous la forme de globules ou de gouttes. Onle trouve aufli dans une efpece d’argille, & quelquefois l’on voit ce mercure couler en forme de pluie & fuinter au-travers des roches qui forment les voûtes des fouterreins | & un homme a fouvent été en état d'en recueillir jufqu’à 36 livres en un jour. Quant à la mine de wercure ou roche qui contient le mercure vierge , on la brife avec des marteaux , & on en fait le lavage , ainfique de l’argille qui eneft chargée ; à l’égard des pierres qui n’en contiennent qu'une petite quantité , on les écrafe fous des pi- lons, & on les lave enfuite pour en dégager la par- tie terreufe & pierreufe la plus légere , & qui ne renferme plus de wercure ; après quoi on porte cette mine lavée dans un magafn. On ne travaille dans les fouterreins que pendant l'hiver , alors on amafñle Aaaï 372 MER une grande proviñon de la mine, & pendant l’èté on.traite la mine préparée de la mamiere qui a été dite au fourneau : voici comment cette opération fe faïiloit au tems de M. Kevyfsler ; on mêloit la mine pulvérifée ou concaflée avec partie égale de chaux vive, & on mettoit ce mélange dans des cor- nues de fer , auxquelles on adaptoit des récipiens de terre bien luttés, pour que rien ne fe perdit. On faifoit rougir fortement ces cornues ; & lorfque par hafard il s’y faifoit une fente, on avoit foin de la boucher promptement avec de la glaife. Chaque fourneau contenoit depuis 60 jufqu’à 90 de ces cor- nues , & il y avoit ordinairement 10 ou 12 de ces fourneaux quitravailloient ; on commençoit à les chauffer le matin à ÿ heures, cela continuoit jufqu’à 2 heures de l’après-dinée ; & à la fin de l'opération, les cornues ou retortes devenoient d’un rouge très- vif, Après la diflillation, on trouvoit dans les réci- piens de terre outre le mercure une matiere noire emblable à de la cendre, dont on retiroit encore beaucoup de mercure en la lavant avec de l’eau dans une auge de bois placée en pente; on réitéroit cé lavage tant que cette matiere donnoit du 7zercure; & enfin lorfqu’elle n’en donnoit plus, on la remet- toit encore en diftillation dans les retortes avec un nouveau mélange de mine & de chaux. Mais depuis M. Keyfsler ;/le traitement a èté changé, & actuel- lement on fait la diftillation du xercure dans un fourneau femblable à celui dont les Efpagnols fe fer- vent à Almaden, & qui fe trouve reprefenté parmi les Planches de métallurgie ,.dans celle qui indique le cravail du mercure. Voyez PL. de Métallurg. Les atteliers , où lon diftille la mine de wrercure, dont à quelque diffance d’Ydria ; lorfqu'on y tra- vaille', on fent une odeur très-défagréable ; il né croit rien dans le voifinage, les beftiaux ne veulent point manger du foin qu'on yrecueille, &c les veaux que les payfans élevent ne deviennent point grands; les ouvriers font relevés tous les mois, & le tour de chacun d’eux ne revient qu'une fois l’an. Ces ouvriers, ainfi que ceux des mines denercure , font fujets à des tremblemens & à des mouvemens con- vulfifs dans les nerfs, fur-tout ceux qui recueillent. le mercure vierge; on les tire de-là au bout de quinze jours , & on les emploie au lavage de la mine qui fe fait à l’ar libre, ce qui les rétablit. Quelques- uns de ces ouvriers font fi pénétrés de mercure, que lorfqu’on les fait fuer , le mercure leur fort par les pores de la peau ; en frottant une piece d'or avec leurs doigts, ou la mettant dans leur bouche, onafftire qu’elle devient blanche fur le champ. Dans les atteliers d’'Ydria, on diftille tous les jours environ 35 quintaux de mine, qui donnent ‘communément la moitié de leur poids en wzercure ; lorfque le débit va bien, on peut obtenir tous les ans jufqu’à 3000 quintaux de mercure difullé , & dans les mines on recueille environ r00 quintaux de wzer- cure vierge. Le quintal de mercure fe vendoit du tems de M. Keyfsler fur le pié de r;oflorins d'Allemagne en gros, &c la livre de szercure fe vendoit fur le pié de 2 florins en détail, d’où l’on peut juger du pro- duit de ces mines. C’eft une compagnie hollandoife quitire la plus grande partie de ce wercure ; elle en prend 3000 quintanx par an. . Le mercure qui a été obtenu par la difüllation fe met dans des facs de cuir épais, qui en contiennent chacun 150 hvres ; & quand il eft queftion de.le tranfporter, on met deux de ces facs dans un ton- neau que l’onremplitenfuute avec du fon de-farine de froment. Ces détails. font tirés des voyages de Keyisler , publiés en allemand , il a été témoin oculare de tout ce qu'il rapporte ; cet auteur judicieux remar- gue qu'il eft très-rare de trouver ducinnabre dans les mines d'Ydria, 8: comme les Alchimifies repars. dent le zercure comme l’origine 8c la bafe des aurre- métaux , il fait obferver que l’on ne trouve ancuns autres métaux dans ces mines ; cependant cette ob- fervation n’eft point conftante, & l’on trouve des mines de cinnabre qui font jointes avec des mines: d’autres métaux. Les mines de mercure ne font en général pointcom- munes , mais fur-tout rien n'’eft plus rare que de trouver du mercure vierge dans le fein de la terre : cetre mine d’Ydria doit donc être regardée comme une grande fingularité ; cependant il y a déja plu= fleurs années que l’on avoit découvert à Montpel- lier en Languedoc, que cette ville eft bâtie fur une couche de glaife qui contient du wercure Vierge. Cette découverte , à laquelle on n’avoit point fait beaucoup d'attention jufqu’à-préfent , a été fuivie par M. l’abbé Sauvage, Ce favant amateur de Phil toire Naturelle foupçonna d’abord que c’étoit acci- dentellement que le mercure fe trouvoit dans cette glaife, que c’étoit par hafard quil avoit été enfout dans des puits ou latrines ; mais à l’occafion d’une cave que l’on creufa , il eut lieu de fe détromper, êg il vit que cette glaife n’avoit jamais été remuée, &c devoir être regardée comme une vraie mine de mercure vierge, dans laquelle cette fubftance formoit des petits rameaux cylindriques qui s’étendoient en différens fens ; & en écrafant les mottes de cette glaife, on voyoit le mercure en fortir fous la forme de petits globules très-brillans & très-purs. Il ef fâcheux que cette mine de zzercure fe trouve préci- fément placée an-deflous de l'endroit obeft bâtiela ville de Montpellier, ce qui empêche qu'on ne puifle l’exploiter: peut-être qu'en creufant aux environs on retrouveroit la même couche d’argille ou de glar- fe dans des endroits où l’on pourroit tirer ce rzercure plus commodément ; l’objet eft affez confidérable pour.qu’on entreprenne des recherches à ce fujet. La maniere la plus ordinaire de trouver le mercure, c’eft fous la forme de cinnabre : c’eft ainfñ qu'on Île trouve à Almaden dans l’'Eftramadoure en Efpagne, &z à Guencavelicu au Pérou, On rencontre auf des mines de mercure en cinnabre en Styrie.êr en Hon- grie, mais onne les travaille point convenablement. On a trouvé une mine de cinnabre à Saint-Lo en Normandie , mais le produit n’en eft point fort con- dérable jufqu’à-préfent. Il ya auffi des mines de cin- nabre dans la principauté de Heffe-Hombourg .en Allemagne , & dans le Palatinat à Muchlandsbers, à trois lieues de Creutzenach, ohilfetrouveaufhidu mercure Vierge. L Les Alchimiftes & les partifans du merveilleux font beaucoup plus de cas du mercure vierge, c’eft- à-dire de celui qui fe trouve pur dans le fein de la terre, que de celui qui a été tiré de la mine à Paide du feu ; mais c'eft un préjugé qui n’eft fondé fur au- cune expérience valable: 1left certain que le meil- leur mercure que l’on puifle employer dans les opé: rations, foit de la Pharmacie, foit de la Métallurgie, eft celui quisa été tiré du cinnabre :.c’eft ce qu’on appelle rzercure revivifié du cinnabre, - t Voici les propriétés du mercure lorfqu’il eft pur: 1°, Il a l’éclat& le poids d’un métal, êc c’eft, à l’ex- ception de l’or &t de la platine , le corps le plus pe- fant de la nature. Son poids eff à celui de l’eau com: me 14 eft à 1. 2°. Le rzercure fe :bombe.ou eft con- vexe à {a furface ; 1l differe de l’eau & des autres h- quides en ce qu’il ne mouille point les doigts lor£. qu’on les trempe dedans. 3°. C’eft le corps le plus froid qu'il y ait dans la nature ; d’un autre côté il ef£ fufceptible de prendre très-promptement une cha- leur plus forte que tous les autres fluides ; mais le degré de chaleur qui fait bouillir l'eau le difiipe & le volatilife entierement. 4°. Lemercurene fe çons MER denfe point par la gelée la plus forte, & elle ne le “end point folide.-5°. Le mercure n’a ni faveur ni odeur, 6°, Cette fubftance eft d’une divifbilité pro- digieufe"; 1l fe. partage en globules parfaitement fphériques , & l’action du feu le diffipe en vapeurs qui ne font qu'un amas de globules d’une petitefle extrème , qui font toujours du zercure qui n'a point été altéré, 7°. Le mercure ala propriété de difloudre plufieurs métaux, & de s'unir intimement avec eux; c’eft ce qu’on nomme amalgame : il s’unit par préfé- rence avec l'or, enfuite avec l'argent, avec l'étain, avec le plomb; il ne s’unit que très-dificilement avec le cuivre, & point du tout avec le fer. Il s’unit avec le bifmuth & forme un amalgame avec lui ; mais un phénomene très-fingulier , c'eft que lamalgame du bifmuth joint à celui du plomb, fait que la combi- naïfon des deux amalgames devient beaucoup plus fluide qu'auparavant, au point que de cette maniere le plomb lui-même peut pañler avec le rercure au- travers d'une peau de chamois. 8°, Le mercure {e dif- fout par tous les acides, c’eft-à-dire par lacide vi- triolique , l'acide nitreux , l’acide du fel marin ; il fe diffout aufli dans le vinaigre & dans les acides tirés des végétaux : mais il faut pour cela que fon ageré- gation ait £té rompue. 9°: Il fe combine très-aifé- ment avec le foufre, & forme avec lui une fubftance rouge que lon appelle crzabre, à l’aide de l’a&ion du feu & de la fublimation. Poyez CINNABRE. 10°, Par la fimple trituration on peut le combiner avec le foufre , ce qui donne une poudre noire que l’on appelle érhiops minéral, 11°, Le poids du rzercure eft plus confidérable en hiver que dans l'été. M: Neu- mann a obfervé qu'un vaiffeau qui étant rempli de mercure pefoit en té onze onces & fept grains, pe- foit en hiver onze onces & trente - deux grains. 12°. Le mercure bien pur eff privé de l'eau qu'il at- tire de Pair ; mis dans un tube de verre & agité dans l’obfcurité , il produit une lumiere phofphorique ou plütôt éle&rique. | En lannée 1760, au mois de Janvier , on a éprou- vé à Pétersbourg un froid d’une rigueur exceflive : cela a donné lieu à une découverte très-importante fur le sercure ; on a trouvé qu'il étoit fufceptible de fe changer en une mafie folide par la gelée, Pour cet effet on a trempé la boule d’un thermometre dansune efpece de bouillie faite avec de la neige & de l’efprit de nitre fumant ; entemuantce mélange avecle ther- mometre même, lemercures’elt gelé & s’eft arrêté au degré 500 du thermometre de M, de Lifle, quirépond au163 deM. deRéaumur.Cesrercure ainf gelé eft plus pefant que celui qui eft fluide, d’ailleursileft duétile -©t malléable comme du plomb. La glace pilée ne peut point, dit-on, faire geler le mercure, qui ne va pour lers que jufqu'au 260 degré du thermometre de M. de Lifle. On n’a point encore pu vérifier ces ex- périences dans d’autres pays de l’Europe. + La difpoñition que Le zercurera à s'unir avec le plomb, l'étain & le bifmuth, fait qu’à caufe de fa cherté onle combineavec ces fubftances ; il eft donc néceflaire de le purifier avant que de s’en fervir. On le puriñie ordinairement avec du vinaigre & du fel marin , & on triture le zzercure dans ce mélange : par ce moyen le vinaigre diffout les métaux avec Jefquels le mercure eft combiné , &il refte pur. Mais la mamiere la plus. fûre de purifier le mercure, et de lé combiner avec du foufre, &c de mettre ce mélange en fublimation pour faire du cinnabre , que Fon .metvenfiute en difiilation pour en obtenir le zer- cure, + . Quant à la maniere de purifier le zercure en le _preflant au-travers d’une peau de chamois , elle ef fort équivoque , puifque, comme on awu, le hif- -muth fait que Pétain & le plomb pañent avec lurau- atayers du chamois ; cette maniere de purifier le zer- L MER 373 cure ne peut donc que le dégager de la poufliere ou de fa craffe qu'il peut avoir contradtées à l’extérienr. Le mercure qui a été falffié avec d’autres fubftances métalliques , peut fe reconnoïître en ce qu'ilne fe met point en globules parfaitement ronds ; il coule pius lentement , & femble former une efpece de queue à la furface des corps fur lefquels on le verfe. Plufeurs phyficiens ont cru que le mercure conte- noit beaucoup de particules d'air , mais c’eft une er: teur ; & M. Rouelle à trouvé que ces prétendues particules d’air font de l’eau dont on peut le dégager en Le faifant bouillir ; maïs il en reprend très-promp- tement fi on.le laifle expofé à l'air , dont il attire fortement l'humidité. Borrichius a obfervé qu’une chaîne de fer poli s’étoit chargée de rouille après avoir féjourné pendant quelque tems dans du rer cure, Rañnond Lulle eff le premier des Chimiftes qui ait dit que le mercure contenoit de l’eau. On pour- roit conjeéturer que c’eit à cette eau que contient le mercure, que font dûs quelques-uns de fes effets dangereux , & peut - être eft.-ce de là que vient la propriété qu'il a d’exciter la falivation & d'attaquer le genre nerveux. Il feroit fort avantageux de n’em- ployer que du mercure qui eût été privé de cette par- tie aqueufe. Les mauvais effets que le wercure pro- duit fouvent far le corps humain, ont fait foupçonner à quelques chimiftes qu’il contenoit une terre étran- gere & arfénicale qu'ils ont appellée 2ymphe ; & ils pretendoient l’en dépouiller , en le combinant avec les acides minéraux, dont ils le dégageoient enfuite pour y introduire une autre terre : par ce moyen ils avoient un wercure parfaitement pur, qu'ils ont nommé wercure animé, dont ils vantoient l’ufage , tant dans la Medecine que dans la Chryfopée ; ils prétendoient que ce wercure diflolvoit Por à parties égales , maisul perdoit fes propriétés lorfqu’on l’ex- pofoit à l'air. C’eft à l’expérience à faire connoître Jufqu’à quel point toutes ces idées peuvent être fon- dées. Beccher , Stahl & Henckel, les trois plus grands chinuftes que l’Allemagne ait prodnits , re- gardent non-feulement le wercure comme une fubf- tance arfenicale , mais même comme un arfenic. Jiuide. Le célebre M. Neumann définit le zercureun mixte aqueux &Z terreux , 2ixtum aqueo-terreum , dans le- quelil entre une portion du principe inflammables’ êt qui eft chargé juiqu’à l'excès de la troifieme terre de Beccher ou la serre mercurielle , qui eft le principe à qui les métaux doivent leur fufñbilité ou l’état de fluidité que leur donne Pa@ion du feu. Quoi qu'il en foit de cette définition, il eft certain que la facilité avec laquelle le feu difipe & volatilife le 7rercure , fait qu'il eff impofñible de le décompofer & d’en faire une analyie exacte. Si on l’expofe à lation du feu dans des vaifleaux fermés, il ie met en expanfñon & brife les vaifleaux. M. Rouelle a trouvé que cela | vient de l’eau qui lui eft jointe , vu qu'en le privant | de cette eau il ne fait plus d’explofon. Si on l’éxpofe an feu dans des vaifleaux ouverts , 1l fe réduit en vapeurs ou en fumée: en l’expofant pendant long- tems à un feu doux, il fe change en une poudre grife que , luivant la remarque de M. Rouelle, on à mal- a-:propos regardée comme une chaux , puifqu'en donnant un degré de chaleur plus fort, cette pou- dre reprend très-promptement la forme &z l’éclat du mercure, Pour le changer en cette poudre grife,, 1 fuffir de l’enfermer dans une bouteille que l’on agi= tera fortement & long-tems ; c’eft ce qu'on appelle mercure précipité par lui-même. | Malgré la difficulté qu'il y a à connoître la nature du 7zercure , un grand nombre de chimiftes Pont rez gardé comme la bafe de tous les métaux y Gt'ils ont prétendu que l’on pouvoit l’en tirer, opération qu'ils ont nommé wercurification ; mais ils aflurent que ce 374 MER mercare tré des métaux eft d’une nature bien plus parfaite que le mercure ordinaire. Beccher admet dans tous les métaux un principe qu'il nomme wer- “curiel, à qui eft dù leur fufbilité. Plufieurs chimiftes ont prétendu avoir le fecret de fixer le sercwre, c’eft-à-dire de lui joindre un nou- veau principe qui lui Ôtât fa fluidité &c lui fit pren- -dre une confiftence folide telle que celle des autres métaux ; C’eft cette opération qu'ils ont nommée la :fixation du mercure. Kunckel aflure poftivement avoir fixé le mercure en argent. Les ufages du wercure font de deux efpeces ; on peut les diftinguer en méchaniques &c en pharma- ceutiques : un des principaux ufages du mercure eft dans la Métallurgie. En effet, comme le xercure a la propriété de s'unir avec l'or &t l'argent, dansles pays Où le bois manque & où ces métaux précieux fe trouvent en abondance & tout formés ou natifs, on ne fait qu’écrafer la roche quiles contient, & on la triture avec du ercure, qui fe combine avec lor &c Pargent fans s'unir avec la pierre qui fervoit de ma- trice ou de minieré à ces métaux. Quand le mercure s’eft chargé d’une quantité fufifante d’or ou d'argent, on met en diftillation la combinaifon ou l’amalgame qui s’eft fait ; par ce moyen on fépare le mercure , & l’or ou l'argent dont il s’étoit chargé refte au fond des vaifleaux. Telle eft la méthode que l’on fuit pour de traitement des mines d’or &c d'argent de prefque toute l'Amérique. Voyez OR. Dans les monnoïies on triture de la même maniere avec du srercure les creufets qui ont fervi à fondre les métaux précieux, ainfi que les crafles réfultantes des différentes opérations dans lefquelles 1l refte fou- vent quelque portion de métal que l’onne veut point perdre. Voyez LAVURE. _ Le rércure fert encore à étamer les glaces , ce qui fe fait en l’amalgamant avec l’étain. Voyez GLACES. Il fert auffi pour dorer fur de l'argent, voyez Do- RURE. On l’emploie pour faire des barometres ; 1l entre dans la compoñtion dont fe fait l’efpece de végétation métallique que l’on nomme arbredeDiane, &c. On peut joindre à ces ufages la propriété que le mercure a de faire périr toutes fortes d’infeétes. Si on enférme du wercure dans l'œuf philo/ophique, Ceft-à-dire dans un vaifleau de verre qui aït la forme d’un œuf & pourvu d’un long col ; que l’on empliffe cet œuf jufqu'au tiers avec du wzercure que l'on aura fait bouillir auparavant pour le priver de l’eau avec laquelle il eft joint , on fcellera hermétiquement ce vaifleau , & on lui donnera un degré de feu toujours égal , 8c capable de faire bouillir Le rzercure fans al- ler au-de-là ; on pourra faire durer cette opération auffi long-tems qu’on voudra , fans crainte d'explo- fion, & le mercure fe convertira en une poudre rouge que l’on nomme wercure précipité per fe. En faifant difloudre le r2ercurs dans l'acide nitreux, 8x en faïfant évaporer & cryftailifer la diflolution, on aura un fel neutre très-corrofif, qui fera en cryf- taux femblables à des lames d’épées. Si on fait éva- porer la diffolution jufqu’à ficcité, en donnant un rand feu , on obtient une poudre rouge que lon ap- pelle mercure précipité rouge, Si on met peu-à-peun de lalkali fixe dans la diffolution du zzercure faite dans l'acide mitreux, & étendue de beaucoup d’eau, on obtient aufli une poudre ou un précipité rouge. Si au lieu d’alkali fixe on fe fert de l’alkali volatil, le précipité, au lieu d’être rouge, fera d’un gris d’ar- doife. M. Rouelle à fait diffoudre le précipité du mercure fait par l’alkäh fixe dans l'acide du vinaigre, ce qui produit un vrai fel neutre, ce qui arrive , parce.que l'aggrégation du mercure à été rompue. Pour que l'acide vitriolique diffolve le mercure, il faut qu'il foit très-concentré & bouillant, alors la diflolution fe fait avéc effervefcence : cette opéra- MER fon Le fait dans une cornue bien luttèe avec un réci- pient. Suivant M. Rouelle, il pañle à la diftillation de l'acide fulfureux volatil , 8 il reite dans la cor- nue une mafle faline qui mife dans un grand vo- lume d’eau s’y diflout, & laifle tomber une poudre jaune que l’on nomme sarbich minéral ou précipité jaune. Lorfque le mercure a été diflont dans Pacide ni- treux, fi l’on verfe de l’acide du fel marin dans la diflolution , il fe désage une poudre blanche qui tombe au fond, c’eft ce qu’on nomme mercure préci- pité blanc. M. Rouelle obferve avec raifon que c’eft un vrai fel neutre , formé par la combinaifon de l’acide du fel marin & du mercure, & que par confé- quent c’eft très-improprement qu'on lui donne le nom de précipité. De plus, l'acide du fel marin n’a- git point fur lé wercure , à moins qu'il n'ait été dif- fous , c’eft-à-dire à moins que fon aggrégation nait été rompue. Le fel marin combiné avec le wercure qui a été diflous dans l’efprit de nitre & mis en fublimation , s’appelle fublimé corrofif ; fi ontriture le fublimé cor- roff avec de nouveau mercure, & que l’on mette le mélange de nouveau en fublimation, on obtient, en réitérant trois fois cette trituration & cette fubli- mation, ce qu’on nomme le mercure doux, ou agaila alba , où panacée mercurielle. Si on réitere ces fubli- mations un plus grand nombre de fois, on obtient ce qu’on appelle la calomelle. En triturant exaftement enfemble une païtie de mercure & deux parties de foufre en poudre, on obtient une poudre noire que l’on nomme éhiops minéral. Si l'on joint enfemble fept parties de mercure 8c quatre parties de foufre, on triturera ce mélange, onlefera fublimer , & l’on obtiendra par-là ce qu’on appelle le cinnabre artificiel ; maïs pour qu'il foit pur & d’une belle couleur, il faudra le fublimer de nou- veau, parce qu'on Jui avoit joint d’abord une trop grande quantité de foufre. En mêlant enfemble une livre de cinnabre pulvé- rifé & cinqou fix onces de limaïlle de fer, 8&c diftil- lant ce mélange dans une cornue à laquelle on adap- tera un récipient qui contiendra de l’eau, on obtien- dra le mercure qui étoit dans lecinnabre,fous fa forme ordinaire : cette opération s’appelle révivification du cinnabre. Telles font les principales préparations que la Chimie fait avec le mercure ,tant pour les ufages de : la Medecine que pour les Arts. (—) MERCURE , (Principe de Chimie.) le mercure que les Chimiftes ont aufh appellé efprit, eft un des trois fameux principes des anciens chimiftes , &e celui dont la nature a été déterminée de la maniere la plus inexa@e , & la plus vague. Foyez PRINCI- PES , Chimie. (b) , MERCURE , ( Mar. med. & Pharm. ) ou remedes mercuriels , tant fimples que compofes. Les remedes mercuriels communément employés en Médecine , font le mercure courant , coulant ou crud ; le mercure uni plus ou moins intimément au foufre ; fçavoir, le cinnabre & l’éthiops minéral , plufieurs fels neutres ou liqueurs falines , dont le mercure eft la bafe ; favoir , le fublimé corrofif , le fublimé doux & mercure doux , ou aquila alba ; le calomelas des Anglois, la panacée mercurielle , le précipité blanc & l’eau phagédenique, la difolution de mercure & le précipité rouge » le turbith mineral ou précipité jaune, &c Le précipité verd. Toutes ces fubftances doivent être regardées comme fimples en Pharmacie, voyez SIMPLE , Pharmacie. Les com pofñitions pharmaceutiques mercurielles les plus ufi- tées, dont les remedes mercuriels font l’ingredient principal ou la bafe, font les pillules mercurielles de a pharmatopée de Paris; les pillulés de Bellofte , les dragées de Keyfer, le fucre vermifuge &lopia- ie méfeméerique de la pharmäcopée de Paris, la pom- made mercurielle ; onguentinéapolitain où Onpterit à frichons , l'onguent gris, l’onguent mercurel pour la gale, les trochifques cfcharotiques, 1és trochit- ques derminium, l'emplâtre de vigo, &c. | De ces remedes quelques uns s’emploient, tant intérieurement qu'extérieurement ; quelques autres ne font d’ufage que pour l'intérieur; & enfin > Uy €n a qu'on n'applique qu'extérieurement, . Les premiers font lemerèure coulant, le cinnabre, le fublimé corroff & le fublimé doux » le précipité rouge & de précipité verd. ; Ceux de la feconde clafle font le méreure violet ; Péthiops mineral ; le calomelas » la panacée,, le pré- cipité blanc, le turbith mineral, les pillules mercu- rielles , les pillulès de Bellofte , les dragées de Kevy- fer; le fucre vérmifuge & l’opiate mélenterique. Etenfin, les dermiérs ou ceux qu'on n’applique qu'extérieurement font la diffolution de mercure À l’eau phagedenique, la pommade mercuriellé, l'on: guent gris, l’onguent mercuriel pour la gale, les trochifques efcharotiques , Les trochifques de mi- num, lemplâtre de vigo. | Voyez à l'article MERCURE ( Chimie) quelle ef la nature de rous ceux de ces remedes que nous avons appellé émplés, Voici la préparation des com. poftions mercurielles pharmaceutiques connues. Pillules mercurielles de la Pharmacopée de Paris ; prenez mercure revivifié du cinnabre une once , [u- cre en poudre deux gros, diagrède en poudre une once , refine de jalap & rhubarbe en poudre, de chacun demi-once; éteignez parfaitement le mer- cure dans un mortier de fer on de marbre avec le fucre, un peu d’eau & une partie du diagrede : en- fuite ajoutez la réfine de jaläp, le refte du diagrede & la rhubarbe ; mêlez exactement en battant très- long-tems, faites une mafñle , &c. La compofñtion des pillules de Bellofte n’eft point publique ; on croit avec beaucoup de fondement , qu'elles font fort analogues aux précedentes. * Prenez di mercure, réduifez-le en pouüre noire par la trituration, Diftillez , remettez en poudre noire. Mettez cette poudre en un matras » Verfez deflus du vinaigre autant que vous voudrez : chauf- fez, même juiqu'à bouillir. Lorfque la liqueur fe troublera par des nuages, décantez. À mefure que la liqueur décantée fe refroidira, elle formera des criftaux prefque femblables à ceux du fel fédarif : le mercure y et faturé d'acide. Faites-en des pilules avec [a manne, & ces pilules feront celles qu’on appelle dragées de Keyfer. Sucre Vermifuge ; prenez mercure revivifié du cin- nabre une once , fucre blanc deux onces ; broyez- les enfemble dans le mortier de marbre , Jufqi’à ce que le mercure {oït parfaitement éteint. Opiate méfenterique ; prenez gomme ammoniac de. mi-Once , feuilles de féné fix eTOS , mercure fublimé doux , racine d’arum & aloës fuccotrin de chacun deux gros; poudre cornachine, rhubarbe choife de chäcun trois gros ; limaille de fer préparée demi- once. Mettez en poudre ce qui doit être pulvérifé, &c incorporez le tout avec fuffifante quantité de ÿrop de pommes compoié, faites une opiate. Nora qu'on n’emploie quelquefois dans la prépa ration de cet Onguent, qu'une partie de #zercure fur les deux parties de fain-doux. Pormmade mercurielle : prenez graifle de porclavée &t mercure crud, de chacun une livre: mêlez jufqu'à ce que le mercure foit parfaitement éteint. Faites un onguent. : . Onguent gris ; Prenez graïfle de porc lavée nne livre , térebenthine commune une once » Tércure M ER 375 crud deux ônces. Faites un ongueñt felon Part. Onguent mercuriel cisrim pour La gale : prenez mers cäre crud déux onces, efprit de nitre une quantité ffifante pour opérer la diflolution du mercure, Cette diflolution étant faite & la liqueur refroidié, prenez fain-doux déux livres, faites-le fondre à un feu doux; &t mêlez-y peu-à-peu én agitant continuellement dans un mortier de bois votre diflolution de mercure ÿ Jetez votre mélange dans des moules que vous au rez formé avec du papier , il S'y durcita bien-tôr ; & vous aurez votre onguent fous forme de tablettes. Trochifques efcharoriques : prerez fublimé corrofif une pattie, amydon deux parties, mucilage de gom: me adragant fufifante quantité:faites des trochiiques felon l’art, | Trochifques de minium : prenez minium demi-on. cé, fublimé corrofif une once, mie de pan deffez chée & réduite en poudre quatre onces , eau-rofe {uffifante quantité ; faites des trochifques felon l’art; Emplätre de vigo. Voyez fous le mor Vigo. Le plus ancien ufage medicinal du ercure a été borné À laps plication extérieure. Les anciens l’ont regardé com: me un excellent topique contre les maladies de la peau; mais ils ont cru que pris extériemrement il étoit un poifon, Il eff aflez reçu que cet {ur l’ana- logie déduite de fes proprietés reconnues pour la guérifon des maladies de La peau, que fe fonderent les premiers Médecins qui l'employerent dans le traitement des maladies véneriennes , dont les fymp- tômes les plus fenfibles font des afe@ions extériens res. Tout le monde fait que cette tentative fut fi heureufe, que Le mercure füt reconnu dès-lors pour le vrai fpécifique de la maladie vénerienne, & qué cette proprièté a été confirmée depuis par les fuc- cés les plus conftans. L'ufage principal effentiel fon: damental du mercure & des diverfes préparations mércurelles , c’eft fon adminiftration contre la ma- ladie vénérienne. Woÿez MALADIE VÉNFRIENNE. Ce font principalement tous ceux des remedes ci _deflus énoncés que nous aVons appellés /mples, qui . font ufités contre certe maladie. On trouvera à l’ar- ticle auquel nous venons de renvoyer les ufages particulièrs de chacun, leurs effets , leurs inconvé- mens , La difcuffion de la préference qui doit êtré accordée à leur application interieure où extetietr- re , & quant aux diverfes efpeces de cetté derniere, aux lotions , aux fumigations , aux on@ions où fric- tions ; & pour ce qui regardé la propriete fingulieré que poffedent les remedes mercuriels d’excirer la falivation , il en fera traité à l’article falagopue. Voyez SIALAGOGUE, &c. | | Parnu les compoftions particulieres pharmaceu- tiques, celles qu’on emploie vulgairement an traite- ment général de la maladie vénerienne font la pom- made mercurieile , les pillules mercurielles & les dragées de Keyfer. Les obfervations pratiqués & néceffaires pour évaluer leurs bons & leurs mau- vais effets, & pour diriger leur légitime adminiftra: tion , fe trouveront aufli 44 mor MALADIE VÉNE: RIENNE, | Le fecond emploi des remedes mercuriels, tant à l'intetieur qu’à l'exterieur ; c’eft contre les mala= dies de la peau, & principalement contre les dartres & lagale. Voyez DARTRE,GALE ET MALADIE DE LA PEAU, Les pillules de Bellofte jouifient de la plus grande réputation dans ces cas ; ily a plufeurs obfervations fameufes de dartres très-malignes, gué- ries par leur ufage continu , & entr'autres celle d’une maladie très-grave de ce genre parfaitement guérie chez un grand feioneur , déja fort avancé en âge. L'onguent pour la gale que nous avons décrit ci-deflus, guérit cètte maladie très-promptement & prefque intailliblement. = Une troifieme proprieté géneralement reconnue 376 MER des remedes mercuriels, c’eft leur efficacité contre les vers & lesinfeétes qui s’engendrent dans le corps de l'homme , on qui fe logeant dans les parties de la peau qui font recouvertes de poils lui caufent diver- {es incommodités. Voyex VERS; VERMIFUGE, Mo- PION , POUX, € MALADIE PÉDICULAIRE:- Quatriemement,les remedes mercuriels dont l’ac- tion eft temperée font de très-bons fondans, voyez Fonpans,& vraiflemblablement fébrifuges en cette qualité ; on a conjeéturé que lanti-quartium où fe- brifuge fpécifique de Riviere étoit principalement compofé de panacée mercurielle. me Cinquiemement , les remedes mercuriels ont été propofés comme le veritable antidote de la rage, pat de Sault célebre médecin de Bordeaux ; & ils foutniflent réellement la principale reffource contre cette maladie. Voyez RAGE. | Sixiemement , Le mercure eft encore le fouverain remede des affections écrouelleufes. M. Bordeu cé- ® Jebre medecin de Paris, a propolé il y a environ dix ans dans une differtation qui remporta le prix de l'académie de Chirurgie , un traitement de cette maladie dont le mercure fait la bafe. Septiemement , ceux d’entre les remedes mercu- riels dont nous avons dit que l’ufage étoit borné à lexterieur . & qui font cauftiques ou corrofifs ; fa- voir la diffolution de mercure qu’on eft obligé d’af- foiblir avec de l’eau diftillée, & qui s'appelle dans cet état eau mercurielle , l’eau phagedenique , les trochifques efcharotiques , les trochifques de mi- nium font, aufli-bien que le précipité rouge & le précipité verd d’un ufage très-ordinaire ; lorfqu on fe propofe de confumer de mauvaifes chairs , d’a- grandir des ouvertures , de détruire des verrues , d'ouvrir des loupes êt autres tumeurs de ce genre, foit que ces affeétions foient véneriennes, foit qu’el- les ne le foient pas. | Enfin, le mercure crud eft regardé comme le prin- cipal fecours qu’on puife tenter pour forcer les ef peces de nœufs des inteftins, ou pour mieux dire la conftrition quelconque qui occafionne la pafñion iliaque , voyez ILIAQUE ( Paffion). On donne dans ce cas plufieurs livres de mercure coulant , til eft obfervé que le malade en rend exattement la mê- me quantité, & que cette dofe immenfe nexerce dans le corps aucune ation proprement médica- menteunfe ou phyfique , pour parler le langage de quelques médecins. Il n'agit abfolument que par {on poids & par fa mañle , que méchaniquement À la rigueur. Cette obfervation prouve 1°, de la maniere la plus démonftrative, que le mercure eft en . Loi, un des corps de la nature auquel on a été le moins fondé à attribuer .une qualité veneneufe. 2°. c’eft principalement de cette expérience qu'on a inféré que le mercure crud ou coulant ne pafloit pas dans les fecondes voies. Le raïonnement eft venu à l'appui de ce fait, &c il a décidé que cette tranfmiffion étoit impoffhble , parce que le zzercure n’étoit point foluble par les humeurs inteftinales. La même théorie a flatué aufli que le cinnäbre & l’éthiops mineral ( fubftances plus groffieres & tout auffñ peu folubles que le zrercure coulant ) n'étoient point reçues dans les vaiileaux abforbans des intef- fins. Cependant il eft prouvé par des obfervations inconteftables, que ces trois remedes pris interieu- rement ont procuré chacun plus d’une fois la fali- vation ; & quant au #ercure coulant , c’eft très-mal raifonner {ans doute, que de conclure qu’une petite quantité ne peut point pafñfer dans les {econdes voies, & fur-rout lorfque cette petite quantité eft confondue parmi d’autres matieres, comme dans les pillules mercurielles, G’c. que de tirer cette conclu- fion, dis-je, de ce qu’une grande mafle dont l’ag- grégation n’eft point rompue n'y pañle pas; car l’u- nion aggrépative eft un puiffant lien, & fur-tout dans le rercure. D'ailleurs, l'efficacité d’une décoc- tion de rereure contre les vers, voyez VERMIFUGE , prouve que le mercure peut imprégner les liqueurs aqueufes de quelque matiere médicamenteufe. (2) MERCURE DE VIE, o4 POUDRE D’ALGAROTH. (Chimie) noms qu’on donne en Chimie, au beurre d’antimoine précipité par l’eau, Voyez à l’article ANTIMOINE. MERCURE, (Mythol.) Le dieu dont l'aile eft ft legere, Et la langue à tant de douceur; C'eft Mercure, ceft celui de tous les dieux, à qui la Fable donne le plus de fonétions ; il en avoit de jour, il en avoit de nuit, Miniftre & meflager de toutes Les divinités de l’olympe, particulierement de Jupiter fon pere ; il les fervoit avec un zele infatigäble, quelquefois même dans leurs intrigues amoureufes ou autres emplois peu honnêtes. Comme leur plénipoten- tiatre, il fe trouvoit dans tous les traités de paix & d'alliance. Il étoit encore chargé du foin de conduire 8 de ramener les ombres dans les en- fers. Ici, c’eft lui qui tranfporte Caftor & Pollux à Pallene. Là, il accompagne le char de Pluton qui vient d'enlever Proferpine. C’eft encore lui qui af- fifte au jugement de Paris, au fujet de la difpute fur la beauté, qui éclata entre les trois déeffes. Enfin, on fait tout ce que Lucien lui fait dire de plaifan- teries fur la multitude de fes fonétions. Il étoit le dieu des voyageurs, des marchands, 8: même des filous, à ce-que dit le même Lucien, qui a raflemblé dans un de fes dialogues, plufieurs traits de filouteries de ce dieu. Mais les allégoriftes prétendent que le vol du trident de Neptune , celui des fleches d’Apollon, de l'épée de Mars, & de la ceinture de Venus, fignifient, qu’il étoit habile na- vigateur, adroit à tirer de l'arc, brave dans lescom= bats, & qu’il joignoit à ces qualités toutes Les graces & les agrémens du difcours. ù Mercure, en qualité de négociateur des dieux & des hommes, porte le caducée, fymbole de paix. Il a des aîles fur fon pétale, & quelquefois à fes piés, aflez fouvent fur fon caducée, pour marquer la légereté de fa courfe. On le repréfente en jeune homme, beau de vifage, d’une taille dégagée, tan tôt nu, tantôt avec un manteau fur les épaules, mais qui Le couvre peu. Il eff rare de le voir affis; fes différens emplois au ciel, fur la terre, & dans les enfers, le tenoient toujours dans lation. C’eft: pour cela que quelques figures le peignent avec la : moitié du vifage claire, & l’autre moitié noire & fombre. La vigilance que tant de fonétions demandoient, fait qu'on lui donnoit un coq pour fymbole, & quelquefois un bélier; parce qu'il eft, felon Paufa- nias, le dieu des bergers. Comme ilétoit la divinité tutélaire des marchands, on lui met à ce titre une bourfe à la main, avec un rameau d’olivier, qui marque, dit-on, la paix, toujours néceffaire au com= merce. Aufh les négocians de Rome célébroient une fête en l’honneur de ce dieu le 15 de Mai, auquel jour on lui avoit dédié un grand temple dans le grand cirque , l’an de Rome 675. Ils facrifioient au dieu une truie pleine , & s’arrofoient de l’eau de la fontaine nommée agua Mercuri, priant Mer- cure de leur être favorable dans leur trafic, & de leur pardonner, dit Ovide, les petites fupercheries qu'ils y feroient. C’eft pourquoi fon culte éroit très- grand dans les lieux de commerce, comme, par exemple, dans l’île de Crete. "Ce dieu étroit auffi particulierement honoré à Cyllene en Elide, parce qu’on croyoit qu'il étoit né fur le mont Cyllene fitué près de certe ville. : Paufanias MER Paufanias dit qu'il y avoit une fatue pofe fur un piédeftal, mais dans une poflure fort indécente, Il avoit auffi un oracle en Achaïe qui ne fe rendoit que le foir. Amphion eft le premier qui lui ait élevé un autel. On offroit à ce dieu les langues des vidi- mes, pour marque de fon éloquence ; comme aufü du lait 8 du miel, pour en exprimer la douceur, C'eft par ces beaux côtés, qu'Horace nous le peint dans l’ode qu’il lui adrefle : « Petit-fils d’Atlas, » divin Mercure, lui dit-il, c’eft vous qui entrepriîtes »# de façonner les premiers hommes, qui cultivâtes » leur efprit par l'étude des fciences les plus pro- # pres à lui ôter fa premiere rudefle, & qui for- » mâtes leur corps par les exercices capables de » leur donner de la vigueur & de la grace; per- » mettez-moi de chanter vos louanges, Vous êtes » l’envoyé de Jupiter, linterprete des dieux, & » l'inventeur de la Ivre, &e, Mercuri facunde, nepos Atlantis, Qui feros cultus hominum recertur Poce formafli catus, & decoræ More paleftre : Te canam, magni Jovis & deorum Nuntium, curvæque lyræ parentem, à 1 Od. Xe l, I, Les Mytholosiftes font Mercure pere de plufeurs enfans; ils lui donnent Daphnis qu’il enleva dans le ciel, le fecond Cupidon qu’il eut de Vénus, Ætha- lide de la nymphe Eupolemie, Linus d’Uranie , &c finalement Autolycus de Khioné. Mais le nom de ce dieu eft véritablement d’origine égyptienne. Les anciens hiftoriens nous parlent de Mercure II. égyp- tien, comme d’un des plus grands hommes de l'an- tiquité. Il fut furnommeé srfimegifle ; c’eft-à-dire, érois fois grand, Il étoit l'ame des confeils d'Ofiris &z de fon gouvernement. Il s’appliqua à faire fleu- tir les arts & le commerce dans toute l'Egypte, Il acquit de profondes connoïflances dans les Mathé- matiques, & fur-tout dans la Géométrie; & apprit aux Égypuens la maniere de mefurer leurs terres dont les limites étoient fouvent dérangées par les accroiflemens du Nil, afin que chacun pût recon- noïtre la portion qui lui appartenoit. Il inventa les premiers caraëteres des lettres; & régla, dit Diodore, jufqu’à l’harmonie des mots & des phrafes, fl infhitua plufeurs pratiques touchant les facrifices & les autres parties du culte des dieux. Des minif- tres facrés portoient fes livres dans une procef. fion foiemnelle, qui fe faifoit encore du tems de Clement d'Alexandrie. Ils fe font tous perdus; & nous apprenons de Jamblique qu'il étoit dificile de démêler les véritables ouvrages de Mercure trifme. gite parmi ceux que les favans d'Egypte avoient publiés fous fon nom | Les fables qu’on débita dans la Grece fur Mer. cure, ont été caufe que c'eft un des dieux que les anciens ont le plus multiplié. Cicéron même dans fon III. liv. de rar, deor. en admet ‘cinq qui fe ré- duifent à un feul, comme la prouvé M, Four- mont, dans les Méx. de litrér. rome X, Celui que Cicéron appelle f/s du Ciel, eft le même que le fils de Jupiter; Ciel & Jupiter étant chez les Latins, deux noms différens de la même divinité, Celti que Cicéron appelle Trophonius fils de Falens, n’eft auffi que le même perfonnage fous diféréns noms; 7a- lens n'étant qu'une épithete de Jupiter, & Tropho- ins un furnom de Mercure, Le quatrieme Mercure à qui Cicéron donne le Nil pour pere, ne peut être fils de ppoupar Nefos; parce que fon culte étoit connu dans la Grece long-tems avant ce roi d'Egypte, &c qu'une pareille fhation défigne plutôt chez les an- ciens, le lieu de la naïflance, que les parens de qui les héros la tenoient. D’ailleurs ce quatrieme Mer- cure n'eit pas différent du cinquieme, qui felon Ci- Tone X, MER 397 céron, tua Argus, régna en Egypte ,inventa les let tres, étoit révéré fous le nom de 09», filsde Kneph, qui métoit autre que le Jupiter des Grecs & autres peuples. Il réfulte donc que les quatre Mercuré dé Cicéron fe réuniflent avec fon troifieme Mercure fils de Maïa & de Jupiter Ammon. De même, les trois meres que Cicéron donne à Mercure, n’en font qu’une feule. Je ne crois pas qu’on puifle rien objetter au fujet de Maïa. Comme elle étoit fille d'Atlas, on fent combien elle rapproche Mercure de l'Egypte. À l'égard de Phoronis , qui ne voit que c’eft une épithete, pour fignifier pharzonide, & marque par-là que Mercure defcendoit d’une maifon qui ré- gnoit, ou avoit régné dans le pays? Quant aux prins cipaux noms que les poëtes lui ont donnés, ils font autant de petits articles, dont Pexplication fe trouve dans cet Ouvrage, Au relte, on a trouvé à Langres, en 1643, dané les fondemens des anciens murs de cette ville, urié confécration de monument que firent À Mercure furz nommé Moccus, Lucims Mafculus & Sedatia Blan dula fa mere, pour l’accompliffement d’un von à mais j'ignore ce que veut dire le furnom de Moc: cus donné à Mercure dans cette infctiption. (2. 1.) MERCURES, (Anzig. greg.) On nommoiït mers cures, chez les Grecs, de jeunes enfans, de huit, dix à douze ans, qui étoient employés dans la célébra= tion des myfteres, Lorfqw'on alla confulter l'oracle de Trophonius ; deux enfans du lieu > qu'on appel: loit wercures, dit Paufanias, venoient vous frotter d'huile, vous lavoient, vous nettoyoient, & vous rendoient tous les fervices néceflaires, autant qu'ils en étoient capables. Les Latins nommoient ces jeu nes enfans Cumilli, des Camilles; parce que dans les myfteres de Samothrace, Mercure étoit appellé Caf: millus, C’eft à quoi fe rapporte cet endroit de Vir gile : à + so + à + .« Malrifque Vocavié Nomine Cafmillum, mutaré parte Camillam. Statius Tullianus, cité par Macrobe, obferve que Mercure étoit nommé Camillus, & que les Ro: mains donnoient le nom de Cumilles aux enfans les plus diflingués, lorfqu’ils fervoient à Pautel. (D.J.) MERCURE , {. m. titre d’une compilation de nou- velles &c de pieces fugitives & littéraires, qui s’ime prime tous les mois à Paris, & dont on donne quel- quéfois deux volumes, felon l'abondance des ma- tieres. | Nous avons eu autrefois le mercure françois, livre très-eftimé, & qui éontient des particularités fort curieufes. Le rercure galant lui avoit fuccédé , & à été remplacé par celui qu'on nomme aujourd’hui mercure de France. Il tire ce nom de Mercure dieu du Paganifme, qu’on regardoit comme le meflager des dieux, & dont il porte à fon frontifpice, la figure empreinte, avec cette légende: Quæ collisie, Jpargies Voyez JOURNAL. MERCURE, dans l'Art héraldique, marque la cou: leur pourpre dans les afmoiries des princes fouve- rains. PWoyez POURPRE. MERCURIALE, mercurialis, {. £. (Hif. nat. Bor.) genre de plante à fleur fans pétale, & compofée de plufieurs étamines foutenues par un calice, Cette fleur eft ftérile, Les embryons naïffent fur des indi- vidus qui ne donnent point de fleurs, & devien- nent dans la fuite des fruits compoiés de deux capiules qui renferment chacun une femence ar- rondie, Toutnef. Inff. rei herb. Voyez PLANTE. M. de Tournefort compte neuf efpeces de mer: curiale , à la tête defquelles il met la mâle, la fe- melle & la fauvage, La rrercuriale mäle elt nommée mercurialis tefficu lata, five mas Diofcoridis & Plini, par C. B, pere, F Bbb 378 MER 8e par Tournef. Znf. rei herb, 34. en anglois, ske mzaîle mercurit. Le Elle a la racine tendre, fibreufe, annuelle, périf- d . fant après qu’elle a donné des fleurs & des grai- 4 A ñ , nes. Elle pouffe des tiges à la hauteur d'environ un pié ,anguleufes, genouillées , liffes & rameufes. Ses feuilles reflemblent affez à celles de la pariétaire, , n )] Elles font étroites, oblongues , umes, d'un verd- jaune-pâle , pointues, dentelées à leurs bords , d’une faveur nitreufe un peu chaude, 6e nauféabonde, D'’entre les aiflelles des feuilles fortent des pédi- cules courts & menus qui portent de petites bour- fes, ou des fruits à deux capfules un peu applaties, rudes & velues, qui contiennent chacune une pe- tite femence ovale ronde. Cette plante eft fort commune dans les cime- tieres , dans les jardins potagers, les vignobles &c les décombres. Elle eft du nombre des cinq plantes émollientes ; fon fuc eft propre à faire tomber Les verrues. Er" =? La swercuriale femelle ou & épi, eft la sercurialis Jhisata {eu fœmina des Botaniftes, Certe 7rercuriale eft toute femblable à la mâle, dans fes tiges ». fes feuilles & fes racines; mais au lieu que la préce- dente ne fleurit point ftérilement : celle-ci porte des fleurs à plufeurs étamines, foutenues par un calice à trois’ feuilles. Ces fleurs font ramañées en épis, & ne font fuivies ni de fruits ni de graines. \ . LR ù s 2 Elle fleurit tout l'été, & périt l’hiver. On s’en fert indifféremment comme dela mâle; l’une & Pautre. fourniffent un firop à la Médecine; cultivées dans les jardins, elles font fort fupérieures à nos épinars. Dans leur defcription, j'ai fuivi l'opinion com- mune, en prenant la wercuriale ftérile pour la fe- melle, & la fertile pour la mâle. Mais il eft plus raifonnable d’appeller la ftérile méle, &c la ferule femelle, & cell ainfi qu’en penfent les meilleurs botaniites modernes. La mercuriale fauvage, male Où femelle, mercu- rialis montana , fpicata de Tournef. Jn/£. rei herb, 534. cynorambe mas 6 femina : perennis , de Ray, & de J. B. pag.979, ne doit pas être confondue avec celles des boutiques; car il paroït qu’elle a une qualité fomnifere & maligne. (D. J.) , MERCURIALE, (Pharm. 6 mat. med.) mercuriale mâle &t rercuriale femelle :on fe fert indifféremment en Médecine, de l’une êr l’autre mercuriale, Cette plante eft apéritive, diurétique &t lépére- ment laxative : elle eft une des cinq plantes émol- lientes. hs _ Elle eft fort peu employée dans les prefcriptions magiftrales , pour lufage intérieur ; cependant quel- ques auteurs la recommandent en décoéhion, ou en bouillon avec un morceau de veau, pour tenir le ventre libre, principalement dans les menaces d'hy- dropifie, de rhumatifme, de cachexie, 6c. Le miel mercurial, qui n'eft autre chofe qu'une efpece de firop fimple préparé avec le fuc de cette plante &c le miel, poflede à peu près Les mêmes vertus. Mais ce font des remedes bien foibles, en comparaifon du fameux firop de longue vie, appellé auffi {op de mercuriale compofé, quoique le fuc de cette plante n’en foit qu’un des ingrédiens les moins aëhfs. Ce firop eft fort recommandé pour les ufases dont nous venons de faire mention, & 1l eft réellement très-utile dans ces cas; mais il eft évident que c’eft à la racine de glayeul & à celle de gentiane, que ce firop doit fes principales vertus. En voici la compofition : Prenez, de fuc épuré de rercuriale, deux livres ; des fucs de bourache & de buglofe, de chacun, demi-livre; de racine de glayeul ouüris, deux onces ; de racine de gentiane, une once; de bon miel blanc, trois livres ; de vin blanc, douze on- ces : faites macerer dans le vin blanc pendant vinget- HER quatre heures les racines pilées ; paflez-les ; d’autre part, faites fondre le miel, mêlez.le aux fucs ; don- nez quelques bouillons à ce mélange; écumez-le légérement, 67 paflez-le à la manche ; mêlez les deux liqueurs , &c les cuifez en confiftance de firop. L'ufage ordinaire de ce firop fe continue pendant environ une quinzaine de jours ; 8 la dofe en eft d'environ deux cuillerées, que Pon prend trois ou quatre heures avant lerepas. L’évacuation par les {elles pen abondantes, mais foutenues que cere- mede procure, & l'aftriétion lésere que doit pro : duire fur leflomac l'extrait très-amer de la gen- tiane , l'ont fait regarder fur-tout comme un remede fouverain pour rétablir les eftomacs foibles, ruinés &t chargés. de glaires, & contre la migraine & les vertiges , qui font fouvent dépendans de la féche- refle du ventre, La mercuriale s'emploie extérieure- ment dans les cataplafmes émolliens rarement feule,, plus fouvent avec les autres plantes émollientes, Elle entre aufli affez communément avec lesmêmes plantes dans la compoftion des lavemens émolliens & laxatifs. (2) MERCURIALES, f. f, plur. (Myrhol.) fête qu’on célébroit dans l'ile de Crete en Fhonneur de Mer- cure, avec une magnificence qui attiroit alors dans cette île un grand concours de monde, mais plus pour le commerce dont Mercure étoit le dieu, que pour la dévotion, La même fête fe célébroit à Rome fort fimplement le 14 de Juillet. (D.J.) MERCURIALES, (Gram. Jurifprud.) cérémonie qui a lieu dans Les cours fouveraines le premier mer- credi après l’ouverture des audiences de la S. Mar- tin & de Päques ; où le préfident exhorte les con- feillers à rendre fcrupuleufement la juftice, & blâ- me ou loue les autres membres fubalternes de la magiftrature, felon qu’ils ont bien ou mal rempli leurs fonétions. Les mercuriales ont été établies par les édits des rois Charles VIIL. Louis XII. & Henri III. MERCURIEL,ONGUENT, (Pharm. & mat, méd.} Voyez MERCURE & REMEDES MERCURIAUX. MERCURIELLE , serre, ( Chimie. ) ou tfoifieme terre de Becher. Voyez TERRES DE BECHER ( es crois. ) La serre mercurielle eft, felon Becher, le principe le plus propre, le plus fpécifique des mixtes, celui dans lequel refide leur caraétere conftitutif, ineffa- çable, wrmortalis quedam forma caraëterifmum fuum obfervans. C’eft à la préfence de cette terre qu'il at- tribue la propriété qu'ont, felon un dogme chimi- que qu'il adopte formellement, les fels volatils des plantes & des animaux , arrachés même de ces fub- ftances par la violence du feu, de repréfenter l’ima- ge, ideam, des fubltances qui les ont fournies. La refurreétion des animaux de leurs propres cendres, la régénération des plantes, des fleurs ef, felon lui, ouvrage de la terre mercurielle, Il rapporte l’expé- rience fort finguliere d’un morceau de jafpe tenu en fufon dans un creufet fermé, dont la couleur aban- donna entierement la matiere pierreufe , & alla s’at- tacher à la partie fupérieure du creufet, & s’y difpo- fer de la même maniere qu’elle Peft fur le jafpe , tant pour la diverfité des couleurs, que pour la diftribu- tion des veines & des taches : & c’eft à fa serre mercu= rielle qu'il attribue le tranfport, la migration de l’ame du jafpe , c’eft ainfi qu’il nomme cette matiere colo- rée. C’eft cette terre qui donne la métalléité aux mé- taux, c’eft-à-dire leur mollefle, extenfibilité, mal- léabilité, liquefcibilité. Elle eft la plus pénétrante & la plus volatile des trois terres: c’eft elle qui, foit feule , foit unie à la feconde terre , que les chi- miftes modernes appellent ph/ogiffique , forme les mouffetes, poufles ou vapeurs fouterreines, qui éteignent la flamme des flambeaux & des lampes"des mineurs , & qui les fuffoquent eux-mêmes, ou les MER incommodent confidérablement, Foyez GAS, ExHA- LAISON, MOUFFETE, POUSSE; c’eft cette terre pure, nue & réfoute, ou réduite en liqueur, qui eft le véritable alkaheft, Voyez ALKAHEST 6 MensTRUE; cette liqueur eft fi pénétrante que fi on la refpire imprudemment, on eft frappé comme de la foudre, accident qui arriva une fois à Becher, qui fut fur le point d’en périr. La serre mercurielle e mafque, larvatur, quelquefois dans les mines fous lapparence d’une fumée ou d’une eau , & s'attache aufh quelquefois aux parois des galeries fous la for- me d’une neige légere & brillante. La serre mercu- rielle eft le principe de toute volatilité ; elle eft fur- abondante dans le mercure ordinaire, qu’elle met par cet excès dans l’état de décompofision. Voyez lerticle MiXTION, & c’eft par fon accrétion au corps métallique parfait, ab/olutum, qu’elle opere la mercurification. Voyez MERCGURIFICATION. Elle eft le premier être , primum ens , du fel marin. Quel- ques chimiftes la regardent comme le principe de l'arfenic ; les métaux cornés, les fels alkalis volatils &c ammoniacaux lui doivent leur volatilité , 6c. Ceux qui ont appelle ce principe wercure, & qui l’ont pris bonnement pour le mercure coulant ordi- naïire, ou même pour le mercure des métaux, fe font groflierement trompés. Cette terre eft appellée rer- curielle au figuré ; ce nom ne fignifie autre chofe, f- non qu’elle eft volatile & fluide, fluxilis, comme le mercure. | Nous venons d’expoler fommairement les pro- priétés fondamentales & cara@térifiques que Becher attribue à fa troifieme terre. Le point de vüe fous lequel ce profond & ingénieux chimifte a confidéré la compoñtion des corps naturels, lorfqu'il s’eft trouvé forcé à recourir à un pareil principe, eft vé- æitablement fublime, plein de génie &c de fagacité : la chaîne, l’analogie, l'identité des phénomenes qu'il a rapprochés, qu'il a liés, en les déduifant de ce principe, eff frappante, lumineufe, utile, avançant l’art. Mais enfin on eft forcé d’avouer que ce n’eft pouttant là qu'une coordination de convenance, qu'un fyftème artificiel, & qu'elle fait tout au plus foupconner ou defirer un principe quelconque. Stahl qui a tant médité le Becherianifme, & qui a été doué du génie éminent propre à en. fonder les profondeurs & à en dévoiler les myfteres, confeffe & profefle , confiteor & profireor , ce font fes termes en dix endroits de fon Specimen bechèrianum, que l’exiftence du principe mercuriel, & fon influence dans les phénomenes que lui attribue Becher, ne font rien moins que démontrés; qu'il penche très- fort à fe perfuader que la troifieme terre de Becher ne differe qu’en nombre, & non pas en efpece, de {a feconde terre, du phlogiftique; c’eft- à - dire qu’- Î une certaine quantité d’un même, feul &c'unique principe étant admife dans les mixtes, y produit les effets attribués aux. phlogiftiques ; & qu’une quantité différente y produit les effets attribués à la zerre mercurielle. Voyez MIXTION. Et enfin il promet en fon nom, & en celui de tous les vrais chimiftes, une éternelle reconnoiffance à quiconque rendra fimple, facile, praricable la doûtrine de Becher fur cette trôifieme terre, comme il Pa fait lui fur la feconde , fur le phlogiftique. ( b) MER CURIELLE , eau ou liqueur. Voyez fous le mor Eau & l’arricle MERCURE, (Mar. méd.) MERCURIELLE, liqueur ou huile. Voyez Mer CURE, ( Mar. med.) MERCURIFICATION, (Chimie. ) opération par laquelle on produit, on prétend produire du vrai mercure coulant, par une sran/mutation quelconque des autresfubftances métalliques en celles-ci. Ce changement eft une des promefles de l’alchi- mifte. Le produit de cette opération s'appelle zercu- Tome X, MER 379 re des métaux, & en particulier felon l’efpece, mecs rifer, mercure d’or, d'argent, de plomb, &c, & ces produits font non-feulement précieux en foi, mais plus encore parce qu'ils fourniflent la matiere pr'o- pre & hypoltatique, le fujet, la matrice du grand- œuvre. Les chimiftes antérieurs à Becher ont tous penfé que le mercure coulant étoit un principe eflentiel de toute fubflance métallique, & que la conver- fon dont nous parlons étoit une vraie extra@ion. Becher a penfé que le mercure n’étoit point con- tenu aétuellement dans les métaux, mais que le corps, le mixte métallique devoit recevoir une fur abondance, un excès de l’un de fes principes, fa- voir de la terre mercurielle pour être changée en mercure coulant. Selon cette Opinion la mercurifica + tion fe fait donc par augmentation, par accrétion ; par compoñition , par fyncrefe, Stahl a prononcé fur la zercurificarion en patticit- lier le même arrêt que fur Le dogme de la terre mer curielle en général. Voyez la fin de l’arricle Mer cu- RIELLE , terre, CE témoignage eft très-prave ) cCOmM= me nous l’avons déjà obfervé en cet endroit. Mais On peut avancer que Stahl accorde même trop à cette doétrine, & fur-tout à l'affaire de la MT CUT LC cation en particulier, en laiffant le champ libre aux chimiftes laborieux qui voudront entreprendre d’é- claircir cette matiere. Tout ce qui en a été écrit jufqu’à préfent eft fi arbitraire quant au dogme, & fi mal établi quant aux faits ; la maniere de ces ou vrages eft fialchimique , c’eft-à-dire fi marquée par le ton affecté de myftere, & le vain étalage de mer- veilles, que tout bon eïprit eft néceflairement re- buté de cette étude. Je n’en excepre point les ouvra- ges de Becher fur cette matiere, qui a été fa préten- tion ou fa manie favorite, fon véritable. dorguicho- tifme, s’il eft permis de s’exprimer ainfi, & de par- ler avec cette efpece d'irrévérence d'un fi grand homme. Le fecond fupplément à fa phyfique fouter- reine que je me fuis dix fois obftiné à lire fur la réputation de l’auteur, pendant le zele de mes pre- mieres études , m’eft autant de fois tombé des mains. Et fuppotfé que les ouvrages de cette efpece renfer- ment réellement des immenfes tréfors de fcience, certes c’eft acheter trop cher la fcience que de la pourfuivre dans ces ténébreux abîmes. Voyez ce que nous ayons déjà obfervé à ce fujet à l’arsic/e Her- MÉTIQUE , philofophie. (b) MERDIN, ( Géog. ) les voyageurs écrivent auf MARDIN, MEREDIN, MIRIDEN , ville d’Afe dans le Diarbeck, avec un château, qui paffe pour imprenable ; le terroir produit du coton en abon- dance. Elle appartient aux Turcs qui y ont un pacha avec garmion. Merdin eft fituée à 6 lieues du Tigre, entre Mofoul & Bagdat, près d’Amed. Lors, felon M. Petit de la Croix, 62.50. lar. 35.15. (D.7.) MERE , f. f. (Jurifprud.) eft celle qui a donné la naiflance à un enfant. Il y avoit auf chez les Romains des 2eres adopti- ves; une femme pouvoiït adopter des enfans quoi- qu’elle n’en eût point de naturels. On donne auff le titre de mere à certaines églifes , relativement à d’autres églifes que l’on appelle leurs filles, parce qu’elles en ont été pour aïnf dire déta- chées, & qu’elles en font dépendantes. Pour revenir à celles quiront le titre de eresfelon l’ordre de la nature , on appelloit chez les Romains meres-de-farmille Les femmes qui étoient épouiées per coemptionem ; qui étoit lé mariage le plus folemnel; on leur donnoit ce nom parce qu’elles pafloient en la main de leur mari, c’eft - à - dire en fa puiffance,, ou du-moins en la puifance de celui auquel 1l étoit lui-même foumis, elles pafloient en la famuile du mari, pour y tenir la place d'héritier comme en- Bbbÿy 380 MER fant de la famille, à la différence de celle qm étoit feulement époufée per ufum, que l’on appelloit #a- trona , mais qui n'étoit pas réputée de la famille de fon mari. Parmi nous on appelle rere-de-famille une femme mariée qui a des enfans. On dit en Droit que la ere eft toujours certaine, au-lieu que le pere eft incer- tain. | Entre perfonnes de condition fervile, l'enfant fuit la condition de la ere. La noblefle de la mere peut fervir à fes énfans lorfqu’il s’agit de faire preuve de nobleffe des deux côtés , & que les .enfans font légitimes & nés de pere & mere tous deux nobles ; mais fi la ere feule eft noble , les erifans ne le font point. Le premier devoir d’une were eft d’alaiter fes en- fans, & de les nourrir & entretenir jufqu'à-ce qu'ils foient en Âge de gagner leur vie, lorfque le pere n’eft pas en état d’y pourvoir. Elle doit prendre foin de leur éducation en tout ce qui eft de fa compétence ; & fingulierement pour les filles, auxquelles elle doit enfeigner l’économie du ménage. La mere n’a point , même en pays de Droit écrit, une puiflance femblable à celle que le Droit romain donne aux peres; cependant les enfans doivent lui être foumis , ils doivent lui porter honneur & refpeét, êt ne peuvent fe marier fans fon confentement jufqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge de majorité ; ils doivent, pour fe mettre à couvert de l’exhérédation, lui faire des fommations refpeîtueufes comme au pere. En général la zere n’eft pas obligée de doter fes filles comme le pere , elle le doit faire cependant felon fesmoyens lorfque le pere n’en a pasle moyen; mais cette obligation naturelle ne produit point d’ac- tion contre la szere non plus que contre le pere. Lorfque le pere meurt laifflant des enfans en bas âge, la mere quoique mineure eft leur tutrice natu- relle & légitime, & pour cet emploi elle eft préférée à la grand-mere ; elle peut aufli être nommée tutrice par le teftament de fon mari; le juge lui défere auff la tutelle. Voyez MINEUR 6 TUTELLE. La tutelle finie , la mere eft ordinairement nom- mée curatrice de fes enfans jufqu’à leur majorité. Suivant la loi des douze tables, les enfans ne fuc- cédoïent point à la mere, nila ere aux enfans ; dans là fuite le préteur leur donna la poffeffion des biens fous le titre wrde cognati ; enfin Pempereur Claude & le fenatufconfulte Tertyllien déferent la fuccef- fon des enfans à la were, favoir à la mere in genere, lorfqw’elle avoit trois enfans , & à la were affranchie Iorfqu’elle en avoit quatre. Il y avoit cependant plu- fieurs perfonnes qui étoient préférées à la mere, fa- voir les héritiers fiens ou ceux qui en tenoient lieu, le pere & le frere confanguin ; la fœur confanguine étoit admuife. Par les conftitutions poftérieures la mere fut admife à la fucceflion de fon fils ou de fa fille unique, &c lorfqu’il y avoit d’autres enfans elle étoit admife avec Les freres & fœurs du défunt. Par le droit des novelles elles furent préférées aux freres & fœurs qui n’étoient joints que d’un côté. L’édit de S. Maur du mois de Mai 1567, appellé communément l’édis des meres, ordonna que les zzeres ne fuccéderoient point en propriété aux biens pater- nels de leurs enfans , qu’elles demeureroient réduites à l’ufufruit de la moitié de cesbiens avec la propriété des meubles & acquêts qui n’en faifoient pas partie. Cet édit fut regiftré au parlement de Paris, mais äl ne fut pas reçu dans les parlemens de Droit écrit, fi ce n’eft au parlement de Provence, &c il a eté révo- qué par un autre édit du mois d’Août 1729, qui or- donne que les fucceflions des #eres à leurs enfans feront reglées comme elles l'étoient avant l’édit de S. Maur. MER Suvañt le Droit commun du pays coutumier, la mere, aufh-bien que le pere, fuccede aux meubles & acquêts de fes enfans décédés fans enfans ou petits. enfans ; à l'égard des propres ils fuivent leur ligne. La mere fut admife à la fucceffion de fes enfans naturels par le fenatufconfulte T'ertyllien. Pour ce qui eft des fucceffions des enfans à leur mere, ils ne lui fuccedoient point ab inteffar ; ce ne fut que par lé fenatufconfulte Arphitien qu'ils y furent admis, & même les enfans naturels, ce qui fut depuis étendu aux petits-enfans. En France la #ere ne fuccede point à fés enfans naturels , & 1ls ne lui fuccedent pas non plus fi ce n’eft en Dauphiné & dans quelques coûtumes fingu- lieres, où le droit de fucceder leur eft accordé ré- ciproquement. Voyez les Infhr, de Juft. Zy. IF. #e. ii, G1v. l’Inflicution d’Argou, it. des bétards. (4) MERE DE Dieu, ( Théol.) eft une qualité que l’E- glife catholique donne à la fainte Vierge, F. VIERGE. L’ufage de la qualifier ainfi nous eft venu des Grecs qui l’appelloient @soroxos , que les Eatins ont tendu par Deipara 8 Dei gemirrix. Ce fut le concile d'Ephefe qui introduifit cette dénomination ; & le cinquieme concile de Confiantinople ordonna qu’à l'avenir on qualifieroit toujours ainf la fainte Vierge: Ce decret donna occafon à de terribles difputes. Anaftafe , prêtre de Conftantinople , dont Neftorius étoit patriarche ; avança hautement dans un fer- mon, qu'on ne devoit abfolument point appeller la Vierge @toroxos. Ces paroles ayant caufé un grand foulevement dans les efprits, le patriarche prit le parti du prédicateur , & appuya fa doctrine. Voyez NESTORIEN. Mais quoiqu’on puifle abfolument parlant faire figaifier à @esoroos mere de Dieu ; Tru C yes fe gnifiant quelquefois La même chofe ; ce quia fait qué les Latins l'ont traduit par Dei genitrix , aufli-bien que par Deipara : cependant les anciens Grecs qui appelloient la Vierge Tes'rozos , ne l’appelloïenr pas pour cela para p ré Gc'u, mere de Dieu. Ce ne fut qu’a- près que les Latins eurent traduit @corosos par Des ge- nitrix , que les Grecs traduifirent à leur tour Dei ge- aitrix pat uwrnp re Ge ; moyennant quoi les Grecs & les Latins s’accorderent à appeller la Vierge mere de Dieu, Le.premier , à ce que prétendent les Grecs, qui lui ait donné cette qualité eft S. Léon ; & cela, pré- tend S. Cyrille , parce que prenant les mots de Sei- gneur & Dieu pour fynonymes , il jugeoit quefainte- Elifabeth en appellant la fainte- Vierge rnere de fon Seigneur , avoit voulu dire "ere de Dieu. MeRE-FOLLE , o4 MERE-FOLIE , (Hifloir. mod.) nom d’uné fociété facétieufe qui s'établit en Bour- sogne fur la fin du xiv. fiecle ou au commence- ment duxv. Quoiqu’on ne puiffe rien dire de certain touchant la premiere inftitutionde cette fociété ; on voit qu’elle étoit établie du tems du duc Philippe le Bon. Elle fut confirmée par Jean d’Amboife, évêque de Langres, gouverneur de Bourgogne, en 1454 : feflum fatuorum, dit M. de la Mare, eft ce que nous appellons la were-folle, Telle eft Pépoque la plus reculée qu’on puifle dé- couvrir de cette fociété ; à moins qu’on ne veuille dire avec le P. Meneftrier ; qu’elle vient d’Engel- bert de Cleves ; gouverneur du duché de Bourgo- gne , qui introduit à Dijon cette efpece de fpeéta- cle ; car je trouve, pourfuit cet auteur, qu’Adol- phe, comte de Cleves, fit dans fes états une efpece de fociété femblable , compofée de trente - fix gen tilshommes ou feigneurs qu’il nomma la compagnie des fous. Cette compagnie s’afflembloit tous les ans au tems des vendanges. Les membres mangeoient tous enfemble , tenoient cour pleniere, & faifoient des divertiflemens de la nature de ceux de Dijon elifant un roi & fix confeillers pour préfidér à cette fête. On a les lettres-patentes de l’inftitution de la fociété du fox , établie à Cleves en 1381. Ces pa- tentes font fcellées de 35 fceaux en cire verte, qui étoit la couleur des fous. L’original de ces lettres fe confervoit avec foin dans les archives du comté de Cleves. : | Il y a tant de rapport entre les articles de cette inftitution & ceux de la fociété de la mere - folle de Dijon, laquelle avoit, comme celle du comté de Cleves , des ftatuts, un fceau & des officiers , que j’embrafle volontiers le fentiment du P. Meneftrier , qui croit que c’eft de la maifon de Cleves qué la compagnie dijonnoife a tiré fon origine ; ajoutez que les princes de cette maïfon ont eu de grandes allian- ces avec les ducs de Bourgogne , dans la cour def- quels ils vivoient le plus fouvent.. La plûpart des villes des Pays-bas dépendantes des ducs de Bourgogne, éélébroient de femblables fêtes. Il y en avoit une à Lille fous le nom de fée de l’épinerre , à Douai fous le nom de la fére aux nes, à Bouchain fous le nom de preydt de l'érourdi, &c à Evreux fous celui de la fére des couards, ou cornards. Doutremäna décrit ces fêtes dans fon hiftoire de Va- lenciennes ; enun mot, 1l y avoit alors peu de villes qui n’euflent de pareilles boufonneries: La mere-folle ou mere-folie, autrement ditel’zrfan- zerie dijonnoife , en latin de ce tems-là ; wxter ffulto- rm, étoit une compagnie compofée de plus de $oo perfonnes, detoutes qualités , officiers du parlement, de la chambre des comptes ; avocats , procureurs, bourgeois, marchands, 6c. A Le but de cette fociété étoit la joie & le plaifir. La ville de Dijon , dit le P. Meneftrier | qui eft un pays de vendanges & de vignerons , a vu long-tems un fpectacle qu’on nommoit la ere-folie. Ce fpeéta- cle fe donnoit tous les ans au tems du carnaval , & les perfonnes de qualité ;, déguifées en vignerons , chantoient fur des chariots des chanfons & des fa- tyres , qui étoient comme la cenfure publique des mœurs de ce tenis-là. C’eft de ces chanfons à cha- riots & à faryres que venoit l’ancien proverbe latin, des chariots d’injutes , plauffra injuriarum. Cette compagnie ; comme nous l’avons déja dit , fubfiftoit dans les états du duc Philippe le Bon avant 1454, puifqu’on en voit la confirmation accordée cette même année par ce prince. L'on voit aufi au tréfor de la fainte chapelle du roi à Dijon , une fe- £onde confirmation de la wzere-folle en 1482, par Jean d'Amboife, évêque de Langres, lieutenant en Bour- gogne ,; & par le feigneur de Beaudricourt, gou- verneur du pays ; ladite confirmation eft en vers françois. Cette fociété de rere-folle étoit compofée d’infan- terie. Elle tenoit ordinairement afflemblée dans la falle du jeu de paume de la Poiflonnerie , à la réqui- fition du procureur fifcal , dit j/{cal verd, comme il paroit par les billets de convocation , compofés en vers burlefques. Les trois derniers jours du carnaval, les membres de la fociété portoient des habillemens déguifés & bigarrés de couleur verte , rouge & jau- ne, un bonnet de même couleur à deux pointes avec des fonnettes , & chacun d’eux tenoïit en main des maroîttes ornées d’une tête de fou. Les charges & les poftesétoient diftingués par la différence des habits ; la compagnie avoit pour chef celui des aflociés qui s'étoit rendu le plus recommandable par fa bonne mine , fes belles manieres & fa probité. Il étoit choifi par la fociété ; en portoitle nom ; & s’appelloit Ze mere-folle, Il avoit toute fa cour comme un fouve- rain, {a garde fuifle , fes gardes à cheval, fes officiers de juftice , des officiers de fa maïfon , fon chance- lier , fon grandécuyer,en un mot toutes les dignités de la royauté, MER 387 Les jugemens qu'il rendoit s’exécutoient nonob£ tantappel, qui ferelevoit direétement au parlement: On entrouve un exemple dansuñarrêt de la cour du 6 Février 1579, qui confirme le jugement rendu pat la inere-folle, A … L'infanterie qui étoit de plus de 200 hommes, poi: toit un guidon ou étendard , dans lequel étoient pein: tes des têtes de fous fans nombre avec leurs chape- rons, plufeurs bandes d’or, & pour dévife , flulro- ru inifinitus efe numerus, "E Ils portoient un drapeau à deux flammes de trois couleurs, rouge, verte &c jaune, de la même figure &t grandeur que celui des ducs de Bourgogne. Sur ce drapeau étoit repréfentée une ferme aflife, vêtue pareillement de trois couleurs , rouge ; verte & jaurie , tenant en fa main une marotte à tête defou, &t un chaperon à deux cornes , avec une infinité de petits fous coïffés de même , qui fortoient par-def- fous & par les fentes de fa jupe. La devife pareille à. celle de lPétendard, étoit bordée tout-autour de franges rouges , vertes & jaunes, Les lettres-patentes que l’on expédioit à ceux que l’on recevoit dans la fociété ; étoient fur parche- min , écrites en lettres des trois couleurs , fignées par la mere-folle, & par le griffon verd , en fa qualité de greffier. Sur ces lettres-patentes étoit empreinte la figure d’une femme aflife ; portant un chaperon en tête , une marotte en main, avec la même infcrip- tion qu’à Pétendard. —- Mu LÉ Quand les membres de la fociété s’aflembloient pour manger enfemble , chacun portoit fon plat. La mere-folle ( on fait que c’eft le commandant , le pé- néral, le grand-maître }avoit cinquante fuifles pour fa garde. C’étoient les plus riches artifans de la ville qui fe prêtoient volontiers à cetre dépenfe. Ces fuif- fes faifoient garde à la porte de la falle de Paflemblée, &t accompagnoient la zzere-folle à pié , à la referve du colonel qui montoit à cheval. Dans les occafñons folemnelles , la compagnie marchoit avec de grands chariots peints , trainés chacun par fix chevaux, capatacçonnés avec des cou- vertures de trois couleurs, & conduits par leurs co- chers & leurs poftillons vêtus de même. Sur ces cha- riots étoient feulement ceux qui récitoient des vers bourguignons , habillés comme le devoient être les perfonnages qu'ils repréfentoient. La compagnie marchoit en ordre avec ces tha- riots par les plus belles rues de la ville, & Les plus belles poéfies fe chantoient d’abord devant le logis du gouverneur, enfuite devant la maifon du prenuer préfident du parlement, & enfin devant celle du maire. Tous étoient mafqués, habillés de trois cou- leurs ; mais ayant des marques difinétives fuivant leuts offices. | | . Quatre hérants avec leurs marottes, marchoiïent à la tête devant le capitaine des gardes ; enfuite pa- roifloient les chariots ; puis la nere-folle précédée de deux hérauts, & montée fur une haquenée blan- che ; elle étoit fuivie de fes dames d’atour , de fix pages & de douze valets de pié ; après eux venoit l’enfeigne ; puis 60 officiers , les écuyers , les fau- conniers , le grand veneur & autres. A leur fuite marchoitle guidon, accompagné de so cavaliers, & à la queue de la procefion le fifcal verd & les deux confeillers , habillés comme lui ; enfin les fuiffes. fermoient la marche. | La mere - folle montoit quelquefois fur un chariot fait exprès, tiré par deux chevaux feulement , lorf- qu’elle étoit feule ; toute la compagnie le précédoit, & fuivoit ce char en ordre. D’autres fois on atteloit au char de la ere - folle douze chevaux richement caparaçonnés ; & cela fe faifoit toujours lorfqu’on avoit conftruit fur le chariot un théâtre capable de contenir ayec la swere-folle des aéteurs habillés fui- 382 MER vant la cérémonie : ces aéteurs récitoient aux coins des rues des vers françois & bourguignons confor- mes au fujet. Une bande de violons & une troupe de muficiens étoient auff fur ce theâtre. S’il arrivoit dans la ville quelque événement fin- gulier, comme larcin, meurtre, mariage bizarre, féduétion du fexe, &c,. pour lors le chariot & l’in- fanterie étoient fur pié ; l’on habilloit des perfonnes de la troupe de même que ceux à qui la chofe étoit arrivée , & on repréfentoit l'événement d’après nature. C’eft ce qu’on appelle faire marcher la zzere- folle, l'infanterie dijonnoife. L Si quelqu'un aggregé dans la compagnie s’en ab- fentoit, 1l devoitapporter une excufe légitime, finon il étoit condamné à une amende de 20 livres. Per- fonne n’étoit recu dans le corps que par la rmere-folle, & fur les conclufions du fifcal verd ; on expédioit enfuite des provifions au nouveau reçu, qui lui coù- toient une piftole. . Quand quelqu'un fe préfentoit pour être admis dans la compagnie, le fifcal aflis faifoit des quef- tions en rimes , & le recipiendaire debout, en pré- fence de la mere-folle & des principaux officiers de l'infanterie, devoit aufli répondre en rimes ; fans quoi fon aggrégation n’étoit point admife. Le reci- piendaire de grande condition , ou d’un rang diftin- gué , avoit le privilege de répondre affs. D'abord après la réception , on lui donnoit les marques de confrere , en lui mettant fur la tête le chapeau de trois couleurs , & on lui affignoit des ga- ges fur des droits imaginaires , où qui ne produi- foient rien , comme on le voit par quelques lettres de réception qui fubfiftent encore. Nous avons dit plus haut que la compagnie comptoit parmi fesmem- bres des perfonnes du premier rang, en voicil a preuve qui méritoit d’être tranfcrite, Aîte de réception de Henri de Bourbon, prince de Condé , premier prince du fang , en la compagnie de la mere - folle de Dijon, l'an 1626. Les fuperlatifs, mirélifiques & fcientiñiques, lo- pinant de l'infanterie dijonnoife ; régent d’Apollon & des mufes , nous légitimes enfans figuratifs du vé- nérable Bon-tems & de la marotte fes petits-fils, ne- veux & arriére-neveux, rouges, jaunes, verds, cou- verts, découverts & forts-en-gueule ; à tous fous, archi-fous, lunatiques, hétéroclites , éventés , poé- tes de nature bizarres , durs & mols, almanachs vieux & nouveaux, pañlés , préfens & à venir, /z- dut, Doubles piftoles, ducats &c autres efpeces for- gées à la portugaife , vin nouveau fans aucun mal- aile, & chelme qui ne le voudra croire , que haut &c puiffant feigneur Henri de Bourbon, prince de Condé, premier prince du fang , maifon & couron- ne de France, chevalier, Éc. à toute outrance au- roit fon alteffe honoré de fa préfence les feftus & guoguelus mignons de la were-folle , &t daigné re- quérir en pleine aflemblée d'infanterie , étre imma- triculé & récepturé, comme il a été reçu 8 couvert du chaperon fans péril, & pris en main la marotte,, &z juré par elle & pour elle ligue offenfive & défen- five, foutenit inviolablement, garder & maintenir folie en tous fes points , s’en aider &c fervir à toute fin , requerant lettres à ce convenables ; à quoi in- clinant , de l'avis de notre redoutable dame & were, ‘de notre certaine fcience, connoïflance, puifflance & autorité , fans autre information précédente, à plein confiant de S. À. avons icelle avec allégreffe par ces préfentes , hwrelu , berelu , à bras ouverts &e découverts , reçu &c impatronifé , le recevons & impatronifons en notre infanterie dijonnoïfe , en telle forte & maniere qu’elle demeure incorporée au ca- binet de l'intefte, & généralement tant que folie durera , pour par elle y être, tenir & exercer à fon “choix telle charge qu'il lui plaira, aux honneurs, prérogatives, prééminences , autorité 87 puiffance que le ciel, fa naïffance & fon épée lui ont acquis ; prétant S. À. main forte à ce que folie s’éternife, 8 ne foit empêchée , ains ait cours & décours, débit de fa marchandife , trafic &:commerce en tout pays {oit Libre par tout , en tout privilégiée ; moyennant quoi , ileft permis à S. A. ajouter, f faire le veut, folie fur folie, franc {ur franc, ane , fub ante, per ante , fans intermiffion, diminution ou interlocutoi- re, que le branle de la machoire ; & ceaux gages &z . prix de fa valeur, qu’avons affigné & afignons fur nos champs de Mars & dépouilles des ennemis de la France, qu’elle levera par fes mains , fans enêtre comptable. Donné & fouhaité à S, A. A Dijon, où elle a été, Et où l’on boit à [a fanté, L’an fix cent mille avec vingt - fix ; Que tous les fous étoient affts. . Signé par ordonnance des redoutables feigneurs buvans & folatiques, & contre-figné Defchamps Mere , & plus bas, 4 Griffon verd. Cependant , peu d’années après cette facétienfe réception du premier prince du fang dans la fociété , parut l’édit fevere de Louis XIIT, donné à Lyon le 2.1 Juin 1630, vérifié & enregiftré à la cour le $ Juillet fuivant, qui abolit & abrogea fous de grofles peines , la compagnie de la smere-folle de Dijon; la- quelle compagnie de mere folle, dit l’édit , eft vrai- ment une were & pure folie, par les défordres & dé- bauches qu’elle a produits, &c continue de produire contre les bonnes mœurs, repos & tranquillité de la ville , avec très-manvais exemple, Ainfi finit la fociété dijonnoife. Il eft vraïflem- blable que cette fociété , ainfi que les autres con- freries laiques du royaume, tiroient leur origine de celle qui vers le commencement de l’année fe faifoit depuis plufieurs fiecles dans les églifes parles ecclé- faftiques , fous le nom de la fére des fous, Voyez FÊTE DES FOUS.. Quoi qu'il en foit , ces’ fortes de fociétés burlef- ques prirent grande faveur & fournirent long - tems au public un fpe@tacle de récréation & d'intérêt, mêlé fans doute d’abus ; mais faciles à réprimer par de fages arrêts du parlement, fans qu’il füt befoin d’ôter au peuple un amufement qui foulageoit fes travaux & fes peines. (D, J. MERE , ( Jardin. ) fe dit d’une touffe d’ifs , de til- leul & antres arbres qu’on a refferrés dans une pepi- niere , & dont ontire des boutures & marcottes ; ce qui s'appelle une mere | parce qu’elle reproduit plufieursenfans. MERE-PERLE, MERE DES PERLES, MAIRE DES PERLES, concha margaritifera jonff. ( Hifi. nat.) on a donné le nom de ere-perle à une efpece de coquil- lage bivalve , du genre deshuitres , parce qu’on y trouve beaucoup plus de perles que dans les autres coquillages ; elles font aufli plus groffes & plus bel- les. La srere-perle eft srande, pefante , & de figure ap- platie & circulaire ; ellea la furface extérieure grife & inégale, l’intérieure eft blanche ou de couleur ar- gentée, unie & nacrée. On pêche ce coquillage dans les mers orientales. Suire de la matiere médicale , tom. I. Voyez PERLE , COQUILLE. MERECZ , ( Géog. ) ville du grand duché de Li- thuanie , au confluent de la Meretz 8 du Mémen, à 12 lieues N.E. de Grodno, 195. E. de Vilna. Long. 43. 2. lat. 53:55. * MEREND , ( Géog: ) ville de Perfe , dans l'A zerbiane , dont M. Petit de la Croix met la long. 4 80.50. & la lat. 4 37. 55. MERIDA , ( Géog. ) par les Latins , Ærrerita Au: guffa, ancienne , petite & forte ville d’Efpagne , dans la nouvelle Caftille, Auoufte la bâtir & y éta: M EIR blitune colonie romaine , l'an de Rome 726. Ilorna fa nouvelle ville d’un pont depierre fur la Guadia- na , quifut emporté en 1610, de deux aqneducs , & il acheva un chemin qu'on avoit commencé de cette place à Cadix. Ona des médailles qui prouvent tous ces faits, Vefpañen y fit aufi de belles réparations. Sous les Goths , Mérida tenoit le premier rang dans l’état ét dans l'Eglife ; car elle étoit la capitale dela Lufitanie, @c la métropole des évêchés d’alen- tour. Les Maures en ont étéles maitres pendant 520 ans ; elle leur fur enlevée en 1230. Elle eft fitnée dans une vafte campagne , fertile envins, en pâturages, en fruits admirables , & fur- tout en grains, à 14 lieues efpaonoles E, d'Elvas, 10 S.E, d'Alcantara , 40. S, ©. de Madrid. Lonp, 1215. 1ar, 38,45. (DJ. 7 MÉRiDA , ( Géog. ) petite ville de l'Amérique méridionale , au nouvean royaume de Grenade , dans un terroir abondant en fruits, à do lieues N.E, de Pampelune, Lozg. 3509, r7. lat. 8, 30. MERIDA , ( Géog. ) petite ville de l'Amérique feptentrionale , dans la nouvelle Efpagne, capitale de la province d’Yucatan, la réfidence de l'évêque &c du gouverneur de cette province. Elle n’eft ce- pendant habitée que par quelques efpagnols, & par des indiens , &t eft à 12 lieues de la mer. Longir. 289. 50. lat, 20.10. MERIDARCHE , f m. ( Crér, facr. ) emploi dont Alexandre Balis, roi de Syrie, honora Jonathas, frere de Judas Machabée, chef du peuple, général des troupes & grand facrificateur. Grotius, dans fon commentaire {ur les Machabées, dit que certe char- ge approchoit de celle d’éczyer tranchant , qu'un des électeurs a dans l'empire d'Allemagne. Mais le même Grotius , fur S. Marr. xix, 28, préferé une autre ex- plication de ce terme , qui eft cèlle de gouverneur de province, Ou de sribu. Il ef£'bien plus que vraiffem- blable que Jonathas fut nommé par Alexandre au gouvernement d'une province de l’empire de Syrie , qu'a celui de régler ce quiregardoit fa table. ( D.7.) MERIDIANT , (Hifl. anc.) nom que les an- ciens Romains donnoient à une efpece de gladia- teurs qui fe donnoient en fpeêtacle, & cntroient dans l'arène vers le midi, les beftiaires ayant déja il y a pluñeurs lieux fitués fous le même 7zeridien. 2°. Comme il eft ou midi où minuit toutes les fois que le centre du foleil eft dans le rér:- MER 303 dien des cieux, & comme lé méridien tetrelite et dans le plan du célefte, il s’enfuit qu'il eft au même inftant ou midi où minuit dans tous les lieux fitnés fous le même wéridien, 3°,1On peut concevoir au- | tant de méridiens fur la terte, que de points für l’é- quateur ; de forte que les méridiens changent à me- fure que l’on change de longitude. Premier méridien , eft celui duquel on comptétous les autres en allant d’ofient en occident. Le preniier méridien eft donc le commencement de la longitude, Voyez LONGITUDE, C'eft une chofe purement arbitraire de prendre tel où tel méridien bout premier méridien; auffi le premier néridien a-t-1l été fixé différemment par différens auteurs en différentes nations, & en diffé. rens tems; ce qui a été une fource de confufion dans la Géographie. La regle que les anciens obfervoient l-deflus étoit de faire paifer le premier méridien par l’endroit le plus occidental qu'ils connuflent : mais les modernes s'étant convaincus qu'il n’y avoit point d'endroit fur la terre qu’on pût regarder comme le plus occidental, on a ceflé depuis ce téms de comMp- ter les longitudes des lieux, À commencer d’un point fixe. Ptolomée prenoït pour premier méridien, célui qui pañle par la plus éloignée des îles fortunées , parce que c'étoit l'endroit le plus occidental qu'on connût alors, Depuis on recula le premier méridien de plus en plus, à mefure qu’on découvrit des pays nou veaux. Quelques-uns prirent pour premier meridien, celui quipañle par l'ile S. Nicolas, près du cap-Verd ; Hondius , celui de l'île de Saint-Jacques ; d’autres ; celui de l’île du Corbeau, l'une des Açores. Les der- niers géographes, & fur-tout les Hollandois, l'ont placé au pic de Ténériffe ; d’autres ; à l’île de Pal- me, qui eft encore une des Canaries; & enfin , les François l'ont placé par ordre de Louis XIII. à l’île de Fer, qui eft audi une des Canaries. On compte de cette île la longitude vers lorient, en achevant le cercle, c’eft-à-dire jufqu’au 360 degré qui vient Joindre cette île à fon occident. Il y a même à cette occafioh uns ordonnance de Louis XIIT du premier Juillet 1634, qui défend à tous pilotes, hydrographes, compofiteurs & graveurs de cartes ou globes géographiques, « d'innover ni » changer l’ancien établiflement des rmiéridienss | OÙ » de confüituer le premier d’iceux ailleurs qu'à la » partie occidentale des îles Canaries, conformé- » ment à Ce que les plus anciens & fameux géogra= » phes ont déterminé, Gc..» M. de Lifle Pavoit d’a- bord conclu à 20 degrés cinq minutes de longitude occidentale par rapport à Paris, d’après les obfer- vations de meñlieurs Varin & Deshayes, faites en 1682 à Gorée, petite île d'Afrique, qui eft à deux lieues du cap Verd; mais il s’éroit arrêté enfuite au nombre rond de 20 degrés, Il feroit fans doute plus sûr & plus commode de prendre pour point fixe un lieu plus connu, &c dont la poñition fût mieux conftatée ; tel, par exemple, que l’obférvatoire de Paris, & de compter enfuite la longitude orientale ou occidentale, en partant du méridien de ce lieu jufqu’au 180 degré de part & d'autre; c'eft ainfi que pluñeurs afftronomes & géo- graphes le pratiquent aujourd'hui. Maïs outre que cet ufage n’eft pas encore généralement établi, il feroit toljours important de connoître la véritable poñition de l'ile de Fer par rapport à Paris, pour profiter d’une infinité d’obfervations & de dérermi- nations géographiques, qui ont été faites relative- ment à cette île. C’eft la plus occidentale des Canaries qu’on croit être les îles fortunées des anciens , & qui s’étendent peu-à-peu fur un même parallele au nombre de {eprt, Ptolomée au contraire qui n’en comptoit quefx, 384 ylaçoit toutes lesîles fortunées fur une même ligne | du nord au fud, qu’il prenoït aufh pour le premier méridien, & il leur donnoït par conféquent à‘toutes la même longitude. De-là une infinité d’erreurs & d’équivoques dans nos premiers navigateurs ; plu- fieurs d’entre eux ayant pris indiflinétement une de ces îles pour le point fixe d’où l’on devoit compter les longitudes de tous les autres lieux de la terre. M. le Monnier, dans les mém, de l’acad, de 1742» place l’île de Fer à 20 degrés deux minutes 30 fe- condes, à l'occident de Paris. {n/flir. afiron. Sans faire attention à toutes ces regles purement arbitraires fur la pofition du premier méridien, les Géographes & conftruéteurs de carte prennent aflez fonvent pour premier méridien, celui de leur propre ville, ou de la capitale de l’état où ils vivent; & c’eft de-là qu’ils comptentles degrés de longitude des lieux. Les Aftronomes choïfifent dans leur caleui pour premier meridien, celui du lieu où ils font leurs ob- fervations. Ptolomée avoit pris celui d'Alexandrie ; Tycho Brahé, celui d'Uramibourg; Riccioh celui de Boulogne ; Flamfteed prend lobfervatoire royal de Greenwich; & les Affronomes françois l’obfer- yatoire royal de Paris. Foyez OBSERVATOIRE, Comme c’eft à l’horifon que toutes les étoiles fe levent & fe conchent , de même c’eft au wéridien qu’elles font à leur plus grande hauteur; & c’eft auf dans le même éridien au-deflous de l’horifon, qu'elles font dans leur plus grand abaïflement. Car puifque le snéridien eft fitué perpendiculairement tant à l’évard de l'équateur, qu'à Pégard de Fhori- fon , il eft évident de-là qu’il doit divifer en parties égales foit au-deflus , foit au-deffous de l’horifon, les fegmens de tous les cercles paralleles; &c qu’ainfi le tems qui doit s’écouler entre le lever d’une étoile &z fon paflage au méridien , eft toüjours égal à celui qui eft compris entre le paflage au wéridien & le coucher. Voyez CULMINATION. On trouve dans les Tranfattions philofophiques des obfervations qui porteroïent à foupconner que les réridiers varteroient à la longue. Cette opinion fe prouve par l’ancienne méridienne de laint Pé- trone de Boulogne, qui maintenant ne décline pas moins , dit-on, que de huit degrés du vrai zeridien de la ville, & par celle de Tycho à Uranibourg, qui, felon M. Picart, s'éloigne de 16 minutes du méridien moderne. S'il y a en cela quelque chofe de vrai, dit M. Vallis, ce doit être une fuite des chan- gemens des poles terreltres, changement qu'il faut vraiflemblablement attribuer à quelque altération dans le mouvement diurne , & non à un mouve- ment des points du ciel ou des étoiles fixes anxquel- les répondent les poles de la terre, En effet, fi les poles du mouvement diurne re- ftoient fixes au même point de la terre, les reri- diens dont l’effence, pour aimf dire , eft de pañler par les poles , refteroient toùjours les mêmes, Mais cette idée que les zéridiens puiffent changer de pofition, femble détruite par les obferyations de M. de Chazelles , de l'académie des Sciences, qui étant en Egypte, atrouvé que les quatre côtés d’une pyramide conftruite 3000 ans auparavant, regar- doient encore exaétement les quatre points cardi- naux ; pofition qu'on ne fauroit prendre pour un effet du hafard. Il eft bien plus naturel de penfer, ou qu’il y a eu quelque erreur dans les opérations de Tycho, & dans la méridienne de Boulogne, ou ce qui eft encore plus vraiflemblable , que le fol des endroits où ces méridiennes ont été tracées , fur-tout celle de Boulogne, peutavoir fouffert quelque altération. Voyez POLE. Méridien du globe ou de la fphere , c’eft le cercle de cuivre dans lequel la fphere tourne &c eft fuf. pendu; 1l ef divifé en quatre quarts ou 360 degrés en commençant à l’équateur. C’eft fur ce cercle & à commencer de l'équateur, qu’on compte dans Île globe célefte la déclinaifon auftrale & boréale du loleil& des étoiles fixes, & dans les globes terreftres la latitude des lieux nord & fud; il y a deux points fur ce cercle qu’on nomme po/es: & celui de fes dia- metres qui pañle par ces deux points , eft nommé l'axe de la terre dans le globe terréftre, ou l'axe des cieux dans le célefte ; parce que c’éft furce diametre que fa terretourne. / On trace ordinairement 36 méridiens fur le globe terreftre, favoir de dix en dix degrés de l'équateur ou de longitude, Le Les ufages de ce cercle appellé wéridier , font dar. rêter par {on moyen le globe à une certaine latitude, ou à une-certaine hauteur de pole, ce qu’on ap pelle reéfifier le plobe , voyez GLOBE ; de faire con- noître la déclinaifon, l’afcenfion droite, la plus grande hauteur du foleil ou d’une étoile, Voyez en- core l’article GLOBE. MÉRIDIENNE , ou LIGNE MÉRIDIENNE , c'eftune partie de la commune fedion du plan du méridien d’un lieu & de Fhorifon de ce lieu. On l'appelle quelquefois ligne du nord & fud, parce que fa di- reétion eft d’un pole à lPautre, Voyez MÉRIDIEN. On appelle auffi en général séridienne, la com- mune fection du méridien & d’un plan quelconque, horifontal , vertical, ou incliné. Voyez plus bas M£- RIDIENNE D'UN CADRAN. La ligne méridienne eft d’un grand ufage en Aftro- nomie, en Géographie, en Gnomonique ; toutes ces fciences fuppofent qu'on fache la tracer exaéte- ment ; ce qui a fait que différens aftronomes fe font donnés les plus grands foins & la plus grande peine pour en décrire avec la derniere préciñon. Une des plus fameufes autrefoisétoit celle qu’avoittracé M... Cafliny fur le pavé de l’églife de fainte Pétrone à Boulogne, Au toit de l’églife, 1000 pouces au-deffns du pavé, eft un petit trou à-travers lequel pañle li= mage du foleil; de facon que dans le moment où cet aftre eft au méridien, elletombe toñjours infail- liblement fur la ligne, & elle y marque le progrès du foleil en différens tems de Pannée par les diffé- rens points où elle correfpond.en ces différens tems. Quand cette méridienne fut finie, M. Caffiny ap- prit aux Mathématiciens de l’Europe par un écrit public, qu'il s'éroit établi dans un temple un nouvet oracle d'Apollon ou du {oleil , que lon pouvoit con- fulter avec confiance fur toutes les difficultés d’A- ffronomie. On peut en voir l’hiftoire plus en détail dans l’éloge de cet aftronome par M. de Fontenelle, Hifl. acad, 1712. Voyez Sorsrice 6 Gnomon. À Paris les plus célébres méridiennes de cette ef- pece font celles de l’Obfervatoire de Paris, & des. Sulpice. Dans toutes ces méridiennes , qu’on peut re- garder comme des efpeces d’inftrumens , les plus grands dont les Aftronomes fe foient fervis, le g70- 101 proprement dit , eft une couverture d'environ un pouce de diametre, pratiquée à la voute, on en quelque endroit de ces édifices, par où paflent les rayons du foleil, dont l’image vient fe projetter fur le plan horifontal de la wéridienne : chez les anciens ce qu’on appelloit des gzomons , confiftoit ordinaire- ment en de grands obéhfques élevés en plein air, & dans quelque grande place, au fommet defquels étoit un globe , ou une figure quelconque , qui fai- fo office de cette ouvetture , & dont l’ombre te- noit lieu de l’image folaire , en cela inférieurs à nos méridiernes , puilque cette ombre ainf environ- née de la lumnere du ioleil ne pouvoit qu'être fort mal terminée , & d'autant plus mal ,que le gnomon étoit plus grand , & le foleil plus bas , comme il ar rive au tems du folftice d'hyver. Voyez Gnomox. M . M. le Monnier nous a donné dans les Mn. de Pa. cademie des S ciences de 1743 la defcription de la ré ridiennequ'il a tracée dans Péglife de S, Sulpice, def- -cription que nous allons tranicrire ici d’après l’hifto- nen,del'académie. Cette méridienne avoit été tra- -cée il y avoit environ vingt ans par Henri Sully , fameux horloger anglois. L'ouverture en fut placée “aux, vitraux du. bras méridional de la croifée à 75 piés de hauteur. Le mur oppofé du bras féptentrio- mal n’enétoit intérieurement qu'à, 180 piés; d’où il fuit que l’image dutoleil , qui pañloit par cette ou- verture ; ne pouvoit porter fur la lg7e méridienre , tracée horifontalementfur le pavé de l’églife que juf- qu'au commencement. de Novembre...Car on fait .que le point de folfhice d’'hyver fut une pareille li- gne à la latitude de Paris, s'éloigne du pié du flile ou.du-gnomon-de-plus du triple de fa hauteur ; ce qui donne plus de 22$ou230 piés Le foleil fe pei- gnoit donc alors fur lé mur oppofé; & la méridienne Où même d’un quart de feconde. On doit fur-tout fe fervir de ce grand inftrument pourdéterminer les afcenfions droites du foleilén hy- ver, & le véritable lieu de cet aftre ‘dans {on péri- gée >» Où, ce qui revient au même ; dans le périhe- lie dela terre, les divers diametres dans les difé- . tentes faifons de Pannée, les diftances apparentes du topique; ou du folftice d’hyver à l'équateur, & Tome X. MER 385 enfin s’aflurer G lobliquité de l'écliptique ft con tant ou variable. : Dans la partie horifontale dela wéridienne qureft la plus étendue, fetrouve marqué le folftice d'été avec les divifions qui en indiquent approche. Toute cette partie de la ligne, ainf que da verticale fur l’o- “bélifque , eft indiquée par une lame de cuivre de 2 lignes d’épaifeur , nue & enfoncée de Champ dans le marbre. »3Un inconvénient commun à toutes les tméridier- nes eftique, par le peu dé diftance du point folfticial d'été au pié du file, en comparaifon de Féloigne- ment du point folfficial d'hyver , les divifions ydont ‘extrémement reflerrées , .&c qu'ilrefb: d'autant plus difficile par-là d’y déterminer letems & le point pré- cis où le foleil y arrive. La méridienne de S. Sulpice n'eit pas exempte de ce défant, quant à lapartie qui répond au folftice d'été & à fon gnomon de 80 piés de hauteur : il y a plus ; l'entablement de la corniche inférieure empêche le foleil d'y arriver, & en in- tercepte les rayons pendant plufieurs Jours avant & . après. Mais M. le Monnier a parfaitement remédié à tous ces défauts, 8 en a même tiré avanrage par une feconde ouverture , qu’il a ménagée 5 piés plus bas que la premiere , & en-deçà vers le dédans de l'éghie, dans le même plan du méridien, & il y a ajufié & {Cellé un verre objedif de 80 piés de foyer, au moyen duquel l'image folaire projettée fur la par- tie correfpondante de la séridienne > Cft exaétement terminée & fans pénombre fenfible, Cette partie eft difünguée des autres par une grande table quarrée de marbre blanc de près de 3 piés de côté. L'image du foleil n’y parcourt qu'environ 1 : ligne & 2 {e- condes ; mais auf on l’y détermine par fes bords à un demi ou à un quart de feconde près. Ce qui pro- duit le même effer où approchant que fi l'image bien terminée y parcouroit 3 ou 4 lignes en une fecon- de , ou fi le point du folfice d'été étoit à la même diftance que celui du folftice d’hyver ; ou enfin fi l’on obfervoit avec un quart de cercle à lunette de 80 piés de rayon ; avantage qu'aucune méridienne que l’on connoïffe n’a eu jufqu'ici. L'objectif qui confütue cette nouvelle ouverture , St qui eft d’en- viron 4 pouces de diametre, eft renferme dans une boîte ou efpece de tambour qui ferme à clef, & que l’on n'ouvré que quand il s’agit de faire l’obfervation du folftice. Comme il eft fouvent dificile de trouver de grands objeétifs d’une mefure précife, & telle qu’on la demande, on s’eft fervi de celui de 8o piés qu’on avoit, & qui étoit excellent , fante d’un de 82 à 83 piés qu'il auroit fallu employer pour un gnomon de 75 piés de hauteur : car c’eit-là la diftance du point folfticiai d'été fur l’horifontale à l’obje@tif : mais le foyer de ces grands obje@ifs n’eft pas compris dans des limites fi étroites, qu'ils ne raflemblent encore fort bien les rayons de la lumiere à quelques piés de diftance, plus ou moins, & l’effai qu'on a fait de ce- lui-ci juftifie cette théorie. Ce que nons ne devons pas omettre , & ce qui eff ici de la derniere importance, c’eft la folidité de tout l'ouvrage, & {ur-tout de cette partie de la néridier:- 2e qui répond au folftice d'été, & à l'ouverture de 75.piés dehauteur. Rien n’eft fi ordinaire que: de voir le pavé des grands vaifleaux tels que les égli- {es , s’affaifler par fucceffion de temps. Cer accident a obligé plufieurs fois de retoucher à la famenfe mé ridienne de S. Petrone, & ce ne peut être jamais qu'avec bien de la peine ; & avec beaucoup de rif- ques pour l'accord & la jufteffe dutoutenfemble.Mais . . . LASER -On n’a rien de pareil à craindre pour la méridienne de S. Sulpice. Tout ce pavé fait partie d’une voute qui eft foutenue fur de gros pihers; & l’un de ces piliers qui fe trouve ; non fans defein ,» placé fous C cc 386 MER de point du folftice d'été, foutient la table de mat- bre blanc fur laquelle font tracées les divifions qui répondent à ce folfüice, & aux tems qui le précédent ou le fuivent de près. On en avoit fixé la place à cet endroit, & pour cet ufage , dès le tems qu'ona conftruit le portail méridional de S. Sulpice , & le mur où devoit être attaché l’objeétif ; & commeles marbres,& furtout les marbres blancs viennent enfin à s’ufer fous les pieds des paflans , on a couvert ce- lui-ci d’une grande plaque de cuivre , qu'on neleve qu’au tems de l’obfervation. Toutes ces précautions, jointes à tant de nouvelles fources d’exaétitudes , £ont de la séridienne de S. Sulpice un inftrument fin- gulier, & l’un des plus utiles qui aient jamais été procurés à l’Aftronomie. L’obélifque eft chargé du- ne infcription qui confervera à la poftérité la mé- moire d’un f bel ouvrage , & du célebre aftronome au foin duquel on en eft redevable. Maniere de tracer une méridienne. Nous fuppofons qu’on connoiffe à-peu-près le fud , il faudra alors ob- ferver la hauteur FE , (PL. affron. fig. 8.) de quel- que étoile près du méridien H Z°R N, tenant alors le quart de cercle ferme fur fon axe , de façon que le fil à plomb coupe toujours le même degré, & ne lui donnant aucun autre mouvement que de le diriger du côté occidental du méridien | On épiera le moment où l’étoile aura la même hauteur fe qu'au- paravant ; enfin, on divifera en deux parties éga- les par la droite HR l'angle formé par les inter{ec- tion des deux plans où le quart de cercle fe fera trouvé dans le tems des deux obfervations avec l’horifon, & cette droite AR fera la ligne méri- dienne. Autre maniere. Décrivez fur un plan horifontal &e du même centre (fg. 9 ) plufieurs arcs de cercle BA,ba, &c. Sur ce même centre © élevez un ftile ou gaomon perpendiculaire à Phorifon, & d’un pié ou d’un demi-pié de long. Vers le 21 Juin, en- tre o & 11 heures du matin, obfervez le point B, b, &c. où l’ombre du file fe terminera en différens inftans, & des droites CB,Cb, décrivez des cer- cles. Obiervez enfuite l'après-midi les momens où ombre viendra couper de nouveau les mêmes cer- cles & les points 4, 4, où elle les coupera. Par- tagez enfuite les arcs de cercles 4 B ,ab, en deux également aux points D, d, &c; & fi la même droite C D, qui pañle par le centre C, commun à tous les cercles, & par le milieu D d’un des arcs pañle auffi par le milieu d, &tc. des autres arcs, ce fera la méridienne cherchée. Tous ces cercles ainf tracés , fervent à donner plus exactement la pofition de la méridienne , parce que les opérations réitérées, pour la déterminer {ur plufieurs cercles concentriques , peuvent fervir à fe corriger mutuellement. Au refte, cette méthode n’eft exaéte qu’au tems des folftices, & fur-tout du foiftice d'été, c’eft-à- dire, vers le 21 Juin, comme nous l'avons prefcrit: car dans toutes les autres faïfons , la meridienne tra- cée déclinera de quelques fecondes , foit à lorient, {oit à l’occident, à canfe du changement du foleil en déclinaifon , qui devient affez fenfble, pour que cet aftre , quoique à même hauteur, fe trouve plus ou moins éloigné du wéridien, le foir que le matin; on corrigera donc cette erreur par les tables qui en ont été conftruites , ou en pratiquant les différentes méthodes que les Aftronomes ont données pour cela. Foyez CORRECTION DU MiDI. (0) Comme l'extrémité de l'ombre eft un peu difficile à déterminer , il eft encore mieux d’applatir Le file vers le haut, & d'y percer un petit trou qui laïfle pañer fur les arcs AB ,ab, une tache lumineufe au-heu de l'extrémité de ombre; ou bien on peut faire les cercles jaunes au-lieu de les faire noïrs, ce qui aidera à mieux diftinguer l'ombre. : Divers auteurs ont inventé des inftrumens & des méthodes particulieres pour décrire des méridiens', ou plutôt pour déterminer des hauteurs égales du {oleil à lorient & à l'occident ; mais nous nous abf- tiendrons de les décrire, parce que la premiere des méthodes que nous venons de donner fuflit pour les * obfervations aflronomiques, ainfi que la dermiere pour des occafons plus ordinaires. Des méthodes que nous venons de décrire, il s’en= fuit évidemment que le centre du foleil eff dans le plan dela méridienne , c’eft-à-dire , qu'il eft midi tou- tes Les fois que ombre de l'extrémité du fule couvre la snéridienne. De-là l'ufage de la réridienne pour ré- gler les horloges au foleil. Il s'enfuit encore que, fi on coupe la méridienne par une droite perpendiculaire OT, qui pañle par C', cette droite fera l’interfeétion du premier verti- cal avec l’horifon, & qu’ainf le point O marquera lorient , & le point T/ occident. Enfin, fi l’on éleve un ftile perpendiculaire à un plan horifontal quelconque, qu’on faffe un fignal au moment où l'ombre d’unautreftile couvrira une eé- ridienne tirée du pié de ce dernier ftile dans un autre plan , & qu’on marque le point où répondra en cé moment l'extrémité de l'ombre du premier ftile, la l1- gne qu'on pourra tirer par ce point , & le pié du pre= mier ftile fera la méridienne du lieu du premier ftile. MÉRIDIENNE D'UN CADRAN, c’eftune droite qui fe détermine par l’interfe@ion duéridien du lieuavec le plan du cadran. C’eff la ligne de midi d’où commence la divifion des lignes des heures. Voyez CADRAN. MÉRIDIEN MAGNÉTIQUE , c’eft un grand cercle qui paffe par les poles de aimant, & dans le plan duquel l'aiguille magnétique , ou laiguille du com- pas marin {e trouve. Voyez AIMANT ;, AIGUILLE ; BOUSSOLE, DÉCLINAISON, VARIATION, COM- PAS , Gc. Hauteur méridienne du foleil ou des étoiles ; c’eft leur hauteur au moment où elles font dans le méridien du lieu où on les obferve. Voyez HAUTEUR. On peut définir la hanteur méridienne, un arc d’un grand cercle perpendiculaire à l'horifon ; &c compris entre l’horifon & l'étoile, laquelle eft fuppofée alors dans le méridien du lieu. Maniere de prendre les hauteurs avec le quart de cer- cle. Suppofons d’abord qu’on connoiïffe la poñtion du méridien , on mettra exa@tement dans fon plan le quart de cercle au moyen du fil aplomb , ou cheveu fufpendu au centre. On pourra alors déterminer fa cilement les hauteurs réridiennes des étoiles , c’eft- à-dire, qu’on pourra faire les principales des obfer- vations fur lefquelles roule toute PAffronomie. La hauteur méridienne d’une étoile pourra fe déter- miner pareillement au moyen du pendule , en fup- pofant qu’on connoïfle le moment précis du paflage de étoile par le méridien. MÉRIDIONAL , adj. (Géog. & Affr.) diftance méridionale en zavigation , eft la différence de lon- gitude entre le méridien fous lequel le vaifleau fe trouve, & celui dont il eft parti. Voyez LONGI- TUDE. Parties , milles, ou minutes méridionales dans la na- vigation, ce font les parties dont les méridiens croif- {ent dans les cartes marines à proportion que les pas ralleles de latitude décroiflent. Voyez CARTE. Le coffinus de la latitude d’un lieu étant égal au rayon, Ou au demi-diametre du parallele de ce heu, 1 s'enfuit de-là que dans une vraie carte marine, où planifphere nautique, ce rayon étant toujours égal au rayon de l'équateur, ou au finus de 90 degrés, les parties ou milles méridionales doivent y craitre MER à chaque degré de latitude , en raifon de fecantes de l’arc compris entre cette latitude & le cercle équi- noétial. Foyez CARTE DE MERCATOR , au mor CARTE. C’eft pour cela que dans les livres de navigation on forme les tables des parties méridionales par l’ad- dition continuelle des fecantes qu’on trouve calcu- lés dans les mêmes livres (p.e, dans les tables de M. Jonas Moore ) pour chaque degré & minute de latitude; & ces parties fervent tant à faire, & à gra- duer une carte marine, qu’à fe conduire dans la na= Vigation. Pour en faire ufage, il faut prendre en-haut dans ia table le degré de latitude ; & dans la premiere colonne à gauche de la même table , le nombre des minutes , & la cafe correfpondante à ces deux en- droits de la table , donnera les parties méridionales. Lorfqu’on a les latitudes des deux endroits placés fous le méridien, & qu’on veut trouver les milles, ou les minutes méridionales qui marquent la diftan- ce de ces deux lieux, 1l faut d’abord obferver fi de ces deux lieux 1l n’y en auroit point un fitué fous l'équateur , s’ils font fitués aux deux côtés oppofés de l'équateur, ou fi enfin ils fe trouvent fitués d’un même côté de l'équateur. Dans le premier cas, les minutes méridionales qu'on trouvera immédiatement au-deflus du degré de latitude du lieu qui n’eft pas dans l’équateur, {e- ront la difference de latitude. Dass le fecond cas, il faudra ajouter enfemble les minutes méridionales marquées au-deffous des la- titudes des deux lieux pour avoir les minutes méri- dionales comprifes entre ces deux lieux, ou la diffe- rence de latitude de ces deux lieux. Dans le troifieme cas enfin, il faudra fouftraire les minutes qui font au-deffous d’un lieu des minu- tes qui font au-deffous de l’autre. Chambers. (O0) MÉRIDIONAL. Çadrans méridionaux , voyez Ca- DRAN. Hémifphere-méridional | voyez HÉMISPHERE. Océan méridional , voyez OCÉAN. Signes méridionaux | voyez SIGNES. | MÉRIGAL, {. m. ( Comm. ) efpece de monnoie d’or qui a cours à Sofola & au royaume de Mono- motapa : elle pefe un peu plus que la piftole d’Ef- agne. MÉRINDADE,, ff. (Géog.) On donnecenomen Efpagne au diftriét d’une jurifdi@ion , comme d’une châtellenie , d’un petit bailliage, & d’une prevôté dont le juge eft appellé mériro ; & le mérino-mayor, c'eft le ror, Le royaume de Navarre eft divifé en fix mérindades. ( D. J. ) MERINGUES, f. f. en terme de Confifeur, c’eftunpe- tit ouvrage fort joli & fort facile à faire, ce font des efpeces de maflepains de pâte d'œufs dont on a {é- paré les blancs, de rapure de citron & de fucre fin en poudre. Au milieu des xeringues on met un grain de fruit confit felon la faifon , comme cerife , fram- boife , &:c. MÉRIONETSHIRE, (Géog.) province d’Anpgle- terre dans la partie feprentrionale du pays de Galles, avec titre de comté, borné au nord par les comtés de Carnavan & de Denbigh; eft, par celui de Mont- gomery ; fud, par ceux de Radnov & de Cardighan; oueft, par la mer d'Irlande. On lui donne 108 miiles de tour, & environ 500 mille arpens, C’eftun pays montueux , où l’on fait un srand trafic de coton. La plus haute montagne de la Grande Bretagne, appel- lée Kader-idris , eft dans cette province. (2. J.) MERISIER , f. m.( Boran. } efpece de cerifier fau- vage à fruit noir, cerafus fylveffris , fruëlu nigro, 1. B. T. 220. cérafus major, ac fylveffris , fruttu fubdulci , Aigro colore inficiente, C. B. P. 450. C’eft un grand arbre dont Le tronc eft droit , l'é= Tome X, | MER 397 corce extérieure de couleur brune ou cendrée , ta* chetée & life ; l’écorceintérieure eft verdâtte, Son. bois eft ferme , tirant fur le roux ; fes feuilles font oblongues | plus grandes que celles du prunier , profondément crénelées , luifantes , un peu ameres: Ses fleurs fortent plufeurs enfemble comme d’une même gaine , portées fur des pédicules courts , un peu rouges, femblables à celles des autres cerifiets ÿ quand elles {ont pañlées , il leur fuccede des fruits prefque ronds, petits, charnus , doux, avec une le. gere amertume, agréables, remplis d’un fuc noir qui teint les mains : nous nommons ces fruits cerifes : noires. On les mange nouvellement cueillies ; on en boit la liqueur fermentée & diftillée ; enfin on entire une eau fpiritueufe, foit en les arrofant de bon vin & les difüllant après les avoir pilées avec les noyaux, foit en verfant leur fuc exprimé fur des cerifes frais chement cueillies & pilées , les laiflant bien fermen- ter, jufqu'à ce qu’elles aient acquis une faveur via neufe : alors on les diftille pour en tirer un efprit ar- dent ; & c’eft dans les proportions de force & d’agrés ment de cet efprit que confifte l’art des diftillateurs qui en font commerce, (D. J.) MERISIER , grand arbre qui fe trouve dans les bois des pays tempérés de l’Europe , au Mififipi, dans le Canada ; &c. Il fait une tige très-droite ; il prend une grofleur proportionnée & uniforme : fes branches fe rangent par gradation ; elles s'étendent en largeur & fe fontiennent. Son écorce eft life, une & d’un gris cendré aflez clair. Ses feuilles font belles , grandes, longues , dentelées, pointues, & d’un verd aflez clair ; mais elles deviennent d’un rouge foncé en automne avant leur chûte. L'arbre donne au printems une grande quantité de fleurs blanches qui ont une teinte legere de couleur pour- pre : elles font remplacées par des fruits charnus , fucculens, d’un goût pañlable, qui renferment un noyau dans lequel eft la femence. Il y a deux for- tes de rerifiers, l’un à fruit noir, qui eft le plus com- mun , & l'autre à fruit rouge , qui a le plus d'utilité relativement aux pepinieres, Ces arbres font agref- tes, très-robuftes; ils viennent aflez promptement; il fubfiftent dans les plus mauvais terreins ; ils fe plaifent dans les lieux élevés & expofés au froid , & ils réuffiffent très-aifément à la tranfplantation. On multiplie le meri/£er en faifant femer les noyaux au mois de Juillet dans le tems de la maturité du fruit ; 1ls leveront au printems fuivant : on pourra même attendre jufqu’au mois de Février pour les fe- mer ; mais fi On n’avoit pas eu la précaution deles conferver dans du fable ou de la terre, ils ne leve- roient qu’au fecond printems. Lesjeunes plants fe- ront aflez forts au bout de deux ans pour être mis en pépimiere , ce qu'il faudra faire au mois d'Ofo- bre, avec la feule attention de couper le pivot & les branches latérales ; mais il faut bien fe garder de couper le fommet des arbres: ce retranchement leur cauferoit du retard, & les empêcheroit de faire une tige droite. L'année fuivante ils feront propres à fer- vir de fujets pour greffer en écuflon des cerifiers de baffle tige ; mais fi l’on veut avoir des arbres greffés en haute tige , 1l faudra attendre la quatrieme : c'eft le meilleur fnjet pour greffer toutes les efpeces de bonnes cerifes. On peut fe procurer des zzerifiers en faïfant pren: dre dans les bois des plants de fept à huit piés de hauteur: le mois d'Oftobre ou celui de Février font les tems propres à la tranfplantation. Un auteur an- glois, M. Ellis , aflure qu’à quarante ans ces arbres font à leut point de perfeétion ; & il a obfervé que des merifrers dont il avoit fendu au mois d'Avril lé corce extérieure avec la pointe d’un couteau, fans bleffer l’écorce intérieure , avoient pnis.plus d’ac- Ceci 388 MER éroifementen deuxioû trois ans , que d’autres #74 fifiers auxquels on n’avoit pas touché, n’avoient fait énqumze 4ns. | RARE , Lemeriffer eftpeut-être l'arbre qui réuffit lé mieux à la tranfplantition pourformer du bois éc pour gar- nir des places vuides. M: de Buffon, à qui j'ai vu faire desgrandes epreuves dans cette partie, 6e qui a fait planter des arbres de toutes éfpeces pour met- tre des terreins en bois, ya fait employer entr’au- tres beaucoup de meriffers. Dans des terrestrès-fortes, tès-dures , très-froides, couvertes d’üne quantité extrème d'herbes fauvages, lé merifier atèté l’efpece d'arbre qui a le mieux réufi, le mieux repris , & le mieux profité, fans aucune culture, On obferve que le terrein en queftion ef environné de: grandes fo- rêts oùil n'y a point de merifrs , 8 qu'on n'en trouve qu'à trois lieues de là : ainfi on ne peut dire pour taifon du fuccès que les werifers étoient natu= ralifés dans le pays, qu'ils s’y plaifoient, nique ce terrein dût leur convenir particulierement , puifqu'il eft bien acquis au contraire qu'il faut à cet arbre une terre légere , fablonnenfe & pierreufe, Le fruit de cet arbre , que l’on nomme werife, eft fucculent , extrèmement doux, bon à manger; les merifes rouges font moins douces que les noires : celles-ci font d’un srand ufage pour les ratañats ; elles en font ordinairement la bafe, On en peut faire auf de bonne eau-de-vie. Le bois du merifier eft rougeâtre , très-fort , très- dur; il'eft veiné, fonore & de longue durée ; 1l eft prefque d’aufli:bon férvice que le‘chêne pour le de: dans des bâtimens, Sa couleur rouge devient plus foncée en le’ laiffant deux'ou trois ans fur la térre. après qu'il eft coupé ; il eft très-propre à faire des meubles, tant parce qu'il eff veiné & d’une couleur agréable, qu’à caufe qu'il-prend bien Le poli &e qu'il eft facile à travailler : enforte qu'il eff recherché par les Ebeniites, les Menuifers., les Tourneurs , &t de plus par les Luthrèrs. Le merifier a donné une très-jolie variété, qui eft à fleur double : on peut l’employer dans les bofquets, où elle fera d’un grand agrément au printems ; elle donne à la fin d’Avril la plus grande quantité de fleurs très-doubles , qui font d’une blancheur admi- sable, Cette variété ne porte point de fruit : on la multiplie aifément par la'greffe en écuflon fur le merifier ordinaire , qui fait toujouts un grand'arbre ; mais f l’on ne veut l'avoir que fous la forme d’un arbriffeau,, il faudra la greffer aufi en écuflon fur le cerifier fauvage dont le fruit eft très-amer ,-que l’on nomme à Paris mahaleb , en Bourgogne caros ou quenot ; &tà Orléans canour. MÉRITE, fm. (Droitnar.) Le mérite eft une qua- lité qui donne droit de prétendre à Papprobation, à l'eftime & à là bienveillance de nos fupérieurs ou de nos égaux, & aux avantages qui en font une fuite. | Le démérite eft une qualité oppofée qui, noûs ren- dant digne de la défapprobation & du bläme de ceux avec lefquels nous vivons, nous force pour ainfi dire de reconnoître que c’eft avec raïfon qu'ils ont pour nous ces fentimens, & que nous fommes dans la trifte obligation de fouffrir les mauvais effets qui en font les conféquences. Ces notions de rnérice &: de démeérite ont donc, comme on le voit, leur fondement dans la nature même des chofes, & elles font parfaitement con- formes au fentiment commun & aux idées générale- ment reçues. La louange &c le blâme, à en juger gé- néralement , fuivent toujours la qualité des aéhons, fuivant qu’elles font moralement bonnes cu mau- vaifes. Cela éft clair à l'égard du légiflatenr ; il fe démentiroit lui-même sroffierement, s'il n’approu- voit pas ce qui eft conforme à-fes lois, & sil ne condamnoit pas ce quu y eft contraire ; & parrapport à ceux qui dépendent dé lui, 1ls font par cela mêmz obligés de repler là-deffus leurs jugemens. . 1 Comme il y a de meilleures aéions les unes que les autres ; & que les mauvaifespeuventauflilêtre plus ou moins , fuivant les. diverfes circonftances qui les accompagnent & les difpofitions de Écinbque és fait, iken réfuite que le rerite 8ule démériteontleurs degrés: C’eft pourquoi, quanduls’agit de déterntiner précifément jufqu’à quel poist on doitimputer une aéhon à quelqu'un ; 1l fautravoir égard à ces diffé: rences ; &c la louange ou le blâme , la récompenfe ou la peiñe;-doivent avoir auf leurs degrés propor- tionnellement-au mérire ouw:am démérire, Ainf, felon que le bien ou.le mal qui-provient d’une aétion eft plus ou moins confidérable ; felon qu'il ÿavoit plus ou moins de facilité où de difficulté à faire-cette ac- tion ou à s’en abftenir ; felon qu’elle a été faite avec plus où moins de réflexion & de liberté ; felon que les raifons qui devoient nous y déterminer ou nous en détourner.étoient plus on moins fortes, 26e que l'intention & les motifs en font plus ou moins no- bles, limputation s’en-fait aufli d’une maniere plus on moins efhicace , & les effets en font plus avanta- geux ou fâcheux, : Mais pour remonter jufqu’aux premiers principes de la théorie que nous venons d'établir , ilfaut re: marquer que dès que l’on fuppofe que l’homme fe trouve par {a nature &. pan fon état aflujetti à fuivee cértaines regles de conduite ; l’obfervation de ces reples. fait la perfeétion de la nature humaine , 8 leur violation produit au contraire la dégradation de l’un & de l’autre. Or nous fommes faits de telle maniere que la perfeétion & l’ordre nous plaifent par eux-mêmes, & que l’imperfeétion ; le defordre &c tout ce qui y a rapport nous déplait naturelle- ment. En conféquence nous reconnoiflons que ceux qui répondant à leur deftination font ce qu'ils doi- vent & contribuent au bien du fyftème de l’huma- nité,. font dignes de notre approbation, de notre eftime , & de notre bienveillance ; qu'ils peuvent taifonnablement exiger denous ces fentimens:, 6 qu'ils ont quelque droit aux effets qui en font les fui- tes naturelles. Nous ne faurions au contraire nous empêcher de condamner ceux qui par un mauvais ufage de leurs facultés dégradent leur propre nature; nous recennoiflons qu'ils font dignes de defappro- bation & de blâme , & qu'il eft conforme à la raifon que les mauvais effets de leur conduite retombent {ur eux. Tels font les vrais fondemens duwmérire &c du démérire , qu'il fufit d’envifager ici d’une vûe gé- nérale. Q Si deux hommes fembloient à nos yeux également vertueux , à qui donner la préférence de nos fuffra- ges ? ne vaudroit-il pas mieux l’accorder à un homme d’une condition médiocre , qu’à l’homme déja diftin- gué, foit par la naïflance , foit par les richefles à Cela paroît d’abord ainfi ; cependant, dit Bacon, la mérise eft plus rare chez les grands que parmi les hommes d’une condition ordinaire, foir que la vertu ait plus de peïne à s’allier avec la fortune, ou qu’elle ne foit guere l’héritage de la naïflance : en forte que. celui qui la poffede fe trouvant placé dans un haut rang , eft propre à dédommager la terre des indigni- tés communes de ceux de fa condition. (D. /J.) MÉRITE, en Théologie, fignifie la bonté morale des actions des hommes , & la récompenft qui leur eft düe. | Les Scholaftiques diftinguent deux fortes de mérire par rapport à Dieu ; l’un de congruité, l’autre de condignité , on , comme ils s'expriment, #erisum de congruo ; & meritum de condigno. _Meritum de congruo, le mérite de congruité eft lor{- qu'il n'ya pas une jufte proportion entre l’aétion & MER la récompenfe : enforte que celui qui récompenfe fupplée par fa bonté ou par fa libéralité à ce qui manque à l’attion ; tel eft le mérite d’un fils par rap- port à fon pere , mais ce miérire n’eft appellé mérire qu'improprement. | Meritum de condigno , le mérite de condignité eff, quand 1l y a une juite eftimation & une égalité abfo- lue entre la@tion & la récompenfe , comme entre le travail, d’un ouvrier &z fon falaire. Les prétendus Réformés n’admettent point de snérite de condignité ; c’eft un des points entr’antres en quomils différent d’avec les Catholiques. Le mérise , foit de congruité, foit de condignité, exige diverfes conditions , tant du côté de la perfon- ne qui #eérire que du côte de l’aîte méritoire & de la part de Dieu qui récompenfe. Pour le mérite de condignité, ces conditions font, de la part de la perfonne qui mérite , 1°. qu'elle foit jufie, 2°, qu’elle foit encore fur la terre : de la part de Paéte méritoire, qu'il foit , 1°. libre & exempt de toute néceflité | même fimple & relatif ; 2°, moralement bon & honnête; 3°. furnaturel & rap- porté à Dieu. Enfin, de la part de Dieu qui récom- penfe, il faut qu'il y ait promefle ou obligation de couronner telle ou telle bonne œuvre, Le mérite de congruité n'exige pas cette derniére condition, mais il fuppofe dans la perfonne qui mé rite qu’elle eft encore en cette vie , mais non pas qu’elle foit quite, puifque les ates de piété par lef- quels un pécheur fe difpofe à obtenir la grace ,-peu- vent la luimériter de congruo ; 2°, de la part de l’aête, qu'il foit libre, bon &c furnaturel dans {on principe, c'eft-à-dire fait avec le fecours de la grace. On ne peut pas mériter de congruo la premiere grace aëtuelle, mais bien la premiere grace fan@i- fiante & la perfévérance ; mais on ne peut méricer celle-ci de condigno, non plus que la premiere grace fanétifiante, quoiqu’on puifle mériter la vie éter- nelle d’un mérire de condignité. Montagne , raité de la grace , queff, viij. article 2. parapr, 2. MERKUFAT, fm, (Æif, mod.) nom quelesTurcs donnent à un officier qui eft fous le tefterdar ou grand trélorier ; fa fonétion eft de difpofer des de- mers deftinés à des ufages pieux. (— | MERLAN , £. m. ( Æif. nar. Ichthiolog: ) poiffon de la mer océanne ; il reffemble beaucoup au mer- lus , voyez MeRLUS , par la forme du corps : il a les yeux grands, très-clairs & blancs , la bouche de moyenne prandeur , & les dents petites. Il difere du mérlusen ce qu'il a trois nageoires fur le dos, tandis que Le merlus n’en à que deux 3 les côtés du corps font marqués par une ligne longitudinale & tortueufe , qui s'étend depuis les ouïes jufqu’à la queue : le zrerlan mange de petits poiffons, tels que les aphyes , les goujons , éc. & il les avale tout entiers ; fa chair eftlégere, & très-facile à digérer. Rondelet, Æff. des poif. part. L. liv. LX. chap. ix. FPoyez POISSON. MERLE, f.m, merula vulgaris, (if. nat. Ornir.) Oifeau qui eft de la groffeur de la litorne , on à-peu- près , il pefe quatre onces ; il a huit poucés neuf li- gnes de longueur depuis l'extrémité du bec juiqu’au bout des pattes , & neuf pouces huit lignes jufqu'au bout de la queue. Dans le mâle, cette longueur eft de dix pouces & quelques lignes ; le bec a un pouce de long , il eft en entier d’un jaune de faffran dans le mâle, tandis que la pointe & la racine font noi- râtres dans la femelle ; le dedans de la bouche {e trouve jaune dans l’un & l’autre fexe. Les mâles ont le bec noirâtre pendant la premiere année de leur âge, enfnite il devient jaune , de même que le tour de paupieres : les vieux. merles mâles font très- noirs en entier ; les femelles & les jeunes mâles ont au contraire une couleur plutôt brune que noire, ils MER 359 _ different encore des. premiers en ce que la gorge eft roufâtre ; & l&poitrine cendrée. Quand les mer/es font jeunes, on ne peut diftinguer les mâles d'avec les femelles, Il y a dix-huit grandes plumes dans chaque aîle , la quatrieme eft la plus longue de tou- tes. La queue a quatre pouces deux hgnes. de lon- gueur ; elle eft compofée de douze plumes toutes également longues , excepté l’extérieure de chaque côté qui eft un peu plus courte ; les pattes ont une couleur noire ; le doigt extérieur & celui de der riere font égaux. La femelle pond quatre Ou, cinq œufs d’une couleur bleuâtre , parfemés d’un grand nombre de petits traits bruns. Le mâle chante très- bien, Cet oïfeau conftruit l'extérieur de fon nid avec de la moufle , du chaume, de petits brins de bois s des racines fibreufes, Gc. il fe fert de boue pour lier le tout enfemble ; il enduit l’intérieur de boue r1êc au lieu de pondre fes œufs fur l’enduit, comme fait la grive , il le garnit de petit haillons , de poils &c d’autres matieres plus douces que la boue, pour em- pêcher que fes œufs ne fe caflent & pour que fes petits foient couchés plus mollement. Il aime à {e laver &c à vivre feul , il nettoye fes plumes ayec fon bec. On trouve des zzerles blancs dans les Alpes fur le mont Appennin & fur les autres montagnes fort élevées. Willughby, Orrich, Foyez OISEAU. MERLE BLEU ou MOINEAU SOLITAIRE, paffer Johtarius dius | oïfeau qui eft de la gtofleur du merle , auquel il reflemble parfaitement par la forme du corps. Il a la tête & le cou fort gros ; le deffus de Ja tête eft d’une couleur cendrée obfcure , & le dos d’un bleu foncé & prefque noir, excepté les bords extérieurs des plumes qui font d’un blanc fale. Les plumes des épaules & celles qui recouvrent les grandes plumes des aîles ont la même couleur que le dos ; il y a dans chaque aîle dix-huit grandes plumes qui font toutes bruness à exception de l’ex- térieure de chaque côté qui eft plus courte que les autres, parmi lefquellés il y en a quelques unes qui ont la pointe blanche. La queue eft Jongue d’une palme , & compofée de douze plumes d’un brun prefque noir. Toute là face inférieure de l’oifeau : c’eft-à-dire la poitrine, le ventre & les cuiffes, ont des lignes tranfverfales , les unes de couleur cen- drée , les autres noires | & d’autres blanches ; Ces taches font comme ondoyantes. La couleur du ven- tre reflemble à celle du coucou ; la gorge & la pat- tie fupérieure de la poitrine ne font pas cendrées, On y voit au contraire des taches blanches avec un peu de roux ; le bec eft droit, noirâtre, un peu plus long , un peu plus gros & plus fort que celui de la grive. Les pattes font courtes & noires , les piés & les ongles ont cette même couleur. L'oifeau fur le= quel on a fait cette defcription , étoit femelle. Se- lon Aldrovande , les mâles font plus beaux, ils font en entier d'une couleur bleue pourprée. Willoughby dit avoir vü un mâle à Rome, dont le dos principa- lement étoit d’un bleu obfcur pourpré. Le mere chante très-asréablement , fa voix imite le fon d’une. flîte ; il apprend aifément à parler , il fe plaît à être feul, il refte fur les vieux édifices. Willoushby, Ornich. Voyez OISEAU. MERLE À COLLIER , merula torquatz ; O1feau qui eft de la groffeur du merle ordinaire , ou un peu plus gros , la face fupérieure du corps eft d’une cou- leur brune noirâtre. On le diftingue aifément du merle, en ce qu'il a au-deflous de la gorge un collier blanc de la largeur du doigt , & de la figure d’un croiflant. Rat, Syrop. meth. avium, Voyez OIsEAU, MERLE D'EAU , merula aquatica , oïfeau qui eftun peu plus petit que le zerle ordinaire ; il a le: dos d’une couleur noirâtre , mêlée decendre,, & la poi- tune très-blançhe ; 1l fréquente Les eaux, il fe nour- 390 MER rit de poiflons , & il plonge quelquefois fous les eaux, quoiqu'il reffemble par l'habitude du corps aux oïfeaux terreftres , & qu'il ait les piés faits comme eux. Raï , Syzop. meth. Voyez OISEAU. MERLE COULEUR DE ROSE , rerula rofea Aldrov. oïfeau qui eft un peu plus petit que le ere ; il a le dos , la poitrine & la face fupérieure des aïles de couleur de rofe ou de couleur de la chair. La tête eft garnie d’une huppe ; les aîles, la queue & la racine du bec font noires, le refte du bec eft de couleut de chair ; les pattes font d’une conleur jai- ne, femblable à-peu-près à celle du fafran. Cet o1- feau fe trouve dans les champs, & fe tient fur le fumier. Raï, Syrop. meth. avium. Voyez OISEAU. MerLe, TourD, ROCHAU, merula, poïflon de mer, aflez reflemblant par la forme du corps à la perche de riviere; ileft d’un bleu noirâtre ; la cou- leur du mâle eft moins foncée que celle de la fe- melle, & tire plus fur le violet. Ce poiffon a la bonche garnie de dents pointues & courbes , ilrefte fur les rochers , & il fe nourrit de moufle , de pe- tits poiflons, d'ourfins, 6c. Ariftote dit que la cou- leur des erles devient plus foncée, c’eft-à-dire plus noire au commencement du printems , & qu’elle s'éclaircit en été. Rondelet, Æ1f£, des poif], part, I. fiv. VL. chap. Ÿ. MERLETTE , {. f. dans Le Blafon , petit oïfeau qu'en repréfente fans piés & même fans bec. On s’en fert pour diftinguer les cadets des aînés. Il y ‘en a qui Pattribuent en particulier au quatrieme frere. Voyez DIFFÉRENCE. MERLIN , f. m. serme de Corderie , eft une forte de corde ou aufiere compolée de trois fils Commis enfemble par le tortillerment, Le merlin fe fabrique de la même maniere que le bitord , à l'exception qu’on l’ourdit avec trois fils, au lieu que Le bitord n’en a que deux , &t que le toupin, dont on fe fert pour le merlin , doit avoir trois rainures. Voyez l’article CORDERIE. MERLINER we voile, ( Marine. ) c’eft coudre la voile à la ralingue par certains endroits avec du merlirr. MERLON , f. m. ez Kortification , eft la partie du parapet entre deux embrafures. Voyez PARAPET 6 Emgrasurs. Ce mot vient du latin corrompu serula ou erla , qui fignifie un crezau. Il a ordinairement 8 à o piés de long du côté extérieur du parapet , &c 15 du côté de l'intérieur ou de la ville. Il a la même hauteur & la même épaïffeur que le parapet. Chambers. MERLOU , (Géog.) autrefois Mello , petite baron- nie de France en Picardie, au diocefe de Beauvais; elle a donné le nom à l’'illuftre maifon de Mello, & appartient préfentement à celle de Luxembourg. Long. 20. latir, 49.10. (D. J.) MERLU , voyez MERLE. MERLUCHE, voyez MORUE. MerLzucHs & MoRuE, ( Düiere.) voyez l’article particulier POISSON SALÉE , fous l’arsicle POISSON, ( Dicre. ) MERLUCLE , voyez MORUE. MERLUS , £. m. (Æf. nat. Ichthiol.) poiflon qui fe trouve dans la haute mer, il croit jufqu’à une coudée & plus ;il a les yeux grands , le dos d’un gris cendré, le ventre blanc, la queue plate, la tête allongée & applatie. L'ouverture de la bouche eft grande, & la mâchoire inférieure un peu longue & plus large que la fupérieure ; les deux mâchoires & le palais font garnis de dents aiguës & courbées en arriere, il y a aufli au fond de la bouche & de l'œfophage des os durs & raboteux, l’anus eft fitué plus en avant que dans la plûpart des autres poif- fons. Le merlus a deux nageoires près des ouies , deux un peu‘au-deffous & plus près de la bouche, üne longue qui s'étend depuis l’anusjufqu’à la queue, une fur le dos qui correfpond à la précédente , &c une plus petite placée près de la tête : il a fur les côtés du dos une ligne qui s’étend depuis les yeux jufqu’à la queue. Les merlus qui vivent dans l’eau pure eh pleine mer ont la chair tendre 8 de bon goût , ceux au contraire qui reftent dans les endroits fangeux, deviennent gluans & de manvais goût. Le foie de ce poiffon peut être comparé pour la déli= cateffe à celui du furmulet. Rondelet, Æif?, des porff. part. I. Liv, IX, chap. viij. Voyez POISSON. MERLUS, laire d’un, (Sciencemicrofcop.) M. Leeu- wenhoek , après avoir obfervé la Zaite ou le femer d’un #erlus vivant au microfcope, en conclud qu'il contient plus d’animalcules qu'il n’y a d'hommes vivans fur la furface de la terre dans un même tems; car il calcule que cent grains de fable faifant le dia- metre d’un pouce, il fuit qu’un pouce cubique con- tiendroit un million de grains de fable ; & comme il a trouvé que la laite du rerlus eft d’environ quinze pouces cubiques, elle doit contenir quinze millions de quantités aufñ grandes qu’un grain de fable ; mais fi chacune de ces quantités contient dix mille de ces petits animaux, 1] doit y en avoir dans toute la laite cent cinquante mille millions. Maintenant pour trouver avec quelque vraiflem- blance le nombre des hommes qui vivent fur toute la terre dans un même tems , il remarque que la cir- conférence d’un grand cercle eft de $400 milles de Hollande ; d’où il conclud que toute la furface de la terre contient 9,276, 218 de ces milles quarrés ; &c fuppofant qu'un tiers de cette furface ou 3,092,07z milles eftune terre feche, & qu’il n’y a d’habiré que les deux tiers de ce dernier nombre , on 2, 061,382 milles ;fuppofant encore que la Hollande & la Weft- frife ont 22 milles de longueur &c 7 de largeur , ce qui fait 154 milles quarrés , la partie habitable du monde fera 13, 385 fois la srandeur de la Hollande & Weftfrife. Si l’on fuppofe à préfent que le nombre des ha- bitans de ces deux provinces éft d’un million, & que les autres parties du monde foient aufli peu- plées que celle-là , (ce qui eft hors de vraiflem- blance ), il y aura 13, 385 millions d’ames fur toute la terre ; mais la laite de ce srerlus contient 150,000 millions de ces petits animaux, elle en contient donc dix fois plus qu'il n’y à d'hommes fur la terre. On peut calculer d’une autre maniere le nombre de ces petits animaux ; car l’auteur du Speélacle de la nature dit que trois curieux ont compté avec toute l’attention dont ils ont été capables , combien il entroit d’œufs d’une werlus femelle dans le poids d’une dragme , & ils fe font trouvés d’accord dans les nombres qu’ils avoient mis par écrit; 1ls peferent enfuite toute la mañle, & prenant huit fois la fomme d’une drachme pour chaque once qui contient huit drachmes , toutes les fommes réunies produifirent le total de 9 millions 334 mille œufs. Suppofons maintenant .( comme le fait M. Leeu- wenhockparle/emen mafculinumdesgrenouilles)qu'il y a dix mille animaux petits dans la laite pour chaque œuf de la femelle , il s’enfuit que puifque la laite de la femelle s’eft trouvée contenir neuf millions 334 mille œufs, la laite du mâle contiendra 93 mille 440 millions de petits animaux ; ce qui, quoique bien au-deffous du premier calcul , eft toujours fépt fois autant que toute l’efpece humaine. Pour trouver la grandeur comparative de ces pe= tits animaux, M. Leeuwenhoek plaça auprès d’eux un cheveu de fa tête, lequel à travers de fon mi- crofcope paroïfloit avoir un pouce de largeur, &1l trouva que ce diametre pouvoit aifément contenir foixante de ces animaux ; par conféquent leurs corps étant fphériques , 1l s’enfuit qu'un çorps dont M ER -le diametre ne feroit que de l’épaifleuf de ce che- veu, en contiendroit 216 mille. 11 obferva finalement que lorfque l’eau oùilavoit délayé. la femence d’unmerlus étoit exhalée , les pe- tits corps de ces petits animaux fe mettoient en piece, ce qui n’arrivoit point à ceux de la femence d’un bélier. Il attribue cette différence à la plus grande confiftance & fermeté du corps du bélier , la chair d’un animal étant plus compaéte que celle d'un poiflon. | Dans la laite d’une autre forte de merlus, nommé Jack en anglois, on diflingue au-moins dix mille pe: tits animaux dans une quantité qui n’eft pas plus grande qu’un grain de fable , qui font exaétement femblables en apparence à ceux du werlus ordinaire, mais plus forts & plus vifs. Voyez Baker, Microfcop. obfervations, (D, J.) | MERLUS, ( Pêche. ) La pêche du erlusne fe pra- tique que dans la baie d’Audierne , à trois ou quatre lieues {eulement au large ; le poiflon fe tient ordinai- rement fur des fonds de fables un peu vafeux, il fuit les fonds durs & couverts de rochers; quand il eft bien préparé, fa qualité ne differe suère de celle de l'Amérique, les chairs aux connoifleurs en paroiflent un peu plus coriaces; la pêche commence à la fin d'Avril & finit à la faint Jean. Les pêcheurs qui font cette pêche ont chacun plu- fieurs lignes ; lai ou l’hameconeftoarni d’un mor- ceau de chair d’orphie ou d'éguuille que l’on pêche exprès pour cet ufage ; les rets font dérivans ; deux hommes de équipage nagent continuellement , par- ce qu'autrement les pêcheurs ne prendroient rien. La meilleure pêche fe fait la nuit fur les fonds de trente braffes de profondeur. Pour faler & faire fécher lemzerlus , ou lui coupe la tête & onle fend par le ventre du haut en bas, on le met dans le fel pendant deux fois vingt-quatre heures , d’où on le retire pour le laver dans l’eau de mer, on. l’expofe à terre au {oleil pendant plufieurs jours jufqu’à ce qu’il foit bien fec, après quoi on le met en grenier dans les magafns jufqu’à ce qu’on le porte à Bordeaux , pour y être vendu en paquets de deux cens livres pefant. MERLUT , f. m. ( Mégifferie. ) on appelle peaux en merlut ,.des peaux de boucs, de chevres & de moutons, en poil & laine , qu’on fait fécher à l'air fur des cordes, afin de pouvoir les conferver fans qu'elles fe corrompent, en atrendant qu’elles puif- fent fe pafler en chamois. Voyez MÉG1E. : MEROCTE,, . f. (Æiff. rar.) pierre fabuleufe dont 1l eft fait mention dans Pline, qui nous dit qu’elle étoit d'un verdde poreau , & fuintoit du lait. MÉROÉË,, ÎLE DE, ( Géog. anc. ) ile ou plutôt prefqu’ile de la haute Egypte. Ptolomée, Z 1F, c. vi. dit qu'elle eft formée par le Nil qui la baïgne à l’occident , & parles fleuves Aftape & Aftaboras qui la mouillent du côté de l’orient. Diodore & Strabon donnent à cette ile 120 lieues de longueur fur 40 de large, & àla ville de Méroé 16 degrés 30’ de Zaritude feptentrionale. . [ll n'y a rien de plus célebre dans les écrits des an- ciens que cette île de Méroé , ni rien de plus difficile à trouver par les modernes. Si ce queles anciens en ont raconté eft véritable, cette île pouvoit mettre enarmes deux cens cinquante mille hommes, & nour- rir jui{qu'à quatre cens mille ouvriers. Elle renfermoit plufieurs villes, dont la principale étoit celle de Méroë qui fervoit de réfidence aux reines; je dis aux reines, parce qu'il femble que c’étoient des femmes qui régroient dans ce pays-là, puifque l’hiftoire en cite trois de fuite, & toutes ces trois s’appelloient Candace : Pline nous apprend que depuis iong-tems ge nom étoit commun aux reines de Méroé. Mais la difficulté de trouver çerre ile dans la Géo- MER 301 graphie moderne , eff fi grande , que le pere Tellez, Jéfuite, & autres, fe font laiflé perfuader qu’elle étoit imaginaire; cependant le moyen de révoquer en doute {on exiftence, après tous les détails qu’en ont faitles anciens? Plinerapporte que Simonide ya demeuré cinq ans , & qu'après lui, Ariftocréon , Bion & Baflis, ont décrit {a longueur, fa diftance de Syene & de la mer Rouge, fa fertilité, fa ville capi- tale, & le nombre des reines qu’elle a eu pour fou- veraines. Ludolf, fans avoir mieux réufli quele pere Tellez à trouver cetteile , n’a pas douténéanmoins qu'elle n’exifiât, Les peres Jéfuites qui ont été en Ethyopie, fem- blent convaincus que lilede Méroé n’eft autre chofe que le royaume de Gojam , qui eft prefque tout en- touré de la riviere du Nil, en forme de prefqu’ile ; mais cette prefqu’ile qui faitle royaume de Gojam eft formée pat le Nilfeul; point d’Aftape , point d'Afta- boras , je veux dire, aucune riviere que l’on puifle fuppofer être l’Aftape & l’Aftaboras, ce qui eft con- tre la defcription que les anciens en ont faite. Ajou- tez.que la ville de Méroé, capitale du pays, étoit placée entre le 16 & le 17 degré de Zarirude fepren- trionale , & le royaume de Gojam ne pañle pas le 13 degré, L'opinion de M. de Lifle eft donc la feule vraiflem- blable, Il conjeture que l’île de Méroé des anciens eft ce pays quieftentre le Nil & lesrivieres de Tacaze & de Dender, & il établit cette conjeture par la fi- tuation du pays , par lesrivieres qui Parrofent, par fon étendue, par fa figure, 8 par quelques autres fingularités communes à l'ile de Méroé, & au pays en queftion. Voyez-en les preuves dans les Mém. de l’'acad. des Sc, ann. 1708, Je remarquerai feulement que la riviere de Tacaze a bien l'air d’être en effet l’Aftaborasdes anciens , & le Dender d’être l’Aftape, parce qu'il n’y a que ces deux rivières, au-moins de quelque confidération, qui entrent immédiatement dans le Nil du côté de l’orient. (D. J.) MEROPES , ( Géog. anc.) anciens peuples de Pile de Cos , l’une des Sporades, voifine de la Do- ride. Elle fut appellée Meporns , de Mérops, l’un de {es rois , dont la fille nommée Cos ou Coos donna de- puis fon nom à cette île. Les Méropes de l'ile de Cos étoient contemporains d'Hercule. Plutarque décrit une flatue qu’ils avoient érigée dans l'ile de Délos, en l'honneur d’Apollon. (2. J.) MÉROPS, voyez GUEPIER. MEROS , f. m.{ Æif. nat. Ichthyol.) grand poif- fon d'Amérique , nommé par les Brefliens aigupu- guacui ILa cinq ou fix piés de long, une tête très- groffe, une gueule large, fans aucune dent. Ses na- geoires font au nombre de cinq, étendues fur toute la lonoueur du dos , prefque juiqu’à la queue ; leur partie antérieure eft armée de pointes ; la nageoire de la queue eft très-large fur-tout à l’extrémité, Les écailles de ce poiffon font fort petites ; fon ventre eft blanc ; fa tête , fon dos, & fes côtés font d’un gris brun.( D. J.) _ MÉROS oz MÉRUS, ( Géog. anc,) montagne de l'Inde, felon Strabon, Théophrafte, Ælien, Méla, & autres, Elle étoit confacrée à Jupiter. Les anciens donnent des noms bien différens à cette montagne. Elle eft appellée Ny/a par Pline, Z. FIL, ç. xxxix. Sacrum | par Trogus; &c, par Polien, Tricoryphus , à caufe de fes trois fommets.( D. J. MÉROU , ( Géog. ) ville d’Âfie en Perfe, dans le Khoraflan. Elle a produit plufieurs favans hommes ; &t Jacut aflure qu'il ya vü trois bibliotheques, dans l'une defquelles 11 y avoit quelques mille volumes manufcrits. L’agrément de fa fituation, la puteré de fon air, la fertilité de fon terroir, & les rivieres qui l’arrofent en font un féjour délicieux. Elle eft aflez également éloignée de Nichapour, de Hérat, de 392 M E R Balk, & de Bocara. Long. 81. lat, 37. 4e. C’eft dans cette ville que mouruten 1072 Alp- Arflan , fecondfultan de la dynaffie desSelgincides , &t lun des plus puiffans monarques de l’Afe, On y dit cette épitaphe fur fon tombeau : « Vous tots qui » ‘avez vû la grandeur d’Alp-Arflan élevée jufqu’aux » cieux, venez la voir à Méroz enfevelie dans la » pouffiere », (D. J.) | MÉROVINGIEN,, fubft. & adj. mafc. ( Hif. de France. ) nom que l’hiftoire donne aux princes ae la premiere race des rois de. France , parce qu'ils def- cendoient de Mérovée. Cette race a régné environ 393 ans, depuis Pharamond jufqu’à Charles Martel, & a donné 36 fouverains à ce royaume. M. Gibert ( Mém. de l’acad.des Belles-Lerrres )tire le mot de Mérovingien , de Marobodicus , rot des Germains, d’où les Francs onttiré leur origine, êc ont formé le nom de Mérovée par lanalogie dela fan- gue germanique rendue en latin, M. Freret, au con- traire, après avoir eflayé d'établir que le nom de Térovineren ne fut connu que fous les commence- mens de la deuxieme race ( ce que nie M. Gibert), dans un tems où il étoit devenu néceffaire de diftin- guer la famillerégnante de celle à qui elle fuccédoit, rend à Mérovée , l’ayeul de Clovis, l’honneur d’a- voir donné fon nom à la premiere race de nos rois ; & fa raifon, pour ravoir commencé cetterace qu’à Mérovée, eft que, fuivant Grégoire de Tours, quelques-uns doutoient que Mérovée fût fils de Clo- dion , & le croyoient feulement fon parent , de fHirpe ejus , au lieu que depuis Mérovée la filiation de cette race n’eft plus interrompue. C'eit un procès entre ces deux favans, & je crois que M. Freret le gagne- roit. ( D. J.) MERS , LE, ( Géog. ) quelques François difent , & mal-à-propos , la Marche ; province maritime de l'Ecofle feptentrionale, avec titre de comté, Elle | abonde en blé & en pâturages. Elle eft fituée à l’o- æient de la province de Fwedale, êt au midi de celle de Lothian, fur la mer d'Allemagne. La riviere de Lauder donne lenomde Lauderdale à la vallée qu’elle arrofe dans cette province. La famille de Douglas jouit aujourd’hui du comté de Mers. (D. J.) MERSBOURG , ( Géog. ) en latin moderne Mar- tinopolis ; ancienne ville d'Allemagne , dans le cer- cle de haute-Saxe en Mifnie, avec un évêché fuf- fragant de Magdebourg, aujourd'hui fécularifé, Elle appartient à l’éleéteur de Saxe. Henri I. gagna près de cette ville, en 933, une fameufe bataille fur les Hongrois. Le comte de Tilly la prit en r637r, les Suédois enfuite , 8 depuis les Impériaux & les Sa- xons. Son évêché a été fondé par l’empereur Othon [. Mershourg eft fur la Sala , à 4 milles S, O. de Hall; 8 N. ©. de Leipfck ; 23 N. O. de Dref- de. Long. 30. 2. lat. 51. 28.( D. JT.) MERSEY , (Géog. ) riviere d'Angleterre. Elle a fa fource dans la province d’Yorck, prend fon cours entre les comtés de Lancaftre au nord, & de Chef. ter au midi, êc finit par fe rendre dans la mer d’Ir- lande, où elle forme le port de Leverpole. (D, J.) MERTOLA , ( Géog. }) autrefois Myreilis ; an- cienne petite ville de Portugal dans l’Alentéjo. Elle ef forte par fa fituation , & devoit être opuiente du tems des Romains, fi l’on en juge par des monumens d’antiquités, comme colonnes & ftatues qu'on y a déterrées. Cette ville fut prife fur les Maures par dom Sancheen 1239. Elle eft auprès de la Guadia- na, dans l'endroit où cette riviere commence à por- ter bateau, à 24 heues S. d'Evora, 40 de Lisbonne. Long. 10.20. lat. 37.30.(D.J.) MER VEILLE , { f. (Æifi. ane. Philol, ) voyez l’ar- sicle MirAcLe. Ce que l’on appelle vulgairement les fépt merveilles du monde , {ont les pyramides d’E- gypte, le maufolée bâti par Artemife, le temple de NL EUR Diane à Éphele, les muraïllesde Babylone couvet- tes de jardins, le colofle de Rhodes, laftatue deJu- piter Olympien , le pharede Ptolemée Philadelphe. Voyez PYRAMIDE , MAUSOLÉE, COLOSSE, 6c. MERVEILLES DU MONDE, ( Hiff. anc.) Onven compte ordinairement {epts favoir, les: pyramides d'Egypte, les jardins & les murs.de Babylone,le tombeau qu’Arthemile reine de Carie élewa au roi Maufole fon époux, à Halycarnaffe; le: temple de Diane à Ephefe; la flatue de Jupiter Olympien, par Phidias ; le coloffe de Rhodes:;le phared’Alexan- drie. à NEA MERVEILLES DU DAUPHINE, ( Hiff. mar.) On a donné ce nom à quelques objets remarquables que on trouve en France, dans la province de Dau- phiné. L’ignorance de lHiftoire naturelle &c la cré* dulité ont fait trouver du merveilleux dans une in. finité de chofes qui, vûes avec des yeux non pré- venus, fe trouvent ou faufles ou dans l'ordre: de la nature. Les werveilles du Dauphiné en fourmiflent une preuve. On en a compté fept à l’exemplerdes fept merveilles du monde. 1°, La premiere de ces rnerverlles eft la. fontaine ardente ; elle {e trouve au haut d’une montagne qui eft à trois lieues de Grenoble, & à une demylieue de Vif. S. Auguftin dit qu’on attribuoit à cette fon- taine la propriété finguliere d’eceindre un flambeau allumé, 6 d'allumer un flambeau éteint ; ub) faces are dentes extinguuntur, & accenduntur extinülæ. Deici+ vitate Dei, L, XXI. c. vi. Si cette fontaine a eu au- trefois cette propriété , elle l’a entierement perdue aëtuellement ; l’on n’y voit quant àä-préfent qu'un petit ruifleau d’eau froide; 1l eftvraique l’on afluré que ce ruifleau a changé de cours, &e qu'il pañloit autrefois pour un endroit d’où quelquefois on voyoit fortir des flammes &c de la fumée occafionnées fui- vant les apparences par quelque petit volcan ou feu fouterrein qui échauffoit les eaux de ce ruifleau, & qui par le changement qu’il a pu caufer dans le ter- rein , lui a fait changer de place. 2°. La tour fans venin. Ona prétendu que les ani- maux venimeux ne pouvoient point y vivre, ce qui eft contredit par l'expérience, vû qu’on y a porté des ferpens &c des araignées quine s’en font point trouvés plus mal. Cette’ tour eft à une lieue de Grenoble, au-deflus de Seyflins, fur le bord du Drac. Elle s'appelle parifes. Autrefois 1l y avoit auprès une chapelle dédiée à S. Verain, dont par corrup- tion on a fait fans venin. 3°. La montagne inacceffible, C’eft un rocher fort efcarpé, qui eft au fommet d’une montagne très- élevée, dans le petit diftriét de Triéves, à environ deux lieues de la ville de Die. On Pappelle le sont de Paiguille. Aujourd’hui cette montagne n’eft rien moins qu'inacceflible. | 4°. Les cuves de Saffenage. Ce font deux roches creufées qui fe voyent dans une grotte fituée au- deflus du village de Saflenage , à une lieue de Gre- noble. Les habitans du pays prétendent que ces deux cuves fe rempliflent d’eau tous les ans au 6 de Jan- vier ; & c’eft d’après la quantité d’eau qui s’y amañle, que l’on juge fi l’année fera abondante. On dit que cette fable a été entretenue par des habitans du pays qui avoient foin d'y mettre de l’eau au tems mar- qué. On trouve au même endroit les pierres con- nues fous le nom de pierres d’hirondelle ou de pierres de Saffenage. Voyez HIRONDELLE, ( pierre d’). °. La manne de Briançon, que Pon détache des mélefes qui fe trouvent fur les montagnes dw voifi- nage, ce qui n’eft rien moins qu’une rrerveille, 6°, Lepré qui tremble ; c’eft une ile placée au mi- lieu d’un étang, ou lac du territoire de Gap , appellé le Zac Pelhotier. Il eft à préfumer que ce pré eft formé par un amas de rofeaux & de plantes mélés deterre, MER qui n’ont point une confiftence folide. On trouve des prairies tremblantes au-deflus de tous les endroits qui renferment de la tourbe, Foyez l'arr. TOURBE. 7°. La grorre de Notre-Dame de 12 Balme : elle ref- femble à toutes les autres grottes, étant remplie de ftalattites & de congélations , on concrétions pier- reufes. On dit que du tems de François L. il y avoit un abîme au fond de cette grotte , dans lequel Peau d’une riviere fe perdoit ayec un bruit effrayant ; au- jourd’hui ces phénomenes ont difparu, Aux srerveilles qui viennent d’être décrites, quel- ques auteurs en ajoutent encore d’autres ; telles font la fontaine vineufe , qui eft une {ource d’une eau mi- nérale qui fe trouve à Saint-Pierre d’Argenfon ; elle a, dit-on, un goût vineux , & eft un remede afluré contre la flevre ; ce goût aigrelet eft commun à un grand nombre d’eaux minérales acidules. Le ruiffeau de Barberon eft ericore regardé comme une merveille du Dauphiné ; par la quantité de fes eaux on juge de la fertilité de l’année. Enfin on peut mettre encore au même rang les eaux thermales de la More, qui font dans le Graifivaudan, à cinq lieues de Grenoble fur le bord du Drac: elles font » dit-on, très-efficaces contre les paralyfies & les rhumatifmes. —) MERVEILLE DU PEROU, v0ye? BELLE-DE-NUIT. MERVEILLE , Pomme de (Botan. exor. ) c’eft ainfi qu'on nomme en francois le fruit du genre de plante étrangere que les Botaniftes appellent momordica. Foy MomMorpica. MERVEILLEUX , adj. ( Lisrérat. ) terme confa- cré à la poéfie épique, par lequel on entend certaines fitions hardies , mais cependant vraiflemblables ; qui étant hors du cercle des idées communes, éton- nent l’éfprit. Telle eft l'intervention des divinités du Paganifme dans les poëmes d'Homere & de Virgile. Tels font les êtres métaphyfiques perfonnifiés dans les écrits des modernes , comme la Difcorde ; l'A- mour, le Fanatifme, &c. C’eft ce qu'on appelle au- trement rachines, Voyez MACHINES. Nous avons dit fous ce mot que même dans le merveilleux , le vraiffemblable à fes bornes, & que le merveilleux des anciens ne conviendroit peut- être pas dans un poëme moderne. Nous n’examine- rons nt l’un ni l’autre de ces points. 1°. [l y a dans le serveilleux une certaine difcré- tion à garder, & des convenances à obferver ; car ce merveilleux varie felon les tems, ce qui paroifloit tel aux Grecs & aux Romains ne left plus pour nous. Minerve & Junon, Mars & Venus , Qui jouent de fi grands rôles dans l’Iliade & dans l’Énéide, ne fe- roient aujourd’hui dans un poëme épique que des noms fans réalité , auxquels le ledeur n’attacheroit aucune idée diftinéte , parce qu'il eft né dans une re- ligion toute contraire , ou élevé dans des principes tout différens. « L’Iliade eft pleine de dieux & de # combats , dit M. de Voltaire dans fon effai fur La > poëfie épique; ces fujets plaifent naturellement aux » hommes : ils aiment ce qui leur paroït terrible, ils » font comme les enfans qui écoutent avidement ces * contes de forciers qui les effraient. Il y a des fables * pour tout âge; 1l n’y a point de nation qui n'ait eu » les fiennes ». Voilà fans doute une des caufes du plaïfir que caufe le merveilleux ; mais pour le faire adopter, tout dépend du choix, de lufage & de l’ap- plication que le poëte fera des idées reçues dans fon fiecle & dans fa nation, pour imaginer ces fidions qui frappent , qui étonnent & qui plaifent ; ce qui fuppofe également que ce merveilleux ne doit point choquer la vraiffemblance. Des exemples vontéclair- | cir Ceci: qu'Homere dans l’'Iliade fafle parler des chevaux , qu'il attribue à des trépiés & à des fta- tues d’or la vertu de fe mouvoir ; & de fe rendre toutes feules À l’affemblée des dieux ; que dans Vir- gile des monftres hideux & dégoutans viennent cor- Tome X, MER 393 rompre les mets de la troupe d’Enée ; que dans Mil- ton les anges rebelles s’amufent à bâtir un palais ima ginaire dans le moment qu'ils doivent être unique- ment occupés de leur vengeance ; que le Taffe ima- gine Un perroquet chantant des chanfons de fa pro- pre compoñfition : tous ces traits ne font pas aflez nobles pour l'épopée, où forment du fublime extra- vagant. Mais que Mars bleffé jette un eri pareil à ce- lui d’une armée; que Jupiter par le mouvement de fes fourcils ébranle l’Olympe ; que Neptune & les Tritons dégagent eux-mêmes les vaifleaux d’Ence enfablés dans les fyrtes ; ce merveilleux paroît plus fage & tranfporte les le&eurs, De-là il s'enfuit que pour juger de la convenance du merveilleux , il faut fe tranfporter en efprit dans les tems où les Poëtes ont écrit, époufer pour un moment les idées , les mœurs , les fentimens des peuples pour lefquels ils ont écrit. Le merveilleux d'Homere & de Virgile con- fidéré de ce point de vue fera toujours admirable « fi l’on s’en écarte il devient fanx & abfurde; ce font des beautés que l’on peut nommer beaurés locales, Il en eft d’autres qui font de tous les pays & de tous les tems. Ainfi dans la Lufiade , lorfque la flotte potr- tugaife commandée par Vafco de Gama, eft prête à doubler Le cap de Bonne-Efpérance , appellé alors le Promontoire des Tempétes, on apperçoit tout-A-cou un perfonnage formidable qui s’éleve du fond de la mer ; fa têre touche aux nues ; les tempêtes, les vents, les tonnerres font autour de lui ; fes bras s’é- tendent fur la furface des eaux. Ce monftre on ce dieu eft le gardien de cet océan, dont aucun vaif- feau n’avoit encore fendu les flots. Il menace la flotte , il {e plaint de l’audace des Portugais qui vien nent lui difputer l'empire de ces mers ; il leur an- nonce toutes les calamités qu'ils doivent efluyer dans leur entreprife. Il étoit difficile d’en mieux allé. gorier la difficulté, & cela eft grand en tout tems & En tout pays fans doute. M. de Voltaire, de qui nous émpruntons cette remarque, nous fournira lui-même un exemple de ces fiions grandes & nobles qui doi- vent plaire à toutes les nations & dans tous les fie cles. Dans le feptieme chant de fn poëme, faint Louis tranfporte Henri IV. en efprit au ciel & aux enfers ; enfin il introduit dans le palais des deftins, & lui fait voir fa poftérité & les grands hommes que la France doit produire. Il lui trace les caraûeres de ces héros d’une maniere courte > Vraie, & très-inté= reffante pour notre nation. Virgile avoit fait la mê- me sure ë& c'eft ce qui prouve qu'il y a une forte de merveilleux capable de faire par-tout & en tout tems les mêmes impreflions. Or à cet égardilyaune, forte de goût univerfel, que le poëte doit connoître & confulter. Les fitions & les allégories , qui font les parties du fyftème merveilleux ,ne fauroient plaire a des lééteurs éclairés, qu’autant qu’elles font prifes dans la nature, foutenues avec vraiflemblance &c juftefle , enfin conformes aux idées reçues ; car fi, felon M. Defpréaux, il eft des occafions où | Le vrai peur quelquefois r’étre pas vraiflemblable ; à combien plus forte raifon > une fiétion pourra-t- elle ne l’être pas, à moins qu'elle ne foit imaginée & conduite avec tant d'art, que le leéteur fans fe dé- fier de lillufion qu’on lui fait, s’y livre au contraire. avec plaifir & facilite l’imprefhion qu’il en reçoità Quoique Milton foit tombé À cet épard dansdes fautes grofheres & inexcufables, il finit néanmoins fon POË= me par une fition admirable. L’ange qui vient par l’ordre de Dieu pour chaffer Adam du Paradis ter- reftre, conduit cet infortuné fur une haute monta gne : là l'avenir fe peint aux yeux d'Adam ; le pre= mier objet qui frappe fa vue , eft un homme d’une douceur qui le touche , fur lequel fond un autre homme féroce quilemaflacre, Adam comprend alors dd 394 MER ce que c’eft que la mort. Il s’informe quifontices per- {onnes , l’ange lui répond que.ce font fes fils. C’eft ainf que l’ange met en aétion fous les yeux mêmes d'Adam , toutes les fuites de fon crime & les mal- heurs de fa poftérité,, dont le fimple récit n’auroit pû être que très-froid. ) Quant aux êtres perfonnifiés, quoique Boileau femble dire qu’on peut les employer tons indifié- remment dans l'épopée , La pour nous enchanter tout ef} mis en ufage, Tout prend'un corps ,ne ame un efprit , un vifage. il n’eft pas moins certain qu'il y a dans cette feconde branche du rerveilleux | une certaine difcrétion à garder & des convenances à obferver comme dans la premiere. Toutes les idées abftraites ne font pas propres à cette métamorphofe. Le péché par exem- ple, qui n’eft qu'un être moral , fait un perfonnage un peu forcé entre la mort & le diable dans un épi- {ode de Milton, admirable pour la jufteffe, &t toute- fois désoutant pour Les peintures de détail. Une re- gle qu’on pourroit propofer fur cet article, ce feroit de ne jamais entrelacer des êtres réels ayec des êires moraux ou métaphyfiques; parce que de deux chofes l’une , ou l’allésorie domine & fait prendre les êtres phyfiqués pour des perfonnages imaginaires, ou elle de dément &/ devient un compofé bifarre de figures & de réalités qui fe détruifent mutuellement. En ef- fet, fi dans Milton la mort & le péché prépofés à la garde des enfers & peints comme des monftres , fai- {oient une fcene avec quelque être fuppofé de leur efpece , la faute paroîtroit moins, ou peut-être n’y en auroit-il pas ; mais on les fait parler, agir, 1e préparer au combat vis-à-vis de fatan , que dans tout le cours du poëme , on regarde & avec fondement, comme un être phyfique &z réel. L’efprit du ieéteur ne bouleverfe pas fi afément les idées reçues, & ne fe prête point au changement que le poëte imagine & veut introduire dans la nature des chofes qu'il lui préfente, fur-tout lorfqu’il apperçoit entre elles un contrafte marqué : à quoi il faut ajonter qu'il en eff de certaines paflions comme de certaines fables, toutes ne font pas propres à être allégoriées ; il n’y a peut-être que les grandes pañfñons , celles dont les mouvemens font très-vife & les effets bien marqués, qui puiffent jouer un perfonnage avec fuccès. 2° L'intervention des dieux étant une des grandes machines du werveilleux, les poëtes épiques n’ont pas manqué d’en faire ufage, avec cette différence que les anciens n’ont fait agir dans leurs poëfies que les divinités connues dans leur tems &c dans leur pays, dont le culte étoit au-moins affez généralement établi dans le paganifme, & non des divinités in- connues ou étrangeres, ou qu'ils auroient regardé comine fauffement honorées de ce titre : au-lieu que les modernes perfuadés de l’abfurdité du paganifme, n’ont pas laïflé que d’en aflocier les dieux dans leurs poëmes, au vrai Dieu. Homere & Virgile ont admis Jupiter, Mars & Vénus, &c, Maisils n’ont fait aucune mention d'Orus, d'Ifis, & d’'Ofris, dont le culte n’étoit point établi dans la Grece n1 dans Rome, quoique leurs noms n’y fuflent pas inconnus. N’eft- il pas étonnant après cela de voir le Camouens faire rencontrer en même tems dans fon poëme Jefus- Chrift & Vénus, Bacchus & la Vierge Marie? faint Didier, dans fon poëme de Clovis, reffufciter tous les noms des divinités du paganifme, leur faire exci- ter des tempêtes, & former mille autres obftacles à la converfion de ce prince? Le Tafle à eu de même . ’inadvertance de donner aux diables , qui jouent un grand rôle dans la Jérufalem délivrée, les noms de Pluton & d’Alecton. « Il eft étrange, dit à ce fujet » M. de Voltaire dans fon Æffai fur la poëlie épique, # que la plüpart des poëtes modernes foient tombés » dans cette faute. On diroit que nosdiables & notre » enfer chrétien auroient quelque chofe de bas 6c » de ridicule , qui demanderoit d’être ennobli par » l’idée de enfer payen. Il eft vrai que Pluton, Pro- » ferpine , Rhadamante, Tifiphone , font des noms » plus agréables que Belzebut & Aftaroth: nous » rions du mot de Sable , nous refpettons celui de » furie», On peut encore alleguer en faveur de ces anteurs, qu’accoûtumés à voir ces noms dans les anciens poëtes ; ils ont infenfiblement & fans y faire trop d'attention, contraété l'habitude de les employer comme des termes connus dans la fable, & plus harmonieux pour la verification que d’autres qu'on y pourroit fubftituer. Raïfon frivole, car les poëtes payens atrachoient aux noms de leurs divinités quel- que idée de puiflance , de grandeur , de bonté rela- tive aux befoins des hommes : or un poëte chrétien, n’y pourroit attacher les mêmes idées fans impiété, il faut donc conclure que dans fa bouche le nom de Mars, d’Apollon, de Neptune ne fignifient rien de réel & d’effedif. Or qu'y a-t:1l de plus indigne d’un homme fenfé que d'employer ainfi de vains fons, êe fouvent de les mêler à des termes par lefquels il exprime les objets les plus refpeétables de la reli- gion ? Perfonne n’a donné dans cet excès aufli ridi- culement que Sannazar, qui dans fon poëme de partu Virginis, laifle l'empire des enfers à Pluton, auquel il affocie les Furies , les Gorgones &t Cerbe- re, &c. Il compare les îles de Crete & de Delos, célebres dans la fable, l’une par la naiffance de Ju- piter, l’autre par celle d’Apollon & de Diane, avec Bethléem , & il invoque Apollon & les Mufes, dans, un poëme deftiné à célébrer la naïffance de Jefus- Chriit: La décadence de la Mythologie entraîne néceffai- rement l’exclufon de cette forte de rerveilleux dans les poëmes modernes. Mais à fon défaut, demande- t-on, m’eft-il pas permis d’y introduire les anges; les faints, les démons, d’y mêler même certaines traditions ou fabuleufes ou fufpeétes, mais pourtant communément reçues ? Ileft vrai que tout le poëme de Milton eft plein de démons & d’anges; mais aufli fon fujet eft umi-, que, &ilparoit difiicile d’aflorrir à d’autres le même merveilleux, « Les Italiens, dit M. de Voltaire, s’ac- » commodent affez des faints, & les. Anglois ont » donné beaucoup de réputation au diable; mais » des idées qui feroient fublimes pour eux ne nous »paroîtroient qu'extravagantes. On fe. moqueroit » également, ajoûte-t-1l, d’un auteur qui emploie- » roit les dieux du paganifme, & de celui qui fe fer- » viroit de nos faints, Vénus & Junon doivent refter: » dans les anciens poëmes grecs & latins. Sainte: » Génevieve , faint Denis, faint Roch, & fait. » Chriftophle, ne doivent fe trouver ailleurs que. » dans notre légende ». » Quant aux anciennes traditions, 1l penfe que » nous permettrions à un auteur françois qui pren- » droit Clovis pour fon héros, de parler de la fainte, » ampoule qu’un pigeon apporta du ciel dans la ville, » de Rheims pour oindre le Roi, & qui fe conferve. » encore avec foi dans cette ville ; & qu’un Anglois, » qui chanteroit le roi Arthur auroit la hberté de » parler de l’enchanteur Merlin....... Après tout, » ajoute-t-1l, quelque excufable qu’on füt de mettre » en œuvre de pareilles hiftoires, Je penfe qu'il vau- » droit mieux les rejetter entierement: un feul lec-. » teur fenfé que ces faits rebutent, méritant plus, » d’être ménagé qu'un vulgaire ignorant qui les, » CrOit ». . Ces idées, comme on voit, rédiufent à très-peu de chofes les privileges des poëtes modernes, par. rapport au werveilleux, &ne leur laiffent plus, poux ainfi dire , que la libérté de ces fictions où l’on per- fonnifie des êtres : auffi eft-ce la route que M, de Voltaire a fuivie dans fa Hénriade, où il introduit à Ja vérité fait Louis comme le pere & le proteéteur des Bourbons , mais rarement & de loin-à-loin ; du- refte ce font la Difcorde, la Politique, le Fanatifme, l'Amour, 6c. perfonmfiés qui agiflent, interyien- nent, forment les obftacles , & c’eft peut-être ce qui a donné lieu à quelques critiques, de dire que la Henriade étoit dénuée de f@tions , & reffembloit plus à une hiftoire qu’à un poëme épique. Le dernier commentateur de Boileau remarque, que la pocñe eft un att d’illufion qui nous préfente des chofes imaginées comme réelles: quiconque, ajoute-t-1l, voudra réflechir fur fa propre expé- rience fe convaincra fans peine que ces chofës ima- ginées ne peuvent faire fur nous l’impreffion de la réalité, & que lillufion née peut être complette qu'autant que la poéfie fe renferme dans la créance commune & dans les opinions nationales : c’eft ce qu'Homere a penfé ; c’eft pour cela qu'il a tiré du fond de la créance & des opinions répandues chez les Grecs, tout le merveilleux, tout le furnaturel, toutes les machines de fes poëmes. L'auteur du livre de Job, écrivant pour les Hébreux, prend fes ma- chines dans le fond! de leur créance: les Arabes ; ‘les Turcs, les Perfans en ufent de même dans leurs ouvrages de fiction ;, 1ls empruntent leurs machines de la créance mahométane & des opinions commu- nes aux différens peuples du levant. En conféquence on ne fauroit douter qu’il ne fallût puifer Le merveil- lrux de nos poëmes dans le fond même de notre re- lgion, sl n’étoit pas inconteftable que, De la foi d’un chrétien les myfferes terribles D'ornemens égayés ne font point [ufceptibles. Boileau, rs poër. C’eft la réflexion que le Tafle & tous fes imita- teurs n’avoient pas faite. Et dans une autre remar- que 1l dit:que les merveilles que Dieu a faites dans tous les tems conviennent très-bien à la poëfie la plus élevée, & cite en preuveles cantiquesde l’Ecri- ture fainte & les pfeaumes. Pour les ions vraiffern- blables , ajoute - t-il, qu’on imagineroit à limitation des merveilles que la religion nous offre À croire , je doute que nous autres François nous en accommo- dions jamaïs : peut-être même n’aurons-nous jamais de poëme épique capable d’enlever tous nos fufra- ges ; à-moins qu’on ne fe borne à faire agir les diffé- rentes pafons humaines. Quelque chofe que l’on dife, lé merveilleux weft point fait pour nous, & nous n’en voudrons jamais que dans des fujets tirés de lEcriture-fainte, encore ne fera-ce qu’à condition qu'on ne nous donnera point d’autres werveilles que celles qu’elle décrit. En vain fe fonderoit-t-on dans les fujets profanes fur le merveilleux admis dans nos Opera : qu'on le dépouille de tout ce qui l’accompa- gne, J'ofe répondre qu'il ne nous amufera pas une minute. | Ce n'eft donc plus dans la poéfie moderne qu'il faut chercher le zerveilleux , il y feroit déplacé, & celui feul qu’on y peut admettre réduit aux paflions humaines perfonnifées , eft plûtôt une allégorie qu'un merverlleux proprement dit. Princip. fur La lec- ture des Poëtes, som. IT, Voltaire, Æ ffai fur La poëfee épi- que, œuvres de M. Boileau Defpréaux, nouvelle édir. par M. de Saint -Marc, rom. II. MERVEROND , ( Géog. ) ville de Perfe, fituée dans un très-bon terroir. Selon Tavernier , les géo- graphes du pays la mettent à 884, 40/, de long, & à 34%. 30°. de Zar, (D.J.) MER VILLE , ( Géog.) petite ville de la Flandres françoife, fur la Lys, à 3 lieues de Caffel, Elle ap- Tome X, NE Es 395 partient à la France depuis 1677. Long, 20. 18. lar, 50.38. MERUVWE , ( Géogr.) on nomme ainf cette par- tie de la Meufe, qui coule depuis Goreum jufqu'à la mer, & qui pañle devant Dordrecht, Rotterdam, Schiedam, & la Brille. On appelle vieille Meufe, le bras de cette riviere qui coule depuis Dordrecht, entre l’ile d'Yffelmonde, celle de Beyerland, & celle de Putten , & fe joint à l’antre un peu au-deflous de Viaerdingen, (D.J.) - MERY - SUR-SEINE, ( Géog. ) petite ville de France dans la Champagne, à ÿ lieues au-deffous de Troyes. Il y a un bailliage royal, & un prieuré de Pordre de $, Benoît. Long, 21,40. lat, 49, 13. MERYCOLOGIE, er Anatomie, traité des glandes conglomérées ; ce mot eft compofé du grec epupe , Peloton, BE Xoyra , traité ; parce que les glandes con- glomérées refflemblent à des pelotons : nous avons un livre 2-49, de Peyer, imprimé en 1685 , fous le titre de Mirecologia, . MES- AIR, ( Maréchal, aïr de manege qui tient du terre-à-terre & de la courbette. Voyez TERRE-À- TERRE & COURBETTE. MESANGE , MESANGE-NONETTE, ff. (Æfe. nat. Ichtiolog.) fringillago, feu parus major , oifeau qui eft preique de la grandeur du pinfon, à peine pefe-t-1l une once ; il a fix pouces & demi de lon- gueur depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue : envergure eft de huit pouces trois lignes ; fon bec eft droit, noir, long d’un demi pouce, & de médiocre épaifleur; les deux parties du bec font d'égale longueur; la langue eft large & terminée par quatre filamens : Les pattes font de couleur livide ou bleue ; le doigt extérieur tient par le bas au doigt du milieu ; la tête & le menton font noirs : il y a de chaque côté au - deflous des yeux une large bande Ou une grande tache blanche qui s'étend en arriere & fur les machoïres ; cette tache blanche eft entou- rée par une bande noire; il y a fur le derriere de la tête une autre tache blanche qui eft au - deffous de la couleur noire de la tête, & au- deflus de la cou- leur jaune du cou: les épaules , le cou, & le milieu _du dos font verdâtres on d’un verd jaunâtre ; le croupion eft de couleur bleuâtre; la poitrine & le ventre font jaunes , & le bas-ventre eft blanc. Il ya une bande ou un trait noir qui va depuis la gorge jufqu’à anus , en paflant fur le milieu de la poitrine ë& du ventre. Les grandes plumes de l’aîle font bru- nes, à l'exception des bords qui font blancs, où en partie blancs & en partie bleus. Les bords exté- rieurs des trois plumes les plus prochaines du corps font de couleur verdâtre; le prenner rang des peti- tes plumes de l'aile qui recouvrent les grandes & qui font fur la partie de Paile qui correfpond à notre avant-bras ont leurs extrémités blanches, ce qui forme une ligne tran{verfale blanche fur l'aile, les plumes des autres rangs font bleuâtres. La queue a environ deux pouces & demi de longueur, elle eft compofée de douze plumes qui ont toutes, à l’excep- tion des extérieures , les barbes externes de couleur cendrée ou bleue, & les barbes intérieures de cou- leur noïrâtre, la plume extérieure de chaque côté a les barbes externes & la pointe de couleur blan- che , la queue ne paroît pas fourchue , même quand elle ef pliée ; il y a dix-huit grandes plumes dans chaque aile, outre la premiere qui eft fort courte. Willughby , voyez OisEAU. MESANGE BLEUE, parus ceruleus , oïfeau qui a le deflus de la tête de couleur bleue ; ce fommet. bleu eft entouré d’un petit cercle blanc fait en for- me de guirlande ;-au.deffous de ce cercle on en voit un autre de différentes couleurs qui entoure la gorge ët le derriere de la tête, il eft bleu par derriere & noir par devant ; il y a de chaque côté de la tête D dd ; 396 MES une large marque blanche traverfée par une petite bande noire qui commence à la racine du bec, qui pañle fur les yeux ,& qui fe termine en arrivant au fecond cercle noir, Ces deux taches blanches fe réu- niflent fur le bec; elles .9nt féparées en-deffons à l'endroit du menton qui eft noir. Le dos eft d’un verd jaunâtre, les côtés, la poitrine, le ventre font de couleur jaune, à Pexception d’une bande de cou- leur blanchâtre qui pafle fur Le milieu de la poitri- ne, & qui fe termine à l'anus. Le mâle a le deflus de la tête d’un bleu plus foncé, cette couleur eft plus pâle dans Îa femelle & dans les jeunes mâles, La pointe des plumes de Paîle qui font les plus pro- chaines du corps, éft blanche, & les bords extérieurs des. premieres font blancs environ depuis le milieu juiqu'au-deffus. Les petites plumes de l'aile qui re- couvrent les grandes font bleues, & ont la pointe blanche, ce qui forme une ligne tranfverfale fur l'aile. La queue a deux pouces de longueur, elle eft de couleur bleue, à l'exception des bords de la plu- me extérieure de chaque côté qui font blanchätres. Le bec eft court, fort & pointu : fa couleur eft d’un brun noirâtre; la langue eft large & terminée par quatre filamens ; les piés font de couleur livide; le doigt de derriere tient au doigt du milieu à fa naïf fance. Cet oïfeau pefe trois gros. Îl à enyiron quatre pouces deux lignes de longueur depuis la pointe du bec. jufqu’à l’extrémité de la queue, &c trois pouces huit lignes jufqu’au bout des ongles. L’envergeure eft de fept pouces quatre lignes. Îl y a dix-huit-gran- des plumes dans chaque aîle, outre l’extérieure qui eft très- courte. La queue eft compofée de douze plumes. Willughby , voyez OISEAU. MESANGE DES BOIS, parus ater Gefneri, oïfeau qui a fur le derriere de la tête une tache blanche , le refte de la tête eft noir; le dos a une couleur cen- drée mêlée de verd, & le croupion eft verdâtre ; les aîles & la queue font brunes ; le bec eft droit, ar- rondi & noir ; les pattes, les piés &c les ongles ont une couleur bleuâtre. La mefange des bois eft la plus petite de toutes les mefanges, elle ne pele que deux gros ; elle a environ quatre pouces de longueur de- puis la pointe du bec juiqu'à l'extrémité de la queue, & fix pouces & demi d'envergure. I ya dix-huit grandes plumes dans chaque aile, & douze dans la queue , dont la longueur eft d’un pouce trois quarts. Willughby, Orzir. Albin a donné à cet oifeau le nom de mefange des bois, parce qu'on le trouve beaucoup plus communément dans les forêts &c dans les jeunes taillisque par-toutailleurs. Voyez OISEAU. MESANGE HUPPÉE, parus criféatus, Ald. oifeau qui a le bec court, un peu gros, & de couleur noiï- râtre ; la langue eft large êc divifée en quatre fila- mens, les piés font de couleur livide, Les plumes du deflus de latête fontnoires & ont les bords blancs ; la huppe s’éleve prefqu’à la hauteur d’un pouce. Une bande noire qui commence derriere la tête entoure le cou comme un collier ; il y a une tache noire qui s'étend depuis la machoire inférieure jufqu’au col- lier, & une bande blanche qui eff contigué au collier & au menton; on voit auf au-delà des oreilles une tache ou ligne noire. Le milieu de la poitrine eftblanc & les côtés font un peu roufsâtres. Les ailes & la queue ont une couleur brune, à Pexception des bords extérieurs qui font verdätres. Le dos eft d’un roux mêlé de verd. Cet oïfeau ne pefe que deux dragmes & demie il a quatre pouces fept lignes de longueur depuis l'extrémité du bec jufqu'au bout de la queue, & fept pouces huitlignes d’envergeure; les ailes ont chacune dix - huit grandes plumes; on en compte douze dans la queue, fa longueur eft de deux pouces. Le bec a un demi - pouce depuis la pointe jufqu’aux goins de la bouche. Wil/ughby, voyez OISEAU, MES MESANGE DE MARAIS, parus paluffris Gefneru Cet oïfeau a la tête noire, les mâchoires blanches, le dos verdatre &c les piés de couleur livide. Il dif- fere de la refange des bois , 1°. parce qu'il eft plus gros; 2°. parce qu'il a la queue plus grande; 3°. parce qu'il n'a pas de tache blanche derriere la té- te; 4°. parce qu'il eft plus blanc par-deffous ; 5°. parce quila moins de noir fous le menton ; & enfin parce qu'il n'a point du tout de blanc à la pointe des petites plumes des ailes qui recouvrent les grandes. I pee plus de trois gros ; il a quatre pouces & demi depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité des ongles, L'envergeure eft de huit pouces. Le nombre des grandes plumes des aîles & de la queue eft le même que dans tous les petits oïfeaux. Sa queue eff longue de plus de deux pouces, &r elle eft compo- fée de douze plumes de même longueur. Il y a dans les ailes dix-hinut grandes plumes, fans compter la. premiere à l'extérieur qui eft très-petite, felon Gel- ner. Le dos eft roux tirant fur le cendré. W/ughby. Voyez OISEAU. MESANGE À LONGUE QUEUE, parus caudatus Ald. oïfeau qui a le deffus de la tète de coulent blanche ; il y a une bande noire qui s’étend depuis le bec jufque derriere la tête, en paflant au-deflus des yeux : les mâchoires & la gorge font blanches, la poitrine eft de couleur blanche mélée de brun, le ventre &c les côtes font couleur de châtaigne pà= le, le dos & le croupion ont quelque teinte de cette même couleur, mais elle eft mélée de noir. Les grandes plumes des aîles font d’ua brun obf- cur ; les bords externes des plumes intérieures font blancs. La ftruéture finguliere de la queue de ce pe- tit oïfeau , le diftingue de tous les autres, de quel- que genre qu'ils forent. Les plumes extérieures font les plus courtes , les autres qui fuivent font de plus en plus longues, jufqu'à celles du milieu qui font beaucoup plus grandes ; le bout & le milieu de la plume extérieure, de chaque côté, eft comme dans la pie à longue queue, de couleur blanche feu- lement du côté extérieur du tuyau ; dans celles qui fuivent il y a moins de blanc ; les troifiemes n’ont que la pointe blanche, &r les autres font tout-à-fait noires. Le bec eft court, fort & noir ; la langue eft far- ge, fourchue & découpée en filamens; les yeux {ont plus grands que dans les autres petits oïfeaux, l'iris eft de couleur de noïfette , les poils de la pau- piere font de couleur jaunâtre ; les narines font couvertes de petites plumes, les pattes font noirä- tres, &c les ongles noirs; celui du doigt de derriere et plus grand , comme dans prefque tous les petits oifeaux. | Cet oifeau refte plus dans les jardins que fur les montagnes ; il fait fon nid comme Îe roitelet, &c même ayec plus d'art; 1l eft voûté par le haut; il n’eft ouvert que par un petit trou à l’un des côtés, qui fert de pañlage à l’oifeau : les œufs &c les petits font garantis par ce moyen de toutes les injures de l'air, du vent, de la pluie & du froid ; & pour qu'ils foient couchés plus moilement , ce nid eff garni en- dedans avec des plumes & de la laine; les dehors font revêtus de moufle & de laine entrelacées en- femble. La femelle fait 10 ou 12 œufs dune feule ponte. Willughby. Voyez OISEAU. MÉSARAIQUES , VAISSEAUX , (Aner. ) Méfa- raiques , dans un fens général, font les mêmes que les méfenteriques. Voyez MÉSENTERIQUES. Dans l’ufage ordinaire, wéferaïques fe dit plus fou- vent des veines du mefentere, & méfenteriques des arteres. MESAR ÆUM > JASapæloy » €TE Anatomie , eft la même chofe que mefentere. Voyez MESENTERE. MESARÆUM, fe dit aufñi dans un fens plus Li- M'ES “té d'une partie du mefentere, qui eft attachée aux menus inteftins. La partie du mefentere qui eft attachée aux gros inteftins ,; fe nomme wcfocolon. Voyez MESso- COLON. | | : MESCAL, f. m. (Com.) petit poids de Perte, qui fait environ la centieme partie d’une livre de France de feize onces; c’eff le demi dethem ou demi dragme des Perfans. Trois cent dethems ou fix cent melcals , font le batman de Tauris, qui pefe cinq li- vres quatorze ofces de France, Foyez BATMAN, Dilion, de Com, tom. LIL. pag. 362. MESCHED , (Géog.) ville confidérable de Per- fe, dans le Korafan, à 20 lieues de Nichapour, Elle eft enceinte de plufieurs tours, & fameufe par le fépulere d’Iman Rifa, de la famille d’Aly, lun des douze faints de Perfe ; c’eft dans une montagne près de Me/thed, qu'on trouve les plus belles tur- quoifes. Les tables géographiques de Nafir-Edden nomment cette ville Thus , & la placent à 92. 30. de long, & à 37. o. de ar. (D, J.) … MESE, 1. £ eft dans l'ancienne mufique, le nom de la corde la plus aiguë du fecond tétracorde. Voyez MEsON. Mefe fignifie moyenne, & ce nom fut donné à cette corde , non pas, comme dit Broflard , par- ce qu'elle eft mitoyenne & commune entre les deux ottayes de l’ancien fyftème, carelle portoit ce nom bien avant que le fyftème eût acquis certe érendue; mais parce qu'elle formoit précifément le milieu entre les deux premiers tétracordes dont ce fyftème avoit d'abord été compolé, (S) MESE, (Géog. anc.) île de la mer Méditerranée fur la côte de la Gaule. Pine Lib, JIL, cap. v. la furnomme Pomporiana. C’eft l’île de Portecroz, l’u- ne desiles d'Hieres, (D.J.) | MESENTERE, {. m. ez Anatomie, c’eft un corps gras & membraneux ; ainf appellé parce qu'il eft fitué au milieu des inteitins, qu'il attache les uns aux autres. Voyez INTESTINS. Ce mot vient du gTEC yaesoc, MOYEN , ÊT evrepoy, intefliri, Le mefentere eft prelque d'une figure circulaire, avec une produétion étroite à laquelle la fin du colon &t le commencement du redum , font attachés. [l a environquatre doiots & demi de diametre, Sa circon- ference, qui ef pleine de replis, eft d'environ trois aunes. Les inteitins font attachés comme un bord à cette circonférence du weféntere, & ce bord eft d'environ trois pouces de large, Voyez INTESTINS. Le mefènrere eft lui-même fortement attaché aux trois premieres vertebres des lombes. 11 eft com- poié de trois lames ; linterne, fur laquelle font pla- cées les glandes & la graifle, les veines & les arte- res, & la membrane propre. Les deux autres, qui couvrent chaque côté de la membrane propre, Viennent du péritoine. Entre ces deux lames exter- nes du mefentere fe trouvent les branches de l’artere mefentérique fupérieure & inférieure, qui portent le {ang aux inteftins ; & les veines mefaraiques , qui font des branches de la veine porte, fourniffentle fang au foye. [ci les groffes branches des arteres & des vei- nes commumauent enfemble, & vont direîement aux inteflins, où étant accompagnées des nerfs qui viennent du plexusmefentérique, elles fe divifent en une infinité de petites branches extrémement fines, qui fe répandent fur les tuniques des inteftins. Les veines ladtées & les vaifleaux lymphatiques vont de même fur le mefentere, qui ef garni de plufieurs glandes conglobées, dont la plus confidérable ef au milieu du wefentere , &c fe nomme pancreas d’ Afil- lus. Ces glandes reçoivent des veines la@ées la lymphe & le chyle. Voyez PANcREAS & LACTÉE. On a divilé ordinairement le mefénrere en deux parties, favoir le me/areum & le mefocolon ; le pre- mer appartenant aux inteftins gréles, & le {econd MES 397 aux gtos inteflins : mais cette divihon n’eft pas fort importante. L’ufage du rrefenrere eft premierement, de rafmafs fer les inteftins dans un petit efpace, afin que les vaïfleaux qui portent le chyle aient peu de chemin à faire jufqu'au réfervoir commun: fecondement ; de mettre à couvert ces vaifleaux & les vaifleaux fanguins : troifiemement , d’attacher & difpofer tel: lement les inteflins, qu'ils ne puifient s’embarraffer les uns dans les autres, ce qui empêcheroit leu mouvement périftaltique. | MESENTERIQUE , (Anar.) fe dit d’un plexus ou réfeau de nerfs, qui eft formé par les branches où ramifcations de la huitieme paire. Le grand ple- xuS refencerique eft formé par la concurrence des branches'de plufieurs autres plexus, & envoie des filets de nerfs, quife difiribuent dans tout le mefen- tere ; & s'entortillant diverfement autour des vaif= feaux mefaraiques, les accompagnent Jufqu’aux in teftins. Voyez PLEXUS. MESENTERIQUES o# MESARAÏQUES, fe dit de deux artères qui viennent de l'aorte defcendante ; & vont au mefentere. L'une, eft la mefenrerique fupérieure , qui fe diftri- bue à la partie fupérieure du mefentere ; & l’autre, la mefenterique inférieure, qui fe diftribue à la par: tie inférieure. Voyez nos PL, d'Anat. & leur explic. voyez auffi ARTERE. Il y a aufli une meféniérique, compofée d’une in- finité d’autres veines qui viennent du mefentere, laquelle avec la veine fplenique , qui vient du foie, forme la veirze-portê, Les Anatomiftes reconnoiflént auf un nerf re- Jèntérique qui vient.de lintercoftal , & envoie plu: fieurs branches au mefentere., Voyez NERF. Orphalo-MESENTERIQUE. Foyez OMPHALo- Mefenterique. MESEREON , (Mar: med.) ou bois gentil ; ef- pece de thymelée abfolument femblable, quant anx propriétés médicinales ; à une autre efpece de thy= melée, appellée communément garou, Voyez Gas ROU, MES - ESTIMER , v. a@. (Com.) dans le com- merce , c’eft méprifer une marchandife, en faire peu de cas. MESFAIT , f. f. (Jurifprud.) terme ufité dans les procedures criminelles pour exprimer toute forte de délit. (4) | | MESNIE ox MESGNIE, £. f. ( Jurifp. famille ; parenté. Terme ufité dans les anciennes ordonnan- ces, pour défigner les gens d’une même maïfon, comme femme, enfans ou ferviteurs. MESICA , ( Æifl. rar. Botan. ) arbre d'Afrique ; fort commun dans le royaume de Congo, qui eft de la grandeur d’un noyer, & dont le bois donne une refine ou gomme que l’on emploie dans les ufages medicinaux. pis : MESOCHONDRIAQUES ,-en Anatomie , c’eft ainfi que Boërhaave dans fon commentaire , appelle les fibres longitudinales & tranfverfes qui uniffent les cartilages de la trachée artère, Woyez cer arricle, MESOCOLON , f. m. ez Anatomie, eff la partie du mefentere qui eft attachée aux gros inteftins , & particulierement au colon, voyez MesentTere. Le mefocolon eft fitué au milieu du colon , auquelileft attaché ; {a partie inférieure l’eft à une portion du rectum. MÉSOCORE, (Ang. Greg. & Rom.) Les méfo- cores, puesowopr, étoient chez les Grecs les muficiens qui préfidorent dans les concerts , & qui en dirire gcoient la mefure en la battant avec leurs piés 35 € eft pour cela qu'ils avoient des efpeces de patins de es , crupezia, afnqu'ils puflent être miéux enten- us, 398 MES Le mefocora, mefocorus ; chez les Romains étoit celui qui dans les jeux publics, donnoit le fignal à- propos pour les acclamations, afin que tout Le nionde battit à la fois des mains. Il ne faut pas confondre le r2e/ocore avec le mefo- cures pelonepos ; Ce dernier mot defgnoit une aëétrice de tragédie , qui avoit la moitié de la tête rafée. DES, | en ( Comm.) faire des offres dérai- fonnables , & bien au-deflous du prix que vaut une marchandife. Diéionn. de commerce. MESOIDES, ez Mufique, {ons moyens. Voyez LEpPsis. MESOLABE, {. m. ( Géom. ) inftrument mathé- matique, inventé parles anciens pour trouver mé- chaniquement deux moyennes proportiorinelles ; 1l eit compofé de trois parallélogrammes qui fe meu- vent dans une rainure , & fe coupent en certains points. Eutoaus en donne la figure dans fon com- mentaire fur Archimede. Voyez les articles D'upzi- GATION & MOYENNE PROPORTIONNELLE. MESOLOGARITHME , {. m. ( 4richm. ) Kepler s’eft fervi de ce terme , pour exprimer les logarith- mes des co-finus , & des co-tangentes ; mais Neper appelle eztilogarithmes les logarithmes des co-finus , êt logarithmes differentiels , differentiales , les loga- rithmes des co-tangentes ; ces expreffions ne font _plus ufitées. MESON , adj. eft dans la mufique des Grecs, le nom du fecond de leurs tetracordes, en commen- çant au grave ; & c’eft auffi le nom par lequel on diftingue chacune de fes quatre cordes , de celles qui leur correfpondent dans les autres tetracordes. Ainf dans celui dont nous parlons , la premiere corde s’appelle kypate-mefon , la feconde parypate-mmefon , la troifieme Zichanos-mefon ou mefon diathonos , & la quatrieme refe. Voyez SYSTEME. Mefon eft le genitif plurier de l’adje@if jun , moyenne, parce que le tetracorde mefoz occupe le mieu, entre le premier & le troifieme ; ou plutôt, parce que la corde me/e donne fon nom à ce tetra- corde, dont elle forme l’extrémité aigue. (5) MÉSONYCTION , ( Livcerar. ) mot grec que les Latins traduifent par zzedia nox , le milieu de la nuit. Ce terme eft aflez rare,même dans les auteurs grecs, qui nous réftent. Anacréon s’en fert comme adjec- tif au commencement de fa jolie chanfon fur l’a-. mMOUr, en y ajoutant wpars MacovouTiois mod opeurs Vers le milieu de la nuit. Ii paroïît par M. du Cange, qu’on donna le nom de rnefonyüium dans le bas empire grec , à un des offi- ces de l’églife, qui fe récitoit vers le milieu de la nuit. Tel étoit chez les payens le pervigilium ordi- naire des facrifices ; il confiftoit proprement dans quelques prieres noéturnes, que Conftantin , au rap- port d’Eufebe, changea en celles que l’Eglife catho- lique appelle #arines , & qui font encore le #efonyc- tium de la plüpart des moines. (D. J.) MÉSOPOTAMIE , ( Géog. anc. ) Mefopotamia ; vafte contrée de l’Afie, renfermée entre le Tigre &z l’Euphrate ; le mot grec Mecomoraule , fignifie ur pays renfermé entre deux fleuves. Le Tigre, dit Stra- bon, borne la Mé/opotamie à l’orient, & l’'Euphra-, te à l'occident; au nord le mont Taurus la fépare de l'Armenie , & l’Euphrate lorfqu'il a pris fon cours vers l’orient, la baigne au midi. Les Hébreux appellerent cette contrée, Aram ou Aramafam , & elle eft fameufe dans écriture fainte, our avoir été la premiere demeure des hommes, avant & aprèsle déluge. Souvent l’Ecriture lui donne le nom de Méfopotamie [yrienne , parce qu’elle étoit occupée par les Araméens ou Syriens, M ES Nos hiftoriens ont divifé la Méfopotamie en di- vétfes provinces , qu’ils appellent la Mé/oporamie propre , l’Ofroëne, la Mygdonie, la Sophimène & l'Arabie Scénite. Les différentes puiflances qui poflederent des por- tions de la Méfoporamie | ont occafionné d’autres divifions de ce pays ; par exemple, après les expé- ditiôns de Lucullus & de Pompée , la partie qui joint l’Euphrate fut prefque toute occupée par les Romains , tandis que les Parthes pofledoient pref- que tout ce qui étoit du côté du Tigre. Enfin, com- me le fuccès des armes n’eft pas toujours le même, plufieurs empereurs de Rome furent depofledés de toutes les terres que leurs prédecefleurs avoient conquifes au-delà de l’Euphrate. Aujourd’hui, les arabes nomment 4ZGézirah, le pays renfermé entre le Tigre & l'Euphrate, & ils le divifent en quatre parties , qu'ils appellent diars Ou quartiers. Ces quatre quartiers font celui de Diar- bekr, nommé vulgairement Diarbek, qui donne fou- vent fon nom à toute la Méfopotamie. Le fecond eft Diar-Rabiat , le troifieme Diar-Rachat & le quatrie- me Diar-Mouffal. Les villes capitales de ces quatre cantons , font dans le premier quartier Amida , que les Turcs ap- pellent Carémis & Diarbek ; dans le fecond quartier, Nifibe ; dans le troifieme , Racah , que nos hiftoriens nomment Araüla ; &t dans le quatrieme quartier , la ville celebre de Mouffal où Moful. ( D.J.) MESOTHENAR , ez Anatomie, nom d’un muf- cle décrit fous le nom d’eni-chenar. Voyez ANTI- THENAR. MESPILEUS LAPIS , ( Hifl. rar.) nom donné par quelques naturaliftes à une efpece d’échiniftes ou d’ourfins petrifiés , à caufe de leur reflemblance avec la nefle. MESQUIN , ex Peinture, eft une forte de mau- vais goût, où tout eft chétif 8 amaigri, & où il re- gne un air de fechereffe qui ôte le caraétere & l’effer à tous les objets. On dit , les ouvrages de ce pein- tre font fecs , mefquins ; compoñtion zefquine , ca= ratere rmefquin , mefquinement deffiné. MESQUINERIE, f. f. (Morale.) dépenfe & épar- gne fordide ; en effet, ce vice oppofé à la béraliré paroît autant dans un avare, lorfquil donrie , que lorfqu’il épargne. Theophrafte a fait un tableau vi- vant des me/quins de la Grece ; il faut en tranfcrire ici quelques paflages. Cette efpece d’avarice, dit-il, eft dans les hom- mes une paflion de vouloir ménager les plus petites chofes , fans aucune fin honnête; c’eft dans cet ef- prit, que quelques-uns faifant l’effort de donner à manger , lorfqu’ils ne peuvent l’éviter , comptent pendant le repas , le nombre de fois que chacun des conviés demande à boire. Ce font eux encore dont la portion des prémices des viandes que l’on envoie fur l’autel de Diane, eft toujours la plus petite. Ils apprécient les chofes au-deflous de ce qu’elles va- lent , & de quelque bon marché qu’un autre en leur rendant compte , veuille fe prévaloir , ils lui fou- tiennent toujours qu’il a acheté trop cher. Implaca- bles à l'égard d’un valet qui aura laiflé tomber un pot de terre, ou caflé par malheur quelque vafe d'argile , ils lui déduifent cette perte fur fa nourri- ture. Ne prenez point l’habitude , difent-ils, à leurs femmes , de prèter votre fel, votre orge, votre fa- rine, ni même du cumin, de la marjolaine , & des gâteaux pour l’autel ; car ces petits détails ne laif- fent pas de monter à la fin d’une année à une groffe fomme. Ces fortes d’avares portent des habits qui leur font trop courts & trop étroits : ils fe déchauf- fent vers le milieu du jour pour épargner leurs fou- liers ; ils vont trouver les foulons pour leurrecom- mander de fe fervir de craye dans la laine qu’ils leur MES ont donnée à préparer, afin, difent-ils, que leur étoffe fe tache moins. … Plaure s’eft aufñ diverti à peindre dans le perfon- nage d'Euétion, un vieillard romain de la derniere mmefquinerte. On peut voir Les plaifans exemples qu’en alleguent deux cuifiniers , dans la piece intitulée 4w- lularia, aët. 1j. féen. 4. où l’un d’eux après quelques traits que l’autre lui en contoit , s’écrie : Edepol mortalem, parcè parcum ; predicas. Ce parcè parcus eft une expreflion énergique , qui peint à merveille ce que nous nommons un #7e/quin, mot vraiflemblablement tiré de l'italien zefchino, (2.7) | MESQUIS. On appelle fxzannes paf]es en mef- quis , celles qui ont été apprêtées avec du rédon au leu de tan. Voyez BAZANNE. MESQUITE , (Bor. exor.) arbre de l'Amérique, qui eft grand & gros comme un chêne , à feuilles plus petites & d’un verd moins foncé. Il produit une goufle femblable à celle de nos haricots , dans la- quelle on trouve trois ou quatre graines plus grofles que nos féverolles, On feche ce fruit, & l’on s’en {et à faire de l'encre, à nourrir les beftiaux &c quel- quefois les hommes , du-moins c’eft ce qu’on en dit dans le Journal de Trévoux, Novembre: 704, p.1976. MESSA , (Géog.) on l’appelloit autrefois Temefe, ancienne ville d'Afrique au royaume de Maroc, dans la province de Sus , au pié de l’atlas proche de l’océan, dans un terrein abondant en palmiers, à 16 lieues O. de Sus. Long, 8, 40. laris, 29. 20. (D. I.) MESSAGER , f. m. chez les anciens Romains étoit un officier de juftice , ce terme ne fignifoit ori- ginairement qu'un 7zeffager public ou un férviteur qui alloit avertir les fénateurs & les magiftrats des affemblées qui devoient fe tenir , & où leur préfence étoit néceflaire. Etcomme dans les premiers tems de l’empire ro- main la plüpart des magifirats vivoient à la cam- pagne, ét queces meffagers fe trouvoient continuel- lementenroute, on les appelloit voyageurs, de vié, grand-chemin , viatores. Avec le temsle nom de: sraror devint commun à tous les officiers des magiftrats , comme ceux qu’on appelloit Zidores, accenfe ; fcribæ s flatores, præcones, foit que tous ces emplois fuflent réunis dans un feul, {oit que le terme victor fût un nom général , & que les autres termes fignifiaflent des offciers qui s’ac- quittoient chacun en particulier de fonéions diffé- rentes, comme Aulu-Gelle femble l’infinuer , lorf- qu1l ditque lemembre de lacompagnie des viatores, chargé de garotter un-criminel condamné au fouet, s’appelloit Zéeur, Voyez ACCENSI, SCRIBZ. Quoi qu'il en foit, les noms de X&or & viator s’employoient indifféremment l’un pour Pautre, & nous lifons aufñ fréquemment : Envoyer chercher ou avertir quelqu'un par un LEtor que par un viator. [1 n’yayoit que les confuls, les préteurs:, les tri- buns & les édilles qui fuffent en droit d’avoir des atores: Il n’étoit pas néceflaire qu'ils fuflent ci- toyens romains, .& cependant il falloit qu’ils fuffent de condition libre. Du téms de l’empereur Vefpañen il y eut encore une autre efpece de meffagers. C’étoient des gens prépolés pour aller & venir d’Oftie à Rome prendre les ordres duprince pour la flotte , & lui rapporter les avis dés commandans, On les appelloit meffagers des galeres , & ils faifoient leurs courfes à pié. MESSANA , ( Géog. anc.) ville de Sicile , la pre- miere qu'on rencontre en traverfant de l'Italie dans -cette ile. Elle.eft fituée fur le détroit, comme le dit Silus Itahicus, Z XF. y. 194. Incumbens Meffana res, Diodore de Sicile obierve qu’elle s’appelloit MES 399 anciennement Zanc/a, Le nom de Meffana lui vient; felon Strabon , des Mefléniens du Péloponnefe, qui en furent les fondateurs, Dans les écrivains grecs, le nom de Meoosyn eff in- différemment employé pour fignifier cette colonie des Mefféniens en Sicile, & leur ville capitale dans la Meflénie au Péloponnefe ; mais les écrivains latiné ont appellé Meffana celle de Sicile, & Mejfene celle du Péloponnefe. | Lorique les Meffaniens d'Italie , nommés par les latins Meffanienfes, eurent admis parmi eux les Ma- mertins , ils prirent le nom de ces derniers en rez connoïffance du fecours qu’ils en avoient recu, voilà pourquoi Pline appelle les habitans de Meffa- na Mamertini | & que Cicéron nomme leur ville Marnertina civitas ; c’eft aujourd’hui Mefline. Voyez MESSiNE. (D. J.) MESSAPIE, Mefapia , (Géog. anc.) contrée d'Ita: he ; en forme de péninfule , qui avance dans là mer Tomenne , fon ifthme eft entre Brindes & Tarente: Strabon dit qu’on appelloit encore cette péninfulé Japygia , Calabria & Salentina, quoique le pays des Salentins n’en formât qu’une partie. (D. J. MESSE , 1. f, serme de Religion , c’eftl’ofice ou les prieres publiques que lon fait dans l’Eglife romaine lors de la célébration de l’Euchariftie. Nicod , après Baronius , dit que le mot Meffe vient de l’hébreu miffach , qui fignifie oblatum , où de uiffa mifforum, parce qu'on mettoit en ce tems-là hors de l'Eglife les cathécumenes & les excommuniés , lorfque le diacre diloit ire mifla eff, après le fermon & la lec+ ture de l’Epitre & de l'Evangile, parce qu'il ne leur étoit pas permis d’aflifter à la confécration, & cette opimon eft la feule véritable. Voyez CATHÉcCU- MENE. Ménage le fait venir de ziffo, congé; d’au- tres de z1fa ; envoi , parce que la Meffe, les prieres des hommes qui font fur la terre, font envoyées & portées au ciel. Les Théologiens difent que la Meffe eft une obla- tion faite à Dieu , où, par le changement d’une chofe fenfible, on reconnoît le fouverain domaine de Dieu fur toutes chofes en vertu de l’inftitution divine. C’eft dans le langage ordinaire la plus grande & la plus augufte des cérémonies de l’Éplife. C’eft le facrifice non-fanglant de {a nouvelle loi, où l’on préfente à Dieu le corps & le fang de fon Fils Jefus- Chrift fous les efpeces du pain & du vin. On donne des noms différens à la Meffe , felon les différens rits , les différentes intentions, Les diffé renres mameres felon lefquelles on la dit, comme on va le voir. Meffe ambrofienne , c’eft.à.dire du rit ambrof£en ou de l’Eglife de Milan. | Meffe anglicane , felon le rit qui s’obfervoit autre- fois dans l’'Eglife d'Angleterre. Mrffe gallicane eft une Meffe célébrée fuivant l’an- cien rit de l’Eclife de France. Meffe greque eft une Miffe célébrée fuivant le rit grec en langue greque, & par un prêtre de cette nation. | Meffe latine , celle qui fe dit en latin dans l’Eplife latine , & felon le rit de cette Eglife. Meffe mozarabique ou gothique eft celle qu’on cé- lébroit autrefois en Efpagne, & dont le rit eftencore en ufage dans les églifes de Tolede & de Salamanque. On l’a nommée mozarabique, parce que les Arabes ont été maitres de l’Efpagne , & qu’on appelloit alors les Chrétiens de ce pays-là mogarabes , c’eft-à. dire mélés avec les Arabes. Meffe haute , qu’on appelle auf grande Meffe , ef celle qui fe chante par des choriftes , & que l’on cé: lebre avec diacre & foudiacre. Meffe balle, ç’eft celle qui fe dit fans chant, mais 3 400 MES en récitant feulement les prieres, fans diacte ni fou- diacre. Mefle de beaté , ou de la Vierge, c’eft celle que Yon offre à Dieu par lentremife de la Vierge &c fous fon invocation. Meffe commune , ou de la communauté , celle qui #e dit dans les monañfteres à certaine heure pour toute la communauté, Meffe du Saint-Efprir, celle que l’on célebre au commencement de quelque folemnité , ou d’une af- femblée eccléfaftique qu’on commence par l’invo- cation du Saint-Efprit. Meffe de fée , comme de Noël, de Paques, c’eft celle qu’on dit ces jours-là, & dont les leêtures font | conformes au tems où l’on eft, & au myftere que l’on célebre. Meffe du jugement, celle où l’on fe purgeoit d’une çalomnie par les preuves établies. Voyez PREUVES. La Meffe pour la mort des ennemis a été long-tems en ufage en Efpagne , mais on l’a abolie, parce que cette intention eft contraire à la charité chrétienne. Meffe des morts ou de requiem eft celle qu’on dit à l'intention des défunts , dont l’izrroit commence par requiem. Au xiy. fiecle , avant que de mener les coupables au fupplice , on leur faifoit entendre une Meffe des morts pour le repos de leurs ames. Meffe de) paroiffe ou grande Meffe eft celle que le curé eft obligé de faire chanter toutes les fêtes & | dimanches pour fes paroiffiens. Perice Meffe ou Meffe balle , celle qui fe dit à des autels particuliers avec moins de cérémonies. La premiere Mefle eft celle que l’on dit dès le point du jour. La Meffe d’un faint eft celle où l’on invoque Dieu par l'interceffion d’un faint. Il y a des Meffes des apôtres , des martyrs, des confefleurs, des pontifes, des vierges, Gc. Meffe du fcrutin , étoit une Mefle qu'on difoit au- trefois pour les cathécumenes le mercredi &c le fa- medi de la quatrieme femaine de carème , lorfqu’on examinoit s'ils étoient difpofés comme il faut pour recevoir le baptème. On appelle Jéche la Meffe où 1l ne fe fait point de confécration, comme celle que dit un prêtre qui ne peut pas confacrer , à caufe qu'il a déja dit la | Meffe, comme témoigne Durandus ; ou celle qu’on | fait dire en particulier aux afpirans à la prêtrife, pour apprendre les cérémonies : c’eft ainfi que l’ap- | pelle Eckius. Le cardinal Bona dans fon ouvrage de rebus L- surgicis | lib. I. cap. xy. parle aflez au-long de cette Miffe feche, qu'il appelle aufli Meffe nautique , zeu- tica, parce qu’on la difoit dansies vaiffeaux où l’on n’auroit pas pu confacrer le fang deJefus-Chrift fans courir rique de le répandre à caufe de l’agitation du vaifleau, & il dit fur la foi de Guillaume de Nan- gis, que faint Louis dans fon voyage d'Outremer en faïoit dire ainf dans le navire qu’il montoit. Il cite auf Génébrard, qui dit avoir aflifté à Turin en 1587 à une pareille Meffe célébrée dans une | églife , mais après diner & fort tard pour les funé- | tailles d’une perfonne noble, Durand qui parle de ces Meffes ; afüre très-diftinétement qu'on n’y difoit point le canon ni les prieres direétement relatives à la confécration , puifqu’en effet le célébrant ne | confacroit pas. Pierre le Chantre, qui vivoit en æ200,s’eftélevé contre ces abus, aufli-bien qu'Eftius, &c le cardinal Bona remarque que la vigilance des évêques les a entierement fupprimées. Le même Pierre le Chantre dans fon ouvrage in- titulé , erbum abbreviatum , fait mention d’un autre abus’, qu'il appelle Meffes à deux & à trois faces, Mia bifaciara, Miffarrifaciata, 8 voici comme il de décrit : Quelques prêtres , ditil ; méloient plu- fieurs Meffes en une ; c’eft-à-dire qu'ils célébroient la Meffe du jour ou de la fête jufqu'à l’ofertoire, puis 1ls en recommençoient une feconde, & quel- quefois une troifieme & une quatrieme jufqu’au même endroit ; enfuite 1ls difoient autant de fe- crettes qu'ils avoient commencé de Meffes , maïs pour toutes ils ne récitoient qu’une fois le canon, ë&t à la fin ils ajoutoient autant de colleétes qu'ils prétendoient avoir réumi de Meffes. Il y avoit bien de lignorance & de la fuperftüition dans cette con- duite. Il y a apparence que les exemples n’en ont pas été fréquens, puifque l’auteur dont nous venons de parler , eft le feul qui en ait fait mention. Bing- bam , Orig. ecclefraflig. tom. VI, Lib. XP, cap. iv. Meffe vorive, eft une Meffe autre que celle de l’of- fice du jour , & qui fe dit pour quelque raifon ou quelque dévotion particuliere. Meffe des préfanihifies , eft celle dans laquelle on prend la communion de l’hoftie confacrée les jours précédens, & réfervée. Cette Meffe eft en ufage ordinaire chez les Grecs , qui ne confacrent l’Eu- chariftie en carême que le famedi & le dimanche : chez les Latins, elle n’eft plus en ufage que le feul jour du vendredi-faint. La Meffe eft compofée de deux parties ; la pre- miere, l’ancienne Meffe des Catéchumenes ; la fe- conde , qu’on nommoit Meffe des fideles , comprenoit la célébration & la confécration de l’Enchariftie jointe à la communion qui, felon l’ancien ufage, fuit la confécration. A légard des oraifons particulieres & des cérémonies que l’on emploie dans la célébra- tion de la Meffe, elles ont été différentes en différens tems & en diverfes Eglifes, ce qui a compofé diver- fes liturgies chez les Orientaux , & des Meffes pour les différens pays occidentaux. Voyez LITURGIES. MESse du pape Jules, ( Peinture.) merveilleux tableau de Raphaël ; voici ce que M. l'abbé Dubos dit de ce tableau : Il eft peint à frefque au-deflus & aux côtés de la fenêtre dans la feconde piece de l'appartement de la fignature au Vatican. Il fufit que le lecteur fache que cette peinture eft du bon: tems de Raphaël, pour être perfuadé que la poéfie en eft admirable. Le prêtre qui doutoit de la préfence réelle | & qui a vü l’hoftie qu'il avoit confacrée de- venir fanolante entre fes mains pendant lélévation, patoît pénétré de terreur & de refpett. Le peintre a très-bien confervé à chacun des af- fiftans fon caraëtere propre, maïs fur-tout l’on voit avec plaifir le genre d’étonnement des fuifles du pape, qui regardent le miracle du bas du tableau où Raphaël les a placés. C’eft ainfi que ce grand artifte a fu tirer une beauté poétique de la néceflité d’ob- ferver la coutume en donnant au fouverain pontife fa fuite ordinaire. Par une liberté poétique, Raphaël emploie la tête de Jules IT. pour repréfenter le pape devant qui le miracle arriva. Jules regarde bien le miracle avec attention, mais il n’en paroît pas beaucoup'ému, Le peintre fuppofe que le fonverain pontife étoit trop perfuadé de la préfence réelle pour être furpris des: évenemens les plus miraculeux qui puiffent arriver fur une hoftie confacrée. On ne fauroit cara@térifer le chef de l’Eglife, introduit dansun femblable éve- nement, par une expreffon plus noble & plus conve- nable. Cette expreflion laiffe encore voir les traits du caraétere particulier de Jules IL. On reconnoît dans fon portrait l’affégeant obfliné de la Miran- dole. Enfin le coloris de ce tableau eft très-fupérieur au coloris des autres tableaux de Raphaël. Le Titien n’a pas peint de chair où l’on voie mieux cette mollefle, qui doit être dans un corps compofé de liqueurs 8 de folides. Les draperies paroiïffent de belles Er e MES de laine & de foie que le tailleur viendroit-d’emn- ployer. Si Raphaël avoit fait plufieurs tableaux d’un coloris aufli vrai & auf riche, il feroit cité entre les lus excellens colonifies, { D, J.) MESSENE , (Géog, arc.) Merciin: 1l Y avoit deux villes de ce nom ; l’une dans le Péloponnefe, dont nous allons parler ; l’autre dans la Sicile , étoit l’ou- vrage d’une colonie des Mefléniens du Péloponnefe dans le tems de leurs malheurs. Les Latins nomme- rent cette derniere Weffana, c’eft Mefline de nos jours, P’oyez MESSINE. La Meffene du Péloponnefe étoit une grande & puiflante ville, fituée dans les terres fur une hau- teur, capitale de la Meflénie , & célebre dans l’hif- roire par les longues & fanplantes guerres qu’elle foutint contre Lacédémone, Diodore de Sicile a fait la récapitulation de la guerre mefléniaque dans fon XI. livre , il faut le conferer avec Paufanias, & fup- pléer à l’un par l’autre, Meffène avoit été bâtie par Polycaon ; mais ayant été comme détruite par les défaîtres de la guerre, Epaminondas la rétablit, y appella les Meifémiens épars de tous côtés , & la fortifia finguherement ; fes muraïlles ont fait l’étonnement de Paufanias. Cet auteur les met au-deflus de celles d’Amphrylus, de Byzance & de Rhodes,qu'il avoit toutes vües de fes yeux. Il en reftoit encore 38 tours dans leur en- tier en 1730. M. l’abbé Fourmont fuivit pendant ane beure de chemin la partie de ces murailles, qui comprenoit la moitié du mont lthome , & d’une au- tre montagne qui lui eft oppoiée à lorient. Ces tours {ont éloignées les unes des autres de 150 pas, ce qui forme une enceinte de cinq quarts de lieue au nord de la ville, La muraille s’étendoit encore davantage à l’occident & au midi dans des vallons où l’on croit voir les débris du ftade, de beaucoup de temples & d’autres édifices publics. Strabon, /. VIII. p. 361, compare Meffène à Co- inthe , foit pour fa fituation , foit pour {es forüfica- #ions ; l’une & l’autre de ces villes étoient comman- dées par une montagne voifine, qui leur fervoit de forterefle, favoir [Ithome à Mefferze, & Acrocorin- thus à Corinthe. Ces deux places en effet pafloient pour être des pofñtes fi importans , que Démétrius | voulant perfuader à Philippe , pere de Perfée, de s’empater du Peloponnefe , lui confeilla de fubju- guer Corinthe & Meffene : vous tiendrez ainf, difoit- 11, le bœuf par les deux cornes. Cette ville , felon Polybe , Elien & Lattance , a été la patrie d’un homme qui fit autrefois bien du bruit par fa critique des dieux du paganifme , je veux parler d'Evhémere , contemporain de Caf- fandre , roi de Macédoine, dont il fut fort aimé. Il compofa les vies des dieux, & fuppofa que ces vies avoient été réellement écrites par Mercure, & qu'il les avoit trouvées gravées, telles qu'il les don: noit, dans l'ile de Panchée.Un-morceau de ce genre, publié d’après des mémoires fi refpeétables , deve- noit également curieux & intéreflant par la nature des chofes qu'il annonçoit , & par celle de la nou- veauté ; l'ouvrage étoitintitulé, Æiffoire facrée, titre convenable à un écrit tiré d’infcriptions Originales. Le deffein de l’auteur étoit de prouver que Cœ- lus, Saturne, Jupiter, Neptune, Pluton, en un mot la troupe des grands Dieux, auxquels on avoit érigé tant de temples , ne différoient pas des autres mor- tels.Le monde, difoit-il, étoit alors dans fon enfance ; fes premiers habitans ne fe formoient pas des idées juftes des objets , & leurs idées d’ailleurs étoient en très-petit nombre. Hors d'état de faire un ufage étendu de leur raifon , tout leur parut merveilleux & furnaturel. Les vaftes 8 rapides conquêtes des grands capitaines éblouirent des nations entieres. Il y en eutqui, plus fenfbles aux bienfaits, ne purent _ Ton & | MES AO Le | VOir fans étonnement des rois, qui febloiénit n'être monté fur le trône que pour travailler au bonheur de leurs fujets, foit par l'utilité de leuts découvertes. foit Pat la fageffe de leur gouvernement; ainf toutes les nations, comme de concert, fe perfuaderent que des perfonnes fi fupérienres en talens devoient cet avantage à une nature plus excellente que la leur ; ils en firent des dieux. Tel étoit à-peu-prés le f f. tème d'Evhémere fur l’origine du Paganifine , & 20 écrivain ingénieux » pour le mettre dans un plus beau Jour ; marquoit foigneufement les pays & les villes illuftrées par les tormbeaux de prefque touteé les divinités , que les Théologiens & les Poëtes avoient à l’envi honoré du titre pompeux d’ima mortels, . Dans la vûe de porter le dernier coup à la reli: gion payenne ; 1l n’avoit pañlé fous filence aucun des faits qui pouvoïtent ouvrir les yeux au public; fur:tout dé dieux différens adorés dans le Pobe. Athénée rapporte un trait du peu de ménagement de ce philotophe pour les dieux dans la perfonné de Cadmus ; dont la nombreufe poférité avoit peus plé le ciel. Il affñroit que cet étranger étoit un éui- finier du roi de Sidon; & que féduit par les char: mes d Harmonie , une des muficiennes de la cout. il l’avoit enlevée & conduite dans la Béotie, Enfin il alla jufqu'à mettre au frontifpice de {on ouvragé un vers fanglant d'Euripide, qui, dit Plutarque, fe trouvoit dans une piece de ce poëte toute remplie d'impiétés, Jamais livre publié contre une religion dominante ne parut plus dangereux que celui d'Evhémere, & Jamais homme ne fouleva tant de leéteurs contre {a doëtrine. Cicéron lui-même , qui peut-être ne pens foit pas différemment du philoiophe de Meffene , fe crut obligé dans fon difcours de la nature des dieux d'avertir que celui d'Evhémere conduifoit À l’exa tinétion de toute religion. Il n’eft donc pas étonnant que tant de gens ayent traité cet auteur d’incrés dule, d'impie , de facrilege ; & qui pius eft d’athée mais il paroït que fon plus grand crime étoit d’avoir pénétré plus avant que le commun des hommes dans les vraies fources de l'idolâtrie, (D. J. | MESSENE , ( Géog. ant.) île d’Afie entre le Tigre & l’'Euphrate, qui après s'être joints & s'êtte avan cés vers lé midi, fe féparent de nouveau , en forte qu'avant que de tomber dans le volfe Perfique , ils renferment dans leur bras cetie granie île qu'on aps pelloit autrefois Meffène ou Mefène , & qu’onnomme préfentement Chader. Voyez là-deflus M, Huet dans fon livre du paradis terrefire. MESSENE, Golfe de , ( Géogr. ane. ) Méffeniacus Jinus , golfe dansila partie méridionale du Pélopon- nefe , à l'occident du golfe de Liconie. Il eft auf nommé par Strabon fus Afinœus , de la ville Afiné . fituée fur la côte ; Siaus Thuriates, de la ville dé Thuria ; J£rus Coronœus , de la ville de Coron , & c'eft même aujourd’hui le polfe de Coron. MESSENIE, ( Géogr. anc. ) contrée du Pélopon: nefe, au milieu de l’Élide & de | Arcadie au couchant de la Laconie, dont anciennement elle faufoit partie. (D. J,) | .MESSIE, Meffias , fm. (Théol, & Hif. )cetermé vient de l'hébreu, quifignifie xt, unêus ; ileft ly= nonyme au motgrec chriff: l’un & l’autre font des ter: mes confacrés dans la religion, & qui ne fe donnent plus aujourd’hui qu’à loint parexcellence, cefouvez rain libérateur que l’ancien peuple juif attendoit ; après la venue duquel il foupiré encore , & que nous avons en la perfonne de Jeiuis fils de Marie, qu'ils regardent comme l'oint du Seigneur, le Miffie promis à l'humanité. LesGrecs employoientaufh le mot d'elcimmeros , qui fige la même chole que chrifios, | Eee 402 MES Nous voyons dans l’ancien Teflament que le mot de Meffie, loin d’être particulier au Hibérateur ,après la venue duquel lé peuple d'Ifraël foupiroit , ne d'é: toit pas feulement aux vrais fideles ferviteurs de Dieu, mais que ce nom fut fouvent donné aux rois &c aux princes idolâtres, qui étoient dans lamain de l’Erernelles miniffres de fes vengeances, ou des inftrumens pour l’exécution des confeils de fa fa- gefle. C’eft ainfi que l’auteur de l’eccléfiaftique, lxvi,v. 8. dit d'Eliiée,quiungis reges ad pœnitenriam , ou comme l’ont rendu les Septante , ad vinditlam : vous oignez les rois pour exercer la vengeance du Seigneur , c’eft pourquoi ilenvoya un prophete pour oindre Jéhu roi d’Hfraël ; il annonça lonétion facrée à Hazaël, roi de Damas & de Syrie, ces deux princes étant les Mffes du Très-Haut , pour venger les cri mes & les abominations de la maïfon d’Achab. 7. Reg. vi. 12,13. 14: Mais au .xlv. d’Ifaie, v. 1. le nom de Meffie eft expreflément donné à Cyrus : af a dit l'Eternel à Cyrus Jon oint, for Meflie, duquel J'ai pris la main droite , afin que je terrafle les nations devant lui, rc. Ezéchiel au xxvi. de fes révélations, v, 14,don- nele nom de Meffie au roi de Tyr, il l'appelle auff Chérubin. « Fils de l’homme, dit l'Eternel au pro- » phete, prononce à haute voix une complainte » fur le roi de Tyr , & lui dis: ainfa dit le Seigneur » l'Eternel , tu étois Le fceau dé la refflemblance de » Dieu, plein de fageffe & parfait en beautés ; tu » asété le jardin d’Heden du Seigneur ( ou, fuivant » d’autres verfions ) tu étois toutes les délices du » Seisneur ; ta couverture étoir de pierres précieu- » fes de toutes fortes , de fardoine , detopafe, de jaf- à UE +. EL #pe, de chryfolyte, d’onix, de béril ) de faphir, » d’efcarboucle , d’éméraude & d’or; ce que fa- » voient faire tes tambours &c tes flûtes a été chez » toi, ils ont été tous prêts au jour que tu fus créé ; » tuas été un chérubin,un Me/fe pour fervir de pro- » tetion; je t'avois établi , tu as été dans la fainte » montagne de Dieu ; tu as marché entre les pierres # flamboyantes ; tu as été parfait en tes voies dès #» le jour que tu fus créé, juiqu’à ce que la perverfi- » té ait Été trouvée en toi ». Au refte, le nom de meffiack, en grec chriff, fe don- noit aux rois, aux prophetes , aux grands-prètres des Hébreux. Nous lifons dans le J,. des Rois , chap, xi.v. 3. Le Seigneur & fon Mefhe/font cémoins, c’eft- à-dire , le Seigneur € le roi qu’il a établi ; & ailleurs, netouche point mes oints, & ne faites aucun mal a mes prophetes. David, animé de l’efprit de Dieu, donne dans plus d’un endroit à Saül fon beau-pere , 1l donne dis- je, à ce roi reprouvé, & de deflus lequel lefprit de l'Eternel s’étoitretiré , le nom &c la qualité d’oinr, de Meffiedu Seigneur : Dieu me garde , dit-il fréquem- ment, Dieu me garde de porter ma main fur l'oint du Seigneur; fur le Meffie de Dieu, Silebeaunom de Meffie, d’oint de l'Eternel a été donné à des rois idolâtres, à des princes cruels & tyrans , il a été très-fouvent employé dans nos an- ciens oracles pour défigner vifiblement Point du Sei- gneur, ce Meffie par excellence, objer du defir èc de l'attente de tous les fideles d’Ifrael ; ainfi Anne, (I. Rois , ÿ.v.10.)mere de Samuel, conclut fon can- tique par ces paroles remarquables, &e qui ne peu- vent s'appliquer à aucun roi, puifqu'on fair que pour lors les Hébreux n’en avoient point : » Le Seigneur » jugera les extrémités de la terre , il donnera l’em- » pire à fon roi, & relevera la corne de fon Chrift , » de fon Meffie», On trouve ce même mot dans les oracles fuivans , pli y.v. 2: pf. xliv. 8. Jérém. iv. 20. Dan. ix. 16, Habac. üij.13. nous ne parlons pas ici du fameux oraclé de la Gen. xlix. 10, qui trou- vera fa place à Particle SYLO. Que fi l'onrapproche tons ces divers oracles, 8e en général tous ceux qu’on applique pour l'ordinaire au Meffie , il'en réfulte quelques difficultés dont Les Juifs fe font prévalus pour juflifier , s'ils le pou- voient, leur cbftination. On peut leur accorder que dans l’état d’opprefion fous lequel gémiffoit le peuple Juif, & après toutes les glorieufes promefles que l'Eternel lui avoit faites fi fouvent , il fembloit en droit de foupirer après la venue d’un Meffie vainqueur, 8 de l’envifager com- me l’époque de fon heureufe délivrance ; & qu’ainfi il eft en quelque forte excufable de n’avoir pas vouln reconnoître ce hbérateur dans la perfonne du Sei- gneur Jefus, d'autant plus qu'il eft de l’homme de tenir plus au corps qu’à lefprit , &c d’être plus fen- fible aux befoins préfens , que flatté des avantages à venir. | il étoit dans le plan dela fagefle éternelle, que les idées fpirituelles du Meffe fuflent inconnues à la multitude aveugle. Elles le furent au point, que lorfque le Sauveur parut dans la Judée, le peuple & fes docteurs, fes princes mêmes attendoient un mo- narque, un conquérant qui par la rapidité de fes conquêtes devoit s’aflujettir tout le monde ; & com- ment concilier ces idées flatteufes avec l’état abjet , en apparence , & miférable de Jefus-Chrift ? Auf fcandalifés de l’entendre annoncer comme le Meffre, ils leperfécuterent, lerejetterent, & le firent mourir par Le dernier fupplice, Depuis ce tems-là ne voyant rien qui achemine à l’accompliflement de leurs ora- cles , & ne voulant point y renoncer , ils{e livrent à toutes fortes d'idées chimériques. | Ainf, lorfqu'ils ont vu les triomphes de la relis gion chrétienne , qu'ils ont fenti qu'on pouvoit ex- pliquer fpirituellement , & appliquer à Jefus-Chrift la plüpart de leurs anciens oracles, ils fe font avifés de nier que lespaflages que nous leur alléguons, doi- vent s'entendre du Mefie , tordant ainfi nos faintes- Ecritures à leur propre perte ; quelques-uns fou tiennent que leurs oracles ont été mal entendus ; qu’en vain on foupire après la venue du Meffie , puif- qu'il eft déja venu en la perfonne d’'Ezéchias. C’étoit le fentiment du fameux Hillel : d’autres plus relâ- chés, ou cédant avec politique au tems &c aux circonftances, prétendent que la croyance de la ve- nue d’un Meffie n’eft point un article fondamental de foi, & qu’en niant ce dogme on ne pervertit pointia loi , que ce dogme n’eft ni dans le Décalogue, ni dans le Lévitique. C’eft ainf que le juif Albo difoit au pape, que nier la venue du Meffie, c’étoit feule- ment couper une branche de arbre fans toucher à la racine. Si on poufle un peu les rabbins des diverfes fyna- sogues qui fubfiftent aujourd'hui en Europe, fur un article auffi intéreflant pour eux, qu'il eft propre à les embarrafler , 1ls vous difent qu'ils ne doutent pas que, fuivant les anciens oracies , le Meffe ne {oit venu dans les tems marqués par l’efprit de Dieu ; mais qu’il ne vieillit point, qu’il refte caché fur cette terre , & atténd , pour fe manifefter 8 établir fon peuple avec force, puiflance &t fagefle, qu’Ifraël ait célébré comme il faut le fabbat, ce qu'il n’a point encore fait, & que les Juifs ayent réparé les iniqui- tés dont ils fe font fouillés, & qui ont arrêté envers eux le cours des bénédittions de l'Eternel. Le fameux rabbin Salomon Jarchy ou Rafchy , qui vivoit au commencement du x. fecle, dit dans fes Talmudiques | que les anciens Hébreux ont cru que le Meffie étoit né le jour de la derniere deftruc- tion de Jérufalem par les armées romaines ; c’eft placer la connoiffance d’un libérateur dans une épo- que bien critique , & , comme on dit, appeller le médecin après la mort. Le rabbin Kimchy,. qui vivoit au xif. fiecle, si MES maginoitque le Meffie dont il croyoit fa venue très: prochaine, chaferoit de la Judée les Chrétiens qui la poffédoient pour lors. Il eft vrai que les Chré- tiens perdirent la terre-fainte ; mais ce fut Saladin qui les vainquit , & les obligea de l’abandonner avant [a fin du xi. fiecle. Pour peu que ce conqué- rant eût protégé les Juifs, & fe für déclaré pour eux, il eft vraiflemblable que dans leur enthoufiafme ils en auroient fait leur Meffe, Plufieurs rabbins veulent que le Mffie foit atuel- lement dans le paradis terreftre ; c’eft-à-dire , dans un lieu inconnu & inacceffible aux humains ; d’au- tres le placent dans la ville de Rome, & les Thal- mudiftes veulent que cet oint du Très-hautfoit caché parmi les lépreux & les malades qui font à la porte de cette métropole de la chrétienté, attendant qu’E- le ; fon précurfeur , vienne pour le manifefter aux hommes. | D'autres rabbins , & c’ef le plus grand nombre, prétendent que le Meffe n’eft point encore venu ; mais leursopinions ont toujours extrèmement varié, &t furle tems , & fur la maniere de fon avénement, Un rabbin David, petit-fils de Maimonides, confulté fur la venue du Meffie , dit de grandes chofes impéné- trables pour les étrangers. On fait aujourd’hui ces myf- teres : 1l révéla qu’un nommé Pinéhas ou Phinées, qui vivoit 400 ans après la ruine du temple , avoit eu dans fa vieillefle un enfant qui parla en venant au monde ; que parvenu à l’âge de 12 ans, & fur le point de mourir , 1l révéla de grands fecrets, mais énoncés en diverfes langues étrangeres , & fous des expreffons fymboliques. Ses révélations font très- obfcures, & font reftées long-tems inconnues, juf- qu'à ce qu'on les ait trouvées fur les mafures d’une ville de Galilée , où l’on lifoit que le figuier pouffoit fes figues ; c’éft-à-dire , en langage bien clair pour un enfant d'Abraham, que la venue du Meffie étoit très- prochaine. Mais les figues n’ont pas encore pouflé pour ce peuple également malheureux & crédule. Souvent attendu dans des époques marquées par des rabbins , le Meffe n’a point paru dans ce tems- là ; il ne viendra fans doute point ni à la fin du vi. millénaire, ni dans les autres époques à venir qui ont été marquées avec aufli peu de fondement que les précédentes. Aufñ il paroït par la Gemarre ( Gemarr. Sanhed. tit, cap. x7, ) que les juifs rigides ont fenti les confé- quences de ces faux calculs propres à énerver la foi, ét onttrès-fagement prononcé anathème contre qui- conque à l’avenir fupputeroit les années du Meffre : Que leurs os fe brifent & fe carient, difent-ils ; car quand on fe fixe un tems € que la chofe n'arrive pas , on dit avec une crimineile confance qu’elle rarrivera jamais. D’anciens rabbins, pour fe tirer d’embarras, & concilier les prophéties qui leur femblent en quelque forte oppofées entr’elles , ont imaginé deux Meffes qui doivent fe fuccéder l’un à: l’autre ; le premier dans un état abjet, dans la pauvreté &r les fouffran- ces; le fecond dans l’opulence , dans un état de gloi- re & de triomphe ; l’un & l’autre fimple homme : car l’idée de l'unité de Dieu, cara@ere diftin@if de l’Etre fuprême, étoit f refpe@ée des Hébreux, qu'ils n’y ont donné aucune atteinte pendant les dermiéres années de leur malheureufe exiftance en corps de peuple : & c’eft encore aujourd’hui le plus fort ar- gument que les Mahométans preffent contre la doc- trine des Chrétiens. C’eft fur cette idée particuliere de deux Meffies , que le favant doeur en Médecine, Aaron-lfaac Lééman de Sienwich , dans la diflertation de oracu. lis Judeorum , avoue qu'après avoir examiné avec foin toutes chofes , 27 féroir aflez porté & croire que Le Chrift dés Nazaréens y dont ils for 2 dit-il , follement | Tome X, MES 403 ur Dien ; pônurroft bien étre le Meflie ex opprobte ge are #ongoient les anciens prophetes | & dont le bouc Hazo: tel, chargé des iniquirés du peuple, & proferit dans les défères, étoit l'ancien type. j À la vérité , les divifions dés rabbins fur cet artis cle , ne s’accordent pas avec l'opinion du favant doëteur juif, puifqu’il paroît par Abnézra , que le premier Meffie, pauvre , miférable , homme de dou- leur, & fachant ce que c’eft que langueur , fortiræ de la famille de Jofeph , & de la tribu d'Eprahim , qu'Haziel fera fon pere , qu'il s’appellera Néhémie, & que malgré {on peu d'apparence , fortifié par le * bras de l'Eternel, ilira chercher , on ne fait pas trop où,les tribus d’Ephraim, de Manaflé 8 de Benjamin, une partie de celle de Gad; & à la tête d’une armée formidable , il fera la guerre aux Iduméens , c’eft. à-dire aux Romains & Chrétiens, remportera fur eux les vittoires les plus fignalées , renverfera l’em pire de Rome , & tamenera les Jifs en triomphe à Jérufalem. Ils ajoutent que fes profpérités feront traverfées par le fameux ante-chrift, nommé ÆArmillius ; que cet Armillius , après plufieurs combats contre Néhé- mie, fera vaincu & prifonnier ; qu’il trouvera le moyen de fe fauver des mains de Néhémie ; qu’il re mettra fur pié une nouvelle armée , & rémportera une viétoire complette ; le Mefffe Néhémie perdra là vie dans la bataille , non par la:main des hommes; les anges emporteront fon corps pour le cacher avec ceux des anciens patriarches. Néhémie, vaincu & ne paroïflant plus, les Juifs, dans la plus grande confternation , iront fe cacher dans les déferts pendant quarante-cinq jours ; mais cette affreufe défolation finira parle fon éclatant de la trompette de l’archange Michel , au bruit de la- quelle paroîtra tout-à-conp le Meffe glorieux de là race de David, accompagné d’Elie, & fera recon- nu pour roi & hibérateur par toute l’inrnombrable poftérité d'Abraham. Armillius voudra le combat- tre ; mais l’Eternel fera pleuvoir fur l’armée de cet ante-chrift du foufre du feu du ciel, &l’exterminera entierement : alors Le fécond & grand Meffre rendra la vie au premier; ilraflemblera tous les Juifs , tant les vivans que les morts ; il relevera les murs de Sion , rétablira le temple de Jérufalem fur le plan qui fut préfenté en vifion à Ezechiel , & fera périr tous les adverfaires 87 les ennemis de {a nation; éta- blira fon empire fur toute la terre habitable ; fon- deraainf la monarchie univerfelle, cette pompeufe chimere des rois profanes ; il époufera une reine & un grand nombre d’autres femmes, dont il aura une nombreufe famille qui li fuccédera ; car il ne fera point immortel ,; mais il mourra comme un autre homme. [lfant fur toutes ces incompréhenfbles réveries , & fur les circonftances de la venue du Meffe, lire avec attention ce qui fe trouve à la fin du 77 rome de la Bibliothéque rabbinique , écrite par le P. Charles- Jofeph Imbonatus , ce que Batolong a compilé fur le même fujet dans le rome I, de la Bibliotheque des rabbins , ce qu'on lit dans lhifioire des Juifs de M. Bafnage , & dans les differtations de dom Calmet. Mais quelque humiliant qu'il foit pour l’efprit hu main de rappeller toutes les extravagances des pré- tendus fages fur une matiere qui plus que toute au- tre en devroit être exempte, on ne peut fe difpen- fer de rapporter en peu de mots les rêveries des rab- bins fur les circonftances de la venue du Meffée. Ils établiflent que fon avénement fera précédé de dix grands miracles , fignes non équivoques de fa ve- nue. #14. libel. Abkas Porhel. | Dans le premier de ces miracles, il fuppofe que Dieu fufcitera les trois plus abominables tyrans qui ayent jamais exifté , & qui a &c afflige- eci \ 404 MES _rontles Juifs outre mefure. Ils font venir des extré- mités du monde des hommes noirs qui auront deux têtes, fept yeux étincellans , & d’un régard fi ter- rible , que les plus intrépides n’oferont paroître en leur préfence ; mais ces tems durs & fâcheux feront abrégés , fans quoi perfonne au monde ne pourroit ni réfifter , ni furvivre à leur extrème rigueur ; des peftes, des famines, des mortalités, le foleïl changé en épaifles ténebres, la lune en fang , la chute des étoiles, & des aftres , des deminations infupporta- bles , font les miracles 2, 3,4, $ & 6 ; mais le 7°, - -eft fur-tout remarquable : un marbre que Dieua for- mé dès le commencement du monde, & qu'il a fculp- té lui-même de fes propres maïns , en figure d’une belle fille , fera l’objet de l’impudicité abominable des hommes impies & brutaux qui commettront toutes fortes d’abominations avec ce marbre ; & de ce commerceimpur, difent les rabbins , naïîtral’an- te-chrift Armillius , qui fera haut de dix aunes ; l’efpace d’un de fes yeux à l’autre, fera d’uneaune; fes yeux extrèmement rouges & enflammés , feront enfoncés dans la tête ; {es cheveux feront roux comme de l'or, &z fes piés verds ; ilaura deux têtes ; les Romains le choifiront pour leur roi , il recevra les hommages des Chrétiens qui lui préfenteront le livre de leur loi: 1l voudra que les Juifs en faflènt de même; mais Le premier Meffie Néhémie , fils dHu- ziel,avecune armée dé300 mille hommes d’Ephraim, lui livrera bataille : Néhémie mourra , non par les mains des hommes : quant à Armillius, il s’avan- cera vers l'Egypte , la fubjuguera, 8 voudra pren- dre &z aflujettir aufli Jérufalem , &c. Les trois trompettes reflaurantes de l’archange Michel, feront les trois derniers miracles. Aurefte, ces idées fort anciennes ne font pas toutes à mépri- fer, puifqu’on trouve quelques-unes de ces diverfes notions dans nos faintes-Ecritures , & dans les def- criptions que J. C. fait de l’avénement du regne du Meffie. Les auteurs facrés, & le Seigneur Jefus lui-mê- me, comparent fouvent le regne du Me/fre & l’éter- nelle béatitude, qui en fera la fuite pour les vrais élus , à des jours de noces , à des feftins & des ban- quets, où l’on goûtera toutes les délices de la bonne chere, toute la joie & tous les plaifirs les plus ex- quis ; mais Les Talmudiftes ont étrangement abufé de ces paraboles, Selon eux, le Meffie donnera à fon peuple raflem- blé dans la terre de Canaan un repas dont le vin fera celui qu'Adam lui-même fit dans le paradis ter- reftre , & qui fe conferve dans de vaftes celliers creufés par les anges au centre de laterre. On fervira pour entrée, le fameux poiflon ap- pellé le grand Æyiathan , qui avala tout d’un coup un poiflon moins grand que lui, & qui ne laïffe pas d’avoir trois cent lieues de long ; toute la mafle des eaux eft portée fur le léviathan : Dieu au commen- cement en créa deux , l’un mâle & l’autre femelle ; mais de peur qu'ils ne renverfent laterre , & qu'ls ne remplflent l'univers de leurs femblables, Dieu tua la femelle, & la fala pour le feftin du Meffre. Les rabbins ajoutent qu’on tuera pour ce merveil- leux repas le bœuf béhémoth , qu eft f gros & fi grand qu'il mange chaque jour le foin de mille mon- tagnes très-vaftes; il ne quitte point Le lieu qui lui a été afligné ; & l’herbe qu'ila mangée le jour recroit toutes les nuits, afin de fournir toujours à fa fubfif- tance. La femelle de ce bœuf fut tuée au commen- cement du monde , afin qu'une efpece fi prodigienfe ne multipliât pas , ce qui n’auroit pu que nuire aux autres créatures. Mais ils aflurent que l'Eternel ne la fala pas, parce que ia vache falée n’eft pas un met aflez délicat pour un repas fi magnifique. Les Juifs ajoutent encore fi bien foi à toutes ces réveries MES rabbiniques , que fouvent ils jurent far leur part du bœuf béhémoth, comme quelques chrétiens impies jurent fur leur part du paradis, Sol: Enfin l’oifeau bar-juchne doit auffi fervir pour le feftin du Meffe ; cet oïfeau eft fi immenfe , que s’il étend les ailes 1l offufque Pair &rle foleil, Un jour, difent-1ls, un œuf pourri tombant de fon nid, ren- verfa & brifa trois cens cedres Les plus hauts du Li- ban ; &t l'œuf s’étant enfin caflé par le poids de fa châûte, renverfa foixante gros villages, les inonda ëc les emporta comme par un déluge. On eft humi- lié en détaillant des chimeres aufli abfurdes que celles-là. Après des idées auf groffieres & fi mal digérées fur la venue du Mefie & fur fon origine , fautA1l s'étonner fi les Juifs, tant anciens que moder- nes, le général même des premiers chrétiens malheu- reufement imbus de toutes ces chimériques réveries de leurs doéteurs , n’ont pu s'élever à l’idée de la nature divine de l’oint du Seigneur, & n’ont pas at- tribué la qualité de Dieu au Meffe , après la venue duquel ils foupiroient ? Le fyftème des Chrétiens fur un article auffi important, les révolte & les fcan- dalife ; voyez comme ils.s’expriment là-deflus dans un ouvrage intitulé : Jude: lufirani queflionss ad Chrif= tianos ; queff, I. 1. 3, 23, &tc. Reconnoiître, difent- ils , un homme dieu, c’eft s’abufer {oi-même , c’eft fe forger un monftre ,un centaure, le bifarre com- pofé de deux natures qui ne fauroient s’allier, Ils ajoutent que les prophetes n’enfeignent point que le Meffie foit homme-dieu ; qu’ils difinguent exprefé- ment entre Dieu & David ; qu'ils déclarent le pre- mier maître, & le fecond ferviteur, &c. Mais ce ne font-là que des mots vuides de fens qui ne prouvent rien , qui ne contrarient point la foi chrétienne , & qui ne fauroient jamais l'emporter fur les oracles clairs 8 exprès qui fondent notre croyance là-deflus, en donnant au Meffie le nom de D'eu. Vide Ifai, IX, v]. 43, 22. 35, 4, Jer, XXIIT. yj, Eccl, I. 4. Mais lorfque le Sauveur parut , Ces prophéties ; quelque claires & exprefles qu’elles fuflent par elles-mêmes , malheureufement obfcurcies par les préjugés, fucés ayec le lait, furentou mal enten- dues où mal expliquées ; en forte que Jefus-Chrift lüirmême , ou par ménagement , ou pour ne pas ré- volter les efprits, paroît extrèmement refervé fur l’article de fa divinité ; il vouloit, dit faint Chrytof. tome , accoutumer infenfiblement fes auditeurs à croire un myftere fi fort élevé au-deffus de la raifon. S'il prend l'autorité d’un Dieu en pardonnant les pé- chés, cette aétion révolte &c fouleye tous ceux qui en font les témoins ; fes miracles les plus évidens ne peuvent convaincre de fa divinité ceux même en faveur defquels il les opere. Lorfque devant le tri- bunal du fouverain facrificateur 1l avoue avec un modefte détour qu’il eft fils de Dieu, le grand-prêtre déchire fa robe & crie au blafphème. Avant l’envoi du faint-Efprit, fes apôtres ne foupçonnent pas mé- me la divinité de leur cher maître : il les interroge fur ce que le peuple penfe de lui ; ils répondent que les uns le prennent pour Elie, les autres pour Jéré- mie ou pour quelqu'autre prophete. Saint Pierre, le zélé faint Pierre lui-même, a befoin d’une révéla- tion particuliére pour connoître que Jefus eft le Chriff, le fils du Dieu vivant, Ainf le moindre fujet duroyaume des cieux, c’eft-à-dire le plus petit chré- tien, en fait plus à cet égard que les patriarches & les plus grand prophetes. Les Juifs révoltés contre la divinité de Jefus- Chrift, ont eu recours à toutes fortes de voies pour invalider êt détruire ce grand myflere, dogme fon- damental de la foi chrétienne; ils détournent le fens de leurs propres oracles , ou ne les appliquent pas au Meffie. Ils prétendent que Le nom de Die n’eft pas particuher à la divinité , & qu’il fe donne même par les auteurs facrés au juges , aux magiftrats ,.en général à ceux qui font élevés en autorité. Ils citent en effet un très-grand nombre de pañlages de nos . faintes - Ecritures qui juflifient cette obfervation, mais qui ne donnent aucune atteinte aux termes clairs &c exprès des anciens oracles qui regardent le Meffis. Enfin ils prétendent que fi le Sauveur 8 après lui les Evangéliftes , les Apôtres & les premiers Chrc- tiens appellent Jefus {25 de Dieu , ce terme augufte ne figniñoit dans les terms évangéliques autre chofe que l’oppofé des fils de Belial , c’età-dire homme de bien, ferviteur de Dieu par oppoñition à un mé- chant, un homme corrompu & pervers qui ne craint _ point Dieu. Tous ces fophifmes , toutes ces réfle- xions critiques n'ont point empèché l’Eglife de croire la voix célefte & furnaturelle qui a préfenté à l’hu- manité le Meffre Jefus-Chrift comme le fs de Dieu, l’objet particulier de la dilechion du Très-Haur , G de croire qu'en lui habitoit corporellement toute plénitude de divinité. Si les Juifs ont contefté à Jefus.Chrift la qualité de Meffie & fa divinité, ils n’ont rien négligé aufh pour le rendre méprifable , pour jetter fur fa naiflance , fa vie & fa mort tout le ridicule & tout l’opprobre qu’a pu imaginer leur cruel acharnement contre ce divin Sauveur êc fa célefte doûtrine ; mais de tous les ou- vrages qu'a produit l’'aveuglement des Juifs , il n’en eft fans doute point de plus odieux & de plus extra- vagant que le livre intitulé, Sepher toldos Jefchus , tiré de la poufäere par M. Vagenfeil , dans le fecond tome de fon ouvrage intitulé , Te/a ignea , &c. C'eft dans ce Sepher Toldos Jefchar, recueil des plus noires calomnies qu'on lit des hifloires mont: irueufes de la vie de notre Sauveur, forgées avec toute la pañion & la mauvaife foi que peuvent avoir des ennemis acharnés, Aïnfi , par exemple, ils ont ofé écrire qu’un nommé Panther ou Pandera , habi- tant de Bethléem, étoit devenu amoureux d’une jeune coëffeufe qui avoit été mariée à Jochana, & qui fans doute dans ces tems-là & dans un auff petit heu que Bethléem , fentoit toute l’ingratitude de fa profeflion, & n’avoit rien mieux à faire que d’é- couter fes amans : auffñ , dit l’auteur de cet imper- tinent ouvrage, la jeune veuve fe rendit aux folli- citations de l’ardent Panther qui la féduifit, & eur de ce commerce impur un fils qui fut nommé Jefua ou Jefus. Le pere de cer enfant fut obligé de s'enfuir, êc fe retira à Babylone : quant au jeune Jefu onl’en- voya aux écoles ; mais , ajoute l’auteur , il eut l’in- folence de lever la tête , & de fe découvrir devant les facrificateurs , au lieu de paroiître devant eux la tête voilée & le vifage couvert, comme c’étoit la coutume : hardiefle qui fut vivement tancée ; ce qui donna lien d'examiner fa naiflance , qui fut trouvée _impure, & lexpofa bientôt à l’ignominie qui en eft la fuite, . ….. Le jeune homme fe retira à Jerufalem, où mettant le comble à fon impiété & à fa hardieffe, il réfolnt d'enlever du lieu très-faint le nom de Jehovak. Il en- tra dans lintérieur du temple; & s'étant fait une ouverture à la peau , il y cacha ce nom myftérieux: ce fut parunart magique. & à la faveur d’un tel ar- tifice , qu'il ft quelques prodiges. Il vint d’abord montrer fon pouvoir furnaturel à fa famille ; il {e rendit pour cela à Bethléem , lieu de fa naiflance, là il opéra en public divers preftiges qui firent tant de bruit qu'on le mit fur un âne, & il fut conduit à Jérufalem comme en triomphe. On peut voir dans les commentaires de dom Calmet une grande partie des réveries de ce déteftable roman. L'auteur, parmi {es impoftures,, fait reoner à Jé- æufalem une reine Helene & fon fils Mombaz > qui n'ont jamais exilé en Judée , à moinsque cet auteur MES 405 n'ait quelques notions confufes d'Helene reine des Adiabeniens , & d’Izates où Monbaze fon fils, qui vint à Jérufalem quelque téms après la mort de no- tre Sauveur, Quoi qu'il en foit, ce ridicule auteur dit que Jefus accufé par les lévites, fut obligé de paroïître devant cette reine , mais qu'il fut la gaoner par de nouveaux miracles ; que les facrificateurs étonnés du pouvoir de Jefus, qui d’ailleurs ne paroi foit pas être dans leurs intérêts , s’affemblerent pour délibérer fur les moyens de le prendre ; & qu'un d’entr’eux nommé Judas s’offrit de s’en faifir, pourvu qu'on lui permit d'apprendre le facré nom de Jekovak, ë& que le collége des facrificateurs voulût fe charger de ce qu'il y avoit de facrilege & d’impie dans cette attion, comme aufli de la terrible peine qu’elle mé- titoit. Le marché fut fait ; Judas apprit le nom iné- fable , & vint enfuite attaquer Jefus, qu'il efpéroit confondre fans peine. Les deux champions s’éleye- rent en l’air en prononçant le nom de Jekovah : ils tomberent tous deux, parce qu'ils s’étoient fouillés. Jefus courut fe laver dans le Jourdain , & bien-tôt après 1l fit de nouveaux miracles. Judas voyant qu'il ne pouvoit pas le furmonter commeil s’en étoit flat- té, prit le parti de fe ranger parmi fes difciples, d'étudier fa façon de vivre & fes habitudes , qu'il révéla erfuite à fes confreres les facrificateurs. Un jour comme Jefus devoit monter au temple , il fut épié & faif avec plufieurs de fes difciples ; fes en- nemis l’attacherent à la colonne de marbre qui étoit dans une des places publiques : il y fut fouetté, cou- ronné d’épines, & abreuvé de vinaigre , parce qu'il avoit demandé à boire ; enfin le fanhedrin l'ayant condamné à mort, il fut lapidé. Ce n'eft point encore la fin du roman rabbinique, le fépher toldos Jefchut ajoute que Jefus étant lapidé, on voulut le pendre au bois , fuivant la coutume, mais que le. bois fe rompit, parce que Jefus, qui pré- yoyoit le genre de fon fupplice , l’avoit enchanté par le nom de Jehovah ; mais Judas, plus fin que Jefus , rendit fon maléfice inutile, en tirant de {on jardin un grand chou, auquel fon cadavre fut at- taché. Au refte, les contradiétions qu’on trouve dans les ouvrages des Juifs fur cette matiere, font fans nom- bre & inconcevables ; ils font naître Jefus fous Ale xandre Jannæus , Pan du monde 567r , & la reine Helene qu'ils introduifent fans raifon dans cette hif- toire fabuleufe, ne vint à Jérufalem que plus de cent cinquante ans après, fous l'empire de Claude. Il y a un autre livre intitulé auffi To/dos Jefu , pn- blié l'an 170$ par M. Huldric , qui fuit de plus près l’évangile de lenfance , mais qui commet à tout moment les anacronifmes & les fautes les plus grof- fieres ; 1l fait naître & mourir Jefus- Chrift fous le regne d'Herode le prand ; il veut que ce foit à ce prince qu'ont été faites les plaintes fur l’adultere de Panther & de Marie mere de Jefus; qu’en confé- quence Herodeirrité de la fuite du coupable, fe foit tranfporté à Bethléem & en ait maflacré tous les enfans. L’anteur qui prend le nom de Jonathan, qui fe dit contemporain de Jefus-Chrift &c demeurant à Jéru- falem, avance qu'Herode confulta, fur le fait de Jefus-Chrift , les fénateurs d’une ville dans la terre de Céfarée. Nous ne fuivrons pas un auteur aufl abfurde dans toutes fes ridicules contradiétions. Cependant c’eft à la faveur de tontes ces odieufes calommies que. les Juifs s’entretiennent dans leur haine implacable contre les Chrétiens & contre l'E- vangile ;1ls n’ont rien négligé pour altérer [a chro- nologie du vieux Teftament , & répandre des dou- tes & des difficultés fur le tems de la venue de notre Sauveur ; tout annonce & leur entétement & leur mauvaife foi. 406 M ES" Ahmed-ben- Caffam-al-Andacoufy, more de Gre- made, qui vivoit fur la fin du xvj. fiecle, cite un manufcrit arabe de faint Cœcilius , archevêque de Grenade, qui futtrouvé avec feize lames de plomb pravées en carateres arabes, dans une grotte prèsde Ja même ville. Dom Pedro y Quinones, archevêque auf de Grenade , en a rendu lui même témoignage. Ces lames de plomb, qu’on appelle de Grenade, ont été depuis portées à Rome ; où, après un exameñ qui a duré plufeurs années , elles ont enfin été con- damnées, comme très-apocryphes, fous le pontificat d'Alexandre VII. Elles ne renferment que quelques hiftoires fabuleufes touchant la vie de la fainte- Vierge , l'enfance & l’éducation de Jefus-Chrift fon fils. On y lit entr’autres chofes que Jefns-Chrift en- cote enfant & apprenant à l’école l’alphabet arabi- que ; interrogeoit fon maître fur la fignification de chaque lettre ; & qu'après en avoir appris Le fens &c la fignification grammaticale , il lui enfeignoit le fens myftique de chacun de ces caraëteres , & lui ré- véloit ainfi d’admirables profondeurs. Cette hiftoire eft firement moins ridicule que les prodiges rappor- tés dans l’évangile de l'enfance, & toutes les autres fables qu'ont imaginé en divers tems l’inimitié des uns , l'ignorance ou la fraude pieufe des autres. Le nom de Meffée, accompagné de l’ébithete de faux , fe donne encore à ces impoñfteurs , qui dans divers tems ont cherché à abnfer la nation juive, & ont pu tromper un grand nombre de perfonnes qui avoient la foibleffe de les regarder comme le vrai Chrift, le reffie promis. Ainf 1l y a eu de ces faux Meffies avant même la venue du véritable oint de Dieu. A6, apoff. cap v. Y. 34. 35. 36. Le fage Gamaliel parle d’un nommé Theudas dont l’hiftoire fe lit dans les antiquités judaiques de Jofephe, iv. XX. chap, ij. {l fe vantoit de pafler le Jourdain à pié fec, il attira beancoup de gens à fa fuite par fes difcours & fes preftiges ; mais les Romains étant tombés fur fa petite troupe la difperferent , conpe- rent la tête au malheureux chef, & lexpoferent à Jérufalem aux outrages de la multitude, Gamaliel parle aufli de Judas le galiléen , qui eft fans doute le même dont Jofephe Fa mention dans le 12 chap. du LI. liv. dé la guerre des Juifs : il dit que ce fameux prophete avoit ramafñlé près de 30 mille hommes , mais l’hyperbole eft le caraétere de l’hif- torien juif : dès les tems appoñtoliques , «&. apoff, chap. viij. v. 9. Von voit Simon le magicien qui avoit fu féduire les habitans de Samarie au point qu'ils le confidéroïent comme la vertu de Dieu, Dans le fiecle fuivant, l’an 178-179 de l’ere chré- tienne , fous l’empire d’Adrien, parut le fanx Meffre Barchochebas à la tête d’une srofle armée; il parcou- rut la Judée , il y commit les plus grands défordres : ennemi déclaré des chrétiens , il fit périr tous ceux qui tomberent entre fes mains qui ne voulurent pas fe faire circoncire de nouveau & rentrer dans le judaitme. Tinnius Rufus voulut d’adord réprimer les cruau- tés de Barchochebas, & arrêter les dangereux pro- erès de ce faux meffie ; l’empereur Adrien voyant que cette révolte pouvoit avoir des fuites, y en- voya Julius Severus, qui, après plufieurs rencon- tres, les enferma dans la ville de Bither, quu fou- tint un fiége opiniâtre, & fut enfin emportée. Bar- chochebas y fut pris 8 mis à mort, au rapport de faint Jérome & de la chronique d'Alexandrie. Le nombre des juifs qui furent tués ou vendus pendant & après la guerre de Barchochebas , eft innombra- ble. Adrien crut ne pouvoir mieux prévenir les con- tinuelles révoltes des Juifs, qu’en leur défendant par un édit d'aller à Jérufalem ; il établit même des gardes aux portes de cette ville pour en defendre Pentrée au refte du peuple d'Ifrael, Au fapport de quelques auteurs juifs, Coziba fur- nommé Barchochebas, fut nus à mort dans la ville de Byther par les gens de fon propre parti , qui s’en dé- firent , parce , dirent-ils, qu'il n’avoit pas un carac- tere eflentiel du Meffe , qui eft de connoître par le feul odorat fi un homme étroit coupable, Les Juifs difent aufli que l’empereur ayant ordonné qu'on Îui- envoyät la tête de Barchochebas , eut auffi la curio- fité de voir fon corps ; mais que lorfqu’on voulut l'enlever , on trouva un énorme ferpent autour de fon col, ce qui effraya fi fort ceux qui étorent ve- nus pour prendre ce cadavre, qu'ils s’enfurent ; 8c le fait rapporté à Adrien, il reconnnt que Barcho- chebas ne pouvoit perdre la vie que par la main de Dieu feul. Des faits fi puériles & fi mal concertés , ne méritent pas qu’on s'arrête à les réfuter. Il paroit qu'Akiba s’étoit déclaré pour Barchochebas , & {outenoit hautement qu'il étoit le Meffe. Aufh les difciples de ce fameux rabbin furent les premiers fettateurs de ce faux Chrift ; c’eft eux qui défendi- rent la ville de Byther , & furent par l’ordre du gé- néral romain, liés avec leurs livres & jettés dans le feu. : Les Juifs, toujours portés aux plus folles exagé- rations fur tout ce qui a rapport à leur hiftoire , di- fent qu’il périt plus de juifs dans la guerre de Byther qu'il n’en étoit {orti d'Egypte. Les crânes de 300 en- fans trouvés fur une feule pierre , les rniffeaux de {ang fi gros qu’ils entrainoiïent dans la mer, éloignée de quatre milles, des pierres du poids de quatre li- vres ; les terres fuffifamment engraiflées par les ca- davres pour plus de fept années, font de ces traits | qui cara@érifent les hifloriens juifs , & font voir le peu de fonds qu’on doit faire fur leur narration. Ce qu'il y a de très-vrai, c’eft que les Hébreux appellent Adrien un fecond Nabuchodonofor , & prient Dieu dans leurs jeûnes &c dans les prieres d’imprécations | (qui font aujourd’hui la majeure partie de leur culte); ils prient , dis-je, l’Eternel de fe fouvenir dans fa colere de ce prince cruel & tyran, qui a détruit 480 fynagogues très -florilantes , tant ce peuple, que Tite avoit prefque détruit 60 ans auparavant , trou- voit de reffources pour renaître de fes cendres , &c | redevenir plus nombreux & plus puifflant qu'il ne l’a- voit été avant fes revers. On lit dans Socrate, hiftorien eccléfaftique, Soc. hifi. ecclef. lib, IT, cap, xxvlij, que l'an 434 il parut dans l’île de Candie un faux meflie qui s’appelloit - Moiïfe , fe difant être l’ancien libérateur des Hé- breux envoyé du ciel pour procurer à fa nation la plus elorieufe délivrance ; qu’à-travers les flots de la mer il la reconduiroit triomphante dans la Palef- tine. Les juifs candiots furent affez fimples pour ajouter ‘foi à fes promefles ; les plus zélés fe jetterent dans la mer, efpérant que la verge de Moife leur ouvri- roit dans la mer Méditerranée un pañlage miraculeux. Un grand nombre {e noyerent ; on retira de la mer plufeurs de ces miférables fanatiques ; on chercha , mais inutilement , le féduéteur, 1l avoit difparu , if fut impofhble de le trouver ; &c dans ce fiecle d’igno- rance les dupes fe confolerent , dans l'idée qu’aflu- rément un démon avoit pris la forme humaine pour fédmre les Hébreux. Un fecle après, favoir l'an 530, il y eut dans la Paleftine un faux meflie nommé Julien ; 1l s’annon- coit comme un grand conquérant qui à la tête de fa nation détruiroit par les armes tout Îe peuple chré- tien. Séduits par fes promefles , les Juifs armés op- primerent cruellement les Chrétiens , dont plufeurs furent les malheureufes viétimes de leur aveugle fu- reur. L'empereur Juftinien envoya des troupes au {ecours des Chrétiens : on livra bataille au faux Chrift ; il fut pris & condamné au dernier fupplice, ce qui donna le coup de mort à fon parti &rle diffipa entierement. | Au commencement du vi. fiecle , Serenus, juif efpagnol , prit un tel afcendant fur ceux de fon par- ti, qu'il fut leur perfuader fa miflion divine , pour être le Meffe glorieux qui devoit établir dans la Pa- leftine un empire floriflant. Un grand nombre de crédules quitta patrie , biens, famille & érablifle- mens pour fuivre ce nouveau Me/fe: mais ils s’apper- çurent trop tard de la fourberie ; & ruinés de tond en comble , ils eurent tout le tems de fe repentir de leur fatale crédulité. | _ Ïl s’éléva plufeurs faux rmeffies dans le x}. fiecle; il en parut un en France duquel on ignore & le nom & la patrie. Louis le jeune févitcontre fes adhérens, il fut mis à mort par ceux qui fe faifirent de {a per- fonne. L'an 1138 1l y eut en Perfe un faux meflée qui fat aflez bien lier fa partie, pour raffembler une armée .Coufidérable , au point de fe hafarder de livrer ba- taille au roi de Perfe, Ce prince voulut obliget les juifs de fes états de pofer les armes#mais l'impofteur les en empêcha, fe flattant des plus heureux fuccès. La cour nésocia ayec lui : il promit de défarmer fi on luirembourfoit tout les frais qu’ils avoit faits. Le xo1 y confentit, & Iilivrade srandes fommes ; mais dès que l’armée du faux chrift fut difipée , les Juifs furent contraints de rendre au roi tout ce qu'il avoit payé pour acheter la paix. Le x. fiecle fur fertile en faux Meffies : on en compte fept ou huit qui parurent en Arabie, en Perfe , dans l’Efpagne, en Moravie. Un d’eux qui fe nommoit David-El-Ré , pafle pour avoir été un très-grand magicien ; il fut féduire les Juifs par {es preftiges, & fe vit ainf à la tête d’un parti confidé- rable qui prit les armes en fa faveur ; mais ce reffie fut aflafliné par fon propre gendre. Jacques Zieglerne de Moravie, qui vivoit au mi- lieu du xvj. fiecle , annonçoit la prochaine venue du Meffie, né , à ce qu'il difoit depuis quatorze ans, & l’avoit vu, difoit-il, à Strasbourg , & gardoit avec foin une épée & un fceptre pour les lui mettre en main dès qu'il feroit en âge de combattre: il publioit que ce Meffre, qui dans peu fe manifefleroit à fa nation , détruiroit l’ante-chrift , renverferoit l'empire des Turcs, fonderoit une monarchie uni- verfelle , & affembleroit enfin dans la ville de Conf- tance un concile qui dureroïit douze ans, & dans lequel feroient terminés tous les différends de la Re- hoion. | L’an 1624 Philippe Zieglerne parut en Hollande, & promit que dans peu il viendroit un Meffe, qu'il difoit avoir vu, & qu'il n’attendoit que la conver- fion du cœur des Juifs pour fe manifefter, : Enl’an 1666 Zabathei Sevi, né dans Alep, fefit pañer pour le Âfeffe prédit par Zieglerne ; il ne né- gligea rien de ce qu'il falloit pour jouer un fi grand rôle ; il étudia avec foin tous les livres hébreux, & s’en fit à lui-même l’application. Il débuta par prêcher fur les grands chemins & carrefours , & au milieu des campagnes. Les Turcs fe mocquoient de lui, le traitoient de tol & d’infenté, pendant que fes difciples l’admiroient & l’exaltoient _jufques aux nues. Il eut auffi recours aux prodiges , la Philofophie n’en avoit pas encore défabufé dans ces tems-là : elle n’a pas même produit aujourd’hui cet heureux effet fur la multitude toujours portée au merveilleux. Il fe vanta de s'élever en l'air, pour accomplir, difoit-il ; l’oracle d'Ifaie , xiv. v, 14. qu'il appliquoit mal-à-propos au Meffe, Il eut la har- diefle de demander à fes difciples s’ils ne Pavoient pas vu en l'air, &r il blama l’aveuglement de ceux qui plus finceres qu'enthoufaftes oferent lui aflurer que non. Il paroït qu’il ne mit pas d’abord dans fes MES ‘407 intérêts le gros de larnation juive, puifqu’il éht des affaires fort férieufes avec les chefs de la fynagoghe deSmytne,qui prononcerenticontre lui une fenténce de mott ; mais perfonnen'ofant l'exécuter,, ilen fur quitte pour la peur & le banniffement, Il contraéta trois mariages, & n’en confomma point ; je ne fais dans quelle tradition il avoit pris que cette bifarre continence étoit un des refpe@ta- bles caraéteres du libérateur promis, Après plufieurs voyages en Grece &cien Épypte, il vintà Gaza, où il s’aflocia un juif nommé Nathan Levi on Benjamin. Il lui perfuada de faire le pérfonnage du prophete Elie, qui devoit précéderle Meffée. ls fe réndirent à Jérufalem , où le faux précurteur annonça Zaba- thei Sévy comme le Meffie attendu. Quelque grof- fiere que fût cette trame , élle trouva des difciples + la populace juive fe déclara pour lui ; ceux qui avoient quelque chofe à perdre déclamerent contre lui & lanathématiferent. Sevy, pour fuir l'orage, fe retira à Conftantino- ple , & de-là à Smyrne. Natha - Levy lui envoya quatre ambafladeurs quilereconnurent 8cle faluerent publiquement en qualité de Meffie ; cette ambaflade en 1mpofa-au peuplé 8 même à quelques doéteurs, qui donnant dans le piége, déclarerent Zabathei- Sevi Mefffe & roi des Hébreux ; ils s’empréfferent de lui porter des préfens confidérables, afin qu'il pût foutenir fa nouvelle dignité. Le petit nombte des Juifs fenfés & prudens blamerent ces nouveautés, & prononcerent contre l’impofteur une feconde fen- tence de mort. Fier de ce nouveau triomphe , il ne fe mit pas beaucoup en peine de ces fentences, très. afluré qu’elles refteroïent fans effet , & que perfonne ne fé hafarderoit à les exécuter. Il {e mit fous la pro- teétion du cadi de Smyrne, & eut bientôt pour lui tout le peuple juif. Il fit drefler deux trônes , un pour lui, & l’autre pour fon époufe favorite; il prit le aom de roi des rois d’Ifraël , & donna à Jofeph Sevy fon frere, celui de roi des rois de Juda. W par- loit de la prochaine conquête de l'empire Ottoman comme d'une chofe fi aflurée-, que déja il en avoit diftribué à fes favoris les emplois & les charges ; il pouffa même l’infolence jufqu’à faire ôter de la li- turgie ou prieres publiques le nom de l’empereur, & à y faire fubftituer le fien. Il partit pour Conftan- tinople ; les plus fages d’entre les Juifs fentirenthien que les projets & l’entreprife de Seyy pourroient perdre leur nation à la cour ottomane : ils firent avertir fous main le grand-feisneur , qui donna fes ordres pour faire arrêter ce nouveau Me/fre. Il ré- pondit à ceux qui lui demanderent pourquoiilavoit pris le nom &r la qualité de roi , que c’étoit Le peuple juif qui Py avoit obligé. On le fit mettre en prifon aux Dardanelles ; les Juifs publierent qu’on ne l’épargnoit que par crainte ou par foibleffe. Le gouverneur des Dardanelles s’enrichit des préfens que les juifs crédules lui pro- diguerent pour vifiter leur roi, leur Meffe prifonnier, qui dans cet état humuiliant confervoit tout fon or- gueil , & fe faifoit rendre des honneurs extraordi- naires. | Cependant le fultan , qui tenoit fa cour à Andri- nople , voulut faire finir cette pieufe comédie, dont les fuites pouvoiïent être funeftes : il fit venir Sevy ; &c fur ce qu'il fe difoitinvulnérable, le fultan ordonna qu'il fût percé d’un trait & d’une épée. De telles propoñtions d'ordinaire déconcertent les impof- teurs ; Sevy préféra les coups des muphtis & dervi- chesà ceux des icoglans. Fuftigé par les miniftres de la loi, il fe fit mahométan, & 1l vécut également méprifé des Juifs & des Mufulmans : ce qui a fi fort décrédité la profeffion de faux meflie , que c’eft le . dernier qui ait fait quelque figure & paru en public à la tête d’un parti. 403 MES MESSIER ,f. m.(Gram.)payfan commis à la gat- de des vignes. MESSIEURS, f. m. plur. titre d'honneur ou de civilité dont on fe fert en parlant ou en écrivant à plufieurs perfonnes ; c’eft le plurier de on/eur. Les plaidoyers, les harangues commencent tou- jours par le mot de weffieurs , qu’on répete fouvent dans la fuite du difcours, On le dit auf en parlant de tierces perfonnes ; ainfi l’on dit weffieurs du parle- ment, Zeffieurs du confeil , reffreurs des comptes, rneffieurs de ville. Ce terme a pris droit de bourgeoifie depuis quel- ques années en Angleterre, où l’on s’en fert en plu- fieurs occafons. MESSIN , LE (Géog.) ou le pays Meffin ; province de France dans les trois évêchés de Lorraine , entre le duché de Luxembourg, la Lorraine , & le duché de Bar. Il a pris fon nom de Metz la capitale , qui l’a été des Médiomatrices; ceux-ci, du temps de Céfar ; occupoient un fort grand pays fur le Rhin ; mais peu après, ils en furent délogés par les peuples : germains Tribocci, Vangiones , 8 Nemetes. Ils ont toujours fait partie de la Gaule Belgique, & lorfque la Gaule Belgique fut divifée en deux provinces, ils furent compris dans la premiere, & mis fous la mé- tropole de Trèves. Le climat du pays Meffin eft d’une fertilité mé- diocre , plus froid que chaud du côté des Ardennes, &c peuplé d’habitansaffez femblables pour les mœurs aux Allemands. Ses principales rivieres font la Mo- {elle , & la Seille. (D. J.) MESSINE, (Géog.) en latin Meffana, mot auquel nous renvoyons le lecteur. Meffine eft une très an- cienne ville de Sicile , dans la partie orientale du Val de Démona fur la côte du Fare de Meffine, vis-à-vis du continent de l’Italie , au midi occidental du fort de Faro. Elle a un archevêché , une citadelle qui la com- mande ,un vafte & magnifique port, qui la rendroit commerçante, fi l’on favoit profiter de fa pofition ; mais elle ne brille que par fes monafñteres. On y comptoit 80 mille habitans avant les vêpres ficilien- nes, on n’en compteroit pas aujourd’hui la moitié. Elle difpute avec Palerme le titre de capitale , le procès n’eft point jugé, & le vice-roi de Sicile de- meure fix mois dans l’une, & fix mois dans l’autre. Elle eft fituée fur la mer, au pié, & fur la pente de plufeurs collines qui lentourent , à 4 lieues E. de Palerme, 17 N. E. de Catane, 100 S.E. de Rome, 60 S. E. de Naples. Long. felon de la Hire & des Places, 33 , 47/, 45" , lat. 38 , 21. Cette ville eft la patrie de quelques gens de let- tres , dont les noms obfcurs ne doivent point entrer dans l'Encyclopédie; mais l'Italie a connu la pein- ture à l’huile par un de fes citoyens. Van Eyk de Bruges , inventeur de cette peinture, en confa le fecret à Antoine de Mefffne , de qui le Bellin fut l’ar- racher par ffratageme , & alors ce ne fut plus un myf- tere pour tous les peintres. (D, J.) _MESSINE, Fare de (Géogr.) Voyez FARE DE Mes- SiNE. ( D.J. MESTIVAGE ox MESTIVE, {. m. (Jurifprud.) redevance en blé, droit qui fe leve fur les biés que lon moiflonne. Voyez Le gloffaire de Ducange, au mot meflivagium , & celui de Lauriere au mot ef: tive, (A SALSPRES DE CAMP GÉNÉRAUX , font les deux premiers officiers de la cavalerie & des dragons après le colonel général de chacun de ces deux Corps. Mestre DE CAMP, c’étoit autrefois le nom qui fe donnoit au premier officier de chaque régiment d'infanterie & de cavalerie, lorfque chacun de ces deux corps avoit un colonel général ; mais à préfent MES qu'il n’y en a plus que dans la cavalerié & dans les dragons , 1l n’y a de meftre de camp que dans ces derniers corps. Ils y font ce que les colonels d’infan. terie font dans leurs régimens. Voyez COLONEL. MESTRE , (Marine.) c’eftle nom qu’on donne au rand mât d’une galere, voyez GALERE , qu’on ap- pelle arbre de mefire. MESTRIANA, ( Géog. anc.) ville de la Panno- nie ; felon FItinéraire d’Antonin. C’eft aujourd’hui Mefirt , bourgade de la baffe-Hongrie , dans le comté de Vefprin , vers le lac de Balaton. ( D. J. MESUAGE , {.m. (Jurifprud.) fignifie manoir, & s'entend ordinairement d’une maifon aflife aux champs. Mefuage capital, c’eft le chef, manoir ou principal manoir. Woyez lancienne coutume de Nor- mandie , ch, xxv]. 6 xxxiv. le gloffaire de Ducange, au mot rzeffuagium , celui de Cowel, & La Jin de fes cnffitutes du droit anglois , & le gloff. de Lauriere , au mot refuage, (A) MESUE LAPIS, (Hifi. nat.) nom que l’on a donné au Zapis layuli, Voyez cet article, MESVE , ( Geog.) en latin Maffava, connu dans l’hiftoire pour être nommée dans les tables Théodo- fiennes, Ce n'eft point la Charité-fur-Loire, comme Samfon l’a cr; maïs c’eft un village qui n’en eft pas éloigné, & qui porte le nom de Mefve , qu’on écri- voit autrefois Maifye. Ce village, dont ja cure eft très-ancienne, eff fur la Loire , à une lieue plus bas que la Charité , à l’endroit où le ruiffleau de Mazoa fe décharge dans cette riviere. ( D. J.) MEVENDRE, v. aët. ( Com. ) vendre une mar- chandite à moindre prix qu’elle ne coûte. MÉVENDU 04 MÉVENDUE, adj. une marchandife mévendue eft celle qu’on vend beaucoup au-deflus de fon jufte prix. MEVENTE, ff, vente à vil prix, fur laquelleïl y a beaucoup à perdre, Il fe trouve fonvent de la mé vénte Îur les marchandifes fujettes à fe gâter, où qui ne font plus de mode. Il eft de la prudence d’un né- gociant de les vendre à tems. Difonnaire de Com: merce. MESUIUM , (Géogr. anc.) ville de la Germanie, que Prolomée place entre Lupia & Argelia, On croit que c’eft à préfent Meydemberg-{ur-l'Elbe, (D. J.) MESUMNIUM ox MESYMNIUM , (Live.) nom que les anciens donnoient à une partie de leur tra- gédie , ou à certain vers qu'ils employoient dans leur tragédie. Voyez TRAGÉDIE. Le méfymnium étoit un refrain tel qu’io pæan ! 6 dithyrambe , hymen, 6 hymenée, ou quelqu'autre femblable qu’on mettoit au milieu d’une ffrophe ; mais quand il fe trouvoit à la fin, on le nommoit ephymnium. Voyez STRoPHE & CHŒUR. MESURAGE , f. m. (Géom.) on appelle ainf l’ac- tion de mefurer l’aire des furfaces , ou la folidité des corps. Voyez MESURER & MESURE. MESURAGE , aétion par laquelle on mefure, On le dit aufi de l'examen qu’on fait f la mefure eft bonne & jufte. On diten ce fens, je fuis fatisfait du mefurage de mon blé. MESURAGE, fignifñie aufi le DROIT que les fei- gneurs prennent fur chaque mefure, aufli-bien que les falaires qu’on paie à celui qui mefure. Les blés qui s’achetent dans les marchés doivent le droit de s1efurage ; mais ceux qui s’achetent dans les greniers n’en doivent point , parce qu’on y fait foi-même le mefurage, & fans être obligé d’y appel- ler les officiers des feigneurs. Ce droit s’appelle auffi minage. Voyez MINAGE. Di. de Com. | MESURE, f. f. er Géométrie, marque une certai- ne quantité qu’on prend pour unité , & dont on ex- prime les rapports avec d’autres quantités homoge- nes. Foyez MESURER & NOMBRE. Cette définition eft plus générale que celle d'Eu- chde, clide, qui définit la #efüre une quantité qi, étant répétée un certain nombre de fois, devient égale à mne autre; ce-qui répond feulèment à l’idéé d'une partiealiquote. Voyè ALiQuOTE. La, rrefured'unangle eft unarc.décrit dufomimet a, (PL. géomer. fig. 10.) &t d'un intervalle quelcon: que entre les.côtes de l'angle comme df: Lésan- gles font donc différens les nns:des-antres:, fuivant les rapports que les arcs décritside. leurs: fommets, & compris entre leurs, côtes, ont aux circonféren- ces ; dont ces. arcs font refpeélivement partie» & par conféquent ce font ces arcs: qui diftinguent les angles, 8e les rapports. des arcs à leur circonférence diftinguent lesarcs : ainfi l’angle /aceft dit du mê- me nombre de degrés que l’'arc-fd. Voyez au mor Decré la raïfon pourquoi ces arcs font la refire dés angles. Foyez auf ANGLE. | La mefure d’une furface plane-eft un quatré qui a pour côté un pouce ,unpié, une toife, ou toute autre longueur déterminée., Les Géometres fe fer- vent ordinairementide la verge quarrée , divifée en cent piés quatrés &c les piés quarrés en pouces quar- tés. Voyez QUARRÉ. ; E LETON Oneert de mefures quarrées pour évaluer-les furfaces ou déterminer les aires des rerreins, 1°. parce qu'il n’y a que des furfaces qui puiffent me- furer des furfaces,, 2°. parce que-leszzefüres quarrées ont toute la fimplicité dont une refüre foit fufcepti- ble ;“lorfqu'il.s’agit de trouver l’aire d’une furface. La smefure d'une hgne eft une droite prife à volon- té, & qu'on confidere comme unité. Voyez LIGNE. Les Géometres modernes fe fervent pour cela de la toife , du pié,, de la perche, &c. Mefure de la maffe ; ou quantité de matiere en mé- chanique:, ce.n’eft autre chofe que fon poids ; car al.eft clair que toute la-matiere qui fait partie-du corps, &qu fe meut avec-lui, gravite auf avec lui; & comme on a trouvé par expérience que les pravités des corps homogenes + étoient proportion- nelles à leurs volumes , il s'enfuit de-là , que tant que la mañle continuera à être la même, le poids era auf le même, quelque figure que le poids puifle recevoir, ce qui n'empêche pas qu’il ne def- cende plus difficilement dans un fluide {ous une f gure qui préfentera au fluide une furface plus éten- due ; parce que [a réfiftance &c la cohéfion d’un plus grand nombre de parties au fluide qu'il faudra dé- placer, ln fera alors un plus grand obftaclé. Poyez Porps , GRAVITÉ, MATIERE, RÉSISTANCE, &ec. * Mefured’ur nombre, en arithmetique , eft un autre nombre qui mefure le premier , fans refte, ou fans laïfler de fraétions; ainfi o eft mefure de 27. Voyez NOMBRE 6 DIvisEURr. Mefüre d'un folide, c’éft un cube dont le côté ef un pouce, un pié , une perche, ou une autre lon- gueur déterminée. # Mefurè de la vitefle. Voyez Vitesse, & la fin du n0t ÉQUATION. Chambers. (E) MESURES, harmonie des (Géom.) la mefureen.ce fens (modulus) eft une quantité invariable dans cha- que {yftème , qui a la même proportion à l’accroif- fement de lamefure d’une raïfon propofée, quele ter- Me croiflantde la raifon a à fon propre accroiflement. La mefure d’une raifon donnée eft comme là me- fure (z10odu/us) du fyflème dont elle eft prife ; & la mefure dans chaque fyflème!eft toujours évale à Ja mefure d’une certaine raifon déterminée & immua- ble, que M, Cotes appelle, à caufe de cela, raifon de mefure;,, ratio modularis. ‘: IPprouve dans fonlivre intitulé, Harmonia men- Jürarum, que cette raïfon et exprimée par les nom- bres fiivans: 2,7182818 , Gc. à 1, ou par 1 à 0,3678794, &c. De cette maniere, dans le canon de Bripps; le logarithme de cetteraifon eftla mefure Tome X, à à I Læ ! Wa EE + | MEN (modulus) de cefyftèmes dans la Mgné lopitique, la foutangente donnée eft la riéfüre du fyflèmé; dans lhyperbole ; le parallélogramme, conténu par une ordonnée à l’afymptote 62par l’Abfciflé du centre’; ce parallélogramme:, dis-jé donné ,'efl'la fire de cefyftème ; & dans les autres. larmefire éfbtoujours une quantité remarquable, 22: meme ni 1 Dans la feconde pfopoñition; il' donné une miétho- de particuliere & concite deicalculerle carton dés lo. garihmes de Briggs | aveé des regles: pPOlr trouver des logarithmes, 8e des nombres intéfmédiaires ; même aurdelà de cecanon, PRES GWT TAET Dans la: troifieme propoñtion, il'bAtit:tel fyftè- me de mefures que ceoit; bar nn canon delogarith- mes; non-feulement lorfere la mefure de quelque raifonteft donnée; mais auffi fans cela , en cherchant. la mefure du fyflème par larrègle fufmentionnée. Dans les quatrieme ,'cinquieme &fixieme pro- pofitions, il quarre l'hyperbole, décrit la ligne losif tique & équiangulaire fpirale, par un canonde lo- garithmes ;.&c‘1l explique divers ufages curieux de ces propoñitions dans les fcholies. Prénons ir exern. ple aifé de la méthode logométrique | dans lé pro blème commun de déterminerlla denfité dé l'atmo£ phere. Suppofée la gravité uniforme, tout le monde. fait que fi les hauteurs font prifes' dans quelque pro- portion arithmétique ; la denfité de l’air fera à ces hauteurs en progreflion géométriqueh, c'éft-X-dire, que les hauteurs font les mefires des railons dés den. fités à ces hauteurs & au-deflous, & que la diffé- rence des deux hauteurs quelcondues’;'eft la refure de la raïfon des denfités à ces hauteurs. | Pour déterminer donc! la-orandeur abfolue & réelie deces mefures, M. Cotes prouve à priori, que la mefure ( modulus) du fyftème eft la hauteur de l'atmofphere , réduite par-tout à la même denfité qu'au-deflous. La mefure (rodulus) eft donc don- née, comme ayant la même proportion la hautenr du mercure’ dans le barometre, que la gravité {pé- cifique de Pair ; & par conféquent tout le fyftème eft donné : car, puifque dans tous les fyftèmes les mefures-dés mêmes raifons qui font analogues entre elles, le logatithme de la raifon de la denfité de Pair dans deux hauteurs quelconques , fera À la mefure (rodulus) du canon, comme la différence de ces hair teurs left à la fufdite hauteur donnée de l’atmof. phereëégale partout. * M: Cotes définit les me/ures des angles de la même maniere que celle des raïfons : ce font des quantités quelconques ; dont les'grandeurs font analogues à la grandeur des angles. T'els peuvent être les arcs ou {eteurs d’un cercle quelconque , ou toute autre quantité de tems, de vitefle’, ou de réfiffance ana logue aux grandeurs des angles. Chaque fyfème de ces m:fures a aufli fa mefure (modu/us) conforme aux mefures du fyflème , &c qui peut être calculée par le canon trigonométrique dés finus & des tangentes, de la même maniere que les méfires des raifons par le canon des logarithmes ; car la mefure (rmodilus) donnéedans chaque fyftème, a la même proportion à la mefure d'un angle donné quelconque , que le rayon d’un cercle a à un arc foutendu à cét angle ; ou celle que ce nombre confiant de degrés , 372957795130, a au nombre de degrés de langle fufdit. : À l'égard de l'avantage qui fe trouve à calculer, felon la méthode de M. de Cotes , c’eft que les me- Jures des raïfons ow des angles quelconques , fe calculent toujours d’üne maniere uniforme , en prenant des tables le logarithme de la raifon, ou le nombre de degrés d’un angle, & en trouvant en- fuite une quatrieme quantité proportionelle aux trois quantités données : cette quatrieme quantité eff la mefüre qu'on cherçhe, (2, J.) hr AAO MES . Mesure, regle originairement arbitraire, êcet- fuite devénue:fixe dans les ditférentes fociétés., pour marquer foi la durée du remis , foit da longueur. des “chemins, foit la quantité des denrées où marchan- difes dans le commerce. De-là en peut diflinguer trois fortes dernefures : celle dutems,, celle des lieux, “celle du commerce. Lamnefure du tems chez tous les peuples a été af- ez communément déterminée par la durée de la ré- volution que laterre fait autour de fon axe, & delà les jours ; par celle que la lune emploie à tournerau- tour dela terre , d’où lon.a compté par lunes ou par mois lunaires ; par celle.okle foleil paroït dans un des fignes du zodiaque, 6z.ce font les mois fo- daires ; êc enfin par lettems qu’emploie la terre à tour- er autour du foleil, ce qui fait l’année, Et pour fixer ou reconnoître le nombre des années, on a imaginé d’efpace en efpace des points fixes dans la durée des +ems marqués par de grands événemens, & c'eftce qu'on à nommé époques pr La mefure des diftances d’un lieu à un autre ef l’ef- pace qu'on parcourt d'un point donné à un autre point donné, & ainfi de fuite , pour marquer la lon- gueur des chemins. Les principales we/ures des an- ciens, & les plus connues , étoient chez les Grecs, le ffade ; chez les Perfes , la parafangue ; en Egypte, de /choene ; le mille parmi les Romains , & la lieue chez les anciens Gaulois. Voyez tous ces mots fous ‘leur titre pour connoîitre la propertion de ces mefures avec celles d'aujourd'hui. Les Romains avoient encore d’autres mefures pour “Æxer la quantité de terres ou d’héritages appartenans à chaque particulier. Les plus connues font la perche , le climat, le petis aëüle | l'acte quarré où grand 'aëüle, le _Jugere le verfe & l’érédie. Voyez PERCHE, CLIMAT; ACTE, &c. À l'égard des zrefures des denrées , foit feches, foit liquides, elles varioient {élon les pays. Celles des Ægyptiens étoient l'arcaba | l'aporrhima, le fayiès, Voephis, liontum ; celles des Hébreux étoient le corc, le kin, Vepha, le fat, ou fatum , l’homer & le cab, Les Perfes avoient l'achane, l’artaba , la capithe. Chez les Grecs on mefuroit par medimnes , chenices , fèptiers, «oxibaphes ; cotyles, cyathes, cueillerées ; Gc. A Rome on connoïfloit le culeus , l’amphore, le conge , le fep- -sier, l’emine , le quartarius, l’acetabule & le cyathe, fous lequel étoient encore d’autres petites efures en très-grand nombre. Voyez au nom de chacune ce qu’elle contenoit. Mesure, ( Poëfie latine.) une rmefure eft un efpace -qui contient un ou plufieurs tems. L’étendue du tems eft d’une fixation arbitraire. Si un tems eft l’efpace dans lequel on prononce une fyllabe longue, un demi-tems fera pour la fyllabe breve. De ces tems & de ces demi-tems font compofées les mefures ; de “ces mefures font compolés les vers ; & enfin de ceux- ci font compofés lés poëmes. Pié & zefure font or- dinairement [a même chofe. Les principales refures qui compofent les vers grecs & latins, font de deux ou de trois fyllabes ; de deux fyllabes qui font oulongues ,commele fpon- -dée qu'on marque ainfi — — ; ou breves , comme le pyrrique 9 0 ; ou breve l’une &z l’autre longue, -comme l'iambe 9 — ; ou l’une longue & l’autre bre- ve, comme le trochée— ». Celles de trois fylla= bes font ledaétyle — © © , Panapefte 0 w —, letri- braque © 0 © , le moloffe— —, Des différentes combinaïfons de ces piés ; & de eur nombre, fe {ont formées différentes efpeces de ers chez les anciens. 1°. L’aexametre on héroïque qui a fix mefures, .2°. Le pentametre qui en a cinq. s 2 5 4 $ 6 Principi-is obf-1a : Je-rd medi-cina Pa-ratur , ME $ vs Lee RE # “2 Cum mala-pèr lon-gas invalu-êre moras 3°. L’iambique , dont il y a trois efpeces ; le dia: metre qui a quatre wefures qui fe battent en deux fois, le trimerre qui en a fix, le tétrametre qui’en a huit. 4°. Les lyriques qui fe chantoïent furlalyre ; télles font les odes de Sapho,, d'Alcée , d'Anacréon , d'Ho- race. Toutes ces iortes de vers ont non-feulement le nombre de leurs piès fixé, mais encore le genre de piés déterminé, Principes de Lisrér. tome 1: (D, J,) MESURE, {. f, eftez Mufique une maniere de di- vifer la durée ouletems en plufieurs partiesésales. Chacune de ces parties s'appelle aufli efure, & fe fubdivife en d’autres aliquotes qu’on appelle rems, &t qui fe marquent par des mouvemens égaux de la main Où du pie. Voyez BATTRE LA MESURE. La du- rée égale de chaque tems & de chaque wfure eft remplie par une où plufeurs nôtes qui paflent plus où moins vite en proportion inverfe de leur nom- bre, & auxquelles ‘on donne diverfes figures pout marquer leur différente durée. Voyez VALEUR DES NOTES. Dans la danfe on appelle cadérce la même chofe qu'en mufique où appelle mefure. Voyez Ca- DENCE. Bien des gens confidérant le progrès de notre Mufque, penfent que la mefure eit de nouvelle in= vention ; mais il faudroit n'avoir aucune connoif- fance de lantiquité pour fe perfuader cela. Non- feulement les anciens pratiquoient la zefure ou le rythme, mais ils nous ont même laïflé les regles qu'ils avoient établies-pour cette partie. Voyez RHYTHME. En effet, pour peu qu’on y réfléchie, on verra que le chant ne confifte pas feulement dans l’intonation ; mais auffi dans la wefure , & qué Pun n'étant pas moins naturel que l’autre! l'inven- tion de ces deux chofes n’a pas dû fe faire en des tems fort éloignés. La barbarie dans laquelle retomberent toutesles fciences , après la deftru@ion de l'empire romain , épargna d’antant moins la Mufique, que les Latins ne l’avoient jamais extrèmement cultivée ; & l’état d'imperfeétion où la laïfla Guy d’Arezzo qui pañle pour en être le reftaurateur, nous fait aflez juger de celui où 1l auroit dû la trouver. Il n’eft pas bien étonnant que le rhythme, qui fervoit à exprimer la wefure de la poéfie, fûüt fort négligé dans des tems où l’on ne chantoit prefque que de Ja ptofe. Les peuples ne connoïfloient guere alors d’autres divertiffemens que les cérémonies de. l'églife,. ni d'autre mufique que celle de office ; & comme cette mufique n’exigeoit pas ordinaitement la régularité du rhythme , cette partie fut bientôt prefque entierement oubliée. On nous ditque Guy nota fa mufique avec des points ; ces points n’ex- primoient donc pas des quantités différentes, & l'invention des notes de différentes valeurs fut cer- tainement poftérieure à ce famenx mufcien. Tout au plus peut-on fuppofer que dans le chant de l’é- glfe il y avoit quelque figne pour diftinguer les fyllabes breves ou longues , & les notes correfpon- dantes , feulement par rapport à la profodie. On attribue communément cette invention des diverfes valeurs des notes à Jean des Murs, chanoi= ne de Paris, vers l’an 1330. Cependant le P. Mer-. fenne , qui avoit lu les ouvrages de cet auteur, af- fure n’y avoir rien trouvé qui pût confirmer cette! opinion. Et en effet, fi d'un côté l’ufage de la me Jure paroît poftérieur à ce téms, il paroît-certain d'autre part, que l’ufage des notes de différentes. valeurs étoit antérieur à ce même tems; ce qui n'offre pas de petites difficultés fur la maniere dont pouvoient fe mefurer ces valeurs, Quoi qu'il em. MES foit , voici l’état où fut d’abord mife cette partie de la Mufique. t Les premiers qui donnerent aux notes quelques regles de quantité, s’attachérent plus aux valeurs où durées relatives de ces notes, qu’à la rzefuré même , où au cataltcre du mouvement ; de forte qu'avant l'invention des différentes Mmefures , il y avoit des notes au-moins de cinq valeurs différen- tes; favoir , la maxime, la longue, la breve, la fe- mi-brevé, & la minime. Voyez ces mots. Dans la fuite les rapports en valeur d’une de ces notés à l’autre, dépendirent du tems, de la prola- tion ou du mode. Par le mode on déterminoit le rapport de la maxime à la longue, ou de la longue à la breve ;.par.le tems, celui de la longue à la breve, ou de la breve à la femi-breve, ou de la fe- mi-breve à la minime. Voyez MODE, PROLATION, TEMS. En général toutes ces différentes modifica- tions fe peuvent rapporter à la mefüre double ou à la mafure triple, c’eft-à-dire à la divifion de chaque valeur entiere en deux outrois temsinégaux, Cette maniere d'exprimer le tems ou la mefure des notes , changea entierement durant le conrs du der- nier fiecle, Dès.qu’on eut pris l’habitude de renfer- mer chaque mefure entre deux barres; il fallut nécef- fairement profcrire toutes les efpeces de notes qui renfermoient plufeurs efures ; la mefire.en devint plus claire; les partitions mieux ordonnées, & l’exé- cution plus facile ; ce qui’étoit fort néceflaire pour compenfer les difficultés que la Mufique acquéroit en devenant chaque jour plus compofée. Jufques-[à la proportion triple avoit pañlé pour la plus parfaite ; mais la double prit l’afcendant , & le € ou la mefure à quatre tems, fut prife pour la bafe de toutes les autres. Or la me/xre à quatre tems fe ré- fout toujours en 7re/tre en deux tems ; ainf c’eft pro- prement à la mefäre double qu’on a à faire rapporter toutes les autres, du-moins quant aux valeurs des notes &c aux fignes des zzefures, Au lieu donc des maximes, longues, breves, &c. on fubftitua les rondes , blanches , noires, croches, doubles & triples croches (voyez ces mors) , qui tou- tes furent prifes en divifion fous-double ; de forte que chaque efpece de note valoit précifément la moitié delaprécédente ; divifion mamfeftement défeQueufe & infufifante, puifqu’ayant confervé la mefure triple aufli-bien que la double ou quadruple , & chaque tems ainfi que chaque mefure devant être divifé en raifon fons-double ou fous-triple , à la volonté du compofteur , il falloit afigner ou plütôt conferver aux notes des divifñions proportionnelles à ces deux genres de mefure. : - Les Muficiens fentirènt bien-tôt le défaut, mais au lieu d'établir une nouvelle divifon , ils tâcherent de fuppléer à cela par quelque figne étranger ; ainfi ne fachant pas divifer une blanche en trois parties égales , ils fe font contentés d'écrire trois noires, ajoutant le chiffre 3° fur celle du milieu. Ce chiffre même leur a enfin paru trop incommode ; 6 pour tendre des pieges plus sûrs à ceux qui ont à lire leur Mmufique , ils prennent aujourd’hui le parti de fuppri- mer le 3, ou même le 6 ; de forte que pour favoir fi la divifion eft.double ou triple ; il n’y a d’autre parti à prendre que de compter les notes ou de deviner. Quoiqu'il n’y ait dans notre Mufique que deux genres de mefure, on y a tant fait de divifions ,qu’on en peut ou moins compter feize efpeces, dont voici les fignes. 2. 25.8 5, 3e 3.39. R 8 3 CU TA 7 Voyez les exemples, PL. de Mufiq. De toutes ces mefures, il y en a trois qu’on ap- pelle fmples ; favoir le 2,1le 3 6e lé C, ou quatre tems. Toutes les autres, qu'on appelle doubles , tirent leur dénomination 6c leurs fignes de cette derniere, Tome X, TON MES 4ii ou de la note roñde, & en voici la regle. Le chiffre inférieur marque un nombre de notes de valeur égale, & faifant enfemble la durée d’uné ronde où d’une rmeflre à quatre tems ; le chiffre fus | périeur montre combien il faut de ces mêmes notes pour remplir une ze/ure de l’air qu’on va noter. Par cette regle on voit qu'il faut trois blañches pout rem: plir une wefure au figne ; ; deux noires pour celle au figne : ; trois crôches pour celle au figne ;, &e. Cha= cun peut fentir l’ineptie de tous ces embarfas de chif: fres ; car pourquoi, je vous prie, ce rapport de tant de différentes zzefüres à-celles de quatre tems qui leur eft fi peu femblable ; ou pourquoi ce rapport de tant de différentes notes à une ronde , dont la durée eft fi peu déterminée ? Si tous ces fignes font inftitués pour déterminer autant de mouvemèns différens en efpeces, il y en a beaucoup trop ; & s'ils Le font ou2 tre cela, pour exprimer les différens degrés de vi- tefle de ces monvemens, il n’y en a pas aflez. D’ail- leurs pourquoi fe tourmente à établir des fignes qui ne fervent à rien , puifqu'indépendamment du genre de la refre & de la divifion des tems , on eft pref= que toujours contraint d'ajouter un mot au com mencement de l'air , qui détermine le degré du mou: vement ? | IL eft clair qu'il n’y a réellement que deux mefures dans notre Mufique , favoir à deux & trois tems: égaux : chaque tems peut, ainfi que chaque zefüre, {é divifér en deux ou en trois parties égales. Cela fait une fubdivifion qui donnera quatre efpeces de 77e J'ure en tont ; nous n’en avons pas davantage. Qu’on y ajoute fi l’on veut la nouvelle refure à deux tems inégaux , l’un triple & l’autre double, de laquelle nous parlerons au #04 MUSIQUE, on aura cinq mes | fures différentes , dont l’expreffion ira bien au-delà de celle que nous pouvons fournir avec nos feize me- Jüres ; & tous leurs inutiles 8e ridicules chiffres. (S) MESURE LONGUE , (Areig. Arts & Comm.) me- fure d'intervalle qui fert à déterminer les dimenfions d’un corps , ou la diftance d’un lieu ; ainfi La ligne qui eftla douzième partie d’un pouce , le pouce qui contient douze lignes , le pié douze pouces, le pas géométrique cinq piés, la toife fix piés, &c, font des mefures longues. Pour juftifier l’utilité de la connoïffance de cette matiere , je ne puis rien faire de mieux que d’em- prunter ici les obfervations de M. Freret , en ren voyant le leéteur à fon rate fur les mefures longues Ileftinféré dans le recueil de l’acad. des nfcriptions, come XXIF. L’hiftoire & l’ancienne géographie , dit Le favant académicien que je viens de nommer , feront toù- Jours couvertes de ténebres. impénétrables , fi l’on ne connoit-la valeur des efures qui étoient en ufage parmi les anciens. Sans cette connoïflance , il nous iera prefque impoñfhble de rien comprendre à ce que nous difent les hiftoriens grecs & romains, des mar ches de leurs armées, de leurs voyages , & de la diftance des lieux où fe font pañlés les événemens qu’ils racontent ; fans cette connoiffance , nous ne pourrons nous former aucune idée nette de l'étendue des anciens empires , de celle des terres qui faifoient la richeffe des particuliers , de la grandeur desvilles ni de celle des bâtimens les plus célebres. Les inftru- mens des arts, ceux de l’Agriculture, les armes , les machines de guerre, les vaifleaux , les galeres ; la partie de l'antiquité la plus intéreffante & même la plus utile, celle qui regarde l’économique, tout en un mot, deviendra pour nous une énigme, fi nous ignorons la proportion de leurs mefures avec les nôtres. M à ! s0b | Les mefures creufés , ou celles des fluides, font liées avec les mefures longues ; la connoïffance des poids eft liée de même avec celle des ze/ures de ou de j 412 M ES capacité ; & fi l’on ne rapporte le poids de leurs monnoies à celui des nôtres , il ne fera pas pofhble de fe former une idée tant foit peu exa@te des mœurs des anciens , ni de comparer leur richefle avec la nôtre. Ai _ Cette confidération a porté un très-prand nombre d’habiles gens des deux derniers fiecles, à travailler fur cette matiere. Ils ont ramañlé avec beaucoup d’é- rudition, les paffages des anciens qui concernent les divifions & les fubdivifions des #efures ufitées dans l'antiquité. Ils ont même marqué foigneufement la proportion qui fe trouvoit entre diverfes mefures des Grecs, des Romains & des nations barbares, Mais comme plufeurs ne nous ont point donné le rapport de ces mefures avec les nôtrés , leur valéur ne nous eft pas mieux connue ;1l eft vrai que quelques-uns ont déterminé ce rapport; mais 1ls l’ont fait avec fi peu de folidité, que les évaluations qui réfultent de leurs hypothèfes rendent incroyables les chofes les: plus naturelles, parce que dans leurs calculs , les. _villes, les pays, les monumens, les infttumens dés: arts, &c. deviennent d’une grandeur excefive. C’eft dommage qu'on ne puifle excepter de cé nombre le favant Edouard Bernard , dans fon livre de ponderi- bus 6 menfuris , & moins encore le fameux doéteur Cumberland, mort en 1708 évêque de Petersho- rough.Il n’a manqué à M. Gréaves, dans fon excel- lent livre écrit:en anglois , fur le pié romain , que de n’avoir pas étendu fes recherches aufli loin qu'il étoit capable de le faire. : Cependant pour remplir autant qu'il fera poffible l’avide curiofité des leéteurs fur les évaluations des mefures longues , nous nous propofons de. joindre aux proportions établies par M. Freret, 1°. la table des mefures longues des diverfes nations comparées au pié romain, par M. Gréaves; 2°, la table de la proportion du pié de: Paris, avec les wefures de dif- férentes nations , par le même auteur ; 3°. la table de proportion de plufieurs zefures entr'elles ; par M. Picard ; 4°, une table de mefures longues priles fur les originaux , par M. Auzout ; 5°. la table de plufieürs mefures longues comparées avecile pié an- glois ,; tirées de Harris 8 de Chambers; 6°. enfin nous donnerons des tables de mefures lonpues des Grecs, des Romains & de l’Ecriture-{ainte, réduites aux zrefures angloifes. Proportions établies par M. Freret , ensre les différentes mefures longues des anciens. Ces proportions font * marquées en dixiermes de doigt , ou en deux cens qua- rantièmes parties de La coudée égyptienne , autrémerit dite aléxandrine, la plus grande de toutes. Dixiemes de Coudée aléxandrine, égyptienne , hé- ‘% braique, royale, &c. , , . . + . . 240. A EL er dE fe Lan ri inc oi i C1 * Coudée babylonienne , greque , italique, de Diodore , de Pline , Ge, Ed oh dl EYE CS LE Pt RSC NE TE ani dé: PU a A NE Coudée du pié romain dans Jofephe, . . 192. PIE MOMIE TN ET Di Ne 20e Coudée de mefure ou olympique, dans MÉTOUO LE EIRE ES. CET NIET TE Pié 9 e e . ° en ei te + er e 116 %+ Grandeur des différentes coudées & des différens piés, exprimée en dixiemes de lignes de pié de roi, par la mmefure des pyramides, Selon Hérodote, à 4 pr — + 0 143 Pie, e 0] e 1170355 ï 3 64 Coudée, . . 17552. PRES EEE Coudée, . . 2006. Selon Diodore, : 4 GA 243 PIS 70 ET 2355 ea 1] Selon Strabon a 1 Condée L. " Fs \g ? ? gius par Villalpandus, + « . . Par la grandeur du devakh , ou coudée du Nilometre au Caire , de 2460 dixiemes de ligne. Coudée égyptienne, hébraïque, alexan- dre RiOlRAIQUE ETS. 2 2700: RTS OC AE EE Te Coudée babylonienne, italique,greque, de Diodore , de Columelle, Pline, &c. . 2050. Pié de cette coudée,, +. . . . 13665 Coudée du pié romain employé parJo- fephet SRE EU Ts se . 1968. Pié romain de cettecoudée, «+ . … 1312, Coudée de mefure, ou olympique d'Hé= = . AE POP PTE PU EC EE CRT CRU Pié de cette coudée ur , sm mo Grandeurs différentes des piès romains par les divers mONUMENS, SurletombeaudeStatilius, -. . 1312. Sur le tombeau de Corfutius, . 1303 ou 1316: Sur letombeau d'Œbutius,. + 131$ où 1318 Piés de fer mefurés par Luca Pet- to , trois piés différens , 1. us 2, 1296 2% Un:autre pré ent pe ET Sa Pié que Petto a fait graver au Ca- pitole , comme la mefure du pié grec aan 0 DEC gubl3S5 Piés melurés par Gréaves, « «+ 1303. Piés mefurés:par Fäbretti,, .: . 1306. Pié romain établi par voie de raifonnemenr: Grandeur déduite de la mefure du Con- ‘ 1337 PAROI RENE FOND 2 RTS OCR ParMe Picard, ER EN SO Grandeur dédnite de la mefure du mille romain par M. Caflini,pié d’arpentage, .. 1320, Pié romain gravé au Capitole , comme celui des anciens architeétes , par Luca PGO SEE «ERA ONE RON ME ES. Pié romain, dont le palme moderne con- tient les trois quarts, . + #4. + . 1318. Mefures différentes des Grecs. Mefure itinéraire des Af° tronomes , d’Ariftote , d’Herodote, de Xénophon, &c. Dixiemes de lignen de pié de roi, PER ET AE TC PRE PC RUE ET Coutees FENETRE EEE Orgye ou 4 coudées, + . + 3e I Of Plérhre, ou 100 piéss + «+ + ÿ1. 4 4. Stade, , . . . GILpas,ou 308 6. 11. Il faut compter 15 de ces ftades au mille romain ; & 1111 à au degré d’un grand cercle. piéss pouces, lignes. Mefure de Crefias , & celle qu’ Archimede & Ariflocréors ont employée pour la mefure de la terre. Dixiemes de ligne depié deroi, Pie ES © FOPNOARESS ANR LR piéss pouces, lignesd Coudée AR TASSE 1050 O0 T2 Orgye ou 4 coudées, + + + 4 Le 4 Pléthre , ou 100 piés, + « . 66 8. 8<. Stadee 19 0 0, 21 182-paS OAI TN SIA Il y avoit plus de rr de ces ftades au mille ro- main, & 833 ; au degré d’un grand cercle. 6 L1 Mefure commune contenant $ de la mefure olympique. : or piés, pouces, lignes: PS e ATO TT MERS UC ET ER Coudée,n.. sn. 15378 + ue, 0: TO. Tr Orgye ou 4 coudées, + + «+ 4 3. 33e Pléthre, M. PMR Stade, « « x « S$pas, on 427. 2. 6. MES Il y avoit près de 11 de ces fadés ‘an mille ; & 803 au degré d’un grand cercle. Mefure olympique d'Hérodote & d’Eratofihene , pour la tnefure de la terre. Dixiemes dé ligne de pié de roi, PES 4, M oem MIGI born EE. CORÉEN, AU MISES His % OfEVÉNOUL CONAÉES SN NN MIT ro, OT Es dents dt :c NE EL AS ALES SAUMUR A A0 pas OLA OS 7, D A Il y'avoit un‘peu plus de 9 de ces {fades au mille romain, & 694% au dèpré d’un grand cercle. piés, pouces, lignes. Mefure-isalique ou greque de Coliimelle ; Pline , &c. de PDiodore, &c. babylonique d'Ezéchiel, € d' Hérodote, Ca | Dixiemes , piés, pouces, lignes. POST Es Ce GR LOUGN rx E) MS, CORTE MS LE MOON Norge 1 Tr. ER OUR CONUSSS SR Ten ES, 67 PÉTER LE RTRNO SE TOR AU Stade, . . . . 113pas,ou$6g. $s. 4. _ ya 8 de ces flades au mille romain , & 603 au dépré d’un grand cercle. Mefure égyptienne, hébraïque de Jofèphe , famienne , alexandrine ; des Prolomées , du dévakh, de La géo- graphie de Prolomée, & de Marin de Tyr, &c. Dixiemes, ‘piés, pouces, lignes. LES OT 0 OL POS févie OR RMI VO RES Conde RME TRES A ER CNET US CRE ER EG. FOUT: PISE AT MUNDO 9 ATru TO: JO: Stades, . .° .' r116pas, 60683. 4. o. H°y avoit un péu Moins de 7 de ces flades an mille romain, & moins de 5o2 flades au degré d’un grand'éercle: 1 102 e L’aroure , mefure d’arpentage , avoit pour chacun de fes quatre côtés 166 piés 8 pouces ; fon aire étoit de moins de 28000 piés quarrés, un peu plus grande que celle du./ugerum romain & du demi arpent de Paris. | æ iMéfures romaines anciennes. Pié des Architetes par la mefüre des an- Dixtem. de tig. ciens bâtimens, . : ; At AP Pié gravé fur lés tombeaux, . . 1312. Pié du palme romaïn moderne, . . 1318. Pié de la mefure du milleromain ancien, déterminé par M. Caflini, . se etc: Pas ou ÿ piés de cette mure, . TA Aus minimus , efpace de 4 piés fomains de large fur 120.de long , fait 3 piés 8 pouces de toi fur 10 piés; l'aire eft de 403 piés de roi quarrés, &un reftant. | | Clima, efpace de 6o piés.en tont fens , ou de s5 piés de roi ; l’aire eft de 3600 piés romains, & de 302$ piés de roi. Aîtus quadratus , de 120 piés en tout fens, ou de 110 piés de roi, l’aire eft de 14400 piés romains, ou de 12100 piés de roi. Cette mefure eft le demi-yuge- rum ; OU l'arepennis , ‘c’eft-à-dire l’arpenr, mefure gauloife. Jugerum , imefure de 120 piés fur 240, où dé rro piés dé roi fur 220 ; l'aire eft de 28800 piés ro- mains, Ou de 24200 piés de roi ; c’eft le demi-arpent de Paris jufte, puifque cet arpént contient 48400 piés quarres , & qu'il eft quadruple de l’ancien are- pennis des Gaulois. Le mille romain ou les 5000 piés, font o16 pas 3 piés 4 pouces de roi , &'les 75 milles, 687s8 pas ; ce qui approche tellement de la mure du degré d’un grand cercle, que l’on peut fans aucune erreur employer cette proportion, enréduifant lesdiftances ER 11. MES 413 des itinéraires romains anciens, en degrés & en mi- nutes géographiques. Paflons aux mefures longues des modernes , qui font fi différentes entr’elles fuivant les pays. La mefure des longueurs en France , eft la ligne Où grain d'orge, le pouce , le pie, la toife , qui étant multipliés , compolent chacun fuivant leur évaluz- tion , lés pas, foit communs , foit géométriques , & les perches ; ceux-ci étant pareillement multi. phés, font les arpens les milles > les lieues , &c, On met encore au nombre des rnefures de longueur celles dont on fe fert à mefurer les étoffes de fote , de laine, &c, les toiles, Les rubans > & autres fem- blables marchandifes. À Paris & dans la plüpart des provinces, on fe fert de l’aune, qui contient 3 piés 7 pouces 8 lignes, où une verge d'Angleterre, à, L’aune de Paris fe divife de deux mamieres , favoir en moitié , tiers, fixiemé &douzieme , Où en demi- aune , en quaft , en huit & en feize, qui eft la plus petite parue de l’aune, après quoi elle ne fe divife plus. Voyez AUNE.. En Angleterre la refure longue qui fert de regle dans le commerce, eft ja verge (he yard) , qui con- tient 3 piés , ou. ? de laune de Paris : déforte que neuf verges angloifes font 7 aunes de Paris. Les di- vifions de la verge font le pié , l’'empan, la palme, le pouce, la ligne; fes multiples font le pas, la brafle, (fathom) , la perche (pole), le ftade (furlong), dont huit font le:mille.… . ‘. Les mefures de longueur en Hollande , Flandres à Suede & une partie de l'Allemagne , font l’aune , mais une aune différente danstous ces pays de l’aune de Paris ; car l’aune de Hollande contient 1 pié de roi & 11 lignes, ou # dé l’aune de Paris. L’aune de Flandres contient 2 piés 1 pouce ; lignes & demie, c’eft-à-dire Z de l’aune de Paris. Dans prefque toute l'Italie, à Bologne ,Modenes , Venile , Florence, Lucques, Milan » Bergame, Mantoue , 6. c'eft la brafle qui eft en ufage ; mais qui eft de différente longueur dans chacune de ces villes. À Venife elle contient r pié deroi 11 pouces 3 lignes , ou . de l’aunede-Paris. À Lucques elle contient 1 pié de roïo pouces 10 lignes; c’eft-à‘dire une demi-aune de Paris. À Florence la brafle con- tient 1 pié de roi 9 pouces 4 lignes, ou #2 de l’aune de Paris. À Bergame la brafle fait 1 pié de roi 7 pouces 6 lignes, ou £ de l’aune de Paris. La mejüre longue de Naples eft la canne, qui con- tient 6 piés de roi 10 pouces 2 lignes, c’eft-à-dire une aune de Paris & +5. La mefure longue d’Efpagne eft la vare , qui con- tient + de l’aune de Paris. En Arragon la vare fait une aune 8 demie de Paris, c’eft-à-dire qu'elle con- tient 5 piés $ pouces 6 lignes. La mnefure de longueur des Portugais eft le cavedos & le varas. Le cavedos contient 2 piés 11 lignes, ou ; de l’aune de Paris ; 106 varas font 100 aunes de Paris. | i La mefure longue de Piémont & de Turin, éft le raz, qui contient r pié de roi 9 poutés ro lignes ; c'eft-à-dire à peu-près demi-aune de Paris. Les Mofcovites ont deux mefures de longueur , V’ar= cin & la coudée. La coudée eft égale aux pié de roi 4 pouces 2 lignes ; deux arcins font 3 coudées. Les Turcs & les Levantins ont le pié qui contient 2 piés 2 pouces 2 lignes ; ou ?-de l’aune de Pañis. Le cobre eft la mefure des étoffes à la Chine; ro cobres font 3 aunes de Paris. En Perfe & dans quel- ques états des Indes, on fe fert de la guèze, dont il y a deux efpeces ; la guèze royale & la petite guèze : la guèze royale contient 2 piés de roi 10 pouces 11 lignes , ou + de l’anne de Paris ; la petite guèze fait les deux tiers de la guèze royale. Le royaume de Pégu & quelques autres lieux des Indes , fe férvent 414 M ES du cando , qui eft égal à l’aune de Venife ; mais le cando de Goa eft une longue mefure qui revient à 17 annes de Hollande. La mefure longue des Siamois fe nomme le ken ; qui fait 3 piés de roi moins 1 pouce. IL ne s’agit plus maintenant que de tranfcrire les ta- bles détaillées de Gréaves , de Picard & d’Auzout. Table des melures longues de diverfes nations , compa- rées au pié romain par M. Gréaves. Suppofant Le pié romain du monument de Coffu- tius à Rome divifé en 1000 parties égales, les au- tres mefures font en proportion avec ce pié en la ma= niere qui fuit : Le pié romain du monument de Cof- futius , LUS EE 1 CNE + 1000. ° ,» 11e= Le pié romain du monument de Sta- dr -n tilius à Rome, . . 1005. 17: Le pié romain de Villalpandus pris fur le Congius de Vefpañen , . 1019- L'ancien pié grec qui étoit au romain 65. comme 25 eft à 24, si sr CT OT UE Le pié de roi de Paris, + + + + 1104: 45: Le pié d'Angleterre, . + + + + 1034 13: Le pié de Venife, . + . . 1201. 65. Le pié du Rhin de Snellius, . 1068. 25. Le dérah ou coudée d'Egypte, . . 1886. 25. L’arish de Pérfe, . «+ + + + + 3306. 10. La grande pique des Tures à Conftan- finople ns cc RTE TA" 8. La petite pique des Turcs à Conf- tantinople eft à la grande comme 31 eft à 32. Le braccio, ou bras de Florence, 198. 28. Le braccio de Sienne pour tout, - 1282. 38. Le braccio de Sienne pour la toile, 2041. 37: Le braccio de Naples, . : ++ 2171. 660. La canne de Naples, . « + + + 7114 79: La vare d'Almérie & de Cadix en Ef- DAUNE, dune er Dee E TE dt 2854. 19: Le palme des Architeëtes à Rome, dont dix font la canne des mêmes Archi- tectes , PARC ENRE TEE PASS Le palme du braccio des marchands & des tifferans à Rome. On voit fa e- fre & fa forme fur un marbre au Capi- tole , avec cette infcription , eurante lu PORTO Sly SEE Re Lee Dus/iles 719 24. Le palme de Genes, + + + + : 842. 31. L’aune d'Anvers, . : . 2360, OI. L’aune d’Amfterdam, .« + + + + 2345° 40, L’anne de Leyde, . . + + + + 2337e 13. Table de la proportion du pié de Paris ; avec les me- fures longues de différentes nations ; par le même M. Gréaves. Le pié de roi de Paris divifé en 1068 parties , dont chacun des 12 pouces qui le compofent en contien- dra 89 , Les autres mefures feront en proportion avec le pié de Paris en la maniere qui fuit : | Le pié de Paris, . «+ + +, + : 1068. Le pié romain du monument de Cof- futius, sr NE rm nr 00 TA Le pié romain du monument de Sta- Su à. + Cds En AMOR Le piéromain de Villalpandus, . +. 986. Le pié grecs + + + + + + + 1007. 22. Le pié d'Angleterre, . 1000. Le pié de Venife, ON RCE Le pié du Rhin de Snellius, . . . 1033. Le dérah , ou lacoudée d'Egypte, . 1824. L’ansh de Perfe, . + 3197 Turcs à Cont NO se DT OO: Turcs à Conf- La grande pique des tantinople, + « La petite pique des tantinople eft à la grande comme 31 à 32. Le braccio deFlorence, +. +. . + 1913- Le braccio de Sienne pour tout, +. 1242. Le braccio de Sienne pour latoile, 1974. Le braccio de Naples, MR 0880! La vare d’Almérie & de Cadix en Ef- pagne, + + + + + + +, + + + 2760: Le palme des architeétes à Rome , 732e Le palme du braccio des marchands & des tifflerans à Rome, . . . . (69$ + Le palme de Gènes, + « . . SN le L’aune d'Anvers, . PR PR L’aune d’Amfterdam, . . . +. . 22068. L’aunedeLeyde, . . + . . . 2260. Table de proportion de plufieurs mefures longues ex: telles, par M. Picard. Le pié de Paris fuppofé de : : . 720. Le pié du Rhin ou de Leyde, obfervé par M. Picard, ARTE. 2 DUO La perche du Rhin contenant r2 piés. \ Le pié de Londres, SRE C5 Le pié danois obfervé par M. Picard, 7oi 54 L’aune danoïfe contenant 2 piés. | Le pié de Dantzick pris par propor- tion fur celui de Leyde du £v..1. de la félénographie d’'Hévélius , RS. Le pié de Lyon fur une obfervation de M. Auzout , PPT ER CE Le pié de Boulogne par M. Auzout, 843. Le braccio de Florence obfervé par le même, & par le pere Merfenne, . 1290. Le pié de Suede, : .… 658 <= Le pié de Bruxelles, . . . . . 609 +- Le pié d’Amfterdam pris fur celui de | Leyde , felon Snellius, . . . + + 629. Le palme des architeétes à Rome, ob- fervée par MM. Picard & Auzout , 494 + La canne des architeétes contient dix | palmes. Le pié romain du Capitole examiné par MM. Picard & Auzout, . 6530u653% Le même pris fur lepié grec, . : 652 Car ce nombre 652 pour le pié ro main du Capitole , convient parfaite- ment avec le pié grec qui eft 679, felon la proportion de 24 à 25; mais parce que felon M. Gréaves , le pié d’Angle- terre eft au pié romain comme 1000 à 967, il s'enfuit que le pié romain eff dans l’état au'ileft, de 653 parties plus+. Le pié romain de Villalpandus pris fur le Congius felon Riccioh, . . . 665 32 Le pié romain du monument de Sta- | tilius so le ce I USE _Le pié romain de la vigne Mattei, + 657 x Le pié romain pris du palme, . 658 À ou près de ARE VO EE CT Le pié romain tiré fur les pavés du ar Panthéon , en les fuppofant de 10 piés : OMAINS à ee ee + Le uns. Le. s rw 0e Le pié romain tiré d’une bande de marbre du même pavé , en la fuppofant de trois piés romains, ue PTE OS OS Le pié romain pris fur les portes du même temple en les fuppofant de 20 piés romains de large, . . . . -. 661 + Le pié romain pris fur la pyramide de Ceftius , en la fuppofant de 95 piés ro- es CORNE DE Le pié romain pris fur Le diametre des colonnes , tiré de l’arc de Septime Se- Var rncs 0. UE dat OS - Le pié romain pris fur la bande de porphyre du pavé du Panthéon, . . 653 À Cette table eft tirée des divers ouvrages de Ma- thématique & de Phyfque, par MM. de lac. royale des Sciences à Paris, 1693, infol. pag. 367 & Juiv. Table de mefures longues prifes fur Les originaux, € + comparées avec le pié du Chételes de Paris, par M, Auzout. _ Le pié de Paris divifé en 1440 païties évales, w'eft-à-dire chaque ligne en dix parties ; c’eft fur cette anefre que les fuivantes font réduites. Le palme de Rome pris au Capitole , contient 988; ou.8 pouces 2 lignes 8 £ parties, Celui des pañlets eft quelquefois un peuplusgrand, “& fait 8 pouces 3 lignes. Le pañfet eft une re/re de buis qui contient ordinairement 5 palmes , & qui eft faite. de plufieurs pieces jointes enfemble par (des ao : x : " O (@) R ps . e $ . ne | © O ta à n É 4 e e ® e e CES & EE A 4 S CO en © ‘a e ô e e e e e ° (2 O O $ à À= (e] © Lois] S . x ° e e e e , © < & & , a SS L'2 e 0 CJ e. © e e ® ® Fa cl & CO ai ® : ES a D æ e e S e ® N Es S° se &° de “A : e 1 s A ° e | e CQ e ° = : Re: = = e Cr © e © e e ® e es à À Lai) (7e) Ee | » ÿ É Ca h Fe P* n e Hi se © e | e FRE |A S ta j w CEA ! co Hd : | oO O : = | © © © (a) O [e) O O (o} (e) O' & | R a + a Hi 4 © O O O © s ) t : CE EA . 5 SD on © O LES) A O NI e A = : BA NO (es) CN En A [9] AR 9 : Q D O © NN O + m tn $ Chap EE UPS AN DE A ES EE SRE DU à OA PRE LIRE à eme Gé dE CE 9 Tome X, h Ge MES MES Table des mefures longues des Romains réduites à celles d’ Angleterre, MESURE QUARRÉE , (Anriquiré, Arts & Comm.) Les mefures quarrées pour les furfacés fe font en mul- tipliant une mefure longue par elle-même, Ainfi les mefures quarrées de France font réglées par douze li- gnes quatrées dans un pouce quarré , douze pouces dans le pié, vingt-deux-piés dans la perche, & cent perches dans lParpent. Les mefures quarrées d'Angleterre fe tirent de la verge contenant trenté-fix pouces multiphiés par Pouces (inches:) Eng Paces. Feet. Tnch Dec; 1 Digitus tranfvéafis 00e D 4 UML 4 CE MER 1 ER EME MO 0 MOSS 12 | Uncale e More Nu 0e ER NS 61 0 067 4 | 3 | PalUs MOT. CRI ONE PE ME UN T'ES o 2,901: 16 | 12 | A | Pes, + 2 « # # Li 4 à se» + + + + 0 9 11,604. 20 | 15 | 5 | 12 | Palipes ME Un RMS REINE OR D RS CEE 24 | 18 6 | es LE CHINE MN NE ETES OP 00e 40 | 30 10 | 2. 2 Du PP GrAQUE,. Luc. FU UN TES GN TOUS or: 80 | 60 | 20 | Fe | MA | 52 | 2 PUS LATE EN JEUN Se eee to | 10000 “et 2500 | 625 | s00 | 4165 | 250 125 | Stadium , s + + 120 4 4, $- 80000 60000 20000 | 5000 | 4000 13333: 2000 | 1000 | 8 | Milliarium, 067 OO: eux-mêmes ; cette muluplication produit 12096 pou- ces quarrés dans une verge quarrée ; fes diviñons font le pié & le pouce quarrés ; &r fes multiples font les pas, les perches, les quartiers d’arpent (rood ) & l’arpent (acre) , qui contient 720 piés de long fur 72 de large. Comme les srefures de la Grande-Bre- tagne font fixes, nous allons donner une table de leur aire. Table des mefures quarrées d'Angleterre, Perches (poles). + d’arpent (rood). 144 Piés ( fer). À. 1296 | 9 Verges ( yadrs.) 3600 25 | 27 | Pas (paces.) 39204 ne | JO 10 , 89 156-8160! 10890 1210 43536 | 40 6272640| 43560 | 4840 1743, 6 | 160 | 4 | Arpent (acre). Le pléthron ou plethre des Grecs, contenoit fui- vant les uns, 1444, & fuivarit les autres 10000 piés quarrés ; mais comme le plethre étoit différent fe- lon les lieux & les tems, fon aire ne peut être la même. L’aire de l’aroure dés Egyptiens étoit un peu plus grande que celle du demi-arpent de Paris. Nous avons déja donné les aires de quelques mefures ro- maines en parlant des mefures longues. En voici la ta- ble générale réduite aux mefures d'Angleterre. Com- me les Romains divifoient leur Jugerum de la même maniere que leur levre’, le Jugerum contenoit: Square Feet. Scruples… Roods. Sq.Poles. Sg. Feer, As... . (28800. . 288..12...1..18./1250,05. Deunx.. .|26400. . 264../2...|..10.1183,85. Dextans. .|24000. . 240..12...|.. 02. |117,64. Dodrans. .|21600. . 216..|71.. 34.| 51,42. Bes. . . .|19200. ..192..,1...).. 25.257,46. Septunx. .| 16800. . 168..11...|.. 17.191,25. Semis. . .|14400. . 144.-|1. - 09. | 125,03: Quincunx.| 12000. ..120..|1...|..0O. 58:82. Triens. . .| 9600. ., 96..10...|.. 32.1264,85. Quadrans.| 7200. .| 72..10...|..24.|198,64. Sextans. 4800. .! 48..10...)..16.1132,43. Uncia. . .| 2400. .| 24..10.,.1.,08.| 66,27, MESURE DES LIQUIDES, ( Anrig, Arts & Comm.) les mefures creufes, ou mefures de continence pour les liquides , font celles avec lefquelles on mefure toutes fortes de liqueurs, comme les vins , Les eaux- de-vie, le vinaigre , la biere, &c. On y mefure auffi d’autres corps fluides ; particulierement les huiles. Ces mefures {ont différentes dans les divers états, & quelquefois dans les provinces &c villes d’un même royaume. Mefitres liquides d’Angliterre. En Angleterre les re- fures cubiques des liquides ont été prifes originaire- ment du poids de troy. Il a été établi dans ce pays- là , que huit livres de froment poids de troy, bien féché , péferoit un gallon mefure de vin, & que fes divifions multiples ferviroient de regle pour les au- tres mefures ; cependant la coutume a introcuit un nouveau poids, favoir celui qu’on nomme avoir-du- poids, qui eft plus foible que le poids de troy. L’é- talon de cette mefure à Guildall, & qui fert de regle pour mefurer les vins ,les eaux-de-vie, les liqueurs, les huiles , &c. eft fuppolé contenir 231 pouces cu- biques, & c’elt fur cette fuppoñtion que les autres mefures de liquide ont été faites, Nous en donnerons la table, ci-après, en y rapportant les zefures atti- ques, romaines & JU1VES, M ES « ” Mefüres liquides de France. À Paris & dans üne partie du royaume , ces mefures ; à commencer par les plus petites , font le poffon , le demi-feptier | la chopine, la pinse, la quarte ou le por , dont en les multipliant, on compofe les quartaux , derni-muids , demi-queles , muids, queues , ronneaux , Ge. Le poif- {on contient fix pouces cubiques ; deux poiffons font le demi-feptier ; deux demi-feptiers font le feptier ou la chopine ; deux chopines font la pinte , deux pintes font la quarte ou le pot ; quatre quartes font le feptier ou huit pintes; Les trente-fix feptiers font le muid , qui fe divife en demi-muid ou feuillette, contenant dix-huit feptiers ; quart de muid, conte- nant neuf feptiers , & demi-quart ou huitieme de muitd, Contenant quatre feptiers & demi. Du quarteau on a formé par augmentation les me- füres ufitées dans d’autres parties du royaume , com- me la queue, qui eft d’ufage à Orléans, à Blois, &c. Elle contient un muid & demi de Paris, c’eft-à-dire 420 pintes ; le tonneau qui eft d’ufage à Bayonne & à Bourdeaux, contient quatre barnils, & eft égal à trois muids de Paris, ou à deux muids d'Orléans ; ainf le tonneau de Bourdeaux contient 864 pintes, & le tonneau d'Orléans, 576. Mefures liquides de Hollande, À Amfterdam les "e- Jures des liquides font , à commencer par les diminu- nions , les ringles, les vrertels , les fkkans , les au- kers &t les awus ; & pour les huiles , la sonne, Le mingle ou bouteille , contient deux livres quatre onces poids de marc, plus ou moins , fuivant la pe- fanteur des liqueurs. Elle fe divife en deux pintes, en quatre demi-pintes , en huit mufties & en feize demi-mufties ; 777 mingles font leur tonneau. Le viertel ou la quarte, eft compofé de cinq mingles & ; de mingle. Le viertel de vin contient précifé- ment fix minples ; le ftékag contient feize mingles ; lauker contient deux ftékans, & les quatre aukers font le awu. Les bottes ou pipes d’huile contiennent depuis vingt jufqu’à vinet-cinq ftékans , de feize min- gles chaque ftékan. Mefures liquides d’Efpagne. L'Efpagne a des bottes, des robes , des azumbres & des quartaux. La botte contient entre trente-fix & trente-fept ftékans hol- landoiïs, qui pefent environ mille livres. Elle eft com- pofée de trente robes pefant chacune vingt-huit li- vres. Chaque robe eft divifée en huit azumbres ; & l'azumbre en quatre quartaux. La pique contient dix-huit robes. 1e Les mefures liquides de Portugal font les bottes, les almudes , les cayadas , les quatas ; & pour l'huile, les alquiers ou cautars. La botte portugaife eft de vingt- cinq à vingt-fix ftékans ; la quata eft la quatrieme partie du cavada ; le cavada eft de la même capacité que la mingle hollandoïfe ; fix cavadas font un al- mudes une botte. Mefures liquides d'Italie, Rome mefure les liqueurs quier ; deux alquiers une almude , & vingt-fix al- à la éranra ; au rubbo & au boccale. Le boccale con-, tient un peu plus de la pinte de Paris; fept boccales & demi font le rubbo ,.& treize rubbo & demi font la branta ; de forte que la branta contient 96 boc- cales. Florence a fes faros , fes barrils & fes faftos. Le ftaro contient trois barrils, & le barril vinet-fix fiafcos ; le fafcos eft à-peu près égal à la pinte de Paris. À Véronne on fe fért de la baffz, dont {eize font la branta ; & la branta.contient 96 boccales / Ou treize rubos & demi. Les Vénitiens: ont leur:am- phora, qui contient deux bottas; la botta contient quatre bigoucios ; le bigoucio quatre quartes , & la. quarte quatre tifchaufferas. La botta de Venife fe di- vife encore jen moftachios , .dont,76 font leur am- phora. À Ferrare on fe fert du maftlly, qui contient huit fechios, & les fix fechios font l’urne. La Ca- labre & la Pouille ont leur pignatoli, & chaque pi- || Tome X, s A ! : MES 419 gnatoli répond à la pinte de France. Trente-deux pi- gatolis font le ftaro, & dix ftaros font la falma. Mefures d'Allemagne, Le fuder que nous nommons foudre , eft la mefure dont on fe {ert prefque par toute l'Allemagne , mais avec plufieurs différences dans fa continence & dans fes fubdivifions , attendu les di- vers états de tant de princes & de tant de villes li- bres qui partagent ce pays. Le fuder eft fuppofé la charge d’un chariot à deux chevaux. Deux fuders êc demi font-le roeder ; fix awus font le fuder , trente fertels font le awu, & quatre maflems font le fertel. Ainfi le roeder contient 1200 maflems, lé fuder 480; le awu 80, & le fertel 41. Il nous refte à donner Les mefures de liquides d’An- gleterre, auxquelles nous rapporterons celles de la Grece , de Rome & des Hébreux. Ce fera l'affaire de quatre tables. MESURE ITINÉRAIRE , ( Géogr. ) oh nomme en Géographie mefures itinéraires, celles dont les diffé- rens peuples fe font fervis, ou fé fervent encore au- jourd’hui pour évaluér les diftances des lieux & la longueur des chemins. Si ces snefures avoient entre elles plus d’uniformité qu’elles n’en ont, & que les noms qui les expriment euflent un ufage fixe qui ex- primât toujours une valeur invariable , cette étude feroit aflez courte ; mais il s’en faut bien que les chofes foient ainf. Les noms de mille , de ffade, de parafangue ; de lieue, ont été fujets à tant de varia- tions, qu’il eft très-pénible d'évaluer les calculs d’u- ne nation ou d’un fiecle , à ceux d’une autre nation où d’un autre fiecle, Cependant comme plufieurs fa- vans ont pris cette peine , nous allons donner ici d’a- près leurs travaux, une courte table géographique des principales mefures itinéraires anciennes & mo- dernes , rapportées à un degré de l'équateur, ou à la toife de Paris. | | Le mille hébraïque ou Le chemin d’un jour de fab- bat de deux mille coudées , eft égalé par faint Epi- phane , à fix flades romains. Six cens de ces ftades font un degré, donc le mille hébraïque eft de 100 au desré. Le fade égyptien eft de 600 piés, felon Hérodote. Cet hiftorien donne 800 piés de largeur à la bafe de la grande pyramide d'Egypte, qui mefurée au pié de Paris , font 680 piés. Or comme 800 font à 680, de même 600 piés qui font le ftade d'Hérodote, font à 510 piés de Paris ; done le ftade d’Hérodote eft 85 toifes de Paris ; donc la parafangue égyptienne éva- luée à 30 flades, eft de 25 so toifes. Donc le fchoene double de la parafangue fera de s100 toifes, & les autres fchoenes à proportion. Un degré de l’équa- ’ reur eft égal à 57060 toifes. Divifez ce nombre par 85, qui eft le nombre des toifes contenues dans ce ftade, il en réfulte 671 ftades, plus 25 toifes pour le degré, & ainfi à proportion de la parafangue & du fchoene. Donc 671 ftades égyptiens, plus 25 toifes, font un degré de l'équateur. Trente de ces ftades font la parafangue ésyp- tienne, car celle d'Arménie étoirde 40 ftades. Sorxante de ces ftades font le fchoene d’Hérodote, ou l’ancien fchoene. Le grand fchoene étoit double, & comprenoit 120 ftades. Le petit fchoene du Delta , ou le demi-fchoene ;: n'étoit que de 30 flades. Ce n’eft donc que la para- fangue changée de nom. | La parafangue des Perfes étoit anciennement égale a celle d'Egypte, enfuite elle fut bornée à 40 ftades romains , & équivaloit par conféquent à cinqmilles romains ; dont 7$ faifoient un degré, Donc la para- fangue des Perfes étoit de 15 au degré :. Le fade d’Ariftote, de Xénophon, 6, étoit de 1111 au degré, A5 Le fade romain étoit de 690 au degré. Gi 420 MES Le mille romain , de 75 au degré. | L'ancienne lieue des Gaules &c d’Efpagne , con- tenant 1ç00 pas, étoit de jo au degré. La rafte des Germains de 3000 pas romains, ou de 2 lieues gauloifes , étoit de 25 au degré. Les parafangues des Perles, 22 & trois neuviemes au degré. Chez leurs fucceffeurs , elles font de r9 moins deux neuviemes au degré. Lis de la Chine eft de 250 au degré. Lieue du Japon , de 25 au degré. VWerftes de Ruflie, de 90 au degré, Milles de la bafle Egypte, de 110 au degré. Coffes, ou lieues de l’indouftan , de 40 au degré. Gos , ou lieues de Coromandel, de 10 au degré. Lieues communes de Hongrie, de 12 au degré. Milles communs de Turquie, de 6o au degré. Milles communs italiques, de 60 au degré. Milles pas géométriques, de 60 au degré. Milles marins de l'Océan, de 6o au degré. Milles marins de la Méditerranée , de 75 au degré. gré. s MES Lieues géographiques de quatre mille pas géomé- triques, de 15 au degré, mess Lieues communes d'Allemagne, de 15 au degré. Lieues d'Efpagne, de 1$ au degré. Lieues marines de Hollande, de r$ au degré. Lieues marines d'Efpagne, de 17 & demi au de= Lieues marines d'Angleterre &c de France, font compofées de 2853 toifes , & font de 20 au degré. Lieues de Suede , de 1800 aunes de Suede cha- cune ; & les trois aunes font environ cinq piés & demi de Paris, font de 12 au degré. z Lieues de Pruffe, de 16 au degré. Lieues de Pologne, de 20 au desré. Lieues communes des Pays-Bas font de 22 au de- Lieues communes de France de trois milles ro- mains, ou de 2282 toifes, font de 25 plus 10 toifes au degré. Enfin il y a des lieues de France de 34, de 28, de 26, de 24, de 23, de 21 & demr, & de 19 au de- gré. Voyez LIEUE. ( D. J.) I. Table des mefures liquides d'Angleterre , qui font d'ufage pour mefurer les vins & eaux-de-vie, Solid inches. 28 | Pinch. 231 | 8 | Gallon. 4158 | 144 | 18 | Rundlet. 7276+| 252 31+ | 1 | Barret. 14553 | 504 | 63 | 33 2 |: Hop 1008 29106 15 | Punchion. Il, Table des mefures liquides des Grecs réduites à celles d'Angleterre. COCINEATO IPS sens el ner DS lee Gohthas 2 SUITE UNS 2 16 | $ | À | 2 | Cyathus, nr Gall. Pints, Sol. Inch Dee : £ 2 e 8 e e e e « e e O = 0,03 56. 7 Y $' 6 e e e e e e (e] 6e 0,0712 6° z 1m. e e e e e (e) 245$ 0,089 age e >» e © L e Le L2 [e) Fr 0,178 Le » f L ® ® e e e © © e C2 © — 0,3 56 Le x 3 5 0535 $e Lo AT Le 4,283 6 25,698. à 19,626 MES MES Ant: II. Tuble des mefures Uquides des Romains réduites à celles d’ Angleterre: | Gall. Pints.Sol: nch. Déés | Ligues Le QD een MAMAN à À eee eat ana n at Gr néirg le Oft7 2 4 | CYAIRUS, QU D MN CRE EUR Re 4 0 0 € AT NT 87 NET 8 60 6 | 1: | Acetabulum, . . . : 4 . + : : * © o+ 0,704 12 3 | ; | Quartarius, . VOCES + Ve . Aa OS 1,409: 24 | 6 | | : | $ | Héminas Unes ue $ tete Lot Miepotatitel 0 l igil © $ 2,818: 8 | Ca | 8 | | À | : Sextatmis sl + 2904 TA ENNQUE HS 1 5,636: 288 | 72 24 | 48 | cé 6 | CONS MAR AA “ss 0.47 4,942: 1152 | 288 | 96 192 | 48 24 | 4 | Una 1 matter id Hdae 2304 | 576 | 102 84 | 96. | 48 | 8 | 2 | Amphora, LA 6 7 1 10, 66, 46080 | 11520 | 7680 | 3840 | 1920 | 960 | 160 40 20 | Culeus, 143 3 11,095: IV. Table des mefures liquides des Hébreux , réduites à celles d’Anlegterre. Gall Pins. Sol. Intu Cp TE TE LE NOT 6,177 LE | LOU Le CNRC GES RAT RENE ANIME o of, ot: + | S'E | CANNES CE CRM LS re Caquh Map out 90 5 CG. 16 TN ES | ES ee EE AA 1 ot 2,533: 32 24 | 6 | 2 Sean, CDR RANCE FPT 5067: | 96 | 72 18 | 6 | 3 | Bath, epha, . iles AMIS ER, 960 | 720 | 180 69 | 30 | 10 | Coron, Chomer, 7 $ 7:62 MESURES RONDES, ( Antiq. Arts & Comm.) on ap- pelle mefures rondes ou mefures des chofès fèches , celles qui fervent à mefurer les grains, les graines, les lé- gumes , les fruits fecs , la farine , le fel, le char- bon, &c. Ces mefures {ont différentes dans les divers pays , & quelquefois dans les provinces d’un même royaume. ‘ … Mefures rondes de France, Elles font faites de bois, & ce font le Zrron, le boiffeau , le minot , & leurs diminutions ou augmentations. De deux minots , on compofe la mine ; de deux mines le Jéprier, & de plufieuts feptiers , fuivant les lieux le id ou le LOnT1EaUL, : Le litron fe divife en deux demi-litrons, & en quatre quatts de litron. Le fitron confient trente-fix pouces cubiques. Voyez LITRON. Le boiffean eft très-différent en France , change prefque dans toutes jurifdiétions, & fe nomme en plufieurs endroits bichez. Voyez BOISSEAU. Le minot contient trois boifleaux ; il faut quatre minots pour faire un feptier , & les douze feptiers font Le muid ; mais le minot dont on fe fert pour:me- furer le charbon & le fel, differe en continence de celui des grains. Voyez MINOT. La mine n’eft pas un vaifleau réel tel que le mi- not , qui ferve de mefure de continence , mais une ef timation de plufieurs autres mefures ; & cette eftima- tion varie fuivant les lieux & les chofes. À Paris la mine de grains eft compofée de fix boifleaux , oti de deux minots radés, & fans grains fur bord. Il faut deux mines pour le féptier, & vingt-quatre mines pour le muid. Voyez MINE, Le feptier eft comme le minot, une eftimation va: riable de plufieurs autres-mefures. À Paris le feptier fe divife en deux mines, & les douze feptiers font un muid. Voyez SEPTIER. a | Le muid eft femblablement une eftimation varla: _ ble de plufieurs autres mefüres. À Paris le muid des grains qui fe mefurent radés eft compofé de douze leptiers, qui font dix‘hujt muddes d’Amfterdam , &c les dix-neuf feptiers font nn laftes Zoyez Muin. Le tonneau eft:une pièfure ou quanritéide grains s qui contient ou qui pefe plus ou moins , fuivant les lieux du royaume. A Nantes te tonneau de grains contient-dix feptiers:, delfeize boïfleaux chacun , & pefe 2200 à 2250 livres. Il fant trois tonneaux de Nante pour faite vingt + huit feptiers dé Paris , 8€ treize muddes & denu d’Amiterdam, Voyéz TON- PRO El DNA UE 620 AA Mefures rondes du Nord ; d' Hollande. En Hollande & dans le Nord, on évalue les chofes feches fur le pié du Zaff, Left, lech , ou Lechr , ainf appellé, felon la différente prongnciation de ces peuples. En Hol- lande le laft eft égal à dix-neuf feptiers de Paris, ou à trente-hnit boifleaux de Bourdeaux. Le laft de fro- ment pefe ordinairement 4600 à 4800 livres poids 4 ME SM de marc. Ce même laft fe divife en vingt-fept xd4es, le mudde en quatre fchepels , le fchepel en quatre yierdevats , & le vierdevat en huit Kops. Voyez LAST. La efure d’Archangel pour les grains fe nomme chefford; elle tient environ trois boifleaux me/ure de Rouen, & fe fubdive en quatre parties. Mefures rondes d'Italie. À Vente, Livourne , Luc- ques, Gc. les chofes feches fe mefurent au /faro. Le flaro de Livourne pefe ordinairement cinquante- MÉOLE ; AT quatre livres ; 112 ftaros + font le laft d’Amfterdam, au lieu qu'il en faut 119 de Lucques. Le ftaro de Venife pefe 128 livres gros poids ; chaque ftaro con- tient quatre quartas ; trente-Cinq ftaros +, ou 140 quartas # font le laft d’Amfterdam. À Palerme on réduit les mefures des corps fecs au somolo, qui eft Le tiers du feptier de Paris. Il faut feize tomoli de Pa- lerme pour la falma , & quatre mondili pour le to- olo. d Mefures rondes d'Efpagne & de Portugal. À Cadix, Bilbao & Saint-Sébaftien , on mefure les chofes fe- ches au farega ; vingt-trois fanegas de Saint-Sébaf- tien font le tonneau de Nantes, où neuf feptiers & demi de Paris. Le fanega de Bilbao eft un peu plus grand ; il en faut vingt à vingt-un pour le tonneau de Nantes. Cinquante fanegas de Cadix font le laft d’Amfterdam ; chaque fanega pefe. 93 +. livres de Matfeille. A Séville on mefure les chofes feches par anagro. L’anagro contient un peu plus que la mine de Paris ; trente-fix anagros font dix-neuf feptiers de Paris. À Bayonne on mefure les grains & fels par couchas ; trente couchas font le tonneau de Nantes, qui revient à neuf feptiers & demi de Paris. A Lif- bonne on mefure les grains par fanegos & par al quieris ; quinze fanegos font le muid , & quatre al- quieris font le fanego ; quatre muids de Lisbonne font le laft d'Amfterdam ; 240 alquieris font dix-neuf fep- tiers de Paris. Il nous refte à indiquer les efures feches d’An- gleterre , auxquelles nous rapporterons les zrefures feches de la Grece , de Rome & des Hébreux. Ce fera l'affaire de quatre tables, | | I. Table des mefures d'Angleterre pour les chofes feches, Solid inches. 34 — Pint. 272:| 8 | Gallon. 544 TE 21 | Peck. 2178 | C4 8 4 Bushel. 17424| 128 16 8 2 Strike. 256 32 16 4 2 Carnock , ou Coom. 12 64 32 8 4 2 Scam, on Quarter. mnt | cmmememm——… | À a. À je ne : mnt | eme. À ee | gent | cocce…—…——… |... |" ———_——— II, Table des mefures greques pour les chofes feches , réduites a celles d'Angleterre. Cochlearion 3 « L] .e e ® e e e 'e e æ e e e Peck. Gall. Pins. Sol. Inca: x I sal Se la ON 12 1.0, 127068 e e e e s La Q O 12 2, 763 à ee + + + + © © + 4, 144 à RAS ae cr Me CEE O 16, 579 Use Met + e1O, © 12 155 795 > MES IT, Table des mefures romaines pour les MES 423 chofes feches réduites à celles d’ Angleterre, at Pecks. Gall. Pins. Sol. Inch, Deës EE ON SE AIT EN PES RE AUTRE A CAS NS SR ET À A 4. 4 ati 0 O0 O, O4 6 DES COUNTER RSS CUS LUN LÉO NC ET 6:64 24 6 4 HÉBUNMSEMMENR LME PTS US (OU OT GE 6, 44 48 13 8 2 SAN ee Gb 5 Co mi NS Où 1 O; 48% 384 96 64 16 8 | Semimodius, ; , 5 +: © x o 3» 84 768 | 192 | 128 32 16 21 | Modiuss, © #6 :r1,6 0 3,168, IV. Table des mefures hébraiques pour les chofes fèches, réduites à celles d’ Angleterre. Pecks; Gall, Pints Sol. Iachs COCA NT PES a CT EE His + + + + + + + * 0 0 0 ON OS ADS RS Re D PRE di à Vi x ED OP M OR 6734 36 | 15 | Gomor, « . . . + + + + « + + + + + + O © $rs I» 211: 120 6 2 RES HR ST SU De LUI als 2 1 4, 036: 360 18 10 3 (ta MN A ATEN EUR EE 3 © 3 12, 107. ru 90 te) 15 $ PSHÉCHE. NS 2 MER rl, 010, 4000 26, $o0. 3600 | 180 100 30 10 2 Chomer, ou Coron, . . 32 © : 18, 069. | (2.7) MESURE, ( Gouvernemenr.) On conçoit bien que les peuples ne s’accorderont jamais à prendre de concert, les mêmes poids & les mêmes swefures ; mais la chofe eft très-poflible dans un pays foumis au même maitre. Henri I. rord’Angleterre, fixa dans {es états les mêmes poids & les mêmes wefures ; ou- vrage d'un fage légiflateur, qu'il mit à fin dans fon royaume, & qu’on a toujours inutilement propofé dans cehu-ci. En 1321, Philippe-le-Long fongeoit à l’exécuter, quand il mourut. Louis XT. eut depuis la même peniée; parce qu'il ne falloit, difoit-il, dans un état, qu'une loi, qu'un poids & qu’une mejure. Ne nous objeétez pas que cette idée n’eft qu'un projet fpécieux, rempli d’inconvéniens dans {on exécution, & qui dans l'examen n’eft qu'une peine inutile, une difpute de mots, parce que le prix des chofes fuit bientôt leur poids & leur zze- Jére. Mais ne feroit-il pas encore plus naturel d’évi- ter cette marche, de la prévenir, de fimplifier & de faciliter le cours du commerce intérieur qui fe fait toujours difficilement , lorfqu’il faut fans cefle avoir préfent à fon efprit ou devant les yeux, le tarif des poids & des mefures des diverfes provinces d’un royaume, pour y ajufter fes opérations? (D. J.) MESURE, (Pharm.) Les Apoticaires fe fervent à préfent par-tout des rrefures communes qui font enufage dans leur pays; les françois ont leur pinte, les anglois leur galon, les allemands leur wefure, &c. voyez ces articles. Mais les dofes de liqueurs fe déter- minent encore quelquefois dans les prefcriptions des remedes par quelques rzefures moins exaétement déterminées, favoir par verrées, par cuillerées & par gouttes. PRE Les Pharmacologiftes exa@s ont obfervé que ces dernieres mefures, & même les mefures exaËtes, ne déterminoient avec une précifion fuflifante que les dofes des liqueurs innocentes, telles que l’eau com- mune, les bouwllons, les tifannes, la plupart des firops, &c. mais que pour les remedes aëtifs, il étoit beaucoup mieux d’en déterminer les dofes par le poids que par la #efure. On a fixé pourtant jufqu'à un certain point pat le poids, la contenance du verre & de la cuillerée. Le verre contient environ fix onces de décoëtion ou de potion; & la cuillerée environ une demi-once de liqueur aqueufe, & à peu:près une once de firop; la goutte eft regardée comme pefant environ un grain. Il y a outre cela certaines mefures, vaguement déterminées aufli, mais cependant avec une exac= titude fuffante pour certaines matieres folides, tels que des bois, des fleurs, des femences, 6c, Ces mefures font pour ces dernieres matieres, le fafcicule, la poignée &e la pincée. Le fafcicule eft ce que le bras plié en rond peut contenir; La poi- gnée eft ce que la main peut empoigner ; & la pin- cée eft ce qui peut être pris avec les trois doigts. On défigne communément dans les formules tou= tes ces mefures par la lettre initiale, ou les lettres ini- tiales de leur nom latin. On met cyarh. pour verre, cyathus ; coc, ou cochl, pour cuillerée, cochlear ; g ou guet. pour goutte, gurta; f. ou fafc. pour fafcicule, fafciculus ; m. où man. pour poignée, wanipulus; P. Où pug. pour pincée, pugillum. On ordonne encore certains Opiats par mor- ceaux gros comme une noix, une nolette, un 414 MSENS pois, &c. les poudres, par laïquantité qu'il eti peut tenir fur la queue d’une cuiller ou fur une piece de monnoie, &c. Voyez DOSE. | Les anciens médecins grecs, latins &c arabes font mention d’un grand nombre de mefzres qui ne font plus ufitées aujourd’huirèn Médecine ; &-dont lim: menfité ne permet pas même d’en expofer ici la nomenclature. On évalue fufifamment dans le plus grand nombre de pallages des anciens, les dofes indiquées par ces diverfes mefüres, d’après la con- noïflanceide l’aétivité du rémede dont ils parlent: Que s’il y a quelquefois lieu de douter à cet égard en matiere grave, on peut confulter les traités ex- près qu’en ont donnés plufeurs auteurs , entre lef- quels celui de Dominique Maflarius, imprimé tout au long dans la Bibliotheque pharmaceutique de Manget, où il occupe vingt-cinq pages i7-fo/. pent être regardé comme fufhfant pour le moins. Au refle, ce traité comprend aufi tout ce qui con- cerne les poids des anciens. (2) MESURE, (Comm.) Ce mot, en fait de trafic, dé- figne une certaine quantité ou proportion de quel- qué chofe vendue , achetée, évaluée, échangée. Ainf les rrefures font différentes {elon des chofes > c’eft pourquoi on a formé des mefures d'intervalle our les longueurs, des me/ures quarrées pour les furfacés, & des mefures folides on cubiques pour les capacités des chofes feches ou liquides. Mais comme ces zzefures font très-différentes felon les pays, nous tâcherons de mettre de l’ordre dans ce valte fujet, en traitant féparément des wefures longues , des me/ures quarrées , des mefires des li- quides, & des refures rondes pour les chofes fe- chés. Entmême tems,fous chacune de ces clafles, nous parlerons des mefures anciennes qui nous in- téreflent beaucoup, & de leur réduétion à celle d’Angletérre. (D. J.) | Mesure, (Comm.) fe dit en général de tout ce qui peut fervir de regle pour connoître & pour déterminer la grandeur, létendue ou la quantité de quelque corps. Les mefures {e divifent en wefures de longueur & mefures de continence ; & de celles-ci, les unes font pour ‘les chofes feches, êz les autres pour les li- quides. Nous donnerons 1c1 les noms des princi- pales mefures tant de longueur que de continence, fans expliquer leurs différences, leurs proportions ou leurs évaluations, fuivant les différens lieux & pays où elles font en ufage avec celles de Paris; pafcé que dans le cours de cet Ouvrage, ces ré- duétions & comparaifons fe trouvent faites fous les moms dé chaque zefure en particulier. Les principales mefures des longueurs font la ligne ou grain d'orge , le pouce, le pié, la toife, qui mul- tipliés, compofent chacun felon leur valeur, les pas géométriques & communs, &c les perches; &r ceux-ci pareillement multipliés , font les arpens, les milles, les lieues, &c. On met aufli au nombre des 7refures des lon- gueurs, celles dont on fe fert à mefurer les étoftes, toiles, rubans x autres femblables marchandifes. À Paris, 6c dans la plufpart des provinces de France, on fe fert de l’aune. Elle eft auffi en ufage à Amfterdam & dans toute ia Hollande, en Flan- dre, en Brabant & dans une partie de l’Allema- one , à Stokolm &c dans les autres villes de Suede, en quelques autres villes anféatiques, comme Dant- zic & Hambours; à Breflau, Saint-Gal, Geneve & Francfort ; mais toutes ces aunes n’ont pas la même proportion &c longueur. Foyez AUNE. La canne eft la mefure la plus connue dans le haut & bas Languedoc, particulièrement à Montpellier 8: A Toulouté : on s’en fert également en Provence, en Guiénne, à Avignon, à Naples & en Sicile. Foyez CANNE. La braffe eft en ufage prefque par toute fltalie ; à Bologne, Modene, Venife, Florence, Luques, | Milan, Bergame & Mantoue. Voyez BRASSE. A Turin , C’eft le raz; en Angleterre 8 dans une partie de l’'Efpagre, la verge; le cavedos & letyeras en Poftugal ; la baïre en Arragon, Caftille & Va- lence; le pan ou empan qu’on nomme aufi palme à . Gènes.ë&c en quelques lieux du Languedoc; le picq à Conftantinople , le Caire, Bofette, Seyde, Alèxan- drette, Alep, Alexandrie, Pile de Chypre & dans |’ toutes'les échelles du Levant: eye RAS, VERGE, Cavepos, VERAS, BARRE, PAN, PALME, Pico. Les Mofcovités ont deux we/vres des longueurs; Parcin & la coudée : 1l faut trois coudées pour deux |: arcins. Voyez ARCINS Ë COUDÉE. Enfin, le cobre ef la ze/ure des étoffes à la Chine; la gneze celle de Perfe ê& de quelques états des In- des ;la vare celle de Goa 1& d’'Ormus ; lé cando ou candi celle d’une partie des Indes, fur-tott du royaume de Pégu : on s’en fert auffi à Goa pour les toiles. Le miou , lekeub:, le fok , le ken, le voua , le fen, le jod &z le roeneusg, font les mefures de Siam; le coïang de Camboye; likiens du Japon; le pan fur quelques côtes de Guinée, particulierement à Loango. Voyez tous ces articles fous leurs titres. Les mefires de continence pour les fiquides, font celles avec lefquelles on mefure les liqueurs : comme les vins, les eaux-de-vie, le vinaigre, le veus, la biere : on y refure aufli d’autres corps! fluides, | particulierement toutes fortes d'huiles. À Paris, 8& dans une partie de la France, ces mefures, à commencer par la plus petite, font le poiffon ou pofflon, le demi-feptier, la. chopine, la pinte, la quarte ou le pot, dont en les multipliant, . on compoie les quartaux!, demi-muids, queues, tonneaux , &c. Voyez POISSON , DÉMI-SETIER, CHOPINE , PINTE, &c. ” À Orléans, Blois, Nuis, Dijon, Mâcon, on me- fure par queues; en Champagne par demi: queués ; en Anjou par pipes ou buffars ; en Provence par mil- lerolles ; à Bordeaux 8 dans le refté de la Guienne par tonneaux &c barriques; à Nantes par poinçons. Voyez QUEUE, DEMI-QUEUE, PIPE, 6:c. À Amfterdam, les zefures des liquides font, à commencer par les diminutions, les mingles, les viertels ou verges, les ftekans ou ftekamens, les aukers & l’aem ; & pour les huiles la tonne. Voyez MINGLE, VIERTEL, STÉKAN, 6c. En Angleterre, on fe fert de tonneaux, de barri- ques, de gallons, de firkins, de kilderkins & de hogsheads. Voyez tous ces noms. L’Efpagne mefure par bottes, robes, fommiers, quartaux. l En Portugal, on parle par bottes, almudes, ca- vadas, quatas ; & pour Phuile par alguiers, autre- ment cantars. Voyez ALMUDE, ALGUIER, &c. En Italie , Rome mefure fes liqueurs à [a brante, aux rubes & aux bocals ; Florence au ftar, au bar- ril & aux fiafques; Vérone à la brante & aux baf- rées ; Venife à l’emphora, à la botte, au bigôt, à la quarte & au tifchauferra ; Ferrare au mafülly &z au fechys ; l'Eftrie aufli au fechys & à l’urra ; en- fin la Calabre & la Pouille au pignatolis , au ftar &t à la falme. A Tripoli, les wefures liquides font les rotolis & le matli; à Tunis le matara & les rotolis. Les autres places de la côte de Barbarie fe fervent à peu-près de la même refure. Le feoder eft la xefure dont on fe fért prefque par toute l'Allemagne ; mais il n’a pas dans toutes les diverfes contrées de cette vafte partie de l’Europe les mêmes diminutions ou augmentations par-tout. En quelques lieux, le reoder eft au-deflus du feoder , &z l'ame au- deffous : cette derniere fe divife en fertels & en maflens. À Nuremberg les divifions du feoder font en hecmers & enfuite en mafles; à Vienne, les hecmers, les achtelins & les feiltins font les diminutions du feoder : on y melute aufi | à la mafle, au fertel ou fchreve & au drichink. A Ausbôurg , la plus petite we/ure eft là mafle; au- deflous. eft le befon , puis le jé; la plus forte eft le feodér.A Heidelberg, l'ame fuit le feoder ,puis vient la vertelle, & enfuite la mafle. Enfin, c’eft la mê- me chofe à Virtemberg, à la réferve que l’ynne y tient la place que la vertelle occupe à Heidelberg: En France, les refures de continence pour les chofes feches qu’on nomme communément refures fondes, {ont celles qui fervent à mefurer les grains, les graines, les légumes, les fruits fecs , la farine, le fel, le charbon, &c. Elles font de bois, & ce font le boifleau, le minot & leurs diminutions. De deux minots on compofe la mine, de deux mines le ferier, & de plufieurs fetiers fuivant les lieux; le muid ou le tonneau. AParis, Abbeville, Calais, Narbonne, Soiïflons, Touloufe, &c. on compte par fetiers, auffi-bien qu’à Revel &c en plufeurs endroits d'Allemagne. A Agen, Clerac, Tonneins, Tournon, Valence, Thiel , Bruxelles, Rotterdam, Anvers & Grenade, c’eft par facs; & à Amboïfe, Blois, Tours, la Ro- chelle, Bordeaux , Avignon, par boiffeaux. Le tonneau eft la fre de Beauvais, Breft, Nan- tes, Saint-Malo, Copenhague ; les rafes celle de Quimpercorentin, de Concarnau & de Pont-lab- bé ; la rañere celle d’Aire, de Lille, de Dunker- que & d’Oftende ; la charge celle de Marfeille, de Toulon, de Candie & de quelques iles de lAr- chipel; le muid d'Orléans & de Rouen; l’ânce de Lyon & de Mâcon; la mine de Dieppe ; l’énunet de Toulon; l’émine d’Auxonne, de Marfeille, £c, aufli-bien que de Barbarie; la tonne & les perrées de Vannes & d’Avray; le quartier de Morlaix ; le bi- chet de Verdun, de Baune, Châlons, Tournus, &c. le quartal de Dauphiné & de Breffe; le penel ou penaux de Franche-Comté ; & la civadiere de Me- fieres. | | Ag . À Naples, onréduit les wefures des corps fecs fur le pié du tomole ou tomolo ; à Seville fur celui de Panagros; à Tongres par muddes; à Anvers par vertels ; à Amfterdam, Konisberg , Dantzik & en Pologne par l’aft ou leth. | _ Il y a le ftar ou ftaro de Venife; le fanegue de Cadix, de Saint-Sébaftien & de Bilbao en Efpa- gne; le fcheppel de Hambourg ; l’alquier de Lif- bonne ; les conques de Bayonne &êc de Saint-Jean.de- Luz; le gallon, le pech, le comb,le carnok & la quarte de Londres. à | À Briare ville de France connue par fon canal, on mefure les grains par quartes. Celle de Mofco- vie fe nomme chefford, 85 tient enviton trois boif- feaux riefure de Rouen : elle fe fubdivife en quatre parties, du-moins celle d’Archangel, car elle n’eft pas égale pour tout le pays. | La plupart des nations orientales, avec lefquelles nous trafiquons, vendent prefque tout au poids, même les liqueurs, & n’ont prefque point de #e- fures de continence fixes. On peut pourtant mettre au nombre de ces dernieres chez les Siamois, pour les liquides, le coco & le canon; & pour les graï- nes, le fat , le ferte & le cohi. Les Maures qui com- mercent avec nous au baftion de France, fe fervent des gautres pour mefurer les blés &c autres grains que nous tirons d’eux. Le bâton de jauge & la verge font aufli des me- fures pour eftimer la quantité des liqueurs, dans les vaifleaux qui les renferment: Tome X; MES 42.5 … Les mefures pour les bois à brûler ; font la corde ; la membrure, l'anneau & la chaîne. k … La mefure pour l’arpentage dés eaux & forêts dé France, eft réglée à raifon dé douze lignées pour pouce, douze pouces pour pié, vingt-deux piés pour perche, & cent perches pour arpent; ce qui n’à pourtant lieu que dans le mefurage des bois appar- tenans au roi : pour les particuliers ; on fe conforme à l’ufage des lieux où les bois font fitués, . Les marchandstant en gros qu’en détail, doivent fiivant l’ordonhance de 1673, avoir des #efures étai lonnées. Wayez ÉTALON. 27 … La diverfité qui fe rencontre en France für Îles méfures, a toujours caulé & caufe encore fouvent des conteftations entre les marchands & négociansi Dès Pan 1321 Philippe V. eut deffein de les rendré toutes urformes dans fon royaume ,auffi-bien que les poids; ce projet qu’on à fouvent repris dans la fuite, & nommément fous le miniftere de M. Col- bert , mais demeuré fans exéeution, feroit:il auf difficile qu’on le penfe? L’utilité que le public èn° efpere, devroit encourager le minifiere à établir en ce point une police univerfelle, Diéfionn. de Cormm. tom. LIT. pag. 367. & fuiv. | . MESURE, ( Commerce. ) nom général qu’on donne en quelques lieux de France, & particulierement er Franche-Comté ; à la mefre de continence pour Îes grains : ce qui varie pour le poids. _ À Befancon, par exemple, la sefure de froment pefe trente.fix livres poids de marc; celle de mé- teil, 35 livres; celle de feigle, 34; celle d’avois ne ,; 32 hvres. # À Gray, la mefure de froment pefe 40 livres, de méteil 39, de feigle 38 ; & d'avoine so livres. À Dan, la mefure de froment pefe 38 livres, de méteil 36, & d'avoine 33. Difionn. de Commerce ; com. 1IL, pag. 372. MESURE DU QUAI, ( Comm. ) on nomme ainfi au. Havre-de-Grace une mefure de grains, compofée de trois boiffeaux. Cette w7efure pour le froment pefe 151 livres poids de marc; pour le méteil, 145$ lis vres; & pour le feigle , 139 livres. Zdem ; ibid, MESURE pour les rates; outil de Charron ; c’eft un morceau de bois long de deux ou trois piés, qui eft fait par en-haut comme une crofie, quifert aux Char: rons pour prendre la mefure des raies qu'ils veulent faire & les mettre à la longueur. Voyez La figure PL du Charron. MESURES , ex terme d'Epinplier, t’eit la même chofe que boite, Voyez BOÎTE , & la fig. PI, de l'E: pinglier. Mesure, évre en, ( Efcrime. ) c’eft être à portée de frapper lennemi d’une eftocade, & d’en être frappé. On appelle zrer de pié ferme , lorfqu’on déta- che une botte en mefure, de forte que tirer en m1e« Jure ou tirer de pié ferme eft la même chofe; puif- que , dans l’un & l’autre cas, c’eft allonger une efto- cade, fans qu'il foit néceflaire de remuer le pié gauche. Pour connoïtre f l’oneft en mefure ; il faut que la pointe de votre épée puiffe toucher la garde de celle de l’ennemi , étant en garde de part & d’autre. | MESURE, entrer en, ( Efcrime. ) c’eft approcher de l'ennemi par un petit pas enavant. Il fe fait en avançant le pié droit d'environ fa longueur ; & en faifant fuxvre autant le gauche, MESURE , ére hors ; ( Eftrime, ) c’eft êtie trop éloigné de l’ennemi pour le frapper, & pour en être frappé: On connoît fi l’on eft hoïs de wefure ; lorf- qu’étant en garde de part & d'autre & fans allonger le bras , la pointe de votre épée ñe pent pas toucher la garde de l'épée de l’ennemi. MESURE, rompre la , ( Efcrime. ) c’eft s'éloigner de l’ennemi par un petit pas en-arriere. Il fe fait en Hhk 426 MES reculant le pié gauche d'environ falongueur, 8: en faifant fuivre autant le pié droit :on rompt ordinai- rement la rzefure quandon n’eft pas sûr de bien parer, & pour attirer l’ennemi. | Mesure, inftrument d’ufage dans les groffes for- ges. Ileft fynonyme à /auge. Voyez JAUGE G'FORGES. MESURE, au jeu de mail, eft une efpece de com- pas rond, pour marquer les différens poids que doi- vent avoir les bonnes boules de toutes groffeurs. MESURE , ex terme de Manège , fe dit destems , des mouvemens , des diftances qu’il faut obferver, comme des cadences, pour faire agréablement Île manége. C’eft aufli un inftrument deftiné à faire connoitre la hauteur du cheval depuis le haut du garot jufqu’au bas du pié de devant. Il conffte ordinairement en une chaîne de fix piés de haut où chaque pié eft diffingué : la potence eft une refure plus certaine. Voyez POTENCE. MESURES, en terme de Tireur d’or, font des an- neaux ouverts plus où moins, dans lefquels on pañle le fil d’or pour en voir la groffeur. MESURE, cerme de Taïlleurs ; ce font les lon- gueurs & les groffeurs du corps, qu'ils prennent fur la perfonne même quife fait habiller. Pour cet effet, ils ont une bande de papier ou de parchemin fur laquelle ils marquent par des crans les dimenfions qu'ils ont prifes ; & cette bande fe nomme aufli une mefure. Voici les différentes opérations qu'il faut faire pour prendre la sefure d’un habit complet, On prend 1°. la longueur du derriere; 2°. celle de la taille de- puis le collet jufqu’à la hanche ; 3°, les écarrures de derriere , c’éft-à-dire, depuis une épaule jufqu’à l’autre; 4°. la longueur du devant; 5°. la largeur de la poitrine; 6°. la groffeur du corps fous les aiffel- les ; 7°. la groffeur du ventre ; 6°, la groffeur des hanches ; 9°. la longueur de la manche; 10°. enfin, la groffeur dubras, Voilales refures de habit. Les mêmes dimenfons fervent pour la vefte : mais pour avoir celles de la culotte, on srefure 1°4la grofleur du genouil ; 2°. la grofleur de la cuifle en- bas ; 3°. la même groffeur de la cuifle en-haut; 4°. la groffeur de la ceinture ; $°. enfin, la longueur de la culotte. Toutes ces groffeurs fe marquent par des crans qu’on fait avec des cifeaux furla bande de parche- min; & aubout de cette bandeles Taïlleurs écrivent le nom de la/perfonne dont ils ont pris la #efure, Chaque tailleur a une maniere particuliere de faire ces marques, de façon qu'ils auroient beau- coup de peine à connoîïtre les mefures les uns des autres. MESURER , v. a. ( Géom. ) Suivant la défini- tion mathématique de ce "104, c’eft prendre une cer- taine quantité, & exprimer les rapports que toutes les autres quantités de même genre ont avec celle-là. Mais en prenant ce z#0£ dans le fens populaire, c’eft fe fervir d’une certaine mefure connue, & dé- terminer parlà l’étendue précife, la quantité, ou capacité de quelque chofe que ce foit. Voyez Me- SURE. L’aétion de mefurer ou le mefurage en général fait l’objet de [a partie pratique de la Géométrie. Voyez GÉOMÉTRIE. Les différentes portions d’éten- due qu’on fe propofe de mefurer, ou auxquelles on applique la Géométrie pratique, font doñner à cette fcience différens noms; ainfi l’art de wzefurer les li- gnes ou les quantités géométriques d’une feule di- menfon , s'appelle Longimerrie. Voyez L'on 1- MÉTRIE. Et quand ces lignes ne font point paralleles à l’ho- tifon , ce même art prend alors le nom d’Æ/simérrie. Voyez ALTIMÉTRIE. Et il s'appelle Mivellemenr, lorfqu'on ne fe propofe que de connoitre fa diffé- rence de hauteur verticale des deux extrémités de la: ligne. Voyez NiVELLEMENT, L’art de mefurer les furfaces reçoit aufli différens noms felon les différentes furfaces qu’on fe propofe de snefurer. Lorique ce ne font que des champs, on: l'appelle alors Géodéfie où Arpertage, Lorfque ce font d’autres fuperficies , il rétient alors le nom généri- que d'art de mefurer. Voyez; GÉODÉSIE € ARPEN- TAGE. Les inftrumens dont on fe fert dans cet art, font la perche , la chaîne , lecompas , le graphometre , la planchette, &c. Voyez AIRE, CHAÎNE , Com- PAS , Gc. L’art de mefurer les folides ou les quantités séomé- triques de trois dimenfons , s'appelle Sréréométrie. Voyez STÉRÉOMÉTRIE. Et 1l prend le nom de Jau- geage, loriqu'il a pour objet de me/urerles capacités des vaifleaux , ou les liqueurs que les vaifleaux contiennent. Ÿoyez JAUGE, Par la définition du mot wefurer , fuivant laquelle la mefure doit être homogene à la chofe à sejurer , c’eft.à dire , de même genre qu’elle ; il eft donc évi- dent que dans le premier cas, ou lorfqu’il s’agit de: mefurerdes quantités d’une dimenfon, la mefure doit être une Zgne, dans le fecond une furface, & dans le troifieme un /olide, En effet une ligne, par exem- ple , ne fauroit zzefurer une furface, puifque mefürer n’eft autre chofe qu’appliquer la quantité connue à l’inconnue , jufqu’à ce qu’à force de répétition, s'il en eft befoin , l’une foit devenue égale à l’autre. Or les furfaces ont de la largeur & la ligne n’en a point; &, fiune ligne n'enapoint, quarante, cin- quarte , foixante lignes n’en ont pas non plus : on a donc beau appliquer une ligne à une furface, elle ne pourra Jamais lui devenir égale ou la mefurer ; & l’on prouvera évidemment de la même maniere, que les furfaces qui n’ont point de profondeur ne fan- _ roient swefurer les folides qui en ont. Nous voyons auffi par-là pourquoi la mefure na- turelle de la circonférence d’un cercle eft un are , OU une partie de la circonférence de ce cercle. Foyez ARC. C’eft qu'une ligne droite ne pouvant toucher une courbe qu’en un point , il eft impoññble qu’une droite foit appliquée immédiatement à une portion de cercle quelconque ; cequi eft pourtant néceflaire, afin qu'une grandeur puifle être la mefure d’une autre grandeur. C’eft pourquoi les Géometres ont divifé les cercles en 360 parties, ou petitsarcs qu'on nomme degrés. Voyez ARC, CERCLE 6 DEGRÉ. L’art de mefurer les triangles ou de parvenirà con- noiître les angles & les côtés inconnus d’un triangle, lorfqu’on y connoît déja ou les trois côtés, ou bien deux côtés & un angle, ou bien enfin un côté & deux angles, s’appelle Trigonomérrie, Voyez TRiGo- . NOMÉTRIE. L'art de zzefurerl’air, fa prefion , fon reflort, Ge, s’appelle Aérométrie ou Pneumatique. Voyez AÉRO= MÉTRIE & PNEUMATIQUE. Chambers. ( E ) MESURER , ( Hydr. ) on dit mefurer le courant d’une riviere , c’eft le jauger, voyez JAUGE ; mefurer le contenu d’un baflin, c’eftle toifer. Voyez Tor- SER. (KÆ) MESURER , c’eft fe fervir d’une mefure certaine &t connue pour déterminer & favoir précifément l'étendue , la grandeur, ou la quantité de quelque corps, ou la capacité de quelque vaifleau. La jauge eft l’art ou la maniere de zefürer toutes fortes de vaiffeaux où tonneaux à liqueurs, pour en connoître la capacité , c’eft-à-dire le nombre de fe- tiers ou de pintes qu’ils contiennent. Voyez JAUGE. Mefurer du blé, de l’avoine, de l’orge, du char- bon, &c. c’eft rempür plufeurs fois de ces chofes une grande ou petite mefure fixée par la police & par les réglémens. On mefure comble quand on en- faîte le grain ouautre matiere feche fur la mefure ; &t ras, quand on racle les bords; en forte que la chofe mefurée n’excede pas Les bords de la mefure. En fait d’étoffes , de rubans, toiles, 6. on fe fert plus ordinairement du mot auxer, que de celui me- Jurer. Voyez AUNER. : . Dans le même fens, on dit en quelques endroits Verger & canner , parce qu'on s’y fert de verges & de cannes. Voyez VERGK & CANNE. Didliornaire de Commerce. . MESUREUR, f. m. ( Com. ) celui qui mefure. Voyez; MESURER. À Paris les mcfureurs font des offi- ciers de ville établis en titre : il y en a de plufieurs efpeces qui forment des communautés différentes, fuivant leurs fonétions particulieres, Les uns font deftinés pour melurer les grains & farines; les au- tres les charbons de bois & deterre ; les autres le el, les aulx, oignons, noix, & autres fruits; &c les autres la chaux: | On leur donne à tous le nom de yurés-mefureurs , parce qu'ils font obligés lors de leur réception de juter ou faire ferment devant les prevôt des mar- chands & échevins, de bien & fidelement s’acquit- ter du devoir de leur charge. Les jurés-rwefureurs de grains qui s’étoient multi- pliés par diverfes créations jufqu’au nombre de 68, fous le reone de Louis XIV. furent fupprimés en 1719 , & leur office confié à 68 commis. Il confifte à metfurer les grains & farines, juger fi ces marchan- difes font bonnes &c loyales, tenir regiftre du prix des grains, & en faire rapport au prevôt des mar- chands, ou au grefle de la ville, Leurs droits fixés par l’édit de Septembre 1719 , font d’une livre qua- tre fols par muid de farine, de 12 f. par chaque muid de blé, de 18 f. par muid d'orge, de vefce, de grenailles , & d’une livre quatre fols par chaque muid d'avoine ; à proportion pour les petites mefures. L’établiflement des rre/ureurs de charbon eft fort ancien ; il en eft fait mention dans les reglemens de police duroi Jean, en 1350, & fous Charles VI. en 1415 ; fous Louis XIV. ils étoient au nombre de vingt-neuf. Ils furent fupprimés en 1719, & rem- placés par des commis nommés par le prevôt des marchands. Le devoir de ces commis eft de mefurer tous les charbons de bois & de terre qui fe vendent fur les ports & dans les places ; de les contrôler , d'y mettre le prix, de recevoir les déclarations des marchands forains. Leurs droits ne font que de deux fois parvoie de charbon de bois , compofée de deux minots ; & de 15 {. pour chaque voie de charbon de terre de quinze minots. Ces commis étoient au nom- bre de vingt; mais les officiers en titre ont été réta- blis par édit du mois de Juin 1730. Les jurés-zre/ureurs de {el , quiont auff la qualité d’étalonneurs des mefures de bois & de compteurs de falines, ont pour principales fonétions , 1°. de ‘faire le mefurage des fels dans les greniers 8 ba- teaux; 2°. de faire l’efpalement ou étalonnement des mefures de bois fur les étalons ou mefures ma- trices ; 3°. de compter les marchandifes de falines quand on les décharge des bateaux, d’en prendre déclaration, enregifirer la quantité &c les noms des charretiers qui les enlevent ; 4°. de faire une vifite une fois l’année chez les marchands qui font le re- grat de grains, graines , fruits, légumes, &c. & de vérifier fi leurs mefures fontiuites. Ce font les droits St privilèges que leur attribue l'ordonnance de la ville de Paris de Pan 1672. La même ordonnance porte que les jurés-me/#- reurs d'aulx, oignons, noix, noifettes , châtaignes, &t autres fruits, auront des melures de continence marquées à la marque de l’année, pour mefufer tou- tes ces fortes de marchandifes qui fe vendent au Tome X, | MES 427 minot, & en cas de défe&nofté defdites marchan- difes , faire leurrapport au procureur du roi de la ville. Lorfque les regrattiers veulent vendre de ces denrées au-delà du boïffeau , ils font tenus d’appel- ler les jurés-refureurs. | Les Jurès- mefureurs & porteurs de chaux , qnt avant leur fuppreffion en 1919, étoient au nombre de deux wefureurs, deux contrôleurs, & trois por: teurs, & que l'édit de Septembre dela même année, a réduit à deux mef#reurs, contrôleurs, & porteurs, doivent empêcher qu'il ne foir expoié en vente au cune chaux qui ne foit bonne & loyale, & n’en dois vent pointeux-mêmes faire commerce. Leurs droits font de 15 f. par muid de chaux, compolé de 48 minots , & pour les mefures au-déflous à propor« tion. Il y'a aufi des mefureurs de plâtre, qu’on nomme plus ordinairement oifeurs, qui font tenus d’avoir de bonnes mefures , & d'empêcher qu’on ne vende des plâtres défeétueux. Leurs offices d’abord fuppri. més en 1719, pour être exercés par des commis, ont été rétablis en titre en 1730. Les jaugeurs font des mefureurs de futailles ou tonneaux à liqueurs, Poyez JAUGEURS. Les mou- leurs de bois font des mefureurs de bois à brûler, Voyez MOULEURS, Les auneurs de toile & étoffes de laine font des mefureurs de ces fortes de marchan- .difes. Voyez AUNEUR. Diionnaire de Commerce , tome III. page 377. € fuivante, METABOLE ,, f. f. ( Rhécor. ) figure de rhétori- que, qui confifte à répéter une même chofe, une . mème idée, fous des mots différens , iveratio unins ré Jub varietate verborum, dit Caffiodore. Il en donne pour exemple, ce paflage d’un pfeaume, Fer. ba mea aurtbus percipe, Domine ; intellige clamorem ‘IneUR > 1nternde alirem VOct oratioriis Ie@. & Seigneur ; » daignez m'entendre ; écoutez - moi ; prêtez une » oreille attentive à mes accens». Cette figure eft très-commune dans Ovide, qui fe plaît à redire la même chofe de plufienrs manieres : c’eft une efpe- ce de nee qui eft le langage des pañlions. D..J. ç MÉTACAL, ( Poids égypr. ) Pocock dit que le métacal eft un poids d’ufage en Egypte pour pefer les perles. Ce poids eft égal à deux karats, & cha- que karat a quatre grains ; feize karats fontla drach. me , & douze drachmes font l’once. ( D. J.) METACARPE , f. m. o4 METACARPIUM, er Anatomie, eft la partie de la main entre le poignet &lesdoigts. Voyez nos PL, d’Anat. voyez auffi MAIN. Le mot vient du grec were, après, & H&P7TOCs MA Le métacarpe eft compofé de quatre os qui répon- dent aux quatre doigts, & dont celui qui foutient l’index eft le plus gros & le plus long. Tous ces os font longs & ronds, un peu convexes néanmoins vers le dos de a main, un peu concaves & applatis en- dedans. Ils font creux au milieu, & pleins de moëlle; ils fe touchent les uns les autres à leurs extrémités s &z laïflent entre eux des efpaces où font placés les mufcles interoffeux. Voyez INTEROSSEUX. À leur extrémité fupérieure eft un enfoncement pour recevoir les os du carpe; leur extrémité infé- rieure eftronde, & elle eft reçue dans la cavité de là premiere phalange des doigts. Voyez Do1cr. La partie interne du rzésacarpe fe nomme /a paurne de la main, & la partie externe, Ze dos'de la main. Voyez PAUME , Gc. MÉTACARPIEN, ox GRAND HYPOTHENAR, en Anatomie, voyez ABDUCTEUR. MÉTACHRONISME , f. m. er Chronologie, mar- que une erreur dans le tems, foit par défaut , foit par excès. Voyez CHRONOLOGIE, ANACHRONISME, Ce dermiér mot eft aujourd’hui le feul ufté. MÉTAGEITNIES , f, £, pl, CRUE se.) Era 1} #8 MET efruas ce mot ne fe pent tradnire que pat une lon- gue périphrafe, fêtes où l’on célebre lejour que l’on ‘a quitté fon pays, pouf aller s'établir dans un pays “voilin 3 uere, 44, pere , Ben. cvs, Victmus, Les ha- Hitans dé Mélite, bourg de l’Attique, avoïent infli- tué ces fêtes, & voici à quelle occafion, Hs quitte: ‘rene le bouts qu'ils habitoient, & fous les aufpices Apollon, ils choififent pour lieu de leur demeure Un bourg voifin;-noimmé Diomée. Cette tranfmigra- tion léuirayant été favorable, ils donnerent à Apol- lon lépithete de Merrgeitnios , comme qui difoit pro: recleut de ceux qui abändonnent leur pays, pour fe tranfplanter dansune contrée voifine. L’épithete du dieu donna lenom à ces fêtes, & ces fêtes le donne- rént au mois durant lequelon les célebroit, ( D. 7.) MÉTAGETENION , (4nfig. greg. ) peræyerovsor, Second mois de l’année des Athémens ; 11 mavoit que vingt-neuf jours , &c répondoit , furvant l’ancien ca- lendrier ‘recu précédemment en Angleterre, à la derniére partie de Juillet, &'au commencement d’Août. Les Béotiens le nommoïent paremus , & le peuple de Syracufe carrius. Il reçut fon'nom des mé- tageitnies, qui étoit une des fêtes d’Apollon, Poyez Poitér, Archæol. greq, tome T. page 414. (D. J.) MÉTAGONIUM , ( Géogr. anc.) promontoire d'Afrique, fur la côte de la Mauritanie tingitane, {elon Strabon ; Av. XVII. Caftald l'appelle cuba de tres forcas, &c Olvieri le nomme cabo de tres arcas. (D: 7 MÉTAL, au pl. MÉTAUX. (ff. nar. Chimie € Mérallurgie.) metalla: Ce font des fubflances pefan- tes, dures , éclatantes, opaques , qui deviènnent fluides & prennent une furface convexe dans le feu, mais qui reprennent enfuite leur folidité lorfqu*eHes font refroidies ; qui s'étendent fous le marteau; qua- lités que les differens métaux ont dans des degrés diferens, On compte ordinairement fix méteux ; favoir Por, l'argent, le cuivre, le fer, l’étain & le plomb. Mais depuis peu quelques auteurs en ont compté un feptieme , que l’on nomme plaine ou or blanc. Foyez PLATINE, es “Ed Îl y a trois cara@teres principaux & diftinéhfs dés” vrais métaux ; c'elt 1°, la duétilité ou la faculté de s'étendre fous le marteau & de fe plier, fur-tout lorfqu’ils font froids ; 2°. d’entrer En fufion dans le feus & 3°. d’avoir de la fixité au feu , &c de n’en être point entierement ou du moms trop prompte- ment difipés. Les fubftances qui réuniffent ces trois qualités, doivent être regardées comme de vrais métaux. N'y a plufieurs fubftances minérales fem- blables en plufeurs points aux wéaux, & qui ont une où deux de ces propriétés , mais comme elles ne les ont point toutes, on les appèlle dei-metaux ; ‘ces fübftances ont bien à l’extérieur le coup d’œil des vraïs métanx, mais elles {e brilent fous le mar- eau , & l’adion du feu les difipe & les volatilife entierement, quoiqu’elles ayent la faculté d’entrer, -en fufon dans le feu. Voyez arr, DEMI-MÉTAUX. On divile les éraux en parfaits & en imparfaits. Les métaux parfaits, font ceux qui n’éprouvent au- cune altération de la part du feu ; après les avoir “ait entrer en fufon , il ne peut point les calciner ou les changer en chaux , ni en diffiper ancune par- die ; l'air 6e l’eau ne produifent aucune alrération für les métaux parfaits ; on en compte deux, qui Sont l’or-& l'argent ; on appelle meraux 1mparfaits, ceux à qui l’aétion du feu fait perdre leur éclat & eur forme métallique , & dont à la fin il vient à ‘bout de détruire, de décompofer 87 même de diffi= per une grande partie. Telsfont le cuivre, le fer, létain &-le plomb. L'air & l'eau font en état d’al- térer ces fortes de métaux. | Pour fimplifier les chofes ,; on peut dire que les métaux parfaits font ceux à qui Paëtion du feu ns fait point perdre leur phlogiftique où la partie in- flammable qui leur eft néceflaire pont paroître fous la formé métallique qui leur eff propre ; au lieu que les méraux imparfaits font ceux que le feu prive dé cette partie. Voyez PHLOGISTIQUE 6 voyez CHAUX MÉTALLIQUE. | choémet mé: 7 Les anciens Chimiftes ont encore divifé les #62. aux , en folaires &t en lunaires. Siüivant eux, les métaux {olairés {ont l’or, le cuivre & le fer; & les métaux lunaires font l’atgent, l’érain & le plomb. Les uns font. colorés & les autres font blancs. M: Rouelle a trouvé que cette diftinétion rn'étoit point fi chimérique que quelqués Chimiftes l'ont cru ;-82 les métaux lunaires ou blancs ont en effet des proe- prietés qui les diftinguent des #rézaux folaires ou jau- nes. Voyez RAPPORT, sable des. rem Enfin, l'or &c l’argent ont été appellés #éraux précieux Où métaux nobles ; à caufe du pux que les hommes ont attaché à leur poñéffon ; les autres métaux plus communs ont été appellés méfaux igno- bles ; cependant, fi l’on ne confultoit que Putihité pour attacher du prix aux chofes, on verroit que le fer devroit fans difficulté , être regardé comme un métal plus précieux que l'or. | Les Alchimifies comptoïent fept métaux , parce qu'ils joignoient le mercure aux fix qui précedent ; ils croyoient aufli que chacun de ces fept méraux étoient fous l’influence d’une des fept planetes, où bien, comme ils affeétoient un ffyle énigmatique , ils fe font fervi des noms des planetes pour défigner les diférens éfaux. C’eft ainfi qu'ils ont appellé Vor, Soleil; l'argent, Eure; le cuivre, Wernus ; le fer, Mars ; l'étain , Jupiter ; le plomb, Saturne, Quoique nous ayons dit que les méraux font des corps pefans, duétiles , malléables &c fixes au feu, il ne faut point croire qu’ils pofledent tous ces qua- P GURER y q lités au même degré. C’eft ainfi que pour le poids, l’or furpañle tous les méraux ; le plomb tient le fe- cond rang ; l’argent , le cuivre, le fer 6 l’étain viennent enfuite. | Il en eft de même de la duétilité des meraux, elle: varie confidérablement. L'or poflede cette qualité dans le deoré Le plus éminent; enfuite viennent lar= cent, le cuivre, le fer, l’étain, & enfin le plomb. À l'égard de la malleabilité ou de la faculté de s’é- tendre fous les coups de marteau, le plomb &c Pétain la pofledent plus que les autres mésaux ; enfuite vient l'or, l'argent, le cuivre & enfin le fer, qui ef moins malleable que tous les autres. | Une autre proprièté génerale des meéraux eft d’en- trer en fufon dans le feu , & d'y prendre une furface convexe, fans qu'il foit befoin pour cela de leur joindre d’additions ; mais tous ne fe fondent point avec la même facilité. Il y en a qui fe fon- dent avec une très-erande promptitude à un degré de feu très-foible , & avant que de rougir ; tels {ont le plomb &c l’étain : d’autres fe fondent en même-tems qu'ils rougiflent, & exigent pour cela un feu beaucoup plus violent que les premiers 5 tels font l’or & l’argent. Enfin, le cuivre &r le fer demandent un feu d'une violence extrème ; 6c roue giffent long-tems avant que d'entrer en fufon. Voyez : FUSION. Les métaux {ont diflouts par diferens menftrues où diflolvans ; il y a des diflolvans qui agifent fur: les uns fans rien faire fur d’autres ; c’eft ainf que l'efprit dé nitre difout l'argent, le cmivre, le fer, ce. fansagir fur l'or. Mais une vérité que M.Rouelle a découverte, c’eft que tous les acides agiflent fur les métaux ; i-faut pour cela que leur agsrégation ait été rompue, c’efl-à-dire qu'ils ayent été divifés en particules déliées. Cependant il eft certain qu'il ne CA va y a des métaux qui ont plus de difpofition à fe difs MET foudre dans un diffolvant, que d’autres métaux qui y font pourtant déja diflouts ; c’eft ainfi que fi de _ argent a été diffout par de l’efprit de nitre , en _trempaht du cuivre dans cette diflolution , le diflol- vant quitte l'argent pour s'unir avec le cuivre ; &c alors on dit qu’un méral en a dégagé un autre, Voyez DissOLVANT 6 PRÉCIPITATION. | La plüpart des séraux & des demi-méraux ont la proprieté de s’unir ou de s’amalgamer avec le mer- cure, mais cette union ne fe fait point avec autant de facilité pour tous, & il y en a qui n’ont aucune difpofition à s’amaloamer, Voyez MERCURE. L’a@tion du feu dilate tous les méraux, & leur fait - occuper plus d’efpace qu'ils n’en occupoient aupa- ravant, lorfqu'ils étoient froids. La chaleur de l’at- mofphere fufht aufñ pout dilater les méraux, mais _cette dilatation eft plus infenfble. … À Pexception de For & de l'argent, le feu fait perdre à tous les métaux leur éclat & leur forme * metallique , il les change en une efpece de terre ou de cendre que l’on nomme chaux métallique ; par ceite calcination, ils perdent leur liaifon, als chari- Sent & augmentent de poids ; le plomb, par exem- ple, devient de la nature du verre ; ils changent de couleur ; ils font rendus moins fufibles ; ils ne font plus fonores; ilsne font plus en état de s’unir avec le mercure. Ceschangemenss’operentplus ou moins promptement fur les différens weéraux , mais on peut toujours rendre à ces cendres on chaux leur pre- mere forme metallique ; en leur joignant une ma- ficre grafle où inflammable, & en les expofant de nouveau à l’ation du feu. Foyez l'article RÉpuc- TION. Les chaux des métaux jointes avec la fritte, c'eft-à-dire, avec la matiere dont on fait le verre, la colore diverfement, fuivant la couleur propre à chaque metal. Voyez ÉMAIL € VERRERIE. En fondant au feu les métaux , plufieurs s'unif fent les uns aux autres , & forment £e qu'on appelle des alliages métalliques ; c’eft ainfi que l’or s’unit ou s’alhe avec l'argent & avec le cuivre ; d’autres ne s’uniflent point du tout par la fufon ; tels font le fer 6t le plomb. fl y a anfi des mésaux qui s’unif fent avec les demi-méraux ; c’eft ainfi que , par exem- ple, le cuivre s’unit avec lé zinc, & forme le cui- vre jaune ou laiton. Les métaux alliés par la fufion n'occupent point le même efpace , qu'ils occupoient chacun pris féparement : il y en a dont le volume augmente par l’alliage, &c d’autres dont le volume diminue, D'où l’on voit, que le farneux problème d’Archimede, pour connoître l’alliage de la couron- ne d'Hiéron , étoit fondé fur une fuppoñtion entie- rement fanfle. Il en eft de même des alliages des métaux avec les demi-méraux, Voyez la métallurgie de M. Gellert , rom. I. de la traduütion françoife, La balance hydroftatique ne peut point non plus faire connoître exaétement la pefanteur fpecifique des métaux. Aufi, voit-on, que jamais deux hom- mes n'ont été parfairement d’accord {ur la pefanteur d’un éral : ces variations viennent, 1°, du plus ou du moins de pureté du rzéal que l’on a examiné ; 2°. du plus ou du moins de pureté de l’eau que l’on a emploÿée-pour l’éxperience ; 3°. des différens de- grès de chaleur de l’atmofphere qui influent confi- cérablement fur les liquides, fans produire des effets % marqués fur des corps folides , tels que les mé- TAUX, | à ja À elles font les proprietés génerales qui convien- nent à tous Les wéraux : on trouvera à l’article de châque métal en particulier , les caraëteres qui lui font propres êc qui le diflinguent des autres, 74 oyez OR, ARGENT, FER, PLOMB, &c. . es fentimens des anciens Alchimiftes & des Phy- ficiens fpeculatifs, qui ont voulu raifonner fur la dature des méraux, ont été très-vagnes & très-obf- # ._. M'Eer 429. cuts ; ils regatdoient le fel, fe foutre & le ércnré; comme les élémens dés méaux ; ce fyfième {ubffta juiqu’à ce que Beccher eût fait voit, que Cés trois’ prétendus principes font eux-mêmes des corps coms poiés, & par conféquent ne peuvent point être res gardés comme des élémens ; d’après ces reflexions à ce celebre chimifte regarde les méraux , ainf que tous Les corps de la nature | comme compofés de trois fubftances qu’il appelle £erres, La premiere dé ces terres eft la terre faline ou vitrefcible ; la feconde eit la terre grafle on irffammable; & la troifieme K eft la serre iercurielle où volatile, Suivant ni » CC$ trois terres entrent dans la compoftion dé tous les métaux , &t c’eft de leur combinaïfon plus ou moins exaéte êc parfaite, que dépend la perfe&tion des més taux ; &t leur difference ne vient que de ce que lun de ces principes domine fur tous les autres, & des différentes proportions fuivant lefquelles ils fe trou vent combinés dans les méraux, Quoiqu'il foit très: dificile d’analyfer les méraux , au point de faire voi ces trois principes diflinéts & féparés les uns des autres ; Beccher s'efforce de prouver leur exiftence par des raifonnemens, & par des expériences qui doivent encore avoir plus de poids: 1°. Il prouve l’exiftence d’une terre vitiefcible 3 par la propriété que tous les méraux, à l'exception de l'or & de l'argent, ont de fe calciner au feu, c’efts à-dire , de fe changer en une terre ou cendre, qui, expolée à un feu convenable , fe convertit en ur verre. Selonce même auteur, cette terre vitrefci- ble fe trouve dans le caillou , dans le quartz , & c’eft à elle que les fels alkalis doivent la proptieté qu'ils ont de fe vitrifier. 2°. Le fecond principe conffituant des méraux et; fuivant Beccher , la terre onQueufe ou inflamma ble ; elle corrige & tempere la ficcité de la terre vitrefcible , elle fert à Ini donner de la raifon , & par cette terre, 1l a voulu défigner ce que lon ap: à pelle le principe inflammable où le phlogiftique des Métaux , dont on ne peut nier l’exiftence, 3°: Enfin, Beccher admet un troifieme principe confütuant des méraux , qu’il appelle la serre mercua rielle ; c’eft cette derniere qu’il regarde comme la plus eflentielle aux métaux , 8 qui leur donne la forme metallique. En effet , les deux principes ow terres qui précedent font communs aux pierres aux végetaux, 6c. mais, felon lui, c’eft la terre mercu- rielle, qui étant jointe avec les deux autres, donné aux métaux la duétilité qui leur eft propre & qui les met dans l’état métallique , ou la métaillicité. Telle eft la théorie de Beccher, fur la nature des métaux , depuis elle a été adoptée, modifiée & ex: pliquée par Stahl & par la plüpart des Chimiftes’; il patoït néanmoins qu'il fera toujours très-dificile d'établir rien de certain fur une matiere aufi obf: cure que celle qui s’occupe des élemens des COTPS ÿ fur-tout fi l’on confidere que les parties fimples 8 €lementaires échappent toujours à nos fens , qui font pourtant les feuls moyens que la nature four: mile pout juger des êtres phyfiques. Cela pofé , il n’eft point furprenant que les fer: timens des Naturaliftes foient fi variés fur la forma: tion des rméaux ; c'eit encote une de ces queftions que la nature femble avoir abandonnées aux fpé- culations & aux fyflèmes des Phyficiens. Il y à. detix fentimens géneraux fut cette formation ; les uns prétendent que les méraux fe forment encore journellement dans le fein de notre globe, & qué, c'eft par la différente élaboration 8 combinaifon de leurs molécules élémentaires qu'ils font produits à on prétend de plus, que ces molécules font fufcep: tibles d’être müûries & perfetionnées , & que pat cette maturation, des fubftances métalliques , Qué dans leur origine étojent imparfaites , acquiereñt. 430 MET peu-à-peu & à l’aide d’une forte de fermentation , um plus grand degré de perfeétion. Les Alchimiftes ænt enchéri fur ces idées , & ont imaginé un grand nombre d’expreflions figurées, telles que celles de femence où de fperme mercuriel & métallique ; de Je- mence fuline &t visriolique , &tc. termes obfcurs êc in- intelligibles pour ceux mêmes qui les ont inventés. Le célebre Stahl croit que les méraux ont la mê- me origine que le monde, & que les filons qui les contiennent ont été formés dès fa création; ce fa- vant chimifte penfe que dès les commencemens, Dieu créa les métaux & les filons métalliques tels qu'ils font aduellement ; il fe fonde fur la régula- rité qui fe trouve dans la direétion de ces filons fur leur conformation, qui ne femble nullement être un effet du hafard, & fur leur marche qui n’eft ja- mais interrompue que par des obftacles accidentels que differentes révolutions arrivées à de certaines portions de la terre ont pü faire naître. Voyez l'er- sicle FILONS. Malgré l'autorité d’un fi grand hom- me, il ya tout lieu de croire que les mésaux &c leurs mines fe forment encore journellement, plu- fieurs obfervations femblent conftater cette vérité, 8 nous convainquent que ces fubftances éprou- vent dans le fein de la terre , des décompoñitions qui font fuivies d’une reproduétion nouvelle, Foyez l'article MINES , muineræ. Les métaux fe trouvent donc dans le fein de la terre; on les y rencontre quelquefois purs, c’eft- à-dire, fous la forme métallique qui leur eft propre, & alors on les nomme méraux natifs Où vierges : mais l’état dans lequel les métaux fe rencontrent le plus ordinairement eft celui de mines , c’eft-à-dire, dans un état de combinaïfon , foit avec le foufre, foit avec l’arfenic , foit avec l’une & l’autre de ces fubftances à la fois ; alors on dit qu'ils font winé- ralilés. Voyez MINÉRALISATION. C'eft dans ces deux états que les rsésaux font dans les filons ou veines métalliques ; leur combinaifon avec le fou- fre & l'arfenic leur donne des formes, des couleurs & des qualités très- differentes de celles qu'ils au- roient s'ils étoient purs ; l’on eft donc obligé de re- courir à plufeurs travaux pour les purifier, c’eft-à- dire , pour les délivrer des fubftances avec lefquel- les ils font combinés , pour les féparer de la roche ou de la terre à laquelle ils étoient attachés dans leurs filons, & pour les faire paroître fous la for- me néceflaire pour fervir aux différens ufages de la vie. Ces travaux font l'objet de la métallurgie. Voyez METALLURGIE, Cependant les méraux ne fe trouvent point tou- jours dans des flons fuivis &c réguliers , on les ren- contre fouvent ainfi que leurs mines , foit mêlés dans les couches de la terre, foit répandus à fa fur- face, foit en mafles roulées par les eaux, foit en paillettes éparfes dans le fable des rivieres & des ruifeaux. Il y a lieu de préfumer que les mésaux êc leurs mines qui fe trouvent en ces états ont été ar- rachés des filons , & entrainés par la violence des torrens ou par quelqu’auttes grandes inondations ou révolutions arrivées à notre globle ; c’eft par ces eaux que les méraux & les fragmens de leurs mines & de leurs matrices ont été portés dans des endroits {ouvent fort éloignés de ceux où ils avoient pris naiflance. Voyez Mines. (—) MÉTAL , dans l’Artillerte, eft la compoñition des différens métaux dont on forme celui du canon & des mortiers. Voyez CANON. MéTaL, les Fondeurs de cloches appellent ainf la matiere dont les cloches font faites , quieft trois parties de cuivre rouge, & une d'étain fin. Voyez d'article FONTE DES CLOCHES. MÉTALEPSE , f, f. (Gram.) ce mot eft grec ; ue- garde, compofé de la prépofition were , qui dans la + ME T compoñtion marque changement, 8 de AauBa/vo, capio ou concipio : la métalepfe eft donc un trope, par Le- quel on conçoit la chofe autrement que le fens pro< pre,ne l’annonce ; c’eft le caractere de tous les tro- pes (voyez TRrope) ; & les noms propres de chacun rendent prelque tous la même idée, parce qu’en effet les tropes ne different entre eux que par des nuances délicates & difficiles à affigner. Mais la métalepfe, en particuher, eft reconnue pat M. du Marfais pour une efpece de métonymie (Voyez MÉ- TONYMIE) ; & peut-être auroit-1l été plus à pro- pos de ly rapporter , que de multiplier fans profit les dénominations. De quelque maniere qu'il plaife à chacun d’en décider, ce qui concerne la métalepfe, ou l’efpece de métonymie , que l’on défigne ici fous ce nom, mérite d’être connu; & perfonne ne peut le faire mieux connoître que M. du Marfais: c’eft lui qui va parler ici, jufqu’à la fin de cet article, Tropes, part. IT, art, 3. * & La métalepfe eft une efpece de métonymie, par » laquelle on explique ce qui fuit , pour faire enten- # dre ce qui précede, ou ce qui précede, pour faire » entendre ce qui fuit : elle ouvre, pour ainfi-dire, » la porte, dit Quintilen, afin que vous pañliez d’une » idée à une autre ; ex alio in aliud viam praflar, » Inff. VIII. 6, c'eft l’antécédent pour le confé« » quent, ou le conféquent pour l’antécédent ; 8e » c’eft toujours le jeu des idées accefloires dont l’u- » ne éveille l’autre. | » Le partage des biens fe faifoit fouvent , &c fe fait. # encore aujourd'hui, en tirant au fort. Jofué fe » fervit de cette maniere de partager: Cumgue fur- » rexiffent viri, ut pergerent ad defcribendam terram » præcepir es Jofue dicens : circuite terram, & deferi » lie cam, ac revertimint ad me; ue hic, coram Do- » mino > ir Silo vobis mittam fortem. Jofué XVII. »&. Le fort précede le partage; delà vient que » fors, en latin, fe prend fouvent pour le partage » même, pour la portion qui eft échue en partage ; » c’eft le nom de l’antécédent qui eft donné au con » féquent. » Sors fignifie encore Jugement, arrét; c’étoitle » fort qui décidoit chez les Romains, du rang dans » lequel chaque caufe devoit être plaidée. En voici » la preuve dans la remarque de Servius, fur ce » vers de Virgile, Æn. v. 431. Nec verd hæ fine » forte datæ, fine judice fedes, Sur quoi Servius s’ex- » prime aïnfi: Ex sore romano non audiebantur cau= » Jæ , nift per fortem ordinatæ, Tempore enim quo canfæ » audicbantur , conveniebant omnes , unde 6: conci- » hum: & ex forte dierum ordinem accipichant, qua » poff dies triginta fuascaufas exequerentur ; unde eff, »urnam movet. Ainfi quand on a dit /ors pour yu« » gement, On a pris l’antécédent pour le confé- » quent. » Sortesen latin, fe prend encore pour un oracle : » foit parce qu'il y avoit des oracles qui fe ren- » doient par le fort, foit parce que les réponfes des » oracles étoient comme autant de jugemens quire- » gloient la deftinée, le partage, l’état de ceux qui » les confultoient. » On croit avant que de parler; je crois, dit le » prophete, & c’eft pour cela que je parle : creds. » di, propter quod locutus funi. Pf. CXV, 1, I ny » a point là de éralepfe; maïs il y a une réralepfe » quand on fe fert de parler ou dire pour fignifier » croire. Direz-vous après cela que je ne fuis pas de » vos anis ? C'eft-à-dire , croirez-vous ? aurez-vous fie » jet de dire ? » or [On prend 1ci le conféquent pour l’antécédent.] » Cedo veut dire dans le fens propre, je cede, je » me rends; cependant par une reéralepfe de l’anté- # cédent pour le conféquent , cedo fignifie fouvent, » dans les meilleurs auteurs , dires ou donnez: cette b fignification viènt de êe que quand quelqu'un » veut nous parler, & que nôûs parlons toujours » nous-mêmes, nous nelui donnons pas le tems de » s'expliquer : écoutez-moi, nous dit-il, eh bien je »vous céde, je vous écoute, parlez: cedn, dic. » Quand on veut nous dénner quelque chofe ; nous # fefufons fouvent par civilité ;-on nous preffe d’ac- »cepter, & enfin nous répondons je vous cede, je »-vous obéis, je me rends , dorez ; cedo, da: cedo » quieft Le plus polide ces deux mots, eft demeuré » tout feul dans le langage ordinaire, fans être fuivi » de dic ou de da, qu'on fupprime par ellipfe : cedo » fignifie alors ou l’un ou l’autre de ces deux mots, s felon le fens ; c’eft ce qui précéde pour ce qui fuit: ».8 voilà pourquoi on dit également cedo, foit # qu’on parle à une feule perfonne ou à plutieurs ; » car tout lufage de ce mot, dit un ancien gram- » mairien, c'eft de demander pour foi: cedo , fibi » pofcir: É eftimmobile: Corn. Fronto , apud autores » L. L. pag, 1335. verbo CEDO. » On rapporte de même à la méralepfe ces façons »deparler, 2/7 oublie les bienfaits, c’eft-à-dire, il » n’eit pas reconnoiffant : Jouvenez-vous de notre cort- » vertion, C'eft-à-dire, obfervez notre convention: » Seigneur, ne vous reflouvenez point de nos fautes, » c’eft-à-dire , ne nous en puniffez point, accordez- » nous en le pardon : Je nevous conmnois pas , c’eft- »à-dire, je ne fais aucunicas de vous, je vous mé- » prie, vous êtes à mon égard comme n'étant »point: quem omnes mortales ignorant & ludificant, » Plant. Æmphi, aët. IV. fe, üj. 13. | À » Îa été, il a vécu, veut dire fouvent Z/ e/ mort ; » c’eft Pantécédent pour le conféquent. €’ez eff fair, » madame, & j'ai vécu. (Rac. Michrid, aët. V, fe, » derniere.) , c’eft-à-dire , Je me meurs. » Un mort eft regretté par fes amis, ils vou- » droient qu'il füt encore en vie, ils fouhaitent ce- # lui qu'ils ont perdu , 1ls le defirent: ce fentiment #uppofe la mort , ou du moins l’abfence de la per- » {onne qu’on regrette. Aïnfi Z2 mort, la perte, ou . | » l’abfence font l’antécédent , & Le deffr , le regrec font >» le conféquent. Or en latin defiderari, être fou- » haïîté, fe prend pour ére mort, être perdu, étre ab- » ent ; c'eft le conféquént pour lantécédent , c’eft » une métaleple. Ex parte Alesandri tripinta omnird _» 6 duo, ou felon d’autres, srecenti omnind, ex pedi- # tibus défiderati funt (Q.Curt. Lil. 11. in fin.) ; du » côté d'Alexandre iln’y eut en tout que trois cent » fantaflins de tués, Alexandre ne perdit que trois # cent hommes d'infanterie. Nu/la navis defidera- » batur (Cæf.), aucun vaïffeau n’étoit defiré, c’eft- » à- dire azcun vaiffeau ne périt, il n’y eut aucun vaif- # feau de perdu. Je vous avois promis que je ne fe: # rois que cinq ou fix jours àla campagne, dit Ho- » race à Mécénas, & cependant jy ar déjà pañlé #» toutle mois d’Aoùût. Epir, I. vi. # Quinaue dies tibi pollicitus me rure futurum » Sextilem totum, mendax , defideror: # où vous voyez que de/éderor veut dire, par méca- y lepfe, je fuis abfent de Rome , je me tiens à la # campagne. | » Par la même figure, deffderart fignifie encore _# déficere, manquer, être tel que les autres aient + befoin de nous. Cornélius Népos, Æpam. 7, dit »# que les Thébains, par des intrigues particulieres, # n'ayant point mis Epaminondas à la tête de leur #armée ; reconnurent bientôt le befoin qu'ils » avoient de fon habileté dans Part militaire : def. # rarz c@pta eft Epaminonde diligentia, Il dit encore, » (Bd. 5.) que Ménéclide jaloux de la gloire d’E- # paminondas, exhortoit continuellement les Thé- # bains à [a paix, afin qu'ils ne fentiffent point # le befoin qu'ils avoient de ce général: horrari [o- MET 43i » debat Thebaños ut pacem bello anvefèrrent, ne illins # Emperatoris Opéra defideraretur, | » La rétalepfe fe fait donc lorfqu’on pañle, com: » me par degrés, d’une fignification à une autre : » par exemple, quand Virgile a dit, Æclop. I, 70: » Poftaliquot , mea regna, videns mirabor ari/las : » après quelques épis., c’eft-à-dire, après quelques » années : les épis fuppofent le tems de la moiffon ; » lé tems de la moiffon fuppofe lPéré, & l'été fup- » pofe la révolution de l’année. Les Poëtes prennent » les hivers , les étés, les moiffons, les automnes, » 8 tout ce qui-n’arrive qu'une fois en une année, » pour l’année même. Nous difons dans le difcours » ordinaire, c’ef£ un vin de quatre feuilles, pour dire » c'eff un vin de quatre ans ; & dans les coutumes » (cour. de Loudun, tir. xiv. art,3.) on trouve bois de » quatre feuilles , c’eft-à-dire , bois de quatre années. » Aïnfi le nom des différentes opérations de l'A: » griculture fe prend pour le tems de ces opérations, » c'eftle conféquent pour l’antécédent ; la moiflon » fe prend pour Le tems de la moiffon, la vendange » pour le tems de la vendange ; Z/e/f mort pendantla » moiffon, c’eit-à-dire, dans le rems de La moiflon, La » moin fe fait ordinairement dans le mois d’Août, » ainfi par métonymie ou méralepfe, on appelle la » MmOiñOn l’Aoér, qu’on prononce l’o4 ; alors Letems » dans lequel une chofe fe fait fe prend pour la chofe » même, & toujours à caufe de la liaifon que les » idées accefloiresont entre elles, » On rapporte auf à cette fipure, ces façons de » parler des Poëtes, par léfquelles ils prennent lan: # técédent pour le conféquent, lorfqu’au lieu d’une » defcription, 1ls nous mettent devant les yeux lé » fait que la defcription fuppofe. O Ménalque ! fi » nous vous perdions, dit Virgile, Eclog. 1F. 19. _» qui émailleroit la terre de fleurs ? qui feroit cou- » ler les fontaines fousune ombre verdoyante ? Quis » hurmum florentibus herbis fpargerer, aut viridi fonres » induceret umbr&? c’efl-à-dire , qui chanteroit la » terre émailiée de fleurs? qui nous en feroit des def. » criptions aufi vives & auf riantesque celles que # vous en faites ? Qui nous peindroit,comme vous, » ces ruifleaux qui coulent fous une ombre verte ? » Le même poëte a dit, Ec/, VI, 6, que Silene »enveloppa chacune des fœutrs de Phaëton avec ».une écorce amere, & fit fortir de terre de grands » peupliers : Tum Phaëtontiadas mufco circumdat » armaræ corticis ; atque folo proceras erigit alnos ; » c’eft-à-dire, que Silene chanta d’une maniere fi » vive la métamorphofe des fœurs de Phaéton en » peupliers, qu'on. croit voir ce changement. Ces » façons de parler peuvent aufi être rapportées à » hypothipofe ». [Elles ne font pas l’hypotipofe ; mais elles lui prêtent leur fecours]. ( B.£, R. M.) MÉÊTALLÉITÉ , {. f. (Chimie.) ce mot s’emploie quelquefois pour défigner l’état des métaux lorf- qu’ils ont la forme, la duéilité , la pefanteur., lé: clat & les autres propriétés qui les caraétérifent ; & alors le mot de méralléiré diftingue cet état de celui où font les métaux quandils font privés de ces pro- priétés, c’eft-à-dire, quand ils font dans l’état de chaux, ou dans l’état de mine: Voyez MÉTAUX 5 MINES , MINÉRALISATION. (— MÉTALLIQUE , (Chimie. ) ce mot s'emploie comme fubftantif , ou comme adjeétif : comme fub- ftantif, on s’en fert quelquefois pour défigner la partie de la Chimie qui s'occupe des travaux {ut les métaux ; alors c’eft un fynonime de rérallur- gie: c’eft ainfi que l’on dit, Agricola a écrit un traité de mérallique, Voyez MÉTALLURGIE. Com- me adje@tif , le mot métallique {e joint au nom d’une fubftance de la nature des métaux; c’eft ainf qu’on dit Les fubftances métalliques , les mines mérelliques, 432 MET MÉTALLIQUE,. ez termes de médailles & d’Ant- quaires, {e dit d’une hiftoire où l’on a juftifié tous les grands événemens par une fuite de médailles frap- pées à leur occafñonr. | Le P. Romani a publié une hiftoire mérallique des papes. La France métallique eft un recueil de mé- dailles imaginaires, par Jacques de Bie graveur ; qui prétend avoir tiré des cabinets de divers cu- rieux des monumens qui n’ont jamais exifté. M. Bi- zot a aufli donné au public une hiftoire mésallique de Hollande. , MÉTALLISATION, ff. (Chimie.) exprefion dont _ quelques chimiftes fe fervent pour défigner une opé- ration par laquelle des fubftances qui n’avoient ni la forme, rit les propriétés métalliques, prennent cette forme , & fe montrent dans l’état qui eft pro- pre aux métaux. On fent aifément que ce terme ap- partient à la chimie cranfcendanre, & indique une tranfmutation , ou changement d’une fubftance dans une autre. Voyez TRANSMUTATION. Il eft certain que la rétallifation eft un terme obfcur & équvo- que, qui a été fouvent appliqué à des opérations où Pon a cru produire du métal, tandis qu’on n’avoit fait fimplement qu'opérer une réduétion. Voyez RE- DUCTION. (—) MÉTALLURGIE, £ f. (Chimie.) c’eft ainfi qu’on nomme la partie de la Chimie qui s'occupe dutraite- ment des métaux, 8& des moyens de les féparer des fubftances avec lefquelles ils font mêlés & combi- nés dans le fein de la terre, afin de leur donner l’é- tat de pureté qui leur eft néceflaire pour pouvoif fervir aux différens ufages de la vie. Si la nature nous préfentoit toujoufs les métaux parfaitement purs & dégagés de fubftances étrange- res , au point d’avoir la duétilité & la malléabilité, rien ne feroit plus aïfé que la mérallurpie ; cet art fe borneroit à expofer les métaux à l’a@tion du feu pour les faïre fondre & pour leur faire prendre la for- me que l’on jugeroit à propos. Maïs iln’en eft point ainfi, il eft très-rare de trouver des métaux purs dans le fein de la terre; & lorfqu’on en troûve de cette efpece, ils font ordinairement en particules déliées, & ils font attachés à des terres ou à des pietres dont il faut les féparer avant que de pouvoir en former des mafles d’une grandeur convenable aux ufages auxquels on les deftine: | L'état dans lequel ontrouve le plus communément les métaux , eft celui de mine; alors ils font combi- nés avec du fouffre ou avec de l’arfenic, on avec lun & l’autre à la fois : fouvent dans cer état, plu- fleurs métaux fe trouvent confondus enfemble, & toutes ces combinaifons font fi fortes qu'il n’y a que Padion du feu, appliqué de différentes manieres, qui puifle les détruire. Joignez à cela que ces mi- nes , qui contiennent les métaux, font liées à des rochers & à des terres qu'il faut aufli commencer par en féparer, avant que de les expofer à laétion du feu. Toutes ces différentes vües ont donné naïf- fance à une infinité de travaux & d’opérations dif- férentes dont la connoiffance s’appelle mérallurgie. On voit donc que la métallurgie, dans toute lé- tendue de fa fignification , embrafle toutes les opé- rations qui fe font fur Les métaux ; par conféquent ; elle comprend l’art d’eflayer les mines, ou les fubf- tances qui contiennent des métaux, qui n’en ef qu’une partie & un préliminaire néceflaire : cette partie s’appelle docimafie ou l’art des eflais , & le ter- me de métallurgie fe donne par excellence aux tra- vaux en grand , fur les matiéres minérales du conte- nu defquelles on s’eft afluré par la docimafie. Foyer DociMasre & Essar. Comme ces opérations pré- liminaires ont été fuffifamment développées dans ces deux articles, nous ne parlerons ici que des tra- l'éclat mérallique, &c. Voyez MÉTAUX. (—) ‘| vaüx en grand , c’eft-à-dire , de ceux qüi fe font far = un grand volume de mines, | Le travail du mérallurgifle commence où celui du mineur finit, voyez MINES. Lorfque le minerai a ëté détaché des filons; ou des couches qui le conte- noient , on le porte à la furface de la terre dans les atteliers deftinés aux opéranons ultérieures, par lefquelles il doit pañler, La premiere de ces opéra- - tions s'appelle le triage , elle confifte à brifer le mi- nerai à coups de martea pour détacher , autant qu'il eft pofñble, les fubftances qui contiennent du métal , de celles qui ne font que de la pierre. Voyez TRIAGE. Après que le minerai a été trié, on le porte aw boccard , c’eft-à-dire à un moulin à prions, où il eff écrafé & réduit en poudre, voyez PILONS. Cette opération eft fuivie de celle qu’on appelle /ayage ; qui confifte à laver dans de Peau le mineraï qui a été écrafé, pour que leau entraîne les parties terreftres êc pierreufes , & les fépare de celles qui font métal- . liques &c pefantes ; ces dernieres tombent très- promptement au fond de l’eau à caufe de leur poids qui eft plus grand que celui des terres on des pier- res , voyez LAVAGE. Le minerai ainfi préparé, eff appellé fchlich par les Allemans. Eorfque les mines font fort chargées de foufre ow d’arfenic, foit avant, foit après les avoir écrafées: on les torréfie, c’eft-à-dire on les arrange par cou- ches & fur du bois ou fur des charbons; on allume ces charbons, & à l’aide d’un feu doux on difipe peu-à-peu ces fubftances avec lefquelles ce métal étoit combiné, & le métal ayant plus de fixité au feu , refte. On eft quelquefois obligé de réiterer plu- fleurs fois cette opération fur le même minérai, à proportion qu’il eft plus où moins chargé de fubftan- ces que l’on a intérêt de féparer du métal: cette opération fe nomme grillage. Voyez cet article. Il y a très- peu de minerais que l’on foit difpenfé de griller, du- moins léserement, avant que deles faire fondre. Lorfqu'on s’en difpenfe, 1l faut que ces: mines contiennent du métal très-pur ; on ne grille pas les mines d’or qui contiennent ce métal tout formé, non plus que celles qui contiennent de lar- gent natif, comme font les mines du Pérou , du Chilz & du Potof; il n’eft befoin que de les amalgamer |. avec le mercure, ou de les paffer à la coupelle ; ce- pendant Alonfo Barba nous apprend que quelques unes de ces mines mêmes ne peuvent s’amalgamer fans avoir été d’abord légerement chauffées. Ce n’eft qu'après le grillage que lon porte le mi- nerai au fourneau de fonte ; là on arrange la mine avec du charbon par couches alternatives , on don- ne un feu proportionné à la nature du minerai que l'on! traite ; mais avant que de fondre le minerai on eft fouvent obligé de lui joindre des matieres pro- pres à faciliter fa fufon; ces matieres fe nomment fondans, voyez cet article, c’eft à lexpérience du métallureifte à décider quelles font les matieres les plus propres à facihter la fufion de la mine qu'il traite, & à.vitrifier les fubftances terreufes & pier- reufes avec lefquelles elle eft mêlée, voyez l’arricle FONDANT 6 FUSION. Pour en juger 1l faut beau- coup de lumieres en Chimie , une connoiffance par- faite de la nature des terres & des pierres , &z des. effets que leurs différens mélanges produifent dans le feu. Les fourneaux de fufion doivent être analogues à la nature des mines & des métaux que l’on y doit traiter, & proportionnés pour la hauteur & la capa< cité, à la durée & à l’intenfité de la chaleur qu'on veut leur faire éprouver : cela eft d’autant plus né- ceffaire, que certains métaux fe fondant très - aifé- ment, ne doivent , pour ainfi dire, que pañler au- travers du fourneau, tandis que d’autres, qui se & MET fe fondent qu'avec beaucoup de peine, doivent y ! féjourner très-long-tems. Il y a des métaux, tels que le piomb & l’étain, que l’aétion du feu difipe, ou calcine & change promptement en chaux, tandis que d’autres refftent plus fortement à fon aétion. Ce n’eft point ici le eu d’entrer dans le détail de toutes ces différences, elles font indiquées en parlant de chaque métal en particulier, nous y renvoyons donc le leéteur. Voyez CUIVRE, FER, ÉTAIN, Prome, &c. | Îl faut feulement obferver en général que le four- neau de fufñon foit conftruit de pierres qui réfiftent au feu, & qui ne foient point fujettes à fe vitrifier ; il faut aufli prendre toutes fortes de précautions pour que ces fourneaux n’attirent point d’humidité du terrein fur lequel ils font élevés ; c’eft pour cela qu’on pratique en les conftruifant des conduits creux appellés .éverrs, pour y laifler circuler l’air exté- rieur. L'action du feu qui eft allumé dans les fourneaux de fufion eft augmentée par le vent des fonflets ; par-là le mineral fe fond, la partie métallique qu'il contenoit tombe dans un baflin formé au bas du fourneau avec un enduit de glaife & de charbon pilé ; à ce degré de chaleur les mines de plomb & d'étain ne font pas long - tems à fe fondre ; mais il n'en eft point de même des mines de cuivre ou de fer qui font infiniment plus difficiles à faire entrer en fufion. Quand on juge que la matiere eft dans un état de fluidité convenable, on perce au bas du four- neau l'œil, c’eft-à-dire un trou qui pendant l’opé- ration étoit bouché avec de la terre grafle, alors la matiere devenue liquide découle par cette ou- verture dans un baflin qui eft au-devant du four-. neau ; lorfqu’on traite de la mine d’étain, comme ce métal fe calcine avec beaucoup de promptitude, on laïfle Poil toujours ouvert, afin qu’il puifle dé- couler à mefure qu’il fe fond, fans avoir le tems de fe changer en chaux, ni de fe dffiper. Joyez ÉraIx. À la furface du métal fondu nagent des matieres vitrifiées que l’on nomme féories ; elles font formées par les terres , lés pierres , & les fubftances étran- | geres que l’aétion du feu a changées en une efpece de verre, & dans lefquelles il refte encore fouvent des parties métalliques qui y font demeurées atta- chées. Voyez Scories. Ces fcories peuvent encore {ervir de fondans dans la fonte d’un nouveau mine- ral. | La matiere fondue produite par la premiere fonte eft rarement un métal pur, il eft communément en- core chargé de parties fulfureufes & arfénicales , & quelquefois de parties métalliques étrangeres ; c’eft ce mélange impur que l’on nomme marre : on eft fouvent obligé, fur-tout quand on traite le cuivre, de faire pañler cette matte par un stand nombre de feux différens, afin d'achever de difiper & de dé- truire les fubftances étrangeres & nuifibles avec lef- quelles le métal eft encore uni; les feux fe multi- plient en raifon du plus on du moins de pureté de la matte: ces opérations fe nomment le grillage de la maire, Voyez; MATTE. Ce qui refte après ces diffé- rens grillages eft remis de nouveau au fourneau de fufion, où il paffe par la même opération que la premiere fois ; & produit encore une nouvelle mat- re, mais cette feconde matte eft plus dégagée de parties étrangeres que la premiere fois. Les travaux décrits en dernier lieu fe pratiquent fur-tout pour le traitement du cuivre dont les mines font les plus difficiles à travailler; en effet les mines de cuivre font communément chargées de foufre, d’arfenic, de parties ferrugineufes , & d’une portion d'argent plus où moins grande ; fans compter les -pierres & terres qui lui fervent de matrice ou de muniere, d'où on voit que le métallurgifte a un | Tome X, MEET 433 grand nombre d’ennernis à combattre & à diffiper. Lorfque le cuivre contient une portion d'argent qui mérite qu’on fafle des frais pour la retirer, on lui joint du plomb, afin que ce métal qui a beaucoup de difpofition à s’unir avec de l'argent s’en charge; l'opération par laquelle on mêle du plomb avec le cuivre fe nomme raffrackiffemenct, Voyez cet article, Lorfque le plomb a éré fondu avec le cuivre dans le fourneau, l’on obtient un mélange de ces deux métaux que l’on nomme œuvre ; il s’agit alors de féparer le plomb qui s’eft chargé de la portion d’ar- gent contenue dans le cuivre, d'avec ce métal ; cela fe fait par une opération particuliere que l’on nomme Zquation : on {e fert à cet effet d’un fourneau particulier , fur lequel on place les maffes ou pains de plomb &t de cuivre ; le feu qu’on donne dans ce fourneau fait fondre le plomb qui s’eft uni avec l'argent, il découle avec ce métal, & le cuivre étant plus difficile à fondre , refte fur le fourneau, Voyez LIQUATION. Pour achever de féparer le plomb qui pourroit encore être refté avec le cuivre, on lui fait Éprou= ver ün nouveau feu dans un autre fourneau, que lon nomme fourneau de reffiage. Voyez RESSUAGE. Enfin le cuivre après avoir pañé par toutes ces Opérations & par des feux fi multipliés, n’eft point encore parfaitement pur; l’on eft obligé, pour lui donner la derniere main, de le raffiner , C’eft-à-dire de l’expofer à un nouveau feu dans un nouveau fourneau. Foyez RAFFINAGE. À l'égard du plomb qui s’eft chargé de l'argent ; on le fépare de ce métal par le moyen de la cou- pelle. Voyez CouPELLE, Parmi les métaux il n’y en a point de plus difci. les à traiter que le cuivre & le fer ; cette difhculté vient , non-feulement de ce que ces métaux refiftent plus long-tems que tous les autres À lation du feu s & ont plus de peine à entrer en fufion , mais encore des matieres étrangeres qui fe trouvent jointes à leurs mines. Voyez l’article CurvR E, & l'article FORGES & FER. Il eft plus aïfé de traiter les mines de plomb & d’érain ; cependant ces métaux font quelquefois mê- lés de fubitances étrangeres qui ne laiffent pas de rendre leur traitement difficile. C’eft ainf que l’étain eft très-fouvent mêlé de fubftances ferrugineufes & arfénicales que l’on a beaucoup de peine à en {épa- ref ; Joignez à cela que la pierre qui fert de miniere ou de matrice à la mine d’étain eft très -réfraêtaire & n'entre point en fufion. Foyez ÉTAIN. Les mines d’or font communément fort aifées à traiter: comme ce métal n’eft jamais minéralifé, c’eft-à-dire n’eft jamais combiné ni avec Le foutre ni avec l’arfenic, il ne s’agit que d’écraferla gangue ou la roche qui le contient; alors on lave cette mine pour dégager la partie pierreufe ou le fable d’avec la partie métallique ; on triture ce qui refte avec du mercure qui fe charge de tout l'or, après quoi on dégage le mercure par la diftillation. Maïsles travaux fur or deviennent beaucoup plus difficiles lorfqu’il eft répandu en particules, fouvent imperceptibles dans un grand volume de matieres étrangeres, & “lorfqu’il fe trouve combiné avec d’autres fubftances métalliques. Voyez Or, DÉPART, COUPELLE. À l'égard de l’argent, quand il fe trouve tout for- mé, On le retire aufli par le moyen de l’amalgame avec le mercure ; mais comme ce métal eft fouvent combiné dans d’autres mines, & fur -tout avec des mines de plomb qui en font rarement tout-à-fait dépourvües, il faut des travaux & des précautions pour l’en retirer : de plus, l'argent eft fouvent miné- ralifé avec le foufre 8 larfenic, comme dans la ‘mine d’argent nitreufe, dans la mine d’argent rouve, :&ce alors 1l faut des foins pour le-dégager de ces fub. ii 434 MET ftances, & l’on ne peut point fe contenter des amal- games. Voyez ARGENT CouPELLE, DÉPART. C’eft fur-tout dans la féparation des métaux unis les uns avec les autres que brille tout l’art de la Métallurgie. En effet » il eft très-rare de trouver des métaux entierement purs ; l’or natif eft prefque tou- jours mêlé d’une portion d'argent; l'argent eft mêlé avec du plomb; le cuivre et fonvent mêlé avec du fer, & contient outre cela une portion d'argent, &c. Il a donc fallu imaginer une infinité de moyens, tant pour conferver les métaux que l’on avoit inté- têt à garder, que pour détruire & difiper ceux qui nuifoient à la pureté de ceux que l’on vouloit obtenir. Les demi-métaux exigent aufli des traitemens différens , en raïfon de leur plus ou moins de fufbi- lité, de leur volatilité , & des autres propriétés qui les différencient. J’oyex BISMUTH, ZINC, ANTI- MOINE , &c. ni & | Enfin tous les travaux de l’Alchimie qui ont pour objet les métaux, leur amélioration , leur maturation, leur sranfmutation , &c. font du reflort de la Méral- lurgie ; ces travaux, fans peut-être avoir eu les fuc- cès que fe promettoient ceux qui les ont entrepris, n’ont pas laiflé de jetter un très - grand jour fur les {ciences chimiques & métallurgiques. né On voit, dans ce qui précede, un tableau abrégé des travaux de la Mérallurgie ; on verra par leur va- riété & par leur multiplicité l'étendue des connoif- fances que cet art exige ; on fentira qu'il demande des notions exactes de la nature du feu,.des pro- priétés des métaux, des mines, des terres , des pier- res ; en un mot on voit que cet att exige les con- noiffances les plus profondes dans la Chimie , 6e les notions les plus exaétes des propriétés qu'ont les fubftances du regne minéral, {oit feules, foit com- binées entre elles. Ces connoiïflances ne peuvent être que le fruit d’une longue expérience & des méditations les plus férieufes auxquelles peut-être les phyficiens fpéculatifs ne rendent point toute la juftice qu’elles méritent, En effet , Comme la nature des mines varie prefque à l'infini, 1l eft impofhble d'établir des regles conftantes, invariables, appli- cables à tous les cas. Celles que lon fuit avec le plus grand fuccès dans un pays , ne réuffiflent point du tout dans un autre ; il faut donc que le métal- luroïfte confulte les circonftances » la nature du mineral qu'il traite, les fondans qu 1l eft à propos de lui joindre. Il faut qu'il s’aflure de la forme la plus avantageufe qu'il convient de donner à fes fourneaux pour que le feu y agifle d’une façon qui convienne aux fubftances qu'on y expofe. Il faut qu'il fache les moyens d'éviter la perte des métaux que la trop grande violence du feu peut fouvent difiper. Il faut qu'il fache ménager le bois, fur- tout dans les pays où il n’eft point abondant: c’eft de ces connoïffances que dépend le fuccès des tra- vaux métallurgiques, & fans l’économie ce feroit en vain que l'on fe promettroit de grands profits de ces fortes d’entrepriles. L'étude de la Mérallurgie ne doit donc point être regardée commeun métier , elle mérite au contraire toute l’attention du phyficien-chimifte, pour quiles différens travaux fur les métaux &c fur les mines four- nirontune fuite d’expériences propres à faire connoi- tre la vraie nature desfubftances du regne minéral. Il eft vrai que fouvent la Mérallurgie eft exercée par des gens foiblementinftruits ; fans vues, &t peu capa- bles de faire des réflexions utiles fur les phénomenes qui fe paflent fous leurs yeux ; pour toute fcience ils n’ont qu'une routine fouvent fautive, & ne péu- vent rendre raïon de leur façon d'opérer, qu’en difant qu'ils fuivent la voie qui leur a été trâcée pat leurs prédécefleurs : vainement attendfoit.- on que des gens de cette efpece perfeétionnaflent un art fi difficile. Mais d’un autre côté , nous voyons combien la Mérallurgie a fait de progrès quand des hommes habiles dans la Chimie, tels que les Bec- cher , les Stahl , les Henckel ont voulu lui prêter leurs lumieres. Ces grands phyfciens fe font occu- pés férieufement d’un art fi utile; ils ont cherché à rendre rafon des phénomenes que:d’autres avoient vus fans y faire attention, ou du moins fans pouvoir en deviner les caufes. | On ne peut douter de l'antiquité de la Mérallur. gie : le témoignage de l'Ecriture-fainte prouve que cet art étoit connu même avant le déluge ; elle nous apprend que Tubalcain exc l’art de travailler avec le marteau, & fut habile en toutes fortes d'ouvrages d’ai- rain € de fer. Gen. chap. iv, v. 22. D’où l’on voitque dès ces premiers tems du monde, on connoïfloit déja les travaux fur les deux métaux les plus difficiles à traiter. Après le déluge cet art fe répandit , & lhif. toire profane nous apprend que Sémiramis em- ployoit les prifonniers qu’elle avoit faits à la guerre, aux travaux des rmines & des métaux, La néceflité rendit les hommesinduftrieux, &les travaux de la Mesallurgie s'étendirent chez un grand nombre de peuples. [Il paroïît que les Esyptiens avoient de très - grandes connoïiflances dans cet art; c’eft ce que prouve fur-tount la deftruétion du veau d’or par Moife, & fon entiere diflolution dans des eaux qu'il fit boire aux lfraëlites , opération que le célebre Stalh attribue à l’hepar falphuris , qui a la propriété de difloudre Por au point de le rendre mif- cible avec l’eau. Or l'Ecriture nous apprend que ce légiflateur des Juifs avoit été élevé dans toutes les fciences des Egyptiens. Le hafard a encore pu contribuer à faire décou- vrir aux hommes de différens pays la maniere de traiter les métaux ; du bois ailumé auprès d’un filon qui aboutifloit à la furface de la terre , a pu faire naître en eux les premieres idées de la Métallurgie ; les fauvages du Canada n’ont point même aujour- d’hui d’autre méthode pour fe procurer du plomb ; enfin, les richefles & la quantité des métaux pré- cieux que l’hiftoire tant facrée que profane ditavoir été poflédées par des peuples différens, dans l’anti- quité la plus reculée, prouve l'ancienneté des tra- vaux de la Métallurgie, Mais cet art femble en Europe avoir fur-tout été cultivé par les peuples feptentnonaux ; de qui les Allemands l'ont appris. C’eft chez ces peuples que la Métallurgie exercée depuis un grand nombre de fiecles, a pris un degré de perfeétion dont les au- tres nations n’ont point encore pu approcher. Ces travaux étoient des fuites néceffaires de la qan- tité de nunes de toute efpece que la Providence avoit placées dans ces pays , & il étoit naturel que l’on tâchât de mettre à profit les richeffes que la terre renfermoit dans fon fein. Le goût pour la Métallurgie, fondé fur les avantages qui en réful- tent, ne s’eft point affoibli chez lés: Suédois &z les Allemands ; loin de diminuer, il a pris des accroïffe- mens continuels : on ne s’eft point rebuté de voir les mines devenir moins riches ; au contraire, on a ré- doublé de foins , & l’on a cherché des moyens de les traiter avec plus d’exaêtitude & d'économie. La plûüpart des princes ont favorifé les entreprifes de ce genre , & les ont regardées comme une branche ef- fentielle du commerce de leurs états. Ces foins n’ont point été inutiles ; perfonne n’ignore les grands re- venus que la maifon éleétorale de Saxe tire depuis plufieurs fiecles des mines de la Mifnie ; on connoiït auf les produits confidérables que les mines du. Hartz fourniflent à la maïfon de Brunfwick. A l’é- gard des Suédois, on connoît à quel point la Mésal- lurgie fleurit parmi eux ; encouragés par le gouver- nement, afhftés des confeils d’une açadémieque l’u- tihité de fa patrie occupe plus-que les objets defpé- | culation, cet art prend de jour en jour un nouveau luftre en Suede, & tout le monde fait que les mé- taux font la branche principale du commerce de ce royaume. , #1 | C'eft auf de ces pays que nous font venues les premieres notions de cet art. George Agricola peut être regardé comme le fondateur de la Mérallurgie. Il nequat à Glaucha en Mifnie en 1404 : il fe livra avec beaucoup: de fuccès à l'étude des lettres grec- ques & romaines. Après avoir étudié la Médecine en Îtalie , 11 alla l’exercer avec fuccès À Joachimf- tahl , & enfuite à Chemnitz, lieux fameux parleurs mines & par les travaux de la Mérallurgie. L’eccañon qu'il eut d'examiner par lui-même ces travaux, & de contempler la nature dans fes atteliers fouter- reins, lui fit naître l'envie de tirer l’art des mines & dela Mérallurgie des ténebres & de la barbarie où ils avoient été enfevelis jufqu’à fon tems. En effet , les Grecs , les Romains & les Arabes n’en avoientparlé que d’une façon très-confufe & fort peu inftruétive. Agricola entreprit de fuppléer à ce défaut ; c’eft ce quil fit en publiant les ouvrages fuivans : 1°. Bermannus ; feu Dialogi de rebus foffilibus. 2°. De caufis fubrerrancorum., libri IV, 3°. De naturé corum que effluunt ex terré, Lib. IF. 4°. De natura foffilium , lib. X. $°. Demenfuris & ponderibus, libri F. 6°. Dere metallica, Libri XIT. 7°. De pretio metallorurm 6 moneris , libri IT, 8°. De refluuendis pondexibus & menfuris , Liber LI, 9°. Commentariorum , libri FI, I! commença à publier quelques-uns de ces ouvra- ges en l’année 1530 ; les autres furent mis au jour fuccefivement, C’eft {ur-tout dans fontraité de re me- tallicé , qu’Agricola décrit avec la plus grande pré- cifion & dans le plus grand détail, les différentes opérations de la Mérallurgie, Cet ouvrage a toujours depuis été regardé comme le guide le plus sûr de ceux qui veulent s’appliquer à cet art. Il eft vraique depuis Agricola, plufieurs hommes habiles ont fait des découvertes importantes dans la Mérallurgie ; mais 1l aura toujours le mérite d’avoir applani la voie à fes fuccefleurs , & d’avoir tiré cet art du chaos où il éroit plongé avant lui. Parimi ceux qui ont fuivi Agricola , le célebre Bec- cher occupe unrang difingué. Son ouvrage , qui a pour ütre Phyfica fubrerranea, a jetté un très-grand jour fur la connoifflance des métaux. Quant à fon traité de la Meérallurgie, il doit étre regardé comme un Ouvrage imparfait & le fruit de fa jeunefe : il eft rempli des idées des anciens alchimiftes, & Stahl en a fait un commentaire en allemand , dans lequel il a fait fentir les fautes de Beccher , qu'il a reéti- fiées par-tout où il en étoir betoin. C’eft fur-tour à Stahl que la Mérallurgie a les plus grandes obligations ; il porta dans cet art fon génie pénétrant & {es lumieres dans la Chimie. Ce grand homme rendit raifon des différens phénomenes que les métaux préfentent dans les différeñtes opérations pat lefquelles on les fait pafler. Nous avons de li un traité latin fort abrégé , mais excellent de Méral- lurgie ; on. le trouve à la fuite de fes opufcules : d’ailleurs fon traité du foufre, {on fpecimen Becheria- aum , &t fon commentaire fur la métallurzie de B:c- cher, font desonvrages qui jettent un grand jour fur cette matiere. | Plufieurs autres auteurs allemands ont donné des ouvrages utiles fur la Meésallurgie. Celui de M. de Loœbhneifs, publié en allemand en un vo/. /z fol. fous le titre de Berichs vom Bergwerck, où Defcription des travatix des mines , eft un ouvrage eftimable à plu- fieurs égards. On peut en dire autant de celui de Bal- thazar Roesiler, qui porre le titre latin de Specu. Torre X, : OX! Co , MET 435 lum Metallurgiæ polisi fimum, quoique l'ouvrage foit allemand, Il parutà Drefde en 1700 , en un volume 1n-fol, Jean-Chrétien Orfchall , infpedeut des mines 8 fonderies du landgrave de Hefle, mérite d’occu- per une place diflinguée parmi les Métallurgiftes à on a de lui plufeuts traités de Mér/lurgie qui font très-eftimables ; {avoir ; Ars fiforia fundamentalis 6 expeñimentals ; le Traité des trois merveilles ; une rou- velle Méthode pour la liquation du cuivrè, & pour fairé la macération des mines : tous ces ouvrages qui ori ginairement ont été publiés én allemand , font ac- tuellement traduits en françois. Emanuel Swedenborg fuédois , a publié en latin trois vo. in-fol, {ous le titre d'Operarmineralia ; dans les deux derniers volumes, il a raflemblé toutes es différentes méthodes de traiter le cuivre & le fer: fon ouvrage ne peut être regardé que comme une compilation faite fans choix. L'ouvrage le plus complet que les modernes nous ayent donné fur la Merallurpie , eft celui de Chrifto- phe-André Schlutter ; il a patu en allemand fous le titre de Grundelicher unterriche von hutren wercken, & fut imprimé #7-fol. à Brunfwick en 1738. Il eff accompagné d’un très-grand nombre de planches qui repréfentent les différens fourneaux qui fervent aux travaux de la Mérallurgie. La traduétion françoïfe de cet important ouvrage a été publiée par M. Héllot, de l'académie royale des fciences de Paris, fous le ütre de la Fonte des mines, en 11. vol. in 4. Cepen- dant 1l feroit à fouhaiter que l’auteur eût joint des ex- plications chimiques à fes defcriptions , & qu’ileût donné les raifons des différentes opérations dont il parle ; cela eût rendu fon livre plus intéreflant & plus utile. M. C. E. Geller a publié en 1751 un traité élé- mentaire de Mérallurgie , dont j’ai donné la traduc- tion françoife fous le titre de Chimie mérallurgique , en 2. vol. 17-12. à Paris chez Briaflon, Outre les auteurs principaux dont on vient de parler , PAllemapne & la Suede enontproduit beau. coup d’autres qui ont donné plufieurs exceliens ou- vrages fur la Métallurgie , où fur quelques unes de fes parties. Parmi ces auteurs, on doit donner une place diftinguée à Lazare Erck:r, qui a {uivi de près Agricola, On a de lui un ouvrage allemand fort eftimé, fousle titre de Auw/a fubterranea. On doit auf mettre au rang des Métallurgiites ceux qui ont écrit fur la Docimafre , tels que Fachs, Schindler , Kie£- ling , Crammer , &c. Plufeurs auires chimiftes & naturaliftes ont contribué à jetter un très-grand jour fur Part de travailler les métaux : tels font fur - tout Kunckel , le celebre Henckel, & fon difciple Zim- mermapn. Nous avons encore parmi les anteurs vi- vans des hommes habiles qui ont rendu &c qui ren- dent encore de très-prands fervices à la Mérallurgie tels font le célebre M. Pott, qui dans la Lirhogéoro- Jie fournit une infinité de vues excellentes pour le | ir&itement des mines; MM. Margoraf, Lehmann, de lacadémie des fciences de Berlin , méritent, ainf que M. Brandt, de l'académie de Suede , une place diflinguée parmi les Métallurgiftes modernes. (—) MÉTAMBA, f. m.(Æiff. nur. Bor.) arbre fort com- mun en Afrique dans les royaumes de Congo, d’Ango-, la &t de Loango. On entire une liqueur fort agréable &tres-douce , mais moins forte que l’efpece de vin que l’on ure des palmiers. Le bois fert à différens ufages, & fes feuilles fervent à couvrir les maitons ëc à les défendre de la pluie ; on fait aufli une elpece d'étoffe de ces feuilles qui font la monnoie courante du pays. MÉTAMORPHISTES , £. m, (Auf. ecclej.) fe@e d'hérétiques du x1]. fiecle , auxquels on a donné ce nom, parce qu'ils prétendoient que Le he de Jefus- 11 1] 436 MEET Chtift lots de fon afcenfion a été changé 87 meta- morphofé en Dieu. Ce font les mêmes que les Lu- thériens ubiquitaires. Voyez UBIQUITAIRES. Onles a auffi nommés Transformateurs. MÉTAMORPHOSE , f.f (Mych.) efpecede fable, où communément les hommes feuls font admis; car il s’agit ici d’un homme transformé en bête, en ar- bre, en fleuve, en montagne , en pierre, ou tout ce qu'il vous plaira ; cependant cette regle reçoit plus d’une exception. Dans la méramorphofe de Py- rame & de Thisbé, le fruit d’un mürier eft changé de blanc en noir. Dans celle de Coronis & d’Apol- lon , un corbeau babillard éprouve le même chan- gement. Les métamorphofes font fréquentes dans la Mytho- logie ; il y en a de deux foftes, les unes apparentes, les autres réelles. La méramorphofe des dieux telle que celle de Jupiter én taureau, celle de Minerve en vieille , n’eft qu’apparente , parce que ces dieux ne confervoient pas la nouvelle forme awils pre- noient ; mais les #éramorphofes de Coronis en cor- neille , d’Arachné en araignée, de Lycaon en loup, étoient réelles, c’eft-à-dire que les perfonnes ainfi changées refloient dans la nouvelle forme de leur transformation ; c’eft ce que nous apprend Ovide, lui qui nous a donné le recueil le plus complet & le plus agréable des méramorphofes mythologiques. Comme la meramorphofe eft plus bornée que l’apo- logue dans le choix de fes perfonnages , elle l’eft auffi beaucoup plus dans fon utilité ; mais elle a plufeurs agrémens qui lui font propres: elle peut , quand elle veut, s'élever à la fublimité de l’'Epopée, & redef- cendre à la fimplicité de l’apologue. Les figures har- dies, les defcriptions brillantes ne lui font point du tout étrangere ; elle finit même toujours eflentielle- ment par un tableau fidele des circonftances d’un changement de nature. Pour donner à la méramorphofe une partie de l’uti- lité des fables , un de nos modernes penfe qu’on pour- roit mettre dans tous les changemens qu’on feindroit un certain rapport d'équité, c’eft-à-dire que la tranf formation fût toujours ou la récompenfe de la vertu, ou la punition du crime. Il croit que l’obfervation de cette regle n’altéreroit point les agrémens de la néra- morphofe, & qu’elle lui procureroit avantage d’être une fitioninftruive. Il eft du-moins vraiqu'Ovide l’a quelquefois pratiquée, comme dans fa charmante métamorphofe de Philémon &cde Baucis, & dans celle du barbare Lycaon, tyran d’Arcadie. ( D. J.) _ METANÆA, (Géog. eccléf.) motgrec, qui figni- fie pénitence ; ce nom fut donné à un palais de l’em- pereur Juftinien, qu’il changea en monaftere. Il y mit une troupe de femmes de Conftantinople, qui, par La faim 6£ la mifere, fe dévouoient aux embrafle- mens de toutes fortes d’inconnus. Juftinien déhivra ces fortes de femmes de leur état honteux de profti- tution, en les délivrant de la pauvreté. Il ft du palais qu'il avoit fur le bord du détroit des Dardanelles un lieu de pénitence , dans lequel il les enferma, & tà- cha, dit Procope, par tous les agrémens d’une mai- fon de retaite, de les confoler en quelque forte de la privation des plaifirs. (D. J.) MÉTANGISMONITES , {. m. pl. hérétiques, ainfi nommés du mot grec #yy# , qui veut dire vaiffeau. Us difoient que le verbe eft dans fon pére, comte un vaiffeau dans un autre. On ne fait point qui fut l’auteur de cette fete. S. Auguflin, her. 57. | Cañftro, her. 6. Pratéole. MÉTANOEA , ( Æif. de l'éplife greque.) cérémo- hie religieufe qui eft d'ufage dans l’Eglife greque. Métanoeu fignifie de profondes inclinations du corps; elles confiftent à fe pancher fort bas, & à mettre a main contre terre avant que de fe relever. C’eft une forte de pénitence des Chrériens grecs, & leurs MET ‘confeffeurs leur en préfcrivent foujours un cettain ñombre, quand ils leur donnent l’abfolution. Ce- pendant quoique le peuple regarde ces grandes in- clinations du corps comme des devoirs effentiels, il condamne les génufléxions, 8 prétend qu’on ne doit adorer Dieu que de bout. Lorfqu’il m’arrivoit, dit M. la Guilletiere ; de trouver à Mifitra des Grecs qui me reprochoïent la génufléxion comme une hé: réfie , je leur fermois la bouche avec le bon mot d'un ancien lacédémonien un peu paraphrafé. Un étranger qui étoit venu voir la ville de Sparte, s'étant tenu fort long-tems fur un pié, pour montrer qu'il étoit infatigable dans les exercices du corps, dit à un lacédémonien : « Tune te tiendroisipas fi » long-tems fur un pié. Non pas moi, répondit le » fpartiate ; maïs il n’y 4 point d’oifon qui n’en fit » autant». ( D. J.) MÉT APA , (Géog. anc. ) ville de l’Arcanie, Po- lybe , Z. Fc. vi, dit qu’elle étoit fituée fur le bord du lac Triconide. ( 2. J, ) MÉTAPHORE, 1. f. (Gram.) « c’éft ; dit M. » du Marfais, une figure , par laquelle on tranfporte, » pour ainfi dire, la figmification propre d’un nom » (j'aimerois mieux dire d’un mot) à une autre fieni- » fication quine lui convient qu’en vertu d’une com- » paraïfon qui eft dans l’efprit. Un mot pris dans un » fens métaphorique perd fa fignification propre , & » en prend une nouvelle qui ne fe préfente à l'efprit » que par la comparaïifon que l’on fair entre le fèns » propre de ce mot , & ce qu’on lui compare : par » exemple, quand on dft que Æ menfonge fe pare Jou- » vent des couleurs de la vérité ; en cette phrafe, cou- » leurs wa plus de fignification propre & primitives » ce mot ne marque plus cette lumiere modifiée qui » nous fait voir les objets ou blancs , ou rouges, » où jaunes, Gc, il fignifie Zes dehors , Les apparences: » Gt cela par comparaïfon entre le fens propre dé » couleurs &t les dehors que prend un homme qui » nous en impofe fous le mafque de la fincérité, Les » couleurs font connoître les objets fenfibles, elles » en font voir les dehors &c les apparences ; un » homme qui ment , imite quelquefois fi bien la con- » tenance & le difcours de celui qui ne ment pas, » que lui trouvant le même dehors & pour ainf dire » les mêmes couleurs ; nous croyons qu'il nous dit » la vérité : ainfi comme nous jugeons qu'un objet » qui nous paroît blanc eft blanc , de même nous » fommes fouvent la dupe d’une fincérité appa- » rente ; &c dans le tems qu'un impofteur ne fait que » prendre les déhors d'homme fincere, nouseroyons » qu'il nous parle fincerement. | » Quand on dit /2 lumiere de l’efpris, ce mot de » lumiere eft pris métaphoriquement ; car comme la » lumiere dans le fens propre nous fait voir les 6b- » jets corporels , de même la faculté de connoître » & d’appercevoir , éclaire l’efprit 8 le meten état » de porter des jugemens fains. » La métaphore eft donc une efpece de trope ; Je # mot, dont on fe fert dans la éraphore , eft pris dans » un autre fens que dans le fens propre ; z7 eff, pour » ainf dire , dans une demeure empruntée | dit un an- » cien , feffus , verbo metaphoram : ce qui eftcommun » & eflentiel à tous les tropes. » De plus, il y a une forte de comparaïfon où » quelque rapport équivalent entre le mot auquel » on donne un fens wéræphorique, & l’objet à quoi » on vent l’appliquer : par exemple , quand on dit » d’un homme en colere, c’e/f un lion, lion eft pris » alors dans un fens yrétaphorique ; on compare » l’homme en colere au lion , 8 voilà ce qui diftin- » gue la ésaphore des autres figures ». [Le P. Lami dit dans fa rhétorique, /9. II, ch. üir. que tous les tropes font des métaphores ; car, dit-il, ce mot qui eft grec , Jignife tranflation ; &c il ajoute que é’eft pat antonomale qu’on le donne exelufive- ment au trope dont 1l s’agit ici, C’eff que fur la foi de tous les Rhéteurs , il tire le nom peragapa des ra- cines ere G pipe, en traduifant gere) par srans , en forte que Le mot grec meragope eft fynonyme au mot latin sranflatio , comme Cicéron lui-même & Quin- tilièn l'ont traduit : mais cette prépofirion pouvoit dufli-bien fe rendre par cm, & le mot qui en eft Compofé par collatio, qui auroit très-bien expritné le cara@tere propre du trope dont il eft queftion, piifqu’il fuppofe toujours une comparaifon mentale, & qu'il n’a de juftefle qu'autant que la fimilitude pa- toit exacte. Pour rendre le difcours plus coulant & plus élégant, dit M. Warbuthon ( Æffai fur Les hiérogly- phes, o. I. part. I. o13.), La fimilitude à produit La métaphore , qui n'efl autre chofe qu'une fimilisnde en petit. Car les hommes étant auffr habitués qu'ils le [ons aux objets matériels | ont toujours eu befoin d'images Jenfibles pour communiquer leurs idées abffraires. La métaphore , dit-il plus loin, (pare. "IL. &. 35.) eff dû: évidemment à la groffiereré de la conception. Les prèmiers hommes étant fimples , groffiers & plongés dans le Jens , ne pouvotent exprimer leurs conceptions imparfaites des idées abffraites , 6 les opérations réfle- êtes de l'entendement qu'a l'aide des images fenfibles , gui, au moyen de cette application , devenoicnt méta- phores. Telle eff l’origine véritable de l'expreffion figu- rée, Celle ne vient point , comme on le fuppofe ordi- fairenent, du feu d'une imagination poétique. Le flyle des Barbares de l'Amérique | quoiqu'ils foient d'une compléxion trés-froide © très-flegmatique , le démontre encore aujourd'hui, Voici ce qu’un favant miffionnaire dir des Troquoïs , qui habitent la partie feprenttionale du continent. Les Iroquois, comme les Lacédémo- mens , veulent un difcours vif & concis. Leur ftyle eft cependant figuré & tout mésaphorique. ( Mœurs des fauv. améric. par le P. Lafiteau , £. I. p. 480.) Leur phlegme à bien pu rendre leur flyle concis , mais il wa pas pn en retrañcher lés figures. Mais pourquoi aller chercher fe loin des exemples ? Quiconque voudra Jeulement faire attention à ce qui échappe généralement aux réflexions des homes , parce qu’il ef£ trep ordi- aire, peut obférver que le peuple eff prefque toujours porté à parler en figures. » En effet, difoit M. du Marfais, (Trop. part. I. » arc. j.) je fuis perfuadé qu’il fe fait plus de figures # un jour de marché à la Halle, qu'il ne s’en fait en » plufieurs jours d’afflemblées académiques ». LL eff vrai, continue M. Warburthon, que quand cette difpofition rencontre une imagination ardente qui a été cultivée par l'exercice & la méditation , & qui fe plait à peindre des images vives & fortes , la métaphore eff bientôt ornée de toutes Les fleurs de l’efpris. Car l’ef- prit confifte à employer des images énergiques & méta- phoriques enfe férvant d’allufions extraordinaires ,quoi- que juftes. | | » Il y a cette différence, reprend M. du Marfais, » entre la meéraphore & la comparaïfon, que dans la # comparaifon on fe fert de termes qui font connoi- # tre que l’on compare une choïe à une autre ; par » exemple , fi l’on dit d’un homme en colere qu’i/ » ef comme un lion, c'eft une comparaïfon ; mais »# quand on dit fimplement , c’eff un lion , la compa- + raifon n’eft alors que dans l’efprit & non dans les » termes, c'eft une wécaphore ».|| Eoque diflat, quod illa (la fimilitude ) compararur re: quan volumus ex- primere ; hœc (la métaphore) pro ipfé re dicitur. Quint. Taft. VIII. 6. de Tropis.] » Mefurer , dans le fens propre , c’eft juger d’une » quantité inconnue par une quantité connue , foit » par le fecours du compas , de la regle, ou de quel- # que autre inftrument, qu’on appelle zefure. Ceux # qui prennent bien toutes leurs précautions pour + arriver à leurs fins, font comparés à ceux qui me- M ET 437 » furetit quelque quantité ; ainfi on dit par #éaphore » Qu'ils or bish pris leurs mefres. Par la même raifon, » on dit que les perlonnes d'une condition médiocre né » doivent pas fe mefurer avec les grands, c’eft-à-dire » vivre comme les grands , fe comparer à'eux, comme » on comparé une mefure avec ce qu’on veut me» » furer, On doit mefurer [a dépenfe à fon revenu , c’eft » à-dire qu'il faut régler {a dépenfe fur fon revenus » la quantité du revenu doit être comme la mefure » de la quantité de la dépenfe. » Comme une clé ouvre la porte d’un apparté: » ment & nous en donne l'entrée , de même il ya » des connoiffances préliminaires qui ouvrent, pour .* anfi dire, l’entrée aux fciences plus profondes : » ceS connoiflances ou principes font appellés ces # par #étaphore ; la Grammaire ef la c/é des fcien- » ces : la Logique eff la c/é de la Philofophie, On dit » auf d’une ville fortifiée qui eft fur une fronticre, » qu'elle eft la c/é du royaume, c’eftà-dire que l’en- » nemi qui fe rendroit maître de cette ville , feroit » à portée d’entrer enfuite avec moins de peine dans »le royaume dont on parle. Par la même raifon, » l’on donne le nom de c/#, én terme de Mufique , » à certaines marques ou caradteres que l’on met » au commencement des lignes de mufique : ces » marques font connoître le nom que l’on doit don: » ner..qux. notes; elles donnent, pout ainf dire, # l'entrée du chant, » Quand les zeéraphores font régulieres , il n°eft » pas difficile de trouverle rapport de comparaifon, # La métaphore eft donc aufli étendue que la com » paraïfon ; & lorfque la comparaïfon ne feroit pas » jufte ou feroit trop recherchée , la méraphore ne » feroit pas réguliere. | » Nous avons déja remarqué que les langues n’ont » pas autant de mots que nous avons d'idées ; cette » difette de mots a donné lieu à plufieurs wérapho. # res: par exemple, Ze cœur tendre, le cœur dur, ur » rayon de miel , /es rayons d’une roue, &c. L'ima- # gination vient , pour ainfi dire, au fecours de » cette chfette ; elle fupplée par les images & les »idées accefloires aux mots que la langue peut lui » fournir ; & il arrive même , comme nous l’avons » déja dit, que ces images & ces idées accefloires » occupent l'efprit plus agréablement que fi l’on fe » fervoit de mots propres , & qu’elles tendent le di£ » cours plus énergique : par exemple, quand on dit » d'un homme endormi qu’il eff erfeveli dans le fom- » meil, cette métaphore dit plus que fi l’on difoit fim- » plement qu'il dort, Les Grecs furprirenr Troie enfe- » velie dans le vin 6 dans Le fommeil, (invadunt » urbem fomno vinoque fepultam, Ær. 11. 265.7) » Remarquez. 1° que dans cet exemple /épuliam a un »fens tout nouveau & différent du fens propre. » 2° Sepultam n'a ce nouveau fens que parce qu'il » eft joint à /omr0 vinoque , avec lefquels il ne fau » roit être uni dans le fens propre ; car ce n’eftque » par une nouvelle union des termes que les mots fe » donnent le fens ré#faphorique. Lumiere n’eft uni » dans le fens propre qu'avec le feu, le foleil &z les -» autres objets lumineux ; celui qui Le premiet a uni » lumiere à efprit, a donné à lumiere un fens métapho= » rique, &t en a fait un mot nouveau par ce nouveau » fens. Je voudrois que l’on püt donner cetre inter » prétation à ces paroles d'Horace : (.4rr post, 47.) 5 Dixeris egregiè , notum ff callida verbum » Reddiderit junilura novum, » La métaphore eft très-ordinaire ; en voici en: » cote quelques exemples. On dit dans le {ens pro< wpre, s'ezivrer de quelque liqueur ; & l’on dit par » rnétaphore , s’enivrer de plaifirs ; la bonne foréuñe » enivre Les fots , c’eft-à-dire qu’elle leur fait perdre s la raifon, & leur fait oublier leur premier étar, 43% MET » Ne vous enivrez point des éloges flarteurs + Que vous donne un amas de Vains admirateurs. | Boil, Ars poër. ch. iv. # Le peuplequi jamais n'a connu la prudence, » S’enivroit fo/lement de fa vaine efpérance, Henriade, ch. vi. s Donner un frein à fes paffions , c’eft-à-dire n’en » pas fuivre tous les mouvemens , les modérer, les » retenir comme on retient un cheval avec lefrein, 5 qui eff un morceau de fer qu'on met dans la bou- # che d’un cheval. » Mézerai, parlant de lhéréfie, dit qu'il étoit # néceflaire d’arracher cette zizarie, ( Abrégé de » lhift. de Fr. François II.) c’eft-à-dire , certe femence » de divifion ; zizanie eft là dans un fens weésaphori- » que : c’eft un mot grec, GCarrov , lolium, qui veut » dire évrate , mauvaife herbe qui croit parnu les blés » &c qui leur eft nuifible, Zizanie n’eft point en ufage » au prôpre , mais 1l fe dit par zétaphore pour dif= » corde , mefintelligence , divifion | {emer la zizamie » dans une famille. » Materia (matiere) fe dit dans le fens propre de # la fubftance étendue , confidérée comme principe » de tous les corps ; enfuite on a appellé 7zariere par » imitation & par zéraphore ce qui eft le fujet, l’ar- # gument , le thème d’un difcours , d’un poëme ou » de quelque autre ouvrage d’efprit. Le prologue # du I. Liv. de Phedre commence ainf : #5 Æ/fopus autor , guam maferiam reperit, ©» Hanc ego polivi verfibus fenaruis ; 9 J'ai poli la matiere, c’eft-ä-dire , j’ai donné l’agré- # ment de la poëfie aux fables qu'Efope a imventées # avant mOi. » Cette maifon eff bien riante , c’eft.à-dire , elle #infpire la gaieté comme les perfonnes qui rient. » La fur de la jeuneffe , le feu de l’amour , Pavez- » glement de l’efprit, le #7 d’un difcours , le f/ des # affaires, » C’eft par métaphore que les différentes clafles #ou confidérations auxquelles fe réduit tout ce » qu'on peut dire d’un fujet, font appellées lieux # communs en rhétorique & en logique, loci commu- » nes. Le genre, l’efpece, la caufe , les effets, &'c. » font des Lieux communs , c’eft-à-dire que ce font » comme autant de cellules où tout le monde peut » aller prendre , pour ainfi dire, la matiere d’un » difcours &c des argumens fur toutes fortes de fu- » jets. L’attention que l’on fait fur ces différentes » clafles, réveille des penfées que l’on n’auroit pent- » être pas fans ce fecours. Quoique ces eux communs #.ne foient pas d’un grand ufage dans la pratique, 1l » n’eft pourtant pas inutile de les connoïtre ; on en »# peut faire ufage pour réduire un difcours à cer- # tains chefs ; mais ce qu’on peut dire pour & contre # fur ce point n’eft pas de mon fujet. On appelle aufli # en Théologie par métaphore | loci theologici , Les # différentes fources où les Théologiens puifent leurs :» argumens. Telles font l'Ecriture fainte, la tradi- # tion contenue dans les écrits des faints peres, des # conciles, éc. » En termes de Chimie, regne fe dit par métaphore, # de chacune des trois clafles fous lefquelles les Ch1- » miftes rangent les êtres naturels, 1° Sous le regne » animal, ils comprennent les animaux. 2° Sous le » regne végétal, les végétaux , c'’eft-à-dire ce qui # croit, ce qui produit, comme les arbres & les » plantes. 3° Sous le regne minéral , ils comprennent » tout ce qui vient dans les mines. » On dit auf par métaphore que la Géographie & # la Chronologie font les deux yeux de l’Hifioire. On » perfonnifie l’Hiftoire , & on dir que la Géographie _» & la Chronologie font , à l'égard de l’'Hiftorre, NE . »ce que les yeux font à l'égard d’une perfonne, » vivante ; par l’une elle voit , pour ainfi dire, les »lieux , & par l’autre les tems ; c’efl-à dire qu'un » hiftorien doit s'appliquer à faire"connoître les » lieux & les temps dans lefquels fe font paflés les » faits dont il décrit l'hiftoire, » Les mots primitifs d’où les autres font dérivés » ou dont ils font compotés , font appellés racines » par métaphore : 1 y a des difbonnaires où les mots » font rangés par racines. On dit aufi par métaphore, » parlant des vices ou des vertus, Zester de profondes » racines, pour dire s’affermir, » Calus , dureté , durillon , en latin ca//um, fe » prend fouvent dans un fens méraphorique ; /abor » guafr callum guoddam obducis dolori, du Cicéron, » Tufc. IT, n,15./feu 36 ; le travail fait comme une » efpece de ca/us à la douleur , c'eft à-dire que le » travail nous rend moins fenfibles à la douleur; » &t au troifieme livre des Tufculanes , 7, 22. ft&, » 53, ils exprime de cetteforre : Magis me moverant » Corinthi fubito adfpeile parietinæ , quam ipfos Corin- » thios , gtorum arimis diuturna cogitatio callum veruf= » catis obduxerat ; je fus plus touché de voir tout-d’un- » coup les murailles ruinées de Corinthe, que ne » l’étoient les Corinthiens mêmes , auxquels l'habi- » tude de voir tous les jours depuis long tems leurs » murailles abattues, avoit apporté le ca/us de l’an- » cienneté, c’eft-à-dire que les Corinthiens, accou- » tumés à voir leurs murailles ruinées, n’étoient plus » touchés dece malheur. C’efft ainf que ca/lere, qui » dans le fens-propre veut dire avoir des durillons, » être endurci, fignifñie enfuite par extenfon & par » métaphore , favoir bien , connoïtre parfaitement , en- » [orte qu'il fe foit fait comme un ca/us dans l’efprit # par rapport à quelque connoïffance. Quo pailo id » freri foleat calleo ,( Ter. Heaut. aé, LIT. fc, ÿ.v.37.) » la maniere dont cela fe fait, a fait un ca/us dans » mOn efprit ; J'ai médité fur cela, je fais à merveille » comment cela fe fait ; je fuis maître pañlé, dit » madame Dacier. {//ius Jénfum calleo, (id. Adelph. » ait, IV. [c. 7. v. 17.) j'ai étudié fon'humeur , je fuis » accoutumé à fes manieres, je fais le prendre com- » me il faut. » Vie fe dit au propre de la faculté de voir , & » par extenfon de la maniere de regarder les objets: » enfuite on donne par /zétaphore le nom de ve aux » penfces, aux projets, aux defleins , voir de gran- » des vies, perdre de vie une entreprife | n’y plus » penfer. » Goät fe dit au propre du fens par lequel nous » recevons les imprefions des faveurs. La langue » eft l’organe du goér. Avoir le goût dépravé, c’eit-à- » dire trouver bon ce que communément les autres .» trouvent mauvais, & trouver mauvais ce que les » autres trouvent bon. Enfuite on fe fert du terme » de goët par métaphore , pour marquer le fentiment »intérieur dont l’efprit eft affeété à l’occañon de » quelque ouvrage de la nature ou de Part. L’ou- » vrage plait ou déplait, on l’approuve ou onle defap- » prouve, c’eft le cerveau qui eft l'organe de ce poér- » là. Legoir deParis s’efftrouvé conforme au goût d’Arhé: » zes, dit Racine dans fa préface d'Iphigénie, c’eft à- » dire,commeil le dit lui-même, que les fpeétateurs » ont été émus à Paris des mêmes chofes qui ont mis » autrefois en larmes le plus favant peuple de la Grè- » ce. Il en eft du go#r pris dans le fens figuré, comme » du got pris dans le fens propre. » Les viandes plaifent ou déplaifent au goér fans » qu'on foit obligé de dire pourquoi : un ouvrage » d’efprit, une penfée , une expreflion plaît ou dé- » plait , fans que nous foyons obligés de pénétrer » la raïfon du {entiment dont nous fommes affe@tés. » Pour fe bien connoître en mets &r avoir un goér ‘» für, il faut deux chofes ; 1° un organe délicat ; 2 : 2 Ë MET » 2° de expérience, s'être trouvé fonveñt dans les # bonnes tables, 6’. on eft alors plus en état de » dire pourquoi un mets eft bon ou mauvais. Pour » Être connoiïfleur en ouvrage d’efprit , 1l fant un #» bon jugement, c’eft un préfent de la nature ; cela. » dépend de la difpofition des ofganes ; 1l faut en- » core avoir fait des obfervations fur ce qui plait » ou fur ce qui déplaît ; ii faut avoir fuallier l'étude # & la méditation avec le commerce des perfonnes » éclairées , alors on eft en état de rendre raifon des » reples & du gore. - » Les viandes & [es aflaifonnemens qui plaifent » auxuns , déplaifent aux autres ; c’eftun effet de la » différente conftitution des organes du goér : il ya » cependant fur ce point un goër général auquel il » faut avoir égard , c’eft-à-dire qu'il y a des viandes » & des mets qui font plus généralement au gout des » perfonnes délicates. Il en eft de même des ouvra- » ges d'efprit : un auteur ne doit pas fe flatter d’at- » tirer à lui tons les fuffrages , mais il doit fe con- » former au goés général des perfonnes éclairées qui » font au fait. | » Le gor, par rapport aux viandes, dépend beau- » coup de l'habitude & de l'éducation : ilen eft de » même du goéc de l’efprit ; les idées exemplaires * que nous avons reçues dans notre jeuneffe , nous _» fervent de regle dans un âge plus avancé ; telle » ft la force de l'éducation, de l’habitude & du »préjugé. Les organes accoutumés à une telle im- * prefion en font flattés de telle forte, qu’une im- » preffion indifférente ou contraire les affige : ainfi, » malgré l'examen & les difcuffions > fiOus COnti- » nuons fouvent à admirer ce qu'on nous a fait ad- + mirer dans les premieres années de notre vie ; À » de-là peut-être les deux pattis, l’un des anciens » & l’autre des modernes ». [ J'ai quelquefois oui reprocher à M. de Marfais d'être un peu prolixe ; & j'avoue qu’il étoit poffble, par exemple, de donner moins d'exemples de la mé- zaphore ; & de les développer avec moins d’étendue : mais quieft-ce qui ne porte point envie à une fi heu- reufe prohxité ? L'auteur d’un diétonnaire de lan- gues ne peut pas lire cet article de la mécaphore fans être frappé de l’exa@titude étonnante de notre gram- mairien , à diftinguer le fens propre du fens figuré, & à afligner dans lun le fondement de l’autre : & s’il le prend pour modele , croit-on que le diftionnaire qui fortira defes mains, ne vaudra pas bien la foule de ceux. dont on accable nos jeunes étudians fans les éclairer ? D’autre part , l'excellente digreffion que nous venons voir fur le goér n’eft-elle pas une preuve desiprécautions qu'il faut prendre de bonne heure pour former celui de la jeuneffe ? N’indique- t-elle pas même.cés précautions? Et un inftituteur, un pere de famille , qui met beaucoup au-deflus du goër littéraire des chofes qui lui font en effet préfé- rables, l'honneur, la probité , la religion, vérra- t-il froidement les attentions qu'exige la culture de l'efprit ; fans conclure que la formation du cœur en exige encore de plus grandes ; de: plus fuivies; de plus fcrupuleufes? Je réviens à ce que notre philo- Âophe a encore à nous dire fur la métaphore | # Remarques fur le mauvais ufage des métaphores, » Les méraphores font défe&tueuies > 1° quand elles » font tirées des fujets-bas.LeP, de Colonia reproche » à Fertullien d’avoir dit que le déluge univer{el fut # la leffive de darnatute + Jonobiliraris virio laborate » videiur. celebris illa Perrulliarn metaphora, uä di- # luviui appellat nature generale. lixiyium. De arte » rhet. MH. | » 2°: Quandelles font forcées., prifes de loin , » & que le rapport n’eft point aflez natutel , ni la # comparaifor aflez fenfible ; Comme quand Théo- ».phile aidit 198 Baignerai mes RAIAS dunis Les ondes MEET 439 5 de tes cheveux ; 8t dans un autre endroit il dit que » la charrue écorche la plaine, Théophile , dit M, de » Bruyere, ( Curaë, chap. j. des Ouvrages de Pefpris), » la charge de fes defcriptions , s’appefantit fur les » détails; ilexagere ,il pañle le vrai dans la nature , » [l'en fait le roman. On PEUT rapporter à là même » elpece Les métaphores qui font tirées de fujets peu » connus, » 3°. Il faut anffi avoir Épard aux conVenances » des diférens flyles ; :l y a des rétaphores qui con- » viennent au {tyle poétique, qui feroient déplacées » dans le ftyle oratoire. Boileau a dit, ode fur La » prife de Namur : ÆAccourez ; troupe favante : Des [ons que ma lyre enfante Ces arbres [ons TéJOuIS, » On ne diroit pas en profe qu'une lyre enfante des » Jors. Cette obfervation à lieu auffi à l'égard des » autres trOpES : par exemple , /wrex dans le fens » propre, fignifie Zzmiere, Les poëtes latins ont don- » né ce nom à l'œil par métonymie , voyez MÉTO- » NYMIE. Les yeux font l'organe de la Iumiére » & » font, pour ainf dire, Le flambeau de notre Corps. » Lucerna corporis sui JE oculns tuus. Luc, xÿ. 34. Un * Jeune garçon fort aimable étoit borgne ; ; 1l avoit » une fœur fort belle qui avoit le même défaut : on # leur apphiqua ce diftique , qui fut fait À une autre » occafon fous le regne de PhilippeIL. roi d'Efpagné. » Parve puer, lumen guod kabes concede Jotart ; » SIC tu cœcus Amor, fic erit illa Venus. » OÙ VOUS voyez que /umen fignife Vel, Il n’y à » rien de fi ordinaire dans les poëtes latins que de * ITOUVET {mine pour les yeux ; mais ce mot ne fe » prend point en ce fens dans la profe. » 4°. On peut quelquefois adoucit une métaphère » en la changeant en compararfon , ou bién en ajou- * tant quelque correctif : par exemple , en difart » pour ainft dire; ff l'on peut parler ain > &c. L’ait » doit étre, pour ainft dire , enté Jur la nature ; la na- » ture foutient l’ars € Jui ferr de bafe > G l’art embel- » lit 6 perfeétionne /z nature. » 5°. Loriqu'il y a plufieurs méraphores de fuite, » 11 n’eft pas toujours néceffaire qu'elles foient tiréés » exa@tement du même fujet, comme on vient de le » Voir dans exemple précédent : ezré eft pris de la » culture des arbres ; Joutien, Bafe font pris de l’A+- » chitééture : mais il ne faut pas qu’on les prenne de » fujets oppofés , ni que les termes métaphoriques , » dont Pun ef dit de l’autre, éxcitent des idées qui » ne puiflent point être liées , comme fi l’on difoit » d’un orateur , c’eff un rorrent qui s'allume , au lieu » de dire c’eff un torrent gui entraine, On a reproché » à Malherbe d’avoir dit, iv. ZT. voyez les obferr, » de Ménage fur Les poëfies de Malherbe À » Prends ta foudre, Louis, & va comne un Lion » Il falloit plûtôt dire comme Jupiter. » Dans les premieres éditions du Cid , Chimene » difoit, a. LIL. Je. 4. Malgré des feux JE beaux quivornpent ma colere. » Feux & rompent ne vont point enfemble : c’eft une » obfervation de l'académie fur les vers du Cid. » Dans les éditions fuivantes on-a inis troublent au » lieu de rompent ; je ne fais fi cette corre&tion répare » la premiere faute. » Ecorce ; dans lé: fens propre , eff la pattie este » térieute des arbres& des fruits , c’eft leur couver- » ture : ce mot € dit fort bien dans un fens #éraph. » rique pOut marquer les dehors , l’apparence dés » chofes. Aïnfi Pon dit que /es isnorans s’arrérent à W'ecorce , qu'ils s'attaclurt ; qu'ils S'amuferit à Pécorce, 440 MEET » Remarquez que tous ces verbes s’arrétent, s'atéa- » chent , s'amufent, conviennent fort bien avec l'é- » corce pris au propre ; mais VOUS ne diriez pas au » propre, fondre l'écorce ; fondre fe dit de la glace ou » du métal : vous ne devez donc pas dite au figuré » fondre l'écorce. J'avoue que cette exprefhion me pa- » roîttrop hardie dans une ode de Roufleau, /. IT, » ode 6, Pour dire que l'hiver eft paflè & queles pla- » ces font fondues., il s'exprime de cette forte : L'hiver qui fi long-tems a fait blanchir nos plaines , N'enchaine plus Le cours des paifibles ruiffeaux ; Et les jeunes zéphirs, de leurs chaudes halernes, Ont fondu l'écorce des eaux. » 6°. Chaque langue a des méraphores particulie- » res qui ne font point en ufage dans les autres lan- » ques : par exemple, les Latins difoient d’une ar- » mée, dextrum 6 féniffrum cornu ; & nous difons , s» l'aile droite & l'aile gauche. » Il eft fi vrai que chaque langue a fes métaphores # propres & confacrées par l’ufage , que fi vous en » changez les termes par les équivalens même qui » en approchent le plus, vous vous rendez ridicule. » Un étranger qui depuis devenu unde nos citoyens, » s’eft rendu célebre par {es ouvrages, écrivant dans >» les premiers tems de fon arrivée en France à fon » protecteur, lui difoit: Monfeigneur vous avez pour » moi des boyaux de pere ; il vouloit dire des en- » trailles, » On ditsettre Laumiere fous Le boiffeau, pour dire » cachet fes talens, les rendre inutiles. L’auteur du » poëme de la Madeleine , Zv. VII. pag. 117, ne » devoit donc pas dire, mettre le flambeau fous le |» nid». [ Qu'il me foit permis d’ajouter à ces fix remar- ques un feprieme principe que je trouve dans Quin- tilien , inf. VIII. vj. c’eft que lon donne à un mot un fens métaphorique , ou par néceflité, quand on manque de terme propre, ou par une raïfon de pré- férence , pour préfenter une idée avec plus d’éner- gie ou avec plus de décence : tonte zefaphore qui n’eft pas fondée fur lune de ces confidérations , eft déplacée. Id facimus , aut quia necelfe ef? , aut quia fi- gruficantiès , aut quia decentins : ubi nikil horum pref- “sabit , quod transferetur , improprium erit. Maïs la r2etaphore aujettie aux lois que [a raïfon & l’ufage de chaque langue lui prefcrivent , eftnon- feulement le plus beau & le plus ufité des tropes, c’en eft le plus utile : il rend le difcours plus abon- dant par la facilité des changemens &c des emprunts, & il prévient la plus grande de toutes les difficultés, en défignant chaque chofe par une dénomination caradtériftique. Copiam quoque Jermonis auget permu- zando , aut mutuando quod non habet ; quoque difficil- limum eff, preflat ne ulli re: rnomen deeffe videatur.Quin- til. inf. VIII. yj. Ajoutez à cela que le propre des métaphores ,pour employer les termes de la traduc- tion de M. l'abbé Colin, « eft d’agiter l’efprit, de # le tranfporter tout d’un coup d’un objet à unautre; » de le prefler, de comparer foudainement les deux » idées qu’elles préfentent, & de lui canfer parles » vives & promptes émotions un plaifir inexprima- ble ». Ææ propter fimilitudinem transferunt animos & referunt , ac movent huc G illuc ; qui motus cogirationts, celeriter agitarus , per fe ipfe deleïtar, Cicer. orat. n. xxxx. feu 134. & dans la sraduit, de l'abbé Colin, ch. xÿx. « La métaphore , dit le P. Bouhours, 7107, de » bien penfer, dialogue 2. eft de fa nature une fource » d’agrémens ; & rien ne flatte peut-être plus lefprit » que la repréfentation d’un objet fous une image » étrangere, Nous. aimons , fuivant la remarque » d'Ariftote, à voir une chofe dans une autre ; & ce # qui ne frappe pas de foi-même furprend dans un » habile étranger êc fous un mafque ». C’eft la note du traduéteur fur le texte que l'on vient de voir ]. (B.E.R.M.) MÉTAPHYSIQUE, f. f. c’eft la fcience des rai- {ons des chofes. Tout a fa seéraphyfique 6c fa prati- que : la pratique , fans la raïfon de la pratique , & la raifon fans l’exercice , ne forment qu'une fcience imparfaite. Interrogez un peintre, un poëte, un muficien, un géometre , & vous Le forcerez à ren- dre compte de fes opérations, c’eft-à-dire à envenw à la rétaphyfique de fon art. Quand on borne l’objet de la méraphyfique à des confidérations vuides & ab{- traites fur le tems, l’efpace, la matiere, lefprit , c’eft une {cience méprifable ; mais quand on la con- fidcre fous fon vrai point de vüe, c’eft autre chofe. Il n'y a guere que ceux qui n’ont pas aflez de péné- tration qui en difent du mal. MÉTAPLASME Sn LETATRAG106) transformatio, du verbemeraradoc, transformo; c’eftle nom général que l’on donne en Grammaire aux figures de diétion, c’eft-è-dire aux diverfes altérations qui arrivent dans le matériel des mots ; de même que l’on donne le nom général de #ropes aux divers changemens qui arrivent au fens propre des mots. Le métaplafine ne pouvant tomber que fur les let- tres ou les fyllabes dont les mots font compolés , ne peut s’y trouver que par addition , par fouftraétion ou par immutation. Le métaplafme par augmentation fe faït ou au com- mencement , où aù milieu , ou à la fin du mot; d'où réfultent trois figures différentes, la pro/thèfe, l’épenrhèfe & la paragope. On rapporte encore au reéraplafime par augmenta- tion , la diérèfe qui fait deux fyllabes d’une feule diphtongue : ce qui eft une augmentation , non de lettres , mais de fyllabes. oyez PROTHÈSE , EPEN- THÈSE, PARAGOGE, DIÉRÈSE. Le métaplafine par fouftraétion produit de même trois figures différentes, qui font l’apherdfe, la fyr- cope & l’apocope , felon que la fouftraétion fe fait au commencement, au milieu, ou à la fin des mots ; mais il fe fait aufli fouftraétion dans le nombre des fyllabes, fans diminution au nombre des lettres, lorfque deux voyelles qui fe prononçoient féparé- ment, font unies en une diphthongue : c’eft la /yre- rèfe. Voyez APHÉRÈSE , SYNCOPE , APOCOPE 6, SYNÉRÈSE. Voyez aufi CRASE 6 SYNALEPHE , mots prefque fynonymes à /ÿrerèfe. Le métaplafme par immutation donne deux diffé- rentes figures , l'azsishèfe , quand une lettre eft mife pour une autre, comme o/Z pour #//i ; & la mérarhèfe, quand l’ordre des lettres eft tranfpofé , comme Ha- novre pour Hanover. Voyez ANTITHÈSE 6 MÉTA- THÈSE. | Voici toutes les efpeces de méraplafme affez bien crraétérifées dans les fix vers techniques fuivans : Profthefis apponit capiti ; fed aphærefis aufers : Syncopa de medio tollit ; fed epenthefis addit : Abffrahit apocope fini ; Jed dat paragoge : Conffringie crafis ; difratta diœrefis effert : "Antithefin wufata dabic tibi littera ; verim Lirtera fi legitur tranfpofa; metathefis exrar. Rien de plus important dans les recherches éty- mologiques que d’avoir.bien préfentes à l'efprit tou- tes les différentes efpeces de zétaplafme , non peut-. être qu'il faille s'en contenter pour établir une ori- gine ; maïs parce qu’elles contribuent beaucoup à confirmer celles qui portent fur les principaux fon- demens , quand:il n’eft plus queftion que d’expli- quer. les. différences matérielles du mot primitif &e du dérivé. (B.E.R.M.) LA MÉTAPONTE , Merapontum , où Metapontium ; ( Géog.anc. ) ville d'Italie dans la grande Grece’, {ur le golfe de Lucanie , aujourd’hui Tarente. Elle fut bâtie par les Pyliens & par Neftor leur chef, au retour MET | retour de la guerre de Troie, Pythagore s’y retira de Crotone, &t y finit fes jours. Hipparque l’aftronome y drefla {es tables. Quelques géographes veulent que ce foit à-préfent FeZiciore dans la Calabre ulté- rieure ; d'autres penfent que c’eft Trébigagge : enfin d’autres prétendent que c’eft Torré di Mare, (D. J.) MÉTAPTOSE sf. (Gram.) de uerarimre , Chari- ger en pis ou en mieux , fignifie le changement d’une maladie en une autre, foit en pis , foit en mieux. On l'appelle diadoche , lorfque le changement fe fait en mieux , & par le tranfport de la matiere morbifique d'une partie noble dans une autre qui l’eft moins ; ou métaflafe , quand le changement fe’ fait en pis , Se que la matiere morbifique pafle dans üne partie plus noble que celle où elle étoit auparavant. MÉTARY, f. f. (Saline.) ouvriere occupée dans les fontaines falantes à détremper le fel en grain avec de lamuire, voyez MUIRE , à en remplir une écuelle ou moule de bois, & à la préfenter à la faflari. Voyez FASSARI 6 SALANTES FONTAINES. | MEÉTASTASE, f. f. ( Méd, ) Ce mot eft enticre- ment grec ( peracasis), dérivé & formé de era 0n- gs, Qui fignifie sranf/porter, changer de place. | défi- gne , fuivant Le fens littéral & le plus recu en Méde- cine, un sranfport quelconque d’une maladie d’une païtie dans une autre , foit qu'il fe fafle du dehors en dedans , foit au contraire qu'il ait eu du dedans au dehors. Quelques auteurs reftreignent la fignif- cation de zéta/fafe au changement quife fait en mal, Jorfque la maladie pafle dans une partie plus noble que celle où elle étoit auparavant. Ils en font une efpece de métaptofe, uerurroce, qui, fuivant eux, eft le mot générique qui fignifie tout changement en mal ou en bien, donnant les noms de Sadoxn ou drx- dkéie au tranfport falutaire qui arrive lorfque la ma ladie va d’une partie noble à une autre qui l’eft moins ; mais Le nom de éraffafe eft le plus ufité wi eft pris indifféremment dans prefque tous les ouvra- ges de Médecine, pour exprimer un changement quelconque fait dans le fiege d’une maladie. Galien dit qu'exadlement ( xupiuc ) la métaftafe eff Le ranfport d’une maladie d’une partie duns une autre ( comment. in aphor. 7, Lb. V.) ; & Hippocrate, dans cet apho- rifme, s’en fert pour marquer un changement falu- taire ou mêmeune entiere folution, lorfqu'il dit que les affeétions épileptiques , furvenues avant l’âge de puberté, Jouffrent ur1e mnétaflafe ( MÉTAS ADN etes ) , mais que celles qui viennent à vingt-cinq ans ne fe gueriffent jamais. Les fymptomes qui accompagnent la méraffafe va- _fient extrèmement fuivant l’efpece, la gravité de la maladie, l’état, la difpofition, la fituation, l’ufage de la partie que la maladie quitte & de celle où elle va fe dépoler , &c le dérangement qu’elle y occafion- ne. 51 la zeeraftafe fe fait du dedans au dehors , les fymptomes de la maladie primitive ceffent, les fonc- tions des vifceres affeGés fe rétabliflent , & l’on ap- perçoit à l'extérieur des abfcès , ulceres, éruptions cutanées , tumeurs, &c. On voit fouvent des mala- dies invétérées de poitrine fe terminer par des tu- . meurs aux tefticules , des abfcès aux jambes, des évacuations de pus par les urines ; des Iigraines ; des coliques néphrétiques fe changent en goutte ; à la mélancholie furviennent quelquefois des Érup- tions cutanées , des parotides jugene des fievrés ma lignes, &c. Lorfqu’au contraire la méraffafe fe fair du dehors an dedans, les tumeurs difparoïflent , s’ef- facent entierement , les ulceresfe ferment, les érup- tions rentrent , les abfcès fe difipent, la goutte re- n0nte ,; &tc. mäis à l’inftant on voit {fuccéder des yÿmptomes très-multipliés & pout l'ordinaire très- preflans. Il y a beaucoup d’obférvations qui font voir qu'en pareils cas les meraflafès ont déterminé Tome X, l des attaques d’apoplexie, d’épilepñe, des gouttes fereines , des toux opiniâtres, afthme fuffoquant , dépôt dans latête, la poitrine, le bas-ventre » hy= dropifie , iétere, cachexie, marafme » Go. il eft in concevable avec quelle rapidité ces rnétaltafes {ont fuivies des accidens les plus fâcheux & de Ja mort même. Jai vü un homme qui avoit depuis long tems un vieux ulcere à la jambe ; peu fatisfair de quelques applications indiférentes que je lui confeil- lois & qui entretenoient toüjours l'écoulement de l’ulcere , 11 s’adrefle à un chirurgien qui lui promit des fecouts plus eflicaces; il réuffit en effet à cicatri- fer l’ulcere : mais à-peine eut-ilceflé de contes ; qué le malade tombe comme apople@tique avec une ref piration ffertorenfe , les forces paroiflent épuitées , le pouls eft petit, foible , fuyant fous le doigt. Ap- pellé de nouveau pour voirce malade, Je fais à linfe tant rouvrir l’ulcere, appliquer un cauflique puif- fant aux deux jambes, mais en-vain ; le malade mou- rut : deux heures après, le cadavre ouvert ; NOUS trouvämes le poumon rempli de matiere purulente. La maniere dont ces méraffafes s’operent eft aflez furprenante & obfcure , pour fournir matiere à bien des difputes & des difcufions. Elle a beaucoup exer- cé les efprits des Médecins difertateurs : la plüpart , fuivant par habitude la théorie vulgaire qu’ils ont la parefle de ne pas approfondir , ont cru bonnement qu'il y avoit toûjours untranfport réel de la matiere qui avoit excité premierement la maladie dans là partie où elle établifoit fon nouveau liege ; & qu’ain- fi une tumeur extérieure difparoifant, ce fang coa- gulé qui la formoit étoit porté dans la poitrine, par exemple ; & excitoit dans les poumons une fembla- ble tumeur. Ils ont avancé que ce tranfport étoit opéré par unrepompement de cette matiere morbi- fique par les vaifleanx abforbans qui la tranfmet- toient aux vaifleaux fanguins , d’où elle étoit portée par le torrent de la circulation aux différentes par- ties du corps, & qu’en chemin faifant elle s’arrétoit dans la partie la plus difpofée à la recevoir. D’au- tres , frappés de la promptitude de cette Opération, plus inftruits des véritables lois de l’éconorhie ani- male, moins embarraflés pour en expliquer les phé- nomenes, n'ont pù goûter un tranfport inutile, un repompement gratuit & fouvent impoñfible ; ils ont fait jouer aux nerfs tout le méchanifme de cette ac. tion : ainfi le tranfport d’un abifcès d’une partie, du corps à autre leur a paru opéré par un fimple chan gement dans la direétion du fpafme fuppuratoire, Il eft très-certain que pendant que la fuppuration fe forme , il y a dans toute la machine, & fur-tont dans la partie afetée,, un état de gêne, d'irritation ; de-conftriétion, qui eft très-bien peinte fur le pouls où l’on obferve alors une roideur & une vibratilité très-marquée. La conftriion fpafmodique qui dé- termine dans la partie engorgée la fuppuration , eft formée & entretenue par un fpafme particulier du diaphragme qui, changeant & de place & de direc- tion , produit le même effet dans une autre partie & fait ainh changer de place un abfcès : ce changement eft beaucoup plus fimple dans les maladies fans ma tiere , qui font exatement nerveufes, Cette idée ifo- lée & prife féparément, eft ici dénuée des preuves qui réfultent de l’enfemble de toutes les parties de l'ingénieux fyftème, que l’auteur a propofé dans l’idée de l’homme plyfique & moral, & inflituriones ex novo Medicine confpeilu, Elle pourra paroître par-là moins vraiflemblable ; mais pour en appercevoir mieux la Haïfon & la jufteffe , le leéteur peut conful. ter les ouvrages cités & Pers. ECONOMIE ANIMA« LE. Je ne diffimulerai cependant pas qu’elle ne peut guere s'appliquer à une obfervation faite à l'hôpital de Montpellier : un malade avoit un abfcës bien formé au bras, on apperçevoit une flu@uation pros Kkk | 441 442 ET “onde, obfèure; on néglige cependant dedonnier if ue au.pus, dans la nuit le malade tombe dans un délire violent, 1! meurt le matin, on l’ouvre, on trouve le cerveau inondé de pus; on diffeque le bras “eù l'on avoit apperçu labfcès, on n’y voit qu'un vuide aflez cônfidérable entreles mufcles & l’os du ‘bras. Il paroît par-là qu'il y a euun tranfport réel de matière, mais rien n'empêche que les nerfs n’y aient “concourir; la maniere dont ils l'ont fait eft fort dif #icile à détérminer. On voit aufli quelque chofe de fort analogue dans les vomiques qui fe vuident en- ‘tierement par les urines; mais ce quifavorife-encore lidée que nous venons d’expofer, c’eft une efpece d'uniformité qu'on obferve dans quelques méraffafes, “quia donné naiflance aux mots vagues de fÿmparhie di fouvent employés , rarement définis, & jamais expliqués: ainfi des douleurs néphrétiques fe chan: gent communément en soutte, des. dartres reperci- tées portent fur la poitrine , une gale rentrée donne lieu à des hydropifies , un abfcès à la poitrine fe vuide par les jambes, une tumeur aux tefticules furvenant à la toux la diffipe & difparoît à fon tour ‘quand la toux furvient, Il y a bien d’autres exem- ples femblables qui mériteroient d’être examinés ; & ce feroit un point d’une grande importance en Mé- ‘decineque de bien confiater &r claffer la correfpon- dance mutuelle des parties, Les zésaflafes. qui fe font du dedans au dehors font des efpeces de crifesouvra- ges de la nature; les caufes qui les déterminent & leur maniere d’ag font tout-à-fait inconnues. On voit un peu plus clair fur les zrétaffafes qui fe font des parties externes à l’intérieur; on fait qu’elles {ont fouvent da fuite de l’application imprudente des repercuflifs , du froid , des remedes qui empêchent l'écoulement d’un ulcere, la formation des exanthe- mes ; elles font auf quelquefois excitées par des cardialgtes , foiblefles, défaillances , par des paf: fons dame, par des-rémedes internes qui changent la direéhon du fpafme, qui entretient ces affetions extérieures, par un excès dans le manger qui, en “augmentant le ton de l’eftomac, produit le mêmeef- -fet, Éc. ‘On peut déduire de-là quelques canons pratiques “ur les rétaflafes + 1°, qu’il faut feconder autant qu’il eft.poflible celles qui fe font au dehors, il eft mê- me des occafñons où il faut tâcher de les déterminer ; pour-en venir sûrement à bout , il faudroit connot- tre la maniere de faire changer de direétion aux for- -ces phréniques , & les détourner vers l’organe ex- -+érieur -ou vers quelque couloir approprié ; au dé- faut de cette connoiflance, nous fommes obligés d'aller à tâtons , guidés par un empirifme aveugle , fouvent infuffifant. Dans les maladies de la tête, la -anétaftafe Ja plus heureufe eft celle qui fe fait par les felles ; les purgatifs font les plus propres à remplir -cet objet : dans celles qui attaquent la poitrine, fur- tout les chroniques, la voie desurines & les abfcès “aux jambes font Les plus falutaires; on peut par les diurétiques , & fur-tout par les véficatoires, remplir Ja premiere vüe , & imiter par l'application des cau- teres les abfcès aux jambes. Dans les afe&ions du bas-ventre , le flux hémorrhoïdal eft le plus avan- tageux ; On peut Le procurer par les fondans hémor- rhoiïdaux, aloétiques :dans quelques cas les mala- dies éruptives ont été une heureufe mévaffafe , ici le hafardon la nature peuvent plus que les remedes. 2°. Dans toutes les affe@ions extérieures qui dépen- dent d’une caufe interne , 1l faut éviter les remedes repercufifs, ou autres qu puiffent empêcher la for- mation êc l'étendue de la maladie ; & fi, par quel- que caufeimprévue, la maladie fouffre une rméraffafe teûjours dangereufe, il faut tout aufh-tôt tâcher de Ja rappeller, 1°. en attaquant, sil y a lieu, la caufe qui l’a excitée, la foibleffe par des cordiaux, lesex- SL MET crétions oppofées par les aftringens appropriés QE poids des alimens dans leftomac parl’émétique, &c 2°, par des remedes topiques qui puiflent renouvel: lér l’affeftion locale ; ainf on rappelle la goutte paf des zrceffus chauds, par destépifpaftiques &c les véfi: cätoires ; fi un ulcere fermé a donné lieu à la mrévafi. safe ; 1 ne fant que le rouvrir par un cautere mélé avec du fuppuratif; l'application des ventoufes peut faire revenir une tumeur , un abfcès repercuté ; les bains & les fudorifiques conviennent dans les mala- dies exanthématiques rentrées ; pour ce qui regarde la gale , l’expérience n'a appris qu'il n’ÿ avoit pas de meilleur remede que de la faire reprendre : une jeune fille qui à la fuite d’une gale rentrée étoit dez venue hydropique , fut par ce moyen guérie en peu de jours ; 1l eft très-facile de reprendre la gale en couchant ‘avec une pérfonne qui en {oit attaquée : le même expédient pourroit, j'imagine, réuffir dans les cas femblables de dartresqui, étant repercutées, font à l'intérieur beaucoup de ravages ; perfonne n'ignore avec quelle facilité elles fe communiquent en couchant enfémble. (7 MÉTASYNCRISE, f. £. (Mez.) felonTheffalus, eft un changement dans tont le corps, ou feulement dans quelques-unes de fes parties. Ce termeeft relatif au fentiment d’Afclépiade touchant les corps des ani- maux: qu’il difoit avoir été formés par le concours des atomes de même quele refte de l’univets. METATARSE , { mer Anatomie , eft la partie Moyenne du pié, fituée entre le tarfe & les orteils, Voyez nôs Planches d’ Anatomie, & leur etplications Voyez aufff Pré. Le mot vient du grec perx, aux dela , & de rapoos, tarfe. Voyez TARSE. Le mérerarfieftcompofé de cinq os. Celui qui fou: tient le gros orteil, eftle plus gros de tous; & celui qui foutient le fecond orteil, eft le plus long. Les autres deviennent plus courts les uns que les autres. Les os du seratarfe font plus longs que ceux du métacarpe ; mais ils leur reflemblent dans lerefte, & font articulés avec les orteils, comme les ôs du mé: tacarpe le font avec les doigts. Foyez MÉTACARPE. MÉTATEURS, f. m. pl. ( if. anc. ) c'étoient quelques centurions commandés par un tribun ; ils précédoient l'armée, & ils en marquoient le camp. On entendoit encore parce #01 des officiers fubal- ternes qui partoïent avant l’empereur , & qui al- loient marquer {on logis & celui de fa maïfon. MÉTATHESE, 1. £ ( Gram. ) tranfpofitio ? de pere y trans ; Ët viSmu , porno. C’eft un métaplafme par lequel les lettres dont un mot eff compoié font miles dans un ordre différent de l’arrangement primi- tif, C’eft par merathèfe que les Latins ont formé aras du grec iso , caro de xpéus, forma de propoi ; l’ancien verbe /pecio , qui n’eft plus ufité que dans lescompo- fés afpicio, confpicio , defpicio, exfpicio ; infpicio » perfpicio , profpicio , refpicio, fufpicio, &c. vient par la même voie, du grec oxro. C’eft de même par métathèfe que les Eipagnols difent rilagro au lieu de miraglo , du latin ruraculum ; que les Allemands di- fent operment au lieu d’orpement , comme nous difons orpiment d'auripigimentum ; & que nous-mêmes nous difons #oubler pour tourbler de surbare , &cc. La principale caufe de la mérarhèfe, ainfi que des autres métaplafmes, c’eft l’euphonie qui, dépendant immédiatement de l’organifation de chaque peuple, varie néceflairement comme les caufes qui modi- fient l’organifation même, Je dis que c’eft la princi- pale caule ; car quand Virgile a dit (.Æ.X, 394. ): Nam tbt, Tymbre, capur evandrius abflulir enfis : il a mis Tyrbrepour Tymber quieft trois vers plus haut : & ce n'eft, felonlaremarque de Servius fur ce vers, que pour la mefure de fon vers, merri causé , qu’il s'eft permis cette rérarhèfe. MÉTATHESE, ( Médec, ) tranfport ou change, SE MET ment de place d'une caufe morbifique que l’on fait pañler dans des parties où elle ne peut pas cau- fer un grand dommage, lorfqu’on ne pent l’évacuer par les voies ordinaires. METAURE , LE, (Géog. anc.)en latin Meraurus, nom commun à deux rivieres d'Italie. L'une étoit dans le duché d’Urbin : on la nomme à préfent Me- tara Où Miro. L'autre étoit dans l’'Umbrie, Pline , b. IT, cap. v. & Strabon, ! V1. pag. 256. parlent de cette derniere, Le P. Hardouin dit que c’eft au- jourd’hui lé Murro. Elle a fa fource fur les fron- ticres de Tofcane, vers le bourg de Borgo di San- Sepolcro, & fortant du mont Appenin, prend fon cours vers lorient, fe groffit d’autres petites ri- vieres, coule près de Fofombrone, & {e jette dans le golfe de Venife, à quatre milles de Fano, du côté de Sinigallia. Son nom latin dans Pline, eft Meraw- rus ; mais Horace, dans une de fes odes, le fait ad- jeétif & du genre neutre, en difant Meraurum flu- men, comme 1l dit Rhenum flumen , Medum fumen. Pomponius Mela nomme Meraurum une ville d’Ita- lie qu'il donne aux Brutiens. (D. J.) MEÉTAYER ,, {. m. (Gramm. Æcon. rufr,) celui qui fait valoir des terres ou une métairie, foit à prix d'argent, foit à morflon ou à moitie fruit, ou comme domeftique au profit de fon maître. METE, f. £. (Jurifpr.) du latin meta qui fignifie dimite, C’eft un terme ufte dans quelques contumes ët provinces pour exprimer le territoire d'une jurif- diétion. Le juge, fergent ou autre officier, dit qu’il a fait tel ae ès rmeces de fa jurifdiétion, c’eft-à. dire dans l'étendue de fon territoire & au dedans des limites. On doit écrire mere, & non pas #nelte, com- me l'écrit le diétionnaire de Trévoux. (4) MÉTEDORES, f. m. (Comm.) terme efpagnol particulierement en ufage à Cadix où il fignifie des efpeces de braves qui favorifent la fortie de cette ville aux barres d'argent que les marchands ont été obligé d’y faire débarquer à l’arrivée des gal- lions ou de la flotte des Indes. Ces métédores font les cadets des meilleures mai- fons du pays qui n’ont pas de bien, & qui moyen- nant un pour cent de tous les effets qu'ils fauvent aux marchands, s’expofent aux rifques qui peuvent naître de cette contrebande. I] y a auf des merédores qui fauvent les droits des marchandifes emballées, foit d’entrée, foit de fortie. Ils fe partagent ordinairement en deux trou- pes, dont l'une attend an pié des remparts de la ville, les ballots que l’autre qui refte en dedans vient lui jetter par deflus les murs. Chaque ballot a fa mar- que, pour être reconnu, On en ufe à peu près de même pout faire entrer des ballots de marchan- difes dans la ville. Il eft vrai que pour fauver ces effets avec plus de fureté, on a foin de gagner le gouverneur, le major, l’alcade de Cadix, même juiqu'aux fentinelles, ce qui revient environ à dix- fept piaftres par ballot. Les rerélores gagnent or- dinairement à chaque arrivée de la flotte ou des gal- lions, deux ou trois mille piaftres chacun, qu'ils vont dépenfer à Madrid où ils font connus pour faire ce métier, Outre ces métédores , il y a auf des particuliers entre les peuples qui s’en mêlent ; maïs les uns & les autres avec une fi grande fidélité, que les étran- gers n’ont jamais eu heu de s’en plaindre. Diéionn. de Commerce. MÉTEIL, {. m. (Écon. rafl.) c’eft un grain moI- Hé feigle & moitié froment. Le meilleur blé bife d'année en année, & devient enfin rméreil, | METELIN , (Géog.) ile confidérable de l’Archi- “pel; c’eft l’ancienne Lesbos, dont nous n'avons pas oublié de faire l’article. L'ile de Mérelin eft fituée au nord de Scio, & Tome X, MET 443 ptefqu'à l’entrée du golfe de Guerefto, lle eft Je double plus grande que celle de Scio, & s'étend beaucoup du côté du Nord-Eff. Il y a éncore dans cette Île plus de cent bourgs ou villages, fans comp: ter Caftro qui en eft la capitale; cependant elle a été beaucoup plus peuplée autrefois, & elle a pros duit un nombre étonnant d'hommes illuftres, Fufi tathe remarque que cette île fut jadis appellée My« tilene, du no de fa capitale : il eft aïfé de voir que de Mytilene on a fait Mérelin. Son terroir eft fort bon; les Montagnes y font fraîches, couvertes de bois & de pins en plufieurs endroits, dont on tire de la poix noire , & dont On emploie les planches à la conftrudion de petits vafleaux. On y recueille de bon froment, d’excels lente huile, & les meilleures figues de l’Archipel. Ses vins même n'ont rien perdu de leur premiere réputation. Son commerce conffte feulement en grains, en fruits, en beurre & en fromage ; cependant elle ne laifle pas de payer au grand feigneur dix-huit mille piaftres de caratfeh, Ses principaux ports font celui de Caftro on de l’ancienne Mytilene, celui de Caloni, celui de Sie gre , & fur-tout le port féro, connu par les Francs fous le nom de pers olivier, qui pafle pour un des plus grands &c des plus beaux de la Méditerranée, Long. 43. 52,—44, 31. Jar. RONDE Mais ce qui touche le plus les curieux qui fe ren- dent exprès dans l’île de Mérelin »; ce font fes ri- cheffes antiques qui fourniroient encore bien des connoïiflances anx favans. M, l'abbé Fourmont qui vifita cette île en 1729 qui promit d’en donner une exaéte defcription, y trouva des mbnumens de l’antiquité [a plus recu- lée, & y recueillit une vingtaine d’infcriptions fins guheres échappées à Spon, Wheler, Tournefort, & autres voyageurs de cét ordre, La plüpart de ces infcriptions étoient antérieu res à la puiffance des Romains; d’autres étoient de leur tems ; & d’autres concernoient les Perfes: toux tes de conféquence, À.ce qu’affuroit M. l'abbé Four- mont, en ce qu'elles prouvoient des faits importans cités par quelques auteurs, ou parce qu’elles nous apprenoient des chofes dont ils n’ont fait aucune mention. C'eft donc grand dommage que M. Four. mont n'ait point exécuté fa promefle, (D. J.) METELIS, (Géog. anc.) ville d'Egypte à l’ema bouchure du Nil, capitale d’un nome auquel eile donnoit fon nom. C’eft préfentement Fu/va {elon le P. Vanfleb. (D. J.) | MÉTEMPTOSE, £ f en Chronologie, terme qui marque l'équation folaire À laquelle il faut avoir égard pour empêcher que la nouvelle lune n’ar- rive un jour trop tard. Ce mot vient du grEC juëre.| p0j?, après, & œimrw, cado, je tombe. | Il eft oppolé à celui de proempzofe, qui marque l'équation lunaire, à laquelle il fant avoir égard pour empêcher que la nouvelle lune n’arrive un jour trop tôt. | | Pour entendre la différence de ces deux mots ; il faut fe rappeler ce que nous avons dit à l'as ticle ÉPACTE : favoir, que le cycle des épa@tes qui revient au bout de r9 ans, &t qui fait retomber les nouvelles lunes aux mêmes jours, ne fauroit être petpétuel pour deux raïfons; la premiere, parce qu'au bout de 300 ans environ, fé nouvelles lu« nes arrivent un jout plutôt qu’elles ne doivent ar. river fuivant le cycle de dix-neuf ans. La feconde, parce que de quatre années féculaires il n’y en à qu'une de biffextile fuivant le nouveau fiyle; 6x que par conféquent dans les années féculaires qui re font point biflextiles, les nouvelles lunes doi vent arriver un jour plus tard que l'épaéte ne le ki 444 M ET doute, La méremprofe eft Le chañsement qu'on fait au cycle des épates dans les années féculaires non biffextiles : 6 la proemptoféeftle Changement qu'on fait à cé cycle au bout de 300 ans, à caufe du peu d’exadtitude du cycle des 19 ans. On ne fait ces changemens qu’au bout de chaque fecle, parce que ce tems'eft plis remarquable & rend la pratique du calendrier plus aifée, Pour pouvoir faire facilement ces changemens, on a confiruit deux tables, Dans la premiere on a difpoié par ordre tous les cycles poffibles des épac- tes, dorit le premier commence à 30 ou *, & finit à 16; & le dernier commence à 1, & finit à 19; ce qui fait en tout 30 cycles d’épaétes, & on a mis à la tête de chacun de ces cycles différentes lettres de l'alphabet ‘pour les diftingner. Enfuite. on a conf- truit une autre table des années féculaires ; & à la tête de ces années on a mis la lettre qui répond au cycle des épadtes dont on doit fe fervir durant le fiecle par lequel chacune de ces années commence. Ces lettres marquées ainfñi an commencement de chaque cycle des épaêtes s’appellent leur zmdice, Ainf le cycle 22, 3, 14, &c. qui eft le cycle des épaétes pour ce fiecle, eft marqué de Pindice €, & ainfi des autres. Voyez ÉPACTE. Céla pofé, il y a trois regles pour changer le cycle des épaëtes. 1°. Quand il y a métemproft, proemptole, il faut prendre l'indice fuivant ou in- férieur ; 2°. quand il y a proemptofe fans meéremp- tofe , on prend l'indice précédent ou fupérieut ; 3°, quand 1l y a proemptofe & méremprofe, ou qu'il n’y a ni l’une ni l’autre, on garde le même in- dice. Aïnfi en 1600 on avoit le cycle 23, 4,15, ec. qui eft marqué de l'indice D. En 1700 qui a point été biffextile, on a pris C. En 18oo1l y aura proemp- tofe 87 méremptofe, & ami on retiendra l'indice C. En 1900 il y aura encore réremprofe, & on pren- dra À qu’on retiendra En -2000, parce qu'il ny aura ni l’une ni l’autre. | La taïfon de ces différentes opérations eft 1°. que la métemptofe fait arriver la nouvelle lune un jour plus tard; ainfi il faut augmenter de l'unité chaque chiffre du cycle des épaétes. Car fi l’épaëte eff, par exemple, 23, la nouvelle lune devroit arni- ver fuivant le calendrier des épaétes, à tous les jours de chaque mois où le chiffre 23 eft marqué. Maïs à caufe de l’année non biflextile elle n’arri- vera que le jour fuivant qui a 24; ainf il faudra prendre 24 au lieu de 23 pour épaëtes, & ainf des autres. 29, Quand il y a proemptofe feulement, la nôu- vellé lune arrive réellement un jour plutôt que ne le marque le calendrier des épattes. Aïnfi il faut alors diminuer chaque nombre du cycle d’une uni- té, par conféquent on prend le cycle fupérieur. 3°. Quand il n’y a ni 7rétemptofe ni proemptofe, on garde le cycle où l’on eft, parce que l'épaëte donne alors aflez exa@tement la nouvelle lune; & on garde auffi ce même cycle, quand il y a réremp- rofe & proemptofe, parce que l’une fait retarder la nouvelle lune d’un jour; & l’autre la fait avancer d'autant : ainf elles détruifent réciproquement leur éflet. Voyez Clavius qui a fait le calcul d’un cycle de 301800 ans, au bout duquelle tems les mêmes indicés reviennent & dans le même ordre. Char- Bers. (O0) MÉTEMPSYCOSE , ff. ( Méraph.)les Indiens , les Perfes, & en général tous les orientaux, admet- toient bien la méremplycofe comme un dogme parti- culier , & qu'ils affeétionnotent beaucoup ; mais pour rendre raïon de l’origine du mal moral & du mal phyfique , ils avoient recours à celui des deux prin- cipes qui étoit leur dogme favori & de ciftiméhon. Ori- gène qui affedoit un chriftanifme tout métaphy- Be Et Et M 11 fique ; énfeigne que ce n'étoit ni pour ntarafcfler fa puiflance, mi pour donner des preuves de fa bonté infinie, que Dieu avoit créé le monde ; mais feule- ment pour punir Les ames qui avoient failli dans le ciel, qui s’étoient écattées de l’ordre, Et c’eft pour cela qu'il a entremélé fon ouvrage de tant d'imper- fe&tions, de tant de défauts confidérables, afin que ces intelligences dégradées , qui devoient être enfe- velies dans les corps, fouffriflent davantage. L'erreur d’'Origene n'eut point de fuite; elle étoit trop grofliere pour s’y pouvoir méprendre. À l'é- gard de la mérempfycofe, on abufa étrangement de ce dogme, qui foufirit trois efpeces de révolutions, En premier lieu les orientaux & la plñpart des Grecs croyoient que les âmes féjournoïent tour-à-tour dans les corps des différens animaux, pafloient des plus nobles aux plus vils, des plus raifonnables aux plus ftupides ; 8 cela fivant les vertus qu'elles avoient pratiquées, ou les vices dont elles s’étoient fouillées pendant le cours de chaque vie. 2°, Plufieurs difer- ples de Pythagore & de Platon ajouterent que la mé- me ame, pour furcroit de peine , alloit encore s'en- fevelir dans une plante ou dans un arbre, perfuadé que tout ce qui végete a du fentimehr ; 6r participe à l'intelligence univerfelle. Enfin quand le Chriftia- nifme parut, & qu'il changea la face du monde en découvrant les folles impiétés qui y répnoient, les Celfes , les Crefcens, les Porphyres eurent honte de la maniere dont la rrérempfycofe avoit été propo- fée jufqu'à eux ; & ils convinrent que les amés ne fortoient du corps d’un homme que pour entrer dans celui d’un autre homme. Par-là, difoient-ils, on fiut exa@tement le fl de la nature ; où tout fe fait par des paffages doux, liés, homogenes, & non par des pañlages brufques & violens ; maïs on a beau vou- loir adoucit un dogme monftrueux au fond , tout ce qu'on gagne par ces fortes d’adouciffemens ; c’eft de le rendre plus monftrueux encore. | MÉTEMPSYCOSISTES , {. m. pl, (Æi£. ecclef.) anciens hérétiques qui croyoïent la métempfycofe conformément au fyftème de Pythagore, ou la tranf- migration des ames. Voyez MÉTEMPSYCOSE. .MÉTÉORE, fm, ( Phyfiq.) corps ou apparence d’un corps qui paroïtpendant quelque tems dans lat- mofphere, &c quieft formé des matieres qui y nagent. Il y en a de trois fortes: 1°, les méréores ignés , compofés d’une matiere fulphureufe qui prend fen ; tels font les éclairs, le tonnerre, les feux follets , les étoiles tombantes, & d’autres qui paroïffent dans l'air, Voyez TONNERRE, FEU FOLLET, 6€. 29, Les météores aériens , qui font formés d'exha- laïfons. Foyez EXHALAISON. 3°. Les rmétéores aqueux qui font compofés de va- peurs , ou de particules aqueufes ; tels font les nua- ges, les arcs-en-ciel , la grêle , la neige, la pluie, la rofée , & d’autres femblables. Foyez NuAcE, ARC-EN-CIEL, GRÊLE , PLUIE , Ge. Chambers. MÉTÉORISME,, £ m. (Med. ) pereoprouos ; ce mot eft dérivé de pere 8 ape , qui fignifie 7e leve, je juf= pends , d’où {ont formés erempée 8 perempos. Hippo= crate {e fert fouvent de cette expreflion pour déf- gner une refpiration fublime qu’on appelle «hop- née, des douleurs fuperfcielles , profondes , &c. c’eft ainfi qu'il dit TYEULLL JAETEGOPOY AAVALATE JASTEMPE à &c il emploiele mot de méréorifme pour exprimer une tumeur fort élevée (Epid, lib. VF.) ,&ilattache dans un autre endroit à ce mot une fignification toute dif- férente (Coac.prenoe. n°. 49 4.) J lorfqu'ii Papplique à un malade qui fe leve pour s’afleoir , & 1len tire un bon figne quand il Le fait d’une façon aifée. Dans les ouvrages récens de Médecine on appelle plus proprement météorifine une tenfon & élévation dou- loureufe du bas-ventre , qu’on obferve dans les fie- vres putrides , &c qui manque rarement dans celles “qui font flriément malignes ; ce fymptôme en im- pofe communément aux praticiens timides pour une inflammation du bas-ventre , & les empêche, ce qui “dans bien des octafions n’eft pas un mal, de donner des purgatifs un peu efficaces. Il eft facile de diflin- _guer le méréorifime qu’on pourroit appeller z#ffamma- soire , d'avec celui qui ne dépend vraiffemblab'e- ment que d'un bourfouflement des boyaux , occa- fionné par des vents ou par des matieres vaporeufes, qui elt propre aux fievres malignes. Dans le rréréo. rifrre inflammatoire le pouls eft dur, ferré , convul- ff ; les douleurs rapportées au bas-ventre font ex- trèmementaigués ; elles augmentent par la preffion qu'on fait avec la main en palpant le ventre. Il ya aflez.ordinaiement hocquet, comhipation , 6'c, ôn peut encore tirer d’autres éclairciflemens des caufes qui ont précédé ; l’autre efpece de méréorifime eft pour l’ordinaire fans douleur, ou n’eft accompagné que d’une douleur légere, & qu’on ne rend fenfible qu’en preffant; le pouls n’a point de carattere parti- culer différent de celui quieft propre à l’état & au tems de la maladie. Dans celui-ci on peut fans crainte donner les remedes qu'exige la maladie : les purgaz ufs loin de l’augmenter , le difipent très-fouvent : les fomentations émollientes que la routine vulgaire a fpécialement confacrées dans ce cas font abfolu- ment inutiles, 67 ne font que fatiguer & inquiéter à pure perte le malade: les huiles dont on les gorge dans la même vué font an moins très-inefficaces ; ces remedes font moins déplacés dans le météorifime inflammatoire : les purgatifs forts, & fur-tout l’'émé- tique, feroient extremement nuifibles , &: même mor: tels; du-refte,, les remedes vraiment curatifs ne dif. ferent pas de ceux qui conviennent dans l’inflamima: tion du bas-ventre, Foyez INFLAMMATIoN @ Bas- VENTRE. salade du (m\. MÉTÉORIQUE > REGNE ( Chimie 6 Mar, médic.) Voyez fous le mor REGNE. | | MÉTEOROLOGIE, f. £ (Phyfig.) eff la fcience des météores , qui explique leur origine, leur forma- tion, leurs différentes efpeces , leurs apparences, &c. Voyez; MÉTÉORE, | MÉTÉOROLOGIQUE , adj. (Phyfi.)} {e dit de tout ce qui a rapport aux météores, & en général aux différentes altérations 8 changemens qui arri- vent dans l'air & dans le tems. Obférvations météorologiques d’une année font les obfervations de la quantité de pluie & de neige qui eft tombée pendant cette année-là dans quelque en- droit, des variations du barometre, du thermometre 3 Ge. On trouve dans chaque volume des mémoires de académie des Sciences de Paris les obfervations météorologiques pour l’année à laquelle ce volume appartient. (O) l MÉTÉOROLOGIQUES , (inffrüumens) {ont des inf- trumens confiruits pour montrer l’état ou la difpo- fition de l’atmofphere , par rapport à la chaleur ou au froid, au poids, à l'humidité, &c. comme auf pour mefurer les changemens qui lui arrivent à ces égards, & pour fervir par conféquent à prédire les altérations du tems,commepluie, vent, neige , Gc. Sous cette clafle d’inftrumens font compris les baro- metres, Les thermometres , les hygrometres, mano- metres, anémometres, qui font divifés chacun en différentes efpeces. Voyez les articles BAROMETRE, THERMOMETRE, HYGROMETRE, 6c. (O0 MÉTÉOROMANCIE, £ f.( Divin.) divination par les météores ; & comme lés météores ignés font ceux qui jettentile: plus de crainte parmi les hommes , la - rhétéoromancie défigne proprement la divination par le tonnerre &zles éclairs. Cette efpece de divination pañla des Tofcans aux Romains, fans rien perdre de ce qu'elle avoit de frivole. Séneque nous apprend que deux antéuts graves, & qui ayoient exercé des MET 445 mabplitratures, écrivoient à Rome fut cette maticre, Ilférmble même que l’un/d’eux l'épuifaentieremenr, car il donnoit une liffe Exaéte des différentes eéfpecés deltonnerres, Il circonftancioit & leursnoms &c les Progoities qui s’en pouvoient tirer ; lé tout'avec un airde confiance plus furprénant encore que leschofes qu'il rappoftoit. On eût dit ; tant cette matière mt téorologique ü étoit familiere qu'il COMPIOIt Les td bieaux de fa galerie, où qu'il faifoit la défcriphon des fleurs de fon jardin: La plus Ancienne maladie à la plus invétérée , la plus incurable du genre hu- main, c’eft l'envie de connoître ce qui doit artiver, Ni le voile obfcur qui nous cache notre deftinée Ti l'expérience journaliere , ni une infinité del téntari- ves malheureufes ; n’ont pû guerir les Hommes, Hé! fe dépréviennent-ils jamais d’une erreur agréable ment reçue ? Nous fommes fur ce point auf crédules que nos ancètres ; nous prêtons Comme eux l'oreille à toutes les impoftures flatteufes. Pouravoir trompé cent fois, elles n’ont point perdu le droit fancie de tromper encore, (D. J.) MÉTEGROSCOPE , fm. (Phyfg.) nom que les ancièns Mathématiciens ont donné aux inftrue mens dont ils fe fervoient pour obferver & Marquer les diffances , les grandeurs, & la fituation des corps céleftes , dont ils regardoïént plufieurs comme des météores: On peut donner avec plus de jufleffe le nom de météoroftopes aux inflrumens deftinés À faire les obe. fervations météorologiques. Foyez MÉTÉOROLO- GIQUE. (©) METEHER , {. m. (Æf4 mod.) c'eft ainf que l’on nomme enPerfeun des grands-Gficiers de la cour du rot , dont la fonétion l’oblige à être toujours auprès de fa perfonne, pour lui préfenter des mouchoirs lorfqu'il en a befoin ; ce fublime emploi eft rempli paï un eunuque, qui a communément le plus grand credit. METHODE, Lf.( Logique.) la rérhodeelt Pordre qu'on fuit pour trouver la vérité, ou pour lenfer- gner. La weérhode de trouver la vérité s'appelle aza- lyfe; celle de Penfeigner, fynshefe. I faut confulter ces deux articles. La methode eft eflentielle À toutes les fiences . . ; + È ? mais fur-tout à la Philofophie. Elle demande r°. que les termes foient exatement définis + Car c’eft du fens des termes que dépend celui des propoñtions , & c'eft de celui des propolitions que dépend la dé: montration. Il eft évident qu’on ne fauroit démon. irer une thefe ayant que fon fens ait été déterminé. Le but de fa Philofophie eff la certitude : or i! eft im. poffible d’y arriver tant qu’on raifonne fur des ter mes vagues. 2°. Que tous les principes foient fu fammént prouvés : route fcience repofe fur certains principes. La Philofophie eftune fcience, doncelle a des principes. C’eft de la certitude & de l'évidence de ces principes que dépend la réalité de la Philofo- pluie. Y introduire des principes douteux, les faire entrer dans le fil des démonfirations , c’eft renoncer à la certitude, Toutes les conféquences reffemblent néceflairement au principe dont élles découlent, De incertain ne peut naître que l’incertain , & l'erreur ef toujours mere féconde d’autres erreurs. Rien donc de plus effentiel à la faine méhode que la dé- monftration des principes. 39, Que toutes les propo- fitions découlent , par voie de conféquence légitis me, de principes démontrés : il ne fauroit entrer dans la démonitration aucune propoñition, qui, fi elle n’eft pas dans le cas des axiomes, ne doive être démontrée par les propoñrions précédentes, & en être un réfultat néceflaire, O’eft la logique qu en- feigne à s’aflurer de la validité des conféquences. 4°. Que Îles termes qui fuivent s’expliquent par les précédens : il y a deux cas poflibles ; ou bien l’on 446 MET avance des termes fans les expliquer, ou l'on ne les explique que dans la fuite. Le premier cas peche con- tre la premiere regle de [a méthode : le fecond eft condamné par celle-ci. $e fervir d'un terme êc ren- voyer fon explication plus bas, c’eft jetter volon- tairement le leéteur dans l'embarras, & le retenir dans l'incertitude jufqu’à ce qu'il ait trouvé l’expli- cation défirée. 5°. Que les propofñitions qui fuivent fe démontrent par les précédentes : on peut raifon- ner ici de cette façon. On vous avance des propofi- tions dont la preuve ne fe trouve nulle part, & alors votre démonitration eft un édifice en l'air; on vous renvoie la preuve de ces propofitions à d’autres en- droits poftérieurs, & alors vous conftruifez un édi- fice irrégulier & incommode. Le véritable ordre des propofñitions eft donc de les enchaïîner, de les faire naître l’une de l’autre ; de maniere que celles qui précedent fervent à l'intelligence de celles qui fuivent: c’eft le même ordre que fuit notre ame dans le progrès de fes connoïflances. 6°, Que la condition fous laquelle l’attribut convient au fujet foit exaéte- ment déterminée : le but & l'occupation perpétuelle de la Philofophie , c’eft de rendre raifon de l’exif- tence des pofhbles , d’expliquer pourquoi telle pro- poñtion doit être affirmée , telle autre doit être niée. Or cette raifon étant contenue ou dans la définition même du fujet, ou dans quelque condition qui lui eft ajoutée , c’eft au philofophe à montrer comment l’attribut convient au fujet, ou en vertu de fa déf- nition, ou à caufe de quelque condition ; & dans ce dernier cas, la condition doit être exattement déter- minée. Sans cette précaution vous demeurez en fnf- pens, vous ne favez fi l’attribut convient au fujet en tout tems & fans condition , ou fi l’exiftence de l’at- tribut fuppofe quelque condition, &c quelle elle eff. n°. Que les probabilités ne foient données que pour telles, & par conféquent que les hypothefes ne pren- nent point la place des thefes. Si la Philofophie étoit réduite aux feules propofñtions d’une certitude in- conteftable, elle feroit renfermée dans des limites trop étroites. Ainfi il eft bon qu'elle embrafle di- verfes fuppofitions apparentes qui approchent plus ou moins de la vérité , & qui tiennent fa place en attendant qu’on la trouve: c’eft ce qu'on appelle des Rypothefes. Mais en les admettant il eft effentiel de ne les donner que pour ce qu’elles valent, & de n’en déduire jamais de conféquence pour la produire enfuite comme une propoñtion certaine. Le danger des hypothefes ne vient que de ce qu'on les érige en thefes ; mais tant qu’elles ne paffent pas pour ainf dire, les bornes de leur état, elles font extrème- mentrutiles dans la Philofophie. Voyez cer article. Toutes ces différentes regles peuvent être repar- dées comme comprifes dans la maxime générale,qu'il faut conftamment faire précéder ce qui fert à l'in- telligence & à la démonftration de ce qui fuit. La zxe- æshode dont nous venons de prefcrire les regles, eft La même que celle des Mathématiciens. On a femblé croire pendant longrems que leur méthode leur appar- tenoit tellement, qu’on ne pouvoit la tranfporter à aucune autre fcience. M. Wolff a diffipé ce préjugé, & a fait voir dans la théorie, mais fur-tout dans la pratique , & dans la compoñition de tous fes ou- vrages, que la méthode mathématique étoit celle de toutes les fciences, celle qui eft naturelle à l’efprit humain, celle qui fait découvrir les vérités de tout genre. N'y eût-l jamais eu de fciences mathémati.. ques, cette réthode n’en feroit pas moins réelle, &c applicable par-tout ailleurs. Les Mathématiciens s’en étoient mis en pofleflion, parce qu'ayant à manier de pures abftrattions, dont les idées peuvent tou- jours être déterminées d’une maniere exacte & com- plette, ils n’avoient rencontré aucun de cesobffacles à l'évidence , qui arrêtent ceux qui fe livrent à d’au- tres idées, De-là un fecond prèéjugé , fuite du pre- M ET mier ; c'eft que la certitude ne fe trouve que dans les Mathématiques. Mais en tranfportant la methode mathématique à la Philofophie , on trouvera que la vérité & la certitude fe manifeftent également à qui- conque fait ramener tout à la forme réguliere des dé- monitrations. | MÉTHODE, On appelle ainfi ez Mathématiques, la route que l’on fuit pour réfoudre un problème; mais cette expreflion s'applique plus particuliere- ment à la route trouvée & expliquée par un géo- metre pour réfoudre plufeurs queftions du même genre, & qui font renfermées comme dans une même clafle; plus cette clafle eft étendue, plus la méthode a de mérite. Les méhodes générales pour réfoudre à-la-fois par un même moyen un grand nombre de queftions, font infiniment préférables aux méthodes bornées & particulieres pour réfoudre des queftions 1folées. Cependant il eft facile quel- quefois de généralifer une zzérhode particuliere, & alors le principal, ou même le feul mérite de l’inven- tion, eft dans cette derniere méthode. Voyez FORMU- LE & DÉCOUVERTE, (0) MÉTHODE , ( Gramm. ) ce mot vient du grec idoles, compolé de yuera , trans Où per, & du nom cvs, via. Une réthode eft donc la maniere d’arriver à un but par la vore la plus convenable : appliquez ce mot à l'étude des langues ; c’eft Part d'y intro- duire les commençans par les moyens les plus lumi- neux & les plus expédirifs. De-là vient le nom de méthode, donné à plufieurs des livres élémentaires deftinés à l'étude des langues. Tout le monde con- noit les méthodes eflimées de P. R. pour apprendre la langue grecque, la latine, l'italienne, & l’efpa- gnole ; & l’on ne connoit que trop les méthodes de toute efpece dont on accable fans fruit La jeunefle qui fréquente les collèges. Pour fe faire des idées nettes 8 précifes de la re. thode que les maîtres doivent employer dans l’enfei- gnement des langues , ilme femble qu’il eft effentiel de diftinguer 1°. entre les langues vivantes & les langues mortes; 2°, entre Les langues analogues & les langues tranfpoñitives. I. 1°. Les langues vivantes, comme le françois, litalien, l’efpagnol, l'allemand, langlois, &c. fe parlent aujourd’hui chez les nations dont elles por- tent lenom: & nous avons, pour lesapprendre, tous les fecours que l’on peut fouhaiter ; des maîtres ha- biles qui en connoifient le méchanifme & les finefles, parce qu’elles en font les idiomes naturels; des li- vres écrits dans ces langues , & des interprètes sûrs qui nous en diftinguent avec certitude l'excellent, le bon, le médiocre , & le mauvais : ces langues peuvent nous entrer dans la tête par les oreilles & par les yeux tout-à-la-fois, Voilà Le fondement de la méthode qui convient aux langues vivantes, décidé d’une maniereindubitable. Prenons, pourles appren- dre, des maîtres nationnaux : qu’ils nous inftruifent des principes les plus généraux du méchanifme & de l’analogie de leur langue ; qu'ils nous la parlent enfuite & nous la faffent parler ; ajoutons à cela l’é- tude des obfervations grammaticales, & la leture raifonnée des meilleurs livres écrits dans la langue que nous étudions. La raifon de ce procédé eft fim- ple : les langues vivantes s’apprennent pour être parlées , puifqu'on les parle; on n’apprend à parler que par l'exercice fréquent de la parole; & l’on n’apprend à lebien faire, qu’en fuivant l’ufage, qui, par rapport aux langues vivantes, ne peut fe con- ftater que par deux témoignages inféparables , je veux dire, le langage de ceux qui par leur éduca- tion & leur état font juftement préfumés Les mieux inftruits dans leur langue, & les écrits des auteurs que l’unanimité des fuffrages de la nation cara@térife comme Les plus diftinguése 2°. [lien eft tout autrement dés langues mortes ; comme l’hébreu, l’ancien grec, le latin. Aucune nation ne parle aujourd'hui ces langues ;: & nous n'avons, pour les apprendre, que les livres qui nous en reftent. Ces livres même ne peuvent pas nous être auf utiles que ceux d’une langue vivante ; Paice que, nous n'avons pas, pour nous les faire entendre, des interpretes aufñ sûrs. & auf antori- fés, & que s'ils nous laiflent des doutes, nous ne pouvons en trouver ailleurs l’éclairciffement. Eftl donc raifonnable d'employer ici la même mérhode que pour les langues vivantes? Après l'étude des principes généraux du méchanifime & de l’analogie “bre langue moïte, débuterons-nous par compofer en cette langue, foit de vive voix, foit par écrit ? Ce procédé eft d’une abfurdité évidente : à quoi bon parler une langue au’on ne parle plus ? Et com- ment prétend-on venir à bout de la parler feul , fans en avoir étudié l’ufase dans fes fources, ou fans avoir préfent un moniteur inffruit qui Le connoifle avec certitude, & qui nous lé montre en parlant le premier? Jugez par-là ce que vous devez penfer de la méthode ordinaire, qui fait de la compofition des thèmes fon premier, fon principal, & prefque fon unique moyen. Voyez ETUDE, G /a Méch. des lan- gues, div. IT. . j. C’eft aufi par-là que l’on peut apprécier l’idée que l’on propofa dans le fiecle der- nier, & que M, de Maupertuis a réchauffe de nos jours, de fonder une ville dont tous les habitans, onde ët femmes, magiftrats & artifans ne parle- roient que la langue latine, Qu’avons-nous aMairé de favoir.parier cette langue ? Eff-ce à la parler que ‘doivent tendre nos études ? | Quand je m'occupe de la langue italienne , Ou de telle autre qui eft aQuellement vivante » je dois ap- prendre à la parler, puifqu’on la parle; c’eft mon objet : & fi je lis alors les lettres du cardinal d’Of- fat, la Jérufalem délivrée , l’énéide d’Annibal Caro, ‘ce n'eit pas pour me mettre au fait des aaires poli- tiques dont traite le prélat, ou des avantures qui conftituent la fable des deux poëmes ; c’eft pour ap- prendre comment fe font énoncés les auteurs de ces Ouvrages. En un mot, j'étudie l’italien pour le par- Îer , & je cherche dans les livres comment on le par- le. Mais quand je noccupe d’hébreu, de grec, de latin, ce ne peut ni ne doit être pour pañler ces lan- gues, puifqu'on ne les parle plus ; c’ett pour étudier dans leurs fources l’hiftoire du peuple de Dieu, l’hi- foire ancienne ou la romaine, la Mytholosie, les Belles-Lettres, Ge. La Littérature ancienne, ou l’é- tude de la Rélision, eft mon objet : & fije m'appli- que alors à quelque langue morte, c’eft qu'elle eft la clé néceffaire pour entrér dans les recherches qui m'occupent. En un mor, j'étudie l’'Hiftoire dans Hé- rodote, la Mythologie dans Homere , la Morale dans Platon ; & je cherche dans les grammaires , dans Les lexiques, l'intelligence de leur langue, pour parve- nr à celle de leurs penfées. On doit donc étudier les langues vivantes , COi- : | me fin, fi je puis parler ain ; &c les langues mortes, comme moyen. Ce n'eit pas au refte que je prétende que Îles langues vivantes ne puiflent ou ne doivent Être regardées comme des moyens propres à acqué- tir enfuite des lumieres plus importantes : je m’en fuis expliqué tout autrément 4x mor LANGUE; &. quiconque n’a pas à voyager chez les étrangers, né doït les étudier que dans cette vûe. Mais je veux dire que la confidération des fecours que nous avons pour ces fängues doit en diriger l'étude, comme fi l'on ne fe propofoit que de les favoir parler ; parce que cela eit poffible, que perfonne n'entend fi bien une langue que ceux qui la favent parler, & qu’on ne fauroit trop bien entendre ceile dont on prétend faire un moyén pour d’autres études, Au contraire MET 447 nous n'avons pas aflez dé fecours pou appréñdre à parler les langues mortes dans toutes les occafons ; le langage qui réfulteroit de nos efforts pour les par- ler ne ferviroit de rien à l'intelligence des ouvrages que nous nous propoferions de lite » parce que nous n’y parlerions guere que notre langue avec ies mots de la langue morte ; pàr conféquent nos eflorts {e- roient en pure perte pour la feule fin que l’on doit {e propofer dans l'étude des langues anciennes. IT. De la diftinétion des langués en analogues 8 tranfpoñtives, il doit naître encore des différences dans je méthode de les enfeigner, auf marquées que celle du génie de ces langues. | 1°. Les langues analogues fuivent, ou exa@tement ou de fort pres, l’ordre analytique , quieft, comme je l'ai dit ailleurs, ( voyez INVERSION. € Lan GUE } le lien naturel, & le feul lien commun de tous les idiomes. La nature, chez tous les hommes, a donc déja bien avancé l’ouvrage par rapport aux langues analogues, puifqu'l n’y à en quelque forte à appren- dre que ce que l’on appelle a Grammaire & le Voca- bulaire, que le tour de la phrafe ne s’écarte que peu où point de l’ordre analytique, que les inverfions y font rares ou legeres, & que les ellipfes y font où peu fréquentes ou faciles à fuppléer. Le degré de facilité eft bien plus grand encore, f la langue na- turelle de celui qui commence cette étude, eff elle- même analogue. Quelle eft donc la mérhode qui con- vient à ces langues ? Mettez dans la tête de voséle: Ves une connoiflance fufifante des Principes sram- maticaux propres à cette langue, qui fe réduifent à- peu-près à la diftin@tion des genres & des nombres pour les noms, les pronoms, & les adjeétifs, & à la conjugaifon des verbes, Parlez-leur enfuite fans dé lai, &c faites-les parler, fi la langue que vous leur enfeignez eft vivante; faites-leur traduire beaucoup, premierement de votre langue dansla leur, puis de la leur dans la vôtre : c’eft le vrai moyen de leur ap- prendre promptement & sûrement le fens propre & le fens figuré de vos mots, vos tropes, vos ano: malies, vos licences, vos idiotifmes de toute efpe- ce. Si la langue analogue que vous leur enfeignez , eft une langue morte , comme l’hébreu > VOtrE pro- vifon de principes grammaticaux une fois faite y EX2 pliquez vos auteurs, & faites-les expliquer avecfoin, en yappliquant vos principes fréquemment & {cru- puleufement : vous n'avez que ce moyen pour arri- ver, Où plutôt pour mener utilement à la connoif- fance des idiotifmes, où giflent toïjours les plus grandes difficultés des langues. Mais renoncez À tout defir de parler ou de faire parler hébreu ; c’eft un travail utile ou même nuifble, que vous épargne- rez à vôtre éleve. UE 2°. Pour ce qui eft des langues tranfpoñtives, là méthode de les enfeigner doitdemander quelque chofe de plus; parce que leurs écarts de l’ordre analyti= que, .qui eft la regle commune de tous les idiomes : doivent y ajoûter quelque difficulté > POur Ceux prin cipalemént dont la langue naturelle ef analogue : car c’eft autre chofe À l'égard de ceux dont l’idiome maternel eft également tranfpoñitif; la difficulté qu peut naître dé ce cara@ere dés langues eft beaucoup moindre, & peut-être nullé à leur égard. C’eft pré- cifémént le cas où fe trouvoient les Romains qui étu- didient le grec, quoique M. Pluche ait jugé qu'il y avoit entre leur langué & celle d'Athènes aucune affinité. « Il étoit cependant naturel, dit-il dans la préface » de la Méchanique des Langues , page vi. qu'il en » coûtât davantage aux Romains pour apprendre le » grec , qu'à nous pour apprendre le latin: car nos » langues fränçoife, italiénne , efpagnole, & toutes » cellés qu’on parle dans le midi de l’Europe, étant » foïties, comme elles le font pour la plüpart, de l’ans 448 MET # cienne langue romaine ; nous y retrouvons bien # des traits de celle qui leur a donné naïffance : la # latine au contraire ne tenoit à la langue d’Athè- » nes par aucun degré de parenté ou de refflemblan- # ce, qui en rendit l’accès plus aifé ». Comment peut-on croire que le latin n’avoit avec le grec aucune affinité? A:t-on donc oublié qu'une partie confidérable de l’Italie avoit reçù le nom de grande Grece, magna Græcia, à caufe de l'origine commune des peuplades qui étoient venues s’y éta- blir ? lenore-t-on ce que Prifcien nous apprend, lib. V. de cafibus , que Pablatif eft un cas propre aux Romains, nouvellement introduit dans leur langue, & placé pour cette raifon après tous les autres dans la déclinaifon ? Ablativus proprius ef Romanorum , & ....quia novus videtur a Latinis inventus, vetuflati reliquorum cafuum conceffit. Ainfi la langue latine au berceauavyoit précifément les mêmes cas que la lan- gue grecque ; & peut-être l’ablatif ne s’eft-il intro- duit infenfiblement , que parce qu’on prononçoit un peu différemment la finale du datif, felon qu'il étoit ou qu'il m'étoit pas complément d’une prépofñition. Cette conjedure fe fortifie par plufeurs obferva- tions particulieres : 1°. le datif & l’ablatif pluriels font toùjours femblables : 2°, ces deux cas font en- core femblables au fingulier dans la feconde décli- . saïfon : 3°. on trouve worte au datif dans lépita- phe de Plaute, rapportée par Aulu-Gelle, Noë. Ait. TL. xxiv. & au contraire on trouve dans Plante lui-même, oneri , furfuri, 6e. à l’ablatif ; parce qu'il y a peu de différence entre les voyelles e & :, d’où vient même que plufieurs noms de cette déclinaifon ont l’ablatif terminé des deux manieres : 4°. le datif de la quätrieme étoit anciennement en z, comme l'ablatif, & Aulu-Gelle, 17. xvj. nous apprend que Céfir lni-même dans fes livres de Analogie, pen- foit que c’étoit ainfi qu'il devoit fe terminer : 5°, le datif de la cinquieme fut autrefois ene, comme il paroît par ce paflage de Plaute, Mercar, I. 7. 4. Armatores, qui aut noi, aut die, aut folt, aut lune rniferias narrant fuas : 6°. enfin Pablatif en long de la premiere , pourroit bien n'être long , que parce qu'il vient de la diphtongue æ du datif. La déclina- fon latine offre encore bien d’autres traits d’imita- tion & d’aflinité avec la déclinaifon grecque. Voyez GÉNITIF , #2. I. Pour ce qui concerne les étymolopies grecques de quantité de mots latins , il n’eft pas poffble de réfi- fter à la preuve que nous fournit l'excellent ouvrage de Voffius le pere, erymologicon lingue latine ; & je fuis perfuadé que de la comparaifon détaillée des ar- ticles de celivre avec ceux du Didionnaire étymolo- gique de la langue françoife par Ménage, 1l s’enfui- vroit qu'à cet égard l’affinité du latin avec le grec eft plus grande que celle du françois avec lelatin. Je dirois donc au contraire qu'il doit naturelle- ment nous en couter davantage pour apprendre le latin, qu'aux Romains pour apprendre le grec : car outre que la langue de Rome trouvoit dans celle d’A- thènes les radicaux d’une grande partie de fes mots, la marche de l’une & de l’autre étoit également tranfpofinive ; lesnoms, les pronoms, les adjeétifs, s’y déclinoient également par cas ; le tour dela phrafe y étoit également elliptique , également pa- thétique , également harmonieux; la profodie en étoit également marquée, & prefque d’après les mêmes principes; &c d’ailleurs le grec étoit pour les Romains une langue vivante qui pouvoit leur être inculquée & par l'exercice de la parole, & par la ledure des bons ouvrages. Au contraire nos lan- gues , françoife, italienne, efpagnole , &c. ne tien- nent à celle de Rome, que par quelques racines qu’elles y ont empruntées; mais elles n’ont au fur- plus avec cette langue ancienne aucune afänité qui Ë leur en rende l'accès plus facile ; leur conftruétion ufuelle eft analytique ou très-approchante; le tour de la phrafe n’y fouffre ni tranfpofñtion confidéra- ble, ni ellipfe hardie ; elles ont une profodie moins marquée dans leurs détails ; & d’ailleurs le latin eft pour nous une langue morte, pour laquelle nous n'avons pas autant de fecours que les Romains en avoient dans leur tems pour le grec. Nous devons donc mettre en œuvre tout ce que notre induftrie peut nous fuggérer de plus propre à ‘donner aux commençans l'intelligence du latin &t du grec; & j'ai prouvé, article INVERSION, que le moyen le plus lumineux, le plus raïfonnable , &le plus autorifé par les auteurs mêmes à qui la langue latine étoit naturelle, c’eft de ramener la phrafe la- tine ou grecque à l’ordre & à la plénitude de la con- ftrudion analytique, Je m’avois que cela à prouver dans cet arricle : J'ajoûte dans celui-ci, qu'il faut donner aux commençans des principes qui les met- tent en état le plus promptement qu'il eft pofhible d’analyfer feuls & par eux-mêmes ; ce qui ne peut être le fruit que d’un exercice fuivi pendant queique tems, & fondé fur des notions juftes, précifes, &e invariables. Ceci demande d’être développé, Perfonne n’ignore que la tradition purement orale des principes qu'il eft indifpenfable de donner aux enfans, ne feroit en quelque forte qu’effleurer leur ame : la légereté de leur âge, le peu ou le point d'habitude qu’ils ont d’occuper leur efprit, le man- que d'idées acquifes qui puiflent fervir comme d’at- taches à celles qu’on veut leur donner; tout cela & mille autres caufés juftifient la néceflité de leur mettre entre les mains des livres élémentaires qui puiflent fixer leur attention pendant la leçon, les occuper utilement après, & leur rendre en tout tems plus facile & plus prompte lacquifition des connoïf- fances qui leur conviennent. C’eft fur-tout 1ci que fe vérifie la maxime d’Horace , Ars poër, 180. Segniis irritant animos demiffa per aures ; Quam que funt oculis fubjecta fidelibus. On pourroit m’objeéter que j'infifte mal-à-propos fur la nécefité des livres élémentaires, pufqu'il en exifte une quantité prodigieufe de toute efpece, & qu'il n’y a d’embarras que fur le choix, IL eft vrai que graces à la prodigieufe fécondité des faifeurs de rudimens, de particules, de merhodes, les enfans que l’on veut initier au latin ne manquent pas d’être occupés ; mais le font-ils d’une maniere raifonnable, le font-ils avec fruit ? Je ne prendrai pas fur moi de répondre à cette queftion ; je me contenterai d’ob- ferver que prefque tous ces livres ont été faits pour enfeigner aux commençans la fabrique du latin, &e la compofition des thèmes ; que la méthode des thèmes tombe de jour en jour dans un plus grand difcrédit, par l'effet des réflexions fages répandues dans les livres excellens des inftituteurs les plus habiles, & des écrivains les plus refpeétables, M. le Fevre de Saumur, Voflius le pere, M. Rollin, M. Pluche, M. Chompré, &c. Qu'il eft à defirer que ce difcré- dit augmente, & qu’on fe tourne entierement du côté de la verfon, tant de vive-voix que par écrit; que l’un des moyens les plus propres à amener dans la methode de l’inftitution publique cette heureufe révolution, c’eft de pofer les fondemens de la nou- velle méthode, en publiant les livres élémentaires dans la forme qu’elle fuppofe & qu’elle exige ; & qu'aucun de ceux qu'on a publiés jufqu’à-préfent, ou du-moins qui font parvenus à ma connoïffance, ne peut fervir à cette fin. Dans l'intention de prévenir, s’il eft poffible, une fécondité toujours nuifible à la bonté des fruits, j'ajoute que les livres élémentaires, dans quelque genre d'étude que çe puifle être, font peut-être é plus plus difiiciles à bien faire, & ceux dans lefquels on a le moins réufi, Deux caufes y contribuent: d’une part, la réalité de cette dificulté intrinfeque , dont on va voir les raifons dans un moment; & de l’au- fre, une apparence toute contraire , qui eft pour les plus novices un encouragement à s'en mêler , (a pour les plus habiles, un véritable piége qui les fait échouer. | Îl faut que ces élémens foient réduits aux notions les plus générales, & au nécefairele plus étroit, parce que , comme le remarque très-judicieufement M. Pluche , il faut que les jeunes commencçans voient la fin d’une tâche qui n’eft pas de nature À les réjouir, & qu'ils n’en feront que plus difpofés à apprendre le tout parfaitement, Ces notions cepen- dant doivent être en aflez grande quantité pour fer- vir de fondement à toute la fcience grammaticale , defolution à toutes les dificultés de l’analyfe, d’ex- phcation à toutes les irrégularités apparentes ; quoi- qu'il faille tout-à-la-fois les rédiger avec aflez de précifion, de juteffe, & de vérité, pour en déduire facilement & avec clarté, en tems & lieu, les dé- veloppemens convenables, & les applications né- ceflaires , fans furcharger ni dégoûter les commen- çans. L'expofition de ces élémens doit êtré claire & débarraflée de tout raifonnement abftrait où méta. phyfque , parce qu’il n’y a que des efprits déja for- més & vigoureux , qui puiflent en atteindre la hau- teur, en faifir le fl, en fuivre l’enchaînement, & qu'il s’agit ici de fe mettre à la portée des enfans , e{prits encore foibles & délicats, qu’il faut foutenir dans leur marche, & conduire au but par une rampe douce & prefque infenfible. Cependant l'ouvrage doit être le fruit d’une métaphyfique profonde, & d’une logique rigoureufe, finon les idées fondamen- tales auront été mal vûes ; les définitions feront obf: cures ou diffufes, ou faufles ; les principes feront mal digérés ou mal préfentés ; on aura omis des chofes effentielles, ou l’on en aura introduit de {u- perflues ; l’enfemble n’aura pas le mérite de l’ordre, qui répand la lumiere fur toutes les parties, en en fixant la correfpondance, qui les fait retenir l’une par l’autre en les enchaînant, qui les féconde en en facilitant l’application. Peut-être même fautil à Vauteur une dofe de métaphyfique d'autant plus forte, que les enfans ne doivent pas en trouver la moindre teinte dans fon ouvrage, Ce n'eft pas aflez pour réuflir dans ce genre de travail, d’avoir vü les principes un à un ; il faut les avoir vüs en corps, & les avoir comparés, Ce n’eft pas aflez de les avoir envifagés dans un état d’ab- flrattion, & d’avoir, fi l’on veut, imapiné le fyftème le plus parfait en apparence ; il faut avoir eflayé le tout par la pratique : la théorie ne montre les prin- _cipes que dans un état de mort ; c’eft la pratique qui les vivifie en quelque forte ; c’eft l'expérience qui les jufiifie. Il ne faut donc regarder les principes grammaticaux comme certains, comme néceflaires ; conime admiffibles dans nos élémens, qu'après s’être afluré qu’en effet ils fondent les ufages qui y ont irait, & qu'ils doivent fervir à les expliquer. Afin d'indiquer à-peu-près l'efpece de principes qui peut convenir à la méshode analytique dont je confeille l’ufage, qu'il me foit permis d’inférer ici un eflai d’analyfe, conformément aux vûes que j'in- finue dans cet article, & dans l’arricle IRVERSION ; &t dont on trouvera les principes répandus & déve. loppés en divers endroits de cet ouvrage. On y vétra l'application d’une méthode que j'ai pratiquée avec fuccès, & que rontes fortes de raifons me por- tent à croire la meilleure que l’on puifle fuivre à l'égard des langues tranfpoñnives ; je ne la propofe cependant au public que comme une matiere qui Tome X, MET 449 peut donner lieu à des expériences iitéreffantes pou! la religion & pour la patrie, puifqu’elles tendront à perfeétionner une partie néceflaire de l'éducation: Quelques leéteurs délicats trouveront peut-être Mauvais que j'ofe les occuper de pareilles minuties, & d’obfervations pédaritefques: mais ceux qui peu. vent être dans ces difpoñitions, n’ont päs même. en: tamé [a le@ture de cet article, Je puis continuer fans conféquence pour eux ; les autres quiféroient vénus jufqu'ici, & qui feroient infenfibles an motif que je viens de leur préfenter, je les plains de cette infen- fibilité ; qu'ils me plaignent , qu'ils me blâment y S'ils veulent, de celle que j’ai pour leur délicateffe ; mais qu'ils ne s’offenfent point , f traitant un point de: grammaire , j'emprunte le langage qui y convient > & defcens dans un détail minutieux, fi l’on veut À mais important, puifqu’il eft fondamental. Je reprens le difcours de la mere de Sp. Carvilius à fon fils, dont j’avois entamé explication (article INVERSION ) d’après les principes de M. Pluche. Quin prodis, mi Spuri, ur quotiejéunque gradium facies, Toties tibi tuarum virtutum veniar in Imertérnes Quir eft un adverbe conjon@tif & négatif. Quins Par apocope, pour guine, qui eft compolé de l’ablaz tif commun gui, & de la négation ze ; & cet ablatif qui eft le complément de la prépofition fouf-enten- due pro pour ; ainfi quiz eft équivalent à pro qui ne, pOur quOi ne oz ne pas ; qguin eft donc un adverbe ; puuiqu'il équivaut à la prépoñtion pro avec fon com: plément 447; & cet adverbe eft lui-même le Com- plément circonftanciel de caufe du verbe prodiss Voyez RÉGIME. Quir eft conjon@tif, püuifqu’il ren- ferme dans fa fignitication le mot conjonif qui; & en cette qualité 1l fert à joindre la propofition inci- dente dont il s’agit (voyez INCIDENTE ) avec un ane técédent qui eft ici fous-entendu, & dont nous ferons la recherche en tems & lieu: enfin quin eft névatif, puifqu’il renfermé encore dans fa fignification la né< gation Ze qui tombe ici fur prodis. Prodis (tu vas publiquement) eft à {a feconde pers fonne du fingulier du préfent indéfini (voyez PRÉ« SENT ) de l'indicatif du verbe Prodire, prodeb, IS 11, & par fyncope, ä , &um, verbe abfolu actif, (voyez VERBE ) & irrégulier, de la Quatrieme Con- jugaifon: ce verbe eft compolé du verbe ire , aller, & de la particule pro, qui dansla compoñtion figni fie publiguemenr où en publie, parce qu’on fuppofe à la prépoñition pro le complément ore omniuii, pro ore omnium (devant la face de tous ) le d à été in- féré entre les deux racines par euphonie (voyez Eu- PHONIE ) pour empêcher l’hiatus : prodis et à la feconde perfonne du fingulier, pour s’accorder en nombre 87 en perfonne avec {of fujet natutel, mi Spuri. Voyez SUIET. Mi ( mon) eft au vocatif fingulier mafculin de reus , a ;eum, adjc@tif hétéroclite, de la premiere dé. chnaïfon. Voyez PARADIGME, Mi eft au vocatiffin- pulier mafculin, pour s’accorder en cas , en nom bre & en genre avec le nom propre Spuri , auquel il a un rapport d'identité. Voyez CoNcorDance 6: IDENTITÉ. Spuri(Spürius) eft au vocatif fingulier de Spuriuss 2, nom propre , mafculin & hétéroclite , de la deu= xieme déclinaifon : Spari eft au vocatif, parce que c’eft le fujet grammatical de la feconde perfonne ; ou auquel le difcours eft adreflé. Voyez Vocarir. Mi Spuri (mon Spurius ) eft le fujet logique de fa feconde perfonne. | Ur(que)eftune conjonéion déterminative, donf Poffice eff ici de rénnir à l’antécédent fouis-entendu hanc finem , la propoñition incidente détermirative, guotieftumque gradum facies ; toties tibi tuarüm Virtux LUN VERIAS ÊTI MENLENT à LI 459 MET Quotiefenmque ( combien de fois ) eft un adverbe conjondif ; comme adverbe, c’eft le complément circonftanciel de tems du verbe facies ; comme con- jon@tif, il fert à joindre à l’antécédent rories la pro- potion incidente déterminative gradum facies. Gradum (un pas )} eft à l’accufatif fingulier de pra- des,#s ,ynom mafculin de la quatrieme déclinaïifon; gradum ef à l’accufatif, parce qu'il eftle complément objeétif du verbe facies ; &par conféquent il doit être après facies dans la conftruétion analytique. Facies ( tu feras } eft à la feconde perfonne du fin- gulier du préfent poftérieur, voyez PRÉSENT, de l’in- dicatif aétif du verbe facere (faire ) co, cis , feci, Jatum , verbe relatif, a@if & irrégulier, de la troi- fieme conjugaifon : faces eft à la feconde perfonne du fingulier , pour s’accorder en perfonne &c en nombre avec fon fujet naturel #42 Spuri. Quotiefcumque facies gradum ( combien de fois tu feras un pas ) eft la totalité de la propoñition inci- dente déterminative de l’antécédent sories ; & par conféquent l’ordre analytique lui afligne fa place apfès ories. | Toties ( autant de fois )eft un adverbe, complé- ment circonftanciel de tèms du verbe vexiat. Toties quotieJcumque facies gradum ( autant de fois combien de fois tu feras un pas }) eft la totalité du complément circonftanciel de tems du verbe veziat ; & doit par conféquent venir après veziar dans la conftruétion analytique. Tibi ( à toi) eft au datif fingulier mafculin de #4, pronom de la feconde perfonne : hi eft au datif, parce qu'il eft le complément relatif du verbeveniar; après lequel 1l doit donc être placé dans la conftruc- tion analytique : #2: eft au fingulier mafculin pour s’accorder en nombre & en genre avec fon co-rela- tif Spurius. Voyez PRONOM. Tuarum ( tiennes ) eft au génitif pluriel feminin de tuus , a, um, ad}. de la premiere déclinailon , pour s’accorder en genre, en nombre & en cas avec le nom Yrtutum, auquel il a un rapport d'identité, & qu’il doit fuivre dans la conftruétion analytique. Virtutum ( des vaillances ) eft au génitif pluriel de virtus , tutis, nom feminin de la troifieme déclinai- fon, employé ici par une métonymie de la caufe pour l'effet, de même que le mot françois var/lance pour aéion vaillante : virtutum eft au génitif, parce qu’il eft le complément déterminatiforammatical du nom appellatif fous-entendu recordatio. Voyez GÉ- NITIF, | Virtutum tuarum ( des vaillances tiennes ) eft le complément déterminatif logique du nom appella- tif fous-entendu recordatio , & doit par conféquent fuivre recordatio dans l’ordre analytique. Il y a donc de fous-entendu recordario (le fouve- nir ) , qui eft le nominatif fingulier de recordatio , ous, nom feminin de la troifieme déclinaifon : re- cordatio eft au nominatif , parce qu'il eft le fujet grammatical du verbe veniar. Recordatio virtutum tuarum ( le fouvenir des vail- lances tiennes ) eft Le fujet logique du verbe veriar, & doit conféquemment précéder ce verbe dans la conftruétion analytique. Weniar ( vienne ) eft à la troifieme perfonne du fingulier du préfent indéfini du fubjonétif du verbe venire (venir ) 0 ,is,t, cum, verbe abfolu, atif, de la quatrieme conjugaifon : veriat eft à la‘troifieme perfonne du finguher , pour s’aceorder en nombre &c en perfonne avec fon fujet grammatical fous-en- tendu recordatio : veniat eft au fubjonétif, à caufe de la conjonéion ws qui doit être fuivie du fubjon@if quand elle lie une propofition qui énonce une fin à Jaquelle on tend. | In ( dans ) eft une prépofñtion dont le complé- ment doit être à l’accufatif , quand elle exprime un rapport de tendance vers un terme , foit phyfs que , foit moral ; au lieu que le complément doit être à l’ablatif, quand cette prépoñtion exprime un rapport d’adhéfion à ce terme phyfique ou moral, Mentem ( Vefprit ) eft à l’accufatif finguiier de mens , t1S, Om feminin de la troifieme déclinaifon: mentem eft à l'accufanif, parce qu’il eft le complé- ment de la prépoñtion ir. | In mentem ( dans l’efprit ) eft la totalité du com plément circonftanciel de terme du verbe verias 3 qui doit par conféquent précéder 2 mentem dans l’ordre analytique. Voilà donc trois complémens du verbe veniar : le complément circonftanciel de tems , sories quoriele cumque facies gradum ; le complément relatif ribi, & le complement circonftanciel de terme , 22 menrem : tous trois doivent être après verias dans la conftruc- tion analytique ; mais dans quel ordre ? Le complé- ment relatif #4: doit être le premier , parce qu'il eft le plus court; le complément circonftanciel determe 12 mentem (oit être le fecond , parce qu'il eft encore plus court que le complément circonftanciel de tems tories quotieftumque facies gradum ; celui-ci doit être le dernier , comme le plus long. Laraifon de cet ar- rangement eft que tout complément, dans l’ordre analytique, doit être Le plus près qu'ileft poffible du mot qu'il complette : mais quand un même mot à plufeurs complémens , vû qu’alors ils ne peuvent pas tous êtreimmédiatement après le mot complettés on place les plus courts les premiers , afin que le dernier en foit le moins éloigné qu'il eft poffble, Ainfi, us recordatio viriurum tuarum venias tibi in mentém tOëles quotiefcumque facies gradum ( que Le fou- venir des vaillances tiennes vienne à toi dans l’efprit autant de fois combien de fois tu feras un pas), c’eft la totalité de la prépoñtion incidente détermi- native de Pantécédent fous-entendu Auzc finem : elle doit donc, dans l’ordre analytique , être à la fuite _ de l’antécédent kunc finem. Il ya doncde fous-entendu Auncfinem. Hune(cette) eff à l’accufatif fingulier mafculin de hic, kec , hoc, adjeétif de la feconde efpece de la troifieme décli- naïfon. Voyez PARADIGME. Hunc eft à l’accufatif. fingulier mafculin pour s’accorder en cas, ennom- bre & en genre avec le nom fzem, auquel il a un rapport d'identité. Firem (fin ) eft à l’accufatif fin- gulier mafculin de finis , is, nom douteux de la troi- fieme déclinaifon. Voyez GENRE, ». IV, Finem eft à l’accufatif, parce qu'il eft le complément grammati- cal de la prépofition fous-entendue x : firem eft auf, l’antécédent grammatical de la propofñition incidente déterminative , t recordatio £4arwm vireutum veniat £bL im menter toties quotiefcumque facies gradum >; 6 hunc fnem ( cette fin ) en eft l’antécédent logique. Hunc finem recordatio vireutum tuarum veniar tibi in mentem toties quotiefcumque facies gradum ( cette Jin que le fouvenir des vaïllances tiennes vienne à toi dans l’efprit autant de fois combien de fois tu feras un pas) ; c’eft le complément logique de la prépofi- tion fous-entendue £7 , qui doit être après ir par cette rai{on. | Il y a donc de fous-entendu 7 ( à ox pour } , qui eftune prépoñtion dont le complément eft ici Al’ac- cufatif, parce qu’elle exprime un rapport de ten- dance vers un terme moral. | _Ihunc finem wcrecordatio virtutum tuarumveniar tibi in mentem toties quotiefcumque facies gradum( à cette fin que le fouvenir des vaïllances tiennes vienne à toi dans l’efprit autant de fois combien de fois tu feras un pas) ; c’eft la totalité du complément cir- conftanciel de fin du verbe prodis ; donc l’ordre ana- lytique doit mettre ce complément après prodis, Quin prodis , in hunc finem z: recordatio wir tu EAU VERIAt Hibi in mentem toties quotie[eumque MET Jacies gradum( pourquoitune vas pas publiquement, à certe fin que le fouvenir des vaïllances tiennes vien- ne à toi dans l’efprit autant de fois combien de fois tu feras un pas ) ; c’eft la totalité de la propoñition incidente déterminativede l’anrécédent fous-entendu caufam , & doit conféquemment {uivre lPantécédent caufam dans l’ordre analytique. Îl y a doncde fous-entendu camfzm ( lacaufe ) , qui eft à l’accufatiffingulier de cauf#, æ, nom femi- nin de la premiere déclinaifon ; caufam eft à l’accufa- tif, parce qu'il eft Le complément obje@tif grammati- cal du verbe interrogatif fous-enténdu &c. Caufam gui prodis, in hunc finem ze recordatio Virtutum tuarmm vVeniat tibi in mentem toties guotief= cumque facies gradum ( la caufe pourquoi tu ne vas pas publiquement , 4 certe fin que Le fouvenir des vail- lances tiennes vienne à toi dans l’efpritautant de fois combien de fois tu feras un pas);c’eft le complément obje@tif logique du verbe interrogatif fous-entendu dic ; & doit par conféquent être après ce verbe dans la conftruétion analytique. Il y a donc de fous-entendu die ( dis) qui eft à la feconde perfonne du fingulier du préfent poftérieur de l'impératif a@tif du verbe dicere (dire) co, cis, xi, um, verbe relatif, a@if, de la troifieme conju- gaufon; dc eft à la feconde perfonne du fingulier pour s’accorder en perfonne & en nombre avec fon iujet prammatical Spuri + dic eft À l'impératif, parce que la mere de Spurius lui demande de dire la caufe pourquoi il ne va pas en public, qu’elle linterroge ; & dic eft le feul mot qui puifle ici marquer l'interro- gation défignée par le point interrogatif, & par la poñtion de quiz adverbe conjondif à la tête de la propofition écrite, Dic, au lieu de dice, par une apo- cope qui a tellement prévalu dans le latin, que dice n'y ef plus ufité, ni dans le verbe fimple, ni dans fes compofés, Spuri, que l’on a déja dit le fujet grammatical de la feconde perfonne , eft donc le fujet orammatical du verbe fous-entendu déc; & par conféquent 1 Spuri { monSpurius ) en eft Le fujet logique: donc mi S pri doit précéder dic dans l’ordre analytique. Voici donc enfin la conftruétion analytique & pleine de toute la propofition : mi Spuri , dic cau- fam quin prodis , in hunc finem vs recordatio virtu- Eu buarum veniat tibi in meñntem toties quotie[cumque facies gradum. En voici la traduéion littérale qu’il faut faite faire à {on éleve mot-à-mot, en cette maniere : wi Spuri (mon Spurins), dic ( dis ) caufam ( lacaufè) quin Prodis ( pourquoi tu ne vas pas publiquement ) , in bunc finem (a cectefin }u( que) recordatio (4 fouve- rar ) viretum tuarum (des vaillances tiennes )veziar (vienne }#bi( à toi) 12 mentem | dans l'efprit ) cories (autant de fois ) gwotieféumque ( combien de fois) facres ( tu feras ) gradum ( un pas) ? En reprenant tout de fuite cette traduéion litté- rale, Péleve dira : mon Spurius, dis la caufe pour- quoi tu ne yus pas publiquement, à cette fin que le fouvenir des vaillances tiennes visnne à toi dans l'ef- Prit autant de fois combien de fois tu ftras un pas ? Pour faire pañler enfuite le commençant, de cette traduétion littérale à une traduétion raifonnable & conforme au génie de notre langue , il faut l’y pré- parer par quelques remarques. Par exemple , 1°. que nous 1mitons les Latins dans nos tours interro- gatifs , en fupprimant, comme eux , le verbe inter- rogatif & l’antécédent du mot conjondif par lequel nous débutons , voyez INTERROGATIF ; qu'ici par conféquent nous pouvons remplacer leur gwrz par -que n£ , &t que nous le devons, tant pour fuivre le génie de notre langue, que pour nous rapprocher davantage de l’original , dont notre verfion doit être une copie fidelle : 2°, qu’aller publiquement ne fe dit Tome X. MEET 451 point en françois , mais que nous devons dire pa- roëtre , Je montrer er public : 3°, qué comme il feroit indécent d’appeller nos enfans moz Jacques , mon Pierre, mon Joftph ; il feroit indécent de traduire mon Spurius ; que nous devons dire comme nous dirions à nos enfans, mon fils, mon enfant, mon cher Jus , mon cher enfant, où du moins mon cher S PUrIUS & 4°. qu'au lieu de 4 certe fin que , nous difions autre- fois à icelle fin que, à celle fin que; mais qu'aujour- d’hui nous difons afin que ; 5°, que nous ne fommes plus dans l’ufage d'employer les adjeétifs mien, tien , fier avec le nom auquelils ont rapport, comme nous faifions autrefois, & comme fontencore aujourd’hui les Italiens, qui difent z/ mio Libro, La mia caf (le mien livre, la mienne maïfon ); mais que nous em- ployons fans article les adje@tifs pofeffifs prépoñtifs mon ; ton, fon, notre, votre, leur ; qu'ainfi au lieu de dire , des vaillances tiennes | nous devons dire de tes vaillances : 6°, que la métonymie de vai/lances pour aëfions courageufes | n’eft d’ufage que dans le langage populaire, & que fi nous voulons conferver la métonymie de l'original, nous devons mettre le mot aufingulier, & dire de sa vaillance, de ton cou- rage , de ta bravoure | comme a fait M. l’abbé d’Oli- vet, Penf. de Cic. chap. xij. pag, 359.7°. que quand le fouvenir de quelque chofe nous vient dans l'efprit par une caufe qui précede notre attention , & qui eft mdépendante de notre choix, ilnousen fouvient; & que c’eft précifément le tour que nous devons préférer comme plus court, & par-là plus énergi- que ; ce qui remplacera la valeur & la briéveté de l’ellipfe latine. De pareilles réflexions ameneront l'enfant 4 dire comme de lui-même : que ne parois-tu | mon cher en- fant , afin qu'a chaque pas que tu feras , il te fouvienne de ta bravoure ? Cette reéchode d'explication fuppofe, comme on voit, que le jeune éleve a déja les notionsdont on y fait ufage ; qu'il connoît les différentes parties de l’oraïfon, & celles de la propoñtion ; quil a des principes fur les métaplafmes, fur les tropes, furles figures de conftru@ion , & à plus forte raïfon fur les régles générales & communes de la fyntaxe, Cette proviñon va paroître immenfe à ceux qui font pai- fiblement accoutumés à voir les enfans faire du la- tin fans lavoir appris ; à ceux qui voulant recueil- lir fans avoir femé ; n’approuvent que les procédés qui ont des apparences éclatantes, même aux dé- pens de la fohdité des progrès ; & à ceux enfin qui avec les intentions les plus droites & les talens les plus décidés, font encore arrêtés par un préjugé qui n’eft que trop répandu, favoir que les enfans ne font point en état de raifonner, qu'ils n’ont que de la mé- moire , & qu'on ne doit faire fonds que fur cette fa- culté à leur égard, Je réponds aux premiers, 1°. que la multitude prodigieufe des regles & d’exceptions de toute ef- pece qu'il faut mettre dans la tête de ceux que l’on introduit au latin par la compofition des thèmes, furpañle de beaucoup la provifion de principes rai- fonnables qu'exige la méthode analytique. 2°. Que leurs rudimens font beaucoup plus difficiles à ap- prendre & à retenir, que les livres élementaires né- ceflaires à cette methode ; parce qu’il n’y a d’une part que défordre , que faufleté , qu’inconféquen- ce , que prolixité ; & que de l’autre tout eft en or-. dre, tout eft vrai, tout eft lié, tout eft nécefaire &c précis, 3°. Que l'application des regles quelcon- ques, bonnes ou mauvaifes, à la compofition des thèmes , eftépineufe , fatigante, captieufe, démen- tie par mille & mille exceptions , & deshonorée non:- feulement par les plaintes des favans les plus refpec. tables & des maîtres les plus habiles, mais même par fes propres fuccès , qui PeRoUpIlEnE enfin qu’à js _ MET là ftructure méchanique d’un jargon qui nef pas {a langue que l'on vouloit apprendre ; puiique,, com- me l'oblerve judicieufement Quintilien, ahud ef grammakicè, aliud latinè loqui : au lieu que l’ap- plication de la méthode analytique aux ouvrages qui nous reftent du: bon fiecle de la langue latine , eft uniforme & par conféquent fans embarras ; qu’elle eft dirigée par le difcours même qu'on a tous les yeux, & conféquemment exempte des travaux pé- nibles de la produétion, J'ai prefque dit de l'enran- tement; enfin, que tendant direétément à lintelli- gence de la langue telle qu'on lécrivoir, elle nous mene fins détour au vrai, au feul but que nous de- vions nous propoler en nous en occupant, ® Je réponds aux feconds, à ceux qui veulent re- trancher du néceflaire , afin de recueillir plutôt les fruits du peu qu’ils auront femé, fans même atten- dre le tes naturel dela maturité , que l’on affoi- blit ces plantes êc qu'on Les détruit en hâtant leur fé- condité contre nature ; queles fruits précoces qu’on en retire n'ont Jamais la même faveur n1 la même {a- lubrité que les autres , fi l’on n’a recours à cette cul- ture forcée & meurtriere ; & que la feule culture raifonnable eft celle qui ne néplige aucune des at- tentions exigées par la qualité des fujets &c des cir- conftances , mais qui atrend patiemment les fruits fpontanés de la nature fecondée avec intelligence , pour les recueillir enfuite avec gratitude. je réponds aux derniers, qui s’imaginent que Îles enfans en général ne font guere que des automates, qu'ils font dans une erreur capitale &c démentie par mille expériences contraires. Je ne leur citerai au- cun exemple particulier ; Mais Je me conlenterat de les inviter à jetter les yeux fur les diverfes condi- tions qui compofent la fociété. Les enfans de la po- pulace, des manœuvres, des malheureux de toute efpece qui n’ont que le tems d'échanger leur fueur contreleur pain, demeurent ignorans ëe quelquefois flupides avec des difpofitions de meilleur augure ; toute culture leur manque. Les enfans de ce que l’on dppelle la bourgeoïfie honnête dans Les pro- vincés , acquierent les lumieres qui tiennent au 1y£ teme d’inftitution qui y a cours ; les uns fe déve- loppent plutôt , les autres plus tard > autant dans la proportion de l'empreflement qu'on a eu à les culri- ver que dans celle des difpoñtions naturelles. Entrez chez les grands, chez les princes : des enfans qui bal- butient encore y font des prodiges , finon de raïfon, du moins de raifonnement; & ce n’eft point une exagération toute pure de la flatterie, c’eft un phé- nomene réel dont tout le monde s’aflure par foi-mê- me, & dont les témoins deviennent fouvent jaloux , fans vouloir faire les frais néceffaires pour le faire voir dans leur famille : c’eft qu’on raïfonne fanscefle avec ces embryons de l’humanité que leur naïffance fait déja regarder comme des demi-dieux ; & /#u- meur fengereffe, pour me fervir du vieux mais excel- lent mot de Montagne, l'humeur fingereffe qui dans les plus petits individus de Pefpece humaine ne de- mande que des exemples pour s’éverer, développe aufi-tôt le germe de raïfon qui tient effentiellement À la nature de l’efpece. Pañlez de là à Paris, cette ville imitatrice de tout ce qu’elle voit à la cour, &c dans laquelle , comme dit Lafontaine, fab. III. Tout bourgeois veut bätir comme les grands féigneurs, Tour petit prince a des ambaffadeurs ; Tout marquis veut avoir des pages : Vous y verrez les enfans des boutgeoïis raifonner beaucoup plutôt que ceux de la province , parce que dans toutes les familles honnêtes on a ambition de fe modeler fur les gens de la premiere qualité que l’on a fous les yeux. Il eft vrai que l’on oblferve auffi, qu'après avoir montré les premuces les plus flatteu- 2 us (Pa: MET fes , & doriné les plus grandes efpérances , les jei- nes parifens retombent communément dans une i forte d'inertie, dont l’idée fe-proflit encore par la comparaifon fourde que l’on en fait avec le début : c’eft que les facultés de leurs parens les forcent de les livrer, à un certain âge , au train de l’inftitution commune, ce qui peut faire dans ces tendres intel- ligences une difparate dangereufe ; & que d’ailleurs on continue, parce que la chofe ne coüûterien, d'i- miter par air les vices des grands, la molleffe , la pat refle , la fufilance , l’orgueil, compagnes ordinaires de l’opulence , & ennemies décidées de la raifon. IE y a peu de perfonnes au refte qui n’ait par-devers {oi quelque exemple connu du fuccès des foins que l’on donne à la culture de la raifon naïffante des en- fans ; & j'en ai, de mon côté, qui ont un rapport immédiat à l’utilité de la mérhode analytique telle que je la propofe ici. Jai vü par mon expérience, qu’en fuppofant même qu'il ne fallüt faire fonds que fur la mémoire des enfans, 1l vaut encore mieux la meubler de principes généraux & féconds par eux- mêmes, quine manquent pas de produire des fruits des les premiers développemens de la raïfon , que’ d’y jetrer , fans choix & fans mefure , des idées 1o= lées & flériles, ou des mots dépouillés de fens. Je réponds enfin à tous, que la provifion des prin- cipes qui nous font néceffaires, n’eft pas abfolument fi grande qu’elle peut le paroître au premier coup d'œil, pourvu qu'ils foient digérés par une perfonne intelligente , qui fache choïfir, ordonner , & écrire avec précifon, & qu'on ne veuille recueillir qu’a- près avoir femé ; c’eft une idée fur laquelle j'inffte, parce que Je [a crois fondamentale. Me permettra-t-on d’efquffer ici les livres élé- mentaires que fuppofe néceflairement la mérhode ana- lytique ? Je dis d’abord es Zivres élémentaires, parce que je crois eflentiel de réduire à plufieurs petits volumes la tâche des enfans , plutôt que de la ren- fermer dans un feul , dont la taille pourroit les ef- frayer : le goût de la nouveauté, qui eFtrès-vif dans l'enfance , fe trouvera flatté .par les changemens fréquens de livres & de titres ; le changement de volume eft en effet une efpece de délaffement phyfi- que , où du moins une illufion aufä utile ; le’ chan- gement de titre eft un aïguillon pour l’amour-pro- ire, qui fe trouve déja fondé à fe dire, Je Jui cecr, qui voit de la facilité à pouvoir fe dire bientôt , Je Jai encore cela, ce qui eft peut-être Pencouragement le plus efficace. Je réduirois donc à quatre les livres élémentaires dons nous avons befoin.. , 1°,Ë lémens de la grammaire générale appliquée à la lan: gue françoife. Ilne s’agit pas de groffir ce volume des recherches profondes & des raifonnemens abftraits des Philofophes fur les fondemens de l’art de par- ler ; pifeis hic non eff omnium. Mais il faut qu'à par- tir des mêmes points de vüe, on y expofe les ré- fultats fondamentaux de ces recherches, & qu’on y trouve détaillés avec juftefle, avec précifion, avec choix , & en bon ordre , les notions des parties né- ceffaires de la parole ; ce qui fe réduit aux élémens de la voix, aux élémens del’oraifon, & aux élémens de la propofition. J'entends par les élémens de la voix , prononcéeow écrite, les principes fondamentaux qui concernent les parties élémentaires & intégrantes des mots, con= fidérés matériellement comme des produétions de la voix : ce font donc les fons & les articulations , les: voyelles, & les confonnes,qu'il eft néceffaire de bien diftinguer ; maïs qu'il ne faut pas féparer ici, parce que les fignes extérieurs aident les notions intellec- tuelles; 8 enfin les fyllabes, qui font, dans la pa- role prononcée, des fons fimples ou articulés, & dans l'écriture | des voyelles feules où accompa- gnées de confonnes, Voyez LETTRES | CONSONKE ; Diruroncus, Voyenre, HrATUS, Ge. & les ar: #icles de chacune des lettres, La matiere que je pré- fente paroît bien vaflé ; mais il faut choifir & rédui- re ;ilne faut ici que les games des idées générales, êc tout ce prenuer traité ne doit occuper que cinq on fix pages 22-12. Cependant il faut y mettre les principaux fondemens de l’érymologie, de la pro- iodie, des métaplafmes, de l'orthographe ; mais peut-être que ces noms-là mêmes ne doivent pas y baroitre. J'entends par les élémens de l’oraifon, ce qu’on en appelle communément les parties, ou les différentes efpeces de mots diftinguées par les différentes idées _ fpécifiques de leur fignification ; favoir ; le nom, le. pronom, l’adjettif, le verbe, la prépofñition , Tad- verbe, la conjonétion & l'interje@ion, Il ne s’agit ici que de faire connoïtre par des définitions juftes chacune de ces parties d’oraifon , & leurs efpeces fubalternes. Mais il faut en écarter les idées de gen: res , de nombres, de cas, de déclinafons , des per- ionnes, de modes : toutes ces choies ne tiennent à la grammaire , que par les befoins de la fyntaxe, & ne peuvent être expliquées fans allufion à fes princie pes, ni par conféquent être entendues que quand onen connoît les fondemens. Il n’en eft pas de mê-. me des tems du verbe , confidérés avec abftraétion des perlonnes, dés nombres & des modes ; ce font des variations qui fortent du fond même de la na- ture du verbe , & des befoins de l’énonciation , in- dépendarmment de toute fyntaxe : ainf il fera d’au- tant plus utile d’en mettre ici les notions , qu’elles font en grammaire de la plus grande importance; & quoiqu'il faille en écarter les idées de perfonnes , On citera pourtant les exemples de la premiere , mais fans en avertir. On voit bien qu'il fera utile d’ajou- ter un chapitre fur la formation des mots , où l’on parlera des primitifs & des dérivés ; des fimples & des compofés ; des mots radicaux , & des particules radicales ; de l’infertion des leitres euphoniques ; des verbes auxiliaires; de lanalogie des formations, dont On verra l’exemple dans ceiles des tems, & l'utilité dans le fyflème qui en facilitera l'intelligence & la mémoire. Je crois qu’en effet c’eft ici la place de ce chapitre, parce que , dans la génération des mots, on n’en modifie le matériel que relativement à la f- gnification. Au refte, ce que j'ai déja dit à l'égard du premier traité , je le dis à l'égard de celui-ci : choififlez , rédigez, n’épargnez rien pour être tout- à-la-fois précis & clair. Voyez Mors , & tous les articles des différentes efpeces de mots ; voyez auffi TEMS ; PARTICULE, EUPHONIE, FORMATION, AUXILIAIRE, &c. Jentends enfin par les é/mens de La propofiion, tout ce qui appartient à l’enfemble des mots réunis pour l’expreffion d’une penfée ; ce qui comprend les parties , les efpeces & la forme de la propoñirion. Les parties, foit logiques, foit grammaticales, font les fujets, l’attribut , lefquels peuvent être fimples où compoiés , incomplexes ou complexes ; & toutes les fortes de complémens des mots fufceptibles de quelque détermination. Les efpecesde propoñitions néceflaires à connoître , & fufffantes dans ce traité, font les propoñitions fimples , compofées , incom- plexes & complexes, dont la nature tient à celle de leur fujet ou de leur attribut, ou de tous deux à la fois, avec les propoñtions principales , & les inci- dentes, foit explicatives, foit déterminatives. La forme de la propoñtion comprend la fyntaxe & la confiruétion, La fyntaxe regle les inflexions des mots qui entrent dans la propoñtion , en les aflujettifant aux lois de la concordance , qui émanent du principe d'identité , ou aux lois du régime qui portent {ur le principe de la diver- fité : c’eft donc ici le lieu de traiter des acci- | MET 453 dens des Mots déclinablés , les péhtes, les hom: bres , les cas pour certaines langues, & tout ce qui éppartient aux déclinaifons; les perfonnes, les mo- des, & tout ce qui conflitne les comugaons ; les raifons & là deftination de toutes ces formes feront alors inteligibles, & conféquemment elles feront plus aiféesä concevoir & À retenir : explication claire &c précife de chacune de ces formes acciden® telles, en en indiquant l'ufage , formera le code lé plus clair & le plus précis de la fyntaxe. La conf: truétion fixe la plaëe des mots dans l'enfemble de l4 propofñition; elle eit analogue ou inverfe : la conf: truétion analogue à des regles fixes qu’il faut détail: ler ; ce font celles qui reglent l’analyfe de la propo- fition : la conftruétioniniverfe en a de deux fortes ; les unes générales, qui découlent de l’analyte de 1a propofition, les autres particulieres, qui dépendent uniquement des ufagés de chaque langue, Le champ de cetroïfieme traité eft plus vafte que le précédent: mails quoiqu'il comprenne tout ce qui entre ordinaia rement dans nos grämmaires françoïles , & mêmé quelque chofe de plus, fi l’on faifit bien les points généraux, qui font fufilans pour les vûes Que J'in- dique;je fuis afluré que letout Gccupera un affez per tit efpace , relativement à l'étendue de la matière , ÔT que tout ce premier volume ne fera qu'un 27-12 très-mince. 7’oyez PROPOSITION > INCIDENTE : SYNTAXE , RÉGIME , INFLEXION, GENRE , Nom BRE, CAS , &c les arricles particuliers, PERSONNES, Mopes & les articles des différents modes , DÉ- CLINAISON , CONJUGAISON, PARADIGME ; CON- CORDANCE , IDENTITÉ, CONSTRUCTION, [N- VERSION, &c, Si je dis que ces élémens de la grammaire géné- rale doivent être appliqués à la langue françoife ; c’eft que j'écris principalement pourines COmpatrio- tes : je dirois à Rome qu'il faut les appliquer à la Jan gue italienne ; à Madrid, j'indiquerois Îa langue ef pagnole ; à Lisbonne, la portugaite ; À Vienne, l’al- lermande ; à Londres, l'angloife ; partout » là langue maternelle des enfans. C’eft que les généralités font toujours les réfultats des vûes particulieres, & mê- me individuelles ; qu’elles font toujours très-loin de la plüpart des efprits ; & plus loin encore de ceux des enfans ; & qu'il n’y a que des exemples familiers & connus qui puiflent les en rapprocher, Maïs la méthode de delcendre des généralités Aux cas parti- culiers eft beaucoup plus expéditive que celle de re- monter des cas particuliers fans fruit Pour la fin,puif. qu’elle eft inconnue , & que dans celle-]à au con- traire on envifage toujours le terme d’où l’on eft parti. Je conviens qu'il faut beaucoup d'exemples pour affermir l’idée générale, & que notre livre élémen- taire n’en comprendra pas aflez: c’eft Pourquoi je fuis . d'avis que dès que les éleves auront appris,par exem- ple, le premier traité des élemens de a voix, On les exerce beaucoup à appliquer ces premiers principes dans toutes les leétures qu’on leur fera faire > pen: dant qu'ils apprendront le fecond traité des {mens de l'oraifon ; que celui-ci appris on leur én fafle pa- reillement faire application dans leurs le@ures , en leur y faifant reconnoître les différentes fortes de mots, les divers tems des verbes, &c. fans négliger de leur faire remarquer de fois à autre ce qui tient au prénuer traité; enfin que quand ils auront ap- pris Le troifieme , des é/émens de la propofition , on les occupe quelque-tems à en reconnoître les parties, les efpeces ; & la forme dans quelque livre fran çoIs. Cette pratique a deux avantages : 1°, celui de mettre dans la tête des enfans les principes raifon: nés de leur propre langue , la langue qu’il leur im. porte le plus de favoir, & que communément ox 454 MET néglige le plus malgré les réclamations des plus fa ges, malgré l'exemple des anciens qu'on efime le plus, & malgré les expériences réitérées du danger qu'il y a à négliger une partie fi effentielle ; 2°. ce- lui de préparer les jeunes éleves à l'étude des lan- gues étrangeres , par la connoïflance des principes qui font communs à toutes, & par l'habitude d’en faire l’application raifonnée, Il ne faudra donc point tegarder comme perdu le tems qu'ils emploreront à ce premier objet, quoiqu’on ne puifle pas encore en tirer de fatin : ce n’eft point un détour; c’eft une autre route où ils apprennent des chofes effentielles qui ne fe trouvent point fur la route ordinaire : ce n’eft point une perte ; c’eft un retard utile, qui leur épargne une fatigue fuperflue & dangereufe , pour les mettre en état d'aller enfuite plus aifément, plus furement , & plus vite quand ils entreront dans lé- tude du latin , & qu'ils pafleront pour cela au fecond livre élémentaire, 2°. Elémens de la langue latine. Ce fecond volu- me fuppofera toutes les notions générales comprifes dans le premier , & fe bornera à ce qui eft propre à la langue latine. Ces différences propres naïflent du génie de cette langue, qui à adimis trois genres, & dont la conftruétion ufuelle eft tranfpoñtive ; ce qui y a introduit l’ufage des cas & des déclinaifons dans les noms, les pronoms & les adje@ifs : il faut les ex- pofer de fuite avec des paradigmes bien nets pour fervir d'exemples aux principes généraux des décli- naïfons ; & ajouter enfuite des mots latins avec leur traduétion, pour être déclinés comme le paradigme : on joindra aux déclinaifons grammaticales des ad- jeétifs la formation des deprés de fignification, qui en eft comme la déclinaifon philofophique. L’ufage des cas dans la fyntaxe latine doit être expliqué 1m- médiatement après ; 1°. par rapport aux adjedifs, qui fe revêrent de ces formes, ainfi que de celles des genres & des nombres, par la loi de concor- dance ; 2°. par rapport aux noms & aux pronoms qui prennent tantôt un cas, & tantôt un autre, fe- lon exigence du régime : & ceci, comme on voit, amenera naturellement , à propos de l’accufatif & de l’ablatif , les principaux ufages des prépofitions. Viendront enfuite les conjugaions des verbes, dont les paradigmes , rendus les plus clairs qu'il fera pof- fible , feront également précédés des regles de for- mation les plus générales , & fuivis des verbes la- tins traduits pour être conjugués comme le paradi- gme auquel ils feront rapportés. Les conjugaifons {eront fuivies de quelques remarques générales fur les ufages propres de l'infinitif, des gérondifs, des fupins , & fur quelques autres latinifmes analogues. Partout on aura foin d'indiquer les exceptions les plus confidérables ; maïs il faut attendre de l’ufage la connoiffance des autres. Voilà toute la matierede ce fecond ouvrage élémentaire, qui fera , comme on voit , d'un volume peu confidérable. Voyez ceux des articles déja cités qui conviennent ici, & fpé- cialement SUPERLATIF , INFINITIF , GÉRONDIF, SUPIN. | On doit bien juger qu'il en doit être de ce livre, comme du précédent;qu'àmefure que l’enfant en aura appris Les différens articles, 1l faudra lui en faire faire l'application fur du latin ; l’accoutumer à y reconnoi- tre Les cas, Les nombres, les genres, à remonter d’un cas oblique qui fe préfente au nominatif, & de-là à la déclinaifon, d’un comparatif ou d’un fuperlatif au poñtif : puis quand ilaura appris les conjugaifons, les lui faire reconnoitre de la même maniere, & fe hâter enfin de l’amener àl’analyfe telle qu’on l’a vûe ci-devant ; car cette provifon de principes eft fuff- fante , pourvü qu'on ne faffe analyfer que des phra- fes choifies exprès. Mais j'avoue qu’on ne peut pas encore aller bien loin, parce qu'il eft rare de trou- MET ver du latin fans figures, ou de diétion , ou de conf- traétion, &c fans tropes , & que, pour bien entendre le fens d’un écrit , 1l faut au-moins être en état d’en- tendre les obfervations qu'un maître intelligent peut faire fur ces matieres. C’eft pourquoi il eft bon, pendant ces exercices préliminaires fur les principes généraux, de faire apprendre au jeuneéleve les fon- demens du difcours figuré dans le livre qui fuit. 3°. Elémens grammaticaux du diftours figuré, où traité élémentaire des métaplafimes , des tropes, & des figures de confruélion. Ce livre élémentaire fe parta- ge naturellement en trois parties analogues & cor- refpondantes à celles du premier; & il appartient, comme le:premier , à la grammaire générale : mais on ên prendra les exemples dans les deux langues. Le traité des métaplafmes fera très-court , Voyez MéTAPLASME : les deux autres demandent un peu plus de développement , quoiqu'il faille encore s’at- tacher à y réduire la matiere au moindre nombre de cas , & aux cas les plus généraux qu'il fera pof- fible. Les définitions doivent en être claires, juf- tes, & précifes : les ufages des figures doivent y être indiqués avec goût & intelligence : les exem- ples doivent être choifis avec circonfpeétion, non- feulement par rapport à la forme ; qui eft ici l’objet immédiat, mais encore par rapport au fonds, qui doit toujours être l’objet principal, On trouvera d'excellentes chofes dans le bon ouvrage de M. du Marfais fur les sropes ; & fur l’e/lipfe en particulier, qui eft la principale clé des langues, mais furtout du latin ; il faut confulter avec foin, &: pourtant avec quelque précaution, la Mizerve de San@ius , & fi l'on veut , le traité des ellipfes de M. Grimm , im- primé en 1743 à Francfort & à Léipfc : j’obferve- rai feulement que lun & l’autre de ces anteurs don- ne à-peu-près une lite alphabétique des mots fuppri- més par ellipfes dans les livres latins ; & que j'ai- merois beaucoup mieux qu'oh exposät des regles générales pour reconnoïtre & l’ellipfe, & le fup- plément , ce qui me paroît très-pofhble en fuivant à-peu-près l’ordre des parties de l’oraifon avec at- tention aux lois générales de la fyntaxe. Voyez TRO- PES &r les arsicles de chacun en particulier, Cons- TRUCTION , FIGURE, ce. Je fuis perfuadé qu'enfin avec cette derniere pro- vifñon de principes , 1ln°y a plus gueres à ménager que la progrefñion naturelle des dificuités 3. mais que cette attention même ne fera pas longtems né- ceffaire : tout embarras doit difparoitre, parce qu'on a la clé de tout. La feule chofe donc que je crois néceflaire , c’eft de commencer les premieres ap- phcations de ces derniers principes fur la langue maternelle , & peut-être d’avoir pour le latin un premier livre préparé exprès pour le début de no- tre méthode : voici ma penfée. 4°, Selettæ è probatiffemis [criptoribus ecloge, Ce ti- tre annonce des phrales détachées; elles peuvent donc être choïfes & difpofées de maniere que les difficultés grammaticales nes’y préfentent que fuc- ceffivement. Ainfi on n’y trouveroit d’abord que des phrafes très-fimples &T très-courtes ; puis d’au- tres auffi fimples ; mais plus longues ; enfuite des phrafes complexes qui en renfermeroient d’inci- dentes ; & enfin des périodes ménagées avec la mé- me gradation de complexité. Il faudroit y préfen- ter les tours elliptiques avec la même difcrétion , & ne pas montrer d’abord les grands ellipfes où il faut fuppléer plufieurs mots. Malgré toutes les précautions que j'infinue, qu’on n’aille pas croire que j’approuvafle un latin faétce, où il feroit aifé de préparer cette gradation de difü- cultés. Le titre même de l’ouvrage que je pmpoie me juftifie pleinement de ce foupçon : j'entends que le tout feroit tiré des meilleures fources, & fans MET aucune altération ; & la raifon en ef fimple. Je l'ai déja dit ; nous n’étudions Le latin que pour nous met- tre en état d'entendre les bons OUvrages qui nous reftent en cette langue, c’eft le feul but où doivent tendre tous nos efforts : c’eft donc le latin de ces ou- vrages mêmes qui doit nous occuper, & non un langage que nous n’y rencontrerons pas ; nos pre- mueres tentatives doivent enramer notre tâche , & l’'abréger d'autant. Ainfil n'y doit entrer que ce que l’on pourra copier fidellement dans les auteurs de la plus pure latinité , fans toucher le moins du monde à leur texte ; & cela eft d'autant plus facile , que le champ eft vafte au prix de l'étendue que doit avoir ce volumeélémentaire, qui, tout confidéré ,ne doit pas excéder quatre à cinq feuilles d'impreffion, afin de mettre les commencçans, auffñitôt après, aux four- ces mêmes, | Du refte , comme je voudrois que les enfans ap- priflent ce livre par cœur à mefure qu'ils l’enten- droïent , afin de meubler leur mémoire de mots 8 de tours latins ; il me femble qu'avec un pen d'art dans la tête du compilateur , il ne lui {eroit pas im- pofible de faire de ce petit recueil un livre utile par le fonds autant que par la forme : il ne s’agiroit que d’en faire une fuite de maximes intéreflantes , qui avec le tems pourroient germer dans les jeunes ef- prits où on les auroit jettées fous un autre prétexte, S'y développer, & y produire d’excellens fruits, Et quand je dis des maximes, ce n’eft pas pour donner une préférence exclufive au ftyle purement dogma- tique : les bonnes maximes fe peuvent préfenter fous toutes les formes ; une fable, un trait hiftorique, une épigramme , tout eft bon pour cette fin ; la mo- rale qui plait eft la meilleure. Quel mal y auroit-il à accompaener ce recueil d’une tradudion élégante , mais fidelle vis-à-vis du texte ? L'intelligence de celui-ci n’en feroit que plus facile ; & il eft aifé de fentir que l'étude analytique du latin empêcheroit Pabus qui réfulte communé- ment des traduttions dans la méthode ordinaire, On Pourroit aufli , & peut-être feroit-ce le mieux , im- Primer à part cette tradudion, pour être Le fujet des premieres applications de la Grammaire générale à la langue françoife : cette tradu&ion n’en feroit que plus utile quand elle fe retrouveroit vis-à-vis de l'o- riginal : il feroit plütôt Conçu ; la correfpondance en feroit plûtôt fentie ; & les différences des deux lan- gues en feroient faifies & jufifices plus aifément. Mais dans ce cas le texte devroit auf être imprimé à part , afin d'éviter une multiplication fuperflue, Jofe croire qu'au moyen de cette r1éthode » & en n’adoptant que des principes de Grammaire lumi- neux & véritablement généraux & raifonnés » On menera les enfans au but par une voie fûre , & dé- barraflée non-feulement des épines & des peines in- féparables de la méchode ordinaire > Mais encore de quantité de difficultés qui n’ont dans les livres d'au tre réalité que celle qu'ils tirent de l’inéxaétitude de nos principes, & de notre parefle à les difcuter. Qu'il me foit permis, pour juftifier cette derniere reflexion , de rappeller ici un texte de Virgile que J'ai cité à l’arricle INVERSION » 6c dont j'ai donné la confiruétion telle que nous l’a laiflée Servius , & d’après lui faint Ifidore de Séville » Æneid. I. 348. Voici d’abord ce pañlage avec la pon@uation or- dinaire, Juvenes, fortifima, fruftrà 3 Pelora , f£ vobis , audentem extrèma » CUpido ef? Certa fequi ; ( que Jicrebus fortuna viderrs : Exceffére omnes , adytis arifque reliétis L DE quibus imperium hoc Jleterar :\ fuccurritis urbi Incenfe : moriamur > Ÿ In média arma ruamus. _ Or prétend que Padverbe fuffré, mis entre deux MEET virgules dans le premier vers » tombe fur le verbe Juccurritis du Cinquieme vers ; & la confiruéion d'Ifidore & de Servius nous donne à entendre que le fécond vers avec les deux Premiers mots du troifie- me , font liés avec ce qu'on lit dans le fixeme > 10% rlarnur G in media arma ruamus. Mais, j'ofe le dire hardiment, f Virgile avoit entendu ainf , ile fe- TOIt mépris groflierement ; nt la conflrudion analy+ tique ni la conftrution ufuelle du latin où de quel que langue que ce foit , n’autorifent n; ne peuvent autorifer de pareils entrelacemens » ous prétexte même de l'agitation la plus violente, ou de l'enthou. fafme le plus irréfiible : ce ne feroit jamais qu’un Veïbiage repréhenfible , &, pour me fervir dés ter mes de Quintilien , irf. PIIT. 2 » PYO0T ft mifluræ Verborum. Mais rendons plus de juitice À ce crand poëte : il favoit très-bien ce qui convenoit-dans la bouche d’Enée au moment a@uel : que des difcours fuivis , raifonnés & froids Par conféquent , ne pou voient pas être le langage d’un prince courageux qui voyoit fa patrie fubjuguée , la ville livrée aux flammes , au pillage , à la fureur de l'ennemi vito- rieux , fa famille expofée à des infultes de tonté efpece ; mais il favoit auffi que les pafions les plus - vives n’amenent point le phebus & le verbiage dans l’élocution : qu’elles interrompent fonvent les pro- POS commencés , parce qu’elles Préfentent rapide ment à l'efprit des torrens , Pour ainfi dire , d'idées détachées qui fe fuccedent {ans continuité, 8 qui s’aflocient fans laifon ; mais qu’elles ne laiflent Ja- mais aflez de phlegme pour renouer les propos inter- rompus. Cherchons donc à interpréter Virgile fans tordre en quelque maniere fon texte > & fuivons fans réfiftance le cours des idées qu'il préfente na- turellement, J'en ferois ainf la confiruétion analyti- que d’après mes principes. (Je metsen parénthefé &t en caraéleres différens les mots qui fuppléent les ellipfes. ) | Juvenes, petlora fortiffima frufira , (dicite ) £ cxpido certa fequi (me) audenter (tentare pericula) extremæ efE vobis ? videris que forruna Ji rebus ; omnes d{ (à) quibus hoc imperium fleterar » exceffére (ex ) adyris., que (ex) aris relithis : ( dicite igitur in quem finem ) Jüccurritis urbi incenfæ ? (hoc nepotium unum sut} moriamur & ( proinde ut) rtamus in arma media » ( decet nos.) | Je conviens que cette conftrudion fait difparoître toutes les beautés & toute l'énergie de l'original : mais quand il s’agit de reconnoître le fens gramma= tical d’un texte, 11 n’eft pas queftion d’en obferver les beautés oratoires ou poétiques ; j'ajoute que l’on manquera le fecond point f l’on n’eft d’abord afluré du premier, parce qu'ilarrive fouvent que l’éneroie, la force , les images & les beautés d’un difcours tiennent uniquement à la violation des lois minutieu= fes de la Grammaire, & qu’elles deviennent ainfi le motif & l’excufe de cette tranigreflion. Comment donc parviendra-t-on à fentir fes beautés, f l’on ne commence par reconnoître le procédé fimple dont ellesdoivents'écarter? Je nirai pas me défier desiec- teurs juiqu’à faire fur le texte de Virgile Papplication du principe que je pofe ici : il n'y en a point qui ne puiffe la faire aifément; mais Je ferai trois remarques qui me femblent néceffaires. La premiere concerne trois fupplémens que j'ai introduits dans le texte pour le conftruire; 1°. (dicite) Je cupido, &c. Jene puis fuppléer dicire qu’en fuppo- fant que f peut quelquefois, & fpécialement ici : avoir le même fens que an (voyez INTERROGATIF.); or cela n’eft pas douteux, & en voici la preuve : az marque proprement l’incertitude , & J? défigne la fuppoñition ; mais il eft certain que quand on con- noit tout avec certitude , il n'y a point de fu ppoft« tion à faire, & que la fuppoñtion tient néceflaire- # 456 MET ment à l'incertitude: c’eft pourquoi l’un de ces deux mots peut entrer comme l’autre dans une phrafe in- terrogative ; -& nous trouvons effeétivement dans l'Evangile , Matth. xi. 10 , cette queflion : 3 lices Jabbatis curare ? (eft:l permis de guérit les jours de fabbat ) Etencore , Luc xx17. 40. Domine fi percuti- nus in gladio ? ( Seigneur, frappons-nous del’épée?) Et dans faint Marc , x. 2. Si licet viro uxorem dimit- ere ? (eftil permis à un homme de renvoyer fon époufe ? ) Ce que lauteur de la traduétion vulgate a furement imité d’un tour qui lui étoit connu, fans quoi il auroit employé #2, dont il a fait ufage ail- leurs. Ajoutez qu'il n’y a ici que le tour interrogatif qui puifle lier cette propofñtion au refte , puifque nous avons vu que l'explication ordiraire introdui- Toit un véritable galimathias. 2°. ( Dicite igitur in quem finem ) faccurritis urbi incenfæ ? C’eft encore ic1 le befoin évident de parler raifon , qui oblige à regarder comme interrogative une phrafe qui ne peut tenir au refte que par-là ; mais en la fuppofant inter- rogative , le fupplément eft donné tel ou à-peu-près tel que je l'indique 1c1. 3°, (Hoc negotiumunumut,) noriamur & ( proinde ut ) ruamus in drma media, (decet nos): les fubjon@tifs zortamur & ruamus fup- pofent ut, & ur fuppofe un antécédent ( Foyez IN- CIDENTE 6: SUBIONCTIF ) , lequel ne peut guere être que Loc negotium où hoc negotium unum ; & cela même combiné avec le fens général de ce qui pré- cede , nous conduit au fupplément deces nos. La feconde remarque, c’eft qu’il s'enfuit de cette conftruétion qu'il eft important de corriger la ponc- tuation du texte de Virgile en cette maniere: Juvenes, fortiffima fruffra Peclora , ft vobis , audentem extrema, cupido eff Certa fequi ? Que fit rebus , fortuna vides : Æxceflére omnes adytis arifque relihs Diquibus impertum hoc fleterat, Succurritis urbi Incenfe ? Moriamur 6 in media arma ruamus. La troifieme remarque eff la conclufion mêmeque J'ai annoncée en amenant fur la fcene ce paffage de Virgile , c’eft que l’analyfe exaéte eft un moyen in- failhble de faire difparoitre toutes les dificultés qui ne font que grammaticales , pourvu que cette ana- lyfe porte en effet fur des principes folides & avoués par laraïfon &t par l’ufage connu de la langue latine. C’eft donc le moyen le plus fàr pour faifir exaéte- ment le fens de l’auteur , non-feulement d’une ma- mere générale & vague , mais dans le détail le plus grand & avec la jufteffe la plus précife. Le petit échantillon que j’aidonné pour effaide cette méthode, doit prévenir apparemment l’obje&tion que l’on pourroit me faire, que l’examen trop fcrupuleux de chaque mot, de fa correfpondance, de fa poñition, peut conduire les jeunes gens à traduire d’une ma- niére contrainte & fervile , en un mot, à parler latin avec des mots françois. C’eft en cffet les dé- fauts que l’on remarque d’une maniere frappante dans un auteur anonyme qui nous donna en 1750 ( 4 Paris chez Mouche, 2 volumes in-12 nn ouvrage intitulé : Recherches [ur la langue latine, principalement par rapport au verbe, & de la maniere de le bien traduire. On y trouve de bonnes obfervations fur les verbes &c fur d’autres parties d’oraifon ; mais l’auteur, pré- venu qu'Horace fans doute s’eft trompé quand 1l a dit, art. poët, 133 , Nec verbum verbo curabis reddere, fidus interpres , rend par-tout avec un fcrupule in- foutenable , la valeur numérique de chaque mot, & le tour latin le plus éloigné de la phrafe françoife : ce qui paroît avoir influé fur fa diétion , lors même qu'il énonce fes propres penfées : on y fent le lati- pifme tout pur; & l'habitude de fabriquer des ter- mes relatifs à fes vües pour la traduétion, le jette {fouvent dans le barbarifme, Je trouve, par exemple, MET à la derniere ligne de la page 780, some IT. on ne les expofe à tomber en des défiguremens duvexte original ou même en des écarts du vrai fens ; &t vers la fin de la page fuivante : Ez effet , après avoir propoié pour exemple dans fon traité des études, & qu'il y à beaucoup exalté cette traduëtion, On pourroit penfer que ceci feroit échappé à l’au- teur par inadvertence; mais y1l a peu de pages , dans plus de nulle qui forment les deux volumes, où l’on ne puifle trouver plufieurs exemples de pareils écarts , & c’eft par fyftème qu’il défigure notre lan- gue : il en fait une profeflion exprefle dès la page 7 de fon épitre qui fert de préface , dans une note très- longue , qu'il augmente encore dans fon errata, page 859, de ce mot de Furetiere : Les délicats improuvent plufieurs mots par caprice , qui font bien françois & ne- ceffaires dans la langue , au mot smprouver ; & il a pour ce fyftème, fur-tout dans fes traduétions, la fidélité la plus religieufe: c’eft qu’il eft fi attaché au fensle plus Bttéral, qu’il n’y a point de facrifices qu'il ne fafle & qu'il ne foit prêt de faire pour en conferver toute l'intégrité, Il me femble au contraire que je n’ai montré la traduétion littérale qui réfulte de l’analyfe de la phrafe , que comme un moyen de parvenir & à lin- telligence du fens, & à la connoïffance du génie propre du latin : car loin de regarder cette interpré- tation littérale comme le dernier terme où aboutit la méthode analytique , je ramene enfuite le tout au génie de notre langue, par le fecours des ob{erva- tions qui conviennent à notre idiome. On peut m’objeéter encore la longueur de mes procédés : 1ls exigent qu’on repañle vingt fois {ur les mêmes mots , afin de n'omettre aucun des afpeéts fous lefquels on peut les envifager : de forte que pendant que j'explique une page à mes éleves ,un autre en expliqueroir au-moims une douzaine à ceux qu'il conduit ayec moins d'appareil. Je conviens vo- lontiers de cette différence, pourvu que l’on me per- mette d’en ajouter quelques autres. 1°, Quand les éleves de la mérhode analytique ont vu douze pages de latin, ils les favent bien &très- bien, fuppoté qu'ils y aient donné l'attention con- venable ; au lieu que les éleves de la é7hode ordi- naite, après avoir expliqué douze pages , n’en fa- vent pas profondément la valeur d’une feule , par la raifon fimple qu'ils n’ont rien approfondi, même avec les plus grands efforts de l’attention dont ils font capables. 2°, Les premiers voyant fans cefle la raifon de tous les procédés des deux langues , la méthode ana- lytique eft pour eux une logique utile qui les accou- tume à voir jufte , à voir profondément , à ne rien. laifer au hafard. Ceux au contraire qui font conduits par la méthode ordinaire , font dans une voie ténc- breufe, où ils n’ont pour guide que des éclairs pafla- gers , que des lueurs obfcures ouillufoires , où ils marchent perpétuellement à tätons , & où , pour tout dire , leur intelligence s’abâtardit au lieu de fe perfettionner , parce qu’on les accoutume à ne pas voir ou à voir mal & fuperficiellement. 3°. C’eft pour ceux-ciune allure uniforme & tou- jours la même ; & par conféquent c’eft dans tous les tems la même mefure de progrès , aux differen- ces près qui peuvent naître, ou des développemens naturels & fpontanés de l’efprit ou de l’habitude d’aller. Mais il n’en eft pas ainfñ de la méthode analy- tique : outre qu’elle doit aider & accélérer les déve- loppemens de l'intelligence, & qu'une habitude con- tractée à la lumiere eft bien plus füre & plus forie que celle qui naît dans les ténebres , elle difpofe Les jeunes gens par degrés à voir tout d’un coup l'ordre analytique, fans entrer perpétuellement dansle dé- tail de l’analyfe de chaque mot; &c enfin à fe conten- 1er ter de l’appercevoir mentalement , fans déranger l’ordre ufuel de la phrafe latine pour en connoitre le fens. Ceci démande fur l’uiage de cette méthode quelques obfervations qui en feront connoître la pra- tique d’une maniere plus neite & plus explicite , & qui répandront plus de lumiere fur ce qui vient d’ê- tre dit à l’avantage de la #érhode même. C’eft le maïtre qui dans les commencemens fait aux éleves l’analyfe de la phrafe de la maniere dont j'ai préfenté ci-devant un modele furun petit paffage de Cicéron: 1l la fait répéter enfuite à fes auditeurs, dont il doit relever les fautes , en leur en expliquant bien clairement l'inconvénient & la néceflité de La regle qui doit les redreffer. Cette premiere befogne va lentement les premiers jours , & la chofe n’eft pas furprenante ; mais la patience du maitre n’eft pas expofée à une longue épreuve :1l verra bientôt croi- tre la facilité à retenir & à repéter avecintelligence : il fentira enfuite qu’il peut augmenter un peu la tâ- che ; mais il Le fera avec difcrétion, pour ne pasre- buter fes difciples : il fe contentera de peu tant quil fera néceffaire, fe fouvenant toujours que ce peu eft beaucoup , puifqu'il eft folide & qu'il peut devenir fécond ; & il ne renoncera à parler le premier qu’au bout de plufieurs femaines, quand il verra que les répétitions d’après lui ne coutent plus rien ou pref- que rien, ou quand il retrouvera quelques phrafes de la fimplicité des premieres par où il aura débuté, & fur lefquelles 1l pourra effayer les éleves en leur en faifant faire l’analyfe les premiers , après leur en avoir préparé les moyens par la conftruétion. C’eft ici comme le fecond degré par où il doit les conduire quand ils ont acquis une certaine force. Il doit leur faire la conftruétion analytique , l’explica- tion litérale , & la verfion exa@te du texte ; puis quand ils ont répété le tout , exiger qu’ils rendent d'eux-mêmes les raifons analytiques de chaque mot : ils héfiteront quelquefois, mais bientôt ils trou- veront peu de difficulté, à-moins qu’ils ne rencon- trent quelques cas extraordinaires; & je’ réponds hardiment que le nombre de ceux que l’analyfe ne peut expliquer eft très-petit. Les éleves fortifiés par ce fecond degré, pourront _pafler au troifieme , qui confifte à préparer eux-mê- mes Le tout, pour faire feuls ce que le maître faifoit au commencement , l’analyfe, la conftruétion , l’ex- plication littérale , & la verfion exaéte, Mais ici, ils auroient befoin , pour marcher plus furement , d’un didionnaire latin-françois qui leur préfentât unique- ment le fens propre de chaque mot, ou qui ne leur afMignât aucun fens figuré fans en avertir & fans en expliquer lorigine & le fondement. Cet ouvrage n’exilte pas , & 1l feroit néceflaire à l’exécution en- tiere des vües que l’on propofe ici ; & l’entreprife en eft d'autant plus digne de l’attention des bons ci- toyens, qu'il ne peut qu'être très-utile à toutes les nethodes ; il feroit bon qu'on y aflignät les radicaux latins des derivés & des compolés, le fens propre en eft plus fenfibie. Exercés quelque tems de cette maniere, les jeunes gens arriveront au point de ne plus faire que la conf- truétion pour expliquer littéralement & traduire en- fuite avec correction , fans analyfer préalablement les phrafes. Alors ils feront au niveau de la marche ordinaire ; mais quelle différence entr’eux & les en- fans qui fuivent la mérhode vulgaire ! Sans entrer dans aucun détail analytique, 1ls verront pourtant la rai- fon de tout par l'habitude qu'ils auront contraétée de ne rien entendre que par raïfon : certains tours , qui font eflentiellement pour les autres des difficultés très-grandes & quelquefois infolubles, ou ne les arrêtent point du tout, ou ne les arrêtent que l’inf- tant qu'il leurfaudra pour les analyfer :tout ce qu’ils expliqueront ,1ls le fauront bien, & ç’eft ici le grand Tome X, l M ET 457 avantagé qu'ils auront fur les autres, pour qui Urefte toujours mille obfcurités dans les textes qu'ils ontex- pliqués le plus foignenfement, & des obfcurités d'autant plus invincibles & plus nuifibles, qu’on n’en a pas même le foupçon : ajoutez-y que déformais ils iront plus vite que l'on ne peut'alier par la route or dinairé, & que par conféquent ils regagneront en célérité ce qu'ils paroïflent perdre dans les commen: cemens ; ce qui aflure à la r1érhode analytique la fu périorité la plus décidée, puifqu’elle donne aux pro- grès des éleves une folidité qui ne peut fe trouver dans la méthode vulgaire , fans rien perdre en effet des avantages que l’on peut fuppofer à celle-ci. Je ne voudrois pourtant pas que, pour le prétendu avantage de faire voir bien des chofes aux jeunes gens , On abandonnât tout-à-coup l’analyfe pour ne plus y revenir : il convient, je crois , de les y exer- cer encore pendant quelque tems de fois autre , en réduifant, par exemple , cet exercice À une fois par femaine dans les commencemens, puis infenfible- ment à une feule fois par quinzaine, par mois, Ge. jufqu’à ce que l’on fente que l’on peut eflayer de faire traduire corre@tement du premier coup fur la fimple leéture du texte : c'eft le dernier point où l’on amenera fes difciples , & où il ne s’agira plus que de les arrêter un peu pour.leur procurer la facilité re- quife, & les difpofer à faifir enfuitelesobfervations qui peuvent être d’un autre reflort que de celui dela Grammaire , & dont je dois par cette raifon-m’abfte- nir de parler ici, \ Je ne dois pas davantage examiner quels font les auteurs que l’on doit lire par préférence , ni dans quel ordre il convient deiles voir : c’eft un point déja examiné & décidé par plufieurs bons Jittéra- teurs, aprés lefquels mon avis feroit fuperflu ; & d’ailleurs ceci n'appartient pas à la méthode mécha- nique d'étudier ou d’enfeigner les langues, qui eft le feul objet de cet arricle. Il n’en eft pas de même des vües propofées par M. du Marfais &c par M. Pluche, lefquelles ont direétement trait à ce méchanifine. La méthode de M. du Marfais a deux parties, qu’if appelle la rourine & la raifon. Par la routine il ap- prend à fon difciple la fignification des mots tout fimplement ; 1l leur met {ous les yeux la conftruc- tion analytique toute faite avec les fupplémens des elhpfes ; 1] met au - deflous la tradudion littérale de chaque mot, qu'il appelle sraduëion interlinéaire - tout cela eft fur la page à droite ; & fur celle qui eft à gauthe, on voit en haut le texte tel qu'il eft forti des mains de l’auteur, &c au deffous la tradu@ion exatte de ce texte. Il ne rend dans tout ceci ancune raifon grammaticale à fon difciple, il ne la pas même préparé à s’en douter ; s’il rencontre cor/flio, il apprend qu'il fignifie confeil, mais il ne s’attend ni ne pent s'attendre qu'il trouvera quelque jour la même idée rendue par conflium, confili, confilia, confiliorum , confiliis : c’eft la même chofe à lécard des autres mots déclinables ; l’auteur veut que l’on mene ainfi fon éleve , jufqu'à ce que frappé Jni- même de la diverfité des terminaïfons des mêmes mots qu'il aura rencontrés , & des diverfes fignificas tions qui en auront été les fuites, il force le maître par fes queftions à lui révéler le myitere des dé- clinaïfons, des conjugaifons, de la fyntaxe, qu’il ne lui a encore fait connoître que par inftin@. C’eft alors qu’a lieu la feconde partie de la mérhode qu’il nomme la raifon, ê qui rentre à-peu-près dans lefpnit de celle que j'ai expofée : ainfi nous ne dif. férons M. du Marfais & moi, que par la routine, dont 1l regarde lexercice comme indifpenfablement préliminaire aux procédés raifonnés par lefquels je débute. Cette différence vient prenierement de ce que M, du Marfais penfe que dans les enfans, l'organe, M m m 455 MET pour ainf dire, de la raïfon, n'eft pas plus propor- tionné pour fuivre les raifonnemens de [a merhode analytique, que ne le font leurs bras pour élever certains fardeaux : ce font à-peu-près fes termes, (méth. p. 11.) quand il parle de la méthode ordinaire, mais qui ne peuvent plus être appliqués à la re- thode analytique préparée felon les vües & par les moyens que j'ai détaillés. Je ne préfente aux enfans aucun principe qui tienne à des idées qu'ils n’ont pas encore acquifes; mais je leur expole en ordre toutes celles dont je prévois pour eux le befoin, fans attendre qu’elles naiffent fortuitement dans leur efprit à l’occafon des feconfles, fi je puis Le dire, d’un inftinét aveugle : ce qu'ils connoïflent par l’ufa- ge non raïfonné de leur langue maternelle me fufht pour fonder tout l'édifice de leur inftruétion ; & en partant de-là, le premier pas que je leur fais faire en les menant comme par la main, tend déja au point le plus élevé ; mais c'eft par une rampe douce &c infenfible, telle qu’elle eft néceffaire à la foibleffe de leur âge, M. du Marfais vent encore qu'ils acquié- rent un certain ufage non raifonné de la langue la- tine , & il veut qu’on les rerienne dans cet exercice aveugle 7z/qu'à ce qu'ils reconnoiffent le fens d’ur mot à fa terminaifon ( pag. 32. ) Il me femble que c’eft les faire marcher long-tems autour de la montagne dont on veut leur faire atteindre le fommet, avant que de leur faire faire un pas quiles y conduife ; & pour parler fans allégorie , c'eft accoutumer leur efprit à procéder fans raifon. Au refte, je ne defapprouverois pas que lon cher- chât à mettre dans la tête des enfans bon nombre de mots latins, &c par conféquent les idées qui y font attachées; mais ce: ne doit être que par une fimple nomenclature, telle à- peu-près qu'eft l’ixdiculus univerfalis du pere Pommey, ou telle autre dont on s’aviferoit, pourvà que la proprièté des termes y füt bien obfervée. Mais, je le répete, je ne crois les-explications non raifonnées des phrafes bonnes qu’à abâtardir l’efprit; & ceux qui croient les en- fans incapables de raïfonner , doivent pour cela même les faire raifonner beaucoup, parce qu'il ne manque en effet que de l'exercice à la faculté de taifonner qu'ils ont effentiellement, & qu'on ne peut leur contefter. Les fuccès de ceux qui reuflif- fent dans la compofñtion des thèmes, en font une preuve prefque prodigieunfe. , C’eft principalement pour les forcer à faire ufage de leur raifon que je ne voudrois pas qu’on leur mit fous les yeux, ni la conftruétion analytique, ni la tradu@tion littérale; ils doivent trouver tout cela en raïfonnant : mais s’il eft dans leurs mains, foyez sûr que les portes des fens demeureront fermées, &t que les diftra&ions de toute efpece , fi naturelles à cet âge, rendront inutile tout l'appareil de la traduc- tion interlinéaire. J'ajoute , que pour ceux - mêmes qui feront les plus attentifs, il y auroit à craîndre un autre inconvénient ; je veux dire qu'ils ne con- traétent l'habitude de ne raifonner que par le fecours des moyens extérieurs & fenfibles , ce qui eft d’une grande conféquence. J’avoue que dans la routine de M. du Marfais, la traduétion interlinéaire &c la conftruétion analytique doivent être mifes fous les yeux: mais en fuivant la route que J'ai tracée, ces moyens deviennent fuperflus & même nuifibles. Je n'infifterai pas ici fur la meéshode de M. Piuche : outre ce qu’elle peut avoir de commun avec celle de M. du Marfais, je crois avoir fuffñifamment dif- cuté ailleurs ce qui lui eft propre. Voyez INvER- SION. B. E. R. M. MÉTHODE, diviion méthodique des différentes pro- duilions de la nature, animaux , Végétaux, minéraux , en claffes, genres, efpeces, voyez CLASSE, GENRE, EsPece, Dès que l’on veut diftinguer les produc- MET tions de la nature avant de les connoître,, il'fatt né- ceffairement avoir une rrehode, Au défaut de la con- noïflance des chofes, qui ne s’acquiert qu’en les voyant fouvent, & en les obfervant avec exaëti- tude, on tâche de s’inflruire par anticipation fans avoir vû n1 obfervé : on fupplée à l’infpeétion des objets réels par l'énoncé de quelques-unes de leurs qualités. Les différences & les reffemblances qui fe trouvent entre divers objets étant combinées , conf- tituent des caraëteres diflin@ifs qui doivent les faire connoïître, On en compofe une wéthode, une forte de gamme pour donner une idée des propriétés ef- fentielles à chaque objet, 8 préfenter les rappoits & les contraîtes qui font entre les différentes pro- duétions de la nature , en les réuniflant plufieurs en- femble dans une même clafle en rafon de leurs refiembiances, ou en les difiribuant en plufeurs claffes en raifon de leurs différences. Par exemple, les animaux quadrupedes fe reflemblent les uns aux autres, & font réunis en une clafle diflinguée, fe- lon M. Linnœus, de celles des oifeaux, des amphi- bies , des poiflons, des infeëtes, & des vers, en ce que les quadrupedesont du poil, que leurs prés font au nombre de quatre, que les femelles font vivipa- res, & qu’elles ont du lait. Les oïfeaux font dans une clafle différente de ceile des quadrupedes , des amphibies, des poiflons, des infeêtes, & des vers, parce qu'ils ont des plumes, deux piés, deux aîles, un bec offeux, &t que le femelles font ovipares, &c. La divifion d’une clafle en genres & en efpeces ne feroit pas fuffilante pour faire diftinguer tous les caraéteres différens des animaux compris dans cette claffe, & pour defcendre fucceflivement depuis les caraéteres généraux qui conftituent la claffe jufqu’- aux caraleres particuliers des efpeces, On eft donc obligé de former des divifions intermédiaires entre la clañle & le genre ; par exemple, on divife la claffe en plufeurs ordres , chaque ordre en plufieurs familles ou tribus, légions, cohortes, 6%. chaque famille en genres, & le genre en efpeces. Les cara- &eres de chaque ordre font moins généraux que ceux de la clafle, puifqu'ils n’appartiennent qu’à un certain nombre des animaux compris dans cette clafle , & réunis dans un des ordres qui en dérivent. Au contraire, ces mêmes caracteres d’un ordre font plus généraux que ceux d’une des familles dans lef- quelles cet ordre eft divifé, puifqu'ils ne convien- nent qu'aux animaux de cette famille : 1l en eft ainfi des caraëteres, des genres, & des efpeces. Plus il y a de divifions dans une difiribution mé- thodique , plus elle eft facile dans l’ufage, parce qu'il y a d'autant moins de branches à chaque divi- fion. Par exemple, en fuppofant que la clafle des animaux quadrupedes comprenne deux cens qua- rante efpeces, fi elle n’étoit divifée qu’en deux gen- res, il y auroït cent vingt efpeces dans chacun de ces genres , il faudroit retenir de mémoire cent vingt caracteres différens pour diftinguer chaque efpece, ce qui feroit difficile ; au contraire en divifant la claffe en deux ordres, & chaque ordre en deux gen- res, il n’y aura plus que foixante efpeces dans cha- que genre : ce feroit encore trop. Mais fi la claffe étoit divifée en deux ordres chacun de ces ordres en trois ou quatre famiiles , chaque famille en trois genres, iln’y auroit que dix efpeces dans chaque genre, plus ou moins, parce que le nombre des branches ne fe trouve pas toujours égal dans cha- que divifion. Dans une claffe ainfi divifée, les ca- raéteres fpécifiques ne font pas aflez nombreux dans chaque genre pour furcharger la mémoire & pour jetter de la confufion dans l’énumération des ef- peces. Par exemple, M. Kün a divifé les quadru- pedes en deux ordres, dont l’un comprend les ani- maux qui ont de la corne à l'extrémité des piés, & MEET | l'autre ceux qui ont des doigts & des ongles ; cha- cun de ces ordres eft foudivifé en quatre familles ; fa premiere de l’ordre des animaux qui ont de la corne à l'extrémité des piés eft compofée de ceux qui n’ont de la corne que d’une feule piece à chaque pié , & que l’on appelle o/idipedes ; les animaux qui Ox1 la corne des piés divifée en deux pieces, & que lon appelle ammaux à piés fourchus, {ont dans la feconde famille ; le rhinocéros eft dans la troifie- me, parce que fon pié eft divifé en trois pieces; & l'éléphant dans la quatrieme, parce qu'il a le pié divifé en quatre pieces : la plus nombreufe de ces familles eft celle des piés fourchus, elle eft foudivi- fée en cinq genres, On voit par ces exemples de quelle utilité Les di£ fributions méthodiqnes peuvent être pour les gens qui commencent à étudier l’Hiftoire naturelle, & même pour ceux qui ont déjà acquis des connoif- fances dans cette fcience. Pour les premiers , une méchode eft un fil qui les guide dans quelques routes d'un labyrinthe fort compliqué: & pour les autres ; c'eft un tableau repréfentant quelques faits qui peu- vent leur en rappeller d’autres sils les favent d’ail- leurs, Les objets de PHiftoire naturelle font plus nom- breux que les objets d’aucune autre fcience ; la du- tée complette de la vie d’un homme ne fufhroit pas pour oblerver en détail les différentes productions de la nature; d’ailleurs pour les voir toutes il fau- droit parcourir toute la terre. Mais fuppofant qu'un ièul homme foit parvenu à voir, à obferver, & à connoître toutes les diverfes produétions de [a na- ture ; comment retiendra-t-1l dans fa mémoire tant de faits fans tomber dans l'incertitude ) Qui fait at- tribuer à une chofe ce qui appartient à une autre ? 1 faudra néceflairement qu'il établifle un ordre de rapports & d’analopies, qui fimplifie & qui abrege lc détail en les généralifant. Cet ordre eft la yrase méthode par laquelle on peut diftinguer les produc- tions de la nature les unes des autres » fans confu- fon & fans erreur : mais elle fuppofe une connoif- fance de chaque objet en entier, une connoiflance complette de fes qualités & de fes propriétés, Elle fuppofe par conféquent la fcience de l’Hifloire na. turelle parvenue à fon point de perfettion. Quoi- qu’elle en foit encore bien éloignée, on veut n£an- moins fe faire des méthodes avec le peu de connoil- fances que l’ona, & on croit pouvoir, par le moyen de ces méthodes , fuppléer en quelque façon les con- noïlances qui manquent. Pour juger des reflemblances & des différences de conformation qui font entre les animaux qua- drupedes , il faudroit avoir obfervé les parties ren- fermées dans lintérieur de leur corps comme celles qui font à l'extérieur, & après avoir combiné tous les faits particuliers, on en retireroit peut-être des réfultats généraux dont on pourroit faire des carac- îeres de clafles, d'ordres, de genres, &c. pour une difiribution méthodique des animaux; mais au dé. faut d’une connoiffance exaéte de toutes les parties internes & externes, les Méthodiftes fe font con. tenté d’obferver feulement quelques-unes des par- ties externes. M, Linnœus a établi La partie de fa mé- thode (Syfléma nature) , qui a rapport aux animaux quadrupedes, par des obfervations faites fur les dents , les mamelles, les doigts; deforte qu’en com- binant la pofition & la forme de ces différentes par- ties dans chaque efpece d'animaux quadrupedes, il trouve des caraéteres pour les diffribuer en fix Or- dres , & chaque ordre en plufieurs genres. Ayant de propofer une telle divifion il auroit fallu prouver que les animaux quu fe reflemblent les uns aux au- tres par les dents, les mamelles & Jes doigts, {e ref- femblent aufli à tout autre égard, & que par confé- Tome X, | MET 459 quent larefflemblance qui fe trouve dans ces parties entre plufieurs, efpeces d'animaux eff un indice cer- tain d'analogie entre ces mêmes animanxt mais äl eft aifé de prouver au contraire que: cétrindice.eft très-fantif, Pour s’en convaincreil fuit de jetter les yeux fur la divifion du premier.ordre de la mérhode deM. Linnœns en trois-genres, « qui OùtPOUr caracs » feres communs quatré dents incifives-dans chaque » mâchoire, & les. mamelles {ur la poitrine, Je (uis # toujours furpris de trouver l’homme dans le prés » mer genre, immédiatement au-deflus de la déno- »mination générale de quadrnpedes , qui fait le » titre de la clafle : l'étrange place pour l'homine ! » quelle injufte diftribution, quelle faufle méthode » met l’homme au rang des bêtes à quatre paës ! » Voici le raifonnement fur lequel, elle et fondée, » L'homme a du poil fur le corps & quatre. piés, » la femme met aumonde des enfans vivans & nou » pas des œufs, & porte du lait dans fes mamelles ; » donc les hommes & les femmes ont quatre dents » incifives dans chaque mâchoire & lés mamelles » fur la poitrine ; donc les hommes & les femmes » doivent être mis dansle même ordre , c’eftà-dire » au même rang, avec les finges & les guenons , & » avec les mâles & les femelles des animaux appel- » és parefleux, Voilà des rapports que l’auteur à Ga » gulierement combinés pour acquérir le droit dé » {e confondre avec tout le geure humain dans la » clafle des quadrupedes , & de s’afocier les finges » ct les parefleux pour faire plufieurs genres du » même ordre. C’efl ici que l’on voit bien claire- » ment que le méthodiite oublie les cara@eres elfen- » tiels, pour fuivre aveuglément les conditions arhi- » traires de fa méthode; car quoi qu'il en foit des » dents, des poils, des mamelles , du lait & du foe- » tus, ileft certain que l'homme, par fa nature, ne » doit pas être confondu avec aucune efpece d’ani- » mal, 8 que par conféquent il ne faut pas le ren- » fermer dans une claïle de quadrupedes, nile com- » prendre dans le même ordre avec les finges 8 les » parefleux, qui compofent le fecond & le troifieme » genre du premier ordre de la claffe des quadrupe- » des dans la méthode dont il s'agit». Hif. nas, gen, É part, exp. des méck, tom. IF. On voit par cet exemple, à quel point l'abus des difiributions méthodiques pent être porté ; mais en parcourant plufieurs de ces méthodes, on reconnoît facilement que leurs principes font arbitraires, puifs qu’elles ne font pas d'accord les unes avec les au- tres. L’élephant que M. Klin range dans un même ordre avec les folipedes & les animaux à pié four- chu, qui tous ont un ou plufieurs fabots à chaque Pié , fe trouvent dans la méthode de Raï, avec les animaux qui ont des doigts & des ongles. Et dans la mérhode de M. Linnæns , l’élephant a plus de rapport avec le lamantin, le parefeux, le taman- dua & le lézard écailleux, qu'avec tout autre ani- mal. l’auteur donne pour preuve de cette analogie le défaut de dents incifives à l’une ou l’autre des mâchoires , & la démarche dificile qui font des ca- ratteres communs à tous ces animaux. Mais pour- quoi l’auteur a:t il donné la préference à de tels ca- racteres, tandis qu’il s’en préfentoit tant d’autres, plus apparens & plus importans entre des animaux fi differens les uns des autres » C’eft parce qu'il a fait dépendre fa méthode, principalement du nom- bre & de la poñition des dents, & qu’en confequence de ce principe , il fuffit qu'un animal ait quelque | rapport à un autre par les dents , pour qu'il foit placé dans le même ordre. Ces inconvéniens viennent de ce que les #ék0- des ne font établies que fur des caraéteres qui n'ont pour objet que quelques-unes des qualités où des propriétés de chaque animal. Il vient encore M m m ij 460 MET de ce vice de principe une erreur prefqu'inévitable, tant elle eft féduifante. Plus une méthode femble abreger le tems de l'étude en applaniffant les obfta- cles, & fatisfaire la curiofité en préfentant nn grand nombre d'objets à la fois, plus on lui donne de pré- ference & de confiance. Les diftributions méthodi- ques des produétions de la nature, telles qu’elles font employées dans l’étudede l’hiftoirenaturelle,onttous ces attraits ; non-feulement elles font appercevoir d’un coup d’œil les differens objets de cette fcience, maïs elles femblent déterminer les rapports qu'ils ontentr'eux, & donner des moyens aufh fürs que faciles pour les diftinguer les uns des autres & pour les éonnoître chacun en particulier. On fe hvre volontiers à ces apparences trompeufes ; loin de méditer fur la validité des principes de ces mérho- des , on fe livre aveuglément à ces guides infideles, 8 on croit être parvenu à une connoïflance exacte 8 complette des produétions de la nature , lorfque l’on n’a encore qu'une idée très-imparfaite de quel- ques-unes de leurs qualités ou de leurs propriétés, fouvent les plus vaines ou les moins importantes. Dans cette prévention on néplige le vrai moyen de s’inftruire, quieft d’obferver chaque chofe dans tou- tes fes parties, d'examiner. autant qu'il eft poffible toutes fes qualités & toutes {es proprietés. Voyez BOTANIQUE. Méraone , {. f. ( Arts & Sciences. ) eu grec pe- bodos, c’eft-à-dire ordre , regle, arrangement. La mé. shode dans un ouvrage, dans un difcours , eft l’art de difpofer fes penfées dans un ordre propre à les prouver aux autres, ou à les leur faire comprendre avec facilité. La méthode eft comme l’architeëture des Sciences ; elle fixe l’étendue & les limites de chacune, afin qu’elles n’empiétent pas fur leur ter- rein refpeif ; car ce font comme des fleuves qui ont leur rivage , leur fource , & leur embouchure. Il y a des méthodes profondes & abrégées pour les enfans de génie, qui les introduifent tout-d'un-coup dans le fandtuaire, &c levent à leurs yeux le voile qui dérobe les myfteres au peuple. Les rzeéthodes claffiques font pour les efprits communs qui ne fa- vent pas aller iculs. On diroit, à voir la marche qu’on luit dans la plüpart des écoles, que les maitres &e Les difciples ont confpiré contre les Sciences. L’un end des oracles avant qu’on le confulte ; ceux+ci demandent qu’on les expédie. Le maître, par une faufle vanité, cache fon art ; & le difciple par in- dolence n’ofe pas le fonder; sil cherchoit le fil, 1l le trouveroit par lui-même, marcheroit à pas de géant, & fortiroit du labyrinthe dont on lui cache les détours : tant il importe de découvrir une bonne néthode pour réuflir dans les Sciences. Elle eft un ornement non - feulement eflentiel , mais abfolument néceflaire aux difcours les plus fleuris & aux plus beaux ouvrages. Lorfque je lis, dit Adiflon, un auteur plein de génie, qui écrit fans re- chode , il me femble que je fuis dans un bois rempli de quantité de magnifiques objets qui s’élevent l’un parmi l’autre dans la plus grande confufion dumon- de. Lorfque je lis un difcours méthodique , je me trouve, pour ainfi dire, dans un lieu planté d’ar- bres en échiquier , où, placé dans fes différens cen- tres, je puis voir toutes les lignes & les allées qui en partent. Dans l’un on peut roder une journée entiere, & découvrir à tout moment quelque chofe de nouveau ; mais après avoir bien couru, ik ne vous refte que l’idée confufe du total. Dans l’autre, l'œil embrafle toute la perfpeétive, & vous en donne une idée f exaéte, qu'il n’eft pas facile d’en perdre le fouvenir. Le manque de méthode n’eft pardonnable que dans les hommes d’un grand favoir ou d’un beau génie , qui d'ordinaire abondent trop en peniées pour être exacts, $ qui, à caufe de celamème, aiment mieux jetter leurs perles à pléines mains devant un leéteur, que de fe donner la peine de les enfiler. La méthode eft avantageufe dans un ouvrage, & pour l'écrivain & pour fon leéteur. À l'égard du pre- mier, elle eft d’un grand fecours à fon invention. Lorfqu’un homme a formé le plan de fon difcours, il trouve quantité de penfées qui naiflent de chacun de fes points capitaux , & qui ne s’étoient pas of- fertes à fon efprit, lorfqu'il n’avoit jamais examiné fon fujet qu’en gros. D'ailleurs, fes penfées mifes danstout leur jour & dans un ordre naturel, les unes à la fuite des autres , en deviennent plus intelligi- bles , & découvrent mieux le but où elles tendent, que jettées fur le papier fans ordre &c fans liaifon. Il y a toujours de l’obfcurité dans la confufion, & la même période qui , placée dans un endroit, auroit fervi à éclairer l’efprit du le&teur, l’embarrafle lorf- qu'elle eft mife dans un autre. Il en eft à-peu-près des penfées dans un difcours méthodique , comme des figures d’un tableau, qui reçoivent de nouvelles graces par la fituation où elles fe trouvent. En un mot, les avantages qui re- viennent d’un tel difcours au leéteur, répondent à ceux que l'écrivain en retire. Il conçoit aifement chaque chofe, 1l y obferve tout avec plaïfir , 6 limpreffion en eft de longue durée. Mais quelques lonanges que nous donnions à [a méthode , nous n’approuvons pas ces auteurs, 6 fur-tout ces orateurs méthodiques à l'excès, qui dès l'entrée d’un difcours, n’oublient jamais d’en expo- fer l’ordre, la fymmetrie, les divifions & les fous-di- vifions. On doit éviter, dit Quintilien, un partage trop détaillé. Il en réfulte un compofé de pieces & de morceaux, plutôt que de membres & de parties. Pour faire parade d’un efprit fécond , on fe jette dans la fuperfluité, on multiplie ce qui eft unique par la nature , on donne dans un appareil inutile , plus propre à brouiller les idées qu’à y répandre de la lumiere, L’arrangement doit fe faire fentir à me- fure que le difcours avance. Sil’ordre y eft regu- lierement obfervé , il n’échappera pont aux per- fonnes intelligentes. Les favans de Rome &z d’Athènes , ces grands modèles dans tous les genres , ne manquoïent cer- tainement pas de zzéthode , comme il paroït par une leéture réflechie de ceux de leurs ouvrages qui font venus jufqu’à nous ; cependant ils n’entroient point en matiere par une analyfe détaillée du fujet qu'ils alloient traiter. [ls auroient cru acheter trop cher quelques degrés de clarté de plus, s’ils avorent été obligés de facrifier à cet avantage , les fineffes de l’art, toujours d’autant plus eftimable , qu'il eft plus caché. Suivant ce principe , loin d’étaler avec em- phafe l’économie de leurs difcours, ils s’étudioient plutôt à en rendre le fil comme imperceptible ,.tant la matiere de leurs écrits étoit ingénieufement dif- tribuée , Les differentes parties bien aflorties enfem- ble , & les liaifons habilement ménagées : 1ls déeui- foient encore leur zzéthode par la forme qu’ils don- noient à leurs ouvrages; c'étoit tantôt Le ftyle épif- tolaire, plus fouvent l’ufage du dialogue, quelque- fois la fable & l’allégorie. Il faut convenir à la gloire de quelques modernes , qu’ils ont imité avec beau- coup de fuccès, ces tours ingénieux des anciens, & cette habileté délicate à conduire un leéteur où l’on veut, fans qu'il s’apperçoive prefque de la route qu’on lui fait tenur. (Le chevalier DE JAUCOURT.) MÉTHODE CURATIVE, (Médecine) ou traitement méthodique des maladies ; c’eft-là Pobjet précis d’une des cinq parties de la Médecine ; favoir de la Thérapeutique. Voyez THERAPEUTIQUE. MÉTHODIQUE. On appelloit ainfi une fete d'anciens médecins, qui réduifoient toute la Méde- MEET cine à un petit nombre de principes communs. Voyez MÉDECINS. Les Méchodiques avoient pour chef Theffalus , d’où leur vint le nom de Theffz/ici. Galien combat leur doétrine avec force dans plufieurs de fes écrits, & {outient qu’elle détruit entierement ce qu'il y a de bon dans cet art. Quincy donne mal-à-propos,, le nom de Méshodi- ques aux Medecins qui fuivent la doûtrine de Ga- lien & des écoles, & qui guériflent avec des pur- gations &c des faignées faites à propos , par oppoñ- tion aux Empiriques & aux Chymiftes , qui ufent de remedes violens &€ de prétendus fecrets. Voyez EMPIRIQUE , CHYMISTE, &c. MÉTHODIQUES, adj. (A1. de la Médec.) c’eft le nom d’une feête fameufe d'anciens médecins, qui eut pour chef Thémifon de Laodicée, lequel vi- voit avant & fous le regne d’Augufte : il eft re- gardé comme le fondateur du fyflème des Mérho. difles, dont Celfe donne une fi haute idée. Ce fut la diverfité d'opinions quirégna filong-tems entre les deux plus anciennes feêtes de la Médecine, favoir les Dogmatiques & les Empiriques, ayec les innovations faites dans cet art par Afclépiade en- tierement oppolé à ces deux feétes, qui en fit éclore une nouvelle appellée Méshodique, par rapport à fon but qui étoit d'étendre la méthode, de con- noïtre & de traiter les maladies , plus aifée dans la pratique , & de la mettre à la portée de tout le monde. Les Méthodiftes formoient la fee la plus an- cienne des médecins organiques qui a fait le plus de progrès, & qui a le plus fimplifié & généralité les maladies organiques : ils faifoient confifter les ma- Jadies dans le refferrement & le reléchement des fo: lides (ffrium, laxum) & dans le mélange de ces deux vices (zixtum). Ils penfoient qu’on ne pou- voit guere acquérir de connoiffances fur les caufes des maladies, & qu’on pouvoit moins encore en tirer des indications. En effet, ils ne les tiroient que des maladies mêmes, telles qu'ils les conce- voient & qu’elles pouvoient tomber fous les fens : en quoi ils différoient des médecins dogmatiques ou philofophes, qui raifonnoient fur les caufes invi- fbles, & qui croyoient y appercevoir Les indica- tions qu'on avoit à remplir :ils ne différoient pas moins aufli à cet égard, des médecins empiriques qui ne tiroient les indications que des fymptomes ou des accidens qu'ils obfervoient dans les ma- ladies. Ils étoient , ainfi que les Empiriques , très-exaéts dans la defcription des maladies, & ils fuivoient Hippocrate dans la diflinétion des maladies aiguës &c des maladies chroniques, & dans le partage de leur cours : favoir le commencement, le progrès, l'état & le déclin; ils regardoient même ces dif. tinétions comme ce qu'il y avoit de plus impor- tant dans la Médecine, réglant le traitement des maladies, fuivant le genre de leur maladie (c’eft-à- dire, lune des trois mentionnées ci-devant), quelle qu'en fût la caufe, dont ils fe mettoient peu en peine. Ils obfervoient quelle partie fouffroit davan- tage, l’âge , le fexe du malade, ce qui avoit rap- port à la nature du pays qu'il habitoit & à la laifon de l’année, 6. lorfque la maladie avoit commencé, & tout cela fans avoir aucun recours à la Philofophie ou à l’Anatomie raifonnée. Ils s’accordoient avec les Empiriques, en ce qu'ils rejettoient comme eux tout ce qui étoit obf- cur ; & avec les Dogmatiques, en ce qu'ils admet- toient cependant un peu de raifonnement dans leur pratique pour établir l’idée du vice dominant, pourvu que le raifonnement füt fondé fur quelque chofe de fenfble, C’eft pourquoi ils ne faifoient : MEET 46% aucun cas des pores, des corpufcules d’Afclepiade dont la do@rine n'étoit qu'imaginaire, Woyez EMpr- RIQUE , DOGMATIQUE, MOLÉCULE, PORE. Avec tout leur bon fens, ils étoient dans une grande erreur, lorfqu'ils négligeoient les obfer- vations particulieres, étant uniquement attachés aux maximes générales, & ne confidérant dans les maladies, que ce qu’elles avoient de commun en. tre elles. Car les rapports généraux dans les ma- ladies ne font pas plus l’objet du médecin, que ce qui s’y remarque de particulier en certain cas; & ces particularités ne méritent pas moins d’atten- tion de fa part, puifqu’il eft abfolument néceflaire de connoïre l’efpece particuliere de chaque ma- ladie. C'eft ce que Galien a bien fait fentir, cap. üj2 Lib, IT, acutorum, au fujet d’une morfure de chien enragé. Si une telle plaie eft traitée comme les plaies ordinaires, il eft indubitable que le malade deviendra bientôt hydrophobe & furieux; mais étant traité comme ayant reçu cette plaie de [a morfure d’un chien enragé, il peut être gnéri, Cependant les Méthodiftes s’appliquoient fort foigneufement aux defcriptions des maladies & à la recherche de leurs fignes diagnoftiques ; mais ce n'étoit que pour les rapporter felôn qu'ils en ju- geoient par ces fignes, ou au refferrement ou au relâchement, ou à l’un & À l’autre enfemble : car lorfque les différentes efpeces de maladies étoient une fois fixées à devoir être regardées décidément comme un effet d’un de ces trois genres de lé- fion, elles ne leur paroifoient plus exiger aucune autre attention particuliere dans la pratique : leur cure fe rapportoit tout fimplement à la caufe Dé nérale. Aiïnfi on peut juger de-là combien cette fedte de médecins a été pernicieufe à l'avancement de la Médecine : il faut convenir cependant que c’eft elle qui a fait naître l’idée des maladies organiques, & qu'effe“tivement la doûtrine de ces médecins ren- fermoit confufément quelque réalité que l’on pour- roit trouver dans lirritabilité & dans la fenfibilité des parties folides de tous les animaux : mais ce n’eft que d’une maniere trop générale, bien obf cure & bien défefueufe que lon peut entrevoir cette idée dans la doétrine des Méthodiftes. Il ne faut jamais féparer, comme ils ont fait, la laxité & la rigidité des folides de leur a@ion organique ; car ces vices produifent des effets fort différens, fi cette aétion eft vigoureufe, ou fi elle eft débile , ou fi elle eft fpafmodique, C’eft principalement par la connoïffance de la puiflance adive des folides que l’on peut juger de leur état dans la fanté & dans la maladie. Il n'y avoit pas plus de cinquante ans que Thé- mifon avoit établi la fe@te méshodique, lorfque Thef- falus de Tralle en Lydie, parut avec éclat fous Neron. Il fut le premier qui étendit le fyftème des Méthodiftes , & 1l paffa pour l’avoir porté à fa per- feétion ; il en étoit même resardé comme le fon- dateur, à en juger par ce qu'il dit de lui-même. Son imprudence étant fi grande, felon Galien : meth. imedend. lib, I, qu'il difoit fouvent que fes prédéceffeurs mavoient rien entendu, non plus que tous les médecins de fon tems, dans ce qui concernoit la confervation de la fanté & la sué- rifon des maladies. Il prétendoit avoir tellement fimplifié l’art de la Médecine par fa méthode, qu’il dioit quelquefois qu'il n’y avoit perfonne À qui 1! ne pût aifément enfeigner en fix mois toutes les connoïflances & les regles de cet art, Theflalus fut le premier qui introduifit , ou plu- tôt qui rétablit (car on prétend qu’Afclépiade eft auteur de cette pratique) les trois jours d’abfi. 462 MET nence, pat le moyen defquels lés Méthodiites vou- loient dans la fuite guérir toutes fortes de ma- ladies. Soranus d’'Ephefe, qui vécut d’abord à Alexan- drie & enfuite à Rome, fous Trejan & Adrien, mit la derniere main au fyftème de la feéte des Méthodiftes ; & 1l en fut le plus habile, felon Coe- lus qui en eft auffi un des partifans les plus dif- tingués. Il étoit afriquain, natif de Sicca ville de Nu- midie : on l’a cru contemporain de Galien: on lui eft redevable du long détail que l’on a confervé {ur la doûrine de la feéte méchodique, C’eft un écr1- vain très-exaét, & tels étoient tous les Méthodiftes. C’eft de lui, fur-tout, que l’on fait qu'ils avoient beaucoup d’averfion pour les fpécifiques, pour les purgatifs cathartiques (excepté dans l’hydropifie ; car en ce cas, Themifon lui-même purgeoit), pour les clyfteres forts, pour les diurétiques, pour les narcotiques & pour tous les remedes douloureux, tels que les cauteres, &c. Mais ils faifoient un grand ufage des vomitifs, de la faignée, des fomenta- tions & de toutes fortes d'exercices. Ils s’atta- choient fur-tout à contenter les malades, comme faifoit Afclepiade, principalement par rapport à la maniere de {e coucher, à la qualité de l’air & des alimens; ayant parmi eux cette maxime, que les maladies devoient être guéries par les chofes les plus fimples, telles que celles dont on fait ufage dans la fanté, & qu'il ne falloit que les diverfiñer, fuivant que les circonftances l’exigeoient. Les Méthodiftes furent encore célebres long- tems après Cœlius; & Sextus Empiricus les fait plutôt approcher des Pyrrhoniens ou Sceptiques en Philofophie que les Empiriques : mais 1l y eut enfin tant de variations parmi eux, & leur do@rine fut fi fort alterée, que ce ne furent plus entre eux que des difputes & des querelles qui firent éclore deux nouvelles feétes, favoir, les Epifynthétiques & les Eccleüfiques. Le chef des premiers, dont il n’a été rien dit dans ce Diétionnaire, fut Léonide d'Alexandrie qui vivoit quelque tems après Soranus. Il prétendoit avoir concilié les opinions & réuni Les trois fetes dominantes ; favoir, celles des Dogmatiques, des Empiriques & des Méthodiftes. C’eft pour cette raifon que lui & fes feateurs furent appellés Epi- Jynithétiques, mot tiré d’un verbe grec qui fignifie entaffer ou affembler : c’eft tout ce que l’on peut dire, n'ayant pas d’autres lumieres fur ce fujet. À Pégard des Eccleétiques, voyez ce quien a été dit en fon lieu. Profper Alpin aimoit tant la doétrine des Métho- diftes, qu'il entreprit de faire revivre leur fe&te, : comme 1l paroiït par fon livre de Medicina metho- dica, imprimé en 1611, & dont il a paru depuis une nouvelle édition à Leyde en 1719. Mais la nouvelle Philofophie commençoit à pa- roitre dans le tems de cet auteur; & chacun fut bientôt plus attentif à la découverte de la circu- lation du fang , au fyflème de Defcartes , qu’au foin dela chercher, d’eftimer ce que les anciennes opi- nions, même les plus célebres, pouvoient avoir de bon, d’avantageux pour avancement de la Méde- cine. Tel.eft le pouvoir de la nouveauté fur lefprit humain ! Pour tout ce qui regarde plus en détail la fee méthodique , xl faut confulter l’hiffoire de la Méde- cine de Leclerc, celle de Barchufen, lévar de La Médecine ancienne 6 moderne, traduit de l’anglois de Chifton, les généralités de la Médecine, dans le sraité des fievres continues de M. Quefnay, &c. qui font les différens ouvrages d’où on a extrait ce qu vient de faire la maniere de cet article : d’ailleurs , voyez MÉDECINE, FiBre, MALADIE. MÉTHODISTE , adj. (Méd.) On appelloit an- ciennement méchodifies les médecins de la feéte mé- thodique. Foyez MÉTHODIQUE, MÉTHON,CYycoLE DE, Voyez MÉTHONIQUE. MÉTHONE, (Géog. anc,) Les Géographes dif- tinguent pluñeurs villes de ce nom dans la Grece. 1°. Méchone de Meflémie que Paufanias écrit Ma- thon, Quelques modernes veulent que ce foit au- jourd’hui Modon , & d’autres Murure. 2°. Méchone de Laconie, felon Thucydide, 3°, Meérhore de l’'Eu- bée, felon Étienne le géographe. 4°. Méthore de Theffalie. $°. Enfin, Mérhone de Thrace à 40 ftades de Pydné. Ce fut, dit Strabon (4x excerpuis, L, VII.) aufiese de Mérhone de Thrace, qu'After dont Phi- lippe avoit refufé les fervices, lui tira une fleche de la place ; & fur cette fleche, pour figne de fa vengeance, 1l avoit écrit : 4 l'œil droit de Philippe ; cette fleche creva effe@ivement l'œil droit de ce prince. Le fiege fut long, & la réfiftance opimiâtres mais la ville fe rendit finalement à difcrétion. Phi- lippe doublement irrité la ruina de fond en com- ble, ne permit aux foldats que d’emporter leurs ha= bits, & diftribua les terres à fes troupes. (D. J.) MÊÉTHONIQUE, ox MÉTONIQUE, adj. cy- cle merhonique, en Chronologie, eit le cycle lunaire ou la période de 19 ans, qui s’appelle de la forte de Méthon athénien, fon inventeur. Voyez CYCLE & PÉRIODE. Méthon, pour former cette période ou cycle de 19 ans, fuppofa l’année folaire de 365 jours 6 h. 18! 56! 50" 31" 34 *, & le mois lunaire det2ous 136,404 26 lus 0 oo v Lorfque le cycle méthonique eft révolu, les lu- naïfons ou les pleines lunes reviennent au même jour du mois; de façon que fi les nouvelles & pleï- nes lunes arrivent cette année à an certain Jour, elles tomberont dans 19 ans, fuivant le cycle de Méthon, précifément au même jour. Voyez Lu- NAISON. _ C'eft ce qui a fait qu’au tems du concile de Ny- cée, lorfqu’on eut réglé la maniere de déterminer le tems de la Pâque, on inféra dans le calendrier les nombres du cercle zréshonique à caufe de leur grand ufage ; & le nombre du cycle pour chaque année, fut nommé le zombre d'or pour cette année, Voyez; NOMBRE D'OR. Cependant ce cycle a deux défauts; le premier, de ne pas faire l’année folaire affez grande ; le fe- cond, d’être trop court, & de ne pas donner exac- tement les nouvelles lunes à la même heure, après 19 ans écoulées ; de forte qu'il ne peut fervir que pendant environ 300 ans, au-bout defquels les nouvelles & pleines lunes rétrogradent d'environ un jour. Calippus a prétendu corriger le cycle meérhonique, en le multipliant par 4, & formant ainf une pé- riode de 76 ans. Voyez PÉRIODE CALIPPIQUE, au mot CALIPPIQUE. (0) MÉTHYDRE , (Géog. anc.) puebodror , Methi- drium ; ville du Péloponnefe en Arabie, ainfi nom- mée à caufe de fa fituation entre deux rivieres, dont l’une s’appelloit Malæra, & l’autre Mylaon. Orchomene , qui en fut le fondateur, la bârit fur une éminence. Il y avoit proche de cette ville un temple de Neptune équefire, & une montagne qu’on furnommoit Thaumafie, c'eft-à-dire mrracu- leufe, On prétendoit que c’étoit-là que Cybele, en- ceinte de Jupiter, trompa Saturne, en lui donnant une pierre au-lieu de l’enfant qu’elle mit au monde, On y montroit auffi la caverne de cette déeffe , où perfonne ne pouvoit entrer que les feules femmes confacrées à fon culte. Méshydre n’étoit plus qu'un village du tems de Paufanias, & il appartenoit aux Magalopolitains, Polybe, Thucydide, Kénophon &z Etienne le géographe en font mention. (D.J.) MÉTHYMNE , (Géog. anc.) en latin Methy mr. fus ; ville de la partie occidentale de l’île de Lef bos, fur la lifiere du nord, vis-à-vis le promontorium déttum ; aujourd'hui le cap Babouroa ; Ptolomée, Zi4. P. c. 17. la place entre le promontoiré Argenum & la ville Artiffa. Elle étoit célébre par la bonté de fes vignobles, uvé methymnaé, palmite MEthyImneo, comme difent Horace & Virgile, Elle l’étoit encore par la naiflance d’Arion poëte lyrique qui fleurif- {oit vers la 38°. olympiade. La fable aflure qu'ayant été jetté dans la mer, il fut fauvé par un dauphin, qui le porta fur fon dos jufqu’au cap de Ténare près de Lacédémone. Méthymne {ubfftoit du tems de Pline, mais À pré- fent on ne voit plus que fes ruines dans l’île de M£- telin : & Strabon af bien décrit la fituation de tou- tes les anciennes villes de l'île de Lesbos, qu'on dé- . Couvre aifément les endroits qu’elles occupoient, en parcourant le pays fon livre à la main. J'oubliois de dire que nous avons encore des mé- dailles grecques qui ont été frappées à Méchymne ; & qu'il y avoit du tems de Paufanias entrautres fta- tues de Poëtes & de Muficiens célébres, celle d’A- rion le méthymnéen , aflis fur un dauphin. J'ajoute enfin que cette ville avoit pris fon nom de Methym- #2, qui étoit une fille de Macaris, (D. J.) METICAL, f.m. (Æiff. mod. Com.) monnoie fi@ive fuivant laquelle on compte dans le royaume de Ma- roc en Afrique. Dans ce pays les marchands comp- tent par onces ; chaque once vaut quatre #lankies, &c feize onces font un mérical, qu’ils nomment auff un ducar d'or: cependant dans le commerce on ne reçoit le vrai ducat que fur le pié de 172, onces. Le blankir vaut 20 fluces , monnoie de ciivre qui vaut environ un liard. Les Maroquins ont de plus une petite monnoie d'argent, qui vaut environ 4 fols ; mais que les Juifs ont stand foin de rogner , ce qui cit caufe que l’on ne peut recevoir cette monnoie fans lavoir pefée. METICHÉE , f. m. (Æiff. anc.) tribunal d’Athè- nes. Îl failoit avoir patlé 30 ans, s'être fait confi- dérer, & ne rien devoir à la caifle publique, afin d'être admis à ’adminiftration de la juftice, En en- trant en charge, on juroit à Jupiter, à Apollon & à Cérès , de juger en tout fuivant les lois; & dans les cas où il n'y auroit point de loi, de juger felon là confcience, Le 7erichée fut ainfi nommé de l’ar- chitette Merichins. METIOSEDUM, (Géog. anc.) lieu de la Gaule celtique, voifia de Paris, dontil eft parlé dans Cé- far, 6. VIT. de bello Gallico. Labinus général de l’armée romaine , voulant s'emparer de Paris , COn- duifit les troupes qu’il avoit à Meriofdum , vers cette ville en defcendant la riviere, fécundo flumine crane ducit. Ceux qui mettent Merofèdum au deflous de Paris, fe perfuadent que c'étoit Meudon : d’autres imaginent que c’eft Melun ; mais M. le Bœuf, par fes obfervations fur le Meriofedum de Céfar, a prou- Vé l'erreur de ces deux opinions, fans ofer décider queleft le lieu au-deflus de Paris appellé Mériofèdum. Iincline feulement à croire que ce pourroit être Ju- Vifÿ , Jofédum, mot qui femble avoir été abrégé de Mesiofedum. (D. J.) METIER , {. m. (Gram.) on donne ce nom à toute profefion qui exige l’emploi des bras, & qui fe borne à un certain nombre d’opérations méchani- ques, qui ont pour but un même ouvrage, que l’ou- vrier repéte fans cefle. Je ne fais pourquoi on a at- taché une idée vile à ce mot; c’eft des meriers que nous tenons toutes les chofes néceffaires à la vie. Gelui qui fe donnera la peine de parcourir les atte- liers, y verra par-tout l'utilitéjointe aux plus orandes MET 403 preuves de la fagacité. L’antiquité fit des dieux de Ceux qui inventerent des esiers ; les fiecles fuivans ontjetté dans la fange ceux qui les ont petfedionnés. Je laïfle à ceux qui ont quelque principe d'équité, à juger fi c’ef raifon ou préjugé qui nous fait regarder d’un œil fi dédaigneux des hommes fieffentiels. Le poète, le philofophe , lorateur, le miniftre ; leguer- rier; le héros , feroienttout nuds, & manqueroient de pain fans cet artifan l’objet de fon mépris cruel, On donne encore le nom de #etier À la machine dont l’artifan{e {ert pour la fabrication de fon CUVra« ge ; c’eften ce fens qu'on dit le érier À bas, le mesier à draps, le merier À tiflerand, S1 nous expliquions ici toutes les machines qui portent ce nom, cet article renfermeroit l’explica- tion de prefque toutes nos Planches ; Mais nous en avons renvoyé la plüpart au nom des ouvtiers ou des ouvrages. Ainfià bäs, on a le merïer À bas sa ima- nüfaéture en laine, Le merier à draps ; à foierie, les metiers en foie ; à gaze, le merier À gaze , & aïnfi des autres, METIER , serme C outil de Brodeur » Qui fert pout tenir l’ouvrage en état d’être travaillé. Cette machi- ne eff compofée de deux gros bâtons quarrés, de la longueur de 3 à 4 piés, & de deux lattes, de la lon- gueur de 2 piés & demi. : Les bâtons font gatnis tout dun long en-dedans d'un gros canevas, attaché avec des clous pour y coudre l’ouvrage que l’on veut broder. Les deux bouts de chaque bâton font creufés & traverfés par 4 mortaifes, pour y faire paffer les lattes, ce qui forme un efpece de quarré long. Les lattes font de petites bandes de bois plat, per: cées de beaucoup de petits trous pour arrêterles b4- tons 6 les aflujettir au point qu’il faut. Voyez la fig. METIER , ex terme d'Epinglier , eft un infirument qui leur fert à frapper la tête de leurs épingles. Il eft compofé d’une planche affez large &z épaifle, qui en fait la bafe, de 2 montansde bois » és enfemble par une traYerfe. Dans l’un de ces montans, qui eft plus haut que l’autre d'environ un demi Pié, pañle une bafcule, qui vient répondre par une de fes extrémités au milieu de la traverfe des montans, & s’y attache à la corde d’un contre-poids affez pefant; elle répond de l’autre bout à une planche qu’on abaïffe avec le Pié. Dans cette premiere cage font 2 autres broches de fer, plantées furla bafe du metier, &retenues dans la traverfe d’en-haut, Au bas du contre-poids eft une autre traverfe de fer, qui coule le long de ces bro- ches , & empêche que le contre-poidsne s’écarte du point fur lequel il doit tomber, qui eft le trou du poinçon. Il y a dans ce contre-poids un têtoir pareil à celui de deffous , pour former la partie fupérieure de la tête, pendant que celui-ci fait l’autre moitié 3 êt par ce moyen la tête eft achevée d’un feul Coup. Voyez dans les fig. PI. de l'Epinglier, les deux mon tans, la traverfe , les deux broches, la traverfe du contre poids , le contre-poids, le têtoir fupérieur , l'enclavure au têtoir inférieur : la bafcule , fon aï= ticulation avec le montant, la corde qui joint la bafcule avec la marche, fur laquelle louvrier ap= puye le pié pour faire lever le contre-poids , les épingles dont la tête n’eft point achevée , les épin- gles dont la tête eft entierement achevée, Les figures de ces Planches de l’Epinglier, repréfententun 77e: tier à une place, & nn smerier à quatre ; & d’autres figures repréfentent le plan d’un rerier à quatre places : les places, le contre-poids, l’enclume, la bafcule. METIERS , eff un terme de Brafferie ; il fignifie la li queur qu'on tire après qu'on a fait tremper ou bouil. hr avec la farine ou houblon ; les premieres Opéra= tions fe nomment premiers metiers | & les fecondes 464 MEET econds metiers : Car on ne leur donne le notn debiere, que lorfqu'ils font entonnés dansles pieces. Foyez BRASSERIE. METIER DU DRAPIER, voyez l'article MANUFAC- TURE EN LAINE. METIER À PERRUQUIER, eft une machine dont les Perruquiers fe fervent pour trefler les cheveux. Il eft compofé d’une piece de bois d'environ un pié & demi ou 2 piés de longueur , fur 4 pouces de lar- geur & 2 d'épaifleur ; cette piece de bois fe nomme la barre, & fert de bafe au merier. Aux deux extré- raités de la barre font deux trous circulaires , defti- nés à recevoir deux cylindres de bois d’un pouce ét demi de diametre, & d’un pié & demi de hauteur, qui fe placent dans une fituation verticale & perpen- diculaire à la barre. Ces 2 cylindres appellésles #07- tans, fervent à foutenir 3 brins de foie roulés fur eux par les extrémités, dans lefquels on entrelace les cheveux pour en former une trefle, Voyez nos Planches, METIER DE RUBANIER , eft un chaflis fur lequel ces ouvriers fabriquent les rubans , 6c. Le rerier du Rubanier eft plus ou moins compoié, fuivant les ou- vrages qu'on veut y fabriquer. Les rubans unis ne demandent pas tant de parties que les rubans façon. nés; & ceux-ci beaucoup moins que les galons & tiflus d’or & d'argent. Cependant comme les pieces principales & les plus effentielles de ces différens we- riers font à-peu-près les mêmes , on fe contente de décrire ici un werier à travailler les gallons & tiflus d’or & d'argent , & les rubans façonnés de plufieurs couleurs ;.en faifant remarquer cependant les diffé: rences des uns & des autres, fuivant que l’occafon s’en préfentera. Le metier contient les parties fui- vantes. 1°, Le chaffis, ou comme on dit en terme plus propre le häri, eft compofé de 4 piliers ou mon- tans de bois, placés fur un plan parallélograme, ou carré long. Quatre traver{es aufh de bois, joignent ces piliers par en-haut, & 4 autres traverfes , dont: celle de devant qui eft un peu plus élevée s’appelle la poitriniere, les uniflent à-peu-près au milieu de leur hauteur: enfin il y a une 0°. traverfe au bas du bâti pour mettre les piés de louvrier, où font attachées les marches qui font lever ou baïfler les fils de la chaîne. Les pilliers ont 6 ou 7 piés de hauteur, & font éloignés l’un de l’autre de prefqu’autant dans fa partie la plus longue du parallélogramme , &z feule- ment de 3 ou 4 piés dans la plus étroite. 2°, Le chatelet, c’eft un chafis de forme à-peu- près triangulaire , placé au haut du rérier, & poié fur les 2 plus longues traverfes. 3°. Dans le chatelet {ont renfermées 24 poulies de chaque côté , autant qu'il y a de marches fous les piés du fabriquant. Les poulies fervent à élever les Ufferons par le racourciflement des cordons. 4°. Les sirans, ce font des ficelles qui étant tirées par les marches font monter les lifferons, Il y a 24 tirans, un tirant pour 2 poulies. 5%. Le harnois, qui eft une fuite de petites barres qui foutiennent les lifferons, & qui font fufpendues chacune à 2 cordons enroulés autour des poulies. 6°. Les Aifferons, c’eft un nombre de petits filets, bandés vers le bas par un poids, & qui ont vers leur milieu des bouclettes pour recevoir des ficelles tranfverfales appellées rames. 7°. Les platines, ce font des plaques de plomb ou d’ardoifes qu’on fufpend fous chaque baguette qui termine chaque ligne des lifferons. Quand le pié de louvrier abandonne une marche, la platine fait re- tomber les lifferons que le tirant avoit hauflés. 8°. Les rames, font des ficelles qui traverfent les lüifferons, & dont le jeu eft le principal artifice de tout le travail de la Rubanerie ; comme la tire ou MET l’ordre des cordons qu’on tire pour fleuronner une: étoffe ; y prodiut l'exécution du deffeïin. Ici il ne faut. point de fecond ouvrier pour tirer les cordons ; les marches operent tout fous les piés du tiflutier, parce qu'il a pris foin, par avance, de n’étendre au tra- vers des lifferons que le nombre de rames qu'il faut pour prendre certains fils de la chaîne, & en laifler d’autres. Ces rames font attachées à l'extrémité du metier ; elles montent fur des roulettes qu’on appelle le porterames de derriere , traverfent les. bouclettes de certains lifferons, & pañfent entre les autres lifle- rons fans tenir aux bouclettes ; ae-là elles arrivent au porterame de devant , qui eft pareillement com- pofé dé petites roulertes pour faciliter le mouvement des rames. Celles-ci enfin font attachées en-devant à d’autrés ficellés qui tombent perpendiculairement à l’aide d’un fufeau de plomb au bas, & qu'on nom- me Zffes ou remifes. Les rames ou ficelles tranfver- fales ne peuvent être hauflées ou baïflées par l’un ou l’autre des lifærons, qu’elles ne tirent & ne faf- fent monter quelques lifles de devant : or celles-ci ont auffi leurs bonclettes vers la main de l’ouvrier. Certains fils de la chaîne paffent dans une bouclette, d’autres paffent à côté. Il y a des liffes qui faififlent tour-à-tour les fils dont la couleur eft uniforme; on les nomme /iffes de fond, parce qu’elles produifent le fond de l’étoite & la couleur qui foutient tousles or- nemens : les autres lifles élevent par leurs bouclettes des fils de différentes couleurs, ce qui par lalterna- tive des points pris ou laïflés, des points qui cou- vrent la trame, ou qui font cachés deflous, rendent le deffein ou l’ornément qu’on s’eft propolé. 0°. Le battant, c’eftle chafis qui porte le ror, pour frapper la trame, Dans ce etier ce n’eft point l'ouvrier qui frappe, il ne fait que repoufler avec la main le battant qui, tenant à un reflort, eft ramené de lui-même, ce qui foulage le rubanier. 11°, Le on ou bardoir du battant , c’eft une groffe noix, percée de plufieurs trous dans fa rondeur , ê traverfée de 2 cordes qui tiennent de part & d'autre au zzetier ; cette noix fert à bander ces 2 cordes par une cheville qu’on enfonce dans un de ces trous, & qui mene la noix à difcrétion. Deux cordons fontat- tachés d’un bout à cette cheville, & de l’autre aux 2 barres du battant qui, par ce moyen, eft toujours amené contre la trame. 12°. Les remifes ou lifles, ce font les lifles de de- vant qui pat leurs boeuclettes, faififlent certains fils dela chaîne, & laiflent tous les autres felon l’arran- sement que l’ouvrier a conformé aux points de fon deffein. 13°. Les fufeaux qui roidiflent les remifes ; ils font de fer, ont environ un pié de longueur & un quarteron de pefanteur. Les fufeaux en roidiffant les remifes, font ouvrir la chaîne &c la referment. 14°. Les brerelles, ce font deux lifieres de drap qu’on pañle entre fes bras pour les foutenir, parce qu’en travaillant on eft obligé de fe tenir dans une pofture gênante, & qu’on n’eft prefque pas aflis. 15°. Le fege ou banc fur lequel l’ouvrier eft affis, c’eft un planche ou banc de 3 piés de haut, & à de- mi panché vers le merier, de forte que l’ouvrier eft prefque debout. 16°. Le rarchepie. 170, La poirriniere, eft une traverfe qui pañle d’un montant à l’autre à l’endroit de la poitrine de l’ou- vrier. À cette poitriniere eft attaché un rouleau fur lequel pañle le ruban pour aller gagner l’enfoupleun peu plus bas. 18°. La broche ou boulon qui enfile les vingt-qua- tre marches. 19°. Les marches, dans les rubans unis il ne faut que 2, 3 Ou 4 marches, | | 20°e 26°, Les las ou attaches qui uniflent les marches aux lames, 13 | 21°. Les lames, qui font de petites barres de bois Qui hauflent ou baïiflent comme les marches, & qui étant arrêtées fur une même ligne d’un côté & de Vautre, tiennent les liferons dans un niveau par- fair aux momensde repos. . 22 6 23°, L'’erfouple de devant ; & celles de der- riere ; celles-ci font des rouleaux fur lefquels font roulés les fils de la chaîne : ily a autant d’enfouples de derriere qu'il y a de fils de couleurs différentes. L'enfouple de devant fert à rouler l’ouvrage à me- ture qu'il fe fabrique. 24°. Les porénceaux qui foutiennent les enfou- pless nl 25°. Les bétons de retour. 26°. La planchette. 27°. L'échelerte ou des roulestes des reiours. 28°. Les borons des retours. | Ce qu'on appelle les retours eft encore un moyen de menager plus de variété dans l’ouvrage, & de faire revenir les mêmes variétés, outre celles qu’on menage par le jeu alternatif des hfierons, & par le chängément de trame en prenant une autre na- vèttes | Il y a communément trois bâtons de retour ; mais on peut en employer davantage. [ls font attachés fur un boulon en forme de bafcules , & ayant un poids pendu à un de leurs bouts, ils enlevent l’autre dés qu'ils font libres; l’ouvrier a auprès de lui plu- fieurs boutons arrêtés , par le moyen defquels il peut tirer des cordes, qui en paffant par les tour- nans de Péchelette , vont gagner le bout fupérieur des bâtons de retour. Un de ces bâtons tiré par le bouton s’abaife, & en pañfant rencontre La plan- cheite qui eft mobile fr deux charnieres , & qui: cede pour le laiffer defcendre. Quand la tête du bâton eft arrivée plus bas que la plancheite, cel- le-ci rendue à elle-même , reprend toujours fa pre- mere place ; 6 elle aflujettit alors la tête du bâton qui demeure arrêtée. Si on en tire un'autre qui dé- place la planchette , le premier {e trouve libre & s’é- chappe. Le fecond tiré par la corde , demeurant un inftant plus bas que la plancheite, fe trouve pris & arrêté par le retour de la planchette dans fa poñition naturelle : tel eff le jeu des boutons & des bâtons de retour ; en voici l'effet. Au-deflus précifement, au milieu de ces bâtons ou bafcules, eft un anneau de métal ou de fl, auquel on fait tenir tant de rames ou de ficelles tranfverfales qu'on juge à propos ; quand un bâton de retour eft tiré & abaïflé , lés ra- * mes qui tiennent à fa boucle font roidies : c’eft donc une nécefité que les liflerons , dans les boucletres defquels ces rames ont été enfilées,, les élevent avéc _ux; ce qui fait monter certaines lifles ou remi- fes, auxquelles ces rames font attachées, & confé- quemment certains fils de la chaîne, par préférence à d’autres. Quand l’ouvrier tire un autre retour, il laifle échapper & remonter le premier. Les rames qui iennent à l’anneau du bâton remonté deviennent lâches, & les lifferons vont & viennent fanslesban- der, fansleshauffer. Ces rames défœuvrées ne pro- duifent donc point d’effet; celles d’un autre bâton ayant produit le leur, c’eit à un troifieme qui dor- imoit à s’éveiller. Tous ces effets forment une fuite de différentes portions de fleurs ou autres figures , qui revenant toujours les mêmes, produifent des f- gures complettes, toujours les mêmes, & juftement appellées des retours. Lorfqu'’après que le merier eft monté, l’ouvrier veut travailler, 1l fe place au-devant fur le fieve, panché de maniere qu’il eft prefque debout. Il ap- puie fa poitrine fur la traverfe du merier, appellée la poitriniere ; & pour ne point retomber en-devant ,1l Tome X, M ET 465 fe pañle pat-defous lès bras deux bretelles pour le foutenir: ces bretelles font attachées par un bout à la traverfe d’en-haut, & de l’autre à la poi- triniere, METIERS , ( Soierie. ) Voyez l'article MANUFAC« TURE EN SOIE: | MÉTIER DE TISSER AND, machine à l’ufage du tilérand, & qui lui fert à tiffer plufieurs brins de fl pour en faire une piece dé toile. Les Tiflerands ont des métiers plus où moins compofés , fuivant les dif férentesefpeces qu'ils ont à fabriquer, Les toiles ous vrées , damafiées ,: Éc. demandent des mériers plus garnis que les roiles unies. Voici la manieré dont le métier fimple de tiflerand eft conftruit. Le chafis eft compoié de quatre montans de s piés de haut ; qui forme un quarré de 7 piés en tous fens. Ces quatre montans font joints les uns aux autres par auatré traverfes en haut, & quatre autres en bas qui font à la hauteur de 2 piés. Au bout du mérier, à la hau- teur d'environ 3 piés , eftun rouleau dé bois porté fur deux mantonets ; ce rouleau s’appelle lerfouple de derriere , fur laquelle font roulés les fils de la chat- ne que lon veut tifler. Sur le devant , à la même hauteur , eft un autre rouleau appellé Z4 poirrinieres parce que le tiflerand, en travaillant , appuie fa poitrine deflus. Ce rouleau fert à recevoir la toile à mefure qu'elle fe fabrique, Au-deffous de la poi- triniere eft unautre rouleau de bois appellé Ze déchar- geoir, fur lequel on roule la toile fabriquée pour en décharger la poitriniere. Au milieu du #7éfer ,; dans une poñtiôn perpendiculaire, eft lachaffeou baitanr, qui eft fufpendu au porte-chaffe, & dans laquelle, par en bas, efl: infinué le peigne ou rot; derriere la chaffe font les lames foutenues par en - haut par le porte-lame & par les pouliots ; au bas du rérer x immédiatement fous les piés du tifferand , font les matches ; enfin derriere leslames font placés les ver- ges & le cartron, Voyez l'explication de tous ces ter- mes, chacun à leur arcicle, Voyez auf l’article Tisa SERAND EN TOILE, METIS , 1. (Mychol, ) Marie, ce mot grec fieni. fie la Prudence. Lesanciens Mythologiftes en ont fait une déefle , dont les lumieres étoient fupérieures À celles des dieux - mêmes. Jupiter l’époufa , c’eft-à- dire felon Apollodore , qu'il fit paroître beaucoup de prudence dans toute fa conduite. ( D. J.) METKAL o4 MITKAL , fm. (Com. } petits poids dont fe fervent les Arabes : il faut 12 meckals pour faire une once. Dit. du Com. tom, II, pag. 383. METL,, {. m. ( Æif. nat. Boran.) plante de la nouvelle Efpagne , qui croît fur-rout très-abondam- ment au Mexique. C’eft un arbriffeau que l’on planté ët cultive à-peu-près de la même maniete que la vigne ; fes feuilles different les unes des autres, & fervent à diférens ufages : dans leur jeunefle, onen fait desconfitures, du papier, desétoffes, des nat- tes, des ceintures , des fouliers, des cordages , du vin, du vinaigre & de l’ean-de-vie, Elles font at- mées d’épines f: fortes & fi aiguës, qu’onen fait des efpeces de fcies propres à fcier du bois. L’écorce brûlée eft excellente pour les bleflures | & la réfine Où gomme qui en fort eft, dit-on, un remede contre toute forte de poifon. Quelques auteurs croient que cette plante eft la même que celle que quelques voya- geurs ont décrite fous le nom de maghey,8 qu’on dit être femblable à la joubarbe, & non un arbrifleau. Carreridit que fes feuilles donnent un fil dont on fait une efpece de dentelle & d’autres ouvrages très:dé: licats. Lorfque cette plante eft âgée de fixans,onen ôte les feuilles du milieu pour y former un creux, dans lequel fe raffemble uñe liqueur que l’on re- cueille Chaque jour de grand matin; cette liqueureft au‘h douce que du miel, mais elle acquiert de la for- ce, Les Indiens ÿ mettent une racine qui la fait fere | Nnan 466 MET menter comme du vin, & qui la rend'très-prôpre à enivrer : c’eft cette efpece de vin qu'on nomme pul- que ou poulcré. On peut en difüllet une eau-de-vie très-forte. Les Indiens buvoient le pulque avec tant d'excès, que l’ufage-en fut défendu par les Efpa- gnolsen 1692, quoique les droits qu'ils en retiroient montañeñtqjuiqu'à cent-dix mille piaftres par année ; mais l’inutilité de la défenfe l’a fait lever en 1697. : METLING.,, ox MOTTLING , ( Géog.) ville for- te, & château d'Allemagne dans la Carniole, fur le Kulp. Quelques géographes croient que c’eft la Me- claria des anciens. Longit, 33. 35. lan. 45. 58, METOCHE,, f. m. dans l'ancienne Archite‘lure, terme dont s’eft fervi Vitruve pour marquer lefpace eu intervalle entre deux denticules, Foyez DENTI- CULE: | Baldus ‘obferve que dans une ancienne copie ma- nufcrite de cet auteur, on trouve lemot éraromme , au dieu de métoche : c’eft ce qui donne occafion à Daviler de foupçonner que le texte de Vitruve eft corrompu ; ce qui luifait conclure qu'il ne faut pas dire méroche , mais mératomme, C’eft-à-dire, feéion. METOCIE, (. m.(Æift. ane.) tribut que les étrangers payoient pour la liberté.de demeurer à Athenes. Il étoit de 10 où 12 drachmes. On lappelioitauffi ézor- chion ; mais ce dernier mot eft l’hebitario des Latins, défignant plutôt un loyer qu'un tribut, Le merocie entroit dans la caïffe publique ; l’énorchion étoit payé à un particulier proprétaire d’une maïfon. Mescres, ff. pl.(Æif. anc.) fêtes célébrées dans Athenes à l'honneur de Théfée, & en mémoire de ce qu'il lés.avoit fait demeurer dans une ville où il les avoitrafflemblés tous, des douze petits lieux où ils étoient auparavant difperfés. MEÉTOICIEN, (Lit. grec. ) on appelloit métoë- ciens., peruwu , les étrangers établis à Athenes. Ils payoient un tribut à la république, un impôt nom- mé pére ; cet impôt étoit par année de 12 drach- * mes pour chaque homme, & de 6 drachmes pour chaque femme. La loi les obligeoit encore de pren- drewun patron particulier, qui les protegeât, & qui répondit de ieur conduite. On rommoit ce patron puroimoguraË. Le polémarque , l’un des neuf archon- tes, prononçoit fur les prévarications que les zrétoi- ciens pouvoient commettre. Rien n’eft plus fenfé que les réflexions de Xéno- phon fur les moyens qu'on avoit d’accroitre les re- venus de la république d’Athenes, en faifant des lois favorables aux étrangers qui viendroïient s’y établir. Sans parler, dit:1l , des avantages communs que toutes les villes retirent du nombre de leurs ha- bitans , ces étrangers, loind’être à charge au public, & de recevoir des penfons de l'état, nous donne- roient lieu d'augmenter nos revenus , par le paye- ment des droits attachés à leur qualité. On les en- gageroit eficacement à s'établir parmi nous , en leur tant toutes ces efpeces de marques publiques d’in- fâmie, qui ne fervent de rien à un état ; en ne les obligeant point, par exemple, an danger de la guer- re, & à porter dans les troupes une armure païticu- lieré ; enun mot, en ne les arrachant point à leur famille & à leur commerce ; ce n’étoit donc pas aflez faire en faveur des étrangers, que d'infituer une fête de leurnom, pros, comme fit Théfée pour Les ac- coutumer au joug des Athéniens , 1l falloit fur-tout | profiter des confeils de Xénophon, & leur accorder le terrein vuide qui étoit renferme dans l’enceinte des-murs d'Athènes , pour y bâtir des édifices facrés & profanes. | Il n’y avoit point dans les commencemens de dif- tindion chez les Athéniens entre les étrangers & les naturels du pays; tous les étrangers étoient promp- tement naturalifés, & Thucidide remarque que tous les Platéens Le furent. en même-tems. Cet ufage fut le fondement de la grandeur des Athéniens ; maïs à mefure que leur ville devint plus peuplée, ils de- vinrent moins prodigues de cette faveur , & ce privilege s’accorda feulement dans la fuite à ceux qui l’avoient mérité par quelque fervice important, (D.J.) METONOMASIE.f.f, ( Livrér. mod. ) c’eft-à-dire changement de nom. Les favans des derniers fiecles fe font portés avec tant d’ardeur à changer leur nom, que ce changement dans des perfonnes de cette ca- pacité , méritoit qu’on fit un motnouveau-pour l’ex- primer. Ce mot même devoit être au-déffus des ter- mes vulgaires ; auf l’a t-on puifé chez les Grecs , en donnant à ce changement de nom, celui de zér0- nomafie. M. Baillet dit que cette mode fe répandit en peu de tems dans toutes les écoles, &c qu’elle eft devenue un des phénomenes des plus communs de la république des Lettres. Jean-Vi&tor de Rofli abandonna fon nom , pour prendre celui de Janus Nicius Erythrœus; Matthias Francowitz prit celui de Flaccus Ihricus ; Philippe Scharzerd prit celui de Mélan@thon; André Hozen prit celui d’Ofander , Éc. enfin , un allemand a fait un gros livre de la lifte des méronomafiens ,ou des pfeudonymes. (D. J.) MÉTONYMIE , f. f. le mot de méronymie vient deere , qui dans lacompofition marque changement, & de évoque , nom ; ce quifignifie #raz/po/ition ou char- gement de nom, un nom pour un autre. En ce fens cette figure comprend tous les autres tropes ; car dans tous les tropes , un mot n'étant pas pris dans Le fens qui lui eft propre, ilréveille une idée qui pourroit être exprimée par un autre mot. Nous remarquerons dans la fuite ce qui diftingue la métonymie des autrestropes. Poyez SYNECDOQUE. Les maîtres de l’art reftraignent la méronymie aux ufages fuivans. | Î, La caufe pour leffer. Par exemple : vivre de fon travail, c’eft-à-dire , vivre de ce qu'on gagne en tra- vaillant. . Les Payens regardoïent Cérès comme la déefle qui avoit fait fortir le blé de la terre, & qui avoit appris aux hommes la maniere d’en faire du pain : 1ls croyoient que Bacchus étoit le dieu qui avoit trouvé l'ufage du vin; ainfi ils donnoient au blé le nom de Cérès, & au vin lenom de Bacchus: on en tronuveun grand nombre d'exemples dans les poëtes. Virgile, Ær. I. 219. a dit, #n vieux Bacchus, pour du vin vieux : Implentur veteris Bacchz. Madame des Houlieres a fait unebalade, dontle refreineft, L'Amour languit fans Bacchus & Cérès : c’eft la traduétion de ce paflage de Terence, Eun. IF. 6. Sine Cerere & Libero friget Venus : c’eft-à- dire, qu’on ne fonge guere à faire l’amour , quandon n’a pas de quoi vivre. Virgile, Æn. I. 181. a dit: Tum Cererem corruptam undis cerealiaque arma Expediunt feffi rerum. - Scarron dans fa traduétion burlefque , Zv. I. fe fert d’abord de la même figure ; mais voyant bien que cette façon de parler ne feroit point entendne en notre langue , il en ajoute l’explication : Lors fut des vaifleaux defcendue Toute la Cérès corrompue ; En langage un peu plus humain; C’eff ce de quoi l’on fait du pain. Ovide a dit, Tri. IV. v. 4. qu'une lampe prête à s’éteindre, fe rallume quand on y verfe Pallas: Cujus ab alloquiis anima h@c mortbunda revixit, Ur vigil infusé Pallade flarmma foler : M ET Pallas, c’eft-à.dire, del l'huile, Ce fut Pallas, felon la fable, qui la premiere fit fortir l'olivier de la terre , && enfeisna aux hommes l’art de faire del’hui- le ; ainfi Pallas fe prend pour l'huile, comme Bac- chus pour le vin. | Onrapporte à la même efpece de figure les façons de parler où le nom des dieux du paganifme fe prend pour la chofe à quoi ils préfidoient , quoiqu'ils n’en fuffent pas les inventeurs. Jupiser fe prend pour l'air, Vulcain pour le feu. Ainfi pour dire , où vas-11 avec ta lanterne ? Plaute a dit, Amph. I,7.185. Qud am- bulas tu , qui Vulcanum in cornu conclufum geris ? ( Où vas-tu , toi qui portes ’/cain enfermé dans une corne)? Et Virgile, Æn, F. GG2. furit Vulcanus : & encore au J. Liv. des Géorgiques, voulant parler du vin cuit ou du raïfiné que fait une ménagere de la campagne, 1l dit qu’elle fe fert de Vxlcain pour dif- fiper l'humidité du vin doux : ÆAut duleis mufli Vulcano decoquit humorem. v. 295. Neptune {e prend pour la mer ; Mars , le dieu dé . Ta guerre , fe prend fouvent pour /4 guerre même , ou pour la fortune de la guerre , pour l’événement des combats , l'ardeur, l'avantage des combattans, Les hiftoriens difent fouvent qu’on a combättu avec un Mars égal , æquo Marie pugnatum eff, c’eft-à-dire, avec un avantage égal ; ancipitt Marte | avec un fuccès douteux ; vario Marte, quand l'avantage eft tantôt d’un côté & tantôt de l’autre. C’eft encore prendre la caufe pour l'effet, que de dire d’un général ce qui, à la lettre, ne doit être - entendu que de fon armée : 1l en eft de même lorf qu’on donne le nom de l’auteur à fes ouvrages ; il a lu Cicéron , Horace, Viroile, c’eft-à-dire, Les ouvra- ges de Cicéron, &c, Jefus-Chrift lui-même s’eft fervi de la méronymieen ce fens , lorfqu’il a dit, parlant des Juifs, Luc. xvj. 20. Habent Moifen € prophetas , ils ont Moife &les propheres | C’eft-à-dire, ils ont les livres de Moife & ceux des prophetes. . On.donne fouvent le nom de l’ouvrier à l’ouvra- ge : on dit d’un drap que c’eft un Vaz-Robais, un Rouffeau, un Pagnon , c’eit-à-dire, un drap de la manufatture de Van-Rabais, ou de celle de Rouf- feau, &c. C’eft ainfi qu'on donne le nom du pein- tre au tableau: on dit , jai vu un beau Rerbrant, pour dire un beau tableau fait par le Rembrant, On dit d’un curieux en eftampes., qu'il a un grand nom- bre de Callors, c’eft-à-dire , un grand nombre d’ef- tampes gravées par Callor. | On trouve fouvent dans PEcriture-fainte , Jacob, Ifraël, Juda , qui font des noms de patriarches , pris dans un fens étendu pour marquer tout le peuple juif. M. Fléchier, Oraif. fun. de M, de Turenne, par- lant du fage & vaillant Machabée , auquel il com- pare M. de Turenne, a dit: « Cet homme qui té- » jouifloit Jacob par fes vertus & par fes exploits ». Jacob, c’eft-à-dire /e peuple juif. Au lieu du nom de l’effet, on fe fert fouvent du nom de la caufe inftramentale qui fert à le produi- te : ainfi, pour dire que quelqu'unécrit bien, c’eft- à-dire , qu'il forme bien les cara@teres de l'écriture, Ôn dit qu'/ aune belle main. La plume eft aufli une caufe inftrumentale de l'écriture, & par conféquent de la compoñtion ; ainfi p/me fe dit par métonymie, de la maniererde former les caracteres de l'écriture , &t de la maniere de compofer. Plume fe prend auf pour l’auteur même : c’effiune bonne plume , c’efl-à- - dire, c’eft un auteur quu écrit bien ; c’eff une de nos meilleures plumes, c’eft-à-dire , un de nos meilleurs auteurs, | Siyle fignifie aufli par figure la maniere d'exprimer les penfées. Les anciens avoient deux manieres de | former les caraéteres de l'écriture. L’une étoit piz- gendo , en peignant les lettres ou fur des feuilles d’ar- Tome X, MET 467 bres , ou fur des beaux préparées, on fur la petite membrane intérieure de l’écorce de certains arbres z (cette membrane s’appelle en latin Zber, d’où vient livre), ou fur de petites tablettes faites de l’atbrif- feau papyrus , ou fur de la toile , &c. Ils écrivoient alors avec de petits rofeaux , & dans la fuite ils fe fervirent aufli de plumes comme nous. L'autre ma- mere d'écrire des anciens étoit ircidendo, en gravant les lettres fur des lames de plomb ou de cuivre ; OU bien fur des tablettes de bois enduites de cire, Or, pour graver Les lettres fur ces lames ou fur ces ta- blettes , 1ls fe fervoient d’un poinçon qui étoit pointu. par un bout & applati par l’autre : la pointe fervoit à graver, & l'extrémité applatie fervoit À effacer 3 & c'eft pour cela qu'Horace dit, I. Sar, x. 724 fly= lu vertere, tourner le ftyle ; pour dire effacer, corri= ger » retoucher à un ouvrage. Ce poinçon s’appelloit | Jlylus, de guünoc, columna , columella , petite colon- ne ; tel eft le fens propre de ces mots : dans le fens figuré, il fignifie la maniere d’exprimer les penfées. C’eit en ce fens que l’on dit le /£y£e fublime, Ze ffyle fimple , le fyle médiocre , le /ye fontenu , le Jéyle grave, le //yle comique , le fyle poétique, le /y4e de la converfation , Gc. Voyez STYLE. | dinceau , outre fon fens propre, fe dit auffi quel- quefois par méronymie , comme plume, flyle: on dit d’un habile peintre , que c’eft un favant pinceau, Voici encore quelques exemples tirés de l’Ecritu= ré-fainte , où la caufe eft prife pour l'effet. Si pecca- Vert anis. portabit iniquitatem fuam, Levit, F1 elle portera fon iriquiré ; c’eft à-dire, la peine de fon iniquité. Zram Domini portabo | guoniam peccav el, Mick, VIT. 9. où vous voyez que par la cofere du Seigneur, il faut entendre la peine qui.eft une fuite de la colere. Non morabitur opus mercenarii tui apud te ufquè mane, Levis. XIX, 13. opus , l'ouvrage , c'eft-à-dire , le Jalaire, la récompenfe qui eft dûe à l’ouvrier à caule de fon travail. Tobie a dit la même chofe à fon fils: tout fimplement , iv. 15. Quicunque tib1 aliquid operatus fuerit, flatim ei mercedem reflitue je C merces mercenarii tui apud te omnind non remaneatà Le prophete Ofée dit , 41.18. que les prêtres mange ront les péchés du peuple; peccara populi mei come: dent, c'eit-à-dire, les victimes offertes pour les péchés. te | Il, L'effes pour la caufe. Comme lorfqu'Ovide ; Metamorp: XL, 513. dit que le mont Pélion n’a point d’ombrés:, zec haber Pelion umbras ; c’eft.à- dire qu'il n’a point d'arbres ,:qui font la caufe de l'ombre ; l'ombre, qui eft l'effet des arbres , eftprife 1c1 pour les arbres mêmes, ape Dans la Genefe., xxv. 23..1l eft dit de Rébecca ; que deux nations étoient enelle; duæ genres [uns in: | utero tuo , 6 duo populi ex ventretuo dividentur ; C’et. a-dire , Efau & Jacob, les peres des deux nations 5 Jacob des Juifs, Efau des Iduméens. dé Les Poëtes difent /4 péle mort, les päles maladies à la mort & les maladiesxendent pâle; pallidamque Pyrenen, Perf. prol, la péle fontaine de Pyrene ; c’é- toit une fontaine confacrée aux mufes.: l’applica- tion à la poéfie rend pâle ,.comme-toute autre .ap- |! plication violente. Par la même raifon Virgile a dit : Æn, VI. 278. | Pallentes habitant morbr, triflifque fenectus : & Horace, I. Old. iv, pallida-mors: La mort, la ma: _ ladie & les fontaines confacrées aux-mufes ne font point pales, mais elles prodiuient la pâleur :‘ainf [| on donne à la: caufe une épithete qui ne convient: | qu’à Peftet. : A UT. Le contenans pour le \contenn., Comme quand on dit ; é/sainreda bouteille .c'eft-à-dire , 1/: aime de, vin. Virgile dit, Æz. L 743.que Didonayant pré-, | fenté à Bitiasune conpe d’or pleiné de vin , Bitias las Nnni ÀA63 MET ptit, & Je lave, s'arrofa de cet or plein ;c’eft-à-dire ; de la liqueur contenue dans cetie coupe d'or : Ille impiger haufit Spumantem pateram & pleno Je proluir auro : Auro eft pris pour la coupe ; c’eft la matiere pour la chofe qui en eft faite (voyez SYNECDOQUE), en- fuite la coupe eft prile pour le vin. Le ciel où les anges & les faints jouiffent dela pré- fence de Dieu , fe prend fouvent pour Dieu même : implorer le fecours du ciel; grace au ciel; pater ; pec- cavi in cœlum & coramte , ( mon pere, j'ai péchécon- tre le ciel & contre vous ) dit l'enfant prodigue à fon pere , ( Luc, ch. xv. 18.) le ciel fe prend auffi pour les dieux du paganiime. | La terre fe tut devant Alexandre, ( I. Machab. j. 3.) filuit verra in confp-ülu JUS ; c'eft - à - dire , les peuples de la terre te foumirent à lui. Rome defap- 3 $ 9 prouva la conduite d'Appius , c’eftà-dire, les Ro- mains défapprouverent.... Lucrece a dit ( #. 1250. ) que les chiensdechaffe metioient une forés en mouvement ; fepire plagis fal- sum , canibufque ciere : où l’on voit qu'il prend la fo- rér pour les azimaux qui font dans la forêt, , Un zid fe prend aufñ pour les peirs oiféaux qui font encore au md. . Carcer (prifon)) fe dit en latin d’un homme qui mé- rite la prifon. IV. Le nom du lieu où une chofe fe fait , fe prend pour la chofe même. On dit un caudebec, au lieu de dire un chapeau fait à Caudebec, ville de Nor- mandie, On dit de certaines étoffes , c’eft une marfulle, c’eft-à-dire, une étoffe de la manufadure de Mar- feille : c’eft une perfe , c’eft-à dire , une toile-peinte qui vient de Pere. b - - A-propos de ces fortes de noms , j'obferverai ici une-méprife de M. Ménage, qui a été fuivie par les auteurs du Diétionnaire univerfel, appelle commu- nément Diéonn. de Trév, c’eft au fujet d’une forte de lame d'épée qu’on appelle o/inde : les olindes nous viennent d'Allemagne, & fur-tout de la ville de So- lingen , dansle cercle de Weftphaïie : on prononce Solingue, I y à apparence que c’eft du nom de cette ville que les épées dontye parle ontétéappelléesdes otindes par abus. Le nom d'Olinde, nom romanefque, étoit déja connu comme le nom de $y/vie ; ces {or- tes d'abus font aflez oruinaires en fait d’érymologie. Quoi qu’il en foit, M. Ménage &c les auteurs du D:Æonnairede Trévoux n'ont point rencontré heu- reufement , quand ils ont dit que ks olindes ont été ainji appellees de la ville d'Olinde dans le Brefil, d’où ils nous difent que ces Jortes de lames font venues. Les ouvrages de fer ne viennent point de ce pays-là : il nous vient du Bréfl une forte de bois que nous ap- pellons bréfil; ilen vient auffi du fucre, du tabac, du baume, de l'or, de l'argent, 6c. mais on y porte Je fer de l’Europe, & fur-rout le fer travaillé. | La ville de Damas en Syrie, au pié du mont Li- ban , a donné fon nom à une forte de fabres ou de couteaux qu'on y fait: il a un vrat damas, c’eft-à- dire, un fabre ou un couteau qui a été fait à Damas. On donne auffi le nom de damas à une forte d’étofte de foie, qui a été fabriquée originairement dans la ville de Damas; on a depuis imité cette forte d'é- totffe à Venife, à Gènes, à Lyon, &c. ainfi on dit damas de Venije, de Lyon, &c. On donne encore ce nom à une forte de prune, dont la peau eft fleurie de façon qu’elle imite l’érofie dont nous venons de parler. , Faïence eft une ville d'Italie dans la Romagne : on ya trouvé la maniere defaire une forte de vaiflelle de terre vermifiée qu’on appelle de la farance; on a dit eniuite par méconymie ; qu'on fait de fort belles MEET. faiances en Hollande , à Nevêrs , à Rouen, &e, C’eft ainfi que le Lycee ie prend pour les difci les d’Arifiote , ou pour la doétrine qu’Ariftote enfeignoit: dans le Lycée. Le Portique fe prend pour la Philofo- phie que Zénon enfeignoit à fes difciples dans le Por- tique..,.07 ne penfe point ainft dans le Lycée, c’eft- à-dire, que les difciples d’Ariftote ne font point de ce fentiment. . .. e Portique n’eff pas toéjours d’ac- cord avec le Lycée, c’eft-à-dire, que les fentimens de Zénon ne font pas toûjours conformes à ceux d’A- riftote. Rouffeau , pour dire que Cicéron dans fa maifon de campagne méditoit la Philofophie d’Arif- tote & celle de Zénon , s'explique en ces termes : (lv. IL, od. ii.) C'eft-la que ce romain , dont l’éloquente voix D'un joug prefque certain fauva [a république , LA EVE À Fortifoit fon cœur dans l'étude des loix Et du Lycée & du Portique. Âcadémus laiffa près d'Athènes un héritage où Platon enfeigna la Phiofophie. Ce lieu fut appellé académie , du nom de fon ancien poflefleur ; delà la doëtrine de Platon fut appellée l'académie, On donne auffi par extenfion le nom d’academie à diffé- rentes aflemblées de favans, qui s’appliquent à cul- uver les Langues, les Sciences, ou les beaux Arts. Robert Sorbon, confetleur & aumônier de faint Louis, inftitua dans l’univerfité de Paris cetie fa- meufe école de Théologie, qui, du nom de fon fondateur , eft appellée /orbonne : le nom de forbonne fe prend aufli par figure pour les doéteurs de {or- bonne, ou pour les fentimens qu’on y enfeigne : 4 Jorbonne enfeigne que la puiffance eccléfiaflique ne peur ôter aux rois les couronnes que Dieu a mifes fur leurs têtes , ni difpenfer leurs fujets du fèrment de fidélité. Regnum meum non eft de hoc mundo. Joan, XVI. 3 C4 V. Le figne pour la chofe fignifice. Dans ma vierlleffe languiffante, Le fceptre que je tiens pefe a ma main tremblante ? ( Quin. Phaër. II.v.) c’eft-à-dire, je ne fuis plus dans un âge convenable pour me bien acquitter des foins que demande la royauté. Ainfi le Jceprre fe prend pour l'autorité royale; le #éton de maréchal de France, pour la dignité de maréchal de France ; le chapeau de cardinal | & même fimplement le cha- peau, fe dit pour le cardinalat. L’épée fe prend pour la profeflion militaire; la robe , pour la magiftrature & pour létat de ceux qui fmivent le barreau, Corneille dit dans le Men- teur :( aët, 1. fc. j.) A la fin j'ai quitté la robe pour l'épée. Cicéron a dit que les armes doivent céder à [a robe : Cedant armatogæ , concedat laurea lingue ; C'eft-à- dire, comme il l’explique lui-même, (orat. in Pifon. n. lxxüy. aliter xxx. ) que la paix l'emporte fur la guerre, & que les vertus civiles &c pacifiques font préférables aux vertus militaires : more poëtarum locutus hoc intelligi volut | bellum ac tu- muliurn paci atque otio concef[ururm. « La lance , dit Mézerai, ( Hifi. de Fr, in-fol, » tom, 111. pag. 900.) étoit autrefois la plus no- »_ ble de toutes les armes dont fe ferviffent les gen- » tilshommes françois» : la quenouille étoit auffi plus fouvent qu'aujourd'hui entre les mains des fem- mes. De-là on dit en plufieurs occafions lance pour fignifier un homme, 8 queñouïille pour marquer une femme. Fief qui tombe de lance en quenouille, c’eft-à< dire , qui pañle des mâles aux femmes. Le royaume de France ne tombe point en quenouille, c'eft-à-dire ; qu’en France lesfemmeste faccedent point à là cou- ronne: mais les royaumes d'Efpagne , d’Angleterre & de Suedes, tombent en quenouilles les femmes peuvent auffñ fuccéder à l’empire de Mofcovie. C’eft ainfi que du tems des Romains les faiféeaux fe prenoient pour l'autorité confulaire ; les aigles romaines pour les armées des Romains qui avoient des aigles pour enfeignes. L’aigle qui eft le plus fort des oïfeaux de proie, étoit le fymbole de la viétoire chez les Egyptiens. Salufte a dit que Catilina , après avoir rangé fon armée en bataille, fit un corps de réferve des autres enfeignes ; c’elt-à-dire , des autres troupes qui lui reftoient : reliqua figna in [ubfidiis arétius collocat. Ontrouve fouvent dans les auteurs latins pubes ; poil folle , pour dire la jeuneffe, les jeunes gens : c’eft ainfi que nous difons familierement à un jeune homme, vous êtes une jeune barbe, c’eft-à-dire, vous n'avez pas encore affez d'expérience, Caxiries ; les cheveux blancs, fe prend aufli pour la viei/effe. Non deduces canitiem ejus ad inferos. ( III. Reg. ÿ. 6.) Deducetis canos meos cum dolore ad inferos, ( Gen, xl. 38.) Les divers fymboles dont les anciens fe font fer. vis, &t dont nous nous fervons encore quelquefois pour marquer ou certaines divinités, ou cettaines nations, ou enfin les vices 8 les vertus ; ces fym- boles, dis-je, font fouvent employés pour marquer la chofe dont 1ls font le fymbole, Boileau dit dans {on ode fur la prife de Namur : En-vain aù lion beloique I! voit l'aigle germanique Uni fous les léopards : Par le Zion belgique , Le poëte entend les Provin: ces-Unies des Pays-Bas ; par l’aigZe germanique, il entend l'Allemagne; & par les /opards , il défigne l'Angleterre ; qui a des léopards dans fes armoiries. Mais qui fait enfler la Sambre Sous les jumeaux effrayés ? ( id. ibid.) Sous les yumeaux , c’eft-â-dire, à la fin du mois de Mai & au commencement du mois de Juin. Leroi affiégea Namur le:26 de Mai 1692, & la ville fut prile au mois de Juin fuivant, Chaque mois de l’an- née eft défigné par un figne, vis-à-vis duquel le fo- leil fe trouve depuis le 21 d’un mois ou environ , jufqu’au 21 du mois fuivant. Suñtaries , faurus , gemini >» Gancér ; leo, virgo, Libraque ; fcorpius , arcitenens » Caper ; ampho- Ta 3, pifcess Aries , le bélier, commence vers le 21 du mois de Mars , ainf de fuite. « Leswilles , les fleuves, les régions, & même # les trois parties du monde avoient autrefois leurs » fymboles , qui étoient comme des armoiries par » lefquelles on les diftinguoit les unes des autres ». Montf. Anrig. explic. tom. III. p.183. Le trident ef le fymbole de Neptune : le paon eft le fymbole de Junon : l’olive ou l'olivier eff le fym- bole de la paix & de Minerve, déefle des beaux Arts : le laurier étoit le fymbole de la viétoire ; les vain- queurs Étoient couronnés de laurier , même les vain- queurs dans les Arts & dans les Sciences , c’eft:à- dire, ceux qui s’y diftinguoient au-deflus des autres. Peut-être qu’on en ufoit ainfi à l’égard de ces der- niers, parce que le laurier étoit confacré à Apollon: dieu de la poéfie & des beaux Arts. Les poëtes étoient fous la proteétion d’Apollon & de Bacchus ; ainf ils étoient couronnés quelquefois de laurier & quelquefois de lierre : doffarum édere premia fron- um. Horat. I. od, I. xxix. La palme étoit auffi le fymbole de la viétoire, On MET 469 dit d'u faint Qu'il a remporté la palie du mMaïtyre : il y a dans cette expreffion une méronymie, palme fe prend pour voire; & de plus l’expreffñion eft mé- taphorique , la vidoire dont on veut parler eft une viétoire fpirituelle. | | 4 À l’autel de Jupiter, dit le pere de Montfa- » con, (Ant. expl. rom, II. p. 129, ) On miettoit des » feuilles de hêtre : à celui d’Apollon , de laurier? # à célui de Minerve, d’olivier : à l'autel de Vénus 3 » de myrthe : à éelui d'Hercule, de peuplier : à ce: » lui dé Bacchus, de lierre : à celui de Pan , des » feuilles de pin», | VI. Le hom abftrait pour le concrer.. , . Un noñvel ef= clavage [e forme tous Les jours pour vous, dit Horace ; II. od, pi, 18 , c’eft-ädire , vous avez tous les jours dé nouveaux éfclaves : sihiférviius crefcit nova, Servieus eft un abftrait , au lieu de /érvi on ovi ama: cores qui 1ibi férvinnt. Invidié major, GLRTAIENE deflus de l’envie; c’eft-à-dire ; triomphant de mes envieux, | Pad: 1 Cuflodia ; garde, confervation, {e prend en latin Pour Ceux qui gardent : #odem cuflodia ducir infom= nem, Æn, ÎX, 266, Spes ; l'efpérance, fe dit fouvént pour ce qu'on efpere : pes que différtur affligir animam, Prop, XI IT: 12. Peririo , dernäride , fe dit auf pour là chôfe de: mändée : dédié mihi Dominus peritionemmeam. JL. Reg; J. 27 aude C’eft aïnfi que Phédre a dit, Z, {22 3: tua Calami- tas non féntirer, c’eft-à-diré , £ calamicofhs on fenti- res : tua calamitas eft un terme abftrait, au lieu que tu calamitofus eft le concret. Credèns colli longirudi- tent, (16. 8.) pour co/lum longum : & encore (@72 13. ) corvi Jlupor ; qui eft l’abftrait > POtr corves ffu: pidus ; qui eft le concret. Virgile a dit de même j ( Georg. I. 143.) ferri rigor ; qui eff l’abftrait , lieu de férrumrigidum , qui eft le concret. VIT, Les parties du corps qui font regardées comme le fiége dés Baffions & des fentimens intérieurs vi: prennent pour les fezrimens mêmes, C’eft ain qu’on dit 7 à du cœur , c’eft-A-dite » du Courage: M Obfervez que les anciens regardoient le cœur _ commele fiege de la fagefle, de l’efprit, de l’adrefte : ainfi kaber cor ; dans Plante, ( Perf, ait, IP. Je. vs 71. }ne veut pas dire comme parmi nous, elle a du courage ; mais elle a de l’efprit : 7 eff ihi cor ; id. Mofhel. ait, 1, Je. 1j. 3. fi j'ai de lefprit, de l'intellia gence : ir cordatus , veut dire en latin 2 Lomme de Jens, qui a un bon difcernement. Cornutns , phi- lofophe floicien , qui fut le maître de Perfe, & qui a été enfuite le commentateur de ce pote, fait cette remarque fur ces paroles, fäm pernlanri Jplene cas éhinnoe , de la premiere fatyre : Phyfici dicunr homines Jplene ridere, félle irafei, jecore aare, Corde Japere ; & pulmone jaüari, Aujourd’hui ôn a d’autres lu ieres, sg" Perfe dit (2% prol. ) que le ventre, Ceft-A.dire à la faim, le befoin , a fait apprendre aux pies & aux corbeaux à parler. va | La cervelle fe prend auf pour lefprit , le jngez ment. O Ja belle tête , s’écrie le renard dans Phédre ; quel dommage, elle n’a point de cervelle ! 4 quart Jpecies , inquit, cerebriim non haber ! (I, 7.) On dit d'un étourdi que c’eft une tête fans cervelle. Ulyffe dit à Euryale , felon la tradud@ion de Mad: Dacier , (odyffe rom. II. pag. : 3+) Jeuné homrne , vous àvez tout l'air d'un étervelé, c’eft:à-dire , comme ellé lex: plique dans fes favantes remarques, vous avez tout l'air d’un homme peu Jage. Au contraite quand ondit, c’eft un homme de tére , C'eft une bonne téré, on veut dire que celui dont on patle eft ün habile homme ; un homme de jugement, La iére lui à tourné , C'efts a-dire , qu'il a perdu le bon fens, la préfence d’efs ait 470 ME € prit. Avoir de la tére, fe dit aufh figurément d’un opiniâtre. Téte de fer, fe dit d’un homme appliqué fans relâche , & encore d’un entèté. __ La /angue, qui eft le principal organe de la pa- tole , fe prend pour la parole : c’eff une méchante lan- gue, c’eft-à-dire, c’eft un médifant : avoir la langue bien pendue, c’eft avoir le talent de la parole , c’eft parler facilement. VIIT. Le nom du maître de la maïfon fe prend auf pour la maifon qu'il occupe : Virgile a dit: { Æn, IT, 312.) Jam proximus ardet Ucalegon, c’eft- à-dire, le feu a déja pris à la maifon d’Ucalégon, On donne aufli aux pieces de monnoie le nom du fouverain dont elles portent l'empreinte. Du- . céntos philippos reddat aureos, (Plaut. bacchid. IF, ÿj. 8.) qu’elle rende deux cens philippes d'or: nous dirions deux cens /ouis d’or. Voilà les principales efpeces de métonymie, Quel- ques-uns y ajoutent la méronymie, par laquelle on nomme ce qui précéde pour ce qui fuit, Ou.ce qui fuit pour ce qui précéde ; c’eftce qu’on appelle l'ar- cécédent pour le conféquent, ou le conféquent pour l’an- sécédent : on en trouvera des exemples dans [a mé- talepfe , qui n’eft qu’une efpece de métonymie à la- quelle on a donné un nom particulier (voyez MÉ- TALEPSE ) ; au lieu qu’à l'égard des autres efpeces de métonymie, dont nous venons de parler, on fe contente de dire , #éconymie de la caufe pour l’ef- fet, méronymie du contenant pour le contenu , #éro- aymie dufigne, 6'c. Cer article eff tiré entierement du livre des tropes de M. du Marfais. MÉTOPE, f. m. serme d’Archireëture, c’eft l’in- tervalle ou quarré qu’on laifle entreles triglyphes de la frife de l’ordre dorique. Voyez auffi FRIGLYPHE: 6 Frise. Ce mor eft originairement grec, & fignifie dans cette langue la diffance d’un trou àunautre, ou d’un triglyphe à unautre , parce que les triglyphes font fuppotés être des folives ou poutrelles qui rem- pliflent des trous , de era, inter , entre, & omn » foramen, trou. Les anciens ornoient autrefois les mésopes d’ou- vrages fculptés, comme de têtes de bœuf, &autres chofes qui fervoient aux facrifices des payens ; c’eft parce qu'il y a beaucoup de difficulté à bien dfpofer les métopes & les triglyphes dans la jufte fymmétrie que demande l’ordre dorique, que plufñeurs archi- tettes jugent à propos de nefe fervir de cet ordre que pour des temples. Demi-mérope eft l’efpace un peu moindre que Îa moitié d’un métope , à l'encoïgnure de la frife do- rique. | MÉTOPON, ( Géog. anc, ) promontoire au voi- finage de Conftantinople. Il eft près de Péra : on le . nomme aujourd’hui Acra fpandonina. (D. J.) MÉTOPOSCOPIE, f. f. l’art de découvrir le tempérament , les inclinations, les mœurs , en un mot; le caraétere d’une perfonne par l’infpeétion de {on front ou des traits de fon vifage. Ce r10reftcom- poié du grec perwmor, front | & de oxomtw , Je: confiz dere. | La métopofcopie n’eft qu'une partie de la phyfo- nomie, car celle-ci fonde fes conjeétures fur l’inf- pettion de toutes Les parties.du corps. L'une & l’au- tre font fort incertainespour ne pas dire entierement vaïnes ; tien n'étant plus vrai.que ce qu'a dit un poëte, fronti nulla fides. Voyez PHYSIONOMIE, Giro Spontoni qui a traité de la méropofcopie , dit que l’on peut diftinguer fept lignes au front, & qu’à chaque ligne préfide une planete ; Saturne à la pre- miere, Jupiter à la feconde, & ainfi des autres. On peut juger de-là combien de réveries on peut débi- ter furles perfonnes dont on veut juger par la méra- pofcopie,(G ) MÉTOYERIE, £ f. en Archiretfure, eft toute fi: mite qui fépare deux héritages contigus, apparte- nans à deux propriétaires. Ainf on dit que deux voi- fins font en méroyerie, lorfque le mur quifépare leur maïfon eft mitoyen. METRE , f. m. ( Lis. ) en poëfie, c’eft tout pié on mefure quientre dans la compoñtion des vers. Voyez PIE, VERS, MESURE. Ariftide définit le #76- tre, un fyflème de piés compofés de fyllabes diffé- rentes & d’une étendue déterminée. Dans ce fens, metre veut dire à-peu-près la même chofe qu'une forte de vers en géneral, gerus carminis , & on le trouve employé de la forte dans les auteurs latins, pour défigner une cadence differente de celle de la profe qu'on nomme rythme. Voyez RYTHME. Metre w’eft pas proprement un mot françois , il a pourtant lieu dans le ftyle marotique pour fignifier des vers. METRETE , f. £. (Æiff. ecclef.) du grec perperue forte de mefure. L'auteur de la vulgate emploie le nom de setreta dans deux endroits de fa tradu&tion. de l’ancien teftament ; favoir, I. paralip. c, xj. Y. 10. & c. iv. Ÿ. 5. mais dans l’un & dans l’autre en. droit l’hébreu porte barhe ; qui étoit une grande me- fure creufe , contenant vingt-neuf pintes , chopine, demifeptier , un poiçon &c un peu plus mefure de Paris. La merrete des Grecs contenoit , felon quel- ques auteurs, cent livres , &c felon d’autres quatre- vingt-dix livres de liqueur ; mais comme la livre d'Athènes étoit un peu moindre que celle de Paris , ces quatre-vingt-dix livres fe peuvent réduire à foi- xante livres de France ; ce qui revient à-peu-près au bathe des hebreux. Voyez BATHE. Dit, de la bibl. METRICOL ou MITRICOL , {. m, (Comm.) pe= tit poids de la fixieme partie d’une once, les apotis caires & droguiftes portugais s’en fervent dans les Indes orientales ; au-deflous du zzsricol eft le mitr1- coli, qui ne pefe que la huitieme partie d’une once. Difionn. de Commerce. METRICOLI ox MITRICOLI, petit poids dont on fe fert à Goa , pour pefer les drogues de la Méde- cine: Voyez l’article précédent. | METRIQUE , adj. (Lirrér.) art métrique, ars mes trica. C’eft la partie de l’ancienne poétique qui a pour objet la quantité des fyllabes, le nombre & la difference des piés qui doivent entrer dans les vers. C'eft ce qu’on appelle autrement profodie. Voyez QUANTITÉ , PROSODIE, VERS, Gr, METRIQUE, vers métrique. On appelle ainfi cer- tains vers afujettis à un certain nombre de voyel- les ; longues ou breves, tels que les vers grecs & latins. Foyez QUANTITÉ. > Capéllus obferve , que le génie de la langue hé- braique ne peut s’accommoder de cette diftinétion de longües &: de breves ; elle n’a pas lieumon plus dans les langues modernes, du-moins jufqw’à faire une regle fondamentale de poéfie. foyez HEBREU 6, VERSIFICATION, MÉTRO , LE, (-Géogr. )riviere d'Italie, dans la Marche d’Ancone, Elle a fa fource dansl’Apennin, prendfon cours d’occident en orient, & va fe jetter dans la mer Adriatique , auprès de Faño, c’eft le metaurus de Pline; iv, IIT, ch. xiv. (D.J.) MÉTROCOMIE , f. f. rerme de l'hiff, de l'ancienne Echfe , qui fignifie un bourg qui en a d’autres fous fa jurifdiétion, 1l vient du grec uurnp mere & de 20pn, bourg, village. Ge que les métropoles étoient parmi les villes, les zésrocomies l'étoient parmi les bourgs à la campagne : les anciennes #érrocomies avôient un chorévêque ou doyen rural, c'étoit fon fiege où fa réfidence. Voyez METROPOLE, CHOREVEQUE. MÉTROLITE,, f. f. (Hifi. nar.) nom donné par quelques auteurs, pour. défigner les pierres qui fe font formées dans des coquilles. Foyez Noyau. MÉTROMANIE , f, f. fureur de faire des vers. Nous avons une excellente comédie de M, Pyron {ous ce titre ; elle a introduit le mot de mérromanie dans la langue, comme le Tartuffe y introduifit au- trefois celui de srruffe, qui devint, depuisde chef- d'œuvre de Moliere , fynonyme à Aypocrite. METROMETRE , f. f. ( Mufig. ) machine à dé- terminer le mouvement d’une piece de mufique, I faut avoir un pendule, jouer le morceau , À ac- courcir où allonger le pendule , jufqu'à ce qw'il fafle exactement une de fes ofillations , tandis qu’on joue ou qu’on chante une mefure, & écrire au com- mencement de l'air, [a longueur du pendule. MÉTROON , (Liver. grec.) nom du temple de la mere des dieux à Athènes , où fe confervoient les aëtes publics. Favorin marquoit dans un de fes ou- vrages , au rapport de Diogène Laerce , 46, TI. qu'on y gardoit les pieces du procès de Soctate, Vof- fins a fait une grande bévue fur ce fujet ; il a crû que unrpocw étoit le titre d’un livre. Il eft étonnant qu'un habile homme comme Voffius, s’y foit trom- pé. (2.7) METRONOME, f. m. ( Anriq. grecg. ) Les métro. 7107RES, perporouos, étoient chez les Athéniens des offi- ciers qui avoient l’infpeltion fur toutes les mefures, excepté fur celles de blé. Il y avoit cinq mérronomes pour la ville, & dix pour le pyrée qui étoit le plus grand marché de toute l'Attique. Voyez Potter, 4r- cheol. lib I, c, xv. tom, L. p. 83. (D. JT.) MÉTROPOLE , ff. (Jurifp.) dans fa jufte fieni- fication vent dire, mere ville ou ville principale d’une province. Mais en matiere eccléfiaftique, on entend par rmétropole une églife archiépifcopale ; on donne aufli le titre de métropole à la ville où cette Eglife eft fituée, parce qu'elle eft la capitale d’une pro- vince eccléfiaftique. Uferius & de Marca prétendent, que la diftinc- tion des métropoles d’avec les autres églifes eft de linflitution des Apôtres ; mais il eft certain que fon origine ne remonte qu'au troifieme fiecle, elle fut confirmée par le concile de Nicée, on prit modele fur le gouvernement civil : l'empire romain ayant été divifé en plufieurs provinces , qui avoient cha- cune leur étropole, on donna le nom & l'autorité de métropolitain aux évêques des villes capitales de chaque province , tellement que dans la contefta- tion entre l’évêque d'Arles & l’évêque de Vienne, qui fe prétendoient refpetivement métropolitains de la province de Vienne, le concile de Turin dé- cida, que ce titre appartenoit à celui dont la ville feroit prouvée être la mésropole civile. Comme le prefet des Gaules réfidoit à Tours, à Trèves, à Vienne , à Lyon ou à Arles , il leur communiquoit aufli tour-à-tour le rang & la di- gnité de zréropole. Cependant trous les évêques des — Gaules étoient égaux entr’eux , il n’y avoit de dif- tinéhon que celle de l’ancienneté.Les chofes refterent fur ce pié jufqu’au cinquieme fiecle, & ce fut alors que s'éleva la conteftation dont on a parlé. Dansles provinces d'Afrique, excepté celles dont Carthage étoit la mérropole , le lieu où réfidoir l’é- vêque le plus âgé, devenoit la métropole eccléfafti- que. En Afe , il y avoit des mécropoles de nom feule- ment , c'eft-à-dire, fans fufragans ni aucun droit de métropolitain ; telle étoit la fituation des évêques de Nicée , de Chalcedoïine & de Beryte, qui avoient la préféance fur les autres évêques & le titre de métropolitain, quoiqu’ils fuffent eux-mêmes foumis à leurs métropolitains. On voit par-là que l'établiffement des miérropoles eft de droit poftif & qu'il dépend indire&tement des fouverains , auf comme plufieurs évêques ob- tenoient par l'ambition, des refcrits des empereurs, MET 471 qui donnoient à leur ville le titre imâginaire de ré L_cropole, fans qu'il fe fit aucun changement ni démem- brement de province : le concile de Chalcédoine dans le canon XIL voulut empêcher cet abus qui caufoit de la contufion dans la police de PEglite. Foyez l'hifl. des métropoles , mar le P, Cantel », € ct après MÉTROPOLITAIN. (4 METROPOLITAIN , f. £. ( Jurifprud. ) eft lévê- que de la ville capitale d’une province eccléfiafti- que ; cependant quelques évêques ont eu autrefois le titre de mérropolirain , quoique leur ville ne fût pas la capitale de la province, Voyez ci-devans M£- TROPOLE. | Préfentement les archevêques font les feuls œux ayent le titre & le droit de mécropolitain ; ils onten cette derniere qualité une jurifdiétion médiate & de reflort fur les diocèfes de leur province, indé- pendamment de la jurifdiétion immédiate qu'ils ont comme évêques dans leur diocèfe particulier. Les droits de mérropolirains confiflent 1° à con- voquer les conciles provinciaux , indiquer le lieu où 1l doit être tenu , bien entendu que ce foit du confentement du roi ; c’eft à eux à interpréter par provifion les decrets de ces conciles , & ahfoudre des cenfures & peines décernées par les canons de ces conciles. 2°. C’eft auffi à eux À indiquer les afemblées pro- _ Vinciales qui fe tiennent pour nommer des députés aux aflemblées générales du clergé ; ils marquent le lieu & le tems de ces affemblées, & ils ÿ pré fident. 3°. [ls peuvent établir des grands-vicaires. pour gouverner les diocefes de leur province qui font va- cans, fi dans huit jours après la vacance du fiege le chapitre n’y pourvoit. . 4°. Ils ont infpeétion fur la conduite de leurs faf fragans, tant pour la réfidence que pour létablifez ment ou la confervation des féminaires. Ils font auf juges des différends entre leurs fuffragans & les cha- pitres de ces fuffragans. 5°. Ils peuvent célébrer pontificalement dans toutes les éghfes de leur province, y porter le pal- lum , & faire porter devant eux la croix archiépif- copale. 6°. L'appel des ordonnances & fentences des évêques fuffragans , de leurs grands-vicaires & of. Ciaux, Va au résropolirain, tant en matiere de jurif- diéton volontaire que contentieufe , & le métropo- litair doit avoir un official pour exercer cette jurif= diétion rétropolitaine. 7°. Quand un évêque fuffragant a néolicé de conférer les bénéfices dans les fix mois de la va cance, ou du tems qu'il a pu en difpofer, & ce par dévolution ; le mérropolisain à droit d'y pourvoir. 8°. Les grands-vicaires du métropolitain peuvent, en cas d'appel, accorder des vifa à ceux auxquels les évêques fuffragans en ont refufé mal-à-propos , donner des difpenies | & faire tous les a@es de la jurifdiétion volontaire , même conférer les bénéfices vVacans par dévolution , fi Le métropolitain leur a donné fpécialement le droit de conférer les béné- fices. | 9°. Suivant l’ufagé de France , les bulles du jie bilé font adreflées au mérropolicain qu1 les envoie à {es fuffragans. Le métropolitain afiftoit autrefois À l’éledion des évêques de fa province, confirmoit ceux qui étoient élus, recevoit leur ferment ; mais Pabrogation des cleétions & le droit que les papes e font infenfible. ment attribue pour /a conférvation, ont privé les mé- tropolitains de ces droirs. Ils ont auf perdu par non ufage celui de vifirer les églites de leur province, Voyez Ferret, Tr. de d'abus | Les Lois eccléfraffiques tit, des métropolirains , les mémoires du clergé , Ganx 472 MET mors ARCHEVÊQUE , OFFICIAL, P RIMAT. (4) MÉTROPOLIS , ( Géogr. anc.) les Géographes nomment douze à treize villes de ce nom ; favoir, deux en Phrysie, deux en Theflalie , une en Lydie, une en Ifaurie , une en Acarnanie , une en Do- ride, une dans le Pont, une dans la Sarmatie euro- péenne, une en Scythie, une en Eubée, & finale- ment une en lonie. M. Spon cite deux médailles contorniates de cette derniere, fur lefquelles il s’eft perfuadé de trouver Solon. L’imagination des Ant- quaires eft très féconde ; ne les privons point du feul plaïfir qui leur refte. MÉTROVISA ou MITROVITZ , ( Géog. ) ville de Hongrie fur la Save, au comté de Sirmium , entre Raftha vers le midi & Krfatz vers l’orient, On voit dans ce lieu , felon M. le comte de Marfilly, beau- coup de monumens d’antiquité ; ce qui Le porte à croire que les Romains y avoientenvoyé une grande colonie , & que c’étoit peut-être dans cet endroit aquw’étoit bâtie la célebre métropole , nommée Sir- mium. (D. J.) MÉTROUM , f. m. ( if. anc.) en général un temple confacré à Cibele ; mais en particulier celui que les Athéniens éleverent à l’occafion d’une pefte, dont ils furent affigés pour avoir jetté dans une fofle un des prêtres de la mere des dieux. METS, (Géog.) ancienne & forte ville de France, capitale du pays Meflin, avec une citadelle , un par- lement & un évêché fuffragant de Freves. Son nom latin eft Divodurus , Divodurum Mediomatricorum , civitas Mediomatricorum, comme il paroït par Tacité, par Prolomée , par la table de Peutinger, & par l'iti- néraire d’Antonin. Peut-être que les fources des fon- taines que cette ville a dans fes foffés,ont occañonné le nom de Divodurum,qui veut dire, eau de fontaine; du-moins, felon M. de Valois, dix en langue gau- loife eftune fontaine, 8 dur fignifie de l’eau. Quoi qu'ilen foit, dans le quatrieme fiecle , cette ville commença à prendre le nom du peuple Mfédio- matrici , & ce nom fut adopté par les écrivains juf- qu’à l’onzieme fiecle. Néanmoins dès le commen cement du cinquieme , le nom du peuple Médioma- zrices & le nom de la ville furent changés en celui de Meris ou Mere , dont l’origine eft inconnue. Mets étoit illuftre fous l'empire romain ; car Ta- cite, (Æiff. liv. IF.) lui donne le titre de focia civi- zas , Ville alliée, & Ammian Marceilin leftimoit plus que Treves fa métropole. En effet, Mers eft une des premieres villes des Gau- les qui dépofant fon ancienne barbarie , fe foit poli- cée à la maniere des Romains , & d’après leur exem- ple. Elle fe fignala par de magnifiques ouvrages , & donna à fes rues les mêmes noms que portoient les rues de Rome les plus fréquentées, comme nous lapprenons des infcriptions du pays. Elle avoit un amphithéâtre , ainfi qu’un beau palais dont parle Grésoire de Tours, & qui a fervi dans la fuite de demeure aux rois d’Auftrafe pendant environ 170 ans. Elle fit conftruire ce belaqueduc , dont les ar- ches traverfant la Mofelle, s’élevoient plus de cent piés au-deflus du courant de la riviere , ouvrage prefque égal à ce qui s’étoit jamais fait de plus ma- gnifique en Italie dans ce genre. Mais cette ville, après avoir été très-floriffante, fut entierement ruinée par les Huns lorfqu’ils enva- hirent les Gaules fous Attila. Les Francs, fous Childeric, s’emparerent des pays de Mers & de Treves, & y dominoient du tems de Sidonius Apollinaris.Clovis en refta le maitre, ainfi que des pays voifns. Elle continua d'être le fiege des rois de la France orientale ou d’Auftrafe , & de- vint encore plus confidérable que fous les Romains, parce que ces rois d’Auftrafie étendotent leur domi- ration jufqu’en Saxe & en Pannonie. Les habitans M ET de Mets les reconnurent pour leurs maîtres. Après eux , ils agréerent pour fouveræns les empereurs allemands, qui conquirent leroyaume d’Auftrafe. Il eft vrai que les évêques & les comtes qui étoient gouverneurs héréditaires de Mess yeurent beaucoup d'autorité , mais les empereurs feuls jouifloient du fuprème domaine. Si les prélats de cette ville y bat- toient monnoie , ce droit leur toit commun avec d’autres évêques & avec plufieurs abbésenFrance , qui pour cela ne prétendoient pas être fouverains. Énfin il eft conftant que fous Charles-Quint Mers étoit une ville impériale libre, qui ne reconnoïfloit pour chef que l’empereur. Les chofes étoient en cet état l’an 1552, lorf- qu'Henri IL. par brigue & par adrefle s’empara de Mers & s'en établit le protecteur. Charles-Quine affiéoéa bientôt cette ville avec une puiflante ar- mée, mais il füt contraint d’en lever le fiege par la défenfe visoureufe du duc de Guife. Cependant les évêques de Mers admirent la fouveraineté des em- _perèurs, reçurent d’euxles inveftitures, & leur ren- dirent la foi & hommage. Cet arrangement fubffta jufqu’à l’an 1633, que Louis XIIL. fe déclara fei- gneur fouverain de Mers , Toul & Verdun, &r du temporel des trois évêchés, ce qui fut confirmé par le traité de Weftphalie en 1648. On ne réferva que le droit métropolitain fur ces évêchés à l’archevé- que de Treves, éleéteur de Pempire. | Il faut obferver qu'il ya 200 ans que Mers étoit trois fois plus grande qu’elle n’eft aujourd’hui, Elle ne contient guere aftuellement que 20 mille ames. Son évêché fubfifte depuis le commencement du iv. fiecle, & c'eft un des plus confidérables qui foient à la nomination du roi. L’évêque prend le titre de prince du faint empire, &z jouit de 90 mille livres de rente ; fon dioceie contient environ 620 paroïfes. Mers eft la feule ville du royaume où les Juifs ayent une fynagogue , & où ils foient foufferts ou- vertement. On eut bien de la peine en 1565 à ac- corder cette derniere grace , comme on s’exprimoit alors, à deux feules familles juives ; mais le befoin a engagé d'étendre infenfiblement la tolérance, en- forte qu’en 1698 on comptoit dans Mers 300 familles juives, dont l’établiffement confirmé par Louis XIV. a produit de grands avantages au pays. C’eft aflez de remarquer , pour le prouver, que pendant la guerre de 1700,les Juifs de Mess ont remonté la ca- valerie de chevaux, & ont fait naître en ce genre un commerce de plus de 100 mille écus de bénéfice par an à l’état. Il falloit donc, en tolérant les Juifs, n’y point joindre de claufe infamante qui éloignät les principaux d’entreux de fe refugier à Mers ; telle eft la condition qu’on leur a impofée de porter des chapeaux jaunes , pour les diftinguer odieufement ; condition inutile à la police , contraire à Ja bonne politique, & qui, pour tout dire, tient encore de la barbarie de nos ayeux. | Les appointemens du gouverneur de Mers font de 24 mille livres par an , les revenus de la ville de 100 mille, & fa dépenfe fixe de 5o mille, Le pays fe régit par une coutume particuliere , qu'on nomme la coftume de Mers ; 8t ce qui eft fort fingulier , c’eft que cette coûtume n’a Jamais été ni rédigée, ni vérifiée. | Mess eft fituée entre Toul, Verdun & Treves, au confluent de la Mofelle & de la Seille, à ro lieues de Toul, autant de Nancy N. O. 128. de Luxem- bourg, 13 E. de Verdun, 19 $. O. de Treves, 72 N.E. de Paris. Long, felon Caflini, 23. 42!. 45 lat, 49, 7. 74 Les citoyens de cette ville ne fe font pas extrème- ment diftingués dans les fciences ; cependant Ancil- lon, MET on , Duchat, Ferri 8 Foés les onticultivés ayechon: neur. Ye | | Ancilion (David) & fon fils Charles, mort à Berlin en,1727 ; ont eu tous deux'de la réputation en Belles-Lettres. | Duchar (Jacob le) a fait voir dans fes écrits beau- coup de connoïffance de nos anciens ufages &r des vieux termes. de notre langue; on lui doit la meïl- leure édition de Rabelais. Il eft mort à Berlin en 1735, à 78 ans. Ferr (Paul), en latin Zerrins , fit à 20 ans un Cz- _ téchifine de réformation ; auquel le célebre Bofluer crût devoir répondre. Ferri étoit l’homme le plus difert de {a province; la beauté de fa taille , de {on vifage & de fes geftesrelevoient encore fon éloquence. Il ef mort de la pierre en 1669 , &-on lui trouva plus de 80 pierres dans la vefñe, | Foés , en latin Fosfus ( Anutius) ; décédéen x 596 à 68 ans, ft un des grands Litrérateurs qu’ait eu l'Europe en fait de médecine greque. Les Médecins lui doivent la meilleure interprétation qu'ils ayent en latin des œuvres d’Hippocrate , dont la bonne édition parut à Geneveen 1657, in-fol. (D.J.) _ METTEUR EN ŒUVRE, f. m. eft le nom que prennent des orfevres quines’appliquent qu’à mon: ter Îles pierres fur l’or ou fur l'argent. Ils ontlesmé- mes lois que ceux qu’on appelle groffiers, ou qui font les plus gros ouvrages de l'Orfévrerie ; ils font du même corps &-de la même communauté, Ils ont les mêmes droits & lesmêmes privileges. | L'art du Merseur-en-œuvre eft fur-tout connuten Al- lemagne , en Flandres, en France & en Angleterre. Mais 1ln'yaguere dansce dernier pays, que les Al- lemands & les François qui exercent la rife en œuvre avec réputation. Quant aux Allemands & aux Fran- çois, on croit communément que les premiers tra- vaillent plus finement & plus régulierement ; mais le goût françois univerfellementgoûté rend aux der- mers ce qu'ils perdent du côté de l’habileté & de ladrefle. Les Merreurs-en-œuvre ne différent des Bi- joutiers qu’en ce qu’ils ne font que monter les pier- res fines Ou faufles fur des bagues, des colliers , des pendans , ou autres ornémens de cette efpece , au lieu que les autres font & enjolivent des tabatieres, étuis , pommes de cannes, boîtes de montres, &c. | METTEURS À PORT, cerme de rivieres. Fi oyet Bourt-À-Porr. METTRE, v. aût. ( Gramm.) ce mot a un grand nombre d’acceptions , qui toutes ont quelque rap- port auhieu & à la fituation dans le lieu : exemples, znettre un fat en place , mettre en apprentiflage un enfant , retire des troupes fur pié, rzertre à la lote- rie, fe mettre au travaii , merre en couleur, mestre à _moit, meitre bas , mettre hors ; mestre À couveït, mettre à mal, mettre une chofe en quelqu’endroit, &c. Voyez les articles fuivans. | METTRE » appointement & , ( Jurifprud.) voyez ce qui a té dit ax mot APPOINTEMENT. On peut ajou- ter que dans ces appointemens l’inftrudion eft fort fommaire ; le procureur ne donne ordinairement qu'une feule requête ou inventaire de produ&ion, & tous les frais ne doivent pas paffer une certaine {omme. On appointe à mestre dans les matieres pro- vifoires.. Voyez ce qui en eft dit dans le praticien de Couchot, some IT, à la fin, (4) METTRE, (Marine) ce mot eft employé dans La grarine à certains ufages particuliers. T Mestre à la voile , c’eft appareiller & {ortir un port ou d’une rade. | | Mestre Les voiles dedans, c’eft ferler & plier tou- tes les voiles , fans en avoir aucune qui foit dé- ployée. k | Mettre la grande voile à l'échelle, c’eft amarter le point de cette voile vis-à-vis de l'échelle par où on | Tome À, dt > ‘ MET 473 monte à bord, ou bien au premier des grands hau- bans. à Mestre les baffes voiles Jür les carsues , c’eft fe fervir de cargues pour trouffer les voiles par en-bas. detcre a terre, c’eft defcéndre du monde , ou autre chofe du väifleau, À terre; / {! 9 . L Mestre à bord, c'eft tirer on porter dans le vaif- feau, | Mestre se matelot à terre, c’eft le débarquer & le renvoyer quand 1l ne fait pas fon devoir. Mettre une ancré er Place , c’eft l’amener dans Ia A. ® A ’ : æ place où elle doit être an côté de l'avant du vaif- feau. | Mettre Le linguet, c'eft mettre la piece de’bois, nôm- méc /7g8es Ou élinouer, contre une des fufées on ta- quets du cabeftan, pour l'empêcher de dévirer-ow de retourner en arriére, METTRE, (Comm.) terme qui a différentes figni- fications dans le commerce. ( Mercre fes effers à couvert , fe dit ordinairément en mauvatfe part d’un négociant qui détourne ce qu’il a de meilleur & de plus précieux , dans le deffein d'une banqueroute frauduleufe, Voyez BANQUE- ROUTE. Meitre au-deffus d’un autre, c’eft enchérir fur le prix qui a été offert d’une: marchandife dans une vente publique, Mettre, fignifie quelquefois s’erichir , comme quand On dit mesrre fol fur fol ; & quelquefois avan- cer ou dépenfer pour la part qu’on prend dans une fociéré ou entreprife de commerce. J'ai dépenfé cent: mille écus à cette manufadure, je n'y veux plusrien 7I108êre, Mettre de bon argent avec du mauvais , Ceft faire des avances ou dépenfes fans efpérance de les re- tirer. . Mettre avec le pronom pofñitif, fignifie s'appliquer, S'employer. Ce jeune homme à eu raifon de fe merrre au commerce, 1l y réufit. Di. de Commerce. METTRE L’AME ; les Boiffeliers fe fervent de ce terme pour fignifier laétion par laquelle ils garni fent les foufflets d’une forte de foupape de cuir; par laquelle Pair s’introduit dans le foufflet quand on l’ouvre, & fort par la douille’, quand on le ferme. METTRE EN TENON, ex: rerme de Boiffelier , c’ett reterur les deux extrémités du corps du fceau dans un tenon ou efpece de pinces de bois pour les clouer plus facilement enfemble. | METTRE EN SOIE , en terrne de Bouronnier , C’eft couvrir des morceaux de vélin découpés à l’emportee piece, d’une foie qui s’étend deffus à mefure qu'on lamene avec la bobine que l’on tient en fa main, montée {nr une brochette à lier, voyez BROCHETTE À LIER. En même tems que la foie convre le vélin, elle aflujettit la cannetille fur fes bords , en {e fxant fur chacun de fes crans. Voyez CANNETILLE. METTRE EN CHANTIER, chez les Charpentiers, c'eft lorfqu’on peut travailler une piece de bois, la poter fur deux autres pieces de bois qu’on nomme chantiers. METTRE LES BOIS EN LEUR RAISON, chez les Charpenners , c’eft pofer les pieces de bois qui doi- vent fervir à un édifice , fur les chantiers , Chaque morceau en fon lieu. ’ METTRE UNE PIECE DE BOIS fur fon roide ow fur fon fort, (Charpentier) ef lorfqu’elle eft courbe mettre le bombement en contre-haut ou par-deffus. METTRE EN TRAIN , cerme d’Imprimerie, C’eft met- tre une forme fur la prefle, & la fituer de façon qu’- elle fe trouve jufte fous le milieu de la platine, Var rêter avec des coins, abbaiïffer deflus la friquette POur couper ce qui pourroit mordre, & coller aux endroits qui pourroient barbouiller, faire la marge, placer les pointures, faire le repiftre ,'8& donner la ’ Ooa Aa MET tierce. Poyez FRISQUETTE, REGISTRE, Trenet. METTRE, {e dit, ex éerme de manege , des façons de dreffer ou de mamenum cheval. Ce cheval ef propre à mettre aux courbettes, à caprioles, aux airs relevés. Voyez COURBETTE, AIR. Mettre un cheval au pas , au trot, c’eft le faire aller au pas,au trot, au galop. Voyez Pas, Trot, GALCP. Mettre #2 cheval dedans , c’eft-à-dire le dref- fer, le mettre dans la main &7 dans les talons. On dit anfli mertre un cheval fous le bouton , pour dire le tenir en état par le moyen du bouton des rènes qu’- onab aifle , comme fi le cavalier étoit deflus. Mertre un cheval hors d’haleine, c’eft le faire courir au-delà de fes forces. Mestre far le dos. Voyez Vorrs. Mertre fur les hanches... Voyez AsseOïR, Mettre au vert, Voyez VERT. Mertre au filer, c’eft lui tourner le cul à la mangeoire pour l'empêcher de manger, & lui mettre un filet dans la bouche. Mestre fur Le cro- tin, c'eft mettre du crotin.momilé fous les piés de devant du cheval. Mestre dans les piliers , c’eft atta- cher un cheval avec un caveffon aux piliers du ma- nege., pour laccoutumer fur les hanches, Merrre La lance en arrét, c’eft difpofer fa lance comme il eft expliqué au 7101 lance. Voyez LANCE. Meitre la gour- mette a fon point. Voyez POINT. Mestre un raffis. Voyez Rassis. Mercre [es dents, {e dit d'un cheval à-qui les dents qüi fuccedent à celles de lait commencent à paroître, Mettre bas, Voyez POULINER. METTRE EN FUT, chez les Menuifiers, c’eft mon- ter le fer d’un outil de la claffe des rabots, varlo- pes , fur fon bois qu'on appelle fur. METTRE EN CIRE, opération du Merreur-en-œnvre qui confifle à ranger fur un bloc de cire toutes les parties d’un ouvrage, l'ordre, & l’inchinaifon qu’el- les doivent avoir toutes montées pour les fonder enfemble avec fuccès : comme il y a fort peu d’ou- vrages de Metteurs-en-œuvre, tels.que les-aigret- tes, les nœuds, les colliers, 6c. qui ne foit com- pofé d’un nombre confidérable de pieces féparées ; l’ouvrier prépare d’abord féparément chaque partie, & lorfqu’elles font toutes difpofées il prend une plaque de tôle fur laquelle il y'a un bloc de cire, auquel il donne la forme de fon deffein , & le mou- vement qui lui convient ; fur.ce bloc ramolli il ar- range chaque partie felon l’ordre, l'élévation, & le mouvement qui eft propre à chacune d’elies : de cette opération dépend fouvent la bonne grace d’un ouvrage, parce qu'il ne fort plus de-1là que pour être arrêté par la foudure, & que cette derniere opération une fois faite, il n'eft plus poffible d’en changer la difpofition. MÉTTRE EN TERRE, opération du Merteur-en- œuvre, qui fuit celle de la mife en cire. Lorfque toutes les pieces d’un ouvrage font arrangées fur la eire, telles que nous l'avons dit ci-deflus, on le cou- “vre totalement d’une terre apprêtée exprès, & dé- liée avec un peu de fel pour y donner plus de con- fiftence, de l’épaiffeur d'environ un pouce ; on la fait fécher à très-petit feu, fur de la cendre chaude, & lorfque cela eft entierement fec & cuit, onfait fondre la cire qui eft deflous, on enleve cette terre qu’on fait recuire pour brüler le refte de la cire , & lur le deflous des chatons, &entre ces chatons, qui reftent alors totalement à découvert, l’ouvrier pofe Les grains, d'argent néceflaires pour joindre toutes les parties enfemble, & les paillons de foudure, que l’on couvre de borax, & en cet état on: porte le tout au feu de la lampe, & on arrête ainfr par la foudure, toutes les parties qui ne font plus qu'un tout ; alors on caffe la terre, & l’ouvrier continue des opérations. | METTRE EN ŒUVRE, l’art demettre en œuvre eft l'art demonter les pierre fines ou faufles, &les dia- mans, 6e. fur l’or & l'argent. | MEU METTRE AU BLEU, c’eft un rerme de Plumaÿfrer qui fignifie l'opération par laquelle on met les pins mes dans de l’eau! bleue faite avec de l'indigo , comme celle dont on fe fert pour le linge. METTRE EN PRESSE. Voyez PRESSE. METTTE LES FICELLES À LA COLLE, (Relieure.} quand les ficelles font épointées, on prend un pew de colie de pâte dans fes doigts, & l’on en met aux ficelles ; on dit serre les ficelles à la colle. Voyez TORTILLER, COUDRE, METTRE EN MAIN, terme de Fabrique des étoffes de foie, mettre en main la foie, c'eft la préparer pour la mettre en teinture; pour la: wersre en mair on défait les matteaux que l’on enfile à une cheville, qui fait partie de l'outil qu’on appelle merrage er main, On choïfit la foie écheveau par échevean ponr en féparer les différentes qualités ; enfuite qgnand'il y'aune certaine: quantité d’échevaux,, je veux dire trois ou quatre, fuivant leur groffeur, on en fait une pantine que l'on tord , & à laquelle on fait nne boucle ; on met autourde cette floite un fil que l’on noue, afin que le Teinturier ne les confonde pas quand il les défait pour les reindre. Quand il y a quatre pantines de faites, on les tord entemble, & ces quatrepantines de foie unies en- femble s'appellent communément 27e mairs de foie. METTRE SUR LE POT, ex terme de Rafineur , c'eft emboïter la rête du päin fur un pot d’une grandeur proportionnée à la forme qui le contient , & propre _à recevoir le premier firop qui en découle. METTRE BAS ou QUITTER SON BOIS, c’eft ce que le cerf fait au printems. | METYCHIUM, ( Ancig, grec, }nom d’un des cinq principaux tribunaux civils d'Athènes; les quatre autres étoient l’'Héhde, le Parasbyte, le Trigonum, & le tribunal des Arbitres: Le Merychium tiroit fon nom de l’architeéte Metychius, qui fut l’ordonna- teur du bâtiment, où les juges s’aflembloient. On le nommoit ‘auf Batrachioum & Phonikoum ; foit à caufe des peintures dont 1l étoit orné, foit parce qu'il étoit tendu de rouge. ( D. J.) METZCUITLATL, ( Æiff. nat.) nom que {ui- vant François Ximenez, les Mexicains donnent à une pierre qui refflemble à la pierre fpéculaire ou au gypfe en lames, maïs qui eft un vrai tale, vû que l’action du feu ne produit aucun changement fur elle, Cette pierre eft d’un jaune d’or tirant un peu fur le pourpre. Voyez De Laet, de gemmis & la pidibus. MEVANIA, ( Géog. ant, }ville d'Italie dans l’Um- brie. Ptolomée, lv. 111. ch. j. la donne äux Vilum- brés qui habitoient la partie orientale de lUmbrie : fes habitans font appellés Mévenates par Pline. Cette ville étoit renommée par la quantité de bêtes à cor- nes blanches, qu'on y élevoit pour les facrifices, & c’eft ceque prouve ce vers de Lucaïin: Tauriferis ubi fefe Mevania campis Explicat , lv, I, v..473 MÉVAT , (Géog.) province des Indes , dans les états du grand-mosol, AL: MEUBLES, mobilia, (Gramm. & Jurifprud.) font toutes les chofes qui peuvent fe tranfporter facile- ment d’un lieu à un autre fans être détériorées , tels que les habits, linges & hardes, les meubles meublans, c’eft-a-dire les meubles qui fervent à garnir les mai- fon$, tels que les lits, tapifleries, chaifes , tables , uftenfiles de cuifine , les livres, papiers, Gc. tels fontaufli les beftiaux, volailles ,uftenfiles de labour, de jardinage &c autres ; l'argent comptant , les bil- lets & obligations pour une fomme à une fois payers les bijoux , pierreries , la vaiffelle d'argent , les ela- ces & tableaux , lorfque ces meubles ne {ont point attachés pour perpétuelle demeure. MEU Les matériaux préparés & amenés fur le heu pour bâtir, font aufli réputés mewbles tant qu’ils ne {ont point employés. Il en eft de même des preffes d’'Imprimerie , des moulins fur bateaux , des prefloirs qui fe peuvent defaffembler , du poiffon en boutique ou refervoir, & des pigeons en voliere deftinés pour lufage de la maifon. - C’eft ainfi que le bois coupé , le blé , foin ou grain foyé ou fauché , eft réputé meuble , quoiqu'il foit encore fur le champ & non tranfporte. - Il y a même des chofes qui font réputées meubles par fiétion, quoiqu’elles ne le foient pas encore en cffet. Tels font dans certaines coutumes les fruits natu- rels ou induitriaux , lefquels font réputés meubles après le tems de la maturité ou coupe ordinaire, quoiqu'ils ne foient pas encore féparés du fonds. Poyez Les coutumes de Reims ; Bourbonnois , Nor- rhandie. * Les fruits pendans par les racines font aufli répu- tès meubles relativement aux conjoints. Un immeuble eft réputé #euble en tout ou en par- tie, en vertu d'une claufe d’ameubliflement, En Artois , les catheux fecs, qui font les bâtimens, & les catheux verds, qui font Les arbres, font répu- tés rreubles dans les fucceflions. Il y a au contraire des meubles qui dans certains cas {ont réputés immeubles, tels que Les deniers pro- venant du rachat d’une rente appartenante à un mi- neur, Coutume de Paris, article 94: * Les aétions font meubles ou immeubles felon leur objet : fi l’a@ion tend à avoir quelque chofe de mo- bilier’, elle eft rzeuble ; fi elle a pour objet un immeu- ble , elle eft de même nature. Dans quelques coutumes , comme Reims & au- tres , les rentes conftituées font zzeubles | quoique fuivant le droit commun elles foient réputées im- meubles. Les meubles fnivent la perfonne & le domicile, c’eft-à-dire qu’en quelque lieu qu'ils fe trouvent de fait ; ils font tou‘ours régis par la loi du domicile, foit pour les fucceffions , foit pour les difpofitions que l’on en peut faire. Il faut excepter le cas de deshérence & de confif- cation dans lequel les meubles appartiennent à chaque feigneur haut jufticier dans le territoire duquel ils font trouvés. | Le plus proche parent eft héritier des zreubles , ce qui n'empêche pas que l’on n’en puiffe difpofer au- tremenit. Celui qui eft émancipé a l’adminiftration de fes meubles. La plüpart des coutumes permettent à celui qui eft marié où émancipé ayant l’âge de vingtians , de difpofer de fes meubles, foit entre-wifs ou par tefta- ment. | | - ILeft permis, fuivant le droit commun, de leguer “tous fes meubles à un autre qu’à l'héritier préfomp- tif, faufla légitime pour ceux qui ont droit d’en de- mander une. Îl y a auf quelques coutumes qui ref- traignent la difpoñtion des meubles quand le tefta- ‘teur n’a-ni propres ni acquêts.® | : | On diten Droit que mobilium vilis eff poffeffio , ce qui ne'fignifie autre chofe , finon que lon n’a pas communément le même attachement pour conferver | Les meubles en nature comme pour fes immeubles. Suivant le droit romain , les meubles font fufcepti- bles d'hypotheque auffi bien que les immeubles ; non-feulement ils {e diftribuent par ordre d’hypo- theque entre les créanciers lorfqu’ils font encore en la poffeffion du débiteur ; mais ils peuvent être fui- Vis par hypotheque lorfqu'ils paflententre les mains ‘d’un tiers. f Tome X, MEU 475 Dans les pays coutumiers on tient pour maxime que Les #eubles n’ont point de fuite par hypotheque, ce qui femble n’exclure que le droit de fuite entre les mains d’un tiers ; néanmoins on juge auffi qu’ils ne fe diftribuent point par ordre d’hypotheque, quoi- qu'ils foient encore entre les-mains du débiteur : c’eft le premier faififfant qui eft préféré fur le prix. Il y a néanmoins des créanciers privilégiés qui paflent avant le premier faififfant, tel que le nanti du gage, | Il y a des meubles non- faififfables , fuivant l’or- donnance , favoir le lit & l’habit dont le faif eft vêtu , les bêtes & uftenfiles de labour. On doit auffi laiffer au faifi une vache, trois brebis ou deux che- vres ; & aux eccléfiaftiques qui font dans les ordres facrés , leurs meubles deftinés au fervice divin ou fervans à leur ufage néceflaire | & leurs livres juf- qu'à cinquante écus. Foyez l'ordonnance de 1667 , £itre 33° Voyez aux infututes le titre de rerum diviffone , 8e au 7701 IMMEUBLE ; HÉRITIER, HyPotTHeQUuE & SUITE. MEUBLE ; adj. ( Jardinage. ) On dit, quand on a labouré une terre, qu'elle eft meuble, c’eft-à-dire qu'ee eft propre à recevoir la femence qui lui con- vient: Ù MEUDON , (Géogr.) en latin Medo dans les an- ciens titres ; maïion royale de France fur un côteau qui s'éleve dans une plaine aux bords de la Seine , à deux lienes de Paris. Nicolas Sanfon , M. Chatelain,' M. de Valois, Cellarius, Weffeling , & M. de la Martiniere, fe font tous trompés en prenant Meudon pour le Meriofédum dont parle Céfar au #11. Liv. de la guerre des Gaules. Woyez M£ETIOSEDUM. (D.J.) | MEVÉLEVITES, f.m. pl. ( Æiff: mod. ) efpæe de derwis ou de religieux turcs, ainfi nommés de Mevéleva leurfondateur. Ils affeétent d’être patiens, humbles , modeftes & charitables : on en voit à Gonftantinople conduire dans les rues un cheval chargé d’outres on de vafes remplis d'eau pour la diftribuer aux pauvres. Ils gardent-un profond fi- lence en préfence de: leurs fupérienrs & des: étran- gers ; &t demeurent alorsles yeux fixés-enrterre la rête baiflée & le corps courbé. La plüpart.s’habillent d’un gros drap de laine brune : leur-bonnet ,-fait de gros poil de chameau tirant fur le blanc ; refflemble à un chapeau haut & large qui n’auroit point de bords.Ils ont toujours les jambes nues &c la poitrine découverte, que quelques uns fe brûlent avec des fers chauds en figne d’auftérité: Ils fe ceignent avec une ceinture de cuir, & jeûnent tous les jeudis de l’année. Guer , mœurs des Turcs, 1ome I, ; Au refte, ces mevélevires , dans les accès -de leur dévotion , danfent entournoyant au fon de la flûte, font grands charlatans, &:pour la plüpart rrès-dé- bauchés. Voyez: DERvVIS. | MEULAN , Mellentum, où Medlintum ; ( Géogr.) petite ville de l’Ifle de France, bâtieen forme d’am- phithéâtre fur la Seine: C’eft une ville-ancienne , puifque dans les premiers fiecles de la monarchie elle a été le partage d’un fils de France, que l’on nommoïit:le comte Galeran de Meulan, Elle eft régie conjointement avec Mantes par une même coutume particuliere ; quifut rédigée en 1556. Sa fituation eft à 3 lieues de Mantes & de Poifly,, & à 8 au-def- “ous de Paris. Long. 19. 324 ar. 39. 1 (D, J.) MEULE ; f. f. ( Arr. méchanig. & Gramm, )) bloc de pierre, d’acier ou de fer taillé en rond ; & deftiné à deux ufages principaux , émoudre ou aiguifer les corps durs, ou les broyer. On broye au moulin les graines avec des meules de pierre; on aiguife les -inftrumens tranchans chez les Couteliers & les Tail- landiers à la zeule de pierre, On-fair les meules. À Oooï, 476 MEU broyer de pierre dure : celles à aiguifer de pierre qui pe foit ni dure ni tendre. Pour tailler les premieres, on fe fert d’un moyen bien fimple : on va à la car- riere, on coupe en rend la #eule de l’épaiffeur & du diametre qu'on veut lui donner ; en forte qu'elle foit toute formée , excepté qu'elle tient à la mañe - de pierre de la carriere par toute fa furface inférieu- re ; qu'il s’agit de détacher , travail qui feroit infini fi l’on n’eñt tronvé:le moyen de l’abréger ; en for- mant tout-au-tour une petite excavation prife entre la meule même & le banc de la carriere’, 8 en enfon- Gant à coups de mafñle dans cette excayation des petits coins de bois blanc ; quand ces coins font placés, on jette quelques feaux d’eau : Peau va im- biber ces coins de bois ; ils fe renflent, & telle eft la violence de leur renflement, que le feul' effort fufit pour féparer la meule du banc auquel elle tient, malgré fa pefanteur, & malgré l’étendue & la force de fon adhéfion au banc. Les weules À aïguifer des Taillandiers & des Fourbiffeurs font les plus gran- des qui s’emploient : plus un inftrument à émoudre eft large & doit être plat, plus la zeule doit être grande ; car plus elle eft grande, plus le petit arc de {a circonférence fur lequel l'inftrument eft appliqué tandis qu’on l’aiguife , approche de la ligne droite. Il y a des meules à aiguifer de toutés grandeurs :elles font de grès ni troptenidre nitrop dure; trop tendre, il prendroit trop facilement Peau dans laquelle la meule trempe en tournant : la meule s’imbiberoit jufqu’à l'arbre fur lequel elle eft montée , & la force centrifuge fuMroit pour la féparer en deux, accident où la perte de lazmeule eft Le moins à craindre : l’ou- vrier peut en être tuc. Sielle ne fe fend pas , elle s'ufe fort vite. Trop dure:, & par conféquent d’un oraintrop petit & trop ferré , elle ne prend pas fur le corps dur & ne l'ufe: point. IE eft important que Ja meule fur laquelle on émout trempe dans L'eau par fa partie mférieure : fans cela le frottement de la piece fur elle échaufferoit la piece au pointiqu'elle bleuiroit & feroitdétrempée. Les-meules des Diaman- taires font.de fer, Gc. gb à MEULE de moulir, ( Anrig.) Les meules de moulin de lPantiquité que l'injnre dés-tems à confervées, font toutes petites: 82 fort différentes de noS meules modernes. Thoresby. rapporte-qu'on en a trouvé deux owtrois en Angleterre «parmi d’autres antiqui- tés romaines, qui n’avorent:quemvingt pouces de long & autantide large. Il efttrèsvraiffemblable! que.les Egyptiens , les Juifs :82 les Romains ne fe fervoient ‘point de chevaux, de ventou d’eau, comme nous farfons., pour tourner leursrzewles, mais qu'ils em- ployoient à cet ouvrage pénible leurs efclaves.&c leurs prifonniers de guérre ; car. Samfon étant -pri- fonnier:des Philiftins , fut condamné dans fa prifon «à tourner lawmeule, IL eftexpreflément défendu dans lEcriturede les mettre en gageLes Juifs défignoient le grand poids de Pafflition d'un homme , par l’ex- | ‘preffion! proverbialé d’unewezle qu’il portoit à fon -çol y ceiqui ne-peut guere convenir qu'à l’efpece de étite meule que le hafard a fat découvrir dans ces “derniersttems.|( D.) | 15 MEULE ;rouril de Charron. Cette meule eft à-peu-. près femblable à célle des Taïllandiers ; eft montée | “furwe chaffist, 8c ef mue parune-barre de: fer faite “en manivelle: tElleifert aux Charrons pour:donner - te-fil:88 le tranchant à leurs outils. t MÉUL EE, .en cermezde Cloutier d’épingle | eft une roue d’acientrempémontéelur deux tampons, voyez TAMPONS ;'8&t mife en mouvement par une autre | grande rouede bois tournée par toute la force d’un homme &rplacée vis-à-vis la seule à, quelque dif tance. Cette meuleeft couverte: d’un chaffis de plan- che des deux côtés 8&z au-deflus, d’où pendtun car- -rèau de’verre pour garantir d’ouvrier des parcelles M EU de fer enflammées que la eue détache des elons qu'on yafäne. Voyez AFFINER. Voyez les fig. Gles PL. dn Cloutier d’épingle, PAT MEULE à l’ufage des Coureliers, Voyez l’article COUTELIER. _ MEULE , en serme d’Epinglier , eft une roue de fer en plein tailladée fur les furfaces en dents plus ou moins vives , felon l’ufage auquel on emploie. L'é- banchage exige qu’elles foient plus tranchantes , & l’afinage en demande de plus douces. Ces meules font d’un fer bien trempé ; quand elles font trop ufées , on les remet au feu ; on lime ce qui refte de dents jufqu’à ce que la place foit bien égale, & on les refait enfuite avec un cifeau d’acier fort aigu, fur des traits qh'on marque au compas &r à la regles Les meules {ont montées dans un billot percé à jour & en quarré fur des pivots où leur arbre joue ; ellestour- nent à l’aide d’une efpece de roue de rouet, dont la corde vient fe rendre fur une noix de l’arbre dela eu- le, Le billot n’eft point ouvert par en haut; il ya vis- a-vis du côté de la rteule nr établi ou maniere de fel- lette , plus hante derriere l’ouvrier que vers le bil- lot : l’ouvrier y eft aflis les jambes croifées en-def- fous à la maniere des Tailleurs. Voyez es figures €: Les PI, de l’Epinglier, € la fig. de la meule ez particulier, repréfentée parmi les Pl. du Cloutier d’épingles. MEULE , cerme de Fondeur de cloches, eft un maffif de maçonnerie dans lequel ou aflujettit un piquet de bois fur lequel tourne comme fur un pivot une des branches du compas de conftruétion qui fert à conf- truire le moule d’une cloche, Vayez les figures | PL de la fonderie des cloches | & l'arricle FONTE DES CLOCHES. | MEULE de foin , (Jardinage. ) eft une grande élé- vation d'herbes que l’on.artange & que l’ontripe ou foule pour former une pyramide fur laquelle Peau roule , & l’on dit que le foin eft fanné quand il eff ammeulés | Meuie. Les Miroiriers-Luneriers ont des meules de grès qu'ils tirent de Lorraine, fur lefquelles ils ar- rondilent la circonférence des verres des lunettes , êt autres ouvrages d'optique. Voyez GRÉS. MEULES , {.f..( Werrerie, ) morceaux de verre qui s’attachent aux cannes pendant qu’on s’en fert , &s qui s’en détachent quand elles fe refroidifent. : MEULES ; ( Wenerie, ) c’eft le bas de la tête d’un cerf, d’un daim & d’un chevreuil ; ce qui eft le plus proche du maffacre ; c’eft la fraife &c les pierrures qui fe forment. Les vieux: cerfs ont le tour de la meule large & gros, bien pierré & près de la tête. MEULIERE, MOILON DE ( Archireit. ) fe dit de tout moilon de roche malfait , plein de trous, & fort dur. Ce moilon eft fort recherché pour conftruire des murs en fondation & dans Peau. MEULIERE ; pierre de, ( Hifl.rar, Minéral.) nom générique que l’on donne à des pierres fort dures, mais remplies de trous & d’inécalités, dont on fe fert pour faire des meules de moulins. On fent que lon: peut employer des pierres de différentes efpeces pour cet ufage,; cependant.ilfaut-toujours qu’elles ent de la: dureté & de là rudefle pour. pouvoir mordre! fur les grains. Dans.quelques pays on, fait des meules avec du granite ; dans d’autres:on.prend une éfpèce de grais compacte &c. à gros grains. Wal- lerius donne lernom de pierres à meulés à un quartz rempli de trous comme s’il étoit rongé des vers, Lapierre dont on fe fert pour faite des meules aux environs de: Paris fe tire fur-tout de la Ferté-fur- Jouare ; c’eft une pierre dela nature du caillou. où du quaïtz ; elleeft opaque.;très-dure, & rempliede petits trous; on la trouve-par.de grands blocs dans la terre. Quandionveut.en faire dés meules oncom- mence par arrondir un bloc!,8t on:lui donne le dia- metre convenable ; on lui donne auf telle-épaifieur M E U qu’on juge à propos, en enlevant la terre qu cft ati tour : pour lors à coups de cifeaux on forme nne en- taille qui regne tout-au-tour de la mañle de pierre arrondie ; & l’on y fait entrer des coins de bois, én- faite on remplit le creux avec de l’eau, qui en fai- fant gonfler les coins de bois qu'on a fait entrer dans lentaille, font que la meule {e fend & fe fépare ho- rifontalement, On continue de même à creufer pout ‘ôter la terre , & à arrondirle bloc de pierre de meu- liere, & l'on ne fait la même opération que pour la premiere meule: | On donne encore aflez improprement le nom de Pierre de meuliere à une pierre dure remplie de trous & comme rongée , qui fe trouve en morceaux déta- chés dans quelques endroits des environs de Paris, à peu de profondeur en terre : cette pierre eft très- bonne pour bâur, parce que les inégalités dont elle eft remplie font qu’elle prend très-bien le mortier. MEUM , f. m. ( Bora.) M. de Tournefort place cette plante parmiles fenouilles, &c l’auroit appellée volontiers fœriculum alpinum , perenne , capillaceo fo. Lo; odoré medicato , fi le nom de mem n’étoit ap- prouvé par le long ufage. Les Anglois la nomment {pignel. | Les racines du meum font longues d'environ neuf pouces, partagées en plufieurs branches , plongées dans la terre obliquement & profondément ; de leur. fommet naïffent des feuilles, dont les queues font longues d’une coudée, & cannelées. Ces feuilles font découpées jufqu’à la côte, en lanieres très- étroites comme dans le fenouil, plus nombreufes, plus molles & plus courtes. Du milieu de ces feuilles s'élevent des tiges fera- blables à celles du fenouil , cependant beaucoup plus petites, triées, creufes, branchues, & termi- _ñées par des bouquets de fleurs blanches, difpofées en mamere de parafol. Elles font compofées de plu- fieurs pétales en rofe, portés fur un calice qui fe change en un fruit à deux graines, oblongues, arron- dies fur le dos, cannelées & applaties de l’autre cô- té : elles font odorantes , ameres, & un peu âcres. Comme la racine du meum eft de celles qui fubfftent pendant l'hiver , elle refte garnie de fibres cheve- Jues vers l'origine des tiges, & ces fibres font les queues des feuilles defléchées. Pline dit que le weum étoit de fon tems étranger enltalie , & qu'il n’y avoit que des médecins en pe- tit nombre qui le cultivoient; préfentement il vient de lui-même en abondance, non-feulement en Ita- lie, mais encoreen Efpagne , en France, en Allema- gne & en Angleterre.: . :+- On nefe fert que de la racine dans les maladies, quoiqu'il foit vraïflemblable que la graine ne man- queroit pas de vertus pour atténuer & divifer les hu- meurs vifqueufes & ténaces. On nous apporte cette racine-féchée des montagnes d'Auvergne, des AÏ- pes & des Pyrénées. Elle eft oblongue , de la groffeur du petit doïet, branchue, couverte d’uñe écorce de couleur de-rouille de fer en-dehors, pâle en-dedans, ‘8 un peu-gommeufe. La moëlle qu'elle renferme | eftblanchâtre d’une odeur aflez fuave, approchante de celle du panais, mais plus aromatique ;: & d’un goût qui n'eft pas defagréable ; quoiqu'un peu âcre & amer. | Cette racine de meum n’étoit pas inconnue aux an- | -ciens Grécs ;ils l’appelloient athemantique, peut-être parce qu'ils eftimoient le plus celle qu’on trouvoit urla montagne de Theffälie , qui fe nommoit arhe- midrie, Elle entre encore. d’après l'exemple des an- ciens, dans le mithridate & lathériaque de nosjours. On multiplie la plante qui fournit le eur, foit de graine , foit de racine ; & cette derniere méthode eft “la plus promptez (D,J:) : . UE à MEU 477 MEUM , (War. inéd. ) mérr athamantique eft chez les Droguiftes une racine 6blongue de la groffeur du petit doigt , branchue, dont l’écorce eff de éoutenr de rouille de fer en-dehors, pâle en-dedans, un peu gommeufe, renfermant une moëlle blanchätre d’une odeur affez agréable, prefque comme celle du pas hais, mais cependant plus aromatique ; d'un goût qui n'eft pas défagréable, quoiqu'il foit un peu âcre & amer. On nous l’apporte féchée des montagnes d'Auvergne, des Alpes & des Pyrénées, Le meum n'étoit pas inconnu aux acienÿ Grecs ; ils l'appellent æthemanrigue , ou parce qu'il a été in vente par Athamas, fils d'Eole &r roi dé Thebes > OÙ parcé qu’on repardoit comme le plus excellent celui qui naifloit fur une montagne de Theflalie appellé athamante. Geoffroi, matière médicale. Le inerim eft compté avec raifon parmi les atténuans les plüs ac- tifs , les expe@orans , les fomachiques, carina- tifs, emmenagogues & diurétiques, On s’eh fert fort peu cépendant dans les prefcriptions mapilirales ; il entre dans plufiéurs compoñrtions officinales, & fur- tout dans les anciennes , tellés que lé mithridate & la thériaque, On en rétire une éau diftillée fimple, qui étant aromatiqué , doit être comptée parmi Îles eaux difüllées utiles. Voyez EAU DiSrt£Lée. Cetté racine eft aufli un ingrédient utile de l’eau généralé de, la pharmacopée de Paris. (4 | MEUNIER, TETARD , VILAIN, CHEVESNE, CHOUAN , f. m. capito, (Hifi. nac. ) poiflon de ris vière que l'on trouve communément près dés mou- lins; il fe plait aufli dans les endroits fangeux € rem- plis d’ordures, Il a deux nagcoires au-deffous des ouies, deux autres au bas du ventre, À peu pres furle milieu de {a longueur , nne derriere l'anus, $é une fur le dos. La tête eft groffe ; la bouche dénuée de dents, & le palais charnu. La chair de ce poiflon à un goût fadé, elle eft blanche & remplie d’arrêtes. Rondelet, Rifl. dés poil. de riviere ; chap. æty, Voyez POISSON. MEUNIER , voyez MARTIN-PÊCHEUR. vz MEUNIER ,04 BLANC, f. m. ( Jardinape. )eft une maladie commune aux arbres, pr'iñcipalement aux pêchers, aux fleurs & aux hérbes potageres , telles que le melon & 1e Concombre ; c’efl une efpece de lepre qui gagne peu après les feuilles, les bourgeons Ou rameaux, les fruits , & les rend-tout blancs & couverts d'une forte de matiere cotoneufe, qui bou- chant les pores, empêche leùr tranfpiration, & par conféquent leur caufe un grand préjudice. Quelques: expériences que l’on ait faites, on na point encore pü y trouver du rèemede. MEUNIER, ( Péche.) eft un poiflon de riviere , efpece de barbeau, qui a une grofle tête, les écailles luifantes , la chair blanche & molle, & qui elt tout blanc , mais moins deflusle dos que fous le ventre : on lui donne plufieurs noms ; les uns l’appellent ré- tard ou ét, parce qu'il a une eroffe tête ; les autres meurtier , parce qu'on le trouve le plus ordinaire- ment autour des moulins, ou parce qu'ila la chair blanche ; enfin on lui donne auffi les noms de mx let ; majon, où menge, du mot latin rnupil : 1l a dañs la tête un os entouré de pointes comme une cha- taigne : il fe nourrit de boutbe, d’eau & d’infectes, qu nagent fur la fuperficie; ont le prend à la ligne, & onappâte l’hameçon avec des orillots qu’on tron- ve par les champs, ou des grains de raifin, Ou avec une efpece de mouche qu’on trouve cachée en hi- ver le long des rivieres. Il y en a qui fe fervent de cervelle de bœuf: ce poiffon ne va jamais feul, ce qui fait qu'on en prend beaucoup , foit à la ligne ,. foit aux filets. Il yen a encore une autre efpece , dont lesécailles font plus tranfparentes , un peu plus larges & plus délices ; elles approchent de la coulent de l'argent ; ce poiffon eftlong , épais & charnu: il eftrufé & dif. 473 MEU ficile à prendre ; 1! refte fouvent entre les bans de fa- ble dans les rivieres: pour le prendre les pêcheurs fe fervent plütôt de la ligne que de toute autre chofe. C’eft dans le moïs de Mai que cette pêche com- mence à être bonne jufqu'au mois de Mars: pour amorcer l’hameçon, on fe fert d’autres petits poif- fons ; ce poiflon s’amorce aufli avec des vers qu'on prend fur des charognes, & après en avoir fait amas, on les conferve dans des pots pleins de fon, & fi on veut n’en point manquer, on peut mettre du fang caillé dans des mannequins. MEUNIER , (Æcon. rufl.) c’eft celui qui fait valoir un moulin à moudre le grain. Voyez MOULIN à FRoO- MENT. MEURIR,MURE, (Jardin.) quand les fruits font trop m4rs, l’on dit qu'ils font paflés de tems. Le fo- leil fait meurir les fruits, & l’on peut avancer leur maturité en les expofant davantage au foleil , fi ce font des arbres encaïflés ou empotés. Si les arbres font en place, on dégarnit les fruits de feuilles dans le tems dé la maturité. MEURTE , ( Géogr.) riviere de Lorraine. Elle prend fa fource dans les montagnes de Vôges, aux frontieres de la haute Alface ; elle fe jette dans la Mofelle, trois lieues au-deflus de Pont-à-Mouflon. (D. J.) MEURTRE , {. m. (Jurifprud.) eft un homicide commis de guéet-à-pens & de deffein prémédiré , & forfque le fait n’eft point arrivé dans aucune rixé n1 duel. * Le meurtre differe du fimple homicide , qui arrive par accident ou dans une rixe. Ce crime eftauffi puni de mort. Voyez HOMICIDE. A MEURTRIERES , ff. font en terme de Fortifica- tion , des ouvertures faites dans des murailles , par lefquellés on tire des coups de fufils fur les ennemis. Voyez CRENAU , Chambers. MEURTRIR , ( Méd. ) voyez MEURTRISSURE. MEURTRIR , MEURTRI, ( Jardinage. ) fe dit d’un fruit qui a été froïffé , & eft un peu écorché. Meurrrik, (Peint.) meurtrir.en Peinture, c’eft adoucir la trop grande vivacité dés couleurs avec un vernis qui femble jetter une vapeur éparfe fur le tableau. (D. J.) -_ MEURTRISSURE, £. f. ( Gramm. G: Chirurgie. ) ‘amas de fang qui fe fait en une partie du corps; lorf- qu’elle a été offenfée par quelque contufon, ce fang extravalé fe corrompt', bleuit, noircit, & donne cette couleur à la partie meurtrie: cependant à {a longue il s’atténue, ou de lui-même, ou par les to- piques appropriés, fe diffipe par la peau, ëc la meur- trifure diparoït. MEUSE , La ( Géogr. ) en latin Ma/z ; voyez ce mor : grande riviere qui prend fa fource en France, dans la Champagne, au Baffigny , auprès du village de Meufe ; fon cours eft d'environ cent vingt lieuës. Elle pafle dans les évêchés de Toul & de Verdun, par là Champagne , le Luxembourg &r le comté de Namur ;enfuite après avoir arrofé l'évêché de Liege, une partie des Pays-Bas Autrichiens & des Provin- ces-Unies, & avoir recu le Wahal au-deffous de l’île de Bommel, elle prend le nom de Meéruwe , & fe perd dans l'Océan entre la Brille & Gravefend. Elle-eft très-poiflonneufe. Un phyfcien a remarqué qu’elle s’enfle ordinaire- ment La nuit d’un demi-pié plus que le jour, file vent ne s’y oppole ; mais c'eft un fait qu'il faudroit bien conffater avant que d’en chercher la caufe. On nomme vicillz Meuft, le bras de la Meufe qui fe fépare de Pautre à Dordrecht, & s’y rejoint en- fuite vis-à-vis de Vlaerdingen. Le maréchal de Vau- ban avoit projetté de faire un canal pour joindre la Mofelle à la Mesfe, par le moyen d’un ruiffeauqui, A MEU tombe dans la Mofelle à Toul ; & d’un autre qui {€ perd dans la Meufe au-deflous de Pagny ; il croyoit ce projet également utile & facile à exécuter. Mais exécute-t-on les meilleurs projets! ( D. J.) MEUTE , £. f. ( Vénerie. ) c’eft un aflemblage de chiens-courans deftinés à chaffer les bêtes fauves ou carnafleres, cerfs, fangliers , loups, &c. Pour mériter le nom de meute, il faut que laflemblage foit un peu nombreux. Cinq ou fix chiens-courans ne font pas une weute : il en faut au-moins une dou- zaine , & il y a des #eures de cent chiens & plus. Pour réunir l’agrément & lurilité , les chiens qui compofent une meute doivent êire de même taille, & ce qu'on appelle du même pié, c’eft-à-dire qu'il ne faut pas qu'il y ait d’inégalité marquée entr'eux pour la virefle & le fonds d’haleine. Un chien de meute trop vite eft aufli défeétueux que celui qui eft trop lent, parce que ce n’eft qu’en chaffant tous en- femble que les chiens peuvent s’aider, & prendre les uns dans les autres une confiance d’où dépend fouvent le fuccès de la chafle. D'ailleurs le coup d'œil &r Le bruit font plus agréables lorfqueles chiens font raffemblés, Les chaffeurs qui veulent louer leur meute, difent qu'on la couvriroit d’un drap. Mais c’eft un éloge que certainement il ne faut jamais prendre à la lettre. ; On parvient à avoir des chiens de même taille & du même pié, par des accouplemens dirigés avec intelligence, & en réformant févérement tout ce qui eft trop vite ou trop lent. En général on chaffe plus sûrement avec une 7reure vin peu pefante. La rapidité du train ne laifle pas le tems de goûter la voie au plus grand nombre des chiens. Ils s’accou- tument à ne crier que fur la foi des autres, à ne faire aucun ufagé de leur nez. Par-là ils font incapables de fe redreifer eux-mêmes lorfqu'ils fe font four- voyés , de garder le change, de relever un défaut. [ls ne fervent à la chaffe que par un vain bruit qui même fait fouvent tournér au change une partie des autres chiens & des chafleurs. Les foins néceflaires pour fe procurer & entre- tenir une bonne rreure , doivent précéder la naïflance mème des chiens, puifqu’on n’obtient une race qui ne dégénere pas, qu’en choïfiflant avec beaucoup d’atrention Les fujets qu’on veut accoupler. Lorfque les petits font nés, on leur donne des nourrices au-moins pendant un mois. Quand ils font parvenus à l’âge de fix, on juge de leur forme ex- térieure, & on réforme ceux dont la taille, autant qu’on peut le prévoir , s’accorderoit mal avec celle des autres chiens de la meute, Lorfqu’ils ont à-peu- près quinze mois, il eft tems de’les mener à la chaffe. On les y prépare en les accoutumant à connoïître la voix, & à craindre le fouet foit au chenmil, foit en les menant à l’ébat, foit en leur faifant faire la curée avec les autres. IL feroit prefqu'impofñlible de former une meute toute compolfée de jeunes chiens. | Leur inexpérience, leur indocilité, leur fougue donneroïient à tout moment dans le cours de la chafle , occafñon à des défordres qui augmenteroient encore ces mauvaifes qualités par la difficulté d’y remédier. Il eft donc prefque indifpenfable d’avoir d’abord un fonds de vieux chiens déja fouples & exercés. Si on ne peut pas s’en procurer, 1l faut en faire drefler de jeunes par pelotons de quatre’ ou cinq, parce qu’en petit nombre ils font plus allés à réterir. | Lorfque les jeunes chiens font accoutumés avec les autres, qu'on les a menés à l’ébat enfemble, qu'onleur a fait faire la curée, qu’ils fontaccoutumés à marcher couplés, on les mene à la chaffe. Il faut fe donner de garde de mêler ces jeunes chiens avec ceux qui font deftinés à attaquer. Dans ces premiers momens de la chaffe , 1l ne faut que des chiens sûts, : afin qu'on puifle les rompre aifément pour les re- mettre enfemble, & faire tourner toute la zreute à laninal qu'onveut chafler, On garde donc les jeu- nes chiens pour les premiers relais. Encore ne faut- 1l pas les y mettre feuls. On gâteroit tout fi l'en en découploit un trop grand nombre à-la-fois. Lorfque l'animal qu'on chafle eft un peu échaufté ,.&, qu'il commence à laifler fur la terre & aux portées un fentiment plus fort de fon paflage, on cherche l’oc- cafion de donner un relais. Ce moment ef fouvent celui du défordre , fi on ne le donne pas avec pré- caution, Îl faut premierement laifler paffer les chiens de meute. Enfuite on découple lentement ceux du, relais, en commençant par les moins fougueux , afin que ceux qui le font le plus, ayent le tems de s’ef. fouffler avant de rejoindre les autres, Sans cela des chiens jeunes & pleins d’ardeur s’emporteroient au- delà des voies, & on auroit beaucoup de peine à les redreffer. Lorfque les jeunes chiens ont chafé pendant quelque tems, & qu'on eft afuré de leur fagefle, ce font eux dont on fe fert pour attaquer, parce qu'ayant plus de vigueur que les autres , ils: font plus en. état de fournir à la fatigue de la chafle toute entiere: Un relais étant donné, les piqueurs doivent s'attacher à ramener à la mexre les chiens qui pourroient s’en être écartés. Pour facihter cet ameutement , 1l eft néceflaire d’arrêter fouvent fur la voie, & de-là réfultent divers avantages. L'objet de la chañfe eft de prendre sûrement la: bête que l’on fuit, & de la prendre avec certaines conditions, d'où réfulte un plus grand plaifir. Or pour être sèr, autant qu'il eft poffble , de prendre la bête qu’on a attaquée, 1l faut que les chiens foient dociles, afin qu’on puifle aifément les redrefler : il faut que le plus grand nombre ait le nez fort-exercé, pour garder le change, c’eft-à-cire, diftinguer l’ani- mal chaflé d'avec tout autre qui pourroit bondir devant eux: 1l faut encore qu'ils foient accoutumés" à chafler des voies froides, afin que s’il arrive un défaut , ils puiffent rapprocher l’animal & le relan- cer. Lorfqu'une ezte n’a pas cette habitude , qu’on pique au premier chien, & qu’on veut étouffer l’ani- mal de virefle, au lieu de le chaffer régulierement, on manque fouvent fon objet : le moindre défaut qui laifie refroidir les voies, n’eft plus réparable , fur- tout loffque le vent de nord-oueft fouffle, ou que le tems eft difpofé à l’orage, les chiens ayant moins de finefle de nez, la voie une fois perdue ne fe re- trouve plus. On ne court pas ces rifques, à beaucoup prés au même degré, avec des chiens accoutumés à chafler des voies un peu vieilles ; mais on ne leur en fait prendre l’habitude qu’en les arrêtant fouvent lorfque le tems eft favorable, & qu’on peut juger en commençant la chaffe, que les chiens emporteront bien la voie. Ces arrêts répétés donnent aux-chiens écartés le tems de fe rameuter. Ils les mettent dans le cas de faire ufage de leur nez, de gouter eux- mêmesla voie, & de s’en aflurer de maniere à ne pas tourner au change. Le bruit qui n’eft pas un des moindres agrémenus de la chaffe, en augmente : les chafleurs {e rafflemblent, le fon des trompes, les cris des vereurs & des chiens donnent ainfi dans le cours d’une chafle différentes fcenes.qui deviennent plus chaudes à mefure que Les relais fe donnent , & que l'animal perd de fa force. Ces momens vifs & gra- dués préparent &c amenent enfin la cataitrophe, la mort irapiquesë& folemnelle de lanimal. C’eft donc par la docihté qu'on amene les chiens d’une eue à acquérir toutes les qualités qui peuvent rendre la chafle agréable & sûre, Ils y gagnent, comme on voit, du côté de la fineife dunez,&de fon ulage; mais cette qualité efkroujours inégale parmi les chiens , malgré l’éducation ; & il en eft quelques-uns que la ME X 479 - nature. a doués d’une fagacité diffinguée : ceux-Jà ne changent jamais, quoi qu'il arrive. Le cerf a beau s'accompagner & {e mêler avec une trouped’autres animaux de {on efpece ,. ils Le démêlent toujours , & en reconnoiflent la voie à travers les voies now velles, de forte qu'ils chaffent hardiment lorique les autres chiens aufli fages, mais moins francs, balan- cent & femblent héfiter. On dit que ces, chiens fupé- rieurs font hardis dans le change, Les piqueurs doi- vent s'attacher à les, bien connoïtre, parce qu'ils peuvent toujours en sûreté y rallier les autres, La plüpart des avantages qu’une reure puifle réue nr, dépendent, comme on voit, de la docilité des chiens. Avec une meute, lage, la chafle n’a prefque point d'inconvéniens qu'on. ne prévienne.ou.qu’on ne répare. [l faut que la voix du piqueur enleve tou jours sûrement les chiens , qu'il foit Le maîtré.de les redreffer lorfqu'ils fe fourvoyent, & que lorfqu'ils le fuivent, il n'ait rien à craindre de leur impatience, L'ufage de mener les chiens couplés lorfqu’on va frapper aux. brifées, annonce une défiance dé leur fagefle , qui ne fait pas d'honneur à une eur. Il eft très-avantageux de les avoir au point de docilité où ils fuivent le‘piqueur polément & {ans defir de s’6- « chapper , parce qu’alors on attaque fans étourderie, : & qu'on évite un partage de la mewte qui eft très. ordinaire au commencement des chafles, Il eft tou jours poffble d'arriver à ce devré, lorfqu’on en prend la peine. L’alrernative de la voix & du foùet eft un puiflant moyen, &c il n’eft point de fougue qui réfilte à l'imprefion des coups répétés. Les au- tres foins qui regardent la meute, confiftent À tenir propres le chenil & les chiens, à leur donner une nourriture convenable & réglée, à obferver avec le plus grand foin les chiens qui paroiflent malades, pour les {éparer des autres. Voyez PIQUEUR & VÉNERIE. | MËW ART, ( Géog. ) ville confidérable du Japon; dans l'ile de Niphon , avecun palais, où l’empereur féculier fait quelquefois fon {éjour. Elle eft fur une colline, au pié de laquelle il y a de vañtes campa- gnes , femées de blé & de ris, entrecoupées de ver= gers pleins de prumers. Cette ville a quantité de tours , &t de temples fomptueux. ( D. J. MEWIS o2 NEWIS, (Géog.) petite île de l’Amé- rique feptentrionale, & l’une des Antilles, peu loin de S. Chriftophle. Elle n’a que 16 milles de circuit, & produit abondamment tout ce qui eftavantageux à l'entretien des habitans,, fucre, coton, gingem- bre, tabac, &c. Les Anglois en font les poflefleurs depuis 1628 , & y ont bâti un fort pour la mettre em fureté. Long. 315, latsnord17, 19. (D. J.) MEXAT-ALI, (Géog.) ville de Perfe, dans l’I- rac-rabi, ou Plrac propre. Elle eft renommée par la riche mofquée d’Aly, où les Perfans vont en pé- lerinage de toutes paris. Cette villenéanmoinstom- be tous les jours en ruine ; elle eft entre l’Euphrate & le lac deRehemat , à 18 lieues de Bagdat. Long. 62,32, dat. 31, 40. (D.J.) MEXAT-OCEM oz RERBESA, (Géog.) ville de Perfe ; dans l’Irac-Rabi. Elle prend fon nom d’une mofquée dédiée à Ocem, fils d’Aly. Elle eft dans un terroir fertile, fur l’Euphrate. Log. 62.40. lac. 32. 20.(D.J.) MEXICAINE , TERRE (Æi/1. nat.) terra Mexica= za, nom donné par quelques auteurs à une terre très-blanche, que l’on tire du lac de Méxique ; on la regarde comme aftringente, deflicarive , & com- me un remede contre les poifons. Les Indiens la nom- ment Thicarlali, MEXICO , vicre DE (Géog.) autrement ville de Mexique ; ville de l'Amérique feptentrionale , 11a plus confidérable du Nouveau-Monde , capitale de la Nouvelle-Efpagne , avec un archevêché érigé en 4o MEX 2547, ühe audiance royale , üne univerfité , fi Von peut nommer de ce nom les écoles de l'Amérique des places , des marchés, des boutiques’ qui brilloient d'ouvrages d’or & d’argent fculptés, de vaiflelle de terre verniflée , d’étoffes de coton , êc de tiflus de plumes, qui formoient des defleins écla- tans par les plus vives couleurs, L'achat & la vente fe faifoient par échange ; cha- çun donnoit ce qu’il avoit de trop, pour avoif ce qui lui manquoit. Le mais & le cacao fervoient feule- ment dé monnoiïe pour les chofes de moïndre va- leur. Îl y avoit une maifon où les juges de commer- ce tenoient leur tribunal ,pour regler les différends” entre les négocians : d’autres minifires inférieurs al- loient dans les marchés, maintenir par leur préfen- ce ; l'égalité dans les traités. Plufieurs palais de l’empereur Montézuma au- gmentoientla fomptuofité de la ville. Un d'eux s’é- levoit fur des colonnes de jafpe, & étoit deftiné à récréer la vûe par divers étangs couverts d’oifeaux de mer & de riviere , les plus admirables par leurs plumages. Un autre étoit décoré d’une ménagerie pour les oifeaux de proie. Un troifieme étoit rem- pli d'armes offenfives & défenfives , arcs, fleches, frondes, épées avec des trenchans de cailloux , en- châflés dans des manches de bois, &c. Un quatrie- me étoit confacré à l’entretien & nourriture des nains, des boflus , & autres perfonnes contrefaites ou eftropiées des deux fexes & de tout âge. Un cin: quieme étoir entouré de grands jardins, où l'on ne cultivoit que des plantes médecinales , que des in- tendans diftribuoient gratuitement aux malades. Des médecins rendoient compte au roi de leurs effets, & en tenoient régiftre à leur maniere , fans avoir l’u- fage de l’écriture. Les autres efpeces de magnifi- cence ne marquent que Le progrès des arts ;.ces deux dernieres marquent le progrès de la morale, com- me dit M.de Voltaire. Cortez , après {a conquête , réfléchiffant fur les avantages & la commodité de la fituation de Mex:i- co , la partagea entre les conquérans , & la fit rebâ- tir ; après avoir marqué les places pour lhôtel-de- ville, & pour les autres édifices publics. Il fépara la demeure des Efpagnols d’avec celle du refte des Indiens, promit à tous ceux qui voudroient y venir demeurer, des emplacemens & des privileses, & donna une rue entiere au fils de Montézuma , pour gagner Paffetion des Mexicains. Les defcendans de ce fameux empereur fubfiftent encore dans cette ville .& font de fimples gentilhommes chrétiens, confondus parmi la foule. Mexico eft a@uellement fituée dans une vañte plai- ne d’eau, environnée d’un cercle de montagnes d’en- viron 40 lieues de tour. Dans la faifon des pluies , qui commencent vers le mois de Mai, on ne peut entrer dans cette ville que par trois chauflées,, dont laplus petite aune grande demi-lieue de longueut; les deux autres font d’une lieue & d’une lieue & demie ; mais dans les tems de fécherefle , le lac au milieu duquel la ville eft fituée , diminue confidérablement. - Les Efpagnols fe font efforcés de faire écouler les eaux à-travers les montagnes voifines ; mais après des travaux immenfes , exécutés aux dépens des jours dés malheureux Mexicains , ils n’ont rénffi qu'en partie dans l’exécution de ce projet ; néan- moins 1ls ont remedie par leurs ouvrages aux inon- dations , dont cette ville étoit fouvent menacée. “Elle eft a@tuellement bâtie réeulterement , & tra- verfée de quelques canaux, lefquels fe rempliffent dés eaux qui viennent du lac. Les maifons y font bafles , à caufe des fréquens tremblemens de terre; les rues font larges, & les églifes très-belles. Il y à un très-srand nombre de couvents. On comptoit au moins trois cent mille ames dans Mexico {ous le regne de Montézuma ; on n’en trou- veroit pas aujourd'hui foixante mille , parmi lef- quels il y a au plus dix mille blancs; le refte des ha- bitans eft compofé d’Indiens, de nègres d'Afrique de mulâtres, de métis, & d’autres, qui defcendent du mélange de ces diverfes nations entre elles , 8€ aveclesEuropéens;ce qui a formé des habitans detou- tes nuances decouleurs,depuis le blancjufqu’au noir C’eft cependant une ville très-riche pour le com- merce , parce que par la mer du nord une vingtaine de gros vaifleaux abordent tous les ans à S. Jean de Mhua, qu'on nomme aujourd’hui /4 Wera-Crux, chargés de marchandifes de la chrétienté, qu’on traniporte enfuite par terre à Mexico. Par la mer du fud, elle trafique au Pérou & aux Indes orientales au moyen de l’entrepôt des Philippines , d’où il re- vient tous les ans deux galions à Acapulco , où l’on écharge les marchandifes, pour les conduire par terre à Mexique. . Enfin, f l’on confidere la quantité d'argent qu'on apporte des mines dans cette ville, la magnificence des édifices facrés , le grand nombre de carroffes: qui roulent dans les rues, les richeffes immenfes de’ plufieurs Efpagnols qui y demeurent , lon penfera qu’elle doit être une ville prodigieufement opulente: mais d’un autre côté , quand on voit que les Indiens qui font les quatre cinquiemes des habirans , font fi mal vétus, qu’ils vont fans linge & nudspiés, on a bien de la peine à fe perfuader que cette ville foit effeivement fi riche. Elle eft fituée à 22 lieues de la Puébla , 75 d’A- capulco , & à 80 de la Vera-Crux. Long. felon le P. Feuillée & des Places, 272 des, 21 min. 30 fec. lar. 20.10. Long. felon Caflini & Laieutaud, 273. 51 30. lat. 20. Long. felon M. de Lifle , 275. 15. lac 2010 (5079) MEXIQUE, L'EMPIRE DU (Géog.) vaite contrée de l'Amérique feptentrionale, founufe aux rois dæ Mexique , avant que Fernand Cortez en eût fait la conquête. Lorfqu’il aborda dansle Mexique, cetempire étoit au plus haut point de fa grandeur. Toutes les pro- vinces qui avoient été découvertes jufqu’alors dans l'Amérique feptentrionale , étoient gouvernées par les miniftres du roi du Méxique , ou par des caciques qui lui payoient tribut. | L’étendue de fa monarchie de,levant au couchant étoit au moins de $oo lieues; & fa largeur du mids au feptentrion contenoit jufqu’à près de 100 lieues dans quelques endroits. Le pays étoit par-tout fort peuplé , riche & abondanten commodités. La mer Atlantique , que lon appelle maintenant /a mer du Nord, & qui lave ce long efpace du côté étendu de- puis Penuco jufqu'à Yucatan, bornoit l'empire du côté du feptentrion. L’Océan , que l’on nomme afiatique , ou plus communément rer du Sud, le bornoit M E X IN À bornoit au.couchant, depuis le cap Mindofn, juf- qu'auxiextrémités de la nouvelle Galice, Le côté du fud.occupoit cette vafke côte , qui court au long de la mer du Sud, depuis Acapulco juiqu’à Guati- mala ; le côté da nord s’étendoit jufqu'à Panuco, en y comprennant cette province. Tout cela étoit l'ouvrage de deux ficcles. Le pre: mier chef des Mexiquains , qui vivoient d’abord en. république , fut un homme tres habile & très-brave; &depuis ce tems-là, als élurent, & déférerent Pau- totité fouverdine à celui.quipañoit pour le plus vail- lant. | Les, richeftes de l’empereur étoient & confidéra- bles , qu’elles fuff{oient non-feulement à entretenir les. délices de fa cour, mais des armées nombreu- les pour couvrir les frontieres. Les mines d'or & d'argent , les falines , & autres droits, lui produi- {oïent des revenus immenfes. Un grand ordre dans les finances maintenoit la profpérité de cet empire, Îl y avoit différens tribunaux pour rendre la juiice, & même des juges des affaires de,commerce. La police étoit fage- & humaine; excepté dans la cou- tume. barbare ( & autrefois répandue chez tant.de peuples ) d’immoler des prifonniérs de guerre à li- dole Vitztzilipuzl, qu'ils regardoient pour Le fou- verain des dieux. L'éducation de la jeunefle for- moit un des principaux objets dn gouvernement, Il y avoit dans l'empire des-écoles: publiques établies pour lun & l’autre fexe. Nous admirons encore les anciens Egyptiens ; d’avoir connu que l’année ct d'environ 365 Jours ; les Mexiquains avoient pouñé juiques-là leur aftronomie. | | Tel éroit l’état du Mexique lorfqaue Fernand Cor- tez, en 15 19 , fimple Heutenant de Vélatquez ) GOU- vetneur de l’île de Cuba , partit de cette ile avec fon agrément , fuivi de 600 hommes, une vingtaine de chevaux , quelques-pieces de campagne, &c fub- juga tout ce puiflant pays. D'abord Cortez eft aflez heureux pour trouver unefpagnol, qui, ayant été neuf ans prifonmier à Yucatan , fait le chemin du Mexique, hu fert de gui- de & detruchement. Une américaine, qu'ilnomme dona Marina, devient à-la-fois fa maïtrefie & fon confeil, & apprend bientôt aflez d’efpagnol, pour être auffi une interprete utile. Pour comble de bon- heur, on trouve un volcan plein de fouphre &c de falpètre, qui fert à renouvelier au befoin la poudre qu’on confommeroit dans les combats. Cortez avance devant le solphe du Mexique, tan- tôt careffant Les naturels du pays, &c tantôt faifant la guerre. La puiffante répubhique de Tlafcala fe joint à lui, & Jui donne fix mille hommes de fes troupes, qui l’accompagnent dans fon expédition. Il entre dans l'empire du Mexique , malgré les défen- fes du fouverain , qu'on nommoit Mozrezuina : « Mais » ces animaux guerriers fur qui les principaux Efpa- » enols étoient montés, ce tonnerre artificiel qui fe » formoit dans leurs mains, ces châteaux de bois » qui les avoient apportés fur l'Océan , ce fer » dont ils étoient couverts, leurs marches comptées >» par des vidoires, tant de fujets d’admiration, » joints à cette foibleffe qui porte le peuple à admi- » rer ; tout cela fit que quand Cortez arriva dans la » ville de Mexico, il fut recu de Montézuma com- » me fon maitre, @ par les habitans , comme leur »# dieu. Onfe mettoit à genoux dans les rues, quand » ün valet efpagnol pañloit. » Cependant, peu-à-peu , la cour de Montezuma s’apprivoifant avec leurs hôtes, ne les regarda plus que comme des hommes. L'empereur ayant appris qu’une nouvelle troupe d'Efpagnols étoit fur Le che- nin du Mexique , la fit attaquer en fecret par un de fes généraux , qui par malheur fur battu. Alors Cor- tez , fuivi d’une efcorte efpagnole, & accompagné Tome X, | : tonte ; M-E1X 481 de fa dona. Marina, fe rend au palais du rot, Îleme ploie tout entemble la perfuañon & la méhace , eiris inenc à fon quartier l’empereur ptifonniet , & l’éñs gage de fe réconnoïtre publiquement vaffal de Chars les-Quinit, Montézuma , & les principaux de la nation, dort: nent pour tribut attaché à leur hôommagé, fix cent mille mares d’or pur ; avec une incroyable quantité de pénenes » d'ouvrages d’or, & tout ce que l’ins dufirie de plufieurs fiècles avoit fabriqué de plusrare dans cefté contrée. Coftéz en mit à part lé cinquies me pour fon rhaître, prit un cinquieme pour Ii, & ditribua le refte à fes foldats. | Ce weft pas là le plus grand prodige ; il eft bien plus fingulièr que lés conquérans de ce nouveau monde ; fe déchirant eux-mêmes , les conqhêtes n'en fouftfireñt pas. Jamais lé vrai ne fut moins vraiflemblable. Vélafquez ofenfé de la gloire dé Coïtez, envoye un corps de mille Efpagnols avec deux pièces de canon poùr le prendre prifonnier , &c finivre le cours de fes vioires. Cottéz laifle cent hommes pour garder empereur dans fa capitale, & marche, fiivi du refte de fes gens , contre fes com- patriotes. Il défait les premiers qui l’attaquent , & gagne les autres , qui, 1ous fés étendards, retournent avec li dans la ville dé Mexico. | IL'trouve à fon arrivée cent mille Américains ent armes eontre les cent hommes qu'il avoit commis à la garde dé Montézuma , lefquels cent hommes, fous pretérte d’une confpiration , avoient pris le rems d’une fête pour éporger deux mille dés principaux fépneuts , plongés dans l'ivrefle de leurs liqueurs fortes, & lés avoient dépouillés dé tous lés orne- mens d'or & de pierreries dont ils s’étoient parés. Montézuma mourut dans cétte conjon@ure; maïs les Mexicains animés du defir de la vengeance, élurent eh fa place Quahutimoc , due nous appellons Gari- moyir, dont la deftinée fut entore plus funefte qué celle de fon prédécefleur. l | ‘Le defefpoir & la haïné précipitoient lès Me: xicains contre cés mêmes hommes , qu'ils nos foient atiparavant regarder qu’à genoux ; Cortez fe vit forcé de quitter la ville dé Mexico, pour n’y être pas affame. Les fndiens avoient rompu lés chauf: fées , & les Elpagnols firent des ponts avec les corps des ennemis qui les bourfuivoient, Mais dans leut retraite fanglante , ils perdirent tous les tréfors im menfes qu'ils avoient ravis pour Charles-Quint, & pour eux, Cortez n’ofant s’écarter de la capitale, fit conftruire des bâtimens , afin d’y rentrer par lè lac. Ges brigantins renverferent les milliers de ca- nots charocs de Mexicains qui couvroient le lac, & qui voulurent vainement s’oppoñfer à leur paflage. Eofin, au milieu de ces combats, les Efpagnols prirent Gatimozin, &c par ce coup funefte aux Me- xiquains , jetterent la confternation & l’abattement dans tout l'empire du Mexique, C’eft ce Gatimozn fi. fameux par les paroles qu'il prononça , lorfqu’un receveur des tréfors du roi d'Efpagne le fit mettré fur des charbons ardens , pour favoir en quel endroit du fac il avoit jetté toutes fes richefles. Son grand- prêtre condamné au même fupplice, poufloitles cris les plus doulourenx, Gatimozin lui dit fans s’'émou- voir : « Et moi fuis-je fur un lit de rofes ? » Ainfi Cortez fe vit, en 1521 , maître de la ville de Mexique, avec laquelle le refte de l'empire tomba ous la domination efpagnole , ainfi que la Caftille d’or, le Darien, &r toutes les contrées voiïfines. L’erpire du Mexique fe nomme aujourd’hui {x rou- velle Efpagne. Ce fut Jean de Grijalva, natif de Cuellar en Efpagne,, qui découvrit le premier cette vafte révion, en 1518, & lappella rouvelle Efpa… gne, Vélazquez, dont j'ai parlé , lui en avoit donné la comnuffion , en lui défendant d'y faire aucun éta« Ppp 482 ME X bliffement. Cette défenfe les ayant brouillés, Cor- tez fut chargé de la conquête, &c ne tarda pas à faire repentir Vélafquez de fon choix. _ Ce grand pays éft borné au nord par le nouveau Mexique, à orient par le golfe du Mexique , & par la mér du Nord, au mudi par l'Amérique méridio- nale, & par la mer du Sud, & à l'occident encore par la mer du Sud, Ceite contrée eff divifée en 23 gonvernemens, qui dépendent tous du viceroi du Mexique , dont la réfidence eft dans la ville de Mexico , de forte qu'il a plus de 400 lieués de pays fous fes ordres, Le roi d'Efpagne lui donne cent mille ducats d’appointe- mens , à prendre fur les deniers de l’épargne outre fon cafuel, qui n’eft guere moins confidérable , fi Javatice s’en mêle. Paie de fa viceroyauté eft ordinairement de cinq ans. Voilà toute l’hiftoire de l’émpire du Mexique ; mais je ne confeille à perfonne de fe former l’idée de la conquête qu’en firent les Efpagnols , fur les mémoi- res d'Antonio de Solis. ( D. J. ) MEXxIQUE , province de, (Géog.) province princi- pale de l'Amérique feptentrionale dans l’empire du Mexique ou [a nouvelle Efpagne. Elle eft bornée au nord pär la province de Panuco, à l’orient pat cette même province de Panuco, & par celle de Tlafcala, au midi par la mer du Sud, & à Poc- cident par la province de Méchoacan. Les deux principaux lieux de cette province, en prenant du nord au midi, font Mexico & Acapulco. Ce derniet eft ün bourg avec un port sûr, où les vaifleaux des Philippines abordent d'ordinaire vers les mois de Décembre & de Janvier, & en partent dans le mois de Mars. Il arrive fouvent des tremblemens de terre dans ce bourg. (D. J.) , MEXIQUE , /e lac de, (Géog.) ou lac dé Mexico, On donne cé nom à un grand lac du Mexique, dans lequel eft bâtie la ville de Mexico. Ce lac eft dou- ble ; l’un eft formé par une eau douce , bonne, fai- ne, & tranquille ; & l’autre a une eau falée, ame- re, avec flux & reflux, felon le vent qui foufile. Tout ce lac d’eau douce & falée peut avoir cin- quante-deux lieues de circuit. _ Îly avoit autrefois environ quatre-vingt bourgs où villes fur les bords de ce lac, & quelques-unes contenoient trois à quatre mille fanuiles ; préfen- tement il n’y a pas trente bourgs ou villages dans cette étendue de terrein ; & le plus grand bourg contient à peme quatre cent cabanes d'Efpagnols ou d’Indiens. On prétend que la feule entreprife des travaux pénibles AE on occupe Îles Mexi- quains, pour empêcher l’eau du lac d’inonder la ville de México, en a fait périr un million dans le dernier fieele : on ne peut épuifer le récit des diffé- rentes manieres dont les Efpagnols fe font joué de la vie des Américains. MEXIQUE, le golfe du, (Géog.) grand efpace de mer fur la côte orientale de l’Amérique feptentrio- nale. Il a au nord la côte de la Floride & l’île de Cuba qui eft à fon embouchure, au midi la pref- que île d'Incoftlan & la nouvelle Efpagne, & à Poccident la côte du Mexique, qui lui a donné fon nom. M. Buache a mis au jour en 1730 une bonne carte du golfe du Mexique, _ MEXIQUE, rouveau, (Géog.) grand pays de l’'Amériqué feptentrionale, découvert en 1553 par Antoine Defpejo, natif de Cordoue & qui étoit venu démeurer à Mexique, Ce pays eft habité par des Sauvages. M. Delifle le placé entre le 28 & 39 degré de Zasir. feptentrionale ; il l’étend au nord juiqu’à Quivira, & à lorient jufqu’à la Louifiane; au midi, 1l lui donñe pour bornes la nouvelle Ef- pagne ; & à l’occident la mer de Califormie. MEYEN , 04 MEYN , (Géog.) petite ville d’Al- lemagne dans l’éledorat de Trèves, fur la riviere de Nette , affez près de Montreal. Henri de Finftin- gen archevêque de Trèves bâti cette place en r280. On la nominoit anciennement Magniacum, 8 elle donnoit à la campagne voifine le nom de Meynfeld, en latin magniacenfis ager. Ce petit pays qui S’appel- loit auparavant Ripuaria, à caufe des Ripuaïtes ou Ubiens qui habitoiént entre le Rhin, là Meufe 8c la Mofelle du fems des Francs, faïfoit un duché parti- cülier fous l'empereur Confard lé falique. (D..7.) MEYENFELD, ( Géog.) ville du pays dés Gri- fons, dans la ligue des dix jurifdiéions, chef-lieu de la cinquieme communauté. On l’appelle en latin Majævilla & Lupirum. Elle eft fur le Rhin dans une campagne agréable & fertile, furtout en excellent vin, à fix lieues N. E. de Coïre. Longir, 27. 15. lat, AT i 104 MEYRAN, ox MEYAN, (Géog.) cap dé la mer Méditerranée fur la côté dé Provence, environ fept à huit milles à l’eft du cap Couronne. C’eft une sroffé pointe fort haute, & efcärpée detoutes parts. Voyez Michelot, Porfulan, de a Méditerranée. (D. J.) MEZAIL, {, m. (Blaf.) On appelle ainfi dans le Blafôn , le dévant ou le milieu du heanmé. Borel, qui râpporté ce z20£ comme un terme d’armoiriés , le fait venir du grec puesev, Milieu. MEZANINE, f. f. ( Afchite&.) térmé dont fe fervent quelques archite@es, pour fignifier uh 4- liqué Où petit érage qu'on met par occañon fur un preñer , pour y pratiquer uñe’ garde-robe ou au îres chofés femblables. Voyez ATTIQUE. Le mot eft emprunté des Italiens qui appellent mézanines ces petites fenêtres moins hautés que lärges, qui fervent à donner du jour à un attique Où entre-fol. | On appelle fenérres méçanines celles qui fervent à éclairer un étage d’entre4ol ou d’attique. MEZDAGA, ( Géog.) ville d'Afrique dans la province de Curt, au royaume de Fez, Elle eft ancienne , & bâtie au pié du mont Atlas : Prolo- mée en met la org. à 10. 10. la Lar, à 33. la Lau tude eft aflez jufte, mais la Zongirude doit être à environ 134, (D. J. MEZELERIE, f. f. (Gram.) c’eft-à-dire /éproferie, vieux terme d’ufage du tems de S. Louis, où la léproferie étoit fréquente parmi les François qui lavoient apportée de la Terre-fainte. Jomville ra- conte dans la vie de ce prince, qu'un jour il lui fit cette queftion. « Sénéchal, lui dit-il, une demande » vous fais-je, favoir, lequel vous aimeriez mieux, » être meézeau , ladre, où avoir commis un pechié » mortel : & moi qui onque lui voulus mentir, lui » répondis que j’aimerois mieux aVoir commis tren- » te pechiez mortels, que d’être. mézeau ; &, quand » les freres furent départis de-là, il me rappella tout » feulet, me fit feoir à fes pieds, & me dit : com- » ment avez-vous ofé dire ce que m'avez dir ? & je » lui réponds que encofeje le difoye ; &c il mé va di- » re: Ha ! foul mufart, vous y êtes déceu; car vous » favez que nulle fi laide mézellérie n’eft comme être » en pechié mortel ; & bien eft vrai, fit-il, caf quand » l’homme eft mort, 1l eft fane & guéri de fa mégel- » lerie corporelle. Mais quand l’homme qui a fait » pechié mortel meurt, 1l ne fait pas ni n’eft certain » qu'il ait eu en fa vie une telle répentance que » Dieu lui veuille pardonner. Par quoi grand paout » doit-il avoir que cette mézellerie de pechié lui dure » longuement ; pourtant vous prié, fit-1l, que pour » l'amour de Dieu premier, puis pour l'amour de » moi, vous refteigmiez ce dit dans votre cœur, & » que aimiez mieux que zrezellerie & autres mef- » chefs vous viennent au corps, que commettre uñ » pechié mortel, qui eft fi infame wégellerie, &c. » Quel roi! quel bon fentiment ! quelle fainteté! Y'oyez M. Ducange, dans fes notes fur ce paflage de Joinville. (2. 7.) | MEZELERIE , { f. (Commerce. ) efpece de brota- telle, qu'on connoit mieux fous le nom d’éroffe de d'apport de Paris : elle eff mêlée de laine & de 1oie, MEZERAY, (Géog.) village de France dans la baîle Normandie , entre Argentan & Falaife. I n’eft connu, & nous n'en parlons ici, que parce qu'il a donné le jour à François Eudes de Mezeray, qui $’eit fait un grand nom par fon hifloire de France, Il publia le premier volume 24-fo/, en 1643, le fecond en 1646, & le troifieme en 1651. Enfuite 1l donna l’abregé de cette hiftoire en 1668 , trois vol. 2-4. Comme 1l mit dans cet abregé l’origine des impôts du royaume, avec des réfléxions, on lui fupprima la penfion de 4000 liv. dont 1l avoit été gratifié ; mais On n'a pas pu détruire le goût de préférence du public pour cet abrégé, Mezeray fut reçu à l’Aca- démie françoife en 1648, & mourut en 1683, à 73 ans. (D, J) MEZERÉON oz BOIS-JOLI, f, m.(Jardin.) petit arbriffeau que l’on nomme communément hois-jo/i, 11 fe trouve dans les bois de la partie feptentrio- ñale de l’Europe & jufque dans la Laponie. Il s’é- leve à environ quaire piés, donne peu de bran: ches, ä-moins qu'il n’y doit contraint par la taille. IL fait une tige droite qui a du foutien, ainfi que les branches. Son écorce eft life, épaifle, jaunä- tre, Ses racines font jaunes, molafles, courtes & Lffes, fans prefqu’aucunes fibres, ni chevelures. Sa fetulle eft longue, étroite, pointue, d’un verd-ten- dreen-deflus & bleuâtreen-deflous. Dès le mois de Février, Parbrifeau bien ayantla venue des feuil- les, fe couvre de fleurs d’une couleur de pourpre violet : elles font belles, fort apparentes, de lon- gue durée, & d’une odeur agréable. Les fruits qui leur fuccedent font des baies rouges, pulpeufes, ‘! xondes, de la groffeur d’un-poids; elles couvrent An noyau qui renferme la femence ; leur maturité arrive au mois d’Août. | Le bois-jo/i refifte aux plus.grands foids. Il. fe plait aux expoñtions du nord, dans les lieux froids & élevés, dans les terres franches.& humides, mêlées de fable ou de pierrailles. Il vient fur-tout à l’om- -bre & même fous les atbres. . On peut multiplier cet arbrifleau de bouture ou “de branches couchées ; mais ces méthodes font lon- -gues &c incertaines. Lavoie la plus courte eft .de faire prendre de jeunes plants d’environ un pié de “haut dans les bois, qu'il faudra tranfplanter dès Æa fn du mois d'O&tobre. À défaut de cetre faci- Lté, il faut faire femer les graines peu de tems “après leur maturité, qui eft à fa perfechion lorf- «qu'elles commencent à tomber. Ence.cas, elles le- -Veront auprintems fivant; mais fi on ne les {e- -moit qu'après l'hiver, elles.ne leveroient qu’à l’au- ire printems. faut femer ces graines dans-une terre fraîche, à l’ombre d’un:mur expofé au nord ou tout au,plus au foleil levant. Au bout de.deux ans, les jeunes-plants auront cinq À fix pouces, & feront en état d’être ttanfplantés, ce qu'il faudra faire autant que l’on pourra avec la motte de terre. Par ce moyen, les plants auront deux ans après environ un pié de haut, & commenceront a donner des “fleurs. Maïs quand on:tire des jeunes plants du bois, ilm’enrreprend pas:la dixieme partie; &.ceux quixéuffiflent , font deux ou trois jans à reprendre -Wigueur. Cependant il y.a.des térreins qui permet- tent de les enlever avec la motte. de terre, par ce moyen on évite le retard & la langueur. Onvpeutitirer:grand parti de cet arbriffeau dans -1les jardins, (pour l’agrément. Il seft :très.fufceptible d'une forme réguliere; on peut lui faire prendre une tige droite de deux: piés-de hauteur ,ayecune Tome X, M EZ 433 tête bien arrangée. On peutle mettié en paliffade contre un mur expolé au midi, où il fleurira dés lé mois de Janvier, On peut en faire des haies de deux à trois pics de haut, En le taillant toits les ans, au printems, il fe garnira de branches & il donnera quantité de fleurs, dont la beauté, la durée & la bonne odeur feront un ornement, dans une faifon Où la nature eft encore dans l’engourdiffement pouf le plus grand nombre des végétaux. Toutes les parties du 4ois joli, À l’exception des fleurs, font d’une Acreté fi exceflive qu’elles brülent la bouche. Les fruits ne font pas de mauvais goût & n’ont rien d’âcre en les mangeant ; mais 1Îs font fi mordiçans & fi cauftiques, que quelque tems après on fent à la gorge une chaleur extraordis naue qui caufe pendant environ douze heures une atdeur des plus vives & très-incommode, Ce fruit eft un violent pureatif; cependant les oifeaux en mangent, fans qu'il en réfulte d’inconvénient ; ils en font même trés-avides, Linnæus rapporte qu’en Suede on prend les loups & les renards, en leur faifant manger de ce fruit caché fous l’appat des charopnes , & qu’ils en meurent fubitement. On connoît quelques variérés de cet arbriffeau. 1°, Le boïs-Joli à fleurs rouges ; c’eft celui qui eft le plus commun. 2°. Le bors joli à fleurs rougedtres ; C’eftune moin. dre teinte de couleur, dont le mérite eff de COntri= buer à la variété, 3°. Le bois-joli à feuilles panachées de blanc ; autre variété qui eft plus rare que belle. On peut la mul- tiplier par la greffe en approche ou en écuffon fur l'efpece commune. 4°. Le bois joli a fleurs blanches ; cette variété eft très-raré & d’une grande beauté. Sa fleur eft un peu plus grande que celle des autres beis-Joli ; mais l'odeur en eft plus délicieufe : elle tient du jafmin &c de la jonquille, Son fruit eft jaune, & les plants qui en viennent , donnent la même variété À fleurs blanches ; on peut auf la multiplier par là greffe fur l’efpece commune. | On peut encore multiplier toutes ces variétés à en les greffant en écuflon ou en approche fur le laureole ou gafon, qui eft un arbriffeau toujours verd, du même genre. Voyez LAUREOLE, Ariicle de M. DAUBENTON le fubdélévué, MEZIERES , en latin moderne Macerie, (Géog.) ville de France en Champagne, avec une citadelle, Mexieres appartenoit dans le x. fiecle À l’églife de Reims ; voyez l'abbé de Longuerue , & Baugier, Mém. Wiff. de Champagne, Une puiflante armée de l’empereur Charles-Quint fut obligée d’en lever le liege en 1521, par la belle réfiftance du chevalier Bayard, Elle eff bâtie en partie:fur une colline, en parue dans un vallon, für la Meufe , à 8 lieues de Rhétel, $ N. E. de Sedan, 1 S.E, de Charleville, SiN.Ë. de Paris. Long. 224, 23", 151, Jar, 594, af, Il ; MÉZILLE, (Geog.) petite riviere de France ; elle a {a fource dans le pays appellé Puifaye, au-deflus du bourg de Mezille, & fe perd dans le Loin, auprès de Montarais. (D. /J.) MÉZUNE, (Géogr. ) ancienne ville d'Afrique, dans la province de Ténex , au royaume de Tréme- s 5, y: L A cen, entre Ténex & Moftagan, à 12 milles de la Méditerrance. On y trouve encore de beaux vefti- ges des Romains, quoique les Arabes ayent ruiné cette ville, & contraint les habitans d'aller s'établir ailleurs. Ptolomée en parle fous le;nom d’Opidoneum colonia, & lui donne de long. 164, & de ut. 23. 40. MÉZUZOTH ,f.m.(Théol. rabbin.) c’eft ainfi que les Juifs appellent certains morceaux de parchemin -écrits,qu'1ls mettent aux poteaux des portes de leurs maifons , prenant à la lettre ce qui eft prefcrit au Pppi 484 MIA Deuteronome , ch. vj. Y. 9. mais pout ne pas ren- dre les paroles de la loi, le fujet de la profanation de perfonne , les docteurs ont décidé qu'il falloit écrire ces paroles fur un parchemin. On prend done un parchemin quarré, préparé exprès, où l’on écrit d’une encre particuliere, & d’un caraétere quarré, les verfets 4, 5, 6,7, 8, & 9 du chap. vj. du Deu- téronome; & après avoir laïflé un petit efpace, on ajoute ce qui fe lit Deuréronoine , chap. ij. Y. 13. juf- qu'au ÿ. 20. Après cela on roule le parchemin, on le renferme dans un tuyau de rofeau ou autré', en- fin on écrit à l'extrémité du tuyau le mot Saddar, qui eft un des noms de Dieu. On met de ces mezu- zoth aux portes des maïlons, des chambres , 6£ au- tres lieux qui font fréquentés; on les attache aux battans de la porte au côté droit; & toutes les fois qu'on entre dans Ja maifon ou qu’on en fort, on touche cet endroit du bout du doigt, & on baïfe le doigt par dévotion. Le diétionnaire de Trévoux écrit maguge,au-lieu de mezuzoth ; il ne devoit pas commettre une faute fi grofliere. (D. J.) MEZZO-TINTO, ( Grav ) on appelle une eftampe imprimée en meggo-tinto, celle que nousnommons | en France piece noire ; ces fortes d’eftampes font af- fez du goût des Anglois ; elles n’exigent pas autant de travail que la gravure ordinaire ; mais elles n'ont pas le même relief : d’un autre côté, on attrape mieux la reffemblance entwezzo-tinto, qu'avec le Le trait ou la hachure, (D. J.) M I MI, fm. ( Mufique.) une des fix fyllabes inven- fées par Guy-Arétin, pour nommer ou folfer les notes. Voyez E, SI, ML, Gé GAMME, (5) MIA ,"( Hiff. mod.) c’eft le nom que les Japonois | donnent aux temples dédiés aux anciens dieux du pays: ce mot fignifie demeure des ames. Ces temples font très-peu ornés ; ils font conftruits de bois de cèdre ou de fapin, ils n’ont que quinze ou feize piés de hauteur; il regne communément une galerie tout-au-tour , à laquelle on monte par des degrés. Cette efpece de fanétuaire n’a point de portes; il ne tire du jour que par une ou deux fenêtres gril- lées, devant lefquelles fe profternent les Japonois qui viennent faire leur dévotion. Le plafond eft orné d’un grand nombre de bandes de pap.er blanc, : fymbole de la pureté du lieu, Au milieu du temple eft un miroir, fait pour annoncer que la divinité connoît toutes les fouillures de Pame. Ces temples font dédiés à des efpeces de faints appelés Car, qui font, dit-on, quelquefois des miracles, & alors on place dans le #7 fes offemens , fes habits, &c fes autres reliques, pour les expoñfer à la vénération du peuple : à côté de tous les ze, des prêtres ont foin de placer un tronc pour recevoir les aumones. Ceux qui vont offrir leurs prieres au cami, frap- pent fur une lame de cuivre pour avertir le dieu de Teur arrivée. À quelque ditance du temple eft un baffin de pierre rempli d’eau, afin que ceux qui vont faire leurs dévorions puiflent s’y laver; on place ordinairement ces temples dans des folitudes agréa- ‘bles, dans des bois, on fur le penchant des’collines ; on y eft conduit par des avénues de cèdres ou de ‘cyprès. Dans la feule ville de Méaco on compte près de quatre mille #14, deffervis par environ qua- tante mille prêtres ; les temples des dieux etrangers fe nomment ära, MIA ou MUAH, ( Géogr.) ville du Japon, dans la province d'Owari, fur la côte méridionale de Pile de Niphon, avec un palais fortifié, &c regardé com- me troifieme de l'empire. Long. 153.35. lat 35. MIAFARKIN, ( Géog. ) ville du Courdiflan, Long. 4 felon Petit de la Croix, 75. Las, 38. (D...) MIAGOGUE,, f. m. ( Hiff. anc. ) nom qu’on don- noit , par plaifanterie, aux peres qui faifant in{crire leurs fils Le troifieme jour des apaturies dans une tri- bu, & facrifioient une chevre ou une brebis, avec une quantité de vin, au-deflous du poids ordonné. MIAO-FSES LES, ( Géog.) peuples répandus dans les provinces de Seichuen, de Koeïttcheon, de Houquang, de Quangfñ, & fur les frontieres de la province de Quangtong. Les Chinois, pour les contenir, ont bâti d’aflez fortes places dans plufieurs endroits, avec une dé- penfe incroyable. Ils font fenfés foumis lorfqu'ils fe tiennent en repos; & même s'ils font des aétes d’hof- tilité, on fe contente de les repoufler dans leurs montagnes , fans entreprendre de les forcer : le vice- roi de la province a beau les citer de comparoitre, ils ne font que ce que bon leur femble, Les grands feigneurs Mao - fses ont fous eux de petits feigneurs, qui, quoique maîtres de leurs vaf- faux , font comme feudataires, & obligés d’amener leurs troupes , quand ils en reçoivent l’ordre. Leurs armes ordinaires font l’arc & la demi-pique. Les felles de leurs chevaux font bien faites, & différen- tes des felles chinoifes, en ce qu’elles font plus étroi- tes, plus hautes, & qu'elles ont Les étriers de bois peint. Ils ont des chevaux fort eftimés, foit à caufe de la viîtefle avec laquelle ils erimpent les plus hau- tes montagnes, & en defcendent au galop, foit à caufe de leur habileté à fauter des foflés fort larges. Les Miao-fses peuvent fe diviler en Miao-fses {oumis &c en Miuo-fses non foumis. | Les premiers obéiffent aux magiftrats chinois, & font partie du peuple chinois, dont ils fe difinguent - feulement par une efpece de coëffure, qu’ils portent au-lieu du bonnet ordinaire, qui eften ufage parmi le peuple à la Chine. Les Miao-fses fauvages , ou non foumis , vivent en liberté dans leurs retraites; où ils ont des mai- {ons bâties de briques à un feul étage. Dans le bas ils mettent leurs befliaux, fe logent au-deffus. Ces Mi ao-fses font {éparés en villages, & font gouvet- nés par des anciens de chaque village, Ils cultivent la terre; ils font de la toile, & des efpeces de tapis qui leur fervent de couverture pendant la nuit. Ils n’ont pour habit qu’un caleçon, & une forte de caf- que, qu'ils replient fur l’eflomac, (D. J.) MIASME , 1. m. (Méd.) puaoua, ce nom eft dérivé du verbe grec mure, qui fignifie fouiller , corrompres cette étymologie fait voir qu'on doit écrire wa/- me par un, & non par un y; cette forte d’ortho- graphe eft aflez ordinaire, & notamment elle s’eft oliflée dans ce diétionnaire à larsicle CONTAGION, voyez ce mot. Par miafme on entend des corps extrè- mement fubuls, qu'on croit être les propagareurs des maladies contagieufes ; on a penfé aflez naturel- lement que ces petites portions de matiere prodi- pieufément atténuées s’échappoient des corps infec- tés de la contagion, & la communiquoient aux per- fonnes ron infettées , en pénétrant dans leurs corps après s'être répandues dans l’air, où par des voies plus courtes, paflant immédiatement du corps affelé au 07 affecté ; ce n’eft que par leurs'effets qu’on eft parvenu à en foupçonner l’exiftence : un feul hom- me attaqué de la pefte a répandu dans plufeuts pays cette funefte maladie. Lorfque lapetire vérole fe manifefte dans une ville, 1l eft rare qu’elle ne devienne pas épidémique ; 1l y a des rems où Pon voit des maladies entierement femblables par les fymptomes, les accidens, & les terminaifons, fe répandre dans tout un pays; fi un homme bien fain boit dans le même verre, s’efluie aux mêmes fer- viettes qu’une perfonne galeufe , ou s’il couche fim- plément à côté d’elle, il manque rarement d’attra- per la gale ; il y a des dartres vives qui fe commu fiquent auf par le fimple toucher ; la vérole exige pour fe propager un contaët plus immédiat, & l’ap- plication des parties dont les pores font plus ouverts où plus difpofés; [a nature, les propriétés, & la façon d'agir de ces particules contagieules ou #ia/ines font entierement inconnues; comme elles échap- pent à la vûe, on eft réduit fur. leur fujet à des con- jeétures toujours incertaines ; on ne peut conclure autre chofe finon que ce font des corps qui par leur ténuité méritent d'être reégardés comme les extrè- mes des êtres immatériels, 8: comme placés fur Les confins qui féparent la matiere des êtres abftraits. Foye; CONTAGION. Et le plus ou moins de proxi- muté que les maladies différentes exigent pour fe communiquer, fait préfumer que leur fxité varie beaucoup : quelques auteurs ont voulu pénétrer plus avant dans ces myfteres, ils ont prétendu dé- terminer exattement la nature de ces riafmes, fur la fimple obfervation que les ulceres des peftiférés étoient parfemés d’un grand nombre de vers, fuite aflez ordinaire de la corruption; ils n’ont pas ba- lancé à nommer ces petits animaux, auteurs & pro- Pagateurs de la contagion, & ils ont affuré que les miafimes n'étoient autre chofe que ces vers qui.s’élan- çoient des corps des peftiférés fur les perfonnes fai- nes, Ou qui fe répandoient dans l’air. Default, mé- decin de Bordeaux, ayant vû le cerveau des ani- maux morts hydrophobes remplis de vers, en a conclu que les mia/imes hydrophobiques n’étoient autre choie; il a porté le même jugement par ana- logie fur le virus vénérien, On ne s’eft point appli- qué à réfuter ces opinions , parce qu'elles n’ont au- cunement influé fur la pratique; &c que d’ailleurs, dans des cas aufli obfcurs , tous les fyftèmes ont à- peu-près le même degré de probabilité, & ne peu- vent être combattus par des faits évidens. (M) + MIATBIR, ( Geog.)c’eft, 1°. le nom d’une pe- tite ville d'Afrique, dans la province de Hea, au royaume de Maroc; 2°. c’eft aufi le nom d’une montagne du grand Atlas de la province de Cutz, au royaume de Fez. (2,J.) | MICA, f. m. (Hifi. nar. Minéral.) c’eft le nom que quelques auteurs donnent à une pierre apyre, c'eft-à-dire que lation du feu ne peut ni fondre ni convertir en chaux, & quidoit être regardée comme un vrai talc. Voyez TALC. Le rica eft compofé de feuillets ou de lames min- ces, faciles à écrafer quoique flexibles jufqu’à un certain point. Le #ica doré, mica aurez, eft compofé | de petites lames de couleur d’or, ce qui fait qu’on le nomme auff or de chat. Le rmica argenté, mica ar- gentea , argyrires, argyrolytus , eft d’un blanc brillant comme l'argent, on le nomme aufli argent de char. La plombagine ou crayon s’appélle mica pidoria , il eft de la couleur du plomb. Il y a de plus des ice rougeâtres, verdâtres. On appelle rica écailleux ce- lui qui eft.en feuillets recourbés comme des écail- les , en latinica Jquarmmofa. Les différentes efpeces de rica fe trouvent, ou par lames affez grandes unies les unes aux autres, ou bien il eft en petites paillettes répandues dans différentes efpeces de pier- res. Voyez l'ALC. M. des Jufti, chimifte allemand, prétend avoir obtenu du mica jaune une nouvelle fubftance mé- . tallique qui avoit quelque analogie avec l’or; l’eau forte n’agifloit point fur ce mica, mais l’eau régale en diflolvoit une portion. Pour cet effet il ft calci- ner un rca qui fe trouve en Autriche ; 1l en mêla un gros avec une demi-once d'argent en fufion , & l'y laiffa pendant trois heures, après avoir couvert le mélange avec un verre compolé de deux parties de verre de plomb , d’une partie de fafran de Mars, d'une partie de fafran de Vénus, crocus veneris, d'une partie de verte d'antimoine, & de trois par- M IC 485 ties de flux blanc. Ce verre eft d’un ufage excellent, fuivant M. de Jufti qui s’en eft fouvent fervi avec fuccès. Après avoir fait le départ de l'argent, il tomba au fond une grande quantité d’une poudre , qu'il prit pour de l'or, mais qui fondue avec le bo- rax & le nitre, lui donna une fubftance métallique d'un gris noirâtre ; elle n’étoit point duétile. M, de Jufi joignit vingt-quatre livres, poids d’effai, d’or pur, & autant de la fubftance fufdite, il fit fondre le tout, & obtint une mafle de quarante-fept livres qui avoit parfaitement la couleur de l’or, &c qui n’avoit rien perdu de fa duétilité ni à chaud ni à froid. Pour s’aflurer de la nature de cette mafñle il la coupella avec vingt-quatre livres de plomb de Villach qui ne contient point d'argent , 8c il lui refta un bouton d’or qui pefoit vingt-cinq livres & demi d'effai, ce qui lui annonça une augmentation d’une livre & demie, d’où il conclut que la couleur du rca doré, {a fixité au feu , pourroient bien annon- cer la préfence d’une fubftance métallique anaïogue à l’or, mais à qui il manque quelque principe pour être un or parfait. Voyez l'ouvrage allemand de M, de Jufti qui a pour titre, zouvelles vérirés phyfiques , partie premiere. N'y a lieu de préfumer que l’augmen- tation dont parle M. de Jufti, eft venue du cuivre ou du fer qui entroïient dans la compoñtion du verre dont 1l s’elt fervi comme d’un fondant. Plufieurs minéraloviftes donnent le nom de mice ferrea, ou de mica férrugineux à une mine de fer ar- fénicale, compofée de feuillets ou de lames, qui reflemble beaucoup au vrai mice dont nous avons parlé, mais qui en diffère en ce que le mice ferru- gineux écrafé donne une poudre rouge comme l'hématite ou fanguine, ce qui n’arrive point au mica talqueux, (— MICATION , {. f (if, anc.) jeu où l’un des joueurs leve les mains en ouvrant un certain nom- bre de doigts, & l’autre devine le nombre de doigts levés, pairs ou impairs. Les lutteuts en avoient fait un proverbe, pour agir fansles connoiflances nécef- faires à la chofe qu’on fe propofoit , ce qu'ils défi- noient par zicare in tenebris. MICAWA, ( Géog. ) felon le pere Charlevoix, & MIRA WA dans Kæmpfer, province, & royaume au Japon, qui a le Voari à loueft, le Sinano au nord, le Toolonu à left, & la mer du Japon au fud. (D.1.) MICE , f. f. (Jurifprud.) terme ufité dans quel- ques coûtumes, qui fignifie moitié, zzedia pars, droit de #ice, c’eft en quelques lieux le droit de percevoir la moitié des fruits. ( 4 MICHABOU, f. m.(Æiff. mod. culte.) c’eft le nom que les Algonquins, & autres fauvages de l’'Améri- que feptentrionale donnent à l’Être fuprème ou pre- mier Efprit, que quelques-uns appellent le grand= liévré: d’autres Pappellent asakocan. Rien n’eft plus ridicule que les idées que ces fauvages. ont de la divinité ;1ls croient que le prand-liévre étant porté fur les éaux avec rous lesquadrupedes qui formoient fa cour, forma la terre d’un grain de fable, tiré du fond .de l'Océan , & les hommes des corps morts des animaux ; mais le prand-tigre, dieu des eaux, s’oppofa aux deffeins, du grand-liévre’, ou du-moins refuia de s’y prêter. Voilà, fuivant les fauvages, lés deux principes qui fe combattent perpétuelle- ment, Ta | Les Hurons défignent l’Étre fuprème fous le nom d'Areskoui, que les froquois nomment Agréskoué, Ils le regardent comme le dieu de la guerre. Ils croient qu'ily eut d’abord fix hommes dans le monde; l’un d'eux. monta au ciel pour y chercher.une femme, avec qui il eut commerce; le très-haut s’én étanr apperçu précipita la femme, nommée drakenesik {ur Ja terre, où elle eut deux fils, dont l’un tua l’autre, 486 MIC Suivant les froquois, la race humaïne fut détruite par un déluge univerfel, & pour repeupler la terre les animaux furent changés en hommes. Les fauva- ges admettent des génies fubalternes bons &c mau- vais, à qui 1ls rendent un culte; Ærahenisik qu'ils confondent avec la lune , eft à la tête des mauvais, & Joukeska, qui ef le foleil, eft le chef des bons. Ces génies s'appellent Okkisik dans la langue des Hurons, & Manitous chez les Alsonquins. Voyez ces deux articles. MICHAELSTOWN , (Gzog.) ville de PAméri- que dans l’île de la Barbade, avec une bonne cita- delle & un bon port, appartenant aux Anglois, qui la nomment communément Bridg -1own. Longir. 319.40. lat. 18. (D.1.), MICHE , f. f. (Boulang.) pain de groffeur fufi- fante pour nourrir un homme à un repas; plus fou- | vent un painrond, très-confidérable, petant plu- | fieurs livres. Il ya des miches de toute grandeur & | de tout poids. MICHEL , Saint (Æif. mod.) ordre militaire | de France, qui fut inftitué par Louis XI. à Amboïfe, le premier Août 1469. Ce prince ordonna que les chevaliers porteroient tous les jours un collier d’or fait à coquilles lacées l’une avec l’autre, & pofées {ur rune chainette d’or d’où pend une médaille de l’archange faint Michel, ancien proteéteur de la Fran- ce. Par les ftatuts de cet ordre, dont leroi.eft chef & grand-maître,al devoit être compofé detrente-fix | gentilshommes , auxquels :l n’eft pas pernnis d’être d'unautreordre , s'ils ne font empereurs, rois, om ducs. Is avoientpour devife cesparoles irmenfiure- mot Oceani: cet ordre s'étant infenfiblement avali fous les premiers füccefleurs d'Henri II. Henri HL. : le releva en le joignant avec celui du faint-Efprit. C’eft pourquoi les chevaliers de celui-ci, la veille de | leurrréception, prennent l'ordre de Jaire-Michel,en | porrentlecollier autour & tout proche delenrécuf- | Hon , & fontenconféquence appellés chevaliers des | ordres duroi. De tous ceux qui avoient reçu l'ordre “de faint-Michel, fans avoir celui du faintÆfprit, de | roi Louis XIV. en 1665 en choifitun certain nom- | bre, à latcharge de faire preuve de leur noblefle & | de leurs fervices. Le roi commit un des chevaliers | de fes ordres pour préfiler au chapitre général ide | Jordrede faint- Michel, 8y recevoir ceux qui y font | admis. On le confere à dés gens de robe, de finance, | -de lettres, 8&imême à desartiftes .célebres par leurs talens. Ils portent la croix de Jainr-Michel attachée | à un cordon ide foie noire moiré; c'eft-là ce qu’on appelle fimplement lordredefainr-Michel, Micmez ,la faine Michel,-la fête de faint Michel, | qui atrivele 29 de Septembre. Voyez QUARTIER É | TERME. | Aile de faint Michel, voyez AÎLE. MicneL SainrT, ( Géog. ) ville forte de Pile de Malthe, appelléeautrefois l’le.de la Sengle ,dunom | ‘dugrand maître de ce nom, quila fit bâtir.en 1560. | Elleeft féparée de la Terre-ferme par un ifoflé, & : bâriefurunrocher. Micmez SaiNT, ((Géog. ) ville de l'Amérique | féptentrionale , dans latnouvelle Efpagne, dans la | tprovince de Méchoacan ; elle eft à 140 heues de | México. Long. 274. 40.lat. au. 35. (D. J.) MrcHELANGE , cacher de,\( Pierres gravées.) fa- | meufe cornaline du cabinet du roi de France. 1ainfr | moinmée, parce qu'on croitqu'elle fervoit de cachet | à Michel-Ange. Quoïqu'il'enfoit, cette cornaline | #fttranfparente, gravée en creux, 8 contient-dans | tune «efpace de cinq à fix lignes, treize owquatorze figures humaines, fans compter:cellesides ‘arbres, ide quelques animaux, & un exergue où lon voit Heulement'un- pêcheur. Lesantiquaires françois n'ont pas encoreeûle-plaïfr decdeviner/le’fujet.de cette PP M IC pierre gravée. M. Moreau de Mautout y découvre un facrifice en l'honneur deBacchus, & en mémoire de fa naïffance ; & M. Beaudelot y reconnoit la fête que les Athéniens nommoiïent Puanepries. Quand vous aurez vu dans l’hiftoire de l'académie des Bel- les-Lettres , la figure de ce prétendu cacher de Michel: Ange, Vous abandonnerez l'énigme , ou vous en chercherez quelque nouvelle explication, comme a fait M. Elie Rofmann , dans fes remarques fur ce ca- chet, imprimées à la Haye en 1752 22-89. ( D. J. MICHELSTATT ,o4MICHLENSTATT,(Gcog.) petue ville d'Allemagne, au cercle de Francome , fur la riviere de Mulbing , dans le comté d’Erpach, entre la ville d'Erpach & Furftenau. Long. 27. 48, lat. 49% 2250, | | MICHIGAN , ( Géog. ) grand lac de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle France ; ce lac s’é- tend du nord au fud depuis les 49 30 de lat. nord, jqufqu’au 41 45. Sa largeur moyenne eft de 33 ou 4 lieues ; fon circuit peut avoir 300 lieues. MICIACUM ; ( Géog. ) nom latin d’une abbaye de France au diocèfe d'Orléans, à deux lieues de cette ville vers le couchant , fur le Loiret. Cette abbaye aujourd’hui nommée farnt Mefmin, fut bâue fur la fin du regne de Clovis, par fait Eufpice & faint Maximin fon neveu, de qui il a pris le nom. Elle appartient maintenant aux Feuillans : faint Euf- pice.en fut le premuer abbéen 508, & faint Maxi mmn:ou faint Mefmin le fecond. Elle a eu beaucoup de faints religieux dans les commencemens; lestems ont changé. (D. J. 2 MICO , ( Æif. mod. ) c’eft le titre que les fauva- ges dela Géorgie, dans l’Amérique deptentrionale, donnent aux:chefs ouvois. de chacune de leurs ma- tions, En 1734 Tomokichi, rico des Yamacraws, fut amené.en Angleterre , où xl fut très-bier reçuidu roi à quiil préfenta des plumes d’aigles, qui font le préfent le plus refpedtueux de ces fauvages. Parmi les curiofités que l’on fit voir à Londres à ce prince barbare, rien ne le frappa autant que les couvertu- res de laine, qui felon lui, wwitotent affez bien les peaux des béres ; toutle refte n’avoit rien qui frappât fon imagination aumêmepoint. MICOCOULIER ,f.m.celois , ( Hift. nat. Botan.) genre deplante à fleur.en-rofe , qui. a plufeurs éta- mines très-courtes. Le piful s’éleve au milieu de ces étamines, & devient dans la fuite un fruit ou une baie qui renferme un noyau arrondi, Tourne- fort, Znf£.rei herb. Voyez PLANTE. MIcOCOUILLER , œ/us, arbre .demoyenne gran: deur; que lon cultive dans les pays méridionaux de l'Europe pour l'utilité de fon ‘bois. Ilipread une tige droite & d'une groffeur proportionnée ; àl fart uneitête réguliere & fe garnit:de beaucoup de’bran- ches qui s'étendent &'s'inclinent : fon écorce d’une couleur olivätrerembrunie. eftafleziunie. Safewille eft rude au toucher en-deflus, veinée en-deffous , longue,, ‘dentelée, -& pointe ; elle a‘beaucoup de reflemblance avec celle de l’orme, :& fa verdure, quoiquerterne ,ieftaflez belle ; du-moinsielleftcon- ftante &c-de longue durée. Ses fleurs paroïflent ay commencement d'Avril : elles font-petites, de cou- leur hetbacée, &ideinul agrément : lestruitsauifuc- cedent font ronds, moirâtres., de la groffeur d'un pois. :Ce font des noyaux quirenfermentune aman- de, & qu ifont:couverts d’une pulpe ‘fort agréable augoût, maistropmince pourifervir d’aliment. L’at- bre en rapporte beaucoup tous lesans, &-quoiqu'als foient:en maturité au-mois-defanvier, ils reftent fur l'arbre jufqu’au retour.de la féve. | Get arbre ,:quoiqu'originaire des pays méridie- naux, eft dur, robufte ,'tenace ; ilréfifte aux hivers les-plus rigoureux dans la partie feptentrienale de ceroyaume, fans.en-être aucunementendommagé il féuffit à toutes les expoñtiôns ; & il lent dafis îous les terreins ; il m'a patu feulement qu’il ne pro: fitoit pas fi bien dans une terre franche , trop dure ; ëc trop forte. Il fe multiplie fort aifément; fon ac- croiflément eft aflez prompt ; il reprend volontiefs à la tranfplantation, & il n’exigé aucune culture par- ticuliere., ET of | M, On peut le multiplier en couchant fes branches an mois de Mars : mais.comme elles n’auront .qu’au bout de deux ans desracines fufifantes pour la tranf- plantation; qui enfuire retarde beaucoup l’accroif- 1ement ; la voie la plus éoutte, la plus sûre , &la plus facile; féra d'élever eet arbre de graines, Il faudra les femer auffi-t0t que la failon le permettra dans le mois de Février, .ôu au commencement de Mars, afin qu’elles puiflent lever la même année ; car f on lés femoit tard, la plus grande parrie ne le- Veroitqu'au printems fuivant, Dés la premiere annce es plantes s’éleveront à-deuix ou trois piés : fi on néglige de les garantir du froid par quelqu’abri, les tiges des jéuines plans périront jufqu’à trois où quä- tre pouces de terre : petit defaflre qui n’aura nal in- eonvénient; les jeunes plans n’en forméront qu'une tige plus droite & plus vigoureufe ; il auroit toñjours fallu les y ,amenct enles coupant à deux ou trois pouces de terre. Car en les laiflant aller, leur tige qui eft trop foible ; fe charge de menués branches , fe chiffonne fans prendre d'accroiflement. À deux aës les jeunes plans feront en état d’être mis en pé- Pinieré pendant quatre ou-cinq äns ; après quoi on pourra lés tranfplanter à demeuré, Le mois de Mars cit le tems le plus ptopré pout cette opération, qu'il faut faire immédiatement avant que ces atbres ne commencent à pouffer ; ils porteront du fruit à fix où fept ans, Nul autre foin après cela qué de les aider à foimer de belles tiges, en les dreffant avec un ap- pui, & en retranchant les branches latérales, à me: fure que les arbres prennent de la forcé. - On pourroit employer le micocouiller dans les jar dins pour l'agrément ; {on feuillage n’éprouve aucun changement dans fa verdure pendant toute la belle faifon, Il donne beaucoup d’ombre , & il efttout des derniers à fe fanher & à tomber. Dans les terreins de peu d’étendue où l’on ne peut mettre dé grands arbres, ôn pourroit employer celui-ci, parce qu'il ne s'éleve qu’autant q'on l’y oblige; fon branchage eft menu, fouple , pliant ; ils’étend de côté y &t s’in- chine naturellement. Cet arbre feroit par conféquent très-propre à faire du couvert dans les endroits où on vent ménager les vûes d’un bâtiment. Il eft dif pofé de lui-même à fe garnir de rameaux depuis lé pié : il fouffre Le cifeau & le croiffant en toute fai- fon; cequile rend très- propre à être employé à tous les ufages que l’on fait de la chatmille. On auroit de plus avantage d’avoir une verdure de bien plus longue durée. Jamais cet arbre d’ailleurs n’eft atta- qué d'aucun infeéte, & il ne caufe pas la moindre malpropreté jufqu’à la chûre des feuilles. Il fera en- core très-convenable à faire de la garniture, & à donner de la variété dans les bofquets , les mafhfs , les petits bois que l’on fait dites grands jardins : & quand'même on ne voudroit faire nul ufage de cet arbre pour l’agrément, parce qu’on n’eft pas dans Phabitude de s’en fervit pour cela , on devroit toû- jours le multiplier pour lutilité de fon bois... Le bois de icocouiller eft noïrâtre, dur, com- patte, pefant, & fans aubier. Il eft f liant, fi fouple, ët fi tenace , qu'il plie beaucoup fans fe rompre : en forte que c’eft un excellent bois pour faire des bran- carts de chaïfe & d’autres pieces de charronnage, On en fait des cercles de cuve qui font de très-lon- gue durée : on prétend qu'après l’ébene & le buis, ce bois prévaut à tous les autres par fa duteté, fa force, & fa beauté. I] n’eft point fujet à la vérmou- MIC 487 | dure, & fa durée eft inaltérablé, à ce que difent les anciens auteurs. On s’en fert aufli pour les inftru- mens à Vent, & il eft très-propre aux Ouvrages dé fculpture, parce qu'il ne contracte Jamais de gerfu- res. La racine de l’atbte n’eft pas f compäaéte que le tronc ; mais elle ef plus noire :-ün en fait des mant- Ches pour des couteaux & pour des ménus oùt1l8, On fe fert auf de cette racine pour teindre lés étof. fes de laine, & de l’écorce pour mettre les peaux eh couleur. | Voici les différentes efpeces de cet arbre que l’on connoît juiqu'à préfent. | 1°. Le micocouiller à friir noirdtre : on le nomme en Provence fabréconifler, où falabriquier, C’eft à cette efpece qu’il faut principalement appliquer tour le détail ci-deffous. 2°. Le micocouiller à fruir noir : cet arbre eft très: commun en Îtalie, en Efpagne, & dans nos ptôvin: ces méridionales. Il eft de même grandeur que le précédent ; mais fes branches ont plus de fourien; fa tige fe forme plus aifément, & fon accroiffement eft plus prompt. Ses feuilles font plus épaifes , plus rudes, plus dentelées, & la plûpart panachées de jaune ; ce qui donne à cet arbre uh agrément finsu- lier : d'autant plus que cette bigarrure lui eft natus relle, & ne provient nullement de foibleflé ou de maladie. Ses fruits font plus gros, plus noirs, & plus charnus : en général cet arbre à plus de béair- té ; On peut le multiplier & le cultiver de même ; #l ne demande qu’un foin de plus ; &’eft de lé garantir des gelées pendant les deux ou trois premiers hivers; après quoi il réfiftera âu froid, aufi-bien que lé pré: cédent. on 3°. Le petit micocouiller du Livatet : ce petit arbrè s'éleve à environ vinet piés. Il a lés feuilles beauz coup plus petites ; plus épaifles, & d’un verd plus brun; que celles des éfpeces précédentes ; fon fruit eft jauñe. | 4°. Le micocouiller à gros fruits jar ? on le croit originaire d'Amérique ; il eft rare en Angléterre , & pêu connu en Frances $°. Le micocouiller du Levans à grôs finit & à largès feuilles : il eft auffi raré que le précédent, Ces trois dernieres efpecés font auffi robuftes que les deux premierés : on peut les multiplier & les cul- tiver de même, & de plus les preffer les unes fur Les autres. Aréicle de M. DAUBENTON , fubdéléeué, MI-COTE o2 DEMI-COTE, (Jardinage ) 1e dit d'un terrein fitué fur le milieu de la pente d’une mon: tagne , d’un côteau : c’eft la fituation la plus agréa ble des jardins. Voyez SITUATION. MICROCOSME , f. m.( Phÿfg.) terme gréc qui fignifie littéralement perir monde, Quelques anciens philofophes ont appellé ainfi l'homimie } comme par excellence, & comme étant , felon eux ; l’abrégé de tout ce qu'il y a d’admirable dañs le grand monde Où macrocofme. Voyez MACROCOSME. Le Mais fi l’homme éft l’abrégé des pérfeétions de Punivérs ; on peut dire auf qu'il eft Pabrégé dé fes impetfeétions. Au réfte , le mot de icroco/me , non plus que celui dé #acrocofme , ne font plus ufités. Ce môt ef compolé du grec pepe »Parvus, petit 5 GC rose, muñdus, monde. Chambers. MICROSCOMIQUE, SEi, (Chimie. {el propre & fel fufible de Purine. Voyez fous le moc Set, voyez auffi Parriele URINE. MICROCOUSTIQUE , adj.( Phyfque. ) inftru- mens mierocoufliques {ont des inftramens propres À augmenter le fon. Voyez MICROPHOKNE. = Ce mot vient de xrmpoe , perir , & dxolw, j'entends, Au refte , il n’eft pas fort en ufage. MICROGR APHIE, f. f. (Pkyf. ) defcription des objets qui font trop petits pouf qu’on les puifle voir fans le fecours d’un microfcope , voyez MicRos: A38 MIC cope. Le dofteur Hook , auteur anglois, a fait un livre quia pour titre, Micrographie. | Ce mor eft compolé de wuxpos, petit, ÊT ypapols je décris. Li MICROMETRE , fm. (4ffronomie. ) machin aftronomique qui par Le moyen\d'une vis fert à me- furer dans les cieux avec une très-grande précifion, de petites diftances oude petites grandeurs, comme les diametres du foleil , des planetes , &c. Woyez DiSTANCE. Ce mot vient du grec pumpecs petit, GT merpor , M1E- Jure , parce qu'avec cette machine on peut , comme nous venons de le dire, mefurer de très: petites grandeurs:, un pouce, par exemple, s’y trouvant di- vifé en untrès-grand nombre de parties, commeen 2400, & dans quelques-uns même dans un plus grand nombre-encore. | , Onne fait point bien certainement à qui on doit attribuer la premiere invention de cette ingénieufe machine ; les Anglois en donnent la gloire à un M. Gafcoïigne, aftronome qui fut tué dans les guerres civiles d’Angleterre, en combattant pour l’infortuné Charles 1, Dans le continent on en fait honneur à M. Huyghens. On jugera de leurs titres refpeékifs par ce que nous allons rapporter. M, de la Hire, dans fon mémoire de 1717 fur la date de plufieurs inventions qui ont fervi à perfettionner l’Aftrono- mie, dit que, c’eft à M. Huyghens que nous devons celle du micrometre, I] remarque que cet auteur dans fon obfervation fur l’anneau de Saturne , publiée en 1659, donne la maniere d’obferverles diametres des planetes en fe fervant de la lunette d'approche, & en mettant, comme il le dit, au foyer du verre oculaire convexe, qui eft aufli le foyer de Pobjeétif, un objet qu'il appelle virgule, d’une grandeur propre à comprendre l’objet qu'il vouloit mefurer. Caril avertit qu’en cet endroit de la lunetteà deux verres convexes on voit très diftinétement Les plus petits objets. Ce fut par ce moyen qu'il mefura les diäme- tres des planeres tels qu'illes donne dans cet ouvra- ge. D’un autre côté, M. Tounley, fur ce que M. Au- zout avoit écrit dansles Tranf. phil. n°, 21. fur cette invention, la revendique en faveur de M. Gafcoi- gne par un écrit inféré dans cesmêmes Tranf, n°.25, ajoutant qu’on le regarderoit comme coupable en- vers fa nation , sil ne faifoit valoir les droits de cet aftronome fur cette découverte. Il remarque donc qu'il paroît par plufieurs lettres & papiers volans de fon compatriote qui lui ont été remis , qu'avant les guerres civiles il avoit non - feulement imaginé un inftrument qui faifoit autant d'effet que celui de M. Auzout, mais encore qu'il s'en étoit fervi pen- dant quelques années pour prendre les diametres,des planetes ; que même d’après fa précifion 1l avoit entrepris de faire d’autres obfervations délicates, telles que celles de déterminer la diftance de la [une par deux obfervations faites , l’une à l’horifon, & Jautre à fon paflage parle méridien; enfin, qu'il avoit entre les mains le premier inffrument que M. Gafcoigne avoit fait , & deux autres qu'il avoit perfettionnés. Après des témoignages aufh pofi- tifs, 1l paroit difficile ( quoïqu'on connoiïffe l’ar- deur avec laquelle les Anglois revendiquent leurs découvertes & cherchent quelquefois même à s’at- tribuer celles des autres nations }'il paroît,, dis-Je, difiicile de ne pas donner à cet anglois l’invention qu vricrometre mais On n’en doit pas moins regar- der M. Huyghens comme l'ayant inventé aufli de fon côté, car ileft plus que vraifflemblable qu’il n’eut aucune connoiflance de ce qui avoit été fait dans ce genre au fond de l’Angleterre. Quant à la conf- truétion du icrometre donné pat le marquis de Malvaña trois ans après celle de M. Huyghens , on ne peut la resarder comme une découverte ; 1l pa- roît prefque certain qu'il en dut l’idée au mécromere de cetilluftre géometre. Maïs s’il fut imitateur, il fut imité aufli à fon tour ; car il ya tout lieu de penfer que le raicrometre de ce marquis donna à M. Auzont l'idée du fien , qui étoit fi bien imaginé, qu'on ne fe fert pas d'autre aujourd’hui. En effet, celui que nous décrirons plus bas n’eft que celui-là perfecz tionné. : | On voit dans les différens perfééfionnemens de cette machine, ce que l’on a fouvent occafñon d’obferver dans ce Ditionnaire au fujet de nos découvertes dans les Arts & dans les Sciences ; je veux dire la marche lente de nos idées, & la periteffe des efpa- ces que franchit chaque inventeur. M: Huyghensin- vente fa virgule : celle-ci donne au marquis de Mal- vafia l’idée de fon chaffis. Enfin M. Auzout imagine d’en détacher quelques fils qui pouvant fe mouvoir parallélement :en s’éloignant ou s’approchant des premiers , qui reftent immobiles, donnent par-là la facilité de prendre avec beaucoup de précifion le diametre d’un aftre ou une très-petite diffance. Comme il feroit inutile de rapporter la conttruc- tion des différentes efpeces de wicrometre que l’on a imaginées , nous nous attacherons fimplement à dé- crire celle qui eft la plus parfaite 87 la plus en ufage. Defcription du micromerre. Au milieu d’une plaque de cuivre 4 B, fis. premiere, de forme oblongue , eft coupé un grand trou oblong! a bcdef, qui doit être placé au foyer du télefcope ; ce trou eff traverfé au milieu dans fa longueur par un filtrès-déliépe, qui eft perpendiculaire à deux très-petites lames ou pinnules de cuivre g », i K, placées en-travers du trou. L'une de ces lames g 2 eft attachée fur la pla- que AB par des vis en g & en À ; mais l’autre : & eft mobile parallelement à g L, ou lui communique le mouvement en faifant tourner la poignée € fixée fur la bout d’une longue vis d’acier D E , qui roule par fon extrémité D formée en pointe , fur la vis F, & qui tourne par l’autre dans un trou en Æ au cen- tre du cadran £ F, fitué à angle droits avec la pla- tine, La piece :s WX°, qui pole fur la grande plaque & qui porte le fil ou la petite lame mobilezk , cette piece, dis-je, a deux efpeces de talons W X'qui font percés & taraudés pour recevoir la grande vis DE, de façon qu’en la tournant d’un fens ou de l’autre on fait avancer ou reculer toute la piece ss X, Afin que lextrémité p de cette piece ne leve pas, elle eft accrochée fur la grande plaque par une petite gr qui y tient avec des vis , & fous laquelle elle glhifle. Pour que la lame mobile z & foit placée bien paral- lelement à l’autre g 2, elle. eft percée de deux trous f£ s qui font oblongs & plus grands que les tiges des vis qui doivent les preffer contre la piece ts WX: car par-là on ne ferre ces vis que lorfque ayant approché cette lame zk de l’autrez 2 , on voit qu’elle touche cette derniere également partout. En effet , fi l’on fuppofe que les talons W&X, au-tra- vers defquels pafle la grandewis 2 Æ, foient fufi- famment éloignés l’un de autre, qu’elle s’y meuve fans jeu ; enfin que cette vis foit bien droite, on fera afluré alors que la petite lame z k fe mouvera parallelement à l’autre g . Suppofant done que la vis foit bien droite , voici les précautions que-l’on prend pour que , fe mouvañt avec liberté dans les talons #°X, ce foit toujours d’un mouvement doux & fans jeu. Un petit reffort w x que l’on voit au-deflus de {a figure , porte en fon milieu y une portion d’écrou à= peu-près le tiers de [a circonférence ; & ce petit refort étant vilé vers w & x, fon adion eft telle, qu'il tend toñjours à élever la portion d’écrou », & par conféquent à preffer la vis D ÆE, & lui ôter le jeu infenfible qu’elle pourroit avoir. Pour empêcher de même qu'elle ne fe meuve-felon:fa longueur, le petit MIC petit trou où eff reçu fon extrémité conique ef fait dans une vis F, de façon qu’en la tournant on peut ôter à la vis D Æ toute efpece de jeu en ce fens. On voit fur le cadran une aiguille & un index: celle-là marque les parties de révolutions dé la vis, & celui-c1ou l'index marque fur le petit cadran (qui paroït à-travers l’entaille circulaire ) Le nombre de ces révolutions. Pour cet effet il y a dans l’intérieur deux roues & un pignon quimenent ce petit cadran, de, façon qu’à chaque tour de l'aiguille il avance d'une divifion. Ainfi on voit par-là que fachant une fois à quel efpace équivaut l'intervalle d’un pas de la vis DE , on faura par l’aiguille & par l'index à quelle diftance les deux lames ou les deux fils ( car on peut y en fubilituer ) g À & £ k font l’un de l’au- tre. | Ce micrometre tel que nous venons de le décrire, étant placé dans un télefcope , a cet inconvénient qu'il faut tourner cet initrument graduellement juf- qu'à ce que l’aftre que vous obfervez paroïffe fe mou- voir parallelement au fil £e , ce qui fouvent eft affez difficile. Or pour y remédier , on voit qu’il faut trouver le moyen de monter le micrometre dans le té- lefcope de maniere qu’il puiffe avoir un mouvement circulaire autour de l’axe du télefcope indépendant de la piece qui le fait tenir avec cet inftrument. C’eft à quoi le favant M. Bradley à parfaitement bien reuffi par la conftruétion fuivante. Sur le derriere de la grande plaque qui eft tournée en-deflus , &c repréfentée ici par le parallélogramme GHIK, fig.2, il y a une autre plaque LMNO de la même largeur &c de la même épaiffeur, mais plus courte , qui eft percée au milieu d’un trou ob- long & un peu plus grand que celui qui eft dans la grande plaque, comme on le voit dans la figure ; ce irou , ou plutôt cette ouverture , eft terminée par deux lignes droites e [, 10, & à fes deux bouts par deux arcs concaves 0:6, {x 1, dont le centre com- mun eft le point #, interfeétion commune des fils 4 e & g h. La partie concave + : 8 gliffe en tournant au- tour de ce centre le long d’un arc convexe auv, décrit du même centre , un peu plus long que l’arc concave, de même épaifleur que la plaque L MNO, & fortement vifée fur la grande. L'ére concave [4 1 glffe auffi le long d’un autre arc convexe oæ plus court , décrit auf du centres, & formé d’une piece de la même épaiffeur que la plaque fupérieure, & fortement vifée à celle de deflous. On conçoit par- là que tout ceci étant bien exécuté, la plaque L M N O doit tourner autour des deux portions de cer- cle oæ & A uv, comme fi elle tournoit autour du centre d': les deux arcs o & 7 A uv font recouverts de deux plaques viffées deflus, & qui les débordant preffent ioujours par ce moyen la plaque L MN O contre la grande. Pour la faire mouvoir graduelle- ment autour du point d ,1l y a à l’extrémité de la plaque L M N O une petite portion de roue » que lon fait tourner par le moyen de la vis fansfnsT. D’après tout ceci on voit clairement que la plaque L M NO étant fixement arrêtée au foyer du télef- cope , en faifant mouvoir la vis fans fins T,on don- nera à la grande plaque G Æ IX la pofition requife, ou , en d’autres termes, qu’on donnera aufil be qu'elle porte la pofition qu'il doit avoir pour que laftre fe meuve parallélement à lui. Pour que tout ceci puife fe placer commodément dans le télefcope , il y a fur les bords de la plaque L M NO deux petites plaques, comme on le voit dans la fgure , qui font recourbées à chaque extré- mité en équerre, mais de façon qu'un bout foit en fens contraire de l’autre : par là, d’un côté, cere- bord fert à les vifler fur la plaque ; de l’autre, il{ert à entrer dans une rainure pratiquée dans un tuyau Guarré que l’on met dans le télefcope de façon qu'ils Tome X, M IC 489 faflent corps enfemble. On voit en ex À » la coupe de ce tuyau , & les entailles @ x, faites pour rece- voir les rebords des petites plaques dont nous venons de parler. Voici les principales mefures de ce micrometre, “ pouces, La longueur de laplaque 48, . . , 8 , © SAPIN NN ET D TNT SORCDE END et, a «it D: + Longueur de louverturebe, . . . 3, $ Sa largeur g RS EE à 6 2,2 Longueur de la vis DE, . . . . 55 SONORE NES TN UE DE EN PU 0, 3 PNEU PER ATEN nr 0 Longueur des rebords, . . . . . 4, $ ROHAN EU SU EST. À 0 76 > 8 Largeur des rebords | . . . . . o,2 Diametre du cadran , . . . . . 3,5: Son épaifleur ( étant double avec deux roues en-dedans }, . « . . . . . ©, 3 La plus grande ouverture des fils ou Pinnules SALES ee 06 PR CU PRE: Un pouce contient 40 pas de la vis DE. Enfin le pouce eft divité par le cadran en 40 fois 40 OU1600 parties égales. On peut, comme nous l’a- vons dit , au lieu de petites lames ou barrelettes de cuivre gh,1k, leur fubftituer des fils paralleles. Lorique les pinnules ou les fils fe touchent , il faut que l'aiguille 8 l'index fortent au commence- ment des divifions : alors à mefure que les fils s’éloi- gnent , 1l eff évident, comme nous l'avons dit, que le nombre des révolutions fera comme les diftances entre ces fils; & conféquemment comme les angles dont ces ouvertures font la bafe , & qui ont leur fommet au centre de l’obje&tif, ces diftances diffé- rent infenfiblement des arcs qui mefurent ces petits angles. C’eft pourquoi, lorfqu’on a une fois déter- miné par l’expérience un angle correfpondant à un nombre de révolutions donné , on peut facilement trouver par une regle de trois l’angle correfpondant à un autre nombre de révolutions : on pourra en conféquence former des tables qui montreront tout d’un coup le nonibre de minutes & de fecondes d’un anyle répondant à un certain nombre & à une cer- taine partie de révolutions, Afin de déterminer un angle quelconque, le plus grand fera le mieux , parce que les erreurs feront en raifon inverfe de la grandeur des angles: on fixera le télefcope à une étoile connue dans l'équateur ou très-près , & on écartera les fils à leur plus grande diflance ; enfuite on comptera avec une pendule à feconde le tems écoulé entre le paflage de cette étoile par l'intervalle de ces fils; & l'ayant converti en minutes & fecondes de degré, on aura la mefure de l'angle cherché. | Aurelte, nous avons donné ici le nom de ricro- metre à l’inftrument que nous venons de décrire ; mais on donne encore ce nom dans l’Aftronomie à toute efpece de vis qui fait parcourir un très-petit arc à un inftrument : de forte que d’après la premiere idée on appelle micromerre toute machine qui par le moyen d'une vis fert à mefurer de très-petits inter- valles. MICROPHONE , f. m. (Phyfiq.) on a donné ce nom aux inftrumens propres a augmenter les pe- tits fons , comme les microfcopes augmentent les peuts objer. Telles font les porte-voix , les trom- pettes , éc. Ce mot qui eft peu en ufage, vient de. puxpoe, petit, t de gun, fon ou voix. si MICROSCOPE , {. m.( Diopi. ) inftrument qui fert à groffir de petits objets. Ce mot vient des mots grecs ; puxpoc y Petit ; à cxéGTOUL Je confidere. Il Y re deux efpeces de zicrofcopes , le fimple & le com- pofé. Qqaq fe EU 7 499 ND EL € Le ricrofcope fimple eft formé d’une feule & uni- que lentille ou loupe irés-convexe, Voyez LENTILLE 6 LouPrE. On place cette lentille £ D tout proche de l'œil, ( fig: 21. opr, ) & Vobjet 4 B qu'on fuppole très- petit, eft place un peu en decà du foyer de la len- tille ; de forte que les rayons qui viennent des ex- trémites 4, B, fortent de la lentille prefque paral- leles , & comme s'ils partoient de deux points À, I, beaucoup plus éloignés ; de forte que l’objet paroït en Æ J,eft beaucoup plus grand, & l’image X Jeft à 4 B comme F Æ eft à # C, c’eft-à-dire à-peu-près comme la diftance à laquelle on verroit l’objet dif- tinétement , eft à la longueur du foyer. Voyez Diop- TRIQUE 6 VISION. Les microftopes fimples devroient être probable- ment auf anciens que le tems où l’on a commencé à s’Appercevoir des effets des verres lenticulaires ; ce qui remonteroit à plus de 400 ans, voyez Lu- NETTE ; cependant les obfervations faites au m1- croftope , mème fimples, font beaucoup moins an- ciennes que cette date, &c ne remontent guete à plus de 130 ans. On voit dans la fg. 22. la fisure d’un microfcope fimple ; 4 ef l'endroit au centre du- quel on place la lentille ; & 47 eft une vis où cette lentille eft enchäflée ; au moyen de quoi on peut placeren.Ades lentilles ou loupes dedifférens foyers. £ G eft une pointe au bout de laquelle on fixe l’ob- jet qu'on veut voir , &: qu’on approche pour cet effet de la lentille. Les microfcopes fimples font quelque- fois formés d’une feule loupe fphérique de verre. La fig. 21. n°. x. fait voir comment ces loupes augmen- tent l’image de l’objet. Car Poil eft emplacé , par exemple , en G&, 1l voit le point 4 par le rayon rom- pu G D L A4 & dans la dire@ion de G D ; de forte que l’objet 4.B lui paroïîtra plus grand que s’il étoit vüû fans loupe. Voyez APPARENT. Les microfcopes compolés font formés d’un verre objettif £ L (fig. 24.) d’un foyer très-court, & d’un oculaire G À d’un foyer plus long. Ainfi le #75- crofcope eft l’inverfe dutélefcope, Voyez T'ÉLESCOPE. On place l’objet 4 B à-peu-près au foyer du verre ÆL, mais un pen au-delà ;' les rayons fortent du verre-Æ Æ prefque paralleles ( voyez, LENTILLE ) avec très-peu de convergence ; de-là 1ls tombent fur le verre GA, & fe réuniflent prefque à fon foyer I. Ainf le verre £ L'agorandir d’abord l’objet AB, à-peu.près comme feroit un #icro/cope fimple, & l'image de l’objet déja aggrandie left encore par le verre G H,.Ilieft encore facile de voirque dans ce* #icrofcope l’objet paroitra renverfé, Au lieu d’un oculaire on en met-quelquefois plu- fieurs , &c ce font même les microfcopes les plus en ufage aujourd’hui. On peut voir dans la fg. 25. un microfcope compofé, & tout monté fur fon pié pour voir les objets ; on les place.en Z fur la plaque ZL Z, 8t.ces objets font éclairés par la lumiere que réflé- chit le miroir O N\. À l'égard, de la fig. 23. elle repréfente un sricrof: cope fimple d’une autre efpeceque celui de la,fg. 22. on. place l’objet au haut de la vis. B ; qu'on éloigne -ou qu’on approche du miroir à volonté ; &c le 7i- crofcope eft évidé & à jour dans une de fes faces, afin que l’objet puiffe recevoir lalumiereextéricure. Dans d’autres icrofcopes,, le tuyau extérieur n’eft point évidé,maisla vis l’eft en-dedans , & au-deflus dela vis on place.un verre plan, qui tombe à-peu- près au foyer deda lentille, l’ebjet.reçoit alors la lumiere par defflous ; la vis fert à éloigner ou rap- procher l’objet du foyer, felon les différentes vües. On ne fait pas-exattement l'inventeur du #crof- cope compofé. On attribue ordinairement cette in- vention à Drebbel., mais M. Montucla , dans fon Hifloire de Mathématique , tome II. p.174, apporte MIC des raifons pour en douter. Fontana fe Les attribu # ainf que les télefcopes à oculaire convexe ; il eff dificile de prononcer là-deflus. #MICROSCOPE SOLAIRE, n’eft autre chofe, à pro- prement parler, qu'une lanterne magique , éclairée par la lumiere du foleil, & dans laquelle le porte- A objet au lieu d’être peint, n’eft qu'un petit morceau |: de verre blanc, fur lequel on met les objets qu’on veut examiner. Îl y a encore cette différence, qu’au heu des deux verres lenticulaires placés au-delà dn porte-objet dans la lanterne-magique , il n'y ena qu'un dans le wicrofcope folaire. Voyez LANTERNE- MAGIQUE. Cet inffrument qui nous eft venu de Londres en 1743 , a êté inventé par feu M. Lieberkuhn, de l'académie royale des Sciences de Prufle, On trou< véta fur cet inftrument un plus grand détail 4 Z’ar- tele qui fuit fous la méêrne dénomination de microf. foë, On place le tuyau de zzcrofcope f[olaire dans le trou d’un volet d’une chambre obfcure bien fermée, 8 on fait tomber la lumiere du foleil fur les verres du sricro/cope par le moyen d’un muroir placé au- dehors de la fenêtre. Alors les objets placés fur le porte-objet paroïflent prodigieufement groflis fur la muraille de la chambre obfcure. (0) MICROSCOPE des objets opaques , (Optig.) ce mi- crofcope , dont on doit l'invention au D. Lieberkuhn, eft aufli curieux qu'avantageux. Ï1 remédie à l'in- convénient d’avoir le côté obfcur d’un objet tourré du côté de l’œil ; ce qui a été jufqu'ici un obffacle infurmontable, qui a empêché de faire fur Les objets opaques des obfervations exaêtes ; car dans toutes lès autres inventions qui nous font connues , la proximité de l’inftrument à l'objet (lorfqu’on em- ploie les lentilles les plus fortes) produit inévita- blèmént une ombre f grande , qu'on ne le voit que dans l’obfcurité & fans prefque rien difin- guer ; & quoiqu'on ait eflayé différens moyens de diriger fur l’objet la lumiere du foleil , ou d'ure chandelle par un verre convexe placé à côté , les rayons qui tombent ainfi fur l’objet, forment avec fa furface un angle fi aigu qu'ils ne fervent qu'à ea donner une idée confule, & qu'ils font incapables de le faire voir clairement. | Mais dans ce nouveau zicrofcope, par le moyen d’un miroir concave d'argent extrèmement poli ea plaçant à fon centre la lentille , on réfléchit fur Ton- jet une lumiere fi direéte @& fñ forte, qu’on peut l'exa- miner avec toute la facilité & tout le plaïfir imagi- nable, | On emploie quatre miroirs concaves de cette ef- pece & de différentes profondeurs, deflinés à quatre léntilles de différentes forces , pour s’en fervirà.ab- ferver les différens objets : on connoit les plus fortes lentilles , en ce qu’elles ont de moindres ouvertu- res. ( D. J. ) MicROSCOPE folaire ; (Optig.) ce microfcope dé- pend des rayons du foleil, & comme on ne peut en faire ufage que dans une chambre obfcure , on le nomme quelquefois zicro/cope dela chambre obfcure. ILeft compoté-d'un tuyau , d’un miroir , d’une len= tille convexe.êr du zicro/copefimple.Le méchanifme de cericrofcope.eft f fimple , qu'il n’exige point.de #- aures; c’eit aflez de.dire ici que les rayons du foleii étant dirigés par le miroir à-travers letuyaufurlob- jet enfermé dans le microfcope cet objet vient fe peine dre diftinétement & magnifiquement fur un écran couvert de papier blancou de linge bien blanc. Cette image eft tout autrement grande que ne peuvent l'imaginer ceux qui n’ontpas vüce microfcope ; car plus on recule l'écran, plus Pobjet s’agarandit , en- forte que l'image d’un pouxeft quelquetois de cmq à fix piés ; mais il faut avouer qu’elle eft plus dif- MIC tinête, lorfqu’on ne lui donne qu’une partie de cette longueur. Quand on veut fe fervir du miécrofcope folaire, on doit rendre la chambre auf obfcure qu’il eft poji- ble, car c’eft de l’obfcurité de la chambre & de la vivacité des rayons du foleil que dépendent la clar- té &c la perfeétion de l’image. Les lentilles les plus utiles à ce microftope font en général la quatrieme, la cinquieme ou la fixieme. L'écran propre à recevoir l’image des objets eft ordinairement d’une feuille d’un très-grand papier étendue fur un chaffis qui gliffe en-haut ou en-bas, Ou quitourne, comme on veut, à droite ou à gauche fur un pié de bois arrondi, à-peu-près comme cer- tains écrans qu’on met devant le feu : on fait aufñ quelquefois des écrans plus grands avec plufeurs feuilles du même papier collées enfemble , que l’on roule & déroule comme une grande carte. Ce zicrofcope eft le plus amufant de tous ceux qu'on à imaginés , & peut-être le plus capable de condiure à des découvertes dans les objets qui ne font pastrop opaques, parce qu'ils les repréfentent beaucoup plus grands qu’on ne peut les repréfenter par aucune autre voie. Il a auf plufieurs autres avantages qu'aucun zzicro/cope ne fauroit avoir ; les yeux les plus foibles peuvent s’en fervir fans la moindre fatigue ; un nombre de perfonnes peuvent obferver en même tems le même objet, en exami- ner toutes les parties , & s’entretenir de ce qu’elles ont fous les yeux , ce qui les met en état de {e bien entendre & de trouver la vérité ; au lieu que dans les autres zcroftopes on eft obligé de regarder par un trou l’un après l’autre, & fouvent de voir un ob- Jet qui n’eft pas dans le même jour , ni dans la même poñtion. Ceux qui ne favent pas defliner , peuvent par cette invention prendre la figure exaête d’un objet qu’ils veulent avoir ; car ils n’ont qu’à atta- cher un papier fur l'écran ; & tracer fur ce papier la figure qui y eft repréfentée, en fe fervant d'une plu- me ou d’un pinceau. | I eft bon de faire remarquer à cenx qui veulent prendre beaucoup de figures par ce moyen, qu'ils doivent avoir un chaflis où l’on puiffe attacher une feuille de papier , & l'en retirer aifément ; car file papier eft fimple, on verra l’image de l’objet pref qu’auffi clairement dertiere que devant ; & en la co- piant derriere l'écran , l’ombre de la main n'inter- ceptera pas la lumiere , comme il arrive en partie lorfqu’on la copie par-devant. … Le ricroftope folaire eft encore une invention qui eft dûe au génie du doéteur Lieberkuhn pruffien, membre de la fociété royale, à laquelle il a commu- niqué en 1748 ou environ, les deux beaux #icrofc copes qu'il avoit inventés & travaillés lui-même , je veux dire le zicrofcope folaire & le microfcope pour les objets opaques ; enfuite M'° Cuff & Adam, an- glois, ont perfeltionné ces ouvrages. Le zricrofcope Jolatre du D. Lieberkuhn n’avoit point de miroir, & par conféquent ne pouvoit fervir que pendant quelques heures du jour lorfqu’on pouvoit placer le tube direétement contre le foleil ; mais l’applica- tion du miroir fournit le moyen de faire réfléchir les rayons dufoleil dans le tube, quelque:foit fa hau- teur ou fa fituation, pourvu qu'il donne fur la fené- tre. Phil. tranf. n°. 458. fe. 9. de Baker , microfcop. objet, (D. 31h) | MICROSCOPIQUE, oser , ( Opsig.) Les ob- Jets microfcopiques font ceux qui font propres à être examinés per les microfcopes ; tels font tous les Corps , tous les pores, ou tous les mouvemens ex- trèmement petits. … Les corps extrèmement petits font, ou les parties des plus grands corps , ou des çorps entiers fort dé- Tone X, él MIC 491 liés ; comme les petites femences, les infetes , les fables , les fels, &c. Les pores extrèmement petits font les interftices entre les parties folides des corps ; comme dans les os, dans les minéraux , dans les écailles, &e. où comme les ouvertures des petits vaifleaux ; tels que les vaifleaux qui reçoivent l’air dans les VÉSÉTAUX ; les pores de la peau, des os, &c. des animaux. Les mouvemens extrèmement petits font ceux des différentes parties ou membres des petits animaux , ou ceux des fluidesrenfermés dans les corps des ani- maux ou des végétaux, Sous l’un ou l’autre de ces trois chefs, tout ce qui nous environne peut nous fournir un fujer d’exa men, d’amufement & d’inftruétion ; cepenñdant plus fieurs perfonnes favent fi peu combien l’ufage des microfcopes eftérendu,, & font rellement embartaf. fées à trouver des objets à examiner, qu'après en avoir confdéré quelques-uns des plus communs , {oit feuls ; foir avec des amis, ils abandonnent leurs microfcopes, comme n'étant pas d’un grand ufage. Nous tächerons de les détromper par quantité de faits que nous mettrons , dans l'occafion , fous les yeux du leéteur ; & peut-être que par ce moyen nous engagerons des curieux à employer agréables ment & utilement leurs heures de loifir dans la con= templation des merveilles de la nature, au lieu de les pafer dans une oïfiveté pleine d’ennui , où dans la pourfuite de quelque pañfion ruineufe ; maisavant ue de difcuter l'examen des objets microfcopiques , ik a patlér de l'infirument qui les groflit à nos yeux. On fait que les microfcopes font de deux fortes : les uns fimples , les autres doubles : le microfcope fimple n’a qu’une lentille ; le double en a au moins deux combinées enfemble, Chacune de ces efpeces a fon utilité particuliere ; car un verre fimple fait voir l’objet de plus-près & plus diftiné ;.& la com binaïlon des verres préfente un plus grand champ, ou, pour le dire en d’autres termes, elle découvre tout à-coup une plus grande partie de l’objet qu'elle groflit également. Il eft difhcile de décider lequel des deux microfcopes on doit préférer, parce qu'ils donnent.chacun une différente forte de plaifir; On peut alléguer de grandes autorités en faveur de l’un &t de l'autre ; Leeuwenhock ne s’eft jamais fervi : que du microfcope fimple ; & M. de Hook a fait toutes es obfervations avec le microfcope double, Les fameux microfcopes du premier: confiftoient dans une fimple lentille placée entre deux plaques d'argent, qui étoient percées d’un petit trou, &c il avoit au-devant une épingle mobile pour y met- tre l'objet, & l'appliquer à l'œil du fpeétateur, C’eft avec ces microfcopes fimples qu’il a fait ces décou- vertes merveillenfes qui ont furpris l'univers, Aujourd’hui lé microfcope de poche de M. Wil- fon, pafle pour le meilleur; & le mictofcope dou ble de réflexion le plus eftimé , eft un diminurif per- feéhonné du grand microfcope double de MM. Cul. péper , Scarlet & Marshal. Nous avons donné la defciption relative à nos figures, de ces machi- nes. Mais ilimporte beaucoup , avant que de paf. fer à la méthode d'examen des objers microftopiques , de connoître la force des lentilles d’un microfcope, ë&t de découvrir la grandeur réelle des objets qu’on y préfente. De la Jurface des verres d’un microftope fimple, La vue eft incapable de diftinguer un obiet qu’on ap- proche trop des yeux ; maïs fi on le confidere au-tra= vers d’une lentille convexe , quelque près que foit le foyer de cette lentille , on y verra l’objet très-dif- tinétement , & le foyer de la lentille fera d'autant plus proche qu’elle fera plus petite ; de forte que la force de cetie lentille , pour groffir un objet , en fera plus grande dans ia même proportion. Qqai 492 M IC On voit par ces principes pourquoi la premiere & plus forte lentille eft fi petite ; &c l'on peut aïfé- ment calculer la force de chaque lentille convexe du microfcope fimple ; car la force de la lentille , pour groffir , eft en même proportion que left fon foyer par rapport à la vue fimple. Si le foyer d’une lentille convexeeft , par exemple , d’un pouce, &c que la vuefimple foit claire à huit pouces, comme: le font les vues ordinaires , on pourra voir par cette lentille un objet qui fera à un pouce de diftance de l'œil, & le diametre de cet objet paroïîtra huit fois plus grand qu’à la vue fimple. Mais comme lob- jet eft groffi également, tant en longueur qu’en lar- geur, 1l nous faut quarrer ce diametre pour favoir combien il eft agrandi, & nous trouverons que ce verre.groffit la furface de l’objet foixante-quatre fois. De plus , fuppofons une lentille convexe dont le foyer eft fort éloigné du centre de la lentille , de la dixieme partie d’un pouce: il y a dans huit pouces quatre-vingt dixiemes d’un pouce ; par conféquent l'objet paroîtra à-travers cette lentille , quatre-vingt fois plus près qu’à la vue fimple; on le verra par conféquent quatre-vingt fois plus long , & quatre- vingt fois plus large qu’il ne paroit aux vues ordi- naires ; & comme quatre-vingt multiplié par quatre- vingt, produit fix mille & quatre cent , l’objet pa- roitra réellement aufli grand. Faifons encoreun pas. Siune lentille convexe eft fi petite que fon foyer n’en foit éloigné que de la vingtieme partie d'un pouce , nous trouvérons que huir pouces ; diftance commune de la vue fimple contient cent {oixante dé ces vingtiemes , &t que par conféquent la longueur & la largeur d’un objet que Fon voit à travers cette lentille, feront l’une & lPau- tre groffies cent foixante fois ; ce qui étant multi plié par cent foixante, donne le quarré qui monte à vingt-cinq mille fix cent. Il réfulte que cette lentille fera paroître l’objet vingt-cinq mille fix cent fois auffi grand en furface , qu'il paroît à la vue fimple à la diftance de huit pouces. GI 54 Pour favoir donc quelle eff la force d’une lentille dans le microfcope fimple, ilne faut que Pappro- cher de fon vrai foyer ; ce qui fe connoît aifémient, parce que la lentille eft à cette diftance lorfque l'ob- Jet paroît parfaitement diftinét & bien terminé. Alors avec un petit compas on aura foin de mefurer exac- tement la diftance entre le centre du verre & l'ob- jet qu'on examine ; & appliquant le compas fur une échelle où le pouce eft divifé en dixiemes & centie- mes par des diagonales , on trouvera aifément com- bien cette diftancé contient de parties d’un pouce : ce point étant connu, vous chercherez combien de fois ces parties {ont contenues dans huit pouces, qui font la diftance ordinaire de la vue fimple , & vous faurez combien de fois le diametre eft groffi : quarrez ce diametre, & vous aurez la furface ;.&fi vous voulez connoître l'éparfleur ou la folidité de voire objet, vous mulriplièrez la furface par le dia- metre, pour en avoir le cube ou la mañle. La tablé fuivante vous donnera le calcul tout fait, MIC Table de la force des verres convexes , dont on fait ufage dans les microfcopes f’mples , felon la diflance de leurs foyers calculée fur une échelle d'un pouce divifé en cent parties ; où l’on voir combien de fois Le dia metre , la Jurface & Le cube font groffis au-travers.de ces verres, par rapport aux yeux dont la vie f:mple eft de huit pouces ; ou de huit cent centiemes d'un pouce. Le foyer d’un {|groffit le|groffit la fur-|oroffit le cube d’un verre étant diametre face. objet. 7 Où 50 16 256 45096 | ou 40 20 400 8,000 ou 30 26 676 17,576 + OÙ 20 40 1,600 64,000 15 53 2,809 148,877 140! 57 | 3240| 185,193 13:58 +61 3,721 220,981 12 9 66 4350 287,496 11 | 72/| 5,164 373248 s0U10 a | 80 6,400 512,000 | fois: 95 | 88 | 7,744 681,472 8-3 | 100 | 10,000 1,000,000 72 | 114 | 22,906| , 1,481,544 Ga |-133 | 17,689| 2,352,637 75 Ou: $ 160 | 25,600 |. 4,096,000 4 200 | 40,000! 8,000,000 3, | 266 | 70,756 | 18,821,096 Ts OU 2 400 |160,000 | 64,000,000 I 800 [640,000 | $12,000,000 La plus forte lentille du cabinet des microfcopes de M. Leeuwenhôeck, préfenté à la fociétérovale, a fon foyer à la diftance de la vingtieme partie d’un pouce ; par conféquent il groffit le diametre d’un objet cent foixante fois , & Ta furface vingt-cinq mille fix cent fois. Mais la plus forte lentille du mi crofcope fimple de M. Wilfon, tel qu’on le faitau- jourd’hui, a ordinairement fon foyer à la diftance feulement d'environ la cinquantieme partie d’un pouce ; par conféquent 1l groffit le diametre d’un objet quatre cent fois , & {a furface cent foixante mille fois. | Comme cette table a été calculée en nombres ronds , elle ef fi facile, que quiconque fait divifer & mulniplier un petit nombre de figures, pourra la comprendre aifément,. Cette même table peut fervir à calculer la force des verres du microfcope double ; d’autant qu'ils ne grofüffent guere plus que ceux du microfcope fim- pile de M. Wilfon ; le principal avantage que l’on tire de la combinaifon des verres , eft de voir un plus grand champ, ou une plus grande partié dé l’objet groffi au même degré. De la grandeur réelle des objets vus par les microfco- pes. Ce n’eft pas affez de connoître la force des len- tilles des microfcopes, il faut encore trouver quelle eft la grandeur réelle des objets que lon examine lorfqu'ils font exceflivementperits ; car quoique nous fachions qu'ils font groflis tant de mille fois, nous ne pouvons parvenir par cétte connoiflance qu'à un calcul imparfait de leur véritable grandeur ; pour en conclure quelque chofe de cértain , nous avons be- foin de quelque objet plus grand, dont les dimen: fions nous {oïent réellement connues : en effet , la grandeur n'étant elle-même qu'une comparaifon , l'unique voie que nous ayons pour juger de la gran- deur d’une chofe, eft de la comparer avec une au- tre, & de trouver combien de fois le moindre corps eft contenu dans le plus grand, Pour faire cétte com- pataïfon dans les objets microfcopiques , les favans d'Angleterre ont imaginé plufeurs méthodes ingé- nieues. Il Eff bon d’en mettre quelques-unes de fa- ciles & de pratiquables fousles yeux du leéteur: ” MIC La méthode de M. Leeuwenhoeck de calculer la grandeur des fels dans les fluides , des petits ani- maux ir fémine mafculino , dans l’eau de poivre, - £c. étroit de les comparer avec la groffeur d’un grain * «de fable, & il faifoit ces calculs de la maniere fui- vante. Il obfervoit avec fon microfcope ungrain de fable de mer , tel que cent de ces grains placés bont-à- bout, forment la longueur d’un pouce ; enfuite ob- fervant un petit animal qui en étoit proche , & le mefurant attentivement des yeux, il concluoit que le diametre de ce petit animal étoit, par exemple , moindre que la douzieme partie du diametre du grain de fable ; que par confèquent, felon les regles com- munes , la furface du grain de fable étoit 144 fois , & toute la folidité 1728 fois plus grande que celle dece petit animal. Il faifoit le même calcul propor- tionnel , fuivant la petitefle des animaux qu’il ex- pofoit au microfcope. | Voici la méthode dont fe fervoit M. Hook pour connoître combien un objet eft groffi par le microf cope. « Ayant, dit-il, reêtifié le microfcope pour » voir très diftinétement l’objet requis : dans le mê- » me moment que Je regarde cet objet à travers le » vérre d'un œil, je regarde avec l’autre œil nud » d’autres objets à la même diftance ; par-là je fuis senétat , au moyen d'une regle divifée en pouces » &.en petites parties, & placée au pi du microf- » cope , de voir combien l’apparence de l’objet » contient de parties de cette regle, & de mefurer » exaétement le diametre de cette apparence , lequel » étant comparé avec le diametre qu'il paroît avoir à » la vue fimple, me donne aifément la quantité de » fon agrandiflement. . L'ingénieux doéteur Jurinnousdonneune autre mé. thode fort curieufe pour parvenir au même but dans fes differcations phyficomathématiques : la voici, Faites plufieurs tours avec un fil d'argent très-fubtil fur une aiguille, ou fur quelqu’autre corps femblable , en forte que les révolutions du fil fe touchent exa@e- ment , & ne laiflent aucun vuide ; pour en être cer- tain, vous l’examinerez avec un microfcope très- attentivement. Mefurezenfuite avec un compastrès- exaement l’intervalleentre les deux révolutionsex- trèmes du fil d'argent, pour favoir quelle ef La lon- gueurde l'aiguille qui eft couverte par cefil;& appli- quant cette ouverture de compas à une échelle de pouces divifée en 10%& en 100% par les diagonales, vous faurez combien elle contient de parties d’un pouce: vous compterez enfuite le nombre des tours du fil d'argent compris dans cette longueur, & vous connoïtrez aifement par la divifion, l’épaifleur réel- le du filen pluñeurs petits morceaux ; fi l’objet que vous voulez examiner eft opaque, vous jetterez au- deffus de l’objet quelques-uns de ces petits brins, & s'ileftträn{parent, vous les placez au-deflous , en- duite. vous comparerez à l'œil les parties de l’objet avec l’épaifleur connue de ces brins de fil, Parcette méthode le doéteur Jurin obferva que quatre globules du fang humain couvroient lordi- nairementila largeur d’un brin, qu'il avoit trouvé . 3 d'un pouce, & que par conféquentile diametre de chaque globule étoit = partie d'un pouce. Ce qui a étéaufñ confirmé par les obfervations de Leeu- wenhoeck fur le fang humain, qu'il ft avec un morceau du même fil que lui envoya le doéteur Ju- rin. Voyez Les Tranf, philofop, r°. 3:77. + Je pafñle fous filence d’autres méthodes plus com- ofées ; mais je ne dois pas oublier de remarquer que l'aire vifñble , le champ dela vue:, ou la portion d’un objet: vù par Le microfcope , eft en propor- tion du diametre, & de l'aire de la lentille dont on fait ufage , & de fa force ; car fi la lentille eft extrè- mementpetite, elle grofit confidérablement, & par L M IC 493 conféquent on'ne peut.diftinguer par fon moyen qu’une très-petite portion, de l’objet ; ainf.l’on doit ufer de la plus forte lentille pour les plus-petits ob- jets, & toujours prébortionnellement. Sans donner ici des regles embarraflantes fur le champ des objets vüs par chaque lentille, c’eft affez de dire que cette aire differe peu de la grandeur de la lentille dont on fe fert , & que file total d’un objet eft beaucoup au-deffus de ce volume, on ne peut pas le bien voir a travers cette lentille. Après avoir combiné la force des microfcopes ; & clonné les méthodes de connoître la grandeur réel. le des objets microfcopiques , il nous refte à décrire la marmere de les examiner, de les préparer , & de les appliquer au microfcope. De l'examen des objers microfcopiques. Quelqu’ob- jet qu'on ait à examiner , il en faut confidérer at- tentivement la grandeur , le tiflu & la nature , pour pouvoir y appliquer les verres convenables , & d'une maniere à les connoître parfaitement. Le pre- nier pas à faire doit être conftamment d'examiner cet objet à-travers d’une lentille qui le repréfente tout entier ; car en obfervant de quelle maniere les parties font placées les unes à l'égard des autres ,on verra qu'il fera plus aifé d’examinerenfuite chacune en patticulier, & d’en juger féparément fi l’on en a occafion. Lor{qu'on fe fera formé une idée claire du tout, on pourra le divifer autant que l’on voudra; ë& plus les parties de cette divifion feront petites , plus la lentille doit être forte pour les bien voir. On doit avoir beaucoup d’égard à la tranfparence ou à l’opacité d’un objet ,; & de-là dépend le choix des verres dont on doit fe fervir; car un objet tranf- parent peut fupporter une lentille beaucoup plus forte qu'un objet opaque, puifque la proximité du verre qui groffit beaucoup , doit néceflairement ob- {curcir un objet opaque & empêcher qu’on ne le voie, à-moins qu’on ne fe ferve du microfcope pour les objets opaques. Plufeurs objets cependant de- viennent tran{parens, lorfqu’on les divife en par ties extrèmement minces ou petites, , Il faut aufi faire attention à la nature de l’objet 3 s’il eft vivant ou non, folide ou fluide ; fi c’eft un animal , un végetal , une fubftance minerale, & prendre garde à toutes les circonftances qui en dé- pendent, pour l'appliquer de la maniere qui con- vient le mieux. Si c’eit un animal vivant , il faut prendre garde de ne le ferrer, heurter, ou décom- pofer que le moins qu’il fera poffible ; afin de mieux découvrir fa véritable figure , fituarion & cara@ere. Si c’eft un fluide & qu'il oit trop épais, il faut le détremper avec l’eau; s'ileft trop coulant , il faut en faire évaporer quelques parties aqueufes. Il y a des fubftances qui font plus propres aux obferva- tions lorfqu’elles font feches , & d’autres au con- traire lorfqu’ellés font mouillées ; quelques-unes lorfqu’elles font fraiches, & d’autres lorfqu’on les a gardées quelque tems. Il faut enfuite avoir grand foin de fe procurer la lumiere néceffäire., car de-là dépend la vérité de tous nos examens ; un peu d'expérience fera voir combien les objets paroïfent différens dans une po- fition.& dans un genre delumiere, de ce.qu'ils font dans une autre pofñtion.; de forte qu’il eft à-propos de les tourner de tous les côtés, &de les faire paf- fer par tous les degrés de lumiere , jufqu’à ce qué l’on foit afluré de leur vraie figure; car ; comme dit M.,Hooke , äl eft très. difficile dans un grand nombre d'objets , de diflinguer une élévation d’un enfoncement , une-ombre d’une tache noire , & la couleur blanche d’avec la fimple réflexion. L’oœil d’une mouche, par exemple , dans une efpece de lumiere, paroït comme un treillis percé d’un grand nombre de trous ; avec les rayons du foleit 1 paa 404 MIC roît comme une furface couverte de clous dorés ; dans une certaine pofñtion , 1l paroït comme une furface couverte de pyramides ; dans une autre il eft couvert de cones , &z dans d’autres fituations , il paroiït couvert de figures toutes différentes. Le degré de lumiere doit être proportionné à l’objet ; s’il eft noir, on le verra mieux dans une lumiere forte ; mais s’il eft tran{parent , la lumiere doit être à proportion plus foible : c’eft pour cela qu’il y a une invention dans le microfcope fimple & dans le microfcope double, pour écarter la trop grande quantité de rayons , lorfqu’on examine ces fortes d'objets tranfparens avec les plus fortes len- tilles. La lumiere d'une chandelle , pour la plüpart des objets, & fur-tout pour ceux qui font extrèmement petits & tranfparens , eft préférable à celle du jour, & pour les autres celle du jour vaut mieux ; j’en- tends la lumiere d’un jour ferein. Pour ce qui eft des rayons du foleil , ils font réfléchis par l’objet avec tant d'éclat, & 1ls donnent des couleurs fi ex- traordinaires , qu’on ne pèut rien déterminer avec certitude parleur moyen ; par conféquent cette lu- miere doit être regardée comme la plus mauvaife, Ce que je dis des rayons du foleil, ne doit pas s'étendre néanmoins au microfcope folaire ; au con- traire, on ne péut s’en fervir avec avantage fans la lumiere du foleil la plus brillante ; en effet, par ce microfcope on ne voit pas l’objet en lui-même dans Pendroit où 1l eft frappé des rayons du foleil : on voit feulement fon image ou fon ombre repréfentée fur un écran, & par conféquent il ne peut réfulter aucune confufon de la réfléxion brillante des rayons du foleil, qui ne viennent pas de l’objet à l'œil com- me dans les autres microfcopes. Mais auffi dans le microfcope folaire, nous devons nous borner à con- noître la vraie figure & grandeur d’un objet, fans nous attendre à en découvrir les couleurs , parce qu’il n’eft pas poflible qu'une ombre porte les cou- leuts du corps qu’elle repréfente. De la préparation 6 application des objets microf- copiques. Il y a plufieurs objets qui demandent beau- coup de précautions pour les bien placer devant les lentilles. S'ils font plats & tranfparens , en forte qu’en les preffant , on ne puiffe pas les endomma- ger ; la meilleur méthode eft de les renfermer dans les glifloirs entre deux pieces de talc. Par ce moyen les aîles des papillons , les écailles des poiffons, la pouffere des fleurs, 6c. les différentes parties , &c même les corps entiers des petits infetes & mille autres chofes femblables peuvent fe conferver. Il faut donc avoir un certain nombre de ces glifoirs toujours prêts pour cet ufage, Lorfqu’on fait une colleétion d’objess microfcopi- ques, on ne doit pas remplir au hafard les glifloirs , mais on doit avoir foin d’affortir les objets, felon leur grandeur & leur tranfparence; de maniere qu’on ne doit mettre dans le même ghfloir, que ceux qu’on peut obferver avec la même lentille , & alors on marquera {ur le glifloir le nombre qui défigne la len- tille convenable aux objets qu’il renferme. Les nom- bres marqués fur les ghfloirs , préviennent l’embar- as où l’on peut être pour favoir quelle eft la len- tille qu’on doit leur appliquer. En plaçant vos objets dans les glifoirs , il eft bon d’avoir un verre convexe d'environ un pouce de foyer , & de le tenir à la main pour les ajufter pro- prement.entre les talcs , avant que de les enfermer avec les anneaux de cuivre. Les petits objets vivans, comme les poux, pu- ces, coufins , petites punaïfes, petites araïgnées , mites ; Gc. pourront être placées entre les talcs , fans qu’on les tue ou qu’on les blefle , fi l’on prend foin de ne pas prefler les anneaux de cuivre qui ar- M IC rêtent les talcs, & par ce moyen ils refteront vi- vans des femaines entieres ; mais s'ils font trop gros pour être placés de cette maniere , il faudra les pla- cer dans un glifloir avec des verres concaves deïti- nés à cet ufage, ou bien on les percera d’une pointé pour les obierver , ou bien encore on les tiendra avec des pincettes. Si vous avez des fluides à examiner pour y dé= couvrir les petits animaux qu'ils peuvent contenir ; prenez avec une plume ou avec un pinçeau une pe- tite goutte du fluide, &c faites-la couler fur un mor- ceau de talc ou fur un des petits verres concaves , & appliquez-la de ceite façon à la lentille. Mais au cas qu’en faifant votre obfervation, vous trouviez, comme 1l arrive fouvent , que ces petits animaux nageant enfemble, foient en nombre fi prodigieux , que roulant continuellement les uns fur les autres, on ne puifle pas bien connoître leur figure 8 leur efpece , il faut enlever du verre une partie de la goutte, & y fubftituer un peu d’eau claire , qui Les fera paroître féparés &c bien diftinéts. C’ef tout le contraire, lorfqu'on veut examiner un fluide pour y découvrir les fels qu'il contient, car il faut alors le faire évaporer, afin que ces fels qui feftent fur le verre puiflent être obfervés avec plus de facilité. Pour difléquer les petits infeétes , comme les pu- ces, poux, coufins, mites, G’c. àl faut avoir beau coup de patience & de dextérité ; cependant on peut le faire par le moyen d’une fine lancette & d’une aiguille ; & l’on met ces animaux dans'une goutte d'eau; car alors on pourra féparer aifément leurs parties & les placer devant le microfcope , pour obferver leur eftomac & leurs entrailles.’ Les corps opaques, tels que Les femences,, les fables , les bois , 6c. demandent d’autres précau- tions : voici le meilleur moyen de les confidérer. Coupez des cartes en petits morceaux d'environ un demi-pouce de longueur | & de la dixieme partie d’un pouce de largeur ; moüllez-les dans la moitié de leur longueur avec de l’eau gommée bien forte, mais bien tranfparente , & avec cette eau vous y attacherez votre objer. Comme les figures des car- tes font rouges & noires , fi vous coupez vos mor- ceaux de cartes fur ces figures , vous aurez pour vos objets un contrafte de prefque toutes les couleurs ; &c fixant les objets noirs fur le blanc , les blancs fur le noir , les bleus ou verds fur le rouge ou le blanc, & les autres objets colorés fur les morceaux quileur font le plus oppofés en couleurs, vous les obferve- rez avec plus d'avantage. Ces morceaux font prin- cipalement deftinés au microicope nouvellement ‘inventé pour les objets opaques, &c on doit Les ap- pliquer entre les pincetres ; mais ils font auf utiles aux autres microfcopes qui peuvent "découvrir les objets opaques. Il faut avoir une petite boîte quarrée deftinée à conferver ces morceaux de cartes, avec un nombre de petits trous fort peu profonds, & l’on colera un papier fur un côté de chaque carte pour fervir de fond. Précautions dans l'examen des objets mictofcopi- piques. En examinant les objets dans tous les de- grès de lumiere ; il ne faut rien aflurer qw’après des expériences réitérées & des obfervations.exaétes, Ne formez donc aucun jugement fur les objets qui font étendus avec trop de force, ou reflerrés par La fécherefle , ou qui font hors de leur état naturel en quelque maniere que ce foit, fans y avoirles égards convenables. LUE Il eft fort douteux fi l’on peut juger des vraies couleurs des objets que l’on voit par la plus forte lentille ; car comme les pores ou intérftices d’un ob- jet font agrandis à proportion de la force du verre dont on fe fert, & que les particules qui en compe- MID lent la matiere, doivent par le mêmié principe, pa- roître féparées plufieurs mille fois plus qu’à la vûe fimple , la réflexion des rayons de lumiere qui vien- nent à nos yeux , doit être fort différente & pro- duire différentes couleurs ;: & certainement la va- rieté des couleurs de certains objets qu’on y obfer- ve, juflifie cette remarque. Où ne doit pas non plus déterminer fans beau- coup de réfléxion, tous les mouvemens des créatu- res vivantes ou des fluides qui les renferment, lorf- qu'on les voit par le microfcope ; car comme le corps qui fe meut , & l’efpace où il fe meut eft agrandi , le mouvement le doit être aufi , &c par confequent on doit juger fur ces principes, de la rapidité aveg laquelle le fanp paroït couler dans les vaifleaux des petits animaux. Suppofons, par exem- ple , qu'un cheval & un rat faflent mouvoir leurs membres exaétement dans le mêmemoment de tems; fi le cheval fait un mille, pendant que le rat par- court cinquante perches ( quoique le nombre des pas foit le même de part & d'autre } on conviendra ai- fément, ce me femble, que le mouvement du che- val eft le plusrapide. Le mouvement d’une mite vû par lemicrofcope, on apperç à la vüe fimple, n’eft pas peut-être moins différent. {Le chevalier DE Jau- COURT.) MICYBERNE , (Géog. anc.) ville de Thrace, fi- tuée entre Pallene & le mont-Athos , dans leur voi- finage. Philippe de Macédoine s’en empara, au rap- port de Diodore de Sicile, qui eff le ieul hiftorien qui parle de cette ville. (2. J.) MIDAIUM , ( Géog.anc. ) en grec pd alor ; ville de la grande Phrygie, dont Ptolomée, Pline, Dion Cafius & Etienne le géographe font meution.( 2, J.) MIDDELBOURG, (Géog.) en latin moderne Middelburgum ; belle, riche & forte ville des Pays- bas, capitale de l’île de Walchren, & de toute la Zélande; avec un port nouvellement creufé, large, profond, propre à recevoir des vaifleaux de 400 tonneaux, qui abordent chargés au milieu de la ville, où le canal qui communique à la mer, fe divile dès fon entrée, Le gouvetnement politique &c civil de Middelbourg, eft entre les mains de deux bourgnemeftres , d’onze échevins & de douze confeillers. Le Calvinifme yeft introduit depuis 1574. Cette ville a pris fon nom de ce qu’elle eft prefque au milieu de l'ile de Walchren : elle eft auf fituée comme au mieu, entre celle de Were au N. E. & celle de Fleflingue au S. O. à 8 lieues N. E. de Bru- ges, 12 N.O. de Gand, 14 N. O. d'Anvers, 295. O. d'Amfterdam, Long, 21, 18. las. 1.30. Entre les gens de lettres qu’a produit Middelbourg, je ne dois pas oublier Adrien Beverland & Melchior Leydecker. Le premier abufa de {on efptit & de fes talens dans fes écrits licentieux. Il écrivit dans le . goût d’Ovide, de Catuile &c de Pétrone; il mourut vers 1712. Le fecond au contraire, fe diflingua par fon érudition dans les antiquités eccléfiaftiques; & fur-tout par fon grand ouvrage latin de la républi- que des Hébreux, en 2 vol. 7-fo1. Il mourut profef- feurà Utrecht en 1721, à 78 ans. (D. J.) MiDDELBOURG , (Géos.) île des Indes, entre la côte orientale du royaume de Maduré , & la côte oc- cidentale de l'île de Ceylan. (D. 7.) MiDDELBOURG , (Géop.) île de la mer du fad, à _ “environ 204.dep. de long. fous les 21. 30 de /ar, mé- ridionale. (D. J.) D ete 2 MIDDELFART , (Géog.) ou MIDDELFURT , petite ville du royaume de Dannemark , fur la côte occidentale de l’ile de Fionie , & d’où l’on pañle de cette île à Kolding, ville du Jutland feprentrional. Elle eff fituée fur le détroit auquel elle donne fon mom, (2,75)... ou. L : ï y Fos M Ï En 40 MIDDLESEX, (Géog.) provinéé fiéditetrande d'Angleterre, au diocefe de Londres. Elle a 2ÿ lieues de tour, & contient environ 2470001 arpens: Elle eff petite, mais agréable, fertile & arrofée par là Tamife, qui la fépare dé la province de Suirey. C’eft la province capitale dn royaume, à caufe de Lon: drés:quiy eft fituée. (D: 7.) MI-DENIER , f m. (Jerÿp.) ce termé pris à fa lettre ne fignifie autre chofe que la moitié d’une fom: me en général. Mais dans lufage on entendordinairement par #4. enter, la récompenfe du i-denier que l’un des cons joints ou fes héritiers, doivent à l’autre conjoint ou à {es héritiers, pour les impenfes ou améliorations qui ont été faites des deniers de la communauté fur l'hé: ritage de lun des conjoints; cette récompenfe n’ef dûe dans ce cas, que quand les impenfes ont augmens té la valeur du fond. | Quand la femme ou fes héritiers renoncent à fa communauté, ils doivent la récompenfepour letout, & non pas feulement du z17-denier ; & dans ce même cas, fi les impenfes ont été faires fur Le fond du mari; il n'a rien à rendre à la femme ou à fes héritiers, at- tendu qu'il reffe maitre de tonte la communauté, Poyez Duplefñs, Lebrun, Rennffon: fi il y a aufii le retrait de z-denier. Woyég Res TRAIT. (4) MIDI , 1, m. (4ffr.) c’eft le moment où le foleil eft auméridien. Joyez MÉRIDIEN. Le moment de id: divite à-peu-près le jour en deux parties égales ; nous difons à-peu-près, parcé que cela n’eft vrai exaétement que dans le temsoùle foleil eft aux folflices, & où le moment du ii eft le même que celui du folftice: Voyez Correcrion DU Mi1D1 & SOLSTICE. On appelle midi vrai le tems où le foleil eft réels lement au méridien , 8 midi moyen, le tems où il fe: roit 214: eu égard feulement au mouvement moyer du foleil combiné avec le mouvement diurne de la terre ; ou, pour parler plus clairemenr, le tems oùil feroit #idi li le foleil avoit un mouvement uniforme dans léchiptique, & que lécliprique & l'équateur coincidaffent. foyez ÉQUATION DU Terms & ÉQUATION DE L'HORLOGE. Il y a toujours la mê- ine chftance du midi moyen du Jour quelconque axi raidi moyen du jour fuivant ; mais la diffance du midi rad d’un jour au 7ridi vrai du fuivant ,-eft continuel: lement variable, ( O MIDON , (Géog.) petite riviere de France, en Guyenne. Elle a fa fource dans le bas-Armagnac, auprès d'Agnan; &c à quelque diftance de Tartas, fe jette dans l’Adour. (2. J.) MI-DOUAIRE, £ m. (Jurifp.) penfon affignée à une veuve, de la moitiéde fon'douaire , commele mot le porte. L, MIDSIRRT , fm. (Al mar, Bor.)c'eft un arbrif. feau du Japon, qui a fes feuilles comme celles du prûmer fauvage. Ses baies, qui croïffent en très-pe= tites prappes àl’extrémité des rameaux, font rouges ; de la grofleur d’une graine de coriandre, & renfer- ment plufñeurs femences roufles & triangulaires. MIE , {. m. (Boulang.) la partie intérieure di pain , que la croûte recouvre. Il faut que la we foit légere & pleine d’yenx, on de trous ; c’eft une mar: queque la pâte a été bien faite & bien paîtries MIEGE , #. m. (Jurifp.) terme ufité dans quel: ques coutumes 87 provinces, pour dire la moitié -d’une chofe : ailleurs ondit mice l’une 8r Pautre vient dulatinmedia pars. (4) | MIEL , (ÆifE, nat.) matiere que les abeilles ré: cuerllent fur les fleurs des plantes, 8 que l’on tire des gâteaux de cire qui font dans leur ruche. Les abeïlles entrent dans lesfleurs pour y prendre, par le moyen de leur trompe , une liqueur miellée qui Pr 496 MIE eft dans desglandes & des réfervoits placés au fond de la fleur, ou qui eft épanchée fur différentes autres parties ; ayant tranfpiré au-travers des membranes des cellules qui la senfermoient. L’abeille leche cette liqueur , elke la lappe pour ainfi-dire avec le bout de fa trompe ; peut-être aufhi frotte-t-elle les glandes qui renferment cette liqueur pour l’en faire fortir, & les dechire-t-elle avec fes dents. La trompe ayant donc ramañlé des gouttelettes de miel, les conduit à la bouche où il y a une langue qui fait pafler ce miel dans l’œfophage.Cette parnies’étend danslesabeilles, & dans les mouches en général, depuis la bouche jufqu’au bout du corcelet, & aboutit à eftomac qui eft placé dans le corps près du corcelet. Dans les abeilles 1l y a encore un fecond eftomac plus loin; lorfque le premier eft vuide, 1l ne forme aucun ren- flement, 1l reflemble à un fil blanc & délié, mais lorfqu'il eft bien rempli de re/, il a la figure d’une vefle oblongue ; fes parois font fi minces que la cou- leur de la liqueur qu’elles contiennent paroit à-tra- vers. Parmi les enfans des gens de la campagne il y en a qui favent bien trouver cette vefie dans les abeilles, & fur-tout dans les bourdons velus, pour en boire le ze, Ce premier eftomac eft féparé du fecond par un étranglement ; c’eit dans le fecond ef- tomac & dans les inteftins, que fe trouve la cire bru- te; il n’y.a jamais que du 72e/ dans le premier. Il faut qu’une abeille parcoure fuccefivement plu- fieurs fleurs avant de le remplir ; enfuite elle revient à la ruche , & cherche un alvéole dans lequel elle puifle fe dégorger : elle fe place fur le bord de l’al- véole , elle fait entrer fa têre dedans, & y verfe par la bouche le 71e! qui eft dans l’eftomac, &c quien Sort à l’aide des contraétions de cette partie. Il y a lieu de croire qu'il n’en fort pas tel qu’il y eft entré; mais qu'il eft digeré & épaiffi par une coétion. Les abeilles fuivent ordinairement un certain ordre en rempliffant de iel les alvéoles; elles commencent -par ceux qui font à la partie fupérieure des gâteaux du deffus , lorfqu'il y a plufeurs rangs de gâteaux. Pour qu’un alvéole foit plein de el, 1l faut que plufieurs abeilles viennent y verfer celui qu’elles ont recueilli & préparé. À quelque degré que Pal- véole foit rempli, on voit toujours que la derniere couche de wiel eft différente du refte ; elle femble être ce que la crême eff fur le lait : cette crême ou croûte de miel elt plus épaifle que le refte ; il y a lieu de croire qu’elle eft faite d’un sz1el qui a plus de 1 eft mielleux & fade. jen à “ MIENCHO , ( Géog. ) ville de la Chine dans là province de Suchuen, & la Premiere métropole de cette province , fous le 3x degré de Latitude , & plus occidentale que Péking de 12. 55: (2.7) MIES o4 MYSA, ( Géog. ) petite ville de Bohe- me, fur les frontieres du haut Palatinat, bâtie vers lan 1131 par le duc Sobieflas. Long, 30.55, Lar 49: 46.( D. 1.) MIESZAVA , ( Géog.) petite ville de Pologne dans la Cujavie , fur la rive gauche de la Viftule , à 4 ai de Thorn. Zonp. 37e 5 Hab153, So. LA MI-ÊTÉ. La fête de faint Jean-Baptifte qui tombe le 24 de Juin. Voyez Quartier G TERME. : MIEZA , ( Géog. anc. ) ville de Macédoine , fe- lon Pline , Z. IF. c. x. &' c’eft le feul auteur qui le dife; mais Pline n’auroit-il Point pris pour une ville le parc de Stagyre, patrie d’Ariftote. Quoi qu'il en {oit , Plutarque | dans la vie d'Alexandre , dit que Philippe ayant ruiné & détruit Sragyre, patrie d’A- riftote, la rebâtit pour l'amour de ju; > Y rétablit les habitans, & leur donna pour le lieu de leurs études & de leurs aflembiées , dans le fauxboure de cette ville, un beau parc appellé Mieza. Il ajoute que de fon tems on y montroit encore des fiéges de pierre qu’Ariftote fit faire Pour s’y repoler, & de grandes allées couvertes d'arbres qu'il planta, pour fe promener à l’ombre. (D. J. MIGANA , (Géog.) ville d'Afrique dans la pro- vince de Bugie , au royaume de Trémecen, Elle eft à 4 lieues de la montagne de La-Abez. Ptolomée en parle fous le nom de Lare, & lui donne , 730, de long. & 30. 40. de latitude. CD; 35) MIGLIARO, f. m.( Comm. ) en françois millier ; poids de Venife auquel l'huile fe pefe, & fe vend dans la Capitale & dans les états de térre ferme de cette république. Le millier eft compofé de quarante mirres , &z la mirre de trente livres, poids fubtil ou léger de Ve- nife , qui eft de trente-Quatre pour cent plus foible que celui de Marfeille, c’eft-à-dire, que les cent li- vres de Marfeiile en font cenf trente-quatre du poids fubtil de Venife. Diionn. de Commerce. (G) MIGNARDISE, f. f. ( Morale.) délicateffe pué- rile qui s’exerce fur des chofes , ©t en des occafons quin’en méritent point. C’eft ; dit la Bruyere , Emi- le qui crie de toute fa force fur un petit péril qui ne lui fait pas de peur ; qui dit qu’elle pâlit à la vüe d’u- nefouris, ouqui veut aimer les violettes > À s'éva- nouir aux tubéreufes: Je confeillerois à Emilie de dé: daigner ces petites affe@arions > Qui n’augmentent te 498 MIG point fes charmes , ne contribuent point à fon bon- heur, & qui bien-tôt ne ui rapporteront que du ridicule. ( D. J.) | MIGNARDISE , ( Jardinage, ) eft une efpece d’œil- let fauvage, dont les feuilles petites &c découpées en maniere de frange , & de couleur blanche ou incar- nate , lui ont fait donner le nom d’æilles frangé, où de mignardife, qui fleurit l’été. On l'appelle encore effilé ou regonce. Il y en a de double, de fimple. La migardifé eft facile à cultiver ; elle pouffe de fes feuilles quantité de petites tiges foibles, dont Les fleurs font aflez reflemblantes aux œillets. MIGNON , f. m.( Gramm. franç. ) Ce mot s'em- ploie feulement dans les converfarions familieres , pour exprimer, comme les Italiens, par leur mi- gnene , une perfonne aimée , chérie, favorifée plus que les autres. Rhédi prétend que les François ont orté ce mot mignon en Tofcane, qu'ils l'ont prisde l'allemand rrinuen, aimer ; & que c'eft de la même fource que font nés les mots mignard, mignarder , menin, Sous le regne d'Henri JIL. le terme ignon devint fort commun, & défignoit en particulier les favoris de ce prince. Quélus & faint Mégrin , Joyeufe & d'Epernon, Jeunes voluptueux qui régnoient fous Jon nom. ‘On lit dans les mémoires pour fervir à l’hiftoire de France , imprimés à Cologneen 1719, que « ce fut en » 1516 que le nom 7gn0ns commença à trotter par » la bouche du peuple, à quiils étoientfort odieux, » tant pour leurs façons de faire badines & hautai- » nes, que pour leurs accoutremens cfféminés, & » les dons immenfes qu'ils recevoient du roi. Ces » beaux mignons portoient des cheveux longues, » frifés &refrifés, remontant par-deffus leurs petits » bonnets de velours, comme chez les femmes, & # leurs fraifes de chemifes de toile d’atour, empe- » fées & longues d’un demi-pié, de façon qu'à voir » leurs têtes deflus leurs fraifes,il fembloit quece fût » le chef de faint Jean dans un plat ». (2. J.) MIGNONE,, f £, ( Fondeur de caraëteres d'Impri- merie. ) troifieme corps des caraéteres d'Imprimerie. Sa proportion eft d’une ligne & un point, mefure de l'échelle ; fon corps double eft le faint auguftin. Voyez PROPORTIONS DES CARACTERES D'IMPRI- MERIE , & exemple à l’aréicle CARACTERES. La mignone peut être regardée comme un entre- corps , ainf que la gaillarde & la philofophie , par- ce que d’un corps à l’autreil doit y avoir deux points de différence, & qu’à ceux-ci 1l n’y en a qu'un; ce qui fait qu'on emploie ordinairement l'œil du petit texte fur le corps de migrone, n’y ayant qu'une lé- gere différence de corps & d'œil. Cela fert à faire entrer plus de lignes dans une page, qu'il nen fe- roit entré fi l'œil de petit texte avoit été fondu fur on corps naturel, & ainfi de la gaillarde & de la philofophie. Voyez Corps, ŒuL, MIGNONETTE,, f. f. (Comm.) petite dentelle qui n’eft à proprement parler qu'un réfeau fin, où lon a conduit un ou plufeurs gros fils qui forment des ramages , fleuts, ou autres figures. MIGONIUM , ( Géog. anc.) contrée de la Laco- nie , qui avoit à fon oppofite l'île de Cranaé, fituée pareillement en Laconie, & que Strabon a confon- due avec celle de Cranaé dans l’Attique; mais Paris étoit trop amoureux d'Hélene, & tropaimé d'elle, pour n’avoir pas commencé à contenter les ardeurs de {a flamme dans le voifinage de Lacédémone : c’eft- là, en effet, que cet heureux amant fit bâtir après {a conquête un temple à Vénus, pour lui marquer les tranfports de fa reconnoiflance, Il furnomma cette Vénus Migoniris, &c fon territoire Migonium , d'un mot qui fignifioit l’aoureux myflere qui S'y étoit paflé. Ménélas , le malheureux époux de cette princeffe, dix-huit ans après qu’on la lui eut enle- vée, vint vifiter ce temple, dont le terrein avoit été le témoin de l’infidélité de fa femme, Il ne le ruina point cependant, il y fit mettre feulement aux deux côtés les images de deux autres déefles , celle de Thétis & celle de Praxidicé , comme qui diroit la déeffe des châtimens ; pour marquer l’efpérance qu'il avoit de {e voir vengé d'Hélene ; mais dans la fuite il abandonna les projets de fa vengeance, & cette belle veuve lui farvéquit. (D. J.) | MIGRAINE , f, f. ( Médecine. ) efpece de douleur de tête qu’on a.cru n’occuper que la moitié de cette partie.Ce nom eft dérivé du mot grec mubnpærie , COM- pofé d'au) qui fignifie demi ou moitié, 8t uparior , crâne ou Le deffus de la vére. Les fignes qui caraétérifent cette maladie , font d’abord des douieurs vives , aiguës , lancinantes, qui quelquefois font reftreintes à un côté de la tête ; & ona obfervé que la partie gauche étoit le plus fouvent affeétée : quelquefois elles oc- cupent tour ce côté , le plus fonvent elles font fi- xées à la tempe, d’autres fois elles courent, comme on dit, par toute la tête fans difin@ion de côté ; el- les s'étendent aufli jufqu’aux yeux, aux oreilles, aux dents, & même au con & aux bras. La violence de ces douleurs eft telle qu'il femble aux malades qu'on leur fend la tête , qu'on en déchire les enve- Joppes ; ils ne peuvent quelquefois fupporter la lu- miere , ni le bruitqu’on fait en marchant fur le mé- me plancher où ils fe trouvent; ils font tellement {enfbles à cette impreflion , qu’on en a vù s’enfer- mer feuls dans une chambre pendant plus d’un jour , fans fouffrir que perfonne en approchär. Il eft rare que les malades éprouvent fans relâche ces cruelles douleurs ; elles reviennent par efpeces d’accès qui n’ont pour l’ordinaire aucun type réglé; 1ls font dé- terminés par quelque erreur dans l’ufage des fix cho- {es noa-naturelles , par un air froid quifaifitinopi- nément la tête, par un excès dans le manger , parla fupprefion d’une excrétion naturelle, par une paf- fion d’ame, & ils font annoncés & accompagnés de conftipation, d’un flux abondant d’urines crues & limpides , qui, fur la fin du paroxyfme, deviennent chargées & dépofent beaucoup de fédiment. L'ob- fervation a appris que les femmes, fur-tour celles qui menent une vie fédentaire, oifive, & qui ma- riées font ftériles , étoient plus communément at- taquées de cette maladie que les hommes. Les cau- fes qui y difpofent, qui la déterminent , font le plus fouvent un vice des premieres voies, quelquefois a fuppreffion du flux menftruel ou hémorrhoïdai , des veilles exceflives, un travail d’efprit forcé, un re- froidiflement fubit de tout le corps , fur-tout des piés , joint à leur humidité, un changement trop prompt d’une vie aétive &c laborieufe en fédentaire, des coleresfréquentes maisréprimées ; & onen a vi fuccéder à des gouttes repercutées , à des fimples douleurs de tête maltraitées. Chezlquelques-uns , la migraine eft un vice héréditaire tranfmis par les patens , fans que le malade y ait donné lieu par La moindre -irrégularité de régime. ù Le fiege de cette douleur eft extérieur, vraïflem- blablement dans le péricrâne , & il y a eu de pré- fumer qu’elle ne dépend que d’une conftriétion fpaf- modique des vaifleaux & des fibres de cette mem- brane. Lesfymptomes, léscaufes, la curation même de cette maladie, font autant de raïfons qui nous engagent à croire qu’elle eft purement nerveufe fans la moindre congeftion de matiere, Quelques auteurs, & entr'autres Juncker, n’ont pas fait difficulté de compter la migraine parmi les différentes efpeces de goutte , croyant avec quelque raifon que c’eft la même caufe qui agit dans ces deux maladies. Cet écrivain animiite, {ouvent trop outré , penfant que Pame eft la caufe efficiente de toutes Les maladies ; pour ne pas la faire agir fans motif, avance fans au- tre fondement , que la migraine confifte dans un amas de fang que l'ame avoit déterminé à la tête ; dans le fage defléin d’exciter une hémorrhagie fahitaire par le nez, mais quin'a pas pù avoir lieu par quelque obftacle imprévu fans qu'il y ait de fa faute, Sans m'atrêter à réfuter ces idées abfurdes , je remarque- rai que l’hémorrhagie du nez eft une évacuation très- rare & très-indifférente dans les wrigraines. Quoiqu'il n’y aitaucun des fignes que nous avons détaillés, qui puiffe être cenfé vraiment pathognomo- nique; cependant leur concours, leur enfemble eft f. frappant, qui n’y a perfonne, même parmi les perfonnes quine font pas de l’art, qui méconnoiffe la rigraine & qui ne la différencie très-bien desautres douleurs de tête, qui occupent ordinairement toute la tête ou les parties antérieures, & qui ne font le plus fouvent qu'un fentiment de pefanteur incommode. La rigraine n’eft pasune maladie quifafle craindre ponr la vie:le prognofhic confidéré fous ce point de vüe n’a pour lordinaire rien de fâcheux ; cepen- dant fifon l'rite, fi on la combat trop par des ap- phcations, . par dés ropiques peu convenables , elle peut avoir des fuites très-funeites, exciter des fevres inflammatoires, on faire perdre la vûe, comme je Pat vü arriver à une dame, qui ayant pris la dou- che fur la partie de la tête qui éroit affe@ée, les dou- leurs furentefe@tivement calmées, mais elles fe fi- rent reffentir avec plus de violence pendant près. d’un an au fond de loœil fans le moindre relâche, jufqu’à ce qu’enfin la malade perdit entierement l’u- fage de cet œil. Quelquefois la goutte furvenune aux extrémités diffipe la rigraine ; d’autres fois elle fe termine par la paralyfie du bras, qui eît d'autant plus à craindre que les douleurs y parviennent & y excitent un engourdiflement. Aflez fouvent elle fe guérit d'elle-même par l’âge ; la vieillefle, le germe fécond d’incommodités , fait difparoître celle-là. _ On ne doit dans cette maladie attendre aucun fe- cours sûrement curatif de la Médecine : la migraine doit être renvoÿée aux charlatans dont l'intrépi- dité égale l'ignorance ; ils donnent fans crainte, comme fans connoiflance , les remedesles plus équi- voques, & cependant, pour l’ordinaire , les fuccès fe partagent à-peu-près. Quelques-unstombent dans des accidens très-fâcheux , ou meurent prompte- ment victimes de leur bifarre crédulité ; d’autres font aflez heureux pour échapper de leurs mains non-feulement fans inconvénient, mais même quel- quefois parfaitement guéris : toutes ces maladies fi rebelles exigent des remedes forts, a@ifs, qui ope- rent dans la machine des grands & fubits change- mens. Si le médecin inftruit ne les ordonnepas, ce n'eft pas qu'il ignore leur vertu, mais c’eft qwil connoit en outre le danger quifuit de près leur ufa- ge, & qu'il craint d’expofer la vie du malade & fa propre réputation ; motifs incapables de toucher leffronté chariatan. Quelques malades fe font fort bien trouvés de l’artériotomie, ce même fecours employé dans d’autres a été au-moins inutile ; &il eft à remarquer que les faignées que quelques mé- decins regardent comme propres à calmer les dou- leurs violentes , ne font que les animer, elles ren- dent les accès de migraine plus forts & plus longs. Des vomiflemens de fang ont été quelquefois criti- ques, &c ont totalement emporté la maladie. Les payfans de Franconie fe fervent dans pareils cas, au rapport de Ludovic, d’un remede fingulier ; ils mettent fur la partie fouffrante de la tête un plat d’étainavec un peu d’eau, dans lequel ils verfent du plomb fondu. Ce remede, accrédité chez le peu- ple ; doit avoir eu quelquesfuccès heureux; qui ce- pendant feroit tenté d’y recourir ? quel eft le méde- Tome X, | MI G 499 Cin Qui dans nos pays OôsâÂt propofer-un femblable fecours ? pour moi, je confeillerois à un malade de fupporter patiemment {es douleurs pendant l'accès ; fi les douleurs étoient trop aigués,, on pourroit, je penfe, les calmer un peu par l’odeur des effencesaro- matiques, des efpriis volatils, fétides., des reme: des connus fous le nom d'arti-hyflériques : j'ai connu une dame qui, parlodeur de l’eau de la reine d’Hon- grie, étoit venue à bout de rendre fupportables les douleurs deigraine dont elle étoit tourmentée, Les lavemensréitérés me paroïllent d’autant plus conve- nables, quela conftipatien eft un avant-coureur & quelquefois auf la caufe d'un accès. Les purgatifs cathartiques font fpécialement appropriés dans les maladies de la tête, ils conviennent principalement dans le cas où une indigeftion à procuréle retour de la rigraine. Hors du paroxyfme, la cure radicale doit commencer par l'émétique : nous avons ‘obfervé que le déransement de l’eftomac étoit une des cau- fes les plus ordinaires de lamaladie que nous voulons combattre ; mais ce n’eft pas par fon action feule fur l’eftomac que lémétique peut opérer quelque bon effet, c’eft principalement par la fecoufle générale qu'il excite. Je dois à Ce feul remede la guérifon d’u- ne cruelle wigraine dont j'ai été tourmenté pendant quelque tems ; 1left à propos de feconder l’efet de l'émérique par les fomachiques amers, par les toni- ques, les martiaux, &e fur-tout par le quinquina, remede fouverain dans les maladies nerveufes , fpafmodiques, & dans les affeétions de l’eftomac. Onpourroit aufli tirer quelque fruit de l'application des vefcatoires, mais plus ces remedes font violens & décififs, plus auff leur ufage demande de la pru- dence & de la circonfpeétion.Lorfque la zrigraine eft périodique, invétérée, & fur-tout héréditaire, ces fecours, quelqu'indiqués qu'ils paroïflent, font ra- rement efhcaces. Lorfqu'elle eft récente & qu’elle eft la fuite d’une excrétion fupprimée, il y a beaucoup plus à efpérer, on peut la guérir en rappellant l’ex- crétion qui avoit été dérangée. Mais de tous les fe: cours , ceux fur lefquels,on doit le plus compter, font ceux qu'ontire du régime. Ceux qui font fujets à la migraine doivent avec plus de foin éviter tout excès , fe tenir le ventre libre, ne manger que des mets de facile digeftion & qui n’échauffent point, fe garantir des impreflions de Pair froid, fe difiper , bannir les chagrins, &c, s’il eft poffble , paffer quel- que tems à la campagne. Avec ces précautions, on peut éloïgner les accès & en diminuer la violence, Maïs fur-tout qu’on prenne garde à l’ufage des topi- ques, toüjoursincertains & iouvent dangereux. (#7) MIGRANE,, f. m, (1/4. nat, ) efpece de crabe de mer, dontles premieresjambes {ont denteléescomme la crête d’un coq; ce qui lui a fait donner auf le nom de cog. Rondelet , kiff. des poif]. pars, I, Liv. XVIII, chap. xv. Voyez CRABE. MIGUEL,, SAINT- ( Géogr. ) ville de l'Amérique dans la nouvelle Efpagne, dans la province de Gua- timala, fur une petite riviere à Go lieues de Guati- mala. Long. 289.50, lat. 13 MIGUEL, Sans-(Géogr.) ville de l'Amérique mé- ridionale au Pérou, dans le gouvernement de Quin- to, dans la vallée de Pivra. C’eft la premiere colonie que les Efpagnols aient eu dans ce pays-là ; elle ef à l'embouchure de la riviere de Catamayo , à 130 lieues de Quinto. Lonpis, 297. latit. méridion. 5. MIGUEL, l'ile de Saint- (Géogr.) l’une des Açores, & l’une des plus orientales. Elle a environ 20 lieues de long, & ef expolée aux tremblemens de terre. Puntadel-Gado en eft la capitale. Longit. 354, 50, lat. 38. 10. MIHIEL , SAINT- ( Géog. } ville de France au du- ché de Bar, capitale du bailliage du pays d’entre la Mofelle 8 la Meufe, ILy avoit autrefois une-cour (Sr $00 M I HA fouveraine. Elle eft fur la Meufe à 8 lieues N.E, de Bar, 14 N. O. de Nancy, 9 S.E. de Verdun, 72 N.E. de Paris. Lonp, 23,51, 27. lat. 48, 38411, MIHIR , £ m.(4nvig. perfan.) Mihir où Mihrétoit une divinité perfane que les Grecs & les Romains nommoient Michre , qu'ils ont confondue avec le fo- leil, & qu'ils ont cru le principal objet du culte.des Perfes. Mais Hérodote , beaucoup mieux inftruit de la religion & des mœurs perfanes , que tous les éeri- vains qui l’ont fuivi, nous en donne une idée fort différente. Les Perfes, dit:il, n’ont ni temple, ni fta- tues, ni autels. Ils traitent ces pratiques d’extrava- gance , parce qu'ilsne penfent pas, comme les Grecs, ue la nature des dieux ait rien de commun avec celle des hommes. Ils facrifient à Jupiter fur le fom- met des plus hautes montagnes, & donnent le nom de Jupiter à toute la circonférence du ciel. Ils offrent encore des facrifices au foleil , à la lune, à la terre, au feu, à l’air & aux vents. Telle eft, continue-t-il, l’ancienne religion du pays; maisils y ont joint dans la fuite le culte de la Vénus célefte, où Uranie, . qu'ils ont emprunté des Affyriens &t des Arabes. Les Aflyriens l’appellent Mylita, les Arabes Alyra, &c les Perfes Mithra. On voit par ce paffage d'Hérodote, que le culte de Mithra étoit un culte nouveau, emprunté des étrangers, qui avoit pour objet non le foleil , maïs la Vénus célefte, principe des générations, &c de cette fécondité par laquelle les plantes &c les ani- maux fe perpétuent & fe renouvellent. Telle eft l’idée que les anciens nous donnent de la Vénus Uranie, & celle qui-répond aux différens noms fous lefquels elle étoit défignée. Maouledia dans le fyrien d'aujourd'hui, figmfie mere, genitrix : dans Pancien perfan, le mot miho ou mihio , fignifie amour , bienveillance. De-là vient le nom de Mrhri- date, ou plus régulierement Méherdate , comme il fe lit fur une infcription ancienne, ainfi que dans Ta- cite: c’eft en perfan wikio-dad , amour de la jufhice. Le nom d’asirra , employé par les Arabes , défignoit feulement le fexe de Venus Uranie : {/ahat , ou A!i- laat , étoit encore au tems de Mahomet , le nom gé- néral des déeffes inférieures, filles du Dieu fupréme, dont il reproche le culte à fes compatriotes. Le mihio des Peries , pris pour le nom de l'amour, fentiment naturel qui eft Le principe de l’union &r de la fécondité des êtres vivans , convient parfaitement avec l’idée que les anciens avoient de la Vénus Ura- nie. Porphyre affure que le Mithra des Perfes préfi- doit aux générations, & il rapporte à cette idée les différens attributs joints à la repréfentation de Mi- thra dans l’antre qui lui étoit confacré ; antre myf- tique , dont nous voyons une image fur quelques bas-reliefs & fur quelques pierres gravées. Quoiqu’à certains égards Le foleil puifle être con- fidéré comme le principe & la caufe phyfique de toutes les générations , ou du-moins de la chaleur qui leur eft néceflaire , les Perfans ne l’ont jamais confondu avec #ihio. Le mot 1h10 n’entre dans au- cune des différentes dénominations qu’ils donnent à cet aftre ; & les Mages poftérieurs proteftent que n1 eux ni leurs ancêtres, n’ont jamais rendu de culte au foleil, aux élémens, & aux parties de l’univers matériel ; & que leur culte n’a jamais eu d’autre ob- jet que le Dieu fuprême, & les intelligences qui gou- vernent l'univers fous fes ordres. Les nations fituées à l’occident de [a Perfe, accou- tumées à un culte dont les objets étoient grofliers & {enfbles , firent une idole du #10 des Perfans, & le confondirent avec le feu & le foleil. Les Romains embraflerent la même erreur, & inflituerentles fêtes appellées Mithriagues , fêtes bien différentes de celles que les Perfans nommoiïent Mihragan , & qu'ils cé- lébroient folemnellement en l'honneur de Vénus Ura- MIEL nie. Foyez MiTRA, fête de ( Antig. rom.) D. JT, MIHOHATS,, ( Æiff. nar, Boran.) arbrifleau de lile de Madagaïfcar , que l’on vante pour fes vertus cordiales & confortatives. MIKADO , ( Hiff. mod. ) c’eft ainfi que l’on nom- me au Japon l’empereur eccléfaftique , ou le chef de la religion de cet empire; il s'appelle auf Ziro , ou dairi, Voyez D'AIRI. MIKIAS , f. m. ( Anriq. égypr.) fymbole des Egyp- tiens dans leur écriture hyéroglyphique. C’étoit la figure d’une longue perche terminée comme un T , traverfée foit d’une feule, foit de plufeurs barres, pour fignifier les progrès de la crue du Nil. Cette figure devint le figne ordinaire du bonheur qu'on fouhaitoit , ou de la délivrance du mal qu’on fouf- froit. On en fit une amulette qu’on fufpendoit au cou des malades , 8 à la main de toutes les divinités bienfaifantes. Une écriture hiéroglyphique devenir un remede dans les maladies , eft une chofe étrange à imaginer ; mais n’y a-t-1l pas cent exemples de chofes auf folles? Foyez M. Gordon dans fa co/lec- tion des armulettes remarquables des monurnens des Egyp- siens, ( D. J.) MIL, Gros ( Diecre. ) grand rl noïr, où forgho ; la farine de cette plante fournit du pain aux habitans de certains pays, à ceux de quelques contrées d’Ef- pagne &c d'Italie par exemple ; mais ce n’eft que dans le cas de difette que le payfan a recours à cet ali- ment, qui eft fort rude, sroflier , aftringent & peu noutriflant. (b) MILA , ( Géogr.) ville d'Afrique au royaume de Tunis, dans la province conftantine. Elle étoit au- trefois confidérable , & eft tombée en ruines. Long. felon le P. Gaubil, 91. 53. ar. 28. 40. ( D. J.) MILAN , MILAN ROYAL , {. m. milvus vulgaris, ( Hif?. nat, ) oifeau de proie qui pefe trois livres huit onces ; il a environ deux piés deux pouces de lon- gueur depuis la pointe du bec jufqu’à lextrémité de la queue : l’envergure eft à peu prés de cinq piés ; le bec a deux pouces de longueur depuis la pointe juf- qu'aux coins de la bouche; il eft crochu fur la lon- gueur d'environ un demi-pouce ; la tête & le men- ton font d’une couleur blanche cendrée avec des bandes noires qui defcendent le long du tuyau des plumes. Le cou eft roux , & le milieu de chaque plumeeft noir. Le dos eft brun comme dans lesbufes ; les plumes qui font contre la queue font de même couleur que la queue, & ont leur milieu, ou feule- | ment leur tuyau noir. Les petites plumes des ailes font roufles & noires, avec un peu de blanc; le noir occupe le milieu de la plume en fuivant la direttion du tuyau. Les longues plumes des épaules ont des bandes noires comme les grandes plumes des ailes. Les plumes du deffous de laile font roufles , & le milieu eft noir. Les plumes de toute la face inférieure de l’oifeau ont le milieu noir ; celles qui font fous le menton ont les bors cendrés, & les plumes qui font au-deflous de celles-c1 les ont roux. À mefure que l’on approche de la queue , l’efpace du noir diminue de façon que les plumes du deffous de la queue n’ont que le tuyau noir ; la couleur rouffe de ces dernieres plumes eft aufli moins foncée & plus claire que celle des plumes du ventre. Il y a dans chaque aile vingt-quatre grandes plumes ; les cinq extérieures font noires, les fix fuivantes ont une couleur cen- dréenoirâtre , & les autres plumes font noires , ex- cepté les dernieres. qui ont trois couleurs, favoir du roux , du blanc & du brun. Il y a fur les barbes extérieures de toutes ces plumes , à l’exception des cinqou fix premieres, des lignes tranfverfales noires, & entre ces lignes noires, des bandes blanchâtres , principalement fur les plumes qui fe trouvent entre la cinquieme & la douzieme. Les plumes de laile quand elle eft pliée , font plus grandes que celles du milieu de la queue, & plus courtes que les eéxté- rieures. La queue eft fourchue, & compofée de douze plumes qui font toutes de couleur roufle , à l'exception de l'intérieur de chaque côte qui eft noi- râtre ; elles ont toutes des bandes tranfverfales noi- res fur les barbes extérieures, éxcepté les deux du milieu , qui n'ont que des taches noires auprès du tuyau. La pointe de toutes ces plumes eft blanchâtre. Les deux plumes extérieures ont quatorze pouces de longueur, & les deux du milieu n’en ont qu'onze. Le bec eft noir , & n’a prefque point d’appendices. La langue eft large, épaifle, comme dans les autres Cifeaux de proie. La membrane des narines & des coins de la bouche eft jaune. Les yeux font grands ; liris eft d’un beau jaune mélé d’un peu de blanc. Les pattes font jaunes ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu par une membrane , prefque jufqu’au mi- heu de fa longueur: les ongles font noirs ; celui du doigt de derriere eft le plus petit ; celui du doigt du mihen eft tranchant feulement par le côté intérieur. On diftingue le rilan de tous les autres oifeaux de proie , par fa queue qui eft fourchue ; il eft le feul qui ait ce caractere. Les zilans {ont des oiïfeaux de paffage , & chan- gent de lieux dans différentes faifons de l’année ; ce- pendant on en voit toute l’année en Angleterre. Pline dit que les wilans ne fe nourriflent que de viande. Bellon afure au contraire , qu'il en a vû en Egypte voler fur des palmiers, & manger des dattes. Le rrilan prend toutes fortes d’oifeaux domeftiques, & fur-tout des poules, des canards &c des oies, Wil- Iughby. Voyez Oiseau. Mitan, (Hit nar.) enlatin milyus, où miluago, poiflon de mer qui reflemble au corp (voyez Corp.) par la forme du corps & de la queue, & par le nom- bre des nageoires ; 1l en differe par la grandeur, par la couleur, & en ce qu'il a la tête moins large &z ap- platie fur les côtés : il eft d’une couleur plus rouge ; la face extérieure des nageoires qui font près des Ouiesn’a point de taches rouges, & la face intérieure, au lieu d’être d’un verd mélé de noir, comme dans le corbeau, fe trouve en partie jaunâtre, & en par- tie noirâtre. Il a des aiguillons courts & pointus, rangés fur une ligne qui s'étend depuis les ouies juf- qu’à la queue. Ce poiffon n’a point d’écailles, tout fon corps eft couvert d’une peau rude ; il s’éleve un peu au-deflus de l’eau par le moyen de fes nageoires qui lui fervent d’ailes ; enfin il eft pendant la nuit lu- mineux. Rondelet, A1/£ des poiff. I. partie, liv, X, chap. vy. Voyez POISSON. MiLan,( Mariere médic.) comme cet oïifeau fe nourrit d'animaux, fes humeurs font empreintes de beaucoup de fel volatil & d'huile, Sa chair eft propre pour l’épilepfe , pour la gout- te; fon foie & fon fiel font eftimés bons pour les ma- ladies des yeux , étant appliqués deflus. Sa graifle eft propre pour les douleurs de jointu- res. Sa fiente eft réfolutive. Lemeri, Di. des drogues. MILAN, ( Géog. ) en latin Mediolanum Infubrine: yoyez ce mot; ancienne ville d'Italie, capitale du duché de Milan. Elle a fouvent été ravagée , & même détruite par les plus terribles fléaux , la pefte & la suerre , entre autres années , en 1162, que Fréderic I. dit Barbe- rouffe , la rafa, & y fema du fel. Mais elle s’eft f bien rétablie, qu'elle figure anjourd’hui avec les grandes & belles villes de l'Europe. Sa forme eft aflez ronde ; le circuit de fes murail- les eft de 8 à o millesitaliques, & le nombre defes habitans d’environ deux cent mille ames. Elle a quantité d'églifes , un archevêché , une citadelle, une univerfté , une académie de peinture, & une M IL SOI bibliotheque , appellée Ambroifenne, où l’on compte 10 mille manufcrits. C'eft en même tems une chofe fort étrange, qu'une ville de cette conféquence foit bâtie au milieu des tèrres , fans mer & fans rivieres qui faflent fon com- merce. Ces défauts font foiblement réparés par les eaux de fources, les petits ruiffeaux, & parles canaux de l’Adda & du Téfin, qui fourniffent une eau cou- | rante dans le foflé de l’enceinté intérieure dela ville, Milan ft la partie de Valere Maxime, hiftorien la- tin, qui florifloit fous Tibere ; du célebre jurifcon- fulte Alciat; de Philippe Decius, qui enfeigna le droit à Pavie, à Bourges, à Valence , & fut nommé par Louis XIL. confeiller au parlement ; d'Otavio Ferrari, favant , verfé dans les antiquités romaines : du cardinal Jean Moron, homme d’un mérite rare ; des papes Alexandre IL. Urbain IL, Céleftin [V. Pie IV. & Grégoire XIV, qui prit le parti de la li- gue contre Henri IV. Cette ville à auf produit d’autres hommes illuftres , parmi lefquels {e trou- vent les maïfons des Galéas, de Sforces, & de Tri- vulces, Milan eft à 14 lieues N,E. de Cafal, 28 N. E. de Gênes, 26 N. O. de Parme, 37 N. E. de Turin » 30 | NO. de Mantoue, 58 N. O. de Florence, 110 N. 0, | deRome. Lonp. felon Cafimi & Lieutaud, 25, 51, 30.1ut.45.25. (D. J.) MILANDRE,, fm. CAHifE. nar.) poiflon de mer au- | quelon a donné auff le nom de cagnot, c’eft-à-dire, petit chien. Rond. Æ/7, des Poiff. prem. pari. L, XTIT, chap. iv. Voyez CHIEN DE MER. Voyez POISSON. MILANEZ , LE (Géogr.) ou le duché de Milan : pays confidérable d'Italie, borné au nord par les Suifles &r les Grifons ; à l’orient par la république de Venife, & par les duchés de Parme & de Man- toue; au midi par le mont Apennin, & par l’état de Gènes ; à l’occident par les états du duc de Savoie, | &c par le Montferrat, * Son étendue du feptentrion au midi peut être d’en- viron 80 milles , & de 60 d’oriént en occident, Il eft très-fernile en marbre, en blés, & en vins ; le riz y croît en abondance, par les canaux qu’on a tiré du Féfin , une de fes principales rivicres. Les autres font le Po, l’Adda, & la Sefia. On le divife en 13 parties, le Milanez propre, le Pavéfan, le Lodéfan, le Crémonefe, le Comafque, le comté d’Anghiera , les vallées de Seffia , le Nova- refe , le Vigévanois, la Lauméline, l’Alexandrin, le Tortonele, & le territoire de Bobio. Paflons aux révolutions de cet état. Après que Charlemagne eut donné fin au royaume des Lom- bards, en 774, le Milanez fit partie de l'empire, & les empereurs y crécrent des gouverneurs, qui ac quirent dans la fuite un grand pouvoir, prirent le 1i- tre de feigneurs de Milan, & formerent une princi= pauté indépendante. Le premier fut Alboin, qui vi- voit dans le dixieme fiecle ; Jean Galéas, un de fes fucceffeurs , fut duc de Milan » En 1305, & mourut en 1402. Ses deux fils ne laifferent point d’enfans légitimes , de forte qu'après la mort du dernier , en 1447, ce beau pays devint l'objet de l’ambition de plufieurs princes, de l’empereur, des Vénitiens d d'Alphonfe , roi de Naples, de Louis duc de Sa- voie, & de Charles duc d'Orléans. Enfin, lan 1468, cet état pañla fous les lois du bâtard d’un payfan, grand homme , & fils d’un grand homme, Ce payfan eft François Sforce, devenu par fon mé- rite connétable de Naples, & puiffant en Italie, Le bâtard de fon fils avoit été un de ces Condoltier: : chef de brigands difciplinés, qui louoient leurs {er- vices aux papes , aux Vénitiens , aux Napolitains. Non-feulement les Milanez fe foumirent à lui, mais. il prit Gènes , qui flottoit alors d’efclavage en efcla- vage, | MIL so» À la mort de François SforceIl. du nom, qui fre ‘} “vint en 1536, Charles-Quint inveftit du duché de Milan Philippe I. fon fils; depuis ce tems-là l’Efpa- gne a joui de ce duché jufqu'en 1706, que l’empe- reur, aflite de fes alliés, s’en rendit maître au nom de l’archiduc. Ce dernier en eft refté poflefleur ju qu’en 1733, que Charles-Emmanuel, roi de Sardai- gne, réuni au roi d'Efpagne Philippe V. prit tout le Milanez,, & en eft refté fouverain jufqu’à ce jour par le traité de paix conclu à Vienne, le 18 Novem- bre 1738. (D.J.) MILANEZ propre, (Géog.) petit pays d'Italie dans l’état, où duché de Milan, dont il prend fon nom. Il eft fitué au milieu de ce duché , entrele, Comaf- que au nord, le Lodéfan à lorient, le Pavefe au mi- di, & le Novarefe à l’oueft. Ses principaux lieux font Milan, capitale de tout le duché , les boutgs de Marignano, de Agnadée, & de Caflano, (D.J.) : MILANESE , ferme de Coronmier , fil de la grof- feur qu'il a plu à l’ouvrier de lui donner, en retor- dant plufieurs brins enfemble ; & recouvert d’un fil de foie de grenade tordu dans le même fens ; mais en obfervant de laiffer des intervales à - peu -près- égaux entre chaque tour. Il y a une autre efpece de milanefe appellée frifée, qui.ne differe de la pre- miere que parce qu’elle eft de nouveau couverte d’une foie à laïfe , très-fine, & les tours près l’un de l'autre, comme dans le bouillon. | MiLANEsE , chez des fleurs d’or, eft un ouvrage dont le fond eft un fil recouvert de deux brins de foie , dont l’un, moins ferré que l’autre , forme fur le fil un petit rehef à diftances égales. MILAZZO , (Geéog.) c’eft le Mylæ des anciens ; ville de Sicile, dans le Val-de-Démone, fur la côte feptentrionale de cette province. On la divife en ville haute forufiée , & en ville bafle , qui n’a ni mu- railles, ni fortifications. Milazzo eft fituée fur la ri- ve occidentale du golfe, auquel elle donnefon nom, à 7 lieues N. O. de Mefline. Long. 33. 10. las, 38. 6209 MILES , {.m. ( Æiff. mod.) terme latin qui figni- fie à la lettre un faraffin ; mais dans les lois & les coutumes d'Angleterre, il fignifie auf un chevalier, qu’on appelloit autrement egues. Voyez CHEVALIER & EQUES. MILESTI , (Géog. anc.) peuple de la Grece Afa- tique dans l’Tome, felon Diodore de Sicile, Z, IL, c. 25. (2. J.) MILET, Miletus, ( Géog. anc. ) capitale de l’Io- mie, & l’une des plus anciennes villes de cette par- tie de la Grece. On la nommoit auparavant Pirhyu- fa» Anaïtoria, & Lelepis. C’étoit une ville maritime fur le Lycus, à 20 lieues au fud de Smirne, à ro d’Ephefe, & à 3 de l’embou- chure du Méandre. On en voit encore les ruines à un village nommé Palarska : fon territoire s’appel- loit Milefra, & fes citoyens Milefi. Leurs laines & leurs teintures étoient fingulierement eftimées. Miles, du tems de fa grandeur & de fa force, ofa réfifter à toute la puiffance d'Alexandre; & ce prin- ce ne put la réduire qu'avec beaucoup de peine, Il ne faut pas s’en étonner, quand on confidere les avantages que retirerent les Miléfens de leurs alliances avec les Egyptiens. Pfamméticus & Ama- fis, rois d'Egypte, leur permirent de bâtir fur les bords du Nil, non-feulement le mur qui prit leur nom, mais encore Naucratie, qui devint le port le plus fréquenté de toute l'Égypte. C’eft par des liaifons fi étroites avec les Égyptiens, qu'ils fe rendirent famihere la religion de ce peuple, &prin- cipalement le culte d’Ifis , la grande divinité du royaume. De-là vient qu'Hérode remarque, que les Miléfiens établis en Egypte, fe diftinguoient fur toutes les nations à la fête d’Ifis, par les cicatrices qu'ils fe faifoient an vifage À coups d'épées. . Miles, mere de plus de 7o colonies, comme Îe dit Pline, devint maitrefle de la Méditérranée & du Pont-Euxin, & Jetta fur Les côtes, des peuplades grecques de toutes parts, depuis la muraille dont nous avons parlé fur les bords d’un des bras du Nil, jufqu’à Panticapié, à l'entrée du Bolphore Cimmé- rien. En un mot, Pomponius fair noblement l’éloge de Miles, quand il Pappelle wrbem quondem totius Jonine, belli pacifque artibus: principem. Mais elle eft {ur-tout recommandable à nos yeux pour avoir été la partie de Thalés, d’Anaximandre, d’Anaximene , d'Hécatée , de Cadmus, & de Timo- thée. Thalés florifloit environ fix cent vingt ans avant J. C.. Ce fameux philofophe eft le premier des fept fages de le Grece, Il cultiva fon efprit par l'étude, &c par les voyages. Il difoit quelquefois avoir obier- vé, que la chofe la plus facile étoit de confeiller autrui, & que la plus forte étoit la néceffité. Il ne voulut jamais fe marier, & éluda toujours les folli- citations de fa mere, en lui répondant lor{qu'il étoit jeune, 1l n’eft pas encore temps ; & lorfqu'il eut at- teint un certain âge , il n’eft plustems. Il ft de très- belles découvertes en Aftronomie, & prédit le pre- mier dans la Grece, les éclipfes de lune & de foleil. Enfin , il fonda la fee ionique. Voyez IONIQUE. Anaximandre fut fon difciple. Il inventa [a fphere, felon Pline , & les horloges , felon Diogene Laerce. Il décrivit l’obliquité de l’écliptique , & drefla le premier des cartes géographiques, Ilmou- rut Vers la fin de la 52 olympiade, $so ans avant J, C. Anaximene lui fuccéda, inventa le cadran folai- re, & en fit voir l’expérience à Sparte, au rapport de Pline. Hécatée vivoit fous Darius Hyftafpes. Il étoit fils d’Agéfandre, qui rapportoït fon origine à un dieu, & ce fils étoit le feizieme defcendant ; il y a eu peu de princes d’une nobleffe plus ancienne. Hécatée ne dédaigna point d'enrichir le public de plufeurs ou- vrages, entr’autres d'Itinéraires d’Afie, d'Europe, &t d'Egypte, & d’une hiftoire des événemens le plus mémorables de la Grece. | Cadmus florifloit 450 ans avant J, C. & fe diftin- gua par une hiftoire élégante de l’Ionie. Comme c’é- toit la plus ancienne hiftoire écrite en profe chez les Grecs avec art, & avec méthode , les Miléfiens qui cherchoient à faire honneur à leur ville déja célebre, pour avoir été le berceau de la Philofophie & de l’'Affronomie, attribuerent à Cadmus l’invention de l’art hiflorique en profe harmonieufe. Ils fe trom- poient néanmoins à quelques égards ; car avant Cad- mus , Phérécyde de Scyros avoit déja publié un livre philofophique en excellente profe. Timothée , contemporain d’Euripide , eft connu pour avoir été le plus habile joueur de lyre de fon fiecle , & pour avoir introduit dans la mufique le genre chromatique. Il ajouta quatre nouvelles chor- des à la lyre, & la févere Sparte craignit tellement les effets de cette nouvelle mufique , pour les mœurs de fes citoyens, qu’elle fe crut obligée de condam- ner Timothée par un decret public , que Boëce nous a confervé. Aux perfonnagesilluftres dont nous venons de par- ler, 1l faut joindre deux milefiennes encore plus célébres; je veux dire Thargélie & Afpañe , qui at- tirerent fur elles les regards de toute la Grece, L’extrème beauté de Thargéhe, l’éleva au faîte de la grandeur, tandis que les talens & fon génie lui mériterent le titre de fophifte. Elle étoit contem- poraine de Xercès ; & dans le tems que ce puiffant monarque méditoit la conquête de toute la Grece, il l’avoit engagée à faire ufage de fes charmes &c de M I L fon efprit, pour lui gegner tout ce qu'elle pourroit de partifans. Elle le fervit felon fes vœux , vint à bout de féduire par fes graces , par fes difcours, & par fes démarches, quatorze à quinze d’entre ceux quiavoient la principale autorité dans le pgouverne- ment de la Grece. Elle fixa finalement fes courfes en Theffalie, dont le fouverain l’époufa , & elle vé- cut fur le trône pendant trente ans. Afpañe fuivit fon exemple dans fa conduite, dans fes manieres, & dans fes études. Elle n’étoit pas moins belle que Thargélie, & l’emportoit encore par fon favoir & par fon éloquence. Comblée de tous les dons de la nature, elle fe rendit à Athènes, où elle fit à la fois deux métiers bien différens , celui de courtifane , & celui de fophifte. Sa maïfon étoit tour-à-tour un lieu de débauche , & une école d’é- loquence , qui devint le rendez-vous des plus graves perfonnages. Nous n’avons point d'idées de pareils aflortimens. Afpañe entretenoit chez elle une trou- pe de Jeunes courtifanes, 8c vivoit en partie de ce honteux trafic. Maïs, d’un autre côté , elle donnoit génereufement des leçons de politique, & de lartora- toire avec tant de décence & de modeftie, que les maris ne craignoient point d’y mener leurs femmes, êt qu’elles pouvoient y afhifter fans honte & fans danger. : À l’art de manier la parole, à tous les talens , à toutes les oraces de Pefprit , elle joignoit la plus pro- fonde connoïffance de la Rhétorique & de la po- Btique. Socrate fe glorifioit de devoir toutes fes lu- nueres à fes inftru@ions , & lui attribuoit l'honneur d'avoir formé les premiers orateurs de fon tems. Entre ceux qui vinrent lécouter , fes foins fe por- terent en particulier fur Périclès ; ce grand homme lui parur une conquête digne de flatter fon cœur & fa vanité. L’entreprile & le fuccès ne furent qu’une feule & même chole. Périclès comblé de joie , fut fon difciple le plus affidu, & fon amant le plus paf- fionné. Elle eut lmeilleure part à cette oraifon fu- nebre qu'il prononça après la guerre de Samos, & qui parut fi belle à tout le monde, que les femmes coururent l’embraffer , & Le couronner comme dans les jeux olympiques. Périclès gouvernoit Athènes par les mains d’Af- pañe. Elle avoit fait décider la guerre de Samos, elle fit entreprendre celle de Mévare , & de Scycio- ne. Partout Périclès recueillit des lauriers, & devint fou d'une créature fi merveilleufe. Il réfolut de lé- poufer , exécuta fon deflein, 8 vécur avec elle juf- qu’à {a mort, dans la plus parfaite union. Je ne déciderai point , fi c’étoit avant ou après fon mariage qu’Afpañe fut accufée en juflice du crime d’impièté ; Je fai feulement, que Périclès eut beaucoup de peine à la fauver. Il employa pour la juitifer tout ce qu'il avoit de biens ; de crédit , & d’éloquence. Il fit pour fa défenfe le difcours le plus pathétique 8 le plus touchant qu'il eût fait de fa vie ; & 1lrépandit plus de larmes en le prononçant, quil n’en avoit jamais verfé en parlant pour lui- même. Enfin , il eut le plaifir inexprimable de réuflir, & d’en porter le premier la nouvelle à fa chere Afpañe. Quel bonheur de fauver les jours de ce qu'on aime ! Quand on fair, par ce bonheur même, Se l’attacher plus fortement ! (D. J.) MILETOPOLIS , ( Geog. anc. ) ville fituée aux embouchures du Boryfthène. On la nomme à pré- fent Ozaeou ; c’étoit l'ouvrage d’une colonie des Miléfiens, qui firent de cette ville le centre de leur commerce avec les peuples feptentrionaux de ces quartiers. MireroPoLis, (Géog. anc.) en grec MsAnremonre, ville de Myfe , entre Bithynie & Cyzique ; fur l’é- M IL 503 tano d’Artynia, d’où fort le Rhyndacus. Pline, /. P. c. xxxi. parle de cette ville, MILETUM , ( Géog. anc, ) ville d'Italie chez les Brutiens , aujourd'hui Calabre ultérieure , & dans les tèrres à environ $ milles de Nicotera vers l’ortent feptentrional ; elle ie nomme encore Milero. Cette ville autrefois habitée par les Miléfiens afiatiques , devint épifcopale en 1075 , fous la métropole dé Rhégio , & eit auellement tombée en ruines, em parties caufées par les viciffitudes des tems , & em partie par un tremblement de terre , qui y a mis le comble en 1638. (D. J.} MILGREUX., f. m. (ff. rar. Botan.) efpeces particulieres d'herbes marines, wilgreux haudines : les fables volages qui bordent les côtes de ladmirauté de Port-bail & Carreret fur la côte du Ponant, cou= vrent en peu d'heures des arpens deterres , qui font fouvent les meilleures & les plus fécondes ; pour remédier autant qu'il eft poflible à ce dommage , :l y a des côtes où les feigneurs 8 les communautés font planter une efpece de jonc marin , que l’on nomme fur ce reflort hexdines où milgreux, qui vien- nent affez volontiers fur les fables des dunes qui bordent la haute-mer ; ces joncs donnent lieu à la produétion d’une efpece de moufle qui croît à leur pié, & qui par la fuite y forme une croute où il croît de petites herbes que les troupeaux y paiffent, & qui arrète de cette maniere le volage des fables : ainfi il ne faut pas fouffrir que les riverains coupent Les 17. grewx , mais feulement qu’ils enlevent au rateau ceux qui font fecs. - MILHAUD ox MILLAN, (Géogr.) en latin Æyi- lianum , petite ville de France dans la haute Marche de Rouergue, Louis XIÏT, la fit démanteler en 1629. Elle eft fur le Tarn, à 7 heues de Éodeve , 120$.E. de Paris, Long, 20. 80, latit. 44. 10. (D. J.) MILIAIRE FIEVRE , ( Médecine.) La fevre militaire eft ainfi nornmée des petites puftules ou véficules, qui s'élevent principalement fur les parties fupé- rieures du corps, & qui reflemblent en quelqueforte à des grains de muillet. Quelques médecins l'appel-. lent fevre véficulaire, à caufe que les puftules font des véficules d’abord remplies d’une férofité {ym- pide , qui devient enfuite blanchâire & prefque de couleur de perle. Quelquefois les fevres miliaires font contagieufes, & le communiquent par lattouchement, par des écoulemens , par la refpiration, ou par d’autres ma: nieres inconnues. La fevre miliaire eft fimple ou compofée. Elle eft fimple , quandil ne paroît fur le corps que des puf- tules zziliaires ; elle eft compofée , quand les bou tons blancs font entremêlés de puitules papillaires rouges. Signes. Cette fievre fe manifefte par une oppref- fion de poitrine , accompagnée de foupirs, un abat- tement extraordinaire des efprits fans caufe évi- dente, des infomnies , des agitations, un pouls foi ble & fréquent , une chaleur interne, avec foif ow fans foif : tels font les fignes qui annoncent l’érup- tion des puftules miliaires ; & tous ces fymptomés continuent jufqu'à ce que ces puftules foient forties & parvenues à leur degré de groffeur, après quoi elles ceffent pour la plüpart. | Les puflules zliaires {e portent ordinairement fur la poitrine, fur le col, & dans les interftices des doigts ; elles couvrent aufi quelquefois toutle corps; après avoir augmenté infenfiblement jufqu’à un cer: ain point, elles difparoïflent tont-à-fait , &e lait fent dans les endroits de lépiderme, où elles s’é- toient formées , une certaine rudefle écailleufe, I n’eft pas pofible de déterminer le jour de lé: ruption des puftules riliaires, puifque cela varie depuis le quatre jufqu’au dixieme jour de la mala- 504 MIL die ; elles commencent à fe fécher quelqués jours après l’éruprion, plütôt ou plus tard, felon que la matiere morbifique eft abondante. Quelquefois la fevre miliaïre , en conféquence de fa malignité ou d’un mauvais traitement, eft fuivie de l’enflure des cuiffes , des jambes, des piés ou des mains, d’un écoulement immodéré des vuidanges ou de urine ; d’une efpece de pañlion hypocondria- que ou hyftérique , & d’une chaleur interne accom- pagnée de foiblefle, de langueur & de dégoût. Caufes. Cette maladie paroït dépendre en partie d’une férofité furabondante, & d’une efpece d’acri- monie acide ; & en partie de l'agitation extraordi- naire ou du mouvement irrégulier du fluide nerveux. … Pronoflics. Les pronoftics de la fevre miliaire font importans à connoïtre ; en voici quelques-uns. Lor{- que le malade a ufé au commencement d’un mau- vais régime & de remedes chauds, incapables d’ex- citer une fueur légere, la maladie eft fouvent dan- gereufe, quoiqu’elle foit d’abord accompagnée de {ymptomes fort doux ; car ou elle met la vie en grand danger , ou elle devient chronique. Lorfque dans le cours & le déclin de la maladie, le malade eff foible | & que les puftules wiliaires viennent à rentrer , la matiere morbifique fe jette fur le cer- veau, fur la poitrine, les inteftins ou quelques au- tres parties nobles, la vie eft en grand danger. Lorique lurine devient pâle , de jaune qu’elle étoit d’abord, le medecin doit être fur fes gardes, pour empêcher le tranfport de la matiere morbi- fique. La diarrhée eft un fymptome dangereux pour les femmes qui font attaquées de cette fevre pendant leurs couches , à caufe qu’elle empêche l’éruption des puftules & l’écoulement des vuidanges. La difficulté de la refpiration , la perte de la pa- role , le tremblement de la langue, & fur-tout une dyfpnée convulfive , doivent être mis au rang des fymptomes dangereux dont cette maladie eft accom- pagnée. La plûüpart des malades guériffent d’autant plus heureufement , qu’ils ont plus de difpofirion au fom- mel. Les perfonnes d’un naturel doux & tranquilles guériflent avec plus de facilité de la feyre miliaire , que ceux qui fe laiffent emporter à leurs paflions. Lorfque la nature &c le médecin prennent les mé- mes mefures & agiilent comme de concert, les ma- dades recouvrent leurs forces immédiatement après que les puftules font defléchées , à-moins que le fu- perflu de la matiere morbifique ne forme un dépôt dans quelque partie du corps. Les puftules szliaïres qui furviennent dans la fie- vre fcarlatine après que la rougeur eft pañlée , pro- gnoftiquent la guérifon des malades. | Cure. La méthode curative confifte à corriger l’a cidité du fang, à détruire la férofité exceflive, & à rétablir le cours naturel des efprits animaux. On cor- rige l’acidité du fang par les poudres abforbantes & les remedesalkalis. On diminue fa férofité en procu- ant une tranfpiration douce & continue.Les véfica- toires font encore efficaces pour y parvenir. On ré- tablit le cours des efprits animaux par le repos, en évacuant les premieres voies par des clyfteres adou- ciffans , par lufage du fafran , & par des bouillons convenables, Les cathartiques doivent être évités dans la fievre miliaire, ainfi que les cardiaques chauds & les faignées. On ne doit employer des opiates . dans cette fievre qu'après les véficatoires,& lorfque lemalade eft attaqué d’une violente diarrhée. Hamil- ton a fait un traité particulier de févre miliari , Lon- don 1730, :n-8°. il faut le confulter. Foyez auff le mot POURPRÉE, fevre, (D. J.) MILIAIRES , glandes miliaires ; en Anatomie , font MIL de petites glandes répandues en très-grand nombie dans la fubftance de la peau. Foyez GranDe € PEAU. | | Les glandes miliaires font les organes par où la matiere de la fueur & de la tranfptration infenfible eft féparée du fang. Voyez SUEUR é TRANSPIRA= TION. Elles font entremêlées parmi les mamelons de la peau , & font fournies chacune d’une artere, d’une veine & d’un nerf; comme auffi d’un conduit excré- toire par où fort la matiere liquide qui a été féparée du fang dans le corps de la glande, laquelle matiere eft enfuite évacuée par Les pores ou trous de Pépi- derme. Voyez PORE & EPIDERME. MILTANE, (Géog.) ancienne ville d'Afrique dans la province de Ténés , au royaume de Trémécen, avec un château qui la commande. On lappelloit autrefois Magnana , & on en attribue la fondation aux Romains, Elle eft dans un pays fertile en noyers, en oranges & en citrons, qui {ont Les plus beaux de la Barbarie. Elle eft à 15 lieues ©. d'Alger. Long. felon Ptolomée , 15. 50. lac, 29. 50, Nous eftimons aujourd’hui la long. de cette ville 20. 10. Lar. 35.44. (D. J.) MILTARISIUM, {. m,. ( if. anc, ) monnoie d'argent de cours à Confiantinople , on n’eft pas d'accord fur fa valeur. Il y en a qui prétendent que fix 7riliarefum valoient un folidum, & que le folidum étroit la fixieme partie de l’once d’or. MILIARIA , ( Lisrér. ) les Romains nommoient rniliaria trois vafes d’airain d’une très-grande capa- cité, &c qui étoient placés dans le fallon des thermes ; l’un de ces vafes fervoit pour l’eau chaude , l’autre pour la tiede, & le troifieme pour la froide ; mais ces vafes étoient tellement difpofés que l’eau pou- voit paffer de l’un dans l’autre par le moyen de plu- fieurs fyphons , & fe diftribuoit par divers tuyaux ou robinets dans Les bains voifins, fuivant les befoins de ceux qui s’y baignoient. ( DM.) MILICE , (Ars milie. ) terme colle@if, qui fe dit des différens corps des gens de guerre, & de tout ce qui appartient à l’art mulitaire. Voyez SOLDAT. Ce mot vient du latines, foldat, & smiles vient de rrlle , quis’écrivoit autrefois z13/e ; dans les le- vées qui fe faifoient à Rome , comme chaque tribu fourniffoit mille hommes ,| quiconque étoit de ce nombre s’appelloit zz/es. Milice fe dit plus particulierement des habitans d’un pays, d’un ville qui s’arment foudainement pour leur propre défenfe , & en ce fens les rilices {ont oppofées aux sroupes réglées. L'état de la milice d’Anglererre fe monte maïinte- nant à 200 mille hommes, tant infanterie que ca- valerie ; mais 1l peut être augmenté au gré du roi. Le roi en donne la direétion ou le commande- ment à des lords lieurenans , qu'ilnomme dans chaque province avec pouvoir de les armer, de les habiller êt de les former en compagnies, troupe & régiment, pour les faire marcher en cas de rebellion & d’inya- fion , & les employer chacun dans leurs comtés ou dans tout autre lieu de l’obéiffance du roi, Les lords lieutenans donnent des commiflions aux colonels êt à d'autres officiers , & ils ont pouvoir d’impofer un cheval, un cavalier, des armes , &c. felon le bien de chacun, é:c. | On ne peut impofer un cheval qu’à ceux qui ont 500 Liv. fterlings de revenus annuels ou 6000 iv. de fonds, & un fantafn qu'à ceux qui ont $o liv. de revenus ou 600 lv. de fonds. Chambers, MiL1cE en France eft un corps d'infanterie, qui fe forme dans les différens provinces du royaume d'un nombre de garçons que fourniffent chaque ville, village ou bourg relativement au nombre d’habitans qu'ils contiennent, Ces garcons font choi- | fs < fs au fort. Îls doivent être au-moins Âgés de feize ans, & n'en avoir pas plus de quarante. Leur taille doit être dé 5 piés au-moins : 1l faut qu’ils foient en état de bien fervir ; on les aflemble enfuite dans les principales villes des provinces , & on en forme des bataillons. Par l’ordonnance du roi du 27 Février 1726, les milices de France formoient 100 bataillons de 12 compagnies, & chaque compagnie de 50 hommes, Miice ,(Gouvern. politig.) ce nom fe donne aux payfans , aux laboureurs , aux cultivateurs qu’on enrôle de force dans les troupes. Les lois du royau- me, dans les tems de guerre, recrutent les armées des habitans de la campagne, qui font obligés fans diftinéion de tirer à la milice, La crainte qu'infpire cette ordonnance porte également fur le pauvre, le médiocre & le laboureur aifé. Le fils unique d’un cultivateur médiocre, forcé de quitter la marton pa- ternelle au moment où fon travail pourroit foute- nir & dédommager fes pauvres parens de la dé- penfe de l’avoir élevé, eft une perte irréparable ; & le fermier un peu aifé préfere à fon état toute pro- feflion qui peut éloigner de lui un pareil facrifice, Cet établiffement a paru fans doute trop utile à la monarchie , pour que j'ofe y donner atteinte ; mais du-moins l'exécution femble fufceptible d’un tempérament qui fans l’énerver, corrigeroit en par- tie les inconvéeniens atuels. Ne pourroit-on pas, au lieu de faire tirer au fort les garçons d’une paroifle, permettre à chacune d'acheter les hommes qu’on lui demande? Par-tout il s’en trouve de bonne vo- lonté , dont le fervice fembleroit préférable en tout point ; & la dépenfe feroit impoñée fur la totalité des habitans au marc la livre de l’impoñition. On craindra fans doute une défertion plus facile, mais les paroiffes obligées au remplacement auroient in- térèt à chercher & à préfenter des fujets dont elles feroient füres ; & comme l'intérêt eft le reflort le plus aétif parmi les hommes, ne feroit-ce pas un bon moyen de faite payer par les paroifles une pe- tite rente à leurs miliciens à la fin de chaque année? La charge de la paroïfle n’en feroit pas augmentée ; elle retiendroit le foldat qui ne peut guere efpérer de trouver mieux : à la paix, elle fufhroit avec les petits privileges qu’on daigneroit lui accorder pour | le fixer dans la paroiïfle qui l’auroit commis , & tous les fix ans fon engagement feroit renouvellé à des conditions fort modèrées ; ou bien on le remplace- roit par quelque autre milicien de bonne volonté. Après tout , les avantages de la milice même doivent être murement combinés avec les maux qui en ré- fultent ; car il faut pefer fi le bien des campagnes, la culture des terres & la population ne font pas pré- férables à la gloire de mettre fur pié de nombreufes armées, à l'exemple de Xerxès. ( D. J. MiLice des Romains ,( Art milir.) nous confidére- rons, d’après Jufte-Lipfe ou plutôt d’après l’extrait qu'en a fait Nieupoort, cinq chofes principales dans la rulice des Romains ; favoir, la levée des foldats, leurs différens ordres , leurs armes , leur maniere de ranger une armée , & leur difcipline militaire. Nous autons fur-tout égard aux tems quiont précé- dé Marius ; car fous lui & fous Jules Céfar, la dif- cipline des troupes fut entierement changée, comme Saumaife l’a prouvé dans fon ouvrage pofthume fur ce fujet , inféré dans le X. tome dés arriquités de _Græyvius.. | De la levée des foldars. Lorfque les confuls étoient défignés, on failoit vingt-quatre tribuns de foldats pour quatre légions. Quatorze étoient tirés de l’or- dre des chevaliers, 8g ils devoient avoir cing ans de fervice ; on en tiroit dix d’entre le peuple, & ceux- ei devoient avoir fervi dix ans. Les chevaliers n’é- «toient obligés qu'à dix ans de fervice , parce qu'il Tome À MIL so importoit à-la république que lés principaux ci- toyens parvinflent de bonne heure aux dignités. Les autres Ctoient obligés de fervir vingt-neuf ans, à commencer depuis la dix-feptieme année jufqu’à la quarante-fxieme ; & l’on pouvoit obliger à fervir jufqu’à la cinquantieme année ceux dont le fervice avoit été interrompu par quelqu’accident. Maïs à l’âge de cinquante ans , foit que le tems de fervice füt accompli, foit qu'il ne le fût pas, on étoit difs penié de porter les armes. Perfonne ne pouvoit pofs féder une charge de la ville, à-moins qu'il n'eût dix ans de fervice. Dans les commencemens de Rome, ôn ne tiroit de foldats de la derniere claffe des citoyens qu’au cas d’un befoin urgent. Les citoyens de la lie du peuple & les affranchis étoient réfervés pour le fer. vice de mer. On vouloit que les plus riches allaffent à la guerre, commie étant plus intéreflés que les au tres au bien commun de la patrie, Dans la fuite & même du tems de Polybe, on commença à enrôler Ceux quiavoient feulement là valeur de 4000 liv. de fonds , quatuor millia æris. Énfin du tems de Marius, on enrôla les affranchis & ceux même qui n’ävoient aucun revenu, parce que c’étoit à ces gens-là qu'il devoit fa fortune & fa réputation. Les efclaves ne fervoient jamais, à-moins que la république ne fût réduite à une grande extrémité, comme après la ba: taille de Cannes, éc. Bien plus, celui à qui il n’étoit pas permis de s’enrôler & qui le faifoit , fe rendoit coupable d’un crime dont il étoit févérement puni. Quand les confuls devoiem lever des tronpes ; ils faifoient publier un édit par un héraut ,» & plantet un étendart fur la citadelle. Alors tous ceux Qu£ ‘ étoient en âge de potter les armes, avoient ordre de s’affembler dans le capitole ou dans Le champ de Mars. Les ttibuns militaires, fuivant leur ancienne té , fe partageoïent en quatre bandes , de maniere que dans la premiere & dans la rroifieme ils fuflent quatre des plus jeunes , & deux des plus vieux, & dans la feconde & dans la quatrieme trois des plus Jeunes & autant des anciens , car ordinairement om levoit quatre légions. Après cette divifion, les tribuns s’affeyoient dans le rang que le fort leur avoit donné, afin de préve nir toute jaloufie ; &ils appelloient les tribus dans lefquelles ils choififloient quatre jeunes gens À-peu- près de même âge & de même taille, en mettoient un dans chaque légion, & continuoient de même Juiqu'à ce que les légions fuffent remplies. On agif. {oit ainfi pour rendre les légions à-peu-près égales en force ; ils choififloient avec plaifir des foldats qui euffent un nom heureux, comme Valerius , Sal: vius, 6:c. quelquefois auffi on les levoit à la hâte & fans choix , fur-tout quand on avoit une longue guerre à foutenit ; on appelloit ces foldats /xbirarie ou umulruarit ; ceux qui refufoient de s’enrôler , étoient forcés par des peines & par la confifcation de leurs biens ; quelquefois même ils étoient réduits en efclavage ou notés d’infamie ; maïs les tribuns du peuple s’y oppofoient dans l’occañon, quoique ce fût aux confuls à en décider, puifque c’étoit eux qui dirigeoient les affaires de la guerre, Il y avoit quelquefois des citoyens qui de peur de porter les armes fe coupoient le pouce , & peut-être eft-ce là étymologie du mot de po/rron dans la langue fran- coule, pollux , pouce. Îl y avoit néanmoins des raifons légitimes pour s’exemter de la guerre ; comme le congé qu’on avoit obtenu à caufe de fon âge , ou de la dignité dont on étoit revêtu, telle que celle de magiftrat , de pré- teur, & comme une permiflion accordée par Le fé- nat ou par le peuple. Onétoit encore exemt d’aller à la guerre , lorfqw’on avoit fervi le tems prefcrit , qu'on étoit malade , on qu'on avoit tes défauf SEX 506 MIL naturel, par exemple, d'être fourd , à ne pouvoir pas entendre le fon de la trompette. On n’y avoit pas cependant beaucoup d’épard dans une guerre .Aimprévûe & dangereufe. Cette maniere de lever des foldats ceffa fous les empereurs. Les levées dépendirent alors de l’ava- rice on du caprice de ceux qui les faifoient ; à quoi “on doit attribuer en partie la ruine de l'empire ro- main, La levée de la cavalerie étoit plus facile, parce que tous les chevaliers éroient écrits fur les regiftres des cenfeurs ; on en prenoit trois cent pour chaque légion. Il ne paroît pas qu'avant Marius une partie de la cavalerie fût de l’ordre des chevaliers , & l’au- tre compofée de citoyens particuliers qui fervoient à cheval. La levée des foldats étant faite, on en prenoit un de chaque légion qui prononçoit Les paroles du fer- nent avant tous les autres , qui les répétoient en- fuite. Par ce ferment , ils promettoient d’obéir au général, de fuivre leur chef, &c de ne jamais aban- donner leur enfeigne. On ne les obligea à faire ce ferment que l’année de la bataille de Cannes ; on leur demandoit feule- ment auparavant s'ils ne promettoient pas d’o- béir, &c. Les foldats alliés fe levoient dans les villes d’Italie par les capitaines romains , & les confuls leur indi- quoient le jour & le lieu où ils devoient fe rendre. Ces alliés fervoient à leurs dépens , Les Romains ne leur donnoient que du blé ; c’eft pourquoi ils avoient leurs quefteurs particuliers. Il ne faut pas confondre avec les alliés les troupes auxihaires qui étoient fournies par les étrangers. Ceux qu’on ap- pelloit evocari éioient des foldats vétérans , qui, ‘ayant accompli le temis de leur fervice, retournoient à la guerre par inclination pour les commandans. Ils étoient fort confidérés dans Parmée , & exempts des travaux militaires ; ils portoient même la mar- que qui diftinguoit les centurions ; c’étoit un far- ment. Des ordres différens qui compofoient la milice. Les chefs & les foldats compoloient deux différens or- dres. D’abord il y avoit quatre ordres de fantaflins ; {avoir les vélires , qui étoient les plus pauvres & les plus jeunés citoyens : ce corps n'étoit pas fort confi- déré,& on comptoit peu fur lui. Après eux venoient les piquiers , Aaffari , luivis des principes ,jeunes gens ainfi nommés , parce qu'ils Commençoient le com- bat. Enluite venoient ceux qu'on appelloit sriars ou pilant, parce qu'ils fe fervoient du javelot. Les der- niers s’'appelloient anrepilan: : c’étoient les plus âgés & les plus expérimentés. On les plaçoit au troifieme rano dans le corps de referve, & on n’y en mettoit jamais plus de fix cens. On fubdivifoit ces corpsen dix compagmes appellées manipules , maripuli. Chaque compagnie de piquiers & d’enfans perdus étoit de deux centuries de foixante ou foixante-dix hommes ; car on ne doit pas entendre par centurie une compagnie précife de cent hommes , maïs un certain nombre d'hommes. La compagnie des tria- riens étoit de foixante hommes feulement. On com- pofoit une cohorte de trois compagnies de chaque ordre & d’une compagnie de frondeurs , ce qui fai- {oit quatre cens vingt hommes ; mais la cohorte ne fut pas ordinaire dans le tems de la république , on ne s’en fervoit quequand l’occafon lexigeoit: d’une compagnie de chaque ordre on compofoit un corps, qui étoit à-peu-près ce que nous nommons aujour- d'hui brigade. La légion étoit compofée de dix cohortes du tems de Romulus ; comme les cohortes étoient petites, la légion éroit de trois mille hommes, & elle ne fut gue de quatre mille deux cens hommes tant que la république fut libre ; mais elle devint beaucoup plis grande dans la fuite : elle ne pafla cependant jamais fix mille hommes. À chaque légion on joignoit tou- jours trois cens chevaux qu’on appelloit af/és, & cette aîle étoit divifée en dix troupes nommées #ur- mæ : chaque turme étoit divifée en trois décuries ou dixaines. Le nombre des fantaflins alliés égaloit 8 quelque- fois furpafloit celui des Romains , & la cavalerie étoit deux fois plus nombreufe. Tous les aîlies étoient féparés en deux corps, que l’on mettoit aux deux côtés de l’armée : peut-être les plaça-t-on ainfi, afin que s'ils vouloient entreprendre quelque chofe contre les Romains, leurs forces fe trouvañfent divifées. On choïfifloit la troifieme partie de leurs cavaliers, qui faifoit le nombre de deux cens. pour être aux ordres des confuls , qui de ces deux cens , appellés extraordinaires | tiroient une troupe pour leur fervir de garde. Les autres quatre cens eroient diftribués en dix troupes. Les Romains fe condui- foient ainfi en apparence pour faire honneur aux alliés; mais la véritable raifon étoit afin que les plus diftingués , combattant fous les yeux du général, devinffent autant d’otages & de garants de la fidélité des peuples qui les avoient envoyés ; & qu’en cas qu'ils voulufent faire quelque entreprife contre les intérêts de la république , 1ls ne fuflent pas en état d’en venir à bout. : La cinquieme partie de l'infanterie ( ce qui faifoit 840 fantaflins ) étoit diftribuée en huit cohortes de 336 hommes, avec une demi-cohorte de gens d’é- lite , ab&i, compofée de 168 foidats ; le refte étoit divifé en dix cohortes de 336 hommes. Il eft incer- tain fi les alliés étoient divilés par compagnies, ce qui eft pourtant affez vraiflemblable : deux lésions avec les troupes des alliés & la cavalerie , faïloient une armée confulaire , qui étoit en tout de 18600 hommes. Il y avoit des officiers particuliers & des officiers généraux : les officiers particuhers étoient les cen- turions qui conduifoient les différens corps, ordinum ductores, Lestribuns, par ordre des confuls , Les choi- fifloient dans tous les ordres des foldats , excepté dans celui des véhites , & on avoit fur-tout égard à la bravoure. Ces centurions , pour marque de leur charge , portoient une branche de farment. Chaque centurion choïfifloit deux fous - centurions , qui étoient à-peu-près comme nos lieutenans , & deux enfeignes, gens difuingués par leur courage. Les officiers s’avançoient , en pafant d’un ordre dans un autre ; de façon que le centurion de la di- xieme compagnie des piquiers montoit à la dixieme compagnie de ceux qu’on appelloit principes: de celle- là 1lpañoit à la dixieme de ceux qu'onappelloit sriai- res. Quand on étoit parvenu àla premierecompagnie, un centurion, après avoir été Le dixieme, devenoit le neuvieme, le huitieme, &c. jufqu’au grade de premier centurion , Ce qui ne pouvoit arriver que fort tard ; mais celui qui avoit ce beau grade étoit admis au confeil de guerre avec les tribuns : fon emploi con- fiftoit à défendre l'aigle, d’où vient que Pline & Ju- vénal fe fervent du terme d’aigle pour exprimer le premier centurion. Il recevoit les ordres du général; il avoit des gratihcations confidérables , & étoit fur le pié de chevalier romain. Les tribuns étoient au nombre de trois fous Ro- mulus , mais dans la fuite les légions ayant été com- potées d’un plus grand nombre de foldats , on fit fix tribuns pour chaque légion. Ils furent choïfis par les rois dans le tems de la monarchie , & puis par les confuls , jufqu’à ce que le peuple commença à en créer fix l'an 345 , &c feize dans l’année 444. Après la guerre de Perfée , roi de Macédoine , les confuls en nommerent la moitié & le peuple l’autre, Du terms de Ciceron ils furent choifis dans les camps mêmes par les confuls ou par les proconfuls. Quel- quefois les tribuns militaires avoient été préreurs. Les empereurs commencerent à faire des tribuns de foldats pour fix mois feulement, afin qu’ils puffent gratifier un plus grand nombre de perfonnes 51 Y €n avoit même qu'on appelloit#aric/avi , laticla- viens ; parce qu'ils devénoient fénateurs , comme le difent Dion & Xiphilin : d’autres fe nommoient «= gufäclavii , amgufticlaviens , parce qu'ils ne pou- voient afpirer qu’à l’ordre des chevaliers. Les tribuns avoient pour marque diflindive une efpece de poignard ou de couteau de chafle ; leur charge étoit de rendre la juftice , de recevoir le mot du guet du général, de le donner aux autres , de veiller fur les munitions , de faire faire l’exercice aux troupes, de pofer les fentinelles, &e. Deux des tribuns commandoient la légion chacun leur jour pendant deux mois ; enforie que dans une armée confulaire 1l y en avoit au moins quatre pour faire exécuter les ordres du général. Ceux qui avoient pañlé par le tribunat militaire étoient cenfés cheva- liers, comme nous lavons dit des premiers centu- ions appellés priropilt , & ils portoient un anneau d’or au doigt. Il y en avoit trois À la tête de chaque corps de cavalerie ; celui des trois qui avoit été nommé le premier , commandoit tout le corps , & dans fon abfence celui qui fuivoit : ils fe choififloient autant de lieutenant. Les alliés avoient leurs com- mandans particuliers, qui étoient nommés par les confuls pour la fureté de la république. Ceux qui avoient le commandement de toute l’ar- mée, étoient le général & fes lieutenans ; le général étoit celui à qui tonte l’armée obétfoit , qui faifoit tout par Inrmême, ou qui le faifoit faire fous fes aufpices. Cette coutume fut toujours obfervée dans Les malheurs de la république, & c’étoit un ufage fort ancien de ne rien entreprendre qu'après avoir pris les aufpices. Ce qui diftinguoit le général étoit le manteau, mais 1l eft vraiflemblable qu'ils ne por- toient qu'une cafaque , fagum : ces mots du-moins fe confondent {ouvent, Les Heutenans étoient ordinairement choifis par les généraux ; 1l leur falloit cependant un decret du énat pour cette éleétion. Ces heutenans étoient pour Pordinaire d’un courage &c d’une prudence confom- mée : leur charge étoit aufi importante qu’honora- ble. Nous voyons dans l’hiftoire quel’illuftre P. Cor- nelius Scipion Pafricain, qui foumit les Carthagi- nois, avoit été lieutenant de Lucius fon frere , dans la guerre contre Anticchus ; & lan 556, P. Sulpicius & P. Velleius, deux hommes confulaires, furent dieutenans en Macédoine. | Le nombre des lieutenans varia plufieurs foisdans les occafions : Pompée en eut 2$ dans la guerre con- tre les pirates, parce que cette suerre s’étendoit fur toute la mer Méditerranée. Ciceron étant proconful de Cilicie , en avoit quatre; cependant on régloit or- dinairement le nombre des lieutenans fur celui des fégions : leur devoir étoit d'aider en tont le général, ce qui leur fit donner dans la fuite le nom de fous- confuls. Leur pouvoir étoit fort étendu, quoique cependant par commiflion. Auguite étant général, & ayant les aufpices fous lui feul , fit tont par fes lieu tenans , &c donna à quelques-uns le titre de confilai- res ; ceux-ci commandoient toute l’armée , & les au- tres qui conduifoient chaque légion , portoient le nom de prétoriens. | Des armes de la milice romaine, Les armes chez les Romainsétoient défenfives & offenfives ; les offen- fives étoient principalement le trait. Il y en eut de bien des efpeces, felon Les différens ordres des fol- dats. É Tome X, MIL 507 Les foldats armés à la legere | s'appelloient en général férerñturir, Les vélites qui furent créés lan 543, éeferent quand on donna le droit de bourgeoifie à toute PTa tale ; on leur fubffitua les frondeurs , farditores, 8€ les archers , jaculatores, Les armes des vélites étoient premierement le 4 bre d’Efpagne , commun à tous les foldats. Ce fabré avoit une excellente pointe, & Coupoit dés deux côtés ; enforte que les foldats pouvoient fe fervir dut bout & des deux tranchans, Du tems de Polybe, ils Le portoient à a cuifle droite. Ils porterent en {e- cond lieu fépt javelots ou demi-piques qui avoient un doigt d’épaifleur, trois pieds de longueur , avec une pointe de neuf doigts, Cette pointe étoit f fine, qu'on ne pouvoit renvoyer le javelot quand il avoit été lancé , parce que la pointe s’émoufloit en tom bant, Ils portoient encore un petit bouclier de bois d’un demi-pié de large, couvert de cuir. Leur Cafque étoit une efpece de chaperon de peau appellé gulea Ou galerus, qu'il faut bien diftinguer des Cafques or dinaires qui étoient de métal, & qu'on appelloit cafs Jis 3 cette forte de cafque étoit allez commune chez les anciens, Les armes des piquiers & des autres foldats étoient pr'emierement un bouclier qu'ils appelloient /eusum, différent de celui qu’ils nommoient clipeus. Celui-ci étoit rond, & l’autre étoit ovale ; la largeur du bouclier étoit de deux piés & demi » & la longueur d'environ quatre piés ; de façon qu'un homms er fe coutbant un peu pouvoit facilement s’en COUvVrIFS! parce qu'il étoit fait en forme de tuile creufe , im bricatus. On faïloit ces boucliers de bois pliant & léger, qu’on couvroit de peau ou de toile peinte s c'eft, dit-on, de cette coutume de peindre les ar- mes, que font venues les armoiries. Le bout de ce bouclier étoit garni de fer, afin qu'il püt réfifter plus facilement , & que le bois ne {e poutrit point quand ‘on le pofoit à terre. An milieu du bouclier il y avoit une efpece de boffe de fer pour le porter ; on ÿ at- tachoit une courroie, Outre le bouclier , ils avoient le javelot qu'ils nommoient pi/a : les uns étoient ronds & d’une profs leur à remplir la main ; les autres étotent quatres ayant quatre doigts de tour & quatre coudées de longueur. Au bout de ce bois étoit un fer à crochet qui failoit qu’on ne retiroit Le javelot que très-diffi- cilement ; ce fer avoit à-peu- près trois coudées de long ; 1l étoit atraché de maniere que la moitié te- noit au bois, ét que l’autre fervoit de pointe : en forte que ce javelot avoit en tout cinq condées & demie de longueur, L’épaifleur du fer qui étoit atta- ché au bois , étoit d’un doigt & demi, ce qui prouve qu'il devoit être fort pefant , & propre à percer tout ce qu'il atteignoit, Ils fe {ervoient encore d’au- tres traits plus legers qui refflembloient &-peu-près À des pieux. Ils portoient un cafque d’airain ou d’un autre mé.: tal, qui laifloit le vifage nud ; d’où vient le mot de Céfar à la bataille de Pharfale , fo4dars > Jrappez aie vifage. On voyoit flotter fur ce cafque une aigrette de plumes rouges & blanches , ou de crin de cheval. Les citoyens d'un certain ordre étoient revêtus d’une cuirafle à petites mailles ou chaînons , & qu’on ap- pelloit karmara ; on en faifoit aufli d’écailles ou de lames de fer : celles-ci étoient pour les citoyens les plus diftingués , & pouvoient couvrir tout le COrpse Héliodore en a fait une defcription fort exacte ; ce- pendant la plüpart des foldats portoient des cniraffes de lames de cuivre de douze doigts de largeur ) Qui couvroient feulement la poitrine. Le bouclier , le cafque, la cüirafle, étoient en richis d’or & d'argent, avec différentes figures qu'on gravoit deflus ; c'eit pourquoi on . POrtoit tou S $S 1] 08. MIL jours couvertes, excepté dans le combat ou dans quelque cérémonie. Les Romains avoient auffi des botines, mais quelquefois une feule à une des deux jambes. Les fantafiins portoient de petites botines garnies de clous tout-autour, &t qu'on appelloit ca- ligæ , d'où eft venu le nom de Cu/igula , qui fut don: né à l’empereur Caïus, parce qu'il avoit été élevé parmi les fimples foldats , dans le camp de Germa- nicus fon pere. Dans les premiers tems, les cavaliers chez les Ro- mains n’avoient qu’une efpece de vefte ; point de felle fur leur cheval, mais une fimple couverture. Ils avoient des piques fort légeres , & un bouclier de cuir. Dans la fuite , ils emprunterent leurs ar- mes des Grecs, qui confiftoient en une grande épée, une longue pique , un cafque , un bouclier &c une cuiraffe ; ils portoient auf quelquefois des jayelots. Voilà à-peu-près les armes des foldats romains, tant à pié qu’à cheval: parlons maintenant de leurs ma- chines de guerre. Les machines que les Romains employoient pour afiéger les villes, étoient de différentes efpeces. On nornme d’abord la tortue dont ils fe fervoient dans les combats, en mettant leurs boucliers fur leurs têtes, pour avancer vers la muraille ; Tite-Live, div, XLIV, ch. ix, nous en fait une très-belle defcrip- tion : ce qu’on entend ordinairement par forue , étoit une machine de bois, qui couvroit ceux qui fappoient la muraille. Il y avoit outre cela , les claies, crares; les mantelets, v2rce , avec d’autres claies couvertes de terre & de peaux de bœufs nou- vellement écorchés , plure. Toutes ces machines fervoient à couvrir les travailleurs, à mefure qu'ils approchoient de la muraille. Ils employoient quel- uefois des tours, montées fur des roues pour les ae avancer plus facilement , &c ces tours avoient fouvent plufieurs étages remplis de foldats. Ils fe fervoient encore pour abattre les murail- les, d’une machine qu'ils nommoient bélier : c’étoit une groffe poutre, au bout de laquelle étoit ne mafle de fer en forme de tête de bélier, & c’eft ce qui lui fit donner ce nom. Cette machine étoit très- forte; aufñi quand on afliéseoit une ville, on lui promettoit de la traiter favorablement, f on vou- loit fe rendre avant qu’on eût fait approcher le bé- lier , comme nous pouvons faire aujourd’hui par rapport au canon. Ils avoient encore des machines qu'ils appelloient catepultes & balifles , dont la force confiftoit dans celle des hommes qui les faifoient agir. Les catapultes fervoient à lancer de grands javelots, & les baliftes à jetter des pierres, des tor- ches allumées & autrés matieres combuftibles. On a fouvent confondu le nom de ces deux machines, qui fervoient à empêcher les ennemis d'approcher du camp ou des villes qu'ils vouloient afhéger. II faut lire Folard fur ce fujet, que nous ne traitons ici qu’en paflant. De la maniere dont les Romains fe rangeotent en ba- taille. Après avoir parlé des armes & des machi- nes de guerre des Romains, il eft à propos d’expli- quer la maniere dont ils mettoient une armée en ba- taille. Elle étoit rangée de façon , que les vélites commencçoient le combat : leur place étoit à la tête de toute l’armée, ou entre les deux ailes. Après eux combattoient les piquiers, Aaffati; s’ils ne pouvoient enfoncer l'ennemi, ou s'ils étoient eux-mêmes en- foncés, 1ls fe retiroient parmi ceux qu’on appelloit les principes, ou bien derriere eux s'ils étoient fati- gués. Quelquefois ils fe retiroient peu-à-peu , juf- qu'aux. #rieriens , auprès defquels il y avoit un corps de referve compofé des alliés. Alors ceux-ci fe le- vant,car ils étoient aflis par terre,d’où on les appel- loit fubfidiari , rétablifloient le combat. Les mou- vemens fe faifoient ailément , à caufe des interval- MIL les qui étoient entre les compagnies arrangées en forme d’échiquier: ces intervalles étoient ou entre les différens ordres des foldats, ou entre les compa- gnies de chaque ordre. | La cavalerie étoit quelquefois placée derriere lin- fanterie, ce qui faifoit qu’on pouvoit lavoir aflez promptement à fon fecours; mais le plus fouvent on la rangeoit fur les ailes, Les alliés étoient d’un côté, & les citoyens de l’autre. L’infanterie alliée étoit ordinairement rangée aux côtés de celle des Romains. La place du general étoit entre ceux qu’on appelloit sriariens , pour avoir plus de facilité à en- voyer fes ordres partout, étant à-peu-près au cen- tre de l’armée. Il avoit auprès de lui une partie des lieutenans , des tribuns, des préfers, & les princi- paux de ceux qu’ils appelloient evocasi , qui étoient, à ce que je crois, une troupe d'élite. On les diftri- buoit aufä dans les compagnies , afin d’animer les troupes. Chacun connoïfloit f bien le pofte qu'il devoit occuper , que dans une néceffté , les foldats pouvoient fe ranger fans commandant. Voilà ce qui regarde la difpofition ordinaire de l’armée ; mais elle fe rangeoit différemment , felon les circonftances & la fituation des lieux. Par exem- ple, on fe mettoit quelquefois en forme de coin, quelquefois en forme de tenailles ou en forme d’une tour. Les centurions affignoient aux fimples foldats, le pofte qu'ils jugeoient à- propos ; celui qui s’en éloignoit feulement d’un pas, étoit puni très-féve- rement. Lorfque l’armée étoit en marche , celui qui s’éloignoit aflez pour ne plus entendre le fon de la trompette, étoit puni comme déferteur. Les enfeignes n’étoient d’abord qu’une botte de foin que portoit chaque compagnie , zzanipulus fœ- ai: ce qui leur fit donner le noïn de manipules, Ils. fe fervirent dans la fuite d’un morceau de bois mis en-travers au haut d’une pique , au - deflus de la quelle on voyoit une main, & au-deflous plufieurs petites planches rondes où étoient les portraits des dieux. On y ajouta finalement celui de l’empereur, ce qui fe prouve parles médailles & autres monu- mens. La république étant devenue très-opulente, les enfeignes furent d’argent, 8 les quefteurs avoient foin de les garder dans le tréfor public. Depuis Ma- rius, chaque légion eut pour enfeigne un aigle d’or placée fur le haut d’une pique , & c’étoit dans la premuere compagnie des triariens qu’on la portoit. Ayant ce tems-là, on prenoit pour enfeigne des f- oures de loup, de minautaure, de cheval, de fan- gher. Les dragons & autres animaux fervoient aufñ d’enfeigne fous les empereurs. | Les cavaliers avoient des étendards à-peu-près femblables à ceux de la cavalerie d’aujourd’hni , fur lefquels le nom du gézéral étoit écrit en lettres d’or. Toutes ces enfeignes étoient facrées pour les Romains; les foldats qui les perdoïent étoient mis à mort , © ceux qui les profanoient étoient punis très - févérement ; c’eft pourquoi nous lifons que dans un danger preflant , on jettoit les enfeignes au milieu des ennemis , afin que les foldats excités par la honte & par la crainte de la punition, fiflent des eftortsincroyables pour les recouvrer. Le refpeét qu’on avoit pour les enfeignes, engagea Conftantin à faire infcrire les lettres initiales du nom de Jéfus- Chrift fur létendard impérial, appellé /abarum. Avant que de livrer la bataille, le géneral élevé fur un tribunal fait ordinairement de gazon, haran- guoit armée. Les foldats, pour témoigner leur joie,» poufloient de grands cris, levoient leur main droi- te, ou frappoient leurs boucliers avec leurs piques. Leur crainte & leur triftefle fe manifeftoient par un profond filence.; plufeurs faifoient leur teftament, | qui étoit feulement verbal. On appelloit ces tefta- mens , cf£amenta in procinitu facla , non fcripta, ed, nurcupativa ,; teltament de vive voix : après la ha- rangue du géncral , tous les inftrumens donnoient le fipnal pour le combat. Ces inftrumens étoient des trompèttes d’airain un peu recourbées, on une efpece de trompettes femblables à nos corps de chaf- fe, & qu'on appelloit Puccire lorfqu’elles étoient pêtites , les Romains n’avoient point de tambours, comme nous. Lorfqw’on étoit en préfence de l’en- nenu, les foldats faifoient retentir l’air de cris con- fus pour Pépouvanter 8 pour s’animer etx-mêmes. On jupeoit fouvent de l’ardeur des troupes par la vivacité de fes cris, & on en tiroit un préfage fa vorable pour le fuccès du combat : un autre fign ï qui annonçoit la bataille, étoit un drapeau rouge fufpendu au-deflus de la tente du géneral. Du camp des Romains. L'endroit où s’obfervoit le plus exactement la difcipline militaire, étoit le camp. Les armées romaines ne pañloient pas une feule nuit fans camper , & ils ne livroient prefque jamais de combat , ‘qu'ils n’euflent un camp bien fortifié pour fervir de retraite en cas qu'ils fuflent vaincus ; ce camp étoit prefque toujours quarré , il y en avoit pour l'été & pour l'hiver. Celui d'été étoit quelquefois pour une feule nuit, & il s’appel- loit logement , au moins dans les derniers tems lorf- qu'ils étoient faits pour plufieurs nuits, on les ap- pelloit flariva. Les camps d’hiver étoient beaucoup Mieux munis que ceux d'été. Auffi Tite-Live , en parlant de leur conftruction , fe fert de cette expref- fon, ædificare hyberna, lib. XXVI. cap*j. Il y avoit un arfenal , des boutiques de toutes fortes de mé- tiers, un hôpital pour les malades , outre l'endroit nommé proceftrium ; Où étoient les goujats,, les va- lets, les blanchifleufes & autres gens de cette elpe- ce. Il y répnoit un ordre & une police admirables. -La forme de ces camps d'hiver a été décrite par Jufte-Lipfe. Il nous apprend que le camp étoit fé- paré en deux parties , par un chemin fort large : dans la partie fupérieure étoit la tente du séneral, au mi- lieu d'une place large & fquarrée. La tente du quef- teur étoit à la droite de celle du géneral , & à gau- che étoient celles de fes lieutenans. Vis-à-vis étoit une place où les denrées fe vendoient , où l’on s’af- fembloit & où l’on donnoit audience aux dépurés. Les tribuns avoient leurs teñres pr&torium, près de celle du géneral, & ils étoient fix de chaque cô- té, ayant chacun un chemin qui conduifoit aux en- droits où les légions étoient poftées. Les officiers géneraux des alliés étoïent auf au nombre de fix de chaque côté, & avoient pareïllement un chemin qui les conduifoit vers leurs troupes. La partie inférieure du camp étoit divifée en deux autres parties, par un chemin qui la traverfoit, & qui des deux côtés aboutifloit au lieu où la cava- lerie des légions étoit poftée, Lorfqu’on avoit pañlé ce chemin, on tronvoit les triariens, ceux qu’on appelloit les princes, principes, & enfuite les pi- quiers dont la cavalerie & l'infanterie des ailiés étoient féparées. Les velites avoient leurs poftes près de la circonvallation. Les tentes des foldats étoient le plus fouvent fai- tes de peaux; /4b pellibus hiemare , dans Flor. Z. XI. cap. xij, C’eft camper durant l'hiver. Elles étoient tendues avec des cordes, & c’eft pour cela qu’on les appelloit tentes, serroria. On employoït des planches pour les tentes d'hiver, afin qu’elles réf taflent davantage, Il y avoit dans chaque tente dix foldats avec leur chef, & ces tentes s’appelloient contubernia. | Le camp étoit environné d’une paliffade, vallum, qui de tons côtés étoit éloignée des tentes de deux cens pas. Cette paliffade étoir formée d’une éléva- tion deterre, & de pieux pointus par en-haut. Cha- que foldat avoit coutume de porter trois ou qua- MIL soû tre pieux, va/Z , 8° même davantage : Tite-Live lb, XXXIII. cap. y. en à fait la defcription avec exacitude, Ces paliflades avoient trois ou quatre PIéS de profondeur, à-moins que l'ennemi ne füt proche ; auquel cas on des faifoit plus hautess elles étoient défendnes par un foffé de neuf piés de profondeur & de douze de largeur, Le camp avoit quatre portes qui ayoient cha= cune leur nom, La premiere s’appelloit prétorienne, & étoit ordinairement vis-à-vis l'ennemi, La porte décumane étoit à l'oppoñite. On l’appelloit inf parce qu'eile étoit la plus éloignée des dixiemes cohortes qui avoient leurs forties par cette porte. Des deux cotés étoient les portes appellées Principales, De plus , il y avoit dans le’ Camp trois rues de tra- verle & cinq grandes. La premiere rue de traverfe pañloit au-deflus de la tente du général, & la der- ere Conpoit les cohortes en deux parties égales, Celle du milieu s’appelloit Principia : c’étoit Là où les tribuns rendoient la juffice, où étoient les au- tels, les portraits des empereurs , & les principales enfeignes des légions. C’étoit-là encore qu’on pré- toit ferment, & qu’on exécutoit les coupables, En- fin, ON Y Coniervoit comme dans un lieu facré , l'argent que les foldats y avoient dépofé. . Voilà la defcription de J ufte-Lipfe dont on vante l’exaétitude ; cependant Je crois qu’az mor LÉ GION, le lecteur trouvera quelque chofe de beaucoup meil. leur qui vient de main de maître, & fans lequel on ne peut fe former d'idée nette d’un camp des Romains, J'ajoute ici que les travaux s’y faïoient {ous l’infpeétion des tribuns & autres officiers fupé- TIEUTS, par tous les foldats de l’armée. Dans le tems de la république, le général n’exemptoit que quelques vétérans de cette befogne ; mais dès que cette exemption vint à s'acheter fous les empe- reurs,, on y mit l’enchere, le camp ne fe fortifia plus, le luxe & la mollefle s’y introduifirent , © les Barbares le forcerent fans peine & fans’ péril. Pour compléter ce difcours fur la milice des Ro= mains, il me refteroit à parler de leur difcipline militaire, en-tant qu’elle confifte dans le fervice, les exercices, les lois, les récompenfes , les peines & le congé : mais ce vafte fujet demande un ar- ticle à part. Voyez donc MiLiTaire, difcipline des Romains. (Le Chevalier DE JaucovrT.) MILICHIUS, (Mychol.) furnom qu’on donnoit en quelques endroits à Jupiter & à Bacchus. Mais ; l’origine de ce furnom, que quelqu'un nous l’ap- prenne. (D, J.) MILIEU , f. m. (Méchan.) dans la Philofophie méchanique, fignifie un efpace matériel A-travers lequel pafle un corps dans fon mouvement )Ou en général; un efpace matériel dans lequel un corps eft placé, foit qu'il fe meuve ou non. Ainfi on imagine l’éther comme un r7i/ex dans lequel les corps céleftes fe meuvent. Voyez Erner. L'air eft un milieu dans lequel les corps fe meu- vent près de la furface de la terre. Voyez Air @ : ATMOSPHÈRE. L'eau eft le zrilieu dans lequel les poiffons vi- vent &c fe meuvent. Le verre enfin eft un x/eu, eu égard à la lu- miere, parce qu'il lui permet un pañlage à-travers fes pores, Voyez VERRE, LUMIERE, RAYON. La denfité des parties du milieu, laquelle retarde le mouvement des corps, eft ce qu’on appelle réfi£. tance du milieu. Poyez RÉSISTANCE, Éc. MILIEU ÉTHÉRÉ, M. Newton prouve d’une ma- niere très-vraiflemblable, qu'outre le milieu aérien particulier dans lequel nous vivons & nous ref. pitons , il Y en a un autre plus répandu & plus univerfel , qu'il appelle rilien échéré, Ce milieu et beaucoup plus rare &e plus fubtil que l'air; & par 540 MIEL ce moyen il pafle librement à-travers les pores & dés autres interitices des autres milieux, & fe ré- and dans tous les corps. Cet anteur penfe que c'eft par l'intervention de ce milieu que font pro- dvits la plupart des grands phénomenes de la na- jure. | 1 paroît avoir recours à ce rmilieu, comme au premier reflort de lunivers & à la premiere de toutes les forces, Il imagine que fes vibrations font da caufe qui répand la chaleur des corps lumineux, qui conferve & qui accroît dans les corps chauds lintenfité de la chaleur, & qui la communique des corps chauds aux corps froids. Foyez CHALEUR. Ille regarde aufli comme la caufe de la réflexion, de la réfra@ion &c de la diffrattion de la lumiere; -& il lui donne des accès de facile réflexion & de facile tranfmifhon, effet qu'il'attribue à l’attraétion : ce philofophe paroît même infinuer que ce lieu pourroit être la fource & la caufe «le l’attraétion elle-nème. Sur quoi voyez ÊTRER, LUMIERE, R£- FLEXION, DIFFRACTION, ÂTTRACTION, GRA- VITÉ, GC. 11 regarde auf la vifion comme un effet des vibrations de ce même rilieu excitées au fond de Tœil par les rayons de lumiere & portées de-là au _fenforium à-travers les filamens des nerfs optiques. Voyez VISION. L’ouie dépéndroit de même des vibrations de ce snilieu, où de quelquesautres excitées par les vibra- tions de l'air dans les nerfs qui fervent à cette fen- fation & portées au /er/orium à-travers les fila- mens de ces nerfs, & ainfi des autres fens, &c. M. Newton conçoit de plus que les vibrations de ce même "milieu, excitées dans le cerveau au gré de la volonté & portées de-là dans les muf- cles à-travers les filamens des nerfs, contraétent & dilatent les mufcles, & peuvent par-là être la caufe du mouvement mufculaire, Voyez MUScLE & Mus- CULAIRE. Ce 7ülieu , ajoute M. Newton, n’eft:il pas plus propre aux mouvemens céleftes que celui des Car- téfiens qui remplit exatement tout l’efpace, & qui étant beaucoup plus denfe que l'or, doit ré- fifter davantage? FWoyez MATIERE SUBTILE. Si quelqu'un, continue-t1l, demandoit comment ce milieu peut être fi rare, je le prierois, de mon côté, de me dire comment dans les régions fupé- rieures de l’athmofphere, lait peut être plus que 300000 fois plus rare que l'or; comment un corps éleétrique peut, au moyen d’une fimple friétion, en- voyer hors de lui une matiere fi rare & fi fubtile, &z cependant fi puiflante , que quoique fon émif- fion n’altere point fenfiblement le poids du corps, elle fe répande cependant dans une fphere de deux piés de diametre, & qu’elle foulève des feuilles ou paillettes de cuivre ou d’or placées à la dif tance d’un pié du corps éleétrique; comment les émaifhons de l’aimant peuvent être aflez fubtiles pour pafler à-travers un carreau de verre, fans éprouver de réfiftance êt fans perdre de leur force, &t en même tems aflez puilante pour faire tourner l'aiguille magnétique par-delà le verre? Foyez ÉmaA- NATION, ÉLECTRICITÉ. Il paroît que les cieux ne font remplis d’aucune autre matiere que de ce zrilieu éthéré ; c’eft une chofe que Îles phénomenes confirment. En effer, comment expliquer autrement la durée & la régu- larité des mouvemens des planetes & même des -cometes dans leurs cours & dans leurs direétions à Comment accorder ces deux chofes avec la réfif tance que ce rilieu denfe & fluide dont les Car- théfiens rempliffent les cieux, doit faire fentir aux corps céleftes? Voyez TOURBILLON 6 MATIERE SUBTILE, MIL La réfiffance des milieux fluides provient en par: tie de la cohéfion des particules du milieu, & en partie de [a force d'inertie de la matiere. La pre- miere de ces caufes confiderée dans un corps fphé- rique eft à peu-près en raifon du diametre, toutes chofes d’ailleurs égales, c’eft-à dire en général, com- me Île produit du diametre & de la vitefle du corps: la feconde eft proportionnelle au quarré de ce pro- duir. | La réfiftance qu'éprouvent les corps qui fe meu- vent dans un fluide ordinaire, dérive principale- ment de la force d'inertie. Car la partie de réfi£. tance qui proviendroit de la ténacité du wrilieu, peut être diminuée de plus en plus en divifant la matiere en de plus petites particules & en ren- dant ces particules plus polies & plus faciles à glffer; mais l’autre qui refte toujours proportion- 1elle à la denfité de la matiere, ne peut diminuer que par la diminution de la matiere elle-même, Voyez RÉSISTANCE. La réfiflance des milieux fluides eft donc à peu- près proportionnelle à leur denfité. Ainf Pair que nous refpirons étant environ 000000 fois moins denfe que l’eau, devra par cette raïlon, réfifter 900000 fois moins que l’eau, ce que le même au teur a vérifié en effet par le moyen des pendules, Les corps qui fe meuvent dans le vif-argent, dans l’eau & dans lair, ne paroïflent éprouver d’autre réfiftance que celle qui provient de la denfité & de la tenacité de ces fluides; ce qui doit être en effet, en fuppofant leurs pores remplis d’un fluide denfe & fubiil. On trouve que la chaleur diminue beaucoup la tenacité des corps; & cependant elle ne diminue pas fenfiblement la réfiffance de l’eau. La réfiftance de l’eau provient donc principalement de fa force d'inertie ; & par conféquent fi les cieux étoient auf denfes que l’eau & le vif-argent , ils ne réfifteroient pas beaucoup moins. S'ils étoient abfolument denfes fans aucun vuide, quand même leurs particules fe- _roient fort fubtiles & fort fluides, ils réfifteroient beaucoup plus que le vif-argent. Un globe parfaite- ment folide, c’eft-à-dire , fans pores, perdroit dans un tél zzilieu, la moitié de fon mouvement dans le tems qu'il lui faudroit employer pour parcourir trois fois fon propre diametre ; & un corps qui ne feroit folide qu'imparfaitement , la perdroit en beau- coup moins de tems. Il faut donc, pour que le mouvement des pla- netes & des cometes foit pofhble, que les cieux foient vuides de toute matiere, excepté peut être quelqu'émifion très-fubtile des atmopheres des planetes 67 des cometes, & quelque re éthéré, tel que celui que nous venons de décrire. Un fluide denie ne peut fervir dans les cieux qu’à troubler Les mouvemens céleftes; & dans les pores des corps il ne peut qu’arrêter les mouvemens de vibrations de leurs parties, en quoi confifte leur chaleur & leur aétivité. Un tel zzilieu doit donc être rejetté, felon M. Newton, tant qu'on n’aura point de preuve évidente de fon exiftance; 8 ce milieu étant une fois rejetté, le fyftème qui fait confiter la lumiere dans la preflion d’un fluide fubtil, tombe & s’anéan- tit de lui-même. Woyez LUMIERE, CARTÉSIANIS- ME, Gc. Chambers. (0) MILIORATS, f. m. plur. (Comm.) forte de foie qui fe ire d'Italie, Il y a des r/iorars de Bologne & de Milan. Les premiers fe vendent jufqu’à 54 fols de gros la livre, & les feconds jufqu’à 42 fols. MILITAIRE , adj. & 1. (Arc milir.) On appelle anf tout officier fervant à la guerre. Ainfi un riliraire exprime un officier ou toute au= tre perfonne dont le fervice concerne la guerres comme ingénieur, artilleur, é’c. M I L. On donne auf le noïn de ri/iraire à tout le corps en général des officiers. Ainf l’on dit d’un ouvrage, qu'il fera utile à l'inftruétion du militaire , pour ex- primer l'utilité que les officiers peuvent en tirer. On dit de même la fcience ilitaire, pour la fcience de la guerre ou celle qui convient à tous les off- ciers pour agir par regles & principes. MILITAIRE, difcipline des Romains, ( Art. milit.) La difcipline militaire confftoit principalement dans les fervices , les exercices, & les lois. Les fervices étoient différens devoirs dont 1l falloit s'acquitter, comme des gardes & des fentinelles pendant la nuit. Dés qu’on étoit campé , les tribuns nommoient deux foldats principes, ou haftati , pour avoir foin de faire tenir propre la rue appellée principia, & ils en ti- roient trois autres de chacune des compagnies, pour faire dreffer les tentes, fournir de l’eau, du bois, des vivres , & autres chofes de cette nature, Il paroît que les tribuns ayoient deux corps-de- garde de quatre hommes chacun, foit pour honorer leur dignité, foit pour leur commodité particuliere. Le quefteur & les lieutenans généraux avoient aufli les leurs, Pendant que les chevaliers étoient de gar- de, les triariens les fervoient, & avoient foin de leurs chevaux. Salufte nous apprend que tous les jours une compagnie d'infanterie, & une de cavale- ie, faifoient la garde près de la tente du général; c'étoit la même choie pour les alliés. Il y avoit à chaque porte une cohorte & une compagnie de ca- valerie qui faifoit la garde ; on la relevoit vers midi felon la regle établie par Paul Emile. Le fecond fervice militaire étoit donc de faire la garde durant la nuit, Il y avoit, comme parmi nous, la fenrinelle , la ronde, &r le mot du guet, reffera. Sur dix compagnies, on choififloit tour-à-tour un foldat, appellé pour cet effet sefferarius, qui vers le coucher du foleil, fe rendoit chez le tribua, qui étoit de jour, & recevoit de lui une petite tablette À cle bois, où par l’ordre du général étoient écrits un ou plufieurs mots; par exemple, à la bataille de Phihppe , Céfar & Anroine donnerent le nom d’Ap- pollon pour mot du guet. On écrivoit encore fur ces mêmes tablettes quelques ordres pour l’armée, Ce- lui qui avoit reçu le mot du guet, après avoir rejoint fa compagnie, le donnoit, en préfence de témoins, au capitaine de la compagnie fuivante. Celui - ci le donnoit à Pautre, & toujours de même, enforte qu'avant le coucher du foleil toutes ces tableites étotent apportées au tribun, lequel par une infcrip- tion particuhere qui marquoit tous les corps de l’ar- mée, comme les piquiers, les princes, &c. pou- voient connoître celui qui n’avoit point rapporté fa tablette : fa faute ne pouvoit être niée , parce qu’on entendoit fur cela des témoins. Toutes les fentinelles étoient de quatre foldats, comme les corps-de-gardes, ufage qui paroît avo été toujours obfervé. Ceux qui la nuit fafoient la fentinelle auprès du général & des tribuns, étoient en aufh grand nombre que ceux de la garde du jour. On poioit même une fenrinelle à chaque compagnie. Il yen avoit trois chez le quefteur, 8 deux chez les lieutenans généraux. Les vélires gardcient les dehors du camp..A chaque porte du camp on plaçoit une décurie , & l’on y joignoit quelques autres foldats, Tlsfaifoient la garde pendant la nuit, quand l’ennemi étoit campé près del’armée. On divifoit la nuit en quatre parties qu'on appellon veilles , &c cette divi- “ion fe faifoit par le moyen des clepfydres : c’étoient . deshorloges d’eau quileurfervoientà reglerle tems. | Ilyavoit toujours un foldat qui veilloit pendant que | Mes autres fe repofoient à côté de lui, 8 ils veilloient | tour-à-tour. On leur donnait à tous une tablette dif- “érente, par laquelle on connoïfloit à quelle veille } MIL SE: tel foldat avoit fait la fentinelle, 8 de quelle com- pagnie il étoit. | Enfin il y avoit la ronde , qui fe faifoit ordinaire ment par quatre cavaliers , que toutes les compa- gmes fournifloient chacune à leur tour. Ces cava- liers tiroient leurs veilles au fort. Un centurion fai foit donner le fignal avec la trompette, & parta- geoit le tems également par le moyen d’une clepfy- dre. Au commencement de chaque veille , lorfqu'on renvoyoit ceux qui veilloient à la tente du LÉNÉ= ral , tous les inftrumens donnoient le fignal. Celui à qui étoit échu la prenuere veille, & qui recevoit la tablette des autres qui étoient en fentinelle, s”i1 trouvoit quelqu'un dormant, ou qui eût quitté fon pofte , il prenait à témoin ceux qui étoient avec [ui & s’en alloit. Au point du jour chacun de ceux qui: failoient la ronde reportoit les tablettes au tribun qui commandoit ce jour là, & quand il en manquoit quelqu'une, où cherchoit le coupable que l’on pu nifoit de mort fi on le découvroit, Tous les centu- rions 4 les décurions, & les tribuns alloient environ à la même heure faluer leur général , qui donnoit fes ordres aux tribuns, qui les faifoient favoir aux cen- turions , êt ceux-ci aux foldats. Le même ordre s’ob- fervoit parmi les alliés. | Les exercices militaires faioient une autre partie de là difciphne; auffi c’eft du motexercirium , exer2 cice, que vient celui d’exercitus , armée , parce que plus des troupes font exercées, plus elles font aguer- ries. Les exercices regardoient les fardeaux qu'il falloit porter, Les ouvrages qu'il falloit faire, & les armes qu'il falloit entretenir. Les fardeaux que ies foldats étoient obligés de porter, étoient plus pe- fans qu'on ne fe l'imagine, car ils devoient porter des vivres, des uftenfiles, des pieux, & outre cela leurs armes. [ls portoient des vivres pour quinze jours & plus; ces vivres confiftoient feulement en blé , qu'ils écrafoient avec des pierres quand ils en avoient befoin; mais dans la fuite ils porterent du bifcuit qui étoit fort léger; leurs uftenfiles étoient une {cie , une corbeille, une bèche , une hache , une fau!x, pour aller au fourrage: une chaîne , une mar- mite pour faire cuire ce qu'ils mangeoient. Pour des pieux, ils en portoient trois ou quatre , & quel- quefots davantage. Du refte, leurs armes n’étoient pas un fardeau pour eux, ils les regardoient en quel- que forte comme leurs propres membres. Les fardeaux dont ils étoient chargés ne les empê- choient pas de faire un chemin très-long. On lit que dans cinq heures ils fafoient vingt mille pas. On conduifoit aufli quelques bêtes de charge, mais elles étoient en petit nombre. Il ÿ en avoit de publiques, qui portotent les tentes, les meules, & autres uf- tenfiles. Il y en avoit auf qui appartenoient aux per- fonnes confidérables. On ne fe fervoit prefque point de chariots, parce qu'ils étoient trop embarraffans. Il n’y avoit que les perfonnes d’un rang diftingué qui euflent des valets. Lorfque les troupes décampoient, elles mar- choient en ordre au {on de la trompette. Quand le premier coup du fignal étoit donné, tous abattoient leurs tentes êt failoient leurs paquets ; au fecond coup, 1ls les chargeoïent fur des bêtes de fomme; & au troifieme, on faifoit défiler les premiers rangs. Ceux-là étoient fuivis des alliés de l’aîle droite avec leurs bagages : après eux défiloient la premiere & la deuxieme légion, & enfuite les alliés de l’aîle gau- che , tous avec leurs bagages; enforte que la forme de la marche &c celle du camp, étoient à-beu-près fémblables. La marche de l’armée étoit une efpece de camp ambulant: les cavaliers marchoïent tantôt fur les ailes, &c tantôt à l’arniere-garde. Lorfqu’il y avoit du danger, toute l’armée fe ferroit, & cela s’appelloit pilacum agmenr ; alors on faifoit marcher = gre MIL féparément les bêtes de charge, afin de n'avoir au- «un embarras, au cas qu'il fallût combattre : les vé- dites marchoiïent à la tête. Le général qui étoit tou- jours accompagné de foldats d'élite, fe tenoit au milieu, ou dans l’endroit où fa préfence étoit nécef- “aire, la marche ne fe faoit à que quand on crai- gnoit d'être attaqué. Quand on étoit prêt d'arriver à l'endroit où l’on devoit camper, on envoyoit devant les tribuns & des centurions avec des arpenteurs , où ingénieurs, pour choifir un lieu avantageux, & en tracer les et les foldats y entroient comme dans une ville connue & policée, parce que les camps étoient prefque toujours uniformes. Les travaux des foldats dans les fiéges , & dans “autres occafons, étoient fort pémibles. Ils étoient “obligés, par exemple, de faire des circonvallations, de creufer des foflés, &c. Durant la paix, on leur faifoit faire des chemins, conftruire des édifices, & bâtir même des villes entieres, fi l’on en croit Dion Cafüus, qui l’aflure de la ville de Lyon. Il en eft ainf de la ville de Doesbourg dans les Pays - Bas, dans la Grande-Bretagne, de cette muraille dont il y a encore des reftes, & d’un grand nombre de che- mins magnifiques. Le troifieme exercice, étoit celui des armes qui e faifoit rous les jours dans le tems de paix, comme dans le tems de guerre, par tous fes foldats excepté les vétérans ; les capitaines mêmes &c les généraux, comme Scipion, Pompée, & d’autres, fe plaifoient à faire l’exercice ; c’étoit fur-tout dans les quartiers d’hyver qu’on établiffoit des exercices anxquels pré- fidoit un centurion, ou un vétéran d’une capacité reconnue. La pluie ni le vent ne les interrompoient point, parce qu'ils avoient des endroits couverts deftinés à cet ufage. Les exercices des armes étoient de pluñeurs efpeces ; dans la marche on avoit fur- tout égard à la vitefle, c’eft pourquoi trois fois par mois on faifoit faire dix mille pas aux foldats armés, & quelquefois chargés de fardeaux fort pefans ; ils en faifoient même vinot mille ; fi on en croit Vé- gece , ils étoient obligés d'aller & de venir avec beaucoup de célérité. Le fecond exercice, étoit la courfe fur la même ligne ; on obligeoïit les foldats de courir quatre mille pas armés & fous leurs enfeignes. Le troifieme con- fiftoit dans le faut, afin de favoir fauter les fofés quand il en étoit befoin. Un quatrieme exercice, cegardé comme important, étoit de nager; il fe pratiquoit dans la mer, ou dans quelque fleuve, lorfque l’armée fe trouvoit campée furle rivage, ou dans le Tibre proche le champ de Mars. Le cinquie- me exercice étoit appellé pa/arta; il confiftoit à apprendre à frapper l’énnemi, & pour cela le foldat s'exerçoit à donner plufeurs coups à un pieu qui étoit planté à quelque diftance, ce qu'ils faifoient en préfence d’un vétéran, qui inftruifoit les jeunes. Le fixieme exercice montroit. la maniere de lancer des fleches &c des javelots; c’étoit proprement l’exer- cice de ceux qui étoient armés à la légere. Enfin le feptieme étoit pour les cavaliers, qui fondoient Pépée à la main fur un cheval de bois. Ils s’exer- coient auf à courir à cheval, &t à faire plufieurs évolutions différentes: voilà les exercices qui étoient les plus ordinaires chez les Romains; nous fuppri- mons les autres. La troifieme partie de la d/cipline militaire conf toit dans les lois de la guerre. Il y en avoit une chez les Romains qui étoir très-févere , c’étoit con- tre les vols. Frontin, Seratag. Liv. I, ch. iy. nous ap- prend quelle en étoit la punition. Celui qui étoit convaincu d’avoir volé la plus petite piece d'argent étoit puni de mort. I n’étoit pas permis à chacun de piller indifféremment le pays ennenu. On y en- te voyoit des détachemens ; alors le butin étoit com- mun ; à après que le quefteur l’avoit fait vendre, les tribuns diftribuoient à chacun fa part, ainf per- fonne ne quittoit fon pofte ou fon rang. C’étoit en- core une loi de ne point obliger les foldats à vuider leurs différends hors du camp, ils étoient jugés par leurs camarades. Jufqu’à Pan 3.47, les foldats Romains ne reçurent aucune paye, & chacun fervoit à fes dépens. Mais depuis ce tems-là jufqu’à Jules-Céfar, on leur don- noit par jour environ deux oboles, qui valoient cinq fols. Jules-Céfar doubla cette paye, & Augufte con- tinua de leur donner dix fols par jour. Dans La fuite la paye aupgmenta à un point, que du tems de Do- mitien, ils avoient chacun quatre écus d’or par mois, au rapport de Jufte-Lipfe; mais je crois que Gronovius ée Pecun. ver. li. III, chap. 21. penie plus jufte, en difant que les foldats avoient douze écus d’or par an. Les centurions recevoient le double de cette fomme, & les chevaliers le triple. Quelque- fois on donnoït une double ration, ou bien une paye plus forte qu’à l’ordinaire à ceux qui s’étoient difingués par leur courage. Outre cela on accor- doit aux foldats quatre boiffleaux de blé, mefure romaine, par mois, afin que la difette ne les obli- geât pas à piller; mais il leur étoit défendu d’en vendre. Les centurions en avoient le double, & les chevaliers lé triple, ce n’eft pas qu'ils mangeaffent plus que les autres ; mais ils avoient des efclaves à nourrir: on leur fournifloit auf de l’orge pour leurs chevaux. Les fantaflins des alliés avoient autant de blé que ceux des Romains; mais leurs chevaliers n’avoient que huit boïffeaux par mois, parce qu’ils n’avoient pas tant de monde à nourrir que les chevaliers ro- mains, Tout cela fe donnoit gratis aux alliés , parce qu'ils fervoient de même. On retranchoit aux Ro- mains une fort petite partie deleur paye, pour le blé & les armes qu'on leur fournifloit. Onleur donnoit auf quelquefois du fel, des légumes, du lard; ce qui arriva fur-tout dans les derniers tems dela république. Il n’étoit permis à perfonne de manger avant que le fignal füt donné, & il fe donnoit deux fois par jour; ils dinoïent debont , frugalement, & ne mangeoïent rien de cuit dans ce repas : leur fouper qu'ils apprê- toient eux-mêmes, valoit un peu mieux que leux, diner, La boiffon ordinaire des foldats étoit de l’eau pure , ou de l’eau mêlée avec du vinaigre ; c’étoit aufñ celle des efclaves. La récompenfe & les punitions font les liens dela fociété & le foutien de l’état rilitaire : c’eft pout cela que les Romains y ont roïjours en beaucoup d’égard. Le premier avantage de l’état mlisaire étoit que les foldats n’étoient point obligés de plaider hors du camp ; ds pouvoient auffi difpofer à leur volonté de l’argent qu'ils amañfloient à la guerre. Outre cela, le général viétorieux récompenfoit les foldats qui s'étoient diftingués par leur bravoure ; & pour di- flribuer lesrécompenfes, il afembloit l’armée. Après avoir rendu graces aux dieux , 1l la haranguoït , fai- foit approcher ceux qu'il vouloit récompenfer , leur donnoit des louanges publiques , & les remercioit. Les plus petites récompenfes qu'il diftribuoit ; étoient par exemple, une pique fans fer, qu’il dons noit à celui qui avoit bleffé fon ennemi dans un combat finguhier ; celui qui avoit renverfé &z dé- pouillé, recevoit un braflelet s’il étoit fantaffin ; & s’il étoit cavalier, une efpece de haufle-col d’or ou d'argent. On leur faifoit auffi quelquefois préfent de petites chaînes , ou de drapeaux, tantôt unis, tantôt de différentes couleurs , & brodés en or. Les grandes récompenfes étoient des couronnes de différentes efpeces : la premiere & la plus confi- dérable , étoit la couronne obfidionale que l’on don RS M I L noït à celui qui avoit fait lever un fiège, Cette coti: tonne étoit regardée comme la plus honorable : on la compofoit d'herbes que l’on arrachoit dans le lieu même où étoient campés les afliégeans. Après cette couronne, venoit la couronne civique qui étoit de chêne: on en peut voir la raifon dans Plutarque, vie de Coriolan. Cette couronne étoit réfervée pour un citoyen qui avoit fauvé la vie à un autre citoyen; én tuant fon ennemi, Le général ordonnoit que cette couronne fût donnée d’abord à celui à qui on avoit fauvé la vie, afin qu'il la préfentât lui-même à fon libérateur, qu'il devoit toûjours regarder comme fon pere. La couronne murale d’or, quiétoit faite en for- me de mur, & où 1l y avoit des tours & des mante- lets repréfentés , fe donnoit à celui qui avoit monté le premier à la muraille d’une ville afhégée, Il y en avoit deux autres qui lui reffembloient aflez ; l'une s’appelloit corona caftrenfis, couronne de camp ; & l’autre corona vallaris, couronne de retranchement, La premiere s’accordoir à celui qui dans un combat, avoit pénétré le premier dans le camp de l'ennemi ; & la feconde , à celui qui étoit entré Le premier dans Île retranchement. La couronne d’or navale, étoit pour celui qui avoit fauté le premier Les armes à la main dans le vaiffeau ennemi. Il y en avoit une au- tre qu'on appelloit c/ffca ou roftrata , dont on faifoit préfent au général qui avoit remporté quelque grän- de vitoireiur mer. On en donna une de cette efpece à Varron, & dans la fuite à M. Agrippa : cette cou- ronne ne le cédoit qu’à la couronne civique. ? Il yavoïitencore d’autres couronnes d’or , quin’a- voient aucun nom particulier ; on les accordoit aux foldats à caufe de leur valeur en général. Au refte, on leur donnoit plutôt des louanges, ou des choïes dont onne confidéroit point le prix, que de l’argent, pour faire voir que la récompenfe de la valeur de- voit être l'honneur, & non les richefles. Quand ils alloient aux fpetacles , 1ls avoient foin de porter ces glorieufes marques de leur vaillance : les chevaliers s’en paroïent aufli quand ils pafloient en revüûe. Ceux qui avoient remporté quelques dépouilles, les faifoient attacher dans le lieu le plus fréquenté de leur maifon , & 1l n’étoit pas permis de les arra- cher, même quand on vendoit la maifon, ni de les fufpendre une feconde fois, fi elles tomboient. Les dépouilles opimesétoient celles qu’un officier, quoi- que fubalterne, comme nous le voyons par l’exem- pie de Coflus, remportoit fur un officier des enne- mis. On les fufpendoit dans Le temple de Jupiter fé- rétrien : ces dépouilles ne furent remportées que trois fois pendant tout le tems de la république ro- maine. On les appelloit opimes , felon quelques- uns , d'Ops, femme de Saturne, qui étoit cenfée la diftributrice des richefes ; felon d’autres, ce mot vient d’opes, richefles ; parce que ces dépouilles étoient précieufes : c’eft pour cela qu'Horace dit , un triomphe opime , Od. xliv. Un des honneurs qu’on accordoit au comman- dant de l’armée, étoit le nom d’imperator ; il rece- voit ce titre des foldats, après qu’il avoit fait quel- que belle aétion, & le fénat le confirmoit. Le com- mandant gardoit ce nom jufqu'à fon triomphe : Le dernier des particuliers qui ait eu le nom d’mpera- “or, eft Junius Blæfus, oncle de Séjan : un autre honneur étoit la fupplication ordonnée pour rendre graces aux dieux de la viétoire que le général avoit remportée; ces prieres étoient publiques & ordon- nées par le fénat. Cicéron eft le feul, à qui ces prie- res ayent été accordées dans une autre occafion que celle de la guerre. Ce fut après la découverte de la conjuration de Catilina; mais le comble des hon- neurs auxquels un général pouvoit afpirer, étoit le triomphe. Voyez TRIOMPHE. S'il yavoit des récompenfes à la guerre pour ani- Tome À, MIL 513 mer les foldats à s'acquitter de leurs devoirs, il y avoit aufli des punitions pour ceux qui y manquotents Ces punitions étoient de la compétence des tribuns, des préfets avec leur confeil, & du général même , duquel on ñe pouvoit appeller avant la loi Porcia, portée l’an $56. On punifloit les foldats, ou par des peines afliétives, ou par l’ignominie. Les peines af- fliétives confiftoient dans une amende , dans la fai- fie de leur paye, dans la baftonade , fous laquelle il arrivoit quelquefois d’expirer ; ce châtiment s’ap- pelloit fuffuarinm. Les foldats mettoient à mort à coups de bâton ou de pierre, un de leurs camarades qui avoit commis quelque grand crime, comme le vol, le parjure, pour quelque récompenfe obténue fur un faux expolé , pour la défertiori, pour la perte des armes, pour la négligence dans les fentinelles pendant la nuit, Si la baftonnadé ne devoit pas aller jufqu’à la mort, on fe fervoit d’un farment de vi- gne pour les citoyens, & d’une autre baguette, ow même de verges pour lés alliés. S'il y avoit un grand nombre de coupables, on les décimoit , ou bien l’on prenoit le vingtieme, ou le centieme , felon la priés veté de la faute. | Comme les puritions qui empoôrtent avec elles plus de honte que de douleur , font les plus convena= bles à la guerre, lignominie étoit auf une dés plus gtandes. Elle confiftoit, par exemple , à dénner de l'orge aux foldats au lieu de.blé , à les priver de toute la paye, ou d’une partie feulement. Cette der< niere punition étoit fur-tout pour ceux quiquittoient leurs enfeignes ; on leur retranchoit la paye pour tout le tems qu'ils avoient fervi avant leur faute, La troifieme efpece d'ignominie , étoit d’ordonner à un foldat de fauter au delà d’un retranchement ; cette pumirion étoit faite pour les poltrons. On les punifloit encore en les expofant en public avec leur ceinture détachée, & dans une pofture molle & effé- minée. Cette expofñtion fe faifoit dans la rue du camp appellée principia : c’eft-là que s’exécutoient auffi les autres châtimens. Enfin, pour comble d'1- enomnuie , On les faifoit pafler a’un ordre fupérieur dans un autre fort au-deflous, comme des triariens dans les piquiers , ou dans les vélites. Il y avoit en- core quelques autres punitions peu ufitées. La derniere chofe dont il nous refte à parler tous chant la difcipline militaire, eft le congé ; il étoit honnête, ou diffamant : le congé honnête , étoit celui que l’on obtenoit après avoir fervi pendant tout le tems prefcrit, ou bien à caufe de maladie, ou de quelqu’autre chofe. Ceux qui quittoient le fervice après avoir fervi leur tems, étoient mis au nombre de ceux qu'on appelloit benefciarii , qui étoient exempts de fervir, & fouvent on prenoit parmi eux les gens d'élite , evocati. Ce congé honnête pouvoit encore s’obtenir du général par faveur. Le congé diffamant, étoit lorfqu’on étroit chaflé & déclaré in- capable de fervir, & cela pour quelque crime. Sous Auguite, on mit en ufage un congé appellé exauüloratio , qui ne dégageoit le foldat que lorfqu'il étoit devenu vétéran. On nommoit ce foldat vexz/= laire, parce qu'il étoit attaché à un drapeau, & que dans cet état il attendoit les récompenfes mi/isaires, De plus, quand le tems de fon fervice étoit fini, on lui donnoit douze mille fefterces. Les prétoriens- qui furent infhtués par cet empereur, au bout de feize ans de fervice, en recevoient vingt milles : quelquefois on donnoit aux foldats des terres en Itas lie, on en Sicile. On peut maintenant fe former uneidée complette de la difcipline militaire des Romains, & du haut point de perfeétion oùi1ls porterent l’art de la guerre, dont ils firent fans cefle leur étude jufqu’à la chûte de la république : c’eft fans doute un dieu, dit Vé- gece, qui leur infpira La légion. Ils Te qu'il tt | ] S14 MIL falloit donner aux foldats qui la compofoient , des armes offenfives & défenfives plus fortes & plus pe- fantes que celles de quelqu’autre peuple que ce fût, J'en ai dit quelque chofe , mais je prie le lecteur d’en voir les détails dans Polybe & dans Jofephe. Il ya peu de différence , conclut ce dernier , entre Les che- vaux chargés & les foldats romains. Ils portent, dit Cicéron, leur nourriture pour plus de quinze jours, tout ce qui eft à leur ufage, tout ce qu’il faut pour fe fortiñier ; 8 à l'égard de leurs armes, ils n’en font pas plus embarraflés qué de leurs mains, Tufeul, divre LIT. Pour qu’ils puffent avoir des armes plus pefantes que celles des autres hommes, il falloit qu'ils fe ren- diffent plus qu'hommes : c’eft ce qu’ils firent par un travail continuel qui augmentoit leur force , & par des exercices qui leur donnoiïient de l’adrefle , la- quelle n’eft autre chofe qu’une jufte difpenfation des forces que l’on a. Il faut bien que j’ajoute un mot à ce que j’ai déja dit de la fCipline des foldats romains. On les accou- tumoit à aller le pas wilitaire, c’eft-à-dire, à faire en cinqheures vingt milles, & quelquefois vingt-qua- tre. Pendant ces marches, on leur faifoit porter des poids de foixante livres : on les entretenoiït dans l'habitude de courir & de fauter tout armés. Ils pre- noïent dans leurs exercices des épées , des javelots, des fleches d’une pefanteur double des armes ordi- naires; & ces exercices étoient continuels. Voyez dans Tite-Live , les. exercices que Scipion l’Afri- quain faifoit faire aux foldats après la prife de Car- thage la neuve. Marius, malgré fa vieilleffe, alloit tous les jours au champ de Mars. Pompée, à l’âge de cinquante-huit ans, alloit combattre tout armé, avec les jeunes gens ; 1l montoit à cheval, couroit à bride abattue, & lançoit fes javelots. Toutes les fois que les Romains fe crurent en dan- ger ou qu'ils voulurent réparer quelque perte, ce fut une pratique conftante chez eux d’afermuir la dif- cipline militaire. Ont-ils à faire la guerre aux Latins, peuples aufli aguerris qu’eux-mêmes, Manlius fonge àaugmenter la force ducommandement, & fait mou- rit {on fils qui avoit vaincu fans ordre. Sont-ils bat- tus à Numance, Scipion Emilien les prive d’abord de tout ce qui les avoit amollis. Il vendit toutes les bêtes de fomme de l’armée , & fit porter à chaque foldat du blé pour trente jours, & fept pieux. Comme leurs armées n’étoient pas nombreufes, 1l étoit aifé de pourvoir à leur fubfftance ; le chef pouvoit mieux les connoître, & voyoit plus aifément les fautes & les violations de la difcipline. La force de leurs exercices, les chemins admirables qu'ils avoient conftruits , les mettoient en état de faire des marches longues & rapides, Leur préfence inopinée glaçoit les efprits ; 1ls fe montroient fur-tout après un mauvais fuccès, dans le tems que leurs ennemis étoient dans cette néghigence que donne la viétoire. Leurs troupes étant toujours les mieux difcipli- nées, ilétoit dificile que dans le combat le plus mal- heureux , 1ls ne fe rallaflent quelque part, ou que le defordre ne fe mit quelque part chez les ennemis. Auf les voit-on continuellement dans les hiftoires, quoique furmontés dans le commencement par le nombre & par l’ardeur des ennemis, arracher enfin la viétoire de leurs mains. Leur principale attention étoit d'examiner en quoi leur ennemi pouvoit avoir de la fupériorité fur eux; & d’abord ils y mettoient ordre. Les épées tran- chantes des Gaulois , les éléphans de Pyrrhus, ne les furprennent qu'une fois. Ils fuppléerent à la foi- bleffe de leur cavalerie, d’abord en Ôtant les brides des chevaux, pour que l’impétuofité n’en püt être arrêtée, enfuite en y mélant des vélites. Quand ils eurent connu l'épée efpagnole, ils quitterent la leur. Ils-éluderent la fcience des pilotes, par l'invéntion d’unemachine que Polybe nous a décrite, Enun mot, comme dit Jofephe , la guerre étoit pour eux une mé- ditation, la paix un exercice. Si quelque nation tint de la nature ou de fon inf{- titution, quelque avantage particulier , ils en firent d’abord ufage : ils n’oublierent rien pour avoir des chevaux numides, des archers crétois, des fron- deurs baléares, des vaifleaux rhodiens ; enfinjamais fation ne prépara la guerre avec tant de prudence, & ne la fit avec tant d’audace. | Elle parvint à commander à tous les peuples, tant par l’art de la guerre que par fa prudence , fa fagefle, fa conftance , fon amour pour la gloire & pour la pa- trie. Lorfque fous les empereurs , toutes ces vertus s’'évanouirent , l’art militaire commença à décheoir ; mais lorfque la corruption fe mit dans la milice mê- me , les Romains devinrent la proie de tous les peu- ples. La milice étoit déja devenue très à charge à l’é- tat. Les foldats avoient alorstrois fortes d'avantages, la paie ordinaire , la récompenfe après le fervice, & les libéralités d'accident, qui devintent des droits pour des gens qui avoient le prince & le peuple en- tre leurs mains. L’impuiffance où l’on fe tronva de payer ces charges, fir que l’on prit une nulice moins chere. On fit des traités avec des nations barbares qui n'avoient ni le luxe des foldats romains , ni le même efprit , ni les mêmes prétentions. Il y avoit une autre commodité à cela : comme les Barbares tomboïient tout-à-coup fur un pays, n’y ayant point chez eux de préparatifs après la réfolu- tion de partir, 1l étoit difficile de faire des levées à tems dans les provinces. On prenoit donc un autre corps de Barhares toujours prêt à recevoir de l’ar- | gent , à piller & à fe battre. On étoit fervi pour le moment; mais dans fa fuite on avoit autant de peine à réduire les auxiliaires que les ennemis, Enfin les Romains perdirent entierement leur dif cipline militaire, & abandonnerent jufqu’à leurs pro- pres armés. Végéce dit que les foldats les trouvant trop pefantes , 1ls obtinrent de l’empereur Gratien de quitter leur cuirafle, & enfuite leur cafque ; de façon qu’expofés aux coups fans défenfe, ils ne fon- gerent qu’à. fuir, De plus , comme ils avoient perdu la coutume de fortifñer leurs camps , leurs armées furent aifément enlevées par la cavalerie des Bar- bares, Ce ne fut pas néanmoins une feule invafon qui perdit l’empire , ce furent toutes les invañfions. C’eft ainfi qu'il alla de degré en degré de l’affoiblif- fement à la dégénération, de la dégénération à la décadence , &t de la décadence à fa chûte, jufqu’à ce qu'il s’affaiffa fubitement fous Arcadius & Honorius. L'empire d’occident fut le premier abattu, & Rome fut détruite parce que toutes les nations l’attaquant à la fois, la fubjuguerent , & pénétrerent par-tout. Voyez tout ce tableau dans les confidérations fur les caufes de la grandeur des Romains & de leur dé: cadence. (D, J.) MILITAIRE, pécule (Jurifprud. ) voyez PÉCULE CASTRENSE. MILITAIRE, teflament (Jurifprud.) voyez TESTA- MENT. MILITANTE , EGuisE ( Théolog. ) ce terme s’en- tend du corps des Chrétiens qui font fur la terre. On diftingue trois fortes d’églifes, en prenant ce terme dans fa fignification la plus étendue : Pégife militante ; pat où l’on entend les fideles qui font fur la terre ; l’églife fouffrante, c’eft-à-dire les fideles qui font dans le purgatoire, & l’églife triomphante, qui s’entend des Saints qui font dans le ciel Voyez ÉGLISE. On appelle la premiere églife militante, parce que la vie d’un chrétien eft regardée commeune milice, MIEL | où un combat continuel qu'il doit livrer au mondé, au démon & à fes propres pañfons. MILLE , £ m, ( Grarem. Arithmér. ) nom de nom- bre égal à dix centaines ; il s'écrit par l’unité fuivie de trois zéros, Misre, {. m. (Géographie, ) mefure en longueur dont les Italiens, les Anglois & d’autres nations fe fervent pour exprimer la diftance entre deux lieux, Voyez MESURE, DISTANCE, Gc, Dans ce fens le mot rule elt à peu près de même ufase que lieue en France, & dans d’autres pays. Voyez LIEUE. Le rrille eft plus ou moins long dans différens pays. Le rrille géographique ou italien contient mille pas géométriques , æille pafus ; & c’eftde-là que le terme zrille eft dérivé, &e. Le mille angloïs contient huit ftades ; le ftade qua- rante perches, & fa perche feize piés & demi. Voici la réduétion qu'a faite Cafimir des milles ou lieues des différens pays de l’Europe an pié ro- main , lequel eft égal au pié du Rhin, dont on fe fert dans tout le Nord. Piéss Ecirileditalies, 4m Un 00 Sn 000! d’Angletefre, +. . . . 5454: HÉCOUES AC COCO: dé SuGdes vom lee 5 5 10000; deMOlcovie Sr ne sr | 0 3750: de Lithuanie, «+ + . « 19500. desPologne.s 0 + ve à "168; d'Allemagne, le petit, . : 20000. Je moyen ; : 232500. le plusgrand, . 25000. Le DANCE RS SNS; 2 Tr 7 SO DÉPASSE 1 45270, de Bourgogne, + . «+ . 18000. de-Flandress,, + + 4" 20000: Hollande "L/"5 24000. de Perfe, qu'on nomme auff pa- TAANCUE SA D 1S7 50 DÉSVDIES SN Mn 2 25000: Charnbers, MILLES DE LONGITUDE , ferme de Navigation ; c’eft Le chemin que fait un vaiffeau à l’eft ou à l’oueft, per rapport au méridien d'oùil eft parti, on d’où 1l a fait voile (voyez MÉRIDIEN) ; ou bien c’eft la dif- férence de chemin de longitude, foit orientale, foit occidentale , entre le méridien fous lequel eft le vaif- feau, & celui d’où la derniere obfervation où fup- putation a été faite. Voyez LONGITUDE. Dans tous les lieux de la terre, excepté fous l’é- quateur, ce chemin doit être compté par le nombre des milles de degré des paralleles fur lefquels on fe trouve fucceflivement ; ainf 1l y a de la différence entre la longitude proprement dite, &c les milles de longitude. Soient ( fig. 8. Navig.) àeux lieux 4, G, - la longitude eft repréfentée par l'arc 4 D de l’équa- teur, les milles de longitude par les fommes des arcs AB,IK, HF, paralleles à l'équateur. La fomme de ces arcs 4 B,1K, HF, &c. étant plus petite que la fomme des arcs AB, BC, CD, on que l'arc A D qui exprime la longitude, fe nomme par cette traifon lieues mineures de longitude. Voyez LIEUES MI- NEURES DE LONGITUDE. Au refte la iomme de ces arcs 4B,I1K,HF, contient autant de degrés que l'arc enuer 4 D : {ur quoi voyez Les articles LOxo- DROMIE & LOXODROMIQUE. | | Il eft vifible que tandis que le vaifleau fait fous un même rhumb un certain chemin de peu d’étendue, par exemple trois à quatre lieues, l’efpace qu'il dé- crit eft réellement à l’efpace qu'il décrit en longi- tude ; comme le finus total eff au finus de l'angle conftant de la route avec le méridien. Cette pro- portion donnera facilement les z1//es de longitude Tome À MIL ‘13 Qui ne font que la fomme de ces derniers efpates, _ Voyez DEGRÉ & NAviGATIoN: (0) MILLE-FEUILLE , mile folium, {: f. (Botan.) gente de plante à fleur radiée , dont le difque eft compofé de plufieurs fleurons ; la couronne de éette fleur ef formée par des demi-fleurons qui font pofés fur des embryons, & foutenus paï ün calice écailleux , & prefque cylindrique. Ces embryons deviennent dans la fuite des femences minces: Ajoutez aux caralteres de ce genre que les décotipures des feuilles font très: petites , & que les fleurs naiflent en bouquets fort ferrés. T'ournefort, ix/f, rei herb. Voyez PLANTE, Tournefort compte neuf efpeces de ce genre dé plante , d’entre lefquelles nous déctirons la com mune à fleur blanche ; nommée par la plûpart des Botaniies , mille folium vulgare album ; & par les An= glois , the common whire-flowerd yarrow. Sa racine eft ligneufe , fibreufe, noirâtfe, traa çante: Elle jette des tiges nombreufes à la hauteur d’un pié ou d’un piè & demi, roides quoique me nues, cilyndriques, eanneléés, velues, rougcârres j moëélleufes & rameufes vers leurs fommités, Ses feurlles font rangées fur une côte, découpées menu, reflemblantes en quelque maniere à eelles de la cas mornille, mais plus foides , ailées, ou répréfentant des plumes d’oifeaux , d’une odeur agréable, & d’un goût un peu âcre. VE: Ses fleurs naiflent à la cime des branches, en ombelles où Bouquets fort ferrés, ronds, Chaque fleur eft petite , radiée, blanche, où un peu purpus rine, odorante ; foutenue par un calice écailleux ; cilyndrique ou oblong. Lorfque les fleurs font tom= bées, 1l leur fuccede des femences mennes.: Cette plante croît prefque par-tout, le long des grands chemins, dans les lieux incultes , fecs, dans les ci- meticres & dans les pâturages. Elle fleurit en Mai Juin, & pendant tout l’été, | Elle eff un peu âcre, amere, & aromatique, Elle rougit confidérablement le papier bleu, & fes fleur donnent par la diftillation une huile fine, d’un blew foncé. Les fleurs de camomille en donnent auf ; mais je ne fache pas d’autres plantes qui aient cette propriété finguliere. On regarde avec raifôn la wille-fruills comme vulnéraire & aftringente ; en conféquence on l’ems ploie intérieurement pour arrêter toutes fortes d’héa morrhagies, Dans ces cas, l’expérience a prouvé qu’une fofte décoëtion ( & non pas une fimple infu- fion) de toute la plante, racine & feuilles, ef La meilleure méthode, On applique cette décoûtion ; ou la plante fraichement pilée, fur les plaies ou fur les coupures, & elle y fait des merveilles dok vient qu'on appelle vulgairement la zille-feuille lherbe aux voituriers,;auxchatpentiers, parce qu'elle n’a pas moins de vertu pourarrêter le fang des cou pures, que la brunelle, la grande confoude , l'orpin 3 & quelques autres plantes employées à cet ufages (227587) "me MiLLE-FEUILLE, (Chimie, Pharmac. € Mar. méd.} cette plante a une odeur forte, 8 une faveur un peti âcre & amere ; elle donne dans la diftillation avec l’eau une petite quantité d'huile effentielle de cou leur bleue ; elle eft analogue en cela avec la camo- mille , avec laquelle elle a d’ailleurs les plus grands rapports. M. Cartheufer obferve que l'huile de 17/6 feuille n'a cette couleur bleue que lorfque la plante d’où on l’a retirée avoit cru dans un terrein fertile & chargé d'engrais , & que celle qui étoit fournie par la même plante, qu'on auroït cueillie dans mx lieu fec êc fablonneux , étoit jaunâtre. On emploie en Médecine les fleurs & l'herbe de cette plante: chacune de ces parties fournit les mé mes principes & dans la même proportion; felon Les analyfes de Cartheufer & de Neuman, feulement Titi | 316 MIL l'herbe les donne en plus grande quantité. La rille feuille tient un rang diffingué parmi les plantes vulnéraires , réfolutives &z afiringentes; elle eft célébrée encore comme anti-épileptique , fébri- fuge , bonne contre l'afthe, anti-pefhlentieile, pro- pre à prévenir l'avortement; mais fon ufage le plus ordinaire, foit intérieur, foit extérieur, eft contre les hémorrhagies , les plaies & les ulceres ; encore ce dernier emploi eft-il abfolument forti hors du fein de l’art, comme prefque toutes les applications de plantes dans ces cas , qui ne font plus pratiquées que par les payfans &c les bonnes femmes. La m/le-feurlle fe donne intérieurement ou en en faifant bouillir une petite poignée dans du bouillon , ou fous forme d’infufñon théiforme. On peut anflila réduire en pou- dre, & la dofe en eft d'environ deux gros. Fr. Hoffman nous a laiffé une longue differtation fur la mille-feuille, qu'il vante principalement contre les affeétions fpafmodiques , qui font accompagnées de vives douleurs ; & c’eft là la feule chofe qu'il af- fure d’après fa propre,expérience ; il ne fonde toutes les autres merveilles qu'il en publie que fur le té- moipnage: des auteurs, entre lefquels on peut diftin- uer Sthaal, qui en célebre beaucoup l’ufage contre fa paffñionhypochondriaque. On retire une eau diftil- lée fimple de la ille-feuille, qu’on prétend pofléder éminemment fes vertus antifpafmodiques , rervines, utérines ; fédatives, éc. On prépare un firop avec le fuc , & ce firop ren- ferme à peu près les mêmes propriétés que l’infu- fion, & fur-tout celles qui dépendent principale- ment des parties fixes , favoir la vertu vulnéraire af- tringente, rélolutive, mondifiante, &c. Les feuilles de cette plante entrent dans la com- pofition de l’eau vulnéraire, du baume vulnéraire, & de l’onguent mondificatif de cepio. (b) MILLE-FLEURS , EAU DE, c’eft ainf qu'on ap- pelle les piffat de vache. = MILLE-GRAINE, ff. (if, nas. Bor.) c’eft le piment. Voyez PIMENT. Tournefort l’a rangé parmi les chénopodium, ou pates d’oie. MILLENAIRES, f. m, pl. (Théo/og.)fefte du fecond & troifieme fiecle, dont la croyance étoit que J.C. reviendroit fur la terre, & y régneroit l’efpace de mille ans , pendant lefquels les fideles jouiroient de toutes fortes de félicités temporelles ; & au bout duquel tems arriveroit le jugement dernier. On les appelloit auffi Chiliafles. Voyez CHILIASTES. L'opinion des Millenaires eft fort ancienne, &r re- monte prefque au tems des Apôtres. Elle a pris fon origine d’un pafage de lapocalypfe entendu trop à la lettre, ohuleft fait mention du regne de J,C, fur la terre. L'opinionde $, Papias touchant le nouveau regne deJ, C.fur la terre, après la réfurreétion , a été en vogue pendant près de trois fiecles, avant d’être taxés d'erreur, comme on d'apprend par la leëêture de l’hiftoire eccléfiaftique. Elle a été adoptée & fuivie pa quantité de peres de l’Eglife des premiers fiecles , tels que S. Irenée , S. Juftin martyr, Ter- tulien , ée. mais d'autre part Denis d'Alexandrie, | & S. Jerôme ont fortement combattu cette imagi- nation d’un regne de mille ans. Di, de Treyoux. Quelques auteurs parlent encore de certains A:z- lenaires , auxquels on donna ce nom ; parce qu’ils penfoient qu'il y avoit en, enfer une ceflation de peines de mille en milleans. MILLENIUM ;\iou MILLENARE , millénai- re, terme qui fignifie à la lettre un efpace de mille ans. Il fe dit principalement du prétendu fecond évé- nément, ou regne de J. C: fur la terre, qui doit du- rermillesans ; felon les défenfeurs de cette opinion. Foyez MILLENAIRES & CHILIASTES. Ce mot eft latin, 8 compoié de ile, mille , & MIEL dannus, année. M, Whifon, en plufeurs endroits de fes écrits, a tâché d'appuyer l’idée du rilenarin. Selon fon calcul, il auroit dû commencer vers l’an- née 1720, - MILLEPERTUIS, {. m. hypericum, (Bor.) genre de plante à fleur en rofe, çompolée de plufieurs pétales difpofées en rond. Le piftil fort du calice, compoié auf de plufeurs: feuilles , à &c devient dans la fuite un fruit qui a ordinairement trois an- gles ; 1l eft aufli terminé par trois pointes , & divifé en trois capfules remplies de femences , qui {ont pour lordinaire petites. Ajoutez aux caraéieres de ce genre, que les feuilles naiffent par paires à l’en- droit des nœuds de la tige. Tournefort,, 22/4 rer heri. Voyez PLANTE. Ce genre de plante efl très-étendu ; car M. Ge Tournefort en compte 22 efpeces,, fans parler de celle qu'il trouva en voyageant de Sinope à Frébi-. zonde, &r qui fervit à adoucir fes chagrinis , dans un pays où l’on ne voyoit migens ; ni bêtes. Iba dé- crit cette belle efpece , fous le nom dewmif/epereuss oriental à feuilles de lherbe à éternuer , prermice folirs ; mais nous ne pouvons parler ici que du millépertuis commun de nos'contrées ; fon nom latim eft Lypericum vulgare, dans C. B. P, 279, & dans les L. R. H. 354% en anglois he common yéllow-flowerd $. John’s=-wort. La racine de cette efpece de millepertuis, et f- breufe & jaunâtre. Ses tiges font nombreules,, ro1i- des , ligneufes , cylindriques , rougedires , bran- chues , hautes au moiñs d’une coudée. Ses feuilles naïfient deux à deux, oppolées, fans queue, lon- gues d’un demi-pouce & plus, larges de trois H- nes, liffes , veinées dans toute leur longueur. Ex- pofées au foleil, elles paroïffent percées d’un grand nombre de trous ; mais ces points tranfparens, ne font autre chofe que dés véficules remplies d’un fuc huleux , d’une faveur aftringente, un peu amere, &g qui laïfle de la fécherefe fur la langue. Ses fleurs pouffent en grand nombre à l’extrémite des rameaux ; elles fontenrofe, compolées de cinq pétales, jaunes, pointues des deux côtés, & dont le milieu eft occupé par quantité d’étamines, gatnies de fommets jaunâires, Le calice eff à cinq feuillese il en fort un piftil à trois cornes, lequel occupe le centre de la fleur. Quand la fleur eft tombée, le piftil fe change ensune capfule, partagée en trois loges, pleines de graines menues luifantes, oblon- gues, d'un brun noirâtre , d’une faveur ämere, ré- fineufe , d’une odeur de poix. Les fléurs 8 les {om mets étant pulés , répandent un fic rouge comme du fang. 1 Cette plante vient en abondance dans les champs, &c les bois. Elle eft d’un grand ufage dans pleurs maladies, êc tient le premier rang à l'extérieur par- mi les plantes vulnéraires. On tire du w//epertuis , deux fortes d'huiles, l’une fimple, êc l'autre com- poiée , & toutes les deux fe font différemment chez les artiftes, À Montpellier, on macere les fleurs de cetté plante dans une liqueur réfineufe ; tirée des véficulés d’orme; on s’en fert pour mondifier & con- folider les plaies, & les ulcérations , {oït internes , foit externes. (D...) : MiLLEPERTUIS , (Chim, Pharm, Mat. md.) cette plante contient beaucoup d'huile effentielle ; car les points tranfparens de fes feuilles que l’on prend mal- à-propos pour des trous , les poils noirs que l’on dé- couvre fur les bords de fes pétales lestubercules que Pondécouvre fur la furface de {es fruits font autant de véficules remplies de cette huile éffentielle. Le rrillepertuis ordinaire eft d’un grand ufage dans plufieurs maladies. Il tient le premier rang parmiles plantes vulnérairés. C’eft pourquoi fon principal ufage eft pour mondifier &confohider les plaies 8c Les ulceres , foit internes, foit externes, Il guérit leccra- chement & Le piflement de fang ; il réfout le fang grumelé ; il excite les regles & les urines ; il rue les vers. On dit qu'il délivre les poflédés ; c’eft pour- quoi on l'appelle fuga dæmonum ; non pas parce que les démons s’enfuient à la vüe de cette plante, mais parce qu'elle eft utile à ceux qui font parvenus à un tel point de mélancholie & de manie, qu'ils pañlent : pour poflédés. On emploie fouvent les fommités fleuries, infu- fées ou boniilies dans de l’eau, où dans du vin, à la dofe d'une poignée. On én prefcrit quelquefois les feuilles &c les graines en fubftance , à la dofe d’un » gros, feules ou mêlées avec d’autres vulnéraires. : Geoffroi, matiere médicale. On fe fert encore plus communément des feuilles de raillepertuis infufées dans du lait bouillant , ou de leur infufion mêlée avec pareille quantité de lait. C’eft fous cette forme qu'on emploie Le plus com- munément ce remede dans les phthifies pulmonaires commencçantes , &c dans tons les cas d’uiceres inter- nes. Sur quoiil faut obferver que lhuile effentielle, ëc la partie balfamique , f l’hypéricum en contient en effet une autre que fon huile, ne pañlent 1 dans Veau , ni dans le lait, & fort peu dans le vin; en- {orte que f le: principe huileux ou balfamique quel- conque pofédoit en effet une vertu vulnéraire &c ci- catrifante éprouvée, la meilleure forme fous laquelle on pourroit donner le sllepertuis , feroit celle de conierve. La teinture qu’on en tire par l’efprit-de- vin, qui eft véritablement empreinte du principe dont nous venons de parler, ne fauroit être em- ployée dans les cas où le miflepertuis eftindiqué com- me vulnéraire. Cetteteinture ne peut s’employerque comme vermifuge, anti-hyftérique ; diurétique, Gc. On prépare dans les boutiques une huile par in- fufion des fommités fleuries, ou chargées de graines de rmillepertuis. Cette préparation eft du petit nom- bre de celles qui font felon les bons principes de l’art, puilque le zi/lepernis, en cela différent de la plüpart des plantes avec lefquelles on prépare des huiles par infufion on par coétion , contient un principe vrai- ment médicamenteux foluble par les menftrwes hur- leux, & qu'il contient même ce principe à une pro- portion très-confidérable. Auf lhuile par infufion -de millopertuis, qui eft un mélange d'huile effentielle &t d'huile par expreflion, eft-elle un remede externe puiflamment réfolutif, Les feuilles & les fommités de cette plante en- «trent dans l’eau vulnéraire; fes feuilles dans l’eau gé- nérale, & dans la poudre contre la rage ; fes fom- mités fleuries, dans l’huile de fcorpion compolée ; l’herbe , dans le fyrep d’armoife, & l’onguent war- tiatum; les fleurs dans la thériaque , le mithridate, le baume tranquille , & le baume du commandeur ; fes fommités, dans le baume vulnéraire, & l’huile de petits chiens. Son huile par infufion dans l’em- plâtre oppodeltoch. (2) MILLEPIÉS , f. m. mille- pes, CENTPIÉS , MALFAISANT , SCOLOPENDRE, (ÆifE. natur. Infect,) Cet infe@te venimeux de l’Amérique, reffem- ble à une chenille ; il s’en voit qui ont fix à fept pou- ces de long, maïs ceux des Antilles n’excedent guere “la longueur de quatre à cinq, 87 ne font pas plus gros que l’extrémité du petit doigt : cet animal eft plus large qu'épais , il eft couvert d’un bout à l’autre -par un feul rang d’écaillés peu convexes, larges, molles , d’une couleur brune, & emboiîtées les'unes fur lesautres, comme celles de la queue d'une écre- viffe. ù | Deux rangées de petites pattes déliées, comme -des brins\de gros fil, au nombre de 30 ou 40, gar- “miflent les deux çôtés du corps dans toute fa lon- -gueur, * | M IL 517 La tête eft ronde , plate, d’une couleur rongei. tte, ayant deux petits yeux noirs prefque imper« ceptibles, & deux petites antennes qui s’écartent & fe recourbent à droite & à gauche en forme d’y- grec ; fous la tête font deux défenfes noires , dures, crochues, fort aiguës, mobiles, avec lefquelles l’a. nimal pique violemment: fa partie poftérieure fe termine en fourche par deux efpeces de longues pate tes qui s’écartent & fe rapprochent felon le befoin qu'il en a. Cetinfeéte eft fort incommode ; il fe gîte dansle bois pourri, dans les fentes des murailles, derriere les meubles , entre les livres, & quelquefois dans les lits ; fa piquure caufe une vive douleur, fuivie d’une euflure confidérable , toujours accompagnée d’inflammation , & fouvent de fievre. Les remedes à ce mal font les mêmes qu'on em ploie contre la piquure des fcorpions. Quelques auteurs ont confondu la bête À iles piés avec un autre infeéte de l’Amerique qui pout« roit, avec plus de raifon, porter le nom de ri//e- pis, à caufe de la multitude de fespattes, Foyez l’ar ticle CONGORY. M. LE ROMAIN, MILLEPORES , {. m.(Æijé, nar.) c'eft le nom que quelques naturaliftes donnent à une efpece demadré: pore , ou de corps marin, femblable à un arbrifieau, dont la furface eft remplie d’une infinité de petits trous qui pénetrent juique dans l’intérieur de ce corps. Quelques naturaliftes diffinguent les mille- pores des madrépores ; ilsne donnent le premiernom qu'a des corps marins rameux remplis de trous parfai- tementronds,auheu que les madrépores ont destrous étoilés. Cependant il paroît conftant que les ile pores ne doivent être regardés que comme des va- niétés des madrépores. Woyez MADRÉPORE. MILLERES, (Grem, & Com.) nom d’une monnoie d’or, en Portugal. MILLEROLLE , f. f. (Commerce) mefure dont on fe fert en Provence pour la vente dés vins & des huiles d’olive. La rillerolle revient à foixante-fix pintes mefure de Paris, &c à cent pintes mefure d’Amfterdam. Elle pefe-environ cent trente/livres poids de marc, Dix. de Com. MILLESIME , f. mm. (Gram.) c’eft le chiffre qui marque le mille des années courantes , depuis une date déterminée , dans les aétes , fur les monnoues, MILLET, rilium, {, m, (Boran.) genre de plante dont la fleur n’a point de pétale ; elle eft difpofée par petits fafceaux en un large épi. Chaque fleur a plufieurs étamines qui fortent d’un calice compofé de déuxfeuilles. Le piftil devient dans'la fuite une femence arrondie ou ovale, 67 enveloppée d’une bâle qui a fervi de calice à la fleur. Tournefort, 71/8. rei herb. Voyez PLANTE. Voici fes cara@eres, felon Ray. Il a un'pännicule lâche , 8 divilé en plufieurs parties. Chaque fleur eft portée fur un calice compofé de deux femlles, qui, en gmfe de pétale , fervent à défendre les éta- mines: le piftil de la fleur, lequel fe change en une femence de figure ovale & luifante. Linnæus fait aufi du #//e6 un genre diftinét de plante qu'il caraéterife ainfi: fon calice eft une efpece debâle, ‘quicontient diverfes fleurs. Il'eft compoté de trois valvules, ovales, pointues. La fleur eft plus petite que le calice, & eft formée de deux val- vules oblongues , dont l’une eft plus petite que l’au- tre, Les étamines font trois courts filets capillaires. Les boflettes font oblongues, & le germe du piftl eft arrondi, La fleur renferme la femence , & ne s’ou- vre point pour la laïfler tomber. La graine eft uni- que & fphéroïde, À Br TV. Boerhaavecompte dix-fept ou dix-huit efpeces de ce senre de plante ;.mais c’eff allez de décrire 1ci les 15 MIL deux principales, le petit & le grand milles nommé Jorgo. Le petit iles , le milles ordinaire , jaune ou blanc, ilium vulgare , femine lureo vel albo , des Bau- hin, de Ray, Tournefort, & autres botaniftes, a des racines nombreufes , fibreufes , fortes, blanchä- tres ; elles jettent plufeurs tiges ou tuyaux à la hauteur de deux ou trois piés, de moyenne groffeur, entrecoupées de neuds. Ses feuilles {ont amples, larges de plus d’un pouce , femblables à celles du ro- feau , revêtues d’un duvet épais dans l’endroit où elles enveloppent la tige ; mais après qu'elles s’en font détachées, elles deviennent infenfiblement lif- fes & polies. Ses fleurs naïffent en bouquets aux fommités des rameaux , de couleur ordinairement jaune , quelquefois noiïrâtre ; elles font compofées de trois étamines qui fortent da milieu d’un calice, le plus fouvent à deux feuilles. Quand les fleurs font tombées:il leur fuccede des graines prefque rondes, ou ovales, jaunes, ou blanches, dures , luifantes , renfermées dans des efpeces de coques minces, ten- dres , qui éroient enveloppées par le calice de la fleur. Cette plante fe cultive dans les campagnes, & demande une terre neuve , légere, grafle , & hu- medtée. Le grand ruller, le mille: d'Inde, ou le forgo , eft le milium arundinaceum , fubrotundo femine , forge norminatum , C. B. P. 26, & de Tournefort I. À, A, 514 Sa racine confite en de groffes fibres, fortes, qui s’enfoncent çà & là en terre, afin que les tiges qu’el- les foutiennent puiflent plus aifémentréfifter au vent. Elle jette plufieurs tuyaux femblables à ceux des ro- feaux à la hauteur de huit à dix piés , & quelque- fois de douze, gros comme le doigt, noirâtres , ro- buftes, noueux , remplis d’une moëlle blanche & douçâtre , à la maniere du fureau, Ces tuyaux rou- iflent quand la femence mürit. De chaque nœud 1lfort des feuilles longues d’une coudée , larges de trois ou quatre doigts, femblables à celles du ro- -feau ; les feuilles d'en haut font armées de petites dents pointues , qui coupent les doists quand on les manie en defcendant, : Ses fleurs naïflent aux fommités des tiges en ma- niere de bottes, ou de bouquets , droits, longs d’en- viron un pié , larges de quatre ou cinq pouces ; ces fleurs font petites, jaunes, oblongues , & pendan- tes , compolées de plufieurs étamines qui fortent du milieu du calice à deux feuilles, Quand les fleurs font tombées , il leur fuccede des femences nom- breufes, plus groffes du double que celles du petit milles, prefque rondes ,.ou ovales, de couleur, pour l'ordinaire , rougeätre , ou d’un roux tirant fur le noir, plus rarement blanchâtre, ou jaune, enve- loppées d’une double capfule ; & après qu’elles ont été fecouées , il refte des pédicules , comme de oros filamens , dont on fait des broffes. Il y a un autre milles d’Inde , qui ne differe du pre- mier , qu’en ce que fa femence eft applatie, groffe comme un grain d’orobe, & fort blanche. C’eft le forghi album , milium indicum , Dora 4rabum de J, B. Il croît en Arabie, en Cilicie , &c dans l’Epire. Les Arabes en tirent de même que des cannes à fucre, un fucextrémement doux. On le feme en Cilicie pour la volaille , & pour fuppléer au bois dont on manque. (D. J.) MicLer, (Diete.) la farine de m/ler fournit un aliment aflez groflier , de difficile digeftion , reffer- rant un peu le ventre, & caufant quelquefois des vents. Les payfans qui ont les organes de la digef- tion fort vigoureux , s’en accommodent cependant aflez bien. Ils la mangent foit fermentée, fous for- me d'un paia aflez mal levé ; mou & gluant, à moins qu'on n'y mêle une bonne quañtité de farine de froment, ou non fermentée fous la for- me de différentes bouillies , pâtes , gâteaux , 6, cuits à l’eau on au lait. Le #iller a d’ailleurs toutes les propriétés communes des farineux. Voyez FARI- NEUX. (b) | | MILLIAIRE , f. m. (Æif£. anc.) efpace de mille pas géométriques, diftance par laquelle les Romains mar- quoient la longueur des chemins , comme nous la marquons par lieues. On compte encore par millesen Italie. Il y avoit à Rome au milieu de la ville une. colonne appellée illiaire | qui étoit comnmie le cen- tre commun de toutes les voies ou grands chemins fur lefquels étoient plantés , de mulle pas en mille pas, d’autres colonnes , ou pierres numerotées, fuivant la diftance où elles étoient de la capitale; de là ces expreflions fréquentes dans les auteurs, zer- 0 ab urbe lapide, quarto ab urbe lapide, pour expri- mer une diftance de trois ou quatre mille pas de Rome. A l’exemple de cette ville les autres princi- pales de Empire firent pofer dans leurs places pu- bliques des colonnes illiaires deflinées au même ufage. Foyez COLONNE MILLIAIRE. MILLIAIRES, rmilliaria, (Hiff. arc.) grands vales, ou réfervoirs dans les thermes des Romains, ainf nommés de la grande quantité d’eau qu'ils conte- noient, & qui par des tuyaux fe diftribuoit , à laide d’un robinet , dans les différentes pifcines , ou cuves où l’on prenoit le bain. Voyez Bains. MILLIAIRE DORÉ, ( Lirrér. & Géog.) milliarium aureum , comme difent Pline & Tacite ; colonnequi futdreffée au centre de Rome, & fur laquelle étoient marqués les grands chemins d'Italie , & leurs diftan- ces de Rome par milles. Ce fut Augufte qui, pendant qu'il exerçoit la charge de curator viarum , fit élever cette colonne & l’enrichit d’or, d’où elle recut fon nom de mifliaire doré. Il ne faut pas croire d’après Varron , que tous les chemins d'Italie aient abouti à la colonne rilliaire par une fuite de nombres : cela n’étoit point ainf; plufieurs villes célebres interrompoient cette fuite, & comptoient leurs diftances des unes aux autres par leurs zilliaires particuliers : encore moins cette fuite fe rencontroit-elle depuis Rome juiqu’aux au- tres parties de l’empire, comme , par exemple, dans les Gaules , puifque l’on trouve plufeurs colonnes où le nombre gravé n’eft que d’un petit nombre de |. milles, quoiqu'elles foient à plus de cent lieues de Rome. | La colone milliaire d’Augufte étoit érigée dans te forum romanum , près du temple de Saturne. Elle ne fubffte plus aujourd’hui, 6 ce n’eft que par une vaine conjeéture qu'on fuppofe qu’elle étoit poiée à l'endroit où l’on voit maintenant l’églife de Sainte- Catherine de la confolation, dans le quartier deCam- pitoh, qui eft au milieu de Rome moderne. (D, J.) MILLIAR , {. m.( Gramm, Arithmeug, ) c’eft le nombre qui fuit les centaines de millions dans la nu- mération des chiffres. MILLIEME , adj. (Gramm, @ Arithmétig.) c’eft, dans un ordre de chofes qui fe comptent, celle qui occupe le rang qui fuit les centaines. MILLIER , {. m,( Gramm. Arichmétig. & Comm. ) c’eft le nombre ou le poids d’un mille ou de dix fois cent. Il fe dit dans le commerce des clous, des épin- gles , du fer, du foin, de la paille , des fagots , des fruits , des poids, &c. Cette cloche pefe douze zil- liers. MILLION , f. m. ( A4rithmérig. ) nombre qui vaut dix fois cent mille ou mille fois mille, Voyez ARITH- MÉTIQUE 6 CHIFFRE. MILO , ( Géog. anc. € mod.) par Strabon Min, & dans, Pline Milo ; ile de l’Archipel au nord de l'ile de Candie, qu'elle regarde, & au fud-ouefk MIL de l'ile de l’Argentiere , dont elle eft À 3 milles: Cette île, f parfaitement décrite par Tournefort, eft prefque ronde, & a environ 6o milles de tour ; elleeftbien cultivée, 8 fon port, qui eftun des meil: leurs & des plus grands de la Méditerranée , fert de retraite à tous les bätimens qui vont an Levant ou qui en reviennent: çar elle eft fituée à l’entrée de l'Archipel, que les anciens connoifloient fous le nom demer Egce. - Le Mio , comme dit Thucydide, quoique petite, fut très-confidérable dans le tems des beaux jours de la: Grece: elle fouifloit d’une entiere liberté 700 ans avant la fameufe guerre du Péloponnèfe, Les Athéniens y tenterent inutilement deux défcentes, ëz ce ne fut qu’à la troifieme qu'ils y firent ce maf- facre odieux dont parlent le même Thucydide, Dio- dore de Sicile & Strabon. :- Cette île tomba, comme toutes les autres de l’Ar- chipel , fous la domination desRomains , & enfuite fous celle des empereurs grecs. Marc Sanudo , pre- mier duc de l’Archipel , Joignit le Milo en 1207 au duché de Naxie ; mais Barberonfle , capitan bacha, la foumit , avec le duché de Naxie , à l’empire de Solimanli, Cette ile abonde en mines de fer, de foufre & d’alun ; il faut la regarder comme un laboratoire na- turel , où continuellement il fe prépare de l’efprit de fel, de l’alun, du foufre par le moyen de l’eau de la mer & du fer des roches. Tout cela eft mis en mouvement par des brañers que le fer & le foufre y excitent jour & nuit, Le rocher fpongieux & caverneux qui fert de fon- dement à cette ile, eft comme une efpece de poële quien échauffe doucement laterre,& lui fait produire les meilleurs vins , les meilleures figues & les melons les plus délicieux de lArchipel. La feve de cette terre eft admirable ; les champs ne s'y repofent ja- maïs. La premiere année on y feme du froment , la feconde de l'orge, & la troifieme on y cultive le co- ton, les légumes & les melons ; tout y vient pêle- meles ® n ” La campagne eft chargée de toutes fortes de biens & de gibier ; on y fait bonne chere à peu de frais: le printems y offre un tapis admirable, parfemé d’a- némones fimples de toutes couleurs,&dont la graine a produit les plus belles efpeces qui fe voient dans nos parterres. L'heureufe température du Milo & la bonté de fes paturages, contribuent beaucoup à lex- cellence des beftiaux qu’on y nourrit. On y voit en- core ces troupeaux de chevres dont les chevreaux ont été fi vantés par Julius Pollux. On ne leflive point le linge dans cette île , on le laifle tremper dans l’eau, puis on le favonne avec une terre blanche cimolée eu craie, que Diofcoride & Pline appellent la serre de Milo , parce que de leur tems la meilleure fe trouvoit dans cette île. Elle abonde en eaux chaudes minérales , en grot- tes & en cavernes , où l’on fent une chaleur dès qu’on y enfonce la tête. L’alun ordinaire & l’alun de plume fe trouvent dans des mines qui font à dée- _mi-lieue dela ville de Milo. . L’air de cette ile eft aflez mal-fain ; les eaux, fur- tout celles des bas-fonds , y font mauvaifes à boire, & les habitans y font fujets à des maladies dange- reufes. Les femmes s’y fardent avec le fuc d’une plante marine, alcyonium durum , dont elles fe frot- tent leurs joues pour les rougir ; maïs cette couleur _ pañfe promptement, & lufage de cette poudreronge gâte leur teint & détruit la furpeau. Il ny a que des grecs dans cette ile, excepté le juge ( cadi ) qui eft turc. Le vaivode eft ordinaire- ment un grec, qui exige la taille réelle & la capita- tion. Outre le vaivode, on élit tous les trois ans trois confuls qui s'appellent episropi, c’eft. à-dire adminif- MIM S19 trateurs, intendans, parce qu'ils ont l’ädminitration des rentes qui fe prennent fur la douane, les fälinés &t les pierres de moulin, Tout cela ne s’afférme ce- pendant qu'environ fix mille livres de notre: mon- noie. On prétend que l'ile a pris fon nom de #yl0s, qui fignifie en grec littéral un moulin, dugrand com» merce qu'on y faifoit de moulins à bras ; mais il y a plus d'apparence qu’elle a confervé fon ancien nom de Melos , dont on a fait Milo, & que Feflus dérive d’un capitaine phénicien appellé Melos, Pour ce qui eft du fel, on ne le vend pas dans cette île, car la mefure ordinaire, qui pefe 7o livres , fe donne pour 15 fols. | | Il y a deux évêques dans le Milo, l’un grec 8e l’autre latin ; le latin poffede en tout 300 livres de rente , &T n’a qu’un prêtre pour tout clergé. (D.J.) MiLO , ( Géogr. } ancienne ville de Grece, capi- tale de Pile de ce nom, fituée dans la partie orien= tale. Elle contient, dit-on, quatre à cinqgmille ames, eft aflez bien bâtie , mais d’une faleté infupportable, car les cochons y ont un appartement fous une arca: de de chaque maïfon , à rez-de-chauflée , dont l’ou- vérture donne toujours fur la rue, Les ordures qui s’y amaflent, les vapeurs des marais falans, & la difette des bones eaux, empoifonnent Pair de cette ville, Sa /ong. felon le P. Feuillée, eftà 42, 31/, 30": lat. 36. 41. MILSUNGEN ox MELSINGEN, ( Géog. ) petite villle & château de Allemagne dans la baffé-Heffe, fur la Folde , chef lieu d’un bailliage. : MILTENBERG, (Géog.) petite ville d'Allemagne dans l’éleétorat de Mayence , fur le Meyn, entre Aschaffenbourg & Freudenberg. Long. 26. 36. ar. 50: 2.(D.1J.) | MILTOS , f. m, (Æ:f. rat.) nom donné par les an- ciens naturaliftes à ce quenous appellons crayon rou- ge , rubrica , où à une efpece de terre ferrugineufe ou d'ochre , dont on fe fervoit dans la Peinture. Quel: ques-uns ont cru qu'ils fe fervoient aufñi de ce mot pour défigner le cinnabre. MILYAS, (Géog. anc.) petite contrée d’Afe entre la Pifidie & la Lycie, felon Strabon, 4v. XIII. qui ajoute qu’elle s’étendoit depuis la ville de T'ermefé & le paflage du Taurus, jufqu’aux territoires de Sa- galaflus & d’Apamée. Sa capitale portoit le même nom de Mylias, & fes habitans s’appelloïient Mi/yæ où Milyes, felon Etienne le géographe, Pline, Zyre LIT. chap. xxvij. dit qu'ils tiroient leur origine de Thrace. (D. J.) MIMAR AGAÀ, 1. m. ( 1. mod. ) officier de po- lice chez les Turcs. C’eft l’infpetteur des bâtimens publics, ou ce que nous appellerions en France grand voyer. Son principal emploi confifte à avoir l'œil {ur tous les bâtimens nouveaux qu’on éleve à Conftan- tinople & dans les faubourgs , & à empêcher qu’on ne les porte à une hauteur contraire aux reglemens, car la maïfon d’un chrétien n’y peut avoir plus de treize verges d’élévation , ni celle d’un turc plus de quinze ; mais les malverfations du mar aga fur cet article , auffi bien que fur la conftruétion des églifes des chrétiens, font d’autant plus fréq#lentes, qu’elles lui produifent un gros revenu. Il y a auffi une ef- pece de jurifdiétion fur les maçons du commun, ap pellés calfas ou chalifes. Il a droit de les punir ou de les mettre à l’amendé , fi en bâtiffant ils anticipent fur la rue, s’ils font un angle de travers, ou s’ils ne donnent pas aflez de corps & de profondeur à leurs murailles, quand même le propriétaire ne s’en plain droit pas. Cette place eft à la difpofition & nomina- tion du grand-vifir. Guer. Meurs des Turcs , tom. IL. MIMAS , (Géog. anc. ) promontoire de l’Afie pro. pre, oppofé à l'ile de Chio, Niger appelle Capo ft 520 MIM d'art , & onle nomme aujourd’hui le cap Blanc, Il ne faut pas confondre le promontoire Mimas avecMimas,haute & vafte montagne d’Afe dans l’Io- nie. La carte de la Grece méridionale par M. de Lifle, marque cette montagne comme une longue chaîne qui traverfe la plus grande partie de la Mœo- nie ,touté l’Ionie , & aboutit au cap Mimas. (D, J.) MI-MAT , (Marine. ) voyez HUNIERS. . MIMBOUHÉ , f.m. (Hiff. nat, Botan, ) arbre de l'ile de Madagafcar dont on ne nous apprend rien, finon que fa feuille eft très-aromatique, &c eft un très-bon cordial. MIME , f. m,(Gramm. Listér. ) aêteur qui jouoit dans les pieces dramatiques de ce nom. Foyez l’ar- ticle fuivant. | Mimes, {. m.pl. ( Poëfie. ) en grec jumcoi, en latin mimi ; c’eft un nom commun à une certaine efpece de poéfie dramatique , aux auteurs qui la compo- foient, & aux aéteurs qui la jouoient. Ce nom vient du grec puusioleu, imiter ; ce n’eft pas à dire que les mimes foient les feules pieces quirepréfentent les ac- tions des hommes , mais parce qu’elles les imitent d’une maniere plus détaillée & plus expreffe. Plu- tarque , Sympof. liv. VIT. probl. #8. diflingue deux fortes de pieces miniques ; les unes étoient appel- lées urobéouo : le fujet en étoit honnête , aufli-bien que la maniere, & elles approchoient aflez de la comédie. On nommoit les autres rayure; les bouffon- neries & les obfcénités en faifoient le caractere. Sophron de Syracufe , qui vivoit du tems de Xer- xès, pañle pour l'inventeur des mimes décentes & femées de leçons de morale. Platon prenoit beaucoup de plaïfir à lire les mimes de cet auteur; mais à peine le théâtre grec fut formé , que l’on ne fongea plus u'à divertir le peuple par des farces, 8 par des adteurs qui en les jouant repréfentoient , pour ainfi dire, le vice à découvert. C’eft par ce moyen qu'on rendit les intermedes des pieces de théâtre agréables au peuple grec. Les mimes plurent également aux Romains , & _formoient la quatrieme efpece de leurs comédies ; _ les aûteurs s’y diflinguoient par une imitation licen- tieufe des mœurs dutems, comme on le voit par ce vers d'Ovide. Scribere fi fas efl imitantes turpia. mimos. Ils y jouoient fans chauflure, ce qui faifoit quel- quefois nommer cette comédie déchauÎfée au lieu que dans les trois autres les aëteurs portoient pour chauflure le brodequin , comme le tragique fe fervoit du cothurne. Ils avoient la tête rafée , ainfi que nos bouffons l’ont dans les pieces comiques ; leur habit étoit de morceaux de différentes couleurs , comme celui de nos arlequins. On appelloit cet habit pazri- culus centumculus. Ils paroïfloient aufli quelquefois fous des habits magnifiques &c des robes de pourpre, mais c’étoit pour mieux faire rire le peuple , par le contrafte d’une robe de fénateur, avec la tête rafée & les foudiers plats. C’eft ainfi qu’arlequin fur notre théâtre revêt quelquefois Phabit d’un gentilhomme. Ils joignoient à cet ajuftement la licence des paroles & toutes fortes de poftures ridicules. Enfin, on ne peut leur reprocher aucune négligence fur tout ce qui pouvoit tendre à amufer la populace. .” Leur jeu pafla jufque dans les funérailles, &c celui qui s’en acquittoit fut appellé archimime, Il devan- çoit le cercueil, & peignoit par fes geftes les aétions & les mœurs du défunt : les vices &c les vertus, tout étoit donné en fpeétacle. Le penchant que les rimes avoient à la raillerie, leur faifoit même plütôt ré vé- ler dans cette cérémonie funebre ce qui m’étoit pas honorable aux morts, qu'il ne les portoit à peindre ge qui pouvoit être à leur gloire. Les applaudiflemens qu'on donnoit aux pieces de Plante & de Térence , n’empêchoient point les hors nètes gens de voir avec plaifir les farces miriques, quand elles étoient femées de traits d’efprit & repré- fentées avec décence. Les poëres zzmographes des Eatins qui fe diftinguerent en ce genre, font Cneus Matuus, Decimus Laberius, Publius Syrus fous Ju= les-Céfar ; Philiftion fous Augufte ; SilonfousTiberes Virgilius Romanus fous Trajan; &Marcus Marcellus fous Antonin. Mais les deux plus célebres entre ceux que nous venons de nommer , furent Decimus La= berius , & Publius Syrus. Le premier plut tellement à Jules- Céfar, qu'il en obtint le rang de chevalier romain , & le droit de porter des anneaux d’or. -Il avoit l’art de faifr à merveille tous les ridicules, & fe faifoit redouter par ce talent. C’eft pourquoi Ci- ceron écrivant à Trébatius qui étoit en Angleterre avec Célar, lui dit: Si vous étes plus long-tems abfèns fans rien faire, Je crains pour vous les mimes de Labe- rius, Cependant Publius Syrus lui enleva les applau- difflemens de la fcène , & le fit retirer à Pouzol , où ilfe coniola de fa diforace par l’inconftance des cho- _ fes humaines, dont il fitune leçon à fon compétiteur dans ce beau vers : Cecidi ego : cadet qui Jequitur ; laus eff publica. Il nous refte de Publius Syrus des fentences fi graves & fi judicieufes, qu'on auroit peine à croire qu'elles ont été extraites des w2mes qu’il donna fur la fcène : on les prendroit pour des maximes mou- lées fur le foc & même fur le cothurne, ( D. J.) MIMESIS , f. f. (Gramm.) figure de rhétorique, par laquelle on imite par quelque defcription la f- gure , les geftes, les difcouts, les aétions d’une per- {onne, Voyez MiMEe 6 PANTOMIME. MIMOLOGIE , f. f. ( Gramm. ) imitation de la voix, de la prononciation & du gefte d’un autre; de mimologie , on a fait rimologue, MIMOS , f.m. (Æiff, mod.) lorfque le roi de Loan- go en Afrique eft aflis fur fon trône , 1l eft entouré d’un grand nombre de nains , remarquables par leur difformité , qui font aflez communs dans fes états. [ls n’ont que la moitié de la taille d’un homme ordi- naire , leur têre eft fort large, & ils ne font vêtus que de peaux d'animaux, On les nomme mimos ow bakke-bakke ; leur fonétion ordinaire eft d’aller tuer des éléphans qui font fort communs dans leur pays, on dit qu'ils font fort adroits à cet exercice. Lor{- qu’ils font auprès de la perfonne du roi , on les entre- mêle avec des négres blancs pour faire un contrafte,, ce qui fait un fpeétacle très-bifarre , & dont la fin- gularité eft augmentée par les contorfons & la figure: des nains* MIMOSE , (Boran.) voyez SENSITIVE. MINA, ( Géog. anc. ) ville de la Mauritanie céfa- rienne dans les terres , vers la fource d’une riviere de même nom. Elle devint épifcopale , car dans la notice épilcopale d'Afrique , n°, 49, Cæcilius eft qualifié Æpifcopus Minnenfis. Sa riviere eft aflez orande, tire fa fource des montagnes du grand At- las , & fe jette dans la Méditerranée. Les Maures nomment aujourd’hui cette riviere Céra. MINÆGARA , ( Géog. anc. ) ville de l’Inde en- deçà du Gange, Ptolomée, 2. WI. c. 1j. la place dans l’Inde Scythe, à l’occident du fleuve Naradus, entre Ozène & Tiatura. ( D. 7) | MINAGE , {. m. (Jurifprud.) eft un droit que le feigneur perçoit dans les marchés fur chaque mine “de grain pour le mefurage qui en eft fait par fes pré- polés. Voyez les ordonnances du duc de Bouillon, en plufeurs lieux ce droit eft réuni au domaine du roi. | Quelquefois mirage eft pris pour redevance en erain ; tenir 4 nage , c’eit tenir à ferme une terre à la charge de rendre tant de mines de blé par an. Poyez MIN Foyez le gloff. de M. de Lauriere au rhôot MINAGE. MINARET , f. m. ( Æ1/. mod.) tour ou clocher des mofquées chez les Mahométans. Ces tours ont 3 Ou 4 toiles de diametre dans leur bafe ; elles font à plufieurs étages avec des balcons en faillie, font couvertes de plomb avec une aiguille furmontée d’uncroifflant. Avant l’heure de la priere, les muez- nis ou crieurs des mofquées montent dans ces m1714- res, & de deffus les balcons appellent le peuple à la priere en fe tournant vers les quatre parties du mon- de , & finffant leur invitation par ces paroles : Ve- nez , peuples , à la place de tranquillité & d’intégrité ; venez à l’afyle du falur. Ce fignal , qu'ils nomment ezan, e répete cinq fois le jour pour les prieres qui demandent la préfence du peuple dans les mofquées, & le vendredi on ajoute un fixieme ezan. Il y a plu- leurs rrérarets | bâtis & ornés avec la derniere ma- : gnificence. Guer. Mœurs des Turcs , tome I, MINCE, adj. (Gramm.) épithete, par laquelle on défigne un corps qui a très-peu d’éparfleur relative- ment à {a furface. Ainfi le taffetas eft une étoffe fort mince. [| y a des gens d’un mérite aflez mince , à qui l’on a accordé des places très-importantes, foit dans la robe , foit dans léglife , foit dans le gouverne- ment, foit dans le nulitaire. MINCIO , Le, Mincius, (Géog.) riviere d'Italie, qui forme le marais de Mantoue ; elle eft illuftrée par Virgile, quand il dit, en parlant de cette ville : Tardis ingens ubi flexibus errat Mincius, G ceneré pratexit arundine ripas. Georg, Z, III, v. 14. MINDANAO , ( Géogr. ) grande île des Indes orientales , lune des Philippines la plus méridio- nale & la plus grande après Manille. Sa figure eft triangulaire : elle a environ 250 lieues de tour. On y compte plufñeurs rivieres navigables, dont les plus fameufes font Bukayen & Butuan. La plûpart des habitans font idolâtres , & les autres mahométans. Dampier a peint leur figure ; il dit qu'ils ont la taille médiocre , les membres petits, le corps droit , la tête menue , le vifage ovale, le front applati , les yeux noirs & peu fendus, le nez court , la bouche aflez grande , les levres petites & rouges, le teint tanné, les cheveux noirs & lifles. Mais il y a dans cette ile quelques peuples noirs , comme les Ethio- piens ; ils font fauvages, & vont tout nuds. La ville de Mindanao eft la capitale de tout le pays ; elle eft fituée fur la côte occidentale. Sa /ozg, felon M. de Lifle , eft 144. Zarit, 7. (D. J.) MINDELHEIM , ( Géog. ) ville d'Allemagne au cercle de Suabe dans l’Alsow, fur la riviere de Min- del..C’eft la capitale d’un petit état entre l’Iller & le Lech , qui appartient à la maïfon de Baviere. L'empereur , après la bataille d’Hoheftedt , créa Marlborough prince de l'empire, en érigeant en fa faveur Mindelheim en principauté, qui fut depuis changée contre une autre. Mais Marlborough n’a Jamais été connu fous de pareils titres, fon nom tant devenu le plus beau qu'il püt porter. Long. 28.15. latit, 48. 5. : MINDEN , ( Géog.) ville d'Allemagne au cercle de Weftphalie, capitale de la province de même mom. fur le Wéfer , avec un ‘pont qui fait un grand _pañage ; &c la rend commerçante. Elle appartient à Péleéteur de Brandebourg , qui en a fécularifé l’éyé- ché. Elle eft dans une fituation avantageufe, à 1x NE. de Paderborn. Long: 26, 40. lat. 52,23. : .: MINDORA , ( Géogr. ) île de la mer des Indes, une des Philippines, à 18 lieues de Luçon. Elle a 20 Leues de tour, & une petite ville. nommée Baco. _ Œlle eftremplie de montagnes qui abondent en pal- | Tome X, | leues,S.E, d'Ofnabruck, 15 O. de Hannover, 15. MIN 21 miers. Les habitans font tous idolâtres , & payent tribut aux Efpagnols à qui l’île appartient. Long. 135. latir.13. ( D. J.) MINE, LE (Æift, nat, Minéralog. ) en latin mi- néra , gleba metallica. Dans l’'hiftoire naturelle du regne , on appelle 17e toute fubftance terreufe ou pierreufe qui contient du métal ; c’eft ainfi qu’on ap pelle zine d’or toute pierre dans laquelle on trouve ce métal. Mais dans un fens moins étendu, ondonne le nom de mire à tout métal qui fe trouve minéra- lifé, c’eft-à-dire combiné avec le foufre on avec l’arfenic, ou avec l’un & l’autre à la fois ; combinai. fon qui lui fait perdre fa forme , fon éclat & fes pro priètés. Voyez MINÉRALISATION. C’eft dans cet état que les métaux fe tronvent le plus ordinairement dans les filons ou veines métal- liques , alors on dit que ces métaux font minéralifés | ou dans l’état de zrine ; au lieu que quand un métaf fe trouve dans le fein de la terre fous la forme qui lui eft propre , on le nomme zétal natif où métal Vierge. Il y a'fouvent plufeurs métaux qui font mêlés & confondus dans une même mire, c’eft ainfi qu’on trouve rarement des 765 de cuivre qui ne contien- nent en même tems une portion de fer ; toutes les mines de plomb contiennent plus où moins d'argent. Voilà précifément ce qui caufe la dificuité de re connoître les zzines au fimple coup-d’œil , il faut pour cela des yeux fort accoutumés , quelquefois on eft obligé même de recourir au microfcope , & fouvent encore c’eft fans fuccès , & l’on eft forcé de faire l’eflai de la ire, quand on veut être affüré de ce qu'elle contient. Ces effais doivent fe faire : avec beaucoup de précaution , vû que le feu peut fouvent volatilifer 8z difiper plufieurs des fubftances contenues dans une 17e, & par-là l’on ne trouve plus des métaux qui y étoient auparavant très-réel- lement renfermés. Cela vient de ce qu’en donnant un feu trop violent, non-feulement le foufre & l’ar- fenic fe dégagent & fe diffipent , mais encore ils en- traînent avec eux les parties métalliques ,. qui font dans un état de divifion extrème dans les rires. Dans les dénomination que l’on donne aux difé: rentes nes , on doit toujours confulter le métal qui y domine ; quelque naturelle que foit cette obfer- vation, elle a été fouvent négligée par la plüpart des Minéralogiftes ; dans les noms qu’ils ont donnés à leurs mines, fouvent ils fe font réglés plutôt fur le prix que la convention a fait attacher à un métal QUE s’y trouvoit accidentellement & en petite quantité, que fur le métal qui y étoit le pluslabondant ; c’eft ainfi que nous voyons fouvent qu’ils donnent le. nom des mines d'argent à de vrais z%es de plomb, dont le quintal fournit tout-au-plus quelques onces d'argent contre une très-grande quantité de plomb ; c’eft avec grande raïfon que M. Rouelle reproche cette faute à la plüpart des auteurs ; ce favant chi- mifte obferve très-judicieufement que, pour parler avec l’exa@itude convenable dans l’hiftoire natu= telle , une 7 de cette efpece devroit être appellée mine de plomb contenant de l'argent, & non mine d’ar. gent. La même obfervation peut s'appliquer à un grand nombre d’autres nes qui ont été nommées avec aufh peu d'exaétitude, & l’on fent que ces dé. nominations font très-capables d’induire en erreur les Naturaliftes, qui doivent plutôt s’arrêter à la na- ture qu’à. la valeur des métaux contenus dans-une TII1T1ES C’eft dans les profondeurs de la terre que la na= ture s'occupe de la formation des wines ; & quoique cette opération foit une de celles qu’elle cache le plus foigneufement à nos regards ; les Naturaliftes n'ont pas laïflé de faire des efforts pour tâcher de furprendre quelques-uns defes fecrets. Quelques au= ia Lo Vvy 522 MIN teurs , parmi lefquels fe trouve fe célebre Stahl, croient que les métaux & les 775 qui {ont dans les filons, ont été créés dès les commencemens du monde ; d’autres au contraire croient avec plus de raifon que La nature forme encore journellement des métaux, ce qielle fait en uniflant enfemble les par- ties élémentaires, où les principes qui doivent entrer dans leurs différentes combinaifons, c’eft -à - dire les trois terres que Beccher a nommées éerre vitref- cible, terre ondueufe & terre mercurielle, dont, fuivant ‘Jui, tons les métaux font compofés. Voyez l'arricle MéÉTAUXx. Quoi qu'il en foit, on ne peut douter qu'il ne fe forme joufnellement des mines nouvelles, 1oit que les méraux exiftent depuis l’origine du monde, foit qu’eux-mêmes foient d’une formation récente & journaliere. | Les deux grands agens, dont la nature fe fert pour 1à formation des suines . {ont la chaleur & l’eau. En effet , fans adopter les idées chimériques d’un feu placé au centre de notre globe , 1l ef conftant , d’a- près Les obfervations des Minéralogiftes , qu'ilregne toujours un air chaud dans les lieux profonds de la térre , tels que font les fouterreins des unes ; cette chaleur eft quelquefois fi forte que pour peu qu'on : s'arrête dans quelques-uns de ces fouterreins , on eft entierement trempé de fueur ; par-là les eaux fa- lines , qui fe trouvent dans la terre, font mies en état d'agir fur les molécules méralliques & minéra- lés ; elles font peu-à peu divifées, atténuées , mites en diflolurion & en digeftion : lorfque ces particules {ont affez divifées, la chaleur de la terre en redui- {ant les eaux en vapeurs, fait qu’elles s’élevent & entraînent avec elles les parties métalliques , telle- ment atténuées qu’elles peuvent demeurer quelque tèms fufpendues dans l'air avec les vapeurs qui les entraînent ; alors elles voltigent dans les cavités de la terre, dans fes fentes & dans les efpaces vuides des filons ; les différentes molécules fe mêlent, fe confondent , fe combinent ; & lorlque par leur ag: grégation & leur combinaifon elles font devenues des mafles trop pefantes pour demeurer plus long- tems fufpendues en l'air , elles tombent par leur propre poids, fe dépofent fur les terres ou Les roches qu'elles rencontrent ; elles s’atiachent à leurs fur- faces, où bien elles les pénetrent ; les molécules s'entaffent peu-à peu lés ünes fur les autres : lorf- qu'il s’en eft amañlé une quantité fufifante, ieur ag- grégation devient {enfible ; alors files molécules qui fe font dépofées , ont été purement métalliques fans s'être combinéesavec des molécules étrangeres, elles forimeroht des métaux purs , où cé qu'on appelle des méraux vierges où natifs ; mais fi ces molécules mctalliques , lorfqu'elles voltigeoient en l’air, ont rencontré dés molécules d’autres métaux, ou de fou- fie où d’atfenic, qui ont été élevées par la chaleur fourerreine en mêmé tems qu’elles, alors ces molé- cules métalliques fe combineront avec ces fubitan- ces ou avec des molécules d’autres métaux , pour- lors il fe formerà des zires de différentes efpeces, fuivant la nature & les proportions des molécules étrangeres qui fe feront combinées. Telle eft l'idée due l’on peut fe faire de la formation des z1xes. À l'égard des pierres ou roches fur lefquelles ces com- binaïifons s’attachent ou dépofent, elles fe font appel- Îées minieres. Voyez MINIERE, MINÉRALISATION € EXHALAISONS MINÉRALES. * Ainfi, quelle que foit l’origine primitive des mé- taux, foit qu'ils exiftent depuis la création du mon- de, foit que par la réunion de leurs parties élémen- faires ils fe forment encore tous les jours, l’expé- tience nous prouve qu'il fe fait de nouvelles zines, En éffet, nous voyons que la nature, dans linté- rieur dé la terre ainfi qu'à fa furface, eft perpétuel- lement en ation; quoique nous ne foyons pas en état de la fuivre pas-à-pas, plufieurs circonftances nous convainquent qu’elle recompote d’un côté ce qu’elle a décompofé d’un autre. Nous voyons que tous les métaux imparfaits fouffrent de lalrération & fe décompolent , {oit à l'air, foit dans les eaux ; l’un & l’autre de ces agens fe trouvent dans le fein de la terre; ils font encore aidés par la chaleur ; les eaux chargées de parties falines agiflent plus pui£ . famment {ur les fubftances métalliques & les diffol- vent ; ce qui a été altére, diflour & décompofé dans un endroit, va fe reproduire & fe recompofer das un autre, Ou bien va former ailleurs de nouvelles combinaifons toutes différentes des premieres : cela fe fait parce que les molécules qui formoient la pre- miere combinaiton ouune, font élevées & tranipor- tées par les exhalaifons minérales , où même cette tranflation fe fait plus groffierement par les eaux, qui après s'être chargées de particules métailiques les charrient en d’autres lieux où elles les dépofent. Nous avons des preuves indubitables de ces repro- duétions de mznes. On trouve dans la terre des corps entierement étrangers au regne minéral, tels que du bois, des coquilles, des offemens, &c. qui y ont été enfouis par des révolutions générales, ou par des accidens particuliers, & qui s’y font changés en de vraies mures. C’eft ainf qu'à Orbiflau en Bohème, on trouve du bois changé en 7zine de fer ; en Bour- gogne on trouve dés coquilles qui font devenues des mines que l’on traite avec fuccès dans les forges & dont on tire de rres-bon fer, & les ouvrages de minéralogie font remplis d'exemples de la reprodu- étion de mines de fer, & d’autres métaux. C’eft ainfi que nous voyons que dans des fouterreins de rznes abandonnées, & où depuis plufieurs fiecles les tra- vaux Ont Ceilé, quand on vient à y travailler de nouveau, on retrouve aflez iouvent de nouvelles mines qui {e font reproduites fur les parois des ro- chers des galeries. En Allemagne on a trouvé une incruftation de z2ne, qui s’étoit formée iur un mor ceau de bois provenu d’une échelle; elle contenoit huit marcs d'argent au quintal. M, Cronftedt, de l’académie royale de Suede, a trouvé dans Les 7714 nes de Kungsberg en Norvege, une eau qui décou- loit par une fente d’une roche, & qui avoit formé un enduit ou une pellicule d'argent fur cette roche, Voyez les Œuvres phyfiquis & minéralogiques de M, Lehman, rom. 1. pag. 380. mff. ainfique le som. 114 du mème ouvrage. fous ces faits prouvent d’une maniere inconteftable que les zz7es {ont fujettes à des altérations & à des tranflations continuelles 3 c’eft auffi pour cette raifon que l’on rencontre aflez fréquemment des endroits dans les filons qui font entierement vuides , & ou l’on ne trouve plus que les débris des mines qui y étoient autrefois conte nues ; ce qui donne lieu à l’expreffion des Mineurs, qui difent alors qu’ils font arrivés trop tard, Voyez FILONS. Nous avons lieu de croire que la nature opere très - lentement la formation des rines ; mais elle n’agit point en cela d’une maniere conftante & uni- forme. Les produétions qu’elle fait de cette maniere doivent être variées à l'infini, en raifon de la na- ture des molécules qu’elle combine, de leur quans tité, de leurs différentes proportions , & du tems & des voies qu’elle emploie , des différens degrés d’at- ténuation &c de divifñion des fubftances, 6:c. de -1à cette grande multitude de corps que nous préfente le regne minéral, & cette différence prodigieufe dans le coup-d’œil que nousoffrentles 712es.En effet les mines varient pour le tiflu , pour la couleur, pour la forme, & pour les accidens ; il y en a quel- ques-unes qui font d’une figure indéterminée, tandis que d’autres ont une figure réguliere, femblable à celle des cryflaux; quelques-unes font opaques:, MIN d’autres ont un peu de tranfparence. On ne s’arrête- ra point ici à décrire ces fortes de variétés, d'autant plus que lon trouvera aux arucles de chaque métal & denu - métal l'afpeét que préfentent leurs res. On peut dire en général que les métaux dans l'état de rzine , ont un coup - d’osil tout différent de celui qu'ils ont lorfqu'ils font purs. | Ce font les filons &t les fentes de la terre qui font les attéliers dans lefquels la nature s'occupe le plus ordinairement de la formation des rires; comme à l’article FiLONS on a fufifamment expliqué leur na- ture, leurs propriétés, nous ne répéterons point ici ce que nous en avons déjà dit, Voyez FILONS ou VEINES MÉTALLIQUES. Nous nous contenterons feulement d’obferver ici que fuivant la remarque de M. Rouelle , conftatée par les obfervations que M. Lehmann a publiées dans fon Traité de la formation des couches de La terre, les mines en filons ne fe trou- vent que dans les montagnes primitives, C’eft-à-dire dans celles qui paroïflent aufli anciennes que le monde, & qui n’ont point été produites par les inon- dations, par le féjour de la mer, par le déluge uni- verfel, ou par d’autres révolutions arrivées à notre globe. Foyez MONTAGNES. | Les mines ne fe trouvent point toujours par flons fuivis; fouvent on les rencontre dans le fein des montagnes par mafles détachées, & formant comme des tas féparés, dans des pierres dont les creux en font remplis; ces fortes de mines s'appellent zires en marons ou rnines en roignons. M. Rouelle les nom- me wineræ ridulantes. Voyez; MARONS. D'autres zines fe trouvent quelquefois par frag- mens détachés dans les couches de la terre , ou même à fa furface; ce font ces fortes de res que les Anglois nomment shoads ; il eft très-vifble qu’elles n’ont point été formées par la nature dans les en- droits où on les trouve aétuellement placées, elles y ont été tran{portées par les eaux qui ont arraché ces fragmens des filons placés dans les montagnes primitives, & qui après avoir été roulées comme les galets, les ont portées & raflemblées dans les couches de la terre, qui ont elles-mêmes été pro- duites par des inondations. Ces ines par fragmens peuvent quelquefois conduire aux filons dont elles Ont été arrachées : nous ayons dit à l’ersicle ÉTAIN, que cela fe pratiquoit fur-tout en Cornouaille pour retrouver les filons des r2i1es d’étain; ces shoads ou fragmens font roulés & arrondis; outre la 7e on y trouve encore des fragmens de la roche ou mi- mere, à laquelle la z22e tenoit dans le filon. Il y a lieu de croire que c’eft ainfi que fe font formées toutes les rires répandues en particules déliées que Von trouve dans des couches de terre & de fable dont on les retire par le lavage; ce font ces mines que les Allemands nomment Jerfenwerck ou rnines de lavage, Cela peut encore nous faire comprendre comment il fe fait que l’on trouve dans le lit d’un très-grand nombre de rivieres, des particules métal- liques, & fur-tout du fable ferrugineux mêlé de petites particules ou de paillettes d’or. Il y a lieu de conjeéturer que ces particules ont été détachées des montagnes où1il y a des filons, par les rivieres mêmes ou par les torrens qui s’y déchargent. Enfin il y a encore un état dans lequel on trouve les zines de quelques métaux, ce font celles qui ont été formées par tranfport, telles font les ochres, les mines de fer limoneufes , la calamine, quelques mines de cuivre : fuivant M. Rouelle, ces fortes de mines ne doivent leur formation qu’à des vitriols qui ont été difouts & entrainés par les eaux, & qui étant enfuite venus à fe décompofer, ont dépofé la terre métallique que ces vitriols contenoient, qui par-là a formé des bancs ou des lits. Ce favant chimifte obferve avec raifon qu’il n’y a que le fer, Tome X, # MIN 3 le cuivre &c le zinc qui foient fufceptibles de fe vis triohfer, d’où il conclut qu'il n’y a que ces trois fub: fances métalliques que l’on puifle rencontrer dans cet état dans les couches de la terre. Il eff certain que plufieurs #ines de fer que l’on traite avec beau: coup de fuccès fe trouvent dans cet état, c’eft celui _de la plüpart des mères de fer de France, & la mine de fer que les Suédois & les Allemands appellent minera ferré paluflris, où mine marécageufe & limo- neufe, paroït être de cette nature, La calamine, qui eft une ochre chargée de zinc, paroît aufi avoir été formée par la décompoñtion du vitriol blanc. L'ardoife où la pierre fchifteufe, qui eft devenue une mine de cuivre, telle que celle-que l’on rencon- tre en quelques endroits d'Allemagne, doit ce métal à la décompoñtion d’un vitriol cuivreux. (— MINES, fodinæ metallicæ, où metalli fodine , (Hi rat. Minéral, arts.) on nomme ainfi les endroits pro: fonds de la terre, d’où l’on tire les métaux, les de mi-metaux, & les autres fubftances minérales qui fervent aux ufages de la vie, tellés que le charbon de terre, le fel gemme, l’alun, &c. … La nature, non contente des merveilles qu’elle opere à la furface de la terre & au-deflus de’ nos têtes, a encore voulu nous amaflér des tréfors fous nos piés. Le prix que les hommes ont attaché aux métaux, Joint aux befoins qu'ils en ont, leur ont fait imaginer toutes fortes de moyens pour fe les procurer. En vain la Providence avoit - elle caché des richeflés dans les profondeurs de la terre; en vain les a-t-elle enveloppées dans les rochers les plus durs &z les plus inacceflibles, le defir de les pofiéder à fu vaincre ces obftacles, & ce motif a été aflez puiffant pour entreprendre des travaux très - pémbles maloré lincertitude du fuccès. Îtum eff in vifcera terre, Quafque recondiderat fly giifque admoverar umbris > Effodiuntur opes , trritamenta malorum. On a vû dans Particle MINE, minera ; qui précede, que les métaux ne fe préfentent que rarement fous la forme qui leur eft propre ; ils font le plus commu nément minéralifés, c’eft-à-dire mafqués, & pour ainf dire rendus méconnoïffables par les fubftances avec lefquelles ils font combinés ; voyez MINÉRALI- SATION. Il faut donc de l'expérience & des yeux accoütumés pour diftinguer les fubftances qui con- tiennent des métaux; en effet, ce ne font point cel- les qui ont le plus d’éclat qui fent les plus riches , ce font fouvent des mafles informes qui renferment les métaux les plus précieux, d’où l’on voir que les travaux pour l'exploitation des #i7es fuppofent des connoïffances préliminaires qui doivent être très étendues, puifqu’elles ont-pour objet toutes les fub- ftances que la terre renferme dans fon fein. Voyez MINÉRALOGIE. Parmi ces connoiffances , une des plus importantes eft celle de la nature des terreins où l’on peut ouvrir des mines avec quelque appa= rence de fuccès. C’eft ordinairement dans les pays de montagnes & non dans les pays unis, qu’il faut chercher des mines, Les Minéralogiftes ont obfervé que les hautes montagnes, qui s'élevent brufquémenr & qui font . compofées d’un roc très-dur, ne font point lés plus propres pour lexploitation des rires ; lorfque par hafard on a rencontré un filon métallique dans une montagne de cette nature, on a beaucoup dé peine à le fuivre, & fouvent il n’eft pas d’une grande étens due. D’un autre côté, les terreins bas font trOp ex= pofés aux eaux , dont on a beaucoup de peine à les débarrafer. On donne donc la préférence, quand on le peut , aux montagnes ou aux terreins qui s’é- levent en pente douce, & quiretombentdela même V v vi 324 MIN maniere ; le travail y devient plus facile , & peut êtte plus long-tems continué. | | Mais la découverte d’un terrein commode ne fuf- fit point ; 1l faut que les efpérances foient fortifiées par d’autres cærconfiances & par un grand nombre d'indications, Avant que de fonger à établir des 77- res dans un pays, il faut s’aflurer fi le terrein contient des filons ou des veines métalliques; les perfonnes verfées dans la Minéralogie, ont obfervé que plu- fieurs fignes pouvoient concourir à annoncer leur préfence. L D'abord les endroits des montagnesoù ilne vient que très-peu d'herbe, où les plantes ne croiflent que foiblement, où elles jaumiflent promptement, où les arbres font tortueux & demeurent petits, fem- blent annoncer des filons. On obferve pareillement les terreins où l'humidité des pluies, des rofées dif paroït promptement, &c où les neiges fondent avec le plus de célérité. On peut s’aflurer par la vûe & par l’odorat des endroits d’où1l part des exhalaifons minérales , fulphureufes & arfénicales ; tous ces fi- gnes extérieurs, quoique fouvent trompeurs, com- mencent déjà à faire naître des efpérances. On con- fidere enfuite la couleur des terres, celles qui font métalliques font ailées à diflinguer ; quelquefois el- les font chargées de fragmens de mines, qui ont été détachés par les torrens des filons du voifinage. Les fables des rivieres des environs doivent encore être examinés ; fouvent ils contiennent des parties miné- rales & métalliques, qui ont été entrainées par les ruiffeaux & par les torrens. On peut regarder au fond des ravins , pour voir quelle eft la nature des pier- res & des fubftances que les fontes des neiges &c les pluies d'orage arrachent & entraînent. Il eft encore important d'examiner la nature des eaux qui fortent des montagnes, pour voir fi elles font chargées de fels vitrioliques ; & l’on confidérera leur odeur , les dépôts qu’elles font. Quoique tous ces fignes foient équivoques , lorfqu'ils fe réuniffent, ils ne laïffent point de donner beaucoup de probabilité qu’un ter- rein renferme des ruines. | Nous ne parlerons point ici de la baguette divina- toire, dont on a la foiblefle de fe fervir encore dans quelques pays pour découvrir les rires ; c’eft un ufa- ge fuperfütieux, dont la faine phyfique a défabufé depuis long-tems. Voyez BAGUETTE DIVINATOIRE. On pourra fe fervir avec beaucoup plus de certi- tude & de fuccès, d’un inftrument au moyen duquel dans de certains pays on peut percer les roches & les terres à une grande profondeur ; c’eft ce qu’on appelle /a fonde des mines, Voyez SONDE. Onen verra la figure dans les Planches de Minéralogie, quire- préfentent le travail des rz7es de charbon de terre. Mais £ l’on veut établir le travail des nes dans un pays où l’on fait par tradition, & par les monu- mens hiftoriques ; qu’il y en a déjà eu anciennement, on pourra opérer avec plus de fureté ; fur-tout fi l’on découvre des débris, des fcories & des rebuts d’an- ciens travaux: alors on faura plus certainement à quoi s’en tenir, que fi on alloit nconfiderément ou- vrir deszrizes dans un canton qui n’a point encore été fouillé. | Quelquefois les mines fe montrent même à la furface de la terre, parce que leurs filons étant peu profonds, ont été dépouillés par les eaux du ciel qui ont entrainé les terres ou les pierres qui les cou- vrolent ; ou parce que les tremblemens de la terre, les affaiflemens des montagnes & d’autres accidens, les ont rompus & mis à nud. Il faudra encore faire attention à la nature de la roche & des pierres dont font compofées les monta- gnes où l’on veut établir fes travaux. Une roche bri- fée & non fuivie rendroit le travail couteux 6 in commode, par les précautions qu'il faudroit pren“ dre pour la foutenir & pour l'empêcher .d’écrour ler ; Joignez à cela que les roches de cette nature fourniflant des paflages continuels aux eaux du ciel, détruifent peu-à - peu les filons de #ixes qui peu- vent y être contenus. » On confidérera auffi la nature des pierres & des fubftances qui accompagnent les mines & les filons. Les Minéralogiftes ont trouvé que rien n’annonçoit plus fñrement un minerai d’une bonne qualité, que la préfence de la pierre appellée quartz ; qu'un fpath tendre , {a blende, quand elle n’eft point trop ferru- gineufe , une terre fine, tendre & onftueufe , que les Allemans nomment 2e/leg , ainfi que les terres métai- liques & atténuées qui rempliflent quelquefois les fentes des rochers, & que Pon connoîït fous lé nom de guhrs. C’eft dans les filons, c’eft-à-dire dans ces veines Ou canaux qui traverfent les montagnes en différens fens, que la nature a dépofé les richefles du regne minéral. Nous avons fuffifamment expliqué leurs va- riétés , leurs dimenfions, leurs direétions, leurs in- clinaifons &c les autres circonftances qui les accom- pagnent, à l’article FILONS, auquel nous renvoyons le lecteur. Ona auffi développé dans Particle MINE (rminera) , les idées les plus probables fur leur forma- tion ; nous ne répéterons donc pas ici ce qui a été dit à ce fujet, nous nous contenterons de faire ob- ferver qu'il ne faut point toujours fe flatter de rrou- . ver une 7e d'une même nature dans toutes les par- ties d’une montagne ou d’un filon; fouvent elle change , totalement quelquefois : lorfqu’on aura commencé par trouver du fer, en continuant le tra. vail, on rencontrera de l’argent ou des mines de plomb. Le célebre Srahl rapporte, dans fon Traité du foufre, un exemple frappant des variations des mines ; il dit qu'à Schneeberg ; er Mifnie, on ex- ploitoit avant l’an 1400, une wine de fer ; à mefure qu’on s’enfonçoit en terre, la wire devenoit d’une mauvaife qualité ; cela força à la fin les intéreflés d'abandonner cette zzine, Le travail ayant étérepris par la fuite des tems , on trouva que c’étoit l’argent qui y étoit en abondance , qui nuifoit à la qualité du fer que l’on tiroit de cette mire, & l’on obtint pen- dant 79 ans une quantité prodigieufe de ce métal précieux ; au bout de ce tems cette ire fe trouva entierement épuifée, & fit place à du cobalt ou à de Parfenic. Les Mineurs difent ordinairement que toute mine riche 4 ur chapeau de fer, c’eft-à-dire qu’el- le a de la mine de fer qui lui fert de couverture. Après avoir expofé quels doivent être les fignes extérieurs qui annoncent la préfence d’une mixe , nous allons décrire les différens travaux de leur ex- ploitation, tels qu'ils fe pratiquent ordinairement. Le premier travail s'appelle Z4 fouille, il confifte à écarter la terre fupérieure qui couvre la roche; lorf- qu’on eft parvenu à cette roche, on la creufe &onla détache avec des outils de fer , des cifeaux bien trem- pés » des maillets, des leviers ; & quelquefois lorf- qu’elle eft fort dure, on la fait fauter avec de la pou- dre à canon. Souvent au bout de tout ce travailon ne rencontre qu’une fente de la montagne, ou une vénule peu riche, au-lieu du filon que l’on cher- choit ; comme cela ne dédommageroit point des pei- nes & des frais de lexploitation, on eft obligé de recommencer la même manœuvre, ou fouille, dans un autre endroit ; & l’on continue de même jufqu’à ce qu'on ait donné fur le vrai filon. Les fouverains d'Allemagne, dans la vûe de favorifer le travail des mines , ont accordé de très-grandes prérogatives à ceux qui fouilloient pour découvrir des filons; non- feulement on leur donnoit des gratifications confi- dérables lorfqu’ils découvroient quelque filon; mais encore on leur accordoitla faculté de fouiller dans I N lès Maifons, dans les jardins , dans Îes prairiés des lujets, enuñ mot pat-tout, à l’exception des champs enfemencés : & il étoit défendu, fous peine d’une amende très-confidérable , de les troubler dans leur travail, ou de s’y oppofer. Les fouilles qui avoient été faites devoient refter ouvertes, 8z il n’éroit point permis de les combler ; cela fe failoit pour inftruire ceux qui pourroient venir enluite chercherdes rc. hes aux mêmes endroits. Après qu’en fouillant, on s’eft afluré de la préfen- ce d’une #7ire, ou d’un filon, on forme des #ures ou puies ; ce [ont des trous quarrés, qui defcencient en terre , ou perpendiculairement ou obliquement : ces puits ont deux côtés plus longs que les deux autres, c’eft-à-dire forment des quarrés longs. On les revêtir de planches, aflujetties par un chaflis de charpente ; cela {e fait pour empêcher l’éboulement des terres & des pierres, qui pourroient bleffer les ouvriers, & inème combler Les foffes : cette opération s'appelle cuvelage. Parmi les Planches de Minéralogie, on en trouvera une qui repréfente une coupe d’un fouter- rain de une ; on y verra des puits revêtus de la mas hiere qui vient d’être décrite, Sur La longueur du quarré long qui forme le puits, on prend un efpace pour y former une cloïfon de planches, pratiquée dans l’intérieur du puits; cette cloifon ou féparation , va d’un des petits côtés à l’au- tre; elle partage le puits en deux parties inégales : la partie la plus fpacieufe eft deftinée à la montée & à la defcente des fceaux ou paniers que l’on charge du minerai qui a été détaché fous terre, ou des pierres inutiles dont on veut fe débarrafler : la partiela plus étroite eft deftinée à recevoir les échelles que l’on place perpendiculairement dans les puits, & qui er- vent aux ouvriers pour defcendre dans leurs atteliers fouterrains. On multiplie ces échelles, mifes au bout les unes des autres , en raïfon de la profondeur qu’on veut donner à fon puits. Direétement au-def- ins du puits, on place un tourniquet où bouriquet ; <’eft un cylindre garni à chaque extrémité d’une ma- mivelle; autour de ce cylindre s’entortille une corde ou une chaîne , à laquelle font attachés les fceaux où pamers deftines à recevoir le minerai : deux ou quatre ouvriers font tourner ce cylindre. Mais lorf- que les fardeaux qu'il faut tirer de la terre font trop confidérables, ou lorfque les puits font d’une trop grande profondeur, on fe fert d’une machine à mou- lettres que des chevaux font tourner ; c’eft un atbre ou efheu placé perpendiculairement, au haut du- quel eft une lanterne autour de laquelle s’entortille _ Ja chaïne de fer, à laquelle font attachés les fceaux oupaniers : cette chaîne eft foutenue par deux cylin- dres, on par dès poulies qui la conduifent dirette- ment au-deflus du puits. Des chevaux font tourner cetie machine qui eft repréfentée dans la figure que reprélente /a coupe d’une mine ; on la couvre d’un an- _gardou cabannede planches, pour la garantir des anjures de l’air; cet angard fert en même tems à empêcher la pluie ou la neige de tomber dans le puits. _ On forme quelquefois plufeurs puits de diftance en diftance , les uns fervent à l’épuifement des eaux, d’autres fervent à donner de l’air dans le fond des fouterrains, comme nous aurons occafon de le faire voir plus loin. Lorfque le premier puits eft defcendu jufques fur le filon, on forme une efpece de repos ou de falle, afin que les ouvriers puiflent y travailler à l’aife, & Fon creufe des galeries , c’eftà-dire , des chemins fouterreins qui fuivent la diredion du filon que l’on a trouvé ; c'eft dans ces galeries que les ouvriers détachent le minerai de la roche qui l'enveloppe, & en allant toujours en avant, à force de détacher su minerai ils fe font un paflage, Ces galeries doi- . NPF M 525 Vênt être aflez hautes 8 afez larges pour qu'un homme puifle s’y tenir de bout, & y agir librement, pour y faire aller des brouettes ; dont on fe fert pour tranfporter le minerai jufqu’à l’endroit où on le charge dans les paniers. Pour empêcher que là roche dans laquelle les galleries 6nt été pratiquées ne s’affaifle par le poids de la montagne, on [a fou- tient au moyen d’une charpente ; c’eftce qu’on ap- pelle écréfillonner ; cela fe fait de différentes manie- res, que l’on peut voir dans la Planche qui repréfente lu coupe d'une mine. Quelquefois même on foutient les galeries par de la mâçonnerie , ce qui eft plus folide,& difpenfe des réparations continuelles qu’on eft obligé de faire aux étais de charpente que l’hu- midité pourrit très- promptement dans les foutet- trains. | Comme le filon que l’on exploite a quelquefois dans {on voifinage des vénules, des fentes & des rameaux remplis de minerai qui viennent s’y ren- dre, on eft obligé de faire des boyaux de prolonga- tion aux deux côtés des galeries pour aller cher: cher ce minerai ; on étaye ces boyaux de même que les galeries, On fait aufli très fouvent des excava- tions fur les côtés des puits & des galeries , que l’on nomme des aëles, afin de détacher les mafles de minerai qui peuvent s’ytrouver, & pour découvrir les fentes & vénules qui vont aboutir au filon prin- cipal. Lorfque les galeries ont été formées & bien affuz rées, & lorique Le filon a été découvert & dépouil- lé de la rôche qui l’environne, les ouvriers en dé- tachent le minerai; cela fe fait avec des marteaux pointus des deux côtés, & d’autres outils bien trem- pés. Quand la roche eft foit dure , on y fait des trous avec un outil pointu qu'on nomme féwres ; on remplit ces trous d'une caitouche ou d'un pétard, auquel on met le teu avec une méche foufrée, par- là on fait un effet plus grand & plus prompt que les ouvriers ne poutroient faire à l’aide de leurs oue tils. Quelquefois pour attendrir la roche, on amat- fe auprès d’elle quelques voies de bois que l'on al- lume ; alors Les ouvriers fortent des fouterreins, de peur d’être étouffés par la fumée & par les vapeurs dangereufes que le feu dégage de la mine , par ce moyen le feu fait gerer la roche qui fe détache en- fuite avec plus de facilité ; cependant il eft plus avantageux de fe fervir de la poudre à canon , parce que cela évite une perte de tems confidérable. Lorfque l’épaifleur du filon le permet, on y for- me des efpeces de marches ou de gradins , les uns au-deffus des autres , 8e fur chacun de ces gradins eft un ouvrier qui eft éclairé par {a lampe qui eft auprès de lui, & qui dérache du minerai fur le pra- din qui eft devant. Voyez la Planche de la coupe d’une JI2171E, Les galeries fe continuent, tant que l’on voit ap- parence de fuivre un filon ; il y a dans quefques mi. res de Mifnie où l’on travaille depuis plufieurs fie- cles, des galeries où chemins fouterreins qui ont plufieurs lieues de longueur , & qui vont d’une mon- tapgne à l’autre. On fent que dans ce cas on eft obli. gé de multiplier les puits qui defcendent de la fur- face de la terre , tant pour tirer le minerai, que pour renouveller l’air 8 pour épuifer les eaux. Comme fouvent dans une même montagne il y a plufeurs filons placés au-deffus les uns des autres, on eft encore obligé de faire plufieurs étages de ga- léries , & l’on formé fur le fol de la premiere gale- tie des puits qui conduifent à la feconde , & ainf de fuite en raïfon de la quantité de galeries ou d’é- tages que l’on a été dans le cas de faire. Il faut ob- ferver, que ces puits fouterreins ne foient point pla: cés précifément au -deflous des premiers , c’eft-à2 dire, de ceux qui defcendent de la furface de la ter: 526 MIN re ; cela incommoderoit les ouvriers qui y travail- lent. Ces puits font revêtus comme les premiers , & ils n’en different qu’en ce qu'ils ne vont point juf- qu’au jour. On y place aufli des tourniquets , & quelques-uns fervent à l’épuifèment des eaux. On peut fe faire une idée de leur arrangement , en jet- tant les yeux fur la Planche de la coupe d’une mine. Lorfque les mines font très-profondes , & que les galeries ont été pouflées à une grande longueur , 1l deviendroit très-pénible & très-couteux de s’oc- cuper à tirer les pierres inutiles qui ont été déta- chées de la montagne. Pour éviter ce tranfport, on les jette dans les creux & les cavités qui ontété épuifées de minerai ; quelquefois même on forme des planchers à la partie fupérieure des galeries pour les recevoir , & l’on a trouvé que fouvent au bout d’un certain tems, ces pierres brifées ayoient repris du corps & étoient devenues chargées de mi- nerai, Quand les chofes font ainf difpofées, il faut fon- ger à prévenir ou à remédier aux inconvéniens auf. quels les #i7es font expoiées, La principale incom- modité. vient des eaux qui fe trouvent dans le fein de la terre , & que les ouvriers font fortir des ré- fervoirs ou cavités où elles étoient renfermées , en perçant avec leurs outils les roches qui les conte- noient ; alors elles fortent avec violence & quel- quefois en fi. grande quantité, que l’on eft fouvent forcé d'abandonner l'exploitation des z17es au mo- ment où leur produit devenoit le plus confidérable; c’eft auffi un des plus grands obftacles que l’on ait à vaincre, & ce qui conftitue fouvent dans les plus fortes dépenfes. On a différens moyens pour fe dé- barrafler des eaux ; on pratique ordinairement fur le {ol des galeries, des efpeces de rigoles ou de pe- tits canaux qui vont en pente, & qui conduifent les eaux dans des réfervoirs pratiqués dans des en- droits qui font au-deffus du niveau de ceux où l’on travaille ; là ces eaux s’amañlent , &c elles en font tirées par des pompes mifes en mouvement par des machines à moulettes , tournées par des chevaux à la furface de la terre ; on multiplie les corps de pom- pes en raïfon de la profondeur des endroits dont on veut épuiler les eaux. Ces pompes où machines font de différentes efpeces ; on trouvera leur def- cription à l’article POMPES DES MINES. Rien n’eft plus avantageux pour procurer lépui- fement des eaux des nes, que de faire ce qu’on appelle une galerie de percement. C’eft un chemin que l’on fait aller en pente , il prend fa naïffance au centre de la montagne, & fe termine dans quelque endroit bas au pié de la montagne, par-là les eaux {e dégorgent, foit dans la plaine , foit dans quelque riviere voifine. Cette voie eft la plus füre pour fe débarrafler des eaux, mais on ne peut point tou- jours la mettre en pratique , foit par les travaux immenfes qu’elle exige, foit par la pofition des lieux, foit par la trop grande profondeur des fouterreins, qui quelquefois vont beaucoup au-deflous du ni- veau des plaines & des rivieres voifines, d’où l’on voit qu’il faut beaucoup de prudence & d’expérien- ce pour pouvoir lever cet obftacle. Dans les mines d'Allemagne, les entrepreneurs d’un percement ont le neuvieme du minerai, qui fe détache dans la ire qu'ils ont débarraflée des eaux. | Un autre inconvénient funefte des z2nes vient du mauvais air quiregne dans les fouterreins ; cet air déja chaud par lui-même, le devient encore plus par les lampes des ouvriers 31 eft dans un état de ftagnation , & lorfque le fole:l vient à donner fur les ouvertures des puits , 1l regne quelquefois une chaleur infupportabie dans ces fouterreins. On doit joindre à cela des exhalaifons fulfureufes & arféni- cales, ou moufettes qui partent du minerai que l’on MIN détache, & qui fouvent font périr fubitement les ouvriers. Voyez EXHALAISONS MINÉRALES. Il eft donc très-important de remédier à ces inconvéniens, &c d'établir dans les fonds des nes des courants d'air, qui emportent les vapeurs dangereufes & qui mettent de l’air frais en leur place. Nous avons déja remarqué , que l’on faifoit pour cela des puits de dif tance en diftance, maisil eft important que ces puits ne foient point de la même longueur que les autres, parce que s'ils étoient exaétement de la même lon- gueur, Pair qui eft un fluide ne fe renouvelleroit point ; au lieu qu’en faifant attention à cette obfer- vation , les différens puits feront la fonéion d’un fyphon., dans lequel l’eau dont on le remplit fort par la branche la plus courte , tandis que cette eau refte fi les deux branches du fyphon font égales ; 1 en eft de même de l’air qui eft un fluide. C’eft pour cette raifon que les mineurs avifés allongent par une trompe de bois un des puits , lorfque la pof- tion peu inclinée de leurs galeries ne permet pas de rendre la longueur des puits aflez inévale, Autrefois on fe fervoit aufli de grands foufilets qui poufloient de l’air dans les fonterreins, au moyen de tuyaux dans lefquels ils fouffloient ; mais de tou= tes les inventions pour renouveller l'air des 725, il n’en eft point de plus füre que de placer près de l'ouverture d’un puits un fourneau, autravers dui= quel on fera pañler un tuyau de fer, que l’on pro- longera dans les fouterreins par des planches, dont les jointures feront exaétement bouchées. Par ce moyen, le feu attirera perpétuellement l’air qui fe- ra dans l’intérieur de la terre, & 1l fera renouvellé par celui qui ira y retomber , par les autres puits & ouvertures. ” Telle eft en géneral la maniere dont fe fait l’ex- ploitation des unes ; elle peut varier en quelques circonftances peu importantes dans les différens pays; mais ce qui vient d’être dit fufñt pour en don- ner une idée diftinte. On voit que ce travail eft très- pénible , très-difpendieux , fuget à de grands inconvéniens & très-incertain. Il eft donc impor- tant de ne s’embarquer dans ces dépenfes &c ces tra- vaux qu'avec connoiflance de caufe, & après avoir pefé mürement toutes les circonftances. Le monde eft plein de faifeurs de projets qui cherchent à en- gager les perfonnes peu inftruites dans des entrepri- {es , dont ils favent feuls tirer du profit. Il vaut mieux ne point commencer à travailler , que de fe mettre dans le cas d'abandonner fon travail; il faut débuter avec économie, & ne le faire qu'après s’é- tre afluré par des effais exaëts , de ce qu’on a lieu d'attendre de festravaux, voyez Essar. Cependant il ne faudra point oublier que les travaux en grands de la Métallurgie ne répondent prefque jamais exac- tement aux produits que l’on avoit obtenus par les effais en petit; ces derniers fe font avec une préci- fion que l’on ne peut point avoir dans le travail en grand. Il n’y a qu’un petit nombre de perfonnes qui foient vraiment inftruites dans la fcience des mines ; il faut beaucoup de lumieres , de connoïf- fances & d’expériences pour y faire les améliora= tions dont elle eff fufceptible, Le plus grand nom- bre ne fuit qu’une routine prefcrite par les prédé- ceffeurs. Woyez MINÉRALOGIE: Comme le travail des mines doit néceflairement être {uivi des travaux de la Métallurgie , on ne doit point entreprendre l’exploitation d’une wire fans avoir examiné fi Le pays où l’on eft fournira la quan- tité de bois néceffaire, tant pour Les charpentes des fouterreins qui demandent fouvent à être renouvel- lées, que pour les travaux des fonderies qui en con- fument une quantité très-confidérable : on fent que lentreprife deviendroit trop coûteufe s’il falloit fa1- re verur le bois de loin, Il n’eft pas moins important MIN » > ‘À b de voir f l’on trouvera dans fon voifinage , des ri- vieres, des ruifleaux, parce que l’on a befoin d’eau our les lavoirs, les boccards, pour faire aller les oufflets des fonderies, & même pour faire aller les pompes qui tirent les eaux desfouterreins ; cela épar- gne la main-d'œuvre. Si l'exploitation dés z2es eft une entreprife rui- neufe lorfqu’elle fe fait trop légerement , elle eft très-avantageufe lorfqw'’elle fe fait avec connoiffan- ce de caufe. Perfonne n’ignore les revenus immen- fes que les rires produifent à la maifon éleétorale de Saxe, à la maifon de Brunfwick & à la maïfon d’Au- triche , fans compter un grand nombre d’autres princes d'Allemagne , qui en tirent des profits très- confidérables. C’eft par ces motifs que les fouve- rains d'Allemagne ont donné une attention particu- liere à cette branche importante du commerce de leurs états ; ils s’intéreflent ordinairement eux-mê- mes dans les entrepriles des mines , & ils ont établi des colléges ou des confeils uniquement deftinés à veiller non-feulement à leurs propres intérêts, mais encore à ceux des compagnies qui font l’exploita- tion des zines. Ils ont accordé de très-grands privi- leges pour exciter & encourager ces travaux fi pé- mibles & fi coûteux ; ils n’ont point cru faire une grace à leurs fujets en leur permettant de fe ruiner, & ils ne leur accordoient pas des conceflions pour un tems limité , méthode très- propre à empêcher qu'on ne fafle de grandes entreprifes en ce genre , parce que ce n’eft fouvent qu'au bout d’un grand nombre d'années de travaux inutiles que l’ontrouve enfin la récompenfe de fes peines. Il feroit à fouhai- ter que la France ouvrant les yeux fur fes vérita-, bles intérêts, remediât à ce que {es ordonnances ont de défettueux à cet égard ; elle mettroit par-là fes fujets à portée de travailler à l'exploitation des #5. nes, que l’on trouveroit en abondance fi l’on étoit encouragé à les chercher ; cela fourniroit des ref- fources à des provinces qui n’ont d’ailleurs point de commerce ni de éBouché pour leurs denrées , & quiabondent de bois dont elles ne peuvent trouver le tranfport. Schrœder a repardé le travail des #11- nes comme une chofe fi avantageufe pour un état, qu’il ne balance point à dire qu’un prince doit les faire exploiter dans fon pays même fans profit , par- ce que’ par-là 1 occupe un grand nombre de bras qui demeureroient oififs, 1l occafionne une circula- tion de l’argent parmi fes fujets , il fe fait une con- fommation des denrées , & il s'établit des manu- fatures & du commerce. Comme depuis quelques années on a envoyé desjeunes gens en Saxe & dans les rines de Hongrie pour s’inftruire dans les tra- vaux de la Minéralogie & de la Métallurgie , il pa- roît que le gouvernement a deflein de s’occuper de cette partie fiimportante du commerce, & l’on doit fe flatter qu'il mettra à profit les lumieres qui ont été acquifes par les perfonnes qu'il a fait voyager dans cette vue. Quand on veut établir des mines dans un pays où | l’on n’en a point encore exploités, 1l eft à propos de faire venir, à force d'argent, des ouvriers d’un pays où cés travaux font cultivés ; les habitans ap. prendront d’eux la maniere dont il faut opérer, & peu-à-peu on fe met en état de fe pañler des étran- gers. Il faut aufli que le fouverain encourage les travailleurs par des franchifes & des privileges- qui leur faflent fermer les yeux fur les dangers qui ac- compagnent la profeffion de mineur & fur la dureté de cetravail. En effet, le travail dés ins étoit un fupplice chez les Romains ; la fanté des ouvriers ef ordinairement très-expoiée , fur-rout dans les rires arfenicales , où il régne des exhalaïfons empoifon- nées. Ceux qui travaïllent en Saxe dans les #ires | _gecobalt, ne vivent point long-tems ; ils font {u- | Nr 527 jets à la phthifie & à la pulmonie , cela n’empêche point les enfans de courir les mêmes dangers qué leurs peres, & de pañfer la plus grande partie dé leur vie enterrés tout vivans dans des fouterreins où ils font privés de la lumiere du jour, & continuelle: ment en péril d’être noyés par les eaux, d’être blef- fés par l’écroulement des rochers , par la chute des pierres & par une infinité d’autres accidens. En 1687 la fameufe montagne de Kopparberg en Sue- de écroula tout d’un coup, parce que les grandes excavations qu’on y avoit faites, furent caufe que les piliers qu’on avoit laiflés ne purent plus foute: nir le poids de la montagne : par un grand bonheur ce défaftre arriva un jour de fête, & perfonne ne fe trouva dans les fouterreins qui renfermoient ordi- pairement plufeurs milliers d'ouvriers. Comme er Suede on a fenti l'importance dont le travail des mines étoit pour ce royaume , On n’a rien omis pour adoucir la rigueur du fort des mineurs; ceux qui ont eu le malheur d’être bleflés, ou d’être mis hors d’é: tat de travailler, font entretenus aux dépens de l’é: tat, dans un hôpital fondé en 1696, & on leur donne 18 thalers par mois. Voyez Nauclerus, de fodinis cuprimontanis. La Providence a répandu des mixes dans pref: que toutes les parties de notre globe, il y a peu de pays qui en foient entierement privés ; mais certains métaux abondent plus dans quelques contrées que dans d’autres. En Europe les mines les plus connues font celles de Suede, fur-tout pour le cuivre & le fer ; le tra- vail s’y fait avec le plus grand foin, & attire toute l’attention & la proteétion du gouvernement. La mine d’Adelfors donne de l'or, La Norweve a auffi des mines que le roi de Danemark , aétuellement re- gnant, paroït vouloir faire travailler, La Ruffie & la Sibérie ont un grand nombre de mines, dont quel- ques-unes ont été miles en valeur par les foins de Pierre le grand. Suivant le rapport de M. Gmelin, la plüpart des mines de Sibérie ont cela de particu- lier, qu’elles fe trouvent à la furface de la terre, au lieu que dans prefque tous les autres pays, elles ne fe rencontrent qu’à une certaine profondeur fous terre. La Pologne contient fur-tout des wi2es inépui- fables de fel gemme , fans compter celle des plu fieurs métaux, | L'Allemagne eft depuis plufeurs fiecles renommée par fes mines, 8 par legrand foin avec lequelonles travaille. C’eft de ce pays que nous font venues toutes les connoiflances que nous avons fur les tra- vaux des mines & de la Métallurgie. Tout le monde connoît les fameufes rires du Hartz , appartenantes à la maïfon de Brunfwick. Les ruines de Mifnie fe tra- vaillent avec le plus grand foin, Albinus rapporte dans fa Chronique des mines de Mifnie, pag, 30. qu’en 1478 on découvrit à Schneeberg un filon de wine d'argent , fi riche , que l’on y détacha un morceau d'argent natif , fur lequel le duc Albert de Saxe dina dans la mi2e avectoute fa cour, & dont on tira 400 quintaux d'argent. La Bohème a des wines d’étain &t d’autres métaux. La Carniole & la Styrie ont dés rires de mercure , de fer, de plomb , &c, La Hongrie & la Tranfilvanie ontdes rixes d’or très- abondantes. La Grande - Bretagne étoit fameufe dans l’anti- quité la plus reculée par {es riches mines d’étain, fi- tuées dans la province de Cornouarlles ; elle ne Peft pas moins par fes mines de charbon-de-terre ; on y trouve auffi du plomb, du fer &c du cuivre. Maloré ces avantages, les Anglois ne nous ont donné aucun ouvrage digne d’attention fur les travaux de leurs TILLT2ES. La France poffede auffi un grand nombre de m5. nes ; mais jufqu’à préfent elle ne s’eft encore occn- 528 MIN pée que très foiblement de cette partie de fes riche ! {es : cependant on travaille avec beaucoup de foin ‘les rires de plomb de Pompéan en baffe-Bretagne. “Celles de faint-Bel & de Cheffy en Lyonnois , s’ex- ploitent avec fuccès. On pourroit tirer un plus grand parti qu'on ne fait de celles qui font dans les “Pyrénées. Plme dit qu'il fe trouvoit de Por très-pur dans les Gaules. On a travaillé pendant afflez long- tems à fainte-Marie-aux-Mines ; mais l'exploitation “en paroît entierement ceflée depuis quelques an- _ nées. Quant aux wines de fer, on les exploite très- _ “bien en Bourgogne, dans le Nivernois , en Berry, en Champagne , dans le Perche, éc. L’Efpagne étoit autrefois très-renommée par fes mines d’or & d'argent ; fuivant le rapport de Stra- ‘bon, de Tite-Live , 8 dePline, les Carthaginois &z es Romains en ont tiré des richefles immenfes. Ces mines fontentierement inconnues aujourd’hui ; celles de l'Amérique ont fait perdre de vue les tréfors que Ton avoit à fa portée. Adtuellement on ne travaille avec fuccès en Efpagne , que la zize de cinabre : d’Almaden, bourg de la Manche. En Catalogne on trouve des mines de cuivre & de fel semme, &c en Bifcaye on trouve des mines de fer, dont on vante beaucoup la qualité. On dit qu’en Aragon ; près d’A- randa, il fe trouve une wire de cobalt d’une qua- dité fupérieure à tous les antres. L’Afie renferme des mines d’or & de pierres pré- cieufes très-abondantes ; c’eft fur-tout l’Inde qui icontient-des tréfors inépuifables en ce genre. Il y a tout lieu dé croire que c’eft dans l’Inde que l’on doit placer l’ophir, d’où PEcriture-fainte nous dit que Salomon tiroit une fi grande quantité d’or. En effet, M. Poivre , voyageur éclairé, quia été dans ces pays; nous apprend que les Indiens donnentencore aujourd'hui en leur langue Le nom d’ophirä toute m1- ne d’or. Le Japon renferme beaucoup d’or & de cui- vre de la meilleure qualité. Les diamans & les pier- res précieufes fe trouvent dans les royaumes de “Golconde , de Pégu, de Bifnagar, de Siam, &c. On rencontre auff de très-grandes richefles dans les îles de Sumatra , de Ceylan; &c. ‘Les parties de l'Afrique qui font connues , four- niflent une grande quantité d’or. On en trouve abondamment dans le Sénégal , fur la côte de Gui- née , au royaume de Calam &c de Congo, éc. On regarde les royaumes d’Ethiopie, d’Abyflinie &c de ‘Sofala , comme très-riches en or. Dans la plüpart de ces pays , l'or fe trouve à la furface de fa terre , & l’on ne fe donne point la peine de fouiller dans les montagnes pour le tirer. Perfonne n’ignore combien l’Amérique a ouvert un vafte champ à la cupidité des Efpagnols, qui ont fait la découverte de cette partie du monde, fi long-tems inconnue aux Européens. Le Pérou, le Potofi & le Mexique ont mis leurs conquérans en pofleffion de tréfors immenfes , qu’une mauvaïfe politique a diffipés-avec plus de promptitude qu'ils n’avoient été acquis. Ces richefles font devenues funeftes à leurs pofleffeurs , par les colonies nom- breufes qu'ils ont fait {ortir de l’Efpagne ; par-là elle eft devenue déferte & ainculte , & fes habitans #e font plongés dans l’indolence & l’oifiveté. Aujourd’hui les mines du nouveau monde , ‘quoi- que beaucoup moins abondantes qu'autrefois, four- niflent encore desrichefles très-confidérables aux Ef- pagnols , quiles répandent parmi les autres nations, dont leur indolence les arendus dépendans pourpref- que tous les befoins de la vie. On peut en dire autant des Portugais ; 1lsne femblenttirerl'or & l'argent du Bréfil & des Indes orientales, que pour enrichir les Anglois , dont, faute demanufaëures , ils font de- venus les facteurs. Ces deux peuples font une preu- ve bien frappanté que ce n’eft point l'or feul qui peut rendre un état puiflant & redoutable, Une nation adive 8e libre finit toujours par dépouiller celles qui n’ont que des richefles. (—) ? MINE, (Géog.) partie de la terre où fe forment les métaux , les minéraux, 8 même les pierres pré- cieufes. L’on fait aflez qu’il y a des mines d’or, d’ar- gent, de cuivre, de fer, d’étain, de plomb & autres; des rires d’antimoine, de foufre, d’alun, de vitrio!, de cinnabre, d’arfenic, & autres; enfin des zines de diamans, d’émeraudes, de rubis, de topazes , de cornalines, & d’autres pierres précieufes , orientales & occidentales. | | Comme les mines appartiennent à la Géooraphie ; c’eft à elle en parcourant la terre, à les indiquer , à en donner des cartes &c des lidtes ; mais on manque encore de bons mémoires pour remplir cette tâche. Voici donc feulement les noms de quelques-unes de ces mines, dont je ne puis faire ici qu'une nomen- clature aufli courte que feche. Almaden. Mine de vif-argent en Efpagne , dans lAndaloufe , qui rapporte au roi tous les ans près de deux millions de livres, & la perte de bien des hommes. Alface. Mines de cette province , dont on a parlé au mot ALSACE. Andacoll, Mines d’or & d’argent dans l'Amérique méridionale , au Chili, à dix lieues vers l’eft de la ville de Coquimbo. Ces wuixes font fi abondantes, qu’elles pourroient occuper trente mille hommes. Les habitans prétendent que la terre eft oréadice, c’eft-à-dire que l’or s’y forme continuellement ; il eft de vingt-deux à vingt-trois carats, & l’on y tra- vaille toujours avec profit quand l’eau ne manque , pas. Bambouc. Le pays de Bambouc en Afrique abonde en zzines d’or; mais les negres n’ont aucune connoif- fance ni de la fécondité ou flérilité des terres qui peuvent produire de Por, ni de l’art d'exploiter les mines, Leurs recherches fe terminent à fept ou huit piés de profondeur en terre :t6glllès qu'ils s’apper- çoivent qu’une 17e menace de s’ébouler , au lieu de- l’étayer ils la quittent. Ils font fages de penfer ainf. Bifcaye. La Bifcaye , province d'Efpagne , abonde en mines de fer. - Bifnagar. Auprès de cette ville, dans les états du grand-mogol , font des rires célebres de diamans, dans les montagnes voifines ; &c les diamans qu’on _en tire font les meilleurs qu'on porte en Europe. Bleybere. Mine de plomb dans la haute Carinthie. On a travaillé à cette zzize pendant plus de nulle ans. Les puits en font très-profonds ; mais la neige des montagnes y eft fort redoutable quand elle vient à fondre, Bohcne. Mine de felen Pologne à dix lieués de Craa covie. On le tire comme la pierre des carrieres, à la lueur des chandelles ou des flambeaux. Le Brezil. On fait aflez combien ce vañte pays dé l'Amérique méridionale eft fécond en zzxes de dia: mans, de rubis & de topazes. Candi, Celroyaume dans l’île de Ceylan, a des mines d’or, d'argent, & de pierres précieufes, aux: quelles le roi ne permet pas qu'on travaille. Carthagene. On trouve dans le voifinage de cette ville d'Efpagne , au royaume de Murcie, des zuzes d’alun d’une grande fécondité. Caflamboul. Mines de cuivre très-abondantes dans la Natolie, à dix journées de Tocat, du côté d’An- gora. Cerro de fanita Innès. Montagne qui fait partie de la Cordelliere , remarquable par fes rires d’aimant, dont elle eft prefque toute compolée. Chemnitz, Mines d'argent en Mifmie auprès de la ville de Chemnuz. Elles font fameufes , & appar- tiennent, à l’éleéteur de Saxe, ' Chine, MIN La Chine, Pays riche en res de toutes fortes de métaux & de minéraux ; mais la loi défend d'ouvrir les mines d'or & d'argent. Chemnitz. Mines d'or en Hongrie, au voifinage de la ville de Chemnitz. Il y a plus de 1100 ans qu'on y travaille. Cette mine a neuf milles anglois de longueur , & jufqu'à 170 brafles de profondeur. On trouve encore dans les montagnes de Chem- nitz une célebre mine de vitriol, qui a 80 brafles de profondeur. Congo. Le royaume de Congo dans l'Ethiopie oc- cidentale , a des z7es d’or qui entichiroient fes rois, s'ils n’aimoient mieux les tenir cachées , de peur d’at- tirer chez eux les étrangers qui viendroient les égor- ger, pour fe rendre maitres des fources de ce pré- cieux métal une fois connues. Copiapo. Mines d'or de l'Amérique méridionale au Chih, découvertes au milieu du dernier fiecle. Com- me leur richeffe y a attiré du monde, on a pris les terres des Indiens fous prétexte d'établir ceux qui feront valoir ces mines. Coquimbo. Mines de cuivre dans l'Amérique méri- dionale au Chili, à trois lieues N. E. de Coquimbo. Ces mines fourniflent depuis long-tems les batteries de cuifine à prefque toute la côte du Chili & du Pérou. Cordilliere. La montagne de la Cordilliere dans. l'Amérique méridionale au Chili, a entr’autres mi- néraux des 721265 du plus beau foufre qu'il y ait au monde ; on le tire tout pur, fans qu'il ait prefque beloin d’êtremanié. Cornouaille. Le pays de Cornouaille en Angle- terre abonde en unes d’étain, qui eft le plus beau & le plus parfait de l’univers. L'ile de l'Elbe fur la côte de Tofcane , a des mines de fer abondantes, mais faute de bois , il faut porter la matiere ailleurs pour la travailler. Le Frioul. Enltalie dans l’état de Venife , il a dans ès montagnes des rires précieufes de vif-argent. Voyez IDpr1A. Glashitren. Mine d’or en Hongrie à quelques lieues de Chemnitz. Cette mine étoit très-riche , mais on Pa perdue , & on n’a pas pu en retrouver l'entrée, Guancavelica. Mine de vif-argent en Amérique mé- ridionale, au Pérou , dans l’audiance de Lima , à 60 lieues de Pifco. Foyez GUANCAVELICA. Guingui-Faranna. Mine d’or en Afrique ,auroyau- me de Combre-Gondon, près de la riviere de Fa- lème. C’eft un endroit tout iemé pour ainf dire de mines d'or, à ce que prétend le P. Labat. Le Hainaur, Ce pays abonde en wines de charbon deterre &c de fer ; qui n'eft pas d’une quantité infé- rieure à.celui de Suede, La Hongrie, Ce pays ne manque pas de ines d’or, d'argent, & de vit-argent, aflez abondantes. . Le Japon. On trouve dans ce vafte royaume des mines d’or confidérables , mais fur-tout de cuivre & de foufre. L’empereur s’attribue un droit abfolu fur toutes les mines de fon empire. Kabia-Gora. Mine d’un foufre admirable en Ruf- fie, fur la route de Mofcou à Aftracan , auprès de Samara ;, à l’oueft du Volga. Lipes. Mines d'argent dans l'Amérique méridio- nale au Pérou , environ à 70 lieues de Potof. Elles fourniffent beaucoup d’argent depuis long-tems. Mafulipatan, Cette ville des états du Mogol a dans fon voifinage une ruine très-riche en diamans. Pachuca. Mine de l'Amérique feptentrionale au Méxique, à environ fix lieues de México. Il y a dans ! -cet endroit quantité de diverfes mines ; les unes font exploitées, les autres en réferve , & d’autres aban- données. Le Pérou Tout le monde fait que ce royaume abonde en rünes d’or & d'argent, On trouve une Tome X, ; mine de fel inépuifable à 18 milles de Lima, Phiruftou. Mine de Turquoife en Perte, à quatre journées de Méched. Saint-Chriflofle de Lampanguy. Montagne de l’A- mérique méridionale au Chili, à So lieues de Sal- paraïfo , féconde en plufieurs fortes de mines, L’or de cette montagne eff de 27 à 22 carats. Sicile. La Sicile a des mures de fer, d’alun, de vi- triol , de falpètre & de fel , qui renaît à mefure qw’on letire. S'iderocaps. Mine d’or très-riche en Europe, dans la Jamboh. Elle appartient au grand-fesgneur. Sierra Morena. Mines d’argent en Efpagne dans la nouvelle Caftille, au pié de la montagne. La Siléfie. Ce pays a des mines de pierres pré- cieufes dé différentes efpeces, mais toutes tendres. La Suede, Ses mines de fer & de cuivre font fi abondantes, qu’on aflure qu’elles pourroient fournir prefque toute l’Europe de ces deux métaux. Elles {ont principalement dans les pays de Gotland & de Vermland. Tamba- Aoura & Netteco. Mines d'or en Afrique au pays des Mandingues, fur le Sanon , à 30 lieues E, de la riviere de Falème. Ces mines feroient d’une ri- chefle furprenante pour un peuple qui fauroit les ex- ploiter. : Tortofe. Mines d'argent , de fer & de jafpe , en Ef- pagne , dans la Catalogne , au territoire de Tortole. Valparaifo. Mine d’or dans l'Amérique méridio- nale au Chili; mais comme les eaux y manquent en été, on ne peut y travailler que quelques mois de l’année. Velika. Grande mire de fel en Pologne , à deux lieues de Cracovie. M. le Laboureur en a fait une defcription fabuleufe, Vijapour. La ville de Vifapour en Carnate , dans les états du Mesol , a dans fon voifinage des mires de diamans de la plus grande beauté, Le grand Mo- ol les fait travailler pour fon compte. Uluk-Tag. Montagne d’Afe aux frontieres de la Ruffie 8 de la Sibérie. Ses mi7es produifent le meil- leur fer de Ruflie , & peut-être du monde. On le connoîr fous le nom de fer de Sibérie. ( D. J. MINE, (ré milie.) bar mine on entend dans l’art militaire , une efpece de galerie fouterreine que l’on conftriut juique fous les endroits qu’on veut faire fauter, & au bout de laquelle on pratique un ef- pace fufifant pour contenir tonte la poudre nécef- faire pour enlever ce qui eft au-deflus de cer ef- pace. Le bout de la galerie ou l’efpace où l’on met la poudre pour charger la mine ,fe nomme la chambre, ou le fourneau de la mine, L'objet des mines eft donc de faire fauter ce qui eft au-deflus de leur chambre. Pour cela, il faut que la poudre qui y eft renfermée , trouve plus de faci- lité à faire fon effort de ce côté que vers la gale- rie; autrement elle ne pourroit enlever la partie fupérieure du fourneau. | Pour obiier la poudre à faire fon effort par la partie fupérieure de la chambre de la mixe, on remplit une partie de la galerie de maçonnerie, de fafcines, de pierres, & de pieces de bois, de dif- tance en diftance, qui s’arboutent Les unes & les autres, &c. On met le feu à la mixe par le moyen d’un long fac de cuir appellé fauciffon, qui va depuis l’intérieur de la chambre de la wine jufqu’à l’ou- erture de la galerie, & même au-delà; & afin que la poudre n’y contraëte point d'humidité, on le met dans une efpéce de petit canal de bois appellé auger. Le diametre du fauciflon eft d'environ un pouce & 529 demi. | ; Le feu étant mis au fauciflon, fe communique à la chambre de la size; la poudre y étant enflams sd RQ EURE Di PUS 536 MIN mée , fait effort de tous côtés, pour donner lieu à la dilatation dont elle eft capable; & trouvant par- tout une plus grande réfiftance que vers le haut de la chambre de la ru%e, elle fait fon effort vers la partie fupérieure, & elle l’enleve avec tout ce qui eft deflus. Obférvations & principes pour le calcul des mines. Pour que la mire produife l'effet qu’on s’en pro- pole, il faut qu’elle foit chargée d’une quantité de poudre fuffifante. Une trop petite charge ne feroit que donner un petit mouvement aux terres fans les enlever; & même cette charge pourroit Ëtre fi petite, qu'elle ne leur en donneroit qu'un infen- fible qui ne fe communiqueroit point du-tout à la partie extérieure ou à la furface du terrein. D’un autre côté, cette charge trop forte feroit employer de la poudre inutilement, & caufer quelquefois plus d’ébranlement & de défordre que l’on n’en defire. Pour éviter tous ces inconvéniens, il faut favoir : La quantité de poudre néceffaire pour enlever un pié cube de terre. Il y a des tertes de différen- tes fortes, les unes plus lourdes & les autres plus égeres ; les unes font tenaces & les autres dont les parties peuvent être plus aifément féparées. Il eft befoin de connoître ce qu'il faut de poudre pour enlever un pié cube de chacune de ces ef- pêces de terre. Il faut connoître le folide de terre que la pou- dre enlevera, & toifer fa folidité pour favoir la quantité de poudre dont la wire doit être chargée. Le folide de terre que la wire enleve, fe nom- me fon excavation ; & l’efpece de creux qu'il laifle dans l’endroit où il a été enlevé, fe nomme l’ezcon- noir de la mine, nom qui lui a été donné à caufe de fon efpece de reffemblance avec Pinftrument que nous appellons ertonnoir. C’eft de l'expérience que l’on peut prendre les connoïflances dont nous venons de parler. Elle feule peut apprendre quelle eft la quantité de pou- dre néceflaire pour enlever un certain poids, de même que la figure de Pentonnoir de la re, où ce qui eft la même chofe, du folide qu’elle fait fanter. Les différens terreins, fuivant les auteurs qui ont parlé des mines , peuvent fe rapportér à quatre principaux : Au fable fort qu’on appelle auffi suf. À latsille ou terre de potier, dont on fait les tuiles. | À la terre remuée où fable maigre. À la vieille & à la nouvelle maçonnerie ; Le pié cube de tuf pefe 124 livres; Celui d’argille, 133 livres; Célhni de fable ou terre remuée, 95 livres. À l'égard du poids du pié cube de maçonnerie, on ne peut guere le fixer précifément , parce qu'il dépend de la nature des différentes pierres qui y font employées. On prétend que, pour enlever une toife cube de fable ou tuf en terre ferme, il faut énviron 11 li- “vres dé poudre; Que pour enlever une toïfe cube d’argille auf en terre ferme, il faut x; livres de poudre; Que pour une toife cube de fable ou terre re- muéé , 1l faut au-moiïns o livres de poudre; Et qu'enfin pour une toife cube de maçonnerie, il faut 20 ou 23 livres de poudre, fi la maçonnerie ‘et hors de terre, & 35 ou 40 livres, fi la maçon- ñerie éft en fondation, En fuppofant ces expériences faîtes avec tout le foin & toute l’exaétitude poflibles, il n’eft pas dificile de connoître la quantité de poudre dont on doit charger une #ixe, lorfque Fon connoïit la valeur du folide de terre qu’elle doit enlever. Ce folide a d’abord été pris par un cône ren- verfé AF B, PL.IX, de foruf. fig. dont la pointe - ou le fommet F'étoit au milieu de la chambre de Îa mine ; enfuite par un cône tronqué, comme C À f° B'D C ; mais M. de Valliere , cet officier général f célebre par fa grande capacité dans l’Artillerie, & principalement dans les unes, ayant examiné ce {olide avec plus d'attention, a trouvé que fa figure différoit un peu du cône tronqué; qu’elle appro- choit davantage de celle d’un folide courbe ap- péllé paraboloïde par les Géometres, & que la char. bre ou le fourneau de la mixe fe trouvoit un peu au-deflus de l’excavation; parce que la poudre en s’enflammant, agit aufli fur le fond des terres du fourneau, & que par conféquent elle doit les preffer où les enfoncer de quelque chofe. La conpe ou le profil du paraboloïde formé par l’excavation de la ire, eff la ligne coutbe 4 DB, appellée parabole; elle oft de la même nature que celle que décrit une bombe, & en général tout autre corps jetté parallelemerit on obliquement à l’horifon, Le fourneau C fe trouve placé dans un point de l’efpace enfermé par cette courbe qu’on appelle fon foyer. Voyez PARABOLE 6 PARABO- LOIDE. On peut confidérer le paraboloïde comme une epece de cône tronqué dont la partie füupérieure feroit arrondie en forme de calotte, & les côtés un peu en ligne courbe, Dans pluñeurs expériences qui ont été faites an- ciennement à Tournay, pour obferver le folide formé par l’excavation des mixes, on à remarqué que la perpendiculaire € Æ, PI. IX, de forrific. fig. 6. élevée du fourneau à la fuperficie du ter- rein, étoit égale au rayon du cercle dé la partie extérieure de l’excavation, c’eft-à-dite de celui de l'ouverture de l’entonnoir. Cette ligne perpendi- culaire au-deflus du fourneau, laquelle expritñe la hauteur des terres à enlever, eft appellée Zigne de moindre réfiflance, parce qu'elle répréfente le côté où la poudre trouve la moindre réfiftance en for: tant du fourneau, On a trouvé aufli dans les mê- mes expériences que le rayon du petit cercle qui répond au fourneau, étoit la moitié du rayon du grand cercle ou de louvertüre de la ire. La Géométrie fournit des moyens ou des mé- thodes pour trouver la folidité des cônes tronquéss de-même que celles des paraboloïdes. Ainf fnppo- fant la ligne de moindre réfiftance connue & l’ex- cavation dé la mine, un cône tronqué ou parabo- loidé, on trouvera la quantité de toifes cubes que contient chacun de ces corps, & paf conféquent la poudre dont le fourneau doit être chargé pour les enlever. Pour rendre ceci plus fenfble, nous allons l’ap- pliquer à un exemple; & nous fuppoferons, pour fimplifier le calcul, que l’excavation de la mire eft un cône tronqué. Le peu de différence qu'il ya entre le toifé du paraboloïde & celui du cône tron- -qué , fait que l’on peut, fans erreur bien fenfible, donner la préférence à celui de ces deux corps dont le toifé eft le plus fimple, & c’eft le cône tronqué qui a cet avantage. Soit, PL, IX, de fortif. fig. 7.F le fourneau ou la chambre d’une wine; FC; la ligne de moindre réf tance de 10 piés; CB, le rayon du plus grand cer- cle de l’excavation, égal à la ligne de moindre ré- fiflance, & par conféquent aufli ro piés; F G, le ‘rayon du plus petit cercle du cône tronqué, égal à la moitié de celui du grand cercle, .c’eft-à-dire de ÿ piés. ÿ Céla pofé, pour trouver la folidité du cône tron- -qué À D G B, il faut d’abord trouver celle du côte MIN entier A°£ B} & pour cela, il faut connoître {on axe £,C; on imaginera une perpendiculaire G A, tirée de G fur € B, qui fera parallele à FC; & à caufe des deux triangles femblables CHB, E CB, l'onviendra à{a connoifflance de la ligne entiere CÆ; car l’on aura F3 eft à HG comme C2 eft à CE: HB eft la différence de C2 à CH égale FG, ain CH fera de 5 piés, & par conféquent auf 2. HG eft égale à CF, ainfi AG eft de 10 piés; enforte que fi dans la proportion précédente à la place des Lignes AB, HG, CB, on met leur va- leur, on aura 5 eft à 10, comme 10 eft à CÆ, qu’on trouvera de, 20 piés ; fi l’on en Ôôte CF de 10, il reftera F£ qui eft l'axe ou la hauteur du petit cône qui fera aufli de 10 piés, on trouvera la {oli- dité du cône total en multipliant la fuperficie du cercle. de fa,bafe par le tiers de fa hauteur CZ, &t l’on aura pour fa folidité 2100 piés eubes. On retranchera de cette folidité celle du petit cône, que l’on trouvera être de 262 piés cubes, il reftera pour Ja folidité du cône tronqué 4 D, GB, :838 piés cubes, c'eft-à-dire, environ 8 toifes cubes & demie. | Cela fait, fi l’on fuppofe que pour enlever une toife cube de terre, dans laquelle on veut pra- tiquer la ire, 1l foit befoin de 11 livres de pou- dre, 1l faudra multiplier les toifes de l’excavation par le nombre des livres de poudre qu’il faut pour enlever chaque toife, c’eft-à-dire, que dans cet exemple,il faudra multiplier 8 toifes & demieparzr, & le produit 93 livres & demie donnera la quantité de poudre dont il faudra charger la mixe dont il eft ici queflion. On augmente cette quantité de quelque chofe, afin que l'effet de la mire fe trouve plutôt plus grand que plus petit, & pour remé- dier aux différens accidens qui peuvent arriver auffi à la poudre dans le fourneau & retarder fon ac- tivité. Si l'on avoit voulu calculer l’excavation de cette mire, dans la fuppofition du pataboloïde , on auroit trouvé pour fa folidité 1890 piés cubes qui valent huit toifes trois quarts cubes; c’eft-à-dire, que cette folidité fe trouveroit environ d’un quart de toile plus grand que dans la fuppoñition du cône tron- qué, ce qui n’eft pas ici un objet fort important, Lorfque l’on fait la quantité de poudre dont la mine doit être chargée , 1l faut trouver quelle doit _ être la grandeur ou la capacité de la chambre de la mine ; Qu'on fait ordinairement de forme cubique. On peut connoïtre aifément cette capacité par le moyen de la Géométrie, & pour cela il faut favoir la pefanteur d’un pié cube de poudre. On a trouvé qu'elie étoit d'environ 80 livres ; ainfi, lorfqu’une mine doit être chargée de 8o livres de poudre, il faut que la chambre foit d’un pié cube. On la fait cependant d'environ un tiers plus grande que l’ef- pace que doit occuper la poudre; parce que, pour empêcher que la poudre ne contraête de l'humidité dans la chambre ou le fourneau, on la tapifle, pour ainfi dire, par-tout de facs à terre, de planchés, de paille , &c. Voyez CHAMBRE 6 FOURNEAU, Soit donc la ire dont on vient de trouver la charge, pour trouver la capacité de fa chambre, nous fuppoferons qu'aux 93 livres & demi que le calcul a données , on ajoute 7 livres & demi, on aura 100 livres pour fa charge complete. Préfentement, fi 80 livres de poudre occupent un pié cube, 100 livres en occuperont un pié & un quart.de pié , ajoutant à cela trois quarts de pié pour les facs à terre, la paille & les planches qui doivent être dans la 7e, on aura 2 piés cu- bes pour la capacité totale de la chambre. Ainf il ne s’agit plus que de trouver Le côté d’un cube qui contienne 2 piés cubes, qu’on trouve par approxi- ” Tome X, | M Ï N- 531 tation être d'environ un pié trois pouces, Ainf donnant pour bafe à la chambre un quarré dont le côté foit de cette quantité; & faifant fa hauteur auffi de la même quantité, on aura la chambre de la gras deur demandée, Il eft bon d’obferver que l’exacté précifion n’eft pas d’une néceflité abfolue dans ces fortes dé calculs, On, ajoute ici une table calculée par M. dé Valliere, qui contient la quantité de poudre dont les rrines doivent être chargées, depuis un pié dé ligne de moindre téfiftance jufqu'À 40, bagueu| à Û 277 HU débRoibe DS De dre réfi- fuines, moindre réz. mines flance. fiftance. Piés, livres. onces, Piés, livres. oncés: I 000 2 || 21 868 3 2e O 12 22 998 4 3 2 8 dy 1140 a 4 6 O 2.4 1296 (o) ; IL Ii 2 1558 9 6 20 À 26 1647 2 7 SE VESTE 1815, ‘4 8 48 (e 28 2058 (os 9 68 $ 29 2286 7 10 93 12 30 2530 4 11 124 12 31 2792 4 12 162 O 32 3072 e, 13 20 À5 33 3369 , x 14 257 4 34 3680. 2 15 316 4 35 4019 8 16 324 oO 36 4374 0 17 460 9 37 4758 1: 18 S46 12 38 s144 4 19 643 0 39 561 2 30 759 (e 4 6009 Ô Nous ayons obfervé que la poudre en ägiffant également de tous côtés, fait fon plus grand effort vers celui qui lui oppofe le moins de réfiflance, Ainf on peut la déterminer à agir vers un côté quelconque, en lui donnant plus de facilité À s’é- chapper par ce côté que pat les autres. Soit figuré, PL IX, de fortif. fig. 8, la coupe. où le profil d’un rempart de 30 piés de haut; fi l’on plaçoit la chambre de la ire dans les tetres du tempart D , enforte que la ligne de moindre ré- fiftance € D fe trouvât moindre que la diftance BD, c’eft-à-dire, que celle du fourneau à la partie exté… rieure du revêtement ; il eft évident que la rrine feroit fon effort vers C & non vers 8. Mais dans l'attaque des places, on les emploie pour détruire les revêtemens où elles font des efforts confidéra- bles. Il faut donc pour cela que la chambre de la mine, foit placée de maniere à produire cet effet, c’eft-à-dire comme en 4, où la diftance 4 B eft. plus petite que celles de toutes les autfes parties extérieures du rempart & du revêtement au four neau 4. Nous avons fuppofé dans cet exemple [æ hauteur du revêtement B X de 30 piés ; ain l’on place le fourneau à la diftance de 12 ou 15 piés du côté extérieur du revêtement ; l'effort de la mine e fera felon 4 1; 8 comme la partie Z du terrein réfiftera à cet effort, il fe fera totalement vers 2K Fe êc 1l renverfera ainfi le revêtement dans le fofé. On trouvera la quantité de poudre néceffaire pour ptoduire cet effet, comme mous l’avons indiqué ci-devant, en toifant le folide H 4 1, & en multi pliant chaque toife de fa folidité par 20 ou 25 qui eft la quantité de poudre dont il eft befoin pour enlever une roife cube de maçonnerie. Après quoi l’on réglera auffi la grandeur de la chambre , rela- tivement à la quantité de poudre qu’elle doit con. | XX à] 532 MIN tenir, & à ce qu’on a enfeigné précédemment à ce fujet. On voit dans la PI. VIII. n°. 2. c’eft-à-dire, dans la feconde PI. VIII. fig. 12. les différens outils dont fe fervent les Mineurs. Voici les noms de ces outils, avec les lettres qui les défignent dans la plan- che qu’on vient de citer. A, fonde à tarrière de plufieurs pieces, & vüede plufieurs façons. B, fonde pour des terres. C, grandes pinces dont une à pié de chevre. D, peute pince à main. E , aiguille pour travailler dans le roc , pour faire de petits logemens de poudre pour enlever des ro- ches, & accommoder des chemins, êc faire des ex- Cavations dans le roc. F, drague, vèe de deuxicôtés. G , beche. | H, pelle de bois ferrée, T, mafle, vûe de deux côtés. Æ , maflette, vûe de deux côtés. L, marteau de maçon, vû de deux côtés. M, grelet de travers. N, grelet, vû de deux côtés, O , marteau À deux pointes , vü de deux côtés. P,pic-hoyau, vü de deux côtés. @ , picaroc, vû de deux côtés. KR, hoyau. $, feuille de farge, vüe de deux côtés. T ,"cifeaux plats. F, poinçon à grain d'orge. X, cifeau demu-plat, và de deux côtés, Y , louchet à faire lesrigoles pour les auges : ces louchets fervent aufli à faire du gafon. Z , plomb avec fon fouet & {on chat. & , équerre de mineur- a , bouflolle. b, chandelier. Les galeries que font les Mineurs pour aller juf- que fous les endroits que l’on veut faire fauter, ont communément quatre piés & demi de hauteur, & deux piés & demi ou trois piés de largeur. Pour que la galerie puifle oppofer la réfiftance néceffaire pour empêcher la mine d’y faire fon effet, il faut qu’elle foit plus longue que la ligne de moin- dre réfiftance du fourneau de la wire. Car fi l’on fuppofe que B, PI. X. de fortif. fig. 1. foit le fourneau d’une wire conftruite dans le contre- fort A, & C l'entrée dela galerie, vis-à-vis le four- neau 2; comme fa longueur B C eft beaucoup moindre que la hauteur des terres & de la maçon- nerie au-deflus du fourneau, quelqu'exaétement que _ cetté galerie puifle être remplie & bouchée , elle n’oppofera point le même effet que ces terres & cette maçonnerie :ainfi, dans ce cas , la plus grande par- tie de l'effet de la mine fe fera dans la galerie, ou , comme le difent communémentles Mineurs , la ire ‘ foufflera dans fa galerie. Mais fi, pour faire fauter la partie du rempart vis-à-vis Le point L & au-deflus , on fait l'ouverture de la mine en D affez loin de cette partie, & qu’on y conduife la galerie, en la coudoyant , comme de Den£, de Een F,deFenG, PL X. de foruf. fig. 2. & enfin de G en T,, il eftévident qu’on pour- ra alors emplir ou boucher une partie de cette ga- lerie fufifamment grande, pour oppofer plus de ré- fiflance à la poudre enfermée dans le fourneau, que la ligne de moindre réfiftance de ce fourneau ; & wainfi, dans cet état, on peut faire faire à la mine tout l’effet qu'on endefire. Il fuit de-là que pour faire fauter une partie de rempart ou de revêtement par le moyen d’unemine, il faut ouvrir la galerie loin de cette partie, &c l'y conduire par différens endroits où retours. Ces re- MIN touts ont encore un objet bien effentiel , c’eft qu'ils donnent plus de facilité à bien boucher la galerie; mais comme ils allongént le travail, on n’en fait qu'autant qu'il en eft befoin , pour que la galerie {oit capable d’une plus grande réfiftance que la ligne de moindre réfiftance que laine, Pour donner une idée de la maniere dont on remplit la galerie à chaque coude, foit 4 BCD, PI, X. de fortif. fig. 3. un coude quelconque; on commencera par planter des madriers verticale- ment le long de D C , & de même le long de AB, que l’on recouvrira d’autres madriers pofés horifon- talement, dont les extrémités porteront, favoir , ceux de D C vers C & vers D, & ceux de 4 B vers A & vers B. On adoffera verticalement à ces ma- driers des pieces de bois appellées piés-droits, que l’on ferrera de part & d’autre fur les madriers D © & A B, par de fortes pieces de bois mifes en- travers , qui fe nomment areshoutans Ou érréfilons ; & pour que ces pieces de bois preflent les madriers auxquels font adoflés les piés-droits avec tout l'effort poflible ; on les fait entrer à force, & l'on met de forts coins entre les extrémités des étréfilons: & les piés droits fur lefquels pofentles extrémités des étré- filons. On remplit après cela le vuide du coude de même matiere, dont on remplit celui du deffus de la chambre de la mine. I] faut remarquer que la longueur de tous les con- tours de la galerie pris enfemble, n’expriment pas la réfiftance qu’elle peut oppofer à l'effet de la zine; car la poudre agiffant circulairement , une galerie à plufieurs retours ne lui offre de réfiftance que fui- vant la ligne droiteimaginée , tirée de fon ouverture à la chambre de la mine, laquelle ligne pouvant être confidérée comme la longueur de la galerie, c’eft par elle que nous exprimerons cette longueur. Soit B, PL X, de fortif. fig: 4. le fourneau d’une mine dont la ligne de moindreréfiftance eft 4 B.Siles parties B C & C D de la galerie font prifes enfem- ble égales à la ligne 4 B , & fi l’on fuppofe la gale- rie remplie de matériaux qui réfiftent autant que les terres de la ligne de moindre réfiftance, la mine fera fon effort par la galerie ; car la poudre agira vers l’ouverture D de la galerie, fuivant ce que nous ve- nons de dire, felon la ligne B D, qui A plus petite que les lignes B C & CD, prifes enfemble, & par conféquent moindre que la ligne de moindre réfiftan- ce : donc, &c. Il fuit de-là qu'il faut évaluer la partie de la ga- lerie ou il faut remplir, non par la longueur des par- ties de cette galerie, mais par une ligne droite , ti- rée du centre du fourneau à un point déterminé de la galerie. Des différentes efpeces de mines. Une mine qui n’a qu’une fimple chambre ou fourneau , comme la zr- ne À, PI X, de fortif. fig. 2. fe nomme wine fimple. Si elle a deux fourneaux , comme la figure B , fig. 5. le fait voir, la galerie en ce cas forme une efpece de T, & laine eft appellée wire double, Si elle a trois fourneaux comme la wine ©, fig. 6. elle eft ap- pellée rine triplée ou treflée ; & enfin , fi elle en à quatre , wine quadruplée , & ainf de fuite, en pre- nant le nom du nombre de fes chambres ou four- neaux. L'objet des sines à plufieurs fourneaux, eft de faire fauter à la fois une plus grande étendue de rem- part ou deterrein. On obferve un tel arrangement dans leur diftance que leurs efforts fe communiquent, & on leur donne à tous le feu en même tems, parle moyen d’un fauciflon qui communique à tous les fourneaux ; on détermine l’endroit où l’on doit met- tre le feuaufauciflon, de maniere que le feu arrive en même tems dans toutes les chambres. Il ne s’agit pour cela que de lui faire parcourir des parties éga- MIN les du fauciflon , depuis le point où l'on met Le fenr 5 lequel fenomme foyer, jufqu'au centre de chaque chambre: En forte que s’il $’en trouve quelques-uns plus près du foyer que les autres ; il faut faire cifférens coudes ou zigzags au fauciffon , afin qu'il y en ait la même quantité du foyer à ces chambres qui en font proches ; qu'il y ena dumêmefoyer à celles qui en font les plus éloïgnéés. = Les mines fimples & les doubles font levplus en nfage dans les fieges: On ne fe fert guère des autres que lorfqu'on veut démolir ou détruire totalement: des Ouvrages. 41. L’ufage de charger lès mines avec de la poudre eft moins ancien que fa découverte. Le premier effai qu'on en fit fur en 148%. Les Génois afhégeant Sere- zanella, ville qui appartenoit aux Florentins, un ingénieur voulut faire fauter la muraille du château avec de la potdre-deffous ; mais l'effet n’ayant pas répondu à fon attente, on ne penfa plus À perfec- tionnér l’idée de cet ingénieur , juiqu'à ce que Pierre de Navarre qui fervoit alors dans l’arméetdes Génois , & qui s'étant depuis mis au fervice des E pagñols, en fit ufage en 1563 contre les François au fiépe du château de l'Œuf, étpece de fort ou de cita- delle de la ville de Naples, Le commandant decé fort n'ayant point voulu fe rendre à la fommation que lui enfit faire Pierre de Navarre, celui-ci fit fauter en l'air la muraille du château, & le prit d’affaut. Ceux qui voudront plus de détails fur ce fujet pourront avoir recours au traité d’Artillerie, fe- conde édition des éléments de la guerre des ieges. Foyer, Planche X, de fortification, fig. 7, 859, 10,11 & 12, lesdifférens effets d’une 7e qui joue, La fig, 7. eft le profil de la chainbre de la mine & de la galerie, æ, eft la chambre oulefourneau dé la mine, b, eftun lit de paille & de facs à terre fur lefquels on met la poudre. -.c; font les arcs-boutans avec lefquels on ferme la chambre. ; d , eft l’auget qui contient le fauciflon; e , eft le fauciflon. _ j; eft une cheville qui perce le fauciflon, & qui le retient dans la chambre. | À BC D, fig. 8. exprime la partie du revêtement qu'on fe propolfe de détruire par la mine, La fg. 9. fait voir le profil de cette partie du revêtement & de la chambre de la rire. La fig. 10.eft la vûe par-devant d’une mixe qui joue. - La fig. 11. eft a vûe parle côté de l'effet de la J7111€. Et la fig. 12. le profil du revêtement après que la mine a joué. Les lignes ponétuées font voir la par- tie que [a nine a fait {auter. MINE , ( Monn. rom.) la mine yaloit cent drach- mes attiqués felon l’eftimation de Pline, Liv, XXI. fur la fin. Mna, ditil, quam noftri minam vocanr, pendit drachmas atticas centum. Le.même hiftorien nous apprend quelques lignes auparavant, que la drachme étoit du poids d’un denier d'argent. Com- me nous pouvons eftimer le denier romäin d'argent au-moins à quinze {ols de notre monnoie aduelle à al s’enfuivra que la mire qui valoit cent drachmes, feroit au-moins 70 de nos livres. Je fais que ce calcul ne s'accorde pas avec celui de plufieurs françois, qui ont évalué la mine attique à so livres; mais c’eft qu'alors notre marc d’argent étoit à environ 36 li- vres. Voyez Mine Des HÉBREUX, ( D. J. MINE Des HÉBREUX, ( Monnoie hébraïque. ) La mine hébraïque nommée en hébreu mir, valoit foi- xante ficles, qui font felon le do@eur Bernard, meuf livres fterling ; mais la æixe attique dont il eft parlé dans le nouveau-Teftament, valoit centdrach- "huit shellings, neuf fois. (D. J.) MIN 533 ès, & moñnoie d'Angleterre , trois livres fterling MINE, ( Commerce. ) ef auf une mefire de Fran: ce. Voyez MESUR&. y | Mines eft une mefure eftimative qui fert à mefu- rer les grains, les légumes fecs, les graines, comme le froment, le feigle, l'orge; les féves , pois, len- tilles, &c. La mine n’éft pas un vaiffeau réel tel que lé minot qui fert de mefure de continence, mais une eflia: uonh de plufeurs autres mefures. À Paris , la mine de grains, de légumes, de grais nes ; ef compofée de fix boifleaux ou dé deux mi nots radés & fans grain fur le bord. Il faut deux si. #es pour le feptier, & vingt-quatre mines pour le muid, | | A Rouen, la mine eft de quatre boïfleaux : à Die- pe, les dix-huit mzes font le muid de Paris, & dix:- fept muddes d’Amfterdam. À Péronne ; la mine fait la moitié du feptier. Voyez SEPTIER © Mur. | Mine eftune mefure de grains dont on fe fert en quelques lieux d'Italie } particulierement à Genes,; Où vingt-Cinq mines du pays font le laft d’Amfter- dam. Poyez LAST. Mine eft aufli une mefure:de charbon de bois, qui n'eft pas un vaifleau particulier, mais un compofé de plufieurs mefures. AL La mine de charbon, qu’on nomme auf quelque- fois fac où charge , parce que le fac de charbon qui contient un muid eft la charge d’un homme > CON tient deux minots ou feize boifleaux. Mine {e dit pareillement de la chofe mefurée : uné mire de blé, une mine d'avoine, une mine de char- bon, &c Diéfionnaire de Commerce. MINÉENS , ( Théologie. Ÿ nom que faint Jérome donne dans fon épître 89 aux Nazaréens , dont il fait une feéte parmi les Juifs, Æoyez NAZARÉENS. MINEIDES ;:1.f. pl( Mychologie, ) ou les filles de Minyas nées à Thèbes :-elles refulerent de fe trouver à la célébration des Orgies , foutenant que Bacchus n’étoit pas fils de Jupiter: Pendant que tout le monde étoit occupé à cette fête, elles feules con: tinuerent à travailler, fans-donner aucun repos à leurs efclaves, marquant par-là, dit Ovide , le mé- pris qu'elles faifoient du fils de Sémélé, & de fes jeux facrés. Mais tont d’un coup , elles entendent un bruit confus de tambours, de flûtes "8 de trompet- tes ; une odeur de myrthe & de fafran s’exhale dans leur chambre ; la toile qu’elles faifoient fe cou- vre de verdure, & poufle des pampres, & des feuil- les de lierre. Le fil qu’elles venoient d'employer, fe convertit en ceps chargés de raifins ; & ces raifns prennent la couleur de pourpre , qui étoit répandue fur tout leur ouvrage. Un bruit terrible ébranle la maifon; elle parut à l’inftant remplie de lambeaux allumés , & de mille autres feux, qui brilloient de toutes parts. Les Mrnérdes effrayées veulent en vain fe fauver; pendant qu’elles cherchent à fe réfugier dans les endroits les plus fecrets , une membrane ex- trèmement déliée couvre leurs corps, & des aîles fort minces s'étendent fur leurs bras. Elles s’éle- vent en l'air par le moyen de ces aîles fans plumes, & s’y foutiennent ; elles veulent parler , une efpece de murmure plaintif eft toute la voix qui leur refte pour exprimer leurs regrets; en un mot, elles font changées en chauve-fouris. C’eft le conte d’Ovide 3 voie: comme la Fontaine en embellit la fin. Bacchus entre & fa cour; confus , & long cortége s Où font, ditil, ces fœurs à la main facrilég: ? Que Pallas les défende, & vienne en leur faveur Oppofèr Jon égide à ma jufte fureur, | Rien ne m’empéchera de punir leur offenfe à \ $34 MIN Poyez, & qu'on fe rie après de ma puiffance ! Il n'eut pas dit, qu’on vit trois monfîres au plancher, Ailés, noirs, 6 velus, en un coin s'attacher. On cherche les trois fœurs , on n’en voit nullerrace: Leurs mériers font brifés , on éleveen leur place Une chapelle au dieu pere du vrai Neëtar. Pallas a beau fe plaindre , elle a beau prendre part Au deflin de ces fœurs par elle proténees ; Quand quelque dieu voyant fes bontés négligées, Nous fait fentir fon ire, un aurre n°y peut rien: L’olympe s’entretient en paix par ce moyen. (D. J.) MINÉO , ( Géog. ) ville de Sicile, dans le val de Noto, vers la fource de la riviere fanto-Paulo. Elle eft fituée entre Caltagirone à l’occident , & Lentini à lorient. C’eft l’ancienne Mene, ( D. J.) MINERAÏ , {. m. ( Hëf£. nat. ) mot fynonyme de mire , & qui défigne la fubftance métailique, foit pure, foit minéralifée, que l’on détache dansiles fouterreins des mines: On dit laver le minerai, écra- {er le rminerai, fondre le minerai, 6c. comme on dit auf détacher la mine, lavér la mine, fondre la mine, &c. Le mot minerai femble s'être introduit pour évi- ter la confufion que peut occafonner le mot de mine, minera, Où gleba metallica, avecle mot mine, metalli fodina. Cependant Pufage veut qu’on dife en françois une rzine de cuivre, une nine de plomb, une mine d'argent , & l’on ne dit point un mwreraz d’or ou d'argent, &c. Voyez MINE. (— ) MINÉRAL, adj. ( Æiff. nat. ) ce mot fe prend ou comme fubftantif, ou comme adjetif. Comme füubftantif, on dit un minéral , ce qui eft la même choïe qu’une fubftance appartenante à la terre : comme adje@if, le mot rrinéral fe joint à un fubftan- tif, & défigne que c’eftun corps qui fe trouve. dans la terre, ou qui lui appartient : c’eft ainfi qu’on dit regne minéral, charbon winéral, fubftance minérale ; les eaux munérales font des eaux chargées de quel- ques parties qui leur font étrangeres, &iqui appar- tiennent auregne sinéral. Voyez MINÉRAUX. Dansla Chimie , om nomme acides minéraux, les diflolvans ou menftrues acides que’l’on obtient du vitriol, du fel marin, & du nitre, pour les diftin- guer des acides qu’on obtient des végétaux. (—) MINÉRAL, Ærhiops. voyez MERCURE , Chimie, & MERCURE, Mat. med. MinÉRAL regne, ( Hif£, nat. ) c’eft ainfi qu'on nomme l’aflemblage total des corps qui appartien- nent à la terre, & qui fe forment dans fon fein. Ces corps s'appellent minéraux , ou fubflances du regne minéral ; ils font une des trois branches dans lef- quelles il a plu aux Phyfciens de partager l’hiftoire naturelle. Le regre minéral eft l’objet d’une étude par- ticuliere, qu’on nomme Minéralogie. Voyez MINÉ- RALOGIE & MINÉRAUX. Il ef très-difficile de fixer les bornes précifes que la nature a mifes entre fes différens regnes ;, tout nous démontre qu'il y a la plus grande analogie entre les minéraux, les vésé- taux, & les animaux. En effet, le regne minéral four- it aux végétaux la terre 8t les fucs nécefaires pour leur accroiffement ; les végétaux fournifflent aux animaux leur nourriture , & paflent ainfi avec les parties qu'ils ont tiré de la terre dans la fubftance de ces animaux , qui eux-mêmes rendent à la fin à la terre ce qu'ils en ont reçus , & retournent dans la fubftance d’où ils ont été originairement tirés. Le célebre M. Henckel a fait voir cette circulation per- pétuelle des êtres qui paffent d’un regne de la nature dans un autre, par l'ouvrage qu'il a publié fous le nom de flora Jaturnigans, ou de l’analogie qui fe trouve entre leregne végétal &c le règne minéral. (— MINÉRALES Eaux, (Chimie & Médecine. ) c’eft ainfi qu’on appelle les eaux chargées ou imprégnées de principes minéraux en aflez grande quantité, MIN pou produire fur le corps humain des effets fénf- bles & différens de ceux de l’eau commune. Les eaux minérales {e divifent ordinairement en thermales 8 en froides. Parmices dernieres , il y em a qu'on nomme acidules,, à caufe d'un certain goût piquant qu'elles impriment fur la langue, à-peu- près égal à celui du vin moufleux, comme le vin de Champagne & la biere ; telles font les eaux de Spa, de Pyrmont, de Vals, &c. Relativement à leurs principes, les eaux minérales fe divifent encore en fulphurenfes ,en martiales,, 8ten falées : c'eft à cette divifion que nous nous en tiendrons dans cet arti= cle, en commençant parlesfalées. Ileft néanmoins à propos d’obferver quelles: eaux martiales &c les fulphureufes , qui outrele foufre ou le fer, contien= nent encoredes fels, doivent être entierement diftin- guées des autres, par cela feul qu’elles renferment des fubftances fulphureufes 87 martiales; c'eft pour- quoi nous en ferons une clafle à part. : \ Eaux minérales falées. Ce font les eaux qui font imprégnées de fels, & qui ne contiennent d’ailleurs ni fer, ni foufre, mais qui indépendamment des pincipes falins, renferment quelquefois un air ow efprit élaftique , du bitume , une terre abforbante ; & fouvent même une autre efpece de terreappellée Jélénire. Voyez SÉLÉNITE. On reconnoît les eaux minérales qui font pure= ment falées, à ces fignes : 1°, f l’ér/perfcon de la poudre de noix de gale n’altere point fenfiblement leur couleur naturelle, phénomene qui eft particu- lier aux eaux martiales : 2°, fi en y jettant de l’ar- gent en mafle, ou une piece d’argent , ou en expo- fant ce métal à leur vapeur, fa couleur n’en eft point obfcurcie ou noircie : 3°. fi elles n’exhalent point une mauvaïfe odeur approchante de celle des œufs pourris, deux propriétés deseaux fulphureufes. Maintenant parmi les eaux falées, on en trouve qui font chaudes, & dans différens degrés de.chaz leur ; d’autres qui font froides. Les principales eaux thermales falées du royaume, font les eaux de Ba< laruc, de Bourbon, du mont d'Or; celles de Vi- chy, de Bourbonnes, de Bagneres , &e, Les froi des-font celles de Pongués ,; de Mier , de Valo, d'Yeuzet, & les eaux froides du mont d'Or, celles de faint Martin de Fenouilla , & plufeuts au- tres , dont nous attendons l’analyfe des travaux de MM. Venel & Bayen. On doit encore mettre au nombre des eaux falées, les martiales qu'on ne boit que quelque tems après qu’elles ont été tirées de la {ource , en forte qu’elles ayent dépofé leur fer, com- me font les eaux de Pafly épurées, qu'on prend communément à Paris, celles de Camares qu'on tranfporte dans diverfes villes du Languedoc, 6:c. Les principes qu’on retire ordinairement des eaux falées, & qui s’y trouvent dans une variété de rap- ports proportionnels à celle des eaux, font 1°.un air ou efprit élaftique ; 2°. un fel marin; 3°. un fel d’epfon; 4°. un fel alkali minéral; 5°. une terre abforbante ; 6°. une terre félémitique; 7°. un fel marin à bafe terreufe qui ne fe cryftallife point ; 8e, une efpece d'huile zirérale , autrement dite Pisumes 9°.enfin, onretire de l’alun de quelques-unes : maïs celles-ci font très-rares. Nous allons traiter de cha= cune de ces eaux en particulier, fans omettre de donner des exemples de la maniere dont on peut en découvrir & en démontrer les principes. Les eaux minérales qui contiennent un air élafi- que , font prefque toutes froides ; la préfence de cet air fe manifefte par les bulles qui s’élevent conti- nuellement çà & là fur la furface de ces eaux, & par leur goût piquant. Or ce goût que nous avons comparé à celui du vin moufléux, dépend évidem- ment de cet air élaftique ; la preuve eneft que les eaux perdent de ce goûtou deviennent plates à pro MIN portion de Pair élaftique qu’on en chaffe. Voici d’ail- Jeurs une expérience quidémontre prefque à la vue l’exiitence de cet äir dans ces fortes d'eaux ; elle con- fifte à adapter au goulot d’une bouteille à deux tiers remplie d'eau munerale, une veflie de porc vuide d'air, qu'on a eu foin de mouiller pour la rendre plus flaïque ; pour lors en agitant un peu l’eau de la bouteille par quelques fecoufles , tandis qu’on com- prime d’une main la veflie, l'air élaftique fe débar- rafle , fait itruption dans l’intérieur de la veflie, qui lui préfente moins de réfiflance que le verre, & en remplit la capacité. On peut fuppléer cette expé- rience par une autre plus aifée, c’eft-d-dire , on n’a qu’à boucher exactement avec le pouce l’ouverture d’une bouteille à moitié pleine d’eau ; fecouerla bou- teille, lever enfuite un peu le pouce, comme pour donner de l'ait, on entendra pour dors fortir avec filement par la petite ue ménagée par le pouce, cet e/prit élaftique que M. Venel aflure être du vé- nitable air, & même de l’air très-pur. Pour ce quieft de la mixtion de cet air avec l’eau, elle eft fi foible que la plus legere fecoufle, le plus petit degré de chaleur, la feule impreffion de l'air externe cit capable de la détruire; c’eft pourquoi lorfqu’on veut tranfporter un peu loin ces eaux /5:- ritueufes, & qu'on defire d’en conferyer toute la vertu, 1l faut avoir la précaution de ne les mettre en bouteilles que le matin, 8 de choifir autant qu'on le peut, un tems froid pour les voiturer. Il fe trouve de ces eaux qui renferment une fi grande quantité d'air élaftique, qu’elles romproient toutes les bouteilles, fi on n’avoit l'attention de les laïiffer quelque peu de tems expofces à Pair libre dans les bouteilles non bouchées, pour qu’elles puiffent éva- porer partie de cet c/prar. Parmi les eaux minérales {alées, dont nous avons jufqu’à préfent lanalyfe il en eft pen de {piritueufes ; nous avons pourtant celle des eaux de Seltz & des eaux de S: Martin de Fenouilla, A l'égard des eaux martiales & fpiritueufes, il s’en trouve très-commu- nément; les eaux de Spa , de Pyrmont, de Cama- res, & un grand nombre d’autres font de cette claffe. On a trouvé de nos jouts l’art de contrefaite ces eaux falées fpiritueufes ; cette invention très-ingé. nieufe appartient à M. Venel , profefleut en luni- verfité de Médecine de Montpéllier. Pour avoir de ces eaux fpiritueufes faétices , on n’a donc qu’à te- plir une bouteille d’eau commune pure , fur [laquelle on fera tomber fucceflivement quelques gouttes d’un alkali minéral, & d’un acide, foit marin, foit vitrio- liques , chacune de ces liqueurs verfée à-part dans une dofe & proportion convenable, enforte que le mélange de l'acide avec le fel alkali fe faffe tranquil. lement, peu-à-peu &c fans trouble ; par ce moyen tont mouvement d'effervefcence étant , pour ainf dire, étouffé , l'air fe trouveraretenu. Voyez Le fecond mémoire fur l'analyfè des eaux minérales de Selrz , qui fe trouve dans le fecond volume des mémoires pré- fentés à l’académie royale des Sciences. Lesacidesverfés dans les eaux ziérales fpiritueufes y occafionnent conftamment de l’effervefcence, en- core que par l’analyfe ces Eaux ne donnent que très- peu ou même point de {el alkali nud ; d’où Hoffman, conduit par une faufle interprétation de la véritable caufe de cette effervefcence , conje@uroit qu'il y avoit dans ces eaux quelque alkali volatil très-prompt à s'envoler. Il feroit peut-être aufli naturel de pen- {er que cette effervefcence eft un effet du conflit ou du choc de l'acide, avec laterreabforbante que con- tiennent prefque toutes ces eaux minérales ; mais il confte des expériences & des obfervations de M. Ve- nel que ce phénomene eft dû réellement à l'air, qui, MIN 535 paï l’afufion des acides ; eft forcé de rottpre fon mé lange avec l’eau. ’ On retire du plus grand nombre de ces eaux #it nérales un {el marin, On a plufieurs expériences pour conffater la préfence de ces fels dans les eaux ; mais fon goût & la forme cubique de ces cryftaux en font des indices fuMifans. Les fels de Glauber, d’Epfon , où de Seiditz (caf ces fels ne font qu’un même fel ), entrent également dans la compofition de beaucoup de ces eaux. On les reconnoït à un goût d’amertume qui leur eft pro: pre, & qui laïffe une impreffion de froid fur [a lan- gue ; à la figure de leurs cryftaux , qui eft un paral: lelogramme , dont les angles font coupés d’un côté : à l’ordre de la cryftallifation, car ces fels qui Le ttour- vent le plus fouvent avec le fel marin, ne fe cryf- tallifent «qu'après ce dernier fel à une évaporation lente. Le fel alkali, qui fe rencontre dans les eaux mixé rales falées , a pour bafe un alkali de fel marin > OU autrement un {el alkali minéral : on le diftingue à un goût lixiviel qui lui eft particulier, & principale- ent à leffervefcence qui s’excire dans l’eau mirée rale concentrée lorfqu’on y verfe de l'acide vitrio- lique , aifi qu’à la forme de fes cryftaux. Les propriétés des fels dont il a été quefion jufs qu'ici, font de détacher & d’entraîner les matieres glaireufes des premieres voies , de ftimuler l’efo: mac & le canal inteftinal , d'augmenter le ton & les ofcillations de ces organes , de réfoudre les obftrucz tions, de provoquer les urines , & même d’être pur- gatifs lorfqu'ils {e trouvent en grande abondance dans les eaux. Il eft encote plufieurs de ces eaux méditinales qui font chargées de fubftances terrenfes que nous avons dit être, ou une tetré abfotbante , Ou de là félénité ; la nature de ces fubftances eft véritable- ment terreufé ; & lorfque, par l’évaporation, elles fe font formées en mañle, elles réfiftent à leur d'ffo= lution dans l’eau pure. À égard de la terre abfor- bante , elle fait effervéfcence avec les acides > & fé transforme avec eux en fels neutres, La félénite au contraire élude l’énetoie des acides. On apprend encore à réconnoître & à diftinguér l’une & l’autre de ces fubffances à la forme de leurs cryftaux : ainfi, par exemple , la terre abforbante , an moyen d’une évaporation lente, fe fofme en petites lames écail leufes &c la-félénite en petites aiguilles qui deflé= chées Ont un luifänt comme foyeux, La concrétion de l’une & de l’autre de ces fubftances précede tou- jous celle des fels dans une liqueur qu’on foumet à l’évaporation , & c’eft toujours la terre abforbante qui fe concret la premiere , & la félénite enfuite, On ignore jufqu’à préfent quelles peuvent être les vertus de là terre abfotbañte & de la félénite par rapport au Corps humain : il faut pourtant en EXCep- ter ce qu'on connoît de la propriété qu’a la terre abforbänte de corriger & d’adoucir les acidés des premieres voies. Les eaux minérales falées renfétment fouvent en core un fel marin à bafe terreufe, réfultant de Pacide de fel marin & d’une térre abforbante » Qui par leur union forment un fel neutre. Ce genre de fel ne fe cryftailife point, & on ne parvient même à le def. fécher qu'en y employant une très-forte chaleur 5 expofé à l'air libre , ce fel fe charge de l'humidité de l’atmofphere , & ne tarde pas À tomber en déliquef: cence : ces divers caraéteres fefviront à le faire con- noître , & autant que fon goût amer, âcre , très-pé- nétrant ; en outre lorfqu’on verfe deflus de l’acide vitriolique , l’efprit de {el marin dégagé s’envole & frappe l’odorat ; fi fur cette diflolution vous venez à verfer le l’huule de tartre par défaillance , il fe fair uh précipité blanc terreux , enfuite, en filtrantcette 536 MIN Hiqueur & la faifant concentrer à une évaporation lente , vous en obtiendrez les cryfiaux du fel marin régeneré » appellé vulgairement /e/ fébrifage de Syl- vins. Ce fel a les mêmes vertus que tous ceux dont nous avons déja parlé ; il eff néanmoins à préfumer d'après Le goût qu'ildoit être plus énergique que les auires. IL fe trouve encore nombre d'eaux sinérales fa- lées qui contiennent du bitume , ou une huile riné- rale diffoute par des fels ; telles font les eaux de Boutbon, celles d'Yeuzet , s’il fant en juger par Le goût , les eaux d’une fource finguliere qui fe voit près de Clermont (le puits de la Pege), &c celles d’une fource à-peu-près femblable auprès d’Alais. On s’affüre de la préfence du bitume dans ces eaux, foit par le goût lorfque cette fubftance y abonde , {oit en verfant de l’efprit-de-vin fur l’eau entiere- ment concentrée , car pour-lors le bitume débar- raflé des fels furnage les eaux. Il eft quelques autres fources encore qui contien- nent de l’alun dans leurs eaux ; ce genre de fel fe re- connoît tout de même à fon goût ftiptique,à la figure de fes cryftaux, & à ce quiarrive en le mêlant avec l'huile de tartre par défaillance, c’eft-à-dire que dans ce procédé la terre de l’alun étant dégagée de l’a- cide vitriolique qui s’unit au fel alkali, il en rétulte un tartre vitriolé. M. Leroi, profeffeur en l’univer- fité de Médecine de Montpellier , a reconnu au goût une de fes fources fur un volcan appellé Joffatara, près de Naples ; il prétend que les habitäns du pays ont coutume d'employer extérieurement les eaux de cette fource contre les maladies de la peau. Du refte il fuffra de favoir que les eaux alumineufes ne {ont du tout point propres à aucun ufage intérieur, pour ne pas leur appliquer ce que nous allons dire de l’ufage rationel des eaux 772nérales falées. Les vertus des eaux inérales falées en général font d’être éminemment ftomechiques , ce qui ef confirmé par leur opération qui confifte à balayer les premieres voies , à emporter les matieres qu'on fuppole y croupir, à en déracher les mucofités te- naces qui peuvent s’y être accumulées , à redonner du ton à l’effomac êZ aux inteftins, &c. En conféquence priles intérieurement , elles font très bonnes. 1° Dans une léfion quelconque de coc- tion , pourvu toutesfois qu’elle ne provienne pas d’un engorgement des vaiffeaux du ventricule, ou d’un état de phlogofe de cet organe, ou enfin de quelque tumeur , foit au pylore, foit dans quelque autre endroit du canal inteftinal , les eaux cathaïti- ques, comme par exemple celles de Balaruc , de Vichy ou de Vals, conviennent dans ce cas aux per- fonnes robuftes , & les wzinérales non-cathartiques, comme celles d’Yeuzet , aux perfonnes délicates, aux hypochondriaques , aux mélancholiques, Éc. 2° Dans les accès rebelles de vertige, lorfque le foyer de la maladie eft cenfé réfider dans les pre- mieres voies, ce qui elt aflez ordinaire , & c’eft le cas d’ufer par préférence des eaux carhartiques. 3° Dans l’hémiplegie, cas dans lequel conviennent éminemment les eaux zinérales cathartiques, foit que dans cette maladie l’eflomac & les inteftins ayent perdu leur reflort , foit qu’elle foit entretenue ar des fucs épais, vifqueux , ou autrement, tels qu'il plaira de les imaginer , qui réfident dans les premieres voies : cependant il eft prudent de ne pas fe preffer dans ces fortes de maladies de recourir à Pufage , foit interne, foit externe de ces eaux , voyez ParaALYstE. 4° Dans l’épilepfie (voyez EPILEPSIE), dont elles ne fervent jamais mieux à éloigner les pa- roxyfmes que uand on les ordonne aux malades à trois où quatre reprifes dans l’année, &t qu’on en fait continuer la boiflon durant trois ou quatre jours chaque fois, 5° Ces eaux font admirables pour ré- MAIN foudre les obftruétions des vifceres , principalement les engorgemens bilieux qui produifent un 1ëtere opiniâtre. 6° Leur qualité apéritive les rend excel- lentes contre les fievres-quartes rebelles, dont il a été obfervé plufeurs fois qu'elles ont opéré la guérifon. 7° Elles {ont encore fort bonnes , prifes hors ce tems du paroxyfme, dans les affeétions des reins qui font occafionnées par du gravier, on des mucofités vif- queufes qui obftruent les racines des ureteres, où les baffinets des reins : dans ces cas , il faut choïfir les eaux non-cathartiques ; en outre dans toutes ces afeétions, le bain tempéré des eaux minérales falées eft d’un grand foulagement , tout comme dans les maladies qui proviennent d’une léfion de coétion, &c dans l’ictere. 8° Bien que les eaux minérales falées foient très-propres à provoquer le flux mernftruel en défobftruant les vaifleaux utérins , elles ne le font pas moins pour arrêter ce flux sl efttrop abondant, fur:tout lorfqu’il y a lieu d’accufer ou des obftruc- tions des vifceres, ou des impuretés dans Les pre- mieres voies, ce qui n’eft pas rare. 9° Elles arrêtent également le flux hémorhoïdal trop copieux,lorfque les obftru@ions des vifceres en font la caufe ,8r elles l’excitent dans.le cas d’une fuppreffion ; ici convien- nent les eaux les plus douces. 10° Enfin on oblerve welles font quelquefois des merveilles dans les af- fetions cutanées. Les eaux minérales falées ont cela de commun avec tous les autres fecours efficaces qu'emplote la Médecine , qu’elles font beaucoup de bien f elles font donné:s à propos , & qu'elles font beaucoup de mal dans le cas contraire. Il faut donc être d’a- bord fort cireonfpeét en confeillant l’ufage des eaux minérales aux hémiplégiques , & ne les ordonner qu'avec beaucoup de prudence. Ces eaux, les pi- quantes fur-tout , ne conviennent pas mieux aux perfonnes qui ont la poïrine délicate , ou à celies qui font fujettes à l’hémopthifie ; elles font tres- dangereufes pour les maladies qui ont des tumeurs confirmées, renitentes, &c, dans quelque vilcere ; à plus forte raifon leur feroient-elles nuifibles fi ces tumeurs étoient déja parvennes à l’état de skirrhe; car, bien-loin que les malades en retirafient aucun foulagement , ils ne tarderoient pas de tomber dans l’hydropifie. Ce feroit par la même raifon Le comble de l'erreur de faire prendre ces eaux aux perfonnes qui ont quelque abfcès interne , ou qui font travail- lées de quelque fluxion féreufe. Il faut encore avoir la plus grande attention de ne pas gorger de ces eaux, principalement de celles qui ne purgent point, les perfonnes chez lefquelles elles paflent diffcile- ment , car le tempérament pituiteux, froid , ou une certaine habitude corporelle, qui eft particuliere à ces perfonnes, les difpofe éminemment à l’hydro= pifie. Il ne faut pas non plus ordonner, fans de très- grandes raïfons , les eaux minérales falées ; les pi- quantes fur-tout, aux perfonnes fujettes aux ffrar- guries non plus qu'aux afthmatiques. Enfin les vieil- lards font ceux qui fupportent le moins bien l’ufage de ces eaux, au contraire des jeunes gens. Quant à ce qui regarde la préparation qui doit précéder l’ufage des eaux minérales falées , il pent être quelquefois utile de faigner auparavant, fi la maladie le permet ; on peut encore préparer le ma- lade par quelques bouillons ou de fimples décotions rafraichiflantes , apéritives , & léoeremént atté- nuantes. Lorfque le malade eft déterminé à prendre les eaux, 1l doit en commençant jetter dans la premiere verrée un léger cathartique ; par exemple, trois on- ces de manne ou environ. Il doit en faire autant le dernier Jour de la boiflon à l'égard du dernier verre, fur-tout fi les eaux n'ont pas bien pañlé par les voies alvines ou par les voies urinaires, | La La dofe ordinaire des eaux minérales falées eft d'environ neuf livres par jour. Ce n’eft pas cepen- . dant que cette dofe doive être une regle pour tous les fujets’; 1l faut au contraire la varier fuivant l'âge, le tempérament du malade, & la nature de la ma- ladie. C'eft le grand matin qu'il convient de prendre les eaux ; celles qui ne purgent point, doivent être pri- fes par plus petits verres , & en obfervant de mettre une plus grande diftance d’une prife à l’autre ; il doit être tout le contraire de la boïfion des eaux cathar- tiques: dans tout cela , il faut fe conduire de ma- niete qu’on ait avalé la dofe entiere dans l’efpace d'une heure on d’une heure & demie. À légard du tems que doit durer la boiffon de ces eaux , On a coutume de prendre les cathartiques pendant trois jours & avec fuccès, à-moins qu'il n'y ait quelque contre-indication. L’ufage des eaux mi- nérales fortes peut encore être pouffé jufqu’au fi- xieme jour , & celui des eaux plus douces jufqu’au neuvieme , lors, par exemple, qu’on a en vüe de nettoyer entierement les premieres voies. Les non- cathartiques peuvent fe prendre pendant neuf, dou- Ze, Où quinze jours , & même des mois entiers , fi elles paflent bien, & en ayant l’attention de n’en boire qu’une petite dofe par jour. Les eaux minérales {e prennent ordinairement: vers le milieu ou la fin du printems, ou'au commen- cement de l'automne ; quoique cependant celles qui pargent efficacement par le bas , peuvent être or- données pendant l'hiver même, fi le cas l'exige. Il eff toujours mieux de prendre les eaux ziné- rales à-peu-près au degré de la chaleur naturelle de l'homme que de les prendre froides. Il eft cependant à remarquer, à l'égard des eaux du genre des fpiri- sueufes, qu'on ne fauroit les chauffer fans leur faire perdre beaucoup de leur air élaftique ; c’eft pour- quoril eft plus’ à propos de les prendre froides, fur- tout avec la précaution d'appliquer fur la résion épigafirique des ferviettes chaudes , pour favorifer ou aider l’aétion de ces eaux & leur paffage : mais lorfqu’il s’agit d’un jeune fujet , d’une pérfenne dé- licate qui a la poitrine foible, ou qui eft avancée en âge, comme elle pourroit fe trouver incommodée d'une boïffon copieufe de ces eaux froides , il con- “vient qu'on les fafle tiédir au baïn-marie avant de les prendre. _ Indépendamment de l’ufage interne auquel nous venons de voir combien ces eaux étoient propres, elles peuvent encore être employées extérieure- ment, tant les falées que les fulphureufes ; on s’en fert donc pour les ufages extérieurs, qui confiftent principalement en bains, en douches, &.en yapeurs qu'on reçoit dans une étuye , mais c’eft toujours par les bains qu’on commence. Le bain d'eaux thermales eft de deux fottes : l’un €ft sempére , &E c’eft celui dont la chaleur va depuis le degré 28 jufqu'u 32 du thermometre de Reau- mu: l’ântre cft cehu qu'on appelle hair chaud ; fa | Chaleur comménce au 36 ou 37° du même thermo- metre, & fe porte jufqu'au 42° ou environ, ce qui ef le plus fort degré de chaleur qu’un homme piufle - Aupporter. ; On connoit tout le bien que peuvent faire les bains témpérés ; ils relâchent le fyflème des {olides Zorfqu'il eft trop tendu; ils rétabliffent la tran{pira- ton, témperent les humeurs, &c. Foyez BAIN, en “Médecine, | Nous ayons à parler plus au long. du bain chaud, & nous y ajoûterons ce qui a paru le plus cignerde remarque à M. Leroy, dans les obferva- tions qu'ila faites à ce fujet aux bains de Balaruc ; ce que nous dirons d’après lui fur ces eaux parti- Tome X, Lai ti culieres, pourra s’appliquer à l'ufage de toutes les autres eaux thermales. [l'y a deux fortes de bains en ufage à Balaruc ; Pun {e prend dans la fource même, dont la chaleur eft au 42° degré du thermometre de Réaumur; l’au- tre eft plus doux, c’eft celui qu’on appelle 4e Bai de la cuve, {a chaleur ne va pas au- delà du 36 au 39° degré, & il eft bien rare qu’elle fe porte au 40°; celui-ci eft beaucoup plus en ufage que le précédent qui, vù fon extrème chaleur, n’eft guère propre que dans le cas d’une atonie, ou d’un relâchement total des parties. Il n’eft pas poffible aux perfonnes, même les plus robuftes, de refter plus de quinze minutes dans le bain tempéré, & plus de cinq dans le bain chaud. Le malade plongé une fois dans le bain y eft à peine que fon pouls devient auff fort, auf fréquent, & aufli animé que dans la plus grande cha- leur de la fievre, fon vifage fe colore, s’enflamme : & {e couvre de gouttelettes de fueur: s’il lui arrivé de refter dans le bain au-delà du tems prefcrit, il eft furpris d’un tintement d'oreilles, de vertiges noirs, & de tous les autres fignes qui précedent ordinairement les attaques d’apoplexie. Tout le temsqu'il refte dans le bain , fa tranfpiration infenfible augmente au point d’en être quarante fois plus abondante que dans létat naturel, comme M. Lemonnier l’a déter- miné par des expériences faites aux bains de Baré- ge, & rapportées dans les Mémoires de l'académie des Sciences de l’année 1717, Hifi. pag, 77. 78, Le malade ayant refté fuffifamment dans le bain, on l’en retire en le couvrant d’un drap de lit bien chaud S &t on le tranfporte ainfi enveloppé dans un lit qu’on a également eu foin de bien bafliner; on l’y laifle pendant une heure & demie ou plus, durant lequel tems il eft ordinaire que le malade fite très-copigu- fement ; fi pour-lors on lui tâte le pouls , on letrou- ve encore fébrile, mais il perd infenfiblement de fa fréquence & de {a force, & on obferve qu'il ne re- vient à fon état naturel qu'après quelques-heures. L’ufage de ces bains, tant du tempéré que du chaud, échaufle très-puiflamment, & cet effet eft queljue- fois d’aflez longue durée pour fe faire fentir, même quelque tems après qu’on a ceflé de les prendre ; ainfi par exemple , il caufe l’hémophtifie aux uns, donne la fievre continue aux autres , renouvelle le paroxyfme chez les afthmatiques &z les perfonnes attaquées de ftrangurie, &c. Il eft même d’une ob- fervation journaliere à l'égard des femmes, que l’u- fage de ces bains avance le retour des mois. Sur cet expoié des divers inconvéniens qui peu- vent réfulter de l’'adminiftration des bains de Balaz truc, 1l paroit qu'il.eft bien aifé d'établir des regles êt des précautions pour la fureté des malades à qui on ordonne ce remede, & d’imaginereles fecours qu'on doit apporter à ceux qui s’en trouvent incom- mocés. Il peut donc être utile, ainfñ que nous l’a- vons déjà dit, de faire faignér le malade avant qu'il {etranfporte aux bains, ow bien de le préparer pen: dant neuf ou douze jours par des remedes adoucifz fans & rafraichiflans , qu'il pourra même continuer durant lufage des bains, pour peu qu'il foit d’un tempérament facile à émouvoir > OÙ comme on dit, 537 * d'unstempérament bilieux, ec, &c. Il peut être. également bien de purger les premieres voies, ê£ c'éft ce qu’on obtiendra très efficacement par la boiffon de ces eaux continuée pendant trois jours avant d’en venir aux bains. On ne pread le bain qu'une feule fois par jour; & c'eft toujours le matin, comme nous l'avons re- marqué, qu'il convient de fe baigner. | On-ordonne rarement plus de trois-ou quatre bains des eaux de Balaruc à prendre dans la fource même. Les bains d'eaux zrizérales plus douces ne s’ordonnent pas au-delà du nombre Se fix; le ples Ca AD à 53% MIN fouvent même en ordonne-t-on nn plus petit nom- bre; maïs lorfqu'on en donne fix, pour Pordinaire on a la fage précaution de metire un jour de repos entre le troifieme & le quatrieme. Il eft à propos que tous les malades foient traités avec les mêmes précautions, &c 1l eff rrès-important de les redoubler à l'égard des hémopthifiques, de ceux qui ont la fievre continue, & autres dont nous avons parlé en dernier lieu, parmi lefquels on peut compter les sontteux & les femmes qui font fujettes à des pertes de fang très-abondantes. Lorfqu'un malade fe trouvera incommodé des effets du bain, 1l faudra le traiter parles faignées & par beaucoup d’adouciffans ou de rafraîchiflans , 6. fur quoi la raifon eft d’accord avec l’expérience. On ne fauroit trop recommander à ceux qui pren- nent les bains de ne pas s’expoler à l'air froid, par le danger qu'il y auroit que la tranfpiration qu fe trouve en train de s’'ausgmenter,ne venant à être fupprimée, il n’en réfultät des accidens très-facheux. On obferve de très-bons effets des bains dans la pa- ralyfe, & en général toutes les affeétions de ce genre paroiflent aflez bien indiquer l’adminifiration de ce remede ; néanmoins 1l n'eft pas vrai que tous les paralytiques en foient également foulagés; ainfi 1] eft prudent de ne l’employer, à l'égard de certains malades, qu'avec beaucoup de précautions, & il eft mieux pour d’autres qu’ils s’en abftiennent tout- à-fait. Voyez PARALYSIE, Le bain local de eaux de Balaruc, où même en- core la douche, convient également dans cette ef- pece de paralyfie qui procede d’une foulure ou com- preflion trop rude dans une partie, pourvi foute- fois que les.nerfs aient confervé leur intégrité : dans ce genre d’affeétion on applique le remede à la par- tie même qui a été maltraitée, quoiqu’elle fe trouve bien fouvent aflez différente ou affez éloignée de celle qui eft réellement paralyfée. Il faut encore être très. circonfpeét dans Padmi- : niftration de ce remede à l’égard des perfonnes goutteufes , de celles qui {ont atteintes de virus vé- nétien, des épileptiques, des hypocondriaques, des hyftériques , Ge. Il ne faut pas non plus négliger, dans le cas d’un rhumatifme invétèré, les bons fecours qu’on peut retirer du bain chaud, qu’il fera toujours mieux de prendre au degré le plus approchant du bain tem- péré, qu’à celui du bain chaud proprement dit. Le demi-bain s’emploie encore ordinairement dans les douleurs fciatiques, mais avec des fuccès différens , car il fait du bien aux uns & du mal aux autres ; or donc en fuppofant d’un côté que la fcia- tique participe dela goute à laquelle les bains chauds font contraires; de l’autre, que cette douleur foit l'effet d’une forte imprefñon du froid, & qu’elle tienne de la qualité du rhumatifme mufculaire; en fuppofant, dis-je, ces différentes caufes de la fcia- tique , il paroît que les-bains plus tempérés, comme ceux des eaux de la Malou, devroïent convenir dans le premier cas, & les bains chauds, comme ceux des eaux de Balaruc, dans le fecond. Pour ce qui eft de la douche ; tout le monde fait que c’eft une efpece de bain local dans lequel la partie placée convenablement à la fource eft conti- nuellement arrofée d'eaux rinérales , tandis qu’un baïgneur la friétionne légerement en dirigeant l’eau avec fa main à mefure qu'elle yeft verfée par une autre perfonne prépolée à cette fonétion. Le tems que dure la douche des eaux de Balaruc n’eft pas de plus de quinze minutes ordinairement ; 1l eft pour- tant des parties qu’on pourroit doucher plus long- tems, & toutes même {ont dans ce cas, fi vous en exceptez la tête, qu'il y auroit du danger à expofer trop de tems à ceite opération: outre lincommo- dité des vapeurs de la fource que le malade ne fup: porte point aifément, lorfqu'il a la face tournée du côté des eaux , la fenfation de l’eau de Balaruc ver- fée dans l’opération de la douche fur la partie, pa- roit d’abord la même au malade que celle de Peau bouillante, fur-tont lorfqu’on la répand fur le vifa- se; on voit aufli que la partie douchée en devient extrèmement chaude &t fort rouge ; on juge auff, d'après ce que nous avons dit plus haut, que la tranfpiration doit y augmenter confidérablement. On peut répéter deux fois par jour la douche, & cela pendant quatre, fix, huit jours, ou même pen- dant un plus long-tems, fuivant que la maladie & le tempérament du malade paroïiffent le permettre. On applique la douche à la tête & à la nuque , ou à la partie poftérieure du cou dans l’hémiplesie ; les malades dûement préparés, fuivant la méthode ci- deflus indiquée, fe baignent le matin 8e fe font dou- cher le foir. On a plufeurs exemples de furdités guéries par la douche de la tête, lorfque cette affec- ion eft récente , &z qu'elle a été fur-tout occafon- née par l’impreflion du froid. Quelques médecins font encore en ufage d’ordonner dans ce cas les in- jeétions d’eau de Balaruc dans le rear auditif, ma- nœuvre que les baigneurs ne manquent pas de vous rappeller, ê7 qu’on voit reuflir admirablement bien quelquefois, ces injeétions détachant & entrai- nant au- dehors des efpeces de bouchons qui obf- truoient le conduit de l’oreille. Quelquefois encore on applique très-efficacement les douches dans les douleurs chroniques &c périodiques de la tête, avec l'attention de n’adnuniftrer ce remede que hors du tems du paroxyfme. On l’emploieavec le même fuc- cès lorfqu'une partie eft affettée de flupeur , pour avoir été trop long-tems expofée À un froid ex- trème; dans le vertige également occafionné par un froid à la tête ; dans l’œdeme qu’on peut encore combattre par le bain local, ce qui revient au même que la douche; dans les tumeurs glanduleufes qui ne font pas produites par du virus ferophuleux, & qui n’ont point encore dégénéré en skirrhe, ainf qu’on peut le conclure par analogie de ce qu’on ob- ferve en pareils cas, des bons effets de la. douche des eaux de Barêge , que M. de Bordeu a très-bien notés dans fa belle thefe fur les eaux d'Aquitaine. À l'égard des ulceres , c’eft la douche des eaux minérales fulphureufes qui leur convient principale- ment; On emploie néanmoins avec aflez d’effica- cité celles de Balaruc pour laver & déterger les vieux ulceres; la douche de ces eaux eft encore d’une très-grande reflource dans le traitement des dartres, mais il faut avoir la plus grande attention à bien diftinguer les cas où l’on peut entreprendre leur curation, de ceux où l’on doit, pour ainfi dire, en abandonner fimplement la guérifon à la nature. On peut encore préfumer avec quelque fonde- ment, que la douche des eaux de Balaruc convien- droit très-fort contre la teigne, en adminiftrant ce remede avec prudence, & en préparant le malade avec toutes les précautions convenables. ,: Nous avons vû qu’on employoit encore les bains de Balaruc fous forme de vapeurs ; cela fe pratique en plaçant le malade dans une étuve propre à cet ufage. La chaleur de l’étuve de ces bains fe porte au 30 ou 31° degré du thermometre de Réaumur, les malades y font mis tout nuds, couverts feulement d’un linceul, & 1ls ne tardent pas d'y être tout trempés de fueur ; ils y reftent autant de tems que les forces peuvent Le leur permettre : les uns y ref tent une demi-heure & quelquefois plus; d’autres ne peuvent plus y tenir après dix ou quinze minu- tes ; enfin il y a des fujets, & ce font principalement les femmes, qui à peine introduites dans l’étuve, y tombent en fyncope ; il eft doncmieux pour ces dér- “, HS = 4 - - MIN iiers de s’abftenir entierement de ce remede. Les malades au fortir de l’étuve font traités avec le même foin qu'ils le font au fortir du bain des eaux, & c’eft toujours les mêmes préparations, la même conduite à fuivre dans ce remede que dans l’autre. Les bains de vapeurs ont auffi leur utilité dans les reliquais de thumatifme, dans la contraétion perma- nente des membres, dans les maladies cutanées ; ils font encore très-efficaces, fi l’on en croit Springfeld, pour les perfonnes qui fouffrent des contra@ures dans quelques membres en conféquence du mercure ad- miniftré avec imprudence ou à trop forre dofe. ÆEaux martiales. Les eaux martiales font ainf ap- pellées du fer dont elles font impregnées ; elles font prefque toutes froides, & plus ou moins fpiricnen ës Ou chargées d’air élaftique. Celles de ces eaux qui contiennent en petite quantité de cet air ou efprir, ‘ont un goût de vitriol ; celles qui renferment beau- coup de cette fubftance aérée ont, outre le goût de vitriol, le goût piquant dont nous avons déjà parlé plufieurs fois. Nous avons remarqué auñli que les eaux martiales , encore que chargées d’autres prin- cipes que du fer, tiroient néanmoins leur nom de cette derniere fubftance, La noix de galle ef comme la pierre de touche pour s’aflurer de ia qualité mar- tiale des eaux ; en effet, par l'infperfion de certe poudre fur ces eaux, on voit qu’elles prennent bien- tôt une couleur rouge ou de violet foncé, ou enfin qu'elles fe teignent en noir, & cette couleur plus ou moins foncée eft l'indice certain de la plus ou moins grande quantité de fer qu’elles peuvent contenir. Toute eau minérale qui foumile.à la même expérien- ce, ne donnera aucun de ces fignes, ne fauroit donc être mile au nombre des eaux martiales, On doit diftinguer deux efpeces d'eaux martiales qui diffe- rent entièrement l’une de l’autre, c’eft-à -dire que dans les unes le fer s’y trouve diflous d’une façon conftante & durable fous la forme du vitriol de Mars; telles font les eaux de Callabigi, celles de Vals, de la fource qu’on appelle la dominique, & fuivant M. de Sauvages, celles d’une des fources d'eaux minérales qu'on trouve aux environs d’Alais : dans les autres au contraire le fer eft dans un état de diflolution fi légere & f facile à fe diffiper , qu'ex- polée au plus petit degré de chaleur, même au feul air libre, le fer fe précipite au fond des vaiffeaux ; les mêmes phénomenes arrivent , quoique plus tard, à ces eaux dans les bouteilles les mieux bouchées. On met au nombre de ces dernieres les eaux de Spa, de Pyrmont, de Pafly, de Forges, de Vals, de Camares, de Daniel près d’Alais, &c. 11 fant encore obferver, 1°. que ces eaux différent entre elles, non-feulement par rapport aux différens fels, aux différentes terres , foit terre abforbante, foit félé. mite, mais encore, ce qui mérite plus d'attention, par une différente quantité de principe martial. Maintenant les mêmes phénomenes étant produits dans les eaux martiales par l’infperfion dela poudre de noïix de galle , que dans une diflolution aqueue du vitriol de Mars, il eft arrivé de - là que les pre- miers auteurs qui ont parlé des eaux minérales , ont unanimement avancé que toutes les eaux martiales contenoient du véritable vitriol; cette affertion qui eft vraie en effet de- quelques eaux martiales dont On a fait tout récemment la découverte, & qui font les plus rares de toutes , fe trouve faufle à lé. gard des eaux martiales en général, auxçuelies ce- pendant on faifoit cette application, comme l’ont très-bien obfervé M Venel & Bayen. Voyez l'ana- lyfe des eaux de Calfabigi, .d Les eaux martiales contiennent non: feulément une terre martiale, mais encore un fel marin, un {el d'épfon , un fel marin à bafe terreufe, un fel féléniteux, &t une terre abforbante, Tous ces princk Tome X, MIN 539 pes , &c peut être encore quelques auttes ; ÿ font contenus dans uné variété de rapports qui fait la dif ference des efpeces des eaux. Nous n’avons tien à ajoûter à ce que nous avons dit plus haut fur la maniere de découvrir & de démontrer ces prinéi- PER v Les eaux martiales produifent de même que les falées , un effet ftimulant & déterfif fur les premies res voies ; elles menent encore pat le bas, fi elles font prifes en grande quantité & qu’elles foient chars gées de beaucoup de fels, principalement du fel mas rin à bafe terreule ; en outre le fer qu’elles contien: nent leur donne une qualité ou vertu corrobo: tante; 1l leur eft encore ordinaire de teindre les {elles d’une couleur noire. En fuppofant que ces eaux pénetrent réellement dans la mafle du fañg ; elles le temperent , le raffraichiflent ; elles flimulent légerement les folides, ouvrent les voies urinaires, & provoquent le flux des urines, effets qui leur font communs avec les eaux falées ; du refte, elles font en même tems légerement aftringentes & toniques, &t c'eft même la qualité qui leur eft la plus propre, IL s’en fuit donc que les eaux martiales participent de la nature des eaux falées , ainf que des propriétés de ces dernieres, & qu’on peut en conféquence les employer dans beaucoup de cas avec le même face cès ; elles font fur-tout bonnes pour les perfonnes chez lefquelles la digeftion & l'appétit languiffent à caule d’un relâchement dans les vifceres abdomis naux, aux mélancholiques, aux hyppocondriaques, Ou à ceux dans l’eftomac defquels les impuretés aci- des fe régénerent continuellement ; elles font. en: core excellentes dans les fleurs blanches invérérées Poutvi qu'il n’y ait point de virus vénérien, dans les gonorrhées invétérées, dans les flux de ventre opiniâtres , & même dans Îa dyflenterie. Plus les fujets fe trouvent délicats , plus leurs {os lides font faciles à irriter , plus leur poitrine eft fois blé, & plus on doit avoir d'attention à ne choifie que les eaux martiales les plus légeres pour lufage de: ces perfonnes. Pour ce qui eft des précautions qu’on doit obfer: ver dans l’ufage de ces eaux , la maniere de les ad4 miniftrer , l'utilité d’une préparation ,-nous ne nous tépéterons pas fur ces articles. Après tout ce que nous venons de dire , on peut juger que les eaux martiales font toujours plus de bien à la fource même que quand elles font tranf- portées ; nous ne devons pas ometre non plus que leur aëhion eft très-utilement favorifée par un exere cice modéré, comme la promenade dans des lieux couverts , & où l’on relpire un air pur: & chams pêtre. \ Eaux minérales fulfureufes. Les eaux fulfureufes font ainfi appeliées du foufre qu'éllés renferment , ou d’une elpece de vapeur foufrée très - lépere qui _s’eleve de leurfurface. Nous avons déja dit qu'on rez connoïfloit la qualité fulfureufe de ces eaux À deux fignes ; favoir à l’altération que l'argent en mafle recevoit dans fa couleur , toit qu’il fût jétté dans fes eaux, foit qu’il fût expoié à leur vapeur, &. à l'odeur nidoreufe , ä-peu-près femblable à celle d’une diflo= lution de foie de foufre ; ou des œufs durs à demi- pourris , qu’elles exhalent ordinairement. I ya de Ces eaux qui ont un \ooût 2au/éabonde , comme celui des œufs pourris ; telles font les eaux d’Aix-la-Cha= pelle, celles de Barêge :'ily en a d’autres , comme les eaux bonnes ; qui ne font pas fur le palais une fenfation auifi défagréable, & qui même ont prefqne le goût du pétit-lait , apparemment parce qu’elles: {ont moins chargées d’élémens fulfureux. Les eaux fulfurenfes mêlées à une diffolutiond’ags gent par l'acide nitreux , où au fel de faturne, font un précipité brin &même noir. Aux fignes que Yyyi ÿ40 MIN fous avons dit caraëtérifer ces eaux, nous devons ajouter qu'il nage dans plufieurs des floccons d’une matiere gélatineufe ou prefque graifleufe ; qui pré- | {entés au feu donnent une flamme bleue & répan- dent une odeur de foufre brûlant. | Parmi les eaux fulfureufes, on compte principa- lement celles de Bareges , celles d’Ax, de Caute- retz ; les eaux bonnes & les eaux chaudes dans le Béarn; celles d'Arles , de Molitx, de Vernet, & plufieurs qu’on trouve dans le Rouffillon ; celles de Saint-Jean-de-Seyrargues , près d'Uzès , la fontaine puante près d’Alais ; les eaux de Bagnols dans le Gévaudan ; celles qui portent le même nom dans la Normandie ; les fameufes eaux d’Aix-la-Chapelle, Gc. Toutes ces eaux font onétueufes & même ,au- tant qu’on peut le croire, chaudes , mais dans diffé- rens degrés de chaleur : elles contiennent certains {els & certaines terres qui font différentes fuivant les eaux ; cesprincipes fe trouvent même plus abon- damment dans les unes que dans les autres ; celles d’Aix-la-Chapelle , par exemple , en contiennent une grande quantité. Cette confidération doit donc néceffairement entrer dans l’eftimation des proprié- tés de ces eaux, puifque toutes different entr'elles à raifon de la quantité & de la qualité de ces principes terreux & falins , & fur-tout par le plus ou le moins d’élément fulfureux. Le foufre ëft f manifefiement contenu dans certaines de ces eaux , qu'il paroït même à la vûe fous la fornie de petites mañles très- fenfibles ; dans d’autres cette fubftance yeft fublimée en forme de fleurs , ainfi qu’on l’obferve dans les eaux d’Aix-la- Chapelle. Enfin ileft de ces eaux dont le foufre occupe la furface en forme de pellicule ; telle eft la fontaine puante près d’Alais, Dans un grandnombre de ces eaux on ne fautoit s’aflurer de lexiftence du foufre que par le moyen’ des expé- _riences & des obfervations rapportées c1- deflus, lanalyfe n’ayant pu jufqw'ici parvenir à la démon- trer. Le-foufre de ces eaux s’y trouve diflous dans un degré de ténuité & de ftabilité qui eft à peine fai- fiable : enforte qu’elles perdent bientôt leur goût & leur odeur à l'air libre ; 8r que foumiles aux ex- périences ,-ellesne donnent pas deux fois lesmêmes phénomenes»,, ce qui arrive plus parfaitement en- core fi on les met fur le feu. Il eft d’ailleurs-de ces eaux qui blanchiflent ou deviennent laiteufes à l'air libre , peut-être eft-ce par la précipitation du prin- cipe-fulfureux. Ces eaux, quoique mifes depuis long-tems dans le verre, confervent leur vertu , pourvu que .les bouteilles foient exaétement bouchées ; 1l faut-cé- pendant avouer que ces vertus n’y font pas dans toute leur intégrité ; & même que celles de ces eanx qui nefont pas fort chargées de foufre , perdent ab- folument dans le tranfport toute leur eflicacité & ‘leur énergie. -C’eft pourquoi il eft plus utile de les boire à lafource même que dans des endroits éloi- nés. | . Les eaux fulfureufes prifes intérieurement par des fujets d’un tempérament robufte,, font les effets fui- yans+ 1°, la plüpart d’entr’elles ne menent.pas par le bas, & ne provoquent lesurines que prefqu’en proportion de la quantité qu’on en prend. ,2°« Elles excitent la circulation du fang , augmentent latranf- piration. 3°. Elles portent quelquefois à la rête, la rendent lourde , & occafonnent des infommies. 4°. Elles aiguifent l'appétit ; d'oùül.eft bien aifé de {e repréfenter le principal méchanifme de leur aétion dans le foulagement qu’elles procurent aux, malades auxquels .onjuge qu'elles font convenables ; & l’on peut également prévoir les regles à luivre dans leur admimitration. Enoutre ceseanx {ont encore bonnes dans les affe@ions froides de Peftomac &t des intef- tins , qui participent du fpafme on de L'aronie; dans MIN : ]a étudité acide ; la diarrhée; dans fa curation de: littere , leur vertu fe montre à-peu-près la même que celle des eaux falées : elles font également pro- pres à rétablir le flux menftruel & hémorrhoïdal ou à les modérer lorfqu’ils font trop abondans. Elles. font fouvent beaucoup de bien dans les fleurs blan- ches , en redonnant du ton à l’eflomac , en excitant. la circulation des humenuts , & angmentant la tranf- piration. Elles font par la même raifon utiles dans la chlorofe : on les regarde comme fpécifiques dans certaines maladies de la poitrine ; & onles empioie avec beaucoup de fuccès dans les catharres opimä tres , dont elles viennent à bout.en débarraffant les couloirs des poumons , &c augmentant la tranfpiras tion de cet organe : elles font encore très-bonnes dans l’afthme tuberculeux, prifes hors le paroxyfme; dans les ulceres du poumon qui font produits par un abfcès ou qui viennent à la fuite de la pleuréfe, de la péripneumonie , ou en conféquence d’une blef- fure, dans la fuppuration de beaucoup d’autres par- ties internes, éc. Elles font encore quelquefois 1n- diquées dans la phtifie pulmonaire, foit que le malade en foit aétuellement atteint, ou qu'il n’en foit que menacé ; dans ces derniers cas les medecinsexpéri- mentés ont coutume de n’ordonner les eaux fulfu- reufes qu'’autant que Le fujet & la maladie {ontpour ainfi dire d’une efpece ou qualité froide. Ils en re- doutent au contraire l’ufage lorfqu'il s’agit de per- fonnes d’un tempérament facile , comme 1ls ledifent, à émouvoir, & que la maladie tient beaucoup du caractere fiévreux & de la phlogofe. Quelque bien indiqué que paroïffe Pufage: des eaux fulfureufes , il eft toujours à craindre que le malade ne s’en trouve trop échauflé ; 1l convient donc alors de choïfir les eaux les plus douces & les plus tempérées , de ne les donner qu’à très-petite dofe , & même de les couper quelquefois avec du lait : cette méthode a fouvent très-bien réufi. Dans le traitement des écrouelles, l’ufage de ces eaux combiné avec des friétions mercurielles , eftencoré un excellent remede, comme M. de Bordeu laflure dans fa differtation fur lufage des eaux de Barége & du mercure, | Pour ce qui eft de la méthode d’adminiftrer con- venablement ces eaux, ce quenous ayons dit à ce fujet en parlant des eaux falées, convient ici parfai- tément. Les eaux fulfureufes qui font très-fortes, comme, pat exemple , celles de Barêge & de Cauteretz , doi- vent être prifes à fort petite dofe, c’eft-à-dire depuis trois jufqu'à fix ou huit verres ; on peut cependant augmenter la dofe de celles où l'élément fulfureux fe trouve en petite quantité, comme dans celles de Bagnols, que plufeurs perfonnes prennent à la dofe de quatre-ou fix livres fans s’en trouver imcommo- dées. Du refte., dans tous les cas dont nous venons de parler, le bain tempéré. aide très utilement la boiflon de ces eaux. . | Dans la curation des ulceres calleux, fiftuleux ; invétérés , qui ne tiennent point à une caufe interne abfolument indeftruétible ,:la douche, foit deseanx de Barêge ; doit des eaux ones ; eft au-deflus. de tous les-rèmedes ; au furplus, leur chaleur 8e leurs effets prochains font à-peu-près comme ceux dela douche des eaux de Balaruc. Ce rémede opere ordi- nairément avec beaucoup d'efficacité dans cesfortes d'afe@ons ,foit par la chaleur comme brülante des eaux qui , en excitant une fevre locale dans la par- tie, & mettant en jeu les forces fuppuratoires 6 dépuratoires , renouvelle, pour ainfi dire ,la plaie, {oit eñcore-à.caufe de.la qualité-déterfive & balfa- mique de l'élément fulfureux dont ces eaux font chargées. L’injeétion, dans le cas des ulceres finueux oufifuleux, n’eft pas non plus d’un moindre feçours \ Hour en procurer & en hâter la guérifon. Par les raifons que nous avons expofées plus kaut, en traitant des effets des eaux fulfureufes fur des perfonnes robuftes ; il eft clair que l’ufage de ces eaux employées, foit extérieurement, comme dans le bain tempéré , foit intérieurement par la boïflon, ne peut qu'être fort utile. Toutefois les remedes chirurgicaux ne doivent pas être négligés lorfqu’ils paroiffent néceflaires pour procurer ou faciliter l’if- fue à du pus qui peut s'être amañlé & croupir dans “quelque finus profond , d'autant mieux que par ce moyen l’eau thermale portera fur toutes les parties &e l’ulcere. On peut appliquer ceci à la carie lorf- ; CRT ane 7 qu'elle fe rencontre , c'eft-à-dire 1l faut tâcher de la découvrir autant qu’on le peut ,& de l'emporter par des remedes convenables. La douche des eaux de Barêge a encore cela de merveilleux , qu’en renouvellant l’inflammation & la fuppuration dans une partie ,-elle procure bien fouvent l’iflue des corps étrangers : fouvent même cé remede eft très-efficacement employé dans l’a- maigriflement d’une partie. Il réfout quelquefois encore avec fuccès les tumeurs lymphatiques des glandes, ainfi que l’hydropifie des articulations , &c. Cet article eft un abrégé d’un traité Hatin fur la nature 6 l'ufage des eaux minérales, de M. Leroy, profeffeur en Medecine en l’umiverfité de Montpel- ler. MINÉRALISATION , ( Æif. rar, Minéral.) c’eft ainfi qu'on nomme dans la Minéralogie l’opération par laquelle la nature combine un métal où un demi- métal avec du foufre , ou avec de l’arfenic , ou avec _ Pune & l'autre de ces fubftances à-la-fois, Par cette combinaifon l’afpeét du métal eft entierement chan- gé; on n’y voitplus niéclat, ni duétilité , ni malléa- biité , en un mot le métal n’eft plus reconnoïffable, & la combinaifon totale prend une forme entiere- ment étrangere au métal qu’elle contient. Alors on dit qu'un tel métal eft mrnéralife , c’eft-à-dire qu'il eft dans l’état de mine ou de minerai. C’eft ainfi que Pargent qui eft métal blanc, lorfqu’il eft combiné avec de l’arfenic & avec une petite portion de fer, prend la forme d’un amas de cryflaux rouges qui font quelquefois tranfparens comme des grenats ; c’eft ce que l’on nomme la wire d'argent rouge, Dans cette mine, l'argent & une portion de fer font miné- ralifes avec l’arienic. L’argent combiné avec une portion de foufre , devient une fubftance d’un gris- foncé, flexible comme du plomb, & fi tendre, que lon peut là tailler avec le couteau : alors on dit que dans cette mine l'argent fe trouve minéralille avec le foufre. Le plomb uni on sinéralifé avec le foufre, affe&e üne forme cubique que lon nomme pwléne ou mine de plomb, Ce même métal combiné avec de l’arfenic, formé quelquefois des grouppes de cryftaux d’un beau verd ou d’un beau blanc, que l’on nomme mines de plomb vertes ou blanches, Voyez PLome. … L'étain eft rinéralifé par Varfénic, & la maffe qui féfulte de leur unionteft en cryftaux polysones. Voyez ÉTAIN. | - Le-cuivre &c le fer minéralifés foit avec le foufre, 7 foïit avec l’arfenie , prennent une infinité de formes différentes, quiles rendent méconnoiffables à ceux qui n’ont point les yeux accoutumés à les voir dans Pétat de mine. Voyez Cuivre 6 Fer | Quant à l'or, juiqu'à-préfent on ne l’a poinit en- core trouve iréraltfé ;onlerencontre toujours fous la forme 8ous ia couleur. quidui font propres: Ce- pendanticomme nons ne connoiflons point toutes les produétions dela nature, on ne peut point déci- der fi Poreft ablolumentincapuble d'être minéralife. Fôyéz Or ee, TRES Les demi-métaux font ,ainfique les métaux, fut | MIN SA ceptibleside la minéralifation , c’eft-à-dire, ils peu: vent être combinés avec le foufre &c avec l’arfenic, de maniere à prendre une forme entierement diffé rente de celle qui leur eff propre. C’eft ainfi que l’an- timoine combiné avec lé foufre , forme une mafle compofée de flries ou d’aiguilles , que l’on nomme antimoine crud, L’arfenic combiné avec le foufre , forme une mafle feuilletée jaune ou rouge, que l’on appelle orpiment , voyez ORPIMENT. Le cobalt fe montré aufli fous plufieurs afpe@s différens ; il en eft de même du zinc, qui eft méconnoiflablé dans la ca lamine & dans la blende , qui font {es mines ordi naires. A l'égard du bifmuth , on le trouve toujours fous la forme qui lui eft propre , & on ne Pa point encore rencontré rrinéralifé, l Le mercure eft minéralifé avec le foufre , & alors il forme une mafle d’un beau rouge que l’on nomme cinnabre. Voyez CINNABRE, Les métaux qui nè font point ménéralifés & que l'on trouve fous la forme qui leur eft propre, fe nomment méraux natifs Où métaux vierges, Voyez NA: TIF & VIERGE. La Chimie eft parvenue à imiter la nature dans un grand nombre de minéralifations ; c’eft ainfi qu’en combinant du mercure avec du foufre, on fait unyrai cinnabre. En combinant de l’argent avec de l’arfenic, & joignant un peu de fafran de mars à ce mélange , on fait une combinaifon femblable à la mine d’ar- gent rouge. On fait pareillement avec l'argent & du foufre , une combinaïfon femblable À la mine d’ar- gent vitrée, à la mine d’argent noire, &c. cela dé- pend du plus ou du moins de foufre que l’on fait en- trer dans la combinailon. Perfonne n’ignore qu’en combinant du répule d’antimoine avec du foufre , il réfulte une mafle ftriée femblable à l’antimoine crud. M. Rouelle connoît un tour de main au moyen duquel il donne au plomb la forme cubique & feuil- letée que ce métal prend dans la galene ou dans la mine la plus ordinaire. Il y a lieu de croire que l’on pourroit parvenir de même à imiter la plüpart des minéralifations que la nature opere, La voie de l’a- nalyfe & de la récompoñtion eft aflurément la plus {üre pour connoître avec exaétitude les fubftances que la nature fait entrer dans la combinaifon des corps:, d’où l’on voit la néceflité de la Chimie pour démêler les myfteres de la Minéralogie. Voyez Mr- NÉRALOGIE ; & voyez MINE 6 MINERAI. ( — MINÉRALOGIE , { £. ( Hifi. nar. ) La Minéra- logte prife dans toute: {on étendue, eft la partie de lHiftoire naturelle qui s'occupe de la connoifflance des fubftances du regne minéral ; c’eft-à-dire, des terres , des pierres , des fels , des fubftances in- flammables , des pétrifications ; en un mot, des corps inanimés & non pourvus d'organes fenfbles qui fe trouvent dans Le fein de la terre & à fa furface, Dans un {ens moins étendu, par Miréralogie lon entend la fuite des travaux que l’on fait pour l’ex- ploitation des mines , & alors on comprend aufli fous ce nom la Métallurgie. Voyez MÉTALLURGTE. Cela eft fondé fur la liaifon intime de ces deux fciences , qui fe prêtent des fecours mutuels, & qui tendent toutes deux au même but. Eneffet, 1l-eit très-diff. cile ou même impoffñble que le métallurgifte.ait une connoiffance parfaite de fon.art , s’il n’eft aidé des Inmieres de la Mnéralogie, c’eft-à- dire, s’ilne con- noït parfaitement les fubftances qu’il doit travailler, Vainement prétendroit-1là l’une ou l’autre de cescon. noiflances {ans le fecours de la Chimie, comme nous allons avoir occafon de le prouver. Sous. quelque point de vue que l’on. envifage la Minéralogie, {on objet efttrès-vafte , & fes branches très-étendues. Elle s'occupe des fubftances dont ef _compofé le globe que nous habitons ; elle confidere les différentes révolutions qui lui font arrivées ; $42 MIN elle en fuit les traces dans une antiquité fouvent f reculée, qu'aucun monument hiftoriquene nousen a confervé le fouvenir ; elle examine quels ont pu être ces événemens furprenans par lefquels tant de corps appartenant originairement à la mer, ont êté tranfportés dans les entrailles de la terre ; elle pefe les caufes qui ont déplacé tant de corps duregneani- mal & du regne végétal, pour les donner au regne minéral ; elle fourmit des raifons sûres & non haiar- . dées de ces embrafemens fouterreins, de ces trem- blemens fenfibles , qui femblent ébranler la terre jufque dans fes fondemens ; de ces éruptions des vol- cans allumés dans prefque toutes les parties du mon- de , dont les effets excitent la terreur & la furprifé des hommes : elle médite fur la formation des mon- tagnes , & fur leurs difiérences ; fur la maniere dont fe font produites les couches qui femblent fervir d’enveloppe à la terre ; fur la génération des roches, des pierres précieufes, des métaux, des fels, &c. Voyez FOSSILES , TREMBLEMENT DE TERRE , RE- VOLUTIONS DE LA TERRE, MONTAGNES, PIER- RES, @c, Les eaux qui fe trouvent à la furface de [a terre & dans fon intérieur , font aufh du reflort de la M:- néralogie , en tant qu’elles contribuent à la forma. tion des pierres , par les particules qu’elles ont ou difloutes , on détrempées, par les couches qu’elles forment fur la terre, par les altérations continuel- les qu’elles operent, & par lestranfpoftions qu’el- les font des corps qu’elles ontentraïnées ;enunmot, la Minéralogie s'occupe des eaux, en tant qu'elles font les agens les plus univerfels dont la nature fe ferve pour la produétion des fubftances minérales , Voyez PIERRES , PÉTRIFICATION , LIMON, Tur, Fc, Quelque vaftes que foient ces objets , quelque grands que foient les phénomenes de la nature qu’elle confidere , la Minéralogie ne dédaigne point les dé- tails les plus minutieux enapparence , tous les faits deviennent précieux pour elle ; elle les recueille avec foin, parce qu'elle fait que les plus petits dé- tails peuvent quelquefois la mener à l'intelligence des plus grands myfteres de la nature ; c’efttoujours le flambeau de l’expérience qui la guide, & elle ne fe permet des fyftemes que lorfqu'ils font appuyés fur des obfervations conftantes & réitérées , & alors ce font des enchainemens de vérités. Par la grandeur & la multiplicité des objets qu’em- brafle la Minéralogie , on {ent qu’elle ne peur être que très-difficile à acquérir. Les fpéculations tran- quilles du cabinet, les connoïffances acquifes dans les livres ne peuvent point former un miénéralogifle; c’eft dans le grand livre de la nature qu'il doit hre; c’eft en defcendant dans les profondeurs de la terre pour épier fes travaux myftérieux ; c’eft en gravifs . fant contre le fommet des montagnes efcarpées ; c’eit en parcourant différentes contrées, qu'il par- viendra à arracher à la nature quelques-uns des fe- crets qu’elle dérobe à nos regards. Mais pour attein- dre à ces connoiflances , il faut des yeux habitués & faits pour voir avec précifon ; il faut des notions préliminaires ; il faut être dégagé des idées fyfté- matiques qui ne permettent d’appercevoir que ce qui favorife les préjugés qu’on s’eft formés. Pourreconnoitre les différens objets dont s'occupe la Minéralogie , 11 eft eflentiel de s’être familiarifé avec les fubftances du regne minéral , 1l faut avoir accoutumé fes yeux à les diflinguer & à reconnoiître les fignes extérieurs quiles caraétérifent ; cette con- noiflance devient difhcile par la variété infinie des produétions de la nature ; elle fe plaît fur-tout dans le regné minéral à éluder les regles qu’elle s’étoit im- pofée ; il faut de plus avoir des idées générales de la maniere dont ces fubftances font arrangées dans MIN - Je fein de la terre ; il faut connoître les fighes qui. annoncent la préfence des mines, les pierres quiles accompagnent le plus communément ; il'eft à propos d'examiner les bords desrivieres, &c les fables qu’el- les charrient ; on'ne doit point négliger les chemins creux, les ouvertures & les excavations de la terre, les carrieres d’où l’on tire des pierres. Toutes ces chofes fourniront à un obfervateur attentif des con- noiffances aflez sûres pour juger avec quelque cer- titude-de ce qu’un terrein renferme. En effet , quoi- que la nature femble quelquefois déroger anx lois qu’elle s’eft prefcrites., elle ne laifle pas pour l’ordi- naire de fuivre une marche uniforme dans {es opéra- tions ; les obfervations qui auront été faites dans un pays, pourront être apphquées à d’autres pays où le terrein fera analogue ; à force de faire des obfer- vations dans ce goût, on pourra à la fin ramafler les matériaux néceflaires pour élever un fyflème géné- ral de Mineralogie , fondé fur des faits certains & fur dés remarques confantes. # Mais ce feroit en vain qu’on fe flatteroit que le coup d'œil extérieur püt donner des connoïflances fufifantes en Mnéralogie; l’on n’auroit que des no- tions très-imparfaites des corps , fi on n’en jugeoit que par leur afpeët & par leurs furfaces : auffi la Minéralogie ne le contente-t-elle point de ces no- tions fuperficielles, que Beccher a comparées à cel- les qué prennent les animaux, f£cur afini & boves ; on ne peut donc point s’enrapporter à la fimple vue, êz c’eit très - légerement que quelques auteurs ont. avancé que les caraéteres extérieurs des fofliles fuf- firoient pour nous les faire connoître: ce font les analyfes & les expériences de la Chimie qui feules peuvent guider dans ce labyrinthe ; c’eft faute de l’a- voir appellée à leur fecours , que les premiers na- turaliftes ont confondu à tont moment des fubftan- ces très-différentes , leur ont donné des dénomina- tionsimpropres , &c leur ont fouvent affigné des ca- ratteres qui leur font entierement étrangers. Com- ment fe fera-t-on une idée de la formation des cryf- taux , fi la Chimie n’a point appris comment fe fait la cryftallifation des fels , qui nous fait connoiître par analogie les cryftallifationsque la nature opere dans fon grand laboratoire ? Comment concevoir claire- ment ce qu’on entend par fucs lapidifiques , fi l’onn’a point des idées nettes de la diflolution des corps, & fi on ne la diftingue point de leur divifion mécha- nique , ou de leur détrempement dans les eaux ? Eft- il poffble fans la Chimie, de fe faire des notions diftinétes de la minéralifation, c’eft-à-dire de l’opé- ration par laquelle la nature mafque les métaux fous tant de formes différentes dans les mines ? L’analyfe êc la récompofition ne nous donnent-elles pas fur ce point des lumieres auxquelles il eft impofhble de fe refufer? Voyez l’article, MINÉRALISATION. Com- ment s’aflurer de la nature des pierres, fi l’on n’a éprouvé leurs effets dans différens degrés du feu , & fi l'on ne les a effayées à l’aide des diflolvans que fournit la Chimie ? Sans ces précautions , on rif- quera toujours de confondre des fubftances , entre lefquelles la Chimie fait trouver les différences les plus frappantes , quoique le coup d’œilféduit les eût décidées de la même nature. Voyez MINÉRAUX. C’eft fur-tout dans les travaux des minesque la Minéralogie a le plus grand befoin des lumieres dela Chimie; dans les autres objets dont elle s'occupe, elle peut errer plus impunément ; mais dans cette partie l’on eft expofé à. donner inconfidérement dans des entreprifes ruineufes, fi l’on s’en tient à descon- noïflances fuperficielles, & fi une étude profonde de la Chimie métallurgiquerne met en état de s’af- furer.de ce qu'on peut attendre de fes travaux. Cela n’eft point encore fuffifant. Il faut outre cela des connoïifances dans la Géométrie fouterrei- ne; pat fon moyen on juge de la direétion des cou- ches & des veines métalliques, de leur inclinaïfon , de leur marche, des endroits où l’on pourra les re- trouver lorfque quelque obftacle imprévu aura in- terrompu leur cours. Voyez FILONS 6 GÉOMÉTRIE SOUTERREINE. La Minéralogie emprunte auffi des fecours de la Méchanique & de l’'Hydraulique, tant pour le renouvellement de l'air au fond des fouter- reins, que pour l’épuifement des eaux, & pour éle- ver des poids immenfes qu’on a tirés du fein de la terre. Elle a befoin de l’Architeéture pour empêcher les éboulemens des terres, & les afaiflemens des ro- .Ches & des montagnes qui ont été excavées. Voyez Mines. Toutes ces chofes demandent un grand nombre de connoïflances , &c fur-tout beaucoup d'habitude & d'expérience , fans lefquelles on rif- que de fe jetter dans des dépenfes ruineufes & in- utiles, C’eft fur-tout en Allemagne & en Suede que la Minéralogie a été cultivée avec le plus de foin. Ceux qui fe font livrés à l’étude de cette fcience, ont bien- tôt fenti qu’une Phyfique fyftématique n’étoit pro- pre qu'a #etarder fes progrès ; dès-lors 1ls ont porté leurs vues du côté de la Chimie, de qui feule ils pouvoient attendre les lumieres dont ils avoient be- foin. Ils ne furent point trompés dans leurs efpé- rances , & ils ne tarderent point à recueillir les fruits de leurs travaux. Agricola fut un des premiers qui défricha un champ fi vafte : le célebre Beccher, dans fa Phyfique fouterreine , répandit encore plus de jour fur cette matiere. Henckel nous a donné, dans fa Pyrisologie, & dans plufeurs autres ouvra- ges, des idées claires & diftinétes de la Minéralogie ; 1l a prouvé que cette fcience avoit befoin à chaque pas des fecours de la Chimie. MM. Einnæus, Wal- lerius , Woltersdorf , Cartheufer ont tâché de nos jours de donner un ordre fyflématique aux fubf- tances du regne minéral: leurs différentes méthodes font expoiées à l’article MINÉRAUX. Enfin M. Pott & Lehmann , l’un dans fa Lithogéognofie, & l'autre dans fes Œuvres phyfiques & minéralogiques | nous ont donné un grand nombre d’expériences & d’ob- fervations propres à répandre de la lumiere fur cette _ fcience difficile. (— ) MINÉRAUX , rrineralia , ( Hifl. nat.) onfe fert ordinairement de ce mot pour défigner en général toutes les fubftances qui fe trouvent dans le fein de la terre ; alors c’eft un fynonyme de foffiles , voyez FOSSILES. Dans cette fignification étendue des z- néraux, {ont renfermés tous les corps non vivans & non organifés qui fe trouvent dans l’intérieur de la terre &c à {a furface ; tels font les terres, les pierres, les métaux, les demi- métaux, les fubftances in- flammables , les fels & les pétrifications. Les végétaux vivent & croiffent ; les animaux croiflent, vivent & jouiflent outre cela de linf- _ tiné ou du fentiment : mais les minéraux font fufcep- tibles de croiffance & d’altération , fans jouir nide la vie ni du fentiment. Quelques auteurs prennent le mot ruréraux dans un fens moins étendu, êc ils ne donnent cé nom qu'aux fels , aux fubftances inflammables , aux mé- taux & aux demi-métaux, c’eft-à-dire, aux feules fubftances qui entrent dans la compofition des mines ou glebes métalliques. Voyez MINES & MINÉRALI- SATION. Ils refufent le nom de minéraux aux terres, aux pierres, 6c. On ne voit point fur quoi cette dif- tinétion peut être fondée ; elle ne femble venir que de Penvie de multiplier les noms que l’on n’a déja que trop accumulés dans les différentes branches de l'Hiftoire naturelle. On doit donc en général com- prendre fous les wiréraux toutes les fubftances du regne ‘nunéral , où qui appartiennent à la terre. Voyez MINÉRALOGIE, MIN - 543 Plufieurs naturaliftes modernes ont cherché à ran- ger les minéraux dans un! ordre fyflématique , ou fuivant une méthode femblable à celle que les Bota- niftes ont adoptée pour le regne végétal. Le célcbre M. Linnæus, dans fon Sifema nainræ , divile les fubftances du regne minéral en trois claffes ; favoir, 1°. les pierres, 2°. les mines, 3°, les foffiles. II fous-divife les pierres en vitrifiables, en calcaires & en apyres : il fous-divife les mines en fels ; en fous. fres où fubftances inflammables » & er fubftances mercurielles > Ce qui comprend les métaux & les demi-métaux : enfin 1l fous-divife les foffiles en con< crétions , concleta, en pétrifications & en terres. M. Jean Gotfchalk Wallerius , de l'académie roya- le de Suede, & profeffeur de Chimie à Upfal, pu- blia en langue fuédoife en 1747 ; une Minéralogie où | Diftribution méthodique des fibffances du regne mines ral, accompagnée d’obfervations & de notes très- inftruéhves ; c’eft l'ouvrage le plus complet que nous ayons en ce genre. L'auteur ne s’eft point contenté de dônner une fimple énumération des minéraux , il ya joint des defcriptions très-exaétes , des anaiyfes chimiques d’après les meilleurs auteurs. Si l’on a quelque chofe à reprocher à M. Walicrius ; c’eft d’avoir peut-être trop multiplié les fous-divifions , &c d’avoir fouvent fait des genres de ce qui n’auroit dû être regardé que comme efpece, & d’avoir fait des efpeces de ce qui n’étoit que des variétés d’une même efpéce. Ce {avant minéralogifte divife les fo/: Jiles Ou minéraux en quatre clafles ; favoir, les ter: res , les pierres , les mines & les pétrifications : il fous-divife ces quatre clafles en quinze ordres ; fa- voir, 1°. les terres, en terres détachées , en terres argilieufes, en terres minérales & en fables. 2°. Les pierres font fous-divifées'en pierres calcai- res, en pierres vitriñables ; en pierres apyres & en pierres de roches. 3°: Les mines font fous-divifées enfels, enfoufres ; en demi-meétaux, & en métaux. 4°. Les concrétions fe fous-divifent en pores, en corps pétrifiés, en pierres figurées, & en calculs. Chacun de ces ordres eft encore fous-divifé en un grand nombre de genres, d’efpeces, & de variétés, Au refte, quoique l’on ait beaucoup d’obje@ions à faire contre la diftribution générale que M. Walle- rius fait des minéraux , & quoique fouvent il ait placé des fubftances dans des clafles auxquelles el- les n’appartiennent point , fon travail mérite toute la reconnoiflance des Naturaliftes , qui fentiront la difficulté qu'il y avoit à mettre dans un ordre mé- thodique des corps auf variés & auf difficiles à connoitre que les fubftances du regne minéral. La traduétion françoife de la Minéralogie de Wallerius a été publiée à Paris en 1753. M. Wolterfdorf, dans fon fyfferma minerale, di- vife les sinéraux en fix clafles : favoir, à ! . 19. Les serres; il les fous-divife en terres, en pouf: fiere, en terres alkalines, en terres gypfenfes , en terres vitrifiables. 2°, Les pierres, qu'il fous-divife en cinq ordres de même que les terres. 3°. Les Jéls, qu'il fous-divife en acides, en al- kalis, & en fels neutres & moyens. . 4°. Les bisumes ; qui font ou fluides ou folides. 5°. Les demi-metaux , qu'il divife auffi en fluides comme le mercure, & en folides. 6°, Les métaux , qui font fous-divifés en parfaits êz enimparfaits. M. Frideric-Augufte Cartheufer, dans fes e/emen- ta Mineralogie , divife tous les zuréraux en fept clafles : favoir, 1°. en terres, dont les unes font {02 lubles dans l’eau, & les autres ne s’y diflolvent point. 2°. En pierres, qu'il fous-divife d’après leur tiflu en feuilletées , en filamenteufes ou ftriées, en 344 MIN continues ou liées , en granulées & en mélangées, 3°. En fels, qui font ou acides, ou alkalins , ou neu- tres, ou ftypuiques, tels que les vitriols & l’alun. 4°. Én fubftances inflammables ; il les fous-divife en naturelles & en bâtardes( gezuina &t puria) : les pre- mieres font les bitumes & le foufre ; les dernieres {ont l’humus ou la terre végétale. 5°. Les demi- métaux, qu'il divife en folides qui fouffrent le mar- teau, en folides qui ne fouffrent point le marteau , &c en fluides, 6°.Les métaux, qui font ou volatils & flexibles , ou volatils & durs, ou fixes au feu, 7°. Les minéraux étrangers ( heteromorpha), qui fe divi- fenten vraies pétrifications, en faufles pétrifications, & en pierres figurées. . M. de Jufti a publié en 1757 un ouvrage allemand ous le titre de plan du regne minéral, dans lequel il divife les fubftances foffiles : 1°. en métaux; 2°. en demi-métaux ; 3°. en fubftances inflammables ; 4°. en fels; 3°. en pétrifications ou foffiles figurés ; 6°. en terres & pierres. M.Pott , dans fa Lirhogéognofte a cherché à ranger les fubftances minérales dans un ordre fyflématique , fondé fur leurs premiers prin- cipes que font connoitte les analyfes de la Chimie, Mais cette voie paroit devoir fouvent tromper, parce que la plüpart des fubftances du repne miné- al ne font point pures, mais mélangées, & donnent en raifon de leurs mélanges des rélultats diférens , fur-tout lorfqw’on les expofe à l’aétion du feu, Outre ces auteurs, M. Gellert, dans fa Chimie métallurgique , a encore donné une diftribution mé- thodique des minéraux en terres, en pierres, en els, en métaux & demi-métaux. C’eft aufli ce qu’a fait M. Lehmann dans le premier volume de fes æu- yres phyfiques & minéralogiques. Parmi les Anglois, le do&teur Woodward avoit déja tenté de ranger les fofliles ou zznéraux {uivant un ordre méthodique; c’eft cé qu'il a exécuté dans fon ouvrage anglois qui a pour titre , an attempt to- wards a natural hifiory of the foffils of England, Son fyftème n'eft fondé que fur la ftruture , le tiflu & le coup-d'œil extérieur des corps, & par conféquent ne peut fufhre pour faire connoitre leur nature & les caracteres effentiels qui les diffinguent les uns des autres. Depuis lui, M. Hill a publié en anglois, en 1748, üne xiffoire naturelle générale des foffiles en un volume z7 folio , dans laquelle il donne une nou- velle divifon fyftémarique des fubftances du regne minéral. Il les divife, 1°. en foffiles fimples &. non- métalliques ; 2°. en foffiles compofés 8 non-métal- liques ; 3°. en foffiles métalliques. Il fous-divife les foffiles fimples, 1°. en ceux qui ne font ni inflammables , ni folubles dans l’eau ; 2°. en folubles dans l’eau & non-inflammables; 3°, enin- flammables qui ne font point folubles dans l’eau. Il emploie la même fous-divifion pour Les foffiles com- pofés. Enfin, les foffiles métalliques qui ont dela dureté &z une pefanteur remarquable 8 qui font fu- fibles au feu, fe fous-divifent en fubflances métalli- ques parfaites & en métalliques imparfaites. Il fait enfuite un grand nombre de nouvelles fous-divifons en ordres & en genres, fondés fur des cara@eres qui ne font fouvent que purement accidentels à'ces corps. Enfin , il finit par donner à ces différentes fubftances des dénominations dérivées du grec, qui prouvent que l’auteur entend cette langne , mais qui, f on les adoptoit, rendroient l’étude de la Minéralogie beaucoup plus difficile qu'elle neft, puifque l’on a déja lieu de fe plaindre du grand nombre de dénominations inutiles que les auteurs ontintroduites dans cette partiédelhiftoirenaturelle, & qui ne peuvent fervir qu'à mettre de laconfufon dans les idées des Naturaliftes. Il feroit donc à fou- haiter qu'au lieu de multiplier les mots, on cher- chât à les fimplifier & à bannir ceux qui fontinntiles, afin de rendre l’étude de la Minéralogie plus facile ; & moins l'effet de la mémoire que de connoïflances plus folides. | | Enfin, M. Emmanuel Mendez d’Acofta , de lafo- ciété royale de Londres, a publié en 1757 un ou- vrage en anglois, fous le titre de zerural hiflory of Folfils , dans lequel il donne un nouveau fyflème pour l’arrangement des fubftances du regne miné- ral; 11a cherché à faire un fyflème nouveau du tegne minéral d’après les principes de Woodward & de Wallerius, en tâchant d'éviter les défauts dans lefquels ces deux auteurs font tombés. M. d’A- cofta décrit donc les qualités extérieures des foffiles, fans négliger pour cela leurs qualités internes que Pon peut découvrir au moyen du feu & des difol- vans de la Chimie. Son ouvrage r’eft point encore achevé, mais par ce qui en a paru on voit qu'il ne laiffe pas d’y régner beaucoup de confufon, & l’on trouve à côté les unes des autres des fubftances qui ont des caraéteres très-différens, | En général, on peut dire que toutes les divifons fyflématiques des minéraux qui ont parujufqu'à pré- fent, font fujettes à un grand nombre de difficultés & d'obje&tions : il eft conitant que le coup d'œil exté- rieur ne fuffit point pour nous faire connaître les corps dun regne minéral, fouvent il peut nous trom- per par la reflemblance extérieure que la nature a mife entre des fubftances qui different intérieure- ment par des caraéteres eflentiels ; d’ailleurs cette connoiflance fuperficielle des corps feroit ftérile &z infructueufe ; & comme l’hiftoire naturelle doitavoir pour objet l'utilité de La fociété , il faut avoir une connoiïflance des qualités internes des fubflances minérales, pour favoir les ufages auxquels ils peu- vent être employés ; & ce n'eft que la Chimie qui puifle procurer cette connoïflance. Or , il eft très- difficile de trouver un ordre méthodique qui préfente les minéraux fous ces différens points de vüe à la fois; ily a même peu d’efpérance que l’on puiffe ja- mais concilier ces deux chofes. Cependant, 1lne pa- roit point que l’on foit en droit pour cela de rejetter tout ordre fyftématique, ou toute méthode; cela facilite tojours, fur-tout aux commencçans , l’étude d’une partie de l’hiftoire naturelle, qui ne le cede point aux autres pour La variété de fes ptoduétions. Voyez; MINÉRALOGIE. (—) MINERVALES , ( Æiff. anc. ) fêtes chez les Ro: mains en l'honneur de Minerve, On encélébroit une le 3 de Janvier, l’autre le 19 de Mars , & elles du- toient chacune 5 jours. Les premiers fe paffoient en prieres & en vœux qu'on adrefloit à la déefle ; les autres éroient employés à des facrifices & àdes com- bats de gladiateurs : on y repréfentoit aufh des,tra- gédies, & les favans, par la lefture de divers onvra- ges, y difputoient un prix fondé.par l’empereur Do. mitien. Pendant certe fête, les. écoliers avoient va- cances , &t portoient à leurs maîtres destétrennes où un honoraire nommé runerval. Hoc menfe dit Macrobe, mercedes exfolvebart magiftris quas complez tus anus deberi fecit; les Romains, toûjours délicats dans leurs expreflions, ayant donné à ce falaire fi légitime un nom tiré de celui de la déefle des beaux arts. Tr MINERVE, ( Mythol. ) déeffe de la fagefle 8 des arts , la feule des enfans de Jupiter, qui ait mérité de participer aux prérogatives atrachées au ang fuprème de la divinité, Tous les Mythologues, tous les Poëtes en parlent ainf. I ne faudroit, pour s’en convaincre , que lire l'hymne de Callimaque fur les bains de Minerve, qui eft une des plus belles pièces de l'antiquité. On voit dans cette hymne, que Minerve donne l’efprit de prophétie, qw’elle prolonge. les jours des mortels à fa volonté, qu’elle procure lé bonheur aprés la mort , que tont ce CRE 5 a un MIN d'un fgne de tête eft irrévocable, & que fout ce qu'elle promet arrive immanquablement ; car, ajoute le poëte , elle eff la feule dans le ciel à qui Ju- piter ait accordé ce glorieux privilege d’être en tout comme lui, &-de jouir des mêmes avantages, En effet, quand les Mythologiftes nous difent qu’elle éroit née de Jupiter fans le fecours d’une mere , cela fignifie que Minerve n’étoit autre chofe que la ver- tu, R fagefle , le confeil du fouverain maître des dicux. Non-feulement elle daigna conduire Ulyfe dans fes voyages, mais même elle ne refufa pas d’enfei- gner aux filles de Pandare l’art de repréfenter des fleurs & des combats dans les ouvrages de tapifle- rie , aprés avoir embelli de fes belles mains le man- teau de Junon. De-là vient que les dames troyennes lui firent hommage de ce voile précieux qui brilloit comme un aftre , 8 qu'Homere a décrit dans le JE- xierne livre de l’Iliade, Cette déefle ne dédaïgna pas encore de préfider au fuccès de la navigation ; elle éclaira les ÂAtgo- nautes fur la confirnétion de leur navire » ou le bâ- tit elle-même felon Apollodore, Tous les Poëtes s'accordent à nous aflurer qu’elle avoit placé à la proue le Bois parlant, coupé dans la forêt de Dodo- ne , qu dirigeoit la route des Argonautes, les aver- tiffant des dangers, & leur apprenoit les moyens de les éviter, Sous ce langage figuré, on voit qu'il eft ueftion d’un gouvernail qu’on mit au navire Argo. C’eit en-vain que les anciens ont reconnu plu- fieurs Minerves : les cinq que Cicéron compte font une feule & même perfonne , la Minerve de Sais, c’eft-à-cire, fis même, felon Plutarque. Son culte fut apporté d'Egypte dans la Grece, pañla dans la Samothrace , dans l’Afie mineure , dans les Gaules , &t chez les Romains. Saïs dédia la premiere à Mi- nerve un temple magnifique , & difputa long-tems aux autres villes du monde la eloïre d’encenier fes autels. Enfuite les Rhodiens fe mirent fous la pro- teétionparticuliere de la déeffe. Enfin elle abandonna le féjour de Rhodes pour fe donner toute entiere aux Athémiens, qui lui dédierent un temple fuperbe, & _célébrerent en fon honneur des fêtes dont la folem- mté attiroit à Athènes des fpe@tateurs de tonte l’A- fie ; c’eit ce que prouvent les médailles, 8 Minerve fut furnommée Abiyn. Quoiqu'elle ne régnât pas auffi fouverainement dans la Laconie que dans l’Attique , elle avoit ce- pendant fon temple à Lacédémone comme à Athè- nes, dans un endroit élevé qui commandoit toute la ville, Tyndare en jetta les fondemens, Caftor & Pollux Pacheverent. Ils bâtirent auffi le temple de Minerve afra à leur retour de Colchos. Enfin entre les temples qui lui furent confacrés dans tout le pays, celui qui portoit le nom de Minerve ophtal. mitide étoit le plus remarquable ; Pycurgue le dé- dia fous ce nom dansle bourg d’Alphium, parce que ce lieu-là lui avoit fervi d’azile contre la colere d’AI- * candrequi, mécontent de fes lois, voulut lui crever les yeux. On donnoit à Minerve, dans fes flatues & dans fes peintures, une beauté fimple , négligée, modefte, un air grave, noble, plein de force & de majefté. Son habillement ordinaire fur les médailles la repré- fente comme prote@trice des arts, & non pas com- me la redoutable Pallas qui , couverte du bouclier ; infpire l'horreur & le carnage. Elle y paroît vêtue du péplum , habillement fi célebre chez les Poëtes & qu défignoit Le génie , la prudence € la Jageffe. D'autres fois elle eft repréfentée le cafque en tête , une pique d’une main & un bouclier de l’autre ; avec l'égide fur la poitrine ; c’eft Pallas qu’on défi-. gne ainfi. Ces fratues étoient anciennement aflifes > au rap- Tome X. MIN 545 port de Strabon ; onen voit encore dans éétte ati tude. La chouette & le dragon qui lui étoient con facrés accompagnent fonvent fes images. C’eft cé qui donna lieu à Démofthene, exilé par le peuplé d'Athènes, de dire en partant que Minerve fe plai- foit dans la compagnie de trois vilaines bêtes : la chouette, le dragon & le peuple. On fait que Minerve étoit honorée eñ diffétens endroits fous les noms de Minerve aux beaux VEUX j Minerve aux yeux pers , Minerve inventrice > hofpitas liere, ironnienne, lemnienne, péonnienne » Jaronide , | fléniade, funiade, & autres épithetes , dont les prin: cipales fe trouvent expliquées dans l'Encyclopédie, CAT MINERVIUM , f. m, ( Mif ane. ) en général édifice confacré à Minerve, mais en particulier ce petit temple confacté à Minerva capitata , dans la onzieme région de la ville de Rome, au pié du mont Cælius, MINEUR , f. m. (Juri/p.) eft celui qui n’a pas ens core atteint l’âge de majorité. Comme il y a diver- fes fortes de majorités, l’état de minorité, qui eft op+ pofé, dure plus ou moins felon la majorité dont il s’agit. Ainf nos Rois ceffent d’être mineurs à 14 ans. On cefle d’être mineur pour les fiefs lorfqu'on a atteint l’âge auquel on peut porter la foi. La minorité coutumiere finit à l’âge auquel la coutume donne ladminiftration des biens. Enfin lon eft rineur relativement à la majorité de droit, ou grande majorité, Jufqu'à ce qu’on ait atteint l’âge de 25 ans accomplis; excepté en Nor- mandie, où l’on eft majeur à tous égards à l’âge de 20 ans. - Les mineurs n'étant pas ordinairément en état def | conduire, ni de veilier à l’adminiftration de leurs droits, font fous la tutelle de leurs pere & mere, ou autres tuteurs êz curateurs qu'on leur donne au dé- faut des pere & mere. En pays de droit écrit, ils ne demeurent entutelle que jufqu’à l’âge de puberté, après lequel ils peu- vent fe pafler de curateur , fi ce n’eft pour efter en jugement : en pays coutumier Les mizeurs demeurent en tutelle jufqu’à la majorité parfaite, à moins qu'ils ne foient émancipés plûütôt, Lie par mariage ou par lettres du prince. Ceux qui font émancipés ont l’adminiftration de leurs biens ; mais ils ne peuvent faire aucun acte qui ait trait à la difpoñition de leurs immeubles, ni ef- ter en jugement fans l’affiftance d’un curateur. Le mineur qui eften puiffance de pere & mere, ou de fes tuteurs, ne peut s’obliger ni intenter en fon nom feul aucune aétion ; toutes fes adtions attives & pafñives réfident en la perfonne de fon tuteur ; c’eft le tuteur feul qui agit pour lui, & ce qu’il fait vala- blement , eft cenfé fait par le mineur lui-même. Lorfque le mineur eft émancipé, il peut s’obliger pour des aêtes d’adminiftration feulement , & en ce casil contraëte &c agit feul &en fon nom; mais pour efter en jugement, il faut qu’il foit afifté de fon cu- rateur. Le mari, quoique mineur, peut autorifer fa femme majeure. Le domicile du mireur, efttoûjours le dernier do: micile de fon pere ; c’eft la loi de cedomicile qui re: gle le mobilier du #ineur. Les biens du mineur ne peuvent être aiénés fans néceñlité ; c’eft pourquotil faut difcuter leurs meu- bles avant de venirà leurs immeubles : & lors mé- me qu'il y a néceflité de vendre les immeubles, on ne peut le faire fans avis de parens , homologué en juftice & fans publications: | | L'ordre de lafucceflion d'un rizeur ne peut être interverti, quelque changement qui as dans les d Z % 546 MIN biens ; de forte que fi fon tuteur reçoit le rembourfe- ment d’une rente fonciere , ou d’une rente conftituée dans les pays où ces rentes font reputées immeu- bles, les deniers provenantdu rembourfement ap- partiendront à l'héritier qui auroit hérité de la rente, Un mineur ne peut fe marier fans le confentement de fes pere, mere, tuteur & curateur, avant l’âge de 25 ans; & s’il eft fous la puiffance d’un tuteur, autre que le pere ou [a mere, ayeul ou ayeule , il faut un avis de parens. Il n’eft pas loifible au mixeur de mettre tous fes biens en communauté, nid’ameublir tous fes immeu- bles ; il ne peut faire que ce que les parens affemblés jugent néceflaire & convenable : il ne doit pas faire plus d'avantage à fa future qu’elle ne lui en fait. En général le mineur peut faire fa condition meil- leure; maisil ne peut pas la faire plus mauvafe qu'elle n’étoit. Le mineur qui fe prétend léfé par les aétes qu'il a pañlés en minorité, ou qui ont été paflés par fon tu- teur ou curateur, peut fe faire reflituer ,en obte- nant en chancellerie des lettres de refcifion dans les Io ans, à compter de fa majorité, & en formant fa demande en enthérinement de ces lettres , auffi dans les 10 ans de fa majorité ; après ce tems les majeurs ne font plus recevables à réclamer con- tre les aétes qu'ils ont pañlés en minorité, f ce n’eft en Normandie, où les wineurs ont juiqu’à 35 ans pour fe faire reftituer, quoiqu'ils deviennent ma- jeursà2oans, Voyez RESCISION & RESTITUTION ez €TLÉLET« Ilne fufit pourtant pas d’avoir été zineur pour être reftitué.en entier , 11 faut avoirété léfé ; maisla moindre léfion, ou l’omiflion des férmalités nécef- faires , fuffit pour faire enthériner {es lettres de refci- fion. Voyez LÉSION. Il y a des mineurs qui font reputés majeurs à cer- tains égards; comme le bénéficier à l’égard de fon bénéfice; l’officier pour le fait de fa charge ; lemar- chand pour fon commerce. En matiere criminelle les mineurs font auff traités comme les majeurs, pourvûü qu'ils euflent affez de connoiffence pour fentir le délit qu'ils commet- toient : il dépend cependant de la prudence du juge d’adoucir la peine. Autrefois le méreur qui s’étoit dit majeur, étoit re- puté indigne du bénéfice de minorité; mais préfen- tement on n’a plus égard à ces déclarations de ma- jorité, parce qu’elles étoient devenues de ftyle : on a même défendu aux notaires de les inférer. La prefcription ne court pas contre les wineurs, quand même elle auroit commencé contre un ma- jeur , elle dort pour ainfi-dire pendant la minorité; cependant l’an du retrait lignager , & la fin de non- recevoir pour les arrérages de rente conftituée, an- térieurs aux cinq dernieres années, courent contre les mineurs comme contre les majeurs. Dans lesparlemens de Droitécrit,les prefcriptions de 30 ansne courent pas contre les zzeurs : celles ‘de 30 &T 40 ans ne courent pas contre les pupilles; mais elles courent contre les mineurs puberes , fauf à eux à s’en faire relever parle moyen du bénéfice de reftitution. Lorfqu'ileft intervenu quelque arrêt ou jugement en-dernier reflort contre un wxeur, il peut, quoi- qu'il ait été afifté d’un tuteur ou curateur, revenir contre ce Jugement, par requête civile, s’il n’a pas été défendu ; c’eft-à-dire, s’il a été condamné par défaut ou forclufon, ou s’il n’a pas été défendu va- lablement , comme fi l’on a omis de produire une piece néceflaire, ou d’articuler un fait eflentiel: car la feule omiffion des moyens de droit & d'équité ne feroit pas um moyen de requête civile, les juges étant préfumés Les fappléer MIN On nereflitue point les zimeurs contre le défaut d'acceptation des donations qui ont été faites à leur profit , par autres perfonnes que leurs pere & mere, ou leur tuteur; ils ne font pas non-plus reflitués contre le défaut d'infinuation, du moins à l'égard des créanciers qui ont contraté avec le donateur depuis la donation ; mais fi le tuteur a eu connoif- fance de la donation , & qu'il ne l'ait pas valable- ment acceptée ou fait infinuer , 1l en eft refponfable enversion mineur, De même lorfque le tuteur ne s’eft pas oppofé, pour fon mineur, au decret des biens qui lui font hy- pothéqués, le z7ineur ne peut pas être relevé ; il a féulement fon recours contre le tuteur, s’il y a eu de Ja négligence de fa part. Îl y a quelques perfonnes qui, fans être réelle. ment wuneures , Jouilient néanmoins des mêmes droits que les zineurs, telles que l’'Eglife; c’eftpour- quoi on dit qu'elle eff toûjours mineure, ce qui s’en- tend pour fes biens qui ne peuvent être vendus ou aliénés fans néceflité ou utilité évidente, & fans for- malités ; mais la prefcription de 40 ans court contre l'Eglife. Les interdits, les hôpitaux & les communautés laiques & eccléfiaftiques, jouiflent auf des privi- leges des mineurs, de la même maniere que l’'Eglife. Voyez au digefte les titres De minoribus | de his qui aætatis veniain impetraverurt, & au code le rit. x. in intesrum reftitmtionibus; voyez aufhi le Traité des cutelles de Gillet, celui des minorités de Meflé, 6 aux mots CURATELLE, CURATEUR , ÉMANCIPATION, TUTELLE, RESCISION , RESTITUTION. (4) MinEUR, {. -m. (Gram.) ouvrier employé à Pex- ploitation des mines. Voyez l’article Mine & MINES, lufl. rar, MinEUR , (Are, milit,) ouvrier qui travaille à la mine, en prenant ce mot comme à l’article MINE, (Fortificar.) Voyez cet article. MINEURS ou FRERES MINEURS, (ff. eccléfiaft.) religieux de l’ordre de faint François. C’eft le nom que prennent les Cordeliers par humilité. [ls s'ap- pellent frarres minores, C’eft-à-dire moindres freres, & quelquefois minorite, Voyez CORDELIER & OR- DRE. MINEURS ox CLERCS MINEURS, (Alf. eccléf.) ordre des clercs réguliers qui doivent leur établiffe- ment à Jean-Auguftin Adorne, gentilhomme génois, qui les inflitua en 1588 à Naples, avec Auguftin & François Carraccioli. Le pape Paul V, approuva en 1605, leurs conftitutions. Leur général réfide dans la maïfon de faint Laurent à Rome, où ils ont un college à fainte Agnès de la place Navonne. MiNEUR , adj. (Mufique.) eft le nom qu’on don- ne, en Mufique, à certains intervales, quand ils font auffi petits qu'ils peuvent l'être fans devenir faux. Voyez; MATEUR. voyez auff MODE. (S ) MIiNEUR, (Ecrivain) fe dit, dans l'écriture, de tous les caraéteres qui font inférieurs aux majufcu- les en volume ; pour Les diftinguer les unes des au- tres. j MINGLE,, f. f. (Comm.) mefure de Hollande pour les liquides. Les huiles d'olives fe vendent à Amfter- dam par livres de gros , le tonneau contenant 717 mingles où bouteilles ,mefure de cette ville, à raifon du pot de France oudedeux pintes de Paris le ri#- gle. Les bottes ou pipes d'huile, contiennent depuis 20 jufqu'à #5 fteckans, de 16 wingles chaque ftec- kan. La verge ou viertel, pour les eaux-de-vie, eff de 6 mingles &t demie. En général le zirgle pele 2 livres 4 onces poids de marc, plus ou moins , fui- vant la pefanteur des liqueurs. Elle fe divife en z pintes ; en 4 demi-pintes, en 8 muflies & en 16 de- mi-muflies. Poyez STEKAN, VIESTEL, MUSSIE, Gc: Didtionn, de Comm, DEN - Y MINGOL, ( Géog. ) montagne de Perfe fur une des routes de Conttantinople à Ifpahan 3 c’eft de cette montagne que fortent-les fources dont fe for- ment l’Euphrate d’un côté , & la riviere de Kars de l’autre. MINGRELA , (Géopr.) fameux bourg des Indes dans le royaume de Vifapour, à cinq lieues de Goa. Je n'en parle que parce que le cardamome ne croît que dans fon difiriét. Les Hollandois y Ont un coMpP- toir. Tous les vaifleaux qui viennent des Indes pour aller dans le golfe Perfique, mouillent prefque tou- Jours à la rade de ce bourg. MINGRÉLIE , LA , (Géog. } c’eft la Colchide des anciens ; province d’Afie qui fait aujourd’hui partie de la Géorsie. Elle eft bornée à l’oueft par la mer Noire ; à left par le Caucafe & l’Imirete ; au fud par la Turcomanie ; au nord par la Circafie. C'eft un pays couvert de bois, mal cultivé, & qui produit néanmoins du grain, blé ou millet , fuf- filamment pour la nourriture des habitans. Il y a beaucoup de vignes , qui donnent d’excellent vin ; elles croiffent autour des arbres , & jettent des feps fi gros, qu’un homme peut à peine les embrafier. On y trouve aufi d’admirables paturages qui nour- riflent quantité de chevaux. Les pluies qui font fré- quentes pendant l’été reverdiflent ces paturages , tandis qu’elles rendent la faifon humide & mal-faine. Le gibier abonde dans les vallées, & les bêtes fau- vages dans les montagnes. La viande des Mingréliens eft le bœuf & le pourceau , qui font à grand marché. Le pays fe divife en trois petits états, dont les princes indépendans les uns des autres, payent quel- que tribut au grand-feigneur. Ils héritent tous du bien des gentilshommes, & ceux-ci du bien delleurs {| vaflaux , lorfque les familles viennent à s’éteindre. | Leur religion a un grand rapport avec celle des Grecs , mais clle eft mêlée de tant de fuperftitions , !| qu’on peut la regarder comme une efpece d’idolà- trie. Les églifes y tombent en ruine, & les prêtres qui les deffervent croupiffent dans l’ignorance. Les Turcs font quelque commerce en Mingrélie ; | ils en tirent de la foie , du lin, des peaux de bœuf, {| de la cire , du miel, & quantité d’efclaves , parce | que les geritilshommes ont le droit de vendre leurs | Aujéts , &c qu'ils fe fervent de ce droit toutes les fois | qu'ilsen peuvent tirer du profit. Au ref , les efclaves n’y font pas chers ;.les || hommes depuis 25 jufqu’à 40 ans n’y valent qu'une || Vingtaine, d’écus , les femmes une dixaine, les enfans | moitié , &: les belles filles depuis 13 jufqu’à, x8 ans, | Cepenilant les Mingréliens , au rapport des voya- geurs , font, tout aufh beaux que les, Géorgiens & ! les Circafhens : il femble que ces.trois peuples ne faflent qu'une feule & même.race. Il y a en Miz- | £ . trente ,écus piece. 4 ? } .grèlie , dit Chardin , des femmes merveilleufement ! | bien faites , charmantes pour le vifage , la taille, &r | la beauté, de leurs yeux. Les moins belles, & les plus | âgées. fe fardent beaucoup , mais. les, autres, fe con- ! Fa . e 30 .tentent.de.peindre leurs fourcils en noir. Leur habit | | -eft femblable, à celui.-des Perfanes ; elles portent un -voile.qui ne.couvre que le deffus & le derriere, dela tête ;elles font fpirituelles, 8 affeétueufes , mais en! | «même tems perfides & capables. de toutes fortes de traits de coquétterie , d’aftuce & de noirceur, pour | - fe faire des amans , pour les conferver ou pour les | perdre. | Les hommes ont aufli bien de mauvaifes qualités ; | : ils font-tous élevés au farcin , l’étudient , & en font! | leur plaifir: Le concubinage , la bigamie & l’incefte| | font des-aéhionsautorifées.en Mingréhe; l'on y énieve les. femmes lesuns.desantres ; on y époufe fans teru- pule faitaute.ou.fa niece, & on entretient autant de! - goncubines qu'onvent, La jaloufie n'entre point dans! | Tome X, MIN 47 la tète des maris ; quand un homme furprend {a femme couchée avec {on galant, il lui fait payer pour amande un cochon, qui fe mange entre eux trois. | Le Caucafe met les Mingréliens À couvert des courfes des Circafliens par fa hauteur , & par des murailles qu'ils ont élevées dans les endroits les plus accefhbles , & qu'ils font garder avec quelque foin. Ils n’ont point de villes | mais des bourgs &c des Villages , avec des maïfons féparées les unes des aur tres. La chaffe eft leur occupation ordinaire ; ils met. tent leur félicité dans la poffeffion d’un bon cheval, d’un bon chien , & d’un excellent faucon. Leur prin- cipal commerce confifte en efclaves ; ils vendent leurs propres enfans, en les échangeant pour des hardes & pour des vivres. Ces détails fur les Mingréliens {ont ici fufifans ; on peut en lire de plus étendus dans Chardin & la Motraye. Mais qui croiroit que l’article dela Mingré- lie eft oublié dans le diétionnaire de la Martiniere, & dans les contrefaçons faites en France de cet ou vrage ? Après cela , oferons-nous prétendre de n°8: tre point tombés quelquefois à notre tour dans de pa- reilles obmifions ? Nous efpérons l’avoir évité, mais 1l ne faut répondre de rien, ( D.J.) MINGRÉLIENS, f. m.(Théolog. ) Peuples d’Afte, confidérés quant à la religion , ils ont à-peu-prèsla même que-les Grecs. Quelques hiftoriens eccléfiaf tiques difent qu’un efclave convertit à Ja foi de Jefus-Chrift le roi & la reine, & les grands de la Colchide , fous le regne de Conftantin le grand , qui leur envoya des prêtres & des doéteurs pour les'bap- tifer, & pour les inftruire dans les myfteres de notre religion. D'autres difent que ces peuples doivent la connoïiffance du Chriftianifme à un Cyrille, quéles Efclavons appellent en leur langue Chigfl, quivivoit vers l’an 806. Les Mingréliens montrent fur le bord de la mer, proche du fleuve Corax, une grande églife oùils aflurent que faint André a prêché. Le _primat de la Mingrélie y va une fois én fa vie faire lhuile fainte , que les, Grecs appellent myror. Ces peuples teconnoifloient autrefoisle patriarché d’An- tioche , maintenant ils obéiflent à celui de Conftan- tinople , & ont néanmoins deux primats de: leur na- tion qu'ls appellent casholicos, Celui de la Géorgie afous fa jurifdiétion les provinces de Cartuliou Car- dulli ,-de Gaghetri ,.de Baratralu & de Samché : ce- lui d'Odifci ailes provinces d'Odifci, d'Imerèti ; de -Guriel, des Abcaftes & des Suans. Ce patriarché a prefque autant de revenu quele prince de Mingrélie. IL yavoit autrefois douze évêchés dans le pays, mais 1l,n’en reflemaintenant.que fix, pârce queles fix autres ont été convertis en abbayes. Ces évêchés font. Dandars , Moquis', Bedias,, Ciaïs nScalinéters, où {ont les fépultures desiprinces , & Scondidr:les “abbayes font Chiageï ,Grippurias, Copis, Obbusi, Sebaftopoli , Anarghia., Les évêques.de ce pays font fortriches, & vivent ordinairement dans une grande. diffolution ; néanmoins parce qu'ilsne mangent point de viande .&'qu'ils jeûinent fort .exaétement-le ca- rême., ils croient être plus réguliers quétles prélats dé PEglifé romaine. La fymonie ÿ eftordinaire..Les primats ne confacrént point, d’évêqueà moins de fix cens écus]lstne céichrént point de mefle dès morts qu'on-ne leur endonne. cing cens ; &uls ne difent les autres meffes que pour le prix de cent écus:cha- ‘cune:uflsyfe fontl'aufli-payer des confefons: ; & lon à vuun de ces primats qui fut fort mal fatisfait d’une fomme.de cinquañteéeusqu'un viir du prince .de Mingrélie lui avoit donnée apres s'étre.confeflé à lui dans unelmaiadies Les évêques vendent aufh | il’ordination des prêtres. Tous les eccléfiafhquessy |. font tort ignorans , & difent la mefle avec'beatcoup /d'urévérence, Plufeurs même ont appris uné feule Z 2 ij . 548 MIN mefle par cœur. Ils font aufli des facrifites comme dans l’ancienne loi. La viétime eft conduite le matin devant le prêtre , qui la bénit avec quelque cérémo- nie, enfuite de quoi on la mene à la cuifine pour y être égorgée. Cependant le prêtre dit la mefle, après laquelle il fe rend à la maifon de celui qui a prefenté la viétime , où l’on fait un feftin. Le prêtre eft affis à une petite table particuliere , fur laquelle on fert certaines parties de la vitime qui lui font deftinées, comme Îa poitrine, le dos , le foie & la rate. Tout le refte de la viétime , avec la tête & la peau, eff porté chez le prêtre, parce que c’eft une viande de facrifice. Il n’y a point de peuples plus fuperftitieux que les Mingréliens, Is ne mangent point de viande Le lundi , parce qu’ils refpe@tent ou craignent la lune: le vendredi eft pour eux une fête ; & il y aapparence gw’ayant recu le Chriflianifme au tems de Conftan- tin, 1ls ont pris de lui cette coutume ; car cet empe- reur ordonna que fes fujets célébraffent le vendredi comme une fête en l’honneur de la pañlion de Jefus- Chriff. L’habillement des prélats eft fuperbe pour le pays, car il eft d’écarlate & de velours , & n'’eft guere différent de celui des féculiers ; ce qui les dif- tingue particulierement , c’eft leur barbe longue, leur bonnet noir ; rond & haut, fait comme celui des moines grecs. Ils portent des chaînes d’or au col ; ils vont à la chafle & même à la guerre , où 1ls fe mettent à la tête de leurs fujets , principalement quand le roi va en perfonne , & ne combartent pas moins que les gentilshommes. Il y a en Mingrélie des religieux de l’ordre de faint Bañile que l’on ap- pelle berres , qui vont habillés comme les moines grecs, & qui obfervent leur façon de vivre. Un en- fant eff fait religieux par fon pere & fa mere, avant même qu'il foit capable de faire un choïx ; ils Penga- ent dans cet état dès l'enfance , en lui mettant un Lost noir fur la tête, lui laiflant croître les che- veux , l’empêchant de manger de la viande, & lui difent pour toutes raifons qu'il eft here, Il y a auf des rehigieufes de cet ordre , qui obfervent le jeûne &t portent un voile noir ; mais elles ne font point en- fermées dans les couvens , ne font point de'vœux, & quittent le jeûne & le voile quand il leur plaît. La plüpart des églifes n’ont point de cloches, mais on y appelle le peuple au fon d’une planche de bois que l’on frappe avec un bâton. Les églifes cathédra- les font aflez propres & bien ornées d'images pein- tes , & non pas en relief : ces images font partie d’or & de pierreries, mais celles des paroïffes font fort négligées. Le peuple leur offre des cornes de cerf, des défenfes de fanglier, des aîles de faifant , & des armes, afin d'obtenir un heureux fuccès à la chaffe & à la guerre , & leur rend un culte qui approche de l’idolâtrie. Leur grand faint eft S. Georges, ainf que chez les Géorgiens, les Mofcovites & les Grecs. On dit qu'ils ont beaucoup de faintes reliques, & que les principales furent tranfportées dans la Min- grélie par des prélats qui s’y retirerent lorfque Conf- tantinople fut prife par les Turcs , en l’année 1453. Dom Jofeph Zampy, préfet des Fhéatins en Min- grelie, aflure que les religieux de cet ordre y ont vu un morceau de la vraie croix long d’une palme ou de huit pouces ; une chemife de la Vierge bro- dée à l'aiguille & femée de fleurs, & plufieurs au- tres reliques que Le prince de Mingrelie tient à fa garde. La mefle des Mingréliens fe dit à la grecque , mais avec peu de cérémonies, Pendant le carême on ne dit la meffe que le famedi & le dimanche , parce que tous les autres jours 1l faut jeûner , & que, felon leur penfée, la communion rompt le jeûne. Ils ont quatre carèmes ; celui qui fe fait avant Pâques, qui eft de 48 jours; celui qui précede la fête de Noël, qui dure 40 jours ; celui qui prend fon aom de la fête de faint Pierre , qui eft d'environ un mois ; & celui que tous les chrétiens orientaux font en l'honneur de la vierge, qui dure 15 jours. Ils font des facrif- ces comme faifoient les Juifs, & immolent des vic- times qu'ils mangent enfemble. Ils égorgent auf des bêtes &c des o1feaux fur les fépulchres de leurs pa- rens, & y verfent du vin &c de l'huile , comme fai- foient les payens. Les prêtres peuvent non-feulement fe marier avant leur ordination , comme font les Grecs , mais 1ls paflent à de fecondes noces, & en font quittes pour prendre de leur évêque une difpen- fe qui ne coûte qu’une piftole. Quand quelqu'un eft malade , 1l appelle un prêtre , qui ne lui parle point de confeffion, mais qui {fe contente de feuilleter un livre pour chercher la caufe de la maladie, qu'il at- tribue à la colere de quelqu’une de leurs images. Il ordonne enfuite que le malade fera fon ofrande à cette image pour l’appaifer , ce qui tourne au profit du prêtre. Aufli-tôt qu’un enfant eft venu au monde, le prêtre l’oint du crême , en lui faifant une croix fur le front , & differe fon baptême jufqu’à ce qu'il ait atteint l’âge environ de deux ans : alors on le bap- tife , en le plongeant dans l’eau chaude , & en l’oi- gnant prefque par toutes les parties du corps : enfin on lui donne à manger du pain qui a été béni , & du vin à boire, Quelquefois , pour rendre le baptême plus folemnel , ils baptifent fans eau , dec du vin. Ptolomée , /b, F. Lenoir , difcription d’Afie. Ortel- lius , Clunier, Daniti ; dom Jofeph Zampy théatin, relation de la Mingrélie ; le P. Lamberti , dans le re- cueil de Thevenot ; le chevalier Chardin, & Jean- Baptifte Tavernier , voyage de Perfe. | MINHO , ( Géog. ) en latin Minius , fleuve d’Ef- pagne qui prend fa fource dans la Galice , près de Caftro del rei, traverfe le royaume de Galice, & fe jette dans Océan atlantique aux confins du Portu- gal. Il ef fort poiflonneux, & tire fon nom du 5 mium où vermillon qu’on trouve fur fes côtes. MINIATO , SAINT , ( Géogr.) ville de Tofcane en Italie , dans le Florentin, avec un évêché fufra- gant de Florence. Elle eft fur l’Arno, à 8 lieues 5, O. de Florence. Long. 28. 30. lat. 43. 40. (D.J.) MINIATURE , 1. f. (Peinture,) Quelques-uns font dériver ce mot de zimium , vermillon, parce que’, difent-ils, on fe fert beaucoup de cette couleur en miniature, ce qui fouffre quelques difheultés; car les plus habiles peintres s’en fervent le moins qu'ils peuvent , parce qu’elle noircit: d’ailleurs on peut peindre en miniature des camaïeux (voyez CAM A1EU) ou toute autretableau, fans le fecours du vermillon, Quoi qu'il en foit , Pufage françois femble tirer ”- nature du vieux mot zignard, délicat, flatté , &c, En effet , la miniature | par la petitefle des objets qu'elle repréfenre & leur erand fini , paroît flatter ou embellir la nature en limitant ; effet commun à tout ce qui eft réduit du grand au petit. Miniature peut bien encore venir de swypos , peir. | Le mot iniature eft fouvent pris pour les ta- bleaux même peints en ce senre : on dit une miria- ture pour dire un tableau peint en wixiature ; mais c'eit improprement que l’on nommé ziniature un ta- bleau peint à l'huile , en émail, à gouache ou en dé- ‘trempe, feulement parce qu'il eft peint en petit. La miniature eft l’art de peindre en petit fur une matiere quelconque , qui foit blanche naturellement & non blanchie ; enforte que toute partie qui a be- foin de blanc ou tout au-moins de grand clair, le tire du blanc même de la matiere fur laquelle elle eft peinte ; & que toutes les autres couleurs qui doi- vent être très-legeres en tirent tout leur éclat. C’eit ainfi que la winiature à été pratiquée dans fon com- mencement : on peignoit fur des os blanchis au {o- leil & préparés, fur le marbre ,l’albâtre , fur la plu- part des pierres blanches & polies, enfin fur l'ivoire, MIN car lufage du vélin n’étoit point encore trouvé. Les couleurs dont on fe fervoit étoient en petit nombre, prefque toutes ayant trop de corps , & ne pouvant produire cette riche variété de teintes fi eflentielle à la vigueur du coloris , ainfi qu’à l'harmonie. Voyez MÉLANGES, TEINTES, TON. Mais à mefure que la Peinture a étendu fés découvertes, on a fenti la néceliité d'admettre le mélange du blanc dans les couleurs , pour avoir des teintes de dégradation, comme dans les autres peintures. Des artiftes intelli- gens onttravaillé àaugmenter lenombre des couleurs fimples , & à les rendre plus légeres : enfin les plus habiles fe font permis l’ufage du blanc indifférem- ment dans toutes les couleurs de fond, de draperies, 6'c. qui en demandent, en exceptant cependant les chars &femblables parties délicates dans lefquelles, pour mieux conferver la touche caraétériftique de l'objet , l’art défend d'employer le blanc dans les mélanges. Cette feconde maniere de peindre aflocie naturellement la winiature aux autres genres de peinture , par la liberté & la facilité qu’elle a de multiplier fes tons, fice n’eft, comme on l’a dit , dans certaines parties que l’habile peintre doit fen- tir, & dans leiquelles il ne faut pas moins qu’une extrème pratique de l’art pour réuflir, & que l’on ne S’apperçoive pas de la grande difette où nous fommes de couleurs legeres. On a prefqw’entiere- ment abandonné la premiere maniere, du-moins peu de peintres s’en fervent aujourd’hui, & il ne lui eft refté que le nom de peinture à l'épargne , voyez PEIN- TURE A L'ÉPARGNE ; parce qu'en eflet elle épargne le blanc de la matiere {ur laquelle on peint, pour en former des blancs ou des grands clairs afoupis à la vérité par les couleurs locales. Van Dondre en Hollande , Torrentius & Hufna- gel en Flandre , Volfak en Allemagne , ont été les premiers à quitter cette maniere feche & peinée , pour ne plus peindre que de pleine couleur, comme à l’huile , excepté le nud. La peinture en miniature florifloit depuis long- tems en Hollande, en Flandres , en Allemagne , qu'elle n’étoit encore en France qu’une forte d’enlu- minure : on ne faifoit guere que des portraits entie- rement à l'épargne ou à gouache, & que l’on poin- tlloit avec beaucoup de patience, Une fois enrichis de la nouvelle découverte, les Carriera, les Harlo , les Macé firent bientôt fentir dans leurs ouvrages que la miniature peut avoir fesRigauld ou fes Latour; mais 1{lui manquoit encore la plus belle partie, c’eft- à-dire des maîtres qui peigniffent l’Hiftoire. L’aca- démie royale de Peinture, toujours attentive à tout ce qui peut contribuer à la gloire de la Peinture, attendoit avec empreflement ce fecond fuccès pour {e l’aflocier. On lui doit cette même juftice, qu'é- branlée fans doute par l'effort d’émulation de quel- _ ques artiftes de ce genre, elle a de nos jours encou- ragé la winiature , en l'ädmettant au nombre de fes chef-d’œuvres. C’eft reconnoître qu’elle eft fufcep- tible de rendre en petit les plus grandes chofes. _ Elle peut donc briller par la belle compoñition ( ce qui féroit fon principal mérite ), par un coloris frais & vigoureux, & par un bon goût de deffein ? Il n°eft point d’amateur qui n’en accepte l’augure ; &il y à heu d’efpérer que la miniature aura es Rubens ou {es Vanloo. Quant à ce qui concerne la pratique de cet art, voyez Peinture en miniature , Palette | Pinceaux , Porntillé, Touche, Vélin, à la fin de ces article, De la palerte. La palette qui fert à la miniature eft un morceau d'ivoire d’environ fix pouces de long, plus ou moins, & de trois ou quatre pouces de lar- ge ; l’épaiffeur n’y fait rien, non plus que la forme , qui eft arbitraire : on en fait communément de car- * MIN $49 rées ou d'ovales, D’autres ont jufqu’à quatte lignes d'épaifleur, & portent fur leur fuperficie, tout au tour du bord, des petites foflettes creufées en for me fphérique du diamettre, d'environ demi-pouce, & elpacées également. On met une couleur dans chaque foffette ; mais cette palette eff moins propre que la premiere, On applique les couleurs autour de celle-ci & fur le bord, aflez près Les unes des aus tres ; & pour cela, files couleurs qui font dans les coquilles font feches, on y met un peu d’eau nette $ & on les détrempe avec le bout du doist | enfuite “on porte ce doigt plein de couleur fur le bord de la palette , appuyant un peu & retirant à foi : on fait de même de chaque couleur. Ceux qui aiment l’or- dre dans leur palette , la chargent fuivant la grada tion naturelle ; c’eft-à-dire, commençant par le noir, les rouges foncés jufqu’aux plus clairs , de même des jaunes ; enfuite les verds, les bleus , les violets x les laques, ces quatre dernieres commencent par leurs plus claires. Le milieu de la palette refte pour faire les mélanges & les teintes dont on a befoin, foir avec le blanc que l’on met À portée, ou fans blanc ; par ce moyen on a toutes fes couleurs fous fa main. On fe fert encore de palettes de nacre ou d'un morceau de glace, fous laquelle on colle un pa- pier blanc. Toutes les matieres poreufes en géneral ne valent rien à cet ufage ; les palettes de marbre blanc ou d’albâtre font très-honnes. De la peinture en miniature. Quoique la miriatu… re n'embrafle pas généralement tous les détails qui fe rencontrent dans les objets qu’elle imite, elle a néanmoins des difhcultés qui s’oppofent à {es fuc- cès : telles font la petitefle des objets, la précifion & la liberté dans leurs contours, le grand fini fans perdre du côté de la vigueur. En outre, le choix des matieres fur lefquelles on a deffein de peindre , & qui ont quelquefois leurs inconvéniens , Papprêt & le choix des couleurs, & la touche , fans comp- ter qu'il eft toujours très-difficile d’annoncer la gran- de maniere, dans un tableau qui perd déja de fon eftet à deux ou trois pas de diftance. On peint en rntature fur le vélin, l’ivoire, lal- bâtre , le marbre blanc, les coques d'œufs ; enfin, fur toutes les matieres blanches naturellement , & folides, ou du-moins qui ne fe laiflent point péné- trer par les couleurs , & de plus qui n'ont aucun grain: ces qualités ne fe trouvent pas toutes dans chacune des matieres ci-deflus, quelques-unes d’en- tr'elles demandent des préparations pour recevoir mieux les couleurs. On emploie plus ordinairement le vélin & l’ivoi: re, à raifon de leur peu d’épaifleur qui trouve pla- ce dans les plus petits cadres , & de la grande dou ceur de leur furface. Le vélin pour être bon , exige plufeurs condi- tions, voyez VÉLIN. L’ivoire doit être choïfi très- blanc , fans veines apparentes , fort uni , fans être pok, & en tablette très- mince, parce que plus il eft épais , plus fon opacité le fait paroître roux. Avant que de peindre deflus, il eft néceffaire d’y pafler légerement un linge blanc, ou un peu de cot- ton imbibé de vinaigre blanc , ou d’eau d’alun de roche , & de l’efluyer aufli-tôt: cette préparation dégraifle livoire, lui Ôte fon grand poli, silena, & la légere impreflion de fel qui refte encore deflus, fait que les couleurs s’ÿ attachent mieux , de l’eau fallée pourroit fuffre. On colle enfuite derriere l’i- voire un papier blanc de la même grandeur feulé- ment aux quatre coins, ou tout autour, avec de la gomme : la même préparation fert auffi pour le mar- bre blanc , l’albâtre & les coques d'œufs qu'il faut amolir auparavant pour Les redreffer. 1 Les couleurs. Les couleurs propres à la miniature ne font pas toutes les mêmes que celles dont on fe 550 MIN fert dans les autres genres : la peinture à huile , la détrempe, la gouache » VOYEZ &,ces mots, Ont à-PEU= près les mêmes ; la frefque en adopte une partie, voyez FRESQUE. L'émail en a de particulieres ; al importe beaucoi.n enzimiature de n’employer que desicouleurs légeres , mais qui ayent cependant un certain corps, fans être pâteufes : il en eft fur-tout dont 1l faut éviter de fe fervir , telles font celles qui tiennent entiérement des métaux, des minéraux, ou dé certains végétaux. :On doit plutôt préférer les couleurs extraites desiterres, des sommes ou du regne animal. Outre les cabinets des curieux ou des connoif- feurs , que la winiature peut enrichir de {es chef- d'œuvres , elle orne encore fouvent des boîtes, des braflelets, des bagues & autres bijoux ; mais dans ces trois dernieres places , elle eft plus expolée à différens degrés de chaleur, auf en reçoit-elle de plus grands dommages : car les couleurs tirées des végétaux en jauniflent , roupiflent ou fe difhipent, Celles des métaux ou des minéraux noirciflent ou pâliflent infailliblement à la chaleur, ainf qu’à l'air, felon que leur partie métallique , qui eft toujours la plus confidérable, fe dépouulle de cette chaux vi- triolique ou fulphureufe qui formoit tout leur éclat ; c’eft alors qu’elles tourmentent les autres couleurs qui leur ont été alliées. Il femble qu'il feroit à dé- firer, que ceux qui s'appliquent avec amour à cet art, examinaflent toujours en bons naturaliftes, la nature, la force , ou l’antipathie de leurs couleurs; ils éviteroient,fans doute, ce changement fubit qu’é- prouvent leurs tableaux, & conferveroient par-là _cette fraîcheur de couleur, ménite fi juftement van- té dans les écoles Lombarde $& Vénitienne; mais on croit pouvoir le dire, fouyent pour s’épargner la multiplicité des teintes , on préfere de charger la palette d’un grand nombre de couleurs fimples , qui, les unes métalliques , les autres végétales , s’entre- détruifent en très-peu de tems, 8 ne laiflent à .ce- lui qui Les a placées avec beaucoup d'art, que l'inu- tile regret d’avoir ménagé fes foins & perdu fon tems. Cette réfléxion arrachée par l’amour pour les Arts, femble pouvoir s'étendre {ur prefque tous les venres de peinture. Il réfulte de toutes ces obfervations, qu'on ne doit employer à la winiature , que les couleurs fur lefquellesla chaleur ou le orand air agaflent le moins. Les terres femblent remplir le mieux cet objet, quoi- que bien des peintres les rejettent , comme trop pâ- teufes & peu colorantes ; à cela l’expérience répond qu'il n’eft point de fubftance , fi dure foit- elle , qu’on ne vienne à-bout de réduire impalpable, avec du foin & de la patience, lorfqu'il y va d’un fuccès glorieux dans ce que l’on entreprend. Il ne s'agit donc que de lesbroyer fufilamment,(voyez BROYER, BisTre)fur l’écaille de mer, ou plutôt furune glace brutte. Les Peintres , jaloux de la pureté de leurs couleurs, ne doivent confier ce foin à perfonne. En rejettant ainfi toutes les couleurs, qui tien- ment des métaux .ou de certains végétaux , excepté quelques-unes que lon n’a encore pû remplacer par * d’autres , al n’en refteroit qu’un petit nombre. On wa donner les:noms des unes & des autres : celles que l’oncroit devoir préférer feront marquées d’une aftérique. On peut voir ces couleurs chacune à fon article, # Carmin, compof. qui ne change point, # Vermillon, rrinér. Mine de plomb rouge , métal, Orpin rouge , mner. + Pierre de fiel , reg, anim. Jaune de Naples, menér. # ; Stile de grain de Troyes, vég. le moins pâle eft le meilleur, MIN # Gommegutte, fondue dans de l’eau, fans gotte me. ‘Orpin pâle , miner. Mafficot doré , métal, Maficot pâle , métal, Cendré verte , wenér. Verd de montagne, minér. Verd de vefhe , sep. Verd d'Iris, vég. * + Cendre bleue, #ineér. * Outremer, pi, le plusfoncé.en:conleur. * Bleude Prufle, reg. anum. Tournefol , veg. Cochenille, vég. * : Laque , compo/. Kermès, veg. . * + Biftre, Le plus roux, & fur-tout celui qui fe fait par ébullition. * Terre d'ombre, fans être brûlée. * f Sanguine, pi. * Rouge brun, d'Angleterre. terre. le plus foncé, * Ocre rouge, serre. * :f Terre d’lralie, la véritable. * Stilede grain, d'Angleterre, ség. leplustendre. T Ocre derhue , serre. fans être brûlé. * Encre dela Chine, la plus rouffe. Noir d'ivoire. | Bianc de plomb on de cérufe , mérall. le blane fait d’os de pié de mouton calcinés , & pré- parés comme .le biftre, ne change jamais. : Voyez BISTRE. Fiel d’anguille ou de brochet, fans gomme. Le fiel d’anguille eftune efpece de file de grain, car 1l eft très-bon pour glacer. Il peut va- rier les verds dans le payfage , étant mêlé avec différens bleus. On s’en fert auf pour donner de la force aux couleurs fourdes. On croit devoir propofer , en place du noir d’i- voire qui a trop de corps, un noir femblable au noir de charbon, voyez à ce mor ; mais aufli léger que l’encre de la Chine. Ce noir fe fait avec l’amande qui fe trouve dans la noix d’Acajou , voyez A cA3IoOU ; il faut Ôter la pellicule qui eft deffus. On calcine enfuite Paman- de au feu , & on l'éteint aufli-tôt dans un linge motullé d'eau-de-vie, ou de vinaigre. Du refte, elle fe prépare comme le bifire & les autres cou- leurs , obfervant de la broyer à pluñeurs reprifes, & de la laifler fécher chaque fois. | Toutes les couleurs"ci-deflus te confervent , non dans les godets d’yvoire ou de bois, qui les deflé- chent, les ruinent ; mais dans des coquilles bien lavées auparavant : on en met environ deux bonnes pincées dans chaque coquille, & on les détrempe avec un peu d’eau de gomme arabique , à confftan- ce de crème un peu épaifle. Il importe beaucoup de favoir gommer les couleurs à-propos, c’eft-à- dire , que l’eau ne foit ni trop foible , ni trop forte de somme; car de-là s’en fuit la féchereffe ou la dureté des couleurs au bout du pinceau, & la tou- che en fouffre beaucoup. Pour connoître felles font affez gommées , il faut, après les avoir délayées dans leurs coquilles, en prendre un peu au bout du doigr, & en toucher le creux de la main, on les laife un inftant fécher. Sien remuant ou agitant les doigts de cette main, la couleur fe fend & s'écaille, elle eft trop gommée ; il faut alors la détremper avec sun peu d'eau fans gomme. Si au contraire, en paf- fantle doigt deflus elle s’efface , elle n’eft pas affez gommée : le medium eft aifé à trouver ; on la re- délaie avecun peu d’eau de gomme, ce qu’on doit obferver pour les couleurs qui veulent un peu plus de gomme que les autres : on a eu {oin de les mare quer d’une Ÿ. | Eau de gomme, L'eau de gomme fe fait en nettañt gros comme une noix de gomme arabique, la moins jaune &r la plus tranfparente , dans la quantité d’un verte d’eau bien claire ; on y laïffe fondre, éhfuite on paile le tout dans un linge blanc trempé anpara- vant dans de l’eau nette, & preflé. Cette eau de gomme fe conferve dans une bouteille bien bouchée, pour la préferver de la poufficre. Bien des peintres ajoutent qnelques gouttes d’eau- de-vie dans leurs couleurs, ou du fucre candi, pour lesrendre plus coulantes & leur donner plus d'éclat. Les unes en acquierent en effet davantage; mais d’autresen fouffrent beaucoup. En général la gom- me ne nuit à aucune, & remplit tous les objets, On doit fur-tout avoir grand foin de garantir tout ce qui a rapport à la zzi#1ature contre la poufñere, qui en eft le poifon. Quoiqu'il n’y ait point de regle certaine qui li- mite la mefure des tableaux en miniature, on croit pouvoir dire au moins, que les figures qui excedent quatre pouces & demi ou cinq pouces de hauteur, ne doivent plus être réputées peintes en siriarure ; parce qu’alors pour que le faire ne devienne pas fec, on eft obligé de groffir la touche ; l'œil du connoïfleur la découvre, & le tableau perd tout le mérite du fini, De même les plus petites figures au. deflous de deux pouces & demi de haut ne peuvent plus être apperçues diffinétement qu’à la loupe , avec le ie- cours de laquelle elles ont été peintes ; mais auf Pillufon du grand fini cefle , & l’on ne découvre au- cun détail, fi ce n’eft des couleurs dures, égrati- gnées\; prefque toujours un mauvais enfemble , & une touche, quelque légere qu’elle foir, frappée au hafard, & toujours difproportionnée à l'objet. Les ziniatures fe couvrent ordinairement d’une glace ; on coile un papier fin fur le bord & tout au. tour de la glace & du tablean , 8 empêche la poufliere de s'introduire entre deux, ce qui nii- roit beaucoup. | Peinture à l'épargne. C’étoit anciennement ce que lon nommoit winicrure. Cette peinture fe prati- quoit fur plufeurs fortes de matieres blanches , comme les os, Fivoire, 6c. mais le grand art con- fifloit à ne point fe fervir de blanc pour faire les tein- tes &c les mélanges. On employoit toutes couleurs fimples ; que l’on dégradoïit en en meitant moins, Le fond ; ou plutôt le blanc de la matiere paroïfloit par- tout entre les coups de pinceau, parce que laton- che n’étoit qu'un pointillé général. Foyez Poin- TILLÉ, miniature.) On peint encore aujourd’hui le nud & quelques parties, de cette maniere dans la irtature , ainfique dans des petits tableaux peints fur le vélin ou l’ivoire, feulement à l’encre de la Chine. Cette matiere imite l’eftampe ; maïs d’une façon beaucoup plus douce & plus agréable : c’eft une forte de grifaille en petit. On touche de quel- ques couleurs légeres les principales parties pour les mieux différencier du refte du tableau, & le rendre en tout plus piquant. Des pinceaux pour la miniature. 1 eft aflez difficile de décider fur la vraie qualité que doivént avoir les pinceaux de la peinture en miniature, Cha- que peintre s'étant fait une maniere de peindre qui lui eR propre, choifit fes pinceaux en conféquence, Les uns les veulent avec beaucoup de pointe & très-longs, quoiqu'aflez garnis. D’autres les choi- fifent fort petits & peu garnis. Il femble cependant qu’on doit donner la préférence à un pinceau bien nourri de poils, point trop long , & qui n’a pas trop de pointe ; il contient plus de couleur, elle s’y {e- . che moins vite, & la touche en doit être plus large &c plus moëlleufe ; autrement ouvrage doit pren- dre un air fec & peiné. En général la pointe d'un MIN 551 Pinceau doit être ferme, & faire teflort fur élle-mé: me. Les pinceaux s’emmanchent avec des antes ( Payez ANTES.) foit d’yvoite , d’ébeine , Ou d’au- tres bois, que l’on entourre à l’endroit le plus large de la plume, avec un peu dé cire d'Efpagne ; pour que Peañ dans laquelle on eftobligé de les laver fans cefle n'entre pas dedans , ce qui les ruine plutôt: Il faut fur-tout avoir foin, quand on ne s’en fert pas, de les enfermer dans une boîte où il y ait un peu dé poivre fin ; autrement il fe fourre entre les poils une cipece de mites qui les rongent en peu de tèrms. Da pointillé. Le pointilié étoit anciennement la feule touche de la miniarire ’oyez MINTATURE: Il confifte à placer les couleurs , non en touchant le vélin ou l’ivoire , d’un des côtés de l’extrémité du pinceau; mais en piquant feulement de la pointe, ce qui forme des petits points à-peu-près ronds & égaux entre eux. Îls doivent tous fe toucher , en forte que les triangles qui reftent entre ces points font ou blancs, s’il n’y a point encore eu de cou leurs fur le velin, où bien ils montrent la couleur qu'ils ont reçue avant que les points y fuflent pla: cés; c’eft cette variété de points & de triangles co: loriés qui forme l’union des différentes teintes, Voyez Peinture en miniature, rouche, De la touche, C’eft la maniere dont on fait agir le pinceau fur le vélin ou l'ivoire en peignant en z1i- riature. Le pointillé a longtems prévalu, & quel- ques peintres s’en fervent encote aujourd’hui, fur- tout en Allemagne & en Angleterre , où l’extrèmé fini pafle pour le mérite le plus réel de la miniature. Voyez POINTILLÉ. Cette maniere de faire unifor- me ne demande aucun foin , mais beaucoup de pa- tience. [left vrai que les objets paroiffent tous de la même nature , étant tous pointillés, Les chairs, les cheveux , les étoffes de foie, comme de laine, Les corps polis, les nuages , tout enfin ne paroît plus qu'une même matiere , des que tout eft aflujeti à la même totiche De bons'peintres ont cependant fenti l'inconvénient de cette touche. Les uns’ ont formé la leur de coups de pinceaux croifés, & même re- croifés. D’autres l’ont marquée par des coups de pointe du pinceau donnés tous du même {ens , foit de gauche à droite, ou de droite à gauche, ou per- pendiculairement. Enfin ona imaginé une troifiéme touche, qui n’eft déterminée que par la nature & la forme des objets. Elle eft compoite de plufieurs fortes de coups de pinceaux, tantôt de la pointe, tantôt en appuyant davantage ; les uns font de pe- tites courbes , d’autres reffemblent à une virgule droite , d’autres ne font que des petites lignes cour- tes &c trainces , quelquefois de fimples points ; enfin fuivant la forme & la nature de l’objet que l’on veut caraétérifer : car il paroït vraiflembiable, par exem- ple , qu’une armure polie femble demander une tou- che particuliere , qui la cara@érife & la différencie d’avec une étoffe de laine, où un motceau de bois qui feroit de la même couleur. En général cette der- niere touche obferve de ne jamais donner de coups de pinceaux perpendiculairement , à-moins qu’il ne foit direétement queftion de lignes réelles. Du velin, Le vélin fur lequel on peint en #inia- sure eft le veau mort-né ; il y én a d'Angleterre & de Picardie ; les vélins de Flandres & de Normandie font moïns propres à la miniature, Le vélin d’Angle- terre eft très-doux & aflez blanc , celui de Picardie l'eft davantage. Il faut pour qu'un vélin foit parfait, qu'il foit très-blanc , & non pas frotté de chaux ; qu'il n'ait point de petites taches, ni de veines clai- res, comme il s’en trouve. Pour éprouver le vélin, il ne faut qu’appliquer le bout de la langue furun des coins ; fi l'endroit mouillé eft un peu de tems à fé- cher , le vélin eft bon ; s'il feche aufi-tôt, le vélin boit , & ne vaut rien. 552 MIN Il eft effentiel que le vélin loit bien tendu pour pouvoir peindre aifément deffus : pour cet effet, lorfque le tableau que l’on veut faire n’a guere plus de deux ou trois pouces , il fufñit de coller Le vélin fur un carton bien blanc & très-liflé, obfervant ce- pendant de mettre encore un papier blanc & liffé entre le vélin &t le carton. On cole les bords du car- tonavec de la somme arabique fondue dans de l’eau, & on applique le vélin deflus, après avoir pañlé Ié- gerement fur fon envers un linge mouillé d’eau nette: cette opération fait que le vélin fe détend d’abord ; enfuite venant à fécher , il ne fe tend que mieux de lui-même & également : lorfque les tableaux doivent être plus grands , le carton feroit fujet à fe courber; ainfi il vaut mieux coller le vélin fur une glace, ou un vetre , {ur lefquels on colle auparavant &c en- tierement le papier blanc life. On define fur ce vélin avec une éguille d’or ou d'argent, ou de cuivre , & jamais avec des crayons. Il eft même à-propos de faire fon deffein d’abordfur un papier, & le calquer enfuite fur le velin (Foyez Cazquer ), en frottant le derriere du papier de fanguine légetement. Le vélin craint la grande cha- leur , qui le fait jaunir. L'ivoire en fouffre davan- tage, parce qu'il eft plus huileux. Comme on n’avoit point encore écrit fur la r- niature, du moins utilement, on s’eft permis d’au- tant plus volontiers les longs détails fur ce genre de peindre, que beaucoup de perfonnes de difinétion & de goût s’occupant d'un art aufi noble & auff commode à exercer, trouvent difficilement des lu- mieres pour les feconder; on croit les pouvoir obli- er enlevant du moins les premieres dificultés. MINIERE,, £. f. (A? rar.) c’eftainfi qu'on nomme dans l'Hiftoire naturelle la terre, la pierre, ou le fa- ble dans lefquels on trouve une mine ou un métal. C’eft ainf qu'on dit que le fable eff la ziniere de l'or, parce que l’on trouve fouvent ce métal en paillettes répandues dans le fable d’un grand nombre de rivie- res. On dit auf que le quartz fert ordinairement de miniere à l’or , parce qu’on trouve ce métal com- munément attaché à cette forte de pierre: Le fpath & le quartz font les mixieres les plus ordinaires des mé- taux, c’eft-à-dire , on trouve les métaux & leurs mines communément attachés ou formés fur ces for- tes de pierres , d’où l’on, voit qu’en ce fens le mot miniere eft fynonyme de gangue ou de matrice, Voyez ces deux mots. On voit donc qu'il ne faut point confondre la ri- niere d’un métal avec le métal même , ou avec fa mine. Cette miniere n’eft autre chofe qu’une retraite dans laquelle le métal ou la mine font reçus ; elle fert à les conferver, à les élaborer , à recueillir les molécules métalliques 8 minéralifantes qui leur font portées peu-à-peu par les vapeurs fouterreines. L'expérience a fait connoitre que certaines fubftan- ces font plus propres à devenir des mizieres que d'au- tres ; 1l y a des mnieres fi dures , que les métaux ne peuvent s'attacher qu’à leurs furfaces ; d’autres font plus tendres & plus fpongieufes, & par conféquent plus propres à être entierement pénétrées par les va- peurs minérales. Des métaux &c des mines déja for- més peuvent fervir de miniere à d’autres métaux 8 à d’autres mines. D’un autre côté une même pierre peut fervir de miniere à plufeurs métaux & à plu- fieuts mines à, la fois ; c’eft ainfi que l’on rencontre des filons qui contiennent à la fois de la mine de cui: vre, de la mine d'argent, dela mine de fer, &c. en un mot les rrinieres méritent toute l’attention du na- turalifte ; & elles peuvent lui faire decouvrir un grand nombre de phénomenes du regne, minéral, Cette matiere a été amplement &c fayamment trai- tée par M. Lehmann, de l’academie de Berlin, dans fon Traité de la formation des métanx, & de deurs ma= MIN srices où mimieres, qui fait le fecond volume de fes œuvres de phyfique & d'hifioire naturelle, dont jai donné la tradu@tion françoife en 1759. (—) MINIMA , APPEL 4, ( Jurifprud. ) c’eft lap- pel que le miniftere public interjette d’un Jugemen rendu en matiere criminelle; où1il échet peine af- fhétive : cet appel eft qualifié 4 rzrimé, on fous- entend pæné ; c'eft-à-dire que le mimiftere publie appelle, parce qu'il prétend que la peine qui a été prononcée efttrop légere. Le miniftere public doit toujours appeller 4 rx. md , & cet appel fe porte à latournelle, omiffo me- dio. Voyez le sit, XX VI. de l'Ordonn. criminelle. (A4) MINIME , adj. ez Mufique, eftle nom d’une forte defemi-ton dont Le rapport eft de 625 à 648, & qui eft la différence du femi-ton mineur au femi-ton maxime. Voyez SEMI-TON. Minime, par rapport à la durée où au tems , 'eft dans nos anciennes mufiques, la notequ’aujourd’hui nous appellons blanche. Voyez BLANCHE 6 VA- LEUR DES NOTES. (S) MINIMES , {. m.pl. ( Auf eccl. ) ordre religieux fondé par S. François de Paule environ l’an 1440, & confirmé en 1473 par Sixte IV & par Jules Il en 1507. On donne à Paris le nom de Bozns-hommes aux religieux de cet inftitut , parce que le roi Louis XI & Charles VII les nommoïent ordinairement ainf, ou plutôt parce qu'ils furent d’abord établis dans le bois de Vincennes, dans le monaftere des religieux de Grammont qu’on appelloit Zs Bons-hommes, Le peuple en Efpagne les appelle Peres de la viéloire,, à. caufe d’une viétoire que Ferdinand V remporta {ur les Maures, & qui, dit-on, lui avoit été prédite par $. François de Paule. Ce faint leur fit prendre le nom de Minimes , c’eft-à-dire, les plus petits par hu milité , & comme pour les rabaïffer au-deffous des Francifcains qui fe nommoiïent Mmeurs. Les Miri- mes , entre les trois vœux monaftiques, en font un quatrieme , d’obferver un carême perpétuel. Leur ordre a donné à la république des lettres quelques hommes illuftres , entr’autres le pere Merfenne , ami & contemporainde Defcartes. | | MINIMUM, {.m. dans la Géométrie tranfcendan- te , marque le plus petit état, ou les plus petits états d’une quantité variable, furquoi voyez Maximum: MINIO , ( Géogr. ) petit fleuve d'Italie. en Tof- cane. Il avoit fon embouchure entre Gravifea & Centrum celæ. Niger le nomme Migno, & Léander l'appelle Mugnone. Virgile en fait mention dans ce vers de l’Enéide : Qui Cœrete domo , qui furt Minionis in drvis. Il ne faut pas confondre le Minio avec le Miniusÿ ce dernier étoit un fleuve de l’Efpagne tarragonoife,, ou de la Luftanie , dont Ptolomée & Pomponius Méla font mention. ( D. J. ) MINJOE-TAMNACE, f.m.(Æif, nat.) c’eft ainfi que les. habitans de l’ile de Sumatra nomment une efpece de petrole ou de bitume que fournit la mon- tagne appellée Balaram, qui eftun volcan, Ce nom fignifie dans la langue du pays, huile de terre, On en vante l’ufage pour la guérifon des plaies, &c. . MINISTERE., {.m. (Gram. Hif?, mod.) profeflion, charge ou emploi où l’on rend fervice à Dieu, au public , ou à quelque particulier. Poyez MINISTRE. On dit dans le premier fens que leziriffere des pré- lats eftun ririflere redoutable , & qu'ils en rendront à Dieu un compte rigoureux. Dans le fecond qu’un avocat eft obligé de prêter fon wiriffere aux oppri- més, pour les défendre. Et dans le troifieme, qu'un domeftique s’acquitte fort bien de fon iriffere. Miniflere fe dit auf du gouvernement d’un état fous l'autorité fouveraine. On dit'en ce fens quele riniffere du cardinal de Richelieu a été glorieux, êc: que.les lettres n’ont.pas moins fleurien France fous | le MIN leminiflerede M. Colbert qu'elles avoient faità Ro- me ous celui de Mécénas, … Miniflere eft auf quelquefois un nom colle&if, dont onfefert pour fignifier les miniftres d'état. Ainfi nous difons , le mixiffere qui étoit Wigh devint Tory dans les dernieres années de la reine Anne, pour dire que les miniftres attachés à la premiere de ces fac- tionsfutent remplacés par d’autres du particontraire. MINISTERE PUBLIC, ( Jrifprud, ) ce terme pris dans une étroite fignification , veut dire férvice ou anploi public, fonéion publique. Mais on entend plus ordinairement pat ce terme , ceux qui templiffent la fonticn de partie publique ; favoir , dans les cours fupérieures, les avocats & procureurs généraux ; dans les autres jurifdiéons . royales, les avocats & procureurs du rois dans les juitices feigneuriales ; l& procureur fifcal ; dans les officialités, Le promoteur. Le sriniflere public requiert tout ce qui eft nécef- faire pour l'intérêt du public ; il pourfuit la ven- geance des crimes publics, requiert ce qui eftné- ceflaire pour la police &z Le bon ordre, & donne des conclufions dans toutes les affaires qui intéreffent le roi ou l’état, l’églife, les hôpitaux , les commu nautés : dans quelques tribunaux , il eftauffi d’ufage de lui communiquer les caufes des mineurs. On ne le condamne jamais aux dépens, & on ne lui adjuge Pas non plus de dépens contre les parties qui fuc- combent. Voyez? AVOCAT GÉNÉRAL, AVOCAT DU ROI ,; CONCLUSIONS , COMMUNICATION AU PARQUET ; GENS DÙU ROI, PROCUREUR GÉNÉ- RAL , PROCUREUR DU Ror , Sussriturs , RE- QUÊTE CIVILE, ( A MINISTRE, ( Gramm. Hifi. mod. )celni qui fert Dieu , le public , où un particulier. Voyez Sxr- VITEUR. C’eit en particulier le nom que les Prétendus Ré- | formés donnent à ceux qui tiennent parmi eux la pla- | ce de prêtres. Les Catholiques mêmes appellent auffi quelque- foïsles évêques ou les prêtres ,les minifires de Dieu, les miniftres de la parole ou de l'Evangile. On les appelle auffi paffeurs. Voyez EVÊQUE, PRÊTRE, Gc, Menifires de l’aurel , font les eccléfiaftiques qui fervent le célébrantà la mefle; tels font finguliere- ment le diacre & le fous-diacre , Comme le porte leur nom ; car le mot grec d\éxsvos fignifie à la let- tre, rminiftre, Voyez D'iACRE & SOUS-DIACRE. MINISTRE , ( if. eccl. ) eft aufi le titre que cer- tains religieux donnent à quelques-uns de leurs fu- périeurs. Voyez SUPÉRIEUR. On dit dans ce fens le zixiffre des Mathurins , le minifire de la Merci. Parmi les Jéfuites , Le minifêre eft le fecond fupérieur de chaque maïfon ; il eff en effet le miniftre ou l'aide du premier fupérieur ,qu'on nomme le reifeur. C’eft ce qu’on appelle dans d’aus tres communautés, affiffant , fous - prieur , vicaire. Le général des Cordeliers s'appelle auffi miriffre ge. Anéral. Voyez GÉNÉRAL. MINISTRE D'ÉTAT, ( Droit public, ) eft une per- fonne diftinguée que le roi admet dans fa confiance pour Padmimftration des affaires de fon état, Les princes fouverains ne pouvant vaquer par eux-mêmes à l’expéditionde touteslesaffaires deleur état, ont toujours eu des wzriffres dont ils ont pris les confeils, &c fur lefquels ils fe font repolésde cer- tains détails dans lefquels ils ne peuvent entrer. Sous la premiere race de nos rois , les maires du palais , qui dans leur orivine ne commandoient que dans le palais de nos rois, depuis la mort de Dagobert , accrurent confidérablement leur puif- fance ; leur emploi, qui n’étoit d’abord que pour un .tems, leur fut enfuite donné à vie ; ils le rendirent héréditaire , & devinrent les miriffres de nos rois: Tome Æ, MIN 553 ils commandoïent auf les arnrées : weft pourqhoi ils changerent dans la fuite leurs qualités de maire en celle de dux Francorum, dux & princeps , Jibres gulus. | , Sous la feconde race ; la dignité dé maire ayant ct inpprimée, lafonétion de #iriffre fut rémplie pat des perfonnes de divers états: Fulrard , grand chans celicr , étoit en même tems mixiffre de Pépin, Egin« bad, qui étoit, à ce que l’on dit, gendre de Char lemagne, étoit fon miriflre, 8x après lui Adelbard, Hhiléum le fut fous Louis le débonnaire , & Robert le fort, duc $r marquis de France ,; comte d'Anjou, bifaieul de Hngnes-Capet, tive de nos roistde la) troifiéme race , faifoit les fondions de miniftre {ous Charles le chauve. Il ÿ ent encore depuis d’autres perfonnes qui reti- plirent fucceflivement la fon@tion de miniflres, de puis lé commencement du regne de Lois Îe bépue, l'an 877 jufqu’à la fin de la feconde race , l'an 987 Le chancelier qu’on appelloit , fois la premiere: race, grand'référendaire ;" 8 fous la feconde race, tantôt grand chancelier ou archi-chancelier, 8 quete quefois fouverain chancelier où archinoraire ; étoit toujours le #riniffre du roi pour l’adminiftration de la juftice , comme il left encore préfentément, Sous la troifieme race! le confeil d'état fut d'abord . appellé le peris confil on l'étroit confeil , enfuite le coufeil fécret où privé, & enfin le confeil d'état & privé, L'étroit confeil éroit compolé des cinq grands'ofz ficiers dé la couronné ? favoir , le fénéchal où grand: maître , le connétable, le bouteiller , le chambrier ë&t lechancelier, lefquels étoient proprement les 2- rires du roï. ls fignoient tous {es chartres : il leur adjoïsnoit , quand'iljugeoïit à propos , quelques au- tres perfonnes diflinguées , comme évêques , barons ou fénateurs : ce confeil étoit pour les affaires jour- nalieres on les plus preffantes, Le fénéchal où grand fénéchal de France , qui étoit le premier officier de la couronne, étoit anf comme le premier zriffre du roi ; il avoit la far | intendance de fa maïlon, en régloit les dépenfes!, foit en tems de paix ou dé guerre ; ilavoit aufli la conduite des troupes , & cette dignité fur reconnue pour la premiere de la couronne fous Philippe I. I étoit ordinairement grand - maître de la maifon du roi, gouverneur de fes domaines & de es finances, rendoit la juftice aux fujéts du roi, & étoit au-dellus dés autres fénéchaux ; baïllifs & autres juges. L'office de grand fénéchal ayant ceffé d’être rem- ph depuis 1191, les chofes changerent alors de faces le confeil du roi étoit compofé en 1316 , de fix des princes du fang, des comtes de St. Paul & deSavoie , du dauphin de Vienne, des comtes de Boulogne 8 de Forêts, du fire de Mercour, du connétable , des fieurs de Noyers & de Sully, des fieurs d'Harcourt ; de Reinel &: de Trye, des deux maréchaux de Fran= ce, du fieurd’Erquery, archevêque de Rouen, l’é- vèque de faint-Malo & le chancelier ; ce qui failoit en tout vingt-quatre perfonnes,. En 13$o1l étoit beaucoup moins nombreux, du- moins fuivant leresifire C. de la chambre des comp- tes ; 11 n'étoit alors compofé que de cinq perfonnes s favoir, le chancelier, les fienrs de Trye & de Beau- cou , Chevalier, Enguerrand du petit collier, & Bernard Fermant, trélorier; chacun de ces confeil- lers d'état avoit 1000 livtes de gages , & le roi ne faifoit rien que par leur avis, Dans la fuite le nombre de ceux qui avoient en- trée au confeil varia beaucoup, il fut tantôt aug- menté & tantôt diminué. Charles IX. en 1564, le réduifit à vingt perfonnes : nous n’entreprendrons pas de faire ici l’énumération de tous ceux qui ont remph [a fondtion de mérifires fous 7 na te= a a s54 MIN gnes, & encore moins de décrire ce qu’il y a eu de remarquable dans leur miniftere; ce détail nous me- neroit trop loin, & appartient à l’hifloire plutôt qu’au droit public : nous nous bornerons à expli- quer ce qui concerne la fonétion de mérufire. Jufqu’au tems de Philippe Augufte, le chancelier faifoit lui - même toutes les.expéditions du confeil avec les notaires.ou fecrétaires du Roï. Frere Gue- rin , évêque de Senlis, zzriffre du roi Philippe Au- gufte étant devenu chancelier, abandonna aux no- taires du Roi toutes les expéditions du fecrétariat, & depuis ce tems les notaires du Roi faifoient tous concutremment ces fortes d’expéditions. Mais en 1309 Philippe-le-Bel ordonna qu’il y au- roit près de fa perfonne trois clercs du fecret, c’eft- à-dire pour les expéditions du confeil fecret, ce que lon a depuis appellé dépéches ; ces clercs furent choifis parmi les notaires ou fecrétaires de la gran- de chancellerie ; on les appella c/eres du fècrer, fans doute parce qu'ils expédioient les lettres qui étoient {cellées du fcel du fecret, qui étoit celni que portoit le chambellan. | Ces clercs du fecret prirent en 1343 le titre de fecrétaires des finances, & en 1547 ils furent créés en titre d'office au nombre de quatre fous le titre de fécrétaires d'état qu’ils ont ronjours retenu depuis. Ces officiers, dont les fon@ions font extrèmement importantes, comme on le dira plus particuliere- ment au "02 SECRÉTAIRE D'ÉTAT , participent tous néceflairement au nuniftere par la nature de leurs fon@tions, même pour ceux qui ne feroient point honorés du titre de miniffre d'état comme ils le font la plüpart au bout d’un certain tems, c’eft pourquoi nous avons cru ne pouvoir nous difpen- {er d’en faire ici mention en parlant de tous les minifires du Roi en général. L’établiflement des clercs du fecret, dont l’em- ploi n'étoit pas d’abord aufli confidérable qu'il Le devint dans la fuite, n’empècha pas que nos rois n’euflent toujours des mzraffres pour les foulager dans l’adminiftrat:on de leur état. Ce fut en cette qualité que Charles de Valois, fils de Philippe le Hardi, & oncle du roi Louis X. dit Hutin, eut toute l'autorité quoique le roi fût majeur. Il eft encore fait mention de plufeurs autres miniftres, tant depuis l’établiffement des fecrétaires des finances, que depuis leur éreétion fous Le titre de /écrétaires d’état. Mais la diftinétion des ruiniffres d'état d'avec les autres perfonnes qui ont le titre de ziiffre du ro, ou qui ont quelque part au miniftere, n’a pû com- mencer que lorfque le confeil du roi fut diftribué en plufieurs féances ou départemens; ce qui arriva pour la premiere fois fous Louis XI. lequel divifa fon confeil en trois départemens , un-pour la guerre & les affaires d’état, un autre pour la finance, & le troïfieme pour la juftice. Cet arrangement fubfifta jufqu’en 1526 que ces trois confeils ou départemens furent réunis en un. Henri Il. en forma deux, dont le confeil d'état ou des affaires étrangeres étoit le premier ; & fous Louis XII. 1l y avoit cinq dépar- . temens, comme encore à préfent, On n'entend donc par miniftres d’étas que ceux qui ont entrée au confeil d'état ou des affaires étran- geres, & en préfence defquels le fecrétaire d’état qui a le département des affaires étrangeres, rend compte au roi de celles qui fe préfentent. On les appelle enlatinregni adminifter,&t en françois dans leurs qualités on leur donne le titre d'excellence Le roi a coûtume de choïfir les perfonnes les plus diftinguées & les plus expérimentées de fon royau- me pour remplir la fonétion de mire d'érar: le nombre n’en eft pas limité, mais communément il n’eft que de fept ou huit perfonnes, MIN Le choix du roi imprime à ceux qui afiffent au confeil d'état le titre de ririffre d’étar, lequel s’ac- quiert par le feul fait & fans commiffion ni patentes, c’eftà-dire par l’honneur que le roi fait à celui qu'il y appelle de l'envoyer avertir de s’y trouver, ê ce titre honorable ne fe perd point, quand méme on cefferoit d’être appellé au confeil. Le fecrétaire d'état ayant le département des af- faires étrangeres eft mriffre né , attendu que fa fon- &ion l'appelle néceflairement au confeil d'état ow des affaires étrangeres : on Pappelle ordinairement le miniftre des affaires étrangeres, | Les autres fecrétaires d'état n’ont la qualité de: minifires que quand ils font appellés au confeil d'état; alors le fecrétaire d'état qui a le département de la guerre, prend le titre de zixiffre de la guerre ; celui qui a le département de la marine, prend le titre de miniftre de la marine. On donne aufli quelquefois au contrôleur général le titre de rérifire des finances , mais le titre de rm: fire d’état ne lui appartient que lortqu'il eft appellé au confeil d’état. Tous ceux qui font minifires d’érar, comme étant du confeil des affaires étrangeres, ont aufli entrée êt féance au confeïl des dépêches dans lequel 1l fe trouve aufli quelques autres perfonnes qui n’ont pas le titre de rinifîre d'état. Ce titre de riniffre d’étar ne donne dans le confeil, d'état & dans celui des dépêches, d'autre rang que celui que lon a d’ailleurs, foit par l'ancienneté aux autres féances ou départemens du confeil du roi, {oit par la dignité dont on eft revêtu lorfqwon y prend féance, Les minifires ont l'honneur d’être affis en préfence du roi pendant la féance du confeil d'état & de ce- lui des dépêches, & ils opinent de même fur les affaires qui y font rapportées. Le roi établit quelquefois un premier ou princi- pal winifire d'état. Cette fonétion a été pluñenrs fois remplie par des princes du fang & par des cardinaux. Les minijtres d'état donnent en leur hôtel des au diences où ils reçoivent les placets & mémoires qui leur font préfentés. | Les mirifires ont le droit de faire contre-figner ae leur nom ou du titre de leur disnité toutes les ler- tres qu'ils écrivent, ce contre-feing fe met fur l’en- yeloppe de la lettre, Les devoirs des princes, fur-tout de ceux qui commandent à de vaîftes états , {ont fi étendus &t fi compliqués, que les plus grandes lumieres fufifent à peine pour entrer dans les détails de l’admimiftration. Îleft donc néceflaire qu’un mo- .narque choififle des hommes éclairés & vertueux, qui partagent avec lui le fardeau des affaires & qui travaillent fous fes ordres au bonheur des peuples foumis à fon obéiflance. Les intérêts du fouverain & des fujets font les mêmes. Vouloir les défunir, c’eft jetter l’état dans la confufion. Ainf, dans le choix de fes miniffres , un prince ne doit confulter que l’avantage de l’état, & non fes vies & fes ami- tiés particuleres. C’eft de ce choix que dépend le bien-être de plufeurs millions d'hommes ; c’eft de lui que dépend l’attachement des fujets pour le prin- ce, & le jugement qu’en portera la poftériré. Il ne {ufit point qu’un roi defire le bonheur de fes peu- ples ; fa tendrefle pour eux devient infruêtueufe, s’il les livre au pouvoir des mniffres incapables , on qui abufent de l'autorité. « Les ririffres {ont les mains » des rois, les hommes jugent par eux de leur fou ÿ veraïn ; il faut qu'un roi ait les yeux toujours ou- » verts fur fes riniftres ; en vain rejettera-t-1l fur eux » {es fautes au jour où les peuples fe fouleveront. Il » reflembleroit alors à un meurtrier qui s’excuferoit » devant fes juges , en difant que ce n’eft pas lui, mais MIN » fon épée qui a commis le meurtte». C’eft ainfiqué : s'exprime Huffein , roi de Perfe, dans un ouvrage Qui à pour titre , da fageffe de ious les vers, _ Les fouverains ne iont revêtus du pouvoir que pour le bonheur de leurs fujets ; leurs winiffres font deftinés à les feconder dans ces vûes falutaires. Pre- miers fujets de l’état ,;-qu'ils donnent aux autres Pexemple de l’obéiffance aux lois, Ils doivent les connoitre , ainfi que le gémie , les intérêts , les ref- fources de la nation qu'ils gouvernent. Médiateurs entre le prince &c fes {ujets, leur fonéhion la plus glorieunfe eft de porter aux piés du trône les befoins du peuple, de s'oceuper des moyens d’adoucir fes maux , & de reflerrer les liens gui doivent unir celui qui commande à ceux qui obéiflent, L’envie de flat- ter les paffions du monarque, la crainte de le con- trifter, ne doivent jamais les empêcher de. hu faire entendre la vérité. Diftributeurs des-graces , 1l ne leureft permis de confulter que le mérite & les fer- vices. [Left vrai qu'un mzziffre humain, jufte 8 vertueux, rifque toujours de dépiaire à ces courtifans avides êt mercenaires , qui ne trouvent leur intérêt que dans le défordre & loppreflion ; ils formeront des brigues , ils trameront des cabales , ils s’efforceront de faire échouer fes defleins généreux, mais ilre- cueillera malgré eux les fruits de fon zele ; il jowira d’une gloire qu’aucune-difprace ne peut ob{curcir ; il obtiendra l'amour des peuples, la plus douce ré- compenfe des ames nobles & vertueufes. Les noms chéris des d’Amboife , des Sulli partageront avec ceux des rois qui les ont employés, les hommages & la tendreffe de la poftérité. Malheur aux peuples dont les fouverains admet- tent dans leurs confeils des ririffres perfides , qui cherchent à établir leur puiffance {ur la tyrannie & la violation des lois, qui ferment l'accès du trône à la vérité lorfgwelle eft effrayante, qui étouffent les cris de l’infortune qu'ils ont caufée, qui infultent avec barbarie aux muiferes dont 1ls font les auteurs, qui traitent de rebellion les juftes plaintes des mal- heureux , & qui endorment leurs maïtres dans une fécurité fatale qui n’eft que trop fouvent l’avant- coureur de leur perte. Fels étoient les Séjan , les Pal- las , les Rufin , & tant d’autres monftres fameux qui ont été les fléaux de leurs contemporains, & qui font encore l’exécration de la poftérite. Le fouverain n’a qu'un intérêt, c’eft le bien de Pétat. Ses minifires peuvent en avoir d’autres très-oppolés à cet intérêt . principal : une défiance vigilante du prince ef le feul rempart qu'il puifle mettre entre fes peuples & les paflions deshommes qui exercent fon pouvoir. Mais la fonction de zzriffre d'état demande des qua- htés fi éminentes, qu’il n’y a guère que ceux qui ont vieilli dans le mimiftere qui en puiffent parler bien pertinemment, c’eft pourquoi nous nous garderons bien de hafarder nos propres réflexions fur une ma- tiere aufhdélicate;nous nous contenterons feulement de donner iciune courte analyfe de ce quele fieur de Silhon a dit à ce fujet dans un ouvrage imprimé à Leyden en 1643, qui a pour titre, /e Minifire d’étar, avec le véritable ufage de la politique moderne. Ce petit ouvrage eft divifé en trois livres. Dans le premier l’auteur fait voir que le confeil du prince doit être compofé de peu de perfonnes ; qu'un excellent zznifire eft une marque de la fortune d’un prince, & l’inftrument de la félicité d’un état; qu'il eft effentiel par conféquent de n’admettre dans le minifiere que des gens fages & vertueux, qui joi- gnent à beaucoup de pénétration une grande expé- rence des affaires d'état, où l’on eft quelquefois forcé de faire ce qne l’on ne voudroir pas, & de choiïfir entre plufieurs partis celui dans lequel il fe trouve le moins, d'inconvénmiens ; un waiziffre doit Tome X, Mi,de Torcy. (4): M IN 555 régler fa conduite par l'intérêt de l’état. & du prin- ce, pourvh qu'il n’offenfe-point la juftice ; 11 doit moins chercher à rendre fa conduite éclatante qu’à la rendre utile, L'art de gouverner, cetatt fi douteux & fi difficile, reçoit , {elon le fieur de Silhon, un grand fecours de l'étude, & la connoiffance de la morale eft, dit-il, une préparation néceflaire pour la politique; ce n'eit pas aflez qu'un #iffre {oit favant, il faut aufñ qu'il foit éloquent pour protéger la juftice & linno- cence, & pour mieux réufhr dans les négociations dont 1l eft chargé. Le {econd livre du fieur. de, Silhon a pout objet de prouver qu'un winiftre doit être également .pro- pre pour le confeil &,pour l'exécution; qu'il doit avoir un pouvoir fort hbre, particulierement à la guerre, L'auteur examine: d’où procede la vertu de garder:un fecret ,&fait fentir combien elle .eft-né- ceflaire à un mziffre ; que pour avoir cette égalité d’ame qui eft néceflaire à,un homme d'état, il eft bon:qu'il ait quelquefoistionvé la fortune contraire à fes deffleins, Un riniffre, dit il encore, doit avoir la fcience de difcerner le mérite des hommes, & de les em- ployer chacun à ce qu'ils font propres. 1 Mais que.de dons du corps & de lefpritne faut- 1 pas à un réziflre pour bien s'acquitter d’un emt plor f honorable, 8c en même tems fi difficile ! un tempérament robufte , un travail afidu , une gran- de fagäcité d’efprit pour faifir les objets & pour dif- cerner facilement le vrai d'avec le faux ; une heu- reufe. mémoire pour le ræppeller aifément tous les faits , de la noblefle dans toutes fes a&ions pour fou- tenir la dignité de fa place, de la douceur pour gagnerleseiprits de ceux avec lefquels on.a à négo- cer, favoir ufer à propos de fermeté pour fontenir les intérêts du prince. Lorfqu'il s'agit de traiter avec des étrangers, un minifire ne doit pas regler fa conduite fur leur exem- ple ; ildoit traiter différemment avec eux, felon qu'ils font plus Ou: moins puiflans, plus. ou moins hbres,favoir prendre chaque nation felon fon ca- rattere!, & fur-tout fe défier-des confeils des étran- gers, qui doivent toujours. être fufpelts. Un minifire n’eft pas obligé de fuvre inviolable- ment ce qui s’eft pratiqué dans un état; 1l y a des changemens néceflaires , felon les circonftances, c’eft ce que le mixifire doit pefer avec beaucoup de prudence. Tee Enfin, dans le troifieme livre le fieur de Silhon fait connoître combien le foin & la vigilance {ont néceffaires à un zriflre ; & qu'il ne faut rien négli- ger, principalement à la guerre; que le véritable exercice de la prudence politique confifle à favoir comparer les chofes entre elles, choifir les plus grands biens, éviter les plus grands maux. Il fait auf, en plufieurs endroits de fon ouvrage, plufieurs réflexions fur Pufage qu'un wiziffre doit faire des avis qui viennent de certaines puiffances avec lefquelles on a des ménagemens à sarder, fur les alliances qu'un irifire peut rechercher pour {on maître, fur la conduite que l’on doit tenir à la ouer- re ; &t à cette occañon il envifage Les inftruétions que l’on peut tirer du fige de la Rochelle où com- mandoit le cardinal de Richelieu, l’un des plus grands miniffres que la France ait eu. Sur ce qui concerne les qualités & fonétions des miniflres, on peut encore voir Les différens mémoires des négociations faites , tant par les muriffres de France que par les winiftres étrangers ; & principa- lement les Lerrres du cardinal d'Offat, les Mémoires de M. de Villeroy ; ceux du préfident Janin, ceux dumatéchal d’Eftrades, & fur -tout les Mérorres de AAaat 556 MIN MiNisTrEs Du RO1ï font des perfonnes envoyées de fa part dans les cours étrangeres pour quelques négociations : tels font les ambafladeurs ordinaires & extraordinaires, lesenvoyés ordinaires & extraor- dinaires , les wriniftres plénipotentiaires ; ceux qui ont fimplement le titre de zirifire du roi dans quel- que cour ou à quelque diète, les réfidens & ceux qui font chargés des affaires du roi auprès delquel- que république ; quoique ces #2n1ffres ne fotent pas tous de même ordre, on les comprend cependant tous fous la dénomination générale des mirifires du roi. Les cours étrangeres ont aufli des miriffres réfi- dens près la perfonne du roi, de ce nombre eft le once du pape ; les autres font, comme les mixiffres di roi , des ambafladeurs ordinaires & extraordigai- res, des envoyés ordinaires & extraordinaires, des rninifires plénipotentiaires, dés perfonnes chargées des affaires de quelque prince ou république ; 1l y a auffi un agent pour les villes anféariques. Lenombre des miniffres du roi dans les cours étran- geres , & celui des w1riffres des cours étrangeres ré- fidens près Le roi, n’eft pas fixe, les princes envoient ou rappellent leurs ambafladeurs & autres wuiniffres, felon les diverfes conjonäures. Les riniftres des princes dans les cours étrangeres fignent au nom de leur prince les traités de paix &c de guerre , d'alliance , de commerce & d’autres né- gociartions qui fe font entre les cours. Lorfqu'on fait venir quelque expédition d’un ju- gement ou autre ae public, pañié en pays étran- er, pour s’en fervir dans un autre état, on la fait légalifer par le ziriftre que le prince de cet état a dans Les pays étranger d’où l’aéte eft émané,, afin que foi foit ajoutée aux fignatures de ceux qui ontexpé- dié ces aûtes ; le minifire figne cette légalifarion, & la fait contrefigner par fon fecrétaire & fceller de fon fceau. (4) MINISTRES, élection des , (Hiff.eccléf. mod. des Pro- vinces-Unies.) Il eft bon d'indiquer la maniere dont fe font les éleétons des wzinuftres de l’Evañgile dans les Provinces-Unies. Quand il manque un mzxiftre dans une églife , le confiftoire s’aflemble & envoie des députés au ma- giftrat , pour lui demander la permiflion de remplir la place vacante. C’eft ce qu’on appelle en holian- dois Aund-openinpg. Cette permifionobtenue, on fait dans unenouvelle aflemblée , à la pluralité des voix, une nomination de trois perfonnes que l’on préfenteau magiftrat. Quand il approuve ces trois perfonnes nommées , le confif- toire fe raflemble , & l’on choifit un des trois que l’on préfente encore au magiitrat, pour avoir {on approbation ; c’eft-là ce qu’on appelle é/eéon. Quand les magiftrats approuvent celui qui eft élu , on pu- blie fon nom trois fois devant toute l’aflemblée, pour favoir fi l’on a quelque chofe à repréfenter contre fa doëtrine , ou contre fes mœurs; & quand il n’y a rien , ileft inftallé. Ajoutons qu'avant que les pro- clamations fe faflent , la vocation doit être approu- vée par le corps eccléfaftique , foit claffe, foit {y- node. Quelquefois les magiftrats laïffent aux confiftoi- res une entiere hberté de choïfir qui il leur plaît ; mais quelquefois 1l arrive aufli qu'ils protegent une cer- taine perfonne, fur qui ils veulent faire tomber leur choix : en ce cas ils defapprouvent les nominations jufqu’à ce que celui qu'ils fouhaitent s’y trouve; & improuvent les éleétions jufqu’à ce que le confiftoire ait choifi ce fujet : quelquefois même ils font favoir au confiftoire qu'il fera bien de jetter les yeux fur un tel ; ce qui eft un équivalent à un ordre exprès. Il y a dans les Provinces-Unies plufeurs églifes ou bénéfices auxquels des particuliers romment, MIN comme en Angleterre ; cependant célni qui eft nom- mé, doit étre approuvé par l’aflemblée. Dans ces cas de préfentation ou de nomination par un fei- oneur particuher, celui-ci notifie fon choix au con- lifioire , qui fait enfuite la cérémonie d’élire le même fujet; & cette élettion , avec la nomination du pa- tron, doit être approuvée par la claffe cu par leiy- noce, Il faut remarquer encore qu'il y a pluñeursautres variétés par rapport aux éleélions. Par exemple, celles qui fe font par un college qualifié, ainf qu’on le nomme, font très-différentes des précédentes; & cette voie eft en ufage dans la province de Zélande pour les églifes hollandoifes. Une églife a befoin d’un pañfteur ; elle demande à la clafle dont elle re- leve , la permiffion de faire une éle&tion aufli-bien qu'au magiftrat,. Munie de ces permifions , elle pro- cede at choix de la mamiere fuivante : le magiftrat envoie deux, trois ou quatre députés, cela varie, qui forment avec le confftoire le college qualifié: ce collese fait l’éleétion à la pluralité des voix , & cette élettion ne peut être caflée : elle n’eft foumife qu'au corps eccléfiaftique , dont elle doit encore avoir l'approbation. ( D. J.) | MINIUM , f. m, (Chimie & Arr.) c’eft ainfi qu'on nomme une préparation du plomb qui eft d’un rouge irès-vif, mais tirant toujours un peu fur le jaune. On Pappelle auf vermillon : c’eft une couleur trés- ufitée dans la peinture. Pour faire du minium, on n'aura qu’à prendre de la cérufe, c’eft-à-dire du plomb diflout par le vinai- gre ; cétte matiere eft d’une couleur blanche ; on mettra cette cérufe dans un fourneau de réverbere, de maniere que la flamme puife rouler fur elle ; on donnera d’abord un feu modéré pendant quelque tems, enfuite on l’augmentera tout-d’un-coup lorf- que la cérufe fera changée en un poudre grife, on donnera un degré de feu qui foit prêt à faire fondre la chaux de plomb. Pendant cette opération, on remuera fans cefle la chaux de plomb, & lorfqu’elle fera devenue d’un beau rouge, on la retirera. Dans cette opération , c’eft la flamme qui donne à la chaux de plomb cette belle couleur rouge, &c la chaux augmente confidérablement de poids, Une autre maniere de faire le minium, c’eit de faire fondre du plomb pour le convertir en une chaux ou poudre grife, qui fe forme perpétuelle- ment à fa furface ; lorfque Le plomb eft entierement réduit en cette chaux, on l’écrafe fous des meules pour la réduire en une poudre très-fine ; on met cette poudre dans un fourneau de réverbere où on la tiendra pendant trois ou quatre jours, en obfer- vant de la remuer fans cefle avec un crochet de fer, jufqu’à ce que la matiere ait pris la couleur que Pon demande. Il faudra aufli bien veiller à ne point don- ner un feu trop violent qui ferait fondre la matiere, & la mettroit en grumeaux: Pline & les auteurs anciens donnoient le nom de minium non à la fubftance que nous venons de dé- crire, mais au cinnabre. Voyez CINNABRE. (—) MiniuM , (Pharmacie & Mar, méd.) cette matiere métallique eft employée dans les préparations phar- maceutiques deftinées à l’ufage extérieur, & prin- cipalement dans les emplâtres. Le ririum , qui eft appellé auffi plomb rouge dans les Pharmacopées , eft repardé comme defficcatif, repercufhf, refrigérant, aufi-bien que les autres préparations de plomb, C’eft fur-tout avec la litharge, autre préparation de plomb fort ufuelle , qu’on lui croit le plus d’analogie. On peut l’employer aufi-bien que les autres chaux de plomb à préparer un vinaigre & un fel de faturne. Voyez LITHARGE 6 PLOMB. Son emploi le plus ordinaire eft ; comme nous MIN l'avons déja obfervé, pour quelques emplâtres tels que celui qui porte fon nom, l’emplâtre ftyptique, l'emplâtre appellé céroëne, &c. Il donne fonnom, maïs fort.peu de vertu à des trochifques efcharroti- ques, qui doivent toute leur efficacité au fublimé corcofif qui entre dans leur compofition, Foyez Tro- CHISQUES de izium à l’article MERCURE , Mar. méd. & Pharmac, - L'emplâtre de mirium eftun des plus fimples qu’on puifle préparer ; il n'eftcompofé que de cire, d'huile & decette chaux de plomb. Il ne differe de lemplà. tre de cérufe que par la couleur , & de l’emplâtre diapalme fimple où fans vitriol , appellé aufli er plätre de litharge , que parce qu’il entre du faindoux dans ce dernier ; ce qui ne fait point une différence réelle ; car ce dernier ingrédient ne tient lieu que d'une pareille quantité d'huile. Voyez DrAPALME. Au refte , le nom de mirium n’eft pas abfolument propre à la chaux rouge de plomb. Pline le donne aufli au cinnabre des modernes on cinnabre de mer- cure, & réciproquement la chaux rouge de plomb a été appellé cnnabre , iwabap , par quelques an- ciens auteurs grecs. (2) MINNŒI où MINŒI , (Géog. anc.) peuples de l'Arabie heureufe {ur la côte de la mer Rouge ; ils avoient pour capitale la ville de Carre ou Carana. Strabon , Pline, Piolomée parlent de ces penples. MINO , (Géog.) royaume du Japon dans la grande île de Niphon, au nord de Voary &le long de la rive orientale du lac d'Oitz, fur le bord duquel Nobu- nanga avoit bâti la ville d’Anzuquiama , & un ma- giufique palais qu’on appeiloit Ze paradis de Nobu- Fanca. L | È MINOA , (Géog. arc.) c’eft 1° le nom d’un port de l'île de Crète ; 2° d’une ville de la même île ; 3° d’une ile de Grece dans le golfe Saronique ; 4° d'un promontoire de l’Attique du côté de Mé- gare ; 5° d'un lieu fortifié , d’un port & promontoire dans le golfe d’Argos ; 6° d’un promontoire du Pé- lopohnefe dans l’Argie ; 7° d’une ville d'Arabie & d'une ville dans l’île Siphnus, felon Etienne le Géo- graphe, &c. La Miroa de l'ile d'Amorgos l’une des Sporades, étoit la patrie de Simonide, poëte iambique , qui flo- tifoit, fuivant Suidas , environ 400 ans avant la prife de Troie. Il eft fait mention de ce poëte dans Athénée, Pollux , Elien & autres ; il avoit fait une fatyre bien ridicule contre les femmes, & dans la- quelle 1l n'étoir guere moins injufte que cet auteur italien qui a foutenu qu’elles n’ont point d'ame. (NT MINORATIFS , (Médecine.) purgatifs légers, qui ne font que produire une évacuation légere , fans caufer aucun trouble dans l’économie animale. De- là eft venu le nom de inoration, quieft cette éva- cuation légere. Ces purgatifs font la manne , la cafe, le méchoa- can, la rhubarbe, quelques fels, desplantes, comme la racine de patience, d’aunée, d'iris deFlorence. Voyez PURGATIFS. MINGRATION , f. f. (Méd.) évacuation légere, extrèmement modérée , & qui fe fait par les purga- tifs que lon nomme winoratifs. Voyez MINORATIF. MINORBINO , ( Géog. ) petite ville d'Italie au royaume de Naples , dans la terre de Bari, avecun évêché fuffragant de Bari , à 8 lieues N. ©. de Ci- renza, Long. 33. 45. larit. 40. 30. ( D. J.) MINORITÉ , 1.f. (Jurifp.) eft l’état de celui qui n’a pas encore atteint l’âge de majorité; ainficomme il y a plufeurs fortes de majorités , favoir celle des rois , lamajorité féodale, la majorité coutumiere & la majorité parfaite , ou grande majorité. La minoriré dure jufqu’à ce qu’on ait atteint la majorité aécef faire pour faire les aétes dont il s’agit. MIN 557 La minorité rend celui qui eft dans cetétat incapa- ble de rien faire À fon préjudice ; elle lui donne auf plufieurs privileges que n'ont pas les majeurs: elle forme un moyen de reftitution, | Foyez le Traité des minorirés, ruelles & curarelles, par Meilé; & ci-devant, Maseur, MINEUR, & RESCISION, RESTITUTION. (4) MINORITÉ DES Rots, (Fif mod.) Âge -pena dant lequelun monarque n’a pas encore l'adminiftra- tion de l'état, La minoriré des rois de Suede , de Da: nemarck &C des provinces de l'Empire, finit à 18 "ans; celle des roiside France fe termine à 14 ans, Parune ordonnance de Charles V: du mois d'Août 1374. Ce prince voulut que le reéteur de l’univerf- té, le prévôt des marchands & les échevins de la Ville de l'aris, afiftalfent à lenreniftrement, Le: chancelier de PHôpital expliqua depuis cette ordon- nance , fous le repne de Charles IX; & il fut alors décidé, que l’efprit de la loi étoit que les rois fuf- {ent majeurs à 14 ans commencés , & non pas ac- complis, fuivant la regle que , dans les caufes favo- rables , annus inceotus pro perfetlo habetur. Left bien dificrie de pefer le pour & le contre qui fe trouve à abrécer le téems de la wiroricé des rois ; ce qu'il y a de certain, c’eft que fi dans la rrénoriré on porte aux piés du trône les gémiflemens du peuple”, de prince laifle répondre pour lui, les auteurs mêmes des maux dont on fe plaint; & ceux-ci ne manquent jamais d’ordonner la fuppreffion de pareilles remon- irances. Mais des mimitres n’abuferont-ils pas épa- lement de l'efprit d'un prince qui commence fa 14% année ! (2. J.) MINGRQUE , (Géog.) Île du royaume d’Efpa- gnedans la Méditerranée, au nord-eft & à 1o lieues de lle Majorque. Elle s’étend du nord-oueft au fud- eft, l’élpace de r2 ou 15 lieues, de forte quelle peut avoir 40 à 50 lieues de long, fur 2 de large : el- le appartient aux Anglois, Cette île elt noinmée Mirorca, parce qu'elle eft la moindre des îles Baléares. Son terrein, quoique montueux, ne laïfle pas de produire prefque toutes les chofes néceflaires à la vie, excepté lhuile ; à caufe que cette ile eft fort expotée aux frimats du nord, Elle ne le cede point à Majorque, pour l’a- bondance des animaux fauvages & domeitiques. Il s’y trouve en particulier d’excellens muleis: Les an- cienis lui ont donné le nom de Nura, fans qu’on en puiffe deviner la raïfon. Son port qu'on nomme Port-Mahon, eft un des plus beaux de l’univers. Nous en ferons un article féparé. Citadella, capitale de l’île, eft extrèmement for- tifice. Les François ne l’ont prife en 1756, que par ces coups du hatard, qui font quelquefois couron- nés dwiuccès. La Zar, de Minorque eft entre le 39 & le 40 de- gré; long, 21, 30. jufqu’au 22. degré. (D. J.) MINOS , (Myzho!.) juge fouverain des enfers ; & d’un rang fupérieur à ceux d'Eaque & de Rhada- mante. Homère nous le reptéfente aflis, tenant le fceptre à la main, au milieu des ombres dont on plaide les caufes en fa préfence, C’eft lui, dit Vir- pile, qui remue Purne fatale où eft renfermé le fort de tous les mortels. fl cite les ombres muettes à fon tribunal, il examine leur vie, pefe leurs a@tions, & recherche avec foin tous leurs crimes. Quafitor, Minos , urnam moves. Ille félentum Confiliumque vocat, visasque G: crimina difcir. Æneéïd. lb. PT, Voilà la fable, voici l’hiftoire. Mizos L. roi de Crete, fils d’Aftérius, eft regardé pour un des plus fages lépiflateurs de l'antiquité. On a dit de lui par cefte talon, qu’il avoitété admis aux infunes fecrets 556 MIN de Jupiter ; éloge le plus flatteur qu’on puiffe donner à aucun prince: mais ce qui confirme la vérité de cetéloge, c’eft que les lois de ce grand homme fer- virent de modele à Lycurgue. Il fleurifloit, felon Selden’, l'an 1462 avant J: C+ mais felonl’abbe Ba- nier, dont le calcul me paroït plus exaét, le regne de Minos ne tombe que vers l'an 1320 avant Notre Seigneur. (D. J.) MINOT, f. m. (Commerce.) mefure ronde, com- polée d’un füt de bois ceintré par le haut en-dehors d’un cercle de fer appliqué bord à bord du füt ,d’une . | potence de fer, d’une fleche, d’une plaque qui la foutient , & quatre gouflets qui tiennent le fond en état. Il y a une fentence des prevôt des marchands & échevins de la ville de Paris, du 29 Décembre 1670", inférée dans l’ordonnance générale de la même ville, du mois de Décembre 1672, c, xxiv qui veut que le mirot ait onze pouces neuf lignes de hauteur fur un pié deux pouces huit lignes de diametre ou de large entre les deux fûts. C’eft de ce minot dont on. fe fert à mefurer les corps ou chofes feches, comme les grains, qui font. le fro- ment , lefeigle , orge, &c. les légumes, qui font les pois, les feves, les lentilles, Ge. Les graines ; qui font le chenevis, Le millet, la navette, le fainfoin éc. les fruits fecs, qui font les chataignes , lés noix, &c: les navets, les oignons, la farine , le fon, 6. Ïl:contient trois boifleaux, chaque boiffeau com- pofé de deux demi-boïffeaux ou quatre quarts de boifleau , ou feize litrons. Il faut quatre 77015 pour faire un feptier ; les douze feptiers font le mud. Ainf le muid eft de 48 minors. Les grains & autres marchandifes ci-deflus expri- mées, dofvent être mefurés ras, fans laifler grains fur bord ; il doit être radé ou rafé avec la radoire, inftrument de bois propre à cet ufage; ce quine | doit cependant s'entendre qu’à l'égard des grains L ? légumes , praines &c farines; car pour les noïx & 3 9 les chataignes , elles fe rafent avec la main ; êc pour ce qui eft des oignons &\ des navets , 1ls fe mefurent comble, L’avoine fe mefureau double des autres orains ; en forte que le zinot d'avoine doit contenir deux iro1s à blé qui font fix boifleaux ; de maniere que le feptier d'avoine eft de vingt- quatre boifleaux , & douze de ces feptiers font un muid ; l’avoine {fe mefure rafe de même que le blé. Le zrinor dont on fe fert pour mefurer la chaux, contient, ainfi que le minor à blé, trois boïffeaux , le boiffeau quatre quarts, & le quart, quatre li- trons. Il faut 48 rinors pour faire un md de chaux, laquelle fe vend mefure comble. Le wziros de charbon de bois, qui fe melure charbon fur bord, fuivant l'arrêt du parlement du 24 Juillet 167, in- féré dans l'ordonnance générale de la ville de Pa- ris, du mois de Décembre 1672, contient huit boif- feaux , & chaque boifleau fe divife en deux demi- boifleaux ou en quatre quarts, ou en huit demi- quarts de boifleau. Les deux wirors font une mine; enforte que quarante minors font vingt mines qui compofent le muid. Quand on dit que le wirot de charbon fe mefure charbon fur bord , cela veut dire que l’on doit laffer quelques charbons au-def- fus du bord du inoc fur toute fa fuperficie , fans néanmoins qu'il foit entierement comblé. En fait de charbon deterre , on ne parle que par demi-minots, chaque demi-irot faïfant trois boiffleaux, il faut trente demi-zrors comble pour faire une voie de charbon de terre. Les étalonnages & efpalement des minots dont il a été parlé ci-deflus, & de toutes leurs :diminutions, fe fait en l’hôtel-de-ville de Paris par les jurésmefureurs de fel , étalonneurs de bois, qui fent gardiens des étalons de cuivre ou mefures matri- ces & originalesqui doiventfervir à étalonnertoutes les autres, Lerrinos de felfe mefure ras avec la trémie, Ïl contient quaire boiffeaux ; les quatre 717045 font un feptier , & les douze feptiers font un muïd ;'en forte que le:muid de fel doit être compofé de qua- rante-huit minoss. Le minor de fel doit être étalon- né fur les matrices dépofées au greffe de l’hôtel-de- ville de Paris, en préfence d’un confeiller de la cour des aides , & d’un fubftitut du procureur général de la méme cour. Les mefurages & contre mefura- ges du fel dans les dépôts de greniers doivent fe faire au mir0t avec unetrénue, en comptant de- puis un juiqu'à douze, fans pafler ce nombre; en forte qu'après le douzième r170r, le compte fe re- commence toujours depuis un autre premier 72704 jufqu’à un autre douzieme, & ainf fucceffivemient, Ordonnance des Gabelles du mois de Mai 1680 , art, PV, EG LX, du cit, TIT. | Minor fe dit aufli de la chofe mefurée. Un 7707 de-blé. Un winor de pois. Un not de fel, Ge. Di. de Commerce, US $ MINOTAURE, (Mythol.) monftre moîtié hom= me , moitié taureau, qui ctoit le fruit d’un infâme amour de Pafphaé. +.,,.: Je m’arrête ici, car per- fonne n’ignore ce que la fable raconte du Minoraure, de Neptune, de Pafiphaé ; de Minos, de la guerre qu'il foutint contre les Athéniens, de fon fils Andro- gée de Thefée , de Dédale & du labyrinthe de Cre- te; on fait dis-je par cœur, toutesces fiétiofs fabu- leufes, mais on ne fait pas affez les faits hiftoriques, qui leur ont donné naiflance, Expofons-les en peu de mots. Pañphaé femme de Minos IT. roi de Crete, avoit pris de Pinclination pour Taurus, que quelques-uns font l’un des fecrétaires de Minos, & d’autres l’un de fes lieutenans généraux; Dédale favorifa leurs amours , 1l leur procura la liberté de fe voir , il leur prêta même {a maifon. Pafiphaé étant accouchée d’un fils, que les auteurs nomment 4f/érius ou Affé- rion | comme le pere en étoit incertain, & qu'on pouvoit croire ce fils de Taurus , auffi-bien que de Minos ,on lappella Miroraure. Le Dédale , complice desamours de la reine, encou= rut l’indignation de Minos , qui le fit mettre en pri- {on ; Pafñphaé l’en tira en lui faifant donner un vai{- feau, où Dédale s'étant embarqué, pour échapper à la colere du roi & à la flotte qui le pourfuivoit, il s’avila de mettre une voile 8 des vergues ou anten- nes au bout d’un mât; Îcare fur un autre bâtiment, ne fçut pas le gouverner, 1l fit fi bien naufrage, que le flot ayant porté fon corps dans une île proche de Samos, Hercule qui s’y trouva par hafard , lui don- na la fépulture. Voilà tour le fondement de la fable de Pafiphaé , qui s’enferme dans une vache d’airain, pour avoir commerce avec un taureau; de-là la naiflance de ce monftre qui a fait tant de bruit fous le nom de Minoraure, & du prétendu fecret que trou- va Dédale , de fendre l'air avec des aîles comme un oifeau. | Minos auroit paflé pour un des plus grands prin< ces de fon tems, fans la malhenreufe avanture qui troubla la paix de fes états, & ternit fa réputation. L’envie qu'il eut de vanger la mort de fon fils An- drogée , tué dans l’Attique par la fa@ion des Pallan- tides ; lui fit déclarer la guerre aux Athéniens, dont il ravagea le pays. Le tribut qu'il leur impofa atti- ra Thetée dans l’ile de Crete, où après la défaite de Minotaure , il enleva la belle Arianne. Enfia les défordres de Pafiphaé ayant éclaté , mi- rent le comble aux malheurs domeftiques de Minos. Il pourfuivit Dédale en Sicile, où regnoit Cocalus; mais les filles de ce monarque, touchées du mérite de Dédale, concerterent de lui fauver la vie, aux dépens de-celle de Minos. Un jour que ce prince: toit dans le bain, elles lui firent mettre l’eau fi chaude, qu'il y fut fuffoqué ; & fa mort pafla pour paturelle, | Ainfi périt dans une terre étrangere Minos Il, qui auroit tenu une place honorable dans l’hiftoire, fans la haine qu'Athènes avoit conçue contre lui; tant il eft dangereux , dit Plutarque , d’offenfer une ville favante qui a, dans les reflources de fon efprit, des moyens de fe vanger. La mémoire de Minos étoit odieufe aux Athéniens , à caufe du tribut également cruel & humiliant qu'il leur avoit impofé. Les au- tres grecs embraflerent leur caufe, pour traveftir Y’hiftoire de Minos , & la crayonner des couleurs les plus noires. _ Les poëtes enfuite, qui ne prenoient aucun inté- rêt à Minos, ne manquerent pas d'employer la fable inventée & accréditée par les Athéniens, comme ne matiere qui pouvoit leur fournir de belles pein- tures , & même de grands fentimens ; témoins ces vers. de Virgile. É Hic crudelis amor tauri , fuppoflaque furto Pafiphae, miflumque genus , prolesque biformis Minotaurus 2neft, veneris monimenta nefande. Æneic. hb. VI, Et ces autres où 1] parle d’Icare: Tu quoque magnam Partem operein ranto, feneret dolor, Icare , haberes, Bis conatus erat cafus effingere in auro , Bis patrie cecidere manus. Je fupprime à regret , les ingémieufes defcriptions d'Ovide ; car quoi qu’en difent quelques modernes, la fable , la fiion, & tout ce qui eft du reflort de l'imagination , fera toñjours l’ame de la Poéfie. Le prétendu efprit philofophique, dont on s’applaudit tant aujourd'hui, a beau rejetter ces otnemens, ils feront toüjours précieux aux grands poëtes ; & ceux qui veulent qu'en vers la raifon parle toùjours à la raïon, montrent par-là même qu'ils n’ont ni la con- noiffance , n1 le talent de la vraie poéfe. Les innocens menfonges dont Homere , Virgile, le Tafe& l’Ariofte, ont rempli leurs poëmes, plaifent à tous ceux qui ont quelque goût; & ne trompent perfonne , parce qu’on doit les regarder comme des peintures ingénieufes, des allésories, ou des emblè- mes, qui cachent quelquefois un fait hiftorique ; quelquefois auff : Le doux charme de maint [onge, Par leur bel art invente, Sous les habits du menfonge Nous offre la vérité, (D. J.) MINSINGEN , (Gcog.) ox MUNSINGEN ; pe- tite ville d'Allemagne, dans les états du duc de Wur- temberg fur l’Elbe, entre Neutlingen & Blaubeu- ren. Long. 27.26, lat, 48. 21, (D.J.) MINSKI, (Géog.) ville forte de Pologne, dans la Lithuanie ; capitale d’un palatinat de même nom. Letribunal fupérieur de la Lithuanie s’y tient de 3 en 3 ans. Elle el fituée vers la fource de la riviere de Swiflocks. Long, 45. 32, lat. 35. 57.(D.J.) MINTURNE, (Géog.) Minturne ; ancienne ville d'Italie dans le Latium, fur le fleuve Liris, un peu au-deffus de fon embouchure, à 80 ftades de For- mies. Elle devoit fa naiffance à une colonie romaine. C’eft à Minturne que Marius fut conduit , après avoir été pris dans les maraïs de Marica, qu’on nomme Marice paludes, ou Minturnenfium paludes ; le magifirat de Minturne, croyant ne pouvoir fe dif- penfer d’obéir aux ordres précis du fénat , envoya fur le champ à Marius, un efclave public, Cimbre de nation, pour le faire mourir. Marius voyant entrer cet efclave dans la prifon, & jugeant de fon deffein par une épée nue qu'ilavoit à là main, lui cria d’une voix forte: « Barbare , as- »# tu bien la hardiefle d’affafliner Caïus Marius à » L’efclave épouvanté du nom feul d’un homme fi re- doutable aux Cimbres , jette fon épée, & fort de La MIN 559 prifontont ému ,'en criant: « Il m’eft impoflible de » tuer Marius ». ; Les magiftrats de Minturne regarderont la peur & le trouble de cet efclave, comme un avis du ciel, qui veilloit à la confervation de ce grand homme ; &c touchés d’un fentiment de religion, ils lui rendi= rent la liberte. On fait la fuite de {es aventures, les nouveaux périls qu'il efluya fur les côtes de Sicile, fa jonétion avec.Cinna, fon entrée dans Rome, & les flots de fang qu'il répandit. Enfin maître du monde, mais repaffant dans fon efprit fes anciennes difgraces , fa fuite, fon exil » & tous les dangers qu'il avoit couru, il en perdit le fommeil. Ce fur pour fe le procurer, & pour fe dé- barrafler de ces idées funeftes , qu'il fe jetta dans la débauche de la table. Il cherchoit à noyer fes inquié- tudes dans le vin; & il ne trouvoit de repos, que quand il n'avoit plus de raifon. Ce nouveau genre de vie , & les excès qu'il fit, lui cauferent une pleu- réfie dont il mourut, accablé d'années, & le corps épuifé de fatigues &c de tourmens, le 17° Jour de fon 7° conlulat. (D.J.) MINUIT , f. m. (Gremm.) le milieu de la nuit ; lheure à laquelle Le {oleil, defcendu fous notre ho- rifon, fe retrouve dans le plan du même méridien. MINURTI , (Géog.) petite ville d'Italie auroyau- me de Naples , dans la principauté citérienre, avec un évêché fuffragant d’Amalf, dont elle eft à deux lieues N.E. Long, 32. 0. lat. 40. 37. MINUSCULE , adj. serme d’Imprimerie , qui fe dit d’une forte de lettres que l’on nomme plus ordinaire- ment pestes capitales, Poyez CAPITALES, PETITES CAPITALES , M AJUSCULES. MINUTE , f. f. (Géograph. &. Affron.) c’eft la foïixantieme partie d’un degré. Voyez DEGRÉ. Ce mot vient du latin minutus, petit. On appelle auffi les minutes , minutes premieres : mais le mot de minutes tout court eft plus ufité. Les divifions des degrés font des fra@ions dont les dénominateurs croïffent en raifon fexagecuple, c’eft-à-dire qu’une minute = — de degré , une feconde 36e. Voyez SECONDE. Dans les tables affronomiques , &c. les minutes font marquées par un accent aigu en cette forte’, les fecondes par deux !,les tierces par trois ///, Voyez SECONDE 6 TIERCE. Minure dans le calcul du tems marque la foixan- tieme partie d’une heure, Comme le mot de rirute eft employé par les Afronomes dans deux fens, fa- voir comme partie de degré & comme partie de tems, on appelle quelquefois les premieres minures de degré , &t les autres minutes de tems. La terre dans fon mouvement diurne fait 15 minures de degré em une runute de tems, 15 fecondes de degré en une feconde detems, &c. Voyez HEURE. Chambers, (0) MINUTE MÉRIDIONALE, voyez MÉRIDIONALE. MANUTE DE MERSION , voyez MERSION. MINUTE , ez Architeülure, marque ordinairement la foixantieme , la trentième , la dix-huitieme & la douzieme partie d’un module. Le module eft le demi-diametre du bas de la co- lonne , & fert à mefurer toutes les parties d’un or- dre. Voyez MODULE. MINUTE , ( Medec.) minuta ; épithete d’une fie- vre extrèmement violente accompagnée de fyncope qui abat fi fort les forces du malade, qu'ilne fauroit y réfifter plus de quatre jours. Caffe/ii, MINUTE , (Jurifprud.) eft l'original d’un ae; comme la renute des lettres de chancellerie, la 71- nute des jugemens & procès-verbaux, & celle des attes qui fe paflent chez les notaires. Les minutes des a@es doivent être fignées des offi- ciers dont ils font émanés, & des parles qui y fi= pulent, & des témoins s’ily en a [US 560 Les minutes des lettres de grande &£ petite chan cellerie reftent au dépôt de la chancellerie, où elles ont été délivrées. Celles des jugemens reftent au greffe ; celles des procès-verbaux de vente faïte par les mufiers, celles des arpentages 8c autres fembla- bles, reftent entre les mains des officiers dont ces aétes font émanés. | Pour ce qui eft des minures des Notaires, voyez ce qui en eft dit au mor NoTAIRE. (4) MINUTE , (Æcrivain, ) on emploie auf ce terme dans l'écriture pour exprimer la coulée ordinaire ; la minute eft plus en ufage dans le barreau que dans l’ufage ordinaire. MINUTIE , £ f. MINUTIEUX , adj. ( Gramm. ) minutie eft une petite chofe. Il y à des minuties en tout, & des hommes minutieux dans tous les états. Un bon efprit néglige communément les miruries ; mais 1] ne s’y trompe pas. Il y a plus encore d’incon- vénient à prendre une chofe importante pour une minutie , qu'une rzinutie pour une chofe importante. Les carateres minutieux {ont fans reflource. Ils font nés pour fe fourmenter eux-mêmes, & pour tour- menter les autres à propos de rien. MINUTIUS , {. m. ( Myth.) dieu qu’on imploroit dans toutes les petites chofes qu’on appelle rruries ; il fe voit à Rome un temple près d’une porte qui en étoir appellée zrautia. | MINYA , (Géogr. anc. ) nom d’une ville de Thef- falie & d’une ville de Phrygie, felon Etienne le géo- graphe, MINYÆ, (Géogr. anc.) nom de peuples du Pé- loponnèfe dans l’Elide , & de peuples de la Béotie près de la ville d'Orchomene. (2. J. MIOLANS , ( Géogr. ) forterefle de Savoie dans a vallée de Barcelonette ; elle eft fur un roc efcar- pé , vis-à-vis du confluent de l'Arche & de l'Isère, Long. 33. 235. lat. 45. 35, ( D. J.) MI-PARTI , adj. ( Gramm. ) qui eft en deux cou- leurs, moitié par moitié, ou de deux matieres , & il fe dit en général de la divifion d’un tout en deux par- ties égales de nature différente, Mi-PARTI , terme de Blafon : il fe dit de deux écus coupés par la moitié, & joints enfemble par un feul écu ; de forte qu’on ne voit que la moitié de chacun. Ceux qui veulent joindre les armoiries de leurs fem- mes à celles de leurs maïifons, en ufent ainf. L’écu coupé & parti feulement en une de fes parties, s’ap- pelle auffi écx mri-parri, Salignon en Dauphiné , que bien des gens appel- lent mal à propos , /aligdon , d'azur au chevron #ri- parti d’or & d'argent. MI-PARTIE, chambre ( Jurifprud.) Voyez CHAM- BRE MI-PARTIE, MIPLEZETH, f. m, ou f. idole que Payeule d’Afa fit conftruire, & qu’Afa fit brûler. C’eft felon les uns Priape ou Mithras, felon d’autres Hecate. MIQUELETS , {. m. pl. (Æ%f£. mod. ) efpece de fantaflins ou de brigands qui habitent les Pyrénées. Îls font armés de piftolets de ceinture, d’une cara- bine à rouet, & d’une dague au côté. Les rriquelers font fort à craindre pour les voyageurs, Les Efpagnols s’en fervent comme d’une très- bonne milice pour la guerre de montagnes , parce qu'ils font accoutumés dès l'enfance à grimper fur es rochers. Mais hors de là, ce font de très-mau- vaifes troupes. | MIQUENES, o4 MÉQUINEZ, (Géog.) ancienne &z grande ville d'Afrique au royaume de Fez, fur laquelle voyez Olon , relar. de l'empire de Maroc. Cette ville eft fort peuplée, quoiqu’elle n’ait ni bonne eau mi manufalture, maïs la cour y fait fa æéfidence : à la réferve du palais & des mofquées, tlny a point d’autres édifices publics. On y garde les efclaves chrétiens , pour lefquels le roi d’Efpa- gne y entretient un hôpital qui peut contenit cin= quante malades. Les Juifs y ont un quartier affez con- fidérable , où demeure le chef de leur nation. Dans. tout le royaume, c’eft lui qui impofe & paye les ga- rammes auxquels Ja nation juive du pays eft taxée. C’eft par lui que Pempereut entretient un commerce pécunieux & politique avec toutes les nations amies ët ennemies. | | Miquénès eft à 17 lieues de Salé, à 20 de Mamore, & à 5 des montagnes du grand Atlas. Ptolomée la place à 7. 50. de long. & à 34. 15. de Zar. fous le nom de Sa , qui a depuis été changé en celui de Miquenés, (D, J.) MIRA , ( Pharmacie. ) on fe fert quelquefois de ce mot même en françois, comme d’un fynonyme à ge- lée de fruits. La gelée de coing eft principalement connue fous ce nom dans les boutiques. Voyez CoinG , (Pharm,) DietE & CoTicnAC, (Conf) b) MIRABELLE , £. f. (Jardinag.) efpece de petites prunes jaunâtres, dont la chair eft ferme, un peu pâteufe , de la nature de labricot, du refte excel. lente & faine. MIRACLE , fubft. mafc. ( Théologie, ) dans un fens populaire; prodige où événement extraordi- naire qui nous furprend par fa nouveauté. Voyez PRODIGE. Miracle dans un fens plus exa@t & plus philofophi- que fignifie un effet qui n’eft la fuite d’aucune des lois connues de la nature, ou qui ne fauroit s’accor- der avec ces lois. Ainfi un riracle étant une fufpen- fion de quelqu’une de ces lois , il ne fauroit venir d’une caufe moins puiffante que celle qui a établi elle-même ces lois, Les Théologiens font partagés fur la notion du vrai miracle : M. Clarke, dans fon sraité de exiflence de Dieu, tome III. chap. xix. définit le rriracle un événement fingulier produit contre le cours ordi- naire régulier & uniforme des caufes naturelles ; pat l'intervention de quelque être intelligent fupé- rieur à l’homme, | M, l'abbé Houteville , dans fon srairé de la relie gion Chrétienne, prouvée par les faits, Liv. I.ch. v. dit que le riracle eft un réfultat de l’ordre général de la méchanique du monde, & du jen de tous fes teflorts. C’eit, ajoute-t-il, une fuite de l'harmonie des loïs générales que Dieu a établies pour la con- duite de fon ouvrage ; mais c’eft un effet rare, fur- prenant, qui n’a point pour principe les lois géné= rales, ordinaires, & connues, qui furpañle l'intel- ligence des hommes , dont ils ignorent parfaitement la caufe, & qu'ils ne peuvent produire par leur in= dufirie. Il appuie cette idée fur ces deux pañlages de. faint Auguftin, zec enim ifla ( miracula ) cum fun, contra naturam funt, nif nobis quibus aliter nature curfus innotuir, non autem Deo cui hoc ef naturæ quod fecerie, De Genefñ , ad litter. LD, PF. cnp. xiij. & dans le Liv. XXI. de la cité de Dieu, chap. vij. quomodo eff contra naturam quod Dei fir voluntate, cum volun- Zas tanti utiqus conditoris conditæ cujufque rei nature Jit ? Portentum eroo fit non contra naturam , féd contræ quam eff nota natura. L'idée commune qu’on a d’un vrai ziracle , dit le P. Calmet, dans fz differtarion fur les vrais & Les faux miracles , eft que c’eft un effet qui furpafle les regles ordinaires de la nature : comme de marcher fur les eaux, de reffufciter un mort, de parler tout-à-coup une langue inconnue, 6c. Un faux rziracle au con- traire eft un effet qui paroît, mais qui n’eft pas au- deflus des lois ordinaires de la nature. Un théologien moderne diftingue le ziracle pris dans un fens populaire, le zriracle pris dans un tens général, & le rziracle pris dans un fens plus propre ë plus étroit. 11 définit le premier avec faint Au- guftin : ouftin » miraculum voco quidquid ardium aur infoli= cum fupra fpem vel facultatem mirantis apparet, hb. de utilit, credend, cap. xvj. Le fecond , avec faint Thomas : dicitur tamen quandoque miraculum large qguod excedit humanam facultatem & confiderarionem @ fic demones poffunt facere miracula ; & letroifieme, il le définit avec le même faint doûteur : wzraculum proprie dicicur quod fit pretsr ordinem 1oflus naturæ creatæ , Jub quo ordine continetur omis virtus creata, L. partuquæft. 114. art. 4°. Ainf il adopte pour le miracle proprement dit cette définition de Salimeron, tome VI. tra@. [. page 1. séraculum proprie didlume eftres infolita fupra nature potentiam effeëla. Mufion, ledion. theolog. derelig. part. IL. On pourroit encore définir le ztracle proprement dit, un effet extraordinaire & merveilleux, qui ef au-deflus des forces de la nature, & que Dieu opere pour manifefter fa puiflance êt {a gloire , ou pour autorifer la mifion de quelqu'un qu'il envoye, C’eft ain que Moiïfe a prouvé, la fienne, & que Jefus- Chrift a confirmé la vérité de fa doétrine. Spinofa qui définifloit le miracle, un événement rare qui arrive-en conféquence de quelques lois qui nous font inconnues , a nié qu'il pût rien arriver au-deflus des forces de la nature, rien qui püt trou- bler l’ordre des chofes : &c la raifon qu'ilapporte pour contefter la pofhbilité des miracles, eft que les lois de la nature ne font autre chofe que les'decrets de Dieu; or, ajoute-til, les decrets de Dieu ne peuvent changer, les lois de la nature ne peuvent donc changer. Donc les #iracles font impofñlibles, puifqu’on vrai ziracle eft contraire aux lois connues & ordinaires de la natute. Dans le fyflème de l'abbé Houteville, ce raïfon- nement ne conclut rien ; puifque les zziracles y font une fuite des lois générales de la nature. Mais dans celuide M. Clarke, &desautres théologiens, il fup- pofe faux ; car Spinofa s’eft formé une idée trop botnée de la volonté de Dieu , s’il prétend qu’elle {oit tellement immuable, qu’elle ne foit plus libre. Les miracles entrent dans l’économie. de fes deffeins ; 1l les a arrêtés detoute étermité pour le moment qui les voit naître, opera mutat, confilia non mutat, dit faint Auguftin. Ou bien Spinofa joue fur l’équivo- que de ces termes, lois de la nature ; comme fi ces lois de la nature étoient différentes de la volon- té de Dieu, ou fi un sracle détrudoit ces lois de la nature. Un riracle eft un effet de la volonté de Dieu , mais d’une volonté libre & particuliere , qui produit un effet différent de ceux qu’elle produit en fuivant le cours ordinaire & connu de la nature. Cette interruption ou cette fufpenfon ne marque dans Dieu n1 caprice niimperfetion, mais une toute- puflance 8 une fouveraineté conformes à l’idée que nous avons de fa nature. L’exiftence des rriracles eftatteftée non-feulement dans l’ancien & dans le nouveau Teftament, mais encore depuis Jefus-Chrift jufqu’à nous, par desté- moignages précis des auteurs eccléfiaftiques. Saint Auguftin {ur-tout en raconte un grand nombre opé- rés de fon tems , dont il parle ou comme témoin oculaire, ou comme inftruit par ceux qui en avoient été témoins. Il aflure que dans la feule ville d’Hip- pone, 1l s’étoit fait 7o miracles depuis deux ans qu’on y avoit bâti une chapelle en lhonneur de faint Etienne, premuer martyr. : Il y a fur cette matiere deux excès trés-fréquens à éviter : l’un eft l’aveugle crédulité qui voit dans tout du prodige, & qui veut faire fervir l'autorité des vrais miracles, de preuve dela vérité detousles | sniracles indiftin@tement, fans penfer que par cêtte voie l’on n’établit point la réalité de ceux-ci, & qu'on énerve la force des autres. Une difpoñition encore plus dangereufe, eft celle des perfonnes qui Tome À, MIR s61 cherchent à tenverfer toute l'autorité des riracées , & qui penfent qu’il n’eft point convenable à la fa- gefle. de Dieu d'établir des lois qu'il feroit fi fouvent obligé de fufpendre. En vain ils alleguent les faux miracles en preuve contre les véritables, Il faut ou s'aveugler & tomber dans. le pyrrhonifme hiftorique le plus outré, ou convenÿr qu'il y en a eu de cette dermiere efpece, & même en aflez grand nombre, pour prouver que dans des occafions extraordinais res, Dieu a jugé cette voix néceflaire pour annon- cer aux hommes fes volontés , & manifefter fa puif- fance. L’églife même en exigeant notre foumihon. fur les faits bien avérés, nous donne par fa propre conduite l'exemple de ne pas admettre fans examen tous les faits qui tiennent du prodige; & nous pou- vons croire comme elle que Dieu ne les opere pas fans néceflité ou fans utilité. On a vivement agité dans ces derniers tems la queftion de favoir fi les démons pouvoient opérer des zzracles , & juiqu’où s’étendoit leur pouvoir en. ce genre. M. Clarke, dans le traité dont nous ayons déja parlé, décideque Dieu peut communiquer aux mau- vais ahges & à des impofteurs le pouvoir de faire des miracles, M. Serces, dans un traité fur les rrira- cles, imprimé à Amfterdam en 1729, foutient l’opi- nion contraire. Les prodiges opérés par les magiciens de Pha- raon , 6t rapportés dans l’Exode , ont également di vilé les Peres &c les Théologiens : :les uns comme Origene , faint Auguftin, & faint Thomas, ont re- connu que ces prodiges étoient réels, & non pas feulement apparens & phantaftiques. Saint Augu- fin fur-tout s'étant propolé cette queftion, favoir files verges des magiciens éroiént appellées dragons dans le texte facré , à caufe fimplement qu’elles avoient la figure de cet animal, fans en avoir le réa- lité , le changement qui y étoit arrivé n’ayant été que phantaftique ; il répond qu'il femble que lesma- nieres de parler de l’Ecriture étant Les mêmes ;, on doit reconnoitre dans les verges des magiciens un changement pareil à celui qu’onremarque dans cel- les de Morfe. Mais s'étant enfuite objeété qu'il fau- droit donc que les démons euffent créé ces ferpens, un changement fi prompt & fi fubit d’une verge en un ferpent ne paroiflant ni pofhble ni naturel: ïl dit qu'il y a dans la nature un principe univerfel répandu dans tous les élémens , qui contient la fe- mence de toutes les chofes corporelles , lefquelles paroïflent au-dehors lorfque leurs principes font mis en aftion à tems, & par des agens convenables ; mais ces agens ne peuvent ni ne doivent être nom- més créateurs , puqu'ils ne tirent rien du néant, & qu'ils déterminent feulement les caufes naturelles à produire leurs effets au-dehors. Ainfi, felon ce pere, les démons ont pu produire dans un inftant des fer- pens avec la-matiere des verges des magiciens, en appliquant par une vertu fubtile & furprenante des caufes qui paroïloient fort éloignées à produire ua effet fubit & extraordinaire : faint Thomas raifonne fur les mêmes principes, & en tire lesmêmes con- féquences. S. Auguft, guæff, 21.17 Exod, S, Thom, Î, part. quæff, 104. art. 4. La grande difficulté dans ce fyftème eft que la nature &c la force des démons & des ames féparées de la matiere nous étant aflez inconnues , 1l n’eft pas aifé de marquer pofñtivement jufqu'où va leur pouvoir fur les corps , ni d'expliquer comment une fubftance purement fpirituelle peut agir d’une ma- niére phyfique fur un corps. Il faut pour cela recon- noître en Dieu des volontés particulieres, par lef- quelles 1l a décidé qu’à l’occañon de la volonté d’un éfprit, un corps fût mis en mouvement de la ma niere que cet efprit le voudroit, ou pets Ne Diex 502 MIR s’eft engagé à donner à la matiere certains mouve- mens à l’occafion de la volonté d’un elprit; c’eft le dénouement qu’en donne dom Calmet, dans /a dif- fertation fur les miracles. Mais quoiqw’on ne fache pasprécifément jufqu’où s'étendent les forces & le pouvoir des efprits, on fait bien jufqu’où elles ne s’érendent pas , & que par conféquent des miracles du premier ordre, tels que la création, la réfurre@ion d’un mort, éc. ne peu- vent être l'ouvrage des démons. Plufieurs autres peres & théologiens foutiennent que les magiciens de Pharaon ne changerent pas Véritablement leurs verges en ferpens , & qu'ils fi- rent feulementillufon aux yeux des fpectateurs. Ou- tre Philon &c Jofephe qu’on cite pour ce fentiment, Pauteur des queftions aux orthodoxes fous le nom de faint Juflin, foutient que tout ce que firent les magiciens étoit fait par l'opération du démon ; mais que c’étoit de purs preftiges par lefquels ils trom- poient les yeux des afliftans en leur repréfentant comme des ferpens ou comme des grenouilles ce quin’étoit nil'un ni l’autre. Tertullien , faint Jéro- me, faint Grégoire de Nyfle , faint Profper, tien- nent la même opinion. C’eft auf celle de Toffat, & de quelquesthéologiens modernes ; & M. Serces entre autres, prétend que les prodiges des minifires de Pharaon, n’étoient que des prodiges & des rours de paffe-paffe femblables à ceux des joueurs de go- belets. Mais puifqu’il y en a de vrais & de faux , de réels & d’apparens , äl eft néceflaire d’avoir des caraëte- res sûrs pour diftinguer les uns des autres. M.Clarke en afligne trois, 1°, la doctrine qu'ils établifent ; 2°, la grandeur des wracles confidérés en eux-mé- mes; 3°. La nn & le nombre des zrracles. Or comme une dottrine peut être ou impie , ou fainte, ou obfcure, en forte qu’elle ne foit clairement con- nue ni pour vraie ni pour faufle, foit par les lumie- res de la raïfon , ou par celles de la révélation, il s'enfuit que les wracles faits pour appuyer la pre- miere font faux ; que ceux qui foutiennent la fe- conde font vrais, & que dans le troifieme cas, les miracles décident que la doûrine en queftion eft vraie, parce que Dieu ne peut abufer de fa toute- puiffance pour induire les hommes en erreur. En cas de confliét de rmiracles, la grandeur & la fapé- riorité des miracles comparés les uns avec les autres, font connoître quels font ceux qui ont Dieu pour auteur. L’hftoire de Moife & des magiciens de Pharaon, fournit la preuve complette de ce fecond cara@tere ; & enfin, en cas de confliét de zziracles qui paroiflent d’abord égaux, le nombre & la quantité difcernent les ziracles divins , d'avec les faux mira- cles par la même preuve. On ajoute encore qu'on peut difcerner les vrais miracles d’avec les preftiges du démon, ou d’autres faits prétendus miraculeux , par la doétrine , par la fin, par les circonftances , & fur-tout par l’autorité de l’'Eglife. Quelques écrivains dans ces derniers tems, ont prétendu que les vrais miracles devoient avoir été prédits, fans faire attention que fi ce cara- €tere étoit abfolument effentiel pour difcerner les faux miracles d'avec les véritables, on auroit pü contefter la miffion de Moiïfe, dont affurément les miracles n’avoient été prédits nulle part. On peut confulter {ur cette matiere le srairé de la Relipion de M. l’abbé de la Chambre, celui de M. Mufion, les ouvrages que nous avons cités de MM. Clarke & Serces , & la differtation de dom Calmet. MIRADOUX , ( Géog. ) petite ville de France dans le bas Armagnac, éleétion de Lomagne, & à deux lieues de Leétoure. Long. 18, 16. lat, 43. 56, D. J.) MIRAILLÉ , adj. ex termes de Blafon , fe dit des MIR aïles des papillons, ou des marques que Îles paons ont fur leur queue , à caufe de la reflemblance que ces marques ont avec un miroir. Rancrolles en Pi- cardie , comme ci-devant fous le terme bigarré. MIR AILLET , raia levis oculara, {.m. (Hif?, nat.) efpece deraiequi a de chaque côté ducorpsune tache ronde femblable à un œil. Rondelet , if. des poif: part. premiere, liv. XII. chap. x. Voyez RATE. MIRANDA, ( Géog. ) petite place d’Efpagne dans la Navarre , fur l’Arga. Elle n’eft connue que pour avoir donné la naiflance à un des plus mal- heureux dominicains du feizieme fiecle , Barthélemi Carranza. Ses avantures font fort fingulieres, quoi- qu'il n'ait fait qu'un catéchifme efpagnol & une iomme des conciles , ouvrages même pitoyables : mails Voici fa vie. I Il vinten Angleterre avec Plulippe d'Autriche, y travailla de toutes fes forces à extirper la foi pro: teftante , fit brûler des livres, & exiler bien du mon- de. En 1557, Philippe Il. lui donna le premier fiege d’Efpagne , Parchevêché de Tolede. Il afifta aux dernieres heures de Charles-Quint , & fut enfuite arrêté par l’inquilition comme hérétique. Il perdit fon archevêché , fa liberté au bout de quinze ans de prifon, fut déclaré fufpeët d’héréfie , & condam- né comme tel à l’abjuration: & à d’autres peines. Un homme contre lequel on n’a nulle preuve, ne fort des mains de fes délateurs qu'après une longue & dure captivité , n’en fort qu'avec flétriflure , & le jugement porte qu’il y a des préfomptions contre lui ! C’eft aux fages à voir les iniquités d’un tribunal qui regne depuis fi long-tems en plufieurs lieux de la chrétienté, & qui commence à répandre des racines & des fibres chevelues dans des pays, où fon nom même jufqu’à ce jour excite l’indignation de tous les honnêtes gens. ( D. J. MirANDA, ( Géog. ) riviere d’'Efpagne, autre- ment nommée £o. Elle a fa fource au pié des mon- tagnes des Afturies , fait la borne entre les Afturies & la Galice , & fe jette enfuite dans la mer. ( D. J.) MiRANDA DO DUERO, ( Géog. ) on l’appelloit anciennement Contia ou Contium , ville forte de Portugal , capitale de la province de Tra-los-Mon- tes , avec un évèêché fuffragant de Brague. Elle eft fur un roc, au confluent du Duero & du Frefne, à 33 lieues S. O. de Léon, 15 N. ©. de Salamanque, 12 $.E, de Bragance, 83 N. E. de Lisbonne. Long. 11, 55. lat. 41. 30.( D. J.) | MiRANDA DE EBRO, ( Géog. ) petite ville d’Ef- pagne dans la vieille Cafüille. Elle eft dans un ter- roir fertile en excellent vin, fur les deux bords de l’'Ebre qui la traverfe, fous un pont, à 64 lieues N. de Madrid, 14 8. O. de Bilbao. Long. 14, 25, las. 42, 2210 D FD { MIRANDE, LA, ( Géog.) pauvre petite ville de France en Gafcogne , capitale du comté d’Aftarac. Elle fut bâtie en 1289, fur la Baife, à 6 lieues S. O. d’Aufch , 160 S. O, de Paris. Long, 17. 56, lat, AE 33 CET MIRANDOLE , LA, ou LA MIRANDE, (Géog.) forte ville d'Italie, capitale du duché de mêmenom, qui eft entre les duchés de Mantoue & de Modène. Les François & les Efpagnols furent défaits près de cette place par les Allemands en 1703. Les Fran- çois la prirent en 1705 , & l’évacuerent en 1707. L'empereur Charles VI, la vendit avec le duché au duc de Modene. Le roi de Sardaigne s’en empara en 1743. Elle a été rendue avec le duché ,en 1748, au duc de Modene par le traité d’Aix-la-Chapelle, Elle eft à 7 lieues N.E. de Modene, 9 S. E, de Mantoue, 10 ©. de Ferrare, 34 $. E. de Milan. Long. 28, 40, lat. 44. 52. Mais fi la ville de la Mirandole eft connue par fes vicifitudes , elle l’eft encore davantage par un de fes princes fonverains qui porta fon nom. On voit que je veux parler de Jean-François Pic de la Miran- dole, qui, dès fa tendre jeunefle, fut un prodige d'étude & de favoir. Le goût des Sciences fut fi grand en lui, qu'il prit le parti de renoncer à la principauté de {a patrie, & de fe retirer à Florence où:1l mourut en 1494. Il eft extraordinaire que ce prince qui avoit étu- dié une vingtaine de langues , ait pû à vingt-quatre ans foutenir des thèfes fur tous les objets de fciences connues dans fon fiecle. Il eft vrai que les fciences de ce tems-là fe bornoient prefque toutes à la con- noïflance de la fomme de faint Fhomas-d’Aquin, & des ouvrages d'Albert furnommé le Grand , c’eftà- dire, à un jargon imintelligible dé théologie péri- patéticienne. Pic de la Mirandole étoit bien malheu- reux, avec {on beau génie, d’avoir confumé fes veïlles & abrégé fes jours dans ces graves démences, Cependant , dit M. de Voltaire, les thèfes qu'il {outint firent plus de bruit , & eurent plus d'éclat que n’en ont eu de nos jours les découvertes de Newton, & les vérités approfondies par Locke, On trouva dans ces thèfes plufñeurs propoñtions héréri- ques, faufles & fcandaleufes ; mais n’en trouve- t-on pas par-tout où l’on veut en trouver? Enfin, il fallut que le pape Alexandre VI. qui du-moinsavoit le mérite de méprifer les difputes, envoyât une ah- {olution à Pic de la Mirandole. Sans cette abfolu- tion, c'étoir un homme perdu. Il eût été heureux pour lui d’avoir laiflé la philofophie péripatéticienne pour les beautés agréables de Virgile , du Dante, & de Pétrarque.( D. J.) | MIRAVEL, ( Géog. ) petite ville d'Efpagne dans la nouvelle Cafille, & dans un terroir qui produit d’excellent vin. Elle eft fur le penchant d’une col- line à 4 lieues de Plazencia. Long. 12. 30. lat, 30. $4.(D.J.) MIRE, f. £. ( Arquebuf. ) marque fur la longueur d’une arme à feu , qui fert de guide à l'œil de celui qui veut s’en fervir. Les Canonniers ont des coins de mire qui hauflent & baiflent le canon ; ils ont auf une entretoife qu'ils appellent de même. Voyez Les arzicles CANON ; AFFUT 6 ENTRETOISE, MIREBEAU , ( Géog.) petite ville de France en Poitou, capitale d’un petit pays appellé le Mireba- lais. Elle fut bâtie par Foulques de Néra , & fouffrit un long fiege en 1202, en faveur de la reine d’An- gleterre , veuve d'Henri Il, qui s’y étoit réfugiée. Elle eft à 4 heues de Poitiers, & à 71 lieues S. ©. de Paris. Long. 174, 50. 23. lar. 464, 46:56.(D. 1.) MIRECOURT , ( Géog. ) ville de France en Lor- raine , capitale du bailliage de Vofpe. Elle s’appelle en latin Mercurii curtis; ce nom pourroit faire con- je&turer que c’eft un lieu d’une grande antiquité, les anciens pourtant n’en font aucune mention. On voit feulement que c’étoit un des premiers domaines des ducs de Lorraine. Elle eft fur la riviere de Maudon, à rolieues S. O. de Nanci, 12 S.E. de Toul, 7 N. O. d'Efpinal, 66 S. E.de Paris. Long. 23. 52. lat. 48.15. D. J.) - MIREMONT , (Géog.) petite ville ou plutôt bourg de France dans le Périgord , proche la Vé- zere ,; à 6 lieues de Sarlat, à 8 de Périgueux. On “voit auprès une grande caverne appellée Cxféau , fort célebre dans le pays. Long. 18, 26, lar. 45. 12. (D. J.) MIREPOIX., ( Géog. ) petite ville de France dans Tehaut Languedoc, avec un évêché fuffragant de Touloufe, valant dix-huit nulle livres de rente’, & mayantque 154 paroïfies. Cette ville eft nommée dans la baffe-latinité Mirapicum ; Mirapicium , Mi- rapicis caftrum. C’étoit un lieu fort, & une place d'armes du comté de Foix, au commencement du treisiemefiecle. Les Croifésla prirent ; &c la donne- Tome À, MIR 563 tént à Gui de Levis, un de leurs principaux chefs , donation que confirmerent les rois de France, de forte que Mirepoix a refté depuislors dans cette mê- me mailon. Elle eft fur le Gers, à 6 licues N, E, de Foix, 16 S. E. de Touloufe, 172 S. O. de Paris. Long. 19. 32. las. 43. 7. ( D. J.) | MIRER , v. neut. ( Gram. ) c’eft diriger à l'œil üne arme vers le point éloigné qu’on veut frapper: Voyez MIRE, CANON, FUSIL. MIRER , ( Marine. ) laterre fe mire, ’eft-à-dire , que les vapeurs font paroitre les terres de telle ma: niere, qu'il femble qu'elles foient élevées fur de bas nuages. MIRLICOTON , f. m. ( Jardinage.) terme ufiré en Provence, Languedoc & Gafcogne , pour par- ler des groffes roffanes tardives, qui font toûjours des pêches ou pavies, | MIRLIRO , f.m.( Je, ) c'eft uñ hafard äu ex de l’hombre à trois. Ce {ont les deux as noirs fans ma- tadors , qui valent au joueur une fiche de chacun, s’il gagne; qu'il paye , s'il perd. MIRLIROS , f. m. (Æif. nar, Bot.) forte d'herbe des champs, qui croît dans les avoines & les terres fortes ; elle fleurit jaune , fa tige eft haute, & fon odeur eft vive. | MIRMILLON , f. m:( ff. anc. ) efpece de gla- diateurs qui étoient armes d’un bouclier & d’une faulx, On les diftinguoit encore à la figure de poiflon qu'ils portoient à leurs cafques. MIROBRIGA, ( Géog. arc. ) Il y a plufieurs vil: les qui portent ce nom latin. 1°. Une d’Efpagne, dans la Bétique. 2°. Une feconded’Efpagne, dans la même Bétique , entre Æmiliana & Salica , felon Ptolomée. Le pere Hardouin prétend que c’eft pré- fentement V1//a de Capilla , au voifinagede Fuente de La Orejuna. 5°. Une de la Lufitanie dans les terres, felon Ptolomée, 2. II. c. y. qui la place entre Bre- toleum &c Acobriga. On prétend avec beaucoup d’ap- parence, que c’eftaujourd'hni Saz-Jago-de-Cacem , à une lieue & demie du rivage, dans l’Entre-Tejo e Guadiana, à l’orient du port de Sinis. 4°. Une de l’Efpagné tarragonoife, aux confins de la Lufitanie, IL paroït d’une infcriprion recueillie par Gruter, w’elle étoit voifine de Bleufa & de Salmantica. Or, f Bletifa eft aujourd’hui Ledefma, comme le prétend Mariana ; & fi Salmantica eft Salamanque, comme perfonne n’en doute, cette derniere Mirobriga pour- ra être Cindad Rodrigo, ou quelque part, entre cette derniere ville & Salamanque. (2. J. MIROIR, f. m. (Catoptr.) corps dont la furface repréfente par réflexion les images des objets qu’on met au-devant. Voyez RÉFLEXION. L’ufage des zroirs eft très-ancien, car 1l eft parlé de certains wzroirs d’airain, au chap. xxxvü. de VExode. verf. 8. où 1l eft dit que Moïfe fit un baf- fin d’airain des iroirs des femmes qui fe tenoient affidumeñt à la porte du tabernacle. Il eft vrai que quelques commentateurs modernes prétendent que ces #iroirs! n’étoient pas d’airain; mais quoi qu’il en foit, le pañlage précédent fufit pour conftater ancienneté de l’ufage des szroirs : d’ailleurs les plus favans rabbins conviennent que dans ce tems- là chez les Hébreux, les femmes fe. fervoient de rniroirs d’airain pour fe coëfter. Les Grecs ont eu aufli autrefois des zziroirs d’airain, comme il feroit aifé de le’prouver par beaucoup de paflages d’an- ciens poëtes. Voyez ARDENT. Miroir , dans un fens moins étendu, fignifie une glace de verre fort unie 8 étamée par-derriere, qui repréfente les objets qui y font préfenrés. Miroir, en Catoptrique, fignifie un corps poli qui ne donne point pañlage aux rayons de lumiere, & qui par conféquent les réfléchit. Foyer RAYON 6 LuUMIERE. Aïnf l’eau d’un puits profond ou | BBbbïi 504 M EUR d’une riviere, & les métaux dont fa furface eft polie, font autant d’efpeces de miroirs. La théorie des propriétés des miroirs fait l'objet de la Carop- érique. Voyez CATOPTRIQUE. | La fcience des ziroirs eft fondée fur les prin- cipes généraux fuivans. 1°. La lumiere £e réfléchit fur un wroir, de façon qué l'angle d'incidence foit égal à Pangle de réflexion. Voyez l'article RÉFLE- XION- | D'où il s'enfuit qu’un rayon de Iumiere com- me H B (PL d'Optique, figure 26,) tombant per- pendiculairement fur la furface d’un zroir DE, retournera en arriere dans la même ligne par la- quelle il eft venu, & le rayon oblique 4B fe rée- fléchira par une ligne B C, telle que l'angle CB G foit égal à ABF, ce que l'expérience vérifie en effet. , | Car fi on place l'œil en € à la même diftance du zziroir que l’objet 4, &t qu'on couvre d’un corps opaque, comme d’un petit morceau de drap, le point B qui eft le milieu de FG, on ne verra plus alors l'objet 4 dans le #zroir : ce qui prouve que le rayon par lequel on le voit eft 4 BC, puif- qu'il ny a que ce rayon qui foit intercepté & arrêté par l’interpoñtion du corps opaque en Z, Or les côtés FB, BG font égaux ainf que les côtés AF, CG font égaux; d’où 1l s'enfuit que l'angle 4BF et égal à langle CB G : par conié- quent le rayon 4 B C qui vient de l'objet À à l'œil en C, fe réfléchit en B, de maniere que les an- gles d'incidence & de réflexion font égaux. Ainf il n’eft pas poffible que plufieurs rayons dif- férens tombant fur un même point du w#roir , fe réfléchiffent vers un même point hors de fa fur- face; puifqu’en ce cas plufenrs angles de réflexion feroient égaux au même angle de réflexion 4 8 D,& qu'ils le feroient par conféquent les uns aux autres, ce qui eft abfurde. 2°. IL tombe fur un même point du miroir des rayons qui partent de chaque point de lob- jet radieux &t qui fe réfléchiffent ; & par conféquent, puilque les rayons qui partent de différens points d’un même objet, & qui tombent fur un même point du miroir , ne peuvent fe réfléchur en arriere vers un même point; 1l s'enfuit de-là que les rayons envoyés par différens points de l’objet fe 1épa- reront de nouveau après la réflexion, de façon que la fituation de chacun des points où 1l par- viendra , pourra indiquer ceux dont 1is font partis, De-là vient que les rayons réfléchis par les 7- roirs repréfentent les objets à la vie. Il s'enfuit auff de-là que les corps dont la furface eft raboteule & inégale ; doivent réfléchir la lumiere , de façon que les rayons qui partent de différens points fe mé- lens confufément les uns avec les autres. Les miroirs fe peuvent divifer en plans, conca- wes, convexes, cylindriques, coniques, paraboli- -ques, elliptiques, &c. d Les miroirs plans {ont ceux dont la furface eft plane. Voyez PLAN. Ce font ceux qu’on appelle or- dinairement zriroirs tout court. Lois 6 effets des. .mirowsplans, 1°. Dans un miroir plan ; chaque point 4de l’objet, PZ. d'Op- “tique fig. 27, eft vü dans l’interfetion Bde la ca- thete d'incidence 4 B avec le rayon réfléchi CB, Or 1°. tous les rayons réfléchis rencontrent la cathete d'incidence en 2 ,c’eft-i-dire dans un point B autant éloigné de la furface du roir en- -deffous que 4 left.en-deffus. Car l’angle 4 D G qui eft l’angle d'incidence, eft égal à l’angle de ré- flexion € D A, & celui-ci eft égal à Pangle G DB; d’où il s'enfuit que les angles 4 D G,,.G DB {ont égaux, & qu'ainf AG eft égal à GB. Donc on verra toujours l’objet dans le même lieu, quel :que foit le rayon réfléchi qui le fafle.apperceyoir. Êt par conféquent plufeurs perfonnes qui voyent le même objet dans le même srroir, le verront tous au même endroit derriere le wzroir ; de-là vient que chaque objet n’a qu'une image pour les deux yeux, & c’eft pour cefte raïon qu'il ne paroïit point double. Il s'enfuit auffi de-là que fa diftance de l’image 2 à l’œil € eft compolée du rayon d'incidence 4 D & du réfléchi CD , & que lobjet 4 envoie des rayons par réflexion de la même maniere qu'il le feroit direétement , s’il étoit fitué derriere le #- roir dans le lieu de l’image. 2°. L'image d’un point B paroït précifément auffi loin du wiroir par-derriere que le point en eft éloigné en-devant. Ainf le wziroir C fig. 28. étant placé horifontalement, le point 4 paroitra autant abbaïflé au-defleus de l’horifon qu'il eft réellement élevé au-deflus, les objets droits y paroîtront donc renverfés. Un homme, par exemple, qui eft fur fes piés, y paroïtra la tête en-bas, Ou, fi le miroir eff attaché à un plafond parallele à lhorifon, les ob- jets qui feront fur le carrean, paroïîtront autant au-defius du plafond qu'ils font réellement au-def- fous, &c fens-deflus-defous. 3°. Dans les miroirs plans, les images font par- faitement femblables & égales aux objets. 4°. Les parties des objets qui font placés à droite, y paroiflent à gauche, & réciproquement. En effet, quand on fe regarde dans un #iroir, par exemple, les parties qui font à droite & à gau- che nous paroiffent dans des lignes menées de ces parties perpendiculairement au wzroir: c’ett donc la même chofe que fi nous regardions une perfonne qui feroit direétement tournée vers nous... Or en ce cas, la gauche de cette perfonne répon- droit à notre droite, & fa droite à notre gauche ; pat conféquent nous jugeons que les parties d’un objet placées à droite, font à gauche dans le »:- roir , & réciproquement. C’eft pour cette raifon que nous nous croyons gauchers , quand nous nous regardons écrire ou faire autre chofe, dans un Ir OIT. L'égalité des angles d'incidence & de réflexion dans les zriroirs plans fournit une méthode pour mefurer des hauteurs inacce{bles au moyen d'un miroir plan. Placez pour cela votre riroir horifon- talement comme en C, fig. 28 ; & éloïignez-vous- en jufqu'à ce que vous y prifliez appercevoir, par exemple, la cime d’un arbre, dont le pié répond bien verticalement au fommet; mefurez l’éléya- tion DEÆ de votre œil au-deflus de l’horifon ou du miroir, ainfi que la diftance Æ C de la ftation au point de réflexion, &c la diftance du pié de l'arbre à ce même point. Enfin, cherchez une quatrieme proportionnelle 48 aux lignes EC, CB, E D: ce fera la hauteur cherchée, Foyez Haureur. En effet, l'égalité des angles d'incidence & de réflexion 4CB, DCE rend femblablesiles trian- gles ACB, DCE qui font re&tangles en PB & en Æ, d’où il s'enfuit que ces triangles ont leurs côtés proportionnels, & qu'ainfi C£eft AIDE dans le même rapport que.CB à.B 4.1 s°. Siun iroir plan eft incliné de 45 degrés à Jhorifon , les objets verticaux y paroîtront horifon- taux’, 8 réciproquement. D'où il fuit qu'un globe qui defcendroit fur un plan incliné, peut! dansun mifoir paroïître monter dans -une ligne verticale, phénomene aflez furprenant pour ceux qui ne font point initiés dans la Catoptrique. + Car, pour cela, il n’y a qu'à difpoferun #iroir à nn angle de’ 45 deprés avec l’horifon, & faire defcendre un. corps {ur un plan un pew incliné, ce plan paroiïtra dans le miroir prefque vertical. Ou, fon veut quele plan paroïffe exaétement ver | MIR tical, 11 faut que le miroir fafle avec l’horifon“un angle un peu plus grand que 45 degrès. Par exem- ple, fi le plan fur lequel le corps defcend, fait avec l’horifon un angle de 30 degrés, 1l faudra que le miroir foit incliné de 45 degrés plus la moitié de 3 degrés ; fi le plan fait un angle de $ degrés, 1l faudra que Le miroir fafle un angle de 45 degrés plus la moitié de $ degrés, & ainf du refte. 6°. Si l’objet AB, fig. 29, eft fitué parallele- ment au miroir CD, & qu'il en foit à la même dif- tance que l'œil, la ligne de réflexion CD, c’eft-à- dire la partie du wiroir fur laquelle tombent les rayons de l’objet 4 B qui fe réfléchiffent vers l'œil, fera la moitié de la longueur de l’objet 4 2, Et ainfi, pour pouvoir appercevoir un objet en- tier dans un s#roir plan , 1l faut que la longueur & la largeur du siroir foient moitié de la longueur & de la largeur de l’objet. D'où il s'enfuit qu'étant données la longueur & la largeur d’un objet qui doit être vû dans un z2roir, on aura aufli la lon- gueur & la largeur que doit avoir le zzroir , pour que l'objet placé à la même diftance de ce miroir que l'œil, puifle y être vü en entier. H s’enfuit encore de là que, puifque la longueur & la largeur de la partie réfléchiffante du sriroir font foudoubles de la longueur &z de la largeur de Pobjet , la partie réfléchiffante de la furface du wroir eft à la furface de lobjet en raïifon de 1 à 4. Et par conféquent , fi en une certaine pofñtion , nous voyons dans un miroir un Objet entier, nous le verrons de-même dans tont autre lieu, foit que nous nous en approchions, foit que nous nous en éloïgnions, pourvu que l'objet s’approche ou s’é- loigne en même tems, & demeure toujours à la même diftance du #iroir que l'œil. Mais fi nous nous éloignons du »#roir, l’objet reftant toujours à la même place, alors la partie de la furface du wiroir, qui doit réfléchir l’image de l’objet, doit être plus que le quart de la fur- face de l’objet ; & par conféquent, fi le wiroir n’a de furface que le quart de celle de l'objet, on ne pourra plus voir l’objet entier. Au contraire, fi nous nous approchons du wiroir, l’objet reftant toujours à la même place, la partie réfléchifiante du zziroir {era moindre que le quart de la furface de l’objet. Ainf on verra, pour ainfi dire, plus que Pobjet tout entier ; &t on pourroit même diminuer encore le 7zircir jufqu’à un certain point, fans que cela empêchât de voir l’objet dans toute fon éten- eee _ 7°. Si plufieurs #iroirs où plufeurs morceaux de 7#iroirs {ont difpoiés de-fuite dans un même plan ,ils ne nous feront voir l'objet qu'une fois. Voilà les principaux phénomenes des objets vüs par un feul wiroir plan, En général, pour les ex- bliquer tous avec la plus grande facilité, on n’a befoin que de ce feul principe, que l’image d’un objet vü dans un feul wrroir plan, eft toujours dans la perpendiculaire menée de l’objet à ce wuroir, & que cette image eft autant au-delà du zzro7r que Tobjet eft en-decà. Avec le fecours de ce prin- cipe & des premiers élémens de la Géométrie, on trouvera facilement l'explication de toutes les quef- tions qu'on peut propolier fur cette matiere, Paf- fons préfentement aux phénomenes qui réfultent de la combinaifon des miroirs plans entr'eux. "8°, Si deux w2iroirs plans {e rencontrent en faifant un angle plan quelconque, l'œil placé en-dedans de “cet angle plan, verra l'image d’un objet placé en- dedans du même angle, auf fouvent répétée qu’on pourra tirer de cathetes propres à marquer les lieux des images, &z terminés hors de l'angle. Pour expliquer cette propoñtion, imaginons que "XY & XZ, fig, 30. Ope. foient deux miroirs | MIRK 56$ plans, difpofés entr'eux de maniere qu'ils forment l'angle Z XF, & que À foit l’objet & © l'œil. On menera d’abord de l’objet À la perpendicu- laire ou cathete AT fur le miroir XZ qu'on pro- longera jufqu'à ce que AT=TC. On menera enfuite du point C la cathete CE, de maniere que D E foit épal à C D. Après cela on ménera du point Æ la cathete E G fur le premier miroir , de maniere que EF foit égal à FG ; enfuite la . cathete G 7 fur le fecond, de maniere que G {oit égal à 77. Enfin, la cathete 7 L fur le pre- mier, & cette cathete Z L fera la derniere; parce qu'en fafant À L égal à ZX, l'extrémité L tombe au- dedans de l’angle Z XF. Or, comme il y a qua- tre cathetes 4C, CE, EG, GI, dont les extré- mités €, £, G, I, tombent hors de l'angle formé par les wuroirs , l'œil © verra l’objet À quatre fois. De plus, fi du même objet 4 on mene fur le #i- roir XF une premiere cathete, qu'on prolongera jufqu’à une égale diftance; qu'enfuite on tire de l'extrémité de cette cathéte une cathete nouvelle fur le wiroir X Z, & ainf de fuite, jufqu’à ce qu’on arrive à une cathete qui foit terminée au-dedans de l’angle des ziroirs, on trouvera le nombre d’ima- ges que l'œil © peut voir, en fuppofant la pre- nuere cathete tirée {ur le mxroir X Ÿ, & ainf on aura le nombre total d'images que les deux zriroirs repréfentent. Pour en faire fentir la raifon en deux mots, on remarquera, 1°. que l’objet À eft vû en C'par le rayon réfléchi 4, T, O. 2°, Que ce même objet 4 eft vû en Æ par le rayon 4 FR O, qui fe réflé- chit deux fois. 3°. Qu'il eft vü en G par un rayon qui fe réfléchit trois fois, & qui vient à l’œil dans la direétion GO, le dernier point de réflexion étant M, & ainfi de fuite. De plus, fi la perpendiculaire 7 L eft telle que la ligne menée du point L à l'œil © coupe le for ou plan X Zen quelques points en- tre N & Z, on pourra voir encore l’image L; autrement on ne la verra point : la raifon de cela eft que l’image L doit être vüe par un rayon mené du point L à l'œil O; & ce rayon doit être ré- fléchi, de maniere qu’étant prolongé il pañfle par le point Z, d’où il s’enfuit qu'il doit être réfléchi par le wiroir X°Z auquel Z L eft perpendiculaire. Or, fi le rayon mené de © en L-ne coupe point le miroir XF entre X & Y, 1l eft impoñlble qu'il en foit réfléchi : par conféquent on ne pourra voir l'image Z, | Par ce principe général on déterminera très- facilement le nombre des images de l’objet # que œil O doit voir. Ainfi, comme on peut tirer d’autant plus de ca- thetes terminées hors de l’angle, que l’angle eft plus aigu ; plus l’angle fera aigu, plus on verra d'ima- ges. Ainfi l’on trouvera qu’un angle d’un tiers de cercle repréfentoit l’objet deux fois ; que celui d’un quart de cercle le repréfentoit trois fois ; celui d’un cinquieme cinq fois; celui d’un douzieme onze fois. De plus, fi lon place ces wiroirs dans une fitua- tion verticale, qu'enfuite on reflerre l'angle qu'il forme, ou bien qu’on $’en éloigne, ou qu’on s’en approche, jufqu’à ce que les images fé confondent en une feule , elles n’en paroitront alors que plus difformes & monftruenfes. On peut même, fans tirer les cathetes, déterminer -aifément par le calcul combien 1l doit y en avoir qui foient terminées hors de Pangle, & par-là on trouvera le nombre des’ images plus facilement & plus fimplement qu’on ne feroit par une conftruc- tion géométrique. | Nous avons dit ci-deflus, que l’image L devoir paroître ou non , felon que le rayon mené de L en Ocoupoit le ziroër À F au-deflous de X, ou non; 566 MIRKR où il Penfit, que felon la fituation de œil , of verra une image de plus ou de moins. Par exemple, fi deux riroirs plans font difpoïfés de maniere qu'ils faflent entre-eux un angle droit, chacun de ces z5- æoirs fera d’abord voir une image de l’objet ; de plus, on verra une troifième image, fi on n’eft pas dans £a ligne qui joint l’objet avec Pangle des wzroërs ; mais fi on eft dans cette ligne, on ne verra point cette troifieme image. | Les miroirs de verre ainfi multipliés, réfléchiffent deux ou trois fois l'image d’un objet Iumineux ; 1l s'enfuit que fi l’on met une bougie allumée , &c. dans l'angle des deux #iroirs, elle y paroïtra mul- tiplice. C’eft fur ces principes que font fondées différen- tes machines catoptriques, dont quelques-unes re- préfentent les objets très- multipliés , difloqués & difformes , d’autres infiniment groflis &c placés à de grandes diftances. Voyez BOITE CATOPTRIQUE, Si deux wiroirs B C, DS, fig. 29. n. 2. font difpofés parallelement l’un à l’autre, on verra uneinfnité de fois l'image de l’objet À placéentreces deux 7rorrs; car foit fait 4 D égale à DF, il eft d'abord évi- dent, que l'œil O verra l’image de l'objet 4 en F par une feule réflexion, favoir, par le rayon OM A. Soit enfuite FB égale à BL, & LD égale à DA, l'œil O verra l’objet 4 en À par trois réflé- xions & par le rayon OSRLA, &c ainf de fuite; de même fi on mene la perpendiculaire 4B,& qu'on fafle B 1 égale à AB, DG égale à ID , œil O ver- ra l’objet 4 en.1 par une feule réfléxion, & en G, par le rayon O PNA qui a fouffert deux réfléxions. On trouvera de même les lieux des images de l’ob- jet vûes par quatre réfléxions, par cinq, par fix , par fept, Ge. & ainf à l'infini; d’où il s'enfuit que Vœil O verra une infinité d'images de l’objet À par le moyen des miroirs plans paralleles BC, DE ; au refte , il eft bon de remarquer que dans ce cas & dans celui des siroirs, joints enfemble fous un an- gle quelconque, les images feront plus foibles à me- fure qu’elles feront vües par un plus grand nombre de réfléxions ; car la réfléxion affoiblit la vivacité des rayons lumineux. Il ne fera peut-être pas inutile d'expliquer ici une obfervation curieufé fur les wiroirs plans : quand on place un objet affez petit, comme une épingle , perpendiculairement à la furface d’un roi , & qu’on regarde l'image de cet objet en mettant l'œil aflez près du #iroir, on voit deux images au lieu d'une, lune plus foible, l’autre plus vive. La pre- miere paroît immédiatement contigué à l’objet ; de forte que la pointe de l'image, fi Pobjet eft une épin- ‘gle, paroît toucher la pointe de l'épingle véritable; maïs la pointe de la feconde image paroït un peu éloignée de la pointe de l’objet , & d'autant plus ue la glace eft plus épaifle. On voit outre cela très- fouvent plufieurs autres images qui vont toutes en s’afloibliflant, & qui font plus ou moins nombreu- es, felon la pofition de la glace & de Poil, & fe- lon que l’objet eft plus ou moïns lumineux. Pour ex- pliquer ces phénomenes nous remarquerons, 1°. que de tous les rayons que l'objet envoie fur la furface ‘du miroir , il n’y en a qu'une partie qui eft renvoyée ou réfléchie par cette furface, & cette partie même eft affez peu confidérable ; car l’image qui paroït la plus proche de Fobjet, & dont l'extrémité eft con- tigué à l'extrémité de l’objet , eft celle qu eft for- mée par les rayons que réfléchit la furface du #- roir. Or cette image, comme nous Pavons dit, eft fouvent aflez foible, 2°. La plus grande partie des rayons qui viennent de l’objet pénetrent la glace &c rencontrent fa feconde furface dont le derriere eft étamé, & par conféquent les empêche de fortir ; cesrayons {e réfléchiffent donc au-dedans de la gla- MIKR ce "& repafant par la premiere furface , ils atrivérit à l'œil du fpe&ateur. Or ces rayons font en beau- coup plus grand nombre que les premiers qui font immédiatement réfléchis par la premiere furface. En effet, le verre ainfi que tous les autres corps a beau- coup plus de pores que de matiere folide ; car l'or qui eft le plus pefant de tous eft lui-même fort po- reux,, comme on le voit par les feuilles d'or minces qui font tranfparentes , & qui donnent pañlage à l'eau, & l’or eft beaucoup plus péfant que le ver- .re , d’où il s'enfuit que le verre a beaucoup plus - de pores que de parties propres. De plus, le verre ayant , felon toutes les apparences , une grande quantité de pores en ligne droite, fur-tout lorfqu'il eft peu épais ; il s’enfuit qu’il doit laïfler paffer beau- coup plus de rayons que la premiere furface n’en réfléchit ; mais ces rayons étant arrivés à la feconde furface font prefque tous renvoyés, parce qu'elle eft étamée , & lorfqu'ils arrivent de nouveau à la premiere furface, la plus grande partie de ces rayons {ort du verre, par la même raifon que la plus gran- de partie des rayons de l’objet eft entrée au-dedans du verre. Ainf, l’image formée par ces rayons doit être plus vive que la premiere : enfin, les rayons qui reviennent à la premiere furface , après avoir fouffert une réflexion au-dedans du verre, ne {or- tent pas tous , mais une partie eft réfléchie au-de- dans de la glace par cette premiere furface , & de- là font renvoyés de nouveau par la feconde , &c reflortant en partie par la premiere furface , ils pro- duifent une nouvelle image beaucoup plus foible , &c ainf il fe forme plufeurs images de fuite par les réflexions réitérées des rayons au-dedans de la gla- ce, & ces images doivent aller toujours en s'affoi- bliffant. Les miroirs convexes , font ceux dont la furfaceeft convexe ; cette furface eft pour l'ordinaire fphéri- que. Les lois des phénomenes des miroirs, foit conve- xes , foit concaves , font beaucoup plus compli= quées que celles des phénomenes des zzroirs plans, & les auteurs de Catoptrique font même affez peu d'accord entr’eux là-deflus. | Une des principales dificultés qu'il y aït à réfouà dre dans cette matiere , c’eft de déterminer le lieux de l'image d’un objet yù par un ziroir , convexe ow concave : or les Opticiens font partagés là-deflus en deux opinions. La premiere & la plus ancienne, place l’image de l’objet dans le lieu où le rayon ré- fléchi qui va à l'œil, coupe la cathete d'incidence; c’eft-à-dire , la perpendiculaire menée de l’objet à la furface réfléchiffante ; laquelle perpendiculaire ; dans les #iroirs {phériques , n’eft autre chofe que la ligne menée de l’objet au centre du zziroir. Ce qui a donné naïflance à cette opimon, c’eft qu’on a re- marqué que dans les #iroirs plans , le lieu de l’ima- ge étoit toujours dans l'endroit où la perpendicu- laire menée de l’objet fur le zroir, étoit rencontré pat le rayon réfléchi ; on a donc cru qu'il deyoit en être de même dans les wzroirs fphériques , & on s'eft même imaginé que l'expérience étoit affez con- forme à ce fentiment. Cependant le P. Taquet, un de ceux qui ont le plus foutenu que le lieu de li- mage étoit dans le concours de la cathete &c àu rayon réfléchi , convient lui-même qu'il y a des cas où l'expérience eft contraire à ce principe ; mal- gré cela, il ne laifle pas de l’adopter, & de pré- tendre qu'il eft confirmé par l’expérience dans un grand nombre d’autres cas. Si les auteurs d'optique. qui ont fuivi cette opinion fur le leu de l'image , _avoiïent approfondi davantage les raifons pour lef- quelles Les siroirs plans font toujours voir de l’ima- e dans le concours de la cathete & du rayon ré- fléchi; ils auroient yù que dans ces fortes de z1- soirs, le point de concours de la-cathete & du rayôn réfléchi , eft aufi le point de concours commun de tous les rayons réfléchis , que par conféquent des rayons réfléchis qui entrent dans Pœil , y entrent comme s'ils venoient direétement de ce point de concours, & que c’eft pour cette raifon que ce point de concours eft le lieu où l’on apperçoit l'image. Or dans les ziroirs, foit convexes, foit concaves, le point de concours des rayons réfléchis n’eft pas le même que le point de concours de ces rayons avec la perpendiculaire. Ces raifons ont engagé plufieurs Opriciens à abandonner l'opinion commune fur le lieu de l’image : M. Barrow, Newton, Mufchen- broeck, &c. prétendent qw’elle doit être dans le lieu où concourent les rayons réfléchis qui entrent dans l’œil , c’eft-à-dire , à-peu-près dans l'endroit où con- courent deux rayons réfléchis infiniment proches, venant de l’objet & paflant par la prunelle de l'œil. Cependant il faut avouer , & Barrow lui-même en convient à la fin de fon optique, que ce principe, quoique fondé fur des raifons plus plaufibles que le premier , n’eft pas encore abfolument général , &c qu'il y a des cas où l’expérience y eff contraire. IL eft vrai que dans ces cas, l’image de l’objet paroït prefque toujours confufe ; ce font ceux où les rayons réfléchis entrent dans l’œil convergens , c’eft-à-dire en fe rapprochant l’un de l’autre , de forte que dans ces cas on devroit voir l’image derriere foi, fuivant le principe , parce que le point de concours des rayons eft derriere, Barrow , en rapportant ces ex- périences, dit qu’elles ne l’empêchent pas de regar- der comme vraie fon opinion fur le lieu de l’image, & que les difficultés auxquelles elle peut être fujette viennent de ce que l’on ne connoît point encore parfaitement les lois de la vifion direéte. En effet , la difficulté fe réduit 1c1 à favoir , quel devroit être le lieu apparent d’un objet qui nous envoyeroit des rayons , non pas diveryens, mais COnVergens ; Of comme ces rayons devroient prefque toujours fe réunir avant d'arriver au fond de l'œil, il s'enfuit que la vifion devroit en être fort confufe ; & com- me une longue expérience nous a accoutumés à ju- ger, que les objets que nous voyons, foit confu- fément , foit diftinétement , {ont au-devant de nous; cette image, quoique confule, nous paroïtroit au- devant de nous, quoique nous duffions naturelle- ment la juger derriere ; peut-être expliqueroit- on par-là le phénomene dont 1l s’agit : quoi qu'il en foit, on ne fauroit nier que le principe de Barrow ne foit appuyé fur des raifons bien plus plaufbles que celui des anciens. M. Wolf dans fon optique embrafle un fentiment moyen. Il prétend que quand les deux yeux font dans le même plan de réflexion, l’objet eft vû dans le concours des rayons réfléchis, fuivant l'opinion de Barrow , mais que quand les veux font dans dif- férens plans, ce qui arrive prefque toujours , l’ob- jet eft vù dans le concours de rayon réfléchi avec la cathete. Voici comme 1l démontre cette derniere propoñition: foient, dit-il (g. 38. de l’'Opr. ) G, H, les deux yeux, 4, l’objet, 4 F la cathete d’inci- dence, & 4 DG un rayon réfléchi qui concoure avec la cathete en C'; le rayon réfléchi 4£ H qui pañle par l’œil Æ , concourra aufi au même point € , & par conféquent l’objet fera vù en C ; mais 1°. cette démonfiration fuppofe que les rayons ré- fléchis £ À, GD, font dans le même plan, ce qui eft fort rare; 2°, la propofition eft faufie lors même qu'ils y font: car alors on ne devroit voir qu’une feule image de l’objet 4, cependant il y a des cas où l’on en voit deux. Voyez Barrow , ec. 15. 3°. pourquoi l’auteur veut-1l que l’on voye l’objet dans l’endroît où les rayons D G, HE concourent? Cela feroit vrai, fi tous les rayons qui vont à l'œil MIR 567 G &t à l'œil Æpartoïent du point € , cômme il ar rive dans la vifion dirette , & l’objet feroit alors vû en €, non parte que les axes optiques GD, HE concourroient en €, mais parce que tous les rayons qui entreroient dans chacun des yeux partiroient du point €: or, dans le cas préfent , ils n’en par tent pas, Il n’y à donc point de raifon pour que l’ob:- jet paroïffe en €. Nous avons crû devoir expofer ici avec quelque étendue, ces différentes opimons : nous allons mar: quer le plus fuccinétement qu'il nous fera pofible ; l'explication des différens phénomenes des miroirs courbes, fuivant le principe des anciens, & nous en marquerons en même-tems l'explication dans le principe de Barrow , afin qu’on juge de la différen- ce, &£ qu'on puuiffe décider auquel des deux l’expé: rience eft le plus conforme. Nous remarquerons d’abord , qu'il y a bien des cas où ces deux princi- pes s’accordent à-peu-près : par exemple , lorfque l'objet eft fort près de l'œil, c’eft-à-dire que l’oail eft prefque dans la cathete , le point de concours des rayons réfléchis eft à-peu-près le même que le point de concours de ces rayons avec la cathete ; ainf le lieu de l’image eft alors à-peu-près le même dans les deux principes. Voyez DIOPTRIQUE. Lois & phénomenes des miroirs convexes, 1°, Dans un 7ziroir convexe {phérique, l’image d'un point ra- dieux paroît entre le centre & la tangente du wi-. roir {phérique au point d'incidence , mais plus près de la tangente que du centre , ce qui fait que la dif- tance de l’objet à la tangente eit plus grande que celle de l’image, & par conféquent que l’objet eft plus loin du zzroir que l’image. 2°, Si l'arc BD ( fig. 31.) intercepté entre Le point d'incidence D & la cathete 48, ou l'angle C for- mé au centre du wiroër par la carhete d'incidence AC, & celle d’obliquation FC eft double de l'angle d'incidence , l’image paroïtra fur la furface du 71- TO, 3°. Si cet arc ou cet angle font plus que doubles de l’angle d'incidence, l’image fe verra hors du z- roir, Suivant le principe de Barrow , le lieu de l’image dans les ziroirs convexes eft toujours au-dedans du miroir, parce que le point de concours des rayons réfléchis n’eft jamais hors du zzroir. Ainfi, voilà dé- ja un moyen de décider lequel des deux principes s'accorde le plus avec les obfervations. Le P. De- chals dit, qu'après en avoir fait l’expérience plu- fieurs fois, il ne peut aflurer là deffus rien de pofi- tif. Mais M. Wolf en propofe une dans laquelle on voit clairement, felon lui , l’image hors du wzrorr. Il prétend qu'ayant pris un fil d'argent 4BC courbé enéquerre (fig. 38. n°. 3. d'Opr. ) & l’ayant expofé à un zroir convexe de telle forte, que la partie 4 B étoit fituée très-obliquement à la furface du w1- roir , 1l a vû clairement l’image du fil B.4 contiguë à ce même fl, quoique le fil 84 ne touchàt point le miroir. 4°, Si cet arc ou cet angle font moins que dou- bles de l'angle d'incidence , l'image paroïtra en de- dans du wxiroir, °, Dans un iroir convexe, unpoint À plus éloigné ( fig.3 2.) eft réfléchi par un point F plus près de l’œil O que tout autre point B, fitué dans une même ca- thete d'incidence ; d’où il s’enfuit, que fi le point 4 de l’objet ef réfléchi par le point # du rrotr , & que le point B de l'objet le foit par le point Æ du miroir , tous les points intermédiaires entre 4 & B dans l’objet , feront réfléchis par les points inter- médiaires entre F &c Æ : &c ainfi FÆ fera la ligne qui réfléchira 4B ; & par conféquent un point B de la cathete femble à une plus grande diftance € 68 MIR 0 | B du'centre €, que tout autre point 4 plus éloi- né. c 6°. Un point Z plus proche, fig. 33 ; Mais qui ne fera pas fitué dans la même cathete qu'un autre point A plus près, fera réfléchi à l'œil © par un oint de ziroir plus voifin que celui par lequel fera réfléchi le point plus proche Æ. Ainfi, fi le point 4 d’un objet eft réfléchi par le point C' du wzroir, & le point B de l’obier par le point D du wiroir, Vun &e l’autre vers le même point O , tous les points inter- médiaires entre À & B dans l’objet feront réfléchis par des points intermédiaires entre C & D dans le TTL OT» < 7°. Dans un wiroir convexe Jphérique, l'image ef moindre que l’objet ; & de-là l’ufage de, ces fortes de miroirs dans la Peinture, lorfqu’il faut repréfen- ter des objets plus petits qu’au naturel. 8°, Dans un miroir convexe , plus l’objet fera éloï- gné , plus l'image fera petire. © Dans un wroir convexe, les parties de l’objet fituées à droite font repréfentées à gaucheëc récipro- quement, & les objets perpendiculaires au éroir pa- roiffent fens-deflus-deflons. 102. L'image d’une droite perpendiculaire au zi- roir efl'une droite ; mais celle d’une droite ou obli- que ou parallele au miroir eft convexe. Cette propoñition eft encore une de celles fur lefquelles les Opticiens ne font point d'accord. Ainñ un autre moyen de décider entre les deux principes, feroit d'examiner fi l'image d’un objet long comme d’un bâton placé perpendiculairement au miroir, pa- roit exattement droite ou courbe ; car fuivant le P. miroir convexe les objets éloignés plus diftinétement qu'ils ne les verroient à la vüe fimple. Foy MyoPeE. Les rayons réfléchis par un wroir convexe d’une plus petite fphere , divergent plus que s'ils l’étorent par une fphere‘plus grande ; & par conféquent la lu- miere doit s’affoiblir davantage, & fes effets doivent être moins puiffans dans le premier cas que dans le dernier. Miroirs concaves font ceux dont la furface eft con- cave, voyez ConNcAvE. Remarquez que les auteurs entendent ordinairement par zéroirs concaves les #1- roirs d’une concavité fphérique. Lois & phénomenes des miroirs concaves. 1°.:S1 un rayon X 1, fig. 34, tombe fur un iroir concave L I fous un angle de 6°. & parallele à l’axe 4 B, le rayon réfléchi / B concourra avec laxe 4 B dans le fommet B du zriroir. Si l’inclinafon du rayon in- cident eft moindre que 6°. comme celle de HE, le rayon réfléchi Æ F concourra alors avec l’axe à une diffance B FE, moindre que le quart du diame- tre ; & généralement la diftance du centre Cau point F, où le rayon A E conçoure avec l'axe , eft à la moitié du rayon © D , en raifon du finus total au co- finus d'inclinaifon. On a conclu de là par le calcul, que dans un ziroir fphérique concave dont la largeur comprend un’angle de 6°. les rayons paralleles fe rencontrent après la réflexion dans une portion de l'axe moindre que —= du rayon ; que fi la largeur du riroir concave eft de 6°, 9°, 15°. ou 18°. la partie de l’axe où les rayons paralleles fe rencontreront après la réflexion , eft moindre que, 535 555 5 + durayon, & c’eft fur ce principe qu’on conftruit les riroirs ardens. | Car puifque les rayons répandus fur toute la fur- face du wiroir concave {ont reilerrés par la réflexion dans un très-petit efpace, il faut parconféquent que la lumiere & la chaleur des rayons paralleles y aug- mentent confidérablement,c’eft-à-dire en raifon dou- blée de celle de la largeur duyriroir, &de celle du diametre du cercle où les rayons font raflemblés ; & les rayons du foleïl qui tombent fur la terre devant d’ailleurs être cenfés paralleles ( voyez LUMIERE:), on ne doit donc pass’étonner que leswzzroirs conca- ves brülent avec tant de violence. J’oyez aufli AR- _ DENT. Il eft facile de voir , par les regles que nous ve- nons d'établir , que lesrayons du foleilréfléchis par le miroir ne rencontrent jamais l’axe B 4 en un point qui foit plus éloigné du fommet B que de la moitié du rayon: ainf , comme le point de milieu entre © & B eft toujours la limite du concours des rayons, on a appellé ce point de milieu le foyer de sniroir, parce que c’eft auprès de ce point que les rayons concourent; & qu'ilsfont d'autant plus ferrés, qu'ils en font plus proches ; d'où il s'enfuit que c'eit:en ce point qu'ils doivent faire le plus d'effet. Foyez FOYER, 2°, Un corps lumineux étant placé au foyer d’un miroir concave E I, fig. 3.4, les rayons deviendront paralleles après la réflexion, ce qui fournit le moyen de projetter une lumiere très-forte à une grande dif- tance , en mettant , par exemple, une bougie allu- mée au foyer d’un wzroir concave sil s’enfuit encore de là que fi les rayons qui font renvoyés parle 7xi- roir font recus par un autre miroir concave, ils con- courront de nouveau dans le foyer de celui-ci, & ils y brûleront. Zahnius fait mention d’une expé- rience pareille faite à Vienne : on placa deux wrors concaves , l’un de fix, l’autre de trois piés de diame- tre , à environ 24 piés l’un de l’autre ; on mit un char- bon rouge awfoyer de l’un & une meche avec une amorce au foyer de l’autre , & les rayons quiparti- rent du charbon allumerent la meche. 3°. Si on place un corps lumineux entre le foyer F, fig. 37, & le miroir H B C, les rayons diverge- ront de l’axe après la réflexion. 4°. Si un corps lumineux fe trouve placé entre le foyer F & le centre G&, les rayons fe rencontre- ront après la réflexion dans l'axe & au - delà du centre. Ainfi une bougie étant placée en 7, on verra fon image en À ; & fi elle eft placée en 4, on verra fon image en J, &c. 5°. Si l’on met un corps lumineux dans le centre du zriroir , tous les rayons fe refléchiront fur eux- mêmes. Ainf l’œil étant placé au centre d’un zroir concave , il ne verra rien autre que lui-même confu- fément & dans tout le 7zzrour. 6°. Siun rayon tombant d’un point dela cathe- te , fig. 35, {ur le mrroir convexe b E , eft prolongé, | ainfi que fon rayon réfléchi Z F dans la concavité du miroir, F H fera le rayon incident du point ae la cathete , £ F O réflécii ; & par conféquent fi le point A eft l’image du point À dans le wzroir conve- xe , À eft l’image de H dansi concave. Si donc l'i- mage d’un objet réfléchi par un miroir convexe, étoit vüe par réflexion dans Le même #iroir ; {uppolé con- cave, elle paroïtroiït femblable à l’objet même. Et puifque l’image d’une cathete infinie eft mou dre dans fon miroir convexe que le quart du diame- tre , il s'enfuit encore de là que l'image d’une por- tion MIR tion decathete moindre que le quart du diametre ; peut être dans un mireir concave aufli grand que l’on voudra, | Ainf tout point diftant du wzroir concave de moins que lequart du diametre, doit paroïître plus ou moins loin derriere le zzroir. Puifque l’image d’un objet auffi large qu’on vou- d'a eff comprife dans un miroir convexe entre les ._ deux lignes d'incidence de fes deux points externes, nous pouyons conclure de là que fi on place un ob- jet entre ces deux lignes dans le miroir concave , & à ‘une diffance moindre que le quart de fon diametre, la grandeur de l’image pourra paroïtre aufli grande qu'on voudra ; d’obnous pouvons conclure que les objets placés entre le foyer d’un zziroir concave & le miroir, doivent paroître dans ce zzrotr d'une gran deur énorme : & en effet, l’image eft d’autant plus grande dans le miroir concave, qu'elle eft plus petite dans le convexe. | . Dans un #iroir convexe l’image d’un objetéloigné paroîtra plus proche du centre que celle d’un objet plus voifin ; & par conféquent dans un #roir concave l’image d’un objet éloigné du #irnir paroitra plus éloignée que celle d’un objet plus voifin, pourvu cependant que la diftance du fommet au centre foit moindre que le quart du diametre. Dans un miroir convexe, l’image d’un objet éloi- gné eft moindre que celle d’un objer voifin ; & par conféquent dans un #iroir concave l’image d’un objet placé entre le foyer & le zroir, doit paroître d’au- tant plus grand , que l’objet ef plus pres du foyer. _Ainf , l'image d’un objet qui s'éloigne continuel- lement du ziroir concave | doit devenir de plus en plus grande, pourvu que l’objet ne s'éloigne point quique derriere le foyer , où elle deviendroit confu- fe , & de même l’objet s’approchant , l’image dimi- nuera de plus en plus. Plus la fphere dont un wiroir convexe eft le feg- ment, eft petite , plus l’image l’eft auf ; & par con- féquent plusscelle dont un zroir concave eft le feg- ment , fera petite, plus l’image fera grande. D'où il s'enfuit que Les m1zroirs concaves qui {ont fegmens de très-petites fpheres , peuvent fervir de microf- copes. 7°. Si on place un objet entre un mzroir concave & fon foyer , fon image paroiïtra derriere le miroir & dans fa fituation naturèlie, excepté que ce qui eft à droite paroitra à gauche & réciproquement. 8°. Si on met un objet 4 E , fig. 36, entre le foyer & le centre, fon image £ F paroïtra renver- fée & en plein air, l'œil étant placé au-delà du centre. . - 9°. Si on metun objet Æ F par-delà le centre C, & que l'œil foit auf par-delà le centre, l’image pa- roîtra renverfée en plein air entre le centre & le -foyer. Il n’eft pas inutile de remarquer que lorfque l’ob- jet eft au foyer ou proche du foyer, alors l’image eft très-fouvent confufe , à caufe que les rayons ré- fléchis par le miroir étant paralleles , entrent dans œil avec trop peu de divergence ; & quand l’objet eft placé entre le foyer & Le centre , 1l faut que l’œ1l foit placé au-delà du centre, &c affez loin du point de concours des rayons , pour que l’image puifle être vüe diffinétement , car fans cela on la verra très confufe. C’eftl’expérience de Barrow dont nous avons déja parlé. D'où 1! s'enfuit que les images renverfées des objets placés au-delà du centre d’un miroir concave, feront réfléchies direétes par un wiroir, 8 pourront être reçues en cet état fur un papier placé entre le centre & le foyer , fur-tout fi la chambre eft obfcu- re ; que f l’objet £ F' eft plus éloigné du centre que . ael'eft lefoyer, l'image fera en ce ças moindre que On. Tor MIR 569 l'objet, Sur te principe on peut repréfenter diverfes apparences extraosdinaires au moyen des w2r0rs concaves, fur-tout de toux qui fonr legmens de grans des fpheres , & qui peuvent réfléchir des objets en- tiers. Ainfi un homme qui fera le raoulinet avee fon épée au-dévant d’un miroir concave, en vé-ra in au- tre venir à lui dans le même mouvement ; & la tête de cet image fortant de ce iroir, s’il fe met en at- titude de la lui couper avec fon épée réelle, l'épée imaginaire paroîtra alors lui couper fa propre tête. S'iltend fa main à l’image, l'autre main s'avancera vers la fienne , & viendra la rencontrer en plein air , & à une grande diftance du wroir, 10°. L'image d’une droite perpendiculaire à un miroir concave, eftune droite, mais toute ligne obli- que ou parallele y eff repréfentée concave ; & felon Barrow , elle doit être courbe dans tous les cas. Formule pour trouver le foyer d’un miroir quelcor- que, convexe ou concave, 1°. Sile miroir eft concave, &c qu’on nomme y la diftance de l’objet au 7zsror (on fuppoñe l’objet placé dans Paxe), 7 la diftance de l’image au miroir, & a letayon, on auraz ="? ; Voyez les memoires académig. 1710 : d’où 1! eft ailé de voir, 1°, que fi y = ; les rayons réfléchis feront paralleles à l’axe , z étant alors infinie; 2°. 2 y< 4, 4 fera négative, c’eft-à-dire que les rayons réfléchis feront divergens , & concourront au - delà du wi- roir , &c. 3°. que fi le ziroir eft convexe, il n'y qu’à faire a négative , & on aura ? — Se : ce qui montré que les rayons réfléchis par un siroir con- vexe font toujours divergens. Voyez LENTILLE. Les miroirs cylindriques | paraboliques € miptiques font ceux qui {ont terminés par des furfaces cylin- driques , paraboliques & fphéroïdes, Voyez CYLIN- DRE , CONE & PARABOLE , &c. Phénomenes ou propriétés des miroirs cylindriques. 1°. Les dimenfions des objets qu’en place en long devant ces miroirs, n’y changent pas beaucoup ; mais les figures de ceux qu’on y placé en large , y font fort altérées , & leurs dimenfions y diminuent d’au- tant plus, qu’ils font plus éloignés du rziroir, ce qui les rend très-difformes. + > La raifon de cela eft que les miroirs cylindriques font plans dans le fens de leur longueur, & conve- xes dans le fens de leur largeur : de forte qu'ils doi- vent repréfenter à-peu-près au naturel celle des di- menfons de l’objet qui eft placée en long , c’eftà- dire qui fe trouve dans un plan paffant par leur axe; au contraire, la dimenfion placée en large, c’eft-à- dire patallelement à un des diametres du cylindre, doit paroïtre beaucoup plus petite qu’elle n’eft en effet. | 2°. Si le plan de réflexion coupe le ziroir cylin- drique par l’axe , la réflexion fe fera alors de la mê- me maniere que dans un zzroir plan ; s’il le coupe parallelement à la bafe , la réflexion fe fera alors comme dans un wzroir fphérique : fi enfin elle le coupe obliquement ou fi elle eft oblique à la bafe, la réflexion fe fera dans ce dernier cas comme dans un zroir elliptique. - 3°. Si on prétente au foleil un ziroir cylindrique creux , on verra les rayons fe réfléchir , non dans un foyer,maisdans une ligne lumuneufe parallele à l'axe, & à une diftance un peu moindre que le quart du diametre. | Les propriétés des ziroirs coniques & pyramidaux font aflez analogues à celles des zroërs cylindriques, &t on en déduit la méthode de tracer des anamor- phofes , c’eft-à-dire des figures difformes {ur un plan, lefquelles paroïffent belles & bien proportionnées lorfqu’ellesfont vûes dansun #roir cylindrique, Voyez ANAMORPHOSE. CCce 570 MIKR Quant aux miroirs elliptiques , paraboliques,; on n’enfait guere que les propriétés fuivantes : 1°, Si un rayon tombe fur un miroir elliptique en partant d’un des foyers, il le réfléchit à l’autre foyer: de façon qu'en mettant à l’un des foyers une bougié allumée , fa lumiere doit fe raffembler à l'autre. Si Le sairoir eft parabolique, les rayons qui partent de fon foyer &c qui tombent fur la furface du wiroir, font réfléchis parallelement à Paxe ; & réciproque- ment les rayons qui viennent parallélement à l'axe tomber {ur la furface duwriroir , comme ceux du fo- leil , font tous réfléchis au foyer: | 2%, Comme tous Les rayons que ces miroirs réflé- chiffent doivent {e rafflembler en un même point, ils doivent être par cette raifon les meilleurs miroirs ar- dens, au moins ; fon confidere la chofe mathémati- quement ; cependant les miroirs fphériques font pour le moins auf bons, On en verra la raïfon à l’arricle ARDENT. = ” 3°. Comme le fonfe réfléchit fuivant les mêmes lois que la lumiere , il s'enfuit qu’une figure ellhipti- que où parabolique eft la meilleure qu’on puiffe donner aux voûtes d’un bâtiment pour le rendre fonore. C’eft fur ce principe qu’eft fondée Ia conf- truction de ces fortes de cabinets appellés cabiners Jécrers ; dont la voûte eft en forme d’ellipfe; car fi - une perfonne parle tout bas au foyer de cetteellip{e, elle fera entendue par une autre perfonne qui aura Poreille à l’autre foyer, fans que ceux qui font ré- pandus dans le cabinet entendent rien, De même fi la voûte aune forme parabolique, & qu’une per- fonne foit placée au foyer de cette voûte , elle en- tendra facilement tout.ce qu’on dira très-bas dans la chambre , & ceux qui y font entendront récipro- quement ce qu’elle dira fort bas. Voyez CABINETS SECRETS, ÉCHO , &c. Chambers & Wolf. (O) Miroïrs ARDENS , (Phy/iq. Chimie & Arts.) dans le premier volume de ce Diétionnaire on a donné la defcriprion de plufeurs wzroirs ardens. Voyez l'article ARDENS, (MiROIRS ). Mais depuis la publication de ce volume, on a fait quelques découvertes inté- reflantes à ce fujet qui méritent de trouver place ici; elles font dûes à M. Hoefen, méchanicien du roi de Pologne éle&teur de Saxe , établi à Drefde. On avoit jufqu'iciimaginé deux manieres de faire les miroirs ardens métalliques : 1°. on fe fervoit pour cela d’un alliage de cuivre, d’étain & d’arfenic ; on faifoit fondre ces fubitances , enfuite de quoi on creufoit la mafle fondue pour la rendre concave, & quand elle avoit été fufifamment creufée , on leur donnoit le poli. Ces miroirs ardens réfléchiffent très- bien les rayons du foleil , mais ils ont l'inconvénient d’être fort couteux, très-pefans & difficiles à re- muer ; d’ailleurs il n’eft point aifé de les fondre par- faitement , on ne peut leur.donner telle grandeur que l’on voudroit, ni leur faire prendre exaétement une courbure donnée. 2°, Gartner avoit imaginé un moyen qui remé- dioit à une partie de ces inconvéniens ; 1l faifoit des miroirs de bois qu'il couvroit de feuilles d’or, ou qu’il doroit à l'ordinaire ; 1l eft vrai que par-là il les ren- doit beaucoup plus légers , mais la dorure fe gâtoit facilement par les étincelles, les éclats & les ma- tieres fondues qui partent des. fubftances que l’on expofe au foyer d’un pareil #iroir ardent, M. Hoefen a tâché de remédier à tous ces défauts : pour cet effet 1l commence par affembler plufieurs pieces de bois folides 8 épaiffes, qui en fe joignant bien exaétement , forment un parquet parabolique, ou qui a la concavité que le zz#roër doit avoir ; il re- couvre cette partie concave avec des lames de cui- :vre jaune , qui s’y adaptent parfaitement ; ces lames fe joignent fi exaétement les unes les autres, que Von a de la peine à appercevoir leur jonétion : on MIR polit enfuite ces lames avecle plusprand foimLorf: que le siroir ardent a étéainfi préparé , on le fixe par le moyen de deux vis de fer fur deux bras de bois qui portent fur un pivot fur lequel ilstournent ; le tout eft foutenu far un trépié dont chaque piéteft porté fur une roulette , de maniere qu’un feul hom- me fuffit pour donner ‘au #iroir telle pofrion que l’on fouhaite. Outre lalégéreté, ces ziroirsine font point fujets à être endommagés par les matieres qui peuvent y tomber. Un arcde fer flexible eft aflujetta à deux dés extrémités d’un des diametres du zroir s il eft deftiné à préfenter les objets que l’on veut ex- pofer au feu folaire : au moyen de deux écrons on peut à volonté éloigner & rapprocher les objets du foyer. Au milieu de cet arceft une ouverture ovale, aux deux côtés de laquelle font deux fourchettes;,: fur lefquelles on appuie les.-objets que onveut met-. treen expérience, & que l’on aflujettit par de petites plaques mobiles de fer blanc. En 1755 M. Hoefëén avoit fait quatre zuroirs ar- dens de cette efpece , qu'il fit annoncer aux curieux.! Le premier de ces miroirs avoit neuf piés & demi de, diametre ; fa plus grande concavité oucourbure: avoit feize pouces; la diftance du foyer étoit de qua- tre pies. Le fecond avoit environ fix piés & demide. diametre ; la diftance du foyer étoit de trois piés. Le troifieme ‘avoit cinq piés trois pouces de diame- tre ; le foyer étoit à vingt-deux pouces. Enfin le qua- trieme avoit quatre piés deux pouces de diametre , fept pouces de concavité, & le foyer étoit à vingt un pouces. Les foyers de tous ces miroirs ardens n’avoien point au-delà d’un demi-pouce de diametre; cequi fait voir qu’ils étoient très-propres à rapprocher les rayons du foleil. Le doëteur Chrétien Gothold Hof. man a fait un grand nombre d'expériences avec le. troifieme de ces miroirs, c’ef-à-dire avec celui qui avoit cinq piés trois pouces de diametre , dix pouces de concavité , & dont la diftance du foyer étoit de vingt-deux pouces: par fon moyen il eft parvenu à vitriñier les fubftances les plus réfraétaires, En trois fecondes un morceau d'amiante {e ré duifit en un verre jaune verdâtre : en une feconde du talc blanc fut réduit en verre noir. ci Un morceau de fpatlh calcaire feuilleté entra en fufion au bout d’une minute. La même chofe arriva: en une demi-feconde à des cryftaux gypfeux. En un mot toutes les terres & les pierres fubirent la vitri- fa@tion, les unes plus tôt , les autres plus tard. La craie fut de tous les corps celui qui réfifta le plus longtems à la chaleur du wxroir ardent, Ces expé- riences font rapportées au long dans un mémoire in- {éré dans #2 des magalfins de Phones MIROIR DES ANCIENS, ( Æi/£. des Invent. ) voici fur ce fujet des recherches qu'on a inférées dans l’hif- toire de l’acad. des Infcriptions , & qui méritent de trouver ici leur place. La nature a fourni aux hommes les premiers »1:- roirs. Le cryftal des eaux fervit leur amour propre ; & c’eft fur cette idée qu'ils ont cherché les moyens de multiplier leur image. Les premiers zzroirs artificiels furent de métal. Ci- céron en attribue l’invention au premier Efculape. Une preuve plus inconteftable de leur antiquité , f notre traduétion eft bonne, feroit l'endroit de l’exo- de, chap. xxxvüy. v. 8. où il eft dit qu’on fondit les miroirs des femmes qui fervoient à l'entrée du taber- nacle, & qu'on en fit un baflin d’airain avec fa bafe. Outre l’airain on employa l’étain & le fer bruni ; on en fit depuis qui étoient mélés d’airain & d’étain. Ceux qui fe faoient à Brindes paflerent longtems pour les meilleurs de cette derniere efpece ; maison donna enfuite la préférence à ceux qui étoient faits d'argent ; & ce fut Praxitele, différent du célebre MIR fculpteur de ce nom, qui les inventa. Il étoit con- temporain de Pompée le grand. Le badinage des poëtes & la gravité des jurifcon- fultes fe réuniflent pour donner aux #/roirs une place importante dans la toilette des dames. Il falioit pour- tantqu'ilsn’en fuffent pas encore, du-moins en Grece, une piece aufli confidérable du terms d'Homere, puif- que ce poëte n’en parle pas dans l’admirable defchp- tion qu'il fait de la toilette de Junon ; où il a pris. plaifir à raflembler tout ce qui contribuoit à la pa- rure la plus recherchée. Le luxe ne négligea pas d’embellir les iroirs, Il y prodigua l'or, l'argent, les pierreries, 6c en fit des bijoux d’un grand prix. Senequeditqu'onen voyoit dont la valeur furpafloit la dot que le fénat avoit af- fisnée des demiers publics à la file de Cn. Scipion, Cette dotfut de 11000 as; ce qui felon l'évaluation la plus commune, revient à 5 50 livres de notre mon- noie. On ornoit de miroirs les murs des’appartemens ; on en incruitoit les plats ou les bafüns dans lefquels on fervoit les viandes fur la table, & qu’on appelloit pour cette rafon /peci/lare patine ; on en revêtoit les taffes & les gobelets, qui multiplicient ainfi l’image des convives ; ce que Pline appelle populus ima- Sun, | Sans nous arrêter aux mwroirs ardens , qui ne font pas de notre fujet ; paffons à la forme des anciens 5- roirs. Il paroït qu’elle étroit ronde ou ovale, Vitruve dit que les murs des chambres étoient ornés de w1- roirs & d’abaques , qui faïfoient un mélange alter- natif de figures rondes & de figures quarrées, Ce qui nous refte de wirozrs anciens prouve la même choie. En 1647 on découvrit à Nimegue un tombeau où fe trouva entr’autres meubles , un zzroir d’acier on de fer pur, de forme orbiculaire, dont le diametre étoit de cinq pouces romains. Le revers enétoit concave, êt couvert de feuilles d'argent, avec quelques.or- nemens. Il ne faut cependant pas s’y laifler tromper : la fa: brication des wéroirs de métal n’eff pas inconnue à nos artiftes ; 1ls en font d’un métal de compofition qui approche de celui dont les anciens faifoient ufa- ge: la forme en eft quarrée, & porte en cela le ca- ratere du moderne. | Le métal fut longtems la feule matiere employée pour les zzrorrs, Il eft pourtant inconteftable que le verre a été connu dans les tems les plus reculés. Le hafard fit découvrir cette admirable matiere environ mulle ans avant l’époque chrétienne. Pline dit que des marchands de nitre qui traverfoient la Phénicie , s'étant arrêtés fur le bord du fleuve Bélus, & ayant voulu faire cuire leurs viandes , mirent au défaut de pierres, des.morceaux de nitre pour {outenir leur vale , & que ce nitre mélé avec le fable, ayantété embrafé par le feu, fe fondit , & forma une liqueur claire & tranfparente qui fe figea , & donna la pre- miere idée de la façon du verre. I eft d'autant plus étonnantque les anciens n'aient pas connu l’art de rendre le verre propre à confer- ver la repréfentation des objets, en appliquant lé- tain derriere les glaces, que les progrès de la décou- verte du verre furent chez eux"pouflés fort loin. Quels beaux ouvrages ne fit-on pas avec cette ma- tiere.! quelle magncence que celle du théatre de M. Scaurus , dont le fecond étage étoit entierement incrufté de verre ! Quoi de plus fuperbe, felon le ré- cit de faint Clément d'Alexandrie ; que ces colonnes de verre d’une grandeur & d’une gtofleur extraor- dinaire , qui ornoient le temple de l’île d’Aradus ! Il n’eft pas moins furprenant que les anciens con- noïflant lufage du cryftal plus propre encore que le verre à être employé dans la fabrication des ziroirs, ils ne s’en foient pas fervis pour cet objet. Nous ignorons le tems où les anciens commence- Tome X, MER s7 rent à faire des iroërs de verre. Nous fayons feules ment que ce fut des verreries de Sidon que fortirent les premiers #rrosrs de cette matiere. On y trayail- loit très-bien le verre , & on en faifoit de très-beaux - Ouvrages , qu'on polifloit au tour, avec des figures Ët des ornemens de plat & de relief, comme on au- roit pi faire fur des vafes d’or & d’argent. Les anciens avoient encore connu une forte de miroir Qui étoit d’un verre , que Pline appelle vésrure Obfidianum, du nom d’Obfidius qui l’avoit décou+ vert en Ethiopie; mais on ne peut lui donner qu'im- proprement le nom de verre. La matiere qu’on Y employoit étoit noire comme le jayet, &ne ren- doit que des repréfentations fort imparfaites, | Il ne faut pas confondre les ziroirs des anciens avec la pierre fpéculaire. Cette pierre étoit d’ine nature toute différente, & employée À un tout autre ufage. On ne lui donnoit le nom de fpecularis qu'à caufe de fa tranfparence ; c’étoit une forte de pierre blanche & tranfparente qui fe coupoit par feuilles , mais qui ne réfiftoit point au feu. Ceci doit la faire diffinguer du tale , qui a bien la blancheur &z la tran£ parence , mais qui réfifte à la violence des flammes. On doit rapporter au tems de Séneque l’origine de l’ufage des pierres fpéculaires ; fon témoignage ÿ eff formel. Les Romains s’en fervoient à garnir leurs j AA | fenêtres, comme nous nous fervons du verre fur- tout dans les fales à manger pendant l'hiver pour fe garantir des pluies 8 des orages de la faifon. Ils's’en fervoient aufli pour les litieres des dames; comme nous meftons des glaces à nos carroffes ; pour les ru ches , afin d’y pouvoir confidérer ingénieux tra vaildes abeilles. L’ufage des pierres fpéculaires étoit fi général, qu'il y avoit des ouvriers dont la pro- |. fefon n’avoit d’antre objet que celui de les travail- ler & de les mettre en place. On les appelloit fpecu | Llarit. Outre la pierre appellée /péculaire, les anciens en connoïffoïent une autreappellée phergirès, qui ne cédoit pas à la premiere en tranfparence, On la tiroit de la Cappadoce. Elle étoit blanche , & avoit la du- reté du marbre. L’ufage en commença du tems dé Néron ; il s'en fervit pour conftruire le temple de la Fortune, renfermé dans l’enceinte immenfe de ce riche palais, qu'il appella la maifon Dorée, Ces pier- res répandoient une lumiere éclatante dans l’inté= rieur du temple ; il fembloit, felon lexpreffion de Pline , que le jour y étoit plütôt renfermé au'intro= duit , sanquam inclusé luce non cranfinifs4. | Nons n'avons pas de preuves que la pierre fpéz culaire ait été employée pour les #iroirs ; maïs l’hife toire nous apprend que Domitien, dévoré d’inquié- tudes & agité de frayeurs , avait fait garnir de car= reaux de pierre phengite, tous les murs de fes por- tiques , pour appercevoir lotfqu'il s'y promenoit , tout ce qui fe faifoit derriere lui, & fe prémunir contre les dangers dont fa vie étoit menacée. | MIROIR ; ( Hydr.) eft une piece d’eau ordinaire= ment quarrée ou échancrée comme un iroir, (K' MIROIR , FRONTON , ( Marine.) c’eft un cartou- che de menuiferie placé au-deflus de la voute à lar- ricre. On charge Ie zriroir des armes du prince, & on y met quelquefois Le nom ou la figure dont le vaif. feau a tiré fon nom: Voyez FRONTON € EcCussoN. PL, TITI. fig. 1. le miroir coté O. (Z MIROIR , ( Architeét,) terme d’ouvrier de bâti- ment ; c’eft dans le parement d’une pierre une ca: vité caufée par un éclat quand on la taille. Ce font auffi des ornemens en ovale qui fe taïllent dans les moulures creufes , & {ont quelquefois rem< plis de fleurons. MiRotR , serme de Brafferie , qui fignifie la même chofe que clairiere. Voyez CLAIRIERE. MiroIR , (Chamoïfjeur,) terme des ouvriers en CEcci 572 MIR peaux de chagrin, qui fe dit des endroits de [à peau de chagrin qui fe rencontrent vuides & unis , & où le grain ne s’eft pas formé. Voyez CHAGRIN. C'eft un grand défaut dans une peau de chagrin que d’avoir des rours. Miroir , (Maréchal, ) Voyez À MIROIR. MIROIR, ex terme de Merteuren œuvre : eft un ef- pace uni réfervé au milieu du fond d’une piece quel- conque, d’où partent les gaudrons comme de leur centre. Minor , ( Vénerie.) on attire les alouettes dans les filets par un zziroir , ou morceau de verre monté fur un pivot fiché en terre au milieu de deux nappes tendues ; celui qui eft caché & tient les ficelles pour plier les nappes & les fermer comme deux battans de porte, lorfque les alouettes y donnent, tient auf une ficelle attachée au pivot où eft le ruroir pour le faire remuer. Voyez nos PL, de Chaffe. MIROÏITÉ, où À MIROIR , ( Maréchal. ) poil de cheval. Voyez BAY. MIROITERIE, £ m. (Arr. méchan.) profeffion de miroitier, où commerce des miroirs. MIROITIER , {. m. (Comm. ) ouvrier qui fait ou qui vend des miroirs. Woyez MiRoïRr. La commu- nauté des Miroiriers eft compofée de celle des Bim- blotiers & de celle des Doreurs fur cuir. Par cette union les Miroiriers ont la qualité de Mirorsiers Lunet- tiers-Bimblotiers , Doreurs fur cuir, Garniffleurs & Enjoliveuts de la ville, fauxbourgs, vicomté & prevôté de Paris. Ils ont quatre jurés, dont léleétion de deux fe fait chaque année, enforte qu'ils reftent chacun * deux années de fuite en charge, gouvernent la com- munauté, donnent les chef- d'œuvres, reçoivent les maîtres, & font les vifites, dans lefquelles lorf- qu'il fe fait quelque faifie, ils font obligés d’en faire le rapport dans les vingt-quatre heures. Nul ne peut vendre miroirs, lunettes ou bimblots, s’il n’eft maître, & s’il n’a fait chef-d'œuvre de l’un de ces trois ouvrages, auquel tous font tenus, à la referve des fils de maîtres qui ne doivent que fimple expérience, mais qui font néanmoins obligés de payer les droits du Roi &r des jurés. Chaque maître ne peut obliger qu'un feul ap- prenti à-la-fois : il eft toutefois permis d’en prendre un fecond la derniere année du premier. L’apprentiffage eft de cinq années entieres & con- fécutives, après lefquels apprenti peut afpirer à la maîtrife & demander chef-d'œuvre, qu’on lui donne fuivant la partie du métier qu'il a choifie &z qu'il a apprife. . ; | e Les compagnons, même ceux qui font apprentis de Paris, ne peuvent travailler pour eux, mais feu- lement pour les maîtres ; & les maîtres ne leur peu- vent non plus donner d'ouvrage à faire en cham- bre, niautre part qu’en leur boutique. Les veuves ont droit de temir boutique ouverte, & d’y faire travailler par des compagnons & ap- prentis. | | Les ouvrages permis aux maitres de la commu- nauté , à l’exclufion de tous autres, font des miroirs d'acier, & de tous autres métaux, comme auffi des miroirs de verre, de cryftal & de cryftallin , avec leurs montures, bordures, couvertures, & enrichif- femens, des boutons pareillement de verre & de cryftal; des lunettes &t des beficles de tontes fortes, montées en cuivre, corne, & écaille de tortue, les unes & les autres de cryftal de roche, de cryftalin, ou de fimple verre; enfin tout ce qu’on peut appel- ler ouvrage de bimblotterie d’étain mêlé d’aloi, comme boutons, fonnettes, annelets, aiguilles , &z autres petits jouets d’enfans , qu'ils nomment leur ménage & leur chapelle, même des flacons d’étain fervant à mettre vin & eau, cuulleres, falieres , & MIR autres légérés bagatelles d’étain de petits poids, & à la charge que les falieres entre autres né feront hautes que d’un demi-doigt, & ne pourront pefer qu'une livre 8 demie la douzaine. Les jurés font obligés de faire la vifite des ouvra- ges apportés par les marchands forains, & de vaquer au lotiflage de ces marchandifes & matieres propres au métier, attivant dans la ville de Paris, Pour cette raïon ils font déchargés pendant les deux années de leur jurande , du foin des boues & lanternes. Les découvertes d'Optique & d’Aftronomie ont beaucoup augmenté les ouvrages des maîtres Mroi- tiers-Lunettiers, à caufe de la taille des verres & de la fabrique des miroirs de métal dont les Aftronomes & les Opticiens ont befoin , les uns pour leurs expé- riences, & les autres pour leurs obfervations céleftes : c’eft pourquoi ils ont pris la qualité de Mirortiers- Lunettiers-O priciens. Outre les verres oculaires & obje@ifs qui fe trouvent dans leurs boutiques, comme lunettes fim- ples , télefcopes ou lunettes de longue vüe, les bi- nocles , les lorgnettes, les microfcopes, & autres fembliables qu'ils vendent tous montés, ils {ont auf fournis de cylindres , de cônes, de pyramides poli- gones , de boîtes à defliner, de lanternes magiques, de miroirs ardens, foit de métal ou de verre, de prifmes , de loupes, de verres à facettes ; enfin de tout ce que l’art a pu inventer de curieux & d’utile dans l’Optique. - Les outils, infirumens, & machines dont fé fer- vent les maîtres Lunetriers-Opticiens font , le tour, les baflins de cuivre, de fer ou de métal compolé; les molettes, le rondeau de fonte ou de fer forgé ; le compas ordinaire, le compas coupant; le gravoir, le polifloir; les fpheres ou boules ; divers moules de bois pour faire les tubes : enfin la meule de grès doux. Les matieres qu'ils emploient pour travailler leurs verres, les adoucir & les pohir, font le grès, l’ême- ril, la potée d’étain, le tripoli, le feutre &c le pa- pier. Voyez l'arsicle VERRERIE, Dilfionn, du comm. MIRO TON, f. m. ( Cuifine. ) tranche de bœuf fervie en place de bouilli, avec une fauce deffous. MIRRE , ff, (Cormm.) poids dont on fe fert à Venife pour pefer les huiles. Ii eft de trente livres poids fubtil de cette ville, qui eft de trente-quatre par cent plus foible que celui de Marfeille, I faut quarante zirres pour faire un migliars ou millier. Voyez MiGLiars. Dichonn, de Comm. MIRRE, c’eft aufli une mefure des liquides, & particulierement des huiles ; alors la mirre ou me fure d'huile ne pefe que vingt-cinq livres auffi poids fubtil. Diéionn, du Comm. MIRTILLE , AIRELLE , BRINBELLE, RAISIN DE BOIS , MORETE, ( Diese, Pharmacie, & Mar. méd.) le goût des fruits de z2yralle qui eft doux & aigrelet eft aflez agréable. On ne connoit de ces fruits que leurs propriétés communes auxdoux-aigre- lets. Voyez DOUX, Chimie, 8 Doux, Diere 6 Mar. méd, On peut en préparer un rob qui fera bon con- tre les cours de ventre bilieux. On a aufi vanté fes fruits féchés & réduits en poudre, à la dofe d’un gros jufqu'à deux, ou en décoétion à la dofe de demu-once, contre la dyffenterie : mais ce ne font pas là des remedes éprouvés, (2) MIRZA où MYRZA , ( Hif.) titre de dignité qui fignifie f{s de prince ; les Tartares ne l’accordent qu'aux perfonnes d’une race noble & très-ancienne. Les filles du zr7a ne peuvent époufer que des rir- zas, mais les princes peuvent époufer des efclaves , & leurs fils ont le titre de wirza. On dit que toutes les princefles tartares ou rirgas font fujettes à la lu- nacie ; c’eft à ce figne qu’on Juge de la légitimité de leur naïflance, leurs meres fur-tout $’en réjouiffent, ii LS parce que celà prouve qu’elles ne font point ñces d’un adultere ; les parens en font aufli très-Joyeux, c ils fe complimentent fur ce qui, felon eux, eft une marque infaillible de noblefle. Lorfque la luna- cie fe manifeite, on célebre ce phénomene par un fefltin auquel les filles des autres wzirzas font invitées, après quoi la lunatique eft obligée de danfer conti- nuellement , pendant trois jours &c trois nuits ; fans boire, ni manger, n1 dormir; & cet exercice In fait tomber comme morte. Le troifieme jour on lui donne un bouillon fait avec de la chair de cheval & de {a viande. Après qu'elle s’eft un peu remife, on recommence la danfe, &c cet exercice fe réitere jufqu'à trois fois; alors la maladie eft guérie pour toujours. Voyez Cantemir, Æif?, ottomarre, (—) MIS, {. mm, (ff. du bas Empire. ) c'eft, comme on le dit dans le Diéfiornaire de Trévoux , le nom qué l’on donnoit autrefois aux commuflaires que Les roïs délépuoient dans les généralités, & qui répond en partie aux intendans de nos jours, On voit dans les vieux capitulaires, que Charles-le-Chauve nom- ma douze mis dans les douze miflies de fôn royaume, on les appelloit w1/f£ dominicr ; fur quoi le P. d’Ar- gone, fous le nom de Vigneul Marville, dit qu’un bibliothécaire ignorant rangea au nombre des miflels un traité de miffis dominicis, ctoyant que c’étoit un recueil des mefles du dimanche. Ces commifaires informoient de la conduite des comtes, & jugeoient. les caufes d'appel dévolnes au roi, ce qui n’a eu lieu cependant que fous la deuxieme race. Sous la troifieme ce pouvoir a té transféré aux baillifs & fénéchaux ; qui depuis ont eu droit de juger en der- mer reflort, jufqu’au tems que le parlement a été rendu fédentaire par Philippe-le-Bel. (D, J.) Mas, (Jurifprud. ) aûe de mis, c’eft une efpe- ce de procès-verbal qui eft fait pour conftater qu'une piece ou produétion a êté mife au greffe, ou que le doffier ou fac contenant les pieces d’une caufe a été mis fur le bureau; on donne aufli ce nom à l’aéte par lequel on fignifie à la partie ad- verfe que cette remile a été faite. (4) Mis , ( Maréchal.) cheval bien ou mal is, terme de manéve , qui fignifie bien ou mal dreffé. MISAINE ox MISENE, ( Marine, ) voile de #i- Jane, c’eft la voile que porte le mât de mifaine, Voyez VOILE, & ci-deffous MAT DE MISAINE. MISAINE , ( Marine.) c’eft le mât d'avant. Voyez MAT, il ef pofé fur le bout de l’étrave du vaiffeau, eft garni d’une hune avec fon chouquet, de barres de hune , de haubans, & d’un étais, Planc. I, fig, 2. çotté 105, Cette derniere manœuvre embrafle le mât au-deflous du chouquet; en paflant au-travers de la hune, vient fe rendre au milieu du mât de beaupre , où 1l y a une étrope avec une grande pou- he amarrée : au bout de cet étaieft une autre gran- de poulie, & dans cette poulie pale une manœu- vre qui fert à le rider, La vergue de cé mât (fig 2; corte 96.) qui yeft jointe par {on racage;eft garnie d’une drifle qui pañle dans deux poulies doubles , lefquelles font amarrées au chouquet ; de deux autres poulies doubles, qui fervent à hiffer la vergue, &c à l’amener lorfqu'il eft : néceffaire ; de deux bras, de deux balancines, de deux cargues - points, de deux cargues - fons, de deux cargues-boulines : pour l'intelligence de ceci, yoyez LOUS CES MOIS, Les bras pañlent dans deux poulies placées aux deux extrémités de la vergue : leurs dormans font amarrés au grand étai; & à environ une braffe & demie au-deflous de ces dormans , il y a des poulies par où pañlent lefdits bras pour venir tomber fur le mileu du gaillard d'avant ; ces bras fervant à braffier ou tourner la vergue , tant à ffribord qu’à has-bord, Les balançines (PL, I. fig. 2, corté 98, ) pañlent MIS 573 dans le fénd dè la poulie du fond de là vefgué , & de-là vont pañler dans une autre poulie, qui eft amarrée au-deflous du chouquet: elles fervent à dreffer la vergue, lorfqu’elle penche plus d’un côté que de l'autre. Les cargues-points paflent dans dés poulies qui font amarrées de chaque bord au tiers de la verpuês _ & viennent de-là dans d’autres poulies amarrées aux coins de la voile du mât, qui fait le fujet dé _ cétarticle , & retournent de-Ià à la vergue où leurs dormans font amarrés proche {es poulies. Les cargues-fonds paflent dans des poulies 4mara rées aux barres de hüne, & viennent de-là amarrers leurs dormans au-bas de la ralhngue, | Enfin les cargues-boulines paflent dans des pou: lies amarrées aux barres de hune, & de-1à pañlent par des poulies coupées, qui font clouées fur lé vergue. | Le mât de mifaine eft un mât de huhe , qui paf dans fes barres, au milieu de fa hune & de fon chou: quet; ce mât de hune eft garni d’une guinderéfle, qui pafle deux fois dans le pié du mat de hune, & dans deux poulies amarrées au chouquet: il a un dormant qui eft amarré auf au chouguet, & qui pafle dans une poulie amarrée fur le pont, par la quelle on l’hiffe : le pié de ce mât eft pofé dans l'en: droit où pañle une barre de fer, qui a environ fept pouces en quarré , on appelle cette barre la clef du mt de hune, Quand ce mât ef laïflé en fon lieu , on pañle cette clef dans le tron du pié du mât, & on l’arrête fur les barres de hune: ce fecond mât eft garni de barres de haubans, de galaubans, d’un chouquet, & d’un étai ; cet étai embrafle le mât en paffant dans les barres de hune, va de-là jufqu’an mât de beaupré, un peu au-deflous de {a hune, où il eft ridé avec un palan: il a encore une vergue avec une racage qui les joint enfemble. Cette vergue a une itaque , une fanfle itaque, & une drifle : l’itaque pañle dans la tête du mât, au- deflous des barres; un de fes bouts eft amarré à La vergue du petit humier, & à l’antre bout il y a une poulie, dans laquelle paife nne faufle itaque, dont une extrémité vient en bas en- dehors du vaifleau, & s’amarre à un anneau : à l’autre extrémité eft une poulie double, dans laquelle pañfe la drifle, en deux ou trois tours, qui fert à amener le petit hu: nier avec la vergue. Le refte de la garniture de cette‘vereue confifte en deux bras, deux balancines, deux cargues- pointes , deux cargues de.fond, deux cargues-bou: lines ; deux écoutes : voici la potion de ces pieces. Les bras ( Marine. PL, I, fig. 2. corté 91.) pañlent dans des poulies qui font amarrées aux deux extrés mités de la vergue, à deux bragues d’environ une brafle & demie de long : leurs dormans font amar: rés à l’étai du grand mât de hune, & pañlent dans des poulies amarrées au-deffous d’eux à la diftance d'environ une braffe : de-là ces dormans pañent dans d’autres poulies qui font amarrées au grand étai, d’où ils viennent tomber fur le gaillard d’as vant, Les balaneines ( corsé 89.) paflent dans des pou: lies amarrées au-deffous des barres de ce mât de hune, & paffent de-là dans des poulies amarrées aux extrémités de la. vergue : leurs dormans fonf aratrés au chouquet de ce mât, & venant enfuité le long des haubans du petit hunier , paffent à tra- vers de la hune de mifarne, d’où coulant lelong de ces haubans ils tombent fur le pont : ces balanci« nes fervent d'écoutes au petit perroquet: Les cargues-points paflent dans des poulies ämars rées au tiers de la vergue, vont pafler delà dans deux poulies, qui font amarrées au coin du petit humier , retournent enfuite en haut proçhe les pous $74 MIS lies où elles ont pañlé la premiere fois, à endroit où font attachés leurs dormans ; & enfin pañlent de-là à travers de la hune dérifuine, viennent le long des haubans s’amarrer fur le pont. Les cargues de fond paflent en arriere de la hune de mifaine; & de-là paffant par - deflus fon chou- quet, viennent s’amatrer à la ralingue d’en-bas : ces cordes font faites en forme de palans ; «elles viennent diréétement en arriere du mât. Les cargues-boulines paffent dans la hune , 6 vont pafler de-là dans des poulies qui font amarrées à l’itaqué du petit hunier. Les boulines (fig. 2. corté 97.) font amarrées à des herfes, qui font en dehors de la ralingue, & delà vont pafler dans des poulies amarrées à létai du petit hunier, d'où elles vont pañler dans des poulies doubles, qui font amartées fur le beaupré une brafle par-deflus l’étai de mfaine. Enfin les deux écoutes font amarrées ai point du petit hunier, pañlent de-là à la poulie du bout de la vergue, viennent tout-au-long de la vergue jufqu’au mât de wifaine, paflent enfuite dans des poulies amarrées au-deflous de la vergue ; & cou- lant de-là le long du mât de wifaine, viennent en- fin dans les bittes , où on les amarre. Au-deffus du mât de hune eft un autre mât ap- pellé le perroquer ( cotté 87.) il pale dans les barres & le chouquet du mât de hune, & a un trou d’un pié, dans lequel entre une clé de bois, en forme de cheville quarrée, qui l’arrête fur les barres: 1l eft garni de croïfettes, de haubans, & de galaubans, d'un chouquet &c d’un étai (corse 83.) qui embrafle le mât au-deflous , d’où il va aboutir au ton de perroquet de beaupré où 1left ridé, avec une pou- lie, fur les barres de hune de ce dernier mât : fa vergue, outre fon racage, a encore une drifle , des bras, des balancines, des cargues-points, ou des boulines. La drifle fert à amener 8€ à hiffer le perroquet ; elle pañle à la tête du mât: un de fes bouts eft amarré à la vergue, & il y a à l’autre bout une poulie, dans laquelle pafle un bout de corde qui vient tomber {ur le pont. | Les bras (corré 78.) paflent dans des poulies qui font amarrées aux deux extrémités de la vergue, &t tiennent à des bragues d'environ une brafle de : long : leurs dormans font amartés à l’étai du grand perroquet. Les balancines (cosré 79.) paflent dans des pou- Les amarrées à la tête du mât de perroquet, vont de-là pañler dans des poulies amarrées aux deux ex- trémités de la vergue , & vont répondre au chouquet de perroquet, où font leurs dormans. Les cargues - points font amarrés aux points de perroquet , d’où ils vont pañler dans d’autres pou- les qui font au tiers du perroquet , aboutiflent énfute à une pomme amarrée aux haubans du pe- tit hunier; coulant après cela le long defdits hau- bans, pañlent au-travers de la hune de mi/arne ; en- fin coulant encore le long des haubans de cette hu- ne, viennent fur le gaillard d'avant. Les boulines font amarrées à la ralingue du per- roquet, vont pañler dans de petites poulies quifont amattées à l’étai de ce petit mât; de-là vont repaf- fer dans d’autres petites poulies amatrées aux hau- bans de perroquet de beaupré, reviennent pañler dans de troifièmes poulies amarrées à la lieure de beaupré, & tombent fur le fronteau d’avant. MISANTHROPIE , f. f. ( Médecine. ) dégoût & averfion pour lés hommes &z le commerce avec eux. La mifänrhropie eft un fymptome de mélancolie ; car, dans cette maladie , ileft ordinaire d’aimer les en- droits écaftés , le filence & la folitude , de même que de fuir la converfation êc de rêver toujours au- dedans de foi-même ; il défigne une mélancolie par- faite. Voyez l’article MÉLANCOLIE. nt MISCELLA TERRA, (Æiff. nar. ) nom généri- que, dont quelques auteurs fe fervent pour défigner les terres compofées où mélangées avec du fable ; ils en diflinguent de noïrätres, de blanches, de jau- nes, d'unyaune pâle , de brunes, de verdâtres ; tou- tes ces terres acquierent de la dureté dans le feu, ce qui doit les faire regarder comme mêlées d’argille. Les Angloiïs les appellent /ours , & en France, c’eft proprement la glaife. (—) MISCHIO , fm. (ff. nat. Minér.) nom que les Italiens donnent à un marbre mélangé de différentes couleurs , 8 qui femble formé par l’aflemblage de plufieurs fragmens de marbre qui fe font, pour ainfk dire, collés pour ne faire qu'une même mafle. On en trouve près de Vérone une efpece qui eft d’un rouge pourpre, mêlé de taches & de veines blan- ches & jaunes. MISCIBILITÉ o4 SOLUBILITÉ, f. £ (Chimie. propriété générale par l’exercice de laquelletous les corps chimiques contraétent une union , une Com- binaïfon réelle, la mixtion chimique , voyez Mix- TION ; c’eft proprement la même chofe qu'affrniré, que rapport. Voyez RAPPORT , (Chimie. ) Cette propriété eft toujours relative , c’eft-à-dire que la sifabiliré ne réfide dans aucun corps, dans - aucune fubftance de la nature que relativement à quelques autres fubftances en particulier, & qu’il n’exifte aucun corps connu ; que vraiflemblable- ment il ne peut exifter aucun corps qui foit mifcible, capable de combinaïfon réelle avéc tous les autres corps. Si un tel corps extitoit,, 1l auroit une des qua- lités eflentielles du diffolvant univerfel ou a/kahef, qui ne patoît être jufqu'à préfent qu’une vaine pré tention alchimique. Voyez a l’article MENSTRUE, La mifcibiliré des Chimiftes differe par cet exer- cice limité, de la cohéfibiliré on attratibilisé des Phyfi- ciens qui eft une propriété abfolue ; &t c’eft une fuite néceflaire de la maniere différente dont la Chimie & la Phyfique confiderent les corps que la diverfe doëtrine de chacune de ces {ciences fur les lois de leur union, voyez l’article CHIMIE ; car ceux qui n’admettent qu'une matiere homogene ( ce font les Phyficiens ) & qui ne contemplent les «feéions de cette matiere que dans les mafles ou aggrégers, dans lefquels la matiere /£ comporte en effet comme ho- mogene, ceux-là , dis-je, ne fauroient même foup- conner les lois de la micibilité qui fuppofe la multi- plicité des matieres, voyez MIXTION , PRINCIPES. Auffi tant que les Phyficiens fe renferment dans les bornes des fujets phyfiques, leur do@rine fur la co= héfibilité eft vraie : une furface très-plane & très- polie d'eau folide , de glace, adhere auffi fort que des maffes peuvent adhérer à des mafles, à une fur- face très-plane & très-polie de foufre, quoique l’eau & le foufre foient smmaifcibles. Maïs s'ils s’avifent , comme Jean Keïl, &c. de fonder les profondeurs de l'union chimique en s’occupant feulement des conditrons qui fontrequifes pour l'union des mafñles & négligeant néceffairement les lois de la mifcibiliré qu'ils ne connoïffent pas , ils écriront dopmatique- ment des abfurditées démontrées telles par les faits chimiques les plus communs. [ls auront beau pla- cer le corpufcule dans toutes les circonftances qu’ils croient les plus favorables à l’adhéfion ; fi lun de ces corpufcules eft de l’eau & l’autre du foufre , il n’y aura jamais d'union, ératlent fabrilia fabri, Voyez Particle CHIMIE. (6) MISE , ff. (Commerce.) dans le commerce fignifie en ferme de compte la dépenfe. La rmifé de ce compte excede la recette de plus de moitié, c’eft-à-dire que le comptable a dépenfé une fois plus qu'il n°4 TECÇU - * Mife fionifie auf ce qui a cours dans le com- _mérce. Onle dit particulierement des monnoies : je ne veux point de cet écu, il'eft décrié , il n’eft plus de zrife. Mife {e prend encore pour une enchere , pour ce qu'on met au-deflus d’un autre dans une vente pu- blique. Toutes vos mifès ne m’empécheront pas d'avoir ce tableau , j’enchérirai toujours au-deffus. … Mie fe dit quelquefois en bonne ou mauvaïfe part des étoffes qu’on veut eftimer on méprifer. Ce fäatin eft de mife : ce damaseft vieux, il n°eft plus de rrife. Didionnaire de Commerce. MISE , (Tailland.) {e dit d’un morceau de fer qu’on | fonde furün autre, pour le rendre plus fort. MISE ; terme de riviere, eft une certaine quantité de buches retenues par deux liens , nommés rozertes, & dont fix forment la branche d’un train. MISENE , PROMONTOIRE DE , Miféraum promon- torium, (Géog. ) promontoire d'Italie, fur la côte de la Campanie. Virgile inventa le premier l'origine fabulenfe du nom de ce cap. Il dit qu’on l’appella de la forte, après que Mifére, trompette d’Enée , y eut été enterré, & que l’ancien nom de ce cap étoit Ærius. | Les deux Pline nous apprennent qu’il y avoit une ville du même nom , & que fes habitans fe nom- moient Mifénenfes. Cette ville étoit tout à l’entour ombragée de maïfons de plaïfance , dans l’une def- quelles mourut l’empereur Tibere ; ce tyran foup- çonneux , trifte & diffimulé , qui appliquant la Loi de - anajeflé à tout ce qui put fervir fa haine ou {es dé- fiances , Ôta la liberté dans les feflins , la confiance dans les parentés, la fidélité dans les efclaves. Il per- fécuta la vertu , dans la crainte qu’elle ne rappellât dans l’efprit des peuples le bonheur des tems pré- cédens. Le promontoire Mifénum conferve encore aujour- d'hui fon premier nom. On l’appelle capo di Mifeno. On le trouve à lorient du cap de Pofilipo, & à l’oc- cident de l’île Ifchia, (D. J.) MISERABLE, adj. & f. (Gramm. ) celui qui eft dans le malheur, dans la peine, dans la douleur, dans la mifére , en un mot, dans quelque fituation que lui rend l’exiftence à charge , quoique peut-être ailne voulût nife donner la mort, ni l’accepter d’une autre main. La fuperftition & le defpotifme couvrent & ont couvert dans tous les tems la terre de mife- rables. Il fe prend encore en d’autres fens ; on dit -un auteur 71/érable, une plaifanterie miférable , deux -rriférables chevaux, un préjugé miférable. MISÈRATSIE ; ( A4. mod. ) e’eft le nom que les Japonois donnent à des curiofités de divers genres, dont ils ornent leurs appartemens. MISERE, ff. (Gramm.) c’eft l’état de l’homme miférable. Foyez MISÉRABLE. … Îly a peu d’ames affez fermes que la mifère n°a- batte & n’avilifle à la longue. Le petit peuple eft d’une ftupidité incroyable, Je ne fais quel preftige lui ferme les yeux fur fa mifère préfente | &furune mifere plus grande encore qui attend fa viaillefle. La rifére eft la mere des grands crimes ; ce font les Aouverains qui font les miférables , qui répondront dans ce monde & dans l’autre des crimes que la r5- _ Jére aura commis. On dit dans un fens bien oppoié, -c’eft une zifère ; pour dire une chofe de rien ; dans le premier {ens , c’eft une mifère que d’avoir affaire aux gens de loi & aux prêtres. MISERERE , (Médecine. ) c’eit une forte de co- Lique, où lon rend les excrémens pat la bouche. Voyez COLIQUE. Le muifèrere eft la même chofe que ce qu'on appelle autrement volyulus 8 paffion iliaque. Voyez PASSION -ILIAQUE. Ce nom ef latin , & fignifie ayez pirié ; il ef pris MIS 57 $ de la douleur infuppottable que fouffre le malade ; & qui lui fait implorer le fecours des afliftans. MISÉRICORDE, DÉESSE DE LA, (Mychol.) il y aVoit dans la place publique d'Athènes un autel confacré à cette déefñle ; hé, comment ne regne- t-elle pas dans tous les cœurs ! « La vie de l’homme , dit Paufanias’, eff char: » gée de viciflitudes , de traverfes 8 de peines, que » la Miféricorde eft la divinité qui mériteroit d'avoir » le plus decrédit ; tousles particuliers, toutes!les » nations du monde devroient lui offrir des facrif: » ces , patce que tons les particuliers , toutes les » nations en ont également befoin ». Son autel chez les Athéniens étoit un lieu d’alyle , ‘où les Héracli- des fe réfupierent lorfqu'Eurifihée lés pourfuivoit après la mort d'Hercule , & les privileces de cet afyle fubfifterent très-long-tems, (D. J.) | MisÉRICORDE , (‘Menuiferie. ) c’eft une confolle attachée fous le fiege des ftalles ; & lorfqu’il eftle- vé , la miféricorde fe trouve à hauteur pour que les éccléfiaftiques puifient fe repofer fans päroître être afñs. | MISITRA , ( Géog. anc. 6 mod. ) ville de [a Mo- rée, dans les terres auprès d’une petite montagne ; branche du Taygete des anciens, & d’une pétite ri- viere du même nom qui fe décharge dans Je Vafli- potamos. | Mifitra | ou du-moins fon fanxbours , eft l’an- cienne Sparte, cette ville fi célebre dans le monde. Le nom de Mifrra lui à été donné fous les derniers empereurs de Conftantinople, à canfe des fromages de fes environs qu’on appelle vulgairement 11/14. Cette ville na plus , à beaucoup près, les 48 fa: des que Polybe donfoit à Pancienne Lacédémone; Mifirra eft divifée en quatre parties détachées , le château, la ville & deux fauxbourgs ; l’un de ces fauxbourgs fe nomme Me/okorioz , bourgade du mi- lieu , & l’autre Ezokorion , bourgade du dehors. La riviere Vaflipotamos pafle encore aujourd'hui à lorient de la ville comme autrefois, Elle ne fait en été qu'un ruifleau ; mais en hiver , elle eft comme le bras de la Seine à Paris devant les Auguftins. Le château n’eft pas celui de l’ancienne Lacédé: mone , dont on voit encore quelques mafures fur une colline oppofée ; c’eft l'ouvrage des defpotes, fous le déclin de empire. * Il y a une mofquée dans le Mefokorion , deux ba: zars &z une fontaine qui jette de l’eau par des tuyaux de bronze. C’eft la fontaine Dorcez , aufli fameufe à Sparte que l’Ennéacrunos létoit à Athènes. En abordant à Mifitra, on n’oublie point de pren: dre fon Paufanias à la main, pour l’examiner. Cet auteur ayant pañlé le pont qui ef fur l'Eurotas, en- tre dans le Platanifte, qui eft à la rive droite de ce fleuve ; & que l'on voit encore. Il monte enfuite dans la ville, où il trouve le temple de Lycurgue ; il fuit , 11 décrit tous les autres temples qui font fur fa toute. Il voit & décrit le palais des anciens rois, leurs tombeaux, & le théatre dont la beauté le fut= prend. Toutes ces chofes font abattues » & les prin- ces paléologues n’ont laiffé de tous ces édifices que quelques fondemens. | s nd-f De tant de temples autrefois confacrés à Diané dans Sparte, à peine en trouve-t-on le terrein. Pal- las en avoit fept où huit pour fa part , entre lefquels, celui qu’on furnommoit Chalciæcos, étoit le plus cé- lebre de toute la Grece. Il n’en refte pas le moindre veftige, re un Les ruines du temple de Vénus armée font à lo: rient de Mifitra. On voyoit autrefois aux environs de ce temple le Cœnotaphe de Brafidas, & près de ce Cœnotaphe les tombeaux de Paufanias & de Léo+ nidas. Près de ces tombeaux étort le théâtre de La cédémone , ddnt il refte à peine quelques fragmens $76 MIS de colonnes. On y chercheroit en vain {a placé du temple de Cérès qui n’étoit pas loin de-là. Autrefois toute l'enceinte de l’ÆAgora étoit em- bellie des ftatues fuperbes, de tombeaux célebres, ou de tribunaux majeflueux. On y voyoit un tem- ple dédié à Jules Céfar , &t un autre à Augufte. Il y en “avoit de confacres à Apollon, à la Terre , à Jupiter, aux Parques , à Neptune, à Minerve, à Junon ;ilne refte plus de traces d'aucun de tous ces édifices. Il n'y en a pas davantage du Gérofa, c’eft-à-dire du tribunal des vingt-huit gérontes, ni du tribunal des éphores , m1 de celui des bidiaques qui avoient l'œil fur la difcipline des enfans, ni finalement des nomophylaces ou interprètes des lois de Lycurgue. Tout ce qu’on peut en juger , c’eft que le terrein eft occupé par le ferrail de Mula, par la prifon publique & par des jardins. La rue du grand Bazar eft la fameufe rue, qu’on appelloit Aphétars. Ulyfle contribua à la rendre cé- lebre , quand elle lui fervit de carriere pour difpu- ter à la coutfe la pofleflion de Pénélope contre fes fivaux. On fortant de Mifitra pour aller du côté du pont de pierre , qu’on nommoit autrefois le Babica , on trouve une grande plaine bornée à lorient par la riviere & à l'occident par le Mézocorion. C’eft-là que font le Platamifte & le Dromos. Il ne refte de ce dernier que des amas de pierres bouleverfées. A l'égard du Platanifte , la nature y produit encore des platanes à la place de ceux de l'antiquité, La ri: viere s’y partage en plufieurs bras ; mais on n’y fau. roit plus difcerner celui qui fe nommoit P£Ezripe, c’eft-à-dire ce canal qui formoit l’île fameufe, où fe donnoit tous les ans le combat des Ephebes. À une portée de moufquet de l'Ezokorion , on découvre au nord une colline où font des vignobles qui produfent le meilleur vin de la Morée. C’eft le même terroir où Ulyfle planta lui-même une vigne, lorfqu'’il alla chercher Pénélope à Lacédémone. . Mahomet Il. a établi à Mifra un bey , un aga, un vaivode , & quatre gérontes, Le bey eft gouver- neur de la Zaconie, & indépendant du bacha de la Morée. L’aga commande la milice du pays. Le vai- vode eft comme un prevôt de maréchauflée. Ces trois charges font exercées par des Turcs. Celles des gérontes font poflédées par des Chrétiens d’en- tre les meilleures familles greques de Mifitra, ls font l’affiette & la levée du tribut pour les mâles, qu'on paye au fultan. Les femmes, les caloyers & les papas ne payent rien. Ce tribut eft de quatre piaftres & demi par tête dès le moment de fa naif- fance ; oppreflion particulere à la Zaconie, & mau- vaife en bonne politique : auf l’argent eft fi rare dans le pays, que le peuple n’y vit que par échange de fes denrées. Le refte du trañic.fe fait par les mains des Juifs , qui compofent la plus grande partie des habitans :ils ont à Miftra trois fynagogues. Les ca- loyeres ou les filles confacrées à la Panagia y poffe- -dent un monaftere bien bâti. Enfin Mifitra n'eft plus recommandable que par fes filles grèques qui font jolies, & par fes chiens qui font excellens ; c’eft tout ce qu’elle a confervé de l’ancienne Sparte. Maïs il ne faudroit pas faire aux ‘Grecs de, cette ville la même queftion qu’on fit au- trefois à leur compatriote Léotichidas , ni attendre d’eux une auff fage réponfe que celle qu'il fit quand On lui demanda pourquoi les Lacédémoniens étoient les feuls d’entre les Grecs qui aimoient fi peu à boire: afin, dit-il, que nous difpofñons toujours de nous ‘comme nous voudrons, & que les autres n’en difpo- dent jamais comme il leur plaira. M. Fourmont , dans fon voyage de Grece en 1729, it avoir ramaflé à Mifirra des infcripuons de confé- “quence, mais il n’en a publié aucune, MIS Cette ville eft {ur la riviere ou le rnifleau de Vif- ‘Hipotamos, à 40 lieues $, O. d’Athènes ; à 37 S.Ë, de Lépante, à 1508. O. de Conftantinople, Long 40. 20. latit. 35. 20, ( D. J.) NL MISLA ,f.m. (Hif£, mod, Diere,) c’eft une boiflon ue font les Indiens fauvages, qui habitent la terre ferme de l'Amérique vers l’ifthme de Panama. Il ya deux fortes de zxifla ; la premiere fe fait avec le fruit des platanes fraîchement cueilli, on le fait rôtir dans fa goufle & l’on écrafe dans une gourde; après en avoir Ôte la pelure, on mêle le jus qui en fort avec une certaine quantité d’eau, Le r/la de la feconde efpece fe fait avec le fruit du platane féché , & dont on a formé une efpece de gâteau ; pour cet effet, on cueille ce fruit dans fa maturité, : & on le fait fécher à petit-feu fur un gril de bois’; & l’on en fait des gâteaux qui fervent de pain aux Indiens. | MISLINITZ , ( Géog.) petite ville de Pologne dans le palatinat de Cracovie , fituée entre deux montagnes , à 4 heues de Cracovie. Long. 38. 2. laut, 50. 4. MISNA, LA , ou MISCHNA , f. f, (Théol, rabinig.} on ne dit point 1fchne en françois, parce qu’on ne doit point altérer les noms propres, Code de Droie eccléfraftique 6 civil des Juifs. Ce terme fignifie la répétition de la loi ou feconde loi. L'ouvrage eft di= vife en fix parties ; la premiere roule fur les produc- tions de la terre ; la feconde , regle l’obfervation des fêtes ; la troifieme traite des femmes & des divers cas du mariage ; la quatrieme , des procès qui naif- fent du commerce ; du culte étranger & de l’idola- trie ; la cmquieme dirige ce qui regarde les oblations & les facrifices ; la fixieme enfin a pour objet les di- verfes fortes de purifications. La mifchna elt donc le recueil ou la compilation des traditions Judaiques à tous les égards dont nous venons de parler ; maintenant voici l’hifloire de ce recueil que j'emprunterai du célebre Prideaux. Le nombre des traditions judaiques étoit fi grand vers le milieu du fecond fiecle fous empire d’Anto- nin le pieux , que la mémoire ne pouvoit plus les retenir, & que les Juifs {e virent enfin forcés de les écrire. D'ailleurs, dans leur nouvelle calamité fous Adrien, ils avotent tout fraîchement perdu la plus grande partie de leurs favans ; leurs écoles les plus confidérables étoient détruites , & prefque tous les habitans de la Judée fe trouvoient alors difperfés ; de cette maniere la voie ordinaire , dont fe fervoient leurs traditions , étoit devenue prefque impratica- ble , de forte qu’appréhendant qu’elles ne s’oubliaf- fent & ne fe perdifient , 1ls réfolurent d’en faire un recueil, | Rabbi Judah, fils de Siméon , furnommé pour Ia fainteté de fa vie, Haccadoth ou le Saine, qui étoit reéteur de l’école que les Juifs avoient à Tibérias em Galilée, & préfident du fanhedrin qui s’y tenoit alors , fut celui qui fe chargea de cet ouvrage ; il en fit la compilation en fix livres, dont chacuñ contient plufieurs traités : il yen a foixante-trois. Il rangeaæ fort méthodiquement fous ces foixante-trois chefs tout ce que la tradition de leurs ancêtres leur avoit tranfmis jufques-là fur la religion & fur la loi, Voilà cé qu'on appelle /a mifna. Ce livre fut reçu par les Juifs avec toute la véné- ration poffhble dans tous les lieux de leur difperfion, & continue encore aujourd’hui à être fort eftimé; car ils croient qu’il ne contient rien qui n’aitété didté de Dieu lui-même à Moyie fur lemont Sinaï , auffi- bien que la loi écrite ; & que par conféquent il eft d'autorité divine & obligatoire tout comme l’autre, D'abord donc qu'il parut , tous leurs favans de pro- {effion en firent le fujet de leurs études, &c les princi- paux d’entr'eux, tant en Judée qu’en Babylone, fe aurent mitent à travailler à lé commenter. Ce font ces com- mentaires qui , avec le texte même ou la mifa, compofent leurs deux talmulds , c’eft-à-dire celui de Jérufalem & celui de Babylone. Ils appellent ces commentaires la gemare ou le fupplément | parce qu'avec eux la i/na {e trouve avoir tous les éclair- ciflemens néceflaires , 8 le corps de la doftrine tra- ditionnelle de leur loi & de leur religion eff par-là complet ; la 1/70 eft le texte, la gemare eit le com- mentaire , & les deux enfemble font le sa/mud. La rmifna étoit déja écrite l’an 150 de Jefus Chrift , & le commentaire le fut environ l’an 300. Voyez GE- MARE 6 TazmMuD. (D. J.) . MISNIE , ox MEISSEN, en latin Mifnia, ( Géog. ) province d'Allemagne avec titre de mar- raviat. | Elle eft bornée au nord par le duché de Saxe & par la principauté d’Anhalt ; à lorient par la Lufa- ce ; au midi par la Bohème &r la Franconie ; à l’oc- cident par la Thuringe. Elle fut anciennement habitée par les Hermun- dures , & enfuite par Les Mifniens ; ces derniers étant opprimés par des Sorabes, eurentrecours auxFrancs, qui Les aiderent à recouvrer leur liberté ; mais pour la conferver plus facilement, ils s’unirent avec les Saxons , & donnerent le nom de Mifnie au pays qu'ils occupoient. Ce pays fut érigé en margraviat en faveur de la maïfon de Saxe , & cette maifon, après eu avoir été dépouillée plufieurs fois, eft enfin rentrée dans l’ancienne poñeflion de ce patrimoine. La Mifnie, telle qu’elle eft aétuellement , a 18 lieues de long fur 17 de large. Elle eft ferrile entout ce qui eft néceflaire à la vie ; mais fes principales ri- chefles viennent de fes mines. On la divife en huitterritoires ou cercles ; favoir, le cercle de Mifnie, le cercle de Leipfñck , le cercle des Montagnes d’airain, le territoire de Weiflenfelis , le territoire de Merfebourg, le territoire de Zeittz, de Voigtland & l’Ofterland ;l'éleéteur de Saxe en poflede la plus grande partie , & les autres princes de Saxe poñledent le refte. Meiffens en eft la capitale, & Drefde la principale ville. Parmi les gens de letiresnés en Mifnie , il n’en eft poiar qui lui fafle plus d'honneur que Samuel Puf- .fendorf, l’un des {avans hommes du xvy fiecle, dans le genre hiftorique & politique. On connoït fon hifloire des états de l’Europe, celle de Suede depuis Guftave Adolphe jufqu'à l’abdication de la reine Chriftine , & celle de Charles Guftave écrite en latin ; mais c’eft fur tout fon droit de la nature & des gens qui fait fa gloire. Il établit dans cet ouvrage, &z développe beaucoup mieux que Grotius, les prin- cipes fondamentaux du droit naturel, &c il en dé- duit par une fuite a{fez exacte de conféquences , les principaux devoirs de l’homme & du citoyen , en quelqu'état qu'il fe trouve. IT étend & rectifie tout ce qu'il emprunte du grand homme qui l’a précédé dans cette carriere , & s’écarte avec raïfon du faux principe de Grotius , je veux dire, de la fuppofñition d’un droit de gens arbitraire , fondé {ur le confente- ment tacite des peuples, & ayant néanmoins par lui-même force de loi, autant que le droit naturel. Enfin , l'ouvrage de Puffendorf eft, à tout prendre, beaucoup plus vrai & plusutile que celuide Grotius. M. Barbeyrac y a donné un nouveau prix par fa belle tradu@ion françoife, accompagnée d’excel- lentes notes, Cette traduétion eft entre les mains de tout le monde. Puffendorf mourut à Berlinen 1694, âgé de 63 ans. ( D. I.) | MISPIKKEL , fm. ( Hif. nat. )nom donné par. à) quelques minéralogiftes allemands à la pyrite blan: che, ou pyrite arfenicale. Voyez PYRITE. jé MISQUITL , £.m. ( Hif. nat. Bot.) arbre du Me- xique , qui croît fur-tout {ur les montagnes; fes feuil. Tome X, MIS $77 les fünt longues 8c étroites ; il produit des filiques comme le tamarinde , remplies d’une graine dontles Indiens font une efpece de pain. Les jeunes rejet- tons de cet arbre fourniflent une liqueur.très-bonne pour les yeux , l’eau-même dans laquelle on les fait tremper acquiert la même vertu, Ximenès croit que cet arbre eft le ca/fra des anciens. MISSE L, {. m.( Liur. ) livre de mefles, qui contient les meffes différentes pour les différens jours & fêtes de l’année. Voyez Messe, Le miffel romain a d’abord été dreflé par le pape Gelafe , & enfuite réduit en un meilleur ordre par St. Gregoire le grand , qui l’appella facramentaire, Où livré des facremens. Chaque diocèfe & chaque ordre de religieux a un miffel particulier pour les fêtes de la province ou de l’ordre ; mais conforme pour l'ordinaire au wiffec romain pour les mefles des dimanches & fêtes prin- cipales. MISSI DOMINICI, ( Hifi.) c’eft ainf que l’on nommoit fous les princes de la race carlovingienne, des officiers attachés à la cour des empereurs , que ces princes envoyoient dans les provinces de leurs états, pour entendre Les plaintes des peuples contre leurs magtfrats ordinaires , leur rendre juftice & re- dreffer leurs griefs , & pour veiller aux finances ;ils étoient"aufh chargés de prendre connoiflance de la difcipline eccléfiaftique & de faire obferver les re- glemens de police. Il paroït que ces wifff dominici faifoient les fonétions que le roi de France donne aujourd’hui aux intendans de fes provinces. (— ; MISSILTA , f,m. pl. ( Hif. anc. ) préfensen ar- gent qu'on jettoit au peuple. On enveloppoit l’ar-. gent dans des morceaux de draps , pour qu’ils ne bleffaffent pas. On faifoit de ces préfens aux cou- ronnemens. Îl y eut des tours bâties à cet ufage. Quelquefois au lieu d'argent , on diftribuoit des oi- {eaux , des noix, des datres, des figues. On jetra auf des dés. Ceux qui pouvoient s’en faifir alloient en- fuite fe faire délivrer le blé, les animaux, l'argent, les habits défignés par leur dé. L'empereur Léon aboht ces fortes de largefles qui entraînoient tou- jours beaucoup de défordre. Ceux qui les faifoient fe ruinoient ; ceux qui s’attroupoient pour y avoir part, y perdoient quelquefois la vie. Les largeffes véritables, c’eft le foulagement des impôts. Don- ner à un peuple qu’on écrafe de fubfides , c’eft le revêtir d’une main , & lui arracher de l’autre la eau. MISSILIMAKINAC , ( Géographie. \efpece d'ifth- me de l’Amérique feptentrionale , dans la nouvelle France ; 1l a environ r20 lieues de long , fur 20 de large. Les François y ont un établiflement qui eft regardé comme un pofte important, à une demi- lieue de l'embouchure du lac desfllinois, & firué à environ 292 degrés de long. fous les 45. 35, de las. MISSIO., ( Art milit. des Rom, ) c’eft-à-dire , congé. [| y en avoit quatre fortes principales. 1°. Celui qui fe donnoit à ceux qui avoient fini le tems ordinaire du fervice , qui étoit de dix ans, ziffio honefla. 2°. Celui qu fe donnoit pour raifon d'infir- mité, miffio caufaria. 3°, Celni qui fe donnoit pour quelque faute confidérable , pour laquelle on étoit chaflé ignominieufement, & déclaré indigne de fer- vir , zaiffio ignominiofz. 4°, Enfin le congé qui s’ob- tenoit par grace & par faveur, iffio gratiofa, Voyez Concé. (D.J,) MISSION, f. f. en Théologie ,& en parlant des trois . petfonnes de la fainte Trinité, fignifie la proceffion , Ou la defhination d’une perfonne par une autre pour quelqu’ettet temporel. : Cette riffion fuppofe néceflairement deux rap- ports , l’un à la perfonne qui en envoie une autre , & le feçcond à la chofe que doit opérer la perfonne D dd 478 MIS | envoyée, Le premier de ces rapports marque l'ori- gine , le fecond rombe fur leffet particulier pour le- quel la perfonne eft envoyée, Aïnf la miffion dans les perfonnes divines eft éter- nelle quant à l’origine, & temporelle quant à l'effet. Parexemple , Jefus-Chrift avoit été defliné de toute éternité à être envoyé pour racheter le genre hu- aïn ; mais cette wzffJon, l'exécution de ce decret n’a eu lieu que dans le tems: comme le dit faint Paul, Galat. iv, 4. Atubi venit plenitudo temporis, mifit Deus filinm fuum, &c. & ce que faint Jean dit du Saint- Efpnit, Nordm erat Spiritus datus ; quia Jefus non- dur erat glorificatus. La miffion , dans les perfonnes divines , eft quel- que chole de notionel propre à certaines perfonnes, &t qui n’eft pas commune à toute la Trinité. Car, fi on la prend a@ivement , elle eft propre à la per- fonne qui envoie ; fi on la prend pafivement , elle eft propre à la perfonne qui eft envoyée. Les perfonnes ne font envoyées que par celles dont elles procedent. Car envoyer fuppofe quel- qu'autorité improprement dite quant aux Perfonnes divines ; oril n’y a point entre elles d’antre autorité que celle qui eft fondée fur Forigime par laquelle une perfonne eft le principe d’une autre. Ainficom- me le Pere eft fans principe, il n’eft point envoyé ; mais comme il eft Je principe du Fils, 1l efivoie le Fils ; & le Pere & le Fils en tant que principe du Saint-Efprit, envoient le Saïnt-Efprit:mais le Saint- Efprit n'étant point le principe d’une autre perfon- ne , ne donne point de zzfion : où , pour parler le langage des Théologiens: Paier mitrit 6 non mirti- sur, Filius micitur & mitrie, Spiritus Janus mittitur & non mitrit. Car ce que Pon hit dans Hfaie, Spri- tus Dominéi mit me, eovquod ad annuntiandum mifit me, ne doit s’entendre que de Jefus-Chrift en tant qu'homme , 8 non en tant que Perfonne divine , puifqu’à ce dernier égard 1] ne procede en aucune maniere du Saint-Efprit. . Les Théologiens diftinguent deux efpeces de z1f° fion pañlive dans les Perfonnes divines ; lune vifi- ble , telle qu’a été celle de Jefus-Chrift dans Pincar- nation , & celle du Saint-Efprit lorfquw'il defcendit fur les Apotres en forme de langues de feu; & lautre invifible , comme quand il eft dit de la Sageñle, rnitre illam de calis fanütis , & du Saint-Efprit , dans l’épitre aux Galates, mift Deus Spirirum Filit fui ir corda vefira. Mission, ( Gram. ) à confulter l’étymolooie de ce mot , fignifie en général l’ordre que reçoit quel- qu'un dé fon fupérieur d’allér en quelque endroit. mais il n’eft pas ufité dans toutes fortes de circonf- tances en ce fens : voici les cas où il left. Miffion, en Théologie, fignifie le poxvoir ou la commiffon donnée à quelqu'un de prêcher l’'Evan- gile. Voyez ÉVANGILE, 6c. | Jefus:Chrift donna w/fféon à fes difciples en ces termes: Aer & enfeignez routes les nations, &tc Voyez APÔTRE. On reproche aux Proteftans que léurs miniftres n’ont pas de miffion, n'étant autorifés dans l’exer- cice de leur miniftere, ni par une fucceflion conti- nue depuis les Apôtres, ni par des miracles , nipar aucune preuve extraordinaire de vocation. #oyez ORDINATION. . Kés‘Anabaptüftes prétendent qu'il ne faut d'autre miffion pour le miniftere évangélique , que d’avoir les talens néceflaires pour s’en bien acquitter. + Miffion fe dit auf des établiflemens & des exer- cices de sens zélés pour lagloire de Dieu & le falut des ames , qui vontprècher l'Evangile dans des pays éloignés & parmi des infidelés. Foyez Missron- MAIRES. | * Il y a dés wiffions aux Indes orientales & occi- 2 =] déntales. Les Dorminicains , les Francifcains , les religieux de faint Auguftin & les Jéfuites en ont au Levant ,; dans l'Amérique &t ailleurs Les Jéfuites ont auffi des wzffons dans la Chine & dans toutes les autres parties de la terre où1lsont pu pénétrer. Mifféon eft auf le nom d’une congrégation de plu- fieurs prêtres fécuhers , inflituée par fainc Vincent de Paul, approuvée & confirmée par le pape Ur- bain VIIL. en 1636 , fous le titre dè Prérrés de congre- gation de la miffion. Hs s'appliquent à l'inftruéhon du menu peuple de la campagne ; 8 à cet effet, les pré- tres qui la compofent, s’obligent à ne prêcher , ni adminiftrer les facremens dans aucune des villes oil y a fiege épifcopal ou préfidial. Ils font établis dans laplüpart des provinces du royaume, êc ont des mai- fons en Italie, en Allemagne &.en Pologne. Ils ont à Paris un féminaire qu’on nomme de fait Firmin, ou dés bons Enfans, & {ont chargés dans plufeurs diocè- fes dela direction des féminaires. On les appelle auffi Lagarifles, ou Prêcres de faire Lazare, Voyez LAZA- RISTES. MISSIONNAIRE , {. m. ( Théol, } eccléfaftique féculier ou régulier envoyé parle pape, ou par les évêques , pour traväiller foit à linfiruétion des or- thodoxes , foit à la conviétion des hérétiques ; où à la réunion des fchifmatiques ; foit à la converfion des infideles. Il y a plufeurs ordres religieux employés aux miffions dans le Levant , les Indes, l'Amérique, en- tre autres les Carmes, les Capucins, les Jéfuites , & à Paris un féminaire d’eccléfaftiques pour les miflions étrangeres. On donne aufli le nom de if- Jftonnaires aux prêtres de faint Lazare, Woyez LazaA« RISTES. MISSISAKES , ( Géog. } peuples de l'Amérique méridionale , fur le bord feptentrional du lac des Hurons. Ils fe vendent à quiles veut payer. MISSISSIPI, LE , autrement nommé parles Fran- çois, fleuve faint Louis, ( Géog. ) fleuve de l'Amé- rique féptentrionale , Le plus confidérable de la Loui- fiane, qu'il traverfe d’un bout à l’autre jufqu’à fon entrée dans la mer. Il arrofe un des grands pays dix monde, habité par des fauvages. Ferdinand Soto » efpagnol, le découvrit en rÿ4r , & onle nommoit dans fon tems' Cucagna. En 1673 ; M; Talon , in- tendant de la nouvelle France ; envoya pour le par- courir , le P. Marquette , jéfuite , & le fieur Jolier, bourgeois de Quebec, qui le defcendirent depuis les 43. 20. de latitude nord, jufqu’au 33. 49. M. d'Iberville , capitaïne de vaifleau, déconvritle pays du Miffifipi , & le premier établiffement d’une co- lonie françoife s’y fit en 1598, M. de Lifle a prouvé en 1700 , que l'embouchure de ce flénve eft au milieu de la côte feptentrionale’ du golfe du Mexique. Maïs on lui donne aujourd’hui plus de vingt émbouchures différentes. Lifez pour preuve, la defcription qu’en a faite le pere Char- lévoix. Cefleuve perce tous les jours de nouvelles ter- tés, oùil s'établitun nouveau couts , & en peu de’ tems des lits très-profonds. Sa! largeur eft par-tout d'une demi-lieue, où de trois quarts de lieue, fou vent partagé par des îles. Sa profondeur eft en quel- ques endroits de foixante braflés , ce qui joint à fa grande rapidité , le rend dificilement navigable de- puis fon confluent avec le Miffouri,& fair que pref- quepar-tout la pêche ÿ'eft impraticable. Il reçoit dans fon cours à dfoité & à gauche plu= fleurs autres tivieres fort confidérables, dont les ñoms font connus par les relations des voyageurs qui ont remonté ce fleuve. Maïs depuis la chute dw Mäiflouri dans ce fleuve , il commence à être embar- raflé d'arbres flottans:, &ilén çharrieune fi grandé uäntité , qu’à toutes les pointes on éh trouve des amas, dont l’abattis rempliroit les plus grands chan- tiers de Paris. Enfin , on lui donne plus de 650 ieues d'érendue, ( D. J.) MISSIT AVIE , f. f. ( Comm. ) droit de douane qu'on paye à Conftantinople. Les marchandifes qui viennent de chrétienté à Conftantinople , & que Yon envoie à la mer Noire ne payent point de douane pour la fortie , mais feulement le droit qu’on nomme rrifitavie. Ditionnaire du Com. MISSIVE , £.f. (Lirrérar, ) chofe qu’une perfonne envoie à une autre. Nous avons frañcilé ce mot du latin wisrere , qui fignifie ezvoyer. Nous appellons ertres miffives, les lettres que nous envoyons à d’autres , où que d’autres nous en- volent. d Les lettres miffives font proprement deslettres d’af faires , mais d’affaires peu importantes ; celles qui rouient fur de plus grands objets, & qui font écri- tes par desgens en place, comme princes, minifires , ambafladeurs , fenomment dépéches ; celles de beau- Coup moindre conféquence , & qui ne contiennent qu'un avis, ou autre chofe femblable , comme.en peu de lignes, fe nomment fimplement Pi//ers : les miffives forment une efpece mitoyenne entre ces deux autres, Voyez EPITRE , 04 LETTRE. MISSOURT, ( Géog. ) grande riviere de lAmé- rique feptentrionale dans la Louifiane , & l’une des plus rapides qu’on cennoïffe. Elle court nord-oueft & fud-eft, & tombe dans le Mififfipi, $ où 6 lieues plusbas que lelac des Iilinois. Quand elle entre dans le Mififipi, on ne peut guere diftinguer quelle eft la plus grande des deux rivieres, &c le Miflouri ne con- derve apparemment fon nom, que parce qu’elle con- tinue à couler fous le même air de vent. Du refte, elle entre dansle Mififfipi en conquérante, y porte es eaux blanches jufqu’à l’autre bord fans les mê- ler, & communique enfuite à ce fleuve fa couleur & fa rapidité. Le P. Marquette, qui, felon Le P. Char- levoix ; découvrit le premier cette riviere | lap- pelle Pékitanoui. On lui a fubfhitué le nom de Mif- Jouri, à caufe des premiers fauvages qu’on rencon- tre en la remontant , & qui s'appellent Miffourires ou ÂMfiffoarites. (D.J.) MISTACHE , 1. f. ( Com.) mefure des huiles & des vins, .dont on fe {ert dans quelques échelles du Levant, particulierement dans l’île de Candie. Les cinq miflaches+ de la Cannée font la millerole de Marfeille. Voyez MILLEROLE, Diéionn. de Com. MISTECA , ( Géog. ) contrée de l'Amérique fep- tentrionale dans la nouvelle Efpagne , au départe- ment de Guaxaca. On la divife en haute & bañfe ; Pun & l’autre ont plufeurs rufleaux qui charrient des paillettes d’or. MISTRÆ, ou plutét MYSTIÆ ,(Géog. anc.) ville d'Italie chez les Locres épizéphyriens. Barri croit ze c’eft préfentement Geto/fta. ( D, J.) MISUM , f. me (Hiff. nat, Cuifrne, ) c’eft lenom que Îles Chinois ou Tartares tongufiens donnent à une b- queur dont ils fontune fauce à certains alimens. On choïfit une efpece de choux rouge, à feuilles min- ces, on les fale tres-fortement, & on les conferve dans une étuve jufqu’à ce qu'ils commencent à s’ai- grir & à jetter de l’eau ; on décante cette eau, & on la fait bouillir fortement , jufqu'à ce qu'elle aitune confiftance épaifle , comme celle de la biere qui n’a point fermenté. Quand cette liqueur eft refroidie , on la met dans des bouteilles | que l’on expofe au {oleil pendant l’été , & que l’on met fur un poële pendant l'hiver; par-là elle devient de plus en plus épaifle. Voyez Gmelin , voyage de Sibérie, (—) MISY , f. m. (Æf2. nat.) nom donné par les anciens naturaliftes àune{ubflance minérale d’un jaune oran- gé » très-chargéede vitriol, M, Henckel croit que Fa Tome X, MIT #79 te n’eft autré chofe qu'un vitriol martial décompo- fé, dont la partie ferruvineufe eft changée en rouille Jaune , comme cela arrive À tout vitriol de certe ef- pece qui a été quelque tems expofé à l'air, Foyez Pyritoiogie , ch, xiv, ù Diofcoride dit que le #i/ÿ de la meilleure elbeceeft celui de l’île de Chypre ; il faut , felon lu, qu’il foit dur , de couleur d’or, & qu'il brille lorfqu’on l’é- crafé ; comme s’il contenoit des paillettes d’or, We: delius dit qu'il s’en trouve de cette efpece dans le pays de Hefle, c’eft apparemment cé que quelques auteurs ont nommé cerra folaris Haffiaca, Au refte cette fubftance eft vitriolique. (—) MITAINE, f. f. (Gantier.) efpece de gants À u- fage des femmes, qui n’a qu’un pouce & point de doigts ; mais feulement une patte terminée en pointe & volante, qui couvre le haut des doigts au-deflus de la main. Mivaine fe dit auffi de certains gros gants de cuir fourrés , qui ont un pouce , & une efpece de fac fermé, qui enveloppeles doigts fans être féparés. Voyez MOUFFLE. Les maîtres Gantiers-Parfumeurs peuvent faire, vendre & garnir toute forte de ritaines de telle étoffe qu’ils jugent à propos ; pourvû qu’elles foient doublées de fourrures. | MUTAINES A JOUR , ermme de marchand. de modes. Ces mitaines font tricotées à l'aiguille , & reffem- blent à une dentelle ; elles font ordinairement de joie noire ou blanche; du refte elles n’ont tien de parti. culier, Les marchands de modes font ou font faire par des ouvriers atitrés des miraines de fatin, taffetas & velours de toutecouleur. | MATAINES, (Pellererie.) c’eft aïnfi qu’on appelle certaines peaux de caftor qui ne font pas de la meil- leurerqualité; ce nom leur vient apparemment de ce qu’elles ne font propres qu'à fourrer des #5 dAITIe Se . MITE, f. f. ({nfeétolog.) On appelle mites ces pe= tits animaux qu'on trouve en grande abondance dans le fromage tombant en poufhere, & qui paroif. fent à la vüe fimple comme des particules de pouf fiere mouvante ; mais le microfcope fait voir que ce font des animaux parfaits dans rous leurs membres, qui.ont une figure réguliere , & qui font toutes les: fonctions de la vie avec autant d'ordre & de TÉpU= larité quejles animaux plufieurs millions de fois plus grands. Hook & Lower ont découvert que les mites étoient: de animaux cruftacées, & ordinairement tranfpa- rens ; leurs parties principales font la tête , le col, & le corps; la tête eft petite à proportion-dn CO PS3: : leur mufeau eft pointu, & leur bouche s'ouvre & fe ferme comme celle d’une taupe ; elles ont deux petits yeux , & la vüe extrémement perçante ; car fi on les touche une fois avec une épingle ou un. autre inftrument, on voit avec quelle promptitude. elles évitent un fecond attouchement. Quelques-uns ont fix jambes, & d’autreshuit; ce qui prouve déja qu'il y en a de différentes efpeces | quoique d’ail- leurs elles paroiffent femblables en tout le refte. Chaque jambe a fix Jointures environnées de poils, & deux peurs onples crochus à leur extrémité, avec lefquels elles peuvent aitément faifir ce qu'elle ren- contrent ; la partie de derriere du corps eït grofle & potelée, & fe termine.en figure ovale, avec quel- ques poils extraordinairement longs qui en {ortent; les autres parties du corps, ainfi que la tête, 1ont auf environnées de poils. Ces infettes font mâles &z: femelles ; les femelles font leurs œufs, d’oiortent : leurs petits avec tous leurs membres parfaits ( com- me dans les pous & les araignées ), quoiqu'exceft- vement menus ; mais fans changer de figure ; is DDddy 580 MIT changent quelquefois de peau avant qu'ils aient tout leur accroiflement- \ On peut les conferver en vie plufieurs mois entre deux verres concaves , &c les appliquer au microf- cope lorfqu'on le juge à propos : en les obfervant {ouvent on y découvrira beaucoup de particularités curieufes : Leuwenhock les a vü accouplés quene à queue; car quoique le pémis du mâle foit au milieu du ventre , 1l le tourne en arriere comme le rhino- ceros. L’accouplement fe fait, à ce qu'il dit, avec une vitefle incroyable. Leurs œufs dans un tems chaud viennent à éclore dans douze ou quatorze jours ; mais en hiver, & lorfqw'il fait froid , 1l leur faut plufieurs femaines. Il n’eft pas rare de voir les petits fe démener violemment pour fortir de leur co- que. Le diametre de l’œuf d’une mise paroît égal à ce- lui d’un cheveu de la tête d’un homme, dont fix cent font environ la longueur d’un pouce. Suppo- fant donc que l’œuf d’un pigeon a les trois quarts d'un pouce de diametre ; quatre cent cinquante diametres de l’œuf d’une zzre feront le diametre de l'œuf d’un pigeon, & par conféquent , fi leurs figu- res font femblables , nous pouvons conclure que quatre vingt-onze nullions & cent vingt mille œufs d’une rire n’occupent pas plus d’efpace qu’un œuf de pigeon. Les mites {ont des animaux très-voraces, car el- les mangent non-feulement le fromage, mais encore toute forte de poiflons, de chair crue, de fruits fecs, des grains de toute efpece , & prefque tout ce qui a un certain degré de moififfure , fans être mouillé au-deflus : on les voit même fe dévorer les unes les autres. En mangeant elles portent en avant une machoire, & l’autre en arriere alternativement, par où elles paroiffent moudre leur nourriture; 6c après qu’elles l'ont prife , il femble qu’elles la mâ- chent &c la ruminent. | Il y a une efpece de rite qui s’infinue dans les ca- hinets des curieux, & qui mange leurs. plus jolis pa- pillons, & autres infeétes choifis:, ne laïffant à leur place, que des ruines & de la pouflere : l'unique moyen de les prévenir ,eftde faire brûler de temsen * tems du foufre dans les tiroirs ou dans les boites. Ses écoulemens chauds &8c fecs pénetrent ; rident , & détruifent les corps tendres de ces petits infeétes. Les diverfes efpeces. de res font idiftinguées par quelques différences particulières, quoiqu’elles aient en général la même figure & la même näfure ; par exemple , fuivant les obfervations de Power, Les mires qu'ontrouve dans les pouflieres de dreche & de gruau d'avoine, font plus vives que celles du fro- mage, & ont des poils plus longs. & plus nombreux, Les rires de figues reflemblent à des efcargots; elles ont au mufeau deux inftrumens 8 deux cornes fort longues au-deflus,avec trois jambes de chaque côté. Leuvwenhock obferva qu'elles avoient les poils plus: longs que ceux qu'ilavoit vüs dans toutes les autres efpeces ; & en les examinant de près , il trouva que ces poils étoient en forme d’épis. M. Hook a décrit une efpece de wites, qu'il appelle zzives vagabondes, parce qu’on les trouve dans tous les endroits où el- les peuvent fubfifter. M.Bakerayant jetté les yeux-fur un pot vuide de fayence, le crut couvert de poufliere ; maïs en le regardant de plus près ,ilapperçut que les particules. de cette poufliere étoient enmouvement ; 1llesexa- mina pour lors avec le microfcope , & vit que c’é- toient des effains de ces rires vagabondes , qui avoient été attirées par l’odeur de quelque drogue. mife dans ce pot peu de jours auparavant, La rire eft exceffivement vivace ; on en a gardé des mois entiers fans leur donner aucune nourritu- re; & Leuwenhock aflure qu'il en fxaune fur une MIT épingle devant fon microfcope , qui véeut dans cette fituation pendant onze femaines. , Quoique les Naturaliftes ne parlent que de zives ovipares ; cependant M. Lyonnet, fur les obferva- tions duquel on doit beaucoup compter , déclare avoir fouvent vû des zires de fromages vivipares, &£ quimettent des petitstout vivansaumonde.Ces petits de rites, direz-vous peut-être, devoient être bien pe- tits de taille ; foit ; mais enfin une se fur un gtosfro- mage d'Hollande, eft aufi grande à proportion qu'un homme fur la terre. Les petits infeétes qui fe nour- riflent fur une feuille de pêcher repréfentent un troupeau de bœufs broutans dans un gros pâturage; les animalcules nagent dans une goutte d’eau de poi- vre avec autant de liberté que les baleines dans l’O- céan ; ils ont tous un efpace ésal à proportion de leur volume. Nosidées de matiere , d’efpace , & de durée , ne font que des idées de comparaifon ; mais je crains bien que la petitefle des animaux microfe copiques , & le petit efpace qu’ils occupent , com- parés à nous-mêmes, ne nous faflent imaginer que nous jouons un grand rôle dans le fyftème du mon- de, Pour confondre notre orgueil , comparons le corps d’un homme avec la mafle d’une montagne , cette montagné avec la terre, la terre elle-même avec le cercle qu’elle décrit au-tour du foleil , ce cercle avec la fphere des étoiles fixes, cette fphere avec le circuit de toute la création, &e ce circuit même avec l’efpace infini qui eft tout au-tour, alors, felon toute apparence , nous nous trouverons nous- mêmes réduits àrien. (2. J. MITELLA , (Botan.) genre de plante à fleur en rofe.compofée de plufieurs pétales difpofés en rond. Le piftil {ort ducalice , & devient dans la fuite un fruit arrondi & pointu. Ce fruit s'ouvre en deux parties, & reflemble à une mitre; il eft rempli de femences qui font ordinairement arrondies, Tourne- fort, Inft.rei herb. Voyez PLANTE. MurELLA, f. f. (Hifi. anc.) efpece de bonnet qui s’attachoit fous le menton. C’étoit nne coëffure des femmes que les hommes ne portoient qu’à la cam= pagne. On appella aufi mitella des couronnes d’é- toffe de foie, bigarées de toutes couleurs, & parfu- mées des odeurs les plus précieufes. Néron en exi- geoit de ceux dontilétoit le convive. Il y'en ent qui coûterent jufqu’à 4,000,000, de fefterces. MITERNES , £, £. ( Péche,) on appelle ainfi de grofles mottes de terre, des iles , ilots &c autres at- terriflemens qui font des retraites pour les ennemis des poiffons. MIGANNIR , ( Géog.) ville d'Egypte fur la rive . orientale du Nil, entre Damiette êcle Caire. (D. J.) MITHR A , FÊTES DE, ox FÊTES MITRIA- QUES, (Anxiq. rom.) nom d’une fête des’ Romains en l'honneur de Mirhra., ou du Soleil, Plutarque pré- tend.que ce furent les Pirates vaincus & diffipés par Pompée, qui firent connoître aux Romains le culte de Mithra ; mais comme ces pirates étoient des Pifi- diens , des Ciliciens, des Cypriens ; nations chez qui le culte de Mirhræ n’étoit point reçu, 1l en ré- fulte que l’idée de Plutarque n’eft qu'une vaine con- jedure avancée au hafard. Le plus ancien exemple de cette Mirhra chez les Romains, fe trouve fur uneinfcription datée du troi- fieme confulat de Trajan, ou de l’an 107 de PEre chrétienne. C’eft la dédicace d’un autel aw Soleil fous le nom de Mirhra, deo Soli Mirhræ. Sur une au: tre infcription fans date , Mirhra eft l’affefleur on le compagnon du Soleil : Deo Mithra, & Soli focio, Le culte de Mirhra, quoiqu'étabh à Rome dès lan 107, n’étoit pas encore conmr en. Egypte & en Syrie au terms d'Origene, mort lan 263 de J. C.. Cependant le culte de cette divinité & de fes myfteres étoit commun à Rome depuis plus d’un fecle. On voit dans les colleftions de Gruter 8 de Reinefius plu- fieurs dédicaces faites à Mthra, comme So/inviétus Michra,jou romenr invium Mithra, &c. Et Lampride dans la vie de Commode, fait mention des myfteres de Mithra, facra Mithriaca, Commode a régné de- puis lan 180 , jufqu’à l'an 192. _ Ces myfferes devoient même avoir déja une cet- taine célébrité dans l'Occident, au tems de S. Juf- tin, qui, dans fa feconde apologie , & dans fon dia: logue avec Tryphon, parle de lantre facré de Mi- thra , de fes myfteres, & d’une efpece de commu- non que recevoient les initiés. La feconde apologie deS. Juftin , fut préfentée à l’emperetir Antonin, Van 142 de J. C. Tertulien qui a fleuri peu après, l'an 2160 de J, C. s’étend aufh fur les myfteres de Mi- thra , parle d’une efpece de baptème qui lavoit les initiés de toutes les fouillures que leur ame avoit contraétées jufqu’alors. Il parle encore d’une mar- que qu'on leur imprimoïit , d’une offrande de pain, &t d'un embleme de la réfurre@ion , qu’il n’explique pas en détail. Dans cette offrande, qui étoit accom- pagnée d’une certaine formule de prieres , on offroit un Vafe d’eau avec le pain. Ailleurs Tertulien dit, qu'on préfentoit aux initiés une couronne foutenne fur une épée ; mais qu’on leur apprenoit à la refufer en difant : c’e/? Mithra qui ef? ma couronne. On lit fur une infcription trouvée en Carinthie, dans les ruines de Solva, aujourd’hui Sclfeld,près de Clagenfurt, que le 8° des calendes de Juillet , fous le coniulat de Gordien & d’Aviola, l’an 239 de J, C. On répära un ancien temple de Mithra, ruiné par le temps , vernflate colapfum. Une autre infcription , rapportée dans Gruter, fait mention d'une dédica- ceau même dieu, Pro falure Commodi Antonini. Com- mode ayant reçu de Marc-Aurele le titre de Céfar, dans l’année 166, l'infcription qui ne lui donne pas ce titre doit être d’un tems antérieur. Porphyre, qui vint à Rome en 263, nous ap- prend d’autres particularités des myfteres de Mirhra. Il dit que dans ces myfteres, on donnoit aux hom- mes le nom de Zons, & aux femmes celui de Aye- ñes, efpece de loup ou de renard, commun dans l’O- rient. Les miniftres inférieurs portoient les noms d’aigles, d'éperviers, de corbeaux, G:c. & ceux d’un Ordre fupérieur , avoient celui de peres. Les initiés étoient obligés de fübirun grand nom- bre d'épreuves pénibles & douloureufes , avant que d’être mis au rang des adeptes. Nonus, Elias de Crete, & l’évêque Nicetas, détaillent ces épreuves dans les fchohes fur les difeours de S. Gregoire de Nazianze. Ils parlent d’un jeûne très auftere de so Jours, d’une retraite de plufieurs jours dans un lien obfcur, d’un tems confidérable qu'il falloit paffer dans la neige &t dans l’eau froide, & de quinze fuf: tigations , dont chacune duroit deux jours entiers, 8t qui étoient , fans doute , féparées par les inter- valles néceflaires aux initiés, pour reprendre de nou- velles forces. Dèsle tems de Commode, les myfte- res de Mishra étoient accompagnés d'épreuves, mais dont il femble que l'objet étoit uniquement d’éprou- ver le courage & la patiente des initiés. Cet empe: reur, qui aimoit le fang , changea en des meurtres réels, ce qui n’étoit qu'un danger apparent : fzcra Mirhriaca homicidio vero polluis | cèm illic aliquid ad Jpeciem simoris vel dic vel fng: foleat; dit Lampride, | Le dégnifement des miniftres de Mivhra, fous la forme de divers animaux féroces dont parle Por- phyre , n'’étoit pas une pratique abfolument nou- velle à Rome : il fe pafloit quelque chofe d’appro- chant dans les'myfteres d'Iñs, Valere Maxime & Appien difent que lors de la profcription des trium- virs , l’Edile Volufius fachant qu'il étoit fur la lifte de ceux dont on avoit mis la tête à prix, emprunta d’un ifiaque de fes amis, fa longue robe de lin, &e MIT ÿ8f fon nafque à tête de chien : on fait que lés mäfques antiques enveloppoient la tête entiere, Dans cet équipage Volufius fortit de Rome , & fe rendit, par les chemins ordinaires , un fiftre à la main, & dez mandant l’aumône fur la route : per itinera viajqué publicas fliper perens , dit Valere Maxime. Si les Yeux n’avoïent pas été accoutumés à voir des hom: mes dans cet équipage, rien m’étoit plus propre à faire arrêter Volufius par les premiers qui l’euflent rencontré. Ce fut peut-être par le fecours d’un fem blable déguifement, que Mundus perfuada à Pauli ne ; qu'elle avoit pañlé la nuit avec le dieu Séra- pis. | Il femble que vers l’an 350 de J. C. c’eft-à-dire, fous les enfans de Conftantin , le zele du paganifmé expirant fe ranima pour la célébration des féres Mi= thriaques | & de plufieurs autres inconnues dans l’ancienne religion grecque & romaine. On trouve à la vérité avant cette époque , des confécrations d’autels à Mirhra marquées fur les infcriptions; mais ce n’eft qu'après Conftantin qu’on commença à trou- ver des infcriptions qui parlent des myfleres , & des fêtes Michriaques, Le culte de Mithra fut profcrit à Rome lan 378, & fon antre facré fut détruit cette même année, par Les ordres de Gracchus, préfet du prétoire. Nous avons, dans les colleétions dé Gruter & de M. Muratori, ainfi que dans les monumenta vereris Anti, & dans l'ouvrage de Thomas Hyde, plufieurs bas-reliefs, où l’antre facré de Mickra eft repréfen< té. On le voit aufli fur quelques pierres gravées, Mithra en eft toujours la principale figure : il eft re- préfenté fous la forme d’un jeune homme domptant un taureau , &c fouvent prêt à l’ésorger : il eft coëffé d’une tiarre perfienne recourbée en-devant, comme celle des rois : il tient à la main une efpece de bayonnette , que Porhyre nomme 4 glaive facré d’A- riès , Ê qu doit être l'arme perfane nommée.aciras cès : il eft vêtu d’une tunique courte avec Panaxy- ride, ou la culote perfane : quelquefois il porte un petit manteau. À fes deux, côtés font deux autres figures humaines, coëffées d’une tiare femblable : mais fans manteau: ordinairement l’un tient un flame beau élevé, & l’autre un flambeau baiflé, Quelque: fois ces figures font dans une attitude, que l’honné- teté ne permet pas de décrire , & par laquelle atti- tude 1l femble qu’on a voulu défigner le principe de la fécondité des êtres. On croit communément que le culte de Mirhra étoit chez les Romains, le même que celuidu Mikg où Mikir des Perfes; mais quand on examine de près les circonftances du culte de Mithra chez les Ro- mains , On n’y trouve nulle reflemblance avec la doëtrine & les pratiques de [a religion perfane, Voyez MIHIR. Il'eft plus vraiflemblable que les fêtes de Mirhra venoient de Chaldée , & qu’elles ayoient été infti- tuées pour célebrer l’exaltation dufoleil dans le figné du taureau, C’eft l’opmion de M. Freret,qui a donné d'excellentes obfervations à ce fujet dans les méme. de littérature , tom. XIF, Ces fortes de matieres {ont très-curieufes ; car il eft certain que les recherches favantes concernant les divets cultes du paganifme, tépandent non-feulement un grand jour fur les anti: quités eccléfiaftiques, mais même fur la filiation dé plufeurs autres cultes qui fubfftent encore dans lé monde. (D, J.) | MITRHAX, £ m,. (Æf. rat.) nom que Pline donné àune pierre prétieufe qui fe trouvoit en Perfe , quis préfentée au foleil, montroït une grande variété de couleurs ; il nomme cette même pierre germa folis, ou pierre du foleil dans un autre endroit. Solin a donné par corruption le nom de xirhridax À cetté pierre, qui , fuivant fa defcription, paraît être une 582 MIT boale. On la trouve aufi nommée mrhridates. (—) MITHRIAQUES, FÊTES, ( Antig. rom.) Voyez Mirara. (D. J. 7 | - MITHRIDATE, £ m. (Pharmacie & Mariere médi- vale. ) Voici fa prépatation d’après l'édition de 1758 de la phärmacopée de Paris. Prenez mytrhe, fafran, agaric, gingembre, canelle , nard indien, encens mâle, femence de thlafpi, de chacun dix dragmes; “emence de fefeli, vrai baume de Judée, jonc odo- yant, fthæcas arabiqte, cauflus arabique, galba- num, térébenthine de Chio, poivre long, caftor , {uc d’'hipocyftis, fHrax ‘calamite,, oppopanax, ma- Tabatrum, de chacun une once; caflia lignea, po- lium demonragne, poivre blanc , fcordium , femén- fous ces deux points de vüe. [left clair que fous le premier, la rxrion eft la même chofe que la fyncrèfe, que la combinaifon PA que l'union chimique , que la liaifon intime , la forte cohéfion de divers principes, opérée par l'exercice de cette force, ou de ce principe univerfel que nous avons confidéré fous le nom de xifcibilité, voyez _MisciBiLitTÉ , Chimie. On trouvera encore beau- coup de notions majeures fur la zxtion, répandues dans plufeurs autres articles de ce Diétionnaire, dans l'article CHIMIE, dans l'art. MENSTRUE, dans l'art. RAPPORT, dans larr. PRINCIPES, Chimie, dans art, UNION, &c. où ces notions ont concou- ru néceffairement à établir ou à éclaircir les diffé- rens points de doétrine chimique, dont on.s’occupe dans ces articles. Nous allons en donner dans celui- ci, le réfumé & le complément. 1°. Les mixees ou corps chimiques compols , {ont formés par lunion de principes divers, d’eau & d'air, de terre & de feu , d'acide & d’alcali, &ec. ils different effentiellement en cela des aggregés, ag- gregats, ou molécules qui font formées par l’union de fubftances pareilles on homogenes. Cette diffé. rence eft expolée avec beaucoup de détail dans la pattie dogmatique de l’article CHIMIE, voyez cet arti- cle, Il fufht de rappeller ici, que c’eft à caufe de cette .circonftance eflentielle à la formation des rrixves, que ces corps ne peuvent être réfous en leurs prin- cipes, qu’on n’en peut féparer un de leurs matériaux EEce ? 586 MIX fans que leur être propre fpécifique périfle , au lieu que l'aggregé étant divifé dans fes parties inté« grantes & primitives , chacune de ces parties eft en- éore un corps pareïl à la mafledont elle eft détachée. C’eft dans ce dernier fens que la plus petite partie d’or eft toujoùrs de l'or; mais nul des principes chi- miques de la plus petite partie d'or, de l'or indivi- du , du rixte appellé or, n’eft de l’or; nul affembla- ge de certains principes de l'or, moinsun,n eft de lot ; de même que nulle unité, concourant à la for- mation du nombre fix, n’eft fix ; n1 nulle fomme de ces unités, moins une, ou moins plufieurs , n’eft fix. ( 2°. La mixrion ne fe fait que pat juxta-pofition, que par adhéfion fuperficiaire de principes , comme l’agprégation fe fait par pure adhéfion de parties in- tégrantes d'individus chimiques. On n’a plus heureu- ferment befoin de combattre les entrelacemens, les introfufceptions, les crochets, les fpyres &c les au- tres chimeres des Phyficiens & des Chimifies du der- nier fiecle. 3°. La mixtion net exercée, ou n’a lieu, qu'en- tre les parties folitaires, uniques, individuelles des principes , ft per minima : elle fuppofe ,elle deman- de la deftrudion , ou du moins le très-grand relâche- ment de l’agerégation, tel que celui qui eft propre aux liquides , aux fubftances que les Chimiftes ap- pellent diffoures ou réfoutes, folute ; ëe voilà d’où naît l’axiome chimique, corpora non agunt, C eft-à- dire, ne contraétent point la méxtion chimique, #5/ int Joluta. ù 4°. La mixtion eft un aéte naturel fpontane ; l'art ne la produit point, najoute rien à l’énergie du prin- cipe naturel dont-elle dépend ; n'excite point la for- ce qui la produit ; il ne fait que placer les corps mif- cibles dans la fphere d’aétivité de cette force ; {phere qui eft très-bornée , qui ne s'étend point à un efpa- ce fenfible. Ainfi, non feulement les zzzxces naturels, mais même les mixtes qui peuvent être appellés à quelques égards arsificiels, favoir » Ceux qui font dûs à la diffolution chimique, ou à l’aétion menftruelle, déterminée pat des opérations artificielles, voyez MENSTRUE , Chimie; tous ces corps, dis-je, font à la rigueur des produits naturels , des êtres. dûs im- médiatement à un principe ab{olument indépendant de l’art humain. Je fens bien qu'on pourroit chica- nier fur cette maniere d’envifager le principe immé- diat de la ixtion , & dire que tous les principesdes changemens que les hommes appellent arsificiels, font pourtant naturels à la rigueur ; mais celanefe- roit pas exaét : des principes naturels concourent , il eft vrai, aux changemens opérés par les hommes, maïs ils y concourent plus on moins prochaine- ment ; & ce concours plus où moins prochain » plus où moins médiat, fuffit ici pour établir des différen- ces effentielles. En un mot, l’acide & Palkali qui, lorfqu'ils font mis à portée l'un de l’autre , ex incen- tione artificis , S’uniflent pour former le nitre , font joints par un lien qui peut Etre plusexaétement , plus proprement appellé naturel, que celui qui affujettit les douves d’un tonneau, au mOyen des cerceaux, Ec. x 5°. L’aûe de la xrion eft foudain & momenta- né : mixtio fit in inflanti, dit Stahl, dans fon /pecr- men Becherianum , part. I. feët. 1. membr. 1. ,. xiy. Ceci eft une fuite néceflaire du dogme précédent ; car non-feulement l’obfervation, les faits, établif- fent cette vérité ; mais elle eft fufceptible , dans la confidération abfiraite, de la plus exate démonftra- tion. En effet, dès que la mixtion S'opere par une force inhérente, ‘ou toùjours fubfiftante dans les corps ; dès que des corps fe trouvent placés dans la fphere d’aéivité de cette force (cette fphere étant ur-tout circonfcrite dans les termes de la plus gran- MIX de vicinité poflible, peut-être du contaët ), & dés que tous les obftacles font écartés ou vaincus, la mixtion doit arriver dans un inftant , par un aéte fim- ple, dans lequel on ne fauroit concevoir de la du- rée ; en un mot, être très-voifin , ou {e toucher, eft la même chofe dans ce cas, que fubir la x ÉLON 6°. La cohéfion mixtiveeft très-intime ; le nœud qui retient les principes des mixtes eft très-fort : il réfifte à toutesles puifflances méchaniques ; nul coin, nul lévier , nul choc, nulle direétion de mouvement, ne peut le rompre: & même le plus univerfel des agens chimiques , le feu, & toute l'énergie connue de fon ation diflociante, agit en vain fur la xtiox là plus parfaite, fur un certain ordre de corps chi- miques compofés , dont nous parlerons dans la fuite de cet article. À plus forte raifon, le degré le plus foible de cette aétion, favoir la raréfaétion par fa chaleur ne porte:t-elle point abfolument fur la rx- tion, même la plus imparfaite. Le moyen le plus commun , le plus généralement efficace que la na- ture & l’art employent pour furmonter cette force, c’eft un plus grand degré de cette même force. Cer- tains corps combinés chimiquement, ne fe féparent parfaitement & abfolument, que lorfque chacun ou au-moins l’un d’entre eux, pafle dans une nou- velle combinaïfon. Cette nouvelle combinaifon eft l'effet propre du phénomene que les Chimiftes ap- pellent précipication ; & ce plus haut degré de force mixtive exilte entre deux fubftances, dont l’une eft nue ou libre, (voyez NuD, Chimie) 8c autre unie ou combinée , par l’exercice duquel cette der: mere eft dégagée de fes anciens liens, & en fubit de nouveaux; ce plus haut degré de force, dis-je, eft connu dans l’art fous les noms de plus grand rap- port, &de plus grande affinité. Voyez RAPPORT, Chimie. Voyez auffr a l’art. FEU , Chimie, & a l’art. DiSTILLATION , quels font les corps chimiques compoñés dont le feu feul peut défunir les princi- pes, &c quels font ceux contre la zzxtion defquels cet agent eft impuiffant. Ce lien, ce nœud, cette cohéfion mixtive, eft très-fupérieure dans Le plus grand nombte de cas à la cohéfion aggrégative, qui eft l’attraétion de cohé: fion des Phyficiens. Cette vérité eft prouvée, & en ce que Paétion diflociante dw feu fe porte efficace: ment fur tous les agprégés chimiques ; & en ce que dans les cas les plus ordinaires & les plusnombreux, les parties intégrantes individuelles des aggrégés abandonnent , deférunt, leur aflociation aggrésati- ve, pour fe porter violemment , rzere, à la rixrion, ou à l’aflociation avec des principes divers, comme cela arrive dans prefque toutes les difolutions (voyez MENSTRUE , Chimie ), 8 enfin en ce queles puiflances méchaniques furmontent , quelquefois même avec beaucoup de facilité, la cohéfon aggré- gative. [Left tout commun aufi de voir dans les opéra- tions chimiques les agens chimiques très-énergiques, & principalement le feu rompre l'agrégation d’un fujet chimique compofé fans agir fur fa rixrion, Toutes les opérations chimiques proprement dites, que nous avons appellé di/prégarives, &c toutes celles que nous ayons appellé zuxtives ou combinantes, {ont dans ce cas, Voyez OPÉRATIONS CHIMIQUES, Il arrive cependant quelquefois que certains menftrues obéiflent davantage à la force de cohé- fion aggrègative, qu’à la force de mifcibihité : par exemple , l’efprit de nitre concentré à un certain point, n'agit pas fur l’argent par cette raïon ; voyez MENSTRUE , Chimie: mais ces cas font rares. 7°. Un caractere eflentiel de la wixrion chimique, du-moins la plus parfaite , c’eft'que les propriétés particulieres de chaque principe qui concourt à la * MIX formation durixe, périflent, ou du-moins qu’elles foient tellementmafquées, fufpendues, /opire, qu’el- les foient comme f elles n’étoient point, & que le mixte foitune fubftance vraiment nouvelle, {péci- fiée par des qualités propres, & diverfes de celles de chacun de fes principes. C’eft ainfi que le nitre formé par l’union d’un certain acide , & d’un cer- tain alkali, n’a plus ni les propriétés eflentielles de cet acide , n1 celles de cet alkali, mais des proprié- tés nonvelles & fpéciales. C’eft ainfi que plufñeurs els métalliques qui confervent la corroñvité de l’un de leurs principes, de l'acide, ne retiennent cette propriété, que parce que cet acide eft contenu fur- abondamment dans-ces fels, c'eft-à-dire dans un état de mixtiontrès-imparfaite , trèsimproprement dite, Voyez SURABONDANT, Chimie, 8°, Un autre caractere eflentiel de la z#ixvion , tara@iere beaucoup plus général, puifqu'l eft fans exception, c’eft que les principes qui concourent à a formation d’unixre, y concourent dans une cer- taine proportion fixe ; une certaine quantité, numé- rique de parties déterminées, qui conftitue dans les mixtes artificiels ce que les Chinuftes appellent pozzs de Jaturation. Voyez SATURATION , Chimie. Car quoique nous ayons dit que les principes des rzixtes s’umfoient per minima partie à partie, cela n’empê- che point, qu’à une feule partie d’un certain principe, ne puiffent s’unir deux ou plufieurs parties d’un au- tre. C’eft ainf que très-vraifflemblablement le foufre commun eft formé par l'union d’une partie unique d'acide, & de plufeurs parties de feu ; il eft vrai que cette derniere ernimadverfon n’eft qu'un foup- con qui eft établi cependant fur de tres-grandes pro- babilités. Voyez Sourre. Mais l’obfervation géné- rale fur la proportion déterminée des zzgrédiens de la mixuon, eft un dogme d'éternelle vérité, de vé- rité abfolue, nominale. Nous n’appellons mixtes, ou fubftances zon-fimples, Vraiment chimiques, que celles qui font f eflentiellement , f néceflairement compoices, felon une proportion déterminée de prin- cipes ; que non-feulement la fouftraétion ou la /ur- addition d’une certaine quantité de tel ou tel princi- pe, changeroit l’effence de ceite fubftance ; mais même que l'excès d'un principe quelconque eft de fait inadmifible dans les mixtes , tant naturels qu’ar- thciels, & que la fouftraétion d’une portion d’un certain principe, eft, par les définitions ci deflus expoñées , la décompoñition même, la deftru@ion chimique d’une portion du zixze ; en forte quefi d’une quantité donnée de nitre , on fépare une cer- taie quantité d'acide nitreux, 1l ne refte pas un mitre moins chargé d'acide; mais un mélange de ni- tre parfait comme auparavant, & d’alkali fixe, qui eft l’autre principe du nitre, abfolument nud, à qui l’acide auquel il étoit joint a été entierement enlevé. En un mot, l'acide n’a pas été enlevé pro- portionnellement à la quantité entiere de nitre, mais à une certaine portion qui a été abfolument dé- pouillée. Ceci eft démontré par les faits. La premiere aflertion eft prouvée aufli par des faits très-connus : tous les menfirues entrent en mixtion réelle avec les corps qu'ils diflolvent ; mais l'énergie de tous les menftrues eff bornée à la dif- Iolution d’une quantité déterminée du corps à dif- foudre ; l’eau une fois fasurée de fucre , (voyez Sa- TURATION , Chimie) ne diflout point du nouveau fucre; du fucre jetté dans une diflolution parfaite- ment faturée de fucre y refte conflamment fous le même degré de chaleur dans fon état de corps con- cret. Cette derniere circonftance rend le dogme que nous propolons très-manifefte ; mais elle ne peut s’obferver que lorfqu’on éprouve l'énergie desdivers menftrues fur les corps concrets où confftans; gar lorfqu'on l’effaye fur des liquides , ce n’eft pas la Tome X, de MIX 587 même chofe, & quelque excès d’alkali réfout qu’on verle dans de Pefprit de vinaigre, par exemple, il ne patoît pas fenfiblement qu'une partie de la pre- miere liqueur foit rejettée de la mixsion. Elle l’eft pourtant en effet, &.la chimie a des moyens fim- ples pour démontrer dans les cas pareils, la moin. dre portion excédente ou fuperflue de lun des prin- Cipes ( voyez SATURATION , Chimie); & cette por- tion excédente n’en eft pas plus unie avec le mixte, pour nager dans une même liqueur avec lui. Cat deux liqueurs capables de fe mêler parfaitement, & qui font aétuellement mêlées très-parfaitement, ne ont pas pour cela en sixtion enfemble, Au con- traire les liqueurs très-pareilles , celles , par exem- ple, qui ont l’eau pour bafe commune, fe mêlent onne peut pas plus parfaitement enfemble, au point même qu’elles font aufliinféparables que deux vers res d’eau pure bien erre-mélés. Un verre de diflo- lution de {el marin, & un verre de diffolution de nitre qu'on méleroit enfemble , feroient tout auff inféparables que ces deux verres d’eau pure. Or ces mélanges tout indiffolubles qu'ils font, ne con- ftituent pas la mixrion. Il en eft ainf de l’alkali: ex= cédent, dans l’expérience ci-deflus propolée ; c’eft une liqueur alkaline, dont la bafe eft de l’eau, qui eft mêlée ou confondue ayec une liqueur de terre foliée ( c’eft le nom du fel téfultant de l'union de lalkäli fixe, commun, & de l’acide du vinaigre ) dont la bafe eftauffi de l’eau, comme un verre d’eau pure feroit mêlé ou confondu avec un autre verre d’eau pure. La circonftance de tenir en difolution quelque corps ne change point à cet égard la con- dition de l'eau, pourvü queidans le cas joù chaque eau cft chargée d’un corps divers, ces deux corps ne foient point mifcibles, ou folubles l’un par l’autre, Il eft évident, & les confidérations précédentes nous conduifent à cette vérité plus générale, que toutes ces umons de divers liquides aqueux, font de vraies , de pures aggrégations. Une certaine quan- tité déterminée d’eau s’unit par le lien d’une. vraie mixtion à une quantité déterminée de fel, & con- ftitue un liquide aqueux qui eft un vrai mixte, Cela éft prouvé entre autres chofes, en ce que dès qu’on fouftrais une portion de cette eau, une portion du mixte périt : On a au lieu du mixte aqueo-fulin, ap- pellé /effve, xivium ,un corps concret , uncryftal de fel. Mais toute l’eau qu'on peut furajouter à cette le£ five proprement dite, ne contraéte avec elle que l’ag- grégation ; c'eft de l’eau qui s’unit à de l’eau ; & voilà pourquoi ce mélange n’a point de termes , point de proportions : une goutte de leflive fe mêle par- faitement à un océan d’eau pure : une goutte d’eau pure fe mêle parfaitement à un océan de leffive. Il en eft abfolument de même de l’efprit de vin, du vin , du vinaigre, de toutes les liqueurs vé- gétales & animales aqueufes, des acides, des ef prits alkalis , aromatiques , 6e. & de leurs mélanges à de l'eau pure ou entre eux, toutes les fois qu'ils ne contiendront pas des fubftances réciproquement folubles , ou abfiraétion faite de l'événement qui réfultera de cette circonftance accidentelle , il eft clair que tous ces mélanges ne font pas des zixtions : premierement par les définitions , car ils ne font bornés par aucune proportion ; fecondement, par la nature même des chofes ; car nous croyons avoir prouvé que dans tous ces cas, ce font des corps non- feulement pareils, mais mêmes identiques de l’eau & de l’eau qui s’uniffent, ce qui conftitue l’ageré- garion. Ÿoyez l’article LIQUIDITÉ, Chimie, L’acide {urabondant des fels métalliques peut aufli être con- fidéré à quelques égards comme uni par fimple ag- grégation au vrai zéxte f{alin. Les différentes fubftançes métalliques s’alliant auf EEeec x 588 MIX où S'entremêlant,, pour la plüpart , fans'ancune pro- portion , un grain d'argent étant recu Gans une male d’un millier de cuivre, comime ün grain de cuivre dans une mafle d’un millier d'argent, nous regardons aufñ ces mélanges & les pareils, comme ane efpece d’agprégation. C'eft ainf que nous Pa- voris confidéré dans lPeéxpoñition du fyffème des'opé- rations chimiques. PF OPÉRATIONS CHIMIQUES. Dès mixtes dé la mixtion confidérés dans la fe- conde acception, M. Becker diflingue tous les fujets chimiques ‘en mixres , compolés, furcompotés, de- compojitæ& ceux qu'il appelle /rper decompoffta, l'appelle mixtes les corps formés par l'union chi- miqué de deux ow de plufieurs élémens, premiers principes ou corps fimples. Voyez PRINCIPES. L'a- cide, lé foufre, l'huile, le charbon le plus fimple , les métaux, font regardés comme des corps dé cet ordre, qui eft très-péu nombreux, foit dans la na- ture, foit dans les produits de l’art, C’eft la mixion des fujets chimiques de’cet ordre qui eft la plus par- faite ; la plus intime , la'plus conftante ; à laquelle conviennent éminemment les propriétés de la wrx- sion en général. Ileft tout fimple par exemple , qu’elle élude davantage l'énergie des'agens chimiques, tant parce que les #ixres font de tous les corps deftruc- tibles les plus petits, que parce que leurs principes font vraiflemblablement cohérans dansle plus grand degré de vicinité poffible , où du-moins exiftant dans la nature. Si le conta@& même eft concevable , c’eft fans Contredit principalement entre les principes fim- ples & premiers. Les compofés font des corps formés par Funion chimique de deux ou de plufeurs wixtes ; ces corps font plus communs ;foit dans la nature, foit dans l'art. Lés métaux minéralhfés avec le foufre, les fels métalliques , les réfines, &c. font des compofés. Les furcompolés font des corps formés par l’union chimique de deux ou de plufieurs compofés : les exemples des corps de cet ordre, ou du-moins qui foient ftritement dans les’ termes de la définition, ne font pas ailés à trouver. Sthal dans le /pecumen Peülerianum , wofe en propofer qu'avec la formule du doute. Cette difficuité vient d’un vice inhérant à la divifion même de Becker, qui n’a point fait d’or- dre diftin& pour les combinaïfons qui fe préfentent le plus fréquemment tant dans les fujets naturels que dans les fujets artificiels ; favoir les unions immé- diates des élémens , des rixtes & des compofés entre eux. En effet, il exifte très-peu de corps très-com- polés dans le dernier ordre de compofition , dans lef- quels n’entre quelque mixte ou quelque élément. Il y a beaucoup de combinailons de mixre & d’élémens, A L’ufage que fait Becker de fa fuperdécompofition eft aufli très-peu exaét ; il entend prefque la même chofe que nous entendons par Jurabondancé (voyez SURABONDANCE), & fpécialement la furabondance d’un principesélémentaire dans un zzxte ou dans un compofé. Toute cette doûtrine, ou plütôt cette nomencla- ture eft inexaéte & heureufement inutile : il importe feulement en confidérant & en traitant les fujets chi- miques , d’avoir le plus grand égard aux différens or- dres de leur compoñtion!, à les examiner fucceffive- ment en commençant par le plus prochain , le plus immédiat, le dernier. Voyez pour exemple de cette méthode, l'article VÉGÉTAL, (Chimie). Il entre af- furément dans cette recherche, de connoître l’état de fimplicité ou de compofition diverfe de chaque principe confidéré à fon tour ; maïs il importe peu ce me femble, que chacun de ces états aït un nom diftinét : fi cependant il les faut ces noms, les Chi- miftes doivent en chercher d’autres, ceux-ci ne valent rien. (4) MIXTE , (Juri/prud.) {e dit de ce quitient de deux LS M IX natures différentes. Ila des corps #2*#$ qui font par” tie laics & partie eccléfiaftiques comme les univer- fites. | em dant” Il y a des droits ét a@ions qui font #ixrés, c’eft- -dire partie réels & partie perfonnels ; de même les fervitudes rrixres font celles qui font tout-à-latfois deftinées pour l’ufage d’un fond & pour l'utilité de quelque perfonne. Voyez "ACTION , SERVITUDE. On ‘appelle queflions mixtes , celles'où plufieurs lois où couttimes différéntes fe trouvent eñ oppofi- tion ; par exemple’, lorlqu'il s’agit de favoir fi c’eft la loi de la ftuation des biens , on celie ‘du domicrilé du teftateur,, ou celle du lieu où le teftament eft fait qui regle la forme & les difpofitions du teflament. Voyez QUESTION MIXTE. | ST Les fatuts mixres font céux qui ont en même tems pour objet la perfonne & les biens. F. STATUTS.(4) MixTE, o4 MÉLÉ , adje@. eft ez Mufiguele nom qu’on donnoit autrefois à quelques modes qui parti= cipoient de l’authentique & du plagal : c’eft ain que s’en explique l’abbé Broffard ; fur quoi l’on ne doit pas fe tourmenter pour entendre une explica- tion qu'il n’a furement pas entendu lui-même. On appelloït r70des mixtes ceux qui participoient à plufeurs genres à fois. Voyez GENRES. MIXTE , (Peinture) c’eft une forte de peinture où l’on fe fert du pointillement de la miniature & de la touche libre de la détrempe. Les points font propres à finir les parties du tableau les plus fufceptibles d’une extrème délicatefle; mais par la touche, le peintre répand dans fon ouvrage une hberté & une force que le trop grand fini n’a point. On peut tra- vaïller en grand 67 en petit de cette façon. Il 'y a deux tableaux précieux du Corrège peints dans ce genre, quele roi de France poflede. (D: 7) - MIXTILIGNE , adj. (Géom.) fe dit de ce qui eff formé de lignes droites &'de lignes courbes ; ainfi on dit une figure wixtiligne pour dire une figure ter- minée en partie par des lignes courbes , & en partie par dés lignes droites ; on dit auf un angle mix. ligne pour dire un angle formé par une ligne droite &uneligne courbe. F7. FIGURE 6 CONTINGENCE. MIXTION , fubft. f, (Pharmacie) ce mot fignifie exaétement la même chofe que le mot mélange pris dans fon fens le plus vulgaire, La #wixrion pharma- ceutique n’eft autre chofe que la confufion chimi- que. Voyez CONFUSION ; (Chimie. ) On ajoute communément à la fin des prefcrip= tions ou formules des remedes compofés , le mot mélez, mifce , qu'on écrit en abregé par la feule lettre initiale M. On ajoûte quelquefois, lorfque le manuel des mélanges eft un pen compliqué , comme dans les éleuares oficinaux ou les opiates magiftrales, l’ex- preffion fuivante, felon l’art, fecundum artem, ou ex arte, qu'on abrege ainfif. a. Voyez aux articles parti- culiers des diverfes formes de remedes , tels que ÉLECTUAIRE, POTION, POUDRE, ONGUENT,, &c. ce que l’art enfeigne {ur [a ixtion ou mélange que comporte chaque forme de remede. (4) MIXTURE, f. f. (Pharmacie. ) on trouve fous ce nom dans plufieurs auteurs , plufeurs efpeces de re medes magiftraux. Gaubius diffingue trois efpeces de mixture : la mixture étendue, la mixture moyenne & la rrixture concentrée. La qualité commune on gé- nérique de ces fortes de remedes, c’eft d’être formés fur le champ & par le fimple mélange , c’eft-à-dire fans décoëtion , infufion , &c. & les trois efpeces font diftinguées entr’elles par la dofe fous laquelle cha- cune opere fon effet moyen, la premiere n’agiflant qu’à grandes dofes & même à dofes réitérées ; la fe: conde à dofes beaucoup moindres; & enfin la der- niete à tres-petites dofes, | La premiere efpece n’eft autre chofe que la com: pofition beaucoup plus connue fous le nom de 7147 + (voyexJuLe ) ; la feconde eft une véritable efhece de la-préparation beaucoup plus connue fous le nom de potion (voyez POTION ); & enfin la troïfieme : n eft autre chofe que ce qu’on appelle gozrre, FPoyez GOUTTE; ( Pharmacie). | | | MIXTURA DE TRIBUS, (Phar. Mat.méd.) prépa: ration qu'on trouve encore danslés livres fous lenom demixturafimplex.de tribus, & de fpirius carminativus dk tribus. Ce n’eft autre chofe qu'un mélange d’ef- pritthériacal camphré & de {el ammoniac ,{ecret de Glauber : & fi elle eft appellée mélange de rrois, & non pas de deux, c'elt qu'on compte les deux prin- cipes du fel ammoniac avant leur combinaifon, La récette de la pharmacopée de Paris eft la fuivante. Prenéz d’efprit thériacal camphré dix onces; d’efprit de vitriol deux onces , d’efprit de tartre re@ifé, qui eft un alkali volatil affez concentré , fix onces, di- gérez dans un matras bien fermé pendant trois fe- maines. Les proportions de l’acide & de l’alkali font ici mal déterminées , car elles ne doivent jamais Pé- tre par le poids ou la mefure. Voyez SEL NÉUTRE. Ici donc comme ailleurs, 1l fautle prefcrire au point de faturation , ou prefcrire l’excès de l’un du de l'au- tre, fi par hafard on fe propofe que lacide ou lal- kali domine dans cette préparation, | Secondement, ileft inutile de digéter pendant fi : longtems : l’union convenable des trois ingrédiens eft opérée en très-peu detems , & il fuffit pour la hà- ter d’agiter pendant quelque tems le vaiflean dans lequel on a fait le mélange. Cette rixture et un puiflant cordial & fudori£- que qu'on doit prefcrire par gouttesmélées à quelque liqueur aqueufe appropriée. Ce remede eft fort peu ufté. (6) MIZINUM , ( Géogr. anc.) ville de la Galatie fur la route de Conftantinople à Antioche, fuivant li. tinéraire d’Antonin. (D. J.) M N MNEME CÉPHALIQUE , f. m. £aure. C’eftun baume que Charles duc de Bourgogne acheta d’un medecin anglois la fomme de dix mille florins.Quel- ques-uns aflurent qu’il eft fi efficace qu’il conferve dans l’efprit un fouvenir perpétuel des chofes paf- fées ; iln’y a que ceux qui en ont fait ufage, qui peuvent nous le dire. On le prépare de la maniere fuivante: # | Prenez fuc de feuilles de mélifle, bañlic, fleurs detamaris, lys , primevere , romarin, lavande, bourache, genêt, de chaque deux onces; rofes s violettes, de chaque une once ; cubebes , carda- mome, maniguette, fantal citrin, carpobalfamum, iris , fafran oriental, fariette, pivoine , thym, de chaque demi-once ; ftorax liquide , ftorax calamite, Opopanax, bdellium , galbanum , gomme de lierre, labdanum , de chaque fix gros ; racine d’ariftoloche longue , huile de térébenthine , de chaque cinq gros; coftus , genievre, baies de laurier, maftic, been, de chaque cinq gros. | Pulvérifez ce qui doit l'être, mêlez le tout en femble , diftillez-le par l’alambic à un degré de cha- leur convenable , jufqu’à ce que l’eau foit féparée de lhuile. On en prend la groffeur d’une noix, & l’on s’en ointtous les jours les paffages des narines & des oreilles pendant les deux premiers mois; tous les trois jours les deux mois fuivans; deux fois par fe- maine pendant les deux autres mois, enfuite une fois toutes les femaines , & après tous les quinze jours, jufqu’à ce que l’année {oit expirée. Il fufit après cela de s’en oindre une fois tous les mois. Sennert, Praë, lib. T, c. v. MNEMOSINE, f. f. (Myrhol. )la déeffe de la mé- moire. Elle étoit ,felon Diodore, fille dn Ciel & de laTerre , & fœur de Saturne & de Rhéa.On lui ac- M T Z 509 corde, dit le même autéur, non-feulemént le pre nier ufage de tout ce qui fert À fappeller la me- moire des chofes dont nous voulons nous teflous Ver, mais éncore l’art du raifonnement. Jupiter, ajoutent les Poëtes, devint amoureux de Mnémo- Jire , & la rendit mere des nenf Mufes, Pline ; Zy, AAXV. ce. xj. parle d’un excellent tableau de certe déèfle } fait par Philifeus ; & Paufanias nomme une fontaine facrée de même nom , dans la Béotie. ._MNIARA, ( Géog. anc. ) ville de la Mauritanie Céfarienne , félon Prolomée, 2. IF. c y, Marmol prétend que c’eft Aubec, bourgade du. royaume d’Alver, | M O MOATAZALITES 04 MUTAZALITES, fm. pl, nom d'une feête de la religion des Turcs, qui figni- fie féparés , parce qu'ils firent une efpece de fchime avec les autres fetes, ou parce qu'ils font divifés d'elles dans leurs opinions. Ils prennent Je titre de Vuniré 8 de la juflice de Dieu, êc difent que Dieu eft éternel, fage, puiffant, mais qu'il n'eft pas éter- nel par fon éternité , ni fage par fa fagefle, 8 ainf de fes autres attributs, entre lefquels ils ne veulent admettre aucune diftinétion, de peur de multipher l'eflence divine, La feéte qui leur eft la plus oppo- fée, eft celle des Séphalites, qui foutiennent qu’il y a cn Dieu plufieurs attributs réellement diftin- gués , comme la fagefle, la juftice | &c. Ricaut , de l’Ernp. ottom. | MOATRA, voyez MOHATRA. MOBILE , adj, ( Méch. ) fe dit de ce quieft fufe cépuble de mouvement , qui eft difpolé au monve- ment. Voyez MOUVEMENT. La Aphere eft le plus mobile de tous les corps ; c'eft-à-dire le plus facile à mouvoir, Une porte eft mobile fur fes gonds ; l'aiguille aimanrée , fur fon pivot, &c. Mobile fe dit fouvent par oppofition à Jexe, Voyez FIXE. … Premier mobile eft le nom que les anciens Aftro- nomes donnoient à un prétendu ciel de cryftal qui, felon eux ; enfermoit tous les autres , & qui les en- trainoit avec lui dans fon mouvement. Voyez Sys- TÈME. MOBILES FÊTES, font des fêtes qui n'arrivent pas toujours le même jour ou le même mois de l'année , mais toujours le même jour de la femaine. Voyez FÊTE. | Aïnfi Pâques eft une fére mobile , étant attaché au Dimanche d’après la pleine lune qui fuit immédia- tement l’équinoxe du printems. Toutes les autres fêtes fe reglent fur celle-là, & en font toutes les années à même diftance ; enforte que par rapport à Pâques, elles font fixes : telles {ont la Septuagéfime , la Sexagéfime , le Mercredi des cendres, l’Afcenfion, la Pentecôte, la Trinité, Gc. Voyez chacun de ces jours à fon artivie, MOBILE, parmi les Horlogers fignifie une roue, ou quelque autre piece du mouvement d’une montre où pendule, qui tourne fur des pivots.Ils appellent, par exemple , le barrillet Ze premier mobile, Dans une montre les derniers robes {ont la petite roue moyen- ne ; la roue de champ, la roue de rencontre , & le balancier. Les premiers font le barrillet, la fufée , & la grande roue moyenne, | MOBILIAIRE, o4 MOBILIER , f. m. (Jurifpr.) fe dit de ce qui eft meuble de fa nature, ou qui eft réputé tel, foit par la difpoñtion de la loi ou par convention & fiétion, Quelquefois par le terme de rrobilier, on entend tous les meubles meublans, linges, habits, argent comptant, grains, beftiaux, billets & obligations, & autres chofes mobiliaires ; ou réputées telles, Voyez MEUBLES, (4) 390 M O:€ MOBILISER,, v. a@. (Jurilpr.) figniñe ameubhr, faire qu'un immeuble réel, ou réputé tel , foit ré- puté meuble, L’ameublifiement n’eft, comme on voit, qu’une fiétion qui fe fait par convention. Ces fortes de claufes font aflez ordinaires dans les con: trats de mariages, pour faire entrer en commu- nauté quelque portion des immeubles des futurs conjoints, lorfqu'ils n’ont pas aflez de mobilier. Voyez AMEUBLISSEMENT. (A4) , MOBILITÉ, f. f. (Méchan.) fignife poffibihté d’être mu, ou facilité à être mu & quelquefois Le mouvement même aduel Voyez MOUVEMENT, La mobiliré ou poñlibilité d’être mu, eft une pro- priété générale des corps: La mobilité du mercure,-ou la facilité de fes par- ties à être mues, provient de la petitefle & de la fphéricité de fes particules, & c'eft ce qui en rend la fixation fi difficile. Voyez MERCURE. L'hypothefe de la soblité de la Terre eft l’opi- nion Ja plus plaufible & la plus reçüe chez les Aftro- nomes. Voyez TERRE. Le pape Paul V. nomma des commiflaires pour examiner l'opinion de Copernic fur la mobilité de la Terre. Le réfultat de leur recherche fut une dé- fenfe , non d’aflurer que cette mobiliré füt pofhble, mais feulement d’aflurer que là Terre fût aduelle- ment mobile, c’eft-à-dire qu'ils permirent de fou- tenir la mobilité de la Terre comme une hypothefe qui donne une grande facilité pour expliquer d’une maniere fenfible tous les phénomenes des mouve- mens céleftes; mais ils défendirent qu’on la fou- tint comme thefe ou comme une chofe réelle &z effedive, parce qu'ils la crurent contraire à l’Ecri- ture. Sur quoi voyez COPERNIC & SYSTEME, Chambers. (O) MOCADE, ox MOQUADE, f. f. (Comm. ) étoffe de laine fur fl, & qui eft travaillée en velonrs. La mocade {e fait en Flandre, & elle eft diverffñée de couleurs, éenrayures ou fleurons. On l’appelle auffi moquette. On l’emploie en meubles, La chaîne eft de ‘lin, & la trame de laine : & la laine des couleurs propres à exécuter le deffein du montage du métier, ‘lu fur le femple, &c tiré par la tireufe dé femple, MOCHA , ox MOKA, ( Géog.) ville de l'Arabie heureufe, avec un bon port, à l'entrée de la mer Rouge, à 15 heues N. du détroit de Babel-Man- del. La chaleur y eft exceflive & les pluies fort rares. On fait à Mocha un commerce aflez confidé- yable de café qui y pafle pour excellent, Lozg. 303. lat, mérid. 34. Mocma, (Géogr.) ile de l'Amérique méridio- nale au Ch:h, Elle dépend de la province d’Arauco, & eft fertile en fruits & en bons pâturages. Elle eft à cinq lieues du continent, éloignée de la ligne vers le fud, de 38 degrés & quelques minutes. Ses habitans font des Indiens fauvages qui s’y ré- fusierent d’Arauco, lorfque les Epagnols fe ren- dirent maîtres de cette province & de la terre- ferme. (D. J.) MOCHE, ,f. f. (Com.) enterme de Blondier, eftun pa- quet de foie, tel qu'il vient des pays étrangers, pe- fant depuis fept juiqu’à dix livres, mais partagé en trois parties égales nommées sers, voyez Tiers. Les oies en moches ne font pas teintes, & n’ont pas encore en tous leurs apprèts. MOCHLIQUE , (Thérapeutique) c’eft un des noms que les Médecins ont donné aux purgatifs violens. Voyez PURGATIFS. MocuLiQUuE de la Charité de Paris, Voyez ReE- MEDES de la Charité, MOCKA, PIERRES DE, (/1i/2. nat, Lichol.) Les Anglois nomment ainf les belles agates herbori- fées qui font quelquefois prefqu'aufh claires & tranfparenteés que du cryftal de roche; ce qui fait que l’on diftingne parfaitement les buiflons 8 #a< meaux que ces pierres renferment ; ces buiffons {ont communément Où noirs, où bruns, ou rougeûtres; il s'en trouve, quoique rarement, qui {ont d'u beau verd, Le nom.de pierres de Mocka paroït'leut avoir ëté donné parce qu'ontentire de Mocka en Arabie, Ces-pierres {ont beaucoup plus commu nes en Angleterre qu’en France. & par-tout ail leurs, On les emploie à faire des boutons, des taba= tieres , lorfqu’elles font aflez grandes ; & d'autres ornemens femblables. (— « fai MOCKEREN, (Géog.) petite ville d'Allemagne au cercle de la baffe Saxe, dans l’archevêché de Magdebourg, fur la Struma, à rrois milles de Mag= debourg, Long, 33. 32. lat, Ga, 16, (DT.) MODES, Lm. pl. (Philof. & Loy.) ce font les qualités qu'un être peut avoir & n'avoir pas,, fans que pour cela fon eflence foit changée ou \dé- truite. Ce font des manieres d’être, des façons d’exif- ter, qui changent, qui difparoïffent , fans que pour cela le fujet cefle d’être ce qu'ileft, Un corps peut être en repos ou. en mouvement, fans cefler d’être * corps; le mouvement & le repos font donc des m10- des de ce corps; ce font {es manmieres d’être. On donne quelquefois le nom d'accident à ce que nous appellons des z0des;mais cette expreflion n’eft pas propre, en ce qW’elle donne l’idée de quelque chofe qui furvient à l'être & qui exifte fans lui; ou c’eft cette maniere de confidérer deux êtres enfem- ble, dont l’un eft 7ode de l’autre, Voyez l'ars. Acci- DENT, comme fur la diftin@tion des attributs êc des modes , voyez aufñ l’article ATTRIBUT. Tout ce qui exifte a un principe ou une caufe de fon exiftence. Les qualités effentielles n’en re- connoiflent point d'autre. que la volonté du créa- teur, Les attributs découlent des qualités effen- tielles, & les #odes ont leur caufe dans quelque mode antécédent, ou dans quelque être différent de celui dans lequel ils exiftent, ou dans l’un & l’autre enfemble. Penfer à une chofe plutôt qu'à une autre, eft une maniere d’être qui vient ou d’une penfée précédente, on d’un objet extérieur, ou de tous les deux à la fois. La perception d’un objet fe liant avec ce que nous avions dans l’efprit un moment auparavant, Occafionne chez nous une troifieme idée. If ne faut pas confondre avec les modes leur pof- fibiliré, & ceci a beloin d'explication. Pour qu’un. tujet foit fufceptible d’un certain mode, il faut qu'il ait au préalable certaines qualités, fans lefquelles on ne fauroit comprendre qu'il puifle être revêtu de ce mode. Or ces qualités néceflaires au fujet pour recevoir le mode, font ou effentielles, on at- tributs, ou fimples modes. Dans les deux premiers cas, le fujet ayant toujours fes qualités eflentielles & fes attributs, eft toujours fuiceptible & prêt à recevoir le mode ; & fa poflibilité étant elle-même un attribut, eft par cela même prochaine. Dans le troifieme cas, le fujet ne peut être revêtu du #0de en queftion, fans avoir acquis auparavant les modes néceffaires à l’exiftence de celui-ci : la pofñbilité en eft donc éloignée, & ne peut être regardée elle- même que comme un 04e, Il faut des exemples pour expliquer cette diftinc- tion. Un corps eft mis en mouvement; pour cela, il ne lui faut qu'une impulfon extérieure aflez forte pour l’ébranler. Il a en lui-même & dans fon eflence tout ce qu'il faut pour être mu. Sa mobi- lité ou la poffibilité du mouvement eft donc pro- chaine, c’eft un attribut. Pour que ce corps roule en fe mouvant, il ne fuffit pas d’une ation extérieure ; il faut encore qu'il ait de la rondeur ou une figure propre à rou- ler, Cette figure eft un ode ; c'eft une pofñbihité M O D de mode éloignée. Elle eft éloignée dans un bloc de marbre, & elle dévient prochaine dans une boule, puifque la rondeur, fimple mode dans le bloc de marbre, eft attribut effentiel dans la boule. Cette diftinéion fait voir que la pofibilité de modes éloignés peut être attachée ou détachée du fujet fans qu'il périfle, puifque ce ne font que des modes ; au-lieu que Les poffibilités prochaines étant des attributs, elles font inféparablement annexées au fujet, On ne fauroit concevoir un corps fans mo- bilité ; mais on le conçoit fi plat qu'il ne fauroit rouler. Modifier un être, c’eft le revêtir de quel- ques rr0des qui fans en alterer l’effence , lui donnent pourtant de nouvelles qualités, ou lui en font per- dre. Ces modifications peuvent arriver, fans que l'être pour cela foit changé ni détruit. Un corps peut recevoir diverfes fituations ; il peut garder la même place, ou pañer fans cefle d’une place dans une autre; 1l peut prendre fucceffivement toutes fortes de figures, fans devenir différent de ce qu'il eft, fans que fon effence foit détruite. Ces modifi- cations font fimplement des changemens de rela- tion, foit externes, foit internes. Malgré ces varia- tions, l'être fubfifte ; & c’eft en tant que fubfftant, “quoique fujet à mille & mille modifications, que nous le nommons fubffance. Voyez V’article SUBS- TANCE. Sur quoi nous nous contenterons dé dire que l’idée de la fubftance peut fervir à rendre plus nette 6 plus complette l’idée du 04e qui la déter- mine à être d’une certaine maniere. MopeE , (Logique.) Des modes & des figures des ft fogifmes. On appelle r#ode en Logique la difpoñition de trois propoñtions , felon leur quantité & leur ualité. Figure eft la difpofition du moyen terme avec les termes de la concluñon. Or on peut compter combien il peut y avoir de nodes concluans : car par la doétrine des combinai- fons , 4 termes comme À, E, I, O, étant pris trois à trois, ne peuvent être différemment arrangés qu’en 64 marieres. Mais de ces 64 diverfes manieres, ceux qui voudront prendre la peine de les confidérer cha- cune à paït, trouveront qu’il y en a 28 exclufes par la troifieme & la fixieme regle, qu'on ne conclut rien de deux négatives & de deux patticulieres : 4 18 par li cinquieme, que la conclufon fuit la plus foible partie : 6 par la quatrieme, qu’on ne peut conclure né- gativement de deux afirmatives : 1, favoir I, E, O, par le troifieme. corollaire des regles générales : 1, favoir À, E, ©, par le fixieme corollaire des regles générales. | Ce qui fait en tout S4; & par conféquent il ne refte que dix r10des concluans : 4afhrmatfs, À. A. A, Gnésatifs, E. A. AU EN A. EE. À. À, I. E: À. O. I. À. I, À. O. 0. ©, A. O. E MO; Mais de-là il ne s'enfuit pas quil n'y ait que dix efpeces de fyllogifmes , parce qu'un feul de ces #0- des en peut faire diverfes efpeces , felon l’autre ma. mere d’où fe prend la diverfité des fytlogifmes, qui eft la différente difpofition des trois termes que nous avons dit s’appeller feure, Or cette difpofition des trois termes ne peut regar- der que les deux premieres propofitions ; parce que la conclufion eft füppoiée avant qu’on fafle le fyllo- gifme pour la prouver ; ainfi le moyenne pouvant s'arranger-qu'en quatre mahieres diflérentes avec les . | M O D DL deux termes de la conclufion, il n’y à auf que quds tre figures poflbles. Car ou le moyen ef füjer dans la majeure & àtrrii but dans la mineure ; ce qui fait La Premier figire, Où il &/f attribut dans La majeure 6 dans La imirieure $ ce qui fait /a feconde figure. Ou il ef Juyer en l'une G en l’autre; cé qui fait /à trofterne fioure. | | Ou il eff enfin attribut dans la majeure & fijes dan La mineure, Ce qui peut faire #re guatricme ficure , que l’on nomme figure galenique, Néanmoins parce qu’on ne peut conclure de cetté quatrieme maniere que d’une façon qui n’eft nulle: ment natureile , & où l’efprit ne fe porte Jamais, Ariftote & ceux qui Pont fuivi , n’ont pas donné à cette maniere de raifonner le nom de fvure,. Galien a foutenu le contraire , & il eff clair que ce n'eft qu’une difpute de mots, qui fe doit décider en leur faifant dire de part &e d'autre ce qu'ils entendent par | figure. Il y a deux reples pour la premiere foure, Ï. regle, Z7 faut que la mineure foit afirmative , cat fi elle étoit négative ; la majeure feroit airmative par la troifieme regle générale , &c la conclufion né: gative par la cinquième : donc le grand terme feroit pris univérfellement dans la conclufon ; & particu=- lierement dans la majeure, parce qu'il en ef l’attri: but dans cette figure ; ce qui feroit contre la feconde regle, qui défend dé conclure du particulier au gé- néral. Cette raifon a lieu auf dans la troifieme figure , où le srand terme eft auf attribut dans l4 majeure. IT. regle, La majeure doit étre üniverfelle, car la mis neure étant afirmative, le moyen qui en eft l’attri: but y ef pris particulierément: doncil doit être uni- verfel dans la majeure où il eft fujet, ce qui la rend univerfelle. Voyez la premiere regle générale, Ona fait voir qu'il ne peut y avoir que dix #20des concluans, mais de ces dix rrodes, ÀA.E.E. & À. O. O: font exclus par la premiere regle de cette figure, T. A. L. & ©. À. O. font exclus par la feconde. À. AT & E. À. O. font exclus par le quatrieme corollaire des regles générales ; car le petit terme étant fujet dans la mineure , elle ne peut être uniz verfelle que la conclufion ne le foït auf. Et par conféquent il ne refte que ces 4 modes ; 2 affrmatifs, A. À. A. 2 néçeatif, E. A. E, A AI E°T. 0; Ces 4 modes pour être plus facilement retenus ; ont été réduits à des mots artificiels, dont les trois fyllabes marquent lés trois propoñitions, & la voyelle de chaque fyllabe marque quelle doit être cette pro= pofition: Bar Ba. Ra. Ce Nulqui défire plus qu'il ra n'eft content 3 La Tour avare défire plus qu'il n'a : Rent, Donc nul avare ref? content. Tout être créé ef? dépendant ; Tout homme eff créé : Donc tout homme ef? dépendant: Da Tout ce qui fers au falus eft avanidgeux : Ri Ia des afflitions qui fervent an falus : L Doncily a des affhitions qui fon avantagenfes Fe Rien de hontéux nef fouhairable ; Ri Certains gains font honteux : | O. Doncily a certains gains qu’on nedoir pas fou: haiter, 1! ÿ a deux regles pour la feconde figure: I. reple. Une des deux prémices doit étre négative ; car fiellesétoient toutesdeux afirmatives , le moyen qui y eft toujours attribut feroit pris deux fois parti culierement contre la premiere regle générale, IT. reple. La majeure doit étre univerfille, cat la conclufon étant négative ,le #rand terme qui en eft 592 M O D Vattribut, y eft pris univerfellement ; of ce même terme eft fujet de la majeure : donc il doit être uni- verfel, & par conféquent rendre la majeure uni- verfelle. Des dix modes concluans,les quatre afhrmatifs font exclus par la premiere regle de cette figure. ©. À. O. eft exclu par la feconde, qui eft que la majeure doit être umwverfelle, E. À. O. eft exclu pour la même raifon qu’en la premiere figure, parce que le petit terme eft auf fujet dans la mineure. Il ne refte donc de ces dix modes que ces quatre, 2 généraux, E. A. E. 2 particuliers, E. Ï. O. À. E. E. À. O.0. On a compris ces quatre odes fous ces mots arti- ficiels, Ce Nulle figure reft inrdivifible ; Sa Toute penfée eft indivifible : Re. Donc nulle penfée neft figure. Ca Tour ce qui excite la malice des hommes efl bla- mable; Mes Aucune vertu n'eff blämable : Tres. Donc aucune vertu n'excite La malice des hom- mes. Fes Nullevertu ref contraire à l'amour de la vérité ; Ti Ily aunamour de la paix qui ef? contraire a l’a- | mour de la vérité : No. Doncily aur amour de la paix qui neff pas une verti. Ba Toute vraie [cience ef? utile ; Ro Plufieurs fubrilités des philofophes ne font pas utiles : Co. Donc plufieurs fubrilités des philofophes n’ap- partiennent pas à la vraie fctence. Il y a encore deux regles pour la troifieme figure. I. regle. La mineure doit être affirmative. On le dè- montre de la même maniere que dans la premiere fisure. Il. regle. L’on r°y peut conclure que particulierement , car la mineure étant toujours afirmative, le petit terme qui en eft attribut y eft particulier : donc 1l ne peut être univerfel dans la conclufion où1left fu- jet, parce que ce feroit conclure le général du parti- culier contre la feconde regle générale. Des dix modes concluans , À. E. E. & À. O. O. font exclus par la premiere regle de cette figure. À. À, À, & E. A. E. font exclus par la feconde. Il pe refte donc que ces fix modes, 3 affirmatifs, À. AI. 3 négatifs, E. À. O. À. I. I. E 410: I, A. E O. À. O. C’eft ce qu’on a réduit à ces fix mots artificiels : Da La divifibilité de la matiere à Pinfini eft incom- préhenfible ; Rap La divifbilité de la matiere à Pinfint ef} srès- certaine : Ti. Ily a donc des chofes très-certaines qui font in- comprehenfibles. Fe Nul homme n'efl un ange ; Lap Tour homme penfe : Ton. Donc quelque chofe qui penfe n’eff pas un ange, Di Certains avares font riches 3 Sa. : Tous Les avares ont des befoins : Mis, Donc certains riches ont des befoins. Da Tour ferviteur de Dieu eff roi ; Ti Jly a des ferviteurs de Dieu qui font pauvres; Si. Îlya donc des pauvres qui font rois. Bo Îlya des coleres qui ne font pas blamables 5 Car Toute colere eft une palfion : | MOD Do. Donc ily à des paffions qui ne font pas bla: mables. Fe Rien de ce qui eff pénécrable n'efl COrps = Si Quelque chofe de pénétrable ef? étendu : Son. Donc quelque chofe d’étendu n’eff point corps. La quatrieme figure eft f peu naturelle, quil eft affez inutile d’en donner les regles. Les voilà néan- moins, afin qu'il ne manque rien à la démonftration de toutes les manieres fimples de raifonner. Prerniere regle. Quandla majeure eft afirmative, la mineure eft toüjours univerfelle; car le moyen eft pris particulierement dans la majeure afirmati- ve. Il faudra donc qu'il foit pris généralement dans la mineure, & que par conféquent il la rende uni- verfelle, puifquil en eft le fujet. ! Seconde regle. Quand la mineure eft affirmative, la conclufon eft toûjours particuliere ; car le petit terme eft attribut dans la mineure , & par confé- quent il y eft pris particulierement quand elle eft afirmative ; d'oùil s'enfuit ( par la {econde regle générale) qu'il doit être auf particulier dans la conciufion dont il eft le fujet ; ce qui la rend parti- culiere. | Troifieme regle. Dans les modes négatifs la ma- jeure doit être générale ; car la conclufion étant né- gative, le orand terme y eft pris généralement. Il faut donc ( par la feconde regle générale ) qu'il foit pris aufhi généralement dans les prémices : oril eft le fujet de la majeure ; 1l faut donc que la majeure foit générale. Des dix modes concluans, À. I. I. & À. O. O. font exclus par la premiere regle. À. À. A. & E, A. E. font exclus par la feconde ; O. A. O, parla troi- fieme, Il ne refte donc que ces 5, deux affirmatifs, À. A, I. I, A, I. trois négatifs, À, E. E. * 1 E. À. O. E 110! Ces cinq modes fe peuvent renfermer dans ces mots artificiels, barbarips ou calentes , dibatis , fefpa- mo, freffomorum, en ne prenant que les trois pre- mieres {yllabes de chaque mot. Voici un exemple d’un argument dans cette figure , pour faire voir combien peu la conclufon eft naturelle. Ca Tous les maux de la vie font des maux palagers ; len Tous les maux pal[agers ne font point à craindre tes. Donc nul des maux qui font à craindre, n’eft ur mal de cette vie, MODE, anciennement MŒ@UES , {. m.( Grammaire.) Divers accidens modifient la fignification & la for- me des verbes, & il y en de deux fortes : les uns font communs aux verbes & aux autres efpeces de mots déclinables ; tels font les nombres, les cäs, les genres êc les perfonnes , qui varient felon la différence des mêmes accidens dans le nom ou le pronom qui ex- prime le fujet déterminé auquel on applique le verbe: Voyez NOMBRE, CAS , GENRE, PERSONNE, Con: CORDANCE , IDENTITÉ. Il y a d’autres accidens qui font propres au verbe, & dont aucune autre efpece de mot r’eft fufcepti- ble : ce font les tems & les modes ; les tems font les différentes formes qui expriment dans le verbe les différens rapports d’exiftence aux diverfes époques que l’on peut envifager dans la durée. Ainfile choix de ces formes accidentelles dépend de la vérité des pofitions du fujet, & non d’aucune loi de Gram- maire ; & c’eft pour cela que dans l’analyfe d’une phrafe le grammairien n’eft point tenu de rendre compte pourquoi le verbe y eft à tel ou tel tems. Voyez Tes. | | Les rzodes femblent tenir de plus près aux vûes de la Grammaire , ou du-moins aux vües de celui qui parle. Perizonius, zos, 1, fur Le chap, x11j. du li, I. | de M © D de La Minerve de Santius , compare ainf les #odes des verbes aux cas des noms : Æodem planè modo fe habent modi 22 verbis, quo Cafus ir nominibus, Urri- que confiffuns in diverfis terminationibus pro diverfitate conftruëttonis. Utrique ab illä terminationum diverfä formé nomem fuum accepére , ut ill: dicantur termina- tionum variCalus , ki modi. Dexique utrorumque ter- mirationes fingulares appellantur à potiffimo earum ui, non umico, [l ne faut pourtant pas s’'imaginer que l'on pruifle établir entre les cas &c les z20des un paral- lele foutenu , &'dire , par éxemple , que lindiçatif dans les verbes répond au nominatif dans les noms, l'impératif au vocatif, le fubjon@tifà l’accufatif, Gc.on trouveroit peut-être entre quelques-uns des membres de ce parallele, quelque analogie éloignée ;-mais la comparai{on ne fe foutiendroit pas jufqu'à la fin , & le fuccès d’ailleurs ne dédommageroit pas aflez des attentions minutieufes d’un pareil détail, Il eft bien plus fimple dé rechercher la nature des z70des dans Pufage que l’on en fait dans les langues , que de s’a- mufer à des généralités vagues , incertaines & fté- riles. Or, : I. On remarque dans les langues deux efpeces générales de r70des , les uns perfonnels & les autres imperfonnels. Les i0des perfonnels font ceux où le verbe reçoit des terminaifons par lefquelles il fe met en concor- dance de perfonne avec le nom ou le pronom qui en exorime le fujet : facio , facis , facir, je fais , tu fais, al fait ; facimus, faciris, faciunr , nous faïfons , vous faites , ils font , c’eft du w10de indicatif : faciam , fa- clas , factat , je fafle , tu fafes , il fañle ; faciamus, Jaciaris , factant ; nous fafions , vous fafliez, ils faMent , c'eft du rzode fubjonétif ; & tout cela eft perfonnel. Les modes imperfonnels font ceux où le verbe ne reçoit aucune terminaifon pour être en concordance de perfonne avec un fujet : facere , feciffe , faire, avoir fait, c’eft du rode infinitif ; fac'ens , faëlurus , faifant, devant faire, c’eft du modeparticipe ; & tout cela ef imperfonnel, Cette premiere différence des zodes porte fur celle de leur deftination dans la phrafe. Les perfonnes ,en Grammaire, confidérées d’une mamiere abftraite & générale , font les diverfes relations que peut avoir à la produétion de la parole le fujet de la propofi- tion ; 8 dans les verbes ce font Les diverfes termi- narfons que le verbe reçoit felon la relation aétuelle du fujet de ce verbe à la produétion de la parole, Voyez PERSONNE. Les modes perfonnels font donc ceux qui fervent à énoncer des propoñtions , & qui en renferment ce que les Logiciens appellent la co- pule , puifque c’eft feulement dans ces #20des que le verbe s’identifie avec Le fujet, par la concordance des perfonnes quiindiquent des relations exclufive- ment propres au fujet confidéré comme fujet. Les modes imperfonnels au contraire ne peuvent fervir à énoncer des propoñtions , puifqu'ils n’ont pas la forme qui défigneroit leur identification avec leur fujet confidéré comme tel, En effet, Dieu EST éter- nel , fans que nous COMPRENIONS , VOUS AURIEZ raon, RETIRE-t0i, {ont des propofñtions, des énon- ciations complettes de jugemens. Mais en eft-il de même quand on dit écouter, avoir compris, une chan- Jon NOTE’E, Augfñfle AYANT FAIT la paix , Cai- lina DEV ANT PROSCRIRE les plus riches citoyens ? non , fans doute, rien n’eft affirmé ou nié d'aucun fujet, mais le fujet tout au plus eft énoncé ; il faut y ajouter quelque chofe pour avoir des propoñtions entieres, & fpécialement un verbe qui foit à un mode erfonnel. Il. Entre les modes perfonnels , les uns font direéfs, & les autres {ont zzdireêls ou obliques. Les modes direêts font ceux danstlefquels feuls le Tome * | .M O D 593 verbe fert à comitituer la propoñition principale , c’eft-à-dire l’expreflion immédiate de [a penfée que l’on veut mamifefter, né Les modes indireêts ou obliques font ceux qui né conflituent qu'une propofition incidente fubordon: née à un antécédent qui n’eft qu'une parte de la pro- poñtion principale. Ainf, quand on dityeFAIS de mon mieux, je FES ROIS mieux [2 je pouvois , FAITES mieux , les diffé= rens #odes du verbe faire, je fais, je férois, faites, font direëéts, parce qu'ils fervent imtmédiitement à l'expreflion du jugement principal que l’on veut ma- | nifeéter. Si l’on dit au contraire , 17 eff néceflaire que JE FASSE mieux , le mode je faffe eft indireét ou obli- que , parce qu'il ne conftitue qu’une énonciation fubordonnée à l’antécédent Z7 , qui eft le fujet de la propofirion principale ; c’eft comme fi l’on difoit il que JE FASSE mieux ef? néceffaire, Remarquez queje dis des rodes direéts qu'ils font les feuls dans lefquels le verbe fert à conflituer la propoñtion principale ; ce qui ne veut pas dire que toute propofñition dont le verbe eft à un 704 dire& foit principale , puifqu’il n’y à rien de plus commun que des propoftions incidentes dont le verbe eft à un 7rode direct : par exemple , 4 remarque que JE FAIS ef? utile, les remarques que VOUS FEREZ féroient utiles , &c. Je ne prétends donc exprimer par - là qu'une propriété exclufive des zzodes direéts, & faire entendre que les indireéts n’énoncent jamais une propoñition principale, comme je le dis enfuite dans la définition que j'en donne, Si nous trouvons quelques locutions où lé mode fubjonétif , qui eft oblique , femble être le verbe de la propofñtion principale , nous devons être aflurés que la phrafe eft elliptique, que le principal verbe. eit fupprimé , qu'il faut le fuppléer dans l’analyfe, &t que la propofition exprimée n’eft qu’incidente. Ainfi, quand on lit dans Fite-Live, WI, xjv, Tune véro ego nequicquam capitolium arcemque SERV APE RIM, ft, &zc. il faut réduire la phrafe à cette conf- truétion analytique : Tunc vero (res erititaut } ego SERV AV ERIM nequicquam capitolium que arcem, fr, &c. C’eft la même chofe quand on dit en françois, quon Je TAISE ; il faut fous - entendre 7e veux, où quelqu’autre équivalent. Voyez SUBJONCTIF. Nous avons en françois trois modes perfonnels dire@s , qui font l'indicatif , impératif, & le fuppoñrif. Je fais eft à l'indicatif, fais eft à l’im= pératuf, Je ferois eft au fuppoñtif. Ces trois #70des également dire@s, different en tr’eux par des idées accefloires ; l'indicatif exprime purement l’exiftence d’un fujet déterminé fous un at- tribut : c’eft un 70de pur ; les deux autres font 774x- tes , parce qu'ils ajoutent à cette fignification primi- tive d’autres idées accefloires accidentelles à cette fignification. L'impératif y ajoute l’idée accefloire de la volonté de celui qui parle : le fuppoñtif celle d'une hypothele, Foyez INDICATIF, IMPÉRATIF, SUPPOSITIF. LesGrecs niles Latins n’avoient pas le fuppoñtif; ils en fuppléoient la valeur par des circonlocurions que Pellipfe abrégeoit. Aïnfi , dans cette phrafe de Ciceron, de nat. deor. II, xxxvi. Profettù & elle deos, & hœc tanta opera deorum elle ARBITRARENTUR, le verbe arbitrarentur ne feroit pas rendu littérale- ment par 4/s croiroient , ils fe per[uaderoient ; ce {eroit is cruffent, ils fe per[uadaffent , parce que la conftruc- tion analitique eft ( res eff ira ut) arbirrarentur , &cc, Ce mode eft ufité dans la langue italienne , dans l’ef= pagnole & dans l’allemande , quoiqu'il nait pas en core plu aux grammairiens de l'y diftinguer, non plus que dans la nôtre, excepté l'abbé Girard. Foyez SUPPOSITIF. | IV, Nous n'avons en françois de 04e nu que | F 504 M O D le fubjondtif, & c’eft la même chofe en latin , en alle. mand, en italien, en efpagnol. Les Grecsen avoient un autre , l’optatif, que les copiftes de méthodes &c de rudimens vouloient autrefois admettre dans le Jatin fans l’y voir, puifque le verbe n’y a de déter- minaifons obliques que celles du fubjondtif. Voyez SUBJONCTIF , OPTATIF. Ces modes different encore entr'eux comme les précédens : Le fubjonétif eft mixte, puifqu'il ajoute à la fignification directe de Pindicatif l'idée d’un point de vûe grammatical ; mais Poptatif eft dou- blement mixte, parce qu'il ajoute à la fignification totale du fubjonétif l’idée accefloire d’un fouhait, d’un defir, V. Pour ce qui concerne les modes imperfonnels , il n’y en a que deux dans toutes les langues qui con- juguent les verbes ; mais il y en a deux, Pinfinitif & le participe. | L'infinitif eft un mode qui exprime d’une maniere abftraite & générale l’exiftence d’un fujet totalement indéterminé fous un attribut. Ainfi, fans ceffer d’être verbe , puifqu’il en garde la fignification & qu'il eft indéclinable par tems, il eft effetivement nom, puif- qu’il préfente à l’efprit l’idée de l’exiftence fous un attribut , comme celle d’une nature commune à plufieurs individus. MENTIR, c'ef} fe déshonorer; comme on diroit, le menfonge ef déshonorant: AVOIR FUI L’occafion de pécher , c’eff une viéloire, comme fi Von difoit, la fuire de l'occafion de pécher ef? une vic- zoire : DEVOIR RECUEILLIR une riche fucceffion , c’eft quelquefois l’écueil des difpofiszons les plus heureu- reufes, c’eft-à-dire, une riche fucceffion a venir eff quel- quefois l'écueil des difpofitions les plus heureufes. Voyez INFINITIF. | Le participe eft un mode qui exprime l’exiftence fous un attribut , d’un fujet déterminé quant à fa na- ture, mais indéterminé quant à la relarion perfon- nelle. C’eft pour cela qu’en grec, en latin, en alle- mänd , le participe reçoit des terminaifons relati- ves aux genres, aux nombres & aux cas, au moyen defquelles il fe met en concordance avec le fujet auquel on lapplique ; mais 1l ne reçoit nulle part aucune terminaifon perfonnelle, parce qu'il ne conf- titue dans aucune langue la propofition que l’on veut exprimer : il eft toui à-la-fois verbe & adjedhf ; 1l eft verbe, puifqu'il en a la fignification , & qu'il reçoit les inflexions temporelles qui en font la fuite : pre- cans | priant , precatus, ayant prié , precaturus de- vant prier. Ileft adjectif, pufqu'il fert , comme les adjectifs, à déterminer l'idée du fujet par l’idée acci- dentelle de l'événement qu'il énonce , & qu’il prend en conféquence les terminaifons relatives aux ac- cidens des noms & des pronoms. Si nos partucipes adifs ne fe déclinent point communément , ils fe déclinent quelquefois , ils fe font déclinés autrefois plus généralement ; & quand 1l ne fe feroient jamais déclinés , ce feroit un effet de l’ufage qui ne peutja- mais leur Ôter leur déclinabilité intrinfeque. Foyez PARTICIPE. Puifque l'infinitif figure dans la phrafe comme un nom, & le participe comme un adjeétif , comment concevoir que l’un appartienne à l’autre & en fafle partie ? Ce font aflurément deux 770des différens , puifqu'ils préfentent la fignification du verbe fous différens afpeéts. Par une autre inconféquence des plus fingulieres , tous les méthodiftes qui dans la conjugaifon joignoient le participe à Pinfinitif, com- me en étant une partie, difoient ailleurs que c’étoit une partie d’oraifon differente de l’adjeétif , du ver- be, & même de toutes les autres ; & pourtant Pin- finitif continuoit dans leur fyftème d’appartenir au verbe. Scioppius , dans fa grammaire philofophique, de participio ; pag. 17, fuit le torrent des Grammai- riens , en reconnoiflant leur erreur dans une note, Mais voici le fyftème figuré des #odes, tel qu'il réfulte de lexpoñtion précédente. | Les modes | Purs. Mixtes. {ont > . Indicatif. à = Impératif. | | Perfonnels. RUE Suppofitif. : Subjonthif. | Obliques. 3 Optatif. Imperfonnels. 3 en Voilà donc trois modes purs, dont l’un eft perfon- fonriel 8 deux imperfonnels , & qui paroiffent fon- damentaux , puifqu'on les trouve dans toutes les langues qui ont reçu la conjugaifon des verbes. Il n’en eft pas de même des quatre modes mixtes ; les Hébreux n’ont ni fuppoñtif, ni fubjonétif, ni op- tatif : le fuppoñtif n’eft point en grec ni en latin; le latin ni les langues modernes ne connoiffent point loptatif ; l'impératif eft tronqué par-tout , puifqu'l n’a pas de premiere perfonne en grec ni en latin, quoique nous ayons en françois celle du plurier, qu’au contraire il n’a point de troifieme perfonne chez nous , tandis qu'il en a dans ces deux autres lan: gues ; qu'enfin il n’a point en latin de prétérit poflé- rieur , quoiqu'il ait ce tems en grec & dans nos lan- gues modernes. C’eft que ces z0des ne tiennent point à l’effence du verbe comme les quatre autres: leurs caraëteres diférenciels ne tiennent point à la nature du verbe; ce font des idées ajoutées accidentelle ment à la figmification fondamentale ; & il auroit été pofñble d'introduire plufieurs autres modes de la mê- me efpece , par exemple , un zzode interrogatif, un mode conceflf, &c. Sanéhus , winerv. I. xiij. ne veut peint reconnot- tre de modes dans les verbes , & je ne vois guere que trois raifons qu'il allegue pour juftifier le parti qu'il prend à cet égard. La premiere ,-c’eit que modus ir verbis explicatur fréquentints per cafum fexrum , ut me {ponte, tuo juflu feci; 207 rard per adverbia , ut malè currit, benè loquitur. La feconde , c’eft que la na- ture des zzodes eft fi peu connue des Grammairiens , qu'ils ne s’accordent point fur le nombre de ceux qu'il faut reconnoître dans une langue , ce qui indi- que, au gré de ce grammairien , que la diftinétion des modes eft chimérique, & uniquement propre à répandre des ténebres dans la Grammaire, La troi- fieme enfin, c’eft que les différens tems d’un #704e fe prennent indiftinétement pour ceux d’un autre, ce qui femble juftifier ce qu'avoit dit Scaliger, de cauf. L. L. liv. V. cap. cxxj. modus ir verbis non fuit neceffarius. L'auteur de la mérhode latine de P. R. femble approuver ce fyftème, principalement à canfe de cette troifieme raifon. Examinons les l’une après l’autre. a I. Sanétius , & ceux qui l'ont fuivi, comme Sciop- pius & M. Lancelot, ont été trompés par une équi- voque ; quand ils ont ffatué que le #ode dans les verbes s’exprime ou par l’ablatif ou par un adverbe, comme dans med fponte feci , benè loquirur, Il faut dif- tinguer dans tous les mots , & conféquemment dans les verbes, la fignification objéttive & la fignifica- tion formelle. La fignification objetive , c’éft l’idée fondamentale qui eft l’objet de la fignmification du mot , & qui peut être commune à des mots de diffé- rentes efpeces ; la fignification formelle , c’eft la maniere particuliere dont le mot préfente à l’efprit l’objet dont il eft le figne , laquelle eft commune à tous les mots de la même efpece , & ne peut conve- nir à ceux des autres efpeces. Aïnfñ le même objet pouvant être figrufé par des mots de différentes ef. MOD peces, on peut dire que tous ces mots ont une même fionificarion objeétive, parce qu'ils repréfentent tous là même idée fondamentale; tels {ont les mots aimer, ami, amical, amiablement , amicalement , amitié, qui fignifient tous ce fentiment affeétueux qui porte les hommes à fe vouloir & à fe faire du bien les uns aux autres. Mais chaque efpece de mot & même chaque mot ayant fa maniere propre de préfenter Pobjet dont il eft le figne , la fignification formelle eft néceflairement différente ‘dans: chacun de ces Mots, quoique la fignification objeëtve foit la mé- me : cela eft fenfible dans/ceux que l’on vient d’allé- guer , qui pourroient tous fe prendreindiftinétement les uns pour les autres fans ces différences indivi- duelles qui naiflent de la maniere de repréfenter. Foyez MOT. Or il eft vrai que les #odes , c’eft-à-dire les diffé- rentes modifications de la fignification objeétive du verbe’, s'expriment communément par des adver- bes ou par des expreffions adverbrales : par exemple, quand on dit aimer peu, aimer beaucoup, aimer tendre- . ment, aimer fincérement, , aïmer depuis long-tems , ai- mer plus, aimer autant, &c.il eft évident que c’eft V'attribut individuel qui fait partie de la fignification objedtive de ce verbe, en un mot, l'amitié qui ef modifiée par tous ces adverbes, & que l’on penfe alors à une amirié petite ou grande , tendre, frncere , ancienne, fupérieure , égale, &tc. Mais il eft évident aufli que ce ne font pas des modifications de cette efpece qui caraétérifent ce qu’on appelle les modes des verbes , autrement chaque verbe auroit fes #10- des propres, parce qu’un attribut n’eft pas fufcepti- ble des mêmes modifications qui peuvent convenir à un autre : ce qui caraétérife nos z70des n'appartient nullement à l’objet de la fignification du verbe, c’eft à Ja forme, à la maniere dont tous les verbes figni- fient. Ce qui appartient à l’objet de la fignification, fe trouve fous toutes les formes du verbe ; & c’eft pourquoi dans la langue hébraïque la fréquence de l’attion fert de fondement à une conjugaifon entiere différente de la conjugaifon primitive, la réciproca- tion de lation fert de fondement à une autre , &c. Mais les mêmes modes fe retrouvent dans chacune de ces conjugaifons, que j’appellerois plus volon- tiers des voix , voyez Voix. Ce qui conftitue les modes, ce font les divers afpeëts fous lefquels la fi- gnification formelle du verbe peut être envifagée dans la phrafe ; & il faut bien que Sanétius &c fes difciples reconnoiïffent que le même tems varie fes formes felon ces divers afpes , puifqu’ils rejette- roient , comme très-vicieufe, cette phrafe latine, nefcio utrkm cantabo , & cette phrafe françoife , Je crains qu'il ne vient ; 1l faut donc qu’ils admettent les modes , qui ne font que ces différentes formes des mêmes tems. IT. Pour ce qui concerne les débats des Grammai- riens fur le nombre des modes , j'avoue que je ne conçois pas par quel principe de logique on en con- clud qu'il n’en faut point admettre. L’obfcurité qui naît de ces débats vient de la maniere de concevoir des Grammairiens qui entendent mal la doétrine des modes , & non pas du fonds même de cette doëtrine ; & quand elle auroit par elle-même quelqu’obfcurité pour la portée commune de notre intelligence , fau- droit-il renoncer à ce que les ufages conftans des lan- gues nous en indiquent clairement &r de la maniere la plus poñtive à Ill, La troifieme confidération fur laquelle on in- fifte principalement dans la méthode latine de P, R. n’eft pas moins illufoire que les deux autres. Si l’on trouve des exemples où le fubjonétif eft mis au lieu de l'indicatif, de l'impératif & du fuppoñtif, ce n’eft pas une fubftitution indifférente qui donne une ex- preffion totalement fynonyme, & dans cecas là mé- Tome À, M O D sos me le fubjon@tif eft amené par les principes les plus rigoureux de la Grammaire. Ægo requicquañr capite lium SERP AV ERIM ; c’eft, comme je l’ai déja dit 3 res erit ita ut fervaverim , ce qui-eft équivalent-à fers vavero 8t non pas à Jérvavi ; &c l’on voit que /érvaves rim a une raïon grammaticale, On me dira peut-être que de mon aveu le tout fignifie/ervavero , .&& qu'il étoit plus naturel de l’'employer.que /érvaverim , qui Jette de lobfcurité par l’ellipfe , ou de la langueu# par la périphrafe: cela eft vrai, fans doute , fi on ne doit parler que pour exprimer didatiquement fa penfée ; mais s’il eft permis de rechercher les graces de l’harmonie, qui nous dira que la terminai{on rim ne failoit pas un meilleur effet fur les oreilles-romai- nes , que n’auroit pà faire la terminaifon ro ? Et s’il eft utile de rendre dans le befoin fon ftyle intéreffant par quelque tour plus énergique ou plus pathétique; qui ne voit qu'un tour elhptique eft bien plus pro- pre à produire cet heureux effet qu’une conftruétion pleine ? Un cœur échauffé préocupe lefprit , & ne lui laife ni tout voir nitout dire. Foyez SUBIONCTIF. S1 les confidérations qui avoient déterminé Sanc= tius, Ramus , Scioppius & M. Lancelot à ne recon- noître aucun #z7ode dans les verbes, font fanfles, ou inconféquentes , ou illufoires ; s’il eft vrai d’ailleurs que dans les verbes conjugués il y a diverfés manie« res de fignifier l’exiftence d’un fujet fous un attribut, ici direétement , là obliquement , quelquefois fous la, forme perfonnelle, d’autres fois fous une forme im- perfonnelle, &c. enfin, fi l’on retrouve dans toutes ces mamieres différentes les variétés principales des tems qui font fondées fur l’idée eflentielle de l’exif- tence : c’eft donc une néceflité d'adopter , avec tous les autres Grammairiens, la diftin@ion des z70des décidée d’ailleurs par lufage univerfel de toutes les langues qui conjuguent leurs verbes. ( B,£. R. M.) Mope, {. m. ez Mufique, eft la difpofition régu- liere de l'échelle, à l’égard des fons principaux fur lefquels une piece de mufique doit être conftituée, & ces fons s’appellent Zes cordes effenrielles du mode. Le mode differe du ton, en ce que celui-ci r’indique que la corde ou le lieu du fyftème qui doit fervir de fondement au chant, & le 72042 détermine la tierce & modifie toute l’échelle fur ce ton fondamental, Le rz0ode tire fon fondement de l'harmonie : les cordes eflentielles au 04e font au nombre de trois, qui forment enfemble un accord parfait ; 1°. la toni- que, qui eft le fon fondamental du zz0de & du ton. Voyez Ton 6 TONIQUE; 2°. la dominante qui eft la quinte de la tonique. Voyez DOMINANTE ; 3°. la médiante, qui conftitue proprement le mode, & qui eft à la tierce de cette même tonique. Voyez ME- DIANTE. Comme cette tierce peut être de deux efpeces, il y a aufli deux 0des différens. Quand la médiante fait tierce majeure fur la tonique, Le #10de eft majeur ; mineur, fi la tierce eft mineure, Le mode une fois déterminé, tous les fons de la gamme prennent chacun un nom relatif au fonda- mental & conforme à la place qu'ils occupent dans ce mode là : voici les noms de toutes les notes rela- tivement à leur 04e, en prenant l’oétave d’us pour exemple du rode majeur, & celle de 4 pour exem- ple du 04e mineur. | Mode majeur. dt, rés Mi, fa, fol, la, ft, ut, Mode mineur. la, ft, ut, re, mi, fa, fol, la, | ; en nm SON TS LE tient FO EMI S arme © 5 es À DL Von COR Fer [en SE At D =) ®. © © + po + à o \ o Re 3 en © SACRÉ AR RROUteS O ® me ® a © ® NE a « * AE mn 7 AY Cri + ® Q *: À FFffÿ 596 MOD - Ïl faut remarquer que quand la feptieme note n’eft qu’à un femi-ton de l’oftave, c’eft-à-dire quand elle fait la tierce majeure de la dominante, comme le ff naturel dans le mode majeur d’us, ou le /o/ dièle dans le mode mineur de /4 ; alors cette feprieme note s'appelle rose fenfible, parce qu’elle annonce la tonique, &c fair fentir le ton. Non-feulement chaque degré prend le nom qui lui convient, mais chaque intervalle eft déterminé relativement au #ode : voici les regles établies pour cela. | 1°, La feconde note, la quatrieme, &c la domi- ñante, doivent toujours faire fur la tonique une feconde majeure, une quarte & une quinte juftes, & cela également dans les deux wodes. : 2°, Dans le 04e majeur , la médiante ou tierce, la fixte & la feprieme doivent toujours être majeu- res : c’eft le caratere du m704e. Par la même raifon ces trois intervalles doivent être mineurs dans le imode-mineur ; cependant , comme il faut auff qu’on y apperçoive la note fenfible, ce qui ne fe peut faire tandis que la feptieme refte mineure, cela caufe des exceptions auxquelles on a égard dans Jharmonie & dans le cours du chant; mais il faut toujours que la clef avec fes tranfpofitions donne tous les intervalles déterminés par rapport à la to- nique, felon le caraëtere du mode: on trouvera au mot CLEF TRANSPOSÉE une regle générale pour cela. Comme toutes les cordes naturelles de l’oétave d’ut donnent, relativement à cette tonique, tous les intervalles prefcrits par le mode majeur, & qu'il en eft de même de l’oûave de Z pour le mode mineur : l’exemple précédent, que nous n'avons propofé que pour Les noms des notes, doit encore {ervir de formule pour la regle des intervalles dans chaque mode. Cétte regle n’eft point, comme on pourroit le pen- fer, établie fur des principes arbitraires, elle a fon fondement dans la génération harmonique. Si vous donnez l’accord parfait majeur à la tonique , à la dominante, & à la fous- dominante, vous aurez tous les fons de l’échelle diatonique pour le z0ode majeur. Pour avoir celle du 04e mineur, faites la tierce mineure dans les mêmes accords : telle eft lPanalogie & la génération du mode, | Il n’y a proprement que deux w0des, comme on vient de le voir ; mais comme il y a douze fons fon- damentaux, qui font autant de tons, & que chacun de ces tons eft fufceptible du 7046 majeur ou du mode mineur, on peut compofer en vingt - quatre manieres ou #0des différens. Îl y en a même trente- quatre poffbles, mais dans la pratique on en exclut dix ; qui ne font au fond que la répétition des dix autres, confidérés fous des relations beaucoup plus difficiles, où toutes les cordes changeroient de nom, & où l’on auroit nulle peines à fe reconnoi- tre. T'els font Les r0des majeurs fur les notes diéfées, & les modes mineurs fur les bémols. Ainfi, au-lieu de compofer en /o/ dièfe, tierce majeure, vous com- poferez en /a bémol qui donne les mêmes touches; &t au-lieu de compofer en re bémol mineur, vous prendrez en #r dièfe par la même raifon : & cela, pour éviter d’avoir d’un côté un fa double dièfe , qui deviendroit un fo/ naturel; & de l’autre un f double bémol , qui deviendroit un 4 naturel. On ne refte pas toujours dans le mode ni dans le ton par lequel on a commencé un air; mais pour varier le chant, ou pourajouter à l’expreflion, on change de ton & de mode, felon l’analogie harmo- nique, revenant pourtant toujours à celui qu’on a fait entendre le premier, ce qui s'appelle moduler. Voyez; MODULATION. Les anciens different prodigieufement les uns des MOD autres fur les définitions , les divifions, & les noms. de leurs zodes, on tons comme ils lés appellotent ;, obfcurs fur toutes les parties de la mufique ,1lsfont. prefque inintelligibles fur celle-cr. Ils conviennent, à la vérité, qu'un mode eft-un certain fyffème ou une conftitutionde fons, & que cette conflitution n’eft autre chofe qu'une ottave avec tous fes fons. inter- médiaires : mais quant à la différence fpécifique des, modes, il y en a qui femblent la faire confifker dans les: diverfes affettions de chaque fon,.de;l’oûtave, par, rapport au fon fondamental, c’eft-à-dire dans la dif férente pofition des deux femi- tons plus où moins, éloignés de ce fon fondamental; maïs gardant tou jours entre eux la diftance prefcrite. D’autres au con- traire, & c’eft l'opinion commune, mettent cette, différence uniquement dans l'intenfité duton, c’eft: à-dire en ce que la férie totale des notes eft plus ai- guë ou plus grave, & prife en différens lieux du fyf tème ; toutes les cordes de cette. férie gardant tou jours entre elles les mêmesrapports.. | Selon le premier fens, iln’y auroit que fept #70- des pofibles dans le fyftème diatonique; car 1km°y a que fept manieres de combiner les deux femi-tons avec la loi prefcrite, dans l’étendue d’une oftave. Selon le fecond fens, il y auroit autant de modes offibles que de fons, c’eft-à-dire une infinité ; mais fi l’on fe renferme de même dans.le genre diatoni- que, onn’y en trouvera non plus que fept, à-moins qu'on ne veuille prendre pour de nouveaux modes. ceux qu’on établiroit à l’oétave des premiers. En combinant enfemble ces deux mamieres, on n’a encore befoin que de fept modes, car fi l’on prend ces m0des:en différens lieux du. fyftème, on trouve en même tems les fons fondamentaux diftin- gués du grave à l’aigu, & les deux femi-tons diffé- remment fitués, relativement à chaque fon fonda- mental. | | Mais outre ces modes ,on en peut former plufeuts autres, en prenant dans la même férie &t fur le même fon fondamental, différens fons pour les cordes effentielles du #704e ; par exemple, quand on prend pour dominante la quinte du fon principal, le mode eft authentique ; il eft plagal , fi l’on choïfit la quarte, & ce font proprement deux modes diffé- rens fur la même corde fondamentale. Or, comme pour conflituer un mode agréable il faut, difent les Grecs , que la quarte ou la quinte foient juftes, ou du-moins une des deux , il eft évident que l’on a dans l'étendue de l’oétave , cinq fondamentales fur chacune defquelles on peut établir un #0de authen- tique, & un plagal. Outre ces dix modes, on en trouve encore deux ; l’un authentique qui ne peut fournir de plagal , parce que fa quarte fait le triton, l’autre plagal, qui ne peut fournir d’authentique, parce que fa quinte eft faufle. C’eft fans, doute ainfi qu'il faut entendre un paflage de Plutarque , où la Mufique fe plaint que Phrynis la corrompue, en voulant tirer de cinq cordes, ou plutôt de fept, douze harmonies différentes. Voilà donc douze #10des poffbles dans l'étendue d'une oftave ou de deux tétracordes disjoints ; que fi l’on vient à conjoindre les tétracordes, c’eft-à- dire à donner un bémol à la feptieme en retran- chant l’odave, ou fi l’on divife les tons entiers par des intervalles chromatiques, pour y introduire de nouveaux z0des intermédiaires, ou fi, ayant feule- ment égard aux différences du grave à l’aigu, on place d’autres modes à l'oftave des précédens ; tout cela fournira divers moyens de multiplier le.nom- bre des modes beaucoup au-delà de douze: & ce font là les feules manieres felon lefquelles on peut expliquer les divers nombres de modes admis ou re- jettés par les anciens en différens tems. L'ancienne mufque ayant d’abord été renfermée MOD … dans les bornes étroites du tétracorde, du peritas corde, de l’hexacorde , de l’eptacorde , & de l’oûa- corde, on n’y admit que trois zz0des ; dont Les fon- damentales étoient À un ton de diftance l’une de lautre, Le plus grave des trois s’appelloit le doriez ; I phrygien tenoit le milien ; le plus aigu étoit le lydien, En partageant chacun de ces tons en deux intervalles, on fit place à deux autres modes, l’io- men & l’éolien, dont le premier fut inféré entre le dorien & le phrygien; & le fecond entre le phry- gien & de lydien. | : Dans la fuite, le fyftème s'étant étendu à l’aigu & au grave, les Muñciens établirent de part &c d’autres de nouveaux #04es, qui tiroient leur déno- mination des cinq premiers, en y ajoûtant la prépo- fition kyper, fur, pour ceux d’enhaut ; & la prépo- fition ypo, fous, pour ceux d’enbas : ainfi le mode _dydien étroit fuivi de l'hyperdorien, de l’hyperionien, de l’Ayperphrigien, de l'hyperéolien , & de l’hyperly- dien en montant ; & après le 04e dorien venoient Féypolydien, l'hypoéolien, l'hypopkrygien, & l’kypo- dorien, en defcendant. On trouve le dénombrement de ces quinze modes dans Alypius, muficien grec : voici leur ordre & leurs intervalles exprimés par les noms des notes de notre mufique. Hyperlydien. Hypetéolien. s Hyper-mixolydien, * èHyperphrÿgien. {'perionien 1. fe SUR 7 à à 2 fibémol à « . 3 la è 6 0 e Hyperionien. Mixolydien aigu. F- _- - $Mixolydien. DE ra ut den 4. la bémol 6. fa dièfé . . ,. Lydien. | Lydien grave: RPC EERENE à Eolien. RE tee à Phrygien. r C2 -* rJaftien. 9. mibémol 4, à {ronien: Phrygien grave: Dorien. AO, TE + os 6 + Pypoiritaly diet, ar. utdifé . . , Hypolydien. NUS car RL dent ypoéolien, 130f 8 + % + à _Hypophrygien, Hypotaftien. &4. ftbémol , à . À Hypoionien. Hypophrygien, Hypodorien: LG me RDS { Commun Locrien. De tous ces modes , Platon en rejettoit plufieurs comme capables d’altérer les mœurs. Ariftoxene , au rapport d'Euclide, n’en admettoit que treize, fup- _ primant les deux plus élevés , favoir l’hyperéolien êc l’hyperlydien. OCR Enfin Ptolomée les réduifoit à fept , difant que les modes n’étoient pas introduits dans le defféin de Varier les chants felon le grave & l’aigu, car il étoit évident qu'on auroit pu les multiplier foft au-delà du nombre de quinze, mais plutôt afin de faciliter le paflage d’un mode à l’autre par des intervalles confonnans & faciles à entonner. Il renfetmoit donc tous les zzodes dans l’efpace d’une oftave , dont le mode dorien faifoit comme le centre , de forte que le mixolydien étoit une quarte au-deflus de lui ; & l’Aypodorien une quarte au-deflous. Le phrygien une quinte au deflus de l’Aypodorien , lhypophrygien une quarte au-deflous du phrygien , & le lydien une quinte au-deflus de l’Aypophrygien ; d’où il paroît qu’à compter de l’hypodorien qui eft Le mode le plus bas , il ÿ avoit jufqu’à l’hypophrygien l'intervalle MOD 597 d’un ton ; de lAypophrygien au dorien-un femiton ; de ce dernier au phrygien un ton ; du phrygier au lydien encore unton , & du /ydien au mixolydien un femi-ton ; ce qui fait l’étendue d’une feptieme en cet ordre: RTE NE: Mixolydien, 2. fa dièfé . ; . . Lydien. 3e ME + + + « + Phrygien ANT ET INSEE ÿ. dtdièfe … à, . … Hypolydien. GE « . . . . Hypophrygien. 7. la + . . . . Hypodorien, Ptolomée retranchoît donc tous les autres modes, prétendant qu’on n’en pouvoit placer un plus grand nombre dans le fyflème d’une oftave , toutes les cordes qui la compofoient fe trouvant employées, Ce font ces fept modes de Ptolomée qui ; en ÿ Joi- gnant l’hypomixolydien ajouté, dit-on , par l’Aretin, font aujourd’hui les huit tons de notre plein-chant, Poye: TONS DE L'EGLISE. Telle étoit la notion la plus ordinaire qu’on avoit des tons où modes dans l’ancienne mufique , entant qu'on les regardoit comme’ne differant entr’eux que du grave à l’aigu ; mais ils avoient outre cela d’au- tres différences qui les caraétérifoient encore plus particulierement, Elles fe tiroient du genre de poé- fie qu’on mettoit en mufique , de l’efpece d’infiru- ment qui devoit accompagner, du rhytme ou de la cadence qu’on y obfervoit, de l’ufase où étoient de certains chants parmi certaines nations ; & c’eft de cette derniere circonftance que font venus ori- ginairement les noms des modes principaux , tels que le dorien , le phrygien , le lydien , l'ionien & l’éolien. Il ÿ avoit encore dans la mufique greque d’autres fortes de modes , qu’on auroit pu mieux appeller f/yLes OU 7zanieres de compolirion. Tels étoient le mode tra- gique deftiné pour le théâtre, lezzode nomique con- facré à Apollon , & le dithyrambique à Bacchus, &e. Voyez STYLE & MÉLOPÉE. Dans notre ancienne mufique, on appelloit auf modes par rapport à la mefure ou au tems certaines manieres de déterminer la valeur des notes longues fur celle de la maxime , ou des brèves fur celle de la longue ; & le zode pris en ce fens fe marquoit après la clé d’abord par des cercles on demi-cercles ponêtués où fans points , fuivis des chiffres 2 ou 3 différemment combinés, à quoi on fubftitua enfuite des lignes perpendiculaires , différentes, felon le mode, en nombre & en longueur. Il y avoit deux fortes de modes ; le majeur , qui fe rapportoit à la maxime ; &le mineur, qui étoit pour la longue : l’un & l’autre fe divifoit en parfait & imparfait. Le mode majeur parfait fe marquoit avec trois li. gnes ou bâtons , qui remplifloient chacun trois efpa- ces de la portée , & trois autres qui n’en remplif- {oient que deux ; cela marquoit que La maxime valoit trois longues. Voyez les PL. de Mufique. Le mode majeur imparfait étoit marqué avec deux lignes qui remplifloient chacune trois efpaces , & deux autres qui n’en emplifloient que deux ; cela marquoit que la maxime ne valoit que deux longues. Voyez Les PI, Le m0de mineur parfait étoit marqué par une li: gne qui traver{oit trois efpaces, & cela montroit que la longue valoit trois brèves. Voyez Les PL, Le mode mineur imparfait étoit marqué par une. ligne qui ne traverfoit que deux efpaces , & la lon- gue n'y valoit que deux brèves. Voyez les PI. Tout cela n’eft plus en ufage depuis long-tems ; mais il faut néceflairement entendre.ces fignes pour favoir déchiffrer les anciennes mufñques , en quoiles 598 M O D plus habiles Muficiens font très - ignorans aujout= d'hui. (S) On pent voir aux mots FONDAMENTAL, GAMME & EcHsLLie la maniere dont M. Rameau imagine la formation des deux modes, le majeur & le mi- neur. Dans la premiere édition de mes E/eémens de Mufique , j'avois adopté entierement tous les prin- cipes de cet habile artifte far ce fujet. Mais dans la feconde édition que je préparé , & qui probablement aura vû le jour avant que cét atricle paroïfle , j'ai cru devoir adopter une maniere plus fimple de for- mer le mode mineur ; la voici: 721 étant, par exem- ple , la fondamentale , elle fait réfonner fa quinte ff ; or fi entre la quinté { & la fondamentale #7 on place une autre note fo, telle que cette note Jo/fafle auff réfonner f£, on aura le mode mineur ; # la note étoit fel, on auroit le 04e majeur. Ces deux modes dif-. ferent en ce que dans le majeur la fondamentale fait réfonner fa tierce & fa quinte à-la-fois , & que dans le majeur la quinte réfonne à-la-fois dans la fonda- mentale & dans fa tierce. Cette origine me paroit plus naturelle que celle du frémiflement des mul- tiples, imaginée par M. Rameau, &c que J'avois d’a- bord fuivie. Voyez FONDAMENTAL. Cette raïfon me difoenfe d’en dire ici davantage. Quant au nombre de dièfes & de bémols de cha- que mode ou ton , foit en montant , foit en defcen- dant,on peut voir là-deflus mes Elémens de mufique,art. cexxxiv. Et voici la regle pour trouver ce nombre ; le mode majeur, foit en montant, foit en defcendant, eft formé 1° de deux tons confécutifs, 2° d’un demi- ton, 3° de trois tons confécutifs , 4° d’un femi-ton ; le mode mineur en montant differe du mode majeur en montant en ce qu'il y a d’abord un ton , plus un demi-ton; puis quatretons confécutifs, puis un demi- ton. Ce même srode en defcendant a d’abord deux tons, puis un demi-ton , puis deux tons, puis un demi-ton, puis un ton. Voyez ECHELLE & GAMME, voyez auffi CLÉ & TRANSPOSITION. (0 ) MopE, ( Arts. ) coutume, ufage, maniere de s'habiller, de s’ajufter , en un mot, tout ce qui fert à la parure & au luxe ; ainfi la mode peut être confi- dérée politiquement & philofophiquement. Quoique l'envie de plaire plus que les autres dit établi les parures, & que envie de plaire plus que foi-même ait établi les w0des, quoiqu’elles naïflent encore de la frivolité de l’efprit , elles font-un objet important, dont un état de luxe peut augmenter fans cefle les branches de fon commerce, Les François ont cet avantage fur plufieurs autres peuples. Dès le xv]. fiecle, leurs 20des commencerent à fe commu- niquer aux cours d'Allemagne , à PAngleterre &r à la Lombardie. Les Hifloriens italiens fe plaignent que depuis le paflage de Charles VIIL. on affetoit chez eux de s’habiller à la françoife, & de faire ve- nir de France tout ce qui fervoit à la parure. Mylord Bolinbroke rapporte que du tems de M. Colbert les colifichets , les folies & les frivolités du luxe fran- çois coutoient à l'Angleterre $ à 600000 livres fter- lingspar an, c’eft-à-dire plus de 1 1 millions de notre monnoïie actuelle, & aux autres nations à propor- tion. Je loue l’induftrie d’un peuple qui cherche à faire payer aux autres fes propres mœurs & ajuftemens; mais je le plains, dit Montagne, de fe laïffer lur- même fi fort pipper & aveugler à autorité de l’ufage préfent, qu'il foit capable de changer d'opinion & d'avis tous les mois, s’il plaît à la coutume , & qu'il juge fi diverfement de foi même ; quand il porto le bufc de fon pourpoint entre les mamelles, 1l main- tenoit par vive railon qu'il étoit en fon vrai lieu, Quelques années après le voilà ravalé jufqu’entre: les cuifles , il fe moque d’un autre ufage , le trouve inepte & infupportable. La façon préfente de fe vê- tir fui fait incontinent condamner l’ancienne d’une réfolution fi grande & d’un confentement fi aniver- {el , que c’eft quelque efpece de manie qui lurtourne- boule ainf l’entendement. On a tort cependant de fe recrier contre telle ou telle mode qui, toute bifarre qu’elle eft, pare &t em bellit pendant qu’elle dure , & dont l’on tire, tout l'avantage qu’on en peut efpérer qui eft de plaire. On devroit feulement admirer l’inconftance de l& légereté des hommes qui attachent fucceffivement les agrémens &c la bienféance à des chofes tout op- pofées , qui emploient pour le comique & pour la malcarade ce qui leur a fervi de parure grave & d'ornement très-férieux. Mais une chofe folle &r qui déconvre bien notre petitefe, c’eft l’aflujettiffement aux modes quand on l’étend à ce qui concerne le goût , le vivre, la fanté , la confcience, l'efprit 6€ les connoïffances. ( D. J.) +: Mope ; ce terme eft pris généralement pour toute invention, tous ufages introduits danslafociété par la fantaifie des hommes. En ce fens , on dit l’amoux entre les époux, Le vrai génie , la folide éloquence parmi les favans ; cette gravité majeflueufe qui s dans les magiftrats , infpiroit rout-à-la-fois le ref e& & la confiance au bon droit , ne font plus de mode, On a fubftitué à celui-là l'indifférence & la lé- gereté, à ceux-là le bel efprit & les phrafes, à cette autre la mignardife & l’afféteric. Ce rerme {e prend le plus fouvent en mauvaife part fans doute, parce que toute invention de cette nature eff le fruit du rafinement & d’une prélomption impuiflante , qui, hors d'état de produire le grand & le beau, fe tourne du côté du merveilleux & du colifichet. Mode s'entend encore diftributivemént , pour me fervir des termes de l’école, de certains ornemens , dont on enjolive les habits & les perfonnes de l’un & l’autre fexe. C’eft ici le vrai domaine du change= ment & du caprice. Les modes fe détruifent &c fe fuc- cedent continuellement quelquefois fans la moindre apparence de raifon,, le bizarre étant ie plus fouvent préferé aux plus belles chofes , par cela feul qu'il eft plus nouveau. Un animal monfirueux paroït-il parmi nous , les femmes le font pafler de fon étable {ur leurs têtes. Toutes les parties de leur parure prennent fon nom, & il n’y a point de femme comme il faut qui ne porte trois ou quatre rhinocéros ; une autre fois on court toutes les boutiques pour avoir un bonnet au lapin, aux zéphirs, aux amours, à la comete, Quoi qu’on dife du rapide changement des modes , cette derniere a prefque duré pendant tout un printems ; & j'ai oui dire à quelques-uns de ces gens qui font des réflexions fur tout, qu'il n'y avoit rien là de trop extraordinaire eu égard au goût do= minant dont,continuent-ils,cette rode rappelle l'idée. Un dénombrement de toutes les modes paflées & re- gnantes feulement en France, pourroit remplir, fans trop exagérer,ia moitié des volumes que nous avons annoncés, ne remontât-t-on que de fept ou huit fie- cles chez nosayeuls, gens néanmoins beaucoup plus fobres que nous à tous égards. Mope, marchands 6: marchandes de | ( Com.) les marchandes de modes font du corps des Merciers , qui peuvent faire le même commerce qu’elles;mais com- me il eft fort étendu, les marchands de modes fe font fixés à vendre feulement tout ce quiregarde les ajuf- temens & la parure des hommes & des femmes,& que l’on appelle ornemens & agrémens. Souvent ce font eux qui les pofent fur les habillemens, & qui in- ventent la façon de les pofer. Ils font aufli des coëf- fures, & les montent comme les coëffeufes. Ils tirent leurs noms de leur commerce , parce que ne vendant que chofes à la mode, on les appelle marchands de modes, | Il y a fort peude tems que ces marçhands font éta- blis, & qu'ils portent ce nom; c’eft feulement de- puis qu’ils ont quitté entierement le commerce de la mercerie pour prendre le commerce des modes. MODÉLE , f. m. (Gram. ) il fe dit de tout ce qu'on regarde comme original, & dont on fe pro- pofe d'exécuter la copie. Ce mot fe prend au fim- ple & au figuré, aw phyfique & au moral. Cette femme a toutes les parties du corps de la plus belle forme , & des plus grandes proportions. Ce feroit un 7zodele précieux pour un peintre; mais c’eft un nodele de vertu, que fon indigence ne réduira jamais à s’expofer nue aux regards curieux d’un artifte. Voyez aux articles fuivans d’autres acceptions de 0- dele. MODELE, er Architeëlure; original qu’on propofe pour limiter, ou pour le copier. Voyez OR1G1- NAL. On dit que l’églife de S. Paul de Londres a été bârie fur le modele de S. Pierre de Rome. f’oyez AR- OHETIPE G TYPE. . Mode eft en particulier en ufage dans les bâti- mens , & 1l fignifie un parron artificiel, qu’on fait de bois, de pierre , de plâtre, on autre matiere, avec toutes fes proportions , afin de conduire plus fure- ment l'exécution d’un grand ouvrage, & de donner une idée de l'effet qu'il fera en grand. Dans tous les grands édifices, Le plus sûr eftd’en faire des modeles en reliefs, & de ne pas fe contenter d’un fimple deflein. MODELE. Voyez GABARIT, MODELE , ( Peinture.) on appelle zrodele en Pein- ture tout ce que les Deffinateurs , les Peintres, les Sculpteurs fe propofent d’imiter. | On appelle plus particulierement z70dele, un hom- me qu'on met tout nud à l'académie, ou chez foi, dans l'attitude qu’on veut , & d’après lequel les Pein- tres peignent ou deffinent, & les Sculpteurs mode- lent de bas-reliefs ou ronde - boffes , en terre ou en cire. On dit pofer le modele ; c’eft le profefleur du mois qui pofe le modele à l'académie. Voyez ACADÉMIE. Modele fe dit encore des figures que Les Scuipteurs modelent d’après le modele à l'académie , & de cel- les qu'ils font chez eux , de quelque matiere qu’el- les foient , pour exécuter d’après elles. _ Mopeze, (Sculpr. ans.) les Sculpteurs nomment modeles , des figures de terre ou d’argile, de plâtre, de cire , qu'ils ébauchent pour leur fervir de deffein, & en exécuter de plus grandes, foit de marbre, foit d’une auire matiere. On fait que les anciens faïfoient ordinaïrement leurs premiers zodeles en cire. Les artiftes moder- nes ont fubftitué à la cire l’argile, ou d’autres ma- tieres femblable également fouples. Ils les ont trou- vées plus propres , fur-tout à exprimer la chair, que la cire, qui leur a paru trop tenace, & s’attacher trop facilement. Néanmoins on ne peut pas dire que la méthode de faire des modeles en argille ait été ignorée des Grecs, ou qu'ils ne l’aient point tentée, puifqu’on nous a même tranfmis Le nom de celui qui en a fait le pre- mier eflai. C’étoit Dibutade de Sicyone. On fait encore qu'Arcefilade , l’ami de Lucullus, s’acquit une plus grande célébrité par fes modeles en argille, que par fes ouvrages. Il exécuta de cette maniere üne figure qui repréfentoit la félicité, dont Lucul- lus fit monter le prix à foixante mille {efterces. Oc- tavius , chevalier romain, paya au même artifte un talent , pour le rodele d’une tafle en plâtre, qu'il “vouloit faire exécuter en or. L’argile feroit fans doute la matiere la plus pro- pre à former des figures, fi elle gardoit conftam- ment fon humidité ; mais comme elle la perd lorf- qu'on la fait fecher & cuire ; il faut néceffairement M O D 99 que ces parties folides fe rapprochententr’elles , que la figure perde fa mafle, & qu’elle occupe enfuite un moindre efpace, Si cette diminution que fouffre la figure étoit égale dans toutes fes parties & dans tous fes points, la même proportion lui refteroit toujours , quoiqu’elle fût plus petite, mais ce n’eft pas ce qui arrive. Les petites parties de la figure fe fechant plus vite que les grandes, le cofps, com» me la plus forte de toutes , fe feche le dernier, & perd en même tems moins de fa mafle que les pre= mieres. Û La cire n’eft point fujette à cet inconvénient ; il | ne s’en perd rien, & il y a moyen de lui donner la furface unie de la chair, qu’elle ne prend que très= difficilement lorfqu’on la modele, Ce moyen eft de faire un wodele d’argille, de l’imprimer dans du plâ- tre, &c de jetter enfuite de la cire fondue dans le moule, À l'égard de la façon dont les Grecs travailloient en marbre d’après leurs modeles , il paroît qu’elle différoit de celle qui eft en ufage chez la plèpart des artiftes modernes. Dans les marbres anciens » On découvre par-tout l’aflurance & la liberté du maï- tre, Il eft même difficile de s’appercevoir dans les antiques d’un rang inférieur que le cifeau y ait en= levé, en quelque endroit plus qu’il ne falloit. Il faut donc néceflairement que cette main ferme des Grecs ait été guidée par des manieres d’opéret plus fûres & plus déternunées que ne font celles qu’on fuit aujourd’hui, D'habiles gens ont fait fentir les difficultés, les inconvéniens , & Les erreurs, où il eft préfque im poffible de ne pas tomber , en fe conformant à la méthode employée par nos fculpteurs modernes ; cette méthode ne fauroit tranfporter ni exprimer dans la figure toutes les parties & toutes les beau- tés du modele, Michel-Ange le fentit bien ; c’eft pour- quoi il fe fraya une route particuliere & nouvelle, qu'il feroit à fouhaiter qu'il eût daigné communiquer aux artiftes, (D,J ) MODELE , dans les ouvrages de fonte , le modele eft en quelque façon l'ouvrage même , dont le métal prend la forme ; la matière feule en fait la difé- rence. On fait ces modeles de différentes matieres , fui- vant la grandeur des ouvrages ; favoir, de cire, pour les figures des cabinets des curieux, juiqu’à la hauteur de deux piés ou environ; d’argillé ou de terre à potier , depuis cette grandeur jufqu’à hau- teur naturelle ; & de plâtre pour les grands ouvra- ges. La terre, quoique plus expéditive , eft fujette à bien des inconvéniens , parce qu’on ne peut pas conferver long-tems un ode/e un peu grand d’une égale fraîcheur , ce qui fait que la proportion des parties peut s’alterer ; ce qui n’arrive point aux pe- tits zodeles de cire, non plus qu’à ceux de plâtre , avec lefquels on a la même liberté de reformer qu’a- vec la terre, & que l’on conferve autant de tems qu'il eft néceflaire pour le perfeétionner. Voyez; FON- DERIE. MODELE , serme de fondeur de cloche, eft une cou che de ciment & deterre, de la forme de la cloche qu'on veut fondre , & de la même épaiffeur que la cloche doit avoir. Le modele fe fabrique avec le compas fur le noyau. Voyez l’article FONTE DES : CLOCHES: MODELES , ancien terme de monnoyage ; avant l’in- vention des planches gravées de monnoyage, on fe fervoit de lame de cuivre pour former les moules en lames. Woyez PLANCHES GRAVÉES DE MoN- NOYAGE, MODELER ez terre ou en cire ; c’eft, parmi les Sczlp- teurs ; l'aétion de former avec de la terre ou de la cire les modeles ou efquifles des ouvrages qu’ils Veu= Goo M O D lent exécuter 3 foit en marbre, foit en bois, owen fonte. Woyez MODELE ESQUISSE. Pour rrocdeler en terre, on fe fert d’une terre toute préparée, qui eft la même dont fe ferventles Potiers de terre. On met cette terre {ur une felle, ou che- valet. Voyez SELLE DE SCULPTEUR. On n’a pas befoin de beaucoup d'outils ; car c’eft avec fes mains qu'on commence &c qu'on avance le plus fon ou- vrage. Les plus grands praticiens fe fervent plus de leurs doigts que d'outils. Ils fe fervent néanmoins d’ébauchoirs bretelés pour finir &c breter la terre. Onmodele &'on fait aufli des figures & efquuf- fes de cire. Pour cet effet , l’on met fur une livre de cire demi-livre d’arcançon où colophane; plu- fieurs y mettent de la térébenthine ; &c l’on fait fon- dre le tout avec de l’huile d’olive. On en met plus ou moins, felon qu'on veut rendre la matiere plus dure ou plus molle. On mêle dans cette compofi- tion un peude brun rouge, ou de vermillon, pour donner de la couleur. Lorfqu’on veut s’en fervir, on la manie aveclesdoists, &avec des ébauchoirs, comme on fait la terre. La pratique eft la maitreffe dans cette forte de travail, qui d’abord m’eft pas fi facile, ni fi expéditif que la terre. MODENE, (Géog.) en latin Mutira ; voyez ce mot ; ancienne ville d'Italie, capitale du Modenous, avec une citadelle, & un évèché fuffragant de Bou- logne. Cette ville eut autrefois beaucoup de part aux troubles du triumvirat, Elle fe rendit l’an 710 de Rome à Marc-Antoine , lorfqu’il eut remporté fous fes murailles cette grande viétoire fur Hirtius & Panfa, qui entraînerent avec leur défaite la perte de la république ; on regarda cette journée comme la derniere de cet angufte fénat, qui, par-fa puiffan- ce, avoit pour ainh dire , foulé aux piés le fceptre des têtes couronnées. Modenefouffrit beaucoup de l’irruption des Goths & des Lombards en Italie; mais lorfque Charlema- gne eut mis fin à la monarchie de ces derniers, Mo- dene fe releva de fes ruines. Elle fut rebâtie, nonpas dans le même’endroit, mais un peu plus bas , dans une plaine agréable & fertile en bons vins; telle eft la plaine où cette ville fe trouve encore aujour- d’hui | . -C’eft à-peu-près là tous fes avantages ; car elle eft pauvre , mal bâtie, fans commerce, chargée d’im- pôts, & la proïe du premier occupant. L'empereur, les François , le roi de Sardaigne, s’en font empa- rés fucceflivement dans les guerres de ce fiecle. C’eft à fa cathédrale qu’eft attaché ce fameux {ceau qui a été le prétexte ou le fujet de la longue divifion entre les Petronii & les Geminiani, c’eit-à- dire, entre les Bolonoïs , qui reconnoïffent S. Pe- trone , & les Modenois , S.Géminien , pour leur pa- tron. Le Taflone a plaifamment peint dans fa /ec- chia rapira ,; poème héroi-comique ; l’hiftoire de ce fceau & la guerre qu'il a caufe. Cedibus ob raptam lymphis putealibus urnam Concinit, immiffis focco ridente cothurnis, On ne fauroit jetter trop de ridicule fur des pareil- les querelles. Le palais du duc de Modene eft enrichi de belles peintures, &c ‘en particulier de morceaux précieux du Carrache. La citadelle ’éft aflez forte pour tenir la ville en bride. Modene eft fitu£e fur un canal, entre le Panaro ê fa Seccia , à 7 lieues N. O: de Boulogne ; 10 S.O. de Parme, 12 S.E, de Mantoue , 20 N. O. de Flo- rence, 34 S. E. de Milan, 70 de Rome. Long. felon Caflini, & felon les PP, Riccioh & Fontana, 26, 43 Var, 44, 34 Cette ville a été la patrie d'hommes illuftres en plufieurs genres : il fufit pour le prouver , de nom- mer Falloppe , Sadolet, Sigonius, Caftelvetro, Le Molfa, & le Taflone. | : Falloppe ( Gabriel )tient un des premiers rangs entre les Anatomiftes. Il mourut à Padoue, en 1562, âgé de 39 ans. Quoique la plfpart de fes œuvres foient pofthumes , elles font très-précieufes aux ama- teurs de l’Anatomie. Ils recherchent avec foin l’é= dition de Venife de 1606 , en 3 vol. 1-fo1. Sadolet (Jacques ) fecretaire de Léon X, fut em- ployé dans des négociations importantes, & par: vint à la pourpre en 1536. Il finit {es jours à Rome en 1547, à72 ans. Ses ouvrages de théologie & de poëfe ont été publiés à Vérone en 3 volumes 27-4°. [ls ne font pas tous intéreffans , mais ils refpirent le goût de la belle latinité. Sigonius (Charles) fe montra l’un des plus fa- vans littérateurs du xvj. fiecle, 8 mourut en 1584, à l’âge de Go ans, Perfonne n’a mieux approfondi les antiquités romaines. Tous fes ouvrages ont été recueillis à Milan en 1732, 1733 & 1734. Ils for- ment 8 vol. z-fol, Caftelvetro (Louis) mort en 1575, eft principa- lement connu par fon commentaire fur la poétique d’Ariftote , dont la bonne édition eft de Vienne en Autriche, C’étoit auffi fon ouvrage favori. On dé- féra ce fubtil écrivain à l’inquifition , pour avoir traduit en Italien un traité de Melanchton. Les in quifitions littéraires font les moyens les plus courts pour jetter les peuples dans la barbarie. Nos têtes ne font pas aufh bien organifées que celles des Ita- | liens ; d’ailleurs , nous ne fommes encore qu’au cré- pufcule des jours de lumiere ; que deviendrions- nous , f l’on éteignoit ce nouveau flambeau dans nos climats ? Molfa ( François-Marie ) Pun des bons poëtes du xy]. fiecle, mena la vie la moins honnète,& mourut, en 1544, d’une maladie honteufe. La nature l’avoit doué d’un heureux génie, que l’étude perfettionna. Il réuffit également en profe &e envers , dans Le fé- rieux & dans le comique. Ses élégies font dans le goût de celles de Tibulle ; Zarinis elegüs | & etrufois | r'hytmis, part gratid ludendo, mufas exercuir, fed ita fædè prodigus ,'honeflique neftius pudoris , ut clarioris | fortune , certiffimam fpem facile corruperis ; voilà fon portrait par Paul Jove. Il ne laiffä qu'un fils , qui fut pere d’une 1illuftre fille , nommée Tarquinia Molfa. Elle éleva fa gloire par fa vertu, fon efprit , fon favoir , & fa beauté. La ville de Rome la gratifia d’un privilege , dontil n’y avoit point eu d'exemple , ce fut de la bourgeoi- fie romaine. | Le Taffonne ( Alexandre ) dont j'ai déja parlé, mit au jour à Paris, fa fécchia rapira , en 1622. On en a fait nombre d'éditions. Celle qui parut à Ron- ciglione deux ans après, pañle pour la meilleure. La | tradution de ce poëme, par M. Perrault, eft exacte, mais feche , aflez fouvent peu françoile , & pref- | que toujours dépourvne d’agrémens. Le Taflone | mourut dans fa patrie en 1635. Antoine-Louis Mu- | ratori a écrit fa vie. (D.J.) MODENE , LE DUCHÉ DE, (Geogr.) il comprend! | outre Modene & fes dépendances, le petit pays de | Trignano, & une partie du Cafargnano. Cerétat, qui porte le nom de fa capitale, fut érigé en duché | l'an 1413, en faveur de Borfo d’Eft, dans la famille | duquel il étoit depuis long-tems. (2. J.) EU MODÉNOIS , Le (Géog.) petit état d'Italie, qui comprend les duchés de Modene , de la Mirandole; &c de Regsio. C’eft un très-beau pays, abondanten blé & en vin. ILeft bornéau nord par le Mantouan, au fud par la Tofcane , à lorient par le Boulonoïs, & à Poccident par le Parmefan, Sonétendue-dufep- tentrion tentrion aù midi eft d’environ 56 milles, & de l’o- tient au couchant de près de $o milles. ( D. J.) MODÉRATEUR, f. m. terme ufité dans quel- ques écoles pour figaifier le préf£dens d’une difpute, où d’une aflemblée publique. Æoyez PRÉSIDENT. On dit, un tel doëteur eft le modérateur , le préfi- dent de cette difpute , où" de cette aflemblée publi- que. ( Ce terme n’eft guere en ufage parmi nous , où l’on fe fert de celui de préfident d’un ae , où d’une thèfe, MODÉRATION , f. f. ( Morale. } vertu qui gou- verne & qui regle nos paflions. C’eft un effet de la prudence, pär laquelle on retient fes defirs, {es ef. forts & fes aétions dans les bornes les plus confor- mes à la bonté , à la fin ,-& à la néceffité ou l'utilité des moyens: Or, la prudence dirige notre ame à re- chercher la meilleure fin , & à mettre en ufage les moyens néceflaires pour y parvenir; c’eft pourquoi la véritable modération eft inféparable de l'intégrité , auffi-bien que de la diligence, ou de l'application. Elle fe fait voir principalement dans les aûtes de la volonté & dans les ations ; c’eft la marque d’unef- prit fage, & c'eft la fource du plus grand bonheur dont on puiffe jouir ici bas. Jen crois Horace plus que Séneque. « Heureux, dit-il , celui qui peut mo- » dérer fes defirs & fes affections ; il n’eft allarmé ni » par les mugiffemens d’une mer courroucée , ni » par le lever ou le coucher des conftellations ora- » geufes ; que fes vignes foient maltraitées par la _» grêle , que fes efpérances foient trompées par une + moiflon infidelle , il n’en eft point troublé ; que les # pluies, la fécherefle , la rigueur des hivers por- # tent la ftérilité dans fes vergers, ces fortes de # malheurs ne le jettent point dans le défefpoir ». Défideranter: quod fatis ef, neque T'umultuofum follicitat mare, Nec Jœvus arluri cadentis Lrnpetus , nec orientis hædi , Nec verberate grandine vince, Fundufque mendax , arbore nunc aquas Culpante , nunc torrentia agros Sydera, nunc hiemes iniquas. Ode I. Zv. III. C'eft qu'un homme modéré , content de ce que la nature lui ofre pour fes vrais befoins , eft bien éloigné de s’en faire de chimériques ; s’il s’eft engagé dans le commerce pour prévénir l’indigence, ou pour procurer à fes enfans une fubfftance honnête , fa vertu le foutient encore contre les difgraces de la fortune. ( D. J.) MODÉRATION, ( Jurifpr. ) ce terme, dans cette matiere , fignifie adouciffement ou diminution. Les juges fupérieurs peuvent modérer la peine à laquelle le juge inférieur a condamné ; ils peuvent auff, en certains cas , modérer l’amende, c’eft-à-dire la di- minuer. (4) . MODERNE, ce qui eft nouveau , ou de notre fems, en oppofition à ce qui eft ancien. Voyez AN- CIEN. Médailles modernes font celles qui ont été frappées depuis moins de trois cent ans. Voyez MÉDAILLES. MODERNES ; Naudé appelle modernes parmi les auteurs latins , tous ceux qui Ont écritaprès Boece. On a beaucoup difputé de la prééminence des an- ciens fur les modernes ; & quoique ceux-ci ayent eu de nombreux partifans , les premiers n'ont pas man- qué d’illuftres défenfeurs. Moderne fe dit encore en matiere de goût, non par oppoñtion abfolue à ce qui eft ancien, mais à ce qui étoit de mauvais goût : ainfi l’on dit l’ar- chiteilure moderne | par oppoñition à l’archiveëture go= thique ; quoique larchiteéture moderne ne foir belle , Tome X, MOD 6OE qu'aûtant qu'elle approche du goût de l'antique. * Voyez ANTIQUE. MODERNE , adj. ( Mark. ) fe dit des différentes parties des Mathématiques & de la Phyfique , en comparant leur état & leur accroiflerment a@uel , avec l’état où les anciens nous les ont tranfinifes. L’Affronomie moderne a commencé À Copernic ; la Géométrie moderne eft la Géométrie des infiniment petits ; la Phyfique roderne étoit celle de Defcartes dans le fiecle dernier, & dans ce fiecle-ci c’eft celle de Newton. Voyez ASTRONOMIE , GÉOMÉTRIE, NEWTONIANISME & CARTÉSIANISME.( ©) MODERNE , f. f. ( Comm. ) petite étoffe mêlée de fleurs , de poil, de fl, de laine & de coton :#a largeur eft de Faune moins + , ou d’une demi-aune entiere , Où d’une + aune plus —. MODESTIE , f.f. ( Morale. | modération de l’ef- prit, qui en eflimant les autres , fe refpeîte foi- . même. Je crois encore que la rrodeffie ef la réflexion d’un cœur honnête , qui condamne fon ambition & fes autres fautes, indépendamment de la cenfure d'autrui. Il me paroît de-là qu’un homme vérita- blement modefte , l’efbaufi bien lorfqu’il fe trouve feul qu’en compagnie , & qu’il roupit dans fon ca- binet , de même que lorfqu’une foule de gens ont les yeux attachés fur lui. Ce beau rouge de la nature,qui n'eft point artificiel , eft la vraie modeffie ; c’eft le meilleur cofmétique qui foit au monde. La modeflie eft bleffée dans la recherche outrée des honneurs , dans l'appréciation orgueilleufe de festalens, & dans l’indécence de l'extérieur. Ces trois défauts ne font pas tous exprimés par le mot tmmodeflie , qui ne défigne que l'indécence des airs, des geftes, des poftures & des habits. La vaniré eft le vice oppofé au gente de modeffie qui concerne la trop haute opinion qu'on a de Îes talens. Ceux que la nature a comblés de fes dons précieux , peuvent plaindre ceux à qui ils ont été refufés ; mais ils doi: vent fentir leur fupériorité fans orgueil. L’ambitiom déméfurée eft le défaut oppofé à ce genre de 770- deflie | qui par une forte de jufhice envers nous - mé- mes , confifte dans la recherche des honneurs fubor- donnée au bien commun. La modeflie eft une efpece de vernis quireleve les talens natnrels, Elle eft à la vertu ce que le voileeft à la beauté ; ou, pour me fervir d’uné autre fimi- ltude , elle eft au mérite, ce que les ombres font aux figures dans un tableau ; elle lui donne du relief. Quoique fon avantage fe borne au fujet qui la pof- fede, en contribuant à#a perfe@ion , 1l faut avouer qu’elle eft pour les autres un objet digne de leurs applaudiflemens, ( D. J.) MODICA , ( Geog. ) petite ville de Sicile , dans le val de Noto, à lorient de Noto , au nord de Si- chili, & au midi oriental de Ragufe , fur la riviere de Modica. C’eft l’ancienne Muryca. Long. 33. 34. lat. 36. 58. | MODICITÉ , MODIQUE, (Gram.) terme relatif à la quantité. Ainf on dit d’un revenu qu'il eff odi- que , lorfqu'il fuffit à peine aux befoins effenriels de la vie. La édiocriré{e dit de l’état & de la perfon- ne. On voit {ouvent la médiocrité de talens élevée aux emplois les plus srands & les plus difficiles. Ce US « 2: fiecle eft celui deshommes médiocres, parce qu'ils peuvent s’aflervir baflement à capter la bienveil- lance des protefteurs qui les préferent à d’habiles ? gens qu'ils ne voient point dans leurs anti-chambres s & qui peur.être les humilieroient s'ils en étoient ap- -prochés, & à d'honnêres gens qui ne fe préreroient point à leurs vues injuftes. MODIFICATION, MODIFIER , MODIFICA: TIF, MODIFIABLE, ( Gram. ) dansl’école , m0- dification eft fynonyme à mode ou accident. Voyez . Mopr-& ACCIDENT. Dans l’'ufage commun de la GGgg Go2 M O D fociété, il fe dit des chofes & des perfonnes. Des chofes, parexemple , d'un aéte, d'une promefe, d’une propoñition, lorfqu’on la reftreint à des bornes dont on convient. L'homme libre ou non, eft un être qu'on modifie. Le modificatif eff la chofe qui mo- difie ; le modifiable eft la chofe qu'on peut zodifer, Un homme qui a de la juftefle dans l’efprit, & qui fait combien 1l.y a peu de propoñirions généralement vraies en Morale , les énonce toujours avec quelque modificatif qui les reftreint à leur jufte étendue, & qui les rend inconteftables dans la converfation & dans les écrits. Il n’y a point de caufes qui m'ayent fon effet ; iln’y a point d'effet qui ne modifie la chofe funlaquelle la caufe agit: 11 n°y à pas un atome dans la nature qui ne foit expofé à l’aétion d’une infnité de caufes diverfes ; il n’y a pas une de ces caufes qui s’exercent de la même maniere en deux points dif- férens de l’efpace : il n’y a donc pas deux atomesri- goureufement femblables dans la nature. Moins un être eft libre, plus on eff sûr de le modifier | & plus la rodification lui eft néceflairement attachée. Les modifications qui nous ont été imprimées, nous chan- gent fans reflource, & ponr le moment, & pour toute la fuite de la vie, parce qu'il ne fe peut jamais faire que ce qui a été une fois tel n’ait pas été tel. MODILLON , £. m. ( Archi. ) ornement de la corniche des ordres corinthiens. Ce mot vient de l’I- talien modiglioni, petite mefure. Les modillons font de petites confoles ou taffeanx renverfés en forme d’une S, fous le plafond de la corniche ; 1ls femblent foutenirle larmier ; ils ne fer- vent toutefois.que d'ornement. Voyez CONSOLE. Les modillons s'appellent auffi quelquefois mutu- Les ; cependant l’'ufage a diftingué le ruvule & le mo- dillon ; le mutule eft quarré , & eft particulier à lor- dre dorique. Les modillonsdoiventtoujours être placés à plomb de l’axe de la colonne,& diftribués de maniere à pro- duire une régularité dans les parties du foffite. Les entre-modillons , c’eft-à-dire les diffances entre les modillons, dependent des entre-colonnes qui de- mandent que les #04:1/ons foient d’une certaine lon- gueur & largeur pour rendre les intervalles parfai- tement quarrés ; figure qui fait toujours un meilleur effet qu’un parallelogramme. MODIMPERATOR , f{. m. ( Æf. arc.) celui qui défignoit dans un feftin les fantés qu'il failoit boire , qui veilloit à ce qu'on n’enivrât pas un convive ; &c qui prévenoitles querelles. On tiroit cette dignité au fort. Le modimperator. des Grecs s’appelloit {yr7- pofiarque ; il étoit couronné. MODIOLUM , f. m. (ff. anc. ) efpece de bon- net à l’ufage des femmes grecques. II reflembloit à un petit fceau , ou à la meiure appellée rodiolus. MODIOLUS., f. m.1(Æiff,anc. ) c’étoit la qua- trieme partie du modius. C’étoit auffi un vaiffeau à boire , & un fceau à puifer de l’eau. C’eft la conf- guration qui avoit raflemblé ces objets fous une mé- me dénomination. . MODIUS , £ m. (Æift. anc. ) melure antique qui fervoit à mefurer les chofes feches , & tous les grains chez les Romains ; elle contenoit trente-deux heémines ou feize fetiers, ou un tiers de l’emphora ; ce qui revient à un picotin d'Angleterre. Il a huit litrons mefure de Paris. MODON, ( Géog. ) ancienne & forte ville de Grece, dansla Morée, avec un port commode, & un évêché fuffragant de Patras. Pline la nomme Metona , & les Turcs l’appellent . Mutum. Elle a efluyé bien des révolutions. Les [nfu- briens s’emparerent de, Meroza dans les anciens tems : les Illyriens ravagerent enfuite cette ville, & emmenerent {es habitans en.efclavage. Trajan,, tou- ché de leurs malheurs , les rétablit, leur accorda des privileses, & les laïfla fe choïfir un gouverne- ment ariftocratique. Elle conferva fes immunités par la condefcendance de Conftantin. Elle fut fou- mie à l'autorité de lempereur grec en 1125. Elle tomba fous la puiflance des Vénitiens en 1204 , & fous celle de Bajazet en 1498. La république de Vé- nife la reprit fur les Turcsten 1686; mais elle a re- connu denouveau la domination du erand-feigneur, à qui elle appartient encore aujourd’hui. Elle eft f- tuée fur un promontoire avancé dans la mer de Sa- pienza, à 10 milles N. de Coron & 72 du cap de Matapan. Long. 49.20. lat. 36.58.(D.1J.) MODONEDO , Glandomirum , ( Géogr.) ville d'Efpagne daris la Galice , avec un évêché fuffra- _ gant de Compoftelle. Elle eft dans une campagne fertile, & dans un air fain, à la fource du Migno, à 20 lieues N.E. de Compoftelle, & environ autant N, E. d'Oviédo. Long. 10. 27. lus. 43. 30. | MODONUS ,( Géog. anc. ) fleuve de l'Hibernie, Ptolomée , Zy. II, chap. 2. en place l'embouchure entre le promontoire facré, & la ville Ménapia. Il femble que cette riviere foit celle qui pafle à Du- blin, & qu'on nomme aujourd’hui la Z:f2. MODOTIA , ( Géog. ) ville des Infubres, felon Paul diacre, qui la met à 12 milles de Milan. Léan- der dit qu’on la nomme aujourd’hui Morza. | MODRINGOU, 1. m. (Bor. exor, arbre à feuilles de lentifque, qui croît au Malabar, & en plufieursen- droits des Indes orientales. Il a environ 30 piés de t haut, & une brafle de circonférence. On le cultive dans les jardins & dans les vergers , à caufe de fon fruit, qui, felon Acofta , eft gros commeunerave , long d’un pié , oétangulaire, moëlleux, blanc en dedans, divifé en plufeurs loges , & d’un soût agréable. Il contient de petites graines femblables à celles de Pers. Les habitans font des pilules alexi= pharmatiques du fruit & des racines de cet arbre. J.B. l'appelle en latin moringua, lentiféi folio , fruitu magno, angulofo , in quo femina ervi. Il a fort peu . de branches , toutes noueufes ; fon bois fe rompt aifément ; {es fleurs font d’un verd-brun. (D: J.) MODULATION,f. f. ex Mufique, fignifie propre- ment la conftitution réguliere de l'harmonie & du chant dans un même mode ; mais ce mot fe prend” plus communément pour l’art de conduire le chant & l'harmonie fucceffivement dans plufeurs modes , d’une mamiere conforme aux regles , & agréable à l'oreille. Si le mode tire fon origine de l’harmonie , c’eft d'elle auffi que naïffent les lois de la modulation. Ces lois font très-fimples à concevoir , mais plus difci- les à bien obferver : voici en quoi elles confiftent. Pour bien moduler dans un même ton , äl faut en parcourir tous les tons avec.un beau chant ,'en re= battant plus fouvent les cordes effentielles, & s’y appuyant davantage ; c’eft-à-dire que l’accord fen- fible & l’accord de la tonique doivent s’y rencon- trer fréquemment, mais toujours fous différentes faces &z par différentesroutes, pour prévenir la mo- notonie ; n’établir de cadences ou de repos qué fur ces deux accords , tout au plus fur celui de la fouf- dominante ; enfin, n’altérer jamais aucuñ des {ons : du mode; car on ne peut, fans le quitter aufli-tôt ; faire entendre un dièfe ou un bémol qui ne luiap- partienne pas, ou en retrancher quelqu'un qui lui appartienne. Len | Mais pour pañler d’un ton à l’autre ; il faut avoir égard au rapport des toniques , & à la quantité de cordes communes aux deux tons , comme je l’ex- phiqueraï bientôt. Partons d’abord du mode majeur. Soit que l’on confidere la quinte de la tonique comme ayantavee elle le plus fimple de tous les rapports , après celui de lofave , {oit qu'on la confidere comme un des MOD OR frouvera toujours que cette quinte, qui eft la do- rinante du ton , ef la corde fur laquelle on peut éta- Blir la zodularion la plus analogue à celle du ton puncipal. | Cette dominante, qui faifoit partié de l'accord parfait de la premiere tonique , fait aufli partie du fien propre , puifqw’elle eneft le fon fondamental ; il y a donc liaifon entre ces deux accords. Voÿez LraISON. De plus , l'accord de cette même note 4 cominante dans le premier ton , & tonique dans le fecond , he differe dans tous les deux que par la dif- tance qui huiefk propre en qualité de tonique, ou en cualité de dominante, Foyez DOoMINANTE, Et tou- 165 les cordes du premier ton fervent également au fecond, excepté le quatrieme, note feule qui prend un diefe pour devenir note fenfible. Paffons À d'au- Îres modularions. La même fimplicité de rapport que nous trouvons entre une tonique & fa dominante , fe trouve auf entre la même tonique & fa fous dominante ; car la quinte que la dominante fait À l’aigu avec cette to- rique , autre la fait au grave : mais cette fous-do- mnante n’eft quinte de la tonique que par renver- fement; elle eff proprement quarte, en plaçant cette tonique au gravé comme elle doit être , Ce qui éta- fonsquientrent dans l'accord de cette mèmetônique, blit l'ordre & la gradation des rapports, carence fens la quarte dont le rapport eft comme 3 à 4, fnit immédiatement la quinte qui eft comme 2 à 3. Que fi cette fous- dominante n'entre pas de même dans accord de la fonique ; enrécompenfe , cette tonique entre dans le fien : car, foitur, mi, fol; Paccord de la tonique , celni de la fous-dominante fera fa, la, ut: ainfi c'elt l’ur qui fait ici liaifon. D'ailleurs, il ne faut pas alterer plus de fons pour ce nouveau fon, que pour celui de la dominante, Ce font, à une pres; toutés les mêmes cordes du ton principal. Donnez nn bémol à la note fenfi- ble Jr , & toutes les notes du ron d’ur ferviront à cel de /4. Le ton dela fous-dominante n’eft donc guères moins analogue avec le ton principal, que Celui de la dominanie, On doit encore remarquer, qu'après s'être fervi de la premiere modulation pour pañler d’un ton prin-| cipal #t, à celm de fa dominante fol , oneft obligé d'employer la feconde pour revenir au ton princi- pal : car fi /o/ ef dominante du ton d’z£ , ur eft fous-dominante du ton de /o/ ; ainfi une de ces mo- dulations n’eff pas moins néceifaire que l’autre, Le troifieme fon qui entre dans l’accord de la to- nique , eft celui de fa tierce Ou médiante, & c’eft auffi le plus fimple des rapports après Les deux pré- cédens. Voilà donc une nouvelle modulation qui-fe préfente , & d’antant plus analogue, que deux des fons de l’accord de 1 aufli dans l'accord de célle: ci : car le premier ac- cofd étant 42, m1, fol ; celui-ci fera mi, fol, fi, où mi & fol font communs. | Mais ce qui éloigne un peu cette modutarion,c'eft la quantité des fons qu'il y faut altérer, même pour le mode minéur qui convient le mieux {ur ce mi : nous avons donné au mot #0de la formule de l’é- chelle pour les‘deux modes : or, appliquant cette formule à 7, mode mineur > On n’y trouvera.en defcendant que le quatrieme fon {7 du ton princi- pal , alteré par un dièfe ;: mais en montant, on en trouve) deux autres outre celui-là ; favoir, la toni- que ur 8 la feconde note re, qui devient note fen- fible. Or , il eft certain que l’altération de tant de fons , &fur-tout dé la tonique éloigne le mode » afoiblit la premiere analovie. & Si lon renverfe la tierce , comme on a renverfé la quinte , & qu’on prenne cette tierce au-deflous de la tonique fur la fikieme note qu'on devroit aufñ Tome X. | : a tonique principale entrent : M O D 603 appeller fous-rédiante, on formera line 0 24/arior plus analoptie au ton principal, que n’étoit celle du ri ; Car l’accotd parfait de cette fons-médiante étant la, ut, m1; on y retrouve ,» Comme dans celui de la médiante , deux des fons #6 & y quientrent dans l'accord de la tonique principale ; & de plus, Véz chelle de cetté nouvelle modularion étant compofée du-moins en defcendant » dés mêmes fons que celle du ton principal, & n'ayant que deux fons altérés en montant, c’eft-à-dire un de moins que l’échelle de la médiañte , il s'enfuit que la modulation de ja fous-dominante eft préférable à celle de cette mé- diante ; d’autant plus que la tonique priñcipale y fait une des cordes eflentielles du mode , ce qui eft plus propre à rapprocher l'idée de la modulation. Voilà donc quatre cordes > hi 5 fa s fol, la, fur chacune defquelles on péut moduler dans lé ton ma. jeur dur, relte Le ré & le f. Ce dernier comme note fenfible , ne peut jamais devenir tonique par aucune bonne modulation, du-moins immédiatement, Ce feroit appliquer brufquement à un même fon , des idées trop oppofées. Pour la feconde note » à la fa: Veur d'une marche confonante de la bafle fondamen- tale, on peut encore y moduler, quoique peu na- turellement ; mais il n'y faut refter qu’un infiant, de forte qu’on n’ait pas le rems d’oubliér la modwlarion d’r ; autrement, il faudroit, au lieu de revenir im. médiatement en zr, pañler par d’autrés modularions intermédiaires, où il feroit dangereux de s'égarer. Telles font les modularions dans lefquelles on peut pafler immédiatement , en quittant un ton on mode majeur. En fuivant les mêmes analogies, on trou- vera pour fortir d’un mode mineur d’autres #0dula- ons dans l’ordre fiivant; [a médiante ;.la domi- nante , la fous-dominante, & la fixieme note, Le mode de chacun de ces tons eft déterminé par fa médiante prife dans l'échelle du ton principal. Par exemple, fortant d’un ton majeur pour moduler fur fa médiante, cette médiante doit porter tierce mi- neure, parce que la dominante /o/ du ton principal ut fait la tierce mineure fur la nonvelle tonique 771, dont elle devient médiante : au contraire, en {or- tant d’un ton mineur /2, on module fur la médiante lt en mode majeur , parce que la dominante 7»: du ton d’où l’on fort ; fait tierce majeure für la fonda mentale #£ de celui où l’on entre. Voici, fi on l’aime mieux, une regle plus géné rale. Le mode de la dominante & celui de la fous dominante, doivent toujours fe conformer au mode de la tonique ; fi celui-ci eft majeur, les autres doi- vent l'être aufli; mineurs, s’il eft mineur. Le mo- de de la médiante &c celui de Ja fous-dominante fui- vent une regle contraire, & font roujours oppofés à celui du ton principal. Il faut remarquer, qu’en vertu du droit qu'ôn a de pafler du majeur au mi- neur, & réciproquement, dans ün même ton > On peut aufñ changer cet ordre du mode, d’un ton à l’autre. Vai raflemblé dans deux exemples fort courts ; tous les tons dans lefquels on peut paffer immédia- tement: le premier, en partant du mode majeur , &t l’autre en partant du mode mineur. Chaque note indique une zzodulation, & la valeur des notes dans chaque exemple indique aufli la durée relative con: venable à chacun de ces modes à proportion de fon analogie avec le ton principal. Voyez nos PL, de Musique. Ces modulationsimmédiates fourniflent les moyens de pañer par les mêmes regles, dans des m0dulations plus éloignées, & de revenir enfuite à celle du ton principal, qu'il ne faut jamais perdre de vûe : mais il ne fuffit pas de connoître les routes qu’on devra fuivre, il faut encore favoir comment yentrer, & | GGgoer. 6j MOD MOD voici le fommaire des préceptes qu’on peut donner Les Architeêtes prennent d'ordinaire pour #odu/e pour cette partie. le diametre ; mais Le plus fonvent le demi-diametre _ Dans la mélodie ,‘1l ne faut pour annoncer la m0. du bas de la colonne, & ils Le fubdivifent en parties dulation qu'on a choïfie ; que faire entendre les al- | ou minutes. Voyez MINUTE. y térations qu'elle produit dans quelque fon du ton Vignole partage fon module, qui eft le demi diame- d'où l’on veut fortir. Eft-on en ze majeur ; il ne fant tre de la colonne , en douze parties égales pour les que fonner un fz dièfe pour annoncer le ton de la | ordres tofcan & dorique, & en dix-huit pour les au- dominante ; ou un f£ bémol pour annoncer celui de | tré ordres. Palladio, Scamozi, Defpodetz & le la quatrieme note.,.. Parcourez après cela les cor- Clerc, divifent leur demi-diametre en trente parties es eflentielles du ton où vous entrez: s’ileft bien | ou minutes dans tousies ordres, Quelques-uns par- choïfi, votre modulation fera toujours bonne & ré- | tagent toute la colonne en feize parties pour la dori- guliere. que , en dix-huit pour lionique, én vingt pour la Dans l'harmonie , il y a un peu plus de dificulté; | corinthienne ; & d’une deces parties ils font un w0- car comme il fant que le changement de ton fe fafle dule pour réeler lerefte de l'édifice. en même-tems dans toutes les parties; on doit bien Il y a deux manieres de déterminer les mefures & prendre garde , & à l’harmonie 6c au chant, pour les proportions des bâtimens. La premiere, par une éviter de fuivre à la fois deux différentes modula- | mefure fixe ou nne efpece de talon qui eft ordinai- tions. M. Huyghens a très bien rémarqué quela prof- | rement le diametre de la partie inférieure dé la co- cription des deux quintes a cette regle pour princi- | lonne, lequel s’appelle module , &c eff divifé en foi- pes: en effet, on ne peut guères former entre deux xante parties nommées rainures, Il eftune autre ma- parties plufieurs quintes juftes de fuite fans moduler, | niere de déterminer les mefures & les proportions en deux tons différens, des ordres, dans laquelle il n’entre ni minute ni divi- Pour annoncer un ton, plufeurs prétendent qu'il | fion certaine, mais on divife leur hauteur fuivant fuflit de former l'accord parfait de fa tonique : mais | l’occafñonen autant de parties qu’on juge à propos 5 il eft certain que le ton ne peut être bien déterminé | c’eft ainfi que la bafe attique fe divifeouentrois pour que par l'accord fenfible ou dominant : il faut donc | savoir la hauteur duplinte, on en quatre pour avoir faire entendre, cet accord en commençant la nou- celle du plus grand tor, ou en fix pour en confta- velle modulation. La bonne regle feroit , que la fep- ter celle du plus petit, &c | tieme de la dominante y fût toujours préparée la MODURA, ( Géog. anc.) Ptolomée parlede deux premiere fois qu'on fait entendre cet accord; maïs villes de ce nom, Il met la premiere dans l’Inde , cette regle n’eft pas pratiquable dans toutes les m0 | en-deçà du Gange, chez les Cafpyréens ; & Caf. dulations permifes , & pourvû que la baffle fonda-, | taldus penfe que c’eft aujourd’hui Bifnagar., I] place mentale marche par intervalles confonans , qu’on l’autre Modura chez les Pandions, entre Tangala 8e obierve la liaifon harmonique, l’analogie du mode, Acur. Pline nomme cette derniere Modufa, L FL &7 qu'on évite les faufles relations, la modulation, | c. xxiij, (D. J.) eft toujours bonne. Les compofteurs donnent or- MODZYR , ( Géog. ) en latin Modyiria ; ville de dinairement pour un autre précepte eflentiel de ne jamais changer de ton, qu’après une cadence par- Ces 3 GE A ju a : ? Er + F, faite : mais cette regle ef faufle, & perfonne ne s’y cultivé, Modzyr eft fituée dans un marais, entre affujettir. Turow à l'occident, & Babica à lorient, Long. 46, Toutes les manieres poffibles de paffer d’un ton 4S. lat. 32. 3. (D, 7.) “ah dans un autre fe réduifent à cinq pour le mode ma- crie | : + ; HNPRRES MOEDE , {. f. (Comm. ) monnoie d’or de Portu=, jeu, & à quatre pour le mineur, qu’on trouvera énonccespar une bafle fondamentale pour chaque gal: Elle équivaut à la piftole d'Efpagne : là double, Pologne, dans la Lithuanie , fur le Pripecz, cheflieu d’un rerritoire de même nom, qui eft fertile & bien snodulation, Voyez nos PL, de Mufig. S'A y a quelque GE re sa 2 See Fa Re tee autre modulation qui ne revienne à aucune de ces ed ais £ rés Et une petite mon neuf, elle eft mauvaife infailliblement. (S) NE dei M LE ; : MODULE, . m. ( Ag. & Géom.) Quelques ar MOELLE , f, f. ( Phyfiologie, ) en latin medulla 2. teurs appellent ainfi la Zgre qu’on prend pour fous- fubftance grafle » Oléaginenfe , qu GRONNERR mafle tangente de la logarithmique dans le calcul des loga- dans le milieu des 98 longs : on 1 appelle /&c mOËl= rithmes, Voyez LocARiTUME & LoOGARITHMI- deux, huile médullaire, dans la portion cellulaire de QUE, Ainf, dans les loparithmes de Neper, le r0- ces RUES 0$ ;, &t dans celle de tous les autres os : dule et 0, 434294; &, dansles logarithmes de qui n’ont pas la même figure. Bnigoes, c'eft l'unité, Quand on dit qu’une ligne eff le Mais pour donner une idée plus exaête de la moëlle logarithme du rapport de « à 4, c étantpris pour | Conformément à fa nature, nous Ja définirons un arodule, cela veut dire que cette ligne eft l’abfciffe | amas de plufieurs petites véficules membrañenfes , d'une logarithmique dont la foustangente eff c, très. délices , qui s'ouvrent les unes danslesautres; cette abfciffe étant comprife entre deux ordonnées | &£ qui font remplies d’une matiere huileufe.,.con- égales à a & à 6. M. Côtes, dans fon Harmonia men. | lante & liquide, : | 15 | Jurerum ( commentée & développée par dom Wal- Ces véficules font renfermées dans une membrane mefley dans fon Araiyfe des rapports ), emploie fié- qui fert d enveloppe générale à [a moëlle , &.cette. quemment cetteexpreffion de module qui d’ailleurs | Membrane, qui eft parfemée d un trés-grand nom w’eft pas-fort ufitée. ( O) bre de vaifleaux , eft d une tiffure encore plus fine AODULE ; (Are rumifm.) terme emprunté de qüella membrane arachnoïde de la moelle de l’épine. , V’Architeéture par les Médailliftés , pour fixer par des’ La moëlle ne fait qu’une feule mafle dans les .ens grandeurs déterminées leurs médailles, & en com- droits où l'os eft creuié en canal ; car dans ceux 6 poler les différentes {üuites dans les médailliers ; ain | :l eft fpongieux, elle eft partagée en plufieurs pes ils ont réduit toutes les grandeurs des médailles de | tites portions qui en remplifent les cellulesi ? bronze à trois modules, qu'ilstnomment des pivces La faveur douce & agréable de ce fuc, &/fa,con: : de grand, de moyen, &t de petit bronze, & on écrit | fiffance on@ueufe, donnent lieu-de croire quecc’efe par abréviation G. 8. M. B.P:B>{ D. J.) | un extrait de ce qu'il y a de-plus délicat &cde plus MODULE, ( Archiseëure,) mefure prife à volonté | fin dans la portion huileufe.du fang , qui eft'conti- pour régler les-proportionsdescolonnes, & la fyim | tinuellement filtré dans ce tiffu véficulairer;d'oi il smétrie ou-la diftribution de l'édifice, | fe diftribue dans tonte la fubftance de loss MOE Entronsdans quelques détails fur la diftributionde ce fuc médullaire dans les os, fa fécrétion , fonabon- dance,, fon fentiment , fon ufage, & fes maladies. Diffribution de la moëlle dans la [ubflance des os. L'huile médullaire eftramañlée dans de petites véfi- cules qui communiquent les unes aux autres, & qui font logées dans les parties cellulaires des.os aux environs:des jointures, d’où il fuit que cette huile peut non-feulement fe diftribuer dans toute la fub- tance de l'os, mais encore pañler dans les cavités des jointures , comme Clopton-Havers, qui a par- faitement traité cette matiere, l’a prouvé par diver- fes expériences. Suivant cet auteur , l'huile médullaire peut fortir des véficules qui la contiennent , de trois manieres différentes. Ou la dérivation s’en fait vers les extré- mités de l’os, en conféquence de la communication des véficules & deslohes, & elle fuinte à-traversles pores du cartilage ,/dont les extrémités des os at- ticulés font couverts , dans la cavité des jointures, & en facilite le mouvement. Ou cette huile fubtile & atténuée entre dans les petites veines, en eft ab{or- bée, &r fe mêle avec le fang. Ainfi, dans certaines maladies aiguës , nous voyons quelquefois toute la graifle du corps entierement confumée en peu de jours, Ou enfin , cette huile. médullaire fe difperfe dans la fubftance des os , :& procure à leurs parties le degré de cohéfion , & au tont le degré d’onduo- fité qui convient. | Les pores tranfverfaux dont les os font compofés donnent iflue à l’huile médullaire , les pores longi- tudinaux la répandent entre les lames des os, & c’eft par leur moyen que les interftices que ces la- mes laiffent entr'elles en font lubrifiés. Cependant cette difribution de l'huile médullaire dans la fubf- tance des os n’a lieu que dans les endroits où les lames offeufes font contigués les unes aux autres; Car aux environs des jointures où elles laiflent, en- trelles une diftance confidérable,, il y a des véfcu- les médullaires à l’aide defquelles l'huile fe difribue facilement. Sécrétion de la moëlle. Maïs d’où provient cette huile méduilaire qui fe diffribue dans la fubftance offeufe, 8: comment fe forme-t-elle ? | Si on mêle de l’efprit de nitre avec de Phuile d’oli- ves ,ona un compofé qui reflemble à la oë/le, & qui fe fond fur le feu : fi onlaifle ces deux matieres en digeftion durant quelques jours, la partie flinde s’exhale, & ilrefte une mafle plus folide, Ne pen- Sons pourtant pas avec quelques Chinuftes que la noëlle ait une origine femblable, car il n’y a point dans le fang des efprits nitreux développés comme ceux dont on fe fert dans cette opération. Un tout autre méchamfme produit la roëlle, & c’eft du fang artériel que s’en fait la fecrétion par un grand nombre de vaifleaux. Il faut d’abord remarquer que le périofte inté- rieur des, os qui enduit & couvre les cavités qui contiennent la zoëlle, diftribue les vaifleaux arté- riels aux véficules médullaires, & reçoit un nom- bre incroyable de vaifleaux veineux, tant grands que petits. Lo je | Jeu Les arteres qui paflent dans la r06//e font diffé- rentes de celles qui portent les humeurs vitales dans la fubflance des os. Lorfqw’une artere de cetre nature eft parvenue dans la cavité de l’os, elle fe divife communément en deux ramificañons, dont 1} part un nombre infini de petites ramifcations qui vont aux véficules médullaires. < à … L'on découvre par le moyen du microfcope, un grand nombre de petits vaifleaux fanguins dif- pofés dans la plus petite véficule médullaire. De plus, les injeétions de Ruyfch nous ont démontré qu'il y a de tels vaifleaux répandus dans toute [a MOE 60; mañle de la rieë//e ; d’où 1 fit vraiffemblablemen Lx que Le même méchanifme reone dans toutes les yé- ficules qui forment cette mañe. | Après que la fecrétion de l'huile eft faite, Le refte du fang pafle dans de petites veines qui for- ment en fe réuniflant, des troncs plus confidéra- bles, & ces troncs fe terminent enfin en une veine qui fort ordinairement par le même trou qu a {ervi d'entrée à l’artere, Les petites veines qui partent de la zoëlle,. & entrent dans la fubftance des os, s’y évanouiffent. Peut-être que ces veines rapportent le fang tranfmis à la moëlle par les ar- teres pour fa nutrition; car c’eft une économe remarquable prefque dans toutes les parties du corps, que la nature y a donné aux veines & aux arteres un double emploi ; Pun, par lequel fe fair la fecrétion d’un fluide ; & l’autre , par lequel {e fair la nutrition & l'entretien de la partie, Les parties dont il s’agit, de blanches & tranf. parentes qu’elles étoient, devenant rouges par l’in- Jeéhon, prouvent ce grand nombre de petits vaif- feaux dont nous avons parlé, & conféquemment quantité de vaifleaux lymphatiques. Comme il eft démontré que toutes les cavités du corps, grandes Ou petites, font humeétées par une liqueur fabrile qui s’exhale ; il n’eft pas moins néceflaire qu'il y ait dans ces parties de pétites veines ab{orbantes, Îl y à encore un grand nombre de filamens ner- veux, difiribués aux véficules membraneufes. En outre, la moëlle et environnée d’une mem- brane qui fert comme de périofte aux os intérieu- rement, Cette membrane eff très-fine, tran{parente comme le verre , & formée par les tuniques des arteres. Elle eft adhérente aux os, 1°. par des peuts vaifleaux; 2°, par les petits prolongemens qu'elle envoie dans les pores offeux. L’ufage de c8 périofte interne eft non-feulement de, diftribuer des vaifleaux artériels dans les véf- cules médullaires, & de recevoir à leur retour des véficules médullaires, les vaifleaux veineux, mais encore, de faciliter laccroifflement &c la nutrition des os; par le moyen de.ces vaifleaux qui entrent dans. Îeur fubftance , &c en fortent. | Rien donc n’eft plus merveilleux que la firu@ère des vaifleaux qui contiennent la moëlle & l'huile médullaire. On remarque d’abord la cavité des os.traverféerpar une infinité de petits filets qui for- ment un réfeau. Dans lés aires de ce réfeau s’in- fique une membrane qui forme une infinité de vé- ficules femblables à une grappe de raifin, dans lefquelles les vaiffeaux fanguins dépofent une {ubf- tance huileufe. Tous ces. peus filets fembient defs nés à foutemir les véficules, qui dans.les fauts tomberoient fans leur appui. Les animaux qui fau- tent,.fuvant les obfervations de Nieuventyt, ont beaucoup de ces filets; mais ceux quine font fujets qu'à des mouvemens peu rapides, comme le bœuf, ont des cavités inégales dans leurs os , qui fourien- nent Ja z20e//e. | Abondance de la moëlle € du fuc médullaire. On ne peut, douter que l'huile médullaire diftribuée entre les lames des os, ne tranfpire continuelle- ment en..gtande abondance. Si l’on fait bouillir des os de bœuf, on verra combien eff srande l'abon- dance de, cette huile médullaire logée dans les parties caverneufes des. os; fi l’on broye, où fi l’on bat: avec -un,_marteau. l'extrémité des os, après qu'on, en aura Ôté toute la roëlle, on vérra fortir une grande quantité de cette huile médullaire. C’eft encore la raifon pour laquelle certains 08 font un fi,bon feu. Par la même caufe , les fque- leites les mieux. préparés deviennent jaunes. | C’eft en effet le plus grand obftacle qu’on trouve lorfqw'on veut blanchir [es os, 8 en fure un'fques 606 MOË Jette; car, fi l'on n’a foin de les percer par un ‘bout, & d’en tirer entierement la moëlle; ft l’on n’y feringue plufieuts fois des eaux propres à em- porter cette matiere onélueufe, on voit dans quel- que tems, qu'un os qui paroïfloit blanc d’abord, devient extrèmement jaune enfuite ; parce qu'à la moindre chaleur l'huile médullaire qui y eft ref tée ,tranfude naturellement, 8 peu-à-peu des lames internes vers les lames externes. C’eft auffr pour quoi les ouvriers qui emploient des os dans leurs ouvrages, ont la précaution de les féier en long, pour en ôter exaétement toute la rnoëlle , &t mème le tiffu fpongieux, afin que la blan- cheur de l'os ne foit point altérée. Sentiment dont la moëlle ef? fufceprible. ‘Les an- ciens & les modernes ont parlé avec tant d’incer- titude du fentiment que peut avoir la molle, que M. Duverney s’eft cru obligé de l’examiner avec foin. Voyant dans les hôpitaux panfer ceux qu avoient un bras ou une jambe coupés, 1l fit tou- cher un peu rudement la #roëlle qui étoit à décou- vert, & le malade auffi-tôt donna des marques d’une nouvelle douleur; mais comme cette premiere ex- périence ne lui parut pas convainquante, il eut re- cours à une feconde qui ne lui laifla aucun fujet de doute. Il fit fcier, en préfence de M'° de l'académie des Sciences, ( Mém. de l’acad. des Scienc. année 1700.) los de la cufle d’un animal vivant, & ayant fait Ôter les chairs &c les membranes pour laiffer le bout ‘de l’os entierement à nud, après avoir laïfé pañfer les cruelles douleurs que cette opération caufoit à animal, il plongea un ftilet dans la moëlle, & auffi- tôt on vit que lanimal donnoit des marques d’une très-vive douleur, Cette expérience ayant été réi- terée plufieurs fois avec le même fuccès, il n'ya pas lieu de douter que la moëlle n’ait un fentiment très-exquis. Mais ilne faut pas s'imaginer que ce fentiment foïit dans la moëlle même, c’eft-à-dire dans cette huile fine & fluide qui fait proprement la rmoëlle ; * car la rmoëlle confidérée de la forte, n’eft pas plus fufceptible de fentiment que le fang renfermé dans les veines. Il faut donc l’attribuer aux petites véfi- cules membraneufes qui contiennent la zroëlle, &c qui feules peuvent avoir un fentiment fi délicat. Donc, quand l’on dit que les moindres impreffions ‘fur la woëlle excitent des fenfations douloureufes, cela ne doit s'entendre que de fa portion membra- neufe qui eft très-fenfible, parce qu’elle eft parfe- mée de nerfs. Les ufages de la moëlle. La moëlle & le fuc moël- leux ont desufages qui leur font communs avec la graifle, & d’autres qui leur font particuliers. Hippocrate & Galien ont cru que la molle fer- voit de nourriture aux 06, tant parce qu'ils ne voyoient point de vaifleaux fanguins fe diftribuer dans le corps de l'os, que parce qu'à mefure que les os font longs, leur cavité eft plus ample & plus caprhle de foutenir une grande quantité de fuc mocilcux pour leur nourriture. 11 faut avouer que cette opimon a quelque ap- parence de vérité. Cependant on ne peut l’ädop- ter, quand l'on confidere que la partie folide des os des jeunes animaux cf réellement parfemée d’un grand nombre de vaifleaux fanguins; qu'il y à plu- ficurs os qui font tout-à-fait folides, & dépourvus de "moelle, comme les offelets de l'oreille, le bois des cerfs &t des daims, & que cependant ces os ne laiflent pas de fe nourrit, qu'il y a d’autres os qui font creux, & qui ne font revêtus que d’une membrane slanduleufe, comme les cavités qui fe trouvent entre les deux tables de certains os du crâne, & éu'on nomme fus. On fait auf M0 E que Îles fexilles cffeufes qui tiennent lieu de di- ploë dans le crâne de Féléphant, font fans moële, & tapiflées feulement d’une membrane parfemée de plufieurs vaifleaux. Le creux des os, dont' les pattes des homars & des écrevifles font compe- fées , eff auffhi fans moëlle, 8: n’eft rempli que de mufcles qui fervent à leur mouvement : & cepen- dant tous ces os ne lafient pas de fe bien nour- rir. On peut enfin ajouter que ce n’eft pas few lement pour enfermer & conferver la roëlle, que les os font creux ; mais que c’eft principalement afin qu'ils foient moins pefans, fans être moins fermes. Il eft donc plus vtaïfflemblable de croire que J'ufage de lhuile médullaire fera de lubrifier les jointures, & de s’infinuer entre les lames des os pour entretenir la cohéfion des parties terrefires des corps offeux, & faire entre elles l'office d’une ef pece de glu. | Lu A4 | Cette conjedture s'appuie par les raifons fuivantes. 1°. Lorfque cette huile médullaire vient à man- quer, par la vicilleffe ou les maladies qui l'ont épui- fée , ce mouvement des jointures devient plus rude & plus pénible; & les os privés de ce fuc, ou abreuvés de ce fuc quand il eff vicié, fe bri- fent bien plus aifément. 1°, Que les os qui font de grands mouvemens, 8 qui par-là pourroient trop je deflécher, font abondamment pourvus de moëlle où d'huile médullaire , de même que les parties où la nature a fourni plus de graïfle, font celles d’or- dinaire, où les mufcles ayant plus d’aétion, ont plus befoin d’être humeétés. De-1à vient qu'il y a beaucoup moins de moëlle, à proportion dans les jeunes os, qui font tendres & flexibles. 3°, 5i l’on dépouille les os de cette huile, par le moyen du feu, ils deviennent friables ; & fi après les avoir calcinés par un feu violent, on les plonge dans huile , 1ls recouvrent de rechef leur confftance. On objeéte contre ces raïfons, que le cerf qui court avec tant de légéreté, a moins de moëlle dans les os longs que d’autres bêtes qui marchent très- lentement. Mais l’on peut répondre, que, fi lexer- cice du cerf le prive d’une abondance de moëlle @es les os longs, l'huile médullaire qui y eft répandue, ou dans les jointures, y fupplée & facilite égale- ment fa courfe légere. ue dd Maladies que produit la moëlle altérée, Ileft aïfé de concevoir que l'huile médullaire féparée du fang artériel, accumulée dans les véficuies, ou difperfée dans les parties celluleufes des os, peut être fujette à diverfes maladies, car elle peut être viciée à plufeurs égards, | Il y aura maladie dans les os, lorfque les véfi- cules qui contiennent l’huile médullaire , feront af fe&ces; fi la corruption de cette huile eft confidé- rable, il en réfultera ur grand nombre de maux. Si l'huile médullaire eft en flagnation dans fes véficu- les , dans fes émondtoires, on dans les interflires des os, & s'il arrive que le mouvement & la cha- leur vitale ia rendent acrimonieufe, putride & fa- nieufe, la fecrérion en fera interrompue, il y aura obftruétion dans les vaïffeaux qui fervent à fa dif- tribution, & dans ceux qui font deflinés à fa fecré. tion, & il furviendra inflammation dans {es véf- cules. Il en fuivra donc fuppuration ou putréfac- tion gangreneufe, & corruption des fluides &'ces foïdes. La fubftance de l'os en deviendra alterée, & cette altération fera néceffairement fuivie de douleurs violentes, de chaleurs, de pulfations , de tumeurs, d'abfcès, & de carie, Voyez fur ces mala- dies , Boerhaave &c fon favant commentateur Van Swieten. runet: 2 a … Contes faux fur la moëlle. On a fait bien ces contes fur la zoëlle , lefquéls, comme il arrive ordi. Ûl nairement, fe font évanouis à l'examen, & M. Du verney en a pris la peine. Il a vérifié que la moëlle ne fouffroit aucun changement dans les divers af- pes de la lune; que fa qualité n’angmentoit point ou ne diminuoit point fuivant le cours de cet aîîre, mais fuivañt la bonne nourriture ou lerepos que pre- noit l’animal ; que les os ne font pas moins pleins de moëlle à la nouvelle qu'à la pleine lune; que ceux des lions font creux 87 remplis de moëlle, contre le fentiment d’Ariftote ; enfin, que ceux du cheval né font point fans zzoë/le, contre l'opinion populaire. La moëile dans Les animaux eff liquide, La moëlle des animaux eft toujours coulante & liquide, tandis qu'ils font en vie; fi elle nous paroît avoir de la confiftance après leur mort, & principalement après qu’elle eft cuite, cela provient d’un côté, de l’in- terruption de fa circulation & du froid de l'air qui l’a congelée; & de l’autre côté, de ce que le feu faifant évaporer ce qu'il y a de plus aqueux, donne plus de confiftance au refte. La moëlle eft émolliente comme la graifle, & n’a pas d’autre qualité, n1 celles des divers aimaux n’ont pas plus d’efficace les unes que les autres, Il faut lire & relire Clopton Havers fur cette ma- tiere de Phifiologic ; fon ouvrage écrit originaire- ment en Anglois', eft traduit en latin. Il a Le premier découvert dans chaque articulation, des glandes par . ticulieres, d’où fort une fubftance mucilagineufe, qui fert avec la moëlle que les os fourniflent, à humelter, lubrifier les jointures & les parties qui y ont leur emboitement. Il a auf fait quelques découvertes fur le périofte, & plufieurs fur la moë//e en particulier, Mais Jacques de Marque a foutenu le premier, que la molle ne fervoit pas à la neur- riture des os, & a fait pour le prouver, un livre exprès qui eft aujourd’hui fort rare, & qu'il mit au jour à Paris en 1609, 17-8°, Le chevalier DE JAUcOURT. MOELLE DES PLANTES; ( Bora.) c’eft une fubf- tance molle, fpongieufe qui fe trouve au milieu de quelques arbres &c autres plantes, comme dans le fureau & dans la tige de l’héliotrope. Grew penfe d’après Hook, que la moëlle eft un amas de plufeurs petits bouillons , dont le mouvement laté- ral & le mouvement perpendiculaire élevent le fuc, &c font croire la plante, tant en groffeur qu’en hauteur : mais cette idée ne paroît être qu’une pure hypothèle. (2. J.) | MoëLLe Des PIERRES. (Æiff. nat.) Voyez Me- DULLA SAXORUM. On a quelquefois donné à la marne le nom de moëlle de terre. MOELLE DU CERVEAU 6 DU CERVELET, ( Anar.) eft la partie blanche & molle du cerveau & du cervelet, laquelle eft couverte extérieurement de la fubftance corticale, qui eft d’une couleur plus obf- cure & cendrée. La rmoëlle du cerveau fe nomme la fubflance médullaire. Voyez-en l’origine, la ftruêture & l’ufage, fous les arcicles CERVEAU & CERVELET. MoëLLE alongée eft la partie médullaire du cer- veau 6c du cervelet joints enfemble. La partie anté- rieure vient du cerveau, & la poftérieure du cerve- let. Elle eft fituée fur la bafe du crâne, &c fe con- tinue à-travers le grand trou de l’occipital, dans le canal des vertebres du cou, du dos, & des lom- bes; mais il n’y a que ce qui eft enfermé dans le crâne, qui retienne le nom de moëlle alongée. Après qu'elle eft fortie du crâne, elle s'appelle moëlle de l’é. pine. Voyez MOELLE DE L'ÉPINE 6 JAMBES. La fubflance de la moëlle alongée n'étant que la réunion de la. oëlle du cerveau & du cervelet, doit de même être purement fibreufe ou nerveufe, & un fimple afflemblage de petits tuyaux pour porter les efprits animaux. Elle a, pour ainñ dire, quatre racines, dont les deux plus groffes viennent MOE 607 du cefveat, 8 fe nomment yembes : & Îles deux moindres viennent du cervelet, & ont été nom- mées pédincules par Willis. Voyez CERVEAU € CERVELET. | | En renverfant la moëlle alongée ,la premiere chofe qui paroït fous fon tronc, eft une éminence qui reflemble un peu à un anneau, & qui a été norns mée par cette railon protubérance annulaire. Enfuite eft l’origine des dix paires de nerfs, qui de-là vont fe diftribuer aux différentes parties du corps. Voyez NERF. Immédiatement fous la premiere paire ou fous les olfaétifs, on voit deux petites arteres qui font des branches des carotides. La feconde paire, où les optiques étant conpées, on découvre l’enton- noir, en latin 2rfurdibulum, qui fe termine à la glande pituitaire, & de chaque côté les arteres caro- tides entrent dans le crâne. Dans Les ventricules laté- raux de la r0ë//e alongée, font deux éminences de chaque côté. Les unes font appellées corps canneles, en latin corpora flriata, à caufe des raies ou fibres nerveufes qu'on voit en-dedans de ces éminences, Leur fubftance extérieure eft corticale ou glan- duleufe, comme le refte de la furface du cerveau, quoique non pas fi profonde. Entre les corps can nelés eft une produétion large &c mince de la moëlle alongée , qui fe nomme la voire, en latin fornix ; & au-defflous des corps cannelés fe voient deux autres éminences, appellées couches des nerfs optiques, en latin shalæmti nervorum opticorum. De chaque côté de ces éminences eft un plexus de vaifleaux fan- ouins, appellé plexus choroide. | Au-deffous de la voüte eftune ouverture étroite, appellée la fence qui s'ouvre dans l’entonnoir, les quel eft un conduit qui va du troifieme ventricule à la troifieme glande pituitaire à-travers la roëlle du cerveau, &:.qui eft tapiflée de la pie-mere. Sous _ ce ventricule, & dans la foffe de l'os fphénoïde, nommée /elle & cheval, ou felle du Turc, fe trouve placée la glande pituitaire qui eft environnée d’un plexus de vaifleaux,appellé ré/éau admirable, mais qui n’eft vifiblequedansles brutes. Voy. RÉSEAU,PITUI- TAIRE, &c. À la troifieme partie du troifieme ventri- cule eft un petit trou appellé azxs , qui mene au quatrieme ventricule du cervelet. A l’orifice de te trou eft fixée une petite glande, qui à raifon de fa prétendue refflemblance avec une pomme de pin, eft nommée glande pinéale ou conarium, & où Def- . cartes &c fes feétateurs mettent le fiege de l’ame. Voyez PINÉALE. À la partie poftérieure de la moëlle allongée, près du cervelet, fe voient quatre éminences , dont les deux fupérieures & plus groffes font appellées zares, les deux inférieures & plus petites , sefles. Voyez NaTes & TESTES. Entre ces éminences & les pro- duétions du cervelet, fe trouve le quatrieme ven- tricule, appellé à caufe de fa figure calamus ériptorius. Voyez CALAMUS. Près de l'extrémité de la zroëlle alongée, il y a quatre autres éminences, deux de chaque côté, les unes appellées pyramidales, & les autres olivaires. Voyez OLIVAIRES 6 CONARIUM, MOELLE DE L'ÉPINE, ou épineufe eft une conti- nuation de la oëlle alongée, ou partie medullaire du cerveau. Poyez ÉPINE. Elle eft compofée , de même que le cerveau, de deux parties, une blanche ou medullaire, &c une cendrée ou glanduleufe; la premiere eft extérieure & la feconde intérieure. La fubftance de la partie extérieure eft à-peu-près la même que celle de la fubftance médullaire, finon qu’elle eft un peu plus ferme & plus fibreufe , & cette différence devient plus fenfibles à mefure que la soëlle de l’épine def- cend plus bas, parce que le canal des vertebrés devenant toujours plus étroit, prefle davantage les 668 MOE ‘fibres medullaïres:, les rend blus compadés, & les xaflemble en faïfceaux plus difiinéts, jufqu'à ce qu'érant defcendues jufqu’an bas de Vépine, elles {e terminent par la queue de cheval. La moëlle de 1 l'épine donne naïflance à la plüpart des nerfs du tronc : elle en envoie ttente paires, tant aux extré- mités qu'aux grandes cavités, & à d’autres parties. Ces nerfs ne {ont autre chofe que des faifceanx de fibres medullaires, couverts de leurs tuniques par- ticulieres, Voÿez Merr. On dit ordinairement que la oë/le de l’épine eft couverte de quatre tuniques ; la prermiere ou exté- rieure eft un ligament fort & nerveux, qui attache les vertebres les unes aux autres, & fe trouve col- lée à la face interne du canal des vertebres ; la fe- Conde efl'une continuation de la dure - mere : elle éit extrèmement forte, &c fert à empêcher qué la moëlle de l’épine ne foit endommagée par la flexion des vertebres ; latroifieme,' qiu fe nomme arachnoide, eit mince &c tranfparente , v'eft elle qui fournit aux ñerfs qui fortent de l’épine, leur tunique interne, comme la dure-mère leur fournit l’externe ; la qua- t'ieme tunique eft une continuation de la pie-mere, ER 1739, au . 1 F à. | y MOG 61 petit-fils d'Orenpzeb , nommé Mahamas Seche, la même chofe qu’à Créfus. On avoit dit à ce roi de Lydie ; vous avez Beaucoup d’or, mais celui qui fe fervira du fer mieux que vous ; vous enlevera Cet or, . ïÿ Thamas-Kouli-kan, élevé autrône de Perfe, après avoir détrôné fon maitre, vaincu les Agwans; & pris Candahar , s’eft avancé jufqu’à Déli, pour Ÿ enlever tous les tréfors que les empereurs du Mô- gol'avoient pris aux Indiens. [l n'y a guere d’exent- ples ni d’une plus grande armée que celle de Maha- mad-Scha levée contre Thamas-Kouli-kan , ni d’une plus grande foiblefle, H oppofe 1100 mille hommes, dixamille pieces de canons, & deux mille éléphans armés en guerre au vainqueur de la Perfe | qui n’4- voit pas avec lui foixante mille combattans. Darius n'avoit pas armé tant de forces contre Alexan- dre. | La petite armée perfane afiegea la grande , lui coupa les vivres , & la détruifit en détail, Le grand mogol Mahamad fut contraint de venir s’humilier devant Thamas-Kouli-kan , qui lui parla en maîtté, le traita en fuiet. Le vainqueur entra dans la ca- pitale du Mogo!, qu'ôn nous préfente plus grandét, & plus peuplée que Paris & Londres. I] traînoit à fa fuite ce riche & miférable empereur , lenférma dans üne tour, & fe fit proclamer en fa place. Quelques troupes du Mogol prirent les armes dans Déli contre leurs vainqueurs, Thamas-Kouli-kan li- vra la ville au pillage. Cela fait, il emporta plus de tréfor de cette capitale , que les Efpagnols n’en trouverent à la conquête du Mexique. Ces richeffés amaflées par un brigandape de quatre fiecles , ont été apportées en Perle par un autre brigandage, & n'ont pas empêché les Perfans d’être long-tems le plus malheureux peuple de la terre, Elles y font dif periées ou enfevelies pendant les guerres civiles, jufqu’au tems où quelque tyran les rafflemblera. Kouli-kan en partant du Mogol en laiffa le gou- vernement à un viceroi , & à un confeil qu'il éta- blit. Le petit-fils d'Oreng-zeb garda le titre de fouve- rain, & ne fut qu’un fantôme. Tout eft rentré dans l’ordre ordinaire , quand on a reçu la nouvelle que Thamas-Kouli-kan avoit été aflaffiné en Perfe au milieu de fes triomphes. Enfin, depuis dix ans , une nouvelle révolution’a renveri l’empire du Mogol. Les princes tributaires, les vicerois ont tous fecoué le joug, Les peuples de l’intérieur ont détrôné le fouveramn, & ce pays eft devenu, comme la Perfe , le théâtre des guerres ci viles: tant il eft vrai que le defpotifme qui détruit tout fe détruit finalement lui-même. C’eft une fub- verfon de tout gouvernement : il admet le caprice pour toute regle : il ne s’appuie point fur des lois qui aflurent fa durée ; & ce coloffe tombe par terre dès qu'il n’a plus le bras levé. C’eft une belle preu- ve qu'aucun état n’a forme confiftante , qu’autant que les lois y regnent en fouveraines, De plus , 1l eft impoñfible que dans un empire où des vicerois foudoyent des armées de vingt , trente mille hommes, ces viceroïs obéiffent long-tems & avenglément. Les terres que l’empereur donne à ces vicerois, deviennent , dès lä-même, indépendantes de lui. Les autres terres appartiennent aux grands de l'empire, aux rayas , aux nabab, aux omras. Ces terres font cultivées comme ailleurs par desfermiers, & par des colons. Le petit peuple eft pauvre dans le riche pays du Mogo!, ainfi que dans prefque tous les pays du monde; mais il n’eft point fetf & attaché à la glebe,ainfi qu'il Va été dans notre Europe, & qu’il l'eft encore en Pologne, en Bohème , & dans plus fieuts lieux de l'Allemagne. Le payfan dans toute l’Afe peut fortir de fon pays quand il lui plaît, & en aller chercher un meilleur , s’il en trouve. 614 M O G On divife l'empire du Mogol en 23 provinces, qui font Déli, Agra, Lahor, Guzurate, Mallua , Pa- tana,, Barar, Brampour, Baglana, Ragemal, Mul. tan, Cabul, Tata, Afmur, Bacar, Ugen, Urécha, Cachemire, Décan, Nandé, Bengale, Vifapour, & Golconde. Ces 23 provinces font gouvernées pat 23 tyrans, reconnoiffent un empereur amolli, comme eux ; dans les délices., & qui dévorent la fubftance du peuple. Il n’y a point là de ces grands tribunaux permanens, dépoñitaires des lois , qui protegent le foible contre le fort. L’Etmadoulet, premier miniftre de l’empereur, n’eft fouvent qu’une dignité fans fonétions. Tout le poids du gouvernement retombe fur deux fecrétai- tes d'état, dont. l’un rafflemble les tréfors de l’em- pire , qui, à ce qu’on dit, monte par an à neuf cent millions, & l’autre eft chargé de la dépenfe de l’em- PÉrEURHÈNE | C’eft un problème qui paroît d’abord difcile à ré- foudre; que l'or & Pargent venu de l'Amérique en Europe... aille. s’engloutir continuellement dans le Mogol, pour n’en plus fortir, & que cependant le peu- ple foit fi pauvre,qu'il y travaille prefque pour rien: mais la radonen eft,que cet argent ne va pasau peu- ple:il.va aux trafiquans qui payent des droitsimmen- fes aux gouverneurs ; ces gouverneurs en rendent beaucoup au grand mogol, & enfouiflent le refte. La peine des hommes eft moins payée que par- tout ailleurs dans cette contrée ; la plus riche de la terre, parce que dans tout pays, le prix des jour- naliers, ne pañle guere leur fubfftance. & leur vé- tement. L'’extrème fertilité de l'Indouftan, & la chaleur du climat, font que cette fubfftance & ce vètement ne coûtent prefque rien. L’ouvrier qui cherche des diamans dans les mines , gagne de quoi acheter un peu de riz & une chemife de coton ; par tout la pauvreté fert à peu de frais la richefle. L'empire du Mogol eit en partie mahométan , en partie idolätre , plongé dans les mêmes fuperfhtions, & pires encore que du tems d'Alexandre. Les fem- mes fe jettent en quelques endroits dans des buchers allumés fur le corps de leurs maris. Une chofe digne d’obfervation, c’eft que dans ce ays-là les arts fortent rarement des familles où ils font cultivés. Les filles des artifans ne prennent des maris que du métier de leurs peres. C’eft une coutume très-ancienne en Âfe, & qui avoit pañé autrefois en loi dans l'Egypte. Il eft difficile de peindre un peuple nombreux, mêlangé , &c qui habite cinq cent lieues de terrain, Tavernier remarque en genéral que les hommes ës les femmes y font olivätres, Il ajoute, que lorf- qu'on a paflé Lahor, & le royaume de Cachemire, les femmes du Mogol n’ont point de poil naturelle- ment en aucune parue du corps , & que les hommes ont très peu de barbe. Thevenot dit qu'au royaume de Décan on marie les enfans extrémement jeunes. Dès que le mari a dix ou douze ans , &c la femme huit à dix, les parens les laiffent coucher enfemble. Parmi ces femmes , il y en a qui fe font découper la chair en fleurs , comme quand on applique des ven- toufes. Elles peignent ces fleurs de différentes cou- leurs avec du jus de racines, de maniere que leur peau paroït comme une étoffe fleurdelifée. Quatre nations principales compofent l'empire du Mogol; les Mahométans arabes, nommés Para- nes ; les defcendans des Guebres , qui s’y réfugierent du tems d'Omar ; les Tartares de Genzis-Kan & de Tamerlan:; enfin les vrais Indiens en plufieurs tribus ou caftes, Nous n'avons pas autant de connoïffances de cet empire que de celui de la Chine ; les fréquentes ré- volutions qui y font arrivées depuis Tamerlan, en MOH font partie caufe. Trois hommes, à la vérité, ont pris plaïfir à nous inftruire de ce pays-là, le P. Ca- trou, Tavernier , & Bernier. Le P. Catrou ne nous apprend rien d’original, &c n’a fait que mettre en ordre divers mémoires. Ta- vernier ne parle qu'aux marchands , & ne donne guere d’inftruétions que pour connoître les grandes routes , faire un commerce lucratif, &c acheter des diamans. Bernier feul fe monte un philofophe; mais il n’a pas été en état de s'inftruire à fond du gou- vernement, des mœurs , des ufages, & de la reii< gion, ou plutôt des fuperftitions de tant de peuples répandus dans ce vafte empire. ( D. J.) MOHABUT , f. m. (Com.) toile de coton de cou- leur ; elle vient des Indes , en pieces de fept aunes & demie de long, fur trois quarts de large, MOHATRA , (Jurifprud.) où contrat mohatra,eft un contrat ufuraire, par lequel un homme achete d’un marchand des marchandifes à credit 8 à très- haut prix, pour les revendre au même inftant à la même perfonne argent comptant & à bon marché. Ces fortes de contrats font prohibés par toutes les lois : l'ordonnance d'Orléans, arr. 141. défend à tous marchands & autres, de quelque qualité qu'ils {oient, de fuppofer aucun prêt de marchandite ap- pellé perte de finance, qui fe fait par revente de la même marchandife à perfonnes fuppofées, à peine de punition corporelle & de confifcation de biens. Voyez USURE , USURIERS, (4) MOHATZ , (Géog.) Anamarcia , bourgade de fa bafle-Hongrie , dans le comté de Baraniwar ; elle eft fameufe par les deux grandes batailles.de 1526 8z de 1687 ; la premiere, gagnée par Soliman If, contre Louis, dernier roi de Hongrie, qui y perdit la vie. Et la feconde gagnée par les. Chreuens, contre les Turcs. Moharz eft au confluent de la Coraïle & du Danube. Long, 36, 8. lat. 45. 50. (D.J.) MOHILOW , (Géog.) ville de Pologne, dans la Lithuanie , au Palatinat de Miciflaw. Les Suédois y remporterent une grande viétoire fur les Mofcovites en 1707. Elle eft fur le Nieper, à 14 lieues S. d'Or- F fa, 205$. O. de Mfciflaw. Long. 49. 20. lat, 53. 58. D.J. bee ou MOHAWKS, (Hifi. mod. ) c’eft ainfi qu'on nomme une nation de fauvages de l'A- mérique feptentrionale , qui habitent la nouvelle Angleterre. Ils ne fe vétiffent que des peaux des bé- tes qu’ils tuent à la chaffe , ce qui leur donne un af- peû très-effrayant ; ils ne vivent que de pillage 6 traitent avec la derniere cruauté ceux qui ont le malheur de tomber entre leurs mains ; mais ils ne font, dit-on, rien moins que braves, lorfqu’on leur oppofe de la réfiftance ; on aflure qu'ils font dans Pulage d’enterrer tous vifs leurs vieillards, lorfqu'ils ne font plus propres aux brigandages & aux expédi- tions. En 1712. il s’éleva en Angleterre une troupe de jeunes débauchés qui prenoïent le nom de ohocks, ils parcouroient lesrues de Londres pendant la nuit, & failoient éprouver toutes fortes de mauvais trat- temens à ceux qu'ils rencontroient dans leurs cour- fes nocturnes. MOI, (-Gramm. ) On fait que ce pronontperfon- nel fignifie la même chofe que le 7e ou ego des latins. On a condamné le 7e au mot égoifme , mais cela n'empêche pas qu’on ne doive l’'employer dans cer- taines occafions ; il s'enfuit encore moins , que le Moi ne foit quelquefois fublime ou admirablement placé ; en voici des exemples. Démofthène dit dans fa harangue pour Ctéfiphon, » Qui empêcha l’Hellefpont de romber fous une do- » mination étrangere ? Vous, Mellieurs ; or quand »je dis vous , je dis l’état ; mais alors, qui eft ce » qui confacroit au falut de la république, difcours, » confeils , aétions , & fé dévouoit totalement pour M OT . » elle? Moi, Il y a bien du grand dans ce moin. Quand Pompée, après fes triomphes, requit fon -congé dans les formes ; le cenfeur lui demanda, dit Plutarque, s’il avoit fait toutes les campagnes por- tées par les ordonnances ; Pompée répondit qu'il les avoit toutes faites ; fous quels généraux , répliqua le cenfeur, les avez-vous toutes faites ? Sous moi,ré- pondit Pompée ; à cette belle réponfe, fous mor, le péuple qui en favoit la vérité , fut fi tranfporté de plaiüir , qu’il ne pouvoit cefler fes acclamations &c. {es battemens de mains. Nous ne ceflons pas nous mêmes encore aujour- d'hui, d’applaudir au #05 de Médée dans Corneil- le ; la confidente de cette princefle lui dit, a, 1. Jcène 4. Votre pays vous haït, votre époux eff fans foi , Contre tant d’ennemis , que vous refle-t-il ? À quoi Médée répond , Moi ; Moi, dis-je, € c’ef? affez. Toute la France a fenti & admiré la hauteur & la grandeur de ce trait; mais ce n’eft ni dans Dé- mofthène , ni dans Plutarque, que Corneille a puifé ce mot de Médée , c’eft en lui-même. Les génies du premier ordre , ont dans leur propre fonds les mê- mes fources du bon, du beau , du grand, du fubli- me. (D.J.) MOIGNON , f. m. (ez.Anatonie) eft la partie fu- périeure de l'épaule, qui s’étendjufqu’à la nuque du col. pe Ce mot eft grec, & fignifioit originairement un petit manteau ou voile dont on fe couvroit les épaules. ‘L: Quelques auteurs appellent épomis la partie fupé- rieure de Phumerus, mais les anciens médecins Grecs ne s’en fervoient que pour marquer la partie mufcu- leufe & charnue placée à l'endroit que nous venons de dire. | MoOIGNON, ( Jardin.) eft une branche d’arbre “un peu trop grofle qu'on a racourcie tout près de la tige, afin d’obliger larbre de pouffer de nouvelles branches , & arrêter par-là la {eve d’un arbre trop vigoureux. MOIL , vorrez SURMULET. MOILON , voyez MOELLON. MOINE , voyez ANGE, Moine, f. m. ( Æiff. ecclef. ) nom qui fignifie pro- prement Jolitaire, & quisdans un fens étroit s’en- tend de ceux, qui felon leur premiere inflitution, doivent vivreéloignés des villes & de tout commerce du monde. Parmi les Catholiques , on le donne communé- ment à tous ceux qui fe font engagés par vœu à vi- vre fuivant une certaine regle, & à pratiquer la per- feétion de Pévangile, | | IL y a toujours eu des Chrétiens , qui à limitation deS. Jean-Baprifte, des prophetes & des réchabites, fe font mis en folitude pour vaquer uniquement à Voraifon, aux jeûnes & aux autres exercices de ver- tu. On les appella afcetes , c’eft-à-dire, exercitans; ou moines, C’'eft-à-dire fo/itaires, du grec uovce, feul. Voyez ASCETES. 473 Il y en avoit dès les premiers tems dans le voifi- nage d’Alexandrie qui ivoient ainfi renfermés dans des maifons particulieres, méditant l’Ecriture-fain- te, & travaillant de leurs mains. D’autres {e reti- roient fur des montagnes ou dans des déferts inac- ceffibles , ce qui arrivoit principalement pendant les perfécutions. Ainf S. Paul, que quelques-uns regardent comme le premier des folitaires Chrétiens, s'étant retiré fort jeune dans les déferts de la Thé- baide , pour fuir la perfécution de Déce , l'an 250. M OT Grs$ de J. C, y demeura conftamment jufqu’à l’âge de cent treize ans. Le P, Pagi, Luc Holftenius, le P. Papebrok, Bing- ham dans {es anriquités eccléfaftiques, Av. IL, &, 7. $: 4. reconnoiïflent que l'origine de la vie monaf- tique ne remonte pas plus haut que le milieu du troifieme fiecle. $S, Antoine , Egyptien comme S, Paul, fut, felon M. l'abbé Fleury , le premier qui aflembla dans lé défert un grand nombre de moines, Cependant Bingham, remarque d’après S. Jerôme , - que S. Antoine lui-même afluroit que S. Pacome avoit le premier raflemblé des moines en commun & leur avoit donné une regle umforme, ce qu’il n'exécuta que dans le quarrieme fiecle. Mais il eft facile de concilier ces contrariétés » en Obfervant queS. Antoine fut le premier qui raflembla plufieurs foltaires en commun , qui habitoient dans le même défert , quoique dans des cellules féparées & dans des habitations éloignées les unes des autres » & qui fe fonmirent à la conduite de $. Antoine » au heu _ que. Pacome fonda dans le même pays les fameux monafteres de Tabenne. Ses difciples qu'on nomma cénobites, parce qu'ils étoient réunis en communautés, vivoient trente on quarante enfemble en chaque maifon , & trente Ou quarante de ces maifons compoloient un monaf- tere, dont chacun par conféquent comprenoit de- puis 1200 moines jufqu'à 1600. Ils s’afflembloient tous les Dimanches dans l’oratoire commun de tout le monaftere. Chaque monaftere avoit un abbé pour le gouverner , chaque maifon un fupérieur , un pre- vÔr,præpofitum, chaque dixaine de moines un doyen decennarium , & même des religieux prépofés pour veiller furla conduite de cent autres moïres, centre. rarios. Tous les monafteres reconnoïfloient un feul chef & s’aflembloient avec lui pour célébrer la P4- que, quelquefois jufqu’au nombre de cinquante mil. le cénobites, 8 cela des feuls monafñteres de Ta- benne , outre lefquels il y en avoit encore en d’au- tres parties de l'Égypte, ceux de Seûté, d’Oxyrin- que, de Nitrie, de Mareote, Ces moines Evyptiens ont été regardés comme les plus parfaits & les ori- ginaux de tous les autres. S, Hilarion , difciple de S, Antoine , établit en Paleftine des monafteres à peu-près femblables, & cet infbtut fe répandit dans toute la Syrie. Euftathe évêque de Sébafte, en établit dans l'Arménie & la Paphlagonie, & S. Bañle qui s’étoit inftruit en Egyp- te en fonda fur la fin du quatrieme fiecle dans le Pont & dans la Cappadoce , & leur donna une re- gle qui contient tous les principes de la morale chrétienne, Dès-lors la vie monaftique s’étendit dans toutes les parties de l'Orient, en Ethiopie, en Per- fe , & juiques dans les Indes. Elle éroit déja pañlée envoccident dès Pan 340, que S.Athanafe étant venu à Rome & y ayant apporté la vie'de S. Antoine qu'il avoit compofée , porta les fideles d'Italie À imi ter le même genre de vie, il fe forma des monafte- res , des moines & des vierges fous la conduite des évêques. $. Ambroife & S. Eufebe de Verceilavoient fait bâtir des monafteres près de leurs villes épifco- pales. Il ÿ en eut un fameux dans l’île de Lérins en Provence, & les petitesiles des côtes d'Italie & de Dalmatie, furent bien-tôt peuplées de faints foli- tatres. On regarde S. Martin , comme le premier infütuteur de la vie monaftique dans les Gaules , elle paffa un peu plus tard dans les îles Britanniques, Mais dans tout l'occident la difcipline n’étoit pas fi exaête qu'en orent ; on y travailloit moins, & le jeûne y étoit moins rigoureux. IL y avoit des hermites ou anachoretes, c’eft-3. dire des r20ine5 plus parfaits, quraprès avoir vécu long-tems en communauté pour dompter leurs paf. fions & s'exercer à tontes fortes de vertus se retis 66 MOI soient plüs avant dans les folirudes , pour vivre en des cellules féparées plus dérachés des hommes &e plus unisà Dieu, C’étoit ainfi que s’achevoient pour Tordinaire les plus illuftres folitairés, voyez À NA- CHORETES ; mais l'abbé confervoit {on autorité fur eux. Les moines étoient pour la plüpart laiques, &c même leur profeffion les éloignoit des fonétions ec- cléfiaftiques. Il ne falloit d’autre difpofition pour le devenir que la bonne volonté , un defir fincere de faire pénirence & d'avancer dans la perfection. Il ne faut pourtant pas s'imaginer qu'on les y admit {ans épreuve : Pallade dans fon hifloire de Lamiaque, ch. xxxvij. dit expreffément, que celui qui entre dans le monaftere & qui ne peut pas en foutenir les exercices pendant trois ans, ne doit point être admis. Maïs que fi durant ce terme, il s’acquite des œuvres les plus difficiles, on doit lui ouvrir la carriere: #7 ‘fladtum prodeat. Voilà l’origine bien marquée du no- viciat ufité aujourd’hui, mais reftraint à un tems plus court. Voyez NOVICIAT. LA, Au refte, on y recevoit des gens de condition & de tout âge, même de jeunes enfans que leurs pa- rens offroient pour les faire élever dans la piété. Le onzième concile de Toléde avoit ordonné, qu’on ne leur fit point faire profeffion avant l'âge de dix-huit ans & fans leur confentement, dont Pévêque devoit s’aflurer. Le quatrieme concile de la même ville par une difpofition contraire, attacha perpétuellement aux monafléres ceux que leurs parens y avoïent of- fert dès l'enfance ; mais cètte décifion parnculiere n’a jamais été autorifée par l’Eglfe. Les efclaves étoient aufli reçus dans les monafteres comme les libres, pourvû queleurs maîtres y confentiflent. Les gens mariés n’y pouvoient entrer fans le confente- ment de leurs femmes, ni les femmes fans celui de leurs maris, ni les gens attachés à la cour par quel- qu'emploi , que fous le bon plaïfir du prince, ‘” Tout l'emploi des moines confiftoit dans la priere & dansle travail des mains. Les évêques néanmoins tiroient quelquefois les moines de leur folitude pour les mettre dans le clergé; mais ils cefloient alors d’être moines, & ils étoient mis au nombre des clercs. S. Jerome diftingue toujours ces deux genres de vie: alia monachorum ef? caufa, dit:1l dans fon épitre à Hé- liodore , ‘alia clericorum , clérici pacunt oves ; êt ail- leurs, monachus z07 docentis haber officium , fed plan- gentis, epiff. 35. ad Bipar. Quand on leur eut per- This de s'approcher des villes, où même d'y habiter A ’ | A À , pour êtré utiles au peuple ; la plûpart d'entr'eux s’appliquerent aux lettres , afpirerent à la clérica- ture, & fe firent promouvoir aux ordres, fans tou- tefois rénoncer à leur premier état. Ils fe rendirent alors utiles aux évêques en Orient , & acquirent de la réputation fur-tout dans l'affaire de Neftorius ; mais parce que quelques-uns abuferent de l’auto- rité qu'on leur avoit donnée; le concile de Chalce- doïne ftatua , que les moixes feroient foumis entie- rement aux évêques » fans la permiflion defquels 1ls ne pourroient bâtir aucun monaflere ; & qu'ils fe- roient éloignés des emplois eccléfiaitiques , à-moins qu'ils n’y tuflent appellés par leurs évêques. Ils n’a- voient alors d'autre temporel, que ce SRE gagnoient par le travail de leurs mains , mais 1ls avoient part aux aumônes que l’évêque leur faifoit difiribuer , ëc te peuple leur faifoit auifi des charités. Il y en avoit néanmoins qui gardoient quelque chofe de leut pa- trimoine , ce que S. Jerome n'approuvoit pas. Pour ce qui eft du fprituel , 1ls fe trouvoient à Péglife épifcopale on à la paroïfle avec le peuple, ou bien on leur accordoit de faire venir chez eux un prêtre pour leur adminiftrer les Sacremens. Enfin, 1ls ob- , tintent d’avoir un prêtre qui füt de leur corps ; puis d’en avoir plufieurs, ce qui leur donna occañon de bâtir des églifes joipnant leuts monafteres,8r de for: mer un Corps régulier conpoié de clercs & de lai- ques, Tous les vrais moines étoient cénobites ou ana- choretes ; mais 1l y eut bientôt deux efpeces de faux moines. Les uns demeutoient fixes, à la vérité, mais feuls , ou feulement deux ou trois enfemble, indé- pendans & fans conduite ; prenant pour regle leur volonté particuliere , fous prétexte d’une plus gran- de perfettion: on les nommoit farabaires, voyez S A- RABAITES, Les autres que l’on nommoiït gyrofaques, OU 7roines errans ,.8t qui étoient les pires de tous , couroiëent continuellement de pays en pays, paflant par lés monafteres fans s'arrêter en aucun, comimrie s'ils n'euflent trouvé nulle part une vie affez parfai- te. Ils abufoient de l’hofpitahté des vrais moines, pour fe faire bien traiter : 1ls entroient en tous lieux, fe mêloient avec toutes fortes de perfonnes, fous prétexte de les convertir, & menoient une vie de- réglée à abri de l’habit monaftique qu’ils deshono- roient, Bingham obferve que les premiers moines qui pa- rurent en Angleterre & en Irlande , furent nommés apofloliques , & cela du tems des Piétes &c des Saxons, avant que faint Auguftin y eût été envoyé par.le pa- pe faint Grégoire ; maïs 1l ne dit rien de poñtif fur l’origine de ce nom. Il parle auffi, après Bede, des deux monafteres de Banchor ou de Bangor, fitués l’un en Angleterre, & l’autre en Irlande, dans lefquels on comptoit plufieurs mulliers de moines, Il parle aufli de différens autres noms donnés, mais moins communément aux anciens 707$ , COMME CEUX d’aurmeres , de fludires , de flilytes , de félentiaires, de Boruus, c’eft-à-dire paiflans, donné aux moines de Syrie & de Méfopotamie , parce qu'ils ne vivoient que d'herbes qu’ils fauchoient dans les champs & fur les montagnes : on les appelloit encore, felon le même auteur , e/ychartes ou quiétifles, à caufe dela vie tranquille & retirée qu'ils menoïent ; coztinans & renonçans , parce qu'ils renonçoient au monde &c au mariage; quelquefois philofophes & philothees, c’eft-à-dire amateurs de la fageffe ou de Dieu ; cellula- ni &c infulani , parce qu'ils habitoient dans des cel- lules , ou fe retiroient dans des iles. Bingham. org. Ecclef. com. III, lib, vig, c, 1j, p. 35. & fuiv. Il y avoit près de deux fiecles que la vie monafti- que étoit en vigueur quand faint Benoît, après avoir long-tems vécu en folitude , & long-tems gouverné des rroines, écrivit fa regle pour le monaftere qu'il avoit fondé au mont Caflih, entre Rome & Naples. Il la fit plus douce que celle des Orientaux, permet- tant un peu de vin &c deux fortes de mets, outre le pain; mais 1l conferva le travail des mains, le fi- lence exa@t & la folitude :’ cette regle fut trouvée f fage, qu’elle fut volontairement embraflée par la plûpart des moines d’occident , & elle fut bientôtap- portée en France. Le moine faint Aupuflin l’intro- duifit en Angleterre fur la fin du vi. fiecle. Les Lombards en Italie, & les Sarrafins en Efpa- one, défolerent les monafteres ; les guerres civiles qui afligerent la France fur la fin de la premiere ra- ce, cauferent aufh un grand relâchement : on com- mença à piller les monafteres qui étoient devenus riches par les donations que la vertu des moines atti- roit, & que leur travail augmentoit. L'état étant rétabli fous Charlemagne, la difcipline fe rétablit auf fous fa proteétion, par les foins de faint Benoît d'Aniane , à qui Louis le Débonnaire donna enfuite autorité fur tous les monafteres. Cet abbé donna les inftruétions fur lefquelles fut dreflé, én 817, le grand réglement d’Aix-la-Chapelle; mais il refta beaucoup de relâchement : le travail des mains fut méprifé, fous prétexte d’étude & d’oraifon: les ab-: bés devinrent des fergneurs ayant des vaflaux &T- . étant M O I étant admis aux patlemens avec les évêques, avéc quiils commencçoient à faire comparaifon : ils pre- noient parti dans les guerres civiles, comme les au- tres feigneurs : ils armoient leurs vaflanx & leurs ferfs ; 8e fouvent ils n’avoient pas d'autre moyen de fe garantir du pillage: d’ailleurs il y avoit des fei- gneurs laics qui, fous prétexte de protettion, fe met- toient en pofleflion des abbayes, ou par conceffion des rois, ou de leur propre autorité, & prenoient même le titre d’abbés. Les Normands qui couroient la France en même tems, acheverent de tout ruiner. Les moines qui pouvoient échapper à leurs ravages, quittoient lhabit & revenoient chez leurs parens, prenoient les armes , ou faifoient quelque trafic pour vivre. Les monafteres qui reftoient fur pié , étoient occupés par des moines ignorans , fouvent jufqu’à he favoir pas lire leur regle, & gouvernés par des fupérieurs étrangers ou intrus, Fleuri, Zz/ffr, au droit ecclif. tom. JT, part. I, c, xxy. Au milieu de ces miferes , ajoute le même auteur, faint Odon commença à relever la difcipline monaf- tique dans la maifon de Cluny, fondée par les foins de labbé Bernon, en 910, voyez CLUNY. Elle re- prit encore un nouveau luftre dans celle de Citeaux, fondée par faint Robert , abbé de Molefme ; en 1098, voyez CITEAUX. Dans l’onzieme fiecle on travailla à la réformation du clergé féculier, & c’eft ce qui produifit les diverfes congrégations de chanoines ré- guliers, auxquels on confia le gouvernement de plu- fieurs paroifles, & dont on forma même des chapi- tres dans quelques églifes cathédrales, fans parler du grand nombre de maïfons qu'ils fonderent par toute l’Europe. Les croifades produifirent aufñ un nouveau genre de religion; ce furent les ordres mi- litaires & hofpitaliers, voyez CHANOINES REGU- LIERS, ORDRES @ HOSPITALIERS. À ceux-ci fuc- céderent les ordres mendians : faint Dominique &S, François d’Afife en furent les premiers inftituteurs , & à leur exemple, on en forma plufeurs autres, dont les religieux faifoient profeffion de ne point pofléder de biens , même en commun, & de ne fub- fifter que des aumÔnes journalieres des fideles. Ils étoient clercs la plüpart , s'appliquant à l'étude, à la prédication, & à l’admimiftration de la pénitence, pour la converfion des hérétiques & des pécheurs. Ces fonétions vinrent principalement des Domini- cains ; le grand zele.de pauvreté vint principale- ment des Francifcains : mais en peu de tems tousles mendians furent uniformes, & on auroit peine à croire combien ces ordres s’étendirent prompte- ment. Ils prétendoient raffembler toute la perfeétion de la vie monaftique & de la vie cléricale ; l’aufté- rité dans le vivre & le vêtement, la priere, l’étude & le fervice du prochain. Mais les fonétions cléri- cales leur ont Ôté le travail des mains; la folitude & le filence des anciens moines, & l’obéiffance à leurs fupérieurs particuliers, qui les transférerent fouvent d’une maifon, ou d’une province à l’autre, leur a Ôté la ftabilité des anciens clercs, qui demeuroient toûjours attachés à la même églife, avec une dé- pendance entiere de leur évêque, voyez MENDIANS. _ Les anciens moines, comme nous l’avons dit, étoient foumis à la jurifdiétion des ordinaires ; les nouveaux ordres ont tenté de s’y fouftraire, par des privileges & des exemptions qu'ils ont de temis en tems obtenues des papes. Maïs le concile de Trente a ou refireint ou révoqué ces privileges, & rappel- lé les chofes au droit commun ; eñ forte que les ré- guliers ne peuvent s’immifcer dans le miniftere ec- Cléfiaftique, fans l'approbation des évêques. . Depuis le commencement du xvj. fecle , il s’eft élevé plufieurs congrégations de clercs réguliers, tels que les Théatins , les Jéfuites, les Barnabites, | Éc. dont nous avons parlé en détail fous leurs titres Tome X, MOT 617 particuliers. Zoyez T'HÉATINS, JÉSUITES , Cr. Ainf tous les ordres religieux, depuis leur étas bliflement jufqu’à préfent, peuvent étrerapportés à cinq genres : #270/7165, chanoines, chevaliers, reli: gieux mandians, clercs réguliers, Les Grecs ont aufhi des oies qui, quoique diffé rens entre eux, regardent tous faint Bafile comme leur pére &c leur fondateur, & pratiquent fes conf titutions avec la derniere régularité, Îls n’ont pours tant pas tous la même difcipline générale , ou façon de vivte. Les uns s'appellent soswoBiaxor , &tles autres idopuôuor. Les premiers font ceux.qui demeurent en» femble & en commun, qui mangent dans un même réfeétoire, qui n'ont rien de particulier entre eux pour l’habit, & qui ont enfin les mêmes exercices. Ils font ainfi nommés de xowos, commun , & de Bots vie, c’eft-à-dire religieux qui vivent en commun. Il ya néanmoins deux ordres parmi eux ; car Les uns fe difent être du grand 6 angélique habir, lefquels font d’un rang plus élevé & plus parfait que les autres, qu’on appelle du petit habie, qui font d’un rang infé- rieur, & ne menent pas une vie fi parfaite que les premiers. Voyez ANGÉLIQUE. Ceux qu'on nomme sopuluos , vivent comme il leur plaît, ainfi que porte leur nom, compofé du grec dos, propre OU particulier, 8 puruoc, regle eu mefure, C’eft pourquoi avant que de prendre l’habit, ils donnent une fomme d’argent pour avoir une cel- lule , quelques autres chofes du monaftere, Le cé- lerier leur fournit du pain &t du vin, de même qu'aux autres ; & 1lspourvoient eux-mêmes aurefte, Exemts de tout ce qu'il y a d’onéreux dans le mo naftere ils s’appliquent à leurs affaires. Quand quel- qu'un de ceux-ci eft prêt à mourir, il legue , par teftament, ce qu'il poflede tant dedans que dehors le monaftere , à celui qui l’a affifté dans fes befoins. Celui-ci augmente encore par fon induftrie, les biens dont il a hérite ; ét laifle par teftament , ce qu'il a acquis à celui qu'il a pris aufñi pour compagnon, Le refte du bien qu'il poffede, c’eft-à. dire » ce que fon maître lui avoit laïflé en mourant, demeure au monaftere qui le vend eniuite, Il s’en trouve néan- moins de fi pauvres parmi ces derniers moines , que n'ayant pas de quoi acheter un fonds, ils font obli- gés de donner tout leur travail au monaftere , & de s'appliquer aux plus vils emplois : ceux-là font tout pour le profit du couvent. Il y a un troifieme ordre de ces IOIRES , auxquels ona donné le nom d’amachoretes : ceux-ci ne pou- vant travailler ni fupporter les autres charges du monaftere , achetent une cellule dans un lieu retiré, avec un petit fonds dont 1ls puiflent vivres; & ne vont au monaftere qu'aux Jours de fêtes pour affif. ter à l’office : ils retournent enfuite à leurs cellules où ils s’occupent à leurs affaires ou à leurs prieres. Il y a quelquefois de ces anachoretes qui fortent de leur monaftere avec le confentement de l'abbé, pour mener une vie plus retirée, & s’appliquer davan- tage à la méditation. Le monaftere leur envoie une fois ou deux le mois des provifions , lorfqu’ils ne pof: fedent m1 fond ni vignes ; mais ceux qui ne veulent point dépendre de l’abbé, louent quelque vigne voifine de leur cellule , la cuitivent & en mangent les fruits, ou ils vivent de figues & de quelques fruits femblables:on en voitaufh qui gagnent leur vie aécrire des livres. Les monafteres de la Grece font ordinairement vaftes, bien bâtis, avec de fort belles églifes , oùles morzes chantent l'office jour & nuit. Outre ces moines , 1l y a des moinefles qui vivent en communauté, & qui font renfermées dans des monafteres, fous la regle de faint Bafile. Elles ne font pas moins aufteres que les moines , dans tout ce qui concerne la vie monaftique. Elles ontuneabbef. {e; mais leur monaftere dépend toujours d’un abbé Tia \ 618 MOT qui leur donne un #oise des plus anciens & des plus vertueux , pour les confeffer & leur adminiftrer les autres facremens. Il dit la mefle pour elles, & regle les autres offices. Ces religieufes ont la tête rafce, & portent toutes un habit de laine noire , avec un manteau de même couleur. Elles ont les bras cou- verts jufqu’au bout des doigts ; chacune a fa cellule féparée , où il y a de quoi fe loger tant en haut qu'en bas, & celles qui font les plus riches, ont une fer- vante : elles nourriflent même quelquefois, dans la maifon, de jeunes filles qu’elles élevent dans la pié- té. Lorfqu'elles ont rempli les 6bligations de leur état , elles font des ouvrages à l’aigwuille, & des cein- turès qu’elles vendent aux laics 8& même aux Turcs, qui témoignent du refpe& pour ces religieufes. Leo Allaius, lb: ITI, de eccléf. orient. Bingham prétend que les anciens moines ne fai- foient point de profeflion ni de vœux. Cependant ée qu'on lit dans faint Bafile, Epiff. Can. c, xix. pa- roit direétémént contraire à la premiere de ces pré- tentions : Wzrorum profeffiones , ditce pere, zon no- sinus p'eter quam ft qui Je 1pfos monachorum ordini addixerint ; qui tacite videntur celibatum admittere. Sed in illis quoque illud exiflimo procedere oportere, ut1pf? interrogentur & evidens eorum accipiatur profeffio. Ces. doéteur , qui avoit tracé des regles aux oies qu'il inftitua , jugeoit donc que la profefliontacite ne fuffi- foit pas; mais qu'il en falloit une exprefle, publi- que & folemnelle : 8z il y a tout lieu de croire que les moines d'Egypte, chez quiilavoit puifé ces re- gles les pratiquoient. Pour répondre à fa feconde objeëtion, ileft bon de diftinguer les tems & les . faits. S: Athanafe écrivant au woine Dracone, lui dit qu'ilyaeu des moines mariés, & qui ont eu des en- fans , & d’autres moines qui n’ont point eu de pofté- rité: Monachi autem repertuntur qui filios fufcepére. Monachos auter: nullam pofteritatem habuiffe cerrimus. Car outre qu’on peut très-bien entendre ce pañlage de moines dont les uns ont eu des enfans avant que d'entrer. dans le monaftere, & dont les autres n’en ont jamais eu, parce qu'ils y font entrés fi jeunes qu'ils n’ont pu fe marier , ni vivre dans le fiecle, ce qui n’exclut , ni dans les uns n1 dans les autres, le vœu de continence: Marc-Antoine de Dominis, & Bingham lui-même, reconnoiflent que ces forres de moines qui avoient eu des enfans , étoient des roënes féculiers, c’eft-à-dire, des chrétiens qui r’avoient pas renoncé au monde, comme les moines difciples de faint Antoine ou de faint Pacôme : c’étoient des chrétiens fervens qui vivoient dans le fiecle avec leurs femmes!; & qui pratiquoient toutefois la vie afcétique, c’eft-à-dire l'exercice des vertus chrétien- nes dans leur état. Or qu'eft-ce que tout cela a de commun avec les moines proprement dits? Conclu- roit-on que ceux-ci ne renonçoient pas à leurs biens &c à leurs pofleffions, parce que ces moines feculiers confervoient leurs biens, Il feroit donc auffi abfurde de conclure de ce que ceux-ci ne renonçoient pas au mariage, que les premiers n’y renonçoient pas non plus. Mais, ajoute Binoham , les mariages contrac- tés par les moines après leur ‘entrée en religion, n’ont jamais été déclarés nuls &c invalides par la primitive Eglife, Il n'apporte aucun fait en preuve, mais il nous fournit lui-même une réponfe vitto- rieufe : que le concile de Chalcédoine, tenu en 457, avoit flatué , canon xvj. Virginem que fe Domino Deo dedicavit, fimilirer & monachos non licere matri- monio conjungi. Il déclare donc déjà ces mariages illicites ; mais depuis lautorité temporelle, réunie à la puiflance fpirituelle, les a déclarés nuls : lui en conteftera-t-on le droit ? Et ces mariages étoient-ils légitimes en Angleterre avant le fchifme ? Le même auteur déclame aufh fort vivement con- te l'habillement des différens ordres de moines, On peut voir ce que nous avons dit {ur cette matiere à fous le mot Hagrrs > Où l’on trouvera des raifons capables de fatisfaire tout efprit non prévenu. | MOINE DES INDES , voyez RHINOcEROS. MOINES BLANCS, eft un nom commun à plu- fieurs ordres religieux , & qu’on leur donne, parce qu'ils font habillés de blanc, Tels font les chanoines réguliers de faint Auguftin, les prémontrés, les femillans , Éc. | | Moines noirs, eft aufü un nom commun donné à plufeurs autres ordres religieux , dont les membres portent des habitsnoïrs tels que les Bénédictins, &c. MOINE , terme d’Imprimerie, fe dit de l'endroit d'une feuille imprimée, qui n'ayant point été tou- ché avec la balle, par l’ouvrier de la prefle, vient ob blanc , on pâle, tandis que le refte de la feuille eft re et D h imprimé comme il convient. Ce défaut vient, ow | dela précipitation, ou de l’inattention de ouvrier. MOINEAU, MOoINEAU FRANC, PASSERFEAU , PASSE-PAISSE, PASSERAT, PIERROT , MOUCET, MOISSON, palfer domefficus, {. m. (Hife. nat, Orni- thologie. ) oïfeau qui eft très-connu ; il pefe une once êt un huitieme ; 1l a environ fix pouces de longneur, depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue; fon bec eft épais &c long à peine d’un demi- pouce. La femelle a le bec dé couleur brune, ileft noir dans le mâle , excepté la racine qui a une cOu= leur jaunätre près les coms de la bouche ; l'iris des yeux eft couleur de noïfette; les pattes font de cou- leur de chair mêlée de brun, & les ongles noirs. La tête eft de couleur brune cendrée » & le men« ton noir ; 11 y a de chaque côté au-deflus des yeux deux petites taches blanches, & une bande de cou leur de châtain derriere les yeux; les plumes qui couvrent les oreilles font cendrées; la gorge ef d’un blanc cendré. Il y a de chaque côté au-deflous des oreilles’ une large tache blanche ; le ventre & la poitrine font blancs ; les plumes qui féparent le cow d'avec le dos, font roufles du côté extérieur du tuyau, & noires du côté intérieur. Le refte du dos &t le croupion, font comme dans les grives , d’une couleur verte mêlée de brun & de cendré. La fe melle n’a pas de taches blanches au cou > Ni AU deffous des yeux comme le mâle ; elle en differe en: core par la couleur de la tête & du cou, quieft la même que celle du croupion. En général, les cou- leurs de la femelle font moins foncées que celles du’ mâle : on compte dans chaque aîle dix-huit grandes plumes, qui ont une couleur brune, à l’exception . des bords qui font roufsâtres. Il y a une bande blan< che qui s'étend depuis la faufle aîle jufqu’à l’articu- lation fuivante ; les petites plumes qui fontan-deflus de cette bande blanche, ont une couleur de châtain 3 & celles qui font au-deffous font noires | à l’excep- tion des bords extérieurs, dont la couleur ef roufle. Toutes Les plumes de la queue font d’un brun noir4= tre , &c ont les bords roufsâtres ; la couleur des 770: eaux Varie; on en voit de blancs, de jaunes , écd Willughby, Orrirh. Voyez OrsEau. MOINEAU DE HAIE, oifeau qui eft le même que le moineau franc; il n’en differe qu’en ce quil vit & qu'il niche dans les haies & fur les arbres. Voyez MoINEAU. À | MOINEAU DE JONC, paffer arundinaceus minor 3 an cannevarolz. Ald, oïfeau qui eft de la srofleur de la gorge rouge, ou un peu plus petit. Il refte dans les endroits plantés de joncs & de rofeaux ; il a un peu plus de cinq pouces de longueur depuis la pointe du bec jufqu'à l'extrémité de la queue, & fept pouces quatre lignes d'envergure. Le bec pa< roit un peu large, &c 1l a cinq lignes de longueur de- puis la pointe jufqu’aux coins de la bouche; la piece inférieure eft prefque blanchâtre, & la fupérieure noirâtre. Cet oifeau a iris des yeux de couleur de hoïfette, le dedäns de la bouche jauñe, & la langrie fourchue , & divifée enfilamens. Les plumes de la partie poftérieure du dos font d’un brun verdätre ; celles de la partie antérieure ont une teinte cen- drée. Le milieu de la poitrine eft blanc, la gorge & le bas-ventre ont une teinte de janne ; les côtés du corps font d’un verd jaunâtre ; la plante des piés eft de cette même couleur; Le bec & les pattes font fort gros ; la femelle reflemble au mâle, Willughby ; Ornith. Voyez OISEAU. FN MOINEAU À LA SOUCIE, voyez FRIQUET. MOINEAU À TÊTE ROUGE, voyez FRIQUET: MOINEAU AU COLLIER JAUNE, voyez FRIQUET, MOINEAU DE MONTAGNE, pafler montanus, oi- feau qui a cinq pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l’extrémité des ongles ; la langue eft un peu fourchue ; les plumes du menton font noires ; l'iris des yeux eft de couleur de noi- fettes; il y a de chaque côté auprès de loreille une tache noire qui eft entourée de blanc ; cette couleur blanche s’étend prefque jufqu’au milieu du cou, & forme un collier ; la tête eft d’un brun rou- geûtre ; les petites plumes extérieures du dos font roufles, & les intérieures noires ; Le croupion eft brun ou d’un jaune cendré ; le ventre & la poitrine ont une couleur blanche fale ; 1l y a dix-huit gran: des plumes dans chaque aîle; la pointe des petites plumes du fecond & du troifieme rang de l'aile eft blanche feulement dans celles qui fuivent les huit ou dix premieres ; la queue a deux pouces de lon- gueur ; elle eft compofée de douze plumes, toutes à- peu-près également longues ; le bec a un peu plus d’un demi-pouce de longueur ; 1l eft jaune ; a fa ra- cine vers les coins de la bouche ; tout le refte ef noir. Willughby ; Ornith. Voyez OISEAU. MOINEAU DES INDES , paffer indicus , macrouros rofiro miniaceo, Ald: (PI. XII. fig. 2.) ofeau qui ef de là groffeur du mioineau ordinaire ; 1l a le bec court, épais, & d’un très-beau rouge ; la tête eft d’une couleur noirâtre , mêlée de verd bleuâtre ; cette couleur s'étend fur le dos. La face fupérieure des ailes a auffi cette même couleur; mais elle eft mêlée de noir, de blanc, & de jaune ; les grandes plumes n’ont point de jaune; elles font noires, à l'exception des barbes intérieures, qui ont une cou- leur cendrée : la gorge , la face inférieure du cou, la poitrine & le ventre font blancs; la queue eft double , comme dans le paon mâle, parce que cet oifeau a quatre plumes longues, étroites, & d’un fort beau noir, qui forment une très-longue queue ; ces plumes ont huit pouces trois lignes de longueur , & font foutenues par une feconde queue beaucoup plus courte & blanchâtre ; les pattes & les piés ont des taches noires & blanches ; les ongles font noirs, très-pointus, & crochus comme dans les oifeaux de proie. Willughby, Ornih. Voyez OisEAu. MOINEAU , en terme de Fortification, eft un baftion beaucoup plus petit que les autres , qu’on place quelquefois au milieu des courtines, lorfque les li- gnes de défenfe excedent la portée du fuñl, & que le côté du polygone eft trop petit pour conftruire un baftion plat. Voyez BASTION PLAT. MOINELAY oz OBLAT , foldat eftropié que dif- férentes abbayes royales en France étoient obligés de recevoir, & de lui donner une portion comme à un autre moine. L’oblac étoit obligé de balayer lé- glife & de fonner les cloches. Louis XIV. en fon- dant les invalides y attacha les fonds dont les ab- bayes royales étoient chargées à l’occafion des fol- dats hors de fervice. Depuis la fondation de cet hôtel il n'y a plus de moinelay. Voyez HÔTEL DES INVALIDES. | MOINGONA , ( Géog. ) grande riviere de l’A- mérique feptentrionale , dans la Louifiane, Elle Tome X, . + DA à MOI 619 préhd fa fource au midi du pays des Tintois ; & après un cours de près de cent lieues, elle fe dé- charge dans le Mififipi, vers les 40. 35. de asie, nord, à 4o lieues au-deflus de l'embouchure du Miflouri. (D. J.) MOINS , terme fort en ufage ez Algebre , & que lon défigne par ce figne — ; ainfi $— 3 s'exprime ainfi, cing moins trois ; ce qui veut dire que 3 eft retranché de $ ; le figne — ou moirs, ef le figne de la fouftraétion; 1l eft oppofé à + plus, qui eft Le fi- gne de l’addition. Voyez NÉGATIF. MOIRE , voyez MOERE: MOIS, f. m. ( 4ffronomie & Chronologie. ) c’eft la douzieme partie de l’année. Foyez ANNÉE, Comme il y a différentes efpeces d'années , il y a aufli différentes efpeces de mois fuivant l’aftre parti- culier parles révolutions duquel on les détermine ; & les ufages particuliers auxquels on les deftine , comme 77015 folaire , mois lunaire , moïs civil ; mois aftronomique, É:c. Mois Jolaire ; c’eft l’efpace de tems que le foleil emploie à parcourir un figne entier de lécliptiques Voyez SOLEIL. l Si on a égard au vrai mouvement du foleil , Les mots folaires font inégaux, puifque le foleil eft plus long-tems dans les fignes d’hiver que dans ceux d’été. Mais comme il parcourt conftamment tous les douze fignes en 36% j. 5h. 407. on aura la quantité du mois moyen en divifant ce nombre par douze ; & d’après ce principe on déterminera la quantité du mois {olaire de 3oj. 10h, 29/. $/. Les mois lunaires font on fynodiques ou périodi- ques. Le mois lunaire fynodique qui s’appelle fimple- ment 1015 lunaire Où lunaifon, c’eft l'efpace de tems compris entre deux conjonétions de la lune avec le foleil ; où entre deux nouvelles lunes. Poyez SYNo- DIQUE 6 LUNAISON. La quantité du mois fynodique eft de 291, 124 447.3", 11/7, Voyez LUNE. Le mors lunaire périodique , c'éft l’efpace de tems dans lequel la lune fait fon tour dans le zodiaque , c’eft-à-dire le tems qu’elle emploie à revenir au mé- me point du zodiaque d’où elle eft partie. Voyez P£- RIODIQUE: | La quantité de ce rois eft de 27. 7h. 437. 80, Les anciens romains fe font {ervi des mois {ynodi- ques lunaires , & les ont fait alternativement de 29 & 30 jours ; ils marquoïient les différens jours de cha- que 701$ par trois termes, calendes | nones € ides. Voyez CALENDES , NONES € Ipes. Mois affronomique où naturel , c’eft celui qui ef mefuré par quelqu'intervalle exaêt correfpondant au mouvement du foleil ou de la lune, Telsfontlesroislunaires &folaires dontnousavons déja parlé; fur quoi il faut remarquer que ces mois ne font point d’ufage dans la vie civile , où on de- mande que les 7205 commencent & finiflent à un jour marqué ; c’eft ce qui fait qu’ona recours à üne autre forte de mois. Mois civil ou commun , c’eft un intervalle d’un certain nombre entier de jours qui approche beau= coup de la quantité de quelques mois aftronomiques {oit lunaites , foit folaires. Voyez Jours. Les rois civils font différens , fuivant les différens mois aftronomiques auxquels ils répondent. Comme le mois lunaire fynodique eft de 509;.#2 2, 44". 3". 11%, les mois lunaires civils devroïent être alternativement de 29 à 30 jours, pour conferver autant qu'il feroit poffble l’accord avec les vrais mois lunaires. Cependant fi tous les mois étoient al. ternativement de 29 & de 30 jours , on négligetoit 44.3". 11"! ,quiau bout de 948 mois font un mois de 29 jours ; il faut ajouter à la fin de chaque 948° lit 620 O Ï :moisun mois de 29 jours ,-ou bien il faut faire , fi fon aime mieux, chaque 33° 7015 de 30 jours , ainfi que ‘de 32°, parce que ces 44". 3. ar. font-un jourau bout de 33 7015. C’étoit-là le mois qui étoit d’ufage civil ou com- mun parmi les Grecs , les Juifs & les Romains , juf- qu’au tems de Jules-Céfar. SousAugufte, le fixieme "mots, qui jufqu’alors avoit té nommé par cette raïfon Sexilis, fut nommé, en %’honneur de ce prince, Auguflus , & il eut dans la fuite 31 jours , au lieu qu'il n’en avoit eu jufqu’alors que 30. Pour faire une compen{ation , on Ôta un jour à Février, de façon qu’il n'eut plus que 28 jours, & à chaque quatrieme année 29, &c. Tels font en- core les mois civils ou du calendrier dont on fe fert pour compter le tems en Europe. Voyez CALEN- DRIER. Mois dracontique, voyez DRACONTIQUE. Mois embolifmique , voyez EM BOLISMIQUE. Chambers. (O). Mois APOSTOLIQUES, (Jurifprud.) font les mois que les papes fe font refervés pour la collation des bénéfices dans les pays d’obédience. La rêgle de chancellerie de menfibus aliernativé donne au pape la collation de tous les bénéfices qui vaquent pen- dant huit mois de l’année , n’en confervant que qua- tre de libres aux collateurs ordinaires. La même re- gle donne fix mois aux évêques en faveur de la ré- fidence, quand ils ont accepté l'alternative. On tient que ce furent quelques cardinaux qui projetterent cette regle des huit mois après le concile de Conftance. Martin V. en fit une loi de la chancel- lerie ; Innocent VIII. en 1484 établit l’aiternative pour lès évêques en faveur de la réfidence. Chaque w0is apoflolique commence & finit à mi- nuit. Voyez des lois eccléfrafhg. de d'Héricourt, p. 329, &t les mots ALTERNATIVE, BÉNÉFICE, CHANCEL- LERIE ROMAINE , COLLATEUR , COLLATION , PAPE , REGLES DE CHANCELLERIE. ( 4) | Mois MILITAIRES , en Pologne font trois mois de l’année , ainfi nommés , parce qu’autrefois. les fiefs de nomination royale qui venoient à vaquer dans le cours de ces trois mois, ne fe conféroient qu’à des gens de guerre. La diete de Pologne pro- poia en 1752 de rétablir ces mois militaires |, mais l'oppoñtion d’un nonce rendit ce projet & plufieurs autres inutiles. Voyez le journal de Verdun de Janvier 1753 » pag. 9. (À ) Mois ROMAINS font des aides extraordinaires qui {e payent à l’empereur en troupes ou en argent ; 1ls confitent auf en quelques fubfdes ordinaires des Villes impériales, en taxes dela chancellerie de l’em- pire; enfin, en redevances ordinaires & extraordi- naires que les Juifs font obligésde payer à l'empereur: favoir les redevances extraordinaires àfon couronne- ment, les redevances ordinaires tous les ans à Noël, ce qui ne forme pas des fommes fort confidérables. Les fiefs de l'empire produifent auffi quelqu’argent à l’empereur pour linveftiture , mais cet argent eft prefque toujours tout pour les officiers qui affiftent a la cérémonie. Voyez le tableau de l'empire Germani- que, pag: 31. (A) MOIS PHILOSOPHIQUE, ( 4/chimie.) Les Alchi- miftes ont défigné par cette expreflion un &ms de quarante jours, & c’eft-là la durée qu'ils ont déter- minée pour plufieurs opérations alchimiques, princi- palement des circulations & des digeftions. Voyez CIRCULATION & DiGEsTIiOoN. (4) Mors DES ARABES. Les Arabes , depuis qu’ils ont €mbraflé la religion de Mahomet , partagent leur année, qui eft de 35 5 jours , en douze wois lunaires, dont les uns ont 30 jours & les autres 29 jours. Ils donnent à ces mois les noms fuivans : Moharram , Safar , le premier Raëz, le dernier Raë, le premuer Jomada , le dernier Jomada , Rajeb, Shaaban, Ra madan , Shawal, Dhulkaada & Dhulhaja. Le premiet de ces mois eft de 30 jours, le fecond eft de 29, & ainfi de fuite alternativement ; cépendant dans les années intercalaires on ajonte un jour de plus au mois Dhulhaja, qui par ce moyen en à 30. Il n’eft point permis aux Mahométans de rien changer à cet égard , & leur maniere de compter eft fixée par lal- coran, Par cette mamiere de divifèr l’année, dans l’efpace de 33 ans ie premier jour de l’année mahe- métane pafle par les quatre faifons. Avant la venue de Mahomet, les arabes payens avoient quatre 101 dans l’année qu’ils régardoient comme, facrés , pendant lefquels toute guerre & tout aéte d’hoftilité cefloient ; il n’étoit pas per- mis durant cet intervalle de fe venger de fes plus cruels ennemis, ni même de porter des armes. Cetre loi s’obfervoit avec la plus grande exadtitude , & fa violation étoit regardée comme la plus grande impiété. Mois DES EGYPTIENS , ( Calendrier égypr. ) c’eft une matiere des plus obicures que celle de ce calen- drier, S'il eft vrai, comme le rapporte Diodore de Sicile, que les Égyptiens des premiers âges employe- rent des années qui n’avoient chacune qu’un feul mois ou deux ; il en réfulre qu’ils ne connurént point d'année proprement dire, n1 de mefure plus longue pour fupputer les tems, que l’intervalle des révolu- tions funaires. Une méthode fi bornée défigne mani- feftement lPenfance du monde ; & bientôt la vifci- tude des faifons dut conduire les hommes à la con- noiïffance de quelques périodes plus longues que celle du cours de la lune : delà , cette diftin@tion qu'on fit des faifons , qui porterent auffi le nom d’an- née, par exemple , les années de trois mois établies, dit-on , par l'égÿptien Horus , & les années de qua- tre mois , dont On prétend que les auteurs furent les peuples d'Égypte : c’eft par une réduétion de ces 1ortes d'années fi fort abrégées , que d’anciens écri- vains , tels que Diodore, Varron & Pline, expli- quent hifioriquement les antiquités égyptiennes , qu'on faifoit remonter à tant de milliers de fiecles ; pendant que d’autres eftiment que tout cet appareil chronologique cache réellement des calculs de pure aftronomie. Quoi qu'il en foit , il eft démontré que PEgypte employa dans la fuite une mefure de téms plus lon- gue & plus conforme à l’idée que nous avons de ce qu’on nomme année. Telle fut l’année en ufape par- mi les Hébreux à leur fortie d'Egypte, la même an- née fans doute que celle des naturels du pays. On voit par lhiftoire fainte que les mois de cette année Judéo-égyptienne avoient pour toute dénomination celle de premier mois, fecond mois , ainfi du refte, jufqu'au douzieme , & Jofephe fuppofe manifefte- ment qu'ils étoient lunaires. D’ailleurs , comme on fait que les mois judaïques des tems poftérieurs étoient reglés par le cours dé la lune , on doit juger par l'attachement de la nation juive à fes ufages &c à {es cérémonies , que fes mois furent effedivement lunairés dès les premiers tems , & que les anciens mois égyptiens ayant été les mêmes, furent auffi pa- reillement lunares. Cependant on ne peut rien éta- blir de pofitif, ni fur la forme d’une pareille année, ni même fur l’année de 360 jours, que les Egyptiens employerent , felon le Syncelle , avant leur année vague de 365 Jours ; & c’eft'avec raïfon à cette der- nicre qu'on fait ordinairement commencer l’hiftoire du calendrier égyptien. Les années égyptiennes ont été l’objet du travail de plufeurs favans modernes. Scaliger & Pétau ont traité cette matiere dans leurs ouvrages chronolopi- ques ; Golius dans fes notes fur Alfragan:Marsham, dans fon canon chronique ; Dodwel, dans un ap- MOI pendix ou addition à différentes differtations; M. Des-Vignoles , dans une piece qui eft à la tête du quatrieme tome des mémoires intitulés, Mi/cellanea Berolinenfia ; dom Martin, dans fon explication de divers monumens ; & M. Averani , dans {on petit livre fur les mois égypriers , imprimé à Florence en 1731, 42-4°, Nous rénvoyons le lecteur à tous ces divers ouvrages qui regardent la forme des années égyptiennes : c’elt aflez de donner ici l’ordre des mors qui la compofoient. | PÉCONETANOIS S ENS PS A NN E Second mois, 1 , -."", «Paophr, HTOMEMENMOIS M 0 ATAPr: Quatrieme mois, . . . . . Chœac. CIATHEMEMOIS DM Ty SIENS MONS re emo à + le NEC SEDHEMEMOLS MN Pre non, FUIT DOS eee RUE NPA TITLRT. Neuvieme mois, . . . .. Pachon. PDÉREME MONS, Ve CT" NORME TI Onzieme mois, . « . . . . Epephi, Douzieme mois, . . . . . Mefori. Tels étoient les 7045 qui compofoient la forme des années civiles des Egyptiens, foit de leur année va- gue, foit de leur année folaire , dite l’année alexan- drine , foit enfin de leur année lunaire; car ces diffé- rentes formes d'années furent toutes trois en ufage pendant un certain tems dans différens cantons de l'Egypte. L'année alexandrine , établié en l’an 336 avant Jefus - Chrift , & ufitée encore du tems de Pline, vers Pan 80 de l’Ere chrétienne , fubfifta plus de 400 ans. Voici préfentement quel étoit le rapport du galendrier alexandrin avec le calendrier julien des Romains, & quel étoit dans les années communes le jour julien , qui répondoit à l'ouverture des 7zors ale- xandrins. me Commencemént des an- Dans les années com- w ciens #ois alexandrins. IUTLES. FE TE CE ref usAOûte n Paophi , . . . . «+... 10 Septembre. E Ar es.. U, S10 0 obre. en Chæac = se slhnsttt . ro Noyémbre: < Tybi , . .. . . . . . . 9 Décembre. Mo MEchiF , sm Be ss Janvier. Las j Mere ©. Phamenoth , : …... . « "7 Février. = Pharmuthi, +... 9 Mars. B Pachon, . ....... 8 Avril. Paris les sus 0n8 Mai: a. Epéphi , 4. 4... .. 7 Juin. MO LS ath emoNroaliets Vers les premiers fiecles de l’ere chrétienne, les peu- ples qui compofoient la partie orientale de l’empire Romain ne s’accordoient point entr’eux dans la ma- niere de compter leurs années ; & parmi les peuples d’Afe, fouvent une feule province avoit des calen- driers différens : le cardinal Noris l’a démontré par rapport à la Syrie en particulier, dans fon ouvrage intitulé , azrus € epoche Syro-Macedonum. On ne doit donc pas trouver étrange fi les Egyptiens, étant voïfins de la Syrie, fe diviferent auf pour leurs me- thodes de calendrier; & fi dans les premiers fiecles de l’ere chrétienne, où ils employoienticiune année vague & là une année fixe folaire , ils fe fervirent ailleurs d’une troifieme forte d’année véritablement lunaire, comme celle des Juifs & des Grecs, c’eft ce qui a engagé le favant Dodwel à dreffer la table du cycle egyprio -judeo -macédonien ; fuivant la- quelle on voit l’ordrè des rois éyyptiens, judaiques &t macédoniens!, qui fe répondoient uniformément. Comme cette table eft eflentielle pour l'intelligence de l'Hiftoire , il convient de la rapporter içi. 621 Mois macédon. M OI Mois égyptiens. Mois judaiques. ë hoth. Elul. Gorpiæus. S Paophi. Tifri. Hyperberetus. à Athyr. Marchefwan. Dius. x Chœac. Kifleu. Apellæus. Ÿ Tybi. Tébeth. Audynœus, Méchir. Sébat. Peritius. F Phaménoth. Adar. Dyftrus. S Pharmuthi, Nifan. Xanthique. S Pachon. Ijar. Artemifius. Pagni. Sivan. Doœfus. & Epéphi. Tamuz. Panémus. *7 Méfori. Ah. Lous. (D. J.) Mois DES HÉBREUX , ( Æiff. facrée. ) Les Hé- breux ne défignoient les mois que par l’ordre qu’ils tenoient entr'eux , le premier , le fecond , le troi- fieme , & ainfi du refte. Moife, Jofué , les juges, les rois, fuivirent le même ufage ; & ce n’eft que depuis la captivité de Babylone que les Ifraëlites prirent les noms des #ois des Chaldéens & des Per- {es , chez quiils avoient demeuré fi long-tems. Voicx les noms de tous les w1ois des Hébreux , & l’ordre qu'ils tiennent entr'eux dans l’année fainte &c dans l’année civile. Année fainte, Nifan , qui répond à Mars. DATENT ST MEAVELL SARL, Eu (Mare Thammuz, Juin. AA DIE ES Pass UT ER eu, 22 RTS tAoUt. TEA TON. rSChtembre: Marfchewan, . . . . . Oëtobre. Cafleu, . . . . . . . . Novembre. Thèhet , .. . « Décembre. Shan. Cr Janvier. Adars à de. « os. : «Février. Année civile. MODO EMEEN. A Re SÉPiÉMETÉ Marfchewan, . . . . . Oëtobre. Cafleu, . - . . . + + . Novembre. Dhrbers M EURE Er Décembre. DÉDAr S RReeATATIVIÈTS ADN. LENS EN PEÉvrIEr: Na Eee eee NTa TS: AR NL EE ERA TE EEE SPA ESR OPRS LOSENNTATS TC UTAE NN NET: APR EN Per En ENT TIet. Et nr RU ER EMTA OUT: Comme les rois des Juifs étoient lunaires , ils ne pouvoient exaétement répondre aux nôtres , qui font folaires ; ainfi 1ls fe rapportent à deux des nô- tres, & enjambent de l’un dans l’autre ; & les douze mvis lunaires ne faifant que 364 jours & fix heures , l’année des Juifs étroit plus courte que la romaine de 12 jours. C’eft pourquoi les Juifs avoient foin de trois en trois ans d’intercaler dans leur année un treizieme mois qu'ils appelloient Mé-adar ou le fe- fond Aégar ; & par-là leur année lunaire égaloit l’an- née folaire , parce qu’en 36 mois de foleil il y ena 37 de lune, (2.J.) Mois pes GRECS ( Lirrérat. grecq.) chez les an- ciens Grecs , l’année étoit partagée en douze mois, qui contenoient chacun altérnativementtrente, ou vinet-neuf jours. Mais comme les mois de trente jours précédoient toujours ceux de 29, on les nom- MOI pleins , mAnpers OÙ dvyaglire , Comme finiflant au 622 MOI dixieme jour. Les mois de vingt-neuf jouts étoient appellés creux , nono ; & comme ils finifloient au neuvieme jour, on les nommoit eyragluror, Pour entendre la maniere qu’avoient les Grecs de compter les jours des mois , il faut favoir que cha- cun de leurs rois étoit divifé en trois décades, ou dixaines de jours , vpre d'eynuepe ; la premiere décade étoit du 7055 commençant ; pumros apyouers OÙ 16TaUEVSS la feconde décade étoit du milieu du 7015, pnvos je ouvros ; la troifieme décade étoit du mois finiflant , qgunvos Gluvoilos » OÙ œavouers, OÙ Ac7ovToc. Ilsnommoient le premier jour du mois voue , comme tombant fur la nouvelle lune ; ils l’appel- loient aufñ TROTH ApXOUEVO8 > OÙ 1FTeuévoe à PACE qu’il faifoit Le premier jour de la premiere décade ; le fe- cond jour fe nemmoit Jeurepe soTauevos ; Le troifieme ; rpiln toreevos,8c ainfi de fuite juiqu'à d'erarn soraquere. Le premier jour de la deuxieme décade, qui faifoit le onzieme jour du mois , s’appelloit æpôla unoouÿlos , OÙ œporn eridene ; C’eit-à-dire le premier au-deffus de la dixaine; le fecond de cette même décade fe nom- moit deurion unoouÿlos à OU d'evripa eœidexa , © ainfi de fuite , jufqu’à ssxas , le vingtieme , qui étoit le dernier de la deuxieme décade. Le premier jour de la troifieme décade étoit nom- MÉ porn s@œ smadt 3 le fecond Jiurspe em unads , À ainf des autres. Quelquéfois ils reénverfoient les nombres de cette derniere décade, appellant le premier jour œglrorres d'etaln , le fecond œçlivorloc ervarn , le troifieme wbivoïlcs cyden, & ainfi de fuite jufqu’au dernier jour du mois, qui fe nommoït d'yunrpras, enl’honneur de Dé- métrius Poliorcete. Avant le regne de ce prince, & en particulier du tems de Solon, on appelloit le der- nier jour du #2015 evy eu eva, le vieux &c le nouveau , parce que la nouvelle lune arrivant alors , une par- tie de ce jour tomboit fur la vieille lune , & l’autre partie fur la nouvelle. On le nommoit encore spa 405 , le trentieme ; & cela non-feulement dans les mois de trente jours , mais auffi dans ceux de vingt- neuf. À l'égard de ces derniers , on ne comptoit pas le vingt-deux ; &, felon d’autres , le vingt-neuf, maïs on comptoit toujours conftamment le trentie- me ; ainfi, conformément au plan de Thalès, tous Îles mois étoient nommés "”o1s de trente jours , quoique par le réplement de Solon, la moitié des mois n’avoit que vingt-neuf jours. De cette maniere l’année lunaire des Athéniens s’appelloit une année de 360 jours , quoique réellement elle en eût feule- ment 354. Comme les noms des rois étoient différens dans les différentes parties de la Grece , & que nous n’a- vons de calendriers complets que ceux d'Athènes & de Macédoine, c’eft aflez de confidérer ici les rnois athéniens, en mentionnant fimplement ceux de quelques autres grecs qui léur répondent. Hecatombæon étoit le premier sois de l’année athe- mienne ; 1] commençoit à la nouvelle lune, aprésle folftice d'été , & répondoit , fuivant le calcul du favant Potter, à la fin de notre mois de Juin & au commencement de Juillet. Il avoit trente jours , & s’appelloit par les Béotiens Hippodromus ; & par les Macédoniens Loës ; {on ancien nom étoit Crorius. 2°. Metapitnion | fecond mois de l’année athé- nienne, qui répondoit à la fin de Juillet 87 au com- mencement d'Août. Il n’avoit que vingt-neuf jours, & étoit appellé par les Béotiens Parémus , & parle peuple de Syracufe:, Carnius. 3°. Boédromion étoit le troifieme mois de l’année athénienne. Il contenoit trente jours , & répondoit à la fin de notre mois d’Aoùût & au commencement de Septembre. 4°. Mamaiüterion , quatrieme mois de l’année des Athéniens , étoit compoié de vingt-neuf jours. Ilré- pondoit à la fin de notre rrois de Septembre & au commencement d’'Oétobre. Les Béotiens le nom- moient Alalcomeneus. 5°. Pianepion étoit le cinquieme mois de l’année des Atheniens. Il avoit trente jours, & répondoit à la fin de notre Oétobre & au commencement de No- vembre. Il étoit appellé par les Béotiens Darrarrius, 6°. Antheflerion étoit le fixieme wois de l’année athénienne. Il répondoit à la fin de notre mois de Novembre & au commencement de Décembre Il avoit vingt-neuf jours. Les Macédoniens le nom- moient Dœfon, | | 7°, Pofideon , feptieme mots de l’année athénien- ne , répondant à la fin de Décembre &c au commen- cement de Janvier , & contenant trente jours. 8°. Gamélion étoit le huitieme rois de l’année des Athéniens. Il répondoit en partie à la fin de notre Janvier, èn partie au commencement de Février, & il n’avoit que vingt-neufs jours. | 9°. Elaphébolion faïfoit le neuvieme mois de l’an- née athénienne. Il étoit de trente jours & répon- doit à la fin de Février, ainf qu’au commencement de Mars. | 10°. Munychion , dixieme mois de l’année des Athéniens. Il étoit de vingt-neuf jours , & répon- doit à la fin de Mars & au commencement d'Avril. 11°. Thargelion faifoit le onzieme mois de l’année des Athéniens. [lrépondoit à la fin de notre mois d’A- vril & au commencement de Mai. Ilavoit 30 jours. 12°, Scirrophorion étoit le nom du douzieme & der- nier mois de l’année des Athéniens. Il étoit compofé de vingt-neufs jours , & répondoit en partie à la fin de Mai, & en partie au commencement de Juin. Telle eft la réduétion du calendrier attique au nôtre , d’après M. Potter ; & je l'ai pris pour mon guide , parce qu'il m’a paru avoir examiné ce fujet avec le plus de foin &c d’exaétitude, Le P. Pétau dif: pofe bien différemment les douze m0is des Athéniens. Il en met trois pourl’automne ; favoir, Hécarombeon , Métageitnion & Boëdromion , Septembre , O&tobre, Novembre; trois pour lhiver, Mémaëérion | Pya- ñepfion & Pofideon, Décembre , Janvier , Février; trois pourleprintems , Garelion , Antheflerion € Elz- phebolion , Mars, Avril, Mai; & trois pour l'été, Munychion, Tharoelion ; Scirrophorion, Juin, Juillet & Août. | | Mais quelque refpeët que j’aie pour tous les favans qui ont entrepris d’arranger le calendrier des Athé- mensavec le nôtre, je fs perfuadé que la chofe eft impoñble , patla raifon que les zois des Grecs étant lunaires , ils ne peuvent répondre avec la même juiteffe à nos sois folaires; c’eft pourquoi je penfe qu’en traduifant les anciens auteurs., il vaut mieux retenir dans nos tradu@tionsles nomspropres de leurs mois ;| que de fuivre aucun fyfteme , en les ajuftant pour sûr mal ou fauflement avec notre calendrier romain. Je fai tout ce qu’on peut objeéter contre mon fen- timent. On dira qu’il vaut mieux être moins exaû , que d’épouvanter la plus grande partie des leéteurs par des mots étrangers auxquels ils ne font point ac- coutumés ; car, quelles oreilles françoifes ne fe- roient effrayées des mois nommés Pyarepfion ; Pofi- déon , Gamélion, Anthefferion ? éc. On ajoutera que hafarder des termes fi difficiles à articuler , c’eft faire naître dans l’efprit des leéteurs des diverfions défagréables, & leur faire porter fur des mots une partie de l'attention qu'ils doivent aux chofes. Mais toutes ces raïfons ne font pas aflez fortes pour me faire changer d’avis ; je ne crois pas que par trop d’égard pour une faufle délicatefle , on doive com- mettre volontairement une forte d’anacronifme ; & ufer de noms poftérieurs aux Grecs qu’on fait parler françois. J’ai du moins pour moil’exemple de M, io Y d'Ablancourt ; qui dans la traduétion de Thucydi= de , emploie cruement le nom des rois grecs. On ne peut pas dire que ce favant homme a pris ce parti fans réflexion ; car en cela même il fe retrattoit , puifqu’il avoit pratiqué le contraire dans fes ouvra- ges précédens. Je r’affe@ionne point pédantefque- ment des termes d’un vieux calendrier conçu en lan gue barbare pour bien des gens ; mon oreille eft peut-être aufli délicate que celle de ceux qui fe pi- quent d’avoir du goût ; auflile nom françois de Chaque mois me plairoit bien mieux que le nom grec; mais aucune complaifance vicieufe ne doit Obtenir d’un traduéteur qu'il induife fciemment en erreur, &c quil emploie des noms affe@tés aux rois romains & folaires, qui n’ont aucun rapport avec les mois attiques & lunaires. Le P. Pétau s’éft perfuadé que les douze rois ma- ‘cédoniens répondoient aux %ois d'Athènes à- peu- près de la maniere fuivante : pouf l'automne , Gor- pins ; Hyperbererœus , Dius ; pour l'hiver, Appel- lœus, Audinœus , Loxs : pour le printems, Dyr- trus , Xanticus, Artemifius ;& pour l'été, Dœfus , Paremus & Peritins : mais fi Philippe Macédonien &r Plutarque prétendent , l’un que le mois Loës ré- pondoit au mois Boëdromion , & l’autre au mois Hé- catombæon, comment un moderne peut-il ofer ajuf- ter les douze mois macédoniens , je ne dis pas aux - nôtres , mais même aux rois attiques ? | Quant à ce qui regarde les mois des Corinthiens , les anciens monumens ne nous ont confervés que les noms de quelques-uns. Nous n'avons aufli que quatre mois du calendrier de Béotie , & cinq du calendrier de Lacédémone. (D.J7.) | | Mois Des ROMAINS, ( Calendrier romain. ) les rois es Romains gardent encore les mêmes noms qu'ils avoient autrefois. Le mois de Janvier , Janua- TIHS, qui commence l’année, fut ainfi nommé de Janus, dieu du tems ; Février, de la fête Februaie, parce qu'il y avoit dans ce mois une purification de tout le peuple, Le mois de Mars prend fon nom du dieu Mars auquel il étoit confacré. Avril vient du mot latin aperire | qui veut dire ouvrir > parce que c’eft dans ce mois que la terre ouvre fon fein pour produite toutes les plantes, D’autres le tirent d’un mot grec qui fignifie Vénus , parce que Romulus l’a- voit confacré à cette déefle, en qualité de fondatrice de l'empire romain par Enée. Le mois de Mai avoit reçu ce nom en l’honneur des jeunes gens , ou, felon quelques uns, à caufe de Maia, mere de Mercure ; &c felon d’autres, en confidération de la déefle My. Jefla , que l’on difoit fille de l'Honneur. Le mois de Juin tiroit fon nom de Junon, ce qui a fait que quel- ques peuples du Laium l'ont appellé Juzonius, Ju- niales. Le mots de Juiller qu’on nommoit le cinguierne mois , quintilis , parce qu'ileftle cinquieme en com- mençant par Mars , porta le nom de Juiller, Julius ) enlhonneur de Jules-Céfar, comme le mois d'Aoër 2 _ fextilis | fixieme mois , fut appellé Auguflus, à caufe de l’empereur Augufte. Les autres mois ont confervé le nom durang qu’ils avoient quand le mois de Mars étoit le premier de l’année : ainf , Septembre, Oëo- bre, Novembre & Décembre, ne fignifioient autre cho- fe , que le féprieme, huitieme | neuvieme & dixieme mois. Dans la fuite des tems, les Romains, pour faire léur cour aux empereurs , ajoutoient au nom de ces mois celui de l’empereur régnant , comme Septermbre-Tibere, Oüobre-Livie , en l'honneur de Ti- bere &tde Livie fa mere. Les mêmes mois eurent aufli les noms de Germaricus , Domitianns > CC L'empereur Commode donna même à tous les mois différens noms qu'il avoit tirés des furnoms qu’il portoit ; mais ces noms furent abolis après la mort de ce prince. Ondivi{oit les æois en çalendes , ones MOT 623 &ides. Foyez ces trois mots & l’article AN. (D.1.) Mots , pl, m. (Mézec.) terme vulgaire pour figni- fier cet écoulement périodique des femmes , que les médecins nomment flux menffruel, Les femmes ont Je ne fai combien d’autres termes de mode 3 MOINS propres que celui-ci, mais que tout le monde en- tend , & qu’elles emploient pour défigner lindifpo=' fition réguliere à laquelle la nature les a foumufes : pendant une partie de leur vie. (D. J. Mois DE CAMPAGNE, ( Are. milir. ) c’eft dans les troupes un mois de quarante-cinq jours. Les ap- pointemens que le roi paye aux officiers généraux employés à l’armée, aux brigadiers | &c. de fes troupes , font fixés pour des mois de cette efpece. MOISES , f. f. pl. (Ars. méch, ) font des liens de bois embraffant les arbres & les autres pieces d’un aflemblage de charpente qui montent droit dans les machines : cela fert à les entretenir. Ces mo1/ès {ont accollées avec des tenons & mortaifes, & des chez villes ou boulons de fer qui les traverfent , & qui étant clavetés , fe peuvent ôter facilemenr. Il yen a de droites & de circulaires. MOISIR ; v. n. ( Gram. ) Voyez l'article Motsts- SURE. MOISISSURE , f. f. ( Gram. & Phyf.) ce terme fe dit des corps qui fe corrompent à l'air par le prin- cipe d'humidité qui s’y trouve caché, & dont la cor- ruption fe montre par une efpece de duvet blanc qu'on voit à leur furface, | Cette moififfure ef très-curieufe à voit au microf- cope ; elle y repréfente une efpece de prairie, d'où fortent des herbes & des fleurs , Les unes feulement en bouton, d’autres toutes épanouies, & d’autres fanées, dont chacune a fa racine, fa tige & toutes les autres parties naturelles aux plantes. On en peut voir les figures duns la Micrographie de Hook. On peut obferver la même chofe de la moififfure qui s’a= mañle fur la furface des liquides. M. Bradley a obfervé avec grand foin cette mor. JÎure dans un melon , & ilatrouvé que la végétation de ces petites plantes fe faifoit extrèmement vite. Chaque plante a une quantité de femences quine pa- roïffent pas être troisheures A jetterracine , & dans fix heures de plus la plante eft dans fon état de ma -: turité, & les femences prêtes à en tomber. Quand le melon eût été couvert de moififfure pendant fix jours , fa qualité végétative commença à diminuer 3 &t elle paffa entierement en deux jours de plus ; alors le melon tomba en putréfadion , & {es parties char- nues ne rendirent plus qu’une eau fétide , qui com- mença à avoir aflez de mouvement dans fa furface Deux jours après il y parut des vers , quien fix jours de plus s’envelopperent dans leurs coque , oùils ref- tent quatre jours , & après ils en fortirent en état de mouche. Woyez MOUCHERON. MOISON , (Jurifpr. ) fignifie le prix d’une ferme qui fe paye en grain. On croit que ce terme vient de muid ; parce que dans ces fortes de baux, on ftipule tant de muids de blé ; d’où l’on a fait mwifon , & par corruption #70i/07. L’ordonnance de 1539, article 76. permet de fai fir & de faire criées pour 0yfons de grains ou au- tres efpeces dûes par obligations ou jugement exé- cutoïre, encore qu'il n’y ait point eu d’apprécia- tion précédente. PF, l'arr, 176 de la Cour. de Paris.(4) MOïsON, f, m. ( Gm. ) ancien mot qui fignifie mefure. MoisoN ; on dit ex rermes d'étalonage & de mefu rage de grains, qu'une mefure propre à mefurer les grains, eft de la moifon, de la mefure matrice fur laquelle elle doit fe vérifier pout être étalonnée ,lotf. qu'elle eft de bonne confiftence, & qu'elle tient pré cifément autant de grains de millet que l’étalon, Foyez ETALON , Didtionr. dé Com, É C24 MOI Motsow , f. m. (Draperie.) la meifon d’une chai ne, ou fa longueur , c’eft la même chofe. MOISSAC , Muffiacum , ( Géogr. ) ancienne pe- tite ville de France dans le Quercy. Elle eft abon- dante en toutes fortes de denrées, &t ef agréable- ment fituée fur le Tarn, un peu au-deflus de l’en- droit où il s’embouche dans la Garonne. Elle doit fon origine à une abbaye qui y fut fondée dans le x]. fiecle, & depuis lors elle a été cent fois affligée par les guerres. Long. 19. 2. lat. 44.8. ( D.J. ) MOISSON , £. f, eft le terme dont on fe fert pour exprimer la recolte que l’on a faite des fruits d’une piece de terre » d’un verger , 6c, Moisson , (Hiff, facrée des Juifs.) Les Juifs ou- vroient la moiffon avec cérémome, Celle de fro- ment commencoit âu dix-huitieme du mois de Tiar,. le trente-troifieme jour après la fête de Pâques, & les prémices du froment fe préfentoient au temple à la Pentecôte. La moiffon de l'orge fe commençoit immédiatement après la fête de Pâques , & le fe1- zeime de Nifan. La maïifon du jugement envoyoit hors de Jérufalem des hommes pour cueillir la gerbe des nouveaux orges, afin de facrifier au Seigneur les prémices des moiffons. Les villes voifines s’af- fembloient au lieu où l’on devoit cueillir cette ger- be, pour être témoins de la cérémonie. Trois hom- _mes moiflonnoïent avec trois faucilles différentes une gerbe que l’on meitoit dans trois coffres diffé- rens, & on l’apportoit au temple où elle étoit bat- tue, vannée & préparée pour être offerte au Sei- gneur le lendemain matin. Moïfe ordonne que quand on moiflonne un champ, on ne le moïffonne pas en- tierement , mais qu’on en laiffe un petit coin pour le pauvre & l’indigent. Poffquam autem mefueritis fe- gecem terre veflræ , non fecabitis sum ufque ad folum, mec remanentes fpicas colligetis ; fed pauperibus 6 pere- grinis dimiteatis eas, Levit. 23. 22. C’eft une loi d'hu- manité. (D.J.) Moisson , ( Jurifp.) on entend aufli quelquefois par moiffon les grains recueillis , & quelquefois le tems où fe fait la recolte. IL y a des pays où l’on commet des mefñers pour la garde des moiflons, de même que l’on fait pour les vignes ; ce qui dépend de l’ufage de chaque lieu. | Suivant le Droit romain , le gouvernement de chaque province faifoit publier un ban pour lou- verture de la æoiffon, L. XIV. ff. de feriis. C’eft ap- paremment de-là que quelques feigneurs en France s’étoient auffi arrogé le droit de ban à moiflon; mais ce droit eft préfentement aboli par-tout. Voyez le Traié des fiefs de Sat come I. à la fin. __ L'édit de Melun de l’an 1579, ar,29 , veut que les détenteurs des fonds fujets à la dixme , faflent publier à la porte de l’églife paroifhale du lieu où les fonds font fitués , le jour qu'ils ont pris pour commencer la moifflor ou vendange, afin que les décimateurs y faflent trouver ceux qui doivent le- ver la dixme. Cependant cela ne s’obferve pas à la rigueur; on {e contente de ne point enlever de grains que l’on n'ait laiflé la dixme , ouen cas que Îles dixmeurs foient abfens, on laifle la dixme dans le champ. (4) MOITE , MOITEUR , ( Gram. ) Il fe dit de tout corps qui excite au toucher la fenfarion d’un peu d'humidité. Le linge mal féché eft roite. La chaleur qui fuit un accès de fievre eft fouvent accompagnée de moiteur. La furface du marbre, du fer, & de prefque tous les corps durs fembie moite.Ce phéno- menée vient en partie de ce que la matiere qui tranf- pire des doigts , S'y attache & n’y eft point imbibée; c’eft nous-mêmes qui y faifons cette moteur. MOITIÉ , f.f. (Gram. ) [fe dit indiftinétement de l’une des deux parties égales dans leiquelles un MORK tout eft ou eft cenfé divifé ; il fe dit des chofes &z des perfonnes. La femme eft la moitié de l’homme. Il fe prend au fimple &c au figuré. On peut prendre à la lettre le bien que le public jaloux dit de ceux qui le gouvernent ou qui l’inftruifent; il faut com- munément rabattre la morrié du mal, que fa méchan- ceté fe plait à exagérer. | MOKISSOS , ( Æft. mod. fuperflirien. ) les habi- tans des royaumes de Loango & de Benguela en Afrique, & plufeurs autres peuples idolâtres de cette partie du monde, défignent fous ce nom des génies où démons, qui font les feuls objets de leur adoration & de leur culte. Il y en a de bienfaifans êt de malfaifans ; on croit qu’ils ont des départemens féparés dans la nature , & qu'ils font les auteurs des biens & des maux que chaque homme éprouve. Les uns préfident à l'air, d’autres aux vents, aux pluies, aux orages : on les confulte fur le paflé & iur l’avenir. Cesidolâtres repréfentent leurs #0kiffos fous la forme d'hommes ou de femmes groflierement fculptés ; ils portent les plus petits fufpendus à leur cou; quant à ceux qui font grands, 1ls les placent dans leurs maïfons, ils les ornent de plumes d'oi- {eaux , & leur peignent le vifage de différentes cou leurs. Les prêtres deftinés au culte de ces divinités, ont un chef appellé ezganga-mokiffo, où chef des magi- ciens. Avant que d’être inftallé prêtre, on eftobligé de pañler par un noviciat étrange qui dure quinze Jours ; pendant ce tems, le novice eft confiné dans une cabane folitaire; 1l ne lui eft permis de parler à perfonne, & pour s’en fouvenir il fe fourre une plume de perroquet dans la bouche. Il porte un bä- ton, au haut duquel eft repréfentée une tête hu- maine qui eft un #0kiffo. Au bout de ce tems le peu- ple s’aflemble, & forme autour du récipiendaire une danfe eñ rond, pendant laquelle il invoque fon dieu, & danie lui-même autour d’un tambour qui eft au. milieu de l’aire où l’on danfe. Cette cérémonie dure trois jours , au bout deiqueis l’enganga ow chef fait des contorfions , des folies, & des cris comme un frénétique ; il fe fair des plaies au vifage, au front, & aux temples ; il avale des charbons ardens, &c fait uneinfinité de tours que le novice eft obligé d’imi- ter. Après quoi 1left aggrégé au collège des prêtres ou forciers, nommés fesifferos , & 1l continue à con= trefaire Le poflédé, & à prédire l’avenir pendant le refte de fes jours. Belle vocation ! MOKKSEI , ( Hiff. nat, Botan. ) c’eft un arbre du Japon, qui fe cultive dans les jardins, & dontla feuille reflemble à celle du châteignier. Ses fleurs quinaifs fent aux aiflelles des feuilles font petites , à quatre étales, d’un blanc jaunâtre , &del’odeur du jafmin. MOKOKF , ( Æiff. nat. Botan. ) c’eft un arbre du Japon, à feuilles de téléphium , à fleurs mono pétales, dont Le fruit reffemble à la cerife, & dont les femences ont la figure d’un rein. Sa grandeur eft moyenne, fon tronc droit, & fa groffeur à-peu-près celle de la jambe. Ses feuilles reffemblent à celles du téléphium commun : fes fleurs font monopéta= les, partagées en cinq levres, de couleur päle, de l’odeur des girofflées jaunes , garmies d'un grand nombre détamines. Chaque fleur ne dure qu'un jour ; le fruit eft de la grofleur &c de la figure d’une cerife , d’un blanc incarnat en-dehors, d'une chair blanche , feche, & friable, d’un goût un peu amer & fauvage. | MOKOMACHA , ( Hifi. mod. ) c’eft le titre que l’on donne dans l’empire du Monomotapa à un des plus grands feigneurs de l’état, qui eff le général en chef de fes forces. MOËL , adj. ( Phyf.) on appelle corps mois ; ceux qui changent de figure par le choc, en quoi ils dif- ferent des corps durs, mais qui ne la reprennent pas MOL : pas enfuité; en quoi ils different des corps élafti- ques. Voyez DURETÉ, ÉLASTIQUE , & ELASTICI- “TÉ. Les lois du choc des corps mo/s font les mêmes que celles du choc des corps durs, Voyez PERCUS- SION , & COMMUNICATION DU MOUVEMENT: (0) Mo ; adj. c’eft l’épithete que donne Ariftoxene à une efpece du genre diatonique, dont le tétracor- de eft divifé en trois intervalles dans le rapport fui- vant ; le premier d’un femi-ton, le fecond de trois quarts de ton, & le troifieme d’un ton & un quart, & à une efpece du genre chromatique dans le rap- port fuivant. Un tiérs de ton , unautre tiers de ton, puis un ton & cinq fixiemes. Moz, un cheval 07 eft celui qui n’a point de force. MOLA , ( Antiq. rom. ) pâte confacrée; c’étoit une pâre faite avec de la farine & du fel, dont on frottoit le front des viétimes avant que de les égor- ger dans les facrificés. On appelloit cette pâte m0/a, en un feul mot, ou 0/4 Jalla : de-là vient que le mot émmolare , ne fignifie pas proprement égorger la victime , mais la préparer à être égorgée. ( D. J.) MoLa, ( Géog. ) bourgade du royaume de Na- ples , dans la terre de Labour, fur le golfe de Gaete, à l’embouchure d’une petite riviere. Ce bourg eft fitué fur la voie appienne, & eft défendu par une tour contre les defcentes des corfaires. On trouve plufeurs infcriptions dans ce bourg & aux environs; ce qui perfuade qu'il tient la place de l’ancienne Formie, ou du-moins à-peu-près. On y voit dans un jardin un tombeau que quelques favans prennent pour celui de Cicéron. On dit pour appuyer cette foible conjeñture, que ce grand homme avoit une maifon de plaifance à Formie , & qu'il y alloit en litiere , quand 1l fut aflaffiné, Mais le tombeau dont on parle , n’a point d'infcriptions, & cela feul fufi- roit pour faire penfer que ce ne doit pas être le tom- beau de Cicéron. ( D. J. MOLACHEN , f{.m.( Æiff. mod, ) monnoie d’or des Serrafins, C’eft, à ce qu'on penfe, la même que le miloquin. MOLAIRE DENT, ( Az.) grofle dent de la bouche à une , ou plufeurs racines. On compte or- - dinaïrement dans l’homme vingt dents #olaires , fa- voir dix à chaque mâchoire, cinq dents de chaque côté. Les dents solaires font plus groffes que les incifi- ves & les canines, larges, plates , & fort inégales à leur furface fupérieure; leur corps eft d’une figure prefque quarrée ; elles occupent la partie poftérieure des mâchoires après les canines. On les divife en petites , en grofles moaires ; foit parce que les deux premieres font ordinairement moins grofles dans les adultes, que leurs voifines de la même efpece, & moins garnies d’éminences à l’extrémité de leurs corps ; foit parce qu’elles ont communément moins de racines que celles qui leur ont poftérieures. Il y a quelquefois un plus grand nombre de dents rzo/aires dans l’une des mâchoires que dans lantre, à caufe qu'il y en a quelquefois qui ne fortent que d’un côté dans un âge avancé, & que le vulgaire appelle par cette raïlon denrs de fe- geffe. Toutes ces dents de la partie poftérieure des mâchoires, font nommées solaires, parce que leur figure & leur difpoñition les rendent très-propres à brifer, à broyer, & à moudre les alimens les plus fohides ; elles perfeétionnent ainfi la divifion de ceux qui ont échappé à l’aétion que les incifives & les canines ont commencée. J'ai dit que les dents molaires fituées auprès des canines font,ordinairement plus petites que celles qui en font plus éloignées : en effet, elles reflem- blent alors tellement aux canines, que la difficulté » Tome X, | MOL 625 de détefininer à quelle efpece elles äpbattiennent , eft caufe que le nombre dés dents canines eft diffé- remment établi dans quelques auteurs. [left vrai cependant que les vrais dents mo/aires värient pour lé nombre; il ÿ en à tantôt cinq, & tantôt quatre feulement de chaque côté; il y en à quelquefois quatre au côté gauche , & cinq au côté droit; Ou cinq au côté gauche, & quatre au côté droit ; ou cinq à la mâchoire fupérieure, & quatre à l'inférieure. Mais de toutes les dents, ce font les rzo/aires qui offrent le plus de variété par rapport à leurs racines: Lesdents moaires qui font auprès des canines, n’ont ordinairement qu’une racine ; & on en à vu même de plus éloignées , qui n’en avoient pas davañitage. Il arrive néanmoins qu’elles ont deux racines fépa- rées dans toute leur longueur, ou feulement à leur extrémité ; On remarque encore que ces racines fe recourbent tantôt en-dedans , tantôt en-dehors. Les dents molaires qui font les plus groffes, & fi: tuées plus en-arriere , ont communément deux ras cines à la mâchoire inférieure : celles d’en-haut en ont toûjours trois, quelquefois quatre, & même cinq. Il arrive auf quelquefois que les dents mo/ai- res d’en-bas, font pourvues de quatre racines; ainf l’onne peut guere compter fur Le plus ou fur le moins à cet égard, Il y a des dents mo/aires, dont les racines fe tou: chent par la pointe , & font fort écartées par la bafe proche le corps de la dent. Ce font ces dents qu’on peut appeller denses barrées, fi difficiles & fi dingereu- fes à arracher ; par la néceffité où l’on eft d’empor: ter avec elles la portion fpongieufe de los de la mâ- choire , qui occupe l'intervalle des racines. Quelques dents zo/aires ont une ou deux racines plates; chacune de ces racines plates femble être compofée de deux racines jointes enfemble, & di- flinguées feulement par une efpece de goutticre qui regne dans toute leur longueur, & en marque la fé- paration. Quelquefois on trouve dans Le dedans de ces racines ainf figurées , deux canaux, chacun à- peu près femblable à celui que l'on voit dans les ra- cines fimples & féparces les unes des autres, I y a des dents wro/aires à trois & quatre racines, qui font fort écartées l’une de l’autre vers la bafe, & qui s'approchent en montant vers le corps de la dent, De telles dents font difficiles à ôter, & l’on ne le peut fans rompre l’alvéole, par le grand écar- tement qu’on y fait. Pour rapprocher. autant qu'il eft poffible cet écartement , il faur preffer la gencive entre les doigts, lorfque la dent eft arrachée, On voit quelquefois des dents ro/aires, dont les racines font recourbées par leur extrémité en forme de crochet ; alors ces dents ne fe peuvent arracher, fans intéreffer l’os dela mâchoire , parce que le cro- chet entre dans une petite cavité qu'il faut rompre, pour faire fortir la dent de fon alvéole. Quand ce cas fe rencontre à une des dents rro/aires ou canines de la mâchoire fupérieure, il arrive quelquefois que Palyéole ne fe réunit point, & qu’il y refte une ou- verture fâcheufe, Highmor rapporte à ce fujet un fait fingulier, Une dame s'étant fait arracher une dent de cette efpece , il découloit du finus fans cefle une humeur féreufe. Cette dame voulant en décon- vrir l’origine , introduifit dans la cavité d’où l’on avoit tiré la dent , un tuyau de plume délié lony de fix travers de doigt, & le poufla prefque tout en- tier dans le finus; ce qui l’épouvanta fort, parce qu'elle crut lavoir porté jufque dans la fubftance du cerveau. Highmor tranquillifa cette dame, en lui démontrant quele corps de la plume avoir tour. né en fpirale dans le finus ; mais l'écoulement fub. fifa. der KKKkK 626 M O L Le mal eft encore bien plus grand, sl fe trouve dans la dent wzo/aire, deux racines crochues en fens oppofé, ou fi chaque crochet fe rapproche l’un de l’autre par fon extrémité, Il eft alors impoffble d’6- ter la dent, fans brifer les cloifons offeufes qui for. ment chaque loge de Palvéole, & dans lefquelles les racines font engagées : fi au contraire les cloi- fons réfiftent, les racines crochues doivent nécef- fairement fe cafler, Fauchard a vu une dent mo/aire qui paroïfloit com- pofée de deux autres , entre les racines defquelles il fe trouvoit une troïfieme dent, dont la couronne étoit unie à la voûte que formoient les racines des deux autres dents. Le même auteur dit avoir vu une autre dent #0/aire compolée de deux dents unies enfemble par fept racines. Euftache rapporte avoir vu dans un particulier quatre dents rolaires , fi étroitement unies, qu’elles ne faifoient qu'une feule piece d’os. Genga aflure avoir trouvé dans un des cimetieres de Rome, une tête dont la mâchoire fupérieure n’avoit que trois dents, favoir deux rzo/aires, qui chacune étoit divi- fée en cinq; & la troifieme dent formoit les canines & les incifives, | Il eff très-rare que les dents zro/aires reviennent après être tombées ; cependant Euftachius & Fal- lope en citent’des exemples. Diémerbroek aflure avoir vu un homme de quarante ans, à qui la dent molaire, Voifine de la dent canine, étoit revenue. La fortie des dernieres dents solaires caufe fou- vent de grandes douleurs aux adultes ; le moyen le plus sûr pour avancer la fortie de ces fortes de dents, c’eft de faire une incifion avec la lancette fur le corps de la dent qui a de la peine à percer. (D. J.) MOLALIA , o4 MULALY , ( Géog. ) île d’Afri- que , dans le canal de Mofambique , l’une des îles de Comore, Elle abonde en vaches, en moutons à grande & large queue , en volaille, en oranges, en citrons , bananes, gingembre , & riz. : MOLDAVIE , Moldavia, ( Géog. ) contrée d’Eu-' rope, autrefois dépendante du royaume d'Hongrie, aujourd’hui principauté tributaire du ture. C’eft pro- prement la Valaquie fupérieure , qui a pris du fleuve Molda ,:lemom qu’elle porte aujourd’hui. Elle eft bornée au nord par la Pologne, au cou- chant par la Tranfylvanie, au midi par la Välaquie, &c à l’orient par l'Ukraine. Elle eft arrofée par le Pruth, par le Molda ; & par le Bardalach. Jaffy en eft le lieu principal. : LEE La Moldavie a eu autrefois fes ducs particuliers, dépendans ou tributaires des rois de Hongrie. Onles appelloit alors communément myrizas ; ou waivo. des; myrtza! fignife. fs, du prince, & waivode, homme .duroi, gouverneur. Les chefs de Valaquie & de Moldavie, s'étant fouftraits de l’obéiflance des rois de Hongrie, prirent des Grecs le nom de de/po- £es ; qui étoit la premiere dignité après celle de l’em- _péreur. Onleur donna dans, la fuite le nom de hof° podars, où de palatins.| 2,1. En,1574,.Sélim IL: foumit la Moldavie ;. & fous Mahomet III. ce pays ,.de même que la Valaquie, fecoua le-joug des Ottomans. Mais depuis 1622, les waivodes.de Mo/davie font devenus dépendans des Turcs & leurs tributaires. Lors. de ce pays 43. 10- 47. lat, 45:10:49: (D.J.) | MOLDAVIQUE., moldavica, ( Hifi. nat. Bos. ) _genre;de plante à fleur monopétale, labiée, & dont Ja levre fupérieure eft un peu voutée,, & fendue.en deux parties relevées!; la. levte inférieure-.eft auf _découpée.en deux.parties , qui fé terminent en deux gorges frangées. Le calice eft fait entuyau, & par- | (ET pain Er rt À HUE ; 17 _tagé en. deux levres fouvent inégales,; il.sélève du | fond de.ce calice un piftl,, qui tient à-la partie pof. térieure de la fleur comme un clou ; ce piftil eff ac. | 1 Æ#2 compaghe de quatre embryons , qui deviennent dans la fuite autant de femences oblongues , renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Tournefort, Inf£. re: herb. Voyez PLANTE. Tournefort compte huitefpeces de ce senre de plan- te , dont la plus commune eft à feuilles de bétoine, & à fleurs bleues ou blanches : mo/davica betonice fo- lio , flore cærulio, aut albo ; en anglois , curkey- blam blue flowercd. C’eft une plante annuelle qui s’éleve à la hauteur d'environ deux piés. Ses tiges font quarrées, rou- geâtres, rameufes. Ses feuilles font oblongues, de la figure de celles de la bétoine , rangées trois fur une même queue, dentelées fur les bords. Ses fleurs font verticillées ; chacune eft un tuyau évafé paren haut , en gueule, c’eft-à-dire , découpée en deux le- vres ouvertes, de couleur bleue ou blanchâtre, fou- tenue d’un calice épineux. Quand cette fleur eft pañlée , il lui fuccede des femences longues , noires, enfermées dans une.capfule qui avoit fervi de ca- lice. Cette plante a l’odeur & le goût de la mélifle ordinaire, mais plus fort & moins agréable. La plus curieufe efpece de moldavique eft nome mée dans Tournefort, moldavica americana , trifo- lia , odore gravi, &t par les Anglois qui la cultivent beaucoup , the balm of gilead ; c’eft une plante per- manente, qu'on peut multiplier de bouture , fes feuilles broyées dans les mains, donnent une odeur très-forte de baume. ( D. J.) MOLDAVW , o4 MOLDAW À , { Géogr.) riviere de la Turquie en Europe, dans la Modavie. Elle a fa fource à l'occident de Kotinora , & vient fe per- dre dans le Danube auprès de Brahilow. (D. 7) MOLE, LUNE DE MER » MOLE BOUST, ( PZ: XII. fig. 6.) porflon de mer qui grogne comme un cochon quand on le pêche. Ila quatre, cinq ou fix coudées de longueur ; 1l eft large & de figure ova- le ; il a la bouche petite & les dents larges, La par tie antérieure du corps un peu pointue, & la pof- térieure large & arrondie, Il eft couvert d’une peau rude & luifante comme de l'argent ; les ouïes ont leur ouverture fituée au centre du corps. Ce poif- fon a deux nageoires arrondies , courtes êz larges, &-deux autres plus longues & plus étroites près de la queue, dont l’une fe trouve contre l’autre, & l’autre fur le dos ; la queue eft faite en croiffant ; ontire de la mole beaucoup de graiffe , qui ne fert qu’à brûler , parce qu’elle a une mauvaife odeur, ainfi que fa chair, qui devient comme de la colle quand elle eft cuite. Ce poiflon eft lumineux pen- dant la nuit. Rondelet, Hi, des poif]. part, premiere, Liv. XV, ch, iv. Voyez Poisson. | MOLE , {. f. en Anatomie, eft une mafle charnue, dure êc informe, quis'engendre quelquefois dans la matrice des femmes, au-lieu d’un fœtus ; on l’ap- pelle auf fauffe conception. Voyez CONCEPTION. Les Latins ont donné à cette mafle ie nom de 0- La, C’eft-à-dire seule, parce qu’elle‘a en quelque forte la forme & la dureté d’une meule. . La moe eft un embryon manqué , qui fetoit de- venu un enfant, fi la conception n’avoit pas été troublée par quelque empêchement. : Quoiqu’elle n'ait proprement n1 os, m1 vifceres ; Éc. fouvent néanmoins fes traits n’y font pastellement effacés , qu’elle ne conferve quelques .veftiges d’un enfant. ‘On y a quelquefois apperçu.une main, d'autre fois un pié; mais le plus fouvent un arriere-faix. Il y a ra- #rement plus d’une ro/e à la fois. Sennert cbferve néanmoins qu'il s’en eft trouvé deux , trois, ou mé- me davantage, Il ajoute que, quoique les w0/es vien- nent ordinairement feules ;:on!en acependant vû venir avec un fœtus, quelquefois avant , & quel- -quefois après. Voyez CONCEPTION. La role fe diftingue d’un embryon, en ce qu’elle n’a pas de placenta, par okelle recoit de la mere fa nourriture ; & qu'au-lieu de cela elle eft attachée immédiatement à la matrice, & en recoit fa nourri- tere. Poyez F@TUS. Elle, a une efpece de vie végétative, & groffit toujours jufqu'à l'accouchement. Il y en.a eu qui Ont demeuré deux ou trois ans dans la matrice. On croit que la 704 eft caufée pat un défaut, où une rhauvaile difpoñtion de l’œuf de la femme ,ou par un vice de la femence de l’homme , laquelle n’a pas la force de pénétrer fuffifamment l'œuf pour l'ouvrir & le dilater. On peut aufi expliquer cette produétion informe, en fuppofant qu'un œuf ef tombé dans la matrice, fans être impregné de la fe- mence du mâle. Dans tous ces cas, l'œuf continuant de croître , & manquant néanmoins de quelque chofe de néceflaire pour l’organifer & en former un OÙ elle eftexcefive , en font remplies: on trouve en Europe cette même différence. Pour vaincre la pa- refle du climat, il faudroit que les lois cherchaf. fent à Ôter tous les moyens de vivre fans travail : mais dans le midi de l'Europe, elles font tout le contraire ; elles donnent à ceux qui veulent être oi- fifs des places propres à la vie fpéculative , & y at- tachent des richeffes immentes. (D, J.) MONACO , Monæecum, (Géog,) petite, ancien- ne & forte ville d'Italie, dans la partie occidentale de la mer de Gènes, capitale d’une principauté de même nom, aVec un château, une citadelle , & un port, Elle eft fituée fur nn rocher qui s’étend dans la mer, &c qui cft fortifié par la nature. Sur ce rocher étoit autrefois le temple d'Hercule Monæcus , qui donne encore le nom à la ville, Ce lieu étoit connu de Virgile , ainfi qu'il paroït par le vers 831 du 4, VI. de l'éneide. ASgeribus focer Alpinis ; atque arce Monæci Déjcendens, La ville de Monaco eft regardée comme nne place importante, parce qu’elle eft frontiere de France , à l'entrée de la mer de Provence. Son port, quieft au pié de la ville, a été décrit magnifiquement pat Lu- can, 2. 1.v,405. € fuiv. : Quaque [ub Hercule facraus nomine portus , Urget rupe cavé Pelagus. Non corus in illum Jus habet ; aus Zephirus ; folus [ua littora turbar Circus, 6 tuté prohibet flatione Monæci, Le château.eft bâti fur un rocher efcarpé que bat: tent les flots de la mer, Il n’y a qu'une terrible mon- tagne qui commande la ville, & qui diminue beau coup de fa force, La maifon de Grimaldi, ifue de Grimoald, mai- re du palais , fous Childebert II, a poffédé la princi- pauté de Moraco., depuis l’empire d’Othon I. jufques à la mort du dernier feigneur de cette maifon, dont la fille ainée porta cette principauté dans la maifon de Matignon, à la charge que le nom & les armes de Monaco fe continueroient dans {es defcendans. On fait comment Honoré Grimaldi Il. du nom, prince de Moraco, délivra fa ville, en 1641, du joug des Efpagnols , qui en étoient les maîtres, & fe mit fous la proteétion de la France, Son exploit a un grand rapport avec ceux de Pélopidas, & de Thrafybule. | Monaco eft à 3 lieues S. O. de Fintimiolia , à N. E. de Villefranche, 3 N. E. de Nice, 170 S. E, de Paris. Long. 25, 8. las. felon Le P. Laval, 43.43". 40". (D.J.) MONÆDA , (Géog, anc.)ile que Ptolomée , Z. IL. ch. 1. place fur la côte orientale de l’'Hibernie. Elle eft appellée Meravia par Bède. On la nomme en anglois Man, (D.J.) MONAGEHAN , (Geog.) ville d'Irlande, capitale du comté de même nom, qui eft divifé en cinq ba- ronies, & qui a 34 milles de longueur fur 20 de lar- geur ; c’eft un pays montagneux , & couvert de forêts. La petite ville de Monaghar envoie deux dé- putés au parlement d'Irlande. Elle eft à 15 milles S. O. d’Armagh. Long. 10. 36. lat. 54. 12. (D. JT.) MONALUS, (Géog. anc,) FAIR Nue elle F 1] 626 MON a fa foutce dans les montagnes Nébradès, & fon .; embouchure fur lacôte feptentrionale. On l'appelle aujourd'hui Pollina. (D.J°) LE MONARCHIE , L.f, (Gouvernement poli, ) forme de gouvernement où ün feul gouverne par des lois fixes & établies. La monarchie eft cet état dans lequel la fouverai- ne puiffance, & tous les droits qui luifont effentiels, réfide imdivifément dans un feul hommeappellé or, FOraATque ; ON EITIDETEUT. Etabliflons, d’après M. de Montefquien, le prin- cipe de ce gouvernement , fon foutien , &c fa depé- nération. La nature de la monarchie confifte en ce que le monarque eft la fource de tout pouvoir politique & civil, & qu'il régit feul l’état par des loïs fondamen- tales ; car s’il n’y avoit dans l’état que la volonté momentanée & capricieufe d’un fenl fans lois fon- damentales, ce feroit un gouvernement defpoti- que , où un feul homme entraine tout par fa volon- té ; mais la onarchie commande par des lois dont le dépôt eft entre les mains de corps politiques, qui annoncent les lois lorfqu’elles font faites , Ge les rappellent lorfqu’on les oublie. Le souvernement monarchique n’a pas, comme le républicain , la bonté des mœurs pour principe. Les lois y tiennent lieu des vertus, indépendamment de l’amourpour la patrie , du defir de la vraie gloi- re, du renoncement à foi-même, du facriñce de fes plus chers intérêts, & de toutes les vertus héror- ques des anciens dont nous avons feulement enten- du parler. Les mœurs n’y font jamais aufhi pures que dans les gouvernemens républicains ; & lesver- tus qu’on y montre font toujours moins ce que Pon doit aux autres que ce que l’on fe doit à foi-même. Elles ne font pas tant ce qui nous appelle vers nos concitoyens, que ce qui nous en dif- tingue ; l'honneur , c’eft-à-dire , le préjugé de chaque perfonne ôr de chaque condition prend, dans la monarchie, la place de la vertu politique, & la repréfente. Il entre dans toutes les façons de penfer, À dans toutes les manieres de fentir, Il étend ou borne les devoirs à fa fantaifie, foit qu’ils aient leur force dans la religion, la politique ou la morale, Il y peut cependant infpirer les plus belles aétions ; il peut même , joint à la forme des lois, conduire au but du gouvernement comme la vertu même. Telle eff la force du gouvernement monarchique, qu’elle ufe à fon gré de tous les membres qui la come pofent. Comme c’eft du prince feul qu'on attend des richefles , des dignités, des récompenfes, l’em- preflement à les mériter fait l’appui de fon trône, De plus, les affaires étant toutes menées par un feul, l’ordre, la diligence, le fecret, la fubordination, les objetsies plus grands, les exécutions les plus promp- tes en font les effets aflurés. Dans les fecoufles mê- _ me, la füreté du prince eft attachée à l’incorrupti- bilité de tous les différens ordres de l’état à la fois; & les féditieux qui n’ont ni la volonté, ni lefpe- rance de renverfer l’état, ne peuvent ni ne veu- lent renverfer le prince. Si le monarque eft vertueux, s’il difpenfe les ré- gompenfes & les peines avec jufrice &t avec difcer- nement, tout le monde s’emprefle à mériter fes bien- faits, & fon regneeft le fiecle d'or ; mais file mo- . narque n’eft pas tel, le principe qui fert à élever ame de fes fujets pour participer à fes graces, pour ‘percer la foule par de belles aéions , il dépénere en bafleffe & en efclavage. Romains , vous triom- phâtes fous les deux premiers Célars, vous flûtes fous les autres les plus vils des mortels. Le principe de la monarchie {e corrompt lorfque les premieres dignités font les marques dela premie- ge fervitude ; lorfqu'on Ôte aux yrands le refpect MON des peuples, 8 qu’on les rend les infirumens-du pouvoir arbitraire. | NU HE Il fe corrompt, lorfque des ames finguhierement Jâches , tirent vanité de la grandeur que pourroit avoir leut fervitude ; lorfqu’elles croient que ce qui fait que lon doit tout au prince, fait que Von ne doit rien à fa patrie ; & plus encore , [orfque l’adu- lation tenant une coquille de fard à la main,s’eforce de perfuader à celui qui porte le fceptre , que les hommes font à l’ésard de leurs fouverains, ce qu’eft la nature entiere par rapport à fon auteur. Le principe de la monarchie fe corrompt , lorique le prince change fajuflice en féverité, lorfqu'il met, comme les empereurs romains, une tête de Méduie fur fa poitrine ; lorfqu’il prend cet air menaçant 6 terrible que Commode faifoit donner à lies fta< tues. | La monarchie fe perd , lorfqu'un prince croit qu’il montre plus fa puance en changeant l’ordre des chofes , qu’en le fuivant ; lorfqu'il prive les corps de l’état de leurs prérogatives ; lorfqwil Ôte les fonc- tions naturelles des uns, pour les donner arbitraire: rent à d’autres ; & lorfqu'il eft amoureux de fes fantaifies frivoles. | | La monarchie {e perd, lorfque le monarque rap- portant tout direétement à li, appelle l’état à fa ca- pitale, la capitale à fa cour, & la cour à fa feule perfonne. | - La monarchie fe perd, lorfqu’un prince méconnoît fon autorité, fa fituation, l'amour de fes peuples, &t qu’il ne fent pas qu'un mogarque doit fe juger en füreré | comme un defpote doit fe croire en péril. La monarchie fe perd, lorfqu'un prince, trompé par fes miniftres , vient à croire que plus les fujers font pauvres , plus les fanlles font nombrenfes ; &c que plus ils font chargés d'impôts , plus ils font en état de les payer: deux fophifmes que j'appelle cri mes de lèfe-majefté, qui ont toujours ruiné, & qui tuineront à jamais toutes les #onarchies, Les répu- bliques finiffent par le luxe , les morarchies par la dé- population & par!la pauvreté. Enfin la monarchie eft abfolument perdue , quand elle eft culbutée dans le defpotifme ; état qui jette bientôt une nation dans la barbarie, &de-là dans un ancantiflement rotal, où tombe avec ellele joug pefant qui l'y précipite. , Mais, dira quelqu'un aux fujets d'une monarchie dont le principe eft prêt à s’écrouler, ilyous eff né un prince qui le tétablira dans tout fon lüfire, La nature a doué ce fuccefleur de l'empire des vertus, &c des qualités qui feront vos délices ; il ne s’agit que d’en aider le développement. Helas ! peuples, je tremble encore que les efpérances quon vous donne ne foient décues. Des monftres flétriront , étouferont cette belle flent dans fa naiflance ; leur fouffle empoifonneur éteindra les henreufes facultés de cet héritier du trône , pour le gouverner à leur gré : ils rempliront fon ame d’erreurs , de préjugés & de fuperfüitions. Ils lui infpireront avec l'igno- rance leurs maximes pérnicieufes. Ils infetteront ce tendre tejetton de l'efprit de domination qui les pof- fede. Telles font les canfes principales de la décadence 8&c de la chûte des plus floriflantes rorarçhies. Heu} quam pereunt brevibus engentia caufrs ! (D,.J.) MONARCHIE ABSOLUE , (Gouvernement) forme de monarchie , dans laquelle le corps entier des ci- toyens a cru devoir conférer la fouveraineté au prince , avec l’étendue & le pouvoir abfolu quiré- fidoit en lui originairement , &c fans y ajouter de reftridion particuliere , que celle des Le. établies. Il ne faut pas confondre le pouvoir abfolu d’un tel monarque, avec le pouvoir arbitraire & defpotique; car l'origine & la nature de la monarchie abolue ef M O N hmitée parfanature même , par l'intention de cewx de qui le monarque la tient, & par les loix fonda mentales de fonétat.s Comme les peuples qui vivent fous un bonne police ; font plus heureux que ceux qu, fans regles & fans chels., errent dans les fo- rêts ; auf les monarques qui vivent fous les lois fondamentales de leur état font-ils plus heureux que les princes defporiques , qui n’ont rien qui phifié re- gler Le cœur de leurs peuples; nile leur. (2.7) MONARCHIK ÉLECTIVE, (Gouvernement pelitiq.) On appelle ainû tout gouvernement dans lequel on ne parvient à Ja royauté que par éleéion ; c’eft fans doute une maniere très-légitime d'acquérir la fouveraineré, puifqu’elle eft fondée fur le confente- ment & Île choix libre du peuple. L’éleétion d’un monarque eft cet aëte par lequel la nation défigne celui qu’elle juge le plus capable de fuccéder au roi défunt pour gouverner l’état ; & tôt que cette perfonne a accepté l'offre du peuple, ele eft revêtue de la fouveraineté. | L'on peut diftinguer deux fortes de monarchies électives ; l’une dans laquelle l’éle&tion eft entiere- ment libre, l’autre dans laquelle l’éle&ion eft gênée à certains égards. La premmere a lieu lorfque le peu- ple peut choifir pour monarque celui qu'il juge à- propos ; l’autre , quand le peuple par la conftitution de l’état eff aftreint d’élite pour fouverain une per- fonne qui foit d’une certaine nation, d’une certaine famille, d’une certaine religion , éc. Parmiles an- ciens Perfes, aucun, dit Ciceron, ne pouvoit être élu roi s'il n'avoit été inftruit par les Mages. Mais une nation qui jouit du privilese d'élever à la monarchie un de fes citoyens, & principalement une nation qui feroit encore foumife aux lois de la nature, n'eit-elle pas en droit de tenir à ce citoyen lors de ion éle&ion, le aifcours fuivant ? # Nous fommes bien aifes de mettre la puiffance ÿ entre vos mains, mais en même tems nous vous # recommandons d'obferver les conventions faites » entre nous ; & comme elles tendent a entretenir # une réciprocité de fecours fi parfaite qu'aucun ne » manque, $1l eft poffble , du néceflaire & de l’u- #tile, nous vous enjoignons de veiller de votre » mieux à la confervation de cet ordre, de nous »# faciliter les moyens efficaces de le maïntenir, & # de nous encourager à les mettre en ufage. La rai- # {on nous a prefcrit cette regle , 8 nous vous » prions de nous y rappeller fans cefle. Nous vous » conféronsle pouvoir &c l'autorité des lois fur cha- » cun de nous ; nous vous en faifons l’organe & le # héraut, Nous nous engageons à vous aider, & à # contraindre avec vous quiconque de nous feroit # aflez dépourvu de fens pour délobéir. Vous devez # concevoir en mème tems que fi. vous même alliez » jufqu’à nous impofer quelque joug contraire aux # lois, ces mêmes lois vous déclarent déchu de tout # pouvoir &c de toute autorité, » Nous vous jugeons capable de nous scuverner, # nous nous abandonnons avec confiance aux direc- » tions de vos confeils : c’eft un premier hommage » que nous rendons à la fupériorité des talens dont # la nature vous a doué. Si vous êtes fidele à vos # devoirs, nous vous chérirons comme un préfent » du ciel, nous vohs refpeéterons comme un pere : >» voilà votre récompenfe, votre gloire , votre gran- # deur. Quel bonheur de pouvoir mériter que plu- » fieurs milliers de mortels vos ésaux s’intéreflent # tendrement à votre exiftence & à votre confer- # vation | | » Dieu eft un étre fouverainement bienfaïifant : il # nous a fait fociables, maintenez-nous dans la {o- » ciété que nous avons choifie ; comme il eftle mo- » teur de lanature entiere, où il entretient un ordre ÿ admirable, foyez le moteur de notre corps pohti- | M O N 637 » que: en cêtre qualité vous femblerez imitet l Etre » fuprème, Du refte , fonvenez-vous qu'à légard » de ce quivous touche perfonnellement, vous n’a- » vez d'autres droits inconteftables , d’autres pou » voirs que ceux qui lient le commun des citoyens , » parce que vous n'avez point d’autres befoins , & » qué vous n'épronvez pas d’autres plaiürs. Si nous » penfons que quelqu'un des vôtres {oit après vous » capable du même commandement , nous y aurons » beaucoup d’égard, mais par un choix libre & in: » dépendant de toute prétention de leur-part ». Quelle capitulation, quel droit d’antique poffeffiont peut prefcrire contre la vérité de cet édit perpétuel, peut en affranchir les fouverains élus à ces condi- tions ? Que dis-je , ce feroit les priver d’un privi= lege qui les revêt du pouvoit de fuprèmes bienfai- teurs, & les rend par-là véritablement femblables à la divinité, Que l’on juge fur cet expofé de la forme ordinaire des gouvernemens ! ( 2, J.) MONARCHIE LIMITÉE ,; ( Gouvernement. ) forté de #170narchie où lestrois pouvoirs font tellement fon dus enfemble , qu'ils fe fervent lun à l’autre de ba- lance & de contrepoids La monarchie limirée héré dis taire, paroit être la meilleure forme de zoñarchie ; parce qu'indépendamment de fa ftabilité ; le corps légiflatif y eft compofé de deux parties, dont l’une enchaîne l’autre par leur faculté mutuelle d’empè- cher ; & toutes les deux font liées par la puiflance exécutrice, qui left elle-meme par la légiflatives Tel eft le gouvernement d'Angleterre, dont les ra cines toujours coupées, toujours fanglantes, ont en= fin produit apres des fecles, à l’étonnement des na- tions, le mélange égal de la liberté & de la royauté. Dans les autres #orarchies européennes que nous connoiflons , les trois pouvoirs n’y font point fondus de cette maniere ; ils ont chacun une diftribution particuliere fuivant laquelle ils approchent plus ou moins de la liberté politique. Il paroit qu’on jouit en Suede de ce précieux avantage , autant qu’on en eft éloigné en Danemark ; mais la monarchie de Rufñé eft un pur defpotifme. (D. J.) | MONARQUE , f. m. ( Gouvernemenr, ) fouvetain d'un état monarchique. Le trône eft le plus bear pofte qu’un mortel puifle occuper ; parce que c’eft celui où on peut faire le plus de bien. J'aime à voir l'intérêt que l’auteur de l’efprit des lois prend au bon- heur des princes , & la vénération qu'il porte à leur rang fuprème, C2 Que le monarque, dit-il, n’ait point de crainte ; il ne fauroit croire combien on eit porté à l'aimer. Eh ! pourquoi ne l’aimeroit-on pas ? Il eft la fource de prefque tout le bien qui fe fait , & prefque toutes les punitions font fur le compte des lois. Ilne fe mon- tre jamais au peuple qu'avec un vifage ferein : fa gloire même fe communique à nous, & fa puiflance nous foutient. Une preuve qu'on le chérit, c’eft qu'on a de la confiance en lui , & que lorfqu'un mi- nifire refuie, on s’imagine toujours que le prince autoit accordé, même dans les calamités publiques: on n’accufe point fa perfonne ; on fe plaint de ce qu'ilignote, ou de ce qu'il eft obfédé par des gens corrompus. Sz le prince favoir , dit le peuple : ces paroles font une efpece d’invocation. Que le r10onarque fe rende donc populaire ; il doit être flatté de l'amour dti moindre de fes fujets : cé font toujours des hommes. Le peuple demande fi peu d'égards, qu'il eft jufte de les lui accorder : la diftance infinie qui eft entre le monarque & lui, em- pêche bien qu'il n’en foit gêné. Il doit aufh favoir jouir de foi à part, dit Montagne , & fe communi- quer comme Jacques & Pierre à foï-même., La clés mence doit être fa vertu diftin@ive ; c'eft le carac- tere d’une belle ame que d’en faire ufage , difoit Ci« ceron à Céfar, 638 HON Les mœurs du sonarque contribuent autant àlla liberté que les lois. S'il aime les ames hibres , il aura des fujers ; s'il aime les ames bafles , il aura des efclaves. Veut:1l regner avec éclat , qu'il approche de lui l'honneur, le mérite & la vertu: qu'exorable à la priere , il foit ferme contre les demandes ; & qu'ilfache que fon peuple jouit de fes refus, &c fes courtifans de fes graces. (D. J°) MONASTER , ( Géographie. ) ville d'Afrique au’ royaume de Tunis. Elle eft battue des flots de Ja mer, à 4 lieues de Suze , & à 25 5. E. de Tunis. Long, 28.40. lat. 36. ( D. J.) MONASTERE , {. m. ( Æiff. ecclefaffig. ) maïfon bâtie pour loger des religieux ou religieufes, qui y profeflent la vie monaftique. Les premiers monafe- res ont confervé la religion dans des tems miférables: c’étoient des afyles pour la doëtrine & la pièté, tan- dis que l'ignorance, le vice & la barbarie inondotent le refte du monde. On y fuivoit l’ancienne tradi- tion, foit pour la célébration des divins offices, foit pour la pratique des vertus chrétiennes , dont les jeunes voyoient les exemples vivans dans les an- ciens. On y gardoit des livres de plufeurs fiecles’, &z on en écrivoit de nouveaux exemplaires : c’étoit une des occupations des religieux ; & nous pofié- dons une quantité d’excellens ouvrages qui euflent été perdus pour nous, fans les bibliotheques des z70- nafières, Cependant comme les chofes ont entierement changé de face en Europe depuis la renaiffance des Lettres & l’établiflement de laréformanon, le nom- bre prodigieux de monafleres qui a continué de fub- fifter dans l'Eglife catholique , eft devenu à charge au public, oppreffif , & procurant manifeftement la dépopulation ; il fufit pour s’en convaincre de jetter un coup d'œil fur les pays proteftans &z catho- liques. Le Commerce ranime tout chez lès uns , & les monalfleres portent par-tout la mort chez les au- tres. Quoique le Chriftianifme dans fa pureté primitive ne foit pas défavorable à la fociéré, on abufe des meilleures inftitutions ; & 1l ne feroir peut-être pas aifé de juftifier tous les édits des empereurs chré- tiens à ce fujet. Ce qu'il y a de für , c’eft qu'on re- garde la quantité de moines , & celle dés perfonnes du fexe qui dans les couvens font vœu de virginité, comme une des principales caufes de la difette de peuple dans tous les lieux foumis à la domination du fouverain pontife. On ne doit pas être furpris que des auteurs proteftans tiennent ce langage , lorfque les écrivains catholiques les plus judicieux & Îles plus attachés à la religion , ne peuvent s’empêcher de former les mêmes plaintes. Si l'Efpagne, autrefois f peuplée , eft aujourd’hui deferte, c’eft fur-tout à la quantité de monafleres qu’il faut s’en prendre , felon les auteurs efpagnols. « Je » laïfle , dit le célebre dom Diego de Saavedra dans # un de fes emblèmes, à ceux dont le devoir eft d’e- » xaminer fi le nombre excefflif des eccléfiaftiques &z » des zzonafferes eft proportionné aux facultés de la # fociété des laïques qui doit les entretenir, & s’il » n’eft pas contraire aux vües mêmes de l’Eglife. Le # confeil de Caftille , dans le projet de réforme qui » fut préfenté à Philippe III. en 1619 , fupplie le roi » d'obtenir du pape qu'il mette des bornes à ce nom- # bre prodigieux d'ordres & de zonafleres qui s’ac- » croît tous les jours, & de lui repréfenter les in- » convéniens qui en réfultent. Celui qui rejaillit fur » l’état monaftique même , ajoute le confeil, n’eft >» pas le moindre de tous ; le relâchement s’y intro- » duit, parce que la plüpart y cherchent moins une » pieufe retraite , que l’oifiveté êc un abri contre la # néceflté. Cet abus a les plus funeftes conféquen- » ces pour l’état & pour le fervice de votre majefté. MON » La force &c la confervation du réyaume confifte » dans la multiplicité des hommes utiles &r occupés, » nous en manquons & par cette caufe 8 par d'au- » tres.Les féculiers cependant s’appauvrifflentde plus » en plus;lés charges de l’étatretombentuniquement » fur eux, tandis que lesonafleres en fontexempts;. » ainfi que les biens confidérables qu'ils accumulent, » GTqui ne peuvent plus fortir de leurs mains. Il feroit » donc très-convenable que fa fainteré informée de » ces défordres , réolât que les vœux ne pourront » être faits avant l’âge de vingtans, & que l’on ne » pourra entrer au novicrat avant l’âge de feizeans. » Plufieurs fujets ne prendroïent plus alors cet état, » qui, pour être plus parfait & plus sûr, n’eneft » pas moins le plus préjudiciable à la fociété ». Henri VIE. voulant réformer Péglife d'Angleterre, détruit tous les morafferes, parce que les moines y pratiquant lhofpitalité, une infnité de sens oïfifs, gentilshommes & bourgeois,y trouvoient leur fubff tance , & pafloient leur vie à courir de couvent en couvent. Depuis ce chanpement, l’efprit de com- metce & d'induftrie s’eft établi dans la GrandeBre- tagne , & les revenus de l’état en ont fingulierement profité. En général, route nation qi a converti les monafieres à l’ufage public, y a beaucoup gagné , humainement parlant, fans que perfonne y ait per- du. En effet, on ne fit tort qu'aux paflagérs que l’on dépouilloit, & ils n’ont point laïffé de defcendans qui puifent fe plaindre. C’éftune injuftice d’un jour qui a produit un bien pendant des fiecles. | Il eft vrai, dit M. de Voltaire , qu'il n’eft point de royaume catholique où l’on n’ait du moins pro- pofé plufeurs fois de rendre à l’état une partie des citoyens que les monafleres lui enlevent ; mais ceux qui gouvernent font rarement touchés d’une utilité éloignée, toute fenfble qu'elle eft , fur-tout quand cet avantage futur eft balancé par les dificultés pré- fentes. ( 2.J.) .MONASTERE, (Jurifprud.) Un monaflerea le titre d’abbaye, prieuré ou autre , felon que le monaffere eft foumis direétement à un abbé on abbèfe , prieur ou prieure, Pour qu'une maifon religieufe aît le caraétere de monaflere ou couvent ;, 1l faut qu’il y aït un nombre compétent de religieux , que la regle de l’ordre s’y obferve, & que la maifon ait, on au moins qu’elle ait eu anciennement , clauftrum , arca communis @ figil- lum , c'eft-à-dire des lieux réguliers , une adminifira- tion commune des biens, & un fceau particulier pour la maifon. Les premiers zronafleres s’établirent en Egypte vers l’an 306, fous:la conduite de faint Antoine , & ceux-ci fürent comme la fource des autres qui s’éta- blirent dans la fuite en divers lieux. Le plus ancien monaffere de France eft celui de Liguoé , près Poitiers , fondé par S. Martin en 360. Au commencement les monafferes étoient des maiï- fons de laïcs ; les moines ayant été appellés à la clé- ricature par faint Sirice pape, ne refterent pas moins foumis à Pévêque : c’eft pourquoi aucun mondf#re ne peut être établi fans fon confentement ; la regle doit aufh être approuvée par le faint fiége. Pendant plus de fix fiecles tous les zozafferes d'Oc- cident étoient indépendans les uns des autres, & aouvernés par des abbés qui ne répondoient deleur conduite qu’à leur évêque. En Orientil y avoit des abbés appellés zrchiman- drites qui gouvernoient plufeurs laures , dans lef= quelles ils établifoient des fupérieurs particuliers. Dans le 1x. fiecle 1l fe forma en France une con- grégation encore plus étendue , Louis le débonnaire ayant établi faint Benoît d’Aniane abbé général de plufieuts monafleres ; maïs après la mort de cet abbé, M O N tes maifons {e féparerent & reflerent indépendantes es unes des autres. 1° Dans lé x. fiecle, faint Odon , abbé de Clugny, unit à cétte abbaye plufeurs zzonafferes, qu'il mit fous la conduite de l’abbé de Clugny. Plufreurs réformes des fiecles fuivans ont donné Héu à des congrésations qui font commé autant d’or- dres féparés, compoiés de plufeurs #0or4fferes répan- dus en diverfes provinces & royaumes , gouvernés par un même général ou abbé. Entre cès z0onafleres, il y en a ordinairement un qui eft comme le chef- lieu des autres, & qu'on appelle Z4 maïfon chef- d'ordre. Les ordres mendians, dont les premiers ont été établis dans le xuy. fiecle , font aufli compofés cha- “un de plufieurs monafferes, Nousavons parlé de l’établiffement dés zonafferes au M0t COUVENT, Quant au temporel des ronafleres , l’évêque en avoit autrefois l’admimiftration ; il y établifloit des économes pouf eh avoir la diredtion &c leur fournir les néceffités dela vie. Les abbés &c les moines ne pouvoient rien aliéner ni engager fans que l’évêque eût approuvé & fipné le contrat : c’eft ce que prou- vent les conciles d'Agde & d’Epone ; les troifieme & quatrième conciles d'Orléans ; le fecond concile de Nicée ; les capitulaires & la regle de S. Ifidore de Séville. Maïs la difcipline eccléfiaftique ayant changé peu- ä-peu à cet évard, les évêques ont éte entierement privés de cette admimiftrauon. Saint Grégoire le grand eft le premier qui en faffe mention en faveur d'une abbèfle de Marfeille ; il étendit enfuite cette exemption à tous les monajleres dans le concile de Latran , & elle eft devenue d’un ufage général. Däns la fuite on à féconnu la nécéfhté de char- ger l’évêque du foin d'empêcher le dépériffément du bien des monafiires ; c'eft ce que Boniface VIIL. fit à l'égard des 1onajleres de filles ; & ce que Grégoire _ XV. a décidé encore plus expréflément , & confor- mémént à l’article 37 du réglement des réguliers. Cette décifñion a été confirmée par la congrégation dés cardinaux , & par diférens conciles & fynodes. En France , l’évêque eft fupérieur immédiat de tous Îles #oraieres de l’un & de l’autre {exe qui ne {ont pas fournis à üné congrégation & fujeis à des Vifteurs , quand mème ces monafleres {e préten- droient foumis immédiatement au faint fiege. L’évèé- que peut donc les vifiter, y faire des ftatuts , & ju- ger les appeliations intérjettées des jugemens de l'abbé ou autre fupérieur : c’eft la difpoñrion du concile de Trente &c de l'ordonnance de Blois, ar- ticle 27. Lés ronafferes qui font en congrévation , ne font pas pour cela exempts dé la jurifdiétion épiicopale , à moins qu'ils n'aient d’ailleurs desritres & une preu- ve de pofleffion conftante d’exemption: l’évêque peut donc vifter les wonafteres , ÿ faire des réglemens, #oit pour lle fervice divin ou pour la difcipline mo- naftique, {oit pour le temporel des monafferes. Il peut €njoindre au fupérieur dé faire Le procès à céux qui ont commis quelque délit dans le cloitré ; maisil ne peut connoître m1 par lui-même ni par fon official , desjugemens rendus par les fapérieurs dela commu mauté, l'appel devant être porté devant le fupérieur régulier , à moins que celui-ci, ayant été averti par Vévêque, ne négligéât de remplir fon miniftére, Eds de 160$, article 18. | ‘ L'évêèque n’a pas droit de vifite dans les rzorafferes qui font chefs & généraux d'ordre de l’un & de lau- tre fexe, ni dans ceux où réfident les fupérieurs ré- guliers qui ont üné jurifdidion lécitime fur d’autres monafleres du même ordre , ni énfin fur ceux qui étant exémpts de la jurifdiétion épifcopale, fe trou- MON 639 vent eñ Congrécation ; il peut fenlement avertir le fupérieur régulier de pourvoir dans fix mois où mé- me plus promptement fi le cas le requiert, au dé- {ordre ou fcandale ; & f le fupérieur n'y fatisfait pas dans le terms marqué, l’évêque peut lui-même y pourvoir , fuivant la regle du monaffere, Edirs: de 1695, art. 18, 6 du 29 Murs 1696, La vifite de l'archevêque ou évêque dans les m0- nafferes qui ne font pas exempts de la juridiétion épiicopale , quoique foumis à une congrégation, n'empêche pas celle des fupérieurs répuliers, lefquels doivent faire obférver là difcipline monaftique, Quand le général d'ordre eft étranger , il ne peut vifiter en France les monafferes de fon ordre fäns une permifion particuliere du roi. Voyez ce qui a été dit au mot EXEMPTION , & au mot VISITE. Surles donations faites aux morafleres, voyez No- VICES & RELIGIEUX. Ce font les évêques & fupérieurs réguliers qui doivent réformer les monafferes quand on n’y fuit pas la regle, Voyez RÉFORME. La conventualité doit être rétablie dans les #0- Aafleres dont les revenus font fuffifans pour l'y entre- tenir. On transfere quelquefois un zzoraffere d’un lieu dans un autre, lorfqu'il y a des raïfons effentielles pour le faire. Voyez TRANSLATION. Il arrive aufi quelquefois qu’un zzoaffere eft {é- cularifé. Foyez SÉCULARISATION. Îl y a dans les monafferes divers offices clauftraux. Voyez au mot OFFICE l’article OFFICE CLAUSTRAL. Quant aux Charges des monaflères , voyez INDULT du parlement, DÉCIMES, OBLATS. Sur les zronufteres | voyez Jean Thaumas ex for dilionnaire canonique , au mot mOrtafiere ; \es mémoi- res du clergé. ( À MONASTERIENS o7 MUNSTERIENS, f. m. pl. ( AHiff. eccléf. ) nom qu’on donne aux anabaptiftes, qui dans le feizieme fiecle , fuivirent Jean de Ley- den ou Becold, tailleur d’habits, natif de Leyden, qui s’éroit fair roi de Munfter, qu’on appelle en la- tin "zonaftertum, Voyez ANABAPTISTE. MONASTIQUE , adj. ce qui concerne les moi- nes ou la vie des moines. Voyez MOINE. La profeflion monaflique eft une mort civile , qui produit à certains égards les mêmes effets que la mort naturelle. Voyez MORT CIVILE. Le concile de Trente & l’ordonnance de Blois , ont fixé à feize ans la liberté de faire profefion dans l'état monaftique. _$. Antoine a été dans le quatrieme fiecle linftitu- teur de la vie monafhique, comme S. Pacome qui vi- voit dansle même tems, a été l’inftituteur de la vie cénobitique , c’eft-à-dire des communantés reglées de religieux. Poyez CÉNOBITE. On vit en peu de tems les déferts d'Esypte peu- plés des folitaires qui embrafloient la vie #0ona/#. que. Voyez ANACHORETE , HERMITE. S. Bafle porta dans l'Orient , le goût & l’efprit de là vie monaflique , & compofa une regle qui fut trouvée f: fage , qu'elle fut embraflée par une gran- de partie de l'Occident. Vers le onzième fiecle, la difcipline xoraflique étoir fort relâchée en Occident. S. Odon commença à la relever dans la miaifon de Cluni, ce monaftere par le titre de fa fondation , fut mis fous la protec- tion du S. Siége , avec défenfe à toutes puiflances, féculiéres & eccléfaftiques, de troubler les moïnes dans la poffeffion de leurs biens , & dans Péleétion de leur abbé. En vértu de cela, ils ont plaidé pour être exempts de la jurifdiion de l’évêque , & ce phvilege s’eft étendu à tous les monafteres qui dé- pendoient de celui-là. C’eft la premiere congréga- tion dé plufieurs maifons unies fous un feul chef, 640 M ON & immédiatement foumife au pape pour ne faire qu’un corps, ou comme on l'appelle aujourd’hui, un ordre religieux. Auparavant, chaque monaftere étoit indépendant des autres, & fonmis à fon évé- que. Voyez ORDRE , CONGRÉGATION , ÂBBÉ, RELIGIEUX. MONBAZA , ( Géog. ) ile de la mer des Indes, fur la côte occidentale d'Afrique , & féparée du continent par les bras d’uneriviere du même nom, qui fe jette dans la mer par denx embouchures. Cette Île à qui l'on donne douze milles de circuit, abonde en millet, ris, volaille &z beftiaux. Il y a quantité de figniers , d’orangérs &c de citronniers ; elle fut découverte par Vafco de Gama, Portugais en 1598. Il y a dans cette île une petite ville à la- quelle elle donne fon nom. Mongaza , ( Géog.) ville d'Afrique dans l’ile de même nom, avec un port & un château où réfide le roi de Mélinde , & le gouverneur de la côte. François Almeida prit & faccagea cette ville en 1505; mais les Arabes en chañlerent les Portugais en 1631. Enfin, en 1729. les Portugais s’y font éta- blis de nouveau. (2. J.) | MONBIN , genre de plante à fleur en rofe, com- pofée de plufeurs pétales difpofés en rond ; il fort du calice un piftil qui devient dans la fuite un fruit oval, charnu & mol; il renferme un noyau qui con- tient quatre amandes, placées chacune dans une loge. Plumier , zo0va plantarum amer, gen. Voyez PLANTE, MONCA , f. m. (Com. ) monnoïe d’argent, frap- pée à Mourgues, aux armes du prince de Monaco. Elle étoit évaluée à 48 fols de la monnoïe cou- rante : lamaifon de Grimaldi Monaco a deux moi- nes pour fuppôts de fes armes ; la principauté de ce nom appattenoit alors à cette maïfon. MONCAHCARD o7 MONCAYAR, f.m. (Com.) étoffe noire, d’une grande finefle , à chaîne de foie, êc trame de fil de laine de fayette, fabriquée en Flan- dre , &c appellée plus communément oura, bura ; burar où burail. Xl y en a de life ou fimple, & de croifée ; on appelle auffi cette derniere, éroffe de Ro- me , mais elle n’a pas la longueur n1 la largeur de la vraie ferge de ce nom. Le moncayar a pour l’ordi- naire + de large, fur 23 aunes de long. MONCALVO , (Géog.) par les François Moncal ; petite, mais forte ville d'Italie, dans le Montferrat, fur une montagne , à 6 nulles du Pô, &c à 7 S. O. de Cafal, près la Stura. Long. 25, 48. lat, 44. 58. (D.J.) MONCAON , ( Géog.) ville forte de Portugal , dans la province d’entre Duéro & Minho , avec un château & titre de comté. Elle eft fur le Minho, à 3 lieues S. E. de Tuy, 10 N. de Brague. Log. 9. 33. lat. 41. 82. (D.J.) MONCEAU , f. m. (Gram } amas confus de plu- fieurs chofes ; on dit un tas de pierre, un monceau de blé, un zzonceau de fable. MONCHA ou MONKA , f. m. (Com.) efpece de boiïffeau ou de mefure des grains, dont fe fervent les habitans de Madagafcar pour mefurer le ris mon- dé. Voyez TROUBOHOUACHE. Di. de Comm, MONCON , ( Géog.) en latin moderne Montio ; ville forte d'Efpagne , au royaume d’Arragon, avec un château. Les François la prirent en 1642. mais les Efpagnols la reprirent l’année fuivante. Elle eft à 4 quatre lieues $. O. de Balbañtro. Long. 17. 54. dat. 41. 43. (D. ) MONCONTOUR , (Géog.) Mons Contorius , ou Mons Confularis ; petite ville de France, dans le Mi- rebalais, remarquable par labatailleque le duc d’An- jou y gagna contre l’amital de Coligni en 1560. Elle eft fur la Dive , à 4 lieues de Loudun , 9 de Saumur , 64 S. O. de Paris, Long. 17.35. lar..46: 30. (D.J.) MONDA , (Géog. anc.) riviere de la Lufitanie, on Ja nomme aujourd'hui. Mord go. ( D.J.) MONDAIN, adj. & fubit. Homme livre à la vie, aux affaires, & aux amutemens du monde, & de la fociété , car ces deux termes font fynonymes. Ils défignent l’un & l’autre la même colieétion d’hom- mes; ainfi ceux qui crient contre le monde , crient auffi contre la fociété. En effet, qu’eft- ce que l’air mondain, un plaifir #ondair, un homme wondain , üne femme ”ondaine , un vêtement o7dain ; un fpeétacle mondain , un efprit mondain ? Rien de fenz {é, ou la conformité de toutes ces chofes entire les ufages, les mœurs, les coutumes , le cours ordi- naire de la multitude. MONDE, f. m. ( Phyf.) on donne ce nom à la colleétion & au fyfième des différentes parties qui compofent cet Univers. Voyez COSMOGONIE, Cos- MOGRAPHIE, COSMOLOGIE 6 SYSTEME. Monde fe prend plus particulierement pour la terre, confi- dérée avec fes différentes parties, & les différens peuples qui l’habitent ; & en ce fens, on demande fi les planetes font chacune un o7de comme notre terre, c’eft-à-dire , f. elles font habitées ; fur quoi. Voyez l'article fuivant. Pluralité des mondes. M. de Fontenelle a le premier prétendu, dansun ouvrage qui a le même titre, que cet article , que chaque planete depuis [a lune, jufqu’à faturne, étoit un #0nde habité, comme notre terre. La raifon gé- nérale qu'il en apporte , eft que les planetes font des corps femblables à norre terre , que notre terre eftelle-même une planete, &c que par conféquent puif- que cette derniere eft habitée, les autres planetes doivent l'être aufñ. L'auteur fe met à couvert des objeétions des Théologiens, en aflurant qu'il ne met point des hommes dans les autres planetes, mais des habitans qui ne font point du tout des hommes. M. Huyghens dans fon cofmorheoros , imprimé en 1690, peu de terms après l'ouvrage de M. Fontenelle, fou- tient la même opinion, avec cette différence , qu’ik prétend que les habitans des planetes doivent avoir les mêmes arts & les mêmes connoïffances que nous , ce qui ne s'éloigne pas beaucoup d’en faire des hommes. Après tout , pourquoi cette opinion feroit-elle contraire à la foi ? L’Ecriture nous ap- prend , fans doute , que tous les hommes viennent d'Adam, mais elle ne veut parler que deshommes qui habitent notre terre. D'autres hommes peuvent ha- biter les autres planetes , & venir d’ailleurs que d'Adam. Quoique l’opinion de l’exiftence des habitans des planetes ne foit pas fans vraiflemblance , elle n’eft pas non plus fans difficultés. 1°. On doute f plu- fieurs planetes, entr'autres la lune , ont une atmof- phere , & dans la fuppoñition qu’elles n’en ayent point, on ne voit pas comment des êtres vivans y refpireroient & y fubfiteroient. 2°. On remarque dans quelques planetes comme Jupiter , 6c. des changemens figurés & confdérables fur leur furfa- ce, voyez BANDES, &c il femble qu'une planete ha- bitée devroit être plus tranquille. 3°. Enfin, les co- metes font certainement des planetes, voyez Co- METE, & 1l eft difficile cependant de croire que les cometes foient habitées , à caufe de la diffé- rence extrème que leurs habitans devroient éprou- ver dans la chaleur du foleil , dont ils feroienr quel- quefois brülés, pour ne la reflentir enfuite que tres- foiblement ou point du tout. La comete de 1680 » par exemple, a pañlé prefque fur le foleil, & de là elle s’en eft éloignée au point qu’elle ne reviendra peut-être plus que dans $73 ans. Quels feroient les corps vivans capables de foutenir cette chaleur prodisieufe d’un côté, & cet énorme froid de l’au- er Ts tre à tre ? Îl bneft dé même à proportion def autrés é0- mètes, Que faut-il donc répondre à ceux qui de- mandent f les planetes font habitées ? Qu'on n'en. fait rien. (0) | MONDE, LE; ( Geog, ) ce mot fe prend commu- nément en Géographie pour le globe terreftre. En ce fens, fiun voyageur partant de Cadix ou de Séville, alloit à Porto-Bello dans la nouvelle Efpa- gune, & de-là s’embarquänt à Panama, pañloit aux Philippines, & revenoit en Efpagne, ou par la Chi- ne, l'empire Ruflien , la Pologne, l’Allemagne, 6e la France, ou par les Indes , la Perfe, la Turquie, & la Méditerranée, on dirait de lui qu'il a fait le tour du ronde, : Comme la connoïffance que les anciens avoient du ronde {e bornoïit à l’hémfphere où font l’Euro- pe,. l’Afe & PAfrique, on s’eft accontumé à don- ner le nom de monde à un feul hémifphere, 8: on a appellé l’ancien monde, l’hémifphere que l’on. con- noiMloitanciennement, & zouyeau monde celui qu'on venoit de découvrir. | | MONDE NOUVEAU, ( Géog.) c'eft ainfi qu'on nomme l'Amérique inconnue aux anciens, & deé- couverte par Colomb, dont la gloire fut pure ; mais ' | nulle horreurs ont deshonoré les grandes aftions des vainqueurs de ce zouvean monde : les lois trop tard envoyées de l’Europe , ont foiblement adouei le fort des Amériquains. (2. J.) MOnNDE-OUVERT, ( Livrérar. ) mundus-patens, Tolemnité qui fe faifoit à Rome dans une chapelle ronde comme le 77onde , dédiée aux P.. D...& aux dieux infernaux, On n'’ouvroit que trois fois lan cette chapelle, favoir le lendemain des vofca- nales, le 4 d'Otobre, &c le 7 des ides de Novembre. Le peuple romain croyoit que l’enfer étoit ouvert ces jours-là , &c regardoit en conféquence comme une aétion religieute, à ce que dit Macrobe, de ne point livrer bataille alors, de ne point fe mettre fur mer, £7 de ne point {e marier. Mundus cum pa- tet, deorum trifftum atque infériim quafi janua patet, propterez non modo prelium commilti, verum etiant navem folvere, uxorem ducere, religiofum eft, Saturnal. Liv. E. chap. xvy, (D,J.) MONDE , ex cerme de Blafon, eft un globe fur le- quel 1l y a une croix. On le trouve dans les armes des empereurs & des éleéteurs de l’Empire. Chrif- topne Colomb, après avoir découvert le nouveau "monde, porta un pareil globe dans fes armes, avec la permifion du roi d’'Efpagne. MONDÉGO , ( Géog.) fleuve du Portngal, con- nu des anciens {ous le nont de Monda où Munda ; 1l fort des montagnes au couchant de la ville de Guarda, & fe dévorge dans l'Océan par une large embouchure, [l eft fort rapide, groffit beaucoup par les pluies, & porte bateau, depuis fon embou- chure jufqu'à Coimbre. ( D.J.) MONDER , ( Pharmacie.) du latin séndare, net- toyer, cet rejetter les parties inutiles ou nuifbles d’une drogue, en les en féparant par des moyens méchaniques & très-vulgaires. On monde les femen- ces froides & les amandes en les pelant ; les raifins fecs en en tirant les pepins ; le féné en féparant les petits bâtons qui fe trouvent mêlés parmi les feuil- les, Ge. (b) MONDIFICATIF, (Thérapeutique. ) {ynonyme de déterfif, Voyez DÉTERSIF. _ MONDIFICATIF D'ACHE, ( Pharmacie & Mariere médicale externe. ) enguent. Prenez des feuilles ré- centes d’ache une livre , des feuulles de tabac, de grande joubarbe, de chacune demi-livre, des feuil- les de morelle, d’abfinthe, d’aigremoine, de bétoi- ne, de grande chélidoine, de marrube , de mille- feuille, de pimprenelle, de plantin , de brunelle, de pervanche, de fomnite, de mouron, de petite _ Tom x, | GAI Centaniée, de chamaträ$ , de véronique ; de chacun deux onces ; de racine récente d’ariftoloche ; clema- tite., de fouchet long, d'iris noftras, de grande fcro- phulaire, de chacun deux onces ; d’aloës, de myr- rhe, de chacun üne once; d'huile d'olive quatre livres, deicire jaune douze onces, de fuif demi-livre, de poix-réfine & de térébenthine de chacun cinq onces. Faites fondre le füif dans l'huile, enfuite jet- tez dedans les racines & les herbes pilées; cufez en remuant fouvent jufqu'à ce que l'humidité des plantes foit prefque confommée; pañlez & expri- mez fortement. La liqueur pañlée & exprimée ayant dépofé toutes fes feces, ajoutez-y la cire, la réfiné ét la térébenthine; pañlez une feconde fois, & la matiere étant à demi refroidie, ajontez-y l’aloës & la myrrhe mifes en poudre. Cet onguent eft recommandé pour nettoyer & pour cicatrifer les plaies & les ulceres. Il n’eft pas d’un ufage fort commun , & l'on peut avancer que fa compoñtion eft très:mal entendue, puifque la plus grande partie des plantes qui y font em- ployées ne fourniflent à l’huile dans laquelle on les. fait bouillir, que leur partie colorante verte, & que leurs principes vraiment médicamenteux ou ne fe diflolvent pas dans l'huile ; on font diffipés pat lébullition : d’où 1l s'enfuit que même celles de ces plantes qui font vraiment vulnéraires & déterfives ne communiquent aucune vertu à cet onguent, L’onguent zondificatif réformé de Lemeri ne vaut pas mieux que celui dont nous venons dé donner la defcription d’après la Pharmacopée de Paris. Le changement de Lemeri, qui confifte à employer Vache en plus grande quantité eft fur-tout, on ne peut pas plus, frivole ; car quoique ce foit cette plante qui donne le nom à l’onguent ; elle eft pré- cifément du nombre de celles qui ne lui communi- quent aucunes vertus. Au refte, 1l paroït qu’on s'eft dirigé d’après cette réforme de Lemeri dans la difpeniation de cet onguent, qui eft du refte dans la pharmacopée de Paris, & que nous venons de rapporter ; car l’ache y entre en une proportion plus confidérable encore que dans le mondificarif d'ache réformé de Lemeri ; mais cette obfervation fur les ingrédiens inutilement, ou pour mieux dire puérile- ment employés dans cet onguent célebre, convient à prefque tous les onguens , les emplâtres, & les huiles dans la compofition defquels entrent des végétaux. Voyez HUILE PAR INFUSION & DÉCOCTION fous /e mt, HUILE, ÉMPLAITRE & ONGUENT. (2) MONDILLO, f. m.( Commerce.) mefure des grains dont on fe fert à Palerme. Quatre zondilli font le tomolo, & 16 tomoli le falme ; 685 mo7dilii deux tiers font un laft d’Amfterdam, Voyez Diffiom de Comm. MONDO, f. m. (if, nat, Bor:) c’eft un chiendent du Japon dont la fleur eft exapétale, en forme d’épi; fa racine eft fibreufe & bulbeufe. Uu autre chien- dent, nommé aufli riuno-figu , s'étend beaucoup & poufle continuellement des rejettons. On fait pren- dre aux malades les petits tubercules qui terminent la plante, confits au fucre, Le fruit eft rond, un peu oblong, & renfermé dans un calice dont les bords font crenelés. Le smondo eft encore une autre efpece, commune fur-tout dans la province de Le- xume , & dont la racine eft plus groffe. MONDONNEDO, ( Géog.) en latin par quel- ques géographes Glandomirum, ville d’Efpagne en Galice, avec un évêché fuffragant de Compoftelle, Elle eît fituée à la fource de la petite riviere du Minho au pié des montagnes, à l'extrémité d’une campagne fertile , & favorifée d’un air très-fain, ce qui ne fe trouve pas toujours en Galice, à 22 lieues N. E. deCompoitel, & à pareille diftance N. £, d'Oviedo, Long. 10,27. lat, 43, 304 | MM mm 642 M O'N MONDOVI, ( Géog.) en latin moderne, Mons vit où Mons regalis ; ville d'Italie dans le Piémont, avec uné citadelle, une efpece d'univerfité, & un évêché : elle eft capitale d’une petite province à laquelle elle donne fon nom. On rapporte fa fondation à l’an 1032. Elle à jou aflez long - tems de la liberté ; mais enfin en 1396 elle fe mit, moitié de gré , moitié de force , fous la protettion d’Amédée de Savoie, & depuis lors elle eft reftée foumife aux princes de cette maifon. Elle eft fituée au pié des Alpes, fur une montagne proche la petite riviere d’Elero, à 3 lieues N. O. de Ceve , 12 S. E. de Turin. Long. 25. 30. lar, 44. 23: Cette ville eft la patrie du Cardinal Bona, dont les ouvrages font plus remplis de piété que de lu- mieres. (D. J.) MONDRAGON , (Géog.) petite ville d’Efpagne, dans le Guipufcoa: fes eaux médicinales la font re- marquer dans le pays. Elle eft au bord de la Deva, petite riviere , & à 3 lieues de Placentia , fur une colline. Long. 13. 2. lat. 43.14. ( D.J.) MONDRAM , 1. m. (Marine. ) monticule apper- çue de la mer. MONE, ( Géog. ) Voyez; MOEN. MONET À, f. t. ( Mychol. ) fufnom qu’on don- noït à Junon, foit comme la divinité qui préfidoit à la monnoie, #oncte , ainfi qu'il paroit par lés mé- dailles, parce que Rome ayant éprouvé un tremble- ment de terre, On entendit du temple de Junon, une voix qui confeilloit d’immoler, en expration, une truie pleine ; de-là vient que ce temple futrap- péllé le temple de Juroz avertiffante, en latin admo- neftans ou Moneta ; mais ajoute Cicéron, depuis lors, de quoi Junon Monera nous a-t-elle jamais averti? (D.J.) MONETAIRE 04 MONNOYEUR , f. m.(Æft. anc.) nom que les auteurs qui ont écrit des mon- noies & des médailles, ont donné aux fabricateurs dés anciennes monnoies, Voyez MONNOYEUR. Quelques-unes des anciennes monnoies romaines portent le nom des Monétaires écrit en éntier, ou bien marqué par fa lettre initiale, Toute l'étendue de leur comnuffion y eft quelquefois marquée par ces cinq lettres, À. À. À. F.F. qui figmifient auro, argento , aere, flando , fertundo , c’eft-à-dire prépofes à tailler & à marquer l'or, l’argent, 6 l’airain, qui étoient les matieres ordinaires des monnoies. Voyez MONNOIE. . Il faut fe garder de prendre toujours le nom de monétaire à la lettre, pour celui des ouvriers occu- pés du travail méchanique de fondre & de frapper les efpeces. Il eft donné, & fur-tout dans le bas- empire, à des perfonnes de la premiere diftinéion chargées de la fur-intendance des monnoies : il pa- roit que ces grands officiers éroient au nombre de trois, puifqu'ils font appellès sriumvirs monétaires, & qu’ils fe tenoient honorés du nom de con/ulatores monete. Eût il éte permis à de fimples artifans d’aflo- cier leur nom à celui du prince fur les monnoies ? cela n’eft guère vraiflemblable. MONFIA , ( Géog. ) île d'Afrique fur la côte de Zanguebar. Elle produit du riz ; du miel, des oran- ges, des citrons; des cannes de fucre, & ne con- tient cependant que quelques villages. Lozg. envi- ron 36.30. lat. mena. 7. 55. (D. J.) MONGOPOES, f. m. ( Comm.) toiles de coton, peu différentes, finon pour l’aunage, qui eft le même, du-moins pour la qualité des cambayes. Elles portent quinze cobres de long fur deux de lar- ge; le cobre eft de dix-fept pouces & demi de roi. Les Anglois en envoient beaucoup aux Manilles : elles fe fabriquent anx Indes orientales. MONHEIM , (Géog.) petite ville d'Allemagne, däns la Baviere, aux confins de la Souabe, à 3 lieues de Weifembourg , à de Donawert, Long. 28. 22 Ua 08 (CRETE) MONICKENDAM ou MONIKEDAM , (Géog.) en latin moderne, Monachodamum , petite ville de la Nort-Hollande, fur le Zuiderzée, proche d’Edam, à 3 lieues d’Amfterdam, dans le Waterland. Elle députe aux états de Hollande. Morickendam fignifie la digue de Monick ; qui eft le nom d’une petite riviere qui la traverfe, &c fe jette dans la mer. Log. 22.25. lat, 52.29. ( D. 1.) MONITEUR , f. m. ( Æiff. anc. ) gens conftitués pour avertir les jeunes gens des fautes qu'ils com- mettoient dans les fonétions de l’art militaire. On donnoit le même nom aux inftituteurs des enfans, garçons ou filles, & aux oïffs qui connoifloient toute la bourgeoïfie romaine, qui accompagnoient dans les rues les prétendans aux dignités, & qui leur nommoient les hommes importans dont il falloit captiver la bienveillance par des carefles. Le talent néceffaire à ces derniers étoit de connoître les per- fonnes par leurs noms: un bourgeois étoit trop flatté de s’entendre defigner d’une maniere particu- liere par un grand. Aux théâtres, le moniteur étoit ce que nous appellons fouffleur. Dans le domeftique, c'étoit le valet chargé d’éveiller, de dire l’heure de boire, de manger, de fortir , de fe baigner. MONITION , £. f. (Jurifp.) fignifie en général avertifflement ; quelquefois ce terme fe prend pour La publication d’un monitoire: mais on entend pius communément par zzorution, & fur-tout lorfqu'oa y ajoute l’épithete de rronision canonique | un aver- uifement fait par l'autorité de quelque fupérieur ec- fiaftique à un clerc, de corriger fes mœurs qui cau- {ent du fcandale. L’afage des monitions canoniques eft tracé dans lévangile felon faint Matthieu, chap. xviy. lorfque J. C. dit à fes difciplés: « Si votre frere peche con- » tre vous , remontrez-le lui en particulier ; s’il ne » vous écoute pas, prenez un ou deux témoinsavec » vous ; s’il ne les écoute pas, dires-le à l’'Eghfe ; » s'il n’'écoute pas l’Eglife, qu'il vous foit comme » les payens & les publicains ». Dans l’Eglife primitive, ces fortes de monitions n’étoient que verbales, & fe faifoient fans formali- tés ; la difpoñtion des anciens canons ne leur don- noit pas moins d’effet : 1] étoit ordonné que celui qui auroit méprifé ces monitions, feroit privé de plein droit de fon bénéfice. , Il paroït par un concile, tenu en 625 ou 630, dans la province de Rheims, du tems de Sonnatius qui en étoit archevêque, que l’on faifoit des monitions. Mais les formalités judiciaires , dont on accompa- ge ordinairement ces ronitions, ne furent introdui- tes que par le nouveau Droit canonique. On tient qu’Innocent III. lequel monta fur le faint fiege en 1198 ,en fut l’auteur; comme il paroït par un de fes decrets adreflé à l’évêque de Parnies. L’Efprit du concile de Trente étoit que ces mori- sions, procédures &t condamnations , fe fflent fans bruit & fans éclat, lorfqw’il dit que la corredtion des mœurs des perfonnes eccléfiäftiques appartient aux évêques feuls, qui peuvent, /2e ffrepieu G fr- gurd judicu , rendre des ordonnances :! & il féroit à fouhaiter que cela pûüt encore fe faire comme dans la primitive Eglife! Mais la crainte que les fupé- rieurs ne portaffent leur autorité trop loin, ou que les inférieurs n’abufaflent de la douceur de leurs ju- ges , a fait que nos Rois ont aftreint les eccléfafti- ques à obferver certaines regles dans ces procédures & condamnations. Quoique toutes les perfonnes eccléfiaftiques foient fujettes aux mêmes lois, le concile de Trente, ST. AXP, ch, xiv, fait voir que les bénéficiers, pen- fionnaires , ou employés à quelque office eccléfafti- que, font obligés, encore plus étroitement que les fimples clercs ; à obferver ce qui eft contenu dans les canons; c’eft pourquoi il veut que les eccléfiafti- ques du fecond ordre, bénéficiers, penfionnaires, Ou ayant emploi & offices dans l’Eglife, lorfqu’ils font connus pour concubinaires , foient punis par la privation, pour 3 mois, des fruits de leur bénéfice, après une #omiion, & qu'ils foient employés en œuvres pies; qu'en cas de récidive , après la fecon- de ronition, ils foient privés du revenu total pen- dant le tems qui fera avifé par l'ordinaire des lieux; & après la troifieme monition, en cas de récidive, qu'ils foient privés pour toùjours de leur bénéfice ou emploi , déclarés incapables de les pofféder , juf- qu'à ce qu'il paroïfle amendement, & qu'ils aient été difpentés: que fi après la difpenfe obtenue, ils tombent dans la récidive, ils foient chargés d’ex- communication & de cenfures, déclarés incapables de jamais pofléder aucuns bénéfices. À légard.des fimples clercs, le même concile veut qu'après les monirions , en cas de récidive , ils foient punis de prifon, privés de leurs bénéfices, dé- clarés incapables de les pofléder , ni d’entrér dans Les ordres. Ces monitions canoniques peuvent pourtant en- core être faites en deux manieres. La premiere, verbalement par l’évêque ou autre fupérieur , dans le fecret fuivant le précepte de l'E- vangile; c’eft celle dont les évêques fe fervent le plus ordinairement : mais il n’eft pas für de procéder extraordinairement après de pareilles monitions, y ayant des accuiés qui dénient d’avoir recu ces mor1- rions verbales, & qui en font un moyen d’abus au parlement. CFA La feconde forme de monitior, eft celle qui fe fait par des aétes judiciaires, de l’ordre de l’évêque ou de l’oficial , à la requête du promoteur ; c’eft la plus fûre & la plus juridique. _ Les évêques où le promoteur doivent avant de procéder aux moritions , être aflurés du fait par des dénonciations en forme, à moins que le fait ne fût venu à leur connorffance par la voix & clameur pu- blique : alors le promoteur peut rendre plainte à Vofficial, faire informer, & après les monirions faire informer fuivant l'exigence des cas. Après la premiere monition, le délai expiré , on peut continuer l'information fur la récidive, & fur le réquifitoire du promoteur , qui peut donner fa re- quête à l’official, pour voir déclarer les peines por- fées par les canons, encourues. En vertu de l’ordonnance de l’official, Le promo teur fait fignifer une feconde rozirion, après laquel- le on peut encore continuer l'information fur la ré- cidive. Sur les conclufons du promoteur, l’official rend un decret que l’on figniñie avec la troifieme mor: tion. ; S1 après l’interrogatoire l’accufé obéit aux mori- sions , les procédures en demeurent là ; c’eft l'efprit de l'Eplife qui ne veut pas la mort du pécheur, mais fa converfon. Si au contraire, l’accufé perfévere dans fes défor- dres, on continue l’inftru@ion du procès à l’ex- traordinaire, par récolement & confrontation. Quand les zozitions n'ont été que vetbales, fi Vaccuié les dénie, on en peut faire preuve par té- moins. On peut faire des monirions aux eccléfiaftiques pour tout ce qui touche la décence & les mœurs, pour les habillemens peu convenables à l’état ecclé- faftique, pour le défaut de réfidence , & en général pour tout ce qui touche l’obfervation des canons & des flatutsfynodaux. Tome X, | MON G43 Les cenfures que le juge d’Eglife prononce, doi- vent être précédées des monitions canoniques. On fait ordinairement trois monitions, entre cha * cune defquelles on laifle un intervalle au moins de deux jours, pour donner le tems de fe reconnoître à celui qui eft menacé d’excommunication. Cepen- dant quand l'affaire eft extraordinairement preflée, on peut diminuer le rems d’entre les momisions, n’en faire que deux, où même qu’une feule en avertif- fant dans l’aéte que cette feule & unique onirion tiendra lieu des trois romitions canoniques, attendu l’état de l'affaire qui ne permet pas que l’on fuive les formalités ordinaires. Voyez Duperray, sivre de l'étar 6 capacité des eccléfrafliques. Les Mémoires du clergé, &t le Recueil des procédures de l’offisialité , par Def- combes. (4 MONITOIRE , fubft. & adj. (Jzrifp.) font des lettres qui s’obtiennent du juge d'Eghfe, & que l’on publie au prôre des paroïfles, pour obliger les fide- les de venir dépofer ce qu'ils favent des faits qui y font contenus, & ce fous peine d’excommunication. L'objet de ces fortes de lettres eft de découvrir ceux qui font les auteurs de crimes qui ont été commis fecretement. L’ufage des’monitoires eft fort ancien dans l’Eglife, En effet, nous trouvons dans le titre , de sefhibus co- gendis, divers decrets par lefquels il eft ordonné que l’on contraindra, par des cenfures , des témoins à dépofer dans des matieres criminelles. Dans le cha- pitre, cum contra , Innocent III. mande à un archi- diacre de Milan, qu'il emploie des cenfures pour obliger des témoins à rendre témoignage contre un homme qui avoit falfifié des lettres apoftoliques. Clément IT. dans le chapitre per emir. ij. ordonne pareillement qu’on ufera de cenfures pour avoir preuve des injures atroces qui avoient été faites à des clecrs par des laïques. Honoré IIT. en ufe de mê- me dans le dernier chapitre de ce titre, pour décou- vrir les auteurs d'une conjuration d’une ville contre leur prélat. Le concile de Bafle , #6. xx. de excommunicatis À &t xxty. de tnterdilis , reçu & autorifé par la prag- matique fanétion , de même que le concile de Tren- te, Jeff. xxv. chap. xxtij. marquent le tems, la ma- mere & la retenue avec laquelle on doit ufer des monitoires , &t des cenfures qui y font employées. Les monitorres ne peuvent être accordésque par les évêques, leurs grands-vicaires, ou leurs offi- ciaux; & pour l’obtention de ces monitoires on eft obligé de garder l’ordre des jurifdiions eccléfafti- ques ; de maniere que l’on ne peut s’adreffer pour cet effet au pape, finon dans le cas où l'appel lui eft dévolu. | Autrefois les papes donnoïent des lettres moniro- riales on lettres de monitoires qu’on appelloit de /£g- nificavir, parce qu’elles commençoient par ces mots, Jignificavit nobis dileütus filius. Le pape mandoit à l’évêque diocéfain d’excommunier ceux qui ayant connoïflance des faits expliqués par l'impétrant, ne viendroient pas les révéler. Les officiers de la cour de Rome s'étoient aufli mis en pofleffion d'accorder à des créanciers des zzonitoires ou excom- munications, avec la claufe fatisfaétoire qu’on appel- loit de nift, par lefquelles Le pape excommunioit leurs débiteurs, s’ils ne les fatisfaifoient pas dans le tems marqué par le zzonitoire ; mais les parlemens ont déclaré tous ces monitoires abufñfs, non feule- ment parce que l’abfolution de l’excommunication y eft réfervée au pape, mais encore parce qu'ils donnent au pape un degré de jurifdiétion, oriffo me- dio : ils font d’ailleurs abuffs en ce qu'ils attribuent au juge d’Eghife la connoifflance des affaires tempo relles, & qu’ils n’ordonnent qu'une feule monition. Le juge d’Eglife ne peut faire publier aucun oz M M mm 1j | G44 MON toire fansla permiffion du juge féculier dans le diftrict duquel il eft établi. Les monitoires ne peuvent être décernés que pour - des matieres graves; & quand on a de la peine à dé- couvrir par une autre voie les faits dont on cherche à s’éclaircir. | | Quand le juge féculier a permis d'obtenir #omito1- re , l’official eft obligé de l’accorder à peine de faifie de fon temporel, fans qu'il lui foit permis d'entrer dans l’examen des raifons qui ont déterminé le juge à donner cette permifion. Les officiaux font même tenus, en cas de duel, de décerner des zzonitoires fur la fimple réquifition des -procureurs-cénéraux ou de leurs fubfüituts fur les _ eux, fans attendre l'ordonnance du juge. Ceux qui forment oppoñtion à la publication des monitoires , doivent élire domicile dans le lieu de la jurifdidtion du juge qui a permis d'obtenir Le moxr- éoire, afin qu'on puifle les afligner à ce domicile. Les moyens d’oppoftion font ordinairement que a caufe eft trop lésere, ou que celui qui a obtenu monitoire n'étoit pas partie capable. Les jugemens qui interviennent fur ces oppofi- tions font exécutoires, nonobftant oppofition ou ap- pel ; & l’onne donne point de defenfes que fur le vü des informations. L'appel de ces jugemens va devant le juge fupé- rieur, excepté quand l’appel eft qualifié comme d’a- bus , auquel cas il eft porté au parlement. Les zomitoires ne doivent contenir d’autres faits que ceux compris dans le jugement qui a permis de les obtenir, a peine de nullité: on ne doit y défigner perfonne, car ce feroit une diffamation. Les curés & vicaires doivent publier leszzomisoires à la mefle paroiffale , fur la premiere réquifition qui leur en eft faite, à peine de faifie de leur temporel; en cas de refus, le juge royal peut commettre un au- tre prêtre pout faire cette publication. Les révélations reçues par les curés ou vicaires, doivent être envoyées par eux au greffe de la jurif- dittion où le procès eft pendant. \ Quand Le monrsoire a été publié , ceux qui ont con- noïflance du fait doivent le révéler , autrement ils font excommuniés par le feul fait. Il en faut néan- moins excepter ceux qui ne peuvent pas rendre té- moignage , comme les parens jufqu'au quatrieme degré inclufivement ; ceux qui ont commis le crime; le prêtre qui les a entendus en confeffion; enfin l’a- vocat ou le procureur auxquels Paccufe s’eft adreflé pour prendre confeil. Avant de prononcer l’excommunication contre ceux que le moniroire resarde , on doit leur faire les trois mOmtIONs canoniques. Quand lexcommunication eft lancée, on publie auf quelquefois d’autres moniroires pour l'agprave 6 le réaggrave, qui étendent les effets extérieurs de lexcommunication. Voyez aux decrétales le titre de seffious cogendis vel non, les Lois eccléfiafhiques , les Mémoires du cler- ge, la Jurifditt. eccléf. de Ducatle, & le Recueil de d'officialité, de Décombes. (4) MONITORIALES , ( Jurifprud. lettres monito- des , oulettres monitoires. Woyez au mot LETTRES d'article LETTRES MONITOIRES, ( 4) MONMORILLON , ( Geog. ) en latin moderne snons Morillio , ville de France, aux confins de la Marche & du Berri, au bord de laGartampe, qu’on y pañle fur un pont de pierre, à neuf lieues de Poi- tiers. Long. 18, 30. lat. 40. 26. MONMOUTE, ( Géog. ) ville d'Angleterre , ca- _pitale du Montmoutshure. Elle eft dans une fituation agréable, entre la Wye&le Monnow , à 100 milles de Londres , &c à fix S, d'Héréford, Long. 14. 55, ar, 51, 55, C’eft la patrie d'Henri V. roi d'Angleterre, qui conquit la France, & força les François dansla trifte défunion qui les déchiroit, de le reconnoitre: pour répgent, & pour héritier de leur royaume. Les hifto- riens anglois le dépeignent comme un héros accom- pli, & les hiftoriens françois mettent dans fon por- trait toutes les ombres qui peuvent en ternir l’éclar. Il eft néceffaire pour fe faire une jufte idée de ce prince, de confidérer fes aftions dans tontes leurs circonftances , indépendamment de l'admiration des uns, & de l’envie des autres. Mais on peut louer en lui, fans crainte d’être trompé , le génie, latem- pérance , dès le moment qu’il fut monté fur le trône, uncourage, êc une valeur perfonnelle peu commune. Il eut encore la fagefle de ne point toucher aux li bertés & aux priviléges de fon peuple, Il mourut à Vincennes en 1422, à 36 ans, 3 MONMOUTEHSHIRE , ( Géog.) province d’An- gleterre, au diocèfe de Landafit. Elle eft fituée au couchant fur les frontieres du pays de Galles, & arrofée au midi par la Saverne, qu fe jette dans la mer. Cette province a environ 34 mulle arpens : quoique boiïfée & montagneufe , elle n’en eft pas moins fertile ; à quoi contribuent les rivieres l'Usk, la Wye , le Monnow, & le Rumney, dont le génie des habitans fait tirer partie. Montmouth eft la ca pitale ; fes autres bourgs principaux eù l’on tient marché, font Albergavenny , Usk,: & Newport. CPLM) MONNOIE, f. f. (Polir. Finances, Comm.) la mon- note eft un figne quu repréfenie la valeur, la mefure de tous les effets d’ufage , & eft donnée comme le prix detoutes chofes. On prend quelque métal pour que le figne , la mefure , le prix loit durable ; qu’il {e confomme peu par Pufage, & que fans fe détruire, il foit capable de‘beaucoup de divifon. | Onrecherche avec empreffement 1°. d’où la 10% noie recoit fa valeur ; 2°, f cette valeur eft incer- taine & imaginaire ; 3°. fi le fouverain doit faire des changemens à la moznoie, &t fixer la proportion des métaux. Nous nous propofons de réfoudre dans ce difcours toutes ces queftions intéreflantes, en em- pruntant les lumieres de l’auteur des Confiderations fur les finances. Pour éviter toute difpute de mots, nous diftin- guons ici très-nettement la dénomination ou valeur numéraire de la #onnoie, qui eft arbitraire ; {a va- leur intrinfeque qui dépend du poids & du degré de. finefle; & fa valeur accidentelle, qui dépend des circonfiances du commerce dans l'échange qu’on fait des denrées avec la monnoie. Aïinf la monnoie peut être définie une portion de ce métal , à laquelle le prince donne une forme, un nom, &t une em- preinte, pour certifier du poids &t du titre dans l’és change qui s’eft pu faire avec toutes les chofes que les hommes venlent mettre dans le commerce. M. Boizard nous donne une idée différente de la monnoie ; car il la définit une portion de matiere à Jaquelle l'autorité publique a donné un poids & une valeur certaine, pour fervir de prix à toutes chofes dans le commerce. La monnoie ne reçoit point fa valeur de l’autorité publique, comme M. Boizard prétend : l'empreinte marque fon poids & fon titre ; elle fait connoitre que la piece eft compoiée de telle quantité de matiere, de telle finefle, mais elle ne donne pas la valeur, c’eft la matiere quu en fait la valeur. Le prince peut appeller une piece de vingt fols unécu, & la faire recevoir pour quatre livres. C’eft une maniere de taxer fes fujets qui font obligés de la recevoir fur ce pié ; cependant il n’augmente pas la piece de vingt fols, elle pafle pour quatre livres: mais une livre alors ne vaudroit que ce que cinq {els valoient avant çe rehauflement, Si le prince donnoit la valeur à la #oinoie , il Pourroit donner à l’étain, au plomb , ou aux autres métaux fabriqués en pieces d'une once, la valeur d'unécur, & les faire fervir dans le commerce, com- me lamonnore d'argent fert préfentement. Mais quand Je prince auroit donné la fabrique , & le nom d’écu à une once d’étain, le fujet ne donneroit pas des matchandifes de la valeur d’un écn pour lécu d’é- tain, parce que la matiere de quoi il eff fait, ne le vaut pas. , La monnoie n’eft pas une valeur certaine , comme M. Boïzard le dit encore; car, quoique le prince n’y fañle aucun changement, que les efpeces {oient con- tinuées du même poids & titre, &- expofées an même prix, pourtant la monnoie eft incertaine en Verne Pour prouver cela, je ferai vair d’où les effets reçoivent leur valeur, de quelle maniere cette va- leur eff appréciée | & comment elle changé. Les effets reçoivent leur valeur des ufages aux- quels ils font employés. S'ils étoient incapables d’au- cun ufage, ils ne feroient d’aucune valeur, _ La valeur des effets ett plus ou moins haute, felon que leur quantité eft proportionnée à la demande. L'eau n'eft pas vendue, on la donne, parce que la quantité eft bien plus grande que la demande. Les vins font vendus, parce que la demande pour les vins eff plus grande que la quantité. #1 La valeur des effets change, quand la quantité ou la demande change. Si les vins font en grande quantité, ou que la demande pour Les vins diminue, le prix baifle, Si les vins font rares, on que la de- mande augmente, le prix haufle. La bonne ou la manvaife qualité des effets, & la plus grande ou la moindre des ufages auxquels ils iont employés, font comprifes. Quand je dis que leur valeur eft plus où moins haute, {elon que la quantité eft proportionnée à la demande. La meil- leure ou plus mauvaife qualité n’angmente nine di. minue le prix, qu’à mefure que la différence dans la qualité, augmente où diminue la demande. Exemple : les vins ne font pas de la bonté qu'ils étoient l’année pañiée ; la demande pour les vins ne fera pas fi grande, & le prix diminuera ; mais files vins {ont moins abondans, & que la diminution de Ja quantité réponde à la diminution de la demande, ils continueront d’être vendus au même prix, quoi- qu’ils ne foient pas de la même bonté. La diminution de la ‘quantité augmentera le prix, autant que la différence dans la qualité Pauroit baiflé, & la quan- tité eft fuppofée alors dans ia même proportion, qu'elle étoit l’année paflée avec la demande, L'eau eft plus utile 8 plus néceffaire que le vin : donc les qualités des effets, ni les ufages auxquels ils font employés, ne changent leur prix, qu'à me. _fure que la proportion entre la qualité &c la deman- de eft changée; par-là leur valeur eft pins où moins haute, felon que la quantité eft proportionnée à la demande. Leur valeur change, quand la quantité Ou la demande change. De même, l’oré l'argent, comme les autres eflets, reçoivent leur valeur des ufages auxquels ils font employés. Comme la monnoie reçoit la valeur des matieres defquelles elle eftfaite, & que la valeur de ces ma- tieres eft incertaine, la monnoie eft incertaine en va- leur, quoique continuée du même poids & titre, & expofée au même prix; { la quantité des matieres foufire quelque changement de valeur, lécu fera du même poids & titre, & aura cours pour le même nombre de livres ou fols: mais la quantité de la matiere d'argent étant augmentée, ou la demande étant diminuée ; l’écu ne fera pas de la même va- leur. 51 la mefure de blé eft vendue le double de la MON 645 quantité de monnoie, qu’elle étoit vendue il y a so ans, On conclud que le blé eft plus cher. La diffé. rencce du prix peut être caufée par des changes mens arrivés dans la quantité , ou dans la demande, pour la monnoie : alors c’eft la mornoie qui eft À meil. leur marché, Les efpeces étant continuées du même poids & titre, & expofées au même Prix, nous apperces vons peu les changemens dans la valeur de la mors note, & des matieres d’or & d’argent; mais cela n'empêche pas que leur valeur ne change. Unécu, où une once d'argent, ne vaut pas tant qu'il y a un fiecle. La valeur de toutes chofes change, & l’arx gent a plus changé que les autres effets : l’augmen tation de fa quantité, depuis la découverte des In- des, a tellement diminué la valeur, que dix onces en matiere & en efpeces, ne valent pas tant qu’une -once valoit, Pour être fatisfait de ce que j’avance, on peut s’informer du prix desterres, maïfons , blés, vins A & autres effets avant la découverte des Indes : alors mulle onces d'argent, ou en matiere ou en efpeces,, achetoient plus de ces effets, que dix milles n’ache- teroient préfentement. Les effets né font pas plus chers, ou different peu; leur quantité étant d-peu- près dans la même proportion qu’elle étoit alors avec la demande, c’eft l’argent qui eft à meilleur marché. Ceux quife fervent dela vaifelle d'argent, croyent ne perdre que l'intérêt de la fomme employée, le contrôle, & la façon; mais ils perdent encore ce que la matiere diminue en valeur; & la valeur di- miquera , tant que la quantité augmentera , & que la demande n’augmentera pas À proportion, Une famille qui s’eft fervie de dix milles onces de vail= felle d'argent depuis deux cens ans, a perdu de la valeur de fa vaifielle plus de neuf milles onces, outre la façon, le contrôle, & l'intérêt ; car les dix milles onces ne valent pas ce que mille onces valoient alors. Les compagnies des Indes d'Angleterre & d'Hol-: lande ont porté une grande quantité d’efpeces & de matieres d'argent aux Indes orientales, &il s’en confomme dans l’Europe; ce qui a un peu foutenuw fa valeur; mais nonobftant le tranfport & la con- fommation, la groffe quantité qui a été apportée, a diminué fa valeur de quatre-vinot-dix pour cent. La quantité d’or a augmenté plus que la deman: de, & Por a diminué en valeur : mais comine fa quantité n’a pas augmenté dans la même proportion que l’argent , fa valeur n’a pas tant diminué. Il y a deux cens ans que l'once d’or valoit en France feize livres cinq fols quatre deniers , & l’once d'argent une livre douze fols. L’once d’or en matiere où en éfpe- ces , valoit alors dix onces d'argent; À préfent elle en Vaut plus de quinze : donc ces métaux ne font pas de la valeur qu'ils étoient à l’égard des autres effets, ni à l’égard l’un de l’autre, L'or, quoique di- minué en valeur, vaut la moitié plus d'argent qu'il n'a valu. Par ce que je viens de dire , il eft évident que le prince ne donne pas la valeur à la monnoie ; comme. M. Boïzard prétend : car fa valeur confifte dans la matiere dont elle eft compofée ; auf eft-il évident que fa valeur n’eft pas certaine, puifque l’éxpérien- ce a fait voir qu’elle à diminué depuis la décou- verte des Indes de plus de quatre-vingt-dix pour cent. _ Par ces diminutions arrivées à la monnoie, je n’en: tends pas parler des affoibliflemens que les princes ont faits dans les efpeces, je parle feulement de la diminution des maueres caufée par l'augmentation de leur quantité. Quand on examinera les affoiblifizmens, on trou véra que de cinquanie parties, 1l n’en refte qu’une ; GA6 MON Je veux dire, qu’il y avoit autant d'argent en vingt lols , qu'il y en a préfentement en cinquante livres. C’eft ce qui eft prouvé parles ordonnances touchant la fabrique des fous de France l’année 755; il y avoit alors la même quantité d'argent fin dans un fol, qu’il y en a préfentement dans le demi écu qui vaut cinquante fols. Mais pour ne pas remonter fi loin, les efpeces d’argent ont été affoiblies en Fran- ce depuis. deux cens ans, d'environ les deux tiers de leur valeur. : Ceux qui ont eu leur bien payable en wornnoie, ont fouffert encore par les diminutions des rentes. Avant la découverte des Indes, les rentes étoient conftituées au denier dix; elles le font préfentement au denier vingt. Une donation faite 1l y a deux cens ans, deflinée pour l'entretien de cinquante perfon- nes, peut à peine aujourd’hui en entretenir une, Je fuppoferai cette donation hypothequée pour la fom- me de dix mulles livres , la monnoie étant alors rare, les rentes étoient conftituées au denier dix : mille livres d'intérêt pouvoient alors entretenir cinquante perfonnes ; la monnoie à caufe de fa rareté, étant d'une plus grande valeur, devenue plus abondante par la quantité des matieres apportées en Europe, l'intérêt a baïffé à cinq pour cent; ainf l’intérèt de lhypotheque eft réduit par-là , de mille à cinq cens livres. Il n’y a plus que le titre d'argent dans la #207- noie, par les affoibliffemens que les princes ont faits ; ce quiréduit la valeur des cinq cens livres à 166 li- vres 13 {. 4 d. & les matieres étant diminuées en valeur de quatre-vingt-dix pour cent, les cinq cens livres monnore foible, ne valent pas davantage que feize livres valoient 1l y a deux cens ans, & n’ache- teroient pas plus de denrées, que feize hvres en au- roient achétées. D'après cette fuppofñtion , une fom- me deftinée pour l'entretien de cinquante perfonnes, ne peut pas en entretenir une préfentement. La quantité des matieres apportées en Europe de- puis la découverte des Indes, a dérangé non-fenle- ment les biens & les revenus des particuliers, mais même elle a dérangé les puiffances, qui ne font plus dans la même proportion de force. Celles qui ont profité le plus par le commerce d’Efpagne, abon- dent en efpeces, pendant que lès autres peuvent à peine fe foutenir dans l’état où elles étoient4 11 neft pas extraordinaire que M. Boizard fran- çois, fe foit abufé dans fes idées fur la zonnoie ; mais M. Locke anglois, homme profond, & qui s’eft rendu fameux par fes beaux ouvrages fur cette ma- tiere, ne devoit pas tomber dans une méprile ap- prochante de celle de M. Boizard,. Il penfe que Îles hommes par un confentement général, ont donné une valeur imaginaire à la onnoie. Je ne faurois concevoir comment les hommes de différentes nations , ou ceux d’une même province, auroient pù confentir à donner une valeur imagi- naire à aucun effet, encore moins à la #07n01e, par laquelle la valeur des autres effets eft mefurée, 8 qui eft donnée comme le prix de toutes chofes; ou qu'aucune nation ait voulu recevoir une matiere en échange , ou en payement, pour plus qu’elle ne va- loit, & comment cette valeur imaginaire a pu fe foutenir. Suppofons qu’en Angleterre, la monnoie eût èté: reçue à une valeur imaginaire, & que les autres na- tions euflent confenti à la recevoir à cette valeur; alors l’écu ayant cours en Angleterre pour 60 pen- nis, devoit valoir foixante fluyvers en Hollande, le penni & le ftuyver n’étant que des numéros, par lef- quels on compte; mais on voitle contraire : la mo». noie eft eftimée & reçue felon la quantité &c qualité des matieres dont elle eft compofée. Avant que l’arsent fût employé aux ufages de la monnoie , il avoit une valeur dépendante des ufages auxquels il'étoit d’abord employé ; ilétoit fecu com me #onnoie fur le pié qu'il étoit alors en matiere. Si l'argent r’avoit eu aucune valeuravant que d’êtreem- ployé aux ufages de la mornoie , il n’y auroit jamais été employé. Qui auroit voulu recevoir une ma- tieré qui n'avoit aucune valeur, comme lé prix de fes biens ? Une livre de plomb en 0onnoie vaudroit quelque chofe, le plomb étant capable de divers ufages , lorfquw’il eft réduit en matiere; mais une li- vre d'argent fabriquée ne vaudroit rien, f: réduit en matiere ; l'argent étoit imcapable d’aucun ufage, comme métal. Donc l’argent avant que d’être em- ployé à faire la monnoïe, avoit une valeur dépen- dante des ufages auxquels il étoit employé , & étoit reçu comme monnote fur le pié qu'il valoit en ma- tiere. Etant employé à faire la monnote, il augmente fa valeur ; mais cette augmentation de valeur ne vient pas de la fabrique , ou monnoyage; car Pargent er matiere vaut autant que celui qui eft fabriqué, & cette valeur n’eft pas imaginaire, non plus que la valeur qu'il avoit avant que d’être emplové à faire la z1onnoie. Sa premiere valeur, comme métal, venoit de ce que largent avoit des qualités qui le rendoient pro- pre à plufieurs ufages auxquels il étoit employé: l'augmentation de {a valeur venoit de ce que ce mé- tal avoit des qualités qui Le rendoient propre à faire de la monnoie. Ces valeurs font plus ou moins gran- des, felon que la demande eft proportionnée à Ia quantité de ce métal. Si l’une ou l’autre de ces valeurs eft imaginaire toute valeur eft imaginaire : car les effets n’ont au- cune valeur que les ufages auxquels ils font em- ployés, & felon que leur quantité eft proportionnée à la demande. Faifons voir comment, & par quelle raifon, l’ar- gent a été employé à faire de la mornoie. Avant que l’ufage de la monnoie fût connu, les effets étoient échangés ; cet échange étoit fouvent très.embarraffant : il n’y avoit pas alors de mefure pour connoître la proportion de valeur que les effets avoient les uns aux autres. Par exemple: A. deman- doit à troquer cinquante mines deblé contre du vin: on ne pouvoit pas bien déterminer la quantité des vins qu’A. devoit recevoir pour fes cinquante mi- nes de blé : car quoique la proportion entre les vins, & les blés l’année précédente fût connue, files blés & le vin n’étoient pas de la même bonté ; fi par la bonne ou mauvaile récolte ,- ils étoient plus ou moins abondans, alors la quantité du blé &c des vins n'étant plus dans la même proportion avec la de- mande, la proportion de valeur étoit changée, & les cinquante mines de blé pouvoient valoir deux fois la quantité des vins qu'ils valoient l’année pafiée. L'argent étant capable d’un titre, c’eft-à-dire, d’être réduit à un certain degré de finefle, étant alors peu fujet au changement dans [a quan- tité ou dans la demande, & par-là moins incer- tain en valeur, étoit employé à fervir de moyen terme pour connoïtre la proportion de valeur des effets. Si les cinquante mines de blé valoient deux cens onces d'argent, de tel titre, &z que deux cens onces d'argent, de cette finefle, valuflent trente muids de vin, de la qualité qu'A demandoit en échange, alors trente muids de ce vin étoient l’é- quivalent de ces cinquante mines de blé. La proportion de valeur des effets livrés en diffé: rens endroits, étoit encore plus dificile à connoître. Parexemple, cent pieces de toile d'Hollande étoient livrées à Amfterdam, à l’ordre d’un marchand de Londres; file marchand d’Amfterdam écrivoit qu'on livrât à Londres, à {on ordre, la valeur de çes cent M ON pieces de toile en draps d'Angleterre ; or la valeur de ces cent pièces de toilé ne pouvoit pas être ré- glée fur la quantité des draps d'Angleterre, ni fur ce qu'elles valoient à Amflerdam , parce que ces draps étoient d'une plus grande valeur à Amiterdami qu’à Londres où 1ls devoient être livrés. Réciproque- ment, la valeur des draps d'Angleterre ne pouvoit pas être réglée fur la quantité des toiles d'Hollande, ni fur ce que ces draps valoïent à Londres, parce que les toiles étoient d’une plus grande valeur à Lon- dres qu'à Amfterdam où elles avoient été livrées. L'argent étant très-portatif, & par cette qualité à-peu-près de la même valeur en différens endroits, toit employé à fervir de Mefure pour connoître la proportion des effets livrés en différens endroits. Si lès cent pieces de toile valoient à Amfterdam mille onces d'argent fin, & que mille onces d’ar. gent fin v'aluffent à Londres vingt pieces de draps de larqualiré que le marchand hollandois deman- doit en échange; alors vingt pieces de ce drap livrées à Lonlres, étoient l'équivalent de ces cent pieces de toile livrées à Amfterdam. Les contrats, promefles, &c. étant payables en effets, étoient fujets aux difputes, les effets de mê- me efpece difiéranf beaucoup en valeur. Exemple : À prêtoit cinquante mines de blé à B, & B s’en- gageoit à les rendre dans une année. À prétendoit que le blé qne B lui rundoit, nétoit pas de la bonté de celui qu'il avoit prêté; & comme le blé n'étoit pas fufceptible d’un titre, on ne pouvoit pas juger du préjudice que À recevoit, en pre- nant fon payement en blé , l'une qualité mfe- rieure : mais l’argent étant capable d’un titre, étoit employé à fervir de valeur dans laquelle on con- tra@toit; alors celui qui prêtoit, prenoit le contrat payable en tant d’onces d’argent, de tel ütre, & paï-là évitoit toute difpute. On avoit de la peine de trouver des effets que lon demandoit en échange. Exemple: À avoit du blé plus qu'il n’en avoit befoin, & cherchoit à tro- quer contre du vin; mais comme le pays n’en pro- duifoit point, il étoit obligé de traniporter fon blé, * pour le troquer, fur les lieux où 1l y avoit du vin. L'argent étant plus portarif, étoit employé à {ervir de moyen terme, par lequel les effets pouvoient être plus commodément échangés ; alors À troquoit fon blé contre l'argent, &c portoit l’argent fur les lieux, pour acheter les vins dont il avoit befoin. L'argent avec fes autres qualités, étant divifble fans diminuer de fa valeur, étant d’ailleurs por- tatif, étoit d'autant plus propre à fervir à ces ufa- ges; & ceux qui poflédoient des effets dont ils n’a- voient pas immédiatement befoin, les convertif {oient en argent. IL étoit moins embarraflant à garder que les autres effets; fa valeur étoit alors moins fujette au changement ; comme 1l étoit plus durable, & divifble fans perdre de fa valeur, on | pouvoit s’en {ervir en tout ou en partie felon le befoin; donc, l'argent en matiere, ayant les qua- lités néceflaires, étoit employé à fervir aux ufa- ges! auxquels la z7o70ie iert préfentement. Étant capable de recevoir une empreinte, les princes éta- blirent des bureaux pour le porter à un tire, & le fabriquer. Par-là, le titre & poids étoient connus, &t l'embarras de le pefer & rafiner épargné. Mais la fabrique ne donne pas la valeur à la mnonnoie, & {a valeur n’eft pas imaginaire, La 207- noie reçoit fa valeur des matieres dont elle eft compoiée ; & fa valeur eft plus ou moins forte, _felon que la quantité eft proportionnelle à la de- mande. Aïnf {a valeur eft réelle, comme la valeur des blés, vins & autres effets. Il eft vrai, que f les hommes trouvoient quelque autre métal plus propre que l’argent, à faire la wonroie, & à fervir MON C47 aux autres ufages auxquels l'argent én matiere eft employé, comme de faire de la vaïffelle, & que ce métal fût à bon marché, l'argent baïfferoit confi- dérablement de fa valeur, & ne väudtoit pas la dépenfe de le tirer des mines. De:même, fi les hommes trouvoient quelque boiflon plus agréable plus faine, & à meilleur marché que le vin les vignes ne feroient plus eftimées , ne vatidroient pas la dépenfe de les cultiver, On employeroit les terres à produire ce qui fuppléeroit alors à l’ufage du vin. | à Il n’eft pas difficile de répondre à la troifième queftion, fi le fouverain doit faire des changémens à la wonnote, lafoiblir, la furhaufler ,» & tixer la proportion entre l'or & l'argent. L'expérience a fait voir que la premiere opération eft funefte la feconde & la troifieme inutiles. Tout affoiblif. fement de monnoie dans un royaume, au-lieu d’at- tirer les efpeces & matieres étrangeres, fait tranf porter les efpeces du pays quoique plus foibles , ët les matieres en pays étrangers. Sous le nom d’afforbliffèment, entends les frais de la fabrique les droits que les princes prennent fur la Hôrnbie, les furhauffemens des efpeces, & la diminution de leur poids ou titre, Le furhauffement des #70nnoies n’en augmente pas le prix. On a été long-tems dans cette erreur, que la même quantité d’elpeces furhaufiées , faifoit le même effet, que fi la quantité avoit été auto men= tée. S1, en faifant pañler l’écu de trois livres pour quatre, On augmentoit la valeur de l'écu; & que cet écu ainf furhauflé produisit le même effet que quatre livres produifoient, quand l’écu étoit à trois hvres , 1l n’y auroit rien à dire, Maïs cette idée eft la même, que fi un homme qui auroit trois cens aunes d’étoffe pour tapifler un appartement pré- tendoit faire {ervir les trois cens années 5 ie les mefurant avec une aune de trois quarts , 1} auroit alors quatre cens aunes d’étofe ; cependant Pap- partement ne fera pas tapiflé plus complétement. Les furhauflemens font que les efpeces valent plus de hvres, mais c’eft en tendant les livres moins valables. Je veux croire que les miniftres favent bien que les furhaufflemens des efpeces ne les rendent pas plus valables, & qu'ils ne font de change- ment dans la 0770, que pour épargner ou trou ver des fommes au prince; mais il eft vraiflem- blable qu'ils ne favent pas toutes les mauvaifes fuites dé ces changemens. Les anciens eflimoient la #onnote facrée : elle étoit fabriquée dans les temples ; les Romains fabri- quoient la w0onnoie aux dépens de l’état; le même poids en matiere &c en efpece de même titre, étoit de la même valeur. | L'autorité publique, en fabriquant la #onnote, eft fuppofée garantir que les efpeces feront conti- nuées de même poids & titre, & expofées pour le même nombre de livres, fols & deniers. Le prince eft obligé en juftice & en honneur, envers tes fujets & les étrangers qui trafiquent avec eux, de ne point faire de changement dans la moroies C’eft la quantité 8 la qualité de la matiere qui font la valeur de la monnoie, & non le prix marqué par le prince. Les matieres qui font proprés aux ufages de la monnêie, doivent être fabriquées, mais le prix des efpeces faites de différentes matieres, ne doit pas être reglé par le prince. : Il ne doit pas non plus fixer la proportion en: tre l'or & Pargent, pârce qu'elle varie fans ceffe, & ce changement occafionne dans l'intervalle des tranfports ruineux, où nüit à certains commerces, Il fufht que le prix du marc d'argent foit fixé, le commerce fixera, fuivant fes befoins, le prix du 648 M ON marc d’or. En Angleterre, le prix de l'or de la Gui- née eft de 20 fois fterling;, cependant elle eft re- cue dans le commerce pour 21 fols fterling. Il eft vrai que cela m’eft pratiquable que dans un pays, où le monnoyable fe fait aux dépens de l’état, & c'eft le vrai moyen d'attirer l'or & l'argent, Mais une regle générale pour les états commerçans qui fixent une proportion, c’eft d'éviter la plus haute & la plus bafle. Quelques politiques ont prétendu que la pro- portion bafle payant lor moins cher, & aitirant conféquemment largent par préférence, conve- noit mieux aux états qui commercent aux Indes orientales. Mais il faut obferver en même tems, que cés pays ont moins d'avantages dans leur com- merce avec Les peuples qui foldent en or. Aujour- d’hui tous les peuples trañiquent dans [es Indes orientales, les réexportations font très-bornées en ce genre ; ainfi de plus en plus ce commerce de- viendra ruineux ; pour réparer les fommes qu'il coute, il eft effentiel de favorifer de plus en plus les commerces utiles. Ce qui conftitue la valeur réelle d’une piece de monnoie , C'eft le nombre des grains pefant d’or fin ou d'argent fin qu'elle contient, Une piece d’or du poids d’une once à 24 karats, contient cent cinquante- deux grains pelant d’or fin, & vinot- quatre grains d’alliage, Une piece d’or à 22 kaà- rats, pefant une once, un demier, 8 deux grains, fera de même valeur intrinfeque que la premiere: la feule différence confiftant daus les vingt-fix grains d’alliage qu’elle contient de plus que la premiere, & qui ne font comptés pour rien. Ce-n'eft pas qu'un orfevre qui auroit befoin d’or à 23 karats pour fon travail, ne payäât plus cher dans le cem- merce la piece d’or à 23 karats que l’autre, de toute la dépenfe qu'il faudroit faire pour affiner celle à 22 karats: mais aufli la fabrication de la piece à 23 karats auroit monté plus cher du mon- tant de cette même dépenfe ; les mines ordinaires ne produifant point d’or au-deflus de 22 karats; outre que l’emploi de l’or très-fin eft rare dans le commerce ; 1l faut encore obferver, que fi l’on avoit befoin d’or à 24 karats, la piece d’or à 24 karats couteroit autant d’aflinage qué la piece d’or à 22 ; karats. (Le chevalier DE J'AUCOURT.) MONNOIE DE BILLON, (Monnoïes,) On entend par monnoie de billon, des efpeces d'argent qu’on a altérées par le mélange du cuivre. Il y a deux for- tes de zzonnoies de billon : l'une eft appellée #07- noie de haut billon, & comprend les efpeces qui font depuis dix deniers de loi jufqu’à cinq; l’autre fe nomme #æonnoie de bas billen , à laquelle on rap- porte toutes Les efpeces qui font au deflous de fix deniers de loi. l Il eft douteux qu’en France on fe foit fervi de rmonnoie de billon fous la premiere & fous la fe- conde race ; mais vers le commencement de la troifieme race avant faint Louis, on trouve quel. ques deniers d'argent bas; & depuis faint Louis, on ne trouve plus que des deniers de bas hillon. Mn Les blancs, les douzains, les liards , les doubles, les demiers, les mailles, les pites, font autant de monnoies de billon dont on s’eft fervi dans ce royau-. me, fous la troifieme race. (D. J.) MONNOIE DE CUIR, ( Monnoie rom.) Æfchine & Ariftide nous apprenent que les Carthaginois fe font fervi de onno1e de cuir. Les Romains com- mencerent par fe fervir de m#onnote de terre cuite 8&c de cuir. Cette derniere a été appellée affes fcorrei; elle étoit en ufage à Rome, avant le reone de Nu- ma , fuivant le témoignage de Suétone, cité par Suidas; l’auteur anonyme du petit traité de rebus bellicis , imprimé à la fuite de la noiice des deux MON empires, ajoute qu'on imprimoit une petite marque d’or fur ces pieces de cuir qui tenoient lieu de mon- noie dans le commerce; formatos è coriis orbes , auré modico fignaverunt. Enfuite Numa introduifit lufage dès pièces de bronze, qu'on prénoit au poids en échange des marchandifes & des denrées ; cela dura jufqu'au rems de Servius Tullius , qui le premier les fit frapper, & y fit graver une certaine marque. On peut voir ce qu'ont dit fur ce fujet Saumaife, de wfur. pag. 443. & eq. &t Sperlingius, de rum- TS HO! CUfis , pag. 201, & 221, Nous connoïflons encore chez les modernes de la petite monnoie de cuir , que la néceflité obligea les Hollandois de renduveller dans le dernier fie- cle, lorfqu’ils défendoient leur liberté contre ia ty- rannie du roi d’'Efpagne. Voyez, pour preuve, MoN- NOIE OBSIDIONALE. (2. J.) MONNOIE OBSIDIONALE , (Æ1f£. mile.) on ap- pelle de ce nom une moznoïe communément de bas- ailoi , de quelque métal , ou autre matiere , formée & frappée pendant un trifte fiege , afin de fuppléer à la vraie monnoie qui manque , & être reçue dans le commerce par les troupes & les habitans , pour figne d’une valeur intrinfeque fpécifiée, Le grand nombre de villes afliésées où l’on a frap- pé pendant les xvj. 8 xvi. fietles de ces fortes de pièces, a porté quelques particuliers à en recher- cher l’origine, l’efprit , &t l'utilité. I eft certain que l’ufage de frapper dans les villes affiégées des m0n- A01es particulieres, pour y avoir cours pendant le fiege , doit être un ufage fort ancien , puifque c’eft la néceffité qui l’a introduite. En cffer, ces pieces étant alors reçues dans le commerce pour un prix infiniment au-deflus de leur valeur intrinfeque , c’eft une grande reflource pout les commändans , pour les magiftrats, & même pour les habitans de la ville afhégée, Ces fortes de monnoies fe fentent de la calamité qui les a produites ; elles font d’un mauvais métal , & d’une fabrique grofiere ; fi l’on en trouve quel- ques-unes de bon argent, & affez bien travaillées, l’'oftertation y a eu plus de part que le befoin. Leur forme n’eft point déterminée, il y en a de rondes, d'ovales, & de quarrées; d'autres en lofange d’autres en oétogone , d’autres en triangles, &c. Le type & les infcriptions n’ont pas de regles plus fixes. Les unes font marquées des deux côtés, & cela eft rare ; les autres n’ont qu'une feule marque. On y voit fouvent les armes de la ville afliégée, quelquefois celles du fouverain, & quelquefois cel- les du gouverneur ; mais il eft plus ordinaire de n’y tronver que le nom de la ville tout au long, ou en abrégé, le millefime, & d’autres chiffres qui déno- tent la valeur de la piece. | Comme les curieux ont négligé de ramafler ces fortes de monnoies, il feroit difficile d’en faire une hiftoire hien fnivie ; cependant la diverfité des pie- ces obfidionales que nous connoïflons, la fingulari- té de quelques-unes, &e les faits auxquels elles ont rapport , pourroient former un petit ouvrage agréa- ble, neuf &r intéreflant. Les plus anciennes de ces monnoies obfidionales de notre connoïfflance ont été frappées au commence ment du xvj. fiecle , lorfque François L. porta la guerre en Italie ; & ce fut pendant les fieges de Pa- vie & de Crémone, en 1524 & 1526. Trois ans après on en fit prefque de femblables à Vienne en Autriche , lorfque cette ville fut afliégée par Soli- man Il, Lukius en rapporte une fort finguliere, frap- pée par les Vénitiens à Nicofie, capitale de l'ile de Chypre, pendant le fiege que Selim Il. mit devant cette île en 1570. Les premieres guerres de la république d’'Hollan- de avec les Efpagnols , fourniffent enfuite un grand | À qRubre nombre de ces fortes de zronnoies ; nous en avons de frappées en 1573, dans Middelbourg en Zélan- de, dans Harlem, & dans Alemaer, La feule ville de Leyde en fit de trois différens revers pendant le glorieux fiege qu’elle foutint en 1474. On en a de Schoonhoven de l’année fuivante ; mais une des plus dignes d'attention, fut celle que frapperent les ha- bitans de Kampen durant le fiege de 1578 ; elle eft marquée de deux côtés. On voit dans l’un & dans l’autre les armes de la ville, le nom au-deffous, le . milléfime, & la note de la valeur. On lit au-deflus ces deux mots exrremum fubfidium , derniere reflour- ce , infcription quisrevient aflez au nom que l’on donne én Allemagne à ces fortes de monnoies ; on les appelle ordinairement pieces de néceffiré; celles qui furent frappées à Maftricht , en 1579, ne font pas moins curieufés ; maïs celles qu’on a frappées de- puis en pareilles conjectures , ne contiennent rien de plus particulier, ou de plus intéreffant. On demande fi ces fortes de monnoïes | pour avoir un cours lépitime , doivent être marquées de la tête ou des armes du prince de qui dépend la ville, fi l’une ou l’autre de ces marques peut être remplacée par les feules armes de la ville , ou par celle du gou- verneur qui la défend ; enfin s’il eft permis à ce gou- verneur ou commandant de fe faire reprétenter lu: même fur ces fortes de monnotes. Je réfous toutes ces queftions en remarquant que ce n’eft qu'impro- prement qu’on appelle les pieces obfidionales mon- noies ; elles en tiennent lieu, à la vérité, pendant quelque tems; mais au fond , on ne doit les regar- der que comme des efpeces de méreaux , de gages publics de la foi des obligations contraëtées par le gouverneur, ou par les magiftrats dans des tems auffi cruels que ceux d’un fiege. Il paroït donc fort indifférent de quelle maniere elles foient marquées, pourvü qu’elles procurent les avantages que l’on en efpere. Il ne s’agit que de prendre le parti le plus propre à produire cet effet , Jalus urbis ; Juprema lex eflo. ; Aurefte , il ne faut pas confondre ce qu’on ap- pelle monnotes obfidionales , avec les médailles frap- pées à l’occafion d’un fiege , & de fes divers évé- nemens , Ou de la prife d’une ville ; ce font des cho- fes toutes différentes. (D.J.) MONNOIE DES GRECS, ( Monnoies ancien. ) les Grecs comptoient par drachmes , par mines, & par talens. Mais , felon les différens états de la Grece, la valeur de la drachme étoit différente , & par con- {équent celle de la mine , & du talent à propertion. Cependant la »oznoie d’Athènes , étant celle qui avoit le plus de cours, fervoit, pour ainfi dire, de mefure ou d’étalon à toutes les autres. De-là vient que quand un hiftorien grec parle de talens , de mi- ‘nes, ou de drachmes fans défignation , 1l faut tou- jours fuppofer qu’il s’agit de la ronnote d'Athènes , & que s'il en entendoit d'autre , il nommeroit le PEYS: Voici cependant la proportion des drachmes d’A- thenes à celle des autres contrées. La mine de Sy- rie contenoit 25 drachmes d'Athènes ; la mine pto- lémaique 33+; ceile d’Antioche & d’Euboë :00 ; celle de Babylone 116; celle de Tyr 1335 celle d'Egine & de Rhodes 166 <. | Le talent de Syrie contenoit 15 mines d'Athènes, le ptolémaique 120, celui d’Anthioche 60 , celui d'Euboë 60 pareillement, celui de Babylone 70, cel de Tyr 80, celui d'Egine & de Rhodes 100. M. Breiewood en fuivant les poids des Orfe- vres, ne fait valoir la drachme atrique que la drach- me de fon poids d'aujourd'hui, qui fait la huitieme partie d’une once ; de cette maniere 1l en rabaïfle 1a valeur à fept fols & demi wo7ote d'Angleterre : mais le doëléur Bernard, qui a examiné la çhofe - Tom X, : | MON 649 avec plus d'exa@itude, donne à la drachme attique moyenne , la valeur de huit fols & un quatt 107- noie d'Angleterre, & aux mines &t aux talents à proportion, La table fuivante mettra fous les yeux le calcul de ces deux favans, Monnoies d'Athènes , felon Brerewood, LR sh fa LA EAN, MN M nt L 5 7+ Cent drachmes faifoient la mine . , 3, .% 6 Soixante mines faifoient le talent . . 187 10 Le talent d’or fur le pié de 16 d’argent, 3000 Monnoies d'Athènes, felon Bernard. Eatdtachme en CR ANT, Cent drachmes faifoient la mine , . . 3 Soixante mines faifoient le talent . « 206 Le talent d’or à raifon de 16 d'argent , 3300 (2.3) | hd Monnoïes pes ROMAINS , (Æf£. rom.) La paits vteté des premiers Romains ne leur permit pas dé faire battr@de la zonnoie ; ils furent deux fiecles LE 8 8 9 fans en fabriquer , fe fervant de cuivre en mafle qu’on donnoit au poids : Numa pour une plus gran- de commodité, fit tailler groffierement des mor- ceaux de cuivre du poids de douze onces, fans au- cune marque. On les nommoit, à caufe de cette forme brute , as rudis : c’étoit là toute la z0onn0ie romaine. Long-tems après Servius Tullius en chan gea la forme grofliere en piéces rondes du même poids & de fa même valeur , avec l’empreinte de la figure d’un bœuf ; on nommoit ces piéces as li bralis , 6 Libella, à caufe qu’elles pefoient fembla- blement une livre; enfuite on les fubdivifa en plu= fieurs petites pieces, auxquelles on joignit des let- tres, pour marquer leur poids & leur valeur, pro- portionellement à ce que chaque piece pefoit. La plus forte étoit le décuffis , qui valoit & pefoit dix -as , ce qui la fit nommer denier ; & pour marque de fa valeur, il y avoit deflus un X. Le guadruffis va= loit quatre de ces petites pieces; le sricuffis trois 3 le mans deux & demi : il valut toujours chez les Romains le quart d’un denier, malgré les change- mens qui atriverent dans leurs wonnoies , & pour défigner fa valeur, il étoit marqué de deux grands I, avec une barre au milieu, fuivi d’un S , en cette maniere H-S. Le dupondius valoit deux as, ce que les deux points qui étoient deffus fignifioient. L’es fe fubdivifoit en petites parties , dont voiciles noms; le duns pefoit onze onces , le dextans @ix, le do- drans neuf, le bes huit, le féptunx fept, le /emiffis, qui étoit le demi-as , en pefoit fix , le gzintunx cinq, le riens qui étoit la troifieme partie de l'as, pefoit quatre onces , le quadrans où quatrieme partie trois, le Jexrans ou fixieme partie deux ; enfin #zcia, étoit l’once, & peloit une once. Toutes ces efpeces n’étoient que de cuivre ; & même fi peu communes dans les commencemens de la république , que l'amende décernée pour le man- que de refpeét envers les magiftrats fe payoit d’a- bord en beftiaux. Cette rareté d’efpeces fit que l’u- fage de donner du cuivre en mafle au poids dans les _paiemens fubfifta long-tems; on en avoit même confervé la formule dans les aétes, pour exprimer que l’on achetoit comptant, comme on voit dans Horace , librä mercatur € ære. Tite-Live rapporte que l’an 347 de Rome, les féñateurs s'étant impoé une taxe pour fournir aux béfoins de la république, en firent porter la valeur en lingots de cuivre dans des chariots au trélor public , qu’on appelloit æra- rium, du mot es, genmitif æris, qui figrifie du cgi- yre, parce qu'il n’y avoit point à Rome d'or ni dar: ent. Ce fut l'an 485 de la fondation de cette ville que or à NNan 650 MON les Romains commencerent de fabriquer des #107- noies d'argent , auxquelles ils impoferent des noms &c valeurs relatives aux efpeces de cuivre : le de- nier d'argent valoit dix as, ou dix livres de cuivre, le demi-denier d’argent ou quinaire cinq, le fefterce d'argent deux & demi, ou le quart du denier. Ces. premiers demiers d'argent furent d’abord du poids d’une once , & leur empreinte étoit une tête de femme , coëffée d’un cafque , auquel étoit attachée une aile de chaque côté ; cette tête repréfentoit la ville de Rome : ou bien c’étoit une viétoire menant un char attelé de deux ou quatre chevaux de front, ce qui faifoit appeller cés pieces biguti ou quadriga- ii ; & fur le revers étoit la figure de Caftor & Pol- lux. Pour lors la proportion de l’argent au cuivre étoit chez les Romains , comme 1 à 960: car le de- nier romain valant dix as, ou dix livres de cuivre, il valoit 120 oncés de cuivre ; & le même denier valant un huitieme d’once d'argent, felon Budée, cela faifoit la proportion que nous venons de dire. À peine les Romains eurent affez d'argent pour en faire de la monnoïe , que s’alluma la premiere guerre punique, qui dura 24 ans, & qui commença l’an 489 de Rome. Alors les befoins de la république fe trouverent fi grands,. qu'on fut obligé de réduire Vas libralis pefant douze onces, au poids de deux, & toutes les autres zoznoies à proportion,quoiqu’on leur confervât leur même valeur. Les befoins de l'état Payant doublé dans la feconde guerre puni- que qui commença l’an 536 de Rome, & qui dura 17 ans , l’as fut réduit à une once , & toutes les autres monnoies proportionnellement. La plüpart de ces as du poids d’une once avoient pour émpreinte la tête du double Janus d’un côté, & la proue d’un vaif- feau de l’autre. Cette réduttion ou ce retranchement que deman- doient les befoins de l’état , répond à ce que nous appellons aujourd'hui augmentation des monnoies ; ôter d’un écu de fix livres la moitié de l’argent pour en faire deux, ou le faire valoir douze livres, c’eft précifément la même chofe. | Il ne nous refte point de monument de la maniere dont les Romains firent leur opération dans la pre- miere guerre punique : mais ce qu'ils firent dans la feconde, nous marque une fagefle admirable. La république ne fe trouvoit point en état d’acquitter fes dettes : las pefoit deux onces de cuivre, & le denier valant dix as, valoit vingt onces de cuivre. La république fit des as d’une once de cuivre ; elle gagna la moitié fur fes créanciers ; elle paya un de- mer avec ces dix onces de cuivre, Cette opération donna une grande fecouffe à l’état, 1l falloit la don- ner la moindre quil étoit poffble ; elle contenoit une injuftice , 1l falloit qu’elle füt la moindre qu’il étoit pofhble ; elle avoit pour objet la libération de de la république envers fes citoyens , il ne falloit donc pas qu’elle eût celui de la libération des ci- toyens entr'eux : cela fit faire une feconde opéra- tion ; & l’on ordonna que le denier, qui n’avoit été jufques-là que de dix as , en contiendroit feize. Il réfulta dercette double opération que, pendant que les créanciers de la république perdoient la moitié, ceux des particuliers ne perdoïent qu’un cinquie- me : les marchandifes n'augmentolent que d’un cin- quieme ; le changement réel dans la #onnoie n’étoit que d’un cinquieme ; on voit les autres conféquen- ces. En un mot les Romains fe conduifirent mieux que nous , qui, dans nos opérations, avons enve- loppé & les forrunes publiques, &les fortunes par- ticulieres. - Cependant les fuecès des Romains fur la fin de la feconde guerre punique, les ayant laiflé maîtres dela Sicile , 8 leur ayant procuré la connoïffance de l'Efpagne,la mafle de l'argent vint à augmenter à M ON Rome ; on fit l'opération qui réduifit le denier d’ar- gent de vingt onces à feize , &c elle ent cet effet, qu’elle remit en proportion largent & le cuivre, cette proportion étoit comme 1 à 160 , elle devint comme r eft à 128, Dans le même tems, c’eft-à-dire l’an de Rome 547: fous le confulat de Claudius Nero ; & de Li- vius Salinator , on commença pour la premiere fois de fabriquer des efpeces d’or, qu’on nommoïit #4m- mus aureus, dont la taille étoit de 40 à la livre de douze onces,de forte qu'il pefoit près de deux drag- mes & demie; car il y avoit trois dragmes à l’on- ce. Le zummus aureus après s'être maintenu aflez long-tems à la taille de 40 à la livre, vint à celle de 45, de 5o & de 55. Il arriva fous les empereurs de nouvelles opéra- tions encore différentes fur les #onnoies. Dans cel- les qu’on fit du tems de la république, on procéda par voie de retranchement : l’état confioit au peu- ple fes befoins , &ine prétendoit pas le féduire. Sous les empereurs, on procéda par voie d’älliage : les princes réduits au défefpoir par leurs libéralités mê- me , fe virent obligés d’altérer les mornoies ; voie indireéte qui diminuoït le mal, 8 fembloit ne le pas toucher : on retiroit une partie du don, & on cachoit la main; & fans parler de diminution de la paye ou des largeffes , elles fe trouvoient dimi- nuées, On remarque que fous Tibere, & même. avant fon regne, l'argent étoit aufli commun en Ita- lie, qu'il pourroit l’être aujourd’hui en quelque par- tie de l’Europe que ce foit ; mais comme bientôt après le luxe reporta dans les pays étrangers l’ar- gent qui regorgeoit à Rome ,'ce tranfport en dimi- nua l’abondance chez les Romains, & fut une nou- velle caufe de l’affoibliffement des monnoies par les empereuts, Didius Julien commença cet affoiblifle- ment. La zronnoie de Caracalla avoit plus de la moitié d’alliage , celle d'Alexandre Sévere les deux tiers : l’'affoiblifflement continua , & fous Galien, on ne voyoit plus que du cuivre argenté. Le prince qui de nos jours feroit dans les monnoies des opérations fi violentes , fe tromperoit lui-mê- me, & ne tromperoit perfonne. Le change a ap= pris au banquier à comparer toutes les monnoies du monde , & à les mettre à leur jufte valeur; le titre des monnoies ne peut plus être un fecret. Siun prin- ce commence le billon , tout le monde continue, & le fait pour lui : les efpeces fortes fortent d’a- bord, & on les lui renvoie foibles. Si, comme les empereurs romains, il affoiblifloir l’argent , fans af- foiblir Por, il verroit tout-à-coup difparoître l'or, &c 1l feroit réduit à fon mauvais argent. Le change, en un mot, a Ôté les grands coups d’autorité, du moins les fuccès des grands coups d'autorité. ; Je n’ai plus que quelques remarques à faire fur les monnoies romaines & leur évaluation. Il ne paroît pasqu’on ait mis aucune tête de con- ful ou de magiftrat fur les efpeces d’or ou d’argent avant le déclin de la république. Alorsles trois mai tres des monnoies nommés triumvirs monétaires , s’in- gérerent de mettre fur quelques-unes les têtes de telles perfonnes qu’il leur plaifoit , & qui s’étoient diftinguées dans les charges de l’état, obfervant néanmoins que cette perfonne ne fût plus vivante, de peur d’exciter la jaloufie des autres citoyens. Mais après que Jules Céiar fe fut arrogé la diétature perpétuelle, le fénat lui accorda par exclufion à toute autre ; de faire mettre l’empreinte de fa tête fur les zo7noies ; exemple que les empereurs imi- terent enfuite. Il y en eut plufeurs qui firent fabri quer des efpeces d’or & d’argent portant leur nom, comme des Philippes, des Antonins, éc. Quelques- uns firent mettre pour empreinte la tête des impéra- trices, Conftantin fit mettre fur quelques-unes la tête MON de fa mete : & après quil eut embrafté le chriftia- nifme , il ordonna qu'on marquêt d’une croix les pieces de monnoie qu'on fabriqueroit dans l'empire. Les Romains comptoient par deniers , fefterces, mines d'Italie, ou livres romaines, & talens. Qua- tre felterces faifoient le denier, qne nous évalue- rons , mornote d'Angleterre, qui neft point varia- ble, à fept fols & demi. Suivant cette évaluation 96 deniers, qui faifoient la mine d'Italie, ou la H- vre romaine ; monteront à 3 liv. fterl. & les 72 liv. romaines , qui faifoient le talent, à 216 liy. fter- lag. | Jai dit que les romains comptotent par fefterces; ils avoient le petit fefterce, Jeffercuus , & Le grand fefterce, fflertium. Le petit fefterce valoit à-peu- près 1 d. ? fterling.MMille petits fefterces faifoient le feffertium , valant 8 liv. 1 shell, $ d. 29. fterling. Mille féflertia faifoient decies {éffercium ( car le mot de censies étoit toujours fous-entendu ), ce qui re- vient à 8072 Liv. 18 sh. 4 d. fterling. Cenvies fefer- tium, Où centies H-S répondent à 80729 liv. 3. sh. A d. fterl. Millies H-S à 807291 liv. 13 sh, 4 d. fterl, Millies centies HS. à 888020 Liv. 16 sh. 8 d. flerl. La proportion de l'or à l'argent étoit d’ordinaire de 10 à 1, quelquefois de 11, & quelquefois de 12 à 1. Outre les monnoies réelles d’or & d’argent & de cuivre, je trouve que Martial fait mention d’une menue m07noie de plomb , ayant cours de fon tems; on la donnoit, dit-1l, pour rétribution à ceux qui s’engageoient d'accompagner les perfonnes qui vou- Joient paroitre dans la ville avec un cortege. Mais 1l eft vraifemblable que cette prétendue zonnoie de plomb , ne fervoit que de marque & de mereau, pour compter le nombre des gens qui étoient aux gages de tel ou tel particulier. Pour empêcher les faux-monnoyeurs de contre- faire certaines efpeces d’or &d’argent, les Romains imaginerent de les denteler tout autour comme une {cie ; & on nomma ces fortes d’efpeces zurmrni fer- #ati ; 1l y a des traduéteurs &t des commentateurs de Tacite qui fe font perfuadés, que le zurmus [er- zatus étoit une monnoie qui portoit l'empreinte d’u- me cie ; & cette erreur s’eft glifée au moins dans quelques dictionnaires. ( D. J.) MONNOIES DES HÉBREUX , DE BABYLONE 6 D'ALEXANDRIE , ( Monnoie anc. ) le célebre Pri- deaux fera mon guide fur cet article , parce que fes recherches font vraiment approfondies , 8 que fes évaluations ont été faites fur les monnoies d’Angle- serre, qui ne font pas variables comme les nôtres. La maniere la plus commune de compter chez les anciens étoit par talens , & leur talent avoit fes fub- divifions, qui étoient pour l’ordinaire des mines & des drachmes; c’eft-à.dire, que leurs talens étoient compofés d’un certain nombre de mines , &c la mine d’un certain nombre de drachmes : mais outre cette maniere de compter, les Hébreux avoient encore des ficles 8 des demi-ficles, ou des békas. : La valeur du talent des Hébreux eft connue parle paflage du xxxvuy \chap. de l’'Exode , v. 25 & 26, car on y lit que la fomme que produit la taxe d’un demi-ficle par tête payée par 603 ; so perfonnes, fait 301775 ficles ; & cette fomme réduite en talens dans ce pañlage . eft exprimée par celle de cent talens, avec un refte de 1775 ficles : il n’y a donc qu'à re- trancher ce refte de 1775 ficles du nombre entier 301775 > © en divifant les 300000 qui reftent par cent, quieft le nombre des talens que cette fomme éorme dans le calcul de Moïfe , on trouve qu’il ÿ avoit 3000 ficles au talent. On fait d’ailleurs que le ficle pefoit environ trois dchellings d'Angleterre, & ÆEzéchiel nous apprend Qu'il y en avoit 60 à la mine; d’oùil fuir qu'il y avoit $o mines au talent des Hébreux. Tome X, .M ON 657 Pour leurs drachmes , l'Evangile, félon S. Mar thieu , fait voir que le ficle en contenoit quatre ; de forte que la drachme des Juifs devoit valoir 9 fous d'Angleterre : car au chap. xvij. y. 3.4. letribut que chaque tête payoit tous les ans au temple, qu’on lait d’ailleurs qui étoit d’un demi-ficle , eft appellé du nomde ddrachme , quiveut direune piece de deux drachmes : fi donc un demi-ficle valoit deux drach- mes, Le ficle entier en valoit quatre. Jofephe dit auf que le ficle contenoit quatre drachmes d'Athènes ; ce qu'il ne faut pas entendre du poids , maïs de la valeur au prix courant : car au poids, la drachme d'Athènes la plus pefante ne faïfoit jamais plus de huit fous trois huitiemes, w0770ie d'Angleterre ; au lieu que le ficle en faifoit neuf , comme je l'ai déja remarqué. Mais ce quimanquoit au poids de la drach- me attique pour lépaler à la juive, elle Le gagnoit apparemment en finefle, & par fon cours dans le commerce : en donnant donc neuf fous d’Aneleterre d'évaluation à la drachme attique & à la juive, le béka ou le demi-ficle fait un fchellin fix fous d’An- gleterre; le ficle trois fchellins , la mine neuflivres fterling , & le talent 450 livres flerling. Voilà fur quel pié étoit la ronnoie des Juifs du tems de Moile & d’Ezéchiel, & c’étoit la même chofe du tems de Jofephe. Cet hiflorien dit que la mine des Hébreux contenoit deux titres & den, qui font juftement neuf livres fterling ; car le titre ef læ livre romaine de douze onces , ou de 93 drachmes = par conféquent deux titres & demi contenoient 24a drachmes , qui à neuf fous la piece, font juftement 60 ficles on 9 livres fterling. Le talent d'Alexandrie étoit précifément la même chofe : 1l contenoit 12 mille drachmes d’Athènes , qui fur le pié de leur valeur en Judée , faïfoient au- tant de neuf fous d'Angleterre, & par conféquent 450 livres fterling, qui font la valeur du talent mo- faique. Cependant il faut remarquer ici que quoi- que le talent d'Alexandrie valüt 12000 drachmes d'Athènes, il ne contenoit que 6000 drachmes d’A- lexandrie ; ce qui prouve que les drachmes alexan= drines en valoient deux de celles d'Athènes. De-lx vient que la verfon des Septante faite par les Juifs d'Alexandrie, rend le mot de /c/ dans cet endroit par celui de didrachme , qui fignifie deux drachmes ; enténdant par-là des didrachme d'Alexandrie. En fuivant donc ici la même méthode qu’on a fuivie pour le talent de Judée, on trouvera que la drach- me d'Alexandrie valoit 18 fous , r2ornote d’Angle. terre ; les deux drachmes ou le ficle, qui en font quatre d'Athènes, trois fchellings ; la mine, quiétoit de 6o didrachmes ou ficles, neuflivres fterline ; & le talent , qui contenoit $o mines, 450 livres fter- ing, que font auf le talent de Moïfe & celui de Jofephe. Les Babyloniens comptoient par drachmes,par mines & par talens. La mine de Babylone conte- noit 116 drachmes d’Athènés, & le talent contenoit, felon les uns , 7o mines, ou 8120 drachmes d’A- thènes , & felon les autres , il contenoit feulement 6o mines, où 7000 drachmes d'Athènes. Il réfuite d’après cette derniere évaluation , qui me paroît la plus vraiflemblable, que le talent d’argent de Baby- lone fait, monnoie d'Angleterre, 218 livres fterling, 15 fchellhings ; le talent d’or, à raifon de 16 d’ar- gent, 3500 livres fferling ; mais, felon le doéteur Bernard , quien a fait l’évaluation la plus jufte, le talent d’argent de Babylone revient à 240 livres fter- Eng 12 fchellings 6 f. & le talent d’or, à raifon de 16 d’argent , revient à 3850 livres fterling. Tout ce que nous venons de dire ne regarde que l’argent. La proportion de l'or avec ce métal chez les anciens , étoit d'ordinaire de 10 à 1 , quelque- fois de 1Qà 11, à 12, & mémejuiqu'à 13. Dutems ; | NNnni 652 MON d'Edouard I, elle étoit en Angleterre, comme chez fes anciens, de 10 à 1 ; mais aujourd'hui elle eft montée à 16, & c’eft fur ce pié-là qu’on a fait les calculs précédens ; mais ils paroïront encore plus clairs parles tables de ces évaluations que nous al- lons joindre ici. Monnoie des Hébreux , felon Brerewood. I, ff Je. f. LA drame AIO ENT MR EE Deux drachmes faifoient le béka, ou le demi-ficle ; qui étoit la fomme que chaquejuifpayoitautemple, . © + + 6 Deux békas faifoient le ficle, . .« + «+ 3 Soixante ficles faifoient la mine, ,. 9 . . Cinquante mines faifoient letalent, 450 . . Le talent d’or , fur le pié de feize d'arc tbe. RTE ES CINE Monnoies d'Alexandrie. LES SP? La drachme d'Alexandrie valant deux drachmes d'Athènes , fur le iéoùcettedrachmeétoitenJudée, :: . 1 6: Ledidrachme,oules deux drach- mes , quifailoient le ficlehébren, , . . 3 . Les 60 didrachmes , qui fafoient | FAUNE TR EN UNSS MN PATRON Les 50 mines qui faifotent le ta- Léna p LC Es CAS: Letalentd’or,àraifonde 16 d’ar- SEDCS NN PE LE MEET ET TORRES Ceux qui defireront de plus grands détails, peu- vent confulter lelivre de l’évêque Cumberland , des eh AO M mefures , des poids & de la wonnoie des Juifs; Bre-, rewood , de ponderibus & prœrus veterum nummorum ; Bernard, de menfuris & ponderibus antiquis , & autres favans anglois qui ont traité le même fujet. ( D. J. ) MONNOIE RÉELLE & MONNOIE IMAGINAIRE , ( Monnoies, ) fur le pié qu’eft préfentement la mon. noie, on la divife en monnoïe réelle ou effeétive, & - en z20nn0ie imaginaire ou de compte. On nomme monnoie réelle ou effeétive, toutes les efpeces d’or , d’argent, de billon, de cuivre, & d’au- tres matieres qui ont cours dans Le commerce , & qui exiftent réellement ; tels que font les louis, les gui- nées, les écus, les richedales , les piaftres, les fe- quins, les ducats, les roupies , les abaffs ; les la- fins, @c, La monnoie imaginaire ou de compte , eft celle qui n’a jamais exiflé , ou du moins qui n exifte plus en efpe- ces réelles, mais qui a été inventée ou retenue pour faciliter les comptes, en les dreffant toujours fur un pié fixe & non variable , comme les #onnoies qui ont cours, que l’autorité du fouverain peut augmen- ter ou diminuer à fa volonté. Il y a cependant encore quelques endroits où des monnoies courantes fervent aufli de monnoies de compte. Mais nous ferons un article particulier des De monnoies de compte de l’Europe & de ’Afe. Voyez MONNOIE de compte des modernes ; c’eft aflez de direici,que la monnoie de compte eft compofée de certains nombres d’efpeces qui peuvent changer dans leur fubftance , mais qui font toujours les mê- mes dans leur qualité ; par exemple , cinquante li- vres iont compofées de cinquante pieces appellées divres , qui ne {ont pas réelles, mais qui peuvent être payées en diverfes efpeces réelles , lefquelles peu- vent changer , comme en louis d’or ou d’argent, qui en France augmentent ou diminuent fouvent de piix. L'on peut confidérer plufeurs qualités dans les monnoies réelles ; les unes qui font comme eflentielles & intrinfeques aux elpeces : favoir , la matiere & la forme ; & les autres feulement arbitraires , & en quelque forte accidentelles ; mais quine laiflent pas d’être féparables, comme le volume, la figure , le nom , le grenetis , la légende, le nulléfime, Le diffé MON rent, le point fecret & le lien de fabrication. On va parler en peu de mots des unes & des autres. La qualité la plus effentielle de la monmnie eft la matiere. En Europe on n'y emploie que l'or, l'argent & le cuivre. De ces trois métaux il n’y a plus quele cuivre qu'on y emploie pur ; les autres s’allient en= fémble ; or avec l'argent & le cuivre , & l'argent feulement avec le cuivre: c'eft de Palliage de ces deux derniers que fe compofe ceite matiere où ce métal qu’on appelle billon, Foyez MONNOTE DE BiLs LON. Les degrés de bonté de l'or & de l'argent mon< noyés ; s'eftiment & s'expriment différemment. Pour l'or, on fe fert du terme de kurars, & pour l'argent de celui de deniers, Voyez KaARAT & D'EKIFR. Plufieurs raïfons femblent Voir engagé à ne pas travailler les sonnoies fur le fin, & à ie fervir d'a/a lage ; entr'autres le mélange naturel des métaux là dépenfe qu'il faudroit faire pour les affiner, la nécelhité de les rendre plus durs , pour empêcher que le fret ne les diminue, & la rareté de l’or & de l’ar- gent dans de certains pays. L'autre chofe effentielle à la monnoie , après la ma- tiere ; eft ce que les Monnoyeurs appellent la forme, qui confifte au poids de l’efpece , en la taille, at remede de poids, en l'imprefñion qu’elle porte, & en la valeur quon lui donne. Parle poids , on entend la pefanteur que le fou- verain a fixée pour chaque efpece ; ce quifert, en les comparant , à reconnoiître celles qui font alté- rées ; ou même les bonnes d’avec celles qui font faufles, ou fourrées. La saille eft la quantité des efpeces que le prince ordonne qui foient faites d’un marc d’or, d'argent ow de cuivre. Le remsde de poids eft la permiffion qui eft accor- dée aux maîtres des moznoies , de pouvoir tenir le marc d’efpeces plus foible d’une certaine quantité de grains que le poidsjufte, ce qui s’appeile foiblage. L'impreffion, qu'on nomme auffi image , eft l’em- prete que reçoit chaque morceau de métal ; la marque qui lui donne cours dans le public, quile fait devenir denier de z7o770yage, en un mot qui le fait piece de »mo7note ; marque fans laquelle il n’eft qu'un fimple morceau d’or, d’argent ou de cuivre , | qui peut bien être employé à divers ouvrages, où vendu pour une autre marchandife, mais non pas être reçu fur le pié de ceux qui portent cette im- preflion ordonnée par le fouverain. Enfin la valeur de la monnoie, c’eft le pié fur le- quel les efpeces font reçues dans le commerce , pié différent de leur prix intrinfeque ; à caufe qu’outre la valeur de la matiere, les droits du prince qu’on appelle Jérgneuriage , & les frais de l4 fabrication, qu'on nomme éraf/age , y doivent être ajoutés. lPégard des qualités moins effentielles , le vo4- me de la monnoïe n’eft autre chofe que la grandeur & l’épaiffeur de chaque piece. La figure, c’eft cette for- me extérieure qu'elle a à la vue ; ronde en France ; irréguliere & à plufieurs angles en Efpagne ; quarrée en quelques heux des Indes ; prefque fphérique dans d’autres , ou de la forme d’une petite navette en plufeurs, 1 Le zomluivient, tantôt de ce que repréfentel’em. preinte, comme les moutons & les angelots ; tantôt du nom du prince, comme les Louis, les Philippes, les Henris ; quelquefois de leur valeur , comme les quarts d’écus & les pieces de douze fous ; & d’au- tres fois du lieu où les efpeces font frappées, com- me autrefois les parifis & les tournois. | Le grenes eft un petit cordon fait en forme de grain, qui regne tout-au-tour de la piece, & qui en- ferme les légendes des deux côtés. Outre l’ornement que les pieces en reçoivent , il rend plus difficile » l’altération-dès monnoies, qui fe fait par la rogtiute. On a depuis ajouté les légendes , ou les cordonnets fur la tranche ; qui achève de rendre cette forte d’altération impoñhble. La Zgende eft l’infcriprion qui eft gravée d’un côté autour de l'effigie, & de l’autre autour de l’écuflon , ou qui quelquefois remplit toutun des côtés d’une piece de monnoi. On vient de dire qu'il y a unetroi- fieme légende qui fe met fur la tranche. La légende dé l’éfigie contient le nom & les qualités du prince qui y eft repréfenté ; les autres font fouvent com: polées de quelque pañlage de l’Ecriture-fainte, ou de quelques mots , comme ceux des devifes , ou mê: me du prix de la piece, On ne parle que de ce qui fe pratique préfentement en Europe. À Le milléfime marque l’année que chaque piece à été frappée. Depuis l'ordonnance de Henri IT, de 1549, elle fe met dans ce royaume en chiffres ara- bes du côté de l’écuflon : auparavant on ne connoif. {oit guere le tems du monnoyage que par lenom du prince ; ou par celui des monétaires. Le différent eft une petite marque que les tailleurs patticuhers &c [ès maitres des monnoies choififlent à leur fantaifie ; comme un foleil june rofe, une étoile, un Croiflant , 6’. Elle ne fe peut changer que par l'ordre de la cour des monnoies ou des jnges-sardes, Elle fe change néceflairement à la mort des tailleurs &t des maîtres , ou quand il y a de nouveaux juges- gardes ou eflayeurs. . Le poins fecret étoit autrefois un point qui n’étoit connu que des officiers de chaque monnote. Il fe met- toit fous quelque lettre des légendes , pour indiquer le heu des fabriques. Le point fecret de Paris fe pla- çoiït fur le dernier e de benediéfus , & celui de Rouen, fous le & du même mot, Ce point n’eft plus d’ufage ; on fe contente préfentement de la lettre de l’alpha- bet romain que les ordonnances de nos rois ont at- tribuée à chaque viile de ce royaume où il fe fabri- que des #onno1es, Enfin , les z2ornoies réelles peuvent être faufles, altérées , fourrécs., foibles. - La fauffe monnore eft celle qui n’eft pas fabiiquée avec les métaux ordonnés par le fouverain ; comme feroient des louis d’or de cuivre doré, des louis d’ar- gent d’étain couverts de quelques feuilles de fin. La ronnote altérée eft celle qui n’eft pas faite au - titre, & du poids porté par les ordonnances, ou qui. ayant été fabriquée de bonne qualité, a été diminuée de fon poids, en la rognant, en la limant fur la tran- che, où en enlevant quelque partie de la fuperficie avec de l’eaurépale fi c’eft de l'or, ou avec de Peau- forte fi c’eft de l'argent. La monnote fourrée eft celle qui tient, pour aïinfi dire , le milieu entre la fauffle monnoie & \a monnoie altérée, Elle eft faite d’un morceau de fer, de cuivre, où de quelqu’autre métal que le faux-monnoyeur couvre des deux côtes de lames d’or ou d’argent, fuivant l’efpece qu'il veut contrefaire , & qu’il foude proprement & avec juftefle au-tour de la tranche, Le faux-flaon fe frappe comme les véritables, & peut même recevoir la légende & le cordonnet de la tranche. On ne peut découvrir la faufleté de ces fortes de pieces que par le poids, ou par le volume, qui eft toujours plus épais ou plus étendu que dans les bonnes efpeces. La monnore foible eft celle où il y à beaucoup d’al- hage ; & la mornoie forte, celle ouil y en a le moins. Onappelloit autrefois mornoie blanche, celle d’ar- gent , & monnote notre, celle de billon. M. Boizard vous expliquera tous les autres termes qui ontrap- port aux monnoies : conlultez-le. Quant au monnoyage, au marteau &t au moulin, voyez-en l’article, Plufieurs favans ont traité des monnoies réelles 8c MON 65 fiéives , tant de celles des anciens, que de celles des modernes: par exemple , Freherns Agricola , Span- heim, Sueldius ; Selden , 6:c. en France, Budé, Dumoulin, Sarot, Ducange, Bouteroye, le Blanc, Boizard, Dupré-de-faint-Maur ; en Angleterre, Bre- rewood , Bernard, Locke, Arbuthnot , & autres, (D.J.) MONNOIE BRACTÉATE, ( Monnoies.) Les anti- quairesdéfignent fous le nom de braëéares une efpece de monnoïe du moyen âge, dont la fabrique offré des fingularités remarquables à certains égards, malyré . la légéreté du poids & les défauts du travail. Ce font des pieces , ou plutôt de fimples feuilles de métal, chargées d’une empreinte groflere ; la plûpart font d'argent, prefque toutes frappées en creux ,& par conféquent fur un feul côté: plufieurs ne paroiflent l’avoir été que fur des coins de bois. L'origine n’en remonte point au-delà des fiecles bar- bares : communes en Suede , en Danemark & dans les diverfes provinces de l’Allémagne , où l’ufage s'en eft perpétué fong-tems , elles font très-peu con- nues dans les autres pays de l’Europe, Par-tout où ces mozrotes eurent couts, on doit les y regarder comme uñéproduétion de l’art ou naiflant ou dégénéré : ce font des ébauches qui fuf- firoient feules à cara@érifer lé mauvais goût & l'i- gnorance des tems écoulés entre la chûte & la re- ” naiffance des Lettres. Mais il n’eft point d’objet in- différent pour la vanité des hommes. L'origine des monnotes braëléates fe trouve reyendiquée par tous les peuples qui s’en font fervis, fans doute comme le monument d’une antiquité refpettable , dont ils croient tirer quelqu'avantage fur leurs rivaux & leurs voifins, Cette diverfité de fentimens a fait de | l'époque de ces ronnoies un problème dont la folu- tion demande-un examen épineux. En 1751 le hafard fitnatire à M. Schoepflin l’idée d'approfondir la queftion , 8& de communiquer à l'académie de Paris fes recherches & fes vües fur cette matiere, dont nous allons faire ufage. On découvrit en 1736 un dépôt demonnoies brac- téates dans le monaftere de Guengenbach , abbaye du diocèfe de Strasbourg , au-delà duRhin , par rap- port à nous, & l’une des plus anciennes de l’ordre de faint Benoît. On y trouva deux petites urnes gri- {es de terre cuite, pofées l’une après de l’autre , dans un mur qui paroît avoir fait partie d’un tom- beau. De ces vafes , l’un ne contenoit que des char- bons , l’autre renfermoit plufieurs monnoies braëtéa tes : chaque vafe avoit pour couvercle un morceau de brique. Ces fortes de monnoies {ont aflez rares : elles avoient trop peu de folidité pour être durables. Tou- tes celles qui n’ont pas été renfermées dans des va- fes fe font détruites , parce qu’elles n’étoient point en état de fe préferver par elles-mêmes d’un déchet prompt dans la matiere, & d’une altération plus prompte encore dans la forme. Quoique plus com- munément répandues en Allemagne qu'ailleurs, ce n'eft pourtant point en Allemagne que l’ufage s’en eft d’abord établir. Ce feroit même par une interprétation forcée dé . Quelques termes obfcurs ; qu’on leur affigneroit, avec Tilemann Frife , une origine antérieure à l’eré chrétienne, D’autres écrivains la placent cette ori- _gine au vif. fiecle depuis Jefus-Chrift ; leur opinion eft plus vraiffemblable , mais fans être mieux fon- dée. Les lois des Saliens , des Ripuaires , des Vifi- goths , des Bavarois & des Lombards , lois dépof. taires de leurs ufages , fourniflent par leur filence une preuve fans réplique que ces peuples n’ont point connu les braëlates ; dont la forme n’a nul rapport avec celle des fols & des deniers mentionnés dans ces lois , ain que dans les capitulaires, Elle n’en a 64 MON pas daVantape avec la forme de ces pieces, dont Juftinien parle dans fa novelle 105, foustle nom de -caueir , auquel les auteurs dé la baffle latinité paroïf- fent attacher la même idée qu’au mot {yphar. Cette monnoie grecque n’étoit pas toujours mince ; êc lors même.qu'ellelétoitle plus, elleine le-fat jamais au- tant que les éradféates. | | Le fentiment le plus commun attribuel’origine de ces dernieres aux Allemands , & la fixe an tems des empereurs Othons, ce qui donneroit le x. fiecle pour époque aux bracléates. Plufieurs induétions tirées de faits inconteftables , femblent d’abord favorifer ce fyflème , adopté par Olearius , par Ludwig, par Doederlin , & plufeurs autres favans. Ce fut fous l'empire des Othons que les mines d’argent fe dé- couvrirent en Allemagne. Du tems de Tacite la Germanie intérieure ne connoifloit point l’argent ; fi lPufage en a pénétré depuis dans cette contrée, c’eft par les François conquérans des Gaules qu'il y futintroduit. Mais les monnoies d'argent que ceux-ci répandirent de leurs nouvelles habitations dans leurs anciennes demeures , n’étoient point des #radéutes ; elles étoient de l’efpèce qui fous les rois Carloyin- giens s’appelloit monnoiïe palètine, monera palatina, parce que ces princes la faifoient fabriquer dans leur palais même. Leurs monétaires les fuivoient par-tout ; als alloient avec la cour d'une réfidence à l’autre, tantôt en-decà , tantôt en-delà du Rhin , & par-tout ils frappoient au coin du monarque des. pieces dont le poids & la folidité fufifent pour nous empêcher de les confondre avec les bracféares, plus minces fans comparaïfon. Ce n’eft donc qu'après l’extinétion de la race Carlovingienne que PAllema- gne a fait ufage de cette #onnoie légere ; c’eft donc aux regnes des Othons qu'il faut en placer l’origine : ainfi raïfonnent Oléarius & {es partifans. Cette conféquence feroit bonne f les Éraéléates avoient.en effet pris naïflance en Allemagne ; mais fi elles font venues d’ailleurs , elles peuvent avoir été plus anciennes que le x. fiecle, & c’eft ce que penfe M. Schoepflin , qui ne donne cependant fon opinion que pour une conjeéture , mais qui fonde cette conjecture fur des monumens. Les cabinets de Suede &c de Danemark lui ont préfenté des ratféares d’un tems plus reculé qué celles d'Allemagne ; il en conclud que l’ufage en a com- mencé dans le Danemark & dans la Suede. Selon lui , c’eft la Suede qui la premiere a fabriqué ces {ortes de ronnoies, Elias Brenner, fameux antiquaire fuédois, a produit une brailéate du roi Biorno [. con- temporain de Charlemagne, avec le nom de ce prince pour légende. Brenner rapporte que de fon tems on découvrit à Stockholm des deniers de Charlemagne, avec lefquels ces monnoies de Biorno paroïfflentavoir quelque trait de reflemblance. M. Schoepilin en con- clud que ces deniers ont fervi de modele aux Éraéféa- es fuëédoifes pour l'empreinte, non poutl’épaifleur, car la rareté de l’argent dans tout le Nord y fit ré- duire les fols à une feuille très-mince. De la Suede, lufage des braüféates fe tranfmit en Daver:ark, & par la fuite aux provinces de l’empire Germanique. Nous avons déja remarqué que les braëléares {ont plus communes en Allemagne qu'ailleurs : la raïfon en eft fimple; c’eft une fuite de la conftitution même de l’état Germanique , compofé d’un nombre infini de fouverains ; & de plufeurs cités libres qui fous diférens titres ont jou du droit de battre moznoie, prodigué par les fucceffeurs de Charlemagne , avec tant d’autres droits régaliens. C’eft au x. fiecle que l’ufage des Praëféares eft de- venu commun dans la Germanie, du-moins l’époque de celles qu’on a découvertes ne remonte point au- delà ;.n1 Le cabinet du duc de Saxe-Gotha, ni celui de l’abbaye de Gottian en bafle Autriche, les deux plus riches dans ce genre que connoïffe M. Schoep- fän , n’offrent point de Ereé£ares plus anciennes, Les mines d'argent découvertes alors en baffe Saxe, n'empêcherent point cette #onnote foible de s'introdiure dans le pays & de s’y perpétuer. D’au tres provinces d'Allemagne ont aufi leurs mines d'argent » trouvées peu après celles de la baffe Saxe: l’Alface a les fiennes ; cependant ces provinces & l’Alface ont fabriqué long-tems des #raéféares, Straf- bourg a continué jufqu’au xvj. fiecle ,& la ville de Bâle perfévere encore aujourd’hui dans cet ufage, qui attefte peut-être moins l’indigence des fiecles barbares , quela méfiance des anciens Allemands , en garde alors , comme au tems de Tacite, contre les zzonnoies fourrées. Tilémann Frife & Doëderlin prétendent que les premieres braëléates {ont les plus fines, & qu’infenf- blement le titre s’en eft altéré de plus en plus, Cela fe peut ; cependant les #raëlézres trouvées par M. Schoepflin font prefque toutes de différent titre, quoique toutes paroïflent du même âge, Ce font les Italiens qui porterenten Allemagne l’art des alliages ; par la fuite le cuivre a tellement prévalu dans quel-’ ques pieces de cette monnoie , que les Antiquaires Ont cru trouver des braëféates de bronze, M. Schoep- flin en a và quelques-unes en or , mais elles ne font pas fort anciennes ; ilen connoît aufñ quelques-unes de bi-latérales , mais elles font fi rares, que cette exception n'empêche pas qu'on ne doive , générale- ment parlant , définir les Braüléutes des monnoies à feuilles d'argent frappées en creux fur un fenl côté. La forme en eft communément ronde , maïs fou- vent cette feuille de métal eft coupée avec tant de négligence , qu'on la prendroit pour un quarré très- irrégulier. La grandeur a beaucoup varié; on en dif- tingue jufqu’à douze modules différens , dont le plus grand excede la circonférence des contorniates des empereurs , ét le plus petit eft égal au petit bronze du bas-empire. Ni ces divers modules, ni ces divers allois ne font fpécialement affeltés à certains états dé l’empire plütôt qu’à d’autres. Les empereurs , les princes eccléfiaftiques & féculiers, les villes impé-= riales, en ont frappé de grandes & de petites indiffé- remment. Les premieres n’ayant point une épaifleur proportionnée à leur diametre, étoient encore moins propres que les fecondes au commerce ; auffi pour- roit-ton croire que c’étoit des médailles plûtôr que des monnotes, À dire vrai, niles unes ni les autres ne pouvoient long-tems fe conferver, ni par conféquent être d’un grand ufage. Mais nous favons qu’alors les fommes un peu confidérables fe payoient en argent non monnoyé , par marcs & par livres. De ce que tous les fouverains d'Allemagne , em- pereurs , rois , ducs, évêques, abbés, margraves, landgraves , comtes, villes libres ont à l’envi fait frapper des ératleares , il en réfute, fans que nous ayons befoin d’infifter fur cette conféquence , que les types en font extrémement variés. On y trouve des figures d'hommes, d'animaux, des fymboles , des armoiries, des édifices , des marques de dignité de toute efpece ; mais les plus communes , felon M. Schoepflin , font les braëféares eccléfiaftiques. Voye l’hifloire de l'académie des Infcriprions , tome XX XIII. in-4°. (D, J.) MONNOIES DE COMPTE DES MODERNES; ( Commerce.) Parcourons rapidement les monnoies de compte de l’Europe & de l’Afie : l'Amérique n’en a point de particulieres , car les nations européennes qui y ont des établiflemens , y ont porté les leurs, & ne fe fervent que de la mamiere de compter ufitée He les états des princes d’où font forties leurs co- ones. À l'égard de l'Afrique, les villes de Barbarie & M O N éelles de l'Egypte où les Européens font commerce, ne comptent guere autrement que dans le Levanr & dans les états du grand-feigneur ; pour le refte de cette grande étendue de côtes où fe fait la traite des negres & le négoce du morfil, de la poudre d’or, de [a cire , des cuirs , & de quelques autres mar- chandifes , leurs miférables habitans ne connoiflent point ce que c’eft que ornoie de compte, ou s'ils en ont préfentement , ce font celles que les étrangers qui fe font établis parmi eux y ont portées, Nous dirons néanmoins un mot à la fin decet article, de la macoute & de la piece, manieres de compter de quelques-uns de ces barbares , qui peuvent en quel- ‘que forte pañler pour monnaie de compte. En France, Pancienne zonnoie de compte étoit le parifis , le tournois , & l’écu d’or au foleil ; aujour- d’hui Sn n’y compte plus qu’en livres, fols & deniers tournois : la livre vaut 20 fols, & le fol r2 deniers. . En Angleterre, la monnote de compte eft la livre, le fchelling, & le fol fterling , he pound , shilling , and penny ierling : la livre fterling contient 20 fchel- bnes, & le fchelline r2 fols. | En Efpagne , les monnoies de compte font le pefo , le ducat d'argent & de vellon , la réale de vellon, le cornados & le maravédis d'argent & de vellon. Le pefo eft au ducat comme 12 eft à 10 ; le ducat d'argent contient 1x réales d'argent , & le ducat de vellon contient 11 réales de vellon , ce qui fait une différence de près d’une moitié. La réale d'argent couft dans fe commerce pour 7 fchellings fterline , ët celle de vellon court feulement pour 3 {chellings 8 deniers fterlines ; 34 maravedis font la réale de vellon , & 63 celle d'argent. Le maravedi fe divife en 4 cornados. | En Hollande, en Zélande , dans le Brabant & à Cologne , on fe fert pour compter de la livre , fols &z deniers de gros. La livre de gros contient 20 fols, & le fol 12 deniers ; la livre de gros répond à 10 {chellings-{terlings. L'on compte auffi dans ces mê- mes pays par florins ou guilders, patards & pennins. Le florin vaut 20 patards , & le patard 12 pennins. En Suifle , & dans plufeurs des principales villes d'Allemagne, entrautres à Francfort, on fe fert pour monnoie de compte de florins , maïs qui font fur un autre pié qu'en Hollande, de creutzers & de pen- nins. Le florin eft égal à trois fchellings flerlings ; il fe divife en 60 creutzers, & le creutzer en £ pen-: nins. Dans d’autres villes d'Allemagne , comme À Nuremberg, on compte par richedallers, par florins &t par creutzers ; la richedaller vaut 4 {chellings 8 deniers fterlings : elle fe divife en 100 creutzers , & le creutzer en 8 pennins. Dans d’autres villes , com me à Hambourg , Berlin, &c. on compte par riche- dallers , marcs, lbs, fols lubs & deniers Iubs. La richedaller vant 4 fchellings 6 deniers fterlings ; elle fe divife en; marcs le marc en 3 fols lubs , & le fol en 12 deniers lubs. On compte auñfi à Hambourg en livres , fols & deniers de gros. Je n’entrerai point dans le détail des autres monnoies de compte de ces pays-là. En Italie, les monmoies de compre font prefqu’auffi différentes qu’il y a de ville de commerce. À Rome on compte par écu, livre, fols & deniers d’or , di Jlampa. À Venife on compte par ducats & gros de banque , ou , comme ils difent, 4 #anco. Le ducat fe divife en 24 gros, & chaque gros vaut 2 fols + fter- fings. On compte encore à Vénife par ducats cou- rans , livres, fols & deniers ; le ducat courant , au- trement nommé Jéguiz, vaut 9 shellings 2 deniers fterlings. Livourne 8& Gênes ont leurs piaftres , ou- ‘tre leurs livres , fols & deniers : leur piaftre eft équi- walente à 4 shellings 6 deniers fferlings. À Naples "On compte par ducats, grains & tarins ; le tarin eft égal à 1 shelling flerling & fe divife én 20 grains, au 5 MON 655 À Meffine, à Palerme, & dans toute la Sicile ÿ On compte par livres, onces, tarins , grains & pic« colis, qu’on raffemble par 6, 10 & 30. L’once con. tient 30 tarins , le tatin 20 grains , & le grain 6 pic- cols. À Malte, on compte par livres, onces, car- lins, & grains: l’once renferme 30 tarins ou 66 cars lins, ou 6oo grains ; le carlin eft égal à 6 d. + fterl. Dans toute la Pologne, à Dantzic, anffi-bien qu’à Berlin, & dans la plûpart des états du roi de Prufe, les monnoies de compre{ontlesrichedallers » lesroups, &t les grochs. La richedaller eft égale à 4 fch. 6 d, fterl. & fe divife en 32 roups, & en 90 grochs dans a Pologne, ou en 24 grochs dans les états de Pruffe. Les monnoies de compte en Suéde , font par dalles d'argent ou de cuivre. Les dalles d’arpent valent 32 fols lups, ou 3 fch. fterl, Les Danois comptent par SE & par fols ; leur rixdaller fe divifeen 38 os. Les Mofcovites ont leurs roubles , leurs altins & leurs grifs : le rouble eft égal À 100 copecs , ou à 2 richedallers, ou à o fch. fterl. il fe divife en 10 grifs , 3 altins + font le grif ou copec ; le copec vaut 13 fols à ferl, L'empire du Turc, foit en Europe , foit en Afie $ foit en Afrique, a pour maniere de compte;ce qu’on appelle des Zourfés ; les unes d'argent qui font les plus communes, les autres d’or, dont on ne fe fert que dans le ferrail, & des demi-bourfes qu'on nom- me rigès : la bourfe d'argent eft égale à 112 liv. 10 {ch. fterl. la demie vautà proportion : la bourfe d’or contient 15 nulle féquins, & vaut 6750 liv, fterl. 5 mais de telles bourfes ne font d’ufage que pour des préfens extraordinaires, de forte que le mot Lourfe, fignifie bourfe d’argenr, On les appelle ainf, parce que tout l'argent du tréfor du {errail fe met dans, des facs ou bourfes de cuir. Les marchands dans les états du grand feigneur, comptent par dallers d'Hol- lande , qu'ils nomment autrement affani où abou- quels, par meïdeius 8e par afpres. Le thaler ou piaf= tre Vaut 35 meideius ; le meideiu vaut 3 afpres , & l’afpre eft égal à un demi fol fterl. En Perfe , la monnoie de compte eft le man », qu'on nomme plus communément som4n ou tumein , & le dinar-bifti ; le toman eft compofé de $o abafis, où de cent mamodis, de 200 chapes , ou de 16 mille dinars-bifti; de forte qu’en mettant le dinar-bifti fur le pié d’un denier, le toman revient à 3 iv. 12 fch. 6 d. fterl. On compte aufi en Perfe, par larins, particulierement à Ormns , & fur les côtes du gol= fe Perfique : le larin eft équivalent à r 1 fols flerl, . &t c'eft fur ce pié qu'il eft d'ufage parmi les Arabes, & dans une grande partie du continent des Indes orientales, | Dans la Chine, le pic, le picol & le tach, qui font des poids , fervent en même tems de monoies de compte, ce qui s'étend jufques dans le Tunquin. Le pic fe divife en 100 catis » quelques-uns difent 125 : le catis fe partage en 16 tachs, chaque tach eft égal à une once deux drachmes ; le picol con- tient 66 catis ?; le tach équivaut à 6 {ch. 8 d. ferl. Le Japon a pour monnoies de compte ; fes fchuites, fes cockiens , fes oubans & fes taëls ; 200 fchuites font égales à 500 florins d’Hollande ; le cockien vaut 10 florins des Pays-Bas ; 1000 oubans font 45 mille taels. | À Surate, à Agra, & dans le refte des états du grand mogol ; on compte par lacres ou lacs , où par lechs ; un lac de roupies fait 100 milles roue les. ï Au Malabar & à Goa, on fe fert pour monnoies de compte , de tangas, de vintins , & de pardaos= xerafins : le tanga eft de deux efpeces, favoir de bon ou de mauvais aloi ; :quatre tangas de bon aloï valent un pardaos-xerafin, au lieu qw'ilen faut À, y 656 M O N 3 de mauvais aloi; 13 barucos font un vintin , Le baruco eft + de fols fterl. | | L'ile de Java a fes fantas, fes fapacou, fes caxas, fes fardos & fes catis. Le fanta vaut 200 caxas, qui font de petites pieces du pays enfilées dans un cordon ; la valeur de chaque caxas répond à de fols fterl. 5 fantas font le fapacou. Le fardos vaut 2 fch. 8 d. fterl. ; le cati contient 20 taels ; le tael vaut 6 {ch. 8 d. fterl. Il y a plufieurs autres îles , villes &c états des Indes orientales, dont nous ne rapportons point ici les monnoies de compte, foit parce qu’elles fe rédui- fent à quelques-uns de celles dont nous avons par- lé, foit parce que les auteurs ne s’accordent point dans le récit qu'ils en font. y Il nous refte pour remplir notre promeñe , à dire un mot des ronnoies de compte d'Afrique, Du cap Verd au cap de bonne-Efpérance , tous les échanges & les évaluations des marchandifes fe font par macoutes & par pieces. À Loango de Boirée & quelqu’autres lieux de la côte d’Angola, les eftima- tions fe font par macoutes. À Mafmbo & Cabindo qui font aufi fur la même côte, les negres comp- tent par pieces. Chez les premiers, la macoute eff équivalente à 10, & dix macoutes font 100 ; chez les autres la piece vaut 1 , mais elle s’angmente par addition, jufqu’à tel nombre qu'il convient pour la traite des marchandifes d'Afrique , & leur échange contre celles d'Europe. Suppofez donc qu'ils ayent fixé leur efclave à 3500 , ce qui revient à 30ÿ ma- coutes ; pour faire ce nombre de macoutes en mar- chandifes d'Europe, chaque efpece de ces marchan- difes a fon prix auffi en macoutes. Par exemple, deux couteaux flamans fe comptent tine macoute ; un baflin de cuivre de deux livres pe- fant, vauttrois macoutes ; un fufil s’eflime 30 ma- coutes, une piece de falampouris bleu 120 macou- tes, ainfi du refte ; enfuite de quoi , les negres pren- . nent fur cette évaluation autant de ces marchandi- fes qu’il en fant pour 39; macoutes , à quoi ils ont omis leur efclave , il en eft de même de la piece : les naturels du pays évaluent leur efclave à 10 pieces ; ainf les Européens mettent, par exemple , un fufil pour valoir 1 piece, une piece de falampouris bleu pour 4 pieces , G'c. Enfin, on fait que les coquillages qu’on appelle Bouges en Afrique, cauris aux Indes, fervent de me- nue #onnoie, Le cacao pareïllement fert de menue monnoie en Amérique; le mays & les amandes de lar , en fervent en plufeurs endroits des Indes orien- tales. (Le chevalier DE JAUCOURT.) MoNKNOIES , COURS DES, font des cours fouve- raines qui connoiflent en dernier teflort & fouye- tainement, de tout ce qui concerne les monoies &c leur fabrication , comme aufli de l’emploi des ma- tieres d’or & d'argent , &r de tout ce qui y a rapport tant au civil qu’au criminel, foit en premiere inf- tance, foit par appel des premiers juges de leur ref- fort. | | Originairement, la cour des monnoies de Paris étoit feule, & avoit tout le royaume pour refort jufqu'en 3704. que fut créée la cour des monnoïes de Lyon. Cour des monnoies de Paris, La fabrication des mon- noies , ainf que l'emploi des matieres d’or &t d’ar- gent, font de télle importance , que les fouverains ont eu dans tous les tems des officiers particuliers pour veiller fur les opérations qui y avoient rap- port, & fur ceux qui étoient prépolés pour y tra- vailler. Chez les Romains, 1l y avoit trois officiers appel- lés sriumviri menfarii feu monetarii , qui préfidoient à Ja fabrication des monnotes ; cès officiers faifoient partie des centumvirs., & étoient tirés du corps des chevaliers, Îl patoït que cette qualité leur fut confervée jufs qu’au regne de Conftantin , qui après avoir fuppri= mé les triumvirs monétaires , créa un intendant des finances, ayant aufl l’intendance des sronnoies aus quel on donna le nom de comes fucrarum largitio= JIUTIL : Cet officier avoit l’infpeétion fur tous ceux qui étoient prépofés pour la fabrication des monnoies , il étoit auff le dépoñitaire des poids qui fervoient à pefer l’or & largent, & c'étoit par fon ordre qu’on envoyoit dans les provinces des poids étalonnés fur l'original , comme il fe pratique aétuellement à la cour des monnotes , feule dépofitaire du poids origi- nal de France. Telle étoit la forme du gouvernement des Ro- mains, par rapport aux monnoies ; lorfque Phara- mond , premier roi de France, s'empara de Trèves qui leur appartenoït ; 1l fuivit, ainfi que fes fuccef: feurs , la police des Romains pour les mwonnotes. Vers la fin de la premiere race , 1l y avoit des monroies dans les principales villes du royaume,qui étoient fous la direétion des ducs & comtes de ces villes, mais toujours fous l’infpetion du comes fa crarum largitionum , où des généraux des zonnotes ; que le bien du fervice obligea de fubflituer à l’inten- dant général. EE Ces généraux des monnoies furent d’abord appel lés monetarii, on les appelloit en 1217. & dans les années fuivantes , magiftri monetæ , & en françois, maîtres des monnoies ; ces maîtres étôlent d’abord tous à la fuite de la cour, parce qu’on ne fabriquoit les monnoies que dans le palais des rois ; ils étoient commenfaux de leur hôtel, & c’eft de-[à que les officiers de la cour des monnoies tirent leur droit de COMIMELTLMUS., | Depuis que Charles le Chauve eut établi huit hôtels des monnotes, il y ent autant de maîtres par- ticuliers des ronnoies au-deffus defquels étoient les autres maîtres , qu'on appella pour les diftinguer, maltres généraux des monnoies par-tout le royaume de France, ou généraux maîtres on généraux des mon n101es. | En 1359, le roi les qualifioit de fes confeillers , ils font même qualifiés de préfidens dans des lettres de Charles le Bel de 1322, & dans des comptes de 147% & 1474, ils font qualifiés de fres, Le nombre des généraux des zoznotes a beaucoup varié : ils étoient d’abord au nombre de trois , & c'eft dans cetems, qu'ils furent unis & incorporés avec les maîtres des comptes qui n’étoient pareïlle= ment qu'au nombre de-trois, & avec les tréforiers des finances qui étoient aufli en pareil nombre, & placés dans le palais à Paris , au lieu où eft encore préfentement la chambre des comptes, Ces trois jurifdiétions différentes qui compofoient anciennement la chambre des comptes , connoif= foient conjointement &c féparément, fuivant l’exi- gence des cas du maniement & diftribution des f- nances, de celui du domaine qu’on appelloit #re/or des monnoies , d'où a été tirée la chambre des m07+ noies ; cela fe juftifie par diverfes commifhions, dont l’adrefle leur étoit faite en commun par nos rois, Les généraux des monnoies ayvoient dans l'enceinte de la chambre des comptes leur chambre particulie- re, dans laquelle ils s’affembloient pour tout ce qui concernoit le fait de leur jurifdiétion , & même pour faire faire les effais & épreuves des deniers des boîtes qui leur étoient apportées , par les maîtres & gardes de toutes les zvzroies du royaume. Conftant qui écrivoiten 1653, dit qu'il n’y avoit as long -tems que l’on voyoit encore dans cette chambre des veftiges de fourneaux, où les généraux faifoient faire les eflais des deniers des boîtes & de- niers CONrANS. | ll MON I ya même aftuellement dans l’intérieur de la our des monnoies , un endroit defliné à faite lefdits eflais. | En 1296 , il y avoit quatre généraux, dont un étoit maître de la #onn01e d’or ; on n’en trouve plus que trois en 1315, ils étoient quatre en 1346; l’an- née fuivante ils furent réduits de même à quatre par Charles V. alors régent du royaume ; il établit en 1358 un gouverneur & fouverain maître des #07- oies du royaume , mais {on adminiftration dont on ne fut pas content ne dura qu'un an; il y en eut cependant encore un femblable en 1364. Pour ce qui eft des généraux , ce même prince en mit un cinquieme en 1359; & dans la même an- née il en fixa le nombre à huit , dont fix étoient pour la langue d’Oil en pays coutumier , & réfi- doient à Paris, les deux autres étoient pour rendre la juflice en qualité de commiffaire dans les provin- ces de la langue d'Oc ou pays de droit écrit. Les trois corps d'officiers qui fe réunifoient à la chambre des comptes , ayant été augmentés , cela donna lieu à leur féparation , ce qui arriva vers 1358, alors la chambre des zonn01es fut placée au- deffus du bureau de la chambre des comptes, aufli- bien que leur greffe & parquet, & ce tribunal tint en cet endroit fes féances jufqu'en 1686, que la cour des monnoies fut transférée au pavillon neuf du pa- lais du côté de la place Dauphine, où elle com- mehça à tenir fes féances au mois d'Oétobre de la- dite année ; & depuis ce tems, elle les a toujours tenues dans le même lieu. Pour revenir aux généraux, l'augmentation qui avoit eu lieu fut confirmée par le roi Jean en 1361, &c ils demeurerent dans le même nombre de huit, jufqu'à ce que Charles V.en 1378 les réduifit à fix. Charles VI. en 1381. n’en nomma que cing en titre, êc un fixieme pour fuppléer en l’abfence d’un des cinq qui étoit échevin. Ils furent cependant encore depuis au nombre de fix , & même en 1388 Char- les VI. ordonna qu'il y en auroit huit ; favoir, fix pour la langue d’'Oil, & deux pour la langue d’Oc : 1l réduifit en 1400 ceux de la langue d’Oil à quatre, & confirma ce même nombre en 1413. Lorfque les Anglois furent maitres de Paris fous Charles VI, les généraux des monnotes transférerent leur chambre à Bourges , où elle demeura depuis le 27 Avril 1418, jufqu’en 143 qu'elle fut rétablie à Paris après l’expulfion des Anglois ; 1l y eut néan- moins pendant ce tems une chambre des monnotes , tenue à Paris par deux généraux & un commiflaire extraordinaire qui étoient du partitdes Anglois, Tous ces officiers étant réunis, lorfque la cham- bre fut rétablie à Paris, Charles VIT. trouva qu'ils étoient en trop grand nombre ; c’eft pourquoi en 1443 1l les réduifit à fept, ce qui demeura fur ce pié jufqu’en 1455 qu'il les réduifit à quatre. Louis XI, les maintint de même; mais Charles VIIL. en 1463 en fixa le nombre à fix, & en 1494 il en ajouta deux, Ce nombre de huit ne paroïffant pas fufifant à François premier , il créa en 1522 un préfident & deux confeillers de robe-longue, ce qui faifoit en tout onze perfonnes, un préfident & dix confeillers. ._ Les premiers généraux des monnoies jugeoient 8 connoiïfloient de la bonté des #70o270ies de nos rois, 8: même de celles des feigneurs auxquels nos rois avoient accordé la permiflion de faire battre 7107- noie; c'étoit les généraux qui regloient le poids, Paloi , & le prix des monnoies de ces feigneurs ,, & qui pour, cet effet en faifoient la vifite. 1 Du tems de Puilippe-le- Bel les feigneurs hauts- juiticiers connoïfloient , dans leurs terres , des abus que l’on faifoit des wonnoies, {oit en en fabriquant de faufles, Ou en rognant les bonnes ; ils pouvoient faire punir le coupable, Philippe-le-Bel accorda L'arne X, MON 657 même aux feigneurs hauts-jufticiers la conffcation des monnoies décriées que leurs officiers aurotent fai fes, il ne leur en accorda enfuite que la moitié, Mais le roi connoifloit feul par fes officiers des conteftations pour le droit de battré monnoie, ils avoient aufñ feuls la connoiflance & la punition des coupables pour #o270ies contrefaites à {on coin, & les officiers que les feigneurs nommoient pour leurs monnoies devoient être agréés par le roi, & reçus par les généraux, Philippe-le-Bel, Louis Hutin, Philippe-le-Long ; Charles IV. Philippe de Valois, Charles VIT. & en dernier lien François premier, ayant Ôté aux fei- gneurs le droit de battre monnoie, les généraux des mohnoies ; 8 autres officiers royaux qui leur étoient fubordonnes, furent depuis ce tems les feuls qui eurent connoiflance du fait des #onnoies, Charles V. étant régent du royaume, renouvella les défenies qui avoient été faites à tous juges de connoitre des zo7noies, excepté les généraux & leurs députés. Ces députés étoient quelques-uns d’entr’eux qu'ils envoyoient dans les provinces pour empêcher les abus qui fe commettoient dans les mornnotes éloi- gnées de Paris; ils alloïient deux de compagnie, & avoient outre leurs gages des taxations particulie= res pour les frais de leurs voyages & chevauchées. Leur équipage étoit reglé à trois chevaux & trois vaiets; 1ls devoient vifiter deux fois l’an chaque I12077101€, La jurifdiion des généraux des monnoies s’êter: doit, comme fait encore celle de la cour des 072 noies, privativement à tous autres Juges, fur le fait des monnoies & fabrication d’icelles, baux à fermes des monnotes, & réceptions de cautions , {ur les maî- tres officiers, ouvriers & monnoyeurs, foit pour le poids, aloi , & remede d’icelles, pour le cours & prix des zonnoies, tant de France qu’étrangeres, comme aufhi pour repler le prix du marc d’or & d'argent, faire obferver les édits & reglemens fur le fait des sonnoies par les maîtres & officiers d’icelles, Changeurs , Orfévres , Jouailliers, Afineurs, Orba- teurs, Tireurs & Ecacheurs d’or & d’argent , Lapi< daires, Merciers, Fondeurs, Alchimiftes, officiers des mines, Graveurs, Doreurs, Horlogers, Fourbif. feurs,&r généralement fur toutes fortes de perfonnes travaillant ou trafiquant en matieres ou ouvrages d’or &c d'argent dans toure l'étendue du rogaume. Les généraux avoient aufli par prévention à tous juges ordinaires la jurifdiétion fur les faux mon- noyeuts, rogneurs des monnoies, & altérateurs d'icelles. Pour fceller leurs lettres & jugemens ils fe {er- voient chacun de leur fcean particulier, dont l’ap- pofñtion à queue pendante rendoit leurs expéditions exécutoires par tout le royaume; on croit même qu'ils ont ufé de ces fceaux jufqu’au tems où ils ont êté érigés en cour fouveraine. _ Ils commettoient auf aux offices particuliers des monnoies, qui fe trouvoient vacans, ceux qu'ils en jugeoient capables jufqu'à ce qu'ils y euflent été pourvüs par nos rois. Les généraux des monnoies jugeoïent fouveraine- ment , même avant l’éreétion delenr cour en cour fouveraine, excepté en matiere criminelle, où l’ap- pel de leurs jugemens étoit attribué au parlement de Paris; le roi leur donnoiït pourtant quelquefois le droit de juger fans appel, même dans ce cas, ainfi qu'il paroït par différentes lettres-patentes. … La chambre des monnoies étoit en telle confidéra- tion, que les généraux étoient appellés an confeil du roi lorfqu'il s’agifloit de faire quelques regle- mens fur les monnoies. | - Nos rois venoient même quelquefois prendre féance dans cette Chambre, comme on voit par O O00 658 MON des lettres du roi Jean du 3 Septembre 1364, lef- quelles font données en la chambre des #onnoies le roi y féant ; & lorique Philippe de Valois partant pour fon voyage de Flandres, laifla à la chambre ‘des comptés lé pouvoir d'augmenter & diminuer le prix des monñoies, ce furent en particulier les généraux des monnoies qui donnérént aux Oficiers des monrnoes les mandemens & ordres néceffaires en l’abfence du roi. Louis XII. en confirmant leur jurifdi&ion à fon aveñnément à la couronne , les qualifia de cour, quoiqu'ils ne fufflent point encore érigés en cour fouvéraine, ne l'ayant été qu’en 1551. Plufieurs généraux des #onnoies furent élus pre- “vôts des marchands de la ville de Paris, tels que Jean Culdoé ou Cadoé en 1355 , Pierre Deflandes en 1438, Michel de la Grange en 1466, Nicolas Potier en 1500, Germain de Marle en 1502 & 1526, & Claude Marcel en 1570. Anciennement il n’y avoit qu'un même procu- reur du roi pour la chambre des comptes, les géné- faux des monnoies , & les tréforiérs des finances, attendu que ces trois corps compofoient enfemble un corps muxte; mais depuis leur féparation il y eut un procureur du roi pour la chambre des r07- noies , on riè trouvé point fa création, mais 1l exif- toit dès 1392. L'office d'avocat du roi ne fut établi que vers l'an 1436, auparavant il étoit éxercé par commif- fion. Celui de greffier en chef exiftoit dès l’an 1206, fous le titre de clerc des monnoies , & ce ne fut qu’en 1448 qu'il prit la qualité de greffier. Au mois de Janvier 1551 la chambre des #107- notes fut érigée en cour & jurifdiétion fouveraine & fupérieure comme font les cours de parlemens, “pour jugé par arrêt & en dernier reflort toutes ma- ticres, tant civiles que criminelles, dont les géné- faux avoient ci-devant connu ou dû connottre, foit en prenuere inftance ou par appel des gardes, pre- vôt, & confervateurs des privileges des mines. Le même édit porté qu'on ne pourra fe pourvoir contre les arrêts dé cette cour que par la voie de propofition d'erreur (à laquelle a fuccédé celle des requêtes civiles ) ; que les gens de la cour dés 10z- noies jugeront eux-mêmes s'il y a erteur dans leurs arrêts en appellant avec eux quelques-uns des gens du grañd-confeil, cour de parlement ou généraux des aides jufqu’au nombre de dix ou douze. Ils devoient, fuivant cet édit, être au- moins héuf pour rendre un arrêt ; & au cas que le nombre ne fût pas complet, emprunter des juges dans les trois autres cours dont on vient de parler, aux- quelles il eft enjoint de venir à leur invitation, fans qu'il foit befoin d'autre mandement. Dans la fuite 1l à été ordonné qu'ils feroient dix oùr rendre un atrèt; & le nombre des préfidens 8 confeillers de la cour des monnoies ayant été beau- coup augmenté, 1ls n’ont plus été dans le cas d’a- Yoïr recours à d’autres juges. Le même édit de 1$$1 en créant un fecond pré- fident &c trois géneraux , ordonna que lés préfidens ñé pourroient être que de robe-longue, & qu'entre les généraux il y en auroit au-moins fept de robe- longue ; depuis pat une déclaration du 59 Juillet 1637, il fut ordonné qu'à mefure que les offices “le confeillers vaqueroiïent , ils feroient remplis par des gradués. Depuis ce tems il y a eu encore diverfés autres Créations, fupprefhons, & rétablhiflemens d’offices dont le détail feroit trop long : il fuffit de dire que cette cour eft préféntément compofée d’un prémier préfident, de huit autres préfidens, de deux cheva- lers d'honneur créés en 1702, trente-cinq confeil- MON lers qui font tous officiers de robe-longue, & dont _ deux font contrôleurs généraux du bureau des z07- notes de France établi en ladite cour, où ils ont féance du jour de leur réception après le doyen, chacun dans leur femeftre. j Il y a aufhi des commiflaires en titre pour faire les vifites dans les provinces de leur département; ces commiflions font au nombre de dix, lefquelles font remplies par les préfidens & conferllers de La- dite cour. Outre les officiers ci-deflus, il yÿ a encore deux avocats généraux, un procureur général, deux fub* flituts, un greffier en chef, lequel eff fecrétaire du roi près ladite cour, deux commis du greffe, un receveur des amendes & épices, un prémiér huif- fier, & feize autres huiffiers audienciers, un rece- veur général des boîtes des monnoies, lequel eft tré- forier payeur des gages, ancien, alternatif, & trien- nal des officiers de ladite cour, comme aufüi trois contrôleurs dudit receveur général. Son établiffement en titfe de cour fouveraine fut confirmé par édit du mois de Septembre 1570, par lequel le roi ôta toutes les modifications que les cours avoient ph apporter à l’enrepifirement de l’édit de 1551. Ses droits & privilèges ont encore été confirmés & amplifiés par divers édits & déclarations, notam- ment par un édit du mois de Juin 1635. La cour des monnoies jouit du droit de committi- mus, du droit de franc fallé, & autres droits attri- bués aux cours fouverainés. Elle a rang dans toutes les cérémonies publiques immédiatement après la cour des aides. La robe de cérémonie des préfidens eft de velours noir, celle des confeillers, gens du roi, & grefhñer en chef eft de fatin noir; ils s’en fervent dans tou- tes les cérémonies publiques , à l'exception des pom- pes funebres des rois, reines, princes & princefles, où en qualité de commenfaux ils confervent leurs robes ordinaires avec chaperons, comme une mar- que du deuil qu’ils portent, Par un édit du mois de Mars 1710, regiftré tant au parlement qu’à la chambre des comptes & cour des aides , le roi a accordé la nobleffe aux officiers de la cour des monnoies au premier degré, à l'inftar des autres cours. L’édit de 1570 ordonna que les officiers de cetté cour ferviroient alternativement, c’eft-à-dire la moitie pendant une année, l’autre moitié Pannée fui- vante; mais par un autre édit du mois d'Otobre 1647, cette coûr à été réndue femeftre, & tel eff fon état aëtuel pour les confeillers; à Pégard des préfidens, 1ls fervent par trimeftre, favoir trois mois dans unfemeftre &r trois mois dans l’autre, excepté M: le premier préfident, & M. le procureur général, qui font de fervice toute l’année. La cour des monnoies a, fuivant fa création, le droit de connoître en dernier reflort & touté {ou- veraineté, privativement à toutes cours & juges, du travail des monnoies, des fautes, malverfations & abus commis par lés maitres , gardes, tailleurs , éflayeuts, contre-pardes, prevôts, ouvriers, mon- noyeurs & ajufteurs, chañngeuts, affineurs, dépar- teurs , battéurs, tireurs d’or & d'argent, cueilleurs & amafleurs d’or de paillole, orfevres, jouailliers, mineurs , tailleuts de gravutes, balanciers, four- bifleurs, horlogers, couteliers, &t autres faifant fait des #onnotes , circonftances & dépendances d’i- cellés, outravaillans & employans les matiéres d’or & d'argent , en ce qui concerne leurs charges &é métiers , rapports & vifitations d'iceux. Les ouvriers qui font des vaifleaux dé terre re- fiftans au feu à fec, propres à la fonte des métaux, font aufli fournis à {a jurifdiétion. Les parité qui veulent tabl dés labota= toires deftinés à la fufion des métaux , doivent en obtenir la permiflion , & faire enregiftrer leurs bre- vets en la cour des zzorno1es, Elle a droit, de même que les juges qui lui font fubordonnés , de connoître des matieres de fa com- pétence, tant au civil qu’au criminel, & de con- damner à toutes fortes de peines affliétives, , même à mort. Les jours d’audience font les mercredis & fame- dis; & ceux que M. le premier préfident veut ac- corder extraordinairement : les auires jours font employés aux affaires de rapport. Dans les audiences Les. juges fe mettent fur lés hauts fiégés , lorfqu' il eft queftion d’appel des fen- tences des premieres jurifdiétions ; & lorfque ce font des affaires en premiere inftance , 1ls fe met- tent fur les bas fiéges- Le reflorts de la cour des. monnoies de Paris s’é- tend dans tout le royaume, à l'exception de quel- ques provinces qui en ont été démembrées pour former celui de la cour des monnoies de Lyon. Hôtels des monnoies & jurifdittions du reffort de la cour des monnoies de Paris. Paris. Reims. Rouen. Nantes. Caen. Troyes. Tours. Amiens. Angers. Bourges. Poitiers. Rennes. La Rochelle. Mets. - Limoges. Strasbourg. Bourdeaux, Betañçon. _ Dijon. Lille, Orléans. Il y a encore une jurifdi&ion fubordonnée à la cour des monnaies, des rmonnotes , donc la compagnie a été créée pour le fervice de ladite cour; il en 1era parlé plus aulong dans l’article qui le concerne: La cour des monnoies connoi par prévention & par concurrence avec les baillifs, 1énéchaux , prevôts des maréchaux , & autres juges, des faux-mori- noyeurs ; rogneurs & altérateurs des 0727015 , billonneurs, alchimiftes »tranfgrefleurs des ordon- nances fur lé fait des monnoies de France & étran- geres. Nous obferverons en paflant à à ce fujet, que le ‘crime de:faufle monnoie eft un cas royal, dont la peine a toujours été très-févere. Anciennement on faïoit bouillir Les faux ménnoyeurs ; leurs exécu- tions fe falorent au marché aux-pourceaux. Il yen ‘eut deux quifubirent cette peine en 1347; d’autres furent aufh attachés en croix ; deux autres furent “bouillis, lunen 1525, lautreenr$5o. Préfente- ment on les condamae à être pendus; &.la place “où fe ‘font les exécutions ; «en vertu d'arrêt de la cour fe mOnTOLeS eft La pes de la croix du-tra- hoir: L’Eglife Asie aufl. contre eux les armes fpirituelless Clement V. excommunia les faux-mon- noyeutside toute efpece qui étoient en France, & ordonna qu'ils ne pourroient être abfous que par le pape, excepté à V'érticle dela mott. Charles V. en- voya une copie de cette bulle à l’évêque de Lan- ‘grès, pour la faire afficher à la porte de toutes les églifes de fon diocefe. La cour des onnoies a encore, entre autres pré- rogatives, celle d'être: dépoñtaire de létalon ou poids original de France, lequel eft-confervé dans un coffre fermé àtrois fertures & clés différentes. | me original pefe.50 marçs ; .& contient mme qui eft celle du prevôt général M ON 059 toutes fes diférentes parties ; c'eft für ce poids qu ’on étalonne tous ceux du royaume, en prétence d’un confeiller. . En 1529 l'empereur Charles V. ayant v voulu con former le pois du marc de l'empire pour les Pays- Bas , au.poids royal de France > envoya un de Les généraux des monnoïes, pour en demander permit, fon au roi; & les lettres de créance lui ayant été expédices à cet effet, la vérification & l’étalonne- ment fut fait en prélence du préfident & des géné raux des m0770185, Et dernierement en 1756, la même vérification & étalonnement ont été faits en prélence de fon excellence le comte de Staremberg, confeiller au . confeil aulique de l'Empire, chambellan aétuei de leursmajeftés impériales & royales, & leur miniftre PR ns cour de France, & auffien pré- fence de deux confeillers en la cour des monnoies & d’un fubftutut de M. le procureur général en la dite cour, fur un poids de 64 marcs avec toutes fes divifions, préfenté par le fient Marquart , efflayeur général. Sp ut cb majefté impériale &c royale aux Pays-Bas, & chargé par. le gouverne ment defdits Pays-Bas , pour lefquels ledit poids e deftiné. (4). … Généraux provinciaux des monnoïes, Les génétaux provinciaux fubüdiaires des monnoies, font des offi- ciers établis pour veiller dans les provinces de leur département, {ous l'autorité des couts des 7707- notes auxquelles 1ls font fubordonnés, à l'exécution des ordonnances & des réglemens fur Le a des m0o7- Aoies , ainf que fur tous les ouvriers jufticiables d’i- celles , qui emploient les matieres d’or & d'argent, & fabriquent les différens ouvrages SARL de ces matieres précieules. Ils connoiffent de toutes les tranfgreffions aux OT- donnances & réglemens > ainfi que detoutes les cornt- traventions qui peuvent être commifes par. lefdits juttciables, à la charge de l’appel dans Les cours des monnots auxquelles ils refloruflent ; ils préfident aux jugemens qui font rendus dans les jurifdiétions aux fieges établis dans les hôtels des monnoies, & font tenus de faire exa@ement des chevauchées dans les provinces de leur département, à l'effet de dé- couvrir les différens abus, délits & malverfationsqui peuvent fe commettre fanle fait des monnores &t des matieres & ouvrages d’or & d’ argent. Ils connoiffent des mêmes matiéres , & ont la mé- me jurifdiétion en Rte inftance, que les cours des monnoies dans lefquelles ils ont entrée, féance &e voix délibérauve, le jour de leur réception, & tou- tes les fois qu'ils’ y juge quelqu'affaire venant de leur département, ou qu'ils ont quel que chofe à propo- fer pour le bien du fervice & l'intérêt public. On les appelle Jxb/diaires , parce qu'ils repréfen- toient en quelque façon les généraux des monnoies , & qu'ils reprélentent encore dans les provinces les commifaires des cours des monnoies, qui étant obli- gés de réfider continuellement pour Vaquer à leurs fonétions, ne peuvent faire.de tournées & chevau- chées auffi fouvent qu'il feroit à defirer pour la ma- nutention des réglemens; aufli ont-ils droit dans les provinces de leur départemeut, comme les commit- faires defdites cours , de juger en dernier reffort les accufés de crime de fabrication , expoñrion de fautfe monnoie, tOgnure êt altération d’efpeces, & autres crimes de jurifdiétion concurrente, loriqu'ils ont prévenu les autres juges &c officiers royaux. Ces officiers furent inftitués originairemnt dans Les provinces de Languedoc, Guienne, Bretagne , Nor- mandie, Bourgogne, Dauphiné & Provence, pour régir & gouverner les monnoies pariiculieres des ari- ciens comtes êc ducs de ces provinces > Qui ayant un coin païticulier pour les moznoïes qu’il faifoient frap- ma GGo MON per, avoient befoin d’un officier particulier pour la police & le gouvernement de leurs momnoies patti- culieres , dont le travail étoit jugé par les généraux maîtres dés #onnoies à Paris. Ils étoient auffi dès-lors chargés du foin de faire obferver les ordonnances du roi fur le faït des #07 noies , &t 1ls étoient dès-lors appellés Jabffdiaires , parce qu'ils étoient foumis en tout aux généraux des mmonnoies dont ils étoient jufticiables, 6 ne connoif- foient que fubfidiairement à eux des matieres qui leur étoient attribuées. Ils étoient mis & établis par l'autorité des roïs , & f les feigneurs de ces provinces les nommoient & préfentoient, ils étoient toûjours pourvus par le roi, & recus par les généraux de la chambre des . monnoies en laquelle reflortifloit l’appel de leurs ju- gement. Plufieurs de ces officiers avoient été deftitués en différens tems, & il n’avoit point été pourvu à leurs offices : en 1522 iln’en reftoit plus que trois, dont unen Languedoc & Guienne , unen Dauphiné , & le trorfiemeen Bourgogne ; & comme ces offices étoient devenus affez inutiles par la réunion que les rois avoient faite desonnoies particulieres des féigneurs, & qu'ils caufoient quelquefois du trouble 87 empé- chement aux commifflaires & députés de la chambre des monnoïes , lorfqu’ils faifoient leurs chevauchées dans les provinces, Henri Il. les fupprima en tout par édit du mois de Mars 1540. Ils furent rétablis au nombre de fept, par édit du roi Henri H. du mois de Mai 1577, pour faire [eur principale réfidence ès villes & provinces dans lef- quelles étorent établis les parlemens de Languedoc, Guienne ; Bretagne , Normandie, Bourgogne, Dauphiné & Provence; cetédit leur attribua les mê- mes pouvoir & jurifdiétion qui avoient été attribués aux généraux de la cour des #onnotes de Paris, par l’édit de Charles IX. de l’année 1570 , lorfqu'ils font leurs chéveauchées dans les provinces ; & ordonna que ceux qui feroient pourvus defdits offices, fe- roient reçus en ladite cour & y auroient entrée, féance & voix délibérative en toutes matières de leur connoïffance , & quand ils s’y trouveroïent pour le fait de leurs charges. | Cesfeptoffiices ont été fupprimés par édit du mois de Juin 1696 ; mais le même édit porte création de 28 autres généraux provinciaux fubfdiaires des monnotes , avec lés mêmes honneuts, droits, pou- voirs &c jurifdiétion portés par l’édit du mois de Mai 1577, favoir: Un pour la ville & généralité de Rouen: Un pour les villes de Caën & Alençon : Un pour Ja ville & diocefe de Rennes, & ceux de Dol, Saint-Malo, Saint-Brieux, Treguier & Saint- Paul de Leon: | Un pour la ville & diocefe de Nantes & ceux de Vannes & Cornouaïlles : Un pour la ville de Tours, la Touraine & l’Or- léanoïis : Un pour la ville d'Angers & pour les provinces d'Anjou & Maine: Un pou la ville & généralité de Limoges : Un pour la ville & généralité de Bourges & Ni- vefnois : | Un pour la ville & généralité de Poitiers : Un pour la ville de a Rochelle, le pays d’Aunis êt la province de Xaintonge: Un pour la ville de Bordeaux, Périgueux, Agen, Condom & Sarlat: ” Un pour la ville de Bayonne, élettion d’Actgs, le pays du Soule 6 de Labour, ês lé comté de Marfan, Un pour la ville de Pau & le reflort du parlement : Un pour la ville & diocefe de Touloute, & ceux de Mirepoix,.Alby, Lavaur, Comminges ; Mon- MON tauban, Pamiers, Couferans, Le&oure, Aufch, Lombez, Cahors, Rhodès & Vabres : Un pour la ville &.diocefe de Narbonne, & ceux de Beziers, Agde , Lodeve, Saint-Pons , Carçaflone, Saint-Papoul, Caftres, Aleth 8 Limoux : Un pour la ville &t diocefe de Montpellier, & ceux de Nifmes, Alais, Viviers, le Puy, Uzès & Mende : Un pour la ville de Lyon, le Lyonnois & lespays de Forès & de Beaujoloïs: Un pour la ville de Grenoble, le Dauphiné, la Savoie & le Piémont: Un pour la ville & reflort du parlement d’Arx : Un pour la ville de Riom & les proviñces d’Au- vergne & de Bourbonnois : Un pour la ville & reffort du parlement & cham- bre des comptes de Dijon: Un pour la ville & refort du parlément de Be- fançon: Un pour la ville 8 reffort du parlement de Mets, ville & province de Luxembourg: Un pour la ville 8 généralité d’Amiens, le Bou- lonnois &r le pays conquis & reconquis : Un pour la ville de Lille, la province d'Artois, & le pays nouvellement conquis en Flandres & Haï- nault, ou cédés par les dermiers traités: . Un pour la ville de Rheims &c les éleétions de Rheims, Chälons, Epernay, Rethel, Sainte-Mene- hould & Le Barrois: Un pour la ville de Troyes, Sézanne, Langres, Chaumont, Bar-fur-Aube & Vitry-le-François : Et un pour les villes & provinces d’Alface, & au- tres lieux de la frontiere d'Allemagne : Le niême édit ordonne qu'ils feront grâdués & reçus en la cour des #onnoies où ils ont entrée, féan- ce , après le dernier confeiller, & voix délibérative comme il eft dit ci-deflus. Ils connoiffent de même que les commifaires des cours des #onnoies, par prévention & concurrence avec les baïllifs, fénéchaux , officiers des préfidiaux, juges-gardes des monnoies , & autres juges royanx 3 du billonäge , altération demonnoies, fabrication & expofirion de faufle monnaie; &t peuvent juger de ces matieres en dernier reflort, en appellant le nom- bre de gradues fufifant. Ils connoiffent auffi par concurrence avec lefdits commiflaires & juges gardes des mornotes, &t ju- gent feuls , ou avec lefdits juges gardés, de toutes les matieres tant de la jurifdiéion privative que cu- mulative , où iln’échet de prononcer que des amen- des, confifcations où attres peines pécuniaires ;à la charge de l’appel efdites cours des z7onnois. Is font les chefs des jurifdiions dés monroies de leur département ; ils ont droit d’y préfider; les ju- ges gardes font tenus de les appeller an jugement des affaires qu'ils ont inftruites, @z les, jugemens qu'ils ont rendus, où auxquels ils ont-préfidé, font intitulés de leurs noms, (4) HE Li | Juges gardes, Voyez ci-après jurifditfions des mon MO1ES. à LAPAE 1 4 Jurifdictions des monnoies. Les jurifdi@ions dés monhoies font des juftices royales, établiés dans les différentes villes du royaume:, pour. connoitre én premiere inftance du fait des mormaies, des matieres d’or & d'argent , &t de tous les ouvriefs employésà la fabrication defdites rronnotes, ou taux différens ouvrages d'or &c d'argent. Eh 506 2% Les officiers qui compofentcesjurfdiétrons , font le général provincial fubfdiaire dans le départe- ment duquel fe trouve la jurifdiétion; deux juges gardes, qui enl’abfèence du général provineral ,,& concutremmentavec lui,peuvent fairetoutes és inf- truGtions & connoïître des mêmes matietesy un con- trôleur contre-garde qui remplit les fonétions des juges en leur abfence ; un garde {cel ; un avocat & un procureur du roi;un greffier; un premier huiflier & deux autres mufliers. | Les procureurs dés jurifdaétions royales y occu- ent, L’étabkfement des juges gardes eft fort ancien; sis réunifient aujourd’hui toutes les fonétions & ju- tifdiétion qu'avoient autrefois les gardes & prévôts des monnotes. Les gardes & contre-sardes des monnoies furent ctablis par Charlés le Chauve, dans chacune des villes où les monnoies duroi étoient établies ; il y en avoit auff dans les monnoies des feigneurs particu- liers; les uns &t les autres étoient pourvus par le roi, fur la nomination des feigneurs , ou des villes dans lefquelles les sronnoies étoient établies ; & lorfque ces places étoient vacantes , il y étoit commis par lcs généraux maîtres des monnoies , comme il y eft encore aujourd’hui commis à l'exercice de ces char- ges par les cours des #onnoies, lorfqu’elles fe trou- vent vacantes , jufqu'à ce qu'il y ait été pourvu ou commis par Le roi. L'édit du mois de Mai 1577, avoit uni les offices de gardes & de contre-pardes à ceux de prevôts royaux des monnoies ; mais ces mêmes offices furent rétablis par l’édit du mois de Juillet 1581, qui fup- prima les prevôts royaux , & rendit ceux-ci héré- ditaires, | Les juges gardes connoïflent en l’abfence du gé- néral provincial, & concurremment avec lui, priva- tivement à tous autres officiers, de l'examen & ré- ception des Changeurs, Batteurs &c Tireurs d’or, ainf que des afpirans à la maîtrife d'Orfévrerie, de leurs cautions, de l’éleétion de leurs jurés, de l’inf- culpation de leurs poinçons , & de ceux des Fourbif. leurs, Horlogers, Graveurs fur métaux , & tous au- tres ouvriers qui travaillent & emploient les matie- res d'orêt d'argent, chez lefquelsils ont droit de vi- fite, de toutes les malverfations qui peuvent être par eux commifes ,, même des entreprifes de tous ceux qui ont des fourneaux , &t fe mêlent de fontes -&t difillations fans y être autorifés par état ou par lettres du roi enrépifirées dans les cours des #07- zoïes 8 généralement de tout ce qui concerne le ti- tre; bonté, alliage des matieres, marques & poin- cons qui doivent être fur les ouvrages, & de l’abus defdits poinçons , à l'effet de quoi les jurés defdites communautés d'Orfévres & autres ouvriers tra- vaillans en or &c en argent, doivent porter devant eux leurs procès-verbaux & rapports des vifites &e faifies qu'ils peuvent faire , ainfi que le fermier de Ja-marque d’or &c d'argent ; pour être par eux jugés fur le titre 8 les marques de tous les ouvrages faifis par les uns ou par Les autres. ” Ts connoïffént aufli en l’abfence du général pro- vincial, étconcurremment avec Ini & autres juges royaux , des crimes de billonnage, altération des monnoies ; fabrication, expoñrtion de faufle mornoie, êt autres de jurfdiéion concurrente. Îls connoïffent feuls & privativement aux géné- raux provinciaux , de la police intérieure des #107- notes ; 6t du travail de la fabrication des efpéces:dont ils font les délivrances aux maîtres ou dire@eurs particuliers d’icelles , ainfi que du paraphe des regif- tres que tfienhent tous les officiers & ouvriers em. ployés à ladite fabrication; "8e ils font dépoñitaires des poinçons , matricesé carrés durlefquels les éfpe. ces font monnoyées. (4) — Prevôté générale dès monnoies. La prevôté générale des monnotes eft une compagnie d'ordonnance créée 6 établie par édit du mois de Juin 1635 , pour fa ciliter l’exécution des édits 8 réglemens fur le fait des 0nnoles ; prêter main-forte aux députés de la cour des moônneies ; tañt en da ville de Paris que hors MON G6i d'icelle &£ dans toute l'étendue du royaume, & exécuter les arrêts de ladite cour &- ordonnances de fes commiflaires , ainfi que les commiffions qui peuvent être adrcflées par elle aux officiers de ladite prevôté. Cette compagnie eft affimilée , & jouit des mêmes honneurs & avantages que les autres maréchauflées du royaume. Elle étoit originairement compofée d’un petit nombre d'officiers créés par ledir édit de 1634 ; elle a té augmentée depuis en différens tems par diffé- rentes créations d'officiers & archers , tant pour le fervice de ladite cour que pour la jurifdiétion, Elle eft aétuellement compofée d’un prevôt, fix lientenans, huit exempts, un aflefleur, un procu- reur du roi, un greffier en chef, un premier huiffier: audiencier, & 66 archers qui ont droit d'exploiter partout le royaunie, Les fonétions & le titre de l’afleffeur & du procu- reur du roi, ont été unis aux charges de fubftituts du procureur général de fa majefté en ladite cour , en laquelle tous ces officiers doivent être reçus, à l'exception feulement des greffier, huiffier & archers, qui font reçus par le prevôt , & prêtent ferment en- tre fes mains. Cette compagnie a auf une jurifdi@ion qui li a été attribuée par fon édit de création , & confirmée depuis par différens arrêts du confeil, réglés ainf qu'il fuit : Le prevôt général des monnoies & les oficiers de ladite prevôté , peuvent connoître par préven- tion & concurrence avec les généraux-provinciaux, juges-pardes ; & autres officiers des monnoies , pre- vôts des maréchaux, & autres juges royaux, même dans la ville de Paris , des crimes de fabrication & expoñtion de faufle mornoie , rognure & altération d’efpeces, billonnage, & autres crimes de jurifdidion * Concarrente , pour rafon defquels il peut informer, decrèter , & faire toutes inftruétions & procédures néceffaires jufqu’à jugement définitif exclufivement, fans pouvoir cependant ordonner l’élargiffement des prifonniers arrêtés en vertu de fes decrets ; & à la charge d'apporter toutes lefdites procédures & in- ftuétions en la cour des monnoïes , À l'effet d’y être réglées à l'extraordinaire, s’il y a lieu, & êtreju pées définitivement lorfque le procès a été inftruit dans l'étendue de la ville , prevôté, vicomté & monnoie de Paris, où aux préfidiaux les plus prochains, lorique lefdits procès ont été inftruits hors ladite étendue, PIRE Il connoît par concurrence avec lefdits cénéraux- provinciaux ; juges-gardes , & autres officiers des monnos ; &t privativement à tous autres preyôts & juges, desdélits , abus & malverfations qui, dans l'étendue du reflort de la cour des monnoies de Paris, peuvent être commis par les jufticiables d'icelle chez lefquels ils peuvent faire vifites & perquifitions pour cé Qui concerne la fonte, l’alliage des matieres d'or &t d'argent, les marques qui doivent être far leurs ouvrages, &'autrés contraventions aux régle- ‘mens , à l'exception cependant de cenx qui demeu- rent endarville de Paris, chez lefquels ils ne peuvent fe tranfporter fans y être autorités par ladite cour ; &c'il peut juger lefdits abus, délits & malverfations jufqu'à fentence définitive & inclufivement , fauf l'appel en icelle. | I ne peut néanmoins connôître dans l'intérieur des hôtels des mornoies des abus, délits 8 inalvet- fations qui pourroient être commis par des officiers. & ouvriers employés à la fabrication dés efpeces , m des vols de matieres qui feroient faits dans lefdits hôtels des monnoies. PA -- Ilpeut auffi connoître des cas prevôtaux antres que ceux conçernant les #o7noces , fuivant l’édit de 662 M ON fa création ,concurréemment avec les autres prevôts des maréchaux; on doit cependant obferver que par arrêt du confeil du 6 Février 1685, contradiétoire entre lui & le prevôt de l’Ifle de France, il ne peut en connoître dans la ville de Paris , ni dans l’érendue de l’Ifle de France. Le prevôr général des monnoies a auffñi le droit dé correction & difcipline fur les officiers & archers de fa compagnie , fauf Pappel en la cour des zonnoies, à laquelle il appartient de connoître de toutes les conteftations qui peuvent naître entre lui ou autres fes oMciers & archers , pour raifon des fonétions de leurs offices. Il a entrée & féance en la cour des monnoies après le dernier confeiller d’icelle, le jour de fa réception, ainfi qu’au rapport des procédures inftruites par lui ou par {es lieutenans , & toutes les fois qu'il y eft mandé & qu'il a quelque chofe à repréfenter pour le fervice du roi ou les fonétions de fa charge, mais fans avoir voix délibérative. Le preyôt général des wonrioies a encore le droit de connoître des duels, fuivant la difpofition de l'é- dit de 1669. | Il n’eft point obligé de faire juger fa compétence comme les autres prevôts des maréchaux , mais feu- lement lorfqu'elle lui eft conteftée ; & c’eft à la cour des monnoies qw’appartient de juger ladite compc- tence. LS Le prevôt général des monnoies étoit créé pour toute l'étendue du royaume, & a été feul prevôt des monnoies jufqu’en l’année 1704, qu'il a été créé & établi une feconde prevôté des monnoies pour Le veflort de la cour des monnoies de Lyon , à l’inftar de celle ci-deffus. Ces prevôts généraux des monnoies ne doivent . point être confondus avec les anciens prevôts des monnoies dont il va être parlé ci-après. Prevôts des monnoies. I] y ävoit dès le commence- ment de la troifieme race de nos rois des prevôts des monnoies qui avoient infpeétion fur tous les mon- noyeurs & ouvriers des monnoies;dans la fuite 1l y en eut deux-dans chaque wonnoie, l’un pour les mon- nôyers, qu’on appelle aujourd’hui monnoyeurs ; ëc l’autre pour les ouvriers, qu'on appelle aujourd’hui ajufleurss | Ïl eft à remarquer que les monnoyers & ouvriers qui ajuftent & monnoyent les efpeces qui fe fabri- quent dans les o7n01es, ne peuvent y être admis qu’en juftifiant de leur filiation & du droit que la naiffance leur en a donné de pere en fils ; & il faut bien les diftinguer destautres ouvriers ou journa- liers, gens de peine &à gages, qui font employés dans les #onnoies. Ces prevôts des monnoyeurs & ouvriers étoient élus chacun dans leur corps , & non-feulement en avoient la diretion, mais encore l’exercice de la juftice tant civile que criminelle, fur ceux du corps auquel ils étoient prépofés : ce droit leur.étoit attri- bué par d’anciennes ordonnances, & 1ls furent main- tenus jufqu’en l’année 1548, que par édit, du mois de Novembre ils furent fupprimés, & enileur place il fut créé dans chaque monnoie un feul prevôt avec un greffier, lequel prevôt avoit l’infpeëtion fur les monnoyers & ouvriers, & la connoiffance de tout -ce qui concernoit la monnoie., avec l’exercice de la jufuce. En r$5çuil fut créé en chiacune des mornoies un procureur du roi & deux fergens, ce qui formoitun corps de jurifdiéion, _ Cet établiffement fouffrit quelques difhcultés avec les gardes des r70nno1es ; & enfin par édit du mois de Juillet 158r , les prevôts furent entierement fup- primés, & les offices dés gardes furent rétablis; & ” depuis ce tems.çe dont les gardes qu’on appelle au M O N jourd’hui /4ges-gardes des monnoïes , quiont toute la jurifdiéion dans l'étendue de leur département, & qui connoiffent de toutes les matieres dont la con- noiflance appartient à la cour des #onnoies. Les monnoyers & ouvriers ont cependant conti nué d’élire entr'eux des prevôts, mais qui n’ont plus ue la police & la difcipline de leurs corps , pour obliger ceux d’entr'eux au travail, & les y contrain dre par amendes, même par privation oufufpenfon de leurs droits. Le Au mois de Janvier 1705, il fut créé des charges de prevôts & lieutenans des monnoyeurs & ajuf- teurs, mais elles furent fupprimées peu de tems après, & réunies au corps des monnoyeurs & ajuf- teurs , qui depuis ce tems ont continué délire leurs prevôts & lieutenans à vie ; lefquels font recus & prêtent ferment en la cour des monnoïes. ( A) . Cour des monnoies de Lyon fut créée une premiere fois par édit du mois d'Avril 1645, lequel fut alors prefqu’aufli-tôt révoqué. Elle fut créée de nouveau par édit du mois de Juin 1704, à l’inftar de celle de Paris , dont elle eft un démembremenr, . L'année fuivante le roi y réunt la fénéchauflée & fiége préfidial de la même ville , pour ne faire à lavenir qu'un même corps, par éuit du mois d'Avril 1705. | | | Le reffort de la cour des monnoies de Lyon s'étend fuivant fon édit de création, dans les provinces, généralités & départeméens de Lyon ; Dauphiné, Provence, Auvergne, Touloufe , Montpellier, Mon: tauban & Bayonne. Et par un autre écit du mois d'O&obre 1705 , le roi a ajouté à ce reflort les provinces & pays de Brefle, Bugey, Valromey & Gex, dans lefquelles : provinces énoncées dans les deux édits ci-deflus , fe trouvent les monnotïes de I:yon, Bayonne, Touloufe, Montpellier, Riom, Grenoble &z Aix. La monnoie de Perpignan eft auffi du reflort de la cour des mornoces de Lyon. | Cette cour eft compofée d’un premier préfident & de cinq autres préfidens , aux offices defquels {ont joints ceux de lieutenant général, de préfidens au préfidial, de lieutenant criminel , heutenant parti- culier, & afleffeur criminel ; de deux chevaliers d'honneur , dont l’un eft lieutenant général d'épée; de deux confeillers d'honneur , de vingt-neuf autres confeillers, dont un confeiller clerc, 8 un autre fait les fon@ions de commis au comptoir, & un autre celle de contrôleur ; de deux avocats généraux, un procureur général , quatre fubftituts un greffier en chef , lequel.eft fecrétaire du roi ; trois greffierscom- mis, un receveur-payeur des pgagés , un receveur des amendes ; un premier huifier , trois hufliers- audienciers , & dix autreshuifliers. Il y a en outre-huit commiflions établies à l'effet de faire des vifites dans les #707n0ies du reflort de cette cour, dont deux devoient être poflédées par deux préfidens , & les fix autres par des confeillers = lefquelles charges font réunies au corps: Par l’édit de création ci-deflus!, du mois de Juin 1704, le roi a établi près la cour des moznoies de Lyon , ne chancellerie, laquelle eft compolée d’un garde-fcel , quatre fecrétaires du roi audieneters; quatre contrôleurs, quatorze fecrétaires,-deux ré- férendaires-, un chauffe-cire, un receveur des émo- lumens du fceau , un greffier, & deux buiffiers. ILy aencore près cette cour une prevôté générale des monnoies , laquelle eft compoiée d’un prevêôt énéral dés monnoies ; d’un lieutenant, d'ün guidon, d’un affeffeur , d’un procureur du roi. de quatre exempts , d’un greffier, de 3oarchers, &.d'un archer trompette. Cette compagnie a été créée par édit du moisde. Juin 1704; à l'inflar de celle qui et attachée à MON éohr des monnoies de Paris. Suivant cet édit, le pre. | vôt général des #ornoies de Lyon doit faire juger en cette cour des wonnotes les procès par lui inftruits contre les délinquans dont il aura fait la capture dans l'étendue de la généralité de Lyon ; & hors cette gé- néralité, 1l doit faire juger les procès par lui inftruits du plus prochain préfidial. (4 ) . Etôtel de la monnoie, C'eft à Nancy que les ducs de Lorraine faifoient battre monzote, Le duc René IL. y fit conftruire un hôtel de la zoznote ; il fut dé- moli & reconfiruit avec plus de magmificence fous le regne du duc Léopold en 1720, Les officiers de Ta mornoie y logeoïent. Toutes les machines qui fer- vent à la fabrication y fontencote ; mais il n’en a été faitufage , depuis l’avénement du roi Staniflas , que pour y frapper des médailles. La chambre des comptes de Lorraine eft en même tems cour des wornoies , & elle en a toutes les attri- butions. MONNOYAGE AU MARTEAU ET AU MOULIN, ( Æiff. des monnotes. ) aûion de marquer les flancs de lempreinte qu'ils doivent avoir, par le moyen du marteau ou du moulin. Toutes les efpeces de France ont été fabriquées au marteau jufqu'au regne d'Henri IT, que lesincon- Véniens de ce z20720yage firent penfer à lui en fubf- tituer un meilleur. Un menuifier nommé Aubry Oli- vier, inventa pour lors l’art de monnoyer au mou- En; & ce fut Guillaume de Marillac, général des mounnoies , qui le produifit à la cour, où tout le monde admira la beauté des effais qu'il fit. Le roi lui permit l’établiflement de ce mornoyage par fes lettres-patentes du 3 de Mars 1553, lefquelles por- tent : « Nous avons pourvu Aubry Olivier de lof- » fice de maître & conduéteur des engins de la mon- » noie au mouliñ ». Et Aubry Olivier s’aflocia Jean Rondel & Etienne de Laulne , graveurs excellens , qui firent les poinçons & les carrés. Cette monnoie fut la plus belle qu’on eut encore vue; mais parce que la dépenfe excédoit de beau- coup celle de la monnoïe au marteau, 1l arriva qu’en .1585 Henri Lil. défendit de faire à l’avenir de la monnoie au 04/17, & les machines d'Aubry Olivier ne:fervirent plus qu’à frapper des médailles, des jetons, & autres pieces de ce genre. Nicolas Briot tâcha en 1616 8c en 1623 de faire recevoir à la monnoie l’ufage d’une nouvelle ma- chine très-propre au mornoyage , qu'il difoit avoir inventée ; mais n'ayant pu la faire goûter dans ce royaume , il fe rendit en Angleterre, où on l’ap- prouva peu de tems après. Les machines d’Aubry Olivier ayant paflé des mains de fes héritiers dans celles de Warin, celui-ci les perfeétionna , de facon qu'il n’y eut plus rien de comparable pour la force, la vitefle & la facilité avec laquelle on y frappoit toutes fortes de pieces, qui y recevoient l'empreinte d’un feul coup, au lieu qu'auparavant on nepouvoit les marquer que par fept ou huit coups, dont l’un gatoit bien fouvent l’empreinte des autres. _ Dés avantages fi fenfbles firent qu’en 1640 on commença à Paris de ne plus fe fervir que du balan- cier & des autres machines néceffaires pour mon- noyer au moulin ; & qu’au mois de Mars 1645 on fupprima entierement en France l’ufage du monnoya- ge au marteau, Pour lors Warin fut nommé maitre & cireéteur général des monnoïes dans le royaume , &t nos efpeces devinrent f belles & fi parfaites, qu'elles ont été admirées de toutes les nations poli- cées. À cette invention on en a ajouté une autre, qui eft celle de marquer un cordon fur la tranche des efpeces d’or & d’argenñt, en même tems qu’on mar- que la pile. La machine fervant À cet nfage a été inventée par le fleur Caftaing , ingénieur du rot, & É MON 66; l’on commença à l’employer en 1685. (D. J.) MONNOYAGE, ( Ars de fabriquer Les mOonnoEs, ) On monnoyoit anciennement les efpeces au mar- teau ; Ceite manutention a été abandonnée dans pref- que toutes les parties de l’Europe; on fuit mainte- nant en France, en Angleterre, &c. celle dulami- noir & du balancier , Comme moins couteufe , plus prompte &c bien plus parfaire. Mais » Pour fuivre cet art avec ordre, commençons de l’inftant où le z107- noyagé au marteau a été abandonné, & ce qui y a donné lieu. Jufqu'au regne de Henri II. on s’étoit toujours fervi du marteau dans les monnoies de France : ce fut ce prince, qui le premier ordonna en 1553 que l’on fabriqueroit des tartoufles au la minoir dans fon palais. Perfonne ne doute plus que Pinventeur du laminoir, appellé anciennement & aujourd’hui par les ouvriers, moulin, ne fût An- toine Brucher, non Aubry Olivier, qui n’en étoit que l’infpeéteur ou conduéteur. Henri I. en 258$, rétablit la manutention du matteau , & la fabrication au laminoir ne fervit plus que pour les médailles, les jetons, & les pie- ces de fêtes ou de plaifirs. Enfin, Pancienne maniere fut entierement abo- lie par Louis XIV: qui par fon édit du mois de Mars 1645, défendit aux ouvriers & autres offi- ciers des monnoies, de fabriquer aucune monnoie ailleurs ni autrement, que par la voie du [ami- noir, &t ce pour rendre tontes les monnoies uni- formes, & éviter tous les abus qu'on pouvoit fi facilement commettre, & qui continuellement s’in- troduifoient dans la fabrication au marteau. On a continué depuis ce tems à fe fervir du la- minoir dans tous les hôtels des monnoies de France, la commodité des ouvriers & la beauté de l’ou- vrage s'y trouvant également. Son effet eft trop für pour ne pas regarder le zonroyage au mar- teau comme anéanti pour toujours, quoique l’on s’en ferve encore en Hollande. Pour le monnoyage au laminoir 8 au balancier, il faut poinçon des matrices ou des carrés avec lefquels on puiffe imprimer fur les flancs, c’eft-à- dire fur les morceaux de métal difpofés à rece- voir l’effigie du prince, ou les antres marques & légendes qui caraétérifent les efpeces, & qui re- glent leur poids & leur prix. Ayant expliqué ail- leurs la maniere de les tailler & de les graver, on ne la répétera pas ici. Voyez POINÇON , Ma- TRICE, CARRÉ, LÉGENDE. Les Monnoyeurs ne fabriquent point d’efpeces d’or & d'argent fans alliage, & mettent toujours du cuivre avec ces deux métaux. Les raïfons de ces coutumes font la rareté de ces métaux, la néceflité de les rendre plus durs par le mélange de quelque corps étranger; & en-outre par ce moyen d'éviter les dépenies de la fabrication qui fe doivent prendre fur les efpeces fabriquées. oyez ALLIAGE, ; L Il y a deux fortes d’alliages qui fe font dans la fabrique des monnoïies : l’un quand on emploie des matieres d’or & d'argent, qui n’ont point encore fervi pour le monroyage : & l’autre, lorfque l’on fond enfemble diverfes fortes d’éfpeces où de lin- gors de différens titres, pour en faire une nouvelle monnoie. | L'évaluation ou plutôt la proportion de l’alliage avec le fin, eff facile dans le premuer cas; mais elle à plus de difficulté dans le fecond. Tous les auteurs qui ont traité des monnoiïes, Ont donné des tables pour faire cette réduétion;! & les calculs donnent auffi des méthodes & formules d’alliager, dont on peut fe fervir. Voyez REGLE D’ALLIAGE. . Voici une méthode que l’on fuit affez commus nément : quand on veut faire un alliage ou plutôt 664 M O N V’évaluation de lalliage pour ajouter ou diminuer ce qui manque au titre, on dreffe un bordereau des matieres qu'on veut fondre, contenant leurs qualités, leur poids 6t leurs titres; on partage enfuite ce bordereau en deux autres, dont l’un comprend toutes les matieres qui font au-deflus du titre auquel fe doit faire la fonte; & l’autre, toutes celles qui font au-deflous. Ayant calculé chaque bordereau féparément, on voit par le calcul des premieres ce que les ma- tieres fortes de titre ont au-deflus du titre or- donné; & par le calcul du fecond, ce que Îles matières foibles ent au-deflous ; enforte que les deux réfultats étant comparés, on fait précifément par une fouftraûtion, combien :l faut ajouter ou de fin ou d’alliage pour réduire toutes les matieres au titre réglé pour la nouvelle fonte. À l'égard de la fonte, fi c’eft de la monnoie d’or, elle fe fait dans lés creufets dé terre, de peur que l’or ne s’aigrifle; mais fi c’eft de largent, du billion ou de cuivre, on fe fert de creufet de fer fondu, en maniere de petits feaux fans anfes, ou de cafles. Voyez CREUSET. Deux fortes de fourneaux font propres pour la fonte des monnoies ; ceux à vent, & ceux à fouf- flet, Voyez FOURNEAU À MONNOYER. Quand l'or, l'argent, ou les autres métaux font en bain, c’eft-à-dire entierement fondus, on les brafle avec des cannes ou brafloirs de terre cuite, appellés guilles, pour l'or, & de fer, pour l’argent, billon & cuivre. En cet état, on les coule dans les moules ou chaflis pour faire les lames; ce qui fe fait de Îa même maniere que les Fondeurs en fable, tant pour les maffñfs, que pour la maniere de corroyer la terre & d’y arranger les modeles. Foyez FoN- DERIE, CHassis & MOULE. Les modeles des monnoies font des lames de bois élevées de relief fur la Planche gravée, voyez PLANCHE GRAVÉE , longue d'environ quinze ponces, & à peu-près de l’éparffeur des efpeces à fabriquer. Les moules pour l’or & l'argent en ont communément fept pour le tour des louis, écus, & dix pour les demi-louis & petites pieces d’argent ou de billon ; on en fait à proportion pour le cuivre. Voyez Mouze. La feule différence qu'il y a entre la maniere de jetter l’or en lame & celle dont on fe fert.pour les autres métaux, c’eft que l’argent, billon ou cuivre fe tirent des creufets avec de grandes cuillers à long manche, voyez CUILLER, pour les verfer par le jet du moule; & que pour l’or:on fe fert de tenailles à croiflant, faites com- me celles des fondeurs , avec lefquelles on porte aufli comme eux le creufet tout plein d’or en bain pour-en remplir le moule. Voyez TENAILLE À CROISSANT. Monnoyage au laminoir, Les lames ayant été re- tirées des moules, les parties baveufes en font em- portées avec une ferpe,.ce que l’on appelle ébarber; pnles gratte &c nettoie avec la gratte-boffe ; en- fuite on les pañle plufeurs fois au laminoir, pour les applatir, & fucceflivement par différens lami- noirs, pour les réduire à la jufte épaiffeur qu’elles doivent: avoir.: ces lames font deftinées à faire flancs. Il faut obferver- que Les lames d’or font recuites avant de pafler au.laminoir. Pour les recwire, on les met fur un fourneau de recuite; on les fait prefque: rougir ; enfuite, on les jette dans l’eau, pourlesadoucir,.faire. qu’elles s'étendent plus facile- ment, &.empêcher que leur aigreur ne lés faffe caf- ferrau’dégrofi, ce qui arrive néanmoins quelque- fois-maloré cette. précaution. ré Quant aux lames, d’argent, elles paffent en blanc, { M ON étant recuites,au dégroffiment pour la premiere fois; enfuite on les recuit, on les laifle refroidir d’elles- mêmes &c fans les mettre à l’eau, de crainte que, par un effet contraire à l'or, la matiere ne s’ai- grifle. On les recuit trois on quatre fois, & on les paffe fept ou huit au laminoir. Voyez RECUITE. Les lames foit d’or, foit d'argent, foit de cuivre, ayant Cté réduites autant qu'il eft poffible, à l’'épaif- feur des efpeces à fabriquer, on les coupe avec la machine appellée coupoir, qui eft faite d'acier bien acre, en forme d’emporte-piece , dont le diametre eft proportionné à la piece aw’on veut frapper. Le” morceau de métal emporté par cet inftrument eft appellé ffanc, & ne prend le nom de "onnoie, qw’a- près que l'effigie du roi y a été empreinte. Le coupoir dont on peut voir la fig. PL. de Mon. eft compoifé du coupoir dont on vient de parler ; d’un arbre de fer, dont le haut eff à vis, & au-bas duquel eft attaché le coupoir ; d’une manivelle pour faire tourner l'arbre ; d’un écrou où s’engraine la partie de l’arbre qui eft à vis; de deux platines, à- travers defquelles l’arbre pañle perpendiculaire- ment; & au-deflous du coupoir eft une troifieme platine taillée en creux, par le milien du diametre du flanc qu'on véur couper. Voyez Coupoir. Sur la platine en creux onapplique la vis baïffant le defous du coupoir parle moyen de la manivelle. L’emporte-piece coupe à l’endroit où elle porte à faux ; les flancs coupés, on les livre aux ouvriers, ajufteurs & taillerefles,pour les rendre du poids des denéraux, qui font des poids étalonnés, fur lef- quels doivent être réglées les monnoies, chacune felon fon efpece, voyez DENÉRAL, AJUSTEUR. Si les flancs font trop legers, on les cifaille; s'ils font trop forts, on les lime avec une écouane qui eft une forte de lime : les ajufteurs & les taillereffes répondent de leurs travaux. Après que les flancs ont été ajuftés , on les porte à l’attelier du blanchiment, c’eft-à-dire au lieu où lon donne la couleur aux flancs d’or, & l’on blanchit ceux d'argent; ce qui s'exécute en les fai- fant recuire dans un fourneau, & lorfqu'ils ont cté tirés & refroidis, en leur donnant le bouilli- toire. Voyez BLANCHIMENT, BOUILLITOIRE. Donnerle bouillitoire aux flancs, c’eft les faire botullir fucceffivement dans deux vaifleaux de cui- vre appellés Pouilloirs, avec de l’eau, du fel com mun & du tartre de Montpellier ou gravelle;, & lorfqu’ils ont été bien épurés avec du fablon , .& bien lavés avec de l’eau commune, les faire fécher fur un feu de braife qu’on met deffous un crible de cuivre où on les a placés au fortir des bouilloirs. Le blanchiment des flancs fe faifoit autrefois bien différemment; & même l’ancienne maniere s’'eft encore confervée parmi plufñeurs Orfévres ou ouvriers qui émplotent l'or & l'argent pour blan- chir & donner couleur à ces métaux : on en a fait un article particulier. Voyez BLANCHIMENT. Avant l’année 1685, les flancs qui avoient reçu le bowllitoire , étoient immédiatement portés au balancier, pour y étre frappés & y recevoir les deux empreintes de l'effigie & de l’écuflon ; mais depuis ce tems, en conféquence de l’ordonnance de 1690, on les marque auparavant d’une légende ou d'un cordonnet fur la tranche, afia d’empé- cher par cette nouvelle marque, la rognure des efpeces, qui eft une des manieres dont les faux- monnoyeurs alterent les monnoies. La machine pour marquer les flancs fur la tran- che, quoique fimple, eft rrès-ingénieufe. Elle con- fifle en deux lames d’acier faites en forme de re- gle épaifle d’environ une ligne, fur lefquelles font gravées les légendes ou les cordonnets, moitié fur l’une, moitié fur l’autre ; l’une de çes lames eft im- tr mobile MON _ mobile, & fortement attachée avec des vis fur une plaque de cuivre, qui l’eft elle-même à une table fort épaifle. | L'autre lame eft mobile & coule fur la plaque de cuivre, par le moyen d’une manivelle & d’une roue de fer à pignon, dont les dents s’engrenent dedans.la denture qui eft fur la fuperficie de la lame coulante. Le flanc placé horifontalement entre ces deux la- mes, eft entraîné par le mouvement de celle qui eft mobile, enforte que lorfqu'il a décrit un denu- cercle, il {e trouve entierement marqué. Cette machine eft fl commode qu’un feul hom- me peut marquer 20000 flancs en un jour. Ce fut Caftaing, ingénieur, qui la trouva : elle fut, comme on conçoit facilement, reçue avec applaudifflement ; on en fit ufage en 1685, & l’or- donnance en fut rendu cinq ans après. C’eft ici lendroit de rendre juftice à Caftaing. Les Anglois prétendent avoir eu la marque fur tranche avant Caftaing. Voici la preuve qu’ils en donnent. Olivier Crom- wel en 1658 fit frapper des pieces*appellées cou- ronne & demi-couronne, qui font marquées fur tranche. Mais long-tems avant Cromwvel on avoit marqué fur tranche avec des viroles. Foyez VIROLE. Cette opération fe faifoit en mettant le flanc dans une virole jufte qu'il excédoit dethauteut ; êæ en frappant deflus plufieurs coups de balancier ; la matiere s’étendoit , & recevoit l’empreinte des lettres qui étoient gravées fur la virole. Lorfque les flancs font marqués {ur tranche, on les acheve au balancier, dont on peut voir la figu- re, qui eft une invention de la fin du feizieme fiecle. - e Les principales parties du balancier font Le fléau, la vis, l'arbre, les deux platines, & les boîtes. Toutes ces parties, à la réferve du fléau, font con- tenues dans le corps du balancier , qui eft quelque- fois de fer, mais plus fouvent de fonte ou de bronze. Ce corps qui eft très-maflif pour foutenir l'effort du travail, .eft porté par un fort mafhf de bois ou par un bloc de marbre. Le fléau qui eft placé horifontalement au-deflus du corps du balan- cier , eft une longue barre de fer, quarrée, garnie à chaque bout d’une grofle fphere de plomb; le mouvement de cette mafle fait toute la force du conp. Il y a au fléau des anneaux auxquels font attachés des cordons que des hommes tirent, Dans le milieu du fléau eft enclavée la vis; elle s’engrene dans l’écrou qui eft travaillé dans la par- tie fupérieure du balancier même, & prefle l’ar- bre qui eft au-deflous. À cet arbre qui eft drefñlé perpendiculairement & qui traverfe les deux pla- tines qui fervent à lui conferver régulierement cette fiuation, eft attaché le carré ou coin d’é- _“cuflon dans une efpece de boite, où 1l eft retenu par des vis & leurs écrous. Enfin, la boite où fe met le coin d’effisie, eft tout-au-deflus, &c folide- ment attachée à la partie inférieure du corps du balancier qu’on voit, PZ. de Mon, il y a aufli un autre petit reflort à la boîte de deflous pour en détacher l’efpece quand elle a reçu l’émpreinte. Enfin, il y a au bas du balancier une profondeur qui s'appelle la fof/e où fe tient auffi le moanoyeur qui doit mettre les flancs entre les carrés ou les en retirer quand ils font marqués. Foyez BALANCIER. Lorfqu'on veut marquer un flanc, ou frapper une médaille, on le met fur le carré d’effigie ; & à l’inf- tant des hommes tirant chacun de leur côté un des cordons du fléau, font tourner la vis qui eft en- clavée qui par ce mouvement fait baifer l’arbfe. On tient le carré d’écuflon ; enforte que le métal qui ‘Tom AT 4 M O N 66 fe trouve au milieu, prend la double empreinte des deux carrés. | Les flancs ainfi marqués des trois empreintes, de leffigie, de l’écuflon & de la tranche, devien- nent monnoyés, Où comme on parle en terme de monnoies, deniers de monnotes ; mais ils n’ont couts qu'après la délivrance, & que la cour a donné per- miflion aux directeurs des monnoies de les expo= fer en public. Tout ce qui fait la différence éntre le morroyage des efpeces & celui des médailles au balancier, c’eft que la monnoie n'ayant pas un grand relief, fe marque d’un feul coup ; & que pour les médail- les, il faut les rengrever plufents fois, & tirer plufieurs fois la barre avant qu’elles ayent pris toute l'empreinte : outre que les médailles dont le relief eft trop fort, fe moulent toujours fans fable & ne font que fe rengrever au balancier , & quelque- fois f difficilement qu'il faut jufqu'a douze ou quinze volées de fléaux pour les achever. Voyez MÉ- DAILLE. On connoît qu'une médaille eft fufifamment marquée , lorfqu’en la touchant avec la main dans le carré d’écuflon, elle porte également de tout côté, & ne remue point. Voyez MÉDAILEON. MONNOYAGE , ( Fabrication de monnoie au mar- teau.) Quoique cette manutention ne foit plus d’u- fage , pour ne rien omettre de tout ce qui peut fer- vir à l’hifoire des Arts, voici le procédé que l’on fuivoit. La fonte du métal fe faifoit, de même que les ef- fais , à-peu-près de la maniere que l’on a déraillée à l’article précédent ; c’eftaufli-tôt après la fonte des lames que commence la différence, Les lames d’or, d’argent ou decuivre , ayant été tirées des moules, on les étendoit fur l’enclume , après les avoir fait recuire ; ce qui s’appelloit barre la chaude, Après qu’elles étoient fuffifamment bat- tues, on les coupoit en morceaux; ce qu’on nom- moit couper carreaux , voyez CARREAUX. Ces car- reaux étoient enfuite recuits & flatis, voyez FLA- TIR, c'eft-à-dire recuits &T étendus avec le mar- teau appellé ffaroir; puis aqjuités, ce qu’on faifoit en coupant les angles avec des cifailles ; après quoi, en les coupant & arrondiffant, on les réduifoit au poids des deneraux, voyez DENERAL, fuivant les efpeces ; ce qu’on appelloit approcher carreaux. En- fin on les réchaufloit, voyez RÉ CHAUFFER, fur l’en- clume , c’eft-à-dire qu’on achevoit de les arrondir avec un marteau nommé réchauffoir , voyez RE- CHAUFFOIR, qui rabattoit les pointes qui reftoient encore à la tranche ; enforte qu’on les réduifoit au volume des pieces qu’on vouloit fabriquer ; cequ’on appelloit adoucir, quelquefois fZarir. Les carreaux en cet état fe nommoïent flancs : on! portoit les flancs au blanchiment , voyez BLAN- CHIMENT, comme on l’a dit à Particle précédent, enfuite on les donnoit aux monnoies pour les frap- per au marteau. . Pour cette derniere opération qui achevoit la monnoie, on fe fervoit de deux poinçons ou coins, lun nommé /2 pile, voyez Pire, & l’autre, srouf- Jeau, voyez TROUSSEAU. Tous deux étoient gravés en creux; la pile portoit l’écuflon, & le trouffeau l'effigie du prince , ou la croix; & l’autre, leur Lé- gende , & le grénetis, le milléfime, voyez MiLLé- SIME. | La pile qui avoit environ huit pouces de hau- teur, avoit une efpece de talon au mieu , & finif- foient en pointe ; elle avoit cette figure, pour être plus facilement enfoncée, & plus folidement atta chée au billot nommé cépeau, voyey CÉPEAU , fur lequel on battoit la monnoie. EL Le monnoyeur ayant mis le flanc horifontale- + 0 PPpp 666 MON ment fut la pile, & le couvrant enfuite du trouffeau qu'il tenoit ferme de la main gauche, 1l donnoit {ur ce troufleau plufeurs coups d’un maillet de fer qu'il tenoït de la main droite, plus où moins , fui- vant que l'empreinte des coins étoit plus ou moins gravée profondément. Si le flanc, après ces pre- miers coups, n’avoit pas été fufhfamment frappé; on le rengrevoit, voyez RENGREVER , c’eft-à-dire w’on le remettoit entre la pile & le trouffeau , juf- qu'à ce que les empreintes de l’un oude l’autre fnf- fent parfaitement marquées. Ainf s’achevoientles diverfes efpeces de mon- noies au marteau, qui, non plus que celles que l’on fait aujourd’hui au laminoir , n’avoient cours qu’a- près que la délivrance en avoit été faite par les ju- ges-gardes. MonnoyAGE , (Hôtel des monnoies.) lieu où l’on frappe les monnoies. Il y a trente villes en France, où l’on bat monnoïe ( il en fautexcepter Angers où Jon n’a jamais fabriqué ) ; elles font citées à l’ar- ticle déférent , avec leurs lettres, chaque hôtel en ayant une. Il y à dans chaque hôtel de monnoie, pour Îa ré: gie, deux-juges gardes, un direéteur, un contrô- ie , un graveur , dés ajufteurs & monnoyeuts , dont le nombre n’eft pas limité, Dans celle de Paris 11 y a de plusun direéteur général, untréforier général, un contrôleur général , un graveur général , un ef dayeur général, qui le font de toutes les monnoies de Fränce ; dé plus, un receveur & un contrôleur au change. Pour la juftice dans quelques-unes ; un général provincial, qui 4 féance à la cour des monnoies , les deux juges - gardes , un procureur du roi, des huifiers. | Il n’y a en France que deux cours des monnoies, avoir, Paris & Lyon. Il y a de plus une chambre des monnôies à Mets, une à Dole, & une autre à Pau. MONNOYAGE , 4 la monnoie, lieu où eft placé le balancier , & conféquemment où l’on marque les flancs. Ily à dans l'hôtel des monnoiïes de Paris un inf petteur du monnoyage : ce font les juges-gardes qui ont cêtte infpeltion dans les provinces. La chambre du monnoyage eft le lieu où les offi- ciers monnoyeurs s’aflemblent, foit pour leurs déli- bérations , ou autre chofe de cette nature. MONNOYERIE, f. f. ancien terme de monnoie, lieu ou attelier où lon donnoïit à la monnoie fon emprein- te, Voyez MONNOYAGE. MONNOYEUR , cerme de monnoie, nom que l’on donné aux bas ouvriers qui travaillent à la fabrica- tion des monnoies. Nul ne peut être reçu #onroyeur, s’il n’eft d’eftoc & dé ligne de worroyeur. Les monnoyèurs reçoivent du diretteur les efpeces, ou au poids ou au compte ; leurs fonétions font d’arran- ger les quatrés fous le balancier ; & d’y placer les flancs pour y être frappés ou monnoyés : leur droit eft le même que celui des ajufteurs. Voyez Arus- TEUR. | MONOBRICA,, (Géog. anc.)ville de l’Efpagne bé- tique , felon d'anciennes inferiptions, On la nomme aujourd'hui Monbrigo ; mais ce n’eft plus qu’un vil- lage de l’Andaloufie. MONOCEROS , Voyez MARwAL. MONOCHROMATON , (Peint. anc.) [2ÔV0y pic TOC OÙ pidura [AOVOLPOMATOS % Plin. Hiff, efpece dé péinture tracée & orbrée d’une fenle couleur, dans laquelle on obferve la dégradation des teintes pour les chofes élorgnéés , par le clair &c l’obfcur, comme avec lé crayon. La peinture antique, en s’acheminant à la repré= fentation fidélle de la nature, ne confiftoit cepen- dant encore que dans l’emploi d’une feulé couleur pour chaque tableau, férgulis coloribus ; & quoique cette efpece de peinture ne fût pas entierement dans les regles de la parfaite imitation , elle ne fut pas moins goûtée ; elle à même pañlé à la poftériré. Pli- ne remarque qu'on la pratiquoit de fon tems ; elle étoit connue fous Le nom de monochromaton , qui la défigne. Aujourd’hui elle eft encore en ufage ; c’eft cette peinture que nous nOMMONS carrayen. Il ne faut pas la confondre avec l’efpeee de tra- vail que les anciens appelloient #070gramma, ainfi que l'ont fait quelques commentateurs de. Pline, Voyez MONOGRAMME. | MONOCLE , f. m. ( Oprique, ) on appelle ainfi quelquefois les petites lunetres ou lorgnettes qui ne fervent que pour un feul œil , de wovos , feul , & oculus | œil. Voyez LUNETTE , LORGNETTE , Br- NOCLE. MONOCORDE , fm. ( Lush. ) eftun inftrument qui a été imaginé pour connoître par fon moyen la variéte & la proportion des fons de mufique. Foyez Tox. | Le monocorde, felon Boëce , eft un inftrument qui a été inventé par Pithagore pour mefurer géométri- guement ou par lignes les proportions des fons. Le monocorde ancien étoit compofé d’une regle dis viféé & fubdivifée en plufeurs parties, fur laquelle il y avoit une corde de boyau ou de métal médio- crément tendue fur deux chevalets par fes extrémi- tés ; au milieu de ces deux chevalets ik y en avoit ün autre mobile par le moyen duquel , en l’appli- quant aux d#férentes divifions dela ligne, on trou voit en quels rapports les fons étoient avec les lon- gueurs des cordes qui les rendoient. | On appelle aufh le morocorde regle harmonique ow canonique ,; parce qu'elle fert à mefurer le grave & l’aigu des fons. Ptolomée examinoit ces intervalles harmoni- ques avec le #onocorde. Voyez REGLE, GRAvI- TÉ, &c. | Il y a auffi des r2onocordes qui ont diverfes cordes & plufieurs chevalets immobiles, mais qui peuvent être tous fuppléés par le feul chevalet mobile, en le promenant fousune nouvelle corde qu’on met aw milieu, qui repréfente toujours le fon entier ou ou- vert, correfpondant à toutes les divifions qui font fur les autres chévalets. | | Lorfque la corde eft divifée en deux parties éga- les , de façon que fes parties foient comme r à 1 ,on les appelle zriffon ; fi elles font comme 2 à 1 , onles nomme oéfave Où diapafon ; comme 1 à 3/, quinte ou diapente ; comme 4 à 3 , quarte ou diatefleron ; comme $ à 4, diton Ou tierce majeure ; comme 6 à ; , demi-diton ou tierce mineure ; enfin comme 24 à 25, demi-diton ou dièle. FPoyez UNiIssoN, Oc-. TAVE ; DIAPASON , DIAPENTE , DIATESSERON, Ec. Le monocorde , ainfi divifé , étoit ce qu’on ap- pelloit proprement un fyflème , & 1l y en avoit de plufieurs efpeces, fuivant les divifions du 1020corde. Voyez SYSTÈME. Le doéteur Wallis a donné dans les Tranfaëtions philofophiques , la divifion du monocorde ; mais cet infirument n'eft plus en ufage , parce que la mufique moderne ne demande pas de pareille divifion, Monocorde eft auffi un inftrument de mufique qui n’a qu’une feule corde, telle qu’eft la trompette ma- rine. oyez CORDE & TROMPETTE. Le mot eft grec movoyopdos de povos , Jeul, & Xopd'n , corde, MONOCROME, f. m. ( Peinture. \ d’une feule couleur, Voyez CAMAYEUX, CLAIR oBscur, Ce inoteft compofédu grec pores 5 -feul , 8e deixpaux, couleur. AE AN! 316 AU TE b LL MONOCROTON , 4 m: (if ane.) vaifleau à un bancderames-de chaque côté. On l’appelloit auff moneris ce n'étoir donc pas, comme-on le pourroit croire Jrunetbarque qu'un:feul homme pût gou- sVErNEFE 5 21 TI Re: À ÈS : MONOCULE, fm serme. de Chirurgie, bandage pour la fiflulelacrymale 8 autres maladies qui af- feîent un œilIlfe fait avee une bande longue de trois aunes y large derdeuxdoigts, roulée à un globe qu'on tieñt de la main oppofée à la partie malade ; “c'eftidire j'que pour appliquer cetre bande {ur loeil droit, de globeeit dans lamaimdroité, & l'on tient le bontaveclamain gauche , 8 mice versé. On appli- que le bont de labande àla nuque, & l'on fait un circulaire qui pafle fur lefront, êr vient engagerle bout dela bandes on defcend,enfuite fous l'oreille dicôtémälade, & on pañle obliquement fut la joue au-deflous de l'œil ; fur\la racine du nez, fur le pariétaloppolé, & à lasnuque ; le troifieme tour de bande forme un doloireavec le. fecond ;:le-quatrie- me ‘en fait unlfurile troifieme ;.& on finit par quel- ques circulaires au-tour.de la tête. Ce bandage ef contentif, & fuppofe l'application de l'appareil con- vénable, Son nom lui vient du grec, morce, folus, uni- us, feub unique , & dulatin, ocudus , œil. Foyez fig. 4. PL XXVIT. Un mouchoir en triangleeftanfi-bon & eft moins embarraffant que ce bandage, (F) MONOCULES,, ( Géogr. ) peuples qui n’avoient qu'un œil , au rapport d'Hérodote, de Ciéfias &c de quelques autres auteurs. Ces Monocules fabuleux étoientiles Scythes , qui tirant continuellement de l'arc, tenoienttoujours un œil fermé pour vifer plus juite. Il n’y a jamais eu de peuples qui n’euffent en réalité qu'un œil. Les Cynocéphales qu'on 4 pris pour des hommes , font des finges d'Afrique à lon- gue queue ; & ces peuples, quipafoient pour avoir des piésfilarges, font les habitans de la zone glacra- le, qui marchent fur des raquettes pour franchir les neiges dont leur pays eft prefque toujours couvert ; mais l'ignorance &c la barbarie peuvent fairerenaïtre les Monocules. (D.J.) MONODIE , ff. ( Livré.) povodia , dans l’ancien- ne poéfie grecque , forte de lamentation ou de chan- fon lugubre qu’on chantoit à voix feule, comme Fin- dique aflez ce mot formé du grec yzoros , Jeul &t od, chant. MONOÉMUGI, ( Géog.) royaume d'Afrique, dans la bafle Ethiopie, Luyts le divife en cinq por- tions, qui font l'empire de Moroëémug:, celui de Monomotapa , la Cafrerie , le royaume de Congo & celui de Biafara. Il a au nord le royaume d’Alaba, à lorient le Zanguebar, au midi le royaume des Bo- rores, & à l'occident celui de Macoco, Ce pays comprend en partie les montagnes de la lune, Il a des riches mines d’or, d'argent dont les ha- bitans ne tirent aucun parti. Ils font noirs, idolâtres, fauvages, 8 obéiflent en général à un chef que nous appellons ro. ( D. J. ) MONOGAME , f. m. ( Jurifpr. ) terme de droit , qui fignifie celui qui n'a eu qu'une femme. Voyez c- deffous MONOGAMITE. { MONOGAMIE, f. f. (Jurifprud.) état de celui ou de celle qui n’a qu'une femme ou qu’un mari, ou qui n’a été marié qu'une fois Voyez MARIAGE, BIGAMIE, &c, ce mot eft compofé de wovocs, feul, uuique , 8t de yauos, mariage, MONOGRAMME., f. m.( Monnoies. Infcriprions. Médailles. ) cara@tere compofé d'un chiffre , formé de plufieurs lettres entrelacées. Ce caratere ou chiffre etoit autrefois une abréviation de nom, & {ervoit de figne, de fceau, ou d’armoiries, Tome X, # * « MON 667 Larfignature.dvec des morogrammes étoit fort en ufage-au viy, & vu. fiecles. Charlemagne fe fervoir du #0on0grammedans {es fignatures, comme une in- finité de: titres de ces tems-là le juflifient, 1l le fit même graver fur un calice dont Louis -le- Débon- natre , où plütôt le foible, fit préfent à S. Médard,, ainf que l’aflure l’auteur de la tranflation de faint Sébaftien; calicem cum paterd parris [ui magni Caroli monogrammate izfgmid! L'on commença pour- lors, à limitation de l’empereur, à fe {ervir en France plus fréquemment du #0720gramrme. Eginard rapporte que Charlemagne ne favoit pas écrire ; qu'iltenta fans fucces de l’apprendre dans un âge avancé, & que fon ignorance fut caufe qu’il fe fer- vit pour fa fignature du m0n0gramime , qui étoit fa- cile à former, w£ imperitiam hanc, honeflo ritu fupple- ret, monogrammatis fur, loco proprir figni invexie. Nombre d'évêques de ce tems-là étoient obligés de fe fervir du r20720pramme par la même raifon. Ontrouve auff le moz0ogr1mme de Charlemagne fur les monnoiïes de ce prince, & c’eft une preuve que Charles-le- Chauve n’a pas été le premier, comme l’a cru le pere Sirmond, qui ait ordonné qu'on mit fon monogramme {ur les monnoies, il ne {ert de tien pour défendre lopinion du favant jé- fuite, de dire qu’il a feulement prétendu que Char- les le-Chauve toit le premier, qui avoit ordonné parun édit, qu’on marquât les monnoies avec fon monogramme, puiqu'il eft certain que fans l’ordre exprès du fouverain, on ne s’avife jamais de tou- cher à la marque de la monnoie , qui eft une chofe facrée. Sous la feconde race de nos rois, on mit préfque toujours le monogramme du prince fur la monnoie, & cette coutume dura jufques fous le roi Robert. Du Cange s’eft donné la peine de recueil- lir les monogrammes des rois de France, des papes, êt des empereurs. Mais Pobjet le plus intéreffant des monogrammes , eft relatif aux médailles. Le pere Hardouin pré- tend quils défignent les différens tributs qu’on payoit à l’empereur, du dixieme, du vingtieme, du trentieme, du quarantièéme, & du cinquantieme. Selon lui, I marque le dixieme denier, K le vingtie- me, M le quarantieme. De même le fimple X dénote le dixieme , XX le vingrieme, XXX Ie trentieme, XX X X le quarantieme ; mais ce fentiment eft abandonné de tous les favans. Il feroit plus raifonnable de conjeéturer que ces lettres dénotent le prix de la monnoiïe, que l’I ou lXmarquent, fi vousvoulez, des oboles, ou fembla- bles petites monnoies du pays, le K ou les XX vingt, &c. comme on voit fur Les ochayo d’Efpagne, oùle VIII. marque maravedis. Nous avons dans le bas - Empire des #020gram mes de villes, & de fleuves, comme de Ravenne, du Rhône, & de quelques autres que M. du Cange a recueillis: & dans les modernes nous avons des monogramimes de noms, comme on le peut voir dans Strada. [l ne faut pas croire pour cela que les mo70ogram- nes {oient particuliers au bas-Empire; les médailles antiques des rois & des villes font chargées quelque- fois de plufieurs morogrammes différens ; fur le même revers. il y en a de fimples qu’on devine fans peine, mais la plüpart font encore inconnues aux plus fi L LA - éclairés. | Il eft donc fouvent fort dificile d'expliquer ces fortes de lettres à plufeurs branches, renfermant un mot entier qui eft ordinairement le mot de la ville ou du prince, ou de la déité repréfentée fur la médaille , quelquefois encore l’époque de la ville, ou du regne du prince pour qui elle a été frappée. On en trouve grande quantité, principalement fur les médailles greques, PPppi 663 MON Les monogrammes font parfaits, quand toutes Îes lettres qui compofent le mot y: font exprimées; tel eft celui du Rhône dans la médaille de Jufin, celui de Ravenne ,& femblables ; telles font les monnoies de Charlemagne &c de fes defcendans, où le revers porte Carlus en monogramme. Ils font imparfaits quand il n’y a qu'une partie des lettres exprimées; tel eft celui de la ville de Tyr, où l’on ne trouve que la rige du T, qui ef la maflue d'Hércule, divi- nité tutélaire des Tyriens: le mozogramme de cette ville eft aufüi fouvent figuré par Y. Il faut prendre garde à ne pas confondre les 710- nogrammes avec les contre-marques des médailles. Les contre-marques font toujours enfoncées, parce qu’elles font frappées après la médaille battue ; Les monogrammes battus en même tems que la médaille, y font plûtôt un petitrelief. Pour les découvrir sûre. ment il faut beaucoup de fagacité, &une grande at- tention au lieu & au tems où la médaille a étéfrap- pée , à toutes les lettres qu’on peut former des diffé- rens jambages qu’on y découvre, & aux lettres qui font répétées , où les mêmes traits fervent deux ou trois fois. Tel eft le monogramme de Juftinien fur le revers d’une médaille grecque de Céfarée, où la pre- miere branche qui fait I (ert trois fois dans le mot IOYCTINIANOC. Le C 6 la lettre N fervent deux fois. Les lettres uniques qui marquent le nom des villes, comme 1 Paphos, = Samos, &c. ne doivent point être comptées parmi les momogrammes ; ce font de vraïes lettres initiales, ( D. J.) MONOGRAMME, (Peine. anc.) en grec ovo- ypauos, en latin morogrammus dans Cicéron. Il faut entendre par ce mot de fimples efquifles , des def- feins où il n’y a que le trait, que nous appellons nous-mêmes aujourd'hui des sraits, &c c’eft en ce fens que Cicéron difoit, que les dieux d’Epicure comparés à ceux de Zénon, n’étoient que des dieux monogrammes & fans aétion, ce n’étoit pour ainf dire que des ébauches de divinités. M. l'abbé d’Ol- vet, qui montre beaucoup de fagacité & de juftefle dans l'interprétation des auteurs anciens, s’eft trom- pé néanmoins en prenant le monogramme pour une figure d’un feul trait, il falloit plütôt dire une f- gure au fimple trait. La définition de Lambin, fon- deé fur celle que Nonius Marcellns avoit déja don- née, eft plus conforme à la prauque de Part. Mozo- gramme , dit-il, eft un ouvrage de peinture qui ne fait que de naître fous la main de lartifte, où lon ne voit que de fimples traits, & où l’on n’a pas en- core appliqué la couleur , guod folis lineis informa- sum © deferiptum ef, nullis dim coloribus adhibiris, Voyez Trairs. (D. J.) MONOLOGUE, 1. m. (Belles. Lettres. ) {cene dramatique où un perfonnâge paroît & parle feul, Voyez SoziLoQuE. Ce mot eft formé du mot grec govoc, feul, 8 de n0y0c, difcours. MONOMACHIE , f.f, (Hiff. mod.) en grec pove- paure, duel, combat fingulier d’homme à homme. Voyez DUEL. Ce mot vient de juorcs, Jeul, & de uuun, combat. La #onomachie étoit autrefois permife êz foufferte en jufüice pour {e laver d’une accufation, 8 même elle avoit lieu pour des affaires purement pécuniai- res , elle eft maintenant défendue. Voyez COMBAT, Alciara écritun hvre de monomachié. MONOME , {.m. er Algebre, quantité qui n’eft compofée que d’une feule partie ou terme, comme ab, aab, aaabb ; on l’appelle ainfi pour la diftin- guer du hinome, qui eft compofé de deux termes, comme ab+cd,6c, Voyez QUANTITÉ , BINOME, TERME, &c. MONOMOT APA , ( Géogr. ) royaume d’Afri- que, qui comprend touté la terre ferme qui eft en- tre les rivieres Magnice & Cuama, ou Zambeze- M ON. M. de Lifle borne les états du Morzomotapa par ces deux rivieres, & à l’orient par la mer. | Cet état eft abondant en or & en éléphans: le rot qui le gouverne teft fort riche , & étend prefque fon domaine jufqu’auicap de Bonne-Efpérance..ll a fous lui plufieurs autres princes tributaires ,dontiléleve les enfans à fa cour, pour contenir les peres: fous fon obéiffance : c’eft un trait de politique des plus adroïts & des mieux imaginés. (2:J.) | MONOPÉTALE , en Boranique | termerqu fe dit des fleurs qui n’ont qu’une pétale indivife ou une _{eule feuille, | MONOPHAGIES, (Arriquir. grecq.)fète.en l’honneur de Neptune chez les Egimetes, en grec, povogayua ; on appelloit Morophages ceux qui célé- broient cette fête, parce qu'ils mangeoient enfem- ble fans avoir aucun domeïtique pour les fervir ; if n'étoit permis qu'aux feuls citoyens & aubains de Pile d’Egine d’y pouvoir affifter. Voyez Poter, Ar- chæol, grec. liv.\ II. c. xx. tom. I. pag. 364: (D.J.) MONOPHYSITES,, {.m.pl. (Æff. ecclef. ) nom qu’on donne en général à toutes les feétes du levant qui n’admettent qu'une nature en Jefus-Chrift: ce mot vient du grec porws, feul, unique, & de quais, nature, DE On defiyne pourtant plus particulierement par cette dénomination les feétateurs de Severe & de Pierre le Foulon. Jacques de Zanzale, fyrien, televa cette fefte, & de fon nomuils furent appellés Jaco- bires., Voyez JACOBITES, MONOPODE, f. m. ( Lisrérar. ) monopodiur, table à un feul pié: ces fortes de tables étoient d’ufage pour manger, Dans le tems du luxe des Romains on en faïfoit de bois d'érable, quelquefois de bois de citre, foutenues par un feul pié d'ivoire bien travaillé ; on les vendoit un prix exhorbitant, fur-tout fi le bois de citre étoit de différentes cou- leurs naturelles ; c’eft ce que nous apprennent Ho- race, Martial, Juvénal, Pline & Séneque. Cicéron en avoit une qui coûtoit deux cens nulle fefterces ; les quatre fefterces, felon dom Bernard, valoient fept fois & dem d'Angleterre. (D.J.) MONOPOLE, f. m.( Jurifprud.) eft le trafic illicite & odieux que fait celu? qui fe rend feul le maître d’une forte de rt , pour en être le feul vendeur , & la mettre à f haut prix que bon lui femble, ou bien en furprenant des lettres du prince, pour être autorifé à faire feul le commerce d’une certaine forte de marchandife , ou enfin lorf- que tous les marchands d’un même corps font d'intelligence pour enchérir les marchandifes ou y faite quelque altération. Ce terme vient du grec ovos 8 m one, qui fignife vendre feul; il étoit fi odieux aux Romains, que Tibere , au rapport de Suétone, voulant s’en fervar, demanda au iénat la RE de le faire, parce que ce terme étoit emprunté du grec. Ce n’eft pas d’aujourd’hui que l’on voit des m0- nopoles , puifqu'Ariftote en fes Poliriques, liv. I, ch. vi. dit que T'alès, miléfien, ayant prévü, par le moyen de l’Aftrologie, qu'il y auroit abondance d'olives, l’été fuivant ayant recouvré quelque peu d'argent, il acheta &c arrha toutes les olives qui étoient à l’entour de Milet & de Chio à fort bas prix, & puis les vendit feul, & par ce moyen fit un gain confidérable, Pline, 4v. FIII, de fon Hiffoire naturelle, dit en parlant des hériflons , que plufieurs ont fait de grands profits pour avoir tiré toute cette marchan- dife à eux. Chez les Romains le crime de wonopole étoit puni par la confifcation de tous les biens , & un exil per- pétuel, comme on voit en la loi unique, au code de monop. Vempereur Charles- Quint ordorina a même chofe en 1548. François [: futile premier de nos rois qui défendit Fes monopoles des'ouvriers, fous peine de confifca- tion de corps Gt de biens, Voyez l'ordonnance de 2539. article CXCT, Al y a nombre d’autres replemens qui ont pour objet de prévenir ou réprimet les monopoles. Comme ilknya rien deplas nécefaire à la vie que le blé, il ny a point aufi de monopole plus criant quecelui des marchands 8: autres perfon- nes quife mêlent d'acheter du blé pour le tevendre | plus cher. Foye BLÉ, COMMERCE, GRAINS. Sur leswronopoles en général, voyez Barberius, irivlatorlo juris ; tir, de colleg. illicitis & monopolis ; Francifeus Lucanus, 42 /ho craifatu celeberrimo in fe- cundaä parte principali de cafibus bonorum publicando- ram ; Damhouderins, 27 enchiridio praxeos rerrèm cri. aminalinm, (A : - MONOPOLIT, (Géogr.) ville d'Italie , au royau- me de Naples, dans la terre de Bari, avec un évé- ché fnffragant de Bari, mais exempt de fa jurifdic- tion. Elle ft fur le golfe de Vente, à o lieues S. E. de Bari , 3 SE, de Polignano. Long, 35, 2, lat. gr. 10. (D..J) MONOPSERE,, f. m.( if. arc.) forte de tem- ple chez les anciens, qui étoit de figure ronde & fans murailles pleines, enforte que le dôme qui le couvroit n’étoit foutenu que par des colonnes po- fées de diftance en diftance ; ce mot eft compofé de porcs, Jeul, & de mrepor , aïle ; comme Qui diroit, | bâtiment compofé d'une /eule aïle, Voyez TEMPLE. = MONORIME, f. m. ( Lis.) ouvrage de poéfe dont les vers font tous fur Ja même rime. Voyez Ri- ME. Ce mot efl formé du grec yuvos, feul, & de puêucc, harmonie outrime, Onprétend que les mozorimes ont étéinventés par uñ ancien poëte françois nommé Léonius ou Léoni- Aus , qui adrefla des vers latins mororimes au pape Alexandre IT. on leur donna enfin aufi le nom de vers Léonins. Voyez LÉONIN. Les monorimes ont été bannis avec raïfon de la poéfe latine; nous en avons quelques exemples dans la françoife , où, pour peu qu’on ait l’oreille délicate , on eft fatigué de ce retour perpétuel des mêmes fons. MONOSTIQUE, f. m. (Lis. ) petit morceau de poéfie confiftant en un feul vers. Ce nom eft formé du grec uovoc, feul, & de çuroc, vers. Voyez VERS. MONOSYLLABE, {. m. (Gram.) qui n’eft que dune fyllabe, comme roi, yeux, dont, Une lan- gue qui abondera en wonofÿllabes fera prompte , énergique , rapide , mais il eft difficile qu’elle foit harmonieufe ; on peut le démontrer par des exem- ples de vers où l’on verra que plus il y a de moro- Jyllabes , plus ils font durs. Chaque fyllabe ifolée & féparée par la prononciation fait une efpece de choc; & une période qui en feroit compofée imi- teroit à mon oreille le bruit défagréable d’un poli- gone à pluñeurs côtés, qui rouleroit fur des pavés. Quelques vers heureux , tels que celui de Mal- herbe, Et moi je ne vois rien | quand je ne la vois pas. ne prouvent rien contre la généralité de mon obfer- Vaton. Jamais Racine ne fe feroit pardonné ce- lui-ci, # 2 . Leciel n’ef pas plus pur que le fond de fon cœur, fans le charme de l’idée qui l’a fait paffer fur la ca- cophonie de pes , plus, pur, MONOTHELITES, f. m. pl. (Hifi. eccl.) anciens _bérétiques, qui tiroient leur ori gine des Eutychiens, êc furent ainfi nommés parce qu'ils ne reconnoif- M O'N 669 foient qu’une feule volonté en Jefus-Chrif, Poyez EUTYCHIEN: Ce mot eft grec, 8€ compofé de pisse, Jeul, &t de Sérw, vouloir. | | L'opinion des Monothélires prit naiflance en 630, & fut protégée par l’empereur Heéraclius. [ls ne dif- féroient en rien des Séveriens acéphales, Voyez Sés VERIEN, | Ils admettoïent bien à la Vérité deux volontés en Jefus-Chrift, confidéré en tant qu'ayant deux na: tures en fa perfonne: maïs des deux ils n’en faifoient qu’une; par rapport à l’union des deux natures ; re- gardant comme abfurde qu'une même perfonne püc avoir deux volontés libres & diflinées, Woyez PER: SONNE. | Ils furent condamnés par le fixieme concile gêne. ral, comme tendans à dégrader la perfe@ion de la nature humaine en Jefus-Chrift, en lui refufant une volonté & une opération qui lui fût propre. Ce concile déclara qu'il eft de foi qu'on doit diflingier en Jefus-Chrift deux volontés & deux opérations, qui ne font point confondues lune dans l’autre, mais fubordonnées l’une à lPautre ; favoir la volonté hu: maine à la divine, Voyez THÉANDRIQUE, Il eft bon d’obferver 1°. que par le mot d’opéræs sion,les Monothelifies n’entendoient pasou unaéte, ou une faculté, mais l’un &c l’autre en même tems, don< nant au mot d'opération un fens plus étendu qu'à ce: lui de volonté ; parcequ'opération comprend en gé- néral non-feulement tout a@e, mais encore toute faculté d'agir, au lieu que le terme volonté marque feulement un certain genre d'opération & de fas culté. #0! 2°, Que quoiqu'ils ne teconnuflent en Jefus-Chrift qu’une opération ou qu'une volonté , ils n’expli quoient pas tous leurs fentimens d’une maniere unis forme. Les uns n’admettoient en Jefus - Chrift qu’- une puiffance uniforme d'agir. Les autres au con traire , excluoient entierement cette puiffance de la nature humaine, parce qu'ils croyoient, comme les Eutychiens, qu'elle avoit été comme abforbée dans la nature divine au moment de l’union hypoftati- que. D’autres 'penfoient que les facultés humaiñes étoient pour lors reftées dans le Verbe, mais qu’el les y étoient demeurces comme mories, n'ayant d’elles-mêmes nulle ation, & n’agiflant que comme des inftrumens par l’impulfion de la volonté divine, d’où ils conciuotent que pour les deux natures, il n'y avoit qu'une feule & unique opération: D’au- tres enfin admettoient en Jefus-Chrift deux opéra tions, mais confondues l’une dans l’autre, 8 fi bien mêlées , qw’elles n’en faifoient plus qu’une, à peu- prèsicomme les Eutychiens, de deux natures n’en compofoient qu'une, qu’ils comparoient à l'homme, compofé de deux fubftances unies enfemble. Avec tant de variations & d’équivoques , il n’eft point étonnant que les Monothélires en aient impolé aux empereurs, & même au pape Honorius, qui n’ap- perçut pas d’abord tout le venin de cette heréfie. MONOTONIE, ff. (Les.) défaut de variation ou d'inflexion de voix. Prononciation d’une longue fuite de paroles fur un même ton. Foyer PRONON- CIATION. La monotonie dans un orateur eft un très grand défaut , & qui marque communément qu'un homme ne fait pas ce qu'il dit. | Dans la déclamation , la monotonie eft oppolée à un autre défaut, qu'on nomme chanter les vers, c'eft- à-dire , les prononcer en s’arrêtant régulierement à chaque hemiftiche , foit que le fens l'exige, foir qu’il ne l'exige pas, & à en prononcer les finales avec la même inflexion de voix. ; MONOTRIGLYPHE , {. m. serme d Archite, qui fignifie l’efpacé d’un feul triglyphe entre deux pilaf rres ou deux colonnes. MONS , (Géog.) ançienne , grande & forte ville 6% MON des Pays-bas, capitale.du Hainaut äutrichieh. Mons s'appelle en latin Mozs Harnonie,, &t en flamand Berghen in Henegouw. Alberon, fils de Clodion, commença à bâtir dans cet.endroit , en 449 ;tine forteréfle qu'on nomma. Mons Caffrilucius ;; voilà l’origine de cette ville, qui a été plufeurs fois ptife & reprife depuis le duc d’Albe , en 1572, juf- qu'à nos derniers jours. Elle appartient encore à la maifon d'Autriche, jufqu’à ce. que les François la lui enlevent. Elleeften partie fur une montagne, & en partie dans la plaine, dans un.térroir marécageux fur la Trouille , à 2 lieues de S. Guilhain , dont les éclu- fes la défendent, à 7 lieues de Valenciennes & de Tournay, 4 de Maubeuge, 12 N, E, de Cambray,, 15 O. de Namur, so N. E. de Paris. Long, 31. 34. lat. 50.25: (D. J.) MONS , la prévôté de (Géog.) elle portoit autrefois le nom de comté, qui lui fut donné par Charlema- gne , lorfqu’il la démembra duroyaume d’Auftrafie, Cette prévôté comprend fept villes , favoir Mons, Soignies , Lefline, Chievres, S. Guilhain , Hall, & : | Roeux. On y compte auffi 91 bourgs ou villages, &c quelques abbayes. (D. J.) MONSAUNIS , LES (Géog.) peuples fauvagesde l'Amérique feptentrionale aux environs du fort Nel- fon. Ils tuent beaucoup de-caftors, & quelques-uns de très-noirs, couleur rare dans cet animal. Ils ven- dent toutes leurs pelleteries aux Anglois. (D. J.) MONSEIGNEUR , MESSEIGNEURS , az pluriel, (Hiff. mod. ) titre d'honneur & de refpeët dont on ufe lorfqwu’on écrit ou qu’on parle à des perfonnes d’un rang ou d’une qualité auxquelles l’ufage vent qu'on l’attribue. Ce mot eft compoñe de 107 & de Jéigneur,. On traite les ducs & pairs, les archeve- ques & évêques, les préfidens au mortier de mox- feigneur. Dans les requêtes qu'on préfente aux cours fouveraines , on fe fert du terme monftigneur. Monfeigneur, dit abfolument , eft la qualité qu’on donne préfentement au dauphin de France ; ufage qui ne s’eft introduit que fous Le regne de Louis XIV. auparavant on appelloit le premier fils de France monfieur le dauphun. MONS CASIUS, (Géog. anc.) il y a deux céle- bres montagnes de ce nom : la premier féparoit l’'E- gypte de la Paleftine , à 37 milles, c’eft-à-dire , à environ 12 lieues de Pélufe. C’eft fur cette monta- gne , dit Strabon, querepofe le corps du grand Pom- pée, & on y voit le temple de Jupiter furnommé Cafius. Ce fut près de cet endroit que Pompée ayant été trompé par les Egyptiens, fut indignenient égor- gé. Pline & Dion Caffius affurent la même chole. L'autre mont Cajius étoit une montagne de Syrie près de Séleucie. Pline, 4v. P. ch. xx1y. dit qu'elle eft fi haute, qu’en pleine nuit, trois heures avant que le foleil fe leve , elle. le voit, 8 que dans un petit circuit de fa mafle elle montre également le jour & la nuit; c’eft-à-dire qu'il eft déja jour pour la partie du fommet qui eft vis-à-vis du foleil, tan- dis que la partie qui eft derriere &c le bas de la mon- tagne ont encore l’obfcurité de la nuit. Solin, chap. xxxvr. & Martianus Capella, Zv. VI, content la même fingularité. Jupiter avoit encore un temple fur cette monta- one fous le nom de Jupirer Cafius , Zeus Kassoc. Di- verfes médailles de Séleucie portent le 7071 Cafius avec ces mots CsAeuxoy 7 Guprucs Zeuc Kaocios, C’eft-à- dire, des habitans de Seleucie , furnommé Pierre de Syrie, Jupiter Cafus. Le maitre des dieux ef fieu- ré {ur ces médailles, par une grofle pierre ronde coupée par la moitié, avec l'infcription que nous venons de citer Zeuc Kacss. Son temple du z7o7 Ca- Jius en Syrie, eft repréfenté fur une médaille de Tra- jan. I nétoit pas fort éloigné d’Antioche, puif- M © À que, aurapport de Pline, Ly. 2F° ch: «1. les hab: tans de cette ville alloient y célébrer, toutes les années , une fête en l'honneur de Friptoleme , qu'ils regardoient comme un héros. Il y avoit une autre montagne fituée vis-à-vis du mont Cafius, de Sé-1 leucies; c’efft l’ansi-Cafius de Strabon: Plufieurs géo. graphes écrivent Caÿfius.) > is Le culte de Jupiter Cafus n’étoit pas feulement : établi fur les deux montagnes dont nous venons de parler, mais encore à Caffope , ville de File den Corcyre, aujourd’hui Corfou!, fituée au cap le plus» occidental de cette île , &c le plus voifin de la terre: ferme. Il n’y a plus à préfent qu'un convent de ca-: loyers , & un port qu'on nomme Porco-Caffopo. C’eft le premier endroit de la Grece oùNéron ait. abordé en venant d'Italie , u£ primum Caffiopem tra=\ jecit, dit Suétone, ffatim ad aram Jovis Cafe can- tare aufpicatus ef. Le type de ce Jupiter Cafius fe voit furdifférentes médailles des Corcyréens; 1ly paroît à demni-nud , aflis, le fceptre à la main droi- te, & la main gauche-pofée fur fes genoux, avec cette lésende Zeus Kawios. L'autre côté repréfente tantôt la tête de la nymyphe Corcyre ; qui avoit: donné fon nom à l'ile; tantôt la tête d’un empereur,» comme d’Antonin Pie, de Seprime Sévere,, de Ca racalla;, &c. Tantôt enfin une figure d'homme de- bout, en habit long , fousune voûte foutenue par deux colonnes avec le mot Aypeuc. (DJ) MONSIEUR , au pluriel MESSIEURS ; ( if. mod. ) terme ou titre de civilté qu'on donne à ce- lui à qui on parle , ou de qui on parle, quand il eft de condition égale, ou peu inférieure. Voyez SIEUR. Ce mot eft compofé de mon & de /teur. Borel dérive ce mot du grec yuproc, qui fignifñie fésgzeur ou fire, comme fi on écrivoit moncyeur. | Pafquier tire l’étymologie des mots feur & mon- Jreur du latin férior , qui fignifie plus .dgé; les Ita- liens difent /£gror, & les Efpagnols fezor, avec l’z: tildé, qui équivaut à #g dans le même fens , & d’après la même étymolopie ; les'adreffes des lettres portent à monfieur, monfieur, &c. L’ufage du mot monfreur s'étendoit autrefois plus loin qu'a préfent. On le donnoit à des perfonnes quiavoient vécu plu- fieurs fiecles auparavant ; aïnfi on difoit monfeurS. Auguffin & monfieur S. Ambroife, & ainf des autres faints , comme on le voit dans plufeurs aftes im- primés & manufcrits, 8: dans des infcriptions du xv. 8 du xvj. fiecles. Les Romains, du temps de la république, ne connoïffoient point ce titre ,qu'ils euflent regardé comme une flatterie , mais dont ils fe fervirent depuis, employant le nom de domimus d’abord pour l’empereur , enfuite pour les perfon-. nes conitituées en dignité : dans la converfation ou dans un commerce de lettres , ils ne fe donnoïent que leur propre nom ; ufage qui fubffta même en- core après que Céfar eut réduit la république fons fon autorité. Mais la puiffance des empereurs s’é- tant enfuite afermie dans Rome, la flatterie des courtifans qui recherchoïent êr la faveur é les bien- faits des empereurs, inventa ces nouvelles marques d'honneur. Suétone rapporte qu'au théâtre un eo- médien ayant appellé Augufte égreur ou dominus, tous les fpeëtateurs jetterent fur cet aéteurdes regards d’indignation, enforte que l’empereur défendit qu'on lui donnât davantage cette qualité. Caligula eff le premier qui ait expreflément commandé qu’on l’ap- pellât dominus. Martial , lâche adulateur d’un ty- ran, qualifia Domitien dominum deumque noflrum : mais enfin, des empereurs ce nom pañla aux parti- culiers. De dominus on fit dom , que les Efpagnols ontconfervé, &c qu’on n'accorde en France qu'aux. religieux de certains ordres. Monfieur dit abfolument , eft la qualité qu’on don- ne au fecond fils de France, au frere du roi. Dans, une lettre de Philippe de Valois, ce prince, parlant de fon prédéceffeur, Pappelle monfieur le roi. Au- jourd’hui perfonne rappelle le roi morfeur, excepté les enfans de France. Voyez Sire. MONSOL, (Geog.) ville d'Afrique au royaume de Macoco, ou d’Anzico , dont elle eft la capitale. De-là tous les peuples qui habitent ce royanme fe nomment Manfoles. (D, J.) MONSONI, 04 MONSIPT , (Géogr.) grand fleu- - ve de l'Amérique feptentrionale dans la nouvelle France. Il a {on embouchure au fond de la baie d'Hüdion par les 314. 20 de Las. N. ( D. J.) MONSON , f. m. ( Marine.) ce mot vient des Ara- bes ; c’eft le nom qu’on donne à un vent reglé, qui règne en certains parages fur la mer des Indes cinq où fix mois de fuite fans varier, & qui fouffle en- fuite cinq ou fix autres, mais du côté oppofé. Voyez VENT 6 MOUssoNs. MONOSPERMALTHÆA , ( Botan.) genre de plante de la fabrique de M. Daänty d’ifnard , dans les mémoires de l’acad. royale des Sciences, an. 1721. Îl a formé ce nom des mots grecs morce, feul, cœspue , femence, «Dai »Suimauve, parce que cette plante reflemble en quelque maniere à la guimauve, Sc que l'unique caplule qui fuccede à chacune de {es fleurs ne contient qu’une feule femence, La mono/permalthæz , felon ce botanifte , eft un genre de plante à fleur complette, polypétale , ré- gulere & hermaphrodite , contenant l'ovaire. Cette fleur eft ordinairement de cinq pétales difpofés cir- culairement , & conténus dans un calice découpé en autant de pointes, L’ovaire qui s’éleve du fond du calice devient, après que la fleur eft pañlée , une caplule monofperme. Les fleurs naïflent par pelo- tons le long de la partie fupérieure de la tige & des branches. Les feuiiles font à queues & dentelées. Je né fuivrai pas M. d’Ifnard dans fa defcription, parce qu'elle ne renferme rien de curieux, outre que fa plante étoit déja connue fous le nom de 42- 2hæa femilis flore lureo , monofpermate, ( D. J. MONSTERBERG 07 MUNSTERBERG, (Géog.) ville de la baffe Siléfie dans la province de même nom. Elle a été fondée par l'Empereur Henri I. qui fit bâur en ce lieu un monaftere, d’où elle fut ap- pellée Monflerberg. Elle eft à $ milles N. E. O, de Glatz, 8. de Breflau. Long. 34. 36, lar, 50. 38. MONSTRE , f. m. ( Boran.) on nomme monfires en Botanique des fingularités qui font hors du cours ordinaire, Par exemple, des feuilles qui naiflent de l'intérieur d’autres feuilles ; des fleurs du milieu defquelles fort une tige qui porte une autre fleur ; des fruits qui donnent naïflance à une tige , dont le fommet porte ün fecond fruit femblable, @c, (D. J.) MONSTRE, f. m. (Zooog.) animal qui naît avec une conformation contraire à l’ordre de la nature ; c’eft-à-dire avec une ftruêture de parties trés-diffé- rentes de celles qui cara@érifent l’efpece des animaux dont il fort. Il y a bien de fortes de monffres par rap- port à leurs flru@ures | & on fe fert de deux hypo- thefes pour expliquer la produétion des montres : la premiere fuppofe des œuf originairement & eflen- tiellement monfirueux : la feconde cherche dans les feules caufes accidentelles la raïfon de toutes ces conformations. | _ S'il n’y avoit qu’une différence légere & fuper- ficielle, f l’objet ne frappoit pas avec étonnement L On ne donneroit pas le nom de monfîre à l'animal où elle fe trouveroit. Les uns ontitrop ou n’ont pas affez de certaines parties ; tels font les monffres à deux têtes ) CEUX qui font fans bras , fans piés ; d’autres pechent par la conformation extraordinaire, &bifarre par la gran- fleur difproportionnée , par le dérangement çonfi- rent. À chaque raïfon que M. MON 671 dérable d’une ou de plufieursde lents parties, & par la place finguliere que ce dérangement leur fait {ou- vent occuper; d’autres enfin ou par l'union de quel- ques parties qui, fuivant l’ordre dela nature & pour l'exécution de leurs fondions » doivent toujours être féparés , ou par la défunion de quelques au- tres parties qui, fuivant le même ordre & pouf les mêmes raifons, ne doivent jamais cefler d’être unies. M. FORMEY, On trouve dans les mémoires de l'académie des Sciences une longue difpute entre deux hommes cé lebres, qui à la manière dont on combattoit, n’autoit Jamais été terminée fans la mort d'un dés combat tans ; la queftion étoit fur les monffres. Dans toutes lés efpeces on voit fouvent naître des animaux con- trefaits , des animaux à qui il manque quelques par- ties où qui ont quelques parties de trop. Les deux anatomiftes convenoient du fyftème des œufs, mais l’un vouloit que les monftres ne fuflent jamais que l'effet de quelqu’accident arrivé aux œuts : l’autre p'étendoit qu’il y avoit dés œufs Originairetnent moaftrueux , qui contenoient des monffres aufli-bien formés que les autres œufs contenoient des animaux parfaits. L'un expliquoit aflez clairement comment les dé ordres arrivés dans les œufs faifoient naître des monffres ; 1l fufhfoit que quelques païtiés dans le tems de leur molleffe euffent été détruites dans l'œuf par quelqu’accident, pour qu'il naquit un monftre par défaut à un enfant mutilé : l'union ou la confufion des deux œufs ou de deux germes d’un même œuf produifoit les offres par excès, les enfäns qui naïf- lentavec des parties fuperflues., Le premier depré des monftres feroit deux gemeaux fimplement adhérens l’un à l’autre , comme on a vûü quelquefois. Dans ceux-là aucune partie principale dés œufs n’auroit été détruite. Quelques parties fuperficielles des foe- tus déchirées dans quelques endroits & reprifés l’une, avec l’autre , autoïent caufé l’adhérence des deux corps. Les zonffres À deux têtes {fur un feul corps ou à deux corps fous une feule tête ne différe- roïent des premiers que parce que plus de parties dans lun des œufs anroient été détruites : dans lun, toutes celles qui formoient un des corps, dans l’au- tre , celles qui formoientune des têtes. Enfin un en- fant qui a un doigt de trop eft un montre Compofé de deux œufs , dans l’un defquelles toutes les par- ties excepté ce doigt ontété détruites, L’adverfaire, plus anatomifte que raifonneur, fans fe laifer éblouir d'une efpèce de lumiere que ce fyflème repand , n’objeétoit à cela que des monfres dont il avoit lni- même difléqué la plüpart , & dans lefquels il avoit trouvé des monftruofités qui lui paroïfloient inex- plicables par aucun défordre accidentel. Les raifonnemens de l’un tenterent d’éxpliquer ces défordres ; les zonffres de l’autre fe muluplie- Lémery alléguoit, c’étoit toujours quelque nouveau nonfîre à combat- tre que lui produifoit M. Winflow. Enfin on en vint aux raifons métaphyfiques. L'un trouvoit du fcandale, à penfer que Dieu eût créé des germes Originairement monftrueux : l'autre croyoit que c'étoit limiter la puiffance de Dieu , que de la reftraindre à une régularité & une uniformité très- grande. | Ceux qui voudroïeht voir ce qui a été dit fur cette difpute , le trouveroïent danslés mémoires de l’aça- démie, Mém, de l’acad. royale des Sciences » ANT1ées 17243 1733 ; 1734 » 1738 € 1740. n fameux auteur danois a eu une antre Opinion fur les monffres ; il en attribuoit la produétion aux cometes. C’eft une chofe curieufe | mais bien hon- teufe pour l’efprit humain, que de voir ce grand mé- decçin traiter les cometes comme des abfcès du ciel, 672 M ON Sc prefcrire un régime pour fe préferver de leur con. tagion , Recherches phyf. A MONSTRUEUX , en terme de Blafon , {e dit des animaux qui ont face humaine. Bufdraghi à Luques, d'argent au dragon monflrueux de {ynople ayant tête humaine dans un capuchon aîlé de gueule en pié. | MONT , f. m. (Gram.) élévation de terre, qu'on appelle aufi zoztagne. Voyez MONTAGNE. Mont & montagne font fynonymes , mais on fe fert rare- ment du premier en profe, à moins qu'il ne foit ac- compagné de quelque nom propre , comme le ont Etna , le mor Gibel, le ont Liban, le #07 Sinat, le rzont Atlas , lerzont Parnafle , iesmozts Pyrénées ; on ne dit point cependant les m0o7s Alpes , mais les Alpes, Ste Catherine du sont Sinar, Voyez SAINTE CATHERINE. Quoique ces deux fubftantifs , quant au fens, foient parfaitement fynonymes, il y a cependant des occafions où, par la bifarrerie de lufage , on doit employer l’un ou l’autre de ces deux termes fans les confondre. On dit le mont Caucafe, le mo71Etna, le mont Liban, le #0ont Apennin, le mont Olympe, les monts Krapac, &c. Il femble que le mot ont foit affeûté aux montagnes fameules par leur hauteur ; ce- pendant on dit les montagnes de la Lune & les 7:07- sagnes de la Table , pour marquer cette montagne voifine du cap/ de Bonne-ÆEfpérance à la pointe méridionale de l’Afrique , quoiqu’au rapport des voyageurs ce foit une des plus hautes du monde. Enfin l’ufage a voulu qu’en parlant de certaines #707- tagnes on fe fervit de leur nom tout fimple ; c’eft ainfi qu'on dit, les Alpes, les Andès , les Pyrénees, Les Cevennes , le Veuve , le Stromboli, le Vofge, le Schwart;wanden , le Pic, l’Apenrnin. Chevalier du ont Carmel. Voyez CARMEL. On appelle en Italie mons de piété certains lieux où lon prête de l’argent à ceux qui en ont befoin en don- nant quelques nantifiemens. Ces établiffemens ont été faits pour foulager la mifere des pauvres qui, dans un befoin preffant d’ar- gent, feroient forcés de vendre leurs effets à vil prix ou d'emprunter à ufure. Les papes, & à leur exemple les cardinaux & autres perfonnes riches, ont donné de groffes fommes & des privileges à ces zonss de piété. On y reçoit pour gages toutes fortes de meu- bles, bijoux, &c. Il y a des prifeurs qui eftiment ce qu'onapporte, fur quoi on prête jufqu’aux deux ters du prix de l’eftimation. On prête jufqu’à 30 écus pour 18 mois fans intérêt. Quand on veut une plus grande fomme , on paye deux pour cent d'intérêt par an. Lorfqu’on laifle fes effets plus de 18 mois, ils font vendus à l’ençan : le 7071 prend la fomme qu'il a avancée, & garde le furplus pourle rendre aux pro- priétaires quand ils viennent le demander. Sicepen- dant on ne veut pas que fes meubles foient vendus, on n’a qu'à demander un renouvellement du billet, ce qu'on obtient très-aifément quand la fomme ne pañle pas 30 écus ; mais quand elle excede, on fait faire un autre billet où les intérêts échus font comp- tés avec le fort principal. On croit communément que Le pape Léon X. fut le premier qui autorifa cette pieufe invention par une bulle qu'il donna en1551, "maïs il y fait mention de Paul II. qui avoit approu- vée avant lui : le plus ancien mort de piété , dont 1l foit parlé dans l’hiftoire , eft çelui que Pon établit à Padoue en 1491 , où l’on fit fermer douze banques des Juifs qui y exerçoient une ufure exceflive. À Texemple de Rome, on a fondé des monts de piété dans plufeurs villes des Pays-bas, comme à Bru- xelles, à Gand , à Anvers, &c. On avoit auf appellé en Angleterre monts de piété des lieux qui avoient été fondés par contribution en faveur du peuple, qui avoit été ruiné par les extor- ons des Juifs. L | MON. MONTABURG , ( Géog.) petite ville fortifiée d'Allemagne, dans l’éle&torat de Trèves , entre Co- blentz & Limpurg. Long, 25.25, lar. 50.20.(D.J.) MONTAGE DE MÉTIER, (Soierie. ) c’eit une manœuvre longue , difficile & pénible ; elle confifte à difpofer toutes les parties du métier, de maniere à exécuter l’étoffe dont le deflein éft donné. MONTAGE , terme de Batelier, aftion de celui qui remonte & facilite le sontage de bateaux, Ordon- Parces, D, MONTAGNARD , voyez FAUCON. MONTAGNES , (Hift. nat. Géographie, Phyf- que & Minéralogie.) c’eft ainfi qu'on nomme de sran- des mafles ou inégalités de la terre, qui rendent fa furface raboteufe. On peut comparer les montagnes _à des oflemens, quifervent d'appui à notre globe & lui donnent de la folidité, de même que les os dans le corps humain fervent d’appui aux chairs & aux autres parties qui le compoñent. Les montagnes varient pour la hauteur, pour la, . ftruéture , pour la nature des fubftances qui les com- pofent , &c par les phénomenes qu’elles préfentent. On ne peut donc fe difpenfer d’en diftinguer diffé- rentes efpeces , & ce feroit fe tromper que de Les regarder toutes comme de la même nature & de la même origine. Les fentimens des naturaliftes different fur la for- mation des montagnes ; quelques phyfciens ont cru qu'avant le déluge la terre étroit unie & égale dans toutes fes parties , & que ce n’eft que par cet évé- nement funefte & par des révolutions particulieres, telles que des inondations, des excavations, des embrafemens fouterreins que toutes les monragnes ont été produites , & que notre globe eft devenu inégal & raboteux tel que nous le voyons. Maisles patufans de cette opinion ne font point attention que l’Ecriture-fainte dit que les eaux du déluge al- lerent au-deffus du fommet des plus hautes m071a- gnes , ce qui fuppofe néceffairement qu’elles exif- toient déja. En effet , il paroït que les montagnes étoient néceflaires à la terre dès les commencemens du monde, fans cela elle eût été privée d’une inf- nité d'avantages. C’eft aux montagnes que font dûs la fertilité des plaines, les fleuves qui les arrofent, dont elles font les réfervoirs inépuilables. Les eaux du ciel, en roulant fur ces inégalités qui forment comme autant de plans inclinés, vont porter aux vallées la nourriture fi néceffaire à la croiflance des . végétaux : c’eft dans le fein des montagnes que la nature a dépofé les métaux, ces fubflances fi utiles à la fociété. Il eft donc à préfumer que la provi- dence , en créantnotre globe, l’orna de zronragnes qui fuflent propres à donner de l’appui & de la loli- dité à l’habitation de l’homme. Cependant il eft certain que les révolutions que la terre a éprouvées & qu’elle éprouve encore tous les jours, ont dû produire anciennement & produi- fent à la furface de la terre , foit fubitement, foit peu-à-peu, des inégalités & des montagnes qui n’exif- toient point dès l’origine des chofes ; mais ces mon- tagnes récentes ont des fignes qui les cara@térifent, auxquels 1l n’eft point permis à un naturalifte de fe tromper ; ainf 1l eft à propos de diflinguer les mo71- ragnes en primitives &'en récentes. Les montagnes primitives font celles qui paroïffent avoir té créées en même tems que laterre à laquelle elles fervent d'appui ; les caraéteres qui les diftin- guent font 1° leur élévation qui furpañfe infiniment. celledes autres zontagnes. En effet, pour l’ordinaire elles s’éleventtrès-brufquement , elles font fort efcar- pées , & l’on n’y monte point par une pente douce ; leur forme eft celle d’une pyramide ou d’un pain de fucre , furmonté de pointes de rochers aigus ; leur | * lommet ‘fommet ne préfente point un terrein uni cofnme ce- lui des autres mozagres ,.ce font des roches nues & dépouillées de terre qué les eaux du ciel en ont emporté ; à leurs piés, elles ont des précipices & des vallées profondes, parce que ces eaux & celles des fources dont le mouvement eft accéleré par leur chüûte, ont excavé & miné Je térrein qui S'y trou- voit , & l’ont quelquefois entierement entraîné, . 2°. Ces montagnes primitives fe diftinguent des autres par leurs vaftes chaines ; elles tiennent com- munément les unes aux autres & fe fuccedent pen- dant plufieurs centaines de lieues, Le P. Kircher & plufieurs autres ont obfervé que les grandes #on14- ‘gnes formoient autour du globe térreftre une efpece d’anneau ou de chaîne , dont la direétion eft aflez conftante du nord au fud & de l'eft à loueft; cette chaîne n’eft interrompue que pouf ne point contrain- dre les eaux des mérs, au-deflous du lit defquelles la bafe de ces montagnes s’étend & la chaîné fe re- trouve dans les îles , qui perpétuent leur continua- tion jufqu'à ce que la chaîne entiere reparoifle fur Je continent, Cepéndant on trouve quelquefois de ces montagnes qui font ifolées , mais alors il y a liéu de préfumer qu’elles communiquent fous terre à d’au- ! tres montagnes de la même nature fouvent fort éloi- gnées , avec lefquelles elles ne laïflent pas d'être liées : d'où l’on voit que les roztagnes primutivéspeu- vent être regardées comme la bafe ; ou, pour ainfi dire , la charpente de notre globe, * | … 3°. Les montagnes primitives fe difnguént encore par leur ftruéture intérieure , par la nature des pier- res qui les compofent , & par les fubftances miné- rales qu'elles renferment. En effet, ces montagnes ne font point par lits ou par bandes auffi mulripliées | que celles qui ont été formées récemment ; la pierre | qui les compofe eft ordinairement une mafle immenfe & peu variée, qui s’enfonce dans les profondeurs de la terre perpendiculairement à l’hoïifon. Quelque- | fois cependant l’on trouve différentes couches qui couvrent même ces montagnes primitives , Mais ces couches ou ces lits doivent être regardés comme des parties qui leur font entieremént étrangères : ces couches ont couvert le noyau de la montagne primi- tive fur lequel elles ontété portées, foit par les eaux : de la mer qui a couvert autrefois une grande partie de notre continent, foit par les feux fouterreins, foit par d’autres révolutions , dont nous parlerons en traitant des montagnes récentes. Uné preuve de cette vérité que ceux qui habitent dans les pays de hautes montagnes peuvent attefter , c’eft que fouvent à la fuite des trembleméens de terre ou des pluies de lon- gue durée , on a vû quelques-unes de Ces montagnes {e dépouiller fubitement des couches ou de l’efpece d’écorce quiles enveloppoit, & ne préfenter plus aux yeux qu'une mafle de roche aride , & former üne ef _pece de pyramide ou de pain de fucre. , Quant à la matiere qui compofe ces monragnes primitives , c’eft pour l'ordinaire une roche très- dure, qui fait feu, avec l’acier , que les Allemands nomment horn/ffein ou pierre cornée ; elle eft de la na- ture du jafpe ou du quartz. D’autres fois c’eft une pierre calcaire & de la nature du fpath. La pierre qui compofe le noyau de ces fortes de montagnes n’eft point interrompue pas des couches de terre ou de fable, elle eft communément affez homogene dans toutes fes parties. à CE _ Enfin, ce n’eft que dans les monragnes primitives dont nous.parlons , que l’on rencontre des mines par filons fuivis , qui les traverfent & forment des efpe- ces derameaux ou de veines dans leur intérieur. Je dis de vrais filons , c’eft-à-dire , des fentes fuivies, qui ont de l'étendue, une direétion marquée, quel- quefois contraire à celle de la roche où elles fe trou- vent, & qui font rempliès de fubflancés métali- Tome X, MON «7 ques, foit pures, foit dans l’état de mine. Poyer FILONS. Dre bien het | _Cés principes une fois pofés, il fera très-aifé de diflinguer les monsagties ue mots appellons prime. ves, de cellesqui font dûes à uné formarion plus ré- cente. Parmi les premieres oh doit placer en Eu rope les Pyrénées , les Alpes, l’Apennin , les m0 tagnes du Tyrol, le Riefemberg où monts des Géans en Siléfie , les monts Crapacs, les monragres dé la Saxe, celles des Vofges, 16 mont Brudtere aû Hartz, celles’ de Norvège, &tenAfé, les monts Riphées, le Caucafe, lé mont Taurus, le mont Li. ban ; en Afrique , les monts de la Lune ; & en Amé. rique , lés onts Apalaches , 1és Andes ou lés Cor- dilieres qui font lés plus hautes montagnes du MOn- de. La grande élévation de ces fortes de montagnes fait qu'elles font prefque tofijours couvertes dé neige, méme dans les pays les plus chauds, ce qui Vient dé !ce qué rien ne les peut garantir des vents, ët dé cé que les rayons du foléil qui donnent fur les vallées ne font point réfléchis jufqu’à uñé telle haue teur. Les arbres qui y croiflent ne font que des fa- pins, des pins , &c dés bois réfineux; & plus on approche de leur fommét, plus l'herbe eft courte ; elles font fouvent arides parce que les eaux du ciel ont dû entrainér les terres qui ont pû les couvrir aütréfois, Scheuchzer & tous céux qui ont voyagé dans les Alpes, nous apprennent que l’on trouve communément fur ces montagnes les quatre faifons de l’année : au fommer , on ne rencontre que des neiges & des glaces ( Voyez l’arcicle GLACIERS); en defcendant plus bas, on trouve une témpérature telle que celle des beaux jours du printems & de l’automne ; & , dans la plaine , on éprouve toute la chaleur de l'été. D'un autre côté, l'air que l’on refpire au fommet de ces montagnes eft très-pur, moins gâté par les exhalaifons de la terre, ce qui » joint à l'exercice, rendles habitans plus fains & plus robuftes. Un des plus gtands avantages que les hau- tes montagnes procurent aux hommes, c'eit, com- me nous l’avons déja remarqué , qu’elles fefvent de réfervoirs aux eaux qui forment les rivieres. C’elt ainfi que nous voyons que [és Alpes donnent naïf- fance au Rhin , au Danube, au Rhône, au PO Ce De plus, on ne peut douter que les montagnes n'in- fluent béaucoup fur la température des pays où el- les fé trouvent, foit en arrêtant certains vents , foit en Oppofant des barrières aux nuages, foït en té- fléchiffant les rayons du foleil, €. Quoique toutes les monagnes primitivés aient en général beaucoup plus d’élévarion que celles qui ont été formées récemment & par les révolutions du globe, elles ne laiffent point de varier infiniment pour leur hauteur. Les plus hautes monragnes que Pon connoifle dans le monde font celles dela Cordiliere, ou des Andes dans l'Amérique. M. de la Condamine qui a parcouru ces montagnes , &c qui les a exami- nées avéc toute l’attention dont un fi habile géome- tre eft capable, nous apprend, dans fon voyage à l'équateur , que le terrein de la plaine où eff bâtie la ville de Quito au Pérou, eft à 1470 toifes au- deflus du niveau de la mer, & que plufeurs des montagnes de cette province ont plus de 3000 toifés de hauteur perpendiculaite au-deflus de ce terrein : d’où l’on voit que prefque toutes les autres 770744- gnes de l'univers ne peuvent être regardées que comme des collines, fi on les compare à celles du Pérou. Quelques-unés de ces montagnes font des vol. cans & vomiflent de la fumée & des flammes , ce qui eft caufe que ce pays eft fi fouvent ébranlé par d’affreux trembleméns de terre. 4. Après avoir fait connoître les fignes qui caradté. rifent les montagnes que nous avons appelées primi. yes ; il faut maintenant éxaminer Ceux des ons QQ qq 674 MON tagnes qui font dûes à une formation plus récente. Il n'eft pas douteux que les révolutions que la terre a éprouvées & éprouve encore journellement n’y pro- duifent des nouvelles éminences ; ce font fur tout les feux fouterreins & les inondations, qui font les plus propres à opérer ces changemens à la furface de la terre, Un grand nombre d'exemples nous prou- vent que les embrafemens de la terre ont fouvent formé des montagnes dans des endroits où il n’y en avoit point auparavant. C’eft ainfi que les hifioires nous apprennent qu'il s’eft formé des moztagnes & des îles par l'abondance des pierres ,. des terres , du fable , & dés autres matieres que les feux fouter- reins ont foulevés & fait fortir même du fond de la mer. Les montagnes formées .de cette maniere font ‘aifées à reconnoûre , elles ne font que des amas de débris , de pierres brifées, de pierres ponces , de matiere vitrifiée ou delave, de ioufre, de cendres, de fels, de fable, &c. & il eft aïfé de les diffinguer des montagnes primitives dont d'ailleurs elles n’ont jamais la hauteur. epm. À | Quant aux montagnes qui ont té formées par des inondations , elles différent des montagnes primiti- ves par la forme : nous avons déja fait remarquer que ces dernieres font en pyramides , au lien que celles dont nous parlons font arrondies par le haut, couvertes de terres qui forment fouvent une furface . plane très-étendue; on y trouve auffi foit du fable,, {oit des fragmens de pierres, foit des amas de cail- loux arrondis & qui paroïfient avoir été roulés par les eaux, & femblables à ceux du lit des rivieres. Il a lieu de croire que les eaux du déluge ont pû produire quelques unes de ces monragnes ; Cepen- dant plufñeurs phénomenes femblent prouver, que c’eft principalement au féjour de la mer, fur despar- ties de notre continent qu'elle a depuislaïffées à fec, ‘que la plüpart de ces montagnes doivent leur origine. Éneffet nous voyons qu'à l'intérieur ces 7ontagnes {ont compofées d’un amas de lits ou de couchesho- tifontales, ou du-moins foiblement inclinées à l’ho- tifon. Ces couches ou ces lits font remplis d’une quantité prodigieufe de coquilles , de corps marins, d’offemens de poiflons; on y rencontre des bois, des empreintes de plantes, des matieres réfineufes qui vifiblement tirent leur origine du regne végétal. Les couches de ces montagnes varient à l'infini; elles font compofées tantôt de fable fin, tantôt de gra- vier, tantôt de glaile , tantôt decraie on de marne, tantôt de différens lits de pierres qui fe fuccedent les uns aux autres. Les pierres que l’on rencontre dans ces couches font d’une nature très-différente de celles qui font le noyau des montagnes primitives : ce font des marbres qui font fouvent remplis de corps marins; des grès formés d’un amas de grains de fable; des pierres à chaux qui paroïffent unique- ment formées de débris de coquilles ; des ardoifes formées par de l’argille, durcies & pétrifiées, & quelquefois chargées d’empreintes de plantes ; de la pierre à plâtre ; de la ferpentine , &c. À l'égard des fubftances méralliques ou des mi- nes que l’on trouve dans ces fortes de 77ontagnes , elles ne font jamais par filons fuivis; elles font par couches qui ne font compofées que des débris & des fragmens de filons, que leseaux ontarraché des montagnes primitives pour les porter dans celles qu’elles ont produites de nouveau. C'eft ainfi que l’on trouve un grand nombre de mines de fer qui ont fouffert une décompofition , & qui forment des couches entieres d’ochre ,'ou de ce qu’on appelle /4 mine de fer limoneufe. On trouve aufh dans cet état des mines d’étain qui ont été vifiblement roulées, entraînées par les eaux, & amaflées dansles lits de certaines montagnes, Voyez MINES. C’eft dans les montagnes dont nous parlons que l’on rencontre la MON calamine, les mines de charbon deterre, qui, com- me 1l eft tres-probable , ont été formées par des fo- rêts entieres enfevelies par les eaux dans le fein de ja terre. Le fel gemme, l’alun, les bitumes , 6’, fe trouvent aufh par couches , & jamais on ne verra ces fubftances dans les montagnes primitives. Cepen- dant 1l eft à-propos de faire attention que ces amas de couches vont trés-fouvent s’appnyer contre les montagnes primitives qui leur fervent de fupport, pour-lors elles femblent fe confondre" avec elles ; c’eft d’elles qu’elles reçoivent les parties métalliques que l’on rencontre dans leurs couches : cetteremar- que eft très-importante pour les obfervateurs que ce voifinage poutroit induire en érreur, s'ils ne fai- foient qu'une-attention fuperñcielle aux chofes. Les montagnes récentes en s'appuyant, comme il arrive d'ordinaire , fur les côtés des montagnes primitives- qu’elles entourent, finiflent par aller fe perdre infen- fiblement dans les pleines. Le parallelifme qu’obfervent les couches dont les montagnes récentes {ont compofées n’eft point toû- jours parfaitement exaët ; ces couches depuis leur formation ont éprouvé des révolutions & des chan- gemens, qui leur ont fait faire des coudes, des fauts, c’eit-à-dire , qui ont fait tantôt remonter, tantôt delcendre en terre, & qui tantôt ont tranché quelques-unes de leurs parties ; des roches & des matieres étrangeres font venues les couper en de certains endroits ; ces irréoularités ont été vraiflem- blablement produites par des tremblemens de terre, par des affaiflemens d’une portion des montagnes, par des fentes qui s’y font faites & qui fe font en- fuite remplies de nouvelles roches, éc. Les /zontagnes récentes different auf entr'elles pour le nombre & l’épaifleur des couches ou des lits dont elles font compolées ; dans quelques-unes, onatrouvé jufqu'àtrente ou quarante lits qui fe fuc- cédoient ; dans d’autres, on n’en a rencontré que trois ou quatre. Mais voici une obfervation géné- rale que M. Lehmann, après des remarques conftan- tes & multipliées, aflure n’avoir jamais trouvé dé- mentie, c’eft que dans les montagnes récentes & compofées de couches, la couche la plus profonde efttoùjours celle du charbon de terre, elle eff por- tée fur un gravier ou fable groffier & ferrugineux. Au-deflus du charbon de terre, on rencontre les couches d’ardoife , de fchifte, ou de pierre feuille- tée. Etenfin, la partie fupérieure des couches eft conftanment occupée par la pierre à chaux & par les fontaines falées. On fent de quelle utilité peut être une pareille découverte, lorfqu’il s’agira d’é- tablir des travaux pour l'exploitation des mines ; &, en faifant attention à la diftinétion que nous avons donnée des zzontagnes , on faura la nature des fubf- tances que l’on pourra efpérer d’y trouver lorfquw'on y voudra fouiller, Perfonne n’a mieux fait fentir cette diftiné&ion que M. Lehmann ,' de l’académie royale des Sciences de Berlin, dans fon Æffai d’une hifloire naturelle des couches de La terre, qui forme le III, vol. de la traduétion françoife des œuvres de ce favant phyfcien, que j'ai publiée en 1759. On a déja fait remarquer que toutes les montagnes, de quelque nature qu’elles foient, font fujettes à éprouver de très-grands changemens. Les eaux du ciel, les torrens en arrachent fouvent des parties confidérables & des quartiers de rochers qui font portés dans les plaines quelquefois à des diftances étonnantes, & ces mêmes eaux y creufent des pré- cipices. Les tremblemens de la terre y produifent des fentes, les eaux intérieures y font des grottes & des excavations qui caufent quelquefois leur af- farflement total. Pline & Strabon nous apprennent que deux montagnes du voifinage de Modene fe font : pprochées tour-à-coup pour n’en faire plus qu'une {eule,. MON Plufieurs montagnes vomiflent des flammes, ce font celles que l’on nomme volcans : voyez cet arri- cle. Quelques - unes, après avoir été des volcans pendant plufieurs fiecles, ceffent tout-à-coup de vo- mir du feu, & font remplacées par d'autres #0on4a- gres qui commencent alors à préfenter les mêmes phénomenes, Les montagnes varient pour les afpeëts qu’elles nous préfentent , qui font quelquefois très-fingu- liers, Telle eft la #omcagne inacceflible que l’on met aurang des merveilles du Dauphiné ; elle refflemble à un cône renverié , n'ayant par fa bafe que mulle pas de circonférence , tandis qu’elle en a deux nulle à fon fommet. | On voit à Aderbach en Bohème une fuite de #102- tagnes où de mafles de rochers de grès, qui préfen- tent le coup d'œil d’une rangée de colonnes ou. de pihers femblables à des ruines ; quelques-unsde ces piliers font comme des quilles appuyées fur la pointe. Il paroït que cet aflemblage de mafles ifo- lées a été forme par les eaux, qui ont peu-à-peu excavé & miné le grès qui les compote. M. Gmelin dit avoir và en Sibérie pluñeurs wortagnes ou ro- chers qui préfentoient le même afpe&, Après avoir fait voir les différences qui fe trou- vententre les #o71agres primitives & celles quifont récentes, il fera à propos de rapporter les fentimens des plus célebres phyficiens fur leur formation ; les opimons fur cette matiere font très-partagées , ainfi que fur beaucoup d’autres, & l'on verra que faute d'avoir diftingué les montagnes de la maniere qui a été indiquée , on eft tombé dans bien des erreurs, & l’on a attribué une même caufe à des effets ront dif- férens. Thomas Burnet a cru qu'au commencement du monde notre globe étoit uni 8c fans montagnes, qu’il étoit compoié d’une croûte pierreufe qui fervoit d’enveloppe aux eaux de labime; qu’au tems du déluge univerfel, cette croute s’eft crevée par l’ef fort des eaux, 67 que les zontagnes ne {ont que les fragmens de cette croûte dont une partie s’eft éle- vée , tandis qu'une autre parue s’eft enfoncée. Woodward admet des wonragnes telles que nous les voyons dès avant le déluge, mais 1l dit que dans cette cataftrophe toutesles fubftances dont la terre étoit compofée , ont été diffoutes & mifes dans l’é- tat d’une bouillie, & qu'enfuite les matieres diflou- tes fe font dépofées & ont formé des couches enrai- fon de leur pefanteur fpécifique. Ce fentiment a été adopté par le célebre Scheuchzer, & par un grand nombre de naturaliftes, qui n’ont pas fait attention ‘que quand même onadmettroit cette hypothèfe pour les montagnes récentes & formées par couches elle n'étoit pas propre à expliquer la formation des hau- tes montagnes quenous avons appellées primitives. Ray fuppofe des montagnes dès le commencement du monde , qui, felon hu, ont été produites pat ce que la croûte de la terre a été foulevée par Les feux fouterreins, à qui cette croûte Ôtoit un paflage li- bre, & dans les endroits où ces feux fe font fait une iflue , ils ont formé des montagnes par l’abondance des matieres qu'ils ont vomi ; cependant il fuppofe que dans le commencement la terre étoit enuere- ment couverte d'eau. Ce fentiment de Ray a été fuivi par Lazaro Moro qui la pouflé encore plus loin , & qui voyant qu'en Italie tout le terrein avoit été culbuté par des volcans & des tremblemens de terre , qui quelquefois ont formé des montagnes , En a faitune regle générale, &c s'eft imaginé que toutes les montagnes avoientété produites decettemaniere. | En effet, la montagne appellée monte di Cinere, qui -eft dans le voifinage de Pouzzole , a été produite par un tremblement deterre.en x 538. Mais on pourroit demander d'où font venus les bitumes, les char- Tome X, | MON 675 ( : , e LI, 1 bons de terre, &c les autres matieres inflammables _ qui fervent d’aliment aux feux fouterreins , & come ment ces fubftances qui font dûes au regne végétal, ont-elles été enfouies dès la création du monde dans le fein de la terre: D'ailleurs on ne peut nier que quelques montagnes n’ayent été produites dé cette façon ; mais elles font très-diférentes des morraghes primitives & des moncagnes formées par couches. Le célebre Leibnitz dans {a Prosogée, fuppofe que la terre étoit au commencement toute environnée d'eau, qu’elle étoir remplie de cavités, & que ces cavités ont occalionné des éboulemens qui ont pro« duit les montagnes & les vallées. Mais on ne nous apprend point ce qui a produit ces cavités, &c d’ail« leurs ce fentiment n’explique point la formation des rontapnes par couches. Emmanuel Swedenborg croit que lesendroits où l’on trouve des montagnes ont été autrefois Le lit de la mér , qui couvroitune portion du continent qu’elle a été forcé d'abandonner depuis ; ce fentiment eft trés-probable, & le plus propre à expliquer la for« mation des montagnes compolées de couches ; mais il ne fufit point pour faire connoûtre l’origine deg MmOnEagries primitives, M. Schulze ayant publié en 1746 une édition al- lemande de l’Aiffoire naturelle de la Suifle du célebre Scheuchzer , y a joint une diflertation fur l’origine des montagnes, dont on croit devoir donner ici le précis. I fuppoie 1°, que la terreuva point toñjouts tourné fur fon axe, & qu'au commencement elle étoit parfaitementfphérique , d’une confiftence mol- le, & environnée d’eau ; 2°, lorfque la terre com mença à tourner fur fon axe, elle a dû s’applatir vers fes pôles, & fa furface a dû augmenter vers l’é- quateur à caufe de la force centrifuge. L'auteur s’ap- puie «des obfervations de M. de Maupertuis, qui a jugé que le diametre de laterre devoir être anx po= les de 6525600 toifes & à l'équateur de 6562480, d’où l’on voit que le diametre de la terre fons la lie gne, excede de 36880 toifes le diametre de la terre fous les poles. M, Schulze obferve que lorfque la terre étoit parfaitement ronde, fon diametre devoit être de 6537319 toifes, & conféquemment elle à dû s’appla- tir vers les pôles de r17109-toifes, & s'élever vers la ligne de 25 161. Le même auteurprétend que les-plus hautes montagnes n’ont guere que 12000 piés d’élé vation perpendiculaire au-deflus du niveau de la mer , qui elle-même n’a guere plus de 12000 piés de profondeur. | De cette maniere il fait voir que Les plus hautes montagnes ont dû fe trouver vers l'équateur, ce qui eft conforme aux obfervations les plus exades & les plus récentes; mais fuivant ce {yftème , la direz étion de ces wontagnes devroit être la même que celle de l’équateur , ce qui n’eft point vrai, puifque nous Voyons, par exemple, que la Cordiliere coupe, pour ainf dire, l'équateur à angles droits; 8 d’ail- leurs les montagnes de la Norwège, de la Rufie, les Alpes , les Pyrénées, font certainement des montres gnes du premier ordre, cependant elles font:trèss éloignées de la ligne. Quant aux montagnes par couches, M. Schulze croit que différentes parties de la terre ontefluyé à plufieurs reprifes des inondations diftin@es, quiont dépofé des lits différens, & dont les dépôts fe font faittantôt dans des eaux tranquiles, tantôtdans des eaux violemment agitées. Cesinondations:ont quel. quefois couvert le fommét des montagnes les plus anciennes ; c’eft pour cela qu'il yenaoù l’on trouve descouches de terre, (& des amas de pierres & de débris. -C’eft ainfi qu’il nous apprend avoir trouvé le fommet du mont Rigi en Suite , couvert d’un amas de pierres roulées & liées lesunes aux autresiparun QQqaÿ 676 MON gluten compofé de limon & de fable. Il prétend qu'al y a eu autant d’inondations, qu'il y a de couches différentes ; que ces inondations. fe font faites à une grande diftance lesunes des autres; que les tremble: mens de la terre &c fes affaiflemens ont dérangé & détruit quelques #ontagnes ; d’où l’on voit qu’elles n’ont pu être formées ni en même tems, ni de la même maniere, Voyez TERRE ( couches de la ). Enfin, M. Rouelle a un fentiment fur la forma- tion des monragnes qu'il faut efpérer qu'il communti- quera quelque jour au public; en attendant voici les principaux points de fon fyftème, qui paroit avoir beaucoup de vraïflemblance. Il fuppofe que dans l’origine des chofes les fubftances qui compo- fent notre globe nâgeoient dans un fluide; que les parties fimilaires qui compofent les grandes 074a- gnes, {efontrapprochées les unes des autres, & ont formé au fond des eaux une cryftallhifation. Ainfi 1l regarde toutes les montagnes primitives comme des cryftaux qui fe font quelquefois groupés &c réunis à la maniere des fels, & qui quelquefois fe font trou- vés ilolés. Ce fentiment acquerra beaucoup de probabilité, quand on fera attention à la forme py- ramidale que les grandes montagnes affeétent pour l'ordinaire, & que Les pierres en le formant fuivent toùjours une efpece de régularité dans le tiflu ou l'arrangement de leurs parties. À l'égard des m07- tagnes par couches, M. Rouelle les attribue tant au féjour de la mer, qu’au déluge univerfel, & aux inondations locales, & aux autres révolutions par- ticulieres , arrivées à quelques portions de notre globe. (—) | i MonNTAGNES, {. f.( Géog.) dans l’article qui précede on a confidéré les montagnes en phyficien ; dans celui-ci on va Les confidérer relativement à la Géographie, c’eft-à-dire, fuivant leur pofition, leur hauteur, leur étendue en longueur , qui fert fouvent de limites entre les peuples, &lenrs rapports. Divers auteurs en traitant des principes dela Géo- graphie, ont indiqué dans leurs ouvrages des regles pour mefurér la hauteur des montagnes j Mais CES regles, quoique fort belles, appartiennent à la Phy- fique & à la Trigonométrie. C’eft aflez de remar- quer en paflant, que la méthode qu'on donne de mefurer la hauteur d’un fomimet de zzomtagnes par les angles, n’eft pas d’une exaétitude certaine, à caufe de la réfraétion de l’air, qui en change plus ou moins le calcul à proportion de la hauteur; & c’eft un inconvénient confdérable dans cette mé- thode, La voie du barometre feroit plus courte & plus facile, fi on avoit pu convenir du rapport pré- cis qu'a fon élévation avec celle des lieux où 1l eft placé ; car le mercure contenu dans le barometre ne monte ni ne defcend que par le plus ou le moins de pefanteur de la colonne d’air qui prefle. Or cette colonne doit être plus courte au fommet d’une 0z- zagne, qu'au pié. On a tâché de fixer le rapport de la hauteur du vi£argent à celle de la ontagne ; mais il ne paroït pas que l’on foit encore arrivé à cette précifion fi néceffaire pour la sûreté du calcul. Par exemple, on a trouvé que fur le fommet du Snowdon-Hill , qui eft une des plus hautes morragnes de la grande- Bretagne, le mercure baïfle jufqu’à 24 degrés. Il s’agiroit donc pour mefurer la hauteur de cette 707- tagne, d'établir exaftement combien cette baïfle doit valoir de toiles; cependant c’eft là-deffus qu’on n’eft point d'accord; les tables de M. Caffini don- nent pour 24 degrés de la hauteur du barometre 676 toifes ; celles de Mariote, 544 toifes; & celles deScheuchzer, 559. Cette différence f grande entre d’habiles gens, eftune preuve de limperfeétion où eft encore cette méthode. Je ne parle pas de la maniere qu'ont les voya- MON geuts de méfuter la hauteur d’une rompre; en comptant les heures qu’ils marchent pour arriver au fommet, & faifant de chaque heure une lieue. Tout le monde fent que cette méthode eft la plus fautive de toutes; car outre qu'on ne monte point une 72071- ragne en ligne droite, que lon fait des détours pour en adoucir la marche, le tems que l’on met à la mon- ter, doit variet à proportion que l’on va plus ou moins vite , & que la pentereft plus on moinsroide: Il eft certain qu'il y a des zortagnes d’une extrè- me hauteur, comme le Caucafe en Afie, le mont Caflin, les Andés en Amérique, Le pic d'Adam dans l’île de Ceylan, le pic faint Georges aux Açores, le . pic de Ténériffe en Afrique, & plufeuts autres, Il y a des montagnes olées & indépendantes, qui femblent fortir d’une plaine, 87 dont on peut faire le tour. Il y en a qui font contigués à d’autres 107: sagnes, comme les Alpes; les Pyrénées , le mont Krapack, &c, Il y a des rrontagnes qui femblent entaflées les unes fur les autres ; de forte que quand on eft arrivé au fommet de l’une, on trouve une plaine où com: mence le pié d’une autre montagne. De-là eft venu l’idée poétique de ces géans, qui pofoient les z0n1a- gnes l’une fur l’autre pour efcalader le ciel. Ily a des montagnes qui s'étendent à-travers de vaftes pays', & qui fouvent leur fervent de bornes. Les Alpes, par exemple, féparent l’italie de la France êc de l'Allemagne. Les rzontagnes ainf continuées, fe nommoient en latin jugum , &t s'appellent dans notre langue vre chaîne de montagnes, parce que ces rontagnes {ont comme enchaînées l’une à l’autre; & quoiqu’elles ayent de tems en tems quelque interruption, oit pour le paffage d’une riviere , foit par quelque co, pas, ou défilé, qui les abaïfle , elles fe relevent bien- tôt, & continuent leur cours. | Ainf les Alpes traverfant la Savoie & le Dau- phiné, fe continuent par une branche qui commen- ce au pays de Gex, court le long de la Franche- Comté, du Suntgow, de l’Alface, du Palatinat, jufqu'au Rhin & la Vétéravie. Une autre branche part du Dauphiné, recommence de l’autre côté du Rhône, traverfe le Vivarais, le Lyonnois, & la Bourgogne jufqu'à Dijon , envoie fes rameaux dans l'Auvergne & dans le Forès, Au midi elle fe conti- nue par les Cévennes , traverfe le Languedoc, & fe joint aux Pyrénées, qui féparent la France de l’Efpagne. Ces mêmes rrontapnes fe partagent fous d’autres noms en quantité de branches, L’une court par la Navarre, la Bifcaye, la Catalogne, l’Arragon, la nouvelle Caftille, la Manche, la Sierra Moréna , & traverfe le Portugal. Une autre branche partant de la Manche, traverfe le royaume de Grenade, l’Andaloufie, & vient fe terminer à Gibraltar, pour fe relever en Afrique , de l’autre côté du détroit où commence le mont Atlas, dont je parlerai bien- tôt. | Ce n’eft pas tout encore. Les Alpes occupées par les Suiffes, la Souabe, & le Tirol, envoyent une nouvelle branche qui ferpente dans la Carniole, la Stirie, l'Autriche, la Moravie , la Bohème, la Po- logne , jufque dans la Prufle, Une autre branche dif- férente part du Tirol , parcourt le Cadorin, le Frioul , la Carniole , l’iftrie , la Croatie, la Dalma- tie, l’Albanie ; tandis qu’une des branches va fe ter- miner dans le golfe de Patras, une autre va féparer la Janna de la Livadie ; une autre va couper en deux la Macédoine ; une autre fe divifant en divers rameaux, va former les fameufes montagnes de Thra- ce. Ces mêmes montagnes defcendent dans la Bof- nie, la Servie, pañlent le Danube, fe portentlelong de la Valachie, & vont à-travers la Tranfylvanie AMSOEN € la Moldavie, joindre le mont Krapack? éelui-ci bar la Moravie, vient embrafler les monragnes de DORE. ST JUN 1-0 Une derniére branché dés Alpes, coutt le long des états de Gènes & du Parméfan, pour fe réunir à l’Apennin, qui comme un arbre envoie quantité de rameaux dans toute l'Italie, jufqu’au phare de Méffine. Il fe releve encore dans la Sicile ; qu'il parcourt prefqu'en tout fens, changeant cent fois de nom. sl Le mont Atlas en Afrique, envoye une branché qui va jufqu'à l'Océan, & en produit une autre qui va jufqu’à l'Egypte. Le royaume de Dancali, fitué tout à l'entrée de la mer rouge, n’eft prefqu’autre chofe que cette même chaîne, que le détroit de Ba- bel-Mardel interrompt à peine, Les montagnes de la Meque &c de l’Yémen, fe joignent à celles de l’Ara- bie Pétrée, & puis à celles de la Paleftine & de la Syrie, entre lefquelles eft le Liban. Les monts qui s'étendent le long de la mer en: deçà d’Antioche de Syrie, continuent cette chaîne juiqu'au Taurus. Celui-ci a trois principaux bras; l’un s'étendant à l’occident, court jufqu’à l’Archi- | pel. Le fecond avançant vers le nord par l'Arménie, va prendé le nom de Caucafe, entre la mer Noire, &c la mer Cafpienne. Le troifieme bras court vers lorient , pale l’Euphrate, coupe la Méfopotamie en plufeurs fens, va fe joindre aux ontagnes du Curdiftan, & remplit toute la Perfe de fes rameaux. Le bras qui fe diftribue dans la Perfe, ne s’y borne pas. Il entre dans la;Coraffane , & recevant Le nom d'Imaus , il fépare la Tartarie de l’Indouftan. Entre fes plus confidérables parties il s’en détache une qui prend le nom de montagne de Gate, fépare la côte de Malabar de celle de Coromandel, & va fe termi- ner au cap de Comorin. Une autre partie de l'I- maus forme trois nouvelles chaînes, dont l’une va jufqu'à l'extrémité de l'ile de Malaca; l’autre juf- qu'au royaume de Camboge, & la troifieme après avoir partagé la Cochinchinedans toute fa longueur, Va finir dans la mer, au royaume de Ciampa. Le Junnan & autres provinces de la Chine, font fitués dans une appendice de cette ontagne. Le Tangut, le Thibet, la Tartarie chinoïfe, toute la Tartarie ruflienne, y comprife la grande prefqu’ile de Kamtfchatka , 8 la Sibérie & toute la côte de la mer Blanche , font hérifflées de cette même chaîne de'montagnes qui par diverfes branches qu’elles jet tent dans la grande Tartarie, va fe rejoindre à l’I- maus. En vain la mer Blanche femble l'interrompre, elle fe releve de l'autre côté dans la Lapponie , & courant de-là entre la Suede & la Norvege, elle ar: rive enfin à la mer de Danemark. Il regne la même économie de montagnes en Amé. rique. En commençant par l’ifthme de Panama, nous y voyons ces hautes onagnes qui féparent les deux mers, traverfent la Cafhlle d’or & le Po- payan. Cette même chaîne court le long du Pérou, du Chih & de la terre Magellanique , jufqw’au dé- troit de Magellan qui en eft bordé. Une branche de ces montagnes femble fortir du Popayan, coupe la Goyanne & borde route la côte du Bréfil & du Pa- raguay. S1 on parcourt l’Amérique feptentrionale, on trouvera femblablement de vaftes chaînes de montagnes qui ferpentent dans la nouvelle Efpagne, dans le nouveau Mexique, dans la Louifiane, le long de la Caroline , de la Virginie, du Maryland &e de la Pentylvanie, | Ne crorroit-on pas à cet étalage de troncs, de branches &c de rameaux, qu'il ne s’agit point ici de ces monts fourcilleux qui fe perdent dans les nuës, & féparent les plus grands royaumes du globe ter- reftre, mais qu'il eft queftion des ramifications de l'aorte, de la veine cave , ou des nerfs fympathi- M 673 ques? Il eft Cepéñdant vrai queje ne puis gere m'ex. pliquer autrement, & que les principales monrapnes de lumivers ont entr’elles un enchaînement aflez femblable à celui qu'ont les nerfs, les vertebtes où les vaifleaux fanguins, Le conite de Marflly avoit eu le projet, fur la fin de fa vie, de prouver cette finguliere connexion des MO7taÿnes, Son livre de- voit être intitulé Ofarura terr@ , l’'Offarure de là rer: re ; & letitre étoit ingénieux dans l'idée d'un phyf cien qui regardoit les montagnes fur le globe, com- me l’anatomifte regarde les côtes & les os dans là charpente du corps de l’änimal. Mais toutes les montagnes dé la terre he fe contiz nuent pas par une chaîne plus on moins grande, I en eft de confidérables qui font très-ifolées, commé l'Etna, le Véfuve, le Pic d'Adam, le Pic de Téne- riffe & quantité d’autres, S'il y en a d’une extrème hauteur , comme nôus l'avons dit, ils’en trouve auffi d’une hauteur mé- diocre, comme font la plûpart des montagnes de France &c d'Allemagne ; il yen a même fans nombre de’très-peu élevées , 8 qui ne méritent que le nom de coteaux ou de collines, Il repne quantité de différences dans leur ftru@u: re ; qui doivent être obfervées. Il y a par exemple ; des montagnes dont la cime fe termine en pointe; d’autres au haut defquelles on trouve une plaine af- fez fpacieufe, & quelquefois même des lacs poiflon- neux; d’autres au contraire n’ont que des rôches dé: pouillées de verdure; d’autres n’ont pour fommet que d’afreufes mafles de glaces , comme les gla= ciers de Suifle : en un mot, on trouve une variété prodigienfe dans la conformation des montagnes ; & cette variété en met beaucoup dans les avantages ou défavantages qu'elles procurent aux pays fur lef: quels elles dominent. Les unes produifent des métaux, des minéraux À des pierres précieufes ; d’autres du bois pour bâtir ou pour le chaufagé; d’autres de gras pâturages; d’autres font couvertes d’une peloufe fous laquelle on trouve des veines de matbre , de jafpe ou autres pierres ; dont les hommes ont tité de lagrément ou de Putilité, Voyez l’arvicle précédens, Il y a des montagnes qui jettent de la fumée , des cendres ou des flammes, comme l’Etna, le Véfuve;s l’Hécla & plufñeurs autres : on les nomme vo/cans. Voyez l’article VOLCAN. Quelques montagnes ont le fommet couvert d’une neige qui ne fond jamais; d’autres n’ont point dé neige, & d’autres n’en ont que pendant une partie de l’année , plus ou moins longue: cela dépend de leur hauteur , de leur expofition , du climat & dela rigueur ou de la douceur des faifons. Les Allemands appellent berg ; une montagne, & les Efpagnols fer- T4, VOYEZ SIERRA. Les abïmes font oppofés aux montagnes. I] ya des montagnes qui en enferment entre elles de fi pro- fonds &c de fi affreux , que l’on ne peut en foutenir la vue fans que la tête en tourne: c’eft ce qu'on nomme des précipices. Il y a finalement, telle mon- tagne dont le pañlage eft très-dangereux, ou abfolu- ment impoffble à caufe de ces précipices. (D. J.) MONTAGNE DE GLACES, (Phyfg. € Navigat.) Onnomme "707tagnes de glaces ces amas immenfes de glaces , tant en étendue qu’en hauteur, qu’on ten- contre dans les mers du Nord, de Groenland, de Spitbergen, dans la baie de Bafin, le détroit de Hudfon & autres mers feptentrionales. Ces places entaflées font fi monfiruenfes qu'il y en a de quatre ou cinq cent verges, c’eft-à-dire de douze ou quinze cent piés d’épafleur ; c’eft fur quoi je pourrois citer les relations de plufieurs VOya- geurs: mais ces citations ne nousexphiqueroient point Comment çes montagnes prodigieufes fe forment, 678 M O N Plufeurs auteurs ont'eflayé de réfoudre cette quef- tion, entr’autres le capitaine Middleton anglois, qui a donné à ce fujet les conjeétures les plus vraiffem- blables. Le pays , dit-il, eft fort élevé tout le long dela côte de la baie de Bafin, du détroit de Hudfon, 6tc. êc il left de cent braffes ou davantage, tout près de la côte ; ces côtes ont quantité de golfes , dont les cavités font remplies de neiges & de glaces gelées jufqu’au fond, à caufe de l’hiver prefque continuel qui regne dans ces endroits. Ces glaces fe détachent & font entraînées dans Le détroit, où elles augmen- tent en mafle plûtôt qu’elles ne diminuent, Peau étant prefque tobjours extrèmement froide pendant les mois de l'été. Elles refroidiflent auffi tellement l'air , qu'il fe fait un accroiflement continuel à ces montagnes de glaces , par l’eau de la mer qui les ar- rofe à chaque inftant, & par les brouillards humides & très-fréquens dans ces endroits, qui tombent en forme de petite pluie, 8 fe congelent en tombant fur la glace. Ces #ontagnes ayant beaucoup plus de profondeur au-deffous de la furface de la mer qu’el- les ne s’élevent au-deflus, la force des vents ne peut pas faire grand effet fur elles pour les mouvoir: car quoique le vent foufle du côté du nord-oneft pendant prefque neuf mois de l’année, 8 que par-là ces îles foient pouflées vers un climat plus chaud, leur mouvement eft néanmoins fi lent, qu'il leur faudroit un fiecle pour avancer cinq ou fix cent lieues vers le fud. Les amas de glaçons qu’on voit près du Groen- land, ont commencé par {e détacher des grandes rivieres de Mofcovie, en flottant dans la mer où ils fe font accrus chaque année parlachüte de la neige qui ne s’eft pas fondue pendant l'été, en auff grande quantité qu’elle étoit tombée. De plus , l'eau des vagues de la mer quife brifent fans cefle contre les mafles de glace & qui en réjailliflent, ne man- que pas de fe geler à leur tour, & forme infenfble- ment dans ces contrées froides, des mafles énor- mes & anguleufes de glace, comme le remarquent ceux qui navigent en Groenland. On voit de ces montagnes de glace s'élever. au-deflus de l’eau aufñ haut que des tours, tandisqu’elles font enfoncées fous l’eau jufqu'à la profondeur de quarante braf- fes, c’eft-à-dire plus de deux cent piés. Voilà pour- quoi les Navigateurs rencontrent dans les mers du Nord, des montagnes de glace qui ont quelques mil- les de tour, & qui flottent fur mer comme de gran- des îles. On en peut lire les détails dans Ja pêche de Groenland , par Zordrager. ( D.J.) | MONTAGNES DE ROME, (Arr. rom.) Romulus fonda la ville de Rome fur le mont Palatin; & cette ville s’aggrandit tellement dans la fuite qu’elle fe trouva renfermer fept r7ontagnes dans fon enceinte, ce qui lui valut le nom célebre de Jépricollis , La ville a fept montagnes ; mais il ne faut {e figurer ces 7107- tagnes ou collines , que comme des hauteurs que l’on monte dans plufeurs endroits prefqu'infenfble- ment. Les fept rontagnes, anciennement renfermées dans Rome, étoient 1°. le mont Palatin, Palazzomaggio- re ; 2°, le mont Quirinal, #ont1e Cavallo ; 3°. le mont Cælius, monte di fan Giovanni Laterano; 4°. le mont Capitolin, campidoglio ; 5°. lemontAventin, m07- te di fanta Sabina ; 6°, le mont Efquilin, monte di S, Maria maggiore ; 7°. le mont Viminal , Virinale, Outre ces r70ontagnes ,1l y a aujourd’hui le Janicu- le ou le Montorio ; le mont de G/'orruli ou della SS, Trinita, ainfi appellé de la belle éghfe des Minimes, contigué au jardin du grand duc de Tofcane. Le Tef- zaceo , qui a Été formé de vafes de terre brifés ; enfin le Vatican firenommé par l’églife de faint Pierre, 8 par le palais du pape. Nous ne parlerons ici que des fept montagnes de l’ancienne Rome & du Janicule. . 1°. D'abord pour ce qui regarde le mont Palatin; les auteurs font partagés fur l’étymologie de ce nom. Les uns veulent que les Aborigenes , appellés autrement Palatins, aient donné leur nom à cette montagne, lorfqu'ils la vinrent habiter du territoire de Béate qu'on nommoit aufli Palasium. D’autres en font l'honneur à l’alatia femme de Latinus ; d’au- tres à Palanto fille d'Hypérborée , femme d'Hercule & mere de Latinus. D’autres tirent fon origine du verbe palare, qui fignifie errer | parce qu'on menoit paître des troupeaux fur cette colline. D’autres en- fin le font venir de Palas fils d'Hercule, & de Dyna fille d'Evandre , qui eut en ce lieu là fa fépulture. Denis d'Halicarnafle femble décider la queftion au commencement du fecond livre, où il dit que les Arcadiens étant venus. habiter cette rontagne, ils nommerent Paleuce la ville qu'ils y bâtirent, du nom d’une ville d’Arcadie dont ils -étoient originat- res, Le ont Palatin fut le premier que Romulus fit fermer de murailles, par une prédileéion particu- liere pour cette montagne, où ils avoient été élevés fon frere & lui, & fur laquelle il avoit eu l'heureux aufpice des douze vautours, qui lui avoit donné la préférence fur fon frere Rémus. 2°, Le mont Quirinal ; les Curetes qui vinrent de Cures à Rome avec le roi Tatius, donnerent leur nom à cette colline, parce qu’ils y avoient placé leur camp, Denis d’Halicarnafle appellecette montagne, collem Agonalem: c'eft le nom qu’elle portoit avant que les Sabins euffent fait alliance avec les Ro- mains. 3°. Mont Celius ; 11 eut fon nom d’un certain Cæ- lus Vibennus, capitaine hétrufque, qui vint avec une troupe d'élite au fecours de Romulus contre le roi des Sabins, Cette montagne étoit couverte autre- fois de chênes; c’eft pourquoi Tacite , 44, IV, Ann. en parlent du #0nt Cælius, ne le défigre que par le nom qu'il portoit alors, Querguetulanum montem. 4°. Mont Capiolin ; cette montagne futfamenfepar trois noms qu’elle porta. 1°. elle fut appellée 1075 Sa- turnius, de Saturnequil’avoit anciennementhabitée, & fous la proteétion duquel elle fut toûjours depuis : 2°, mons T'arpeius, de ceite fameufe Tarpeïz qui yfut accabléefous les boucliers des Sabins, comme De- nis d'Halicarnaffe le raconte ; & qui y eut fa fépul- ture: 3°,710ns Capitolinus, parce qu'en fowillant les fondements du temple de Jupiter fur cette montagne, on y trouva la têre d’un homme; c’eftce nom qui a prévalu dans la fuite fur les deux autres qu’elle por- toit auparavant. La maifon qu'habitoit Tatius fur le capitole , fut changée en un temple dédié à Jwro moneta , parce qu’elle avoit donné, dit-on, des avis falutaires aux Romains dans la guerre (contre les Arunces, ou felon Suidas, parce qu’elle leur avoit promis que dans la guerre contre Pyrrhus, l'argent ou la monnoie ne leur manqueroit point. Ce mont fut le plus célebre de tous, à canfe du temple de Jupiter commencé par Tarquin Pancien, achevé par Tarquin le fuperbe, & dédié par Horatius Pulvillus, C’étoit là où fe fafoient les vœux folenr- nels, oùles citoyens prêtoient ferment de fidélité, & où les Tromphateurs venoïent rendre gracesaux dieux de La viétoire qu’ils avoient obtenue. | Mais pour dire quelque chofe de plus particulier, on confervoit à Rome fur le mont Capitolin, avec une efpece de religion, la maïfon de Romulus con- verte de chaume : elle exiftoit encore du tems'de Virgile. Séneèque dit noblement, colis eriamnum ir Capitolio cafam vider gentium populus : Vitruve ajoûte, fégrificat mores vetuflatis cafa in arce facro- TU ; firamentis cela, C’eltainf qu’on:confervoit én- core alors dans la ville d’Athènes ancien Aréopa- ge, qui n'étoit couvert que de terre, 08%. Mont Aventin ; Tite-Live dit que le tons Aventin eft au-delà dela porte Trigémine , c’eft-à- dire au-delà de l’ancienne enceinte de Rome. Denis d'Halicarnaffe au contraire, le renferme dans l’en- ceintede la ville: mais 1l eft aifé d'accorder les deux hiftoriens. L’hiftorien latin ne renferme point dans la ville Pefpace qu’occupoit le Z'omærium au-delà -des miuts;; l’huftorien grec poufle plus loin les bor- nes de Rome, & ne les termine qu'au-delà des murs qui enfermoient le mort Aventin, quand il commen- çad'être habiré. Il refte à favoir d’où le mont Aven- tin fut ainfinommé. L'opinion la plus vraiflembla- | ble , en rapporte l’origine à un des rois d’Albe nom- mé Aventinus., qui fut enterré fur cette 7zontagne Ce fut là le lieu où fe -plaça Rémus pour prendre des anfpices; 8 comme le fuccès n’en fut pas heu- reux, Romulus le négligea, & ne voulut point de fon regne le renfermer dans Rome, ni le faire ha- biter, : La vallée qui féparoit le mont Palatin du ons Aventin, étoit plantée de myrtes, d’où lazzonta- gne mème portoit, le nôm de ons myrteus. C’eft peut être pour cette raifon qu’au pié de la montagne 1] y avoit un temple confacré à Vénus, parce que le myrte eft {ous fa protedion. 6°. Mont Efquilin , mons Efquilinus ; quelques- uns tirent l’origine de ce nom 42 excubus, de la garde que Romulus y fit faire pour s’aflurer contre’ les fonpçons qu'il avoit de la mauvaïfe foi de Titus : Tatius, avec lequel il étoit entré en fociété du gouvernement. De-là, difent-ils, cette wontagne fut appellée d’abord mo7s excubinus ; & enfuite par cortuption, efquilinus. Ovide appuie cette étymo- logie, lib. II], Faft. Ce mont a été aufi nommé , mons Cefpius, Oppius & Septimius ; de quelques pe- tites hauteurs particulieres qui étoient fur cette colline. 7°. Mont Viminal, mons Viminalis ; Servius Tul- lius l’enferma dans l’enceinte de Rome , ainf que le mont Efquilin. Varron dit qu’il fut ainfi nommé 4 Jove viminæo , parce que Jupiter avoit des autels fur cette zzontagne, qui étoit couverte d’un bois pliant & propre à faire des liens, tels que font l’o- fier , le faule & le bouleau. 8°. Mont Jaricule ; cette montagne fut ainfi nom- mée, parce qu'anciennement c’étoit le pañlage par où les Romains entroient dans le pays des Hétruf- ques. D’autres difent que Janus qui l’avoit habitée, &t qui y étoit enterré , lui avoit donné fon nom. Le Janicule étoit placé au-delà du Tibre, & demeura long-tems fans être compris dans l'enceinte de la ville. C’étoit la plus haute montagne de Rome, & d'où l’on pouvoit mieux découvrir toute la ville. Pendant que le peuple romain étoit affemblé par centuries , On y tenoit des troupes rangées en ba- taille, pour la fureté de la république contre la fur- prife des ennemis. (2. J.) ‘ MONTAGNE, le bailliage de la, (Géog.) petit pays de France, dans le gouvernement militaire de la Bourgogne, au nord de cette province, le long de la riviere de Seine. Il eft enclavé dans la Champagne ; fes deux feules villes font Châtillon & Bar-fur-Seine. Il à pris fon nom des wontagnes dont il eft rempli. (D. J.) MONTAGNE DE LA TABLE, ( Géog.) montagne d'Afrique dans la partie méridionale, au cap de bon- ne-Efpérance. On lui a donné ce nom, parce que fon fommet ef fort plat, quoique la montagne dela Table {oit à une lieue du cap , fa hauteur fait qu’elle femble être au pié ; fon fommer..eft une efplanade d’environ une lieue de tour , prefque toute de roc êt ume, excepté qu’elle fe creufe un peu dans le mi- lieu ; les vües en font très-belles. D’un côté, on découvre la baie du cap & toute la rade ; d’un au- M ON 679 tre côté, s'offrent aux yeux les mers du Sud; du troifieme Côté fe voit le faux cap, avec une grande île qui eft a milieu ; &c'du quatrieme côté, c'eft le continent de l’Afrique, où les Hollandoïs ont plu- fieurs habitations admirablement bien cultivées, Au-deflous de la montagne, eft bâti le fort des Hola landois pour leur füreté, (D. 7.) MONTAGNE DES BÉATITUDES, ( Géog. ) monta- gne de la Judée, aux environs de la tribu de Neph- tal ; elle ef féparée des autres, & s’éleve comme au milieu d’une plaine. La tradition veut que ce foit fur cette montagne, que Jéfus-Chrift fit ce beau fermon , qui contient toute la perfeétion du chrif- tianifme. (D, J.) MONTAGNE DE L'OISEAU, (Géeg.) où mont $. Bernardin, par les Italiens zonte di Uccello, & par les Allemands Vogelsberg , montagne du pays des CDR) dans le Rhinwald, Voyez VOGELSBERG, (D. J. MONTAGNIAC , (Géog.) ville confidérable d’A- fie, en Natolie, dans la province de Bec-Sangil, fur Ja mer de Marmora, M, Vaillant prétend fur des infcriptions authentiques , trouvées fur les lieux , que Montagniac eft l’ancienne Apamée. Pour fe re: fufer à cette conje@ure , il fant dire que les inferip- tions qui lautorifent, ont été tranfportées à Morta- griac de quelque endroit voifin. Quoi qu'il en foit, le golfe fur les bords duquel eft bâtie Montagniac, s’appelloit autrefois Cianus finus, de l’ancienne vil- le de Cum ; dont on voit encore quelques ruines. Par le moyen de ce golfe, cette ville a commerce avec Conftantinople , dont elle eftà 24lieues, & avec Burfa , dont elletft à $ lieues. Long. 46, 30. lat, 4o. 10, (D.7.) MONT AIGUILLE , ( Géog.) & par le peuple, montagne inacceffrble , qui a paflé long-tems pour une merveille du Dauphiné, phantôme que la crédulité de nos peres avoit produit. Cette merveille fe ré- dit à un rocher. vif & efcarpé ; ce rocher eff déta- ché de tous côtés, & planté fur une montagne or- dinaire dans le petit pays de Trèves, à deux lieues de Die , & à neuf de Grenoble. On l’a donné jufqu'au commencement de ce fie- cle, pour une pyramide ou cône renverfé, & l’on afluroit très-férieufement , qu'il étoit beaucoup plus large par le haut que par le bas; cette opinion mé- me fut prefque autorifée par l'hifloire de l’académie royale des Sciences , année 1700. p. iv. car on y lit, que la pyramide n’a par le bas que mille pas de cir- cuit, & qu'elle en a deux mille par le haut. Il eft vrai que l’hiftorien ajoute , que cette pyramide fe feroit peut-être redreflée , fi elle avoit été exami- née par M. Dieulamant. On fçut bien-tôt après, en 1703, que rien n’étoit plus faux que cette prétendue figure extraordinaire d’un cône renverfé qu’on donnoit à ce rocher. Sa bafe eft comme elle doit naturellement être , plus large que le haut. Comme ce rocher eft à la vérité fort efcarpé , & qu'il ne préfente de tous côtés que le roc nud , dégarni de terre & d’arbres, il eft aflez dificile &c fort inutile d’y grimper ; mais il s’en faut beaucoup qu'il foit inaccefhble, les payfans y mon- tent tous les jours , &c 1l y a plus de deux cens ans qu'ils le pratiquent ; Aimard de Rivail, confeiller au parlement de Grenoble , auteur d’une hiftoire manufcrite du pays des Allobroges , qui écrivoit en 1530. le dit formellement. Mode frequens eff in eum montem afcenfus , ce font ces termes lûs & rappor- tés par M. Lancelot ,de l'académie des Infcriptions, Que devient donc l’hiftoire de dom Julien, gouver- neut.de Montelimar , qui y monta le premier par ordre de Charles VIII. le 26 Juin 1492, avec dix autres perfonnes , qui fit dire la mefle deflus, qui manda au premier préfident de Grenoble, que c’é= 680 M ON toit le plus horrible & le plus épouventable paflage qu'on pût fe figurer , & en conféquence y plänta trois grandes croix, qu'on n'a pas Vü depuis | Onne fait point encore aflez , remarque très-bien M. de Fontenelle ,. jufqu'où peut aller le génie fabuleux des hommes, (D.J.) MONTAIN. Voyez FAUCON. i 4 Mo.NTAIN , fm. PINSON , MONTAIN, PIN- SON DES ARDENNES, ( Æif?. nat, Ornithol.) fringilla montana, fèu montifringilla ; oifeaun qui eft du poids & de la groffeur du pinfon, 1l a Le bec grand, droit, fort , & de figure conique ; il fe trouve noir en en- tier dans certains individus ; dans d’autres la racine eft jaune & l'extrémité noire ; la piece inférieure du becne déborde pas la fupérieure, fes côtés font forts & tranchans. Les femelles n’ont pas la racine dû bec jaune , les pattes font d’un brun pâle; toute la face fupérieure, deprus la tête jufqu’au milieu du dos , eft comme dans l’étourneau d’un noir brillant mêlé de roux cendré qui fe trouve fur les bords des petites plumes ; la partie poftérieure du dos eft blanche ; la gorge a une couleur roufle jaunâtre, celle de la-poitrine eft blanche , & les plumes fi- tuées près de Panus font roufsatres. Dans la femelle , la tête eft d’un roux ou d’un brun cendré ; elle a la gorge moins roufle que le male. Les plumes du cou font cendrées , celles du dos ont le milieu noir & les bords d’un cendré rouf- sâtre. En général les couleurs de la femelle font plus claires que celles du mâle , les grandes plumes intérieures des aîles {ent roufles & les extérieures noires en entier, à l'exception des bords qui ont une couleur roufle ; Les fept ou huit plumes qui fuivent la quatrieme ont une tache blanche fur le:côté ex- térieur du tuyau près de la pointe des plumes du fe- cond rang ; les bords extérieurs font aufi un peu blanchâtres au - deflous ; au refte elles font noires: Les plumes de la face inférieure de l’aîle à l'endroit du pli, ont une belle couleur jaune , celles de La face fupérieure font de couleur orangée , la queue eft noire en entier, excepté le bord extérieur de la plume externe de chaque côté qui a une couleur blanche ; dans quelques individus, le bord intérieur de cette plume eft auf blanc ; la pointe &c les bords des plumes du milieu font d’une couleur cendrée, mêlée de roux. Ontrouvé des variétés dans les cou- leurs de cet oifeau. Willughby, orzir. Voyez O1- SEAU: MONTALBAN, (Géog.) ville d'Efpagne au royaume d’Arragon, avec une citadelle fur le Rio= Martino, à 14 üeues S. O. de Sarragofle, 26 N. O. de Valence, long. 16. 55. lat. 40. 52. (D. J.) MONT ALCINO , ( Géog. ) petite ville d'Italie , dans la Tofcane , au territoire de Sienne ; avec un évêché qui ne releve que du pape. Elle eff fituée fur une montagne , à 16 milles S, E, de Sienne ,.20 SE. de Florence. Long. 209.12. 1lar, 43.7. (D.J.) MONT ALGIDE Le, (Géog. anc.) algidum, mon- tagne voifine de Rome , ainfi nommée 4b algoré , à caufe de l’air froid qui y regne:auprès de cette mon- tagne , étoit la fameufe forêt connue dans les an- ciens auteurs , fous le nom de zermus algidum ; à 12 milles de Rome, entre la voie labicane & la voie latine , au midi de Tufculum. Cette forêt s'appelle aujourd’hui , fé/va-del-aillio (D. J.) | MONTALTO , (Géog.) petite ville d’Italie, dans la Marche d’Ancone, avec un évêché fuffragant de Fermo: Elle eft fur le Monocio , à 4 lieues N. E. d'Afcoli, ; S. O. de Fermo, 178. d’Ancone. Long. 31.18,lat; 42. 55. C’eft Sixte V. qui fonda l'évêché de Montalro en 1586 ; il étoit né dans un village voifin de cette vil- le ; fa vie ef connue de tout le monde. Il s’acquit ‘un nom par Îes obélifques qu’il releva , & par les _ MON monurmens dont ilembellit Rome. Mais on fait qu’il n’obünt la chaire de S. Pierre , que par quinze an- nées d'artifices , & qu'ilfe conduifit dans fon ponti- ficat avec un manége odieux, & une févérité bar- bare. Il laiffa dans le Châtean-Saint-Ange des fom- mes confidérables ( cinq millions d’écus romains } qu'il avoit amaflées, en appauvriffant fon pays, en le chargeant de tributs , & en augmentant la vénaz lité de tous les emplois. Enfin, lapologie qu’il ft en préfence des cardinaux , du parricide du moine Jacques Clément , a découvert à la poftérité , fes principes & fon génie. (D.J) UE MONTANA , ( Mythol.) furnom que les latins donnoient à Diane , 87 qui convenoit aflez bien à une déefle, qui faifoit fon plarfir de la chaffe dans les bois & les forêts des montagnes. (D.J. MONTANISTES, £.m. pl. (Aif. eccléft) anciens hérériques ainfi appellés du nom de leur chef, Moz- tan, qui faoit le prophete & avoit à fa fuite des prophétefles. Les Montanifles ne différoient que de nom des Phrygiens, des Cataphrygiens , des Quin- tiliens & des Pépuziens: Voyez chacun de ces mors à leur rang. vw: | Pr Ut Les premiers Montanifles ne changerent rien à la foi du fymbole ; ils fouténoient feulement , que lé S. Efprit avoit parlé par la bouche de Montan, & enfeigné une difcipline beaucoup plus parfaite que ‘celle que les Apôtres avoient établie. En conféquen- . ce, 1°. ils refufoient pour toujours la communion à tons ceux qui étoient tombés dañs dés crimes: & croyoient que les miniftres & les évêques n’avoient pas le pouvoir de la leuraccorder, 30: [Is impofoient de nouveaux jéûnes 8 des abftinences extraordi2 naires ; comme trois Carêmes & deux femaines de xérophagie, dans lequelles ils s’'abftenoient non-feu: lement de viande, mais encore de ce qui avoit dit jus. 4°. [ls condämnoient les fecondes nôces, com- me des adulteres ; 40. Ils prétendoient qu'il étoit défendu de fuir dans les temis de perfécution; 5°. leur hiérarchie étoit compofée de patriarches, de cenoné &t d’évêques, qui ne tenoient que le troifieme rang. Leur fete à duré fort long-tems en Afie & en Phry- gie ; & quelques-uns d'eux font accufés d’avoir adopté les erreurs de Sabellius fur lé myftere de la Trinité, Montan êr fes faufles prophéteffes, maloré Panftérité qu'ils préchoient à leurs fe&tateurs,avoient des mœurs très corrompues ; les évêques d’Afie & ceux d'Occident eñ condamnerent le fanatifme dès fa naïffance , ce qui n’empêcha pas cette héréfie de pulluler & de produire les différentes branches dont On a déja parlé. Dupin, Biblioth, des Auc. eccléf. des trois premiers frecles. MONTANT , fm. (Corm.), en termes de comp tes; ce à quoi montent plufieurs fommes particu- lières, calculées ou additionnées enfemble, Le #07- tant d'un compte ;' le zz0ntar1 d’un inventaire. C’eft du #ontans de la recette &c de la dépenfe, en les comparant enfemble par la fouftraétion ; que fe fait la balance ou l’arrêré d’un compte ou d’ur inventaire, Voyez COMPTE, BALANCE, INVEN- TAIRE, | On appelle encore montant | en termes de comp- tes, le total ou l'addition de chaque page, que ce lui qui dreffe le compte porte & infcrit au haut de chaque nouvellé page, afin de pouvoir plus aifé- ment former le total général de la recette on de 1 dépenfe à la fin du compte. Ce qui fé fait en met- tant pour prèmier article de chacune defdites pages, cetté efpece de note, pour Le montant de l'autre parts où pour le montant de la page ci-contre , felon qu'on commence un folio reéto ou verfo. Di, de Comm. MONTANS , ( Marine. ) du voutis où du re- vers d’arcaffe , ce font des pièces de bois d’apput en révers, qui font failhr en arriere & qui foutien- ñenf MON hent le haut de la poupe avec tous fes ornemens. On les appelle auffi courbatons. MONTANT, ( Marine, ) c’eft une piece de bois droite, fur laquelle eft une tête de mort où pañe lé bâton ou là gaule d’enfeigne de poupe. ; MONTANS, terme d’Architeüure ; ce font des corps ou faillies aux côtés des chambranles des por- 1es ou Croifées , qui fervent à porter les corniches & frontons qui les couronnent ; c’eft ce que Vitruve appelle arrecfaria. | MONTANT, terme de Bourrelier, ce font deux bandes de cuir attachées aux extrémités d’en-haut des branches du mors, & qui vont aboutir au commencement de la tétiere. Voyez Les fix. PI. du Bourrelier. | . MONTANS, pieces d’une groffe horloge; ce font des barres de fer qui font partie de la cage ; elles font fituées verticalement, & c’eft dans leurs trous que roulent les pivots des roues. ! On donne encore ce nom à des pieces fembla- bles, dont on fe fert dans Les horloges de chambre , les réveils, 6c. où elles font ordinairement de cui- vre. Voyez HORLOGE, RÉVEIL, 6c. MONTANT , MONTER ; on dit d’un arbre qui pouffe bien, d'un bois qui s'éleve , qu’il monte bien. On dit encore /e montant d’un arbre, pour éxprimer fon beau jet. MONTANT 64 DaARD , c’eft la tige qui fort du fond du calice d’une fleur , ce qui fait un woztant en forme de dard , appellé le pif. MONTANT , en terme de Vergerter , eft une corde à boyau , qui va du haut en bas d’une raquette. MONTANT , ex cerme de Blafon , il fe dit non-feu- lement du croiffant repréfenté les pointes en-haut vers le chef, mais encore des écrevifles, des épis & autres chofes dreflées vers le chef de l’écu. Perrot à Paris, d’azur à deux croiflans aculés d’ar- gent, l’un montant, l’autre verié, au chef d’or, char- gé de trois aiglettes de fable. MONTANTE, e7 Anatomie, nom d’une apophyfe de l’os maxillaire, fituée à {a partie fupérieure laté- rale interne de la face antérieure de ces os. Voyez MAXILLAIRE. MONTANUS , f. m. (4nar.) un des treize muf- cles des levres ; le troifieme appartenant à la levre inférieure , eft le quarré ou montanus. Il prend fon origine à la partie antérieure & inférieure du men- ton & de la racine des dents incifives de la mâchoire inférieure , & va s’inférer au bord de la levre infé- rieure qu'il tire en-bas, MONT ARGIS , (Géograph.) ville de France dans POrléanois. Son nom latin du moyen âge eft Mons Argifus pour Mons Argifr. Le roi faint Louis donna Montargis & tout le pays voifin à fon fils Philippe. Louis XIV. le donna en appanage à fon frere Phi- hppe ; & c’eft à ce titre que M. le duc d’Orleans en eit aujourd'hui poffeffeur. Son ancien château bâti par le roi Charles V. tombe en ruines. Montargis a un bailliage , un préfidial , une coù- fume particuhiere réformée en 1531, & une belle forêt compolée de 8300 arpens. M. de Valois penfoit que le Vellaunodunum de Cé- far étoit Montargis ; mais il n’y a rien qui puifle ap- | puyer ce fentiment que la feule autorité de ce favant homme. Montargis eft une cité nouvelle du moyen âge, dans laquelle on ne trouve aucune trace d’an- tiquité , & dont la pofition ne quadre point avec le paflage entier de Céfar. | Cette ville eft fur le Loin à 6 lieues de Nemours, 30 de Nevers, & 24 de Paris. Long. felon Caffini, RS 0 ONE ES _ Madame Guyon (Jeanne-Marie-Bouvieres de la Mothe ) fi célebre par fes écrits & fes difgraces, na- quit à Monarpis le 13 Avril 1648. On fait fes ayan- Teme X, MON 681 tures. Elle abandohna {es biens à fes énfans pour de- venir fupérieure d’une communauté établie à Gex ; les regles de cette communauté n'ayant pas été de fon goût, elle précha d’autres maximes , &ç fe vit obligée de fe retirer chez les Urfulines de Thonon, de-là à Turin, à Grenoble , à Verceil. Au milieu de toutes fes courles , elle compofa plufieurs livres, entr'autres le Cantique des Cantiques , interpreté fe- lon le fens myftique, & lès Torrens fpirituels. Eile fe rendit à Paris pour fa fanté, dogmatifa, & fut mife dans un couvent. Mais la proteétion tonte-puifflante de madame de Maïntenon lui rendit la hberté ; elle vint à Verfailles remercier fa bienfaitrice , vit l'abbé de Fénelon , alors précepteur des enfans de France , êt gagna fon amitié, Elle répandit bientôt dans Saint- Cyr fes fentimens, & madame dé Maintenon l’aban- donna. Alors elle fut renfermée au château de Vin- cennes, & enfuite à la Baflille ; elle en forrit, & fe retira à Blois, où elle mourut le o Juin 1717, à 69 ans. Veuve dans une grande jeuneffe, avec du bien, de la beauté & un efprit fait pour le monde , elle s’entêta, dit M. de Voltaire, de ce qu’on appelie la Jpiritualité, devint chef de fee, & finalement mit aux mains les deux plus grands hommes qui fuffent alors dans l’Eelife , M. Boffuet & M. de Fénelon, qu’elle eut la gloire d’avoir pour difciple , & qu’elle * appelloit fon fs. (D. J.) MONTAUBAN , ( Géog.) ville confidérable de France dans le Quercy , avec une généralité , une cour des aides, & un évêché fuffragant de Tou- loufe, érigé en 1317, & qui vaut 24000 livres. Montauban eft fituée fur le Tarn, à 14 lieues S. O. de Cahors, 11 N. de Touloufe, 145 S. O. de Paris. Long. 19. 5. lat. 44. 2. Cerre ville n’eft pas ancienne ; elle a commencé par un monaftere , nommé Mons Aureolus ; enfuite Alfonfe, comte de Touloufe, bâtit en 1144 dans le voifinage la ville même. On croit qu’elle a pris le nom de Montauban de quantité de faules qui font aux environs, que les Gafcons appellent 4/ba. Ses habitans embrafferent le calvinifme en 1572, & for- tifierent leur ville dans les guerres de religion; enfin le cardinal de Richelieu devenu premier minmiftre, en rafa toutes les fortifications. Cette ville à donné la naïflance à Pierre du Bels loy , qui publia, en 1585 , l’Apologie catholique. Hen: ri HI. le fit mettre en prifon pour cet ouvrage, qu'il auroit dù récompenfer ; mais Henri IV. plus éclairé, nomma du Belloy avocat-cénéral au parlement de Touloufe. (D. J.) MONTBAR , ( Géop. ) petite ville de France en Bourgogne dans l’Auxois , fur la riviere de Braine. Il y a un châtellenie royale, maréchauflée , gre- mer à {el, & une feule paroïfle, Lozg, 21, 50. lauir. 47. 40. TMONTRAZON , ( Géogr.) bourg ou petite ville de France en Touraine, avec titre de duché-pairie, érigée en 1588. Elle eft agréablement fituée au pié d’une colline, à 3 heues de Tours, 54, O. de Paris. Long. 184, 221, 24/. lat, 474,17, 71. MONTBELLIARD , ( Géopr.) ville d’Allema- gne, capitale d’une principauté de même nom, aux confins de l’Alface & de la Franche-Comté , entre Porentru & Bâle, au pié d’un rocher occupé par un fort château en façon de citadelle. Depuis 1653, le prince de Montbelliard a voix & féance dans le col: lege des princes de l'empire. Les traités de Rifwick &t de Bade maintinrent la fouveraineté à ce prince. Louis XIV. s’étant rendu nraître de la ville en 1674, la fit démanteler. Elle eff fituée proche l’Alaine & le Doux, à r2 lieues ©. de Bâle, 15 N. ©. de Be- fancon , 80 $S. E. de Paris. Long. 24, 40. larir. . 39.- TMONTERISON ( Géopr, ) ville F France’ dans | Rrr P 682 MON le Forès , fur la petite riviere de Vezize, au pié d’une montagne, On l’appelle en latin Mozs Brifonis, du nom de fon fondateur. Elle eft à 12 lieues de Vienne, 14 S. O. de Lyon, 968, O, de Paris. Long. 21. 42. lat, 45, 32. ; Cette ville a donné naïffance à Antoine du Ver- dier , feigneur de Vauprivas, qui fe rendit célebre dans le xvj. fiecle par fa bibliotheque des auteurs françois, tout fautif 6 tout imparfait qu’eft cet ou- vrage. Jacques-Jofeph Duguet, l’une des meilleures & des plus laborieufes plumes du parti janfénifte, naquit au milieu du dernier fiecle à Mozrbrifon. Son ftyle eft formé fur celui des bonsécrivains de Port-Royal. Il auroit pu, comme eux, rendre de grands fervices aux lettres. Ses Traités de morale 6 de piété font trop diffus, Son Explication du myflere de la paffion de notre Seigneur en 9 volumes prouve une grande fécondité d'imagination, Son livre de l'Education d'un roi, achevé par une autre main, fit beaucoup de bruit. M. Duguet fut perfécuté & même contraint de s’ex- patrier. Enfin 1l revint fur fes vieux jours à Paris, & y eft morten 1733 à 84 ans. (D. J.) MONT-CARMEL , ( Æiff. mod.) nom d’un ordre de chevalerie , auquel eff joint celui de S. Lazare de Jérufalem. Voyez S. LAZARE. Les chevaliers de cet ordre portent fur le côté gauche de leur manteau une croix de velours ou de fatin tanné , à l’orle ou bordure d’argent ; le milieu de la croix eft rond, chargé d’une image de la Vierge environnée de rayons d’or, le tout en broderie. Ils portent aufli devant l’eflomac une croix d’or avec l’image de la Vierge émaillée au milieu , attachée à un ruban de foie. Cet ordre fut rétabli fous Henri IV. par les foins de Philibert de Nereftang, puis confirmé par Louis XIV. en 1664 ; mais en 1691, le roi en fépa- ra plufeurs biens , fe contenta du titre de fouverain protecteur. Les chevaliers jouiflent de quelques commanderies & privileges, Voyez S. LAZARE. MONT-CASSIN , ( Géog. ) montagne d’italie au royaume de Naples, au fommet de laquelle eft la célebre abbaye du Mont-Caffin, où faint Benoît fon- da la regle de fon ordre. Long. 31, 25. latit.41. 38. MONT-CENIS , (Géogr.) en latin Czneftus-Mons, partie des Alpes que les anciens nommoient Corrien- nes ; elle fépare le marquifat de Suze de la Morienne. On divile le Mont-Cenis en petit & en grand Mont- Cenis. Le premier eft moins élevé, & le plus proche du Piémont. Quelques auteurs l’appellent Jagzm S1- benicum. Son nom moderne lui vient de la petite ri- viere Cenis, qui en defcend ; la Novalefe , bourg du Piémont , eft au pié du petit Mont Cenis. On y prend des mulets pour monter au plus haut endroit du paf- fage où fe trouve une plaine , au milieu de laquelle eft un petit lac très-profond. Le côté qui regarde la Savoie s'appelle le orand Monr-Cenis ;1l eft plus haut & plus roide que l’autre, quoique les chevaux y paf {ent continuellement ; mais ce {ont des hommes pour MAS qui portent les voyageurs de ce côté-là, TEE c MONT-CYLLENE , ( Géog. anc. & mod. ) en la- tin Cyllene, Cyllena , Cyllenius , nous difons auffi en françois Monts Cylléniens, célebre montagne du Pé- loponnefe en Arcadie. C’étoit la plus haute monta- gne de ce pays-là au jugement de Strabon ; & Di- céarque qui l’avoit mefurée ; lui donnoit 14 à 15 ftades de hauteur, c’eft-à-dire plus de 1700 pas. Pau- fanias rapporte qu'il y avoit fur fon fommet un tem- ple confacré à Mercure. De-là vient que la fable a fait naître ce dieu fur le Monr-Cyllene ; & Virgile, Enéide l, VIIL. v. 138, n’a pas oublié d’en attefter la vérité, comme sil en eût été témoin. Vobis Mercurius parer eft, quem candida Maia Cyllenæ gelido conceptum vertice fudre, MON Les monts-Cylleniens commencent à Sycione, vont de l’orient à l'occident jufqu’à Patras , d’où s’éten- dant au midi vers Chiarenza, l’ancienne Cyllénédont ils ont emprunté le nom, ils forment les bornes nou- velles de l’Achaïe dans toute fon étendue, & de l’Ar- cadie au feptentrion &x au couchant. Non-feulement il fort des monts-Cylléniens plufieurs rivieres qui arrofent ces provinces, mais divers fom- mets de ces montagnes laiflent entre eux des vallons, ou plutôt des plaines enfermées de tous côtés par des collines. Ces plaines font fertiles & arrofées par les rui£ feaux qui defcendent de ces montagnes ; mais comme ces plaines n’ont point d’iflues , elles feroient inon- dées , fi les ruifleaux qui en découlent ne trouvoient des gouffres dans lefquels ils fe précipitent, pour al- ler en fortir dans d’autres plaines femblables qui font au-deflous des premieres ; ce jeu de la nature fe ré- pete cinqà fix fois, au rapportde M. Fourmont. C’eft ainf que fe forment le Pfophis , PErymanthe & PAI- phée. (2. J.) MONT-DAUPHIN , (Géograph.) petite place de France dans le Dauphiné , à 3 lieues d’Embrun fur une montagne efcarpée & preique environnée de la Durance. Louis XIV. fit fortifier cette petite place en 1693. Long. 24. 20. larit, 44. 40. MONT-DIDIER , (Géograph.) en latin moderne Mons-Defideri, ancienne petite ville de France en Picardie. Quelques-uns de nos rois de la troifieme race y ont eu leur palais, & y ont tenu leur cour. Elle eft fur une montagne à 7 lieues d'Amiens & de Compiegne, 23 N.E. de Paris. Long. felon Caflini, 20. 5,23", latit, 49. 30. M. Galland (Arsoine) , un des favans antiquaires du xviy. fiecle , naquit de parens fort pauvres à 2 lieues de Mont-Didier. 1] fit trois voyages au levant, s’attacha particulierement à l'étude des médailles, & apprit à fond pendant {on long féjour dans cepays- là le turc, l’arabe , le perfan &t le grec vulgaire. Il mourut en 1715, âgé de Goans. Son Diéionnaire numifmatique a té remis après fa mort à l’académie des Infcriptions, dont1l étoitmembre. C’eft un livre qui manque aux fciences. Les manufcrits orientaux qu’il avoit recueillis ont pañlé à la bibliotheque du roi. Il a eu la plus grande part à la bibliotheque orien- tale de Herbelot. On lui doit es mille 6 une nuirs , contes arabes, en 10 volumes 27-12. Il a publié une hiftoire de la sromperte chez les anciens , & l’expli- cation de quantité de médailles en plufieurs brochu- res, qui or d’être raflemblées enun corps. D. J. MONT - D'OR, (Géogr. ) montagne de France & l’une des plus hautes de l'Auvergne. Elle s’éleve, felon M. Maraldi, de 1030 toifes au-deflus de la fur- face de la Méditerranée ; &c felon MM. Thury & le Monnier, de 1048 toiles. Voyez d’autres détails cu- rieux fur cette montagne dans les obfervations d’hif- toire naturelle, par M. le Monnier , medecin. Je me contenterai feulement de remarquer qu’elle a donné fon nom aux eaux 6c aux bains que l’on nomme jes bains du Mont-d’or. Il eft bon cependant d’être averti qu'ils font éloignés de cette montagne d'une grande lieue , & que leur véritable fituation eft au pié de la montagne de l’Angle, ( D. J.) MONTE, la monte d’un haras, c’eft le tems, le lieu & lheure où l’on fait courir les jumens , aufli- bien que le regiftre qu’on en tient. MONTÉ , HAUT MONTÉ, voyez HAUT. MONTÉE ad]. (Marine. ){e dit d’un sombre d'hom= mes & de canons qui font fur un vaifieau. On dit un vaifleau wonté de 6o canons &c de 400 hommes. MONTE-ALVERNO , ( Géogr. ) en latin 4/yera aus, montagne d'Italie en Tofcane , à 14 milles de Florence , à 10 N. de Borgo-fan-Sepolcro , aux con ins de l’état de 'Eglife,l&r à deux milles de la force du Fibre. C’eft de toutes les montagnes de PAppen- ninune des plus fauvages & des plus flériles. Elle eft célebre par un couvent de religieux réformés de l’ordre ide faint François : ce font des Récollets que les Italiens appellent zocco/anres | du mot goccoe, qui fignifie la chaufure de bois dont ils fe fervent. MONTE ANSIDIANO, (Géog.) chaîne dé mon- tagnes de Portugal dans l'Eftramadure. Cette chaîne de montagnes femble fe divifer en deux branches , dont l’une étoit anciennement nommée Taniacus #nonS ; l'autre branche n’eft autre chofe que la partie la plus haute de cette même montagne , & retient encore l’ancien nom de Porto Tapaio, MONTE - BALDO , ( Géogr. ) haute montagne d'Italie. Elle eft formée de rochers efcarpés, voi- fins d’autres rochers d’un auf difficile accès, fitués entre PAdige & le lac de Garde, vers les frontieres du Trentin. . MONTE-BARBARO, (Géog.) montagne d'Italie au royaume de Naples, dans la province de Labour. Elle eft proche la côte de la mer, auprès de la ville de-Pouzzol. Les Latins l'ont connue fous le nom de Gaurus , que Stace appelle Nemorofus , 8 Juvenal Gaurus inanis, Pline , Ü&. XIV. cap. vj. parle non- feulement de cette montagne, mais encore des vins qu'elle produifoit. Selon Scipion Mazella, cetre mé- me montagne avoit trois noms différens : la partie occidentale S’appelloit Gaurzs ; la partie orientale Mafficus, & la partie feptentrionale Falernus. Après avoir été fi fertile & fi renommée, elle eft devenue prefque ftérile. nr: MONTE-CAMELIONE, (Géog.) en latin Cerra ; montagne de France dans la Provence au comté de Nice. Elle fait partie des Alpes maritimes , s'étend : én long entre les vicariats de Barcelone & de faint Efteve au midi, &c le marquifat de Saluces au fep- tentrion , entre la fource du Var & celle de Sture. (D.J.) MONTE-CAVALLO , ( Géogr. ) nom d’une des collines de Rome moderne, qu’on appelloit ancien- nement le mors Quirinal, Les papes Y ont un palais qu'ils habitent ordinairement pendant les chaleurs de l'été. Sixte V. Pacheta de la maifon d’Eft, & y fit de grands bâtimens , augmentés depuis par Paul V. La galerie eft décorée des tableaux des grands-mai- tres , &c la chapelle eft peinte par l’Albane, Vis-à-vis de ce palais on voit deux chevaux de marbre, fur lefquels les noms de Phidias & dé Praxitelle fe trou- vent gravés : l’ouvrage n’eft point de leurs mains, mais 1l n'eft pas indigne du cifeau de ces deux hom- mes célebres. C’eft Sixte V. qui les a fait placer fur cette coline, & c’eft de là qu’elle a tiré fon nom. MONTECHIO , ( Géogr. ) ville d'Italie au duché de Reggio, à 10 milles S. E. de Parme , 7, N. O. de Reggio. Long. 28, 2. lat. 44. 45. MONTE-CHRISTO, ( Géog. ) nom d’une mon- tagne , d’une riviere & d’une bourgade fans habitans dans l'Amérique , fur la côte du nord de l’île Saint- Domingue. Chriflophe Colomb a découvert la mon- tagne & la riviere , qui a fon embouchure à côté de Ja montagne, &t les a nommées More - Chriflo. Les Efpagnols y formerent en 1733 une bourgade de mé- me nom qui ne fubfifte plus, MONTE-CIRCELLO , ( Géogr. ) c’eft ce que Virgile appelle Circæa verra , Æneïd. Liv. FIL. v. 10, | Proxima Circer raduntur littora terre. Ils rafent les rivages du promontoire de Circé, Cap d'Italie dans la campagne de Rome. C’eft une haute montagne qui paroît une ile , parce qu’elle eft envi- ronnée de la mer de Tofcane du côté du midi, & des marais Pomptins au feptentrion, C’étoitle féjour | Tome X, MON 663 de Circé , célebre magicienne , fille du foleil & four d’Aitès, pere de Médée. MONTE DE CINTRA , (Géogr.) montagne de Portugal dans l’Eftramadure ; élle faitun Cap qui s’a vance dans l'Océan , au-deffous de l'embouchure du Tage, à 4 lieues O. de Lisbonne » près du bourg de Geintra , d'où cette montagne à tiré fon nom, Le Cap ,qui s’avance dans l'Océan , à été nommé par les Latins Mors Lune , parce Qu'il y avoit ancien- nement un temple dédié à la lune &z au foleil : on en voit encore les ruines & quelques infcriptions. (D.7.) MONTE DE LA STELLA , (Géog.) chaîne de | montaghnes de Portugal dans la province de Berra, entre les rivieres de Mondego & de Zezare. On nom moOit anciennement cette montagne mons Hermenus Où Herrninius, qu'il ne faut pas confondre avec le | mont Herminins qui eft dans la province d’Alentéjo. MONTE DI TRAPANI, ( Géogr.) montagne de Sicile dans le val de Mazzara , fur la côte occiden- tale , près de la ville de Trapano, qui lui donne fon | nom. On la nommoit anciennement £rix. Elle étoit confacrée à Vénus; & la ville d'Erix » déja bien dé- | chue du tems de Strabon, étoit au fommet du mont. (D. J.) MONTÉE, f. f. (Architeët.) fe prend quelquefois | dans les anciens écrivains pour un degré d’efcalier, Voyez DEGRÉS o1 MARCHES. Où appelle vulgairement ainfi un efcalier ; parce | qu'il fert à monter aux étages d’une maifon. MONTÉE de pont , c’eft la hauteur d’un pont con- fidéré depuis le rez-de-chauflée de fa culée ,jufque | fur Le couronnement de la voûte de {a maîtrefle arche. MONTÉE de voire | c’eft la hanteur d’une voûte | depuis fa naïffance où premiere retombée ; Jufqu’au deflous de fa fermeture. On la nomme auf voulue, latin fornieis curvatura. ; MONTÉE, (Jardinage. ) fe dit d’une laitue qui eft | montée en graine & qui n’eft plus bonne à manger. MONTÉE , rerme de fauconnerie, {e dit du vol de l’oifeau qui s’éleve à angles droits par Carrieres & par degrés , lorfqu’il pourfuit fa proie. Monter d'effor , c’eft quand l’oifeau fe guinde fi haut en air pour chercher le frais , qu'on le perd de vüe. Moriter par fuite, fe dit lorfque l’oifeau s'échappe | par tirades & gambades pour échapper à la pour< | fuite d’un autre oifeau plus fort que lui, On dit aufli monter fur l'aile. Monter un fer, c’eft mettre toutes les cordes né ceflaires pour le rendre prêt à fervir. MONTE-FALCO , ( Géogr. ) petite ville d'Italie dans l'état de l’Eglife , au duché de Spolete , furune montagne , près du Clitunno. Long, 30. 15. lat. 42. 58. Elle fe vante d’avoir donné la naïflance à fainte Claire en 1193. Cette pieufe amie de faint François d’Affife établit un convent dont elle fut abbèñe, fonda l’ordre des religieufes qui portent fon nom, mourut en 1253, & fut canonilée peu de tems après | par le pape Alexandre IV. MONTE-FALCONE , ( Géogr. ) petite ville du Frioul fur une coline, aflez près du golfe de Triefte. Elle appartient avec fon territoire à la république de Venife. Long. 31. 36, lat. 45. 50. Il ÿ a un cap de l’île de Sardaigne fur la côte oc- | cidentale, qu’on appelle aufli Monre-Falcone. Ce cap eft le Gordisanum promontorium de Pline , Liv. JIL, chap: vi. & de Ptolomée, Ziv. LIL. chap. ii. | MONTE - FIASCONE , ( Géopr.) Voyez Fras- CONE. MONTELIMART , ( Géog. ) petite, maïs agréas R rr if 654 MON ble ville de France en Dauphiné, fituée dans une plaine fertile au confluent de deux petites rivieres , Rioubion & Jabron, & environ à deux milles du Rhône , dominée par une citadelle jadis très-forte, qui eft fituée fur une éminence dont la continuation forme un côteau aflez étendu très - bien cultivé , planté principalement en vignes qui donnent un vin excellent. Cette ville, fondée ou rétablie par les Adhémars, fut donnée par un d’eux en hommage volontaire & gratuit à l’Eglife fous le pontificat de Grégoire XI. enfuite érigée en bailliage ; enfin refti- tuée en 1446 à Louis XI. roi de France. On reproche aux habitans d’avoir les premiers embraflé les dog- mes de la religion P. R. d’avoir excité des féditions, & d’avoir en conféquence attiré fur eux le fléau de la guerre , & des perfécutions qui ne firent, comme c’eft l'ordinaire, qu’angmenter le mal avec lobfti- nation, Cette ville a été affiégée plufeurs fois , d’a- bord en 1569 par l’amiral de Coligny, qui fut obligé de céder à la vigoureufe réfifflance & au courage naturel des habitans , & d’en lever le fiége. Le fei- gneur de Lefdiguieres fut quelques années après plus heureux , il la prit en 1586 ; mais l’année fuivante elle lui fur enlevée par le comte de Sufe , qui étoit d'intelligence avec les habitans. Mais le premier la reprit peu après par le moyen du château qu’on n’a- voit encore pu forcer. Les états de la province y ont été convoqués en 1560 par le baron des Adrets; & 1l y a eu deux conciles tenus, l’un en 1208, com- pofé de tous les prélats des provinces voifines , af- femblés par Milon , légat du faint fige ; & Pautre en 1248 ,; convoqué par Pierre & Hugues, auff lé- gats. Ces deux conciles font fous le nom de Morwlir, mais Chorier a prouvé contre Caftel , qui foutenoit que c’étoit une place du Languedoc, que Monzlli n'étoit autre chofe que Montelimart, Voyez fon hif- toire du Dauphiné. Il y a dans cette ville une élec- tion & une fénéchauflée : le prince de Monaco en eft convigneur avec la ville, & M. de Gouvernet, gouverneur. Elle eft placée au 22€. 25/. de lonpie, fa larie, eff de 441. 337. 38". MONTE-MARANO , ( Géogr. ) petite & pauvre ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la prin- cipauté ultérieure, avec un évêché fuffragant de Bénevent, fur la rive du Sabato, entre Nufco au levant, & Avellino au couchant. Longir, 32. 42. lat, 40.33. (D. J.) MONTE-MOR-O-NOVO , ( Géog. ) ville de Portugal, fur le chemin de Lisbonne à Badajoz. Elle eft en partie fituée fur le penchant d’une monta- one, & en partie dans la plaine, au bord de la ri- viere de Canha. Longir. 10. 30. lat. 38. 32. MONTE-MOR-O-VELHO , (Géog.) petite ville de Portugal, dans la province de Beira, dans un territoire où on ne recueille que du blé de Turquie, à À lieues S. O. de Coimbre, 33 N. de Lisbonne. Long. 9.3 Œ lat. 40. 4 = ; C’eft le lieu de la naiffance d’un poëte muficien, connu fous le nom de Georges de Monte-Mayor, qui finit {es jours à la fleur de fon âge, vers l’an 1560. Il a fait une pañtorale intitulée la Dire, qu'on a traduite en plufeurs langues. Mais les avantures de Mendez Pinto ( Ferdinand) «compatriote de Monte-Mayor, méritent bien autre- ment d'attirer nos regards. Il quitta la qualité de la- quais pour aller faire fortune aux Indes en 1537 ; & y demeura 3x ans. Il fut treize fois efclave, vendu {ere fois, & efluya un grand nombre de naufrages. De retour en Portugal, il publia dans fa langue la re- lation curieufe de fes voyages, ouvrage intéreffant, & d’un ftyle au-deffus de la condition de Pauteur. Nous ea avons une traduétion françoife , impri- mmée à Paris en 1645 ,2-4°. (D. J.) MONTE-PATERNO, (Gcog.) montagne d'Italie, à une liene de la ville de Bologne. Elle fait partie de l’Apennin , elle eft fameufe par es pierres de Bologne qu’on y trouve. Voyez BOLGGNE, pierres de. MONTE-PELOSO, (Géog.) petite ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Baflicate, vers les confins de la province de Bari, avec un évêché fufragant de Cirenza, mais exempt de fa jurifdic- tion. Long. 33.58. lat, 40. 50. MONTE -PHILIPPO , ( Géog.) fort d'Italie, en Tofcane, fur une hauteur, près de Porto -Hercole, dont il eft comme la citadelle. Les Impérianx le prirent en 1712, & traiterent les prifonniers de guerre avec la derniere dureté. Long. 28. 45. la. AUD MONTE-PULCIANO, (Géog.) Mons Policianns, petite ville d'Italie, en Tofcane, avec un évêché qui ne releve que du pape, &t qui fut érigé en 1561. Elle eft dans un terroir fertile en vins admirables, à 28 milles O. de Péroufe , à pareille diftance S, E, de Sienne, & 54S.E. de Florence. Long. 29. 25. lat, 43. 3. | Cette ville eft la patrie de Bellarmin & de Polis tien. Bellarmin ( Robert ) jéfuite , l’un des habiles con- troverfiftes de fon fiecle, fut nommé cardinal en 1599, & mourut à Rome en 1621, à 79 ans, Ses ouvrages n’ont ni la pureté de la langue latine, ni les ornemens du difcours : il confond {ouvent les opinions particulieres avec la doëtrine générale; enfin il fe montre par-tout fi zélé défenfeur des prétentions de la cour de Rome, & de l'étendue du pouvoir des papes, qu'on ne peut le lire ayec eftime., Politien (Ange), que nous nommons aufli Ze Pulci, étoit l’un des plus doëtes & des plus polis écrivains du quinzieme fecle ; que dirois-ie de plus fort pour le prouver, les deux Scaligers l'ont com- blé d’éloges ! 11 fe fit connoïître avec éclat de très- bonne heure, & mérita d’être mis au nombre des enfans célebres. Sa verfion latine d'Hérodien, fes poéfies , fes œuvres mêlées augmenterent fa répu- tation: on à fait du tout une belle édition, chez S. Gryphe en 1550, ,3 vol. in-8°, Il mourut âgé de 40 ans en 1494. Bayle a donné fon article, & M. Menek a écrit fa vie. (D. J.) MONTE-SANT-ANGELO , { Géog. ) ville archi- épifcopale d'Italie, auroyaume de Naples, dans la Capiranate, au nord oriental de Manfrédonia, à 4 milles de cette ville , & à un nulle de la mer: on y voit encore des reftes d’un temple du dieu Pilumzs nus. Long. 33, 36. lat. 41. 43. La montagne qui s’éleve au-deflus de cette ville; porte aufh le nom de Morse di fanto Angelo ; c’eft le Garganus des anciens. Foyez GARGAN. (D.J.) MONTE-VEDIO , (Géogr.) ville du Pérou, nou- vellement bâtie par les Eipagnols. Le havre n’eft bon que pour les petits vaiffeaux, car il n’a pas plus de dix-fept piés d’eau dans le tems de la haute marée. Le port eft défendu par une forterefle, mu- nie de quinze pieces de canon, & d’une garnifon de cent hommes qu’on y envoie d’Efpagne ; le pays eft également beau & fertile, les vignes y réuflif- fent à merveille, 1l y a même aux environs des mines d’or & de diamans; cependant cette ville eft fans habitans &c fans commerce : la nature pro- digue tous fes tréfors en pure perte à la tion pa gnole , elle n’en fait tirer aucune avantage. Monre- Vedio eft fitué à l’eft, un quart de fud-eft de Bue- nos-Aires, dans l'embouchure de [a riviere de la Pla- ta, Lar, felon le P, Feuillée, 344. 52/, 30/, (D. J.) MONTER , (Gram.) ce verbe a un grand nom- bre d’acceptions ,1left tantôt aëtif, tantôt neutre. On dit ronser à cheval; la mer wmonce j; monter une pendulé ; cet inftrument eft monre trop haut ; ee mur monte au-deflus du voïfin ; monter la garde ; monter un vaifleau; monter en graine; #2on1er en couleur ; monter une machine ; la fomme de ces nombres monte haut ; les aftres #z7ontens {ur l’horifon; 1l eft monté fur le théâtre ; le luxe eft zzonré à un haut excès ; la voix de l'innocence eft rzonrée au ciel; il eftronte de cette clafle à uneautreavec diftinéhon; le blé monte, Gc. d’où l’on voit que dans prefque toutes ces acceptions il exprime ou fimplement ou figurément l’aéion de pafler d’une fituation à une plus élevée. Voyez les articles fuivans. MONTER , dans le Commerce, fignifie augmenter. de prix, devenir plus cher : en ce fens on dit, le blé monte beaucoup; on n’a jamais vû le vin zonter fi haut en fi peu de tems. On fe fert aufli de ce terme pour exprimer les encheres confidérables qui fe mettent fur une chofe qu’on vend au plus offrant : cette rapifferie a beau- coup ronté. Ditfion. de Comm. MoNTER , ex terme de Compte, fignifie ce à quoi peut aller le produit de plufieurs fommes particu- lieres réunies enfemble pour n’en faire qu’un total : ces quatre articles montent à deux mille huit cens trente livres. Id. ibid. MONTER LA TRANCHÉE, ( Artmilitaire. ) c’eft dans l’attaque des places entrer de fervice àia tran- chée pour la garantir ou la défendre. Foyez TRaN- CHÉE. MONTER LA GARDE, {a tranchée, a la breche, Etc. fignifie être de fervice , être de garde dans les tranchées, aller à la breche. Voyez GARDE & TRANCHÉE. MONTER UN CANON, x mortier, Gc. c’eft le mettre fur fon affut ou en élever la bouche. Voyez . CANON, MoRTIER. Chambers. | MONTER AU VENT, (Marine. ) c’eft louvoyer pour prendre l'avantage du vent. Monter Le gouvernail , c’eft attacher le gouvernail à l’étambord par le moyen des rofes & des vittes : on fait le contraire quand on le démonte. MonNTER , v. n. ez Mufique, vocem intendere, c’eft faire fuccéder Les fons du grave à Paigu , où du bas en haut : cela fe préfente à l’œil par notre maniere de noter. Voyez CLÉ, LIGNES, PORTÉE. MONTER , ez terme de Bijoutier, c’eit proprement l'adion d’aflembler & de fouder toutes les pieces qui entrent dans la compoñition d’un ouvrage. On commence, dans une tabatiere, par exemple, par la batte: l’on drefle d’abord deux pans, voyez DRESSER , que l’on a eu foin de laïffer plus grands pour avoir de quoi limer; onles ie enfemble avec du fil de fer; onles mouille avec de l’eau &un pin- ceau; on met les paillons, voyez PAILLONS, &z - Jan foude à la lampe avec un chalumean, voyez Lampe 6 CHALUMEAU. On fait la même chofe pour toutes les parties d’une tabatiere les unes après es autres, c’eft-à-dire que fi la boîte. eft à huit an- gles de huit morceaux, on n’en fait plus que quaire, de quatre deux, & de deuxle contour entier de la boite. MoNTER , ez Boiffelerie, c’eft couvrir l'ouvrage, comme un foufilet, de la couleur qu'il plaît à l’ou- vrier de choïfir. MonTER , (Courellerie.) c’'eft aflembler les parties d’un ouvrage, c’eft quelquefois emmancher, com- me aux couteaux de table, &c autres inftrumens femblables , c’eft ajuiter la lame, le reflont & les côtes, & les fixer folidement aux couteaux de po- che ; le monter en général eft une opération qui fe fait lorfque toutes les pieces font prêtes , & ce n’eft pas une des plus aifées; c’eft en vain qu'un ou- vrier aura bien forgé, bien limé, bien émoulu, &c bien poli toutes les pieces ; inutilement il leur aura M MON 685 donné une belle proportion, sl leur Ôte la grace, ou s’il gâte le tout par un mauvais aflemblage, MONTER , ex terme de Layerier, c’eft aflembler toutes les parties d’une piece, & en faire le tout que l’ouvrier s’étoit propofé. MONTER À CHEVAL, l’art de, ( Arts moderties.) Voyez CHEVAL , ÉQUITATION, MANEGE. C’eft aflez de dire ici que Benjamin de Hanni- quez introduifit le premier à la cout de France, fur la fin du xvj.fecle, les rudimens de l’art de monter. a cheval. Le fieur Pluvinel, gentilhomme du Dauphiné ; ouvrit enfuite à la noblefle du royaume des leçons de cet art, qu'il avoit apprifes lui-même à Naples ,: fous J. B. Pignatelli. À fon retour Henri de France, duc d'Anjou, le fit fon premier écuyer; enfuite Henri IV. lui donna la direétion de fa grande écus rie : après la mort de ce prince il mit à cheval Louis XIIT. 8 mourut à Paris en 1620, ayant donné au public fon livre de l’art du Manege. Soleifel (Jacques de), gentilhomme du Forès ; né dans une de fes terres en 1617, fuivit l’inclina= tion qu'il avoit pour le manege, & en montra les exercices avec un grand fuccès: c’eft li qui eff l’auteur du parfair Maréchal, livre original de fon tems, 8 qui brilloit encore fous Louis XIV. Il a auffi augmenté le beau livre du manege de M.le duc de Nevycaîtle, dont il adopta la méthode : ïf mourut en 1680, âgé de 65 ans. ( D. J.) MoONTER & cheval, MONTER un cheval, ( Gram.} quand on va d’un lieu à l’autre, ou que l’on s’exer= ce dans un même lieu, fans avoir égard à la qua+ Bté du cheval: on dit monter 4 cheval ; je monta hier 4 cheval avant le jour ; il monsetous les matins a cheval ; les médecins lui ont ordonné de sronter & chevalpour fa fanté. Quand on a égard à la qualité du cheval, & qu’on parle -d’un cheval, ou de plu« fieurs chevaux particuliers, on dit monter un cheval s je n'ai jamais monté de cheval plus rude ; les Académi- fles de la Guériniereontenrd’excellens chevaux; je montat hier un cheval d'Efpagne admirable. ( D. J. y MONTER SUR CIRE, opération de mercer-er œu= vre, qui confifte à affembler toutes les pieces. d’ure ouvrage quelconque, &z à les ranger fur la cire; felon l'élévation & l’inclination qu'elles doivent avoir toutes montées. Il y a fort peu d'ouvrages de metteur-en-œuvre qui ne foit compolé d’un nombre confiderable de parties {éparées, quelquefois même de métaux difflérens , tels que les aigrettes, les nœuds, les colliers , &c, dans lefquels fouvent il y a des pierres de couleurs entremêlées, & à quiik faut des fertiflures d’or, L’ouvrier prépare féparé- ment tous les morceaux de fon ouvrage, conformé- ment à fon deflein, & lorfque tous les chatons & ornemens font difpofés, il prend une plaque de tôle, fur laquelle il y aun bloc de cire ; on donne à cette cire avec l’ébauchoir la forme en relief du deffein fur ce bloc ramolli l’ouvrier pofe toutes fes pieces ,) chatons, ornemens, 6:c. chacune dans l’ordre qu£ lui eft afigné ; il donne à chacune d’elles Pélévatioæ où linclinaifon qu’elle doit avoir en les enfonçant plus ou moins dans la cire ; & de cette opération dé- pend le goût & la grace d’un ouvrage, parce qu'iË ne fort plus de-là que pour être mis en terre , voyez METTRE EN TERRE, pour être arrêté par la fou- dure ; & que toutes ces pieces une fois foudées , 1À n’eft pas poflible d’en changer le mouvement. MOoNTER , en terme d'Orfevre, on dit monter ur ouvrage , quand on afflemble & qu’on joint toutes les pieces par Le moyen de la foudure. Voyez SOUDURE. MONTER UNE PERRUQUE, ferme de Perruquier ; qui fignife coudre avec une aiguille les treffes de cheveux fur La coëffe ou rézean, pour en faire uns perruques up? 686 MON Pour monrer une perruque, l'ouvrier commence pat aflujettir fur une tête de bois un ruban qui doit faire %e bord de la perruque , enfuite il ajuite fur cette æête un rézeau qu'il coud fur Le ruban, après quoi il applique un autre ruban par-deffus la coëffe ou ré- eau depuis le front jufqu’à la nuque du cou ; cela fait, 1l commence à coudre les trefles de cheveux fur la coëffe, en commençant par les bords, & con- tinuant ainfi tout-au-tour à placer les autres rangs les uns après les autres , jufqu'à ce que la coëffe foit en- tierement couverte de trefles. Voyez l’article PER- RUQUIER. MONTER , ex terme de Planeur , fe prend pour fac- tion de recommencer à planer une piece enfoncée ; les coups de marteau font moins fenfibles dans cette feconde opération , & la piece par-là plus facile à finir. MONTER LE MÉTIER, ( Rubanier. } c’eft le gar- nir généralement de tout ce qui lui eft néceffaire, mais plus particulierement y pañler le patron ; ainfi on dit monter ou démonter lemétier, lorique l’on pafle ou dépafñfe le patron. MoONTER , ez rerme de Raffinerie , n’eft autre chofe que de porter de mainen main par les tracas de l’em- pli dans les greniers les formes que l’on a emplies. On ne zonte ordinairement que le foir du même jour de l’empli, ou le lendemain matin, Voyez EMPL1 6 TRACAS. MONTEREAU-FAUT-YONNE. , (Géogr.) petite ville de France en Champagne, entre Sens & Me- lun, au confluent de l'Yonne avec la Seine ; fon nom latin eft Monafleriolum fenonum : cette ville a eu long-rems fes feigneurs propriétaires. Pluilippe- le-Bel l’acqut du Seigneur d’Auquoi. C’eft fur le pont de cette ville que fut tué d’un coup de hache, par Tanneguy-du-Charel, le 10 Septembre 1419, Jean duc de Bourgogne , conformément aux ordres du Dauphin de France, depuis roi fous le nom de Charles VII. Un jour qu’on montroit encore à Drjon le crâne de ce duc de Bourgogne à François I[,6 qu'il témoigna fa furprife du grand trou qui y étoit mar- qué, un chartreux lui dit: Sire, ceffez devous étonner , c'effle srou par où les Anglois ont pale ex France, Voyez Baugier , Mérm, de Champagne , pag. 374. Montereau-Faur-Yonne elt à 14S. E..de Paris. Long. 20. 32. lat, 48. 20.( D. J.) MONTE-RESSORT , outil d’Arquebuÿrer , c’eft un morceau de fer dont la tête eft pliée quarrément de la longueur d’un + pouce, &c qui eft percée fur le bout d’un œïl en écrou , dans lequel pafñfe une vis fort longue & viflée dans toute fa longueur, Le bas de ce morceau de fer eftrecourbé en rond de la lon- gueur d’un demi-pouce. Cet outil fert aux arque- bufiers pour monter le grandreflort fur la noix, lor{- qu'il eft attaché fur le corps de platine, en cette forte : ils pofent la machoire recourbée en rond def- {ous le haut du grand reflort, & enfuire font tomber la vis fur le rebord du corps de platine, & viflent juiqu’à ce que le grand reflort foit monté à une hau- teur convenable. Voyez les PI, d’Arquebuf. MONTEREY , ( Géogr. ) petite ville d'Efpagne, dans la Galice, aux frontieres du Portugal, avec titre de comté fur la riviere de Tamaga, Long. 10, d1, lat. 41. 58. MONTÉROE , ( Hiff. nar. Botan.) plante de l’île deMadagafcar. Elle eft très-vifqueufe & émolliente, comme la guimauve. MONTÉSA , ( Géogr. ) forte ville d’Efpagne , au royaume de Valence, à deux lieues de Xativa. C’eft le fiege d’un ordre de chevalerie qui en porte le nom, & qui fut établi en 1317, par JacquesIl, roi d’A- racon, Long. 17. 11. lat, 39,1. MONTEUR , ox FAISEUR de boites , c’eft par- gi les Horlogers, l'ouvrier qui fait les boîtes des mon- tres. La plüpart font horlogers, maïs quelquefois. auf ils font orfévres. Les outils dont 1ls fe {ervent n’ont rien de bien particulier ; ce font des tours à tourner, des marteaux, des enclumes ; des réfin- oues, des mandrins, 6:c..enfin ils emploient la plü- part de ceux dont Îles orfévres font ufage pour faire des charnieres , des petites.cuvettes ,:.6c, MONT-FAUCON , ( Topographie: ) gibet autre- fois fameux en France, au-nord & près de Paris 3 aujourd’hui ruiné. Enguerrand de Marigny , furin- tendant des finances fous Philippe-le-Bel, lefitbâtir pour expofer le corps des criminels après leur {up- plice, & il y fut pendu lui-même par une-desiplus criantes injuftices. Les.cheveux dreflent à la tête de voir l'innocence fubir la peine du crime ; cependant une femblable cataftrophe également inique arriva dans la fuite À deux-autres furintendans., à Jean de Montaigu feisneur de Marcouflis, fous Charles VI, & à Jacques de Beaune feisneur de, Semblançay, fous François, On connoîr l’épigramme héroïque, pleine d’aifance & de naiveté que Marot fit à la. gloire de ce dernier furintendant,. Lorfque Maillard, juge d'enfer, menoie A Mont-faucon Semblançay l'amereñdre s A votre avis ; lequel des deux tenoit Meilleur maintien? Pour vous le faire entendre. Maillard fembloit homme que mort va prendre ; Er Semblançay furfi ferme vieillard, Que l’on cuidoir pour vrai qu'il menät pendre A Mont-faucon /e lieutenant Maillard. MONTFORT , ( Géogr. ) forte ville des Provin: ces-Unies, dans la province d’Utrecht, fur l’'Ifel, à trois lieues d'Utrecht & à deux d'Oudewater. Long. 22 40 LA T2 Ta À C’eft la patrie de Lambert Hortenfius , qui fe fit connoître avec honneur au commencement du xvy. fiecle, par une traduétion du P/urus d’Ariftophane. T1 faut le mettre à la tête des gens de lettres mal= heureux. Dans l’horrible fac de Naerden,en 1572, par Frédéric de Tolede , digne fils du duc d’Albe ; on pilla la maifon d'Hortenfius, fes meubles, fes biens, fes manufcrits ; on tua fon fils unique {ousfes yeux, & il alloit être égorgé lui-même , non obf- tant {a robe, fi un de fes écoliers, au fervice des |. Efpagnols, ne fût arrivé dans ce moment pour luë fauver la vie ; mais il ne furvécut guere à tant de défolations ; car il mourut au commencement de l’année fuivante. MoNFORT, ( Géogr. ) petite ville de France > dans la haute-Bretagne , fur le Men, à cinq lieues de Rennes. Long. 154 10. lat, 48.5, | MONTFORT-L'AMAULRI, en latin ; Monsforris Almerici , ( Géogr. ) petite ville de Pile de France ; à dix lieues de Paris, fur une petite colline, où eff encore un vieux château ruiné. Cette ville a été furnommée l’Amaulri, d’un de fes feigneurs ; tige d’une célebre maïfon. La juftice fe rend dans cet endroit, fuivant une coutume particuliere qui fut rédigée en 1556. | MONTFORTE DE LEMOS, (Géog.) ancienne petite ville d'Efpagne, dans la Galice, avec un pa- lais où les comtes Domarca de Lémos font leur réfi- dence. Elle eft fur un côteau qui s’éleve an milieu d’une grande plaine, à 8 lieues N. E. d’Orenza, 2Q S. E. de Compoñtelle. Long. 10. 30. lat, 42. 43. MONTGOMERY , ( Géog. ) ville d'Angleterre ; capitale du comté de même nom, qui eft une des provinces méridionales du paysde Galles ; province fertile, contenant environ 56 mille arpens , 47 pa- roifles , & 6 bourgs à marché. C’eft dans Mont- goméryshire que la Saverne prend fa fource. La ca- pitale envoie deux députés au parlement, & eft à ‘00 milles N. O. de Londres. Long. 14,22. lat, 52, 36 (D, 1.) | MONTICHICOURT ; f. m.( Comm.) étoffe de foie & coton, longue de $ aunes & large de ?, ou longue de 8 & large de ?, plus À, ou de cinq fixie- mes. Elle fe fabrique aux Indes orientales. MONTIEL , ( Gcog.) petite ville d’Efpagne, dans la nouvelle Cafüulle , à 6 lieues O. d’Alcala. C’eft le Lamirium des anciens , & le chef lieu de la partie orientale de la Manche, qu’on nommoit autrefois Lamimitanus ager. Long. 14. 36, lat. 40.28.(D.J.) MONT J OŸE SAINT-DENIS , (Æ/7. mod.) mot fameux dans l’hifloire de France , qui a été long- tems le cri de guerre de la nation, & qui eftencore aujourd’hui le nom du roi d’armes. Divers auteurs ont débité bien des fables & des conjeétures puériles fur l’origine & l’étymologie de ce nom. Ce qu'on a de plus fen{é fur cette matiere, fe réduit à remarquer qu'on appelloit autrefois mont J0ye ; un monceau de pierres entañlées, pour mar- quer les chemins. Sur quoile cardinal Huguet de S. Cher rapporte la coutume des pélerins , qui faifoient des mont joyes de monceaux de pierres fur lefquels ils plantoient des croix aufli.tôt qu'ils découvroient le lieu de dévotion où ils alloient en pélerinage : conflituunt, dit-il, acervum lapidum , & ponunt cru- ces | & dicitur MONS GAUDII. Del-Rio attefte la même chofe des pélerins de S. Jacques en Galice: lapidur congeries... Galli mont joyes vocant. Les croix que l’on voit fur le chemin de Paris à Saint-De- nis étoient de ces ot joyes. Or, comme ces #ont Joyes étoient deflinés à marquer les chemins , de mé- me quand nos rois eurent prisS. Denis pour protec- teur du royaume , & fa banniere ou l’oriflamme pour banniere de dévotion dans les armées, cette banniere devint le ont joye qui régloit la marche de l’armée ; ëc crier mont Joye faint- Denis , c’étoit crier, fuivez, ou #archez , Où ralliez-vous à la banniere de S. Denis. De même que les ducs de Bourgogne avoient pour crizront joye S. André ; & quand le duc fe trouvoit en perfonne à la guerre , monrjoye au noble duc : ceux de Bourbon crioient, mon: joye Notre-Dame , pour raflembler leurs troupes au-tour d'eux , ou de leurs banmieres qui portoient l’image de la Vierge. Quoi- que dans la fuite on ne portât plus dans les armées la banniere de $. Denis, le cri de guerre auquel onétoitaccoutumé , commeà un cri de joie & de vic- toire, ne laiffa pas que de fubfifter jufqu’au tems où Pintroduétion de l'artillerie exigea des fignaux d’une autre efpece dans les combats. ) Cette opinion paroit plus probable que celle qu’a avancé M. Beneton dans fes commentaires fur les enfeignes militaires, où il remarque qu'on élevoit _ furles tombeaux des perfonnes confidérables , des faints, des martyrs, de ces fortes de monceaux , & qu'on les nommoit mont joyes;que montjoye faint-De- _Zis fignifoit le tombeau deS. Denis, dent nos mo- narques fe glorifioient d’être poffefleurs ; comme s'ils eufent voulu dire, zous avons la garde du tombeau de $. Denis , mont joye faint-Denis eff un témoignage de la joie que nous reffentons de cet avantage ; nous efvérons que ces paroëes ferviront à rarimer la piété & la valeur de nos foldats. Mais les ducs de Bourgogne pofé- doient-ils dans leurs états le corps de S. André ? & ceux de Bonrbonétoient-ilsprote@teurs du fépulchre de la Vierge ? Que fignifioit donc 7071 joye dans feur bouche , finon 4 la banniere de S. André, & à celle de Norre-Dame ; ain mont joye faint- Denis n’a non plus fignifié autre chofe qu’a /2 banniere de S. Denis , parceque cette banniere fervoit , fouslesrois de la troifieme race, à régler les marches 8 les cam- pemens de l’armée. IL eft bon auffi d’obferver que ce cri de guerre n’a et été introduit dans nos armées que vers le regne de M ON 687 Louis le Gros , qui ayant réuni en fa perfonne le comté de Vexin à la couronne, devintadvoué de l’é- glife de S. Denis, en prit la banniere , de laquelle eft venu le cri d’armes. Ainf , ceux qui l'ont attri- bué à Clovis, ont débité une pure fon, puifque la banniere de faint-Martin-de- Tours fut portée dans les armées , depuis le regne de ce prince, comme l'étendard de la nation , ainfi que nous l’avons expli- qué au long au 105 ENSEIGNES MILITAIRES. MONTIOYE, ( Æiff, mod,) nom d’un ordrede che- valerie établi à Jérufalem par le pape Alexandre HI, qui le confirma en 1180 , & lui prefcrivit la regle de S. Bafile. Ces chevaliers portoient une croix rouge & devoient combattre contre les infidelles, Le roi Alphonfe le fage les introduifit en Efpagne, s’en fervitutilement contre les Maures; & leur ayant donné des revenus , il leur fit prendre le nom de che- valiers de Mofrat ; mais fous le reune de Ferdinand ils furent unis à l’ordre de Calatrava. MONTIVILLIERS , ox MONTIERSVILLIERS, en latin Monafferium veflus , (Géog.) petite ville de France en Normandie , au gouvernement du Havre- de-Grace. Elle eft fituée fur la Lézarde , à une pe- tite eue d’Harfleur, deux du Havre-de-Grace , fix de Fécamp & de Liflebonne, feize de Rouen , trente- fix N. O. de Paris. Il y a uine riche , ancienne & cé- lebre abbaye de bénéciétins , fondée par le due Wa- rathon, maire du palais, & établie vers l'an 674. Long. 17. 58. lar, 49. 35. (D. JT.) MONT-JULE , o4 ALPES-JULIENNES , (Géog.) en latin Julie , en allemand Juliers-Bergs ; on don- ne ce nom à toute cette étendue de montagnes qui eftau pays des Grifons, dans la bafle-Engadine , aux environs de la fource de l’Inn. On appella ces mon- tagnes Juliennes , Juæ, parce que Jules-Céfar y fit commencer un chemin qui fut achevé par Auguf. te, du tems des guerres d'Illyrie, felon Rufus Fef- tus. Ammien Marcellin , Zy. X XXI, dit, qw’on les nommoit anciennement 4/pes Venere. Tacite (æfr. liv. IT. ) les appelle Parnonicæ. Le froid eft très-vif fur ces montagnes, même au fort de l'été, pour peu que le vent du nord fouffle. (2. 7.) MONT KRAPACK , Carparhus, (Géog.& Phyf.) chaine de montagnes qui bornoit chez les anciens la Sarmatie européenne du côté du midi. Elle fépare aujourd’hui la Pologne d’avec.la Hongrie , la Tran- fylvanie , & la Moldavie, Les obfervations faites par David Frælichius {ur cette montagne, font très-utiles en Phyfique, pour former un jugement fur la hauteur de l'air, & celle de fes diverfes régions ; ainfi je crois devoir Les don- ner ici toutes entieres. | Le Carpathus, dit cet auteur, eft la principale montagne de Hongrie ; ce nom lui eft commun avec toutes la fuite des montagnes deSarmatie,quiféparent celles de Hongrie de celles de Ruflie, de Pologne, de Moravie, de Siléfie, & de celles de la partie d'Autriche au-dela du Danube. Leurs fommets éle- vés &c effrayans , qui font au-deflus des nuages , s’apperçoivent à Céfaréopolis. On leur donne quel- quefois un nom qui défigne qu'ils font prefque tou- Jours couverts de neiges; & un autre nom, qui fi- gnifie qu'ils font nuds & chauves ; en effet, les ro- chers de ces montagnes l’emportent fur ceux des Al- pes ,d’fralie, de Suiffe, & du Tirol, pour être efcar- pés &c pleins de précipices, Ils font prefque imprati- cables, & perfonne n’en approche, à l’exception de ceux qui font curieux d’admirer les merveilles de la natute. M. Frælichius qu'il faut mettre au nombre de ces curieux , ayant forme le deffein de melurer la hau- teur de ces montagnes, y monta au mois de Juin 161$. Quand il fut arrivé au faite du premier ro- cher, il en apperçut un fecond fort efcarpé &c beau 68 MON “coup ‘plus‘haut ; il y grimpa par-deflus de grandes pierres mal aflurées. Une de ces pierres s'étant “éboulée , en entraina avec elle quelques centaines de plus grandes, avec un bruit fi violent , qu'on auroit cru quetoute la montagne écrouloit : enfin Frœlichius ayant apperçu un nouveau rocher plus haut , 8 enfuite quelques autres moindres ; mais dont le dernier paroïfloit toujours plus élevé que le précédent , il fut obligé de pafler à-travers au péri de fa vie, jufqu’à ce qu'il eût gagné le fommet. « Toutes les fois, dit-il, que je jettois les yeux # fur les vallées au-deflous , qui étoient couvertes # d'arbres , je n’y appercevois que comme une nuit » noire , ou du-moins une couleur de bleu célefte ; » telle qu’on en voit fouvent dans Pair quand le # tems eft beau; & je croyois que fi j’étois tombé, # j’aurois roulé non fur la terre, mais dans les cieux; » car les objets vifibles, à caufe de leur grande » pente, fembloient diminués & confus. Mais lorf- » que je montai encore plus haut, j'arrivai dans des » nuages épais, & les ayant traverfés , je n’affis # pendant quelques heures ; je n’étois pas alors bien » loin du fommet ; je voyois diftinétement les nua- # ges blancs, dans lefquels j’étois , fe mouvoir au- » deflous de moi, & j'apperçus clairement au-def- # fus d'eux Pétendue de quelques mulles de pays, » au-delà de celui de Sépuze , où étoient les monta- »gnes. Je vis aufli d’autres nuages , les uns plus #» hauts, les autres plus bas, & quelques-uns égale- » ment éloignés de terre : de tout cela je conclus » trois chofes. 1°. Que j’avois paffé le commence- »# ment de la moyenne région de lair. 2°. Que la # diffance des nuages à la terre varie en différens # lieux , :felon les vapeurs qui s’élevent. 3°. Que » la hauteur des nuages les plus bas, n’eft feule- » ment que d’un demi-mille d'Allemagne. » Quand je fus arrivé au fommet de la montagne, » continue Frœlichius , lair étoit fi délié & fi calme, # qu'on n'auroit pas vu remuer un cheveu, quoi- » que j'eufle fenti un fort grand vent fur les monta- » gnes au-deflous. Je trouvai donc que le fin fom- » met du mont Carpathus a un mille de hauteur , à » prendre depuis fa racine la plus bafle, jufqu’à la » plus haute région de l’air, oùles vents ne fouf- # flent jamais. Je tirai un coup de piftolet , qui d’a- » bord ne fit pas plus de bruit que quand on cafe » un bâton ; mais un moment après , J’entendis un » long murmure, qui remplit les vallées & les bois » inférieurs. 5. » En defcendant par les anciennes neiges dans les » vallées , je tirai encore une fois ; mais ce coup # rendit un fon terrible, comme fi on avoit tiré du »canon, & je crus que toute la montagne alloit » tomber fur moi. Le fon dura bien un demi-quart » d'heure, jufqu’à ce qu'il fût parvenu aux antres # les plus fecrets de la montagne, où étant augmen- » té,ilréfléchit detoutes parts; d’abord les cavernes » fupérieures retentirent peu ; mais quand le fon » fut arrivé à celles -d’au-deflous, le bruit fut très- » violent. « Ilgrêle ou neige prefque toujours fur ces hautes “montagnes, même dans le cœur de l'été, c’eft-à- -dire, auf fouvent qu’il pleut dans les vallées voi- fines ; il eft même aifé de diftinguer les neiges de différentes années , par la couleur & la fermeté de leur furface. (2.J.) MONT-L’HERI , o4 MONT LE HÉRI, ( Geog.) petite ville de l’ile de France à 6 lieues de Paris , & à 3 de Corbeil. Son ancien nom latin eft Mons- Le. therici, corrompu dès le xi. fiecle, en Mons Lehe- ici, Où Leheri. "Elle prit ce nom de fon fondateur. 11 fe donna à Mont-l’Heri une fanglante bataille en 1465, entre Louis XI. & Charles de France, duc de Berri, fon frere. Long-tems auparavant Louis-le- Gros avoitruinéle château de Mors-l'Héri, except la tour qui fubfifte encore aujourd’hui. Long. felon Caflini , 19. 47. 37". lar. 48. 38, 5, (D. JT) MONT-LOUIS, (Géog.) petite, maïs très-forte ville de France dans les Pyrénées , à la droite du col de la Perche. Louis XIV. la fit bâtir en 1681, & fortifier par le maréchal de Vauban. Il y a une bon- ne citadelle , & de belles cafernes. Elle eft à 180 lieues de Paris. Long. 19. 40. lat, 42. 30.( D. J.) MONT-LUCON , ( Géog. ) ville de France en : Bourbonnois , {ur le Cher , à 14 lieues $. O. de Moulins, 69 S. E, de Paris. Long, 20. 16. lat. 46 22 CDI) | Mont-Luçon eft la patrie de Pierre Petit, ami de Defcartes, dont les ouvrages écrits en latin font fa- vans & curieux. Il mourut en 1677. (D. J.) MONT -LUEL , Mons Lupelli, ( Géog. ) petite ville de France dans la Breffe, capitale d’un terri- toire appellé /4 Valbonne. Elle eft dans un pays fer- tile & agréable , à 3 lieues de Lyon, fur la petite ri- viere de Seraïne , à environ 100 lieues S. E. de Pa- ris. Long. 224. 431. 161, las. 434, 409!. 13". (DJ. MONT-MARTRE , (Géogr.) village de l'île de France fur une hauteur , au nord , près d’un des faux- bourgs de la ville de Paris, auquel il donne fon nom. On l’appelloit anciennement Mons Martis & Mons Mercuri , parce qu'il y avoit un temple dans cet endroit, où étoient les idoles des dieux Mars & Mercure. On y bârit dans la fuite une chapelle ap- pellée l’églife des martyrs, ce qui fit donner à la mon- tagne le nom de Mons Martyrum ; enfin on y a fon- dé l’abbaye royale de religieufes bénédi@tines qu’on. y voit aujourd'hui. Cette abbaye eft ordinairement compofée d’une abbêfle, de 60 religieufes, & de 12 fœurs converfes. Elle jouit de 28 mille livres de rente, & d’une penfon du roi de 6 mille livres. IL y a dans Mont-Martre béaucoup de carrieres , dont on tire continuellement du plâtre pour Paris. (D. J.) MONT-MEDI, (Geog.) en latin moderne, Mons Medius ; petite, mais forte ville de France, dans le Luxembourg François , fur le Cher. Elle appar- tient à la France depuis 1657. Elle eft à 9 lieuesS, E. de Sédan, 10 S.O. de Luxembourg, 52 N. E. de Paris. Long. 23.5. lat, 49. 36. (D.J) | MONTMELIAN , ( Géog.) en latin moderne ; Mommelianum , ville autrefois très-forte du duché de Savoie, avec un château fur l’Ifere, Elle a éré prife & reprife par nos rois , tantôt avec de l’argent par François [. & Henri IV. tantôt avec le canon par Louis XIV. qui en fit démolir les fortifications, en 1705. Ses environs font agréables , entrecoupés de plaines, de montagnes, & de collines, fur lef- quelles il croît des vins eftimés, Laifituation eft commode pour pañler en Piémont , en Dauphiné, dans les provinces de Savoie, dans le Génevois, & dans le Foffigny. Elle eft à 10 N. E. de Grenoble, 30 N. O. de Turin, 3 S.O, de Chambery. Long. 23. 40.4dat:45: 82: (DJ) | MONT-MERLE , (Géogr.) petite ville de Fran- ce, dans la principauté de Dombes, & l’une de fes douzes chatellemes. Elle.eft fituée fur la Sône, & a un couvent de minimes fur une hauteur. Long. 22. 24, lat, 45. 55. (D.J.) MONTMORENCE, (Géogr.) petite ville fans mu- railles , de l'ile de France, dont la maïfon de Mont- morenci a tiré fon nom. La terre de Montmorenci étoit une des anciennes baronies du royaume. Elle fut érigée en duché pai- rie, lan 1551, par Henri IL. en faveur d'Anne de Montmorenci, connétable de France , avec l'union de plufieurs autres lieux. Ce duché étant éteint par la mort du maréchal de Montmorenci , en 1633, Louis XIII. érigea de nouveau cette terre en du- ché-parie ché-pairie en faveur d'Henri IL. duc de Bourbon ; prince de Condé , fous le nom d’Enghien , par let- tres patentes de 1689, regiftrées au parlement le 2 Janvier 1690. Mais les habitans n’ont point encore changé l’ancien nom du lieu. Il ef fitué far une col- line au-deflus d’une grande vallée , dans un beau point de vûe , à une grande lieue de S. Denis , & 3 de Paris, Longs. 194. 581. 561, Jar. 48% 58! PAT NER | - Jean le Laboureur , né à Mozrmorenci, en 1623, fut d’abord gentilhomme fervant de Lonis XIV. enfuite il entra dans l’état eccléfaftique , devint au- mÔmier du roi, & commandeur de l’ordre de S. Mi- chel. Sa relation du voyage de Pologne, où il accom- pagna la maréchale de Guébriant, la feule femme qui ait fait les fon@ions d’ambaffadrice plénipoten- tiaire, eft une rélation amufante & romanefque. Mais les commentaires hiftoriques , dont il a enri- chi les mémoires de Caftelnau , ont répandu beau- coup de jour fur l’hiftoire de France. Sontraité de l'origine des armoiries n’eft pas aflez travaillé. Le mauvais poème de Charlemagne , qu’on lui a don- né, n’eft pas de lui, mais de, Louis le Laboureur {on frere. Jean le Laboureur mourut en 1675, à 52 ans. (D. J. MONTOIR , f. f. (Maréchal. ) pierrehaute, ou autre petite élevation , qui fert à monter à cheval, & à donner avantage pour monter plus aifément deflus, Ce mot vient originairement d'Italie, où les motoirs de pierre font plus en ufage qu’en France. On appelle, en parlant du cheval , Ze pié du mon- toir,, le pié gauche du devant, &c /e pié hors du mon. zoir, le pié droit de devant. MONTONE , ( Géogr.) petite riviere d'Italie, nommée Viris par les anciens. Elle a fa fource au mont Apennin, & le jette au-deflous de Ragufe, dans le golfe de Venife, (D.J.) MONT PAGNOTE , ox LE POSTE DES IN- VULNERABLES , (Fortification. ) eft une hauteur qu'on choïfit hors de la portée du canon d’une ville affégée, où les perfonnes curieufes , fans vouloir s’expoier, fe placent pour voir l'attaque & la ma- niere dont fe fait le fiège. Chambers. On donne encore ce nom aux différens endroits d’où l'on peut voir , fans danger , une bataille ou un combat. MONTPELLIER , (Géogr.) en latin moderne Monfpefulanus ; ville de France, la plus confidéra- ble du Languedoc après Touloufe. Ce n’eft point une ville ancienne, puifqu’elle doit fon origine à la ruine de Maguelone. Elle a com- mencé par un village qui fut donné à Rituin, évé- que de Maguelone , vers l'an 97$ , fous le regne de Lothaire. Cette feigneutie tomba dans le treizieme fiecle, entre les mains des rois d’Arragon, & l'an 1500 Ferdinand le Catholique céda fes prétentions fur Montpellier à Louis XII. qui, de fon côté, re- nonça à tous fes droits fur le Rouffllon. … Montpellier eft mal percée , dans une fituation dé- favorable , & dans un mauvais terrain , quoique couvert de vignes & d'oliviers. Les Calviniftes y ont dominé depuis le regne: d'Henri IL. jufqu’en 1622, qu’elle fe foumit à Louis XIIL. Ce prince ÿ bâut une citadelle , qui commande la ville & la cam- pagne. L’évêché de Maguelone a été transféré À Monr- pellur en 1538. Il eft fuffragant de Narbonne , & rapporte à l’évêque environ 22 mille livres de rentes. | L’univerfité de Montpellier, autrefois fameufe , eft ancienne , & reçut fa forme entiere, en 1289. On y enfeignoit le Droit dès le douziemefiecle, &c es médecins arabes ou farrafns , qui furent chaflés _ Tom, MON 689 d'Efpagne par les Goths , commencérent À y enfeis. gnet la Médecine, en 1180. : L'académie des. fciences de Montpellier y eff établie par lettres-patentes de 1706, & eft compo- fée detrente membres , outre fix honoraires. Le commerce de cette ville eft en futaines , laines du levant, préparées & aflorties ; blanchiflage de cire jaune, tannerie,, verd-de:pris , vins, eaux-de- vie , eaux de lavande, & autres liqueurs, Montpellier eft fitué à deux lieues de la mer, fur une colline , dont la riviere de Lez arrofe le pié, à S lieues de Nifmes, 15 N. E. de Narbonne y 145. O, d'Arles, 22 $. O. d'Orange, 150 $. E. de Pa- ris. Long. felon Caflini, 214,24, 191, Jar, 434, 36. 50”. $. Roch, à peine connu dans l’hiftoire de Monr= pellier, naquit pourtant dans cette ville fur la £n du treizieme fiecle | & même y mournt en 1327. On fait combien fon culte eft célebre parmi les Catho- liques ; mais comme perfonne n’eft prophete chez {01 , il n'eft pas dit un mot de ce faint, ni dans le vieux rituel de Montpellier, ni dans lechalamus , qui eftle répiître de tous Les événemens de cette ville, depuis {a fondation. Mais à S. Roch , il faut joindre ici Les noms de quelques hommes de lettres, qui font de fes compas friotes, Je connois en jurifprudence Rebuffe (Pierre), QE donna: des ouvrages latins de fa profeflion , en 4 vol. 27-fol. Il entra dans l’état eccléfiaftique après avoir été longtems laïque, & mourut à Paris , en 1557, à 7o ans. D’Efpeifles (Antoine) a publié un craité des Suc- ceffions, effacé par de meilleurs ouvrages modernes. Il mourut dans fa patrie , en 1658. Bornier (Philippe) s’eit fait honneur dans ce fe- cle par fes conférences fur les ordonnances de Louis XIV. Il a fini fa carriere en 1717, à 78 ans, Rondelet (Guillaume) a donné l’hiftoire naturelle des poifons , qu’on eftimoit avant que celle de lil: luftre Willoughby eût vü le jour. Régis (Pierre-Sylyain) avoit beaucoup d’admira- teurs. dans le tems du regne de la philofophie de Defcartes ; es ouvrages font, avec raifon , tombés ” dans l'oubli. Il mourut en 1707, à 75 ans. Faucheur (Michel Le) a été un des favans théolo- giens, & des illuftres prédicateurs calviniftes fran- çois du xvij. fiecle, Son traité de l’aélion de l’orateur a fonffert plufieurs éditions. IL mourut à Paris 1e 1657. Enfin, la Peyronie (François de) premier chirur- gien de sous XV. & membre de l’académie des Sciences, a plus fait Ini-feul pour la gloire de fon art, que la pläpart des rois, & que tous fes prédéceffeurs réums enfemble, Après avoir procuré l’établiflement de l'académie de Chirurgie de Paris, en 1741, ila légué tous fes biens, montant au-delà de 500 mille livres, à la communauté des Chirurpiens de cette ville, & de celle de Montpellier. D'ailleurs toutes les ciaufes de fes legs ne tendent qu’au bien public, au progrès & à la perfedtion de l’art. Il finit fes jours en 1747 , en immortalifant fon nom par fes bienfaits & par fes talens. Quand à Bourdon & à Raoux, fameux peintres ; nés à Montpellier j'en ai parlé au mos ÉCOLE FRAN- ÇOISE, (D, J.) MONTPENSIER, (Géog.) petite ville de Fran ce, dans la baffe-Auvergne, avec titre de duché. pairie, érigée en 1538. Elle eft fur une colline, tout près d’Aigueperfe, à ÿ lieues N. E. de Cler- mont ,80S.E,. deParis. Longir, 21. 55. lat. 45,58. Ici finit {es jours , en 1226, Louis VIIL. roi de France , qui fut couronné roi à Londres , & bien. tôt obligé, du vivant même de fon js Philippe. JDJSS 690 MON Augufte, de forix du pays quilavoit demandé pour fon maître. Aulisu de défendre fa conquête , il alla fe croifer contre les Albiseois , qu'on égorgeoit alors, en exécution des fentences de Rome. Dans cette expédition, la maladie épidémique le mit dans fon armée , l’attaqua lui-même , & lPemporta à 39 ans. Quoiqu'il eût repris fur les Anglois le Limou- fin, le Périgord & le pays d'Aunis , il ne ne putleur enlever la Guienne , & ne termina rien de grand mi de décifif. Il légua par fon teftament vingt mille livres pour deux cent hôtels-dieu, & une autre fom- me confidérable à chacune des deux mille léprofe- ries de fon royaume. La hvre de ce tems-là revient à jo livres de nos jours. (D, J.) MONT-PILATE, (Géog.) nommé autrement, & mieux encore Frakront ; montagne de Suifle, à-peu-près au centre de la Swfle, dans le canton de Lucerne, en allant du côté d'Underwald. Elle commence à l'occident du lac de Lucerne ; & fa | chaîne d'environ quatorze lieues s’étend du nord au fud, jufque dans le canton de Berne. La Suifle montagneufe n’étoit guere peuplée, lorfqu'une bande de déferteurs Romains vint s’éta- blir fur cette montagne. Ils [ui donnerent le nom de Mons fraëlus, ce qui prouve qu’elle étoit alors, comme aujourd’hui très efcarpée. Elle fut enfuite appellée Mons pilæatus , parce qu’elle eft prefque toujours en quelque maniere couverte d’un cha- peau de nuées. De.là, par corruption, on l’a nom- mee Mont-prlate. Elle et ifolée, & doit être regar- dée à certains égards, pour la plus haute de la Suifle. Il eft vrai que le mont Titho, celui de faint Gothard , & quelques-uns du'pays des Grifons, ont la cime plus élevée, mais ce font des chaînes de montagnes afliles les unes fur les autres. Celui-ci, dans toute {a longueur, n’eft accefible que dans la parue de fes deux pointes qui font difiantes l’une de l’autre d'une lieue & demie. Le doéteur Lang ,de Lucerne, a formé un cabi- net de curiofités naturelles en coquillages pétrifiés, dents, arrêtes & carcafles de poiflons, qu'il a trou- _vés fur ceite montagne. Le gibier qu'on y voit, conffte en bartavelles, coqs de bruyeres, chamois, chevreuils & bouquetins. On y donne des leçons pour marcher d’un ro- cher à l'autre. Les fouliers d’ufäge font une fe- melle de bois leger, qu’on attache avec des cuirs. On enfonce quatre clous dans le talon, &c fix fous la femelle. Ces clous qui font des clous de fers de cheval, faits à l'épreuve, ne caflent jamais, & dé- borcent la femelle d’un demi-pouce, Les montagnards du Mont.pilate, quoique fous la domination d’un fouverain , s’exemptent quand ils le veulent, d’en fuivre les lois, bien aflurés qu’on n'ira pas les forcer dans leurs retranchemens. Com- me ils ne peuvent occuper le haut de la monta- gne que quatre mois de l’année, à canfe des nei- ges, 15 ont de chétives habitations à mi-côte, où ils paflent l'hiver avec leurs familles, & ne vivent que de laitage & de pain noir. On a d’abord quel- que peine à concevoir qu'ils préferent cette de- meure fterile à celle du piat-pays ferule, &c qu’ils menent galement une vie pauvre, dure & miféra- ble en apparence, Mais quel empire n’a pas fur le cœur de l’homme l'amour de la liberté! Elle peut rendre des delerts, des cavernes, des rochers plus agréables que les plaines Les plus riantes, puif- qu’elle fait touvent préférer la mort à la vie, (D. J. MONT-RÉAL, ( Géogr.) perte ville d'Efpagne au royaume d'Arragon, vers les fronrieres de la nouvelle Caftille, avec un château; eile eft fur le Xiloca, Long, 16, 21. lat. 40 50. MON:-RÉAL, L'IsLE DE, (Géogr.) petite île de lAmerique feptentrionale, dans le fleuve de faint M ON Laurent, d'environ ro lieues de long fur 4 de largé, Elle appartient aux François. Monr-réal: ou Villes Marie en eft la capitale; c’eft une place fortifiée, dans une fituation plus avantageufe que celle de Québec, fur le bord du fleuve faint Laurent, & à Go lienes de Québec. Le féminaire de faint Sul- pice de Paris en eft feigneur. Long, 305$, 34. lar. Jéptent. 45.10. (D. J.) : MONTRE oz REVUE, f. f. c’eft dans Ars milite, affembler les troupes , & les faire paroître en or- dre de bataille, pour examiner f elles font com- plettes & en bon état, 8& pour en ordonnerlle paye- ment. De-là vient que fasre la montre, c’eft faire le payement des troupes. Les termes de montre & reve étoient autrefois fy- nonymes, mais 1l paroît qu'ils ne le font plus a@tuel- lemént. Car on ne dit point dans les nouvelles or- donnances, que les commiffaires, les infpe@teurs &c les colonels feront la: moxtre des troupes, mais la revue, voyez REVUE. Ainf le terme de montre ex- prime fimplement la paye des troupes; &c celui de revue l’affemblée quide fait pour conftater leur nombre & leur état. : Les montres des compagnies d'ordonnance, dit le pere Daniel, fe faifoient quatre fois l’année. I Y en avoit deux générales, où fe trouvoit {ouvent un maréchal de France: celles-ci fe faifoient en ar- mes, c’eft-à-dire que les gendarmes y paroïfoient équipés avec l’armure complete dé pié en cap, comme s'ils avoient été fix le point de combattre, Les deux autres revues étoient des revues particu= lieres de chaque compagnie qui fe faïfoienten pré fence du commiffaire, La compagnie n’y étoit point en armes, mais feulement avec la livrée du CApi- taine, & cela s’appelloit faire la monrre en robe: c'eft le terme dont on fe fert dans divers anciens rôles. Hifl. de la Milice françoife. MONTRE, (Comm.) {e dit de l’expofñition que les marchands font de leurs marchandifes l’une après l’autre, à ceux qui fe préfentent pour les acheter. Dans l2 commerce de grains, on dit qu’on a acheté du blé, de l’avoine, de l'orge, &c. fur mor. tre, pour faire entendre qu’on l’a acheté fur un échantillon oupoignée qui a été apportée au mar- che. Didhionn, de Comm. | Montre Îe dit encore des étoffes ou marques que les marchands mettent au-devant de leurs bouti- ques où aux portes. de leurs magafins, pour faire connoître aux paflans les chofes dont ils font le plus de népoce. Ah Les marchands Merciers & Épiciers ont des #07 tres de leurs merceries & drogueries pendues à leurs auvens. Les Orfevres, Joailliers ont fur leurs bouti- ques de certaines boîtes qu'ils nomment leurs #07 tres} & qui lont remplies de bijoux, tabatieres, étuis, bagues, Gc. Les Couteliers en ont de femblables où {ont rangés des ouvrages de leur profeffion, avec leur marque ou poinçon gravés en relief au-deflus de leurs boites de montre, Les maîtres-Boulangers ont pour montre une grilles compoiée parte de bois ou de gros fer, & partie d’un treillis de fil d’archal qui occupe l'ouverture de leur boutique fur la rue. Au- dedans de cette grille font divers étages de planches fur lefquelles ils mettent les différentes fortes de pains auls débi- tent. Dichionn. de Comm. | MONTRE, {. f. ( Horlogerie.) fignifie une très-pe- tite horloge, confiruite de taçon qu’on la puifle porter dans le gouflet, fans que fa jufteffe en foit ienfiblement altérée. Quoique cette définition con- vienne aflez généralement aux wontres, il femble cependant que ce mor de montre a aufli beaucoup de rapport à la forme de l'horloge & à la difpofi- tion de fes parties; car on appelle montre de car= MON toflé, des horloges qui font aufi srofles que cer. taines pendules , & il paroît que lon ne leur a donné ce nom que par la reflemblance de leur forme & de leur conftruétion à celles des mozrres ordinaires: L'origine de cé nom vient de ce qu'autrefois on äppelloit le cadran d’une horloge, la montre de l’hor- loge; de maniere que dans les premieres horloges Ou montres de poche, toute la machine étant ca- chée par La boîte, on leur donna vraiffemblable- blement lé nom de ce qui feul indiquoit l'heure, qui étoit la rñonrre. On ne fait pas précifément dans quel tems on à commencé à enfaire; ce quil y a de vraïflem- blable c’eft que ce fur approchant du tems de Char- les-Quint , puifqu'on trouve dans fon hiftoire qu'on lui préfenta une horloge de cette efpece comme quelque chofe de fort curieux. Comme dans les #ontres on fut obligé de fubfti- tuer un tefloft au poids qui dans les horloges étoit le, principe du mouvement, on s’'apperçut bien- t0t des inégalités qui naïfloient des différentes for- ces de ce reflort ; on s’éfforça donc d’y remiédief ; après plufeuts tentatives, on parvint à inventer la fufée, qui eft furement une des plus ingénieufes découvertes qu'on ait jamais faite en Mécanique. Voyez FUSÉE. Pour communiquer à cette fufée le mouvement produit par ce reflort, on fe fervit long-tèems d’une corde de boyau, qui fut une autre fource d’inéga- lités; car cette corde, tantôt s’alongeant, tantôt s’accourciflant par la fécherefle ou l'humidité, fai- foit continuellement retarder où avancer la m0n- tre, de plufenrs minutes en trés-peu de tems. En- fin on parvint à faire de très-petites chaînes d’acier gw'on fubftitua aux cordes de boyau, & le reflort fpiral ayant été inventé approchant dans le même fems, on vit tout-d’un-coup changer la face de l’'Hor- logerie; les monrres acquérant par ces deux .décou- ÿertes, & fur-tout, par la derniere une jufteffe qui, quelqu'accoutumé qu'on y {oit, furprend toujours ceux qui font un peuinftruits des difficultés phyfi- ques & méchaniques qu'il a fallu vaincre pour les porter à cette perfecuon. | Les Horlogers diflinguent les montres en plufieurs fortes ; en fimples, à fecondes, à répétition, à ré- veil, à fonnerie, & à trois parties. Les montres fimples font celles qui marquent feulement les heures & les minutes, | Les montres à fecondes, celles qui outre cela marquent encore les fecondes. Ce qui fe fait de deux façons, l'aiguille qui marque les fecondes étant tantôt au centre du cadran, tantôt hors de ce centre: cette derniere efpece s'appelle monrre a fecondes excentriques, On verra plus bas comment elles font conftruites. | Les montres à répétition font celles qui fonnent Vheure & les quarts marqués par les aiguilles, lorf- ‘que lon poufñe le pendant ou poufloir, Poyez RÉ- PÉTITION. | Les mentres à réveil, celles qui fonnent d’elles- mênies à une heure marquée, pour vous réveiller, Voyez RÉVEIL 04 RÉVEIL-MATIN. à Les montres à fonnerie font celles qui fonnent d’elles-mêmes, à l'heure, à la demie, & quelquefois aux quarts, l'heure qu'il eft: elles font aujourd’hui prefque hors d’ufage. Voyez SONNERIE. Lés montres à trois parties font celles qui ont les propriétés des trois dernieres, c’eft à-dire, qu’elles ont en même tems à répétition, à réveil & à fonnerie. : On diffingue encore rlufeurs fortes de montres, comme les zzontres à core , à barrillet tournant, à remontoir, G'c. mais on n'en fait plus de cette Tome Xs M ON ‘ét lorte; & celles qui fubfiftent aujourd'hui, font dé celles qui ont été faites autrefois, Les prermeres eurent ce nom, quand on coms mença à faire des æoxitres à chaîne. Les fecondes furent mifes en ufage dans le teris de la découverte du réflort fpiral, On vanta tant fes propriétés, qu’on perfuada aux Horlogers que la fufée dévenoit inutile; pour lors ils fubftituerent à fa place le barrillet tournant qui n'étoit autre chofe qu'un barrillet qui portoit à fa circonférence des dents qui engrenoient dans le premier pignon du mouvement; de façon que le refort étant ban dé, & faifant tourner le barrillet, faloit marcher la montre : mas bientôt l’expérience apprit aux Hor- logers leur erreur, & ils abandonnerent entietez ment cette pratique. Voyez BARRILLET. Les troifiémes furent une des fuites du goût qué l’on avoit il y a quarante ans pour la décoration. On trouvoit mauvais que le cadran fût percé pour pouvoir remonter la moire; de façon que pour ÿ fuppléer, on inventa cette efpece de zroztres, où par le moÿen de deux roûes pofées deflous le ca dran, l'une attachée fixément à l'arbre de la fufée, . &t l’autre fixée au centre du cadran, on pouvoit, ces deux roues engrenant l’une dans l’autre, en faifant tourner celle du milieu, remonter la #ontre par le mouvement qu’elle communiquoit À l’autre qui tenoit à l'arbre de la fufée (notez que cette forte de montre ne marquoit jamais que les heutes, fans marquer les minutes.) Dès que l’Horlogérie de Paris commença à refleurir, on abandonna ces mori- cres ; car il eft bon de remarquer que les Anglois qui nous furpafloient de beaucoup en Horlogerie dans ce tems-là, ne donnerent jamais dâns de pa- reilles extravagances, Une montre eft compofée de fa hoîte & de fon mouvements Voyez dans nos PI, le mouvement tiré hors de [a boîte : ce mouvement lui-même eft com- polé de différentes parties, dont les unes font plus ou moins eflentiélles. MONTRE À SECONDES. C’eft une wonre qui marque les fecondes ou foixantieme partie de mis nute. [y en a de deux fortes:les unes, queles Hor- logérs nomment exceztriques, marquent les fecondes par un petit cadran dont le centre eft différent de celui des heures & des minutes ; les autres, qu'ils appellent concentriques , marquent ces fecondes par un Cadran qui, pour l'ordinaire ; eft le même que celui des minutes. | Les montres 4 fecondes excentriques font les plus fimples, les meilleures, les plus aifées à faire, & par confequent les moins coûteufrs. Leur mouve: ment differe peu de celui des moztres fimples ; on donne à leurs roues 8 à leurs pignons les nombres convenables pour que la roue de champ puifle faire untour par minute; on rend le pivot de cetre roue, - qui roule dans la barètre de la platine des piliers, plus gros & aflez long pour pañler au-travers du ca- dran; & on place cette même roue dans la cage, de façon que le pivot dont nous venons de parler, deftiné à porter l’aiguille des fecondes , fe trouve dans un point où le cadran des fecondes devienne auf grand 6e auf diftinét que faire fe peut. On fe fert de deux moyens pour faire marquer les fecondes avec une aiguille placée au centre du cadfan. Par le premier, on place la petite roue moyenne entre la platine des piliers & le cadran, on la fait engrener dans un pignon de chauflée, qui tourne librement & fans trop de jeu fur la chaufiée des minutes; on ajufte enfiute fur la chauflée des fecondes un petit pont qui porte un canon concen- trique avec celui des chauflées , & dont le trou eft aflez grand pour que le canon de la chauffée des fe- condes n’y éprouve aucun frottement ; enfin, on SSssi l 692 MON donne au canon du pont une longueur telle qu'il ap- proche d’un côté fort près du pignon de la chauflée des fecondes, & de l’autre , de l’aiguille qui doit inarquer ces fecondes. La fonétion de ce pont eft de porter la roue de cadran de la même maniere que la chauflèe des minutes le porte dans lés rzontres ordi- | naires ; par fon moyen, on évite les frottemens trop confidérables qui naïîtroïient, fi la roue de cadran tournoit {ur la chaufiée des fecondes. Voici Le fecond moyen qu'on emploie pour faire marquer les fecon- des par le centre. On met dans la quadrature trois petites roues plates fort légeres qui engrenent lune dans l’autre ; on fixe la premiere {ur la tige de la roue de champ, & l’on fait tourner la derniere fur la chauffée des minutes au moyen d’un canon, & de la même mamere que la chauffée des fecondes y tourne dans le cas précédent ; enfin, l’on ajufte aufli un pont fur cette derniere roue pour porter la roue de cadran. Lorfqu'on fe fert de échappement de M. Gree- haam, ou de quelqu’autre dont la roue de rencontre eft parallele aux platines, cette roue tournant à gau- che, on peut alors faire mener la roue des fecondes qui devient fort grande, immédiatement par le pi- gnon de la roue de rencontre. Toutes ces méthodes ont leurs avantages & leurs inconvémiens : la premiere eft fans dôute la plus fim- ple & la meilleure qu’on puiffe employer, laiguille y marque les fecondes très-régulierement & fans jeu ; mais le furcroit de grofleur du pivot qui porte cette aiouille, la petitefle du cadran des fecondes, & la confufion qu'il occafñonne dans celui des heu- res & des minutes, font des défauts auxquels on ne peut remédier. Joignez à cela que dans ces fortes de montres la roue de champ ne faifant que foixante tours, au lieu de foixante-douze qu’elle fait dans les montres fimples , on eft contraint de muluplier les tours qu’un des fiens fait faire à la roue de rencon- tre, d’où 1} fuit que le pignon de cette derniere de- vient petit, & la denture de la roue de champ trop fine. On évite ces défauts par la feconde méthode, mais alors on tombe dans d’autres inconvéniens, la petite roue moyenne & le pignon de roue de champ fe trouvant fort près d’un de leurs pivots, l’huule ne peut refter à ce pivot, & 1l s’y fait beaucoup d’u- fure. Ce défaut doit {eul faire abandonner cette conf- trution ; mais il y a plus, le jeu de l’engrenage, l'inégalité du pignon qui porte l’aiguille des fecon- des , produifent {ur cette aiguille des effets d’antant plus fenfbles que l’engrenage fe fait fort près de fon centre ; il arrive de-là qu’on ne peut favoir qu’à une demi-feconde près le point où l'aiguille des fecondes répondroit fans le jeu de l’engrenage ; ajoutez à cela que le pignon de fecondes, le pont, & les jours néceflaires emportent une partie de la. hauteur de la montre , d’où 1l fuit que la force mo- trice en devient plus foible. . | Les trois roues employées dans la troïifieme mé- thode produifent les mêmes inconvéniens à-peu- près. On voit donc qu'il n’eft guere pofible de faire une montre à fécondes | fans tomber dans quelques inconvéniens. Si l’on me demande laquelle des méthodes pré- cédentes je préférerois, je répondrai que celle où l’on met une aiguille fur le pivot de la roue de champ me paroït la meilleure , en obfervant d’é- loïgner beaucoup le pignon du pivot qui porte l’ai- guille afin de diminuer le frottement. Mais fi l’on veut abfolument que les fecondes foient marquées par une aivuille concentrique avec celle des minu- tes & des heures, je confeillerai alors de mettre une roue fort légere fur la tige de la roue de champ, de la faire engrener tout de fuite dans une roue qui , tournant fur la chauflée, porte l’aiguille des fecon- des , & de tracer dans l'intérieurdu cercle des minu- tes un fecond- cercle de divifions tout femblable, avec des chiffres qui aillent en augmentant de droite à gauche. Par cette conftruétion, on diminue- ra confidérablement les êtres, les frottemens & les Jeux. | | Les doubles divifions ne feront point defavanta- _geufes, les plus habiles maîtres y ayant recours dans leurs montres à fecondes concentriques , pour éviter la trop grande diltance où l'aiguille des minutes fe trouve de fes divifons, lorfque celle des fecondes pafle fur ces mêmes divifons. La feule objection qu’on pourroit donc faite con- tre la conftruétion que je propole , eft que l'aiguille des fecondes tournera alors dans un fens oppofé à celui des autres aiguilles ; mais comme ces fortes de montres doivent appartenir pour l'ordinaire à des perlonnes un peu philofophes, pour lefquelles la droite ou la gauche font indifférentes, ce défaut, f c’eneftun, ne doit être d'aucune confidération. MONTRE » CHAÎNETTE DE, ( Ars méchanique. ) Déféription des chainettes de montres & de pendu- les, & de leur fabrique. 1. Après avoir donné une idée des pieces qui compofent une chainette, & de leur aflemblage, on décrira la maniere dont elle fe fabrique , 8c les outils dont on fe fert pour cela. 2. La chafnerte cit compofée de trois fortes de pie- ces : favoir, les paillons, les coupilles, & les cro-/ chets. Voyez les PI, du Chaïnerier. 3. Les paillons font comme les anneaux de la ,chafnette ; ils font tous parfaitement femblables puifqu'ils font formés, pourainfidire, dans lemême moule, comme on le verra bientôt. Un paillon ef une petite lame d'acier dont la longneur a 4 (fig.1.) eft le double de fa largeur c d, & dont l’épaifieur en eft environ la fixieme ou huitieme partie de fa largeur. Les deux faces latérales d’un paillon ont chacune la figure de deux cercles accouplés , qui font chacun percés d’un trou rond dans leurcentre: c'elt ce qui eft repréfenté géométriquement en a 4, On voit en e f Le profil de ce paillon qui eft encore reprélenté en perfpeétive en 4 B, 4. Ces pailons, pour former la chafnerte, font liés Les uns aux autres de la maniere fuivante. Deux paillons ab, d f (fig. 4. ), en embraffent untroi- fieme eg, & font hés tous trois enfemble par une cheville ou axe d’acier que les ouvriers nomment coupiile ; qui pafle à la fois par les trois trousb, e, f» & de laquelle les deux extrémités étant rivées l’une fur la furface extérieure du paillon a 4, & l’au- tre fur la femblable furface du paillon 4 f, ferrent ces trois pailions l’un contre l’autre immédiatement par leurs faces intérieures, & forment ainfi une ef- pece de charniere que l’on voit repréfentée de côté ou de profl en be f( fig. 3.), & en perfpeive en be f, fig. 5. La figure 4. ne les repréfente éloi- gnés l’un de l’autre, que pour faire voir plus net- tement leur difpofition & celle de leur trou, prêtsà recevoir leur coupille. s- Le bout g du troifieme paillon eg ( fig. 3. 4. & 4.) eft embraflé par deux autres paillons £K, im, &t ces trois paillons font liés enfemble par une au- tre coupille femblable à la précédente, qui pañle par lestrois trousi,g, h (fig. 4. ), 8 qui eft rivée de même pour former une feconde charniere. | 6. Ces deux paillons 4 k, i m, embraflent un feul paillon / p auquel ils font liés de la même ma- miere. En un mot, toure nne chafnerte n’eft-qu'une . fuite immédiate de paires de paillons, tels que 24, df&hk, im (fig. 3. 4: 6 5.), liés l’un à l’autre par le moyen d’un feul paillon eg , dont une moitié e ef embraflée par la paire qui précede, & l’autre moitié g pat la paire qui fuit. Là foure 2. tepréfenté une vüe directe d’une des faces de la chafner ou des paillons éxternes quilacompofent. . ÿ- Suivant la proportion indiquée ci-deflus ( dans l'article 3.) de chaque paillon, & fuivant la maniere dont ils {ont joints enfemble, il en réfulte 1°. que l’épaifleur a d de la chainerte ( fie. 3. € 5.) eft com- pofée de trois épaifleuts ou trois rangs de paillons ak,cp, dm, preflés l’un contre l’autre par les - coupilles, 2°. Que les paillons qui font dans un mê- me rang, font aufli preflés l’un contre l’autre par leurs extrémités. C’eft ce que les ouvriers regat- dent comme une des principales qualités d’une bon: ne chainette, $. Chaque extrémité de la chafnerte eft terminée par un crochet c 4, (fe. 3. 4. € 5. ) qui eft de Même épaleur qu’un paillon, & qui s'attache de la même maniere. 9: La proportion des païllons indiquée dans Pare. 3- n'eft pas la même dans différentes chafnerres, Elle varie fuivant quelques circonftances , & quelquefois fuivant la volonté ou le pur caprice des ouvriers ; car quelquefois, pour abréger leur travail, ils font les paillons plus longs , afin qu'il en entre moins dans la lonpueur totäle &c prefcrite de la chainerre, ce qui fe fait au préjudice de fa bonté & de fa beauté. 10. L'épaiffeur des paillons varie aufi à propor- tion de leur largeur, pour les approprier à la largeur des rainures fpirales de la fufée de la montre, Car c’eft la largeur de ces rainures qui détermine l’épaif- ieur de la chafnerte, & par conféquent aufli celle des paillons. Or, comme ces rainures font plus ou moins étroites , fuivant que la more eft plus où moins plate, il faut en conféquence faire les paillons plus ou moins minces. Mais quelque variété que l’on pratique dans ces cas entre la largeur &c l’épaiffeur d’un paillon, celle qu'on aindiquée ( arcicle 3. )en- tre fa longueur & fa largeur , demeure conftamment la même dans toutes fortes de grofleurs de chaf. reftes, | | 11. On fait quelquefois des chafnetres pour les pen- dules, qui ont quatre rangs de paillons ou même cinq rangs , difpofés comme on le voit dans la fg. 6. qui en repréfente le côté ou profil ;:on en pourroit faire qui auroïent encore un plus grand nombre de rangs de paillons , mais les ouvriers efliment davantage celles qui n’en ont que trois. Fabrique des chaïnettes. 12. Les grofles &t les peti- tes chainettes pour pendules ou pour moztres, {e fa- briquent toutes de la même maniere & avec les mê- mes fortes d'outils , qui font cependant plus où moins grands , fuivant la groffeur de la chainerre qu'il s'agit de fabriquer. Les outils dont on fe fert pour une même grofleur de chaînerte , ne font pas toujours de même grandeur ou proportion en toutes leurs par- tes : certaines dimenfions font fixes , mais la plûüpart varient , parce qu’elles font arbitraires. On les dif- tinguera aifément les unes des autres dans la fuite de ce mémoire, | 13. Pour faire des paillons l’on prend des lames d'acier dont la longueur & la largeur eft arbitraire : _ellés ont ordinairement environ un pouce de largeur pour les chafmettes de montre , 8& 6 , 12 ou 15 pouces de longueur. Leur épaifleur eft précifément égale à celle dont on veut que foient les païllons. Ces la- mes ont leurs deux faces polies ou du-moins bien unies : elles font faites de la même matiere que les reflontside z7ontres , & par les mêmes ouvriers. Prerniere opération, Piquer les lames, 14. On a un parallelipipede rectangle de bois de buis BD, fig. 10. de:9 à 12 pouces de long, fur-un pouce à un pouce &t demi en quarré ; on l’attache à un étau ordinaire dans une dire@ion horifontale: On pofe la lame fur M O N 693 Gé boïs à piquer, & on la pique avec un poinçcon À; dont le bout eft terminé par deux pointes aiguës êc arrondies À, p ; d’égalé loñgueur entr’elles, & dont lintervalle 4 p eft égal à la difance des deux centres Ou trous du paillon que l’on veut faire. On prend cé poinçon entre les doigts de la main gauche ; & te= nant Ce poinçon perpendiculairement fur la lame , à peu-près comme on tient une plume À écrite {ur le papier, on frappe un coup de maillet de fer aciéré fur la tête dece poincon, qui fait les deux trous CN enfuite on pofe la pointe # dans le trou 3 & d’un fecond coup de maillet la pointe p fait le trou 7 : puis mettant la pointe # dans le trou Z , d’un autre coup de maïllet la pointe p fait le troû { On conti: nue de même dirigeant ces trous en ligne à-peu-près droite de « en # tout le lonig de la lame : de cette ma: nieré on ne peñce qu'un trou à chaque coup de mail: let, excepté les deux premiers; & le poinçon fai: fant , comme l’on voit, l’ofice d’un compas, tous lés trous de ce rang font à même diftance les uns des autrés, On vient enfuite commencet un fecond rang de trous »: 4 de la même maniere, lequel eft à-peu: près parallele au premier, obfervant à vie d'œil qu'il y ait entre ces deux rangs un efpace épal an- moins à la largeur du paillon que l’on vent faire : les ouvriers en laiflent beaucoup plus. Après avoir piqué un fecond rang , on en pique un troifieme , un quatrieme , & autant que la largeur de la lame peut le permettre, Seconde opération, Limer les bavures des trous, 15. L'on voit bien que ces pointes ont fait chaque trou de la forme à-peu-près d’un entonnoir ; dont la pointe qui eft derriere la lame éft formée à-peu-près comme un petit mamelon dont le bout éft déchiré, Il s’agit d’emporter tous ées mamelons , & de ren- dre le derriere de la lame parfaitement plat, Pour cet effet on étend la lame fur le bois à piquer comme ci-devant , avec cette feule différence qué la face de la lame qui étoit ci-devant fupérieure eft à-préfent inférieure, & appliquée immédiatement contre le bois. En cet état on pañle une lime douce & plate far tous ces mamelons , qui les emporte totale- ment ; & applanit parfaitement cette fuperficie de la lame ; mais aufi elle rebouche , du - moins en partie , La plupart de ces trous, que l’on débouche enfuite de la maniere fuivante. Troifieme opération. Repiquer lès lames, 16, On re- met la lame fur lé bois à piquer dans la premiere fituation, c’eft-à-dire que le derriere de la lame d’où on à enlevé les mamelons foit appliqué contre le bois ; puis tenant de la main gauche un poinçon qui n'a qu'une feule pointe ; on fait entrer cetre pointe fucceffivement dans tous les trous par un très-petit coup de marteau pouf chacun. Quarrieme opération. Couper les paillons. 17. On a pour cet effet un parallelipipede reétangle d’acier trempé 4 B, fig. 7, d'environ un pouce à 15 lignes dé longueur 4 B, trois à quatre lignes de largeur ab, & au plus d’une ligne 8 demi d’épaifleur a c. Cette piece , nommée par les ouvriers merrice, eft percée d’un trou d f qui traverfe fon épaiffeur dans une direétion perpendiculaire à fa face fapérieure AB , mais dont l'ouverture inférieure eft un peu plus grande que la fupérieure d f, qui a précifément la même longueur, largeur &c figure que la longueur, largeur & figure de la face du’ paillon que l’on veut faire. 18. On a aufli un poinçon ou coupoir € D dont le bout C'eft formé à-peu près comme deux cylin- dres accouplés de telle forme, que ce bout de poin- çon puifle entrer dans le trou d f de la matrice, & en remplir très-exatement l'ouverture fupérieure, Chaque cylindre &u coupoir eft percé dans fon axe pour y fixer folidement denx pointes e, 7, qui èx= 694 M O N éedent chacune également la bafe de leut cylindre, & qui contre cette bafe ont tout au plus le même diametre que les trous des paillons que lon veut faire. La fig. 8. repréfente en perfpettive le côté du. coupoir. 19. La matrice À B étant foutenue folidement , on applique fur elle la face limée &c plate de lalame, comme on le voit dans la #3. 0. enforte que deux trous 4 ,.b, d’un même rang fe trouvent, l’un a an centre + du cercle, fig. 7, & l’autre &, fg. 9, au centre r , fêg. 7 ; puis abaïffant le coupoir B,, fig. 9» enforte que les deux pointes e, 7, enfilent les trous a,b, on donne un coup de maillet fur la tête du coupoir , qui Le fait entrer dans le trou de la matrice & couper nettement Le paillon, lequel tombe fur la matrice. On répete cette opération fur chaque cou ple de trous de chaque rang de la lame, de forte qu’à chaque coup de. maillet on coupe & chaîle un paillon. | | 20. On comprend bien que pour le fuccès de cette opération , il ne s’agit pas feulement d'enfler les, deux trous de la lame par les deux pointes du cou- poir, maisqu'il faut de plus que le bout du coupoir correfponde &c foit dirigé bien perpendiculairement à l'ouverture de la matrice , fans quoi le coupoir n'y entreroit pas & ne coupetoit pas le paillon. 21. Pour cet effet on a une efpece de petite en- clume , F6 , fig. 11, d'environ deux pouces à deux poüces &c demi de longueur F G, qui s'attache à l’é- tau par une languette AK. La fuperficie fupérieure de cette enclume eft entaillée dans fa largeur pour y larder avec force la matrice DE, & l’enclume eit percée perpendiculairement & direétement fous l’ou- verture a de la matrice, d’un trou un peu plus grand que cette ouverture. L’enclume eft encore percée perpendiculairement vers le milieu de fa furface fu- périeure en B, d’untrou quarré ou de toute autre f- gure que ronde : dans ce trou pañle très-juftement , quoique librement , le bout d’un poinçon 4 B, qui porte un bras ef auquel eft attaché fortement eng le coupoir à gquitraverfe ce bras, &e que l’on ajufte folidement dans la diredion que l’on a dit être nécef- faire article 20. En Left un talon qu comme le bras e f eft d’une même piece avec le poinçon 4 B:; ce talon fert à retenir folidement la. tête du coupoir qui s'appuie contre. | L'or à 22. Ainfi l’ouvrier tenant des-doigts de fa main gauche, non le conpoir, mais le poinçon 4 B auquel al eft attaché , al le leve & baïffle à fa volonté, {ans que le bout B forte entierement de fon trou; de {orte que le bout ? du coupoir fe trouve toujours dirigé parfaitement au trou+ de la matrice , qui eft ce que l’on demandoit. 23. L’ouvrier place unpetit coffret ou petite boëte ouverte entre les mâchoires de l’étau fous le trou de la matrice , pour recevoir les paillons qui tom- bent. Fabrique des crochets. 24. Pour faire les crochets on pique des lames femblables à celles dont on fait les paillons , & de la même épaifleur ; on les pique, dis-je, avec un poinçon À ; fig. 12 , dont les deux pointes À : ont entr’elies le même efpace.que la lon- gueur d’un crochet , comme on voit dans la figure où l’on a.exprimé la figure des crochets. par des li- gnes ponéluées. L’où pique d’abord les deux trous a n à la-fois &c d’un feul coup dé maillet ; enfuite mettant la pointe # dans le fecond trou , la pointe: par un fecond coup fait un troifieme trowg, & ainf du refte. On continue.à piquer ; on lime les bavu- res , & on repique ces lames tout comme-on Pa dit: ci-devant des lames des paillons j articles 14, 15,16. 25. On coupe aufñ les crochets par un inftrument, (fig. 13.) femblable en toute chofe à celui des pail- lons fig, 11, avec çette feule différence que le bout: M ON | ducotpoir À, fig. 13 , & l'ouverture Fde la mas trice, au heu d'avoir la figure du paillon comme ci: devant , ont celle d’un crochet, &z que le bout du coupoir ne porte qu'une pointe + quientre dans le bout de la lame qui doit être celui du crochet. Cinquieme opération. Faire les coupilles. 26, Pout faire les coupiiles on prendunnombre de fils d'acier A B,, fig: 143 d’une longueur arbitraire d'environ cinqà dix pouces, & d’un diametre un tant foit peu plus grand que celui des trous des paillons ; on fait une pointe à chaque bout du fl d'une longueur 4 d oufB, d'environ deux à quatre lignes. Pour cet effet on prend. un bout G (fig. 15.:n°.1, ) d'un de ces fils avéc une tenaille ou pince G C dont les mâchôires fe ferrent par une vis & F ,,8r dont la queue Centre en B dans un manche de bois 4 B : onattache un morceau de buis ou d'os À à Pétau; & après y avoir fait une petite entaille en 2 pour y loger une partie du diametre du bout du fl; on tient de la main gau- che le manche 4 B de la pince, & en le pirouettant fur fon axe, on pañle & repañfle furle bout du fl 25 une lime plate & douce que l’on tient de la main droite. e Sixieme opération, Coupiller les paillons, 27, Ayant préparé de cette maniere les deux bouts d’un aflez grand nombre de fils, on s’en fert pour coupillerles paillons de la maniere fuivante : on tient , fig. 15. 2. 2.entre les bouts du pouce & de l'indice B & 4 de la main gauche, un paillon ou, fi l'on veut , un cro- chet £ e ; enfuite avec une pointe € D, dont on prend le manche F'de lamain droite. on enfile deux pallons G A, dontil y en a un tas fur la table ou établi de l’ouvrier ,obfervanten les enfilant que les faces plates de l’un & de l’autre d’obona ôté les ma- melons., foient intérieures &z fe regardent mutuelle: ment. On les porte ainf entre les deux doigts dela main gauche en g & k , enforte qu'ils embraïflent en- tr’eux.ke bont.e du paillon ou crochet eE, êc que les trois trous. qui doivent être coupillés enfemble foient dans une même direétion : alors ferrant des doigts ces trois paillons dans cet état, on retire la pointe cd que l’on quitte pour prendreun des fils préparés ci-devant article 26°, dont on-pañle une de {es poin: tes par les trois trous , la faifant entrer par louvers ture "1, l’on poufle cette pointe aufli avant que lon | peut avec les. doigts ;:mais comme les doigts feuls ne || peuvent pas la faire-avancer aflez fortement,, on prend de la main gauche.ce fil, auquel tiennentpour lors ces trois patllons , & on l’attache à l’érau de la maniere que la fg. 16 le repréfente , laïflant um et- pace entre les mâchoires de l'étau &c les paillons. On apphque enfuite fur ces paillonsune efpece de pince ou brucelle 4 B, fig, 17, de maniere que l& pointe À du fil pañle entre fes deux jambes 48, 4 C ; puis tenant cette brucelle de la main gauche par {a tête 4, on donne un petit coup de marteau fur cette brucelle, qui fait entrer le il aufli avant qu’il eft poffible dans les trous des paillons, 28. On ôtelabrucelle , on détache le fil de l’étau; & tenant ce fil 4 B, fig. 18, de la main gauche, on prend de la droite de petites: tenailles à mächoires tranchantes, dont on coupe le fil de part & d'autre des paillons contre leurs faces extérieures. Teil faut obferver que comme ces faces extérieures ont été rendues concaves autour de chaque trou en perçant ces trous ( Voyez Parsicle 15 am commencement ) , de: là il arrive qu'en appliquant fe tranchant des ma- choires À, fie. 19, contre les bords a de cettecon« cavité, On coupe la coupille en # à l'alignement de: ces bords « x: de forre que Îles extrémités 2,8 de cette coupille excedent Le fond de cette concaviré:, qui fera remplie tout-à-l’heure par la tête que l'or formera de: cet excédent. fps | 2 29- Pour former ces deux têtes , on tient-les pails MON Tons de la main gauche, ffg. 20 ; on les applique à plat fur une desmâchoires de Pérau, demmaniere que la coupille foit dans une fituation perpendiculaire à l'horifon, & s'appuie parun bout fur certemâchoire & frappant à petits coups fur l’autre bout a de la cou- pille ; on lui fait prendre peu-à-peu la forme d’une tête plate par-deflus , laquelle remplit ladite conca- yité du paillon. On retourne enfuite ces paillons le deflus deffous, pour en faire autant de lPautre côté à l’autre bout de la coupille. _ 30. On vient de joindre & de river les deux pail- lonsgh, (fig. 15) au paillon ou crochet £ e, Main- tenant les deux paillons g, #, entre le pouce & l'indice de la main gauche , fig. ar, on prend avec la pointe € D un feul paillon &, que l’on porte aux bouts des doigts & que l’on fait entrer entre les deux paillons g,#, enforte queles trois trous par où doit paffer la coupille foit dans une même direétion, puis preflant des doigts.ces trois paillons p, , &, on ôte la pointe C D. On prend un des ls d’acier, dont on enfonce [a pointe dans ces trous par l'ouverture m; & du refte, on enfonce davantage cette pointe avec les brucelles , on la coupe & on:la rive tout commé on la dit ci-deflus’, art. 27.28. 29. Septiems opération , évayerla chatnetre. 31. La lime & égayer À B , fig. 22, eftune lame d'acier d'environ 4 à.5 pouces de longueur , 6 lignes de largeur, & une hgne & demie à 2 lignes d’épañfeur. Sa coupe tranf- verfale D N fait voir que les bords ou épaifieur de la lime font arrondis, & ils Le font danstoutela lon- eueur de la lime. Cette lime eft improprement nom- mée ainf, car elle n’eft pas taillée. Onattache cette lime à l’étau dans la fituation où elle eft ici repré- fentée, & après avoir mis un peu d'huile d'olive le long de la chaînerre , on la met à califourchon fur cette me. On prend deux lames defer £ F, EF, nommées poignées , ayant Chacune environ 3 ou 4 pouces de longueur, 6 à 9 lignes de largeur &r une épafeur telle que l’on puifle accrocher le crochet des bouts de la chainerte à l’un des deux petits trous qui font aux extrémités des poignées. Ayant donc accroché ces poignées l’une à un bout de la chaîne & l’autre à l’autre, on prend une poignée de cha- que main & les tirant alternativement, on fait pañler &z repañler la chafnerte fur le bord de la lime environ une douzaine de fois de chaque côté de la chainerte où elle reçoit un affez grand frottement. Tandis que l’on fait courir ainfi la chafnerte fur ia lime , elle fait d’abord un angle d'environ 50 à 60 degrés dont le fommet eft fur la lime, & peu-à-peu en rapprochant les mains l’une de Pautre, l'angle diminue jufqu’à environ 30 à 40 deorés , ce qui augmente.le frotte- ment. Par cette opération, on égaye en effet, ou plu: tÔt on commence à égayer & à adoucir le mouve- ment de toutes les charnieres formées par Les pail- lons &c les coupilles. Hurieme opération, limer la chainette, 32. On at- tache à l'étau le héron à limer ; c'elt un cylindre de bois de buis 4 B, fig. 23 , d'environ un pouce & demide diametre , & d’une longueur excédant celle de la chafnerte. À un bout B du bâton eft planté un petit crochet, où l’on accroche un bout de la chaf- nette, laquelle on tient tendue fur le bois cÿlindri- que en appuyant un doigt de la main gauche fur Pautre bout 4 de la chafnerre ; puis de la droite, on pañle une lime douce ordinaire C D fur toute fa lon- gueur, promenant cette lime parallelement à elle- même de 4 en B & de Ben À, jufqu’à ce que toutes les têtes des coupilles ne faflent qu’un feul & même plan bien uni avec les faces des païllons. On fait cette operation fur chacune des deux faces de la chafneite. | 33- Après avoir ainfi limé les deux faces de la chaïnette, on lime très-légerement fes deux côtés, M O N) 695! &-poutcélaion fe fert d’unepetite lime cylindrique AB fig, 245 terminée à l’un de fes bouts par un bouton. Cette lime qui eft taillée rrès-finement touts autour, a -environune ligne & demie àtdeux lignes de diametre. On latrache par le bout 2 à l’étau., & omfait courir là chafnetre fur cette litne de la même maniere qu'on la fait courir ci-devant fur la limé à égayer, art, 31, maistrès-légerement ; & feulement une où deux fois dechagque côté de la chafrerre. 24. En limant ainf la éhafnerte fur fes faces &e fur fes côtés, on a formé des bavures qu'il faut ôter ; on a auflirun peu déformé les paillons qu’il faudral reformer. Les bavures font {ur le fommet des an- gles plans, formés par les faces & les côtés de la chafnecre, Or, pour les abattre, on remet La chafnerte fur la lime à égayer donton a parlé ci-deffus, arr. 35, la pofant dans une coche g, #g. 25, femblable à celle C, & pratiquée fur le bord de la lime; & tandis qu'une -perfonne fait courir la chuinetre dans cette coche ; une feconde perfonne tient une lime plate extrèmement douce 4 B qu'il appuie par un point # d’un de fes angles plans {ur le bord de la lime à égayer, & parun point a d’une de fes faces fur un dés angles plans de la chafnerre très léserement. La coche dans laquelle court la chafnerte , l'empêche de fuir l’impreflion dela lime 4 2. Cette impreflion doit être fort légere, 6 la chafnerce ne doit courit qu'une ou deux fois pour chacun de fes quatre an- gles ; après avoir fait cettéopération fur-l’ünde ces quatre angles , on fent bien de quelle façon il faut tourner là chainerte pour la faire fur les aütres. 35 Pour reformer les paillons, on attache à l’étau la lime à reformer °F, fig. 26, qui eft Atpeu-près de la même longueur, largeur & épaifleur que la lime à égayer , arc, 31; mais dont la différence ‘eft telle que la lime à égayer eft par-tont de même épaif- feur , ayant feulement {es bords arrondis, come la reprélente {a coupe tran{verfale a & , au lieu que la Eine à reformer diminue d’épaifleur depuis le mis lieu de fa largeur juique à {es bords qui font prefque tranchans , Comme lesrépréfente fa coupe tran{ver- fale 4 f. De plus , la me à reformer eff taillée com méune me très-douce , au lieu que l’autre ñe l’eft pas du tout. On fait courir la chaîne quatre , cinq où hix fois légerement de chaque côté fur letranchant de cette lime. On le {ert indifféremment'de cette lime ou du tranchant 4 2°, fig. 27, d’un burin ordi- naire. | Neuvieme opération , tremper la chaînerte, 36. Maiïn- tenant la chafnerte eft faite , il ne s’agit plus que de la tremper, la revenir & la polir. Pour la tremper, on la roule.en {pirale autour d'un chalumeau, com- me on le voit fig. 28. On la fait glifler ainfi roulée jufqu'au petit bout 4du chalumeau, pour l’en fortir & la mettre en cet état dans un creux prat'qué dans un gros charbon noir de fapin ; enfuite avec le cha: jumeau on {ouffle la flamme d’une chandelle dans ce creux qui fait rougir La chafmerte | jufqu’au degré que les ouvriers appellent couleur de cerife ; alors on la jette dans un vale contenant une aflez grande quantité d'huile d'olive, pour qu’elle furnage fur la chainette : on retire enfuite cette chafnerte toujours enveloppée fur elle-même ;, on la fufpend en cet état dans la flamme de la chandelle qui alume lhuilé dont elle eft couverte, & c'eft ce que les ouvriers appellent revenir la ‘charnette ; Vayant laslé brûler un moment, On la rejette dans l'huile. Cette opéra- tion eft délicate , car felon que la chafnete fera trop outroppeurevenue,elle fera trop molle ou trop dure pour l’uiage. Dixieme opération , polir la chatnette, 37. On fort la chafnerre de Phuile ; & fans lefluyer, on létend fur le bois à limer , arr. 32. & jig. 23 ; & au lieu de pafler une lime furles deux faces, comme l’on afait 696 MON dans cet article , on y pafñle dans le même fens avec de l’huile une pierre à éguifer du levant, qui font de ces pierres douces, dures & tranfparentés., dont tous les Graveurs {e fervent pour éguifer leurs bu- xins. job 38. On attache -enfuite à l’étau , fg. 29, un motr- ceau de bois 4 B;:que l’on taille à-peu-près de a forme d’un burin , @& fur le tranchant duquel lon étend,un mélange d’huile d'olive &z de poudre de a fufdite pierre broyée très-fine, on met un peu d’hui- lepure le long de la chafnerte, & on la fait courir fur lelieude ce tranchant que lon a couvert de cette compofition ; on la fait courir, dis-je , par fes deux côtés. 39: On la fait encore courir par fes deux côté fur un autre femblable bois, ou furun lieu différent du même boisavec de la potée d’étain mêlée d'huile d’olive-pour-achever de la polir. 40. Enfin on la fait encore courir fut un lieu pro- pre & net de.ce bois avec de l'huile pure, & c’eft-fà la derniere-opération. 41. Le bois dontil s’agit ici doit être doux & d’un certain degré de dureté ; on prend pour cela celui qu'on-nomme vulgairement bois quarré, parce qu’il a fur fon écorce quatre fils où éminences dirigées longitudinalement , & qu'il porte un fruit rouge en forme de bonnet de prêtre. C’eft celui dont les Horlogers. font. des pointes pour nettoyer les trous des pivots, .êc duquel certains deflinateurs font leur fufin. un « Addition a Particle x. Les crochets qui terminent la chaïnerte {e font fouvent l’un & l’autre de la même forme.-qu'ils font repréfentés dans les fg. 2, 4, 3 G 12; mais fouvent auf on donne à celui qui s’ac- croche au barrillet de la onvre la figure qu'il a ; fg. 30% 0ù.4 B exprime une portion de la coupe circu- laite du barrillet, le crochet # entre par un trou dans le barrillet, & il a un talon ou éperon a 7 qui s’ap- pue immediatement contre la furface extérieure & circulaire de ce barillet. Dans la fg. 31, D G exprime une portion de la circonférence de la fufée dans le maffif de laquelle on fait un creux, & dans le milieu de ce creux on y fixe un petit cylindre a que le bout du crochet embrafle, PJ, Gars, de M. SOUBEYRAN de Genève. MONTRE DE SEIZE PIÉS, (Jeu d'orgue.) ainfi nommé de ce qu'il eft expofé à la vüe de ceux qui regardent l'orgue, eft un jeu d’étain , dont le plus grand tuyau.,..qui fonnel’zeà l'oftave au-deflous du plus bas ue des claveñlins, a 16 piés de longueur. Voyez la. cable du rapport & de l'étendue des Jeux de l'orgue, &clesfig. 31. n°.123. PL, d'orgue , & l'article ORGUE, où la faêture eft expliquée. Il y a deux fortes de tuyaux de montre : les uns ontla bouche ovale ; les autres font en pointe : Les premiers fe mettent aux tourelles, ou avant-corps du buffet d'orgue ; les autres dans les plates faces. Ainfi qu'il.eft obfervé dans la. PZ, I. de l'orgue. On obferve auf de les placer avec fymmétrie les plus gros au milieu & d’autres de groffeurs égales, à côté: les piés de ces derniers doivent être de lon- gueur égale , afin que leurs bouches fe trouvent à la même hauteur. Comme les tuyaux de more ne font point placés fur le fommier , on eft obligé de leur porter le vent du fommier par un tuyau de plomb, qui prend d’un bout à l'endroit du fommier où le tuyau devroit être placé, 87 de l’autre va au pié du tuyau, Voyez la Planche, On pratique la même chofe pour tous les tuyaux qui, par leur volume, occu- peroient trop de place fur le fommier. MONTRE , ( Maréchallerte, ) la montre eft un en- droit choifi par un ou plufieurs marchands pour y faire voir anx acheteurs les chevaux qu'ils ont à vendre, La #ontre eft aufli une facon particuliere que les marchands ont d’effayer les chevaux, (à quelle n’eft bonne qu’à éblouir les yeux des fpeéta- teurs. MONTRE , sermes de rivieres , voyez TÉMOIN. MONTRER , v. a&t: ((Gram. ) c’eft expofer à la vüe; comme dans cet exemple : la naturé otre des merveilles de tous côtés à ceux qui favent l’ob- ferver. C’eft indiquer, comme dans celii-ci, on vous montrera le chemin; c’eft enfeigner, comme dans monsrer à lire, à écrire ; c'eft prouver, comme dans montrer à quelqu'un qu’on eff fon ami, &c. Voyez MONTRE. MONTREUIL, ( Géog ) en latin moderne, Mo- nafleriolum , ville de France fortifiée dans la bafle Picardie , au comté de Ponthieu, éleion de Dour- lens, fur une colline, près de la Canche, à trois lieues de la mer, à quatre lieues N. O. d’'Heidin, huit S. E. de Boulogne, 47 N. O. de Paris. Lonpi. 19 25/3 a. lat, 43. 36131: Lambin ( Denis ), un des plus favans humaniftes du xvJ. fiecle, étoir natif de Mozrrewl en Picardie. Il démeura long-tems à Rome avec le cärdinal de Tournon, fut fait à fon retour profeffeur royal en langue grecque à Paris, & s’acquit une réputation célèbre par fes commentaires fur Plaute, fur Lucre- ce, fur Cicéron , & fur tout fur Horace. Il éoir fi intimément lié d'amitié à Ramus, égorgé au mafla- cre de faint Barthelemi , qu'il en mourut de chagrin quelques femaines après, à l’âve de 56 ans. MONTREUIL. BELLAY , ( Géog. ) ancienne pe- tite ville, ou bourg de France en Anjou, fur la ri= viere de Toué , à quatre lieues de Saumur, 10 d’An- gers, 62 de Paris. Long. 17. 26. lat. 47. 10. La feigneurie de ce bourg eft confidérable ; elle a plus de cent vaflaux qui lui portent hommage. Le feigneur de Chourfée qui en releve, eft obligé lorf- que la dame de Montreuil Bellay va la premiere fois à Montreuil. Bellay , de la défcendre de fa haquenée, chariot, ou voiture, &c de lui porter un fac de moufle ès-lieux privés de fa chambre. Ce devoir eft établi par un aveu de la terre de Montreuil, qui fe trouve dans les regîtres du châtelet de Paris. Ces fortes d’ufages qu’on ne fuit plus, peignent toùjours nos anciennes fervitudes. ( D. J.) MONTROSS , ( Géog. ) ville d'Ecofle, dans fa province d’Angus, qui donne lé titre de duc au chef de la maïfon de Graham; c’eft un bon port de mer qui reçoit de gros vaifleaux. Il eft fitué du côté de Merues , à l'embouchure de la riviere d’Esk, à 15 lieues N.E. d’Edimbourg, huit de faint André. Long. 15. 24. lat. 56, 48. MONT-SACRE, ( Géog. anc. & Hifi. rom, ) mon- tagne fituée au-delà du Téveron, à trois milles de Rome, aux confins des Sabins & des Latins, fur læ route qui mene à Cruftumérie : ce qui a donné liew à Varron d’appeller la fuite du peuple qui s’y ren- dit, feceffio cruflumerina. Cette colline fut nommée dans la fuite le mont-/ucré, ou parce que le peuple après s'être réconcilié avec les Patrices , y éleva un autel à Jupiter qui infpire la terreur, en mémoire de la frayeur dont il avoit été faïfi en y arrivant ou parce que les lois qu’on y porta de l’accommo- dement, devinrent fi refpeétables , que quiconque - auroit ofé attenter à la perfonne d’un tribun du peu= ple, étoit regardé comme l’objet de l’exécration pu: blique, & fa tête étoit profcrite comme une viétime. qu'ilétoit permis à quiconque d’immoler à Jupiter. MONT-SAINT-MICHEL., fur mer, (Géog. ) ab= baye, château, & ville en France, fur une roche, où fur une petite île adjacente à la Normandie: Cette abbaye devint célebre par les biens que lui firent depuis 1709 les rois de France, ceux d’An= gleterre, les ducs de Bretagne, & de Normandie. Elle eft occupée par des moines de S, Benoît, & vaut M O N #æ vaut à fon abhé 40 milles livres de rente, Cette ab. baye a donné lieu à l’inftitution de l’ordre militaire de faint Michel, faite par Louis XI. Le château & la ville du Mort-fainr-Michel, font fitués fur le rocher ifolé, d'environ un demi-quart de lieue de circuit, au milieu d’une baie que forme en cet endroit les côtes de Normandie & de Breta- gne , dont les plus proches font éloignées d’une lieue ët demie de ce mont. Le flux dela mer y vient deux fois en 24 heures, & répand fes eaux une prande lieue avant dans lesterres, en forte qu'il faut choifir l'intervalle des marées pour y pouvoir arriver. Le Mont fainr. Michel eft une place importante, & très-forte ; les bourgeois la gardent en tems de paix , mais On y met des troupes en tems de guerre. C'eft l'abbé qui eft gouverneur né de cette forte- refle ; & en fon abfence, c’eft au prieur à qui l’on porte les clefs tous les foirs. Elle eft à quatre lieues d'Avranches, 74 S. O. de Paris. Long. felon Cafñ- m,15, $1/, 3o", las, 48. 38!, 111, MONT-SAUJEON , ( Géog. ) petite ville de Fran- ce, chef-lieu d’un petit pays de même nom dans Ja Champagne. Cette ville eff à fix lieues de Langres, & 58 de Paris. Long, 22.86 lat, 47. 38. MONT-SERRAT , ( Géog. ) île de l’Amérique feptentrionale, l’une des Antilles, découverte par les Efpagnols. Elle a trois lieues de long, & pref- que autant de large ; leterroir y eftfertile. On prend fur les côtes des diables de mer, des lamentins, & des épées. Elle eft habitée principalement par des Irlandois depuis 1688. Long, 315, 25, lat, fèprenr, environ 46, 40. MONT-SERRAT , Mons. Serratus , ( Géog. ) haute montagne d'Efpagne , dans la Catalogne, célebre à caufe d’un lieu de dévotion qui s'y trouve, & qui eft un des fameux pélerinages, après la maifon de Lorette, & l’églife de faint Jacques. Ilne faut que lire les rélations qu'on en donne, pour être affligé des fuperftitions humaines. L’églife &c Le cloître font bâtis fous nn rocher penchant ; & au lieu d’y porter remede, on dit tous les jours la meffe dans cet en- droit, pour prier la fainte Vierge de ne pas permet- tre que ce rocher tombe fur fon églüfe , m1 fur lecloi- tre. Ce malheur eft cependant arrivé une fois ;/il fe détacha un gros quartier de ce rocher au milieu du xv]. fiecle, quirenverfa l’infirmerie, & y tua plu- fieurs malades, Le Mozt-Serrar eft à fept lieues de Barcelone ; il peut avoir quatre lieues de tour, & eft formé de rochers efcarpés, pointus, & élevés en maniere de fcie, d’où lui vient apparemment fon nom, du mot latin férrz, une fcie. | MONT-TRICHARD , ( Géog. ) ancienne petite ville de France en Touraine; Philippe Augufte la prit après un long fiége. Elle eft fur une montagne près du Cher, à neuf lieues E. de Tours, 455. O. de Paris. Long. 18. 50. lat, 47. 20. MONT-VALÉRIEN Le, ( Géog. ) en latin moder. ne, Mons-Valeriani ; coteau élevé près de Paris & de Surenne. C’eft un lien de dévotion habité par des hermites qui n’y font pas folitaires , & par une communauté de prêtres féculiers. La vûe des ter- rafles qui occupent le fommet du tertre eft admira- ble pour fon étendue, & les beaux payfages des en- virons de Paris. Tout le coteau eft couvert de vi- gnes, & contient une plâtriere aflez abondante. MONTUEUX, adj. ((Gram. ) il {e dit d’une con- trée que des collines, des montagnes , des monticu- les, en un mot, des inépalités, coupent & rendent pénibles au voyageur. Les Sevennes font un pays FOR IILEUX. MONTUNATES, ( Géog. anc. ) peuples d’Ita- lie, dans le territoire de Milan. Ils habitoïent, felon Mérula , le village aujourd’hui nommé Ga/erato. (D, JL) Tome X, MON 697 MONTURE, f. f. terme de Commerce, qui n’eft guere en ufage qué dans les provinces de France voifines de l'Éfpagne, particulierement du côté de la Gafcogne, pour fignifier la charge d’un mulet, compofée de deux balles de marchandifes de cent- cinquante livres chacune. Ainfi lorfqu’un marchand mande à fon correfpondant, où un commiffionnaire à fon commettant, qu'il lui envoye fix montures de laine, cela doit s'entendre de dix-huit-cens livres de laines partagées en douze balles fur fix mulets, Didlionnaire de Commerce. MONTURE , ( Marine. ) c’eft la même chofe qu’ar- mernent, Voyez ÂARMEMENT. MONTURE, ex terme d'Eventaillifles ; ont des bâ- tons ou verges de bois d'inde, d'ivoire, de baleine, de rofeau, fur lefquels la feuille eft montée. MONTURE , en terme d'Orfévreen grofferie , c’eft le corps ou la branche d’un chandelier fait fur différens deffeins. Tous les accefloires d’un ouvrage d’orfé- vrerie quelconque en font la zomeure, tels que les ornemens qui font fur les chandeliers , écuelles, ter- rines , pot-à-oille, &c, MONTURE, fe dit de toutes les bêtes fur le dos defquelles on monte. La mule eft une xozzure fort commode. MONUMENT, f. m. ( Ares.) on appelle monument, tout ouvrage d’Architeëture & de Sculpture, fait pour conferver la mémoire des hommes illuftres, Ou des grands événemens , comme un maufolée, une pyramide , un arc de triomphe , & autres fem- blables. Les premiers monumens que les hommes ayent érigés , n'étoient, autre chofe que des pierres en- taflées , tantôt dans une campagne, pour conferver le fouvenir d’une viétoire, tantôt fur une fépulture pour honorer un particulier. Enfuite l’induftrie a ajouté infenfiblement à ces conftruétions grofferes, &t l’ouvrier eft enfin parvenu quelquefois à fe ren- dre lui-même plus illuftre par la beauté de fon ou- vrage, que le fait ou la perfonne dont il travailloit à célébrer la mémoire. La ville d’Athènes étoit f féconde en monumens hiftoriques , que par-tout où l’on pañloit, dit Cicéron , on marchoit fur l’Hiftoire ; mais toutes ces chofes ont péri; quelque nombreux & quelque fomptueux que foient les monumens élevés par la main des hommes, ils n’ont pas plus de privilége que les villes entieres, qui fe conver- tiflent en ruines & en folitudes. C’eft pourquoi il n’y eut jamais de "onwment dont la magnificence ait égalé celle du tombeau de Thémiftocle, en l’hon- neur de qui on dit, que toute la Grece feroit fon monument, (D, J.) MONUMENT , {. m.( Architet. ) ce mot fignifie en.particulier un tombeau, quia monert mentem, Voyez; TOMBEAU. Je me contenterai de donner en paflant l'interprétation de quelques abréviations qu’on voit fouvent gravées fur les monumens ; tel- les font les fuivantes. Ab V. C. Ab Urbe Conditä, A.A.A,F,F, Auro, Aroento, Ære, Flando, Fe- riundo. Ad A. L, M. Ad Agrum Locum Monumenri. AF.P.R.C. Aüum Fide Publica Rurili Confulis. Cicéron l'interpreta plaifam- ment, Ærzdronicus Fecit, Ple&itur Rurrlius, D. D. Dedicaverunt, où Doro Dedit, ou Deo Dorneflico. D. M. Diis Manibus , ou Dive Memorie. B. M. P. Bene Merenti Pofuir. P.P. Pofuerunt. P, C. Ponendum Curavit. M.H.P. Monurnentum Heredes Pofuerunrs, Hoc Sibi Wivens Fier! Mandavie, TTti 69 M © P H. B.M.F.C. Hures Bene Merenti Factendun Cura- vit. iei Re Gr Juxta Termpus Confhitutum. N.F.N. Nobili Familia Natus. ObM.P.EtC. Ob Merita Pietaris Et Concordie, PESMEACE Proprio Sumptu Faciendum Curavit. cui Co Rerrd Pedes Centum. Mais il feroit inutile de multiplier ici les exem- ples de cette efpece, parce qu'on ne manque pas d'ouvrages d’antiquaires auxquels on peut recourir pour l'intelligence de toutes les abréviations qu'on | trouve fur les monumens antiques. (D. J.) MonNuMENT 4, (Hift. d’Anglererre, ) il eft aimf nommé par les Anglois, & avec raifon, car c’eft Le plus célebre zorument des modernes, & une des pieces des plus hardies qu'il y ait en Architecture : ce fut en mémoire du trifte embrafement de Lon- dres, qui arriva le 2 Septembre 1666, qu’on érigea cette pyramide, au nord du pont qui eft de ce côté- 1à fur la Tamife, près de lendroit où l'incendie commença; c’eft une colonne ronde de l’ordre tof- can, bâtie de groffes pierres blanches de Portland. Elle a deux cens piés d’élévation &c quinze de dia- metre ; elle eft fur un piédeftal de quarante piés de hauteur, & vingt-un en quarré. Au dedans eft un efcalier à vis de marbre noir, dont les barreaux de fer regnent jufqu’au fommet, où fe trouve un bal- con entouré d’une baluftrade de fer, & qui a vüe fur toute la ville. Les côtés du nord &c du fud du piédeftal ont chacun une infcription latine; une de ces infcriptions peint la défolation de Londres réduite en cendres , &c l’autre fon rétabliffement qui fat aufli prompt que merveilleux. Toutice que le feu avoit emporté d'édifices de bois, fut en deux ou trois ans rétabli de pierres & de briques für de nouveaux plans plus réguliers &c plus magnifiques, au grand étonnement de toute l’Europe, 6 au for- tir d’une cruelle pefte qui fuivit l’année même de Î’embrafement de cette capitale; 7 rien ne fait tant voir la richefle, la force, &t le génie de cette nation, quand elle éft d'accord avec elle-même, 6e qu’elle a de grands maux à réparer. (D.7J.) MONZA, (Géog.) ville d'Italie, dans le Mila- nez, fur le Eambro:, à Irr milles N. E. de Milan, 21 S. O. de Bergamè. Long. 26.45. lat. 451 33, MOORSTONE, ('ÆHif?. rar. ) nom que lon don- ne en Angleterre à une efpece de granit blanc &r noir , qui fe trouve dans la province de Cornouail- les & en Irlande; elle eft'extrèmement dure , & en- tremêlée de petites particules talqueufes. On trouve cette pierre par mañles ou parblocs immenfes, & non par couches: on en trafporte à Londres pour faire les marches des églifes & des édifices publics, à caufe que cette pierre ne S’üfe point auf prom- ptement que les autres. Nous avons en’ France ne quantité immenfe d’une pierre toute fembla- ble, SU en Bourgogne & fur les bords du Rhô- ne. Voyez GRANIT. (—) | MOPHI & CROPHI, ( Géog. anc,) en grec Mig Kôgs, montagne d'Egypte. Hérodote, 2y. PI, chap. xxviÿ. les place au-deflus de Thebes & d'Eléphan- tina, Luca dans {à Pharfale, Liv, X, y, 323%, les appelle les venes du Nil, a LE Er féopuli placuit fluviiquos difcere venas. MOPSUESTE , (Géop. anc,) Mopfueflia , ville de là Cilicie , fur le fleuve Pyrame, au-deffus d’Ana- zarbe, & plus près de la mer que cette derniere ville. Strabon & Etienne le géographe divifent ce mot Mopfu-heflia, Magv eçia ; mais Ptolomée & Pro- cope n’en font qu'un mot. Pline dit Mopjos, 6cil fait entendre que les Romains avoient laifé la li- berté à cette ville; l’empereur Adrien l’embellit de plufieurs édifices , aufhi prit-elle:le nom de ce prince ; fut une médaille d’Antonin le pieux on lit ces mots en grec, AAPIANON MOVEATON Hadria= norum Mopfeatarurm | car les habitans fe nommoient Mopféates. Les notices de Léon le fage, & d'Hiéro- clès donnent à Mopfuefte le fecond rang parmi les évêchés de la feconde Cilicie; maïs la notice du patriarchat d’Antioche, lui donne le rang de mésro- pole indépendante. (D. J.) MOQUA, f. f. (Hifi. mod.) cérémonie fanati- que en ufage parmi les Mahométans indiens. Lorf- qu'ils font revenus du pelerinage de la Meque , un d’entre eux fait une courfe fur ceux qui ne fuivent pas la loi de Mahomet ; il prend pour cela en main {on poignard, dont. la moitié de la lame eft empoi- fonnée, & courant dans les rues, ils tue tous ceux qu'il rencontre qui ne font pas Mahométans, jufqu’à ce que quelqu'un lui donne la mort à lui-même. Ces furieux croient plaire à Dieu &c à leur prophete en leur immolant de pareilles viétimes; la multitude après leur mortles révere comme faints, & leur fait de magnifiques funérailles. Tavernier, Voyage des Indes. MOQUE , ff, ( Marine, ) efpece de mouffle per. cé en rond par le milieu, 8 quin’a point de poulie. Moque de civadiere, c’eft le zzoque par laquelle pafle l'écoute de civadiere. | Moqes derrelingage, efpece de cap de mouton ; par lefquelles paffent les lignes de trelingage des étais. Voyez TRELINGAGE. Moques du grand étai, ce font deux gros caps de mouton, fort longs & prefque quarrés , dont l’un eft mis au banc de l’étai, & l’autre au banc de fon callier ; ils font joints enfemble par une ride, qui leur fert de liure, enforte qu'ils ne font qu'une même manœuvre. MOQUERIE, PLAISANTERIE,, ( Gram, franç.} la roquerie {e prend toujours en mauvaife part, & la plaifanterie n’eft pas toujours offenfante. La 770- querie eft une dérifion qui marque [e mépris qu’on & pour quelqu'un, & c’eft une des manieres dont 1f fe fait le mieux entendre, l’injure même eft plus pardonnable , car elle ne defigne ordinairement quede la colere, qui n’eft pas incompatible avec l’eftime. La plaifanterie bornée à un badinage fin ês délicat, peut s’employer avec fes amis, &les gens polis, autrement elle devient blamable & dange- reufe. Tout ce qui intérefle la réputarion ne doit point s’appeller plaifanterie, comme tout ce qui eft d’un ‘bädinage innocent, ne doit point pañler pour rmogierie (D. J.) | MOQUEUR, f. m.(Æff, nar. Ornitholog. ) avis polyglotra;oïfeau qui eft à-peu-près de la:groffeur du mauvis :illa environ huit pouces fix Lignes de longueur:depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la quene, & fix pouces neuf lignes jufqu’au bout des ongles. Le deflus de la tête, la partie fupé- tieuré du cou, le dos, le croupion & les plumes qui couvrent l’origine du deflus de la queue font d’ungris-brun. Il y a de chaque côté de la tête une bande longitudinale de la même couleur, une autre blanchâtre qui fe trouve au- deflous de l'œil. Les joues, la gorge, la partie inférieure du cou, la poi- trine, le venire, les côtés , les Jambes, les plumes du ‘deffous de la queue, & celles de la face infé- rieute des aîles font blanches, le bord de l'aile à l’endroit du pli eft dela même couleur. Les peti- tes plumes des aîles ont une couleur brune, mêlée de taches blanches longitudinales. Les plumes inté- rieures des aîles font d’un brun obfcur & terminées de blanc. Les extérieures ont la même couleur bru-. ne , mais le blanc s’étend plus bas, & l'extrémité de chacune de ces plumes eft marquée d’unetache noire. Les plumes du fecond & du troifieme rang.de l'aile font blanches & ont l'extrémité brune ; les autres au éonttäire font blanches à l'extrémité, & brunes fur tout le refte de leur étendue. La queue a trois pou- ces dix lignes de longueur, elle eft compofée de douze plumes, les huit du milieu font d’un brun obfcur, les autres ont les barbes extérieures de la même couleur, & les barbes intérieures blanches, la plume extérieure eft entierement blanche, Les deux plumes du milieu font les plus longues, les autres diminuent fucceffivement de longueur juf- qu'aux extérieures. Il y a au-deflus des coins de la bouche de longs poils roïdes dirigés en-avant. Le bec eft d’un brun noirâtre ; les piés & les ongles font noirs. Cet oifean chante très-bien & contre- «fait la voix des animaux : on le trouve à la Jamai- que, à la nouvelle Efpagne. Ornir, par M. Briflon, tom. IT. pag, 262. Voyez OISEAU. MOQUETTE, ff. (Comm. )étoffe de laine qui fe travaille comme les velours. Voyez Particle VELOURS. MOQUISIE , f. f, ( Æiff. de l’Idolérrie. ) les habi- tans de Lovango, & autres peuples fuperftitieux de la bafle Ethiopie, invoquent des démons domefti- ques & champêtres, auxquels ils attribuent tous les effets de la nature. Ils appellent moguife, tout être en qui réfide une vertu fecrette, pour faire du bien ou du mal, & pour découvrir les chofes paf- fées & les futures : leurs prêtres portent le nom de ganga moquifie, & on les diftingue par un furnom pris du lieu, de l’autel, du temple, & de l’idole qu'ils fervent, La soquifée de Thirico eft la plus vénérée ; celle de Kikokoo préfide à la mer, prévient les tempé- tes, & fait arriver les navires à bon port: c’eft une ftatue de bois repréfentant un homme aflis. La moquifie de Malemba eft la déeffe de la fanté : ce n'eft pourtant qu’une natte d’un pié & demi en quarré , au haut de laquelle on attache une corroye pour y pendre des bouteilles , des plumes , des écailles, de petites cloches, des crecsrelles, des os, le tout peint en rouge. La moquife Mymie ef une cabane de verdure, qui eft fur le chemin om- bragé d'arbres. La moquife Cofü eft un petit fac rempli de coquilles pour la divination. Pour la #10- quifie de Kimaye, ce font des pieces de pots cafés, des formes de chapeaux & de vieux bonnets, La moquifee Injami, qui eft à fix lieues de Lovango, eft une grandeimase dreflée fur un pavillon, La #10- quife de Moanzi, eft un pot mis en terre dans un creux entre des arbres facrés : fes miniftres portent des bracelets de cuivre ronge , voilà les idoles de tout le pays de Lovango, & c’en eft aflez pour jufti- fier que c’eft le peuple le plus flupide de l'univers. MORA, 1%. (ff. anc.) troupe de Spartiates, compofée ou de 500, ou de 700, ou de 900 hom- mes. Les fentimens font variés fur cette apprécia- tion. Il y avoit fix #0ra, chacune étoit commandée par un polémarque, quatre officiers fous le polémar- que, huit fous ces premiers, & feize fous ceux-là. Donc fi ces derniers avoient à leurs ordres so hom- mes, la 7074 étoit de 400, ce qui réduit toute la milice de Lacédémone à 2400: c’eft peu de chofe mais 1l s’agit des tems de Lycurgue. On ne recevoit dans cette milice que des hommes Hbres, entre 30 8 60 ans, MoRA la, ou za MoHr, (Géog. ) riviere du royaume de Bohème, en Moravie, Elle a fa fource dans les montagnes, auprès de Morawitz; entre au duché de Siléfie, pañle à Morawitz, & va porter fes eaux dans l’Oder. MORABA, (Géog.) fleuve d'Afrique dans VAbyffnie, felon M. de Lifle. M.Ludolf appelle ce fleuve Mareb. (D. I.) MORABITES , f. £. (Hiff. mod. ) nom:que don- nent les Mahométans à ceux d’entre eux qui fuivent Tome X, MOR 699 la fete de Mohaidin, petit-fils d’Aly, gendre de Mahomet, Les plus zéiés de cette feéte embraffent la vie folitaite, & s’adonnent dans les deferts à l'étude de la philofophie morale. Ils font oppoiés en plufieurs points aux feétateurs d'Omar, & menent une vie d’ailleurs affez licencienfe, perfuadés que les jeûnes & les autres épreuves qu'ils ont prati- quées leur en donnent le droit, Ils {e trouvent aux fêtes & aux nôces des grands, où ils entrent en chantant des vers en l’honneur d’Aly & de fes fils ; ils y prennent part aux feftins & aux danfes jufqu’à tomber dans des excès , que leurs difciples ne man quent pas de faire pafler pour des extafes: leur re- gle n’eft fondée que fur des traditions. On donne auf en Afrique le nom de Morabires aux mahométans qui font profeffion de fcience & de fainteté. Ils vivent à-peu-près comme les philo. fophes payens où comme nos hermites : le peuple les révere extrèmement , & en a quelquefois tiré de leur folitude pour les mettre {ur le trône. Marmol : de l'Afrique. MORAILLE, {. f. (Maréchal. ) inftrument que les Maréchaux mettent au nez des chevaux pour les faire tenir tranquilles pendant qu’on les ferre ou qu'on les faigne, Etc, Voyez nos PL, de Maréc. MORAILLE , ({. f. ( Verrerie. )efpece de tenailles de fer à Pufage des Verriers, qui l’emploient à tirer & alonger le cylindre de verre avant que de l’ou- vrir. MORAÏLLER /e verre, c’eft lalonger avec la motaille. Voyez VERRERIE, MORAILLON, f. m.(Serrurerie.) morceau de fer plat, dont la longueur, la largeur, & l’épaifleur varient, felon les places auxquelles on le deftines il fert à fermer les cofres forts, les portes, &c. avec les cadenats. À une des extrémités eft un œil dans lequel pafle un lafferet pour l’attacher; à l’autre bout il y a un trou oblong pour recevoir la tête du crampon dans laquelle on place l’anfe du cadenat. MORAINE , 1.f, (Mégifferie. ) c’eft la laine que les Mépifliers & les Chamoifeurs ont fait tomber avec la chaux de deflus les peaux de moutons & de brebis mortes de maladie : on appelle auf cette lâine mauris, morif, mortin , mortain, & plures. Les laines moraires font du nombre de celles que Particle 11. du reglement du 30 Mars 1700, défend aux Ouvriers en bas au métier, de fe fervir dans les ouvrages de leur profeflion. Voyez LAINE. MORALE , f. £, (Science des mœurs) c’eft la fcien- ce quinous prefcritune fage conduite, & les moyens d’y conformer nos aftions. S'il fied bien à des créatures raifonnables d’appli- quer leurs facultés aux chofes auxquelles elles font deflinées , la Morale eft la propre fcience des hom- mes ; parce que c’eft une connoïffance générale ment proportionnée à leur capacité naturelle, & d’où dépend leur plus grand intérêt. Elle porte donc avec elle les preuves de fon prix ; & fi quelqu’un a befoin qu'onraifonne beaucoup pour l’en convain- cre, c’eft un efprit trop gâté pour être ramené par le raïfonnement. J'avoue qu’on ne peut pas traiter la Morale par des argumens. démonftratifs, & j'en fais deux ou trois ra{ons principales. 1°. le défant de fignes.Nous n’a- vons pas de marques fenfbles, qui repréfentent aux yeux les idées morales ; nous n’avons que des mots pour Les exprimer : or quoique ces mots reftent les mêmes quand ils font écrits, cependant les idées qu'ils fignifient , peuvent varier dans le même hom- me; & 1l eft fort rare qu’elles ne foient pas diffé rentes , en différentes perfonnes. 2°, les idées m0. rales font communément plus compofées que celles des figures employées dans les mathématiques. J} arrive de-là que les noms des idées morales, ontune TTiti 700 MOR fignification plus incertaine "& de plus, que Pef- prit ne peut retenir aifément des combinaifons pré- cifes, pour examiner les rapports (o4 les difconve- nances dés chofes, 3°, l’intérêt humain, cette paf- fion fi trompeufe, s’oppole à la démonfration des vérités morales; car 1l eft vraiflemblable que files hommes vouloient s'appliquer à la recherche de ces vérités, felon la même méthode & avec la mê- me indifférence qu'ils cherchent les vérités mathé- matiques, ils les trouveroient avec la même facilité. La fcience des mœurs peut être acquife jufqu’à un certain degré d’évidence, par tous ceux qui veu- lent faire ufage de leur ‘raïfon, dans quelque état qu'ils fe trouvent. L'expérience la plus commu- ne de la vie, & un peu de réflexion fur foi-mé- me & fur les objets qui nous environnent de tou- tes parts, fuffifent pour fournir aux perfonnes les plus fimples,, les idées générales de certains devoirs, fans lefquels la fociété ne fauroit fe maintenir. En effet, les gens les moinséclairés, montrent par leurs difcours & par leur conduite, qu'ils ont des idées aflez droites en matiere de morale, quoiqu’ils ne puuf- fent pas toûjours les bien développer , n1 exprimer nettement tout ce qu'ils fentent ; maïs ceux qui ont plus de pénétration, doivent être capables d’acqué- rir d’une maniere difüinéte , toutes les lumieres dont ils ont befoin pour fe conduire, Il n’eft pas queftion dans la Morale de connoïître l’effence réeile des fubftances , 1lne faut que compa- rer avec foin certaines relations que l’on conçoit en- tre les a@ions humaines & une certaine regle. La vérité & la certitude des difcours de orale, eftcon- fiderée indépendamment de la vie des hommes, &e de l’exiftence que les vertus dont ils traitent, ont aQuellement dansle monde. Les Ofiices de Cicéron ne font pas moins conformes à la vérité, quoiqu'il n’y ait prefque perfonne qui en pratique exaétement les maximes, & quiregle la vie fur le modele d’un homme de bien, tel que Cicéron nous Pa dépeint dans cet ouvrage. S'il eft vrai dans la fpéculation , que le meurtre mérite la mort, il le fera pareille- ment à l'égard de toute aétion réelle, conforme à cette idée de meurtre. Les difficultés quiembarraffent quelquefois en ma- tiere de morale ,ne viennent pas tant de l’obfcurité qu’on trouve dans les préceptes; que dans certaines circonftances particulieres, qui en rendent l’appli- cation difficiles mais ces circonftances particulieres ne prouvent pas plus l'incertitude du precepte, que la peine qu’on a d'appliquer une démonftrarion de mathématique , n’en diminue linfailhbilité. D’ail- leurs, ces difficultés ne regardent pas les principes généraux, niles maximes qui en découlent immé- diatement oumédiatement , mais feulement quel- ques conféquences éloignées. Pour peu qu’on fafle ufage de fon bon fens, on ne doutera pas le moins du monde de la certitude des regles fuivantes : qu'il faut obéir aux lois de la Divinité, autant qu’elles nous font connues : qu'ilin’eft pas permis de faire du mal à autrui : que filon acaufé du dommage , on doit le réparer : qu'il eft jufte d’obéir aux lois d’un fouverain. légitime!, tant qu'il ne prefcrit rien de contraire aux maximes invariables du Droit natu- rel, ou à quelque loi divine clairement révelée, &c. Ces vérités , &:plufñeurs autres femblables, font d’une telle évidence:, qu'on ne fauroit y rien oppo fer de plaufble. Sila fcience des mœurss’eft trouvée de tout tems extrèmement néghgée; al n’eft pas difficile d’en dé- couvrir les caufes. Il efticertain que les divers be- foins de lawie, vrais ouumaginaires , les faux inté- rêts, lesimpreflions del’exemple & des coutumes, le torrent de la mode &:des opinions: reçues, les préjugés de l'enfance, les pafions furtout , dérour- l és À À nent ordinairement les efprits d’une étude férienfe de la Morale. La Philofophie, dit agréablement lan- teur moderne des Dialogues des morts, ne regarde que les hommes, &c nullement le refte de Punivers. L’aflronome penfe aux aftres, le phyficien à la nas ture, & les Philofophes à eux; mais parce que cet te philofophie les incommoderoit, fi elle fe méloit de leurs affaires , & fi elle prétendoit regler leurs pafñons, ils Penvoient danse ciel arranger les pla- netes, &z en mefurer les mouvemens ; où bien ils la promenent fur la terre, pour lui faire examiner tout ce qu'ils y voient : enfin ils l’occupent toûjours le plus loin d'eux qu’il leur eft poffble. Il eft pourtant certain, malgré cette plaifanterie de M. de Fontenelle, que dans tous les tems, ce font les laiques philofophes qui ont fait Le meilleur accueil à la Morale ; & c’eft une vérité qu'on peut étabhr par tous les écrits des Sages de la Grece êz de Rome. Socrate, le plus honnête homme de l’an- tiquité, fit une étude particuhere de la Morale, & la traita avec autant de grandeur ,que d’éxaétitude ; tout ce qu’il dit de la Providence en particulier , eft dignedes lumieres de l’Evangile, La Morale eft auffi partout répandue dans les ouvrages de Platon. Arif tote.en fit un fyftème méthodique , d’après les mê- mes principes &c la même économie de fon maitre. La morale d'Epicure n’eft pas moins belle , que droi- te dans fes fondemens. Je conviens que fa doftrine fur le bonheur , pouvoit être mal interpretée, & qu’il en réfulta de fâcheux effets, qui décrierent fa feéte : mais au fond cette doûrine étoit aflez raifon- nable ; &c l’on ne fauroit nier , qu’en prenant le mot de bonheur, dans le fens que lui donnoit Epicure, la félicité de l’homme ne confifte dans le fentiment du plaïfir , ou en général dans le contentement de Pefprir, Cependant Zénon contemporain d'Epicure , fe frayoit une route encore ‘plus glorieufe, en fon- dant la feéte des Stoiciens. En effet il n’y a point eu de Philofophes qui aient parlé plus fortement de la fatale néceflité des chofes, ni plus magnifiquement de la hberté de l’homme, que Pont fait les Stoi- ciens. Rien n'eft plus beau que leur orale , confiderée en elle-même; & à quelques-unes de leurs maximes près, rien n’eft plus conforme aux lumieres de la droite raifon. Leur grand principe, c'eft qu'il faut vivre conformément à la conftitu- tion de la nature humaine, & que le fouverain bren de l’homme confifte dans la vertu ; c’eft-à-dire dans les lumieres de la droite raifon , qui nous font confi- dérer ce qui convient. véritablement à notre état. Ils regardorient le monde comme un royaume dont Dieu ef le prince, & comme un touté à lunihitédu- quel chaque perfonne qui en fait partie, doit con courir & rapporter toutes fesa@ions, fans préférer jamais fon avantage particulier à l’intérèt commun. Ils croyotent qu'ils étoient nés, non chacun pout foi , mais pour la fociété humaine ; c’étoitlà le ca- ractere diftinétif de leur feête,, & l’idée qu'ils don- noient de la nature du juifte & de l’honnète. Il n’y a point de Philofophes qui aient fi bien reconnu, & fi fort recommandé les devoirs indifpenfables où. font tous les hommes les uns envers les autres, pre cifément en-tant qu'hommes. Selon eux , ônteftiné pour procurer du bien à tous les humains; exercer l& bénéficence envers tous ; fe contenter d’avoir fait une bonne ation, & l'oublier même-en quel- que maniere, au-lieu de s’en propofer quelque ré-. compenfe; pafler d’une bonne aétion à une bonne ation; fe croire fufifamment payé, en/ce que l’on a eu occafion de rendre fervice aux autres, & ne. chercher par conféquent hors de foi, nile profitni la louange: "A l'égard de nous-mêmes, il faut, di- fent les Stoïciens, n'avoir rien tant à cœur que la MO R: * vertu; nefe laïfler jamais détourner de fondevair, | mi par le defr de la vie, ni par la crainte des tour- mens, m1 par celle de la mort; moins encore de quel- que dommage , ou de quelque perte que ce foit. Je ne dois pas entrer ici dans de plus grands détails ; mais un favant anglois, Thomas Gataker, dans la préface de fon vafte & inftru@if Commentaire fur Marc Antonin, nous a donné un abrégé des plus béau preceptes de la morale des Stoïciens , tiré du livre même.de cet empereuf, & de ceux d’'Epidtete 8 de Séneque , trois philofophes de cette fete efti- mable , & qui font les feuls avec Plutarque, dont il nous refte quelques écrits. Depuis Epicure & Zénon, on ne vit plus de beaux vénies tenter de nouvelles routes dans la fcience de la Morale : chacun fuivit la fee qu'il trouva la plus à fon goût. Les Romains , qui reçu- rent des Grecs les arts & les fciences, s’en tinrent aux fyflèmes de leurs maîtres. Du tems d’Augulte, un philofophe d'Alexandrie nommé Potamon, in- troduifit une maniere de philofopher que l’on ap: pella écldique, parce qu’elle confiftoit À choïfir de tous les dogmes des Philofophes, ceux qui paroi foient les plus raifonnables. Cicéron fuit à-peu-près _cétte méthode dans fon livre des Offices, où il eft tantôt floïcien , tantôt péripatéticien, Cet excel- lent livre que tout le monde connoït, eft fans con- tredit le meilleur traité de Morale, le plus régulier, le plus méthodique & le plus exa& que nous ayons. Il n’y a guere de moins bonnes chofes dans celui des Lois, tout imparfait qu'il eft ; mais c’eft grand dom- mage qu'on ait perdu fon Traué de la république, dont le peu de fragmens qui nous reftent donnent la plus haure idée. | Pour ce qui regarde la Morale de Séneque & de Plutarque, je fercis affez du fentiment de Monta- gne ; dans le jugement qu'il én porte, Ces deux au- teurs, dit:1l, {e rencontrent dans la plûüpart des opi- nions utiles & vraies ; comme auf leur fortune les ft naître à-peu près dans le même fiecle ; tous deux venus de pays étranger; tous deux riches & puif- fans. Leur inftruétion eft de la créme philofophique : Plutarque eft plus uniforme & conflant : Séneque plus ondoyant & divers :'celui-ci fe roïdit &r fe tend pour armer la vertu contre la foibleffe , Ia crainte ët les vicieux appéuits : l’autre femble n’eftimer pas tant leur effort, & dédaigner d’en hâter fon pas, êt de fe mettre fur fa garde : il paroît dans Séneque qu'il prête un peu à la tyranniedes “ de {on tems: Plutarque eft libre par-tout Séneque eft plein de pointes &c de faillies: Plutarque de chofes : celui-là vous échauffe plus 87 vous émeut: celui-ci vous contente davantage &vous paye mieux, il nous guide; l’autre nous poufle : tantôt dans Plu- tarque, des difconrs fontétendus ; éctantôtilne les touche que fimplement | montrant {eulement du doigt par où nous irons s'il mous plaît, & fe con- tentant de ne donner qu'une atteinte dans le plus vif d’un repos. Il les faut arracher de-là, & les met- tre entplace marchande. FE à - J'ajoute que les fujets des morales de Plutarque, font en général traités fuperficiellement;&c que les ouvra- ges de Séneque, le meilleur même;celui des Bienfaits, n'a point d'ordre. Epiteté eft plus fimple & plus pur ; mais 1] manque de vûes & d’élévation. Marc Antonin montre un efpritplus vafle & plus grand que fon empire. Il ne s’eft pas contenté d'expliquer foldement les preceptes de fes maîtres, il les à fou- Ventcorrigés , & leur a donné une nouvelle force, par là maniere ingénieufe & naturelle dont il les a piopofés ; ou par lesnouvelles découvertes qu'il ya jointes: in , Les Platoniciens quiferendirent célebres dans le Dh-Scav, fécle un Plotin 2 un Amélhus;-unPorphy= MOR is re, un Jamblique, un Proclus, &e. s’attacherent beaucoup plus à expliquer les fpéculations, où pli tôt les réveries du fondateur de leur feéte, qu'à cul: tiver {a morale, Un très petit nombre de dodeurs de l'Eglife chrétienne ne furent guere plus heureux, en s'entêtant d'idées chimériques , d’allégoriés, de dif= putes frivoles, & en s’abandonnant aux fougues de leurimagination échauffée. Ilferoit fuperflu de pats courir les fiecles fuivans, où l'ignorance & la cor ruption ne laïfferent prefque plus qu'une étincelle de bon fens & de morale, Cependant Ariltote abandonné , reparut dans le v]. fiecle. Boëce en traduifant quelques ouvrages du philofophede Sragvre, jetta les fondemens de cette autorité defpotique, que la philofophie péripatétis cienne Vint à acquérir dans la finite des tems. Les Arabes s’en entèterent dans le xj. fiecle , & l’intro- duifirent én Efpagne , où elle fubfifte toûjours : de. là naquit la philofophié fcholaftique , qui fe répan- dit dans toute l'Europe ; & dont la barbarie porta encore plus de préjudice à la religion &c à la Morate, qu'aux fciences {péculatives. | La morale des fcholaftiques eft un ouvragé de pie: ces rapportées , un corps confus , fans regle & {ans principe ; un mélange des penfées d’Aritote, du droit civil, du droit canon, des maximes de l’'Ecri- ture-fainte èt des Peres, Le bon &le mauvais fe trot vent mêlés enfemble ; mais de maniere qu'ily a beau coup plus de mauvais que de bon. Les cafniftés des dermiers fiecles n’ont fait qu’enchérir en vaines fuba ülités , & qui pis eft en erreurs monftrüenfes. Pal {ons tous ces malheureux tems, &c venons enfin à celui oùla fcience des mœurs eft , pour ainfi dire, reffufcitée, | Le fameux chancelier Bacon, qui finit fa carriere au commencement du xvi. fiecie, eft'un de ces grands gémes à qui la poftérité fera éternellement redevable des belles vues qu'il a fournies pour le ré- tabliflement des fciences. Ce fut la leétüre des ous vrages de ce grand hommes, qui inffira: à Huoues Grotius la penfée d’ofer le premier former un fyftè- me de morale, 8 de droit naturel. Perfonne n’éroit plus propre que Grotins à tenter cette entreprife. Un amour fincere de la vérité, une netteté d’efprit admirable , un difcernement exquis , une profonde méditation, uñe érudition univerfelle une ledure prodigieufe, une! application continuelle. à l'étude ; au milieu d'un grand nombre de traverfes , & des fonétions pénibies de plufieursemploisconfidérables; font les qualités qu’on ne fauroit fans ignorance & fans inyuftice refufer à ce grand homme: Si la philo: fophie dé fon fiecle étoit encore pleine de ténebres, il a prefque fuppléé à ce défaut par la force de fon bon fens &z de fon jugement. Son ouvrage, aujour: d’hui fi connu, parut à Paris pour la premiere fois eri 1625. | Quoique Selden ait prodigué la plus vafte érudis tion dans fon fyftème des lois des Hébreux fur la morale &t le droit naturel ; 1l$’en faut bienqu'l ait éffacé , m1 mème épalé Grotius. Outre le défordre & l’obfcurité qui regnent dans la maniere d’éctire de ce favant anglois , fes principes ne fontpoint tirés des launneres de la raifon , mais des fept préceptes donnés à Noë, quine font fondés que fur une tradi- tion douteufe , où fur les décifions des rabbins. Peu de tems avant la mort de Grotius ;parutfur la fcène le fameux Thomas Hobbes. Si ce beau génie eût philofophé fans prévention, il auroit rendu des fervices confidérables à la récherche de la vérité 3 mais il pofe pour principe des fociétés , la confervas tion de fo1-même & l'utilité particulière : maisil éta- blit fur cette fuppoñition, que l’état de nature eft uni état de guerre de chacun contre tous ; maïsil donne aux roislune autorité fans bornes, préténdant que la 702 M OR volonté des fouverains fait 6e la religion, & tout ce qui eft jufte ou injufte, Il étoit refervé À Samuel Puffendorf de profiter | heureufement des lumieres de tous ceux qui Pavotïent précédé, & d’y joindre fes propres découvertes, I dévéloppe diftiné@tement les maximes fondamentales ‘de la Morale, que Grotius n’avoit fait qu'indiquet , & il en déduit par des conféquences fuivies , les prin- #1 cipaux devoirs de l’homme & du citoyen en quelque état qu'il fe trouve, Il n’emprunte guere les pentées des auteurs, fans les dévélopper, fans les étendre, & fans en tirer un plus grand parti. Mais c’eft à M. Barbeyrac que le leéteur doit ies principaux avanta- ges qu'il peut aujourd’hui tirer de la leéture du droit de la guerre & de la paix, &t du droit de la nature & des gens. Il leur faut joindre l'étude de Shaïtbu. ry, dé Hutchefon, de Cumberland, de Wolafton, de la Placette & de l’Efprit des lois , qui refpire la pure orale de l’homme dans quelque érat qu'il fe trouve. Il nous manque peut-être un ouvrage philofophi- que fur la conformité de la moralede l'Evangileavec les lumieres de la droite raifon ; car l’une & l’autre marchent d’un pas égal, & ne peuvent être féparées, La révélation fuppofe dans les hommes des connoif- fances qu'ils ont déja, ou qu'ils peuvent acquérir en faifant ufage de leurs lumieres naturelles. L'exiftence d’une divinité infinie en puiflance , en fagefle & en bonté, étant un principe évident par lui-même, les écrivains facrés ne s’attachent point à l’établir : c’eft par lamême raifon qu'ils n’ont point fait un fyftème methodique de la morale, & qu'ils fe font contentés de vréceptes généraux, dont ils nous laïflent urer les conféquences pour les appliquer à l'état de cha- cun , & aux divers cas particuliers. Enfin ce feroit mal connoître la religion, que de relever le mérite de la foi aux dépens de la Morale; car quoique la foi foit néceflaite à tous les Chré- tiens , on peut avancer avec vérité, que la Morale l'emporte fur la foi à diyers égards. 19. Parce qu’on peut être en état de faire du bien, & de fe rendre plus utile au monde par la Morale fans la foi, que par la foi fans la Morale. 2°, Parce que la Morale don- ne une plus grande perfeétion à la nature humaine, en ce qu'elle tranquillife Pefprit , qu’elle calme les pañions , & qu’elle avance le bonheur de chacun en particulier. 3°. Parce que la regle pour la Morale eft encore plus certaine que celle de la foi, puifque les nations civilifées du monde s’accordent fur les points effentiels de la Morale , autant qu’elles different fur ceux de la foi, 4°. Parce que l’incrédulité n’eft pas d’une nature fi maligne que le vice ; ou , pour en- vifager la même chofe fous une autre vue, parce qu'on convient en général qu’un incrédule vertueux peut être fauvé, fur-tout dans le cas d’une ignorance invincible, & qu'il n'y a point de falut pour un croyant vicieux. 5°. Parce que la foi femble tirer fa principale, fi ce n’eft pas mème toute fa vertu, de l'influence qu'elle a fur la morale, ( D. J.) MORALISTE , f. m.( Science des mœurs.) auteur fur la morale, voyez MORALE. Nous n’avons guere parmi les modernes que Grotius, Puffendorf, Bar: beyrac, Tillolton, Wolafton , Cumberland, Nicole & la Placette, qui arent traité cette fciençe d’après des principes lumineux. La plüpart.-des antresrora- difles reflemblent à un maître d'écriture, qui donne- xoir de beaux modeles, fans enfeigner à tenir & à conduire la plume pour tracer des lettres, D’autres gnoralifles. ont puilé leurs idées de morale , tantôt dans le délire de l'imagination, tantôt dans des maximes contraires à l’état de la nature humaine, Plufeursenfin ne fe font attachés qu'à faire despor- traits finement touchés, laiffant à l'écart la méthode & des principes qui conftuent la partie capitale de Vs. MOR la morale, C’eft que les écrivains de ce caraéterë veulent être gens d’efprit, & fongent moins à éclai- rer qu'à éblouir. Vain amour d’une futile gloire ! qui fait perdre à un auteur l'unique but qu'il devroit {e propofer , celui d’être utile, Maïs 1l vaut mieux bien exercer le métier de manœuvre , que de mal jouer le rôle d’architeéte. (D. J.) MORALITÉ , {£, ( Droit naturel, ) on nomme moralité, le rapport des a&tions humaines avec la loi qui en eft la regle. En êfet, la loi étant la regle des attions humaines, fi lonfcompare ces attions avec la loi , on y remarque ou de la conformité , ou de l’oppofñition ; & cette forte de qualification de nos ac- tions par rapport à la loi, s'appelle moralité. Ce ter- me vient de celui de mœurs, qui font des aétions li- bres des hommes fufceptibles de regle. On peut confidérer la moralité des aëtions fous deux vues différentes : 1°, par rapport à la maniere dont la loi en difpofe , & 2°. par rapport à la con- formité ou à l’oppoñtion de ces mêmes aétionsaveec : la loi. | Au premier égard, les a%ions humaines font ou commandées, ou défendues, ou permifes. Les ac- tions commandées ou défendues , font celles que dé- fend ou preferit la loi ; les a@ions permifes font cel- les que la loi nous laiffe la liberté de faire. L'autre maniere dont on peut envifager la mora- lisé des aftions humaines , c’eft par rapport à leur conformité ou à leur oppoñtion avec la loi: à cet égard , on dittingue les attions en bonnes ou juftes, mauvaites où injuftes, & en aétionsindifiérentes. Une aftion moralement bonne ou juite,- eft celle qui eft en elle-même exaftement conforme à la dif- pofiion de quelque loi obligatoire, & qui d’ailleurs eft faite dans les difpoñitions , & accompagnée des circonftances conformes à l’intention du légiflateur. Les ations mauvaifes ou injuftes font celles qui, ou par eles-mêmes , ou par les circonftances qui les ac- compagnent, font contraires à la difpoñtion d’une loi obligatoiwe , ou à l’intention du Iégiflateur. Les actions indiférentes tiennent, pour ainfi dire, le milieu entre les aétions juftes & injuftes; ce font cel- les qui ne font ni ordonnées n1 défendues , mais que la loi nouslaïffe en liberté de faire ou de ne pas faire, felon qu’on le trouve à propos ; c’efl-à-dire que ces aétions fe rapportent à une loi de fimple permiffon, & non à une loi obligatoire. Outre ce qu’on peut nommer la gualité des aétions morales , y confidere encore une forte de quan: tité, qui fait qu’en comparant les bonnes aétionsen- tr'elles , & les mauvaifes aufli entr’elles, on en fait une eflimation relative, pour marquer le plus ou le moins de bien ou de malquifetrouvedans chacune ; car une bonne ation peut être plus où moins ex- cellente , & une mauvaife aétion plus ou moins con- damnable , felon fon objet ; la qualité & l'état de l'agent ; la nature même de l’aétion ; fon effet &c fes fuites ; les circonflances du tems, du lieu, &c. qui peuvent encore rendre les bonnes ou les mauvaïtes actions plus louables ou plus blämables les unes que les autres. | Remarquons enfin qu’on attribue la moraliré aux perfonnes aufi-bien qu'aux aétions ; & comme les aétions font bonnes où mauvaifes, juftes ou injuf- tes, l’on dit aufli des hommes qu'ils font vertueux ou vicieux , bons ou méchans. Un homme vertueux et celui qui a l'habitude d’agir conformément à fes devoirs. Unhomme vicieux eft celui qui a l’habitude oppofée. Voyez VERTU @-Vice. ( D. J.) MORALITÉ, (Apologue. ) la vérité qui réfulte du récit allégorique de l’apologue , fe nomme moralité. Elle doit être claire, courte & intéreflante ;1l ny faut point de métaphyfique , point de périodes , point de vérités trop triviales, comme feroit celle. Ci, qu'il faut ménager [a fante. Phedre & la Fontaine placent indifféremment la moralité , tantôt avant , tantôt après le récit, felon que le goût l'exige ou le permet. L'avantage eft à- peu-près égal pour l’efprit du leteur , qui n’eft pas moins exercé, {oit qu'on la place auparavant ou après. Dans le premier cas, on a le plaifir de com- biner chaque trait du récit avec la vérité ; dans le fecond cas, on a le plaifir de la fufpenfon : on de- vine ce qu'on veut nous apprendre, & on a la fatif faction de fe rencontrer avec l’auteur, ou le mérite de lui ceder , fi on n’a point réuffi. MORALITÉS, ( Thédire françois. )c’eft ainfiqu’on appella d’abord les premieres comédies faintes qui furent jouées en France dans le xv. & xvj. fiecles. Poyez COMÉDIES SAINTES. Au nom demoralités | fuccéda celui de #yfferes de la Paffion. Voyez MYSTERES DE LA PASSION. Ces pieufes farces étoient un mélange monftrueux d'impiétés & de fimplicités , maisque ni les auteurs, ni (es fpeétatenrs n’avoient l’elprit d’appercevoir. La Conception à perfonnages, ( c’eft le titre d’une des premieresmoralités, jouée fur le théâtre françois, & imprimée 27-4°. gothique , à Paris chez Alain Lo- trian , ) fait ainf parler Jofeph : Mon foulcy ne fe peut deffaire De Marie mor époufe fatnéte Que j'ai ainfi trouvée ençainte ; Ne jçay s'il y a faute ou non, De moi n'ef? la chofe venue ; Sa promeffe n’a pas tenue. Elle a rompu [on mariage , Je Juis bien infeible , incrédule , Quand je regarde bien fon faire , De croire qu'il ny ait méffaire. Elle eft ençainte, 6 d’où viendroit : Le fruit ? Il faut dire par droit, Qu'il y ait vice d’adultere , Puifque je n'en [uis pas le pere. Elle a été troys moys entiers Hors d'icy , & au bout du tiers Je Pay toute groffe receuë : L'auroit quelque paillard déceuë , | Ou de fait voulu efforçer ? Ha ! brief, je ne çay que penfer ! Voilà de vrais blaïfphêmes en bon françois ! Et Jo- feph alloit quitter fon époufe , fi l'ange Gabriël ne l'eûüt averti de n’en rien faire. e Mais qui croiroit qu’un jéfuite efpagnol, du xvij. fiecle, Jean Carthagena, mort à Naples en 1617, ait débité dans un livre, intitulé Joféphi myfleria , que S, Jofeph peut tenir rang parmi les martyrs, à caufe de la jaloufie qui lui déchiroit le cœur, quand il s’apperçut de jour en jour de la grofleffe de fon époufe. Quelle porte n’ouvre-t-on point aux rail- leries des profanes , lorfqu’on ofe faire des martyrs de cette nature , &ciqu’on expofe nos myfteres à des idées d'imagination fi dépravée ! (D. J.) MORAT ,( Géogr. ) perite ville de la Suiffe , {ur la route d’Avenche à Berne, capitale du bailliage du même nom, appartenant aux cantons de Berne & de Fribourg. Morar eftilluftré partroisfieges mémorables, qu’il a foutenus glorieufement ; le premier en1032, con- tre l’empereur Conrard le Salique:le feconden: 202, contre l’empereur Rodolphe de Habsbourg ; & le troifième en 1476 contre Charles le Hardi der- mer duc de Bourgogne, Ce dernier ficge fur fuivi de MOR 703 cètte fameufe bataille, obles Suifles triompherent, & mirent l’armée du duc dans la déroute la plus complette. Les habitans de Morar célebrent encore de tems à autre ce grand événement par des fêtes & dés réjouiflances publiques. Ce fut-là l’aurote de leur liberté, que M. de Voltaire à peinte d’un fi beau coloris dans les vers fuivans : Je vois la liberté répandant tous les biens , Défcendre de Morat ez habir de guerriere, Les mains teintes du [ang des fiers Autrichiens , Et de Charles le rémérare, Devant elle on portoit ces piques & ces dards , On traënoit ces canons , ces échelles farales Qu'elle-même brifa , quand fes mains triomphales DeMorat en danger , défendoit Les remparts ; Tout un peuple la fuir, [a naive allegreffe Fc a tout ’Appennin répéter [es clareurs ; Leurs fronts font couronnés de ces fleurs que la Grece Aux champs de Marathon , prodiguoit aux vair queurs, À un quart delieue de Moraz, on voit fur le grand chemin d’Avence, une chapelle autrefois remplie d’oflemens des bourgignons qui périrent au fiege 8 à la bataille de 1476. Au-deflous de la porte de la chapelle dont je parle, on lit cette infcription fin guliere , que les Suifles y ont fait graver: Dio, Opr. Max, Caroli inclyti , 6 fortiffimi Burgundie ducis , exercitus Muratum obfidens , ab Helvesirs cœfus , hoc Jut monumentum reliquit, anno 1476, Le territoire de Morar eit un pays de vignes, de champs, de prés, de bois &z de marais. Son lac joint à un canal qui fe rend au lac d'Yverdun & de Neu- chatel, y répand du commerce, Le Jac de Morar peut avoir 25 brafles de profondeur, & nourrit du poiflon délicat. Le bailliage de Morar appartient en commun aux cantons de Berne & de Fribourg , & l’on y parle, comme dans la ville , les deux langues, l’allemand & le françois, ou romand ; mais toutle bailliage eft de la religion proteltante. Elle fut établie dans Mo raten 1530, à la pluralité des voix , en préfence des députés de Berne &t de Fribourg. Le refte du bail- liage imita bientôt l’exemple des habitans de la , ville. Elle eft en partie fituée fur une hauteur qui a une belle efplanade, en partie au bord du lac de fon nom, à 4 lieues O, de Berne , & pareille diftance N: E. de Fribourg. Long. 24. 56, lat. 47. ( D.J.) MORANKGAST , (€ Hift. nas. Botan. ) stand ar- bre des Indes orientales. Ses feuilles font petites & rondes ; fes rameaux ont beaucoup d’érendue : il produit des filiques remplies d’une efpece de feves que les habitans des Maldives mangent très:commuz nément. MORATOIRES LETTRES, Zreræ morarori& (Jurifp. ) C'eft ainfi qu'on nomme en Allemagne , des lettres que l’on obtient de l’empereur & des états de l’Empire, en vertu defquelles les créan- ciers doivent accorder à Leurs débiteurs un certain tems marqué par ces lettres , pendant lequel ils ne peuvent point les inquiéter. Suivant les lois de l'Empire, les lestres moratoires ne doivent s’accor- der que fur des raifons légitimes & valables ; & ce: lui qui les obtient, doit donner caution qu'il payera ce qu'il doit, lorfque le délai qu’il a demandé fera expiré. Les etrres moratoires font la même chofe que ce qu'on appelle Zerrres débat en France.(—) MORAVA LA, (Géog. ) riviere de Moravie, de Hongrie & d'Autriche ; elle a fa fource aux confins de la Bohème, & court entre l'Autriche & la Hon- grie, jufqu'au Danube. Morava LA, ( Géog.) le Margus des Latins ; les Allemands l’appellent der Maher, & les Bohémiens, 704 MOR Mora’wska-zgemir, riviere de la Turquie européen- ne, qui prend fa fource aux confins de la Bohème, pañle dans la Moravie, & fe jette dans le Danube, (2. 7.) MORAVES ou FRERES UNIS, Moraves , Mora- yires ou Freres unis, {eête particuliere & refte de Huf- fites, répandus en bon nombre fur les frontieres.de Pologne, de Bohème &t de Moravie; d'où, felon toute apparence, ils ont pris Le nom de Moraves : on les appelle encore Hernheutes, du nom de leur prin- cipale réfidence en Luface , contrée d'Allemagne. Ils fubfftent de nos jours en plufieurs maifons ou communautés, quin’ont d'autre liaifon entr’elles, que la conformité de vie & d'infüitut. Ces maïfons font proprement des agrégations de féculiers, gens mariés &c autres , mais qui tous ne font retenus que par le lien d’une fociéré douce & toujours libre ; agrégation où tous les fnjets en fociété de biens &c de talens , exercent différens arts &r profeffions au profit général de la communauté ; de façon néan- moins que chacun y trouve aufñ quelque intérêt qui lui eft propre. Leurs enfans font élevés en com- mun aux dépens de la maïfon, & on les y occupe de bonne heure, d’une maniere édifiante & fruc- tueufe ; enfoite que les parens n’en font point em- barrañlés. Les Moraves font profeffion du chriftianifme, ils ont même beaucoup de conformité avec les pre- miers chrétiens, dont ils nous retracent le définté- reflement & les mœurs. Cependant ils n’admettent guere que Îles principes de la théologie naturelle , un grand refpeét pour la Divinité , une exaéte juf- tice jointe à beaucoup d'humanité pour tous les hommes ; & plus outrés à quelques égards que les proteftans mêmes , ils ont élagué dans la religion tout ce qui leur a paru fentir linftitution humaine. Du refte, ils font plus que perfonne dans le prin- cipe de la tolérance ; les gens fages & modérés de quelque communion qu’ils foient , font bien reçus parmi eux, & chacun trouve dans leur fociété tou- te la facilité poffible pour les pratiques extérieures de fa religion. Un des principaux articles de leur morale, c’eft qu'ils regardent la mort comme un bien, & qu'ils tâchent d’inculquer cette doétrine à leurs enfans, anfli ne les voit-on point s’atrifter à la mort de leurs proches. Le comte de Zintkendorf patriarche ou chef des freres unis , étant décédé au mois de Mai 1760 , fut inhumé à Erngut en Luface avec aflez de pompe , mais fans aucun appareil lu- gubre ; au contraire, avec. des chants mélodieux &c une religieufe allégrefle. Le comte de Zintken- dorf étoit un feigneur allemand des plus diftingués & qui ne trouvant dans le monde rien de plus grand ni de plus digne de fon eftime , que Pinfütut des Moraves, s’étoit fait membre &c proteéteur zélé de cette fociété, avant lui opprimée & prefque étein- te, mais fociété qu'il a foutenue de fa fortune & de fon crédit, & qui en conféquence reparoît aujour- d’hui avec un nouvel éclat. Jamais l'égalité ne fut plus entiere que chez les Morayes ; fi les biens y font communs entre les fre- tes , l'eflime & les ésards ne le font pas moins, je veux dire que tel qui remplit une profeflion plus diftinguée, fuivant l’opinion , n’y eft pas réellement plus confidéré qu'un autre qui exerce un métier vul- gaire. Leur vie douce & innocente leur attire des profélites, &c les fait généralement eftimer de tous les gens qui jugent des chofes fans préoccupation, On fait que plufñeurs familles Moravires ayant pañlé les mers pour habiterun canton de la Géorgie amé- ricaine fous la protettionides Anglois ; les fauvages en guerre contre ceux-ci, ont parfaitément diftin- gué ces nouveaux habitans fages & pacifiques. Ces prétendus barbares, malgré leur extrème fupériorité MOR n’ont voulu faire aucun butin fur les freres unis, dont ils refpeétent le caraëtere paifble & défintéreflé. Les Moraves ont une maifon à Utrecht; ils en ont auf en Angleterre & en Suifte. Nous fommes fi peu attentifs aux avantages des communautés, fi. dominés d’ailleurs par l’intérêt par- ticulier , fi peu difpofés à nous fecourir les uns les autres 87 à vivre en bonne intelligence, que nous're- sardons comme chimérique tout ce qu'on nous dit d’une fociété aflez raïfonnable pour mettre fes biens & fes travaux en commun. Cependant Phuftoire an- cienne & moderne nous fournit plufeurs faits fem- blables. Les Lacédémoniens, fi célébres parmi les Grecs, formerent au fens propre une république , puifque ce qu'on appelle propriété y étoit preique entierement inconnu. On en peut dire autant des ‘ Efléniens chez les Juifs, des Gymnofophiftes dans les Indes ; enfin, de grandes peuplades au Paraguay réa- lifent de nos jours tout ce qu'il y a de plus étonnant &c de plus louable dans la conduite des HMoraves, Nous avons même parmi nous quelque chofe d’appro- chant dans l’établiflement des freres cordonmiers &c tailleurs , qui fe mirent en communauté vers le m- lieu du dix-feptieme fiecle. Leur inftitut confifte à vivte dans la continence, dans le travail & dans la piété , le tout fans faire aucune forte de vœux. Mais nous avons fur-tout en Auvergne d’ancien- nes familles de laboureurs, qui vivent de tems im- mémorial dans une parfaite fociété , &c qu’on peut regarder à bon droit comme les Moraves de la Fran- ce; onnous annonce encore une fociété femblable à quelques lieues d'Orléans, laquelle commence à s’é- tablir depuis vingt à trente ans. A l’égard des com- munautés d'Auvergne beaucoup plus anciennes & plus connues, on nomme en tête les Quitard-Pinon comme ceux quidu tems de plus loin &z qui prou- vent cinq cens ans d’aflociation, on nomme encore les Arnaud , Les Pradel, les Bonnemoy , le Fournel & les Anglade , anciens & fages roturiers, dont l’a- rigine fe perd dans l’obfcurité des tems, & dont les biens & les habitations font fitués dans la baron- nie de Thiers en Auvergne, oùails s'occupent uni- quement à cultiver leurs propres domaines. Chacune de ces familles forme différentes bran- ches qui habitent une maifon commune, & dont les enfans fe marient enfemble , de façon pourtant que chacun des conforts n’établit guere qu’un fils dans la communauté pour entretenir la branche que ce fils doit repréfenter un jour après la mort de fon pere; branches au refte dont ils ont fixé le nombre par une loi de famille qu'ils fe font impofée, en con- féquence de laquelle ils marient au-dehors les en- fans furnuméraires des deux fexes. De quelque va- leur que foit la portion du pere dans les biens coms muns, ces enfans s’en croient exclus de droit,moyen- nant une fomme fixée différemment dans chaque communauté. & qui eft chez les Pinou de soo!liv. pour les garçons, & de 200 hiv. pour les filles. Aurefte, cetufage tout confacré qu'ileft par fon ancienneté & par l’exaétitude avec laquelle il s’ob- ferve, ne paroït guere digne de ces refpeétables af- fociés. Pourquoi priver des enfans de leur patri- moine, & les chafler maloré eux du fein de leur fa- miile ? N’ont-ils pas un droit naturel aux biens de la maifon, & fur-tout à l’ineftimable avantage:d’y vi- vre dans une fociété douce & paifible, à abri des miferes & des follicitudes qui empoifonnent les jours des autres hommes ? D'ailleurs laffociation dont il s’agit étant effentiellement utile, ne convient- il pas pour l'honneur & pour le bien de l'humanité, de lui donner le plus d’étendue qu'il eft pofhble Suppofez donc que les terres aétuelles.de la commu- nauté ne fuffifent pas pour occhper tous fes enfans, il feroit aifé avec le prix de leur légitime, de faire de de nouvelles acquifitions ; & fi la providence ac- croit le nombre des fujets, 11 n’eft pas dificile à des gens unis & laborieux d’accroiître un domaine & des bâtimens. | Quoi qu'il en foit, le gouvernement intérieur eft ä-peu-près le même dans toutes ces communautés, chacune fe choifit un chef qu’on appelle wafrre ; il eft chargé de Pinfpeétion générale & du détail des affaires ; il vend , il achete, & la confiance qu’on a dans fon intégrité lui épargne l'embarras de rendre des comptes détaillés de fon adminiftration ; mais fa femme n’a parmi les autres perfonnes de fon fexe que le dernier emploi de la maïfon, tandis que l’é- poufe de celui des conforts qui a le dernier emploi parmi les hommes , a le prenuer rang parmi les femmes , avec toutes les fonétions & le titre de mañ- trefle. C’eft elle qui veille à la boulangerie, à la cuifine, Gc. qui fait faire les toiles, les étoffes & les habits & qui les diftribue à tous les conforts. Les hommes , à l'exception du maître qui a tou- jours quelque affaire en ville , s'occupent tous éga- lement aux travaux ordinaires. Il y ena cependant qui font particulierement chargés l’un du foin des beftiaux & du labourage ; d’autres de la culture des vignes ou des prés , & de l’eniretien des futailles. Les enfans font foigneulement élevés, une femme de la maïfon les conduit à l’école, au catéchifme, à la mefle de paroïfle, & les ramene. Durefte, chacun des conforts reçoit tous les huit jours une légere diftribution d’argent dont il difpofe à fon gré, pour fes amufemens ou fes menus plaifirs. Ces laboureurs fortunés font reglés dans leurs mœurs, vivent fort à l’aife & font {ur-tout fort cha- titables ; ils le font même au point qu’on leur fait un reproche de ce qu’ils logent & donnent à fouper à tous les mendians qui s’écartent dans la campa- gne, & qui par cette facilité s’entretiennent dans une fénéantife habituelle, & font métier d’être gueux & vagabons ; ce qui eft un apprentiflage de vols &c de mille autres défordres. Sur le modèle de ces communautés, ne pourroit- on pas en former d’autres pour employer utilement tant de fujets embarraflés, qui faute de conduite & de talens |, & conféquemment faute de travail & d'emploi , ne font jamais aufh occupés ni auffi heu- reux qu'ils pourroient l’être, & qui par-là fouvent deviennent à charge au public & à eux-mêmes? On n'a guere vû jufqu'ici, que des célibataires, des eccléfiaftiques & des religieux qui fe foient pro- curé les avantages des aflociations; 1l ne s’en trouve - prefque aucune en faveur des gens mariés. Ceux- ci néanmoins obligés de pourvoir à l'entretien de leur famille, auroient plus befoin que les célibatai- res, des fecours que fourniflent toutes les fociètés. Ces confidérations ont fait imaginer une affocia- tion de bons citoyens , lefquels unis efñitr’eux par _ es liens de l’honneur & de la religion , puffent les mettre à couvert des folhcitudes & des chagrins ue le défaut de talens & d'emploi rend prefque inévitable ; afociation de gens laborieux , qui fans renoncer au mariage puflent remplir tous les de- voirs du chriftianifme , & travailler de concert à diminuer leurs peines & à fe procurer les douceurs de la vie ; établiffement comme l’on voit , très-dé- firable & qui ne paroît pas impofñfible ; on en jugera par le projet fiivant. _ 1°. Les nouveaux aflociés ne feront jamais liés par des vœux , & ils auront toujouts une entiere liberté de vivre dans le mariage ou dans le célibat, fans être aflujettis à aucune obfervance monaftique; mais fur-tout ils ne feront point retenus malgré eux, &c 1ls pourront toujours fe retirer dès qu'ils le juge- ront expédient pour le bien de leurs affaires. En un mot, cette fociété fera véritablement une commu- Tome X, MOR 705 natté féculiere & libre dant tous les membres exer: ceront différentes profeffons, arts ou métiers, fous la direétion d’un chef & de fon confeil ; & par con- féquent ils ne différeront point des autres laïcs, ce n’eft par une conduite plus reglée & par un grand amour du bien public ; du refte, on s’en tiendra pour les pratiques de religion à ce que l’églife prefcrit à tous les fidèles. 2°, Les nouveaux aflociés s’appliqueront conf- tamment & par état, à toutes fortes d'exercices & de travaux , fur Les fciences &c {ur Les arts ; en quoi ils préféreront toujours Le néceflaire & le commode à ce qui n'eft que de pur ägrément ou de pure cu- riofité. Dans les Sciences, par exemple, on culti- vera toutes les parties de ia Médecine & de la Phy= fique utile ; dans les métiers, on s’attachera {pécia- lément aux arts les plus vulgaires & même au labou- rage, fi l’on s'établit à la campagne : d’ailleurs, on n'exigera pas un fou des poftulans , dès qu'ils pour- ront contribuer de quelque maniere au bien de la communauté. On apprendra des métiers À ceux qui n’en fauront point encore ; & en un mot, ontâchera de mettre en œuvre Les fujets les plus ineptes, pour- và qu'on leur trouve un caraétere fociable, & {ur- tout l’efprit de modération joint à l'amour du tra- vail. 3°. On arrangera les affaires d'intérêt de maniere)! que les aflociés en travaillant pour la maifon puit fent travailler auffi pour eux-mêmes ; je veux dire, que chaque affocié aura, par exemple, untiers, un quart , un cinquième ou telle autre quotité de ce que fes travaux pourront produire, toute dépenfe prélevée ; c’eft pourquoi on évaluera tous les mois les exercices ou les ouvrages de tons les fujets, & on leur en payera fur le champ la quotité conve- nue; ce qui fera une efpece d’appointement ou de pécule que chacun pourra angmenter à proportion de fon travail & de festalens. L'un des grands ufages du pécule, c’eft que cha= cun fe fournira fur ce fonds le vin , Le tabac & les autres befoins arbitraires, fi ce n’eften certainsjours de réjouiflance qui {eront plus on moins fréquens , & dans lefquels la communauté fera tous les frais d'un repas honnête ; au furplus , comme le vin, le café, le tabac, font plus que doubler la dépenfe du néceflaire, & que dans une communauté qui au- ra des femmes, des enfans, des fujets ineptes à fou- tenir , la parcimonie devient abfolument indifpen- penfable ; on exhortera les membres en général & en particulier, à mépriler toutes ces vaines délica= tefles qui abforbent l’aifance des familles | & pour les y engager plus puiffamment | on donnera une graufication annuelle à ceux:qui auront le courage de s’en abftenir, 4°. Ceux qui voudront quitter l’affociation , em- porteront non-feulement leur pécule, mais encore l'argent qu'ils auront mis en focieté, avec les inté- rêts ufités dans le commerce, A l'égard des mou- rans , la maïfon en héritera toujours ; de forte qw’à la mort d’un affocié , tout ce qui fe trouvera Ii ap= pattenir dans la communauté , fans en excepter fon pécule, tout cela, disje , fera pour lors acquis à la congrégation ; mais tout ce quil poflédera au dehors appartiendra de droit à fes héritiers. 5°. Tous les affociés, dès qu'ils auront fait leurno- viciat ; feront regardés comme membres de la maï- fon, & chacun fera toujours für d'y demeurer en cette qualité , tant qu'il ne fera pas de faute confi- dérable & notoire contre la religion , la probité, les bonnes mœurs. Mais dans ce cas , le confeil af. femblé aura droit d’exclure un fujet vicieux, fup- poié qu'il ait contre lui au-moins les trois quarts des voix ; bien entendu qu'on lui rendra pour lors tout VVvy 706 MOR ce qui pourra lui appartenir dans la maifon, fuivant les difpoftions marquées ci-deflus. 6°. Les enfans des aflociés feront élevés en com- mun, & fuivant les vues d’une éducation chrétien- ne ;je veux dire, qu’on les accontumera de bonne heure à la frugalité , à méprifer le plaifir préfent, lorfqu’il entraine de grands maux & de grands de- plaifirs ; mais fur-tout on les élevera dans lefprit de fraternité, d'union, de concorde , & dans la prati- que habituelle des arts & des fciences les plus uti- les , le tout avec les précautions, l’ordre & la dé- cence qu'il convient d’obferver entre les enfans des deux fexes. 7°. Les garcons demeureront dans la Communauté jufqu’à l’âge de feize ans faits ; après quoi, fi fa ma- jefté l’agrée , on enverra les plus robuftes dans les villes frontieres, pour y faire un cours militaire de dix ans. Là ils feront formés aux exercices de la guerre, & durefte occnpés aux divers arts & mé- tiers qu'ils auront pratiqués dès l'enfance ; &c par conféquent ils ne féront point à charge au roi, niau public dans les rems de paix ; ils feront la campagne au tems de guerre, après avoir fait quelqu’appren- tiflage des armes dans les garnifons. Ce cours mili- taire leur acquerra tout droit de maîtrife pour les arts & pour le commerce ; de façon qu'après leurs dix années de fervice , ils pourront s'établir à leur choix dans la communauté féculiere ou ailleurs, li- bres d’exercer partout les différentes profeflions des arts & du négoce. 8°. Lorfqu'il s'agira de marier ces jeunes gens, ce qu'on ne manquera pas de fixer à un âge conve- nable pour les deux fexes, leur établiflement ne fera pas difficile , & tous les fujets auront pour cela des moyens fufifans ; car outre leur pécule plus ou moins confidérable , la communauté fournira une honnête lésitime à chaqueenfant, laquelle confiftera tant en argent, qu'en habillemens en & meubles ;1é- gitime proportionnée aux facultés de la maifon, & du refte égale à tous, avec cette différence pour- tant qu’elle fera double au-moins pour ceux qui au- ront fait le fervice militaire, Après cette efpece d’héritage,les enfans netireront plus de leurs parens que ce que ceux-ci voudront bien Leur donner de leur propre pécule ; fi ce w’eftqu’ils euffent des biens hors la maïfon , auquel cas les enfans en hériteront fans difficulté. Il ne faut aucune donation, aucun privilège, au- cun legs pour commencer une telle entreprife ; ileft vifible que tous les membres opérant en commun, on n'aura pas befoin de ces fecours étrangers. Ilne faut de même aucune exemption d'impôts, de cor- vées, de milices, &c. Il n’eft ici queftion que d’une communauté laïque , dépendante à tous égards de l'autorité du roi & de l’état, &c par conféquent fu- jette aux impoñtions & aux charges ordinaires. On peut donc efperer que les puiflances protégeront cette nouvelle aflociation , puifqu’elle doir être plus utile que tant de fociétés qu’on a autorifées en di- vers tems, & qui fe font multipliées à l'infini , bien qu’elles foient prefque toujours onéreufes au pu- blic. Au refte on ne donne ici que le plan général de la congrégation propolée , fans s’arrêrer à dévelo- per les avantages fenfibles que l’état &c les particu- liers en pourroient tirer, & fans détailler tous les réglemens qui feroient néceffaires pour conduire un tel corps. Mais on propofe en queftion ; {avoir , fi fnivant les loix établies dans le royaume pour les entreprifes & fociétés de commerce, les premiers auteurs d’un pareilétablifiement pourroients obliger les uns envers les autres, & ie donner mutuelle- ment leurs biens & leurs travaux , tant pour eux que pour leurs fucceffeurs , fans y être expreflement au- gorifés par la cour, MOR Ce qui pourroit faire croire qu'il n’eft pas be- foin d’une approbation formelle , c’eft que plufieurs fociétés aflez femblables , auellement exiftantes , : n’ont point été autorifées par le gouvernement; 6c pour commencer par les freres cordonniers &t les freres tailleurs, on fait qu’ils n’ont point eu de lettres- patentes. De même les communautés d’Auvergne {ubfftent depuis des fiecles , fans qu'il y ait eu au- cune intervention de la cour pour leur établiffe- ment. Objeitions € réponfe. On ne manquera pas de dire qu'une aflociation de gens mariés eft ab{olu- ment impofñbie ; que ce feroit une occafion perpé- tuelle de trouble, & qu'infailliblement les femmes mettroient la défunion parmi les conforts ; maïs ce font là des objeétions vagues , & qui n’ont aucun fondement folide. Car pourquoi Les femmes caufe- roient-elles plutôt du défordre dans une commu- nauté conduiteavec de la fageffe, qu’elles n’en cau- {ent tous les jours dans la pofition auelle , où cha- que famille, plus libre & plus ifolée, plus expofée aux mauvailes fuites de la mifere 6 du chagrin, n’eft pas contenue , comme elle le feroit là , par une police domeftique & bien fnivie ? D'ailleurs, f quelqu'un s’y trouvoit déplacé, s’il y paroïloit in- quiet, ou qu'il y mit la divifion ; dans ce cas , s'il ne {e retiroit de lui-même, ou s’il ne fe corrigeoit, on ne manqueroit pas de le congédier. Mais on n’empêcheroit pas:, dit-on, les amours furtives , & bien-tôt ces amours cauferoient du trou- ble & du fcandale. A cela je réponds, que l’on ne prétend par re- fondre le genre humain ; le cas dont 1l s’agit arrive déja fréquemment , & fans doute qu'il arrivéroit 1ct quelquefois ; néanmoins on fent que ce defordre {eroit beaucoup plus rare. En effet, comme l’on fe- toit moins corrompu par le luxe, moins amolli par les délices, & qu’on feroit plus occupé, plus en vue, & plus veillé, on auroit moins d’occafion de mal faire , & de fe livrer à des penchans illicites. D'ailleurs les vûes d'intérêt étant alors prefque nul- les dans les mariages, les feules convenances d'âge & de goût en décideroient ; conféquemment il ÿ au- roit plus d'union entre les conjoints, & par une fuite néceffaire moins d’amouts répréhenfibles. JPajoute que Le cas arrivant , malgré la police la plus atten- tive, un enfant de plus ou de moins n’embarraffe- roit perfonne , au lieu qu'il embarraffe beaucoup dans la pofition attuelle. Obfervons enfin, que les mariages mieux afortis dans ces maifons , une vie plus douce &c plus reglée, Paifance conftamment af- furée à tous les membres, feroient le moyen le plus efficace pour effeétuer le perfeétionnement phyfque de notre efpece , laquelle, au contraire , ne peut aller qu’en dépériflant dans toute autre pofition. Au furplus, l’ordre & les bonnes mœurs qui re- gnent dans les communautés d'Auvergne, l'ancien- neté de ces maïfons , & l’eftime générale qu'on en fait dans le pays, prouvent également la bonté de leur police & la poffibilité de Paflociation propofée. Des peuplés entiers, à peine civihifés , & qui pour- tant {uivent le même ufage , donnent à cette preu- ve une nouvelle folidité. En un mot, une inftitu- tion qui a fubfifté jadis pendant des fiecles, &z qui fubfifte encore prefque {ous nos yeux, m’eft conf- tamment niimpofñble , ni chimérique. J’ajoute que c’eft l'unique moyen d’aflurer le bonheur des hom- mes, parce c’eft le feul moyen d'occuper utile= ment tous Les fujets ; le feul moyen de les contenir dans les bornes d’une fage économie , & de leur épargner une infinité de follicitudes & de chagrins , qu'il eft moralement impofñlble d'éviter dans l’état de défolation où Les hommes ont vécu jufqu’a pré- fent, Arricle de M, FAIGUET, tréforier de France MORAVIE, LA (Géog.) province annexée ant royaume.de Bohème avec titre de Margpraviat. Les Allemands l’appellent Makrer ; elle eft bornée au, nord par la Boheme & la Siiéfie; à l’orient par- tieparla Siléfñie, partie par le mont Krapack; au imidi-pat La Hongrie & par l’Autriche ; au couchant par la Bohème. Son nomivient de la riviereide Mo- rava, quilatraverfe, C’eft un pays hériflé de mon- tagnes, & coupé par un grand nombre de rivières & de ruifleaux. Ileft fertile & tres-peuplé.: Olmutz en-étoitautrefois la capitale , & elle le mérite en effet, cependant BrinnW’eft aétuellement de nom. CDR | te "MORANA , LA (Géog. }riviere de la T'urquie en Europe. Elle à fa fource dans la Bulgarie, aux con- fins de la Servie , fe partage en deux branches, dont la droite arrofe la Bulgarie, & la gauche entre dans 14 Setvie. Ces deux branches s'étant enfuite réu- nies, la riviere coule vers le nord, & fe partage encore en deux branches, qui vont fe perdre dans le Danube, (D. J.) | * MORBEGNO , (Géog.) gros bourg de la Valte- line, chef-lieu de la premiére communauté du cin- quieme gouvernement de ‘la Valteline, & la réfi- dence du gouverneur & de la régence. Il eft fur PAdda, à 5 lieues S. E. de Chiavenne, 8 N. E, de Lecco. Long. 26.358, lar. 46. 7. (D,J.) MORBIDEZZA , (Peinr.) terme de peinture, que nous avons emprunté des [taliens, pour défigner la délicatefle , la tendrefle , les graces , le moëlleux des figures d’un tableau. Perfonne n’a réufñ dans la _morbiderza , comme le Cotrège. Il fufroit pour s’en convaincre , de voir dans le cabinet du roi, lé beau tableau de Spotalife, dont le cardinal Antoine Bar- berin fit préfent au cardinal Mazarin, ainfi qu’une Venus qui dort; & dans la galerie du palais-royal, la Magdelaine joignant les mains, l'Amour qui tra- vaille fon arc , une petite Sainte - Famille, Grec. (2.1.) | MORBIFIQUE, adj. (Gram. & Med.) quieft la çaufe , Le principe d’une maladie. On ait l'humeur morbifique , [a matiere morbifique. MORBIUM, ( Géogr. anc.) ville de la Grande- Bretagne , qui eft vraifiemblablement aujourd’hui Moresby , bourgade d'Angleterre dans le Cumber- land, fur la côte orientale de cette province , envi- ron à 3 milles S. de Werkinton. (D.J.). MORCE , f. f. en batiment, s'entend des pavés qui commencent un revers, & font des efpeces de harpes pour faire liaifon avec les autres pavés. MORCEAU ,f. m.(Grar.) partie détachée d’un tout. On dit un morceau de pain, un worceau d'Hora- ce, un #orceau de prés, &c. | MoORrCEAU, termeufté par métaphore dans l’Ar. chiteëtlure, où il fe prend ordinairement en bonne part, pour fignifer un bel ouvrage d’architefure. Ontdit un beau rzorceau en parlant d’une belle égli- fe, d’un beau portail, d'un beau palais, Éc, MORCELER , v.a@.{Gram.) siviler en plufieurs parties, en plufieurs morceaux, On dit on a morcelé ce bloc de marbre. On a rorcelé cette fuccefhon. MORDACRHE, f. f: (Art méchan.) efpece de te- naille compofée de deux morceaux de bois élafti- ques, aflemblés par une de leurs extrémités, & far- tes à l’autre en mächoires d’étaux.Lorfun’on travaille des ouvrages à moulures, & autres ornemens déli- cats, qui fouffriroient des dents & de la preffion des mâchoires de l’étau , fonles y ferroit , On prend la mordache , on la met dans l’étau , & l'on met l’ou- rage dans la wordache | obfervant même quelque- fois d’envelopper d’un linge, ou d'appliquer des morceaux de feutre aux endtoits où les mächoires de la mordache touchent à l'ouvrage. Plus commu Tome X, MIOR nément encore ces mâchoites en font garnies: Il y a dés mordaches de toute grandeur: 2 . MORDANT , f. mi. (Are méchan.l) compoñtion dont onfe fert pour attacher lor en feuilles, ou lar- gent battu fur une furface quelconque. :# "1 La bière , le miel & la gomme arabique bouillis enfemble feront un mordant; la gomme arabiqueaveé le fucre en feront un fecond. Le fuc de l'ail, de l'oignon & de la jacinthe , où la gomme arabique feule , attacheront la feuille d’or & d'argent, Vous mêlerez à ce dernier un peu de carmin, afin d’ap: percevoir les endroits que vous en aurez enduits, Vousappliquerez la feuille d’or furle mordanr avecun petittampon de coton, Vous laiflez prendre la feuille, Puis avec le coton vous Ôterez en frotant toute la fur- face les portions d’or qui n’auront pas été attachées. MORDANT, e% terme de Cloutier d’épingles, eft une efpece de pince courte & fans branches , dont les dents font de bas en haut. C’eft dans le wordant que l’on met le clou pour en faire la pointe, On le ferre dans un étau pour le tenir plus férme. Voyez Les fig. Pl. du Cloutier d’épingles, où l’on a repréfenté un étau armé de fon mordans, dans lequel eft une pointe prête à être frappée avec le pannoir , forte de marteau, Voyez PANNOIR & /a fig, qui le repré fente. + MoRrDANT, inftrument dont le compofiteur {e fert dans la pratique de l’Zrprimerie, eft une petite trin: glede bois à-peu-prèsiquarrée, de dix à onze pou: ces de long , fur environ deux pouces & demi de circonférence , fendue & évuidée dans. fa longueur de fept. àrhuit pouces feulement. Un compofteur fe fert ordinairement de deux mordans. Ils fervent à arrêter & maintenir la copie , comme adoffée fur le viforium , en embraflant tranf\ erfalement la co- pie par devant par une de fes branches, & le vifo- tium par derriere au moyen de fa feconde branche; le premier mordant, que l’on pent nommer fupérienr, refte comme immobile, tandis que Le fecond fert à indiquer au compofteur la ligne de la copie qu'il compofe , en le plaçant immédiatement au-deflus de cette même ligne, & ayant foin de le baïfler, à me- fure qu'il avance fa compofition; s’il n’a pas cette attention , il eft en danger de faire des bourdons. Voyez BOURDON. Foyez dans les fix, PL. de PIrre- primerie , le viforium, fon mordant & fon ufage. MoRrDANT, on appelle mordant en Peinture, une compofñtion qui fert à rehaufler les ouvrages en dé- trempe ; elle fe fait avec une livre de térébenthine épaifle, une livre de poix réfine, trois quaïterons de cire jaune, une demi-livte de fuif, un demi-fep: tier d'huile de lin, qu'on fait bouilhir : on applique de l'or ou du cuivre {ur le mordant, dès qu’il eft pofé fur l'ouvrage qu’on s’eft propoté de faire. Il faut l’employer bien chaud. Voyez REHAUTS, RE- HAUSSER: D | MORDATE , {. m. (Terme de relation.) Les Turcs appellent mordates ceux qui de chrétiens fe font fait mahométans , qui depuis ont retourné au Chriftia- nifme , & qui enfin, par une dermiere inconftance , font rentrés dans le Mahométifme. Les Turcs ont pour eux un fouverain mépris, & ceux-ci en revan- che affeétent de paroïître encore plus zélés mahomé- tans que les mufulmans même. Les perfonnes qui changent de religion par des vües d'intérêt ; mont d'autres reflources que l’hypocrifie. (D. J.) MORDEXIN, {. m. ( Médecine. ) c’eit un mot chinois qui a pañfé en Médecine, par lequel on défi- gne une efpece de cholera morbus qui eft fréquente à 2 Chine, à Goa, & dans le Bréfil, où on l'appelle miordechi, Cette maladie fe déclare brufquement par des vomiflemens continuels bilieux , par des diar- thées de même nature , auxquels fe joignent une fie- VVvv3I 708 MOR vre aigue} foif immodérée , délire, douleur de tête, inquiétudes , &c. Les urines font, pendant tout le cours dela maladie, ardentes , ‘rouges, limpides , le pouls fort roide &c inégal. Il eft à remarquer que xe caraûere du-pouls, tel.que Dellon dit J’avoir ob- fervé (voyage dans les Indes orient. ann. 1680) , eft exactement lemême que celui que l’auteur des recher- ches fur de pouls dit précéder, défigner & accompa- gneï les excrétions ventrales , le vciniffement & la diarrhée, Poyez PouLS. Etice n’eft pas la feule occa- fion,comme je crois l'avoir fait appercevoir ailleurs, où l’on. voit des obfervations antérieures exactes & bien détaillées, quadrer parfaitement avec les claïfes établies par cet illufire médecin; & 1l ne marqueroit pas d’obfervations poftérieures plus conformes en- core à cette méthode, & plus propres à confirmer & à éclaircir un point aufli mtéreflant , fi. l’on vou- loit voir fans préjugé & raconter fans politique. Cetre maladie eft très-grave, toujours dangereufe, & quelquefois funefte : un heureux hafard a décou- vert depuis long tems à cès peuples un remede que lempinifme aveugle a employé , & dot un fuccès prefque conftant a démontré l'efficacité. Ce remede confifte dans l'application d’une verge de fer rougie au feu fous le talon, qui chez ces peuples accontt- més à marcher piés nuds , eft très-dur , calleux & peu fenfible : on l'y laïfle jufqu’à ce que le malade reflente de la douleur ; &c alors pour empêcher qu'il ne s’y forme des cloches , on bat doucement la par- tie avec un foulier plat. Dès linftant même que l’o- pération eft achevée , on voit ponr l'ordinaire di- minuer les vomiflemens , la douleur & la fevre, qui en eft une fuite. Ce remede agit, comme l’on voit, moins comme uh cautére que comme irritant , & par limpreffion douloureufe qu’il fait fur Les nerfs de éette partie. Cette méthode eft fort analogue à celle qui fe pratique à Java pour guérir la colique : on y applique de même un fer rouge indifféremment à la plante des piés, 8 on foulage toutà-coup. Cette façon d'agir finguliere, mexplicable dans iesthéories vulgaires , eft très-conforme aux lois bien détermi- nées de l’économie animale. Voyez ce mor. Dellon nous aflure qu'il a éprouvé fur lui-même & fur une infinité d’autres perfonnes , les bons effets de ce re- mede : d’où il réfulte que des remedes bien différens guériflent à-peu-près également les mêmes maladies, & l’on voit prefque le même nombre de malades échappet ou mourir traités par des méthodes abfo- Iument contraires. Il ya lieu de préfumer que ce re- mede fouverain à la Chine, auroit les mêmes avan- tages en France ; mais la délicatefle naturelle à fes habitans , là nouveauté de ce fecours , la quantité d’autres plus doux, font des préjugés très-forts con- tre fon ufage, & qui dans les cas ordinaires méri- tent d’être refpeëtés. Mais quand on a épuifé tous les remedes inutilement , qu’on eft réduit à cette affreufe néceffité de voir périr des malades fans fa- voir de quel côté fe tourner pour les fecourir, je {erois d'avis qu'on et recours à un remede qui quoi- que cruel, left bien moins qu’un défefpoir fatal. Lorfqu’après l'application de ce remede les fympto: mes {ont diminués , mais la fievre fubffte encore, ils font prendre au malade des crêmes de ris char- gces de beaucoup de poivre; ils répandent aufli du poivre fur la tête ; ils attendent pour le purger que la maladie foit bien calmée , & que la fievre foit pañée : alors ils donnent quelques purgatifs très- doux ; & quelle que foit Pardeur de la fievre dans les commencemens, elle ne leur paroît jamais exiger la faignée, dont ils s’abftiennent entierement. Foyez Dellon, voyages dans les Tndes orientales, année 16S 93 &t Sauvage, de medicin, fénenf. differtar. (m) MORDEEHT , {. m. ( Medecine. ) Les Indiens ap- pellent de ce nom une efpece de langueur d’eftomac L s EURE 5 à _ oO qui leur eft très - familiere.; elle eft principalement occafñonnée par les grandes chaleurs qui provoquent des fueurs abondantes , fur-tout lorfqueiles font fui vies de froid; &cfi dans ces circonftances les Indiens font le moindre excès dans le boire ‘ou le manger, fut . tout le for, leur eftomac affoibli & relâché ne peut! pas le digérer fans peine & parfaitement , & donne _par- lieu à des diarrhées fréquentes & trèsopinia- tres. Les roborans toniques , les boiffons acidules,1 font les remedes qui paroïffent les plus appropriés 5° êc je crois que de l’eau bienfraîche fur-tout pourroit® guérir 8 même prévenir ces diarrhées. Frédéric: Hoffman , de qui nous tenons ce que nous avons dit} fur la nature descette maladie; differr. de morb. certe regionib. & popul, propriis, n’a pas daigné ou n’a past pu nous inftruire des remedes que la nature , le {eul: medecin qu'ils aient, leur fournit, & des: fuccès: qu'ils ont. Le sordehi eft peut-être le même malade. que le mordexin. : MORDICANT , ( Gramm. Medec. ) qui blefle .: irrite , pique, mord légerement. (On dit une humeur! mordicante. Les parties de cette fubftance font mordi- cartes. | | MORDRE,, ( Phyfiol.;) Mordre eft Vaétion par la- quelle les, dents divifent les alimens durs en plufieurs particules. "1 | Pour mordre, il faut 1°. que la mâchoire inférieure s’écarte de la fupérieure vers la poitrine fur fon con- dyle; 2°. 1l faut que cette mâchoïre inférieure foit enfuite fortement preflée contre la mâchoire fupé- rieure, afin que les alimens folides puiflent être cou-" pés par les dents incifives. | La premiere aétion {e fait par la contraétion des deux mufcles digaftriques ; la feconde dépend de læ contraétion , 1°. des mufcleS crotaphites , 2°: des mafleters,3°. des ptérigoidiens externes, 4°. des pté- rigoidiens internes. Ces quatre mufcles agiffant en- femble élevent la mâchoire , au lieu que s'ils agiffent féparément ils la tirent latétalement & en arriere; mais fi les huit mufcles qu'on vient de décrire agif- fent enfemble , la mâchoire inférieure eft preflée avec une force incroyable contre la fupérieure.: Ainf toutes les dents des deux mâchoires étant fort comprimées , on voit clairement que ce font les huit dents incifives qui fe préfentant les unes aux autres & {e frappant réciproquement avec violence, #or- dent, divifent les alimens , 6: commencent ainf la mafhcation, Voyez donc MASTICATION. MORDRE , ( Marine. ) {e dit en parlant d’une an- cre , lorfqu’elle eft attachée par fes extrémités poin- tues & recourbées au fond de la mer ; ces extrémi< tés s'appellent bras, Voyez ANCRE. MORDRE , ceinture , terme de Chapelier-Teinturier, qui figniñe prendre la couleur plus ou moins vite. Il y a des étofies ou feutres qui mordent facilement la teinture , & d’autres qui la ordent très-malaifé- ment. Voyez CHAPEAU. MoRDRE , cerme d’Imprimerie , {e dit lorfque la frifquette ayant couvert quelqu’extrémité de la let- tre d’une forme, il y a dans l’imprimé un vuide où il ne paroiït qu'un fimple foulage. Ce défaut vient de ce que l’ouvrier de la prefle n’a pas coupé la frifquette en cet endroit ; il peut venir auffi lorfque après avoir collé un morceau de papier fort pour empêcher le barbouillage, ce même morceau de pa- pier coule & empêche l’impreffion de venir. Voyez FRISQUETTE. MORDS , en terme d'Eperonnier, eft cette partie de la bride d’un cheval qui lui paffe dans la bouche, dont les branches lui montent Le long des joues , & font jointes enfemble parune gourmette & des chai- nettes qui prennent fous fa levre inférieure &c fon gofer. Voyez BRANCHES, GOURMETTE 6 CHAï- NETTES. MOR Il y'a des mords de plufieurs efpeces , à la Neftier ou àtire-bouchon, mords à gotge de pigeon, mords à:canne ou à trompe, #ords à porte ouà piéde chat, miords à pas d’âne &c à olive, &c. Voyez tous ces ter- mes chacun à fon article, &c les foures , Planches de PE peronnier. sn Le : MorDs A BERGE, eztverme d'Eperonnier, eft un mords dont l'embouchure eft comÿofée d'olives d’une feule piece , formant à fonpli une demi- gorge de pigeon ; ce mords;au lieu de fonceaux , eit garni de chaperons. 'oyez CHAPERONS ; PL, de l'Eperonnier. : MORDS'AXBRANCHES TOURNÉES, en rerme d E- peronnier {ont des mords dont:les branches forment plufieurs coudes ou cambres , & qui font de figure ronde. On lesnomme encore rr0rds 4 foubarbe, parce qu'ils font garnis d’une: voie foubarbe. Voyez la fig. PI, de FEperonnier. ui HO QE: MoRDS A GANON SIMPLE,,e7 terme d'Eperonruer,: et un words dont le canon n'eft point figuré, mais diminue pourtant de grofieur en approchant de fon pli. Il yena de brifés & d’autres qui ne Le font pas. Morps DEMI-MIROBR:en terme dE peronnier , {e dit d’un words qui a une embouchure à gorge de pi- geon, furpañlé d’un cercle qui entre dans des anneaux faits à l'embouchure. Ce cercle eft garni de trois. chaînes , deux vers: fes extrémités, qui s’attachent à la branche par un bout, & l’autre dans le haut du cercle. ra | . MORDS A GORGE DE PIGEON , e2 terme d'Epe- rornier ; fe dit d’une forte: de:mords dont le pli de l'embouchure repréfente! la forme du col d’un pi- geon. Voyez la fig. PL de l'Eperonnier. | Morps A MIROIR , er terme d’Eperonnier, fignifie. une efpece de "0ords dont l'embouchure .eft droite & tourne dans une liberté oùelle eft rivée.. Foyez LIBERTÉ , voyez PL. de l’Eperonrier. MoORDS A PAS D’ASNE , er terme d'Eperonnier , eft un words dont l'embouchure eft pliée en forme de pas d'âne, & dont le gros du canon repréfente une _olive. | ‘ MORDS A PIÉ DE CHAT, ex terme d’'Eperonnier, yoyex MORDS A PORTE ; 6 la fig. PZ. de l’Eperon- nier. _MoRDS A PORTE, ex terme d'Eperonnier., fignifie une efpece de mords dont l'embouchure forme vers {on milieu une efpece de porte cintrée. Voyez la fig. PL, de l'Eperonnier. MoRDS À TIRE-BOUCHON.,, er terme d’Eperon- züer ,; eft un szords dont les branches fe terminent par un anneau applati & percé dans fa partie infé- rieure comme l’eft celui d'un tire-bouchon. On l’ap- pelle encore words a la Neflier, parce que ce fut un écuyer du roi de ce nom quieninventa l’ufage Woyez la fg. ( | MOoRS À LA TURQUE, e2 termed'Eperonnier, s’en- tend d’un sords dont les branches font droites, fans banguet, foubarbe , &c. l'embouchure eft en gorge de pigeon , & eft furpañlée d'un petit anneau duquel en pend un beaucoup plus grand qui fert de gour- mette. Voyez la fig. PI, de l'Eperonnuer. Morps DES LIVRES. On appelle ex terme de Re- diures | mords des livres le rebord du dos que les ais à ‘endoffer font faire au livre après la couture, lorf- qu’on met le livre en prefle. Il ÿ en a un de chaque côté qui {ert à loger les cartons ,afin qu'ils yentrent comme dans une charniere & ne montent pas par- deflus le dos. Voyez RELIURE. MorDs du carton ,c'eft le coin du carton qui . joint le dos du livre en-dedans de la reliure. On dit faire les mords, & cela fe fait en affoibliflant les an- gles du carton du côté intérieur avec un couteau ordinaire bien affilé, pour éviter que le carton , s’il étoit aigu, ne coupât les papiers en ouvrant & fer- -mant le hvre, & n’en gênat le jeu, MOR 709 MORDUATES , ( Géog, ) peuples dela Tartarie mofcovite : ils font idolâtres , & habitent des forêts immenfes. (D...) | | MOREAU , (Maréchal, ) On appelle ainfi un che: Val extrèmement noir. MOREE ;, LA, ( Géog. ) c’eft le Péloponnèfe deg anciens ; grande prefqu'ile, contigué à la Grece , au midi de laquelle elle eft attachée bat un ifthme affez étroit, entre les golfes de Lépante 8? d'Enpia, Cette prefqu'ile contenoit autrefois un grand nombre d'états très-peuplés, mais les cliofes ont bien changé de face, Ce pays fit partie du diocèfe de Macédoine , après la divifion des deux empires. Alaric le défola par fon incurfion , les defpotés en jouirent enfuite, les Turcs le pofféderent , les Vé- _ mtens le leur énleverent en 1687, & le perdirent en 171$ | | Le p' Coronelli a fauffemént divifé la Morée enr quatre provinces , parce qu'il a copié les erreurs de Baudrand &c de Moréri, En effet, on ne connoît en Morée que trois pro= vinces ; qui font la Zaconie le Brazzo di Maina, & le Belvédere. La Zacomie occupe le royaume de Sicyone ; Co- rinthe , & toute l’Argie. Le Belvédere répond 4 l’Achäie proprémentdite, &t comprend outre cela l'ancienne Elidé, une partie dela Meffénie , & une partie de l’Arcadié. Le Brazzo dt Mainä, ou le pays des Maghotes ; répond au fefte de l’Arcadie , & à route la Zaconie: La Morée eft aflez fertile, excepté vers le milieit où font les montagnes, Auf l’Arcadie qui jadis oc- cupoit ce milieu , avoit beaucoup d'habirans me= nant la vie paftorale, Le Brazzo di Maina eft éncore plus ftérile que le refte ; auffi voyons-nous que fes anciens habitans, les Lacédémoniens , failoient de néceflité vertu , & fuppléoient , par leur frugalité, à ce qui leur manquoit dû côté de l’abondance 5 mais ce qui vaut cent fois mieux, ils étoient libres. Les Magnotes, leurs fucceffeurs , le fontencore : & les Turcs qui les environnent, n’ont pà les fubju= guer entierement, Il y a dans la Morée beaucotip d’Albanoïs qui , ne fachant ni porter le joug du turc, ni le fecouer , atti- rent {fouvent aux habitans de fÂcheufes affaires. | Le morabégi ou fangiac qui commande en More | a fa réfidence à Modon. | Le peré Briet compte foixante-quinze lieues frans çoifes pour la largeur dela Morée , depuis le cap dé Matapan jufqu’à l’Éxamile, c’eft-à-dire, jfqu’à cette fameufe muraille que les Péloponnéfiens avoient éles vée anciennement, pour fe garantit des courfes des ennemis durant la guerre contre Le roi de Perfe ; mu raille qui avoit été rétablie par les defpotes, percée par Amurath Il. relevée par les Vénitiens., & fina- lement rafée par Mahomet IL. Le même pere Briet prend la longueur dela Morée, de Caftel Fornèfe jufqu'à Cabo Schillo, & Pévalue à quatre-vingt-dix lieues françoifes. | La Morée eft à-peu-près comprife entre le 3°. de latitude, & le 37. 30’. Strabon dit qu’ancienne- menton lappelloit 4rgos , d’un nom qui fut après cela donné à une de fes villes. Sous le regne d’Apis, le troifieme roi de la ville d’Argos , la Morée fut appellée Apia, environ 1747 ans avant la naiffance de Jefus-Chrift. Au bout de quatre cens vingt an- nées, elle prit le nom de Pé/oponnèfe du phrygien Pélops, célebre non-feulement par les miracles de fon épaule d'ivoire dont Pline vous entretiendra , mais encore par les inceftes & les parricides de fes fils Atrée & Thyefte , dont toute l'antiquité peut vous inftruire. | Le nom de Morée lui a été donné fous les derniers empereurs de Conftantinople,, parce que fa figure 610 MOR topographique reflemble à une feuille de murier, que les Grecs appellent Morez, Strabon, & beau- coup d’autres, ont écrit qu'elle reflembloit à une feuille de platane , qui ne difière guère de la feuille de mürier. (D.J.). - MORELLE , { f. folanum, (Hiff. nat. Bot.) genre de plante à fleurmonopétale, en rofette, & profondément découpée. Ils’éleve du caliceun piftil qui eft attaché comme un clou au milieu de la fleur, Ce piftil devient dans la fuite un fruit prefque rond ouovale, plein de fuc, & dans lequel on trouve des femences qui font le plus fouvent plates. Tour- nefort , Znf£. rei herb, Voyez PLANTE. | La morelle ou la douce-amere , eft le Jolanum fcan- dens {eu dulcamara de C. B. P. 167. de Tournefort, J. R. H. 149. elem. bot, 124. Boërh. J. 4. 2. 67. Dillen. caral. gif. 82. Rupp. flo. ien. 306. Buxh. 306. & autres; les Anglois la nomment ske com- mon right-shade with red berries, | Sa racine cft petite, fibreufe, elle poufle des branches ou farmensifragiles, grèles, longs detrois, quatre, cinq ou fix piés, grimpans fur les haies ou fur les arbrifleaux voifins. L’écorce des jeunes bran- ches eft verte; celle des vieilles branches &êc des troncs. eft gerfée, cendrée.à lextérieur, & d’un heau verden-dedans. Son bois renferme une moëlle fongueufe &c caffante. Ses feuilles naiflent alternativement ; elles font oblongues, liffes, pointues, femblables à celles du fimilax, d'un verd foncé, garnies quelquefois de deux oreilles à leur bafe, portées fur une queue lon- gue d'environ un pouce. Ses fleurs naifflent en bouquets; elles font peti- tes, d’une odeur defagréable, mais elles font aflez belles à la vûe. Elles font d’une feule piece, en ro- fette, partagées en cinq fegmens étroits, pointus, réfléchis ea-dehors , d’un: bleu purpurin » &,quel- quefois blancs; du milieu des fleurs fortent dés éta- mines à fommets jaunes, qui forment une émi- nence. Il s'élève du calice un pifül attaché en maniere d clou à la partie poftérieure de la fleur. Ce piftil fe change en baie fucéulente, allongée , ovale, de couleur d’écarlate quand elle eftmüre, d’une faveur . vifqueufe 8 defagréable, remplie de petites graines applaties & blanchâtres. Cette plante fe plait dans les lieux aquatiques , &c le long des ruifleaux; elle eft toute d'ufage, & fleurit aux mois de Juin & de Jiullet. Elle pafle pour incifive, diurétique éréfolutive. Les dames de Tof- cane , du tems de Matthiole, employoient le fuc de {es baies en pommade, pour le mettre en guife de rouge fur le vifage. (D. J.) MoreLLE où DOUCE-AMERE , ( Mar. med. € Dicte. ) cette plante eft vantée par plufienrs bota- niftes célebres comme puiffamment de/obffruanre &c fondanté. La décotion de fa tige dans l’eau ou dans le vin blanc, eft fur-tout très-recommandée contre lajaunifle & les obftrutions du foieinvétéréés. Elle eft célébrée encore comme un vulnéraire très-efñ- cace ,; capable de difloudre le fang extravafé &gru- melé ; & fon fuc efttrès-utile, par cette propriété , à ceux qui font tombés d’un lieu élevé. Fuller ayance même qu'une infufion compofée , dont la #orelle fait la bafe, opere fi merveilleufement dans les chù- tes & les grandes contufons , qu'il a remarqué , avec étonnement , que ce remede rendoit l’urine de ces malades abfolument noiïre à caufe des srumeaux diflous & entraînés avec cet excrément. Les mêmes préparations de la morelle {ont données auffi pour évacuer abondamment les eaux des hydropiques, foit par les felles, foït par les urines. ‘Les ufages extérieurs de cette plante font les mê- MOR _ mésque ceux de la rorelle. à fruit noïr. Woyeyuces ars title, , "La donce-amere tendrerqui eft acidule,, peut être mangée en falade avec affurance : elle n’eft pas plus dangereufe dans cet état, que le phitolacca, plante de la famille des morelles, dont les habitans de la Martinique mangent les feuilles apprêtées comme nous faifons nos épinars. Woy, PHirTozacca.(#) MORELLE À FRUIT NOIR ,( Boran, ) en latin Jolanum acinis nigricantibus »c’eftuneefpece defola- num. Voyez SOLANUM,( Boran, ) MORELLE , ( Mar, méd.) morelle commune à fruir noir, Les feuilles de cettéplante font employées en Médecine, mais dans l’ufage extérieur feulement. Car quoique quelques auteurs aientrecommandé le fac ou l’eau diftillée deicette plante pris intérieure ment dans linflammation de l’eftomac, lardeur d'u rine, &c la dyffenterie ; cependant trop d’obferva- tions prouvent que ces fubitances font de vérita- _ bles poifons ; pour qu'il foit permis detenter un pa- reil fecours. Les baies de la zzorelle commune étant avalées même entieres , caufent bientôt desconvul- fions horribles , auffi-bien que celles de la orelle furienfe. Voyez MORELLE FURIEUSE. Aurefte les acides font l’antidote afluré de toutes les efpeces dangereufes de r2orelle! M.'Bernard de Jufheu , dont: la candeur & l’exa@itude dans les expériences font généralement reconnues, m'a afluré que les acides végétaux remédioient fi efficacement :anx accidéns caufés par l’ufage intérieur de toutes ces plantes, êt de plufeurs autres que Tournefort a rangées dans la même clafle, qu'il n'étoit pas même néceffaire de les faire rejetter par le vomiflement , & qu’on pouvoit s’en tenir à donner abondamment du vinai- gre. Ce favant botanifte a obfervé aufli que toutes ces plantes étoient innocentes , lorfqw’elles conte- noiïent un acide fpontané. /ryez MORELEE 07 D'OU- CE-AMERE , TOMATE 6 PHITOLACCA. La rrorelle eft employée comme flupéfiante , cal- mante & relâchante , dans tous les cas de tenons inflammatoires accompagnées de vives douleers. On l’applique principalement, l’herbe pilée, fur Le hémorrhoïdes très-dolentes , on les bafline avec le fuc. C’eft encore là un remede très-ufité contre les douleurs atroces qui accompagnent fouventles can- cers. On mêle quelquefois à ce fuc une petite quan- tité d’efprit-de-vin , dans la vüervraiflemblablement aflez mal remplie par'cette addition, de corriger fa qualité froide repercuflive. C’eft avec ce correctif qu’on l’emploie principalement contre les éruptions éréfipélateufes | & les démangeaifons infupporta- bles. On retire de cette plante une eau difüllée fimple qui contient aflez des principes propres de la plante pour être vénéneufe dans l’ufage intérieur , car lo- deur virulente de la plante entiere annonce que fes principes véritablement aëhifs font au-moins en par- tie très-volatils : mais cette imprégnation ne com- munique point à cette eau des qualités comparables, quant à l'énergie, à celles du fuc ; elle la laifle, prefque fans vertu, dans lapplication extérieure. L’huile qu’on prépare par infufion 6 par coétion de fes baies & de fes feuilles, & qu’on fait entrer communément dans les embrocations ou épithemes liquides & les cataplafmes anodins, eft auffi très:in- férieure en vertu au fuc. Les Médecins les plus circonfpes ont regardé tous ces remedes extérieurs, tirés de la zorelle com- mune , comme fufpeéts, par une qualité éminem- : ment repercufive qu'ils lui ont attribuée; qualité peut-être trop généralement redontée, au-mons mal appréciée. foyer REPERCUSSIF. (D) MORELLE FURIEUSE , ( Médecine , Traité des cho- fes non-naturelles,) Cette plante renferme un poifon violent, dont le premier effet eft de jetter dans Ia fareur les fujets qu'il afkête. ; On trouve dans le Recweil périodique de Médecine , &cc. Août 1759, une obfervation remarquable à ce fujet ; la voici: en 1743, deux filles, l’une d’envi- ton fept ans , l’autre de huit, furent frappées d’une manie, dont Les fymptomes furieux firent foupçon- ner le poifon au médecin, auteur de cette obferva- tion. J1 leur fit donner quelques verres de tifane fli- biée. Elles vomirent , l’une deux baies, l’autre trois de morelle furienfe entieres, auffi pleines , aufli frai- ches qu'au moment qu’elles font détachées de la plante dans leur parfaite maturité ; cependant la ma- nie fe foutenoit depuis près de vingt-quatre heures, tous les membres étoient frappés de foibles mouve- mens convulfifs, leur gefte étoit audacieux, leurs regards exprimoient la fureur, le ris fardonique im- modéré fuccédoit & faifoit place aux larmes ame- res ; elles bégayoient des paroles hardies ; & cher- choient à mordre & déchirer tout ce qui fe préfen- toit devant elles. L’anns , le fphinéter de la veflie étoient relâchés, les extrémités inférieures étoient engourdies par une atonie paralytique ; l’effroi s'em- para du peuple, on cria au fortilege fur ces créatu- | tes innocentes, on les crut poflédées. L’exorcifme donné fans connoïflance fut. aufli fans fuccès. L’é- métique en lavage réufit : demi-heure après l'opé- ration du remede , le public furpris vit jouer en pleine rue nos eonvalefcentes avec leurs compa- gnes. Aujourd’huielles jouiflent d’une fanté ferme & vigoureufe ; elles n'ont jamais reflenti aucune im- preffion fâcheufe du poifon, dès lPinftant qu'il fut rejetté au-dehors. (4) MORELLE À GRAPPES, ( Boran. ) nom vulgaire d’une efpece de phitolacca. Foyez PHITOLACCA. Boran.( D.J.) | MORELLE À GRAPPES, ( Mar. méd, ) phirolacca , grande morelle des Indes. Les feuilles de cette plante entrent dans la compofition du baume tranquile. On n’en fait aucun autre ufage en Médecine. On croit qu'elle eft moins dangereufe que les autres ef- eces de morelle avec lefquelles on la range. (4) MORENA , (Géog.anc.) contrée d’Afe qui fai- foit partie de la Myfe. (D. J.) MORESQUES , ez Architeülure , voyez ÂRABES- QUES. _ MoREsQUESs 6 ARABESQUES , ( Ciféleur. ) ce font de certains rinceaux d’où fortent des feuillages qui font faits de caprice & d’une maniere quin’a rien de naturel ; on s’en fert d'ordinaire dans les ouvra- ges de damafquinerie , & dans les ornemens de pein- ture & de broderie. MORET , ( Pharmacie, ) voyez la fin de l’article MÿôRr1ErR 6 JULEP. | MoRET, ( Géog. ) en latin du moyen-äge More- zumou Muritum ; ancienne ville de l’Ifle-de-France , avec un château qui n’eft qu'un donjon fur le Loin, à une lieue de l’endroiroù cette petite riviere fe jette dans la Seine. Morer a depuis long-rems le titre de comté. Henri IV. en fit préfent à Jacqueline de Beuil, fon amie. La feioneurie 8c le châreau de Fontaine- bleau , entrautres fiefs, relevent du comté de Mo- res, Long. 21. 34. las. 48. 20. (D. J.) MORFIL , f. m.( Courel.) c’eft une petite lifiere très-mince, très-flexible , & très-coupante, qui fe forme tout le long d’un inftrument tranchant , & lorfqu’on l’émout fur la pierre à aiguifer , & lorf- qu'on le pañle fur la polifloire. Il faut enlever le znorfil {ur la pierre à repaffer,ou fur la pierre à Phuile; _ fans cette précaution le wrfl {e renverfera. le sran- chant s’ébréchera , & l’inftrument ne coupera plus. Cette lifiere mince qui fe fait par l’ufure ou le frot- tement de la piece contre la meule ou la polifloire, me peut être détachée du tranchant, parce qu'elle | MOR SLT eft trop flexible 8 trop mince, On peut-fans fe blefs fer, appuyer fon doigt fur le tranchant d’un inftrus ment, quand le o7f! en eft enlevé ; mais on fe blefferoit sûrement, file m0r4/ y étoit, Rien ne rend mieux la nature du morf/, 8 n’explique plus net» tement fa formation, que de l’appeller ce qu’on nomme bavure dans d’autres Arts. MORFONDU , adj. ( Maréchal.) cheval attaqué du mal appellé morfordure, Voyez MorFoNDpuRre. MORFONDURE , £ f. (Maréchal, ) maladie du cheval, qui confifte dans un écoulement de matiere par les nafeaux , différent de la morve, C’eft pro prement ce qu'on appelle rhume dans l’homme, Elle fait plus ou moins toufler le cheval, & lui caufe des battemens de flanc , accompagnés d’un grand dégoût, MORGAGNT , srou de Morgagni. Morgagni eft de tous les Italiens celni qui s’eft acquis le plus de ré- putation dans notre fiecle ; il a publié fuccefive- ment fix traités fur l’Anatomie, Il à fait différentes découvertes , entre autres d’un trou de la langue, lequel porte fon nom. Il a donné auffi le nom de ari- gos morgagri à un mufcle de la luette. Ses ouvrages {ont J.B. Morgagni adverfaria anatomica fex, Patav. 4°. Les mêmes , auxquels on a ajouté plufeurs plan- ches & une diflertation intitulée | Nova 1nftitution um medicarum idea, medicum perfectiffimum adum brans, Lugduni Batavorum , 1741. in-4°, {es lettres inférées dans la nouvelle édition de Valfava, Poyez cet article, MORGANATIQUE , MARIAGE , marrimonium ad morganaticum , (Jurifp.) C’eft ainf qu’on nomme dans le Droit public germanique les mariages entre perfonnes d’une condition inégale , ou les mefal- liances. Suivant les nfages de l’Émpire , les enfans qui naïflent de ces fortes de mariages, font déchüs des états ou des biens féodaux de leur pere, &ces biens paflent au plus proche des agnats, Un orand nombre d'exemples prouve que cette loi gothique & vraiment barbare, a encore lieu, & elle a fou vent privé des héritiers léoitimes de la fucceffion à laquelle Îles appelloit la näture, dont la voix devroit être plus forte que celle d’un préjugé abfurde , ri- dicule &r inhumain. (—) MORGANTIUM, ( Géog. anc. ) ville de Sicile dans la partie orientale de cette île , au midi de Ca- tane , aflez près de l'embouchure dufleuve Simo- thus. | C’eft une ville très - ancienne , dont le nom fe trouve écrit différemment par les auteurs. Silius Italicus écrit Morgentia ; Strabon , Morgantium s Tite-Live, Morgantia ; Etienne le géographe met tantôt Morgentia, 8 tantôt Morgentium ; enfin Dia- dore de Sicile écrit Mopyavrwe, Morgantina. Il ne faut pas confondre cette ville avec la ville Murgan= tia en Italie, dans le Samnium. MORGELINE , alfine, {. f.( Hiff. nat. Botan. ) genre de plante à fleur en rofe, compofée de plu- fieurs pétales ; ces pétales font découpés dans quel- ques efpeces , & entiers dans d’autres. Le calice eft formé de cinq feuilles; le pifül fort de ce calice , & devient , quand la fleur eft paflée , un fruit mem- braneux qui n’a qu'une feule capfule , arrondi où conique. Ce fruit s'ouvre par la pointe , & contient des femences attachées à un petit placenta. Tour nofort, {nff. rei herb, Voyez PLANTE. Ce genre de plante eft connu des Botaniftes fous le nom d’a/fne. Vaillant en compte vingt-deux ef- peces ; la principale que nous allons décrire , eft nommée a/fëne media, alfine vulgaris, aljine minor, | par la plüpart des auteurs de Botanique. “Ses racines font chevelues & fibrées ; elles poufs fent plufieurs petitestiges couchées &t étendues pa terre , tendres, velues, rougeâtres, genouillées , 712 MOR êc rameufes: Ses feuilles fortent des nœuds oppoz= fées deux à deux; elles font arrondies, pointues, longues de troisou quatre lignes , larges de deux ou trois , portées fur des queues un peu velues & ver- tes. Ses fleurs naïflent à l'extrémité des branches; elles font en rofe , compofées de plufieurs pétales fendus en deux, blanches , rayées, renfermées dans un calice velu & à cinq feuilles. Le pifil, qui s’é- leve du calice, fe change en un fruit membraneux, à une feule loge , conique , qui s’ouvre par la poin- te, &eft rempli de graines très-menues, rouffa- tres , attachées comme en grappe à un placenta, Cette plante croît par-tout dans les lieux maréca- geux ; le long des haies ê&t des chemins ; dans les vignes , dans les jardins, &c parmi les légumes. La morgeline varie beaucoup felon les lieux; & de-là vient que nous en avons tant de figures diffé- rentes. On en fait peu d’ufage ; mais c’eft une nour- riture délicieufe pour les ferins de Canarie , les chardonnerets, & les autres oïfeaux de chant, La remarque en eft ancienne; Anguillara, Tragus , & plufieurs auteurs nous l’ont tranfnufe. (D.J,) MORGELINE , ( Mar. med. ) mouron des peties oi- Jeaux. On a attribué à cette plante, qui eft, on ne peut pas moins ufuelle , la vertu refolutive , dif- cufiive & rafraichiflante, On l’a donnée pour fort analogué au pourpier , & comme fon füccédanée. £ . MORGEN ; (Æ/4. mod.) c’eit une mefure ufitée en Allemagne pour Les terres labourables, les prés êc les vignes ; elle n’eft point par-tout exaétement la même, Le morgez dans le duché de Brunfwick, eft de 120 verges dont chacune a 8 aunes ou en- viron 16 piés de toi. MORGENGAB, (Droit germ.) c’eft-à-dire pré- fènt du matin, En effet on entend le préfent que le mari fait d'ordinaire le lendemain des noces à fa femme pour fes menus-plaifirs, & ce préfent peut confifter en argent ou en valeur. On l'appelle en- core en allemand /pie/geld, on comme nous dirions les épingles, _ Ce préfent fe fait à la femme par le mari, quand même il auroit époufé une veuve; mais la femme ne fait jamais un préfent au mari, quand même il feroit marié pour la premiere fois. - Ce préfent peut être promis par une convention expreîle, ou bien s’exécuter par une tradition réelle. Mais après, fi par Le contrat de mariage on n'eft pas convenu de ce préfent, le mari ne fera pas tenu de le faire après les noces. Ceux qui peuvent conftituer ce zzorgengab, font, 1° le mari qui peut le donner de fon bien propre, 2° le pere qui eft obligé de donner des affuran- ces à l'égard de ce préfent , de même qu'il eft te- nu d'en donner, par rapport à la dot, 3° & un étranger, par où nous entendons aufhi la mere & les freres. Lorfque le morgengab a été délivré à la femme, elle en acquiert la propriété, & elle en peut dif- pofer à fon gré. Si l’on eft convenu qu’on en payera les intérêts, ni elle ni les héritiers ne pourront en demander la propriété qu'après la diflolution du mariage. La femme acquiert pat rapport au morgengab une hypotheqne tacite fur les biens de fon mari, depnis le jour qu'on eft convenu & qu’elle a été reglée. Mais la femme n’a pas de privilege perfonnel à ce fujet ; c’eft pourquoi aufñ elle ne fera colloquée, sil y à un concours de créanciers, dans la cin- quieme claffe. Cependant fi le zorgengab exifte en nature, elle fera rangée dans la prenuiere clafle. S'il n’exifte plus, qu'il ait été enregiftré dans Je Eyre des hypotheques, la femme fera colloquée dans la troiieme claile, MOR La fémme pourra faire fervir le morgengab de _ Cautionnèment pour fon mari, ce qui ne la privera pas du fenatus-confulte Velléien. Le 7rorgengab ne retourne jamais au mari ni À fes héritiers, quand même le mariage feroit dé- claré nul ou qu'il feroit diflous par la faute de la femme : telles font les ordonnances du code-Fréde- ric au fujet du orgengab, Gregoire de Tours appelle le morgengab, matu- tinale donum, lib. LX, c, xix, comme le remarque Gronovius qui renvoie au gloffaire de Lindenbrog fur le codex legum antiquarum, V. oyez Cujas ad 1, IF, de Feud, tir, XX XII, 8x la différtation de feu M. He- tius de Specialibus rom. gerr. republ, &c. Voyez auf la Differtation de M. Cocceius 4e lege morganatica, imprimée à Francfort-fur-l’Oder en 1695, où il prétend que Zx morganatica elt la même chofe que la loi falique ; & que comme cette loi permet le mariage dont 1l s’agit, on les a appellés pour cette raifon rzatrimonia ad MOTSANAICAI OÙ €X lege more ganatica, (D, J.) MORGES, (Géog.) ville de Suiffe dans le pays de Romand, au canton de Berne , Capitale d’un baïl- lage, avec un château où réfide le bailli. Elle a une vue admirable, &e eft fur le lac de Genève, à deux lieues de Laufanne. Les Bernois ont pratiqué à Morges uri pont aflez fpacieux, fermé de murs, avec un quai & des hal- les, &c ce feul ouvrage fait profperer cette ville, Le bailliage de Morges comprend la côte ou du moins la plus grande partie de cette contrée qui pañle pour le meilleur vignoble des treize cantons de la Suifle. La côte eft un quartier de pays, de trois lieues de long fur le lac Léman, & qui s’é- leve infenfiblement jufqu’à une lieue de marche: La perfpeétive tonte parfemée de villes, de villa ges & de châteaux en amphithéatre, en eft fi belle, que Tavernier & le doéteur Burnet difoient n’avoir rien vu ailleurs qui fût comparable à cet afpet, Long. 24.15. lar, 46. 30. (D. J.) MORGETES, (Géog. anc.) peuples de l'Italie dans lÆnotrie; ayant été chaflés de leurs pays par les Ænotriens, ils paflerent en Sicile, au rap- port de Strabon, (D, J.) MORGOYA , (Æif£. nar, Botan.) arbufte de l'île de Maragnan, qui s’éleve fort haut lorfqu’un atbre lui fert d'appui. Il produit une fleur qui a la forme d’une étoile ; elle eft. d’un beau pourpre, & fes feuilles font dentelés ; fon fruit eft de la groffeur d’un œuf, mais plus rond & rempli de sraines: Sa peau eft verte & mêlée de blanc. On le fait cuire , ou bien on le confit dans du fucre, MORGUE, f. £. (Gramm.) Si vous joignez la dureté & la fierté à la gravité & à la fottife, vous aurez la srorgue, Elle eft de tous les états: mais On en accufe particulierement la robe, & la raifon en eft fimple. Il y a dans la robe, tout autant de gens fots &c fiers que dans l’églife & le militaire, ni plus ni moins; mais la gravité eft particuliere- ment attachée à la magiftrature ; dépofitaire des lois qu’elle fait parler ou taire à fon gré, c’eft une tentation bien naturelle que d’en promener par- tout avec {01 la menace. Les sens de lettres ont aufh leur orgue, mais elle ne fe montrera dans aucun plus fortement que dans le poëte fatyrique. MORGUE; (Æiff. mod.) c’eft dans les prifons ; Tintervalle du fecond guichet au troïfieme, On donne le même nom à un endroit du châtelet, où l’on expofe à la vue du public Les corps morts dont la juftice fe faifit : ils y reftent plufieurs jours afin de donner aux pañlans le tems de les recon- noître, MORHANGE, ( Géog.) en allemand Moerchin= gen, ancienne bourgade de la Lorraine allemande, avec Le MX M ® Li avec titre de commré. Les feigneurs de cette bour- gade prennent la qualité de rhingraves, & ne rele- vent que de l’Empire. Elle eft à 10 lieues N. E. de Nancy, 80 N. E. de Paris. Longir, 24. 17. 35. lat. 48.33. 30. (D. J. _. MORICAMBE, (Géog. anc.) golfe de l’île d’Al- bion, Prolomée, Z. IL, c. üij, le place fur la côte occidentale entre le golfe Jzura & le port des Se- tantir, Le pere Briet penfe que c’eft la baie de Æir- . MORIDUNUM, ( Géopr. anc, ) où MURIDU- NUM, ville de la Grande-Bretagne, que l’itiné- raire d’Antonin met fur la route de Ca/leva À Urix conium, à 36 milles de la premiere, & À 15 de la feconde. C’eft aujourd’hui Season, felon le favant Gale. (D. J.) MORIGENER , v. a@. (Gramm.) corriger, re- preñdre ,; former aux bonnes mœurs par des cor- reétions & des réprimandes, Il eft difficile qu'un enfant qui n’a point été morigené, foit aflez heu- reufement né pour n’en avoir pas eu de befoin, & n'avoir ancun de ces défauts dont une bonne édu- cation peut corriger. Mais on fe rend infupporta- ble à force de reprendre, Peu de correétions, mais placées à propos; fur-tout ne pas donner lieu à un enfant de confondre les fautes confidérables avec les fautes legeres, en montrant la même févérité pour les unes & pour les autres : ce feroit cor- rompre au lieu de corriger. MORILLE, {. f. bolesus. (AE. nat, Bor.) gente de plante qui reffemble au champignon, & qui n’en differe qu’en ce qu’elle eft percée d’un grand nom- bre de grands trous. Tournefort, inflit, rei herbar. Voyez PLANTE. La morille eft nommée pat Tournefort bolerus , efculentus , vulgaris, inf£, rec herb, s6r. &c par Bau- hin, féngus porofus, C, B. P. 370. C’eft un genre de plante dont on ne connoît pas encore les fleurs & les fruits. Souvent la #orille eft de la longueur d’une noix, & quelquefois plus grofle , d’une figure tantôt oblongue, tantôt pyra- midale, tantôt ovale, Sa fubftance eft tendte , Char- nue, ridée, poreufe, toute percée de grands trous femblables à des rayons de miel. Sa couleur eft un peu rouseûtre, quelquefois fauve ou noirâtre. La rnorille eît concave en-dedans >blanche, & com- me enduite d’une fine pouflere. Le pédicule qui la foutient, eft tout blanc, creux, garni à fa partie inférieure, de racines menues, déliées & filamen- teufes, Cluius a obfervé quatre efpeces de morilles différentes en grofleur, en figure & en couleur; 4l ÿ en a vraiflemblablement bien davantage. _Ce genre de plante vient À marveille dans cer- tains lieux herbeux, humides, dans les bois, & les collines , au pié des arbres. On en cherche , & on en trouve beaucoup au printems aux environs de Paris, dans Le bois de Vincennes , dans la forêt de Saint-Germain, dans la vallée de Montmorency & ailleurs. | On en tranfporte auffi de feches dans cette Capi- tale, detoutes les provinces de France, parce qu’elles font fort recherchées à Paris, pour l’affaifonnement de plufieurs mets, Nos Cuifiniers, toujours difpofés à fatisfaire notre fenfualité aux dépens de la fanté, préparent des morilles de toutes fortes de manie- es : 1lS ont imaginé d’en faire cent plats particu- liers pour hors-d’œnvres, ou pour entre-mets : comme "rorilles en tourtes, en ragoüt, à la crème en gras, &t en ragoût à la crême en maigre. Qui n’a ou parler aux gourmands de morilles farcies, de inorilles frites, de morilles à l'italienne ; de morilles au lard, de pain aux orilles, & de tourtes aux morilles ? Les Romains auf voluptueux que nous, & beau Tome X, MOR 733 coup plus riches, faifoient leurs délicés des 0775. Néron appelloit ce genre de nourriture un mets des diéux, cbus deorum. Elles font excellentes, dit Pline, Z Æ XII. c. xxij. mais elles ont été ac« culées de malignité dans une célebre conjondure. Agrippine s’en fervit pour empoifonner l’empereur Claude. Il eft pourtant certain que les morilles ne Cauferent pas feules le décès de cet empereur, ce fut la violence du poïfon dont on les farcit, qui le fit périr. C’eft pour quoi Suétone qui rapporte ce fait dans la vie de Claude, fe fert du mot hoferns medicatus, des morilles empoifonnées. On fait, pour le dire en paflant, avec quel àrt, quelle délicatefle Racine, dans fa sragédie de Bri- tannicus ; fait raconter à Néron par Agrippine elle. même, Ale VI, fcere III, ce trait d’hiftoire de l'empoifonnement de Claude. Elle dit à fon fils : Il mourut ; mille bruits en courent à m& honte J'arrétai de fa fin la nouvelle trop promte, Es tandis que Burrhus alloit fecrétemenr De l'armée en vos mains exiger le ferment, Que vous marchiez au camp, conduit [ous mes aupices , Dans Rome les autels fumoièens de facrifices : Par mes ordres trompeurs, tour le peuple excité, Du prince déja mort demandoit la fanté, (D.J.) MORILLE, (Diere.) La morille eft un des plus agréables au goût, & des moins dangereux des cham- pignons. On n’a point obfervé que cet aliment foit fujet à caufer des indigeftions fâcheufes , encore moins aucun accident qui approchât des effets du poiton. IL eft feulement très-échauffant, excitant l’appétit vénérien, & difpofant efficacement les hommes à le fatisfaire. C’eft pour quoi il faut les in- terdire à tous les fujets qu'il eft dangereux d’échauf- fer, & principalement dans les maladies inlammas toires des parties de la génération. Ce mets a êré fameux par l’ufage qu’en fit Agrip- pine pour donner du poñfon à l’empereur Claude, Mais, felon la remarque de Geoffroy, il eft certain que les 7zorilles n’ont pas été, par elles-mêmes, la caufe de la mort de cet empereur; mais que c’eft le poifon dont elles étoient remplies qu'il faut en accufer. Auf, les Hiftoriens en parlant de ce fait, fe fervent-ils d’une expreffion qui fignifie des 770- rilles empoifonnés , boleri medicati, (b) MORILLON, f. m. glaucium bellon,(Hifi.nat. Bot.) oïfeau de la même grandeur que le canard , &c qui lui reflemble beaucoup ; fon bec eft dentelé fur fes bords comme une {cie ; fes pattes font rouges à l'in- . térieur ; & brunes à l’extérieur ; toute la rête eft d’une couleur de rouille foncée jufqu’au milieu du cou où il eft entouré d’une bande blanchâtre , la poitrine eft de couleur cendrée, le ventre eft blanc; le dos & les aîles font noirs; fi on Les étend , on voit fept plumes blanches qui les rendent aflez fembla- bles à celles des pies ; lerefte des aïles & la queue qui reffemble à celle du cormoran , font noires. Le morillon a la langue charnue, & f épaïfle qu’elle pa- roit double auprès de la racine ; la poitrine eft large comme celle des canards ; les pattes font courtes & pliées en arriere comme celles des plongeons. Wils lushbi, voyez OISEAU. , Voici la defcription qu'on en trouve ailleurs; c'eft, dit-on,une efpece de canardquin’eft différent des au- trés que par la couleur rouge de fesjambes & de fes piés,& par fon plumage, il a la tète &c la moitié du col tannée, un collier blanc, le refte du col & de la poitris ne cendrée ; ilparoïît noir fur le dos , mais quand il étendfes aîles, on y voit desplumes blanches de cha- que côté, de forte qu'elles font mi-partiés cominé celles des pies ; il a aufile deflous du Re blane & XX 714 MOR queue noire ; il plonge fréquemment , 8£ demeure fous l’eau plus long-rems que les canards ; fa chair eft auf plus délicate & d’un goût plus exquis. MorïiLLON , les Lapidaires nomment ainf des éméraudes brutes qu'on vend au marc. Il y a auf - des demi-worillons. Poyez; ÉMÉRAUDES. MORINE., morina , {. f. ( Hiff. nat, Bor,) genre de plante à fleur monopétale, anomale, tubulée , en forme de mafque , & divifée en deux levres, dont la fupérieure eft découpée en deux parties &e Pinfe- rieure en trois : le calice eft auffi découpé en deux parties pour l'ordinaire. Le piftil qui fort du calice, eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur & ftérile. Le calice de la fleur eft pofe fur un jenne fruit qui eft renfermé dans un autre calice comme dans un étui, & qui devient dans la fuite une femence arrondie &: anguleufe. Tournefort, Inff, rei herb. coroll. Voyez PLANTE. Cette plante n’a pas été feulement décrite exaête- ment par M. Tournefort ; elle fait dans le fyftème de Linnæus un genre diftinét, dont voici, felon cet illuftre botanifte , les principaux caraéteres, Le ca- lice eft double , & de deux fortes : l’un eft l'enve- loppe du fruit , & refte après que la fleur eft tom- bée ; l’autre eft enveloppe de la fleur même, qui eft monopétale , tubulaire , légerement fendue en deux fegmens fubfftans après la fleur. Il n’y a point proprement de fruit ; la graine qui fuccede à chaque fleur eft unique , arrondie , & entourée par le ca- lice de la fleur. | M. de Tournefort trouva cette belle plante dans fon voyage du levant, & lui donna le nom de M. Morin non-feulement parce qu’il étoit fon ami, mais parce que ce botanifte a eu l’honneur d'élever dans fon jardin cette plante de graine , & qu’elle n’a pas réuff dans le jardin du roi. La rorine donc, rorina orientalis , carlinæ folio, I. R. H. 48. a la racine plus groffe que le pouce, par- tagée en grofles fibres , brunes, gerfées , peu cheve- lues. Sa tige s’éleve à deux outrois piés dehaut. Elle eft ferme , droite, life, velue vers le fommet , rou- geâtre , 8 noueufe. Il fort communément de chaque nœud trois feuilles aflez femblables à celles de la carline, verd-gai, luifantes , découpées, ondées &c garnies de piquans jaunâtres , fermes, durs, longs de 4 ou 5 lignes. De l’aifelle des feuilles naïffent des fleurs par éta- ges & à double rang , longues d’un pouce & demi. Chaque fleur eft un tuyau courbe , fort menu vers le bas, évafé en-haut , & divifé en deux levres & profondément échancrées. L’inférieure eft déconpée entrois parties aufh arrondies, L'ouverture dutuyau qui eft entre ces deux levres, eft toute découverte. Le filet du pifil qui eft un peu plus long que les éta- mines , finit par un bouton verdâtre. Le calice eft un tuyau long de deux lignes, fendue profondément en deux languettes arrondies, légerement cannelées; c’eft du fond de ce tuyau que fort la fleur. On en trouve fouvent de deux fortes fur le même pié ; les unes font toutes blanches , les autres font couleur de rofe , tirant fur Le purpurin avec les bords blanchâtres. Toutes fes fleurs ont l’odeur de celles du chevrefeuille , & portent fur un embryon de graine. ( D. J.) MORINGA , ( Hife. nas. Botan.) arbre des Indes orientales qui reflemble au lentifque par fa grandeur &c par fes feuilles. Cet arbre eft noueux , & a fort peu de branches; fon bois eff très-caffant. Ses fleurs font d’une couleur verdâtre & brune, elles ont le goût d’un navet. Il produit un fruit de la groffeur d’une rave qui a un pié de longueur, il eft blanc & moëlleux en-dedans , & renferme de petites femen- ces vertes & âcres. Ce fruit fe mange cuit. La raci- ne de l’arbre eft regardée comme un puiffant contre. MOR poifon dans les morfures des bêtes venimeufes, &c comme un remede dans les maladies contagienfes. MORINIENS , morint, (Hiff.anc.) peuple de l’an- cienne Gaule béloique , qu1 habitoit du tems des Ro- mains le pays des Cleves, dejuliers & de Gueldres, MORION , (Æff. rar.) nom donné par Pline & d’autres anciens naturalifies à une pierre noire à l'extérieur , mais qui, tenue entre l'œil & le feu où une flamme , paroifioit être tranfparente &c d’un beau rouge. On l’appelloit auffi prammion, Il paroît que c’étoit un cryital ou fluor noir. (—) Morions , {. m. pl. (Æiff, anc.) perfonnages bof- fus, boiteux, contrefaits, tête pointue , à longues oreilles, & à phyfonomie ridicule, qu'on admettoit dans les feitins, pour amufer les convives. Plus un morion étoit hideux , plus cherement il étoit acheté. Il y en a qui ont été payés jufqu'à 2000 fefterces, MorioN , armure de tête qui étoit autrefois en ufage pour l'infanterie. Voyez SALADE. MORINS , Morini, (Géog. anc.) anciens peuples de la Gaule belgique , qui habitoient l’ancien dio- cefe de Térouenne. Ils étoient divifés en plufeurs cantons , pagos , comme cela paroît par Céfarmème, L IP, c. xxj. qui fe trouvant dans le port Iecius pour faire équipper fa flotte, reçut des députés de quel- ques cantons des Morins , qui lui promirent obéif- fance, & n’en reçut point des autres. Il feroit difficile d’établir combien la cité entiere des Morins renfermoit de pays. Il eft néanmoins probable qu’elle comprenoit tonte Pétendue des diocefes qui ont été formés de celui de Téronenne, favoir Boulogne , S, Omer &t Ypres. Le nom de Morini, comme celui des Amorict , dé- rive du celtique w0r, qui fignifie mer; & il avoit été donné à ces peuples, à caufe de leur fituation fur le rivage de la mer, | Virgile , Ænéide L, VIII. v. 727: par une figure hardie, met les Morini au bout du monde. Extremique hominum Morini , Rhenufque bivornis. Pline, Z XIX, c. j, adoucit l'expreflion , en difant qu’on les regardoit comme placés à l'extrémité de la térre , wltimique hominum exiflimati Morini, Pompo- nius-Mela, 2, ZIL. c. ij. parle plus jufte ; il les dit les plus reculés de tous les peuples gaulois , alrimi Gal. licarum gentium Morin. Ptolomée , Z. IT, c.ix. donne aux Morins la ville de Farrana , Térouenne , & un port nommé Gefforiacum , c’eft Boulogne fur mer. Il met auff dans leur pays l'embouchure du fleuve Ta- dula , & celle de la Meufe. ( D. J.) MORISONE , morifona , ( Hiff. nar. Bot. ) genre de plante à fleur en rofe, compofée dé quatre péta- les difpofés en rond ; il fort du calice un piftil, dont le fommet devient dans la fuite un fruit rond , cha- cun couvert d’une écorce dure, & rempli de femen- ces qui ont la forme d’un rein. Plumier, Nova plane, amer. gen. Veyez PLANTE. MORISQUES oz LOS MORISCOS , ( Géopr. ) on appelloit ainfi les Maures qui étoient reftés en Efpagne après la ruine de l’empire qu'ils y avoient établi. Le roi Philippe Ill. a trouvé le moyen d’ap- pauvrir fes états, & de les dépeupler à jamais en chaflant tous les Morifques qui s’y trouverent en 1610. Ilen fortit plus de 500 mille qui fe retirerent en Afrique. On ne fauroit frapper de plus grands coups d'état en politique pour fe ruines fans ref- fource. | MORISTASGUS, (Mychol, Gaul.) le Moriflafgus des Gaulois paroït avoir été une divinité locale des Senonoiïs ; car un homme de ce nom étoit roi du pays dans le tems que Céfar arriva dans les Gaules, & la royauté avoit été déja dans fa famille. Il y a donc bien de l’apparence que ce roi portoit le nom d’un dieu particulier du lieu , ou qu'il étoit lui-même cette divinité , après avoir été mis au nombre des MOR _ dieux, pat la fuperfition grofliere de ces peuples idolätres. Quoi qu'il en foit, dans les infcriptions recueillies par Ramfus, on trouve qu’un Ti.Cl, Pro- feflus Niger , lequel avoit obtenu toutes les charges des cités de Langres & d’Autun , ordonna par fon teftament que l’on ajoutât un portique au temple du dieu Moriffafgus, tant en fon nom qu’en celui de fa femme & de fes filles. Cette infcription a été décou- verte dans les ruines de l’ancienne ville d’Aléfa. Mém. de l’acad. des Infer. &. XX IV, p. 361, (D. J.) MORITONIUM, ( Æift. anc.) lieu de France en Normandie aux confins dela Bretagne, M. de Valois dit qu’on l’appelle à préfent Morrain. MORLAIX , ( Géogr. ) ville de France en Breta- gne , avec une rade qui peut pafler pour un bon mouillage , un port qui reçoit des navires de cent tonneaux, & un château qu’on nomme Île Taureau _ pour couvrir la ville. " Le mot de Morlaix eft corrompu de Mozrelaix ; car le nom latin du moyen âge eft Mons Relaxus ; ce n’étoit qu’un château fur la fin du xi]. fiecle, Aujour- d'hui Morlaix eft plus confidérable que la capitalé du diocefe. Il s’y fait un grand commerce de fl & de toile pour l'étranger. Même par un privilege ex- clufif, contraire au bien du pays, les marchands de Morlaix ont feuls le droit d’acheter les toiles de la main de l’ouvrier ou du marchand de la campagne qui les vend. _ Cette ville eft fituée fur une petite riviere qui porte fon nom à 2 lieues de la mer &r de Saint-Paul de Léon, 12 N.E,. de Breft, 18 O. de Saint-Brieux, 110 de Paris. Long. 13.45, latit. 48. 35. (D. JT.) MORLAQUIE, ( Géog. ) contrée de la Croatie, dont elle occupe la partie méridionale le long du golfe de Venife, entre lIftrie & la Dalmatie. Les Morlaques font fujets de la république de Venife, & habitent la montagne qu'on nomme Morlaque. Ce font des fugitifs d’Albanie , gens déterminés, ro- buftes, guerriers, toujours armés, qui parlent efcla- von, & fuivent la plüpart la religion des Grecs. D, J. k | ; ati MORMO , MORMUROT, MARME, MORMIROT, MOSMYRUS , poiflon de mer, aflez reflemblant à la daurade, excepté qu'il a Le corps moins rond , la tête plus longue & le mufeau plus pointu ; la bouche eft de médiocre grandeur & gar- nie de petites dents , il a Le dos d’un blanc bleuâtre & le ventre d’un blanc argenté ; les côtés du corps font traverfés par des bandes noires, également éloi- gnées les unes des autres : la premiere du côté de la tête eft la plus longue , les autres diminuent de lon- gueur fucceffivement , & la derniere eft la plus courte. Ce poiflon fe nourrit de petits calemars,, fa chair eft molle 8 humide. Rondelet, A5 des poif: part. 1, Liv. W. chap. xx17. Voyez Poisson. MorMmMo, voyez MORME. MORMUROT , voyez MORME. MORNE , adj. (Gramm.)trifte, filentieux & fom- bre. Il ne fe dit guere que des perfonnes & des chofes petfonnifiées. Hi y a des animaux en qui la nature eft snorne ; & ils font ordinairement méchans, Une paf- fion violente & malheureufe eft sorre. Le défefpoir, quand il eft extrème, eft orne. MORNES, f. m. (Géog.) c’eft ainfi qu’on appelle dans les îles françoifes de l’Amérique les montagnes de moyenne hauteur, voifines de la mer, ê7 comme détachées des hautes montagnes quioccupent le mi- lieu des iles ; quelquefois ces dernieres font aufli ap- pellées morres , ainfi que le gras zzorne, le morne du Vauclin & le morne de la Callebafle à la Martinique. MORNE,, ( Géog. ) terme qu'emploient les Fran- çois de l'Amérique pour fignifier un cap élevé ou une petite 720ntagnequi S’avance en mer ; c’eft pour cela qu'ils nomment gros morne une haute montagne de _ Tome X, MOR 715 PAmérique feptentrionale dans l’ile de la Martini- que , près du bourg de la Trinité & de l’anfe du Gal. lion. Vainement voudrions-nous rejetter atjourd’hui ces fortes de termes barbares , nous nous trouvons forcés de les adopter. (D. J.) MORNÉ , adj. terme de Blafon , il fe dit des lions & autres animaux qui n'ont ni dents, nibec , Di lane gues, nigrifies , m queue. Du Halgoer en Bretagne, d’azur au lion morné d’or. MORNÉE , ( Maréchal, ) lance mornée, Voyez LANce. MORNSHEIM , ( Géog. ) petite ville d’Allemas gne au cercle de Franconie dans le Hanenkam , fur la Seyt. Elle appartient à l’évêque d’Aichftet, Long. 29,12. lait, 49.10, (D. J.) MOROCHTUS , MOROCHITES ox MOROCSs TES , (if. nar.) nom donné par Pline à une efpece de fubflance qui fervoit à enlever les taches des has bits. On dit qu'elle étoit très dure , très-pefante, douce au toucher , d’un blanc tirant fur le gris & verdâtre, M. Hill croit que c’eft la même chole que la craie de Briançon , dans ce cas ce feroit un vrai talc. Foyez CRAIE DE BRIANCÇCON. Boëce de Boot donne le nom de zrorochtus à une pierre très-diffé- rente , les Allemands l’appellent w/chfleir ou pierre de laïr, parce qu’il en fort un fuc laiteux, il dit qu'on en trouve aufh de noires ; il ajoute qu'il s’en trouve aufh de verdâtres, de couleur de miel , de blanches &t de grifes. On ne fait pas ce que tout cela fignifie. Voyez Boëce de Boot , de lapid. & gemmis, D’autres paturaliftes ont regardé le morochtus comme une ef- pece d’argille durcie ou de féarire, & ayant une con- confiflence depierre ; d’autres encore ont donné ce nom à une Craie où marne durcie. On voit par-là la confufion qui regne dans la no: menclature des fubftances fofliles, faute de les avoir examinées en chimifte. (— MORON , ( Géogr. ) petite ville d'Efpagne dans PAndaloufe , au nord de Zahara, dans une vallée des plus riantes & des plus fertiles. Quelques géo. graphes ont penfé que c'étoit l’Æruc: de Ptolomée 5 mais l’Arxci de cet auteur eft Aroche fur la Guadia- na. Long. de Moron , 13. 5. lat, 37.10. MOROSGI, ( Géogr. anc, ) ville d’Efpagne, que Pline, Zv. IF, chap.xx. donne aux Vardules. Le P. Hardouin conjecture que ce pourroit être Saizr-Sé= bafiien. | MORPETEH, ( Géogr.) ville à marché d’Anglez terre, dans le Northumberland. Elle envoie deux députés au Parlement, & eft furle Wensbeck, à ro mulles N. de Newcaftle, & 210 N. O. de Londres, Long. 15. 59. lat. $1. ra. MORPHASMUS, ( Are orcheftig. ) en grec, jupe gasuec, elpece de danfe chezles Grecs, dans laquelle on imitoit les transformations de Protée par un grand nombre de figures. MORPHÉE , (Mythol.)miniftre, ou, fi l’on aime mieux, fils du Sommeil & de la Nuit; habile, dit Ovi de, à prendre la démarche , le vifage , l’air, le fon de voix de ceux qu'il veut repréfenter : fon nom même le prouve. Frere de Phobetor & de Phantafe, mais beaucoup plus aimable , il appaife Les noirs foucis par les trompeufes illufions, & tient toute la nature dans un doux enchantement ; c’eft lui qui répandant fes pavots fur les paupieres appefanries, fait couler une vapeur divine dans tous les membres fatigués : il fe plaît à envoyer aux hommes les fonges légers, qui voltigeant fans cefle autour d’eux , les flattent parles images les plus riantes, 8 repouflent loin de leurs fens tout ce qui peut les réveiller avec trop de précipitation. Maïs jaime la peinture ingénieufe & forte que le poëte Rowe nous a faite du fils aîné du XX xx Sommeil, La voici : M OR Sell when the golden fun withdraws his beams, Aud drowfy Night trvades the weary world, Forth flies the god of dreams , fantafick Morpheus; Tenthoufand mimich Francies fleet around hier ; Subtile as air , and various in their natures : Æachhastenthoufand, thoufand, diff rents forms, In wich they dance confus’d before his Sleeper ; While the vain god langhs to behold' what pain Jmaginary evils give Mankind, ( D. J.) #16 MORPHO , ( Zsrér. grecq. ) furnom de Vénus , fous lequel elle avoit à Lacédémone un temple fort fingulier, dont Paufanias n’a pas oublié la defcrip- tion. C’étoient proprement deux temples , lun fut l’autre. Celui de deffous étoit dédié à Vénus armée, & celui de deffus à Vénus rzorpho. Dans ce temple fupérieur , la déeffe étoit repréfentée volée, avec des chaînes aux piés ; image de ce que les Lacédémo- niens defiroient dans leurs femmes , le courage , la fidélité, la beauté, & leurs defirs étoient remplis. Par Venus worpho , ils n'entendoientautre chofe que Vénus la belle, Vénus déefle de la beauté : open , forma, la figure. ( D. J. ) MORPIONS , f. m. infeétes plats qui fe crampon- nent à la chair avec tant de force, qu’on a de la peine à les déloger. Vus au microfcope, 1ls reflemblent à de petits chancres , d’où on les a appellés p/aüule, morpiones , petolæ & peffolate. Is s’attachent ordinai- rement aux aifielles, aux paupieres, aux fourcils, aux aines 6c aux parties naturelles. Turner, dans {es maladies de la peau , rapporte le cas fuivant, comme un exemple de la maniere dont on doit chaîffer cette efpece de vermine. Un jeune homme étoit depuis long-tems incom- modé d’une fi grande démangeaifon au pubis & au fcrotum , qu'il s’étoit prefque écorché les parties à force de fe gratter. En examinant de plus près lesra- cines des poils, j’apperçus dans les interftices quel- ques morprons , tellement cramponnés à la peau , que je ne pus en arracher que trois, pour Le convaincre de la caufe de fon incommodité. Comme la fenfibilité des parties ne permettoit pas d’y appliquer les topiques ordinaires, j’ai fait le mé- dicament fuivant : Prenez du vif-argent, deux onces; du diapompholix, deux onces: faitez-en un emplà- tre , & appliquez-le fur la partie. J'aflurai cet emplâtre avec un petit fufpenfoir ; 1l s’en trouva foulagé au bout de quelques jours , & il n’Ôta jamais l'appareil fans y trouver des zzorpions morts. J'ai fait tomber à d’autres , qui ne s’étoient point écorchés , une centaine de zzorpions des aïffelles & des parties naturelles, en appliquant deffus un linge trempé dans le lait de fublimé. Cette efpece de vermine préfage une mort pro- chaine à ceux qu’elle abandonne, à moins qu'on ne les ait obligés de lâcher prife avec les remedes. Foyez PÉDICULAIRE. MORRENOR , ( Hiff. nat. Botan. ) petit arbre des Indes orientales; il produit un fruit aflez gros ap- pellé cunane, que les Indiens font cuire , & qu'ils croient un remede contre les maux de tête. MORRHA, MURRA ou MYRRHA, (Æf?, nar.) nom donné par quelques auteurs à la fubftance ou pierre dont on faifoit du tems des anciens les vaes appellés vafa myrrhina , que quelques-uns croient avoir été une agate ou pierre précieufe, d’une odeur très-agréable , & de différentes couleurs. Martial dit pocula maculofa murræ. Arrien appelle cette pierre 2606 moppiae Voyez L'article MIRRHINA. (—) MORRUDE,, voyez ROUGET. MORS DU DIABLE, morfus Diaboli , en Bota- aique , eft une forte de fcabieufe ; qui à au bout de fa racine une éfpece de frange. On la noramé autres ment /cabienfe. Voyez SCABIEUSE. Ce nom lui a été donné à caufe de fa racine, qui femble avoir te moraue au bout ; ce que des fu- perflitieux attribuoient au diable, comme s'ileñtété jaloux que nous euffions une plante fi falutaire, On la regardoit autrefois comme un bon alexipharma- que ; mais aujourd'hui on ne s’en fert prefque plus. Comme le bord des trompes de Fallope reflemble au bout ce cette racine , 1l a été nommé de même. Voyez FALLOPE. MORSELLI , où MORSULI ,f. m. ( Pharm.) comme qui diroit perite bouchée , font des noms latins que l’on a donnés à certaines préparations de reme- des que l’on tient dans la bouche pour les mâcher, comme les tablettes. Voyez TABLETTE. MORSURE , f. f. ( Gramm. ) 1 fe dit de l’a@ion de mordreg & de la bleflure faite par cette a&ion. Voyez MORDRE. On a découvert unremede sûr con- tre la morfure de la vipere : ce font des gouttes d’eau- de-luce dans de l’eau pure Woyez EAU-DE-LUCE & VIPERE. MORSUS RANÆ , ( Botan. ), genre de plante qui produit deux fortes de fleurs ; des nouées &c d’autres qui ne font pas nouées : les unes &c les au tres font en rofes, compofées ordinairement detrois feuilles difpofées au-tour du même centre. Le calice des fleurs nouées devient un fruit oblong , partagé le plus fouvent en fix loges remplies de femences affez menues, Tournefort , Mer, de l'acad, royal, des fcien= ces, année 1705. Voyez PLANTE. MORT , £ £. (Auf. nar. de l’homme. ) deftru&tion des organes vitaux , enforte qu'ils ne puifent plus fe rétablir. La naïffance n’eft qu'un pas à cette deftruétion : Er le premier inflant où les enfans des rois Ouvrent les yeux a la lumiere, Ef? celui qui vient quelquefois Fermer pour toujours leur paupiere. Dans le moment de la formation du fœtus, cette vie-corporelle n’eft encore rien ou prefqué rien, comme le remarque un des beaux génies de l’acadé- mie des fciences. Peu-à-peu cette vie s’augmente & s'étend ; elle acquiert de la confiftance , à mefure que le corps croit , fe développe & fe fortifie ; dès qu'il commence à dépérir , la quantité de vie dimi- nue ; enfin lorfqu'il fe courbe , fe defleche & s’af- faifle , la vie décroit, fe reflerre, fe réduit prefque à rien, Nous commençons de vivre par degrés, & nous finiflons de mourir, comme nous commençons de vivre. Toutes les caufes de dépériffement agif- fent continuellement fur notre être matériel, & le conduifent peu-à-peu à fa diffolution. La zors , ce changement d’etat fi marqué , fi redouté, n’eft dans la nature que la derniere nuance d’un être précé- dent ; la fucceffion néceffaire du dépérifflement de notre corps, amene ce degré comme tous les autres qui ont précédé. La vie commence à s’éreindre , long-tems avant qu’elle s’éteigne entierement ; & dans Je réel, 1l y a peut-être plus loin de la caducité à la jeuneffe , que de la décrépitude à la mort ; car on ne doit pas ici confidérer la vie comme une chofe abfolue , mais comme une quantité fufceptible d’au- gmentation, de diminution , & finalement de def- trudion néceflaire. La penfée de cette deftruétioneftune lumiere fem- blable à celle qu’au milieu de la nuit répand un em- brafement fur des objets qu'il va bientôt confumer. Il faut nous accoutumer à envifager cette lumiere , puifqu’elle n’annonce rien qui ne foit préparé par tout ce qui la précede ; & puifque la mort eft auf saturelle que la vie , pourquoi donc la craindre fi fortè Cen’eft pas aux méchans, ni aux fcélératsque MOR je parle ; je ne connois point de reinede pour cal. mer les tourmens affreux de leur confcience. Le plus fâge des hommes avoit raifon dedire que fi l’on ou- “vroit lame des tyrans, on la trouverait percée de bleflures profondes , & déchirée par la noirceur & la cruauté, comme par autant de plaies mortelles, Ni les plaïirs , ni la grandeur, ni la folitude, ne pu- ent garantit Tibere des tourmens hornibles qu'il en- duroit, Mais je voudrois armer les honnêtes gens ‘ contre les chimeres de douleurs & d’angoiffles de ce dernier période de la vie : préjugé général ft bien combattu par l’auteur éloquent & profond de lhif. toire naturelle de l’homme. | La vraie philofophie, dit-il, eft de voir les chofes telles qu’elles font ; lefentimentintérieur feroit d’ac- cord avec cette philofophie, s’il n’étoit perverti par les illufions de notre imagination, & par l'habitude malheureufe que nous avons prife de nous forger des fantômes de douleur & de plafir. Il n’y a rien de charmant &c de ternble que de loin; mais pour s’en aflurer , il faut avoir la fagefle & le courage de confidérer l’un & l’autre de près, Qu'on interroge” les médecins des villes , & les miniftres de l'Eglife , accoutumés à obferver les aétions des mourans, & à recueillir leurs derniers fentimens , ils conviendront qu’à l'exception d’un petit nombre de maladies ai- gues , où l'agitation caufée par des mouvemens con- vulfifs, paroit indiquet les fouffrances du malade, dans routes les autres on meurt doucement & fans douleur ; & même ces terribles agonies effrayent plus les fpettateurs, qu'elles ne tourmentent le ma- lade ; car combien n’en a-t-on pas vus, qui, après avoir été à cette derniere extrémité, n’avoient au- cun fouvenir de ce qui s'étoit pañlé, non plus que de ce qu'ils avoient fenti : 1ls avoient réellement ceflé d’être pour eux pendant ce tems, puifqu'ils font obligés de rayer du nombre de leurs jours tous ceux qu'ils ont pailés dans cet état, duquelil ne leur refte aucune idée. IL femble que ce feroit dans les camps que les douleurs affrenfes de la mort devroient exifter ; ce- pendant ceux qui ont vu mourir des milliers de fol- dats dans les hôpitaux d'armées , rapportent que leur vie s'éteint fi tranquillement, qu’on diroit que . la zort ne fait que pafler à leur cou un nœud cou- lant , qui ferre moins, qu'il n’agit avec une dou- ceur narcotique. Les morrs douloureufes font donc très-rares, & prefque toutes les autres font infen- fibles. | Quand la faux de la parque eft levée pour tran- cher nos jours, on ne la voit point, on n’en fent point le coup; la faux , ai-je dit ? chimere poëtique ! La mort n'elt point armée d’un infttument tranchant, rien de violent ne l'accompagne , on finit de vivre par des nuances imperceptibles. L’épuifement des forces anéantit le fentiment , & n’excite en nous qu’une fenfation vague , que l’on éprouve en fe laïf- fant aller à une rêverie indéterminée. Cet état nous effraye de lom parce que nous y penfons avec viva- cité ; mais quand 1l fe prépare , nous fommes affoi- blis par les pradations qui nous y condiufent , & le moment décifif arrive fans qu'on s’en doute & fans qu'on y réfléchifle. Voilà comme meurent la plü- part des humains ; & dans le petit nombre de ceux qui confervent la connoïance jufqu’au dernier fou- pir, 1l ne s’en trouve peut-être pas un qui ne con- ferveen même-temsde l’efpérance, & qui nefe flatte d’un retour vers la vie, La nature a, pour le bon- heur de-lhomme, rendu ce fentiment plus fort que la raifon ; & fi l’on ne réveilloit pas fes frayeurs par £es triftes foins & cet appareil lugubre , qui dans la Âocièté dévancent la #0r£, on ne la verroit pointar- river. Pourquoi les enfans d’Efculape ne cherchent- als pas des moyens de laifler mourir paifblement à M O R 17 Épicure & Antonin avoient bien fu tfoüver ces moyens : mais nos médecins ne reflemblent que trop à nos juges qii, aprés avoir prononcé un arrêt dé mort, livrent la viétime à fa douleur ; aux prêtres % 6c aux lamentations d’une famille, En faut-il davana tage pour anticiper l’agônie ? Un homme qui feroit féqueftré de bonne heüre di commerce des autres hommes, n'ayant point dé moyens de s’éclairer fur fon oripine, ctoiroit nons feulément n'être pasné, mais même ne jamais finira Le fourd de Chartres qui voyoit mourir {es femblas bles, ne favoit pas ce que c’éroit que la mors, Un fauvage qui ne verroit mourir perfonne de fon ef pece, fe croiroit immortel. On ne craint donc fi fort la more, que par habitude , par éducation, par pHEUEE: A + Mais les grandes alarmes tegnent principalement chez les pérfonnes élevées mollement dans le fein des villes, & devenues par leur éducation plus fen: fibles que les autres ; car le commun des hommes ; fur-tout ceux de la campagne, voient là mors fans effroi ; c’eft la fin des chagrins & des calamités des miférables. La zrore , difoit Caton ; ne peut jamais être prématufée pour un confulaire, fâcheufe oùt deshonorante pour un homme vertueux , & mal heureufe pour un homme fage, Rien de violent nel’accompagne dans la vieilleffes les fens font hébétés , & les vaifleaux fe font efa- cés, collés, oflifiés les uns après les autres ; alors la vie cefle peu-à-peu ; on fe fent mourir comme on fe fent dormir : on tombe en foibleffe, Augufte nom- moit cette mort exthanafte ; expreffion qui fit fortune à Rome, & dont tous les auteurs fe fervirent depuis dans leurs ouvrages. Il femble qu'on paye un plus grand tribut de doti- leur quand on vient au monde, que quand on en fort : là l’enfant pleure, ici le vieillard foupire. Du moins eft-1l vrai qu’on fort de ce monde comme om Y vient, fans lefavoir. La more & l’amour fe con= fomiment par les mêmes. voies , par l'expiration. On fe reproduit quand c’eft d'amour qu’on meurt ; on s'anéantit, ( je parle toujours du corps , & qu'on ne vienne pas maccufer de matérialifme) , quand c’eft par le cifeau d’Atropos. Remercions la nature , qui ayant confacré les plaifirs les plus vifs à la pro« duétion de notre efpece, émouffe prefque toujours la fenfation de la douleur, dans ces momens où elle ne peut plus nous conferver la vie, La mor: h'eft donc pas une chofe auf formidable que nous nous limaginons. Nous la jugedns mal de loin ; c’eft un fpectre qui nous épouvante À une cer4 taine diftance ; & qui difparoît lorfqu’on vient à en approcher de près. Nous n’en prenons que des no= tions fauffes : nous la regardons non-feulément com- me le plus grand malheur, mais encore comme nn: mal accompagné des plus pénibles angoiffés. Nous avons même cherché à groflir dans notre imagina= tion fes funeftes images, &c à augmenter nos crains tes en raifonnant {ur la nature de cette douleur. Mais rien n'eft plus mal fondé ; car quelle caufe peut la produire ou l’occañonner } La fera-t-on réfider dans lame , où dansle corps ? La douleur de l'ame ne peut être produite que par la penfée ; celle du corps eftroujours proportionnée à fa force on à fa foiblefle, Dans linftant de la sort naturelle, le corps eft plus foible quejamais ; ilne peut donc éprouver qu'une très-petite douleur, fi même il en éprouve aucune, Les Homes craignent la ors , comme les enfañs craignent Les ténebres ; & feulement parce qu’ox æ effare leur imagination par des fantômes auf vains que terribles. L'appareil des derniers adieux, leg pleurs de nos amis, Le deuil & la cérémonie des fu nérailles , les convulfñons de la machine qui fe dif à fout , voilà ce qui tend à nous effrayer, L, Roi Er PE 718 MOR Les Stoiciens affeétoient trop d’apprèts pour ce dernier moment. Ils ufoient de trop de confolations pour adoucir la perte de la vie, Tant de remedes ‘contre la crainte de la mort contribuent à la redoubler dans notre ame. Quand on appelle la vie une conti- nuelle préparationà la mort, on a lieu de croire qu’il s’agit d’un ennemi bien redoutable, puifqu’on con- feille de s’armer de toutes pieces ; & cependant cet ennemi n’eft rien. Pourquoi l’appréhender fi vive- ment ? enfin, pourquoi craindre la #ort , quand on a aflez bien vécu pour n’en pas craindre les fuites à Je fai que la mortalité Du genre humain eff l’appanape.. Pourquoi donc férois-je excepté ? La vie n’eft qu'un pélerinage ! De fon cours la rapidité Loin de m'allarmer, me foulage : Sa fin , lorfque j'en envifage | L’infaillible néceffité , Ne peut ébranler mon courage, Brélez de l’or empaqueré, Tln’en périt que l'emballage ; C’eff tout : un fi léger dommage Devroit-il étre regretté ? ( D.J.) MORT LE, ( Cririg. facrée. ) il eft dit dans le Deu- téronome, chap. xiv. W. 1. « vous ne vous ferez # point d'incifion, & vous ne vous raferez point » toute la tête pour le mere », Ce mort eft Adonis, parce que dans fa fête, on pratiquoit toutes ces cho- fes. Il eft parlé de la fête d’Adonis dans Ezéchiel, vi. 14. Au refte, les Juifs avoient l’idée fuperfti- tieufe, quetous ceux qui fe trouvoient dans la mai- fon où 1l y avoit un 071, ou qui touchoient au cadavre, étoient fouillés & obligés de {e purifier, comme il paroît par faint Luc, xx. 4. ( D. J.) MorT, ( Mychol, ) les anciens ont fait de la mors une divinité fille de là Nuit; ils lui donnent pour frere le Sommeil éternel, dont le fommeil des vi- vansn’eft qu’une foible image. Paufanias parle d’une ftatue de la Nuit, qui tenoit entre fes bras fes deux enfans , le Sommeil 6e la Mort ; l’un qui y dort pro- fondément , & l’autre qui fait femblant de dormir. On peignoit la Mors comme un fquelette, avec une faux & des griffes : on l’habilloit d’une robe fe- mée d'étoiles, de couleur noire avec des aîles noires. Mors atris circumvolat alis , dit Horace. On lui facrifioit un coq, quoiqu’on la regardât comme la plus impitoyable des divinités; c’eft ce qui fait dire à Malherbe, La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles , On a beau la prier, La cruelle qu'elle eff [e bouche les oreilles , Er nous laiffe crier. Les Phéniciens lui bâtirent un temple dans l’île de Gadira, qui ne fubffta pas lonp-tems; mais il n’en fera pas de même de celui du duc de Bucking- ham , dont le génie de la Poéfie a fait les frais : le Voici. vid: Temple of Dearh. In thofe cold climates , where the fun appears Unwillingly , aud hides his face in tears ; A drèadful Vale lies in a defert ifle, On which indulgent Heav’n did never fmild, There a thick grove of age’d Cypres'ftrees, Which none without an awful horror fees, Tnio its withr'd arms depriv'd of Leaves, ‘ Whole flocks of ill-prefaging birds , receives : Porfons are all the plants the [oil will bears. + And winter is the only feafon there. Millions of graves cover the fpacious field , And fprings of blood a thoufand rivers yield, Whofe Jireams opprefs d with carcaffes and bones, Tnflead of gentle murmurs, pour forth groans ; Wulhin chis Vaie, a famous temple flands Old as the world 1 felf wich it commands : Round is its figure, and four iron Gates Divide Markind: By order of the fates, There comein crowds , doom” d'to ane common grave ; The young, the old, the monarch, andthe flave. Old age and pains which mankind moft deplores, Are faithful Keepers of thofe facred doors : | AU clad in mournful blacks, which alfo load The facred walls of this obfcure abode : And tapers of a pitchy fubffance made, Withiclouds of fmoak, encreafe the difinal shade A Monfter void of reafon , and of Jighe , The Goddefs who [ways this realm of nighe, Her power extends 0° er all things that havebreatk 3 A cruel tyrant, and her name is Death. (D.J.) MORT, f. m. ( Médecine. ) la mort uniquement confidérée fous le point de vüe qui nous concerne, ne doit être regardée que comme une ceffation en- tiere des fonétions vitales, & par conféquent com- me l'état le plus grave, le plus conrre-nature, dans lequel le corps puifle {e trouver, comme le dernier période des maladies ; & enfin comme le plus haut degré de fyncope. En l’envifageant fous cet afpe&, nous allons tâcher d’en détailler les phénomenes, les caufes, les fignes diagnoftics & prognoftics, & d’expofer la méthode curative qui eft couronnée par le fuccès le plus conftant, & qui eft la plus appro= priée dans les différens genres de morr. La féparation de Pame d'avec le corps, myftere peut-être plus in- compréhenfible que fon union, eft un dogme théo- logique certifié par la Religion, & par conféquent inconteftable ; maïs nullement conforme aux lumie- res de la raifon, n1 appuyé fur aucune obfervation de Médecine. Ainf nous n’en ferons aucune men- tion dans cet article purement médicinal, où nous nous bornerons à décrire Les changemens qui arri= vent au corps, &c qui feuls tombent fous les fens, peuvent être apperçus par les médecins arriftes {en- fuels, fenfuales artifices. Symptomes. On ne connoît la 707: que par oppo- fition à la vie, de même que Le repos fe manifeite par fon contraîte direét avec le mouvement; {es principaux fymptomes fe tirent de l’inexercice dela circulation & de la refpiration ; aiaf dès qu’un hom- me eft #0rt, on cherche en vain le pouls dans les difs férentes parties où les arteres font fupeñcielles; elles font dans une immobilité parfaite. Le mouvement de la poitrine inféparable de celui des poumons, eff totalement anéanti; toutes les excrétions font {uf- pendues ; la chaleur eft perdue ; les membres font froids, roides, inflexibles ; les fens font dans l’in- ation ; 1l ne refte aucun veftige de fentiment ; une paleur hvide occupe le vilage; les yeux font fans force, fans éclat, recouverts d’écailles, &c. Jufque- là le cadavre ne diffère de l’homme vivant, que par le défaut de mouvement : les différens organes en- core dans leur entier peuvent être ranimés ; ils con- fervent pendant quelque tems une aptitude à renou= veller les mouvemens auxquels ils éroient deftinés. Ils reftent dans cet état juiqu'à ce que la putréfa= &ion plus ou moins prompte, détruife leur riflu rompe lunion des molécules organiques qui les compofent , & mette par-là un obffacle invincible au retour de la vie. Lorique la corruption commen- ce à sagner , Le corps devient luccefhvement bleuâ- tre, ivide, noir; 1l exhale une odeur infoutenable, païticuliere , qu’on nomme cadavéreufe ; bientôt après les vers y éclofent ; les différentes parnies fe défumffent , perdert leur lien, leur figure, & leur cohéfion ; lesmolécules dégagées {ont volatiles, s’é- vaporent :; & enfin, après leur difpation 1l né fefte aucun veftige d'homme. Il me paroït qu’on pourroit diftinguer dans la or deux états bien différens, êz établir en conféquence deux efpeces ou deux degrés remarquables de rorr, J’appellerai le premier degré mort imparfaite , ou fufceptible de fecours, quicom: prendra tout ce tems où1l n’y a qu’un fimple zrexer- sice des fonétions vitales, & où les organes, inftru- mens de ces fonéHions, font encore propres à re- commenñcer leur jeu. Le fecond degré le complé- ment de la #orr imparfaire, {era connu {ous le nom de mort abfolue , irrévocablement décidée, [left ca: raétérifé non-feulement par la ceffation des mouve- mens ; mais encore par un état des organes tels qu'ils font dans une impofhbilité phyfique de les renou- veller ; ce qui arrive le plus fouvent par leur de- ftruétion opérée par la putréfaétion , ou par des moyens méchaniques , quelquefois aufli par un def- féchement confidérable, ouvrage de l’art ou de la nature. Le tems qui fe paffe entre la mort imparfait, & la mort abfolue, eft indéterminé ; il varie fuivant les caufes, les fujets, les accidens, les faifons, &c. En général, l'intervalle eft plus long dans ceux qui meurent fubitement ou de zors violente , que dans ceux où la mort eft l'effet d’une maladie, ou de la vieilleffe ; dans les enfans que dans les adultes, dans Thiver que dans l'été, fous l’eau que dans un air li- bre, &c. La diftin@ion que je viens d'établir, eft fondée fur un grand nombre de faits par lefquels 1l confte évidemment que des perfonnes ont refté pen- dant afiez long-tems dans cet état que nous avons appellé ort imparfaite, 8 qui après cela, ou par. des fecours appropriés , ou d’eiles-mêmes, font re- venues à la vie. De ce nombre font les zzorts volon- taires ou extatiques ; quelques hiftoriens affurent avoir vû des perfonnes qui par le feul aéte de [a vo- lonté , fufpendoient chez eux tous les mouvemens vitaux, & reftoient pendant un certain tems fans pouls, fans refpiration, roides, glacées, & après cela reprenoient d’eiles-mêmes l'exercice des fens. Cheyne auteur connu, digne de foi, raconte qu'il a été témoin oculaire d’un femblable fait, &c que la mort lui paroïfoit fi bien décidée, qu'il avoit déja pris le parti de fe retirer; cependant l’extafe finit, la mertcefla , Le pouls & la refpiration revinrent par degrés. Il ya des gens qui réiterent fouvent pour fa- tisfaire les curieux ces rorts imparfaires On dit que les Lapons fur-tout excellent dans ce métier ; on en a cependant vù quelquefois mourir tout-à-fait viéti- mes de ces dangereules tentatives, de même qu’un anglois qui pouvoit fufpendre avec la main le mou- vement de fon cœur; il mourut enfin ayant pouffé trop loin cette expérience, Le traité important, quoique mal digéré, que M. Bruhier médecin a donné fur l’encertitude des fignes de la mort , contient un recueil intérefMant 6 curieux d’obfervations , qu'il a pris la peine de raflembler & d'extraire de différens auteurs, qui prouvent que des z0r1s mis fur la paille, dans la biere, & dans le tombeau même, en font{ortrs vivans, après plufieurs Jours. Mais ce qu'il y a de plus terrible, & qu'il eft à propos de remarquer dans ces hiftoires , c’eft que prelque toutes ces réfurre&tions naturelles font l’ef- fet d’un heureux hafard, ou d’un concours de cir- conftances inattendues. Ainfi une jeune fille morte de la petite vérole revint en vie, parce que le be- deau qui la portoit laiffa tomber le cercueil, dont les ais mal unis fe deflaflemblerent ; la fecoufle de cette chûte fit donner à l’enfant des fignes de vie ; on la reporta chez elle, où elle revint en parfaite fanté. Traité de l'incertitude des fignes de la mort , . VI. page 153. tome I. Une femme du commun etant expofée fur la paille avec un cierge aux piés, fuivant l’ufage, quelques jeunes gens renverderent . MOR 719 én badinarit le cierge fur là paille qui prit feu à l'in: {tant : dans le même moment la motte fe ranima ; poufla un cri perçant, & vécut long-tems après: Ibid, $. IF, page 68. Plufeurs perfonnes enterrées . avec des bijoux, doivent la vie à l’avidité des fof- foyeurs où des domeftiques , qui font defcendus dans leurs tombeaux pour les voler ; les fecoufles 3 l'agitation , les efforts faits pout arraächet les an- neaux, pour les dépouiller, ont rappellé ces rrorrs imparfaits à la vie; Voyez les obfervatioñs rapportées dans l'ouvrage déja cire, tome I; page 53 , Gi ; 98, 134 3 170: Ge. Dans d’autres la wort a été diffipée par des incifons faites pour les ouvrir : une femme dont Tertili raconte lhiftoire , donna des fignes de vie au fecond coup de biftouri ; il eft arrivé quel- quefois que la vie s’eft manifeftée trop tard dans dé femblables circonftances ; le mort reflufcité a perdu la vie fous le couteau anatomique, Ce fut un pas reil événement qui caufa tousles malheurs du grand Vefale, ayant ouvert un gentilhomme efpagnol ; il apperçut dès qu'il eut enfoncé le biftouri quel- ques fignes de vie ; &c la poitrine ouverte lui fit ob: ferver le mouvement du cœur revenu; le fair de venu public excita les pourfuites des parens & des juges de l’inquifition. Philippe If. roi d'Efpagne par autorité ou plutôt par prieres , vint à bout de le foufiraire à l’avidité de ce crueltribunal, à con« dition qu'il expieroit fon crime par un voyage à la Terre-Sainte. On raconte du cardinal Efpinofa , pre: nuér minitre de Philippe [L. qu'ayant été dilgra: cié, il mourut de douleur. Lorfqu’on l’ouvrit poux l’'embaumer, 1l porta la main au rafoir du chirur- gien, & on trouva fon cœur palpitant ; ce qui n’em- pêcha pas le chirurgien barbare de continuer fon opération, & de le mettre par là dans l’impoffibi- lité d'échapper à la »ors. Il y a plufieurs exemples de perfonnes qu’on alloit enterrer, ou qui l’étoient déjà , que la tendreffe officieufe ou l’incrédulité d’un amant, d’un parent, d’un ami, d’un mari, d'une femme, &c. ont retiré des bras de la mors, Un hom- me au retour d'un voyage, apprend que fa femme eft morte & inhumée depuis trois jours : inconfola- ble de fa perte, & ne pouvant fe perfuader qu’elle füt réelle, defcend comme un autre Orphée dans fon tombeau, & plus heureux ou plus malheureux que lui, 1l trouve le fecret de lui rendre la vie & la fanté. La même chole arriva à nn négociant, qui revenant auf d’un voyage deux jours après la moré de fa femme, la trouva expofée à fa porte dans le moment que le clergé alloit s'emparer de fon corps, il fit monter la biere dans fa chambre, en tira le corps de fa femme, quine donna aucun figne de vie. Pour mieux s’aflurer de fa s0rr, & pour tâcher de la diMiper, s’il étoit poflible, 1l lui fit faire des fca- rifications & appliquer les ventoufes ; on en avoit déja mis vingt-cinq fans le moindre fuccès, lorf qu’une vingt - fixieme fit crier à la morte reflu{ci- tée , ah, que vous me faites mal ! Miladi Roufel, femme d’un colonel anglois, dut la vie à l’extrème tendrefle de fon mari, qui ne voulut pas permettre qu’on l’enterrät, quoiqu’elle parût bien morte, juf. qu’à ce qu'il fe manifeftât quelque figne de putrefa- étion. Il {a garda ainfi pendant fept jours, après lef- quels la morte fe réveiila comme d’un profond fom- meil au fon des cloches d’une églife voifine. Foyez d’autres obfervations femblables dans l'ouvrage déja cité , rome I. pages 69 , 94, 106 , 108 ; &c. @ rome IT. pages 56 € 58. Quelques sorts dont l’enterre- ment a été différé par quelque caufe imprévue , font précifément revenus à la vie dans cet intervalle : un témoin oculaire raconte & certifie qu'étant à Touloufe dans l’églife de faint Etienne, il vit arri- ver un convoi dont of différa la cérémonie jufqu’à. près un fermon pendant lequel on dépofa le Corps 720 MOR dans une chapelle. Au milieu du fermon , le cadavre parut anime, fit quelques mouvémens qui engage- rent à le reporter chez li ; de façon, ajoûte l'huto- rien de ce fait, que fans le fermon on auroit enterré un homme vivant, où qui étoit prèt à le devenir. Jia. som, TI. p. G2. Diemerbroek rappoïte qu’un payfan étant mort de la pefte, on fe préparoit à l’enterrer après les vingt-quatre heures, fuivant l’ufage; le défaut de cercueil fit différer juiqu’au lendemain ; & lorfqu'on voulut y mettre le corps, on s'apperçut qu'il commençoit à reprendre l’ufage de la vie. En- fin, il y a eu des perfonnes qui rappellées à la vie dans le tombeau, en ont été retirées , ont été aflez heureufes pour faire entendre leurs eris à des gens que le hafard amenoït dans le voifinage. Ainf unyé- giment d'infanterie étant arrivé à Dole, plufieurs foldats manquant de logemens, obtinrent la permif- fon de fe retirer dans l'églife, & de coucher furles bancs garnis du parlement & de l’univerfité ; quel- ques foldats entendirent pendant long -tems des plaintes qui fembloient fortir d’un tombeau ; ils avertirentle clerc, on ouvre un caveau où lonavoit enterré le jour même une fille, on la trouve vivan- te, &c. Quelques enfans étant allés jouer fur le tombeau d’un homme récemment enterré, furent épouvantés du bruit qu’ils entendirent ; ils racenterent la caufe de leur frayeur ;'on exhuma la perfonne qui étoit pour lors en vie. Il eft évident que fi ces perfonnes euflent été enterrées dans un cimetiere & couvertes de terre, elles n’auroient pù faire entendre leurs cris ; & même fans les circonftances imprévues qui fe rencontrerent, elles feroient mortes de nouveau. Quels affreux foupçons ne font pas naître de pareils événemens fur le fort d’une infinité de per‘onnes qu’on enterre trop promptement ; & fans beaucoup de précautions , fans attendre fur-tout que la putré- faétion manifeftée ait décidé leur mort irrévocable. Il arrive de-là que plufieurs meurent ab/olument, qui auroiïent pù revivre fi on eût apporté à propos des fecours convenables, ou du-moins fi on ne les avoit pas privés d’air en les enfeveliffant {ous la terre, ou en les mettant dans des caveaux qui font des efpeces de mouffètes ; d’autres au contraire, ce qui et encore plus terrible, revenus d'eux-mêmes à la vie, ne peuvent faire venir leurs plaintes à ceux qui pourroient les fecourir, les sirer du tom- beau où ils font renfermés fans nourriture, ne re- vivent que pour mourir encore plus cruellement dans toutes les horreurs de la faim &c du defefpoir. On voir en effet fouvent en exhumant les corps après plufieurs mois , qu'ils font changés de place, de pofture, de fituation; quelques-uns paroïffent avec les bras, les mains ronpées de rage. Dom Cal- met raconte fur la foi d’un témoin oculaire, qu’un homme ayant été enterré dans le cimetiere de Bar- le-Duc, on entendit du bruit dans la fofle ; elle fut ouverte le lendemain, & on trouva que le malheu- reux s’étoit mangé le bras. On vit à Alaïs le cercueil d’une femme dont les doigts de la main droite étoient engagés fous le couvercle de fon cercueil qui en avoit été foulevé. Le doéteur Crafft fait men- tion d’une demoïfelle d’Ausbourg, qui étant morte d’une fufocation de matrice, fut enterrée dans un caveau bien muré ; au bout de quelques années on ouvrit le caveau, l’on trouva la demoifelle fur les degrés près de l’ouverture , s’ayant point de doigts À la main droite. Cette hiftoire eft fort analogue à celle d’un religieux carme, qui ayant été enterré depuis long-tems, fur trouvé à l'entrée du caveau les doigts écorchés , & la pierre qui bouchoit l’ou- verture un peu dérangée; mais ce qui doit confir- mer & augmenter ces foupçons, c’eft le long inter- yalle qui peur s’écouler entre la mors imparfaire 8x la MOR mort abfoiue , c’eft-à-dire, depuis le tems où les or- ganes ont CEfÉ leurs mouvemens, jufqu'à celui où ils perdent laptitude à Les renouveller. On a vu qu'il n'eft pas rare de revivre après deux ou trois jours ; l'exemple de myladi Rouffel prouve qu'on peut être pendant feptjours dans l’état de mors impar- faite.[l ya des obfervations inconteftables de noyés, qui ont refté trois, quatre , & cinq jouts fous l’eau. On lit dansles mélanges des curieux de la nature, un fait attefté par Kunkel, touchant un jeune ‘homme qui étant tombé dans l’eau, n’en fut retiré qu'après huit jours ; & Pechlin aflure qu’un jeune homme fut pendant plus de quarante-deux jours enfeveli fous les eaux, êc qu'enfin retiré la feptieme femaine , ép- im demum hebdommadé extratium , on put le rap- peller à la vie. Ces réfurreétions qu’on pourroit re- garder comme des miracles de la Médecine, pafle- ront pour des fiétions, pour des événemens fuppo- {és dans l’efprit de quelques leéteurs , qui confon- dant les bornes du poffible avec celles de leur con- noiffance, ignorent que le vrai peut bien fouvent n'être pas vraiflemblable. Tous ces faits, quelque merveilleux qu'ils paroiflent, n’ont rien que de na- turel & de conforme aux lois de l’économie animale: les anciens avoient déja obfervé qu’on peut refter fans pouls 8€ fans refpiration pendant très-long- tems ; ils ont même décrit une maladie fous le nom d'émvss , qui veut dire /a2s re/piration , où ils aflurent qu'on peut être pendant trente jours fans aucun f- gne de vie , ne différant d’un vérisable mort, que par l’abfence de la putréfa@tion. Il y a un traité grec fur cette maladie, repris dv, que Galien, Pline, & Diogene de Laerce, croient avoir été compofé par Héraclide de Pont, & que Celfe attribue à Démo- crite, Cet ouvrage fut fait à l’occafion d’une femme qui reprit l’ufage de la vie, après avoir été pen- dant fept jours fans en donner la moindre marque, L’hiftoire naturelle nous fournit dans les animaux des exemples qui confirment ceux que nous avons rapportés : tout le monde fait queles loirs reftent pendant tout l'hiver au fond d’une caverne , on en- terrés fous la neige, fans manger & fans refpirer ; 8& qu'après ce tems lorfque la chaleur revient, ils for- tent de l’engourdiffement ; parfaite image de la wore dans faquelia 1ls étoient entevelis : plufieurs oïfeaux pañlent auf tout l'hiver fous les eaux; telles {ont les hirondelles entre autres, qui loin d’ailer fuivant l'erreur populaire fort accréditée , dans des climats plus chauds, fe précipitent au fond de la mer, des lacs, &z des rivieres, & y pañfent ainfi fans plumes & fans vie jufqu’au retour du printems , lorfque la chûte des femiiles annonce les approches du froid, dit un poëte latin, Avolat( hirundo ) & Je credit aquis precepfquefub 1llas Merfa , in dumofä mortua valle jacer Flebilis, exanimis, deplumis , nuda , neque ullam Vivifici partem maæfla caloris habens Et tamen huic redeuns in fenfus munera vit, Cum novus herbo{am flofculus ornat humum , &tc. David Herlicius, épigram. lib, VI. M. Falconet, medecin de Paris, étant en Breffe, vit apporter une mafle de terre que les pêcheurs _avoient tirée de l’eau ; & après l'avoir lavée & dé- brouillée , il apperçut que ce n’étoit autre chofe qu'un amas d’hirondelles qui approchées du feu fe déroidirent & reprirent la vie. On lui affura qu'il n’étoit pas rare d’en pêcher dé la forte en cette pro- vince. Traité de l'incertieude , &ic. tome I. page 131. Tous ces faits vérifient bien la remarque de Pline, qui fert d'épigraphe à l'ouvrage de M. Bruhier: « telle eft la condition des hommes , dit ce favant » natutalifte , ils {ont expoiés à des jeux de hafard, » tels MOR # tels qu’on ne peut même fe fier à la morts … Caujes, I n’eft pas poñlible de déterminer quelles font les caufes qui occafionnent la mors , & quelle eft leur maniere d'agir , fans connoître auparavant celles qui entretiennent cette continuité &c ceite ré- ciprocité d’aétions qui forment la vie, Poyez VIE, ÉCONOMIE ANIMALE. On peut regarder du-moins dans l’homme, & dans les animaux dont la ftruëture eft à-peu-près femblable, la circulation du fang ou le mouvement du cœur & des arteres,comme lefignele plus affuré, la mefure la plus exa@e, & la caufe la plus évidente de la vie. Deux autres fon@ions fur- nommées aufh virales ; favoir la refpiration & l’ac- tion du cerveau, concourent efflentiellement à lin-, téorité de cette premiere , qui eft la fonétion par excellence. La néceffité de la refpiration eft fondée fur ce que tout le fang qui va fe difiribuer dans les différentes parties du corps, eft obligé, depuis linf- tant de la naiflance , de pañier par les poumons : auf dès que le mouvement de ce vifcere, fans le- quel ce paflage du fang ne peut avoir lieu , vient à ceffer ; la circulatibn eft entierement arrêtée par tout le corps , le cœur & les arteres ceflent tout de fuite leurs battemens ; & ce qu'il y a de remarqua- ble , c’eit que dès le moment qu’on fait recommen- cer la reipiration , on renouvelle les contra@ions alternatives du cœur. Quelques écrivains, obferva- teurs peu exaëts &c angtomiftes mal inftruits , ont penfé que dans les perfonnes qui reftoient long-tems fans reipirer, le trou ovale ouvert & le canal arté- riel confervant les propriétés & les ufages qu'ilavoit dans le fœtus, fuppléotent à la refpiration ; en don- nant lieu à une circulation particuliere , telle qu’on l’obferve dans le fœtus ; mais c'eft un fait gratuite: ment avance, qui n'a d'autre fondement que la diffi- culté de trouver une explication plus conforme aux préjugés qu’on s’eft formé fur les caufes de la vie &c de la mort. I elt d’ailleurs contraire aux obfervations anatomiques & a l'expérience qui fait voir que dans les noyés & les pendus, les mouvemenñs du cœur & les arteres ne font pas moins interceptés que ceux des organes de la refpiration. On n’a eñcore rien de bien décidé fur la maniere dont le cerveau in- flue fur les organes de la circulation ou de la vie: le fluide nerveux fi univerfellement admis n’eft ap- puyé fur aucune preuve fatisfarfante ; & Le folidifme des nerfs rejetté {ans examen plus conforme au té moignage des fens & à la plûpart des phénomenes de l’économie animale, fouffre encore quelques dif- ficultés ; mais quel que foit le méchanifme de cette action , 1l eft certain qu’elle eft néceflaire au jeu des nerfs : les obfervations & les expériences concou- rent à prouver la néceflité d’une libre communmica: tion des nerfs cardiaques entre le cerveau êc le cœur, pour continuer les mouvemens de cet organe ; mais 1l eft à-propos de remarquer que le cœur continue de battre quelquefois aflez long-tems , malgré la li- sature, la feétion, l’ertiere deftruétion de tous ces nerfs ou d’une grande partie. Willis lia dans un chien les nerfs de la paire vague ou de la huitieme paire, qui, de conceït avee les rameaux de l’intercoftal, vont former le plexus cardiaque & fe diftribuer au cœur ; le chien après cette opération tomba muet , engourdi, eut des friflons ; des mouvemens convul- fifs dans les hypocondres : ces mêmes nerfs entiere- ment coupés , 1l ne laiffa pas de vivre plufieurs jours, refufant conftamment de manger. Cerebr. anatom. page 23 4. Lower a réitéré cette expérience avec le mème fucces, de corde, pag. 90. Vieuflens eft encore allé plus loin, pour ôter lieu à tout vain fubterfuge: il coupa ces nerfs & ceux qui concourent à la for- mation de l’intercoftal; & malgré cela Le chien qu'il foumit à ce martyre philofophique véeut plusde vinet heures. Nevrograph, pag, 179. Qn obferve que les Tome X, | MOR pi jeunes animaux , plus muqueux & par conféquent plus irtitables, réfiftent encore plus lohs-tems à ces épreuves ; 1ls font beaucoup plus vivaces. Il elt cers tainque dans les apoplexies fortes l’a&ion du cerveau eft très-dérangée , fouvent anéantie : il arrive ce pendant quelquefois que le cœur continue de battre à l'ordinaire, tandis que tous les autres mouvemens font interrompus.L’exemple d’une perfonne qui gar- da pendant long-tems un abfcès au cervelet ; joint aux expériences que nous avonstapportées, font voir évidemment que l’ingénieufe diftindion des nerfs qu naïflent du cervelet d'avec ceux qui tirent leut origine dù cerveau , fondement peu folide de la faz meufe théorie des maladies foporeufes propofée par Boerrhaave , fi accréditée dans les écoles > Que cette diffinétion;dis-je, eft purement arbitraire, abfolument nulle. Il réfulte de Ià que la caufe du mouvement du cœur ne réfide point dans les nerfs qui s’y diftri- buent ; ils ne me paroïffent avoir d’autre ufage que celui de produire & d’entretenir fon extrème & {pé- ciale contra@tilité, principe fondamental & néceflaire de tout mouvement animal. Voyez SENSIBILITÉ. Le principal, où pour mieux dire l’unique moteur a@if du cœur, eft le fang quiy aborde, qui irritant les pa- rois fenfbles des ventricules, en détermine confé quemment aux lois de lirritabilité les contraîtions alternatives: Poyez Cœur. Ce que je dis du cœur doit s'appliquer aux arteres qui {uivent les-mêmes lois, & qui femblent n’être qu’une continuation ou une multiplication de cet organe: | Toutes les caufes de r0rz tendent à fufpendre les mouvemens du cœur , les unes agiflant fur les nerfs ou fur le cerveau ; attaquent & détruifent l’irritabi. lité, paralyfent pour ainfi dire le cœur , le tendent infenfible à l’impreffion du fang , ou le mettent hors d'état d'exécuter les mouvemens accoutumés ; les autres oppofent des obftacles invincibles à l’expul: fon du fang ; ou empêchent fon retour dans les ven- tricules. On peut compter quatre éfpeces , quatre caufes générales de mor, ou quatre façons particu: lieres de mourir : 1°, la mors naturelle ou de vieil: leffe ; 2°, la mort violente ; 3°. la mors fubite ; 4°. la mort de maladie , qui fe rapportent aux deux canfes premierement établies, | L. La mors de vieilleffe eft celle qui arrive natu: rellement aux vieillards décrépits, par le défaut des organes propres à cet âge, indépendamment de toute. maladie étrangere, Quelques auteurs auf peu au fait de la vraie morale que de la faine phyfique, pour trouver une raifon de cette mvrc, ont eu recours à des caufes finales toujours incertaines , à des volon- tés exprefles de Dieu ; ayant à expliquer commenr on mouroit dans ces circonftances , ils ont mal dé= terminé le pourquoi : d’autres, auffi mauvais phyfi= ciens ; ont gratuitement attribué cette #orc aux fati: gues de l'ame, au dégoût qu'ils lui ont fuppofé de refter trop long-tems emprifonnée dans notre frêle machine. Van-Helmont l’a déduit de j’extindion de la flamme vitale & du chaud inné : cette idée eft du-moins plus naturélle, mais elle n’explique encore tien. Il réfte à déterminer quelle eft la eaufe de cette extinction. On trouvé dans la flrnêture du corps humain & dans Pexamen de fes propriétés , des raifons très- fimples de cette mort : on n’a qu’à obferver les chan gemens qui arrivent dans l’organifation du corps & dans le méchanifme des fonétions lorfque l'âge aug- mente, On verra que depuis le premier inftant que l’on commence à vivre, les fibres deviennent plus fortes , plus ferrées ; moins fenfibles , moins irrita- bles. Dans la vieillefle ; la plûpart des petits vai: feaux s’obliterent , les vifceres fe durciflent , les fe- crétions diminuent , la peau n’eft plus hume@tée, la maigreur augmente de plus en plus jufqu’au poing | Py, 722 MOR du marafme fenile ; la circulation eft plus lente, plus foible , bien moins univerfelle que dans les enfans; le pouls eft dur , foible , petit, inégal, pour l’ordi- naire intérieur : lorfque la vieillefle devient décré- pite , l'iritabilité diminue confidérablement ; les vaifleaux deviennent plus ou moins durs : on en a vu près de l’origine du cœur qui avoient acquis la dureté de l’os du cartilage , des pierres. Lorfque la mort eft prochaine , le pouls eft intermittent, ex- trèmement lent & foible ; & ces caraéteres aupmen- tent ainfi par nuances jufqu’à ce que , la fenfbihté du cœur entierement détruite, les forces tout-à-fait épuifées , le mouvement de cet organe cefle , &r ces vieillards meurent alors fans prefque s’appercevoir qu'ils ceffent de vivre , le paflage de la vie à la mors s’étant prefque pas fenfble chez eux. On voit par- là que notre merveilleufe machine a cela de com- mun avec toutes les autres ; que la maniere dontles mouvemens s’y exécutent eft une raïfon fufifante pour en empêcher la perpétuité : chaque moment de vie prépare & difpofe à la mors. Il eft facile d’apper- cevoir combien peu. on doit compter fur tous ces élixirs-admirables, ces fecrets précieux que des em- piriques ignorans ou fripons débitent pour prolonger Ja vie, pour rajeunir & conduire à limmortalité. II. Sous le titre de zzoré violente nous comprenons toutes celles qui font occafionnées par quelque caufe extérieure dont l’aétion eft évidente & prompte ; nous. comptons d’abord en conféquence toutes les bleffures qui empêchent le mouvement du cœur, at la feétion des nerfs , le dérangement du cerveau; par l’efufion du fang,, les plaies des ventricules y des gros vaifleaux , les épanchemens intérieurs , les chü- tes fur la tête ou l’épine , avec commotion ou luxa- tion , Gc. les opérations chirurgicales mal faites ou imprudemment entreprifes ; celles qui interceptent la refpiration , comme celles qui pénetrent fort avant dans la poitrine, qui coupent , détruifent la trachée-artere, Nous mettons aufli au nombre des morts. qui viennent par défaut de refpiration , celles des noyés , de ceux qui font expolés à la vapeur du vin fermentant, du charbon , des mines, des tom- beaux qui ont refté long-tems fermés , des mouffe- tes , &c très-rarement ou plütôt jamais la mort des pendus ; car ils meurent le plus fouvent par la luxa- tion de la premiere vertebre du col : cette opéra- tion eft un coup de maitre , un tour délicat de bour- reau expérimenté, qui ne veut pas faire langpuir le patient. Quelquefois aufli les pendus meurent apo- pleétiques, le fang étant retenu & accumulé dans le cerveau par la compreflion que fait la corde fur les jugulaires. Le froid eft quelquefois 8&c dans certains pays fi violent !, que les perfonnes les plus robuftes ne fauroient y être expofées pendant quelque tems fans perdre la vie de tout le corps ou de quelque par- tie : fon effet le plus fenfble eft de fufpendre le mou- vement des humeurs , & d’exciter une gangrene lo- cale ou univerfelle ; cependant lorfqu'il eft pouflé au dernier degré d’intenfité , il empêche la putréfac- tion , il deffeche les folides , les reflerre puiflam- ment , & gele pour ainfi dire les flnides. Ceux qui font morts de cette façon fe confervent pendant Jong-tems : on en a trouvé qui étoient encore frais après bien des années. On pourroit enfin rapporter aux morts violentes celle qui eft l'effet des poifons atifs pris intérieurement ou introduits par quelque bleflure ou morfure extérieure ; leur ation eft ex- trèmement variée & fort obfcure. Foyez Poison. IL. La sort fubire efl une ceflation prompte des mouvemens vitaux, fans aucun changement confi- dérable extérieur : c’eft un pañlage rapide fouvént fans caufe apparente de l'exercice le plus floriffant des différentes fon“ions , à une ina€hion totale. On cefle de vivre dans letems où la fanté paroit la mieux affermie & le danger le plus éloigné , au mi lieu des jeux, des feftins, des divertiflemens , ou dansles bras d’un fommeil doux &e tranquille: c’eft ce qui farloit fouhaiter aux anciens philofophes de mou- rir de cette façon ; & en effet , à ne confidérer que le préfent , c’eft la zrors la moins défagréable , qui évite les fouffrances , les horreurs que re peuvent manquer d'entraîner les approches de la 07 ; qui ne donne pas le tems de tomber dans cet anéantifle- ment affreux , dans cet affaiflement fouvent honteux pour un philofophe, qui la précede dans d’autres cir- conftances ; & enfin on n’a pas le tems de regretter Ja vie , la promptitude de la 071 ne permet pas tou tes les triftes reflexions qui le préfentent à un homme qui la voit s'approcher infenfiblement. On'a vi des sorts fubites déterminées par des paflions d’ame vives, par la joie, la terreur, la co- lére, le dépit, &c. Une dame vaporeufe mourut dans linftant qu’on lui donnoit un coup de lancette pour la faigner, avant même que le fang fortit, Quelques perfonnes font mortes ainfi fans qu'on pût accufer aucune caufe précédente , fans que rien parüt avoir donné lieu à un changement fi prodi- gieux; dans la plüpart de ceux qu’on a ouverts, on a trouvé des abfcès qui avoient crevé, du fang épan- ché dans la poitrine ou dans le cerveau, des polypes confidérables à l'embouchure des gros vaiffeaux. Frédéric Hoffman raconte, fur le témoignage de Graff, médecin de l’éleéteur Palatin , qu’un nom bre confidérable de foldats étant morts {ubitement, . on en fit ouvrir cinquante; il n'y en eut pas un de ceux-là qui n’eñt dans le cœur un polype d’une grandeur monftruenfe, m07/ffrof4 magnirudine. _ Georges Greïfell affure qu’il atrouvé de femblables concrétions dans le cœur ou le cerveau de tous ceux qui font morts d’apoplexie ou de catarre, Mifcell, naï. curiof. 1670, obferr. LXXIF, Wepfer dit avoir vû dans le cadavre d’un homme mort fu- bitement apopleétique, un polype d’une étendue immenfe , qui non-feulement occupoit les carotides & les vaifleaux un peu confidérables du cerveau, mais fe diftribuoit encore dans tous les finus & an= fraduofités de ce vifcere ; on comprend facilement comment de femblables dérangemens peuvent fu pendre tout-à-coup le mouvement progreflif du cœur & faire cefler la vie ; mais 1l arrive quelquefois que tous les vifceres paroiflent dans un état fain & natu- rel, on ne trouve aucun éclairciflement dans l'ouver- ture du cadavre fur la caufe de la or ; c’eft princi- palement dans le cas de mors fubite excitée par des pafions d’ame vives , par des douleurs aiguës inate tendues, 1l n’y a alors qu’une affe@ion nerveufe; 1l y a lieu de préfumer que le même fpafme qui s’obferve à l'extérieur , occupe les extrémités du cœur , & les empêche d'admettre le fang où deréa- air contre lui. Il eft à propos d’obferver ici que la mort fubite peut aufli'arriver dans le cours d’une indifpofition, d’une maladie , parles mêmes caufes qui la déterminent en fanté, indépendamment de celle de la maladie; un malade trompe quelque- fois le prognoftic le mieux fondé, il meurt avant le tems ordinaire & fans que les fignes mortels ayent précédé , ou par une paññion d’ame, ou par quelque dérangement interne qu’on ne fauroit pré- voir : on voit des exemples de cette #07: dans quel- ques fievres malignes, ceux qui en font attaqués meurent dès le troifieme ou quatrieme jour, au grand étonnement des afliftans 8 du médecin même qui ne s’attendoit à rien moins; le cadavre ouvert ne laiffe appercevoir aucune caufe de mors, pas le moindre vice dans aucun vifcere: ces cas méri- tent d'être férieufement examinés; n’y a-t-il pas lieu de foupçonner qu’on fe prefle trop d'ouvrir & d’enterrer ceux qui font morts ainf à MOR . ÆV, La rert qui doit être uniquement appellée rorc de maladie, eft celle qui arrive dans les derniers tems, lorfque les fymptomes, les accidens, la foi- bleffe font parvenus au plus haut période ; dans les maladies aiguës, la #20rf arrive d'ordinaire dans le tems où la maladie ayant parcouru fes différens périodes, fe termineroit par quelque crife falutaire ü elle avoit tourné heureufement ; de façon qu’on peut la regarder comme une des terminaifons des crifes de la maladie où la nature a eu le deffous. On pourroit juger & raïfonner d’une fievre aiguë comme d’une inflammation ; car comme cette affe- tion locale fe termine par la réfolution, ou par la fuppuration, ou enfin par la gangrene, de même les maladies aiguës fe guériflent entierement ou dé- génerent en malades chroniques, ou enfin finiflent par la mors de tout le corps; en approfondiffant cette matiere on trouveroit beaucoup de rapport dans la façon dont ces différentes terminaifons s’operent dans l’un & lPautre cas. Voyez INFLAM- MATION 6 MALADIE AIGUE. Toutes les maladies aigues fe refflemblent aflez par leurs caufes , leur marche, leurs effets , & leur terminaifon ; elles ne me paroiflent différer qu'accidentellement par un fiese particulier , par la lefion fpéciale, primitive, chronique de quelque vifcere, par l’altération plus ou moins forte du fang , caufes qui en rendent le danger plus ou moins preffant. L'effet le plus heu- reux, le plus complet de l’augmentation qu’on ob- ferve alors dans le mouvement du fang, du cœur &c des arteres , eft de rappeller ou de fuppléer l’ex- crétion dont la fupprefion avoit donné naïflance à la maladie, de corriger & de refondre, pour ainfi dire , les humeurs, & enfin de rétablir l’exercice des organes affeétés. Lorfque la gravité du mal, le _ dérangement confidérable des vifceres, la foibleffe des forces empêchent la réufhte de ces efforts, l’al- tération du fang augmente, ilne fe fait aucune coc- tion, ou elle n’eft qu'imparfaite, fuivie d'aucune excrétion ; le fang n’obéit que difficilement aux coups redoublés du cœur & des vaifleaux, & leurs pulfations deviennent plus fréquentes, à mefurex que la lenteur du mouvement du fang augmente, les obftacles oppofes à la circulation fe multiplient, les forces continuellement diffipées & jamais repa- rées vont en décroiffant ; le mouvement progreffif du fang diminue peu - à - peu, & enfin ceffe entiere- ment; les battemens du cœur & des arteres font fufpendus , la gangrene univerfelle fe forme, & la mort eft décidée. Tous ces changemens que nous venons d’expofer fe manifeftent par différens fignes qui nous font connoître d'avance le fort funefte de la maladie. Il ne nous eft pas poflible d’entrer ici dans le détail de tous les fignes mortels, qui va- rient dans les différentes maladies, on pourra les trouver expolés aux articles de feméiotique, com- me pouls , refpiration, urine , &c. dont on lesttire, & aux maladies qu'ils caraétérifent : nous n’en rap- porterons à préfent que quelques généraux qui fe rencontrent prefque toujours chez les mourans, qui précedent & annoncent une wort prochaine, La phyfionomie préfente un coup - d'œil frappant, fur- tout pour le médecin expérimenté, dont les yeux font accoutumés à l’image de la sort; une pâleur livide défigure le vifage; les yeux font enfoncés, obfcurs, recouverts d’écailles, la pupile eft dilatée, les tempes font affaifiées, la peau du front dure, le nez éfüle, les levres tremblantes ont perdu leur co- loris ; la refpiration eft difficile , inégale, fercoreufe ; le pouls eft foible, fréquent, petit , intermittent; quelquefois les pulfations font aflez élevées, mais on fent unwuide dans l’artere, le doigt:s’y enfonce fans sefftance ; bien-tôt après le poulsfuit de def- fous le doigt; les pulfatiqns femblent remonter ; Tome X, | MOR 723 elles deviennent infenfibles au poignet; en appli- quant la main au pli du coude, lorfque l’artere n’eft pas trop enfoncée, on les y apperçoitencore ; c’eft un axiome propofé par Hippocrate, & fort accrédité chez le peuple, que la moré ne tarde pas lorfque le pouls eft remonté au coude, enfin tous ces bartemens deviennent imperceptbles , le nez, les oreilles & les extrémités font froides, on n’apperçoit plus qu'un léger fautillement au côté gauche de la poitrine, avec un peu de chaleur, qni ceffent enfin tout- à- fait, & le malade meurt dans des efforts inutiles pour refpirer. Il n’eft pas rare de trouver dans les cadavres des engorgemens inflammatoires, des dé- pôts, des sangrenes dans les vifceres, qui ont fou- vent accéléré & déterminé la mors; ces defordres font plütôt l'effet que la caufe de la maladie; il eft cependant aflez ordinaire aux médecins qui font ouvrir les cadavres, d'appuyer fur ces accidens fe- condaires, fonvent effets de l’art , limpofhilité de la guérifon, ils montrent à des affiftans peu inftruits tous ces defordres comme des preuves de la gra- vité de la maladie, & juftifient à leurs yeux leur mauvais fucès. Il y a quelquefois des maladies pefli- lentielles, des fievres malignes qui fe terminent aw trois où quatrieme jour par la sort; le plus fouvent on trouve des gangrenes internes, caufes fuflifantes de mort. Ces gangrenes paroiflent être une fource d’exhalatons mephitiques , qui fe portant fur les nerfs, occafionnent un relâchement mortel; ces maladies fi promptes femblent aufñ attaquer fpécia- lement les nerfs, & empêcher principalement leur aéuon; le fymptôme principal eft une foibleffe ex- trème, un affaffement fingulier ; on peut rapporter à la #20rt qui termine les maladies aiguës, celle qui eft déterminée par une abftinence trop longue, qui fuit Pinamneon; 1l eft bien difficile de décider en quoi & comment les alimens donnent, entre- tiennent & rétabliflent les forces ; leur effet eft cer- tain, quoique la raifon en foit inconnue : dès qu’on ceffe de prendre des alimens, ou qu'ils ne parvien- nent point dans le fang, ou enfin quand ja nutrr tion n’a pas lieu, les forces diminuent , les mouve- mens ne s’exécutent qu'avec peine & laffirude, les contraËtions du cœur s’afoibliflent, le mouvement inteftin du fang n’étant pas retenu par l’abord con- tinuel d’un nouveau chyle, fe développe, les difé- rentes humeurs s’alterent, la falive acquiert une âcreté très -marquée, la machine s’affaifie infenf- blement , les défaillances font fréquentes, la foi- blefle exceflive , enfin le malade refte enfeveli dans une {yncope éternelle. Dans les maladies chroniques la mors vient plus lentement que dans les aiguës, elle fe prépare de loin , & d'autant plus sûrement ; elle s’opere à-peu- près de même; quand la maladie chronique eft prête à fe terminer par la fanté ou par la mors, elle devient aigue. Toute maladie chronique qui eft éta- blie , fondée fur un vice particulier, une obftruétion deiquelques vifceres, fur-tout du bas- ventre , qui donne lieu à l'état cacheétique qui les accompagne toujours, à des jJaunifles, des hydropifes, &c. qui empêche toujours la nutrition, la parfaite élabora- tion du fang, de façon qu'il eft rapide, fans ton, fans force, & fans aivité ; le mouvement inteftin lanouit, les nerfs font relâchés, les vaiffeaux afloi- blis, peu tenfbles, la circulation eft dérangée ; les forces, produit de l’aétion réciproque de tous les vif- ceres manquent, diminuent de jour en jour, le pouls eft concentré, muet, &confervant toujours un cara- étere d'irritation ; lorfque la maladie rend à fa fin il devient inégal, intermittent, foible , & fe perd enfin tout-à-fait; 1l ne fera pas difficile de com- : prendre pourquoi la lefion d’un vifcere particulier entraine la ceffation des mouvemens vitaux, f l’on XYyyh 724 MOR fait attention, 1°. qu'ils font tous néceffaires à la vie ; 2°, que la circulation influe fur les aétions de tous les autres vifceres ,.& qu’elle eft réciproque- ment entretenue & différemment rodifiée par leur concours mutuel; 3°. que le moindre dérangement dans l’aétion d’un vifcere fait fur les organes de la circulation une impreflion fenfible que le médecin éclairé peut appercevoir dans le pouls: ainfi la cir- culation peut être & eft effetivement quelquefois troublée, diminuée, &c totalement anéantie par mn vice confidérable dans un autre organe. On trouve ordinairement dans ceux qui font morts de maladies chroniques beaucoup de defordres dans le bas- ventre, le foie, la ratte engorgés, abfcédés, corrompus , les glandes du méfentere durcies, le pancréas skirrheux, &c. les poumons font fouvent remplis de tubercules, le cœur renferme des poly- pes , &c. Avant de terminer ce qui regarde les caufes de la sort, je ne püis nempêcher de faire obferver qu'on accufe très-fouvent les Médecins d’en aug- menter le nombre, Cette accufation eft pour l’ordi- naire diétée par la haine, le caprice , le chagrin, la mauvaife humeur, prefque toujours portée fans connoïflance de caufe ; cependant , helas ! elle n’eft que trop fouvent jufte; quoique paflionnément at- taché à une profeflion que j'ai pris par goût & fuivi avec plaifir , quoique rempli d’'eftime &z de vénéra- tion pour les Médecins, la force de la vérité ne me permet pas de diffimuler ce qu’une obfervation con- ftante m'a appris pendant plufeurs années, c’eft que dans les maladies aiguës 1l arrive rarement que la guérifon foit l'ouvrage du médecin, & au contraire, la mort doit fouvent être imputée à la quantité & à l’inopportunité des remedes qu'il a ordonnés. II n’en eft pas de même dans tes chroniques, ces ma- ladies au-deffus des forces de la nature, exigent les fecours du médecin ; les remedes font quelquefois curatifs, & la more y eft ordinairement l’effet de la maladie, abandonnée à elle-même fans remedes ac- tifs ; en général on peut aflurer que dans les mala- dies aiguës on médicamente trop &t à contre-tems , & que dans les chroniques on laiffe mourir le malade faute de remedes qui agiftent efficacement , il ne manquéroit pas d'obfervations pour conftater & confirmer ce que nous ayons avancé. Un médecin voit un malade attaqué d’une fluxion, de. poitri- ne, c’eft-à-dire d’une fievre putride inflammatoire ; perluadé quela faignée eft le fecours le plus appre- prié pour réfoudre l'inflammation, il fait faire dans trois ou quatre jours douze ou quinze faignées , la fevte diminue, le pouls s’affaiffe,, les forces s’épui- fent; dans cet état de foibleffe, ni la coftion ni la crife ne peuvent avoir lieu, & le malade meurt. Un autre croit que l’inflammation eft foutenue par un mauvais levain dans les premieres voies ; partant de cette idée, 1l purge au-moins de deux jours l’un; heureufement les purgatifs peu efficaces qu'il em- ploie ne font que lâcher le ventre, chafler le peu d’excrémens qui fe trouvent dans les inteftins ; les efforts de la nature dans le tems d'irritation n’en font que foiblement dérangés ; la coétion fe fait aflez paflablement, l'évacuation critique fe prépare . par les crachats; on continue les purgatifs parce que la langue eft toujours chargée & qu'il n’y a point d’appétit; mais à-préfent ils ceflent d’être z2- différens , is deviennent mauvais ; ils empêchent lé- vacuation critique ; la matiere des crachatsrefte dans les poumons, s’y accumule, y croupit ; le fang ne fe dépure point, la fievre continue devient heét- que , les forces manquent totalement , & la zzort fur- vient. Une jeune dame de confdération eft attaquée d’une fievre putride quiporte lègerement à la por- ge; le pouls eft dans Les commencemens petit, .en- foncé , ne pouvant fe développer; comme la ma- lade à de quoi payer, on appelle en confultation plufieurs médecins qui regardant la maladie com- me un mal de gorge ganoréneux; croyant même déjà voir la gangrene décidée à la gorge, ils pro- * gnoftiquent une wor# prochaine , & ordonnent dans la vûüe de la prévenir, des potions camphrées, & font couvrir la malade de véficatoires : cependant on donne l’émétique , & on fait même faigner, par _ l’avis d’un autre médecin appellé; il y a un peu de mieux , la gorge elt entierement dégagée; on fe ré- duit à dire, vaguement & fans preuves, que le fang eft gangrené ; on continue les véficatoires, les uri- nes deviennent rougeätres, fanglantes, leur excré- tion fe fait avec peine & beaucoup d’ardeur; la malade fent une chaleur vive à l’hypogaftre ; les délires & convulfions furviennent ; on voit paroi- tre en même tems d’autres {ymptômes vaporeux ; _le pouls refte petit, ferré, muet, convulff; la ma- ladie fe termine par la #0r4; on ouvre le cadavre, on s'attend de trouver dépôt dans le cerveau, gan- grene à la gorge, toutes ces parties font très-faines; mais les voies urinaires, & fur - tout la veflie & la matrice paroiflent phlogofées & gangrénées. Il n’eft perfonne qui ne voye que ces defordres font l'effet de l’aétion fpécifique des mouches canthari- des. Dans les maladies chroniques la nature ne fai fant prefque aucun effort falutaire, 1l eft rare qu'on la dérange ; mais comme elle eft affaifiée, engour- die , elle auroit befoin d’être excitée, ranimée: on l'affadit encore par des laitages & d’autres remedes auf indifférens qui, loin de fuivre cette indication, ne touchent point à la caufe du mal, & qui laiflent la maladie tendre à la deftruétion de la machine. Un homme a depuis long-temsle bas-ventre rem- plid’obftruétion , ileft cachettique , une fievre lente commence à{e déclarer . les jambes font ædémateu- fes,on lui donne des apozemes adouciflans,des bouil- lons de grenouille, on ka/ardequelques légeres décoc- tions de plantes apéritives ; la maladie ne laifle pas d’empirer , & le malade meurt enfin hydropiqne ; on néglige les remedes héroïiques, les fondansfavon- neux , martiaux, @c. Un autre eft attaqué d’une phthifie tuberculeufe , il commence à cracher du pus ; le médecin ne fait attention qu’à l’état de fup- puration où il croit voir le poumon, il penfe que les humeurs font acres, qu'il ne faut que combattre ces acretés , invifquer par un doux mucilage, & engai- ner, pour ainfi dire, les petites pointes des humeurs, 1l donne en conféauence du lait ; s’il entrevoit un peu d’épaififflement joint à l’acreté, il donne le petit- lait ou le lait d’anefle ; enfin , ilen combine les diffé- rentes efpeces, met fon malade à la diete ladée; mais ces fecours inefficaces n’arrêtent point les pro- grès ni la funefte terminaifon de la maladie ; au moins on ne peut pas dire que le médecin dans les chroniques sue fes malades ; tout au plus pourroit- on avancer qu’il les laiffe quelquefois mourir. Ilfe.. roit bien à fouhaiter qu'on fût réduit à un pareil aveu dans les maladies aigues. Quelle que foit la caufe de la mort, fon effet prin- cipal immédiat eft l'arrêt de la circulation, la fui _CIiP , penfon des mouvemens vitaux: dès que cette fonc- tion eft interrompue , toutes les autres ceflent à l’inftant ; l’aétion réciproque des folides entr'eux & fur les humeurs eft détruite, le fang refte immobi- le, les vaifleaux dans l’ina@ion; tous les mouvemens animaux font {ufpendus. La chaleur & la foupleffe des membres qui en font une fuite fe perdent, 8, par la même raifon , l’exercice des fens eft aboli, il ne refte plus aucun veftige de fentiment ; mais la fenfbilité ou irritabilité, principe du fentiment & du mouvement , fubfiftent pendant quelque tems:; les parties mufculéufes piquées , agacées en donnent MOR dés marques inconteftables ; le cœur lui-même après qu'il a ceflé de fe mouvoir peut , étantirrité, re- commencer fes battemens. C’eft dans la continua- tion de cette propriété que Je fais conffter la zors imparfaite ; tant qu’elle eft préfente,la vie peut re- venir , fi quelque caufe conftante peut la remettre en jeu ; il faut pour cela que tous les organes foient dans leur entier , que le mouvement du fang renou- -vellé ne trouve plus d’obftacles qui l’arrêtent & le fufpendent de rechef ; que l’a@ion des caufes qui ont excité la mort cefle ; c’eft ce qui arrive dans tous les cas où elle doit être attribuée au fpafme du cœur, dés que la or: a fufpendu les mouvemens , un re- lâchement confidérable fuccede à cet état de conf- triétion , la moindre caufe peut alors rendre la vie & la fanté ; le fang lui-même , altéré par le déve- loppement du mouvement inteftin, peut fervir d’ai- gwllon pour réfufciter les contra@tions du cœur. * Lorfquele fang arrêté quelque-tems , laiffé à lui- même , fans mouvement progreffif, fans fécrérion, fans être renouvellé par l’abord du chyle ; fon mou- vement inteftin fe développe, devient plus a&if, &t tend enfin à une putréfaétion totale, qui détruit le tiffu de tous les vifceres, rompt l'union , la cohé- fion des fibres, bannit toute irritabilité , & met le corps dans l’état apparent de sort abfolue: il eft bien des cas où même avant quela putréfaéhion fe foit ma- mifeftée, les organes ont entierement perdu leur fen- Hbihté, 1ls ne peuvent recommencer leurs mouve- mens quelque fecours qu'on emploie. On peut ob- ferver cela furtout après les maladies aiguës, où le fang altére eft dans un commencement de putré- fadlion ,, où quelques viiceres font gangrenés ; & il eft à-propos de remarquer que dans ces circonftan- ces, la mort abfolue fuit de près la or imparfaite, &t que l’on apperçoit bientôt des fignes de pourri- ture. Il en eft de même lorfqu’une bleflure a empor- té , coupe, déchiré les inftrumens principaux de la vie ; ou enfin lorfqu'’on'a fait difiper toutes les ku- meurs, qu'on a defféché ou embaumé le corps. Diagnofhc. Il n’eft pas pofible de fe méprendre aux fignes qui carattérifent la mort ; les changemens qui différentient l’homme vivant d'avec le cadavre font très-frappans & très-fenfibles ; on peut aflurer la mors , dès qu’on n’apperçoit plus aucune marque de vie , que la chaleur eft éteinte, les membres roi- des , inflexibles , que le pouls manque abfolument, ëêt que la refpiration eft tout-à-fait fufpendue : pour être plus certain de la ceffation de la circulation , 1l faut porter fucceflivement la main au poignet, au ph du coude, au col, aux tempes, à l’aine & au cœur , &t plonger les doigts profondement pour bien faifir les arteres qui font dans ces différentes par- tes ; & pour trouver plus facilement les battemens du cœur s'ils perfiftoient encore , il faut faire pan- cher le corps fur un des côtés ; on doit prendre gar- de , pendant ces tentatives , de ne pas prendre le battément des arteres qu’on a au bout de fes pro- pres doigts , & qui devient fenfible par la preflion, pour le pouls du corps qu’on examine , & de ne pas juger vivant celui qui eft réellement zor# ; on conf tate l’immobilité du thorax , & le défaut de refpi- ration en préfentant à la bouche un fil de coton fort délié , ou la flamme d’une bougie , ou la glace d’un miroir bien polie ; 1l eft certain que la moindre ex- piration feroit vaciller le fil & la flamme de la bou- gie & terniroit la glace ; on a aufli coutume de met- tre fur le creux de l’eftomac un verre plein d’eau, qui ne pourroit manquer de verfer s’il reftoit encore quelque veftige de mouvement; ces épreuves fuf- fent pour décider la z2ort imparfaite ; la mort abfo- lue fe manifefte par l’infenfbilité conftante à toutes les incifons, à l’application du feu ou des ventoufes, des véficatoires , par le peu de fuccès qu'on retire MOR TE de ladminiftration des fecours appropriés. On doit cependant être très-circonfpeé à décider la 7er ab- folue , parce que un peu plus de conftance peut-être vaincroit les obflacles, Nous avons vu que dans pareil cas, vingt-cinq ventoufes ayant été appli- quées inutilement, la vinpt-fixieme rappella la vie, & dans ces circonftances il n’y a aucune comparai- fon entre le fuccès & l'erreur; la 0r2 abfolue n°eft plus douteufe quand la putréfaétion commence à fe manifefter. Prognoflic. L'idée de prognoftic emportant né- ceffairement avec {oi l’atrente d’un événement futur pourra paroitre,lorfque la mors eft arrivée, finguliere & même ridicule à ceux qui penfent que la mort dé- truit entierement toute cfperance ; confirme les dan- gers, & réalife les craintes; mais qu'on fafle atten- tion qu'il eft un premier degré de mort, pendant le- quel les réfurreétions font démontrées poffibles , & par un raifonnement fort fimple, & par des obfer- vations bien conftatées. Il s’agit de déterminer les cas où l’on peut, avec quelque fondement, efperer que la mors imparfaite pourra fe difliper , & ceux au contraire Où la #7ort abfolue paroît inévitable, Je dis plus, ileft des circonftances où l’on peut af- furer que la more eft avantageufe , qu’elle produit un bien réel dans la machine, pourvu qu’on puife après cela la diffiper; & pour ôter à cette affertion tout air de paradoxe, il me fuffira de faire obferverque fouvent les maladies dépendent d’un état habituel de fpafme dans quelque partie, qu’un engorgement inflammatoire ceft aflez ordinairement entretenu & augmenté par la conftrition & le reflerrement des Vaifleaux ; la mort détruifant efficacement tout fpaf- me , lui faifant fuccéder le relâchement le plus com- plet , doit être cenfée avantageufe dans tous les cas d'afe“ion fpafmodique ; d'ailleurs la révolution finguliere , le changement prodigieux qui fe fait alors dans [a machine peut être utile à quelques per- fonnes habituellement malades ; ce que j’avance eft confirmé par plufieurs obfervations,qui prouvent que des perfonnes attaquées de maladies très-ferieu- fes dès qu'elles ont eu refté quelque-tems mortes, ont été bientôt remifes après leur réfurredtion, & ont joui pendant plufieurs années d’une fanté florif- fante. Woyez Le traité de l'incertitude des fignes de la mort, $. 4. 5. & 6. On a vu aufli quelquefois dans des hémorrhagies confidérables la ceffation de tout mouvement devenir falutaire. Les jugemens qu'on eft obligé de porter fur les fuites d’une ors imparfaite font toujours très-fâcheux & extré- mement équivoques ; on ne peut donner que des efpérances fort légeres , qu’on voit même rarement fe vérifier. Les 7rorts où ces efpérances font les mieux fondées , font celles qui arrivent fans léfion, fans defruétion d'aucun vifcere, qui dépendent de quelqu’affeétion nerveufe, fpafmodique , qui font excitées par des pafñons d’ame , par la vapeur des mines, du charbon, du vin fermentant , des mouf- fêtes, par limmerfon dans l’eau ; lorfqu'il n’y a dans les pendus que la refpiration d’interceptée, ou même une accumulation de fang dans le cerveau fans luxation des vertebres , on peut fe flatter de les rappeller à la vie ; il en eft de même de la more qui vient dans le cours d’une maladie fans avoir été prévenue & annoncée par les fignes mortels ; les morts volontaires ou extatiques n’ont, pour l’or- dinaire , aucune fuite facheufe ; elles fe difipent d’éllessmêmes. S'il en faut croire les hiftoriens , il y a des perfonnes qui en font métier , fans en éprou- ver aucun inconvénient ; il eft cependant à crain- dre que le mouvement du fang , fouvent fufpendu, ne donne naïffance à des concrétions polypeufes dans le cœur & le gros vaifleau. La or: naturelle qui termine les vicillefles décrépites ne peut pas fé 726 MOR diffiper, le-retour de la vie-eft impoñflble ; de mé- me que dans les æorts violentes où les nerfscardia- ques font coupés , le cerveau confidérablement bieflé, la partie médullaire particulierement affec- tée ; la deftruétion du cœur, des poumons, de la trachée-artere, des gros vaifleaux, des vifceres prin- ‘cipaux, Gtc. entraine aufi néceflairement la mors ab- folue , il eft rare qu’elle ne fuccede pas prompte- ment à la sort imparfaite , lorfqu’elle eft amenée par quelque maladie, & qu’elle eft précédée des fignes mortels. Il y a cependant quelques obferva- tions qui font voir que la ore, arrivée dans ces cir- _conftances, a été diflipée. Enfinil n’y a plus d’ef poir lorfque la putréfattion eft décidée ; nous n’a- vons aucune-obfervation dans les faftes de la Méde- cine de réfurreétion opérée après l’apparition des . fignes de pourriture. Curation. C’eft un axiome généralement adopté que «Contra vin mortis nullrurm ef medicarnen in hortis. qu’à la sort il-n’y a point de remede ; nous ofons cependant aflurer , fondés fur la connoifflance de la ftruéture & des propriétés du corps humain , & fur un grand nombre d'obfervations, qu'on peut gué- rir La mort, c’eft-à-dire, appeller le mouvement fuf- pendu du fans & des vaifleaux , jufqu’à ce que la pu- tréfationmanifeftée nous fafle connoïtreque la sort eft abjolue , que l'irritabihité eft entierement anéan- tie, nous pouvons efperer d'animer ce principe , & nous ne devons rien oublier pour y réuflir. Je n'1- nore pas que ce fera fournir dans bien des occa- oi un nouveau fujet de badinage & de railierie à quelques rieurs indifcrets, & qu'on ne manquera pas de jetter un ridicule fur les Médecins , qui éten- dront jufqu’aux mores l'exercice de leur profeflion. Mais en premier lieu , la crainte d’une raillerie dé- placée ne balancera jamais dans Pefprit d’un mé- decin fenfé l’intérêt du public, & ne le fera jamais manquer à fon devoir. 2°. Quoique dans le plus grand nombre de cas les fecours adminiftrés foient inutiles pour difiper la wort ; ils fervent de fignes pour conftater la mortabfolue,& empêchentde crain- dre que les sorts reviennent à la vie dans un tom- beau où il ne feroit pas poffble de s’en appercevoir, & où ils feroient forcés de mourir une feconde fois, de faim, de rage & de défefpoir. 3°. Enfin, lefpé- rance de réuflir doit engager les Médecins à ne pas abandonnër les morts; un feul fuccès peut dédom- mager de mille tentatives infruétueufes ; l’amour- propre peut il être plus agréablement flatté que par la fatisfation vive & le plaifir délicat d’avoir don- né la vie à un homme , de lavoir tiré des bras même de la.orr ? YŸ a-t-il rien qui rende les hom- mes plus approchans de la divinité que des aétions fembiables? D'ailleurs rien n’eft plus propre. à au- omenter la réputation & l'intérêt qui en eft d’ordi- naire la fuite, attraits plus folides, mais moins fé- duifans. Toute l'antiquité avoit une admiration & une vénération pour Empedocle , parce qu'il avoit rendu l’ufage de la vie à ane fille qui n'en donnoit depuis quelque-tems aucun figne, & qu’on croyoit morte. Apollonius de Tyane foutint par une réfur- rection très-raturelle qu'il opéra avec un peu de charlatanifme , fa réputation de forcier , & fit croire qu'il avoit des converfarions avec le diable ; voyant pañler le convoi d’une femme wzorte fubitement le jour de fes nôces, il fait fufpendre la marche , s’ap- proche de la biere, empoigne la femme, la fécoue rudement , & lui dit du air myftérieux quelques pa- roles à l'oreille ; la moïte donne à l’inflant quelques ffgnes de vie, & attire par-là une grande vénéra- tion au rufé charlatan; c’eft par de femblables tours d’adrefle qu’on donne fouvent un air de furnaturel 8 de magique à des faits qui n’ont rien d'extraoréis naire. Afclépiade, médecin, fut dans un pareïl cas auf heureux & moins politique , où charlatan ; if vit dans une perfonne qu’on portoit en terre quel- ques fignes de vie , ou des efpérances de la rappel- ler, la fait reporter chez elle , malgré la réfiftance des héritiers avides , & lui rendit , par les fecours convenables, la vie &c la fanté. Pour compromet- tre encore moins fa réputation & l'efficacité des re- medes appropriés , un médecin doit faire attention aux circonftances où ils feroient tout-à fait inutiles, comme lorfque ia mort abfolue eft décidée, ou qu’elle paroît inévitable ; lorfque la pourriture fe manifef te , lorfque quelque viicere principal eft détruit, lorfque la wors eft le dernier période de la vieilleffe, éc. 1l feroit , par exemple, wrès-abfurde de vouloir rappeler à la vieunhommeà qui on auroit tranché la tête, aïrraché le cœur, coupé l'aorte, l’artere pul- monaire , la trachée-artere , les nerfs cardiaques, &e. on ne peut raïfonnablement s’attendre à quei- qu’effet des fecours , que pendant le remis que Pirri- tabilité fubffte , & que les différens organes confer-. vent leur flruéture, leur force & leur cohefon; l'expérience nous montre les moyens dont nous devons nous fervir pour renouveller les mouve- mens fufpendus ; elle nous apprend que lirriration faite fur les parties mufculeufes fur le cœur, en fait recommencer les contraétions ; ainfi un médecin qui fe propofe de rappellèr un wors à la vie, après s'é- tre afluré que la wort eft imparfaite ,| doit au plûtot avoir recours aux remedes Les plus aëtifs ; ils ne fauroient pécher par trop de violence , & choifix fur-tout ceux qui asiflent avec force fur lesnerfs,qui les fécouent puiffamment ; les émétiques & les cor- diaux énergiques feroient d’un grand fecours, fi on pouvoir les faire avaler, mais fouvent on n’a pas cette reflource, on eft borné à l’ufage des fecours exterieurs & moyens. Alors, il faut fecouer , piquer, agacer les différentes parties du corps, les irriter par les ffimulans appropriés; 1°. les narines par les fternutatoires violens , le poivre, la mourarde, leuphorbe, l’efprit de {el ammoniac, 6e. 2°, les inteftins par des lavemens acres faits avec la fu- mée ou la décoétion de tabac, defené , de co- loquinte , avec une forte diflolution de fel marin; 3°. le gofér,; non pas avec des gargarifmes, com- me quelques auteurs l’ont confellé, fans faire at- tention qu'ils exigent l’aétion des mufcles du palais, de la langue & des joues,maisavec les barbes d’une plume,ou avec l’inftrument fait exprès qui, à caufe de fon effet, eft appellé Z4 rauiffoire on le balai de l'eftomac ; & fouvent ces chatouillemens font une imprefñion plus fenfible que les douleurs Les plus vi- ves ; 4°. enfin tout le corps par des frictions avec des linges chauds imbibés d’effences fpiritueufes aromatiques, avec des broffes de crin, ou avec la main fimplement, par des ventoufes , des véfica- toires, des incifons , & enfin par l’application du feu ; toutes ces irritations extérieures doivent être faites dans les parties les plus fenfibles, & dont la léfion eft la moins dangereufe : les incifions, par exemple, fur des parties tendineufes, à la plante des piés , les friétions , les véficatoires & les venicufes font plus d'effet fur l’épine du dos & le mame- lon. Une fage-femme a rappellé plufieurs enfans nouveau-nés à la vie , en frottant pendant quelque- tems, avec la main féche , le mamelon gauche ; perfonne n’igaore à quel point cette partie eft fenfi- bie ; & lorfque la friétion ne fufñfoit pas, elle fu- çoit fortement à plufeurs reprifes ce mamelon, ce qui faifoit l’effet d’une ventoufe. On ne doit pas fe rebuter du peu de fuccès qui fuit ladminiftration de ces fecours, on doit les continuer , les varier, les diverfifier ; le fuccès peut amplement dédommaz ger des peines qu'on aura prifes; quelquefois on s’eft bien trouvé de plier les torts dans des peaux de moutons récemment égorgés,dans des linges bien chauds, trempés d'eau-de-vie, leur ayant fait avaler auparavant, par force , quelque ébxir fpiritueux , puiffant, fudorifique. On ne doit pas négliger l’ap- plication des épithèmes , des épicarpes compotés avec des cordiaux les plus vifs, parce qu’on n’a aucun mauvais effet à en redouter , & quelque ob- {ervation en conftate l'efficacité ; Borel aflure s’é- tre fervi avec fuccès de roties de pain pénétrées d’eau-de-vie chaude, qu’on appliquoit fur la région du cœur , & qu’on changeoït fouvent. Il eft encore un fecours imaginé par la tendrefle, confacré par beaucoup d'expériences & d'obfervations , & par lPufage heureux qu’en faifoient les Prophetes , au rapport des hiftoriens. Ils fe conchoïent fur la per- fonne qu'ils vouloient réfufciter , fouflloient dans la bouche, & rappelloient ainfi l’exercice des fonc- tions vitales ; c’eft par cet ingénieux ffratagème qu'un valet rendit la vie à un maitre qu'il chérif- {oit : lorfqu'il vit qu’on alloit Penterrer , 1l fe jette avec ardeur fur fon corps, l’embrafle , le fecoue, appuie fa bouche contre la fienne , l’y laïfle collée pendant quelque-tems , 1l renouvelle par ce moyen le jeu des poumons, qui ranime la circulation, & bien-tôt il s’apperçoit que la vie revient. On a fubf- titué à ce fecours, qui pourroit être funefte à l’ami généreux qui le donne , l’ufage du foufflet, qui peut, par le même méchanifme ; opérer dans les poumons les mouyemens alternatifs d'infpiration & d'expiration. Ce fecours peut être principalement utile aux noyés, &c à ceux qui meurent par Le défaut de refpiration dans les mouffetes, dans les caves, dans les tombeaux , Gc. quelquefois il n’eft pas pof- fible d'introduire l’air dans les poumons, l’épiglotte abaïflé fermant exa@tement l’onfice du larinx ; f alors on ne peut pas la foulever, 1l faut en venir promptement à l'opération de la srachéotomie | & {e fervir du trou fait à la trachée-artere pour y pañler l’extrèmité du foufllet ; outre ces fecours généraux, qu’on peut employer aflez indifféremment dans tou tes fortes dezzorts, il y en a de particuliers qui ne conviennent que dans certains cas Ainfi, pour rap- peller à la vie ceux qui font worts de froid , il ne faut pas les préfenter au feu bien fort tout de fuite; il ne faut les rechauffer que par nuances, les couvrir d’abord de neige, enfuite du fumier, dont on peut augmenter graduellement [a chaleur. Lorfqu'il ar- rive à quelque voyageur dans le Canada de mourir ainfi de froid , on l’enterre dans la neige, où on le laïffe jufqu’au l’endemain, & 1l eft pour l’ordinaire en état de fe remettre en chemin. Le fecours le plus avantageux aux pendus font les friétions , les bains chauds & la faignée ; 1ls ne manquent guere de réuffir quand ils font appliqués à tems , & qu'il n’y a point de luxation ; lorfque la 7ors n’eft qu'une affettion nerveufe, c’eft-à-dire , dépendante d’un “fpafme univerfel ou particulier au cœur, on la dif- fipe par la fimple afperfion de l’eau froide, par l’o- deur fétide de quelque réfineux , & par les fternu- tatoires. Je remarquerai feulement à l'égard de ces morts , qu'il neft pas néceflaire de beaucoup fe preffer de les fecourir ; la mort imparfaite eft aflez longue, & l'irritabilité fe foutient aflez long-tems; je crois même qu’il feroit plus prudent d'attendre que la conftri&tion fpafmodique eût été détruite par la mort même ; les remedes appliqués pour Lors opé- reroient plutôt & plus efficacement ; en effet, on obferve que fouvent la mort récente réfifte aux fe- cours les plus propres précipitamment adminifirés, tandis que deux, trois jours après, elle fe difiipe prefque d’elle-même. D'ailleurs, par une guerifon trop prompte, On prévient les bons effets qui pour- MOR 727 roient réfulter d’une fufpénfon totale dé mouve- ment dans la machine. La précipitation eft encore plus funefte dans les #05 qui font la fuite d’une bleflure confidérable, & l'effet d’une grande hémor- ragie ; il eft certain que dans ce cas toute l’efpéran- ce du falut eft dans la rort ; l’hémorragie continue tant qu'il y a du mouvement dans les humeurs ; leur repos permet au contraire aux vaifleaux de fe con- folider , & au fang de fe cailler ; c’eft auf une mé- thode très-pernicieufe que d’eflayer de tirer par des cordiaux aétifs les malades de la fyncope , ou de la rnort {alutaire où 1ls font enfevelis ; ces remedes né font qu’un effet paflager , qui eft bien-tôt fuivi d’une mort abfolue ; ainfi, lorfque la bleflure n’eft pas ex- térieure, & qu'on ne peut pas y appliquer des ftyp- tiques, il faut laiffer long-tems les morts à eux-mé- mes, & après cela ne les ranimer qu’infenfiblement, & les foutenir , autant qu’on pourra, dans cet état de foiblefle. Nous avertiflons en finiflant,qu’on doit varier les diflérens fecours que nous avons propolés fuivant les caufes qui ont excité la zrorr , l’état du corps qui l’aprécédé , & les fymptomes qu'on ob- ferve, (m2) MORT CIVILE, (Jurifprud.) eft l’état de celui qui eft privé de tous les etfets civils, c’eft-à-dire de tousles droits de citoyen, comme de faire des con- trats qui produifent des effets civils, d’efter en ju- gement , de fuccéder, de difpofer par teftament : la jouiffance de ces différens droits compofe ce que l’on appelle /4 vie civile ; de maniere que celui qui _eneftprivé eft reputé #orr felon les lois, quant à la vie civile ;. &c cet état oppofé à la vie civile, eft ce que l’on appelle mort civile, Chez les Romains la mort civile provenoit de trois caufes différentes ; ou de la fervitude , ou de la con- damnation à quelque peine qui faifoit perdre les droits de cité, ou de la fuite en pays étranger. Elle étoit conféquemment encourue par tous ceux qui fouffroient l’un des deux changemens d’état ap- pellés en Droit zraxirna 6 minor, [èu media capitis diminutio, Le mot capur étoit pris en cette occafon pour la perfonne , ou plürôt pour fon état civil pour les droits de cité; & diminurio fignifioit le changement, l’altération qui furvenoit dans fon état. Le plus confidérable de ces changemens , celui que l’on appelloit waxima capitis diminurio, étoit lorfque quelqu'un perdoit tout-à-la-fois les droits de cité & la liberté, ce qui arrivoit en différentes manieres. 1°. Par la condamnation au dérnier fup= plice ; car dans l’intervale de la condamnation à Pexécution, Le condamné étoit zzort civilement, 2°, Lorfque pour punition de quelque crime on étoit déclaré efclave de peine, fervus pæne : on appelloit ainfi ceux qui étoient damnati ad beflias , c’elt-à-dire condamnés à combatre contre les bêtes. Il en étoit de même de tous ceux quiétoient condamnés à fer- vir de fpettacle au peuple. Le czar Pierre I. con- damnoit des gens à être fous , en leur difant je se fais fou. Ils étoient obligés de porter une marote, des grelots & autres fignes, & d'amufer la cour. Il con- damnoit quelquefois à cette peine, les plus grands feigneurs ; ce que l’on pourroit regarder comme un retranchement de la focièté civile. Ceux qui étoient condamnés 22 metallum, c’eft-à.dire à tirer les mé- taux des mines; ou À2 opus metalli, c’eft-à-dire à travailler aux métaux tirés des mines. La condam- nation à travailler aux falines , à la chaux, au fou- _ fre, emportoit auffi la privation des droits de cité, lorfqu’elle étoit prononcée à perpétuité. Les affran- chis qui s’étoient montrés ingrats envers leurs pa- trons, étoient aufh déclarés e/claves de peine. 3° Les hommes libres qui avoient eu la lâcheté de fe vens dre eux-mêmes, poux toucher le prix de leur Liber 725 MOR tél, en la perdant étoient auffi déchus des droits de : Ce Ale La novelle XXII. chap. vi. abrogea la fervi- tüde de peine ; mais en laiffant la liberté à ceux qui fubifloient les condamnations dont on vient de par- ler, elle ne leur rendit pas la vie civile. L'autre changement d'état qui étoit moindre , ap- pellé rinor, feu media capitis diminatio, étoit lorf- que quelqu'un perdoit feulement les droits de cité, fans perdre en même tems {a liberté ; c’eft ce qui ar- rivoit à ceux qui étoient interdits de l’eau êt du feu, 2rterdiéh aqué & igne. On regardoit comme re- tranchés de la fociété ceux qu'il étoit défendu d’af- fifter de l’ufage de deux chofes fi néceflaires à la Vie naturelle. Ils fe trouvoient par-là obligés de fortir des terres de la domination des Romains. Augufte abolit cette peine à laqueile on fubftitua celle ap- pellée deportatio in infulam, C’étoit la peine du ban- niflement perpétuel hors du continent de l’Iralie , ce qui emportoit zor£ civile ; à la différence du fimple exil, appellé re/egario, lequel foit qu'il fût à tems, ou feulement perpétuel, ne privoit point des droits de cité. Il y avoit donc deux fortes de mort civile chez les Romains, l’une qui emportoit tout à la fois la perte de la liberté & des droits de cité ; l’autre qui empor- toit la perte des droits de cité feulement. Du refte, la mort civile opéroit toûjours les mêmes effets quant à la privation des droits de cité. Celui qui étoit mort civilement , {oit qu'il reftât libre ou non, n’avoit plus {es enfans fous fa puiffance : il ne pouvoit plus af- franchir fes efclaves : il ne pouvoit ni fuccéder, hi recevoir un less, ni laifler fa fucceffion, foit ab 17- ceftat , ou par teflament : tous fes biens étoient con: . | filqués: en un mot, il perdoit tous les privileses du Droit civil, & confervoit feulement ceux qui font du Droit des gens. T ° 9 : ; ° ° En France, il n’y a aucun efclave de peine, ni autres ; les ferfs & mortaillables, quoique fujets à certains devoirs perfonnels 8 réels envers leur fei- oneur, confervent cependant en général la liberté & les droits de cité. Il y a néanmoins dans les co- lonies françoifes des efclaves , lefquels ne jouiffent point de la liberté, ni des droits de cité; mais lorf- qu'ils viennent en France, ils deviennent libres, à moins que leurs maîtres ne faffent leur déclaration à l’amirauté , que leur intention eft de les remmener aux îles. Voyez ESCLAVES. La sort civile peut procéder de plufeurs caufes différentes ; ou de la profeflion religieufe ; ou dela condamnation à quelque peine qui fait perdre les droits de cité; ou de la fortie d’un fujet hors du royaume, pour fait de religion, ou pour quelque autre caufe que ce foit, lorfqw’elle eft faite fans per- miflion du roi, & pour s'établir dans un pays étran- er. Chez les Romains, la profefñion religieufe n’em- portoit point mort civile, au-lieu que parmi nous, elle eft encourue du moment de l’émiffion des vœux. Un religieux ne recouvre pas la yie civile, ni par l’adeption d’un bénéfice, n1 par la fécularifation de fon monaftere, ni par fa promotion à l’épifcopat. Les peines qui operent en France la wors civile font: 1°1toutes celles qui doivent emporter la mors naturelle : 2° les galeres perpétuelles : 3° le bannif- fement perpétuel hors du royaume : la condamna- tion à une prifon perpétuelle. Dans tous ces cas la mort civile n’eft encourue que par un jugement contradiétoire, ou par contumace. Quand la condamnation eft par contumace, & que l’accufé eft décédé après les cinq ans fans s’être repréfénté, ou avoir été conftitué prifonmer, 1l eft reputé #ort civilement du Jour de l’exécution du ju- gement dé contumace, MOR Il y a pourtant une exception pour certains cri- mes énormes, tele que celui de léfe-majefté divine ou humaine, le duel, le parricide , 'c. dans ces cas la mort civile eft encourue du jour du délit ; mais elle ne l’eit pas ipfo faëlo, & ce n’eft toùjours qu'après ün jugement comme 1l vient d’être dit: tout ce que l'on a ajouté de plus à Pégard de ces crimes, c’eft que la mort civile qui réfulte des peines prononcées par le jugement, a un effet rétroaéhf au jour du délit. | Hors ces cas, celui qui eft ir reatu n’eft pas reputé mort civilement ; cependant fi les difpofitions qu’il a faites font en fraude, on les déclare nulles. Celui qui eft mort civilement demeure capable de tous les contrats du Droit des gens; mais il eft inca- pable de tous les contrats qui tirent leur origine du Droit civil : il eft incapable de fuccéder foit ab i7- ceffat, ou par teftament , ni de recevoir aucun legs : il ne peut pareillement tefter , ni faire ancune dona- tion entre-vifs , ni recevoir lui-même par donation, fi ce n’eft des alimens. , Le mariage contra@té par une perfonne norte civi- lement eft valable, quant au facrement; mais il ne produit point d'effets civils. Enfin celui qui eft mort civilement ne peut nieftef en jugement, ni porter témoignage; il perd les droits de puiffance paternelle ; il eft déchu du titre & des privileges de noblefle, & la condamnation qui emporte mort civile, fait vaquer tous les bénéf- ces & offices dont le condamné étoit pourvu. | La mort civile, de quelque caufe qu’elle procede , donne ouverture à la fucceflion de celui qui eft ainfi reputé worr. Lorfqu’elle procede de quelque condamnation , elle emportela confifcation dans les pays où la con- fifcation a lieu, & au profit de ceux auxquels la con- fifcation appartient. Voyez CONFISCATION. Les biens acquis par le condamné depuis fa zzort civile, appartiennent après fa morr naturelle, par droit de deshérence , au feigneur du beu où ils fe trou- vent fitués. L’ordonnance de 1747 décide que la z0r1 civile donne ouverture aux fubftitutions. | La mort civile éteint l’ufufruit en général, mais non pas les penfions viageres, parce qu'elles tien- nent lieu d’alimens: par la même raifon le douaire peut fubfifter, lorfqu'il eft aflez modique pour tenir lieu d’alimens. Toute fociété finit par la mort civile ; ainfi en cas de mort civile du mari ou de la femme, la commu- nauté de biens eft difoute, chacun des conjoints re- prend ce qu’il a apporté. - Si c’eft le mari qui eft mort civilement, il perd la püiflance! qu'il avoit fur fa femme, celle-ci peut de- mander fon augment de dot & fes bagues & joyaux coutumiers , en donnant caution; mais elle ne peut pas demander ni deuil , ni douaire, ni préciput. Il y avoit chez les Romains différens degrés de reftitution, contre les condamnations pénales : quel- quefois le prince ne remettoit que la pêine, quel- quefois il remettoit aufü les biens ; enfin ilremettoit quelquefois aufli les droits de cité , & même les hon- neurs & dignités. Il en eft de même parmi nous; les lettres d’abo- lition, de commutation de peine, de pardon, de rappel de ban ou des galeres, les lettres de réhabi- litation, celles de rémiffion , rendent la vie civile, lorfqu’elles font valablement enthérinées. Les lettres de revifñon operent le même effet, lorfque le premier jugement eft déclarénul, &r que l’accufé eff renvoyé de Paccufation. Les lettres pour efter à droit, après les cinq ans de la contumace , ne donnent que la faculté d’efter en Jugement. La MOR La repréfentation du condamné par contumace, dans les cinq ans, lui rend de droit la vie civile. Quoique la peine du crime fe prefcrive par vingt ans, lorfqu'il n’y à point eu de condamnation, & par trente ans lorfqu’il y a eu condamnation, la prefcription ne rend pas la vie civile. Sur la mort civile, voyez Les lois civiles , Liv. preli. min. Le Brun, des fucceffions , liv. I. chap. 7. ect, 2. Ferrieres fur l’art. 220 de la coutume de Paris. A- geard , com. Il. chap, lxvij..Franc. Marc, tom. I. queff. Q11. le traité de M. Richer de la mort civile, M. Duparc Poulain, fur l’art, Giro de La coutume de Bretagne. Hevin fur Frain, page 887. Voyez auf les mots BANNISSEMENT, CONTUMACE, GALE- RES, LETTRES DE GRACE ET RAPPEL, RÉHABI- LITATION. (4) MoRrT , fe dit figurément en plufieurs manie- res dans le Commerce. On appelle un argezt mort, un Jonds mort, l'argent & le fonds qui ne portent aucun intérêt. Voyez INTÉRÊT. On dit que le commerce eft mort, quandileft tombé & qu'ilne s’en fait pref. que plus. Diionn. de Comm. MORT , au jeu de Tontine, {ont les joueurs qui ont perdu toute leur reprife , & n’ont d’autre efpérance que dans les as que leurs voifins peuvent avoir, & dans les jettons qu'ils leur procurent. Les joueurs qui font morts n’ont point de cartes devant eux, & ne mêlent point à leur tour comme les autres. MORTADELLE, 1. f, (Czjine.) fauciflon de haut goût, fort épicé, fort poivré, qu’on apporte de Bologne. 1 qu | _ MORTAGNE,(Géog.) en latin Moritania Perti- ei ; ville de France dans le Perche, dont elle eft re- ardée comme la capitale . quoique Béiéfme & No- » quoiq gent-le-Rotrou le lui difputent. Elle eft à 7 lieues S. E. de Seez, 9 lieues N. E, d'Alençon, 34 S. O. de Paris. Long. {elon Caflini 18. 3. 41, dar, 48, 31. 17. (D. J.) MORTAGNE, (Géog.) en latin moderne Morira- A1a ; petite ville de la Flandre Wallone , au Tourné- fs, au confluent de la Scarpe avec l’Efcant, à 3 lieues au-deflus de Tournai, Long. a1. 10, lat. 30. : 30.(D.4) 1 pra MORTAILLABLES , f. m. pl. ( Gram. & Jurif- prud.) font des efpèces de ferfs, adfcripti glebe , auxquels le feioneur a donné des terres à condition de les cultiver. Ils ne peuvent les quitter fans la per- mon du feigneur , lefquels ont droit de fuite fur eux. Les héritages mortaillables font les biens tenus À cette condition : les tenanciers ne peuvent les don- ner, vendre m1 hypothéquer, qu'à des perfonnes de Îa même condition, & qui foient auf fujets du mêé- me feigneur. Il'eft parlé des mortaillables dans les ones ‘| d'Auvergne, Bourgoone, Chaumont, la Marche , Nevers, Troies & Vitry. Voyez les commentateurs de ces coutumes &t les mémoires d’Auzanet, pas. 9. 6 MAIN-MORTE, ( 4) Est . MORTAILLE, f. f. (Jurifprud.) eff l’état des per- fonnes où héritages mortaillables, ou le droir que le feigneur a fur eux, & fingulierement le droit qu’il a de fuccéder à ceux de fes ferfs , qui décedent fans laïflèr aucuns parens communiers, Voyez Main- MORTE & MORTAILLABLE.( 4) | MORT AIN , ( Géog. ) petite ville de France dans la Normandie, aux confins du Maine, avec titre de comté. Elle eft ancienne , 8 fe nomme en latin #o- rirolitim, Elle ne confifte que dans une feule rue , mais de difhcile accès, étant toute environnée de rochers aflez efcarpés, dans un terroir flérile & iné- gal, Elle eft à huit lieues d’Avranches, &c à cinq de Vire. Long. 16, 46. 1at, 48. 51.(D. TN. . MORT ALITÉ et É fe dit des maladies contagion. Tome X, MOR 5319 Jès qui regnent fur les beftiaux. Ces maladies oùtdif. férentes caufes, maïs elles proviennent principales ment de la trop grande chaleur du tems ; Ou plntôË d'une putréfaéion générale de Pair, qui produit une inflammation dans le fang 87 un gonflement dans la gorge , lequel devient bientôt mortel, & fe communique d’une bête À une autre. Les fymptomes de cette maladie font sénéralez ment que la bête qui en eft attaquée a la’ tête pes fante & enflée, qu’elle râle, qu’elle a la refpiration. courte &c des palpitations de cœur, qu’elle eff chan= celante, fes yeux fe rempliffent de chaffe, que {ori haleine devient chaude & fa langue luifantes ; La rrorsaliré la plus remarquable dont nous ayons connotffance eft celle dont il eft fait mention dans les Tranfaëlions philofophiques | & qui fe répandit dans la Suifle, dans l’Allemagne ; la Pologne, &c. Cette contagion commença par une efpece dé brouillard bleu qui tomba fur l'herbe que les bef- taux broutoient , de manicre que tous les trou peaux retonrnerent à leur bercail malades, lan2 guifans , & qu'ils refufoient la nourriture ; 1l em mourut beaucoup en vingt-quatre heutes. On trou: va, par la difléction, la rate oroffe & corrompue la langue fphacelée & rongée, &c. Ceux qui en avoient foin , & qui n’eurent pas beaucoup d’atten- tion à leur propre fanté, furent infedés du même mal , & moururent comme les bêtes. Quelques auteurs ont penfé que cette rortaliré | provenoit de vapeurs malignes qui, felon eux, sé toient élevées de l’intérieur de la terre dans trois duférens tremblemens qui fe firent fentit au voifis nage de l'endroit où elles commencerent ; mais lé doéteur Sclar aime mieux l’attribuer à des eflaims d'infeétes volatiles, Le même remede qui guérifloit les bêtes malades , fervoit auffi de préfervatit pour celles qui fe portoient encore bien : il étoit compofé de parties égales de fuie de cheminée , de poudre # canon & de el, avec autant d’ean ‘qu'il en falloit pour laver le tout, favoirune cuillerée par dofe. MORTARA , ( Géog.) ville d'Italie, au duché de Milan, dans la Laumeline, Elie appartientau duc de Savoie , & eft fur le bord de la riviere Albonea : à 7 lieuesN. O, de Pavie, 9$. O. de Milan, 6N.E de Cafal. Long. 26.19, lat, 48.22. (D. J.: MORT-BOIS , ( Charpente. ) eft celui qui vit; mais qui ne porte point de fruit, comme le faule 5 mort-iaule, épine ; puine, fureau , aulne, genêt ; genievre, & autres. * MORTE-CHARGE, rerme de commerce de mer. Ur vañlean à morte-charge eft un vailfeau qui n’a pas fa chargeentiere. lie droit de fret ou de cinquante {ols Par tonneau que payent les navires étrangers quien- trent dans les ports du royaume, fe paye à morte harge, c’eft-à-dire, tant pleins que vuides pour toute Ja continence de chaque vaifleau. Difionn, de Commerce. | MORTEMAR , ( Geog, ) bourg de France au Poi-' |: tôu, avéc titre de duché, érigé par lettres-parentes de Louis XIV. en 1650, regiltrées le 15 Décembre 1663 , en conféquence des lettres de furannation du 11 du même mois, & prélentement éteint. Long 16.30. lat.47.2.(D, J.) : MORTE-SAISON , fe dit, dans Le Commerce, du tèms où le débit va mal, & où l’on vend très-peu de marchandifes, + ” | MORTE-PAYE , voyez PAYE. RAT MORT-GAGE , {. m. (Jurifprud.) eftun contrat de gage par lequel le débiteur engage quelque chofe à fon créancier , juiqu'à ce qu'il lui ait payé ce qui. | lureft dû, fans que les fruits & intérêts s’imputent für le principal de la dette. Ne Pres 1 4h . Le mort-gage ou gage-mors.eit oppofé au vif-gage :, 272 730 MOR dont Les fruits font imputés fur le principal qui dimi- nue à proportion. | | © Dans quelques coututnes , les peres avantagent quelques-uns de leuts enfans par des mores-gages, en leur donnant la jouiflance d’une terre, jufqu’à ce qu'un autre enfant la rachete pour un certain prix. Le terme de morr-page fignifie auf quelquefois vr bien engagé qui ne fe peut racheter ; c’eft en ce fens que la coutume de Tournai, sic. des ffs, art. 33 & 35. parle des fiefs donnés à #oresgages. Quelquefois au contraire gage-mort fe prend pour la jouiffance d’un bien, donné fous la condition de le rendre au bon plaifir de celui qui la ainfi engagé, c’eft alors une poñlefion fiduciaire ; ainfi tenir une hoirie à mort-gage, c’eft l'avoir jure fiducrarie. Enfin ,\ #nort-gage ou gage-morr {e dit quelquefois pour / gage que l’on done pour la délivrance du bé- tail pris en débit fur le mort-gage. Voyez l’anc. cou- tume de Normandie , ch. xx. Loyfeau, du déguerpif]. liv. I. chi. n. 13. les coutunies d’ Artois 6 de Lille 6 Le gloff. de Lauriere , au mot morr-gage. Voyez auff GAGE G& MARIAGE « mort-gage.( A) MOoRTIER , Î.m.en Architelure, compoñition de chaux, de fable , &c. mélés avec de l’eau qui fert à lier les pierres, Gc. dans les bâtimens. Voyez BATI- MENT, CIMENT. Les anciens avoient une efpece de wortier fi dur & fi liant , que, malgré le tems qu’il y a que lesbä- timens qui nous reftent d’eux durent ; il eft impofhble de féparer les pierres du mortier de certains’ d’en- tr'eux ; 1l y a cependant des perfonnes qui attribuent cette forceexceflive au tems qui s’eft écoulé depuis qu’ils font conftruits, & à linfluence de quelques propriétés de ‘air qui durcit en effet certains corps d’une maniere furprenante. Voyez AIR. On dit que les anciens fe fervoient , pour faire leur chaux, des pierres les plus dures, & même de fragmèns de marbre, Voyez CHAUX. | Delorme cbferve que le meilleur orrier eft celui qui eft fait de pozzolane au lieu de fable, ajoutant qu'il pénetre même les pierres à feu, & que de noï- res il les rend blanches. Voyez POZZOLANE. : M. Worledge nous dit que le fable fin fait du or- sier foible, & que le fable plus rond fait de meilleur mortier : il ordonne donc de laver le fable avant que de le méler ; 1l ajoute que l’eau falée affoiblit beau- coup le mortier. Voyez SABLE. . Wolf remarque que le fable doit être fec & poin- tu, de façon qu'il pique les mains iorfqu’on s’en frotte ; & qu'il ne faut pas cependant qu'il foit ter- reux, de façon à rendre l’eau fale lorfqu'on l’y lave. : Nous apprenons de Vitruve que le fable foffile fe- che plus vite que celui des rivieres , d’où 1l conclut que le premier eft plus propre pour les dedans des bâtimens , & le dernier pour les dehors : il ajoute que le fable fofile expofé long-tems à l'air devient terreux, Palladio avertit que le fable le plusmauvais eft leblanc, & qu’il en faut attribuer la raifon à fon * manque d’afpérité. y L La proportion de la chaux & du fable varie beau- coup dans notre "ortier ordinaire. Vitruve prefcrit trois parties de fable foffile & deux de rivieres contre une de chaux; mais il paroïît qu'il met trop de fable. * A Londres & aux environs, la proportion du fable à la chaux vive eft de 36 à 25 ; dans d’autres en- droits, on met parties égales des deux. Maniere de mêler le mortier. Les anciens maçons , {elon Felbien, étoient fi attentifs à cet article, qu'ils employoient conftamment pendant un long efpace de tems dix hommes à chaque baflin, ce qui rendoit lé mortier d’une dureté fi prodisieufe , que Vitruve nous dit que les morceaux de plâtre qui tomboient des anciens bâtimens fervoient à faire dés tables : M OR Felibien ajoute que les anciens maçons prefcrivoient à leurs manœuvres comme une maxime de Ze délayer a la fueur de leurs fourcils , voulant dire pär-là de le méler long tems au lieu de le noyer d’eau pour avoir plutôt fait. 4 Outre le mortier ordinaité dont on fé fert pour placer des pietres , des briques, &c. il y à encore d’autres efpeces de ortiers, comme : Le mortier blanc dont on fe fert pour plâtrer les murs & les plafonds, & qui eft compofé de poil de bœuf mélé avec de lachaux & de l’eau fans fable. Le mortier dont on fe fert pour faire les aqueducs, les citernes , 6c. eff très-ferme & dure long-fems. On le fait de chaux & de graïffe de cochon qu'on mêle quelquefois avec du jus de figues , où d’autres fois avec de la poix liquide : après qu’on l’a appliqué, on le lave avec de l'huile de lin, Voyez CITERNE. Le mortier pour les fourneatix {e fait d’argille rouge, qu’on mêle dans de l’eau où on a fait tremper de la fiente de cheval &c de la fuie de cheminée. Voyez FOURNEAU.. . | On fe plaint journellément du peu de folidité des * bâtimens modernes; cette plainte paroît très-bien fondée, & il eft certdin que ce défaut vient du peu de foin que l’on apporte à faire un #ortier durable, tandis que les anciens ne népligeoïent rien pour {a fohidité. D'abord la boñté du wortier dépend de la qualité de fa chaux que l’en y emploie; plus la pierre à chaux que l’on a calcinée eft dure & compa&te, plus la chaux qui en réfulte eft bonne. Les Romains ientoient cette vérité, puifque , lorfqu'il s’agifoit de bâut de grands édifices ; ils n’employoient pour l'ordinaire que de la chaux de marbre. La bonté du mortier dépend encore de la qualité du fable que l’on mêle avec la chaux ; un fable fin paraît devoir s’in- corporer beaucoup mieux avec la chaux qu’un fable eroffiér ou un gravier, vü que les piérres qui com- pofent ce dernier doivent nuire à la liaifon intime du mortier, Enfin, 1l paroît que le peù de folidité du mortier des modetnés vient du peu de foin.que l’on prend pour le gâcher, ce qui fait que le fable ne fe mêle qu'imparfaitement à la chaux. M. Shaw, célebre voyageur anglois, obferve que | les habitans de Tunis & des côtes de Barbarie b4- tiflent de nos jours avec la même folidité que les Carthaginois. Le mortier qu'ils emploient eft com- poié d’une partie de fable, de deux parties de cen- dres de bois, & de trois parties de chaux. On pañle ces trois fubftances au tamis, où les mêle bien exac- tement, on les humeéte avec de l’eau, & on gâche ce mélange pendant trois jours & trois nuits confé- cutives , fans interruption, pour que le tout s'incor- , pore parfaitement ;.&, pendant ce téms, on hu- mette alternativement le mélange avec de l’eau 8 avec de l'huile : on continue à remuer le tout juf- qu'à ce qu'il devienne patfaitement homogene & compaëte. Voyez Shaw, Voyage en Afrique, (—) MORTIER , (Jurifprud.) eft une efpece de toque ou bonnet qui étoit autrefois l'habillement de tête commun, & dont Ona fait une marque de dignité pour certaines perfonnés. Le rortier a êté porté par quelques empereurs de Conftantinople, dans la ville de Ravene: l’empereur Juftinien eft repréfenté avec un mortier | enrichi de deux rangs de perle. | Nos rois de la premiere race ont äufli ufé de cet ornement , ceux de la feconde & quelques-uns de la troifieme race s’en fervirent auf. Charlemagne & S. Louis font-repréfentés dans certaines vieilles peintures avec ün Zortier ; Charles VI, eff repréfenté en la grand’chambre avec le sorcier fur la tête. Lorfqué nos rois quitterent le palais de Paris pour en faire le fiége de leur parlement, ils communique rent l’ufage du wortier & autres ornèmens à ceux qui M OR y devoient préfider afin de leur attirèr plus de ref- peët ; le morsier des préfidens au parlement eft un refte de l’habit des chevaliers, parce qu'ileft de ve- lours & qu’il y a de l'or. Le chancelier & le garde des fceaux portent un mortier de toile d’or, bordé &c rebraffé d’hermine. Le premier préfident du parlement porte le wor- tier de velours noir, borde de deux galons d’or. Les autres préfidens n’ont qu'un feul galon ; le grefher en chef porte aufh le #ortier. | Autrefois Le mortier {e mettoit fur la tête deflous le chaperon, préfentement ceux qui portent le mor- tier le tiennent à la mam , 1l y a néanmoins quel- ques cérémonies où ils le mettent encore fur la tête comme aux entrées des rois & des reines, ils le por- tent aufh en cimier fur leurs armes. | Les barons le portent aufh au-deflus de leur écuf fon avec des filets de perles. Voyez Le Traité des f[- gres des penfées , par Coftadan , tom, IV, (4) MORTIER , ( Chimie ) inftrument fort connu êc qui eft commun à la Chimie & à plufeurs arts ; mais l’unique qualité requife dans cet inftrument pour l’ufage commun, c’eft d'être plus dur que les matieres qu'on veut y piler , afin que fes parois ne foient pas égrugés & ufés, & que la pulyérifation n'y foit pas lente , difficile ou impoffñble ; mais ou- tre cette qualité qu’on peut appeller méchanique, & qui eft néceflaire aufi pour les pulvérifations chi- miques ; l’on a égard encore dans ces dernieres opé- rations à la nature chimique de la matiere dont le mortier elt compolé , & à {es rapports avec les fub- flances qui doivent être traitées dedans , auf les Chimiftes fe font-ils faits des mortiers de beaucoup de différentes matieres pour y traiter fans inconvé- nient les différens fujets chimiques. Ils ont des xor- tiers de cuivre, de fer fondu , d'argent, de marbre, de granit, de verre, de bois. Les ufages des 10r- tiers de ces différentes matieres font déterminés par la connoifflance que l’artifte doit avoir de l’a@ion des différentes fubftances chimiques fur chacune.de ces matieres ; & quant aux préparations pharmaceu- tiques où médicinales qu’on exécute au moyen de ces inflrumens , l’efpece en eft ordinairement déter- minée dans. les pharmacopées , 1l y eft dit, broyez dans un mortier d’airain , de mathre , x. en général le grand wortier du laboratoire ou de la boutique _doit plutôt être de fer fondu, que de cuivre ou de bronze. Ce dernier métal eft atraqué par un très- grand nombre de fubftances, & fes effets dangereux fur les corÿs humains font affez connus, voyez Cur- VRE, Le petit mortier & la main des boutiques , ce- lui dans: lequel on prépare les potions , les juleps, les loochs, rc. doit être d'argent plutôt que de cui- vre, par les raifons que nous venons d’alléguer pour _ la profcription de ce dernier métal, & parce que Le mortier de fer nuiroit à l’élégance de la plüpart de ces préparations, Tout ce que nous venons de dire du mortier con- vient également au pilon , inftrument que tout le monde connoit auf , & dont l’ufage eft néceflaire- ment lié avec celui du mortier, ou même qui ne fait proprement avec, qu'un même & feul inftrument. Ces confidérations conviennent aufli générale- ment à tout vaifleau , & à la plèpart des inftrumens chimiques &7 pharmaceutiques. Voyez INSTR u- MENT, CHIMIE & VAISSEAU. (4) MORTIER DE VEILLE. (Lanp. franç.) On appelle chez le roi de France , mortier de verlle | un petit vaifleau d'argent qui a de la reffemblance au wor- tier à piler ; 1l eft rempli d’eau fur laquelle furnage un morceau de cire jaune grofle comme le poing, pefant une demi-livre , & ayant un petit lumignon au milieu; ce morceau de cire {e nomme aufli #70r- Tome X, MOR 731 ier, On l’allume quand le roi eft couché, & il brûle toute la nuit dans un coin de fa chambre, cOnjoin= tement avec une bougie qu’on allume en même tems dans un flambeau d'argent, au milieu d’un bafin d'argent qui ef à terre. (D. J.) MORTIER , LE ; Eft dans l Ariillerie une efpece de canon plus court que le canon ordinaire , & de mê: me métal, qui fert à jetter des bombes & quelque- fois des grenades, oyez BomBe. L’ufage des mortiers eft fort ancien. M. Blondel les croit du tems des plus vieux canons, & qu’ils ne fervoient alors qu'à jetter des pierres & des boulets rouges. Les premieres bombes jettées avec le mor tier furent employées au fiége de Vaclhtendonek en 1588 ; ce fut Malthus, ingénieur anglois, qui a le premier introduit l’ufage des bombes en France dans l'attaque des places, & qui s’en fervit d’abord au prenuer fiège de la Motte en 1634. Le roi Louis XL, avoit fait venir cet ingénieur de Hollande, I y a plufeurs fortes de mortiers ; favoir, de 6, 7» 8, 910,11, 12, &c même de 18 pouces de diametre à leur bouche ; ils contiennent dans leurs chambres 2, 3,4, 5, 6 & 12 livres de poudre. ÆExplication d’un mortier de douze pouces | contes nant fix livres de poudre, PI, VII. de fortification : fg. 4. Afaculafle, Bla lumiere aveé fon baflinet, C les touxillons, D l’aftragalle de la lumiere, Æ Le premier renfort , F plate-bande de renfort chargé de fon anfe , & avec les moulures ; G la volée avec fon ornement , Æ laftragale du collet , Z Le collet , Æ le bourrelet, L l'embouchure ; lame ,» Ce qui eft ponétué depuis la bouche jufqu’au deffous de la pla- te-bande , la chambre pon@tuée depuis le deffons de la plate - bande jufqu’à la lumiere. Voyez PL FIL fig. 5. la bombe de ce mortier, & fx G. la coupe de cette bombe avec fa fufée. Voyez FUSÉE DE LA BOMBE, Il y a des mortiers dont la chambre eft cylindrique, c'eftä-dire partont de même longueur , & le fond un peu arrondi. D’autres à chambre concave ou fphérique , parmi lefquelles chambres , il y en a à poire & à cone sronque. Les chambres concaves & à poire n’ont pas le même inconvénient que dans le canon, parce que fon peu de hauteur permet de l’é- couvillonner exaétement ; ainfi, nul inconvénient n’eft à craindre à cet égard, Et comme ces chambres font plus propres à l’inflammation de la poudre, que les cylindriques, il.s’enfuit qu’elles font les plus avan tageufes ponr le wortier, Nous ajoutonsici ce que M. Belidor dis dans fon Bom- bardier françois fur les différentes chambres dés mortiers. » L'on a imaginé, dit cet auteur, quatre fortes de » chambres pour les mortiers: la premiere eft celle » que l’on nomme cyndrique, parce qu’en effet elle » a la figure d'un cylindre, dont la lumiere qui porte » le feu à fa charge, répond au cercle du fond ; il » y en & où ce fond fe trouve un peu concave,afin » qu'une partie de la poudre fe trouvant au deflous » de la lumiere , toute la charge puiffe s’enflammer # plus promptement ; car les chambres cylindriques » ont cela de défe&tueux, que lorfqu’on y met beau- » coup de poudre , il n’y a guere que celle qui fe » trouve au fond qui contribue à chaffer la bombe, » Pautré ne s’enflammant que quand elle eft déja » partie ; & l’on a remarqué plufieuts fois que fix » livres de poudre ne chaffoient la bombe guere » plus loin , fous le même degré d’élévation que cinq » vres, à caufe que l’ame du mortier n'ayant que » très-peu de longueur, la bombe ne parcourt pas » un affez long efpace avant que d’en fortir, pour » recevoir l’impulfion de la poudre qui s’enflamme » fur la fin, ce qui eft un des plus grands défauts »# que puifle avoir une arme à feu; dont la perfec- » tion fe réduit à faire enforte que toute la charge ZLlzz ïg 732 MOR » foit enflammée dans le moment que le corps qu’elle » chaffe eft fur le point de partir. | » Un autre défaut des chambres cylindriques, c’eft » qu’elles font rarement bien coulées, l'axe étant » prefque toujours oblique à celui du worrier, au » lieu qu'il devroit être le même , ce qui fait que » l’aétion de la poudre n’embraffant point le culot » de la bombe, pour la chaffer direëtement, impri- » me fa force au-deflus ou au-deflous , à droite ou » à gauche, & écarte beaucoup la bombe de l'objer # où on vouloit la jetter. Il arrive un inconvénient » beaucoup plus pernicieux encore,c’eft que la bom- » be avant que de foriir du worsier Le choque quel- » quefois avec tant de violence, qu'elle fe cafle en » MOTCEAUX. » Plufieurs bombardiers aflurent,que le plus grand » nombre des wortiers ciindriques,dont on s’eft fer vi » dans la derniere guerre, éioient fi fujets à cafler » les bombes, qu’ils avoient été obligés de les ca- » ler avec des éclifles afin qu’elles fortiflent du rzor- » ter fans le toucher. » Il y a long-rems qu'on s’eft apperçu que les » mortiers cylindriques ne chafloient pas les bombes » à des diftances proportionnées à la quantité de » poudre dont on les chargeoit. C’eft pourquoi. on » a inventé les chambres iphériques ; où la poudre » étant plus ramaflée autour de la lumiere, le feu » püt fe porter plus promptement à toutes les parties » de la poudre, pour s’enflammer à la ronde dans » un inftant , & non pas fucceflivement comme dans » les chambres cylindriques. Le. diametre du cercle » qui forme l’entrée de la chambre étant plus petit » que celui de la chambre même, il arrive que la » poudre qui s’eft enflammée la premiere ne rencon- » trant point d’abord une iflue libre pour s’échap- » per, choque les parois de la chambre , s’agite avec » une extrême violence, fe réflechit fur elle-même, » & allume celle qui ne l’étoit pas. De forte que de- »* venue un fluide à reflort , elle réunit tous {es ef- » forts contre la bombe qu’elle chaffe avec toute la » force dont elle eft capable. Les chambres fphéri- » ques feroient fans doute préférables à toutes les » autres pour les armes à feu en général, fi elles » n’avoient le fort de toutes les machines , qui eft » de ne pouvoir être perfeétionnées au point de les » rendre exemptes de défauts. Le diametre de l’en- » trée de cette chambre étantplus petit que celui dela » chambre même, fait, comme on l’a déjà dit , quela » poudre s’enflamme prefque dans le même inftant, » Mais cet avantage eft fujet à un inconvénient qui » eft que la difficulté que la poudre trouve d’abord .» à s'échapper, fait qu'elle tourmente extrèmement # l’affut, la plate-forme &z le mortier qu'il eft pref. » que impoñhble de maintenir fous Pangle où on l’a- » voit pointé. Ainfi la bombe portant fous une direc- » tion différente que celle qu’on lui avoit donnée, s’é- # carte beaucoup du but. (Nous avons yu que cet in- MOR » convénient joint à celui de ne pouvoir écouvillon- »# ner exactement le canon, les a fait abandonner en- » tierement dans le canon). | | # Quand on ne veut pas tirer loin, & qu’on ne » met dans la chambre qu'une petite quantité de » poudre, il y refte un grand vuide qui diminue » beaucoup la charge, parce qu’elle n’eft pas ferrée, » &t l’on ne peut remplir ce vuide de terre par la » difficulté de étendre également, C’eft pourquoi » on fe iert peu de ces mortiers pour l’attaque des » places , les refervant quand on eft obligé de faire » un bombardement de fort loin ; alors ils font ex- » cellens. On a cherché à conferver ce que ces » chambres ont de bon, en corrigeant ce qu’elles » ont de défeétueux. C’eit cé qu’on a fait dans les » chambres à poire. Le fond de ces chambres eff » à-peu-près une demi-{phere , dont le diametre du » grand cercle détermine celui de la chambre. De-là » les parois vont rencontrer l’entrée en adouciffant. » Le diametre en eft un peu plus petit que celui du » fond. L'avantage de cette chambre eft que deux » livres de poudre y font plus d'effet que trois dans » le mortier cylindrique , toutes chofes étant égales » d’ailleurs. Ces mortiers ne font pas fujets à cafler » leurs bombes, & l’on y met aufi peu de poudre » que l’on veut , fans que cela leur ôte rien de la » propriété qui leur eft effentielle, qui eft que la » poudre fe trouvant plus ramaflée, s’enflamme à » la ronde pour réunir tous fes efforts. Alors la flam- » me pouvant gliffer, pour ainf dire, contre les pa- » rois qui fe trouvent depuis le milieu de la cham- » bre jufqu’à l'entrée , fans être emprifonnée comme » dans la chambre fphérique , elle s’échappe plus ai- » fément , & ne tourmente point tant l’affut, & les » machines dont on eft obligé de fe fervir pour » pointer. » Enfin l’on s’eft fervi dans ces derniers tems de » InOrtLers à COne tronqué. Comme cette chambre » eft extrèmement évalée, la poudre s’y enflamme » aflez facilement ; mais aufli elle a la liberté de fe » dilater, fans rencontrer d'autre obftacle que la » bombe , ce qui fait que la même quantité ne chaffe » pas tout-à-fait fi loin que dans les morciers à poire ; » mais elle les chafle au-delà des cylindriques. La » figure de ce rzortier eft plus commode que toutes » les autres pour l’appuyer folidement contre les » coins de mire, lorfqu'on veut le pointer fous quel- » que angle que ce foit, à caufe que le métal y eft » uni. M. Bélidor ajoûte que dans les différentes » épreuves qu'il a faites, il n’a jamais tiré fi jufte » qu'avec ce dernier ortier ». : Le mortier fe place fur un affut, pour la facilité de fon fervice. Woyez la defcription de celui qui lui eft plus ordinaire , à la fuite de celui du canon. Pour faire connoitre les principales dimenfions de mortier , l’on joint ici la table fuivante tirée de lors donnance du 7 Oftobre 1732. MOR MOR 733 Tage des dimerfic ons du mortier de douge pouces de diametre à chambre cylindrique & du mortier de hair pouces trois lignes aufft à chambre cylindrique, Mortier de 12 pouces | Mortier de 8 pouces de diametre ; à cham- | de diametre , à cham- bre cylindrique. bre cylindrique. rond, UE A PRIS Profondeur de e chambre GER, MP Ouverture de la chambre par le haut, 12 4 6 Ouverture de la chambre par le bas, les angles du fond remplis d’un quart de diametre en por- tion de cercle, . . D'ACRMES !,7 QE Epaiffeur du métal à la volée SANNENET À <ÜN. Epaifleur du métal au renfort, .. . . Hauteur du renfort, . . . : e Epaifleur du métal autour de la chambre : La chambre eft en-dedans les tourillons, . Diametre des tourillons, . . , . Longueur des tourillons, 4. . « . Longueur des mañfles de lumieres, . . Diametre augros bout, . . .: : . Diametre au petit bout, . + « . Profondeur de lame, compris le fond de demi- Piés. pouc.lignes.points. Piés. poucés.lignes.points, ARE MIT M OT gro) O + Oo 9 O0 0 © 2 3 SOSOMNONI ON SO [e) 2 9 O | e L 1 LA e 0O06@0pRBOCGOOOoOC ObDERR In À I D Dh Oh AO O O © OO 000000000000 000m0mO0O0OO HD OR © Bu D H D . À oO co 9 © O SO 900000000000 Poids defdits mortiers, . . . . . Poudre que contient la chambre, . . Table des dimenfi ons du mortier de 12 pouces de calibre, à chambre-poire, contenant $ livres 6 demie . de poudre. ; piés. pouces. lignes. Profondeur de l'ame, compris le denti-rondi ten AUEUTE 6 O Profondeur de la chambre. . . . . o 8 6 Ouverture du diametre de la cham- par le haut. HO 4 (e Ouverture du diametre de la cham- bre par le bas, dont le fond eft Corn -IDhÉTQUE MAR ME. O $ (0) . La lumiere percée raz le fond de la chambre. ®) ver le, je en « je 1e e, © e Épaïfleur du métal deffous la cham- bre. RENE TO Gé Épaifleur du métal autour du plus grand diametre dela chambre... o $ o) Épaifleur du métal au haut de la CHAMDEE EL Eee RE rt pet aie lO 4 3 Hauteur du renfort dont le milieu ré- pond au cenire qui décrit le fond e de Pame. e e e e e e e e @e e @ Épaifleur du métal au resfort. . . . Épaifleur du métal à la volée, . . . Diametre des tourillons, , . . ... Longueur des tourillons. . . . .. Longueur de la male de lumiere. . Diametre au gros bout. . .. . .. Diametre au petit bout... . . . . . pe) O0 O © pb © © © © m D 'J KR SJ DR D C0 R © O & WW OO OO Poids de ce mortier , 1700 livres. -«Pour le prix que le roi paye pour la façon de cha- que mortier, voyez la table fuivante, rie ue | us livres. Table du prix des façons des mortiers & pierriers. Pierriers de 12 & de 15| porncer. : Mortier de 6 pouces. Mortier de 8 pouces. Mortier de 12 pouces. Fonpertes. 45o1.| 3501.| 2001.| 3501. Strasbourg, | 440 | 320 270 Lyon, 370 | 285 235 Perpignan, | 300 | 250 | 200 | 200 Des infirumens néceffaires pour charser Le mortier, G de la maniere de le charger, Pour charger un mor- ter, il faut plufieurs inftrumens , comme pour char- er Me tEonlLes principaux fon'üne dire urine demoifelle du même calibre de la piece, pour bat- tre, refouler la terre ou le fourrage dont on cou- vre la poudre; une racloire de fer pour nettoyer lame & la chambre du mortier ; & une petite cuiller pour nettoyer plus particulierement la chambre de la poudre ; un coureau de bois d’un pié de long , pour ferrer laterre autour de la bombe; il eft aufli befoin de dégorgeoirs, de coins de mire & de deux boures- feu. L’officier qui fait charger le zortier, ayant ré=' glé la quantité de poudre dont il convient de le charger , fait mettre cette poudre dans la chambre du mortier ; après quoi il la fait couvrir de foure rage qu'il fait refouler avec la demoifelle, On re- couvre ce fourrage de deux ou trois pellerées de terre qu’on refoule aufli; après quoi on pofe la bombe fur cette terre; on la place le plus droit qu'il eft pofhble au milieu du rortier, la fufée ou la lu- miere en-haut. On rejette de la terre dans le or cer , & on entoure la bombe de tous côtés ; on re 734 MOR foule cette terre avec le couteau dont on a patlé; enforte que la bombe foit fixe dans la fituation où on l’a mife. Tout cela étant fait, l'officier pointe Le mortier, c’eft-à-dire qu'il lui donne l’inclinaifon ne- ceffaire pour faire tomber la bombe dans le leu où on veut la faire aller. Lorfque le mortier eft placé dans la fituation convenable pour ceteftet , on gratte la fufée, c’eft-à-dire qu’on la décoëffe; on fait auffi entrer le dégorgeoir dans la lumiere pour la net- toyer. On la remplit de poudre très-fine ; 6e enfuite deux foldats prennent chacun l’un des deux boute- feux ; le premier met le feu Ala fufée & le fecond au mortier, La bombe chaflée par l'effort de la poudre va tomber vers le lieu où elle eft deflinée; & la fufée qui doit fe trouver à fa fin lors de Finf- tant où la bombe touche le lieu vers lequel elle eft chaflée, met dans ce même inftant le fen à la pou- dre dent la bombe eft chargée : cette poudre, en s’enflammant, brife & rompt la bombe en éclats qui fe difperfent à peu-près circulairement autour du point de chute, & qui font des ravages confidé- rables dans les environs. Remarques. Si la fuféè mettoit le feu à la bombe avant qu’elle füt dans le lieu où on veut la faire tomber, la hombe creveroit en l’air , &t elle pour- roit faire autant de mal à ceux qui l’auroient ti- rée qu'à ceux contre léfquels on auroit voulu la chafler. Pour éviter cet inconvénient, on fait en- forte que la fufée dont on connoît aflez exaëte- ment la durée, ne mette le feu à la bombe que dans l'inflant qu’elle vient de toucher le lieu fur lequel elle eft chaflée on jettée. Pour cet effet, comme la fufée dure au moins le tems que la bombe peut employer pour aller dans l’endroit le plus éloigné où elle puifle tomber ; lorfqu’on vent faire aller la bombe fort loin, ôn met le feu à la fufée & au mortier & en même tems; lorfque la bombe a peu de chemin à faire, on laïfle brûler une par- tie de la futée avant de mettre le feu au mortier. De la pofiien du mortier pour tirer une bombe, € “de La ligne qu’elle décrit pendant la durée de for mouvement, Comme l’un dés effets de la bombe ré- fulte de fai pefanteur, on ne la chaffe pas de la même maniere que le canon ;rc'eft-à-dire, le zor- tien dirigé | ou pomté vers un objet déterminé, on lui donne une inclinaïfon à l’hortfon, de ma- niere que la bombe étant chaflée en-haut oblique- ment, à-peu-près de la même maniére qu’une balle de paume eft chaflée par la raquette, elle aille tomber fur l’endroit où on veut la faire porter. On voit par là que le wortier n’a point de portée de but: en-blanc, ou du moins qu’on n’en fait point d’ufage. Le mortier étant pofé dans une fituation obli- que à l’horifon., .enforte que la ligne 4 C (PI. FZIT, de la fortific. fig. 1.) qui pañle par le milieu de fa cavité, étant prolongée, fafle un angle quelcon- que B & D avec la ligne horifontale 4 B; la bombe chafée fuivant le prolongement de cette ligne, s’en écarte dans toute la durée de fon mouvement par {a pefanteur qui l’attire continuellement, vers le centre ou la fuperficie de la terre : ce qui hui fait écrire une efpece de ligne courbe 4 E B que les Géometres appellent parabole, Foyez PARA. BOLE 6 JET DE BOMBES. Maniere de pointer Le mortier. Poënter le mortier, Ceft lui donner l’angle d’mclinaifon convenable, pour que labombeoitjettée dansun lieu déterminé, Pour cet effet, on fe fert d’un quart-de-cercle divifé. en degrés, au centre duquel eft attaché un fil qui foutient un plomb par fon autre extrémité. . On porte un des côtés de cet infirument fur les bords de la bouche du mortier , & le fl marque les degrés. de l’inchnaifon du zzortier. On fe fert quelquefois pour le même ufage d’un quart-de-cercle brifé, tel qu’on le voit dans Ta fou re N de la PI, VIT, de forufic. La fig. O de la même PI. montre le même quart-de-cercle par derriere, où font divifés les diametres des pieces & des bou- lets, & le poids & demi-diametre de fphere des poudres. Comme ces fortes d’inffrumens ne peuvent pas, à caufe de leur petitefle, donner avec précifon l’an- gle d’inclinaifon du orrier;que d’ailleurs on les pofe . indifféremment à tous les endroits du bord de la bou- che du mortier; il arrive le plus fouvent, dit M. Béli- dor dans fon Bombardier franç. « que le métal n'étant » pas coulé également par-tout , & le pié de l’inf- » trument ne pofant, pour ainfñ dire ,.que fur deux » points, on trouve des angles différens chaque fois » qu’on le change de fituation. J’ai auffi remarqué, » dit le même auteur, que lorfqu’on avoit pointé le » mortier à une certaine élevation, fi on appliquoit » fur le bord de fa bouche plufeurs quarts-de-cer- » cle, les uns après les autres, chacun donnoit un » nombre de degrés différens, quoique pofés au mê- » me endroit, parce que la plüpart font mal-faits . » ou. devenus. défeîtueux, pour les avoir laïffé » tomber, ce qui en faufle le pié. » Pour éviter ces inconvéniens, il faut avoir un » grand quart-de-cercle de bois, tel qw’on le voit fur » le mortier À fig. 8. PL. VIT, de foruific. Il eft ac- » compagné d’une branche ou regle B C qu'on pofe » diamétralement fur le worrier, enforte qu’elle en » coupe l’äme parfaitement à angles droits. Au » centre F du quart-de-cercle eft attaché un pen- » dule qui n’eft autre chofe qu’un fil de foie, au » bout duquel eft un plomb G qui va fe loger dans » une rainure, afin que la foie réponde immédiate- » ment aux divifons de linfirument. Il eft évident que l’angle € F G eft celui de lin clinaifon du mortier ; car fi le mortier étoit pointé. verticalement, le fil de foie tomberoit au point C; mais il s’en écarte autant que la pofition du #r- eft incliné, ce qu'il-falloit démontrer. Pour ce qui concerne le fervice du wortien à un! fiege, voyez BATTERIE DE .MORTIERS. MORTIER-PIERRIER. (Fortif. ) Voyez PIERRIER. MORTIER-PERDREAUX , Ou à perdreaux (Fortif. ) eft un wortier accompagné de plufeurs autres pe- tits mortiers pratiqués dans l’épaifleur de fon metal. Chacun de ces petits #ortiers a une lumüere per- cée à un pouce de fon extrémité , laquelle répond à une pareille’ lumiere percée: dans: l’épaiffeur du gros zortier ; immédiatement au-deflous de la plin- the qui arrête les petits zarsiers. | Ces petits morriers. font propres. à tirer des gre- nades, & on.appelle cermortier qui les contient à perdreaux , parce qu’en. le tirant, fa bombe peut être regardée comme la perdrix accompagnée de grenades qui lui tiennent lieu de perdreaux: Les alliés ont fait beaucoup.d’ufage de cette forte de mortiers dans la guerre de, 17013. mais ils n’ont point eu une parfaite réuflite dans les épreuves. qui en ont été faites en France en 1693, & qui font rapportées dans les Mémoires d'Artillerie de M. de Sant-Remy. MORTIER A LA COEHORN , ( Fortificar. ) ce font de petits mortiers propres à jetter des grenades , &x qui font de l'invention du célébre ingénieux dont ils portent [e nom... . | MORTIER AUX PELOTES. (Fonderie en fable.) Les fondeurs de menus ouvrages nomment ainfi un "07- tier de bois ou de pierre, & plus ordinairement de fonte, dans lequel ils forment avec un maillet des efpeces de boules ou de pelotes avec du cui- vre en feuilles, qu'ils ont auparavant taillées en tier s'écarte de Ja dire&tion de la verticale. C’eft pourquoi l’angle CFG eft l'angle dont le worter : Morceaux longs & étroits aveé des cifailles. Poyez FONDEUR EN SABLE: . = MORTIFICATION, f. f. (Gram.) il a pluñieurs acceptions aflez diverfes, Il fe dit de la corruption de quelques parties de l’animal vivant, voyez l'ar- ticle fuivanrs, Il fe dit des auftérités que les perfon- nes d’une piété timorée exercent fur elles-mêmes, {oit en expiation des fautes qu’elles ont faites, foit en préfervatif de celles qu’elles pourroient com- mettre. Il fe dit d’une impreffion defagréable éxet- tée dans noïre armé par lé reproche, la honte, le blâme, le défaut de fuccès, les contre-tems, les contradiétions, &c MORTIFICATION, èh Médeciné, et une extince- tion totale de la chaleur naturelle dn corps on d’une partie du corps. Voyez CHALEUR. | . Quelques-uns définifent la morriffication , une ma- ladie où les fucs naturels d’une partie perdent tout- à-fait leur mouvement propre, & acquierent par ce moyen un mouvement de férmentation & de corruption qui détruit le tiflu de la partie, Il y a deux fortes ou plutôt deux degrés de #or- tification: le premier appellé ganprene, qui eft une rmortification imparfaite ou commencçante ; le fecond appellé /phacele, qui eft une wortification entière ou complette. Voyez GANGRENE & SPHACELE, MORTIFIER, (Chimie) Ce terme eft ufité dans la chimie moderne. Il figmifie détruire dans un mixte la qualité qu’on y regarde comme effentielle, pro- pre ; caraétériftique. Par exemple, la fluidité ou la volatilité dans le vif-argent, la corrofiviré dans les acides. Ainfi on mortife le vif-argent en l’uniffaht au foufre, à une graifle , à un acide, &e. les acides, en les uniflant aux aikalis ; à une fubftance métal- lique, &c. (b) MORTOISE,; ff. (Are méchan.).eft uné entaille qui fe fait dans un morceau de bois où de fer, lorfqu'on veut faire quelque aflemblage. MORTOISE,; SIMPLE PIQUÉE JUSTE EN A: BOUT ; (Charpenr.) eft celle qui à des embreve- mens & des fanflemens piqués autant jufte en gor- ge qu’en about, Voyez les Pl, de Charp. & de Men. MORTOISE DU GOUVERNAIL, (Marine) c’eft le trou qu'on fait à la tête du gouvernail, afin d’y pafler la barre. :MORTODES, f. f. pl. ( Comm. ) faufles perles dont on fait quelque commerce avec les Negres du Sénégal & endroits de la Guinée, On les . appelle en général perles gauderonnées ; il y en a de rondes , d'ovales & d’autres formes. MORTUAIRE, ad]. (Jarifprud. ) fe dit de ce qui tégarde la mort. Regiftre rortuaire eft celui où l’on écrit l'inhumation des défunts, Les curés & fupé- fieurs des monafteres & hôpitaux font obligés dete- “fur des regiftres mortuaires, Voyez REGISTRE, On appelle extrair-mortuaire le certificat d’un en- tertement tiré fur le regiftre : droits r2ortuaires font ceux que les curés font autorifés de prendre pout les enterremens. Anciennement quelques curés pre- noient dans la fucceflion de chaque défunt un droit nommé mortuaire, Confiftant en une certaine quan- tité de bétail ou autres effets , & ce pour s’indemni- fer des dixmes ou autres droits que le défunt avoit négligé de payer. Les confütutions fynodales de Pierre Quivil , évêque d’Exceftre, fuffragant de Can- _torbéry, publiées le 16 Avril 1287, recommandent le payement de ce droit ; mais il n’étoit pas établi partout. Voyez Fleury, kiff. eccléfiaft. (A) : MORVAN, ze, ( Géog. ) en latin Morvinus pa- . gas ; contrée de France contigne au Nivérnois, & lur les confins du duché de Bourgogne. C’eft un pays de montagnes & de bois, abondant en gras patura- ges ; il s’étend le long de la riviere d'Yonne , & eft _prefque tout du diocèfe d’Autun, fans être, dumoins MOR 735 pour la plus grande partié; des dépeñdances du dus ché de Bourgogne: Les feuls lieux un peu remarqua: bles du Môrvan font Vezelay ; Chateau:Chinon , & AUTOUR NEA à nl PORT MORUE, MORHUE, MOLUE, mo/za;f. . (Hifh fat, IGhiôt, ) Rond. poiffon de mer dont la longueut s’étend jufqu’à quatre piés , & dont la largeur eft d'environ un pie. Il à le corps gros & arrondi ; le ventre fort avancé , le dos & les côtés d’une totr: leur clivâtre, falé ou brune mêlée de taches jaunâ> tres ; les écailles petites &c très-adhéréntes au corps; les yeux grands & couvérts d’une mémbrane lache &c diaphane , & l'iris dés yeux blanche ; il y à fur. les côtés une large ligne blanche qui s'étend depuis l’angle füpérieur des ouies jufqu’à la queué , en fui- vaut la courbure du ventre. Ce poifon n’a qu'un _feul barbillon long à peine d’un doier , quitient au coin de la mâchoire inférieure. La langue eft large, molle ; ronde ; les mächoires ont des dents difpotées en plufieuts rangs , dont l’un eft comipofé de dents beaucoup plus longues que les autres. Il fe trouve, comme dans le brochet plufeurs dents mobiles et: tre les dents folides : on découvré encore de petites dents placées fort près les unes des autrés entre les dernieres ouies , fur le haut du palais, &c même plus bas , près l’orifice de l’eflomac, La morue a trois nas geoires fur le dos , une à chaque ouie , une de chas que côté de la poitrine , & deux dertiere l’änus l’uné au-devant de l’autre. La queue eft prefque plate &é non fourchue, Les znorues font fi abondantes au grand banc dé Terre-neuve ; qu'un feul homme en prend en un jour trois à quatre eens. On les pêche à la ligne, & les entrailles de celles qu’on vuide ferverit d’appât pour en prendre d’autres. Selon M. Anderfon dans fon hiftoire naturelle de l’flande ; on à donné à la morue le nom de cabelia dans tout le Nord & chez les Hollandois. Elle fe nourrit de toutes fortes de poiflons , principalement de harengs & de crabes ; elle digere en fix heures dé - tems des corps très-durs, comme les taies des cra- bes qu’elles avalent : ces taies deviennent bientôt aufh rouges qu’une écrevifle qu’on auroit fait cuire ; elles fe diffolvent enfuité en une forte de bouillie épaifle qui fe digere tout-à-fait en très-peu de tems, La riorue elt un poiffon très-goulu.8z infatiable ; il lui arrive fouvent d’avaler des corps abfolument indigeftes , comme des morceaux de bois. La morwe blanche , la rorue verte & la merluche , ne différent que par les différentes façons de préparer les cabe- Haux : la merluche eft une morue defléchée. Les mo- rues, que l’on pêche dans la haute mer à 40 ou $6 brafles de profondeur , font meilleures , plus tendres & plus dihicates que celles que l’on prend fur les côz tes & dans les golfes peu profonds. Suite de la mat, med, par MM. de Nobleville & Salerne, regre anis mal, tome II, part: I, Voyez Poisson. MoORUE , ( Péche. ) Il y a deux fortes de mornes ; l’une qui s'appelle morue verte ou blanche , l’autre morue Jeche où parée , où merlu, on merluche, La pêche s’en fait dans la baie de Canada, au gtand banc de Terre-neuve ; le banc Vert, l’île Saint-Pierte & l’île de Sable. On fe fert de vaiffeaux à deux ponts ordi- nairement , du port de 100 à 150 tonneaux , pour charger 30 à 35 milliers de morue verte, On a des lignes ; des calus de plomb , des hameçons & des tets; il faut avoir un bon trancheur , un bon déco: leur & un bon faleur, On attribue la découverte du grand & petit banc des #orues à des pêcheurs bafs ques qui y arrivefent en pouffuivant des baleines , cent ans avant le voyage de Colomb, On pêche des puis le éommencement de Février jufqu’à la fin d’As vril; tout eft fait en un mois ou fix femaines , quels quefois on emploie quatre à cinq mois, Chaque pês 73 MO G cheur ne pêche qu'une morue à-la-fois ; mais on en prend depuis 350 jufqu’à 400 par jour. La pefanteur du poiffon & le grand froid rendent ce travail fati- . guant. La morue verte fe fale à bord ; le décoleur lui coupe la têre , le trancheur l’ouvre, Île faleur l’ar- range à fond de cale tête contre queue & queue con- tre tête. Quandal en a fait une couche d’une braffe ou deux en quarté , 1l la couvre de fel, & ainf de toute la pêche du jour. Il ne mêle point enfemble da pêche de différens jours ; 1l laïiffe auffi la morue trois à quatre jours égoutter fon eau , puis 1l la fait placer dans un autre endroit, & la refale. Alors on n'y touche plus que le vaiffeau n’en ait fa charge. Pour la pêche de la orue feche ; on fe fert de ‘| vaifleaux de toute grandeur ; quand la pêche eft faite , on laiffe le poiffon au foleil : ainfi1il faut pro- fiter de l'été, &x partir dans les mois de Mars on d’A- vril. La snorue feche eft plus petite que la verte; pour’ préparer la premiere’, on établit à terre une tente avet des troncs de fapins de 12, 15 à 20-piés de longueur, & dans cette tente un échafaud de 49 à 6o piés de long ; fur 15 à 20 de large. À mefure que l’on pêche, on fale fur des établis volans ; mais la grande falaifon fe fait fur l’échafaud, Lorfque la rnorue a pris fel, on la lave, on la fait écoutter fur des petits établis ; égouttée , on larrange fur des claies particulieres à une feule épaifleur , queue con- tre tête , &c la peau en haut: on la retourne quatre fois par jour ; retournée & à-peu-près féchée , on la met en moutons ou dix à douze l’une fur l’autre, pour qu'elles confervent leur chaleur. De jour en jour on augmente le mouton, qu’on porte à vingt ou vingt-cinq worues : cela fait, on la porte fur la greve, où de deux moutons on n’en forme qu'un , qu'on retourne chaque jour. On [a refale en com- mençant par la plus vieille falée : on en fait des piles hautes comme des tours de moulin à vent, & on la laifle ainf jufqu’à ce qu’on l’embarque. Elle s'arrange dans le vaifleau fur des branches d’arbres que l’on met à fond fur le lefte , avec des nattes autour. Les Bafques &r les Malouinsfont les plus habiles pêcheurs de rrorue. MORVE,, f. £ (Phyfiol: ) nom vulgaire de l’hu- meur aqueufe & gluante qui fe filtre dans la mem- brane pinuitaire ; c’eft cette humeur que les Medecins appellent mucofité du nez , mucus narium. Voyez Mu- COSITÉ DU NEZ. | Morve, {.f. (Maréchal) maladie particuliere aux chevaux. Pour rendre plus intelligible ce que lon va dire fur la morve, &c fur les différens écoulemens aux- quels on.a donné ce nom, il eft à-propos de donner une defcription courte & précife du nez de l'animal &t defes dépendances. 129! Le nezeft formé principalement par deuxgrandes cavités nommées foffes nafales ; ces fofles font bor- nées antérieurement par les os du nez & Îles os du grand angle; poftérreurement par la partie pofte- rieure des os maxillaires , &c par les os pälatins ; la- 4 éralement par les os maxillaires 8 lés os zygoma tiquess fupérieurement par l'oséthmoide, l'os fphé- noide, être frontal. Ces deux foffes répondent in- férieurement à l'ouverture des nafeaux , 8 fupé- rieurement à l’arriere-bouche avec laquelle*elles ont communication par le moyen du voile du palais Ces.deux fofles {ont féparées par une cloïfon en par- tie offenfe, @e en partie cartilagineufe, Aux parois de chaque fefle font deux lames offeufes, très-mint : ces, roulées en forme de cornets , appellées, à caufe de leur figure , corners duvnez ; V'un éfft antérieur & l’autre poftérieur. L’antérieur eft adhérent aux os -du nez & à la partie interne de los zÿgomatique il ferme en partie l’ouverturedufinus zÿgomatique.Le pofñérieur eft'attaché à la partie inteine de l'os ma- M O1G millaire ,, & ferme en partie l'ouverture du fiaus maxillaire.. Ces deux os font des appendices de l'os ethmoide. a partie fupérieure eft fort large & éva- fée. La partie inférieure eft roulée en forme de cor- nets de papier , &t fe termine en pointe. Au milieu de chaque cornet il y a un fenillet offeux fitué hort- fontalement , qui fépare la partie fupérieure de l’in- férieure. “$ | "Dans l’intérieur de la plüpart des os qui forment le nez, font creufces plufieurs cavités à quion don- ne le nom de fus ; les finus font les zygomatiques, les maxillaires, les frontaux, les ethmoïdaux êcle fphénoïdaux. ri Les finus zygomatiques font au nombre de deux, un de Chaque côté : ils font creufés dans l’épaiffeur de l’os zygomatique: ce font les plus grands ; ils font. adoffés aux finus maxillaires, defquels ils ne font fé- parés que par une cloifon offeufe. Les finus frontaux font formés par l’écartement des deux lames de los frontal; ils font ordinaire- ment au nombre de deux : un de chaque côté, fépa- rés par une lame offeufe. Les finus ethmoïidaux font les intervalles qui fe trouvent entre les cornets ou les volutes de cet os. Les finus-fphénoïdaux font quelquefois au nom- bre de deux, quelquefois il n’y enta qu’un; ils font creufés dans le corps de l'os fphénoïde : tous ces fi- nus ont communication avec les foffes nafales. Tous ces finus, de même que les fofles nafales , font ta- piflés d’une membrane nommée pituitaire, à raifon de l'humeur pituiteufe qu’elle filtre. Cette membra- ne femble n'être que la continuation de la peau à l'entrée des nafeaux ; elle eft d’abord mince, en- fuite elle devient pius épaifle au milieu du nez fur. la cloifon & fur les cornets. En entrant dans les ft nus frontaux , zygomatiques & maxillaires , elle s’aminçit confidérablement ; elle reffemble à une toile d’araignée dans l'étendue de &es cavités $ elle eff parfemée de vaifleaux fanguins êc lympha- tiques’, & des glandes dans toute l'étendue des foffes nafales,; mais elle femble n’avoir que des vaifleaux lymphatiques dans l'étendue des finus ; fa couleur blanche & fon peu d’épaifleur dans ces endroits 1 dénotent. w La membrane pituitaire , après avoir revêtu les cornets du nez, {e termine inférieurement par une efpece de cordon qui va fe pegdre à la peau à Pen- trée des nafeaux ; fupérieurement elle fe porte en arriere fur le voile du palais qu’elle recouvre. Le voile du palais eft une efpece de valvule, ftuée entre la bouche & lartiere-bouche , recouverte de la membrane pituitaire du côté des fofles nafales, & & de la membrane du palais du côté de la bouche : - entre ces deux membranes font des fibres charnues,, qui compofent fur-teut ja fubffance. Ses principales attaches font aux os du palais, d’où 1l s étend juf- que à la bafe de [a langue ; il eff flottant du côté de larriere-bouche , &c arrêté du côté de la bouche ; de façon que les alimens l’élevent facilement dans le tems de la déglutition,&r l’appliquent contreles fof- fes nafales; mais lorfqu'ils font parvenus dans Par- riere-bouche, le voile du palais s’affaifle dé lui-me- me , & s'applique fur la bafe de la langue , 1l ne peut être porté d’arriere en avant , il intercepte ainñ touté communication de l'arriere - bouche avec la- bouche , & forme une efpece de pont, par-deflus lequel paflent toutes les matieres qui viennent du corps, tant par l’éfophage que par la trachée-arte- re ; c’eft par cette raifon que le cheval vomit & ref- pire par les nafeaux ; c’eft par la même raïfon qu'il : jette par les nafeaux le pus qui vient du poumon, Pépiglore étant renverfée dans l’état naturel fur le voile palatin. Par cette théorie il eft facilé d’expli- : quek guet tout ce qui arrive dans les différens écoulemens qui fe font par les nafeaux. La morve eft un écoulement de mucofté pat le nez, avéc inflammation ou ulcération de la mem brane pituitaire. Cet écoulement eft tantôt de couleur tranfparen- te, comme lé bianc-d'œuf, tantôt jaunâtrt, tantôt verdâtre , tantôt purulent, tantôt fanieux ; mais toujours accompagné du gonflement des glandes lymphatiques de deflous la ganache ; quelquefois 1l n’y a qu'une de ces glandes qui foit engorgée , quel- ” quefois elles le font toutes deux en même tems. Tantôt l'écoulement ne fe fait que par un nafeau, ë&c alors il n’y a que la glande du côté de lécoule- ment qui foit engorgée ; tantôt l'écoulement fe fait par les deux nafeaux, & alors les deux glandes font engorgées en même. tems : tantôt l’éconlement vient du nez feulement , tantôt 1l vient du nez, de la tra- chée-artere, & du poumon en même-tems. Ces vérités ont donné lieu aux différences fuivan- tes. 1°. On diftingue la orve en morve proprement dite, & en #orve improprement dite. La morve propréement dite eft celle qui a fon fiege dans la membrane pituitaire ; à proprement parler il n’y a pas d'autre z7orve que celle-là. Il faut appeller morve improprement dite, tout écoulement par les nafeaux, qui vient d’un autre partie que de la membrane pituitaire ; ce n’eft pas la morve , c’eit à tort qu'on lui donne ce nom: on ne lui conferve ce nom que pour fe conformer au lan- gage ordinaire. Il faut divifer la #orve proprement dite à raifon de fa nature ; 1°. en morve fimple , & en morve com- pofée ; en morve primitive, & en morve confécutive. 2°, À raifon de fon degré , en morve commençante, en zzorve confirmée , & en "orve invétérée. La morve fimple eff celle qui vient uniquement de la membrane pituitaire, | La morve compofée n’eft autre chofe que la zrorve fimple combinée avec quelqu’autre maladie. La morve primitive eft celle qui eft indépendante de toute autre maladie. La morve confécutive eft celle qui vient à la fuite de quelqu’autre maladie, comme à la fuite de la pul- monie, du farcin, &c. | La morve commençante eft celle où il n’y a qu’une fimple inflammation & un fimple écoulement de mu-: cofité par le nez. La #orve confirmée eft celle où il y a exulcération dans la membrane pituitaire. La morve invétérée eft celle où l'écoulement eft purulent & fanieux , où les os & les cartilages font affectés. 2°. Il faut diftinguer la #0rve improprement dite en #orve de morfondure , & en morve de pulmo- nie. La rorve de morfondure eft un fimple écoulement de mucofité par les nafeaux , avec toux, triftefle & dégoût , qui dure peu de tems. On appelle du nom de pulmonie toute fuppura- tion faite dans le poumon , qui prend écoulement par les nafeaux , de quelque caufe que vienne cette {up- puration. La morve de pulmonie fe divife, à raifon des cau- fes qui la produifent, en #orve de faufle gourme, en zorve de farcin , & en morve de courbature. La morve de faufle gourme eft la fuppuration du poumon, caufée par une faufle gourme, ou une gourme maligne qui s’eft jettée fur les poumons. La rzorve de farcin eft la fuppuration du poumon, caufée par un levain farcineux. La morve de coutbature n’eft autre chofe que la fuppuration du poumon après l’irflammation , qui Tome X, MOR 737 ne S’eft pas terminée pat réfolntion. Énññ ôù donne le nom de pulmonie à tous les écoulemens de pus qui viennent du poumon, de quelque caufe qu'ils procedent ; c’eft ce qu’on appelle vulgairemenf morve, mais qui n’eft pas plus sorve qu’un abfcès au foie, à la jambe, ou à la cuifle. Il y a encore une autre efpece de #orve impro- prement dite, c’eft la morve de poule : quelquefois les chevaux poufhfs jettent de tems en tems, & paf floccons , une efpece de morve tenace & glaireufe $ c’eft ce qu’il faut appeller worve de poulfe. | Caufes. Examinons d’abord ce qui arrive dans la ImOrVE. xl Il eft certain que dans le commencement de là: rrofve proprement dité ( car on ne parle ici que dé celle-ci )il y a inflammation dans les glandes de la membrane pituitaire ; cette inflammation fait fépa= rer une plus grande quantité de mucofité ; de-h l'é coulement abondant de la #orve commençante, | L’inflammation fubfiftant , elle fait reflerrer les tuyaux excréteurs des glandes , la mucofité ne s’é= chappe plus , elle féjourne dans la cavité des glan« des , elle s’y échauffe, y fermente, s’y putréfie, & fe convertit en pus ; de-là l’écoulement purulent dans la morve confirmée. Le pus en croupiffant devient aéré, corrode led parties voifines, carie les os, & rompt les vaifleaux fanguins ; le fang s’extravale , & fe mêle avec le pus ; de-là l’écoulement purulent , noirâtre &c fa- nieux dans la #orve invétérée, La lymphe arrêtée dans fes vaifleaux , qui fe trouvent comprimés par l’inflammation, s’épaifit, enfuite fe durcit ; de-là les calloftés des ulceres, La canfe évidente de la morve eftdoncl’inflammia- tion. L’inflammation reconnoît des caufes généra- les & des caufes particulieres. Les caufes générales font la trop grande quantité, la rarefaéion & l’épait- fifflement du fang; ces caufes générales ne font qu'une difpofition à l’inflammation, & ne peuvent pasla pro- duire,frelles ne font aidées par des caufes partieulie= res & dérerminantes : ces caufes particulieres font 1°, le défaut de reflort des vaiffeaux de la membra ne pituitaire, caufé par quelque coup fur le nez : les vaifleaux ayant perdu leur reflort n’ont plus d’ac- tion fur les liqueurs qu'ils contiennent , & favori- fent par-là le féjour de ces liqueurs ; de-là l’engor- gement & l’inflammation. 2°. Le déchirement des vaifleaux de la membrane pituitaire par quelque corps pouflé de force dans le nez. Les vaifleaux étant déchirés , les extrémités fe ferment , & ar- rêtent le cours des humeurs ; de - 1à l'inflamma- tion. | 3°. Les injeétions acres , irritantes, corrofives & cauftiques, faites dans le nez; elles font crifper & reflerrer les extrémités des vaifleaux de la mems brane pituaire ; de-là l’engorgement & l’inflamma- tion. 4°. Le froid. Lorfque le cheval eft échauffé , le froid condenfe le fang & la lymphe ; il fait reflerrer les vaifleaux ; il épaiffit la mucofité , & engorge les glandes : de-là l'inflammation. 5°. Le farcin. L’humeur du farcin s'étend & af- fete fucceffivement les différentes parties du corps; lorfqu’elle vient à gagner la membrane pituitaire , elle y forme des ulceres, & caufe la worve propre- ment dite, Symptomes, Les principaux fymptomes font l’é- coulement qui fe fait par les nafeaux, les ulceres de la membrane pituitaire, & l’engorgement dés glan- des de deflous la ganache. â. 1°. L’écoulement eft plus abondant que dans l’é- tat de fanté, parce que l’inflammation diftend les fibres , Les folhicite à de fréquentes ofcilliations , & fait par-là féparer une plus grande quantité de mu AAÂAaaa 733 MOR cofité ; ajoutez à cela que dans Pinflammation le fang abonde dans la partie enflammée, & fournit plus de matiere aux fecrénions. 2°, Dansla morve commençante , l'écoulement eft de couleur naturelle ,tranfparente comme le blanc d'œuf, parce qu’il n’y a qu’une fimple inflammation, fans ulcere. 3°, Dans la morve confirmée , l’écoulement eft purulent, parce que l’ulcere eft formé, le plus qui en découle fe mêle avec la rorve. 4°. Dans la morveinvétérée, l'écoulement ef noi- râtre & fanieux, parce que le pus ayant rompuquel- ques vaifleaux fanguins, le fang s’extravale & fe mêle avec le pus. | 5°. L'écoulement diminue & cefle même quelque- fois, parce que le pus tombe dans quelque grande cavité , comme le finus zygomatique & maxillaire , d’où il ne peut fortir que lorfque la cavité eft pleine. 6°, La morve affeête tantôt les finus frontaux , tan- tôt les finus ehtmoidaux, tantôt les finus zygomati- ques & maxillaires, tantôt la cloïfon du nez, tantôt les cornets, tantôt toute l'étendue des foffes nafa- les, tantôt une portion feulement , tantôt une de ces parties feulement, tantôt deux , tantôt trois, fouvent plufieurs , quelquefois toutes à-la-fois , fui- vant que la membrane pituitaire eftenflammée dans un endroit plutôt que dans un autre, ou que l'in- flammation a plus ou moins d’étendue. Le plus or- dinairement cependant elle n’affeéte pas du tout les finus zygomatiques, maxillaires & frontaux ; parce que dans ces cavités la membrane pituitaire eft ex- trèmement mince , quil n’y a point de vaiffeaux fan- guins vifbles , ni de glandes : on a oblervé 1°, qu'il y a jamais de chancres dans ces cavités, parce que les chancres ne fe forment que dans les plandes de la membrane pituitaire; 2°. que les chancres font plus abondans & plus ordinaires dans l'étendue de la cloifon,parce que c’eft l'endroit où la membraneeft la plus épaiffe & la plusparfemée de glandes:les chan: cres font auffi fort ordinaires fur les cornets-du nez. L’engorgement de deflous la panache étoit un fymptome embarraflant, On ne concevoit guere pourquoi ces glandes ne manquoïent jamais de s’en- gorger dans la morve proprement dite ; mais onena enfin trouvé la caufe. Affuré que ces glandes font, non des glandes fa- livaires, puifqu’ellés n’ont point de tuyau qui aille porter la falive dans la bouche, mais des glandes lymphatiques , puifqu’elles ont chacune un tuyau confidérable qui part de leur fubftance pour aller fe rendre dans un plus gros tuyau lymphatique qui def- cénd le long delatrachée-artere , & vaenfin verfer la lymphe dans la veine fouclaviere ; ona remonté à la circulation de la lymphe , & à la flruéture des glandes & des veines lymphatiques. Les veines lymphatiques font des tuyaux cylin- driques qui rapportent la lymphe nourriciere des parties du corps dans le réfervoir commun nommé dans l’homme /e réfervoir de Pecquer , ou dans la vei- ne fouclaviere : ces veines {ont coupées d'intervalle en intervalle par des glandes qui fervent comme d’entrepôt à la lymphe. Chaque glande a deux tu- vaux ; l’un qui vient à la glande apporter la lym- phe ; l'autre qui en fort pour porter la lymphe plus loin.Les slandes lymphatiques de deffous la ganache ont de même deux tuyaux, ou, ce qui eft la même chofe, deux veines lymphatiques ; l’une quiapporte la lymphe de la membrane pituitaife dans ces plan- des; l’autre qui reçoit la lymphe de ces glandes pour da porter dans la veine foufclaviere. Par cette théo- tie, il eft facile d'expliquer l’enporgement des glan- des de deflous la ganache : c’eft le propre de l’in- 1 flammation d’épaiffir routes les humeurs qui fe fl. trent dans les parties voifines de l’inflammation ; la lymphe de là membrane pituitaire dans la morve, doit donc contraéter un cara@ere d’épaififlement ; elle fe rend avec cette qualité dans les glandes de deflous la ganache , qui en font comme les rendez- vous, par plufeurs petits vaifleaux lymphatiques, qui après s'être réums.forment un canal communqui pénetre dans la fubftance de la glande, Comme les olandes lymphatiques font compofées de petits vaïf- feaux repliés fur eux-mêmes , qui font mille con- tours , la lymphe déja épaiffie doit y circuler difi- cilement, s’y arrêter enfin , &c les engorger. Il n'eft pas difficile d'expliquer par la même théo- rie, pourquoi dans la gourme, dans la morfondure, & dans la pulmome , les glandes de deffous la ga- nache font quelquefois engorgées , quelquefois ne le font pas ; ou , ce quieft la même chofe, pour- quoi le cheval eft quelquefois glandé , quelquefois ne left pas. , Dans la morfondure , les glandes de deffous la ga- nache ne font pas engorgées , lorfque l'écoulement vient d’un fimple reflux de l'humeur de la tranfpira- tion dans l’intérieur du nez , fans inflammation de la membrane pituitaire ; mais elles font engorgées lorfque l’inflammation gagne cettemembrane. Dans la gourme bénigne , le cheval n’eft pas glan- dé , parce que la membrane pituitaire n’eft pas affec- tée ; mais dans la gourme maligne , lorfqu'il fe for- me un abcès dans l’arriere-bouche , le pus en paf- fant par les nafeaux , corrode quelquefois la mem brane pituitaire par fon acreté on fon féjour , Pen- flamme , & le cheval devient glande. | Dans la pulmonie, le cheval n’eft pas glandé, lorfque le pus qui-vient du poumon eft d’un bon ca- radere , & n’elt pas aflez acre pour ulcérer la mem- brane pituitaire ; mais à la longue , en féjournant dans le nez, 1l acquiert de l’acreté, il irrite les fibres de cette membrane , l’enflamme, & alors les glan- des de la ganache s’engorgent, Dans toutes ces maladies, le cheval n’eft glandé que d’un côté , lorfque la membrane pituitaire n’eft affedtée que d’un côté; au-lieu qu'il eft glandé des deux côtés, lorfque la membrane eft affedtée des deux côtés : ainf dans la pulmonie & la gourme ma- ligne , lorfque le cheval eft glandé , il left ordinai- rement des deux côtés, parce que l'écoulement ve- nant de l’arriere-bouche ou du poumon, 1l monte par-deflus Le voile du palais, entre dans le nez éga- lement des deux côtés, & affette également la mem- brane pituitaire. Cependant dans ces deux cas mé- mes, 1l ne feroit pas impofhble que le cheval fût glandé d’un côté , & non de l’autre ; foit parce que le pus en féjournant plus d’un côté que de l’autre , affeéte plus la membrane pituitaire de ce côté-là, foit parce que la: membrane pituitaire eft plus difpo- fée à s’enflammer d’un côté que de l’autre, par quel- que vice local, comme par quelque conp. Diagnoflic. Rien n’eft plus important , &c rien en même tems plus dificile ,que de bien diftinguer cha- que écoulement qui fe fait par les nafeaux. [l faut pour cela un grand ufage & une longue étude de ces maladies. Pour décider avec füreté , 1l faut être familier avec ces écoulemens ; autrement on eft ex- pofé à porter des jugemens faux, & à donner à tout ‘ moment des décifions qui ne font pas juftes. L’œil & le ta font d’un grand fecours pour prononcer avec juftefle fur ces maladies. La morve proprement dite, étant un écoulement qui fe fait par les nafeaux, elle eft aément confon- due avec les différens écoulemens qui fe font par le même endroit; auf il n’y a jamais eu de maladie fur laquelle il y ait tant eu d'opinions différentes &e tant de difputes , & fur laquelle on ait tant débité de fables : fur la moindre obfervation chacun a bâti un fyftème , de-là eft venu cette foule de charlatans qui MOR. crient, tant à la cour qu’à l’armée, qu'ils ont un fecret pour la morve, qui font toûjours sùrs de gué- tir , & qui ne guériflent jamais. La diftinétion de la z2orve n’eft pas une chofe ai- fée , ce n’eft pas l'affaire d’un jour ; la couleur feule n'eft pas un figne fufhfant , elle ne peut pas fervir de règle, un figne feul ne fuffit pas ; il faut les réunir tous pour faire une diftinétion fûre. Voici quelques obfervations qui pourront fervir de regle, Lorfque le cheval jette par les deux nafeaux, qu'il eft glande des deux côtés, qu’il ne toufle pas, qu'ileft gai comme à l'ordinaire, qu'il boit & mange comme de coutume, qu'il eft gras, qu'il a bon poil, & que l'écoulement eft glaireux ,# y a lieu de croi- re que c’eft la s10rve proprement dite. Lorfque le cheval ne jette que d’un côté, qu'il eft glandé , que lécoulement ef glaireux , qu'il n°’eft pas trifte, qu'il ne toufle pas, qu’il boit & mange comme de coutu- me, il y a plus lieu de croire que c'’eft la morve pro- prement dite. Lorfque tous ces fignes exiftans, l'écoulement fub- fifte depuis plus d’un mois , on eft certain que c’eft la morve proprement dite. Lorfque tous ces fignes exiftans, l'écoulement eft fimplement glaireux , tranfparent, abondant &r fans pus, c’eft la morve proprement dite commençante. Lorfque tous ces fignes exiftans , l'écoulement eft verdâtre ou jaunâtre, & mêlé de pus, c’eft la rorve proprement dite confirmée. Lorfque tous ces fignes exiftans, l'écoulement eft noirâtre ou fanieux & glaireux en même tems, c’eft la morve proprement dite invéterée. On fera encore plus afüré que c’eft la zzorve pro- prement dite, fi avec tous ces fignes on voit en on- vrant les nafeaux , de petits ulceres rouges, ou des érofions fur la membrane pituitaire, aucommence- ment du conduit nafal. Lorfqu’au contraire l’écoulement fe fait égale- ment par les deux nafeaux, qu'il eft fimplement pu- rulent, que le cheval touffe, qu'il eft trifte , abattu, dégoûté, maigre, qu'ilale poil hériflé, & qu’il n’eft pas glande, c’eft la morve improprement dite. Lorfque l’écoulement fuccede à la gourme, c’eft la morve de faufle sourme. Lorfque le cheval jette par les nafeaux une fimple mucofñté tranfparente, & que la triftefle & le dé- goût ont précédé & accompagnent cet écoulement, ona lieu de croire que c’eft la rmorfondure:oneneftcer- _tain lorfquel’écoulementne dure pas plusders jours. Lorfque le cheval commence à jetter également par les deux nafeaux une zorve mêlée de beaucoup de pus , ou le pus tout pur fans être glandé, c’eft la pulmonie feule ; maïs file cheval devient glandé par la fuite, c’eft la morve compofée , c’eft-à-dire la pulmonie & la morve proprement dite tout à la fois. Pour diftinguer la morve par l’écoulement qui fe fait par les nafeaux, prenez de la matiere que jet- toit un cheval morveux proprement dit , mettez-la dans un verre , verfez deflus de l’eau que vous fe- rez tomber de fort haut: voici ce qui arrivera, l’eau fera troublée fort peu ; & il fe dépofera au fond du verre une matiere vifqueufe & glaireufe. Prenez de la matiere d’un autre cheval morveux depuis plus long-tems, mettez-la de même dans un verre, verfez de l’eau deflus,, l'eau fe troublera con- fidérablement ; & il fe dépofera au fond une matie- re glaireufe, de même que dans le premier : verfez paf inclination le liquide dans un autre verre, laif- fez-le repofer, après quelques heures l’eau devien- dra claire; & vous trouverez au fond du pus qui s’y étoit dépofé. Prenez enfuite de la matiere d’un cheval pulmo- nique, mettez-la de même dans un verre , verfez de Tone X, MOR 739 l’eau deffus, toute la matiere fe délayera dans l’eau” & rien n'ira aufond, | D'où il eft aifé de voir que la matiere glaireufe eff un figne fpécifique de la zzorve proprement dite ; & que l'écoulement purulent eft un figne de la pul- momie : on connoïtra les différens degrés de la morve proprement dite, par la quantité du pus qui fe trou- vera mêlé avec l’humeur glaireufe ou la morve, La quantité diflérente du pus en marque toutes les nuances, Pour avoir de la matiere d’u: cheval morveux ou pulmonique, on prend un entonnoir, on en adapte la bafe à l’ouverture des nafeaux , & on le tient par la pointe ; on introduit par la pointe de l’entonnoir une plume , ou quelqu’autre chofe dans le nez, pour irriter la membrane pituitaire, & faire ébrouer le cheval, ou bien on ferre la trachée-artere avec la main gauche, le cheval toufle & jette dans l’enton- noir une grande quantité de matiere qu’on met dans un vêrre pour faire l'expérience ci-deflus. Il y a une infinité d'expériences à fur cettemaladie; mais les dépenfes en feroient fort confidérables, Prognoflic. Le danger varie fuivant le degré & la nature de la maladie. La morve de morfondure n’a pas ordinairement de fuite; elle ne dure ordinaire- ment que 12 Ou 15 jours, pourvû qu'on faffe les re- medes convenables : loriqu’elle eft négligée, elle peut dépénerer en morve proprement dite. La morve de pulmonie invétérée eft incurable, La morve proprement dite commençante peut fe guérir par les moyens que je propoferai ; lorfqu’elle et confirmée elle ne fe guérit que difficilement : lorfqu’elle eft invétérée, elle eft incurable jufqu’à- préfent. La morve fimple eft moins dangereufe que la morvecompofée ; il n’y a que la morve propre- mentdite qui foit contagieufe, les autresne le font pas, Curation. Avant que d'entreprendre la guérifon, il faut être bien afluré de l’efpece de orve que l’on a à traiter & du degré de la maladie: 1° de peur de faire inutilement des dépenfes, en entreprenant de guérir des chevaux incurables ; 2° afin d'empê- cher la contagion, en condamnant avec certitude ceux qui font morveux; 3° afin d’arracher à la mort une infinité de chevaux qu’on condamne très-fon- vent mal-à-propos: il ne s’agit ici que de la worve proprertient dite, La caufe de la #orve commencçante étant l’inflam- mation de la membrane pituitaire , le but qu’on doit fe propofer eft de remédier à l’inflammation : pour cet effet, on met en ufage tous les remedes de linflammation ; ainfi dès qu’on s’apperçoit que le cheval eft glandé, 1l faut commencer par faigner le cheval, rétterer la faignée fuivant le befoin, c’eft le remede le plus efficace : 1l fant enfuite tâcher de re- lâcher &c détendre les vaifleaux, afin de leur rendre la foupleffe néceffaire pour la circulation ; pour cet effet on injeête dans le nez la décoétion des plantes | adouciflantes & relâchantes, telles que la mauve, guimauve, bowullon-blanc, brancurfine, pariétai- re, mercuriale, Ge, ou avec les fleurs de camomil- le, de mélilor & de fureau: on fait aufi refpirer au cheval la vapeur de cette déco&tion, & fur-tout la vapeur d’eau tiede, où l’on aura fait bouillir du fon ou de la farine de feigle ou d’orge ; pour cela on attache à la tête du cheval, un fac où l’on met le fon ou les plantes tiedes. Il eft bon de donner en même tems quelques lavemens rafraïchiffans, pour tempérer le mouvement du fang , & l’empêcher de fe porter avec trop d’impétuofñté à la membrane pituitaire. On retranche le foin au cheval, & on ne luifait manger que du fontiede, mis dans un fac de la ma- mere que je viens dire: la vapeur qui s’en exhale adouçit, relâche & diminue admirablement lin- AAaaaï 3% MOR ‘lammation. Par ces moyens on remédie fouvent à la morve commençante. Dans la morve confirmée, les indications que l’on a ont de détruire les ulceres de la membrane pitui- #aire. Pour cela on met en ufage les déterfifs un peu forts : on ingeête dans le nez , par exemple là décoc- tion des feuilles d’arifloloche, de gentiane &c de centaurée, Lorfque par le moyen de ces injettions l'écoulement change de couleur, qu'il devient blanc, épais & d’une louable confiflance, c’eft un bon figne ; on injeéte alors de l'eau d'orge , dans la- quelle on fait diffoudre un peu de mel rofat; en- fuite, pour faire cicatrifer les ulceres, on injecte l’eau feconde de chaux, & on termine ainf la gué- rifon, lorfque la maladie cede à ces remedes. Mais fouvent les finus font remplis de pus, & les injeGtions ont de la peine à y pénétrer; elles n'y entrent pas en affez grande quantité pour en vuider le pus, & elles font infuflfantes; on a imaginé un moyen de les porter dans ces cavités, &c de les faire pénétrer dans tout l’intérieur du nez; c’eft le trépan, c'eft le moyen le plus für de guérir la æorve con- firmée. Les fumigations font aufli un très-bon remede ; on en à vu de très-bons effets. Pour faire recevoir ces fumigations, on a imaginé une boëte dans la- quelle on fait brüler du fucre ou autre matiere dé- terfive; la fumée de ces matieres brülées eft portée dans le nez par le moyen d’un tuyau long, adapté d’un côté à la boëte , &c de l’autre aux nafeanx. Mais fouvent ces ulceres font calleux &c rebelles, ils réfiflent À tous les remedes qu'on vient d'andi- quer ; il faudroit fondre ou détmure ces callofires, cetie indication demanderoit les caufliques: les in- jeétions fortes & corrofives rempliroient cette 1n- tention, fi on pouvoit les faire fur les parties affec- tées feulement; mais comme elles arrofent les par- ties faines,, de même que les parties malades, elles irriteroient & enflammeroient les parties qui ne font pas ulcerées, & augmenteroient le mal; de-là la dificuité de guérir la morverpar les cauftiques. Dans la morve invétérée , où les ulceres font en grand nombre, profonds & fanieux, où les varf- feaux font rongés, les os &les cartilages cariés, & la membrane pituitaire épaiflie & endurcie, 1l ne paroït pas qu'il y aît de remede ; le meilleur parti eft de tuer les chevaux, de peur defaire des dé- peufes inutiles, en tentant la guérifon. Teleft le rétultat des découvertes de MM. de la Fofle pere & fils, telles que celui-ci Les a publiées dans une difertation préfentée à lacadémie des Sciences, & approuvée par fes commiflaires. Auparavant il y avoit ou une profonde ignoran- ce, où une grande variété de préjugés fur le fiége de cettemaladie; mais pour le reconnoüre , dit M. “dela Foffe, ïl ne faut qu'ouvrir les yeux. En effet, que voit-on lorfqu'on ouvre un cheval morveux proprement dit, & uniquement morveux ? Où voit a membrane pituitaire plus où moins afe@ée ; les cornets du nez & les finus plus ou moins remplis de pus & demorve, fuivant le degré de la maladie, & rien de plus ; on trouve les vifceres & toutes les autres parties du corps dans une parfaite fanté. Il s’agit d'un cheval morveux proprement dit, parce qu'il y a une autre maladie ;, à qui on donne mal-à- propos le nom de worve; d’un cheval uniquement morveux, parceque la orve pent être accompa- gnée de quelque autre maladie qui pourroit affecter les autres parties. Mais le témoignage des yeux s’appuie de preuves tirées du ratlonnement. 1°. Il y a dans le cheval &c dans l'homme des plaies & des abfcès qui n’ont leur fiége que dans une parties pourquoi n’en feroit-il pas de même de la norve ? | + | 2°, Il y a dans l’homme des chancres rongeans |: aux levres & dans le nez ; ces chancres n'ont leut fiége que dans les levres ou dans le nez ; ils ne don nent aucun figne de leur exiltance après leur gué- tifon locale. Pourquoi n’en feroit-1l pas de même de la rrorve dans le cheval ? | | 3°, La pulmonie ou la fuppuration du poumon ; n’afeûe que le poumon ; pourquoi la #orve n’af- fe@teroit-elle pas uniquement la membrane pitui- taire ? 4°. Si la orve n’étoit pas locale, ou, ce qui eft la même chofe, fi elle venoït de la corruption gé- nérale des humeurs , pourquoi chaque partie du corps, du-moins celles qui font d’un mème tiffu que la membrane pituitaire, c’eft-à-dire d’un tiflu mol, vafaileux 8 slanduleux, tels que le cerveau, le poumon, le foie, le pancréas , la rate, 6'c. ne fe< roient-elles pas affetées de même que la membrane pituitaire? pourquoi ces parties ne feroient-elles pas affectées, plufeurs & même toutes à-la fois, puifque toutes les parties font également abreuvées ëz nourries de la mafle des humeurs, &' que la cir- culation du fang , qui eft la fource de toutes les hu- meurs, fe fait également dans toutes les parties ? Or 1l eff certain que dans la morve proprement dite, toutes les parties du corps font parfaitement faines, excepté la membrane piuitaire. Cela a été démon tré par un grand nombre de difleétions. 5°. Si dans la zorve la mafle totale des humeurs éioit viciée , chaque humeur particuliere qui èn émane , le feroit aufi, & produroit des accidens dans chaque partie; la zorve feroit dans le cheval, ainfique la vérole dans Phomme, un compofé de toutes fortes de maladies ; le cheval maigriroit, fouffriroit, languiroit, & pénroit bientôt ; des hn- meurs viciées ne peuvent pas entretenir Le corps en fanté, Or on fait que dans la morve le cheval ne fouf- fre point; qu'il n’a ni fievre ni aucun mal, excepté dans la membrane pituitaire ; qu'il boit & mange comme à l'ordinaire; qu'il fait toutes fes fonétions avec aifance ; qu’il fait le même fervice que s’il n’a- voit point de mal ; qu'il eft gai & gras ; qu'ila le poil liffe & tous les fignes de la plus parfaite fanté. Mais voici des faits qui ne laiflent guere de lieu au doute & à la difpute. Premier Fair. Souvent la morve n’affefte la mem- brane pituitaire que d’un côté du nez, doncelle eft locale ; f elle-étoit dans la mafle des humeurs , elle devroïit au-moins attaquer le membrane pituitaire des deux côtés. II, Fair. Les conps violens fur le nez produifent la morve. Dira:t-on qu’un coup porté fur le nez a vicié la male des humeurs ? III: Fair. La léfion de la membrane pituitaire produit la morve. En 1559 au mois de Novembre, après avoir trépané & guéri du trépan uncheval, il devint morveux , parce que l’inflammation fe continua jufqu’a la membrane pituitaire. L’inflam- mation d’une partie ne met pas la corruption dans toutes les humeurs. _" IF, Fair. Un cheval fain devient morveux pref- que {ur-le-champ, fi on lui fait dans le nez des in- jeétions acres & corrofives. Ces injeétions ne vi- cient pas la mafle des humeurs. F. Fair. On guérit la morve par des remedes to- piques. M. Desbois, médecin de là faculté de Paris, a guéri un cheval morvenx par le moyen des injec- tions. On ne dira pas que les injeétions faites dans lenez, ont guéri la mafle du fang ; d’où M. de la Fofle le fils conclut que le fige qu'il lui affigne dans la membrane pituitaire , eft {on unique & vrat MOS fiége. Foyez la-deffus fa Différe. fur la morve, impri- née en 1701. : Morve, f. f. (Jardinage. ) maladie qui furvient aux chicorées &c aux laitues ; c’eft une efpece de pourriture dont le nom a été fait de fon afpeët, On dit aufli #orver. MORVÉDRO , ox MORVIÉDRO ( Géogr.) an- cienne ville d’Efpagne au royaume de Valence. Ce font les reftes de la fameufe & infortunée Sagonte, bâtie par les Zacynthiens, qui lui ayoient donné le nom de leur patrie. On l'appelle aujourd’hui Morve- dro, én latin, Muri vereres , à caufe des vicilles mu- failles qui s’y trouvent , & qui nous rappellent en- core par ces trifles veltiges une partie de la grandeur de l’ancienne Sagonte, On y voit en entrant fur la porte de la ville une infcription à demi-effacée , en l'honneur de Claude I. fucceffeur de Galien. À une autre porte on voit une tête d’Annibal faite de pierre. Près de la cathédrale fe voyent les reftes d’un vieil amphitéâtre de 357 piés d’étendue , avec 26 bancs Pun fur l’autre taillés dans le roc ; & ces bancs & les voûtes étoient d’une ffrudure fi {olide , qu'ils fe font confervés depuis tant de fiecles. Morvedro eft fituée à 2 milles de la mer , fur un ro- cher élevé , au bord d’une riviere qui porte fon nom, & quelquefois celui de Turulis, à 4 lieues de Va- lence. Long. 17. 36. lat. 39. 44. ( D. I.) MORVEUX , ( Maréchall. ) On appelle ainfi un cheval qui a la morve, Voyez MORVE. MORRIS , £. m. ( Comm. G& Hifi. mod. ) nom pro- pre d’une monnoîe d’'Efpagne. Le morris étoit d’or ; £e fut le roi Alfonce le fage qui le fit battre. Morris £ft dit par corruption de marævedis. MORUNDA, ( Géog. anc.) Ptolomée nomme deux villes de cenom , l’une en Médie, l’autre dans l’Inde, æn-decà du Gange. (D, 7.) MORVOLANT , {. m, ez terme de Blondier , c’eft de la foie mêlée qui tombedans le déchet, & qui em- pêche la fuite du devidage. | MORXI , £. m. ( Medecine. ) nom d’une maladie "peftilentielle commune dans le Malabar & dans plu- fieurs autres contrées des Indes orientales. MOSA, ( Géogr. anc. ) nom latin de la Meufe; nous en ayons parlé fufifamment fous le nom mo- derne , autant du-moins que le plan de cet ouvrage 1e permet. Nous ajouterons 1cique depuis Célar juf- qu’à nous le cours de ce fleuve a éprouvé bien des changemens.Il eftarrivé que cette grande riviere,qui charrie fans cefleavecelle quantité de limon, a nécef- fairement bouché fon lit en plufieurs endroits, & fait ailleurs des attériflemens confidérables. Si à ces cau- Les l’on joint les débordemens ordinaires du Rhin, & dont la ifeufe reçoit fa part par le Wahal, on n'aura pas de peine à comprendre que d’un côté elle a pu changer de cours , &-que de l’autre elle a dû porter à fon embouchure de nouvelles terres dans des lieux que la mer convroit auparavant. C’eft ce que M, Van-Loonafavamment expofé dans fon livre «des antiquités des Bataves ; j'y renvoie le leëteur, D,J.) ; Mo 4 , Ÿ m,(Cxifine. )forte d’aliment tré. amun parmi les payfans d'Allemagne : il eff fait avec de la farine de froment ou d’épeautre &c du lait, & pareil à ce que nous appellons Jai: éparfft ou bouillie ; mais fa trop grande quantité nuit aux enfans fur- tout , à qui elle engorge les vaifleaux du méfen- £ere. | MOSAIQUE ET CHRÉTIENNE, PHILOSOPHIE, { Hifi, de la Philofophie, ) Le {cepticifme & la crédu- lité font deux vices également indignes d’un homme qui penfe. Parce qu’il y a des chofes faufles , toutes ne le font pas ; parce qu'il y a des chofes vraies, toutes ne le font pas. Le philofophe ne nie ni n’ad- gnet rien fans examen ; il a dans {a raïon une jufte M OS 741 Confance ; il fait par expérience que la recherche de la vérité eft pémblé , mais il ne la croit point im- poffble ; il ofe defcendre au fond de fon puits, tan- dis que l'homme méfiant ou puñllanime fe tient courbe fur les bords, & juge de là, fe trompant, foit qu'il prononce qu'il l’apperçoit malgré la dif. tance & l'obfcurité, foit qu'il prononce qu'il ny a perfonne. De-là cette multitude incroyable d'opi- mons diveries ; de-là le doute ; de là le mépris de la raifon & de la Philofophie ; de-là la néceffité pré- tendue de recourir à la révélation , comme au feul flambeau qui puifle nous éclairer dans les fciences naturelles 8 morales ; de-là le mélange monftrueux de la Théologie & des fyftèmes ; mélange qui à achevé de dégrader la Relision & Ja Philotophie : la Religion , en l’aflujettiffant à la difcuffion ; la Phi- lofophie, en l'affujettiffant à la foi. On raifonna quand 1l falloit croite, on crut quand il falloit raifonner ; & l’on vit éclore en un moment une foule de mau- vais chrétiens & de mauvais philofophes. La nature eit le feul hvre du philofophe : les faintes écritures font le feul livre du théologien. [ls ont chacun leur argumentation particuliere. L'autorité de l’Eclife , de la tradition , des peres, de la révélation, fixe Jun ; l’autre ne reconnoît que l'expérience & l’ob- fervation pour guides : tous les deux ufent de leur raïfon , mais d’une maniere particuliere & diverfe qu'on ne confond point fans inconvénient pour les progrès de l’efprit humain, fans péril pour la foi : c’eft ce que ne comprirent point ceux qui, dégoûtés de la philofophie feftaire $& du pirrhonifme, cher- cherent à s’inftruire des fciences naturelles dans les fources où la fcience du falut étroit & avoit été juf- qu'alors la feule à puifer. Les uns s’en tinrent fcru- puleutement à la lettre des écritures ; les antres com- parant le récit de Moife avec les phénomenes, & n’y remarquant pas toute la conformité qu'ils defi- roient,, s'embartaflerent dans des explications allé- goriques : d’où il arriva qu'il n’y a point d’abfurdités que les premiers ne foutinfent ; point de découver- tes que les autres n’apperçuflent dans le même ou- yrage. Cette efpece de philofophie n’étoit pas nouvelle : voyez ce que nous avons dit de celle des Juifs & des premiers chrétiens , de la cabale , du Platonifme des tems moyens de l’école d'Alexandrie, du Pitha- gorico-platonico-cabalifme, &c. Une obfervation affez générale , c’eft que les {y£ tèmes philofophiques ont eu de tout tems une in- fluence fâcheufe fur la Médecine & fur la Théologie, La méthode des Théologiens eft d’abord d’anathé- matifer les opinions nouvelles, enfuite de les conci- lier avec leurs domes ; celle des Médecins, de les appliquer tout de fuite à la théorie & même à la pra- tique de leur art. Les Théologiens retiennent long- tems les opinions philofophiques qu'ils ont une fois adoptées. Les Médecins moins opiniâtres , les aban- donnent fans peine: ceux-ci circulent paifiblement augré des fyftèematiques , dont les idées paflent & fe renouvellent ; ceux-là font grand bruit, condamnant comme hérétique dans un moment ce qu'ils ont ap- prouvé comme catholique dans un autre, & mon- trant toujours plus dundulgence ou d’averfion pour un fentiment, felon qu'il eft plus arbitraire on plus obfeur , c’eft-à-dire qu'il fournit un plus grand nom- bre de points de contaët , par lefquels 1l peut s’atta- cheraux dogmes dont il ne leur eft pas permis de s’é- carter. Parmi ceux qui embrafferent l’efpece de philofo- phie dont al s’agit ici, il y en eut qui ne confondant pas tout-à-fait les limites de la raifon & de la foi, fe contenterent d'éclairer quelques points del'Ecriture, en y appliquant les découvertes des Philofophes. Ils ne s’appercevoient pas que Le peu de fervice qu'ils 742 MOSS rendoient à la Religion , même dans les cas où leur travail étoit heureux , ne pouvoit jamais compenfer le danger du mauvais exemple qu'ils donnoient. Si l’on en étoit plus difpofé à croire le petit nombre de vérités fur lefquelles l’hiftoire faintefe concilioitavec les phénomenes naturels, ne prenoit-on pas une pente toute contraire dans le grand nombre de cas où l'expérience & la révélation fembloient parler diverfement ? C’eft-là en effet tout Le fruit qui réfulte des ouvrages de Severlin , d’Alftedius, de Glafius , de Zufold, de Valois, de Bochart, de Maius, d’Ur- fin, de Scheuchzer , de Grabovius, & d’une infini- té d’autres qui fe font efforcés de trouver dans les faintes Ecritures tout ce que les Philofopaes ont écrit de la Logique , de la Morale , de la Métaphyfique, de la Phyfique , de la Chimie, de l’Hiftoire Natu- relle , de la Politique. Il me femble qu'ils auroient dû imiter les Philofophes dans leur précaution. Ceux- ci n’ont point publié de fyftèmes , fans prouver d’a- bord qu'ils n’avoient rien de contraire à la Religion: ceux-là n’auroient jamais dû rapporter les fyflèmes des Philofophes à l’Ecriture-fainte, fans s’être bien aflurés auparavant qu'ils ne contenoient rien de con- traire à la vérité. Négliger ce préalable, n’étoit-ce pas s’expofer à faire dire beaucoup de fottifes à l’efprit faint? Les réveries de Robert Fulde n’honoroient- elles pas beaucoup Moife ? Et quelle fatyre plus in- décente & plus cruelle pourroit-on faire de cer auteur fublime , que d'établir une concorde exaéte entre fes idées & celles de plufieurs phyficiens que je pourrois citer ? Laiïflons donc là les ouvrages de Bigot , de Fro- mond , de Cafmann, de Pfeffer, de Bayer, d’Aflach, de Danée, de Dickenfon, & lifons Moife, fans cher- cher dans fa Genèfe des découvertes qui n’éto:ent pas de fon tems, & dont il ne fe propola jamais de nous inftruire. Alftedius, Glafius & Zuzold ont cherché à conci- lier la Logique des Philofophes avec celle des Théo- logiens ; belle entreprife ! Valois , Bochard, Maius, Urfin, Scheuchzer ont vù dans Moife tout ce que nos philofophes, nos naturaliftes , nos mathématiciens même ont décou- vert. | Buddée vous donnera le catalogue de ceux qui ont démontré que la dialeëtique & la méraphyfique d’Ariftote eft la même que celle de Jefus-Chrift. Parcourez Rudiger, Wucherer & Wolf , & vous les verrez fe tourmentant pour attribuer aux auteurs révélés tout ce que nos philofophes ont écrit de Ia nature, & tout ce qu'ils ont révé de fes caufes &r de fa fin. Je ne fais ce que Bigot a prétendu, mais Fromond veut abfolument que la terre foit immobile. On a de cet auteur deux traités fur l’ame & fur les méreéo- res , moitié philofophiques , moitié chrétiens. Cafmann a publié une biographie naturelle , mo- rale & économique, d’où il déduit une morale & une politique théofophique : celui-ci pourtant n’af- fervifloit pas tellement la Philofophie à la révéla- tion , ni la révélation à la Philofophie , qu'il ne pro- nonçât très-nettement qu'il ne valüt mieuxs’entenir aux faintes Ecritures fur les préceptes de la vie, qu'à Ariftote & aux philofophes anciens ; & à Arif- tote & aux philofophes anciens fur les chofes natu- relles , qu’à la Bible & à Pancien T'eftament. Cepen- dant il défend l’ame du monde d’Ariftote contre Pla- ton; &c il promet une grammaire , une rhétorique , une logique , une arithmétique, une géométrie , une optique & une mufique chrétienne. Voilà les extra- vagances où l’on eft conduit par unzelé aveugle de tout chriftianifer. Alftedius, malgré for favoir , prétendit auf qu'il Falloit conformer la. Philofophie aux faintes Ecritu- res, & il en fit un effai fur la Jurifprudence &z la Me: decine , où l’on a bien de la peine à retrouver le ju- gement de cet auteur. Bayer encouragé par les tentatives du chancelier Bacon, publia l'ouvrage intitulé, Ze 7 du labyrinthe; ce ne font pas des fpéculations frivoles ; plufieuts : auteurs ont fuivi le fl de Bayer , & font arrivés à des découvertes importantes fur la nature ; mais cet homme n’eft pas exempt de la folie de fon tems. Aflach auroit un nom bien mérité parmi les Phi- lofophes , file même défaut n’eût défiguré fes écrits ; il avoit étudié , il avoit và , il avoit voyagé ; il fa- voit , mais 1l étoit philofophe & théologien ; & al n’a jamais pu fe réfoudre à féparer ces deux caraéte- res. Sa relision eft philofophique, & fa phyfque eft chrétienne. Il faut porter le même jugement de Lambert Danée. Dickenfon n’a pas été plus fage. Si vous en croyez celui-ci, Moife a donné en fix pages tout ce qu'on a dit & tout ce qu’on dira de bonne cofmelogie, Il y a deux mondes, le fupérieur immatériel , Pia férieur ou le matériel. Dieu, les anges & les efprits bienheureux , habitent ie premier ; le fecond eft le nôtre , dont il explique la formation par le concours des atomes que le Tout-puiffant a mus & dirigés. Adama tout. Les connoïffances du premierhomme ont pañlé à Abraham, &c d'Abraham à Moife. Les théogonies des anciens ne font que la vraie cofmo- gonie défieurée par des fymboles. Dieu créa des particules de toute efpece. Dans le commencement elles étoient immobiles : de petits vuides les fépa- roient, Dieu leur communiqua deux mouvemens , lun doux & oblique, l’autre circulaire : celui-ci fut commun à la mafle entiere, celui-là propre à cha- que molécule. De-là des collifions, des féparations, des unions , des combinaifons ; le feu, l’air, l’eau, la terre , le ciel, la lune, le foleil, les aftres, &tout cela comme Moife l’a entendu & l’a écrit. Il ya des eaux fupérieures , des eaux inférieures , un jour fans foleil, de la lumiere fans corps lumineux ; des germes , des plantes, des ames, les unes matérielles & qui fentent; des amesfpirituelles ou immatérielles; des forces plaftiques, des fexes , des générations ; que fais-je encore ? Dickin{on appelle à fon fecours toutes les vérités & toutes les folies anciennes & mo- detnes ; & quand il en a fait une fable qui fatisfait aux-premiers chapitres de la Genèfe , il croit avoir expliqué la nature & concilié Moife avec Ariftote; Epicure , Démocrite , & les Philofophes. Thomas Burnet parut fur la fcène après Dickin- fon. Ii naquit de bonne maïfon en 1632, dans le vil- lage de Richemond, Il continua dans Puniverfité de Cambridge les études qu'il avoit commencées au fein de fa famille, Il eut pour maîtres Cudworth, Widdringhton , Sharp & d’autres qui profefloient le platonifme qu'ils avoient reflufcité. Il s’inftruifit profondement de la philofophie des anciens. Ses dé- fauts & fes qualités n’échapperent point à nn hom- me quine s’en laifloit pas impoñer , &t qui avoit un jugement à lui. Platon lui plut comme moralifte , & lui déplut comme cofmologue. Perfonne n’exerça mieux la liberté eccléfañtique ; il ne s’en départit pas même dans l'examen de la religion chrétienne, Après avoir épuifé la leéture des auteurs de réputa- tion, 1l voyagea. Il vit la France , l'Italie & l'Aîle- magne. Chemin faifant , il recuéilloit fur la terre nouvelle tout ce qui pouvoit le conduire à la con- noiflance de l’ancienne. De retour, il publia la pre- miere partie de la Théorie facrée de la terre, ouvrage où 1l fe propofe de concilier Moife avec les phéno- menes. Jamais tant de recherches, tant d’érudition, tant de connoïffances , d’efprit & de talens ne furent plus mal employés, Il obtint la faveur de Charles, MOS Guillaume ÏIT. accepta la dédicace de la feconde partié de fa théorie , & lui accorda Je titre de fon chapelain , à la follicitation du célebre Tillotfon, Mais notrephilofophe ne tarda pas à fe dégoüûter de la-cout , & à revenir à la folitude & aux livres. Il ajouta à fa théorie fes archéologues philofophiques ; ou les preuves que prefque toutes les nations avotent eonnu la cofmogonie de Moife comme il Pavoit con- que ; & il faut avouer que Burnet apperçut dans les anciens beaucoup de fingularités qu’on n’y avoit pas remarquées : mais fes idées fur la natfiance & la fin du monde, la création, nos premiers parens , le ferpent, le déluge & autres points de notre foi, ne furent pas accueillies dés théologiens avec la même indulsence que des philofophes. Son chriflianifme fut fuipeét. On le perfécuta ; &c cet homme parhble fe trouva embartaflé dans des difputes, & fuivi par des inimitiés qui ne le quitterent qu’au bord du tombeau. Il mourut âgé de 86 ans. IL avoit écrit deux ouvrages , l’un del’état des morts &c des ref- fufcités , l’autre de la foi & des devoirs du chré- tien, dont il laiffa des copies à quelques amis, Il en brüla d’autres par humeur. Voici l'analyfe de fon fyfteme. | - Entre le commencement & la fin du monde, on peut concevoir des périodes, des intermédiaires , ou des révolutions générales qui changeront la face de la terre. | : Le commencement de chaque période fut comme un nouvel ordre de chofes, Il viendra un dernier periode qui fera la confom- mation de tout. C'eft fur-tout à ces grandes cataftrophes qu'il faut diriger {es obfervations. Notre terre en a fouffert plufieurs dont l’hiftoire facrée nousinftruit, qui nous font confirmées par l’hiftoire profané , & qu'il faut reconnoître toutes les fois qu'on regarde à fes piés. Le déluge umuverfel en eftune. La terre, au fortir du chaos, n’avoit ni laforme, ni la contexture que nous lui remarquons. Elle étoit compofée de maniere qu'il devoit s’en- fuivre une diflolution , & de cette difolution un déluge. Il ne faut que regarder les montagnes , les val- lées, les mers, les entrailles de la terre, fa furface, pour s’aflurer qu'il y a eu bouleverfement & rup- ture. : Puifqu’elle a étéfubmergée parlepañlé, rien n’em- pêche qu’elle ne foit un jour brûlée. Les parties folides fe font précipitées au fond des eaux ; les eaux ont furnagé ; l’air s’eft élevé au- deflus des eaux. TE Le féjour des eaux & leur poids agifant fur la fur- face de la terre, en ont contolidé l’intérieur. Des pouflieres féparées de l’air, & fe répandant far les eaux qui couvroient la terre, s’y font aflem- blées , durcies, & ont formé une croûte. Voilà donc des eaux contenues entre un noyau & une enveloppe dure, C’eft de-là qu'il déduit la caufe du déluge , la fer- tilité de la premiere terre & l'état de la nôtre. Lefoleil & l’air continuant d’échauffer & de durcir cette croûte, elle s’entrouvrit , fe brifa , & fes mañles féparées fe précipirerent au fond de Pabyfme qui les foutenoit. | De-là la fubmerfon d’une partie du globe , les gouffres , les vallées, les montagnes, les mers, les fleuves , les rivieres , les continences , leurs fépara- tions, les îles &c l’afpeét général de notte globe. Ilparr de-là pour expliquer avec aflez de facilité plufieurs orands phénomenes. Avant la rupture de la croûte, la fphere étoit droite ; après cet événement , elle s’inclina. De - là certe diverfité de phénomenes naturels dont il eft MOS 743 parlé dans les mémoiresqui nousreftent des premiers tems , qui ont eu lieu ; & qui ont ceñé ; Les âges d’or &t defer ; 6'c. | | Ce peut nombre de fuppoñtions lui fufit pour nf. tifier la cofmogomie de Moïfe avec toutes fes cir- conftances. Il pañle de-là à la conflagration générale & à fes fuites ; & fi l’on veut oublier quelques obfervations qui ne s'accordent point avec l’hypothefe de Bur- net, on conviendra qu'il étoit difficile d'imaginer rien de mieux. C’elt une fable qui fait beaucoup d'honneur à l’efprit de l’auteur. D'autres abandonnerent la phyfique , & tour- nerent leurs vues du côte de la morale, & s'oc- cuperent à la conformer à la loi de l'Evangile ; on nomme parmi ceux-ci Seckendorf, Boëcler, Paf- chius, Geuflengius, Becman, Wefenflu, Ge, Les uns fe tirerent de ce travail avec fuccès: d’autres brouillerent le chriftianifme avec différens {yflemes d'éthique tant anciens que modernes , 8 ne {fe mon- trerent n1 philofophes , ni chrétiens, Voyez la mo- tale chrétienne de Crellius, & celle de Danée ; il regne une telle confufion dans ces ouvrages ,; que l’homme pieux & l'homme ne favent ni ce qu'ils doi- vent faire , ni ce qu'ils doivent s’interdire. On tenta auffi d’allier la politique avec la morale du Chrift, au hafard d'établir pour la fociété en gé- néral dés principes qui, fuivis à la lettre, la rédui- roient en un monaftere. Voyez là-deflus Buddée, Fabricius & Pfafius. Valentin Alberti prétend qu’on n’a rien de mieux à faire pour pofer les vrais fondemens du droit na- turel, que de partir de l’état de perfeétion, tel que l'Ecriture-fainte nous le repréfente, & de pañfer en- fuite aux changemens qui fe font introduits dans le caratere des hommes fous l’état de corruption. Voyez {on Compendinum juris naturalis orthodoxiæ Theo- logiæ conformatim. Voici un homme qui s’eft fait un nom au tems où les efprits vouloient ramener tout à la révélation. C’eft Jean Amos Comenius, Il nâquiten Moravie l’an 1592. Il étudia à Herborn. Sa patrie étoit alors le théätre de la guerre. Il perdit fes biens , fes ouvra- ges & prefque fa Hberté. Il alla chercher un afyle en Pologne, Ce fut-là qu'il publia fon Janua lingua- rum referata , qui fut traduit dans toutes les lan gues. Cette premiere produétion fut fuivie du Syzop- Jes phyfice ad lumen divinum reformatæ. On l’appella enSuifle & en Angleterre. Il fit ces deux voyages. Le comte d'Oxenflern le protegea , ce qui ne lem- pêcha pas de mener une vie errante & malheureufe, Allant de province en province & de ville en ville, & rencontrant la peine par-tout, 1l arriva À Amfter- dam. Il auroit pû y demeurer tranquille; mais il fe mit à faire le prophete , & l’on fait bien que ce mé- ter ne s'accorde guere avec le repos. Il annonçoit des pertes, des guerres, des malheurs de toute ef- pece , la fin du monde, qui duroit encore , à fon grand étonnement, lorfqu'il mourut en 1671. Cefut un des plus ardens défenfeurs de la phyfique de Moïfe.ll ne pouvoit fouffrir qu’onla décriât, fur-tout en public & dans les écoles. Cependant il n’étoit pas ennemi de la liberté de penfer. Il difoit du chance- lier Bacon, qu'il avoit trouvé la clef du fanduaire de la nature ; mais qu'il avoit laïflé à d’autres le foin d'ouvrir, Il regardoit la dottrine d’Ariftote comme pernicieufe ; &c 1l r’autoit pas tenu à lur qu’on ne brûülât tous les livres de ce philofophe , parce qu'il n’avoit été m circoncis ni baptile, Bayer n’étoit pas plus favorable à Ariftote ; il pré- tendoit que fa maniere de philofopher ne conduifoit à rien, & qu’en s’y aflujettiflant on difputoit à l'in- fini, fans trouver un point où l’on püt s'arrêter. On peut regarder Bayer comme le duiciple de Come- 744 M OS wius. Outre le Fi du labyrinthe, on a de lui un ou- vrage intitulé, Fundamenta interpretationis & admi- iffrationis generalia ex mundo , mente & Scripturis jaüla, ou Ojlium vel atrium nature fchnographicè deli- seau. Il admet trois principes; la matiere, l’efprit & la lumiere. Il appelle la matiere la maffe w10/a5- que; il la confidere fous deux points de vue, l'un de premiere création, l’autre de feconde créarion, Elle ne dura qu'un jour dans fon état de premiere créa- tion ; iln’en refte plus rien. Le monde, tel qu'il ef, nous la montre dans fon état de feconde création. Pour pafler de: là à la genefe des chofes, il pofe pour principeque la mafle unie à l’efprit &c à la lumiere conftitue le corps ; que la mafle étoit informe, dif- continue, en vapeurs, poreufe & cohérente en quel- que forte; qu'ily a une nature fabricante , un ef- prit vital, dn plafmateur mofaique , des ouvriers ex- ternes , des ouvriers particuliers ; que chaque efpece a le fien , chaque individu ; qu’il y en a de folitaires & d’univerfaux ; que les uns peuvent agir fans le concours des autres ; que ceux-ci n’ont de pouvoir que celui qu'ils reçoivent, &c. Il déduit l’efprit vi- tal de l’incubation de l’Efprit-faint ; c’eft l’efprit vi- tal qui forme les corps felon lesidées de l’incubateur, {on ation eftou médiate ou immédiate,ouinterne ouù externe ; ileft intelligent & fage, a@if & pénétrant ; 1l arrange , 1l vivifie , 1l ordonne ; il fe divife en gé- péral & particulier, en naturel & accidentel, en ter- reftre & célefte, en fidéréal & élémentaire , fubftan- tifique, modifiant , 6c. L’efprit vitalcommence ; la fermentation acheve. À ces deux principes, il en ajoute un inftrumental, c’eft la lumiere ; être moyen entre la mafle ou la mätiere & l’efprit ; de-là naïf- fent le mouvement , le froid , le chaud , & une in- finité de mots vuides de fens,& de fottiles que je n’ai pas le courage de rapporter, parce qu’on n’auroit pas la patience de les lire. IL s'enfuit de ce qui précede, que tous ces auteurs plus inftruits de la region , que verfés dans les fe- crets de la nature , n’ont fervi prefque de rien au progrès de la véritable philofophie. Qu'ils mont point éclairci la religion, & qu'ils ont obfcurci la raifon. Qu'il v’a pas dépendu d'eux qu'ils n’ayent def: honoré Moile, en lui attribuant toutes leurs rè- veries. Qu'en voulant éviter un écueil, ils ont donné dans un autre ; & qu’au lieu d’illuftrer la révélation, ils ont par un mélange infenfé, défiguré la philofophie. Qu'ils ont oublié que les faintes Ecritures n’ont pas été données aux hommes pour les rendre phyfi- ciens, mais meilleurs. Qu'il y a bien de la différence entre les vérités naturelles contenues dans les livres facrés , & les vé- rités morales. | Que la révélation & Ia raifon ont leurs limites, qu'il ne faut pas confondre. Qu'il y a des circonftances où Dieu s’abaifle à notre façon de voir , & qu’alors il emprunte nos idéés, nos expreflions, nos comparaifons , nos pré- jugés-mêmes. Que s’il en ufoit autrement , fouvent nous ne l’en- tendrions pas. Qu’en voulant donner à tout une égale autorité, ils méconnoifloient toute certitude. Qu'ils arrêteront les progrès de la philofophie , & qu'ils avanceront ceux de l’incrédulité. Laiffant doncde côté ces fyftemes , nous acheve- rons de leur donner tout le ridicule qu'ils méritent, fi nous expofons l’hypothèfe de Moife telle que Co- menius l’a introduite. Il y a trois principes des chofes , la matiere, l’ef- prit & la lumiere. La matiere eft une fubftance corporelle, brute, té- MOS ” nebreufe & conffitutive des corps: Dieu en a créé une mafle capable de remplir l’a= byfme créé. Quoiqu’elle füt mviñble, ténébreufe & informe; cependant élle étoit fufceptible d’extenfion, de con- traétion , de divifon , d'union , & de toutes fortes de figures & de formes. La durée en fera éternelle , en elle-même & fous fes formes ; il n’en peut rien périr ; les liens qui la lient font indiflolubles ; on ne peut la féparer d’elle- même , de forte qu'il refle une efpece de vuide au milieu d’elle. L’efprit eft une fubftance déliée , vivante par elle-même , invifble , infenfble , habitante des corps & végétante, | Cet efprit eff infus dans toute la mafle rude & in- forme ; il eft primitivement émané de l’incubation de Efprit Saint ;ileft deftiné à l’habiter, à la pénétrer, à y regner, & à former par l’entremife de la lumiere, lés corps particuliers , felon les idées qui leur font afonées, à produire en eux leurs facultés, à co- opérer à leur génération , & à les ordonner avec fagefle. Cet efprit vital eft plaftique. Il eft ou univerfel ou particulier, felon les fujets dans lefquels il eft diffus, & felon le rapport des corpsauxquels1l préfide ; naturel ou accidentel, per- pétuel ou paflager. | Confidéré relativement à fon origine , il eft ow primordial, ou feminal, ou minéral, ou animal. En qualité de primordial, il eft au deflus du cé- lefte , ou fideré, ou élémentaiaire ; & partie fubf- tantifiant , partie modifiant. Il eft feminal, eu égard à fa concentration géné- rale. Il eft minéral, eu égard à fa concentration fpéci- fique d’or , ou de marbre. Il fe divife encore en vital, relativement à fa puif- fance &c à {es fon@ions ; & il eft total ou principal, & dominant ou partiel, & fubordonné & allié. Confidéré dans fa condition, il eft bbre ou lié, afloupi ou fermentant, lancé ou retenu , &c. Ses propriétés font d’habiter lamatiere, de la mou- voir, de l’égaler , de préferver les idées particulie- res des chofes, & de forrner les corps deftinés à des opérations fubféquentes. La lumiere eft une fubftance moyenne , vifible par elle-même & mobile, brillante, pénétrant la matiere , la difpofant à recevoir Les afpe@ts , & ef- formatrice des corps. Dieu deftina la matiere dans l’œuvre de la créa- tion à être un inftrument univerfel, à introduire dans la maffe toutes les opérations de l’efprit, & à les figner chacune d’un carattere particulier, felon les ufages divers de la nature. La lumiere eft ou univerfelle & primordiale, ou produite & caraétérifée. Sa partie principale s’eft retirée dans les aftres qu ont été répandus dans le ciel pour tous les ufages dif- férens de la nature. Les autres corps n’en ont pris ou retenu que ce qu’il leur en falloit pour les ufages à venir auxquels ils étoient préparés. 4 La lumiere remplit fes fonétions par fon mouve- ment , fon agitation & fes vibrations. Ces vibrations fe propagent du centre à la circon- férence , ou font renvoyées de la circonférence au centre. Ce font elles qui produifent la chaleur & le feu _ dans les corps fublunaires. Sa fource éternelle eft dans le foleil, Si la lumiere fe retire, ou revient en arriere, le froid eft produit ; [a lune eff la région du froid. La lumiere vibrée & la lumiere retirée font l’une êx = & l’autre ou difperiées, Ou réunies , ou libres êr apif- fantes , ou retenues; c’eft felon les corps obelles ré- fident : elles font aufi fous cet afpeët, ou naturelles & originaires, ou adventices ou occafionnelles, ou permanentes & paflageres, outranfitoires. Ces trois principes different entr’eux , & voici leurs différences. La matiere eft l'être premier , l’ef- prit l'être premier vivant , la lumiere Pêtre premier mobile; c’eft la forme qui furvient qui les fpéciñe. La forme eft une difpoñtion, une cara@térifation: des trois premiers principes, en conféquence de la- quelle la mañle eft configurée, l’efprit concentré , la lumiere tempérée; de maniere qu’il y a entr’eux une liaifon , une pénétration réciproque & analo- gue à la fin que Dieu a prefcrite à chaque corps. Pour parvenir à cette fin , Dieu a imprimé aux individus des veftiges de fa fagefle | & des caufes agiflant extérieurement , les efprits reçoivent les idées , les formes , les fimulacres des corps à engen- drer , la connoïffance de la vie, des procédés & des moyens, &c les corps font produits comme il l’a pré- vu de toute éternité dans fa volonté &z fon enten- dement. . Qu'’eff-ce que les élémens, que des portions fpé- cifiées de matiere terreftre , diférentiées particulie- rement par leur denfité & leur rareté, Dieu a voulu que les premiers individus ou ref- taffent dans leur premiere forme, ou qu'ils en en- gendraffent de femblables à eux , imprimant & pro- pageant leurs idées & leurs autres qualités. Il ne faût pas compter le feu au nombre des élé- mens, c’eft un effet de la lumiere. De ces trois principes naïflent les principes des Chimiftes. Le mercure nait de la matierejointe à l’efprit, c’eft Paqueux des corps. De Funion de l’efprit avec la lumiere naît le fel, ou ce qui fait la confiftance des corps. De l’union de la matiere & du feu ou de la ln- imiére , naît le foufre. Grande portion de matiere au premier; grande por- tion d’efprit au fecond ; grande portion de lumiere au troifieme. Trois chofes entrent dans la compofitior del’hom- me, le corps , l’efprit & l’ame. Le corps vient des élémens. L'efprit, de l’ame du monde. L’ame , de Dieu. Mi | Le corps eft mortel, l’efprit difipable , l’ame 1m- mortelle. | L’efprit eft l’organe & la demeure de l’ame. Le corps eft l'organe & la demeure de lefprit. Lame a été formée de l’ame du monde qui lui préexifloit, &z cet efpritintelleQuel différe de l’efprit vital en deoré de pureté & de perfe&ion. Voilà le tableau de la Phyfique mofaiquede Come- nius. Nous ne dirons de la Morale , qu'il défignoit auf par l’épithete de mofaique, qu’une chofe : c’eft qu'il réduifoit tous les devoirs de la vie aux précep- tes du Décalogue. | MoOsAIQUE , f. f. ( Arr. méchaniqg. ) on entend par mofaique nen-feulement l’art de tailler & polir quantité de marbres précieux de différentes couleurs, mais encore celui d'en faire un choix convenable, de les affembler par petites parties de différentes for- mes & grandeurs fur un fond de ftuc, préparé à cet effet,pour en faire des tableaux repréfentant des por- traits, figures , animaux , hiftoires & payfages, des fleurs , des fruits & toute forte de defleins imitant la peinture, On donnoit autrefois différens noms à la ofaique , à caufe de fes variétés; les uns l’appelloient »4/4- que , du latin wuffvum , qui fignifie en général 22 ouvrage délicat ; inpénieux, & bien travailié ; & 3 Tome X, | M O $ 745. felon Scaliger ; du grec goëvo parce que ces fortes d'ouvrages étoient fort polis : en effet, ücov , éuuecof &T juëoimoy {e prennent en ce fens chez les Grecs ; les autres l’appelloient rufrbm , comme on le voit en core dans quelques manufcrits, & fur-tont dans leg infcriptions de Gruter ; d’autres lui ont donné les noms de wafaicum , muféacrm 8 moftäcurn , dermhfeis à comme le rapporte Jean-Louis Vives, 4h. XVI. S, Auguftin , de civitate Dei ; d’autres encore le font dériver du grec gui , mufico cantu , où d’un mot hébreu, qui veut dire mélange ; mais Nebricenfis &z quelques autres croient , & ce qui paroit plus vraif: femblable, qu’il dérivedu grec Hoÿsa , mufe, parce que ; dit-il, il falloit beaucoup d’art pour ces fortes de peintures, & que la plûpart feryoient d’ornes ment aux mufes. | L'ufage de faire des ouvrages de mofaique ef, fe- lon quelques auteurs, fort ancien. Plufenrs prés tendent que fon origine yient des Perfes qui, fort curieux de ces fortes d’otlVrages , avoléntéxcité les peuples voifins à en faire d’exaêtes fecherches. Nous voyons même dans lEcrituré fainte qu'Afluérus leur roi, fit conftruire de fon tems un pavé de mar- bre fi bien travaillé, qu’il imitoit la peinture. D’au: tres affurent que cet art prit naiflance à Conftanti: nople , fondés fur ce que cette ville étoit de leur tems la feule dont prefque toutes les églies & les bâtimens particuliers en étoient décorés , & qüe de- là 11 s’eft répandu dans les autres province de l’Eu- rope. En effet, on en tranfporta des confins de ce royaume chez les peuples voifins d’Affyrie, de -1à en Grece , & enfin, felon Pline, du téms de Sylla, on en fit venir dans le Latium pour augmenter les dé- corations des plus beaux édifices. Ce qu'il y a de vrai, c'eft qu'il commença à paroître vers le tems d’Aua gufte, fous le nom d’une nouvelle invention. C’é- toitune façon de peindre des chofes de conféquence avec des morceaux de verre qui demandoient une préparation particuliere.. Cette préparation confif- toit dans la façon de le fondre dans des crenfets , dans celle de le couler fur des marbres polis , & dans celle de le tailler par petits morceaux , foit avec destran- chans, foitavec des fcies faites exprès, & de les po= lir pour les affembler enfuite fur un fond de fuc.(On peut voir dans les ouvrages de Nerius un fort beau traité fur cette partie. ).A ces morceaux de verre fuc- céderent ceux de marbre, qui exigeoient alors beau- coup moins de difiicultés pour la taille; enfin cet art néglisé depuis plufieurs fiecles, a été enfuite aban- donné , fur-tout depuis que l’on a trouvé la maniere de peindre fur toutes fortes de métaux, qui eft beau coup plus durable , n’étant pas fujette, comme la premiere, à tomber par écailles après un long tems. On lui donnoit autrefois le nom de marqueterie en pierre ; que l’on diftinguoit de marqueterie en bois, ou ébénifterie ; &c fous ce nom l’on comprenoit non- feulement l'art de faire des peintures par pierres de rapport, mais ençore celui de faire des comparti- mens de pavé de diflérens defleins, comme l’on en voit dans plufieurs de nos églifes ou maifonsroyales ; ouvrage des marbriers. Ce font maintenant ces ou- vriers qui font chargés de ces fortes d'ouvrages , comme travaillant en marbre de différente maniere. La mofzique fe divife en trois parties principales ; la premiere a pour objet la connoiffance des difé- rens marbres propres à fes ouvrages; la deuxieme cit la maniere de préparer Le mafhe qui doit les res cevoir , celle de l’appliquer fur les murs, pavés & autres lieux que l’on veut orner de ces fortes de peintures , pour y pofer enfuite les différentes petites pieces de marbre; & la troifieme eft l’art de joindre enfemble ces mêmes marbres, & de les polir avec propreté pour en faire des ouvrages qui imitent la | peinture. ne B Bbbh M OS de griotte. de bleu turquin. de ferancolin. de balvacaire. Premiere partie. Des marbres, Les marbres fe trou- vant expliqués fort au long à l’arsicle de la MAÇoON- NERIE, nous nous contenterons ici de les défigner fimplement par leurs noms. Des rmarbres antiques, Vos à Marbres antiques. de campan. ue ï de lapis. lbatt Eee esignan : | de Savoie. Ro Sen n loriental. rare le varié. le fleuri. dé Ha ce d’albâtre : (Pagatato. At) Un le moutahuto. d'Auvergne. le violet. de Bourbon. le roquebrue. de lon * d'Egypte. | Ne se. | d'Italie. | de Sicile. $ dernes de granit, de. dite de ST Mae d’Antin. violet, de ob antique. de Cerfontaine. de jafpe. » conféquent un adjeétif pris fubftantivement ; ces » deux7zors ne changent point de rature, quoiqu’em- # ployés pour énoncer le membre conjonétif de la » phrafe ». (som. II. pag. 284.) Maisil eft conftant qu'une prépoftion avec fon complément, et l’équi- valent d’un adverbe , & que tout mor qui eft l'équu- valent d’une prépofñition avec fon complément eft un adverbe ; d’où il fuit que quand on écriroit de fuite parconféquent ,1l n’en feroit pas moins adverbe, parce que étymologie y retrouveroit toujours les mêmes élémens , & la Logique le mème fens. C’eft par la même raïfon que l’on doit regarder comme de fimples adverbes , les moss fuivans ré- putés communément conjonétions. Cependant , néanmoins , pourtant , toutefois, font adverbes ; l’abréviateur de Richelet Le dit expreffé- ment des deux derniers , qu'il explique par les pre- miers, quoiqu’à l’article zéanmoins il défigne ce mor comme conjonétion. Lorfque cependant ft relatifau tems, c’eftun adverbe qui veut dire perdant ce tems ; &t quand 1l eff fynonyme de néanmoins | pourtant, romefors , il figniñie, comme les trois autres, malgré ou zonobffant cela, avec les différences délicates que l’on peut voir dans les fynonymes de Pabbé Girard. Enfin c'eft évidemment ezfin, c’eft-à-dire pour fin, pour article final , finalement , adverbe. C’eft la même chofe d’afz, au lieu de quoi l’on difoit anciennement & celle fr, qui fubffte encore dans les patois de plufieurs provinces, & qui en eft la vraie interprétation. Jujque, tegardé par Vaugelas ( Rem. 514, ) com- me une prépofñtion, & par l’abbé Girard , com- me une conjonétion , eft effeétivement un adverbe, qui fignifie à-peu-près Jazs difcontinuation , fans ex- ception , €, Le latin #/que, qui en eft le correfpon- MOT 759 dant 8e radical, fertronverpareillémentemplosé à-peu-près dans le fens deyugier; affiduè., indefinenx ter continue ; 0 ce dermeriveut dire 22 fpatro(teme poris aut loci ) continuo ; ce qui eft remarquable, pétcequenotrez/ques emploie également avec.re- lation au tems & au lieu, we) Pourvu fignifie fous la-cordition ; & c’eftainfique l'explique l’abréviateur de Richelet ; c’eft donc ur advérbe,- | 250 Q0 Quant fignifie relativement; par rapport .: 4 12 Surrour vient de fur:towr} e’eft-à-dire principales ment : left f évidemmentadverbe , qu'il eft furprea nant qu’on fe foit avifé d'en faire une conjonétion. “0 Tantétrépété veut dire, la.premiere fois ; duzs antems ÿ 8&t la feconde fois ,'dans uniautté temsà TANTOT careffante G'TANTOT dédaigneufe, c’'eft-à= dire careffante dans un tems 6 dédaigneufe-dans un au= tre Les Latinsrépetent dans le même fens l’adverbe aunc, quine devient pas pour cela conjonétion. . Remarquez que dansitous les mots que nous vé- nons devoir, nous n’avonsrien trouvé de: conjonc- tif qui puifle autoriler les Grammaïriens à les rez garder. comme conjonéhons. IL n’en eft pasde même de quelques autres mots; qui étant analyfés , ren ferment en effet la valeur d’une prépoñtion avecfom complément , & de plus un #01 fimple qui ne: peut fervir qu'à lier. . Par exemple, «nf, auffe, donc, partant: fignifient & par cette raifon | 6: pour cette caufe | 6 par confe- guent | 6 par refultat : ce {ont des adverbes , fi vous voulez , mais qui indiquent encote une liaifon : & comme l’expreffion déterminée du complément d’un rapport, fait qu’un #04, fous cet afpeét , n’eft plus uneprépofñtion, quoiqu'il la renferme encore, mais un adverbe ; lexpreffion de la liaifon ajoutée à la fignification de l’adverbe doit faire pareillementre- garder le #25 comme conjonétion, & non comme adverbe , quoiqu'il renferme encore l’adverbe. C'éft la même chofe de lorfque , quand, qui veu- lenvdire dans le tems que ; quoique , qui fignifie #4/- gré la taifon, ou la caufè, ou le motif que ; puifque, qux veut dire par la raifon fuppolée ou pofte que ( pofito guod, qui.en eft peut-être l’origine , plutôt que po/£- quamafigné comme tel par Ménage ) ; ff, c’eft-à-dire Jous la condition que | &c. La facilité avec laquelle on a confondu les adver- bes & les conjonétions , femble indiquer d’abord que ces deux fortes de z#0rs ont quelque chofe de commun dans leur nature ; & ce que nous venons de remarquer en dernier lieu met la chofe hors de doute , en nous apprenant que toute la fignification de l’adverbe eft dans la conjonétion, qui y ajoute de plus l’idée de liaifon entre des propofñitions. Con- cluons donc que es conjontfions font des mots qui dé. fignens éntre les propofitions, une liaifon fondée fur les rapports qu’elles ont entre elles. De-là la diffinétion des conjonétions en copulati- ves, adverfatives, disjon@ives , explicatives , pé- riodiques, hypothétiques, conclufives, caufatives tranfitives & déterminatives , felon la différence des rapports qui fondent la liaifon des propoñitions, Les conjonétions copulatives, & , n1,( & enlatim G ,ac,atque, que, nec , neque ), défignent entredes propofitions femblables , une Haïfond’unité ; fondée fur leur fimilitude. Les conjonétions adverfatives mais , quoique, ( &E en latinféd, at, quamwis, esf, &c.), défignententre des propofitions oppofées à quelques égards, une liaifon d'unité , fondée fur leur compatibilité intrins feque. Les conjon@ions disjonives ox, foi, (ve, vel, ant, feu, five, ) défignent entre des propofñitions in- compatibles , une liaifon de choix , fondée fur leur inçompatibilité mêmes | 760 MOT Les conjon@ions explicatives favoir ; ( quippe ; nempe, nimirim, fcilicet, videlice > ) défignent entre les propoñitions ; une liaifon d'identité , fondée fur ce que l’une eft le développement de l'autre. Les conjonétions périodiques quand, lorfque , ce , ) défignent entre les propofitions , une liai- on pofñitive d'exiftence ; fondée fur leur relation à une même époque. Les conjon@ions hypothétiques {, ffron , (Je, zifc, Jën, ) défignent entreles propoñitions , une lrai- fon conditionnelle d’exiftence ; fondée fur ce que la feconde eft une fuite de la premiere. Les conjonétions conclufives «inf, auffi | donc, partant , (ergo , igitur, &tc. )défignent entre les pro pofitions ; une liaifon néceffaire d’exiftence , fon- dée fur ce que la feconde eft renfermée éminemment dans la premiere, Les conjonétions caufatives car, puifque, (narr, enim, etenim , quoniam, quia , ) défignent entre les propofitions , une liaifon néceffaire d’exiftence , fondée fur ce que la premiere eft renfermée éminem- ment dans la feconde. . Les conjon&ions tranfitives or , ( aïqui, autem, &c.) défignent entre les propoñitions , une liaifon d’affinité , fondée fur ce qu’elles concourent à une même fin. MOT. Les conjonttions déterminatives que | pourquoi > (qudd ,quam, cum , ut, cur, quare , &ec. ) défignent entre les propoñitions, une liaifon de détermination, fondée fur ce que l’une , qui eft incidente , déter- mine le fens vague de quelque partie de l'autre, qui eft principale. x On voit par ce détail la vérité d’une remarque de M. Pabbé Girard, ( som. Il, pag. 25 7.) «que les » conjonétions font proprement la partie fyftémati- » que du difcours ; puifque c’eft par leur moyen qu’on » aflemble les phrafes , qu’on lie les fens , & que » l’on compofe un tout de plufieurs portions , qui, » fans cette efpece, ne paroïîtroient que comme des » énumérations ou des liftes de phrafes , & non »# commeun ouvrage fuivi & affermi par les liens de » l’analogie ». C’eft précifément pour cela que je di- vife la claffe des mors indéclinables en deux ordres de mois, qui font les fupplétifs & les difcurfifs : les adverbes & les prépoñtions font du premier ordre, on en a vu la raifon ; les conjonétions font du fe- cond'ordre, parce qu’elles font les liens des propo- fitions , en quoi confifte la force, l'ame & la vie du difcours. Je vais rapprocher dans un tableau raccourci les notions fommaires qui refultent du détail de l’ana- lyfe que nous venons de faire. | SYSTÈME figuré des efpeces de mots. AFFECTIFS. NATIFS. MOTS. DÉCLINABLES. SUPPLÉTIFS, INDETEKMI. DETERMI- NATIFS. ÉNONCIATIFS. INDÉCLINABLES. DISCURSIFS. … Cette feule expoñtion fommaire des différens or- dres de mors eft fufifante pour faire appercevoir combien d’idées différentes fe réuniffent dans la G- gnification d’un feul 0r énonciatif; & cette multi- plication d'idées peut aller fort loin, fi on y ajoute encore celles qui peuvent être défignées par les dif- férentes formes accidentelles que la déclinabilité peut faire prendre aux m0#s qui en font fufceptibles , telles que font , par exemple, dans amaverat, les idées du mode , du nombre , de la perfonne, dutems: & dans celle du tems, les idées du rapport d’exif- tence à l’époque, & du rapport de l’époque au mo- ment de la parole. Cette complexité d'idées renfermées dans la f- enification d’un même mor, eff la feule caufe de tous les mal-entendus dans les arts, dans les {ciences, dans les affaires, dans les traités politiques & civils ; c’eft l'obflacle le plus grand quife préfente dans la recher- Noms. jan | Qvenars. ADVERBES. CoNJoONcTIoNs INTERJECTIONS. , $ fubftantifs. * à abftractifs. 1 propres. 2. : génériques. APRELAES {pécifiques, de Îa I. perfonne. PRONOMS. de la IT. perfonne. de la 1{1. perfonne. | È j phyfiques. métaphyfiques. fubftantif ox abftrait. { aftifs. adjectifs ou concrets, {me neutres. PRÉPOSITIONS. de tems, de lieu. d'ordre. de quantité, de caufe. de maniere. copuativess adverfativese disjonctives. explicatives. périodiques, hypothétiques. concluives, caufatives. tranhHtives. déterminatives. È che de la vérité, & l’inffrument le plus dangereux dans les mains de la mauvaife foi. On devroit être continuellement en garde contre les furprifes de ces mal-entendus : mais on fe perfuadeau contraireque, puifqu’on parle la même langue que ceux avec qui l’on traite, on attache aux os les mêmes fens qu'ils y attachent eux-même ; izde mali labes, Les Philofophes préfentent contre ce mal une foule d’obfervations folides, fubtiles , détaillées, mais par-là même difficiles à faifir ou à retenir : je n’y connois qu'un remede , qui eft le réfultat de tou- tes les maximes détaillées de la Philofophie : expi- guez-vous avant tout , avant que d'entamer une dif= cuffion ou une difpute , avant que d’avouer un prin- cipe ou un fait , avant que de conclure un ae ou un traité. L'application de ce remede fuppofe que l’on fait s'expliquer, & que l’on eft en état de dif- tinguertout ce qu'une faine Logique peut apperce- voir vôir dans la fignificätion des mors ; ce qui prouve , en paflant, l’importancede l'étude de la Grammaire bien entendue ; & l’injuftice ainf que le danger qu'il peut yavoir à n'en pas faire aflez de cas. … Ori. ilfaut diffinguer dans les r2oss la figmification obje&ive & la fignification formelle, La fignification objettive, c'eft l’idée fondamentale qui eft-lobjet de la fignification du mor, & qui peut être défignée par des #0rs de différentes efpeces : la fignification formelle , c’eft la maniere particuliere dont le #04 préfente à l'efprit l’objet dontil eft le figne, laquelle ‘eft commune à tous les mots de la même efpece, & ne peutconvenir à ceux des autres efpeces,! … Le même objet pouvant donc être fignifié par des mots de différentes efpeces, on peut dire que tous ces mots ont une même fignification objedive , parce qu’ils repréfententtous la même idée fondamentale ; mais chaque efpece ayant fa maniere propre de pré- fentér l’objet dont il eft le figne , la fignification for- mellé eft néceflairement différente dans des ors de diverfes efpeces, quoiqu'ils puiflentavoir une même fignification objettive. Communément ils ont dans ce cas ; une racine générative commune, qui ef lé type matériel de l’idée fondamentale qu'ils repré- fentent tous ; mais cette racine eft accompagnée d’inflexions &c de terminaïfons , qui, en défignant la diverfité dés efpeces , caraétérifent en même tems la fignification formelle. Aïnfi la racine commune aïn dans aimer | amitié, ami , amical, armicalement, éft le type de la fignification objeétive commune à tous ces mots, dont l’idée fondamentale eft celle de ce fentiment affectueux qui lie les hommes par la bienveillance ; mais les diverfés inflexions ajoutées à cette racine, défignent tout-à-la-fois la diverfité des efpeces , & les différentes fignifications formel- les qui y font attachées. C’eft pour avoir confondu la fignification obje&i- ve & la fignification formelle du verbe, que Sanc- tius, le grammairien le plus favant & le plus phi- lofophe de fon fiecle, a cru qu'il ne falloit point ad- mettre dé modes dans les verbes: 1l croyoit qu'il étoit queftion des modes de la fignification obje@i- ve, quis’expriment en effet dans la langue latine communément paf l'ablatif du nom abftrait qui en eft le figne naturel, & fouvent par l’adverbe qui ren- ferme la même idée fondamentale ; au lieu qu'iln’eft queftion que dés modes de la fignification formelle , c’eft-à-dire des diverfes nuances ; pour ainf dire, qu'il peut y avoir dans la maniere de préfenter l’idée objettive. Foye; MODE, 2°, I] fant encore difinguer dans la fignification objeétive des mots Pidée principale & les idées ac- cefoiïres. Lorfque plufñeurs 0rs de la même efpece repréfentent une même idée objeétive , variée feu- lement de l’une à l’autre par des nuances différentes qui naïffent de la diverfité desidées ajoutées à la pre- iiere ; celle qui eft commune à tous ces zors , eft Pidée principale ; & celles qui y font ajoutées & qui différencient les fignes, font les idées accefloires. Parexemple , amour & amitié font des noms abftrac- tifs , qui préfententégalement à l’efprit l’idée de ce fentiment de l’ame qui porte les hommes à fe réunir ; c’eft l'idée principale de la fignification objeétive de ces deux sors: mais le nomamour ajoute à cetteidée principale ; l’idée accefloire de l’inclination d’un fexe pour l’autre; &tle nom zmirié y ajoute l’idée accefloire d’un jufte fondement , fans diftinétion de fexe. On trouvera dans les mêmes idées accefloires 1a différence des noms fubftantifs amant 8 ami, des adjetifs émoureux 8T amical , des adverbes amoureu- femerit & amicalement. .… C’eft fur la diftinétion des idées principales & ac- cefloires de la fignification objeftive , que porte la différence réelle des woss honnêtes & deshonnêtes ; _ Ten À, t M OT 761 que Les Cyniques traitoient de chimérique ; & c’é- toit pour avoir négligé de démêler dans les sors les différentes idées accefloires que l’ufage peut y atta- cher, qu'ils avoierit adopté le fyftème impudent de l’indifférence des termes , quiles avoit enfuite menés jufqu'au fyftème plus impudent encore de l’indifé- rence des a&tions par rapport à l'honnêteté. Foyez DESHONNÊTE. , : Æ | : Quand on ne confidere dans les z1o1s de la même efpece ; qui défignent une même idée objettive principale , que cette feule idée principale , 1ls font fynonymes: mais ils ceffent de l'être quand on fait attention aux idées accefloires qui Les différencient. Voyez SYNONYMES, Dans bien des cas on peut les employer indiftinétement & fans choix ; c’eft fur- tout lorfqw’on ne veut & qu’on ne doit préienter dans le difcours que l’idée principale ; & qu'il n’y a dans la lângue aucun #05 qui l’exprime feule avec abftraétion deroute idée accefloire ; alorsles circonf- tances font affez connoître que l’on fait abftraétion des idées accefloires que l’on défigneroit par le mê- me z70t en d’autrés occurrences : mais:s’il y avoit dans la langue un 707 qui fignifiât l’idée principale feule & abftraite de toute autré idée accefloire, ce feroit en cette occafon une faute contre la juitefle, de ne pas s’en fervir plutôt que d’un autre auquel l’ufage auroit attaché la fignification de la même idée modifiée par d’autres idées accefloires. Dans d’autres cas, la juiteffe de l’expreflion exige que lon choïfiffe fcrtipuleufement entre les fynony- mes ; parce qu'il n'eft pas toujours indifférent de préfenter l’idée principale fous un afpeét ou fous un autre. C’eft pour faciliter ce choix important, & pour mettre en état d’en fentir le prix & les heuréux effets, que M. l’abbé Girard a donné au public fon livre des fynonymes françois ; c’eft pour augmenter ce fecouts que l’on a répandu dans l'Encyclopédie différens articles de même nature ; & ilferoità fouhai- ter que tous les gens de lettres recueilliffent les obfer- vations que le hafard peut leur offrir fur cet objet ët les publiaffent par les voies ouvertes au public:if enréfuiteroit quelque jour un excellent diétionnaire, cequi eft plusimportant qu’on nele penfe peut-être ; parce qu’on doit regarder la juftefle de l’élocution non-feulement comme une fource d'agrément & d’é- légance, mais encore comme l’ün des moyens les plus propres à faciliter l'intelligence & la communi- cation de la vérité. Aux mots{ynonymes , caraétérifés par l'identité du fens principal , malgré les différences matérielles ; on peut oppofer les 7015 homonymes , cara@érifés au contraire par la diverfité des fens principaux malgré l’identité on la reffemblance dansle matériel. Voyez Homonymes. C’eft fur-tout contre l’abus des homonymes que l’on doit être en garde, parce que c’eft la reffource la plus facile, la plus ordinairé , & la plus dangereufe de la mauvaife foi. | 3°. La diftinétion de l’idée principale & des idées accefloires a lieu à l’évard de la fignification for- melle ; comme à l'égard de la fignification obje@ive. L'idée principale de la fignification formelle , ef celle du point de vüe fpécifique qui cara@érife l’ef- pece du #04, adaptée à idée totale de la fignifica- tion objeéive : & les idées accefloires de la fiymifica- tion formelle ; font celles des divers points de vûe accidentels ; défignés ou défignäbles parles différen- tes formes que la déclinabilité peut faire prendre à un même #0r, Par exemple, amare, amabam, ama- viflent , font trois mors dont la fignification objedtive renferme la même idée totale, celle du fentiment général de bienveillance que nous ayons déja vû ap- partenir à d’autres m04s pris dans notre langue: en outre , ils préfentent également à l’efprit des êtres | indéterminés., défisnés {eulement par l’idée de Ben, | 3 Le) P iG | Xl D D ddd 762 MOT tence fous l’attribut de ce fentiment : voilà ce qui conftitue l’idée principale de la fignification formelle de ces trois mors. Maïs les inflexions & les termi- naifons qui les différencient, indiquent des points de vûe différens ajoutés à l'idée principale de la fignifi- cation formelle : dans amare , on remarque que cette fignification doit être entendue d’un fujet quelcon- que, parce que le mode eftinfinitif ; que l'exiftence en eft envifagée comme fimultanée avec une épo- que , parce que le tems eft préfent; que cette épo- que eft une époque quelconque, parce que ce pré- {ent eff indéfini: dans amabam &t amaviflent , on voit que la fignification doit être entendue d’un fujet déterminé, parce que les modes font perfonnels ; que ce fujet déterminé doit être de la premiere perfonne 8x au nombre fingulier pour amabam , de la troifie- me perfonne & du nombre pluriel pour amaviffent ; que l’exiftence du fujet eft envifagée relativement à une époque antérieure au moment de la parole dans chacun de ces deuxrmoss , parce que les temsen font antérieurs, mais qu’elle eft fimultanée dans amabam qui eft un préfent, & antérieure dans amaviffent qui eft un prétérit, &c. 1 C’eft fur la diftindion des idées principales êc ac- cefloires de la fignification formelle , que porte la diverfité des formes dont les mors fe revêtent felon les vûes de l’énonciation ; formes fpécifiques , qui , dans chaque idiôme , caraëtérifent à-peu-près l’ef- pece du #01; & formes accidentelles , que l’ufage de chaque langue a fixées relativement aux vües de la fyntaxe, & dont le choix bien entendu eft le fon- dement de ce que l’on nomme Za correëlion du fiyle , qui eft l’un des fignes les plus certains d’une éduca- tion cultivée. Je finirai cet article par une définition du oz la plus éxa@e qu'il me fera pofhble. L'auteur de la Grammaire générale ( part, II. ch. j.) dit que« l’on » peut définir les mors , des fons diftinéts & articulés » dont les hommes ont fait des fignes pour fignifier » leurs penfées ». Mais il manque beaucoup à l’exac- titude de cette définition. Chaque fyllabe eft un fon diflin@ & fouvent articulé , qui quelquefois fignifie quelque chofe de nos penfées : dans amaveramus , la fyllabe am eft le figne de Pattribut fous lequel exilte le fujet ; av indique que le tems eft prétérit (voyez TEMS. ); er marque que c’eft un prétérit défini ; am final défigne qu'il eft antérieur ; 25 mar- que qu’il eft de la premiere perfonne du pluriel; y a-til cinq rois dans amaveramus ? La prépoñtion françoife ou latine 4, la conjonétion ox, l’'adverbe y, le verbe latin «, font des fons non-articulés , 6t ce font pourtant des 10rs. Quand on dit que ce font des Jignes pour fignifier les penfées , on s'exprime d’une maniere incertaine ; car une propoñtion en- tiere , compofée même de plufieurs mors , n’exprime qu'une penfée; n’eft-elle donc qu’un mor ? Ajoutez qu'il eft peu correét de dire que les hommes ont fait des fignes pour fignifer ;, c’eft un pléonafme. Je crois donc qu'il faut dire qu'urz mot eff une tota- liré de [ons , devenue par ufage, pour ceux qui l'en tendent , le figne d’une idée totale. 1°. Je dis qu’un or eft unetotalité de fons ; parce que, dans toutes les langues, 1l y a des 77045 d’une & de plufieurs fyllabes , & que Punité eft une to- talité auffi-bien que la pluralité. D'ailleurs , j’exclus par-là les fyilabes qui ne {ont que des ions partiels , & qui nefont pas des mots , quoiqu’elles défignent quelquefois des idées ; même complexes. 29. Je n’ajonte rien de ce qui regarde l’articula- tion ou la non-articulation des ons ; parce qu'il me femble qu'il ne doit être queftion d'un état détermi- né du fon, qu'autant qu'il feroit exclufivement né- ceffaire à fa notion que lon veut donner: or, il eft indifférent à la nature du mor d’être une totalité de fons articulés ou de fons non-articulés ; & l’idée feule du fon, faifant également abftraétion de ces deux états oppofés, n’exclut ni lun ni l’autre de la notion du m0 : fon fimple, fon articulé, fon aigu, fon grave, fon bref, fon alongé, tout y eft ad- mifible. | 3°, Je dis qu'un or eft le figne d’une idée totale ; &1l ya plufieurs raifons pour m’exprimer ainfi. La premiere, c’eft qu'on ne peut pas difconvenir que fouvent une feulefyllabe , oumême une fimple arti- culation , ne foit le figne d’une idée, puifqu'iln'y a niinflexion ni terminaifon qui n’ait {a fignification propre: mais les objets de cette fignification ne font que des idées partielles, & le 707 entier eft nécef- faire à l’expreflion de l’idée totale. La feconde rai- fon, c’eft que fi l’onn’attachoit pas à la fignification du 10t une idée totale, on pourroit direque le mor, diverfement terminé, demeure le même, fous pré- texte qu'il exprime toûjours la même idée princi- pale; mais l’idée principale & les idées accefloires font également partielles, & le moindre change- ment qui arrive dans l’une ou dans Pautre eft un changement réel pour la totalité ; le mo alors n’eft plus le même, c’en eft ur autre, parce qu’il eft le figne d’une autre idée totale. Une troifieme raifon, c’eft que la notion du "04 ainfi entendue eft vraie, de ceux même qui équivalent à des propofitions en- tieres, comme oui , 207, allez , morieris ,; &tc. car touteune propoftion ne fert qu'à faire naître dans l’efprit de ceux qui l’entendent une idée plus précife & plus développée du fujet. 4°. J'ajoute qu'un wot eff figne pour ceux qui l’entendent. C’eft que l’on ne parle en effet que pour être entendu ; que ce qui fe pañfe dans l’efprit d’un homme, n’a aucua befoin d’être repréfenté par des fignes extérieurs, qu'autant qu'on vent le commu niquer'au-déhors ; & que les fignes font pour ceux à qui ilsmanifeftent les objets fignifiés. Ce n’eft d’ail- leurs que pour ceux qui entendent que les interjec- tions font des fignes d'idées totales, puifqu’elles n’indiquent dans celui qui les prononce naturelle- ment que des fentimens. s°. Enfin, je dis qu’un m4 devient par ufage le figne d’une idée totale, afin d’afligner le vrai & unique fondement de ia fignification des mots. « Les » mots , dit le pere Lami ( Rhér. iv. I,ch.iv.) , ne » fignifient rien par eux-mêmes , ils n’ont aucun » rapport naturel avec les idées dont ils font les fi- » gnes ; & c’eft ce qui caufe cette diverfité prodi- » gieufe de langues : s’il y avoit un langage natu- » rel, il feroit connu de toute la terre & en ufage » par-tout».C’eftune vérité que j’ai expofée en dé- tail & que je crois avoir bien établie à l’arsicle LAN- GUE (are. I. fub fin. ). Mais fi les moës ne fignifient pas par sature , ils fignifient donc par inftitution ; quel en eft l’auteur? Tous les hommes, ou du-moins tous les fages d’une nation, fe {ont-ilsaffemblés pour régler dans une délibération commune la fignifica- tion de chaque #02, pour en choiïfir le matériel , pour en fixer les dérivations & les déclinaifons à Perfonne n’ignore que les langues ne fe font pas tor- mées ainfi. La premiere a été infpirée, entoutouen partie, aux premiers auteurs du genre humain : &e c’eft probablement la même langue que nous par- lons tous, & que l’on parlera toûjours & par-tout, mais altérée par leschangemens qui y furvinrent d’a- bord à Babel en vertu tel’opérauon muraculeufe du Tout-Puiffant, puis par tous les autres qui naïffent infenfblement de la diverfité destems, des climats, des lumiéres, & de mille autres circonftances di- verfement combinées. « Il dépend de nous, dit en- » core le pere Lami ( id. ch. vi. ) , de comparer » les chofes comme nous voulons »; ( ce choix des comparaifons n’eft peut-être pas toûjours fiarbitraire qu'il l'aflure, & il tient fouvent à des catfes dont lPinfluence eft irréfftible pour les nations, quoi- qu’elle pat être nulle pour quelques individus; mais du moins eft-1l certain que nous comparons très- différemment ; 6 cela fuffit ici : car c’eft ) « ce qui # fait, ajoute-t-1l , cette stande différence qui eft » entre les langues. Ce queles Latins appellent jé- » neftra , les Efpagnols Pappellent vezranx, lès » Portugais janella ; nous nous fervons aufi de ce » nom croifée pour marquer la même chofe. Fenef- » (ras Vents , jarta ; Crux , font des mots latins. » Le françois ; lefpagnol, lé portugais viennent » du latin », (c'eft-à-dire, que ces trois idiômes ont emprunté beaucoup de 105 dans la langue la- tine, & c’eft tout : ) « mais les Efpagnols confidé- » rant que les fenêtres donnent pañlage aux vénts , # les appellent verranz de vertus : les Portugais » ayantregardé les fenêtres comme de petites por- » tes, ils les ont appellées jane/la de Janua : ños fe > nêtres étoicnt autrefois partagées en quatre pat- » ties avec des croix de pierre ; On les appelloit pour > cela des croiftes de crux : les Latins ont confidéré » que l’ufage des fenêtres eft de recevoir la lumiere ; » le nom fexxe/ftra vient du grec qaiva qui fignifie re- > luire, C'eit ainf que Îles différentes manières de » voir les chofes portent à leur donner différens » noms ». Et c’eftainfi, puis-je ajouter , que la di- verfité des vües introduit en divers lieux des 7ots très-différens pour exprimer les mêmesidées totales ; ce qui diverhhe les idiômes, quoiqu'ils viennent tous originairement d’une même fource. Mais ces différens mors, rifqués d’abord par un particulier qui n'en connoît point d'autre pour exprimer fes idées telles qi’elles font dans fonefprit, n’en devien- nent les fignes univerfels pour route la nation, qu’a- près qu'ils ont pañlé de bouche en bouche dans le même fens; & ce n’eftqu'alors qu'ils appartiennent à l’idiôme national. Ami c’eft l’ufage qui autorife les mots, qui en détermine le fens & l'emploi, qui en eft l’inftituteur véritable & l'unique approbateur. Mais d’où nous vient le terme de 107 ? On trouve dans Lucilius , z07 axder dicere murtum ( in’ofe dire: un 01 ); & Cornutus , qui enfeigna la Philofophie à Perfe, & qui fut depuis fon commentateur, re- marque fur la premiere fatyre de fon difciple, que les Romains difoient proverbialement, zum nul- lum emiferis (ne dites pas un feul or). Feftus té- moOigne que zurire, qu'il rend par logui , {e trouve dans Enmus; ainfi wxrum & mutire, qui paroiffent venir de la même racine, ont un fondement ancien dans la langue latine. se Les Grecs ont fait ufage de la même racine, & ils Oût wblos, difcours ; paudyruc | parleur ; & uube, parler. D'après ces obfervations, Ménage dérive #07 du latin murum ; & croit que Périon s’eft trompé d’un degré, enle dérivant immédiatement du grec aber. Il fe peut que nous l’ayons emprunté des Latins , êc les Latins des Grecs; mais 1l n’eft pas moins poff- ble que nous le renions direftement des Grecs , de . qui, après tout, nous en avons recu bien d’autres : &z la décifion tranchante de Ménage me paroït trop hafardée, n'ayant d'autre fondement que La priorité de Ja langue grecque fur la latine. Jajoute qu’il pourroit bien fe faire que les Grecs, les Latins , & les Celres de qui nous defcendons, euflent également trouvé ce radical dans leur pro- pre fonds, & que l’onomatopée l’eût confacré chez ous du même ufage, par un tOur d'imagination qui eit univérfel parce qu'il eft naturel. Ma, mé, mé, 11, ML, M0, 12, ou, {ont dans toutes les lan- gues les prenueres fyllabes arniculées, parce que eft la plus facile deétoutes les articulations ( voyez LANGUE ‘art III, 5j, n, 1, ); ces fvilabes dor- Torne Xe . | MOT 703 vent donc fe prendre aflez naturellement pour figni. fier les prémieres idées qui {e préfentent; & l’on peut dire que l’idée de là parole eft lune des plus frappantes pour des êtres qui parlent, On trouve en- core dans le poëte Lucilius, 202 laudare homirem guemquam | nec Mu facere unquam ; Où l’on voit ce muindéclinable, montré comme l’un des prémiers élémens de la parole. Il eft vraiffemblable que les premiers inftituteurs de la langue allemande l’envi- fagerent à-peu-près demême, puifqu'ils appellerent rit ; la penfée, par une métonymie fans doute du figne pour la chofe fignifiée : & ils donnerént enfuite le même nom à la fubftance de lame , par une autre métonymie de l'effet pour la caufe. Voyez MÉTONY- Mie. (BE. R. M.) MOT, TERME , EXPRESSION, ( Synoz. ) Le mot, dit l'abbé Girard, eft de la langue ; l'ufage en décide. Le rerme eft du fujet ; la convenance en fait la bonté. L’expreffion eft de la penfée ; le tour en fait le mérite. | La pureté du langage dépend des mors ; fa préci- fion dépend des zermes ; & fon brillant dépend dés expreffions. Tout difcourstravaillé demande que lesors foient françois ; que les sermes foient propres; & que les ex- preffions {oient nobles. Un mor hafardé choque moins qu'un #07 qui a vieilh. Les £ermes d'art font aujourd’hui moins igno- rés dans le grand monde; il-en eft pourtant qui n’ont de grace que dans la bouche de ceux qui font pro- fefion de ces arts. Les expreffions trop recherchées font à l'égard du difcours, ce quele fard fait à l'égard de la beauté du fexe ; employées pour embellir, el- les enlaidiffent, (D. 7. MOT CONSACRÉ, ( Gramm.') On appelle mors confacrés certains 72045 particuliers qui ne font bons qu'en certains endroits on occafons ; & on leur a peut-être donné ce nom, parce que ces mors ont commencé par la religion , dont lés myfteres n’ont pè étre exprimés que par des #oss faits exprès, Tri- nité , incarnation, nativité, transfiguration, annoñ- ciation , vifitation, aflomption, fils de pérdition, portes de l'enfer, vafe d’éleétion, homme de péché, Éc. {ont des 77015 confacrés | aufli-bien que cène,, cénacle ; fraëtion de pain , aftes des Apôtres, &e. De la religion on a étendu ce mo de confacré aux Sciences & aux Arts ; deforte que les mors propres des Sciences & des Arts s’appellent des mors corfa- crés , comme gravitation, raréfaétion, conderfa- tion , & mille autres, én matiere de Phyfique ; alle- gro , adagio, arià, arpesoio , en Mufique , 6, Il faut fe fervir fans difficulté des mors confucrés dans les matieres de religion, Sciences & Arts: & qui voudroit dire, par exemple, la fête de la naïf- fance de Notre-Seigneur, la fête de la vifite de la Vierge, ne diroit rien qui vaille: l’'ufage veut qu’on dife la nativité & la vifitation, en parlant de ces deux myfleres, 6c. Ce n’eft pas qu’on ne puiffe dire [a naïffance de Notre-Seigneur, & la vifite dela Vierge : par exemple, la narffance de Notre-Sei- gneur et bien différente de celle des princes ; la vi- lite que rendit la Vierge à fa coufine n’avoit riendes vifites profanes, du monde, L’ufage veut aufli qu'on dife la cène & le cénacle ; & ceux qui diroient une chambre haute pour le cénacle , & le fouper pour La | \cène, s’exprimeroïent fort mal. ( D. J.) MOT BON, ( Opérar. de Pefprit. ) un bon mot, eft un fentiment vivement & finement exprimé ; il faut que le fo mor naifle naturellement & furle champ; qu'il {oit ingénieux, plaifant , agréable ; enfin, qu'il ne renferme point de raillerie grofñere, injurieule, & piquante. La plûpart des ons mots , confiftent dans des tours d’expreflions , qui fans gêner, offrent à l’efprir deux DDaddÿ 764 MOT fens également vrais ; mais dont le premier quifaute «d’abord aux yeux, n’a rien que d’innocent , au lieu que l’autre qui eft le plus caché, renferme fouvent une malice ingénieufe. Cette duplicité de fens, eft dans un homme de- flitué de génie, un manque de précifion & de con- noiflance de la langue ; maïs dans un homme d’ef- -prit, cette même duplicité de fens eft une adreñfe , par laquelle il fait naître deux idées différentes ; la plus cachéé dévoile à ceux qui ont un peu de faga- cité une fatyre délicate, qu’elle recele à une péné- tration moins vive. Quelquefois le on mot n’eft autre chofe que Fheu- reufe hardiefle d’une expreflion appliquée à un ufa- ge peu ordinaire, Quelquefois aufh la force d’un éoz motne conffte point dans ce qu'on dit, mais dans ce qu’on ne dit pas, & qu'on fait fentir comme une conféquence naturelle de nos paroles, fur laquelle ona l’adrefle de porter l’atiention de ceux qui nous écoutent. Le 4on mo eft plutôt imaginé que penfé ; 1l pré- vient la méditation &c le raifonnement ; & c’eit en partie pourquoi tous les bons mors ne font pas capa- bles de foutenir la preffe. La plüpart perdent leur grace, dès qu’on les rapporte détachés des circon- ftances qui les ont fait naître ; circonflances qu’il n’eft pas aifé de faire fentir à ceux qui n’en ont pas été les témoins. Mais, quoique Le on mor ne foit pas l'effet de la méditation , il eft sûr pourtant que les faillies de ceux qui font habitués à une exaéte méihode de ra- fonner , fe fentent de la juftefle de l’efprit. Ces per- {onnes ont enfeigné à leur imagination, quelque vive qu’elle foit, à obéir à la févérité du raifonnement. C'eft peut-être faute de cette exaétitude de raifonne- ment, que plufeurs anciens fe font fouvent trompés Sur la nature des bons mots, & de la fine plaifan- +crie, Ceux qui ont beaucoup de feu, & dont l’imagi- nation eft propre aux faillies 8 aux bozs mots , doi- vent avoir foin de fe procurer un fonds de juitefle & de difcernement qui ne les abandonne pas même dans leur grande vivacité. Il leur importe encore d’avoir un fonds de vertu qui les empêche de laiffer æien échapper qui foit contraire à la bienféance , & ‘aux ménagemens qu'ils doivent avoir pour ceux que deurs ons mots regardent. ( D. J.) Mor-pu-GUET , ou fimplement "or, eft un or ou fentence. en terme de guerre, qui fert aux fol- dats à fe-reconnoitre pendant la nuit, & à décou- vrir les efpions, ou autres gens mal intentionnés : on s’en fert auf pour prévenir les furprifes. Dans une armée, le 104 fe donne par le général au heutenant ou au major général de jour, lequel le donne au major de brigade : de-là 1! pafle aux aides-majors , qui le donnent aux officiers de l'état-major , enfuite aux fergens de chaque compagnie, qui le donnent à Jeurs fubalternes. Dans les garnifons, après.que les portes font fer- mées, lecommandant donne le 70: au major de la place, &1l lui dit ce qu'il y a à faire pour le lende- main. Il faut remarquer que celui qui commande dans un château, fort, réduit, ou citadelle, doit æous les jours envoyer prendre l’ordre de cel qui commande dans la ville, quand même celui-ci fe- roit d’un rang inférieur au fien, fans que celui qui commande dans la ville, puifle pour cela prétendre aucun commandement dans la citadelle , château, fort, ou réduit, à-moins qu'il n’en fût gouverneur. Après que les portes font fermées, le major fe rend fur la place , où il trouve les fergens de la garnifon rangés en cercle avec chacun un capotal de la com- pagnie derriere lui. Les caporaux des compagnies sont les fergens manquens, {6 placent hors du cer- cle , joignant les fergens dans le rang de leurs conts pagnies ; les tambours majors des bataillons à deux pas derriere les fergens ; à quatre pas du cercle, on place les caporaux qui ont fuivi leurs fergens , pré- fentant leurs armes en-dehors, pour empêcher que qui que ce foit n’approche du cercle, pour écouter l’ordre. il ne doit entrer dans le cercle que le major, l’aide-major de la place, & les officiers majors des régimens ; le caporal du configne du corps de la pla- ce portant le falot, & celui quitient le regifire de la garde des rondes. c Le major entre dans le cercle avec les officiers majors des régimens qui afliftent à l’ordre, &c les autres qu'on a déja dit, Il dit aux fergens &c aux tam- bours majors s’il y a quelque chofe qui les regarde, ce qu'il y a à faire pour le lendemain, comme re- vûe, confeil de guerre, ou autre chofe, fi quelque bataillon doit prendre les armes pour faire l’exercice, & tout le refte ; s’il y a confeil de guerre, 1l deman- de aux majors des révimens le nombre d'officiers néceffaire pour le teur. Il fait enfuite nommer les officiers qui doivent monter la garde le lendemain, & ceux qui doivent faire la ronde cette même nuit; il fait tirer leur ronde par leurs fergens ; 1l donne le mot aux officiers majors des régimens, & après aux fergens, en commençant par celui de la premiere compagnie, à qui il le dit à l'oreille. Ce fergent le donne à celui qui le fuit, & ainfi de l’un à l’autre, juiqu’à ce que le mot revienne au major par le fer- gent de la gauche , ainfi qu'il Va donné. S'il ne lui revenoit pas comme il le lui a donné, 1l regarde à quel fergent il a manqué , le redreffe jufqu’à ce que tous le fachent , apres quoiil les congédie. Les fer- gens doivent être découverts dès qu'on donne le mot, jufqu’à ce que le dermer l’ait rendu au major. Lorfqu’il y a de la cavalerie dans une place, elle reçoit l’ordre du major de la place tout ainfi que l’in- fanterie. Dès que lordre eft donné & le cercle rompu, les fergens de chaque bataillon forment un cercle à part; le tambour major derriere eux, le major, ou aide.major du bataillon leur dit ce qu’il y a à faire pour le détail du bataillon, & tout ce que le com- mandant luia dit. Pour cela il faut que le major alle tous les jours chez ie commandant du bataillon quel- que tems avant qu'on donne l’ordre, lui demander ce qu'il y a de particulier à ordonner. Il eft à obfer. ver que fi le commandant veut faire prendre les ar- mes , il faut qu'il en fafle demander la permifion aw commandant de la place, lequel le fait dire au cer- cle général par le major. Après que le major du ba- taillon a donné l’ordre à fon cercle particulier, Les fergens vont le porter à leurs officiers, à qui ils doi- vent dire bien fidelement tout ce qui a été dit à l’or- dre. Le major va le porter au colonel, à l’aide- major, au lieutenant colonel, quoique le colonel foit préfent. S'ils n’y {ont ni l’un ni autre, l'officier major va le porter à celui qui commande le régi- ment, l’aide-major de la place va le porter à linf- pedteur général, un fergent va le porter à linfpe- éteur particulier. L'ufage eft le même pour lingé- nieur général, ou diretteur des fortifications, & l’ingémeur particulier . . . & le dernier fergent de la garnifon qui fe trouve être de garde, va le porter au lieutenant où commifiaire d'artillerie qui eft dans la place. Les fergens qui font de garde , n’affiftent pas à ce cercle particulier , ni ne doivent aller porter l’ordre à leurs officiers de compagnie, mais feulement à ceux avec lefquels ils font de garde. L doit y avorr tous les jours un fergent par compagnie avec ion caporal à l’ordre ; & s'il y en a un de garde , fon ca- ” marade doit s’y trouver pour l'aller porter à fes off- ciers , & pour Le derail de la compagnie , dont celu4 qui eff de garde ne doit pas fe mêler. Lorfqu'il man- que des fergens à une compagnie, un caporal va à lordre avec fon fufil. Tousles fergens doivent avoir leurs halebardes lorfqu'ils vont à l’ordre, & qu'ils vont le porter à leurs officiers. Mifloire de la milice françoife, par le pere Daniel. 1 Mor, ( Hiff. mod. ) on le dit auffi des armoiries & des deviies. Voyez ARMOIRIES & DEVISE, Ce qu'on appelle le #04 dans les armoiries , eft une courte fentence ou phrafe écrite fur un rouleau qu’on place ordinairement au-deffus de l’écuflon , & quelquefois au-deffous. Tantôt ce mor fait allu- fion au nom ou à quelques pieces des armes de la perfonne à qui appartiennent les armes, & tantôt 1l n’a rapport ni au nom ni au blalon. Le mar, dit Guillin, eft un ornement extérieur attaché à la cotte d’armes ; il préfente, ajoute-t-il, une idée de celui à qui les armes appartiennent, mais exprimée fuccinétement & avec force en trois ou quatre paroles au plus , écrites fur une bande ou compartiment qu'on place au pié de l'écuffon; & comme ce 104 tient la derniere place dans les ar- mes, on le blafonne auffi le dernier. À la rigueur, il devroit exprimer quelque chofe de relatif à ces ar- anes ; mais l’ufage a fait admetire toute forte defen- tences expreflives ou non. Voyez BLASON. Cette coutume d'employer un "04 ou fymboli- que , ou comme cri de guerre pour s’animer , fe re- connoître , & fe rallier dans les combats, eit très- ancienne : l'Hiftoire facrée & profane nous en four- niflent également des exemples. Nos ancêtres fai- foient choix du #04 le plus propre à exprimer leur paflion dominante, comme la piété , l'amour y la va- leur, &c. ou quelque événement extraordinaire qui leur fût arrivé. On trouve plufieurs #04s de cette derniere forte qui fe font perpétués dans Les familles, quoiqu'ils ne convinflent proprement qu'à la pre- miere perfonne qui fe l’éroit attribué. Le mor de la maifon royale de France eft e/peran- ce ; & dans quelques écufions 4/ia non laborant neque nent, par allufion à la loi falique , qui exclut les fem- ” més de la couronne : celui de la maifon royale d’An- gleterre eft Dieu & mon droit. L'ordre de la Jarre- tiere a pour mot, honi foit qui maly penfe ; 8t le duc de Nortfolk ces paroles, fola virtus inviita : le duc de Bedfort celles-ci, che fara fara : celui de Devon- shire, cavendo tutus , par allufion au nom de fa mai- fon , qui eft Cavendish. Le duc de Kinfton, dont le nom eft Pierrepont, a pour w0t Pie reponete : le comte de Radnor , guæ fupra , parce qu'il porte trois étoiles dans fes armes : le lord Klinton, dont le nom eft Fortefcue, prend celui-ci, Forte Jeutum , falus ducum. On peut voir fous l’article cri de guerre, les mots que prennent ou prenoient plufieurs des premieres maifons de France. Le m0: d’une devife s'appelle auf l’arne de la devife. Voyez DEVISE. MOT, rerme de Commerce, & particulierement de détail : ilfe dit du prix que le marchand demande de fa marchandife, ou de celui que lacheteur en offre. Ce drap eft de vingt francs, c’eft mon dernier mot : vous n’en offrez que feize, vous ne ferez pas pris au mor. On dit qu'on a été pris au mor, quand le mar- chand livre fa marchandife à l’acheteur {ur la pre- miere-offre que celui-ci en a faite. Un marchand quitn’a qu’un mor, eft celui quine furfait pas. On dir que les Quakres d'Angleterre &c les Anabaptiftes de Hollande qui exercent le trafic, en ufent ainf & avec fuccès. Diéfionnaire de Com- AITRAT Mo, fonner un ou deux mots , ( Wénerie. ) c’eft fonner un ou deux tons longs du cors, qui eft Le fi- gnal du piqueur pour appeller fes compagnons, . ' fe MOT 765 MOTAIA , MOT OLA ,ox MOTULA , (Géogr:) petite ville d'Italie au royaume de Naples, dans a terre d'Otrante avec un évêché fuffragant de Ta- rente:elle eft à 4 milles N. O. de Maflafra, 2 N. E, de Caftellanera. Long. 34. 45. lar. 40. Sr. MOTAY, (Géog.) en latin Claudius mons, mon- tagne de la baffle Hongrie , d’une grande étendue; elle s’avance juqu’en Sryrie, & reçoit divers noms felon la diverfité des lieux. MOTAYES, (Géog.) peuples fauvages de l’Amé- rique méridionale, an Brefil. Ils font de couleur oli- vâtre, petits de taille, vont tout nuds, & vivent de maïz, de racines, de chiens & de chats fau- vages. (D. J.) MOT AZALITES, {. m. (Hif. mod.) C’eft le nom des partifans d’une feéte de la religion mahométane, dont la principale erreur eft de croire que l’alco- ran a été créé, & n'eft point co-éternel à Dieu. Cette opinion, anathématilée par l’alcoran même, & profcrite par les Sonnites, n’a pas laïflé de trou- ver des partifans zélés; elle excita même des per- fécutions fous quelques-uns des califes abaffides qui déciderent que l’alcoran avoit été créé; enfin Motawakel permit à tous fes fujets de penfer ce qu'ils voudroient fur la création ou l'éternité de cet ouvrage. Un doéteur mufulman trouva un mi- lieu à la difpute, en difant que l'idée originaire du koran étoit réellement en Dieu ; par conféquent qu’elle étoit co-eflentielle & co-érerneille à lui, mais que les copies qui en ont été faites, étoient l'ouvrage des hommes. MOTELLE, £ f. (Péche.) eft un petit poiflon de riviere, & principalement de lac. Il eft ordi- nairement gras comme l’éperlan; il a la peau vif- queufe, fans écailles , le corps tortueux, la tête grande , large & un peu applatie, & il eft très- gourmand ; il eft commun en Suifle & en Bour- gogne ; fa chair quoique vifqueufe , eft aflez efti- mée pour fon goût: MOTET , { m. ex Mufique. Ce mot fignifoit anciennement une compoftion fort recherchée & enrichie de toutes les beautés & de toutes Les f- nefles de l’art, & cela fur une période fort courte; d’où lui vient felon quelques-uns le nom de moter, comme fi ce n'étoit qu'un mot. Aujourd’hui moter s'entend de toute piece de Mufique faite fur des paroles latines à l’ufage de l'Églife, comme pfeaumes, hymnes, antiennes, répons, Gc. & tout cela s’appelle en général 7#- Jique latine, voyez COMPOSITION. Les François réuffffent bien dans ce genre de mufique. Leurs 770- ters {ont beaux & bien travaillés. Ceux du célebre Lalande font des chefs-d'œuvres en ce genre, &z les moters de M. de Mondonville, tout petillans de gé- nie & de feu, charment aujourd’hui les amateurs de la nouvelle mufique. Je dois avertir que les Muficiens des xi7. & xiv. fiecles donnoient le nom de moretus à la partie que. nous nommons aujourd'hui kaure-contre. Ce nom, & plufieurs autres aufñ étranges, caufent fouvent bien de l’embarras à ceux qui s’appliquent à déchif- frer les anciens manufcrits de mufique qui ne s’é- crivoient pas en partition comme à préfent, (S) MOTEUR , adj. (Méchan.) ce qui meut ou met en mouvement. Voyez; MOUVEMENT. Moteur, (Hydr.) eft ce qui meut, ce qui fait mouvoir. C’eft la force principale, c’eft la puif- fance par laquelle agit. une machine hydraulique. Dans un moulin à vent, c’eft le vent, c’eft l’eau dans un moulin à eau ; dans une pompe ordi- naire, c’eft un homme ou un cheval. Le moreur. doit être proportionné à la colonne de l’eau que l’on veut élever, & ua peu plus fort pour ema 766 M'O T porter l'équilibre. On y ajoute un tiers en fus pour les frottemens. Voyez FORCE. (K) MOTEURS, er Anatomie, c'eit le nom qu'on'a donné aux nerfs. de la troifieme & de la fixieme paire, parce qu'ils font mouvoir les yeux. Ceux de la troifieme paire fe nomment encore moteurs communs mufculaires communs, oculaires com- anuns, oculo-rmufculaires communs; &c ceux de la fixie- me moteurs externes, oculaires externes, mufculaires ex- dernes, oculo-mufculaires externes. Voyez NER&, Les moteurs communs prennent leur origine im- médiatement devant le bord antérieur de la pro- tubérance ‘annulaire. Voyez PROTUBÉRANCE & ANNULAIRE. De-là, en perçant la dure-mere, ils viennent pañler de:chaque côté dans l’orbite, oùils fedivifenten qua- tre branches qurfe diftribuent aux mufcles de loil. La branche qui va au petit oblique, fournit quel- quefois run rameau, dans lequel 1l fe forme un gan- ghion. Il nait le plus fouvent un filet du ramean 1n- férieur , qui fe diftribue au mufcle droit inférieur, qui avec un rameau de la cinquieme paire, forme le ganglion opthalmique, duquel naïflent les nerfs ciliaites feulement fuivant Morvagni. Voyez ŒrL. Les snoteurs externes naiflent de l’union de la moëlle alongée entre la protubérance anaulaire &c les éminences ohvaires. Voyez ÉMINENCE 6 Oz1- VAIRE, Chacun de ces deux nerfs perce la dure-mere, sampe enfuité dans fa duplicature le lono des par- ties latérales de la felle fphénoïdale à côté de Par- tere carotide ,-1l s’avancesen-dehors, & au bord extérieur de cette artere, 1l donne l’intercoftal à un angle un peu plus obtus ou droit avec le tronc qui chemine & qui va enfuite pafñlér par la fente fphénoïdale & fe diftribuer au mufcle abduéteur de l'œil. Voyez ABDUCTEUR, . MOTIF, {. m. (Gramm.) la raïfon qui déter- mine un homme à agir. Il y a peu d'hommes affez attentifs à ce qui fe pafle au-dedans d'eux mêmes, pour bien connoître les motifs fecrets qui les font agir. Une aéton peut avoir plufieurs motifs : les uns louables, les autres honteux ; dans ces cir- confiances, 1l n’y a qu'une longue expérience qui puife raflurer fur la bonté ou la malice de lac- tion. C’eft elle qui fait que l’homme fe dit à lui- même, & fe dit fans s’en impofer : je me connois ; jagirois dé la même maniere, quand je n’aurois aucun intérêt qui pût m'y déterminer. Un homme de bien cherche toujours, aux aétions équivoques des autres, des #osifs qui les excufent. Un philo- Tophe fe méfie des bonnes a&tions qu'il fait, & exa- mine S'il n’y a point à côté d’un motif honnête, quelque raifon de haine , de vengeance, de paf- * fon, qui le trompe. Si le goût de l’ordre, Pamour du bien font les anotifs de nosaéhons, la confidération publique & la paix de là confcience en feront la récompenfe aflurée. Il eft bien doux d’être eftimé des autres ; 1l left bien davantage de s’eftimer foi-même. Il n’y a que celui qui n’appréhende point de fe ren- dre compte de fes motifs , qui puifle habirer tran- quillement en lui : les autres fe haïflent malgré qu'ils en aient, & font obligés de fuir devant eux- mêmes. MorTir, (Mufique,) Les Italiens appellent sorivo la principale penfée d’un air, celle qui conftitue le caraétere de {on chant & de fa déclamation. L'air (aria) eft divifé en deux parties, dont la premieré fe partage de nouveau en deux parts: l’une de ces deux parts commence le zorif dans le ton que le mufcien a choïfi, & le Conduit à la dominante de ce ton; l’autre reprend le motif à çette dominante & le ramene à la tonique. La fecônde partie de l’air, s'il eft dans un ton naturel, '{e fait ordinairement dans là fixieme de fon ton tierce mineure, & finit quelquefois dans la dominante de cette fixiéme. Quelquefois cètte feconde partie fe fait dans le mineur du ton de l'air en confervant fon moëf. Quelquefois auffiles paroles de la feconde partie exigent tout un'au- tre caractere de chant & de déclamation:; où bien le muficien juge néceflaire dé changer dé mefure êt de caraétere pour en interrompre l’umformité : alors 1l quitte le zorif de fon air, 8 donné à fa feconde partie un nouveau motif qui n’a aucune analogie avec le premier. pe Lorfque Pair eft lui-même dans un ton tierce mineure, le moiffe conduit dans la premiere par tie de la tonique à la médiante, tierce-majeure, &t de la médiante 1l eft ramené à la tonique; en- fuite dans la feconde partie le mosiffe tranfporte ordinairement dans la fixieme du ton, tierce-ma- jeure ; & pañle, fi l’on veut, par toutes les modu- lations dont le ton mineur eft fufceptible. | En général, les fecondes parties des airs font plus particulièrement confacrées aux effets de l’harmo= nie ; le muficien s’y montre grand artifte, après | s'être montré dans la premiere partie homme dé génie. Mais en tout ceci il n’y a aucune lof uni- verfelle, Comme la Mufque eft plus qu'aucun au- tre art l'ouvrage de Penthoufiafme, Phomme inf piré ne fuit ancune regle certaine ; il n'obéit qu’à une impulfion fupérieure qui le conduit fouvent par des routes inconnues & nouvelles ; fon éxem- ple &r fes fuccès deviennent bientôt des modeles &c les principes d’une poétique mufñcale. Les différens genres d’ailleurs varient les pré= ceptes à l'infini. Ce qui convient à la mufique tra- gique ne va guere à la mufique comique; celle de l’églife a encore un caraétere qui lui eft propre; & ces caracteres font f différens chez les nations qui ont excellé dans la Mufque, qu’une oreille un peu exercée n’a pas befoin du fecours des paroles pour les diftinguer & les reconnoitre. Le moif eft ce qui confhitue le plus particulie- rement le génie muñical. L'étude & les inftruétions de l’école enfeigneront au muficien la fcience de l'harmonie & de fes effets ; avec du goût il ap- prendra à en faire ufage à propos; mais en vain {era-t-il profond dans la fcience de fon art; fi fes motifs font communs ou vuides d'idées & de ca- ratteres , fes produéhons refteront toujours médio= cres, En vain voudra-t-il dérober le défaut dé pen- fées &: la pauvreté de génie fous les effets les plus impofans de l'harmonie , fous lappareil des inftrumens d’un nombreux & bruyant orcheître, il ne réuflira pas à donner le change à celui qui entend le langage de la Mufique. C’eft ainfñ que le rhéteur forme l’oreille de fon éleve à lharmo- nie, au nombre des périodes; mais la nobleffe, la chaleur, la force des penfées, les belles images, les grandes & fublimes idées ne fe remplacent point par un bruit de paroles harmonieufes, & ne s’ap: prennent pas à l’école. Le mufcien commencera par chorfir le mouves ment propre aux paroles que le poëte lui a don: nées. Loriqu'il aura à exprimer les mortelles alar- mes d’Andromaque ou de Mérope , fon genre de mefure fera agité, Lorfau’il aura à exprimer les regrets d’un amant, qu'un devoir cruel arrache aux embraflemens de fa maîtrefle , le mouvement de fon air fera languiffant, doux, poié. Ainf fon ai s’appellera /zr90, cantabile, andante, allegro, preflos agoitato, fuivant les différens caratteres de [a me fure ; mais fi la beauté du motif ne répond point à la beauté du fujet ; fi ce morif ne rend pas d’une maniere énergique & vraie la pafion que le pote MOT n’a fait qu'indiquer, & dont tonte l’expreffion ap- partiént au muñcien, cehu-ci aura manqué fon but. | vi Il n’y a point de mufque fans mefure ; maïs le motif donne feul la vie & le caraëtere, À la pañlion. Il eft naturel d'exprimer des pañlions douces par un mouvement doux & tranquille, & les paffions vio- lentes par des mouvemens rapides ; mais ceux qui connoïffent les chef d'œuvres de l’art, favent que la pafhon la plus doucé peut être rendue par un air d’un mouvement rapide, fans perdre fon:caraêtere de douceur & de tendrefle, & que Îe génie a quel- quefois rendu la vitefle & la gaieté du mouvement néceffaires à l’expreffion dela triftefle & de la lan- gueur. ) Le rrotif de l'air eft ordinairement annoncé par un début de Forcheître, que nous avons appellé la risournelle. Quelquefois la chaleur de l’attion, ou d’autres rafons de convenance , s’oppofent à ce début; alors le chant commence avec l’orcheftre. _ Les différentes parties del’air font aufñi entrecoupées de morceaux de ritournelle, tant pour laifler répo- fer le chanteur, que pour donner du relâche à l’o- reille qui l’écoute. Quelquefois c’eft l’orcheftre feul qui chante une partie du rorf, & le chanteur ne fait que déclamer fur ce chant, en tenues ou en notes principales, une partie de fes paroles. Mais toutes ces variètés ramenent toujours au motif, à l’idée principale, & tantôt le répetent en partie, tantôt le rappellent d’une maniere délicate & dé- tournée. Après la feconde partie:, on eft en ufage, pour rentrer & finir dans fon ton, de reprendre la pre- miere , En fupprimant tout au plus une partie de la ritournelle de l’orcheftre, parce que le morif étant connu, l’oreille n’a plus befoin de cette annonce. Lorfque l’air n’a point de feconde partie, il s’ap- pelle cavata ou cavatina. Un chanteur qui a du goùûr, ne manquera guere de vous rappeller à la cadence le zrotif de l'air, dont il employera un endroit, un accent, un fon principal, Tout cette économie de l’air n°’eft point l'ouvrage du raifonnement & de la réflexion ; mais celui d’une conception rare, donnée par un inftiné fupérieur , dont la marche ne s’apperçoiït qu'après l'invention, &z dont le jugement eft obligé de juftifier & d’ad- aurer l'ouvrage. On voit que l'air eft l’expreffion en chant d’une feule idée mufcale | qu’on a nommé fon monif, 8z qui fe deffine & fe répete dans les différentes mo- dulations dont le ton eft fufceprible. L'ouvrage du génie eft de trouver ce mouf; celui du goût, de l'étendre & de le conduire, enforte que la répéti- tion n’en foit n1 affez rare pour manquer fon effet, ni aflez fréquente pour devenir faftidieufe. Ce n'eft point que cette idée principale ne puifle être embellie d'idées accefloires ; mais celles-ci font ordinairement communes, & l’autre donne à l’air fon caraétere & fon prix. Quelquefois le motif eft chanté par la voix & par le premier violon feuls, tandis que le fecond & les autres parties accompagnantes fuivent un deflein particulier , lequel, quoique divers, ne fert ordinai- rement qu'à mieux faire fortir l'idée principale. Quelquefois le muficien fe permet des écarts: ce font des traits de feu & d’enthoufiafme qui l’éloignent fubitement de fon mouif, & qui produifent ordinai- tement un inftant d’étonnement;mais après cét écart court & rapide , l’oreille revient à fon motif avec plus d'amour & de complaifance. Ce retour de la même penfée deffinée dans les différentes modulations du ton, eft particulier à l’expreflion muficale, Dans le difcours & dans la poëfe, au lieu de faire de l'effet, il ne ferviroit qu'à M OT 767 l'afoiblir ; & plus une penfée eft grande & bélle , plus la répétition en féroit déplacée & dangereufe: C'eft que l’orateur &c le poëte fe fervent de fignes certains, dont l'effet ef für & déterminé ,ailieu que la penfée muficale plus délicate, plus vague, plus fu gitive, pañle avec trop de rapidité pourêtre fixée en un feul inftant; &c ce n’eft qu’en la conduifant par les différentes modulations dé fon ton, que lé nmfcien communiquera à l'oreille attentive le fentirient qui le domine; & c’eft aufli peut-être que les fignés de la mufique étant, comme nous le difons, plus va gues/que ceux des autres arts d'imitation , elle eft obligée de copier la nature de plus près, & dé choi- fir une nature plus forte, plus carattérifée, 8e que fes momens précieux d'imitation font les momens de nature troublée ou paffionée ; momens dans lé quels la nature revient cent fois fur la même idée ; fur la même exprefion, fur la même plainte, fur le même reproche, 6c. mais feulement avec des accens diflérens ; procédé quitientäune perfuafon profonde qu'on ne nous fait fouffir, qu’on ne nous refufé amour, juftice ou commifération,que parcequ’on n’a pas enténdunos raïfons , qu'on n’a pas vi nos péines, qu'on ne connoît pas l’état de notre aïe ; perfuafon qui nous porte bien plutôt à répéter fans cefle l'ex preflion que nous jugeons la plus jufté & la plus frap: pante qu'à l'abandonner, pouren montrer une autre qui feroit nouvelle, mais plus foible, Auffi-ceux qui prendroïent la déclamation de l’a@teur pour le vrai modele du mufcien, fe tromperoient groffierement. Il lui faut quelque chofe de plus vrai + il lui faut l’homme même; fans quoi fon ouvrage ne feroit que la copie d’une copie. | Si vous ne favez conduire votre morif, il ne fera point d'effet ; 1l échappera même au pius grand nome brede vos auditeurs, & vous ne ferez qu'une fuite de modulations &t de phrafes muficales, fans liaiz fon, fans enfemble & fans autre cara@tere que celui de la mefure. D'après ces réflexions, on juge aïfément que le poëte ne doit qu'indiquer les fentimens, & que c’eft au mufcien de leur donner toute l’expreffion; l’un ébauche, l’autre perfe&tionne, Il ne faut donc pour un air que peu de paroles, dont l’idée foit Une s &z le réfuitat d’une feule fituation ; de longs dif- cours, une fuite d'idées fimultanées ne peuvent être que récrés, c’eft à-dire déclamés fans mefure, mais ne fauroient être chantés ; car le muficien ne peut avoir qu'un ouf à la fois; & s'il le quitroit pour en fuivre un autre , ou s’il cherchoit à les accu- muler,ilne produiroit la pihpart du tems aucun effet, Quatre vers pour la premiere, autant pour la feconde partie, c'eft prefque 1out ce qu’un muficien peut exprimer dans un air, fansnuire à l’unité de fon m0 tif. Dans la comédie, la faillie permet par fois d’af- fembler un plus grand nombre de vers , & des dif- courstres-variés ; maisalors le compofiteur eft obligé de changer de morif, 8 même de mefure , auffi fou vent que le poëte change d'idée & de fituation ; enforte qhe ce genre d’airs comiques eft proprement un recueil de trois ou quatre airs différens. Dans la tragédie le goût étant plus févere, les occafions de changer de meure & de morif font rares. Le norif eft comme une propofition partagée en deux membres. Lofque , par exemple, le poëte dit: Per pieta , bell idol mio ; non mi dir ch’ io fono iri« grato; infelice, fventurato abbaflanga il ciel mi fa, le premier membre du zorif eft confacré aux deux premiers vers, & le fecond aux deux autres, Ceux qui n’entendent pas le langage de la mis fique , regardent le retour du mouf 8 des mêmes paroles comme une fimple répétition; mais avec des organes plus délicats & mieux exercés vous ientez bientôt que c’eft à ces prétendues répétitions 1% MOT que vous devez les impreffions les plus fortes & les plus délicieufes : fans elles, quelle que foit la variété des modulationst& des effets de l’harmo- nie, ce n'eft qu'un vain bruit dont vous vous fentez bientôt excédé, fi le muficien ne fait vous fixer par. des idées qui vous reviennent & vous reftent. | D'ailleurs, comme l’air eft réfervé pour les mo- mens paflionnés, & qu'il eft, pour ainfi dire, la récapitulation & la peroraifon de la fcene, la ré- pétition des mêmes paroles y'eft ordinairement fu- blime par là variété de déclamation, par laquelle le compofteur cherche à imiter les différens ac- cens de la même pañion: En effet, lorfque Mé- rope, dans l’excès.de fa douleur, déclare qu’elle mourra défefpérée , en confervant le zorif de fon air, elle ne fe contentera pas de le dire une fois; elle le dira vingt fois; elle le dira de toutes les manieres : tantôt en fupplant, elle cherchera à s’attirer la pitié; tantôt elle le dira avec tous les cris du défefpoir; tantôt fuffoquée par la douleur, la parole lui manquera; & ne pouvant articuler , elle pouflera des fyllabes entrecoupées: 44...m0.…. rt juiqu'à ce qu'un accès de frénéfie lui rende la force de crier. Dans toutes ces diffé- rentes déclamations, elle ne chantera jamais que les mots difperata morira; mais celui qui n’y trou- vera qu'une répétition des mêmes paroles, ne doit jamais entendre de la mufique. . On a auffi attaqué Pufage de reprendre la pre- miere partie de l’air après la feconde. Lorfque cela ne fe peut fans un contre-fens dans les paroles, cela ne peut être approuvé; mais il faudroit prier les poëtes de ne poinr mettre le compofñteur dans le cas de ne pouvoir reprendre fon air fans bleffer le fens commun. Car en y réfléchiffant, on trou- vera le dà capo très-néceflaire à l’effet d’un air dont le zorif & le caraétere-échapperoient fans cela à l'oreille avec trop de facilité. Pour ne point ôter à l’air fon effet, on ne fau- soit employer trop de foins pour faire fortir fon motif, 1 trop de délicatefle pour le ménager. Deux ou trois airs faits avec le plus de goût & de génie, ne pourroient fe fuccéder fans s’entre-nuire , & voilà une des raifons qui ont engagé de partager le drame en mufque, en récitatif & en airs: Car indépendamment de la raïfon muficale qui veut que l’aéteur ne chante qu’au moment le plus inté- reflant de chaque fituation, il eft cèrtain qu’on ne pourroit chanter plufeurs airs de fuite fans fati: guer & rebuter l'oreille la plus avide de mufique. Toute cette théorie du drame en Mufique qui a reçu fa perfeétion dans ces derniers tems par lilluftre Metaftafño, & par Vinci, Leo, Feo, par le divin Persolefi, par l'immortel Hafle que l'Italie a nommé % faxon par excellence , par d’autres grands maîtres qui ont fuivi ces hommes de gé- nie, mériteroit d’être mieux approfondie ? Une mufique dont le récitatif & le chant fe confon- droïent & n’auroient pas un caraétere diftinét , ne pourroit manquer d’être faftidieufe & infuppor- table. Le récitatif ne doit être qu’une déclamation no- tée; ainfi il ne peut avoir mi wotif, ni mefure, deux chofes eflentielles à l’air; la maniere de le débiter ne peut donc être tranfmife que par tra- dition; mais il imite par la variété des inflexions & des tons, toutes les variétés du difcours & du dialogue : & pour bien faire le récitatif, il ne faut as fouvent moins de génie, que pour faire un ie air, Aufh tous les oerands maîtres ont écrit le récitatif d’une maniere {upérieure ; & Pergolef & Hafle, f fublimes, f profonds dans leurs mofs, {ont encore étonnans dans leur maniere d'écrire le réçitatif, La MO T La mufique infirumentale fuit les regles & les principes de la mufique vocale. Il faut, à chaque morceau, outre le caraétere du mouvement, fon motif & {on idée principale qu'il faut conduire êx deffiner avec le même goût & la même intelli- gence, La nation qui chante le mieux, aura la plus belle mufque inffrumentale ; aufh lorfque la mu- fique inftrumentale d’une nation eft reconnue fu- périeure, on peut parier pour l’excellence de fa mufique vocale. : Le genie de la Mufique demande peutêtre plus de délicatefle & plus délévation qu'aucun autre art. Il a je ne fai quoi de divin; mais fes effets difparoïflent comme l'éclair du feu du ciel, & fes ouvrages ne réfiftent point au tems. Nous ne con- noïiflons que par l’hiftoire les effets prodigieux de la mufique ancienne; dans cent ans, peut-être, on ne connoïîtra que par oui dire, les chefs-d’œuvres de tant de grands maîtres de notre fiecle. On re- trouve par-tout également ; & dans le marbre fo- lide, &c dans le fon fugitif, la vanité des chofes humaines, &c. (Article de M. GRIMM.) MOTIR , ( Géog. ) île des Indes orientales, une des Moluques , entre celles de Gilolo à lorient , des Celebes à occident , de Tidor au feptentrion &r de Machian au midi. Elle n’a que 4lieues de tour. Long. 144. 40. lat, 20. MOTRICE, feminin de moteur ; fe dit d’une puif- fance ou force qui a le pouvoir ou la faculté de mou- voir. Voyez MOUVEMENT ; FORCE & ACCÉLÉRA: TRICE. MOTRIL, ( Géog.) petite ville d'Efpagne, au royaume de Grenade , avec un port, à x1 lieues efpagnoles S, E; de Grenade, Quelques auteurs con- Jeéturent que c’eft l’ancienne Hexi, ou Sexi , dontles habitans s’appelloient Sexirains. Son terroir pro- duit d’excellens vins. Long. 14.57. lat. 30, 22. MOTTE, {. f. en général, petite élévation de terre labourée ou non. | MOTTE , ( Jardinage. ) eft une grofleur de terre adhérente aux racines d’un arbre , & qui les con ferve ; ce qui difpenfe d’en couper la tête. Foyez LEVER. | C’eft auf la terre qu’on laiffe au pié des fleurs que l’on leve fur lacouche , & qui ef fi néceffaire à leur reprife , que quand elle vient à s’ébouler , les Jardiniers regardent la plante comme perdue, & la mettent au rebut: | Morte , ( Fayanc. Por. )mafle de terre éplu- chée , marchée , & prête à être mife fur Le tour pour y prendre la forme d’un vaïfleau. MOTTE A BRULER , terme de Tanneur, c’eft une efpece de pain rond & plat ; qu’on fabrique avec du tanné qu’on foule avec les prés dans un moule. Le petit peuple & les pauvres fe fervent de mortes pour faire du feu , parce qu’elles fe vendent à bon marché & qu’elles confervent long-tems la chaleur lorfqu’elles font émbrafées. MOTTE , serme de Chaffe & de Fauconnerie , pren dre motte, fe dit d’un oifeau qui, au lieu de fe per- cher fur un arbre , fe pofe à terre. Morre, ( Géogr. ) nom par lequel les François défignent une petite élévation , & qu'ils ont enfuite étendu à des villes, bourgs, chäreaux , villages ou maifons de campagne fitués fur quelque éminence. Je ne parlerai cependant que de la feule ville nom- mée la Morte en Lorraine, dans le bailliage de Baf- figny ; aux frontieres de la Champagne , & à une lieue de la Meufe. Cette ville pafloit pour une place imprénable par fa fituation au haut d'un rocher ef= carpé. Le cardinal Mazarin la fit aféger par Maga- lotti fon neveu, & enfuite par M. de Villeroi, qui contraignit finalement le gouverneur de là place à fe rendre en 1644. La capitulation portoit, qw'elle RG M OU ne feroit rafée, ni démantelée ; mais cet atticle ne fut point obfervé. On rafa la Morte de fond en con- ble ; on ruina plufieurs particuliers innocens par certe indigne aétion ; & la réine-mere flétrit {a mé- moire en violant la parole donnée, Voyez Zes mémoi- res de Beauveau. ( D. J. MOTTER ;, LA, o MOTTERN, ( Géog. ) riviere de France en Alface. Elle prend fa fource dans les montagnes de Voige, & fe jette dansle Rhin , pro- che Drouzenheim. | MOTYCA , (Geog. anc. ) ville de Sicile, près du . promontoire Pachynus , felon Ptolomée. Pline, 48. ITT, chap. vu. nomme les habitans de cette ville Mu- zycenfes ; & Ciceron appelle le territoire Muryenfis ager: mais Vraiflemblablement le copifte a oublié Le c. Cette ville eft aujourd'hui connue fous le nom de . Modica. MOU , adj. pris fubftantivement , ( Gramm. € Cuifine. ) il ne fe dit que du poumon de veau, qu’on appelle à la boucherie 7104 de veau. MOUAB ox MOAB , ( Géog. ) felon M. de l’Hle, nouvelle petite ville de Arabie heureufe , fondée par le roi d'Yemen en 1710, dans un terroir fertile, entre Damar & Sanaa ,. fur la pente d’une petite montagne. Le roi d'Yemen fait fon féjour dans une maifon de plaifance qu'il a bâtie au haut de la mé- me montagne. Long. C4. 40. lat. 14, 5. MOUCET , voyez MINEAU. MOUCHACEHE , f. f. ( Æif. des drog. ) nom vul- gaire d'une efpece d’amidon que l’on fait dans les Îles avec du fac de manioc bien defléché au foleil , où 1l devient blanc comme neige. Le fucrécemment tiré du manioc, a un petit goût aigrelet, & eft un vrai poifon, qui perd néanmoins toutes {es mauvai- les qualités, ou en vieilliflant, où par le feu ; de forte que les fauvages , après l'avoir gardé & deffé- ché, en mettent fans aucun accident dans les faufles qu'ils font bouillir , & dans prefque tous leurs gà- teaux. (D. J. MOUCHE, f. £. wufta,(Hiff. nat. )infeéte qui a des ailestranfparentes. La mouche differe du papillon en ce que {es aîles ne font pas couvertes de pouffere : elle diffère des fcarabés,des fauterelles & de plufieurs autres infeétes aîlés , en ce que fes aîles n’ont point de fourreau ou de couverture particuliere , & qu’el- les peuvent feulement s’en fervir quelquefois les unes aux autres. Les mouches ont üne tête, un cor- celet, un corps ; la tête tient ordinairement au cor- celet par un cou aflez court , & fur lequel elle peut fonvent tourner comme fur un pivot : les aîles font attachées au corcelet ; & loriqu'il y a deux corce- lets , le premier eft le plus petit ; c’eft au fecond que tiennent les aîles, On peut divifer les mouches en deux claffes géné- rales, dont l’une comprend les mouches quin’ont que _deux aîles , & l’autre celles qui en ont quatre. Cha- cune de ces deux claffes générales peut être fous-di- vifée en quatre clafles particulieres, dont la pre- nuere comprend les rzouches qui ontune trompe, & qui n'ont point de dents ou de ferres ; la feconde eft compofée des mouches qui ont une bouche fans dents fenfhbles ; la troifieme renferme les mouches qui ont une bouche munie de dents; & la quatrieme , les 7rouches qui ont une trompe & des dents. Les #ou- _ches à deux ailes , obfervées par M. de Reaumur , fe font toujours rapportées à la premiere & à la feconde de ces clafles; par exemple, les groflès mouches bleues des vers dela viande, toutes les petites mou- ches que l’on voit dans lés maifons, & les coufins , ont une trompe fans avoir de dents, & font de la premiere clafle. Les petites mouches qui paroiffent des premieres auprintems dans les jardins, & que lon appelle mouches S. Marc , & certaines mouches qui reéflemblent à des coufins À mais qui font fouvent Tome X, ar M O U 769 plus grandes , ont une bouche fans dents , & appat- tiennent à la {econde claffe, Il y a beaucoup de genres de mozches à quatre aîles dans la troifieme & la quatrieme clafle. Toutes les guêpes ont une bouche & deux dents en- dehors , aufh elles font de la troifieme claffe ; toutesles abeil= les , ayant une trompe & deux dents au-déflus dela trompe, font de la quatrieme clafe, 11 y a aufli dés mouches à quatre ailes, qui appartiennent à la pre= miere & à la feconde clafle;telles font toutes les #704- ches papillionnacées , qui viennent de différentes ef- peces de teignes aquatiques ; elles n’ont qu’une bou che fans dents, ainfi elles font de la feconde claffe. Tous les pucerons aîlés & les faux pucerons aîlés, les cigales ont une trompe fans avoir de dents, êz font par conféquent de la premiere clafe. On pourroit faire une cinquieme clafle qui com- prendroit les mouches à tête en trompe, Ces têtes {ont fort allongées | & ont comme celles des oï- feaux , une forte de long bec, mais qui ne s'ouvre que par fon bout , c’eft-à-dire à l'endroit où les têtes des autres infeêtes finiflenr. Celles de quelques-uns ont un prolongement qui a la figure d’une trompe, mais qui eft roide , qui ne peut changer de figute ni de pofition, fans que la tête en change. C’eft au bout de cette partie allongée que font les dents, ow les inftrumens au moyen defquels le petit animal prend de la nourriture. La mouche fcorpion a la tête en trompe. Après ces cinq premieres clafles , on peut faire trois autres clafles fubordonnées , dont lés caraûte- res feront pris de la forme du corps: favoir, 1°, la clafle des mouches à corps court & plus large qu’é- pais ; telles font les mouches bleues de [a viande , les abeilles, cent & cent autres genres de mouches , foit à deux ailes , foit à quatre aïîles. 2°, La claffe des mouches à corps long , comme celui des demoifelles, des coufins, Gc. 3°. La claffe des mouches à COrps long ou court, qui eff joint au corcelet par un fim- ple fil vifible , comme dans les frelons , les guépes, pluficurs #2ouches ichneumons , les mouches des gal- les, du chêne, &c. Les caraéteres des genres font tirés du port des aîles &c de la trompe , de la figure des antennes, & d’au- tres parties extérieures du corps, & fur- tout des poftérieures. Îl faut confidérer le port des aîles, lorfque la 04 che Eft en repos, ou lorfqu’elle marche. 1°, Celles qui portent leurs aîles paralleles au plan de poñrion, {ont en plus grand nombre que celles qui les tien- nent dans des direttions inclinées. 2°, Les ouches qui portent leurs aîles de façon qu’elles couvrenc le corps en partie, fans fe couvrir l’une l’autre, fi elles n'ont que deux ailes, ou fielles en ont quatre, fans qu'une des fupérieures empiete fenfiblement fur l’autre aîle fupérieure ; telles fontles mouches bleues de la viande êt les mouches des maifons. 32, Les aîles de plufieurs mouches fe croifent plus ou moins fur le corps. 4°. D'autres font faites de façon , & fe croifent à un tel point que le corps déborde au-delà de chacune des aîles. 5°. D’autres ne fe croïfent que fur la par= tie poftérieure du corps, & laiflent entr’elles une portion de la partie extérieure À découvert. 6°. Les ailes de plufieurs autres mouches fe croifent fur le corps , & celle qui eft fupérieure, fe trouve plus élevée fur la ligne du milieu du corps que fur les côtés. 7°. Quelques roches ont les aîles pofées fur le dos , & appliquées les unes contre les autres dans un plan vertical ; telles font plufieurs eéfpeces de petites demoifelles , & les mouches éphemeres, 8°. Les ailes de pluñeurs autres mouches {ont appliquées obliquement contre les côtés, & {e rencontrent au» deflus du corps ; par exemple, les aîles de la mouche du petit-lion ; des pucerons, & celles de la mouche Ekeee 779 M O Ü du fourmi-lion. 9°. D’autres mouches ont les ailes appliquées contre les côtés ; mais ces ailes, après s'être élevées , fe recourbent fur le dos en forme de toîtécrafé. 10°. Enfind’autres ouches tiennent leurs aîles obliques , de façon qu’elles fe touchent au-def- {ous du ventre : cette pofition eft contraire à celle des aîles qui forment un toit au corps ; telle eftla souche qui vient du ver du bigarreau. Certains genres de #ouches ont 1°. des antennes articulées. 2°. des antennes articulées qui devien- nent de plus en plus grofles , à mefure qu'elles s’e- loignent de la tête ; ce font des antennes en forme de maflue. 3°, Les coufins & certaines tipules ont des antennes qui refflemblent à des plumes. 4°.1l y a des antennes qui à leur origine & près de leur bout font plus déliées que dans tout le reite deleur étendue ; on les appelle antennes prifmatiques. ÿ°. Quelques z7ou- ches ont des antennes branchues ou fourchues. 6°. D'’autresont des grofles antennes extrèmement cour- tes ; elles n’ont que deux outroisarticulations , deux ou trois pieces pofées l’une fur l’autre, forment un pié, un fupport à un grain d'un volume plus confi- dérable , par lequel l'antenne eft terminée : on l’ap- pelle antenne a palette. | Lestrompes peuvent fournir les caraûteres de bien des genres. Les unes ont un fourreau compofé d’une feule piece ; les autres en ont un fait par la réunion de plufieurs pieces différentes : les unes ont des fourreaux comme écailleux , les autres en ont de charnus; ceux de quelques-unes font terminées par un émpatement charnu par des efpeces de groffes Le- vres ; d’autres trompes font faites comme une ef- pece de fufeau dont le bout feroit creux , &c. Il y a des infeétes , par exemple des demoifelles , qui ont la tête prefque ronde ; d’autres ont la tête plus large que longue, Quelques infeétes ont deux corcelets ; telle eft la mouche du fourmi-lion : le corcelet eft plus ou moins élevé. Toutes les mouches ont fix jambes , mais elles font plus ou moins longues ; les coufins & les tipules les ont très-longues, Ces fix jambes tiennent ordinaire- ment au corcelet ; mais dans quelques efpeces lune des paires de jambes eft attachée à un des anneaux du corps. Les mouches ont à la partie poftérieure du corpsun aiguillon,unetarriere ; une {cie, des longs filets fem- blables à des antennes. Les tarrieres appartiennent aux femelles , & leur fervent à percer &c à entail- lerles corps dans lefquels elles dépofent leurs œufs. La plûpart des mouches font ovipares ; maisil yena qui font vivipares, & qui mettent au jour des vers vivans. Certaines efpeces de zouches ne font diftin- guées que par la grandeur. Il y en a qui font folitai- res , d’autres vivent en focièté comme les guêpes, les abeïlles, &c. Voyez les mém. pour fervir a l'Hift. | nat, des infect, par M. de Reaumur , om. IV. dont ces extrait a été tire, Voyez INSECTE. MOUCHE CORNUE , faurus volans ; ( Hifi. nat.) {carabé de l'Amérique & des îles Antilles, dont le corps eft prefque auffi gros qu’un petit œuf de poule un peu applati, ayant comme tous les autres fcara- bés, des ailes fort déliées recouvertes par d’autres aîles en forme de coquilles, d’une fubflance feche , aflez ferme , très-lfle, luifante, d’une couleur de feuille morte tirant fur le verd & parfemée de peri- tes taches noires ; le refte du corps eft d’un beau noir d’ébene très-poli, & principalement garni à la par- tie pofterieure d’un duvet jaune difpofé en forme de frange. L'animal a fix grandes pattes, dont quatre prennent naïflance au-deflus de la poitrine , & les ‘ deux autres font attachées au milieu de la partie in- férieure de l’eftomac ; elles fe replient chacune en trois parties principales par de fortes articulations, M O U dont quelques-unes font armées de pointes très-ai- gueés ; les extrémités de ces pattes font terminées par irois petites griffes courbées en crochet, très - pi- quantes ,êc s’accrochantfacilement à tout cequ’elles rencontrent. La tête de cet infee paroïît comme étranglée &t détachée du corps ; elle a deux gros yeux ronds , demifphériques , de couleur d’ambre , très- clairs & fixes : la partie qui eft entreces yeux s’avan- ce beaucoup, & s'étend d’environ deux pouces & demi , formant une grande corne noire, très-polie, recourbée en-deflus ,garnie de quelques excrefcen- ces de même matiere, & terminée par deux four- chons difpofés l’un au-devant de l’autre. Le deffus de la tête eft emboîté dans une efpece de cafqué lar- ge d’un pouce , s’allongeant par-devant comme un grand bec un peu courbé, long à peu-près de trois pouces & demi, garnide deux éminences pointues, difpofées des deux côtés vers les deux tiers defa lon- gueur ; le deflus de ce bec eft d’un beau noir , auffi luftré que du jais poli ; mais Le deflus eft creufé par une petite ratnure toute remplie d’un poil ras très- fin, de couleur jaune , & plus doux que de la foie, & un peu ufé dans la partie de ce bec qui s’approche de la corne inférieure dont on a parlé. Tout l’ani- mal peut avoir fix pouces de longueur d’une extré- mite à l’autre : 1l vole pefamment , & pourroit faire beaucoup de mal s’il rencontroit quelqu'un dans fon paflage. M. zE ROMAIN. MOUCHES LUISANTES , autrement nommées béres a feu , c’eit un petit infeéte des pays chauds de l'Amérique, moins gros , mais plus long queles mou- ches ordinaires , ayant les aîles un peu fermes , d’un gns-brun , couvrant tout le corps de l'animal. Lorf- qu'il les écarte pour voler, & qu’il découvre fa par- tie poftérieure , onen voit fortir une clarté très-vive & très-brillante, quirépand fa lumiere fur les objets circonvoifins, Ces #ouches ne paroïflent que le foir après le coucher du foleil, Les arbres & les buiflons en font tout couverts , principalement lorfqu'il a beaucoup plu dans la journée ; il femble voir autant d’étincelles de feu s’élancer entre les branches & les feuilles. L'ile de la Guadeloupe en produit d’une autre forte beaucoup plus grofle que les précédentes, dont la partie poftérieure répand une plus grande lumiere, qui fe trouve fort augmentée par celle qui fort des yeux de l'animal. M. LE ROMAIN. MOUCHE-À-MIEL & MIEL, (Econ. ruff.)Tout n’eft pas dit fur le compte des abeïlles, Beaucoup des traits de leur induftrie & de leurs fénrimens ont échappé à la patience &c à la fagacité des obferva- teurs. Mais connût-on tout ce dont elles font capa- bles dans un climat , on n’auroit pas droit de conclure qu'il en eft de même dans tous les autres. La diffé- rente température de l’air faifant varier leur conduite pour leur confervation ; & pour augmenter le nom- bre des eflaims & la quantité du ie! ; c’eft pour ai- der à étendre leurs bienfaits que pourront fervir les obfervations fuivantes propres au climat du diocefe de Narbonne & du Rouffllion , où la beauté & la bonté du wre2 emporte fur tous ceux de l'Europe. Il eft furprenant qu'avec cet avantage dont jouit la montagne de la Clape auprès de Narbonne ; on s’y attache comme par projet à détruire ces animaux par des ravages qu'on y fait depuis plufieurs an- nées, & dont il fera parlé dans Particle TROUPEAUX DES BÊTES À LAINE, à qui ils font encore plus cruels. Les effaims viennent toujours dans le printems & jamais pendant l’été n1 l’automne, La durée des tems depuis la fortie du premier effaim au dernier en chaque année, & la quantité des effaims eft pro- portionnée à la quantité des ruches-imeres , & à l'abondance des provifons qu’elles ont faites, Toutes M OU les ruches ne donnent pas des effaims, ni du me/tous Jesans. Il eft des années où l’on n’a pas du sie/ ni des eflaims. Il en eft où l’on n’a que du wie/ & très-peu d'eflaims. Il en eft au contraire pendant lefquelles l’un & l’autre abonde. Pour donner un exemple de fécondité , j'ai vüune ruche qui, dans l’efpace d’un mois & demi environ, donna cinq eflaims, Ces diffé- rences viennent des différentes températures de leur l'air. Quand les abeilles ont effuyé un mauvais hiver & un printems trop fec , les plantes produifent peu de fleurs & fort tard; alors uniquement occupées à recueillir le peu de ce que la faifon leur fournit, elles travaillent beaucoup pendant long-tems pout ne ra- malfer que peu des provifons ; la faifon eftdéjaavan- cée, qu'elles ont à peine rempli les cellules vuidées pendant l'hiver pour leur entretien ; de forte qu’en ces années-là elles n’ont pù amafler au-delà de leur provifion pour l'hiver fuivant. Elle leur a couté cependant aflez des fatigues pour nuire à la cénéra- tion ; aufli n’en avons-nous pas des eflaims. . Quand l'hiver a été moins rude & le printems aflez doux vers fa fin, les abeilles n’ont pu trouver aflez tôt de quoi faire leur récolte : elles fe font excé- dées de fatigue, & n’ont pu remplir les ruches & engendrer ; l’un a nui à l’autre, de maniere qu'il n'en a pu rétulter que peu ou point d’effaims. Quand le printems commence de bonne heure à faire fentir {es douces influences, les abeilles cef- fent d’être engourdies ; la naturefe réveille, & leur ardeur eft inexprimable, quand les campagnes peu- vent fournir à leur diligence. C’eft en ces années-là que les ravages font d’abord réparés, les gâteaux multipliés & alongés, & les cellules remplies de miel, à quoi fuccedent bientôt beaucoup d’eflaims. Quand le nombre des effaims eft grand, la du- rée de l'apparition depuis le premier jufqu’an der- nier eft plus longue que quand le nombre eft pe- tit, comme nous l'avons déja dit, parce que cer- taines ruches en donnent plufieurs dans la même faifon. Nous devons, en ces années-là plus qu’en toutes les autres, porter plus d'attention à châtrer les ruches, & le faire à plufeurs reprifes. 1°, parce que levant le r5e/ dans toutes le même jour ; fic’eft troptôt, nous détruifons la multiplication, puilque les abeilles cherchent dès-lors à réparer les pertes qu'elles viennent d’efluyer, par un travail Opinià- tre qui nuit à la génération. 2.° On détruit inévi- tablement le couvain mélé en certaines ruches, avec le miel; 3. & le miel ainf confondu, en acquiert un goût bien moins agréable. Il faut donc donner à nos abeilles le tems de peupler & recon- noître, en obfervant celles qui ont donné des ef- faims, afin de les châtrer quand on jugera qu'un certain nombre de ruches en aura affez engendré. J'airemarqué ,en voyant prendre les effaims, que certains entroient de bonne grace dans les ruches qu'on leur avoit préparées, & qu'ils y reftoient. D’autres n’entroient qu'en partie; ouf ils en- troient en entier, ils ne faifoient qu'aller & ve- nit, de la ruche à l'arbre où ils sétoient d’abord accrochés! Ce dégoût pour les ruches étoit plus où moins long en certains ; les uns s’arrêtoient après quelques heures, à celles qu'on leur avoit préfentées ; d’autres flottoient plus long terms dans lincertitude , & difparoifloient bientôt après ; d’au- tres entroient dans les ruches : on les plaçoit , maïs ils difparoïfloient après quelques jours; enfin, cer- tains, après avoir commencé leurs rayons, aban- donnoient leur befogne & leur demeure. On pourroit croire que lPabandon de leur ruche étoit la marque du changement de patrie, on que la mort avoit fuivi leur établiffement. Quelques foins que je me fois donnés pour découvrir la caufe de ce changement, je n'ai jamais vu que la mort Tome X, M OU 771 leût produit; il y à tout lieu de croire que les corps morts auroient été au pié de la ruche & dans les rayons, comme on les trouve dans les anciennes , quand la vieilleffe ou d’autres caufes la produifent. Je n’ai jamais vu auf, pendant plus fieurs années que Jai obfervé ces animaux, qu'ils aient changé de patrie : l’homme deftiné À en avoit foin pendant toute l’année, & OCCUPÉ uniquement au printems à veiller à la fortie des effaims, à les loger & à les placer, n’a pu découvrir cette tranfs migration. [left donc vraïflemblable que ces effaims mécontens de leurs logemens, où par affeétion pour la maifon paternelle, vont rejoindre leurs parens ; qui, apparemment comme nous ; font toujours prêts à accueillir leurs enfans. Il femble far ce pié-là que l’inconftance de la jeunefle & la tendrefle des peres produifent ces déguerpiflemens. Ne pourroit-on pas foupçonner quelqu’autre caufe, en confidérant les allées &@ les venues des eflaims & leurs murmures dedans & dehors les ru ches? Ne femble:t-il pas que celles qu’on leur def. tine manquant par la grandeur (car les aromates dont elles font parfamées devroient les y arrêter) en paroïffent mécontens, après un examen aflez long , à en juger par leurs mouvemens contraires & bruyans? Les uns trouvent la ruche trop grande pour loger la famille; les autres , celle qu’on leur préfente trop petite ; certains s’accommodent de celles qu’on leur offre, & la famille s’y loge; enfin, il en eft qui s'étant d'abord accommodes du logement qu'on leur a offert, y travaillent ; mais foit inconf- tance, foit que la faifon qui a fuivi lenrs prémiers travaux, n'ait pu feconder leur ardeur, elles fe font découragées , après avoir reconnu apparemment qu'elles ne pouvoient remplir leurs premiers pro- jets ; elles abandonnent la place avec un ou deux petits gâteaux déja élevés. Je me confirmai dans cette opimon en 1757, ou j'eus affez abondam- ment des eflaums. J’avois fait conftruire des ru: ches pour les loger, plus grandes que les ruches- meres , croyant alors que celles-ci étant pleines & donnant des eflaims, exigeoient des caïfles pareilles où plus grandes pour me procurer à avenir plus de zie/, en y plaçant les plus gros. Je me troms pai; püiique quelque tems après, toutes ces ru- ches furent défertées, malgré les rayons que les effaims avoient déja commencé d'élever ; au lieu que les petites ruches réuflirent mieux. Îl n’y eut que les plus petits effaims, qui étant les derniers | nés, ne trouverent aucun logement convenable à la moindre de mes ruches étoit pour eux des pas laïs trop fpacieux ; tous déguerpirent, y étant peut: être déterminés par la difficulté des fubfftances qui furvint alors. On doit entrevoir de-R, que, ne voulant pas des petits eflaims, il faut châtrer les ruches dès qu'elles ont donné des effaims, quand on reconnoïtra qu’ils deviennent plus petits; dèsa lors elles chercheront plutôt à réparer leur perte qu’à engendrer; & l’on évitéroit de voir périr ces ruches meres, fuite ordinaire de l’épuifement. Si lon veut cependant profiter de leur fécondité, il faut proportionner la grandeur des caïffes à là groffeur des effaims; enforte qu’un efaim n’ayantque lé quart de la groffeur d’un autre (telle étoit à-perrprès la proportion des groffeurs du plus petit au plas grand de mes effaims de l’année 1757), il faut que la capacité dés caifles foient dans le rapport de * à 4; ou bien réunir plufièurs effaims , en ne confervané qu'une feine (chofe f difficile ) pour évitér la rés bellion. Il femble cependant, felon ce. que nous avons dit précédemment, que Les effaims quittant leur ruche, & ne changeant pas de patrie, mais fé réuniflant avec leurs peres , leurs:reines ne font | plus rébelles, & qu’elles infpirent au contrdire à Ebecei 772 MOU leurs fujets la paix & l'union. Leurs peres d’ail- leurs font vraïfflemblablement plus difpofés à les recevoir, quand on leur a enlevé le w#5e/ : car, comme nous le dirons bientôt, il fe fait pendant cette opération, une perte fi confidérable d’abeil- les, que les ruchesmeres en font dépeuplées ; ce qui difpofe les furvivans à recevoir leur poftérité dans le fein de la fanulle. t Nous devons avoir déja entrevu que la gran- deur des ruches doit être limitée. La pratique a fixé communément dans Le climat de Narbonne, la grandeur & la figure à un prifme reétangulaire de 8 à 9 pouces de côté à fa bafe, fur environ 2 piés 8 pouces de hauteur mefuré intérieurement. Sur quoi nous remarquerons que cette hanteur les expole plus aux vents que fi elle étoit moindre, & exige des travaux plus longs & plus pénibles des abeilles qui portent les provifions dans les rayons, On fait que les vents, fur-tout ceux d'hiver, les tourmentent beaucoup. Or, plus les ruches feront courtes, moins les fecoufles feront grandes,&x moins , les abeilles en fouffriront. Îl en réfultera encore que les abeilles auront moins de chemin à faire dans les ruches pour porter les mêmes provifions que fi elles étoient hautes ; & que le trajet étant plus court, elles y trouveront moins d’obftacles & moins de détours, que le prodigieux concours de ces ani- maux produit inévitablement entr’eux pour par- venir à leur but. Ils en fatigueront d'autant moins qu’ils emploieront moins de tems à porter leur far- deau plus pefant en montant, Je n’ai qu’une obfervation pour appuyer lPavan- tage des ruches courtes ou bafles. Je vois depuis huit ans que la feule que j'ai de 2 piés de hauteur fur un calibre plus grand que celui des autres, a été conftamment celle qui a porté le plus de miel. Nous devons defendre nos ruches ,non-feulement contre les vents, mais encore contre le froid. Ellesle crai- gnent fi fort, qu’elles tombent dans une efpece d’en- gourdiflement proportionnel au dégré de froid. J’a- vois cru, pour en mieux garantir les abeilles, devoir expofer mes ruches direétement au midi. Je prépa- rai pour leut poftérité un local relativement à cette idée & à l'opinion générale *. Deux eflaims y fu- rent placés ; je fuivis leur conduite ; je Les voyois parefleux, tandis que les ruches voifines expoiées au levant travailloient avec ardeur. Leur parefle augmenta fi fort que deux mois après on environ, elles furent défertées, y ayant vécu pendant ce tems-là fans commencer leurs gâteaux. Javois cru cependant ce local plus favorable que celui des au- tres ruches. J’eus donc lieu d’être furpris. D’où ve- noit cette différence fi contraire à mes vues ? non de l’expofñition au midi, puifque lexpérience l’ex1- e; mais uniquement de ce que le foleil, comme je l’obfervai, n'éclairoit ces deux ruches que bien long tems après fon lever. Les abeilles ne for- toient que tard par cette raifon; tandis que celles expofées au levant , quoique voïfines, apportoient avec diligence chaque jour, depuis quelques heures, leur riel & leur cire. Celles-ci proftoient de la ro- fée ou des tranfpirations des plantes abondantes alors; & les autres ne commençoient leur travail que quand l’ardeur du foleil avoit fait évaporer en grande partie cette humidité bienfaifante. Elles ne trouvoient prefque plus alors des moyens d’ex- traire les fucs des plantes trop defféchées pour elles, & ne pouvant y pomper qu'avec peine, elles n’a- * On prépare le Jocal pour les ruches, en y plaçant des pierres plates de niveau, plus grandes chacune que la bafe de la ruche , le ratiffant quelques pouces à l’entour, afin qu’au- cun obftacle n'empêche les abeilles d'y aborder librement en tout terms, M OU maflôient que pour vivre fur le courant, fans poir- voir faire des provifions. Auf je m’'appercevois prefque chaque jour diminuer l’affluence aux deux ruches. Enfin elles déguerpirent entierement. Je me confirmai dans le fentiment, que cette expoñtion étoit mauvaife par ce qui m’eft arrivé pendant plu- fieurs années de fuite. Deux ruches étoient expo- fées dans le même alignement de mes deux effaims. Des jeunes arbres naquirent & s'éleverent au der- riere qui auparavant étoit net; on négiüigea d'y remédier , les ruches ne recevoient que tard les rayons du foleil; lenr fécondité diminua, & il m'eft arrivé qu’elles n’ont plus donné du we juf- qu'à ce qu'elles ont été rangées à la ligne des au- tres. Il eft d’autres attentions qu’il faut porter pour elles. On doit tenir bouchées exaétement les ru- ches, aux petits paflages près à laier aux abeilles, pour entrer & fortir, afin de les préferver des ar- deurs du foleil, des vents & du froid. Nos ruches n’y font gueres propres, puifqu’elles ne font que quatre ais de fapin verd & mince cloués entr'eux, ui fe fendant aux premieres imprefñhons de l'air, laiffent à-travers les fentes Les aberlles expofées aux intempéries du tems. On prend foin alors (on le doit prendre aflidument) de les boucher, en les enduifant avec de la fiente de bœuf détrempée avec de l’eau. On s’en foulageroit, en fe {ervant de ruches faites de troncs d’arbres creufés, deflé- chés &z parfumés avec des aromates, On leur affu- reroit ainfi une demeure tranquille, à l'abri des tems fâcheux, 8 par furcroit de bonheur, une plus longue vie, que la deftruétion des ruches avec ces ais de fapin abrege trop fouvent. C’elt en vain qu’on fe promettroit de remédier à cette perte en voulant contraindre ces pauvres vieux animaux à pañler dans de nouvelles ruches. Car, foit atta- chement à leur ancienne matlon, {oit foibleffe de âge, elles ne peuvent s’accoutumer à changer 8 recommencer ailleurs leurs logemens ; elles périf- fent dans ces travaux, devenus plus onéreux par le désoût. Je l’éprouvai fur deux ruches qui s’écrou- loient. Je voulus contraindre leurs habitans à en prendre des nouvelles bien préparés. On eut affez de peine à les y faire pafler; on les pläça enfin au même endroit : mais bientôt elles périrent, quoique l’opé- tation fut faite en même tems qu’on levoit le w2e/ des autres, c’eft-à-dire dans la belle faifon, pro- pre à les engager à élever leur édifice. On feroit bien, quand cette deftrudion des ruches eft près, de les enfermer chacune toute entiere dans une plus grande, qui les conferveroit plus long tems & détermineroit peut-être les abeilles à s'attacher à la nouvelle, pour y recommencer leurs travaux quand la vieille crouleroit. De La confeétion du miel. On l’amañle ordinaire- ment dans le diocèfe de Narbonne &z dans le Rouf- fillon une fois chaque année , & quelquefois deux quand l’année eft favorable. La premiere récolte fe fait vers le commencement du mois de Mai, & la feconde dans le mois de Septembre. Le zrel du prin- tems eft toujours le plus beau, le plus blanc , & le meilleur. Celui de Septembre eft toujours roux. Le degré de beauté &t les autres qualités dépend de Pannée. Un printems doux donnant beaucoup de fleurs & de rofées , eft le plus favorable pour le rendre parfait. Pour l’amafler , on ôte le couvercle de la ruche, arrêté fur les montans avec des cloux, de façon à l'ôter aifement, & recouvert d’une pierre plate, telle-qu’elle puifle défendre la ruche contre la pluie. On tâche en même tems d'introduire de la fumée par-là en foufflant conftamment fur des matieres alu- mées & propres à l'exciter, On contraint ainfi les \/ Hi M OU abeilles attachées à élever ou remplir les gateaux,de defcendre vers le bas de la ruche qu’on veut leur conferver. Dès qu’on juge avoir rempli cet objer, on châtre avec un fer tranchant leur nouveau tra- vail ; on lenleve & le dépofe de fuite dans des va- fes qu'on recouvre de maniere à empêcher que les abeilles puiffent y reprendre de ce qu’elles viennent de perdre, & les préferver en même tems de leur perte où les entraine leur infatiabilité naturelle, en les excitant à s’enfoncer dans le volume perdu pourelles. ; Les vafes pleins, on les porte [à où le miel doit être féparé des rayons entremêlés , & l’on fufpend dans ces endroits, un, deux, &c. paniers, en forme de conetronque , ouverts par la grande bafe ayant deux anfes diamétralement oppoiées, dans lefquel- leson paffe un bâton, par où l’on fufpend chaque panier dans un grand vafe de terre fur les bords du- quelles deux bouts du baton repofent, & dans le- quel le panier doit être au large. On remplit enfuite le pamiér du miel & des rayons entremélés, qu’on prend foin de brifer à mefure ; 1l découle à -tra- vers tous les vuides du pamier le miel qui, tombant dans le fond de vafe , en fort en filant dans un au- tre vafe mis au-deflous pour le recevoir. Cette pra- tique n’eft pas fans de grands inconvéniens. Le pre- muet & le plus grand de tous vient de ce qu’on ne peur . quelque foin qu’on fe donne, chaffer toutes les abeilles hors des gâteaux qu’on veut châtrer; il yen refte toujours beaucoup, malgré la fumée qu'y chafle en foufflant un homme qui tient à la main des matieres propres à en fournir ; énforte que celui qui châtre, tue, malgré lui, une partie des opinià- tres avec {on fer tranchant, &c noie les autres dans le vafe où il dépofe le miel ; il en eft peu de celles- ci qui fe fauvent malgré leurs mouvemens pour fe dégager du gouffre où elles font englouties. Enfin, elles fuccombent après des longs & vains efforts. Il en eft pourtant parmi elles qui, peu enfoncées, poutroient fe dégager; mais foit avidité, foit dé- faut de conduite ; la plüpart s’'embourbent plus fort. Enfin mélées , & comme pétries par ceux qui rem- plitlent les paniers, elles périfient ; le miel en recoit apperamment un goût, défavantageux , augmenté par le couvain , quand il y en a, felon la durée de l'écoulement. Un autre inconvénient vient de l'indifférence qu'on a de mettre, fans diftinétion , dans les vafes tout le miel à mefure qu’on le tire des ruches ; quoi- que les gâteaux (oient de différentes nuances du blanc au roux, certains tirant fur le noir. On feroit bien de faire choix de ces divers gâteaux, & de mettre chaque qualité à part pour le faire couler fépare- ment ; ou bien mélant tout, pour aller plus vite en befogne (car les abeilles tâchent de regagner l’em- placement qu'elles ont quitté par la force de la fu- mée ) 1l faut féparer fans délai du vafe où toutaura été confondu, le beau de celui qui ne left pas. On pourroit en même tems occuper des gens à fauver du naufrage les abeïlles qui femblent s’y précipiter, en tirant, avec leurs doigts ces pauvres animaux, qui, enles mettant en heu fec, fe dégageront en marchant du miel dontelles fe font enduites, & s’en- voleront. Cette voie, quoiqu’utile , ne peut que di- minuer foiblement la perte, parce que, malgré nos empreflemens, on ne fauroit fouiller dars les vafes fans engloutir de plus fort celles qu’on voudra fau-. ver: Tout cela nous montre le défaut de lopération de lever le miel, en ce qu'il n’y a pas aflez de fumée pour chafler tous ces animaux: Le fouffle de l’hom- me ne fufit pas contre les opiniâtres au moyen de la fumée. Il faudroit donc tâcher d’en augmenter le volume, C’eft à quoi l’on parviendra par l’expé- M OU 773 dient fuvant. Employons un foufilet qui , bar fon afpiration , reçoive dans fa capacité la fumée qu’on excitera dehors, & qui par fa compreflion la chaflé dans la ruche. Il s’agit donc d’un moyen pour in- troduire la fumée du foufflet, à quoi me paroit très-propre un petit poêle, fémblable à ceux de nos appartemens ; ayant comme eux un tuyau deftiné à porter la fumée dont le bott d’en haut s’emboîtât dans l'ouverture du paneau où fera la foupape du foufflet. On mettra enfuite fur la grille quelque pe- tite braïfe recouverte de quelque matiete propre à fumer, comme font les plantes vertes, la fente de bœuf, Ge. Après quoi faifant afpirer le foufflet, & l'ouverture du poële ouverte , l’air extérieur fouf- flera labraife ; la fumée s’excitera , & montera pat le tuyau, dans le foufilet qu’on fuppofe arrêté fixe. ment au fourneau fur trois bras de fer en trépié af- fez hauts , añn que le canon du foufflet porte la fu: mée à fa deftination. Ce qui exige que. le couver- cle de la ruche foit percé dans {on milieu d’un trou rond, & propre à recevoir exatement le bout du canon, qui, à caufe de cela, doit être coudé. L’o- pération faite, on poutra retirer le canon de ce trou, qu'on bouchera pour remettte de fuite le couvercle à fa place. Au moyen d’un pareil foufflet, on pourra porter autant & fi peu de fumée qu'on voudraldans la ru- che, & par la force de la compreffion, forcer les abeilles à fe retrancher vers le fond , ou d’en {ortir. On peut commencer cette fumigation avant qué d'ouvrir la ruche, & la continuer à l’aife pendant que l’on en levera le miel fans embarraffer l’opéra- teur. Nous aurons ainf le tems de choiïfir à notre aife les gâteaux , en féparer les différentes couleurs, &t par-deflus tout, fauver la vie à un grand nombré d’abeilles, I doit paroître fingulier que les sâteaux étant éle= vés ordinairement en même tems dans uné ruche, foient fi différemment nuancés , quoique ce foit Les mêmes matiéres & les mêmes ouvrieres qui les ont formés. Ne peut-o" pas attribuer en partie ces dif- férentes couleurs aux différens volumes des gateaux que laiffe l’homme qui leve le miel , felon quil l'entend, & relativement à la conftitution de l’an- née ? Il tranche profondement quant les ruches font pleines, jufqu'à la croix faite de deux bâtons, tou- jours mie au milieu detla ruche, & traverfant les quatre ais. L'expérience à fait voir qu’il ne faut jamais s’enfoncer plus bas, & fouvent moins, parce que la fécherefle du printems eft ordinaire en ce cli- mat. Par où l’on voit qu'il eft des années où l’on retranche des morceaux des vieux pâteanux qu’on avoit eu raifon d'épargner l’année précédente. Ce long féjour leur donne une couléur jaune, Ce qui le prouve font les gâteaux fous la croix qu’on né détruit pas ; 1ls font roux de plus en plus, jufqu’à devenir prefque noirs à mefure qu'ils vielliffent. Pax remarqué d’ailleurs que le miel des effaims eft tou- jours le plus blanc ; ce qui confirme de plus en plus que les différentes couleurs des gâteaux dans la mê- me ruche viennent de leurs différens âges. Il y a ap- parence que le muel de lautomne étant toujours roux ,; contracte , indépendamment de la qualité des fléurs , cette couleur par le chaud de l'été, qui agit furles gateaux que les abeilles fe font empreflées d'élever d’abord après qu'on leur a enlevé le miél du printems. Cela nous conduit à confeiller de plus fort de iever le miel à reprifes, en commençant toujours par les ruches qui ont donné les premiers effains, afin d'éviter fon féjour trop long dans les gâteaux , où il contraëte par-là une couleur moins belle, & un goût moins agréable. Loriqu’il ne découle plus du miel de nos vafes : nous croyons l'avoir tout tiré , & l'on porte ce qué 774 M O U contiennent les paniers dans une chaudiere pour en faire la cire. Il eftpourtantcertainque cet entaflement des gâteaux qui ont été lacerés,malgréles grands vui- des qu’ils laiffent entt’eux dans les paniers,n’ont pu fufire pour laïfler écouler tout le miel de l’entre- deux : de forte que ce qui y refte fe perd dans les eaux dans lefquelles on fait fondre la cire. On le gagneroit fans doute par des lotions avec de l’eau, qui , mêlées avec celles où les gens qui font le miel lavent leurs mains , produiroient enfemble une eau emmielée , quil faudroit réduire enfuite à une cer- taine confftence par l’aétion du feu, afin qu’elle fe confervat pour fervir de nourriture aux abeilles pendant l’hyver. On peut encore extraire ce miel par expreflion, en mettant dans un fac de toile claire à diverfes reprifes , & partie par partie, ce qui eft dans les paniers pour le faire prefler. Le peu qui en découlera fera roux, & de la derniere qualité. On peut en extraire un plus grand volume, & lPa- voir bien moins roux, fi l’on donne des pañlages li- bres à ce miel afin qu’il coule vite, & afin qu'il refte moins de tems mêlé avec la matiere qui compofe les gâteaux, Je voudrois à cette fin qu'on fe fervit d’une caiffe plus grande, mais femblable à celles de . ces grandes rapes quarrées longues avec lefquelles on rape le tabac , & qu'on mit à la place du chaflis mobile qui porte la feuille de role ou de fer-blanc , un chaffis en bois à haut bord avec des fils de fer ar- rangés entr'eux fur le fond à la place de la grille de tole , comme ils le font aux cribles avec trémie pour le blé ; fur lefquels dépofent le réfidu des gateaux en couche mince; on verroit découler deffous dans la caïffe le miel entremélé , d’où il s’écouleroit en inclinant la machine dans un vafe mis au-deffous. Ce même crible , ou plufieurs enfemble, feroit fa- vorable pour hâter l'écoulement de tout le miel. IL en réfulteroit fans doute plus de beauté en diminuant la durée du mêlange avec la matiere des gâteaux. S'il pañoit plus de parties de cire par ce crible , mêlées avec le miel, qu'il n’en pafñle par la méthode ordi- naire, On auroit la même reflource qu’on a en celle- c1, d'écumer & de faire filtrer les écumes en les re- mettant fur les parties qui refteront fur le crible, Il nous refte à confeiller un autre épurement du nuel que j'ai vu faire à une perfonne à qui jen avois envoyé un barril ; quoiqu'il fût beau, elle voulut lavoir encore plus beau, & le filtra au moyen d’u- ne toile de canevas; il en devint en effet bien plus beau; le canevas arrêta des parties mêlées de plu- fleurs couleurs , qui n’avoient pu s’en féparer fans cela. Ce que j'en ai vu m’a déterminé de faire à l’a- venir quelque chofe de femblable. J’ai fait faire deux chaufles d’hipocrat de canevas , dont l’ouverture de chauffe eft un cercle de bois d'environ quatre pou- ces de diametre, autour duquel j'ai attaché cha- cune ayant environ un pié de longueur. Jai at- taché auf fur le cercle une anfe de ruban de fil par lequel je veux fufpendre cette chaufle au col du vafe où loge le panier , & par où coule le miel qui en fort. En paflant dans cette chauffe, il y dépofera les faletés & les écumes qu’on vuidera , à mefure. qu'elles s’y entafleront, ou dans les paniers ou dans les cribles que je propofe, ou dans une autre chauf- fe , tandis que le miel épuré tombera dans le vafe au-deflous. Areicle de M. BARTHÉS Le pere, de la Société royale des [ciences de Montpellier, MOUCHES A MIEL du continant des Îles de | Amé- rique. Elles font plus petites & plus noires que cel- les de l’Europe, errantes &c vagabondes dans les bois, cherchant des troncs d’arbres creufés pour y établir leur demeure; leur miel eft toujours liquide comme du firop , ce qui provient , fans doute, de l'extrème chaleur du climat; c’eft ponrquoi ces mou- .hes ont foin de l’enfermer dans des efpeces de vef- ns "+ M OU fies ,; bien jointes les unes auprès des autres, & difpofées à-peu-près comme les alyéoles que font nos abeilles. La cire qu’elles emploient dans leur travail eft d’un noir un peu roufsatre , très-fine, très-douce an toucher , & s'étendant facilement entre les doists, ce qui la rend très-propre pour tirer fort exa@tement les empreintes des pierres gravées en creux. Les moines de la nouvelle Efpagne & de la côte de Ca- rac s’en fervent pour faire des cierges, qui donnent une lumiere fort trifte : on en fait aufli des petits em- plâtres pour ramolir les durillons & corps dés piés. Les Caraibes en compofent une efpece de maftic, qu'ils appellent many , fervant à différens nfages. Voyez l’article MANY. Cette cire eft connue dans les Antilles fous lenom de cire de la Guadeloupe, d'où on l’apporte à la Mar- tinique pour en faire des bouchons de bouteille ; elle ne blanchit jamais, pas même en la faifant bouillir dans une forte diflolution d’alkali fixe ; elle y prend feulement une couleur brune , fes parties perdent leur liaifon , & elle devient féche & friable; fi, après lavoir lotionnée plufieurs fois dans de l’eau botullante on la fait liquefñer fur le feu , elle reprend fa couleur noire; mais elle n’a plus fa premiere qua- lité, & fe trouve fort altérée, l’alkah ayant dé- compofé une portion de fon huile conftituante. AL, LE ROMAIN. MOUCHE GUËPE , voyez GUÊPES. MOUCHE PORTE-LANTERNE , v0yez PORTE- LANTERNE. MOUCHE BALISTE; On nous en a envoyé la defcription fuivante de Lizieux : cette mouche, la feule que j’aye vù de fon efpece, dit M. l’ab- bé Préaux , avoit feize ou dix-fept lignes de long , fur à peu-près deux lignes de diametre dans la plus grofle partie de fon ventre ; la tête brune, le dos d'un verd olive, & le ventre rouge de grenade, partagé dans fa longueur d’une ligne jaune : elle a quatre aïles attachées à un corcelet ; moufle dans fa partie poftérieure. ( Nous n’avons pu en inférer ici la figure. ) J’étois à la chafle, dit l’au- teur , lorfque je pris cet infefte. Laj chaleur m’a- voit contraint de m’afleoir à l'ombre d’un chêne : je fentis un petit corps me frapper le vifage, ce qui me fit lever la vue : j’apperçus une groffe mouche de l'efpece que les enfans nomment mefféeurs , pour la difüinguer d’une autre efpece de demorfélles beaucoup plus petite , qui naît de la chryfalide du fourmi-lion, Cet animal voloit avec une très-srande rapidité au- tour de l'arbre, & je ne fus pas long-téms à m’ap- percevoir qu'il régloit fon vol fur les tours & les dé- tours d’un autre infeéte plus petit qui fuyoit devant lui. Pendant que je confidérois ce combat, je reçus fur le front un coup femblable au premier qui m’a-- voit touché un moment auparavant, & cela dans l’inftant où la mouche pourfuivie & fon ennemi, pafloient à peu-près à la hauteur de ma tête, Je dis lon ennemi , parce que je connois les meffeurs très- friands des autres mouches : j'ignore cependant s'ils mangent indifféremment tous les infeétes volans. Je ne fais trop fur quel foupçon je pris mon mouchoir pour abattre le plus gros des deux infeêtes, il m’é- chappa, mais je frappai la mouche , qui tomba au pié de l'arbre. L’ayant prife par les aîles je la confidé- rois , lorfqu’après avoir retrouflé fon corps vers les doigts où je la tenois , comme pour me piquer , elle le rabaïfla d’un mouvement aufh fubit que celui d’un reflort qui reprend fa ligne, Ce jeu fe répéta trois ou quatre fois fans que j’eufle lieu de deviner quel en étoit l’objet ; mais un petit corps qui me tomba fur l’autre main m'ayant rendu plus attentif aux mouve- mens de ma mouche, que je nommerai fi vous le vou- lez, mouche baliffe, de Ranne, je lance, je vis qu’en fe recourbant fur elle-même , les anneatix de fon ven- tre fe rétrécifloient en rentrant un peu les uns dans les autres, &l’infeéte fe raccourcir & s’enfler en pro- portion de fa contraëtion. Dans cet état un mouve- ment vermiculaire qui fe fit de la partie antérieure duventre vers la poftérieure , apporta à l’anus, dont Vorifice fe partagea en deux dans la longueur d’une ligne, un globule verd olive qui s'arrêta dans cette partie : il paroïfloit retenu & preflé comme l’eft un noyau de cerile par les doigts d’un enfant qui veut en frapper un objet. Alors le corps de l'animal repre- nant {on état naturelavec la même élafticité que j’a- vois déja remarquée , je reçus dans la main, que je préfentai à defféin, le petit corps que j’avois ap- perçu. Comme 1l fut lancé avec tant de force, & bondit fur ma main avec tant de vitefle , que je ne . pus le rerenir ; il tomba & fe perdit dans l’herbe. Ne voulant-pas rifquer une nouvelle perte, je fisun cornet de papier , tins ma ba/ifle au-devant de l’ou- verture, &yJe reçus après les mêmes procédés de fa part ; douze ou quinze petits boulets, Les forces & peut-être les armes lui manquant pour fa défenfe , elle cefla de tirer. Unautre cornet me fervit à enfermer l’animal, pour me donner le loïfir d'examiner ce que contenoit le premier, J’ens lieu de croire que c’étoit des œufs : ils étoient moins oblongs que ceux des oifeaux , & de la groffeur d’u- ne tête de grande épingle. Jen écrafai quatre, ils étoient fort durs, & pleins d’une matiere rouge & épaifle. Je gardai ce qui m'en refloit, je les mis ainfi que la mere dans ma poche , en me promettant de nouveaux plaifirs à mon retour ; mais en arrivant chez moi, après quelques heures de chafle , je vis avec un vrai chagrin, que j'avois perdu mes deux cornets. J'ai bien des fois depuis cherché aux envi- rons de mon chêne & dans le canton , à réparer cette perte, que je regrette véritablement ; mes recher- ches ont été infrudueufes. Peut-être cet animal, que tous mes foïins n’ont pü me procurer une feconde fois dans le pays que j’ha- bite , eft-1l commun ailleurs, Quoi qu’il en {oit, je ne puis me laffer d’admérer les vues de la nature fur cette mouche finguliere ; mais j'avoue que j'ai quelque peine à concilier des defleins qui femblent f oppolés ; car en fuppofant que ces petits boulets foientles œufs de la ba/iffe , comme la matiere qu’ils contiennent m'a porté à le foupçonner , le moyen d'imaginer que cet infete , quand il fe {ent en dan- ger, Îe ferve de fes œufs pour fe défendre contre l'ennemi qui le prefle à Cela ne s’accorde pas avec l'amour que la nature a donné généralement aux ani- maux pour leurs petits 8 pour leurs œufs : le plus foible oïfeau fe livre au chien ou au tiercelet qui ap- proche de fon nid; & l’amour de fa famille naïf fante ou prête à naître, lui fait oublier fa propre con- verfation. Je fai que les infeétes ne couvent point leurs œufs, & par cette raïfon y font moins atta- chés que les oïfeaux ; mais au moins les dépofent- ils dans des lieux où ils éclofent en {ureté. La balrffe en cela bien différente , f je puis juger fur ce que j'ai vù , fe fert des fiens pour combattre & fe défendre ; elle les lance contre l'ennemi pour retarder fon vol & ralentir fa pourfuite. Je fens qu’on peut répondre ue prête à périr, la #alifle connoïffant que fa mort A celle des petits qu’elle porte, fe décharge d’un fardeau qui l’appéfantit , qu’elle peut n’avoir d’antre deffein que de fe rendre-plus légere & fa fuite plus rapide ; que d’ailleurs elle fait que fes œufs ne feront pas perdus, que la chaleur de la terre les fera éclo- re, & que de cette ponte forcée dépend le falut de la mere & de fa famille, Je ne fai f la fingularité de la chofe me féduit ; mais il me femble que pour tout cela, il fufliroit que l'infe@e pourfuivi, laiffât tom- ber fes œufs, Tous les mouyemens que je vous ai dé- M O U 775 crits, cette force avec laquelle l'animal fe Cohtracte, cette vitefle avec laquelle il fe détend , cette petite pincette enfin qui retient & prefle l’œuf un inftant avant que de le lancer pour en rendre le jet plus ra= -pide; tout cela, dis-je , feroient autant d’inutilités ; f la Éalifle n'avoit d'autre objet que de fe délivrer d’un poids incommode, ou de fanver {a famille ; OF l'expérience nous apprend que la nature ne fait riert inutilement, De plus, quand on admettroir pour un moment que la baliffe fe débarrafle de fes œufs pour fuir plus facilement , & qu’elle fait que la chaleur de la terre les fera éclore , cela fera bon pourvti que les œufs foient arrivés au terme d’être pondus ; & alors il faudra fuppofer , ce qui eft abfurde, que la demoi. felle de la grande éfpece ne fait la guérre à la pas lifle que quand elle eff prête à faire fa ponte ; ou, cé qui ne fera pas beaucoup plus fatisfaifant , qu'elle devient la proie de fon ennemi lorfqu’elle n’eft pas. à tems de fe délivrer de fes œnfs. MOUCHE, (Scence microfcop.) la feule mouche commune eft ornée de béautés qu’on ne peut gucré imaginer fans le microfcope. Cetinfelte eft parfemé de clous depuis la tête jufqu’à la queue , & de lames argentées & noîres ; fon corps eft tout environné de foies éclatantes ; fa tête offre deux grands yeux cérs clés d’une bordure de poils aroentins ; elle a une trompe velue pour porter fa nourriture à la bouche, une paire de cornes , plufieurs touffesde foie noire, & cent autres particularités, Le fnicrofcope nous dé: couvre que fa trompe eft compofée de deux parties qui fe plient l’une fur l’autre , & qui font engainées dans la bouche ; l'extrémité de cette trompe eft affi- lée comme un couteau, & forme une efpece de pom- pe pour attirer les fucs des fruits & autres liqueurs, Quelques mouches plus légérement colorées, & plus tranfpatentes que Les autres, font voir diftinc- tement le mouvement des boyaux qui s’étend depuis l’eftomac jufqu’à l'anus, ainfi que le mouvement des poñmons qui fe reflerrent & fe dilatent alternative- ment ; fi On difleque une mouche, on y découvre un nombre prodigieux de veines difperlées fur la fur- face des inteftins ; car les veines étant noirâtres & les inteftins blancs , on les apperçoit clairement par le muicrofcope , quoiqu’elles foient deux cens fois plus déliées que le poil de la barbe d’un homme. Se- lon Leeuwenhoek, le diametre de quatre cens cin- quanté de ces petites veines , étoit à peu-près égal à celui d’un feul poil de fa barbe. Dans plufieurs efpeces de mouches la femelle aun tube mobile au bout de fa queue ; en l’étendantelle peut s'en fervir pour porter fes œufs dans les trous êt les retraites propres à les faire éclore, Il vient de ces œufs de petits vers ou magots, qui après avoir pris leur accroiffement , fe changent en auréles , d'où quelque tems après , ils fortent en wouches par- faites. | Je ne fnirois point fi je voulois parcourir toutes les différentes fortes de mouches que l’on trouve dans les praities , les bois &c les jardins : je dirai feulement que leurs décorarions furpaffent en luxe, en couleurs ët en variétés , toute la magnificence des habits de cour des plus grands princes. (D. J. MOUCHE-DRAGON , æi/ de La ( Sciencé microfe. ). la mouche-dragon eft peut-être la plus remarquable des infeétes connus , par la grandeur & la finefle de fes yeux à réfeau , qui parouffent même avec les lu- néttes ordinaires dont on fe fert pour lire , fembla- bles à la peau qu’on appelle de chagrin, M. Leeu- wenhock trouve dans chaque œil de cetanimal 12 s44 lentilles, ou dans les deux 25088 placées en exa- gone ; enforte que chaque lentille eft entourée de fix autres ; ce qui eft leur fituation la plus ordinaire dans les autres yeux de mouche. Il découvrit auf dans le centre de chaque lentille une pétité tache 776 M O U tranfparente, plus brillante que le refte, & il cut que c’étoit la .prunelle par où les rayons de lumiere paient fur la rétine ; cette tache eft environnée de trois cercles , & paroït fept fois plus petite que le diametre de toute la lentille. On voit dans chacune de ces furfaces lenticulaires extfèmement petites, autant d’exaétitude pour la figure êz la fineffe ,6c au- tant d'invention & de beauté que dans l'œil d’une baleine & d’un éléphant. Combien donc doivent être exquis & délicats les filamens de la rétine de cha- cune de ces lentilles , puifque toute la peinture des objets qui y font repréfentés doit être plufieurs mil- lions. de fois moindre que les images qui fe peignent dans notre oil. MouCcHE-GRUE , ( Science microfc. ) cette zzouche nommée par Aldrovandi, culex maximus, & par le vulgaire, pere à longues jambes , préfente plufeurs chofes dignes de remarque. Ses piés difféqués dans une goutte d’eau, font un tiflu de fibres charnues qui fe reflerrent & s’étendent d’une maniere furprenan- te, & qui continuent leur mouvement trois ou qua- tre minutes. Leeuwenhoek dit n'avoir vérifié cette obfervation que dans les piés de ce feulinfecte. Ses inteftins font compofés d’un nombre prodigieux de vaifleaux , qu’on peut voir auf clairement avec le microfcope , qu’en voit a la vue fimple les entrailles des plus grands animaux. La queue de la ouche- grue femelle fe termine par une pointe acérée , dont elle fe fert pour percer la terre & dépofer fes œufs fous le gafon., (D. J.) MOUCHE CANTHARIDE , ( Æif?. nar, Mar, med. ) Voyez CANTHARIDE. MoucHE, ex rerme de Découpeur ; c’eft un mot- ceau d’étoffe de foie, velours, fatin , ou autre, taillé en rond, en cercle , ou autre figure, que les dames mettent fur leurs vifages par forme de pa- rure & d'ornement ; la mouche eft sommée en-def- fous. MoucuE , /e jeu de la mouche ; on ne peut guere {avoir au jufte d’où nous vient cejeu, ni ce qui l’a fait nommer ”z7ouche, Nous ne nous arrêterons pas à donner de fon origine & de fon nom des raïfons très-incertaines, & qui pourroient par conféquent n'être que fort peu fatisfaifantes. Ce jeu tient beau- coup de la triomphe par la maniere de le jouer, & a quelque chofe de l’hombre par la maniere d’écarter , qui differe cependant en ce qu’à l’hombre, ceux qui ne font pas Jouer écartentaprès celui qui fait jouer, & qu'à la mouche tous ceux qui prennent des cartes au talon font cenfés Jouer. On joue à la zouchedepuis trois jufqu’à fix. Dans le dernier cas un jeu de piquet ordinaire fufit. Il y a même des joueurs qui Ôtent les fept ; mais dans Je fecond , il eft néceffaire qu'il y ait toutes les pe- fites cartes pour fournir aux écarts qu’on eftobligé de faire, & afin qu’il en refte au talon, outre la carte retournée , de quoi en donner aux moinstrois à cha- que joueur , tous veulent aller à l'écart. On voit à qui fera; l’on prend des jettons que les joueurs fixent tant pour le nombre que pour la valeur, & ce- lui qui fait après avoir donné à couper, donne cinq cartes à chacun, par une, par trois, par cinq, même s’ille veut, quoique cette derniere façon foit moins honnête, Il retourne enfuite la carte quieft la pre- miere fur le talon, & qui refte fur le tapis pour être la triomphe pendant le coup. Le premier après avoir vû fon jeu eft maître de s’y tenir, c’eft-à-dire de garder les cartes qu'il a dans fa maïn fans aucun échange, ou de prendre une fois feulement autant de cartes qu'il lui en faut, cinq même s’il le veut; &c il peut pafer s’il n’a pas beau jeu, Ainfi du fecond, du troifieme, Celui qui demande des cartes du talon eftteujours cenfé jouer, & celui qui a pris des cartes, & n'a MOU point fait de levée , fait la mouche. Voyez MoucHE!. Lorfquil y a plufieurs zouches faîtes dans le même coup, ce.qui arrive fouvent lorfqu’on eff fix, elles vont toutes à la fois , à moins que l’on ne convienne de les faire aller féparément. Il n’y a que celui qui mêle les cartes qui mette au jeu le nombre de jettons fixé ; & par conféquent ce- lui qui fait la souche la fait d’autant de jettons qu'il y en a au jeu. Celui qui n’a point jeu à jouer ni à prendre des cartes , met fon jeu avec les écarts, ou fous le ta- lon. Celui qui fait jouer fans avoir recours autalon, dit feulement je m°y tiens. Les cartes fe jouent com- me à la bête, & chaque levée qu’on fait vaut un jet- ton, deux quand la mouche eft double , trois quand elle eft triple, ainfi du refte. Si les cinq cartes de quelque joueur font d’une même couleur, c’eft-à- dire cinq piques, cinqtrefles , 6c. quoique ce ne foit point de la triomphe , ce joueur a la mouche fans jouer. Si plufñeurs joueurs avoient la zzoche dans le même coup, la mouche de la triomphe gagneroit, & à fon défaut , ceile qui feroit la plus haute en point. Pour cela on compte l'as , qui va immédiate ment après le valet, pour dix points, les figures pour dix, & les autres cartes pour ce qu’elles mar- quent. En cas d’épalité par-tout , c’eft la primauté qui gagneroit. Celui qui a la mouche n’eft point obligé de le dire quand on le lui demande , mais doit accufer jufte : sil répond oui, ou non, après que celui qui a la mouche a dit je my tiens , les autres joueurs fans ré- flexion vont leur train à l'ordinaire. Le premier qui a la mouche leve tout ce qu'il y a _aujeu, & gagne même toutes les roches qui font dües ; & ceux qui continuent de jouer après la ou che découverte, font une zouche fur le jeu, fans pour cela qu’il foit befoin de jouer. C’eft pour quoi il eft fouvent de la prudence de démander à ceux qui s’y tiennent s'ils fauvent la zouche, &c les obferver alors ; car ils ont fouvent peine à cacher leur jeu , êc fe font connoître par leur air fatisfait. Celui qui fe tient à fes cartes doit pour fon avan- tage particulier ne point répondre à ceux qui lui de- mandent sil fauve la #ouche , & de les laifler croire qu’il l’a dans fon jeu, parce que nous avons dit plus haut, quand on répond , il faut accufer jufte. Ce- pendant un Joueur bien afluré de fon jeu, peut fau- ver la mouche pour engager les autres à s’en mettre; &c leur faire faire la mouche à tous. Celui qui renonce fait la zzouche d'autant de jet- tons qu’elle eft grofle , de même que celui qui pou- vant prendre une cafte jouée en en mettant une de la même couleur, ou en coupant, ou furcoupant. Qui feroit furpristricher au jeu, oureprendre des cartes de l'écart pour s’accommoder, feroit la mou- che, & ne joueroit plus. Celui qui donne mal , re- mêle fans autre peine; ce qui nee fait pas pour une: fimple-carte retournée à caufe des écarts, | MOUCHE , au jeu dece nom , c’eft cinq cartes de même couleur qui fe trouvent dans une même main. Uu joueurquia la mouche leve toutle jen, fans qu’il foit néceffaire de jouer. MoucHE DOUBLE, au jeu de ce nom, c’'eft celle qu'on fait du jeu & des autres mouches qui font avec lui, & qui doivent être gagnées dans le même coup que lui. : MOUCHES SIMPLES , 44 Jeu de ce nom, ce font celles qu’on fait fur le jeu feulement, n’y ayant avec lui aucune autre #ouche, MOUCHE DE TRIOMPHE, a jeu de mouche, eft la premiere de toutes les zouches ; parce qu’elle eft de la couleur de latriomphe, & qu’elle emporte tou- tes les autres , quand elles feroient même plus hautes en point qu'elle, MOUCHE, M OU Moucues, fe dit encore 4 « Jeu de ce que doit payer celui qui, ayant pris des cartes de l’écart , n’a pù faire une feule levée. MOUCHE, SAUVER LA, figniñe, ax jeu de la mouche , garantir les autres joueurs de la zzouche, en leur proteftant qu’on ne l’a point. | MOUCEÉ, PAIN MOUCHÉ, en terme de Rafine- rie, eft un pain de fucre dont la tête eft tombée par l’action de lachaleur & des orages. MOUCHER LE CHANVRE , terme de Corderie , qui fignifie rompre les pattes du chanvre, qui ont pañlé entre les dents du peigne en le peignant ; pour cela le peigneur tortille Les pattes à l’extrémité d’une des dents du peigne, & tirant fortement le chanvre de la main droite , il le rompt au-deffus des pattes qui reftent par ce moyen dans les dents du peigne. Foyez l’article de la CORDERIE. MOUCHER UN CORDAGE, ( Corderie. ) c’eft re- trancher une certaine longueur des bouts s'ils font mal commis , ou s'ils fe font décommis par le fer- vice. MOUCHEROLLE, f. f.( Æiff. nat. Ornitholog. ) floparola, Ald. oïfeau qui reffemble au moimeau fe- melle par la groffeur & par la couleur, mais il a le corps plus alongé & plus mince, Toute la face fu- périeure de cetotieau eft entierement d’une couleur cendrée , femblable à celle de la fouris, & fans mélange d’autres couleurs , excepté le deflus de la tête qui a des taches noires ; toute la face inférieure eft au contraire bianchâtre , la gorge & les côtés font un peu rouflâtres, la queue eft entierement brune. Toutes les grandes plumes des aîles font noi- râtres , les intérieures ont les bords jaunes. Le bec eft noir, droit, applati, & plus large auprès des narines que dans le refte de fon étendue ; la piece fupérieüre eft un peu plus longue que l’inférieure , & crochue à l'extrémité. Les pattes font petites & noires. Les jeunes zoucherolles ont le dos parfemé de taches noires & de taches blanches. Cet otfeau a la bouche grande; il fe nourrit de fcarabés , de mouches , &c, Raï fyzop. meth. avium, Voyez O1- SEAU. MOUCHERON , { m.( Æiff. na. Infeëlolog. ) cu- lex, petite mouche. Le moucheron mâle a des yeux verdâtres. Tout proche des yeux, on voit fortir les cornes de deux petites boules de couleur incarnate, Elles fe divifent en douze petits boutons noirs, en- yironnés de poils déliés qui fe croifent. Il y aau bout un anneau environné de fix poils. Il fort du milieu une e{pece d’aiguillon qui eft revêtu de petites plu- mes de couleur brune, qui reflemblent affez à des ccailles de poiffon. Cet aiguillon eft renfermé dans un étui, 8 s’avance en-dehors. Il eft fi pointu qu’a- vec le meilleur microfcope on ne peut appercevoir que fa pointe {oit émouflée, ce qui paroït pourtant aux aiguilles les plus aiguës. De fa poitrine fortent des jambes, des aîles, & deux autres parties qui pa: roulent comme deux petits marteaux de figure ova- le. À l'extrémité de chaque jambe qui eft brune , 1l y a une efpece de petitongle, Les piés font revêtus de plumes qui reflemblent à des écailles, d’entre lef- quelles 1l fort quantité de petits poils noirs, fermes &t roides comme de la foie de pourceau. Les aîles font environnées de petites plumesiayec de petites veines ou nerfs dont elles font tiflues , & le fond de _cesaîles eft d’une fubftance membraneufe & tranfpa- rente. Sa poitrine eft luifante, & tire fur le châtain brun. Le ventre eft divifé en huit anneaux, comme le ver &c la nymphe, revêtu par-tout de petites plu- mes, & environné de poils fort déliés qui fe croi- fent. En la femelle, les cornes font d’une ftrudure différente. Les moucherons s’engendrent dans l’eau, d’un œuf fort peut que la mere y cache quand elle vient à jetter fes œufs, ce qu'a découvert le premier Tome YX, “ M OU H77 M. d’'Hurffeau, miniftre de Saumur. Ils font deffinés dans la ’zographie de Hook, Swammerdam à aufl décrit la rêre & les cornes qui font toutes couvertes de poils que les Naturaliftes appellent anrennes. Son corps eft brun , & au milieu il paroît un peu blanc. L'animal eft tranfparent, & au-dedans de fa queue on apperçoit deux veinés qui viennent de la poitri- ne ; elles fervent de véhicule à l’air dans la refpira- tion. MOUCHERON , ( Gram. ) le bout brûlé de la me- che d’une bougie ou d’une chandelle. MOUCHETÉ , adj, ( Gram.) il fe dit de tont ob: jet dont la furface eft parfemée de taches petites & rondes de différentes couleurs. MOUCHETÉ , adj. ex termes de Blafon , fe dit du milieu du papillonné , quand il eft plein de mouche- ture & d’hermine. Chiming , en Savoie, de gueules au chevron d’argent , moucheté d'hermine. | MOUCHETÉ , ( Vénerie, ) 1l y a des cerfs qui le font. On dit de la peau de plufieurs animaux , com- me le tigre, le chat, qu'elle cft meucherce. MOUCHETER , serme de Pelletier. Mouchéter de l’hermine , c’eft y coudre de diftance en diftance de petits morceaux de fourrure noire pour repréfenter des mouches. Voyez HERMINE. MOUCHETTES, f. f. ( Gram. & Écon. domeflig. } uftenfile de ménage qui fert à moucher les chandel- les, &t même aujourd'hui les bougies, lorfque lelu- mignon en eft devenu trop grand & qu’elles n’éclai- rent plus affez. Elles ont deux branches, & chaque branche à fon anneau; les deux branches font aflem- blées par un clou fur lequel elles s'ouvrent & fe fer- ment en cileau ; elles font terminées l’une par une boîte plate d’un côté & arrondie de l’autre, l’autre, par une plaque de même figure. La plaque fert de cou- verture à:la boîte, le côté plat de la boîte & le côté correfpondant de la plaque font fonétion de cifeau , & retranchent la partie fuperflue du lumignon; ce fuperflu eft pouffé dans la boîte où la plaque l’étoutfe en fe fermant. On pratique entre les branches des mouchertes un reflort qui les fait fermer d’elles-mê- mes quand elles {ont ouvertes, & qui les tient bien fermées quand on s’en eft fervi. Par ce moyen, el- les coupent plus promptement, & le Iumignon re. tranché ne s'échappe pas de la boîte. Il y a des mou. chetes d'acier , de cuivre & d'argent. MOUCHETTE , ex Architeïlure ; les ouvriers ap- pellent ainfi le /armier d’une corniche; &, lorfqu'i£. eft refouillé ou creufé par-deflous en maniere de canal, ils le nomment moucherte pendante, Voyez LARMIER, MOUCHETTE, ( Charpente. ) eft un outil qui fert à faire les baguettes & les boudins aux moulures que l’on poufle fur les bois ; elle eft en für comme les ra+ bots. Voyez PI, du Menuifier. MOUCHETTE , ( Menuif. )eft un outil qui fert à faire des moulures ; il reflemble au rabot rond, à l'exception qu’il eft concave deffous. On s’en ferc pour faire des baguettes, des boudins, Ge. Woyez la fig, PL, de Menuiferie, MOUCHETTE À JOUE, ( Menuiférie, ) eft celle qui.a une Jote comme le feuiileret. . MOUCHETURE, f. f, terme de Chirurgie, fcari- fication fuperficielle, Foyez SCARIFICATION. , MOUCHETURES , e7 termes d'Architecture, fe dit quelquefois des ornemens de fantaifñe, qui fervent à remplir les efpaces vuides des ouvrages de Sculp- ture, On en faitufage auf dans les écuffons & dans les écritures, (A MOUCHETURES , ez terme de Blufon. Voyez l'arti. cle FOURRURE. ; nes MOUCHETURE , serme de Pelletier, qui fe dit de l'hérmine , quande Ile'eft parfemée de petites mou- 118 Eee 779 M © Ü ches noiïres, On fe fert'aufi de ce mor pour expri- mer lestachesnaturelles qui fe trouvent fur la pean des diférens animaux : ainf on dit les #ouchetures d’une peau de tigre, d’une panthere , &c. | MOUCHETURE , sermede Blafor, efpece de queue d’hermine motchetée. | MOUCHOIR , f. m. ( Gram. & Écon. domeflig.) linge.qu'on porte dans fa-poche pour fe moncher éc pour s'efluyer. | | MOUCHOIRS DE COL, serme de Marchand de mode , ce font des rands mouchoirs de foie qui ref- femblent à-du.fatin, maïs qui n’a point d’envers, fur lefquels font travarllés des defiéins qui paroi fent également des deux côtés, [IL n’y a guerequeles femmes du commun qui fe fervent de ces mouchoirs pour mettre fur leur col. Les Marchands de mode les tirent de Lyon, de Nimes & des Indes. MOUCHOÏR-FRISÉ , terme de Marchand de mode, ce font trois rangs de gafe brochée ou peinte, de blonde ou de dentelles; montés parétage furunru- ban de fil aflez étroit , & qui font fort phfés. Cet ajuftement fert aux femmes pour mettre fux leurcol , &z peut être large en tout de quatre ou cinq doigts fur trois quarts de long. | MOUCHOIRS A DEUX,FACES , ( Soyerie. ) étofte legere , façon de ferge, dont un côté eft d’une cou- leurpar la chaîne, & l’autre d’une autre couleur par la trame. MOUCLES , voyez MOULES. MOUDON,, o4 MOULDON , ( Géog. ) en alle. mand Âr/den, en latin Minidunum, ancienne petite ville de Suifle, dans le, canton de Berne, an pays -de Vaud, chef-lieu d’un bailliage de même nom. Elle eft en partie dans la plaine , en partie fur le pen- chant d’une colline; Berchtold dernier duc de Zé- ringen, ferma cette ville de murailles en 1190, & Amé VI. comte de Savoie, confirma fes priviléges en 1359. Le bailliage de Mordon confine au canton de Fribourg du côté de l’orient.: 1l a quatre.lieues de long du nord au fud, fur trois de large, La ville de Moudon ef fituée à la gorge d’une vallée étroite qui s'étend entre deux rangs de montagnes, &z qui eft partagée en deux portions par une petite riviere qu’on nomme /e Broye. Long. 24. 30, lat. 46, 30, D, J. : C ne , V. a&. ( Gram, G Arts méchaniq, ) c’eft réduire en poudre par le moyen du moulin. Voyez Les articles MOULIN. MOUÉE , ff. (Wénerie, } mélange du fang de la bête forcée, de lait , ou de potage felon les faifons, & de pain coupé par petits morceaux que l’on donne en curée, aux chiens. MOUETTE., MOUETTE BLANCHE, /arus al- bus , majorbellonici,, (Hifi. nat: Orritholog. ) oifeau qui eft d’on très beau blanc; il a un peu de cendrée “ous lés ailes sles veux font grands 8 entourés d’un cercle noir; il ÿ a aufli une tache noire à l'endroit des oreilles : les aîles étant pliées s'étendent plus loin que la queue ; le bec &c les pattes font rongeà- tres, l'extrémité des ailes eft noire. Willughby, Or- nith. Voyey OISEAU, ? . Z y! MoUETTE BRUNE , larus fufcus five hybernus., oifeau “qui pefe dix-fept onces ; Ja couleur dela tête eft blanche 8r mêlée de tachés brunes ; le cou & les "plumes du jabot font roufsätres; dans quelques in- dividus , toute la face inférieure de l’oifeau eft en- tierement blanche ; les plumes du milieu du dos font cendrées ; celles des épaules ont des taches brunes ; le croupion eft blanc, les plumes extérieures dé la queue ont l'extrémité blanche; 1l y a au-deffous de cette couleur blanche une bande noire large d'un ‘demi-pouce ; ‘tout le refte de la-quéue eft blanc; le bec a deux ponces de longueur; 1} eft d’un brun blan- MOU châtre depuis les natines jufqu’à la pointe. Raï , /y- nop. tneth. avium. Voyez OISEAU. | | MOUETTE CENDRÉE , /4rus cinereus bellorici ; oifeau qui eft de la groffeur du pigeon ; auquel ilref- femble affez par la fornie du corps. Toute la face inférieure de cet oifeau eft d’un très-beau blanc. La tête & la Partie fupérieure du cou, font auñi de couleur blanche ; 1l y a de chaque côté auprès de l'oreille une tache noire. La partie inférieure du cou eft noirâtre ; les plumes du milieu du dos & celles des épaules ont une couleur cendrée; les pltimes de { la queue font blanches en entier , à l'exception de là pointe, qui eft noire. Le bec a nn pouce de lon: gueur , il eft noir ; les pattes font verdâtres, & les Ongles noirs. Le doigt de derriere eft très-court ; & n’a point dongle ; ce caraëtere peut faire diflinguer aifément cet oifeau de toutes les efpeces de zouertes Ce doigt n’eft à proprement parler, qu'un tuber- cuie charnu.Rait, fyz0p.meth. avium. Voyez OISEAU. MOUETTE GRISE, larus cinereus, (Ornishol.) Ald. oïfeau qui eft de la groffeur d’un pigeon : il a lebec un peu courbé & d’un très-beau rouge, Les pattes font d’un rouge obfcur, &c les ongles noirs: le der- riere de la tête eft aufñi de couleur noire; dans quelques individus la tête & la moîïtié dela gorge ont une couleur cendrée mêlée de noir. Le milieu du dos eft noir de même que les petites plumes des ailes ; le col ; la queue, la poitrine, & le ventre, font blancs. Raï fyz0p. meth, avium. Voyez OISEAU. GRANDE MOUETTE GRISE , larus cireneus 17naxt- rus, Offeau qui eft à-peu-près de la grofleur du ca= nard domeftique. Il a le bec jaune, applati fur Les côtés, & un peu crochu à l’extrémité. La piece in< férieure du bec eft traverfée par une large bande rouge ; elle a en-defflous uneprééminence angulaire ; les piés font jaunes dans certains individus, & rou- ges dans d’autres ; la couleur des ongles eftnoire:; fa tête, le cou, lé croupion, la queue, & toute la face inférieure de l’oifeau fent blancs ; le dos & les petités plumes des aïles ont une couletr cendrée übt- cure : les grandes plumes des ailes font aufit entiere- ment de couleur cendrée, excepté les cinq exterien- res, qui ont à l’extrémité une tache blanche. Raï | fyrop. meth. avium. Voyez OISEAU. MOUFFES , ox MOUFLES'; ce font er rerme de Fileir d’or , des morceaux de boïs quarrés dans lef quels on a pratiqué des mortañfes pour y renfernier deux petites roues de buis, oùpañle la corde qui vient de la fufée fur les cazelles. dns MOUFFETTES ox MOFFETTES, 1€ pl CRE nat, Minéral. ) mephiris. C'eft ainfi que l’on nomme des vapeurs ou exhalaïfons très-fenfibles qu fe font fentir dans les lieux profonds dela terre, dans les grottes, dans les fouterreins de la plüpart des mines, Le & quelquefois même à la furface. On a déja décrit à l’article exhalaifons minérales, les différentes efpeces de vapeurs qui fe montrent dans l'intérieur de la terre : on a dit que toutes-font extrèmement dangereufes , & qu’elles produifentdes effets terribles & funeftes, Il n’y aura doncrien ajou: ter à cet article’, & l’on fe contentera de joindre icr quelques remarques propres à completter cé qua déja été dit fur cette matiere. + Pour peu que l’on confidere la nature; on s’apper” coit qu'il part de tous les corps des émanations plus ou moins fenfbles. L’odorat nous avertit qu'il part des émanations très-fortes d’un grand nombre de vé: ‘ gétaux : nous en avons une infnité de preuves dans les parfums que répandent les fleurs, fur-tout-quand leur partie aromatique a été mife en mouvement par la chaleur du foleil. Les’ animaux répandent auiit des émanations ; la chaleur de leur fang efttrès-pro- pre à les dégager &c à les difperfer dans Patmofphère. Îl n'eft point farprenant que-les fubftances que’ la UE M @ (8 + tèrre renferme dans fonifein puiflent pareillement être dégagées & portées dans l'air. Un grand nom- bre d'expériences prouve qu'il regne fouvent une chaleur très-fenfibie dans l'intérieur de la terres même dans les héux où l'on ne voit point d'embra- femens. C'eft ainfi que dans les mines de mercure d'Efclavonie, on éprouveune chaleur fi forte, que pour peu qu'on s'arrête dans les fouterreins de ces mines, on fe trouve entierement baigné de fueur. Cela pofé, il n’eft point furprenant que la chalenr fouterreine puifle mettre en ation une infinité de : fubflances, fur tout lorfqw’elles ont été atténuées ët divifces par les eaux qui leur fervent de véhicu- le, & qui lés emportent avec elles dans l’air okelles font elles-mêmes pouflées. On ne peut douter qu'une infinité de fubflances du regne minéral ne foient très-volatiles, plufieurs fels, le foufre, l’arfenic, le mercure, la plñpart des demi-métaux , & les mé- taux mêmes, loriqu'ils font dans un érat de divifion, les fubftances bitumineufes & inflammables, 6e, peu- vent être portées dans l’atmofphère ; il n’eft donc point difficile de fe faire une idée très-naturelle de la formation des vapeurs que l’on nomme rouf- ferres, La chaleur du foleil produit fouvent des zzouffer- tes cu exhalaifons à la furface de la terre; ces brouil- Jards que l’on voit quelquefois s'élever à très-peu de hauteur au-deffus de la terre en été, en font une preuve convaincante, Deplus, des expériences fou- vent réitérées nous apprennent qu'il cft dansereux de fe coucher & de s’endotnur fur l’herbe, fur-tout au printems , lorfque les premieres impreflions du foleil fe font fentir à la terre. Un grand nombre d'hommes ont fouvent été punis pour s’être impru- demment couches fur le gafon , èt plufieurs y ont trouvé la mort même, au lieu du repos qu'ils cher- choiïent ; d’autres en ont été perclus & privés pen- dant long-tems de l’ufage de leurs membres. Si ces effets font fenfbles à la furface de la terre, où les vents peuvent fans cefle renouveller l’air , ils doivent l'être encore bien plus dans l’intérieur de la terre, quirenferme un grand nombre de matieres propres à fe réduire en vapeurs, & à porter dans l'air des molécules nmfibles & peu analogues à l’homme. Prefque toutes les mines font fujettes à fe décompofer ; c’eft l’arfenic &c le foufre qui entrent dans la combinaifon de la plüpart de ces mines; ces deux fubitances dangereufes dégagées des entraves qui les fetenoient, fe répandent dans Pair des fou- terreins,, qui faute d’être renouvellé en devient quel- quefois fi charpé , que ceux quis’y expolent en font fubitement fuffoques, | | On peutjuger par ce qui vient d'être dit, que tou- tes les zzouffettes ne font point de la même nature ; & ileft très-aifé de s’appercevoir qu’elles produifent des effets tout différens. En effet , on doit fentir que les moufertes qui regnent dans les fouterreins d’une mine où 1l fe trouve beaucoup d’arfenic, doivent être d’une nature différente de celles où l’onnetrou- ve que du charbon de terre ou des fubftances bitu- .mineufes ; ou de celles qui ne font formées que par le foufre : 11 eft bien vrai que tontes ces rzouffertes ou exbalaifons font à peu de chofe près également _nuifbles aux hommes ; cependant on ne peut s’em- pêcher de reconnoître qu’elles doivent être chargées de principes différens. _ Iln'y 4 point lieu de douter que la offerte dé- crite par plufieurs voyageurs, qui fe fait fentir dans la grotte du chien au royaume de Naples, ne foit une vapeur fulfureufe, volatile, produite par le fou- fre qui fe brüle & fe décompofe peu-à-peu dans le fein de la terre, d’un pays où les feux fouterreins agiflent fans cefle. Aïnf [a vapeur de la grotte du chien eft d’une nature açide, fulfurente, & volatile; Tome X, M OÙ 179 en un mot,.telle que celle que produit le foufre torf qu'on le brûle : il n’ett donc pas furprenant qu'elle iufoque les animaux qui y font expoics, Les rsoufferres où vapeurs qui fe font fentir dans des fouterreins où l’on trouve des pyrites qui fe dé- compolent à l'air, des fubftances arfénicales, des demi-métaux , du mercure, &c. doivent être encoré d’une nature différente, & doivent pärticiper des fubftances qui abondent le plus dans les liéiix où ces vapeurs regnent. | | Enfin , les mouffèrres où vapeurs quifé font fentit dans les fouterreins d’où l’on tire des charbons dé terre & des fubftances bitumineufes & inflamma= blés , doivent encore être d’une nature particulieré, étant chargées de molécules graffes & inflamma- bles ; fans cela comment expliquer la facilité aveë laquelle certaines vapeurs qui s’élevent dans les fou: terreins de quelques mines, s’allument aux lampes des ouvriers, & produnfent les effets du tonnérre, conme on l’a fait obferver du feu térou ou feu bri- fou , en parlant dés mines de charbon de terre, Voyez CHARBON MINÉRAL. < ) Les obfervations qui viennent d'être faites, fuffis ront pour donner une idée de la nature &r des va- riétés des vapeurs où moufferres auis’excitent natus rellement dans l’intériéur de la terre, L'on rie peut douter qu'il n’y ait une grande quantité d'air & d'eau qui y font renférmés : ces deux fubftances mifes en expänfon par la chaleur, agiflent fur les corps qi les environnent; elles les entrainént avec elles dans Pair extérieur, à qui elles donnent des propriétés qu'il n’avoit point auparavant, De-1à nauflent des vapeurs différentes, en raifon des difé- rentes fubflances qui ont été entraînées par l'air & eat. | | Dans les fouterreins dé quelques minès où l'ont cft obligé de faire du feu pour attendrir la roché qui enveloppe le minerai , 1l s’excite des efpeces dé vapeurs où de zzouffestes artiñcielles, parce qu’alors le feu dégage & volatilife les fubfances arfénicalés, fulfurenfes & inflammables contenues dans ces fou erfeins, &c il en coûteroit la vie aux ouvriers qui fe préfentéroient dans les galeries des mines avant que ces vapeurs dangereufes fuflent entierement difipéés: | On -pêut auf regarder comme une efpece de monffette attificielle la vapeur qui part du charbon de bois brülé dans un lieu où il n’y a point de cir- culation d'air , & dont les funeftes effets font affez connus de tout le monde, ‘ Après avoir tâché d’expliquet la natufe des ouf- fetes qui s’excitent dans le-fein de la terré &z à fa furfice ; nous: allons räpporter quelques - uns, des principaux phénomenes qui les accompagnent, Les rouffettes ou vapeurs foutérreines font: plus ou moins {enfibles, elles fe montrent communé: ment fous la forme d’un brouillard. humide, qui éteint les lumieres qu’on y'préfente ; d’autres au contraire s’y allument & font des explofions fem blables à celles du tonnerre. Ces vapeursou brouil- lards ne s’élevent fouvent qu'à très-peu de hauteur au-deflus de la furface de la terre, & quelquefois elles s’élevent beaucoup plus haut, ce qui dépend du plus ou du moins de pefanteur de l'air de late molphere. Quelquéefois ces vapeurs fortent avec bruit & avec fifflement des fentes des rochers que les mineurs percent avec leurs outils: On a và quel- quefois des vapeurs arfénicales bleuâtres s’arrêter à la furface des eaux dormantes qui fe trouvent dans les fouterreins des mines,où elles ne faifoient aucun mal; mais lorfqu'il venoit à tomber une pierre dans ces eaux, ou lorfqu'il s’y excitoit du mouvement; ces vapeurs qui font très-mobiles, fe répandoient dans'les fouterreins, & donnoient la mort à tous HT) US 780 M O Ü ceux qui s’en approchoient. Quelques-unes de ces vapeurs Ou mouffettes font d’une chaleur très - fenfi- ble, d’autres n’ont point de chaleur. Il y a des ouf. fetes qui ont un goût doucereux , d’autres font âcres & corrofives, les unes engourdiffent & endor- ment , pour ainfi dire , ceux qui y ont été expolés; celles qui font arfénicales faififlent à la gorge & font éprouver une fenfation femblable à celui d’une cor- de qui féfreroit étroitement le cou. M.Seip, médecin allemand, a décrit dans les Tranfaétions philofophiques , les phénomenes fingu- liers que préfente une roufferte quu fe fait fentir dans une carriere qui ef tout auprès des eaux minérales de Pyrmont en Weftphalie ; cette vapeur tue les oi- feaux, les infeétes, & tous les animaux qui en font at- teints ,lesoifeaux meurent dans des convulfions fem- blables à celles qu'ils éprouvent dans le récipient de la machine pneumatique après qu'on en a pompé l’air. Cette vapeur eft femblable aux brouillards qui s'élevent quelquefois à la furface des prairies en été, elle ne s’éleve communément que jufqu'à un ou deux piés de terre, excepté aux approches d’un orage, Lorfqu’on fe tient debout dans cette carriere ou grotte on ne s’apperçoit d'aucune odeur, on fent feulement que les piés s’échauffent, la chaleur gagne les parties inférieures du corps, & peu-à-peu on éprouve une tranfpiration très - abondante. En baïffant la tête vers le fol de la caverne on s’apper- çoit d’une odeur très-pénétrante & fi âcre, qu’elle picote les yeux & les fait pleurer. Cette vapeur reçue dans la bouche eft d’un goût fulfureux. Si lon continue quelque tems à y refter expolé, on {ent un engourdiffement , alors 1l faut promptement fortir & prendre l’air, ou boire de eau, fans quoi l'on rifqueroit de périr: cette vapeur éteint le feu & les lumieres. Quoiqu’elle faffe éprouver une fen- fation de chaleur aux piés, M. Seip a trouvé que les thermometres ne foutfrent aucune variation lorf- qu'ils font plongés dans cette vapeur. #oyez les Tranfaitions philofophiques , n°. 448. | | En Angleterre, dans l'ile de Wight, des ouvriers qui. creufoient un puits, rencontrerent une couche d’où il fortit une vapeur fulfureufe d’une chaleur fuffocante & femblable à celle qui fort d’un four bien-échauffé; plufieurs ouvriers en périrent, & l'on fut obligé d'abandonner le travail, lorfqu’on vit que cette vapeur ne cefloit point de fe mon- trer; elle étoit fort bafle dans un tems ferein, & montoit plus haut dans les tems pluvieux. Voyez les Tranfaéhions philofophiques , n°. 450. En Hongrie, à Ribar , près des monts Crapacks, eft une: fource d’eau minérale que l’on peut boire impunément , mais qui, fans répandre d’'émanation fenfible, ne laiffe pas de tuer fur-le-champ les oi- feaux 7 les autres animaux qui en approchent. Voyez les Tranfaë, philo[. n°. 452. Voyez EXHALAI- SONS)MINÉRALES € MINES. (—) MOUFFLE, f. f.(Méch. ) eft une machine qui confifte en un aflemblage de plufieurs poulies, dont on fe fert pour élever des poids énormes en peu de tems. | La multiplication des poulies dans la #04ffe eft fott bién imaginée , car l'on démontre en Méchani- que , que la force néceffairé pour foutenir un poids par le moyen d’une #ouffl eft au poids lui-même comme l'unité eft au nombre des poulies ; en fup- porn que les cordes foient paralleles entre elles. Voyez POULIE. | “D'où il fuit que le nombre des poulies & 1a puif- fance étant donnés, on trouve aifément le poids qu’elles pourront foutenir en multipliant [a puiffan- ce par le nombre des poulies. Par exemple , fup- polons que la puiflance = sodivres, & le nombre | M O U des poulies=$ , elles pourront être en équilibre avec un poids de 250 livres. De même le nombre des poulies étant donné avec le poids qu’elles doivent foutenir , on trouve la puif- fance en divifant le poids par le nombre des pou- lies: par conféquent, fi le poids = 900 livres, & le nombre des poulies — 6, la puiffance fera 150 livres. De Chales obferve que l’on trouve par expérien- ce , qu'un homme ordinaire peut élever avec fa feule force r$0 livres; c’eft pourquoi le même hom- me, avec une #ouffle à 6 poulies pourra foutenir un poids de 900 livres. En joignant enfemble plufeurs wouffles on aug- mentera la puiflance des poulies. Pour trouver le nombre des poulies que doit avoir une mouffle, afin d'élever un poids donné avec une puiflance donnée, divilez le poids par la puiffance, le quotient eft le nombre cherché. Suppofez, par exemple, que le poids = 600 livres & la puiffance 150, 1l doit y avoir 4 poulies à la mouffie. Voyez la fig. 50. machine qui repréfente une mouffle à 4 poulies. Voyez auffi larricle Pour TE. Remarquez que nous faifons ici abftraétion de la réfiflance & du poids des cordes qui doit augmen- ter la puiffance & la rendre plus grande que nous ne lPavons faite dans les calculs précédens. Voyez CORDE & FROTTEMENT. Îl peut même arriver que les poulies foient fi fort multipliées, que la mouffle au-lieu d’être utile foit embarraffante, à cauie de la quantité confidérable des frottemens & de l’embartas que produit la multiplicité des cor- des, Au refte, la maniere la plus avantageufe dont les cordes puiffent être difpofées, c’eft d’être tou- jours dans une fituation parallele, car alors la puif- fance eft la plus petite qu'il eft poffible par rapport au poids ; ainfi il faut que la mouffle foit faite de fa- çon que les cordes y puiffent conferver toujours à- peu-près cette fituation. (O MOUFFLE, (Chimie. ) partie eflentielle du four- neau d’effai ou de coupelle, voyez à l’article FouR- NEAU, dont on ne peut donner une meilleure idée que celle d’un petit four mobile, dont le fol & la voûte font ex sour d’une feule piece , ou chacur d’une feule piece, dont la forme eft ordinairement celle d'un demi-cylindre creux, fermé par l’un de fes bouts , & ouvert par l’autre , qui eft formé par une table très-mince de terre cuite, &c qui eft deftiné à être chauffé par le dehors , c’eft-à-dire à concevoir la chaleur qu’on veut exciter dans fon fein , par l’ap- plication d’une forble chaleur extérieure. La porte de ce petit four , qui eft très-confidérable , par rap- port à fa capacité, & qui n’eft autre chofe que le bout entierement ouvert du demi-cylindre, s’ajufte exaétement à une porte de pareille grandeur ou à- peu-près, pratiquée à ce deflein dans la face arte: rieure du fourneau d’eflai. Voyez les planches de Chi= rie. On trouve dans la premiere partie du Schulter de M. Hellot, les confidérations fuivantes fur la qualité, la conftruétion & l’emploi des moufles. « Les mouffles doivent être de la meilleure terre » qu'on piufle trouver, & qui réfifte le mieux au » feu. Au Hartz, on fe fert de celles qui fe font dans » le pays de FHeffe ; elles font excellentes & durent » très-long-tems : on les fait de la même terre quele » creufet qu'on emploie aux effais des mines de » plomb, de cuivre, même de fer. » Les fournaliftes de Paris en font auf de très- » bonnes ; ils les forment de trois parties de terre » glaife des environs d'Arcueil &d’Tfi, dont ils ont » Ôté exaétement les pyrites, & qu'ils ont mêlée » avec deux parties de pot-à-beurre de Normandie » réduit en poudre modérément fine. “ #Schalter choifit pour les faire, une bonne terre glaife : il la mêle avec du fable 87 du verre » pilé, parce que cette terre fe fendroit fi on l’em- » ployoit feule. Il prend deux tiers de cette terre » bien triée & nettoyée : 4l y ajoûte un fixieme de » verre pilé & un fixieme de bon fable pur ; il fait » paitrir le tout pendant plufieurs heures, afin que » le mélange foit par-tour le plus égal qu'il eft pof- » fible. Il préfere cependant les creufets de Hefle # réduits en poudre, au verre & au fable. La capa- » cité d’une mouffë fe regle fur la grandeur du four- » neau : elle doit avoir de long huit de fes parties » fur cinq de large, & trois & demie de hauteur, # Borrichius & plufeurs eflayeurs d'Allemagne les » demandent de deux pieces; l’une eft une efpece » de voûte repréfentant à-peu-près la coupe d’un » demi-cylindre creux, fermé à fon fond : les côtés » & le fond font percés de plufieurs trous pour don- » ner paflage à quelques jets de flamme: le bas de » ces côtés doit être un peu recourbé pour rece- » voir une planchette de terre bien cuite, compo- » fée comme celle de la voûte. Cette planchette » mobile eft le fol ou tablette fur laquelle on place » Les coupelles. # Que ces zouffles foient d’une feule ou de deux » pieces, 1l faut que les trous des côtés & du fond » foient percés très-près de la tablette, & fort petits, » fans quoi le charbon qui petille, fait aller jufque » fur les coupelles de petits éclats qui retardent les » eflais , en reflufcitant le plomb, à mefure qu'il fe » convertit en litharge. Cependant, dans quelques » endroits de PAllemagne, on eft dans l’ufage de » faire ces trous des côtés & du fond de la mouffle » beaucoup plus grands & en arc: maïs alors on eft » obligé de souverner le feu, ou la chaleur du de- » dans de la zovffle, par de petites pieces de terre » cuite que l’on nomme irffrumens, ce qui devient » une dificulté pour ceux qui ne font pas dans l’ha- » bitude de s’en fervir. Ainf j’eflime mieux une +» ronffle percée de petits trous d’une ligne ou d'üne » ligne & demie de diametre; les eflais y paflent »# aifément ; 8t au cas que la chaleur n’y foit pas » affez forte pour quelques épreuves, comme pour » rafiner un bouton de cuivre noir en cuivre rofet- »te, on y remédie en mettant du charbon allumé + dans l’intérieur de cette zouffle ». Voyez INSTRU- MENS Docim. (b) | MOUFFLE, terme de Gantier, efpece de gant fourré dont les doigts ne {ont point féparés, & qu’- on appelle auffi des riraines. Voyez MITAINE. Mour£e, f. f, (Serrurerie. ) barres de fer à l’ex- trémité defquelles on a pratiqué des yeux. On con- tient ces barres par des clavettes qui paflent dans les yeux. Les pieces auxquelles on applique des moufles font contenues dans l’état qu’on leur veut. C’elt par cette raïfon qu’on moufle les cuves, & les murs, lorfqu'ils tendent à s’écarter. Il faut diftin- guet trois parties dans la mouÿle doublé, deux yeux lun au-deflus de l’autre, entre lefquels il y a un efpace fufhfant pour recevoir l’autre extrémité de la moufe, qui eft par cette raifon en fourche; la partie qui n'a qu’un œil & qui fe place dans la four- che, & la clavette qui lie le tout & forme la wou- Jl compleite. Pour faire une mouÿfle on prend une barre de fer plat que l’on coupe de a longueur convenable ; on la fend où l’ouvrier pratique l'œil ; on plie la partie fendué en deux, & l’on fonde le bout plié avec le refte de la barre, obferyant de donner à l'œil autant d'efpace qu’en exige [à cla- vette, & d'ouvrir la fourche aflez pour recevoir l’autre partie de la moufle. Cela fait, on prend une autre barre, on l’étrécit par le bout ; on lui donne, en, l'étréciffant, la figure qui convient à l’ouver- ture dela ouf; on place cette partie comme la premiere ; On la fonde avec la premiere barre: MOU 781 cela fait on forge la clavette, & la moufle eft finie. | MOUFLETTES, ( Plomb.) ce font deux mor- ceaux de bois creufés en dedans, dont les Plombiers, &c, fe fervent pour prendre l'outil appellé le fer à Jouder quand ils le retirent du feu pour appliquer &c étendre leur foudure; c’eft proprement la poignée de l’outil coupée en deux dans fa longueur, & qu'on réunit fur la queue du fer toutes les fois qu’on le prend tout chaud pour s’en fervir, Voyez FER À SOUDER , @ Les fig. PI, du Plombier. MOUILLAGE o% ANCRAGE, {. m. ( Marine.” c’eft un endroit de la mer propre à donner fond & à jetter l’ancre. Tous les endroits où l’on peut 7ouil- ler ne font pas également bons & fûrs. Il y a des fonds remplis de roches qui coupent ou rognent les cables ; d'autres où le fond eft fi dur que les ancres n'y peuvent mordre ; & d’autres où le fond eft fi fin & fi mou, que les ancres au moindre vent ne tien. nent pas, dérapent ou labourent, Ces fortes de fonds font de mauvais mouillages. MOUILLAGE , terme de Corroyeur, c’eft une fa- çon qu'on donne aux cuirs , Les humeétant avec de l’eau , pour les mettre en état de recevoir d’autres apprêts que le Corroyeur veut leur donner. Il y a deux fortes de mouillages ; un {e fait en les mettant tremper dans un tonneau plein d’eau , l’autre en les imbibant d’eau avec un balai ou un YPO . Ces deux zouillages fe font avec ou fans foulure ; ainfi on les foule aux piés après les avoir mouillés, Ou bien on ne les motulle qu’afin de les érendre plus aïément {ur la table où on a deffein de leur donner différentes façons. Voyez CORROYEUR. MOUILLE , ( Marine.) terme de commandement que l'officier fait de laifler tomber l’ancre à la met. MOUILLER , v. aët. ( Gram.) c’eft Humedter avec de l’eau. Nr MOUILLER , (Marine. ) c’eft jetter l’ancre pour _ arrêter le vaifleau, Cette manœuvre mérite atten- tion, & l’on s'y prépare. Quand on eft proche du lieu du mouillage, on pare l'ancre &c la bouée, & on élonge le cable juf- qu'au grand mât, après quoi on lui donne un tour de bite ; on ferle en même tems là grande voile , on cargue la mifaine, & on amene aufli les huniers à mi-mat : enfin arrivé au lieu du mouillage, on borde Vartimon pour venir au vent ; on met un des hu- niers fur le mât , tandis qu’on ferle l’autre ; & lorf- que l'aire du vaifleau eft entierement perdue, & qu'ilcommence à s’abattre ,on laiffe tomber l'ancre, en filant doucement du cable autant qu’il eft nécef- faire. Voilà la regle générale ; maïs à laquelle différen- tes circonftances apportent des changemens : par exemple ; lorfqu'il y a du mauvais tems on va au mouillage avec la mifaine feulement, dont on fe fert pour rompre l'aire du vaifleau. Voyez Le crairé de la rmanœuv. du P. Hôte, Mouiller a la voile, c’eft jetter l'ancre lorfque le vaifleau a encore les voiles au vent. Moutller en croupiere, c’eft faire pafler le cable de l'ancre le long des précintes , & le conduire de-là à des anneaux de fer qui font à la fainte-barbe: on le fait aufñi quelquefois par les fabords. Mouiller en patte d’oie, c'eft mouiller {ur trois an- cres à l'ayant du vaifleau ;-enforte que les trois an- cres foient difpofées en triangle. Mouiller les voiles , c’eft jetter de l’eau furles voiles pour les rendre plus épaïfles , ce qui leur fait mieux tenir le vent. x MOUILLER , ex terme de Potier , c’eft l’attion de tremper une piece dans une terre délayée fort claire. On ne mouille que quand louvrage eft achevé, & ma M OU ‘peu de tems avant de le mettre au four, pot empé- cher Pa@ion vive du feu. MOUILLER LES VEAUX, (Réliure.) Les Relieurs trempent les peaux de veau dans un feau d’eau de puits, & enfuite ils les tordent bien, On dit #ouiller du veau, ou mouiller les veaux. _ MOUILLER LES FERS , ( Taillandier. ) Lorfque les Serruriers & Taillandiers ont forgé une piece, &z qu'ils la reparent avec le marteau à main pour effacer les coups de marteaux, ils mowillenr leur mar- teau dans l’eau, & frappent deflus la piece pour en détacher la craffe, _ MOUILLET , L m. euril d: Charron , ee font deux jantes aflemblées en-dedans , de façon qu'elles for- ment une ovale qui fert aux Charrons à pofer les moyeux de roue , quand ils veulent former les mor- “ne pour placer les rais, Voyez Planches du Char- 107. L | MOUILLOIR , serme de Bimllotier faifeur de dra- gces au moule ; c’eft une febille de bois dans laquelle eft une éponge mouillée qui fert aux coupeurs pour mouiller les tenailles avec lefquelles ils féparent les dragées des branches. Woyez l’arcicle FONTE DES DRAGÉES AU MOULE , @ les figures relatives à cer “ATÉ, _ MouiLLuRE , MOUILLOIR, ( Jardinage, ) voyet ÀRROSER. _MOUITA , ( if, na. Boran.) plante de l’ile de Madagafcar ; elle croîtdans les endroits marécagenx. On croit qu’elle eft la même que le cyperus orientalis, Les habitans la regardent comme un remede contre les maux de tête. | _ MOULAGE , f. m, ( Jurifprud. ) ou droit de #ou- lage , eft un terme ufité dans quelques coutumes pour exprimer le droit que le feigneur leve, foit en argent ou en grain, ou,farine fur fes fujets qui viennent _moudre leurs grains à fon moulin bannal. ( 4) MouLAGeE, c’eft auf le droit qui eft payé aux Mouleurs de bois , c’eft-ä-dire à l'officier de police qui mefure les bois de chauffage fur les ports de Paris. On appelle pareillement roulage le mefurage des bois à brûler, ou l’a@ion par laquelle on les me: fure. Didionnaire de Commerce. MOULAGE , ( Arts méchanig. ) c’eft l’aétion de mouler. Voyez les arricles MOULE & MouLER. MouLAGE. Ce mot qui devroit fignifier la&ion de mouler , eft pris chez Les Artificiers pour la ma- niere. [ls s'entendent des cartons faits exprès pour former les cartouches des artifices , lefquels font -compofés de plus ou moins de feuilles de gros papier gris collé , fuivant la groffeur des fufées auxquelles ils font deftinés ; ainf ils difent du moulage de trois, quatre, cinq, &c. MOULE, f. £.( Hiff. nat. Iéthiolog. ) poiflon de mer de couleur rougeâtre , refflemblant à une tanche d’eau douce par la partie poftérieure du corps , & à une fole, par la partie antérieure, qui eft mince, plate , & garnie en-deffus &z en-deffous de nageoires. Ce poiflon change de couleur dans différentes fai- fons. Au printems il a la partie antérieure de la tête d’un noir rougeâtre, @& la partie inférieure verte , le ventre dela même couleur que la tanche , & la par- tie poftérieure du corps noire ; les nageoires qui font près des ouies ont une couleur rouge ; les yeux font grands & de couleur d’or , les dents petites, & la bouche eft grande & denuée de levres. La moule a au bout de la mâchoire inférieure un barbillon , & deux autres plus longs fitués au-deflous du premier & plus en arriere. Il y a une nageoire qui commence . derriere l’anus & qui s'étend jufqu’à la queue , & une autre aufli étendue fur la partie poftérieure du dos ; la nageoïre qui eft fur la partie antérieure eft plus petite. Ce poiffon vit fur les rochers ; il fe nour- sit non-feulement d'herbes , de moufle, mais encore M O U de petits poiffons :il dépofe fes œufs fur l’aleue. Ron- -delet , kiff. des poiff, I. partie, Liv. VI, chap, x. Voyez Poisson. (À MouLeEs ,nom quel’ona donné à des coquillages. Il y a des moules d’eau douce &r des zoules de mer. Toutes les efpeces de moules, & mêmetontes les co- quilles bivalves , ont un ligament coriace qui tient. Lées les deux pieces enfemble ; ce ligament dans les moules eft fitue à la partie poftérieure de la coquille, qu’on appelle talon : c’eft l'endroit le plus épais. Les moules {e ferment par la contraëtion de deux gros mufcles fibreux qui font intérieurement attachés à chaque bout des,.coquilles ; lorfque ces mufcles fe relâchent , le ligament tendineux du talon fe sonfle & fait ouvrir la coquille. Ce ligament à reflort eft différent dans les roules de mer de celui des #20o4/es de riviere , en ce qu’il n’eft pas attaché en arriere , mais en partie entre les bords de la coquille , & en ce qu'il ne paroïît nullement au-dehors ; il excede un peu dans la cavité de la coquille, parce que les bords ne font pas aflez cpais pour le renfermer tout entier. Pour fuppléer à ce défaut , il eft entouré de deux cordons qui font fortement attachés fur Îes bords intérieurs de la coquille, à laquelle ils donnent de l’épaiffeur ; ces cordons font durs , troués , & ils paroïffent comme ajoutés à la coquille, & d’une ma- “tiere différente, Les moules oncleurs coquilles bor- dées tout-autour d’une membrane qu'on poufroit appeller épiderme, parce que c’eft une continuité de la couche extérieure des coquilles ; ces membranes S’appliquent fi exaétement l’une contre l’autre quand elles font mouullées, que la plus petite goutte d’eau ne peut fortir de la roule. Outre cette membrane , il y a tout autour du bord intérieur de chaque coquille un ligament ; ces ligamens, qui s’appliquent l’un contre l’autre quand les coquilles font fermées, empêchent auffi que l’eau ne forte, & même que les coquilles ne fe caflent fur les bords pendant la grande contrac- tion des mufcles. Les coquilles de quelques efpeces de moules {ont affermies enfemble non-feulement par la contrattion des mufcles & par le ligament à reflort dont nous avons parlé, elles Le font encore par de longues rainures ou cannelures qui reçoivent des languettes tranchantes dans toute leur longueur ; 1 y a au bout de ces rainures , immédiatement fous le talon, une cheville dentelée qui entre dans une ca- vité auffi dentelée de l’autre coquille, &r cette cavité a fur fes bords deux petites émnences dentelées qui entrent dans deux petites cavités de l’autre coquille qui font aufli dentelées ; de forte que les dentelures des épiphyfes ê des cavités le reçoivent mutuelle- ment , comme celles des os du crâne. Mais ce gin- glyme ne fe trouve pas dans toutes les efpeces de ‘moules : celles de mer, &c la grande efpece qui naît dans les étangs & qui croît jufqu’à un pié de long, n’ont point cette articulation. La flruéture des moules eft telle, qu’il femble qu’- elles ne doivent avoir de mouvement qu'autant qu’elles en reçoivent de Pagitation des eaux ; cepen- dant elles marchent toutes, &c quelques-unes volti. gent fur la fuperficie de l’eau. Etant couchées fur le plat de leurs coquilles , elles en fortent en partie en forme de langue, avec laquelle elles font de petirs mouvemens à droite & à gauche , pour creufer le fable ou la glaife des rivieres ; en creufant de la for. te, elles baïffent infenfiblement d’un côté, & fe trou- vent {ut le tranchant de leurs coquilles le dos outa- lon en haut. Elles avançent enfuite peu-à-peu leurs têtes pendant une ou deux minutes , & enfuite elles les appuient pour attirer leurs coquilles à elles, comme font quelquefois les limaçons aquatiques ; elles reiterent ce mouvement tant qu’elles veulent marcher, & de cette maniere elles font des traces irrégulieres qui ont quelquefois jufqu’à trois ou -Güatfe auñes de long. On voit pendant l'été plufieuts “le ces traces dans les rivieres où1l y a beaucoup de “moules ; & Von ne manque jamais de trouver une moule au bout de chaque route. C’eit ainfi qué ces -petits poifions cherchent leur vie , & qu'ils 1e pro- menent çà. & là en labourant la rerre avec le tran- chant de leurs coquilles, le talon toujours tourné en avant. Ces routes creufes fervent d'appui aux #0#- les pour les foutenir dans la même poñtion; & en fouifant la terre çà & là, elles trouvent quelques frais de poiflon ou autres petits alimens dont elles fe nourriflent. Les #oules dans leur marche peuvent fé rencontrer & frayer enfemble. On ne découvre point d'œufs dans leur corps , on trouve feulement pendant l'été beaucoup de lait 8 de glaire dans la même "moule, ce qui peut faire croire qu’elles font ändrogÿynes. Les moules refpirent l’eau à-peu-près comme les poiflons ; on découvre cette refpiration par'un petit “mouvement circulaire qui fe fait dans l’eau proche le talon de la coquille ; elles ne rejettent pas l’eau à chaque fois qu’elles la puifent , comme les poif- tons, elles s’en rempliflent pendant une minute ou “deux, & puis elles la rejettent tont d’un coup par Fautre bout de la coquille. Pour pouvoir obferver cette façon de refpirer , 1l faut que les moules foient couchées à plat à moitié dans l’eau fur un beau fa- ble ; fleiles étoient entierement éachées fous l’eau, on ne pourroit obferver ni la petite circulation de l’eau qui fe fait près du talon, ni l’expulfion de l’eau qui fort d’un feul coup par l’autre bout de la co- quille. Les moules de riviere font fujettes à diverfes ma- Tadies. Il fe forme fur la furface intérieure de la co- quille , des tubercules de la groffeur d’un pois, & qu'on prendroit pour des perles. Lorfque les moules fentent le froid , elles fortent en partie de leurs co- quilles en forme de langtre, qu’elles trainent lente- ment à.droite & à gauche pour remuer le fable, dont'elles fe trouvent entierement couvertes en. moins d’une demi-heure selles rentrent dans leuts : coquilles par le moyen d'un membrane mufculeufe , dont la groffe glande qui fort de la coquille en forme de langue, ef toute envéloppée. Quand cette meim- ! brane fe contraéte, la glande , qui de fa nature ef molle: & flalque, devient-uné petite maffe dure & ridée après qu’on l’a maniée: L'iffue des excréméns “paroît fe faire par la contra@ion des mufcles circu- {aires de linteftin; ces mufcles font en grand nombre | & par paquets. Pour les Voir il faut couper l’inteftin, Ôter les excrémens , & le bien déployer: alors on remarquera vers la bafe-de la glande à laquelle l’in- reftin'eft attache, plufieurs gros trouffeaux de fibres qui vont tout-autour de l’inteflin toujours en dimi- - nuant de groffeur à mefure qu'ils s’éloienént de leur . £ q £ origine. M. Poupart, mer. de l’acad, des Sciences , ann. 1700. p.64. 4 Cet arriclesa Été tiré dum'onvragé manuferir de M. Formey, Jécrétaire de l'académie royale des Sciences & Belles“Lertrès de Berlin, 125. Il y a un animal de figuré informe, dit M. de Fon- : tenelle, &c il‘dit vrai, habitant de la mer , des ri- vieres & des étangs , qui ne reçoit fa nourriture & : ne refpire que par l’anus , qui n’a ni véinés n1 artè- res, & dans lequel ilne-fe fait point de circulation; | il n’eft pas feulement hermaphrôdite, mervéilletrop commune; mais 1l différe des autres hermaphrodi- ‘tes connüs, en ce qu'il fe multiplié indépendamment | d’un'aütre animal de fon .efpece |, & eft lui feul Le | pere:ëc la mere, de ce qui vient de lui. Cet'änimal étonnant, pour dire lemot de l’énig- “ie, -c'eft laoule ou le moule; car commeil'eft des deux fexes Le 'mafdilin & féminin, : 2: ÿ nous l'avons fait dans notre langne , | ane 6 Sa fngularité a attiré J’attention de MM. Van- Heyde, Poupart, Mery ; Réaumur , qui à l’envi les uns des autres, ont tâché de le conñoître: Je me flatre donc qu'il n’y aura perfonne qui ne foit bien: aife de trouver ici un extrait des découvertes fai: tes fur cet étrange poiflon, par d’auffi bons Phyf- ciens que font ceux que je viens de nommer, Le naturalite , l’anatomifte & le phyfologicien y doi- vent prendre intérêt. Ceite efpece de poflon, renferméentre deux-co- Quilles, qui font ordinairement convexes & conca- ves, eft le mysulus ou le rmufeulus des Ithyologis ftes. Divifion des moules. Il y a des moules de mer , d’é: tangs & de rivieres. | Les unes & les autres s'ouvrent, fe ferment, fot- . tent de leurs coquilles ; ils rentrent, s’enterrent dans le fable ou dans la glaile des rivieres, marchent, ont un mouvement progrefhif, s’attachent où elles veulent , refpirent, & quelques-unes voliigent fur la fuperfcie de l'eau. Toutes font androgynes, ont une conformation finguliere, des maladies , & des ennemis ; développons les vérités curieufes. Suivant toute apparence, les coquillages font les premiers poiflons que les hommes ont connu, & qu'ils fefont avifés de manger;caril s’eft paflé beau- coup de tems avant qu’on ait inventé la ligne, Pa. meçon, les retz, les nafles, & tous les inftrumens néceffaires à la pêche des autres poiflons. Mais pour ce qui eft des coquilles, il n’a fallu dès le cominen- cement du monde, que fe baïffer pour les prendre, De l'ouverture de la coquille des moules, Van-Heyde a inutilement cherché de quelle maniere s’ouvrent les moules, comme il paroît dans fon traité de l’ana- tomie de la moule ; mais M. Poupart nous l’a expli- ué. ; Toutes les efpeces de moules , 8e même tous les coquillages à deux coquilles, ont un ligament co- riace qui tient hées les deux coquilles enfemble à la partie poftérieure qu’on appele 4/07, &:qui les fait auili ouvrir par {on reflort; en voici le mécha- _nifme, Lorfque les moules ou autres coquillages ferment leurs coquilles, par la contraétion de leurs mufcles , le ligament qui eft entre les bords de ce que l’on appelle salon, ef comprimé &refte en cet état pen- dant que les mufcles font racourcis ; mais quoique ce ligament foit: aflez dur; il a pourtant quelque chofe de fpongieux , de forte qu'il arrive qu’en fe gonflant ; il poufle les deux coquilles & les fait un peu ouvrir, quand les mufcles fe relâchent. | Le hgament à reflort des moules de mer, eft diffé. rent de celui des rzoules de riviere. Celui de l’hui- tre en differe auf, & fi l’on examinoit les ligamens - qui font ouvrir toutes les différentes efpeces dé co- quilles,, il eft vraiflemblable qu’on trouveroit.à cet égard dans la plüpart ; quelque chofe de particu- her. Maniere dons les moules [e ferment ; entrent dans déur coquille , & s'enterrent dans le fable. Toutes les z70w- les fe ferment par la contraétion des deux gros muf- . cles fibreux, qui font intérieurement attachés à cha- que bout des coquilles , & ces coquilles fe ferment fi exaétement ; qu'à peine l’eau.en peut fortir; on. va : dire la maniere dont celà s'exécute. ot Toutes les efpeces de moules ont leurs coquilles bordées tout autour , d’une membrane qu’on pour- roit appeller épiderme , parce que c’eft une conti- nuité dela couche extérieure des coquilles: ces mêm- branes s'appliquent fi exa@tement lune contre l’au- tre quand elles font mouillées!, que la moindre gout- te d’eau ne fauroit fortir de la roule: TON Outre cette membrane, ; ily'a toutau-tour.du “bord'intérieur de chaque coquille un ligament. Ces 784 M OU figamens qui portent l’un contre l’autre ghand Les “coquilles {e ferment , empêchent encore que l'eau ne forte , & même que les coquilles ne fe caffent ur les bords pendant la grande contraétion des muf- “cles. Il y a des coquilles de quelques efpeces de mou- des qui font jointes par l'articulation, que nous nom- -mons grglyme. Les moules peuvent rentrer dans leurs coquilles par le moyen d’une membrane mufculeufe, dont la groffe glande qui fort de la coquille en forme de langue, eft toute enveloppée. Quand cette mem- brane fe contraéte , la glande qui de fa nature eft molle & flifque , devient une petite mañle dure & ridée après qu’on l’a maniée, comme il arrive aux Jimacons après qu’on les a touchés. Lorfque les moules fentent le froid , elles s'enter- rent dans le fable. Pour s’y enterrer , elles fortent en partie de leurs coquilles en forme de langue , -qu’elles traînent lentement à droire & à gauche, afin de remuer le fable , dont elles fe trouvent tou- tes couvertes en moins d’une demi-heure de tems. Mouvement progreffif des moules. La ftruéture des moules eft telle, qu'il femble qu’elles ne devroient avoir de mouvement, que celui qu’elles reçoivent de l’agitarion des eaux ; cependant elles marchent toutes, quelques-unes s’attachent aux rochers , &c quelques-unes voltigent fur la fuperficie de l’eau ; voyons comment elles marchent. Étant couchées fur Le plat de leurs coquilles, elles en font fortir une partie en forme de langue , & qu'on peut nommer jambes où bras par fon ufage ; elles s'en fervent pour creufer le fable ou la glaife ‘des rivieres. En creufant de la forte, elles baiffent infenfiblement d’un côté, & fe trouvent fur le tran- chant de leurs coquilles, le dos ou talon sn-haut : “elles avancent enfuite peu-à- peu leur tête , pen- dant'une ou deux minutes, & elles l’appuient pour attirer leurs coquilles à elles, réitérant ce mouve- ment tant qu’elles veulent marcher ;:de cette ma- mniere , elles font des traces irrégulieres , qui ont quelquefois jufqu’à trois ou quatre aunes de long, “dans lefquelles elles font à moitié cachées, On voit pendant l’été plufieurs de ces traces dans ‘les rivieres, oùil y a beaucoup de moules; c’eft ainfi que ces petits poiflons cherchent leur vie, & qu'ils fe promenent çà & là, en labourant la terre avec 4e tranchant de leurs coquilles , marchant toujours de ralon en devant. ‘Ces routes creufes fervent d'appui aux zoules | pour lesfoutenir fur le coupant de leurs coquilles ; ‘& en fouiflant la terre çà & là, elles attrapent ap- ‘paremment quelques frayes de poiffon ou autres pe- aits alimens dont elles vivent. M. de Réaumur a trouvé une méchanique fem- blable dans les moules de mer ; fuivant lui, ce qu’on peutappeller leurs jambes ou leurs bras, &t qui dans {on état naturel eft long de deux lignes, peut fortir de deux pouces hors de la coquille ; l'animal ayant faifiquelque endroit.fixe avec fes bras , les racour- citenfuite , en s’avançant & fe rrainant, M. Mery -m'eft pas d’accord'avec MM. Pouparr & Réaumur, fur le mouvement progreffif des zroules. Il prétend que leur ventre entier , qui, quand elles veulent, {ort de deux pouces hors de leurs coquilles: fous la figure de la carenne d'un navire, rampe fur la vafe, comme feroit fur la terre le ventre du ferpent, par | les feules contraétions alternatives de leurs muf- eles.- & Les moules de mer s’'attachent par des fils aux corps “yoilins. Les moules de mer ont une façonide s’atta- cher finguliere’; "elles jettent hors d’elles des fils gros “eommeuneros cheveu, longs rout auplusde trois | cpouces ,; &-quelqmefois au nombre de:rfoavec quoi MC U ellés’ vont faifir ce qui les environne, & plus fou- vent des coquulles d’autres moules. Ces fils font jet- tés en tout fens , êt elles s'y tiennent comme à des cordes, qui ont des directions différentes : non-feu- lement M. de Réaumur a vù qu’elles les filoient,, & que quand on les leur avoit coupés , elles en fi- loient d’autres , mais 1l a découvert le curieux dé- tail de méchanique qu’elles y emploient ; donnons- en un léger crayon. Perfonne n'ignore qu'il y a au milieu de la mou- le une petite partie noire ou brune , qui par fa figure reflemble fort à une langue d’animal. Dans les plus groffes moules , cette efoece de langue a environ $ à 6 lignes de longueur, & 2 lignes & demie de lar- geur, elle eft plus étroite à {on origine & à fon ex- trémité, De la racine de cette efpece de langue , ou de l'endroit où elle eft attachée au corps de l'animal, partent un grand nombre de fils, qui étant fixés fur les corps voifins ; tiennent la zzou/e aflujettie ; les fils fortent de la coquille par le côté où elle s’en- trouvre naturellement ; ils font attachés par leur ex- trémité fur les corps qui entourent la moule fur des pierres ; par exeinple, fur des fragmens de coquil- les, & plus fouvent fur les coquilles des autres #ou- les. De-là vient qu’on trouve cominunément de gros paquets de ces coquillages. Ces fils font autant éloignés les uns des autres , que leur longueur & leur nombre le peuvent per- mettre ; les uns font du côté du fommet de la co- quille ; les autres du côté de la bafe. Les uns font à droite, les autres font à gauche; enfin, ilyena en tous fens fur tous les corps voifins dela roule. Ils font comme autant de petits cables, qui tirant chacun de leur côté, tiennent pour ainf dire la m0u- Le à l'ancre. L’obfervation de ces fils eft une chofe très - con- nue; & quand on nous apporte des rzoules de mer qui men font pas entierement dépouillées,. les cui- finiers ont foin de leur arracher ce qui en refte , avant que de les faire cuire. La difficulté n’eft pas de favoir, fi on doit pren- dre ces fils pour une efpece de chevelure de la 04- le , qui croit avec elle, & qui lattache néceffaire- ment, parce que perfonne n’ignore que ce poiffon les ourdit à fa volonté & dans le lieu qui lui plait ; mais il s’agit de favoir de quelle adrefle les zoules fe fervent pour s’attacher avéc ces fils, & comment elles peuvent les coller par leur extrémité. Pour cet effet , elles font fortir de leur coquille la partie que nous avons dépeinte tout-à-l’heure fous la figure d’une langne , &c de la bafe de laquelle partent différens fils ; elles alongent cette efpece de langue.ou de trompe, la racourciffent après-l’avoir alongée.; enfuite elles l’alongent encore davanta- .ge & la portent plus loin. Après plufeurs alonge- mens & racourciflemens alternatifs, elles la fixent quelque-tems dans un même endroit, d'où la reti- rant enfuite avec vitefle ; elles font voirun fil, par lequel elles font attachées dans l'endroit où elles -ont refté appliquées le plus long-tems. C’eft en recommençantdiverfes fois la même ma- -nœuvre, qu'une zoule.s’attache à différens endroits; ainfi cette langne leur fert à s'attacher & à coller fur les -corps voifins les fils qui partent de fa racine. Les fils récemment collés font plus blancs ,, & en quelque façon plus tranfparens que les anciens. Si l’on dépouile la moule de ces fils elle. a l'art d’en filer de nouveaux ; la mer a des fileufes dans les moules, comme laterre dans les chenilles, & la partie-qui fert à cet ufage , que nous avons confi- _déré fous l’image groffiere d’une langue, ‘eft encore deffinée.à d’autres fins fort différentes. … } ; En cffer, elle eft auffi la jambe ou ls bras de Ja aoule à M © U moule celles-ci par quelques accidens fe trouvent détachées. s’en fervent pour marcher. Elles l'alon- gent & la recourbentainfi qu’elles font pour filer , &t de cette maniere , elles obligent leur coquille à aller en avant ; mais ce n’eft plus ni comme:bras , ni comme jambe, que nous devons Penvifager 1c1, elle en fait rarement les fon@ions , nous la devons regarder comme fiiere. Quoique dansla plus grande partie de fon éten- due, elle foit plate commeune langue ; cependant vérs-fon origine, elle eft arrondie en cylindre, fon autré extrémité ou fa pointe efl à-peu-près faite comme la pointe d’une langue; divers ligamensmuf culeux font attachés auprès de fa racine, & la tien- nent aflujettie. Il yen a quatre principaux qui peuvent fervir à mouvoir cette partie en tout fens ; ilregne une raie owunefente quila divife felon fa longueur, en deux parties évales ; cette fente eftun vrai canal, & c’eft dans ce canalque paffe la liqueur qui forme les fils , c’cft-là oùfe moule cette liqueur ;ce canal eftcreux & à de la profondeur. El eft aufli probablement le refervoir, dans lequel s’aftemble la liqueur qui fournit enfuite des fils; car ileft entouré de diveries parties glanduleufes pro- pres à filtrer la liqueur gluante ; deftinée à compo- der les fils. La moule, comme la plüpart des animaux marins, abonde en cette forte de matiere. Par tous fes mouvemens dont nous avons parlé , elle comprime apparemment les parties glanduleu- fes qui contiennent ce fuc gluant. Ce fuc exprimé des parties qui Le contiennent, fe rend dans le refer- voir, & la roule le fait monter dans le canal, en “aHongeant & racourciffant alternativement fa filie- re. La liqueur conduite au bout du canal forme un fil vifqueux ; qui prend de la confftance avec le tèms: cette matiere viqueufe trouve prife fur les corps les plus polis, fur le verre même, mais cette Hqueur s’épuife aifément; uné moule ne fait guere plus de quatre à cinq fils dans un jour. | _Au refte, quelque jeunes que foient les routes, ‘elles favent filer. Celles-là même qui font auffi pe- tites que des grains de millet , forment des fils très- courts &c très-finss aufh font-elles affemblées en paquets comme lès groffes moules. À fneture qu’el- les croffent, elles forment des fils plus forts & plus longs pour fé fixer. | Cette méchanique eft différente de celle des vers, des chenilles © des araignées. Si l’art de filer eft un art commun aux roues 6t à divers animaux terreftres, tGut ce que nous avons rapporte fait aflez voir,que 1a méchanique qu’elles y emploient leur eft parti- œuliere. Les vers, les chenilles , lés araignées, ti- rent de leur corps des fils auf longs qu’il Leur plaît en les fäfant pafler par un trou de fliere: leur pro- | cedé refemble à celuides Tireurs d’or. Le procedé ‘des moules , au contraire , reflémble à celui des ou- vriers qui jettent les métaux en moule. Le canal de eut fliere eft un moule où le fil prend fa figure, & üne longueur déterminée. Peut-être au refte , que comme les vers , les arai- gnées & les chéèmillés , elles ne travaillent que dans certains mois de l’année. Du moins, celles que M. de Réaumur a renfermées dans des vafes pendant les -mois de Juillet, d'Acût 8& dé Septembre , ont filé, -& il n’a vû former aucuns fils à celles qu'il a mis “dans de pareils vafeès pendant le mois d'O&ôbre ; 1l en a pourtant trouvé quelques-unes, qui pendant ce ‘dérnier mois, ont filé dans la mer. ; On ignore fi les moules peñvens détacher les fils ; avec lefquels elles fe font une fois fixées. Maïs l'on propoie ‘ci'une queftion ;, qui n’eft pas facile à réfoudre. L’on “demande, fi lés moules peuvent défaire, ufer, dé- trure à leut gré les fils avec lefquels eiles fe font Tome X. M © U 783 attachés? L’expériénce fnivante de M. de Réaumur, femble prouver qu’ellés n’ont point l’art dy par- ventre. Après avoir laiffé des moules s'attacher contre les parois d’un vafe plein d’eau de mer, il Ôôta cette même eau de mer, fans laquelle elles ne forment point de fils dans le vafer, & 1l l’ôta de maniere, que quelques-unes en étoient entiererhent privées, & que d’autres la touchoïent feulement du bord dé leur coquille ; elles étoient donc alors dans une fi= tüation violente ; f: elles euffent eu lhabileté de fe détacher , c’étoit Le fems d'en faire ufage pour aller chercher un fluide qi leur eft fi néceflaire; néan- moins, 1l n’y en eut aucune qui tantat de rompre les fils qui la retenoient. Il eft vrai qu’elles ontun mouvement progreff, & qu'elles changent de place, mais c’eft avant que d'être liées par leurs fils. Il eft vrai encore, qu'on en trouve fouvent de libres qui ont de gros paquets de fil; mais divers accidens peuvent avoir brifé ces fils, fans que Padrefle des zzou/es y aït eu part. D'un autre côté, fi elles n’ont pas l’art de fe dé- tacher de leurs liens , 1l femble qu'on devroit fre- quemment lestrouver mortes, parce qu’elles ne peu- vent, fuivant les apparences, fubfifter toujours dans le même lieu où elles fe font fixées pour la premiere fois. Quoi qu'il en foit, on ignore encore, f elles ont le talent de fe mettre en liberté, d’aller planter le piquet à leur gré dans divers endroits , & en ce cas, quelle induftrie elles emploient pour brifer leurs chaines. La mer eft un autre monde peuplé d'ani- maux, dont le génie & les talens nous font bien in- connus. 4 Voligement d'une efpece de moule. Ariftote dit qu’on Ini a rapporté, qu’il y a une grande efpece de moule qui voltige, & ce philofophe n'a point été trompé, cat M. Poupart a vû de fes yeux que la grande ef- pece de roule d’étang voltigeoit {ur la furface de l’eau ; il explique la chofe de la maniere fuivante. Ces grandes efpeces de moules ont des coquilles qui font fort légeres , très-minces, & fi grandes ; qu’elles en peuvent battre la fuperficie de l’eau, comme les oifeaux battent l'air avec leurs aîles ; il ÿ a au dos de ces coquilles, un grand ligament à reflort en mamere de charniere , & au-dedans deux gros mujcles qui les ferment. C’en eit affez pour |. voluiger, car il fufñt pour cela que ces reflorts apif- fent promptement l’un après l’autre ; &c qu'elles frap- pent l’eau avec aflez de force & de vueñle ; ce qui favorifé encore ce mouvement, c’eft que le gingly- me qui fe trouve dans les autres coquilles, qui ne voltigent point, ne fe rencontre pas dans celles:ci, il {eroit embarraffant, Anatornie des mous. Ce qu’on peut appeller se dans la moule, quoiqu'on n’y trouve point d'yeux, ni d'oreilles , n1 de langue , mais feulemént une ou- verture, qu'on nomme éozche , eft une partie rmmo- bile & attachée àune des coquilles, de forte qu’elle né peut aller chercher la nourriture , 1l faut que la nourriture-vienne chercher la zou/e, Cette nourri ture n’eftque de Peau qui, lorfque les coquilles s’ou- vrent, entré dans l'anus de la moule qui s’ouvre en même tems , pañle de-là dans certains rélervoirs où canaux, compris entre la fuperficie intérieure de la coquille & la fuperfcie extérieure de l'animal, & enfin va fe rendre dans la bouche de cet animal , quand il y oblige par un certain mouvement. Au fond de la bouche fe préfenrent deux canaux pour récevoir l’eau ; l’un jette dans le corps de la roule plufieurs branches , dont une va fe terminer au cœur; l’autre eft une efpece d’inteftin qui d’abord pafle par le cerveau , dé-là fait plafieurs circonvo- GGs68 786 M OU -Autions dans le foie, enfuite traverfe le cœur en li gnedroite & va finir dans lanus. Ce cerveau & ce foie ne le font guere qu’autant que l’on veut. Le cœur eft un peu davantage un cœur, Ilales mouvemens de fyftole & de diaftole, alternatifs dans le ventricule & dans les oreillettes; l'eau qui lui eft apportée par fon canal, entre du ventricule dans les oreillettes, retourne des oreil- lettes dans le ventricule & fait une légere repré- fentation de circulation fans aucun effet apparënt ; car une fois arrivée dans ce cœur, elle n’a plus de chemin pour en fortir. Que devient donc l’amas qui s’y en doit faire ? Apparemment àl ne fe fait point d’amas , parce que l’animal ne fait pas continuelle- ment couler de l’eau par fa bouche dans fon cœur ; & que quand il y en fait entrer une certaine quantité, les contrattions du cœur l’expriment au-travers de fes pores, & la pouffent dans les parties voifines qui s’en abreuvent & s’en nourriffent, | Le canal que M. Méry nomme irteflin , & qui, aufli-bien que l’autre, reçoit immédiatement l’eau de la bouche, ne paroït pas propre à porter la nour- riture aux parties, parce qu'il n’a point de branches qui s’y diftribuent. Cependant 1l contient vers fon commencement & vers fa fin des matieres aflez dif. férentes, dont les premieres pourroient être de l’eau’ , P P digérée , c’eft-à-dire les fucs nourriciers qui en ont été tirés, & les autres en feroient l’excrément. La moule ne peut refpirer que quandelle s’eftéle- vée fur la furface de l’eau, & elle s’y éleve comme les autres poiflons par la dilatation qu’elle caufe à Vair qu’elle contient en elle-même , en dilatant la cavité qui le renferme. Alors c’eft encore fon anus qui reçoit l’air du dehors & le conduit dans fes pou- mons ; mais il faut qu'il ne lui foit pas fort néceffaire, çcarelle eft prefque toujours plongée au fond de l’eau. Elle a des ovaires & des véficules féminales. Ces deux efpeces d'organes font également des tuyaux arrangés les uns à côté des autres , tous fermés par un même bout, & ouverts par le bout oppofé. On ne diftingue pas ces parties par leur ftruéture qui eft toute pareille à la vüe , mais par la différence de ce qu’elles contiennent & d'autant plus que les ovaires font toujours pleins d'œufs en hiver & vuides en été, &c que les véficules font en toute faifon également peu remplies de leur lait, qui par conféquent paroît s’en écouler toujours. T'ousles tuyaux fe déchargent dans l’anus ; & M. Méry conçoit que quand les œufs vont s’y rendre dans la faifon de leur fortie , ils ne peuvent manquer d’y rencontrer le lait ou la fe- mence qui les féconde. Voilà la defcription générale des parties du corps de la moule, je n’ajouterai que deux mots fur la ftruc- ture de chacune en particulier. Sa bouche ef garnie de deux levres charnues ; ces deux levres font fort étroites à l’entrée dela bouche qui eft placée entre le ventre & le mufcle antérieur des coquilles, maïs en s’éloignant de cet endroit, ces deux levres s’élargiflent. Le foie eft un amas de petits globules, formés de l'affemblage de plufeurs grains glanduleux, quirem- pliffent dé telle forte toute la capacité du ventre, qu'ils ne laiffent aucun vuide entre fes parois, ni entre les circonvolutions de l’inteftin auquel ils font intimement unis. Cette glande eft abreuvée d’une liqueur jaune, qui s'écoule par plufieurs ouvertures dans l’inteftin. La ftrudture du cœur eft furprenante ; à la vérité, fa figure conique n’eft pas extraordinaire, mais fa fi- tuation eft différente de celle du cœur des autres animaux ; car outre qu'il eft placé immédiatement fous le dos des coquilles & au-deflus des poumons, _ fa bafe eft tournée du côté de lPanus, & fa pointe regarde latête de la moule, D’ailleursil n’a qu’un feul ventricule &t a cependant deux oreillettes. De plus; il n’a ni veines ni arteres, Le cœur de ce poifon eft renfermé avec fes oreillettes dans un péricarde , que M. Mérysa trouvé rempli de beaucoup d’eau, fans jamais avoir pu en découvrir la fource. L’inteftin commence dans le fond de la bouche de la moule, paile par le cerveau , fait toutes ces cir- convolutions dans le foie , & vient finir dans Panus, dont le bord eft garni de petites pointes pyramidales, & le dedans de petits mamelons glanduleux. La Conformation de fes poumons n’eft pas moins extraordinaire que celle de fon cœur & de fes intef- tins ; la voie par laquelle elle refpire, eft diamétra- lement oppolée à celle des autres poiflons. Dansla carpe & le brochet, lair entre par le nez ou la bou- che ; au contraire dans la moule il pafle par l’anus dans les poumons. | - Les poumons de la moule {ont fitués entre le pé- ricarde & les parties de la génération, l’un à droite, l'autre à gauche ; 1ls ont environ 3 pouces de long , & s à 6 lignes de large dans les plus grands de ces poiflens, Leur figure eft cylindrique ; leur membrane propre eft tiflue de fibres circulaires qui les parta- gent en plufieurs cellules qui ont communication les uns avec les autres. [ls font abreuvés d’une humeur noire , dont ils empruntent la couleur. Entr’eux re- gne un canal de même figure & longueur, mais d’un plus petit diametre & fans aucune teinture. Les deux poumons & ce canal font féparément renfermés dans une menibrane, de forte que chacun a la fienne particuliere, La moule a deux ovaires qui contiennent les œufs de ce poiffon ; deux véficules féminales qui renfer- ment la femence qui eft blariche &laiteufe. C’eft par ces quatre canaux que les œufs & la femence de la moule fe rendent dans l’anus, où ces deux principes s’uniflent enfemble en fortant , ce qui fuflit pour la génération. Ce poiflon peut donc multiplier fans au- cun acconplement , & c’eft fans doute par cette rai- fon qu’il n’a ni verge, ni matrice ; c’eft donc unan= drogyne d’une efpece finguliere. Pour ce qui eft de la fortie des excrémens , on peut croire qu'elle fe fait par la contraétion des mufcles circulaires de l’inteftin qui font en grand nombre, & par paquets. Pour les voir, il faut couper l’intef- tintout-du-long , ôter les excrémens & le bien dé- ployer, On remarquera vers la bafe de la glande à laquelle linteftin eft attaché, plufeurs gros trouf- feaux de fibres , qui vont tout-au-tour de linteftin, toujours en diminuant de leur groffeur , à mefure qu'ils s’éloignent de leur origine. Maladies des moules. Les moules de riviere font fujettes à diveries maladies , comme font la moufle, la gale , la gangrene 8 même le fphacele. Lorfque les moules vieilhffent , il s’amafle infenfi- blement fur leurs coquilles une efpece de chagrin qui eft une moufle courte , femblable à celle qui naît fur les pierres. Cette. mouffe pourroit bien être La premiere caufe des maladies qui arrivent aux rou= les , parce que fes racines entrant peut-être dans la fubftance des coquilles, ces petites ouvertures don- nent iflue à l’eau qui les diffout peu-à-peu. On voit quelquefois {ur les coquilles certaines longues plantes fillamenteufes & fines comme de la foie. Cette chevelure , que les Botaniftes appellent alga, peut caufer les mêmes maladies que la moufle. Outre cela, elles incommodent beaucoup lesoules, parce qu’elles les empêchent de marcher facilement; & quand ces plantes s’attachent aux coquilles par un bout, & à quelques pierres par l’autre , les moules ne peuvent plus marcher. Il fe forme des tubercules fur la fuperficie inté- rieure de la coquille qu’on pourroit appeller des ge- les, Elles naffent apparemment de la diffolution de la coquilie qui venant à fe gonfler, fouleve & déta- che la feuille intérieure , comme font les chairs qui naïffentfous lalame extérieure de l'os altéré & la font exfolier, On trouve de ces tubercules qui font auffi gros que des pois , qu’on prendroit pour des perles. Les coquilles fe diffolvent quelquefois peu-À-peu , &t deviennent molles comme des membranes qu'on _ | peut arracher par pieces. Cela pourroit faire croire que les coquilles font des membranes endurcies , comme fontles os, qui en certaines maladies devien- nent aufli mous que du drap. | Animaux qui percent les moules, I] ne paroît pas que lespetits crabes qu’on trouve dans les ous , Les huïtres &cautres coquillages, s’yrenferment, comme quelques - uns l’ont cru, pour manger les poiffons, On trouve fouvent de ces crabes dans des coquilles dont les poiflons font fort fains , & il paroit plutôt que c’eft le hafard qui les y jette, lorfque la coquille le ferme, Voyez le-deffus L'article PINNE MARINE. Mais il y a un autre coquillage de l’efpece de ceux qu'on appelle en latin frockus ou furbo, parce que fa coquille qui eftd’une feule piece eft tournée en fpi- rale, qui fe nourrit effe&tivement de mozles. La moule fi bien enfermée entre fes deux coquilles , ne paroïtroit pas devoir être la proie de ce petit ani- mal ; elle left cependant. Il s'attache à la coquille d’une roule, la percé d’un petit trou rond par où il pañle une efpece de trompe qu'il tourne en fpirale , &c avec laquelle il fuce la mou. On ne conçoit pas aifément comment il perce la moule, car il n'a aucun infrument propre à cela; peut-être pour'la percer , répand-il fur fa coquille quelques gouttes de liqueur forte. On voit quelque- fois plufieurs derces trous fur une même rzow4e ; & quand on trouve des coquilles de moules vuides > on y trouve prefque toujours de ces trous ; ce qui fait juger que ces coquillages ne contribuent pas peu à détruire les moulieres. V Moules extraordinaires. Si l’on en croit les voya- geurs , on voit en quelques endroits du Bréfil des moules fi groffes , qu'étant féparées de leurs coquilles, elles pefent quelquefois jufqu’à fix onces chacune; 6x les coquilles de ces grofes moules font d’une grande beauté, Vertus attribuées aux moules. U falloit bien que quel- ques auteurs attribuafleñt des vertus médicinales à la rmoule & à fa coquille ; aufli ont-ils écrit que ce poiflon étoit déterfif, réfolutif, defficatif ; que fa coquillebroyéefur le porphyre étoit apéritive par les urines &c propre pour arrêter le cours de ventre , en- fin que la coquille de la moule de riviere étoit bonne pour déterger & confumer les cataraétes qui naïflent fur les yeux des chevaux, en fouflant dedans cette coquille pulvérifée. Maïs tout le monde rit de pareilles futilités. En ad- mirant la fingularité du poiffon, on le regarde non- feulement comme inutile en médecine » Mais comme nuifible à la fanté en qualité d’aliment. Les maladies auxquelles la zouk eft fujette, & ies ébullitions qu'elle caufe àdiverfes perfonnes dans certainstems de l’année, en font une bonne preuve. Les Phyficiens qui méritent d’être confultés fur les moules {ont M. Poupart, dans les Mém. de l’'acad. TOY « des Sutenc. 1706 ; M. Méry, dans lefdits Mém, année 1710 ; M. de Reaumur , dans Les mêmes Mémn. année 4710 & 1711 ; Ant. de Heyde, dans Jon Anatomia mytuli, Amitæl, 1684, 1-89, (Le Chevalier DE Jau- COURT.) Moures, ( Péche. ) Les petits bâtimens on ba- teaux qui viennent d'Honfleur, du Havre, de Diep- pe, des autres ports de la côte de Caux , & de l'embouchure de la Seine pour charger des moules fur la côté de Grancamp, s’y viennent échouer, & y reftent à fec toutes les marées, juiqu’à ce que Tome X, | d M OU 797 ceux qui ramaflent ces oules À la main leur ayent fourni de quoi faire leur cargaifon; quelquefois, pour ne point tant tarder fur cette côte , les maîtres de ces petits bâtimens préviennent leurs fatteurs par dés ordres de ramañler d’avance ce coquillage ., afin que le bâtiment pour lequel il eft deftiné n'ait qu'à le charger à fon atrivée. _ Si les tems deviennent Orageux , & que le char- gement ne fe puifle faire, ou que les équipages tarz dent trop à venir enlever les moules, ces coquil- lages font perdus pour le compte de ceux qui les ont ordonnés. La côte de Grancamp eft une rade foraine ; il n’y a point de port ; le mouillage y eft bon : & de la côte où fe tiennent les bateaux & les petits bâti= mens qui y abordent, on découvre près d’une lieue i dans le tems des grandes marées, il entre de pleine mer Cinq à fix brafles d’eau dans le lieu du mouillage, Il aborde à Grancamp des bateaux & des pets bâtimens de 10, 11 à 1ÿ tonneaux, qui y font en fu- reté, fi lés ancres &z les cables ne manquent pas. Les maîtres des bâtimens jettent leur left fur les roches, & ceux qui fe leftent en prennent au même endroit où ils font-mouillés ; {ur quoi il n’y a au- Cune autre police à obferver. MOULE , ( Gram. € Arrs méchaniques.) On ap= pelle de ce nom en général tout inftrument qui fert Ouù à donner ou à déterminer la forme À donner æ quelque ouvrage. Il n’y a rien de fi commun dans les arts que les moues. Il ya bien des chofes qui ne fe feroient point fans cette reffource > & il ny en a aucune qui ne fe fit plus dificilémenr > & qui ne demandât plus de tems, Nons n’éntrerons pas ici dans Le détail de tous les mov/es qu'on emploie dans les atteliers ; nous én allons donner quelques- uns, fEnvOyant pour les antres aux ouvrages qu’on exécute ‘par leur moyen. Voyez donc les articles fui- vant, 6 l'article MOULER. MOULES , f. m, pl. (Æydr. ) on appelle ainfi des boîtes de cuivre de deux à trois piés de long qui fervent à mouler des tuyaux de plomb , dont les plus ordinaires ont 4, & 6 pouces : on en fait juiqu’à 18 pouces de diametre, & de 7 lignes d’é- paifleur. Les plus petits zou/es {ont pour des tuyaux de trois quarts de ligne, MOULE DE MAÇON, ( Archie, ) c’eft une piece de bois dur ou de fer creufé en- dedans, fivant les moulures des contours ou corniches > 6€. qu’on veut former. On lappelle aufli calibre. Voyez CA- LIBRE 6 PANNEAU. MOULE DE FUsiL, ( Artificier. ) c’'eft un canon de bois où de métal, dans lequel on introduit la cartouche vuide & étranglée par un bout , afin qu'il foit appuyé pour réfifter à la force de la preffion de la matiere combuftible qu’on y foule à grands conps de maillet. La bafe de ce moule, qui eft une piece mobile , s'appelle cor; c’eft elle qui réfifte à la prefflion verticale , & le canon à l’horifontale, On appelle aufi roue toutes pieces de bois qui {et Vent à former des cartouches de différentes figures, comme ceux des pots, des balons, des vafes » Ée. MOULE , chez les Battenrs d’or, fignifie un certain nombre de feuilles de vélin ou de parchemin coupé quarrément & d’une certaine grandeur, qu’on met l’une fur l’autre, & entre lefquelles on place les feuilles d’or on d'argent qu'on bat fur le marbre avec le marteau. On compte quatre efpéces de ces moules, deux de vélin, & deux de parchemin; le plus petit de ceux de vélin contient Quarante ou cin- quante feuilles, & le plus grand en contient cent : pour ceux de parchemin, ils en contiennent cinq cens chacun. Voyez l'article fuivans. Ces moules ont chaçun leurs étuis où boîtes . GGgggi 758 M OU. qui font faits de deux pieces de parchemin, lef- quelles fervent à aflujettir les feuilles du moule en leur place, & à empêcher qu'elles ne fe dérangent en battant, Ÿoyez BATTEUR D’OR,. Les Batteurs d’or appellent auffi moule un livre de boyau de bœuf extrêmement fin, contenant huit cens cinquante feuilles, non compris cent d'em- plutes. Voyez EMPLURES. -Foyez auff CHAUDRAY" & CaucHer. Tout ce qui le diftingue du premier, c’eft fa finefle, & le fond qu'il faut lui donner tou- tes Les fois qu’on s’en fert. C’eft dans cet outil que l'or battu acquiert le degré de perfeétion néceffaire. MOULES , er cerme de Boutonnier, c’eft Le-boïs qui {ert de fondement au bouton. Les moules des boutons de foie, de poil & foie, d’or & d'argent, façon- nés ou unis, ne fe font point-à Paris, mais la plü- part en Lorraine. Nous ne parlerons donc ici que de ceux qui fervent pour les boutons planés. Ils font de bois de noyer, de la forme des autres, aux quatre trous près , dans lefquels on pañle la corde à boyau. On commence par fcier la matiere de lé- ‘paifleur de moins d’une ligne & demie , enfuite on la fait fécher à la fumée , autrement elle s’écorche- roit; on la trace, on la marque, on la perce, on la pare fous l’outil, on la tire, & on la polit, voyez ous ces mots à leurs articles ; & dans cet état on l’en- voie chez le boutonnier planeur, pour la mettre en œuvre. La marque, le parois & le traçoir font arré- tés dans la poupée du rouet, voyez ROUET, & la molette qui leur fert de manche, les fait tourner; on ne fait que leur préfenter la planche double d’une autre, pour ne fe point faire de mal aux doigts. MouLe, c’eft aufli un morceau de bois plat, garni de deux pointes de fil-d’archal un peu hau- tes, autour defquelles on plie toutes les différentes fortes de pompons. Woyez POMPONS. MOULE DÉCOURONNÉ, ex terme de Boutonnier, C’eft un moule de bouton percé d’un trou à fon milieu, beancoup plus large en-deffous qu’en-deflus; c’eft dans ce trou que le fil d’or ou de foie cordonné ou luifant fe tourne, & c'eft ce trou qui l'arrange. Voyez ROULER. | MOULE , terme de Boutonmer ; eft un petit mor- geau de “bois tourné, arrondi d’un côté, applati de l'autre, & percé au centre, fur lequel les Bouton- niers arrangent les fils d’or & d’argent, de crin, &c. dont ils veulent faire des boutons. Voyez BOUTONS. Voyez PL. du Bouton. les figures d'un roule &e bou- ton, dans lequel on a fiché quatre pontes, qui fer- vent à retenir la foie ou le filé dont un bouton jetté eft fait: on les Ôte après qu'il eft achevé. MOULES , rermme de Cartier, ce font des planches de bois, fur letquelles font gravées les figures des différentes cartes qui compofent un jeu, & les en- feignes & adrefles qui {e mettent fur les feuilles de papier qui fervent à envelopper les jeux de cartes & les fixains. Payez Les fes. PL. du Cartier qui re- préfente les moules des figures. | MouLe » ( Chandelier. ) il eft d’étain , de plomb ou de fer blanc, & eft compofé de trois pieces , le collet, la tige &c le culot ou pié; la tige eft un cy- lindre creux, de longueur & de groffeur fuivant la chandelle; le collet eft un petit chapeau cavé en-dedans, avec une moulure, percé au milieu, d’un trou aflez grand pour pañer la meche, & foudé à ce moule; à l’antre extrémité eft le cuior, ui eft une efpece de petit entonnoir par où on coule le fuif dans le swoule. Le culot eft mobile, s’aquftant à la tige , lorfqu'on veut placer la nieche dans le moule, &c fe rerirant lorfqu’on veut retirer la chandelle du roule. Au-dedans du culot eft une aîle de même métal , foudée , laquelle avance juf- qu’au centre, ce qu'on appelle crachez du culot; il fert à foutenir la meche. Un peu au- deffous du culot , à latige, eft un cordon de même métal ; qui fert à foutenir le moule fux la table à roule. Voyez La figure qui repréfente un moule, Ga figure qui re= préfente la table a moules. ) MouLe , les drouineurs, c’eft-à-dire, les petits chauderonniers qui courent la campagne pour rac- commoder les vieux uftenfiles de cuifine, ont cou- tume de porter avec eux deux fortes de moules ; l’un pour fondre les cuillieres d’étain , &t l’autre pour faire de petites falieres de même métal. Ces rroules font de fer, & s'ouvrent en deux par le moyen de leurs charnieres. On coule les cuul- lieres par le manche , 8 les falieres par le côté, Ces moules ont des queues de fer pour jes tenir. Quand l'ouvrage eft fondu & refroidi, on lé: barbe avec un petitinftrument de fertrès-tranchant, en forme de ferpillon , qu’on nomme ébarboir, Voyez Ce 71204, MOULE , en terme d'Epinglier, c'eftun brin de fil delaiton, un peu plus gros que l’épingle, fur le- quel on goudronne le fil qui en doit faire la tête, Voyez GOUDRONNER. Voyez des fig, PI, de l’Epin= glier. j | | MouLe, ( Fonderie. ) Les Fondeurs en bronze fe fervent de deux fortes de rzoules. Le premier eft or- dinairement de plâtre, pour avoir Le creux du mo- dele ; & le fecond eft fait de potée &c d’une terre compofée : c’eft dans celui-ci que coule le métal. Le moule de plâtre eft fait de plufeurs aflifes, fui vantla hauteur de l'ouvrage : on obferve d’en met- tre les jointures aux endroits de moindre :confé- quence, à caufe queles balèvres que fait ordinat- rement la cire dans ces endroits-là, en font plus ai- fées à réparer; & l’on fait auffi enforte que les lits defdites afifes foient plus bas que les parties de def- fous. Voyez FONDERIE, Woyez des figures de la Fon- derie des fig. equeftres. MOULE DE POTÉE, serme de Fonderie , eft celui que l’on couche fur la cire quand elle eft bien répa- rée, & c’eft dans ce moule qu’on fait couler le bronze. On compofe ce 7ñoule de potée de + deterre de Châtillon auxenvirons de Paris , avec + defiente de cheval qu’on a laiflé pourrir enfemble pendant lhiver, + de creufet blanc , & moitié du poids total de terre rouge femblable à celle du noyau. On réduit cette matiere en poudre tamifée, &, avec des broffes, on en fait des couches fur la cire , en alliant cette poudre de potée avec des blancs d'œufs. Lorfque le moule de porée eft achevé, onle foutient par des bandages «le fer qu’on met particu- lierement dans les parties inférieures de l'ouvrage, comme étant les plus chargées. | MOULE , terme de Fondeur de cloche, c’eft un com- pofé de plufeurs couches ou enveloppes de maçon- nerie , qui fervent à la fonte des cloches. Le roule d’une cloche eft compofé de quatre parties, favoir le noyau, le modele , la châpe , &c le bonnet, Voyez l'article FONTE DES CLOCHES. MouLE 4 fondre les caraëleres d’Imprimerte | eft compolé de douze principales pieces de fer parfaite- ment bien limées, jointes & aflujetties enfemble par des vis & écrous, le tout furmonté de deux bois pour pouvoir le tenir, lorfque le moule s'é- chauffe par Le métal fondu que l’on jette continuel- lement dedans. Ce moule qui a depuis deux jufqu’à quatre pouces delong fuivant la groffeur du caraëte- re, fur deux pouces environ de large, le tout fur fon plan horilontal, renferme au-moins quarante pieces où morceaux difin@s qui entrent dans fa compofition, &z dont le tout fe divife en deux par- ties égales qu’on appelle, lune, piece de diffus, dc l’autre, piece de déffous. Ces deux pieces s’emboi- tent l’une dans l’autre pour recevoir le métal qui y prend la force du corps du caraëtere , & la figure de MOU la lettre dans la matrice qui eft au hout dutroïñemé moule : après quoi on fépare ces deux pieces l’une de l’autre, & al refte à l’une d'elles la lettre route f- gée que l’ouvrier fépare avec le crochet qui et à l’autre piece du moule ; puisles rejoignant enfemble , ilrecommence de nouveau l'opération jufqu’à trois à quatre mille fois par jour. Voyez Corps, -MA- .TRICES , Planches, fes, MOULE, en cérme de Fondeur en fable , eftcompofé de deux chaflis, remplis de fable, qui forment comme deux tables, Les faces intérieures du oule ont reçu l'empreinte des rnodeles, ce qui fait un vuide dans lequel on coule le cuivre, ou autre métal fondu , qui prend ainf la forme des modeles qui ont fervi à forrmer le roule, Voyez l'article FON- DEUR EN SABLE. v | MOULES, outil de Gafnier, ce font des morceaux de bois de la figure des ouvrages qu'ils veulent faire , Quidont ronds , longs, larges , ou plats, {e- Jon le befoin. | MOULES DES ORFEVRES. Les Orfevres fe fervent pour mouler leurs ouvrages des moules de fable des Fondeurs , & quelquefois, pour de petits objets, de l’os de feche. Pour fe fervir utilement de l’os de feche, voici comme onle prépare : on prend denx os de feche dont on coupe les deux bouts, puis on les ufe du côté tendre fur une pierre plate, jufqu’à ce que l'on ait une furface d’étendue defirée ; fur la fin, on répand fur la pierre plate une poufliere de Charbon très-fine , qui, par Le frottement, s’incor- pore dans les pores de los de feche & les rend plus {errés ; on y perce trois trous dans lefqueis on met des chevilles de bois pour aflujettir les deux os À même place l’un fur l'autre, puis on met fon mo- deie entre deux, & preffant également les deux oS, ce modele imprime fa forme, on le retire, on forme les jets, les communications, & les ouver- tures pour l’échappement de l’air à Papproche de la matiere, &c on le flambe à la fumée de la lampe ou d’un flambeau comme les autres moules, MOULES , en terme de pain d'Epicier , ce font des planches de bois de diverfes grandeurs , & gravées de différentes figures , fur lefquelles on applique la piecé de pain d'épice que l’on veut figurer, Voyez Les figures. MOULE, ( Potier de terre, ) Les moules des fai- feurs de fourneaux & de creufets font de la même Forme des creufers, c’eft-à-dire, de la forme d’un cone tronqué : ils font garnis de bras de bois pour les tenir &c les tourner lotfqu'ils font couverts de terre, & quel’ouvrier veut en même tems arrondir ou applatr fon vaifleau. Foyez FOURNEAU. _ Moure, ( Lunerier. ) Les Miroitiers-Lunetiets fe Âetvént de moules de bois pour drefler & faire lestu- bes où tuyaux avec lefquels ils montent les lunettes de longue vüe , & quelques autres ouvrages d’op- tique. Ces roules font des cylindres de longueur & de diametre à difcrétion, &c fuivant l’ufage qu'on en veut faire; mais ils font toüjours moins gros par un bout que par l’autre pour la facilité du dépouille- ment, c’eit-à-dire, pour en faire fortir plus afément le tuyau qu’on a dreflé deflus. Les tubes qu'on fair far ces moules font de deux fortes : les uns , fimplement de carton & de papier; ët les autres, de copeaux de boistrès-minces, ajou- tés au papier & au carton. Lorfqu'on veut faire de ces tubes qui s’emboîtent les uns dans les autres, il ñ’y a que le premier qui fe fafle fut le moule , cha- que tube que l’on acheve fervant enfuite de roule À celui qui doit le couvrir, fans qu’en Ôte pour cela le oule du premmer. Voyez TBE. | MOULE DE VIOLONS , ( Luvherie. ) Voyez l'arii- cle VIOLON. ” M OU “80 MOULE DE PASTILLE, ( Parfumeur, ) Les Parfus meurs appellent de ce nom un corner de fér-blarne s creux, & long comme le doigt; on l’appuie en tournant fur la partie étendue. La Pafllle refte de: dans. On l'en tire en foufflant dans ce cornet par un bout, Foyez les Planches. MOULES, rerme de Papetere, ce font de petites tables faites de fils de fer ou de laiton , attachés les uns auprès des autres par d’autres fils de laiton en core plus fins. Les mozks, qu’on appelle aufi des formes ; font dela grandeur d’une feuille de papier, & ont tout autour un rebord de bois auquel font at. tachés les fils de laiton, Ce font ces moutes qu’on plonge dans la bouillie on pâte liquide pour dreffer les feuilles de papier. Voyez Papier. . Moures Des PLomgrers. Ce font des tables fux lefquelles ils coulent leurs tables de plomb. On les appelle quelquefois tout fimplement des sables, Cette table efl faire de groffes pieces de bois bien jointes & liées de barres de fer par les extrémités , foutenues par deux ou trois treteaux de charpente ; elle eft environnée tout-autour parune bordure de bois de deux ou trois pouces d'épaifleur, & élevée d'environ deux pouces au-deffus de la table ; la lara geur ordinaire des tables eftde trois on quatre piés » & leur longueur de quinze ou vingt piés: Sur la table eft du fable très-fin qu’on prépare en le mouillant avec un petit arrofoir, & en le labou« rant avec un bâton ou rateau ; & enfuite > pour le rendre um, on l’applatit avec un maillet, & on le plane avec une plaque de cuivre appellée plane, Foyez MAILLET 6 PLANE, Awdeflus de la table eft le rable. Foyez RABLE. Outre ces moules, Îles Plombiers ont des moules téels qui leur fervent à jetter les tuyaux fans fous dure. Ces moules {ont des cylindres de cuivre , creux, d’une largeur & d’un diametre propres à l’ufage qu'on en veut faire, Ces moules font faits de deux. pieces qui s'ouvrent par le moyen des chars nieres qui les joignent , & qui fe ferment avec des crochets. La longueur de ces tuyaux eft ordinaires ment de deux piés & deini, Ees Plombiers ont auffi des #outes où tables pros pres pour couler le plomb fur toile, Ces moules font différens de ceux dont on fe fert pour couler les grandes tables fur fable. Foyez-en la defcription à l’article PLOMBIER , où on enfeigne la maniere de jetter le plomb fur toile ; & l’aricle Oncue & es fig. PL. d'orgue. MOULE , ex terme de Fondeur de petit plomb | font des branches de fer réunies par un bout avec une charniere , pour pouvoir Les ouvrir & tirer la brans che de plomb qui s’y eft faite. Chacune de ces brana ches eft garnie de trous difpofés exaétement vis-à vis l’un de l’autre, où l’on coule le plomb, Il y à autant de fortes de moules qu’il y a de différentes efe peces de plomb. _ MOULE, en serme de Potier, c'eft un morceau dé bois tourné fur lequel on ébauche un ouvrage de pos terie , profond comme un grand creufet, Voyez Les Planches. On appelle auffi moule une efpece de quarré res trait dans Îles angles , dans lequel on roule le care reau ; il tient quatre carreaux dans chaque moule. Les moules à briques, à carreaux d'être, & les chaufrettes, ne font point retraits dans leurs anpless êc rie forment pas un quarré régulier, Payez les Plans ches. | MOULE À FRANGE , ( Rubanhier, ) c'eft une pes tite planchette de bois mince & longue de 12à 14 pouces, dont les vives arrêtes font abattnes pour ne point couper les foies que l’on y met ; il y en a de quantité de largeurs pour les diverfes hauteurs que : l’on veuï donner aux franges ; il y en a auf de ! 799 M O U cuivre jaune ; quand c’eft pour faire de la frange très-bafle *appellée frangean ou moler, S'ils éroient de bois étant fi étroits , 1ls feroïent trop fragiles. IL y en a encore à rainures que l’on expliquera à la fuite. Ils doivent avoir tous la longueur ci-deflus,, pour que l’un de leurs bouts repole fur le rouleau de la poitriniere , ce qui, en foulageant l’ouvtier, empêche auf Pinégalité de la pente dela frange , ce qui ne manqueroit pas d'arriver fi le mow/e vacilloit, De cés moules, les uns font unis & les autres feflon- nés. Entrons dans le détail , en commençant parles moules unis fans raïaure , pour la frange qui doit être guipée ; il eft vrai qu’on peut auffi pour cette même frange fe fervir d’un roule à ramure, ce qui n’empé- cheroït rien à l’ouvrage ; il n’en feroit pas de même pour faire de la frange coupée, il faudroit abfolu- ment fe {ervir d’un moule à rainure, ainfi que l’on dira en fon lieu. Ce que l'on va dire fur chaque ef- pece de ces moules, doit s'entendre de toutes les for- tes de largeurs qui le compofent. Le moule uni, comme tous les autres, fe pofe à plat, c’eft-à-dire par fon côté mince , le long de la chaîne, pardevant les lies & liffettes, & du côté gauche de cette chaîne , le bont d’en-bas portant {ur le rouleau de la poitriniere , comme il a été dit. Il eft tenu en pleine main en-deflous par les quatre doigts de la main gauche , & par-deflus, c’eft le pouce qui y ef pofé. Toutes les fois que l’ouvrier ouvre fon pas, il introduit la trame à-travers cette ouvertureà l’en- tour de ce moule , en pañlant d’abord par-deflus , & revenant par-deffous ; puis il frappe cette duite avec le doistier qu’il a au doigt index de la main droite : ce frapper doit fe faire par-deflous le zzouXe, ce qui eft beaucoup plus aifé que par-deflus. On comprend que lorfque le pas fera fermé, cette trame fe trou- vera liée feulement avec la tête au côté droit du moule ; ce qui eft contenu fur le 7zoule formera la pente. Lorfque le moule fe trouve rempli, on le vuide de la façon qu’il eft dit à Parsicle TissEr, & lon continue. Voilà pour la frange qui fera guipée ; | à l'égard de la frange coupée, voici quel eft fon moule : il eft à rainure du côté oppoié à celui qui touche la chaine ; cette rainure eft pratiquée dans fon épaifleur , 8 regne également dans toute fa lon- sueur. Lorfque le moule eéft rempli, l’'ouvrier le re- tourne, c’eft-à-dire que la pente fe trouve à-préfent du côté de fa main droite, où étant, il introduit la pointe d’un couteau extrèmement tranchant dans la rainure du #7o/e, en commençant par le bout qui repofe furla poitriniere , & remontant ainf en faut; êz la conduifant le long de cette rainure , 1l coupe par ce moyen la pente de cette frange le plus éga- lement qu'il lui eft poffible, pour éviter les barlonpgs. Si malgré cette précaution il s’y en trouvoit , les ci- feaux les répareront. Il faut que l’ouvrier obferve de laifler environ ün travers de doigt de fa frange fans être coupée, ce qui fert à contenir le roule dans la fituation où 1l doit être pour continuer le tra- vail. Cette longueur coupée va s’enrouler fur l’en- fouple de devant, pour faire place à celle qui va être faite. Après cette opération , le roule eft retourné pour être remis dans fa premiere pofition &r conti- nuer , & voilà la frange coupée. Le oule pour la frange feftonnée l’eft lui-même, & voici comment, pour cet ouvrage, le moule de carton convient mieux . que celui de cuivre ou de bois ; la foie fe tient plus atfément, au moyen des petites cavités qu’elle s’y forme , au lieu que fur le bois ou fur le cuivre elle glifle, au moyen des inéoalités du feflon. Ce roule a ceci de différent des autres, en ce qu'il eft beau- coup plus court, ne contenant de longueur que de- puis le centre le plus long du fefton , jufqu’au cen- tre le plus profond de fon échancrute : ainft 1l n’eft qu'une demi-portion de l’un & de l’autre, On voit | ce qui vient d'être dit dans Zes Planches @ les figures ; on va voif pourquoi cela eft néceflaire. Lorfque l’on commence l'ouvrage, cezoule fe pofe , comme les autres , le long de la chaïne , & toujours à gau- che d’elle ; il fe pofe, disje, de façon qu’une partie eff du côté de l’ouvrier, & une autre partie du côte desliffes , enforte qu'il commence fon ouvrage par la premiere, en remontant à la feconde , où étant parvenu , il désage fon moule de dedans cette por- tionfaite, en le tirant du côté des liffes après l'avoir coupée fi elle le doit être , ou tournée en coupon fi elle doit être guipée : cela fait, 1l retourne fon roule bout par bouts, c’eft-à-dire que c’eft à-préfent la fe- conde partie qui eft vers l’ouvrier , & que la pre- miere eft du côté des lifles. Il fait la même chofe que devant, pour remplir cette portion de moule, & voilà fon fefton fini. Alors il dévage fon #zoule en le tirant à lui au contraire de l’autre fois , où il l’avoit tiré du côté des lifles. On concevra aifément que f& le roule contenoïit le fefton entier, il ne pourroit fortir de l'ouvrage , puifque l'endroit large ne pour roit pafler à-travers l’étroiteffe formée par l’échan- crure du fefton. Ileft donc de néceflité abfolue qu’il ne forme que la moitié de ces deux figures , afin que le moule puifle glifer du large à l’étroit, ce qu'il ne pourroit faire de l’étroit au large. Il y a des ouvriers qui fe fervent de moules de bois pour ces franges feftonnées ; ce roule eft rempli fur fon bord de de- hors de quantité de petits trous pratiqués dans l’é: païfleur, pour y mettre de petites chevilles en forme de foffets, & qui fervent à empêcher que les foies de pente n’éboulent , comme elles feroient indubi- tablement, en cherchant toujours à glifler du côté étroit du #oule feftonné. Aïnfi, après avoir formé quelques duites , il faut mettre une autre cheville pour les retenir, & toujours de même. Il eft rare que la frange faite de cette facon conferve la belle gradation du fefton qui en fait la perfedion. Ceux qui font pour ces moules prétendent que ceux de carton font moins bons , en ce qu'ils s’étréciffent ar bout de quelque tems par le continuel ufage , le carton étant fujet à bavacher par les bords. Ainfi les uns fuivent une de ces méthodes , & les autres l’au tre méthode. MOULE À PLATINE , (Serrurerie. ) font deux mor ceaux de fer plat , forgés de la longueur & largeur que doit avoir la platine, au bout defquels font évui- dées les panaches. Ces deux pieces font bien dref- fées & fixées l’une fur l’autre par deux étochios ri vés fur une des parties, deforte que l’autre peut fe lever & fe féparer, afin d'y placer la platine à évui- der. Lorfque la platine eft pofée , on met la contre partie du zzoule ; on ferre le tout enfemble dans l'é- tau, & l’on coupe avec un burin tout ce qui excede le moule. MOULE , ex terme de Tabletier - Cornerier , eft un morceau de bois creux & en entonnoir, dans lequel on donne la forme aux cornets à jouer, #oyez Les PI, & Les fig. MOULE A FAIRE DES MOTTES , #7/frument dé Tanneur , eft un grand anneau rond de cuivre de l’é- païfleur & de la grandeur qu'on veut donner aux mottes. Ce cercle de cuivre fe pofe fur une planche, l’ouvrier le remplit de tanné mouillé ; il le foule avec les piés ; & après lavoir bien ferré, il le retire du cercle. Le tanné ainfi preflé a la forme d’un pain qu’on appelle morte : on expofeles mottes à l'air poux les faire fécher ; & quand elles font entierement fe= ches , elles font en état d’être vendues. MOULES , en cerme de Tireur d’or, {ont des défauts occafionnés par quelques ordures qui fe font trou- vées fur la feuille d’or , & qui empêchent lor de s'attacher à l'argent. | MouLe , ( Vanier. ) Les moules des Vanniers fervant , parexemple , à faire des paniers. font fott fimples ; ils font ordinairement formés d’un faule tourné ou plié en ovale circulaire, quarté ou d’au- tre figure, felon la corbeille | panier on manne , &c, qu'on veut former, C’eft fur ces roues que les Van- niers dreflent , ou pour mieux dire qu'ils mefurent tous leurs ouvrages , pour pouvoir les avoir de telle grandeur & de telle figure qu'ils veulent, MOULE, ( Verrerie. )voyez l’article VERRERIE. MOULE ou LINGOTIERE des Wirriers j 1] y en à de deux fortes ; les uns pour jetter les tringles dé plomb propres à être tirées par le mouliniet , d’au- tres pour faire les liens. Voyez les articles TRINGLE & Liens, Du refle ces moules n’ont rien de particu: lier. | EN 1 : . MouLÉE, Î. f. (Courcl. Tarlland. & autres onvriers ex fer. ) c’eft ce mélange des particules de la meule & du fer ou de l’acier qu’elle a détachées des pieces tandis qu’on les émouloit, & qui rombent dans l’auge placée fous la meule. Elle eff noire à l'œil & douce au toucher : on s’en fert en Medecine, MOUL-ELAVOU, ( Boran. exor, ) nom malabare dun grand arbre qui produit du coton , dont on fe fert pour.rembourrer les matelas , les orcillers, & “pour autres ufages domeftiques. C’eft l'u’bor lanigera gpinofa du jardin de Malabar, & le gof/ypium arboreum, caule Jpinofo de C. Bauhuin. ( D. J.) MOULER , v. aût. ( Gramm. & Art méchanrque.) c’eft lation d’exécuter par le moyen d’un moule. Voyez les articles MOULES & Les fuivans. MOULER , ( Chandelier. ) burette ou pot à mouler, c’eft un vafe de fer blanc fait à-peu près comme uné theyere ou artofoir de jardin, avec lequel les Chan- debers prennent du fuif fondu qu'ils verfent enfuite par le gouleau de cette burette dans les moules. Voyez les PL. du Chandelier. | | MOULER LES PLAQUES, ex terme d'Epinglier ; c’eft l’aétion de couler les plaques d’étain qui fer- vent au blanchiflage des épingles. On emploie pour cela une planche penchée couverte d’un coutil; & à mefure que l’on verfe la matiere fur ce tapis, un autre ouvrier qui s’y met à cheval fans y toucher. néanmoins, defcend un morceau de bois (un chaflis) de la largeur de la planche, qui ne pofe fur elle qu’à fes deux bouts, & eft plan par-tout ailleurs de maniere qu'il n’y a de diftance de lui au coutil que l'épaïfleur que doivent avoir les plaques. Quand elles ont été ainfi coulées, on les trace au compas, &t on les coupe fur le trait qu'il a décrir, Voyez Les PI. 6 Les fig. de l’Epinglier. | MOULER , (Jardinage. ) fe dit des ifs, des oran- gers , & des arbriffeaux de fleurs que l’on taille en boules , en pyramides & autres figures , en les ton- dant aux cifeaux, On dit encore mouler des ormes en boules , que l’on tond pareillement aux cifeaux, MOULER , er terme de Potier, c’eft donner la forme à une piece fur des moules de la hauteur dont on veut la faire. Voyez MovLes. _ MouLER LES ANCES, ( Porier d’étain. ) ou au- tres parties qui font néceflaires à une piece d'’étain pour la finir , eft un terme du métier, qui veut dire que l’ance n’a pas été jetée fur la piece. Voyez JeT- TER SUR LA PIECE. Pout mouler, on jette des ances ou autres chofes dans un moule particulier qui eft fait pour cela, en- fuite on les ajufte, fuivant la grandeur de la piece où onles applique, en les attachant avec une ou deux gouttes d’étain qu’on y met avec le fer à fouder pour les tenir en place feulement. Si c’eft des ances à char- mere, On emplit d’abord les têres des ances avec du fable un peu mouillé ; on a de la terre slaife qu’on a re auparavant , dont on enveloppele haut & le as de l’ance, en laïffant un endrôit où elle doit fou- der , c’efl-à-dire s'attacher, pour y jetter de l’étain ( RO bien chaud.-On erplit fon pot de fon brie pour jetter fur la piece, &on jette de letain fur lé bas dé l'ance, verfant fon étain jufqu’à ce qu’ons’apperçoi- ve que lance ‘doit étretrès-fondue, c’eft-à-dire fou dée 6 attachée : le furplus de cet étain qu'on verfè. coule dans une {bille de bois qu'on tient fur fes ges noux, par une coulure qu'on.fait de terrè ou dé carte, Après avoir jetté tous les bas d’ances , on fait. de même pour les hauts , en pofant lé drapeau à {az ble comme pour jetter les ances fur la piece: & quand tout eft jetté , on ôte la terre & le fable des têtes , & on efluie la piece avec un linge. Cette ma: nière de mouler étoit fort en ufage autrefois avant l'invention des moules à jerter fur la piece : on s’en fert lorfqu’on n’a pas des moules convenables aux \ différentes grandents des pieces qu’on eft obligé dé faire. Mais la façon de jetter fur la piece eft infinis ment plus diligente, Voyez JETTER SUR LA PIECE: MOULER EN PLASTRE , ( Sculpture. ) le meil: leur plâtre dont on puifle fe fervir pour mowler, c’eft celui qu’on tire des carrieres de Montmartre. On lé prend en pierres cuites & tel qu'il fort du fourneau + on le bat , & on le pafñle au tamis de foie : on le dé- laie dans l’eau plus on moins, fuivant la fluidité qu’on veut lui donner, Mais avañt que de l’employer, il faut avoir difpofé le modele ou la figure à recevoir le moule. Si ce n’eft qu’une médaille ou ornement de bas-relief qu'on veut r7ou/er, onfe contente d’en imbiber toutes les parties avec un pinceau & de l’hui le ; puis on jette le plâtre deffus qui en prend exac= tement l'empreinte | & qui forme ce qu’on appellé un moule : mais fi c’eftune figure de ronde-boffe qu’où veut rouler, 1l faut préndre d’autres précautions. Où commence par le bas de la figure, qu’on revêt de plufieurs pieces , & par aflifes, comme depuis les * piés jufqu'aux genoux, felon néanmoins la grandeut du modele ; car quand les pieces font trop grandes } le plâtre fetourmente. Après cette affife, on en fait une autre au-deflus , dont les pieces font toujours proportionnées à la figure , & ainfi on continue ju qu'au haut des épaules, fur lefquelles on fait la der mere aflife qui comprend la tête, _ Ileft à remarquer que fi e’eft une figure nue , &é dont les pieces qui ferment le moule, étant aflez grandes , puiffent fe dépareiller aifément , elles n’ont pas befoin d’être recouvertes d’une chape ; mais fi ce font des figures drapées , ou accompagnées d’or nemens qui demandent de la fujétion , & qui obli gent à faire quantité de petites pieces, pour être dépouillées avec plus de facilité , il faut alors faire de grandes chapes ; c’eft-à-dire, revêtir toutes ces petites pieces avec d’autre plâtre par grands mor ceaux qui renferment les autres, & huiler tant les grandes que les petites pieces par-deflus & dans les Joints ; afin qu’elles ne s’attachent pas les unes aux autres. | On difpofe les grandes pieces ou chapes de façon que chacune d’elles en renférmentplufieurs petites, auxquelles on attache des petits annelets de fer pour fervir à les, dépouiller plus facilement , & à les faire tenir dans les chapes par le moyen de petites cordes ou ficelles qu’on attache aux annelets, & qu’on paffe dans les chapes. On marque aufñli les grandes & les peutes pieces par des chiffres , par des lettres & avec des entailles pour les reconnoître, & pour les mieux aflembler. | it: Quand le creux ou moule de plâtre eft fait, on le laïfle repofer, & lor{qu’il eft fec, on enimbibe tou- tes les parties avec de l’huile. On les raflemble les unes & les autres chacune en fa place , puis on cou- yre le moule de fa chape , & on y jette le plâtre d’une confiftance aflez liquide pour qu'il puiffe s’introduire dans les parties les plus délicates du moule ; ce que l’on peut aider en balançant un peu le moule , après 792 MOU | Favorite difcrétion fnë cértdiné quantité de plâtrelpémiacheve de le rempli, 8e on le laifle-re=1 prier Quandieplätreftfec-; on'ôte la chèpe , 8 toutésles parties dumoulelüneaprés Pautre, & lon découvre la figure monlées 4" $ ki 7 -MOUVERTUNE FAUCÉLLE |, ( Taillandier, )"OW une aire piece de la même-nature, c’eft léffqu'elle étt denrée &z trempée’, lapaflér fur la meule pour faire paroître les dents. 7 MR LE MOULERIE,, € (grofles Forges. ) c’eft dans les fosses l’atteélieroù l’on jetté en moule tots les ou- vrages en fonte qui font d’ufagé dans la focièté, Foyer Particle GROSSES FORGES, nn MOULEUR , {. ms (Gran. 6 art iméchian. ) cell en général l’ouvrier quife fert du mou'e , fur-tout dans les attéhérs où le moulage n’eft qu'une des man- œuvres par lefqnellés l'ouvrage doit pafler avant que d’êtré fn, | - MouLEURS, (Marchands de bois. )fontdes officiers qui doivent veiller au compte 8 au cordagé des bois. MOULEUR , rérme de riviere, eft ün officier qui vifite le bois , quirecçoit la déclaration dés marchands _de bois, qutilés porte au bureau de la ville, quime- fure les memibrüares ; les bois de compte, les fagots, côtréts, & qui met les banderolles aux bateaux &c piles de bois contenant la taxe. MOULIEN , f. ( Péche.) endroîts où l’on fait la pêche des moules. Voyez MouLs, péche des. MOUL-ILA , ( Botan.exor. ) éfpece de imonmer dés Indes , à fleurs en parafol. Son fruit eft petit, fbnd, couvétt d’une écorce verte, foncée, épaifle ét ridée. I a la couleur & le goût de l'écorce de’ci- tton ; mais plus chaud & plus acrimonieux , conte- sant une pulpe acide & fucculente. On le confit au flicre & au vinaigre. MOULINS, £. m. Il y en a deplufeurs fortes. Ce fofit des machinss dont on fe fert pour pulvérifer différentes matieres, mais principalement pour Con- vértir les grains en farine, Les uns font müs par le courant de l’eau, d’autres par l’aion du vent : c’eft dé ces dérhiérs dont il va être premierement traité dans cet article. La defcription que nous donnons de cette trèsingénieufe &t très-utile machine eft en partie de M.de la Hire, & fe trouve à la fin du rasé de C'harpeñrerte de Mathurin Joufle. C’eft, comme on Yerra, un dévis exaët de toutes les piecés qui com- pôlent le moulin -à- vent ; nous y avons ajouté plu- fieuts rétnarques nécellairés, & refait entierement les fipures qui dans le livre cité fe font trouvées très- ral faités ; &c peu conformes au difcours, commen- gant cette défcription par les aîles, comme fait l’au- tenir cité. es Les ailes ( PL. I. IT. III.) qui tournent, fuivant Potdre des léttres LM NO, ont 8 piés de large ; elles font compoléés de deux volans , 84, 84 qui ont chacun 40 piés fur 12 à 13 pouces de gros, & dui pafent au travers de la tête de l'ärbre tournant, œù on lésatrète avec des coins. Aux quatre bonts des deux volans , On affemble âvéc des frettes de fer les antes 83 , quiont 21 piés de long, y comprisles jointsfur les volans quifonr de # à 8 pouces: pour faire ces antes on prend du bois. fec qui ait 21 prés de long & 10 pouces de gros;on le sefehd en deux, ce din fait deux antes. Les laités 87 ont 8 piés de long {ur 2 pouces de gros , & font au nombre de 29 à chaque aile ; la dif tance des unés aux autres eff d’un pié : la premiere eft éloignée du centre dé l’arbre de 4 prés 6 poucés. : Chaque aîle a 34 piés de long. | - On met à chaque aîle quatre cotrets #6 pour en- retenir les lattes ; 1ls ont chacun 15 piés de long , 2 pouces dé large & 1 pouce d’épaifleur. Les volans font perpendiculairés à Paxe, &c l’inclinaifôn du plan de chaque aile eftde 54°: 6w 60°, DER ! flAmto2e auhes de toile pour habillé nn #on/r: Cétte toile Et un gros coutil qui a la léfgeur de la foitié d'une Bésailés, | | Au détxierie étage. Lé rouet eft fait de quatre pieces de bois 57, qu'on appelle chanreaux , de 5 piés délong | 26 pouces de large &7 5 poncés d'épais af- fersblés-quartémenñt ;" 8€ dont le bord éxtérient eff circulaire. Quand'les chantéeaux n’ont pas 26 pouces detargé, oh y mètdes gotiflets 39 , quifont quatre pièces de bôis trrangulaires qu'on aflemble avécles * chanteaux dans les quatre angles qu'ils font, ce qui tend le dedans du rouet o&ovone. On applique fut la partie du rouet quirégardé la lanterne À, duâtre Ou cinq paremens 58 qui font dé même circonféren- ce que les chanteaux , & qui font tout le tour de la roue. lé n'ont que la moitié de la largerir dés chan- teaux , & ont 4 pouces d’épais :ils y font fixés avec 20 boulons de fer à tête & à vis. | * Les chantcaux & les paremens fe font ordinaire ment de bois d’orme. Le rouet a 9 piésde dtametre de dehors.en dehors ; & a fur fon bord 48 alñchons de boïs de corner, nefflier ou alifier, d'environ 15 pouces de long, ÿ compris les queues , fur 3 à 4 pouces de gros. Ils font plantés perpendiculairement fur le plan du ronet par le moyen de leur queue quarrée qui traverfe les: chanteaux &c les paremens: La queue eft elle-même retenue par une cheville qui la traverfe. L Le frein 65 eft un morceau de bois d’orme de 32 piés de long’, 6 pouces de large, 1; d’épaifleur, ap- pliqué fur l’épaiffeur dans toute fa ciconference. Il eft attaché pat un de fes bouts à une des hautes pan- nes 46 par le moyen du hardeau , qui eft une corde attachée au bout du frein par un boulon de fer qui le traverfée , 8 enfuite lié à une des hautes pannes ; & par autre bout ileft attaché à un bout d’une piece dé bois 34 aflez mince appéllée l'épée de la bafcule du frein, qui pale dans la chambre de deflus , où l’au- tre bout entre dans une mortaife dans laquelle il eft mobile fur uu boulon de fer. Cette mortaile eff faite dans une piece de bois 33 de r$ piés de long fur 8 poucés de hauteur & 4 pouces d’épaifleur, appellée . la bafcule du frein, dont un des bouts entre däns une fortaife faite dans un des poteaux cotniers , où1l éft mobile fur un boulon defer qui eft le point d’ap- pui du levier éloigné dé là mortaife ohentre l'épée de 2 piés. Il faut remarquer que la balcule du frein eff difpofée de maniere que par fon feul poids elle arrête le moulin | 8 qu'il faut la lever pour lâcher le frein, & laiffer tourner le woulin ;1ce qu’on faït du pié du moulin par le moyen d’une corde qui eft attachée au porte-poulie 35 du frein. Certe corde paife fur la poulie qui eft à l’extrémité de la bafcule, paffe en- fuite fur üné autre poulie dont elle defcénd par un trou qui eftà côté du moulin, & va jufqu’au bas. L’ärbté tournant 56 a 18 piés de long fur 20 pou- ces de gros. Il porte les volans &c le rouét ;on y pra- tique deux grandes mortaifes dans lefquélles entrent les deux pieces 61 appellées embrafures, qui font la croifée du rouet. Ces pieces ont neuf piés de long, 12 poucés de large & s pouces d’épaiffeur. Le refte du vuide de ces mortaifes eft rempli avec des coins de 9 pouces de long fur 3 & 6 pouces degros. L’atbre tournant a deux collets; celui d’en haut eft éloigné du flanc du rouet d’un demi-pié, & a 19 pou- cés de diametre :1l eft sarm de 16 allumelles qui font de bandes de fer ättachées fuivant fa longueur, & encaftrées détotite leur épaifeur dans le bois. Il pofe fur un morceau de marbre 30 de 15 pouces en quar- ré, de 9 pouces d’épais, attaché par une agräffe de fer fur une piece de bois 48 de 15 pouces de gros, appellée le jeu, & emmorfaifée dans les hautes pan= nes , au milieu duquel 1l eft placé. On met ordinai- remérit une fréte dé lien de férentre le collet & le fouet M OU rouet. Îl y a à chaque côté du collet de l’arbre tne piece de bois 55 appellée /202, de 3 piésde long fur 4 &t 6 pouces de gros , emmortaifée parun bout dans le jeu, & par l’autre dans un petit entrait qui eft au- deffus :1ls fervent à maintenir l’arbre , & empêchent qu'il ne forte de deffus le marbre où 1l eft pote. Environ 8 piés loin du plan du rouet , en fait à l'arbre tournant le coilet d’embas de 7 à 8 pouces de gros & de 13 pouces de long, garni de 4 allumelles de fer, & pofant moitié dans une concavité faite au palier du petit collet : ce palier $1 a 12 piés de long fur 12 pouces debros, & eftemmortaifé dans les hau- tes pannes. On applique fur ce palier, à l'endroit où pofe le collet, une femelle 52 de 2 piés de long fur 6 pouces d’éparffeur & 12 pouces de large, avecune concaviré pour y loger l’autre moitié du collet de l'arbre. Environ à 14 pouces loin du palier du petit collet, en cft un autre$3 qu’on nomme le palier de heurtoir , de même longueur & groffeur que le premier , & em- mortaifé dans les hautes pannes : on l'appelle ainf parce qu'il porte dans fon milieu une femelle en- chaflée en queue d’aronde , à laquelle eft fixé le heur- toir 54 fait denefflier , de 4 pouces de gros fur 6 à 7 pouces de long : c’eft contre ce heurtoir que vient s'appuyer le bout de l'arbre tournant, coupé per- pendiculairement, & garni d'une plaque de fer. Il faut remarquer que l'arbre tournant eft incliné à l’horifon vers le moz/iz d’un angle d’environ ro, cette inclinaïfon fait que les aîles prennent mieux le vent. Îl faut encore obferver que les deux paliers dont nous venons de parler , & celui du gros fer, peuvent s’avancer ou reculer quand on veut, parce que les mortaifes dans lefquelles entrent leurs tenons , font fort longues : on les remplit d’un côté ou d’autre de morceaux de bois appellés clés, aufli épais que les tenons , & d’une longueur convenable La lanterne Æ eft compofée de deux pieces cireu- laires 62', appelées rourtes, dont la fupérieure a 22 pouces de diametre, & l’inférieuré 13 pouces fur cha- cune 4 pouces d'épaiffeur. Elles font percées chacu- ne de dix trous pour y mettre les dix fufeaux, qui ont 1$ à 16 pouces de long, l’épaifleur des tourtes comprife, fur 17 pouces de diametre. On met dans la lanterne un morceau de bois qu’on appelle zour- seau, qui entretient les tourtes, au moyen de qua- tre boulons de fer qui paflentau-travers de ces quatre pieces , & font arrêtées par-deflus avec des clavet- tes. Il faut que le milieu de la lanterne foit placé dans la ligne à plomb qui pañle par le centre de l’arbre tournant. Le gros fer à terminé en fourchette, de 3 pouces fur 4 pouces de gros & 7 piés de long, paife au- travers des tourtes & du tourteau qui y font arrêtés ferme , il eft perpendiculaire à l’axe de l’arbre tour- nant, &t fe meut par le bout fupérieur dans la piece 49 qu'on appelle le palier du gros fer; qui a 1 pié de gros, &7 s'emmortaife dans les hautes pannes, &c par le boutinférieur terminé enfourchette, il prend l’x de fer ou anil (fg. 8. PL. F.) qui eft {cellé dans la partie de deflous de la meule fupérieure, laquelle eft percée d’un trou affez grand au milieu; cet x à un trou quarré au milieu, dans lequel entre un desbouts du petit fer a, fig. 9. qui pañle au travers de la meule inférieure, 6c pole fur une crapaudine ; on voit par ce moyen que la meule fupérieure eft foutenue en Vair fur le petit fer, &c qu’elle tourne lorfque le gros fer tourne. __ On appelle 4ofe ou le boétilion le morceau de bois au-travers duquel pañle le petit fer z, & qui remplit Le trou de la meule inférieure. La trémie 72, dont les dimenfons font arbitrai- res, a ordinairement 4 piés en quarré fur 3 piés Tome X, M OU 793 de profondeur ; fa figure eft pyramidale : on la voit plus en grand, fs. r. & à. PL P. elle eft de menui- ferie aufii bien que l’auget 73, dans lequel donne fa pointe ou fommet; l’auget C D a 3 piésde long, 15 pouces de large par le haut, & 9 pouces par le bas, qui eft l'endroit où il touche {e gros fer a qui eft quarré, ce qui fait que lorfqu'l tourne il dônne des {ecoufles à l’anget qui panche vers le gros fer, & par ce moyen fait tomber le blé d’entre les meu- les, oùileft enfuite écrafé, Mais comme on à be- foin quelquefois de faire tomber plus ou moins de blé entre les meules, on a trouvé l'invention de le faire fort aifément, Il y a au bout de l’augét deux petites cordes CB, CÆ, PI V. fin. 1, 2. qui y font attachées, & qui paflent de telle maniere fur des morceaux de bois, que de la huche où elles vont aboutir, lorfqu'on les tire, l’une CE ferre le bout de l’anget contre le gros fer, & lui fait donner des fecouffes plus fortes, on l’appelle le Balle blé ; l'an tre C5 au contraire l’éloigne du gros fer, & fait donner des feconffes moins fortes ; on les arrête toutes deux à côté de la trémie au point où l’on veut. On avoit encore befoin de favoir quand il ny avoit plus guère de blé dans la trémie fans être obligé dy regarder, ce qu’on auroit pu oublier, ce qui pourroit caufer la perte du moulin , à caufe que les meules tournant fans rien entre elles pourroient faire feu & le communiquer au moulin. On a donc pendu une petite fonnette À à quelque endroit du moulin le plus commode pour qu’elle fût entendue, à laquelle on a attaché une petite corde 6, 2, qui vient s'arrêter à un petit morceau de bois 2, appli- qué contre le fer du côté de la trémie, & auquel Ou a attaché une petite corde 2, 1, qui entre par un trou dans la trémie à un pié environ du bas; il y a au bout de cette corde un guenillon ou linge qui y. eft attaché. Il faut remarquer que la corde qui vient de la fonnette jufqu’au morceau de bois n'eft point lâche ; cela étant ainfi difpoé, quand on met le blé dans la trémie & qu’il eft à la hauteur du trou par où pafle la corde , on la tire & on lengage dans le blé, ce qui éleve le morceau de bois 2 qui ne touche plus au gros fer; mais quand la trémie s'eft vuidée jufqu'à ce point où eff le chiffon, en même tems que Le guenillon échappe, le morceau de bois retombe contre le grôs fer qui lui donne des fecounfles, & fair par ce moyen fonner la petite fonnette ; la cheville 5 porte alors fur le petit mor- ceau de bois, le fait tourner fur lui-même, & par- tant tient la corde 2,6, qui répond à la fonnette, Au-deffus 8 tout au travers des meules font pla- cés les trumions 71 qui portent la trémie, ils ont chacun 7 piés de long fur 4 pouces de sros ; ils font foutenus à chaque bout par un affemblase com- pofé de deux montans de 3 piés de haut fur 2 & 3 pouces de gros, affemblés dans une des folives du plancher, &e d’une traverfe de 2 piés de long fur 2 ëz 6 pouces de gros. Les furfaces oppofées des deux meules entre lefquelles Le blé eft moulu, ne font point planes. La furface de la meule inférieure ef convexe, & celle de la fupérieure eft concave , comme le fait voir la fg. 3. PL. F. lune & l’antre de forme conique, mais très -peu élevées, puifque les meu- les ayant 6 piés de diametre, la meule de deffons qu'on appelle giffanse n'a guère que neuf hones de relief, & celle de deflus un pouce de creux; ainf les deux meules vont en. s’approchant de plus en plus lune de l’autre vers leur circonférence. Cette plus grande diffance qui fe trouve au centre , eft ce qui facilite au blé qui rombe de la trémie de s’infi- nuet juiques fur les deux tiers du rayon desmeules ; & c’eft où 1l commence à fe rompre, l’intervalle Hhhh l 794 M O Ü des meules n’étant en cet endroit que des deux tiers ou des rois quarts de l’épaifleur d’un grain de blé, On augmente ou on diminue cet intervalle felon que l’on veut que la farine foit plus ou moins groffe en abaïffant ou en élevant la trempure. La meule tournante a aflez de viteñle fi elle fait so ouGotours par minute, une plus grande vitefte échauffe trop la farine. Les meules ordinaires ont depuis 5 jufqu’à 7 piés de diametre fur 12, 15 ou 18 pouces d’épaifeur, & peuvent pefer depuis 3000 à 4500. Si celle de 4500 fait 53 tours par minute, elle peut moudre en 24 heures 120 fepriers de blé du poids de 75 hivres cha- cun quand la meule eft nouvellement piquée, &c qu’elle eft de bonne qualité, l'expérience faifant voir que les plus dures & les plus fpongieufes font référables aux autres. Voyez le profil des meukes, fig. 3. PL Pi On enferme les meules avec les archeures 66, c’eft une menuiférie de 2 piés de haut fur 20 piés de pourtour environ, cela dépend de la grandeur des meules qui ont environ 6 piés de diametre; elle fe démonte en trois parties quand on veut rebatire les meules. Elle eft faite de 6 toifes 4 piés de courbes, qui ont 3 pouces de gros : on comprend dans ces G toifes 4 piés les ceintres dans lefquels 1l y a une TAiSE nure pour y loger les trente douves ou panneaux qui font le pourtour des meules; ces courbes font éntretenues par neuf traverfes de 22 pouces de long fur 2 & 3 pouces de gros. On met fur les archures les converceaux qui font quatre planches d’un pouce d’épais, dont 2 font de- vant & deux derriere , & qui fervent à enfermer les meules. Au-deflus des archures & derriere la trémie ou HG , fig. 1,2. PL V. eft la trempure 67, qui eft une piece de bois de 9 piés de long fur 6 & 4 pouces de gros, dans un des bouts de laquelle, favoir celui qui eft derriere la trémie entre l'épée de fer 70; à 6 pouces loin de cet endroit, eft le poteau debout 68 ui porte le dos-d’âne fur lequel porte la trempure; à l'autre bout eft attachée une corde qui pañle au- travers du plancher & va s'arrêter à côté de la hu- che, ou bien eft chargée d’un poids; un peu au- deflus de la trempure eftune grande gouttiére de. bois qui fort hors du moxlir pour égoutter les eaux de la pluie qui pourroient couler le long de l'arbre tournant, & tomber fur les meules, Au premier étage , derriere & à 6 pouces loin de l’attache 3, qui a 3 toifes de long fur 24 pouces de gros , & autour de laquelle tourne le moulin, eît le poteau du faux fommier 28 de 6 pouces de long, 12 pouces de large, & 6 pouces d’épaifleur, emmor- toifé par un bout dans le faux fommier 27, qui a 12 piés de long, fur 6 & 7 pouces de gros, &t qui foutient le plancher dés meules; &t par l’autre dans un doubleau qui eft une des pieces qui forme le plancher du premier étage ; dans ce poteau, envi- ron à 3 piés du faux fommier eft emmortoifé par un bout À tenon & mortoife double fans être chevillé le palier 29 du petit fer; ce palier a 6 piés de long fur 6 pouces de gros, & pañfe par l’autre bout fur la braie 32, laquelle a 6 piés de long fur 6 pouces de gros, & qui eft enmortoifée par un bout dans fon poteau 31,quia 7 piés de haut fur 8 à 9 pouces de ros ; la braie par l’autre bout eft foutenue par l'épée de fer 70 qui pañle au-travers ; cette épée a 9 piés : de long, 3 pouces de large, un demi pouc d’épais ; le palier eft guidé du côté de la braïe par une coulifle verticale pratiquée dans le poteau de remplage, qui fait partie du pan de bois derriere la braye ; un tenon pratiqué à l'extrémité du palier entre dans cette couliffle où 1l peut fe mouvoir ver- ticalement, | Au milieu du palier du petit fer eft la fouche 36; qui eft un morceau de bois de 15 pouces de diame- tre {ur 6 pouces d’épais, au milieu de laquelle ef le pas ou la crapaudine dans laquelle tourne Le bout inférieur du petit fer. L'épée qui, comme nous avons dit, entre par le bout fupérieur dans la trempure, & par linférieur dans le bout de la braye, fert de planches. Cetre ouverture circulaire a le même diametre que la chauffe qu’on y fait pafler toute entiere, &c dont l'extrémité garnie de peau & d'un cerceau eft rete- nue par ce cerceau , qui forme un bourlet d’un dra- metre plus grand que celur de l’ouverture ; on étend enfuite la chauffe en long dans la longueur de la huche, obfervant de faire entrer la baguette dans les boucles F G, ou attaches deflinées à la rece- voir ; on acroche enfuite les quatre extrémités des deux longues barres du chaflis aux lanieres des treuils deffinées à les recevoir, & qu’on aura lâchés pour cette opération ; on fait enfuite entrer l’enton- noir dans le trou pratiqué à la furface fupérieure de la cage qui répond à anche où cet entonnoir eft retenu par le bourlet dont il eft garni: on dirige Panche dans cet entonnoir ou le manche qui lui fert de prolongement , afin que la farine qui fort par-là d’entre les meules entre dans la chauffe du blutoir ; on acroche auffi aux chevilles deftinées à les rece- voir les deux longues cordes O P qui cotoyent dans des foureaux la longueur de la chaufle , & on roidit ces cordes à difcrétion en faifant tourner plus ow moins les petits treuils qui tirent le chaflis, & dont les étoiles font retenues par les cliquets qui leur ré- pondent : en cet état Le blutoir eft monté. Il y a une tourte 4, fig. 9. PI. F. de 20 pouces de diametre , fretée d’une bande de fer quieft fixée fur Le petit fer des meules au-deffus de la fouche, & au-deflous des cartelles qui foutiennent le plancher des meules. Cette tourte eft traverlée par quatre chevilles de.bois de cormier ou alizier, comme les fufeaux de la lanterne , ou les aluchons du rouet ; à ces chevilles répondlextrémité Kd’unbäton XL fs. $. fixe par des coins dans un arbre ou treuil verti- cal MN, placé du côté de la bafcule du frein dont les pivots roulent ; favoir, celui d’en bas fur une crapaudine fixée fur le fecond doubleau du plancher inférieur , ou fur une femelle, dont les extrémités" portent fur le premier & le fecond doubleau, le tou- rillon fupérieur du même axe roule dans un coilet pratiqué à'nne des faces d’une des cartelles qui fou: tiennent les meules. Le même treuil porte, comme nous avons dit, un autre bâton appellé baguette FG, qui entre dans la cage du blutoir, & va pafler dans les attaches qui font coufues fur une des longues cordes ; la tourte a quitourne avec la meule fupérieure , éloigne ho- rifontalement quatre fois à chaque révolution l’ex- trémité X du bâton qui lui répond , ce qui fait tour- ner un peu le treuil vertical, & par conféquent la baguette qui y eft fixée. Cette baguette tire donc la chauffe horifontalement jufqu’à ce que la che- villei Das au baton fupérieur venant à échap- per , l’aétion élaftique des longues cordes qui ont été tendues hors de la direétion reétiligne que la ban- de par les petits tréuils leur a donné, ramene la ba- uette dans le fens oppolé, ce qui fera retourner le treuil & le bâton en fens contraires, jufqu’à ce que celui-ci foit arrêté par une des chevilles de la tourte 2, qui, en tournant, fe préfente à lui, & fur la- quelle il tombe avec une force proportionnée à la tenfion des longues cordes. À Ces ofcillations horifontales répétées quatré fois à chaque tour de meule, font que la farine mêlée au fon, qui eft entrée par lPentonnoir de la chauffe, eft promenée en long & en large dans la chaufle, & M OU qu'elle pale au-travers ; comifie austravers d’un ta- mis, & tombe dans la huche , le fon beaucoup plus. gros, ne pouvant y pañer, eft promené en long &e en large dans la chaufle, en long parce que la lon- ARR AUDE : gueur de la chauffe eft inclinée à I horifon, 8 fort en- fin pat l'ouverture annulaire où eff le cerceau , ëc fe répand fur le plancher où dans les facs deftines à Je recevoir. Ongarnit de peau de mouton les extré- mités de la éhaufle, parce que les parties fléchies un grand nombre de fois enfens contraire feroient bientôt rompues, fi elles étoient feulement d’éta- mine. | Comme ce faflement continuel éleve comme en vapeur'les parties les plus fines de la farine, on a foin de clore la cage du blutoir, {oit avec des plan- ches pour le deffus , ou avec des:toiles épaïiles pour le tour de‘cette cage. Même on met un morceau de toile devant l'ouverture par laquelle fort le fon, pour empêcher de ce côté la perte de Ia folle fari- ne. Ce morceau de toile eft feulement atraché par fa partie fupérieure , & pend comme un tablier de- vant l'ouverture de la chauffe par laquelle Le fon s’é- chappe: Ce font les chûtes du bâton fur les chevilles qui caufent le bruit que l’on’ entend dans les mou- lns lotfqu’oû laiffe agir Le blutoir.: Car; lorfqu’on ne veut pas féparer le fon de la farine, on fufpend l'effet du blutoir en éloignant le levier des chevilles par le moyen d’une petite corde que l’on attache à quelque partie du #ozlir ; on fait auffñ pañfer la man- che de l’anche dans une autre ouverture À, fig. 4. at haut de la cäge de la huche, que-celle qui répond à la chaufle du blutoir , &iia farine mêlée avec le {on eff reçue dans la huche. Pour l’en retirer, il y a versles extrémités de la huche des ouvertures D Æ pratiquées dans la face antérieure , & fermées par des planches mobiles dans des coulifles que l’on pouffe d’un côté ou d’au- tre pour ouvrir ou fermer. C'eft par ces ouvertu- res que l’on retire la farine , que lon met dans des facs poar la tranfporter où l’on juge à-propos.. La huche 37 ; repréfentée en grand, fig. 4. PI, Fi qui reçoit la farine , eft de menuiferie : les planches qui en font la fermeture ont un pouce d’épais : les quatre piés & les huit traverfes font des planches de deux pouces d’épais qui font refendues. On appelle l'arche 38, ou fig. 1. PI. V. la con- duite par laquelle la farine tombe dans la huche ou dans le blutoir, par le moyen de la tempure , ou trempuré , qui eft'un levier à lever la meule fupé- rieure ; ce qui fait moudre plus gros ou plus menu, parce que le petit fer foutient la meule fupérieure ; le petit fer pole fur fon palier , qui poe fur la braxe; il fera levé fi on tire la corde qui eft attachée au bout de la tempure. | Le blutoir eft une chaufle prefque cylindrique AB, fig. 4. 5. 6. PL V. d'étamine plus ou moins fine d'environ 8 piés de longueur, qui eft placée en long dans la cage au - deflus de [a huche. Cette chaufle , compofée de trois ou quatre lés d’étamine, eft terminée par le bout B par un cerceau d'environ 18 pouces de diametre ; & de l’autre bout 4, par un chaffñis quandrangulaire d'environ 2 piés de long fur 7 à 8 pouces de large. Ce chafñis & le cerceau font bordés de peau de mouton, longue du côté du cerceau d'environ trois pouces, & à laquelle l’éta- mineeft réunie par une couture double. Du côté du chaflis, qui eft lui-même fermé par une piece de pa-. reille péau clouée avec rivet fur le bois , eft auff une pareille bande de peau, mais plus large fur la circonférence , de laquelle la chauffe eft également arrêtée par une double couture. Cette bande de peau eft percée à la partie fupérieure d’une ouverture circulaire d'environ 3 pouces de diametre, à la- quelle on ajufte un entonnoir C, aufli de peau de Tome X, M) O1 U 795 mouton, & terminé par unbourlet d’um poiice où ur pouce ê&c demide grofleur. Ce bourlet fert à retenir Pentonnoir à ouverture pratiquée à la face fupérieu- re de la cage du blntoir; comme on voit, fe. 4, Cetté ouverture répond à l’anche par laquélle la farine } mêlée au fon , fort de dedans les archures qui-ren: ferment les meules: .: | ME | Le long de la chauffe & de chaque côté; depnis le milieu des traverfes verticales du chaffis , juf2 qu'aux extrémités du diametre horifontal du cer- ceau qui términe la chauffe ; s'étendent deux cor- des O P de 7 à 8 lignes de diametre; qui font ren- fermées dans dés foureaux de peau de moutoncou: fus fur la longueur de la chaufle , fuivant les lifieres de Pétamine. Ces cordes font arrêtées par un nœud fur les traverfes du chaflis, & de l’autre bout fur quelques chevilles près de l'ouverture latérale à la- quelle le cerceau de la chauffe eft ajufté, Sur le milieu de la chauile , & fur le fourreau qui renferme la plus groffe de fes cordes dont on a par- lé, on coud à 8 ou 10 pouces de diftance l’une de, l’autre, deux attaches F G, fig: 5. €& 6, ou boucles de cuir de cheval, on de peau d’anguille ; dont l’ou- verture foit affez grande pour recevoir l'extrémité d'un bâton Æ Æ, qu'on appelle hagwerte , d’un demi- pouce environ de grofleur. Ce bâton eft fixé par fon autre extrémité dans une mortoife pratiquée à: Parbre vertical MN, quifaitagirleblntoir. Il y a du côté de la cage qui répond au chaflis dé la chauffe , deux petits treuils 22, cd, horifontaux d’un pouce & demi de gros, dont les collets font ar- rêtés dans des entailles pratiquées aux faces extérieu- res des deux poteaux corniers de la face latérale de la cage du blutoir, & où ces collets font retenus par de petites femelles qui les recouvrent. Ces deux treuils portent chacun à leur extrémité une roue de 4 ou 5 pouces de diametre dentée en rochet, que l’on appelle éroilc, à chacune defquelles répond un cliquet, par le moyen defquels on fixe ces petits treuils où l’on veut: Chacune des quatre extrémités des longues bar: res du chaffis de la chaufle , & qui excede au-delà du travers d'environ un demi-pouce, eft arrondi en façon de poulie. C’eft fur ces efpeces de poulies que Fon fait pafler des cordelettes on des lanieres de peau d’anguille, ou de cuir , dont une des ex- trémités eft acrochée à une entre-torfe fixée aux montans de la cage, & l’autre extrémité eft atta: chée à un des petits treuils ; favoir , les deux fu- périeutes , qui répondent aux extrémités de la longue barre fupérieure au treuil fupérieur «+ b, & les deux autres au treuil inférieur-cd. Pour monter la chauffe du blutoir dans fa cage, on fait premierement pañler de dehors en dedans le chaffis par l'ouverture circulaire pratiquée dans une des faces latérales de la huche fermée en cet en droit. | Tout ce que l’on vient d’expliquet re regardé que la machine du moulin. De la maçonnerie qui foutient la cage du moulin. On bâtit cireulairement un mur de moilons d'environ un demi-pié d’épaifleur fur douze piés de haut ; le pace en-dedans œuvre qu’il renferme eft de 21 piés de diametre. On divife cette circonférence en qua: tre parties égales, & en bâtiffant le mur, on bâtit aufh 4 gros piliers de pierre de même hauteur que le mur, mais faillans en dedans hors du mur d’en- viron 3 piés fur 2 piés de large. | On met à l’équerre fur ces 4 pihers élevés de méme hauteur & dreffés de niveau deux à deux, favoir , ceux qui font diamétralement oppofés, les folles 4 de 4 toifes de long fur 15 à 16 pouces de gros, fur le milieu defquellés eft encaftrée l’attache, qui a 3 toifes de long fur 2 piés de gros , & autour HHhhhi 796 M OU de laquelle tourne le mozlin ‘aux quatre bouts des’ folles dans la face fupérieure , on fait deux mor- toifes embrevées l’une aprés l’autre ; onen fait aufñ deux, l’une au-deflusdel’autre , dans chaque face de Patiache qui eft quarrée ; & dans ces mortoifes font emmortoifés huit liens CC, dont les quatre fu- périeurs ont 12 piés de long fur 15 à 16 pouces de gros ; & les quatre inférieurs , o piés de long fur 12 pouces de gros ; 1ls tiennent l’attache bien ferme êc bien aplomb. Sur ces liens, jufte au-tour de lattache qui eft arrondie À r6ou 20 pans, eft un aflemblage quarré de quätre pieces de boïs 4, appellée 4 chaife, de 3 piés de long fur 12 pouces de gros : cet affem- blage eft à tenons & mortoifes doubles ; mais les te- nons fortent aflez pour y mettre deux groffes che- viiles quarrées. La partie fupérieure de la chaife eft arrondie cylindriquement fur l’épaiffeur d’envi- ron 4 ou $ pouces. Sur la chaife font pofées parallelement les trattes 6,6, de trois toifes de long fur quinze à feize pouces de gros, éloignées l’une de l’autre du diametre de Pattache ; dans les deux trattes font aflemblés d’é- querre à tenons & mortoifes , les deux couillardes 7,7, de trois piés de long y compris les renons , fur quinze à feize pouces de gros: cela fait avec les trat- tes un quärré qui renferme l’attache. On pofe fur les trattes les huit doubleaux 8, ou folives , chacune de douze piés de long fur fept & huit pouces de gros , qui font le plancher du premier étage ; & fur les doubleaux on y met des planches d’un pouce d’épais , qui font le plancher. Les quatre poteaux corniers 9, font les quatre po- teaux qui font dans les angles de la cage , 8 qui en font la hauteur ; ils ont dix-neuf piés 8 demi de long fur dix à onze pouces de gros; dans les bouts de ces poteaux , qui font plus bas que les trattes , s’aflem- blent trois petites foupentes 10, de quinze piés de long pour les deux, qui font la longueur au woulin, & de douze piés pour celle qui en fait la largeur du côté des ailes ; elles font garnies chacune de trois potelets , ou entretoifes 11, de trois piés de long’, af- femblés d’un bout dans les foupentes , & de l’autre daas les pannetes, pour ceux qui font dans la lon- gueur du zoulin ; & pour ceux qui font dans fa largeur , ils font aflemblés dans le dernier doubleau vers les ailes ; tant les foupentes que les potelets, ont trois à quatre pouces de gros. Il y a une quatrieme foupente e de douze piés de long fur huit à dix pouces de gros , emmortoifée dans les deux poteaux corniers qui font vers la queue du moulin, 8& qui fert à la porter, parce qu’elle eft po- fée deflus , & de plus parce qu'il y a un boulon de fer qui eft arrêté par une grofle tête qu'il a dans le premier doubleau en allant de derriere en devant, & qui paîle au-travers de la queue & de fa foupente, &c eft arrêté par-deflous avec une clavette. La queue D D a trente-huit prés de long fur quinze pouces de gros par le bout qui eft affemblé dans le couillard où elle eft attachée ; elle va un peu en di- minuant par l’autre bout auquel eft attachée une corde avec laquelle on met le moulin au vent. Des deux côtés de la queue font les limons £ de la montée de la longueur dont il eft befoin pour al- ler depuis le rez-de-chauflée jufque dans le z7oz/in , fur douze pouces de large & cinq d’épais ; ils font pofés de champ, & font aflemblés dans les deux bouts des trattes ; on les taille par dents de dix pouces de hauteur depuis le haut jufqu’en bas , pour y placer les marches, qui ont fix piés de long & un pouce d'épais; vers le milieu de la queue, eft un affem- blage de charpente F, appellé chevaler , qui fert à en: tretenir la montée avec la queue ; 1l eft compofé de deux bras 14, de huit piés de long fur quatre & fix - M OU poutes de gros, appliqués aux deux côtés de la queue d’une entretoife 16, aflemblée à tenons & mortoife embrevée dansiles bras &r pofée fur la queue ; elle a de long la largeur de laqueue en cetendroit, furtrois & quatre pouces de gros.au-deflus de l’entretoife ; fur le bout destbras eft aflemblé le chaperon 17, de deux piés de. long fur quatre.ê fix pouces de gros ; dans les bouts inférieurs des bras eft affemblé le fup- port #5 de la montée, qui a fix piés de long fur qua- tre &t fix pouces de gros; & pour le mieux relier avecles bras , il y a des étriers de fer qui l’embraf- fent par-deflous , & qui font attachés fur les bras. Sur le bout des:trattes au haut de là montée,, eft placé le faux pont, de trois piès & demi de large fur huit piés de long ; les planches. qui en font le plancher ont un pouce d’épais , elles-portent par un bout {ur les trattes , & de l’autre fur une petite fa- bliere de trois piés quatre pouces environ de lon- gueur fur cinq & fixpouces de gros, aflemblée dans le poteau cornier , & foutenue par-deflous avec un Jen de quatre piés de long fur fept 8 quatre pouces de gros , emmortofé dans la fabliere & dans le bout du poteau cormier: dans les bouts des fablieres, tant de file qui porte le faux pont que de celle quiporte la galerie, eft aflemblé le poteau d’angle 19 du faux pont, de huit piés de long fur quatrepouces de gros; dans ce poteau & dans le poteau cornier , left affem- blé lappui 20 du faux pont, de trois piés de long, fur quatre &c trois pouces de gros ; il y a une petite guette qui eft afflemblée dans cet appui & dans la pe- tite fabliere qui eft deffous ; elle a trois piés quatre pouces de long , fur quatre & trois pouces de gros : Il y a encore à l’entrée du faux pont, un autre po- teau égal & parallele au poteau d'angle, avec un appui qui les joint. Sur les extrémités des doubleaux font pofées les panettes 23 , de quinze piés de long fut.fept à huit pouces de gros , affemblées à tenons & mortoifes embrevées dans les poteaux corniers, Le pan de bois au pourtour du premier étage , eft compofé de quatorze guettes 24, de huit piés de long ; de fept poteaux de remplage, y compris ceux d’'huiflerie de fept piés de long , & du linteau de la porte fur quatre & neuf pouces de gros , tant les uns que les autres : les guettes & les poteaux qui font dans les longues faces du #oulix font aflemblés dans les panettes & dans les pannes meulieres 41, & celles & ceux qui font dans la largeur du moulr font affemblés dans Le premier & dernier doubleau, & dans les coliers 40, Sur le bout de lattache eft pofé le fommier 26, de douze piés de long fur vingt-quatre pouces de gros, dans lequel entre fon mamelon : c’eft fur le fommier que le moulin tourne , & que porte une par- tie de fa pefanteur ; c’eft ce qui fait qu’on le garnit d’une plaque de cuivre à l'endroit où il pofe fur lat- tache. Derriere & parallelement au fommier , à fix pou- ces loin, eft placé le faux fommier 27, de douze piés de long fur fix à fept pouces de gros ; ileft em- mortoifé dans deux des poteaux qui font au pour- tour du premier étage ; 1l foutient les bouts des qua- tre cartelles 36 de fix piés de long , fept pouces de large , & fix pouces d’épais, qui foutiennent les meules. La montée qui va du premier étage au fecond, eft compofée de deux limons 39, de neuf piés de long fur quatre & fix pouces de gros ; de dix mar- ches faites de planches de deux prés & demi de long fur un pouce d’épais. Explication des pieces qui font au fecond & au dernier étage, Au-deflus du pande bois du 1°. étage font affem- blés dansles poteaux corniers les deux colliers 40, de douze piés de long, l’undevant, l’autre derriere lezmou- M OU din : celui du côté des volans porte les bouts des cat- telles fur lefquelles les meules repofent ; celui-qui eft du côté de la montée porte les fept folives 22.de dix piés de long fur cinq & fept pouces de. gros, qui compofent le plancher du fecond étage ; elles font aflemblées d’un bout dans le fommier qu’elles afleu- rent en-deflus ; & de l’autre bout, après avoir pañé fur le collier , elles ont trois piés de faillie pour for- mer la galerie : fur les fohives font attachées des planches d’un pouce d’épais qui forment le plan- Cher ;.ce plancher a deux ouvertures, lune par la- quelle on monte du premier étage au fecond,, & l’autre par laquelle on tire le blé. Immédiatement au-deflus du plancher du fecond étage, le long des côtés du moulin, {ont.aflemblées à tenons & mortoifes embrevées dans les poteaux corniers ; les pannes meulieres 41, de quinze piés de long fur neuf & dix-huit pouces de gros; elles font _poiées de champ fur les deux bouts du fommier, Près ies pannes meulieres du côté des volans, eft une entretoife 42, de douze piés de long fur fept à huit pouces de gros, fervant de. fabliere ; elle eft emmortoifée dans les poteaux corniers. | Le pan de bois au pourtour de cet étage eft com- pofé de douze guettes 14, de fept piés & demi de long fur quatre & fix pouces de gros, & trois po- teaux de remplage;.1l eft aflemblé pour les côtés dans les pannes meulieres & dans les hautes pannes . 46 , & pour le côté du volant, dans l’enitretoife 42, & le collier fupérieur 47, qui eft au-deffous du jeu : un-des poteaux, favoir celui qui eft du côté des vo: lans , a fept piés & demi de long , fur quatre & fix pouces de gros ; les deux autres 25 , à boflages par le haut , ont la même longueur fur huit àneuf pouces de gros. Le pan de bois dans la face de la galerie eft com- poié de trois fablieres , dont la premiere 45 , eft à la hauteur du plancher, & pofe fur extrémité en faillie. des folives ; la feconde 44 fert d'appui aux croifées de la galerie, & la troifieme f, qui eft à,la hauteur des hautes pannes , s’aflemble, en entaille avecelles ; ces trois fablieres ont chacune douze piés de long fur trois & quatre pouces de gros pour les deux inférieurés, & quatre fur fix pour celle quief à la hauteur des hautes pannes : elles font emmor- toifées dans deux poteaux 43 ; de neufpiés de long fur cinq 8 fix pouces de gros, qui fervent de poteaux corrers à la galerie ; 1ls font affemblés par le bout d’en haut dans le bout des hautes pannes , & par le bout d’en bas dans deux petites fablieres de trois piés &z demi de long fur quatre & fix pouces de gros, qui font àla hauteur du plancher, & qui tiennent à te- nons & mortoifes dans les gros poteaux corniers ; elles foutiennent les ailes de la galerie, & ont un hen par-deflous qui a quatre piés de long fur fept & quatre pouces de gros : dans les petites fablieres & dans le bout des hautes pannes , font aflemblées deux guettes, une de chaque côté ; elles ont neuf piés de long fur quatre pouces de gros ; elles font les côtés de la galerie. Outre lestrois fablieres de la face de la galerie, il y a encore $ potelets , dont 3 qui font les fenêtres, ont $+ piés de long , & font éloignés les uns des au- tres de 2 piés; les 2 autres qui font fous les milieux des fenêtres ont 37 piés de long::1l y a encore 4 guettes , dont 2 qui ont 5: pies de long , font affem- blées dans les fablieres d'appui, 8 à la hauteur des hautes pannes ; les 2 autres ont 3< de long , & font afemblées dans la face inférieure de la fabliere d’ap- pui &c dans celle qui pofe fur le plancher: toutes ces pieces ont 3 fur 4 poucesde gros, Les deux hautes pannes 46 qui fervent d’entable- ment , ont 3 toifes de long, fur 74 pouces de gros ; c’eft dans ces deux pieces que font affemblées, dans M OU 797 les faces latérales intérieures, les trois paliers & le jeu, & dans les faces inférieures les quatre poteaux Corniers. k #TA | … Il y a encore fous les hautes pannes, l’un devant l’autre derriere’, deux coliers 47 de 15 piés de long, fur 8 4,9 pouces de gros, qui font aflemblés dans les : poteaux cormers ; celui qui eft du côté de la gale- rie, eft foutenu par deux liens de 3 piés de long , fur 6 & 7 pouces de gros: une des fermes du comble pofe deflus. | Explication du comble., Le comble eft compofé de trois fermes; la premiere en commençant du côté des ailes, pofe fur le jeu, & eft compofée de deux arba: lêtriers 75 ; de 9 de long à-peu-près, d’un entrait de 5.piés de long , & d’un poinçon 77 de 3 à 4 piés, le tout fur 4 &c 6 pouces de gros. La feconde, qui eft.au milieu du moulir , pofe fur leshautes pannes à l'endroit où les poteaux de remplage 25 font em: mortoifés dans les hautes pannes ; çes poteaux ont un boffage par le haut , pour mieux foutenir les hau- tes pannes. La ferme. eft compofée de deux arbalé- tiers, d’un demi-entrait 76, & d’un poinçon qui a un lien 78 de chaque côté, qui s’emmortoife dans Le faite 79. La troifieme ferme pofe furle collier, & eft compofée de deux arbalêtriers ,; d’un poinçon & de déux entraits ; le poinçon a un lien qui prend un peu au-deflus de l’entrait, & va foutenirle chevron dé | la,croupe , qui eft au-deffus de la galerie : il y a en- core.à cette croupe, deux empanons qui ont 3 à 4 pouces de gros, aufh-bien que le chevron de crou- pe. Il y a un faite, dont la longueur eft de 15 piés, fur 7 & 5 pouces de gros ; &. feize chevrons $o de 12,piés de long , fur 3 & 4 pouces de gros, Il faut pour l'étendue de la couverture 1 12 toifes deplanches appliquées fur les chevrons, elles fer- vent de lattes pour attacher les bardeaux, qui ont ro pouces de long & 3 pouces de large; ils font pofés en pureau ordinaire de 4 pouces : il en faut 4500 pour toute la couverture. I faut auf pour le houflage, fermeture ou clôtu- re du moulir 127 ais à couteau: favoir 16 de 15 piés delong,48 de 18 piés, 58 de 12 piés & 5 de 3 piés pour le devant du faux pont. Tous ces ais ont 10 pouces de large, 9 lignesd’épaiffeur par le dos, & 3 par le taillant. Explication de l'envina tirer Le blé, On monte le blé dansle fecond étage du zoulin par le moyen d’une machine placée dans Les. fermes du comble, & dont voici la defcription. Cette machine eft compofée d’un grand arbre h gq, d'environ 6 pouces de diametre, & dont la lonpueur eft depuis Le plan des dents du rouet jufque à la croupe du #oulin. Cet arbre porte en 4 du côté du rouet, un petit hériflon qu’on appelle /z machi. ze, d'environ 2 piés de diametre, & dont les dents peuvent engrainer intérieurement dans celles du rouet , lorfqu’on fouleve le colet fur lequel pofe le tourillon de cet axe , ce qui fe fait par la méchani- que fuivante. Le collet de l’axe eft porté par une piece de bois 5, mobile par une de fes extrémités , fur un boulon de fer qui la traverfe & un des chevrons du comble dans lequel on a pratiqué une mortaife, ce qui fait un levier du fecond genre; l’autre extrémité de ce levier eft portée par celle d’un autre leviers z,du premier genre, dont le point d'appui x eft une pe tite barre de fer » K, faifant l’effet d’une chaine par laquelle il eft fufpendu à quelques-unsdes chevrons du comble; l’autre extrémité de ce fecond levier eft armée d’une corde z p, qui defcend à portée de la main, & que l’on peut fixer à un crochet, pour laiffer tourner la machine tant qu'on en a befoin ; autre extrémité 4 de l'arbre eft mobile fur un bout de cheyron emmortoifé dans le chevron de la crou- » 798 MOU | pe Sc undes émpanons; la partie 97 6 de cet atbré, comprife depuis cètte extrémité jufqu’à l’endroit où il travérfe la fermure de croupe, fert de treuil-fur lequel s’énroule la corde G r, à l'extrémité de la- quelle eft attachée une f de fer, parle moyen de la- quelle 87 de la corde qui pañle par l’autre treuil de cetté jf, on faïfit le fac de blé que l’on veut monter dans le moulin. Cette corde pañle fur un rouleau mo- bile pat un bout dans un des arbalètriers de la ferme decroupe , & de l’autre dans la fabliere de la galerie, qui eft à la hauteur des hautes pannes, ce rouleau renvoye la corde &t fait qu’elle defcend à plomb du centre de l’éuvertiüre de la galerie. Sur lémême arbre, entre la fermure de croupe & celle du milieu du 07/2! eft un tambour g com- poié. de différentes lattes qui traverfent l'arbre &c forment, avec d’autres qui leur fervent d’entretoifes, comme une efpece de grand dévidoir , fur laquelle la corde fäns fin appellée vzdenne ; fait plufreuts tours: cette corde defcend fi on veut, aufli-bien que celle du levier, dans le premier étage, la vin: derne par deux trous, & celle de la bafculte par un feulement, afin de pouvoir manœuvrer cette ma- chine, foit du premier ou du fecond étage: lors donc que l’on veur monter un fac dans lemozlin, & par le moyen du vent, onure la cordezp, de la bafcule de l’hériflon, ce qui le fouleve & met fes dents en prife avec celles du rouet qui le fait alors tourner ; & le treitil pratiqué à l’autre extrémité de l'arbre fur lequel la corde à laquelle le fac eft fuf: pendu, s’enroule pendant cette opération, la viñ- denne ou corde fans fin s’enroule d’un côté fur le tambour, & fe déroule de l’autre, en forte qu'il y a toùjours le même nombre de tours fur le tambour & en nombre fuffifant pour que cette corde ne puifle pas glifer ; veut-on cefler de monter le fac, iln°y a _qw’à lâcher la corde de la bafcule, & le poids de Phériflon & de fes agrêts, le faifant aufMitôt defcen- dre, dégagera fes dents de celles du rouet, il ceffera de tourner: mais il faut alors faifir la vindenne, fans quoïle poids du blé contenu dans le fac, feroit promptenient retrograder l'arbre de l'hériffon, ce qui feroit defcendre le fac avec rapidité. | On peut auf monter leblé dans lerou/in,quoiqu’il ne fafle point devent,ilne faut pour cela que manœu- vrer l'arbre par le moyen de la vindenne, obfer- vant que les dents de l’hérifon ne forent pas en pri- fe avec les dents du rouet. On fe fert de la même machine pour redefcendre la farine äu bas du 204- lin. De, l'engin ou cabeflan à virer au vent. E’engin à virer au vent eft compofé d’un treuil 12, de 3 piés de haut fur 7 pouces de diametre, & dont la tête eft garnie d’une frette de fer, pour l’empêcher d’écla- ter lorfqu’on met le levier dans lœil pour le tour- ner; d’un thaperon 13, de 2 piés de long fur 4 pou- ces de gros, dans lequel font affemblées parle haut, les jambes 64, qui ont 2piés delong fur 3 &c 4 pou- ces de gros, elles font aufli aflemblées par le bas, dans l’effieu 60 qui a à chacune de fes extrémités une roue 63 d’un pié de diametre fur 3 pouces d’é- pais, pour pouvoir le mener plus facilement où lon veut; dans cet effieu eft affemblée la femelle 2, dans un trou de laquelle tourne le pivot d’en-bas du treuil ; celle d’en-haut 3 eft de deux pieces pour embraffer le'collet du treuil, elles font entretenues par le poteau du bout k, qui eft lui-même arrêté dans la femelle par deux liens z. Ce poteau a 25 de haut, fut 4 à $ pouces de gros, les liens ont 4 pou- ces de gros fur 14 pié de longneur. On amarre cet engin par UNE corde À un des poteaux 69, dont 1l y en a douzefemblables fichés en terre dans la circon- férence que l’extrémité de la queue"décrit fur le ter- rein : au lieu de poteaux de bois on en met ordinai- rement de pierre, M OÙ Il ÿ a des moulins à vent conftruits dans une tout de pierre, & dont la conftruétion ne differe de ceux- ciqu'en ce que c’eft feulement le comble qui tourne pour mettre les aîles au vent: Dans ces moulins l'ar- bre tournant , le rouet & le frein füivent le comble, & les meules , la lanterne qui les faittourner, font placées au centre de la tour; le comble entier & la queue qui y eft aflemblée, font portés par des rou- lettes qui roulent dans une rainure circulaire, pra- tiquée à une femelle qui recouvre la maçonnerie de la tour. Voyez cette confiruétion repréfentée dans les Planches du moulin 4 pompe, & l'explication dis mé- nes Planches, | | Des moulins & eau. Il y en a de plufieurs fortes, felon les lieux oùils font placés, &c le plus où moins d’abondance d’eau pour les faire mouvoir, êc Îe plus ou moins de vitefle de cette eau, Celui repréfenté fur la PL: FI. eftfuppofé confiruit fur une riviere navigable, à la partie d’aval d’une: arche de pont, ou entre deux piliers de maçonnerte, Ou enfin entre deux palées, comme font placées les machines hydrauliques du pont N. D. à Paris , re- préfentées dans nos Planches de Charpente, 62 fur lefquellés il faut jetter les yeux, la conftruétioni de la cage des roues, &c. ayant beaucoup de rapportaveé celle des mêmes parties dans le moulin dont il s’agit. Sur les piés droits de maçonnerie ou fur les cha- perons des palées on conftruit un plancher de pou- tres, folives & madriers. Ce madrier eft percé de fix ouvertures, par cinq defquelles defcendent de longues pieces de bois, fervant de chaînes aflez lon- gues pour atteindre depuis le plancher jufqwà la furface des plus bafles eaux. Ces chaînes, dont qua- tre fufpendent le chaflis Æ Æ qui porte la grande roue à aubes 4, & la cinquieme qui fufpend la vanne avec laquelle on ferme le courfer, font percées de trous quarrés fur deux rangées paralleles, diftans l’un de l’autre de fix pouces ou environ. C’eft dans cestrous que l’on fait entrer les verroux, qui fixent le chafis à une hauteur convenable, pour que les aubes infé- rieures foient plongées dans l’eau , & reçoivent par conféquent l’imprefhion du courant, premier moteur de toute la machine. On éleve le chaïfis &r la vanne par le moyen des crics, comme à la machine du pont N. D. ou avec des verins qui font de fortes vis de bois Voyez VERIN 6 les Planches de Charpen- terie, Les crics ou les verins font placés fur le plan- cher du premier étage, & les verroux pofent fur leurs femelles. La grande roue 4, compofée de plufieurs afflem- blages de charpente , porte les aubes de trois piés de hauteur, fur environ 15 piës de longueur, & auffi un rouet C, dont les aluchons, au nombre de foixante, engrenent dans les fufeaux de la grande lanterne F, qui font au nombre de feize. L'arbre vertical de cette lanterne porte par fon pivot infé- rieur fur le palier D, garni d’une crapaudine; &. par fa partie fupérieure , traverfe le moyeu G de la roue horifontale qui engrene dans la lanterne Æ des meules. La partie inférieure du moyeu G de Îa roue ho- rifontale eftarrondie &c roule entre deux moifes qui ferment la fixieme ouverture qui eft au plancher. Les meules & les archures ou tonneaux qui les renferment, font placées fur un fort aflemblage de charpente, fg. 1. & 2. PL. F. de 4 piés d’élévation, fur 6 où 7 en quarré, formant une cage à jour , dont la face fupérieure fermée par des madriers de trois pouces d’épais , pofés fur des carteles ou folives de fix pouces de gros, eft le plancher des meules. L’hé- riflon G entre dans le vuide de cette cage par une des faces latérales, pour engrener avec les fufeaux de la lanterne H, enarbrée fur l’axe ou fer de la meule tournante. Ce fer porte par fon pivot infé- MoUÛU | Mietr fur Îe palier qui eft garni d’uñé éfapaudiné, Le palier, dont les deux extrémités font termi- fées en ténbns, eéft emmortoifé dans les deux braies dont lés mortoifes font plus longues que les tenons n’ont de largeur, & où ils font fixés par des coins ou clés, On fait ainfi cet affemblage pout pouvoir avec facilité re@ifier l’engrenäge de l’hériflon avec la lanterne, en l’approchant ou l’éloïgnänt autant qu'il eft néceffaire. Les deux braïés font mobiles dans de longues rainures pratiquées aux faces intérieures oppofées des poteaux corniers où elles abontiflent. Ces quatre poteaux corniers font affemblés par leur bout inférieur dans les femelles où patins, qui font eux-mêmes aflemblés à mi-bois. & ils font affermis dans la fituation verticale par huit liens aflemblés à tenons & mortoifes, embrevés dans les poteaux &e dans Les patins. Les poteaux corniers font aufli réliés enfemble deux à deux par deschapeaux dontla lon- sueur eft perpendiculaire à la ligne qui joint enfem- ble les centres de l’hérilon & de la lanterne. Les chapeaux font joints enfemble par deux entre-toiles & les folives qui compofent le fond du plancher des meules. | Du côté oppofé à l’hériffon, fe trouve la huche dans laquelle tombe la farine mêlée au fon; car le moulin n’a pas de blutoir, Sion vouloit y en adapter un, il faudroit placer Îe treuil vertical du blutoir près d’un des angles de la cage, & le blutoir pañleroit fous le plancher des meules, pour aller rencontrer quelques-uns des fu- feaux de la lanterne A, prolongés au-deflus d’une cles tourtes qui la compofent ; le refte du blutoir fe- æoit difpofé comme il a été dit ci-deflus en parlant du blutoir du moulin à vent. La trémie L & l’auget À, difpofés , par rapport aux meules, de la même maniere que dansle #oulin ‘à vent, font fupportés par le plancher fupérieur au- quel on monte par un efcalier pratiqué dans un des ‘angles du bâtiment, Ce plancher eft percé d’une ou- verture quarrée, dans laquelle eft placée la trémie. {l y a aufli une autre ouverture que l'on ferme avec une trape, par laquelle & au moyen d’un enpin où treuil mû par le hériffon horifontal G, on parvient à monter les facs de blé non moulu au fecond éta- ge, pour être verfé dans la trémie. Foyez des PL, & deur explication. Les moulins conftruits fur des bateaux ne different de ceux-ci qu’en ce que la roue à aubes eft double, c’eft-à-dire qu'il y en a deux, une à chaque bout de larbre horifontal quitraverfe le bateau. Cet ar- bre a deux coliers garnis d’allumelles qui roulent fur deux femelles fixes {ur les plats-bords du bateau. Il porte un hériflon dont les dents engrenent dans une lanterne fixée fur un autre arbre horifontal & paral- lele au premier. Cet arbre porte un rouet dont les dents conduifent la lanterne des meules, Il y à un frein autour de ce rouet, dont iles extrémités font attachées aufh-bien que la bafcule qui le roïdit, à la cage de charpente qui foutient les meules. Le refte comme dans celui que nons venons de décrire. Il y a des moulins À eau d’une autre conftruéhon plus fimple que la précédente ; mais ils ne peuvent être établis que dans les lieux où on a une chute d’eau de quatre ou cinq piés de hauteur au-moins. Ayant donc confiruit en bonne maçonnerie la cage du moulin & le contre-mur qui avec une des faces du bâtiment forme le canal ou courfier dans lequel la roue à aubes doit être placée, & dans lequel Peau doit couler ; ce courfer eft fermé par une vanne que l’on ouvre quand on veut laiffer tour- ner le moulin. Il y a auffi dans le canal fupérieur une autre vanne que celle qui répond au courfier, par laquelie on peut vuider le canal, & un déchargeoir pour laiffer écouler l’eau fuperflue, | M OÙ 709 La fôûe à aubes dé 15 ôu 18 piés de diametre à eft compofée de deux cércles de charpente affemn: blés parallelement {ur l’axe horifontal qui traverfé le courfiér. Sur la circonférence de cette roue for: mée de planches, font fixées perpendiculairement les aubés au nombre de feize ou vingt ; le même axé porte unrouet de neuf piés de diamette, placé dans la cave du moulin. Ce même rouet qui a 48 alu- chons, mene une lanterne de neuf où dix fufeaux: fixée fur l’arbre de fer de la meule fupérieure. Le pivot inférieur de cet arbre de fer tourne dansune crapaudine pofée fur un palier; le palier eft fup- porté par une braie qui eft elle-même fufpendue, au moyen d’une épée de fér, à une tempure dans l’étage fupérieur , dont la corde va fe fixer quelque part auprès de la huche, Le bout fapérieur du fer; moins gros que le refte, entre dans le trou quarré de l’X ou amil de fer fcellé à la partie inférieure dé la meule fupérieure, Le refte de ces moulins eft {eme blable à ceux décrits ci-deflus. Lorfque l’eau deftinée à faire tourner un #1oz/in ; n'eft pas abondante , & que la chute a beaucoup de: hauteur, on la conduit au-deflus de la roue par une bufe ou canal de bois, dont l’entrée fe ferme avec une vanne, quand on veut arrêter le moulin, La circonférence des jantes de la roue eft couverte de planchés, & forme un cylindre ou tambour, dont la furface fert de fond à un grand nombre d’au- ges compofées de planches latérales qui font tout le tour de la roue, & de planches tran{verfales com- me des aubes, mais inclinées du côté de la bufe, par où l’eau vient. L'eau venant à tomber au haut de la roue, dans les auges qu’on appelle pos, fon choc &e fon poids la font tourner ; & par confé: * quent le refte du moulin comme celui ci-deflus. Mais fi l’eau a beaucoup de chute, & qu’elle foit en quantité fufifante, on peut conftruire un woulin avec encore moins de frais, comme ceux, parexem- ple, conftruits en Provence & en Dauphiné ; ils n’ont qu'une feule roue horifontale de fix ou fept piés de diametre, &c dont les aubes font faites en cuillieres pour mieux recevoir le choc de l’eau qui coule dans une bufe, tuyau ou canal d’un pié envi- ron d'ouverture dirigée à la concavité des cuillie- res. L’axe de cette roue, fur lequel la meule eft auf fixée, terminé en embas par un pivot, roule furune crapaudine placée fur un fommier dont une des ex- trémirés pole fur un feuil dans la cave duwou/in ; l’autre extrémité du même fommier pole fur une braie, ou eft fufpendue par une épée à une tempure par le moyen de laquelle on approche ou on éloi- gne la meule tournante de la meule giffante. On ar- rête ces fortes de moulins ; en interceptant le cours de l’eau par le moyen d’une vanne où d’un clapet à bafcule , que l’on peut metire en mouvement de dedans le bâtiment même du zzoulin. L’eau étant ar- rêtée ou obligée de prendreun autre cours, le m07- lin ceflera de tourner ; quant à celle qui vient frap- per les cuillieres ou aubes de la roue qui eft dans … la cave du moulin, elle s'écoule par une ouverture pratiquée à une des murailles de cette cave. Oa trouve au Bafacle à Touloufe des moulins de cette efpece, qui font ce qu'il y a de mieux imaginé &c de plus fimple jufqu’à préfent. Il y a aux moulins du Bafacle feize meules de front placées dans un même bâtiment en-travers de la riviere ; & comme elles font toutes mues de même par la force du courant , il fuffira d'expliquer ce qui convient à deux ou trois de ces meules, On a conftruit plufñeurs piles de mâçonnerie qui fervent de piés droits à des arcades de trois à trois piés & demi de largeur, qui divifent le canal en feize canaux différens : les avants & arrieres becs des piles font éloignés l’un de l’autre de cinq & 800 M O U ‘demi environ. Ces arcades qui fervent de courfér, & dont la ffg. prem. PI. I, repréfente le plan de la fondation au-deflous du radier ; la #9. 2. le plan au niveau du radier ; la fig. 3. le plan du premier étage; da fig. 4. la coupe tranfverfale par le milieu de la tonelle ; la f£g. $. la coupe au-devant des vannes; la fig. 6. l'élévation du côté d’amont; la fig. 7. la cou- pe longitudinale par le centre ; la fig. 8. partie fu- périeure, la coupe par le centre. vüe du côté d'aval, & partie inférieure, la coupe par nn plan antérieur du côté de la fortie du courfer ; la fi. 9. l’éléva- tion du côté d’aval ; la fig. 10. le profil de la roue, & la fig. 11. le plan de la roue : ces deux dernieres figures font deffinées fur une échelle double. Ces arcades, dis-je, font fermées du côté d’amont par des vannes qui defcendent dans des couhfles, & qu’on leve quand on veut laiffer tourner le own. Le courfer va en rétréciflant jufqu’à l’endroit où il aboutit à la circonférence d’un cylindre ou tonneau de maçonnerie fans fond, dans lequel eft placé une roue horifontale , dont l’axe vertical concentrique à ce cylindre, porte la meule fupérieure. L’eau re- tenue derriere la vanne paffant par le pertuis qu’elle laifle ouvert lorfqu’elle eff levée, entre avec préci- pitation dans le courfer dirigé obliquement fuivant la tangente au cylindre, & ne trouvant point pour {ortir une ouverture auf grande que celle par la- quelle elle eft entrée, gonfle &c s’introduit avec plus de force dans le cylindre, en formant un tourbillon elle contraint la roue horifontale qui y ef de tour- ner avec elle. L'eau après avoir fait plufieurs tours, & frappé les aubes de la roue , s'échappe: par le vuide que ces mêmes aubes jaiflent entre elles, fort par le fond du cylindre, &c s'écoule du côté d’aval, où on a ménagé une pente. L’effien ou arbre de la roue , laquelle a trois piés de diametre , eft terminé par un pivot tournant fur une crapaudine fixée fur un palier. Ce palier re- pofe par une de fes extrémités fur un feuil où il eft encaîtré de quelques pouces. L'autre extrémité de ce palier ft fufpendue par un poteau où épée de bois boulonée à une braie qui eft elle-même fuf- pendue par un autre poteau ou épée retenue fur le plancher par un boulon qui la traverfe, ou fur une tempure. Toutes ces pieces fervent comme dans les autres woulins à élever on à baïfer la meule fupé- rieure. La roue à aubes intérieures de trois piés de dia- metre eft d'une feule piece de bois de dix pouces d’épaifleur : cette piece de bois eft un tronçon d’un gros arbre que l’on garnit en-hant & en-bas d’une frette ou bande de fer pour l'empêcher de fendre. On y taille les aubes que l’on incline à axe d’envi- roncinquante-quatre degrés; oupour le mieux, l’in- clinaifon doit être telle que la diagonale du parallé- logramme fait fur les direétions horifontales circu- : aires de Peau, & fur fa direétion verticale y foit perpendiculaire, les côtés du parallélogramme étant roportionnels aux vitelles. Voyez dans les Planches d'Agriculture, la repréfentation de ce moulin, & l'explication des mêmes Planches, Énfa , on a inventé dans ces derniers tems d’em- ployer le flux &c le reflux de la mer à faire tourner des moulins , invention très-heureufe 8c très-utile attribuée à un nommé Perfe, maître charpentier à Dunkerque ; ilfaut pour cela avoir un lieu bas d’une £tendue fuffifante pour contenir aflez d’eau : on fer- me la communication de ce lieu à la mer par une chauffée, dans le travers de laquelle on pratique trois canaux paralleles, Celui du milieu fert de conr- fier à la roue; un des deux autres qui communique à la mer, 8 que nous appellerons car! de flot, communique par deux branches aux deux extrémi- tés du courfier, Le troïfieme canal appellé canal de Jufant , communique au baflin ouréfervoir , & auf aux deux extrémités du courfer par deux branches; le courfer eft féparé des canaux par quatre vannes placées dans les branches de communication; après que le flux monte d’une quantité fuflifante, on ou- vre la vanne du canal de flot qui communique au courfer du côté par où l’eau doit y entrer, & on férme la feconde du même canal ; on ouvte auf celle du canal de jufant, qui communique à la for- tie du courfer , & on ferme l’autre du même canal en cet état, & l'étang étant fuppofé vuide , l’eau de : la mer à marée montante, entrera par le canal de flot, & pañlera dans le courfier fous la roue qu’elle fera tourner, & du courfer entrera dans l'étang ; ce qui fera tourner le moulin pendant environ quatre des fix heures que dure le flot. On ouvrira alors toutes les autres vannes, afin que pendant Les deux heures qui reftent à écouler jufqu'à la pleine mer, l’eau prufle entrer en abondance dans l'étang, & qu'elle foit au niveau de la pleine mer ; onfermera alors toutes les vannes pour rerenir l’eau, jufqu'à ce que le jufant ou reflux ayant fait baifler les eaux de la mer pendant deux heures au-deflous du ni- veau de celles contenues dans l'étang , on ouvrira alors la vanne du canal de jufant, qui communi- que à l’entrée du courfer , & auffi celle qui commu- nique dela fortie du même courfier au canal de flot ; les deux autres vannes demeurant fermées, & l’eau de lPétang paffant dans le courfier, fera tourner la roue du même fens qu'auparavant, avec une vitefle proportionnelle à la chûte que les différens niveaux de l’eau contenue dans l'étang & de la mer, pourra lui procurer , & le moulin tournera jufqu’à la baffe mer , fi l’eau contenue dans l'étang eft fufifante, ou feulement juiqu’à ce qw’elle foit épuifée, Une heure environ avant la bafle mer, on ou vrira toutes les vannes pour laïifler écouler entiere- ment toute l’eau de l’étang à la mer, où du-moins qu’elle fe mette de niveau aux plus bafles eaux, où le jufant puifle les abaifler, On refermera alors toutes les vannes , que l’on laiffera fermées jufqu’à ce que Le flot ayant aflez élevé les eaux de la mer pour leur procurer une chûte {ufhfante dans l'étang, on rouvrira celle du canal de flot qui communique à l'entrée du courfer, & celle du canal de jufant, qui communique à la fortie du. même courfer , les deux autres demeurant fermées, & le zoulir tour- nera comme auparavant, & du même fens foit de flot ou de jufant. | | C’eft-là fans doute, ce que l'inventeur s’eft pro- pofé ; mais on peut fimplifier encore cette inven- tion, ainfi que nous allons expliquer ; mais alors le moulin tournera pendant le flot d’un certain fens, & pendant le jufant dans le fens oppolé ; ce qui n’entraine aucun inconvément , étant facile de dif- pofer les engrenages des roues & deslanternes pour cela : ce qui même ne peut que tendre à leur con- fervation. Il y aura donc unfeul canal en-travers de la chauffée de l'étang. Ce canal fera fermé par deux vannes, une du côté de la mer qui fera nommée vanne de flot, & une autre du côté de Pétang ap- pellée vanne de jufant, qui fermeront de part & d'autre le courfer, Les deux parues du canal hors les vannes, communiqueront enfemble parune bran- che qui fera fermée auffi par une vanne. L’étang étant fuppolé vuide , la mer-bafle, & toutes les vannes fetmées , excepté celle de jufant, on atten- dra que le flot foit aflez monté, pour que la diffé- rence des niveaux de la mer & de l’étang foit fuff. fante , pour que la chûte des eaux puiffe faire tour- ner le moulin, On ouvrira alors la vanne de flot du courfer, celle de la branche de communication de- meurant fermée, & l’eau de la mer pañlant fous la TOUS toue dans le courfer, la fera tourner prefque juf- qu’au tems de la pleine mer. Quelque tems aupa- ravant on ouvrira la vanne qui fermoit la branche, decommunication des deux parties du canal, pour que l’eau de l'étang puifle fe mettre de niveau aux plus hauteseaux du flot. On les y retiendra alorsen: fermant cette vanne & celle dejufant , jufqu’à ceque le reflux ait abaïffé les eaux de la mer d’une quantité fufifante pour procurer à celles del’érang affezde chü- te dans lecourfer; alors on ouvrira la vanne de ju- fant, & l’eau de l’étang s’écoulant dansle courfier à la. mer, fera tournerla roue du zzowlin en fenscontraire. Quelque tems avant la bafle.smer, on ouvrira la vanne dé la branche de commumication afin de laïf- fer écouler entierement à la mer l’eau qui eft conte- nue dans l'étang ; & à l’inftant où le flot fuivant re- commence , on la refermera & celle de flot , jufqu’à ce que fa hauteur au-deflus de la furface de l'étang puifle procurer affez de chûte pour faire tourner la roue dans fa premiere direétion ; on ouvrira alors la vanne de flot pour recommencer la même opé- ration, & faire provifñon d’eau dans l'étang pour fufire à faire tourner le zowlir pendant lé rems du reflux fuivant. (D) | Noms des pieces qui entrent dans la conftrucéior d'un moulin. 4 , folles. *.B, attache. €, lens. 4. Chaife. -5. Chevrons du pié. -6. Trattes. 7. Couillards. étage. 8. Doubleaux, 40. Colliers. -9. Poteaux cormers. A1. Pannes meulieres, £o. Soupentes. 42. Entre-toife, #1. Entre-toifes, G , galerie, les , compofé de , quatre cartelles. 37. La huche & le blu- toir. 38. L’anche. D , la queue. 43. Poteau de croifée de Æ, limons de la mon- la galerie. tée, 44. Appui. 39. Montée du fecond x2. Le treuil. #3. Chaperon, 14. Bras du chevalet, F, chevalet. 15. Support de la mon: tée. 16. Entre-toife, 17. Chaperon. 18. Lienduroffignol, 19. Poteau d'angle. 20. Appui du‘faux pont. 21. Lien fous la fabliere de la galerie, 22. Planchers. 33. Pannettes, 24. Gucttes. 25. Poreaux de rempla- ge. 26. Sommier, 17. Faux fommier. 28. Poteau du faux fom- DINICrSE 29. Le palier. 30. La fouche. a, petit fer & chevil- les du blutoir. 31. Poteau dela braie. 32. La braie. 33. La bafcule du frein. 34. Epée de la bafcule du F, 35. Porte-poulie du F, 36. Plancher des meu- Tome X, 45. Sabliere. 46. Hautes pannes. 47. Colliers. SN Le. jeu. A9. Palier du gros fer. b, gros fer. 50. Marbre fur lequel pofe le collet de l’arbre tournant, si. Palier du petit col: let. f 52. Semelle du petit collet. ÿ3. Palier de heurtoir, 54. Le heurtoir. 55. Les luons, 56. Arbre tournant, ÎT, rouet. 57. Chanteaux. 58. Paremens. 59. Gouflets, 60, L’effieu, 61. Embrafures. K , lanterne, 62. Tourtes. 63. Roues. 64. Les jambes, 65. Frein. 66. Archures. 67. Tempure, 683. Dos d'âne. Go. Pieu. 7o. Epée de fer: So M O U les pofenit Les bar. 71, Tromions, deaux. 72. Trémie, 73: Auger, 82. Bardeaux, 74. Clés des paliers. 83. Ais à couteau, 75 Jambes de force. 84: Volans, | 85. Antes, 76. Enttait. 77. Poinçon, 86. Coterets, 78, liens, à ‘87. Lattes, 79. Faite. ë, Lens. 80, IChevrons du com- - &, poteau débont, ble, 3,3. Semelles, 81. Planches fur lefquel- Obfervations fur les moulins 4 vent 6 4 ent, avee ler théories Du moulin & vért. Le moulin à vent, quoique connu de tout le monde , eft cependant d'une confiruétion beaucoup plus ingénieufe qu'on ne l’imagine communément, On croit qu’il nous a été apporté d’Afie dans le tems des croifades ; quoi qu'il : en foit, cette machine a été pouflée à un degré de perfection que les machines communes-n’atteignent pas ordinairement, Mais avant que de pañler à fa théorie, il eft néceflaire dé revenir fommaitement fur les principales parties de fa conftruétion. Confiruëlion fommaire du'moulin 4 vene, confidéré relativement a fa théorie. La ftru&ure intérieure du moulin à vent eft fort femblable à celle du #oulin à eau, La différence qui eft entre ces deux machines ne confifte guère que dans la maniere d'appliquer la force extérieure, | La maniere d'appliquer cette force dans le r70ou/in à vent confifte dans un eflieu ou arbre Æ F (Plan- che dela Pneumatique ; fig. 15.), traverfé pat deux bras ou leviers 4 B & C'D , qui font enfembleun angle droit & qui peuvent avoir chacune environ - trente-deux piés de long. Sur ces bras, font attachées des efpeces de voiles ,appellées a//s , qui ont la f- gure de trapezes, furfaces dont les faces HI& FG font paralleles. La plus grande Æ7 Z eft d'environ fix piés, & la moindre FG eft de la longueur qui eft déterminée par Les rayons tirés de H & de J au cen- tre. L'ufage de ces aîles eft d’être toûjours préfentées au vent afin de recevoir fon imprefhon; & , afin qu’elles aient cet effet, on emploie deux différentes conftru@ions qui conftituent les deux efpeces de moulin à vent dont on fait ordinairement ufage. Dans le premier, la machine entiere eft foutenue part un arbre mobile , perpendiculaire à l’horifon,, fur un appui ou pié, & peut tourner fur ce pié d’un côté ou d’un autre, fuivant qu'on en à befoin, Dans l’autre, il n’y a feulement que le toït de la machine & l’effieu des ailes quitourne ; &, pour cet effet, on donne à ce toit La forme d’une tourelle, & on l'entoure d’un cercle de bois dans lequel on a pratiqué une rainure où font placées de diftance en diftance plufeurs rouleaux. Dans cette rainure, roule un autre cercle de bois fur lequel le toit entier porte. À Panneau , ou cercle mobile, font fixés des rayons a b , auxquels on attache une corde dont l’autre bout tient à une efpece de petit vindas. Par ce moyen, en tournant le vindas & aflujettifflant en- fuite la corde ou crochet defer & , on donne aux at- les la poftion néceflaire, - | Théorie du mouvement des moulins 4 vent, & de la pofition de leurs aïles. L’angle que les aîles doivent faire avec l’efieu ou l’arbre auquel elles font atta- chées, eft l’objet d'une queftion délicate que Îles Mathématicienstônt jugé digne de leurs recherches. Afn de concevoir comment le r7oulin eil mis en mouvement , il faut favoir la théorie des mouve- mens compoôlés. Lorfqu’un corps frappe perpendi= culairement contre une furface il emploie toute fa force : mais s'il frappe cette furface obliquement , fon mouvement étant compofé de deux autres dont l'un eft perpendiculaire & Pantre PARA à la fure 113 802 M O Ü face frappée, le feul de ces deux mouvemens qui agifle eft le perpendiculaire ; & chaque direétion oblique demouvement eft la diagonale d’un paral: lélogramme, dont les direétions perpendiculaires & paralleles font les deux côtés. De plus, f après avoir décompofé une impulfon oblique fur une fur: face dans la perpendiculaire à cette furface ‘il ar: rive que cette furface ne puifle pas fe mouvoir fui- vant la direétion que cette impulfon tend à lui don- ner, & qu’elle puifle feulement changer fa direc- tion , 1l faut encore redécompofer cette impulfion perpendiculaire en deux autres , dont l’une foit'celle que la furface peut fuivre, & l’autre celle qu’elle ne fauroir fuvre. Voyez COMPOSITION DE MOUVE- MENT. : Pour donner une idée de Paéhon du vent fur les moulins, nousemploierons une comparaïfon, Repré- fentons-nous un gouvernail attaché obliquement à Ja quille d’un navire, & frappé par le courant de l’eau parallelement à la quille , c’eft.à-dire, frappé obliquement ; ileft aifé de voir, en tirant la ligne qui exprime Pimpulfion perpendiculaire, que cette impulfon tendra à arracher le gouvernail du navire, “6t que cette direétion, perpendiculaire au gonver- nail, eftoblique à la quille. Or, comme ce souver- nail, pouflé par une impulfon oblique qui tend à l'arracher du vaiffeau, ne fauroit en être détaché par la maniere dont il y eft afluré, 1l s'enfuit que des deux mouvemens dont limpulfon oblique eft com- pofée,alne faut avoir égard qu’à celui qui eft dans la direétion que le gouvernail peut fuivre, & aban- donnet l’autre commeinutile, Or, la direétion dans laquelle le gouvernail ne peut fe mouvoir fans fe détacher de [a quille , eft celle qui le pouffe circu- lairement autour de fon extrémité comme centre, L’effet de l’impulfion oblique de l’eau fur le gouver- naïl doit donc être réduit d’abord à une impulfion perpendiculaire, & enfuite cette impulfion à celle qui tend véritablement à faire tourner le gouver- nail. Voyez GOUVERNAIL. Préfentement , dans un mouvement oblique 8: compofé dans lequel il n’y a qu'une des forces compofantes qui foit à employer, ileft clair que plus fa proportion que cette force au- ra à Pégard de l’autre fera petite, moins le mouve- ment aura d'effet &c au contraire. Or, en examinant les mouvemens compofés fur le gouvernaïl, on trouve que plus 1l eft oblique à l’égard de la quille , plus la proportion de la force quitend à le faire tour- nereftsrande par rapport à l’autre. Mais , d’un autre côté, plusil- eft oblique à l'égard de la quille, ou, ce qui revient au même, plus il eft oblique à la di- reCion de l’eau, plus limpulfon eft foible. L’obli- quité du gouvernail a donc en même tems un avan- tage &tun defavantage; mais comme cet avantage &t ce defavantage ne font point égaux &c qu’ils va- zient fuivant les différens angles de l’inclinaifon, ils fe compliquent d’une maniere fort variable , & pré- valent chacun à leur tour l’un fur l’autre. On a agité la queftion de la fituation la plus avan- tageufe à donner au gouvernail. M. Renau , dans fa théorie de la manæuvre des vaiffeaux , a trouvé que la meilleure fituation à lui donner étoit celle où il fai- foit un angle de 5 ; degrés avec la quille. Cette théorie {ur le gouvernail peut s'appliquer aux ro1lins à vent. En effet, fuppofons préfentement qu'un moulin expofé à l’aétion du vent eût fes qua- tre aîles perpendiculaires à larbrelauquel elles font adaptées, comme elles reçoivent alors le vent per- pendiculairement , il eft clair que fon impulfion ne tendroit qu’à les détruire. Il eft donc néceffaire , pour qu’elles foient de quelque utilité, qu’elles aient une direétion oblique à l'axe, & qu’elles reçoivent par conféquent le vent obliquement. Afin de traiter la queftion plus facilement , ne M O U confidérons qu'une aîle verticale : l’impulfon dw vent fur cette aîle étant oblique , doitêtreréduite à limpulfion perpendiculaire ; 8: comme l’aîle ne fau roit fuivre cette direétion!; il faut encore la décom= pofer en deux autres, dont l’une tende à la faire tourner fur fon axe, & dont l’autre tendroit à la ren- verfer. Mais il n’y a que la premiere de ces deux im- pulfñons qui puifle avoir fon effet ; il faut donc que l’impulfion entiere du vent fur l'aile n’agiffe que pour la faire tourner ou de droite à gauche ou de gauche à droite, fuivant que fon angle aigu eft tourné d’un côté ou de l’autre, &c. Ce qu'il y a d’heureux dans la conftruétion de cefte machine, c’eft que les trois autres aîles ne peuvent tourner que du même côté. | Suppofons donc que Le vent vienne dans la direc-2 tion de laxe, & que x foit l’angle de l’aile avec l'axe, l'effort perpendiculaire du vent fur l’aîle fera d'adord f (fin. +)? , en appellant f la force abfo- lue que le vent exerceroit contre l’aîle s’il Ia frap- poit perpendiculäirement : or cette force fe décom- pofe en deux , une parallele à l’axe qui n’a point d'effet, & l’autre perpendiculaire à l'axe, & qui eft la force qui tend à faire tourner l’aîle. Or on trou- vera très-atfément que celle-ci eft f (fin. x ) 2 cof. x, qui doit être un waximum : donc la différence = 0. Voyez; Maximum. Donc 2 cof. x? fin. x— fin.x 5 0. Où 2— 3 fin, x3 — 0, ce qui donne fin. x = à environ le finus de $$ desrés. | L'obliquité de l'aile du roulin à l'égard de l'arbre auquel elle tient , a précifément le même avantage &t le même défavantage que l’obliquité du gouver- nai] à égard de la quille ; & M. Parent qui a cher- ché par la nouvelle analyfe la fituation la plus avan- tageufe de laîle fur l'arbre , a trouvé que c’étoit précifément le même angle de $ ; degrés. Cependant dans la pratique cette regle eft peu obfervée , & ap- paremment eftpeu connue. On donne ordinairement aux aîles angle de 60 degrés, qui differe aflez fenfi. blement du vrai. Au refte il n’eff pas inutile de rappeller ici ce que M. Daniel Bernoully a remarqué dans fon hydrody= namique fur la maniere dont on réfout ordinaire ment le problème de la poñtion la plus avantageufe des aîles du moulin à vent à l'égard du vent. Il obfer- ve que dans la folution de ce problème on doit avoir égard à la viteffe refpe&tive du vent par rapport au moulin, au lieu qu’on regarde d'ordinaire la vitefle du vent comme infinie; &c cet auteur fait voir qu’en ayant égard à la vitefle du moulin & la regardant comme donnée ;, le problème eft beaucoup plus compliqué que dans l’hypothefe où on le refout or- dinairement. On peut ajouter à ce qu'il a dit que dans la folution de ce problème on ne peut pas re- garder la vireffe du moulir comme donnée à volonté, ainfi que la viteffe du vent. Ily aune certaine viteffe à laquelle l’aîle doit arriver pour fe mouvoir unifor- mément, & quiefttelle que quandelle a cette vitefle, la force du vent pour la mouvoir eft zéro. D'où ik s’enfuit que la figure &c la pofition de laîle étant don- née , fa vitefle proprement dite, ceile à laquelle elle doit arriver pour fe monvoir uniformément , eftnéceffairement donnée. Le problème confifte donc à favoir quelle doit être la figure & la poñition de l'aile, pour que cette viteffe foit la plus grande qu'il eft poffible, | … La raifon qui a obligé M. Daniel Bernoully à avoir égard à la vitefle refpe@tive du vent & du: moulin ; c'eft qu'il prétend avoir obiervé que la vitefle du vent bien loin d'être infinie par rapport à celle du moulin , eft quelquefois à-peu-près ésale à la vîtefle de la partie fupérieure des aîles. De plus, il remarque que dans le calcul des forces morrices: des ailes des zowlins, on doit avoir égard aux diffé- M OU fentes witefles des différens points d’une même aile, lefcmelles virefes font entr’elles comme les diffances de. ces points au centre du mov/ir : de forte que l’an- gle de 55 degrés donné, par les auteurs, lui paroît Hrop grand, Dans cettains cas même il faudroit . fe- Jon lui, incliner lesrailes fous un angle de 45 degrés; & il prétend que-la meilleure figure qu’on pût leur donner feroit de les courber, afin que lé vent les frappât {ous un moindre angle én haut qu’en bas, & que par conféquent l'avantage d’un plus grand levier étant. compenfé par une moindre force, le vent pût agir également fur tous les points des aîles. Voyez mon traité de d'équilibre & du mouvement des fltides , Paris 1744 , page 372. Vai ajouté de nouvelles re- marques à celles de M. Daniel Bernoulli fur cette matiere, (O) Du moulin à eau. Il paroit par une épigräamme de Panthologie greque, que l’ufage des moulins à eau n’a commencé que du tems d’Aupufte. Jufque-là on s’é- toit toujours fervi de moulins à bras. Vitruve , con- temporain de ce prince , fait la defcription des #ou- lins.a eau dans fon div. Æ.'& cette defcription peut fervir de commentaire à l’épigramme grequie. Il y auroit beaucoup de chofes à dire touchant les meu- les & les mozlins à bras dont on fe fervoit avant que l’on eût inventé lesmoulins à eau ; mais comme cette inatiere a.êté traitée aflez amplement par Saumaife dans fes commentaires fur Solin, nous y renvoyons lerlctent ee ons | Dans les moulins à eau la force motrice eft une roue à la circonférence de laquelle font attachées des aubes ( voyez AUBES ) qui étant frappées par le cohrant Peau ou par fon poids, déterminent la roue à tourner, Voy:z Roues , MACHINES HYDRAULI- QUES ; 6 FORCE DES EAUX ax mot FORCE. Voyez aufft l'article AUBE, déja cité, où vous trouverez plafeurs détails phyfiques & méchaniques fur ces fortes de roulins ; ces détails nous difpenfent d’en parler ici plus au long. Mémoire inftruitif pour l'intelligence d’un moulin 4 vent qui puife l'eauwau jardin de madame Planterofe, Le moulin à vent quiéleve l’eau au jardin de madame Planterofe , fitué au faubourg $. Sever à Rouen, ef de ceux que lon nomme moulins à pile, c’eft-à-dire que le corps du zowlin eft une tour de maçonnerie, ëe que le comble tourne fur la maçonnerie lorfque l'on veut en expoier les aîles au vent, Si on fe contentoit d’avoir une idée de cêtte ma- chine, ce mémoire fe réduiroit à peu de chofe, parce que la méchanique appliquée à ce r7oulin eft fimple ; mais puifqu'il s'agit d'être utile à ceux qui en vou- droientconftruire une femblable, on fera obligé d’en- trer dans le détail de à conftru@tion du moulin , de la machine qui y eft appliquée , 8z de la pompe dont on a fait ufape. Afin de faire compréndre comment ces parties font unies , & en quoi confifte leur foli- dité ; on fera pareillement obligé de faire connoître quelles font les forces de ce moulin, & de quelle fa- çon of les a dirigées. « I. PE, Le premier deffein repréfente le plan de tout l’ouvrace ; 4 eft la tour de maçonnerie bâtie de moilon avéc des chaînes de pierre. Outre la porte êc la fenêtre que l’on voit en cette maçonnerie, on a obfervé fur la retraite une ouverture de 10 pou- ces , dont nous parlerons à la troifieme PI. figure Premiere. | | Ceft un canal creufé dans l’intérieur d’une piece de bois, lequel pafle dans cette ouverture ; il porte Peau qu'il a reçue de la pompe Z dans la cuvette de pierre E. L’ufage de cette cuvette eft de donner de la facilité à puifer de l’eau fraîche pourl'ufage de fa maifon. Le trop plein de cette cuvette s'écoule dans le gtand refervoir, d’où elle.eft diféibnée au befoin Tome Xs M OU 803 aux jets d'eau &z aux jardins pour les arrofemens: f'eft le puits fitué dans la tour ; g un entablement | de charpente polé {ur le puits, qui fert à aflujettir le corps de pompe d, & à le ténir folidement au centré du piuts, 4 | heit la quene du mois qui defcend du comble jufqu’à fleur de terre oielle arrive À 20 piés de dif- tance de la tour : elle fera plus amplement détaillée à la quatrième Planche, f2: 3. À l'extrémité inférieure de cette-quene eft uné forte, corde attachée à un petit cabeftan portatif I, avec léquel un homme fait tournet tout le comble du mowlir ; lorfqué l’on veut préfenter les aîles an vent, Æ eftle plan dece cabeftan ; .Z eft le pieu où ibeft fixé : on place de femblables pieux tont autonr durrtonlin à diftance convenable pout tourner le moulin & l’expofer à tous les vents. IT, PL, Le fecond deflein donne l'élévation du moulin vi du côté de la porte & des äîles ; la porté eft élevée de fept piés & demi, pour faciliter l’intro- duttion des longues piécés de bois qu'il faut entrer dans la tour. Le moulin ft couvert en eflentes , comme étant plus capables de refifter aux mouve- mens qu'épronve ce comble lorfqu’on le tourne. Dans:le comble font: deux lucarnes, une par 1a- quelle pafle Parbre tournant , vû fur fon marbre A : l’autre donne patlage au levier 75 qui paroît au-de- hors de la tour, au bout duquel eff un contre-poids | 22. qui fera expliqué au troifieme deflein, fo. pre- sniere, faut qu'un homme trouve dans cette lucarne un pañage libre pour aller au contre-poids 22 , en paffant par-deflus le levier C. Les ailes ont 25 piés de long depuis le centre dé l'arbre 4, jufqu’à leur extrémité ; la partie des aîles appellée vo/ans qui eft garnie de toile, a huit piés dé large 6e 18 piés de long : on trouvera uneplus grande explication de ces aîles dans l'explication dé la qua- trieme Planche, fig. 2. ; Lorfque le vent eft foible on revêtit les aïles com- mé en 72 ; lorfque le vent eft plus fort, on diminue les toiles comme enr ; lorfqu'il eft très-fort ; on les retraint cornme en o : dans le très gros tems on peut faire marcher le moulin fans toile , comme en p. Les aîles ont quatre arboutans 4 4 44, qui les for? tifient beaucoup, en ce qu'ils les uniflent folidement entr'elles : on trouvera craprès la raifon qui à déter- muné à faire ufage de ces arbontans. IIT. Planche. La troifieme Planche , ff. premiere, donne la coupe du #oulin 8 d’une partie du puits : on voit dans cette coupe toute la machine, dont nous ne parlerons qu'après avoir expliqué la conf- truétion des parties qui la contiennent &c qui la fup= portent. Dans lintérieut de la tour eft in plancher @o ; dont Le plan eft à côté , ffg. 2, fait de poutrelles & de planches de fapin. On y a pratiqué deux ouver- tures ; on place une échelle dans celle qui eft de côté, pour monter deflus ce plancher ; l’autre ouverture quieft au milieude ce même plancher, donne paffage à la barre de fer F pour defcendre fur Le bout du le: vier de là pompe G ; où elle eft attachée au point 8. La corde 23, dont on ne voit que partie , laquelle fert à lever & à abaifler le levier du frein du moulin Q , palle par cette même ouvertute du plancher Co, &t defcend jufqu’en bas , pour l’ufage journalier du garde-moulin. j On pañle encore par cette même ouverture les corps de pompes & les branches du piffon , qui font d’une grande longueur ; & lorfqu'on les vert intro- dure ; on détache les planches 1, 2. 3.4, 3. 6, fig: à, ce qui donne de la liberté pour entrer ces pieces dans la tour & les introduite dans le puits. | Ce planchereftfixe , mais tout eft au-deflus [E1i1 1 804 M OU . de lui eft mobile &c tourne avec le comble lorfque l'on porte les aïles du côté du vent. On monte au plancher fupérieur 8 mobile par une échelle que l’on fufpend à un crampon attaché à une des poutres, lorfqu'on n’en fait pas ufage, afin qu’elle ne foit pas brifée lorfque le com- | ble tourne ; & Iorfque l’on veut s’en fervir, on la pofe fur Le plancher 6o. Le plancher mobile, autrement l’affemblage de charpente, fur lequel toute la machine & le com- ble font pofés, tourne fur un ourlet dont on voit la coupe en 62, & le plan en la 3. fig. dela PI. TIT, il eft compofé de neuf pieces de bois qui couvrent prefque tout le parpin de la tour. Ces pieces font aflemblées par les bouts à te- nons & à mortoifes. Les aflemblages de ces neuf pieces portent fur neuf billots de bois de chêne qui font engagés dans la maçonnerie de la tour, 6c ces billots en font le parpin, comme on le voit en 63, . le re neuf pieces qui forment l’ourlet, font forte- ment attachées à ces billots avec des chevilles de fer bretées afin qu’elles ne puiflent fe détacher mi rien perdre de leur plan circulaire. L’ourlet qui-s’éleve de trois pouces & demi à la partie fupérieure de ces pieces de bois, a été formé en les élargiflant ,& nul morceau ne doit être rapporté à cet ourlet, A la face fupérieure de l’ourlet 62, fig. 3, on a incrufté à fleur du bois neuf bandes de fer plat qui forment le cercle entier. Les extrémités de ces bandes fe joignent & portent une pointe en cro- chet qui entre à force dans l’ourlet, enforte que nul clou n’y -eft employé : ces bandes de fer fer- vent à faciliter le mouvement de la charpente qui doit tourner fur l’ourlet. IV. Planche. La premiere figure de cette PI: pré- fente une des poutres qui portent fur l’ourlet vue par-deflous; on voit dans la hoche qui doit em- brafler l’ourlet, une piece de fer qui eft incruftée à fleur du bois. Lorfque cette poutre eft pofée fur l’ourlet, la piece de fer porte fur les bandes 62, g. 3. de la Planche III. incruftée dans l’ourlet. Lorf- É l’on tourne le comble, ces pieces de fer cou- lent l’une fur l’autre, facilitent le mouvement, & empêchent que les bois ne foient ulés par le frot- tement; on enduit ces parties de fayon mou:on voit deux de ces hoches 65 & 65, fig. 3. Fig. 2. La figure 2 de la même Planche donne le plan de toute la charpente qui eft pofée fur lour- let 62, fig. 1. de la Planche IIT, expliquée ci-deflus; & la figure 3 dela même Planche donne le profil de la même charpente 61. L'arbre tournant, la queue du moulin ; le frein , le comble, & rout ce qui doit por- ter fur cet aflemblage de charpente paroïffent en cette figure: ces mêmes pieces paroiflent de mé- me en la ». fig. PL, III. Gr, mais elles font vues d’un autre fens. Quant à la eroffe charpente, l’aflemblage eft d’u- ne aflez facile exécution pour n’entrer dans aucun détail. On remarquera feulement que le carré long qui eft pratiqué vers le milieu de cet afflemblage, fig. 2, n’occupe pas le milieu de la tour, parce que la roue P, fig. 3. fur laquelle eft placé le frein, n’y pourroit tourner étant en place; c’eft pour lui laifler de fa liberté, qu’on a porté cette ouverture un peu vers le fouchet de l’arbre tournant 73, "Loi de la piece 64, eft pour le frein, voyez la coupe de cette piece, en la fig. 1 de la PI, IIT. La chaïne du frein eft tournée autour pour y fixer le bout du cercle À, appellé frein. La même piece fert auf à deux archoutans 1, dedtnés à foutenir M O U les jumelles Kk, PJ, II. fig. r, qui travetfent la poutre 13. Les lignes ponétuées 66, font deux autres archou- tans des mêmes jumelles X, PL III. 14, poutre au-travers de laquelle pañle les ju- melles L & L, fig, : dela PL. IIT. L'efpace qui eft entre les trous 13 & 14, par lefquels doivent paffer les quatre jumelles ci-deflus, étant prolongé d’un côté à l’autre du mozlin, doit pafler par le centre de la tour, parce que c’eft la place que doit occuper le levier €, fe. 1 de la PI, | “ZI. lequel doit agir entre ces quatre jumelles. 68 eft la place que doit occuper la queue du zou. lin W, fig. 3, lorfqwelle eft en place. Cette efpece de fourche doit être forte ; le tenon qu’on y voit doit entrer dans le corps de la queue V, fig. 3, & la foutenir en place au moyen du lien de fer qui doit l’attacher au fourchet. | Les mortoifes 6o & 70 percées dans la char- pente, doiventrecevoir deux pieces #, fig. 3, dont | ‘on ne voit qu’une. Ées pieces chevillées dont on ne voit que la cou- | pey & y; font les mêmes que l’on voit en Ÿ, fig. 35 dont cependant on n’a repréfenté qu’une. Ces qua- tre pieces fervent à retenir la queue 7”, ff. 3, en état, & obligent toute la charpente à obéir lorfque l’on tourne le moulir au vent au moyen de cette queue. _La queue 7, fs. 3, de 13 à 44 piés, eft une piece de bois fort lourde qui attire le moxlin en arriere ; pour prévenir les accidens qui s’en fui- vroient, on pafle deux pieces de bois 71 & 72 fous la charpente ; on les attache folidement aux trois poutres qu’elles touchent; la queue qui les tire au moyen des pieces y & y tend à foulever toute la charpente, enfemble l'arbre tournant qui eft fut fon marbre 75, encore plus lourd que da queue, ce qui annulle laétion de cette lourde piece de bois, & établit une forte d'équilibre entre les pièces qui portent fur l’ourlet. Les fablieres 74, fortes de ÿ fur 6 pouces d’é- chantillon, font bien affemblées dans le bout des poutres : elles contribuent à faire de cette charpente un tout folide. L'arbre tournant 4, fg. 3, dont l’aétion tend per- pétuellement à entrer dans le moulin, tend confé- quemment à faire perdre à l’affemblage de toute la charpente la forme ronde qu’elle doit avoir pour tourner fur l’ouriet. Pour prévenir ces accidens qui feroient confidérables, on a liaifonné cette efpece de charpente avec le fer, comme on le voit, les af- femblages ordinaires &r les chevilles ne pouvant pas y réfifter feules. | Figure 3 de la IV. Planche. L'arbre tournant À ; Îig. 3 de la IF. PI. vue en toute fa longueur, eft dif- pofé comme celui des moulins à vent ordinaire, il et appuyé fur fon marbre 75. Ce marbre eft ap- puyé fur le billot 73 où il eft incrufté d’un pouce. Ce billot eft une forte piece de bois de 16 à 17 pouces d’échantillon, pofée à queue d’aronde fur les poutres de la charpente, fg. 2 , où elle eft liai- fonnée avec de fortes barres de fer bien chevillées. Au moyen de ce hillot &z du marbre ainfi placés lun fur l’autre, Parbre tournant quiy eftporté par fon collet 67, eft élevé à l’horifon de 7 à 8 de- grés qui fufifent pour recevoir avantageufement limpulfon du vent. L’arbre eft retenu fur fon mar- bre par le creux qu'on y a pratiqué, afin que [fon collet y entre de quelques pouces; il eft auffi re- tenu par les montans de la lucarne 78, fig. 2, qui joignent ce marbre. L'autre extrémité de l’arbre tournant eft retenue en deux mameres : l’une lempêche d'entrer en- M O U dedans du moulin, & l’antre laflujettit au point où 1l doit tourner fur lui-même. | 76, fig. 2 & fig. 3, font deux pieces de bois bien attachées à la charpente, dans lefquelles on a pra- tiqué un pañlage garni de fer où l'arbre tournant eft emprifonné par une hoche faite vers le bout, de forte qu'il ne peut varier, mais on lui conferve la Hiberté de-tourner librement fur lui-même. Der- ricre Le bout de l'arbre eft une piece de bois 77, fig. 2 & fig. 7, incruftée dans les poutres qui la fup- portent , où elle eft fohdement attachée avec un lien de fer. Cette piece porte une forte pointe de : fer, acérée par fon extrénuté, polie & laroe d’un pouce; cette pointe a de bons épaulemens qui l’'em- pêchent d'entrer daus la piece de bois 77 plus qu'elle ne doit. Cette forte de pointe atboute & porte contre une piece plate d'acier 78, de 6 li- gnes d’épaifleur, qui eft au bout de l’arbre tour- nant qu'elle empêche de reculer lorfqu’il tourne. Les parties de Parbre tournant qui frottent foit au collet 67, foit dans la prifon 76, font garmes de lames de fer d’un pouce de large fur 3 lignes ; on les a incruflées dans l'arbre même de toute leur épafleur, à un pouce de diftance les unes des au- tres, de forte que cet arbre porte fur des parties qui font moitié de bois, moitié de fer, par lefquelles il eft très-bien préfervé de l’ufure des frottemens, fi on les enduit fouvent de vieux-oimg. Au furplus, cet arbre eft fortifié des ferrures, telles qu’on les voit, fig. 3. Desaïles, L'arbre tournant doit avoir 18 pou- ces d'échantillon vers la tête 4, les aïîles y font aflemblées par couples. 79 eft une piece de bois nommée ezre-but , laquelle pafle au-travers de lar- bre À ; elle eft deftinée à recevoir deux bras des ailes #0, qui font attachés fur l’entre-but avec des étriers de fer & des chevilles qui les traverfent. Le trou £z qui refte à remplir à l’arbre À, eft le lieu par où doit pañler le deuxieme entre-but, lequel doit porter les deux autres bras des aîles. Le tout érant placé, & les aîles étant bien en équi- ‘bre entrelles, on introduit deux coins en &r, c’eft-à-dire , un en-deflous, & l’autre en-deflus de Pouverture par où doit, pañler le dernier entre-but. Lorfque l’on chañfle ces coins , les deux entre-buts s’approchent & fe ferrent l’un contre l’autre, ce ._ Gtu les fixe folidement ; on ufe de plufieurs autres coins pour aflujettir les autres pieces de ces ailes, comme On le voit en la 3 fig. Les bras des aïîles So font percés de 17 mor- toiles dans lefquelles on introduit des barreaux de 8 piés & quelques pouces de longueur, qui for- ment les volans que l’on voit, Planche II. lefquels reçoivent la toile. La poftion de ces barreaux eft une partie effentielle dans la conftruétion du rou- lin ; c’eft de leur pofition que vient le biais nécef- faire aux volans pour recevoir l’impulfon du vent dans le degré le plus avantageux à faire tourner le zoulin. Figure 4 de la IV. Planche. Les ouvriers qui tra- vaillent ces moulins, n’ont aucun ufage conftant à cet égard, & les meûniers ont chacun leur ca- price. M. Belidor a examiné cette matiere & a fixé ce biais à 55 degrés d’écartement de l'arbre tournant. La fs. 4 rend ce biais tel qu'il eft exé- cuté au zoulin que nous décrivons, dont on a reconnu le bon depuis l’année 1743 que ce moulin a été conftruit, jufqu’à préfent (1755.) a; fig. 4. de la IV. Planche, eft la ligne qui repré- fente l'arbre tournant #0, ie bras des aîles dans lequel paflent les barreaux. 82, le barreau dont un des bouts doit approcher de $ÿ degrés de la li- gne a, &t ce côté du barreau doit avoir 6 pouces .de longueur plus que le côté oppofé ; afin que le M OU 805 vent ait plus de prife fur cette partie, & déter- mine mieux le moulin à prendre lé mouvement cir- culaire. Tous les barreaux font dans cette fitua- tion ; l’enfoncement diverfement obfervé par les praticiens de ces aïîles, ne‘mé paroît point utile, & quelques-uns le pratiquent d’une maniere nui-’ fible. Ces aïles aïnfi difpofées étant pouflées d’un bon vent, font neuf tours à chaqué minute, fur quoi on a arrangé l’intérieur de la machine. On à remarqué que la longueur des aîles eft un modérateur à la viteffe; que f on leur donne plus de 25 piés de long, elles auront plus. de force que celles du #ou/ir décrit, maïs elles iront moins vite; elles ne feront pas neuf tours en une minute, quoi- que pouflées du même vent. Il en eft de même, fi on les diminuoït de longueur, elles tourneroient plus promptement, mais elles ne leVeroïent pas un auffi pefant fardeau. Cette obfervation pourra être utile à ceux qui feroient dans le cas de changer les proportions de cette machine. Des parties qui donnent le mouvement à La pompe. Les rouleaux 1 & 2,fg. 3 de la PI, IF. ont ÿ pouces de diametre, & 1 pié de long ; ils tournent fur leurs chevilles de fer & d’acier battus enfemble. Ces chevilles font foutenues par deux bras de levier B, fig. 3, & par la roue P qu'elles tra- verfent. Les rouleaux font fortifiés de bandes de fer, com: me on les voit fg. 5. de la IV, PL, où un de ces rouleaux eft dévelopé. Ils tournent librement fur leurs chevilles, & deux rondelles en facilitent encore le mouvement. | TI. Planche, fig. 1. Revenons à la coupe du mou- lin, III. Planche, fig. 1.qui nous préfente toute la machine :-4 eft l'arbre tournant dont on ne voir que la coupe: B eft un des leviers qui portent les rou- leaux 1 & 2, plus amplement expliqués ci-deflus ; ce levier pañle au-travers de l'arbre 4, & eft fixé à la roue P. Cette roue ne fert point à la machine , nous en donnerons l’ufage ci-après. Lorfque larbre tourne , le rouleau 1 mon- te &z éleve le levier C. Lorfque ce levier eft parvenu jufqu’à la ligne pon@tuée c qui eft au-def- fus , le rouleau échape Fhoche 3, qui eft audit le- vier, 6c le levier tombe de lui-même , tandis que le rouleau continue de marcher. Le levier c étant retombé à fon point , le rouleau 2 le reprend, & s’éleve de nouveau ; de forte que dans un tour de moulin, le levier C eft élevé deux fois. Ce mouvement eft communiqué au levier D au moyen de la corde Æ qui les attache enfemble. Vers le milieu de ce levier D eft une barre de fer F, qui occupe le centre de la tour , & qui defcend fur le levier de la pompe &, où elle eft attachée au point 8 ; enforte que le mouvement des leviers fupérieurs eft communiquée à ce dernier, qui éleve la bran- che du pifton Æ ; le pifton éleve l’eau, qui prend fon. cours par le conduit de bois C, qui a été expliqué à la premiere PI. de-là l’eau tombe dans la cuvette pour fe rendre au grand réfervoir. De l’économie des forces du moulin, IIT. PJ fe. premiere. Suivant les proportions qu’on a données à la pompe , la colonne d’eau qu’elle contient, & dont nous donnerons le détail ci-après, pefe ÿ20 1. y compris la branche du pifton, & les ferrures qui font attachés. Le frottement du pifton, des rouleaux & de la colonne d’eau que le moulin éleve, eft éva- lué à 200 livres ; le poids des leviers qui obligent le pifton à rentrer précipitamment dans la pompe eft d'environ 30 livres ; ces trois fommes réunies, la réfiftance ou le poids à mouvoir par l’afion du 806 MrOU vent eft de 750 livres, à prendre cette réfiflance à la branche du pifion A Mais comme le levier G&, appliqué à cette bran- che du pifton, a fon point d'appui 4, diftant du pif ton de 6 piés 9 pouces, & que le mobile 8 , appli- qué à l’autre extrémité du mème levier , eft diftant de la branche du pifton # de 3 piés & 3 pouces; ls mobile F n’eft plus chargé-que des 27 quarantie- mes de la fomme totale :ainf, la barre de fer Fne fera plus chargée que de 460 livres, aulieu de 750; conféquemment le levier 2 qui fupporte la barre de fer au point 5 , n’eft chargé que de la fomme de 460 livres. Mais ce levier D a fon point d’appui 6 à 6 piés 6 pouces du point de la réfiftance 5 ; & le mobile ouù la corde Æ appliquée à l’autre extrémité 7 du même levier,eft diftant de la réfiffance $ de 4 piés 9 pouces, Le mobile ou la corde £ meft plus chargé au point 7 que de 26 quarante-cinquiemes; ainfi au- lieu de 460 que pele la branche de fer au points, la corde £ , qui repréfente le mobile du zou/ir ou la puiffance , n’a plus à fupporter qu’un fardeau de 340 , le tout à compter rondement. | Le levier fupérieur € perd partie dé ces avanta- ges , lorfque le rouleau 1 ou 2 apiflent fur lui: car lorfqu’un de ces rouleaux commence à l’élever, il fuffit qu'il foit mû avec une force égale à 340. Mais à mefuré que ce rouleau avance ,ul s'éloigne du point de la réfiftance, ou de la corde Æ qui la re- préfente , & cette réfiftance devient plus confidéra- blé à mefure qu’il avance vers le point d'appui 9 du même levier : enforte qu'étant parvenu à écha- per l’hoche 3 , la réfiftance augmentée eft en effet de 460 , comme nous l’avons trouvé être au point $ du même levier D, tous deux au centre de la tour. Le moulin étant en mouvement par l’aion du vent, doit donc faire un effort de 460 pour élever l’eau. Pour faire cet effort, on a employé quatre aîles, qui font des leviers de 25 piés de longueur , lefquels prennent la réfiftance par les rouleaux 1 & 2 , qui font à 4 piés du centre 4, où eft le point d'appui des aïles ; par conféquentr le vent agiffant fur les aîles avec un effort égal à 4 vingt-cinquiemes de 460 ou à 78 livres, enleveroit ces 460 livres, êt donneroit le mouvement à la pompe , fi ce n’é- toit les frottemens de l’arbre tournant fur lui-même, qui font peu confidérables , d'autant que cet arbre eft en équilibre fur fon marbre 7$ fig. 3 de la III. PL. c'eft-à-dire, que la tète de l’arbre joint aux ailes, font équilibre avec le refte de larbre à l’en- droit où cet arbre porte fur fon marbre, qui en eft le centre. Unhomme feul quiprend les ailes l’une après l’autre par leur extrémité , fait marcher le tout , & pompe de l’eau fans être aidé par l’aétion du vent ; mais il ne peut fupporter ce travail que pour 3 ou 4 coups de pompe, l'effort qu'il eft obligé de faire étant d’en- viron 90 à 95 livres. | L’effort à faire {ur les aïles par l’extrémité du bras pour donner le mouvement au moulin , étant éva- lüé à 95 livres, un vent qui poufle une des aïles avec une force de 25 fuffira , &c la fera tourner li- brement. | Pour recevoir Le vent capable d'opérer, on a don- né à chaque aîle un volant de 8 piés de large & de ‘18 piés delong, que nous avons vu , ZI. Planche, garnis de toile, lefquels préfentent au vent, dans la pofition la plus avantageufe , ainfi que nous l’a- vons dit, fig. 4. de la IV. PL, une furface de 576 piés de toilé carrée, qui Le font agir au plus petitvent qu'il foit poffhble ; objet qu’on s’étoit propofé dans la conftrudion de ce mouliz defliné à fournir en été Veau néceflaire aux agrémens & aux arrofemens M OU: d’un tertein fablonneux &c brûlant. On parlera du produit de cette machine en parlant de la pompe à la #, Planche, a mi | Des parties de la machine, Planche II. fig. 1. Le levier fupérieur € porte un contrepoids.de plomb 22 fixé à l’extrémité ; il paroït hors de la tour à 6 piés de diftance du point d’appui 9: fon poids doit étretel, que tout ce qui pefe vers le pifton de la pompe Æ#, lorfque les leviers retombent, ne pefent que 25 à 30 hvres ; celui de cette machine , qui ef ainfi reglé , pefe environ 180 livres, ‘Ce contre- poids recoit des fecoufles confidérables lors des grands vents, ce qui oblige de lattacher avec pré- caution, & d'employer de forts écrous avec des clavettes derriere pour le fixer, autrement les écroux s’ébranleroient , & le contrepoids tomberoit. Il faut que ce contre-poids n'ait nul jeu dans fes attaches, f,ce n’eft dans la charniere, qu'il faut très-forte. À ce même levier Con voit une hoche 3 qui fert à deux ufages effentiels : le premier eft lorfque le rouleau 1 a dépañlé cetre hoche, le levier a laliberté de retomber, mcefflamment vers fon point ; que fie levier étoit fans hoche, il fetoit foutenu par le rou- leau , un tems qui feroit perdu & qui feroit préjudi- ciable, parce que dans les grands vents ce levier € n’auroit pas le temps de revenir à fon point , le rou- leau 2 le dévanceroit & le joindroit pendant fa chüte avec un grand bruit , elle en diminueroit l’ef fet, d’antant que le mouvement de ce levier & de toute la machine feroit raccourci. C’eft cer excès de mouvement & ce choc qui ar- rivent lorfque le garde du moulin eft éloigné, qui ont obligé de mettre aux aïles les arboutans dont nous avons parlé à la ZI, PL. 9 g4qq3 cés aîles fouf- frent beaucoup de ce contre-coup , qui les met en danger de rompre. Au moyen de l’hoche 3 du Le- vier C, ces contre-coups font plus rares, moins forts; & fi le garde-oulin eft {urpris par la violence du vent, les arboutans gg gg de la IT, PI, mettent Îles ailes en état de les fupporter. Le fecond ufage de cette hoche 3 du levier C eft lorfque le gardien du moulin, qui s'éloigne volons tiers,eft furpris par quelque changement de ventqui, venant à prendre les aïles par-derriere , les obligent de tourner en fens contraire : on fait par expérience que la machine va très-bien en fens contraire, & qu’elle éleve l’eau , comme fi le mouvement fe fai {oit du bon côté ; maisce ne peut être qu’au dom- mage de la machine, qui fe trouve forcée en plus d’un point. Cette hoche y remédie parfaitement ; le rouleau 2 agiffant alors en fens contraire , ef porté verslelevier € , où rencontrant l’hoche 3 il y eft arrêté jufqu’à ce que les ailes étant expofées au vent reprennent le fens qu'elles doivent fuivre. A l'extrémité intérieure de ce même levier €, vers le rouleau 1, on a donné une inclinaïfon con- fidérable à la partie de ce levier, qui reçoit ce rou- leau afin de prémunir des deux pieces du choc , trop rude lorfque les grands vents les portent avec vio- lence l’un vers l’autre. | On voit au-deflus du levier € les lignes ponétuées €, qui repréfentent le même levier lorfqu’il eft porté par le moulin à fon plus haut degré d’élevation. Ces lignes font voir de combien eft grande cetre éleva- tion , & en mème tems qu'il faut pratiquer dans le comble une ouverture entre deux chevrons pour laifler pafler le bout de ce levier lorfqu'il eft élevé. Les leviers C & D ont leur point d'appui 9 & 6 entre les jumelles X & k, lefquelles jumelles font de 6 pouces d’échantillon en leur partie fupérieure, folidement arboutée par les pieces de charpente 1# & 66 : on réduit l'échantillon de ces jumelles à qua- tre pouces pour les faire paffer dans la poutre 13, afin d’enfermer la partie & de la même jumelle où M O U le levier D eft fixé ; l’intervalle entre ces jumelles eft de $ pouces, pour donner pañlage libre aux le- viers, qui ont quatre pouces & demi d’épaifleur. L & ! font deux autres jumelles femblables aux précédentes, entre lefquelles levent & baïffent li- brement le bout des deux leviers € & D ; l’extré- mité fupérieure de ces jumelles eft fixée avec le com- ble , & la partie inférieure / eft percée de divers trous , dans l’un defquels on introduit une forte che- ville de fer, que l’on garnit d’un bouchon de paille 15 , enveloppé de mauvaife toile, afin que le le- vier D qui tombe deflus lorfque la machine eft en mouvement, ne defcende pas trop bas, & ne fafle pas un trop grand bruit en tombant. Ce bruit eft encore diminué & prefque annullé par un pareil bouchon que l’on pañle femblablement fous le le- vier C'au point 12. On n’a repréfenté qu’une des jumelles À & L, pour éviter l'embarras ; on doit les confidérer toutes comme doubles , & fixées aux poutres 13 6 14 par des chevilles que l’on voit def- fous ces poutres. On voit la difpoñition de leur paf- fage dans les poutres 13 & 14, figure 2 de la IF. PL, | La barre de fer Æqui defcend du levier D fur le levier de la pompe G, où elle eft attachée au point 8, eft aflujettie à deux fortes de mouvemens ; le premier eft de haufler & baifler avec le refte de la machine , lorfque le moulin eft en mouvement, ce qui s’opere fur les tourillons de la cheville 8, qui pañle au travers de ce levier G. L’autre mouvement eft de tourner fur elle-même, lorfque le comble du #oulin , la charpente 61, & toute la machine tourne fur l’ourlet 62 , pour expo- fer les aîles au vent. Cette barre F qui occupe le centre de la tour tourne dans la cheville 8, au-tra- vers de laquelle elle pafñle, Voyez le bout de cette barre F dévelopée en la fig. 4. Fig. 4. 17 eft la barre de fer : les lignes ponc- tuées repréfentent un bout du levier de la pompe G, fig. 1. dans lequel les parties fuivantes font cachées; 18 eft un bouton qui oblige le levier G de baïfler , en foulant fur les parties qui lui font inférieures ; &t par cette preflion, fait rentrer dans la pompe la branche du pifton A, fig. 1. 19 eft la place que la cheville 16 doit occuper ; .20 eft un écrou de cuivre, qui tient en place la che- ville 16. | | 21 eft une clavette qui fixe l’écrou, afin qu’il ne fe divife pas ; 16 eft la cheville percée qui doit être placée en 19, qui eft la même cheville dont nous avons parlé au point 8, g. :. Au moyen de la barre de fer F ainf difpofée , le moulin agit fur la pompe au point 8 , de quel côté que foient tournées les ailes. Figure 3, 4 eff le point d’appui du levier de pom- pe G. Ce point d'appui eft une cheville dé fer paf- iée dans deux crampons fcellés dans la maconne- rie de la tour ; mais en-dehors ce levier eft pofé deflus, & y eft retenu par un encochement 4. C’eit pour faire un paflage à ce levier & au ca- nal qui eft au-deflous , qu’on a pratiqué dans la ma- çonnerie de la tour une ouverture & de ro pouces de large, & de trois piés & demi de haut, de la- quelle nous avons parlé à la premiere PL, fous la pareille lettre. Le levier de la pompe G agit entre deux jumelles pratiquées à la partie fupérieure de la pompe, dont on ne voit qu'une en M ; l'intervalle entre ces deux jumelles eft de s pouces , dans laquelle agit Le levier G, qui eft de 4 pouces & demi d’épaifleur : mais comme il ne feroit pas poffible de pafler la cheville qui aflemble le pifton au levier, ainf engagée entre deux jumelles ; on a fait dans les jumelles les qu- MOU 807 vertures © , tant pour la commodité de placer cette cheville, que pour donner la liberté aux deux ex- trémités de cette cheville, pour monter & baifter avec le pifton , fans froiffer en aucun endroit : cette cheville du pifton doit être à tête quarrée , afin qu'elle ne tourne pas, & que la clavette puifie être facilement rivée en un lieu fi étroit. Du frein, III, Planche , fig. 1. La roue P > qui eft fixe fur l'arbre tournant 4, fert à arrêter les ailes du oulin ; elle a 8 piés de diamettre & 8 pouces d’épaiffeur à la circonférence. Elle recoit {ur cette épaifleur le cercle RÀ , appellé Z frein , qui l’entoure. Lorfque lon tire avec la piece de bois Q (donton ne voit ici que la copie } , le cercle R touche cette roue en tous les points de fa circonférence, &c par ce frottement , que l’on fait fentir à cette roue par degrés, on modere l’aétion des aîles , & enfin on les arrête, ce qui s’opere ainf. On voit au bout du cercle R deux chevilles de fer , & une chaîne de même métal, tournée au« tour de ces chevilles , & de la piece de bois 64 qui les attache enfemble très-folidement : car Peffort eft très-confidérable en ce point. 33 eff la partie infé- tieure de la corde d’un palant, dont il faut recon- noître la partie fupérieure 4 /a IY, PI, figure 3. 10.00, L 10 cft le palant du frein avec lequel on éleve le contre-poids 24 attaché à l'extrémité de la piece de bois ou de levier Q. 1, Planche , fig. 3. T eft une piece de bois qui fert de point d’appui au levier Q. Lorfque le garde- moulin lâche laïcorde 23 , le contre-poids 24 def: cend, tire en bas le cercle R ; & la roue P eftcom- primée , d'autant qu’il juge à-propos lui faire fentir l'effet du contre-poids, qu’on ne doit jamais abaïffer que par degrés , autrement on rifqueroit de brifer l’atbre tournant, que l’effort du vent tordroit vers le colet. De la pompe. V. PL Cette machine, en l’état qu’elle eft conftruite, ne met en mouvement qu’u- ne pompe, parce qu'il faut néceffairement que les forces du mobile agiflent au centre de la tour, & que toutes les parties fupérieures du moulin que l’on tourne alternativèment de tous les côtés , aboutif- fant au point central 8, LI. PL, fo. 1. or, puif- qu'il n’y a qu'un centre , il eft dificile d'y ajufter plufeurs pompes ; 1l les faudroit faire agir {ur une bafcule appuyée fur un point d’appui, ce qui ne fe- roit pas avantageux ; puifque cette compofition & les parois de plufieurs pompes , multiplieroient les frottentens. Il a paru plus fimple & plus avan- tageux de n’y en admettre qu’une , & de lui donner un plus grand diametre , comme auf de le faire le ver deux fois dans un tour du #oulin : ces deux coups de pompe forment dans le mouvement une forte d'équilibre femblable à la pluralité des pom- pes , qu'on eftime en ces fortes de machines hydrau= liques. Figure 1. La premiere figure de La W. PL repré- fente cette pompe en fon entier, formée de plufieurs corps folidement établis , 8 foutenus fur la char- pente qui eft dans l’intérieur du puits. A &t A ont deux pieces de charpente qui entrent dans la maçonnerie du puits, dont le plan eft à côté: Elles font fituées un peu au-deflus de l’eau ; elles fervent à porter tout le fardeau de la pompe , & {ont aidées des barres de fer que l’on y voit. B & B ainfique C & C'font d’autres poutres qui forment comme deux étages dans l’intérieur du puits, lefquelles fervent à appuyer les corps de pompe. qui y font unis au moyen de liens de fer, ainfi qu'on le voit aux plans de ces étages qui font à côté. G & G eft un afflemblage de charpente qui fert 808 M O Ü à fixer cette pompe au milieu du puits,ainfi qe nous l'avons dit de La I. Pl. lertre G. D D D font trois corps de pompe de bois ap: puyés , ainfi qu'on les voit, fur les poutres 4. Les emboïîtures de ces pieces étant bien arron- dies , on enduit ces deux pieces , à l'endroit de leur emboîture , de goudron ; on feme fur ce goudron du fable fin, bien tamifé & très-fec : lorfque les pieces font unies, le fable & le goudron tombent dans la jonétion , & la tient parfaitement étanchée , tant que dure la pompe. Il eft bon d’avertir que ces corps de pompe font fujets à fendre lorfqu'on les emploie fecs , fi on n’a pas la précaution de les hu: mecter plufñeurs jours en dehors avant de leur faire fentir l’numidité en-dedans. E ,eft un corps de pompe de cuivre de quatre piés de longueur attaché à l'extrémité mférieure des corps de pompe de bo:s D. Le piton agit dans cette piece; elle eft deftinée à en fupporterles frottemens, fans altération fenfible de la part de ce corps de pompe. F,eftune lanterne de cuivre , percée detrousfans nombre, dans laquelle le bout inférieur de la pompe de cuivre entre : elle empêche que les ordures n’en- trent dans la pompe lorqu’elle agit. Cette lanterne eft attachée fur la planche M, quieft au fond du puits. Cette planche eft retenue au fond du puits par deux pierres 1/& 2 , au travers defquelles paflent deux broches de fer qui les fixent fur la planche. Fig, 2. La figure 2. de cette F. PI, donne la coupe de tous les corps de pompe, dans l’intérieur def- quels on voit la branche du pifton & le pifton mé- me plongé dans l’eau : cette branche eft compolfée de deux longues pieces de fapin arrondies, & de trois pouces à trois pouces & demi de diametre , jointes enfemble par des pieces de fer, & par deux écrous Æ , qu'il faut avoir foin de river. A l'extrémité fupé- tieure À, font des trous qui fervent à pañler la che- ville dulevier G. fig 1. de la IV. PI, À l'extrémité inférieure de la même Planche eft le pifton qui eft développé en la fg, 3. ainfi que le corps de pompe de cuivre, & toutes les parties qui lui appartiensent. Développement du corps de pompe de cuivre, VW. PI, 3- fig. L eit le pifton que l’on a-fait de bois de hêtre , parce qu'il eft d’un tres bon ufage dans Peau: on voit cette piece en grand , entourée de fon cuir du Bréfil attaché à la branche du pifton O , au moyen d’une piece de fer à charniere N , dont un bout tient au pifton par trois écrous qu'il faut river. La même piece de fer W eft attachée par l’autre bout fur la branche du pifton © , au moyen d’un long affourchement de fer : des broches de fer paf- fentau-travers & lient ces a#ourchemens enfemble, comme vous le voyez en O. Obfervez que ces bro- ches foient à écrou & rivées, afin qu’elles compri- ment fortement le bois & le fer ; mais ces broches quoiqu'en nombre , comme vous les voyez en la branche du pifton À , 2. fig. feroient fujettes à dé- chirer le bois fuivant fonfil, lorfque le mozlinleve le pifton avec violence, fi elles n’étoient foutenues elles mêmes par une autre broche de fer toute fem- blable , que l’on pañle au-travers du bois , mais dans un fens oppolé, comme on le voit en O , où l’ona rendu fenfible une de ces broches fourenues d’une autre : toutes les jonétions qui font à cete branche du pifton doivent être traitées ainf. Cette branche eff fi folide ( celles de fer feroient fujettes à fléchir ), que depuis 1743 jufqu’à préfent, on n'ya fait aucunes réparations , & on n’a pas trou- vé à propos de la renouveller en 1754, quoiqu’on ait été obligé de paffer de nouveaux corps'de pompe de bois, qui étoient totalement pourris. Par la longueur de cette branche on à évité toute afpiration inçom- mode dans ces pompes, P éft la foupape qui eft an fond de la pompe de cuivre ; cette piece eft du même bois que le pifton ; _elle eft légerement entourée d’étoupes imbibées de fuif , afin qu’elleroigne le cuivre &remplifle exaéte- ment la place qu’elle occupe. Elle porteune anfe de fer qui fert à accrocher & à enlever cette foupape lorfqu’il faut la réparer. | On voit tant-à-côté de la foupape que du pifton ; le plan des clapets de ces deux pieces : explication de lun fervira pour l’autre , parce qu'ils font de mê- me conftruétion,, 1l different feulement de grandeur; ils font faits d’un cuir fort ( le cuir du Bréfil bien liant & bien égal eft le meilleur), tenu entre deux pie- ces de cuivre: La piece de deflous porte une larve vis quipañle austravers du cuir, & va fe vifler dans la piece de cuivre Z, quieften-deflus de quatre lignes d’épaiffeur : l'on voit cette vis exprimée par des points à endroit où elle eff rivée. Le cuir qui eft en- tre ces deux piecés de cuivre porte fur les bords du füt de bois des foupapes , & iles rend étanches. Ce même cuir s'étend fur toute la partie poftérieure des mêmes füts pour y fervir de charniere. On pole fur cette derniere partie du cuir une nouvelle pla- que de cuivre 2, d'uneligne d'épaiffeur, que l’on at tache aux fûts , en pañlant des clous au travers de la plaque de cuivre & du cuir ; de forte cependant que le clapet » putfle ouvrir & fermer librement: Onob. ferve d’abartre les arrêtes des pieces de cuivre, afin que les cuirs ne foient pas coupés par le jeu du clapet. La fig. 3. fait encore voir la prece Q , qui eft une plaque de cuivre vue de profil, d’un pouce d’épaif- feur, & d’un piéenquarré; le corps de pompe de cui- vre pañle dedans, & y eft fortement foudé. R eft le plan de cette piece de cuivre, Sur cette piece on pofé un cuir du Bréfil 3 , au- quel on obferve les mêmes ouvertures qui font à la plaque de cuivre À. Quatre écrous 4, compriment cette plaque de cuivre contre la pompe de bois & le cuir 3 qui fetrouve prisentre les deux corps de pom- pe, & étanchent cette jonétion. | Mais comme les crampons qui portent les vis & les écrous 4 , ne peuvent être fixés au corps depom- pe de bois avec des clous qui y feroïent des trous, on y a fuppléé par un cercle de fer divifé en quatre parties $, qui font jointes enfemble par quatre bon- nes vis. On pofe ce cercle en S fe, 1. & 2. àl fert premierement à fixer les crampons ci-deflus, en em- braffant la pompe de bois, à laquelle il donne de la folidité ; & lorfque le corps de bois vieillit , que le bois diminue de volume , on répare ce défaut en fer- rant les quatre parties de ce cercle égalementavec les quatre vis, & on empêche la pompe de fuir tant qu'elle n’eft pas totalement pourrie ; c’eft pour cette derniere raifon que l’on a fait les quatre trous quifont à la plaque de cuivre À un peu en ovale, tendant au centre de cette plaque , au moyen defquels les cram- pons qui y paflent peuvent fe rapprocherdu centre, à melure que le cercle S les comprime. Cette pompe ainfi travaillée a toute la folidité re quife pour réfifter à tous les efforts du z7o/in ; deux années le paflent communément avant qu’on foit obligé d'y mettre de nouveaux cuirs. On a préferé l’'ufage des corps de pompe de bois à ceux de plomb, qui aurotent pb s’affaifler par leur propre poids &c par laétion du pifton. On a donné 5 pouces de diametre à l’intérieur du corps de pompe de emivre, & 5 pouces & 3 lignes à ceux de bois , afin que la foupape & le pifton puif- fent paffer librement dans ces corps de pompe lorf- qu’on les introduit pour les mettre en place. Lorfqu’on introduit , ou que l’on retire la branche du pifton, cette piece embarraffe par fa longueur : les écrous Æ , #, Planche, 2. figure, donnent la H- berté M OU . berté de fa divifer en deux parties que l’on introduit lune après l’autre. … Loïfqu'il s’agit de lever la foupapeP, l'effort qw'il faut faire pouf arracher du heu où elle eft poiée, & où elle s'attache par l’effet du mois , eft confi- dérable , il faut être pourvu d’un croc de pompe 6, PL, Vi fait d’une balle de fer d’un pouce; on y attache une forte corde avec laquelle on defcend ce croc dans la pompe, après en avoir enlevé le piton ; & quand on a faifi l’ance de la foupape P, PL F. fig. 3. on porte le bont de la corde {ur l'arbre tour- nant, autour duquel on fait plufieurs tours, & trois hommes font tourner les aîles du moulin, jufqu’à ce que cette foupape foit hors du corps de pompe de cuivre : l'arbre tournant fait en cette opération l’of- fice d'un cabeftan. Pour donner au corps de pompe de cuivre la foli- dité convenable au travail qu’il a à fupporter , on y a employé des planches de cuivre de deux lignes d’e- paifleur, & on l’a fortifié de bandes de pareil cuivre : que l’on a foudées par-deflus de diftance en diftan- ce, ainfi qu'on le voit, ffg. 3. de la PL. V. Du produit de la pompe. Nous avons dit que le corps de pompe dans lequel le piffon agit, eft de $ pouces de diametre, Le pifton À, 1. fig, de la PI, P. peut être levé jufqu'à 21 pouces ; mais nous fuppofons qu’il ne fera élevé que de 18 pouces, pour ne pas compter trop avantageufement: chaque coup de pifton fera donc fortir de la pompe un cylindre d’eau de 5 pouces de diametre fur 18 pouces de hauteur, qui équivaut à- peu-près à 350 pouces cubiques, Nous avons ditque la vitefle des ailes la plus avantageufe étoit celle où le moulin faloit neuf tours par chaque minute, ou 540 tours par heure, qui font 1080 coups de pompe parheure ; le produit fera donc de 378000 pouces cubiques d’eau : en fuppofant le muid d’eau de 8 piés cubiques , 1lcontient 13824 pouces cubiques ; en ce Qui font au-deflus, ce qui donne 21 pouces d’élevation au pifton Æ°: que fi l’on vouloit faire rapporter à cette pompe une plus grande quantité d’eau que nous n’a- vons dit ci-deflus , on poutroit la tranfporter vers le point & ; la levée.du priton fetrouveroit augmentée , la pomperapporteroit en proportion ; mais le ou/;x auroit à MmOuvOr un plus grand fardeau. On doit donc confulter les forces du moZ/iz avant de prendre cet avantage : fi au contraire le moulin fe trouvoit trop chargé , on le foulageroit en tranfportant la pompe vers le point 4, les points 4 & 8 reftant tou. jours tels qu'ils font, 3; Toute la charpente qui eft à ce puits, PZ y figure premiere, eft difpofée pour opérer cesichange- mens , au cas qu'il en eût érébefoin. Que fi le moulin eût été établi dans un lieu ifolé > éloigné de tous les objetsqui peuvent arrêter le cours du vent >Onauroit pü fans nul inconvénient approcher la pompe du point ®, jufqu’à la faire pefer furle zozlir au point 3 150 iv. plus qu’elle ne pele ; mais Les murailles &t les bois voifins qui diminuent l’adtion du vent; ont déterminé à la laiffer au milieu du puits. Nous avons dit que le cylindre d’eau qui fort dela pompe à chaque coup de pifton , pouvoit être éva- luée à 3 9 pOuces.cubiques d’eau; fur ce Pié la pome- Tome X, | M OU 809 pe dé $o piés én contiendra ri700 pouces cubiques qui équivalent à 6 piés 3 quarts de piés cubiques: à 72 liv. le pié cubique , font 486 liv. que peferoit l’eau contenue dans l’intérieur de la pompe , fi elle ne contenoit que de l’eau ; mais le bois des piftons & le ferquis’y trouve pefent enfemble plus que l’eau; c’eft pourquoi l’on a eftimé la charge totale contenue \ en Pintérieur de la pompe, à 201. indépendamment des frottemens intérieurs évalués à 200 liv. & du poids des leviers , comme nous l’avons dit, _ Si onfait attention autotal de cette machine , on trouvera qu'elle tire un avantage de la longueur des leviers dont elle eft compofée:quoiqu'ils foient forts, ils fléchiffent cependant quand le vent force le mou: vement , de forte que la pompe n’a jamais étéincom- modée des négligences du gardien, & la folidité de toutes les parties eft telle qu'il n’eft point encore ar rivé de défaftre. Cette machine eft d'autant plus avantageufe ; qu'elle n’a coûté que 3000 liv. au plus ; c’eft-à-dire ; la tour, la pompe, l'intérieur du puits & toute la machine , indépendamment du puits & desrefervoirs qui étoient faits d'ancienneté. Que sil s’agifloit d'élever l’eau d’une hauteur moindre que celle du puits dont eft queflion , il fuf- firoit d'augmenter les diametres des corps des poms« pes, pour profiter de tous les avantages du moulin dont le produit augmenteroit, Projet , figure 2. de La premiere PL, Maïs s’il s'agif= foit d'élever l’eau d’un puits de 150 à 100 piés de profondeur, on pourtoit multiplier les forces dur: moulin en faifant les aîles de 32 piés de long & de œ piés de large; on pourroit même y pratiquer fix ailes ; alors on pourroit multiplier les pompes en les atrangeant comme on les voit à /a premiere PI. fig 2. qui eft une idée de la difpofition qu'il convien= droit leur donner. F'eft la barre de fer fur laquelle: agit le moulin que nous avons vû ci-devant au mi< leu dela tour. &, le levier de pompe far lequel Les: quatre piftons des pompes font fixes ; 4 eft fon point: d'appui. Les quatre pompes que l’on voit dans l'in térieur du puits font cenfées avoir chacune so piés de longueur ; elles fe communiquent au mOyerr d'une petite cuvette qui eff à leur partie fupérieures Le moulin étanten mouvement, les quatre pom- pes agiffent enfemble ; celle d’en-bas : remplit & en- tretient la cuvette 4 ; la pompe 2 y puife l’eau ; u'elle tranfporte dans la cuvette Z ; la pompe 3 pui= à en 8 l’eauqu’elleéleve en la cuvette © ; la pompe 4 puife en C l’eau qu’elle éleve puits, & la tranfporte au-dehors. Une commodité qu'il eft bon de faire obferver ; eft que fiun homme pofe fa main au point #, £11. PL, fig. premiere, lorfque ce levier eft au plus haut degré d’élévation &, oùlemou/npuife le porter, & qu'il foutienne ce levier à ce degré d’élévarion, foit de fa main, {oit de quelqu’autre appui , la pompe & le moulin font partagés de forte que lun n’a plus de prife fur l’autre , & qu'il ne peut arriver nulle forte d’ac- cident par la viteffe des aîles qui font feulesen mou Yement. Il y a beaucoup d’autres machines auxquelles on a donné le nom de moulins ; nom qui fembleroit par fon étymologie ne devoir appartenir qu’aux machi- nes qui par le moyen des meules pulvérifent & ré- duifent en farine les différentes graines : Car toutes les autres machines auxquelles on a donné le nom de zzoulins | n’ont de commun avec ceux qu’on vient de décrire , qu'une roue à l’eau » 1oït à aubes ou à pots , premier moteur dela machine; c’eft cette ref- femblance extérieure qui peut-être aura fait donner indiftinétement à toutes les machines qui fuivent le nom de zmonlins : ainfi pour ON | KKKkKkK jufqu'au-deffus du 810 M OU MouL1n à poudre à canon, Voyez POUDRE & SAL= PETRE. MouLIN à ran. Voyez TAN. MouLin à fcier Le bois en planches. Voyez SCIE. MouLin 4 chaplets. Voyez POMPE. MouLin 4 papier. Voyez PAPIER où PAPETERIE. MouLiN à foulon, Voyez MANUFACTURE EN LAINE. MouLins À BRAS. On voit deux de ces moulins repréfentés, dans nos PL. d'Agriculture, ils font de fer ; ils fervent à moudre tout ce qu’on ne peut por- ter aux moulins à blé, comme amande, poivre, ris, cafe. La conftruétion en varie beaucoup relativement à la forme intérieure ; quant à la partie qui mout, elle eft toujours la même. La pofition de l’arbre peut être ou verticale, com- me on la voit, fig. 1.ou horifontale, comme elle eft fig. 9. où l’on voit une des fortes de moulins a bras garni de toutes fes pieces : nous allons commencer par le détail de celui-ci. Aux deux côtés font deux platines de fer battu de 6 pouces de large fur 10 pouces de haut ; c’eft entre ces platines qu’eft placé & fufpendu le corps du moulin. Les pieces dont le corps du moulin eft compofé font la boîte qu’on voit fig. 10.la noïx qui entre dans cette boñe f£g. r1. le noyau de la noix qui fe place dans la noix fig. 12. è les cloifons qu’on voit fg.9. forment extérieurement le corps du moulin,revêtant la boîte, & fixées fur les platines au moyen de deux étochios rivés chacun, & fur les platines &z fur les cloifons. Les bouts des étochios, du côté de la face de la cloifon fur la- quelle doit pofer la boîte, doivent excéder d’une ligne ou deux ladite cloifon, pour entrer dans deux trous pratiqués dans l’épaiffeur de la boîte, fig. 10. mais on ne peut apperceyoir ces étochios, parce qu'ils font au dedans de la machine ; mais voyez- les aux fig. 13. 6 14. Les platines & le corps du r7ou- lin font tenus enfemble par quatre vis dont on voit les extrémités & leurs écrous, fur la face d’une des platines du moulin, fig. 9. Il faut bien remarquer, 1°. qu'avant que de fixer le corps du moulin & les plaques enfemble, 1l faut . placer la noix qui doit être montée fur fon arbre, comme on voit fe. 11. la noix placée, on arrête les platines par lés vis & leurs écrous. ; Il faut encore remarquer, 2°. que la hauteur de la cloifon laifle un intervalle entre la plaque où l’on voit la manivelle fig. 9. & le derriere de la noix, pour laïfler pañler la farine de ce qu'on mout. 3°. Que comme il faut que la noix puifle avancer ou reculer, felon que l’on veut moudre plus gros ou plus fin, & que cependant il ne faut pas que cette noix fe déplace, on a pofé fur la face inté- rieure de la même plaque, où l’on voit les vis &c leurs écrous, un heurtoir, ou une piece de fer plat, longue de 3 pouces ou environ , fur 15 de large, & 3 ou 4 d’épaifleur , au milieu de laquelle eft un trou où l’arbre de la noïx eft reçu, & qu’à chaque extrémité 1l y a deux trous pour recevoir le bout des vis à tête quarrée qu’on voit fg. 1.7. qui paflent à- travers la plaque & par - deflous le heurtoir qu’on voit fig. 18. & qui entrent dans les deux trous fufdits comme on‘voit fig. 18. ces vis y font rivées, mais mobiles, de forte qu’en tournant ces vis auxquelles là même plaque fert d’écrou, on fait avancer paral- lelément le heurtoir vers l’embafe de l'arbre de la noix , il eft impoñible que l'arbre recule ; car lanoix & la boîte étant de forme conique, la noix fait tou- jouts effort pour fortir de fa place. 4°: Que la hauteur de la cloifon appliquée à l’au- tre platine , laïffe un vuide entre la plaque & la tête de la noix, vuide qu’on appelle l’ezgrenoire, c’eft fur cette cloiïfon qu'ef en partie pofée la trémie, & en partie fur la boîte. MOU Ce que nous venons de dire fuflit de refte pour entendre le méchanifme & l’aétion d’une machine aufi fimple; mais quelque détail fur les parues acheveront d’éclaircir le refte, On voit fig. 16. la plaque ou platine de derriere, par la face du dedans fur cette platine, la cloifon, avec les étochios qui la rendent immobile; au cen- tre de la cloifon une douille rivée fur la plaque, à- travers laquelle larbre de la noix pañle ; cette douille eft faillante à Fextérieur , comme on voit, fig. 13. face extérieure de la même platine : on voit auffi à cette douille une virole. L’ufage de la douille eft de donner plus de folidité à l'arbre, & lui fer- vir de palier, ce qui eft néceflité par le trop peu d’épaifleur des plaques, qui ne pourroient reffifier long-terns à l'effort de l'arbre mu quand on mout. La fig. 18. eft l’autre plaque, ou la plaque de de- vant, vüe par la face intérieure , on remarquera fur cette plaque l’autre cloifon avec fes étochios, au centre de la cloifon le heurtoir, & les bouts des vis rivées {ur le heurtoir. La fig. 17.repréfente la plaque ou platine de de= vant vûe en dehors du côté de l’arbre qui meut la machine ; on yremarquera auffi les vis du heurtoir, avec une bouterolle fixée comme la douille à l’au= tre plaque & pour le même nfage. On fait par l'emploi précédent des figures, que la dixieme eft la boîte du moulin. Il faudra la forger d’une barre plate d’acier, &c lui donner 20 lignes de hauteur fur 6 lignes d’épaiffleur de dehors en de- hors. On tournera cette barre de forme conique fur un mandrin. La bafe de la boîte aura 46 lignes de diametre , & le diametre du côté de la tête n'aura que 39 lignes ; le tout de dehors en dehors : dans l’épaifieur des deux faces de la même piece, comme on a dit, feront percés de trous pour recevoir les tenons des étochois : au refte, les mefures préfen- tes varieront felon la force des moulins, La noix qu'on voit fig. 11. fe fera aufli comme la boîte, d’une barre d’acier , de même hauteur & épaifleur, tournée & foudée comme on l’a indiqué. La fig. 12. eft le noyau de la noix. Il faut que ce noyau foit un peu moins haut que la noix on la virole, afin qu'on puifle ferrer le bord de dedans de cette virole fur le noyau fans diminuer la hau- teur. Au centre du noyau eft un trou quarré qui reçoit l'arbre. Au milieu de l’arbre il y a un ambafe qui fert à arrêter la noix : au côté de la tête de la noïx on a ouvert une mortoife pour une c/avesre qui ferrera la noix contre l’embafe. La mortoife qui a environ 6 lignes de hauteur, empêche que le heurtoir ne pofe ou ne s'applique entierement contre la bafe de la noix, ce qui ren- droit le mouvement rude. Le dedans de la boîte eft cannelé; fes dents font comme celles d’une écouanne , c’eft-à-dire que le devant de la dent eft perpendiculaire &c le derriere incliné, | | | L'inclinaifon des dents de la boîte & l’inclinaifon des dents de la noix font en fens contraire. | La fg. 13. eft la cloifon des dents de devant, elle porte en partie la trémie; elle eft faite de fer battu comme une cloifon de ferrure ; elle a 9 lignes de hauteur fur deux lignes d’épaiffeur : on y a montré les étochios qu'il attache à la plaque. La fg 14. eît la cloifon de derriere, ç’eft elle qui forme l'intervalle reflerré entre la platine & la noix; elle fera auf faite d’une lame de fer battu, {a hauteur de 14 lignes & fon épaiffeur de deux : ony voit aufli fes deux étochios. | Paflons maintenant au moulin à bras, à arbre per= pendiçulaire , celui de la fig, premiere: on le. voit gafni Se monte de toutes és pieces ; il ne différé du précédent qu'en ce qu'il n’a ni platine ni cloïfon, mais feulement deux éntrétoifes & deux vis qui en lient toutes les pieces. , | L’elpece d’entonnoir qui le forme efl cannelé en dedans. Sur cet entonnoir au haut eft l’entretoife fupérieure entaillée dans fon épaifleur, & au bas l’autre entretoife on linférieure ; ces deux entre- toifes font tenues par des vis bien paralleles afin que l'arbre foit bien vertical. A la patte de l’eritre- toile fupérieure on a percé plufieuts trous ; dans ces trous font rivées des pointes; ces pointes fer: vent à fixer le moxlin fur le deflus d’une table; à la patte de l’entretoife inférieute il ÿ a un trou ta- raudé qui reçoit une vis dont le bout eft en grifte ; cette vis & cette sriffe fixent le moulin contre le deffus de la table : la vis en griffe eft traverfée par en-bas d’un boulon à tête, arrêté dans l'œil de la- dite vis. On voit dans la même figure la tremie, le bas de l’éntonnoir qui eft en cône s'appelle le culot du moulin : c’eft-1à que tombe la mouture. La partie cylindre eft férinée en - deflus par une rondéllé qui couvre la noix ; fur cette rondelle ef montée la trémie, Les figures adjacentes monttent les parties {épa- rées de ce moulin ; la fig. 2. eft la manivelle, fon pomineau eft mobile fur fa broche ; la fg: 3. repré- fente la noix & fonarbre ; la ffg. 4. l’entretoife de deflus ; la 5. 5. l’entretoife de deflous ; la fe. 6. la rondelle qui tourne le moulin ! la fig. 7. leboulon de la vis à griffe ; & la ff. 2. la vis à erife. MOULIN À BRAS DU LEVANT , ( Méchan. )onfe fert béaucoup dans le Levant dé moulins à bras pour moudre le blé, Cés moulins confiftent en deux pier= res plates & rondés, d'environ à piés de diametre Ê que l'on fait roulét l’une {ur l’autre par le moyen d’un bâton qui tient lieu de manivelle. Le blé tombe fur la pierre inférieure, par un trou qui eft au milieu de la meule fupérieure, laquelle par fon mouvement circulaite, le répand fur la méule inférieure où il eft écrafé & réduit en farine ; cette farine s’échap- pant par le bord des meules, tombe fur une plan: che où on la ramañle. Le pain qu’on en fait eft de meilleur goût qué le pain de farine moulue aux m0z- lins à vent on à eau: ces moulins à bras ne {e ven: dent qu'un gros écu ou une piftole. { D. J.) MOULIN pour exprimer l'huile des graines, Cette machine a beaucoup d’afinité avec le moulin à fou- Jon à la hollandoife décrit à fon article. Foyez Ma- NUFACTURE EN LAINE. Celui-ci conftruit dans une tour de charpente élevée fur une autre de maçon- nerie d'environ 12 piés d’élévation, eff mu par la force du vent cômme les rroulins À vent. Voyez MOULIN À VENT. C’eft le comble de ce mowlin qui tourné fur la tour pour virer au vent & y préfenter les aîles. Voyez POMPE, & les foures plus détaillées de ces fortes de combles, la conftruétion & lexpli- cation de leurs différentes parties repréfentée plus au net dans les planches des pompes mues par le vént. L'arbre tournant 4 B, renfermé dans le comble, lequel porte les Volans, porte auffi un rouet C, dont les alluchons engräïnent dans les alluchons d’un au- tre fouet horifontäl D, ou lesfufeaux d’une lanterne fixe für l’arbre vertical DF conceñtrique à la tour; cet arbre porte une lanterne Æ dont les fufeaux conduifent les alluchons d’un rouet G fxé fur le gros arbre hotifontal AK auquel font adhérentes lès levées N' NN des pilons O P qui pulvérifent les graines placées dans les mortiets FFF, pratiqués dans une forte piéce de bois X Y'où elles font écra- fées par les chûtés réitérées des pilons, Les pilons font guidés dans leur mouvement ver- tical par des moïles TF cd entre lefquelles leurs tiges peuvent couler librement lorfque les levées Tome X, M OU 811 dont elles font armées {ont rencontrées par celles de l'arbre 4 K; l'extrémité P dès mêrnes pilons eft arrondie & garnie d’une boîte de £er pour la con- {erver, la partié arrondie remplit louvertire du mortier, ce qui empêche les saines de réffortir, comme on peut Voir en Z_Æ qui répréfente la coupe de quatre mortiers & celle de l’angé où fe fair la preflurage, | = Gi Entre les deux moïfes qui fervent de guides anx pilons en eft une troifieme 4 8 à laquelle font fixées par un boulon des pieces de bois fervant de cliquets pour arrêter & fufpendre les pilons quand on veut fufpendre leur effet ; pour cela il ÿ a uñe coche à là face latérale de chaque pilon dans laquelle , lorfqu’il eft relevé un peu plus haut que les levées de l’'ars bre ne peuvent le conduire; une des piecés dont nous parlons vient s’engaget & tient pat ce moyéñ le pilôn fufpéndu ; ce qui permet de retirer les grai- nes pulvériées de dedans les mottiers fans pour cela fufpendre l'effet des autres parties de Id mas chine, chaque pilon ayant fon cliquet; Les graines pulvénfées; ainfi qu'il vient d’êtté expliqué, & réduites en une efpece de pâte , font mifes dans des facs de ctin qu’on appellé fcoufias } pour être portées à la prefle & en exprimer l'huile, ce qui fe fait en cette forte ; aux extrémités X &/Æ des deux groffes pieces de bois, dans lefquelles font creuiées les moruiets, font auf pratiqués deux vui- dès où augés dans lefquelles fe fait le preflurage : on place un facentre les deux plaques de fer r, & un autre entre les deux autres plaques 5; On rém- plit le refte de l’auge avec dés billots dé bois GTS dort les faces fonr inclinées en talud , & dont la longuèur eft égale À la largeur de l’auge ; on place aufñ là piece 2 dont un des taluds s’applique contre la face En furplomb de la piece 6; cette pièce 2 qui répond au-deflous du pilon À ne porté point au fond dé l’auge ; enfin contre ces pieces on applique quelqués planches 44 pour remplir fufifammant le vuide de l’auge, & ne laiffer au coin ; qu’une place fufifanté ;’on Ôte enfuité le cliquet ou autre arrêt qui tieñtle pilon S fufpendu; les levées Q de larbre horifontal AK relévent quatre fois à chaque révo: lution le pilon $ dont les chûtes réitérées fur la tête du coïn 3 le font entrer à force entre les calles où échifes 4,4, cé qui comprime latéralement les facs & exprime l'huile de la pâte qu'ils contiennent : cette huilé s'écoule par üne ouverture pratiquée au fond de Pauge dans les vafes deltinés à la recevoir. Lorfque le coin 3 eft defcendu au fond de l'auge on arrête le pilon S, 8 après que l'huile a cetté de couler, on defferre les facs par le moyen du pi- lon À, qui agiflant fur la partie étroite du coin ren- verfé 2, dont la tête ne toriche point au fond , re- pouflé ce coin 2 jufqu’à ce que {à tête touche au fond de l’auge, ce qui defférre d'autant toutes les pieces dont elle eftremplie, & permer de reléver le coin 3; on arrêté aloïs Le pilon À ; on remet |& coin 2 en fituation; on inet débhx ou plufieurs nouvelles éclifles 4, 4, qui s'appliquent comte celles qui y: font déjà placées, & éntré lefquélles on replace lé coin 3 que lon fait entrer À force pat l’action du pilon S comme auparavant, Ce qui comprime de nouveau les facs & en exprime une plus grande quantité d'huile: on réitere cétté manœuvre juiqu'à ce que l'huile Céflé de coulèr, & on a la premiére huile où Phuile vierge rirée fans feu. ” Le marc que lon rétire de cétte opération n’eft pas encôre fibien épuifé d'huile qu'il n’en reité ên< core beaucoup, mais fi bien liéé 4u mare que là plus forte expreflion he fauroit l’enfaire fortir ; DOUX d'en retirer on met le marc dans dés chaudieres établies fur des fourneaux de maçonnerie. Foyéz fig. 2. Plan. fuivante; ces chaudières dont la concavité 514 KKKKEK jj 812 M O ÙÜ fphérique, & dans lefquelles on met un peu d’eat pour empêcher le marc de brûler; il y a au-deffus de la chaudiere une tige de fer « &, dont l’extrémité inférieure eft terminée par une ancre c d concentri- que à la chaudiere, &z dans laquelle elle peut tour- ner librement étant fufpendue par deux traverfes de bois fixes à quelques-unes des parties du bâti- ment qui renferme la machine; l'extrémité fupé- rieure a de la tige # a de l'ancre, eft armée d’une lanterne dont les fufeaux engrenent & font con- duits par les dents d’un petit rouet dont l’axe hori- fontal placé au niveau de l'arbre 4 X fig. premiere , eft terminée à l’autre extrémité par une lanterne dont les fufeaux font menés par les dents d’un des petits rouets L M, fixés fur le grand arbre HK, chacun de ces deux rouets conduit une ancre fem- blable à celle que l’on vient de décrire. Le marc toujours brouillé dans l’eau par le mou- vement continuel de l’ancre, s’en impregne, & l'effet combiné de ce fluide & de la chaleur en diflout l'huile & la difpofe à fortir, pour cela on reporte ce marc à la prefle, qui en fait fortir l’eau & l’huile qu'il contient, laquelle fe fépare facile- ment de l’eau à laquelle elle furnage dans les vaif- feaux où ce mélange a été reçu au fortir de la pref- fe; pour favorifer cette opération on chauffe mé- diocrement les plaques de fer entre lefquelles Îles facs font placés, & on réitere cette opération tant qu’on efpere en tirer quelque profit ; on met à part les réfultats de ces différentes opérations qui don- nent des huiles de 1°. 2°. 3°. fortes, &c. Il eft des fubftances dont on tire de l'huile, qui exigent avant d’être mifes dans les mortiers, la pré- paration d’être écrafées fous des meules, comme celles de la fig. 3. Pour cela il y a au-deffus de la lan- terne Æ, fig. 1. de l'arbre vertical DE, une autre lanterne plus petite , dont les fufeaux conduifent les dents d’un hériflon horifontal fixé fur la tige verticale du chafis ABC D, fig. 3. qui contient les meules. Ce chaffis eft compofé de deux jumelles 4 B, CD, réunies par quatre entretoifes Bc,e,f, 4 D , dont les deux intérieures e , f, embraffent fur deux faces oppofées l'arbre vertical. Ce même arbre eft auffi enfermé fur les deux autres faces par deux petites entretoifes 9 aflemblées dans les deux premieres, avec lefquelles elles compofent un quarré dans le- quel l'arbre eft renfermé. Les deux autres entretoifes AD, CD, portent chacune dans leur milieu un poincon pendant z" , aflemblé ainfi que les quatre entretoifes à queues & clavettes ; ces poinçons font affermis par deux liens op, & leurs extrémités infe- rieures {ont percées d’un trou circulaire pour rece- voir les tourillons de l’axe À des meules, dont la cir- conférence en roulant, écrafe les matieres que l’on a mifes dans le baflin circulaire £. Ce baflin ou auge circulaire de pierre dure eft établi fur un maffif de maçonnerie , & a à fon centre une crapaudine dans laquelle roule le pivot d’embas de l'arbre vertical. Comme l’aétion des meules en roulant range les mâtieres qui font dans le baffin vers les bords &c vers le centre où elles refteroient fans être écrafées,on a pour remédier à cet inconvénient placé un ou deux rateaux fk e, qui ramenent à chaque révolution ces matieres fous la voie des meules. Au lieu d'établir ce moulin dans une tour de bois compofée de huit areftiers réunis par des entretoifes, uettes, contrevents, ou croix de faint André , com- me celle de la figure, on pourroit le confiruire dans une tour de pierre: on peut aufh fe fervir au lieu du vent, du Courant d’une riviere. MouLIN A TABAC; ces rroulins qui ont beau- coup d’affinité avec les moulins à tan ( voyez Mou- LIN À TAN), & avec celui que l’on vient de dé- crire, la maniere de faire mouvoir les pilons étant la même, n’en different qu’en quelques détails que nous allons expliquer. Le tabac que l’on veut hacher eft placé dans un mortier À , fig. 4. de forme cylindrique , dans lequel les pilons armésde longs couteaux afhlés &c bien trans chans , tombent alternativement, & coupent par ce moyen le tabac. Maïs comme les couteaux des pi- lons guidés par deux moifes fuivent toujours la même direction , ils retomberoient toujours fur le même endroit dans le mortier, fi l’on n’avoit donné à celui ci un mouvement circulaire qui préfente fucceflive- ment à lation des couteaux les différentes parties du rabac qui y font contenues. Le mortier eft armé d’une cramaillere dentée en rochet, dont les dents reçoivent l’extrémité d’un cli- quet B fixé à l'extrémité inférieure d’un chevron vertical £ D, avec laquelle il eft articulé à char niere : l'extrémité fupérieure Æ du même poteau eft de même affemblée à charniere dans l'extrémité d’u- ne bafcule $ Frepréfentée en profil , fig. 5. mobile au point T fur un boulon qui la traverfe aufli-bien que la mortoïfe pratiquée dans une des jumelles de la cage des pilons, à-travers de laquelle on a fait paffer la bafcule $ F : extrémité S répond vis-à-vis des levées fixées fur l'arbre horifontal deftinées à lé: lever quatre fois à chaque révolution ; ce qui fait baïfler en même tems l’autre extrémité Y”, fig. 5. ou E, fig. 4. & par conféquent l’éxtrémité D du che- yron £ D , dont le cliquet poufle une des dents de la cramaillere du mortier, & le fait tourner fur fon centre d’une quantité proportionnée à la diftance d’une dent à l’autre. A" Le même chevron eft reçu dans la fourchette d’u- ne bafcule DC X qui lui fert de guide , & où il eft traverfé par un boulon. Cette bafcule mobile au point C'fur un boulon qui la traverfe , & le chevalet qui la porte, eft chargée à fon autre extrémité X par un poids dont l'effet eft de relever Le chevron verti- cal DE après qu'une des levées a échappé l’extré- mité $ de la bafcule fupérieure S 7; ce qui meten prife le cliquet ou pié de biche B dans la dent qui fuit celle qu'il avoit pouflée en avant lors de la def- cente du chevron £ D. L'arbre des levées au nombre de vingt pour cha- que mortier, favoir quatre pour chacun des quatre pilons armés de couteaux qui agiflent dans le mor- tier, & les quatre autres pour la bafcule duvæehe- vron, les extrémités de toutes ces levées doivent être difpofées en hélice ou fpirale , pour qu'elles ne foient pas toutes chargées à la fois des poids qu’elles, doivent élever ; cet arbre, dis-je, porte aufli un rouet vertical, dont les alluchons conduifent une lanterne G , fig. 6. fixée fur un treuil vertical ; le treuil porte une poulie Æ qui y eft fixée, laquelle'au moyen d’une corde fans fin qui l’embrafle , & une des pou- lies pratiquée fur la fufée K, £g. 6. lui tranfmet le mouvement qu’elle a reçu du rouet. Cette fufée Æ fixée à une tige de fer L N coudée en M, fait mou- voir en diférens lens les tamis © , P, fixés à un chaf. fis dont la queue embrafle le coude de la manivelle M. Par cette opération le tabac pulvérifé qui a été apporté des mortiers dans les tamis O, P , y eft faflé continuellement, ce qui fépare la poudre la plus fine d'avec les parties groflieres; cette poudre pañle A-travers les toiles des tamis , & tombe dans le cofire R qui eft au-deffous : quant aux parties groflieres qui n’ont pas pù pafler au-travers des tamis, elles {ont reportées dans les mortiers, où parl'aétion con: tinuelle des pilons , elles font réduites en poudre affez fine pour pouvoir pafler au-travers des tamis. MOULIN À GRAND BANC, pour exprimer d'huile des graines ; pour faire l'huile on commence par met- tre la quantité de deux {acs d'olives , qui pefent les deux , environ 400 livres, dans Le bain 4 du 704- M O Ü ln, pour être écrafées par la meule B,@ réduites en ce qué l’on appelle pâte, que 1 on met dans uné auge C', qui eft auprès du prefloir. On réitere cetté opération quatre fois, ce qui fait la quantité de pâre néceflaire pour remplir les cabacs ; après quoi on exprime l'huile de la maniere fuivante. Nu + Pat le moyen de la vifle D, aÿanr élevé l’arbré #G fur les clés ou fohves £, dont les mortoifes des petites jumelles dites /êrres N, font remplies ; enforte que le point F de l'arbre foit plus élevé que le point G, pour laïffer la commodité de manœuvrer; on remplit les cabacs de pâte , & on les empile au nom- bre de quarante-huit ; comme ie voit au point # ; cela fait on abaïfie le point #, ce qui faifant porter Parbre fut la pile de cabacs, donne moyen de placer les clés Z dans Les mortoifes des grandes jumelles L, & d’ôter celles £ des petites jumelles N. Alors tout- nant la vifle au fens contraire , on abaïfe le point G jufques à ce que l'arbre appuyant au point # ur la pile des cabacs, celle-ci réifte, & la vife D pour lors continuant d’être tournée dans fon écrou O juf- ques à ce qu’elle foit montée à fon colet, tient le maflif P fuipendu. Si venant à defcendre par fon poids il appuie fon pivot Q fur la crapaudine À, il faut relever le point G de l'arbre pour donner moyen de mettre une autre clé Z dans les mortoiles des grandes jumelles £ ; & la compréflion fur les cabacs eft portée à fon dernier période lorfque le mafñif P refte fufpendu. Alors l’huile coule dans une cuvette S pleine d’eau jufques aux deux tiers , à côté de |a- quelle il y en a une autre T, où fe place l’homme qui ramañle l'huile d’abord avec une cuilliere ou caf. ferole de cuivre 77, & enfuite avec une lame de cuivre À, pour ne point prendre d’eau. Après quoi par un robinet on fait pañer l’eau de la cuvette $ dans l’autre T, d’où elle va fe rendre dans un récep- tacle dit Zes enfers Y, Ce réceptacle étant plein , fe décharge à mefure de la nouvelle eau qui vient, par un tuyau de fer blanc dit chansepleure Z > qui la pui- fant à cinq pans de profondeur ne vuide pas l’huile qui furnage, Voyez des PL. d'Agriculture. MOULIN A SCIER LE BOIS, eft une machine par le moyen de laquelle on refend les bois foit quarrés ‘ou en grume, Le méchanifme d’un moulin à füier {e réduit à trois chofes : 1°. à faire que la fcie haufle & baïffe autant de tems qu'il eft néceflaire , 2°. que la piece de bois avance vers la fcie » 3°- que le moulin puifle s'arrêter de lui-même après que les pieces font fciées. Il y a des zoulins de différentes conftruétions, 8 même on peut employer à cet ufage la force du vent. Celui dont il va être queftion eft mû par un cou-. rant : une roue à aubes 4 de douze piés de diametre, placée dans un courfier, en reçoit Pimprefhon, & devient le moteur de toute la machine ; l'arbre de cette roue placé horifontalement , portel’hériflon B de cinq piés de diametre garmi de trente-deux dents, qui engrene dans une lanterne € de huit fufeaux : larbre de cette lanterne eft coudé ; ce qui forme une manivelle d'environ quinze pouces de rayon, dont le tourillon eft embrañlé par les collets de fonte qui rempliffent le vuide de la fourchette pratiquée à la partie inférieure D de la chafle DE, d'environ huit piés de longueur : la partie fupérieure Æ de cette chaffe eft affemblée à charniere avec la traverfe in- férieure du chafls de la fcie ; toutes ces pieces font dans la cave du moulin. | Sur le plancher du moulin font fixées deux longues coulifles f, fg, compofées chacune d’une piece de bois évuidée em équerre, & deux fois auffi longues que le chariot auquel elles fervent de guide ; leur di- rection cft perpendiculaire à celle de l’axe de la rone ‘à aubes, & auffi.au plan du chaflis de la foie, Le chariot eft aufi compofé de deux brançards ou M O U 813 Tongires pieces de bois 4, &k, de Reuf à dix pouces de gros ; unies enfemble par des eñtretoifes dé trois piés où environ de longueur : ce chariot peut avair trénte Ou trente-fix piés dé long; il eft garni dé rou: lettes de fonte de quatré pouces de diametre > Cfpa< cées dé deux piés ën deux piés pour faciliter fôn mou: vement le long des longues couliffes qui lui fervent de guidée ; ces roulettes font engagées dans la facé inférieure du chariot qu’elles defafleurent feulement de quatre lignes: il y à aufi de femblables rouletteë encaftrées dans les faces latérales extérieures du cha: riot; ces dernieres roulent contre les facés latérales intérieures des longues couliffes, & fervent À guider en ligne droite le mouvement du chariot. | A côté 8 au milieu des longues couliffes , font placées verticalement deux pieces de Bois Zm >lm3 de douze piésde longueur, évuidéés auf en équerré comme lés longues coulifles, & qui en fervent en _éffet au chañflis de la fcie ; ces pieces font fixées par de forts boulons de fer qui les traverfent aux faces latérales de deux poutres; dont l’inférieure fait par tie du plancher au-deflus de la cave , & l’autre fait partie d’une des fermes du comble qui couvre l’attez lier dans lequel toute la machine eft renfermée, Le chaffis de la fcie eft compofé de dénx jumelles 20,70, de huit piés de longueur, affemblées par deux entretoiles z 2, 00 ; dont l’inférieure oo eft ra- cordée à charniere avec la châfe D £ : la fupérieuré nr eft percée de deux trous dans lefquels paffént les boulons à tête & à vis pp, par le moyen defquels on éleve une troifieme entretoife mobile par fes ex- trémités terminées en tenons dans deux longues rai- nures pratiquées aux faces intériéures des jumelles du chaffis; c’eft par ce moyen que l’on bande la feuille ou les feuilles de fcie, car on en met plufeurs qui font arrêtées haut & has par des étriers de fer qui embraffent l’entretoife inférieure & l’entretoife mobile dont on, vient de parler, Il faut remarque auf que Le plan du chaffis répond perpendiculaire ment fur l’axe de la lanterne Æ , dont la manivelle communique le mouvement vertical au chaflis de la {cie. Le chafis de la fcie eft retenu dans lesfeuillures de fes coulifles par des clés de bois , trois de chaque côté ; ces clés dont la tête en crofletre recouvrent de deux pouces le chaffis, & font arrêtées aux couliffes après les avoir traveriées par des clavettes qui en traverfent les queues. Les faces intérieures des coulifles du chaffis de [a fcie font revêtues de reples de bois d'environ dix pouces d'épatifeur ; ces regles font mifes pour pou< voir être renouvellées lor{que Le frottement du chaf: fis les ayant ufées ,ül a trop de jeu , & ne defcend plus bien perpendiculairement , fans quoi il faudtoit réparer ou rapprocher les coulifles qui font fixes à demeure. Ces regles aufi-bien que toutesles autres parties frottantes de cette machine, doivent être graiflées ou enduites de vieux- oIng. " Pour refendre une piece de bois , foit quarrée où en grume , on la place fut le chariot, où on l’affermit dans deux entailles pratiquées à deux couflinets ; ces couflinets font des morceaux de madriers entail. lés en-deffous de maniere à entrer d'environ deux pouces entre les brancards du chariot, & au milieu en-deflus d’une entaille affez grande pour recevoir en tout Ou en partie la piece de bois que l’on veut débiter ; c’eft dans ces entailles qu’elle eft affermie avec des coins ouavec des crochets de fer. Les couf: finets font auf fixés fur les brancards le long def- quels 1ls font mobiles par des étriers, dont la partie inférieure embrafle le deffous des brancards, & la fupérieute les coins; au moyen defquels on affermit les couffinets à la longueur des pieces que l’on veut refendre, ou bien on fixe les couffinets par des vis 814 MOU dont la partie inférieure applatie embraffe le def fous des brancards, & la fupérieureterminée en vis eft reçue dans un écrou que l’on manœuvre avec une clé percée d’un trou quarré qui embraffe le corps de l’écrou. | La piece de bois àrefendre ayant doncété amenée fur le chariot ; & l'extrémité par laquelle le fciage doit finir ayant été pofée fur un couffinet, ou fur l’entretoife du chariot qu’elle couvre d'environ deux pouces , on place un couffinet fous cette.même piece à l'extrémité par laquelle la fcie doit entrer , fur le- quel on l’aflermit : ce couflinet eft fendu verticale- -mentpar autant de traits qu'il ya de feuilles de fcie, & dans lefquels pour lors les feuilles font engagées de toute leur largeur , & encore deux ou trois pouces au-delà. C’eft fur cet excédent que repofe la piece de bois que lon veut débiter, où elle eft affermie par quelqu'un des moyens indiqués ci-deflus. Au-deffous & tout le long des deux brancards font fixées deux cramailleres de fer dentées dans toute leur longueur ; les dents de ces cramailliers engre- nent dans des lanternes de même métal fixées fur un arbre de fer horifontal , qui porte une roue dentée en rochet. C’eft par le moyen de cette roue que le chariot, & par conféquent la piece de bois dont 1l eft chargé ,; avancent à la rencontre de lafcie. Le rochet dont on vient de parler eft pouflé du fens convenable pour faire avancer Le chariot fur la fcie à chaque relevée , & cela par une bafcule dont lextrémité terminée en pié de biche, s'engage dans les dents du rochet pour empêcher celui G de rétro- grader. Il y a un cliquet ou volet mobile à charniere fur le plancher , & difpofé de maniere à retomber dans les dentures à mefure qu'elles paflent devant lui, Voyez les fig. 6 leur explication en Charpenterie. C’eft du nombre plus on moins grand des dents du rochet, que dépend le moins ou le plus de vitefle du chariot, &c par conféquent du fciage. Cette vitefle doit être moindre quand le chaflis porte plufieurs fcies que quand il n’en porte qu’une , puifque la ré- fiftance qu'elles trouvent eft proportionnelle à leur nombre. On refend de cette maniere des troncs d’ar- bres jufqu’en dix-huit ou vingt feuillets de trois ou quatre lignes d’épaifleur , qu'on appelle fezillers d’Hollande, & dont les Menuifers , Ebéniftes, &c, font l'emploi. Refte à expliquer comment, lorfque la piece eft fciée fur toute fa longueur à un pouce ou deux près, la machine s’arrète d’ellemême: pour cela il y a une bafcule par laquelle la vanne qui ferme le courfier eft tenue fufpendue , & le courfier ouvert : la corde par laquelle l’autre extrémité de la bafcule eft tenue abaïflée, eft accrochée à un décli& placé près d’une des coulifles du chafis de la fcie , & telle- ment difpofée, que lorfque l'extrémité du chariot eft arrivée jufque là , un index que ce même cha- riot porte fait détendre le décli& qui lâche la corde de la bafcule de la vanne; cette vanne chargée d’un poids venant à defcendre, ferme le courfier & arrête par ce moyen toute la machine. Pour amener les pieces de bois que l’on veut fcier fur le chariot, 1l y a dans la cave du mou/inuntreuil armé d’une lanterne , difpofé parallelement à l’axe de la roue à aubes. Ce treuil, monté par une de fes extrémités fur quelques-unes des pieces de la char- pente qui, dans la cave du ouliz , foutiennent les pivots de la roue à aubes & de la lanterne de la ma- nivelle , eftfoutenu, du côté de la lanterne , par un chevron vertical; l'extrémité inférieure de ce chevron, terminée en tenon, eft mobile dans une mortoife pratiquée à une femelle, pofée au fond de la cave du roulin ; l'extrémité fupérieure du même chevron traverfele plancher par une ouverture auff large que le chevron eft épais, & longue’ autant qu'il convient pour que la partie fpérieure de ce chevron , pouflée vers l’une on l’autre extrémité de cette ouverture, puifle faire engrener ou defensre- ner la lanterne du treuil avec les dents de l’hériflon. On arrête le chevron dans la pofition où il faut qu'il foit pour que l'hériflon puifle mener la lanterne, foit avec une cheville qui traverferoit l'ouverture qui lui fert de coulifle , ou avéc un valet ou étai affemblé à charniere à l’autre extrémité de la même couliffe , & dont l'extrémité , terminée entranchant, s'engage dans des crans pratiqués à la facé du che- vIon. | Lorfquon vent faire cefler le mouvement du treuil , il n’eft befoin que de relever le valet & de repouffer le chevron vers l’autre extrémité de la” couliffe où 1l refte arrêté par fon propre poids , fa - tuation étant alors inclinée, & la lanterne, n’en- grenant plus avec l’hériflon , cefle de tourner. Laïcorde du treuil, aprèsavoir pañlé, en montant obliquement fur le plancher du zowlin, parune ou- vertute où il y aun rouleau, eft étendue horifonta- lement le long des coulifles du chariot, & eft atta- chée à un autre petit chariot monté fur quatre roues, fur lequel on charge les pieces de bois que l’on veut amener dans le zoulir pour y être débs- tées; la même corde peut auffi fervir à ramener le chariot entre les longues coulifles, après que la piece de bois dont il eft chargé auroit été débitée dans toute fa longueur. Pour cela il faut relever lex- trémité de la bafcule qui engrene dans les dents du rochet &c le cliquet qui l’empêche de rétrograder ; on amarre alors la corde du treuil à la tête du chariot, après cependant qu’elle a paflé furune poulie de re- tour ; &, relevant la vanne du courfer, la roue à aubes venant à tourner fera auffi tourner le treuil dont la lanterne eft fuppofée engrener dans lhérif fon, & fera, par ce moyen, rétrograder le cha- riot dont les cremaillieres feront en même tems ré- : trograder le rochet , jufqu’à ce que lafcie foit entie- rement dégagée de la piece qu’elle avoit refendue. En laïffant alors retomber la vanne, elle fermera le courfier , & la machine fera alors arrêtée. Dans les pays de montagnes où on trouve des chütes d’eau qui tombent d’une grande hauteur, 4 y a des moulins à fcier plus fimples que celui dont on vient de voir la defcription. Ils n’ont ni hériffon ni lanterne ; le mouvement de la fcie dépendant im- médiatement du mouvement de la roue à aubes, fur laquelle Peau eft conduite par'une beufe ou canal de bois , dont l'ouverture eff proportionnée à la gran- deur des aubes qui peuvent être faites en coquilles, &c à la quantité d’eau dont on peut difpofer, ou on fe fert d’une roue à pots dans lefquels l’eau et conduite parle même moyen. Dans ces fortes de moulins, l'arbre de la roue porte la manivelle qui, par le moyen de la châffe, communique le mouvement à la fcie. Le chariot & le refte eft à-peu-près difpofé de même, La viîtefle de la fcie eft d'environ foixante-douze. ou quatre-vingt relevées par minute, & la marche du chariot pendant le même tems eft d’environ dix pouces ; ainfi, en une demi-heure ; une piece de bois de vingt-cinq piés peut être refendue d’un bout à l’autre. Pour ce qui concerne la forme des dentu< res des fcies , voyez l’article Scir € SCIEUR DE LONG. (D) MOULIN, en terme d’Epinglier- Aiguillerier, eft une boîte de bois ; longue & ronde , garnie dé plufieurs bâtons comme une cage d’oileau, 8 furpaflée par un autre plus gros qui la traverfe dans toute fa lon- gueur, Ce bâton a à l’un de fes bouts une manivelle avec laquelle on tourne le roulin fur deux mon- tans, Woyez les fisures, Planches de l’éiguillier-Bornes tier, Une de ces figures , méme PI, repréfente l’ar- 7 bre du moulin , traverfé de plufeurs bâtons, On met les aiguilles, après qu’elles font trempées,, dans le moulin avec du {on pour les fécher ou les éclair- cir, ce quife fait en les faffant dans cette machine. Moulin , en terme de Batteur d’or , c’eflun inf- trument de fer monté fur un banc d'environ quatre piés de haut. Cette machine eft compofée de deux montans percés vers le milieu de deux encoches, dans lefquelles font rivées par un bout deux roues maflives d'acier trempé, qui fe terminent chacune du côté oppofé par un arbre quarré à fon extrémité, qui excède le montant, & où entre une manivelle, Les montans {ont traverlés en-haur d’une piece qui les furpafle tous deux, & qui, dans cette partie mé- me, eft percée en vis & contient un écroun qui tombe de part & d'autre fur l'arbre de chaque roue , &c par le moyen duquel on les approche ou on les éloigne tant qu'il eft befoi. Entre les deux roues , feulement à l’extérieur , eft un morceau de fer percé en quar- ré, qui contient l'or toùjours au nulieu. À mefure qu’on tourne les mamvelles, les roues écrafent & chañlent l’ouvrage , & l’applatiffent fuffifamment pour pouvoir être perfeétionné au marteau, ce qui s'appelle paffer au moulin. Voyez l’article Batteur d'or 6 Les PI, | MouxiN, machine dontles Bimbloriers ; faifeurs de dragées de plomb pour La chafle, fe fervent pour adoucir les angles des dragées , c’eft-à-dire, la par- tie du jet particulier par lequel elles tenoient à la branche oùjet principal. Voyez BRANCHE 6 l’article FONTE DES DRAGÉES AU MOULE. Pour cet effet, on les met trois ou quatre cens pefant dans le moulin que l’on fait tourner enfuite. Le moulin repréfenté dans les PI, de la Fonderie des dragées au moule, eft une caifle de bois fortement fertie par des bandes de fer qui en maintiennent les pieces aflemblées ; cette caife qui a un pié quarré de face par les bouts & quinze pouces de long, eft traverfée dans la longueur par ün axe terminé par deux tourillons, qui roulent fur les couffinets A des montans M N du pié fur lequel la machine eft pofée ; ces montans font aflemblés dans des couches © O où 1ls font maintenus par des étais P P , enforte que le tout formeunaflemblage folide ; une des ex- trémités de l’axe eff terminée par un quarré B fur le- ue] eft attaché avec une çclavette la manivelle FKL, au moyen de laquelle un homme tourne la boîte 4 B CD dont tous les parois intérieurs font armés de grands clous , dont l’ufagé eft de frapper en tout fens Les dragées dont la boîte eft remplie à moitié ou aux deux tiers. Le couvercle eft tenu for- tement appuyé fur la boite 4 B CD parle moyen dequatrecharnieres 11,22, quitiennent älaboite, & de quatre autres 33, 44, qui tiennent au couver- cle Q R,. Ces charmieres font retenues les unes dans les autres par des boulons S & T qui les traverfent ; ces boulons font arrêtés par des clavettes qui paf- fent au-travers d’un œil pratiqué à leurs extrémités s & z; l’autreeft une tête ronde qui empèche le bou- lon de {ortir de la charmiere par ce côté. MOULIN, ex rerme de Bouronnier en trefles, ce font deux meules de bois bien polies',:placées l’une au-deflus de l’autre, & ayant chacune la manivelle “pour la tourner. Au-defius , en-travers, eftune plan- che garnie dans le milieu d’une vis. Cette planche répond à deux montans quife hauffent éz fe baïfent | comme on veut {ur l'arbre de la roue de deflus ; par-là on les écarte & on les rapproche à fongré. Ce moulin iert à fouler les trefles pour les reparer. Voyez TResses. Je ne parle point du banc &c des piés du moulin ; il lui faut ces deux pieces, cela va ‘fans dire, maïs nulle forme affedtée. L’eflentiel de la : machine font fes roues; la carcaffe fur laquelle elles {ont montées , on peut la faire de diverfes manie- res également bonnes. MOU 81; MOULIN À PIERRES PRÉCIEUSES , en térme de Diamantaire, eftune machine de bois compofée de quatre montans cb, figures & Planches I. du Dia: mantaire aflemblés les uns avec les autres par des traverfes bb, 11, qui forment en-bas &en-haut des chaffis qui affermiflent les quatre montans. Les tra- verfes font affemblées par des vis qui traverfent les montans , & fe viflent dans les écrous placés dans l'intérieur destraverfes à trois ou quatre pouces de leurs extrémités ; enforte que tout cet aflemblage a la forme d'un parailélipipede plus long que haut & plus haut que large, La longueur eft de fept ou huit piés, la hauteur de fix, &c la largeur ou épaifleur de deux.Nous appellerons cette derniere , dmenfion, le côté de la machine. Les côtés, outre les deux traverfes : & 5, en ont encore troisautres2 , 3 , 4 La preniere porte le fommier du chef /, qui eft une forte piece de bois quitraverfe la cage dans le mi- lieu de fon épaifleur. Cette piece eft affemblée à te- nons & mortoifes dans le milieu de chaque traverfe 2 2. La traverfe 3 porte la table, cc, qui eft un fort madrier de chène ainfi que tout le refte de la ma- chine. Les traverfes 4 4 portent le fommier du bas z , aflemblé de même que le premier Z. Celui - ci eft fourenn dans le milieu de fa longueur par un pi- lier o, affemblé d’un bout dans le fommier, &, par en-bas, dans une piece de bois qui traverfe le chaffis inférieur. Cette piece eft aflemblée à tenons & mortoifes dans les longues barres 22 de ce chaffs. Le fommier fupérieur eft percé de deux trous quar- rés verticaux, dans lefquels paflent deux barreaux de bois de noyer ee , qui font retenus dans les trous par des clavettes ou clés de même bois qui traver- fent horifontalement le fommier , voyez Les figures ; 0 eft le bâton de noyer, € la clé qui le ferre dans le trou du fommier. Le fommier inférieur eft de même percé de deux trous , dans lefquels paflent deux autres bâtons de noyer 4), retenusavec une clé e. Ces bâtons doivent répondre à plomb au-deflous de ceux du fommier fupérieur /. Ces bâtons doivent être placés vers Les extrémités des fommiers à un quart deleur longueur de ciftance. La table # de la machine eft percée de deux trous ronds de cinqou fix pouces de diametre , dont les centres répondent précifément entre les extrémités des deux bâtons e & f, qui fervent de crapaudines pour les pivots p & R de l’axe de la roue de ferg auitraverfe la table / ». Voyez les fig. On éleve plus ou moins la roue 9 en élevant ou abaïffant les deux barreaux D 4, qui fervent de cra- paudines à fonaxe. Cet axe fe ternune en pointeS par les deux bouts. Ces pointes font les pivots qui roulent dans lestrous coniques , pratiqués aux extrémités des bâtons qui regardent l’axe. À un tiers ou environ, en montant, eft une platine-de fer de cinq pouces de diametre , foudée fur.l’arbre qui lui eft perpendiculaire. Cette platine a quatre tenons 77327 ( fg. 17. ), qui en- trent dans quatre trous yy77 , pratiqués à la face inférieure de la meule (fg. 16. ); x eft le trou par oùentre l'arbre. La fig, # repréfente le deflus de la meule qui eft de fer forgé ; le milieu de lameule eft cavé à moitié de l’épaiffeur totale. Après que la meule eft pañlée fur l'arbre, & que les tenons z font entrés dans les trous y y, on pañe, fur la partie cylindrique 2 de larbre , une virole que l’on ferre contre la meule , & celle-ci contre la platine par le moyen d’une clavette ou'çoin.qui tra- verfe la mortoife 3. #oye? la fig. 5. qui repréfente comment les tenailles font pofées fur la meule préci- fément degen Q , &c fur la table ; & l’arvicle TE- NAILLES, qui explique leur conftruétion. Le mouvement eft communiqué à la meule par le moyen d’une roue de bois ; pofée horifontalement. 816 M © U Gette roue a une gravure dans toute fa circonfe- rence, dans laquelle paffe une corde fans fin qui pafle aufli dans une poulie( fg. 135. ) fixe fur Parbre au-deflous dela platine. Voyez La figure premiere , PI, ET. du Diamentaire, & KR, fig. 5. de {a premiere PI, &a36 17, quirepréfentent, la premiere, {a poulie qui a plufeurs gravures ; & , la feconde, l'arbre fur tequel.elle doit être montée. Le mouvement eft com- muniqué à la roue par le moyen d’un bras ( voyez BRAS. ), qui communique au coude de l'arbre dela roue de bois par le moyen d’un lien de fer, appellé épée. Voyez ÊPÉE, & la PL. II. du Diamantaire, Lorfque da meule par l’ufage eft rayée & inégale, on la redrefle avec une lime à quatre faces, fo. 14. 6 6 font deux poignées par le moyen défquelles on gouverne da lime fur la meule qui tourne deflous. 7 7 eft une reglette de bois dont l’ufage eft de ga- rantir la virole de l’aétion de la lime ; on applique cette regle fur la face de la lime qui regarde l’axe de la roue. | MOULINS A DÉGRAISSER ET À FOULER, ( Dra- perie. ) voyez l’article MANUFACTURE EN LAINE, on ils font expliqués. MouULINS A FIL, voyez l'article FILS & DENTEL- LES, o% us font expliqués. | Mouuin , (Fourbiffeur) les moulins pour faire les lames d’épée font menés par l’eau , ils font fréquens à Vienne en Dauphiné ; on y forge avec de prands marteaux ces excellentes lames d’épée qu’on nom- . me lames de Vienne. Voyez la Planche du Fourbiffeur au 7zozlir, dont voici l'explication. Ce moulin eft mu par une chûte d’eau qui coule dans un canal 4, d’où elle tombe fur les aubes de la roue à l’eau c, dont l’axe eft horifontal & porté par les tourillons qui font à fes extrémités fur des couffinets de cuivre pofés fur des mafñfs, dont l’un eft au- dehors du bâtiment , & l’autre en-dedans ; enforte que l’arbre ou axe de cette roue traverfe la muraille par un trou fait exprès ; on a repréfenté la muraille rompue, pour laïffer voir la roue à l’eau & le canal qui la conduit fur l’arbre de la roue à Peau, 6x à fa partie qui eft dans le bâtiment, eft moulée une grande poulie dd fur laquelle paffent deux cordes fans fin, qui par le moyen des poulies ñ &t f qu’elles entourent, communiquent le mouve- ment aux deux arbres z N FN. L'arbre 7 N par le moyen de la poulie o , communique de même le mouvement à la poulie p: qui fait tourner l’arbre fur lequel font montéesles deux meules 49. Par le moyen de la poulie r , le même arbre z N deux poulies f &t u ; la premiere porte fur fon arbre une. meule de bois :, qui au moyen de l’émeril , dont elle eft enduite fur la circonférence, fert à polir l’ouvrage; c’eftla derniere façon des lames au moulin. L'autre poulie x porte fur fon-arbre une grande meule de grès x, fur laquelle l’ouvrier , f£g. 2. couché fur le chevalet ébauche une lame d'épée, après qu’elle a été forgée ; c'eft la premiere meule fur laquelle on la fait pafler. L'autre arbre f N porte trois poulies f gh 8 une meule z , la poulie f communique le mouvement par le moyen de la poulie & & d’une corde fans fin à l'arbre qui porte les deux meules / m de bois, qui, comme la meule : fervent à polir l'ouvrage, la meule de grès z qui le méut avec moins de vitefle que la meule x, eft la feconde de grès fur laquelle on pañle l'ouvrage , tous les tourillons des arbres de cette machine font portés {ur des couf- finets ,rétablis fur des mañlfs de pierre ou de gros billots de bois. Les rigolles #77 yy portent de l’eau par le moyen destuyaux yy377, {ur les tourillons ct les meules pour y entretenir l'humidité. La fig. 1. du bas de la Planche repréfente en par- ticulier la grande poulie 4 B fixée fur Parbre de la piece à l'eau; DD font les deux poulies f & z de M O U la vignette , auxquelles la grande poulie communi- ue le mouvement par le moyen des deux cordes 2 fin encronfées enc & en G. £ eftla poulie qui eft menée par une corde fans fin qui l’enroure & la poulie D , cette corde eft encroïfée en f. Les fig. 2. &t 3. reprélentent en particulier la pou- lie.S &c la meule de bois # , fig. 3. vignerte, N eff la pouhe s.qui reçoit le mouvement par le moyen d’une corde fans fin, o la jonétion des deux pieces de l’ar- bre, M la meule de bois :, P.une fourchette qui fou- tient l’arbre de la poulie W, La fig. 3. repréfente la même chofe démontée, 1 la poulie, X la boîte de l’arbre de la poulie qui re- çoit le tenon:, Z de l'arbre de la meule de bois 4, quieft divifée par plufeurs gravures circulaires, ainf qu'on peut voir en P & en Q À qui eft la coupe d’une meule de bois. La fig. 4. repréfente la barre fur laquelle on aflu- jettit les laimes pour les pañler fur les meules a «, eft une barre de boïs ou de fer courbée, comme on le voit dans la foure ; on applique la lame qu’on veut pañler fur les meules fur le côté convexe de cette barre , on l’y affujettit par le moyen des deux anneaux d c qui entourent à la fois la barre & la lame Pc, qui en cet état eft ceintrée comme la bar- re, ce qui fait qu'elle porte mieux fur la meule à laquelle on préfente le côté convexe. MOULIN , en terme de Lapidaire, eft une machine compofée de deux roues , dont l’une fait tourner l’autre fur un pivot; c'eft fur cette derniere que lon travaille les pierres, les cryftaux , &c. Woyez les détails , Planches € figures du Lapidaire : elle tour- ne fur un pivot, enfoncé dans une traverfe, quife hauffe & s’abaifle au gré de ouvrier. Ces deux roues font montées fur une charpente aflez forte , & qui eft couverte d’une forte de table, bordée fur le derriere & les côtés , partagée en deux parties par une barre de bois , dans l’une defquelles eft la manivelle , & dans l’autre la roue à travailler les pierres, dont l’arbre tourne dans le pivot de la po- tence. Voyez POTENCE. Voyez l’art, PIERRE FINE. MOULIN , à la monnoie |, nom que les ouvriers donnent au laminoir. Voyez LAMINOIR. MouLIN , ex terme de Fondeur de plomb à tirer, c’eft un petit coffre fufpendu fur deux montans où on le tourne à la main. Son intérieur eft rempli de clous qui abattent les carnes qui font reftées au pe- tit plomb. Voyez l’art. préced, Fond. de dragées. MOULIN, en terme de Potier de terre, eft un ton- neau ou un maflf de plâtre ou de pierre , creux, dans le milieu duquel, on voit une crapaudine qui recoit l'extrémité de l’arbre d’une roue qui fe tour- ne à la main dans ce maff. C’eft: dans le r20o24im que le potier broye fes couleurs. Voyez Planche du Fayancier , cette machine étant commune à ces deux arts, | | MouLiN a tirer L’'OR, eft une machine dont les Tireurs d’or fe fervent pour écrafer le fil qui fort rond des filieres : ce font deux roues d’acierenchâf- fées dans une cage ou montant au- deflus l’une de l’autre , de maniere qu’elles fe touchent plus ou moins près, par le moyen de deux grenouilles qui font au-deflus de l'arbre de ces roues, & qui tenant à une planche fous le banc , font plus ou moins baïf. fées, à proportion que le poids qu'on met fur cette planche eft plus lourd. Derriere la cage eft une bo- bine , d’où le fil vient dans la pañette , après avoir pañlé dans les feuilles d’un livre couvert de quel- que chofe de pefant, pour empêcher ce fil d’aller de côté & d'autre. Il entre de ce livre dans la pañlette pour. être écaché fous les roues , d’où il fort &z va {e dévider fur un bois qui eft à la tête du owt». Voyez PASSETTE. À cette tête font, comme nous le venons. de dire , les bois fur lefquels on dévide le __ battu battu qui font mus par la roue qui eft attachée ex. térieurement à l'arbre de la roue d’acier qui eft def fous , & qui tourne par le jeu de la manivelle. MOULINS A TOILE ; 1ls ne different pas de beau- coup des moulins à foulon, & on s’en fert pour dé- graiffer les toiles, après les avoir nettoyées une pre- miere fois, lorfqu'on les a retirées de la leflive. Foyez BLANCHISSERIE, Il y en a qui font menés par l’eau; mais la plus grande partie Le font par les chevaux. MouLiN A CUIR. On s’en fert pour nettoyer & pour préparer avec l'huile les peaux des cerfs, des buffles , des élans, des bœufs pour faire ce qu’on ap- pelle des peaux de buffles à l'ufage des militaires , & il eft garni pour cela de plufieurs gros pitons qui s'é- levent & s’abaïflent enfuite fur les peaux dans de grandes auges de bois , au moyen d’une roue pla- cée au-dehors, & que la force de l’eau fait tourner. Poyez BUFFLE. | MOULIN À POUDRE À CANON, eff celui dont on fe fert pour broyer &t battre enfemble lesingrédiens dont la poudre eft compofée, Voyez POUDRE A CANON. _Ea poudre fe broie dans un mortier, au moyen de pilons menés par nné roue, qu’une chûte ou un courant d’eau fait tourner. Ce mortier & ces pilons étoient autrefois de fer, mais les accidens arrivés par le feu ont donné lieu d’en fubftituer de bois. Voyez PL VF. de Fortif, fig. 2. € 3. un moulin à pou- dre conftruit à Eflaune. Explication de la figure de ce moulin. 4, moulin a Poudre avectoutes fes foues, fes pilons & fes mor- tiers. B , profil des pilons 8 mortiers. €, arbre qui fait mouvoir les pilons. D, pilon. Æ , bout du pilon. F, coupe du mortier où fe bat la poudre. Au lieu de mortier, on fe fert quelquefois d’une poutre creufée en forme de mortier | comme il eft repréfenté lettre G, figure 4. Voyez dans l’Architecture hydraulique de M. Beli- dor, /edétail d’un moulin a poudre , conftruir à la Fére. _ MOULIN A MOULINER LA SO1E, voyez l'article SOIE. MOULIN DES VERRERIES, voyez l’article VERRE- RIE. MouLIN À MouTarDe, (Pinaigrier.) efpece de machine dont les Vinaigriers fé fervent pour broyer fe fenevé avec le vinaigre dont ils compofent la moutarde. | Cette machine eft compofée de la maniere fui- vante. C’eft une efpece de baril, fait de douves, & relié de cerceaux comme les futailles ordinaires , mais beaucoup plus bas, Ce baril s'ouvre par lé haut, ou plutôt la partie d’en-haut, appellée le cou vercle Ou chapeau, s’emboite dans la partie d’en-bas, appellée la cuverre, La cuvette a environ un pié &c demi de diametre , & le fond en eft rempli par une meule d'environ $ pouces d’épañfeur, qui y eft af Fujettie 8 immobile. Au centre de cette meule eft un pivot fcellé avec du plomb, & qui reffort d'environ un pouce & demi. À une des douves de Ja cuvette , & à la hauteur de la meule, eft un pe- tit trou defliné à donner paflage à la moutarde broyée. Sur le pivot de la meule s’ajufte une autre meule 'au-deffus de laquelle éft maftiquée une plan- che de cœur de chêne, de même circonférence & de lépaifleur de 2 pouces. Vers le milieu de la {e- conde meule, à la planche de chêne, eft un trou cir- culaire fait en entonnoiïr, d'environ 3 pouces de diametre par en-haut; ce trou eft appellé mie, & communique à un petit canal pratiqué dans toute l'épaiffeur de lameule fupérieure, & deftiné à por- ter entre lés deux meules les matieres que on veut Tome Æ, É M O U 817 broyer. Sur la planche de chêne ou chapeatiduiro lin, vers la circonférence, eft un trou deftiné à re- cevoir le bâton qui fert de main pour donner lé mou: vement à la meule. Lorfque le Vinaïgrier veut faire Jouer fon moulin , il infinue un long bâton dans cé trou par un côté, & de l’autre le fait entrer dans un autre trou pratiqué dans une planche attachée entré detix folives, immédiatement au-deflus du centre de la meule , de forte que le bâton mis en place, eff toûjours panché, ce qui donne plus de facilité à l’ou- vrier pour faire jouer le moulin. MOULINAGE , f. m. (Soïerie.) c’eft l’a@tion de moulinér la foie, Voyez l’article Sore. MOULINET , {. m. (Gram, 6 arts méchan.) pe- tit moulin, Ce terme défigne encore des machines qui dont prefque aucun rapport au moulin, Voyez les articles fuivans. MOULINET , {. m. (Méchan.) eft la même chofé que #reuil ou tour ; c’eft l’axis in perirrochio, ou axé dans le tambour, l’axe étant horifontal. Voyez TOUR, TREUIL, AXE DANS LE TAMBOUR. MOULINET, faire /e mouliner dans /’ Arr militaire, c’eft faire tourner {ur le centre , à droite ou à gau- che ; un bataïllon rangé en bataille : c’et ce qu’on appelle auf converfion centrale, Voyez ÉvVOLU- TIONS. | MOULINET, VIROLET ox No1x, ( Marine.) c’eft une piece de bois qui a la forme d’une olive, qu’on met dans le hulot du gouvernail, & au-travers de laquelle la manivelle pafle. Poyez PL IV. fig. 1. n°, 180, le hulot du gonvernail. | MOULINET , barre a moulinèt, croifée de mouliner, partie du metier à bas. Voyez Les articis MÉTIER A BAS 6 BAS AU MÉTIER, F MOULINET , cerme de Plombier, c'eft la partie de leur établi à fondre les tuyaux de plomb fans fou- dure , à laquelle eft attachée une fangle pour tirerle boulon hors du moule, quand le tuyau eft fondu. Voyez PLOMBTER , @ les Planches € figures du Plom: brer. à : 1 di A préfent on ne fe fert plus du mouliner: mais d’une efpece particuliere de cri dont la cramailliere s’attiche au bout du bôulon par le moyen d’un cro: chet. Aïnfi on attire à foi la cramailliere & le-bou- lon , par le moyen d’une manivelle qui fait tourner une roue dont les dents engrainent dans les crans de la cramailliere. MOULINET , (Tireur d'or.) et une broche de fer percée dans toute fa longueur, & couverte fur les extrémités de devant parun morceau de buis, garni d’un haut rebord, derriere lequel eft un autre bord beaucoup plus petit pour contenir la cordequi vient de la roue du rouliner, Ce morceau de buis ne l’en- veloppant pas entierement, le mouliners eft terminé par un bouton de fer de la même pgroffeur que le morceau de buis , qui fe tourne fur la broche par une vis & empêche qu'il n’en forte. Ce morceau de buis eft lui-même garnide plufeurs petits roque- ins, montés fur des fils de fer pour que l'argent, l'or, &c:ne fe coupent point. Foyez ROQUETINS. MOULINET, (lonnelier.) c’eft un inftrument dont les Tonneliers fe fervent pour tirer des caves les tonneaux pleins de liqueur , qui font trop pefans pour pouvoir les tirer à bras, Il ef compofé de deux pieces de bois de 8 ou ro piés de longueur, & qui font échancrées à la hauteur d'homme , de maniere à pouvoir recevoir un cylindre de bois qui eft l’ar- bre du zzouliner, Ces deux pieces de bois fe placent prefque debout, & s’appuyent par en-bas à terre, & par en-haut contre le mur: on place dans leurs échancrures l'arbre qui eft percé des deux côtés de plufieurs trous dans lefquels on fait entrer des les viers de bois qui fervent de bras pour Le faire toure ner. On attache à l'arbre des deux ht cabie 318 M O U qui defcend dans la cave &c embraffe fa piece qu'on veut faire remonter. Alors on fait tourner l’athbre du moulinet, & par ce moyen on fait remonter le tonneau quigliffe fur le poulain. Voyez larsicle & Les PI. du Tonnelier. MOULINIER , 1. mm. (Soierie.) ouvrier qui s’oc- cupe du moulinage des foies. Voyez l’article SO1s. : MOULINS , (Géog.) en latin moderne Molne ; ville de France, capitale du Bourbonnois , avec une généralité compofée de fept éleétions & une inten- dance. Cette ville n’eft point ancienne, car à peine en eft-11 mention avant Robert fils de S. Louis, qui y fonda un hôpital. Elle doit fon agerandiflement aux priaées du fang de France, qui ont poffedé le Bour- onnois, & fon nom au grand nombre de moulins qu'il y avoit dans le voifinage. Elle eft fur la rive gauche de Allier, dans une plaine agréable & fer- tile, prefque au centre de la France, à 12 lieues de Nevers, 20 N. E. de Clermont, 64 S. E, de Paris. Long, 20.50. 58. lat, 40, 34.4. Je joins ici la note de quelques gens de lettres, que Moulins a produits dans le dernier fiecle ; car ielonles apparences, le fupplément à cette lifte {e- ra court à l’avenir. Jean de Lingendes, proche parent du P. Claude de Lingendes jéfuite, & de Jean de Lingendes évê- que de Mâcon, l’un & l’autre célebres prédicateurs, naquit comme eux à Moulins. Il fe fit un nom par fes poëfies, dort le mérite confifte principalement dans la douceur & la facilité. Le, plus eftimé de fes ouvrages ;.eft fon élésie fur l’exil d'Ovide, impri- mé à latête de la traduétion de ce poëte latin, par Renouard, Cette piece eft une imitation de l’élépie latine d'Ange Politien ,furle même fuet. Les poe- fies de Lingendes n’ont jamais: été rafiemblées; el- les fe trouvent difperfées dans les recueils de fon tems. C’eft néamoins le premier de nos poëtes à qui le véritable tour du fentiment , & l’expreflion de la tendrefle aient été connus. Il mourut fort jeuñe en 1616, & {on génie n’avoitencoie fait ques’eflayer. Gilbert Gaulmin, fon compatriote & fon con- temporain, fe hafarda de donner au public une tra- gédie intitulée {phigénie, qui fut accueillie dans fon tems : mais il publia le premier, en 1618, un meil- leur morceau, les amours d’Ifinene 6 d'Ifménias en grec, avec une traduction latine de fa main. Il mou. - sut oGogenaire, en 1667. | .… Claude Bérigard compatriote de Lingendes & de Gaulmin, fnt moins fage. Il fe jetta malheureu- feinent dans des fubtilités phlofophiques. Il ft im- primer à Udine deux ouvrages très-libres, Pun in- titulé dubitationes Galilei Lincæi ; Vautre circulus Pifanus. 1 paroît dans ces deux écrits favorifer le pytrhomifme, & qui plus eft, la doétrine d’une na- ture aveugle qui gouverne le monde. On fit très- bien de réfnter {es erreurs, mais on ufa de mauvaife foi ; on tranfcrivit en caraéteres italiques, des paf- fages qui n’étoient point dans fes écrits; on coupa {es phrafes; on tira des, conféquences qu'il n’avoit point tirées lui-mème; on paraphrafa fes paroles, on les commenta pour les rendre plus odieufes. On {ait que pareil flratagême a été mis en ufage plus d’une. fois. contre l'Encyclopédie. Cette rufe de guerre qu'on renouvelle tous les jours ,.eft égale- ment inexcufable ,8& propre. à décréditer la vérité qu'on fe propofe de défendre. Les Romains ren- voyerent à Pyrrhus fon médecin qui leur propofa de l’empoifonner , pour qu'il le punît comme il le anéritoit.. 7: | Je ajoute qu’un mot fur Nicolas de Lorme , né à Moulins sil n’a rien écrit, mais il eft fort connu parles lettres de Guy-Patin , & pour avoir été pre- guer médecin de la reine Marie de Médicis, qui M O U Paimoit beaucoup. Il fe remaria chargé d’années; à une jeune &c jolie femme, qui gagna dans le lit de ce bon vieillard, une phthifie dont elle mourut. L'on devroit peut-être empêcher par les lois civi- les, les mariages qui joignent enfemble les deux extrénutés oppolées , l’âge caduc & la fleur de l’à- ge ; car il y a dans ces fortes de contrats, plus que léfion d’outre-moitié. (D. J) MOULINS EN GILBERT, (Géog.) petite ville de France en Nivernois, au pié des montagnes du Mor- vant , à 2 lieues de Château-Chinon. Long: 21. 23. lat. 47.2. (D. J.) | MOULLAVA , { Bot, exor.) plante filiqueunfe des Indes , à fleurs compofées de cinq pétales jaunes. Sa goufle eff life, & renferme ordinairement quatre femences. Cette plante s’éleve à la hauteur de 8 où 9 piés, &c fe plait aux lieux fablonneux. Elle eft vi- vace, fleurir en Août, & porte un fruit mür en No- vembre & Décembre. (D. 7.) | | MOULSANS , f. m. pl. (Comm.) toiles peintes qui fe fabriquent dans les états du Mogol. Elles fe tirent de Surate, d’où la compagnie les pafle en Fran- ce : le débit en eft prohibé ; on lesimarque en arri- vant pour en conftater envoi chez l'étranger. MOULTAN , (Géog.) ville des Indes fur le fleu- ve Rave. Long, felon Petit de la Croix, 116. lar, 29. (D. J.) MOULURE, £ f. (Archir. anc. € mod.) ornement d'architeéture. On appelle mozlures certains petits ornemens en faillie au-delà du nud d’une muraille ou d'un lambris de menuiferie, dont l’afflemblage compofe les corniches , chambranles & autres mem bres d’architeéture. Les Latins les nomment Zrca= menta, formas où modulos, parce qu'on fe fert de certaines petites planches de bois qui fervent de me- fure pour faire les mozlures au jufte; car le nombre; la fymmétrie, la proportion des melures font diffé- rentes dans les moulures qu’on emploie au pié-d’eftal dorique , ionique ou corinthien. On peut diftinguer en général trois gentesde mou= lures dans les ouvrages des anciens ; les unes ont de la faillie en-dehors, d’autres font retiréesen-dedans, & d’autres font plates & uniformes : on.rapporte au premier genre le bozele , que nous nommons 10= re, l’efchine que nous appellons cordon., & l'aftragäs le. Le bozele s'appelle zhorus en latin, &r l’efchine Jpina ou torquis. 0 Les moulures plates font les quarrés grands & pe- tits; les grands reflemblent à une brique, dont les côtés &c les coins feroient égaux. Les Grecs leur ont donné le nom de pZrchion ; qui fignifie une 2r:- que ;nous les appelions plrtkes en françois. Les pe- tits quarrés font des demi-plinthes, & reffemblent à des tranchoirs. Les Latins les nomment sœrias ou fafciolas, comme qui diroit une arzdelerte. Les moulures qui ont du creux en-dedans, font le trochile & [a nacelle ou fcotie :ele trochileseft contraire au tore, & la nacelle au cordon. Le tro- chile eft nommé par les Grecs spokeare, & par les Latins #roc/ca, une poulie : la nacelle, appellée saÿe par les Grecs , eft la moitié d’un trechiles IL y a deux woulures qui ont tout enfemble-de [a faillie en-dehors & du creux en-dedans, qui font læ gorge & la doucine. La gorge , en latin-g24, eftdroite ou renverfée ; la droite eft figurée par une S'droire, mife au-deflous d’une £, en cette maniere L ; laren- Li verfée fe fait par la même lettre formée à re- bours L ; finalement [a doucire , que les Latins appellent srdulam , eft fisurée par la même lettre couchée & inclinée de fon {ong, d’autant qu’en cette pofture elle repréfente une petite onde L. | | A Ll M OU Voilà fes principales moulures de l’architeturè antique, qu'ils féparoiént par de petits intervalles, lines, que les François appellent des fers. Parmi ces moulures ; les unes font unies & les autres figu- rées, vu gravées felon les regles de l’art. On grave fur les tores des oves, ova ; {ur les cordons des bil- leftes, ou des grains de laurier en forme de perles enflées ; far les gorges & doucines, des feuillages; fur les bandes plates, des coquilles ; & fur le plin- the, des ulenticules: le tout fuivant les regles de l’art. _ Il réfulte de ce détail, que les moulures font en Archite&ure , ce que les lettres font à l’écriture. Par le mélange des zoxlures, on inventera quantité de profils différens pour toutes fortes d’ordres , & de compofitions régulieres & irrégulieres. Cependant on peut réduire toutes les efpeces de moulures À trois ; des zzoulures quarrées , des moulures rondes, des moulures mixtes, c’eft-à-dire compofées des deux premieres. . Les soulures régulieres ; font ou grandes comme les doucines, les oves, les gorges, les talons, les iores , les fcoties on petites, comme les filets, les aftragales, les congés, &c. Les modernes appellent mou/ure fmple , celle qui n’a d’autre-ornement que la grace de fon contour ; oulure ornée, celle qui eft taillée de fculpture de relief, ou en creux; roulure couronnée, celle qui eft accompagnée & comme couronnée d’un filet; mou- dure rnclinee, {e dit de toute face qui n'étant pas à plomb, panche en arriere par le Haut, pour gagner de la faillie. _ Quant à la maniere de traiter les mozlures, on conçoit bien qu’elle doit être différente felon les en- droits où on les emploie. Mais il faut furtout éviter de Les faire d’un deffein fec & fans graces. Vignole, Santovin & Palladio, peuvent fervir de modele, parce qu'ils fe font attachés à fuivre lantique. Il fautiobferver que les #oulures s’emploient non feulement dans les entablemens des ordres qui ont des profils, mais encore dans d’autres entablemens où il n’y a point d'ordre, ni de proportion décidée ; 1l eft conftant en ce dernier cas, que le jugement de l’architeéte a plus de part à la perfeion de l’ouvra: ge, que les préceptes que l’on pourroit donner. | Les #oulures {e doivent placer géométriquement, étant compolées de lignes de différente nature ; mais leur principale proportion, qui dépend de leur fail- Le & de leur contour, doit être déterminée par le deflein de l’archite@te, & fuivant les intentions qu’il a de les faire paroïtre avantageufement, tant dans les dehors où la lumiere eft vague, que dans les de- dans où elle eft répandue par accident : c’eft un ob- jet d’une grande étude, & qui ne s’acquiert que par les obfervations qu'en aura faites fur les ouvrages antiques, fur les modernes , & par les expériences qui auront inftruit ceux qui en auront beaucoup tracé. | . Ces proportions générales font on pour les gran- des parties de l’Architeéture, ou pour les petites , parce que les fujets les rendent bien différentes ; & alors les moulures fontoou fortes ou délicates, ou en plus grand , ou en moindre nombre : & elles doivent fe contourner de différentes manieres, parce que leur forme contribue beaucoup à donner de la gran- deur , ou de la délicatefle aux profils : ce n’eft pas af. fez d’en faire les eflais fur le papier, 1l faut fur l’ou- Vrage même, jugerde l'effet qu'ils doivent faire. C'eit pourquoi ceux qui n’ont vu les antiques que dans les livres , prennent difiicilement Le goût de ces Originaux. Pour les proportions patticulieres , elles confiftent à faire que dans une même corniche, il y ait de la variété entre leszoulures ; en forte que deux ou trois Tome X, MOU 815 fulures quaïrées où rondes ne fe rencontrent pas de fuite, non plus que plufieurs d’une même hauteur ; mais 11 faut qu'il regne un contrafte dans leur diftrt bution , foit par l’oppoñition de leurs figures curvili- gues & angulaires, foit par leur grandeur différente, Par exemple, ce qui conflitue la beauté d’une bafe y eft que fes différentes moulures, dont les unes ) COM- me les filets & la plinthe, & les autres, comme les aftragales, les tores & les fcories, foient entremé- lées. Leur faillie doit pareillement être proportion- née à leur hauteur, à moins que quelque potion ex- traordinaire n'oblige à. s’éloigner des regles généra- les; mais dans les ornemens des moulures , On doit fur-tout éviter la confufon qui eft qualifiée de richef- fe, par ceux-là feuls qui n’ont pas l'intelligence des beautés de l’art. (2. J.) Machine pour faire des moulures fur toutes fortes dè pierres dires & précieufes, Cette machine eft compo- fée de deux fortes pieces de bois 4 4, BB, Plan ches du Lapidaire, unies enfemble par des tra- travêts de même grofleur ; en forte qu’elles laiflent entre elles une efpace de trois ou quatre pouces de largeur , dans iequel on fait entrer les queues D D des poupées CC, que l’on affermit fur l'établi paf le moyen des clés £ ÆF, voyez Tour, dont cette machine eft une efpece, Ces deux poupées font gar- nies de collets fur lefquels roule l'arbre X M , qui pofe l’ouvrage :, & un volant M, dont lufage eft d'entretenir le mouvement imprimé à l’arbre par le moyen de la manivelle L, La poupée F dont la queué G eft retenue par une clé £ : cette poupée porte le burin N profilé felon le contour que l’on veut donner à l'ouvrage, Ce burin eft aflujetti contre la pou pée par le moyen de deux vis 44, qui lui laïffent cependant la liberté de fe lever ou de s’abaifer au moyen de la vis o qui le rappelle, Voyez les figures & & 9. On couvre d’émeril broyé à l'huile, ou de pou- dre de diamant, le burin V, qui ufe infenfiblement l'ouvrage que l’on veut travailler. Ces figures 7,8, 9, 10,11, font les profils des poupées. MOULURE , en terme de Fourbiffeur , eft un orne ment quarré qui entre dans la rivüre du COrps pour le joindre avec la plaque. MOULURES , ex rermes de glaces € de Miroiriers * {ont de longues tringles de glaces à bifeau , Quine portent tout au plus qu'un pouce & demi de large, À l'égard de la hauteur, il s’en fait depuis douze jufqu à cent pouces dehaut, Voyez GLACE 4 La fer de l’arricde. MOULURES , ez terme d'Orfévre, ce font des ot- nemens compolés de creux , de nœuds, de baguet- tes, & de filets, à l’inftar des moulures de corni- ches, qui décorent les ouvrages. Les grandes r1ou- lures font au deflus, & les baïles font {ur la foudure qui aflemble les pieces avec le fond, comme dans les tabatieres. Les moulures fe tirent au ban comme les fils & Jes quarrés , en les preflant fortement entre deux billes où eft gravé le modele des zow/ures qu'on veut faire fur la matiere. Voyez BANC A TIRER , & BILLES, MOULURES DROITES , MOULURES CONTOUR. NÉES ; les Bijouriers appellent de ce nom des creux &c des filets diverfement rangés, qu'ils gravent à lou- til fur le corps de leurs bijonx; elles varient au gré & felon le goût de l’artifte. MOUNSTER , ( Géog. ) quelques-uns écrivent Munfier , mais mal; en latin Momonia, province d'Irlande , appellée par les Irlandois originaires , Mown, & vulgairement Wow. | Sa longueur eft d'environ 135 milles ; fa largeur de 68, depuis Baltimore jufqu'aux parties fepten- trionales du Kerry ; & fon circuit eft d'environ 60e milles , à caufe de fes grands tours & détours. ec: LLIILY 8 MOU Ses principales rivieres font la Stwre , l'Avtdufle, la Lée, la Léane, & le Cashou. Il y a dans cette province plufieurs bons ports & baies ; l'air y eft toux & tempéré, cles vallées abondantes en blé. Ses principales denrées font le gros & le menu bé- tail, du bois, du poiflon, & fur-tout du hareng. Elle contient un archevêché, qui eft celui de Cashel, cinq évêchés, fept villes à marchés publics, vingt-cinq bourgs qui ont droit d'envoyer leurs dé- putés au parlement d'Irlande, & quatre-vingt pa- roifles, Quoique Waterford paffe pour la principale de fes villes, Limerick l'emporte aujourd’hui. Anciennement la province de Mounfler étoit par- tagée entre les Ulrerni habitués à Tipperari, Les Co- riandri qui poflédoient Limerick, Waterfordune, partie du Tipperari & de Cork; le Luceni qui oc- cupoient Kerry, & les Fodi qui jouifloient d’une partie de Cork. Aujourd’hui cette province eft di- vifée en cinq comtés qui fe fubdivifent tous cinq en deux baronies. (D. J.) MOURA , ( Géog.) ville de Portugal, dans la province d'Alentéjo, au confluent de l’Ardila &t de la Guadiana, au nord de Serpa. C’eft une ville an- cienne, connue autrefois fous le nom d’Arucci nova, ou Nova civitas aruccirana , comme le prouvent des infcriptions qu’on y a découvertes. Elle eft fortifiée avec un vieux château pour fa défénfe : fa pofition eft à 33 lieues S. E. de Lisbonne, Long. 10. 30. lat. 38. (D. J.) MOURGON, f. m. ( Marine.) on appelle ainf fur la Méditerranéeun plongeur. Voyez PLONGEUR. MOURJAN, ( Géog. ) ville de Perfe, que Taver- nier place à 84%, 15. de /ong. & à 37 15. de Jar. MOURINGOU , ( Botan. exor. ) arbre des Indes orientales qui produit la groffe efpece de noix ben, Cet arbre eft le woringa zeylanica , foliorum pin- nis pinnatis, flore majore , fruttu angulofo. Buzen, Ther, Zeilan. p. 162. Tab. 75. Il efthaut d'environ vingt-cinq piés, & gros d’en- viron cinq piés. Son écorce eft blanchätre en-de- dans , noirâtre en-dehors, d’une odeur & d’une fa- veur fort femblable à celle du creflon , ou duraifort fauvage. Ses rameaux font d’un ‘bois blanchâtre, couverts d’une écorce verte ; l'écorce de la racine eft jaunâtre ; elle a la même faveur que celle du tronc ; les feuilles font aïlées, terminées pàr une feuille impaire ; de maniere que leur côte commune qui eft longue d'environ une coudee » porte de cha- aue côté trois côtes plus petites, garnies de petites feuilles; comme l’eft l'extrémité de la côte com- mune. Ces petites feuilles font longues, obtufes, min- écs, molles, & tendres : chacune eft partagée par ne côte faïllante, d’où fortent quelques nervüres qui fe répandent fur les côtes : elles ont l'odeur des fêves ; fes fleurs font en grape, éparfes au-haut des tiges; le calice eft compofé de cinq feuilles, oblon- gues, obtufes, égales, colorées, & qui tombent. Les feuilles de la fleur font aufli au nombre de cinq, de la grandeur & de la figute des feuilles du calice ; ‘eilés font plus écartées vers le bas : c’eft pourquoi des auteurs regardent la fleur comme compolée de dix feuilles, au milieu defquelles font dix étamunes, dont les cinq inférieures font plus longues, réfle- chies vers le haut. Iln’y a qu'un piftil pofé fur un Jong embryon, Lorfque les fleurs font tombées , il eur fuccede des fruits ou des goufles cylindriques, Jongues d’une coudée &c demie , triangulaires, Ca- nelées, à trois panneaux, dont l’écorce eft d’une “couleur hetbacée : la fubftance intérieure en eft “blanchâtre & fongueufe. Elles contiennent des grat- es en grandnombre, felon la longueur dela soufle, griangulaires, garnies d’une membrane allée, cou- vertes d’une peau cartilagineufe, quirenferme une amande blanchâtre. | Cet arbre croit dans les fables de Malabar, de Ceylan, & dans d’autres pays des Indes : il fleurit au mois de Juin, de Juillet, & d’Août, On en re- cueille les fruits tantôt à la fin, tantôt dans l’un & lPautre tems. On cultive cet arbre dans les jardins & les maifons de campagne, à caufe de fes fruits que l’on porte vendre de tous côtés. Les Indiens préparent des pilules antifpafmodi- ques avec les feuilles, l'écorce de la racine, & les fruits. Ils prétendent que fi l’on boit le fuc pur de l'écorce du rouringou avec de l’eau & de l’ail, 1l adoucit les élancemens des membres qui viennent de froid. Le fuc de la racine pilée avec de l'ail & du poivre, fe donne auffi contre les fpafmes. Le fuc de ces mêmes feuilles s'applique pour deterger les ulceres. En un mot, toute la plante eft d’un grand ufage dans la Médecine indienne : nos parfumeurs la leur abandonnent pour tirer de l’huile de fon fruit l'odeur des fleurs odorantes, comme des tubéreu- fes , des jafmins , & autres fembiables. Voyez com- ment 1ls s’y prennent aux mots BEN & Noïx BEN. DONS ; MOURON , f. m. ( ff. nas. Botan. ) anagallis ; genre de plante à fleur monopétale, en rofette, & profondément découpée. Le piftil fort du calice, il tient comme un clou au milieu de la fleur, & il de- vient dans la fuite un fruit ou une coque prefque ronde. Quand ce fruit eft mür, 1l s'ouvre de lui- même tranfverfalement en deux parties, dont l’une anticipoit fur l’autre, &c 1l renferme des femences qui font ordinairement angulenfes & attachées à un placenta. Tournefort, 1nf£. rei herb. Voyez PLANTE. On compte principalement au nombre de cesef- peces, 1°. le mouron mâle, 2°. le mouron femelle, qui cependant ne difere du précédent que par la couleur de la fleur , 3°. le owron aquatique. Le mouron mâle, ou à fleur rouge, eft nommé par C. B. P. 252, & par Tournefort, 1. R. H, 142, anagallis | phœniceo flore. Sa racine eft blanche, fimple, fibreufe ; fes tiges font tendres, couchées fur terre , longues d’une pal- me, quartrées , les, garnies de feuilles, oppofées deux à deux, quelquefois trois à trois, femblables à celles de la morgeline, fans queue, & tachetées en-deflous de points d’un rouge foncé. Ses fleurs portées fur des pédicules grêles & oblongs, naïffent chacune de laiffelle d’une feuille. Elles font d’une feule piece, partagée prefque entierement en cinq fégmens pointus ; la couleur des fleurs eft pourpre , aufli-bien que celle des étamines, dont les fommets font jaunes : leur calice eft partagé en cinq quar- tiers ; 1l fort un piftil attaché en maniere de clou, au milieu de la fleur. Ce piftil fe change en un fruit où capfule prefque fphériqué, grande à proportion de la petite fleur : cette capfule s'ouvre tranfverfale- ment par la maturité en deux parties, dont l’une eft appuyée fur l’autre. Elle eft remplie de graines me- nues, anguleufes, ordinairement ridées, brunes, attachées à un placenta. . Le mouron femelle, ou à fleurs bleues , azagallis cæruleo flore, ne differe du précédent, que par la couleur de la fleur, qui eft quelquefois blanche. Ces deux efpeces de zourons font fort communs dans les champs &c les jardins : on fait quelque ufage des feuilles avec la fleur. Toute la plante à une faveur d'herbe un peu fa- lée & auftere ; fon fuc donne la couleur rouge au papier bleu : d’où l’on penfe que le {el effentiel de cette plante, approche fort de la terre foliée de tar- tre, mêlé avec quelque portion de fel ammoniacal, & de beaucoup d’huile, Le mouronaquatatique \nommé par Les Botaniftes .. MOU anagallis aquatica , five becabunga, a la racine viva- ce, garnie de fibres blanches, chevelues : fes tiges font hautes d’un pié, grêles, & lifles ; fes feuilles {ortent des nœuds fur des queues fort courtes ; elles font oppofées deux à deux, grafles, fucculentes, rondes, peu ou point dentelées à leurs bords. Les fleurs font bleues, compolées d’un demi-pétale, di- vifé en cinq fegmens arrondis : elles fe changent en un fruit fait en cœur applati, qui contient une fe- mence très-petite. Cette plante croît dans les ruif- feaux & les foffés dont l’eau eft courante; elle pale pour anti-fcorbutique & déterfive. (D. J.) MOURON, ( Mat. med. ) mouron male & femelle : on les prend indifféremment pour l’ufage de la Mé- . decine, ou pour mieux dire, les anteurs les recom- _ mandentindifiéremment : car ce font-là , certes, des plantes les moins nfuelles, Le mouron eft dans les livres, céphalique, vul- néraire , fudorifique, anti-peftilentiel, emmenago- gue, calmant ; & pour l’ufage extérieur mondifant, cicatrifant, guériflant la morfure des viperes & des chiens enragés. C’eft fon {uc, fon infufion dans le vin, & {on eau diflillée’, qui font recommandés dans tous ces cas. Il faut fe contenter de dire du fuc & de l'infufon, que ce ne font pas des remedes éprouvés ; & l’on doit aflurer de l’eau diftillée, que c’eft une préparation abfolument inutile : car le mowron eft de l’ordre des plantes qui ne contiennent aucun prin- cipe mobile. Voyez EAU DISTILLÉE. (b MOURON D'EAU, farrolus, (Hifi. nat. Bot,) genre de plante à fleur monopétale, en forme de rofette, & profondément découpée : il fort du calice un pi- fil qui eft attaché comme un clou au milieu de la fleur, Ce pifüil devient dans la fuite un fruit ou une coque qui s'ouvre par la pointe , & quieft rem- plie de femences pour l'ordinaire petites. Tourne- fort , Znff. rei herb. Voyez PLANTE. MOURRE,, ff. (Jeux anciens, ) jouer à la zourre fe diten latin wicare digiris ; c’eft le terme de Cice- Ton, parce que dans ce jeu les doigts paroïflent., micant, Pétrone fe fert du feulmotzricare, fous-enten- dant dipiris. On joue à ce jeu en montrant une certaine quan- tité de doigts à fon adverfaire , qui fait la même chofe de fon côté. On accufe tous deux un nombre en même tems , & l’on gagne quand on devine le nombre de doigts qui font préfentés. Ainfi on m'a beloin que de fes yeux pour favoir jouer à ce jeu. . Il eft très-ancien, & l’un de ceux qui étoient le plus en ufage parmi Les dames de Lacédémone : c’é- toit à ce jeu qu’elles tiroient au fort pour difputer le bonheur l’une contre l’autre, & même contre leurs amans. [l faut tomber d'accord que ce jeu , qui n’en- tre aujourd’hui que dans les divertiflemens galans du petit peuple en Hollande & en Italie, devoit faire fortune chezles Lacédémoniennes , fi l’on fe rappelle que la perfonne qui l’inventa fut Helene : elle y joua contre Paris & le gagna. C’efflun paflage de Prolæ- meus , qui nous apprend ce trait d’hiftoire, Hena, dit-1l , prima excogitavis micationem digitis 6 cum ÆAlexandro fortiens , vicie. : Cejeu prit grande faveur chez les autres Grecs &c chez les Romains: c’eft à ce jeu qu'ils achetoient & vendoient quantité de chofes, comme nous fe- rions aujourd’hui à la courte paille. Digrus eff qui cum 1rtenebris mices, dit Ciceron ;il eft fi homme de bien, que vous pouvez jouer à la mourre avec lui dans les ténebres ; fans craindre qu'il voustrompe ; expreffion qui pafla en proverbe pour peindre quel- qu'un de la plus exaéte probité. (D. J.) MOUROUVE, ( l'otarexor. ) efpece de prunier . des: Indes: occidentales décrit par de. Laet Ziv. XWT; ch. x. Sa fleur eft faune, & {on fruit femblable à nos cerifes ; 1l eft foutenu par une longue queue, MOU 82f renferme une pulpe douce d’un jaune doré, & con. tient nn petit noyau, (D, J. MOUSQUET , f. m. c’eft dans L'Art militaire une arme à feu qui étoit en ufage dans les troupes avant le fufl , montée de même fur un ft où bâton , & qui fe portoit également fur l'épaule. Le moufquet differe du fufil, en ce qu’au lieu de {a pierre dont on fe fert pour faire prendre feu À cette derniere arme, on fe fert de meche dans la pre= miere, Les moufquers ordinaires font du calibre de 0 ballés de plomb à la livre, & ils reçoivent des balles de 22 à 24. Le canon du moufquet eft de trois piés huit pouces, & toute la longueur du moufquet monté eft de cinq piés. Sa portée eft de 120 jufqu’à 150 toi= fes. Voyez LIGNE DE DÉFENSE. Le moufquet a une platine à laquelle eft attachée le Jérpentin, avec le reflort ou gachette qui le fait mouvoir & le bafinet. Le ferpentin tient à la platine pat le moyen d'une vis : fon extrémité en dehors a deux efpeces de feuilles formées par une tête de ferpent , propres à retenir fixement , à l’aide d’une vis , la meche avec laquelle on met le feu au monfquer. C’eft cette tête de ferpent qui fait donner à cette piece le nom de Jérpentin. La partie du ferpentin qui fe trouve en- gagée ous la platine , forme une petite gâchette où va répondre la clé, Cette clé eft un morceau de fer difpoté en équerre ou manivelle, dont un côté tient à la gâchette du ferpentin, l’autre fe tite avec la main , pour faire tomber la meche du ferpentin fur le bafinet , & faire ainfi partir le moufqher, Le baflinet eft fait. de quatre pieces de £er pofées' en faillie fur la platine ; vis-à vis la lumiere ou la” petite ouverture faite au canon du rmou/quer pour lux: faire prendre feu par le moyen de l’amorce renfer- mée dans le bafinet. La petite piece inférieure tail. lée en creux ponr recevoir cette amorce > Et pro= prement le Paffiner ; celle de deflus s'appelle {a cou- verture ; la t'oifieme piece eft Le garde-feu , & la quas trieme eft la yés qui les tient:toutes enfemble. | L'équipage du moufquer eft à-peu-près le même: que celui du fufl, voyez FUs1L. Les rroufquers ont été en ufage dans les troupes immédiatement après les arquebufes : on en favoit faire dès le tems de François L. car le P. Daniel nous apprend dans fon Aïfoire de La milice françoife, qu’au Cabinet d'armes de Chantilly onen VOyOit un mar- qué des armes de France avec la falamandre > QU étoit la devife de ce prince. Cependant Brantome prétend que ce fut le duc d’Albe quu Les mit le pre= mier en ufage dans les armées, lorfque fous le reone de Philippe IL. il alla prendre le gouvernement des Pays-Bas, lan 1567; mais cela veut dire feulement, dit l’auteur que nous venons de citer , qu'il les mit plus à la mode qu'ils n’avoient été jufqu’alors , & qu'avant lui on s’en fervoit plus rarement » AU-MOINS en campagne. ; Les foldats qui étoient armés de moufquers étoient appellés moufquetaires, & c’eft cette arme. dont les deux compagnies de moufquetaires de la garde du toi furent d'abord armées en France , Qui leur a fait donner le nom de moufqnétaires, de la même maniere quele premier corps de troupes armé de füfils fut d’abord appellé faféliers : c’eft aujourd’hui le régiment . royal-artillerie. = On s’eft fervi de moufqners dans les troupes jufqu’en 1604;mais peu de tems aprés cettéannée onleut f1bf. titua lé fufil. U yeut différens fentimens, ditM, le ma réchal de Puifégur,dans fon crairé de l’art de La guerre, lortqu'il fut queftion de faire ce changement. On di. foitqu'avec lé moufquer on faifoit plus long-tems feu qu'avec le fufii, qu'il manquoit beaucoup moins de tirer , au lieu que la batterie de fufil étoit fujette à ne &x MOU pas faire feu, & qu'elle ne pouvoit durer long-tems. Mais s'il eft vrai que le moufquet a cet avantage fur Île fufil , il eft certain aufli que quand la batterie du fufil na pas fait feu , on le remet dans le mêmeinf- tant en état de tirer ; äl n’en étoit pas de même du moufquet : car outre le tems qu'il falloit pour remet- tre la meche fur le ferpentin, pour la bien faire te- mir, la compalfer ( c’eft-à-dire l’arranger de maniere pour qu'elle tombât fur le milieu du baflinet ), la fouffler , puis fouffler fur le baflinet , & enfuite l’ou- vrir, sl faïfoit du vent, la poudre n’y reftoit pas ; s’il pleuv oit, elle étoit mouillée dans l'inftant : mais en faifant abftraétion de tous ces inconvéniens, fi Ja meche n’étoit pas bien ferrée & bien allumée , on donnoit plufieurs coups de clé fans que la poudre prit ; comme il reftoit de la cendre de cetre meche dans le baffinet , il falloit attendre qu’elle füt bien éteinte avant que de remettre le moufquer en état de tirer , crainte que l’amorce ne le fit partir. On voit par cet expofé que le moufquer avoit bien des incon- véniens dansle fervice , lefquels n’étoient point com- pañlés par fa plus grande durée que le fufil. Car comme toutes les aftions de campagne demandent plürôt un feu vif & promptement redoublé qu’un feu lent & de plus de durée , & qu’on tire aifément deux coups de fufl contre un coup de woufquet , il s’en- fuit que ce n’eft pas fans raifon qu’on a donné la pré- férence au fufñl fur le moufquet. M. de Vauban avoit propofé des armes qui au moyen d’une platine de fufl 8 de #oufquer auroient réuni les avantages de ces deux armes. Il y a eu quel- ques troupes:qui en ont été! armées, entr’autres la premiere compagnie du régiment de Nivernois , vers l’an 1688 ; mais cette invention na pas été fuivie. Voyez FUSIL-MOUSQUET. MOUSQUET BISCAYEN, C'eft dans l’Art militaire un moufquer renforcé , plus long & d’un plus grand calibre que le zoufquér ordinaire , & qui porte plus loin. Cette éfpece de moufquer eft fufceptible d’une plus grande charge que les autres , parce que l’é- paifleur du canon à la culaffe le met en état de réfifter davantage à l'effort de la poudre. Ces moufquers peu- ventêtre fortutiles dansuneplace de guerre,de même que les fufils des boucaniers. Woyez ARMES Bou- CANIERS. On peut s’en fervir pour éloigner l'ennemi des ouvrages de la place , & pour tirer fur ceux qui viennent les reconnoiître. Comme on fe fert de me- che pour tirer le moufquer , il eft d’un ufage moins commode que le fufñl ; maison rendroit le roufquer biféayen plus utile en lui fubftituant une platine de fufil à la place de celle de moufquer, parce qu'avec un fufil un bon tireur qui manque rarement de tuer, peut choïfirles officiers & les foldars les plus hardis. On ne doit point s'arrêter aux avantages de fa me- ché : des batteries auffi fortes que l’exigent les #04/° quers ou fufils dont il s’agit ici, ratent tres-rarement; leurs pierres ne s’ufent d’ailleurs que très-peu ; & elles ne fe caflent point. Voyez MOUSQUET & BOSS SPAM * MOUSQUETADE, f. f. ( Art milir. ) décharge de moufqueterie. Îl efluya une terrible mou/quetade, MOUSQUET AIRES, LES, font en France un corps de la maifon du Roi, deftiné à combattre à pié & à cheval. Dans les voyages du Roi, lorfque le ré- giment des gardes n’y eft pas , ils gardent le dehors de la maifon où le Roi lope. ; Les moufqueraires forment deux compagnies ; la premiere a des chevaux gris, ce qui fait donner aux moufquetaires qui la compolent le nom de mou/querai- res gris ; & la feconde des chevaux noirs, ce qui la fait nommer la compagnie des moufquetaires nors. Ces deux compagnies font regardées comme une efpece d’école pour la guerre. Louis XIV, avoit éta- bli que toute la jeuneffe de condition y ferviroit au moins un an. Les moufquetaires s’arment, s’habillent, fe montent au moyen de leur folde ; leurs armes font une épée, des piftolets & un fufl. Ils avoient autrefois des moufquets , ce qui leur a fait donner le nom de ouf= guetaires. On le donnoit indifféremment avant la création de ces compagnies , à tous ceux qui fe fer: voient du moufquet. Les moufquetaires {ont habillés de rouge , avec un galon ou bordé qui eft d’or dans la premiere compa- gnie , & d'argent dans la feconde. Par-deflus leur habit ils ont une efpece d’habillement particulier qui s'appelle foubrevefte, que le roi leur donne : c’eft une efpece de cotte d’armes ou de jufte-au-corps fans manches , qni leur couvre le devant & le derriere, Elles font bleues & galonnées ; elles ont une croix devant & une autre derriere : ces croix font de ve- lours blanc, bordées d’un galon d'argent ; elles ont des fleurs-de-lis aux angles de même. Le devant & le derriere des foubreveftes s’accrochent au collet par des agraffes. Les moufquetaires ont un éténdart par compagnie » comme la cavalerie, & un drapeau qu'ils ne de- ploient que lorfqu'ils font à pié, & qu'ils ne portent pas même à la guerre lorfque le roi n’y eft pas &c qu'il refte des moufquetaires pour fa garde. Les oMciers des moufquetaires jufqu’aux cornettes compris , font nommés offéciers a haufle-col , parce qu'ils portent daus le fervice à pié le hauffe-col com- me les officiers d'infanterie. Les officiers à haufle- colne portent point de foubrevefte ; ils montent aux charges jufqu’à celle de capitaine - lieutenant com- prife. Depuis le regne de Louis XV. on leur a per- mis quelquefois de vendre leurs charges , mais à préfent 1ls ne vendent que la dermiere cornette , & les autres officiers montent aux autres charges par rang d'ancienneté. | Les moufqueruires ainfi que les gendarmes & les chevaux-legers de la garde du roi , ont même rang que les gardes-du-corps. La premiere compagnie des moufquetaires a êté inftituée par Louis XIIL, & la feconde par Louis XIV. en 1660. Elle étoit auparavant au cardmal de Mazarin , fous le titre de compagnie de [es moufque- taires. Le roi s’en fit capitaine , comme 1l l’étoit de la premiere en 1665. Les compagnies de mou/que- taires {ont chacune de 250 , mais on y reçoit entems de puerre autant de furnuméraires qu'il s’en préiente. MOUSQUETERIE , f. f. ( Are milir, ) c'eft l’art de fe fervir du moufquet ; c’eft en général toute troupe armée de moufquet , & c’eft aufli la décharge. de ces troupes. MOUSQUETON , f. m. petite arme qui eft plus courte que le moufquet, & qui fe tire avec un fufil compofé d’un chien & d’une batterie , au lieu que le moufquet s'exécute avec une meche qui eft compaf- fée fur le ferpentin. Les #oufquetons font de quatre piés de longueur. MOUSSE, mufcus , {. f. ( Hifi. nat.) genre de plante qui n’a point de fleurs, & dont les feuilles {ont d’une forme particuliere. Tournefort, n/£. ret herb. Voyez PLANTE. | Les moufles d'arbres ne font pas des plantes moins parfaites que celles qui s’élevent à la plus grande hauteur , car elles ont des racines ,des branches, des fleurs & des graines, quoiqu’en femant leurs graines l'art humain n’ait pu parvenir encore à les multi- pher. Les Botaniftes divifent ces fortes de plantes en di: vers genres , fous lefquels ils conftituent plufeurs efpeces différentes, & même fi nombreufes , que dans les environs de Paris M. Vaillant en comptoit Jufqu'à 137, mais comme elles n’ont aucune beauté, encore moins d'utilité , il feroit iuutile d’en faire lénumération. Que dis-je ? il faudroit trouver le décret de détruire toutes ces fortes de plantes fi nui- fibles, qui vivent aux dépens desarbres , les rendent malades 6e les font périr , en dérobant , en intercep- tant leur {eve par une infinité de petites racines. Il femble d’abord que quand les arbres font atta- qués de la mouffe , il ne foit pas fi difficile d'y remé- der, &qu'il ne s’agit que d’arracher cette mouffe., fur-tout dansun tems de pluie, où elle eft dérrem- pee & s’enleve plus facilement; mais outre que l’o- pération feroit longue & ennuyeufe, elle n’a qu’un fuccès fort imparfait, car la mouffe s'attache fi étroi- tement à l’arbre , qu'il eft impofñlible de l’extirper aflez bien pour l'empêcher de repoufler bientôt après, M, de Reflons a fait part à l'académie des Scien- ces en 1716, d’un autre moyen plus court & plus für. Avec la pointe d’une ferpette il fait une incifion en ligne droite à l'écorce de l’arbre malade jufqu’au bois, & depuis: les premieres branches jufqu’à fleur de terre ; cette longue plaie fe referme au bout d’un certain tems , après quoi l’écorce refte nette & ga- rantié de mouffe pour toujours. Voici quel eft l'effet de ce remede , qui du premier coup d'œil ne paroît pas avoir un grand rapport au mal. : Les graines de la z7ouffe ne s’attachent à l'écorce d’un arbre que parce qu’elles en trouvent la furface raboteute | &:parce qu’elles s’y peuvent loger, en certains creux qui Les confervent ; ce qui fait lesgné- galités de l'écorce, c’eft que la feve n’y ‘circule pas, du-moïns n’y circule pas aflez librement : de là vient qu'elle s’'amañle en plus grande quantité dans de cer- tains endroits, & qu'elle y forme des éminences on dégros tubercules. L’incifion donne plus de liberté à la fève : quand elle monte elle sonfletrop l'écorce, | & fait elle-même un obftacle à fon mouvement ; mais en relâchant l’écorce, on facilite ce mouvement: enfuite la {eve ayant pris un cours libre, & s'étant ouvert tous les canaux de l'écorce , elle continue de s’y mouvoir avec aïfance, même après que l'écorce eft rejointe. Enfin l'écorce ayant alors. une furface unie , les graines de z2ouffe n’ytrouvent plus de prife. On voit affez que ce qui défend les arbres de cette dangereule plante étrangere, doit auffi les faire pro- fiter davantage. | Le remede de M. de Reflons ne prévient pas feu- lement cette maladie des arbresg mais encore il gué- rif ceux qui enfont attaqués ; car la feve fe dutri- buant mieux dans l’écorce après l’incifion , ne fe porte plus tant dans les racines de la mouffe & autres plantés parafites , elles périffent par famine. . Quand Prnerfon a été faite, la fente s’élargit com- me fi on avoit déboutonné un habit trop ferré : c’eft que la feye commence à étendre l'écorce dans le fens de fon éparfteur plus qu’elle ne Pétendoit aupa- ravant ; enfin la cicatrice fe fait d'elle-même, du- moins au bout de deux ans dans les arbres en vigueur &. qui ont l'écorce la plus épaife. . Le tems de l'opération .eft depuis Mars jufquw’à la fin d'Avril ; en Mai les arbres auroient trop de feve, & l'écorce s’entrouvriroit trop. Il faut faire linci- fion du côté le moins expofé au{oleil, la trop grande chaleur empêcheroit la cicatrice de {e refermer aflez tôt. Si cependant aprés l’incifionta fente ne s’élareit point , & c’eit ce qui arrive aux arbres qui font fur le retour, & dont l'écorce eft trop dure pour per- mettre à la feve de s'ouvrir de nouvelles routes , l’opérationfe trouve inutile, l'arbre eft fans reffour- ce, 1 ny a plus qu'à l’arracher. On a remarqué que la moule d'arbre fleurit . fur- que q 3 tout dans les pays froids au milieu del’hiver , & que c’eft-là qu’elle nuit davantage aux arbres frui- tiérs plantés trop près les ras des autres dans .çes MO :U S23 terroirs froids & ftériles. Miller confeille alors s comme l’unique remede, d’abattre une partie des ar- bres , pour procurer aux autres l’accès de L'air dont ils ont befoin , de labourer le terrein entre les ar- bres qu’on laife fubffter | &-enfuite dans le téms humide du printems , de racler & d’arracher toute la rouffe avec un inftrument de fer fait exprès ; & creufé dans le milieu, pour qu'il puifle embrafler toutes les branches de l’arbre où croît la motiifé qu'on ramafle & qu’on porte ailleurs pour la brûler, En repétant deux ou trois fois ce rabotage de l’at- bre & le labourage de la terre, après avoir coupé . les arbres quitrop preflés interceptoient le paffage de l’air , on détruit infailliblement toutes fortes de rmouffes d'arbres, L’art d’extirper ces zo4ffes nuifibles et nommé par les Anglois , d’après les Latins , émufs caro en un feul mot. Ne pourrions-nous pas dire à leur exemple, émouffure ? (D. J.\ Mousse , ( Marine, ) voyez CORALLINE, MOUSSE GREQUE, 04 LILAC DE.TERRE, mufcavi ( Jardinage.) plante bulbeufe très-baffe, dont il y & cinq eipeces : Ja jaune hâtive, latardive, la blanche. êc la vineufe; la jaune tantôt hârive, tantôttardives . a dans le milieu de fa tige jufqu'en haut quantité de petites fleurs longuettes faites en forme de’grappes &.de bonne odeur ; les autres efpeces ne different que par la quantité de fleurs blanches & vineufes qui ne fentent rien. : La cinquieme efpece , qui eft le lilac de terre, eft. | appellée zva ramofa. Ce] fimple & inégal. Voyez BANDAGE, La mouffe ou bandage obtus fe fait, lorfqu’un tour de bande , fuccédant à celui qui vient d’être appli- qué, n’en couvre qu'une quatrieme partie, ou mê- MOUSSE, serme de Chirurgie, efpece de bandage: me que les circulaires font. mis fucceffivement à côté les uns des autres, fans fe couvrir & fans laif- fer d’efpace entre eux. Ce bandage n’eft point fait pour comprimer la partie fur laquelle on applique, mais il fufit pour contenir les comprefles, cataplaf. . mes, emplâtres , & autres remedes. ( Y) MoussE , ( Marine) c’eft un jeune garçon quieft apprenti matelot, Il fert les gens de l'équipage, balaie le vaifleau, & fait tout ce que les officiers commandent. Sur les vaiffleaux de guerre il y a or- dinairement fix moufles pour chaque cent d'hommes, MOUSSELINE , {. f, ( Com. ) forte de toile fine, faite ayvèc du coton. On l'appelle ainfi, parce que fa fürface n’eft point parfaitement unie, mais qu’elle eft garnie d’une efpece de duvet aflez femblable à de la moufe. : On apporte des Indes orientales, principalement de Bengale, différentes forres de rrouffeline. MOUSSELINE, ez terme de Conffeur, eft un ou= vrage en pâte de gomme adragante détrempée dans de l’eau claire &t jus de citron avec du fuücre royal en poudre & pañlé au tamis; démélant. & battant : bien le tout enfemble jufqu’à ce que la pâte foitbien maniable. On en! peut faire de la rouge, en y ajou- tant de la cochenille préparée ; de la violette, en y mêlant de Pindigo, de Piris; de la jaune, en la détrempant avec de la gomme-gutte, Ge MOUSSEMBEY, {. m.( Bos. exot. ) herbe pota= gere de l'Amérique. Sa tige eft branchue & chargée . de deux fortes de feuilles ; les unes font très-peti- tes, attachées trois à trois à une queue fort courte; les autres. beaucoup plus erandes, onf une queue ronde & veloutée, & font laciniées en cingparties inégales. Sa fleur fe forme d’un bouton qui fe fépare en quatre , d’où fort un pédicule portant quatre feuilles blanches , ovales êc longuettes. Le fruit eft une filique de quelques pouces de long, qui renfer me quantité de petites femences grifätres, de la fie 824 (MOU gure d’un rognon'applati. Il n’y a que les feuilles de cette plante qui foient d'ufage. MOUSSERON , f.m. ( Boran. Vefpece de cham- . pignon printannier gros Comme un pois, odorant, & fort bon à manger; c’eft le fungus vernus , efeu- dentus ; pileolo rotundiori, de Tournefort, J. R. 4. Sp: | Tout ce que nous avons dé connoïffance fur les moufferons , C’éft qu’on en trouve au cômmencement du printemis au miieutde la mouffe dans les endroits ombragenx, dans les bois , fous lés arbres, entre les épines, dans lés prés, & qu'il en revient chaque annéé au même lieu d’où l’on en a tiré; mais com- ment ils croiffent &c végetent, c’eft ce que nous fenorons , curieux feulement de les favoir bien aprêter. Lorfqu’ils commencent à paroître , ils ont des pe- dicules courts qui jettent des fibres en terre, 6c qui fupportent des têtes de la groffeur d’un pois ; 1ls deviendroient deux fois plus gros, fi on ne les ar- sachoit. Leur pédicule eft cylindrique ; crépu, ridé à la bafe, & ne s’éleve pas beaucoup au-deflus de la terre. Leurs têtes font d’abord formées & arron- dies au fominet ; elles forment une efpece de pa- villon, & font rayéés en-defous de plufeurs can- nelures qui vont du centre à la circonférence. Quand le moufferoz eft parvenu à fon degré dé maturité, les cannelures s'étendent comme dans les champi- gnons ordinaires. Toute fa fubftance extérieure &c antérieure eft blanche, charnue , fpongieufe, agréa- ble au goût , & d’une bonne odeur. En conféquence on les fert dans les meilleures ta- bles où nos chefs de cuifine s’exercent à les préfen- ter en ragoût fous toutes fortes de faces. Ils nous donnent, pour mieux charger notre eftomac d’in- dipeftions, des croûtes anx rzoufferons , des moulfe- rons à lacrême, des zodfferons à la provençale, des tourtes de zozfferons, des pains aux #oufferons , en- fin des potages de croûtes aux rzowfferons en gras &c en maigre, Tous ces noms indiquent de refte le cas qu'on en fait dans cé royätime. MOUSSONS, f.£. pl. ( Phyf. & Géog.) vents périodiques ou anniverfaires, qui foufflent fix mois du même côté, & les autres fix mois du côté op- pofé: Voiciles principaux. 1°; Entre le 10. &le 30. degré de latitude méridionale, &entre l’île de Ma- dagafcar & la nouvelle Hollande , il fouffle toute l’année vent de fud-eft, mais qui devient en certains tems plus eft de quelques rhumbs. 2°. Entre le 2 & le ro degré de latitude méridionale, &: entre les îles de Java, de Sumatra , & de Madagafcar,, ilre- gne depuis Mai jufqu’en Oétobre un vent de fud-eff, & de Novembre en Maiun vent de fud-oueft; ce: pendant à la diftance de 2 ou 3 degrés de chaque côté de l'équateur on a fouvent des calmes, des orages, &t des vents variables. 3°, En Afrique ; en- tre les côtes d’Ajana, & entre les côtes d'Arabie, de Malabar , & dans.le golfe de Bengale jufqu’à l'équateur, 1l fouffle:depuis Avril, jufqu’en Oétobre un vent fort impétueux., qui eff accompagné de nuées fort épaifles , d’orages & de groffes pluies ; depuis O&tobre juiqu’en Avril il y regne un vent de nord-eft, mais moins violent que le précédent, & accompagné d’un beau feéms : ces deux vents de nord - eft & de fud - oueft fouflent avéc bien moins de violence dans le bolfé de Bengale que dans la ner des Indes. Les vents ne tiennent cependant pas la même route dans ces parages , mais 1ls foufflent Gbliquement fuivant la direétion du contour des côtes, & on a même quelquefois deux ou trois rhumbstous différens; on remarque aufli que dans les solfes profonds , comme dans: celui de Bengale, les vents qui font fur les côtes different de ceux qui fSüfflent fur ces golfes, 4°, En Afrique, entre la côte de Zanguebar & l'ile de Madagafcar, ilfoufle d'Oc: tobre en Mai un vent de fud-eft, & dans les fix au tres mois un vent d'ouelt, & même de nord-oueff, qui n'eft pas plütôt arrivé en pleine mer vers l’équa= teur, après avoir pañlé l’ile de Madagafcar, qu'il fe change en un vent de fud-oueft, quiprend beau- coup du vent de fud. Lorfque ce vent commence à changer, il devient froid, on a de la pluie & de l’ora- ge, mais les vents d’eft font toujours doux & agréd bles. 5°. Le long des. côtes de Zanguebar & d’Ajan: jufqu’à la mer Ronbe , les vents font variables de- puis Oétobre juiqu’à la mi-Janvier : il y regne ordi- nairement des vent de nord-violens & orageux, qui font accompagnés de pluie: depuis Janvier jufqu’en Mai, ces venis font nord-eft,nord-nord-eft, accom= pagnés de beau tems : il repne depuis Mai jufqu’en OËt. des vents de fud: en Juillet, Août & Septembre on a, dans les golfes de Pate & de Melinde, de grands calmesqui durent bien fix femaines de fuite. 6 °.Il fouffle , vers Pembouchure de la mer Rouge, près du cap Guardafui , des vents violens, & cela dans letemis même qu’on a des calmes dans le golfe de Melinde, l’air y eft ferein, maisilne fouffle qu'un petit vent à la diftance de 10 ou 12 milles de ce cap, entirant vers la mer. 7°. Il repne un vent de fud dans la mer rouge entre les mois de Mai & d’Oc- tobre ; il fe range au nord dans les mois de Septem- bre & d'Oftebre , & devient enfin nord-eft avec le béau terns ; ce vent dure jufqu'en Avril on Mai, & alorsil devient nord, enfuite eft, & enfin fud, le-', quel fouffle conftamment. 8°, Enfin entre les côtes de la Chine, & entre Malaca, Sumatra, Borneo, & les îles Philippines, 1l regne depuis Avril jufqw’en Oftobre un vent de fud &r de fad-oueft, & depuis . O&tobre jufqu’en Avril un vent de nord-eft, qi né. differe pas beaucoup d’un vent de nord. Ce vent devient nord, & même nord-oueft, entre les îles de Java, Tinior , la nouvelle Hollande, & la nou velle Guinée, de même qu’au lient d’un vent de fud= ouéft il fouffle ici un vent de fud-eft, lequel fé change en nord-eft, à caufe des solfés & dés courbu-" res que forment Tinior, Java, Sumatra, & Malaca. La caufe des #ouffons eft aflez inconnue; tout ce que lés Philofophes éa ont dit n’eft rien moins que fatisfaifant ; la plüpart de leurs conjeQures ne font point du tout fondées, & il y en a même quelques- unes qui fe trouvent contraires aux lois de la na- ture. Il paroît cependant que ces vents dépendent en même tems de plufeurs caufes. [ls peuvent dé-. péndre en effet des montagnes & des exhalaifons qui en fortent dans certains tems, & qui pouffent ® alors Pair dans certaines dire&ions détérminées. Ils peuvent venir aufh de la fonte dés neiges, & pent- être encore de plufeurs autres Cauies réunies. Comme nous n'avons point encore de bonnes def- criptions des cartes de la poftion des montagnes , . du plat pays dés environs, dé fon tetréin fablon- neux que le foleil échauffe, nf enfin du cours des . rivieres, & de plufeurs autres circonftanées, on ne fauroit entreprendre de donner la raifon fufifante de ces vents: nous tenons de M. Halley ce qui a été’ donné de meilleur là-deflus. —- « Lés anciens Grecs parlent de divérfes autres ouf: ons, dont quelques-unes arrivoient dans les jours caniculaires , &c les autres en hiver; celles qui arri- voient en été portoient au nord & au nord-eft. Lèés auteurs qui en ont parlé ñe nous ont pas mar- qué le tems précis auquel ces vents commencoient. Quelques-uns ont dir qu'ils commençoient le 6€, d’autres le 16 de Juillet, & qu'ils continhoient en. core 40 jours de fuite, jufqu'à la fin d’Août: d’au: tres ont prétendu qu'ils duroient jufqu’à la mi-Sep- tembre. Ceux-ci ne foufflent que le jour, s’'appaifent la nuit, & commencent le matin avec le lever du foleil : M OU foleil: ce vent regnoit en Grece , dans la Thrace, dans la Macédoine, & dans la mer Egée ; & ces pays font fitués entre la mer Noire, legolfe de Vemife, 8 laMéditerranée. Le favant Varenius conjeéturoit que ces vents étoient caufés par la neige qui couvroit le fommet des montagnes de ce pays, & qui venoit à fe fondre par la grande chaleur des jours canicu- laires. Ce qui favorife cette conjeture, c’eft que la fonte de ces neiges fe faifoit pendant le jour, & non pas pendant la nuit; de forte que ce vent .de: voit auf {ouffler le jour & non pas la nuit. Foyez VENT, ALISÉ, 6 ÉTESIENS, Arricle de M, FORMEY, qui l’a tiré de P'Æifloire phyfique de M. Muflchem: brock, chap. des vents, MOUSSURE , f. f. er rerme de Porier de terre, {ont des efpeces de barbes que le perçoir fait autour des trous. Foyez PERÇOIR. MOUST, f.m. ( Econom. rufi.) vin au fortir de la grappe, qui n’a point encore fermenté. MOUSTACHE, f. f. (Æifé, mod.) partie de la barbe qu'on laifle au -deflus des levres ; on dit qu’en- tre les motifs qu'on apporta pour refufer aux lacs la communion fous les deux efpeces , on fit valoir la raïfon contenue dans ce paflage : Qura barbati 6 qui prolixos habent granos, dum poculum inter epulas [us rnunt , prius liquore pilos inficiunt quam ori infundunt, Les Orientaux portent en général de longues mou: flaches qui leur donnent un ait martial & terrible à leurs ennemis. Parmi les Turcs il n’y a guère que les leventins ou foldats de marine quiferafent les joues & le menton, les autres laiflent croître leur barbe pour paroitre plus refpettables. La plus grande me: ace qu'on ptufle leur faire eft celle de la leur cou- per, ce qu'ils regardent comme le plus Outrageant de tous les affronts. Le roi de Suedé , Charles XII. en ayant menacé dans une occafñon les jamflaires qui lui fervorent de garde à Bender, ils s’en tinrent très-offenfés. | 42 Il n’y a pas plus de cent ans que tout le monde portoit la rouffache en France , même les eccléfiaf- tiques , comme on le voit par les portraits des car- dinaux de Richelieu & Mazarin ; on Les a releguées parmi les troupes, où les foldats font même libres d’en porter, & il n’y a guère parmi nous d'officiers qui en portent que ceux des houfards : les Chinois .&c les Tartares les portent longues & pendantes comme faifoient autrefois les Sarrafins. : | MOUSTACHE, srrme de Tireur d’or, manivelle qui fe fiche dans les rochets & bobines des Tireurs d'or, & dont ils fe fervent pour tirer & devider leur fil d’or & foie. Voyez RocHET 6 BoBine. MOUSTIER o4 MONSTIER., ( Géog. ) en latin du moyen âge, Monafferum , petite ville de France, dans la Provence, à lorient de la viguerie d'Aix, & du bailliage de Brignoles. Elle a droit de députer aux états ou affemblées de Provence ; on ÿ voit un couvent de Servites, qui eftle feul qu'il y ait de cet ordre en France. ( D. J.) Le MousrTiers,( Géog. ).en latin Morafferium , c’eft le nom moderne de la ville de Tarentaile en Savoie, capitale du pays de Tarentaïfe ; mais cette capitale n’eft qu'une grande bourgade toute onverte & fans défenfe , coupée par l’Ifere à 6 lieues N. E. de Saint- Jean de Moriene , 8S,E. de Montmeillan, 25 N. O. de Turin, 105. E. de Chamberi. Long. 24. 6, las. 45. 30. (D. J.) | MOUSTIQUE , . f. (ff rar.) petit moucheron de l'Amérique , fort incommode, prefque impercep: tible à l'œil, & qui regardé au-travers d’une loupe, reflemble aflez à la mouche commune ; il fe tient dans les lieux bas voifins du bord de la mer & der: riere des rochers à l’abri du vent.- Sa piquure occa- fionne une fenfation brûlante, femblable à celle que Tome X, . Re M O U 825 pourroit caufer la pointe d’une aïguillé très-fine tou gie au feu. | MOUTARDE, 1. f. ( Hifl. nat. Botan. ) finapi, genre de plante à fleur en croix, & compofée de quatre pétales, Le piftil fort du calice & devient dans la füite un fruit, ou une filique , qui eft divifée em deux loges, par une cloifon à laquelle tiennent des panneaux de chaque côté; cette qui contient des femences le plus fonvent arrondies, & elle eft terminée pour l'ordinaire par une forte de corne d’une fubftance fongueufe, qui renferme une fe: mence femblable aux autres : ajoûütez à ce caraétere le goût âcre & brûlant de la mourarde, Tournefort, Tafl. rei herb, Voyez PLANTE. Tournefort compte douze efpeces de ce gente de plante, & Boerhaave quatorze ou quinze , au nom- bre defquelles la #7outarde commune, & la #outarde blanche méritent une courte defcription, Ce: que j'appelle la xoutarde commune , le fénevé ordinaire, Où la grande mourarde cultivée, eft le Jinapi fativum , api folie, de C. B. P, 99.8 de Tour: nefort I. R. H. 227. Sa racine eft annuelle, blanchâtre, ligneufe, fra: ‘ gile, branchue, garnie de fibres: Elle pouffe une tige à.la hauteur de trois, quatre, & cinq piés, moëlleufe, unie, velue parle bas, divifée en plu- fieurs rameaux, Ses feuilles font larges, aflez fem- blables à celles de la rave ordinaire, mais plus pe- tites &c plus rudes; les fommités de la tige & des rameaux font garnies de petites fleurs jaunes, à qua- tre feuilles, difpofées en croix, & fleuriflant fuccef: fivement. Lorfque ces fleurs font tombées, il leur fuccede des filiques liffes & fans poil , aflez courtes ; anguleufes, pointues, remplies de femences pref- que rondes, rouffes , noïrâtres ; d’un goût: âcre & piquant: Cette plante croît fréquemment fur les bords des foflés, parmi les pierres, & dans les terres nouvels lement remuées; on la cultive dans les champs, dans les jardins, & les Anglois ont extrémement perfeétionné cette culture ; leur graine de mourarde eft la meilleure de l’Europe, elle fleuriten Juin’: fa graine eft fur-tout d’ufage, tant dans les cuifines qu’en médecine, É La moutarde blanche, ou le fénevé blanc, fénapi api folio filiqua hirfutä, feminealbo, aut rufo de Tour- nefort, J. R.H. 227; fa racine eft fimple, longue comme la main, grofle comme le doigt, ligneute, - blanche, & fibreufe. Elle pouffe une tige à la hauteur d’un pié & demi ou.de deux piés, rameufe, velue, creufe : fes feuil. les font femblables à celles de la rave, découpées, lur-tont celles d’en-bas, garnies de poils-roides, & piquans en-deflus & en deffous: fes fleurs font jau- nes ; en croix, femblables, à celles de l'efpece pré- cédente, mais plus larges, d’une couleur: plus fon< cée, portées fur des pédicules.plus longs, & d’une odeur agréable. Quand ces fleurs {ont pañlées, il leur fuccede des filiques velues, terminées par una longue pointe vuide, qui contient quatreon cinq graines preique rondes , blanchâtres ou rouffâtres, âcres, & qui paroïflent articulées ou noueufes : cette plante vient dans les champs naturellement paran les blés ; on la cultive aufli beaucoup; elle fleurit en Mai & Juin, fes graines muriflent en Juillet & Août. Les deux eipeces de mourarde que nous venons dé décrire ont les même propriétés, & fe fubfituent lune à l’autre en médecine, on préfere cependant la premiere, parce que fa graine eft d’un goût plus âcre & plus mordicant. On en tire une quantité d'huile trés-confidérable, fort peu de fel fxe fimples «ment falin , beaucoup de terre, peu d’efprit urineux, &t point de fel volanl concret. | | M. de Tournefort a décrit & repréfenté dans fes MM m rm ma À 826 M O ÙÜ voyages dw Levant, une efpece de moutarde fort jobe, qu'il trouva dans Pile de Sikino : ill nomme forapt grecum, maritinum , témuiffiime laciniatwm, flore purpurafcente, Coroll.: I. RH. 17. (D.J.) MoUTARDE , ( Chinmie, Diete & Matiere médicale. ) La feménce de zoutarde eft la feule partie de cette plante qui foit enmfage, : | … Laiplante qui la produit eft de la clafle de celles gui contiennent un: alkali volatil fpontané ,-êt une des efpécesidecette claffe qui contienne ce principe plus développé , oupour mieux dire plus concentré, plus abondant. | + Tout le monde connoît l’ufage diététique de la moutarde , que l’on mange avec prefque toutes les viandes rôties owbouillies, que l’on fait entrer dans diverfes faufles , & qui eft fur-tout un affaifonne- ment aufñ falataire qu'agréable, des différens mets tirés du cochon. Get aflaifonnement eft auf & échaufant,; il follicite puiflamment les organes de la digeftion ; c’eft pourquoi il convient finguliere- mentaux eflomacs parefleux & aux tempéramens froids , humides , foibles ; au lieu qu’elle peut in- commoder ceux qui ont les digeftions fongeufes &z le tempérament chaud:, fec & mobile en général: Cependant elle devient à-peu-près indifférente , par le long ufage, à tons les fujets. Ontetñploie fort rarement cette femence à titre de remede ; on peut cependant y avoir recours dans les cas où les anti-fcorbutiques alkalis font indi- ques, comme aux autres fubftances végétales de cet- te clafle: | | Cette femence eft un puiflant fternutatoire & un maflicatoire des plus énergiques. Elle eft recomman- dée principalement fous cette derniere forme con- tre les menaces de paralyfie .& d’apoplexie , & pour décharger la tête des humeurs pituiteufes. La femence de mourarde fournit le principal ingré- dient des finapifmes. Voyez SINAPISME. ï .- Ontirerde la femence de rroutarde qui eftémul- five, une huile par expreflion qui nerparticipe point du-tout de l’âcreté de la femence:, 8 qui poffede toutes les qualités communes des huiles par expref: fion ;.qui eit par conféquent très-adouciflante , très- relâchante , lorfqw’elle eft récente & tirée fans feu. Ce phénomene parut fort furprenant à Boerhaave, au-rend compte dans fes élémens de chimie des mo- tifs de fon étonnement, & des confidérations qui le firent cefler: Tout chimifte infiruit s'appercevra fa- cilement , que Boerhaave s’étoit embarraflé dans des difficultés qu'il s'étoit lui-mémesforgées : car il eftévident, d’aprèsles notions les plus:communes, queles huiles par expreflion ne participentenriendes qualités-des principes renfermées dans leurs enve- loppes, & qu'ainfi:elles font également douces , fa- des, nnocentes., {oit que ces enveloppes contiennent un-alkalivolatil très:vif, comme la wourarde,ou une huile .eflentielle | comme la femence de fenouil ou un extrait: narcotiqué!, comme l'écorce de femence de pavot lercontient vraiflemblablement. (4) MourTar®DE ,'eft aufhi une compofition de graine de fenevé ; broyée avec du vinaigre ou du moût de vin, dont on fe fert pour affaifonner lesragoüts, & qu'on fert fur la tablepourien manger avec Les diffé- rentes viandes. La zoutarde de Dijon pañle pour la meilleure ÿ& on en fait un grand commerce en France. OLIS La graine de zzoutarde {ert auf dans la prépara- tion des peanx de chagrin ou d’autres peaux , que les ouvriers paflent en chagrin. Voyez CHAGRIN. MOUTARDIER., f. m..(Æife. rar, Ornitholog.) grand mattinet , hirondoapus, oïfeau qui eft le plus grand de toutes les efpeces d’hirondelles ; al a, la tête groffe & l'ouverture de la bouche fort gran- de ;:le bec eft court, noir, foible , comme dans le 7 A AT # M OU crapaud volant | & applati fur fa largeur vers les narines, qui Ont leurs ouvertures longues, obliques, obtufes du côté de la tête | & pointues à l’autre bout. La langue eft large & un peu fourchue , les yeux font grands, & l’iris a une couleur de noïfet- te. Toutes lés parties du corps,tant'en-deffus qu’en: deffous , n’ont qu'une feule couleur qui eft brune avec une teinte de werd obfcur; on voit feulement fous le menton une tache blanchâtre, mêlée de cen- dré. 1ly a dans chaque aîle dix-huit grandes plu- mes qui fe terminent toutes en une pointe, excepté les extérieures: la quene a environ une palme de longueur ; elle eft compofée de dix plumes point tues : celles du milieu font les plus longues, les au- tres diminuent fucceffivement de longueur jufqn’aux extérieures. Les pattes font très-courtes, & les piés très-petits , tous les doigts fe dirigent en avant; le plus petit ; dont la direétion eft ordinairement en arriere dans les autres oifeaux, l’a en avant comme les autres doigts. Cet oïfeau pefe une once trois quarts ; il a quatre pouces & demi de longueur de- puis la pointe du bec jufqu'au bout des piés , & fix pouces huit lignes jufqu’à l’extrémité de la queue 3 on envergure ef de quinze ponces & plus , il fe nourrit de fcarabés & d’autres infeétes , il fe pofe dificilement à terre à caufe de la longueur de fes ailes, mais il refte fur les faîtes des vieux édifices. Willughby ,Orzis, Voyez OisEau. MOUTARDIER, f.m. ( Arr méchanig. ) celui qui fait & qui vend de la moutarde. Les moutardiers font de la communauté des maîtres Vinaigriers : il n’eft pernus qu’à ceux qui font maîtres de faire & ven- dre, ou faire vendre dans les rues de la moutarde par leurs farçons. On ne doit employer que de bon fenevé & du meilleur vinaigre pouf faire de la mou- tarde , &t les moulins dont on fe fert pour la broyer doivent être propres & non chanfis; les jurés font tenus d’y veiller. Voyez VINAIGRIER. | MOUTARDIER , Î. m. ( Econ, domef?. ) efpece de petit vaifleau de bois couvert, que les garçons vi- naigriers portent à leurs bras avec une fangle, ou qu'ils roulent fur une brouette, & dans lequel ils mettent la moutarde qu'ils vont crier dans les rues. MOUTARDIER fe dit aufli d’un petit meuble de table, dans lequel on fert la moutarde port la man- ger avec la viande: on fait de ces moutardiers d’or , d'argent, de porcelaine, de fayance & d’étain. MOUTELLE,, Voyez LOCHE FRANCHE. MOUTIER- GRAND-VAL, (Géog.)en allemand, Mon/térshal , stande vallée de Suifle, enclavée dans le canton de Bâle. Les habitans de cette vallée, qui comprend plufeurs villages, font alliés avec le can. ton de Berne , quiles protege de fa püiffance & de {es regards , dans leurs libertés fpirituelles & tem- porelles. (DJ) MOUTIERS EN PUISAYE , (Géog.) village de France au diocèfe d'Auxerre, à 7 lieues O, d’Au- xerré. Je parle de ce village, parce qu'ily a beau- coup d'apparence , qu’étant à-peu-près au centre de la Gaule, c’eft dans ces quartiers-là ; fitués à l’extré- mité du pays des Carmites , à quelques lieues de la Loire , que lés Druides faïfoient les aflemblées an- nuelles , dont parle Céfar. Les forêts couvroient alors ce pays ; les étangs y étoient fort communs, ce qui fit donner à ce territoire le nom celtique de Melered, par lequel on le défignoit dans le hnitieme fiecle. Un évêque d'Auxerre de ce tems-1à bâtit dans ce lieu un hôpital pour y loger les Bretons qui entreprenoient le voyage de Rome , & en même temsil y fonda un monaftere ; qui depuis ayant été ruiné, fut uni à celui de S. Germain d'Auxerre. (D.J.) : MOUTON, f. m.vervex, animalquine differe du bélier , que par la caftration , voyez BÉLrER, Cette opération doit fe faire fur l'agneau à l’âge de cin Ou fx mois, où même un peu plus tard, au printems Ou en automne dans un tems doux: la maniere la plus ordinaire eft l’incifion; on tire les tefticules par l'ouverture que l’on vient de faire, & on les enleve aifément. La caftra@ion peut fe faire fans incifion , il fufit de lier les bourfes au-deflus des tefticules en les ferrant avec une corde , en comprimant par ce moyen les vaifleaux fpermatiques; on arrête l’ac- croiflement des tefticules, & on empêche leurs fon- étions pour toujours. La caftration rend l'agneau malade, trifte, & lui Ôte l'appétit; pour Pexciter à manger, on lui donne du fon mêlé d’un peu de fel, pendant deux ou trois jours. nu [| Les routons n’ont pas la pétulance des béliers , ils font même encore plus timides que les brebis , 1ls font auffi très-flupides ; au moindre bruit extraor- dinaire , ils fe précipitent & fe ferrent Les uns con tte les autres, cependant ils ne favent pas fiur le danger ; ils femblent même ne pas fentir lincommo- dité de leur fituation, car 1ls reftent opiniâtrément où ils fe trouvent, à la pluie, à la neige , ou à l’ar- deur du foleil, &c. Ces affimaux font d’un tempé- rament très-foible , les voyages les affoibliflent & les exténuent ; dès qu'ils courent , ils palpitent & font bien-tôt eflouflés. [ls font fujets à grand nom- bre de maladies, la plüpart contagieufes. 6 Les moutons varient beaucoup, fuivant Les diffé- rens pays, pour le goût de la chair, la fineile de la laine , la quantité du fuif, la grandeur &c la grof- feur du corps. En France, le Berri eft la province où ces animaux font le plus abondans ; ceux des en- virons de Beauvais & de quelques endroits de Nor- mandie , font les plus gras & les plus chargés de fuif, ils font très-bons en Bourgogne, mais les meil- leurs de tous font ceux des côtes fablonneufes de nos provinces maritimes. On ne voit en France que des rnoutons blancs, bruns, noirs & tachés ; il yen a de roux en Efpagne & de jaunes en Excoïle, Foyez BREBIS, . MouToN, ( Diere 6 Mar. méd. ) la chair de cet arimal fournit à [a plüpart des peuples de l’Europe un de leurs alimens les plus ufuels, Les plus falutai- res &c les plus agréables. Elle convient également à tous les eftomacs; les gens vigoureux & exercés s’en accommodent aufi-bien que ceux qui font oififs & délicats. Elle eft propre à tous les âges , & dans Tétat de maladie, comme dans celui de fanté ; elle eft de facile digeftion, &felon l’obfervation de San. étorius , elle tranfpire beaucoup plus que lessau- tres alimens ordinaires des hommes. Les bouillons qu’on en prépare font regardés même dans plufeurs pays, par exemple, dans les provinces méridiona- es du royaume, comme beaucoup plus convena- bles pour les malades que le bouillon de bœuf, awon y regarde comme échauffant: &c réciproquement on a fort mauvaife idée à Paris du bouillon de rozron employé à cet ufage, 8 on n’y conçoit point qu’on puifle faire un potage fupportable avec du mouton feul. L'une & l’autre de ces opinions doit être re- gardée dans le fond, comme un préjugé ; elle eft vraie cependant jufqu’à un certain point, fi chacun de ces peuples n’entend parler que de fon bœuf & de {on mouton ; car de même que le bœuf eft mai- gre, dur , & peut-être chaud en Languedoc , par exemple | de même la chair du mouton de Paris eft chargée dans toutes les parties d’une mauvaife graif. fe approchant de la nature du fuif , eft ordinaire- ment coriace, fans fuc, d’un goût plat & d’une odeur fouvent défagréable, fentant le bélier , & n’y don- ne qu'un mauvais bouillon blanchâtre, En général , le meilleur moz07 eft celui qui eft élevé dans les pays chauds, & qu’on y nourrit dans les terreins élevés, fecs & couverts de plantes aro- Tome X, M OU 827 matiques Où fur le bord de la mer; tels font les 074 tons communs de la baffe Provence, du bas Lan« guedoc, de la partie la plus tempérée des Cévenes, & du Roufillon, Les wzouions de Ganges, en bas Languedoc , & ceux de la plaine de la Crau, en Provence , font leg plus renommés ; mais les jeunes moutons qu'on éle: ve en ce pays dans les baffes-cours, qu’on y nour- rit à la main, qui croifent & qui enpraiflent prodi- gieufement, dont la chair devient par-là fingulieres ment tendre & délicate, & qu’on envoie au loin 3 comme des objets de luxe : ceux-là, dis-je, aux quels appartient précifément la célébrité ,.ne valent point à beaucoup près les moutons du même âge, élevés tout franchement dans les landes des mêmes Pays , & moins encore les moutons moins jeunés : c'eft à trois ou quatre ans qu’ils font les meilleurs qu'il eft poffible. Plus jeunes, comme les moutons domeftiques de Ganges, qu’on mange à l’âge d’un an où dix-huit mois , leur chair n’eft pas faite; plus vieux , elle commence à fécher , à durcit. Le r7ou: toz qu'on apporte à Paris, de Beauvais, des Arden- nes Ôc du Préfalé , près de Diépe, a le même dé- faut que le zoutor engraïflé de Ganges, que d’ail- leurs il ne vaut point à beaucoup près ; il n’eft que gras & tendre, au lieu que le bon mouton commun de nos provinces méridionales eft en même tems tendre, fucculent , & d’un goût agréable &c relevé, & 1l donne du bon bouillon, On dit que les #ourons des îles de l'Amérique , qu’on y éleve fur le bord de la mer, furpañlent encore les meilleurs dont nous vénons de parler , en délicatefle , en faveur, & en fumet. | Tout le monde fait que la chair de #outon fe man- ge rôtie, bouillie, grillée, & fous la forme de dif: férens ragoûts. De quelque façon qu’on l’apprête, c'eft toujours une excellente nourriture ; les piés ; le foie, les tripes, le poumon & le fang de cetani: mal, qui font auf dés alimens uftés, ne méritent que les confidérarions diététiques générales qu’on trouvera aux articles, Joie des animaux , piés des ani- maux ; tripes des animaux , poumons des animaux , Jang , diete. Voyez ces arricles. La graiffe folide ou fif de mouton eft employée quelquefois à titre de médicament; plufieurs auteurs en confeillent Pufage intérieur contre la dyffente- rie, mais cette pratique eft peu fuivie, Ce fuif en tre dans la compofition de quelques emplâtres & onguens , par exemple, dans l'onguent de la mer de la pharmacopée de Paris , &c. le fiel de mouton eft recommandé contre les tayes des yeux : la laine & la graifle de cette laine ou œfpe font comptés en- core parmi les médicamens. Voyez LAINE @& Œsrpe, (8) MOUTON DU PÉROU , camelus peruanus plama, Ou lhamadiilus, animal quadrupede qui a beaucoup de rapport au chameau en ce qu'il rumine , qu’il n’a point de cornes , qu’à chaque pié il a deux doigts & deux ongles, & que la plante du pié eft recouverte par une peau molle. Le zouton du Pérou a fix piés de longueur depuis le fommet de la tête jufqu’à la queue, ëz quatre piés de hauteur depuus terre jufque fur le dos ;1la les oreilles affez longues , la tête alongée, la levre fupérieure fendue , & les yeux grands ; le train de derriere eft plus élevé que celui de devant, Ces animaux font blancs, noirs, ou bruns ; d’autres ont toutes ces couleurs. Les Péruviens donnent à ceux-ci le nom de woromoro, Voyez le regne animal divifé en fix clafes , par M. Breflon, Voyez QuADRU- PEDE. MourTons , f.m.pl. (Hydraul.) en fait de cafca- des, ce font des eaux que l’on fait tomber rapidement dans des rigoles , & qui trouvant pour obftacle une M M m mm ij 828 M OU table de plomb dans le bas, fe relevent en écumant. CÆ) sh He | MourTon, f. m. Machine à enfoncer des pieuxen terre. Voyez les PI, de Charp. É leur explic. MouTONS DE DEVANT, terme de Charron , ce {ont les deux montans qui fervent pour former le fiege du cocher: ils font enchâflés dans des mortaifes pra- tiquées fur le hfoir de devant. MoOUTONS DE DERRIERE, cerme de Charron , ce font deux pieces de bois qui font enchäffées par en- bas dans le lifoir 87 qui font furmontées par l’entre- toife. Ces trois pieces affemblées font tant pour l'or- nement d’un carrofe, que pour aider les domefti- ques à monter derriere, & leur fervir de garde-fou. Voyez la figure PL, du Sellier, Mouron( Fonte des cloches.) forte piece de bois à laquelle la cloche eft fufpendue par fes ances ; cette piece eft terminée par deux tourillons de fer qui roulent furles crapandines ou couettes placées dans le beffroi, en forte que la cloche peut balancer Hbrement. Voyez La fig. 6, Pl, de la Fonderie des clo- ches, & l’article FONTE DES CLOCHES, MouToN, ( termes de riviere) c’eft dans une fon- nette un bout de poutre freté , ou un lourd billot de bois, & qu’on leve à force de bras. La hye eft diffé- rente du r7ouronen ce qu’elle eft plus pefante & qu’on la leve avec un mouhnet, MOUTONNAGE, 1. m, ( Jurifprud. ) terme de coutume qui figniñe un certain droit que le feigneur leve fur ceux qui vendent ou achetent des moutons dans l'étendue de fon fief. (4) MOUTONNER , ( Marine. ) la mer moutonne, Voyez MER. MOUTURE , ff, laftion de moudre , de broyer, de réduire en poudre les matieres friables. On fe fert principalement de ce mot pour expri- mer la converfion des grains en farine. La mourure eft plus ou moins bonne , fuivant les moulins dont on fe fert. Tous ne {ont pas également propres à produire la plus belle farine ; d’ailleurs la qualité de la farine dépend encore de la maniere de moudre , & elle eft plus on moins fupérieure, fuivant que l’on fait moudre plus ou moins bas. Les progrès de nos connoiffances n’ont pas été moins lents fur cette partie que fur les autres. Lesbe- foins & la confervation de l’être phyfique ont dû fournir le premier & le principal objetde Pattention des hommes : à païtir de ces principes , on jugeroit ue nos découvertes fur les moyens de pourvoir à lun & à l’autre ont dû être très-rapides ét très-éten- dus ; maïs les arts les plusutiles ne font pas ceux que Von a perfeétionnés les premiers ; le befoin les a fait naître avant les autres ; bien-tôt abondance & le luxe ont fait préferer ceux d’agrémens : on les a por- tés très-loin, tandis que les premiers très - néceffai- res font reftés fans accroiflemens , abandonnés à des mains mercenaires , à des ouvriers grofliers , inca- pables de connoïre les principes de leurs opéra- tions , & de réfléchir fur la fin qu’elles doivent avoir. Iln°y a pas long-tems que ’onignoroit encore une mamere de moudre les blés & autres grains deftinés à la fubfftance des hommes, fuivant laquelle une même quantité de grains produit en farine environ un quinzieme de plus que la mefure ordinaire par la mouture aétuelle & ordinaire. Le fieur Maliffet, boulanger de Paris, artifan dif. | tingué , vient de prouver par des expériences de cette nouvelle méthode , faites à la fin de 1760 , & au commencement de 1761, dans les hôpitaux de Paris, &c fous les yeux des premiers magiftrats de police, que l’on pouvoit œconomifer par année 80000 liv. fur la dépenfe que font les hôpitaux pour le pain qui fe confomme parles pauvres, &c cepen- dant leur en fournir d’une qualité infiniment fupé+ rieure, plus nourriffant & fur-tout plus agréable , & auf blanc que celui qui fe mange dans toutes les maifons particulieres. Quand il n’en devroit réfulter que ce bien en fa: veur des pauvres , c'en feroit toujours un fort grand que d’avoir enfeigné les moyens de les en faire jouit; mais fi cette importante œconomie devoit encore tourner à leur avantage, & fervir à améliorer le traitement qu'on leur fait fur les autresiparties de leur nourriture, il faudroit joindre à l’eflime que l’on doit au fieur Maliffet tous les éloges que mérite- roient les effets de fonzele, 1] n’eft pas linventeur de cette méthode, elle eftpratiquée pour énviron un tiers des farines qui fe confomment.à Paris ; il y a déja long-tems quel’ufage en eftétabli dans la Beau: ce, & dans quelques autres provinces ; mais elle étoit fi peu connue à Paris , que les hôpitaux même qui ont un fi grand intérêt d’œconomifer, Pigno- roient :1l faut donc favoir gré à celui qui s”eft donné des foins pour en étendre la connoïffance ;, & qui a eu aflez de courage pour s’expofer à toutes les con- trariétés qu’on doit s’attèndre à éprouver lorfqw’on entreprend de changer d'anciens ufages pour y en fubftituer des meilleurs. Nous allons donner le détail du produit des grains convertis en farine par l’une & l’autre maniere. Nous appellerons la derniere zzouture par æcono- mie : On jugera par la différence des produits, des avantages de cette derniere méthode. Nous nous fervirons pour ces appréciations de la mefure de Paris , comme la plus connue, tant pour les grains que pour les farines, Les farines fe vendent à la mefure, &e la plus or- dinaire eft le boifleau ; mais on défigne les groffes quantités , celles qui s’expofent & qui fe confomn- ment en total fur les marchés, par le nombre des fagss 4 L Un fac de farine , fuivant l’ufage de lahalledePa- ris, doit être de 325 lv. pefant. On emploie pour le produire deux fetiers de blé pefant 240 liv. chacun, {nivant l’évaluationordinai- re du poids de cette melure. Ilne faut entendre dans tout ce que nous dirons des farines que celles de froment : les proportions feront faciles à établir pour les autres efpeces de grains, fi l’on juge à propos d’en faire l'opération. Les deux feriers de blé que l’on a déja dit pefer en total 480 liv. produifent par la xouture ordinaire. & généralement pratiquée jufqu’à préfent , 325 à 327 lv. de farine , 126 liv. de fon. La farine eft de trois efpeces, La premiere que l’on appelle farine de blé , ow fleur de farine , confifte en :70 liv. qui faitenviron moitié des 325 liv. de produit au total, La feconde , d’une qualité très-inférieure , forme à-peu-près 80 lv. pefant. Le furplusfe divife en deux parties ; la premiere, de grain blanc ; la feconde, de grain gris. On fépare le fon en trois claffes : les premiers que l’on appelle /ors proprement dits , s’emploient ordi- nairement à la nourriture des chevaux. es feconds qu’on nomme les recoupes, {e confom- ment par les vaches ou autres beftiaux d’une efpece à-peu-près femblable. Les troifiemes font les recoupettes: les Amidonniers en tirent encore fufhfamment de farine pour fabri- quer la poudre à poudrer & l’'amidon. - La même quantité de grain par la z7oufure œcono- mique , c’eft-à-dire par la nouvelle méthode , pro- dut 340 Liv. de farine de quatre efpeces, 170 livres ou moitié de farine pure , ou fleur de farine. | | | L'autre moitié fe divife en farine de premiergrain, M .O U farine de fecond & farine de troifieme grain | . La quantité des deux premieres eft de 155 livres, celle de la derniere , d'environ 15 Hv. pefant. Indépendamment de ces farines , on tiré encore des mêmes grains 120 liv.de fon , que l’on diftingue entrois qualités. | 1°. 14 boifleaux de gros fon, pefant en total 70 livres. A | 2° 6 hoiffeaux de la feconde qualité, pefant 40 livres, 3°. Un boïffeau du poids de roolivres, | . Ces fons fe confomment de la même maniere que ceux dont on a parlé en détaillant Le produit par la mouture Ofdinaire. | | On voit par ces différens produits que, fuivantcet ancien ufage, on ne tire de deux fetiers de blé , me- fure de Paris, pefant 480 liv. que 325 liv. de farine de toutes efpeces, & que la même quantité de grain produit 340 liv. de farine prefqu’en total dela pre- miere qualité par la owrure œconomique. - Cetavantage eft un des moindres de cette métho- de ; des 325 liv. de farine provenant de la premiere façon de moudre , il n’y arque la premiere quine forme que 170 liv. dont on puifle faire du pain blanc; on mêle la feconde farine avec celle d’après , que l'on appelle de grain blanc, pour fabriquer du pain bis-blanc, Le furplus , c’eft-à-dire la farine de graingris , eft fi inférieure, que le pain qui en provient ne peut être confommé à Paris , il eft trop bis & trop mé- diocre, Le mélange de toutes ces efpeces de farine eft ce qui compofe le pain que l’on appelle de rérage ; mais la qualité en eft infiniment moins bonne que celle qui réfulte du mélange de toutes les farines produites par la mouture cœconomique. En eflet, fuivant cette méthode, la réunion de toutes les farines forme un tout bien plus parfait ; le pain qui en provient eft plus beau, plus blanc, d’un meilleur goût & d’une qualité très-fupérieure à celmi même de la premiere fatine de l’autre #ozvure. Cette fupériorité eft produite, comme on vient de le dire, par le mélange même de ces farines : celles de premier & de fecond grain qu’on incorpore avec la premiere, par la mouture œconomique , ont plus de confifance que celle à laquelle elles font jointes : celle-cieft plus fine, plus délicate , c’eft la fine eur ; les autres confervent plus de fubftancesentierement purgées de fon qui pourroit diminuer leur qualité ; elles ajoutent de la force & de la qualité à la premie- re, fansaltérer fa finefle : &à l'exception des 1; y. de fariné du troifieme grain , toutes celles que pro. duifent les grains #ou/us par œconomie, font em- ployées pour la premiere qualité de pain , il n'y a même que les bonlangers qui en retranchent la très- petite quantité dutroïfieme grain , attendu qu’il pour- roit nuire à l’extrème blancheur que doit avoir leur pain, pour en avoir un débit plus facile. Ainf la wousure par œconomie joint à l'avantage de produire un quinziemé de plus, celui de rendre toutes les farines affez parfaites pour être employées à une feule & même qualité de pain qui eftla pre- smiere ; au lieu que par la mowure ordinaire , il nya que 170 lv. de farine qui puiflent fervir à cette fa- brication ; le furplus eft employé, comme on l’a déja dit, à faire du pain bis-blanc , & même plusinfé. rieur encore ; la différence du prix de ce pain avec celui du pain qui fe fabrique avec les farines de la mouture œconomique, indique aflez la méthode qu’il faut préferer , rien que pour cette feule partie. + Îferoit doncinutile d’infifier davantage fur celle de ces méthodes qui mérite cette préférence, il vaut mieux faire connoître en quoielle differe de l’autre. Cette différence d’où réfulte réellement le bénéf- M OU 829 ce ; ne confifte qu’en ce que par la premiere méthode il refte beaucoup de fon dans les farines » & plus eñs core de farine dans les fons ; au lieu que la nouvelle dégage. Pune & l’autre, & en fait exactement lé départ. : | | La mouture par œconomie , n’eft autre chofe que lait de bien féparer cesmatieres, d'extraire des fons toutes les parties de farine que lazmourure ordinaire ÿ laiffe, &c d’expulfer entierement le fon.des farines j c’eft en quoi confifte toute la {upériorité de cette max ture, 8t d’où provient le bénéfice qu’elle procure, L'ancienne maniere produit moins defon en quañs tité, cela doit être ainf, puifqu'ilen refte.beau conp dans les farines ;maisil eft plus pefant, la farine qu'y refte doit néceflairement le rendre tel, c Parlaraifon contraire la moutureœconomique pro: duit plus de fon ; mais il eft plus léger, parce qu'il eft réduit à la fimple écorce du blé irès-broyée & tout-a-fait épurée de farine. dd I n’y a quele mélange du fon quirefte avec les fa- rines dans la #outure ordinaire quipuifle rendre de qualités différentes celles qui proviennent des mêmes grains. | Dans cette méthode, la premiere & la feconde farine extraites , on répare une fois feulementles if fues ; le blutage acheve enfuite cette opération. Dans lazzourure œconomique lesifues font rép&s rées jufqu’à quatre fois, & les trois premieres farines font encore mêlées enfemble fous la meule ;-1l doit néceflairement réfulter de cette. maniere une plus grande quantité de farine d’une égale Quantité de |. grain. L’évaporation eft plus confidérable du double paï ce procédé que par l’autre ; la divifionne fauroit être plus grande fans produire cet effet ; mais ce déchet eft remplacé & au-delà, puifque malgré fa pertes On a encore un quinzieme.de farine dé bénéfice. Les frais en font auf plus forts ; un fetier de blé eft beaucoup plus long à moudre quand-on répare quatre fois les iflues,, qu'en fuivant la méthode or- dinaire ; ileftjuite que le meunier foit payé durems pendant lequel on occupe fon mouli ; mais onre- trouve éncore cette augmentation de dépehfe.dans le bénéficeen matiere que cetufage procuré : d’ailleurs s'il devenoit plus général, fes frais diminueroient & deviendroient moindres que ceux de l’ancienne mé- thode ; 1l exige beaucoup moins d’efpace 8&c-beau- Coup moins d'ouvriers, ainfila main-d'œuvre dimi- nueroit, & contéquemment le droit de #ourwre, Les avantages de la méthode que nous indiquoné ne font pas à négliger , principalement pour les pro- vinces ou les états qui ne produifent de grains que ce qu'il en faut pour la confommation des habitans, où qui ne produifent pas fuffifamment, L'œconomie annuelle d’un quinzieme fur tous les grains quile con: fomment, fufroit fouvent pour garantir de la difet te , ou di moins pour pater à {es premiers inconyé- niens , & donner le tems de fe procurer des fecours plus abondans pour s’en mettre tout-à-fait À l'abri ; c'eft aux admimftrateurs à juger du mérite de ces réa flexions ; elles poutroient être moins étendues , & peut-être jugera-t-on que le fujet n’en exigeoit pas de f détaillées ; mais elles ont pour motifle bien pu- bic , il n’y a point de petits intérêts dans cette par tie, & l’on ne pent trop indiquer les moyens de Le procurer. Arcicle de M, d'AMILAVILLE. MOUVANCE , ff (Jurifp.) eff la relation qu'il y a entrele fief dominant & Le fief fervant, parrap- port à la fupériorité que le premier a fur l’autre qui dépend de lui, | La mouvance eft quelquefois âppellée szureou 1e ie, parce que la #ouvancen’eit autre chofe que Vétat de dépendance du fief fervant qui ef tenu du feigneur dominant , à la charge de la foi &homma- ‘830 M OU. ge , '& de certains dioïts aux mutations. On dit quelquefois #ouvance féodale , quelquefois mou- vance fimplement. J'y a des fiefs qui ont beaucoup de mouvances , c’eft-à-dire un grand nombre de fiefs qui en rele- vent. il y a mouvance ative & pañive. Un fief releve d’un autre fief fupérieur, c’eft la mouvance paffive. Ce même fief en a d’autres qui relevent de li, c’eft la mouvance aûive. Tous les fiefs font mouvans du roi médiatement ou immédiatement ; ils peuvent relever du rei mé- “diatement ou de quelque autre feiyneur. Déux feigneurs diférens ne peuvent avoir la mouvance d'un même fief ; mais l’un peut avoir la mouvance immédiate, & l’autre la mouvance mé- diaté. | La mouvance médiate ouimmédiate d’un fief pent appartenir à plufieurs feigneurs dominans d’un mê- me fief, | Quand plufieurs feigneurs prétendent avoir cha- cun la mouvance d’un fief, le propriétaire du fief doit fe faire recevoir par main fouveraine,ët confignerles droits en juitice , pour être donnés à celui qui ob- tiendra gain de caufe. Dans ce même cas où la mouvance eft conteftée entre plufieurs feigneurs , il faut la prouver. Cette preuve doit être faite par le titre primitif d’inféo- dation , fi on le peut rapporter, ou, au défaut de cetitre, par des aétes de foi & hommage, par des dénombremens, des contrats de vente ou d'échange. Celui qui a les plus anciens titres, doit être préféré. Le feigneur n’eft point obligé de prouver contre fon vaflal la mouvance du fief par lui faifi, parce que le vaffal eft préfumé en avoir connoïflance ; c’eft au vaflal à inftruire le premier fon feigneur, Si le vaffal veut obliger le feigneur à prouver fa mouvance , il faut , avant toutes chofes , qu’il avoue ou defavoue le feigneur. Sile feigneur ne prouve pas fa mouvance, 8 qu’il ait faif féodalement , il doit être condamné aux dommages & intérêts de celui qu'il a prétendu être fon vañal. Quand le feigneur prouve fa mouvance par des titres au-deflus de cent ans, il n’y a pas lieu à la commife, parce que le vaffal peut n’en avoir pas eu connoiflance. Celui qui vend un fief, doit déclarer de quel fei- gneur il eft mouvant, ou, s’il ne le fait pas, 1l doit en faire mention. La mouvance d’un fief eft imprefcriptible de la art du vaflal contre fon feigneur dominant ; mais elle fe prefcrit par trente ans, de la part d'un fei- gneur contre un autre feigneur ; & par quarante ans, contre l’églife. Pour acquérir cette prefcription , 1l fant que dans les trente années il y ait eu au-moins deux muta- tions du même fief, & des faifñes féodales dûement fignifiées. ; Le feigneur fuzerain peut aufli prefcrire contre fon vaffal la mouvance ded’arriere-fief | & par ce moyen cet arriere-fief devient mouvant de lui en plein fief. La prefcription des mouvances ne court point con- tre les mineurs. Les mouvances d’un fief ne peuvent être vendues, fans aliéner en même tems Le corps du fief; on peut les retirer féodalement, de même que le fief, lorf- qu’elles font vendues au propriétaire du fief fer- vant ou à d’autres. Le feigneur dominant, qui a commis félonie con- tre fon vaflal, ne perd pas fon fief dominant ; mais il perd la mouvance du fief fervant , & les droits qui en peuvent réfulter. M OU Voyez les Coutumes au titre des fiefs, € leurs Cemr rmentateurs. Voyez auffi F1Er, For , HoMmMacGe. La mouvance d’une juftice éft la dépendance où elle eft d’un feigneur dont elle eft tenue en fief ou arriere- fief ; on entend aufñ par là la fupériorité qu'une juf- tice a fur nne autre qui yreleve par appel. Foyef Jusrice & RESsORT. ( 4) MoOUvANT , adj. ez cerme de Blafon, {e dit des pieces quifemblent fortir du chef, des angles, des flancs ou de la pointe de l’écu où elles font atte- nantes. Alberti à Florence, d’azur à quatre chaînes d’or, mouvantes de quatre angles de l’écu , & liées au cœur à un anneau de même. MOUVEMENT , {. m. (Méchan.) qu'on appelle aufli mouvement local ; c’eft un changement conti- nuel & fucceffif de place de la part d’un corps, c’eft- à-dire un état d’un corps par lequélil correfpond fucceffivement à différens lieux , ou par lequel 1l eft facceflivement préfent à différentes parties de l’ef- pace. Voyez LIEU. La théorie & les lois du wouve- MÉCHANIQUE. | Lés anciens philofophes ont confidére le #ouve- mens dans un fens plus général & plus étendu, ils Pont défini le paflage d’un corps d’un état en un au- tre, & ils ont de cette forte reconnu fix efpeces de mouvement, la création , la génération , la corrup- tion , l'augmentation, la diminution ét le tranfport ou zzouvernent local. Mais les philoiophes modernes n’admettent que le mouvement local, & réduifent la plüpart des autres eéfpeses dont nous venons de faire mention, à celui- là feulement. Voyez GÉNÉRATION, CORRUPTION, Ge. De forte que nous n'avons à parler ic1 que du tranfport ou mouvement local, dont toutes les autres efpeces de mouvement ne font qu’autant de modifica= tion ou d'effets. Voyez ALTÉRATION, &c. On a contefté Pexiftence & même la poflibilité du mouvement, mais par de purs fophifmes. Il y a eu de tout tems des hommes qui fe font fait un honneur de contredire ce qu’il y a de plus évident, pour faire parade de leur prétendue force d’efprit, & il ne fe trouve encore aujourd’hui quetrop de gens de ce ca- taétere. Voici un échantillon des dificultés que ces fortes de gens ont fait contre l’exiftence du rrouve- ment, S'il y a du mouvement, il eft dans la caufe qui le produit , ou dans le corps mobile , ou dans l’une & dans l’autre. Ï n’eft pas dans la caufe qui l’excite, car quand on jeite uné pierre , on ne peut pas dire que le mouvement réfifte dans la caufe qui le pro- duit , mais il eft dans la pierre que l’on a jettée. Ce- péndant on ne fauroit guere établir non plus le 104- vement dans le corps mobile, car le xouvemenr eft l'effet de la caufe qui agit, & le corps mobile eft fans effet : donc il n’y a point de mouvement, puif- qu'il ne fe trouve m1 dans la caufe qui l’excite ; ni dans le corps mobile, La réponfe eît que dans un certain tems le mouvement réfide dans la caufe qui le produit , & que dans nn autre tems il fe trouve dans le corps mobile, Ainfi lorfqu’on met une pierre dans une fronde , & qu’on vient à tourner la fronde, la maïn au-tour de laquelle eft la corde, doit alors être regardée comme la caufe qui produit le mouve- ment, 6 elle eft même en #ouvement ; de-là il pañle dans la fronde quitourne , & enfin dès que la fronde vient à fe lâcher, la pierre eft le fiége du rouve- ment, Le défaut du fophifme eft donc de ne pas faire attention aux différens tems dans lefqnels tont ceci fe paffe. Diodore Cronus faifoit un autre raifonne- ment que voici. Le corps eft mü dans la place où il eft , ou dans celle où il n’eft pas. L'un & l’autre eft impofhble , car s’il étoit mû dans la place où il eft, il ne fortiroit jamais de cette place. Il n’eft pas mt non plus dans la place où il n’eft pas , & par confé- ment font le principal fujet de la méchanique. Foyez . MOU quent 11 n’eft jamais en mowvernens. La definition du mouvement fe tire de cette difäiculté apparente ; un corps n’eft pas mû dans la place où il eft, mais de la place où il eft dans celle qui fuit immédiatement. Le plus fameux de tous les fophifmes contre le mouvement, eft celui que Zénon avoit appellé l4- chille; pour marquer fa force, qu'il croyoit invin- cible , il fuppofoit Achille courant après une tor- tue, & allant dix fois plus vite qu’elle. Il donnoit une lieue d'avance à la tortue, & raifonnoit ainfi : tandis qu'Achille parcourt la lieue que la tortue a d'avance {ur lui, celle-ci parcourra un dixiemie de lieue ; pendant qu’il parcourra le dixieme , la tor- tue parcourra la centieme partie d’une lieue ; ainf de dixième en dixieme , la tortue dévancera toujours Achille , qui ne l’atteindra jamais. Mais 1°, quandil feroit vrai qu'Achille n’attrapât jamais la tortue» 1l ne s’enfuvroit pas pour cela que le #ouvemens ft impoflble, car Achille & la tortue fe meuvent réel- lement, puifqu'Achille approche toujours de la tor- tue qui eit fuppofée le dévancer toujoürs infiniment peu, 2°. On a répondu direétement au fophifme de Zénon. Gregoire de Saint,Vincent fut le premier qui en démontra la faufleté, & qui affigna le point pré- cis auquel Achille devoit atteindre la tortue, & ce point fe trouve par le moyen des progreffions géo- métriques inñnies, au boût d’une lieue & d’un neu- vieme de lieue ; car la fomme de toute prosreflion géométrique eft finie , & cela parce qu'être Ami, ou S'éténdre à l'infini, font deux chofes très-différentes. Un tout fini quelconque, un pié pat exemple, eft compolé de fini & dinfim. Le pié eft fini en tant qu'il ne contient qu’un certain nombre d'êtres fim- piles ; maisje puis le fuppofer divifé en une infinité, ou plürôt en une quantité non finie de parties, en confidérant ce pié comme une étendue abftraite ; ainfi fi j'ai pris d’abord dans mon eiprit la moitié de ce pié, & que je prenne enfuite la moitié de ce qui refle, ou nn quart de pié , puis la moitié de ce quart, où un huitieme de pié, je procéderai ainfi mentale- ment à l'infini, en prenant toujours de nonvelles moitiés des croiflances , qui toutes enfemble ne fe- ront Jamais que ce pié: de même tous ces dixiemes: de dixiemes à l'infini, ne font que + de lieue, & c'eft au bout de cet efpace qu’Achille doit attraper la tortue, & 1l l’attrape au bout d’un tems fini, par- cé que tous ces dixiemes de dixiemes font parcourus durant des parties de tems des croiffances , dont la fomme fait un tems fini, M, Formey, Les auteurs de Phyfique anciéns & modernes, ont été fort embarraflésà définir la nature du mouvemenr local : les péripatéticiens difent qu'il eft aëus ensis in potentia quatenus eff inpotentia: Ariftote , 3. Phyf. € 7. Mais cètte notion paroït trop obfcure pour qu’on puiflé s’en contenter aujourd’hui, &c.elle ne fauroit tervir à exphquer les propriétés du mouvement. Les Epicuriens.définifloient le mouvement , le paf: age d'un corps ou d’une partie de corps d’un lieu en un autre , & quelques philofophes de nos jours fuivent à peu prèscette défumtion , & appellent le #ouye- nent dun corps, le paflage de ce corps d’un efpace à un autre efpace ; lubfütuant amf le mot d’efpace à celui de lieu. à Les Cartéfens définiflent le mouvement , Le pallage ou l'éloignement d'ume portion de matiere , du voifinage des parties qui lui \étoient iminédiatementcontiguës dans de voifinage d'autres parties. | Cette définition éft dans le fond conforme à celle des Epicuriens , & il n’y à entr’elles d’autre diffé- rence, finon que ce que l’une lappelle corps &c lieu , l’autre l’appèlle maviere 8t partie contigue, | Borell: , & après lui d’autres auteurs modernes, définiffent le mouvement , le palfage fucceffif d’un corps, d’un lieu en un autre, dans un certain tems déterminé, M OU 831 le corps crane fhcccffivement contigu à toutes les parties de Pefpace intermédiaire, On convient done que le #ouvement ef le tranfpors d'un corps d'un lieu en un autre ; mais les Plilofophes font très-peu d'accord lorfqu'il s’agit d'expliquer en quoi confifte ce tranfport; ce qui fait que leurs divi- ons du mouvement {onttrès-différentes., | Arifiote &c les Péripatéticiens divifent le ouve- ment en naturel 8x violent. Le zaturel et celui dont le principe ou la force mouvante eft renfermée dans le corps mû , tel eft celui d’une pierre qui tombe vers le centre de la têrre. Voyez GRAVITÉ. Le mouvement violent eft celui dont Le principe eft externe , & auquel le corps mû réfifie ; tel eft celui d’une pierre jéttée en haut. Les modernes divifent généralement le mouvemens en abfolu & relarif. Le mouvement abfolu eft le changement de lieu ab. folu d'un corps mü, dont la vitefle doit par confé- quent fe mefurer par la quantité de l’efpace abfolu que le mobilesparcourt. Voyez Lieu. Mouvement relatif, c’eit le changement du lieu re- latif ordinaire du corps mû, & fa viteffe s’eflime par la quantité d’efpace relatif qui eft parcourue dans ce IMOUVEIRETEÉ, Pour faire fentir la différence de ces deux fortes de mouvemen., imaginons un: corps qui fe meuve dans un bateau ; fi le bateau eft en repos, le mov. vement de ce corps fera, ou plütôt fera cenfé mouve- nent abiolu ; fi au contraire le bateau eft en mouve- ment , le mouvement de ce corps dans le bateau ne fera qu'un mouvement relatif, parce que ce corps outre fon mouvement propre, participera encore au mouvement du bateau ; de forte que fi le bateau fait par exemple , deux piés de chemin pendant que le corps parcourt dans Le bateau l’efpace d’un pié dans le même fens, le mouvement abfolu du corps fera de trois piés , &t fon mouvement relatif d’un pié, Il eft très-dificile de décider fi le mouvement d'un corps eft abfolu ou relatif, parce qu’il feroit nécef- faire d’avoir un corps que l’on fût certainement être en repos, &t qui ferviroit de point fixe pour con- noître & juger de la quantité du mouvement des au- tres corps, M. Newton donne pourtant ; on plürôt indique quelques moyens généraux pour cela dans le fcholie qui eft à la tête de fes principes mathéma- tiques. Voici Pexemple qu'il nous donne pour expli- quer {es idées {ur ce fujet. Imaginons, dit cé grand philofophe ; deux globes attachés à un fil, & qui tournent dans le vuide au tour.de leur centre de gra vité commun ; comme il n’y a pointipar la fuppo- fition , d’autres corps auquels on pnifle les compa- rer , & que ces deux corps en tournant, confervent toujours la même fituation l’un par rapport à l’au. tre, on ne peut juger ni s'ils font en vzozvement , ni de quel côté ils fe meuvent, à moins qu’on n’exa< mine la tenfion du fil qui lesunit. Cette tenfion con: nue peut fervir d’abord à connoître la force avec las quelle les globes tendent à s'éloigner de l’axe de leur mouvement, &t pat-là on peut connoitre la quantité dui #ouvement de chacun des corps ; pour connoître préfentement la direétion de ce mouvement , qu’on . donne des impulfions égales à chacun de ces corps en fens contraire , fuivant les diretions paralleles, la tenfon du fil doit augmenter ou diminuer , {elon que lès forces imprimées feront plus on moins conf: prantes avec le mouvement primitif, & cette tenfion fera la plus grande qu’il eft poffible lorfque les forces feront imprimées dans la direttion même du mouve ment primitif ; de forte que fi on imprime fucceffive: ment à ces corps des mouvemnens égaux & contraints dans différentes direétions , on connoïtra , lorfque la tenfion du fil fera la plus augmentée, que les forces imprimées ont été dans la direétion même du 104 832 M GU vement primitif, CE qui fervira à faire connoitre cette diretion. Voilà de quelle maniere on peut trouver dans le vuide la quantité & la diredion du zzouve- ment de deux corps ifolés. Prefentement fi autour de ces deux globes on place quelques autres corps qui foient en repos, on ne pourra favoir file mouvemens eft dans les globes ou dans les corps adjacens , à moins qu'on n’examine de même qu'auparavant la tenfion dn fil, & fi cette tenfon fe trouve être celle qui convient au #z04vement apparent des deux globes ; on pourra conclure que le mouvement eft dans les globes ; ê&r que les corps adyacens font en repos. D’autres divifent le souvement en propre & impro- pre ; OÙ EXÉCTTLEe | Le mouvement propre eft le tranfport d’un lieu pro- pre en un autre quipar-là devient lui-même propre, parce qu'il eft rempli par ce corps feul exclufive- ment à tout autre; tel eft le 7ouvement d’une roue d'horloge. Le mouvement impropre , externe , étranger ; OÙ COM- mun , c’eft le paflage d’un corps hors d’un lieu com- mun dans un autre lieu commun ; tel eft celui d’une montre quife meut dans un vaifleau, &c. La raïfon de toutes ces différentes diviñons pa- roît venir des différens fens qu'on a attachés aux mots, en voulant tous les comprendre dans une mé- me définition & divifion. Il y en a par exemple, qui dans leur défimition du mouvement, confiderent le corps mü, non par rap- portaux corps adjacens , mais par rapport à l’efpace immuable & infini; d’autres le confiderent , non par rapport à l’efpace infini, mais par rapport à d’au- tres corps fort éloignés, & d’autres enfin ne le con- fiderent pas par rapport à des corps éloignés , mais feulement par rapport à la furface qui lui eft conti- gué. Mais ces différens fens une fois établis, la dif- pute s’éclaircit alors beaucoup ; car comme tout mo- bile peut être confidéré de ces trois manieres , il s'enfuit de-là qu’il y a trois efpeces de mouvement, dont celle qui a rapport aux parties de lefpace in- fini & immuable , fans faire d'attention aux corps d’alentour, peut êtrenommée abfolument & vérita- blement mouvement propre ; celle qui a rapport aux corps environnans & très-eloignés , lefquels peu- vent eux-mêmes être en mouvement, S’appellera mou- vement relativement commun ; & la derniere qui a rap- port aux furfaces des corps contigus les plus pro- ches, s’appellera mouvement relativement propre. Le mouvement abfolument € vraiment propre, eft donc l’application d’un corps aux différentes parties de l’efpace infini & immuable. Il n’y a que cette ef- pece qui foit un wouvement propre &e abfolu , puif- qu’elle eft toujours engendrée &c altérée par des forces imprimées au mobile lui-même , & qu'elle ne fauroit l'être que de la forte, parce que c’eft d’ail- leurs à elle qu’on doit rapporter les forces réelles de tous les corps pour en mettre d’autres en r7ouvement par impulfion , & que ces mouvemens lui font pro- portionnels. Le mouvement relativement commun , c’eft le chan- gement de fituation d’un corps par rapport à d’au- tres corps circonvoifins ; & c’eft celui dont nous par- lons lorfque nous difons que les hommes , les villes . & la terre même fe meuvent. C’eit celui qu’un corps éprouve, lorfquw’étant en repos par rapport aux corps qui l’entourenr , il ac- quiert cependant avec eux des relations fucceffives par rapport à d’autres corps, que lon confidere com- me immobiles ; & c’eft le:cas dans lequel le lieu ab- folu des corps change , quand leur lieu relatif refte le même. C’eft ce qui arrive à un pilote qui dort fur le tillac pendant que le vaiffeau marche , ou à un poiflon mort que le courant de l’eau entraine. C’eftaufl le mouvement dont nous entendons parler MOU lorfque nous eflimons la quantité de mouvement d’un corps, & la force qu'il a pour en poufler un autre; par exemple, fon laifle tomber de la main une fphere de bois remplie de plomb pour la rendre plus pe- fante , on a coutume d’eftimer alors la quantité du mouvement & la force qu’a la fphere pour pouffer d’autres corps, par la vitefle de cette même fphere & Le poids du plomb qu’elle renferme ; & on a rai- fon en effet d’en ufer de la forte pour juger de cette force en elle-même & de fes effets, en tant qu’ils peu- vent tomber fous nos fens: mais que la fphere n’aît point d'autre mouvement que “celui que nous lui voyons ; c’eft , felon que nous l'avons déja obfervé, ce que nous ne fommes point en état de déterminer en employant la feule apparence de l'approche de la pierre vers la terre. . Le mouvement relativement propre, c'eft l’applica- tionducceflive d’un corps aux différentes parties des Corps contigus; à quoi 1l faut ajouter que lorfqu’on parle de lapplication fuccefive d’un corps, on doit concevoir que tonte fa furface prife enfemble, eft appliquée aux différentes parties des corps contigus 3 ainfi le mouvement relativement propre eft celui qu on éprouve lorfqu'étant tranfporté avec d’autres corps d’un mouvement relatif commun, on change cependant la relation | comme lorfque je marche dans un vaiffeau qui fait voile; car je change à tout moment ma relation avec les parties de ce vaifleau qui ef tranfporté avec moi. Les parties de tout mo- bile font dans un 7z0ouverment relatif commun ; mais fi elles venoient à fe féparer, & qu’elles continuaf- fent à fe mouvoir commé auparavant, elles acquer- roient un 70#yement relatif propre. Ajoutons que le mouvement vrai & le mouvement apparent different quelquefois beaucoup. Nous fommes trompés par nos fens quand nous croyons que le rivage que nous quittons s’enfuit, quoique ce foit le vaifleau qui nous porte qui s’en éloigne; & cela vient de ce que nous jugeons les objets en repos , quand leurs images oc- cupent toujours les mêmes points fur notre rétine. De toutes ces définitions différentes du ovvement,) il en réfulte autant d’autres du lieu ; car quand nous parlons du mouvement & du repos véritablement & abfolument propre , nous entendons alors par Zex, cette partie de lefpace infini & immuable que le corps remplit, Quand nous parlons de mouvement re lativement commun , le eu eft alors une partie de quelqu’efpace ou dimenfion mobile. Quand nous parlons enfin du souvement relativement propre , qui réellement eft très-impropre, le Ziex eft alors la furface des corps voifins adjacens , on des efpaces fenfibles. Foyez LrEu. La nature de cet ouvrage, où nous devons ex- pofer les opinions des Philofophes , nous a obligés d'entrer dans le détail précédent fur la nature, Pexif- tence &t les divifions du rrouvement ; mais nous ne devons pas oublier d'ajouter, comme nous l’avons déja fait à l’arsicle ÉLÉMENS DES SCIENCES, que toutes ces difcuffions font inutiles à la méchaniqué ; elle fuppofe l’exiftence du rzouvemenr , & définit le mouvement, l'application fuccefive d’un corps à diffé- rentes parties contiguës de l’efpace indéfini que nous regardons comme le lieu des corps. On convient aflez de la définition du repos , mais les Philofophes difputent entr’eux pour favoir fi le repos eft une pure privation de #ouvemenr , ou quel- que chofe de pofitif. Malebranche & d’autres fou- tiennent le premier fentiment; Defcartes & fes par- tifans le dernier. Ceux-ci prétendent qu'un corps en repos n’a point de force pour y refter, & ne fauroitré- fifter aux corps quiferoient effort pour Pen tirer , & que le mouvement peut être auffi-bien appellé une cf Jation de repos , que le repos une ceffation de mouve- ment, Voyez REPOS, Voici Voictle plus fort argument des premiérs; fuppo- _lons un globe en repos, & que Dieu ceffé de vouloir fon repos:, que s’enfinvrazt:lde là ? il reftera tout- jours.en repos ; mais fuppofons lé corps en #otve- ment, & que Dieu ceflé de’ lé vouloir en moavemenr, que s’enfuiVra-t-1l maintenant? que le corps ceffera d'être en mowvement jc'eft-à-diré qu’il fera én tépos, &t cela parce que la force par laquelle un corps qui éften mouvement, perfévere dans cet état , eft la vo- lonté pofñitive de Dieu ; a heu que célle par la- quelle un corps qui eft.én repos y perfévere, n’eft autre chofe qué la volonté générale par laquelle il veut qu'un corpsexifte. Mais ce n’eft là qu’une pé- tition de principe ; cat la force ou le coarns par le- quelles corps foit en repos, foit en #ouverentr ; per- {éverent dans lewrs états, ne vient que de l’inertie dela matiere ; de forte que s’ikétoit poffble pourun moment à Dieu de ne rien vouloir fur l’état du corps, quoiqu'il en voulñt toujours l’exiftence , un corps qui auroit été auparavant en #204vement ÿ COntinue- roit toujours, commé un corps eñ repos réfteroit toujours encet état. C’eft cette inaîivité ou mer- tie de la matiere qui fait que tous les corps réfiftent fuivant leur quantité de matiere, & que tout corps qui en choque un autre avec une vitefle donnée , le forcera de fe mouvoir avec d'autant plus de viteffe, que la denfité & quantité de matiere du corps cho- quant fera plus grande par rapport à la denfité & quantité de matiere de l’autre. Foyez FORCE D'r- NERTIE. On peut réduire les modifications de la force ac- tive & de la force pafñive des corps dans leur choc à trois loïs principales, auxquelles les autres font fu- bordonnées. 1°. Un corps perfévere dans l’état oil fertrouve ; foit de repos, foit de mouvement, à moins que quélque caufe ne le tire de fon mouvement ou de fonrepos. 2°. Le changement qui arrive dans le #ow- vement d’un corps eft totjours proportionnel à la force motrice qui agit fur li ; & il ne peut arriver aucun changement dans la vitefle & la direétion du corps en 70uVernent, Que par une force extérieure ; car fans cela ce changement fe feroit fans raifon fuffi- fante, 3°: La réation eft toujours égale à Paétion ; car un corps ne pourroit agir fur un autre corps , fi cet autre corps ne lui réhitoits ainfi lation & la féation font toujours égales & oppofées. Maïs il y a encore bien des chofes à confidérer dans le m04- vement ; {avoit : 1°, La force qui l'imprime au corps ; elle s’appelle force mocrice à elle a pour premiere canfe l’Etre {w- prème, qui a imprimé le mouvemenr à fes ouvrages, après les avoir créés. L'idée de quelques philofo- phes qui prétendent que tout mowvement'aétuel que nous remarquons dans les corps, eft produit rmmé: diatement par Le créateur, n’eft pas philofophique, Quoique nous ne puifions concevoir comment le mouvement pale d’un cotps dans un autre, le fait n’en eft pas moins fenfible 8 certain. Ainfi, après avoir polé l’impreffion.générale du premier moteur , on peut faire attention aux diverfes caufes que les êtres fenfbles nous préfentent pour expliquer les mouvemens actuels ; tels {ont la petanteur , qui pro- duit du #ouvement tant dans les corps céleftes que dans les corps terrefres ; la faculté de notre ame , par laquelle noûs mettons en mouvement les membres de notre corps, & par leur moyen d’autres corps fur lefquels le nôtre agit ; les forces attra@ives , mac gnétiques 8 életriques répandues dans la nature, la force élaflique , qui aune grande efficace ; &c en- fin Îles chocs continuels des corps qui fe rencontrent. Quoï qu'il en foit , tout celaeft compris fous le nom de force morrice, dont l’effét , quand elle n’eft pas dé- truite par une réfiflance invincible , eft.de faire par- courir au corps un certain efpace en un certain tems, Tome X, , MOU 535 dang ti milieu qui he réfffe pas enfiblement: & dans un, milieu qui réfifte’, fon effet eft de lui fâire furmonter une partie des obftacles qu'il rencontre. Cette caufe communique aw corps une force qu'il n'avoir pas lotfqu'il étoit enrepos , puifqu'uri corps ne change jamais d'état de lui-même. Un mouvemene uné fois commencé dans le vuide abfolw , s'il éroit poflible ; contiueroir pendant toute éternité. dans ce vuide ; & le corps mir y parcoutroit à jamiais des efpaces égaux en tems égaux, puifque dans le vuidé aucun obftacle ne confumeroit la forcé ducorps. 2°, Le tems pendant lequelle corps fe meut :fG um corps parcourt un efpace donné, 1l s’écoulera une portion quelconque de tems ; tandis qu’il ira d’un point à l'autre; quelque court que foit l’efpace en queftion ; car lé moment'où le corps ferd'au poiné A ne féra pas celui où ilferaen B | un corpsne pou- vant être en deux lieux à la fois. Ainfrtout efpace parcouru left en un rems quelconques. 3°. L’efpace que le corps parcourt, c'eff la ligne droiïre décrite par ce corps pendant fon mouvement. - S1 le corps qui fe meut n'étois qu’un point, l’efpace parcouru ne feroit qu'une ligne mathématique ; mais comme ibn°y a point de corps qui ne foit étendu!, l’efpace parcouru a toujours quelque largeur. Quand on mefure le chemin d’un corps, on né fait atten- tion qu’à la longueur. he 4°. La vitefle du mowvemens , c’eft la propriété qu'a le mobile desarcourir un certain efpace en un cer- tain tems. La vitefle eft d’autant plus grande-que le mobile parcourt plus d’efpace en moins de tems. Si le corps # parcourt en deux minutes un efpace au- quellé corps B emploie quatre minutes; la vitefle du corps À eft double de celle du corps.2:1l n’y a point de mouvement fäns une vitefle quelconque, car tout efpace parcouru eft parcouru danswin cer- taintems ; maïs ce tem peut être plus ou moins long à l'infint, Par exemple ; un efpace que je fuppofe être d’un pié ; peut étre parcoutu par-un corps en une heure ou dans une minute, qui eftla 60° partie d’une heure;ou dans unefeconde, qui en efkla 3 600€ partie, 6. Le mouvemens, c’eft-à-dire la viteffes peut être uniforme ow non umiforme , accélérée, où retardée, également ou mégalement accélérée & res tardée. Voyez VITESSE. 5°. La mafñle des corps en vertu de laquelle‘ils ré- fiftent à la force qui tend à leur imprimerou à leur ôter le mouvemenr. Les corps réfiftent également au, mouvement & au repos. Cette réfiftance étant une fuite néceflaire de leur force d'inertie ; elle eft pros portionnelle à leur quantité de matiere propre, puifs que la force d'inertie appartient à chaque particule de la matiere. Un'corpsréfifte donc d'autant plusau mouvement qu'on Veut.lui.imprimef ; qu'il contient une plus grande quantité de matiere propre fous un même volume, c’eft à-dire d'autant plus qu'il a plus | de mäfle toutes chofes.d'ailleurs égales. Ainfi plus un corps à de mañle , moins il acquiert de vitefle par la même preflion , & vice versé, Les vitefles des corps qui reçoivent des preflions égales font done en tai- fon inverfe de leur mafle. Par la mêmerañfonle mous vèment d'un corps eft d'autant plus difficile à arrêter, que ce corps a plus de mafle ; car il faut la méme force pour arrêter le mouvement d’un corps: qui fe meut avec une vitefle quelconque, & pour com- muniquer à ce même cofps le même degré de vis teffe! qu’on lui a fait perdre: Cetre réfiftance.que tous les: corps-oppofent lorfqu'on veut changer leur état préfent, eft le fondement de cette loi générale du mouvement, par laquelle la réa@tion eft toujours égale à lation. L’établiflement de cette loi étoit nécef. faire afinque les corps puflent agir Les uns fur les au« tres, & que le mouvement étant une fois produirdans Punivers , il püt être communiqué d’un corps à:um NNanñnn 934 M OU autre avec raifon fuffifante. Sans cette efpece de lutte ,ilne pourroit y avoir d'aétion ; car comment une force agiroit-elle fur ce qui ne lui oppofe aucene réfiffance, Quard jeitire un Corps attaché à une cor- de; quelque’aifément que Je Le ure , la corde eit ten- due également des deux côtés ; ce qui marque l'éga- lité de la réafion: & fi cette corde n’étoit pas ten- due, je ne pourrois tirer ce corps. Ceux qui de- mandent comment pouvez-vous faire avancer un corps, fivous êtes tiré par lut avec une force égale à celle que vous employez pour letirer ; ceux ,dis-j6, qui font cette objeétion, ne remarquent pas que lorf- que je tire ce corps, & que Je le fais avancer, Je n’emploie pas toute ma force à vaincre la réfiftance qu'il m’oppofe ; mais lorfque je l'ai furmontée , 1l «m'en refte encore une partie que j’émploie à avan- cer moi-même: & ce corps avance par la force que je lui ai communiquée , & que jai employée à furmon- ter fa réfiftance. Ainf quoique les forces foient iné- gales, lation & la réa@ion font toujours égales. C'eft cette-égalité qui produit tous les mouvemens. Voyez LOI DE LA NATURE au 101 NATURE. 6°, La quantité de mouvement. La quantité dansun inftant infiniment petit, eft proportionnelle à la mafle & à la viteffe du corps mà ; enforte que le même corps ‘a plus de mouvement quand 1l fe meut plus vite, & que de deux corps dont la viteffe eft égale, celui qui a le plus de mañle a le plus de mouvement ; car le mouvement imprimé à un corps quelconque , peut être conçu divifé en autant de parties que ce corps contient de parties de matiere propre, & la force motrice appartient à chacune de ces parties, qui participent également au 7ouvement de ce corps en raifon dire@e de leur grandeur. Aïnfi le mouve- ment du tout eft le réfultat de toutes les parties , & par conféquent le mouvement eft double dans un corps dont la mafle eft double de celle d’un autre, lorfque ces corps fe meuvent avec la même viteffe. 7°. La direétion du mouvement. Il n’y a point de mouvement fans une détermination particuliere ; ainfi tout mobile qui fe meut tend vers quelque point. Lorfqu’un corps qui fe meut n’obéit qu’à une feule force qui le dirige vers un feul point; ce corps fe meut d'un mouvement fimple. Le mouvement compofé eft celui dans lequel le mobile obéit à plufieurs for- ces : nous en parlerons plus bas. Dans Le mouvement fimple, la ligne droite tirée du mobile au point vers lequel il tend, repréfente la direétion du z7ouvement de ce corps, & fi ce corps fe meut , il parcourra cer- tainement cette ligne. Ainfi tout corps qui fe meut d'un mouvement fimple, décrit pendant qu’il fe meut une ligne droite, M. Formey. Le mouvement peut donc être regardé comme une efpece de quantité , & fa quantité ou fa grandeur, qu’on appelle auf quelquefois zomene , s'eftime 1°. par la longueur de la ligne que le mobile décrit ; ainfi un corps parcourant cent piés, la quantité de snouvement eft plus grande que s'il n’en parcouroit que dix : 2°. par la quantité de manere qui fe meut enfemble ou en même tems, c’eft-à-dire non par Le volume ou l'étendue fohde du corps, mais par fa mafle ou fon poids; l’air & d’autres matieres fub- tiles, dont les pores du corps font remplis , n’en- trant point ici en ligne de compte: ainfi un corps de deux piés cubiques parcourant une ligne de cent piés , {a quantité de mouvement fera plus grande que celle d’un corps d’un pié cubique qui parcourra la même ligne ; car le mouvement que l’un des deux a en entier fe trouve dans la moitié de l’autre , & le mouvement d’un corps total eft la fomme du #ouve- ment de {es parties. - Il s'enfuit de-là qu’afin que deux corps aient des mouvemens où des momens égaux , il faut que les di- gnes qu’ils parcourront foient en raifon réciproque MOU de letr mañle, c’eft-à-dire que fi l’un de eès corps » trois fois plus de quantité de matiere que l’autre, “a ligne qu’il parcourra doit être Le tiers de la ligne qui fera parcourue par l'autre. C’eft ainfi que deux corps attachés aux deux extrémités d’une baïance ou d'un levier , & qui auront des mafñles en raïfon réciproque de leur diftance du point d'appui, décri= ront s'ils viennent à fe mouvoir , des lignes en rai- fon réeiproque de leur mafle, Voyez LEvViER 6 Puis- SANCES MÉCHANIQUES, Parexemple file corps A(PL. de Méchan. fig. 30.) a trois fois plus de mafle que Z , & que chacun de ces corps foit attaché refpeétivement aux deux ex- trémités du levier 4 €, dont l'appui ou le point fxe eft en C,de maniere que la diftance 2 C {oit triple de la diftance C À , ce levier ne pourroit{e mouvoir d'aucun côté fans que l’efpace BE , que le plus petit corps parcourroit , füt-triple de l’efpace 4D , que le plus grand parcourroit de fon côté ; de forte qu'ils ne pourroient fe mouvoir qu'avec des forces égales. Oril ne fauroit y avoir derailon qui fit que le corps À tendant en bas par exemple , avec quatre degrés de mouvement, élevât le corps B ; plütôrque le corps B tendant également en enbas avec ces quatre de- grés de mouvement, n'éleveroit le corps 4 : on con- clut donc avec raifon qu'ils refteront-en équilibre, &£ l’on peut déduire de ce principe toute la fcience de la méchanique. On demande f la quantité de mouvement eff sou= jours la méme. Les Cartéfiens foutiennent que le Créa- teur a imprimé d’abord aux corps une certaine quans tité de mouvement ; avec cette loi qu’il ne s’en per- droit aucune partie dans aucun corps particulier qui ne paffât dans d’autres portions de matiere ; & als concluent de-là que fi un mobile en frappe un au- tre, le premier ne perdra de ion mouvement que ce qu’il en communiquera au dernier. Voyez ce.que nous avons dit fur ce fujet à l’ærticle PERCUSSION. M. Newton renverfe ge principe en ces termes. Les différentes compoftions qu’on peur faire de deux mouvemens (voyez COMPOSITION ), p'ouve invin= ciblement qu'il n'y a point toujours li mime quan- tité de mouvement dans le monde ; car fi nous fuppo- fons que deux boules jointes l’une à l’autre par un fil, tournent d’un z#ouvement uniforme autour de leur centre commun de gravité, & que ce centre foit emporté en même tems uniformément dans une droite urée fur le plan de leur mouvement circulaire, là fomme du mouvement des deux boules fera plus grande lorfque la ligne qui les joint fera perpendi= culaire à la direétion du centre, que lorique cette ligne fera dans la direétion même du centre, d’où if paroit que le mouvement peut & être produit & fe perdre ; de plus, la tenacité des corps fluides & le frottement de leurs parties , ainf que la foibieffe de leur force élaftique , donne lieu de croire que ia na- ture tend pilütôt à la deftruëtion qu’à la produétion du mouvement ; auf eft-il vrai que la quantité de mouvement diminue toujours , car Les corps qui font ou fi parfaitement durs, ou fimois, qu'ils n’ont point de force élaftique , ne rejailliront pas après le choc, leur feule impénétrabilité les empêche de continuer à le mouvoir ; & fi deuxcorps de certe elpece égaux l’un à l’autre fe rencontroient dans le vuide avec des vitefles égales, les lois du zouvement prouvent qu'iis devroient s'arrêter dans quelqu’endroit que ce füt , & qu'ils y perdroient leur mouvement ; ainf des corps égaux , & qui ont des #ouvemens oppolés , ne peu- vent recevoir un grand mouvement après le choc, que de la feule force élaftique ; & s'ils en ont aflez pour le faire rejailliravec ,+,+ dela force avec la- quelle ils fe font rencontrés , ils perdront en ces dif= férens cas +, +, + de leur mouvement. C’eft auffi ce que les expériences confirment; car fi on laiffe tom- MOU Ber deux pendules égaux d’égale hauteur & dans le même plan, de façon qu'ils fe choquent, ces deux pendules, s'ils font de plomb ou d'argille molle, per- dront fi-non tout, au moins une partie de ieur w0u- vement ; & S'ils font de quelque matiere élaftique, ils ne retiendront de leur /7o2vemens qu'autant qu'ils en reçoivent de leurforce élaftique. 7. RLASTIQUE. Si l’on demande coniment il arrive que lé #vouve- mens qui {e perd à tout moment fe renouvelle conti- nuellement , le mêméauteur ajoute qu'il eft rénou- vellé pat quelque principe aë&tif , tel que la caufe de la gravité par laquelle les planetes & les cometes conervent leur rrouvement dans leur Gfbite, par la- quelle auf tous les corps acquierent dans la chute un deoré de zouvement confidérable , & par la caufe de la fermentation qui fait conferver au cœur & au fang des animaux , une chaleur &T un #7o4vement CON- tinuel, qui entrétient continuellement dans la cha- leur les parties intérieures de Ja terre, qui mêt en feu plufieurs corps, & le foleil lui-même ; comme aufñ par l’élafticité au moyen de laquelle les corps fe remettent dans leur premiere figure ; car nous ne trouvons guere d'autre mozvement dans le monde que celui qui dérive ou.de ces principes aétifs, où du commandement de [a volonté. Voyez GRAVITÉ, FERMENTATION, ÉLASTICITÉ , G'c. , Quant à la continuation du mouvement, Ou la caufe qui fait qu'un corps une fois en z704vemn£ perlévere dans cet état, les Phyfciens ont êté fort partagés là-deflus, commenous l’avons déja rémarqué. C’cft cependant un effef qui découle évidemmentde l’une des grandes lois.de la nature, favoir que tous les corps perféverent dans leur étar de répos où de 04- vement ; à moins qu'ils n’en foient empêchés par des forces étrangeress; d’où il s'enfuit qi un mouvement une fois commencé contiqueroit à-l'infini, s'il ne- toit interrompu par différentes Caules , Comme la force de la gravité, la réfitance du milieu, &c. de forte que le principe d’Ariftote ; soute fublance en mouvement affecte le repos , ft fans fondement. Voyez FORCE D'INERTIE. | » On n’a p mots PERCUSSION & COMMUNICATION. . Nous.ayvons obfervé que le #ouverens eff l’objet des méchaniques , & queles méchaniques font la bafe de toute la philofophie paturelle , laquelle ne s'ap- pelle méchanique que.par.eette raifon. Payez MÉCHA- NIQUE... » 2 6008 - En eflet, tou 14 AU 10 C'eftice. quia fait. que les philof phes modernes. travail que nous fommes redevables des grands avan- tages que fa Philofophie moderne a fur celle des an- A EU pa dans les. livres d'Archunede , de æqiüponderantibus, On.doit en.grande partie la fcience du mouvement à Galilée ; ceft Jui qui a découvert les regles générales du mouvement, & en particulier celle de la def- Tome À, On n’a päs moins. difputé fur la communication. du mouvement, ou fur la maniere dont les corps müs_ viennent eh afetter d’autres en repos, on enfinfur. la quantité.de mouvement que. les premiers commu - niquént aux autres; on.en peut, voir.les lois aux. NN “! RIT A) DCS DEC Le OÙ en — vs au ETUI les phénomenes.de la nature, tous les .changemens quu arrivent dans le fyflème des corps, doivent s’attribuer au mompernent, &r ont ré- os = 2 par conféquent , puifque F=u » M O Ü 835 éente des graves qui tombent verticalement ou fur des plans inclinés ; celles du #ouvement des projec- tiles, des vibrations des pendules, objets dont les anciens n'avoient què fort peu de connoiflance. Voyez DESCENTE, PENDULE, PROJECTILE, Gc. Torricelli fon difciple , a perfeétionné & augmenté les découvertes de {on maître , & ÿ a ajouté diverfes expériences fur la force de percuflion & l'équilibre des fluides, Voyez PERCUSSION € FLUIDE. M. Huyg- hens a beaucoup perfeétionné de fon côté la fcience des pendules & la théorie de la peréuffion ; enfin Newton , Leibnitz, Varignon, Marioitte, &c, ont porté de plus en plus la fcience du monvemenr à fa petfeétion. Voyez MÉCHANIQUE, &c. Le mouvement peut être regardé comme uniforme &t comme varié, c’eft-à-dire accéléré ou retardé ; de plus le mouvement uniforme peut être confidéré comme fimple où comme compoté, le compofé com- me reétiligne Où commé curviligne, On peut encore confidérer tous ces mouvemens ou en eux-mêmes , on eu égard à leur produéhon & à leur communication pat le choc, &c. Le mouverent uniforme eft celui par lequel le corps fé meut continuellement avec une mêmé viteffe ins Väriable, Voyez UNIFORME. Voici les lois du mouvement uniforme, Le le@teut doit obferver d’abord que nous allons exprimer la mafle où la quantité de matiere par M, lemoment ou la quantité de zzouvement ou l'effort par Æ , le tems où la durée du z720uvement par T, la viefle ou la rapidité du mouvement par F, & W’efpace on la ligne que le corps décrit, par S. Voyez MOMENT, MAssE, VITESSE, &c. x De même l’efpace étant =/f & le tems = #, la vi teffe fera exprimée par L & fi laviteñle = 2, & la mafle = 7, le moment {era pareillement = #1. Lois du mouvementwniforme, 1°, Les vitefles F & ze deux corps quife meuvent uniformément font en raifon compolée de la directe des efpaces S & f, & deFinverte desitems T& es, : 4 E 2 $ e. ( \ 21 EVE Haut T A8 AT EEE ErS. ES donc 7.2 #5. f T , donc Vin: Sc, [T. CFO Er DA Vu Son Ce théoreme & les fuivans peuvent être rendus fenfibles en nombre de:cetre forte: fuppofons qu'un corps 4 dont la mafle eff comme, c’eft-à-dire de 7 livres, décrive dans 3! de temsrunefpace de 12 piés’,&c qu'un autre-corps B-dont la mafleseft comme s ; décrive en 8”, un efpace de 16 piés ; nous au- rons donc M7, T=3, S=u12;, mes, 128, J= 716, 8 par conféquent V= 4, 425 Ce qui ré- : duira notre formule” : Viu:: Sr. fT'encétte forme ASIA, TONI Yu : parconféquent fi Ÿ = on aura S4=/ T'; &ainf Sfr, | c'effädire que f£ deux corps fe meuvent uniformémens CG avec la mémewiref[e, les efpaces feront entreux com: : méles tèms. Onpeut donner en nombre dés-exemples | des corollaires comme duthéoreme ; ainfi{uppofant, 12 LS 12,16 ,J/=85 4; On aura F== =; Su Lhdes EE Tire NÉ Fes: | SiP=u & 1=T,onaura S =, ainf les corps qu8 : fe meuvent uniformément & avec la même viteffe, doivent . décrire.en tems égaux des efpaces égaux. ! ‘2°, Les efpaces S & [que les corps décrivent font en NNnanï 836 MOU raifon compote des tems T Ét & des vices VE, CA ASS SE donc FP[T=u Se, Ses fre PIRE ennombres12.6::2X6.2X4; par conféquent fS=/f, on a WT=ut; de façon que V.u::t,T,cett-à-dire fi deux corps qui fe meu- vert uniformément , décrivent des efpaces égaux , leurs viteffes feront en raifon réciproque des tems. En nom- bres , fi nous fuppofons S— 12, & /— 12, comme S=VT, &f=ut,fi"=2, & u=3, on aura T=6, & r=4, de façon qu'il viendra auff 7. u=2.T;deplusfie=T,2.3::4.6,0on aura alors P=u, & par conféquent les corps qui Je meuvent uni- formément, & décrivent des efpaces égaux dans des terns égaux ,ont des viteffes égales. en 3°. Les momens ou quantités de matiere E & € de deux corps qui fe meuvent uniformément, font en raïon compolée des vitefles #& x, &t des mafles ou quan- tités de matieres M & m,carf EM, e=um, on aura donc £ .e:: WF M.um; c’eft-à-dire que la raifon de £ à e eft compolée de celle de F à z, & de M à ". Si Ê—e, on aura donc F M—um , & parconfé- quent #.u:: m.M, c’eft-à-dire que f£ /es momens de deux corps qui fe meuvent uniformément font égaux, leurs viteffes feront en raifon réciproque de leurs malfes , & par conféquent f M eft outre cela égale à 7, F fera égal à w; c’eft-à-dire que f£ les momens 6: les mafes de deux corps font égaux , leurs viteffes Le feront auffr. 4°. Les virales V & u de deux corps qui fe meuvent uniformément, font en raifon compofée de la direële des momens E &e, & de la réciproque des males M & m, car puifque £ .e:: FWM.um, donc Eum=e"M, & V.u—=Em.eM, ennombres 412: 20Xÿ:10X71:: 4XI:2XI ::4.2, doncfi F=z,onaura £m—eM, & par conféquent Æ.e:: M.m; c'eft-à-dire que ÿ? deux corps fe meuvent uniformément & avec la méme vireffe, leurs mornens feront dans la méme taifon que leurs maffes, Si de plus M=z, alors E—e, & par conféquent deux corps dont les maffes font égales , 6 qui fe meuvent uniformément avec des viteffes égales, ont néceffairement des momens égaux. ©, Dans un mouvement uniforme les males M € 1m des corps font en raïfon compojée de la direile des mo- mens E 6 e, Gde la réciproque des vicefles V6 u, çar puique £ - 8e" FM mm donc £um—=eM#, Mm=E ur eV, en nombres 7:51: 280X 2: 10X4t:7XI1!5XÈ 2: ge $ Si M=m,onaura alors Euze#,& par conféquent E.e:: #.u, c’eft-à-dire que f£ deux corps qui fe meuvent uniformément ont des males egales, leurs momens feront entr'eux comme leurs virefles:, {up- pofons en nombres £ = FEES MAS, onautaV= = =3,@uTEE=2, donc £ .e:: Vu, NO. 2: 6°. Dans un mouvement uniformèles momens E 8e, . font en raifon compofte des direüles desimaffes M 6m , 6 des efpaces SE [, € dela réciproque des tems T ét, car à caufeque Vu :: SeufT, | CLS NEE VOMIN MONTS 0 donc VE .ue:: VMSt.um[T, donc E.e:: MSr,mÎT, par conféquent f £=e, on aura MSr= mfT,& einfi Das, = TL, le = c'eft-à-dire f deux corps qui fe meuvent uniformément , ont outre cela des momens éxaux, 1°. leurs males feront en raïfon com- pojle de La direëte des rems 6 de la réciproque des’ ef- puces : 2°, lex efpaces feronten raïfon cormpolée de la di- M OU reële des tems & de la réciproque des males : 3°. les cems feront en raifon compofte des males € des efpaces, Que ft de plus M=m, on aura alors fT=S:, & par conféquent S. f':: T,,:,c'eft-à-dire que f deux corps qui fe meuvent uniformément ont des momens égaux EG des maffes égales, les efpaces qu'ils parcourront [e- ront proportionnels aux tems, Si de plus T2, on aura aufi S —/, & ainfi deux corps qui fe meuvent avec des mafles & des momens égaux , décrivent des efpaces égaux en tems évaux. SE—=e, & S=/f, on aura Mr=mT, & par con- féquent M ;m :: T',r, c’eft à-dire que deux corps qui fe meuvent uniformément avec des momens égaux, 6 qui décrivent des efpaces égaux , doivent avoir dis maffes proportionnelles aux tems qu’ils emploient a dés crire ces efpaces. | Si outre cela T=t, on aura auf M=m», & par conféquent des corps dont les momens font égaux, 6 qui fe mouvant uniformément, décrivent des efpaces égaux dans des tems égaux , doivent auffi avoir des maffes égales. SE=e,& T=tr, on aura alors MS —7nf, & par conféquent S : f :: m. M; C’eft-à-dire que Zes ejpaces parcourus dans un même tems , & d’un mouve- ment uniforme par deux corps dont les momens fonr évaux , font en raifon réciproque des males. 7°, Dans un mouvement uniforme les efpaces S & f font en raifon compofée des direétes des mo- mens £ &e, & des tems T &, &c dela réciproque des mafles #7 & M, | car puifque E . e :: MS. m[T, EmfT=eMSEe, pàr conféquent S .f': : ETm.erM, en nombres 12 : 16 :: 3X28X5$ : 8XI0X7:? 3X4X1:8X2X1:: 12: 16, d’où il s’enfuit que fi S=/f; ETm fera égal à e: M, 6 que par confé- quent£ .e::1:M.Tm,M,.m::ET.er.T.r:: eM. Em. Ainf en fuppofant que deux corps parcourent des efpaces égaux d’un mouvement uniforme, 1°, /eurs momens feront en raifon compofée de La direële des males & de la réciproque des terms : 2°. leurs males fironr en raifon compofèe des momens 6 des rems: 3°. les terms [e- | ront en raifon compofée de La direët: des males € de la réciproque des momens. Si outré S—/, on fuppofe encore M=m», on aura auf £ T —ez, & par conféquent E. e : : T, c’eft-à-dire que des corps dontr les maffes font égales, qui parcourent des ejpaces égaux, ont des romens ré- ciproquement proportiontiels aux tems qu'ils emploient à parcourir ces efpaces. JS OU pee : | $ï outre $—/, ôn füppofe encore T=7, il s’en- fuivra que eM=EÆ m , & par conféquent deux corps qui Je meuveht uniformément , en parcourant les mêmes ejpaces dans les mêmes rèms , ont des momtens propor= rionnels à letrs males, "+" 8°. Deux corps qui fe meuvent uniformément ont des mafles M & m en raäïfon compolée des direétes des momens Æ & e, &cdes tems T &c 7, & de la reci- proque des efpaces f'&S, 1 car puifque £ et: MSr.m[T, EmfT—=eMS;, | donc M.m::ETS.erS, ‘ : l'en nombres 7: 5 :: 3X18X 16: SXIOKI2 EE 3 KT LAND OMR IS Et A e Nes de plus E.e :: MSeimfT, °° AE en nombres 28 : 10 : : YXILX 8 : SX I6XZ : 2 7 KMS NAT 2 TORMIONS « : & par conféquent fi M=», on aura E Tf=erSs, & par conféquent £ .e::18,Tf, S.[:?E Tuer, & T.r::e8S, ET, c'eft-à-dire que deyx mobiles ont des males égales ; 3°. les mômens feront en raifon compofée de la directe des efpaces & de là réciproque des! zems : 2°. les efpaces feront en raifon compofée dis mo= mens Gdés tems + 3°, des tems Jerant en raifon compez À MOU Je de la direële des efpaces & de La récipromue des mo #11675, Si outre M=#»#, on fuppofe encore T =: ,on aura donceS =Æf,& par conféquente. Æ :: [.5, c'eft- à-dire que dans le mouvement uniforme, les mo- mens de deux corps dont les maffes font égales , font pro- portionnels aux efpaces parcourus dans des terns éoaux. 9°. Dans des mowvemens uniformes , les tems T & ti font en raifon compofée des direétes des mañles M 8 m , & des efpaces S & f, & de la réciproque des momens £ &e, | carpuifque £ .e :: MSt. mfT,EmfT—=eMSz, donc T.r::eMS.Emf, | d'où il s'enfuit que fi T=:, on aurae MS—E mf, & par conféquent £ .e:: MS .mf, M.:m:: Ef: eS& SJ ::EÆEm.eM, ceft-à-dire que f? deux corps _ Je meuvent uniformément dans des tes égaux , 1°, leurs momens feront en raifon compofée des males 6 des ef- paces : 2°. les males fèront en raifon compofee de la di- reile des momens & de la réciproque des efpaces : 3°. les éfpaces feront en raifon compofée de la direële des mo- mens & de Le réciproque des malfes. Mouvement accéléré ; c’eft celui qui reçoit conti- nuellement de nouveaux accroiflemens de viteffe ; il eft dit zriformément accéléré quand ces accroif= femens de vitefles font égaux en tems égaux. Foyez ACCÉLÉRATION. | Mouvement retarde ; c’eft celui dont la vitefle dimi- nue continuellement ; 1l eft dit wniformément retar- dé, lorfque la vitefle décroit proportionnellement aux tems. #oyez RETARDATION. | En général on peut repréfenter les lois du r#ouve- ment uniforme, ou varié, fuivant une loi quelcon- que, par l'équation d’une courbe, dont les abfciffes expriment les tems :, 8 les ordonnées correfpon- dantes les efpaces parcourus pendant ces tems. Si ent, x étant un nombre conftant, les efpaces fe- ront Conune les tems, & le mouvement {era unifor- me. S'il y à entre e & 5 quelqu’antre équation , le inouvement {era varié ; fi on n’a point d’équation finie entre e &t {, On pourra exprimer le rapport de e à 1 par une équauon différentielle, de Rdr, R étant une fonétion de e &c de +, laquelle repréfente la vitefle ; & il eft à remarquer que puifque ce = R , le mouvement fera accéléré fi la différence de R eft poñitive, & retardé fi elle eft négative ( voyez VITESSE & FORCE ) ; car dans le premier cas, la vitofle À ira en croiflant , & dans le fécond, en dé- croiflant. | C’eft un axiome de méchanique, éomime on l’a déja remarqué , qu’un corps qui ef? une fois en repos ne Je mouvera jamais, à moins qu’il né foir mis en mouve- ment par quelqu'autre corps, 6’ que tout corps qui eff une fois en mouvement , continuera toujours à fe mou- voir avec la rnême viteffe & dans la méme direction , à #nOtRS que quelqu'autre corps ne Le force à changer d’érai, -_ Où doit conclure de là, qu'un corps mi par uné feule impulfon doit continuer à fe mouvoir en ligne droite, & que sl eft emporté dans une courbe, il doit être pouflé an moins par deux forces, dont l’u- ne, felle étoit feule,, le feroit continuer en ligné droite, & dont l’autre , ou les autres, l’én détour- nent continuellemenr, Si l'action 6e la réadion de deux corps ( non élaf- tiques) eft égale , il ne s’énfuivra aucun mouvement de leur choc ; maisles Corps refteront après le choc en repos lun contre l’autre. Si un mobile eft pouflé däns la dire@ion de fon Mouvement, 1l fera accéléré ; s’il eft pouflé par une force qui réfifte à foh rrouvemenr ; | fera alors re- tarde; les graves defcendent par un mouvement ac: 10°, S1 Un corps Je meurt avec uhe viteffe uniformé= MOU 837 : l ment accélérée, des efpaces qu'il parcourra feront en rais Jon doublée des tems qu'il aura employés à les franchir s car que la vitefle acquife dans les temss foit =, celle que le grave acquerra dans le tems 27, fera 2, dans le tems 3 z, fera 34, 6c. & les efpaces corref: pondans à ces temss, 24, 3 2, feront proportionnels à {4} At, 914, par Conféquent ces efpaces feront comme 1, 4, 9, Ge Les tems étant de leur côté comme 1,2, 3, 6%. 1l eft donc vrai que Les efpaces Jeront ex raifon doublée des tems, Voyez AGCÉLÉRAa TION. D'où il s'enfuit que dans le mouvement unifor: mément accéléré , les tems Jones en raifon foudoubléè des efpaces. 11°. Les efpaces parcourus par un corps qui fe meub d'un mouvement uniformément accéléré, croiffent dans des tems égaux comme les nombres impairs 1 , 3, ST Car fi les tems qu'un mobile uniformément accé- léré emploie dans fon mouvement , font comme 1 , 2,345, Pc on a vù que les efpaces qu'il par- courra feront dañs le premier tems 1 comme r , dans 2 comme 4, dans 3 comme 9, daris 4 comme 16, dans $ comme 25 (10° loi), & ainfi fouftrayant l’efpace parcouru dans le premier tems, favoir 1, de l’efpace parcouru en 2, favoir 4, il reftera l’efpace parcouru dans le fecond moment feule- ment , favoir 3. On trouvera femblablement que l’efpace parcouru dans le troifieme tems feulement, fera 9—4=5, que l’efpace parcourn dans le quas trieme , fera 16—09—7, & ainf des autres. L’ef. pace correfpondant au premier tems , fera donc 1; celui du fecond 3, celui du troifieme 5 , celui du qua: trieme 7, celui du cinquieme 9, &c. & ainf Les ef- paces parcourus par un mobile quife meut d’un mou: vernent uniformément accéléré , croiflent dans des tems égaux comme les nombres impausr,3,5, 7, &c. C..Q. F. D. * 12°. Les efpaces parcourus par un corps qui fe meut d'un mouvement wziformément accéléré , G en com mençant par partir du repos ; [ont en rai[or doublée des vitelfes, | à … Car nommons les vitefles F& z , les tems T' & les efpaces S & f'; puifque le corps part du repos, là quantité de vitefle à chaque inflant ne déperd que du nombre d'accélération que le corps a reçu ; & comme 1l en reçoit par hypothefe , d’égales en tems égaux, & par conféquent un nombre propor= tionnel au tems, 1l s’enfuit de là que les vitefles à chaque inftant doivent être propottionnelles aux tems ; ainf /eft à x comme T'eft à : : donc puifqw’en vertudelaro*loiS .f ::T2.:2;onaura S.f::#2, u?2, C. Q.E. D. rer Donc dans les mouvemens uniformément accélérés à les vireffes font en raïfon Joudoublée des efpaces. 13°. Dans les milieux nonréfiflans , & dans des ef: paces peu grands , les graves defcerident d'un mouvemenà uniformément accéléré, ou qui doit étre cenfë rel ; car les graves ne defcendent avec une vitefle accélérée , qu'autant que quelque force étrangere agit éonti- nuellement fur eux pour augmenter leur viréfle, & Ôn n’en fauroit imaginer d'autre ici que celle de la gravité ; mais la force de la gravité doit être cenfée par-tout la même près de la furface de la terre, parce qu’on y cft toujours à des intervalles du centre fors grands , & peu différens les uns des autres ; &c les ex- périences qu'On a pu faire à quelque diftance que ç’ait êté de la terre, n’y ont fait trouver en effet au Cuné différence fenfhblé + les corps graves doivent pat conféquent être follicités en embas d’une ima« Mere femblable er tems égaux: donc fi dans le pre- mier mornént dé tems, cette force leur donne la vt- tefle #, elle léur donnera encore la même vitefle dans le moment fuivart, ainfi du troifieme, du qua- trieme , Ge, D& plus, comme nous fuppofons le mis 838 M OU lieu fans réfiffance, les graves conferveront la vi- tefle qu'ils auront acquife; & ainfi comme ils ac- querront à tout moment de nouvelles augmenta- tions égales , il faudra qu'ils defcendent d'un 7ouve- ment uniformément accéléré, C. Q. F. D. Voyez GRAVITÉ. Les efpaces dont les corps feront defcendus , feront donc dans Les mêmes fuppofitions , comme les quarrés des sems & des vitefles, & leurs differences croitront comme da fuite des nombres impairs , 1, 3,57) Éc. ë les tems ainfi que les viteles féront en raifon foudoublée des efpaces. Quand nous fuppofons que le grave defcend dans un milieu nonréfiftant , nous entendons exclure auffi toutes fortes d’empêèchemens de quelque efpece que ce foit , ou de quelque caufe qu'ils procedent, & gé- néralement nous faifons abftra@ion de toutes les caufes qui pourroient altérer le mouvemenr produit par la feule gravité. , C’eft Galilée qui a déconvért le premier la loi de la defcente des graves par le raifonnement , quot- uw’il ait enfuite confirmé fa découverte par des ex- périences 3 il les répéta plufeurs fois, fur-tout fur des plans inclinés , & trouva toujours /es e/paces par- courus proportionnels aux guarrés des rems. Riccioli && Grimaldi ont fait auffi les mêmes expériences, mais d’une maniere différente. Voyez DESCENTE. 14°, Siun grave tombe dans un mieu fans réfif- tance , l’efpace qu’il décrira fera foudouble de celui qu'il auroit décrit dans le même tems par un mouvement Un1- forme, & avec une viceffe égale à celle qu'il Je trouve avoir acqtifé à la fin de la châte. Car (voyez PI. de Méchan. fig. 31.) que la ligne À B reprèfente le tems : total de la defcente d’un grave, & qu’elle foit divi- fée en un nombre quelconque de parties égales ; ti- rez aux extrémités des abcifles 4P, 4Q, A8, AB; des ordonnées droites PM, Q1, SH, BC, qui puiflent repréfenter les vitefles acquifes par la defcente à la fin de ces tems, puifque 4 P efta 4Q comme PM eftà QI,& AP elta 4S, comme PM eft à SH, &c.Sil'on conçoit donc que la hau- teur du triangle foit divifée en parties égales êg infi- niment petites, le mouvement pouvant être cenfé uni- forme dans un moment de tems infiniment petit, la petite aire Pp Mm égale à PpXxpM, fera propor- tionnelle à l’efpace parcouru dansle tems Pp; ainf l’efpace parcouru dans le tems Æ4p, fera comme la fomme de toutes les petites aires, c’eft-à-dire comme le triangle 4 BC. Mais l’éfpace qui auroit été dé- crit dans Le même tems 4B avec la vitefle umiforme B C'auroit été proportionnelle au reétangle 4 BCD; le premier de ces efpaces eft donc à l’autre comme 1 à 2; ainf l’elpace que le mobile pourroit parcou- tir uniformément avec la vitefle BC dans la moitié du tems 48, eft égal à l’efpace qu'il parcourt avec une accélération uniforme , après être tombé du re- pos &c dans le tems total 4 B. 15°. Si un corps Je meur d'un mouvement zrifor- mérment retardé, il ne parcourra en remontant que La moitié de l'efpace qu’il auroit parcouru s'il s’éroit mu uniformément avec La même vitef[e initiale, car fuppo- fons fe tems donné divifé en un nombre quelconque de parties évales, & tirons les droites BC, SH, © 1, P M qui repréfenteront les vitefles correfpon- dantes aux parties de tems exprimées par O, BS, BQ, BP, BA; de façon qu’abaiflant les perpen- diculaires WE, IF, MG, les droites CE, CF, CG, CB, foient comme les vitefles perdues dans les tems HE, FI, GM, AB, c’eft-à-dire BS, BQ,BF, BA. Or puilque CE eft à CF comme E Heftà FT, & que CG eft à CB comme GM eft à BA, AB Cfera donc par conféquent un triangle. . Si donc B Pp eft un moment de tems infiniment pe- tit, le mouvement fera uniforme , & par conféquent lefpace décrit par le mobile fera comme le petit ef pace BbcC, où PpmM ; donc tout Pefpace décrit par ce même mobile dans le tems 42, fera comme le triangle CB 4; or l'efpace que le mobile auroït décrit uniformément avec la vitefle BC, eft commé le reétangle 4 B C D : le premier eft donc la moitié de l’autre. | 16°, Les efpaces décrits dans des terms évaux par ur mouvement vriformément retardé , decroillent comme les nombres 1mpairs : car que les parties égales BS, SQ,QP,P2A, de l'axe du triangle foient comme les téms , 8c que les demi-ordonnées BC,S A, QT, PM , foient comme les vitefles au commencement. de chaque tems , les trapeles BSHC, SQIH, Q P MI, & le triangle P 4 M feront donc comme les efpaces décrits en ces tems là ; foit maintenant B'C==4, & que BS—=PQO—PA=:, SH fera donc=3,Q1=2, PM=1; BSHCfera=24+3 X3=7; SylHifera=3+2xif,gpMI=2+: X2:=+ pAM=T, & par conféquent les efpaces décrits en tems égaux feront comme 7, i, À, 1, c’eft-à-dire comme 7,5; 3,1. Pour La caufe de l’accélération du mouvement, voyez GRAVITÉ & ACCÉLÉRATION. Pour la caufe de la retardation, voyez RÉSISTANCE 6 RETARDATION. Les lois de la communication du mouvement par le choc font fort différentes, fuivant que les corps font ou élaftiques où non, & que la diredion du choc eft direéte ou oblique, eu égard à la ligne qui joint le centre de gravité des deux corps. Les corps qui reçoivent ou qui communiquent le mouvement, peuvent être ou entierement durs, c’eft- à-dire incapables de compreflion, ou entierement mous , c’ell-à-dire incapables de reflitution après la comprefhon de leurs parties ; ou enfin à reflort, c’efts à-dire capables de reprendre leur premiere forme après la compreffion. Ces derniers peuvent encore être à refort parfait ; de forte qu'après la compre- fon , 1ls reprennent entierement leur figure ; ou à reflort imparfait, c’eft-à-dire capables de la repren- dre feulement en partie. Nous ne connoïflons point de corps entierement dufs ni entierement mous, ni à reflort parfait; car comme dit M. de Fontenelle, la nature ne fouffre point de précifion. Lorfqu’un corps en mouvement rencontre un obf tacle , 1l fait effort pour déranger cet obftacle: fi cet effort éft détruit par une réfiftance invincible, la force de ce corps eft une force morte, c'eft-à-dire qu'elle ne produit aucun effet, mais qu’elle tend feu- lement à en produire un, Si la réfiftance n’eft pas in- vincible, la force eft alors une force vive, car elle produit un effet réel, & cet effet eft ce qu’on appelle force vive dans les corps. Sa quantité fe connoît par la grandeur &c le nombre des obftacles que le corps en mouvement peut déranger en épuifant fa force. Voyez FORCE. Voici à quoi peut fe réduire tout ce qui a rapport au choc des corps non élaftiques , lorlque.le coup ou le choc eft dire&. | | DAS "3h . 17°, Un mobile qui en frappe un en repos lui commu= niguera une portion de mouvement £elle qu'après le choc ils aillent tous deux de compagnie, 6 dans, la direilion du premier , 6 que le moment ou la quantité de.mouve+ ment des deux corps après Le choc, fe trouve étre la même que le premier d’entr’eux avoit feul avant le choc. Car c’eft l’aétion:du premier de ces corps. qui don- ne à l’autre tout le mouvement que celui-ci. prend à l’occafon du choc, & c’eft la réation du dernier qui enleve au premier une partie de fon mouvement ; or comme l’aétion & la réaction doivent être tou- jours-égales , le moment. acquis -par.l’un doit être précilément égal au moment perdu par l’autre; de façon que lechoc n’augmente ni ne diminuele mo- ent des deux corps pris enfemble, [1 s'enfuit de-là que la viteffe après le choc , la- quelle eft comme on vient de le remarquer, la mé- me dans les deux corps , fe trouve en multipliant la mafle du premier corps par la viteffe avant le choc, & divifant enfuite le produit par la fomme des maf- fes : on peut conclure encore de-là , que fi un corps en #ouvermnent en choque un autre qui ie meuve dans la même direétion, mais plus lentement , ils conti- nueront tous deux après le choc à fe mouvoir dans la même direction , mais avec une vitefle différente de celle qu'ils avoient, & qui fera la même pour les deux , & les momens ou les fommes des zz2ouvemens refteront les mêmes après le choc qu'avant le choc. Si deux corps égaux fe meuvent l’un contre l’au- tre avec des vitefles égales, ils refteront tous deux en repos après le choc. Voyez Les articles COMMu- NICATION & PERCUSSION. Mouvement fimple eft celui qui eft produit par une Xeule force ou puiffance. Mouvement compoe eft celui qui eft produit par plu- fieurs forces ou puiflances qui confpirent à un même effet. Voyez COMPOSITION. : Les forces ou puiffances font dites coz/pirer, lorf- que la direétion de l’une n’eft pas abfolument oppo- fée à celle de l’autre ; comme lorfqu’on imagine que le rayon d’un cercle tourne autour de fon centre, & que l’un des points du rayon eft en même tems pouffé le long de ce même rayon. Tout mouvement curviligne eft compofé , comme réciproquement tout mouvement fimple eft re@iligne. 18°. Si un mobile A (fig. 26.) eft pouflé par une double puiflance, l'une fuivant la direttion AB , Pau- tre fuivant la direition À C , il décrira en vertu du mou- vement co7pojé de ces deux-la , la diagonale d'un pa- rallélegramme 4 D, dont il auroit décris les côtès À B ou AC, S'il n'avoir été animé que de l'une des deux forces , € dans le même tems qu'il auroit employé en ce cas à parcourir ces deux cétes. Car fi le corps À n’étoit pouflé que par la force imprimée fuivant 4 3 , il fe trouveroit dans le pre- mier inftant dans quelques points de la droite 48 comme en À, & par conféquent dans la ligne 7 L parallele à 4C; & s’il n’étoit animé que de la feule force qui lui eft imprimée felon 4 C, il fe trouveroit au même inftant dans quelque point de la ligne 4 C comme en Z , lequel point J'eft tel que 4 J eft à 4 comme 4 B eft à 4C'; c’eft ce qu'on peut déduire aifément des lois du sozvement uniforme expofées ci-deflus : & par conféquent le corps fe trouveroit dans la ligne Z L parallele à 4 8. Mais puifque Les directions des puiffances ne font pointoppofées l’une à l’autre , nulle d’elles ne fauroit empêcher l'effet de l’autre, & par conféquent le corps arrivera dans de même inftant de tems dans AL & dans Z L. Il fau- dra donc qu’il fe trouve à la fin de ce tems au point L,où ces deux droites fe rencontrent. On verra de même que fi on re À M & MG paralleles à 4 B & AC, le corps fe trouvera à la fin dans un autre inf tant en M, & enfin au bout du tems total en D. C. Q.F. D. Donc puifqu’on peut conftruire un parallélogram- me 4 BCD autour de toute droite 4 D , en faifant deux triangles égaux & oppofés fur cette droite 4 D prife pour bafe commune, il s'enfuit de-là que tout rouvement retiligne peut toujours s’il en eft be- foin , être confidéré comme compofé de deux autres. Mais comme dans cette formation d’un parallélo- gramme autour de la droite 4 D, la proportion des côtés AC 4 D peut varier & être prife à volonté, de mêmeaufl le mouvement felon 4 D peut êtrecom- pofé d’une infinité de manieres différentes, & ainf un même zrouvement reQiligne peut être compofé M OU 839 d'une infinité de divers mouvemens fimples ; & par conféquent peut être décompofé fuivant le befoin d’une imfinité de manieres, De-là il s'enfuit encore que ff #7 mobile eff tiré pat trois puiffances différentes , dont deux foient équivalentes à la troifieme, 6 cela fuivant les direétions BA, AC, A D (fig. 33.) , ces puiflances ferons les unes aux au- tres en raifon des droites BD, D 4, DC, paralleles a leurs directions , c’eft-à-dire en raifon inverfe des Jinus des angles renfermés par les lignes de leur direction & La ligne de direëlion de la troifieme : car DB eftà 4D comme le finus de l’angle 8 4 D aux finus de l’an- gle 4 B D, | 19°. Dans le mouvement compofé uniforme, la vi= te[fe produite par les mouvemens qui confpirenr eff a la vitefle de chacun des deux pris jéparément , comme la dia. gorale À D (fig. 26.) , du parallélogramme A BCD, Juivant les côtés defqueis ils apiffent, ef? à chacun de ces côtés A B ou AC, | Car en même tems que l’une des puiffances em- porteroit le mobile dans le côté 4 £ du parallélo- grame , & l’autre dans le côté 4 C, elles l’'emportent à elles deux lorfqu’elles fe réuniffent le long de la diagonale 4 D ; la diagonale 4 D eft donc l’efpace décrit par les forces confpirantes dans le même tems, Mais dans le mouvement uniforme , les vitefles {ont comme les efpaces parcourus dans un tems donné; donc la vitefle provenant des forces confpirantes , eft à la vitefle de chacune des forces en particulier comme 4 D à AB, ou à 4C. Ainfi les forces confpirantes étant données, c’eff- à-dire la raïfon des viteffes étant donnée par les droites 4 B, 4 C données de grandeur, & la direc- tion de ces forces étant donuée de poñtion par ces lignes ou par l’angle qu’elles doivent faire , la vi- tefle & la direétion du wouvement oblique fera auffi donnée , parce que la diagonale eft alors donnée de grandeur & de poftion. Néanmoins le mouvement oblique étant donné , les mouvemens fimples ne le font pas par-là réciproque- ment, parce qu'un même mouvement oblique peut être compolé de plufeurs différens mouvemens fim- ples. | 20°, Dans les mouvemens compofés produits par Les mêmes forces , la viteffe efb d'autant plus grande , que l'angle de direttion ef moindre ; 6 elle ef? d'autant moin- dre qu’il eff plus grand. Car foit B 4C le plus grand angle de dire&tion (fig. 34.), & F AC le moindre, puifque les forces {ont fuppofées les mêmes dans les deux cas, 4C fera commun aux deux parallelogrames AFCE & B A CD, & outre cela 4B fera = A4 F:orileft évi- dent que la diagonale 4 D appartient au cas du plus grand angle , & que la diagonale 4 E appartient au cas du plus petit, & qu’enfin ces diagonales fonr décrites dans un même tems, parce que 4 B= 4 F: les vitefles font donc entr'elles comme 4 D eft à AE, c’eft pourquoi 4 D étant moindre que 4E, la viteffe dans le cas du plus grand angle eft moindre que dans le cas du plus petit, Ainf la vitefle des forces confpirantes & l’angle de leur dire&tion dans un cas particulier étant don- nés , on peut dèflors déterminer la vitefle du #704- vement compofé , & par conféquent les rapports des vitefles produites par les mêmes forces fous différens angles de direétion. Donc 1°. fi les forces.compofantes agiflent dans la même direétion, le mobile fe meut plus vite; mais la direétion de fon #7ouvement n'étant point changée, ce corps fe meut d'un #ouvement fimple. 2°. Si ces deux forces font égales & oppofées l’une à l’autre, elles fe détruifent mutuellement ; alors le corps ne fort point de fa place, & il n’y a aucun mouvemens produit. 3°. Si les forces oppofées {ont 840 M OU inépales ; elles ne fe dériuifent qu'en parte, & le mouvement qui en réfulte eft Peffet de la différence de ces deux forces, c’eft-à-direrde l'excès de fa plus grande fur la plus petite. 4°. Si ces deux forces font angle l’une avec l’autre , elles retarderont ou accé- léreront le mouvement V'une de l’autre, felon que Po: bliquité des lignes qui les repréfentent fera dirigée: On voit auffi que l’on peut également confidérer toutes les forces comme étant réunies dans une force qui les repréfente, ou cette force unique , comme étant divifée dans celles qui la compofent. Cette mé- thode eft d’un grand ufage & d’une grande utilité dans les méchaniques , pour découvrir la quantité de l’action des corps qui agiflent obliquement les uns fur les autres. Par ce même principe of connoît le chemin d'un cotps qui obéit à un nombre quelconque de forces qui agiflent fur lui à la fois ; car lorfqu'of a déter- miné le chemin que deux de ces forces font parcot: rirau mobile, ce chemin dévient le côté d’un nou- veau triangle , dont la ligne qui repréfente la troi- fieme force , devient le fecond côté ; &c le chemin du‘mobile la bafe. En procédant ainf jufqu’à la der- niere force , on connoîtra le chemin du mobile par l’âtion réunie de toutes les forces qui agiflent fur lui. Un cotps peut éprouver plufñieurs mouverens à la fois , par exemple un corps que l’on jette horifonta- lement dans’un bateau éprouve le mouvement de projeétile qu’on lui commünique, & celui que la pe: fañteur ni imprime à tout moment vers la terre; :l participe otre cela au wrouyement du vaifleau dans lequelil eft. La riviere fur laquelle eft ce vaifleau s’é- coule fans cefle | & ce corps participe à ce #ouve- ment, La terre {ur laquelle coule cette riviere tourne fur fon'axe en vingt-quatre heutes : voilà encore un mouvement nouveau que le corps partage.-Enfin la terte a encore fon rzouvement annuel autouf du {o- leil., la révolution de fes poles , le balâncement de fonéquateur ; &6c, & le corps que nous confidérons participe à tons ces mowvemens ; néanmoins il n’y à que les deux premiers qui lui appartiennént!, par rapport à-ceux qui font tranfportés avec le corps dans ce bateau ; car tous les corps qui ont un z70z- vément commun avec nous , font comme en repos par rapport à nous. « : , La ligne courbe défigne toujours un mouvement compolfé. Décrire une ligne courbe , c’eft changer à tout moment de direétion. Si deux forces qui pouf- fent un corps font inégalement accélérées , ou bien f lune eft accélérée tandis que l’autre eft uniforme, la hgne décrite par le corps'en ouvermentne fera plus uné ligne-droite, mais une ligne courbe, dont la courbure eft différente ; felon la combinaifon des iné- galités des forces qui la font décrire ; car ce corps obéira à chacune des forces qui Le pouffent felon la quantité deleur aétion fur lui. Aïnfi par exemple, s’il y a une des forces qui renouvelle fon ation à chaque inftant } tandis que l’aétion de l’autre force refte la même , le chemin du mobile fera changé à tont mo- ment ; & c’eft de cette façon que tous les corps que Von jette obliquement retombent vers la terre. Le monvementinftantané d’un corps eft toujours en ligne droite : la petitefle des droites que ce mobile parcourt à chaque inftant nous empêche de les dif- tinguer chacune en particulier , & tout cet aflem- blage de lignes droites infiniment petites , & incli- nées les unes aux autrés, nous paroiît une feule li- gne courbe. Mais chacune de ces petites droites re- préfente la direétion du mouvement à chaque inftant infiniment petit , & elle eft la diagonale d’un paral- lélogramme forme {urla direétion des forces attuelles qui agiflent fur ce-corps. Ainf le mouvement eft tou- jours en ligne droite à chaque inftant infiniment pe- tit, de même qu'il ef toujours uniforme. | Il ya un mouvement dans lequel les parties chan: gent de place ; quoique le tout n’en change point. C’eft le rrouvement relatif d’un cofps qui tourneur lui-même , comme la terre, par exemple, dans fon mouvement journalier. Ce font alors les parties de ce cotps qui tendent à décrire les droitesinfiniment petites , dont nous venons de parler. Il yauroit en- core bieñdesobfervations à faire fur ce vaftefuset, mais cet ouvrage n’eft pas fufceptible de détails plus amples. On peut lire les chapitres xj, & 1j. des Inf£ titutions phyfiques de madame du Châtelet, dont nous avons extrait une partie de cet article ; la Phyfrque de M. Mufchembrock ; l’effai dé M. de Croufaz fur le mouvement, qui fut couronné par l'académie des Sciences , & plufieurs autrés ouvrages. Sur les lois parriculieres du mouvement qui ef? pro- duit par la collifion des corps élaftiques ou non élaffiques , Joir que leurs directions foient perpendiculaires , [or qu'- elles foient obliques. Voyez PERCUSSION. In Sur les monvemens circulaires 6 les lois des projec- tiles , voyez FORCE CENTRALE 6 PROJECTILE. . Sur les monvemens des pendules & leur ofcillation, voyez PENDULE & OSCILLATION. | Le célebre problème du #ouvement perpémel con- fifte à imaginer une machine qui renferme en elle- même le principe de fon mouvement. M. de la Hire en foutient l’impoflibilité , & dit que ce problème re- vient à celui-ci, srouver un corps qui foit em même tems plus pefant € plus leger , ou bien un corps qui fois plus pefant que lui-même. Voyez MACHINE 6 PERPÉTUEL. Mouvement inteftin marqueune agitation intérieure des parties dont un corps eft compoifé. Voyez FER- MENTATION, ÉFFERVESCENCE, Éc, | Quelques philofophes penfent que toutes les par- ticules des fluides font dans un ouvement continuel, êt cette propriété eft contenue dans la définition mê- me que plufeurs d’entr’eux donnent de la fluidité (voyez FLUIDITÉ); & quant aux folides ils jugent que leurs parties font auflien mouvementipar les émiflions qui fortent continuellement de leurs pores. Voyez ÉMISSION. Suivant cette idée le mouvement inteftin ne feroït autre chofe qu’un mouvement des plus petites parties inteftines de la matiere, excitées continuellement par quelque agent extérieur & caché, qui de lui- même feroit infenfible , mais qui fe découvriroit néanmoins par fes effets, & que la nature auroït def- tiné à être le grand inftrument des changemens des corps. Mouvement en Aftronomie fe dit particulierement du cours régulier des corps céleftes. Voyez SOLEIL, PLANETE , COMETE, 6. | Le mouvement de la terre d’occident en orient eft une chofe dont les Aftronomes conviennent aujour- d’hui généralement. Voyez TERRE & COPERNIC. Les mouvemens des corps céleftes font de deux ef- peces , le diurne ou commun , le fecondaire ou propre. Le mouvement diurne , ou principal, c’eft celui par lequel tous les corps céleftes paroïflent tourner cha- que jour au-tour de la terre d’orient en occident, Voyez DIURNE 6 ÉTOILE. Les divers phénomenes qui réfultent de ce mouve- ment font l'objet principal de l’Aftronomie. Mouvement [econdaire ou propre eft celui par leque une planete avance chaque jour d’occident en orient d’une certaine quantité. Voyez PLANETE. Voyez auffe les différens mouvemens de chaque planete , avec ” leurs irrégularités , dux erricles TERRE, LUNE, ÉTOILE, &c. Mouvement angulaire | voyez ANGULAIRE. ( O) MOUVEMENT DE L'APOGÉE , dans le fyftème de Ptolomée , éflun arc du zodiaque du premier mobile, compris compris fentre la ligne de l'apogée & le commente- ment du bélier. © Dans la nouvelle Aftronomie, le mouvement de l'as pogée de la lune eft la quantité ou l'arc de l'éclipti- que, dont l’apogée de la lune avance à chaque ré» volution. Ce mouvement: eft d'environ 3°. 3/. de- forte que la révolution totale de l'apogée fe fait à- peu-près en neuf ans. Voyez LUNE & APOGÉE. (0) MOUVEMENT ANIMAL, c’eft celui qui change la fituation, la fgure, la grandeur des parties des membres des animaux. Sous ces mouvemens {ont com- prifes toutes les fonétions animales , comme la ref- piration , la circulation du fang, lexcrétion, l'ac- tion de marcher, Gc. Voyez FONCTION. Les mouvemens amimaux {e divifent d'ordinaire en deux efpeces , en fpontanés &r naturels. Les fpontanés où mufculaires font ceux quis’exé- cutent par le moyen des mufcles &c au gré de la vo- lonté , ce qui les fait appeller volontaires. Voyez MOUVEMENT MUSCULAIRE. Le mouvement naturel on involontaire eft celui auquel la volonté n’a pas de part, & qui s'exécute par le pur méchanifme des parties, tels font le #204- vemenr du cœur, des atteres , le mouvement périftal- tique des inteflins. Voyez CŒUR & PÉRISTALTI- QUE » CC. MOUVEMENT , ( Méd. Diere.) fe dit de Faétion du corps , ou de l'exercice qui eft néceflaire pour la confervation de la fanté, & dont le défaut comme l'excès lui fontextrèmement préjudiciables. C'eft, en ce fens , une des chofes de la vie qu'on appelle zon-naturelles , qui influe le plus fur Pécono- mie animale par fes bons ou par fes mauvais effets. Poyez EXERCICE, HYG1EINE , NON-NATURELLES ( cuoses ), RÉGIME. : MouvemenT, fe dit dans l’ Arr militaire des évo- lutions , des marches, & des différentes manœu- vres des troupes, foit pour s'approcher ou s’éloi- gner de l'ennemi, foit pour faire ou, pour changer quelques difpoñtions particulieres dans Pordre de , bataille. | La fcience du mouvemens des troupes eft une des principales parties de celle du général, Celui qui Ba poflede fupérieurement , peut fouvent vaincre fon ennemi fans combat. Aufh les rowvemens favans & judicieux qu'un général fait exécuter à fon armée, font-ils des marques plus certaines de fonintelligence &c de fon gémie, que le fuccès d’une batalle où le hafard a quelquefois plus de part que l'habileté du commandant. C’eft par des mouvemens de cette efpece que Cé- far futréduire, en Efpagne, Afranius fans combat ; que M. de Turenne étoit au moment de triompher de Montecuculi lorfqu'il fut tué ; 6e que M. le ma- réchal de Crequi trouvalemoyen, en 1677, d’em- pêcher le duc de Lorraine , qui avoit une armée fu- périeure , de rien entreprendre contre lux. Dans les différens mouvemens que Pon fait exécu- ter aux troupes deux chofes méritent beaucoup d’at- tention ; la fimplicité & la vivacité de ces mouve- mens. Il eft dangereux d’en faire devant l'ennemi, qui dérangent l’ordre de bataille , lorfqu'il eft à por- tée de tomber fur les troupes qui les exécutent; mais le danger difparoît lorfauw’on eft affuré qu'il eft trop éloigné pour pouvoir en profiter : le rems, pour cet effet, doit étre apprécié avec la plus grande juiteffe. C’eft par des mouvemens bien exaétement combinés qu'on peut furprendre lennemi , lui ca- cher fes defleins , & l’obliger fouvent de quitter un ofte avantageux où il feroit très-diffcile de le com- te & de le vaincre. Mais pour qu'ils puilent ré- pondre aux vües du général, il faut que les troupes y foient parfaitement exercées ; enforte qu'elles Tome À. M OU SA foient en état de les exécuter fans confufon & avec beaucoup de viîtefle ou de célérité. Ungénéral habile compafle avec foin tous fes diffé rens mouvemens, Îl n'en fait aucun qui wait un objet d'utilité , foit pour arrêter les démarches de l’enne- mi, Ou pour cacher le véritable objet qu’il fe pro pofe. Les mouvemens en-avant , ou pour s’approchet de l'ennemi, ne doivent fe faire qu'avec beaucoup de citeonfpeétion. On ne doit s’avancer qu’autant qu'on a fait toutes les difpofitions néceffaires pour n'être point obligé à rétrograder; démarche qui dé- courage tobjours le foldat , & qui donne de la con- fiance à l'ennemi. Il eft un cas particulier où le mox vementrétrogradé, loin d’avoir aucun inconvénient , peut être très-avantageux. C’eft lorfqu’on l’emploie pour attirer l’ennemi au combat au moyen d’une retraite fimulée ; alors , s’il fe met à la pourfuite de l’armée 8x qu'il abandonne fes poftes | on fe met auf en bataille en état de le recevoir ; on lui fait perdre ainf l’avantage du lieu où il auroit été difficile dé lattaquer. MOUVEMENT, {. m. er Mufique, eft le degré de vitefle ou de lenteur qu’on donne à la mefure felon le cara@tere de l’air. Le meuvement s'exprime ordinai- rement par les mots gai, vite, grave, lent , &c.ou par les mots italiens a/lepro, preflo, grave, adagio, c. qui leur correfpondent. Voyez tous ces mots, Mouvement, eft encore la marche ou le progrès des fons de chaque partie du grave à l’aign, ou de l’aigu au grave. Aïnfi quand on dit qu'il faut autant qu’on peut fairemarcher la bafle &c le deflus par mouvement contraire, cela fignifie que l’une de ces parties doit monter tandis que l’autre defcend, Mouvement fem blable , c’eft quand les deux parties montent ou def- cendent à-la-fois, Quelques-uns ont encore appellé mouvement oblique , celui où l’une des parties refte en place, tandis que l’autre monte ou defcend. (S) MOUVEMENT , ( Aydr.) dans une machine, eft ce qui la met en branle ; une manivelle fait monter les tringles des corps de pompe ; les aïles d’un mou- lin le font tourner ; le balancier fait aller une pompe à bras. ( X ) MOUVEMENT , terme de Manège, Cheval qui a un beau mouvement, Cette expreflion défigne particulie- rement ta liberté du z2ouvement des jambes de de- vant , lorfqu’en maniant illes plie bien. On fe fert du même terme pour défigner la liberté de lation de la main en-avant, lorfque le cheval, trotant par le droit , fe foutientle corps droit & la tête haute, & qu'il plie les jambes de devant. MOUVEMENT de regifires des clavecins, font de pe- tites bafcules de fer ou de cuivre, attachées par leur partie du miheu parle moyen d’une cheville. À l’une de leurs extrémités, eft une pointe ou crochet qui prend dans le regiftre ; de l’autre côté ; eft une petite poignée, par le moyen de laquelle on fait mouvoir le regifire , en pouflant dans un fens oppofé à celui felon lequel on veut faire mouvoirle regiftre, Voyez l’article CLAVECIN , 6 La figure de cet Ynffrument , PI. XIV. de Lutherte. MOUVEMENS DE L’ORGUE , font les pieces par le moyen defquélles on ouvre & on ferme les regif- tres. Un mouvement eft compofé d’un rouleau verti- cal BQ, Planche d'Org. fig. premiere. Ces rouleaux font faits de bois de chêne & à huit pans d’un pouce & demi on environ de diametre. On met à chaque bout du rouleau une pointe de gros fil de fer pour fervir de pivots. Ces pivots entrent dans deux fa- blieres où piecesdebois Pp, Q g, qui traverfent le fuft d'orgue , & qui entrent à queue d’aronde dans destafleaux difpofés pour cet effet aux faces mté= rieures du fuft d'orgue, qui eft la menuiferie ou car< cafle de Porgue. Chaque rouleau a deux pattes de fer R,T, quifont applaties êc ee de plufeurs 000 842 MOU trons. Ces pattes qui ont un deti-pié ou envirôn dé long font rivées , après avoir traverfe le rouleau que l'on perce avant de faire entrer la patte qui feroit fendre le touleau fans cette précaution. Le plat de la patte inférieure Reft tourné horifontalement , &c Ja longueur de cette patte eft parallele à la face du fuit d'orgue ; l'extrémité de cette patte À doit Té- pondre vis-à-vis & au même niveau que le trou par où pafle le bâton quarré S À d’un pouce d’équarrif- fage. Ce bâton quarré eft fendu en fourchette pour recevoirla patte À qui eft arrêtée dans cette four- chette par une pioche de fil de fer , qui traverfe le bâton quarré & la patte qui peut fe mouvoir horifon- talement dans cette fourchette ; à l’autre extrémité du bâton quarré qui fort du fuft d'orgue auprès du clavier, eft un trou percé felon l'axe du bâton. Ce trou reçoit la pomelle S faite au tour, qui eft de buis, ou d’ébene, ou d'ivoire. Vers le haut du rouleau, eft une autre patte T'rivée comme la premiere; la longueur de cette patte eft perpendiculaire à la face du fuft d'orgue, enforte que les direétions de ces deux pattes À, T font un angle droit. Cette patte T'entre par fa palette qui eft horifontale dans la four- chette du bâton quarré T #, & y eft arrêtée par une cheville où une pioche. L'autre extrémité de ce bâton quarré qui eft fendu en fourchette verticale- ment, recoit l'extrémité inférieure de la bafcule u V qui y eft retenue par une cheville ; la bafcule Vu traverfe une piece de bois vr le long de la- quelle repneune gravurewv, dans laquelle entrent les chevilles de fer furlefquelles Les bafcules fe meu- vent ; l'extrémité z des bafcules entre dans les trous qui font aux épaulemens des regifires. Foyez Re- ‘GISTRE. Il fuit de cette conftruétion que fi Porgamifte tire le bâton quarré.S R par la pomeile S que la patte R fera tourner le rouleau ; le rouleau fera tourner la patte: T'qui tirera le bâron T #, le bäton tirera l’ex- trémité 7” de la bafcule de fer F4, dont l'extrémité u ,'à caufe que c’eft une bafcule , s’éloignera du fommier, en tirant avec elle le regiftre dont la marche fera limitée par l’épaulement oppoté. Lorf- que l’organifte repouflera le bâton quarré:S R, 1l fera tourner le rouleau en fens contraire ; & parcon- -féquent le bâton quarré T F repouflera Pextrémité V de la bafcule 4, dont l'extrémité fupérieure repouflera leregiftre, jufqu'à ce que l’épaulement de ce côté porte contre le fommier. Chaque jeu de ” d'orgue a ce mouvement particulier , qui eft en tout femblable à celui que l’on vient de décrire; ainfil fuffit d'en entendre un feul pour être au fait de tous les autres. Leszouvemens des jeux du pofitif, lorfque les bâtons quarrés des pomelles fortent du grand or- gue , font çompofés de deux rouleaux verticaux ; celui qui communique au bâton quarré*de la po- melleeft dans le grand orgue, & defcend dans le pié où il communique par une patte à un bâton quar- sé qui pañle fous le clavier de pédale , le fiege de l’orgamiite , &z va joindre une patte du rouleau qui eft dans le poñitif : ce rouleau tire le regiftre par {on autre patte. MOUVEMENT DU COUP DE PIE, dans la Danfe, c’eft celui qui confifte dans l'élévation & labaiffe- ment de la pointe du pié. De tous les ronvemens c’eft le plus néceffaire, parce qu'il foutient le corps entier dans {on équilibre. Si vous fautez, le coup de pié par fa force vous releve avec vivacité, & vous fair retomberfur les pointes : fi vous danfez, il per- feétionne le pas en le faifant couler avec légéreté. , MOUVEMENT DU GENOU ; ( Danfe. ) Ce mouve- mentne differe de celui du coup de pié,' qu’en ce qu’il n’eft parfait qu’autant que la jambe eft étendue &t la pointe baffe. Il eft inféparable du mouverens du coup de pié. MOUVEMENT DE LA HANCHE, ( Danfé ) eft un mouvement qui conduit celui du coup de pié & du genou. Il eft impoñlible que les genoux &c les piés fe meuvent ; files hanches ne fe tournent les premie- res. ILy a des pas où la hanche feule agit, comme dans les entrechats, les battemens terre à terre, 6c. MOUVEMENT , cerme d’'Horlogerie, fe dit en gé- néral de l’aflemblage des parties qui compofent une horloge, à l’exclufion de la boîte, du ca- dran, Ge. mais il figniñie plus particulierement par: ‘mi les Horlogers, cette partie qui fert à mefurer le tems. ; Les Horlogers appellent mouvement en blanc ce- lui d’une montre ou d’une pendule lorfqu'il neft qu’ébauché ; dans ces fortes de mouvemens la fufée n’eft point taillée, les pieces de laiton ne font ni polies ni dorées, les engrenages, l’échappement & les pivots ne font point finis. Foyez MONTRE, PENDULE , HORLOGE , ÉCHAPPEMENT, ENGRE- NAGE, PIVOTS, &c. | MOUVEMENT, o4 ÉMOTION, cz Rhétorique. Voyez PASSION. MOUVEMENT, PROPRE, (Jurifpr.) On diftingue les arrêts rendus par le roi en fon confeil, éma- nés de {on propre mouvement, de ceux qui font teni- dus fur la requête d’uné partie. Les premiers ne font pas fufceptibles d'oppofition. Le pape em- ploie quelquefois dans des bulles & brevets la claufe rotu proprio. Cette claufe qui annonce un pouvoir ablolu , eft reparde en France comme con- traire à nos libertés. On s’éleva contre cette claufe en 1623 & en 1646. Le pape avoit aufli employé ces mots dans le bref du 12 Mars 1609, portant condamnation de 23 propofñtions tirées du livre dé larchévêque de Cambrai; mais le parlement, en enregiftrant ce bref, par arrêt du 14 Août fui» vañt, mit que c’étoit /4%5 approbation de cette claufe du propre mouvement de ‘fa fainteté, (A) * MOUVER DE FOND, rerme de riviere: Lorfqu’il doit arriver une grande crüûe d’eau, les gens de fiviere s’en apperçoivent par un mouvement parti- culier qu’ils remarquent dans Peau; ils difenr que la riviere mouve de fond, c’eft à-dire que l'eau du fond de la riviere coule plus vite qu’elle ne coule ordinairement : cette augmentation de vireile dans l'eau du fond de la riviere annonce toujours, felon eux, un prompt & fubit accroiffement des eaux. Le mouvement & le poids des eaux fupé- ricures qui ne font point encore arrivées, ne laïf- fent pas que d’agir fur les eaux de la partie mfé- rieure de la riviere, & leur communique ce mou- vement; car il faut à certains égards, confidérer un fleuve qui eft contenu & qui coule dans fon lit, comme une colonne d’eau contenue dans un tuyau , & le fleuve entier, comme un très-long canal où tous les mouvemens doivent fe commu- niquer d’un bout à l’autre. Or indépendamment du mouvement des eaux fupérieures, leur poids feul pourroit faire augmenter la vitefle de la riviere, & peut-être la faire mouvoir de fond ; çar on fait qu'en mettant à l’eau plufieurs bateaux à-la-fois, on augmente dans ce moment la vitefle de la par- tie inférieure de la riviere, en même tems qu’on retarde la viteffe de la partie fupérieure. Voyez FLEUVE, Aifl. nat. gen. & part. tom. Ï. Mouver, MOUVEMENT DE LA SÈVE, terme de jardinage. Voyez SÈVE. MOUVER , en termes de rafinerie de fucre, c’eft une opération par laquelle on détache des parois de la forme le fucre, qui s’y colleroit en fe coagulant fans cette précaution, On fe fert encore ici du. couteau (voyez COUTEAU) , que l’on plonge dans la forme depuis le haut juiqu’en-bas; on fait deux fois ainfi le tour de la forme, en obfervant que chaque coup commence fur l’autre, S'il manquoit un coup de couteau, cela gâteroit le pain de fucre, en le rendant raboteux, inégal, & pleinde trous dans cette diflance où le couteau n’auroit point pañlé. Il eft important de ne pas le mouver trop chaud ou trop froid; car s’il eft mouvé trop chaud, le pain ne fera pas ferré, mais poreux & mou; s'il eft mouvé trop froid, il fera rafleux, & aura de la peine à couler fon {yrop. Voyez RAFLEUX. MOUVERON , en termes de Rafineur de fucre, eft un morceau de bois de 7 à 8 piés de long fur 3 pouces de large. Il eft applati par un bout à-peu- près comme une rame. Le bout plat peut avoir 4 pouces de largeur & 4 on ÿ piés de longueur, Le manche qui eft arrondi, n’en a guere plus de 2. I fert à mouver le fucre dans les rafraîchifloirs j voyez RAFRAÎCHISSOIRS, à mouver les matieres, lorfqu’elles chauffent, à y bien braffer le fang de bœuf pour faire monter les écumes & autres excré- mens lourds qu’il en détache, enfin à battre la terre & la bien délayer, voyez Mouver & TERRE. On conçoit aifément que ceux que l’on emploie à fa- çonner la terre, ne peuvent être employés aux autres opérations, du-moins fans avoir été bien lavés ; encore cela ne fe pratique-t-il guere. Voyez les PI, © fig. MOUVERON DU BAC À CHAUX, ex termes de ra- finerie ; eft un cercle de fer , plat, au milieu duquel deux autres moitiés de cercle fe croifent encore & viennent s’y attacher comme à leur circonfé- rence. Au centre de ce cercle eft une forte douille penchée de côté, où il y a un manche de 10 piés de long. Il fert pour braffer & mouver la chaux , lorfqu'elle eft éteinte. Poyez Les PL & Jig. MOUVWER , f. m. (Com.) mefure de grains dont on fe fert à Utrecht. Les 6 muddes font j MOUWErss & 25 muddes le laft : on fe fert auf du mouser à Ni- megue, à Harlem, à Doesbourg. Dans ces trois vil- les, ik eft de 4 fcheleps ; 8 mouwers font le hoed de Rotterdam, Voyez Hop € SCHEPPEL, Didionn. de Com, MOUZON, ( Géog.) en latin Mozomium , petite & ancienne ville de France en Champagne, Elle étoit très-forte, avant que Louis XIV. en eût fait démolir les ouvrages en 167r. Voyez lArfloire de cette ville dans l'abbé de Longuerne, & dans les Mémoires de la Champagne, par Baupgier. Il fufit de dire 1ci que la Meufe pañle au pié de fes murailles ; & qu’elle en a tiré fon nom. Elle eft fitnée fur le penchant d’une colline étroite , mais fertile en grains Ôt en vins, à 3 lieues de Sedan, 13'S. O. de Luxembourg, 5 S. de Bouillon, 50 N. E. de Pa- ris. Il s’y eft tenu deux conciles : lun en ÿ45, & Pautre en 948. Long, 22,45, lar. 49. 52. On peut regarder Mouzon comme la patrie de dom Mabillon , puifqu’il naquit dans fon Voifinage en 1632. Ce célebre bénédidin étoit un des plus favans hommes du xvij. fiecle, C’eft lui qui , après avoir fait fa profeflion monaftique, fe trouvant chargé par fes fupérieurs, de montrer au public le tréfor de S. Denys, demanda bientôt la permif- fion de quitter cet emploi, parce qu'il n’aimoit point, difoit-il, à mêler la fable avec la vérité. Onne comprend pas comment dans la fuite il prit le parti de juftfer la fainte larme de Vendôme. M. Col. bert inftruit des fes talens, les tourna plus utile- ment. [l le chargea de rechercher avec foin les an- ciens titres. Il le fit Voyager, dans ce deflein, en Allemagne & en Italie. Dom Mabillon, au retour de ce dernier voyage, remit dans la bibliotheque du Roi environ 3000 volumes de livres ares Où de manufcrits Les Bénédidins lui doivent A volumes des Ân- nales de leur ordre, & 9 volumes d’Agtes de leurs _ TomeX, Pis | M O X 949 _ faints,, aétes qui n’intéreffent pas beaucoup le refte du monde, Mais la Diplomatique de dom Mabillon eftun ouvrage vraiment néceflaire, Il a eu raifon de foutenir que les moines doivent étudier; des obligations accompagnées de délices, font bien fa- ciles à remplir. Dom Mabillon mit au jour avec une diligence incroyable , la vie de S. Bernard, en 2 vol. 2-fol ;1l auroit dû fe moins hâter, & la donner en deux pages. Il eft mort à Paris en 1707, à 75 ans. (2. J,) | MOXA; (Æiff. nar, Médec, © Chirurg.) c’eft le nom que les Japonois donnent à une efpece de duvet fort doux au toucher , d’un gris de cendre, & femblable à de la filafle de lin. On le compofe de feuilles d’armoife pilées, dont on fépare les fibres dures & les parties les plus épaïfles & les plus rudes. Cette matiere étant feche, prend aïfé- ment le feu, mais elle fe confume lentement, fans produire de flamme & fans caufer une brûlure fort douloureufe. Il en part une fumée légere d’une odeur aflez agréable. Lorfqu’il s’agit d'appliquer leroxa, on prend une petite quantité de cette filafle que l’on roule entre les doigts, pour lui donner la forme d’un cône d'environ un pouce de hauteur. On applique ce cône par fa bafe, après l’avoir hu- meété d’un peu de falive fur la partie que l’on veut cautérifer, pour qu'il s’y attache plus aifément ; après quoi l’on met le feu au fommet du cône qui fe confume peu-à-peu , & finit par faire une brû- lure légere à la peau, qui ne caufe point une dou leur confidérable. Quand un de ces cônes eft con- fumé, on en applique un fecond , un troifieme, 8 même jufqu'à dix & vingt, fuivant l'exigence des cas &t fuivant les forces du malade. Les Japonois nomment rezfafr ou séreurs, ceux dont le métier eft d'appliquer le #70x#, parce qu'ils tâtent le corps des malades avant l'opération, pour favôir la partie fut laquelle il faut faire la brûlure ; cetre connoif- fance dépend de l'expérience de l'opérateur. Dans les maux d’eftomac on brüle les épaules ; dans les pleuréfies on applique le moxa fur les vertebres du dos; dans les maux de dents on l’applique fur le mufcle adduéteur du pouce. C’eft fur-tout le long du dos res lon fait cette opération; celui qui doit la {ouffrir, s’aflied à terre, les jambes croi- fées, le vifage appuyé fur les mains : cetre pofture eft eftimée la plus propre à faire découvrir la fitua- tion des nerfs, des mufcles, des veines & des ar- teres, qu'il eft très-important d'éviter de brûler. | Ce remede eft employé très-fréquemment au Ja= pon, même par les perfonnes en fanté, qui le re- gardent comme un grand-préfervatif, au point que l’on ne refufe point aux criminels condamnés à la prifon, de fe faire appliquer le mo. Selon Kemp- fer, les Hollandois ont fouvent éprouvé l’effica- cité de ce remede contre la goutte & les rhuma- tifmes. Ce voyageur croit qu'il ne renfliroit point fi bien dans les pays froids que dans les pays chauds où la tranfpiration forte caufe plus de relâchement dans les mufcles'; cependant il paroït conftant que ce remede procureroit , même parmi nous, de très grands biens, s'il éroit employé à-propos. Les anciens Médecins fe fervoient de la filafle de lin , de la même maniere que les Japonois emploient le r10xa. MOXES, (Géogr.) Sous le nom de Moxes , on comprend un affemblage de différentes nations 1d0= lâtres de l'Amérique méridionale. Ces peuples habi- tent ün pays immenfe, qui {e découvre à-mefure qu'en quittant Sainte-Croix de la Sierra ) On cÔtoye üne'longue chaine de montagnes efcarpées qui vont du fud au nord. Il eft firué dans la zone torride > & s'étend depuis 10 juiqu'à 13 degrés de larirude mé- tidionale : on en ignore entierement les hmites, | OO000ji 844 M O Y Cette vafte-étendue de terres paroît une plaine aflez unie, maiselle eft prefque toujours inondée faute d’iflue pour faire écouler les eaux : outre cette incommodité, ils ont encore celle du climat dont la chaleur eft exceflive. | Les ardeurs d’un foleil brûlant jointes à l’humi- dité prefque continuelle de la terre, produifent une grande quantité de ferpens, de viperes, de four- mis, de mofquites, de punaifes volantes, & d’au- tres infeétes, qui défolent les habitans. Cette même humidité rend le terroir fi ftérile, qu'il, ne porte ni blé, ni vignes, ni aucun des arbres fruitiers aw’on cultive en Europe : c’eft ce qui fait auff que les bêtes à laine ne peuvent y fubfifter, mais les taureaux & les vaches y multiplient comme dans le Pérou. Il n’y a parmi les Moxes aucune efpece de gou- vernement; on n'y voit perlonne qui commande ou qui obéifle. S'il furvient quelque querelle, cha- que particulier fe fait juftice par fes mains. Quoiqu'ils foient fujets à des infirmités prefque continuelles , ils ny favent d’autres remedes que d’appeller certains enchanteurs, qu'ils s’imaginent avoir reçu un pouvoir particulier de les guérir. L’unique occupation des Moxes eft d'aller à la chafle & à la pêche; celle des femmes eft de pré- parer la nourriture, & de prendre foin des enfans. S’il arrive qu’elles mettent au monde deux jumeaux, on enterre l’un d'eux, par la raifon que deux en- fans ne peuvent pas bien fe nourrir à-la-fois. Toutes ces différentes nations font fouvent en guerre les unes contre les autres. Leur maniere de combattre eft toute tumultuaire. [ls n’ont point de chef, & ne gardent aucune difcipline. On recon- noît les vaincus à la fuite. [ls font efclaves ceux qu'ils prennent dans le combat, & ils les vendent pour peu de chofe aux peuples voifins. Les enterremens fe pratiquent fans aucune céré- monie. Les parens du défunt creufent une! fofle, accompagnent le corps en filence, le mettent en terre, & partagent fa dépouille. he s Les Moxes n’apportent pas plus de façons à leurs mariages; tout confifte dans le confenrement mu- tuel des parens de ceux qui s’époufent, &.dans quelques préfens que fait le mari au pere-ou au plus proche parent de celle qu'il veut époufer. Mais c’eft une coutume établie chez eux, que le mari fuit fa femme par-tout où elle vent aller. Ces nations font diftinguées les unes des autres par les diverfes langues qu’elles parlent, & qui femblent n’avoir point de rapport entr'elles. (D...) MOYE, (Maçonnerie) c’eft dans une pierre dure un tendre qui fe trouve au milieu de fa hauteur , qui fuit fon lit de carriere , qui la fait déliter, &c fe con: noît quand la pierre, ayant été quelque-tems hors de la carriere, elle n’a pu réfifter aux injures de l'air. MOYEN , adj. (Gram.) quitient le milieu entre deux objets de comparaifon , & fe dit des chofes & des perfonnes.… : | | Moyen, adj. terme fort en ufage-dans lAffrono- mie. On dit le mouvement m0yez.d’une planete, pour dire un certain mouvement uniforme qu'on hi fuppofe , & qui eft w10yen entre fon mouve- ment le plus rapide & on mouvement. le plus lent ; c’eft à ce mouvement qu’on ajoute différen- tes équations pour avoir le mouvement vrai. Par exemple, le mouvement moyez du foleil , c’eft un mouvement uniforme par lequel on fuppofe que le foleil parcoure l'écliptique dans le même tems qu'il le parcourt par fon mouvement vrai. On dit auf le tems.moyez , pour le diflinguer du tems vrai. Voyez les articles ÉQUATION DU TEMS, 6 ÉQUA- ‘TION DU CENTRE. (0) MOYENNE PROPORTIONNELLE ARITHMÉTI- M O Y QUE (Géom.) eft une quantité qui eft moyenne en- tre deux autres, de maniere qu’elle excede la plus petite d'autant qu’elle eft furpañlée par la plus grande. Ainfi 9 eft moyen proportionnel arithmétique entre 6 & 12. On dit aufl\, pour abréger , moyen ou moyenne arithmétique. Voyez PROPORTION. Moyenne proportionnelle géométrique , ou fimple- ment #oyenne proportionnelle , eft encore une quan- tité moyenne entre deux autres ; mais de façon que le rapport qu’elle a avec l’une de ces deux y {oit le même que celui que l’autre a avec elle. Ainfi 6 eft moyez proportionnel géométrique | ou fimplement moyen proportionnel entre 4 & 9, parce que 4eftles deux tiers de 6 , de même 6 eff les deux tiers de 9. Voyez PROPORTION. (O0) MOYEN , VENTRE MOYEN, ez Anatomie, fioni- fie la poitrine ou le thorax, Voyez THORAX 6 VEN- TRE. MOYEN FESStER. Voyez FESSIER. MOYEN SEL, (Chimie) Voyez SEL MOYEN 04 NEUTRE fous le mot SEL, MOYEN, (Jurifprudence,) ce terme a dans cette matiere plufeurs fignifications différentes. Moyen jufticier , eft celui qui a la moyenne jufti- ce. Voyez JUSTICE. Moyen figniñe quelquefois wilieu ; on dit, par exemple , d’une juftice pairie qui reflortit direéte- au parlement , qu’elle reflortit nuement &c /4rs moyen en la cour. Er matiere criminelle on appelle au parlement owiffo medio ,c’eft-à-dire, fans moyer. Dans les coutumes d'Anjou &c du Maine on ap- pelle fucceder par moyen, lorfqu’on vient à la fuccef- fion par l’interpoftion d’une autre perfonne qui eft décedée, comme quand le petit-fils fuccede à fon ayeul, le petit-neveu à fon grand-oncle. Moyen fignifie toutes les railons & preuves que lon emploie pour établir quelque chofe après l’expofi- tion des faits, dans une piece d'écriture où mémoi- re , où dans un plaidoyer : on explique les #oyens: on les diflingue quelquefois par premier , fecond ; troifieme. Il y a des moyens de fait, d’autres de droit; des #10yens de forme , & des moyens de fonds ; des moyens péremptoires, qui tranchent toute dificul- té, & des moyens furabondans. IL y a aufli diverfes fortes de moyens propres à chaque nature d’affaire, comme des moyens d’ap- pel ; on entend quelquefois par-là des écritures in- titulées caufes & moyens d'appel : quelquefois ce {ont les r10yens proprement dits, qu’on emploie au foutien de l’appel : al y a des oyens de faux , des moyens de nullité, des r10yens de reftitution. Foyez APPEL, FAUX, NULLITÉS , RESTITUTION. (4) MOYENNE 5USTICE, (Jurifprud.) c’eft le fecond degré des jurifdiétions feigneuriales. Voyez Justice SRIGNEURIALE. (4) MOYENNE , (Fortification.) on donnoit autrefois ce nom à une piece de canon, que nous connoiïffons préfentement {ous le calibre de 4 livres, &c qui pefe environ 1300 hvres.. Elle a 10 piés de longueur. MOYENVIC, Medicanus vicus , (Géogr.) petit ville de France au pays Meffin , à une lieue de Vic. Elle fut cédée à la France par le traité de Munfter, en 1648. Long.24. 12. lat, 48, 45, (D. J.) MOYER, v. aët, (Magçonnerie.) c'eft couper en deux une pierre de taille avec la fcie. On zoge le S. Leu &r le liais pour faire des marthes, MOYEU , terme de Charron , c’eftun gros morceau de bois d’orme tourné , & fait à-peu-près comme une olive, au milieu duquel eft un trou pour paf- fer l’effieu , & au milieu de fa circonférence en de- hors font pratiqués plufieurs trous ou mortoifes pour placer les rayes. Voyez Les fig. PL, du Charron. MOYOBAMBA, (Géog.) province de l'Améris MSC que méridionale au Pérou, dans la partie feptentrio: nale de la province de Lima, à l'occident de la ri- viere de Moyobamba. Cette province a quantité de rivieres , de hautes montagnes, des forêts impéné- trables, & très-peu d’habitans , qui vivent pat bour: gades. (D. J.) MOYS , ( Hiff. mod. Geog. ) c’eft le nom d’une tribu d’Indiens qui habitent les montagnes du royau- me de Champa ou de Siampa , dans les [ndes orien- tales , & qui font employés par Les habitans aux tra- vaux Les plus vils & les plus forts. [ls n’ont qu’un morceau d’étoffe pour couvrir leur nudité. MOZAMBIQUE, (Géog.) ville des Indes, fur la côte orientale d'Afrique dans la petite ile de Mo- zambique. Les Portugais l’ont bâui avec une bonne forterefle dans laquelie 1ls tiennent une nombreufe garnifon & provifion de vivres. Cette ville eft pour eux la clé des Indes, de forte que s'ils la per- doient , difficilement pourroient-1ls commercer aux Indes. Îlls s’y rafraichifient , & y font aiguade. Elle aflure leur trafic avec les peuples des environs, comme de Sofala & de Monomopata , d’où ils ti- rent beaucoup d’or. Enfin , elle tient en bride les princes de cette côte, qui leur font fujets ou alliés. MOZAMBIQUE , /e canal de (Géog.) détroit de la mer des fndes , entre l’ile de Madagaicar & le con- tinent d'Afrique , au N.E. du golfe de Sophala. (D.J.) | | MoOZzAMBIQUE, (Géog.) très-petite île affez peu- plée fur la côte orientale d'Afrique. On entendoit autrefois par ce nom un promontoire de la mer des Indes fur la même côte d'Afrique , vis-a-vis l'ile de Madagafcar , nommée, à ce qu’on difoit , par Pto- Lomée Prafum Promontorium. On convient à préfent que c’eft une île où les vaif- feaux font à l'abri de tous les vents. Elle eft chere aux Portugais, qui la poffedent , quoique l’eau dou- ce y manque. Elle abonde en palmiers , orangers, ‘citronniers , limonniers & figuiers des Indes. On trouve dans le continent quantité d’éléphans, de bœufs, de brebis, de chevres & de pourceaux, dont la chair eft excellente, Les naturels font noirs, idolâtres , fauvaves, & vont tous nuds, hommes & femmes. Longit. 59. 204 latit, méridionale 15, MOZARABES , (Géoo.) Voyez MUZARABES. MS MSCZISLAW., ( Géogr.) Palatinat de Lithua- nie, qui confine au nord avec celui de Witeps , au midi avec la Volnie , au levant avec les duchés de .Smolensko & de Czernikow , au conchant avec le -palatinat de Minsk. Il s’étend 60 lieues le long du Niéper , qui le parcourt du nord au midi, & qu le artage. Sa largeur eft d'environ quarante lieues. MSCZISKAW , Mfciflavia, (Géog.) forte ville .de Polognedans la Lithuanie , capitale du Palatinat de même nom. Elle eff fur la riviere de Sofz, à 8 lieues S. E. de Smolenskow, 80 N.E, de Novogrod. Long. 50. 40. dat. 54. 30. ( D. J.) MSRATA, (Geog.) pays d'Afrique au royaume de Tripoli, qui donne fon nom à fa ville principa- le , fituée fur la pointe du cap qui forme l'extrémité occidentale du golfe de la Sidre. ( D. J.) M U MUABLE , adj. (Gram.) qui eft fujet au chan- sement. C’eft le correlauf & l’oppolé d’rmuable. Voyez IMMUABLE. MUAGE , f. m. (Jurifprudence.) mutation , chan- gement. MUANCES , f. m. ox MUTATIONS, MeraBc- ñui, dans la mufique ancienne , Étoient en général M UC 845 tout pañlage d’un ordreou d'un fujet de chant à un autre. Ariftoxene définit la muance une efpece dé paflion dans l’ordre de la mélodie ; Bacchus ; un changement de fujet , ou la tranfpofition du femblas ble dans un lieu difemblable ; Ariftide Quintiien, une variation dans le {yftème propofé , àc dans lé, caractere dé la voix. Toutes ces définitions obfcures &c trop générales ont befoin d’être éclaircies par les divifñions, Mais les auteurs ne s'accordent pas mieux fur ces divis fions que fur la définition même. Cependant on en recueille aflez évidemment que ces muances pou voient {e réduire à 5 efpeces principales. 1°, Muars ce dans le genre , lorique le chant pafloit, par exemple, du diatonique au chromatique , ou à l’en= harmonique, & réciproquement. 2°. Dansle fyftème, lorfque la modulation unifloit deux tetracordes dif= joints, ou en féparoit deux conjoints, ce qui re= vient au paflage du béquarre, au bémol, & réci- pioquement. 3°. Dans le mode , quand on pañloit, par exemple, du dorien au phrygien, ou au lydiens: Gc. 4°. Dans le rythme, quand on pañloit du vite au lent , ou d’un mouvement à un autre, 5°. Enfin dans la mélupée, lorfqu'on interrompoit un chant grave, férieux, magnifique , G'c. par un chant gais enjoué , impétueux , ca | MUANCES, dans la mufique moderne, font les diverles manieres d'appliquer aux notes Les fyllabes ut ,re ;mt,fa, Ge. üe la gamme, felon les diver= {es poñtions des deux femi-tons de Poétave, & les différentes mamieres d’y arriver. Comme l’Aretin n’inventa que fix de ces fyllabess* &c qu'il y a fept notes à nommer dans une oëtave ;1À falloit néceflairement répéter le nom de quelque note. Cela fit qu’on nomma toujours 4, fa, ou la. fa, les deux notes entre lefquelles fe trouvoit un des femi-tons. Ces noms déterminoient en même tems ceux des notes les plus vorfines, foit en mon- tant, {oit en defcendant. Or, comme les deux fe mi-tons font {ujets à changer de place dans la mo« dulation , & qu'il y à dans la mufique une multith= de prefque infime de différentes pofitions de notes x il y avoit aufli une multitude déemanieres différen= tes de leur appliquer les fix mêmes {yllabes,, & ces manieres s’appelloient muances, parce que les mê- mes notes y chanpeotent fans cefle de nom. Dans le fiecle dernier , on ajouta en France la {yllabe f aux fx premieres de la gamme de PAre- tin. Par ce moyen la feprieme note de Péchellefe trouvant nommée, Ces muances devinrent inuules, &c furent profcrites de la mufique françoile : mais chez toutes les autres nations où , ielon l’efpnit du métier, les Mufciens prennent toujours leur vieille routine. pour la perfeétion de l’art ; on n’a point adopté le /, & 1l y a apparence qu’en Italie , en Efpagne , en Allemagne & Angleterre, les muar- ces ferviront encore long-tems à la défolation des commençans. (S MUBAD ox MUGHBAD , ( Hiff. anc. ) nom que l’on donnoit autrefois chez les anciens P:ries au fous vérain pontife, ou chef des mages, feétareurs de la religion de Zerdusht ou Zoroaftre. Voyez Marsa ME. MUCAMUDINS , (Géog.) peuples d'Afrique, qui font l’une des cinq colonies des Sabéens, qui vinrent s'établir dans cette partie du monde avee Melek-Tfriqui, roi de PArabie :heureufe. Els font une tribu des Béréberes ; occupent la parrie la plus occidentale de l’ancienne Mauritanie Fanpgiiane , & habitent les montagnes du grand Atlas dans l’êten- due des provinces de Héa , de Suz, de Gézula & de Maroc ; la wille d’Agmet eft leur capitale, (D. J.) > MUCHLI, ( Géographie. ) bourg de la Morée 346 MU C dans la Zaconie, entre les fources de lAlphée, LÀ 6 lieues $. O. de Napoli de Romanie. On conjec- qure que c’eft l'ancienne Tégée ; mais la conjec- ture eft bien hafardée, car Polybe qui parle beau- coup de Tégée, ne marque point précifément fa fi- tuation. Voyez TÉGÉE. (D.J.) | MUCIDAN , ( Géog. ) en latin Mulcedinum , pe- tite ville de France en Périgord, qui avoit été au- trefois bien fortifiée par les Calviniftes. Elle eft à ÿ lieues de Périgueux, & à 4 de Bergerac. Long. 18. 42. lat, 43. 6. (D.J.) MUCILAGE , f. m. ( Chim. Pharmac. Mat. med. ) efpece de corps muqueux , végétal, qui fe diftingue par la propriété de s’aflimiler l’eau de maniere à conflituer avec elle une efpece de gelée tenace, dent , & vifqueufe, par la parfaite infpidité , &c par le moindre degré d'aptitude à la fermentation vi- neufe. Cette fubftance eft exaétement analogue à la gomme. Voyez MUQUEUX , Vin & GOMME. Le mucilage réfide principalement dans plufieurs racines , comme dans celles de toutes les mauves, de la gnimauve , du nenuphar , de la grande con- foude , le bulbe delisblanc , 6c. &c dans Les écorces ou enveloppes liffes & épaifles de plufieurs femences émulfives , comme dans celles des pepins des fruits, principalement des coings, dans celles des femences de pfyllium , de lin , &c. l’herbe & les fleurs de mal- yacées en contiennent aufli une certaine quantité , mais il y eft moins nud que dans les racines &c les femences dont nous venons de parler. Cette fubftance eft employée à titre de remede , tant intérieurement qu’extérieurement , & elle ef regardée comme l’émollient , relâchant, lubréfiant par excellence. On ordonne donc pour l'intérieur les décotions ou les infufions des fubftances uci- lagineufes, dans les inflammations du bas-venire , des teins, de la veflie, les premiers tems des gonorrhées virulentes , le crachement de fang , les pertes des femmes , le tenefme, la diffenterie , les diarrhées par irritation, les coliques bilieufes &r inflammatoires, Ja paññon iliaque , l’ardeur d'urine , la colique ne- phrétique , la fievre heétique &c Le matafme, le fcor- but, le rhumatifme:, les éréfipeles, contre les ve- mins corrofifs, 6. excepté dans ce dernier cas la dif- {olution de mucilage ne doit point être trop chargée; car elle eft très-dégoutante lorfqu’elle eft trop char- ÉCr Quant à l’ufage extérieur on emploie auffi la dé- co&tion des fubftances wucilagineufes qu’il eft permis de rendre plus faturée pour cet ufage ; on en imbibe des linges ou des flanelles que Pon applique fur les tumeurs inflammatoires , ou bien on applique quel- ques-unes des fubftances mucilagineufes ; Voignon de lis par exemple, convenablement préparé. Voyez Lis, Mar. med. On fait avec les décoëtions wucila- gineufes des injeétions qu’on porte dans l’uretre, dans le vagin, contre l’inflammation ou les ulceres de ces parties ; on en baffine la vulve dans les démangeai- {ons qui s’y font fentir quelquefois , &t qui font ordi- nairement très incommodes : on les donne en lave- ment dans le ténefme & la conftipation ; onen baf- fine les gerfures des mamelles , de l'anus, &c, les hé- morrhoïdes douloureufes: on les emploie en demi- bain , en pédiluve, éc. Le mucilage réduit fous confiftence degelée eft em- ployé en Pharmacie comme excipient dans quelques préparations officinales folides , telles que les tro- chifques , les tablettes, &c. Retirer un mucilage &c le réduire fous cette confiftence , c’eft ce qu’on appelle dans les boutiques faire Pextraclion d’un mucilage.Pou F çette opération on prend une des femences ci-deflus mentionnées, celle du lin par exemple; on la fait in- * fufer à chaud, en agitant fouvent avec une fpatule de bois, dans cinq ou fix fois fon poids d’eau com« M U C _mune, jufqu’à ce qu'il en réfulte une liqueur un pet plus épaifle & vifqueufe que le blanc d'œuf, C’ef le mucilage de graine de lin. On dit auffi dans le même fens, qui eft alors très-impropre ,exsraire le mucilage d’une gomme. Voyez GOMME. (4) MUCILAGE , ( Conchyl.) partie épaifle & gluante de l’intérieur d’un coquillage. MUCILAGINEUSES , ( Anatomie, ) on appelle ainfi certaines glandes qui fe trouvent en grand nom- bre dans les articulations , & que le doteur Havers a le premier décrites. Il y en a de deux fortes: Les unes qui font de petites glandes conglobées &c fem- blables à des glandes milliaires , font placées fur toute la furface des membranes qui couvrent les articula- tions. Voyez MUCOSITÉ & ARTICULATION. Les autres font des glandes conglomérées , & fe trouvent tellement entaflées les unes fur les autres, quelles font une éminence , & paroiflent clairement. Quelques articulations ont plufeurs de ces dernieres glandes ; d’autres n’en ont qu’une feule. Quant à la ftruêture de ces grofles glandes , elles font compofées de petites véficules qui ne font pas réunies en plufeurs lobes, mais difpofées fur diffé- rentes tuniques placées l’une fur l’autre. Il y a plu- fieurs de ces tuniques dans chaque glande, comme il paroït évidemment dans les hydropiques. Ces glandes ont leurs vaifleaux fanguins, de même que les autres glandes ; mais leurs veines ont un tiflu par- ticulier , afin de retarder le cours du fang qu’elles rapportent des glandes , êc afin que la liqueur wuci- lagineufe, dont la fécrétion eft néceflairement lente, puille avoir le tems de fe féparer ; ce qui eft une adrefle qui fe remarque par-tout où il s’agit de fépa- rer une liqueur épaifle. Voyez SÉCRÉTION ANI- MALE. Les groffes glandes mucilagineufes{ont diverfement fituées. Les unes occupent une cavité qui eft formée dans l'articulation ; d’autres font proches ou vis-à- vis l’intervalle qui eft entre les os articulés. Mais en général elles font placées de telle forte, qu’elles {ont doucement & lésérement comprimées dans la flexion ou l’extenfon de l’articulation , afin de four- nir une certaine quantité de liqueur rucilagineufe fuivant le befoin & le mouvement de la partie, fans pouvoir être endommagées. L’ufage de toutes ces glandes eft de féparer une li< queur ucilagineufe, quifert principalement à [ubri- fier les articulations. Elle fert auf à empêcher les extrémités des os articulés de fe frotter rudement 8 de s’échauffer ; mais elle fait tout cela conjointement avec l'huile médullaire , avec laquelle elle fe mêle, & ce mélange forme une compoñrion merveilleufe- ment propre à ces fins, car le mucilage rend l’huile plus gluante, &c l’huile empêche le mucilage de de- venir trop épais & trop viiqueux. Le doëteur Havers obferve qu'il y a de pareilles glandes entre les mufcles & les tendons , & il croit qu'il s’y fait pareillement un mélange d’une humeur huleutle &c d’une rzucilagineufe, dont l’une eft cette graifle qui fe trouve entre les mufcles , 8 qui eft fournie par les glandes adipeufes, & l’autre eft fé- parée par les glandes wucilaginenfes , dont la mem- brane commune des mufcles eft par-tout garnie. Le mélange de ces deux liqueuts lubrifie les mufcles & les tendons, & les empêche de fe retirer, de fe roi- dir & de fe deffécher. Voyez MUSCLE. MUCOSITÉ, f. f. ( Phyfiol.) fuc où humeur mu. queufe, quife fépare par les tuyaux fécrétoiresdes glandes, pour lubrifier les parties du corps humain contre l’acrimonie des humeurs, contre l’aétion de l'ait, ou pour d’autres ufages. Tous les couloirs , tous les conduits & tous Îes réfervoirs, tels que la furface intérieure dela veffe, de la véficule du fiel, de lœfophage, de l'eflomac, M U C dés inteftins, des poumons, des cavités qui comrinis hiquent avec les natines , Éc. font enduits d’une hu- meur muqueufe qui fe renouvelle plus ou moins fou- vent, felon qu'elle doit prendre plus ou moins de confiftence, pour les defendrede l’impreffion de l'air, ou de lirntation que pourroient leur caufer les hu: Meurs plus ou moms âcres auxquelles elles donnent paflage , où qui y font fetenues. Cetre humeur qui eft continuellement évacuée & perpétuellernent re- nouvellée, forme un genre de réciémens &c un genre d’excrémens fort abondans. C’eft principalement cette humeur qui fournit la Maticre des tumeurs que les anciens ont appellé #4 ineurs froides ; car parmi les humeurs qui peuvent prendre de la confiftance, 1l n’ÿ a que l'humeur mu- queufe connue par les premiers maitres , fous le nom de pituite lente & vifqueufe , qui n’eft pas difpofée à s’enflammer lorfqu’elle eft fixée, ni à contracter de chaleur étrangere, c’eft-à-dire qu’elle n’eft fufcep- tible ni d'inflammation, ni de mouvement fpontané de fermentation ou de pourriture. Ces tumeurs naïf- fent ordinairement dans les glandes, parce qu’elle y eft reçue pour les endure ou pour y être filtrée, & parce que par quelque caufe, ou quelque difpoñtion vicieufe dans la partie ou dans l'humeur même , elle 5’y fixe & s’y accumule de plus en plus. Elle aug- mente extraordinairement le volume de la glande , & forme une tumeur dure & indolente , qui réfifte fouvent à tous les remedes que l’on emploie pour la réfoudre. Plus humeur muqueufe qui la forme eft pure, moins elle eft difpofée à abfcéder ou à s’ulcé: rer; mais s'il s’y joint de la lymphe ; ou fi l’humeur qui fe filtroit dans la glande s’arrête , fe mêle &z s’af- femble avec cette tumeur muqueufe, la tumeur peut fuppurer & dégénérer en un ulcere plus ou moins fa. cheux, felon la qualité & la quantité de la lymphe qui fe trouve mélée avec l'humeur muqueufe ; de-là viennent les différentes efpeces de tumeurs ferophu- léufes , dont les unes reftent skirrheufes fans fuppu- rer ni ulcérer ; les autres dégénerent en ulceres opi- niâtres fimplement fanieux, & fans malignité ; d’au- tres en ulceres corroffs ou chancreux. Ilne faut pas confondre ces tumeurs ayec un autre genre de tumeurs froides connues fous les noms de fféatomes , d’aréromes, de méliceris, 6e. aui font ordi- naïrement formées par des fucs gélatineux , par des graifies ou d’autres fucs chyleux, & qui ne font pas fufceptibles non plus d’inflammation; mais ces fucs arrêtés fe dépravent enfin par des mouvemens fpon- tanés imparfaits, qui tiennent plus ou moins de la fermentation ou de la pourriture, d’où naïflent les abfcès fanieux de diverfes efpeces dont les matieres 1ont ordinairement peu malfaifantes , parce que la fermentation fourde a plus de part à leur produétion que la pourriture. (D. J.) | MUCOSITÉ DU NEZ, (Phyfol.) liniment fluide, gras, tranfparent, vifqueux, fans £oût, fans odeur, lubrique , mifcible à eau, quoiqu’un peu huileux, & fe changeant en une efpece de plâtre quand on le fait fécher , &c qui rend la furface interne du nez fort gliffante. La matiere huileufe ayant été bien mélée avec Teau par le mouvement des vaifleaux , fe dépofe en grande quantité dans les filtres de la membrane pitui- taire ; mais comme elle n’eft pasfi mélée avec l’eau, m1 fi bien divifée que la falive , 1l arrive que la cha- leur enleve plus facilement les parties aqueufes ; alors les parties huileufes defféchées peuvent former une matiere plätreufe. L’enveloppe membraneufe qui revêt toute l’éten- due interne du nez, toutes fes cavités, fes finuofités, fes replis, & les furfaces que forment le réfeau ; cette membrane, dis-je, qui tapifle tous ces efpaces , eft remplie de glandes fimples qui filtrent une humeur M U C 847? d’abord claire, mais qui féjourne dans fon propre follicule, jufqu'à ce que changée en mucofité épaiñe, clle foit exprimée pour le befoin. Ces glandes ont été très-bien expofées par le célebre Boerhaave dans fon épitre à Ruyfch, On trouve de pareilles cryptes muqueufes à l’épiglotte, à la luette, &c. Orfuivant leur fige, on les nomme éiplortiques | uvulaires, linguales , fublinguales , labiales , buccales > MOLaireS » maxillaires , Ge. Les maladies de cette membrane qui enveloppe tant de parties fans changer de nature , 8 fans paroïtre coupée nulle part, font communément appelléés fuxions où catharres, Elles changent ce- pendant de nom fuivant Les parties affeétées. Ce qui cit rhume dans le nez, s'appelle engine dans le g0- fier, /quinancie dans le latinx , &c, La liqueur muqueufe des narines coulé en grande quantité quand on eft enrhumé ; car f on eft faifi de froid , les vaiffeaux qui fe répandent au-dehors de la tête font fort reflerrés , la tranfpiration y ceffe ; ainf la matiere qui coule dans les vaifleaux qui vont àla tête, eft obligée de fe porter en plus grande quantité vers le nez: alors il arrive une petite inflammation à la membrane pituitaire ; la quantité de fang, le gonflement des vaifleaux, fait que l'humeur fe filtre en plus grande quantité, De même que le froid caufe un écoulement dans le nez, la chaleur exceffive le produit auffi ; les par- ties externes de la tête ayant été fort raréfiées par la chaleur, le fang s’y porte en plus grande abon- dance , &t engorge les vaiffleaux ; cet engorgement forme un obftacle au fang qui fuit, lequel fé trouve obligé de fe rejetter dans les arteres de la membrane pituitaire ; mais il faut remarquer que cet écoules ment arrive fur-tout, fi l’on fe découvre la tête dans un lieu froid , quand on a chaud ; alors le refferre- ment fubit qui furvient dans les vaïffeaux pleins, les engorge davantage, & le fang arrêté d’un côté, re- flue plus abondamment dans un autre, Dès que l'écoulement ceffe ; on ne peut fe mou: cher qu'avec dificulté ; cela vient de ce que les merñ: branes qui fe font fort gonflées durant cet écoule- ment , retiennent dans leurs détours la muwcofire, lorfqu'elle ne coule plus en fi grande quantité ; du- tant ce tems-là , la partie aqueufe s’en exhale , & il refte une matiere épaifle qui bouche le nez, Lorfqu’on ufe de quelque poudre âcre & fubtile ; elle fait couler la #uco/ité des natines ; cela vient de ce que des parties dé cette pouüre s’appliquent aux nerfs, & l'irriration qu’elles y produifent arrête le fang dans les vaifleaux de la membrane pituitaire, & en exprime une plus grande quantité d'humeur ; enfin les poudres qui font éternuer agiflent comme les purgatifs, ". Quand nousséternuons, il coule de même plus de mucofité de la membrane pituitaire ; à la caufe que nous venons d’en donner , il faut joindre celle de l'agitation des nerfs , qui étranglent les vaiffeaux de la membrane fchneidérienne , & en expriment l’hu- meur muqueufe ; cette humeur exprimée étant def- cendue, l’air qui fort avec impétuofité dans l’expi- tation, enlevece qu’il enxencontre dans fon chemin. Les ancienssmédecins , & plufieurs même parmi les modernes , ont cru que la pituite tomboit du cer- veau , mais il n'y a pas de paflage du cerveau dans le nez. Ceux qui s’étoient imaginés que la glande pi- tuitaire qui eft fur la felle fphénoïdale fe déchargeoït dans le nez, ne favoient pas que les liqueurs qu’on injecte dans cette glande, fe rendent dans les veines jugulaires : pour ce qui regarde les trous de los eri- bleux , il n’eft pas pofhble que la pituite puifle y pafler ; ces trous ne donnent paflage qu'aux nerfs & aux petits varfleaux qui accompagnent ces nerfs ; c’eft par ces petits vaifleaux que le fang peut venix quelquefois du cerveau dans les hémorrhagies. 8438 MUE L'humeut muqueufe du nez étoit d’une néceffité abfolue; elle arrête dans linfpiration les matierés groflieres dont l'air eft chargé, & qui pourroient in- commoder les poumons ; elle défend les nerfs olfac- tifs des matieres trop âcres ; elle les empêche de fe deffécher en les humeétant: par-là ces nerfs qui font nuds, 8e expolés aux injures de l'air , confervent à tout âge un fentiment vif dans la membrane pitui- taire. On voit donc que l'intention de la nature, en ver- niflant les narines de ce liniment gras, que nous ap péllons mucofité, eft d’émoufler les âcretés , d'en em- pêcher la prife fur les nerfs ; enfin de diminuer les frottemens & l’ufement qui s’enfuit. C’eft pour tou- tes ces raifons & pour plufeurs autres, qu'il ne s’a- git pas de détailler ici, que les pañages de Pair , des alimens , des urines, la veflie, l'urethre , le vagin, l'utérus, les parties génitales externes , 6’. abondent en ces fortes de cryptes muqueufes. Pourquoi ce ma- telot fe frote-t-il les mains de matiere grafles &c te- naces ? c’eft pour faire fa manœuvre avec plus de facilité & de fureté ; fans cet intermede onétueux, {es mains feroient brülées par la vivacité des frotte- mens ; tant ileft vrai que le bon art n’eft qu’une imi- tation de la nature. Quels rongemens ! quelle inflam- mation! quel defféchement ! fans ces fucs onétueux que fourniffent les glandes fur lefquelles Schneider a compofé un gros ouvrage. C’eftce qu'on éprouve dans la diffenterie à la fuite de purgatifs trop âcres, & qui emportent cette glu naturelle que les méde- eins mal-habiles confondent avec la vifcofité morbi- fique. (2. MUCOSITÉ, ( Chimie. ) mucus où gelée animale, Voyez MuQuEUXx, (Chimie.),& SUBSTANGES ANI- MALES , (Chimie). MUDDE, f. f. (Commerce) mefure ufitée pour les grains dans les Pays-bas ; cependant elle n’eft point par-tout la même. Dans le Brabant un 74dde fait quatorze boifleaux , & chaque boïfleau eft com- pofé de quatre hocës ,ou de quatre fois autant de grain qu'il en tient dans la forme d’un chapeau or- dinaire. MUDE , f. m. (Commerce.} étoffes faites d'écorces d'arbres , qu’on fabrique à la Chine, Il y en a de plus fines les unes que les autres. Les plus fines fe ven- dent un tail trois mas ; les plus communes un tail. Elles portent cinquante-fix cobres chinoifes delong, fur treize pouces de large. Elles font propres pour le commerce de Tunquin, où l’on a quatre mas de gain fur les unes, & cinq fur les autres. MUDERIS, £. m. (Hiff, mod.) nom que les Turcs donnent aux doûteurs ou profefleurs chargés d’en- feigner à la jeunefle les dogmes de Palcoran & les les lois'du pays, dans les écoles ou académies join- tes aux jamis ou mofquées royales. Quelques-uns de ces muderis ont de fort gros appointemens, COm- me de 300 afpres par jour, ce qu revient à 7 liv. -10 [. de notre monnoie; d’autres en ont de plus mo- diques, par exemple de 7o afpres, ou 36.f. par jour : felon les fonds plus ou moins confidérables que les fultans ont laïffés pour l’entretien de. ces éco- les publiques. 7oyez MOSQUÉE. MUE,, f. f. (Orrisholog.) état maladifdes oïfeaux, qui confifte dans leur changement de plumes. Tous les oifeaux zueni une fois chaque année, c’eft pour eux un tems critique , & qui leur ef fou- vent mortel. Cette rue fe fait quand les myaux des plumes ceflent de prendre de la nourriture & fe déffechent ; alors les fucs nourriciers qu’el- les ne s’approprient plus, font portés an germe de plume qui eft fous chacune de celles-ci; ilcroît, & forcel’ancienne plame au bout de laquelle il eft, de Jui laifler la place, & de tomber. Jamais les oïfeaux ne pondent danscetétat maladif. | MUE On a remarqué que dans nos poules les appro- ches, la durée & la fuite de la 4e, fufpend leur ponte. En effet, jufqu’à ce que les plumes perdues | aient été remplacées par d’autres qui n’aient plus à croître, la confommation du fuc nourricier deftiré pour le développement & l’accroiffement des nou- velles plumes , doit être confidérable ; & il n’eft pas étonnant qu’il n’en refte pas alors dans l’intérieur de la poule pour faire croître les œufs. Ce nef donc pas précifement le froid de l’hiver qui empêche les poules de pondre, parce qu’il y en a qui donnent des œufs dans le mois de Janvier & de Février , beaucoup plus froids que les mois d'Oc- tobre & de Novembre, pendant lefquels elles n’a- voient pas pondu. Ainfles poules quidans ce cas por- dent de bonne-heure , font celles qui ont æéplutôr, & qui font plutôt rétablies de la ue, Les oifeaux, comme on l’a dit, #xenrtous les ans; tous les ans ils fe défont de leur viel habit, & en prennent ua neuf, ordinairement fémblable à celui qu'ils ont quitté, au moins après la feconde mue &c les fuivantes ; la poule qui étoit toute noireavantla mue, eft encore toute noire après avoir mue ; la pou- le entierement blanche , ne reprend pour l'ordinaire que des plumes blanches : cependant le contraire n’eft pas fans exemple, comme nous le dirons tout- à-l’heure. | Une des fingularités de ces petits & charmars moineaux, qui nous viennent de la côte de Benga- le, & qu'on nomme bengalis, c’eft qu'après avoir mué , ils font fouvent d’une couleur fort différente de celle dont ils étoient auparavant; on voit un ventre bleu à celui à qui on en avoit vu un rouge; au contraire, un autre à qui on en avoit vu un bleu, en prendre un ronge ; celui de quelques autres de- vient jaune, & celui de quelques autres gris. Nous ignorons s’il y a un ordre dans lequel Les couleurs d’une année fuccedent à celles d’une autre année: mais le fait de changement de couleur annuelle , ou prefque annuelle de ces petits oifeaux, pañle pour certain. | Il paroît aufli que parmi nos poules la couleur du plumage fouffse quelquefois dans la 4e, des chan- gemens aflez pareils à ceux qui font regardés com- me une fingularité dans le plumage des bengalis. M. de Reaumur avoit une poule dont les couleurs chan- gerent annuellement , en paffant par la couleur noi- re. Il avoit un coq dont la 4e produifit un plumage fucceflivement roux, enfuite noir, puis blanc, & finalement le blanc devint d’un brun clair, (2.J.) Mu, (Jurifprud.) vieux terme de pratique, qui vient du verbe zzouvoir, Mue de plaids, c’eft-à-dire le commencement d’un procès, l’a@ion d’en inten- ter, ou ce qui y donne lieu. (4) MUE , en terme de Vannier , c’eft une grande cage; ronde & haute, fous laquelle on peut enfermer tou- tes fortes de volailles. A0 as MUER , v.neut. (Gram.) Voyez l’article MUE. Muer, (Maréchallerie.) 1e dit des chevaux à qui le poil tombe , ce qui leur arrive au printems & à la fin de l’automne. Muer fe dit auffi de la corne ou du pié, lorfqw’il leur poufle une çorne nouvelle. Quand un cheval ue de pié , il faut que le maré- chal lui donne une bonne forme par la ferrure , au- trement les piés deviennent plats & en écçaille d’hui- tre. Mur , (Géog.) riviere d'Allemagne dans le du- ché de Stirie. Elle a fa fource dans la partie orienta- le de l’archevêché de Saltzhbourg, & fe jette dans la Drave. (D. J.) MUERAVW , (Géog.) Murala, ville d'Allemagne dans la Stirie , fur la Muer, aux confins de l’arche- vêché de Saltzbourg , à 45 lieues de Strasbourg. Long. 33, 25, lat, 57.30: (D. J.) MUET, . MUET, £ m. (Gram.) qui n’a point eu l’ufage de la parole , où qui l’a perdu. Les foutds de naïflance font muets. * | Ce n’eft point d'aujourd'hui qu’on voit confirmer par expérience la poflbilité de l’art fi curieux d'ap- prendre à parler aux #wes. Wallis en Angleterre; Amman en Hollande, l'ont pratiqué avec un fuccès admirable dans le fiecle dernier. Les ouvrages de ces deux favans font connus de tout le monde. [l pa- roît par leur témoignage qu'un certain religieux S'y étoit exercé bien avant eux. Emmanuel Ramirez de Cortone, & Pierre de Caftro efpagnol, avoient auffi traité cette matiere long-tems auparavant , 6 nous ne doutons point que d’autres auteurs n’aient encore écrit & publié des méthodes fur cet article. Ïl eft cependant vraiflemblable que c’eftle P. Ponce efpagnol, mott en 1384, qui a inventé le premier Vart de donner la parole aux ##ers ; maïs il n’a pas enfeigné fa méthode, comme ont fait Amman &c Wallis, M. Perreire, né en Efpagne, doit aufi la fienne à fon génie : on peut voir fes fuccès dans l’hif- toire de l'académie des fciences. (D. J:) MUET , adj. (Gram.) cette qualification a été donnée aux lettres par les Grammairiens, en deux fens différens ; dans le premier fens, elle n’eft attri- buée qu'à certaines confonnes , dont on a prétendu caraétérifer la nature ; dans le fecond fens , elle dé- figne toute lettre, voyelle ou confonne, qui eft em- ployée dans l’orthographe , fans être rendue en au- cune maniere dans la prononciation. I. Des confonnes appellées muëttes, « Les Gram- # mairiens ont accoutumé dans toutes les langues # de faire plufñeurs divifons & fubdivifions des con- # fonnes ; & la divifon la plus commune à l'égard » des langues modernes, eft qu'ils en diftinguent les # confonnes en muertes & en demi-voyelles, appel- 5 lant muerres toutes celles dont le nom comménce 5 parune confonne, commeb,c,d, g,k, p;, 4; »£,?, & demu-voyelles toutes les autres, comme sf, k,1l,m,n,r, [,xs». Regnier, gramm. fr. 11-12, PA. 9 Cet académicien abandonne cette divifion , parce qu’elle n’eft établie, dit-il, fur aucune différence fondée dans la nature des confonnes. En effet , s’il ne s’agit que de commencer le nom d’une confonne par cette confonne même pour la tendre ruerre, iln’y en a pas une qui ne le foit dans le fyftème de Port-Royal, que j'adopte dans cet ou- vrage : & d’ailleurs il eft démontré qu'aucune con- fonne n’a de valeur qu'avec la voyelle, ou fi l’on veut, que toute articulation doit précéder un fon; (voyez H.) ainfi toutes les confonnes font muerces pat leur nature, puifqu’elles ne rendent aucun fon, mais qu'elles modifient feulement les fons. Platon (ën Cratylo.) les appelle toutes dgcve ; c’eft le mê- me fens qué fi on les nommoit mwertes, &t il y a plus de vérité que dans le nom de confonnes. Au refte, telle confonne dont Pappellation commence chez nous par une voyelle, commencçoit chez les Grecs par la confonne même : nous difons ele, eme, enne, erre, &c ils difoient lambda, mu, nu, ro; les mêmes lettres qui étoient muetres en Grecé font donc demi- voyelles en France , quoiqu’elles foient Îles fignes des mêmes moyens d'explofion, ce qui eff abfurde, Les véritables diftinétions des confonnes font détail- lées au rot LETTRE ; M. l’abbé de Dangeau n’en avoit pas encore donné l'idée, lorfque la grammaire de M. l'abbé Regmier fut publiée. Il. Des lLertres muettes dans l'orthographe, Je ne crois pas qu'on puifle remarquer rien de plus précis, de plus vrai, ni de plus effentiel fur cet article, que ce qu'ena écrit M. Harduin, fecrétaire perpétuel de Pacadémie d'Arras, dans fes Rem. div, fur la pro- nonciation 6 fur l'orthographe ,pag. 77. Je vais fim- Tome X. | | Q MUE 549 plement le tranfenire ich, en y inférant quelques obfervationsentre deux crochets. | « Qu'on ait autrefois prononcé des lettres qui né 5 fe prononcent plus aujourd’hui, cela femble prou- 5 vé par les ufages qui fe font perpérués dans plus # d’uneprovince, & parläcomparaifon de quelques # mots analogues entré eux, dans Pun defqüels on » fait fonner une lettre qui demeure oifeufe dans » l’autre. C’eft ainf que s & p ont gardé leur pto: » nonciation dans vefe, efpions baflonrade ; hofpi- »talier , baptifmal, feptembre ; féptuagenaire , quoiïs » qu'ils l’aient perdue dans ve/är, éfpier, baflon; ÿ hofpital, baprefme, fepe, feptier ». [On fupprime même ces lettres dans l’orthographe moderne dé plufieurs de ces mots, &c l’on écrit vérir, épier, bé: ton, hopiral,] »# Monintention n'eft cependant pas de foutenif » que toutes les confonnes muertés qu’on emploie, ÿ ou'qu’on employoit il ny a pas long-tèems au mi- » lie de nos mots, fe prononçaflent originaire+ » ment. Il eft au contraire fort vraiflemblable que » les favans fe font pli à introdure des lettres 5» muettes dans un grand aombre de mots, afin qu’on » fentîit mieux la relation de ces mots avec la langue » latine »; [ou même par un motif moins louable, mais plus naturel; parce que comme le remarqué Pabbé Girard, on méttoit fa gloire à oñtrer dans l'écriture françoife , qu’on favoit le latin.] « Di » moins eft-il conftant que les manufcrits antérieurs » à l’Imprimerié, offrent beaucoup de mots écrits » avec une fimplicité qui montre qu'on les pronon- # coit alors comme à préfent, quoiqu'ils fe trouvent » écrits moins fimplement dans des livres bien plus » modernes. J’ai eu la curiofité de parcourir quel- » ques ouvrages du quatorzieme fiecle, où j'ai vu » les mots fuivans avec l’orthographe que je leur » donne ici : droit, faint, traité, deite, devoir, dou- »te, avenir, aufre ; ROULE TECEVOIr ; VOLTE ; cé qui n’4 »pas empêché d'écrire long-tems après, droif, » fainét , traiclé, debte, debvoir, doubte, advemir, auls » tre, moult, recepvoir ; Votre ,; pour marquer le rap= » port de ces mots avec les noms latins direëlus, » fanitus, trattatus, debitum, debere, dubirario, ad- » veriré, alcer, multum, recipére, velier. On remar- # que même , en plufieurs endroits des manulicrits » dont je parle, une orthographe encore plus fim- 5 ple, & plus conforme à la prononciation aétuelle ; » que l'orthographe dont nous nous fervons aujour- »d'hui. Au lieu d'écrire férence, fçavoir ; corps, » temps, compté, HŒurs, On écrivoit dans ce feclé » éloigné, féence, favoir, cors , tans, conie, meurs. [Je crois qu’on a bien fait defamener /crence, à cau< fe de l’étymolopie ; corps &c remps, tant à caufe de l'étymologie, qu’à caufe de Panalogie qu'il eft utile de conferver fenfiblement entre ces mots & leurs dérivés , corporel, corporifter , corpulence, temporel ; temporalité , temporifer, remporifation , que pour les diffinguet par l'orthographe des mots homogenes cors de cerf ou cors des piés, ant advetbe, 4% pour les Tanheurs, e2d verbe: pareillement compre, en confervant les traces de fon origine, compurur:, {@ trouve différencié par-là de come, feigneur d'une comté, mot dérivé de comiris, &t de comte, natras tion fabuleufe, mot tiré du grec barbare serrer, qui parmi les derniers Grecs figmifie abregé.| | « Outre la raifon des étymologies latines ou grec »ques, 105 ayeux inférerent à conferverent des lettres rwerses, pour rendre plus fenfble l’analoz » gie de certains mots avéc d’autres mots françois. 5 Ainfi, comme tournoyement ; Imdpiement, éterriues » ment, dévouement, je lierai, j'employerai, je tuerai, » jJ'avouerai, font formés de tournoyer ; manier , éter » ruer , dévouer, lier, employer, tuer , avouer, On cru » devoir mettre ou laiffer à la pénultieme fyllabé PPRPP #50 MUE ‘w.de ces premiers mots uû € qu'on n’y prononçoit ‘# pas. On én ufa de même dans beuu, nouveau , 01e ww feau, damoifèau, chafleau & autres mots fembla- # bles, parce que la terminaifon «au y a fuccédé à 9 el: nous difons encore ur bel homme, un nouvel ou- #» vrage ; & l’on difoit jadis, oifèl, damoifel, chaftel. » Les écrivains modernes, plus entreprenans que “leurs devanciérs, » [nous ayons eu pourtant des “devanciers aflez entreprenans; Sylvius ou Jacques Dubois dès 14313 Louis Meigret & Jacques Pelle- tier quelques vingt ans après; Ramus ou Pierre de a Ramée vers le même tems ; Rambaud en 1578 ; Louis de Lefclache en 1668, & l’Artigaut très-peu de tems après, ont été les précurfeurs des réforma- teurs les plus hardis de nos jours; & je ne fais fi Pabbé de $. Pierre , le plus entreprenant des moder- nes, a mis autant de liberté dans fon fyftème, que “ceux qué je viens de nommer: quoi qu'il en foit, je reprensle difcours de M. Harduin.] « Les écrivains # modernes plus entreprenans, dit-il, que leurs de- » vanciers, rapprochent de jour en jour lorthogra- » phe de la prononciation. On n’a guere réuf, à » la vérité, dans les tentatives qu’on a faites Juf- # qu'ici pour rendre les lettres qui fe prononcent # plus conformes aux fons & aux articulations qu’el- » les repréfentent ; & ceux qui ont voulu faire écri- wre ampereur, acfion, au lieu d’empereur , aëlion, # n'ont point trouvé d’imitateurs. Mais on a été # plus heureux dans {a fupprefion d'une quantité de » lettres muerres, que l’on a entierement profcrites, # fans confidérer fi nos ayeux les prononçoient ou # non, & fans même avoir trop d’égards pour cel. »les que des raifons d’étymologie ou d’analogie »ayoient maintenues fi long-tems. Oneft donc par- # venu à écrire doute, parfaite, honnête, arrêt, ajoi- » ter, omettre, au lieu de doubre., parfaiële , honnefle , » arreft ,adjouter, obmettre ; & la confonne oifeufe a » été reraplacée dans plufeurs mots par un accent » circonflexe marqué fur la voyelle précédente, le- # quel a fouvent la double propriété d'indiquer le » retranchement d’une lettre & la longueur de la » fyllabe. On commence auff à ôter le muer de gaie- » ment, remerciement, éternuement , dévouement, &c, » Maïs malgré les changemens confidérables que # notre orthographe a reçus depuis un fiecle , il s’en » faut encore de beaucoup qu’on ait abandonné # tous les carateres muets, Il femmble qu’en fe déter- » minant à écrire fér, mér, au Leu de feur, meur, » on auroit dà prendre le parti d'écrire auf bau, » chapau, au-lieu de beau , chapeau , & euf, beuf, au- » lieu d'œuf, bœuf, quoique ces derniers mots vien- » nent d’ovum , bovis: mais l'innovation ne s’eft pas » étendue jufques-là ; & comme les hommes font ra- » rement uniformes dans leur conduite , on a même » épargné dans certains mots, telle lettre qui n’a- » voit pas plus de droit de s’y maintenir, qu’en plu- » fieurs autres de la même claffe d’où elle a été re- » tranchée. Le g, par exemple, eft refté dans poing, » après avoir été banni de Joing, loing, témoing. » Que dirai-je des confonnes redoublées qui font » demeurées dans une foule de mots où nous ne pro- # nonçons qu'une confonne fimple ? » Quelques progrès que fafle à l’avenir la nouvelle # orthographe, nous avons des lettres muerres qu’el- » le pourroit fupprimer fans défigurer la langue , & » fans en détruire l'économie. Telles font celles qui # fervent à défigner la nature & le fens des mots, » comme 7 dans ils aiment, ils aimerent , 1ls aimaf- » fent , & en dans les tems où les troifiemes perfon- » nes plurielles fe terminent en o’ent, ils aimoient, s ils aimeroient , ls foienr ; car à l'égard du s de ces » mots, & de beaucoup d’autres confonnes finales # qui font ordinairement muettes , perlonne n'ignore # qu'il faut les prononcer quelquefois en converfa- »tion, & plus fouvent encore dans la le@ure ou » dans le difcours foutenu, fur-tout lorfque le mot » fuivant commence par une voyelle. ER" » Il y a des lettres zzuertes d’une autre efpece, qui » probablement ne difparoïîtront jamais de l’écritu- » re, Dece nombre eft lz fervile qu’on mettoûjours » après la confonne 4, à moins qu’elle ne foit finale; » pratique finguliere qui avoit lieu dans la langue la- + tine auf conftamment que dans la françoife, Il eft » Vrai que cet fe prononceen quelques mots, gza- » drature, équeftre, quinquagéfime ; maïs il eft uer » dans la plüpart, quarante, querelle, quotidien , » quinze. | | » Jai peine à croire auffi qu’on bannifle jamais » Pau êc l’e qui font prefque toujours wuets entre un » g êt une voyelle. Cetre confonne grépond, com- » me on l’a vu (article G.) à deux fortes d’articula- » tions bien différentes. Devant 4, 0, z, elle doit fe » prononcer durement; mais quandelle précéde un e »ouunz, la prononciation en eft plus douce, & » reflemble entierement à celle de l? confonne [à » celle du 7.] Orpour apporter des exceptions à ces » deux regles, & pour donner au g en certains cas » üne valeur contraire à fa poñtion a@uelle, il fal- » loit des fignes qui fiffent connoître les cas exceptés. » On aura donc pu imaginer l’expédient de mettre » un # après le g, pour en rendre l’articulation dure » devant un e ou uni, comme dans guérir , collègue, » orgueil, güittare, guimpe ; & d’ajoûter un e à cêtte » confonne, pour la faire prononcer mollement de- »vVantæ,0,u, comme dans geai, George, gagenre. » L’x smuer femble pareillement n’avoir été inféré. » dans cercueil , accueil, écueil, que pour y affermir le » c qu'on prononceroit comme s, s'il étoit immédia- » tement {uivi de le. h » Il n’eft pas démontré néanmoïns que ces voyel- » les nuertes l’aient toujours été; il eft poffible ab- » folument parlant, qu’on ait autrefois prononcé l’4 » & le dans écuel, guider, George, comme on les » prononce dans écuelle, Guife ville, & géomerre : » maisune remarque tirée de la conjugaifon des ver- » bes, jointe à l’ufage où lon eft depuis long terms » de rendre ces lettres mwertes, donnelien de con- » jeéturer en effet qu’elles ont été placées après Le g » & le.c, non pour y être prononcées, mais feule- » ment pour prêter, comme je l'ai déja dit, à ces » confonnes une valeur contraire à celle que de- » vroit leur donner leur fituation devant telle ou tel- » le voyelle. » Il eftde principe dans les verbes de la premiere » conjugaifon, comme ffatter, je flarre, blämer je » bläme , que la premiere perfonne plurielle du pré- » fent [indéfini] de l’indicatif, fe forme en chan- » geant l’e final de la premiere perfonne du fingulier » en 075; que l’imparfait [cet dans mon fyflème , » le préfent antérieur fimple]de l'indicatif {e forme » par Îe changement de cer e final en ois ; & l’aorifte » [c’eft dans mon fyftème, le préfent antéfieur pé- » riodique] par lechangement du même « en 4j: je » flatte, nous flattons, je flatiois, je flarraï; je bld- » me, nous élémons, je blémois, je blämai. Suivant »ces exemples, on devroit écrire je mange, nous » MANBONS , Je MANGOIS, Je mangai ; mais Comme le g » doux de mange, feroit devenu un g dur dans les » autres mots, par la rencontre de lo & de l’a, il » eft prefque évident que ce fut tout exprès pour » conferver ce g doux dans nous mangeons , je man- » geois, je manpeai, que l’on y introduifit un e fans » vouloir qu'il fût prononcé. Par-là on crut trouver » le moyende marquer tout à [a fois dans lapronon- » ciation & dans l'orthographe, l’analosie de ces » trois mots avec je ange dont ils dérivent. La mê- » me chofe peut fe dire de nons commenceons , je com » METICCOIS , Je Commenceai, qu'on n'écrivoit fans MU E » doute ainfi avant l'invention de la cédille , que . pour laïfler auc la prononciation doucequ'il a dans ») Je COTITETICE, » Cette cédille ‘inventée f à propos, anroit dû » faire imaginer d’autres marques pour difinguer les » cas où le c doit fe prononcer comme un kdevant » la voyelle e, &c pour faire connoître ceux oùleg # doit être articulé d’une façon oppofée aux regles » ordinaires. Ces fignes particuliers vaudroient » beaucoup mieux que l’interpoñtion d’un e on d’un #2, Qui elt d'autant moins {atisfaifante qu'elle in- » duit à prononcer écuelle comme ecueil, aiguille » comme arpuile, & mème géographe & ciguë, com-, » me George ët figue, quand l'écrivain n’a pas foin, » ce quiarrive allez fréquemment, d’accentuer le »# premierede géographe, & de mettre deux points » fur le fecond z d’aiguille 8 fur le final de cpu ». [Le moyen le plus {ür & le flus court, s'il n’y avoit eu qn'à imaginer des moyens, auroit été den’atta- cher à chague confonne qu'une articulation, & de donner à chaque articulation fa confonne propre. | » Quoi qu'ilen foit de mon idée de réforme, dont + il n'y a point d'apparence qu'on voye jamais l’e- » xécuti0n , On doit envifager la voyelle e dans beau » tout autrement que dans ilzrangea. Elle ne fournit » par elle-même aucun fon dans le premier de ces » mots; mais elle eft cenfée tenir aux deux autres » voyelles, & on la regarde en quelque forte com- » me faifant partie des caraéteres employés à repré- » fenter le {on o; au-lieu que dans il r7angea, le ne # concourt en rien à la repréfentation du {on :1l n’a » nulle efpece de liaifon avec la fuivant, c’eft à la »# feule confonne g qu’il eft uni, pour en changer » l'articulation, eu égard à la place qu’elle occupe. » Ce que je dis ici de le, par rapport au mot az » gea, doit s'entendre également de l’x tel qu'il eft » dans guerre, recueil, quotité ; 8 ce que J’obferve » {ur le, par rapport au mot feau , doit s'entendre » auf de l’a & de lo dans Szoze & beuf». Voyez LETTRE, VOYELLE, CONSONNE ; DIPHTON- GUE, ORTHOGRAPHE, G difjérens articles de lettres particulieres. ( B. E. RM.) MUET ; ez Droit, 6 fingulierement en matiere crimi- nelle, s'entend également de celui qui ne peut pas parler & de celui qui ne le veut pas; mais on pro- cede différemment contre le mue: volontaire ou le zRuet par nature. Quand laccufe eft muet ou tellement fourd qu'il ne puufle aucunement entendre, le juge lui nomme d'office un curateur fachant lire & écrire , lequel prête ferment de bien & fidellement défendre l’ac- cufé, & répondra en fa préfence aux interrogatoires, fournira de reproches contre les témoins , &c fera reçu à faire audit nom tous aétes que l’accuié pour- roit faire pour fe défendre. Il lui fera même permis de s’inftruire fecrétement avec l’accuié, par fignes ou autrement ; fi le rues ou fourd fait & veut écrire, 1l pourra le faire & figner toutes fes réponfes , dires &c reproches , qui feront néanmoins fignés auff par le curateur , & tous les ates de la procédure feront mention de l’affiftance du curateur. Mais fi l’accufé eftun 4e: volontaire quine veuille pas répondre le pouvant faire, Le juge lui fera fur-le- champ trois interpellations de répondre, à chacune defquelles il lui déclarera qu'à faute de répondre fon procès va lui être fait, comme un we volontaire, êt qu'après il ne fera plus venu à répondre fur ce qui aura été fait en fa préfence pendant fon filence volontaire. Le juge peut néanmoins , s’il Le juge à- propos , lui donner un délai pour répondre de vingt- quatre heures au plus, après quoi , s’il perfifte en fon refus, le juge doit en effet procéder à l’infiruc- tion du procès, & faire menton à chaque article d’interrogatoire que Paccufé n’a voulu répondre ; &c Tome X, MU E 851 fi dans la fuite laccufé veut répondre, 6e qui aura été fait jufqu'à fes réponfes fubfltera , même la con- frontation des témoins contre lefquels il aura fourni de reproches ; & il ne fera plus reçu à en fournir , s'ils ne {ont juflifiés par pieces. | Mursts , ( Hit. mod, turque.) Les fultans 6nt dans leurs,palais deux fortes de gens qui fervent à les di- vertir , favoir les muers 8e les nains ; c’eft, dit M, de Tournefort , une efpece finguliere d'animaux rais fonnables que les zuess du ferrail. Pour ne pas trous bler le reposidu prince , ils ont inventé enir’eux une langue dont les caraéteres ne s'expriment que par des fignes ; & ces figures font auffi intellisibles la nuit que le jour , par lattouchement de certaines patties de leur corps. Cette langue eft fi bien reçue dans le ferrail, que ceux qui veulent faire leur cout & qui font auprès du prince , lapprennent avec grand foin : car ce feroit manquer au refpeét qui lui eft dique de fe parler à l'oreille en fa préfences CDs . MUETTE, L. £.( Mychol. ) déeffe du Silence chez les anciens Romains. Sa fête fe célébroit Le 18 Fé+ vrier , oule r2 avant les calendes de Mars. MUETTE ; {. f. ( Wennerie, ):maifon bâtie dansuné capitainerie de chafle , pour y tenir la jurifdiétion concernant les chafles, ou y loger le capitaine ow autre ofhcier, les chiens & l'équipage de chaffe, On appelle ainf celles du bois de Boulogne, de Saint- Germain , écæparce que c’eft-là que les gardes de chaîñle apportent les mues ou têtes de cerfs qu'ils trouvent dans la forêt. On donne encore le nom de muette au pîte du lievre & du levreau. Aulieu de muette 1l y en a qui difent reure : comme dans cet exemple , la zeure du, cerf ; le cerf à la voix des chiens quitte facilement la muerse ou la meute. MUËZIN , f. m, (if, turque.) On appelle muézin en Turquie l’homme qui par fa fonétion doit monter fur le haut de la mofquée , 8 convoquer les Maho= métans à la priere. Il crie à haute voix que Dieu eft grand , qu'il n’y a point d'autre Dieu que lui, & que chacun vienne fonger à fon falut. C’eft l'expli- cation de fon difcours de cloche ; car dans les états du grand-feigneur 1l n’y a point d’autre cloche pour les Mufulmans. Ainf les Turcs, pour fe moquer du vain babil des Grecs, leur difent quelqufois, zous avons même des cloches qui pourroient vous apprendre à parler, Le petit peuple de Sétines ( l’ancienne Athe- nes ) ne regle les intervalles de la journée que par les cris que font les rueézins fur les minarers , au point du jour, à midi, & à fix heures du foir, Cr Ne UE MUFELE DE LION , voyez; ANTHIRRINUM. MUFELE DE VEAU, anurrhinum , gente de plante à fleur monopétale, campaniforme, tubulée , faite en forme de mafque , & divifée en deux levres , dont la fupérieure eft fendue en deux parties , & l’inférieure en trois : le piftil fort du calice; il eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur , & il devient dans la fuite un fruit ou une co- que qui reflemble en quelque façon à une tête de cochon, car on y difingue le derriere de la tête, les orbites & la bouche. Cette coque eft divifée en deux loges par une cloïfon, & contient des femen- ces le plus fouvent petites & attachées à un placenta. Tournefort, 21/£. rei herb. Voyez PLANTE. MurrLE, {. m. ( Veun. ) c’eft le bout du nez des bêtes fauvages, MUFELE , ( Architeël,) ornement de {culpture qui repréfente la tête de quelqu'animal , & particuliere- ment celle du lon, qui fert de gargouille à une ci- maife , de goulette à une cafcade , & fert auffi d’or- nement à des confoles , à des corniches , à des pi- laftres , 6*c. Pp MUGE NOIR , ( if, nar, Iéfhiolog. ) poiffon de PPpppi 852 MU G : mer entierement noir ; il a des traits d'un noir plus foncé que le refte du corps, qui s'étendent depuis les ouies jufqn’à la queue. La mâchoire inférieure eft : LEE ? à beaucoup plus avancée que la fupérieure , ce qui lui. rend l'ouverture de la bouche fort grande, {1 a fur le dos fept ou huit aighillons tous féparés les uns des autres , & une petite nageoire entre Le dernier de ces aiguillons &c la queue: Rondelet, Ai/foire des poiflons, partie premiere, li. ÆX. chap. v. Foyer Poisson. MuGt voLanT. On trouve ce poiflon dans la mer &c dans les étangs formés par la mer. Les plus grands ont jufqu’à une coudée de longueur. Ce poif- {on eft fort reflemblant au fame , qui eft une efpece de muge par la forme du corps & par la couleur ; il n’en differe que par les nageoires &r par la queue, Il a la bouche petite, la mâchoire inférieure plus avancée que la fupérieure, les yeux grands &t ronds, le dos & la têre larges comme tous les muges ; il eft couvert de grandes écailles ; il n’a point de dents: les nageoires fituées près des ouies reflemblent à des aîles ; elles font larges & fi longues , qu’elles s’éten- dent prefque jufqu’à la queue : celles du ventre font placées beaucoup plus près de la queue que dans les autres poiflons. Il y a encore une autre petite na- gcoire derriere l’anus , & une pareille fur le-dos qui correfpond à la précédente. La queue eff divifée en deux parties , l’inférieure eft la plus longue ; la ligne qui fe voit fur les côtés du corps ne 6ommence qu'à l'endroit des nageoires du ventre, & s'étend jufqu’à la queue, Rond. kiff. des poif]. part. premiere, 1, IX, ch, v. Voyez POISSON, MUGIR,, v. n. MUGISSEMENT , f. m. ( Gram.) c’eft le cri du taureau ; il fe dit aufh des flots agités par la tempête, d’un homme tranfporté de fureur. MUGGIA, o4 MUGLIA, ( Géogr.) petite ville d'Italie dans l’Iftrie, fur Le solfe occidental du même nom. Elle appartient aux Vénitiens depuis 1420, & eft à s milles S.E. de Triefte, 4 N. O. de Capo d'Iftria. Long. 31. 32. lar, 45, 50. (D. J.) MUGUET , dilium convallium , {, m. ( Hif?. nat, Botan.) genre de plante à fleur monopétale , courte, en forme de cloche, & profondément découpée, Cette fleur n’a point de calice ; le piflil fort du fond de la fleur, & devient dans la fuite un fruit mou, rond pour l'ordinaire & rempli de femences fort reflées les unes contre les autres, Tournefort, z2ff. ret herb. Voyez PLANTE. C’eft la principale efpece du vrai lis des vallées , dont ilufurpe auf le nom, [left appelle fpécialement Llium convallium album, par C. B. P. 304, &c par Tournefort 1. R. H. 77. Sa racine eft menue , fibreufe & rampante ; fes tises font grêles, quarrées ,; noueufes , longues de fix à neur pouces. $es feuilles naiflent autour de chaque nœud, au nombre de fix ou fept , difpofées en étoile, un peu rudes, plus larges que celle du grateron , & d’un verd plus pâle, Ses fleurs viennent au fommet des rameaux ; elles font d’une feule pie- ce, en cloche, ouvertes , partagées en quatre feg- mens ; blanches , d’une odeur douce, d’un goût un peu amer. Leur calice fe change en un fruit fec, couvert d’une écorce mince , compofée de deux globules. Toute la plante répand une odeur douce & agréable : cette plante croît dans les bois , les vallées, & autres lieux ombrageux & humides: fes fleurs ont quelque ufage ; elles font d'une odeur agréable & pénétrante, ( D. J.) | MUGUET , petit, ( Botan. ) autrement muguet des bois. Il eft nommé a/perula , five rubeola montana , odora , par C. B. P. 334 ; aparine lanifolia , humilior, montana , par Tournefort Z R, FH, 114, Sa racine eft menue , fibrée , ferpentante, Ses ti- ges font grêles, quarrées , noueufes. Ses feuilles MUH fottant de chaque nœud au nombre.de fix , fept ou huit, difpofées en étoile ; plus grandes & plus rudes que celles du mélilot. Ses fleurs naïffent aux fommi- tés des tiges en forme de petites ombelles, d’une feule piece , découpées en quatre parties, blanches, d’une odeur fuave ; 1l leur fuccede deux femences rondes , plus petites que celles du mélilot, ( D.7. } MUGUET , ( Chimie 6 Mat. med. ) Les fleurs feu- les de cette plante font en ufage : elles répandent une odeur très-douce, mais en même tems affez pe- nétrantes elles font de l’ordre des fleurs aromatiques qui ne donnent point d'huile effentielle, | Ces fleurs ont un goût amer, mais cette qualité n’annonce que le principe par laquelle elles font Le moins célébrées , favoirrune fubftance extradive fixe , par laquelle ces fleurs données en fubftance, par exemple , fous la forme de conferve , qui eft aflez en ufage ; par laGuelle, dis-je , ces fleurs font ftimulantes, apéritives , diurétiques. Mais encore un coup, ce ne font pas-là les vertus par lefquelles les fleurs de muguet font connues : elles tiennent un rang diftingué entre les remedes céphaliques & pro- pres pour les affe&tions des nerfs ; & c’eft à leurs prine cipes volatils ou aromatiques qu’eft attachée cette vertu. Aufli n’eft-ce prefque que leur eau diftillée fimple , ou leur eau diftillée fpiritueufe qu’on em- ploie communément en Medecine, Comme le parfum du rwguer eft leger & très-fu- gitif, c'eft fous forme d’eau qu'on doit le réduire, pour l’ufage, & le concentrer autant qu'il eft poffible par la cohobation. Voyez EAU ESSENTIELLE & Co: HOBATION, Ce remede.eft fort recommandé dans les menaces d’apoplexie & de paralyfie , dans le vertige , les tremblemens de membres, &c, On le donne rarement feul, & en effet c’eft un fecours aflez foible. On emploie plus fouvent comme excipient d’autres remedes céphaliques. Cette eau peut s’or- donner foit feule, foit avec d’autres remedes , juf qu'à la dofe de cinq à fix onces. On ne doit pas craindre de fon ufage intérieur l'inconvénient qui accompagne quelquefois lation de ce même prin- -cipe fur la membrane pituitaire ; cat un gros boue. quet de ces fleurs flairé de près & long:tems , porte à la tête dans la pitipart des fujets : elle eft fur-tout dangereufe pour les vaporeux de l’un & de l’autre fexe, au lieu que l’eau diftillée prife intérieurement leur eft ordinairement falutaire. | . L'eau fpiritueufe doit être encore auff chargée qu'il eft poffible du parfum de ces fleurs, par des # cohobations réitérées : cet efprit eft recommandé à : la dofe d’environ un gros dans les mêmes cas que l’eau effentielle ; mais on peut affurerque quelque chargée que cette liqueur puifle être du principe aromatique des fleurs de muguer, l’aftivité de ce principe eft fi fubordonnée à celle dé l’efprit-de-vin, que ce n’eft que l'efficacité de ce dernier fur laquelle il eft permis de compter. Les fleurs de muguet féchées & réduites er pou dre , font un violent fternutatoire, mais qui r’eft point ufuel, On prépare avec les fleurs une huile par infufon qui n’en emprunte aucune vertu ; ellesen- trent dans l’eau générale , l’eau épileptique , & la oudre fternutatoite ; l’eau diftillée dans l’eau d’hi2 rondelles, & l’efprit dans l’efprit de lavande com- poté. (2) . MUHALLACA , (Geog.) petite ville d'Egypte fus le bord du Nil, avec une mofquée , felon Marmot, C’eft peut-être la place où le P. Vanfleb dit qu'il vi. fita l'églife des Coptes de Maallaca , la plus belie qu'ils aient dans toute l'Egypte. | MUEHLBERG , ( Géogr. ) nom.de trois gros ch teaux en Allemagne ; favoir, 1°. d’un château en Souabe, appartenant au marggrave de Bade Dour: lach ; 2°. d’un autre château & bailliage dans la Müfnie fur 'Elbe; & 3°. d’un château avec un bourg -en Thuringe, fur les confins du comté de Glaichen. . MUHLDORFE , ( Géogr. ) ville d’Allemagne au, cercle de Baviere , dans l’archevêché de Saltsboursg, fur l’Inn. Elle eft fameufe par la bataille qui fe donna far fon territoire en 1322, entre les empereurs Louis de Baviere & Frédéric d'Autriche, qui y fut fait pri- #onnier. Muhldorff eft à 12 lieues N, O. de Saltz- bourg. Long. 30. 14. lat. 48, 10, (D. J. ) MUHZURI , ( ff. ) nom d’une foldatefque tur- que , dont la fonétion eft de monter la garde au pa- lais du grand-vifr, & d’y amener les criminels. Il ÿ a un corps tiré d’entr'eux qui eft afle@té pour l’é- xécution des malfaiteurs. On les appelle fz/angayt , du mot fange , inftrument dont ils fe fervent pout couper la tête. Cantemir, Ai/f, ottomane. MUID , f, m. ( Commerce. ) eft une grande mefure fort en ufage en France pour mefurer différentes chofes , comme le blé, les léoumes, la chaux, le charbon. Voyez MESURE. . Le rruid n’eft point un vaiffeau réel dont on fe ferve pour mefurer, mais une mefure idéale à la- quelle on compare les autres, comme le feptier, la mine , le minot, le boifleau, &c. À Paris le muid de froment , de légumes , & d’au- tres femblables denrées, eft compofé de 12 feptiers ; chaque feptier contient deux mines ; chaque mine deux minots; chaque minot trois boifleaux ; chaque boiffeau quatre quarts de boifleau , ou feize litrons ; chaque litron, 36 pouces cubes qui excedent notre L pinte de 1 + pouces cubes. Le vid d'avoine eft double du zxid de froment, quoique compoté, comme celui-ci, de 12 feptiers : mais chaque feptier contient 24 boifileaux. Le z24:4 de charbon de bois contient 20 mines, facs, ou charges ; chaque mine deux minots; chaque minot 8 boiffeaux ; chaque boiffeau quatre quarts de boifleau, &c, Le rruid eft aufli un des neuf tonneaux ou vaif- feaux réguliers dont on fait ufage en France pour y renfermer le vin & les autres hqueurs. Le wxid de vin fe divife en deux demi-wids, quatre quarts de muids, &t 8 demi-quarts de wurds, contenant 36 fep- tiers ; chaque feprier 8 pintes, mefure de Paris; de forte que le #wid contient 288 pintes. Voyez ME- SURE. Maid fignifie auff la futaille de même mefure, qui contient le vin ou telle autre liqueur. Muid eft aufi en quelques endroits une mefure de terre qui contient la femaille d’un wuid de rain. | ee) Mutp D'EAU, ( Hydr. ) df’expérience a fait con- noître que le mwid de Paris qui contient 288 pintes, pouvoit s'évaluer à 8 piés cubes ; ainfi la toife cube compofée de 216 piés cubes étant divifée par 8, contient 27 rw1ds d’eau mefure de Paris. Le uid étant de 288 pintes, le pié cube vaut 36 pintes, hnitieme de 288 , & le pouce cube qui eft la r728° partie d’un pié cube qui vaut 36 pintes , étant divifé par 36, donne au quotient 48 , ainfiil n’eft que la 48° partie d’une pinte. ( X) MUIGINLI, ( Bo, exor, ) efpece de prune que les habitans de Fochen dans la Chine, appellent prunes dé la belle femme. Elles font de forme oyoi- de, beaucoup plus groffes, & meilleures que nos prunes de damas. Les mifioanaires qui en font de grands éloges, auroient dù décrire le prunier mê- me. (D. J.) | MUIRE ox MURE,, f. f. fontaines falantes : on donne ce nom à l’eau de ces fontaines , lorfqw’elle a été reçue dans les poëles , & que l’évaporation en a été pouflée juiqu'à un certain point. Alors ce font d’autres ouvriers qui s’en emparent , &z qui condui- fént le travail; Ce qui s'appelle rerdre la mure ou snilire. | | ni M U L 353 MUKEN , { m. ( Commerce. ) mefure dont on fe fert à Anvers pour les grains, Il faut quatre rzkezs pour faire le viertel, & 17 viertels & demi pour lé laft, Voyez VIERTEL 6 LasrT , Ditfionnaire de Com: imerce, | MUKHTESIB, {. m. (Commerce. ) on nomme ainfi en Perfe celui qui a linfpe&tion des marchés. Cet officier regle le prix des vivres & des autres denrées qu’on apporte dans les bazars, Il examine auf les poids &c les mefures , & fait punir ceux qui en ont de faufles, après qu'il a fixé le prix des vi- vres & des marchandifes, ce qu'il fait tous les jours, il en porte la lifte fcellée à la porte du palais. Di ionnaire de Commerce, MUL , 1, f. ( Commerce. ) moufleline unie & fine que les Anglois rapportent des Indes orientales, Elle a 16 aulnés de long fur trois quarts de large. MULAR o% SOUFFLEUR , {. m.( Æf. nar, Ich: thiologie, ) poiflon cétacée du gente des baleines ; il ne differe de l’épaular qu’en ce qu'il eft plus long, &c qu'il n’a point de nageoires au dos. Rondelet, Hiff. des poiff. part, Liv, XVI, chap. x. Voyez EpAU= LAR , POISSON. MULATO , ff. ( Mine. ) on nomme aïnf au Po- tofi une mine qui tient le nulieu par {a nature entré Ja Paco & la Négrillo, c’eft-à-dire, quin'eft point de lefpece des mines rouges ; ni de celle des noires proprement dites, La mulato eft diftinguée de la Paco & de la Néorillo, en ce qu’elle a plus de mar- caflite , plus de foufre que n’en ont ia Pico & la Négrillo. Voyez Paco 6 NÉGRriLzLo. MULATRE , {. m. & f, ( Terme de voyageur. ) en latin Aybris pour le mâle, kybryda pour la femelle, terme dérivé de mulet, animal engendré de deux différentes efpeces. Les Efpagnols donnent aux In- des le nom de wulara à un fils ou fille nés d’un, ne- gre & d’une indienne, Ou d’un indien &c d’une né- grefle. À l'égard de ceux qui font nés d’un indien êt d’une efpagnole , ou au contraire, & femblable- ment en Portngal , à l'égard de ceux qui font nés d’un indien & d’une portugaife, ou au rebours, ils leur donnent ordinairenient le nom derméris ; 8 nom- ment yembos, ceux qui font nés d’un fauvage & d’une métive : ils different tons en couleur & en poil. Les Efpagnols appellent auf rulara , les en fans nés d’un maure & d’une efpagnole, ou d’un ef- pagnol & d’une maurefle. | Dans les iles françoifes , mulétre veut dire un en: fant né d'une mere noire, & d’un pere blanc; ou d’un pere noir, & d’une mere blanche. Ce dernier cas eft rare, le premier très-commun par le liber- tinage des blancs avec les négrefles. Louis XIV, pour arrêter ce defordre, fit une loi qui condamne à une amende de deux mille livres de fucre celui qui fera convaincu d’être le pere d’un zxlétre ; or- donne en outre, que fi c’eft un maître qui ait dé: bauché fon efclave, &c qui en ait un enfant, la né- grefle & l'enfant feront confifqués au ptont de l'hô- pital des freres de la Charité, fans pouvoir jamais être rachetés, fous quelque prétexte que ce foit. Cette loi avoit bien des défauts : le principal eft, qu’en cherchant à remédier au fcandale » elle ou- ytoit la porte à toutes fortes de crimes , 8: en par: ticulier à celui des fréquens avortemens. Le maître pour éviter de perdre tout-à-la-fois fon enfant & fa négrefle, en donnoit lui: même le confeil ; & la mere tremblante de devenir efclave perpétuelle, lexé- cutoit au péril de fa vie. (D. J.) MULBRACHT, ( Geog. ) ce n’eft qu'un petit bourg d'Allemagne au duché de Juliers; mais c’ett la patrie d'Henri Goltz illuftre artifte , fils de Jean Goltz, renommé par {on habileté à peindre fur le verre. Quoiqu'il ne fût point inférieur à fon pere à cet égard, 1l seit rendu particulierement célebre 84 M U L par quantité de beaux ouvrages de peinture qu'il à deflinés à la plume dans fon voyage d'Italie, étqu'il a gravés enfuite au burm. Woyez fon article au mot GRAvEUR. Les noms de ces grands maîtres nous font bien autrement chers , que ceux des életteurs &c des princes , qui n'ont tien fait pour les Arts. ( D.J. “ MU LOIBER ; (Mythol.) farnom de Vuleain chez es Latins ; ce furnom ne pouvoit échapper à Mil- ton, en appliquant la fable de la chûüte du ciel que fit Vuleain à celle des mauvais anges : mais il faut dire comme ce poète peint cette terrible chûte. 12 Aujonian land Men call d’him Mulciber , and how he fell From heaven they fabled ; thrown by angry Jove Scheer o’er the cryflal baitlements from morn To roon he fell ; from noon 10 dewy eve, À fumme’rs day ; andswith the fettirg fur Dropi from the zénith, like à falling flar On lemnos, the Ægéan isle. CDI) MULCTE , £. f. (Jurifprudence. ) fe dit au palais pour amende ; & muléler, pour condamner ou im- pofer à une amende. | MULDAU LE, ( Géog.) riviere de Bohème ; elle ‘| a fa fource dans les montagnes qui féparent la Bo- hème du duché de Baviere, reçoit dans fon cours plufeurs autres petites rivieres, & va fe perdre dans l'Elbe, un pen au-deflus de Melnick. HMne faut pas confondre le Muldau avec la Mulde, ni la Mul- te. Voyez Muzne & Mure. (D. J.) MULDE LA, ( Géog. }riviere d'Allemagne, qui prend fa fource dans la partie méridionale de la Mifnie, pañle à Zwikaw, & après avoir grofii fes eaux de celles de la Multe , elle va fe rendre dans VElbe, auprès de la ville de Deflaw. (2. 7.) MULE, f. f. efpece de chauflure à l’ufage des femmes & des hommes. Celle des femmes eft un foulier fans quartier, 8 à talons plus larges & plus plats. Celle des hommes eft un foulier fans courroie, & à talons tout-à-fait bas. Le pape a au bout de fa nule une croix d’or, qu’on va baifer avec un grand refpe&t. Mule vient de mulleus, chauflure des rois d'Albe, & enfuite des Patriciens. MULE , ( Chirurgie. ) efpece d’engelure que le froid caufe aux talons. Voyez ENGELURE. MULELACHA , (Géog. anc. ) promontoire de Ia Mauritanie Tangitane, qui avance dans l'Océan at- lantique. (D. J.) | MULEMBA, ( Alf. nat, Botan. ) arbre d'Afrique qui croît abondamment au royaume de Congo, & . qui reflemble au laurier royal. Ses feuilles font toù- jours vertes , &c l’on fait une etofle très fine avec fon écorce. MULES TRAVERSIERES , ( Maréchal. ) on ap- pelle ainfi des crevafles qui viennent au boulet & au pli du boulet du cheval. MULET , oz CABOT, f. m. ( Æf. nat. Ichthio- logie. ) poiffon de mer écailleux : c’eft une efpece de muge. Voyez MUGE. On le trouve aufli dans les étangs formés par la mer , & 1l remonte lesrivieres. Il croit jufqu’à la longueur d’une coudée ; il a la tête plus grofle , plus large, & plus courte que les autres muges ; les yeux font grands &c couverts d’une forte de taie ; 1la les levres petites, la bouche grande & dénuée de dents; le dos large & noirâtre , Le ventre blanc avec des traits noirs fur les côtés qui s’éten- dent depuis les outes jufqu’à la queue. Ce poifion a deux nageoires aux ouies, deux plus petites placées plus bas ; une autre derriere l'anus, &z deux fur le dos ; 11 n’y a que la premiere qui ait des aiouillons. Le mule: ne mange pas d’autres poiflons; 1l trouve fa nourriture dans la boue, & fa chaïr la fent fur- M U L. tout en été: les mulers de mer font lès meilleurs; ceux des étangs font plus gras, mais ils ont moins de goût. Rondelet, Æ%ff. des poif]. part. prem. liv. TX, chap. J. Voyez POISSON. Muzer, {. m.(Gram, & Maréchall,) animal mon- frueux engendré d’un âne 8 d’une jument. On dit d’un cheval qui a la croupe effilée & pointue, qu'il a la croupe du w4/er, parce que les szulers l'ont ainfi faite. { MUOLET, fe dit aufi dans le Jardinage, d’une efpece de monitre végétal que l’on produit en met- tant de la poufliere fécondante d’une efpece de plante dans le pifl, ou dans Putricule d’une autre. Si deux plantes ont quelque analogie dans leurs patties, particuherement dans leurs fleurs, [a pouf- fière de l’une s’impregnera de celle de l’autre ; & la graine ainf fécondée produira une plante différente de Pune 6c de l’autre: nous en avons un exemple dans le jardin de M. Fairchild à Hoxtan. Cette efpece d’accouplement de deux plantes ref- femblant aflez à celui d’une jument avec un âne, d’où proviennent les muless ; les plantes qui en vien- nent ont reçu le même nom, elles font auffi comme ces animaux, incapables de perpétuer leur efpece. Cette opération fur les plantes nous fait voir comment on peut altérer le goût & changer Îles propriétés d’un fruit, en imprégnant l’un de la pouf- fiére d’un autre de la même clafle; par exemple, une poire avec une pomme, ce qui fera que la pomme ainfi imprégnée fe gardera plus long-tems, &c fera d’un goût plus piquant; fi des fruits d'hiver font imprégnés de la poufliere des graines d'été, ils s’en gâteront plütôt. De cet acconplement acci- dertel de la farine de Pun avec l’autre, il peut arri- ver que dans un verger où il y a différentes efpeèces de pommes. les fruits cueillis fur le même arbre différent par le fumet & par le tems de leur matu- rité: c’eft de ce même accouplement accidentel que provient la variété. prodipieufe des fleurs & des fruits qui naïllent tous les jours de graine. Woyez FARINE & GRAINE. MuLer, ( Péch.) on la fait avec'la boulante , ufi- tée dans le reffort de l’amirauté de Bayonne, c’eft une forte de filet dérivant à fleur d’eau comme ceux qui fervent à la pêche des harengs, maque- reaux & fardines. Les boulantes ou rets de trente-fix mailles pour la pêche des rulers eft une efpece de filet tramaillé, & qui opere à la furface de l’eau, foutenu par des flottes de liése, & calant de fa hau- teur au moyen des petits plommées dont il eft chargé par le bas ; ainfi l’opérâtion de cette efpece de filet, eft la même que celle des manets pour la pêche du maquereau; le filet n’a qu'une braffe de hauteur, &' cinquante à foixante de longueur , les pêcheurs ne prennent avec ce ret que les mulers ; ils vien< nent en troupes comme les harengs, les maque- reaux, les fardines, & paroiflent à la côte depuis le mois d’Août jufqu’à celui de Mars. L’efmail on hamau des boulantes eft de deux efpeces, les plus larges mailles ont quatre pouces neuf lignes en quarré, êc les plus ferrées quatre pou- ces fept lignes, la charte, toille, nappe, on flue du milieu a feulement treize lignes quarrées : comme ce filet pêche en derive,1l ne peut jamais faire de tort à l’empoiflonnement des côtes, n’arrêtant dans les toiles que le poiffon de la taille au -moins du hareng. MuLer , ( Marine.) c’eft un vaifleau de moyenne grandeur, dont on fe fert en Portugal, qui a trois mâts'avec des voiles latines. MULETIER,, f. m. ( Maréchal.) palefrenier & conducteur de mulets. MULETIERES, f. f. rerme de Péche ,ufité dans le reflort de l’amirauté de Bayeux. M U L Les muletieres font des pieces de filets de lalongueur de 40 à so brafles chacune, à la volonté des pê- Cheurs ; le ret a cinq à fix piés de hauteur; la tête en eft garnie de flottes de hége , & le pié de pierres qui larrêtent {ur le fable. Les pêcheurs de ce lieu les tendent comme des hauts parcs, d’un bout à terre &t de l’autre à la mer; 1ls forment à cette par- tie du filet qu’ils tramaillent ordinairement, une ef- pece de crochet comme aux rets de hauts parcs &c pêcherie de la Hougue & de Carentan , où le poiffon : s'arrête, ou qui le font retourner à la côte jufqu’à ce que la marée vienne à fe retirer &t à les laifier, à fec : le nom de wulerieres vient des mulets que ces pêcheurs y prennent ordinairement. Voyez la fig. 3. PL. XIF. de Pêche. | MULETTE, { f, serme de Fauconnerte, c’eft le gifier des oifeaux de proie, où tombe la mangealle . du jabot pour fe digérer; quand cette partie d’un Oifeau de proie eft embarraflée des curées qui font retenues par une humeur vifqueufe & gluante, on dit qu'il a fa rulette empelottée ; alors 1l fe forme quelquefois une peau qu'on appelle doublure, ou double muletre , qu’on purge par le moyen des pilules. _ qu’on lui fait avaler. dl faut alors purger l’oifeau avec la filaffe ou le coton, lié de fel ammoniac & d’une fois autant de fucre candi, enfute on porte l’oifeau fur le poing & on le jardine , mettant un bacquet plein d’eau auprès de lui, puis on lui def- ferre le chaperon, le lâchant prefque tout-à-fait, & on ne le quitte point qu'il ne commence à tirer du collier, alors il. ne tarde guère à rendre la dou- blure ; deux heures après on lui fait demi-gorgée d’une cuifle de poulet toute chaude, ou d’une aile de pigeon bien trempée ; 1l faut donner aux laniers &aux facres une doie plus forte de fel ammoniac, qu'aux tiercelets & aux fancons. MULHAUSEN, ( Géog. ) ville impériale d’Alle- magne, dans la Thuringe , fous la proteétion de Féleéteur de Saxe, ce qui fait qu’elle eft rangée par- mi les villes de baffe - Saxe; elle a efluyé bien des calamités en divers tems. Henri le Lion la prit d’af- faut en 1181, & la brûla. En 1366 un tremblement de terre en renverfa la plus grande partie ; en 1442 un incendie ne lui fut guère moins funefte ; en 1525 elle fut afhegée par l’éleéteur de Saxe & le land- grave de Heffe, à caufe des payfans révoltés qui s’en étoient emparés; enfin après la paix de Weft- phalie, les divers partis l’ont ravagée tour-à-tour, Elle eft fituée dans un pays fertile, fur la riviere d'Unftruth, à $ mulles de Nordhaufen, 6 N. E. d'Eyfenach, 10 N. O. d’Erford, 145. O. de Caffel. Long. 28,14. lat. 51.13. ( D, J. PL MULHEIM , ( Géog. ) petite. ville d'Allemagne, dans l’éleétorat de Cologne, proche le Rhin. Long. 24.40. lat. 50. 48. MULHOUSE ox MULHAUSEN , ( Géog.) ville hbre d'Allemagne, au cercle du haut Rhin, capi- tale d'une peuite république alliée des Suifles. Quelques auteurs croyent que c’eft l’Arialbinum Antonin ; mais l'abbé de Longuerue prétend qu”’- elle a été bâtie par les premiers empereurs d’Alle- -magne, fur les fonds de leur domaine ; fon nom de Mulhoufe hui vient peut-être de la quantité de mou- lins qui s’y trouvent. Elle a beaucoup foufert du- tant les brouilleries des empereurs avec les papes, &c fut toujours fidele aux empereurs. Enfuite elle fe vit expofée à la tyrannie des landsraves , des avoués, & des préfets d’Alface; enfin craignant pour fa hberté, elle s’allia avec Berne & Soleure en: 1466, & avec Bafle en 1506. En vertu de cette in- corporation étroite dans le corps helvétique, elle a toujours joui de l'avantage de la neutralité & de la paix, au milieu des guerres perpétuelles d’Allema- gne. M U L 855. Elle, eft bien bâtie & bien peuplée, dans une belle & fertile campagae, à 4 lieues N, O. de Bafle, 5 S. de Colmar, & 6 N. E, de Béfort. Long, 25, 2. lat, 47.50. MULIER, f. m. rerme de Péche, forte de filet avec lequel les Pêcheurs prennent fouvent des mu- lets, forte de poiffon, ce qui dans certaines pro- vinces a fait donner à ce filet Le nom de rulier. Lors des vives eaux, & fur-tout dans les grandes marées , la mer découvre aux environs de Cayeaux un grand efpace de terrein,, fur lequel les pêcheurs forment des efpeces de bas.parcs aux ecores & pentes des bancs, où ils tendent leurs wxliers de la même maniere que font tendus les bas parcs en: for- me de fer à cheval. Foyez PARCS. Ils enfablent le pié du bas du filet, & font tenir les pieux de la même maniere. La chûte de la marée qui tombe rapide- ment fur la pente du banc de fable, entraîne vers le rulier tous les poiflons qui fe trouvent dans les eaux, au paflage defquels le filet s’oppofe. Les Pêcheurs nomment les bancs fur lefquels ils font cette pêche, ravorrs; ces ravoirs s’établiffent très-avant dans la mer, & quand la faifon eft favo- rable, les pêcheurs font une ÿêche abondante , ils prennent dans le filet de toutes fortes de poiflons plats & ronds qui font venus chercher leur pâture {ur les bas fonds où ils demeurent à fec au reflux, & fe trouvent pris. | MULL, ( Géog.) île de la mer d’Ecofle, l’une. des Wefternes ; elle a 24 milles de longueur, & à- . peu-près autant de largeur. Elle abonde en orge, en avoine, en bétail, en bêtes fauves, en volaille, &t en gibier : les lacs, les rivieres voifines, & la mer, lui fournifient beaucoup de poiflon; le duc d’Argyle en eft feigneur. Long. 10.57, lat. 56.48. (D. J. MULLE, ff. (Commerce. ) la garance mulle eft la moindre de toutes ; les 100 livres ne s’en vendent à Amfterdam que depuis 2 florins jufqu’à 8, au-lieu que la fine de Zélande y coûte depuis 25 jufqu’à florins. MULLEUS , f. m. (ff. anc. ) chauflure que por- toient les rois d’Albe, Romulus la prit ; les rois fes fuccefleurs s’en fervirent auf. Elle fut à l’ufage des curules dans les jours folemnels. Jules- Céfar porta le ulleus, Il étoit de cuir rouge. Il couvroit le pié & la moitié de la jambe ; le bout en étoit re- courbé en deflus , ce qui le fit appeller auf ca/ceus uncinatus.Les empereurs grecs y firent broder l'aigle en or & en perles. Les femmes prirent le mulleus, les courtifannes fe chauflerent aufi de la même maniere. MULOT , f. m. (if, rar.) animal quadrupede ; qui a beaucoup de rapport avec la fouris, cepen- dant il eft un peu plus gros; ila la tête à propor- tion beaucoup plus grofle & plus longue , les yeux plus grands & plus faillans, les oreilles plus allon- gées & plus larges, & les jambes plus longues. Tou- tes les parties du corps de cet animal font de cou- leur fauve mêlée d’une teinte noirâtre: les parties inférieures font blanchâtres. Les mulors font très- communs, {ur-tout dans les terres élevées. On en trouve de différentes grandeurs : les plus grands ont quatre pouces & plus de longueur depuis le bout du nez jufqu'à l’origine de la queue, les autres ont juiqu’à un pouce de moins. Tous ces animaux fe retirent dans des trous qu'ils trouvent fairs ou qu'ils font eux - mêmes fous des buiflons & des troncs d'arbres; ils y amaflent une grande quan- tité de glands, de noifettes ou de fève; on en trouve juiqu’à un boiïfleau dans un feul trou. On voit moins de z#/ors au printems qu’en autonne ; lorfque Les vivres leur manquent, ils fe mangent les uns les autres, Le z/0: produit plus d’une fois par 856 MU L  an; chaque poftée eft de neufou dix.Ileft généra- lernent répandu dans toute l'Europe, Il a pour en- nemis lesloups, les renards, les martes , les oifeaüx de proie, & lui-même. Alf. rar, gén. 6 pari. tome VIII. pag. 3256 fuivantes. Voyez QUADRUPEDE. On n'imagine pas à quelipoint les mxlors font nui= fibles aux biens de la terre. Ils habitent feuls, fou- vent deux, quelquefois trois ou quatre dans un miême gite. M. de Buffon avoit femé quinze à feize arpens de glands en r740, les mulois enleverent tous ces glands 8 les emporterent dans leurs trous. On découvrit ces trous, & l’on trouva dans la pli: part un demi-boiffleau & fouvent un boiffeau de glands, qué ces animaux avoient ramaflé pour vi- vre pendant Fhyver. M. de Buffon fit drefler dans cet endroit un grand nombre de piéges, où pour toute amorce on mit'une noix grillée, & en moins de trois femaines on prit treize cens mulots, tantces rats de campagne font redoutables par leur nom- bre , par leur pillage, & par leur prévoyance à en- tafler autant de glands qu'il en peut entrer dans leurs trous. Ils ravagent fouvent les champs &c les prés de la Hollande, mangent l'herbe des pâturages, & au dé- faut d'herbe, montent fur les arbres & en rongent les feuilles & le fruit. M. Muffchenbroek rapporte, que le nombre de ces animaux étoit f grand en 1742, qu'un payfan en tua pour fa part Cinq à fix mille. Maïs ce n’eft pas d'aujourd'hui, & ce n'eft pas dans nos feuls climats que les mulors défoloient le monde. Il faut qu'ils ayent fait autrefois de fu- rieux dégats à Ténédos, puifque Strabon parle d’un des temples de cette île, dédié par cette raïfon à Apollon Sminthien.Qui croïroit qu'Apolloneltreçu cefurnomà l’occafontdes zzwlors ? On les a pourtant repréfentés fur les médailles de l'ile, & l’on fait que les Crétois, les Troïens , les Eoliens les appelloïent cuwêu. Elien rapporte qu'ils faifoient de fi. grands ravages dans les champs des Troiens &c des Eoliens, qu’on eut recours à l’oracle de Delphes; la réponfe porta. qu'ils en feroient délivrés s'ils facrifioient à Apollon Smisthien, Nous avons deux médailles de Ténédos fur lef- quelles les rezlors font gravés , l'uné a la tête radiée d’Apollon avec un mulor , &r le revers repréfente la hache à double tranchant ; l’autre médaille eft à deux têtes adoflées, le revers montre la même ha- che élevée, & deux zulors placés tout au-bas du manche. Strabon ajoûte qu’on avoit fculpté un 4- lot auprès de la ftatue d’Apollon, qui étoit dans le temple de Cryfa, pour expliquer la raïfon du fur- nom de Sminthien qu’on lui avoit donné, & que même cet ouvrage étoit de la main de Scopas, ce {culpteur de Paros, fi célebre dans l’hiftoire. ( D J.) MULTAN, (Géog.}) ville des Indes, pañlable- ment fortifiée, capitale d’une province de même nom dans les états du grand-mopgol. Cette province a bien déchu de fon ancien trafic, elle ne fournit guère à-préfent au commerce que quelques che- vaux, & des chameaux fans poil, mais elle paye à l’empereur du Mogol so lacs & 25 mille roupies. On fait qu'un lac vaut 100000 rounpies , &c la rou- pie 3 livres de France. Le peuple eft mahométan, ou payen , & idolâtre. La ville de Mulrar a beau- coup de banians & de gentils qu’on nomme ra/pou- tes ; cette place ef très-importante pour le Mogol, lorfque les Perfans font maîtres de Candahar. Long. 1138.20. lat. 29.40. (D. J.) MULTANGULAIRE, adj. ( Géom. ) fe dit d’une figure ou d’un corps qui a plufñeurs angles. Foyez ANGLE 6 POoLyGonE, qui eft plus ufité. MULTE, LA, ( Géog. ) riviere d'Allemagne, dans la haute-Saxe. Elle a fa fource aux confins de la Bohème, traverfe la Mifnie, &fe jette dans la ; MUL ! Mulde, un peu au-deflus de Grimmen, (D: J.ÿ MULTILATERE., adj. er Géométrie, eft un mot qui s'applique aux figures qui ont plus de quatre côtés ou angles; on les nomme autrement & plus ordinairement polygones. Voyez POLYGONE. (0) - MULTINOME, adj. fe dit ez Mathématique, des quantités compofées de plufieurs autres ; comme ab c4d, &cc. Voyez RACINE , MONOME, Br- NOME, Ge. | | M. Moivre a donné dans les Tranfaülions philofo- phiques, n°. 230. une méthode pour élever un rué- tinome quelconque infini à une puiflance queélcon- que , ou pour en extraire la racine quelconque. Cette méthodeeft un corollaire de la méthode géné- rale de M. Newton pour élever un binome quelcon- que, a+ b à une puiflance quelconque. Le théorè- me de M. Moivre eftrappotté au commencementde l’analyfe dés infiniment petits de M. Stone ; traduit en françois, & imprimé à Paris en 1735. Voyez 2 l’article BINOME La formule de M. Newton. (0) MULTIPLE , adj. fe diten Arithmeétiqued'unnom- bre qui en contient un autre un certain nombre de ce exaétement. Voyez NOMBRE , ÉQUIMULTIPLE, ë | Aïnf 6 eft multiple de 2 ; ou, ce qui eft la même chofe , 2 eftune partie aliquote de 6 , puifque 2 eft contenu dans 6 trois fois ; de même 12 eft #uniple de6, 4&3, puifqu'il contient deux fois 6,troisfois 4 & quatre fois 3. (0) Une raïfon ultiple eft celle qui fe trouve entre des nombres mulriples. Voyez RAISON 6 RAPPORT. Sile plus petit terme d’un rapport eft une partie aliquote du plus grand , le rapport du plus grand au plus petit eft appellé multiple ; &c celui du plus petit au plus grand eft nommé fous-mulsiple. Le nombre fous-mulnple eft celui qui eft contenw dans un nombre wultiple ; ainfi 1 , 2 font Jous-mul- tiples de 6 , & 3 fous-multiple de 9. Les rapports doubles, triples, &c. comme auf les rapports fous-doubles, fous-triples , é’c. 1ont différentes efpeces de rapports multiples | on fous- mulrples. | MULTIPLE , point multiple en Geométrie ; eft le point commun d'interfeétion de deux ou plufeurs branches d’une même courbe qui le coupent. Foyez BRANCHE , COURBE & POINT. MuzTipre , poulie multiple eft er Mechanique , un affemblage de plufieurs poulies. Foyez POULE & MourFLE. (0) MULTIPLICANDE,,f. m. eft dans l Arithmétique, “un des deux fa@teurs de la multiplication ; c’eftle nombre que l’on donne à multiplier par un autre, qu’on appelle wulriplicateur, Voyez MULTIPLICA= TEUR. MULTIPLICATEUR , £. m. fe dit ex Arichmeri- que, dunombre par lequel on doit multiplier le mui- tiplicande. Voyez MULTIPLICANDE. Des deux nombres donnés dans la multiplication ; on prend ordinairement le plus grand pour multi- plicande, &onle place au-deflus du plus petit qu’on prend pour ulaiplicateur, Maïs le réfultat de l'o- pération fera toujours le même , quel que {oit celux des deux nombres qu’on prendra pour multiplican- de, ou pour mulriplicateur ; eneffet , quatre fois 5 , ou cingfois 4, font également 20 , comme on le voit à l'œil par la figure fuivante: | 4 ss e e L] LD | Voyez; MULTIPLICATION: De cérques parë, ou & pat à donnent le même produit, 1l s’énfuit que de quelque maniere qu’on multiplie l'une par l’autre trois quantitése, #4, c elies donneront le même produit ; car 1°. 4 4= 8 4, donc 1°, abc=bat;2,cab=cbha,; 3°, cab=ab ds &cha=bac;4#.bac=bca; $.abc=acb, Gt. donc on verraquetouslesproduitszbc,acb, bac, bca,cab, cha font égaux. Il en feroit de même fi on prenoit quatre quantités a , b,c, d, & ainf de fuite. Voyez PRoDuirt. (0) MULTIPLICATION , ff. ez Arithmérique, c’elt une opératioh par laquelle on prend un nombre au- tant de fois qu'il eft marqué par un autre , afin de trouver un réfultat que l’on appelle produir, Si l’on demandoit, par exemple, la fomme de 329 Liv, pri- fes 58 fois ; l'opération par laquelle on a coûtume, en Arithmétique, de déterminer cette fomme, eft appellée multiplication, Le nombre 329 , que l’on propofe de multiplier, fe nomme zru/niplicande ; & le nombre 58 , par lequel on doit multiplier, eft ap- pellé muliiplicareur ; & enfin on a donné le nom de Produit au nombre 19082 , qui eft le réfultat de cette -epération. Voici comment elle s'exécute, -Multiplicande, , , . : 4, 30. Mulniplicateur, , . , ... . 58. 2632. 164$. 19082. Produit, Après avoir difpofé le muliiplicateur 58 fous le multiphcande 329 ; c'eft-à-dire les unités dé l’un fous les unités de l’autre , les dixaines fous les di- _xaines, ce, 8 avoir tiré une ligne, je dis 8 fois 9 = 72; Je pofe 2 & je retiensy, comme dans l’addi- tion ; enfuite 8 fois 2=:6, auxquels ajoutant 7 j'ai 23 ; je pofe donc 3 &reriens 2 ; après quoi je dis, 8 fois 3 = 24 & 2 retenus font 26; j'écris 6 & pole 2 en avançant vers la gauche, Quand j'ai opéré fur le multiplicande 329 avec le premier nombre 8 du multiplicateur ; je répete une opération femblable avec le nombre fiivant 5, ayant {oin de mettre le premier chiffre de ce nou- veau produit fous les dixaines, parce qu’alors ce font des dixaines qui multiplient; & failant enfuite addition des deux produits 2632 & 164$ difpofés comme on le voit dans l'exemple , je trouve que le . produit total eft 19082. S'il y avoit eu trois chiffres au multiplicateur, on auroit agi fur le multiplicande avec le troifieme chiffre du multiplicateur ; de même que l’on a fait avec les deux premuers , oblervant de placer le pre- muier chiffre de ce troifiéme produit fous Le chiffre qui multiplie: ce qui eft une loi générale dont Îa raifon eft bién évidente ; car à la troifieme place ce font des cent qui commencent à multiplier des uni- tés, 1ls produitent lonc des cent , & par coniéquent il faut en placer le premier chiffre fous la colonne des cent, &c. | On voit donc que toute la difficulté de la mu/ri- plication confifle à trouver fur le champ le produit d’un chiffre par un autre chiffre. Ainfi il n’y a qu’à apprendre par cœur la table de mulriplication. Voyez TABLE DE PYTHAGORE, La théorie de cette regle eft fujette à des difficul- tés qui embarraffent les commençans : 45 ouvriers ont fait chacun 26 toifes d'ouvrage, quel ef Le pro- duit total ? quoique le bon fens dife bien clairement qu'il faut multiplier 26 par 45, il paroît toûjours étrange que des toifes multiplient des ouvriers. Efe- éivement cela ne peut pas être. C’eft pourquoi quand on propole de multiplier 26 toifes par 45 ou vriers, la queflion fe réduit uniquement à prendre Tome X, MUL 8 57 26 toifes 45 fois; & par-là on apperçoit évidemment qu'il n'y a que mulriplication de toifes, Cette opération fe fait avec beaucoup de célérité, quand'l y a plufieurs zéros de fuite, foit au multi- plicateur foit au multiplicande, fur-tout quand les Zéros commencent par la place des unités. Vous avez , par exemple, 2000 à multiplier par 300 ; ne faites pas d’abord attention aux trois zéros du mul. tiplicande , ni aux deux zéros du multiplicateur ; faites fimplement l'opération fur les deux chiffres 2, 3, pour avoir leur produit 6, à la fuite duquel -vous placerez tant les zéros du multiplicande que ceux du multiplicateur, c’eft-à-dire cinq zéros en ce cas ; & vous aurez 600000 , qui eft le produit de 2000 paf 300. Quand les zéros font mélés avec les chiffres figni= ficatits, vous prendrez toûjouts pour multiplicateut celui des deux nombres où il y a moins de chiffres fi- gnificatifs, parce que Les zéros ne multipliant jamais, l'opération va plus vite, Vous avez, par exemple, 500203 à multiplier par 850009 : difpolez les nombres comme vous le voyez ici, 500203. 80009, 4501827. 4001624. 409520741827. où:vous remarquerez qu'après avoir fait agir le ÿ du multiplicateur l’on a paffé tout-d’un-coup à fon cf fre 8, qui eft à la cinquieme place, & cela par la raïon que les zé1os ne fautoient rien produire. Parlons maintenant de la multiplication compotéé, c'eft-à dire de celle où il y a des quantités de diffé rente efpece. On demande à combien reviennent 35 aunes d’étofte à 24 li, 15 f. l’aune, 35 aunes a 24 L 15 {. Paune, Rs et 140 ce 840 Pour 10 f. 17) Wro Pour » $ f, 8, 15 606,105 Sans faire d’abord attention aux 15 f, on multipliera 35 par 24, dont le produit eft 840 liv. après quoi Où cherchera’ ce que produiront 35 aunes à 15 f l’aune, On obfervera donc que:r5 = 10 (. + 5 { prenons 35 aunes à 10{, il eft certain que fi rof. valoient une livre , 35 aunes vaudroient 35 livres : mais 10 {. ne font que la moitié d’une livre; par conféquent 35 aunes ne vaudront que la moitié de 35 iv. = 17 iv. 10 f. On placera donc ces nombres ainfi que l’opération l'indique ; & lon prendra en- fuite la valeur de 35 aunes à 5 { mais comme 34 aunes à 10 f, ont produit 17 lv. 10 f, 1l eft évident que 35 aunes à ; {. produiront la moitié de 17 liv, 10 {. = 8 lv. 5 f, que l’on écrira fous le produit précédent ; faifant enfuite l’addition des différens | produits, on trouvera que le produit total eft 866 1, f, Cette maniere de multiplier s’appelle #ulriplica- tion par les parties aliquotes. Les parties aliquotes d’une quantité font celles qui divifent exaétement & fans refte la quantité dont elles font parties: ainfi. 10 f, eft une partie aliquote de la livre , ils en font la deuxieme partie; $ {. en font le quart, 2 f. le di= xieme, & 1 f. le vingtieme. Mais 9 f. on 7 f, ne | font pas des parties aliquotes de la livre, parce que 9 & 7 ne divifent pas 20 { valeur de la livre exa= QQ1qgq 855 MUL &tement & fans refte : mais il eft facile de transfor- mer ces quantités en parties aliquotes de la livre ; carof. = 4f.+ 5 f. parties aliquotes de la livre. La preuve de la multiplication fe fait en divifant le produit par un des deux fa@teurs, l’autre faéteur doit venir au quotient fi l'opération eft bien faite ; favoir le multiplicande, fi on a divifé par le multi- plicateur, & le multiplicateur fi on a divifé par le multiplicande. Ou bien mettez le multiplicateur en la place du multiplicande , & faifant l'opération à l'ordinaire , vous devez retrouver le même produit qu'auparavant : car il eft clair que 6 X 8 on 8 x 6 produifent également 48. La multiplication en croix eft une méthode promte & facile pour multiplier des chofes de différentes efpeces ou dénominations par d’autres de différente efpece aufi, par exemple des fols & des deniers par des fols & des deniers , des piés & des pouces par des piés &c des pouces ; ce qui eft fort ufité dans la mefure des terreins. En voici la méthode. > Piés. pouces. Suppofons qu'on ait $ piés 3 pouces à 5 3 multiplier par. 2 piés 4 pouces; dites, 2 4 2 fois ÿ piés font 10 piés , & 2 fois 3 pou- :0 6 ces font 6 pouces; enfuite 4 fois $ font20 ; 8 pouces, ou 1 pié 8 pouces ; enfin 4 fois 3 z font 12 parties de pié , où 1 pouce: la 12 8 fomme de ces trois produits fera 12 piés 3 pouces. On pourroit encore faire cette opération d’une maniere aflez commode , en confidérant les ponces comme des fraétions de pié ; ce qui réduiroit l’exem- ple propofé à cette forme, $ piés + x 2 piés ; ; car 3 pouces font le quart d’un pié , & 4 pouces en font le tiers; après quoi réduifant chaque terme à une feule fra@ion, lon auroit EX 7T= = 12+ 5 = 12 +! ; produit qui revient précifément au même que le précédent , puifque + de pié = 3 pouces. La multiplication, en Géométrie, fe fait en fup- pofant qu'une ligne 4 2 (PL. Géométr. fig. 9.) qu'on appelle décrivante , fe meuve perpendiculairement le long d’une autre , qu’on appelle la direërice ou di- zigente, Voyez DÉCRIVANT, 6c. Par ce mouvement la décrivante forme le reétangle e deb: &fion divife la décrivante & la directrice en un certain nombre de parties égales, on formera parle mouvement autant de petits reétangles qu'il y a d'unités dansle produit du nombre des parties dela décrivante par le nombre des parties de la direëtrice ; par exemple ici, 21. Voy. DIRECTRICE, En effet, quand la ligne 4 a parcouru une partie de 4 4, les «trois parties de la ligne «& » ont formé trois petits tectangles dans la premiere colonne, Quand la ligne a b a parcouru deux parties de # d, il y a trois re- Æ£tangles nouveaux de plus, & ainfi de fuite. C’eft pour cette raïfon que la multiplication s'exprime fouvént.en latin par Le mot duila , conduite ; & c’eft delà que vient aufli le mot produir, Ainfi pour dire que a eft multiplié parc, on dit a b duélainbe, parce qu’on imagine qu’une de ces lignes fe meuve perpendiculairement & parallelement le long de l’autre, pour former un reétangle: de forte qu’en Géométrie reélangle 8 produit {ont la même chofe, Maintenant comme dans toute wuluplication Vu- nité eft à un des faéteurs comme l’autre eft au pro- duit, on peut faire ainf la wwriplicarion en lignes. Suppofons qu’on ait & b— 2 (fig. 10.) à multiplier par a d= 3. On fera un angle à volonté ; fur un des côtés de cet angle, on prendra Îa ligne au =— 1, & fur le même côté on prendra # d pour le multiplica- teur (3) ; enfuite on prendra fur l’autre côté de “angle 4 4 (2) pour le multiphicande ; on tirera #4, &z par le point d la ligne Ze parallele à &b: je dis que a ceft égal à 6, & eft par conféquent le produit ; carau:ad::ab:ac. ; La multiplication algébrique eft beaucoup plus fim- ple que la numérique ; car pour multiplier une gran- deu algébrique par une autre , il ne s’agit que d’é- crire ces quantités les unes à côté des autres fans aucun figne ; ainf z multiplié par & produit a b ; cd multiplié par # donne cdm: mais pour s'exprimer avec plus de facilité, on obfervera que le figne X f- gnifie rultiplié par, & que celui-ci = veut dire égale ou vaur : ainfi a x b—ab, fignifient que 4 multiplié par b égale ab, &c. où l’on voit que des quantités alsébriques font cenfées multipliées Pure par Pau- tre , dès qu’elles font écrites les unes immédiatement à côté des autres , fans aucun figne ; ce qui eft une pure convention : mais les grandeurs algébriques font prefque toûjours précédées de coëfficiens & des fignes + ou —. Voyez COEFFICIENS & SIGNE. En ce cas 1°, + 3cdX+Sbm—=<+i1;bcdm, en di- fant- X + —4 ; enfuite 3 X $ = 15 ;enfincdXbm —b c dm ; enforte que + 15 # c d'm eft le produit de +3cdxX+S bm, 2°, Si l’on a une grandeur négative à multiplier par une grandeur pofñtive, le produit doit être af- feété du figne—:anf—2b4dX+3af——6abdf, en difant — X += —; après cela 2 X 3 —6 , que l’on écrira à la fuite du figne—, & bdXaf—abafs le produit total de — 24 d X + 3 4 feft donc — 6 a bd f. 3°. Le produit d’une grandeur pofñtive par une négative doit auff être affecté du figne — ; c’eft pour- quoi +4rsx—bd=—4bdrs; ce que l’on déter- mine en difant + X——=—:4X 1 (que l’on fuppofe toüjours précéder la quantité qui n’en eft pas ac- compagnée) = 4: enfin rs Xbd=—bdrs. Ainf le produit de + 4rs pat —bd=——1bdrs;ce qui fuppofe que + X — = — ; nous allons bientôt le démontrer. 4°. Deux grandeurs négatives ou affeétées du fi- gne — donnent + à leur produit, lorfqu’elles fe multiplient; —3bdxX—-4d=#+ 712104: & ceit ce qui ne paroït pas aifé à concevoir. Comment moins par moins peut-il donner plus? Examinons la ma- niere dont les fignes apiflent les uns fur les autres. Démonftration des regles précédentes. La multiplica- tion des coefficiens ne fait aucune difficulté ; ce font des nombres qui fe multiplient, comme dans lPArith- métique ; celle des quantités algébriques eft de pure convention. Il n’y a donc que la mulriplication des fignes qui mérite une bonne explication ; il faut prouver que + X += +; que + X———; que —XH+=—-;que—X—= +. 1°, + 3 X + 4 doit donner + 123 car le multipli- cateur + 4 étant affeété du figne +, montre qu'il faut prendre la quantité + 3 pofñitive autant de fois quil eft marqué par 4 ; c’eft-à-dire qu'il la faut pren- dre 4 fois telle qu’elle eff : or 4 fois x 3 =+3 +3 +3+3—=+ 712; anfi +X ++ 2°, + 3 X—4— — 12, Remarquez que le multi. plicateur 4 étant affefté du figne — fait connoitre qu’il faut retrancher la grandeur + 3 quatre fois ; or poux retrancher du pofitif il faut mettre du négatif: on écrira donc —3—3—3—3——12. On voit donc pourquoi + X—=—, % 3°. —3 X+4—=—12; car le multiplicateur 4 étant pofñtif fignifie qu'il faut prendre — 3 quatre fois, & par conféquent écrire — 3 — 3 — 3 — 3 = — 12:anf—X+=—, s.—3X—4—=+ 12, On doit toùjours fe régler fur le figne du multiplicateur ; fon figne étant néga- tif, le multiplicateur — 4 indique qu'il faut retran- cher — 3 quatre fois: or pour Ôter — on écrit +- (Voyez SOUSTRACTION.) Donc pour ôter — 3 qua- tre fois, On écrira + 3 +3+3+3="+. Ce n’eit pas à l'apparence qu'il faut s’en tenir ; on doit toûjours remonter à la valeur fondamentale des fi- ones. On a donc tout ce que l’on s’étoit propofé de démontrer. Ainfi on peut établir une regle générale très-fim- ‘ple pour la sulriplication des fignes. Toutes les fois que les quantités qui fe multiplient ont le même figne , on écrira + au produit (puifque + X + = +, & que —X = —+); mais on écrira — , quand elles auront des fignes différens ; Cat +X—=—-,& -X+=—-, ainf qu’on l’a démontré ci-deflus. Nous venons de donner les regles de la #uwleipli- cation par rapport aux monomes, c’efl-à-dire aux quantités alecbriques qui n’ont qu’un terme : quant aux polinomes, c’eft-à-dire aux quantités algébri- ques qui ont plufieurs termes , il faut multiplier, comme dans l’Arithmétique, tous les termes du mul- tiplicande par chaque terme du multiplicateur ; on cherche enfuite la fomme de tous ces différens pro- duits, en réduifant les quantités femblables , s'il y en a, Voyez ADDITION 6: RÉDUCTION. Exemple: at — Lac + CC X 4 — € a — 242c+ac? — ac + Lac? — 063 a3 — 3a?c+3ac? — c3... produit total, Pour multiplieraa—2ac+ccpara—c,on écri- . ta le multiplicateur 4 — c fous le multiplicande a 4 —24ac+cc, comme on le voit dans l’exemple, & tirant une ligne, on diraæaXa—43 , on écrira 43 en fupprimant le figne +. Enfuite en multipliant le terme — 22cpara,endifant-xX+=—.24cXa = 2 a? c: on écrira donc — 2 #2 c à la fuite de 43, On continuera de multiplier + € c par a, afin d’avoir + ac?, que l’on mettra à la fuite de — 2 «2 c fous la ligne. Et fi le multiplicande contenoit un plus grand nombre de termes, on ne finitoit pas de multiplier par 4, à moins que tous les termes du multiplicande n’euffent été multipliés par ce premier terme du mul- tiphcateur. Quand le premier terme du multiplica- teur a fait fon office , on fait agir de même le fecond terme — c fur tous les termes du multiplicande ; ainf Von diraaax—c——a2c,que l’on écrira, ainf qu'il eft marqué dans l'exemple. On multipliera en- uite — 2 ecpar —c,en difant—xX——=+#+.2ecXc = 2 a c2: le produit de — 2 a c par — «eft donc +2ac;enfintccx—c—c3, Tous les termes du multiphcande ayant été multipliés par chaque terme du multiplicateur, on tirera une ligne fous Îes produits, qui en font venus ; &c faifant la réduction de ces Ru , On trouvera. que le produit total eft 43 —3a?c+zacr— ci. On voit par cet exemple qu'on ne multiplie jamais qu’un monome par un monome ; ainfi la rufsiplica- tion des polinomes eft plus longue , mais elle n’eft pas différente de celle des monomes : un plus grand nom- bre d’exemples feroit donc inutile, fi ce n’eit pour s’exercer; mais l’on peut s’en donner à foi-même tant que l’on voudra. (£) Nous ajoüterons ici quelques réflexions fur la mu. ziplication tant arithmétique que géométrique. Dans la multiplication arithmétique , un des deux nombres eft roüjours ou eft cenfé être un nombre abftrait ; on en a vù ci-deflus un exemple dans le cas des 45 ouvriers, qui ont fait chacun 26 toifes; le produit eft 26 toifes multipliées non par 4; ouvriers, mais par le nombre abftrait 45. Ainf la wulriplica- 2ior arithmétique eft toûüjours d’un nombre concret par un abftrait, ou d’un nombre abftrait par un ab- ftrait. C’eft donc une queftion illufoire , que de pro- pofer, comme l’on fait quelquefois, aux commen- çans de multiplier des livres , fous, & deniers, par Tome X, M UE 859 des livres, fous & deniers, Voyez CoNcrtt & Di. VISION. À l'égard de la mufiiplication géométrique , elle n'eft qu'improprement appellée telle ; on ne multi- plie point des lignes par dés lignes, mais on multie plie le nombre des divifions fuppofées dans la ligne a b par celtu des divifions d’une autte ligne 4 d'faites avec la même commune mefure (Foyez Mes URE) ; & le produit de ces ombres indique le nombre de petits quarrés que contient le reétangle 48 c d; fur quoi voyez la fin de l’arricle ÉQUATION. À l'égard du calcul qu'on a fait ci-deflus, & pat lequel on trouve la ligne & c ( fig. 10 Géomér.)= 6, comme étant le produit des deux lignes ab, ad, cela fignifie feulement que cette ligne eft égale au pro= duit de 44 par ad, divifé par la ligne a x qu’on à prife pour lPunité ; ou qu’elle eft telle que fon pro: duit par 4 z eft égal au produit de 4 par a 4. Voyez PARALLÉLOGRAMME. Sur la æulriplication des fraétions. Voyez FRAC=« TION & DÉcIMaAL,. . MULTIPLICATION DES PLANTES, ( Jardinage.) eftleur vraie produétion ; c’eft le moyen que la na- ture leur a donné de fe reproduire fans l’union des fexes , que quelques auteurs veulent admettre, La graine eft le moyen général qui perpetue les végétaux , eux-mêmes la produifent ; 8e fi l’on con fidere qu'une feule goufle de pavot contient plus de mille graines , & qu'un pié ayant plufieurs tiges don- ne plufeurs gouiles, on trouvera ce produit im menfe, Les plantes ligneufes ont encore une voie plus courte pour fe multiplier ; les unes par les boutures, jettons , rejettons , fions , qu’elles pouflent à leurs piés, & qu’on leve tout enracinés ; les autres par des boutures , plançons , drageons , croflettes ou branches qu’on coupe fans racines, & qu’on aiouife pat un bout pour les ficher en terre ; enfin les mar- cottes & les provins qui font des branches que l’on couche en terre pour leur faire prendre racines , en reproduifent plufieurs autres. Les oignons ou cayeux qui viennent autour deg gros , & qu’on détache pour les replanter ailleurs , multiplient les plantes bulbeufes plus promptement que fi on les femoit, : Les plantes fibreufes ou ligamenteufes, outre des graines très abondantes, ont encore à leurs piés des talles qui les multiplient à linfini. Un moderne ( Agricola , Agriculture parfaite ÿ pag.220.) nous a donné la mulriplicar nuniverfelle des végétaux, en joignant l’art à la nature ; il pré= tend que la partie inférieure de l’atbre a de même que la fupérieure toutes les parties eflentielles à la végétation ; felon l’ordre de la nature , la tige a en foi un fuc d’où peuvent provenir des racines ; & on voit aux branches & aux feuilles des petits filets qui approchent des racines, & qui reprennent en terre 3 la branche a donc en foi des racines enfermées ma tériellément , donc la racine eft dans la tige ; de mê- me une racine a dé petits nœuds caleux, des coupes ou gerfures qui marquent lés cercles des années d’où peuvent naître de petites tiges avec leurs branches: fi les tiges n’étoient pas dans les racines , au moins matériellement, elles ne pourroient pas en pouffer dehors. Il conclut de-là 2°. qu’on peut greffer plufieurs rameaux fur une groffe racine féparée du corps de l'arbre , & replanter à fleur de terre fans féparer les greffes que lorfqu’elles font bien reprifes. 2°. Qu’on peut également faire les mêmes Es furune racine découverte qui tient à l’arbre, en la coupant enfuite par morceaux enracinés où tiendront les greffes. 3°, Qu’une grande branche coupée en plufieurs mor- ceaux qui auront chaçun un œil, étant mife enterre QQaqqi - 860 M U L par partie, & cirée par les deux bouts , reprendra parfaitement. On fuppofe que le morceau qui eften terre aura pouflé des racines , ainfi que ie font les branches de faule ou de figuier ; de même un mor- ceau de racine cirée par les deux bouts , pouffera des racines qui étant devenues fortes, donneront de belles branches , pourvu qu’on laifle un peu fortir de terre le bout fupérieur de cette racine. Cet auteur appelle cette Multiplication , la cent millieme, par rapport à celle qui fe fait en femant ; & il va jufqu’à faire planter des feuilles avec leurs queues en les coupant en deux par en haut , & gar- niflant de cire la partie coupée : il prétend par-là regarnir les bois & les planter à neuf, ainfi qu'un au- tre auteur (le P. Mirandola, italien, fameux Jar- dinier), qui decette maniere a fait prendre racine à des feuilles d'oranger. Quand on égravillonne les orangers , au lieu de jetter les ratines qu’on retranche , il veut qu’on les coupe en morceaux de deux piés, qu’on les cire par les deux bouts, qu’on y ente des branches en fente, & qu’on les replante {éparément: tout le fecret de art confifte , felon lui, à couper les branches par lesjointures , & y appliquer chaudement de la cire compofée , qu'il appelle Ze zoble momie. MULTIPLICITÉ, f. f. quantité exceflive. Il ne fe prend guere qu’en mauvaife part ; ainfion dit, la wul- zipliciré des lois eft la fource des infraétions & de la mulriplicité des procès. La multiplicité des objets af- foiblit la mémoire & le jugement. La ruluplicire des cignités les dégrade toutes. La wulriplicise des noms rend l’étude de l’'Hiftoire naturelle très-dificile, La mulriplicité des efpeces augmente à l’infimi les def- criptions. D’où l’on voit qu'il ne fe dit guere que des chofes. On dira bien la zwltipliciré des ordres reli- ieux , mais non la wu/tiplicité des moines. MULTIPLIER., ez Arithmérique , c'eft réduire en pratique la regle de multiplication. Voyez MuLri- PLICATION & MULTIPLICANDE. | La regle de trois confifte à multiplier Le troifieme terme par le fecond, & à divifer le produit par le premier terme. Voyez REGLE DE TROIS: (0) _ MULTITUDE , {.f. ( Gramm. )ce termedéfigne un grand nombre d'objets raflemblés, & fe dit des chofes & des perfonnes : une zxlritude d'animaux, une zzultitude d'hommes , une wuliitude de chofes rares. Méfiez-vous du jugement delaruluitude; dans ‘les matieres de rañonnement & de philofophie, fa voix alors eft cellé de la:méchanceté, de la fottife, . de l’inhumanité , de la déraïfon & du préjugé. Mé- fiez-vous-en encore dans Les chofes qui fuppofent ou beaucoup de connoiffances , ou un goût exquis. La mulnitude eft isnorante & hébétée, Méfiez-vous-en fur-tout dans le premier moment; elle juge mal , lorf- qu’un certain nombre de perfonnes, d’après lefquel- les elle réforme fes jugemens, ne lui ont pas encore donné le ton. Méfez-vous-en dans la morale ; elle n’eft pas capable d’aétions fortes 8 généreufes: elle en eft plus étonnée qu'approbatrice; l’héroïfme eft prefque une folie à fes yeux. Méfiez-vous-en dans les chofes de fentiment ; la délicateffe de fentimens eft-elle donc une qualité fi commune qu’il faille l’ac- corder à la rulritude ? En quoi donc, & quand eft- ce que la mulritude a raifon ? En tout ; mais au bout d’un très-long-tems, parce qu’alors c’eft un écho qui répete le jugement d’un petit nombre d'hommes fen- fés qui forment d'avance celui de la poftérité. Si vous avez pour vous le témoignage de votre confcience, & contre vous celui de la ultirude, confolez-vous- en, &c foyez sùr que le tems fait juftice. MULTIVALVES , LES, ( Comchyliol.) coquilles à plufeurs pieces jointes enfemble. Les Naturaliftes diftribuent les coquilles en trois clafles ; favoir, en univalves , c’eft-à-dire qui n’ont qu’une écaille ou MUL une piece ; en bivalves , c’efl-à-dire qui ont deux pieces; &c en zzultivalves , c’eft-à-dire qui en ont piu- fieurs. ; Les coquilles qui ont plufenrs pieces jointes en- femble, forment Les fix familles fuivantes : , La premiereeftcelle des ourfins, boutonsouhérif- fons de mer, qu'on appelle en latin echini, & qui font ordinairement hérifiées de pointes;lorfqu’on les trou- ve dénuées de ces pointes, c’eft qu’elles font tom- bées en les tirant de l’eau, La deuxieme famille eft remplie par l’ofcabrion, qui eft une efpece de lépas à huit côtes , que l’ontrou- ve vivant en Amérique $ten France, La troïfieme famille des glands de mer, n’eft pas plus difficile à remarquer , les efpeces en étant peu variées ; les Latins les nomment ha/ani. Les pouflepiés qui n’ont aucune variété , font très-faciles à connoitre ; ils font contenus dans la qua- trieme famille fous le nom de po/licipedes. Lesconques anatiferes , corche anatiferæ , qu’ilfe- roit difficile de traduire autrementen françois , four- niflent la cinquieme famille ; il n’y a rien à obferver que leur figure, qui fouffre peu de différence. La fixieme & derniere famille eft celle des gmrades, nom grec qu'on a traduit par celui de pholades. Elle eft aufli aiféeà reconnoître que les précédentes ; fa forme eft oblongue , & ordinairement de couleur blanche, fouvent renfermée dans des pierres de mar- ne ; les unes ont fix piés, les autres deux. Des fix genres de coquillages qui compofent les multivalves , les olands de mer, les pouffepiés & les conques anatiferes fe,reflemblent parfaitement , eu égard aux animaux , & nullement pour les coquilles. Les trois autres qui font les ourfins, lesofcabrions & les pholades font très-différens. La tête & la bouche de l’ourfin font au-deffous des cinq dents garnies de leurs offelets qu’on trouve dans le milieu de fon orbite , & fa bouche fe termine en inteftin. | . L’ofcabrion ou lépas à huit côtes, a une tête for- mant untrou ovale à une de fes extrémités, 8 à l’au- treef l’anus ou la fortie des excrémens. Cet animal n’a point de cornes, point d’yeux ni de pattes ; il rampe fur le rocher,comme lelépas. Le gland de mer, le pouffepié &r les conques ana tiferes font affez femblables ; leur bouche , leur tête {ont au bout de leur plumage ou panache. La pholade à fix valves, refpire 8 prend fa nout- riture par un de fes deuxtuyaux ; il y a lieu d'y croire fa bouche placée ; celle à deux valves ne differe de l’autre que par fa coquille. I n’y a point de wulivalyes parmi les coquillages fluviatils. | MULTONES AURI, ( Hifi. mod.) étoient au- * trefois de pieces d’or avec la figure d’un mouton ou agneau ( peut-être de l’Agrus Dei), dont la mon- noie portoit le nom. Ma/ro figniñoit alors un zzouton, de même que zutto &c muto, d’où vient langlois mutton, Cette monnotïeëétoit plus communeen Fran- ce ; cependant il paroiît par une patente de 33, éd. [. qu’elle a auffi eu cours en Angleterre. MULUY A, ( Géog. )riviere d'Afrique, au royau- me de Fez. Elle a {a fource au pié du mont Atlas, &z ‘fejette dans la Méditerranée près de la ville de Ga- çaca. C’eft la même riviere que les anciens ont nom- mée Malva, Molocath 8 Malvana ; c’eft auf celle que Marmol & Dapper appellent Mulucan, Les Ara- bes lui donnent le nom de Munzemar. (D. 1.) MUMBO-JUMBO , ( Æiff. mod, fuperfhsion.) ef- pece de fantôme dont les Mandingos, peuple vaga- bond. de lintérieur de Afrique, fe fervent pour re- nir leurs femmes dans la foumiffion. C’eft une idole fort grande, On leur perfuade , ou elles affe@enr de croire qu'elle veille fans ceffe fur leurs aétions. Le mari va quelquefois pendant l’obfcurité de la nuit, . faire un bruit lugubre derriere lidole, & il perfuade à fa femme que c’eft le dieu qui s’eft fait entendre. Lorfque les femmes paroiflent bien perfuadées des vertus que leurs maris attribuent à leur #47b0-jum- bo ; on leur accorde plus de liberté, &c l’on aflure quelles favent mettre à profit les momens où elles demeurent fous l’infpetion de lidôle. Cependant On prétend qu'il fe trouve des femmes aflez fimples pour craindre réellement les regards de ce fantôme incommode ; alors elles cherchent à le gagner par des préfens, afin qu'il ne s’oppofe point à leurs plaïfirs. es voyageurs nous apprennent qu’en 1727, le roi de Jagra eut la foiblefle de réveler à une de fes fem- mes tout le fecret de #477b0 - jumbo : celle-ci commu- niqua fa découverte à plufeurs de fes compagnes ; elle fe répandit en peu de tems, & parvint jufqu'aux feigneurs du pays: ceux-ci prenant le ton d’autorité que donne les intérêts de la religion, citerent le foi- ble monarque à comparoître devant le mumbo jum- bo : ce dieu lni fit une reprimande févere , & lui or- donnade faire venir toutesles femmes : on left mafla- cra fur le champ ; par-là l’on étouffa un fécret que les maris avoient tant d'intérêt à cacher, & qu'ils s’étoient engagés par ferment de ne jamais réveler. MUMITE , voyez MOMIE. - MUMME , (Comm.) c'eft le nom que l’on donne à une efpece de biérre très forte & très-épaifle, qui fe brafle à Brunfwick : elle ef très-renomm.e. On peut la tranfporter fort loin , parce qu’elle a ia pro- prièté de fe conferver très-long-tems. MUNASCHIS o4 MUNASCHITES , f. m. pl. ( Æij£, mod, ) fefte de Mahométans qui fuivent l’o- pinion de Pythagore fur la métempiycofe ou tranf- migration des ames d'un corps dans un autre. En prétendant néanmoins qu’elles pafleront dans le corps d'animaux avec lefquels on aura eu le plus d’a- nalogie, de caraétere ou d'inchinations, celle d’un guerrier, par exemple, dans Le corps d’ua lion, &” ainfi des autres; & qu'après avoir ainfi roulé de corps en corps pendant l'efpace de 336$ ans, elles rentreront plus pures que jamais dans des corps hu- mains. Cette fete a autant de partifans au Caire qu'elle en a peu à Conflantinople. Son nom vient de #unafchar, qui, en arabe, fiymifie mérempfycofe , qu'on exprime encore dans la même langue par le mot altenafoch , qui a aufhi fait donner Le nom d”4/- renafochites à ceux qui font infatués de cette opinion. Ricaut , de l'Ernpir. ottom. MUNDA:, ( Géog.) en latin, Munda ; ancienne ville d’Efpagne , au royaume de Grenade , à cinq lieues de Malaga, à la fource du Guadalquivirejo. C’eft près de cette ville que Jules-Céfar vainquit les fils du grand Pompée ; & c'eft à ce fujet que Lucain a dit dans fa pharfale, 1. I. Y. 40. Ulrima funefla concurrant prælia Munda, Elle a retenu fon nom fans aucun changement , mais elle n’a confervé ni fon ancienne grandeur, m fa dignité. Autrefois elle étoit la capitale de la Turdé, aujourd’hui ce n’eft plus qu'une petite ville , fituée fur le penchant d’une colline au pié de la- quelle pañe la riviere. Long, 13. 22. lat, 36, 32. (D. J.) MUNDEN ox MYNDEN, ( Géop. ) petite ville . d'Allemagne, au pays de Brunfwig-Lunebourg, dans une fort jolie fituation , au confluent de la Fulde, de la Werte | & du Wéfer, Long. 28.14. lat. 52. 12, D. J.) 4 MUNDERKINGEN ox MUNDRINCHINGEN , { Géog.:) petite ville d'Allemagne , dans la Suabe, fur leDanube, à r mille d'Ebing, & à $ S. ©. d'Ulm. Long, 27. 18, lar, 48. 15. ( D. J.) MUNDIBURNIE 6 MUNDIBURDIES , ter- MUN 861 mes de quelques coutumes, fynonymes à mairbour. nie, Voyez ce dernier, MUNDICK , f. m. ( ff. nat, Minéralogte. ) nom donné par les Anglois à une fubftance minérale qui , fuivant la defcription, n’eftautre chofe que ce qu'on appelle en françois une pyrice. En effet, Chambers dit dans fon didfionnaire , quil y en a de blanche, de jaune , de verte , & d’un brun foncé ; il ajoute qu'il paroît que c’eff une combinaiton de foufre avec quelque fubftance métallique , qu'on lui donne fou vent le nom de maxy, & qu’on la diftingue par fon éclat, & quelquefois par la couleur qu’elle donne aux doigts ; que fouvent le mwrdick accompagneles mines d’etain, que dans la province de Cornouail= les il contient une grande quantité de cuivre; que les exhalaifons qui en partent font nuifibles aux ou vriers des mines; que cependant l’eau qui fort dans les mines , après avoir pailé fur cette fubftance, eft un bon vulnéraire & guérit les bleflures que les ou- vrièrs fe font. Voyez le dicfionnaire de Chambers , au mot Mundick. Par tous ces caraëteres, on voit que le mundick n'eft autre chofe que la pyrite, dont le fonfre & le fer font la bafe, la pyrite arfénicale eft d’une cou- leur blanche, la pyrite jaune eft fouvent trés-riche encuivre ; les exhalarfons de la pyrite aHfénicäle ne peuvent être que nufbles ; fouvent les pyrites mar- tiales font couvertes d’une croûte d’ochre ; & le vitriol, dont la pyrite eft la mine , efttrès-aftringent & par conféquent peut être prôpre à guérir Les ble£- ures. Foyez PYRITE. (— MUNDIFICATIF oz MUNDIFIANT , fe diten Médecine des remedes déterfifs, digeftifs , deflica- tits , Cicatrifans & vulnéraires. ‘ Ainfi cette forte de remede fert à plufeurs fins. - Les emplätres où onguëns mundificatifs font ceux qui détergent &c deflechent, & netioyent les ulce- res de deux efpeces : favoir , les purulens & les fa- mieux, Voyez ULCERE. Les principaux ingrédiens de ces emplâtres font la gentiane , l’ariftoloche, l’énula campana , &'les herbes vulnéraires. Foyez DÉTERGENT 04 DÉTER- SiF, & fur-tout l’article VULNÉRAIRE. Le mundificanf d'ache eft un des meilleurs que nous ayons en Pharmacie. D'ailleurs tous les on guens &c les baumes ont une vertu qui approche de celle des wundificatifs. Voyez ACHE. MUNDUS , ( Lirsérat.) nom qui fut donné aw foflé que Romulus fit creufer, quand il eut pris le parti de bâtir la ville de Rome. On tira fur ce foflé une ligne pour en marquer l'enceinte , & le fonda- teur traça lui-même un profond filion fur la ligne qui avoit été tirée pour régler le circuit des murail- les. Voilà quelle fut Porigine de cette ville qui de- vint la maîtrefle du monde , enforte que le foffé de Romulus, & l'univers, #7undus , n’eurent en la- tin qu'une même dénomination. ( 2. J. MUNGO, f. m,. ( Æf. nar. Bo. exor, ) Garcias dit que c’eft une praine des Indes orientales, de la erofleur de celle de la coriandre feche, noire dans fa maturité, & fi commune à Guzarate & à Décan, qu’on la donne à manger aux chevaux : il n’a point décrit la plante qui produit cette graine , mais c’eft une efpece de phaféole que Ray nomme phaféolus ottocaulis, dont la tige eft droite, haute de trois piés, portant des feuilles & des fleurs femblables à celles de notre haricot. Ses goufles contiennent les graines dont parle Garcias, & les Orientaux font cuire ce légume avec du beurre. ( D. J, | MUNIA ou MINIE , ( Géog. ) ancienne ville d'E« gypte, fur le bord occidental du Nil; c’eft vraiflem- blablement le ZLycopolis de Strabon. On fait dans cette ville des bardaques ou pots à-l’eau , tres-efhi- més au Caire pour leur façon & pour la qualité 802. MUN qu'ils ont de rafraïchir l’eau : mais ce n’eft pas le {eul endroit du monde où l’on fabrique de pareils vaifleaux ; on en fait au Mexique , & mieux encore À Patna dans les Indes orientales, Voyez GARGOU- LETTE. À une heure de Munia, en remontantle Nil, on découvre au haut de la montagne, du côté de l’o- rient, les fameufes grottes qui commencent de la bafle Thébaïde , & qui continuent le long de cette montagne jufqu'à Momfallot. Le pere Vanfleb dit qu'il compta trente-quatre de ces grottes de file, mais que l'entrée de la plüpart étoit bouchée par fa terre qui étoit tombée d’en-haut. Log. de Munia, 49.35. lat. 26,15. ( D. J.) Je MUNICH, ( Géog.) Les Allemands écrivent Monchen, mot qui veut dire les moines , en latin, Monachium ; Ville d'Allemagne en Baviere , dont elle eft la capitale & la réfidence ordinaire desélec- teurs. Henri, duc de Saxe & de Baviere, fonda cette ville en 962, felon Aventin, qui a fait Phiftoire du ays. Ce prince la bâtit fur le terrein des moines de Schaffelar. Othon IV. la fit ceindre de murailles en 1157. ni palais éle&toral eft un des plus grands , des plus beaux, &. des plus commodes qu'il y ait en Europe. L’éleéteur Maximilien l’éleva avec uñe dé- penfe incroyable. Il y en a des defcriptions com- plettes en allemand , en italien & en françois ; mais ce fuperbe bâtiment eft irrégulier dans fon tout , défaut commun à toutes les grandes maifons #oyales, qui n’ont pas été diftribuées fur le deflein d’un même architee , & dans les vües du premier lan. E Patin parle avec admiration des tableaux, des ftatues, & des buftes defjafpe, de porphyre, de bronze & de marbre, qui font dans la galerie & dans l'appartement de l’éleéteur. 1l y a , entr’autres, un bufte d'Alexandre plus grand que nature, quia ce goût raviflant de lantiquité qu'infpire le marbre. On y voit la valeur , l'ambition, & cette honnêteté charmante du héros, qui a eu tant de part à fes conquêtes de l’Afe. | Le roi de Suede, maître de Munich, admiroït dans ce palais , entr'autres chofes, une cheminée de ftue, dont l’ouvrage, dit-il, le charmoit, Un fei- gneur qui l’'accompagnoit, lui confeilla d'enlever du château tout ce qui lui plaïfoit , & de faire en- füite rafer le bâtiment. Ce confeil étoit digne d’un goth ; Charles XII. en fut indigné. L’églife & le college des jéfuites font un des prin- cipaux ornemens de Murich ; ce college eft un ma- gnifique palais. La ville n’eft pas grande & mal fortifiée , ce qui fait qu’elle a été fouvent prife &c reprife dans les guerres d'Allemagne. Elle eft agréablement fituée fur lIfer, à $ milles de Freifingen , 8 S. O. d’Aus- bourg , 15 S. O. de Ratisbonne, 22 S. E. de Nurem- berg, 56 S. O. de Prague, 68 S. O. de Vienne. Long. {elon Caffini ; 29. 6. 30. lat. 48. 2. (D. J.) MUNICKENDAM , ( Géog. ) voyez MONICKEN- DAM. | MUNICIPAL, adj. ( Jurifprud. ) fe dit de ce qui appartient à une ville. Chez les Romains > les villes, appellées municipia , étoient dans origine les villes libres qui, par leurs capitulations , s’étoient rendues & adjointes volontairement à la république ro- maine quant à la fouveraineté feulement, gardant du-refte leur liberté, leurs magiftrats & leurs lois , d’où ces magiftrats furent appellés ragiffrats muni. cipaux, &t le droit particuher de ces villes, droie municipal. Les villes qui riroient leur origine de colonies romaines étoient un peu plus privilégiées. Dans la fuire on appella ruricipia | toutes villes MUN ayant un corps d'officiers pour les souverner. Parmi nous, on appelle droit municipal, le droit particulier d’une ville ou même d’une province. Les officiers zuricipaux , que l’on diftingue des officiers royaux & de ceux des feigneurs, font ceux qui font élus pour défendre les intérêts d’une ville, comme les maires , échevins, les capitouls, jurats., confuls, & autres magiftrats populaires. Foyez Au- lugelle, Zv. XVT. ch. xii7. & au digefle, le tit. ad municip, Loyfeau, des Seigneuries.( 4) MUNICIPE , f.m. ( Géog, 6: Hifi. rom. )enlatin, municipium ; lieu habité foit par des citoyens ro- mains, foit par des citoyens étrangers qui gardoient leurs lois, leur jurifprudence , & quiponvoient par- venir avec le peuple romain à des offices honora- bles , fans avoit aucune fujétion aux lois romai- nes , à moins que ce peuple ne fe fûüt lui-même fou- nus & donné en propriété aux Romains. Le lieu ou la communauté , qu’on appelloit muni- cipium , différoit de la colonie en ce que la colonie étant. compofée de romains que l’on envoyoit pour peuplerune ville, ou pour récompenfer des troupes quiavoient mérité par leurs fervices un établife- ment tranquille, ces romains portoient avec eux les lois romaines , & étoient gouvernés felon ces lois par des magifirats que Rome leur envoyoit. Le municipe, au contraire , étoit compofé de ci- toyens étrangers au peuple romain, & qui, en vûe de quelques fervices rendus, ou par quelque motif de faveur, confervoient la liberté de vivre felon leurs coutumes ou leurs propres lois, & de choiïfir eux-mêmes entre eux leurs magiftrats. Malgré cette différence , 1ls ne laifloient pas de jouir de la qualité de citoyens romains ; mais les prérogatives , atta- chées à cette qualité, étoient plus reflerrées à leur égard qu’à l'égard des vrais citoyens romains. Servius, cité par Feflus, dit qu’anciennement il yavoit des #unicipes, compofés de gens qui étoient citoyens romains , à condition de faire toûjours um état à part; que tels étoient ceux de Cumes, d’A- cerra, d’Atella, qui étoient également citoyens romains, & quifervoient dans une légion, mais qui ne poflédoient point les dignités. Les Romains appelloient municipalia facra , le culte religieux que chaque lieu municipal avoit eu, avant que d’avoir reçu le droit de bourgeoïfie ro- maine ; il le confervoit encore comme auparavant. À l'exemple des Romains, nous appellons en France droit municipal, les coutumes particulieres dont les provinces joniflent ; & dont la plûpart jouiffoient avant que d’être réunies à la couronne, comme les provinces de Normandie, de Bretagne, d'Anjou, &c, | Paulus diftingue trois fortes de municipes : 1°. les hommes qui venoient demeurer à Rome, & qui, fans être citoyens romains, pouvoient pourtant exercer de certains offices conjointement avec les ci- toyens romains; mais ils n’avoient ni le droit de donner leurs fuffrages, ni les qualités requifes pour être revêtus des charges de la magiftrature. Tels étoient d’abord les peuples de Fondi, de Formies , de Cumes, d’Acerra, de Lanuvium, de Tufculum, qui quelques années après devinrent citoyens ro= mains. 2°. Ceux dont toute la nation avoit été unie au peuple romain , comme les habitans d’Aricie , les Cérites, ceux d’Agnani. 3°. Ceux qui étoient parvenus à la bourgeoifie romaine, à condition qu'ils conferveroient le droit propre & particulier de leur ville , comme étoient les citoyens de Tibut , de Prénefte , de Pife, d’Ar- pinum, de Nole , de Bologne, de Plaifance, de Sutrium & de Luques. Quoique l’expoñition de cet ançien auteur ne foit MUN pas fort claire en quelques points, nous ne laïiflons pas d’y voir que les municipesne fe faifoient pas par- tout aux mêmes conditions, ni avec les mêmes cir- conftances. De-là nous devons inférer que cenom de municipe a eu des fiegnfications différentes felon les tems & les lieux ; or, c'eft à ce fujer qu’Aulugelle nous a confervé quelques remarques qui répandent ungrand jour fur cette matiere. Infenfiblement. tons les rrunicipes devinrent égaux pour le droit de fuf- frase. Enfin cet ulage même changea de nouveau. Les municipes, amoureux de leur liberté, aimérent mieux fe gouverner parleurs propres lois que parcel- lesdes Romains, Îl y avoit un grand nombre de lieux municipaux , municipia, dans l'empire romain; mais nous con- noïlons fur-tout cenx d'Italie , parce que plufeurs auteurs en ont dreflé des liftes. Chaque runicipe avoit fon nompropre & particulier. ( 2. J. MUNIFICES, f. m. pl. (Æiff. rom. jfoldats qui étoient aflujettis à tous les devoirs de la guerre, comme de faire la garde, d’aller an bois, à l’eau, au fourrage ; tandis que d’autres en étoientexemptés. MUNIFICENCE , £. f. ( Gram. ) libéralité royale, Il faut qu’on remarque dans les dons le caraétere de la perfonne qui donne. Les fouverains montrent leur bienveillance par des aétions particulieres | mais c’eft leur murifcence qui doit éclater dans leurs bien- faits publics. lis ont de la bonté, quandils conferent un pofte , une dignité; de la bienfaifance , quand ils toulagènt; mais 1ls veulent qu’on admire leur rificence dans les gratifications qu'ils accordent à de grands & utiles érablifflemens. Ces établiflemens qui ont été d’abord l’objet de leur amour pourle bien de leurs fujets, deviennent enfuite celui de leur muni- ficence. La murificence n’eft & ne doit être que le fard de l'utilité ; c’eft Le figne de l’attachement qu’ils ont à la chofe , & de l’importance de leur perfonne. . MUNIR, v. a@.( Gram. ) S’ilfe dit d’une place, il eft fynonyme à Jortifier ou par des confitutions, ou par laprovifionnement; des vaifleaux, c’eft les pourvoir de tout ce qui eft néceflaire à leur deftina- tion; on feuni d'argent &c de reçommandations, quandonvoyage ; de patience & de courage, quand on entreprend une chofe difficile. D'où l’on voit que ce m0tfe prend au fimple & au figuré. : MUNITFIONS , (rc milir. ) fe dit en général de toutes les provifions de guerre qui concernent les ar- mes &c les vivres. Les premieres fontappellées ruxi- tions de guerre ; & les autres, munirions de bouche, Lorfqu'on a deffein de faire la guerre , les #x1- tions de toute efpece forment un objet qui mérite la plus grande attention. Il faut en faire des amas de longue main, &, comme on ne le peut fans argent, on peut établir que l'abondance de ce métal eft d’u- ne néceflité abfolue pour fe préparer à la gnerre. On a déja obfervé , article GUERRE, que lorfque Hen- ri IV. eut deffein de porter la guerre en Allemagne, M. de Sulli lengagea à fufpendre fes opérations juf- qu’à ce qu'il eut dans fes coffres dequoi la faire plu- fieuts années , fans mettre de nouvelles impofñtions fur fes peuples: Lorfque Perfée fe préparoit à la guerre contre les Romains, il avoit en réferve , ou- tre les fommes nécefflaires pour la folde & la dépente de fon armée, dequoi ftipendier dix mille hommes de troupes étrangeres pendant dix ans. Il avoit amaf- é des vivres pour un pareil nombre d’années; fes arfenaux éroient remplis d'armes pour équiper trois armées aufli nombreufes que celle qawil avoit fur pié : les hommes ne devoient point lui manquer; au dé- faut des Macédoniens, la Thrace lui en offroit une fource imépuifable. Si ce prince avoit porté la même conduite & la même prudence dans le refte des opé- rations de la ouerreà laquelle il fe préparoit, on peut douter s’il n’auroit pas trouvé le moyen d'arrêter la M UN 86 5 puiffance des Romains. Maistant de chofes diféren« tes concourent aux fuccès des opérations militaires , que ce n'eft pas aflez d'en bien adminiftrer quelques parties , 1l faut qu’elles le foient toutes également. Nous réduirions volontiers l’eflentiel des préparatifs néceflaires pour commencer la guerre à deux objets principaux, qui font largent & de bons généranx, Avec de l'argent, on ne manque ni d'hommes ni de munitions ; à avec des généraux habiiesson à toû- jours de bons foldats & de bons officiers: on fait læ guerre avec fuccès, quel que foit le nombre d’enne- mis que l’on ait à combattre ; aulieu que, fons des généraux médiocres, les préparatifs formés avec le plus de foins & de dépenfe, ne font fouvent qu'une charge pour l’état qui n’en tire aucun avantage. Les Romains n’avotient jamais eu d'armée plusnombreu— fe que celle qui combattit à Cannes contre Annibal ils navoient jamais fait plus de dépenfé & pris plus de précautions pour vaincre ce redoutable ennemi , mais la mauvaile conduite de Varron leur en fit per- dre tout le fruit. | Une des principales #unirions de bouche ef le pain ; celui qu'on diftribue à l’armée & qu'on ap— pelle par cetteraifon pain demunirion, contientdeuxt rations. Voyez RATION:I {ert pour la nourriture de deux jours au foldat, Ce pain devoit peler fuivant, les anciensréglemens militaires trois livres ou qua-: rante-huitonces, Mais l'ordonnance du premier Max 1756 ayant augmenté la ration de quatre onces, 1Ë pefe aétuellement cinquante-fix onces ou trois livres & demie. {l doit être compoté de deux tiers de fro- ment &z d'un tiers defeiple. On emploie ces grains: fans en ôter la paille ou le gros fon. !1 doit être cuit &t raflis , & entre bis & blanc. Comme le poids du pain qu’on donne ordinaire ment pour quatre jours aux loldats, & quelquefois pour fx, eft fort incommode dans les marches, que d’ailleursilexige une grande quantité de chariots oi. de caiffons pour le voiturer à la fuite de armée M. le maréchal de Saxe penfoit qu'al feroit fort im- portant d’accontumer les troupes à fe nourrir de bif= cuit. Les pourvoyeurs des vivres, dit cet illufire gé= néral, font accroirerant qu'ils peuvent que le paim vaut mieux pour le foldat ; mais cela eft faux: & ce r'eit, dit1l, que pour avoir occafñon de friponner. qu'ils cherchent à le perfuader. En effet, Montecu- cul & plufeurs autres célebres auteurs militaires admettentl’ufage du bifeuit. Il fe conferve très-long- tems ; il faut moins de voitures pour le tranfporter à Ja fuite de l’armée, & le foldat peut en porter pour huit ou dix Jours , & même pour quinze, fans être chargé d’un poids confidérable. Cesavantages méri- tent {ans doute la plus grande attention. Mais fi l’on veut s’en tenir à l’ufageà cet égard, on doit au- moins, comme le propoie M. le maréchal de Puyfe- gur, avoir des magañns de bifcuit en réferve dans le voifinage des armées : on s’en fert dans les cas où fes mouvemens en-avant l’éloignent trop des lieux oùelle tire le pain pour enavoircommodément. Outre le pain, on fournit aufi en campagne une demi-livre de viande à chaque foldat on cavalier > ily a pour cet effet de nombreux troupeaux de bœufs & de moutons à lafuite des armées. Les munitions de fourrage font auffi de la plus grandeimportance pour les armées. Lorfqu’on entre de bonne heure en campagne, la terre ne produit rien pour la nourriture des chevaux. Il fant par con= iéquent y fuppléer par de nombreux magafns à por tée des heux où l’armée doit agir ; ilen faut auf pour | la fubfiftance des chevaux pendant l'hiver, lorfque le pays que lon occupe ne peut fournir la quantité dont on a befoin. Comme la formation des magafns peut donner des inciçes à l'ennemi des endroits où lon veut por. 864 MUN ter la guerre, il faut faire enforte de.les former fans qu’il en ait connoiflance , ou fans qu'il puifle en pé- nétrer le véritable motif. C’eft un art particulier qu'avoit M. de Louvois , & cet art qu'il a employé plufieurs fois avec fuccès, n’a pas peu contribué à la gloire des entreprifes de Louis XIV. Suivant M. lé maréchal de Puyfegur , une armée de cent vingt mille hommes confomme chaque jour environmille facs de farine, pefant chacun deux cens livres: (Q) | MUNITIONNAIRE , {. m. eft à l’armée, celui qui eft chargé du foin de pourvoir à la fubfiftance des ttoupes de l’armée, Voyez COMMISSAIRE GÉNÉ- RAL DES VIVRES. MUNITIUM ; (Géog: anc. ) ancienne ville de [a grande Germanie , felon Ptolomée : fes interpretes l’expliquent par Gottingen, ville du pays de Brunt- vig, mais c’eft une conjedure fans preuve. (D.J.) MUNSTER , ( Géog. ) ce mot eft allemand d’ori- gine, & fignifie un zzorafere ; il y a eu des monafte- res qui ont donné lieu à bâtir des villes autour d’eux, & {ur leur territoire, & ces villes ont pris le nom de Munjfler, foit feul, foit accompagné de quelque fyllabe. Souvent même des villes ont quitté leur an- ciennom, pour prendre le nom de Munÿjler, Minfler, Monfier où Monfliers,, tous noms formés de onaffe- -rium (D,J.) MunsTER,.( Géog.) ville fortifiée d’Allema- gne , au cercle de Weftphalie , capitale de l’évêché auquelelle a donné le nom. On appelle aujourd’hui cette ville en latin Mozaf- ærum, mais l’ancien nom étoit Mimigardevordia ; fon origine dans le onzieme fiecle a commencé par un monaftere , & elle aun grand nombre d'hommes &z de femmes dans fon enceinte. On fait comment Munjfler tomba dans le feizieme fiecle entre les mains du fanatique Jean de Leyde, dont le vrai nom étoit Jan Bocolde , & l’on fait également fon fuppliceen 1536. Munfler voulut depuis être regardée ville im- périale, mais Jean de Galen fon évêque, la foumit en 1661, à reconnoitre l'autorité de fes prélats, Ce fut dans Murfferien 1648 que fut reglé le traité de paix , qu'on nomme aufh le sraité d'Ofhnabrug, & d’un commun nom le sraité de Wefiphalie. Cette ville eft fur la petite riviere d’Aa, qui la traverfe , à 7 milles d'Ofnabrug , 12 de Paderborn, 15 de Caffel, 18 de Cologne , 22 de Brême, 34 d’Amfterdam. Long. felon Lieutaud, 25. 20. 30. lat. 52, Long. felon Street , 20.12. 50, lat. 42. Mallinckrot (Bernard ) natif de Munfler, s’eft fait - connoître par des ouvrages aflez eflimés , & par des brigues qui lui furent fatales. 11 étoit doyen de cette ville, afpiroit à l'évêché, & ne l’ayant pas obtenu, 1] fufcita des troubles contre le nouvel évêque, Ce- hui-ci le fit arrêter , 8 conduire dans un château fous bonne garde , après lui avoir Ôté fon doyenné. . Il mourut dans ce château en 1664. Avant fa dé- tention, 1l avoit mis au jour en latin, un traité {ur invention & le progrès de l'Imprimérie ; un autre livre fur la nature & l’ufage des lettres ; & untroi- fieme fur les chanceliers de la cour de Rome, & les archichanceliers de Empire. (D.J.) MUNSTER, l’évéche de , ( Géogr. ) c’eft un des plus confidérables évêchés d'Allemagne par fon re- venu, qui cft de 300 milie écus du pays, par la fer- tilité du territoire , par le grand nombre d’hommes robuftes & guerriers dont il eft peuplé , & par les places fortes qui le couvrent, Mur/fler en eft la ca- pitale. L’évêque eft prince fouverain de l’Empire ; ‘c’eft aujourd’hui l’éleéteur de Cologne , qui indé- pendamment de fon archevêché, poffede encore les évêchés d’Ofnabrug , de Munyfler & de Paderborn. (2.7.) _ MUNSTER, ( Géog. ) province maritime d’Irlan- de, Voyez MONNSTER. MUÜUN MONSTER, in der S. Gregorien thal (Géog.) t'eft. à-dire, Maunjler dans la vallée de S. Grégoire , pe- tite ville d'Allemagne , dans la haute Alface. Elle doit {on origine à un monaftere qui y fut fondé au feptieme fiecie , par Childéric roi de France ,. fous le titre de la Sre Vierge, S. Pierre, S, Paul & S. Gré- goire pape: voilà un titre de fondation digne de fon tems. Ce monaftere eft préfentement uni à la con- grégation de S. Vanne, & la ville qui eft très-peu de chofe , a été incorporée dans le bailliage de Ha- guenau. (D.J.) | MUNSTER-THALL, (Géog.) c’eft-à-dire , le val de Munfler , c’eft le nom de la onzieme communau- té de la ligne de la Caddée , au pays des Grifons, entre les monts Strela & Fluela. Le Munfier-Thall tire fon nom d’un couvent de religieufes qui s’y trouve encore. Ce petit pays eft partagé en deux jurifdiétions, qui comprennent plu; fieurs villages & hameaux. (D. 7.) MUNTING , 1. f. ( Æiff. nat. Bot.) muntingia , genre de plante à fleur en rofe, compolée de.plu- fieurs pétales difpofées en rond , il fort du calice un piltil qui devient dans la fuite un fruit tond charnu, mol , & qui renferme plufeurs petites femences. Plumier, zova plant. Amer. gen. Voyez PLANTE. MUNYCHIA, (Mychol.) furnom de Diane en Grece, parce qu’elle avoit un temple illuftre dans le port d'Athènes nommé murychie, & qu'on y cé- Iébroit en fon honneur , les fêtes dites r42ychies, Les Athéniens donnerent le nom d’un des ports de leur ville au bourg voifin, à un de leurs mois, à une divinité, à des fêtes folemnelles qu’on luravoit confacrées, & à un. de fes temples qui fervoit d’a- zyle aux débiteurs, (D. J.) MUNYCHIE , (Géog.anc.) munychia où muni= chius portus, l’un des trois ports d'Athènes. Ce port préfentement abandonné, avoit un bourg de même nom renfermé par de longues murailles, qui s’éten- doient jufqu’au Pirée. On voit encore aflez près des côtes de la mer, des ruines de voütes , de colonnes, de murailles, &c des reftes de fondemens d’un tem- ple. C’étoit peut être celui de Diane , que l'hiftoire a tant célébré, & qui fervoit d’afyle à ceux qu'on pourfuivoit pour dettes. Les deux autres fameux ports de l’Atrique, étoient le Pirée,&c Phalere, Voyez PHALERE & PIRÉE. (D.J.) Municutes, ff. pl. (Aneig.grecq.) pésuyia 5 fête annuelle qu’on célébroit à Athènes , & dans le port de même nom , le feizièeme du mois Munychion, en l’honneur de Diane munychia. Potter vous in- diquera l’origine & les cérémonies de cette fête dans fes archæol. grecq. 2. II, c, xx. tom, I, p, 414, & fuiv. DT, | RTE , Cm. (Antiq. grec. ) merylor , le dixieme mois de l’année Athénienne ; il conte- noit vinet-neuf jours, & répondoit , felon Potter & Giraldi, à la fin de notre mois de Mars, &c au com- mencement de notre mois d'Avril. On lappelloit Munychion ,| parce que pendant ce mois , on célé- broit à Athènes en lhonneur de Diane , les fêtes nommées Munychies. (D. J.) MUPHTI où MUFTI, fm. ( Hiff. mod.) c’eft le chef ou le patriarche de la religion mahométane. Il réfide à Conftantinople. Voyez MAHOMÉTISME. Le muphri eft le fouverain interprete de Palco- ran, & décide toutes les queftions fur la loi. Voyez ALCORAN. Il a rang de bacha , & fon autorité eft quelque- fois redoutable au grand-feigneur lui-même : c’eft lui qui ceint l'épée au côté du grand feigneur, cé- rémonie qui répond au couronnement de nos rois. Le peuple appelle le muphri , le faifeur de lois ; l’oracle jugement , le prélat de l’orthodoxie | & croit que mahomet s'exprime par fa bouche. Le 10 es MUO + \ rr = UE Mes fultans le confüultoient fur toutes les affaires ec- . Cléfiaftiques ou civiles , fur-rout lorfqw'il s'agifloit ‘de faire la guerre où la paix, À fon abord il fe le- voit par refpeët & avancoit quelques pâs vers lui; mais le prince & fes mimitres agiflent aflez fouvent fans fa participation , & lorfqu'il n’eft pas agréable à la cour, on le dépofe & on l’exile. Le prand fei- gheur en nomme un autre: on ne regarde pas mêmé fa perfonne comme tellement facrée , qu'on ne le mette quelquefois à mort. Ainf en 1703, Achmet If. fit étrangler le muphri Omar-Albouki & fon fils, & Amurat IV, fit broyer vifun autre z72prh5 dans.un mortier de marbre qu'on conferve encore au chà- teau des fept touts, en difant que les têtes que leur dignité exempte du tranchant de l'épée, devoient être brifées par le pilon. Lorfque le grand fultan nomme ün wwphri , il lin- ftalle lui-même dans fa nouvelle dignité, en le re- vétant d’une peliffe dé marte zibeline & li don- hant mille écus d’or, il lui affigne auf une penfion pour fon entretien que Le z#4phrt groffit par les fom- mes qu'il tire de la vente de certains offices dans les mofquées royales. Au refte, il eft chef de tous es gens de loi , comme kadileskers, mollaks, imans, dervis, 6c. Il rend des decrets & ües or- donnances qu’on nomme fer/z , & font extrèmement refpettées. Poyez FETFA. Tous les particuliers ont droit de confulter lé anuphii, & de lui demander fon fentiment dans tou- tes Les occurrentces fur-tout dans les matieres crimi- elles. Pour cet effet, on lüi reiet un écrit dans lequel le cas eft expofé fous des noms empruntés ; par exemple , fi lon peut convaincre N. par bons témoins qu'il a contrevenu aux commandemens du fultan ou qu'il n’a pas obéi avec foumiffion à fes Ordres , doit-il être puni ou non. Après avoir exa- miné la queftion , le #%phti écrit au bas du papier olul, c’elt-à-dire , 1/ doit être puni où bien o/n1az qui fignife 17 ne le féra pas, Que fi on laïffe à fa ditpofi- tion le choix du fupplice , il écrit au bas de là con- Æultation , qu'il reçoivé la affonnade ou telle autre peine qu’il prononce. Le muphii interprete quelquefois lui-même l’alco- an au peuple , & prêche en préfence du grand fei- gneur à la fête du bairam, il n’eft point diftingué des autres turcs dans fon extérieur, fi ce n’eft par la groffeur de fon turban. Guer, mœurs des Turcs, tom. {, & IT. Ricaut , de l’Emp. ottom. MUQUEUSES, (Arzatom.) on appelle de la forte trois glandes qui déchargent leur liqueur dans l’u- retre. Cowper , qui les découvrit le premier, les nomma ainf , à caufe de la vifcofité de l'humeur qu'elles féparent. Voyez nos PI, d'Anatomie & leur explic. voyez auf MUCOSITÉ. Les deux prenueres de ces glandes qui furent dé- couvertes, font de la groffeur environ d’uné feve, de figure ovale & applatie, & d’une couleur jaunà- tre comme les proftates : elles font plâcées de chaque côté du bulbe de luretre , un peu au-deflus. | . Leurs conduits excrétoires viennent de leur fur- face interne , près la membrane interne de l’uretre , dans laquelle ils s'ouvrent un peu plus bas par deux orifices diftinéts , précifément au-deffous de l’endroit où l’uretre fe courbe fous les os pubis , dans la ré- gion du périnée , & ils déchargent dans ce canal une liqueur vifqueufe & tranfparente. La troifieme glande mrgueufe eft une petite glande conglobée , jaunâtre comme les deux premieres , mais un peu moins , fituée dans le périnée, près de Tanus , au-deflus de l'angle que forme la courbure de l’uretre fous les os pubis ; elle a deux conduits excrétoires qui pénetrent obliquement dans l’uretre trois lignes au-defous des deux premieres , & verfe gine liqueur qui eft femblable à celle des deux pre- Tome X, % MUR 86 $ muéres glandes en couleur 8 en confiftance. Poyeg URETRE. | MUQUEUX , corps, ( Chimie. ) Les Chiniftes claflent fous ce nom générique plufieuts fujets ou fubftances chimiques du regne végétal & du regne animal ; favoir du regne végétal le corps doux, le corps farineux, le corps émulfif, le mucilage , là gomme, & là fubftance gélatinéuie des plantes cru- ciferes de Tournefort ; & du regne añimal , la muco- fité ou gelée. Voyez Doux, Chimie, FARINE, Fa RINEUX , Chimie; SEMENCES ÉMULSIVES , GOM: ME , MUCILAGE , 6 SUBSTANCES ANIMALES. La compoñtion chimique de ces différentes fub{- tances , n’eft pas encore bien connue, parce qu’on fa pas procédé à leur examen par l’analyfe menf- tuelle : elles ont cependant affez de propriétés com- munés manifeftes , pour qu'on foit eñ droit de les confidérer comme uñe divifion naturelle de fubftan- ces chimiques. Ces propriétés communes font leur folubilité par l'eau, leur legere glurinofiié , la qua- hté que les Medecins qui ont dès long - tes ob- fervé le corps muqueux , ont appellée molle, égale, tèndre ; & Galien en pattièulier douce; expreffon. qui, expliquée felon la doétrine d’Hippocrate, ne defigne autre chofe qu’un état tempéré , que la confitution intérieure d’une fubftance dans laquelle aucün principe irritant médicamenteux où nuifñble ne domine, Trois qualités communes plus intérieu- res où plus effentielles encore , c’eft, 1°. la difpof- tion qu'ont tous ces corps à foufnir la nourriture propre &c immédiate des animaux, voyez NOURRIS- SANT ; 2°. d’être le fujet fpécial de la fermentation, voyez FERMENTATION ; 3°. d’être principalement, peut-être entiérement formés d’un amas de molecules organiques , véyez MOLECULES ORGANIQUES. L’as nalyfe par la difüllation à la violence du feu , tout imparfait qu’eft ce moyen chimique , découvre auff plufieurs caraëteres d'identité dans ces différens corps : tous donnent une quantité confidérable d’eau, &c plus où moins de matiere phofphorique : toutes les efpeces dé corps mnqueux végétal (à l'exception -du corps gélatineux des cruciferes ) fourniflent ab- foliment les mêmes principes, & prefque même quant à la quantité abfolue & à la quantité propor- tionnelle de chacun , favoir outre les deux principes très-communs dont nous ayons déja parlé, une huile empyreumatique &.un efprit acide aflez fort, em- preints l’un & l’autre d’une odeur particuliere que ront lé monde connoît dans le fucre brûlé, & un charbon très-leger, très-fhongieux, qui étant brulé à l’air libre ne donne qu’une petite quantité d’alkali fixe. D'ailleurs l’analogie de toutes les efpeces de corps #uqueux lt démontrée de la maniere la plus frappante , par l'échelle ou gradation naturelle , {e- lon lâquelle ces fübftances font ordonnées entr’elles. La fubftance gélatineufe des cruciféres eft tellement intermédiaire entre les autres éfpeces de corps 74- queux vépétaux & les fucs gélatineux animaux, qu'il n'eft pas facile dé définir fi elle approche plus par fes qualités chimiques des premiers que des derniers. Voyez analyfe végétale au #10: VÉGÉTAL ET sugs- TANCES ANIMALES, ( b ) MÜR , adj. voyez MATURITÉ. Mur ; (22 Archiseclure » Voyez MURAÏLLE. Mur , ( Hydraul, & Jardinage. ) 1] y en a de diffé rentes fortes ; zur de terrafle , de meloniére ; sur de clôture. Dans les fontaines on appelle le xr qui foutient la pouflée des terres , le zr de terre | & celui contre lequel bat l’eau d’un baffin, le wur de donve ou nur flottant. Voyez DOUvE. ( X) Mur 04 MURAILLE, tirer a la parer a la,(Efcrime.) terme de falle & exercice que les écoliers pratiquent pour apprendre à tirer & à parer quarte & tierce, 156030 41 -Fentretien des murs d'une ville & “publics. ( 866 MUR Les efcrimeurs qui veulent tirer au mur, obfer- vent ce qui fuit : 1°. de fe placer en garde vis-à-vis lun de l’autre ; 2°. qu'il n'y en ait qu'un qui porte les eftocades (il n’y en a qu'un qui doit parer ). Ce- lui qui eft convenu de poufler, commence par ôter fon chapeau , & s’allonge fur celui qui doit parer comme s’il li portoit une botte , añn de connoître s’il eft en mefure : en même tems fon adverfaire ôte auffi {on chapeau pour lui rendre le falut , & déplace {on fleurer de la ligne pour lui faciliter le moyen de prendre fa mefure. Après cette cérémonie ils fe re- mettent en garde. Etant ainf placés, & les fleurets engagés dehors ou dans les armes, celui qui eft prépofé pour tirer détache une eftocade de tierce en dégageant, fi Les épées font engagées dans les armes : de-là 1l fe remet en garde fans quitter le fleuret de l'ennemi , & lui porte une eftocade de quarte en dégageant. Ainf fucceffivement il porte des eftocades de tierce & de quarte fans fupercherie , c’eft-à-dire fans feinte ni aucuns mouvemens qui ptuflent ébranler celui qui pare. Quand il ne veut plus porter d’eftocade , fon adverfaire fe met à fa place & lui tire au zur à fon tour. | MUR DE RECUIT , serme de Fonderie , eft fait d’af- files de grès & de briques , pofées avec du mortier de terre à four. Sa premiere affife pofe fur le maflif de la fofle, & il monte jufqu'au haut de Pouvrage. Il doit être diftant de 18 pouces environ des parties les plus faillantes.du moule ; on le remplit de bri- quaillons ; on obferve de laiffer un efpace pour tour- ner autour du parement extérieur de la fofe, afin» de pouvoir opérer. Voyez les fig. des Pf, des Fonderies ex bronze. | dd An ER ee D 0 MUR, GRATTER LE MUR , (:Maréchal, ) fe dit de 2 l’académifte qui s'approche trop le long du ur du manege. < rs A MURADAL , (Géog. ) ou Puerto-Muradal.; nom, d’un pas de la montagne de Me par,où l’on ’Andal entre de la nouvelle Caftille dans-J’Andaloufie. Ce lieu s’appelloit anciennement Sa PS Çaflulonenfis ;. il eft fameux par la grande viétoire-quèile gnols y remporterent fur les Maures en 362467 MURAGE , f. m. ( Juri/prudence…) dans (4 latinité muragium ; c’étoit tin droit qui fe levoit®c À ) Ge. Are - MURAILLE , £. f. (ésone el fe dit defoute élévation en pierre , on en moilonk ou en brique,, ou en plâtre , qui forme la cage où clôture id'une maifon , d’un jardin, d’un efpace® quel qu'il foit. Il y a des murailles de clôture, debmurs mitoyens, - des murs de refend, des murs.en Pair , des niurs en allée, conpéen décharge , de douve , fêns moyen, de parpin, plante , en furplomb ,dévexfé, 6. MuraiLLe, {. f, ( Minéralop..ÿ*c'eft aïnfi que les, ouvriers des mines de France nomment.la pierre ou : le banc de terre , de fable on de voche.qui fertid’ap- puiàäun filon métallique ou aune pece de chauflure. Mais les plus grandes richefles de ce royaume confiftent en foie admirable, dont la quantité monte à plus de deux cent cinquante mille livres pefant par année, & qui produifent environ un million de profit. On compte que pout entretenir les vers qui procurent cette foie, il faut qu'il y ait dans les campagnes de Murcie plus de 355 mille piés de muriers, (D. J.) "1 jui Mur GIE, ( Géog.) ville d’'Efpagne, capitale du foyaume du même nom, Quelques auteurs affnrent que cette ville eft la Murgis des anciens; mais d’au- tres prétendent que Murgis étoit fituéé dans l’en= droit où l’on voit aujourd’hui le bourg Muxacra, & que Murcieeft l’ancienne Merraria, D’autres veu lent que ce foit la Pergilia des anciens. Quoi qu'il en foit, Murcie a préfentement un évêché fuffragant de Tolede, fept paroïfles, & environ dix mille habi- tans. Les rues y font droites & les maifons aflez bien bâties. Sa cathédrale a cette fingularité, que la montée de fonclochereft fi douce, qu’on peut aller jufqu’au faite à cheval ou en carrofle. Cette ville eft fituée dans une plaine délicieufe, au bord de de la riviere de Ségura, à 8 lieues N, de Cartha- gene, io. O. d’Ahicante, 38 de Valence, 70 S. E, de Madrid. Long. 16, 59. las. 37. 48, (D. JT.) MÜRE, {. f: (Jardinage. ) petit fruit qui vient fur fe mûürier..Il y en a de trois fortes : des noires qui viennent fur le mürier noir; des rouges fur le müûrier de Virginie, & des blanches fur le mûrier blanc. Cependant les müriers blancs qui font d’une variété infinie pour la forme de leurs feuilles, don- nent aufli des m#res de différentes couleurs : il y en a des noires, des purpurines & fur-tout des blan- ches. Mais commie tous ces fruits ont un goût dou- ceâtre & défagréable, on les comprend tous fous le nom de méres blanches, parce que c’eft en effet ‘le mûrier blanc qui les produit. Les märes que porte le mürier noir, {ont connues de tout le monde, & on fait qu’elles font bonnes à manger. Les méres rouges qui font plûs groffes , bien plus longues & infiniment plus agréables au goût, font prefqu'in- connues, parte que le mürier de Virginie qui les produit eft extrèmement rare. Pour les qualités & les propriétés des différentes fortes de mres, voyez MURIER. + à: MURECI, ( Boran. exot. ) efpece de grofeillier du Bréfil. Les habitans font du fruit de cet arbre des potions catartiques. (D. J.) MURENE, £ f. urena ( Hifi. nat. I&h.) poiflon de mer aflez refleiblant à lPanguille, mais plus large. IL a quelquefois juiqu'à deux coudées de longueur. L'ouverture de la mâchoire eft grande; il fe trouve au bout de fa mâchoire fupérieure deux fortes de verrues comme au congre ; les mà- choires & le dedans de la bouche font garnies de RRrrri 368 MUR longues dents fort aiguës & courbées en-dedans; le palais eft charnu. Les yeux font blancs & ronds. Il y a un petit trou de chaque côté au-devant des ouies qui font brunes, formées d’une peau life, marquée de taches blanchâtres. La wmurenen'a qu'une très-petite nageoire qui s’étend le long du dos juf- qu’à la queue à-peu-près comme dans le congré, Élle vit de chair, & elle fe retire pendant le froid dans des trous de rochers ; ce qui fait que l’on n'en prend qu’en certain tems de l’année: on la pêche à l’hamecon. Les pêcheurs craignent fa morlure. Sa chair eft molle, grafle & nourriflante comme celle de l’anguille , mais moins que celle du congre. On a donné le nom de myrus au mâle de la femelle, Ron- delet, kiff. des Poiffons ; part, I, Liv. XIV. ch, iv. Voyez POISSON: Ve. MURER, v. a. (Gram.) fermer d’un mut, On mure une ville, on mure une porte. | MURET , (Géog.) petite ville de France dans le haut Languedoc. Les anciens adtes écrivent le nom de cette ville en françois Murel, & en latin Murellum. Pierre d’Arragon ayant pris le parti des Albigeois, & étant aflifté des comtes de Touloufe, de Foix & de Comminges, affiégea cette place avec une armée formidable; mais elle fut taillée en pie- ces dans une fortie que fit Simon de Montfort, êc le roi d’Arragon lui-même y perdit la vie. Murer ne contient guere aujourd’hui qu’un millier d'habitans. Elle eft fur la Garonne à 3 lieues au-deflus de Fou- loufe. Long, 19.5, lat. 43. 30. (D. JT.) MUREX , (4if£. mar. Conchyl.) coquillage dont le nom fe rend fouvent en françois par celui de ro- cher ; mais nous avons mieux aimé lui conferver fon nom de murex. Obrinuir nomen muricis hæc con- cha ob figuram que reprafentat faxorum afpera ; ea- dem pariter voce-exprimitur bellica clava ferreis aculeis horrida quam eximiè refert tefl4 admodum crafla, tu berculifque horrida & afpera propè fummitatem, a la- tere dextero fulcara € aurita ; de forte que zurex 6c tribulus fignihent lamême chofe ; sribnluis veut dire chauffe-trape ; cheval de frife, terme de fortification. Le rurex eft une coquille univalve, garnie de pointes & de tubercules, avec un fommet chargé de piquans , quelquefois élevé , quelquefois applati; la bouche toujours alongée, dentée, édentée ; la lè- vre aîlée, garnie de doigts, repliée, déchirée ; le füt ridé, quelquefois uni. Quoique le caraétere générique des murex foit d’avoir la bouche oblongue, garnie de dents, "& tout le corps couvert de pointes ou de boutons, avec une tête élevée, & une bafe alongée, on y remarque encore quatre caraéteres {pécifiques qui déterminent des efpeces effentielles dans ce genre : 1°. le nurex qui n’a point de pointes , & qui a des ailes; 2°, l’araignée qui a des pointes, des doigts ou crochets remarquables, & que plufieurs natu- raliftes appellent aporrhaïs ou lambis; 3°. latroifieme efpece ou les cafques qui font de vrais mwrex trian- gulaires: c’eft ainfi que plufieurs auteurs les ont nommées ; la derniere eft un wurex tout cannelé, fans pointes ni ailes ni boutons, avec la tête pla- te : la bouche dentelée & oblongue du rex en détermine le genre. A l’afpett de quelques cafques, fur-tout de ceux dont la robe eft unie , on leur refuferoit une afflia- tion avec les murex ; leur corps dénué de pointes, femble d’abord leur défendre l'entrée dans cette famille : maïs l’on changera d’avis , fi l’on examine leur bouche oblongne & garnie de dents, c'eft le premier caraétere des 7urex ; enfuite leur corps uni, coupé d’une excroïflance faillante , & fou- vent d’un repli mince & très-fenfible vers la bou- che, dénote l'apparence de quelques tubercules. Enfin, dans les circonvolutions d’une tête pen éle- MUR vée, on voit la naïffance de plufeurs pointes & trois gros replis faillans interpofés dans leur con- tour : en faut-il davantage pour être de vrai z24- rex, à la vérité moins hériffés que les autres? Comme le mot de murex fe prend pour toute couleur de pourpre, on en a fait un nom géné- rique dont les pourpres ne font qu’une efpece ; de-là eft venu la confufion des différens genres qui fe trouvent dans la fanulle des buecins. Virgile dit: Tyrioque ardebat maurice lana, païce que le fuc de ce poiflon fervoit chez les an- ciens à tendre leurs robes de pourpre, ê&t que ceux de Tyr y excelloient. Fabius Columna diftingue le murex du pourpre & du buccin; il eft vrai que fa diftinéion eft jufte, mais 1l ne l’a pas faite avee fon génie ordinaire, Il dit que la pourpre rapporte la belle couleur de pourpre; que le zrwrex eft cou- vert de pointes & de tubercules ; & que le büccin fe diftingue par fes circonvolutions longues & lif- fes ; cependant 1°. il ne devoit pas ignorer que la couleur pourpre fe tire également du rurex comme de la pourpre , & même de quelques efpeces de buccins; 2°. qu'il y a des zurex qui ont très-peu de pointes &c de tubercules ; 3°. que tous les buc- cins ne font pas liffes. Si cet habile homme eût cherché d’autres caraéteres plus eflentiels , il eût peut-être prévenu les erreurs que fon autorité a fait naître fur cette matiere. Comme la famille des rurex eft d’une très-grande étendue , 1l eft à-propos d’en former des divifions prifes des marques générales communes à un cer- tain nombre d’efpeces. 1°. Quelques-uns font tout oarnis de tubercules & de pointes noirés, éminentes &t remarquables. 2°. D’autres font unis, ayant la clavicule peu chargée de pointes, & le bec re- courbé. 3°. Il y a des efpeces dont les levres font garnies de doigts. 4°. On voit d’autres efpeces à le- vre ailée & déchirée. 5°. Il y a même une efpece unique de #urex, dont la bouche va de droite à gauche. Les efpeces générales dont nous venons de ” parler, fe trouvent dans les cabinets des curieux. Aïnf, dans la premiere clafle qui comprend les efpeces de zzurex garnis de pointes & de tubercules noirs , on connoit 1°. le wwrex à pointes émouf- fées & noires, avec le fommet applati; 2°. le urex couleur de cendre, entouré de piquans noirs, avec une clavicule élevée; 3°. le #wrex à pointes émouf- fées bleuâtres, avec un fommet applati ; 4°. le mu- rex fauve, entouré de quatre rangs de pointes émouf- fées ; 5°. le zurex blanchâtre, remarquable par deux rangs de pointes pliées ; 6°. le zurex brun & le blanc, à trois rangs de pointes ; 7°. le murex jaune, à pointes rangées régulierement ; 8°. le wu- rex blanchâtre, couvert de boutons jaunes, la bou che violette avec des dents des deux côtés ; 0°, le murex qu'on nomme hériffon blanc , à pointes noires & à bouche dentée ; 10°. le zurex nommé le 4os veiné ; 11°. le murex qu’on nomme la mufique avec ‘un fût ridé. 12°. Le murex qu’on appelle le pZein- chant; 33°, le murex dit le foudre, à fût ride; 14°. le murex barriolé, avec une clavicule élevée & ra boteufe; 15°. le murex ondé, avec un fommet éle- vé, raboteux & étagé ; 16°. le murex blanc, rayé, dont le fommet eft garni de longues pointes ; 17°. le murex fauve, à côtes, raboteux de tous côtés & can- nelé; 18°. le rxrex plein de verrues, de ffries, om- _biliqué, avec un fommet rougeûtre. Dans la feconde clafle compolée de wurex unis, dont la clavicule eft peu chargée de pointes, & le bec recourbé, , font compris, 1°. le mwurex triangu- laire ou le cafque de Rondelet, à bouche dentée & à lèvre repliée ; 2°. le murex, dit le surban rouge, plein de boutons, dont Les levres font étendues des MUR deux côtés; 3°. lé murex en forme de cafque, dont parle Bonnani; 4°. le cafque couleur d’agate, à bou- che moins dentée; 5°. le cafque bariolé de taches fauves ; 6°. le cafque couleur de cendre , fans bou- | tons; 7°. le cafque blanc, ondé de lignes jaunes; 8°. le cafque agate, féparé par des taches fauves & régulieres; 0°. le cafque bleu, à firies, ondé de lignes roufles en zigzags. #2 La troifieme clafle et des zurex, dont les levres font garnies de doigts; 1°. le murex furnommé arai- gnée ; 2°. celle qu'on appelle Zambis ; 3°, le murex qu'on nomme le crochet ou l’araignée male ; 4°, le mu- rex appellé araignée femelle ; 5°. celle dite la rzille- piés, très-groffe, qui a des cornes felon Rumphius ; 6°. celle qui a fept doigts felon Pline ; 7°. celle. qui a cinq doigts ou grofles pointes ; 8°, l’araignée qui a quatre doigts felon, Rondelet ; 9°, celle qui a fx excroifflances cannelées ; 10°. le #wrex appellé le fcorpion dont la bouche eft rayée de petites li- gnes; 11°. le fcorpion de couleur rouge, & dont les pointes font droites; 12°. celui à pointes re- courbées femblables au bec d’un corbeau; 13°. le _ murex à lèvre pliée en cinq excroiffances, de qou- leur bleue, blanche & fauve: , La quatrieme clafle comprend les murex à lèvre ailée & déchirée. On rapporte à cette clafle, 1°. le murex, dit l'oreille d'äne , rouge en-dedans, avec un bec recourbé ; 2°. le murex triangulaire, entouré de grande ftries & de tubercules, nommé l’orei/le de cochon ; 3°, le murex à bouche rouge, & le füt noir; 4°. le murex nommé gueule notre ; 5°. le murex à bouche blanche & brune; 6°. le zurex appellé la tourterelle à bouche faite en oreilles, dont parle Rumphius, avec une pyramide pleine de piquans; 7°. celle à levre étendue, rougeâtre, découpée avec une clavicule pleine de pointes; 8°. le urex rouge à levre déchirée, & la clavicule garnie de piquans; 9°. le zurex bariolé , plein de verrues, à lèvre dé- chirée & éparfle ; 10°. le mwrex jaune à levre déchi: _ ïée & la tête boffue ; 11°. le ventru à levre repliée, de couleur de plomb ; 12°. le #murex uni, à levre épaiñie & pliée, & la columelle dentée; 13°. le murex Jaunâtre & à tubercules, à levre repliée, dentée d’un côté &c tacheté de l’autre ; 14°: le murex jaune, avec une côte réguliere & tachetée, qui prend du fommet vers la queue, traverfant par le milieu du dos; 15°. le murex couleur de cendre, à côtes, la levre étendue du côté du füt; 16°. en- fin, le murex blanc, ventru, à côtes, & la columelle étagée. Le l Le P. Plumier nous apprend que le murex Îe nomme en Amérique le piffeur, à caufe qu'il jette promptement fa liqueur, qui eft la pourpre. Il paroït que l’animal qui habite la coquille du rnurex ou rocher; eft le même que celui qui occu- pe les cornets & les olives; & c’eft peut-être la raifon pour laquelle les auteurs ont confondu juf- qu’à préfent ces trois genres de coquilles, auxquelles ils ont encore ajouté les pourpres & les buccins. Il eft vrai que le murex approche aflez de la pour- pre pour la figure intérieure & extérieure, & qu'il ne paroit d’abord de différence que dans la cou- leur, dont la partie fupérieure eft d’un blanc jau- nâtre, & l’inférieure tire fur un brun verdûtre, Mais le murex fe diftingue par fa bouche alongée, garnie dé dents, & par fon coips, qui au lieu de feuilles déchirées & de piquans, comme en ia pour- - pre , eft couvert de pointes, de boutons, de côtes, de tübercules, de crochets ou de doigts quelque- fois peu faillans : fouvent le murex eft tout nud comme le cafque, avec cependant des replis & des apparences de tubercules qui le font reconnoître pour un véritable murex. Gelui qu’on nomme Ja #e//e mulique , eft couvert MUR 869 d’une croûte blanche aflez épaifle qui cache les différentes couleurs de fa robe. Ce que ce coquil- lage a de fingulier, eft fa tête & fon cou qui font extrémement gros, avec des yeux éminens qui faillent en-dehors. $on mufeau eft occupé par une grande bouche chagrinée dans fon pourtouf; fa chair eft d’un blanc fale tirant fur le cendré. | Tous ces détails font tirés de lÆifloire rarurelle éclaircie, où les curieux trouveront de très-belleg Planches de ce genre de coquillage. (D. J) MURGIS, (Géog. ànc.) ville de l’Efpagne béti- que, fur la côte de la mer d’Ibèrie, felon Pline /. ZI: c, 7. Si l’on en croit les uns, c'eft A/meria, & on s’en, rapporte à d’autres, c’eft Muxacra. Le pere Hardouin prétend que la Murgis de Pline eft diffé- rente de celle que Prolomée, Z. IL c. iv, donne aux Turdules bétiques, & qu'il place dans les ter- res. Quelques-uns croient que cette derniere eft Murcie capitalé du petit royaume de même nom. Voyez Mur cie. (D. J.) . MURICITE; (Æif4 nar.) c’eft le nom d’une co- quille foffile qui eft connue fous le nom de pour- pre, &r en latin rrurexi au MURIE , ( Hif£. nar.') en latin muria, nom du fel. marin diflout. La zzurie ; felon Diofcoride , eft une faumure ;, ou une efpece de fel propre à conferver la viande & le poiffon. Cette faumure ef encore pro= pre à nettoyer les ulceres ; à guérir dé la morfure des chiens enragés , à préferver de lagangrene, en fin à refoudre & deffécher les parties malades: Linæus diftingue fix fortes de murie: La murie marine , muria marina , eft un fel marin qui fe cryftallife en forme cubique & exagone , fe! difout dans Peau; & participe beaucoup de la na- ture du nitre. Il s’attiäche aifémient aux pierres, & fe fait tant par évaporation que par cryftallifation. La murte de fontaine ; #uria fontana, eft celui qui fe tire des fontaines par évaporation ; il eft plus foii ble que le {el marin , très-fâcilé à difloudre dans l’eau, & pérille peu dans le feu : cefel fe tire fouvent par gros morceaux, près de Lunébourg 8 d’Hatz= bourg en Allemagne; celui de Hall en Saxe, vienten pluspetits grains , & en grande quantité; La murie foffile ; muria foffilis | qui eft le vrai {ef gemme , eft demi-traniparent, formé en cryftaux, & fort dur. Il fe diffout difficilement dans l’eau, & pétille dans le feu. On en trouve de blanc, desris, de rouge, de bleu, & de plufeurs autres couleurs réfultantes du minéral dont il étoit voifin: La #urie de Salsfeld , en latin #uria Jphatofa } rhombea , préfente des crÿftaux de forme rhomboï- de &c tient de la nature du fpath, détaché de toute autre matiere: La murie lumineufe , enlatin murie lapidea phofpho: rans , eft un fpath lumineux comme un phofphore ; il ÿ en a de blanc, de jaune , de pourpre & de verd : il fe découvre dans les carrietes , fans aucune mar: que de cryftallifation, parce qu’il la perd en croif: fant. Onremarque que cè fel ne luit que quand il eft échauffé , ce qu'il a de commun avec tous les phof: phores, La plus grande partie de ce fel fe trouvé en Allemagne. $ La murie pierrenfe 8 {aline , muriafaxi ex micé [pas thoque , fe tire d’un caillou mêlé d’un fpath jaune & d'un fel fondu à l'air. Plufeurs de ces pierres ex- pofées à cet élément , augmentent de poids, comme fi elles en avoient attiré quelques particules. On trouve de pareilles pierres dans la Finlande & la Gothlande. | On peut ajouter à ces fix efpeces de murie la ms rie végetale , & la murie animale, La murie végétale , muria plantarum , eft celle que fourniflent plufieurs végétaux , tels que la plante 870 MUR kali, dont eff compofée la foude qui fert à former les places êc les verres. e e : La murie animale, rurid animalis | fetire de l’uri- ne, des os & autres parties du corps des animaux , quoique ces animaux ne mangent Jamais de fel; on en voit un exemple dans le fang de bœuf, & dans l'urine de cheval, (D. J.) MURIER , f. m. ( if. nat. Bor, ) genre de plante à fleur en chaton. Il y a plufieurs étamines qui s’é- levent du fond du calice. Ce calice eft compofé de quatre feuilles , & fférile. L’embryon naït féparé- ment , & devient un fruit compofé de plufieurs pe- tits pelotons d’écailles pleines de fuc, qui renfer- ment une femence arrondie, Tournefort , Inff, rei herb, Voyez PLANTE. | MuRiER , f. m. ( Jardinage.) morus , arbre dont on connoît trois principales efpeces : le mérier noir, qui s’eft trouvé en Europe de toute ancienneté ; le mérier blanc , qui eft originaire de l’Afe ; êc le m#- rier rouge, qui nouseft venu affez récemment de l’A- mérique feptentrionalé. Ces arbres font fi différens, fiutiles, fi précieux , qu’on ne peut trop s’appli- quer à raflembler tous les faits intéreflans qui pour- ront fervir à les élever & à les cultiver avec fuc- cès. Je traiterai donc de chacun féparément. Le mérier noir eft un gtand arbre dont Îa tige or- dinairement tortueufe, prend une bonne groffeur , mais elle ne fe drefle qu'à force de foins. Il jette beau- coup de racines qui n’ont prefque point de chevelu, &c qui s'étendent beaucoup plus qu’elles ne s’enfon- cent. Elles font fortes & aëtives ; elles s’'infinuent fons les pavés , elles pénetrent dans les murs. Son écorce et ridée, épaife , fouple & filamenteufe ; fes feuilles font grandes, dentelées, épaifles, rudes au toucher, lanugineufes en-deflons , & elles fe ter- minent en pointe ; la plüpart font entieres, & quel- ques-unes diverfement échancrées ; elles font d’un verd foncé : elles viennent tard au printems, &elles commencent à tamber dès la fin de l’êté. Nulle fleur particuliere à cet arbre ; le fruit paroît en même-tems que les feuilles, & il porte les étamines qui doivent le féconder. C’eft une forte de baie affez profle , lon- gue , grumeleufe ; qui eft d’abord verte &e âcre, qui devient enfuite rouge & acide, & qui eft molle, noire & très fucculente dans fa maturité. C’eft au mois d’Août qu’elle arrive à fa perfeétion. Cet arbre eft robufte & de longue durée ; mais fon accroiflement eft très-lent dans fa jeuneffe; il ne fe multiplie pas aifément , & il ne réuflit pas volon- tiers à la rranfplantation, fur-tout lorfqw’il a été ar- raché depuis quelque tems. Le marier noir aime les lieux tempérés , les plai- nes découvertes, les pays maritimes: il fe plaît auffi für la pente des monticules, àl’expofition du levant, dans les terres meubles & légeres , franches &x fa- blonneufes , ni trop feches , ni trop humides ; dans les potagers, dans les bafle-cours , & fur-tout dans le voifinage des bâtimens oùil puiffe être à l’abri des vents d’oueft & de fud-oueft, qui font tomber fon fruit ; mais 1l fe refufe au tuf, à l’argille, à la marne & à la craie , à l'humidité trop habituelle , au voifi- nage des grandes prairies & des eaux ftagnantes ; il ne réuflit pas dans les terres fortes, dures, arides & trop fuperfcielles ; il dépérit dans un fol vague &in- culte ; 1lcraint les lieux trop expofés au froid , l’om- bre des erands bâtimens , le voifinage des autres ar- bres, & on ne le voit jamais profpérer fur la crête des montagnes. On peut multiplier cet arbre de plufeurs façons ; la plüpart fort longues, quelques-unes très incertai- nes , & d’autres d’une pratique peu aifée, D’abord de rejertons pris au pié des vieux arbres négligés ; mais ils font prefque toujours fimal enracinés , qu'ils manquent fouvent, Ou languiflent long-tems. De MUR racines affezgroffes , détachées de larbre &e replan- tées ; autre expédient fujét aux mêmes inconve- niens , & encore plus incertain. De bousures qui, faites à l'ordinaire , réuffiffent entrès-petit nombre, &c font huit ou neuf ans à s'élever de fix piés. De femences qui font le moyen le plus long & le plus mi- nutieux ; mais le plus convenable à qui veut fe pro- curer un grand nombre de plants. Par /a greffe que l’on peut faire de différentes façons, quiréufht difi- cilement, & qui ne donne pas de beaux arbres ; 6c enfin, de branches couchées, qui font la voie la plus courte, la plus facile , la plus sûre & la plus propre à donner promptement du fruit. On peut coucher ces branches depuisle mois d'Oc: tobre jufqu’à celui d'Avril; le plutôt fera le meilleur. En couchant les branches du swrier noir, il faudra les marcotter. Pour l’exaétitude de l'opération , voyez MARGOTTE. Si la terre eft bonne & que l'ouvrage foit bien exécuté, quelques-unes auront d’affez bon- nes racines au bout d’un an; il fera pourtant plus sûr de ne les enlever qu’aprèsla feconde année : mais fi + l’on veutavoir des plants un peu forts & bien condi- tionnés , il faudra ne les tranfplanter qu’au bout de trois ans, & l’on fera bien dédommagé de lattente par le progrès qui fuivra. Si l’on vouloit par cette même méthode fe procurer un plus grand nombre de plants , il faudroit coucher en entier un mérier de moyenne grandeur , marcotter toutes fes branches, &c les couper à trois pouces au-deffous de terre ; de cette façon on accéléreroit du double laccroiffe- ment des plants, &c ils feroient plus forts , plus orands , mieux dreflés & mieux enracinés au bout d’un an, que les marcottes faites au pié de l’arbre ne le feroient après deux ou trois ans. Pour faire des boutures de zzurier | on prend or- dinairement des jeunes rejettons de cet arbre, que l’on coupe de fix ou fept pouces de longueur que l’on plante droits, comme un poireau dans des plate- bandes à l’ombre , que l’on abrite contre le foleil , que l’on arrofe fréquemment , & qui avec tous les foins poffibles ne réufliffent qu’en très-petit nombre; encore ces foibles produétionsfont-elles deuxou trois ans à languir & à dépérir en partie : mais on peut faire ces boutures avec plus de fuccès. Il faut au mois d'Avril prendre furun arbre vigoureuxles plus forts rejettons de la derniere année , les couper avec deux ou trois pouces de vieux bois, choïfir ceux qui pourront avoir au moins deux à trois piés de lon- gueur; on préparera , n'importe à quelleexpofition, une planche de bonne terre de potager, meuble, lé- gere , moëlleufe , qu'il faudra mêler de bon terreau & la bien cultiver jufqu’à deux piés de profondeur : la planche ainf difpofée , l’on commencera par faire à l'un dés bouts une foffe de deux piés de largeur & de fix à huit pouces de profondeur ; on y couchera douze où quinze branches auxquelles on fera faire le coude le plus qu’il fera poffible fans les caffer ; on lesarrangera de maniere qu’elles ne fortiront deterre que d'environ trois pouces , & qu’elles borderont l'extrémité de la planche : enfuite on couvrira ces boutures à peu-près de fix ou huit pouces deterréen hauteur & en épaifleur du côté que les branches font coudées ; puis on élargira d’autant la foffe ; on for- mera une autre rangée de branches couchées & re- levées contre cette bute deterre ; on les recouvrira de même , & on continuera de fuite jufqu’à ce que toutes les branches foient couchées : nul abri contre le foleil, nul autre foin après cela que de fairearro- fer abondamment ces boutures une fois la femaine dans les grandes fécherefles. Il en manquera peu, elles poufferont même affez bien dès la premiere année, & elles feront plus de progrès encinqans, que les boutures faites de l’autre façon n’en ne en dix années. Il faudra les lever au bout de trois MUR ans, rettancher le fuperfu de la racine tortueufe, _ & les mettre en pépiniere. On pourra même replan- ter ces morceaux de racines qui auront au moins un pié de longueur & qui formeront promptement de nouveaux plants, Ontrouve encore dans les anciens anteuts d'agriculture une autre méthode de faire des boutures, qui peut avoir fon mérite ; c’eft de pren- dre une groffe branche de ##rier, de la fcier entron- çons d’un pié de long , de les enfoncer tout entiers {ur leur bout dans la terre, en forte qu’ils n’en foient recouverts que d'environ trois doigts: le bas du tron- çon fait racine, le deflus poufle plufieurs tiges ; cette pratique eff très-convenable pour former des meres. Pour faire venir le mérier de graine , l’on choifit les plus groffes mûres noires, & de la plus parfaite maturité , celles fur-tout qui tombent d’elles-mé- imes : on dépofe les müres fur un grenier pendant quelques jours pour qu’elles achevent de s’y mûrir : ona foinde les remuer chaque jour pour empêcherla fermentation & la pourriture, Quand on croit la ma- turité à {a perfeéhion , on met les mûres dans un ba- quet d’eau ; on les frotte avec la main pour en fépa- rer la graine en les écrafant & en délayant la pulpe : par ce moyen Ja bonne graine tombe au fond du ba- quet, dont On rejette tout ce qui furnage : on verfe ‘ doucement l’eau en inclinant le baquet , on repañle la graine dans plufieurs eaux pour commencer de la nettoyer : on la fait fécher à l'ombre, enfuite onen Ôte toute la malpropreté, & on la met dans un lieu fec pour ne la femer qu’au printems. Il eft vrai qu’on pourroit le faire auflitôt après la récolte, & pourle plutôt, dans ce climat , au commencement d’Août : mais On s’expoleroitau double inconvenient de voir périr les jeunes plants ou par les chaleurs de la cani- cule, ou parles gelées de l’hiver fubféquent ; à moins que l'en n'eût pris les plus grandes précautions pour les garantir de ces deux extrèmes : encore n’en ré- fuiteroit -1l aucune accélération dans l’accroiffe- ment, Jai fouvent éprouvé que les plants venus de graine femée au printems , furpañloient en hau- teur &t en beauté ceux qui avoient été femés l’été précédent. Le mois d'Avril du dix au vingt, eft le tems le plus convenable pour cette opération: fi on vouloit le faire plutôt, il faudroit femer {ur couche : on les avance beauconp par ce moyen , êc les jeunes plants font en état d’être mis en pépi- niere au bout d'unan; maisils exigent de cette façon beaucoup de foins & des arrofemens continuels. Cette méthode ne peut convenir que pour une petite quantité de graine : il faut préférer la pleine terre pour nn femis un peu confidérable, Il faut choifir à une bonne expoftion une terre de potager qui foit meuble, légere, fraiche , en bonne culture & mé- ie de fumier bien confommé, ou de terreau de cou- che. On [a difpofera en planches de quatre piés de largeur, fur chacune defquelles on formera en lon- gueur quatre où cinq rayons d’un bon pouce de pro- fondeur , on y femera [a graine auffi épais que pour Ta laitue : 1l faut une once de graine de, mérier pour femerune planche de trente piés de long , qui pourra produire quatre à cinq mille plants. Si la graine que Von veut femer paroît defféchée , on fera bien de la laïfler tremper pendant vingt-quatre heures , afin d’en avancer la 2ermination. Pour recouvrir la oral- ne , il faut fe fervir de terreau de couche bien con- fommé & paflé dans un crible fn ; on répandra ce terreau avec la main fur les rayons, en forte que la graine ne foit recouverte au plus que d’un demi-pou- ce d'éparffeur : on obferve fur-tout qu’il faut faire ce dernier ouvrage avec grande attention ; car c’eft le point eflentiel de l’opération , & d’où dépendra prin- cipalement tout le fuccès : enfin, on laifera les plan- ches en cet état fans les niveller en aucune façon. Il ne fera pasinutile , quoiqw’on puifle s’en difpenfer, MUR St _ de prendre la précaution de garnir {es pläniches d’un peu de paille longue, fort éparfe pour ne laïfler pé=« nétrer l'air & le foleil qu’à demi, & pour empêcher que la terre ne foit battue par les arrofemens ; mais 1l faudra les faire légerement & modérément » dé deux ou trois jours l’un, à proportion que la fêche refle fe féra fentir. La graine levera communément au bout de trois femaines. L'on continuera les arro- femens, toujours avec difcrétion, felon le befoin , 0€ l’on ôtera foigneufement les mauvaifes herbes par de fréquens binages , avec d’autant moins d’incon- veniens, que les rayons du femis feront plus {pa cés. Ce ne fera guere qu’au bout de trois ans que la plüpart des jeunes plants feront affez forts pour être mis en pépimiere; & il faudra cinq ou fix autres an- nées pour les mettre en état d’être tranfi plantés à des meure. La greffe n’eft pas un moyen de grande reflonrce pour la multiplication du mérier noir | parce qu’elle réuflit difficilement , & qu’il n’en réfulte aucune ac célération d’accroïfflement. Le mérier noir peut fe grefier fur le mérier blanc de toutes les façons ufitées pour la greffe , fi ce n’eft que celle en fente réuffit très-rarement, De toutes les méthodes » celles en écuflon & en flûte font les meilleures, La greffe en flûte fe fait avecle plus de fuccès au commencement du mois de Juin ; mais comme cette pratique eft mi- nutieufe , & qu'on ne peut l’appliquer qu’à des pe- tits fujets , on préfere la greffe en écuflon, qui eft plus facile , plus expéditive & plus aflurée. Cette greffe fe fait dans les mêmes faifons que pour les ar- bres fruitiers ; c’eft-à-dire dans la premiere feve Ce qui s'appelle écrffonner à la pouffe ; & durant la {e- conde feve, ce qui fe nomme l’écuflon à œil dormant. Si l’on greffe dans le premier tems , les écuflons ne pouffant que foiblement , font fujets à périr pendant l'hiver : il fera donc plus prudent de ne grefer qu'à œ1l dormant à la fin de Juillet , où dans le mois d’Août, Quoique ces écuflons réuffiffent communé- ment , & qu’on les voie pouffer vigoureufement au printems fuivant , il y a encore les plus grands rif ques à courir. Le peu de convenance qw’il y aentre le fujet & la greffe tourne à inconvenient. La feve furabondante du mérier blanc ne trou vant pas la mê- me fouplefle dans les fibres , ni peut-être ‘la même texture dans le bois du mérier noir | s’'embarrafle, fe gonfle, s’extravale, & fait périr la greite ; c’eft ce que j'ai vu fouvent arriver. Le mois d’Oëtobre eft le temsle plus propre à la tranfplantation de cet arbre, lorfqu’il eft d’une grof- feur fuffifante pour être placé à demeure. Maiss’il ef queftion de mettre de jeunes plants en pépiniere , il ne faudra les y planter qu’au mois d'Avril, Il ne faut à cet arbre qu'une taille toute ordinaire. On aura feulement attention, lorfqu’on le tranfplante,de n’ac- courcir fes racines que le moins qu'il fera poffble, parce que n'ayant prefque point de chevelu , il leur faut plus de volume pour fournir les fucs néceffaires au foutien de l'arbre. Il faut beaucoup de culture au märier noir dans {a jeuneffe feulement ; mais j'ai re- marqué qu'après qu'il eft tranfplanté à demeure, qu’il éftrepris, bien établi & vigoureux, il faut cef. fer de le cultiver, & qu’il profite davantage , lor- qu’il eft fous un terrein & fous une allée fablée {ur- tout. = La feuille de mérier noir eft la moins propre à la nourriture des vers-à-foie, & on ne doit abfolument s’en fervir que quand on ne peut faire autrement , parce qu'elle ne produit qu'une foie groffiere, forte, pefante & de bas prix ; mais on peut la faire fervir à la nourriture du bétail : elle lui profite & lengraif- {e promptement. Jamais les feuilles du érierne font endommagées par les infeftes, & on en peut faire un bon dépilatoire enles faifant tremper dans Puris 872 MUR ne. Elles ont encore la vértu de chaffer les punaifes, «8 d'enlever les rouffeurs du vifages | Les mûres font bonnes à manger elles font aflez “agréables au goût , &c même fort faines. Mais de tous es fruits qui {fe mangent, iln’y a peut-être que celui du mérier dont il ne faut pas attendre la parfaite ma- turité, pour qu'il foit profitable. Les mûres doivent feulement être d’un ronge tirant furle noir:pour faire ‘un bon aliment, encore n’en devroit-on manger que -quand on'a l'eflomac vuide ; elles excitent l'appétit, & elles font rafraîchiflantes. Onen fait du fyrop ‘pour les maux de gorge. Si l’on veut avoir des mû- res très-erofles , 1l faut mettre le mérier noir en el- palier contre un mur expofé au nord, © Le bois du wérier noir eft jaune dans le cœur, & fonaubier-eft blanchâtre. Il eft compaéte , pliant &e plus dur que celui du mérier blanc : 1l eft de longue ‘durée ; il noïrcit en vieilliffant , &1l réfifte dans Veau prefqu’aufli-bien que le chêne ; auf peut-on l’employer au pilotage : ileft propre au charronage, à la menuiferie ; ‘on en tire des courbes pour les ba- teaux ; on peut le faite fervir aux mêmes ouvrages où l’on emploie orme. Ce bois, loin d’engendret aucune vérmine, a , comme les feuilles , la vertu de -chaffer les punaifes. Il reçoit un beau poli, ce qui le fait rechercher par les tourneurs , les ébéniftes &c les graveurs ; c’eft même un bon bois de chauffage, Le rérier blanc , arbre de moyenne grandeur ; fun des plusintéreflans que l’on puiffe cultiver pour le profit des particuliers & pour le bien de l’état. Cet arbre eff la bafe du travail des foies, qui font en France une branche confidérable de commerce. Après la toile qui couvre le peuple, & la laine qui ‘habille les gens de moyen état, la foie fait le brillant vêtement des grands, des riches, des femmes fur- tout, & de tous les particuliers qui péuvent fe pro- curet les fuperfluités du luxe. On la voit décorer les palais, parer les temples , & meublertoutes les maï- fons où regne l’aifance. Cependant c’eft la feuille du mârier blanc qui fait la fource de cette prétieufe ma- tiere ; il s’en fait une confommation fi confdérable dans ce royaume, que malgré qu'il y ait déja près de vingt provinces qui font peuplées devrériers, & où l’on fait filer quantité de vers à foie, néanmoins, il faut tirer de l'étranger pour quatorze ou quinze millions de foies. Et comme la confommation de nos manufaétures monte à ce qu’on prétend à environ vingt-cinq millions , il réfulte que les foies qui vien- nent du cru de nos provinces ne vont qu’à neuf on dix millions. Ces confidérations doivent donc enga- get à multiplier de plus en plus le mérier blanc. Les particuliers y trouverontun grand profit, & l’état un avantage confidérable. C’eft donc faire le bien pu- blicque d'élever des mériers. Quoi de plus féduifant! Le mérier blanc tire fon origine de l’Afe. Dans les climats tempérés & les plus orientaux de cette afte partie du monde, le zérier 8t les vers à foie ont été connus de toute ancienneté. L'arbre croit de lui- même, & l’infeéte s’engendre naturellement à la Chine. Quipeut favoir l’époque où le chinois a com- mencé à faire ufage des cocons de foie qui fe trou- ‘voient fur le mérier ? Peu-à-peu cet arbre a traverfé des grandes Indes pour prendre dans la Perfe le plus {olide établiffement ; de-là il a pañlé dans les iles de l’Archipel, où on a filé la foie dès le troifieme fiecle. La Grece eft redevable à des moines de lui avoir ap- porté dans le fixieme fiecle , fous l’empereur Jufti- nien des œufs de l’utile infe@te , &c des graines de l'arbre qui le nourrit. À force de terms, l’un & l’autre paflerent en Sicile &c en Italie. Auguftin Gallo , au- teur italien, qui a écrit fur l’Agriculture en 1540, aflure que ce n’eft que de fon tems qu'on a commen- cé à élever les mériers de femence en Italie, d’où œn peut conclure que ces arhres n’y étoient alors MUR qu’en petit nombre , puifque ce n’eff que par la {s mence qu’on peut faire des multiplications en grand Enfin le »érier a paflé en France dans le qüinzieme fecle fous Charles VIT. il a encore fallu plus de cent années pour faire ouvrir les yeux fur l'utilité qu'on : en pouvoittirer. Henri Il. a commencé dejetter quel- ues fondemens pour établir des manufaétures de foie à Lyon & à Tours. Mais Henri IV. ce grand rois ce pere du peuple, atenté le premier d'exécuter la ‘chofe en grand , a fait élever des mériers, & a donné de la confiftence aux premieres manufa@utes de foi: ries, Enfuite a paru avec tant d'éclat Louis XIV. ce roi grand en tout, attentif à tout , & connoïffeur en tout. Il avoit choifi pour miniftre Colbert : ce vañte. génie qui préparoit le bien de l’état pour des fiecles fans qu’on s’en doutât , fit les plus grandes offres pour la propagation des #riers dans les provinces méri- dionales du royaume ; car il étoit raifonnable de commencer par le côté avantageux. Autant il en fai- foit planter, autant les payfans en détruifoient. Ils n’envifageoient alors que la privation d’une Lifiere de terre, & ne voyoient pas le produit à venir des têtes d’arbres qui devoient s'étendre dans l'air. Le miniftre habile imagina le moyen d’intérefler pour le moment . le propriétaire du terrein. Il promit vingt-quatre fols pour chaque arbre qui feroit confervé pendant trois ans. Îl tint parole , tout profpéta. Auf par les foins de ce grandhomme , le Lyonnois, le Forès, le Vi« varez, le bas Dauphiné , la Provence &le Langue- doc , la Gafcogne, la Guyene & la Saintonge , ont été peuplées de mériers. Voilà l’ancien fond de nos manufactures de foieries. Il fembloit que ce fuflent là des limites infurmontables. pour le zrérier ; mais Louis XV. ce roi fage , ce pere tendre, amour de {on peuple, a vaincu le préjugé où l’on étoit , que le refte du royaume n’étoit propre ni à la culture du Mmurier, ni à l'éducation des vers à foie. Par fes or- dres, feu M. Orry , contrôleur général , à force d’ac- tivité & de perfévérance , a fait établir des pepinieres de märiers dans l’Angoumois, le Berry, le Mame ; & l’Orléanois ; dans l'ile de France, le Poitou &c la T'ourraine. Il a fait faire en 1741 un pareil établife- ment à Montbard en Bourgogne ; & les érats de cette province en 1754 ont non-feulement établi à Dijon une feconde pepiniere de ériers très-étendue & des mieux ordonnées ; mais ils ont fait venir du Langue- doc des perfonnes verfées dans la culture des m#- riers & dans le filage de la foie. M. Joly de Fleury, intendant de Bourgogne , à qui rien d’utile n’échap- pe, a fait faire depuis dix ans les mêmes difpoñtions dans la province de Brefle. Enfin la Champagne êe la Franche-Comté ont commencé depuis quelques an- nées à prendre les mêmes arrangemens. Le progrès de ces établiffemens pañle déja les efpérances. Quels fuccès n’a-t-on pas droit de s’en promettre ! Le rurier blanc fait un arbre de moyenne gran deur ; fa tige eft droite, & fa tête aflez répuliere : {es racines font de la même qualité que celles du w24- rer noir , fi ce n’eft qu’elles s’étendent beaucoup plus w’elles ne s’enfoncent. Son écorce eft plus claire, plus fouple, plus vive, plus life & plus filandreufe. Sa feuille, tantôt entiere , tantôt découpée, eftd’un verd naïflant d’agréable afpett; elle eft plus mince, plus douce , plus tendre , & elle paroï environ 15 jours plütôt que celle du #érier noir, Le fruit vient de la même façon, mais plûtôt ; 1l eft plus petit. Il y en a du blanc, du purpurin & du noir; il eft éga- lement douçâtre, fade & defagréable au goût. Il mûrit fouvent dès la fin de Juin. Cet arbre eft robufte, vient très-promptement , fe multiplie fort aifément, réuflit, on ne peut pas mieux, à la tranfplantation , & on peut le tailler ou le tondre fans inconvénient dans prefque toutes les faifons, Dans l'intérieur du royaume , & dans les provinces rovinces feptentrionales, il faut mettre le mérier blanc à de bonnesexpoñtions , au midi & au levant, fur-tout à l'abri des vents du nord & du nord- oueft : ce n'eft pas qu'ils ne puiflent réfifter aux in- tempéries que cés vents caufent ; mais comme on necultive cet arbre que pour fes feuilles, qui fervent de nourriture aux vers à foie , il faut éviter tout ce qui peut les flétrir au printems, ou en retarder la venue. Ce mérier {e plait fur les pentes douces des montagnes, dans les terres franches mêlées de fable, dans les terres à blé, dans les terres noires , légeres &t fablonneufes, & en général dans tous les terreins où la vigne fe plaît. C’eft l'indication la plus cer- taine pour s’aflurer s'il fera bien dans un pays. Cet arbre ne réuflitpas dans les terres trop légeres, trop arides , trop fuperficielles ; il n’y fait point de pro- grès, Mais il craint encore plus la glaife, la craie, la marne, le tuf, les fonds trop pierreux, les fables mouvans, la trop grande féchereffe & l’humidité permanente. À ce dernier égard, il faut de l’atten- tion : le mArier pourroit très-bien réufüir Le long des tuifleanx, dans les terres où il y a des fuintemens d’eau ; mais fa fenille perdroït de qualité ; elle feroit trop crue pour les vers. Par cette même raifon il faut fe garder de mettre le ##rier dans les fonas bas, dans les prairies , dans les lieux ferrés & ombragés. Cet arbre demande abfolument à être cultivé au pié pour produire des feuilles de bonne qualité ; c’eit ce qui doit empêcher de les mettre dans des terres en fain- foin, en luzerne, &c. mais on ne doit pas l’exclure desterres labourables ; dont les cultures alternatives lui font grand bien. On peut multiplier cet arbre par les moyens que l’on a expliqué pour Le mérier noir ; fi ce n'eft que de quelque façon qu’on éleve le märier blanc , il réuflit toujours plus aifément, & il vient bien plus promp- tement que le noir : on prétend même qu’il n'y a nulle comparaïfon entre ces deux fortes de mériers pour la viteffe d’accroiflement , & c’eit avec jufte raifon ; car il m’a paru que le blanc s’élevoit quatre fois plus vite que le noir. Je vais rappeller ces diffé- rentes méthodes de multiplication pour les appli- quer particulierement au wérier blanc. 19. De rejettons enracinés que l’on trouve ordinai: rement au pié des vieux arbres qui ont été négligés. On fait arracher ces rejettons en leur confervant le plus de racines qu'il eff pofible : on accourcit celles qui font trop longues ; on metces plants en pepiniere, & on retranche leur cime à deux ou trois yeux au- deflus de laterre. | 2°, Par les racines, Dans les endroits où on a ar- raché des arbres un peu âgés, les racines un peu for tes qui font reftées dans la terre pouflent des reiet- tons. On peut les faire foigner , & les prendre l’an- née fuivante, pour les mettre en pepimere de la mé- me façon que les rejettons. | 3°. Debourures. Voyez la méthode de les faire qui a été détaillée à l’arsicle du MüriEr Noir. Toute la différence qui s’y trouvera, c'eft que les boutures de mérier blanc feront plus aifément racines , & pren- dront un accroiflement plus prompt, enforte qu’on pourra les lever & les mettre en pepiniere au bout d’un an. 4°, De branches couchées. Voyez ce qui a été dit À ce fujet pour le wurier noïr.La différence qu'il y aura ici, c'eft qu'il ne fera pas néceffaire de marcotter les branches , & que faifant racine bien plus prompte- ment que celles du z7érier noir , elles feront en état d’être tranfplantées au bout d’un an. 5". Par la greffe, C’eft-à-dire qu’on peut multiplier par cé moyen les bonnes efpeces de zurier blanc ,en les greffant fur celles que l’on résarde comme infé- rieures, relativement à la quantité de leurs feuilles. s1 l'on en croit les anciens auteurs qui ont traité de Tome X, Re * MUR 873 l'Agriculture , on peut greffer le mérier fur le tere- binthe , le figuier, le poirier , lé pommier, le chatai. gnier , le hêtre, l'orme, le tilleul, leftêne, le peu- plier blanc, le cormier, l’alifier, l'aubepin, & mê- me fur le grofelier. Ces faits ont d’abord été hafar- dés trésanciennement dans des poéfies pour charget lillufion par dés prodiges , enfuite répétés pendant nombre de fiecles pat un tas d'écrivains plagiaires , puis évoqués en doute par les gens réfléchis ; enfin renveriés & obfcurcis par le flambeau de Pexpé= riénce. Les mériers venus de feménce donnent des feuilles d’une fi grande variété, que fouvent pas un arbre ne teflemble à l'autre, Il y a des feuilles de toute gran deut: 1l s’en trouve qui font entieres & fans décou- pures ; mais la plñpart les ont très petites & très= découpées: ce font ceux-ci que l’on regarde éomme fauvages , parce que leurs feuilles font de très-pe de reffources pour la nourriture des vers à foie : au lieu que l'on appelle z#riers francs , les mériers dont lés feuilles font larges & entieres, & fur-tout ceux qui ont été greflés. Il faudra donc prendre des orefres fur les mériers de bonnes feuilles pour écuffonner cenx qui auront des feuilles trop petites ou trop dé. coupées. Voyez au furplus ce qui a été dit de la prefre pour Le mérier noir. Mais il y aura ici une différence confidérable, qui fera tout à l'avantage du rrérier blanc. D'abord la greffe leur réuiflit avec plus de fa- cité, fur-tout l’écuflon à œil dormant : enfuite on peut greffer des fujets de tout âge, même ceux qui n'ont que deux ans de femence, où ceux qu'ont pailé feulément un an dans la pepiniere. Quand les plants font forts, on les greffe à la hauteur de fx piés. Si les arbres font âgés , &t qu'on ne foit pas content de leurs feuilles , on les coupe à une certaine hauteur , on leur laiffé poufler de nouveaux rejettons que l’on gtefle par après. | | 6°. 29e fèmence. Si l'on n’eff pas à portée de fe pro: curer des graines dans le pays, il faudra en faire ve- nir de Bagnols, on de quelqu’autre endroit du Lan- onedoc ; elle fera meilleure & mieux conditionnée que celle que lon tireroit des provinces de l’inté- rieur duroyaume. Uné livre de graine de m#rier blanc coute huit livres environ fur lieu , & elle peut pro- duire foixante nulle plants, Voyez fur le tems & la mamere de femer , ce qui a été dit pour le wérier noir. Mais il y aura à l'égard du mérier blanc , une grande différence pour l’accroiflement, Les jeunes plants du w#rier blanc s’éleveront dès la premiere année , communément à un pié, & quelques-uns à un pié & demi, On pourra donc, &r il fera même à propos des le printems fnivant au mois d'Avril, d'ô: ter environ un tiers des plants , en choififlantles plus forts pour les mettre en pepiniere ; mais ilne faudra pas fe fervir d'aucun outil pour lever ces plants, parce qu’en foulevant la terre on dérangeroit quan- tité des plants qui doivent refter, Le meilleur parti fera de faire arrofer largement la planche de mérier pour rendre la terre meuble & douce ; cela donnera la facilité de pouvoir arracher les plants avec la main. Au bout de la feconde année, les plants au- ront communément quatre à cinq piés , alors il ny aura plus moyen de différer ; il faudra les mettre en pépimere, Si on les laifloit encore un an, les plants les plus forts étonfferoient les autres ; il'en périroit la moirié. Il°y a un grand avantage à ne mettre ces jeunes plants en pepiniere , que quand ilsfont un peu forts , c'eft à-dire à l’âge de deux ans; ils exigent alors moins d’arrofemens, moins de culture, & bien moins de foins que quandils n’ont qu’un an. On fups pofe que Fon a difpofé pour la pepiniere un terrein convenable &7 en bonne culture, On fait arracher proprement les jeunes plants, que lon nomme poz… rette ; Étaprès avoir accourçi les racines avec difcré S Ssss 874 MUR tion, & coupé le pivot fans rien Ôter de la cime pour ce moment , on les plante à un pré êc demi de diffance en rangées d’alignement , éloignées de trois piés l’une de l’autre. Quand la plantation eft fare, on conpe toutes les pourettes à deux ou trois yeux au-deffous de terre, & on les arrofe felon que le tems l'exige. On ne doit rien retrancher getie pres, miete année des nouvelles poufles, fans quoi on af- foibliroit le jeune plant , attendu que la feve ne s’y porte qu'à proportion de la quantiié de feuilles qui la pompent. Mais au printems fuivant, il faut fup- primer toutes les branches , à l'exception de celle qui fetrouvera la mieux difpofée à former une tige ; encore faudra-t-il enretranchér environ un tiers ou moitié , felon fa longueur , afin qu'elle puiffe mieux fe fortifier. Et toutes les fois que les arbres feront trop foibles , il faudra les couper à fix pouces de terre; enfuite beaucoup de ménagement pour la taille , ou même ne point couper du tout, Je vois que prefque tous les jardiniers ont la fureur de retran- cher chaque année toutes les branches latérales pour former une tige qui en quatre ans prend huit à neuf piés de hauteur , fur un demi-pouce de diametre. Voilà des arbres perdus: ils font foibles, minces, étiolés & courbés. Nulremede que de les couper au pié pour les former de nouveau ; car ils ne repren- droient pas à la tranfplantation. Rien de plus aïfé que d'éviter cet inconvénient , qui eft très-grand à caufe du retard. Il ne faut fupprimer des branches que peu- à-peu chaque année, à mefure que l’arbre prend de la force ; car c’eft uniquement la groffeur de la tige qui doit déterminer la quantité de l’élaguement : &c pour donner de la force à l’arbre, il faut pendant l'été accourcir à den ou aux deux tiers, les bran- ches qui s’écartent trop. Par ce moyen on aura en quatre ans, des arbres de nenf à dix piés de haut fur quatre à cinq pouces de circonférence , qui feront très-propres à être tranfplantés à demeure, On fup- pofe enfin qu’on aura donné chaque année à la pepi- niere un petit labour au printems, & deux ou trois binases pendant l'été pour détruire les manyaifes herbes ; car cette deftruétion doit être regardée com- me le premier & le principal objet.de la bonne cul- ture. Je ne puis trop faire obferver qu'il faut à cet arbre une culture très-fuivie , par rappoït à ce que les plaies qu'on fui fait en le taillant , fe referment difficilement, à moins qu'il ne foit dans un accroil- fement vigoureux. La tranfplantation du w#rier blanc doit fe faire en automne, depuis le 20 Oétobre jufqu’au 26 Novem- bre, Il ne faut la remettre au printems que par des raifons particulieres, ou parce qu'il s’agiroit de plan- ter dans une terre forte & humide. Mais un pareil terrein , comme je l'ai déja fait obferver , ne con- vient nullement à l’ufage que l’on faitdes feuilles du mäürier blanc. Les trous doivent avoir été ouverts l'été précédent, de trois piés en quarré au moins, fur deux &c demi de profondeur, fi le terrein l’a per- mis. On fera arracher les arbres avec attention & ménagement : On téillera l'extrémité des racines ; On retranchera toutes celles qui font altérées ou mal placées , ainfñ que tout le chevelu. On coupera tou- tes les branches de la tige jufqu’à fept piés de haw- teur environ, & on ne laiflera à la tête que trois des meilleurs brins, qu’on rabattra à trois on quatre pouces. Enfuite après avoir garni le fond du trou d'environ un pié de bonne terre, on y placera l'ar- bre, & on garnira fes racines avec grand foin , dela terre la plus meuble & la meilleure que l'on aura: on continuera d’emplir le trou avec du terreau con- fommé , ou d’autre terre de bonne qualité, que l’on preffera contre le collet de arbre pour laflurer, Mais 1l faut fe garder de butter les arbres : c’eft une pratique qui leur eft préjudiciable. Il vaut mieux au MUR contraire, que-leterréin ait une penteirfenfible au: tour de l'arbre pour y conduire les:pluies & y rete- nir les arrofemens. Il eft-dificile de décider la dif= tance qu'il faut donner aux mérierselle doit dépen dre de la qualité duterrein &de l’arrangement géné ral de la plantation, On peut-mettre ces arbres à quinze, dix-huit on vingt piés ,; lorfqu'il eft quef- tion d’en faire des avenues, de border des'chemins, ou d’entourer des héritages. Quand:il s’agit de plan- ter tout un térrein, on {e regle fur la qualité de la terre , & on met les arbres à quinze on vingt piés, On doit même pour le mieux les arranger en quin- conces. Si cependant on veut fairerapporter du grain à ce terrein, on efpace ces arbres à fix on huit torfes, pour faciliter le labourage. Mais dans.ce dernier cas, l’arrangement le moins nuifible ,'8c quiadmet le plus de plants, c'eft de former des lignes à la diftance de huit à dix toifes., & d’efpacer les arbres.dans ces h- gnes, à quinze , dix-huit ou vingt piés , felon la qua- lité du fol. Comme en faifant le labourage., la char- tue n’approche pas fufifamment des arbres pour les tenir en culture les premieres années , 82 qu'ilfaut y fuppléer par la main d'homme, il y a un excellent parti à prendre, qui.eft de planter entre les arbres de jeunes #uriers en buiflon ou en haie : le tout n’oc- cupe jamais qu'une lifiere de trois ouquatre piés de larseut , que lon fait cultiver à la pioche. Ces buit- fonnieres ou ces haies de m#rier ont un grand avan- tage ; elles donnent une grande quantité de fewities qui font aifées à cueillir, & qu paroifient quinze jours plütôt que fur les grands arbres:.on peut par quelques précautions , lés mettre à couvert de la pluie ; ce qui eft quelquefois très néceffaire pour l’é- duçation des vers. On prétend qu’on s’eft très-bien trouvé dans le Languedoc , de ces buiffonnieres & de {ss haies , parce qu’elles donnent plus de feuilles que les grands arbres , qu’elles font plütôt en état d’en donner, & qu’on peut les dépouiller au bout de-trois ans, fans les altérer & fans inconvénient pour les vers; au lieu qu’on ne doit commencer à prendre des feuilles fur les arbres. de tige qu'après cinq ou fix ans de plantation, Les haies de mérierfe sarniffent &c s’épaififlent f fortement &c fi prompte- ment, qu’elles font bien-tôt impénétrables au bétail: enforte qu’on peut s’en fervir pour clore le terrein,, & dans ce cas on plante la haie double : le bétail en la rongeant au-dehors la fait épaiflir , & travaille contre lui-même. Si dans Pannée de la plantation, 1l furvenoit de grandes fécherefles , il faudroitarrofer quelquefois les nouveaux plants, & toujours abon- damment. Iln’eft befoin cette premiere année que de farcler pour empêcher les mauvaifes herbes : elles font après le bétail le plus grand fléau des planta- tions. Nul autre foin que de vifiter la plantation de tems entems pendant l'été, pour abattre en pañfant la main, les rejets qui pouffent le lons destiges, &z enfuite de couper à chaque printems le bois mort, _ les branches chiffonnes ou gourmandes, même d'ac= courcir celles qui s’élancent trop : tout ce qu'il faut en un mot, pour former la tête ‘des arbres &t la dii- pofer à la produéhon & à la durée. Quandles arbres feront parvenus à dix-huit ou vingt ans, la plüpart feront alors fatigués, languiffans, dépériffans , où ne produiront que de petites feuilles. Il fera néceftaire ence cas, de les ététer ,;.non pas en les coupant précifément au-deffous du tronc ; ce qui faifant pouf * fer des rejets trop vigoureux &c en petit nombre, cauferoit un double inconvément: les feuilles fe- roient trop crues pour lanourriture des vers, & la tête de l’arbre feroit trop long-teras à fe former. La meilleure façon de faire cette tonte, c’eft de ne cou- per que le menu branchage un peu avant la feve. On fait auffi ces tontes peu-à-peu pour ne pas chan- ger tout-à-coup la qualité des feuilles, On prétend MUR que cet arbre eft dans fa force à vinot on vingt-cinq ans, & que fa durée va jufqu’à quarante-cinq où cin- quante, & même plus loin iorfqu'on a foin de le foutenir par la taille, r | «La feuille du mén?r blanc eff le feul objet de la “culture de: cet.arbre. Elle eff la feule nourriture -queWl’on puiffe donnet aux vens à foie ; mais outre _cetufage, cette femile atoutes les qualités de celles du mériernoir, ogez cé qui en a été dit, Les mûres que prodmit.cetarbre ne peuvent fer- vir qu'à nourrir la volaille ; elle les mange avec avidité, & s’en engraifle promptement. Le bois du mrien blanc fert aux mêmes ufages que celui du wérier noir | & ileft de même quali- té, f ce n'eftqu'il n'eft pas $ compaét & f fort ; de plus, on en. fait des cercles 87 des perches pour les palifades des jardins, qui font de longue durée. Cn fe fert aufh de ce boisen Provence pour faire du merrain à futaulles pour le.vin, maisal faut qu'il foit préparé à la feie s. parce qu'il fe refufe à la fente. | On peut encore tirer du fervice de toute l'écorce de cet arbre, non-feulement pour en former des cordes, mais ençore pour en faire de la toile ; l’é- corce des jeunes rejettons ef plus convenable pour ce dernier ufage, Comme le zmérier poufle vigou- reufement, & qu'on a fouvent occañon de le tail- ler, on peut raffemblerles rejettons de jeunes bois les plus forts & les plus longs qui font provenus des tontes ou d’autres menues tailles ; les faire rowir comme le chanvre, les tiller de même ; enfuite {e- raner, filer, façonner cette matiere comme la toile. La même économie fe pratique en Amérique, M, le Page, dans fes mémoires fur la Louifiane, dit que le premier ouvrage des filles de huit à neuf ans , eft d'aller couper, dans le tems de la feve, les rejet- tons que produifent les mériers après avoir été abat- tus; qu'elles pelent ces rejettons quiont cinq à fix piés de longueur, enfuite font fécher l’écorce, la battent à deux reprifes pour en ôter la pouffere & la divifer; puis la blanchiffent & enfin la filent de la groffeur d’une ficelle, Quelques autenrs moder- nes prétendent qu’on pourroit employer le mérier blanc à former du bois taillis; qu’il y viendroit auf vite, & y réufhroit aufli-bien que le coudrier, l’or- me , le frène & l’érable ; mais on n’a point encore de faits certains à ce fujet, | Le mérier d'Efpagne eft de la même efpece que le märier blanc ; c’eft une variété d'une grande perfec- tion que la graine a produit en Efpagne, Il fait un bel arbre, une tige très-droite, & une tête régulie- re ; fa feuille eft beaucoup plus grande que celle des #4riers blancs ordinaires de la meilleure efpéce ; elle eft plus épaiffe, plus ferme, plus fucculente, & toujours entiere, fans aucunes découpures. Les mûres que. cet arbre produit , font griles & plus grofles que celles des autres mériers blancs, fur lef- quels on peut le mulriplier par la greffe en écuffon, qui réufñt très-aifément ; mais cette feuille ne con- vient pastoujours pour la nourriture des vers À foie. On prétend que fi on ne leur donnoit que de celle- là, 11 n’en viendroïtqu'une foie groffiere ; cependant on convient aflez généralement qu’on peut leur en donner quelques jours avant qu'ils ne faflent leurs cocons, & que la foie en fera plus forte & toute aufh fine. Le snérier de Virginie à fruit rouge, c’eft un grand & bel arbre qui eft rare & précieux. Il faut le foi- gner pour lui faire une tête un jeu réguliere, parce que fes branches s'élancent trop ; fon écorce eft unie, life & d’une couleur cendrée fort claire. Ses feuilles font très-larges , & de neuf à dix pouces de longueur, dentelées en maniere de fcie, & termi- nées par une pointe alongée ; leur furface eft iné- gale & rudeau toucher; elles font moëlleufes , ten- Tome X. MUR 075 dres , d'un vert naïffant , & en général d'une grande beauté. Elles viennent douze on quinze jours pli- tôt que celles du mérier blanc. Dès la mi- Avril l’ar- bre porte des chatons qui ont jufqu’à trois pouces de longueur ; à La fin du même mois, les mûres pa- roïflent , & leur maturité s’accomplit au commen- cement de Juin; alors elles font d’une couleur rouge aflez claire, d'une forme conique alongée , & d’un goût plus acide que doux ; mais elles n’ont pas tant de fucque les mûres noires. Cet arbre porte des cha- tons , dès qu’il a trois ou quatre ans ; cependant il ne donne du fruit que huit où neuf ans après qu’il a été feme. Ce mériereft auf robufte que les autres, lorqu'il eft placé à mi-côte ou fur des lieux élevés; mais quand 1l fe trouve dansun fol bas & humide, il eft fujet à avoir les cimes gelées dans les hivers rigoureux. Son accroiflement eft du double plus prompt quercelui du mérier blanc; il réufit aifément à la tranfplantation , mais il n’eft pas aifé de lermul- tiphier. Ceuix que j'ai élevés, font venus en femant les mûres qui avoient été envoyées d'Amérique, & qui étoient bien confervées. Les plantes qui en vin- rent ; s'éleverent en trois ans à fept piés la plûpart; &t en quatre autres années après la tranfplantation, ils.ont pris jufqu’à quinze piés de hauteur, fur fept à huit pouces de circonférenee. Ces arbresdans la force de leur jeunefle pouffent fouvent des bran- ches de huit à neuf piés de longueur. Les mûres qu'ils ont produites en Bourgogne, & que j'ai fe- mées jufqu’à deux fois, n’ont pas réufi. Seroit-ce par l'infufhiance de la fécondité des graines, ou le {uccès aura-tikdépendu de quelques circonftances de culture qui ont manqué? C’eft ce qui ne peut s’apprendre qu'avec de nouvelles tentatives. Cet arbre fe refufe abfolument à venir de boutures, & la greffe ne réuffit pas mieux. Il eft vrai qu’elle prend fur les autres mériers, mais ilen eft de cette greffe comme Pailadius a dit de celle du z#rier blanc {ur l'orme , parturit magna infelicitatis augmenta ; elle Va toujours en dépériffant. [n’y a done a@uellement d’autremoyen de mul- tiplier ce mérier, que de le faire venir de branches couchées; encore faut-il y employer toutes les ref- fources de l’art ; les marçores , les ferres, an moyen d'un fl de fer, & avec le procédé le‘plus exa&, n'auront de bonnes racines qu’au bout de trois ans. En coupant les jeunes branches de cet arbre , & en détachant les feuilles , fai obfervé qu’il en fort un fc laiteux affez abondant, un peu corofif & tout oppofé à la feve des autres mériers | qui eft fort douce. C’eft apparemment cette différence entre les feves, qui fait que la greffe ne prend pas fur le fu: jet. La feuille de ce mérier feroit-elle convenable pour la nourriture des vers, & quelle qualification donneroit-elle à la foie ? c’eft ce qu’on ne fait en- core aucunement. Cet arbre eft en feve pendant toute la belle faifon, &z jufque fort tarden automne; enforte que les feuilles ne tombent qu'après avoir été frappées des premieres gelées. Le rmrier de Virginie à feuilles velues. On n’a point cet arbre encore en France ; il eft même ex- trèmement rare en Angleterre. Prefque tout ce qu’on en peut favoir jufqu’à préfent, fe trouve dans la fi- xiéme édition du diétionnaire des Jardiniers de M. Miller, auteur anglois, qui rapporte que les feuil- les de ce mérier ont beaucoup de reffemblance avec celles du mérier noir, mais qu’elles font plus gran- des & plus rudes au roucher ; que l'écorce de fes jeunes branches eft noïirâtre , comme les rameaux du micocouiller ; qu'il eft très-robufte ; qu’il y en a un grand arbre à Fulham, prés de Londres ; que cet arbre a quelquefois donné un grand nombre de char tons femblables à ceux du noifetier , mais qu'ils n’ont jamais porté de frait; que les greffes qu’on a SSSsss 8-6 MUR efflayées fur le mérier blanc &c fur le noir , n'ont pas réuffi, &e que, comme l'arbre cltélevé, onna pas pû le faire venir de branches conchées. Au rap- port de Linnœus , les nouvelles feuilles de ce r74- rier font extrèmement velues en-defious, & quel- quefois découpées ,: & fes chatons font de la lon- gueur de ceux du bouleau. | Le mérier noir à feuilles panachées. C’eft une belle variété ; la feule que l’on puiffe employer Ù non PE Re dans les jardins pour l'agrément, Cet arbre pour- roit trouver place dans une partie de bofquets où l’on rafflemble les arbres panachés ; il a de plus le mérite de la rareté. On peur le multiplier par la greffe fur lé mérier noir ordinaire. M. D'AUS. de Subdélègue. Munier, (Diere € Mar. méd.) ce n’eft prefque que le mérier noir ou des jardins; qui eft d’ufage en médecine ,:& dont on mange communément le fruit. Le fruit du mérier ou les mûres font la principale partie de cet arbre qui foit employée en Médecine. On prépare de leur fuc un rob & un fyrop fimple. Le rob appellé diamorum devroit, felon la forcérdu mot, n'être autre chofe que le fuc des mûres, épuré & épaifli par l’évaporation jufqu’à confiftence re- quife, mais on:y ajoûre communément le miel ; le {yrop fimple {e prépare avec le même fuc &c le fu- cre. à Le rob miellé & le fyrop ont la même vertu médicinale. On prépare & on emploie beaucoup plus communément le dernier , qui même eft prel- que la feule de ces deux préparations qu’on trouve dans les boutiques depuis que le fucre a été fubfti- tué au miel dans prefque toutes les anciennes pré- parations officinales. Le fyrop de mûres eft fort communément em: ployé dans les gargarifmes contre les inflamma- tions , les légeres érofñons, & l’enflure douloureufe de la gorge & des. glandes du fond de la bouche, Éc. c’eit même prefque fon unique ufage: on l'em- ploie cependant auffi quelquefois dans les juleps ra- fraichiflans contre les diarrhées bilieufes , les lége- res diflenteries , &c. &c il eft aflez propre à l’un &r à l’autre ufage par fa très-légere & aflez agréable aci- dité; aureîte, ce font là les vertus que lesianciens, Diofcoride & Galien, attribuent aux müres vertes, immaturis, au-lieu qu'ils n’attribuent à celles qui font mûres qu’une vertu laxative. Ces mêmes auteurs ont accufé les mûres de fe corrompre facilement & d’être ennemies de Pefto- mac ; mais Pline dont le fentiment ft plus conforme à l'expérience , dit qu’elles rafraichiflent, qu'elles épuifent la foif, & qu’elles donnent de Pappéur. On trouve dans Horace les vers fuivans fur les mûres. Ille falubres Æffares peraget rLgris qui prandia InoTris Finiet ante gravem que legerat arbore Jolerm. Mais ces qualités particulieres, foit bonnes foit mauvaifes , ne font établies que fur une obfervarion peu exacte. Le fuc des mures qui ont atteint leur maturité, n’a d’autre qualité bien conftarée que celle de fuc doux légerement aigreler (voyez Doux, Diete.)mais ce fuc eft contenu dans un paranchyme mollaffe 8 abondant qui rend ce fruit indigefte lorf: qu’on le mange entier. | On trouve encore dans les auteurs de Pharmacie un rob & un fyrop de müres compolé, mais ces re- medes ne font point en ufage parmi nous. L’écorce de mérier, & fur-tout celle de la racine, eft un puiffant vermifuge dont on fe fert fort com. munément, foit feule, foit mêlée à d’autres remedes, (voyez VERMIFUGE.) à la dofe d’un demi-gros ou MUR x f d’un gros réduite en poudre &c incorporée avec ur fyrop approprié “ 1) L’écorce de la racine du #érier blanc a la même vertu que la précédente. | On trouve dans quelques auteurs, fous le nom de morel, une efpece de julep ainf nommé du fyrop . de mûres qui entre dans fa compoñtion. Voyez Juzer. (b) | MURMURE, f.m.(iGram.) bruit fourd, plainte fourde: on dit ie murmure des peuples, Le zurmure des eaux. MURMURE, (Cris. facrée.) en grec yoyyusucs; ce mot ne fignifie pas feulement dans l’Ecriture, une fimple plainte que. l’on fait de quelquetort que l’on prétend avoir reçu; mais 1l défigne un elprit de défobéifflancet&r) de révolte, aécompa- gné de penfées & de paroles injurieufes à la provi- dence divine : c’eft dansce fensque S, Paul con- damne le #wrmure , qui fut fouvent fatalaux ffracli- tés murmurateurs, {. Cor. %.° 10. En efet, les Hé- breux retomberent plus d’une fois dans des zurmu- rès dignes de punition. On fait qu'ils murmurerent dansla térre de Geflen, Exod, v, 21. Ils murmure- rent enfuite après leur fortie d'Egypte, avant que dé paffer la mer Rouge, Exod. xiy, 11 : als murmure- rent ércore à Mara, à caufe de l’amertume des eaux. Exod, xv. 24: ils murmurerent à Sin, Exod. æ%vj, 3 à Raphidim,Exod. xviy, 3 : ils murmurerent au fépulcre de concupifcence : ils murmurerent “après Le retour desenvoyés dans la terre promife, êe même dans d’autres occafions, car il ne s’agit pasici de faire l’hiftoire de leurs rwrmures, (D, J. MURO , (Géog ) petite ville d’'Itahe , au royau- me de Naples dans la Bafilicate, avec un évêché fufragant de Conza. Elle eft au pié del’Appesnin, à 4 lieues S. E. de Conza, 6 S. O. de Cirenza. Log. 33:10: lat. 40. 45. C’eft ici que périten 1382, Jeanne reine de Na- ples & de Sicile, dans fa cinquante. huitieme année. On fait que dans un âge tendre elle confentit, par foibleffe, au meurtre de fon premier époux, & qu’el- le eur trois maris enfuite, par une autre foiblefle, plus pardonneble & plus ordinaire, cellede ne pou- voir regner feule. Enfin elle nomma Charles de Du- razzo fon coufin, pour fon héritier, &t même elle Padopta ; mais Durazzo d'intelligence avec le pape, ne pouvant attendre la mort naturelle de fa mere adoptive, ufurpa la couronne, pourfuivit fa bien- faitrice, la furprit dans Muro ëc la fit étouffer entre deux matelas. La poftérité a plaint cette malheureu- fe reine, parce que la mort de fon premier mari ne fut point l'effet de fa méchanceté; parce qu’elle n’a voit que 18 ans quand elle ferma les yeux à cet at: tentat, & que depuis lors ,.elle vécut fans tache &c fans reproche. Pétrarque & Bocace ont célébré cet- te infortunée princefle, qui fentoit &c connoiffoit leur mérite. Elle fe dévoua, dit M. de Voltaires, toute entiere aux beaux-Arts, dont les charmes fai- {oient oublier Les tems criminels de fonpremier ma- riage. Enfin fes mœurs, changées par la culture de l’efprit, devoient la défendre de la cruauté tragique qui termina fes jours. (D. J.) | MURR AI, (Géog.) province maritime de l'Ecof- fe , à l’oueft de Buchan ; c’eft la plus fertile de toutes les provinces du Noïd. Elle eft arrofée par le Spey a l'Orient , & le Naiïrn au couchant. Ses deux prmci- paux bourgs font Elgin & Nairn. Elle donne le titre de comté à une branche de la matfon des Stuarts, qui defcend du comte de Murrai, régent d’Ecofle pendant la minorité de Jacques VI. (D. J.) MURRHART , (Géog.) petite ville d'Allemagne, au cercle de Suabe dans le duché de Wurtemberg fur la Murr , à 2 milles de Hall, Log, 27. 26, lars 49. 8. (D. J.) + [MURRINE,, { m. (Æ5/4 anc.) boïflon faite de vin & d'ingrédiens qui échauffoient. La courtifane Gly- cere la recommandoit à fes amans. MURSAS%e(HiJE. des Tart.) où murfe où mirgæ; nomdu chef de chaque tribu des peuples tarrares : ce chef eft pris de la tribn même. C’eft proprement une-efpece de majorat qui doit tomber régubiere- ment d’aîné en aîné dansla-poftérité du premier fon- dateur d’unertelle tribu, à moins que quelque caufé violente: &c étrangere ne trouble cet ordre de fuccef: fion. Le #urfe a chaque année la dime de tous les beftiaux deceuxde fatribu, & la dime du butin que fa tribupeut faire à la guerre. Toutes les familles tartares qui compofent une tribu , campent:ordinai- rement enfemble, &:ne s’éloignent point du gros de horde fans le communiquer à leur z2ur/e., afin qu'il puifle-favoir où les prendre lorfqu'il veut les rappel- ler. Ces rrurfes ne fontconfidérables au kan qui gou- verne qu'à proportion que leurs hordes ou tribus font nombreufes ; & les kans ne font redoutables à leurs voifins, qu'autant qu'ils ont fous leur obéif- fance beaucoup de tribns, & dé tribus compofées - d’un grand nombre de familles: c’eft en quoi confifte toute la paiflance, la grandeur & la richefledu-kan des tartares. (D. J.) MURU , (Géog.) ville & port du Japon dans la prefqu'ile de Niphon, province de Biren, à 31 lieues d’Ofacca. Voyez Koœæmpfer, kiff, du Japon: (D.1J.) MURUCUCA , (Æift. nat. Boë.) plante du Bréfil qui comme:le lierre monte le long des arbres & s’y attache: elle a un petit fruit rond ou oval, de cou- leurs variées , qui eftd’un goût aigrelet , & qui cou- vre plufeurs noyaux ; fes feuilles font vulnéraires. MURUCUIA, 1. £. ( Hiff. nar. Bot, ) genre de plante à fleurs en rofe, compofée de plufñeurs pé- tales difpofés en rond. Le calice eft profondément découpé. Il y a au milieu de cette fleur un tuyau femblable à un cône tronqué , duquel fort le piftil garni du jeune fruit , ou de embryon. Les étamines fe trouvent en-deflous de cet embryon, qui eft fur- monté par trois corps refflemblans à trois clous : il devient, quand la fleur eft pañlée, un fruit oval qui n’a qu'une feule capfule, charnu & rempli de femen- ces enveloppées d'une forte de coeffe. Tournefort, Zn/f. rer herb. Voyez PLANTE. MURUCUGE, (Hifi. nar. Bo.) grand arbre du Bréfil qui reffemble à un poirier fauvage; fon fruit eft foutenu par une lonpue tige, on le cueille verd pour le laiffer mürir, après quoi il eft d’un goût ex- quis. Le tronc donne par incifion une liqueur laiteu- fe , qui s’épaifit & forme une efpece de cire. Cet arbre eft devenu: rare, parce que les Sauvages en ont détruit beaucoup pour avoir fon fruit. MURZA , (Géog.) lieu fortifié dans la Gaule, à 3 journées de Lyon, felon Socrate dans fon hifoire eccléfiaftique, 4b II. c. xxxij, M, de Valois prétend que cet endroit eft ce qu’on nomme aujourd’hui la Mure en Dauphiné, à 25 lieues de Lyon. (D. J.) MUSA , ff, (Hiff. rar, Bor.) en françois bana- nier ; genre de plante à fleur polypétale , anomale, & qui a le pérale fupérieur creufé en forme de na- celle, & découpé à la fommité ; le pétale antérieur eft concave, linterne eff fait en forme de bouclier, & 1l a deux petites feuilles étroites & pointues. Le calice de cette fleur devient dans la fuite un fruit mouû,. Charnu & couvert d’une peau: ce fruit a la forme d’un concombre, il fe divife en trois loges dans lefquelles on apperçoit quelques linéamens de femences. Plumier, zova plant. amer. gen. Voyez PLANTE, Musa ÆNEA, ( Médecine.) c’eft une efpece d’o- piate fomnifer, qui a pris fon nom de Mufa fon au- teur, & ion furnom de fa couleur approchante de celle de l’airain. La dofe en eft depuis un fcrupule, jufqu’à un gros, | MUS 877 MUSACH, f. m. (Crisig: facrée.) Les favans font fort partagés lorfqu'il s’agit de déterminer ce que c'étoit que le ufach ou couvert du {abbath. Quel- quessuns ont cru que c’étoit un endroit du temple où L'ons’affeyoit les jours-de fabbath, pour affifter auxmfacrifices | & pourentendre la le@urede la loi. Vatable-conjeéture que c’étoit une efpece:de pupi= tréenvironné d’une grille, okétoient afis les pré- tres les lévires lorfqu'’ils enféignoient la loi au peuple. Beaucoup de favans, fe fondant fur les der- nieres paroles du texte, entendent ce pañlage d’une mamere fort différente. ls prétendent qu'Achaz pro- fana le temple, & qu'il n’y laifla qu’une entrée du côté de fon palais, ayant fait fermer les autres, pour fe fortifier davantage, &c afin que les ennemis ne puffent arriver à fon palais:qu'après avoir fait le fiege du temple; & qu'ilfit démolir le parvis nom- mé ruwfach, parce qu'il étroit un obftacle à ce deflein. Théodoret & Liradifent qu’Achaz eut deffein de flatter le roi d'Aflyrie parle mépris qu'il témoigna pour le Dieu d’ifraël , en ôtarit route communica- tion de fon palais avec le témple. D’autres enfin croient que le »ufack éroit une efpece d’armoire placée à lentrée du premier parvis du remple, où le roi mettoit fes aumônes le jour du fabbath quand il alloit au temple. Quoi qu'il en foit, Jofephe dit qu'il porta l’impiété jufques à cet horrible exeès de né fe contenter pas de dépouiller le temple de tous fes tréfors ; il le fit même fermer, afin qu'on ne pût y honorer Dieu par les facrifices folemnels qu'on avoir accoutumé de lui offrir. (D. J.) MUSAGETES, (Mythol.) c'eft-à-dire le conduc- teur des Mufes. Apollon fut décoré de ce beau nom par les Poëtes, parce qu’en fa qualité de dieu de la lyre & de l’Eloquence, il étoit cenfé toûjours ac- compägné des doftes fœurs, & préfider à rousleurs concerts, Hercule eut auf le furnom de mufageres, & fon culte fut apporté de Grece à Rome. L’Hercule rez. Jagete eft défigné par une lyre qu’il tient d’une main, pendant qu'il. s’appuie de l’autre fur fa maflue, Voyez Her cuLE. (D. J.) MUSARAIGNE , 1. f. (Hifi. nat.) mus araneus ; animal quadrupede qui a beaucoup de‘rapport a la fouris & à la taupe. En effer il a une forte de groin de cochon, des yeux très-petits, des oreilles très- courtes, & le poil plus fin, plus doux & plus court que celui de la fouris; mais 1l reffemble à. cet animal plus qu’à la taupe, par la forme des jambes & des piés : 1l eft plus petit que la fouris. Les chatsle chaf- fent , le tuent ; mais 1lsne le mangent pas. On foup- ‘çonne communément , & même on croit que la ru Jaraigne a du venin, & que fa morfure eft dangereufe pour le bétail & fur-tout pour les chevaux; cepen- dant elle n’eft ni venimeufe, ni capable de mordre, parce que l'ouverture de fa bouche n’eft pas aflez grande pour faifir la double épaiffeur de la peau d’un animal : auffi la maladie des chevaux que l’on attri- bue à la dent de la rufaraigne, eft une forte d’an- thrax qui n’a aucun rapport avec la morfure, ou fi lon veut, la piquure de ce petit animal. Il habite af- fez communément, fur-tout pendant l’hiver, dans les écuries, dans les granges, dans les cours à fu- mier ; il mange du grain, des infeétes & des chairs pourries : on le rrouve aufli à la campagne; il fe ca. che fous la moufle, fous les feuilles, fous les troncs d'arbres, dans les trous abandonnés par les taupes, ou dans des trous plus petits qu'il fe pratique lui- même. Chaque portée de la mufaraigne eft de cinq ou fix petits. Cet animal a un cri plus aigu que ce- lui de la fouris: on le prend aifémenr, parce qu'il court mal: fes yeux ne font pas bons: il eft très- commun dans toute l’Europe, 878 M US Les Nattraliftes n'ont connu qu'une feule efpece de-mufaraignie jufqu’en 1756; M. Daubentonen dé- couvrit une feconde, &c.en donna la deferypuon à l'académieroyale des Sciences cette même année. Comme cette feconde wufaraigns et amphibie , M. Daubenton l’a nommée mufaraigne d’eau; pour la difinguer.de cellequiétoit anciennement connue. … La rufaraigne d'eaweft plus grande que la u/a- raigne; elle a le mufeau un pewplus gros, la queue & les jambes plus longues &c plus garnies de poil, La partie fupérieure du corps, depuis le bout du mu- {eau jufqu’à la queue, eft d’une couleur noitâtre mé- lée d’une teinte de brun, & la partie inférieure a des teintes de fauve; de gris & de cendré. Le poil dela mufaraigne anciennement connue, :eft d'une couleur un peu plus brnne: que-celui de la fouris fur latôte & fur le deflus du corps, &c d'un gris plus foncé fur le deffons. ÆHiff. nar. gen. & part. tom. VIII. p. 57. & fuiv. Voyez QUADRUPEDE. MUSC, AnIMaz pu, (Hift. nat.) animal mof- chiferurm. Animal quadrupede qui manque de dents incifiyes à la machoire fupérieure, mais qui a deux dents canines dans cette machoire. Les dents font en tout au nombre de 26 : fayoir 4 molaires de cha- que côté de chacune des machoires ; 8 incifives à la machoire du deffous , & 2 canines à celle du deflus ; ces dents canines font longues d’un pouce & demi, recourbées en arriere, pointues & tranchantes par leur côté poftérieur : on ne fait fi cet animal rumi- ne. Ses.piés font fourchus ; mais il n’a point de cor- nes. Grew a décrit une peau de cet animal, confer- vée dans le cabinet de la fociété royale de Londres. Cétte peau avoit 3 piés & demi de longueur, de- puis Le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue; le mufeau étoit pointu ; les oreilles avoient 3 pou- ces de longueur, elles étoient droites &c reflem- bloient à celles du lapin; la queue n’avoit que z pouces de longueur ; Le poil du dos avoit jufqu'à 3. pouces de long , ilétoit alternativement de couleur brune & blanche, depuis la racine jufqu'à lextré- mité : la tête & les cuifles avoient une couleur bru- ne ; le deflous du ventre & de la queue étoit blanc. La véficule qui renfermoit le æufe, sélevoit fur le ventre de la hauteur d’un pouce & demi; elle avoit 3 pouces de longueur & 2 de largeur. Cette poche eft placée près du nombril, & revêtue d’une peau mince 8z d’un poil fin. Les Chinois mangent la chair de l'animal du fc. Raï, fynop. anim. quad. pag. 127: Woyez QUADRUPEDE. Musc, (Æiff. nat. des drog.) nom commun au arfum & à l'animal dont on le tire. Nous traiterons de l’un &c de l’autre. L'habitude , imagination & la mode, exercent un empire atbitraire & variable fur nos fens. Je n'en veux pour preuve que les différentes impref- fions que les hommesont attribuées au w4fc fur lor- gane de Fodorat. On fait qu'il a plû & dépli fucef- fivement dans tous les fiecles , & chez toutes les na- tions. | Îl y a eu des peuples qui Pont mis au rang de ce qu'ils ont eu de … précieux en odeurs. Il y a eu des temns où il a fourni la matiere du luxe le plus re- cherché ; dans d’autres tems, on eft venu à le mé- prifer , &cil y a des pays où, par cette raïfon, l’on appelle puaris les animaux qui répandent l’odeur de mufe. On.eft encore aujourd’hui partagé dans le ionde , entre l’amour &c laverfion que l’on a pour ce parfum. Les Italiens le goütent beaucoup, tan- dis que les François le décrient ; & ce qui eit bien furprenant, c’eft que malgré fa violence, qui fem- bleroit devoir feule décider, ce font trois tyrans de nos fens qui décident prefque fouverairement fur cette matiere odorante. Mais quelle que foit la décifion qu’en peuvent por- M US ter l'habitude , l'imagination &r lamode ; il n’eftpas moins néceflaire de. connoître un parfum qui nous affecte fi diverfement , d'autant plus que lon n’a eu que de faufles idées de fon origine, avant la deferip- tion qu’en a publié M.de la Peyronie dans les ré- moires de l'acad, des Sciences, année 1731. Définition du parfum. Le mufc eft une pommade vifqueufe, filandreufe ou foyeufe, épaïflie en une fubftancegrafle , on@tuenfe , de couleur ambrée ou ferrugineufe-obfcure , d’une odeur extrèmement violente ,fur-tout f onenfentde près quelque quan- tité à la fois, d’un soût quelque peu âcre & amer, qui fe filtre dans une bourfe fituée intérieurement près des parties génitales d’une efpece de fouine d’A- frique, aflez reflemblante à un chat, ou dans une poche extérieure, placée fous le ventre -entre le nombril & les patties de la générauon , d’une forte de chevreuil d’Afe. ds < L'animal d'Afrique qui le donne ;\ ferble (mieux mériter le nom de muic, quelcelui d’Afie. Je ne déci- derai point entreces deux animaux mufqués, quel eft celui qu'il faut honorer par préférence du nom de wufc ,en latin animal mofchiferum. On: fait que les Arabes nous ont donné fous ce nomune efpece de chevreuil , ou de chevre fanvage, décrite par plufieurs auteurs, & particulierement par Schrockius, & que c'eft d'elle que l’on tire le 7x6 en Afe. Il me femble pourtant que l’animal d’Afri- que’, dont nous allons d’abord parler , mérite mieux _ le nom de wuft , fi Von juge cette queftion par la vio- lence de fon parfum. Ilen eft. fort différent. Cet animal n’a aucun rap: port avec les chevres d’Afie, ni avec les rats muf- qués du Canada; il approche davantage de cette ef- pece de fouine qu’on appelle generte. On en voitune dans les obfervations de Bellon (4) dont la figure a quelque reffemblance avec notre animal. [l'y a anfh dans Hernandès (2) la figure d’une civette amériquaine, qui paroit encore y avoir plus de rap- port >; cependant elles different enfemble à plufieurs égards, & d’ailleurs fon parfum eft très-différent de celui de toutes les civettes. L'animal que nous allons décrire , eft arrivé en France fous le nom de zut ; il fut donné au Roï en 1726 par M. le comtede Maurepas, miniftre dont le nom fera toûjours cher aux perfonnes qui culti- vent les Sciences. Hfe trouve de femblables animaux à [acôte d'Or, au royaume de Juda, & dans une grande étendue de cette partie de l'Afrique. | Le mufc dont il s’agit ici , fut envoyé par ordre du Roi à la ménagerie, où1l eft mort après y avoir été nourri pendant fix ans de viande crue qu'il mangeoït avec voracité. Sa deféription. Son corps étoit plus délié & plus levreté que celui des civettes de M. Perrault ; fa queue d’un blanc grifâtre, étoit coupée par 8 an- neaux noirs, polés en maniere de cercles paralleles, larges chacun d'environ 3 lignes. Ilétoit tigré de taches noires & grifes parallelement felon fa lon- gueur, depuis les épaules jufqu’au bas du corps; {on poil étoit doux, à demi rafé , & par-tout d’égale grandeur. Il avoit un pié huit pouces de long, depuis le bout du mufeau jufqu’à la naïffance de la queue, qui étoit d'environ 15 pouces. Le mufeau étoit pointu , garni de mouftaches ; fes oreilles étoient plus plates que celles du chat. If avoit au-deffous des oreilles un double collier noir, & deux bandes noires de chaque côté qui naifloient du fecond collier, & finifloient aux épaules. $es (a) Liv. IT. ch. Ixxvj. (5) Rerim medicarum novæ Hifpan. Thefaurus , Rome 1751à | fol ps 328. : Battes étoient ñoites ; celles de devant n’avoient que quatre doigts; armés ehacun d’un ongle court, moins fort & moins pointurque ceux des chats, le cinquieme doigt éroit fans ongle & ne portoit pas à terre ; le dedans des deux pattes étoit plus maigre & aufh doux que dans les chats, Les pattes de derriere avoient cinq ongles portäns tous à terre, conformés à-peu-prèsdemême, Les papilles de la langueétoient tournées comme celles du chat, fans être ni dures, ni fi âpres. Deféription de l’orvane qui contient la pommade odo- rante, [organe particulier qui fournit le wwfc dans cet animal , eft fitué près des parties génitales, _ Aprés qu'on a fait l'ouverture de la vulve, com- meona fait dans ce »74/6-ci qui étoit une femelle, &t qu'on en a écaité les deux lèvres, il fetrouve || une bourfe qu'on peut fe repréfenter comme un por- te-feuille,, c’eft-à -dire, s’ouvrant en deux levres , au fond & parois defquelles font placées deux glan- des , d’où fe fépare une liqueur ontueufe & filan- dreufe , on plutôt foyeufe , dont l'odeur eft très- forte. La pâte vifqueufe qui fe trouve dans cette cavi- té en enduit toute la furface & a une couleur am- brée ; c’eft-à la liqueur , l'huile ou plutôt la pom- made odorante , le parfum ou le vrai ufe. À l'ouverture de la bourfe qui le renfermoit , l’o- deur de ce parfum fe trouva fi forte , que M. de la Peyronie ne put l’obferver fans en être incommo- dé ; la cavité qui le contient eft tapiflée d’une mem- brane tendineufe qui a du reflort , qui eft fort plif- fée, &c par conféquent capable de beaucoup d’ex- tenfon : voilà pourquoi nous avons dit, qu’on pou- voit fe [a repréfenter dans fa fituation naturelle , comme un porte-feuille fermé , dont les deux cô- tés feroient un peu plifiés. | Il y a deux glandes , l’une à droite, & Pautre à gauche, qui verfent leur parfum! dans la cavité ou le fac ; dont la furface eft percée comme un crible : & c’eft par ce crible que le parfum pafñle des deux glandes dans la poche commune: ces trous font grands 8 petits ; c’eft par les grands trous que les follicules qui compofent le centre de la glande, vui- dent leur pommade dans le fac ; & c’eft par les pe- tits trous que les follicules qui compofent la circon- “rence de chaque glande, dépofent auf leur par- fum dans le même ic. Le fac eft tapiflé d’une membrane réticulaire , extenfble, ayant un reflort qui rapproche f fort les trous les uns des autres, que fi l’on preffe les glan- des fans étendre la membrane qui foutient les trous, le parfum paroît ne fortir que d’un feul trou. Sur la furface de cette membrane, on voit quantité de pe- - tits poils noirs, & dans la cavité d’autres petits poils blancs. Ces poils ne font autre chofe que quelque partie de la liqueur du parfum détachée & moulée en filets. Lorfque les follicules dont la glande eft compofée font pleins de pommade , les glandes font grofles & dures : elles diminuent auffi- bien que les follicules à mefure qu’on en exprime la pommade. Tous ces foilicules communiquent les uns aux autres. Si on ouvre un follicule, felon fa longueur, on découvre avec la loupe de très-petites ouvertures qui peu- vent bien être la communication d’un follicule à autre. La vitefle avec laquelle l'air pouffé par le fond d'un follicule, paffe dans les follicules voifins , fait juger qu'ils doivent communiquer par plufeurs ou- vertures ; précaution utile pour favorifer le cours &r l'évacuation d’une liqueur , qui par {a confiftan- ce, auroit pü être retenue trop long-tems dans fon refervoir, f elle n’avoit eu que la reflource d’une feule fortie, M US$ 870 Cé inêmie follicüle Ouvert, felon fa longienr ; montre dans fa cavité fept on huit cellulss ifré ous lieres' de différentes grandeurs ; féparées par des membranes fortes & tendineufes ; chacuñe de ces cellules en contient plufieurs autres petites, au fond defquelles on découvre des grains glanduleux qui {ont de différente grandeur; c’eft apparemment à travers leur fubftance , que la pommade ou le par- fuim eft filtré. La premiere celhile À laquelle le ma- melon eft adapté lui fert d’entonnoïir ; de-IA il pañe de cellule en cellule , dés petites dans les grandes ; jufqu'à ce que le follicule foit rempli ; alors la con- traction du fe qui enveloppe la glande ; & d’au- tres caufes que je ne parcours point expriment dans le fac le parfum qui étoit renfermé dans les follicu-- les , & dans le befoin font fortir le parfum du fac. Cette organifation finguliere qüi découvre de nouveaux moyens, pour retenir & conduire les ré- crémens , felon lenr nature & leur deftination ie nons apprend rien de ce qui fe pañle dans le prin- cipe des fécrétions qui fe font dans l’homme & dans les animaux, Il y a lieu de croire que les artères portent dans les papilles du fac , qui font fes vraies glandes ou fes vrais couloirs, un fanp qui y dépofe là matiere du parfum qui fait partie de la mafle : le réfidu rentre par le moyen des veines & apparem- ment des vaifleaux lymphatiques dans le commerce de la circulation. | Cette organifation n'éclaircit gueres lermyflere de nos J'écrétions, Mais comment le parfum s’eft:l féparé de la mañle du fang ? Quelle a éré cette manipulation à C’eft-là ce principe des fécrétions , ce point d’ana- tomie que les plus grands maîtres de l’art n’ont en- core pù mettre en évidence. Ils ne retireront de cette nouvelle organifation aucune nouvelle lumie- te pour développer cet ancien miftere. Tout fe ré- -duit ici à la feule différence de la conformation ex- térieure de la glande, de la forme de fon récipient , & du refte de la conduite du recrément d'avec les glandes ordinaires : différences dignes d’être obfer- vées , d’être comparées avec ce qu’on trouve dans l’homme & dans les animaux , pour connoître Les divers moyens employés pour les mêmes Opéra- tions. Nous devons nousen tenir-là , jufqu’à ce que ces variétés mieux connues, nous faflent voir les autres avantages qu'on en peut retirer. Le parfum n'eft jamais plus fort que quand il efi ré. cent. Les grains glanduleux & les premieres véficu- les du z4/c font de vrais mamelons , & de vrais en- tonnoirs où la pommade fe forme ; fe ramafle dans les follicules & dans le fac. Elle s’eft trouvée d’une force extraordinaire cette pommade deux jours après la mort de notre mufe : obfervation contraire à ce qu’en ont publié plufieurs auteurs fur la foi des marchands & des voyageurs , qui aflurent que la pommade eft fort puante lorf. qu’on la retire de l’animal , & qu'en vieilliffant dans fes bourfes , elle prend peu-à -peu le parfum & la qualité de zxfe, toujours plus fort à mefure qu'il eft gardé plus long-tems. Cette erreur doit être imputée à la façon dont on détache les bourfes : les chaffeurs qui ne font pas anatomiftes, ouvrent en faifant cette opération le gros boyau & les deux poches qu’il a à fes côtés , qui donnent, une liqueur d’une odeur extrèmement puante ; 1ls ouvrent & enlevent le boyau , & ces deux poches ; ils les renverfent pour enfermer le parfum ; ils les lient & les ferrent comme une bour- fe de payfan, pour l'empêcher de s'échapper. Son odeur , quoique forte , ne perce point À-travers la poche qui eft fort épaifle , & enduite extérieure ment des matieres fécales & d’une liqueur puante Lo la mauvaife odeur qui eft au-dehors fe diffipe avec le tems, au lieu que le 4/6 bien enfermé ne perd 880 M US rien, 8 fe fait fentir fortement à la première ouver- verture du fac. [left conftant que le parfum durant la vie du #ufé & d’abord après fa mort , eft d’une violence extrè- me. I! réfide dans Le feul organe qui le filtre 6" qui le con- tient. Pluñeurs perfonnes ont cru que toutes les par- ties de l'animal fournifloient une odeur de la même nature ; mais on a tout lieu d’aflurer, qu’elle réfide uniquement dans la pommade & dans l'organe qui la filtre & la contient : fi les autres parties en ont quelque impreffon , elle leur eft étrangere, c’eft la pommade qui la leur a donnée : voici des expérien- ces qui le prouvent. M. de la Peyronie a coupé une portion du pou- mon, du foie, de larate , & de divers mufcles: il a imbibé une petite éponge fine du fang 8&c de l’hu- midité, qu'il a trouvé dans la poitrine & dans le bas-ventre de l'animal, Il a renfermé toutes ces par- ties dans différentes armoires ; il les a vifitées foi- gneufement tous les jours , jufqu’à ce qu'elles ayent été poutries ou defléchés ; elles n’ont jamais donné d’autres odeurs que celle du fang ; ou d’une chair ordinaire pourrie ou defléchée , fans le moindre parfum de wufe. | La fruture particuliere de l'organe forme ce parfum, La qualité des-alimens peut augmenter la produétion de la pommade ; elle peut même fortifier ou afoi- blir l'odeur du parfum. Cet animal-ci ne vivoit que de viande crue , &c le parfum qu'il fournifloit avec abondance étoit exceflivement fort ; il y à pour- tant apparence que les diverles préparations que les alimens, quels qu’ils foient, reçoivent dans le corps de l’animal,ou plutôt la ftruéture finguliere du cou- loir, à-travers lequel la fécrétion du parfum fe fait, y contribue plus que toute autre caufe. C’eft par cette raïfon qu'il y a des perfonnes qui exhalent une odeur mufquée dans certaines parties glanduleufes & chaudes du corps: M. de la Pey- ronie connoïffoit un homme de condition, dont le deflous de l’aiffelle gauche répandoit durant les cha- leurs de l'été, une odeur de mufc furprenante qui l’auroit rendu très-incommode dans la fociété, sil n’eût pris des précautions pour'affoiblir la force de cette odeur; cependant fon aïffelle droite n’en don- noit prefque point, On ne peut attribuer ce phéno- | mene qu’à une ftruélure particuliere des glandes de l’aiflelle gauche de cet homme. I] fe trouve en très-petite quantité dans tous les ani- maux mufqués, Au refte, on retire très peu de pom- mäde odorante de tous les animaux mulqués : il ne seit trouvé ici dans chacune des grandes véficules dont les slandes étoient compoiées , que le poids d'environ trois grains de pommade; & dans les mé- diocres ou les petites, la moitié ou le tiers de moins que dans les grandes, ce qui fait en tout environ une demi-once de vraie pommade , fans mélange d'aucune autre fubftance ; c’eft à-peu-prés la quan- tité de vrai w4fc que l’organe de l'animal diflequé par M. de la Peyronnie, pouvoit contenir. Noms de l'animal d’Afie qui donne le mufc de l’o- rienr. L'autre animal quu donne le #zufc dans Porient eft de la claffe des chevreuils ; & c’eft proprement celui qui eft décrit & repréfenté dans les ouvrages de nos Naturaliftes , & qu’ils défignent en latin fous les noms fuivans. Mofchus , Schrock. Animal mofchiferum ; Raï (y- nops. anim. 127. mofchius , five mofthi capreolus. Schrod. $. 301. capra mofchius. Aldrov. de quad. Bifule , 743. Jonft, de quad. 55. capreolus mofchi, ejifd. tab. 29. Gefn. de quad. 695. capra mofch , a iis cervus odoratus. Chart. exer. 10, . Lieux qu’'habire cet animal. On commence à voir cet animal qui produit le æu/c de l’orient aux enyi- MUS l rons du lac de Baïkäl , fur les frontieres de la T'as tarie molcovite : mais 1l eft beaucoup plus com- mun à mefure qu'on avance dans la ‘Lartarie chi- noife. Les lieux de la Chine où l’on en trouve davan- tage font la province de Xanxi, particulierement aux environs de la villerde Leao : la province de Suchum, celle de Hanhungfu, celle de Paoningfu, près de Kiating , & de la fortereffe de Tiencinen, &t dans quelques endroits de la province de Juran; mais il n’y a point de pays où 1l foit plus commun que dans les royaumes de Boutan & de Funquin. Sa deftription. Les voyageurs nes’accordent point dans les récits qu'ils nous font de cet animal: voici ce que j'ai trouvé de plus vraiflémblable {ur fa def cription. | Îl eft du genre des chevreuils, affez femblable au daim pour la grandeur, à la réferve qu'il n’a point de cornes, & que la couleur de fon poileft plus fon- cée. Sa tête a quelque chofe de celle du loup, mais il a deux défenfes comme celles du fanglier, Les Chinois lPappellent hiang-tchang-tfe, c’eit-a-dire, chevreuil odoriférant , chevreuil mufqué, I] habite les bois & les forêts où l’on va le chaffer. Il porte le mue dans une bourft fous le nombril. La drogue qu’on nomme mue eft renfermée dans une boure ou veffie qu'il a au-deflous du ventre , entre les parties génitales &z le nombril. Cette bourfe couverte de poil au-dehors eft de la groffeur d’un œuf de poule, d’une fubftance mem- braneufe &c mufculeufe , garnie d’un fphin@er. Sa furface interne eft revêtue d’une membrane fine qui enveloppe le parfum , fur laquelle on découvre plu- fieurs vaifleaux fanguins & un grand nombte de glandes qui fervent à la fécrétion de la pommade, Auff-tôt que la bête efttuée , on lui coupe cette veflie, On la taille & lon la coût en forme de’ro- enons, tels qu’on les apporte en Europe: voilà la poche qui contient le véritable wufc d’Afie , fur l’o- rigine Gt la nature duquel on ne croiroit jamais , combien d’opinions bifarres nos Naturaliftes ont embrafié. Fauffes idées de l'origine de ce parfum. Les uns le resardent comme un fang excrémenticiel qu’on ra mafle après que l’excrétion en a été faite, ou qui fe trouve dans ce fac de l’animal , lorfqu’on le tue dans un tems convenable ; mais l’analyfe feule du parfum détruit cette idée : d’ailleurs le tems de la mort de l’animal ne change rien à la qualité de fon rule, elle eft toujours la même. D'autres prétendent.que la veffie de ce chevreuil fauvage , pendant qu'il eft en rut, fe tourne ee um abfcès, qui l’incommodant & lui caufant de la de- mängeaifon , le porte à fe frotter fi fortement dans cet endroit contre des pierres ou contre des troncs d'arbres, qu'il le fait crever, 8 que la fanie en étant répandue & fechée au foleil, devient le #4/€ qu'on ramañle avec foin ; mais quelle apparence qu'il fût poflible de ramañler le pus que ces animaux au roient jetté, tantôt dans des lieux inacceffbles, tan- tôt dans des boues , tantôt dans du fable ? un tel mufc feroït bien rare &c bien cher. De plus, un ab- cès defléché feroit d’un gris blanchâtre , & par con- féquent d’une couleur fort différente de celle du mufc, D'autres veulent qu'il naifle des coups dont ils ont imaginé qu'on accabloit l'animal pris dans des pisges , juiqu’à ce qu'il furvienne des tumeurs fur ion corps, & que ces tumeurs réduites en forme de poches, au moyen d’une ligature, enfuite coupées, donnoient le parfum odoritérant. Mais fans parler du ridicule de cette fition, pour produire l’eflet qu'on fuppofe, ileft certain que le tiffu des cruau- tés qui y regne eft imputé gratuitement aux chaf- feurs feurs des zwfes; aucun voyageur de mérite n’en parle. de rn . D’autres enfin fe font perfuadés que les Afati- ques font le zufc avec la chair de l'animal qu'ils broyent dans un mortier de pierre jufqu’à la confif- tance. de bouillie, y mêlant de tems en tems du fang de la bête , qu'ils ont eu foin de recueillir auffi-tôt après fa mort. Cette bouillie mife dans des facs faits de la, peau de l’animal puis féchée à l'ombre et, di- feént-ils , la drogue que nous appellons 7ufc, mais cette opinion n'eft pas plus vraiflemblable que les précédentes. Le fang. & la chair de l'animal n’ont aucune odeur de wu/c, elles ne fauroient l’acquérir par le mélange , & ne peuvent que fe pourrir ou fe deflécher comme nous l'avons prouvé ci-deflus. Concluons que la fubftance grafle & ordneufe , contenue dans la veflie du chevreuil mufqué , eft le fruit de la ffruQure finguliere des vaifleaux, des glandes, & des couloirs qui en font la fécrétion dans cette partie. | On Le fophiflique en Afi. On en retire à peine trois ou quatre drachmes , anfi eft-ce une des marchan- difes où l’on cherche le plus à tromper , & que les habitans ont l’adrefle d’altérer d’une infinité de ma- mieres, avec de la terre, du fang defléché, les tefti- cules, les rognons de l’animal & autres ingrédiens de cette efpece ; & ces tromperies fe font dans le pays malgré les défenfes des princes de l’Afie , & des précautions qu’ils ont tâché de prendre pour les empêcher, à ce que rapporte Tavernier : d’ailleurs, comme 1ls aiment extrèmement ce parfum, ils font enlever pour eux-mêmes le plus pur qu’on peut trou- ver ; c’eft ainf qu’en agit l’empereur de la Chine. On le vend en veffie ou hors de veffie, Le mufc {e vend en Europe chez les marchands Epiciers & Droguif- tes, de deux manieres, ou en veflie , ou féparé de fon enveloppe. Choix du mufc en weffie.. Quand on achete le zufc en vefñe , 1l faut le tirer de bonne main, le choifir fec , onttueux , odorant ; que la peau de la vef- fie foit mince , peu garnie de poil; car plus il s’y rencontre de peau & depoil, & moins il y a de mar- chandife. Il faut que le poil foit de couleur brune qui eft la marque du fc de Tunqguin qu’on eftime le plus. Le »fc de Bengale eft enveloppé dans des vefes garnies de poil blanc. Choix du mufc feparé des veffies. Quand le mufc eft féparé de la veflie, on doit le conferver dans une boîte de plomb & dans un lieu frais, parce que la fraicheur du lieu & du métal, empêchent qu'il ne fe deffeche trop , & tendent à lui conferver fes par- ties les plus volatiles. Le bon ft fans enveloppe doit être gras, mais fec, pur, fans mélange, d’une couleur tannée , d’une odeur forte & infupportable, d’un goût amer ; mis fur le feu, il doit fe confumer tout entier , quoique cette derniere marque de bon- té foit équivoque , l'épreuve n’étant bonne que pour le rufc mélangé de terre, de plomb, de chair ha- chée, & ne fervant de rien pour celui qui eft mêlé de fang. Son prix ef en Hollande. Le mufc dont on fait né- goce à Amfterdam, vient ordinairement de Tunquin ët de Bengale , 8 quelquefois de Mofcovie. Celni de Tunquin eft de deux fortes, en veflie ou hors de veflie, l’un & l’autre fe vend à l’once: celui en veflie fe vend jufqu’à neuf florins , celui hors des vefhes jufqu'à douze florins , celui de Bengale eft le meilleur marché. À lPégard du fe de Mofcovie, on l’eftime moins que les autres , fon odeur quoi- que trés-forte d’abord , s'évapore fort aifément. On en débitoit autrefois en France quatre à cinq cens OnCes par année. On feroit furpris aujourd’hui du peu qui s’en confomme dans le royaume. Son odeur eff violente, Ce parfum eft prefque tout Tome X, | | MUS 381 huile & fel volatil, il contient très -peu de terre, Son odeur eft fort incommode & defagréable, quand on en fent quelque quantité à la fois ; mais elle eft fuave & douce , lorfqu'on en mélange feulement quelques grains avec d’autres maticres. La raifon de cette différence viont , de ce qu’étant en trop grande quantité, 1l s’en exhale tant de parties, quel: les preffent &c fatiguent les nerfs olfadtoires, au lieu qu’étant en petite quantité , le peu de parties vola= tiles qui s’en élevent ne font que chatouiller les nerfs de l’odorat, Elle Je répare quand elle ef perdue. Sile mufe perd fon odeur , comme il arrive quelquefois , il la re prend & fe raccommode , en le fufpendant pour quelque tems au haut d’un plancher humide y & Îur+ tout près d’un privé, ce qui dénote que la nature du #ufc eft recrémenticielle. Elle ef} compofée de corpufcules très-fubrils, On peut juger de la fubtilité des parties volatiles qui confti- tuent fon odeur , puifqu’en s’exhalant perpétuelle. ment , le 4/6 paroît au poids ne rien perdre de fa mafle, Il faut, fans doute, qu’à mefure que les pe- tits corpufcules odoriférans s’exhalent , ils foient remplacés par de nouvelles particules mêlées dans l'air, Le mufc »’eff plus d'ufage en Médecine, On a attria bué précédemment au #4fe de grandes vertus mé- dicinales ; on le donnoit intérieurement feul ou avec d'autres aromates pour forifier l’eftomac, pour les maux de tête, pour réfifter au venin, pour exciter la femence, pour difloudre le fang grumelé, & dans divers autres cas ; 1l entroit auffi dans plufieurs com- poñitions pharmaceutiques, mais préfentement on n'en fait plus d’ufage, & c’eft le mieux. D'ailleurs, les vapeurs que fon odeur provoque aux femmes & à la plüpart des hommes, lui ont ôté tout crédit, tant en médecine que dans les parfums , qui de leur côté {ont extrèmement tombés de mode, ( Le che= valier DE JAUCOURT. ) MUSCADE , noix, ( Botan. exor. ) La zoix mufcade eft une eipece de noix aromatique des Indes orientales , qui eft proprement l’amande , le noyau du fruit du mufcadier, Voyez Muscaprer. La zoïx mufcade s'appelle en latin dans les bow= tiques zux mojchata, nux myriflica aromatica, Avi- cenne la nomme giauziban ; Sérapion, Jetzbave où Jufbaque 5 les Grecs modernes ; Hosxorapuer Ou He puoy POTTER C’eftun noyau ferme & compate, fragile cepen- dant, & qui fe fend aifément en petits morceaux quand on le pile. left long d’un demi-pouce, gras, odorant , un peu ridé en-dehors, & d’une couleur prefque cendrée. Il eft panaché en-dedans de veines d’un rouge brun & d’un jaune blanchätre, qui font des ondulations on qui vont de côté & d'autre, fans aucun ordre. Le goût de cette noix eft d’une faveur âcre & fuave , quoiqu’amere. Sa fubftance eft odo- rante , huileufe. On diftingue dans les boutiques deux fortes de vraies noix mufcades cultivées, nommées roix muf= cades femelles ; lune eft de la forme d’une olive, d'une odeur aromatique un peu aftringente ; l’autre eff plus longue , prefque cylindrique, & moins eftis. mée : ce font néanmoins des fruits du même arbre qui ont plus ou moins réuff , felon l’âge de l'arbre ; le terroir, l’expoñition, la culture. Entre ces deux fortes de noix, il s’en trouve d’autres mélées de £- gures diverfes & irrégulieres , qui font des jeux de la nature. | Il y a pareïllement des zoix mufcades fauvages qu'on appelle autrement zoix mufcades males. Cette der niere noix mufcade elt fujette comme la fémelle à des figures irrégulieres , &c eit d'ordinaire plus groffe que la roix mufcade cultivée, de forme oblongue , MNT: 582 M US moufle aux deux bouts, &c comme quatrée. Sa fubf- tanceeltla même, maiselle n’a prefque point d'o- deur, & fon goût eft fort defagréable. La compa- gnie hollandoile a prefque détruit tous les mnfca* diers fauvages des îles de Banda. Leurs noix fe nomment dans le pays pala subir, c’eft-à-dire, noix demontagné. | ii faut choifir la noix rufcade qui eft arrondie, ou de la figure d’une olive. On eftime celle qui eft re- cente, odorante , pefante, groffe , & qui étant pi- uée avec une aiguille rend aufi-tôtunfuc huileux: Il paroît que la voix mufcade à été inconnue aux Grecs & aux Romains. Pline n’en dit mot, & Diof- coride n’en parle point non plus que du macis; car fon macer eft une chofe entierement différente du macis , puifque le macis eft l'enveloppe de la zuf- cade , & que le macereft l'écorce de quelque bois : mais les Arabes ont fort bien connu le macis & la noix muféade. Le premier qui en ait fait mention eft Avicenne. | Voici comment onrecueille & comment on pré- - pare les roix mufeades cultivées dans les iles de Banda. ; Les fruits étant mûrs, les habitans montent fur les arbres, & ils les cueillent, en tirant à eux avec des crochets les branches de l'arbre qui font flexibles comme celles du noïfetier ; enfuite on ouvre ordi- nairement fur la place les coques avec un couteau, 8 on en Ôte l’écorce que l’on entafle dans les forèts où elle pourrit avec le tems. Il naît fur ces écorces qui fe pourriflent une efpece de champignons, que nos auteurs appellent bo/eri mofchocaryni. Ce font des champignons noirâtres , bons à manper, agréa- bles au goût, & très-recherchés des habitans, Ils emportent à la maïfon les noix mufcades dé: pouillées de leur écorce. Ils enlevent adroitement avec le couteau leur premiere enveloppe qui eft le macis, prenant garde de le rompre le moins qu'il eft poffble. Ils font fécher au foleil pendant un jour ce macis quieft rouge comme dufang , & dont la cou- leur fe change en un rouge obfcur; enfuite, au bout de dix à douze heures , ils le tranfportent dans un autre endroit à l’abri du foleil où ils le laiffent pen- dant fept ou huit jours, afin qu’il fe ramollifle en quelque façon, & qu'il fe brife moins aifément. Pour-lors ils l’arrofent d’un peu d’eau de mer, non- {eulement afin de l’humeéter, mais aufli pour l’em- pêcher de perdre fon huile odorante. Ils le renfer- ment ainfi dans de petits facs, & ils le preffent for- tement. Comme le macis trop fec fe brife & perd fon huile aromatique, de même lorfqu'il eft trop hu- mide il fe pourrit & devient vermoulu ; c’eft pour- quoi l’on tâche de tenir un jufte milieu &c d'éviter lune & l’autre extrémité: on y parvient aifément par la routine &z l'expérience. On expofe au foleil pendant trois jours les zoïx mufcades qui font encore enfermées dans leurs co- ques ligneufes , enfuite on les feche parfaitement à la fumée du feu jufqu’à ce qu’elles rendent un fon clair quand on les agite; car celles qui font humi- des ne rendent qu’un fon obfcur, alors on les frappe avec unbâton, une pierre , un petit maillet, afin que la coque faute en morceaux. Ces noix ainfi féparées de leurs écorces ; font diffribuées en trois tas, dontie premier contient les plus grandes & les plus belles que l'on apporte en Europe; le fecond contient celles que l’on réferve pour en faire wfage dans les Indes ; &c le troifieme renferme les plus petites qui font irrégulieres , non- mûres, dont on brûle la plus grande partie, & dont on emploie l’autre pour en tirer de huile, Cependant les noix mufcades qu’on a choïfies pour le débir, fe corromproient bien-tôr fi on ne les arro- foit promptement, fi on ne les confifoit , pour par- M US ler ainfi, dans de l’eau de chaux faite de coquilla- ges brûlés , que lon détrempe avec de l’eau falée à la confiftance d’une bouillie fluide, On y plonge deux ou trois fois les zoix mufcades renfermées dans de pe- tites corbeilles ; jufqu’à ce que la liqueur les ait tou- tes couvertes ; l'humidité fuperflue s’évapore & s’en va en fumée. Lorfaw’elles ont fué fuffifamment , el- font bien préparées & propres pour péfer la mer, On tranfporte aufi des zoix mufcades confites ; fon-feulement dans toutes les Indes mais encore en Europe. Voici la maniere de les confire. Lorfqu’elles s'ouvrent, on les cueille avec précaution , on les fait bouillir dans l’eau , & on les perce avec une aiguille; enfuite on les macere dans l’eau pendant huit ou dix jours, jufqu'à ce qu’elles aient quitté - leur goût âpre & acerbe. Cela fait, on les cuit plus ou moins (felon qu’on veut les avoir plus fermes ou plus molles) dans un julep , fait avec parties égales de fucre & d’eau. Si l’on veut qu’elles foient dures, on y jette un peu de chaux. On fépare tous les jours l’eau fucrée des zoix mufcades ; on la fait un peu bouillir , & pendant huit jours on la verfe de nou- veau fur le fruit; enfin, on met pour la derniere fois ces noix dans du firop un peu épais, & on les garde dans un potde terre bien fermé. On les fert avec les autres confitures dans les re- pas, & on en mangefur-tout aux Indes en buvant du thé; on n’en prend que la chair , & on a coutu- me de rejetter le noyau. On confit encore les zoix mufcades dans de la fau- mure , dans du fel & du vinaigre; mais on ne les mange pas telles : on les macere dans de l’eau douce jufqw’à ce qu’elles aient perdu leur goût falé; en- fuite on les fait cuire dans de l’eau avec du fucre. La noix mufcade abonde en huile effentielle, tant fubtile que groffiere, unie avec un fel acide & un peu de terre aftringente. Ces noix donnent par la difüllation deux fottes d'huile ; car fi après les avoir pilées & macérées dans beaucoup d’eau, on les diftille, il fort une once d’huile fubtile de chaque livre de noix ; & la diftilla- tion étant finie, on trouve fur la furface une huile groffiere, furnageante , épaifle comme du ff, & prefque deftituée d’aromate, Mais par l’expreflion de feize onces de zoix mufcades , on tire trois onces deux dragmes d’huile , dela confiftance de fa graifle, qui atrès-bien l’odeur & le goût de la zo1x mufcade, On fait que les Chimiftes tirent l’huile effentielle de la rufcade & du macis par la difllation , de la même maniere que les autres huiles effentielles, IL fufira donc d'indiquer ici la méthode qu'ils emploient pour tirer, par expreflion , l’huile de la mufcade & du macis. On prend la quantité que l’on juge à propos de noix mufcades , pleines, grafles & pefantes. On les réduit en une poudre fubtile, que lon met fur un ta- mis renverfé , couvert d’un plat de terre. On fait prendre à cette poudre la vapeur de l’eau bouil- lante pendant un quart d'heure, afin qu’elle en foit toute pénétrée. Alors on la renferme promptement dans un petit fac de toile forte , &c au même mo- ment on entire l’huile à la prefle. Cette huile ef limpide & fluide tant qu’elle eft chaude, mais elle fe fige & acquiert la confiftance de la graifle en fe refroidiffant. Sa couleur eft dorée ou fafranée. On emploie ces huiles en Médecine, & on en fait la bafe des baumes hyftériques , nervins & fortifians. Ce détail peut fufiire. Je l’ai tiré, à quelques cor- re@ions près, de M. Geoffroi , parce qu'il eftexaét, &z que des hollandois n'ont dit eux-mêmes qu'ils ne pourroient pas m'en fournir de meilleur. Je laïfle aux curieux à confulter le morceau que Pifon a donné de la zoix rmufcade dans fes œuvres : l'ouvrage de Paulin , intitulé, zwcis mofchatæ curio- MUS Ja défériprio, Lipf. 1304, in-8° nef ;, maloré fon ti- tre , qu'une très-mauvaife compilation. Perfonne n'ignore que la compagnie hollandoife des Indes orientales eft la maîtrefle de toute la muf: cade qui fe débite dans le monde, Ses diredteuts en reglent le prix en Europe, fuivant qu'ils le jugent à propos ; 6c les diverfes chambres en font la vente chacune à leur tour, fuivañt une efpece de tarif, par lequel la chambre d’Amfterdam en doit vendre deux cens quarteaux toute feule, c’eft-à-dire, au- tant que toutes les autres chambres réunies. Le quarteau de mu/cade pete depuis ÿso jufqu’à 600 Evres; fon prix eft de 75 fols de gros, la livre. (2. 1.) MUSCADE 02 Norx MUSCADE, ( Chimie € Mar. med, } On doit choifir la noix mufeade qui eft arron- die ou de la figure d’une olive, laquelle eft appellée femelle, On cilime celle qui eft récente, pefante ; grafle, & qui, étant piquée avec une aiguille, rend auffi-tôtun fuc huileux.Geoffroi, Mas. méd. La noix suftade contient une huile effentielle & une huile par exprefion, ou un beurre qu’on peut en fépareraufli par décottion, Voyez l'article Huire. Selon Panalyie de Geoffroi, une livre de zoix rnuf= cadedonne dans la diftillation une once d’huile effen- ticlle, 8c une pareille quantité donne, par l’expref 1on, trois onces deux gros de beurre ou d’huile confiftante, qui a très-bien le goût & l’odeur de la mufeade, Geoffroï obferve encore qu'une huile épaife comme du fuif qu’on trouve nageante fur l’eau, qui a été employée à la diftillation de Phuile eflentielle , eft prefque deftituée de parfums. Cette fubitance ainf retirée n’eft autre chofe que la même fubftance huileufe qu’on retire par l’expreffion ; que fi, par ce dernier moyen, on obtient une huile très-aromati- que , au lieu que le produit du premier eft preique inodore , c’eft que la décoffion difipe lhuile effen- tielle dans laquelle feule réfide le principe aromati- que, & que , dans l’expreffion, l'huile butyreufe s’'umpregne d’une certaine quantité d'huile effentielle à laquelle elle eft réellement mifsible, La noix mufcade eft un des aflaifonnemens connus fous le nom générique d'épiceries ou épices. Voyez Ép1ceEs. Elle eft flomachique, aidant à la digeftion , fornifant les vifceres 8 difiipant les vents; utile par conféquent pour les teinpéramens froids, kumi- des, léches ; nuifible au contraire aux tempéramens viis, fecs, mobiles ; à-peu-près indifférente à tous par la longue habitude. Sa prétendue vertu de réfif ter au poifon n’eft plus comptée pour rien depuis que ce weft plus un être réel qu'un poifon froid. Des auteurs graves, parmi lefquels il faut compter Bontius, ont obfervé que l’ufage immodéré de la mufcade caufoit un afloupiflement dangereux. L'huile efientielle de la zufcade n’a aucun ufage particulier. Poyeg HUILE ESSENTIELLE. L'huile par exprefion, êz mieux encore cette même huile retirée par dé- cotton & dégagée par-là du mélange de toute huile efentielle, poflede à-peu-près les vertus communes des huiles par déco@ion. Voyez au mot Huixe. On doit lui préférer cependant , pour lufage intérieur, _ celles qui font abfolument exemptes du rifque de refler chargées d’un principe auf a@if, & d’une vertu aufh différente des qualités propres de l’huile .grafle que left une hiule eflentielle. Auffi le beurre de cacao, qui eft parfaitement exempt du foupcon d'un pareil mélange, a-t-il exclu avec raïfon je beurre de mxfcade de l'ufage intérieur; mais ce der- nier €ft par la même raïon plus convenable dans Pu- fage extérieur, toutes les fois qu'il faut en même tems relâcher & réfoudre. Geoffroi femble dire que l'huile effentielle de maj! cade &t {on huile par décoétion ont les mêmes ver- tus, 1] eft même à-peu-près évident que c’eft là fon Jome X, MUS 883 fentiment ; mais il eft certain au que cette opinion eft une erreur manifefte. Lune & l’autre de ces hui- les entrent cependant communément enfemble dans les baumes apoplediques , hyflériques | céphali- ques , &c. J. Rai rapporte une finguliere propriété de l'huile de mufcade : c’eft de faire croître La gorge, appliqué extérieurement. La 20ix mufcade entre dansun grand nombre de compoftions pharmaceutiques cordiales » alexipharmaques, flomachiques, fortifiantes, ners vines, &c.(b | MUSCADIER , f. m.( Boran. exor. ) c’eft l'arbre des Indes orientales qui porte le macis & la noix mufcade. Voyez MAC1S où MUSCADE (Noix). Il y a deux efpeces de mufcadiers : le mufcadier cul tivé, & le wufcadier fauvage, Le mufcadier cultivé cit nommé arbor nucem 7nofchatam firens | on nux moféhata, fruüu rotmndo , par C. B, P. 407. pale, dans Pifon, ane. arom. 173. C’eft un arbre de la hauteur du poirier ; fes bran= ches font flexibles ; fon früit vient entre les bran- ches comme dans le noïfetier; fon bois ef moël- leux , 8 fon écorce cendrée. Les feuilles naïflént le plus fouvent deux À deux, quoiqu’elles ne foient pas exa@tement Oppoiées. El- les font d’un verd foncé en-deflus > blanchâtres en deflous , longues d’une palme, lifles, femblables à celles du laurier, terminées par une grande pointe, fans queue. Elles ont une côte dans le milieu que s'étend d’un bout à Pautre , d'où fortent des nervu- res obliques qui vont tantôt par paires, tantôt alter nativement, jufqu’à la circonférence. Non-feule- ment fes feuilles fraîches , froïflées entre les mains ; répandent une odeur pénétrante , mais même elles {ont âcres & aromatiques, étant féches. Les fleurs font jaunâtres, à cinq pétales, fembla- bles à celles du cerifier. Il leur fuccede un fruit ar- rondi, attaché à un long pédicule , femblable à une noix ou à une pêche , dont le noyau eft couvert de (rOIS écorces. La premiere écorce eft charnue, molle, pleine de fuc, épaifle d'environ un doigt, velue, roufle, parfemée de taches jaunes & Purpurines, ainf que nos abricots ou nos pêches ; elle s'ouvre d’elle-mê me dans le tems de la maturité > elle eft d’ün goût acerbe &c aftringent, Sous cètte premiere écorce, fe trouve une enve- loppe réticulaire ou plutôt partagée en plufeurs la. nieres, d’une fubffance huileufe, ond@uenfe & com me cartilagineufe, d’une odeur aromatique, mélée d'un peu d’amertume; c’eftlà ce qu'on appelle le TILUACIS, A-travets les mailles de cette feconde enveloppe, il en paroît une troïfieme qui eft une coque dure, mince , ligneufe, caffante, & d’un brun rouflitre, Cette coque contient le noyau qui eft ovale , fillon- né fans ordre, cendré en-dehors, panaché inté- rieurement de jaunâtre & de rouge brun , d'une excellente odeur, d’une faveur âcre & fuave ŒUOI= qu'amere ; c’eft-là la roix mufcade même. Lorfqu'on faït une incifion dans le tronc d’um mufcadier, où que l’on en coupe les branches si en découle un fuc vifqueux , d’un rouge pâle comme le fang diffqus : ce fc devient bien-tôt d’un rouge foncé , & laïfle des marques rouges fur la toile que lon a de la peine à efacer. Les mufcadiers font prefque toûjours chargés er même tems de fleurs & de fruits, dont on fait la récolre en Avril, en Août, & en Décembre. On ne cultive ces arbres que dans les trois îles de Banda, nommées Nero, où le gouverneur réfide à 2°. Hogeland, qui eft proprement Banda ; & 30, Pu. loway , fituées à quatre desrés au fud de la ligne & d’Amboine, Ces trois îles font les plus fertiles de ce TTtity 884 M US Îes que poflede la compagnie hollandoïfe , & celles À qui lus procurent le plus de profit; car c’eft-là qu'on æecucille toutes les noix mufcades & le macis , que es habitans apportent aux magafñns de la compa- gaie, &r dont elle fait le trafic dans tout le monde. Si les autres îles qui dépendent de Banda & qui font un peu éloignées , fe trouvent avoir quelques muf æadiers, on les coupe, on les brûle , on les déracine foigneufement , afin qu'aucune nation ne puifle en avoir du fruit. Ainfi, jufqu'à ce jour, les Hollan- dois y ont fi bien pourvu, qu'ils font dans l’univers jesfeuls maîtres de ce commerce. ïls n’ont laïflé fubffter dans ces mêmes Îles que très-peu de mufcadiers fauvages , dont il a plû à uelques botaniftes d’appeller Le fruit noix mufcade male. Bauhin nomme le muftadier fauvage, rux mof chata , fruttu oblongo 3 Pifon, palamer-frrd, feu nux mofchata , mas ditta. I eft plus haut que le wufcadier cultivé, moins rameux, &t moins feuillu ; maïs les feuilles font plus grandes , longues d’un empan ét demi, d’un verd foncé , d’un goût defagréable. Ses fruits font plus gros, plus charnus, plus folides , plus fermes, donnant un macis fans fuc, deffèché , pôle, 6c de mauvais goût. Le noyau eft couvert d’une coque dure, ligneufe, épañle, d'une fubftance affez femblable à la vûüe à celle de la mufcade je- melle, mais prefque fans odeur , & d’un goût dif- gracieux. (D. J.) MUSCARI, 1, f. (Hift. nat. Bor. )genre deplante : fleur liliacée, monopétale, campaniforme, en grelot, & découpée en fix parties. Il fort du fond de cette fleur un piftil qui devient un fruit ordinai- rement triangulaire, Ce fruir eft divifé en trois lo- ges, & rempli de femences le plus fouvent arron- dies. Tournefort , {nf£, rei herb. Voyez PLANTE. M. de Tournefort compte dix-huit efpeces de ce genre de plante, dont On vient de lire les caraëte- res, Décrivons la principale, nommée par le même botanifte , zufcart obfoletiore, flore, ex purpuré vi- rente. | Elle pouffe de fa racine bulbeufe quelques feuil- les répandues à terre, longues de fix ou huit pou- ces, étroites, cannelées , aflez épaifles, pleines de fuc. Sa tête eft fans feuilles, mais revêtue depuis fa moitié jufqu’au haut de fleurs engrelots, divifées en fix fegmens , de couleur d’abord purpurine , puis d’un verd blanchâtre ou d’un purpurin foncé, enfin noirâtre en fe fanant. Leur odeur eft agréable, aro- matique , approchante de celle du muic. Il fuccede à ces fleurs des fruitsaffez gros, triangulaires, &r di- -yifés en trois loges remplies de quelques graines groffes comme des orobes , rondelertes, noires. La racine eft vomitive, prife intérieurement. Les curieux cultivent quelques efpeces de wuf- cari, à caufe de la beauté de leurs fleurs, &r Müiiler vous indiquera l’art de cette culture. ( D. J.) MUSCAT,, forte d’excellent vin qui vient de Pro- vence, de Languedoc, &c. Voyez Vin. Ce mot, felon quelques - uns, vient de zzusk, parce que le vin mufcar a quelque chofe de l’odeur de ce parfum, à ce qu'on prétend. D’autres le font venir de mufea , mouche, parce que ces infeêtes ai- ment extrèmement les grapes de raifins wu/fcat ; comme les Latins avoient appellé leur y:z4m apia- zum, ab apibus , parce que les abeilles on mouches à miel s’en nourrifloient. Voici la maniere dont on fait le vinu/fcatà Fron- tignan : on laifle fécher à moitié les grappes fur le {ep de vigne ; enfuite on les ceuille, où Les foule &c les prefle , & on met dans un tonneau la liqueur qui en {ort, fans la laifler travailler dans la cuve ; parce que la lie de ce vin contribue à fa bonté. MuscaT, VIN (Diese) efpece de vin de liqueur très-parfumé. Voyez VIN. - M US AVE Muëca®r, RAïSIN (Diese) Voyez RAISIN. MUSCERDA , ( Mar. méd.) Voyez FIENTE DE souris , 4 l’article SOURIS , Mat. med, MUSCLE, {. m1. rufculus, en Anatorñie , partié charnue & fibreufe du corps d’un animal , deftinée à être l’organe ou l’inftrument du mouvement. ay: MOUVEMENT. | Ce mot vient du grec pus, ou du latin #25, ut rat, & c’eft à caufe de la refflemblance que les mufs cles paroïflent avoir avec des rats écorchés. Le D: Douglat prétend qu'il vient de pue, fermer ou ref= fèrrer, parce que c’eft la fonétion propre du mufe cle. Le mufele eft un paquet de lames minces 8 patals leles, & fe divife en un grand nombre de perits faif- ceaux ou petits mufcles renfermés chacun dans fa membrane propre , & de la furface intérieure def: quels partent une infinité de filamens tranfverfes qui coupent le æafle en autant de petites aires dif- tinêtes, remplies chacunes par leurs petits faifceaux de fibres. Voyez nos Planches anat, 6" leur explic. Voyez auffr Particle FIBRE. | Les mufcles fe divifent ordinairement en trois par- ties, la rére, la queue, & le verre. La vére & la queue , qu'on appelle auffi serdons, font les deux ex- trémités du rufcle : la premiere eft celle qui eft at- tachée à la partie ftable , & l’autre celle qui left à celle que le mufcle doit faire mouvoir. Foyez TEN* DON. | Le ventre eff le corps du wufele, c'eft une partie épaifle & charnue, dans laquelle s’inferent des ar- teres & des nerfs , & d’où fortent des veines &c des canaux lymphatiques. Toutes ces parties d'un mzfcle, le ventre & les tendons , font compofés des mêmes fibres ; elles ne different, qu’en ce que les fibres des tendons font plus ferrées les unes contre les autres que celles du ventre , qui font plus lâches ; ce qui fait qu'il sy arrête ordinairement aflez de fang pour Les faire pa- roître rouges, au-lieu que les tendons font blancs , parce qu'ils font d’une texture aflez ferrée pour em- pêcher la partie rouge du fang d'y pafler : ainfi la différence qu'il y a entre le ventre & les tendons | paroît être à-peu-près la même que celle qu'il y à entre un écheveau de fil, & un cordon qu’on auroit formé de ces mêmes fils, | Tous les mufcles n'agiflent qu’autant que lent ven- tre s’enfle ou fe gonfle , ce qui les racourcit aflez pour tirer à eUX, OÙ pour entraîner, fuivant la di- reétion de leurs fibres, les corps folides auxquels ils font attachés. Tout ce qu’on peut donc demander fur le mouvement mufculaire , c’eft de déterminer la ftruêture des ruftles , & la caufe de leur gonfle- ment. Chaque mu/tle fimple eft donc compofé d’un ven- tre charnu , & de deux tendons ; mais il peut , ou tre cela, fe divifer en d’autres de même natures quoique moindres , & ceux-ci en d’autres encore plus petits, toujours de même nature que le plus grand ; & cette divifion peut Être portée au-delà de tout ce qu’on fauroit imaginer , quoiqu'on doive penfer qu’elle a fes bornes. Ces petits ufcles, qui {ont de même nature que le premier, doivent donc ‘avoir aufñ leur ventre & leurs tendons ; ce font ce qu’on appelle des fibres mufculaires ; ëe c’eft de l’af- femblage, ou de l'union de plufieurs que font com- pofés les mufcles proprement dits. Voyez FIBRES. Quelques auteurs croient que les fibres mufculai= . res font des prolongemens des arteres &T des ver- nes , ou les extrémités capillaires de ces varfleaux anaftomofes & entrelacés les uns avec les autres: que lorfque ces mêmes vaïffeaux fe sonflent, leurs exrrémités s’approchent l’une de l’autre, ce qui fait que l'os auquel tient la partie du zyféle qui doit fe MUS mobvoir , s’avance vers l’autre. Mais l’obfervâtion que nous venons dé rapporter, prouve évidemment que ces vaifleaux ne font ni veineux , ni artériels, ni lymphatiques : s'ils {ont véficulaires , ou fice ne {ont que des efpeces de cordes, c’eft ce qui eft en: core en queflion. Muys dit les avoir vu véliculai- res àtravers le microfcope., | | Boerhaave ayant remarqué que les nerfs s’infi nuent dans tous les #ufcles le long de leurs veines &c de leurs arteres ; & que fans faire même atten- tion à leur enveloppe extérieure, ils fe diftribuent, outre cela, fi parfaitement dans tout le corps du raufcle, qu'on nefauroit affigner aucune partie qui en foit deftituée ; enfin qu’ils fe terminent dans le ufcle, au lieu que dans les autrés parties du corpsleursextré- mités fe répandent en forme demembrane:il en acon- clu que les fibres muiculaires ne fontautre chofe que les expanñons les plus déliées des nerfs, dépouillées de leur enveloppe, creufées en dedans, de la fieure d'un mujele , & pleines d’unefprit, que le nerf, qui a fon origine dans le cerveau, leur communique au moyen de l’aétion continuelle du cœur. Voyez NERF: | | [MY 4 C’eft de ces fibres unies enfemble que fe forment les petits faifceaux ou paquets, qui ont encore cha: cun leur membrane particuhere , dans laquelle ils font renfermés , & qui les fépare les uns des autres; cette membrane eft très-déliée , poreufe en-dedans, & pleine d’une huile qui s’y accumule pendant lere- pos ; & qui fe confumé dans le mouvement : ce font les arteres qui la fourniflent , & elle fert avec un fuc muqueux & doux que féparent les arteres gxhalantes qui arrofent le tiflu cellulaire , qui les unit toutes les unes avec les autres: Outre ces neris , il entre encore des artéres dans les muftles ; & il y en entre en ft grande abon- dance, & d’une telle contexture, qu’on feroit tenté de penfer que tout le corps du z7u/cl2 en feroit com- poié; elles fe diftribuent principalement entre les petits faifceaux &c les membranes qui les féparent les unes des autres, & peut-être aufli dans la furs face extérieure de chaque fibrille ; dans le plexus réticulaire dès qu’elles elles fe terminent en de pe- tits vaifleaux fecrétoires huileux, & de petits vaif- feaux limphatiques, & peut-être en de petites fi brilles creufes , femblables à des nerfs, fbrilles qui peuvent encore ou bien fe terminer dans la cavité des fibres nerveules mufculaires , ou en former d’autres femblables à elles-mêmes. Au-moins eft:1l évident que chaque branche d’artere qui {e trouve dans les mafeles , & qui s'uniflent à eux, en aug- mentent le volume ; ce qui fait que les vaifleaux fasguins des u/cles font aufli lymphatiques, Tous les mufcles ou toutes les paires de rraftles que nous connoïflons , font donc compofés de deux fortes de fibres , de longitudinales, que nous venons _ de décrire , & qui font atiachées les unes aux au- tres par le tiffu cellulaire. | Nous avons déja obfervé que le tendon d’un mufcle eft compofé d’un même nombre de fibres que le rufcle même, avec cette différence , que les ca- vités des fibres mufculaires diminuant vers les ten- dons , & y perdant de leur diametre, elles forment dans cet endroit un corps compaéte , dur , ferme, fec & étroit, qui n’eft que très-peu vafculaire. Il paroît donc partout ce que nous avons dit que la rougeur du zfcle lui vient du fang , & que fon vo- lume vient de la plenitude des arteres , des veines, des cellules huleufes & des vaifleaux lymphatiques; & on voit par-là pourquoi dans un âge avancé, dans la maigreur , les confomptions, les atrophies, dans une chaleur continuée & des travaux pénibles, leur rougeur diminue aufli-bien que leur volume, quoique le mouvement s’y conferve dans tous ces MUS 858$ états Où toutes ces circonitances: Î ÿ-à blus, ta mouvement peut encore avoir lieu lors même que les #ufcles n’ont point du tout de rougeur; commé il paroït dans les infeétes dont on ne fauroit apper: cevoir la chair, | k On peut {éparer les uns des autres fans les rom: pre, les fibres , les petits faifceaux, les arteres & les nerfs, foit dans lés corps vivans ; foit dans leg cadavres. Ils font toujours dans un certain degré de tenfion, & doués d’une force contraive , dé façon que lorfqu’on les divife , leurs extrémités sé: loignent l’une de l’autre, ce qui lés fait devenir plus courtes, diminue leur volume, les contra&é en une efpece de furface angulaire , & en exprimé les fucs qu'ils contiennent, Il paroît donc de-là qu'ils font toujours dans an état violent, 8 qu'ils s’op: pofent toujours à leur alongement ; qu’ils font tou: jours eflorts pour feracourcir, plus encofe daris leg corps vivans que dans les cadavres, & qu'ils Ont 3 par cette raifon , befoin d'en avoir d’autres antago- niftes. : 1] Si le cerveau eft fortement comprimé , ou qu'il at reçu quelque violente contufon , s’il eften {up= puration , obftrué ou déchiré ; lation volontaire des zufiles cefle à l’inftant aufli-bien que trous les {ens & la mémoire, quoique l’aétion fpontanée des mufeles du cœur, du poumon, des vifceres & des parties vitales fupffte malgré cela. Si ces mêmes altérations arrivent au cervelet, l’aétion du cœur; ëz des poumons , &e de la vie même cefleront , quoi< que le mouvement vermiculaire continue encore long-tems daris l'eflomac 8 dans les inteftinss S1 on comprime , ou fi on lie le nerf d’un rrufêle ; qu'il vienne à fe corrompre , où qu’on le coupe, tout le mouvement de ce mufcle, foit vital, foit vo- lontaire ceflera à Pinftant; & fi on lie ; ou fi on coupe, 6e. un troncde nerf qui envoie des bran- ches à différens vrufiles, il leut arrivera à tous læ même.chofe ! enfin fi on en fait autant à quelque partie que,ce {ot de la moële allongée, on détruira par-là laéhon de tous les mw/cles dont les nerfs pren: nent leur grigine en cet endroit, & il en atrivera de même fi on en fait autant à l’artere , qui porté le fang à un ou à plufieurs mufeles. Lorfqu'un wufcle eft en a@ion, fon tendon ne fouffre point d’altération fenfble ; mais fon ventre s’accourcit , devient dur , pâle , gonflé, les tendons s’approchent plus qu'ils n’étoient l’un de l’autre, &t la partie la plus mobile, qui eft attachée à l’un des tendons , eff rirée vers la moins mobile , qui eft attachée à l’autre extrémité. Cette a@ion d’un wuf= cle s'appelle fa conrratlion ; elle eft plus grande & plus forte que cette contraétion inhérente dont nous avons parlé au fujet du premier phénomene que nous avons rapporté ; & ainf elle n’eft point natu- relle, mais furajoutée. Lorfque le #xfcle n’eft point en ation , fes tendons reftent toujours les mêmes, mais fon ventre devient plus mol, plus rouge, plus lâche ; le wxfcle eft-plus long & plus plat, c’eft cet état d’un mufcle , qu’on appelle fa reffisurion ; quoi- que ce foit ordinairement l’effet de l’aétion contraire du zufile antagonmite ; car fi cette derniere ation n’avoit point lieu , la contraétion du premier mzf° cle , qui ne feroit point balancée par l’action de l’an- tagonifte, continueroit toujours. | Si l’un des antagoniftes refte en repos , pendant que l’autre eff en ation, en ce cas le membre fera mis en mouvement ; s'ils agiflent tous deux à la fois , il fera fixé & immobile ; s'ils n’agiffent ni Fun ni l’autre , il reftera fans mouvement & prêt à fe mouvoir à l’occafion de la moindre force qui pourra le folliciter pour cela. | Tous ces changemens fe produifent dans le plus petit inftant &c dans tout le mufcle à-la-fois, de fas 836 MUS çon qu’ils peuvent fucceflivement avoir lieu ; cef- {er , recommencer, éc. fans qu'il en refte après cela la moindre trace dans le corps. Si l'on injeéte de l’eau chaude dans l’artere d’un mufcle en repos, même dans celui d’un cadavre, on y rétablira la conttaétion, & cela long-tems mé- me après la mort : les expériences par lefquelles on fait contraëter un sufele en augmente le volu- me plutôt que de le diminuer. Lorfqu'un membre eft plié pat quelque force ex- térieure , & fans l'influence de la volonté, le ufr cle fléchifleur de ce membre fe contraéte comme fi c’étoit par un mouvement propre ; mais cependant pas tout-à-fair fi vivement. Lorfque la volonté refte dans l'indifférence , tous Les #zufcles volontaires, &z tous leurs vaifleaux font également pleins, êr ils re- coivent une efpece de mouvement du fang & des efprits qui font portés uniformément & en même -tems dans toute l’étendue du corps. Quant à l'application qu’on peut faire de cette ftruêture des maftles, pour expliquer le grand phé- nomene du mouvement mufculaire , voyez Mou- VEMENT MUSCULAIRE. Les mufcles des mouvemens involontaires , ou nécef- faires , renferment en eux-mêmes la force qui les contra@te, qui les étend, & n’ont point d’antagoni- ftes : tels font, à ce qu’on croit, le cœur & les poù- mons, Voyez CœŒUR G& PoUMoNs. Les #ufcles des mouvemens volontaires que nous nommons plus particulierement wufcles , & qui font ceux dont il eftprincipalement queftion ici, ont cha- cun leurs wfcles antagoniftes qui agiflent alternati- vement dans des direétions contraires ; l’un fe relä- chant pendant que l’autre fe contraéte au gré de la volonté, Voyez MOUVEMENT, Les mufèles ont différens noms, & ces noms font relatifs à leur nombre , à leur figure, à la direétion de leurs fibres, à leur fituation, à leur infertion, aux parties qu'ils meuvent, à leur ation , à leurufase, à leur comparaifon , à leur compofition , &z à quel- que propriété finguliere. Nombre. Ils font nommés premier, 2/3,4,5, &c. C’eft auffi dans ce fens qu’on dit, le bras a neuf aufcles qui fervent à fes différens mouvemens, &c. Direélion. Le corps étant conçu divifé en deux partieségales & fymmétriques par un plan auquel un fecond placé fur la tête &z parallele à lhorifon, fe- roït perpendiculaire, &r à un troifieme placé depuis le front jufqu’à l’extrémité des doigts du pié qui fe- roit conféquemment perpendiculaire aux deux pre- miers. Alors outre les noms d’azcérieurs, de pofté- rieurs, d’externes Ou d’internes , de fublimes ou de pro- fonds, de fupérieurs ou d’inférieurs; les mufcles pren- nent encore différens noms pat rapport à la dire- €ion de leurs fibres, relativement à ces trois plans. En effet , fi ces fibres rencontrent le plan qui divife le corps, &c. à angle droit, le zufele eft appellé tranfverfe ou tranfverfal, fi elles Le rencontrent obli- quement , de maniere que lefommet de l’angle qu’el- les forment avec ces plans, regarde le plan hori- fontal ; on l’appelle oblique , convergent, ou aften- dant, & oblique divergent ou defcendant, fi l’angle eft tourné dans un fens oppofé : enfin, lorfqu’elles font paralleles au plan des divifions, le #ufcle s'appelle droit, Figure. Les muftles étant compofés des fibres droites ou courbes; fi elles font courbes, tout le monde connoiffant aflez ce que c’eft qu'un cercle ou un rond, les Anatomiftes ont attribué au cercle les différens rapports que les fibres courbes pou- voient avoir avec les courbes; ils ont appellé les mufcles qui en font compofés de même que ces f- bres , orbiculaire, circulaire, fémi-orbiculaire, femi- girculaire, Lorfque les fbres qui çompofent un #1h/- M US cle font droites, comme elles font quelquefois ,pa- talleles, obliques, & perpendiculaires , lesunes par rapport auxautres; & dans ces deux derniers cas lort- qu’elles fe rencontrent quelquefois, & que d’autres fois elles fe coupent; enfin, un mufcle étant com- poté de fibres droites ëc courbes, paralleles & obli- ques ; 8 dans tous ces cas, lorlqu’on n’a fait atten- tion qu’à une ou deux des dimenhons les plus fent- bles du uféle, on lui a donné le nom des furfaces dont il approchoit le plus. Ainfi lorfque les fibres {ont placées fur une même ligne, & qu’elles fe ren- contrent toutes par leurs autres extrémités dans un petit efpace qui eft regardé comme un point , os le nomme le suftle triangulaire ; fi les trois côtés du triangle que le mule repréfente font inégaux, on Pappelle /calene. Lorfque les fibres paroïflent paralleles les unes. aux autres & perpendiculaires entre les deux ex- trémités, on donne au mufcle le nom de quarré 5 * fi elles font paralleles.entre elles, .8& obliques entre leurs extrémités, on appelle le wu/cle rom- boide : fi les fibres font en païtie paralleles , & en partie obliques entre elles à leurs extrémités, le mufcle prend le nom de srapeze. Lorfqu’on a égard aux trois dimenfons du wufcle, & que les fibres font attachées par l’une de leurs extrémités à une bafe large relativement à l’endroit où elles s’atta- chent par leur autre extrémité, on lappelle pyra- rnidale : fi ces fibres s’atiachent par l’une de leurs extrémités dans un petit efpace, & qu’elles s’épa- nouiflent en forme d'éventail, on Pappelle le #4f° cle rayonné. Si les fibres {e rencontrent aliernative- ment, & que les angles qu’elles forment foient pla- cées les unes {ur les autres à-peu-près comme dans lesaîles des plumes, le #ujcle prend le nom de per- niforme. Lorique les fibres font difpofées de façon que les zzufcles reprélentent une poire, on Pappelle périforme, vermiculaire, Où lombricaire s'ils reflem= blent à un ver, & enfin dertelé, s'ils fe terminent par une de leurs extrémités en forme de dents de {cie. Situation, Les muftles prennent différens noms par rapport à leur fituation ; & c’eft de-la que vien- nent les noms de frontaux , occipitaux , inter-épineux, inter-tranfverfaire , inter-vertebraux , &tc. Infertion, Les muftles prennent quelquefois le nom de lune des parties à laquelle ils s’attachent ; tels font les mufcles incififs, canains , zigomatiques , pteri- goidiens , &c, quelquefois des denx exrrémités où ils S'attachent : tels font les rufcles flylo-hyoïdiens , milo-hyoïdiens , genio-hyoïdiens , Gc. quelquefois en- fin, de trois parties, &c. lorfqu'il s'attache à trois endroits différens, &c. c’eft-à-dire , lorfque l’une de leurs extrémités {e terminent par deux parties dife férentes ; tels font les wuftles flerno-clino-maflois diens. | Ufages. Les mufcles portent quelquefois le nom des parties qu'ils meuvent : C’eff dans ce fens qu’on dit les wufcles des yeux, des oreilles, du nez, dela bouche , &c. Aëülion. Les muftles font appellées de [eur ation relative aux parties qu'ils meuvent ; fféchiffeurs , ex- tenfeurs , rotateurs ; confiriéteurs, dilatateurs, &c. Maffèser. Par rapport aux plans de divifion du corps, Ge. Adduiteur, lorfqu'ils approchent les par- ties vers ce plan; abduëleurs , loriqu’ils s’en éloi- gnent; releveurs, fupinateurs , &t érecteurs, loriqu'ils les relevent vers le plan horifontal ; abaiffeurs & pronateurs , lorfqu’ils les meuvent dans un fens con- traire. Comparaifon. Plufeurs muftles comparés enfem- ble, peuvent relativement à une ou à plufeurs de leurs dimenfions, être dits longs ou courts, grands, moyens, petits , larges, gros, ou gréles ; demi-nerveux É: demi membraneux ; s'ils reflemblent à des mem- branes. | Compofition. Les muftles pat rapport à leur plus ou moins de compoftion font appellés biceps, eri- ceps , lorfque leurs extrémités qui regardent le plan horifontal ; font partagés en deux ou trois parties ; Jumeaux, fi ces deux portions font égales, digaftre- ques, trigaftriques, Gtc. fi le mujèle eft divifé en fa longueur en plufieurs portions ou ventres. Propriéré. Certains muftles prennent leurs noms de quelque propriété particuliere ; tels font les of? curateurs , les complexus , le diaphragme, le perforant, le perforé, &c. Les Anatomiftes ne font pas d’accord fur le nom- bre des muftles du corps humain; il y en a qui en comptent jufqu'à 529, & d’autres n'en comptent que 425 : les hommes & les femmes ont les mêmes mufcles , fi on en excepte quelques-uns des parties de la génération. Il y en a qui font par pairs, & d’autres qui font impaîrs : 1l eft aflez difficile d’en déterminer le nombre, parce qu’il varie dans diffé- rens fujets, fuirvant qu'ils font plus ou moins char- nus, En voici l’'énumération par rapport aux régions dans lefquelles ils s’obfervent, Autour du crâne À. antérieurement les deux fron- taux, &.potiérieurement les deux occipitaux , qui en s’uniflant renferment une efpece de calotte. Autour de l'oreille externe, le releveur, lPaddu- éteur, 1,2, ou 3 abducteurs. Sur l'oreille externe, le tragien, l’antitragien, le grand hélicien, le petit hélicien, & le #4/cle de la conque. À la partie ie de l’oreille externe, le grand & le peut tranfverfaire. Dans l’oreillé interne | 3, mufcle du marteau & un de Pétrier. Sur La face , les deux fourciliers, les deux orbi- culaires des paupieres, les deux pyramidaux du nez, les deux obliques defcendans du nez ; les deux obli- ques afcendans, ou les deux myrtiformes, les deux grands incififs, les deux canins, les deux petits zigo- matiques, les deux rieurs, les deux grands zigomati- ques , les deux trianguülaires , le quarré , ou les deux obliques de la levré inférieure, les deux petits inci- fifs de la levre inférieure, l’orbiculaire des levres, les deux buccinateurs. Sur Les rempes , les deux crotaphites. Sur Les joues , les deux maffeters. Dans /4 cavité de l'œil, le releveur de la paupiete fupérieure, 6 de l'œil, le grand oblique, le rele- veur , l’abduéteur, ladducteur, l’abaifleur, & le petit oblique. Sur La partie anvérieure du col, les deux très-larges du cou, ou les deux peauciers, les deux fterno-cli- no-maftoidiens , les deux homo-hyoïdiens , les deux fterno-hyoidiens , les deux fterno-thyroïdiens, les deux hyothyroidiens , les deux digaftriques de la mächoire, les quatre ftylo-hyoidiens, les deux ftylos gloffes , les deux ftylo-pharingiens, les deux milo- hyoidiens, les deux genio-hyoidiens, les deux cera- to-gloffes , les deux bafo-gloffes, les deux chondro- gloffes, les deux genio-gloffes, les deux zzuféles pro- pres de la langue, l’éfophagien, les deux thyro-pa- | latins, ou ftraphili-pharingiens , les deux falpingo- pharingiens , le céphalo-pharingiens , les deux pté- rigo-pharingiens , les deux mylo-pharingiens , les deux genio-pharingiens, les deux chondro-pharin- giens , les deux cérato-pharingiens , les deux fyn- defmo-pharingiens, les deux thyro-pharingiens , les deux crico-pharingiens, les deux gloflo-palatins, les deux thiro-palatins, les deux periftaphilins internes, les deux periftaphilins externes, l’azygos , les deux crico-arythénoïdiens poftérieurs , les arythénoïdiens obliques , l'arythénoïdien tranfverie, les crico-ary- MUS 587 thénoïdiens latéraux ; les deux thyro-arythénoi- diens. Sous les jodes , les deux ptérygoïdiens internes, & les deux ptérygoïdiens externes. Sur la poitrine, les deux grands peétoraux, les deux petits peétoraux, les deux fouclaviers, les deux grands dentelés, tua Sur le bas-veñtre ; les deux grands obliques exter: nes, Les deux obliques internes, les deux tranfver- fes, les deux droits , & les deux pyramidaux, Autour du cordon fpermatique & du teflicnle, les deux crémafters. | LA Entre la poirrine & le bas-ventre ; le diaphragme. En-dedans de la poitrine antérieurement , le trian< gulaire du fternum , & poftérieurement les fur-co£: taux. À la partie fipérieure des lombes 6 de la cuiffe, les deux petits pfoas , les deux grands pfoas, les deux ilaques internes , les deux quarrés ou triangulaires des lombes. Autour du periné dans l’homme, les deux accélé: rateurs &c les deux éreéteurs de la verge. Autour des parties de la génération de la femme , les deux conftriéteurs du vagin, Les deux éreéteurs du chtoris, l ! Autour de l'anus ; le fphinéter externe de l'anus; les tranfverfes du periné , les deux releveurs de l’a- nus ; les deux 1fchio.coccigiens , les deux facro-coc: cigiens , le coccigien , le fphinéter interne de l’anus, les deux grands & les deux petits proftatiques dans l’homme. d Sur le dos, à la partie poftérieure du cou & des lombes , les deux trapezes, les deux grands dorfaux, les deux grands & les deux petits rhomboïdes , les deux dentelés poftérieurs fupérieurs, les deux den- telés poftérieurs inférieurs , les deux releveurs pro: pres des omoplates , le fplenius de la tête, les deux {pleniuis du cou, les deux digaftriques de la tête ; les deux grands complexus, les deux petits comple- xus, les deux tranfverfaires cervicaux, les deux cervicaux defcendans, les deux facro lombaires, & les deux longs dorfaux,les épineux du dos, les demi: épmeux du dos, les épineux du cou, les interépi- neux du cou, les deux grands droits poftérieurs de la tête , les deux petits droits poftérieurs de la tête, les deux obliques inférieurs de la tête, les deux obliques fupérieurs de la tête, les tranfverfaires épineux du cou, les inter-épineux du cou, du dos, des lombes, les inter-vertébraux du cou, du dos, des lombes, les grands & les petits releveurs des côtes. . Æntre les côtes, lès intercoftaux internes ; les in: tercoftaux externes. | | Sur les parties latérales G antérieures du cou du fque- lere, les deux premiers fcalenes, les deux petits fca: lenes , les deux fcalenes latéraux ; les deux fcalenes moyens ; les deux fcalenes poftérieurs, les deux grands droits antérieurs de la tête, les deux longs du cou, les deux petits droits antérieurs de la tête, les deux droits latéraux de la tête, les intértianf- verfaires antérieurs du cou, les interttanfverfaires poftérieurs du cou. (2 | A la partie fupérieire du bras & autour de l'épaule ; le deltoide, le fur-épineux ; le fous-épineux , le pe: tit rond , le grand rond , le fous-fcapulaire. Autour du bras , le biceps ; le coraco-brachiaï , lé brachial interne , le triceps du bras. | Autour de l'avant-bras , le long fupinateur , le long & le court radial externe , l’extenfeur commun des doigts de la main ; lextenfeur propre du petit doigt de la main, le cuhital externe, l’anconé, le court fupinateur , le long abduéteur du pouce de la main ; le court &c le long extenfeur du pouce de la main, l’extenfeur de lindex ; le cubital interne ; le long 888 MUS palmaire , le radial interne, le rond pronateur, Je fublime , le profond, le long fléchiffeur du pouce de la main, le quarré pronateur. | Dans la main, les lombricaux, le thenar, l’an- ticthenar , le mefo-thenar, le court fléchifieut du pouce , le court palmaire, Phypothenar, le fléchif- feur du petit doigt , le métacarpien , les interoffeux, & l’abduéteur de l’index. Sur les feffes , le grand , lemoyen & le perit fefñer, le pyriforme, les deux jumeaux ; l’obrurateur inter- ne, & le quarré. Autour de la cuiffe , le biceps ; le deminerveux, le demi-membraneux , le tafcia-lata, le droit antérieur, le couturier , le vafte externe, le vafte interne, le crural, le pedineus , les trois adduéteurs de la euiife, le grand , le long &le court , le grêle interne, l’ob- turateur externe. Autour de la jambe, le jumeau, le plantaire , le olaire , le poplité, le long fléchiffeur des doigts du pié , le jambier poftérieur , le long peromier , le court peronier, le long extenfeur des doigts du pié, le petit peronier , le jambier antérieur , l'exténfeur propre du pouce. Sur le dos du pié , le court extenfeur des doigts , ou le pédieux. A la partie inférieure du pie, le court fléchiffeur des doigts , le thenar , le grand & le petit para the- nar , les lombricaux, l’anti-thenar, le court fléchif- {eur du pouce , le tranfverfal du pié , les inter- offeux. Voyez ces mufcles à leurs articles particuliers. MUSCLES , jeux de la nature Jur les, ( Myolog. ) Les cadavres offrent un aflez grand nombre de jeux fur l'origine, la diredion , linfertion & le nombre des mufcles du corps humain, comme en font con- vaincus les anatomiftes qui fe font occripés aux difle@tions myolopiques. Ils ont trouvé que les zuf- cles varioient beaucoup à tous les égards dont nous venons de parler, manquoient fouvent , & furabon- doient quelquefois. Je fais pourtant qu'il ne faut pas mettre dans le rang des jeux de la nature les fubdi- vifons rafinées d’un même :ufcle en plufieurs petits, telles que font les mulriplications des wufcles des levres, de la langue & du larynx par Valfalva, de ceux de la refpiration par Sténon &t Verheyen ; de ceux de la plante du pié par M. Winflow, ni même encore de fon srand fourcilier en deux mufcles, puif- qu’il ne forme qu'une feule piece, qu'il n’a que deux attaches , & un feul ulage. Ce feroient-là autant de doubles emplois qui feroient des erreurs de calcul ; auffi nous nous garderons bien, pour grofüir notre catalogue, de mettre fur le compte des jeux de la nature ceux qui se font que le produit de la main de Vartifte dans fa façon rafinée de difféquer. 1°. Des mufiles de la tête. On nomme parmi les mufcles de la tête Les peuts droits antérieurs , les pe- tits droits poftérieurs , les grands & les petits obli- ques ; mais on rencontre quelquefois par des jeux de la nature à côté des zufcles droits, d’autres petits snufcles qu'on appelle farruméraires , & qui paroïffent avoir les mêmes ufages que les r4/cles dont ils font les furnuméraires. On trouve aufh quelquefois dou- . bles les zufcles droits &c obliques. 2°, Des mufcles de ’épine. Les Anatomiftes n’ayant pas voulu s’écarter de la divifion commune de Pé- pine en trois parties, ont cru devoir attribuer à cha- cune des zzufcles particuhers ; une pareille divifion , qui métoit pas trop néceflaire, a inutilement mulr- plié tous ces wuftles, &c a jetté fur leur defcriprion & leur difleion un embarras dont les plus habiles ont bien de la peine à fe tirer. Il falloir s en tenir à la dénomination générale des mufcles de lépmne , fe réfervant de faire connoîïtre dans leur defcription à quelle partie de l’épine ils appartenoient. Suivant cette méthode fimple on difingueroit les vrais jeux de la nature de ceux qui naiïffent du fcalpel &z de la diffleétion de l’Anatomie. Par exemple , le wufcle très-long a été divifé à caufe de fes troufleaux de f- bres., en plufieurs z#/clestqu'on a donné tantôt au cou, tantôt à la tête, & comme il eft impoññble d'en faire la féparation fans conper le mufcle en tra- vers, les uns ont dit dans la deicription de ces par- ties que ces mafcles étoient confondus, 6€ d'autres qu'il régnoit ici de grandes variétés : c'eft encore par la même raifon qu'on trouve tant de diverfté dans les attaches & les communications de tous les mufeles vertébraux. Mais un jeu bien réel dela na- ture , qui fe rencontre ici quelquefois & qui ne dé pend point du fcalpel, c’eft le manque dans quelques fujets du mufcle de l'épine nommé le pers pfoas ; car quand il exifte , on ne le cherche pas long-1ems après qu’on a enlevé lestreins & le péritoine. | 3°, Des mufcles de L4 refpiration. On a eu foin de multiplier auf les jeux dela nature fur les rrufcles de la refpiration , en multipliant fans fondement les mufcles externes &r internes des côtes. De fimples troufleaux de fibres plus ou moins longs qui tiennent à trois côtes , en paflant fur celle qui eft au milieu, ont été décorés du nom de sufcies : de là viennent les mufiles fur-coftaux courts & fur coffaux longs de: Verheyen, dont il s’eft fait honneur , quoique Caflerius & Sténon les euffent vus avant li: de là encore les fous-coftaux du même auteur, repréfentés autrefois par Euftachius. Or tous ces mufeles ne {ont que des plans charnus très-minces ; il n'eft donc pas étonnant que de leur nombre, de leur direétion 6 de leur terminaifon variée, on en ait fair autant de jeux de la nature, que nous ne croyons pas nécef- faire de détailler ici, vu leur peu d'importance. 4°. Des mufcles de l'avant bras , de la paume de la main , & des doigts. Le mufcle de lavant-bras, qu'on nomme iceps, a dans quelques {ujets trois têtes ou tendons au lieu de deux : c’eft un de ces jeux de la nature qu'on ne peut pasrévoquer en doute. J'ai vü, dit un anaromifte qui a diféqué plus de mille cada- vres ( M. Lieutaud ); j'ai vu le biceps avec trois té- tes dans un fujet où le grand palmaire manquoit en- tierement : cette troifieme tête furnuméraire , qui étoit prefqu’aufh .grofle que les deux autres enfem- ble, venoit de la partie interne & moyenne du bras, entre l’infertion du deltoide & celle du coraco-bra- chial, Le grand palmaire , comme on vient de le voir ; manque quelquefois ; quelquefois il fe détermine aux os du carpe, fans aucune communication avec l'apo- névrofe palmaire ; & quelquefois il eft tout charnu jufqu'aux ligamens annulaires où il s'attache. Il ré- fulte de là que, contre l'opinion commune, ce muf= cle eft ,de même que le cubital & le radial interne, un fléchifleur du poignet. Les deux extenfeurs du pouce font fujets à quel- ques variétés , & l’on trouve entr'eux quelquefois un zufèle furnuméraire. L'abdu@teur du pouce n’eft pas double dans tous les fujets. 5°, Des mufcles de la cuiffe , de la jambe & du pie. Le triceps mufcle adduéteur de la cuiffe , ou qui fert à porter la cuiffe en dedans, fe trouve quelquefois réellement diftingué en quatre têtes. Le poplité eft un petit mu/ck fitué fupérieurement à la partie poftérieure de la jambe , &c qui fert à lux faire faire un mouvement de rotation de dehors en dedans lorfqw’elle eft pliée. Fabrice d’Aquapendente rapporte avoir trouvé une fois ce wftle double dans chaque jarret ; il y en avoit un deflus &c l’autre def- fous , qui fe touchoïent tous deux. Le mufcle du pié, qu’on nomme plantaire, & plus proprement le yambier gréle , manque quelquefois, &£ d’autres fois il eft plus bas. | Les tendons des wafcles plantaire & palmaire, manquent anquent dans divers fujets Le jambier poftérieut ; qui eft un rufele adduétenr du pié , a le tendon qui e partage quelquefois en deux, dont l’un s’attache à Pos cuboiïde , 6e. 6°. Des mulcles de la bouche, de La langue, & de l'os hyoide. Le zigomatique eft un muféle des levres qui eft ordinairement double & quelquefois triple ; il fait encore dans quelques fujets un plan prefque continu avec l'incifif, l’orbiculaire des paupieres , & le peaucier., Le mylogloffe eft le quatrieme "w/&/e que nos mo- dernes donnent à la fingue ; il vient de la bafe de la machoite , au-deflus des dents molaires ; mais il eft peut-être permis de le regarder comme un jeu de la nature , puifqu'on le rencontre aflez rarement, & même toujours alors avec quelque variété. Le cofto-hyoiïdien eft le plus long des wuftles de los hyoïde : il tire fa naïffance de la côte fupérieure de l’omoplate ; mais fon origine varie beaucoup, car il vient quelquefois de la clavicule , & quelque- fois encore il manque d’un côté. 7°. Des mufcles du bas-ventre. Les mufèles pyra- midaux trouvés par Jacques Sylvius fous le nom de rufeuli Juccenturiati, & dont Fallope n’a pas eu rai- ion de S’attribuer la découverte , font deux petits nufeles du bas-ventre communément inégaux, & qui par extraordinaire fe terminent jufqu'à l’ombilic ; de plus , quelquefois tous les deux manquent, & quelquefois un feul. Riolan dit que lorfque Pun des deux manque, c’eft d'ordinaire le gauche ; mais Rio- lan avoit:1l vû aflez fouvent cejenude la nature, pour décider du côté où il eftle plus rare? Quant au ligament de Fallope ou de Poupart ,que M. Winflow appelle avec beaucoup de raifon Ziga- nent inguinal, nous remarquerons ici que quoiqu'il doit toujours également tendu, il n’a pas la même folidité dans tous Les fujets , & c’eft peut-être dans quelques perfonnes une des caufes naturelles d’her- me crurale, 8. Des mufcles de l'oreille, Les rnuftles de l'oreille extérne font du nombre de ceux fur lefquels on crot- roit qu'il regne le plus de jeux de la nature , fur-tout f l’on en juge par les ouvrages de Caflérius , de Duverney, de Cowper & de Valfalva ; mais il faut auf avouer que la plüpart de ces jeux prétendus de la nature, naïflent de la main des anatomiftes qu'on vient de nommer, lefquels ont cru fe faire honneur de prendre pour des wufeles particuliers quelques fibres charnues qui fe détachent des muftles , cutanés. Comme ces fibres ne fe rencontrent pas dans la plüpart des cadavres, & qu’elles font fujettes à de grandes variétés , on a resardé ces variétés pour autant de jeux de la nature ; mais du-moins ne meritent-elies pas qu'on s’en inquiete & que nous nous y afrétions. 9°”. Des mufcles Jxrnuméraires: Toutes les machi. nes animales d’une mêmeefpece ne font pas exacte- ment femblables, & elles le font quelquefois fi peu, qu'il fembleroit qu'il y a eu différentes conformations pumitives. M. Dupuy, medecin à Rochefort, a com- muniqué à l'académie des Sciences une obfervation qu'il a faite de deux wufcles qu'il ne croit pas qu’on ait encore vüs dans ancun fujet. Ils étoient tous deux couchés fur le grand peétoral de chaque côté , & gros feulement comme des tuyaux de plume à écrire ; celui du côté droit naif- foit par un tendon du bord inférieur du premier o: du flernum, &c defcendant obliquement {ur le grand peétoral , alloït s’attacher par une aponévrofe large d’un doiot , au bord fupérieur du cartilage de la fep tieme côte vraie, à deux doigts du cartilage xiphoi de. Celui du côté gauche naïfloit auffi par un tendon du bord inférieur du cartilage de la feconde côt vraie, auprès du Rernum,;, & fortant parmi les fibres Tome K, | MUS 889 _ du grand peétoral , defcendoit, comine l'autre, cou: ché fur ce wufcle, & s’intéroit pareillement au bord fupérieur du cartilage de la feptieme côte vraie de {on côté, mais un peu plus loin du cartilage xiphoïde que l’autre. Les deux rufcles pulmonaires manquoient dans ce fujet ; M. Dupuy demande fi la nature les auroit tran{portés fur la poitrine : du-moins ces deux petits muféles les remplaçoient pour le nombre & à: peu- près pour le volume , ce qui eft plus fingulier pour l'expanfion aponévrotique de leur attache infé- tieure, M. de la Faye a aufñ fait voir À l’académie des Sciences des mufcles furnumérairesqu'il avoit trouvé dans le cadavre d’un même fujet. Voyez l'hifloire de l'acad. des Scienc. ann, 1736. Tous ces jeux de la nature étonnent le phyficiens mais la caufe immédiate de lation des mufeles 8 du mouvement mufculaire eftelle mieux connue ? Un efprit vit en nous 6: meut tous nos refforts : L'impreffion fe fair ; lë moyen on l’ignore : On ne l'apprend qu’au [ein de la divinité ; . AE A à Et s'ilen faut parler avec fincérité , Boerhaave l’ignoroït encore. (2.7) MUSCIPULA, Cette plante s’appelle apociz ow aitrape - mouche, parce que ces petits infectes s’y prennent à la glu qui fort de fon tronc. Il pouffe de fa racine plufieurs tiges menues & rondes , qui fe divifent en divers rameaux. Ses feuilles font larges par en bas, embraflant leurs tiges & fe terminant en pointes ; à l’extrémité des racines paroïflent des fleurs à œillets en puife de petits bouquets rouges & Odorans , compolés de cinq feuilles difpofées en rond, qui forrent d’un calice à tuyau ; il s’en éleve un piftl formant un fruit renfermé dans le calice, qui contient fa graine ronde & rougeâtre. Le mufci- pula donne des fleuts pendant l'été, & fa culture eft ordinaire. MUSCULAIRE , er Anatomie , quelque chofe qui a rapport aux mufcles où qui participe de leur na ture. Voyez MUSCLES. C'eft dans ce fens que l’on dit fibres mufeulaires ; chair#mufculaire | veine mujfculaire , artere mufeulai= re | CC. Les organes les plus fimples par lefcuels s’exécu: te l’aétion organique de toutes nos parties, font connus fous le nom de mufcles, L'action des mufcles eft ou volontaire ou involon- taire, ou naturelle, c’eft-à-dire qu'il y a des mufcles dont l’aétion eft entierement foumife à notre volon= té; tels font ceux qui meuventles bras & les jambes: d’autres où notre volonté n'a aucun pouvoir , & qui agiMent continuellement, foitque nous dormions, loit que nous veilhions , indépendamment de notre confentement , & fans que notre volonté puifle ni arrêter , mi accélérer, ni ralentir leurs a@ions; tels font les mufcles qui fatisfont aux adtions dans le quelles conffte la vie, comme l’a@tion du cœur à des arteres, de l’eftomac, des inteftins, &c. Les mufcles foumis à la volonté peuvent agir auf fans être continuellement mis en mouvement par la volonté ; car l’ame n’eft pas une caufe efficiente du mouvement & du repos, elle n’eft tout au plus qu'une caufe déterminante des mouvemens volon= taires. Un homme qui marche & quia l’efprit occupé de différentes idées , fait fouvent beaucoup de che- min fans penfer qu'il marche. Ainfi un feul ae de la volonté peut mettre les mufcles pout long-tems en ation, & peut de même les faire cefler d’avir & les laiffer dans l’inaétion fans que l’ame y pente. Les fibres muféulaires au moyen defquelles s’exé= cute cette ation, font des files fins dont on a déja VVvvy | 890 M US «donné la défcription à l'article FIBRE, Voyez FIBRE € MUSCLE. La ftruêture des fibres les plus petites & qui peu- : vent être regardées comme les élémens des mufcles, ‘examinée à-travers le microfcope, a toujours paru, | tant dans l’homme que dans les animaux, femblable à la ftru@ure des grandes fibres ; on a fimplement découvert que ces fibres étoient très-petites ; & ‘elles étoient toutes réunies par un tiflu cellulaire. Voyez TISSU CELLULAIRE. Elles ne font donc point compofées de véficules mi d’une fuite enchaînée de lofanges, comme quel- ques-uns l'ont prétendu: ces fibres font-elles creu- {es ? font-elles continues aux arteres ? Les fibres rouges du mufcle font-elles continues avec celles destendons , parce qu'après avoir été bien lavées elles deviennent auffi blanches & aufli folides qu°- elles ? Ces fibres font fi petites , que cela ne paroit pas probable, Pour expliquer la contraftion des mufcles, les phyficiens les plus éclairés ont eu recours à un fuc qui coule dans les nerfs, & à des véficules qui, fe- Jon eux, font dans les fibres mufculaires. | Il y en a plufieurs qui ont attribué au fang la con- traétion des mufcles. Baglivi regarde les grandes & les petites fibres | commeautant de cordes dont chaque point gliffe fur les globules du fang qui y circule de même que fur autant de poulies , & qui décrivent des demi- | courbes, d'oùil réfulte une grande force dans les extrémités des tendons. Il démontre cette hypothèfe en faifant faire au fans des petits cylindres qui-s’en- tortillent autour de la fibre. Il ne donne aux efprits animaux d’autre fonétion que celle de varier le dia- metre des globules du fang, & de les rendre globu- laires fphéroïdes alongés ou applatis, felon le plus ou le moins de tenfion qu’il doit y avoir. Il en eft qui , avec Le favant dofteur Willis, font des tendons des mufcles autant de refervoirs des ef-: prits animaux , au moyen defquels les efprits , felon eux, font élevés au gré de la volonté : c’eft de cette forte qu'ils fon portés dans le corps du mufcle, où rencontrant les particules a@ives du fang , ils y fer- mentent, y produifent un gonflement, & contraétent ainfi le mufcle. : D'autres, du nombre defquels font Defcartes & fes fetateurs, ne reconnoïflent d’autres relervoirs des efprits animaux que le cerveau, & les font par- tir de là comme autant d’éclairs au gré de la volon- té, pour parvenir à-travers les nerfs aux endroits du corps où il s’agit d'exécuter ce que l’homme fe pro- pofe ; & ils préferent ce fyftème , parce qu'ils ne fauroient s’imaginer que les tendons puiflent former un refervoir convenable pour les efprits animaux, eu épard à leur tiflu extrèmement ferré, nique les efprits animaux y puflent refter dans l’inaétion. M. Duverney &c fes feftateurs ont imaginé que ce gonflement pouvoit être produit fans fermenta- tion pat lésefprits animaux & par le fuc qui provient des artetes , lefquels coulent l’un & l’autre dans les tendons &r les fibres charnues , qu’ils étendent à-peu- près comme l'humidité fait gonfler les cordes. M. Chirac &z d’autres foutiennent que chaque fibre mufculaire a d’éfpace en efpace, lorfque le muf- cle eft dans l’inaétion , outre {4 veine , fon artere & fon nerf, plufeurs autres petites cavités de figure oblongue ; que le fang qui circule dans ce mufcle dépofe continuellement dans fes pores un recrément, | fulphurenx qui abonde en fels alkalis, & que lorf- que ces fels rencontrent l’efprit qui coule par ces nerfs dans ces mêmes pores, leurs particules nitro- aériennes fermentent avec les particules falines du récrement fulphureux ;"8r que par une efpece d’ex- plofon elles étendent affez les pores pour changer q . leur figure ovale & longue en une ronde, 87 que c’eft ainfi que le mufcle fe contraëte. Borelli a imaginé que les fibres des mufcles font compofés d’une chaîne de rhombes ou de lofanges dont les aires s’élargiflent ou fe rétréciflent à me- fure que le fucnerveux y entre ainfi que la lymphe &c le fang, & qu’elles en font exprimées au gré de la volonté. Le doëteur Croon prétend que chaque fibre char- nue eft compofée de petites veflies ou globules qui communiquent les unes aux autres, & dans lefquel- les le fuc noutricier entre avec une ou deux autres liqueurs; que la chaleur naturelle caufe de plus alors une effervefcence entre ces liqueurs, &c que c’eft par-là que le mufcle fe tend. Le doûteur Cheyne prend ces petites fibriles des mufcles pour autant de canaux élaftiques fort déliés, ferrés tont-au-tour par de petites cordes pa- ralleles tranfverfes qui divifent les fibriles creutes en autant de petites véfcules élaftiques, lefquelles font orbiculaires & formées par un fepment con- cave de fphere, & dans chacune defquelles il entre une artere, une veine &c un nerf; les deux premie- res pour porter & rapporter le fang, Le nerï pour y porter le fuc nerveux , lequel venant à fe mêler avec le fang dans les véficules, picote & brife les globules du fang au moyen des particules acides êc pointues dont il eft formé, & cela au point de faire {ortir dans ces petites véficules l'air élafique qui étoit contenu dans les globules, ce qui gonïle les cellules élaftiques des fibres, & accourcit par con- féquent de cellule en cellule leurs diametres lon- gitudinaux , & doit contrater en même tems Îa longueur de toute la fibre, & mouvoir par confé- quent l'organe auquel l'extrémité du tendon eft at- tachée. | Le docteur Keïl que cette théorie n’a pas fatisfait, en a imaginé une autre où il fuppofe aufh la même ftruêture, & où il prend les mêmes fluides, favoir le fang 8 le fuc nerveux pour.les agens & inftru- mens de la contraétion ; mais au-lieu de ces parti- cules piquantes du fuc nerveux qui percent dans l'autre fyftème les particules de fang , & qui met- tent ainf en liberté l'air élaftique qui y étoit com- me emprifonné , 1l aime mieux en tirer explication de la force de lattraétion. Voyez ATTRACTION. Dans tout le refte M. Keïl démontre fort bien la maniere dont les véficules fe gonflent, mais fans rendre juftice à M. Bernoulli qu'il a copié. Le dofteur Boerrhaave trouvant dans le fuc ner- veux ou les efprits animaux toutes les qualités que nous avons prouvé être néceflaires pour lation des mufcles, & ne le trouvant dans aucun autre fluide du corps humain, croit qu'il eft inutile d’avoir recours au mélange de plufeurs liqueurs pour ex- pliquet un effet à la produétion duquel une feule fuit, & ainfi il nhéfite point d'attribuer en entier ladion des mufcles aux feuls efprits animaux. M. Aftruc a travaillé aflez heureufement à prow- ver qu'il n’y a que Le fuc nerveux qui foit employé au mouvement mufculaire , & que le fang n’y à aucune part; c’eft ce qu'il a fait par l’expérience fuivante, qu’il a réitérée plufieurs fois avec le même fuccès ; il a ouvert l'abdomen d’un chien vivant , & | éloignant les inteftins, il a lié avec un fil Paorte dans l’endroit où elle donne naïiflance aux iliaques & l’artere hypogaftrique, ila enfuite coufu les muf- cles hipogaitriques, & la fenfation lé le mouve- ment ont été aufh vifs & aufhi prompts qu'aupara- vant dans les parties poftérieures du chien, de fa- con que lorfqu’on le laïfloit libre il fe tenoit fur fes quatre pattes, & marchoit avec la même facilité || qu'auparavant, fans chanceler davantage ; or il MUS eft certain qu'il n’aloit alots aucune goutte de fans dans les parties poftérieures du chien, Le do&teur Lower, M. Cowper, & après etx le dofteur Morgagni, & d’autres auteurs modernes qui ont écrit fur ce fujet abandonnant tout fluide ad- ventice, déduifent la caufe du mouvement mufcu- laire de l’élafticiré intrinfeque des fibrilesnerveufes qui fe contraétent & fe rérabliffent, malgré lobftacle de la force extenfive du fang qui circule, Morgagni tâche de prouver cefyfième par lesobfervations {ni- vantes. 1°, Que tous les vaifleaux d’un animal étant compolés de fibres flexibles & extenfibles, elles font toujours dans fin état de tenfion, c'eft-à-dire que les fluides qui y font contenus les étendent tranfverfale- ment & longitudinalement ; c’eftainf, par exemple, qu'une veine & qu’une artere qu'on coupe fe contra- étent de même que le côté oppofé du vaifleau, au point que les parties viendront prefque à fe toucher dur l’axe pendant que les deux bouts s’éloignant les uns des autres laifieront un vuide, ce qui prouve que le vaifleau, lorfqu'il étoit dans fon état natu- rel , étoit tendu dans les deux fens , & que par con- féquent cette contraëtion dans toutes les dimen- fions , eft l’a@tion naturelle ou intrinfeque des vaif- {eaux ou des fibres, | Bergerus a avancé que les fibres membraneu- Tes tranfverfales venant à fe tendre rident les fibres chärnues; on eft aufli embarraflé avec cet expé- dient qu'avec les autres : on fait dire à Stenon que les angles des fibres qui étoient aigus devenoient droits ; mais quelle eff la méchanique qui fait cela, & comment iuppoler que des efpaces remplis d: fluides qui pouflent également de tous:côtés puif fent avoir des angles aigus? Toute cavité fimple remplie d’une liqueur qui eft pouflée à force doi s’arrondir, M Deidier fuppofe dans uñe thèfe que les fibres nerveufes venant à {e contracter dans un mufcle, le fang y coule moins abondamment que dans fon an- tagonifte, de-là vient que cet antagonifte l’emporte fur le mufcle déjà contraë&é par la machine. M. Bernoulli, après avoir expolé la flrudure . des mufcles fuivant laquelle il les fuppofe compo- fés de deux plans de fibres, l’un longitudinal & Vautre tranfverfe ; 1l penfe que les fibres tranfyer- fées doivent reflerrer les longitudinales, qui gon- flées pat leffervefcence qui y arrive, prendront par ce noyen la figute d’une fuite de petites véfi- cules ovales, & non pas de reétangles, comme l’a penié Borelh, ce qu'il démontre très-bien, & dont il déduit, par un calcul très-ingénieux dans le dé. tail duquel nous n’entrons pas ici, une évaluation des forces des mufcles bien différente de celle que Borelli avoit trouvée par le fien : quant à fon hypo- thèfe, la voici. « Lôrlaune la volonté, dit-il, envoie » le fuc nerveux dans les mufcles, les parties de ce » fuc par leurs pointes fubtiles s’attachent aux par- » ties du fang &t les divife ; alors les parties d’ait ren- # fermées dans le fang bouillonnent , fe dilatent » tout-a-coup , & fubtiles qu’elles font, elles s’échap- » pent facilement, & lorfque par une impétuofité s fubite elles ont raréfié le fang , les particules du » fuc nerveux, dont les pointes font plus fortes, 5 rompent quelques pores des globules du fang qui » renferment Pair, &z cet air groflier ne pouvant # s'échapper par les pores des mufcles, produit les » véficules qui s’obfervent à leur furface, de pareil- » les véficules font la caufe de la tympañite; c’eft # encore, continue notre auteur, une Efreur popu- » laire que de croire que la paraiyfe ne provient » que de cé que les efprits animaux ceflent de cou- »ler dans la partie paralytique, puifqwelle peut # également provenir du trop de foupleffe des poin- » tes des particules du fuc nerveux », Payez fa Diff, Tome À, MUS Bot M. Winflow ñe trouvant point les différentes hÿs pothètes fur le mouvement des mufcles fufifantes pour rendre faifon de la détermination de ces mou: vemens, de leur durée, de leur augmentation & de leur diminution, &c. M. l'abbé de Molieres entre. prit de réfondre quelques-unes de cés dificulrés par l’hypothèfe fuivante. Il reconnoit avec tous les grands anatonuites ; que le nombre des vaifleaux qui fe diftribuent dans le mufcle eft infini ; que ces petits vaifleaux font comme autant de petits cyliris drés qui s'étendent le long des fibres des mufcles ; que tous ces petits cylindres font tous entourés paf un nombre infini de filamens nerveux, & que ; lors que nous voulons exécuter quelque mouvement, il fe fait une effufon d’efprits animaux plus grandé qu'à l’ordinaire ; ce qui népeut arriver {ans gonfler les petits filamens nerveux qui environnent chaqué petit vaifleau ; les filamens ne peuvent être gonflés fans qu'il s'enluive ane compreflion fur les vaif: fcaux qu'ils environnent; les petites arteres doivent donc fe changer en une efpece de petit chapelet, & c'eft de-là qu'il déluit explication de la plûpart des phénomenes du mouvement rmifculaire, Voye les Mémioires de l’acad. royale des Sciences, Quelque ingénieufes que puifflent êtré toutes ces hypothèfes, elles ne peuvent cependant fais: faire à tous les phénomenes du mouvement muf- culaire ; 8 tout ce qu'il y a de bien certain & de bien démontré, c’eft : | 1°, Que les mufcles ont une forcé de contraGior naturelle, En:effet, fi on regarde au microfcope la chair d’un animal récemment tué , on voit évideme ment qu’elle fe contraéte, Si on coupe dans un ani- mal quelconque un mufcle dans fon milieu, on voit les deux extrémités fe contracter, Si on arrache le cœur dune grenouille, & qu'on le mette fur ne table , On le voit faire les mouvemens de fyftole & de diaftole pendant une henre, Qu’on mette tremper dans l'eau un mufcle pendant quelque tems , il de: vient pâle , fe dépouiile de la partie ronge qui l'en vironnoit, & fes fibres deviennent plus courtes ; elles s'alongent lorfqu’on les tire, & fe remettent dans leur premier état lorfgw’on les lâche. [1 faut néanmoins convenir que cette force de contraftion naturelle aux mufcies, & même aux membranes qui ne font pas #ufeulaires | différent beaucoup de celle qu'ils ont pendant la vie ,.& avec laquelle ils fou- tiennent des poids certainement plus grandsque ceux qu'ils fupportent , lorfqu'ils ne font plus animés paë cette force vitale quelle qu’elle puiffe être. 2°: Left certain que les expériences pronvént que la caufe du mouvement wmw/cwlaire vient des nerts ; purique les nérfs ou la moëlie épinieré étant irrités, même dans l’animal après la mort; lesmutcles quires’ çoivent de ces parties destameaux de nerf, entrent dans de violentes convulfons. Le nerf d’un mufele quelconque étant lié ou coupé, ce mufcle s’affaife, tombe en lanpueur, & ne peut äucuñement fe rétas blir dans un mouvement iemblable au mouvement vital; la hgature étant relâchée, le mufcle recouvre là force qui le met en mouvement. Ona fait ces exe périences fur-tout fur le nerfdiaphragmatique & fur le récurrant. 3°. Il eft encore en queftion files arteres cohcoûs rent au mouvement mwfeulaire. La paralyfie qui furz vient dans les extrémités après la Hgature de l’aora te ; ou dans quelques parties que ce puifle être ; après avoir lié l’artete qui y porte le fang , fembles roit le confirmer ; cependant de prands hommes prés tendent que Îles arteres ne concourent en rien au mouvement 4fenlaire, fiion en ce qu’elles conter: vent la bonne difpoftion du mufcle, l'habitude mu tuglle des parties, qu'elles féparent la vapeur & la graiflequiles humeGent, & enfin qu'elles le nourrifs V Vyvvi 89 MUS fent = cela paroït d'autant mieux fondé , que lemuf- ele ne fe détruit que long-tems après qu’on a empè- ché par quelques moyens que ce puifle être, le fang artériel de s’y porter, & qu'on ne peut expliquer le mouvement de quelque mufele particulier par une caufe qui provenant du Cœur , agit avec une force égale-dans toutes les parties du corps. | -C’eft:donc parle moyen des nerfs ( continue M. Haller, de quij'aitiré une partie de ce que jai dit ci- deffus } , &c non pas celui des arteres , nides autres parties folides,que s’exécutent les ordres de la volon- té ; maïs la façon dont les nerfs mettent les mufcles en mouvement , eftf obfcure, qu'il ny a prefque paslieu d’efpérer de la jamais découvrir ; les véf- cules nerveufes capables de fe gonfler , le fuc ner- veux y étant apporté avec plus de vitefle, ne s’ac- cordent pas avec l’anatomie, qui nous fait voir que les fibriles font par-tout cylindriques avec la promp- te exécution du mouvement dés mufcles , avec la diminution plutôt que l’augmentation de leur volu- me pendant leur aétion ; les chaînettes, lesrhombes que forment les fibres enflées , ne cadrent pointavec l'anatomie de ces parties , ni avec la vitetfe de leur action ; enfin , on ne peut faire voir une affez sran- dé quantité de filets nerveux produits par aufli peu de nerf, & que ces filets fe diftribuent dans une di- teétion prefque tranfverfe par rapport à celle des fibres mufculaires, La fuppoñtion queles nerfsenvi- ronnent la fibre artérielle , & la contraétent par fon élaflicité , n’eft pas conforme à la ftruéture de ces parties, dans lefquelles on prend pour nerfsles filets cellulaires , qui font les feuls qu’on y puiffe décou- vrir : lhypothèfe des bulles de fang remplies d’air, & la façon dont on s’en fert pour expliquer le mou- vement æuféulaire, ne {ont pas conformes à la na- ture du fans , dans lequel on fuppofe un air élaftique qui n’y eft pas ;1beft d’ailleurs conftant par ce qui a été dit ci-deflus , que l’aétion des mufclés ne dépend pas de leurcontra@tion méchanique , mais de la gran- de vîreife avec laquelle le fuc nerveux ycoule , & ce n’eft que par fon impulfion que l’on peut rendre raifon de leur dureté lorfqu'ils font quelque effort , foit que cela vienne dela volonté ou de quelqu’au- tre caufe qui ait fon fiege dans le cerveau, foit de la puiffance d’un aïguillon fur le nerf même , 6'c. L'effet du mouvement ufculaire eft de rendre les mufcles plus courts, de tirer par cette raïfon leurs tendons qui font prefque en repos vers le milieu du mufcle , & d’approcher les os ou les parties aux- quelles les tendons font attachés , Les unes des au- tres. Sil’une des parties mues eft plus ftable que Pau- tre, la plus mobille s’approche alors d'autant plus de lantre, qu’elle eft moins ftable qu’elle ; fi lune d’elles eftimmobile , la mobile s’approche unique- ment vers l’immobile, & c’eft dansce cas le feul où les mots d’origine & d’infertion | qui d’ailleurs font fi fouvent équivoques , peuvent être tolérés. La force de cette ation eft immenfe dans tous Les hommes, & fur-tout dans les phrénétiques & dans certains hommes vigoureux. Peu de mufcles élevent fouvent un poids égal & même plus grand que le poids de tout le corps humain ; cependant la plus grande partie de l’eflort ou de la puiffance du mufcle {e perd {ans produire aucun effet {enfble, puifque les mufcles ont leur attache plus près du point d'appui, que n’en eft le poids qu'ils doivent foutenir : Peffet de leur a@ion eft d’autant plus petit , que la partie du levier à laquelle ils s’attachentpour mouvoir le poids ef plus petite ; de plus, une grande partie des muf- cles formant avec les os auxquels ils s’inferent, fur- tout dans les extrénutés, des angles fort aigus, & par conféquent l’effet de l’aétion des mufcles fera d'autant plus petite, que lefinus de l’angle entre le mufcle & los eft dans un moindre rapport avec le MUS = finustotal ; d’ailleurs la moitié de tout l'effort du muf cle en contrattion eft fans effet, parce qu’on peutre- garder ce mufcle comme une corde qui tire au poids vers fon point d'appui : d’ailleurs plufieurs mufeles font placés dans l'angle formé par deux os dont l’un’ leur fert de point d’appui pour mouvoir lautre ; ils fe fléchiffent donclorfque cet os eften mouvement; un. nouvel effort doit alors mouvoirces cordes fléchies: plufieurs mufcles paffent par-deffus quelques artieu- lations & les fléchiffent toutes un peu, de forte que | la plus petite partie de l'effet de cette ation eft reler= vée pour fléchir unearticulation particuliere : les f- bres mufculaires elles-mêmes forment très-fouvent avec leur tendon des angles qui leur font perdreune: grande partie de leur force, & ce qu'il en refte eft à: la force totale dans lerapportdu finus de Pangle d'in: | fertion , au finus total. Enfin les mufcles meuvent les poids qui leur font oppofés avec une grande vi tefle ; & non-feulement ils emploient aflez de force pour le balancer, mais ils en emploient même aflez pour les élever. Toutes ces pertes compenfées, il paroïît que la force des mufcles ena@ioneft très-srande, & qu’elle ne peut fe détérminer par aucun rapport méchani- que ; fon effet étant prefqu’un foixantieme de tout. | l'effort du mufcle, & que quelques mufcles dont le | poids n’eft pas confidérable, peuvent élever un poids de mille livres, & l’élevent avec une grande viteffe. On ne doit pas moins admirer la fagefle du Créa- teur, Car ces pertes font compenfées par d’autres avantages ; par la jufteffe du corps, par le mouve- ment ufculaire, par la vitefle néceflaire, par la di- retion des mufcles, avantages qui tous contraires, demandoient une compenfation méchanique ; mais on conclut de-là que Paétion des efprits animaux eft très-puifante, puifqu’elle peut dans un organe fi pe- tit, produire affez de force pour foutenir un poids égal à quelque milliers de livres pendant long-tems, même pendant des jours entiers : & il ne paroît pas qu’on puifle l'expliquer autrement que par la viteffe | incroyable avec laquelle ce fluide fe porte dans tou. tes ces parties , lorfque nons le voulons , quoiqu'on ne puifle pas dire d’où vient cette vitefle , & qu'il. fuffife qu'il y ait une loi déterminée, fuivant laquelle le fuc nerveux foit nouvellement pouifé avec une vi- tele donnée fuivant une volonté données Voyez NERVEUX & ESPRIT. Les mufcles antagonifles facilitent le relâchement des mufcles dans leur aétion dans toutes les parties du corps humain ; chaque mufcle eft balancé ou par un poids oppofé, on par fon reflort, ou par un autre mufcle, ou par un fluide qui fait effort contre les parois du mufcle qu'il preffe : cette caufe quelle qu’elle puifle être , agit continuellement, même lorfque le mufcle eft en ation, & que cette vitefle qui provient du cerveau eft ralentie , & elle réta- blit les membres ou les autres parties quelconques dans un état tel qu'il y ait équilhibreentreles mufcles & la caufe oppolée : toutes les fois que lantagonif- me dépend des mufcles , aucuns ne peuvent fe con- tracter fans étendre leur antagonifte ; d’où il fuit que. les nerfs diftendus & le fentiment douloureux leur font faire de plus grands efforts pour reproduire l’é- quilibre ; c’eft auf la raifon pourquoi les mufcles fléchiffeurs étant coupés , les extenfeurs doivent agir même dans le cadavre , 8 réciproquement. Mais il y a d’autres moyens qui rendent le mouve- ment mufculaire jufte , sûr &c facile, Les grands muf- cles longs, par le moyen defquelsfe font les grandes flexions , font renfermées dans des gaines tendi- neufes, fermes , que d’autres mufcles tendent € ti- rent, de maniere que pendant que les membranes. font fléchies, le mufcle refte étendu & appliqué fur los, ce qui s’oppofe à la grande perte qui fe feroit, des fofces. Les tendons longs, courbés & étendns fur les articulations fléchiés dans leur mouvement, {ontrecus dans des efpeces de couliffes particulieres dontles canaux font lubréfiés , & ces couliffes forti- fient les tendons fans les priver de leur mouvement, : | A & les empêchent de s’écarter & d’être refroidis fur la peau , ce qui les rendroit douloureux, & leur fe- roit perdre leur mouvement. Les mufcles perforés font les mêmes fon@ions dans d’autres parties, dans celles où les tendons font placés au - tour des émi- nences des os, pour s'inférer fous un plus grand angle dans l’os qu'ils meuvent, où ils s’inferent à un autre os, d’où un autre tendon va S’inférer fous un plus grand angle dans l'os à mouvoir. Dans quelques endroits la nature a placé les mufcles au-tour de la partie à mouvoir, comme au-tour d’une poulie. En- fin elle a environné par-toutices mufcles d’une graife lubrefiante , & il s’en trouve entre les fibrilles , les fibres , les paquets de fibres & les mufcles ; la com- preflion qui fuit le gonflement des mufcles fait qu’elle 1e répand entre cesmufcles & leurs fibres, 6c qu'elle entretient leur flexibilité. É La force d’un mufcle eft déterminée par la focièté ou l’oppofition des autres , qui rendent l’une où l’au- tre des deux parties auxquelles ils s’attachent , plus folide , & qui concourent direétement avec lui à fon aétion , on qui changent la direétion qu'auroit eue la partie fi elle eût été mue par ce feul mufcle, en la faifant paffer par la diagonale. Onne peut donc au jufte déterminer la@ion parriculieré d’aucun mufcle ; mais il faut les confiderer tous enfemble, tous ceux qui s’attachent à l’une & à l’autre partie à laquelle un mufcle va s’inférer. C’eft par lation de ces mufcles, par leur réu- nion ou leur oppoñition différente, que nous mar- -chons ; que nous nous tenons en équilibre, que nous nous fléchiflons, que nous étendons nos mem- bres , que fe fair la déglutition & toutes les autres fonétions de la vie. Outre cela les mufcles ont enco- re desufages particuliers ; ils accélerent le fang vei- neux par leur preflion fur les veines qui en font pro- che &c lui {ont particulieres entre les colonnes char- nues du cœur, preflion dont l'effet eft de pouffer uniquement le fang au cœur au moyen des valvules; ils brifent & atténuent le fang artériel , 1ls envoient avec plus de vitefle au poumon le fang qui revient du foie , du mefentere, de la matrice, 6c. ils font avancer la bile & autres parties contenues ; 1ls em- pêchent ces liqueurs de féjourner ; ils augmentent la force de l’eftomac par leur ation ; ils aident fi bien à la digeftion , que la vie oifive & fédentaire ft contraire aux lois de la nature, &c nous rend fu- jets aux maladies qui dépendent de la ftagnation des humeurs & de la crudité des alimens. Nerfs mufculaires communs, voyez MOTEURS. Nerfs mufculaïres obliques fuperieurs | voyez PA- THÉTIQUES. Nerfs mufculaires externes | voyez MOTEURS. MUSCULOCUTANÉ , adj. er Anaïomie , nom de l’un des nerfs brachiaux, qui eft en partie caché par les mufcles, & en partie voifin de la peau. On Fappelle auf cutané externe. Woyez CUTANÉ. Ce nerf naît de l’union de la quatrieme & dela cin- quieme paire cervicale & de leur communication collatérale avec la troifieme & la fixieme paire ; 1l va gagner le mufcle coraco brachial ; le perce obli- quement , & defcend tout le long du bras & de la- vant-bras en jettant plufeurs filets, & en s’appro- chant de la peau ; il va fe terminer aux tésumensde la partie inférieure du poignet, à ceux du pouce & de la convexité dela main, & communique avec un rameau du nerf radical. MUSCULUS , f. m.( Hiff. anc. ) machine dont les anciens fe fervoient dans l'attaque des places pour MUS 893 faciliter les approches, & mettre à convert les fol- dats. C’étoit un mantelet ou gabion portatif fait en demi-cercle, derriere lequel fe tenoit le foldat, où travailleur, & qu'il faifoit avancer devant lui parle moyen des roulettes fur lefquelles cette machine étoit foutenue. M. le chevalier de Folard, qui dans fon Commentaire fur l’'olybe, a décrit ain cette ma= chine, s’y moque agréablement du doéte Siwechins, qui prenant à la lettre le mot wwfculus, en a fait une boëte quarrée foutenue fur quatre piés , & renfer- mant un reflort qu'on fafoit jouer au moyen d'une manivelle , pour dégrader & miner les murs de la ville afiégée. | MUSE DUCERF , ( Veneris.) c’eft le commences ment du rut; & rufer fe dit des cerfs, lorfqu'ils com mentent à fentir leurs chaleurs & entrer enrut ; alors ils vont pendant quelques jours la tête baffe le long des chemins & des campagnes : on dit alors que les cerfs commencent à zzufer, cela dure cinq ou fix jours. | MUSEAU, {. m. (Gramm.) il fe dit du nez de certains animaux; ainf la belette au long mu Jfeau, &e. MuseAU , (Serrurerie.) c’eft la partie du paneton de la clef dans laquelle les rateaux pañlent. Le z- Jeau recreufé eft refendu en long pour recevoir une broche pofée fur la couverture de la ferrure, & communément de la même épaifleur que la porte. MUSEAU, cerme de riviere, {e dit du devant du nez d’un grand bateau-foncet. Mufeau fe dit auflx d’une corde que l’on ferme à terre pour empêcher que le devant d’un bateau ne s’en éloigne. Foyez COUIER. MUSÉE, f. m.(Gram.) lieu de la ville d’Alexan- drie en Egypte, où l’on entretenoit aux dépens du public, un certain nombre de gens de lertres diftin- gués par leur mérite, comme l’on eatretenoit à Athènes dans le Prytane les perfonnes qui avoient rendu des fervices importans à la république. Le nom des Mufes, déefles & proteûrices des beaux Arts, étoit inconteftablement la fource de celui du rmufes. Le mufée fitué dans le quartier d'Alexandrie ap- pellé Bruchion, étoit felon Strabon, un grand bä- timent orné de portiques &,de galeries pour fe promener, de grandes {alles pour conférer des ma- tieres de Littérature, & d’un fallon particulier où les favans mangeoient enfemble. Cet édifice étoit un monument de la magnificence des Ptolemées amateurs & protecteurs des Lettres. Le mujfée avoit es revenus particuliers pour l’en- tretien des bâtimens & de ceux qui l’habitoient. Un prêtre nommé par les rois d'Egypte, y préfi- doit. Ceux qui demeuroient au wufée, ne contri- buoient pas feulement de leurs foins à l'utilité de la bibliotheque ; mais encore par les conférences qu'ils avoient entr'eux, ils entretenoient le goût des belles-Lettres, & excitoient l’émulation ; nour- ris & entretenus de tout ce qui leur étoit néceflaire, ils pouvoient fe livrer tout entiers à l'étude. Cette vie heureufe & tranquille étoit la récompige , & en même tems la preuve du mérite & de la fcience. On ne fait poñitivement fi Le fée fut brûlé dans l’incendie qui confuma la bibliotheque d’Alexan- drie, lorfque Jule-Cefar affiégé dans le Bruchion, fut obligé de mettre le feu à la flotte qui étoit dans le port voifin de ce quartier. Si le mufée fut enveloppé dans ce malheur, il eft certain qu'il fut rétabli depuis; car Strabon qui écrivoit fa géographie fous Tibere, en parle comme d’un édi- fice fubfiftant de fon tems. Quoi qu'il en foit, les empereurs romains deve- nus maitres de l'Egypte, fe réferverent le droit. 894 MUS de nommér le prêtre qui préfidoit an fée , com- me avoient fait les Ptolemées. L'empereur Claude fonda encôre un nouveau mufée à Alexandrie, & lui donna fon nom. Il or- donna qu’on y lût alternativement les Antiquités d'Étrune, & celles des Carthaginois, qu'il avoit écrites en grec. Il y avoit donc des leçons réglées & des conférences faites par des profefleurs, très- fréquentées , & auxquelles les princes même ne dédaignoient point d’aflifter. Sparrien nous ap- prend qu'Hadrien étant venu à Alexandrie, y pro- pofa dés queftions aux philofophes, & répondit à celles qu'ils lui firent, & qu'il accorda des places dans le mufée à plufeurs favans. | La ville d'Alexandrie s’étant révoltéé fous l’eni- pire d’Aurelien, le quattier du bruchion où étoit auf la citadelle, fut affiégé, & le ru/ée détruit. Depuis ce tems-là Le temple de Serapis & fon w4- Jée furent la demeure des livres & des favans. Maisfous Théodore, Théophile patriarche d'Alexan- drie , homme ardent, fit démolir &t le temple & le _ mufée ;enforte que la réputation de cette dermiere école fut tout ce qui en fubffta jufqu’à l’année 630 de Jefus-Chrift, que les Sarrafins brülerent les reftes de la bibliotheque d'Alexandrie, Mém. de l’Acad, tome IX. | | Le mot de mtfée a reçu depuis ün fens plus éteñ- du, & on l’applique aujourd’hui à tont endroit où font renfermées des chofes qui ont un rapport im- médiat aux arts & aux mufes. Voyez CABINET. Le rufée d'Oxford, appellé rufée ashmoléen , eft un grand bâtiment que l’Univerfité a fait conf- truire pour le progrès & la perfection des diffé- rentes feiences. [l fut commencé en 1679 & ache- vé en 1683. Dans le même tems, Elie Ashmole, écuyer, fit préfent à l’univerfité d'Oxford d’une col- lé&ion confidérable de curiofités qui y furent ac- ceptées, & emfuité arrangées & mifes en ordre par lé doéteur Plott, qui fut établi premier garde du riufée. Depuis ce tems, cette colleétion a êté confdé- rablement augmentée, entr’autres d’un grand nom- bre d’hiéroglyphes, & de diverfes curiofités égyp- tiennes que donna le doéteur Huntingdon, d’une momie entiere donnée par M. Goodgear, d’un ca- binet d’hiftoire naturelle dont M. Lifter fit pré- fent , & de diverfes antiquités romaines, comme autels, médailles, lampes, &e. A l'entrée dù ru/ée, on lit cette infcription : Mu- Jœeum ashmoleanum , Schola naturalis hiftorie ; Off:- cina chimica, MUSÉE , (Géog. anc.) colline de l’Attique dans la ville d'Athènes. On la trouve aujourd’hui au fud- oueft de la citadelle. Cette colline avoit tiré fon nom de l’ancien poëte Mufée fils d'Eumolpus. Une infcription trouvée par Spon dans ce même lieu, dit que le tombeau de ce poëte étoit au, port Pha- lere; & Paufanias écrit qu'il étoit à la colline wu- fée. L'Ilflus paffe au pié de cette colline; mais ïl eft prefque toujours fec dans cet endroit, à moins que ledpluies ou les neiges du mont Hymette ne lui fourmfent de l’éau, car les Turcs en ont dé- tourné le lit. Ce n’eft pas de cette colline d’Athe- nes, mais du fameux bâtiment d'Alexandrie, que lon a pris l’ufage de nommer mufæum le cabinet des gens de lettres, ainfi que tous les lieux où Pon s'applique à la culture des fciences & des beaux Arts. (D. J.) | MUSÉES, f. f. plur. (Anr. greq.) Mélou , fête qu'on célébroit en l’honneur des Mufés, dans plu- fieurs lieux de là Grece, & particuhiérement chez les Thefpiens qui la folemmifoient tous les cinq ans par des jeux publics. Les Macédoniens fêtoient aufh cette folemtité en l'honneur de Jupiter & des Mufes, &c la célébroient par toutes fortes de jeux publics & fcéniques qui duroient neuf jours, con formément au nombre des Mufes. Voyez Pottér, Archæol, grec. lib, IT, €, xx, tit. j. pag. 415. (D. JF) MUSELIERE,, serme de Bourrelier, eft une cour- roie qui fait le tour de la tête du cheval , c’eft-à- dire , qui pafle immédiatement au-déflus des bran- ches du motds, & fous laquelle font placés les deux montans. L’ufage de [a ruféliere eft d'empêcher qué le cheval, en fe fecouant, ne fafle fortir le mords de fa bouche, Voyez Les figures & les PI, du Bour: relter. 27! MUSEROLE, ff, (Maréchallerie.) partie de la têtiere du cheval, qui fe place au-deflus du nez, Lorfqu’un cheval eft fujét à battre à la main, il faut mettre une martingale à fa muferole. Voyez BAT< TRE À LA MAIN & MARTINGALE. | MUSES , f. f. (Mythol.) ces déeffes font fi cés lébres, que je fuppofe tout le monde inftruit de leurs épithetes, de leurs noms & de leurs fnrnomss On les fait préfider , chacune en particulier, à différens arts, comme à la Mnfique, à la Poéfie, à la Danfe, à l’Afronomie, &c, Elles font, dit-on, appellées Mufés, d’un mot grec qui fignifie expliquer les myfleres, Mun, parce qu'elles ont enfeigné aux hommes des chofes très-curieufes & très-impor- tantes, qui font hors de la portée du vulgaire. En- fin, on a été jufqu’à imaginer que chacun de leurs noms propres renfermoit une allégorie particu- liere; mais Varfon en a eu des idées plus faines. Ce n’eft pas Jupiter, nous dit-il, qui eft le pere des neuf #wfés; ce font trois fculpteurs de Sy cione, Cette ville voulant mettre trois flatues des mufes an temple d’Apollon , nomma trois fculpteurs pour faire chacun trois flatues des mwfes. On fe propofoit de les prendre de celui des fculpreurs qui auroit nenx réufh; mais Sycione acheta les neuf ftatues, & les dédia à Apollon, parce qu’elles étoient toutes neuf de la plus grande beauté. Il a plu enfuite à Héfiode d’impofes des noms à cha- cune de ces ffatues. Cependant Diodore donne aux ufes une autre origine, Ofiris, dit-il, amateur paflionné du chant & de la danfe, avoit toujours à fa cour une troupe de muficiens , parmi léfquels fe difinguoient neuf filles inftruites de tous les arts qui ont quelque rap- port à la Mufique; les Grecs les appellerent Les ze4f Jus. M. le Clerc croit que la fable des mufès vient des concerts que Jupiter avoit établis dans l’île de Crete, & qui étoient compolés de neuf chanteufess que ce dieu n’a pañlé pour le pere des mufes, que parce qu'il eft le premier d’entre les Grecs qui ait eu un concert réglé, &c qu'on leur a donné Mné- mofyne pour mere, parce que c'eft la mémoire qui fournit la matiere des vers & des poèmes. Quoi qu'il en foit, cette filion des rufes prif grande faveur. On dit qu’elles s’occupoient à chän= ter dans l’olympe les merveilles des dieux ; & quels les connoifloient le pañlé, le préfent, & l'avenir Elles furent non-feulement mifes au nombre des déeïles, mais on leur prodigua tous les honneurs de la divinité. On leur ofroit des facrifices en plu- fieurs villes de la Grece &c de la Macédoine. Elles avoient à Athenes un magnifique autel, fur lequel on facrifioit fouvent, Le mont Hélicon dans la Béca tie leur étoit confacré; & les Thefpiens y céléz broient chaque année une fête en leur honneur, dans laquelle il y avoit des prix pour les muficiens. Ce fut Piérus fr célebre par fes talens, & par ceux des Piérides fes filles, qui fonda le temple des neuf mufes à Thefpies. Rome avoit aufli deux temples confacrés aux wufes, dans la premiere région de la ville, & un troificme où elles étoient fêtées fous MUS le-nomde Camenes. De plus, les mufes & les graces n’avoient d'ordinaire qu'un même temple. On fait l'union intime qui étoit entre ces deux fortes de divinités, On ne faifoit guere de repas agréables, _fans les y appeller congointement, & fans les fa- luer Le verre à la main, Héfiode, après avoir dit que les wfes ont établi leur féjour fur lHélicon, ajoute que l’Amour & les Graces habitent près d'elles. Pindare confond leur jurifdiion. Enfin, perfonne ne les a tant honorées que les poëtes, qui ne manquent jamais de les invoquer an com- mencement de leurs poemes, comme des déefes capables de leur infpirer ce noble enthoufafme qui eft le fondement de leur art. Si on les en croit, les neuf filles favantes ordonnoiïent autrefois les cités, gouvernoient les états, vivoient dans les «palais des rois, | Et d’une égalité légitime & commune Faifoient tour ce que fait aujourd’hui la Fortune, CORONER MUSET, Voyez MUSARAIGNE. - MUSETTE, f. f. inffrument de mufique, à vent. € a anches, compofé de plufeuts parties. La par- tie 4 B C, PL VI de Lutherie, fig. 1, 23 3, 45 35 6, & 7, s'appelle le corps où plus ordinairement la peau. C’eft une efpece de poche de peau de mou- ton, de la fome à-peu-près d’une vefñe, laquelle a un gouleau dans lequel s’ajuftent les chalu- meaux DE, de. Cette poche eft encore percée de deux trous F G. Au premier de ces trous s’a- jufte le bourdon FH, Voyez BOURDON DE MUu- SETTE. Le fecond G reçoit le bord verd 1G qui a une foupape g à l’extrémité de la boîte (qui eft la virolie d'ivoire G g ) qui enire dans Le corps de la mujerre. À l'autre extrémité du porte-vent eft une portions de tuyau d'ivoire Z que l’on fait en- irer dans le trou X du foufflet, afin que Pair contenu dans le foufilet puifle pañler lorfqu’on le comprime dans le corps de l’infirument, où il eft arrêté par la foupape g qui le laïfle entrer, mais non pas reflortir. Le foufflet a une piece de bois ceintrée X L, laquelle eft collée fur le deflous du foufllet. Elle fert à faire pofer fermement le fouf- _ flet fur la hanche droite de celui qui joue de cet ‘inftrument. Les deux courroies O O , PD fervent de ceinture, & par conféquent à attacher le fouf- flet fur le côté. Au-deflus du foufflet font deux au- tres courroies Q R; RJ, defquels on ceint le bras droit. L’anneau dormant S fert à accrocher le cro- chet T de la feconde courroie qui fe tronve ainf plutôt ceinte au-tour du bras, que s’il falleit à cha- que fois faire nfage de la boucle R. Le côté des tê- tieres M du foufflet doit regarder le coude du bras droit, & le côté N qui eft la pointe des écliffes, doit être tourné vers le poignet. Au sefte, la peau ou le corps de cet inftrument n’eft arrondi, comme on voit dans la figure, que loriqu'il eft rempli de vent; on l’habille toujours, & pareillement le porte-vent, d’une efpece de ro- be que l’on nomme couverture ; on couvre de même le foufflet, 8 ce qui en dépend. Le velours ou le damas font ce qui convient le mieux pour faire ces couvertures ; parce quetces étoffés font moins _ghiffantes que les autres étofes de foie, d’or ou d'argent, &c par confëquent que la muferte en eft bien plus ferme fous le bras & la ceinture au’ tour du corps. On peut enrichir cette couver- ture, autant que l’on veut, foit de galons où point d'Efpagne, ou de brocerie, &c, car ja parure con: vient fort à cet infirumenr, On peut mettre aufh une efpece de chemife entre la peau & la cou: verture, ce qui entretient la propreté de celle-ex. Il réfie à parler des chalumeaux, du bourdon ê MUS 895 des anches. Les chalumeaux font des tuyaux d’ivoi. te D E,de, voyez les fig. PL, de Lurherie, perforés d’un trou cylindrique dans toute leur longueur, & percés de plufienrs trous comme les flûtes, qui communiquent à celui qui regne dans toute la lon- gueur du Chalumeau, L’extrémité inférieure appel- lée la patre, eft ornée de différentes moulures, ce qui eft aflez indifférent. On ménage en tournant le chalumeau par-dehors des éminences dont on for- me les tenons SSSS, que lon fend en deux SS avec un entailloir droit ou courbe, qui font de pe- tites écoines repréfentées enC D , voyez Les fig. C’eft entre deux de ces tenons qu'on ajufle les clés d’ar- gent ou de cuivre qui ferment les trous des feintes Ou demi-tons, lefquelles foht au nombre de fept au grand chalumeau, 8z au nombre de fix au petit. Les clés font retenues dans leur place par une gou- pille qui les traverfe & les deux tenons entre lef- quels elles font placées. Le petit chalumeau qui n’a environ qu'un pouce de longueur, a une pat- te GE pe, fur le collet G g de laquelle font mon- tées les fix clés, trois de chaque côté, qui ouvrent êc ferment tous les trous. Voyez les figures. Les chalumeaux entrent par leurs parties fupérieu- res ee dans les boîtes D 8, d8 qui leur difiribuent le vent. Les deux boîtes D B, 4h communiquent lune à l’autre par Le canal e qui fe trouve dans les groffeurs BB, pour que le vent qui vient par C puifle fe difiribuer aux deux anches ffqui font en- 1ées à la partie fupérieure ee des chalumeaux. Ces parties ee des chalumeaux, & qu'on appelle se- ons , &t qui entrent dans les boîtes, font garnies de filafle pour bien étancher le vent. Les anches fe font compolées de deux petites lames de rofeau liées lune contre l’autre fur une perire verge de fer cylindrique, enforte qu’elles font un petit tuyau par le côté de la ligature, lequel aboutit au tuyau du chalumeau ; & de l'autre côté f'elles font ap- platies, comme on peut voir dans les figures. L’an- che du grand chalumeau eft vue en face ou fur le plat, & celle du petit fur le côté ou le profil. Voyez l'explication de la formation du fon dans les tuyaux à anches, à l’article TROMPETTE, jeu d’oroue, La partie € entre, comme les tenons e, dans la boi- te DB, dans une autre boîte, au-tour de laquelle la peau de la muférre eft liée avec un gros fil ciré. Cette ligature entre dans une gravure qui en- toure cette feconde boîte, enforte que le vent dont on remplit la peau, ne peut trouver à s’échap- per que par l'ouverture de-cette boîte. Il y en a trois attachées ainfau corps de la mferte: une pour les chalumeaux , laquelle eft attachée à l'extrémité Le bourdon dont il refte maintenant à éxpliquer la conftruétion, eft un cylindre d'ivoire , de s OU6 pouces de long fur environ r pouce ou 13 lignes de diametre, percé de:plufeurs trous dans toute fa longueur lefquels font paralleles à fon axe, enforte que le-botrdon ne differe de plufieurs tuyaux mis à côté les uns des autres, qu’en ce qu’ils tiennent tous enfemble & font percés dans la même pie- ce; comme la longueur de 5 ou 6 pouces du bour- don n'eft pas fuffifante pour faire rendre aux an- ches un {on aflez grave, on fait communiquer un fuyau-avec-un autre du-côté D qu’on appelle le dôme du bourdon, & On bouche les trous du tuyau que l’on fait communiquer , enforte que deux ou 896 MUS ° 5 "Ki trois ne font qu'un feul tuyau, qui eft recourbé en cette maniere, 8z autant de fois qu'il eft nécef- aire pour Jui faire rendre le fon D elite dite conférence des bourdons eft occupée par plufñeurs rainures qui font parallèles à Paxe du bourdon, lef- quelles on appelle coudiffes; ces coulifies font plus lar- ges dans le fond qu'à la partie extérieure, & cela afin de pouvoir retenir les layettes qui font de petits ver- toux d'ivoire ap, quiontune tête 4 B par laquelle on les peut pouffer & tirer de côié & d’autre pour ac- corder. Les layettes ont leur palette en queue d’ar- ronde, dont les bifeaux fe logent fous les parties dd qu’on appelle guides , & qu’on a épargnées lorfqu'on a creufeles coulifles. On creufe les coulifles avec les coulifloirs, qui font de petites équoines repréfenrées dans nos Planc. on en a de droites & de gauches, c’eft-à-dire dont les onglets font tournés à droite ou à gauche pour travailler les différens côtés des coulilfes : on fait enfuite communiquer les tuyaux par leur extrémité oppofée à celle où eft l’anche avec une coulifle, en laiflant une fente eeb d dans le milieu de la coulifle, laquelle pénetre dans le tuyau qui correfpond derriere; les layettes régif- fent le fon de ces tuyaux en fermant ou en ouvrant plus ou moins l’ouverture par où 1l fort; on peut rapporter leur fonétion à celle du tourniquet avec lequel on accorde les pédales de flüte des orgues. Voyez TOURNIQUET. Les bourdons n’ont pour l’ordinaire que cinq layettes & quatre anches ; de ces cinq layettes il y en a deux qui forment les baffes d’ur &c de /o/, une des trois autres forme un /o/ qui eft la quinte de la bafle d’ur, & l’oétave de celle de fol, on lappel- le saille par un ancien ufage ; une autre forme wz qui eft à l'oave du premier : on peut aufli l’accor- der en re, on la nomme haute - contre ; la troifieme forme un /o/, qui eft à l’oétave du premier & à la douzieme de la baffe dur, on la nomme déffus, ou le petit /o/. Les bafles font pour l’ordinaire contiguëes à un efpace un peu large où il n’y a point de coulifles; on remarquera que cet efpace doit toujours être tourné en-dedans du côté du corps, enforte que lorique l’on pofe la main droite fur le bourdon pour l’accorder, les layettes des, bafles fe trouvent dire- £tement fous le pouce. Accord en c fol ut & en g re fol. Pour accorder en # Jolur, il faut tenir fermés avec les doigts de la main gauche les quatre premierstrous du grand chalumeau pour former l’us, la peau dela wuferte doit être rem- plie de vent que lon entretient le plus égal qu'il ef pofüble, on ouvreenfuite la layette de la bafle d’ue, laquelle eft ordinairement dans la premiere coulifie, on la tire vers le dôme D ou A, voyez Les fig jufqu’à ce que cette baffle fonne la double oftave au-deflous de lus du grand chalumeau , on la tient cependant un peu plus bafle, parce que cet ut n'eft jufte que lorfqu’il n’y a que le cinquieme ton de débouché, c'elt pourquoi pour juger plus sûrement de l’accord, on rebouche le fixieme &t le feptieme tons. Après avoir accordé jufte la bafle d'u, on accorde fa quinte /o/ à l’oétave en-deflous du /o/ d'en - bas du grand chalumeau, & on vérifie l'accord ; après ces deux baffes on accorde la layette d'u: à l’o&ave au-deflous de ls du grand chalumeau , &c la layet- te du fecond /o/ à l’oétave du premier & à l’uniffon du 6! d’en-bas du grand chalumeau ; ces quatre tons wt, fol, ut, fol, forment l'accord en c Jo ur, lequel a une douzieme d’étendue, Pour accorder en g re fol on ouvre d'abord la layette de la baffe que l’on accorde à la double oétave en-deffous du fo2, tout en bas du grand chalumeau, on ouvre & on accorde enfuite fon oétave par le moyen de la layette appellée sai/le qui doit fonner l’oave au deflous du /o/ d’en-bas du grand chalumean & l’oc- tave au-deffus de la balle : on ouvre enfuite læ layette qui fe nomme Laute-contre, on la tire juf- qu’à ce qu'on découvre une feconde ouverture ow lumiere qui eft deflous & qui fert à former le re qui eft la quinte de l’oétave de la bafle /o1, on l'accorde à l’oétave au-deflous du re d’en-bas du grand cha- lumeau, obfervant à chaque fois de vérifier l’ac- cord; enfin on ouvre le fo/ qui a déjà fervi pour accorder en c fol ur que l’on appelle deffus , on l’ac- corde à l’uniffon du fo/ d’en-bas du grand chalu- meau. Ces quatre fons fo, fol, re, fol, forment l’ac- cord que l’on appelle de g re fo. On obfervera que cer accord-ci ne differe de celui de c fo/ us que dans la bafle & la haute.contre, ces deux tons font les feuls fur lefquels on accorde aujourd’hui les muwfèrtes, au- trefois on les accordoit fur tous.les tons de la gamme, ce qui exigeoit des bourdons qui euflent plus de layettes & plus d’anches que ceux qui font à-préfent en ufage. La mufette qui a une treizieme d’étendue fonne l'union du deffus de haut bois, mais elle ne com- mence qu'au fa qui précede immédiatement la clé de g re fol, au-lien que le haut-bois defcend jufqn’à. lus de la clé de c fol ur, &c elle monte comme lui jufqu’en d La re double oftave. Voyez La table du rap port de l'étendue des inftrumens | PL, de Lutherie, Pour jouer de cet inftrument il faut en premier lieu attacher le foufflet fur le côté droit au moyen de la ceinture qui tient audit foufflet de laquelle on. fe ceint le corps, on prendra enfute le braffelet qui tient au- deflus du foufilet duquel on s’entou- rera le bras droit, & dont on agraffera l’agraffe T à l’anneau dormant $ ; on prendra enfuite la muferte par le haut, autrement dit les #oftes des cha- lumeaux de la main droite, on la portera fous le bras gauche avec lequel on l’embraflera; on ajuf- tera enfuite avec la main gauche le bout du porte- vent dans le trou du foufilet; on bouchera enfuite avec les doists de la main gauche les quatre pre- miers trous du grand chalumeau, favoir le trou marque 1 avec le pouce, &les trous 2,3,4,avec les doigts fuivans , qui font l'index, le doigt du milieu, & le doigt annulaire; à l'égard du petit doigt de cette main il reftera un peu élevé & ar- rondi, enforte qu'il n’appuie point fur les clés du petit petit chalumeau non plus que les autres doigts de la même main. , AB sb 2% «La main gauche étant ainfi pofée, on pourra com- encer à donner le vent, ce qui fe fait en ouvrant -&riéh fermant le fouffler avec le bras droit, on fouf. flera jufqu'à ce que la peau foit pleine & ronde ; on l’enfoncera fous le bras gauche à mefure qu’elle s'emplit,en la pouflant avec la main droite Le plus avant que l’on pourra; lorfqwellefera rémplie, on ralentita le mouvement du foufflet, & on appefan- tira le bras gauche fur le corps de la mufècte ;' en- -forte qu'il fafle comme un contre- poids, & qu'il entretienne le vent égal, pour cet effet on obfer- «vera de baïffer le foufilet un peu vite, & de lâcher un petile bras gauche, de refter un peu, & de le relever doucement; pendant ces deux tems on doit appuyër de nouveau le bras gauche, enforte que -les deüx bras doivent appuyer alternativement : .®n prebdra garde auffi de ne point forcer le vent, :sce qurÉtouffe les, anches & les empêche de parler. On bouchera enfuite les autres trous avec la main droite, on placera le pouce de cette main entre les deux clés de zik, & de k auxquelles on prendra garde de toucher, puis on bouchera avec le doipt andex le cinquieme trou, enfuite le fixieme avec -le doigt du milieu, le feprieme avec le doigt annu- laire ; à égard du huitieme, il fe bouche rarement, c’eft pourquoi on laiflera le petit doigt en l’air juf- qu'à ce qu'il y air occafon de s’en fervir, on aura BETE> DS ENVIE SEE Dre MUS 897 attention de le tenir parallele aux autrés, & en général tous les doigts ni trop alongés, ni trop ar: rondis, ni de travers, les mains feront en devant de la région hypogaftrique , 87 les chalumeanx des bout ou perpendiculäiresà l’horifon. Les fepttrous étant bouchés forment le /o/ gravé de cet inftrument , lequel eft à l’unifon du Jol ‘de la clé de g ré fol des clavecins ; pour faire atticuler cette note /0/ on bouchera le huitiéme tron avec le petit doigt de la main droite ;& on’le relévera fubitement : cette opération qui eft ce qu'on appelle donner un coup de doigt fera articuler la note Jo, on la repete de cette maniere quand il eft néceflaire, ainfi desautres. Lorfque le huitieme trou eft bouché, le fon qui en rélulte eft le fz, qui eft à l’otave de celui de la clé fur fa des clavecins. 1 On fera enfuite le /4 en débouchant le feptieme trou, on fera enfuite le £ en débouchant le fixieme trou; mais 1l faut avant reboucher le feptieme, car On ne doit jamais déboucher aucun trou que tous les autres né foient bouchés, excepté le huitieme, c’eft ce qui opere l'articulation ; on rebouchera en fuitele fixieme trou,& on ouvrira le cinquiéme pour faire l’, que l’on rebouchera avant d'ouvrir le quatrieme qui forme le ré, On rebouchera le quatrieme trou pour faire le mi en ouvrant le troifieme. Enfuite on rebouchera le troïfieme trou & on RÉ Re ne me cms 1 (se d + : 45 # 1120122 A 4 Nesdes Clefs. | 1 6 © e & e e + € o © © e ©.,,8.,0 2, 6 6 © © € + o ee 8 9 © % © € F3 06 6 © © 6 e 0 € e @ & 6 0 © ee F 6 6 6 © 6e o e e @ =: ® & O0 © ee © 2, 6 6e © © 0 © © © e ® 0 © ee e ee 6. @ 6 6 o © e © + e O0 © @ © ee +» 7.68 @ o € © © © + + D ë @ o 9:0,0 0-0 0 0 Petit Chalumean, Grand .Chalymens + |; débouchera le fecond pour faire le 2, qui eft l’oc- ‘tave de [a plus baffle note de cet inftrument ; ôn rebouchera enfuite le fecond trou &.on ouvrira le premier en levant le pouce de la main,gauche pour ‘faire le /o/ qui eft à l’oétave de la clé de g ré fol des clavecins, Il y a plus haut que lé premier trou une petite clé qui fert à former Le 4, ce La eft à lPuniflon de celui du petit chalumeau qui fe forme en débou- chant la clé r'avec le pouce de la main droite que lon glifle par-deflous le grand-chalumeau avec la patté Ge, après avoir fait pafler le petit doiet de la main droite par-deflous le grand à l’endroïit mar- Qué x dans les fig. où l’on voit quels tons forment les clés du grand & du petit chalumean écrits à côté. de chaque clé. On fe fert du pouce de la main droi-. te pour toucher-les trois clés 1, 3, $ du petit cha- lumeau , & du petit doigt de la main gauche pour toucher les trois autres clés.4, 2,6 du même chalu- meau. Toutes les clés du grand chalumeau, lefquel- les forment des demi-tons, fe touchent avec le pou- ce de la main draite qui reîte levé en: finiffant. Le demi-ton f2 X fe forme en ne bouchant qu’un des deux trous'marqués 8 dans la figure. Le fo/X fe forme aufli d&.même dans les zufèrres qui ont le fep- tieme trou d&uble , ou par le moyen d’une clé. La petite clé du Za fe touche avec le pouce de la main Tome X, gauche fans déboucher cependant le premier trou: Voyez ces fisures & la tablature qui fuir. À l'égard des cadences , elles font très.- faciles à former. Il faut d’abord articuler la note d’obelle eft empruntée, laquelle eft toujours un ton où un demi- ton au-deflus, ce qui fe fait en débouchant le trou. de cette note, tous les autres étant férmés ; on dé- bouche enfuite lé trou de la note que l’on veut trem- bler, & on bat avec le doist, autant que fa valeur l'exige, fur la note qui fert de port de voix ou de préparation à la cadence, laquelle doit refter fer mée en finiflant. | RÉTE e Aïnfi pour cadencer le ré il faut d’abord débou- cher le troifieme trou pour faire le #1 qui fert de port de voix, enfuite le quatrieme , & battre fur le troifieme qui doit reftér fermé en finiflant, ainfi des autres, foit que Le port de voix foit un ton naturel, on un dièfe,ou un bémol. À Pégard des autres agré- mens, On les fait fur la ruferre en exécutant les unes après les autres les notes qui les compofent. Voyez Pexplic, de ces agrémens à leur article particulier. (D) MUSETTE, {. f. (Mufique.) eft auffi une forte d’air convenable à l’inftrument de ce nom, dont la me- fure eft à deux ou à trois tems. Le caraëtere naïf St doux, & le mouvement prefque toujours lent ; avec une bafle pour l'ordinaire en tenue ou point XXxxx 898 MUS d'orgue , telle que la peut faire une mufeste, &t qu'on appelle pour cela balfe de mufeste. Sur ces airs on forme des danfes d’un caraëtere convenable ,; & qui portent auf le même nom de rwfertes. MUSICIEN , £. m. ce mot fe dit également bien de celui qui compofe la mufique, &t de celui qui l'exécute, Le-premier s'appelle aufli compofieur. Voyez ce mot. Les anciens muficiens étoient des poé- tes, des philofophes , des hommes du premier or- dre. Tels étoient Orphée , Terpandre , Sréfichore, &c. Auffi Boëce ne veut-il pas honorer du nom de muficien, celui qui pratique feulement la mufique par le miniftere fervile des doigts ou de la voix, mais celui qui poflede cette fcience par le raifonne- ment & la ll Aujourd’hui en Italie le mot mufico eft une efpece d'injure, parce que c’eft un nom qu'on n’y donne qu’à des hommes qui ont été mutilés pour le fervice de la mufique. Les Muficiens ordinaires y reçoivent un titre plus honorable , ils s’appellent vireuoft ; ce n’eft point proprement par contre-vérité, mais c’eft ue les talens en italien portent le nom de vzréu, S MUSIQUE , . f. Mousiun, (Ordre encycl, en- tendem. raifon , Phil. ou féience de la nature, Mathé- matique, Math, mixtes , Mufique.) la Mufique ef la {cience des fons, en tant qu'ils font capables d’af- feêter agréablement oreille, ou l’art de difpofer &t de conduire tellement Les fons, que de leur cofoz- nance, de leur fucceffion , & de lens durées relati- ves , il réfulte des fenfations agréables. On fuppofe communément que ce mot vient de mufa, parce qu'on croit que les mufes ont inventé cet art ; mais Kircher , d’après Diodore , fait venir ce nom d’un mot égyptien , prétendant que c’eft en Egypte que la Mufique a commencé à fe rétablir après le déluge, & qu’on en reçut la premiere idée du fon que rendoient les rofeaux qui croïffent fur Les bords du Nil, quand le vent fouffloit dans leurs tuyaux. La Mufique fe divife naturellement en fpéculative êt en pratique. La mujique fpéculative eft , fi on peut parler ain- f., la connoiflance de la matière muficale , c’eft-à- dire , des différens rapports du grave à l'aigu , & du lent au bref, dont la perception eft , felon quel- ques auteurs, la véritable fource du plaïfir de l'oreille. La mufique pratique eft celle qui enfeigne com- ment les principes de la fpéculative peuvent être appliqués, c’eft-à-dire , à conduire & à difpofer les fons par rapport à la fncceffion, à la confonnance, &z à la mefure, de telle maniere que le ton en plaife à l'oreille. C’eft ce qu’on appelle l’art de la com- poñtion. Voyez ComPosiTION. À l'égard de la produétion aétuelle des {ons par les voix ou par les inftrumens , qu’on appelle exécution , c’eft la partie purement méchanique , qui , fuppofant la faculté d’entonner jufte les intervalles, ne demande d’au- ire connoiflance que celle des caraéteres de la M. Jique , & l'habitude de les exprimer. La mufique {péculative fe divife en deux parties ; fcavoir , la connoïflance du rapport des fons &z de la mefure des intervalles, & celle des valeurs ou du tems. è La premiere eft proprement celle que les anciens ont appellée sufique harmonique, Elle enfeigne çn quoi confifte l'harmonie ; & en dévoile les fonde; mens. Elle fait connoître les différentes manieres dont les fons affeétent l'oreille par rapport à leurs intervalles ; ce qui s'applique également à leur con- fornnance & à leur fucceflon. La féconde a été appellée rhyrhmique, parce qu’elle traite des fons , eu égard au tems & à la quantité. Elle contient l'explication des rhythmes & des mefures longues & courtes, vives &t lentes, des tems & des différentes parties dans lefquelles on les divife, pour y appliquer la fucceffion des tons. La mufique-pratique fe divife en deux parties qui répondent aux deux précédentes. | & Celle qui répond à la muffque harmonique, & que les anciennes appelloient #elopeia, contient les ré- gles pour produire des chants agréables & harmo- nieux. Foyez MÉLOPÉE. La feconde , qui répond à la mufique rhythmique, &z qu’on appelle rhythmopoeia , contient les regles pour l’application des mefures & des tems; en un mot , pour la pratique du rhythme. Foyez RHYTH- ME. Porphire donne une autre divifion de la Mufique en tant qu’elle a pour objet le mouvement muet ou fonore , 6 fans la diftinguer en fpéculative & pra- tique , il y trouve les fix parties fuivantes , la rAyrh- mique, pour les mouvemens de la danfe ; la méeri- que ; pour la cadence & le nombre ; l’orgezique,, pour la pratique des inftrumens ; la poétique, pour l'harmonie & la mefure des vers; l’ypocririque, pour les attitudes des pantomimes ; & l’harmonique , pour le chant. | La Mufique {e divife aujourd’hui plus fimplement en mélodie & en harmonie ; cat le rhythme eft pour nous une étude trop bornée pour en faire une bran- che particuliere. Par la mélodie on dirige la fucceffion des fons de maniere à produire des chants agréables. Woyez MÉLODIE , MoDpes, CHantTs , MopuLa- TION. L’harmonie confifte proprement à favoir unir à chacun des fons d’une fucceffion réguliere & mélo- dieufe deux ou plufeurs autres fons qui:, frappant l'oreille en même tems, flattent agréablement les fens. Voyez HARMONIE. Les anciens écrivains different beaucoup entre eux fur la nature , l’objet , l'étendue &c les parties de la Mufique. En général , ils donnoïent à ce mot un fens beaucoup plus étendu que celui qui li refte aujourd’hui. Non-feulement fous le nom de #wfq1e ils comprenoiïent , comme on vient de le voir, la danfe, le chant, la poéfie; mais même la collec- tion de toutes les fciences. Hermès définit la w4/- que, la connoïflance de l’ordre de toutes chofes : c’étoit auf la doûrine de l’école de Pythagore, & de celle de Platon, qui enfeignoient que tout dans l'univers étoit mufique. Selon Hefychius les Athé- niens donnoient à tous les arts le nom de zufique. De-là toutes ces rufiques fublimes dont nous parlent les Philofophes : mufique divine , wufique du monde ; mufique célefte ; mufique humaine ; #nufique adtive ; mufique contemplative ; reufique énonciati- ve, organique , odicale, Éc. : C'eft fous ces vaftes idées qu’il faut entendre plu- fleurs paflages desanciens fur larw/£que , qui feroient inintelligibles avec le fens que nous donnons au- jourd’hui à ce mot. Ilparoît que la Mufique a été un des premiers arts. Il eft auffi très-vraiflemblable que la rufique vocale a été trouvée avant l’inftrumentale, Car, non-feu- lement les hommes ont dû faire des obfervations fur les différens tons de leur propre voix, avant que d’avoir trouvé aucun inftrument ; mais ils ont du apprendre de bonne heure, par le concert naturel des oifeaux, à modifier leur voix & leur gofier d’u- ne maniere agréable. On n’a pas tardé non plus à imaginer les inftrumens à vent : Diodore, comme je lai dit, & plufeurs anciens en attribuent l'in- vention à l’obfervation du fifflement des vents dans les rofeaux, ou autres tuyaux des plantes. C’eft aufñ le fentiment de Lucrece. At liquidas avium voces imitarier ore énte fuir mulid , quam levia carImina Carl Concelebrare homines poffint ; aureifque Juvare ; Er zephyri cava per calamorum fcbila primièm Agrefleis docusre cavas inflare cicutas. A l'égard des autres fortes d’infirumens , les cor- des fonores font fi communes, que les hommes ont dû obferver de bonne heure leurs différens fons : ce quu a donné naiflance aux inftrumens à cordes. Foyez Corpe. Pour ce qui eft des inftrumens qu’on bat pour en tirer du fon, comme les tambours &e les tymbales , ils doivent leur origine au bruit fourd que rendent les corps creux quand on les frappe. #oyez Tam- BOUR , TYMBALES, &c Il eft difficile de fortir de ces généralités pour éta- blirquelque chofe de folide fur l'invention de la Au- Jigue réduite en art. Plufieurs anciens Pattribuent à Mercure, aufi-bien que celle de la [yre. D’autres veulent que les Grecs en foient rédevables à Cad- mus, qui en fe fauvant de la cour du roi de Phéni- Cie (Athén, Deipn.), amena en Grece la mufcien- ne harmonie. Dans un endroit du dialogue de Piu- tarque fur la Mufique, Lyfas dit que c’elt Amphion qui l’a inventée ; dans un autre , Soterique dit que c'eft Appollon ; dans un autre encore, il femble en faire honneur à Olympe. On ne s'accorde guere fur tout cela ; à ces premieres inventions fuccéde- rent Chiron , Demodocus , Hermès, Orphée, qui, felon quelques-uns , inventa la lyre. Après ceux- à vinrent Phœcinius & T'érpandre, contemporains de Lycurgue , & qui donna des regles à la Mufque. Quelques perfonnes lui attribuent l’invention des premiers modes, Enfin , on ajoute Thalès & Tha- miris,qu'on dit avoir été les inventeurs de la Mufique purement mftrumentale. Ces grands muficiens vivoient avant Homere. D'autres plus modernes font Lafus, Hermionenfis, Melnippides , Philoxene , Thimothée | Phrynnis, Epigonius , Lyfandre , Simmicus & Diodore, qui tons ont confidérablement perfeétionné la 714/t- que. Laïfus eft, à ce qu’on prétend , le premier qui ait écrit fur la wufique du tems de Darius Hyftafpes, Epigonius inventa un inftrament de quarante cor- des appellée épigonium. Simmicus inventa aufli un inftrument de trente-cinq cordes , appellé fois ciun. Diodore perfettionna la flûte en y ajoutant de nouveaux trous ; & Thimothée la lyre , en y ajou- tant une nouvelle corde, ce qui Le fit mettre à l’a. mende par les Lacédemoniens. Comme les anciens écrivains s'expliquent fort obfcurément fur les inventeurs des inftrumens de Mujique, is font aufh fort obfcurs fur les inftrumens mêmes ; à peine en connoiflons-nous autre chofe que les noms. Les inftrumens fe divifent généralementen inftru- mens à cordes , inftrumens à vent , & inftrumens qu'on frappe. Par inftrumens à cordes , on entend ceux que les anciens appelloient Zyre, pfalrerium , trigoniurm , fambuca , cithara , pets, nagas ; barbi- 107, tefludo, trigonium , epigonium , fimmicium , epan- doron | &c, On touchoit tous ces inflrumens avec la main, ou avec le ple@rum, efpece d’archet. Foyeæ LYRE, &c. Par inftrumens à vent, on entend ceux que les anciens nommoient bia , fiffula, tuba, cornua, li- tuus ; & les orgues hydrauliques. Voyez FLUTES,, Éc. : | Lesinftrumens de percuflion étoient appellés sy. Parum ; cymbalum, orepitaculum ; tintinnabulum , crotalum > Jiftrums Voyez TYMPANUM, TiMBae LES, Ce. La Miéque étoit dans la plus grande eftime chez Tome X, MUS 899 v divers peuples de l'antiquité | & principalement chez lés Grecs, & cette eftime étoit proportionnée à la Puflance & aux effets furprenans qu'ils lui at- tribuoient, Leurs auteurs ne croient pas nous en donner Une trop grande idée, en nous difant qw’elle étoit en ufage dans le ciel , & qu'elle faifoit l’amu- fément principal des dieux & des ames des bien: heureux. Platon ne craint point de dire > qu'on ne Peut faire de changemens dans la Mufique, qui n’en 1oit un dans la conftitution de l’état ; & il prétend qu'on peut afligner les fons capables de faire naître la baflee de l'ame , l'infolence & les vettus Con- fraires, Ariflote, qui feimble n’avoir fait fa politique que pour oppofer fes fentimens à ceux de Platon , eft pourtant d'accord avec lui touchant la puifflance de la Mufique fur les mœurs. Le judicieux Polybe nous ditque la Mzfique étoit néceflaire pour adoucir les mœurs des Arcades, qui habitoient un pays où l'air eft trifte & froid ; que ceux de Cynete qui né- gligerentla Mufique, furpañerent en cruauté tous les Grecs , & qu'il ny a point dé ville où l'on ait tant Vu de crimes. Athenée nous aflure qu'autre» 1o1s toutes les lois divines & humaines » les exhor= tations à la vertu , la connoiflance de ce qui cons cernoit les dieux & les hommes » les vies & les ac tions des perfonnages illuftres, étoient écrites en vers, & chantées publiquement parun chœur au fon des inf trumens, On n’avoit point trouvé de moyen plus cficace, pour graver dans l’efprit des hommes les principes de la morale , & la connoiffance de leurs devoirs, La Mufique faïfoit partie de l'étude des anciens Pythagoriciens ; ils s’en feryoient pour exciter l’ef. prit a des aétions louables, & pour s’enflammer de l'amour de la vertu. Selon ces philo{ophes , notre ame n'étoit, pour ainfi dire , formée que d’harmo- mie , êt 1ls croyoient faire revivre par le moyen de la Mufique , l'harmonie primitive des facultés de l'a me; c'eft-ä-dire, l'harmonie qui, felon eux , xiitoit enelléavant qu’elle animât nos corps , & lorfqu’elle habitoit les cieux, Voyez PRÉEXISTENCE > PYTHA= GORICIENS, La Mufique paroït déchue aujourd’hui de ce degré de puiffance & de majefté , au point de nous faire douter de la vérité de ces faits, quoiqu'atteftés par les plus judicieux hiftoriens & par les plus graves philofophes de l'antiquité. Cependant on retrouve dans l’hiftoite moderne quelques faits femblables. St Thimothée exciroit les fureurs d'Alexandre par le mode phrygien, & l’adoucifoit enfuite jufqu’à l’ins dolence par le mode lydien, une mufique plus mo- derne renchérifloit encore en excitant ; dit-on, dans Erric roi de Danemark , une teile fureur ; qu'il tuoit fes meilleurs domeftiques : apparamment ces do- meftiques-là n’étoient pas fi fenfibles que leur prince à la Mufique, autrementil eût bien pû courir la mo: tié du danger. D’Aubigné rapporte encore une au- tre hifloire toute pareille À celle de Thimothée. I! dit que du tems d'Henri Il, le mufcien Glaudin : jouant aux noces du duc de Joyeufe fur le mode phrygien ; anima, nonleroïi, mais un courtifan, qui s’oublia au point de mettre la main aux armes en préfence de {on fouverain; mais le mufcien fe hâta de lé calmer en prenant le mode fous-phrygien, Sr notre zufique exerce peu fon pouvoir fur les affettions del’ame , en revancheelle eft capable d’a- git phyfiquement fur le corps; témoin l’hiftoire de la tarentule, trop connue pour en parler ici Voyez TA= RENTULE. Témoin ce chevalier gafcon dont parle Boile , lequel au fon d’une cornemufe ; né pouvoit retenir fon urine ; à quoi il faut ajouter ce que fas conte le même auteur de ces femmes qui foñdoient en lafmes lorfqu’elles entendoient un certain ton dont le refte des anditeurs n’éroient point afe(tése X X Xi] “On lit dans l’hifloire de l'académie des fcientes de Paris, qu'un muficien fut guéri d’une violente fievre par un concert qu'on fit dans fa chambre. I Les fonsagiflent même fur Les corps inanimées.Mor- hof fait mention d’un certain Petter hollandois , qui briloit un verre par le fon de la voix: Kircher parle d’une grande pierre qui frémifioit au {on d’un cet- fain tuyau d'orgue. Le P, Merfenne parle auf d’une orte de carreau que le jeu de orgue ébranloit com- me auroit pü faire un tremblement de terre. Boile ajoute que les fiéges tremblent fonvent au fon des Orgues ; qu'il les a fenti plufieurs fois frémir fous fa main à certains tons de l’orgueou dela voix, &c qu'on l’a afluré que tous ceux qui étoient bien faits frémit- oient à quelque ton détermine. Cette derniere ex- périence eft certaine , & chacun peut la vérihier tous les jouts. Tout le monde a out parler de ce fa- meux pilier d’une éghife de Reims, (S. Nicaïfe), qui s’ébranle très-fenfiblement au ion d’une certaine clo- che , tandis que les autres piliers demeurent prefque immobiles. Mais ce qui ravit au fon l'honneur du merveilleux, c’eft que ce pilier s’ébranle également quand on Ôte le batant de la cloche. © Tous ces exemples dont fa plüpart appartiennent plus au fon qu'à la Mufique, & dont la Phyfique peut donner quelques explications , ne nous rendent pas plus intelligibles ni plus croyables les effets merveil- leux & pretque divins que les anciens attribuent à la Mufique. Plufieurs auteurs fe font tourmentés pour tâcher d’en rendre raifon. Wallis les attribue en par- tie à lanouveauté de l’art, & les rejette en partie fur l’exagération des anciens; d’autres en font hon- neur feulement à la Poéfe ; d’autres {uppofent que les Grecs, plus fenfihles que nous par la conftitution de leur climat , ou par leur maniere de vivre, pou- voient être émus dé chofesqui ne nous auroient aul- lement touchés. M, Burette même en adoptant tous ces faits prétend qu'ils ne prouvent point la perfec- tion de la Mufique qui les a produits ; 1 n'ÿ voitrien que des mauvaisracieurs de village n'aient pu faire ; felon lui, tont aufli-bien que les prenners muficiens du monde. La plûpart de ces fenrimens font fondés fur le mépris que nous avons pour la wwfque an- cienne. Mais ce mépris eft -1l lui-même aufli-bien fondé que nous le prérendons ? Ç'eft ce quia été exa- miné bien des fois , & qui, vü l’obfcurité de la ma tere , & l’infuffifance des juges, auroit peut-être befoin de lêtre encore. | La nature de cet ouvrage , &t le peu de lumieres qui nous reftent fur la wfque des Grecs , m'interdi- {ent ésalement de renter cet examen. Je me conten- terai feulement, fur les explications-mêmes quenos auteurs , fi peu prévenus pour cette ancienne "74/£- que, nous en ont données , de la comparer en peu de mois avec la nôtre. Pour nous faire de la mufique des anciens l’idée la plus nette qu'il eft poffble, il la faut confidérer dans chacune de fes parties ; fyflèmes , genres, modes, Thythme 8 melopée, Voyez chacun de ces mots. Le réfultat de cet examen fe peut réduire à ceci : 1°, que le grand fyflème des Grecs, c'eft-à-dire lé- tendue générale qu'ils donnoient du grave à l’aigu à tous les fons de leur zwfique | n’excédoit que d’un ton l'étendue de trois otayes. Voyez les tables grec- RTE ARR f ; ques que Meibonius a miles à la tête de l’ouvrage d’Alypius. | \ 2°. Que chacun de leurs trois genres, & même chaque efpece d’un genre étoit compofée d’au moins {eize fons conécutifs dans l'étendue du diagramme, Que de ces fons il yen avoit la moitié d'immobiles qui étoient les mêmes pout tous les senres ; maisque l'accord des autres étant variable &r différent dans chaque genre particulier, cela mulriphoit confidéra- blement le nombre des fons & des intervalles, 3°, Qu'ils avoient au moins fept modes où tôn8 _ principaux fondés fur chacun des fept fons du dyftè- me diatonique , lefquels, outre leurs différences du grave à l’aigu fecevoient encore, chacun de fa mo- dification propre, d’autres différences qui en mar- quoient le caraétere, 4°. Que le rhythme ou lamefure varioit chezeux, non-feulement felon la nature des piés dont les vers étoient compofés ; non-feulement felon les divers mélanges de ces mêmes piés , mais encore felon les divers tems fyllabiques , & felon tous les desrés du vite au lent dont ils étoient fufceptibles. 5°. Enfin quant au chant ou à ia melopée, on peut juger de la varieté qui devoit y regner, par le nom bre des genres &z des modes divers qu'ils lui af: gnoient , felon le carattere de la poéfie, & par la hberté de conjoindre ou divifer dans chaque genre les différens tetracordes, felon que cela convenoï à l’expreflion &t au cara@tere de l'air. D’unautre côté, le peude lumieres que nous pous vons recueillir de divers paflages épars çà-&-là dans les auteurs fur la nature & la conftruétion de leurs inftrumens,fufh{ent pour montrercombienils étoient loin de la perfetion des nôtres, Leurs flûtes n’a- voient que peu de trous , leurs lyres ou cythares n’avoient que peu de cordes. Quandelles en ayoient beaucoup , plufieurs de ces cordes éroient montées à l’uniffon ou à l’oétave , & d’ailleurs La plûpart de ces inflrumens n’ayant pas detonches , on n’en pou: voit tirer tout-au-plus qu’autant de fons qu’il y avoit de cordes. La figure de leurs cors & de leurs trèm= pettes fufit pour montrer qu’ils ne pouvoient égales le beau fonde ceux d’aujourd’hui : & en général, il faut bien fuppofer que leur orcheftre n’étoit guere bruyant, pour concevoir comment la cythare , la harpe & d’autres inftrumens femblables pouvoient s’y faire entendre : foit qu’ils en frappañlent les cor- des avec le pleétrum, comme nous faifons fur nos tympanons, {oit qu'ils Les pinçaflent avec les doigts, comme leur apprit Epigomus, l’on ne comprend pas bien quel effec cela devoit produire dans leur 4/2 que , qui fe faifoit f fouvent en plein air. Je ne fai fi cent guittares dans un théâtre tel que celui d’Athë- nes pourroient {e faire entendre bien diftintement. Enun mot, 1l efl très-certain que l'orgue feule , cet infrument admirable , & digne par fa majefté de ’ufage auquel 1l eft deftiné , efface abfolument tout ce que les anciens ont jamais inventé en ce genre. Tour cela doit fe rapporter au caractere de leur 74/6: que ; tout occupés de leur divine poéfie , ils ne fon- geoient qu'à la bien exprimer par la mufique vocale; ils n’eftimoient l'inftrumentale qu’autant qu'elle fai- foit valoir l’autre ; ils ne fouffroient pas qu’elle la couvrit , &c fans doute ils étoient bien eloignés du point dont je vois que nous approchons, de ne faire {ervir les parties chantantes que d'accompagnement à la fymphonie, j Il paroît encore démontré qu’ils ne connoifloient point la wufique à plufeurs parties , le contre-point ; en un mot l’harmonie dans ie fens que nous lui don nons. S'ils employoiïent ce mot, ce n’étoit quepout exprimer une agréable fucceffion de fons: W’oyez fur ce fujet les differtarions de M. Burette dans les mére de l'académie des belles-lertres. Nous l’emportons donc fur eux de ce côté-là ,1& c’eft un point confidérable, puifqu'ileft certain que l’harmonie eft le yrai fondement de la mélodie & de la modulation. Mais n’abufons- nous point de cet avantage ? c’eft un doute qu’on eft fort tenté d’avoir quand On entend nos opéra modernes. Quoi ! ce chaos , cette confufon de parties , cette multitude d'infirumens différens, qui femblent s’infulter l’un l’autre , ce fracas d’accompagnemens qui étouffent la voix fans la fourenir ; tout cela fait - il donc les MUS éritables beautés de la Muffque à Ét-ce de - à qu’elle tire fa force &c fon énergie ? fi fandroit donc que la Mufiquela plus harmonisule fit en même-tems la plus touchante. Mais Le public a affez appris le contraire. Confidérons les iraliens nos conte Mpo- ras, dont la wwfique eft la meilleure, on plurôt la feule bonne de l'univers , au jugement unanime de tous les peuples, excepté des François qui lui préfe- rent la leur, Voyez quelle fobriéré dans les accords, quel choix dans l'harmonie ! Ces gens: Ià ne s’avi- lent point de mefurer au nombre des parties l’eftime qu'ils font d'une ww/fique ; proprement leurs opérane font que des duos, & route l’Europe Les admire % les imite. Cen’eft certainement pas à force de multiplier les parties de leur rwfique que les François parvien- dront à la faire goûter aux étrangers, L'harmomieeft admirable difpenfée à propos ; elle a des charmes auxquels tous les hommes font fenfibles ; mais elle ne doit point abforber la mélodie, ni le beau chant. Jamais les plus beaux accords du monde n’intérefle- tont comme les inflexions touchantes & bien ména- gées d’une belle voix ; & quiconque réfléchira fans partialité fur ce qui Le touche le plus dans une belle mufique bien exécutée, fentira , quoi qu’on en puifle dire, que le véritable empire du cœur appaïtient à la mélodie, Enfin , nous l’emportons par l'étendue générale de noire fyflème, qui , n'étant plus renferimé {eule- ment dans quatre on cinq oétaves , n’a déformais d’autres bornes que le caprice des muficiens. Jene {ai toutefois i nous avons tant À nous en féliciter. Etoit-ce donc un fi grand malheur dans la zufique ancienne de n'avoir à fournir que des {ons pleins & harmonieux pris dans un beau medium ? Les voix chantoient fans fe forcer , les infirumens ne miau- loient point fans ceile aux environs du chevaler ; les {ons faux & fourds qu'on tire du démanché,les gla- piflemens d’une voix quis’excede, font-ils faitspour émouvoir le cœur? L'ancienne mufigue favoir l’at- tendrir en flattant les oreilles ; la nouvelle, en les écorchant , ne fera jamais qu'étonner l’efprir, Nous 4vons comme les anciens le genre diatoni- que & le chromatique ; nous avons même érendu celui ci : mais comme nos mufciens le mêlent, le confondent avec le premier , prefque fans choix & fans difcernement , il a perdu une grande parue de fon énergie, & ne fait plus que très-peu d'effet, Ce dera bientôt un thème d'écolier que les grands mai- tres dédaigneront. Pour l’enharmonique , le tempé- fament l'a fait évanouir ; & que nous ferviroit de avoir, fi nos oreilles n’y font pas fenfibles , & que ños organes ne puiflent plus exécuter ? _Remarquez d’ailleurs que la diverfité des genres ÿ’eft point pour notre mwJique une richefe réelle; car c’eft toujours le même clavier accordé de la même maniere ; ce font dans tous les genreslesmêmesfons ëz les mêmes intervalles. Nous n'avons proprement que douze fons, tous les antres n’en font que les oc- taves ; & je ne fai même fi nous regagnons par l’é- tendue du graveàl’aigu , ce que les Grecs gagnoient par la diverfité de l’accord. Nous avons douze tons; que dis-je ? nous avons Vingt-quatre modes. Qué de richefles par deffus les Grecs, qui n’en eurent jamais que quinze, lefquels encore furent réduits à fept par Prolomée ! Mais ces modes avoient chacun un caraétere particulier ; le degré du grave à l’aigu faifoit la moindre de leurs différences : le caraë@tére duchant , la modification des tétracordes, la fituation des femi-tons, tout cela des diftinguoit bien mieux que la poftion de leur ” tonique. Ence fens nous n'avons que deux modes , ër les Grecs étoient plus riches que nous. Quant au rhythme, fi nous voulons lui comparer la mefure de notre mufique, tont avantage paroiïtra “ MUS où éncotè dé notre côté : çar fur quatre diférens rhythmes qu'ils pratiquoient ; nous avons au-moins douze orties de mefutes ; mais fleurs quatre rhyth- mes faïvient réellement autant de senres difé- rens, nous n'eñ faurions dire autant de nos douze melures, qui ne iont réellement que dés modifica= tions dé durée de deux feuls genres de mouvement, {ovoir à deux ët à trois tes, Ce n’eft pas que notré mufique n'en pût admettre autant que celle des Grecs; mais f l’on fait attention au génie des profefleurs de cet art, On connoitra alément que tout moyen de perfectionner la Mufique, qui en à plus beloui qu'on ne perle , eft déformais entierement impof fible, | Nous joignons ici un morceäu de chant dans là melure fefquialtere , c’efl-à-dire à deux tems iné- gaux , dont le rapport eft de deux à trois ; mefuré certainement auii bonne & aufli naturelle que plu- fieurs de celles qui font en ufage, mais que les Mus ficrens n’adopteront jamais , car leur maîtré ne la leur a pas apprife. Woyez des PL, de Mrfique, Le grand vice de notre mefure ; Qui eft peut-être un peu celui de la langue, eft de n’avoir pas affez de rapport aux paroles. La mefure de nos vers elt une chofe , celle de notre mufique en eft une autre tout-à-fait différente , & fouvent contraire. Commé la profodie de la langue françoife n°eft pas auffi fen- fible que Pétoit celle de la langue grecque, & que nos mufciens la tête uniquement pleine de fons ne s’embartaflent point d'autre chofe , il ny a pas plus de rapport de leur wufique aux paroles , quant au nombre & à la meiure , qu'il yen a quant äu fens $ à l’expreffion. Ce n’eil pas qu'ils ne fachent bien faire une ténne aux mots calmer Ou repos ; qu’ils ne foient fort attentits à exprimer le mot cie/ par des fons hauts , les mots erre ou enfer par des fons bas > à rouler fur foudre 8t tonnerre, à faire élanter 1n mon/tré furieux par vingt élancemens de voix, & d’autres femblables puérilirés, Mais pour embraflèt l’ordons nance d'un Ouvrage, pouf exprimer la fituation de l'ame plhtôt que de s’amufer au fens particulier de chaque mor ; pour rénüre l'harmonie des vers, pour imiter, en un mot, tout le charme de la poëñe par une wwfique convenable & relative, c'eft ce qu'ils entendent f peu , qu'ils demandent à leurs poëtes de petits vers coupés, profaïques, irréguliers, fans nombre , fans harmonie , parlemés de petits mots lyriques couley , volez, gloire ; murmure, écho )TAITAGE, fur lefquels ils épuifent toute leur {cience harmo- nique ; 1ls commencent même par faire leurs airs, ë y font eutuire ajufter des paroles par le verfificae teur : la Mufque gouverne, la Poëfie eft lafervante, & fervante fnbordonnée ; qu’on ne s'apperçoit pas feulement à l'opéra que c’eft des vérs qu’on entend, L'ancienne mukque, toujours attachée À la Poéfie, la fuivoit pas-à-pas, en exprimoit éxa@tement le nombre & la mefure , 8e ne s’appliquoit qu’à lui don- ner plus d'éciat & de majefté. Quelle imprefion ne devoit pas faire fur un auditeur fenfble une ex- cellente poéfie ainfi rendue ? Si la fimple déclama- tion nous artache des larmes , quelle énergie n’y doit pas ajouter tout le charme de lharmonie, quand il l'embellit fans l'étonffer ! Pourquoi la vieille 74- Jique dé Lully nous intéreffe-tellé tant ? pourquoi tous fes émules font-ils reftés fi loin derriere lui à c'eft que nul d’entr'eux n’a entendu comme lui l’art d'aflortir la wuffque aux paroles ; e’eft que fon réei- taf eft celui de tous qui approche le plus du ton de la nature 8z de la bonne déclamarion. Mais qu’on l'en trouvetoit encore loin f on vouloit l’examines de près ! Ne jugeons donc pas des effets de la mu/éque ancienne par ceux de la nôtre , puifqu’elle ne nous Offre plus rien de femblable. La partie de notre #4/qne qui répond à la mel 902 M US pée des Grecs, eft le chant ou la mélodie ; &jene fais qui doit emporter de ce côte-là ; Car fi nous avons plus d’intervalles, ils en avoient, en vertu de la diverfité des genres, de plus variés que les nôtres. De plus, la modulation étant utforme dans tous nos tons , c’eft une néceflité que le chant y foit fem- blable ; car l'harmonie qui le produit a fes routes prefcrites , & ces routes font partout les mêmes. Ainf les combinaifons des chants que certe harmo- nie comporte, ne peuvent être que très- bonnes : aufli tous ces chants procedent-ils toujours de la mê- me maniere. Dans tous les tons , dans tous les mo- des , toujours les mêmes traits, toujours les mêmes chûtes ; on n’apperçoit aucune variété à cet égard ni pour le genre n1 pour le caraëtere, Quoi | vous traitez de la même maniere le tendre, le gracieux, le gai, l'impétueux , le grave , le modéré ? votre mélodie eft la même pourtous ces genres, & vous vous vantez de la perfeétion de votre mufique ? Que devoient donc dire les Grecs, qui avoient des mo- des , des regles pour tous ces caraétéres, & qui par- 1à les exprimoient à leur volonté ? Me dira-t-on que nous les exprimons aufli ? nous y tâchons du-moins; mais à parler franchemenr , je ne vois pas que le fuccès réponde aux efforts de nos muficiens. D'ail- leurs , & ceci s’adreffe particulierement à la mwfique francoile, quels moyens employons nous pour cela ? un feul, c’eft le mouvement: on le ralentit dans les airs graves : on le prefle dans les airs ais. Faites un air quelconque : le voulez-vous tendre ? chantez-le lentement, refpirez fort, criez; le voulez-vous gai? chantez-le vite, en marquant la mefure ; voulez- vous du furieux? courez à perte d’haleine, Le fieur Jeliotte a mis à la mode des airs plats & triviaux du” pont-neuf ;il en a fait des airs tendres 6c pathétiques, en les chantant lentement avec le goût qu’on lui connoît. Au contraire , J'ai vu une mulette fort ten- dre des talens lyriques devenir infenfiblement un aflez joli menuet. Tel eft le caraétere de la zufique françoile ; variez les mouvemens , vous en ferez ce qu'il vous plaira, Fies avis, & cum volir, arbor. Mais les anciens avoient aufli cette diverfiré de mouve- mens , & ils avoient de plus pour tous les caraëteres, des regles particulieres dont l'effet fe faifoit fentir dans la melopce. . Que veux-je conclure de tout cela? que l’ancienne mujique étoit plus parfaite que la nôtre ? nullement. Je crois au contraire que la nôtre.eft fans comparai- fon plus favante & plus agréable ; mais je crois que celle des Grecs étoir plus expreffive & plus énergi- que. La nôtre eft plus conforme à la nature du chant: la leur approchoit plus de la déclamation ; 1ls ne cherchoient qu’à remuer Fame, & nous ne voulons que plaire à l'oreille. En un mot, l'abus même que nous faifons de notre mu/que ne vient que de fa ri- cheffe ; & peut-être fans les bornes où limperfeétion de celle des Grecs la tenoit renfermée , n’auroit-elle pas produit tous les effets merveilleux qu'on nous en rapporte, On a beaucoup fonhaité de voir quelques frag- mens de l’ancienne wufque, le P. Kircher & M. Bu- retre ont travaillé à fansfaire là-deflus la curiofité du public. On trouvera dans nos P/, de Mufique deux morceaux de wufique grecque traduits fur nos notes par ces auteurs, Mais quelqu'un auroit-1l l'injuftice de vouloir juger de l’ancienne rufique fur de tels échantillons ? Je les fuppole fideles, je veux même que ceux qui eh voudroient juger connoïffent fufh- famment le génie de la langue grecque ; qu'ils reéflé- chiflent pourtant qu'un italien ef juge incompétent d’un air françois , & qu'ils comparent les tems & les lieux. On a ajouté dansla même P/anche , un air chinois tiré du pere du Halde; & dans uñe autre Planche, un'air perfantiré du chevalier Char- din ; & ailleurs, deux chanfons dés fauvages de l'Amérique , tirées du P. Merfenne, On trouvera dans tons ces morceaux une conformité de modu- lation avec notre wfique, qui pourra faire admirer aux uns la bonté & l’univerfalité de nos regles, & peut-être rendre fufpeéte à d’autres la fidélité ou l'intelligence de ceux qui ont tranfmis ces airs. La maniere dont les anciens notoient leur mu/fique étoit établie fur un fondement très-fimple , qui éroit les rapports des fons exprimés par des chiffres ou, ce qui eft la même chofe, par les lettres de leur al- phabet, Mais au lieu de fe prévaloir de cette idée pour fe borner à un petit nombre de câraëteres faci- les à concevoir, ils fe perdirent dans une multitude de fignes différens , dont ils embrouillerent gratuite- ment leur wufique. Boëce prit dans l'alphabet latin des caratteres correfpondans à ceux des Grecs 3 Grégoire le grand perfettionna fa méthode. En 1024 Guy d’Arezzo , bénédiétin , introduifit Pufage des portées ( voyez PORTÉES ), fur les lignes defquelles il marqua les notes en forme de points, défignant par leur poftion l'élévation ou l’abaiflement de la voix. Kircher cependant prétend que cette invention étoit connue avant Guy: celui-ci inventa encore [a gam- me, & appliqua aux notes de l’échelle les noms tirés de l'hymne de faint Jean Baptifte, qu’elle conferve encore aujourd'hui. Enfin cet homme, né pour la Mufique, inventa , dit-on, différens inftrumens ap- pellés polypleëtra , tels que le clavecin , l'épinerre , ête. Voyez NOTES , GAMME. Les fignes de la Mufique ont reçu leur derniere augmentation confidérable en 1330, felon Popinion commune. Jean Muria , ou de Muris, on de Menurs, dofteur de Paris, ou l’Anglois, felon Gefner , 1m venta alors les différentes figures des notes qui dé- fignent la durée ou la quantité, 8 que nous appel- lons aujourd’hui rondes , blanches, noires , &tc. Voyez MESURE , VALEUR DES NOTES. Lafus eft , comme nous l’avons dit, le premier qui ait écrit fur la Mufique ; mais fon ouvrage eft perdu , aufh bien que plufñeurs autres livres des Grecs & des Romains fur la même matiere. Arifto- xene, difciple d'Arifiote , eft le plus ancien écrivain qui nous refte fur cette fcience. Après lui vient Eu- clide, connu par fes élémens de Géométrie, Ariftide Quintilien éctivoit après Ciceron : Alypius vint enfuite ; après lui Gaudentius le philofophe, Nico< maque le pythagoricien , & Bacchus. Marc Meibomius nous a donné une belle édition de ces fept auteurs grecs, avec une traduétionlatine & des notes. Plutarqne a écrit un dialogue de la Mufique. Pto= lomée , celebre mathématicien, écrivit en grec les principes de l'harmonie, vers le tems de l'empereur Antonin le pieux. Cet auteur garde un mulieu entre les Pythagoriciens & les Arifloxémens. Long-tems après , Manuel Bryennius écrivit aufli fur le même tujet. r Parmi les Latins, Boëce a écrit du tems de Théo» doric ; & vers les mêmes tems, un certain Caflio= dore, Martian , & faint Auguftin. Parmi les modernes, nous avons Zarlin, Salinas, Nalgulio , Vincent Galilée, Doni, Kircher, Ban- chieri, Merfenne, Parran, Perrault, Wallis, Def- cartes, Holder , Mengoli, Malcolm, Burette, 6 enfin le célebre M. Rameau, dont les“écrits ont ceci de fingulier, qu'ils ont fait une grande fortune fans avoir été lùs de perfonne. Nous avons encore plus récemment des principes d’acouftique d’un géometre , qui nous montrent jufqu’à quel point pourroit aller la Géométrie dans * de bonnes mains, pour l'invention & la folution des plus difficiles théorèmes de la wwfique fpécula- tive. (S) Müsique Des HÉBREUX, (Cririq. facrée.) les an- ciens hébreux aimoient la Mufique , & avoient plu- fieurs inftrumens de Mu/ique, Îls s’en fervotent dans les cérémonies de religion, dans les réjouiflances publiques & particulieres, dans leurs feftins & mé- me dans leurs denils. Laban fe plaint que Jacob fon gendre l'ait quitté brufquement , fans lui donner le Joifr de le conduire au chant des cantiques & au fon des tambours & des cythares, Moyfe fit faire des trompettes d'argent pour en fonner dans les facrifi- ces folemnels, &c dansles feftins facrés. David defti- naune grande partie des lévites à chanter & à jouer des inftrumens dans le temple. Afoph, Iléman & Idithun étoient les chefs de la srufique du tabernacle fous ce prince, & du temple fous Salomon. Le pre- mieravoit quatre fils, le fecond quatorze , & le troi- ieme fix. Ces vingt-quatre lévites étoient à la tête de vingt-quatre bandes de mufciens qui fervoient tour-à-tour. | On ne peut douter que David ne fçût très-bien jouer de la harpe, car il diffipa parce moyen la mé- lancholie de Saut ; cependant la mufique des Hébreux & leurs inftrumens de »wfique, nous font entiere- ment inconnus. Tout ce que l’on en peut conjedtu- rer, c'eft que ces infrumens fe réduifoient à trois clafles ; les inftrumens à corde, les inftrumens à vent & les différentes efpeces de tambours. Les premiers font le nable, le pfaltérion, le cimor , la fymphonie ancienne , la fambuque. Il feroit difficile de donner la figure des diverfes fortes de trompettes que l’on remarque dans l’Ecriture: le plus connu de ces infirumens eft l’orgue ancien ; nommé en hé- breu huggals, Ils avoient plufeurs efpeces de tam- bours ; le tuph, le zazelim, le fchalifchrim &c le me- zilothaim, rendus dans la vulgate par sympana, cym- Bala, fiftra & tintinnebula, (D. J.) MUSIQUE, PRIX DE, ( Azriq. grecq.) récompen- fe honorable introduite dans les jeux de la Grece, : pour encourager & perfetlionner l’étude de cet art. Athènes donnoit un pr/x de mufique pendant les Bacchanales ; ce prix étoit un trépié , & les dix tri- bus le difputoient à l’envi, Chacune avoit fon chœur des muficiens , fon chorege , c’eftà-dire fon intendant du chœur & fon poëte. On gravoit fur le trépié le nom de la tribu viétorieufe, celui de fon poëte &c celui de fon chorege. Voici les termes d’une de ces infcrpitions, tirés de Plutarque. « La tribu An- # tiochide remporta le prix ; Ariftide chorese , firles # frais des jeux; &c le poëte Archiftrate compofa les » comédies ». Je ne dois pas oublier de remarquer que les jeux où l’on difputoit Les prix de la mufique, avoient leurs lois particulieres dont on ne pouvoit s’écarrer im- punément. Un muficien, par exemple, quelque fa- tigué qu'il fût, n’avoit pas la liberté de s’affeoir: il mofoir efluyer la fueur de fon vifage qu'avec un bout de fa robe: 1l ne lui étoit pas permis de cracher à terre, 6c. Tacite, an. li. XVI, nous repréfente l’empereur Néron foumis à ces lois fur lethéâtre, & affectant une véritable crainte de les violer. {ngredi- tur theatrur: , cunétis cytharæ lepibus obremperans , ne feffus refideres, ne fudorem nife ed quam indutui ge- rebat vefle detergeret, ut nulla oris aut narium excre- menta viderentur ; poffremo) flexus genu , & cetum il- lu manu veneratus, fententias judicum opperebiatur, fo pavore. (D. J.) MUSIQUE, EFFETS DE LA, (Med. Diete, Gymnafl. Thérapeut.)’a@tion de la Mzfique fur les hommes eft fi forte, & fur-tout fi fezfible, qu'il paroît ab{olu- ment fuperflu d’entafler des preuves pour en confta- ter la poffibilité. L'expérience journaliere la démon- tre à ceux qui peuvent fentir; & quant à ces per- fonnes mal organifées qui, plongées en conféquen- ce dans une infenfbilité zaladive, {ont malheureu- MUS 903 fement dans le cas d’exiger ces preuves, elles n’en feroient à-coup-für nullement convaincues, Que peuvent, en effet, les raifons les plus juftes , où le {entiment ne fait aucune impreffion ? Qu'on tran{- porte l'homme le plus incrédule , par conféquent le moins Connoïfleur , mais pofledant une dofe ordi- naire de fenfibilité , dans ces palais enchantés, dans ces académies de zz4fique, où l’on voit l’att fe dif- puter & fe montrer fupérieur à la nature ; qu’il Y écoute les déclamations harmonieufes de cette a@ri- ce immitable , foutenue par l'accompagnement exaét &c proportionné de ces inftrumens fi parfaits , pourra-t-1l s'empêcher de partager les fentimens , les pafhons, les fituations exprimées avec tant d’ame & de vérité & pour me fervir des paroles énergiques d'un écrivain du fiecle pañlé, fon ame dépourvue de toute idée étrangere, perdant tout autre fentiment, ne volera-t-elle pas toute entiere fur fes oreilles à fon ame feule ne fera pas émue, {on corps recevra des impreflions auffi vives, un frémiflement machi- nal involontaire s’emparera de lui, fes cheveux fe drefferont doucement fur fa tête, & il éprouvera malgré lui une fecrette horreur, une efpece de ref- ferrement dans la peau; pourra-t-il ne pas croire , quandil fentira fi vivement ? Parcourons les hiftoires anciennes & modernes , ouvrons les faftes de la Médecine, nous verrons par- tout les effets furprenansopérés par la Mufique. L’an- tiquité la plus reculée nous offre des faits prodi- gieux ; mais ils font ou déguifés ou groffis par les fa- bles que les Poëtes y ont mélées, ou enveloppés dans les myftères obicurs de la Magie, fous les ap= parences de laquelle les anciens charlatans ca- choient les véritables effets de la Mufique, pour fé- duire plus fürement les peuples , en donnant un air de myftère & de divin aux faits les plus naturels , produits des caufes ordinaires : expédient qui a fou- vent été renouvellé, prefque toüjours accrédité par lignorance, & demalqué par les Philofophes ; mais jamais épuifé. « IL y a lieu de préfumer, dit fort judi- » cieufement Le favant médecin Boerhaave, quetous - »les prodiges qui font racontés des enchantemens, » 8 des vers dans la guérifon des maladies, doivent » être rapportés à la Mufique, (lib. imper, faciens, » pag. 362, n°. 412.) partie dans laquelle excelloient » les anciens médecins ». Pyndare nous apprend qu'Efculape, ce héros fameux pour la guérifon de toutes fortes de maladies 5 Hpoe TawTod' ar y ŒAERTHPE pére, En traitoit quelques-unes par des chanfons molles, agréables, voluptueufes, ou fuivant quel- ques mterpretes, par de doux enchantèmens, ce qui dans le cas préfent reviendroit au même : L 2 [nd Tous juey (ruse ç) ICT CITE [1 \ Erauid'ais auméror, Pynd. Python. Ode III, Il eft plus que vraiflemblable qu'Efculape avoit ap- pris la Mufique, ou d’Apollon fon pere, ou du centau- ré Chiron fon précepteur, tous Les deux aufficélebres dans la Mufique que dans l’art de guérir. Le pouvoir de la Mufique fur les corps les plus infenfbles, nous eft très-bien dépeint dans l’hiftoire d'Orphée, chan- tée par tous les Poëtes, qui par Le fon mélodieux de fa voix attiroit les arbres, les rochers ; bâtifloit des villes ; pénétroit jufqu’aux enfets, fléchifloit les juges rigoureux de ce féjour ; fufpendoit les tour- mens des malheureux ; franchifloit les barrieres de la mort,& tranfgrefloit les arrêtsirrévocables des def- tins: ces fables, ces allégories, fruits de l’imagina- tion vive des poëtes, font les couleurs dont ils ont voulu peindre la vérité & nous la tranfmettre ; les interpretes y reconnoifloient tous la force de la My- Jique, & dom Calmet ne voit dans cette defcente d'Orphée aux enfers pour en retirer fa chere Eury- 1 En A fi E>" ETS Ë at 904 MUS dice, &c. que la guérifon de la bleflure qu'un fer- pent lui avoit fait , accident comme on le verra plus bas , où la Mufique eft extrémement eñicace. Quel- ques, philofophes n’ont pas laiflé d'adopter tout Le fa- buleux de cette hiftowe, & de prendre l’allégorie pour la réalité ; ils n’ont pas cru la Mufique incapa- ble de produire des merveilles auffi grandes, &t Fa- bius Paulinus prétend qu'Orphée a pu les opérer par fept moyens principaux. Mais en nous éloignant de ces tems obfcurs & fabuleux, .que nous ne connoif- fons prefque que par les récits des poètes, nous pouvons confulter des hiftoires véridiques , nous y verrons des faits à-peu-près femblables qui confta- tent l’aétion de la Mufique: 1° fur les corps bruts: 2° fur les animaux: 3° fur l'homme confideré dans fes rapportfavec la Morale ou la Médecine. Parmi le grand nombre d’oblervations qui fe préfentent , nous choifirons celles qui font les mieux conftatées, appuyées fur des témoignages authentiques ; nous en avons aflez de cette elpece pour pouvoir négl- ger celles qui pourroient fournir le moindre fujet de doute : nous ferons même obligés d'en pañler beaucoup fous filence, pour fatisfaire à la briéveté qu’exigent le tems & l’ordre prefcrit dans ce Dic- tionnaire. Le leéteur curieux pourra confulter le traité de Plutarque fur la Mufique, les excellens ou- vrages des peres Kircher & Merfenne , l’hiftoire de la Mufique par M. Bourdelot; nous le renvoyons fur-tout à une thefe foutenue & compofée aux éco- les de Médecine de Montpellier, par M. Rover, Teflamen. de vi foni & mufice in corpus humanum, ‘autor, Jofeph. Ludov. Royer, dont nous. avons tiré beaucoup de lumieres. Nous pouvons l’aflurer , que cette thefe renferme , outre une ‘abondante collec- tion des faits curieux & intéreflans fur Paétion de la Mujique , un traité phyfique très-bien raifonné fur le fon &la Mufique qui a été particulierement approu- vé & admiré des connoïffeurs. Qu'il eft gracieux de pouvoir payer un foible:, mais légitime tribut à l’a- mitié, en rendant un jufte hommage à l’exaéte vé- rite! « _ 1° L’ation du fon & de la Muÿique fur Pair , n’a ‘pas befoin de preuves ; il eft aflez démontré queleft | le principal milieu par lequel ils fe communiquent. || Le mouvement excité dans Pair par le fon, eff tel sg" e + , 7 . qu'il pourroit parcourir 1038 piés dans une fecon- de, s'il étoirdire® ; il furpañle ainfi la vitefle du vent. le plus furiéux qui, felon le calcul de M. Derrham . quiaporté cette force le plus-loin, ne parcourt dans Je même tems que 66 piés: mais comme fon ation n’eft pas continue, & qu'il n’agit que par des vibra- tions fuccefives, il ébranle plütôt qu'il re renver- fe. Un fecond effet de la Mufique confiderée comme fon , fur l'air, eft de lé-rareñer; cet effet s’eft ma- nifefté dans des grandes fêtes, lorlque.les peuples poufloient de fortes acclamations, on a vu tomber les oifeaux qui traverloient alors l'air. On:s’eftfer- | vi anciennement de cette obfervation pourattraper | les pigeons que deux villes affiégées, dont on avoit | coupé la communication par terre, s’envoyoignt | pour s’inftruire de leur état mutuel. On voit de mê- metous les jours les nuages difipés.;& le tonnerre détourné des égliles êc des camps,;par.le fondes cloches &c le bruit du canon: ces mêmes précau- tions deviennent. f'uneftes fi on les prend trop tard, lorfque les nuages ne font plus hors de la fphere du fon. Voyez SON. L'air porte aux corps environnans T'impreffion de la Mufique, & fait dans les églifes ou falles de concert, oftiller en mefure la flamme des bougies, la fumée &r les petits corps qu'on voit s’e- lever de terre dans la direétion des rayons du foleil. Si on met dans une petite, diftance deux violons montés à l’uniflon , &c qu'on joue de l’un, l’autre æendra le même fon ; fi on remplit pluñeur$ Verres PRE MUS femblables en capacité, 8 faits à l’uniffon; d'eau ou de liqueurs différentes, & qu’on racle avec-les doigts le bord d’un feul,.la liqueur trémouflera dans tous les autres; & dans cette expérience que Kir= cherale premier tentée, on remarque quelesili- queurs hétérogenes fautillent d'autant plus dans ces verres, quelles font plus fubtiles ; dé: fiçon que lefprit-de-vin feroit beaucoup ému, le vin beau coup moins, l’eau trés-peu, &c. Cette expérience appliquée au corps humain, peut donner la folution de plufñeurs problèmes: On voit auffi, «quand on chante ou qu'on joue de quelqu'inftrument près de l’eau , une crifpation très-marquée fur la furface : on temarque la même chofe fur Le vif-arsents Le P. Kircher dit avoir vu un rocher que le fon d’un tuyau d'orgue mettoit en mouvement. Le pere-Merfenne affure qu'à Paris il y avoit dans une éolife des reli- gieux de:S, François , une orgue dont le fon ébran- loit le pavé de l’églife. M. Bourdelot raconte qu’un muficien s'étant mis à chanter dans un cabaret, tons les verres & les pots réfonnerent à l'inftant, furent agités & fur le point de fe cafler. Il y a plufieurs exemples de muficiens qui ont mis en pieces, par le chant on par le fon de quelque inftrument , des vitres, des places, &c. Voyez lachefe cisée | partie IT.ch:i. pag. 69, Il y a une expérience très-connue àice fu- jet, d’un gobelet de verre qu’on fufpend avec un fil, & qui s’en va en éclais par le ton zxiffon de la voix humaine. Le P. Merfenne:, S, Anguftin & quelques autres peres de l’Eglife, penfent que la chute des murs de Jéricho eft un fait tout naturel, dû au fon des inftrumens dont Gédeon avoit fait munir, par ordre de Dieu, les Jfraélires, 2° Les effets de la Mufique font encore plus fré- quens & plusfenfibles dans les animaux : voyez avec quelle attention, avec quel plaifir le canati écoute les airs de Jérineste qu’on lui joue : il approche latête des barreaux de fa cage, refte immobile & muet dans cette fituation jufqu'à ce que Pair foit finis après cela 1l témoigne fon contentement en battant des ailes ; il tâche de répeter la chanfon &-de s’ac- corder enfute avec fon maître: Le P. Kircher parle d’un petit animal qui, pendant la nuit, fait enten- dre diftinétement les fept tons demu/ique, tit, ré,mi, fa, 6c. en montant & en defcendant:; on l'appelle communément Lauc ou animal de la pareffe, parce qu'il eft deux jours pour monter au fommet des ar- bres où il va fe percher : Linnæus lui a donnélenom expreflif de éradypus. Il y a des auteurs qui préten- dent que tous les animaux ont de l'attrait pour la Mujfique ; Vanalogie , le rapportd’orsanifation avec homme, favorifent cette opinion; ils penfent aufli que chaque animal à une efpèce de.prédileétion pour certains {ons , & qu'en le choififfant avec habileté, on viendroit à-bout de les apprivoifer tous. Cette idée eft fondée fur ce que l’on a obfervé que les Chafleurs attiroient adroitement les cerfs en chan- tant, les biches au fon de la fûte; que l’on calmoit avec le chalumeau la férocité des ours; celle des éléphans par la voix humaine. IL eft certain auffique tous les oifeaux font attirés dans les piéges par des apeaux appropriés: c'eft une des rufes les plus or- dinaires &c les plus efficaces de ceux qui chaflent au filet, On fe fert auffi quelquefois 8 dans certains pays de la wu/ique pour la pêche, qu’on rend par ce moyen beaucoup plus heureufe. L’hiftoire du dauphin qui porta Arion, ce célebre joueur de flûte ,. eff une allésorie fous laquelle on a voulu repréfenter l'amour de ces poïffons pour la Mu Jique ; connu dans d’autres occafons. Il y a des ani- maux qui témoignent par leurs mouvemens ,caden- ces, © leurs fauts en mefure, l’impreffion & le plaifir qu'ils éprouvent par la Mufique. Aldrovande aflure avoir vü un. âne qui danfoit fort bien au fon L D: COR Le, des * des inftrumens, M. Bourdelot rapporte la même chofetdeplufeurs rats qu'un Homme avoit apportés à la foire Saint Germain, 1l dit qu’il y en avoit huit entr'autres qui formoient fur la corde une danfe très- compofée qu'ils exécutoient parfaitement bien. Olaus Magnus & Paulus Diaconus racontent que les troupeaux mangent plus long-tems & avec plus d’a: vidité au fon duflageoiet, ce qui a fait dire aux Ara- bes que la Mufique les engraïfloit ; & c’eft peut-être de cette obfervation qu'a pris naiflance l’ufage ordi- naire des bergers dejouer de cet inftrument, Les cha- meaux , au rapport de Thevenot & autres qui ont voyagé dans lorient, fupportent fans peine les plus pelans fardeaux, & marchentavec la même aifance que s'ils n’étoient point chargés lorfqu'on joue des inftrumens. Dès qu’on cefle , leur force diminue, leur pas fe rallentit, & ils font obligés de s’arrêter. Peut-être pend-on, pour la même raifon, une grande quantité de clochettes au col des muletsqui tont de longues routes avec des pefans fardeaux. On a auf obfervé des animaux qui démontroient.le pouvoir de la mufique pat une averfion , une efpece d’anti- pathie qu'ils avoient pour elle ou pour certains fons ; Baglivi fait mention d’un chien qui poufoit des hur- lemens, gémifoit, devenoit trifte toutes les fois qu'il entendoit le fon d'une guittare ou de tout autre inf- trument. Ces exemples ne font pas rares : Le fait que raconte Mead , & qu'il tient d’un témoin oculaire, irréprochable , eft plus fingulier : un muficien s’é- tant apperçu qu'un chien étoit fi fort affecté d’un cer- tain ton, que, toutes les fois qu’il le jouoit, cet animal s’inquiétoit , crioit, témoignoit un mal-aife par des hurlemens ; 1l effaya un jour, pour s’amufer &c pour voir ce qui en rélulteroit , de répéter fou- vent ce ton & de s’y arrêter long-tems; le chien, après avoir été furieufement agité , tomba dans les : convulfions & mourut, °, C’eft principalement fur leshommes plus fuf- ceptibles des différentes impreflions , & plus capa- bles de fentir le plaïfir qu’excite la Mufique , qu’elle opere de plus grands prodiges, foit en faifant naître & animant les pañlons, foit en produifant fur le corps des changemens analogues à ceux qu’elle opere fur les corps bruts. La mufique des anciens plus fimple, plus imitative, étoit aufli plus pathétique &t plusefficace ; ils s’attachoient plus à remuer le cœur, à émouvoir les pafons, qu’à fatisfaire l’ef- prit & infpirer du plaïir ; leurs hiftoires font aufli plus remplies de faits avantageux à la Muique que les nôtres, & qui prouvent en même tems que cette fimplicité n’eft peut-être rien moins qu'une fuite de l’imperfeétion prétendue de leurs inftrumens, 8e du peu de connoïffance qu’on leur a attribué des princi- pes de l’harmonie. Ils avoient diftingué deux airs principaux, dont l’un , appellé phrygier , avoit le pouvoir d’exciter la fureur, la colere , d’animer le courage, &c. l’autre, connu fouslenom d’air dori- que ( modus doricus ) , infpiroit les paflions oppo- fées , &ramenoit à un état plus tranquulle les efprits agités. Galien rapporte qu’un muficien ayant, avec l'air phrygien, mis en fureur des jeunes gensivres, changea de ton à fa priere , joua le dorique, & dans linftant ils reprirent leur tranquillité. Pythagore, au rapport de Quintilien, voyant un jeune homme furieux, prêt à mettre le feu à la maïfon de fa mai- treffe infidelle, pria un muficien de changer la me- fure des vers & de chanter un /pondée, auffi-tôt la gravité de cette mufique calma les agitations de cet amant méprifé. Plutarqueraconte qu'un nommé Ter- panter, mufcien , appellé par un oracle de l’île de Lesbos à Lacédémone , y calma par la douceur de fa voix une violente fédition. Il y a beaucoup d'exemples de perfonnes qui ont été portées par la Mujique à des violens accès de fureur, au point de : Tome À, d MUS 906$ fe jetter fur les afiftans; on raconte ce fait d’Alexans dre , du roi £rics furnommé Ze Box, d'un doge de Venife, êc. Voyez la thefe citée part. IL. cap, i. pag 100. & Jeg. Les inflruméns de Mufique, flûtes , trompettes, tambours, timbales, ou autres fembla= bles , ont toüjours été en nfage dans les armées ; on y faioit même autrefois entrer des chœurs de muf- ciens qui chantoient des hymnes à l'honneur de Mars, de Caftor & de Poliux, &c,. Cette mufiqué fervoit non-feulement à infpirer de la fermeté, du courage , de l’ardeur aux guerriers , Mais on de re- tiroit encore le précieux avantage de prévenir le defordre & la confuñon ; on s’en {ert encore aujout- d'hui pour faire marcher le foldat en mefure ; pour augmenter ou diminuer fa vitefle, & pour diriger toutes les évolutions militaires , on pourroit ajouter aufü ; pour diminuer les fatigues d’une marche pénible. Get effet quoique peu fenti et trés-réel ; nous pour- rions rappeller 1c1 l'exemple des chameaux dont nous avons parlé ci-deflus: mais ne voyons-nous pas tous les jours arriver la même choie dans nos bals ? telle perfonne qui ne danferoit pas une heure fans être d'une laffitude extrème, sil n’y avoit ni voix niinftrumens, qui, animée & foutenue par une bonne fymphonie » paflera la nuit entiere À dan: fer fans s’appercevoir qu’elle fe fatigue, 8 même fans l’être. Un vieillard , mordu par une tarentule à qui l’on joue un aïr 4pproprié , fe leve & re des heures entieres avec la même facilité qu'un jeune homme de quinze ans ; en même tems qu'on voit dans ce cas les effets bien marqués de la Mufique, on peut appercevoir l’originé & les raifons de fon in- troduétion dans la danfe. De même la vertu qu'eile a de calmer les fureurs , d’appaifer la colere, dé prévenir & d'arrêter les emportemens qu’entraîné l'ivrefle, a peur-être donné lieu aux chanfons qui fe chantent pendant le deffert , qui eft la partie du repas où l’on mange le moins & où l’on boit davan- tage, & fut-tout de vins différens. Il n’y a point d'u fage, quelque ridicule qu'il paroifle, qui n’ait été fondé fur quelque raïfôn plus ou moins apparenté d'utilité ; 11 n'y a point de pafliôns que les anciens ne cruflent pouvoir exciter par leur mufique , ils là regardoient {ur-tout , comme l’a remarqué M. Rol- lin, comme très-propre « à adoucirles mœurs, & » même humaniier les peuplés naturellement fauva: . » ges & barbares x, Polybe, dit M. Rollin, hifto- rien grave &c férieux , qui certainement mérité quelque créance , « attribue la différence extrèmé » qui fe trouvoit entre deux peuples dé l’Arcadie ; » les uns infiniment aimés & eftimés par la douceur » de leurs mœurs, par leur inclination bienfaifante, » par leur humanité envers les étrangers & leur » piété envers les dieux; les autres , au conttaire ; » généralement décriés & hais à caufe de leur fro- » cité & de leur irréligion: Polybe, dis-je , attribue » cette différence à l’étude de la Mufique, cultivée » avec foin par les uns, & abfolument négligée » par les autres ». Rollin, Æ5f, anc. tôm. IF, pag. 338. Enfin, cette même Mufique qu’on a rendu au- jourd’hui fi douce, f voluptueufe, f attendriffante, & qui paroït n'être faite que pour captiver les’ cœurs , pour infpirer l'amour, étoit fi bien variéé par les anciens , qu'ils s’en fervoient comme d’un préfervatif contre les traits de l’amour, & comme d’un remede afluré pour la continence :les maris abfens, au lieu de ces affreufes ceintures fi fort à la mode &r peut-être fi néceflaires dans certains pays , laïfloient à leurs femmes des mufciens qui leur jouoient des airs, capables de modérer les defirs qu’elles n’auroient pü fatisfaire qu'aux dépens de leur honneur ; & on aflure qu'Egifte ne put vain- cre les refus de Clytemneftre, qu'après avoir fait mourir Demodocus, muficien , qu'Agamemnon ayoit YYyyy 906 M US placé auprès de fon époufe pour Ru jouer la chafte- té; Phéminus, frere de ce muficien, eut le ième em- ploi auprès de Pénélope, dont il s’acquitta avec plus de bonheur, dit-on, &c de fuccès. Il ne dut fans doute fon falut qu'à l'ignorance où étoient les amans de Pénélope furla part qu'il avoit à la fidélité qu'elle ardoit à fon mati. Il n’y à pas apparence que nos jaloux modernes aient recours à de pareils expé- diens. au L'application dé la Mu/ique à la Médecine eft ex- irèmement ancienne , perdue dans ces téms obicurs &c fabuleux que l’hiffotren’a pas ph pénétrer. La zx Jique faïfoit, comine nous l'avons remarqué , par- tie de la médecine magique, aftrologique , qui toit en vogue dans cés tems réculés qu'on n'a jamais bien connus , & qu'on a conféquemment appelés Jrecles de barbarie & d’ignorance. LE Pythagore eft le premier qui af, au rapport de Celius Aurelianus, employé ouvertement la mufique pour guérir les maladies. fl fit fes expériences dans éette partie dé l'Itahe qu'on appelloit autrefois la grande Gièce, & qui eft aujourd'hui la Calabre ; Diémerbroek , qui donne quelques obfervations de peftes guéries par la Mafque ; aflure que ce remede admirable étoit connu par les anciens , & employé dans fe même cas avec béaucoup de fuccès. Théo- phrafte vante beaucoup la Mufigue, &t fur-tout l'air phrygien, pour guérir ou foulager les douleurs de fcianique ; beaucoup d’auteurs après lui ont conftaté par léurs propres expériences l'efficacité de ce fe- cours , ils prétendent que le fon de la flüte, &c par- ticuliétement les airs phrygiens , font les plusappro- priés. Celius Aurelianus dit avoir obfervé, que lorf- qu'on chantoit fur les pattes doulourenfes , elles fautilloient én palpitant, & fe rallentifloient enfuite à mefure que les douleurs fe diflipoient : Jocx do- Jentia decantaffe ( ait ) guæ cum faltum fumerent pal- pitando , difeuffo delore mitefcerent ; lib, W. cap. 5h L’ufage &les bons eftets de la Mz/ique dans la goutte font auf connus depuis très - long -tems ; Bonnet dit lui-même avoir vû plufeurs perfonnes qui s’en étoient très-bien trouvés. On employoit encore la mufique du tems de Galien dans la moffure des vi- peres, du fcorpion de la Pouille, & il la recom- mande lui-même dans ces accidens ; Default, méde- cin de Bordeaux , aflure s’en être fervi avec fuccès dans la morfure des chiens enragés ; &c elle eft enfin devenue le remede fpécifique contre la morfure de la tarentule , où il faut remarquer qu'elle agit 1ci principalement en excitant le malade à la danfe , & élle eft inefficace fi elle ne produit pas cet effer, Il y a une foule d'auteurs qui ont écrit fur cefujet ; Ba- olivi a donné un traité particulier qui mérite d’être confulté. Cet auteur remarque qu'il faut, pour ré- veiller & animer ces malades, choïfir un air vif, gai, & qui leur plaife beaucoup. Afclépiade préten- doit que rien n’étoit plus propre que la zffque pour rétablir la fanté des phrénétiques , & de ceux qui avoient quelque maladie d’efprit. Cette prétention eft une vérité conftatée par un grand nombre d’ob- fervations. Deux phrénértiques , dontileft fait men- tion dans l’Hiffoire de l’académie royale des Sciences , an. 1707 Pags 7» & 1708 , pag. 22, furent parfaitement guéris par des concerts ou des chan- {ons qu'ils avoient demandé avec beaucoup d’em- preflement ; & ce qu'il y avoit de remarquable , c’eft que les fymptomes appailés par la fymphome re- doubloient lorfqu’on la difcontinuoit, M. Bourdelot raconte qu'un médecin defes amis guérit une femme , devenue folle par l’inconftance d’un amoureux, en introduifant fecrétement dans fa chambre des mufi- ciens , qui lui jouoient trois fois par jour des airs bien appropriés à fon état ( Æiff. de la Muf. chap. tir, pag. 48, ) : il parle au même endroit d’un organifté MUS qui, étant dans wn délire violent, futcalmé en peu de tems par un concert que quelques amiextcute- rent chez lui : le même auteur rapporte qu'un prince fut tiré d’une affreufe mélancolie par le moyen de la mufiqne : les accès de mélancolie où de manie dont Saül étoit tourmenté, ne pouvoient, felon les livres -facrés , être calmés que par la harpe de Da- vid; Gb, I. Regam, cap. xvj. ÿ. 23. Willhiam Al- brecht dit avoir guéri Ini-même par la #2/que in malade mélancolique , qui avoit éprouvé inutile- menttoute forte deremedes ; il lui fit chanter, pen- dant un des violens accès, une petite chanfon qui réveilla le malade, lui fit plaifir, l’excita à rire, & difipa pour tohjours le paroxyfme ; de effeclu Mufic, $. 314. Arétée confeille beaucoup la #ufique dans une efpece de mélancoke, qui cit telle qu'oz vos, dit-il, ceux quien font atteints fe déchirer le corps , où fe faire des incifions dans les chairs, poullés par une pieufe fantaifie, comme s'ils Je rendoïent par ce moyer plus agréables aux dieux qu'ils fervent, 6 que ces dieux exigealfent cela d'eux. Ceite cpece de fureur ne les tient que par rapport à Celle OpimIOn , Ou a ce fentiment de religion. Ils font d’ailleurs bien fenfés. On les réveille, ou on les fait revenir à eux par le fon de la fire, & par d’aütres divertiffemens, &tc. Les Américains fe fervent de la wufique dans prefque toutes les mala- dies pout ranimer le courage &c les forces du ma- lade, & difiper la crainte 6c l’affaiffement qui la fuit, fouvent plus funeftes que la maladie même. On raconte que la reine Elfabeth étant au lit de la mort fit venir des muficiens, pour fe diftraire de la penfée affrenfe de la mort, &c pour éloigner les hor- reurs que né peut manquer d’entrainer la ceffation de la vie & la diflolution de là machine, de quel œil qu'on envifage ce changement terrible, On voit un exemple de pañlion hyftérique jointe avec délire , perte prefque totale de fentiment, entierement gué- rie par le fon harmonieux du violon, dans une ef- pece de relation que M. Pomme, médecin d'Arles, a donné de la maladie de Mademoifelle de * * *. Chryfppe aflure que le fon de la flûte ( xaraunerre ) eft un très-bon remede dans l’épilepfe & la fciati- que. Enfin, M. Default prétend que la wufique eft trés-utile dans la phthifie; differs, fur la phthifre. On voit par cetre énumération, quoiqu'incomplette, qu'il eft peu de maladies où l’on n’ait employé, & avec fuccès, la wufique. Jean-Baptiite Porta, méde- cin fameux, conçut la bifarre idée d’en faire une pa- nacée, un remede umiverfel. Il imagina donc &z pré- tendit qu’on pourroit guérir toutes les maladies par la mufique inftrumentale, fi l’on faïfoit les flûtes ou autres inftrumens deftinés à la #mufique iatrique avec le bois desplantes médicinales, de façon qu’on choisit pour chaque maladie le fon d’uneflûte, faite avec la plante dont l’ufage intérieur étoit confeillé &c réputé efficace dans cette même maladie : ainfi il vouloit qu’on traitât ceux qu'il appelle /ywphariques avec une flûte de thyrfe; les fous maniaques, mé- Jancoliques, avec une d’hellébore ; & qu'on fe 1er- vît d’une flûte, faite avec la roquette ou le /xry- rium , pour les impuñffans &c les hommes froids qui ne font pas fufifamment excités par les aiguillons naturels, &c. &c. Il eft peu néceflaire de remarquer combien ces prétentions font peu fondées, vaines & chimériques. | L'examen réfléchi des obfervations que nous avons rapportées, peut répandre quelque jour fur la ma- niere d'agir de la Mufrque fur l’homme : nous allons expofer fur ce fujet quelques confidérations quifer- viront à confirmer ou à reftraindre fon ulage mëdi- cinal, qui rendront les faits déja rapportés moins extraordinaires & plus croyables ; le vrai en devien- dra plus vraiflemblable. On peut dans les effets de la Mufique difinguer deux façons principales d'agir ; une purement mé. chanique , dépendante de la propriété qu’a la Me que , comme Le fon de fe propager, de mettre en mouvement l'air & les corps environnans, fur-tout lorfqu'ils font à l'union s l’autre maniere d'agir ri- goureufement rédudtible à la premiere, eft plus par- ticulierement liée à la fenfibilité de la machine hu- maine , elle eft une fuite de l’impreffion agréable que _ fait en nous le plaifir qu'excite le fon modifié, ou la Mufique, 1°. À ne confidérer le corps humain que comme un aflemblage de fibres plus ou moins tendues, & de liqueurs de différente nature, abftradtion faite de leur {enfbilité | de leur vie & de leur mouvement, on concevra fans peine que la Muffque doit faire le mê- me effet fur les fibres qu’elle fait fur les cordes des infirumens voifins; que toutes les fibres du corps humain feront mifes en mouvement ; que celles qui font plus tendues, plus fines & plus déhées en feront plutôt émües , 8c que celles qui font à l’uniflon le conferveront plus long-tems ; que toutes les hu- meurs feront agitées, &c que leur trémouffement fera en raïonide leur fubtilité, comme il arrive à des liqueurs hétérogenes contenues dans différens ver- res ( voyez l'expérience rapportée plus haut. ); de fa- çon que le fluide nerveux, s'il exifte, fera beau- coup animé, la lymphe moins , & les autres hu- meurs dans la proportion de leur ténuité : il n’eft pas néceflaire au refte, pour mettre en mouvement les fibres qu’on joue d’un inftrument accordé ; le fon provenant d’un inflrument à vent, d’uneflûte, &c, peut produire le même effet, fuivant l’obfervation du P, Kircher. Ce fameux muficien dit avoir dans fon cabinet un policorde , dont une corde raifonnoit trés-diftinétement toutes les fois qu’on fonnoit une cloche d’une églife voifine. Mufurg, Lib, LX, cap. vi. Îlaffure auffi que le fon d’une orgue faifoit raifonner les cordes d’une lyre placée à côté de l’églite, Cet effet de la Muffque peut expliquer la guérilon de la goutte , de la iciatique , de la pañfion hy férique & autres maladies nerveufes, opérée paï ce moyen. [left bien différent de l’impreffion que fait le fon fur les nerfs de l'oreille, d’où elle fe communique à tou- tes les parties du corps, puifque les fourds éprou- vent par tout leur corps une agitation finguliere , quoiqu'ils n'entendent pas le moindre fon ; tel eft celui dont parle M. Boerhaave, qui avoituntrem- blement prefque général toutes les fois qu’on jouoit à fes côtés de quelque inftrument, L’on pourroit ci- ter aufi ces danfeufes qui, quoique fourdes } fui- vent dans leurs pas & leurs mouvemens la mefure avec une extrème régularité. La Mufique confidérée comme un fimple fon on du bruit, agit principale- ment fur les ramifications du nerf acoufhque ; mais par les attaches , les communications de ces nerfs avec ceux de toute la machine , ou enfin par une fympathie encore peu déterminée, cette a@ion fe marfefte dans différentes parties du corps, & plus particulierement dans l’eftomac.Bien des perfonnes, lorfqu’on tire des coups de canon , fentent un mal- aife , une efpece de reflerrement à l’eftomac ; &, outre les furdités occafionnées par un grand bruit inopiné , on a vu la même caufe produire des verti- ges, des convulfons, des accidens d’épilepfe, ir- riter les bleflures ; & les chirurgiens obfervent tous les jours, à l’armée, combien les plaies empirent & prennentune mauvaife tournure pendant qu’on don- ne quelque bataille dans le voifinage , & qu’on en- tend Les coups répétés du canon.Il y a une obferva- tion rapportée dans l’hiftoire de l’académie royale des fciences, année 1752. pag 73. d’une fille qui étoitattaquée de violens accès de paffion hyftérique; après avoir épuifé inutilement tous les remedes , un garçon apothicaire tira à côté de fon lit un çoup de ome X, % là MUS 907 piftolet, qui fit dans la machine une révolution f grande & fi heureufe, que le paroxi{me fut prefqne à l'inftant diffipé &nerevint plus, Si l’on regarde à préfent la machiñe humaine comme douée d’une fenfibilité exquile, quelle aéti- vité la Mufique n’empruntera-t-elle pas de-là ? ne concevra-t-On pas facilement que fes effers doivent augmenter auf, fi l’on fait encore attention que l’art y eft continuellement avalé, infpiré, abforbé ; qu'il eflcontenu dans toutes nos humeurs, qu'il ef ramal- fé fous forme & avec les propriétés de l’air dans l’ef tomac , les boyaux, & même dans la poittine, en tre les côtes & les poumons, où il prend lenom d’air interthorachique : ne verra-t-on pas dans les efforts | que fait l'air intérieur, pour fe mettre en équilibre avec l'air extérieur, & pour partager fes impref- fions , une nouvelle raifon des effets de la Miufique ? Voyez encore a l’article A1R , aëlion de l, combien le corps fe reflent des changemens d’un fluide qui lui devientf propre , & quief fi intimément lié à fa na- ture : ajoutez à cela, s’il eft permis de mêler l’hy- pothèle aux faits démontrés, que le fluide nerveax pañle pour être d’une nature fort analogue à celle de Pair; tous ces effets peuvent concourir à faire naître dans le corps cettefenfation agréable qui conftitue le plaifir , effet de la Mufique. 2°. I n'eft pas néceflaire d’être connoifleut pour goûter du plaifir lorfqu'on entend de la bonne r74f£- que , al fufät d’être fenfible ; la connoïffance & l’au mout , Ou le goût qui la fuivent de près, peuvent augmenter ce plafr ; mais ne le font pas tout: dans bien des cas au contraire ils le diminuent : l’art nuit à la nature ; la Muffque eft un affemblage , un enchat- nement, une fuite de tons plus ou moins différenss non pas jettés au hafard & fuivant le caprice d’un compofteur , mais combinésfuivant des regles conf. tantes , unies & variées fuivant les principes démon trés de l’harmonie, dont tout homme bien orpanifé porte en naïflant une efpece de regle ; ils font sûre- ment relatifs à l’orgamifation de notre machine, & dépendent ou de la difpofition 8 d’un certain mou- vement déterminé des fibres de l’oreille, on d’un amour naturel que nous avons pourun arrangement méthodique. Voyez MusiQuE , HARMONIE , &@c, Maïsil faut d’abord une certaine proportion entre les: tons & l'oreille;il y a une baffe au-deflous de laquelle les tons ne fauroient affeéter agréablement ; ou mê- me étre entendus, & une oftave qu'ils ne peuvent dépañer , fans exciter dans l'oreille une ficheufe fenfation. 3°. L'union des rons intermédiaires ren- fermés entre ces deux exttèmes, doit &rretelle qu'on puifle appercevoir facilement le rapport qu'ils ont entreux: le plaifir naît de la confonnance , &ileft particulierement fondé fur la facilité que l'oreille a à la fair. 4°. Les melures doivent être bien déci- dées & diftnétes ; on ne pent goûter la Mufigue que lorfqu’on les apperçoit bien, qu’on les fuit machina- lement; le corps y obéit & s’y conforme par des mouvemens du pié, des mains , de la tête ,. & Faits fans attention & fans la participation dé la volonté À ë& comme arrachés par la force de la Myfque. A ya des perfonnes mal-organifées qui ne favent diftin- guer ni ton ni mefure , ils n’entendent qu'unton fon- damental ; la Mufque n’eft pour elles qu'un bruit confus, ennuyeux, & fouvent incommode , elles ne fauroient y goûter le moindre plaifr ; il yena d’autres qui font ou naturellement , ou par défaut d'habitude & de connoïfflance , dans le cas de ceux qu'on dit avoir l'oreille dure : peu affeétés de ces mor- ceaux délicats où la mefure eft enveloppée., où il faut prefque la deviner , & être accoutumés à la fen- tir, 1ls ne font fenfbles qu'à des mefurés bien mar- quées, à des airs bien décidés : femblables à ces per= onnes qui en examinant des tableaux ,! véulent fut XYyyy il 908 MUS toute chofe que le portrait reflorte bien ; ïls feront {ouvent aufñ fatisfaits d’un portrait bien reflemblant fait avec le pañtel , que d’un tableau exécuté avec les couleurs les plus vives , animé d’un coloris bril- lant , & où il arrive que l'éclat fouvent dérobe la figure : il faut à ces gens-là des airs vifs, gais, ani- més, qui remuent fortement des reflorts que Ja na- ture, l’afage & l’habitude n’ont pas faits aflez fub- tils ; des mefures à deux & à trois tems leur plaïfent beaucoup , (en général des mefures à cinq tems ne font pas plaifir ) ; des tons aigus les affeétent beaucoup plus que les graves, quoique ceux-cifoient les vrais tons harmoniques, le fondement de l'harmo- nie : la confonnance destons aigus paroît plus agréa- ble, parce que la co-incidence des vibrations étant plus fréquente , l’ame en ef plus fouvent frappée, & en juge plus facilement. Par la même raïfon , un violon excellent leur plaira moins qu'une vielle qui marquetrès-diflinétement les cadences ; &c on préfé- rera avec raifon un menétrier fubalterne pour dan- fer, à une flûte mélodieufe ; il ya enfin des connoif- feurs & amateurs enmême-tems qu’une rufique Or- dinaire n’affeéte pas , qui même fouffrent impatiem- ment d'entendre un inftrument médiocre ; mais auñl quelle fenfation n’éprouvent-ils pas lorfqu'ils enten- dent des morceaux fins, délicats, recherchés, joués par un violon fupérieur , où chantés par une belle voix ! Le goût aide infiniment aux effets de la Mu/r- que; mais qu’on ne le porte pas, ni la connoiflance, à un trop haut point ; d'amateur pafñonné , on de- yiendroit à-coup sûr un critique effrené ; on auroit toujours quelque chofe à reprendre dans la meilleure mufique ; on trouveroit défedueufes les voix les plus juites : il ne feroit pas poffible dans cette fituation de goûterle moindre plaifir ; trop de fenfibilité rend enfa infenfible, Un goût particulier pour une ”u/£- gue, pour un inftrument préférablement à tout au- tre, fruit du préjugé, de l'habitude, de la connoif- fance, ou d’une difpofñition particuliere, aide beau- coup à l’aétion de la Mufique. Je connois un abbé, muficien , & qui joue fort joliment de la vielle, inf- trument qu'il aime avec pañlion : étant allé entendre jouer de la guittare au célebre Rodrigue, il fut tel- lement afetté, le plaifir qu'il reffenuit fut G vif, & ft une telle imprefñon fur lui, qu'il fut obligé de for- tir, ne pouvant plusrefpirer , & 1lrefta pendanttrois jours avec une refpiration fi gènée ; que chaque inf- piration étoit ua profond foupir; il n'a afluré qu'il feroit mort, s’il étoit refté plus long-tems, & sil n'avoit évité de l’entendre jouer dans la fuite. Au plaifir qu'excite la Mufique on peut joindre fon effet fur les paflions, partie dans laquelle la z4/ique mo- derne eft fort inférieure à l’ancienne , fans doute par la fimple inattention de nos muficiens. On dif- tingue aujourd’hui deux efpeces de tons dont lesuns {ont appellésmageurs & les autres mineurs. Voyez MA- JEURS, MINEURS 6 Musique. Le P. Kircher a ob- fervé que ces tons avoient des propriétés très-diffé- rentes , & qu'ils étoient deftinés à exciter chacun des paflons particulieres ; ainfi le premier des majeurs j * juiqu'à la queue. _ y a près de l’anus une nageoiré qui va auih juiqu à la queue. La chair de ce poiflon | eft molie & friable comme celle du merlan. Rondelet, hf. des poij]. prem. part. div, LX. ch, xjv. € xv. Voyez POISSON. MUSUEMAN , f. m. (Æ1f. mod. ) titre par lequel les Mahomérans fe diflinguent des autres hommes = il fignifie en langage turc orthodoxe on vrai croyant Voyez MAROMÉTISME. En arabe ce mot s'écrit #10//em, ou moflemanr, ou nofolman. | | Les Sarrazins font les premiers qu’on ait appellé Mafulinans , {elon l’obiervation de Leunclavius. IE ÿ a deux fortes de Mufnimans, fort oppofés les uns aux autres : les uns font appellés /orrires, & les au tres shutes ; Les {onnites fuivent 1 explication de l’al- coran donnée par Omar , les skütes fuivent celle d'Haly. Les fujets du rot de Périe font shütes, & ceux du grand-feignieur fonnites. Voyez SONNA & AL- CORAN: Selon quelques auteurs le mot de mu/4lman fignia fie fauve, c’eft-à-dire predefline ; & c’eit en effet le nom que les Mahométans fe donnent eux-mêmes, fe croyant tous prédeftinés au falut. Martinius dit, fur Porigine de ce nom, des chofes plus parriculie- tes ; 1l le fait venir du mot arabe mafalum, fauve, échappé du danger. Les Mahométans, dit cet auteur, ayant établi leur religion par le fer & le feu , maffas crant ceux qui ne vouloiént pas l’embrafler, & ac cordant la vie à tous ceux qui lémbraflotent, les appelloient mufulmans , C'eft-à-dire épi periculo à delà ileft arrivé par la fuite dés tems que ce mot eft devenu le titre &t la marque diftinéive dé cette fefte , & a été attaché par eux à ce qu'ils appellent vrais croyans. (G ) MUT ABILITÉ, { f. ( Grammaire. ) c'eft l’'oppofé d’immutabihté, Voyez IMMUTABILITÉ. MUTAFERACAS, f.m. pl. (AG. mod.) officiers du grand-feigneur , dont ils font comme les géntils- hommes ordinaires, deflinés à l’accompagaër lorf qu'il fort du ferrail , foit pour aller à l’armée , icit dans {es fimples promenades, On les tire ordinaires Vi MU T ment d’entre les fpahis , &c ils font au nombre de fix cens. Leurs habits font de brocard d’or , fourrés de martre , & ils portent une mafle d'armes. I ya des ommanderies ou timars plus confidérables que ceux des fpahis, affeétés à cet office ; & les muraféracas y parviennent par droit d'ancienneté: on leur donne de tems en téms des commifons lucratives pour fuppléer à la modicité de leur paie ordinaire, qui lés oblige à s’atrachér au fervice de quelque vifir ou bacha. {ls font même cortege au grand-vifir lorfqu'il e rend au divan ; mais quand le grand-feigneur mar- che ,ils font obligés de l'accompagner, On fait venir Leur nom de farak, qui fignifie dfhingue, pour mar- quer que les wutaferacas {ont des fpahis on cavaliers diflineués. Ricaut, de l'empire ottoman. ( G ) MUTANDE , £ f. (Hifk ecclef. ) c’eft le calecon où Phabit de deflous , à l’ufage des capucins & au- tres religieux. | MUTATION , f. f. (Gramm. ) changement , ré- volution. Il fe dit desterres &c de leurs propriétaires. il y a des droits de wwtations, voyez MUTATION, Ju- rifprudence, Le mépris de l'honneur, de la liberté , de la vertu, de la fcience & des favans , annonce dans un état quelque mutation funefte. MuTaATioN, { f. (Jarifpr.) fignifie changement ; ce terme eft ufité principalement en matiere féodale; il y a mutation de feigneur 8t mutation de vaffal , ou du propriétaire d’un héritage roturier. La mura- zion du feigneur arrive toutes les fois que la propriété du fief dominant pafle d’une main dans une autre, foit par mort ou autrement, Les wwrarions de vañlal ou propriétaire , font de plufeurs fortes ; les unes qui arrivent par mort, & celles-ci ie fubdivifent en mutations en ligne direûte, & mutations en lhgne col- latérale , lorfque le fef pafle par fucceffon à un def- eendant du défunt ou à un parent collatéral, Il ya auifi des mutations par vente , d’autres par contrat équipollent à-vente , d’autres par donation & autres actes. Il n’eft rien dû communément aux #axtations dé feigneur , ni pour les mucations de vaflal pas fuc- ceflion ou donation en ligne direëte ; mais 1l eft dü un relief pour mutation de vaflal en collatérale », & pour les zurations par Vente ou contrat équipol- lent à vente. Il eft dû pour les fiefs un droit de quint, &c pour les rotures un droit de lods &c ventes. Voyez DROITS SEIGNEURIAUX , FIEF , LODS ET ven- TES, QUINT, REQUINT. (4) | MUTATION , (Géog. ) en latin uratio ; ce terme fe dit en Géographie de certains lieux de Fempire Romain, où les couriers publics, les grands officiers qui voyageoient pour le fervice de l’état, Éc. trou- voient des relais & changeoient de chevaux. On entretenoit dans ces lieux des chevaux exprès com- me dans nos poftes, pour qu'ils en puflent changer &t continuer promptement leur route. Avec le tems on en établit pour tous les voyageurs qui vouloient payer. Delà vient que le mot mutatio {e trouve f fouvent répété dans les itinéraires. Mutation differe de manfon , manfo, en ce que le premier fignifie un lieu où l’on change de chevaux, & le fecond un gite où l’on couche, & où même on peut faire le féjour néceflaire pour fe délafler d’une trop grande fatigue. ( D. J.) MUTAZALITES, {. m. pl. ( Æf£. eccle[. ) nom d’une feéte de la religion mahométane, quieft regar- dée comme hérétique pat les autres, Ils avouent que Dieu eft éternel , très-fage, très-puiflant, mais ils nient qu'il foit éternel par fon éternité , fage par fa fagefle, puiffant par fa puiflance, parce qu'ils s’ima- ginent que cela prouveroit multiplicité en Dieu. MUTÉ , vin, Voyez Mour. MUTILATION , { f. (Gramm,) il fe dit du re- tranchement de quelque partie effentielle à un tout, On #utile un animal endle privant d’un de fes mem- MUT | bres; un ouvrage, en en fupprimant différens en- droits, On a muule tous les anciens auteurs à l’'ufage de la jeuneffe qu’on éleve dans les colléges, de peur qu’en leur apprenant une langue ancienne dont la connoiflance ne leur eft pas eflentielle , an ne flétrit linnocence de leurs mœurs. On zrurile un tableau, une machine, &c. «: MUTILATION, f. f. en Droit & en Medecine, eft le retranchement d'un membre ou partie extérieure du corps, comme le nez, les oreilles, ou autre. En ma- ticre criminelle on n’inflige guere de peine affiétive ul n'y ait au moins rilation de membres. ( 4 MUTILER, v. aét, erme d'Archireture ; c'eit ri trancher la faille d’une corniche de quelque ordre que ce foit, ou quelques membres. On dit alors un ordre murilé, qui n'a pas tous fes membres on mou- TES CON MUTIMUS , {. m.(Mytholog. ) Turnebe , adver- Jar. Lib. XVII, dit que c’étoit le dieu du Silence, ainfi nommé de wutire , qui fignifie parler enrre fes dents , comme font ceux quin’ofent pas déclarer ou- vertement leurs penfées ; mais je ne trouve point de dieu Murimus n1 dans les Mythologiftes ni dans les Poëtes. C’eft un dieu de l'invention de quelque mo- derne, (D. J.) | MUTINA , ( Géogr, anc. ) Polybe & l'itinéraire d’Antonin écrivent Motina, & les autres auteurs Motina ; ville d'Italie dans la Gaule Cifpadine, en- tre les fleuves Gabellus & Scultenna, fur la voie æmilienne. Elle devint colonie romaine en même tems que Parme & Aquilée. Ciceron l’appelle frm2f- Jima & fplendiffima populi romani colonin. Tacite, kifl. Liv. L. ch. L, & la plüpart des hifloriens latins, ont décrit les maux que cette colonie foufrit durant. les guerres civiles ; c’eft ce qui a fait dire à Lucain, pharf. Liv. I, y. 41, His Caœfar, perufine fames, Mutinæque labores: Mutina eft aujourd’hui la ville de Modene, Voyez MODENE. ( D.J.) MUTITATION , ff. ( Æiff, anc.) coutume éta- blie chez les Romains, qui confiftoit à inviter pour le lendemain chez foi ceux qu’on avoit eu pour con- vives chez un autre. MUTONS , ( ft. nar.) efpece d’oifeaux du Bré- fil qui font de la groffeur d’un paon, & à quiils ref femblent pour le plumage. On dit que leur chair eft un manger très-délicat. / MUTSIE , [. f. (Commerce. ) petite mefure des li- queurs dont les détailleurs fe fervent à Amfterdam. Le mingle fe divife en deux pintes, en quatre demi- pintes , & en huit wutfies. Il y a aufli des demi-ur- tes. Voyez MINGLE. Dichionn. de Commerce. (GYŸ VEZ MUTUEL , adj. ( Gramm. ) terme qui marque le retour , la réciprocité. Deux amans brûlent d’un amour zuruel ; deux freres ont l’un pour l’autre une tendrefle mutuelle, Les hommes devroiïent tous être animés d’une bienveillance rusuelle, Toute obliga- tion eft mutuelle, {ans en excepter celle des rois en- vers leurs fujets. Les rois font obligés de rendre heureux leurs fujets , les fujets d’obéir à leurs rois 3 mais fi l’un manque à fon devoir, les autres n’en font pas moins obligés. de perfévérer dans le leur. MUTULE , rerme d’Archieiture , eft une forte de modillons quarrés dans la corniche de l’ordre dori- que. Voyez MODILLON. La principale différence qu’il y a entre wurule & modillon, confifte en ce que le premier ne fe dit qu'en parlant de l’ordre dorique , au Heu qu'on dit modillon pour les autres ordres. Voyez DORIQUE, Éc, | Les mutules dans l’ordre dorique répondent aux triglyphes qui font au-deffous , d’où l’on fait quel- M U Z quefois pendre des gouttes. qu’on appelle auffi /armes ÊT campanes. Voyez GOUTTES. (P ) | MUTUSCA, (Géog. anc.) on Mutufce, village d'Italie dans la Sabine , autrefois renommé par {es oliviers , d’où vient que Virgile l'appelle oliferæque Murnfce, Léander &7 autres prétendent avec aflez de yiaiflemblance que ce lieu s'appelle auiourd’hui Zrevi, bourg de l'état de l’éghfe, au duché de Spo- lete , à ÿ mulles de Fuligno. (2. J. ) MUVROS, (Æi1f. rar.) fruit qu ‘eit fort commun dans l'ile de Ceylan; il eft rond, de la groffeur d’une cerife, &c {on goût eft très-agréable. MUXACRA , ( Géog..) petite ville & port d'Ef- | pagne au royaume de Grenade; elle eft fur la Mé- -ditetranée , à 8 lieues N. E.d’Almérie, 18 S. O.de Carthagène, à l'embouchure du Trabay. Long. 16, 1. at, 36. 34. MUYDEN , (Geog.) petite ville des Provinces- Unies dans la Hollande méridionale , à l'embouchure du Vecht, dans le Zuyder-zée, à 2 lieues d’Amfter- dam. Albert de Baviere lui accorda divers privileges | en 1403. Long. 52.38. lat. 52.22... MUZA , (Géog. amc.) port de l'Arabie heureufe , dans le pays des Elifari. Pline, Z. WI. c. xxüy. dit que fon commerce confiftoit dans le débit de l’en- cens & autres aromates de l’Arabie, C’eft aujour- | d’hui, {elon le P. Hardown, Zibir, (D. JT.) MUZARABES, MOSARABES , ox MISTARA- BES , {. m. pl. ( Æif£. mod.) chrétiens d'Efpagne qui furent ainfi appellés, parce qu'ils vivoient fous la domination des Arabes , qui ont été long-tems mal- tres de cette partie de l’Europe. Quelques-uns pré- tendent que ce nom eft formé de mufa , qui en arabe fignifie chrétien, & d’arabe pour fignifier un chrétien fujet des Arabes ; d’autres prononçant siflarabes,, le dérivent du latin rzixtus , mêlé, c'efl-à-dire thre- tien méleaux Arabes, D'autres enfin, mais avec moins de fondement, prétendentque cenom vient de Muca, capitaine arabe qui conquit l’'Efpagne fur Roderic dernier roi des Goths. Almanfor, roi de Maroc, emmena d'Efpagne dans fon royaume 500 cavaliers Muzarabes , 8& leur permit le hbre exercice de leur religion. Vers lan 1170 , ces chrétiens d'Efpagne He une mefle &c un rit à eux propres, qu'on nomme encore yeffe mozoræbique 8 rit moforabique. Voyez Messe & RIT. Il y a encore dans Tolede fept églifes principales où ce rit eft obfervé. ( G) MUZERINS oz MUSERVINS , {. m. (Hf. mod.) nom que fe donnent en Turquie les athées. Ce mot fignifie ceux qui gardent le fecret , &t vient du verbe aféerra, celer, cacher. Leur fecret confifte à nier l’e- xiftence de la divinité : on compte parmi eux plu- fieurs cadis ou gens de loi très-favans, & quelques renégats qui s'efforcent d’étouffer en eux tout fenti- ment de religion. Ils prétendent que la nature ou le principe intérieur de chaqueindividu , dirige le cours ordinaire de tout ce que nous voyons. Ils ont fait des profélytes jufque dans les appartemens des fulta- nes, parmi les bachas & autres officiers du ferrail ; cependant ils n’ofent lever le mafque , & ne s’en- tretiennent à cœur ouvert que lorfquls fe rencon- contrent feuls , parce que la religion dominante, qui admet lunité d’un Dieu , ne les toleréroit pas. On prétend que ces zuzerins s’entraiment & fe protegent les uns les autres. S'ils logent un étranger de leur opinion , 1ls lui procurent toutes fortes de plaifirs, & fur-tout ceux dont les Turcs font plus avides. Leurs principaux adverfaires font les kadefa- delites, qui répetent fouvent ces paroles : Je con- Jeffe qu'il y aun Dieu. Guer. mœurs des Turcs , rom. L. Ricaut , de l'empire ottoman. (G) MUZIMOS , (if. mod. Superffie, Ÿ Les habitans du Monomotapafont perfuadés que leurs empereurs en mourant pañent dela terreau ciel, 8c deviennent | MYC gif poufetix des objets de culte qu'ils appellentwæzgimos: ils leur adreflent leurs vœux. Hy adans ce pays une fête folemneile appellée chuavo.: tous les feignéurs fe rendent au palais de l’empereur, & forment en fa préfence des combats fimulés, Le fouverain eft énluite huit jours fans fe faire voir, 8 au bont de ce tems , il fait donner la mort aux grands qui lui dé- plaifent , fous prétexte de les facrifier aux uyimos festancêtres. | MUZUKO,, (Æifl. mod, ) é’eftainf que les habi- tans du Monomotapa appellent un être malfaifant , 6 qu'ils croient l’auteur des maux qui arrivent au genre humain: MY MYAGRUM , fm. (Æff. mar. Bor.) genré de plante à fleur en croix, compofée de quatre pétas les. Ce putil s’éleve du milieu du calice, ét devient quand la fleur eft paflée, un fruit pointu par l’une des extrémités, Ce fruit a-une capfuleremplie d’une femence., le plus fouvent oblongue, & deux cavités vüides. Tournefort, 24/, re heb, Voyez PLANTE. Tournefort compte deux efpeces dece genre de plante ; la premiere à larges feuilles, 87 la feconde à feuilles menues, "2yagrum monofpermon, latifo- lium , & myagrum monofpermon | minus. La premiere efpece pouffe des tiges à la hauteur de deux piés, rondes, dures, de couleur de verd de mer, lies , remplies de moëlle. blanche , ra- meufes : fes feuilles font oblongues, &: femblables en quelque maniere à celles de l’itatis cultivé, mais la plüpart laciniées, & principalement celles d’en bas, embraflant leur tige par leur bafe:, qui eft La partie la plus large, de couleur de verd-de: mer, d’un goût d'herbe potagere. Ses fleurs font petites, à quatre feuilles, difpofées en croix ,jaunes. Quand elles font pañlées , il leur fuccede des fruits formés en petites poires renverfées, qui contiennent cha- cun une feule femence oblongue , roufsâtre : fa ra- cine eft grofle & blanche, mais elle ne dure qu’u- ne année. ( D.J.) MYCALE,, (Geog. anc.) montagne d’Afe dans ja Natohe , vis-à-vis le cap de Neptune de l’île de Sa mos. Tous les anciens ont connu cette montagne , Homere , Hérodote , Thucydide & Diodore de Si- cile , la mettent tous dans l’ontie. Ceite montagne, dit M. de Tournefort, la plus élevée de la côte, eft partagée en deux fommets,, & fe trouve aujourd’hui dans le même état que Stra- bon la décrite, c’eft-à-dire , que c’eft un très-beau pays de chaffe , couvert de bois, & plein de bêtes fauves, On l’appelle /a montagne ds Samjon, à eaufe d’un village de même nom qui n’en eft point éloigné , & qui, fuivant les apparences , a été bâti fur les rui- nes de l’ancienne ville de Priene , où Bias, Fun des fept {ages de la Grece,avoit pris naïffance. (D. J. MYCALESSUS , ( Géog. anc.) ville de Béotie. dont parlent Strabon,Pline, Thucydide & Paufanias. (D. 3.) MYCENES , ( Géog. anc.) en latin Mycere au nombre pluriel, f{uivant la plüpart des auteurs. Ho- mere dittantôt Mycenæ, Muunvas au pluriel, &c tan- tôt Muxarn, Mycæna au fingulier , c’étoit une ville du Péloponnete dans lArgie, à trois lieues d’Argos en tirant vers le midi, & la capitale du royaume d’Agamemnon ; mais après l’extinétion de ce rOyau- me, Mycenes déchut f confidérablement , que du tems de Strabon , on n’en voyoit plus aucun vefti: -ge. Cependant Horace l’appelloit encore riche , dires Mycænas , d’après Homere & Sophocle, qui lui ont donné l’épithete de xoxvypuros , abondante en.or. On conjeéture que c’eft aujourd’hui Agios 912 M Ÿ D Adrianes ; maïs cetté conjedure n’eft prefque ap= puyée que fur l'imagination. (2. vi MYCONE, ( Géog. anc.) île de la mer Egée, l'une des Cyclades, fituée à 30 milles de Naxié , à 40 de Nicarie , & à 18 du port de Tine; on Jui donne trente-fix milles de tour. Elle s’étend de Peft à l’oueft. Cette île eft aride, & a des montagnes fort éle- vées ; les deux plus confidérables portent le nom de S. Hélie. On recueille dans l’île afez d’orge pour les infulaires, beaucoup de figues, peu d’olives , d’ex- cellens raifins. Les eaux y font rares en été. Les ha- bitans peuvent être au nombre de trois mille ames; mais pour un homme qu’on y Voit, on y trouve qua- tre femmes , couchées le plus fouvent parmi les cochons. Il eft vrai que les hommes fréquentent la mer, & font réputés les meilleurs matelots de l’Ar- chipel. | Strabon remarque , que les Myconiores étoient fu- jets à devenir chauves ; en effet , aujourd’hui la plûpart perdent leurs cheveux dès l’âge de 20 ou 25 ans. Ils pañloient autrefois pour grands parañtes , & ne le {eroient pas moins de nos jours , s'ils trou- voient de bonnes tables à piquer. Archiloque re- prochoit à Périclès de tondre les nappes d’Athenes, à la maniere des Myconiotes; mais Périclès avoit tant d’ennemis, qu’on ne fongeoit qu’à lui intenter de faufles accufations. Mycone n’a été poflédée que quelques années par les ducs de Naxie. Barberoufle , capitan bacha , la foumit bien-tôr à Soliman Il, avec tout lArchipel. C'eft un cadi ambulant qui la gouverne. Les Francs appellent cette île Micouli; on w trouve qu'une feule églife latine , qui dépend de le- vêque de Tine ;, lequel la fait deflervir par un vi- caire, à 25 écus romains d’appointemens. En échan- ge, il y a dans cette île plufñeurs églifes grecques, parceque tous les habitans font du rite grec. Les dames de Mycone ne feroient point défagréa- bles , fi leurs habits étoient felon nos moces, Les pieces qui compofent leur parure , font décrites au long par M. de Tournefort. D’abord, ellesportent une efpece de chemifette qui couvre à peine la gor- ge. Elles mettent fur cette chenufette, une grande chemife de toile de coton ou de foie à manches lar- ges; la troifieme piece eft une efpece de plaftron couvert de broderie, qu’on applique fur la gorge, mais toutes les dames ne fe fervent pas de cette troi- fieme piece. Elles endoffent enfuite un corcelet fans manches , relevé de broderie. La cinquieme piece de leur parure eft un tablier de moufleline ou de foie. Leurs bas font plifés & ornés de dentelles d’or ou d'argent. Leurs jarretieres font des rubans noués à deux ganfes. Enfin, leur couvre-chef de moufleline eft long de fix ou fept piés, fur deux de large ; elles le tortillent fur la tête & au-tour du menton d’une maniere agréable , & qui leur donne un petit air éveillé. Revenons à l'île même ; fa longitude ef} de 43. 36. lat, 37. 28, (D. J.) MYCONE , CANAL DE (Géog.) bras de mer en- tre l’îile de Délos ou Sdle ; & l’île de Mycone, à l’eft-nord-eft de Délos. Ce canal a trois milles de large depuis le cap Alogomangra de Mycone, jufqu’à la plus proche terre de Délos. (D. J.) MYDRIASE, f. f. (Chirurgie. ) indifpoñition de l'œil qui confifte dans une trop grande dilatation de la prunelle. Mitre-Jan, dans fon rraité des maladies de œil, dit avec beaucoup de fondement , que la dilatation con- tre nature de la prunelle n’eft point une maladie par- ticuliere , mais le fymptome d’une autre maladie, telle que l’augmentation de l'humeur vitrée , la goutte fereine, éc, Il appuie fon fentiment fur le KT MYL méchanifme de l’iris, qui dans l’état naturel fe ref- ferre & fe dilate finvant les différens états de la lu- miere , & fuivant les différentes impreffons que les. rayons lumineux font fur la retine. La dilatation dé la pupille n’eft qu'un accefloire de maladie , l’expé- rience démontrant qu'il y a toujours quelque mala- die qui donne lieu à cette dilatation. Foyez GOUTTE SEREINE, HYDROPHTHALMIE. (Y MYGDONIE , (Géog. anc.) contrée de de la Ma- cédoine. Elle avoit au nord la Pélagonie , à lorient la Chalcidie, au midi la Péonie , & à l’occident la province Deuriopus, Les Mygdoniens de Macédoine envoyerent une colonie dans là Méfopotamie , qui donna fon nom de Mygdonie à la partie occidentale de cette p'ovin- ce, où1ls choifirent de s'établir. Il faut donc diftin- guer les Mygdons de Grece des Mygdons afatiques. (D. J.) MYTAGRUS , ( Myrhol, ) dieu deftruêteur des mouches. Il faut écrire , comme nous avons fait, Myiagrus , & non pas Myagrus, qui fignifieroit def- trutteur des rats. Or tout le monde convient que les mouches étoient les feuls infeétes dont parlent les anciens, au fujet defqueis on invoquoit ce dieu {o- lemnellement dans quelques endroits , pour être dé- livré de ce fleau. Les Arcadiens , dit Paufanias, ont des jours d’af- femblée en l'honneur d'une certaine divinité, qui vraiffemblablement eft Hercule où Jupiter : dans ces occafions , 1ls commencent par invoquer le dien Myiagrus , & le prier de les préferver des mouches durant leurs facrifices, Le peuple romain honoroit auffi cette divinité imaginaire {ous le nom de Myodes , parce que les mouches s'appellent en grec aufuc. Pline rapporte qu’elles défoloient les affiftans aux jeux olympi- ques , mais qu’elles s’envoloient par nuages, & fe jéttoient ailleurs , aufli-tôt qu’ils avoient facrifié un taureau au dieu Myiodes ; cependant on ne lui fai- foit que rarement cet honneur à Olympie, & feu lement une fois dans le couts de plufieurs années. Les Eléens au contraire encenfoient avec conftance les autels de ce dieu , perfuadés qu’autrement des flots de mouches viendroient infefter leur pays, fur la fin de l'été, & y porter la pefte &z la défola- tion. L'incommodité de tous ces infeétes , que nous appelons mouches, moucherons , coufins, et G grande dans les pays chauds , que la fuperftition s’eftimaginé fans peine qu’il ne falloit pas moins qu’un dieu pour les chaffer, ou les faire périr. Er comme il y avoit à Rome des expofitions avantageufes où l’on étoit moins incommodé de ces fortes d'infeétes aîlés, que. dans d’autres quartiers, ce qui fe trouvoit égale- ment vrai dans plufieurs villes ; le peuple fe per- fuada devoir cette faveur aux bontés éclatantes d’u- ne divinité païticuliere , qu'il nomma Myiodes , Myiagrus, Apomyos , fuivant les lieux & le pays. (D.J.) MYINDA , f. f. (ÆifE. anc.) jeu d’enfans, qui re- vient à notre colin-maillard. On bandoit les yeux à l’enfant ; il couroit après fes camarades , en difant ani iay Dapiow x Je courrai après une mouche d’ai= rain ; les autres lui répondoient ; Sapuosis , dan & Andes ; tu courras après , maïs tu ne l’attraperas pas. MYITES, (Æijf. nar.) nom donné par quelques auteurs à une coquille pétrifiée , fur laquelle on ne remarque point deftries, & que De Laet regarde comme une efpece de mufculire, ou de moûle pétri- fiée. | MYLA , (Géog. anc.) fleuve de Sicile. Il couloit felon Tite-Live , Liv. X XIV, ch. xxx. entre Syra- cufe & Léontium ; mais comme il y a plus d’une ri- viere dans çe quartier , 1l eft bien difficile de devi- ner ner laquefle portoit anciennement le nom de Aya (2:1J.) | MYLASA, ou MYLASSA, (Géog. anc.) ville de la Carie , à $o ffades de la mer, felon Panfanias. Elle étoit fituée dans une riche campagne ,'au rap- port deStrabon , & elle pafloit pour une des trois principales ville dela province. Il n’y en avoit point dans tout le pays qui füt plus décorée de temples , de portiques, & d’autres édifices publics; car elle poñledoit dans fon voifinage une fameule carriere deitrès-beau marbre blanc: Jupiter carien y avoit un tempie célebre. Sa ftatue tenoit à la main au- lieu du foudre la hache d’amafone, qu'Hercule avoit rapportée de fon expédition contre ces anciennes guerrieres. On voit encore cette hache à deux tran- chans furlesmédailles de Mylafa ; mais elle eft mieux repréfentée fur un bas-rehef, où Jupiter Carien eft nommé Dolcherus, du nom d’une ile voifine de- côtes de la Carie. Pline , Liv. F. ch. xxix. nous ap- prend que les Romains accorderent la liberté à la ville & aux citoyens de Mylafa. (D.J.) MYLIAS , (Géog. anc.) contrée qui faifoit origi- nairement partie de la grande Phrygie, mais qui dans la fuite fut rangée dans la Lycie. Prolomée met dans cette contrée quatre villes qu'il nomme Podalea, Nyfa , Choma , Condica, (D. J.) MYLÆ,, (Géopr. anc.) ville de Pile de Sicile , au- près de laquelle Velleius Paterculus, Zv. ZI. chap. Ixxix. & Sueétone dans la vie d’Auoufte, ch. xvy, nous appreñnent qu'Agrippa vainquit Pompée. Il y avoit une autre Myle en Theflahe , qui fut prife par les Romans , & abandonnée au pillage , felon le récit de Tite-Live , 4y, XXAXII. chap. Liv. D. JT. ‘ AOELOsSE , € Anatomie; paire de mufcles qu'on nomme de la forte, parce qu’ils naïflent der- riere les molaires, ou les dents à moudre, & qu'ils s’inferent à la bafe de la langue. Voyez LANGUE. L ( OO pis ,en Anatomie ; mufclelarge, mais court , fitué immédiatement {ous Le mufcle di- gaftrique de la mâchoire inférieure , & qui naïffant du bord inférieur de chaque côté de la mâchoire in- férieure , S’infere à la bafe de l’os hyoide. Voyez Hyoipe. (L) | MYLORD, (Hff. mod.) titre que l’on donne en Angleterre, en Ecofle, & en Irlande à la haute no- blefle, 8z fur-tout aux pairs de l’un de ces trois royau- mes , qui ont féance dans la chambre haute du par- lement, aux évêques, & aux préfidens des tribu- naux. Ce titre figmñe mon/egreur , 8 quoique com- pofé de deux mots anglois , il s'emploie même en françois lorfqu’on parle d’un feigneur anglois ; c’eft ainfi qu'on dit #ylord Albemarle , mylord Cobham , &c. Quelques françois, faute de favoir la vraie fi- gnification de ce mot, difent dans leur langue , #7 ylord , maniere de parler très-incorreéte ; il faut dire #7 lord , de même qu’on dit en françois wn fei- gneurs & non pas ur monfergneur,. Le roi d'Augle- terre donne lui-même le titre de my/ord à un feigneur de la Grande-Bretagne lorfqu'il lui parle ; quand A dans le parlement 1l s’adrefle à [a chambre-haute, il dit w2ylords , meffeigneurs, MYNDUS, (Géog, anc.) nom de la Carie , felon Strabon ; c’eft aufli le nom d’une île de la mer Ica- rienne , felon Ptolomée , Liv, F ch. 15. (D. J.) MYOGRAPRIE , f. f. (Anar) c’eft la partie de PAnatomie qui donne la defcription des mufcles. Ce nom eft compofé du grec uvo, muftle, & ypagñ, defcription. p Browne riographia, à Londres 1681 , en anglois, in-fol. il fut traduit en latin , & imprimé à Londres en 1684. Tome X, M YO 912 MYOLOGIE , f. f. ex Anatomie; defcription des mülcles , ou connoïfflance de ce qui a rapport aux mufcles du corps humain. Voyez PL, d’Anatomie, Myologie, Voyez auf MuscLes. Ce mot eft formé de pus , vos, un æuftle 8 à02 vos, difcours, (L) | MYOMANIE , ff. (Divinar.) efpece de divina- tion,ou méthode de prédire les événémens futurs par le moyen d’une fouris. Foyez Divination. Quelques auteurs regardent la #yomanie comme une des plus anciennes manieres de deviner ; & croyent que c’eft pour cela qu’Ifaie , 4, XWI. xvi, compte la fouris parmi les abominations des idola- tres. Mais outre qu'il n’eft pas certain que le mot hébreu employé par le prophete, fignihie une fou- ris ; 1] eft évident que le prophéte ne parle point en cet endroit de deviner par le moyen de cet ani- mal , mais de l’abomination que commettoient con- tre la loi de Moïle ceux qui mangeoient des fouris , abominationem 6: murem , porte la vulgate, Les fouris ou les rats entroient pourtant pour quelque chofe dans le fyftème général de la divination parmi les Romains , & l’on tiroit des préfages mal. heureux ou de leur cri, ou de leur voracité, Elien, , liy. TI, raconte que le cri aigu d’une fouris fufit à Fabius Maximus pour fe démettre de la didature : & felon Varon, Caffius Flaminius quitta la charge ‘de général de la cavalerie fur un pareil préfage. Plus tarque, dans la vie de Marcellus, dit qu’on augura mal de la derniere compagne de ce conful , parce que des rats avoient ronge l'or du temple de Jupi- ter. Le mot myomanie eft formé du grec pue , un rec, une fouris , &t de uayreix , divination. MYONNESOS , (Géogr. anc.) île de la Theflalie que Strabon met vis-à-vis de Larifle. (D. J.) MYOPE ‘adj: pris fubftantivement ( Oprique.) c’eit une perfonne qui a la vue courte ou bañe, Voyez VUE. Ce mot vient du grec wiwd, compofé, à ce qu'on prétend , de pe, Jouris, & de ut , œil, parce qu'on croit, dit-on , avoir obiervé que la fouris a la vue courte. Nous nous en rapportons fur ce fair aux Naturalfies, Myope fe dit proprement de ceux qui voyent confufément les objets éloignés, & diftin@ement les objets proches. Ceux qui ont le défaut oppoié s'appellent preshytes. Voyez PRESBYTE. Le défaut de la vue des 1yopes ne vient ni du nerf optique , m de la prunelle, maïs de la forme du cryftallin ,ou de la diftance à laquelle il eft de la rétine. Quand le cryftalin eft trop rondou trop convexe ,1l rend les rayons trop convergens, voyez RÉFRACTION, de forte qu'ils fe réuniflent trop près du cryftallin , & avant de parvenir à la rétine ; c’eft la même chofe quand la rétine eft trop proche du cryffallin, quoique le cryftallin ne foit pas trop con- vexe. /’oye CRYSTALIN , RÉTINE, &c, La trop grande convexité de la cornée fait auf qu’on eft zyope, par la même raifon. La cornée eft cette membrane convexe femblable à dela corne qui paroït fur la furface du globe de l’œil. Voyez Cor- NÉE. On remarque en effet que prelque toutes les perfonnes qui ont les yeux fort gros , ou la cornée fort convexe , {ont myopes. Le défaut des vues »yopes diminue avec Le tems: parce que l’œil s’applarit à mefure que l’on avance en âge , & devient de la convexité néceffaire, pour que les rayons fe réuniflent exatement fur laretine, C’eft pour cette raron qu’on dit que les vües cour- tes font les meilleures , c’eft-à-dire , celles qui fe confervent le mieux & le plus long-tems. Ceux qui ont la vue yope, Fe remédier à 22% 914 MYRKR ce défaut par le moyen d’un verre concave placé contre l'œil & l’objet. Car ce verre ayant la pro= priété de rendre les rayons plus divergens avant qu'ils arrivent à l'œil (voyez VERRE 6 LENTILLE), les rayons entrent donc plus divergens dans l’œil, que s'ils partoient direétement de l'objet, & par con- {équent ils fe muniflent plus tard au fond de l’œil qu'ils ne feroient s'ils partoient de l'objet même. En effet, la formule donnée au mot LENTILLE , fait voir que plus la diftance y de l’objet à la lentille eft petite, c’eft-à-dire , plus les rayons incidens font divergens , plus le foyer eft éloigné ; PAQUe e—. 24by = — D TE — eft la même chofe que = zabs ÿ quantité d’autant plus grande , que y eft plus pe- tite. Or, le cryflallin peut être regardé comme une lentille ; donc quand l’œil #yope eft armé d’un verre concave, le foyer du cryftallin eft plus long, & peut par conféquent tomber alors au fond de l'œil, ce aui eft néceffaire pour la vifion difünéte. Voyez Visron. (0) MYOPIE , £ f. (Chirurgie) courte vue : on ap- pelle myopes ceux qui ont la vue courte, qui ne voyent les objets que de fort près &c en chgnant les yeux. La caufe de la myopie eft la trop grande convexité de la cornée tranfparente , qui fait que les rayons vifuels font trop convergens , c’eft-à-dire , qu'ils fe réuniflent avant que de tomber fur l'organe immé- diat de la vue. Pour réparer ce vice de conformation , il faut fe fervir de lunettes concaves ; c’eft le feul moyen d’appercevoir Les objets un peu éloignés. (7) MYOSHORMOS, ( Géog. anc,) c’eft- à-dire le port de la Souris, port d'Egypte, que Pline & Pto- lomée mettent fur la mer Rouge, & qu’Arrien nous donne pour un des plus célebres de cette mer. On le nomma par la fuite des tems le port de Vénus, & Strabon, lv, XVI. le connoit fous ces deux noms. M. Huet prétend que le nom moderne du port de la Souris, eft Cafir. ( D. J.) MYOTOMIE, f.f. ( Anatomie. ) c’eft une partie de l’Anatomie qui décrit la méthode que l’on doit obferver dans la difle&tion des mufcles. Ce mot eft compofé du grec pue, mufcle | & TOUH » diffeition. Cowper, Myotomia reformata, à Londres 1695, ir-8°. Cowper ; Myotomia, à Londres 1724, in-fol. MYRCINUS, ( Géog. anc.) ville de Thrace, que Thucydide met fur le bord du fleuve Strymon, &z qu'Appien place au voifinage de Philippes. MYRE, (Géog. anc,) Myra, ville de Lycie, où S. Paul s'embarqua fur un vaiffeau d'Alexandrie pour fe rendre à Rome. Le texte latin des aétes des apôtres, chap. xviy. 5. porte Lyffram au-lieu de Myram qui eft dans le grec ; mais c’eft une faute, car, 1°. Lyftres eft dans la Lycaonie, & non pas dans la Lycie; 2°. Lyftres n’étoit point une ville maritime. Myre s’appelle aujourd’hui Serurite, à ce que dit lftinéraire de Stunica, cité par Ortelius. (D. J.) MYREPS, (Æff. nat.) nom fous lequel on a voulu défigner le Zapis layuli, Voyez cet arricle. : MYRIADE, £. f. (if anc.) nombre de dix mille; de-là eft venu myriarcha , capitaine ou com- mandant de dix mille hommes. MYRIONIME,, ou qui a mille noms, ( Æif£. anc.) titre qu'on donnoit à Ifis & à Ofiris, parce qu'ils renfermoient, difoit-on, fous différens noms, tous es dieux du paganifme ; car Ifis adorée fous ce nom en Egypte étoit ailleurs Cybele, Junon, Minerve, MVYR Vénus, Diane, &c. & l’Ofiris des Égyptiens étoït ailleurs connu fous les noms de Bacchus, Jupiter, Pluton , Adonis, 6e. (G) MYRINE, (Géog. anc.) Myrina, les anciens géographes diftinguent quatre villes de ce nom, 1°, Myrine, ville de l'Æolide, qu'on nomme pré- fentement Marhani, felon Leunclavius. 2°. Myrine dans l’île de Lemnos , felon Pline, lv. IV, chap. x. & Ptolomée, lv. IT. chap. xüj. Belon Pappelle Lemno. 3°. Myrine, ville de Troade felon Strabon, liv. I. ©. ÿ. pag. 573. 4°. Myrine, ville de l’île de Crete, que Pline met dans les terres ; le P. Hardouin croit qu'il fautlire Mycene pour Myrina, mais une telle correétion devroit être appuyée de l'autorité de quelques manufcrits. (D: J.) : + MYRLÉE, (Géogr. anc. ) Myrleia, ville de la Bythinie, à l’orient de l'embouchure de la riviere Rhyndacus, fur la Propontide, entre les villes de Cyfique & de Prufle; elle fut bâtie par Myrlus, chef des Colophoniens, dit Etienne le géographe. Philippe, roi de Macédoine, fils de Démérrius pere de Perfée, la faccagea , &c la donna à Prufias roi de Bythinie fon gendre, qui l'ayant rétablie la nomma Apamée, du nom de fa femme, à ce que nous ap- prend Strabon, 4y. XII. pag. 363. Elle portoit ce dernier nom du tems de Pline, fécut Apamæa, que nune Myrlæa Colophoniorum , maïs cet hifiorien a tort de la mettre dans les terres , intus, car elle étoit fur la côte du confentement même de Ptolo- mée, div. V. chap. j. enfin elle reçut une colonie romaine. (2, J.) MYRMECIAS, {, m. ( if. nar.) nom vague donné par quelques auteurs à des pierres fur la fur- face defquelles on remarque des efpeces d’excroif- cences : on ne dit point de quelle nature elles étoient. MYRMECITES, {. m. (Æiff. nat.) nom donné par quelques auteurs à une petite pierre femblable à une fourmi: d’autres prétendent que ce nom eft dù à du fuccin qui renferme un de ces infeites. MYRMECISON, ( Medecine.) épithete d’une efpece de pouls, qui fignifie la même chofe que for- micans Où fourmillant. MYRMECIUM, ou MYRMETIUM, ( Géog, anc. ) ville de la Sarmatie, dans la Cherfonèfe tau- nique (2) MYRMIDONS , ( Géogr,) Myrmidones , habitans de l’île d'Egine. Les Poëtes ont feint qu'ils prirent cette dénomination des fourmis qui furent changées en hommes à la priere d'Eaque, roi de cette ile; mais ce fobriquet leur fut donné, parce que fouil- lant la terre comme les fourmis, ils y mettoient en- fuite leurs grains , &c parce que n’ayant point de bri- ques, ils fe logeoient dans des trous qu'ils creufoient en terre. Ce nom de Myrmidon devint enfuite com- mun à tous les Theffaliens, à ce que prétend Phi- loftrate. (D. J. | MYRMILLONS, ( Hiffoire anc.) forte de gladia= teurs de l’ancienne Rome, appellés auffi Murmulion nes. Turnebe fait venir ce mot de Myrmidons = d’autres croyent que ce nom vient du grec paupuupos » qui fignifie un poiffor de mer, tacheté de pluñeuts couleurs , dont Ovide fait mention dans fes Halieu- tiques , &c que ces gladiateurs furent ainfi nommés, _ parce qu'ils portoient la figure de ce poïffon fur leur cafque , ils étoient outre cela armés d’un bouclier & d’une épée. Les Mirmillons combattoient ordinai- rement contre une autre efpece de gladiateurs ap- pellés Retiaires , du mot rete, filet de pêcheur , dans lequel ils tâchoient d’embarraffer la tête de leurs ad- verfaires, On appelloit encore les Myrmillons Gau- lois , foit que les premiers fuflent venus des Gaules, foit qu’ils fuffent armés à la gauloife. Auff les Re- tiaires en combattant contre eux ayoient-ils cou: MYR fume de chanter: quid me fugis galle, non 1e pero, pifcem peto s & pourquoime fuis-tu, gaulois , ce n’eft # point à toi, c'eft à ton poiflon que j'en veux » : ce qui confirme la feconde étymologie que nous avons rapportée, Selon Suétone, Domitien fupprima cette efpece de gladiateurs. Voyez GLADIATEUR. (G) MYROBOLANS, f. m. plur. ( Bos. exo. ) fruits des Indes orientales defféchés, dont on fait ufage en Médecine. Ils ont été inconnus aux anciens Grecs, mis en vogue par les Arabes, & connus feulement des nou “veaux Grecs, depuis Adtuarius, que Fabricius fait vivre au commencement du xiv. fiecle. Ce que Théophrafte, Pline, & Diofcoride appellent myro- bolanum, n'eft point les zyrobolans des modernes, c’eft le gland unguentaria, la noix ben des bouti- ques, qu'on employoit dans les parfums &c les on- ; Fe guens précieux. Avicenne & Sérapion comptent quatre efpeces de myrobolans fous ie nom de helilége, les citrins, les chébules , les indiens ou noirs, & les chinois. Les modernes ne connoïflent point ces dermers, mais ils connoiffent cinq fortes de myrobolans, les citrins , les chébules, les indiens , les bellirics, & les emblics: ces cinq efpeces paroïflent être les fruits d'arbres diférens, & non d’un même arbre. Les myrobolans citrins, myrobolani citrinæ off. font des fruits defféchés, oblongs, gros comme des oli- Ves, arrondis en forme de poire , moufles par les deux bouts, de couleut jaunâtre ou citrine. Il règne le plus fouvent cinq grandes cannelures d’un bout à l’autre, & cinq autres plus petites , qui font entre les grandes. L’écorce extérieure eft glutineufe, & comme gommeufe, épaifle d’une demi-ligne , ame- te, acerbe, un peu acre; elle couvre un noyau d'une couletit plus claire, anguleux, oblong, &c comme fillonneux, renfermant une amande très- fine : on ne fe fert que de l'écorce, ou de la chair qui eft féche. Ces fruits viennent fur un arbre qui eff de la grof- feur du prunier fauvage , à feuilles conjugées com- me celles du frêne ou du forbier : cet arbre eft nommé parJonfton dans fa Dendrologie, aréor my PATES 3 Jorbi foliis , mais nous n'en avons au- cune deicription. Les myrobolans chébules, myrobolani chebulæ off. font des fruits defféchés, femblables aux citrins;plus grands, imitant mieux la forme des poires, &e pa- rcillement relevés de cinq côtés : ils font ridés, d’une couleur prefque brune en-dehors, d’un roux noirâtre en-dedans ; ils ont le même goût que les myrobolans citrins, mais leur pulpe eft plus épaiffe, êz renferme un gros noyau anouleux, creux, qui contient une amande grafle, oblongue, du même goût que celle des précédens. L'arbre qui porte ces fruits a des feuilles fimples, non conjugées , & femblables à celles du pêcher: il s'appelle arbor myrobolanifera perfice folio. Dans Jon- {ton Dendrol. la défcription de cet arbre nous man- que. L’arbre que Veflingius dans fes notes fur Prof per Alpin décrit {ous le nom d’arbre qui porte les myrobolans chébules, & qu’on cultive au grand Caire, n’eft point celui de Jonfton , car outre que fes rameaux font garnis de longues épines pointues, fes feuilles different entierement de celle du pêcher, puifqu'elles font deux-à-deux fur une queue com- mune , artondies & terminées en pointe moule. Les myrobolans indiens ou noirs, #yrobolani in- dice , feu nigræe , off. font des fruits defféchés , plus petits que les citrins, oblongs, de la longueur de neuf lignes, larges de quatre ou cinq, ridés plütôt que cannelés, moufles aux deux extrémités, noirs an-dehors, brillans en-dedans comme du bitume ou ge la poix folide , & creufés intérieurement d’un fl- Tome X, MYR 915 lon: c’eit par cette raifon qu'ils paroiffent plütôt des fruits qui ne font pas mûrs, que des fruits par- faits, car cette cavité femble deftinée à recevoir l’amande , & en effet ,on en trouve une imparfaité dans quelques-uns. fs ont un goût un peu acide, acetbe, mêlé de quelque amertume, avec une cer- taine âcreté qui ne fe fait pas d’abord fentir, [ls s’at- tachent aux dents, & excitent la falive, On trouvé quelquefois dans les boutiques, parmi ces #yrobo- Lans, d’autres fruits plus anguleux 8€ plus grands, renfermant un noyau; on foupçonne que ce font aufh des z2yrobolans indiens, mais qui font mûrs. L'arbre qui les porte eit de la groffeur du pru= nier fauvage ; {es feuilles font femblables à celles du faule. Il s'appelle arbor myrobolanifera, falicis fe- lio, dans Jontion Dendrol, voilà-tout ce que nous en favons. | Les myrobolans bellirics , myrobolani Felliricæ , off. font des fruits arrondis, ur peu anguleux, de la figure & de la couleur de la noix mufcade, tirant fur le jaune, preique de la lo-gueur d’un pouce, environ de dix lignes de largeur, fe terminant en un pédicule un peu gros. Son écorce cft amere, auf- tere, aftringente , épaille d’une ligne, molle, con- tenant un noyau de couleur plus claire, dans la cavité duquel {e trouve une amande femblable à une aveline, arrondie & pointue. L'arbre qui les porte eft appellé arbor myrobolas aus , fauli folio, fabcinerisio, dans Jonfton Dendrol. Il a les feuilles de laurier, maïs elles font plus pâ- les, & de la grandeur de celles du prunier fauvage; c’eft toute la defcription que nous en avons. Les myrobolans emblics, myrobolani emblice , off, font des fruits defiéches , prelque fphériques , à iix angles, d’un gris noirâtre, gros comme des noix de galle, & quelquefois davantage ; ils contiennent fous une pulpe charnue, qui s'ouvre en huit parties en muriflant, un noyau léger, blanchätre, de la groffeur d’une avéline, anguleux, divifé en trois cellules. On nous apporte le p'us fouvent les fez- mens de la chair ou de la pulpe defféchée, {ls font noirâtres , d’un goût aigrelet, auftere, mêlé d’un peu d’âcreté; l'arbre qui les porte eft nommé par Jonfton, arbor myrobolanifera foliis minutun incifrs, Non-feulement cet arbre furpafle les autres par fa hauteur , mais il en differe par la figure de fes feuilles, qui font petites, & découpées fort menu, on n’en trouve aucune defcription exaéte: de-là vient que Dale prend cette efpece de myrobolanier pour le »ilicamara , & Ray pour le fanus du jardin de Malabar. Tous les #yrobolans que nous venons de décrire, naiffent dans Les [Indes orientales, favoir à Bengale, à Camboge, & dans le Malabar. Les [ndiens s’en fervent pour tanner le cuir & pour faire de l’encre. [15 purgent légerement , & reflerrènt en même tems les inteftins ; mais la Médecine en fait peu d’ufage, parce que nous recevons rarement les zzyrobolans bien choifis , frais, pefans , & en bon état; & parce que nous avons nos prunes, nos acacias, nos ta- marins, qui méritent à tous égards la préférence. (D.J.) MYRON , f. m: ( Hif. eccléf. d'Orient. ) c’eft ainfi ue les chrétiens orientaux nomment un baume facré dont ils fe fervent, non -feulement dans l’ad- miniftration du baptême, mais encore en diverfes autres cérémonies religieufes. [ls regardent même la bénédi@ion prononcée fur le myro7 comme une bénédidion facramentale. Parmi les œuvres de Gré- goire de Marka, qui vivoit au dixième fecle, & qui eft un des peres de l’églife arménienne, on lit une efpece d’homélie en l'honneur du zyron. Var- danes ne parle pas du riyron avec moins de véné- ration. «Nous voyons des yeux du corps ; dit-il, ZlLazzi ; F4 ; 916 MYRK » dans l'Éuchariftie du pain & du vin,écpar les yeux » de la foi, nous concevons le corps &c le fang » de Jefus-Chrift: de même dans le myron nous ne » voyons que de Fhuile, mais par la foi nous y ap- » percevons l’efprit de Dieu». Au refte, la compo- fiion qu'on trouve dans l’hiftoire de l’éghife d’Ale- xandrie, écrite par Vanfleb, reflemble beaucoup au kyphi décrit par Plutarque à la fin du traité d'Ifis. Voyez M. de la Croze, Hifi. du Chrifltanifime des Indes. (D. J.) MYROPOLE, ( Géog. anc. ) en grec MuporcAo , ville de Grece, près des Thermopyles, vis-à-vis d'Héraclée. Procope dit que le temsayant ruiné les fortifications qu’on avoit faites au paflage des There mopyles , d'un côté par la ville d'Héraclée, & de l'autre par celle de Myropole ; qui eft proche de ce pañlage, Juftinien répara Îes fortifications de ces deux places, & éleva um mur très-folide, par Je moyen duquel il boucha cet endroit, qui étoit au- paravant ouvert. Les Lacédémoniens furent invin- cibles, tant que Sparte n’eut point de murailles, & dès que Juftinien eût fini tant de beaux ouvrages décrits par Procope, les Barbares les détruifirent , pénétrerent de toutes parts, & firent crouler l’em- pire. (D. J. MYRRHE, £. f. (Biff. nat. des drog. exot. ) fuc réfineux , gommeux, qui découle naturellement ou par incifon, d’un arbre duquel nous ne favons au- tre chofe , finon qu'il croît dans l’Arabie-heureufe,. en Egypte, en Ethiopie, en Abyflinie, ët au pays des Troglodytes, autrement dit la côte d'Abex. Les anciens ont parlé de plufieurs fortes de zyr- rhe , qu'ils ont décrites & diftinguées les unes des autres avec peu d’exaétitude. Préfentement même , ontrouve dans des caiïfles de rzyrrhe, que nous re- cevons des Indes orientales ou des échelles du Le- vant , plufieurs morceaux de myrrhe différens par le goût, l'odeur & la confiftence. Tantôt ils ont une odeur fuave de #yrrhe, tantôt une odeur incommo- de & défagréable , tantôt ils n’ont qu'une légere amertume , & tantôt ils répugnent par leur amer- tume, &'excitent des naufées. Ajoutez, qu'ils font mêlés de bdellium & de gomme arabique. L'on voit du-moins qu'il y a grande différence en- tre les larmes de la myrrhe , felon qu’elle provient de diférens arbres , de diverfes parties d’un même arbre, felon les différentes faifons de l’année où on la recueille , felon le pays, felon la culture , &c fe- lon que ces larmes découlent d’elles-mêmes, oupar incifiont; car il ne s’agit pasici des fophiftiqueries particulieres qu'on peut y faire en Europe dans le débit. AVE Quelques auteurs doutant que notre myrrhe foit la même que celle des anciens , prétendent que ce que nous appellons myrrhe, étoit leur bdellium; ce- pendant on l’en diftingue facilement , parce qu’elle eft amére, moins vifqueufe , d’une odeur plus pi- _ quante que’ celle du bdellium. D'autres foupçon- nent, que nous n'avons point la belle myrrhe des an- ciens » mais feulement l’efpece la plus vile, à la- quelle Diofcoride donnoit le furnom de caucalis êt d'ergafine ; cependant il eft plus vraiflemblable qu’on nous apporte encore la vraie myrrhe antique, quoi- que mélangée avec d’autres efpeces d’une qualité inférieure. | Je fai bien que les anciens comptoient leur myr- plie parmi les plus doux aromates, &c qu'ils s’en fer- voient pour donner de l'odeur aux vins les plus pré- cieux; mais outre qu'ils avoient peut-être un art particulier dela préparerpour leurs parfums, êz leurs vins , on ne doit pas difputer des goûts, mi des odeurs. 11 faut remarquer, que les anciens connoïffoient deux efpeces de myrrhe une liquide qu'ils appel- MYR loient flaile, & une myrrhe folide ou en male. Hs diffinguoient encore trois fortes de myrrhe liquide, l’une qui étoit naturelle, &z qui découloit d’elle-mé- me des arbres fans incifion ; c’eft, dit Pline, la plus eftimabie de toutes. La feconde, tirée parinciñon, étoit également naturelle, mais plus épaifle &c plus arofliere. La troïfieme , qu’on faïloit artificielle- ment , étoit de la myrrhe récente en mafñle, pilée avec une petite quantité d’eau, que l’on pañloit en l’exprimant fortement; cette préparation qu'on peut nommer émulfion de myrrhe , ne fe pratique point aujourd’hui ; mais on trouve quelquefois dans les boutiques des morceaux de myrrhe récente, pleins d’un fuc huileux , que nos parfumeurs appellent faite. Outre les myrrhes liquides, les anciens diftinguoient plufeurs fortes de zzyrrhe folide ou en mafñle, entre lefquelles Galien regardoit la myrrhe troglodityque pour la meilleure , & après elle la myrrhe minnéen- ne, mirnea, ainfinommée des Minnéens, peuples de l'Arabie heureufe , que Strabon, Z. XVI, p. 798. met fur les côtes de la mer rouge. Enfin, Diofcoride ‘ fait mention d’une myrrhe de Réotie, mais on ne la connoît point du-tout aujourd'hui, La myrrhe donc, myrrha, off. zum, D'iofc. up Hipprocratis mor. des Arabes, eft un fuc réfineux, gommeux, en morceaux fragiles de différentes gran- deurs ; tantôt de la groffeur d’une noïfette ou d’une noix , tantôt plus gros ; de couleur jaune, rouffeou ferrugineufe , tranfparens en quelque maniere, 6c brillans. Quand on les brife , on y voit des veines blanchâtres à demi- circulaires ou fphéroides ; fon goût eft amer, aromatique , avec un peu d’âcreté, qui caufe des naufées. Quand on la pile, elle donne une odeur forte, qui frappe les narines ; & quand on la brûle, elle répand une agréable fumée. MYRRHE, (Chimie, Pharmacie & Mar. médic.) on doit choifir celle qui eft friable , légere, égale en couleur dans toutes fes parties, fans ordures, très- aromatique , d’un roux foncé & demi-tranfparente ; la plus mauvaife eft celle qui eft noire , pefante & fale. Il s'enfuit de fa qualité de gomme-réfine , voyez GoMME-RÉSINE , qu’elle ne doit être foluble qu'en partie dans l’eau , dans l’efprit de vin reétifié , &c dans les huiles. Elle fe diffout cependant en entier, ou peut s’en faut, dans l’efprit de vin tartarifé , &c prefque entierement auffi dans la liqueur qui fe fé- pare du blanc d'œuf durci , que l’on fait réfoudre ou tomber en deliquium avec la myrrhe, en les ex- pofañt enfemble dans un lieu humide ; opération qui fournit ce qu’on appelle très-improprement dans les boutiques, huile de myrthe par défaillance. Ces deux derniers phénomenes méritent d’être conita- tés par de nouvelles obfervations, & ils font tres- finguliers, fi ce qu’en ont dit les auteurs eft confor- . me à la vérité : felon l’analyfe de M. Cartheufer , une oncede belle r1yrrhe elt compofée de fept gros de fubftance gommeufe 12/éparablement barbouillée d’un peu de réfine & d’huile, de deux fcrupules &c quelques grains de réfine chargée d’hmle effentielle & d'environ douze grains-d’ordure abfolument in= {oluble. La myrrhe choifie , diftillée à l’eau, donne au rapport de Fred. Hoffman, qui prétend avoir exécuté cette opérarion le premier , Obf. phyf. chim. L. I. obf, 5, environ deux dragmes, & même la plus parfaite, jufqu'à trois dragmes par livre d’huile ef- fentielle’, dont une partie eft plus pefante que Peau, & une autre partie nage à fa furface. La myrrhe eft un des remedes que les anciens ont le plus célébré, 8 que les modernes ont auf comp- té parmi les médicamens les plus précieux. Elle poffede routes les qualités des gommes-réfines à un degré que l’on peut appeller remperé où moyen , .qué MYR permet! de l’employer dans tous les fujets & dañs tous les-cas où les gommes-réfinés font indiquées : dire de ce remede, que les anciens & les modernes l'ont également célébré , c’eft aflez faire entendre qu'ils lui ont attribué généralement toutes les ver- tus. Celles qui font Le plus reconnues font fa qua- lité ftomachique , roborante, apéritive & utérine; aufli fon ufage Le plus fréquent eft pour donner du ton à l’eflomac, pour fondre Les obflru@ions , fur- tout bilieufes; pour ranimer, & fur-tout pour faire couler les regles ; on la donne rarement feule, mais on la fait entrer fort communément dans les pillu- les ou bols ftomachiques, fondans, emménagogues, & dans les préparations oficinales , dont la vertu dominante eft d’être cordiale ou excitante. Les qua- lités bézoardique & antiputride , ne font fondées que fur des préjugés : la derniere fur-tout qu'on a éflimée fur l’ufage que les anciens faifoient de la myrrhe dans les embaumemens , eft on ne peut pas plus précaire , voyez? EMBAUMEMENT & MUMIE : la vertu vulnéraire & cicatrifante eft commune à la myrrhe 8 à tous les fucs balfamiques , liquides &z concrets; mais notre gomme-réfine n’a aucun ayan- tage à cet égard, au contraire. Cartheufer met ce- pendant au-deffus de toutes Les propriétés de la myr- rhe ; celle qu’il lui attribue d’être un remede fouve- rain contre la toux invétérée & plufieurs autres ma- ladies chroniques de la poitrine, qui dépendent prin- cipalement de la foiblefle du poumon & du ventri- cule. Aurefte, cet auteur moderne eff très-enthou- fiafte fur les éloges de la myrrhe ; ce remede doit fe donner en fubftance & incorporé à caufe de fon amertume , avec un excipient qui le réduife fous forme folide. La teinture de myrrke eft beaucoup plus efficace que la #yrrhe en fubftance , felon la re- marque de Sthal, foit parce que cette teinture ne contient que la réfine & l’huile effentielle qui font fes principes les plus a&ifs, débarraflés'de la partie gommeufe qui mafquoit ou châtroit en partie leur attion ; mais plus encore parce que ces principes font très-divifés dans l’efprit de vin, & enfin parce que ce menfirue concourt très-efficacement à leur aétivité. Au refte , cette remarque doit être com- mune aux teintures en général. Foyez TEINTURE. L'huile efflentielle de la myrrhe doit être comptée, fi l’on en croit Cartheufer & Frid. Hoffman, parmi les moins âcres & les plus convenables pour Pufa- ge intérieur , voyez HUILE ESSENTIELLE. Le der- hier auteur recommande particulierement celle-ci prife à la dofe de quelques souttes\fous forme d’c- leofaccharum dans une infufñion de véronique ou dans du caffé, contre plufeurs maladies chroniques de la poitrine, telles que la toux invétérée, l’afth- me humide , 6:c. il confeille aufñ de prendre le mé- me œleofaccharum le matin dans du bouillon , du chocolat ou du café | comme une excellente ref- fource contre linfluence d’un aïr épais & chargé d’exhalaifons putrides ou de miafmes épidémiques. La yrrhe réduite en pondre & la teinture de #yr- rhe font aufli des remedes extérieurs très-ufités dans les panfemens des plaies &z des ulceres , & fur-tout dans la gangrene &z dans la carie. . Il eft peu de drogues qui entrent dans autant de compofñtions offhcinales , foit internes , foit exter- nes, que la myrrhe, {on efficacité eftfur-tout remar- quable dans l'élixir de propriété, les pillules de Ru- fus, & la thériaque diateffaron , parce que ces re- medes font compotés de très-peu d’ingrédiens. (4) MYRRHE, VIN, (lirsér.) en latin myrrhinum vi- num ; C’étoit chez les anciens, du vin mêlé de myr- rhe avec art, pour le rendre meilleur & le confer- ver pluslong-tems, fuivant Ætius, Tesrab. 4. ferm. Al. Cap. cxxu. On en failoit grand cas, ainfi que de quelques autres boiflons myrrhées, Pline, 4v, XIV, MYR 917 ch: su, nous le dit : /auriffima apud prifos vinta 3 érant myrthæ odore condira, Les lois des douze ta: bles défendoient d’en répandie fur les morts. Ce métoit pas de ce vin de #yrrhe fi prifé, qu’on offrit à boire à Jefus-Chrift dans fa paflion, pour amortif à Ce qu'on croit en lui, le trop vif fentii ment de là douleur ; on avoit coutume parmi les Hébreux , de donner À ceux qu’on menoit au fup= plice, une liqueur afloupiffante dans laquelle en- troit de la z2yrrhe qui la rendoit amete. Apulée ; métam, lv. J'{II, raconte qu’un certain homme s’é- toit prémuni contre la violence des coups ; par une potion de myrrke, Apparemment que cefut dans cette vie, qu'on crut devoir donner du vix myrrhé À No- tre-Seigneur; ce vin étoit fans doute très-amer , puifque S. Matthieu rapporte, que c’étoit du vin mêlé de fiel. Le fiel de S. Matthieu & la myrrhe de S. Marc, ch. xv, v. 25, ne marquent qu’urie même chofe, c’eft-à-dire, une boifon très-amere au goût. Voyez Th. Bartholin, de vino myrrhato, fi vous êtes curieux de plus grands détails fur cet article. (D. J.) MYRRHENE , ( Géog, ane, ) en latin Myrrhinus, municipe de l’Attique peu diflant de Marathon. If faifoit partie de la tribu Pandionide ; felon Etien- ne le géographe, (D. 7.) A 4 MYRRHINA,MURRIN A 04 MORRHINA VASA; ( Æif£. nat.) nom donné par les anciens à des vafes précieux dont ils {e fervoient dans leur repas,& pour renfermer des parfums. Pline dit qu’ils étoient faits d’une pierre précieufe qui fe trouvoit en Carama- nie &c dans le pays des Parthes ; l’on a cru que cette pierre étoit une efpece d’agathe ou d'onyx. D’au- tres ont conjeéturé que ces vafes étoient d’une com- poñirion factice ou d’une efpece deporcelaine.Pompée apporta le premier des pocula myrrhinn de l'Orient ; ils étoient fort eftimés chez les Romains. Pline nous dit que T. Pétronius, pour fruftrer Néron j ter: Jam ejus exhæredaret, brifa avant de mourir un grand baflin erulla myrrhina qui étoit eftimé 300 taiens » & dont cet empereur avoit grande envie, Voyez l'art. MORRHA. ne £ MYRREINITE, (ÆA. rit.) nom donné par quelques auteurs à une pierre qui avoit l’odeur de la myrrhe; MYRREIS , ff. (Æifl. nat. Boi. ) gente de plan: te à fleur en rofe-& en ombelle; elle eft compos fée de plufieurs pétales difpofés en rond & fou- tenus par un calice qui devient un fruit à deux femences femblables à un bec d'oifeau; ces femen- ces font ftriées & relevées en bofe d’un côté PAS e plattes de l’autre. Tournefort , 1n/£, rei herb. Foyez PLANTE. Tournefort compte onze efpeces de ce genre de plante umbellifere, dont la principale eft la myrrkis major ; que nous nommons En francois cerfeuil miuf= que ; en anglois , feet cicely. Les tiges s'élevent à la hauteur de quatre ou cin piés; elles font rameufes, s'étendant en large ; ve- lues , creufes en-dedans. Ses feuilles font grandes, amples , molles, découpées, & reffemblantes à cel les de la ciguë, mais plus blanchâtres ; & fouvent marquetées de taches blanches, un peu velnes : ayant la couleur & l’odeur du cerfeuil » ct un goût d’anis, attachées par des queues fflulenfes, Ses fleurs naïflent en parafols aux fommets des tiges &z des branches , compofées chacune de cinq feuilles inégales , difpofées enfleur-de-lis, de couleur blan: che, un peu odorantes. Quand ces fleurs font paf- fées, il leur fuccede des {emences jointes deux à deux ; grandes, longues , femblables au bec d’un oi- feau, cannelées fur le dos, noirâtres > d'un goût d'anis agréable. Sa racine eft longue, erofle, blan- che, molle, & comme fongueufe , d’un goût doux, mêlé d'un peu d’âcreté , aromatique ;& femblable 918 MYR à celui dela femence. Cette plante vient dans les prés & dans les jardins ; fa feuiile auf bonne à man- ger que le cerfeuil, eft fort connue dans les cuif- mes. (D.J.) 3 MYRREHITES, ( Æiff. nas. ) nom donné par les ‘anciens naturaliftes à une pierre jaunâtre &c demi- tranfparente , que l’on fonpçonne être la cornaline :pâle èz jaune. MYRTE,, {. m. "yrtus, ( Hift. nar. Bot.) geñre de plante à fleur en rofe, compofée de plufeurs pé- tales difpofés en rond , dont le calice devient dans la fuite une baie faite comme une olive, 8 quia une couronne. Cette baie fe divife en trois loges qui -contiennent des femences pour l'ordinaire de la f- gure d’un rein. Tournefort, dnff. reë herb. Voyez PLANTE. MyrTE, myrtus, arbrifleau toùjours verd, qui vient naturellement en Afrique , & dans les parties -méridionales de l’Afie & de l'Europe. Il y ena de plufieurs efpeces, dontla plus grande différence con- fifte dans la forme des feuilles, Maïs tous les myrtes s’élevent dans les pays d’où ils tirent leur origine, à une plus grande hauteur que dans ce climat, où on ne les voit que fous la forme d’arbriffeaux. Car dans les provinces du centre du royaume, on eft obligé de tenir en caifle ou dans des pots les arbrif- eaux qui ne peuvent pañler les hivers qu'à la faveur d’une orangetie. Les feuilles de tous les myres font liffes, unies, entieres, d’un verd brun ttès-brillant, & d’une odeur fuave , aromatique , des plus agréa- bles. Ce font les feuilles qui font le principal agré- ment de ces arbrifleaux ; toutes les fleurs des zyrres font blanches, affez apparentes , & de très-bonne odeur ; elles paroiffent dans le mois de Juin, & du- ent pendant la plus grande partie de Pété. On ne connoit de différence pour la couleur de la fleur que dans une feule efpece , où le blanc qui fait le fonds éft mêlé de rouge. Le fruit qui fuccede à la fleur eft une baie noire, quelquefois blanche &r ovale, qui contient plufieurs femences de la forme d'un rein. Il n’y a qu'une feule efpece de myrre dont la fleur Soit double : larbriffeau en donne une grande quan- tité ; elles durent long-tems, font d’une grande beau- té, & d’une excellente odeur : mais il y a encore plufieurs zyrtes à feuilles panachées ; qui font de belles variétés. Prefque tous Les #yrtes fe multiplient très-aifément, font de longue durée, & n’exigent que les foins ordinaires de lorangerie : cependant on voit de ces arbrifleaux en pleine terre dans la Provence, dans le Languedoc, l’Aunis, la Bretagne, & même dans la Normandie. Si l’on donnoit ici la méthode que l’on fuit en Pro- vence & en Languedoc pour l’éducation &c la cul- ture deszyrtes, elle neconviendroit nullement pour les provinces de la partie feptentrionale du royau- me, Il vaut beaucoup mieux s’en rapporter à ce qui fe pratique en Angleterre fur ce point. Si on trouve les procédés trop ftriétes , il fera fort aïlé de s’ente- lâcher à proportion de la température du chimat où fon fe trouvera placé. Je ne fache pas qu'on ait donné rien de mieux à ce fujet, que ce qui a été tracé par M. Miller, dans la fixieme édition angloife de fon Diéionnaire des Jardiniers. On multiplie , dit cet aweur, les ryr4es de bou- tures qu'il faut faire pour le mienx au mois de Juil- let, Vous choifirez pour cela de jeunes rejettons les plas droits & les plus vigoureux , de la longueur de fix ou huit poutes. Après en avoir Ôté les feuilles de la partie inférieure fur environ deux pouces de longueur, vous piquerez ces jeunes branches dans des terrines remplies d’une terre franche & legere ; en forte qu’elles foient à deux pouces de diftance Jes unes des autres. On aura foin de ferrer la terre autour des bouitures, & de les arrofer pour les mieux aBermir, On mettra ces terrines fous un chaflis dé couche , & on les plongera foit dans du vieux fu- mier, ou dans de la vieille tannée. Afin que la terré des terrines ne fe defleche pas trop vite, on leur fera de l’ombre avec des paillaffons pendant la cha- leur du jour, & on leur donnera de l’air à propor- tion que la faifon fera douce. Mais il re faudra pas oublier de les arrofer tous les deux ou trois jours, felon que la terre des terrines paroîtra feche. Au bout d'un mois, les boutures commenceront à pouifer : on les accoutumera par degré à l'air libre, & on pourra fur la fin d’Août, les mettre à une fi- tuation abritée des vents froids jufqu’an mois d’O- étobre qu'il faudra lesentrer dans lorangerie , où cn leur donnéra la place la plus fraiche êc la plus pro- pre à les faire jouit de l’air dans les tems doux. Car les myrtes ne demandent qu’à être garantis du grand froid ; à l'exception du myrte à feuilles d'oranger ë du #yrte citronné , qui étant moins robufics qué les autres, veulent être placés un peu plus chaude ment. Il faudra les arrofer fouvent pendant l’hiver, Ôter toutes les feuillés qui fe fanneront, & arracher toutes les mauvaifes herbes qui leur feroient un très-grand tort. Au mois de Mars fuivant on enle- vera les jeunes plants avec grand foin & le plus en motte que l’on pourra, pour les mettre chacun dans un petit pot féparé que l’on aura rempli d’une terre de la qualité de celle dont on s’eft fervi pour les ter- rines. On les arrofera bien, pour affermir la terre, & on les mettra à l’ombre dans l’orangerie, jufqu’à ce qu’ils ayent repris. Alors on les accoutumera à l'air & au foleil , puis on les fortira au mois de Mai pour les placer à quelque bonne fituation , près d’une paliffade , à Pabri des grands vents. Pendant Pété ; il faudra Les arrofer abondamment, attendu que les petits pots font fujets à fe deflécher promptement ; auf aura-t-il fallu avoir attention de les placer dé façon qu'ils ne foient expoiés qu’au foleil levant ; car lorfque ces petits pots le trouvent placés au grand foleil , Phumidité s'exbäle trop vite, 8 l’ac- croiflement des plantes en eft retardé, Au mois d’Août fuivant, vous examinerez files racines des myrtes n’ont pas percé àtravers les trous du fond du pot. Si cela eft, vous les tournerez dans des pots un peu plus grands, après avoir eu foin de couper les racines moifñes , ou qui étoient adhérentes aux parois du pot, & d’adoucir la terre autour de la motte, afin que les racines puiflent percer plus ai- fément dans la nouvelle terre. Il faudra enfuite les faire bien arrofer, & les mettre à une fituation abri- tée des grands vents. C’eft alors qu’on pourra tail ler les jeunes plants pour les amener à une forme réguliere ; & s'ils ne font pas une tige droite ,1lfau- dra les diriger au moyen d’un bâton:avec ces foins, les myrtes pourront facilement être taillés en boule ou en pyramide, qui font les formes qui convien- nent le mieux aux petits arbriffeaux de l’orangerie. Tout l'inconvénient , c’eft qu'une taille réguliere les empêche de donner des fleurs : aufi ne faut-il pas traiter de cette façon l’efpece à fleur double , qui tire de là fa principale beauté. L'on fera donc bien de laïfler venir au naturel un ou desx plants de cha- que efpece de myrtes, afin de pouvoir jomir de l’a- grément de leurs fleurs. À mefure que les jeun:s myrtes grandiront , il faudra tous les ans les tranf- planter dans de plus grands pots, à mefure de l'é- tendue de leurs racines. Mais gardez-vous de là met- tre d’abord dans de trop grands vaifleaux ; ils ny poufferoïent que foiblement &irrégulierement, fou vent même cela les fait périr. En les changeant de pot, on aura toûjours foin d’adoucir la terre autour de la motte, en là perçant en plufieurs endtoits pour donner paflage aux racines. On peut même les re- mettre dans les mêmes pots, s'ils ne font pas trop petits, ayant foin de garnir les côtés & le fond du pot d’une bonne terre neuve, & de leur donner uantité d’eau pour affermir les racines; ce qu'il ci P répéter fouvent. Carilsen demandent beau- coup, tant en hiver qu'en été, & beaucoup plus dans les tems fecs & chauds. Les: mois d'Avril & d’Août font la meilleure faifon pour les tranf{plan- ter. Si on le fait pluiôt au printems , comme 1ls ne croiflent que lentement alors , ils ne pourroient pouffer denouvelles racinesauffi-tôt qu'il lefaudroit. &c fi on attendoit plus tard en automne ; le froid de la faifon les empêcheroit de reprendre, Je ne con- feille pas non plus de les tran{planter dans les gran- des chaleurs de l'été; car il leur faut pour réuftr, de la fraicheur, de l’ombre, & de grands arrofe- mens. Dès qu'il commencera à geler pendant la nuit dans le mois d'O&tobre, il faudra les mettre À l’oran- gerie : mais tant que la faifon fera douce , on pourra différer jufqu’aucommencementdeNovembre. Lort qu’on les ferre trop tôt, & que la fin de l'automne eftchaude, ils y pouffent de nouveaux rejéttons que l'hiver fait périr ordinairement ; ce qui les gâte beau- coup. On fera donc bien de lestenir enplein air aufli long-tems que l’on pourra, & de les y remettre au printems avant qu'ils ne commencent à poufier. Mais pendant qu'ils feront dans l’orangerie, on leur donnera dans les tems doux autant d’air frais qu'il fera poñfible. Jai vû, continue le même auteur, le yrte com- mun d'Italie , & le zzyrce romain en pleine terre , à une expoñrion chaude, & däns un terrein fec, où ils ont réfifté au froid pendant plufieurs hivers. On a foin feulement de les couvrir pendant les fortes gelées de deux ou trois pallaflons, & on met de grand fumier à leur pié pour empêcher la gelée de pénétrer jufqu'à leurs racines. Mais en Cornouailles & en Devonshire, où les hivers {ont plus doux que dans les autres provinces d'Angleterre, l’on voit de grandes haies de zyrtes plantées depuis plufieurs an- nées ; dont quelques-unes ont jufqu’à fix piés d’hau- : teur. J'imagine que l’efpece à fleur double qui vient des provinces méridionales de France, réfifteroit aufli-bien que les autres en pleine terre. Cette ef- pece avec celle à feuille d'oranger , font les plus dif- ficiles à faire venir de boutures. Mais en faifant les _boutures de ces arbrifleaux tout à la fin du mois de Juillet, en choïfiffant pour cela les plus tendres re- jettons, & en les conduifant comme il a été dit, j'ai fouvent éprouvé qu’elles faifoient fort bien racine. L’efpece à feuilles d'oranger , & toutes celles à feuil- les panachées, font plus délicates que les efpeces ordinaires : 1l faudra les mettre à l’orangerie un peu plutôt en automne, & les y placer loin des fenêtres. Bradley auteur anglois, aflure que tous les yr- tes peuvent très-aifément {e multiplier de branches couchées, & que l’efpece à fleur double & celle à feuilles d'oranger, réufiflent mieux de cette façon que deboutures; mais qu'il ne faut {e fervir que des jeunes branches de l’année; car fi on couchoit des branches plus âgées, elles ne feroient point de ra- cines malgré toutes les attentions qu’on pût y don- ner : que le mois de Mai eft le tems le plus conve- nable pour coucher ces, branches ; que le myrte fe plaît tellement dans l'humidité, qu’il en a vu un pot qui avoit paflé l'été dans un baffin qu’on avoit foin d'entretenir plein d’eau, & que ce zyrce avoit poufé pendant cet été quatre fois autant que ceux qu’on avoit traités à ordinaire, & qu'il avoit continué de “croître de la même maniere pendant plufeurs an- nées, fans qu’on renouvellât la terre du pot. Mais on peut encore multiplier de femence les myrtes à fleur fimple, à l'exception des efpeces à feuilles panachées ; & de plus ils peuvent tous fe _greffer les uns fur les autres, MYR 919 Les feuilles de »#yrtes entrent dans les fachets d’o: deur, dans les pots-pourris 3 8 au royaume dé Na: ples,-elles fervent à tanner les cuirs: Les baies de wyrre font de quelque ufage en Mé: decine, &c on en fait en Allemagne une teintute dé couleur d’ardoife qui a peu d'éclat. Dans la Proz vence où 1l y a beaucoup de ces arbriffeaux , les où: feaux fe nourriflent de ces baies ; ce qui les engraïfle & les rend d’un goût excellent. On connoït plufeurs efpeces de riyrtes 8 quel- ques variétés: voici les plus remarquables des unes & des autres. | 1, Lermyrée commund'Iralie; fa feuille eft moyenne: 2. Lemyrte romain à large feuille, 3. Le méme a baies blanches. 4, Le même myrte.a feuille dorée. . ÿ. Le petit myrte commun,.ou le yrie à feuille de -thim : c’eit celui qu’on cultive le plus dans ce royaume, gs G. Le même Myrte à feuille argentée. 7. Le myrte a feuille de buis. | 8: Le myrte a feuille dé romarin, vis } 9. Le méme myrte à feuille panachée.de verd & da blanc : fes fleurs font bigarrées de blanc & de rou- ge : c’eft celui dont les Anglois font le plus.de cas, 10. Le myrte balfamique à feuille de grenadiers : 11, Le myrte cirronné : {es-feuilles ont l'odeur de la noix mufcade, & {es jeunes rameaux {ont rou- geñtres. 12. Le même myrte a feuille dorée. 13. Le myrte d'Efpagne & larges feuilles: les Ans glois le nomment plus communément lé myrte 4 feuil. le d'oranger ; mais {es feuilles ont-plus de reflem- blance avec celles du laurier franc , & elles vien- nent plufeurs enfemble par tounffes. | 14, Le méme à baies blanches. 15. Le ryrte d’Efpagne à feuille étroite, 16. Et le wyrte à fleur double : {a feuille eft pref- que aufli grande que celle du r2yrte romain. Le #yrte commun d'Italie 8 le romain , font plus robuftes que tons les autres : le myrte cittonné & celtu à feuilles d'oranger , font les plusdélicats, ainf quertoutes les efpeces à feuilles panachées. - : MYRTE, (Pharmac. & Mar, médic.) Le myrte n’eft point employé dans les prefcriprions magiftrales deftinées à l’ufage intérieur : fes feuilles & fes fleurs ont pourtant une qualité aftringente très-réelle, dont on pourroit tirer parti en Médecine, fi.ces fortes de remedes étoient rares, On ne fe {ert guere que des baies connués dans les boutiques fous le nom de zyrtiles, qui font aufli manifefte- ment aftringentes, & qui entrent dans plufeurs purgations ofiicinales, tant pour l’ufage intérieur que pour l’ufage extérieur. La plus ufitée de ces préparations pour l’ufage intérieur, eft'le fyrop des baies compofé, ou le fyrop myrrin de Mefué, Voici la defcription de ce fyrop, d’après la phar- macopée de Paris. Prenez des baies de #yrte, deux onces & demie; des neffles qui ne foient point mûres, une once; de la rapure de fantal citrin; des fruits d’épine vinette récens; des fruits de fumache ; des balauftes ; des rofes rouges mondées, de chacune deux onces : le tout étant convenablement haché, faites-le macerer, pendant vingt-quatre heures, ai bain-marie, dans eau commune, trois livres ; fucs de coins &c de poires fauvages, de chacun deux livres; coulez avec forte expreflion: ajoutez cinglivres de beau fucre ; clarifiez aux blancs d'œufs , & cuifez en confiftence de fyrop. C’eft-là évidemment le plus fort ftyptique qu’on puifle tirer de la famille des végétaux; au moins la plupart des fubftances végétales, éminemment ftyptiques , font-elles raflemblées dans ce remede, Auf eft-1l recommandé dans toutes les hémorrha= 920 MYR gies internes & dans les cours de ventre opiniätres, contre lefquels les aftringens font indiqués ; &£ en- core ce fyrop eft-il fouvent impuiffant dans ces cas. Le fyrop de ryrte fimple, que l’on prépare avec les fommités féchées dé cet arbrifleau, ne poffede les vertus du fyrop de #yr# compofé qu'à un degré bien inférieur. On retire du myrte une eau diftllée fimple, dans laquelle on cherche en vain la vertu aftringente de la plante (car les principes aftringens ne font point volatils),, & qui ne poflede que les vertus communes des eaux diftillées aromatiques. Cette eau a été connue dans les toilettes des dames, fous le nom d’eau d'ange. Quant à l’ufage extérieur: on fait bouillir les baies & les feuilles de myrte dans du gros vin, foit feules {oit avec les herbes appellées fortes, pour en faire des fomentations & des lotions aftringentes, forti- fiantes, réfolutives ; des gargarifmes dans le relä- chement extrème de la luette ; des nceffus pour la chûte du fondement & de la matrice. On prépare auf, foit des baies, foit des petites branches fleuries, des huiles par infufion & par décoëtion, qui font, fur-tout la derniere , vérita- blement réfolutives, mais point aftringentes, Les baies de myrte entrent dans la poudre dia- margariti frigidi ; le fyrop fimple, dans les pilules aftringentes; l’huile ; dans l’emplâtre oppodel- toch. (b) MYRTE DU BRABANT, (ff. nat. Bot.) myrtus brabantica: C’eft une plante ou arbufte aflez aro- matique, qui croit dans les endroïts marécageux, & fur-tout dans quelques provinces du Pays-Bas. Les Botaniftes lui ont'donné différens noms. Dodo- nœus l’appelle chamaleagnus ; c’eft le ciflus ledon , foliis rorifmarini ferrugineis de C. Bauhin; le /dum filefiacum de Clufus; rofmarinum Jÿlvefre, five bo- bericum de Matthiole, &c, Cette plante eft d’une odeur très-forte ; elle eft un peu réfineufe, ce que l’on trouve lorfqu’on écrafe fes fommités entre les doigts. Simon Pauli, célebre médecin danois, a cru que cette plante étoit la même que le thé des Chi- nois ; mais ce fentiment a été réfuté par le doéteur Cleyer, dont la lettre eft inférée dans le IV. volume des aëta hafnienfta. I eft certain que les feuilles de cette plante, féchées, & enfuite infufées comme du thé, ont un goût très-différent , mais qui n’eft point défagréable. Les Flamands nomment cette plante gagel; les gens de la campagne en mettent dans leurs paillaffes pour écarter les punaifes, mais il eft à craindre que fon odeur qui eft très-forte, n'empêche de dormir ceux qui auroient recours à ce remede. On dit qu’en mettant cette plante dans de la biere , elle enivre très-promptement ; &z que par-là, nonfeulement elle ôre la raifon, mais en- core qu’elle rend infenfés & furieux ceux qui en boivent. MYRTEA , (Mythol.) furnom de Vénus, à caufe du myrte qui lui étoit confacré : Formofe Vener: gratiffima myrtus, D, J. ( rene (Géog. anc.) c’étoient, dit Orte- lius, des bains chauds en Italie, au voifinage de la ville de Baies. Ils tiroient,continue-t:1l, leur nom d’un bois de myrtes qui étoit auprès de la ville, &c qui contribuoit à rendre ces bains fi délicieux, qu’on n’y alloit pas moins pour Le plaïfir que pour la guérifon des maladies. Horace en fait mention dans fes épitres, Z. I, ep. xv. verf. 5. en ces mots, Jane myrteta relinqui. le crois, pour moi, que ces bains de Baies, myrtera, étoient de pures étuves, où les vapeurs foufrées qui s’exhalent de la terre, caufent une chaleur feche qui provoque la lueur. M Y S Celfe, Z. IT. e. xvij. parle de ces étuves de Baïes d une maniere décifive en faveur de mon opinion; car 1l s'exprime ainfi: feur calor eff, ubi à terra profufus calidus vapor œdificio includitur , ficut fuper Baias in myrtetis kabemus. (D. J.) MYRTIFORME, CARONCULES MYRTIFORMES, en Anatomie, petites caroncules, où corps char- nus qui fe joignent à l’hymen dans les femmes, où plutôt qui font dans l’endroit où a été l’hymen. Voyez nos PL d'Anat! & leur explicat, voyez auffi CARONCULE. , Elles font à-peu-près de la srofleur des baies de mytte, d'où elles prennent leur nom; quelques auteurs croient qu’elles font plus grandes dans les filles, & qu’elles deviennent peu-à-peu plus pe- tites dans les femmes. D'autres les font venir, avec plus de probabi- lité, des membranes rompues de l’hymen, dont ils croient que ce font des fragmens retirés. Voyez HYMEN. | MYRTILLE , 1. m. (Æiff. nat. Bor,) Nous nom- mons aufh cette plante airelle ; & c’eft fous ce nom qu’on en a donné les caraéteres. L’airelle ou le ryreille eft Le iris idæa, foliis oblon: gts, cremutis ; frudlu nigricante, de C. B.P. 270. & de Tournefort, Inff. rei herbar. 608, C’eft encore le vaccinimm caule angulato, foliis ovatis, ferratis ; deciduis, de Linnæus; Hors, Cliffort, 148; en an- glois, che wortle-with black, fruit. _ Sa racine eft menue, ligneufe, dure, & rampe fouvent fous terre, Elle poufle un petit arbriffeau haut d’un à deux piés, qui jette plufieurs rameaux grêles, anguleux, flexibles, difficiles à rompre, cou- verts d’une écorce verte. Ses feuilles font oblon< gues, grandes comme celles du buis, mais moins épaifles, vertes, lifles, ou légérement dentelées en leurs bords. Ses fleurs nées dans les aifelles des feuilles, font d’une feule piece, rondes, creufes, faites en grelots attachés à de courts pédicules ; d’un blanc rougeâtre. Quand ces fleurs font paf- fées, 1l leur fuccede des baïes fphériques, molles, pleines de fuc, grofles comme des baies de genie- vre, creufées d’un nombril, d’un bleu foncé ow noirâtre, & d’un goût aftringent tirant fur l’acide agréable. Elles renferment plufieurs femences aflez menues, d’un rouge-pâle, Cette plante vient en terre maigres aux lieux incultes, dans les bois montagneux, parmi les bruyeres &c les brouffailles, dans les vallées défer- tes, humides & ombrageufes. Elle fleurit en Maï, & les fruits müriflent en Juillet. On tire le fuc de cette plante, & on en fait un fyrop ou un rob agréable, On rougit les vins blancs de ce même fuc, & l’on en peut tirer d’au- tres partis dans les Arts. (D, J.) MYRTOS, (Géog. anc.) île de la mer Égée, au midi occidental de la pointe la plus méridionale de l'ile Eubée. Pline, Z IV. €. xj. dit qu’elle don- noit fon nom à cette partie de la mer Égée qu’on appelloit Myrtoum mare , voyez 4 MARE, l’arzicle Mare MyYrTouM. (D. J.) MYRUS , nom qu’on a donné au mâle de fa mu- rene, Rondelet, Hiffoire des Poiff, part, I, L. XIP. ch. v. Voyez MURENE, poiffon, MYSE, où MYSA, ( Géog.) riviere d'Allema- gne en Bohème. Elle a fa fource aux confins du pala- tinat de Baviere, & fe perd dans le Muldaw, un peu au-deflus de la ville de Prague. (D. J.) | MYSIE, (Géog. anc.) Myfia, contrée de l’Afie mineure, qui s’étendoit dans les terres vers la Propontide, la Phrygie, le fleuve Hermus, & la chaîne la plus orientale du mont Ida; c’eft au- jourd’hui une partie de la petite Aïdide. Les Myfiens y formoient deux provinces; refler- rées MYS fées dans la fuite par les migrations des Éoliéns, 8 fertile en hêtres , uso, d’où felon les apparences elles tiroient leur nom, On diftinguoit la Myf£e en grande & petite Myfre. La petite Myfe, la plus feptentrionale & voifine de l’Hellefpont , avoit la Propontide au nord, la Troade , au midi le mont Olympe, les villes de Lampfaque, de Cizique, &c. La grande, plus méridionale & plus orientale, étoit fituée entre la petite Bithynie , la grande Phrygie, l'Éolide , & la mer Égée. Elle avoit pour villes principales, Antandre, Pergame, Adrami- te, Gc. Ces Afiatiques, ainfi que la plûüpart de leurs voifns, tels que les Phrygiens, les Cariens, les Ly- diens, étoient en aflez médiocre confidération chez les Grecs; & sil en faut croire Cicéron dans fon Oraïifon pour Flaccus, ils avoient donné lieu à quel- ques expreflions proverbiales qui ne leur étoient pas avantageufes. | On difoit des Phrygiens , par exemple , qu'ils ne devenoient meilleurs qu’à force de coups; que fi l’on avoit à faire quelqu'épreuve périlleufe il falloit choïfir à cet effet un Carien, comme n’ayant point ailez d’efprit pour prévoir le danger; que dans les comédies, les valets fripons étoient toujours des Lydiens. | Les Myfiens en particulier tomberent dans une telle décadence, qu’ils furent en butte aux outra- ges de toutes les nations qui les pillerent impi- toyablement. De-là, pour défigner un peuple foi- ble, on difoit en proverbe, qu'il pouvoit être in- fulté par les Myfens mêmes. Nous connoiffons de nos jours, un peuple en Allemagne, que nous voyons également la proie des nations amies ou ennemies, ët qui n’auroit point été expofé à de tels outrages il y cinquante ans : ainf l’on appelloit proverbiale- ment un butin für, lebutin de Myfee. Cette décadence des Myfezs n'empêche point qu'ils ne fe foient fait un nom dans la Mufique, & que Plutarque n’ait été fondé à leur attribuer l'invention de quelques beaux airs. Olympe qui compofa le premier fur la flûte en l'honneur d’A- pollon, l’air appellé po/ycephale, dont Pindare parle avec tant d'éloge, étoit originaire de Myfie, On voit dans la Rerraire des dix mille de Xénophon, que les Myfrens excelloient dans les danfes armées, qu’on exécutoit au fon de la flûte ; mais la différence eft grande entre des peuples guerriers & des peuples danfeurs. Les Myfens danfoient bien & fonffroient patiemment toutes fortes d’infultes, Il me refte à remarquer que Paufanias, Z6. II. c. +vu], nomme auf Myffe une petite contrée du Péloponnèfe, où étoit un temple dédié à Cérès my- Jienne. Ce nom de Myf£e donné à ce canton, tiroit fon origine d’un certain Myfus que les habitans d’Argos difoient avoir été hôte de Cérès. Strabon, Z. XTIL, p. 613. nomme My fée une ville de la Troade qu'il place au voifinage d’Adramite. Prolomée, 2. VI. c. y, donne aufh le nom de Myfie à une ville de Parthie. Enfin, Ovide & Denys le géographe parlent d’une Myfe & de Myfiens qui étoient en Europe entre le Danube, la Pannonie & la Thrace, c’eft-à-dire qui occupoient à-peu-près ce que nous appellons la Servie 8c la Bulgarie ; mais la Myfie eftla Moëfe, & leurs Myfiens les Mœfiens 3 c’eft dans ces deux auteurs une ortographe vicieufe, Foyez ce qu'on en a dit au m0: Moësie. (D. J.) MYSOMACÉDONIENS, ( Géog. anc.) Myfo- macedones , peuple d’Afie dans la Myfe, felon Pli- ne, /, Fe. xxix. & felon Prolomée, 2.7 c. ÿj. dans la grande Phrygie, Quoi qu'il en foit, c’étoient des Macédoniens mêlés avec des Myfens. (D. J.) MYSOFMOLITES, ( Géog, arc. ), Myformolire Tome X, M YS 921 dans Pline , 2 F, c. #xix ; quelques manufcrits por- tent Mefosmolire, Si on lit Myformolite, ce mot défigneroit des Myfiens mêlés avec les Tmolites, Si on goûte davantage Meforymoliræ , ce font des peu- ples qui habitent au milieu du mont Tmolus, Le pere Hardoiin préfere cette derniere leçon , parce qu'elle eft appuyée des notices épifcopales de la province de Lydie, où Meforimolos a le dixieme rang. (D, J.) MYSTAGOGUE, f. m. (Lis Jen grec; vusayayccs c’étoit proprement chez les anciens celui qui intro- duifoit les autres dans la connoïflance des myfte- res; mais dans Cicéron, ce mot défigne celui qui montroit les trefors & les autres raretés des tem- ples des dieux. Dans ce dernier fens , le bénédi&tin, qui montre le tréfor de S. Denys, eft #2 myflago- gue; le P. Mabillon ne voulut pas l'être long- tems. (D, J.) MYSTE, {. m. (Lisiér. gr.) On appelloit ryfles ceux qui étoient initiés aux petits mylteres de Cé- rès, & ils ne pouvoient entrer que dans le vefti- bule du temple. Il leur falloit au moins un as pour être admis aux grands myfteres, & pouvoir entrer dans le temple même. Au moment qu'ils jouifloient de cette prérogative, on les appelloit évopses, inf. peéteurs, ou commé nous dirions confreres. Alors on leur montroit toutes les chofes faintes, hormis quelques-unes qui étoient réfervées pour les prê- tres feuls. [! étoit défendu de conféter en même tems a perfonne les deux qualités de, myfle 8 d’épopte. On ne viola la loi qu’en faveur du roi Démétrius, qui dans un même jour, fut fait initié & con- frere. (D. J.) MYSTERE , f. m. ( Théologie. ) chofe cachée & fecrette , impofñble ou difficile à comprendre. Voyez ACATALEPSIE, Ce mot vient du grec pvsuprer , qu’on prétend être formé de puo , claudo , saceo, je ferme, je tais, & de Gone , bouche ; mais d’où vient l’r dans mÿffere ? vent- on que l’r de sue fe foit changée en r ? Ce mot eft donc originairement hébreu : il vient de fzcor, qui fignifie cacher, d’où fe fait myflar , une chofe cachée, Myfleres 1e dit premierement des vérités révélées aux Chrétiens, & dans l'intelligence defquelles la raifon humaine ne peut pénétrer. Tels font les myf= teres dela Trinité, de l’Inçarnation, &c. Foyez Tri- NITÉ. Nous avons un abregé des myfferes de la foi, ou du Chriftianifme , dans Le fymbole des apôtres, du concile de Nicée , & dans celui qu’on attribué com- munémeht à S. Athanafe. Foyez CREDo. Dans ces trois fymboles, il eft parlé du wyffere de la Trinité, de ceux de lIncarnation du fils de Dieu , de fa mort & pafion, de fa defcente aux en- fers , pour la rédemption des hommes ; de fa réfur- rettion le troifieme jour , de fon afcenfion au ciel , de fa féance à la droite de Dieu, & de fa venue à la fin du monde ; de la divinité & de l'égalité du Saint -Efprit avec le pere & le fils; de l’unité de l'Eghife , de la communion des faints, & de leur participation mutuelle dans Les facremens, & de la rélurreéhion générale. Ce font là les principaux myf= teres de la foi que chacun eft obligé de favoir & de croire pour être fauvé. L'Églife a établi dès les premiers âges des fêtes par= ‘ticulieres pour honorer ces myfleres , pour remercier Dieu de les avoir révélés, & pour obliger les mi- mftres & les pafteurs d’en inftruire les fidéles. Voyez FÊTE. Telles font les fêtes de l’incarnation, de la circon- cifion, de la paffion & de la réfurre@ion. Voyez Ix- CARNATION, CIRCONCISION, PAQUE, EprpHa- NIE, Gc. Les Payens avoient aufli leurs myfferes , particu- | AAAaaa : où MYS lierement ceux de Cerès , de la bonne déefle , &e. Voyez ELEUSINIES. Les prêtres égyptiens cachoïent leurs myfleres au peuple fous des caraéteres hiéro- glyphiques. Voyez HIÉROGLYPHIQUE. On punif- foit févérement ceux qui violoient ou révélorent les myfferes de la bonne déeffe ; & on n’en confioit le fecret qu’à ceux qui étoient initiés , & qui avoient juré de garder le fécret. Ces fecrets de la religion étoient appellés des #yf° seres, non parce qu'ils étoient incompréhenfibles, ni élevés au-deflus de la rafon, mais tleiese parce qu'ils étoient couverts & dégmifés fous des types & des figures, afin d’exciter la vénération des peuples par cette obfcurité. Les w3/feres du Paganifme fe cé- lébroient dans des grottes plus propres à cacher des crimes , qu'à célébrer des myfleres de religion. Voyez INITIÉ, ORACLE, 6rc. L’Ecriture emploie le mot dery/fere dans plufieurs {ens, quelquefois pour fignifier une chofe qu'on ne peut connoûre fans le fecous de la révélation di- vine. Voyez RÉVÉLATION. C’eft dans ce fens qu’on doit entendre ces textes : velui qui découvre les fecrets ou myfteres , vous a fait connoître les chofes qui doivent arriver. Dan. ij. 29. 11 7 a un Dieu au ciel qui découvre les myfteres. Ib, v. 28. Le mot de ”yflere fe prend aufli pour ces chofes fecrettes & cachées que Dieu a révélées par les pro- phetes, par Jefus-Chrift, ou par les apôtres, &t par les pafteurs aux fideles. C’eft dans ce fens que faint Paul dit 7e parle de la fageffe de Dicu dans nn myftere que Dieu avoir réfolu ayant tous les fiecles, de révéler pour notre gloire, I. cor. ij. 7. On nous doit regarder comme des miniftres de Jefus-Chrift, & des difpenfateurs des myfteres de Dieu. 1. cor, iv. 1. Quand J'aurois la connoiffance de sous les myfteres, 6: la [eience de toutes chojes , fr je #ai point de charité, je nefuis rien. Î. cor. xuy. 2. Je vais vous découvrir un myftere. IL. cor. xv. sr. Ænforte, que lifant ma lettre, vous pouvez y apprendre quelle ef? l'intelligence que j'ai du myftère de Jefns- Chrift. Ephef. üj. 4. Il ajoute dans les verfets fui- vans , ce myflere eff que les Gentils font héritiers , € font un même corps avec les Juifs, & qu'ils ont part avec eux aux promees de Dieu par l'Evangile de Jefus: Chrift ; qu'ils confervent le myftere de la foi avec une confcience pure, [. Tim. üj. Lorfque le féptieme ange fonnera de la trompette, le myftere de Dieu S’'accom- plira , ainft qu'il l'a annoncé par les Prophetes fes fer- yiteurs. Apocalypf. x. 7. Additions de myfteres , voyez ADDITION. MYSTERE, (Cri, Jacrée. ) LUS HpI@Y à la véritable notion de szyflere eft que c’eft une vérité cachée , & qui ceffe d’être #yflere quand elle eft révélée. Il n’y a point de myflere que vous ne puifhez découvrir, dit Nabuchodonofor à Daniel, c’eft-à-dire point de fecrets: UE Aprov où adovaras 64. Dan. c. iv. 6, Ainfi myffere fignifie une chofe Jecreste, êg l’on n’auroit pas dû en changer l’idée pour lui faire figmfier une chofe incompréhenfible , que la raifon doit croire fans l’en- tendre. Nous voyons que Jefus-Chrift prend ce mot dans le fens que nous lui attribuons , Mat. c. x, y. 1. En effet, puifqu'il fut donné aux difciples de connoître les #2yfleres du royaume des cieux, il faut que ces zyfferes ne fuflent point incompréhenfbles. Voyez encore myfiere dans lé mêmefens. Rom, 16.25. Ce mot fe prend aufli pour facrement , figure , [igne, qui font des termes de même fignification, comme M. Rigault l’a remarqué & prouvé. Enfin myflere défigne dans lEcriture wre féntence parabolique , qui contient un fens caché , une aétion myftique qui en figure, en repréfente une autre. S. L4 Paul dit dans ce fens , Ephef. 5. 32. Ce myfiere eft : grand. Or je parle de Jefus-Chrift & de fon Eglife ; la vulgate laiflant le mot grec wyflere, a mis dans MYS cet endroit /zcremenr ; & les PP. latins ont dit fous vent facrement pour myfiere. ( D. J.) MYSTERES , ( Aztiq. rom. ) c’eft ainfi qu’on ap= pelloit par excellence, les myfleres qu'on célébroit en l'honneur de Cérès à Eleufis , d’où ils prirent le nom d’éleufinies ; voyez ce mot: mais il mérite bien un fupplément, parce qu'il ne s’agit pas moins ici , que des myfleres les plus graves &c les plus facrés de toute la Grece. | La faveur d’être admis aux cérémonies fecrettes des grands myfêeres , ne s’obtenoit qu'après cinq ans de noviciat dans ce que l’on appelloit es pesies mmyf- teres de Cérès, Au bout de ce terme de noviciat, on recevoit de nuit le récipiendaire , après lui avoir fait laver les mains à l’entrée de ce temple , & l’avoir couronné de myrthe, on ouvroit mne cafette où étoient les lois de Cérès & les cérémonies de fes #yf- ceres , on les lifoit au récipiendaire pour lui en don- ner la connoiflance , & on les lui faifoit tranfcrire. Un léger repas fuccédoit à cette cérémonie ; enfuire l’initié ou les initiés pafloient dans le fanétuaire dont le prêtre tiroit le voile, & tout étoit alors dans une grande obfcurité; un moment après, une vive In- rniere leur faifoit paroîitre devant les yeux la flatue de Cérès magnifiquement ornée , & tandis qu'ils étoient appliqués à la confidérer , la lumiere difpa- roifloit encore, & tout étoit de nouveau couvert de profondes ténebres. Les eclats de tonnerre qui fe fai- foient entendre , des éclairs qui brilloient de toutes parts , la foudre qui tomboit au mulien du fanc- tuaire, & cent figures monftrueufes qui paroïfloient de tous côtés , Les remplifloient de crainte & de frayeur : mais un moment après le calme fnccédoit, & l’on appercevoit dans un grand jour une prairie agréable , où l’on alloit danfer &c fe réjouir ; c’étoit l’image des champs élyfées. Il y a apparence que cette prairie étoit dans un lieu enfermé de murailles derriere le fanétuaire du temple , que l’on ouvroiït tout d’un coup lorfque le jour étoit venu, & ce fpeétacle paroïffoit d'autant plus agréable, qu'il fuccédoit à une nuit, où on n’a- voit prefque rien vù que de lugubre & d’effrayant. C’étoit là qu’on révéloit aux initiés tous les fecrets des myfleres, après quoi le prêtre congédioit Paffem- blée en employant quelques mots d’une langue bar- bare , différens de la langue greque, & que M. le Clercinterprete par ceux-ci, veillez, & ne faites poinr de mal. | La fête de l'initiation duroit neuf jours deftinés à différentes cérémonies , que le lecteur trouvera dé- crites dans Murtius. Les principaux minifires qui of- ficioient, étoit lehyérophante ou myftagogue, qu’on appelloit auffi quelquefois prophsse ; le fecond étoit le porte-flambeau; le troifieme etoit le héraut facré, & le quatrieme s’appelloit le wzziffre de l'aurel, W y avoit outre ces quatre miniftres en chef, des prêtres pour les facrifices & des furveillans pour avoir foin que tout fe pañfàt dans l’ordre. Prefque tout le monde briguoit l’honneur d’être admis à ces myfleres. Les prêtres avoient perfuadé le peuple que ceux qui y participeroient, auroient les premieres places dans les champs #lyfées, & que ceux qui n’y feroient pas initiés ne jouiroient point de cet honneur. Ces déclarations firent impreffion, & la curiofité y mit un nouvel attrait. On garda long-tems un filence impénétrable fur tout ce qui fe pafloit dans les myfleres d’Eleufis, & ce ne fut que fort tard qu’on parvint à en favoir quei- ques particularités , tant les Grecs portoient de ref- peét à la fainteté de ces fêtes facrées. Il étoit défendu de les divulguer diretement n1 indireétement, fous peine de la vie. Diagoras Mélien fut pour cette feule raifon profcrit par les Arhéniens, qui promirent un talent à celui qui le rueroit, & deux à celui qui le $ 7 ha = LV \ S brendroit en vie. Le pocte Efchile courut lui-mème un trés-grand danger pour avoir touché quelque chofe des ryfleres de Cérès dans une de fes tragédies, ya plus, Alcihtade au rapport de Plutarque, fur condamné à moit par cOntumace « pour avoir _#comnus un facrilege envers Cérès, en contrefai- . | » fant fes faints r2yferes , & en les montrant à {es ca- » marades dans ia maon, comme fait le hyéro- » phante lorfqu’il montreles chofes faintes, fe nom- » mant lui-même le grand-prètre, donnant à Polition » le nom de porte-flambeau, à Théodore celui de » héraut, & à fes autres camarades , celui d'initiés » où de confreres , contre les lois établies par les » Eumolpides , & par les prêtres du temple de la » fainte Eleufis ; pour punition duquel crime le peu- » ple l’acondamnéà mort, a confifqué tous fes biens, » &c a enjoint à tous les prêtres & à toutes les pré- »trefles de le maudire. | Voilà la teneur de Parrêt contre ce grand capi- taine, qui n'étoit vraiflemblablement que trop cou- pable du crime pour lequel 11 éroit condamné. Ce- pendant une feule prêtrefie eut le courage de s’op- pofer à ce decret, & allégua pour unique raïfon de {cn oppoñtion , qu’elle étoit prérreffe pour benir € non pas pour maudire, mot admirable qui devroit fervir d'épigraphe à tous les temples dù monde. Je n’ofe décider sl nous refte quelque monument de l'antiquité qui repréfente les myfieres ; mais du- moins la favante differtation que M. de Bozea donnée dans les wér, des Belles-Lerires, d’un tombeau de marbre antique , {ur lequel cet habile homme trou- voit la repréfentation des myfferes de Cérès, pañlera toujouts pour une conjecture des plus ingénieufes dans l’efprit des perfonnes mêmes qui ne feront pas de fon avis. (D. J.) MYSTERES DE LA PASSION, ( Théar. françois.) ‘terme confacré aux farces .pieufes, jouées autrefois fur nos théatres, & dont on a déja parlé fous les mois COMÉDIE SAINTE G MORALITÉ ; mais il fal- loit en développer l’origine. #3 Il eft certain que les pélérinages introduifirent ces fpeétacles de dévotion. Ceux qui revenoient de la Terre fainte, de Sainte-Reine, du mont Saint-Mi- chel , de Notre-Dame du Puy ,& d’autres lieux fem- blables , compoloient des cantiques fur leurs voya- ges , auxquels 1ls mêloient le récit de la vie & de la mort de Jefus-Chrift, d'une maniere véritablement très-srofliere, mais que la fimplicité de ces tems-là fembloit rendre pathétique. Ils chantoient les nira- &les des faits, leur martyre, & certaines fables À ” qui la créance des peuples donnoit le nom de viffons, Ces pélerins allant par troupes , & s’arrêtant dans les places publiques , où ils chantoient le bourdon à la main, le chapeau , & le mantelet chargé de co- quilles & d'images peintes de diflérentes couleurs , faifoient une efpece de fpettacle qui plut, & qui ex: cita quelques bourgeois de Paris à former des fonds | pour élever dans un lieu propre , un théatre où l’on tepréfenteroit ces moralités les jours de fête , autant pour l'inftruétion du peuple, que pour fon divertif- fement. L'Itahe avoit déja montré l’exemple, l’on s'emprefla de l’imiter. _ Ces fortes de fpettacles parurent fi beaux dans ces fiecles ignorans , que l’on en fit les principaux orne- mens des réceptions des princes quand ils entroient dans les villes, & comme on chantoit zoc/, noel, au lieu des cris vive le roi, on repréfentoit dans les rnes la famaritaine , le mauvais riche , la conception de la fainte Vierge, la paflion de Jefus-Chrift, & plu- fieurs autres r2yfferes, pour les entrées des rois. On alloit en proceflion au-devant d’eux avec les bannie- res des églifes : on chantoit à leur louange des can- fiques compoiés de paflages de l’'Ecritute fainte, Tgme X, MYS 923 confus enfemble, pour faire allufion aux a@tions prin- cipales de leurs règnes. Telle eit l’origine de notre théatre, où les ac- teurs , qu'on nommoit confreres de la paffion , com- mencerent à jouer leurs piéces dévotes en 1402:ce- pendant comme elles devinrent ennuyeufes à la lon- gue , les confrères intéreflés à réveiller la curiofité du peuple , entreprirent pour y parvenir, d'égayer les myfleres facrés. Il auroit fallu un fiecle plus éclairé pour leur conferver leur dignité ; & dans un fiecle éclairé, on ne les auroit pas choifis. On méloit aux fujets les plus refpeltables , les plaifanteries les plus bafles , & que lintention feule empêchoir d’être im- Pies : car ni les auteurs ni les fpedtateurs ne fai- foit une attention bien diftinéte À ce mélange extra- vâgant, perfuadés que la fainteté du fujet couvroit la groffiereté des détails. Enfin le magiftrat ouvrit les yeux, & fe crut obligé en 1545 de profcrire fé- vérementcet alliage honteux de religion & de bouf- fonnerie. Alors naquit la comédie profane , qui li- vrée à elle même & au goût peu délicat de la nation, tomba fous Henri IE. dans une licence éffrénée, & ne prit ie mafque honnête, qu’au commencement du fiecle de Louis XIV. (D. J.) MYST£RES DES ROMAINS , ( Lisrérar.) c’eft le nom que donne Cicéron aux #yfferes de la bonne déèfle , ou à la fête qui fe célébroit à Rome pendant la nuut en l'honneur de la mere de Bacchus. C’eft cette fête que profana Claudius , qui étoit devenu éperduement amoureux de Pompeia, femme de Céfar, à laquelle il avoit sû plaire, Les détails de cette {cene font connus de tout le monde. La mere de Céfar , après avoir reproché au criminel fon in- folence & fon impiété , le fit fortir de fa maifon , & le lendemain de grand matin, elle donna avis au fé- nat de ce qui s’étoit pañlé la nuit chez elle. Toute la ville en fut fcandalifée , Les femmes fur-tout fe dé- chainerent avec fureur contre le criminel , & un tri- bun le cita devant l’aflemblée du peuple, & fe dé- clara fon accufateur. On fait comme Céfar fe tira d'embarras vis-à-vis le tribun : on fait enfin que le témoignage de Cicéron! ne put prévaloir au crédit de Claudius , n1 à l'argent qu'il répandit parmi fes juges. Tous ces faits étant fi connus, c’eft aflez de remar- quer avec M. l'abbé de Vertot, que les hommes _ étoient abfolument exclus de ces cérémonies noc- turnes, Il falloit même que le maître de la maïfen où elles fe célébroient en fortît. Il n’y avoit que des femmes & des filles qui fufflent admifes dans ces #1yf° ceres , {ur lefquels plufñeurs modernes prétendent , peut-être à tort, qu'on ne peut laifler tomber des voiles trop épais. C’étoit ordinairement la femme d’un conful ou d’un prêteur qui faifoit la fonétion de prètrefle de la divinité qu’on n’ofoit nommer , & qu'on révéroit fous le titre de la éonne déelfe. Voyez Bonne Déesse. (D, J.) MYSTERES DE SAMOTHRACE, (Lzrrér.) Strabon en pañle , & remarque qu'ils étoient de la plus grande antiquité. [ls furent apportés de Samothrace à Troie par Dardanus, & de Troie en Italie par Enée. Les veflales étoient chargées, dit Denis d'Hahcarnaïle, de garder ces myfteres dont elles feules avec le grand prêtre, avoient la connoïflance. (D. J.) MYSTIA , ( Géograph. anc,) ville d'Italie dans la orande Grece; c’eit aujourd’hui felon le pere Har- douin, Monafleraci, on comme d’autres difent, Moy- te-Araci. (D, J.) MYSTIQUE , SENS, ( Criciq. facrée. ) explication allégorique d’un événement , d'un précepte, d’un difcours, ou d’un pañlage de l’Ecriture. On ne s’é- tonnera pas que les anciens peres aient donné dans les explications allégoriques & dans les /ers myfh#- ques, fi l’on fait attention à l’origine de cette me- thode d'interpréter l’Ecriture. On favoit que les an " AAAaaaj 924 MY IT ciens fages avoient affedté de cacher Îa feience fous des fymboles & des énigmes. Les Égyptiens l'a- voient fait , les Orientaux lavoient fait , les Pytha- goriens , les Platoniciens l’avoient fait ; en un mot, les Grecs & les Barbares avoient eu cette méthode d’enfeigner : de forte qu’on ne doutoit pas que Moite, qui étoit égyptien, ou élevé en Egypte, n’en eût ufé de même, & les Prophetes à fon exemple, On re- gardoït même les Philofophes qui cachoient leur {cience fous des emblèmes énigmatiques , comme les imitateurs de Moïfe. On fut aufli perfuadé dès Les premiers fiecles du Chrifianifme , que Jefus-Chrift avoitnon-feulement expliqué Moife & les Prophetes dans des fèrs myfliques (de quoi les Evangéliftes font foi) , mais on crut de plus, qu'avant de monter au ciel, il donna à fes diiciples fa connoïffance de ces fèrs myfliques de la loi & des Prophetes , lefquels dif- ciples la tran{mirent par tradition à leurs fuccefleurs. C’eft cette fcience qui eft appellée 10916. Dans le fond , il étoir vrai que Jefus-Chrift avoit interprété les Ecritures à fes difciples , quand 1] fal- lut les convaincre que fa mort & fa crucifixion avoient été prédites par les divins oracles, &t quil ne devoit entrer dans fa gloire que par les fouffran- ces. Mais il eft très-faux que Jefus-Chrift confia la {cience fecrette des /èzs myfliques à quelques-uns ou à tous fes difciples, pour la trarfnettre par tradi- tion feulement à leurs fucceffeurs. Ils n’ont point ca- ché ce qu'ils en favoient, témoins les écrits des apô- tres , en particulier l’épitre aux Hébreux. Quel étoit donc le {entiment des apôtres & des fideles là-def- fus ? Ils ne doutoient pas 1°. que l’Ecriture ne dût être expliquée myftiquement , au moins en plufeurs endroits ; mais ils croyoient 2°. que c’eft le faint Ef- prit qui révéloit aux fideles ces Jens myfliques. C’eft ce que dit faint Pierre, II. Ep. v. 20. & c'eft la {cience dont parle faint Paul dans fon épi. aux Ga- lat. iv. 24. Dès que les dons miraculeux eurent ceñlé, les allégories ne furent plus que des penfées humai- nes qui n’ont aucune certitude, & qui pour la plü- part ne font qu’un jeu de l'imagination, Cependant les percs ne laiflerent pas que d’admirer cette ma- niere d'expliquer l’Ecriture , & de la regarder comi- me la fcience fublime des fages & des parfaits. Clé- ment d'Alexandrie vante extrèmement cette fcience dans le cinquieme livre de fes Siromates, & fe per- fuade fans raifon , qu’elle avoit été enfeignée par la vérité gnoflique. Beaufobre. ( D. J.) MYSTRUM , ( Pharmacie.) c’eft le nom d’une mefure anciennement ufitée en Pharmacie. Il y avoit un #2yférum magnum & un myflrum parvum, Le pre- mier contenoit trois onces, deux gros & deux fcru- pules de vin, ou trois onces d’huile : le fecond con- tenoit fix dragmes deux fcrupules de vin, ou fix dragmes d'huile. MYTHOLOGIE , f. f. ( Belles-Letres, ) hifloire fabuleufe des dieux, des demi-dieux, & des héros de l'antiquité, comme fon nom même le défigne. Mais l'Encyclopédie confidere encore, fous ce nom, tout ce qui a quelque rapport à la religion payenne : c’eft-à-dire, les divers fyflèmes & dogmes de Théologie , qui fe font établis fucceffivement dans les différens âges du paganifme ; les myfteres & les cérémonies du culte dont étoient honorées ces prétendues divinités ; les oracles, les forts, les au- gures , les aufpices & arufpices, les préfages , les prodiges, les expiations , les dévouemens , lesévo- cations, & tous les genres de divination qui ont été en ufage ; les pratiques & les fon@tions des pré- tres , des devins , des fibylles, des veftales; les fé- tes & les jeux; les facrifices & les viimes ; les temples, les autels, les trépiés, & les inftrumens des facrifices ; les bois facres , les flatues, & géné- ralement tous les fymboles fous lefquels Pidolätrie MYT s’eft perpétuée parmi les hommes durant un figrand nombre de fiecles. | La Mychologie, envifagée de cette maniere, conf- titue la branche la plus grande de l'étude des Bel- les-Lettres. On ne peut entendre parfaitement les . ouvrages des Grecs & des Romains que la haute an- tiquité nous a tranfmis, fans une profonde connoïf: fance des myfteres & des coutumes religieufes du paganifme. Les gens du monde , ceux mêmes qui fe montrent les moins curieux de l’amour des Sciences, font obli- gés de s'initier dans celle de la Myrhologie , parce qu’elle eft devenue d’un ufage fi fréquent dans nos converfations, que quiconque en ignore les élé- mens, doit craindre de pañler pour être dépourvu des lumieres les plus ordinaires à une éducation com- mune. Son étude eft indifpenfable aux Peintres, aux Sculpteurs, fur-tout aux Poëtes , & généralement à tous ceux dont l’objet eft d’embellir la nature & de plaire à l'imagination, C’eft la Myshologie qui fait le fonds de leurs produétions, & dont ils tirent leurs principaux ornemens. Elle décore nos palais , nos galeries , nos plat-fonds & nos jardins. La fable eft le patrimoine des Arts; c’eft une fource inépuifable d'idées ingénieufes , d'images riantes , de fujets in- téreflans, d’allésortes , d’emblêmes , dont lufage plus où moins henreux dépend du goût & du génie. Tout agit , tout refpire dans ce monde enchanté, où les êtres intelle@uels ont des corps, où les êtres ma- tériels font animés, où les campagnes , les forêts, les fleuves , les élémens , ont leurs divinités parti- culieres ; perfonnages chimériques, jele fais, mais le rôle qu'ils jouent dans les écrits des anciens poë- tes, & les fréquentes allufions des poëtes moder- nes , les ont prefque réahifés pour nous. Nos yeux y font familiarilés, au point que nous avons peine à les regarder comme des êtres imaginaires. On fe per- fuade que leur hiftoire eft le tableau défguré des événemens du premier âge : on veut y tfonver une fuite, une liaifon, une vraiffemblance qu'ils n’ont pas. La critique croit faire aflez de dépouiller les faits de la fable d’un merveilleux fouvent abfurde, & d’en facrifier les détails pour en conferver le fonds. Il lui fuffit d’avoir réduit Les dieux au fimple rang de héros , & les héros au rang des hommes, pour fe croire en droit de défendre leur exiftence, quoique peut-être de tous les dieux du paganifme , Hercule, Caftor, Pollux , & quelques autres, foient les feuls qui aient été véritablement des hommes. Evhemere, auteur de cette hypothefe qui fappoit les fonde- mens de la religion populaire, en paroïffant Pexpli- quer , eut dans l’antiquité même un grand nombre de partifans ; & la foule des modernes s’eft rangée de fon avis. Prefque tous nos Mytholopiftes, peu d'accord en- tr'eux à l'égard des explications de détails, fe réu- niffent en faveur d’un principe que la plüpart fuppo- fent comme inconteftable. C’eft le point commun d’où ils partent, & leurs fyftèmes , malgré les con- trariétés qui les diftinguent , font tous des édifices conftruits fur la même bafe, avec les mêmes maté- tiaux, combinés différemment. Par-tout on voit do- ner l’evhémérifme , commenté d’une maniere plus ou moins plaufble. Il faut avouer que cette réduétion du merveilleux au naturel, eft une des clés de la Mythologie grec- que ; mais cette clé n’eft ni la feule, ni laplus impor- tante, Les Grecs, dit Strabon, étoient dans Pufage de propofer , fous l'enveloppe des fables, les idées qu'ils avoient non-feulement fur la Phyfique, &c fur . les autres objets relatifs à la nature & à la Philofos phie, maïs éncoïe fur Les faits de leur ancienne hf: toire. | SA. | Ce paffage indique une différence eflentielle en- tre les diverfes efpeces de fiétions qui formoient le corps de la fable. Îl en réfulte que les unes avoient rapport à la Phyfique générale ; que les autres expri- moient des idées metaphyfiques par des images fen- fibles ; que plufeurs enfin; confervoient quelques traces des premieres traditions: Celles de cette troi- fieme clafle étoient les feuleshiftoriques ; & ce font les feules qu’il foit permis à la faine critique de lier avec les faits connus des tems poftérieurs, Elle doit y rétablir l'ordre, s’il eft poffble ; y chercher un enchaînement conforme à ce que nous favons de vraiflemblable fur l’origine & le mélange des peu- ples, en dégager le fonds des circonitances étran- geres qui l'ont dénaturé d’âge en âge, l’envifager ; en un mot, comme une introduétion à l’hiftoire de l'antiquité. Les fiétions de cette clafle ont un caraétere pro- pre, qui les diftingue de celles dont le fonds eft myftagogique ou philofophique. Ces dernieres, af- femblage confus de merveilles & d’abfurdités, doivent être reléguées dans le cahos d’où l’efprit de fyftème a prétendu vainement les tirer. Elles peu- vent de-là fournit aux poëtes des images & des allé- gories ; d’ailleurs, le fpeétacle qu’elles offrent à nos réflexions , tout étrange qu'il eft, nous inftruit par {a bifatrerie même. On y fuit la marche de l’efprit humain ; on y découvre la trempe du génie natio- nal des Grecs. Ils eurent l’art d'imaginer , le talent de peindre, & le bonheur de fentir ; mais par un amour déréglé d'eux-mêmes & du merveilleux, 1ls abuferent de ces heureux dons de la nature ; vains, légers, voluptueux & crédules, ils adopterent , aux dépens de la raifon & des mœurs, tout ce qui pouvoit autorifer la licence, flatter l’orgneil, & donner carriere aux fpéculations métaphyfiques. La nature du polythéifme, tolérant par eflence , permettoit l’introduétion des cultes étrangers ; & bien-tôt ces cultes, naturalifés dans la Grece, s’in- corporoient aux rites anciens. Les dogmes & les ufages confondus enfemble, formoient un tout dont les parties otiginairement peu d’accord entr'elles , n’étoient parvenues à fe concilier qu’à force d’expli- cations & de changemens faits de part & d'autre. Les combinaifons par-tout arbitraires & fufceptibles de variétés fans nombre, fe diverfifioient , fe multi- plioient à l'infini fuivant les lieux, les circonftan- ges & les intérêts. Les révolutions fucceffivement arrivées dans les différentes contrées de la Grece, le mélange de fes habitans, la diverfité de leur origine, lenrcommerce avec les nations étrangeres , l'ignorance du peuple, le fanatifme & la foutberie des prêtres, la fubtilité des métaphyficiens , le caprice des poëtes, les mé- prifes desétymologiftes , ’hyperbole fi familiere aux enthoufaftes de toute efpece, la fingularité des cé- rémonies, le fecret des myfteres , lillufion des pref- tiges ; tout influoit à l’envi furle fonds, fur laforme, furtoutes les branches de la Myrhologie. _ C’étoit un champ vague, mais immenfe & ferti- le , ouvert indifféremment à tous, que chacun s’ap- proprioit, où chacun prenoit à fon gré l’effor , fans fubordination , fans concert, fans cette intelligence mutuelle qui produit luniformité. Chaque pays ;, chaque territoire avoit fes dieux , fes erreurs, fes pratiques religieufes, comme fes lois & fes coutu- mes. La même divinité changeoït de nom, d’attri- buts , de fonétions en changeant de temple. Elle per- doit dans une ville ce qu’elle avoit ufurpé dans une autre. Tantd’opinions en circulant de lieux en lieux , en fe perpétuant de fiecle en fiecle, s’entrecho- quoient, fe méloient , fe féparoient enfuite pour fe À An PARU 5% réjoindre plus loin ; & tantôt alliées, tantôt contraï- res, elles s’arrangeoient réciproquement de mille 8e mille façons différentes, comme la multitude des atomes épars dans le vuide, fe diftribue, fuivant Epicure, en corps de toute efpece, compofés, or- ganifés, détruits pat le hafard. Ce tableau fuffit pour montrer qu’on ne doit pas à beaucoup prèstraiter la Myshologie comme l’hiftoire ; que, prétendre y trouver partout des faits, & des faits liés enfemble & revêtus de circonftances vtaif: femblables, ce feroit fubftituer un nouveau fyftème hiftorique à celui que nous ont tranfmis, fur le pre- mier âge de la Grece, des écrivains tels qu'Héro- dote & Thucydide, témoins plus croyables lorf: qu'ils dépofent des antiquités de leur nation, que des mythologues modernes à leur ésard ; compila= teurs fans critique & fans goût, ou même que des poëtes dont le privilege eft de feindre fans avoir lin- tention de tromper. . La Myrhologie n’eft donc point un tout compofé de parties correfpondantes : c’eft un corps informe ; irrégulier , mais agréable dans les détails ; c’efl le mélange confus des fonges de l'imagination , des rê- ves de la Philofophie, & des débris de Pançcienne hi£ toire, L’analyfe en eft impoflble, Du-moins ne par- viendra-t-on jamais à une décompofition aflez fa- vante pour être en état de déméler l’origine de cha- que fiétion, moins encore celle des détails dont cha= que fiction ef l’aflemblage. La théogonie d'Héfiode & d'Homere eft le fonds fur lequelont travaillé tous les théologiens du paganifme, c’eft-à-dire, les prê- tres , les poëtes & les philofophes. Mais à force de furcharger ce fonds, & de le défigurer même en l’embelliffant, 1ls Pont rendu méconnoiffable ; & , faute de monumens, nous ne pouvons déterminer avec précifon ce que la fable doit à tel ou tel poëte en particulier, ce qui en appartient à tel ou tel peu- ple, à telle ou telle époque, C’en eft affez pour ju- ger dans combien d'erreurs font tombés nos meil- leurs auteurs, en voulant perpétuellement expli- quer les fables, & les concilier avec l’hiftoire an- cienne de divers peuples du monde. L'un, entêté de fes Phéniciens, lestrouve par-tout, & cherche dans les équivoques fréquentes de leur langue le dénouement de toutes les fables ; l’autre , charmé de l’antiquité de fes Egyptiens , les reparde comme les feuls peres de la Théologie &c de la reli- gion des Grecs , & croit découvrir l'explication de leurs fables dans les interprétations capricieufes de quelques hiéroglyphes obfcurs ; d’autres, apperce- vant dans la bible quelques veftiges de Pancien hé- roïfme , puifent l’origine des fables dans l'abus pré- tendu que les poëtes firent des livres de Moiïfe qu'ils ne connoufloient pas; &, fur les moindres reflem- blances, font des paralleles forcés des héros de la fable & de ceux de l’Ecriture-fainte, Tel de nos favans reconnoît toutes les divinités du paganifme parmi les Syriens ; tel autre parmi les Celtes ; quelques-uns jufque chez les Germains &c les Suédois ; chacun fe conduit de la même maniere que fi les fables formoient chez les poëtes un corps fuivi fait par la même perfonne , dans un mêmetems , un même pays , & fur les mêmes principes. Il y a environ vingt ans que parut un nouveau fyftème mythologique, celui de l’auteur de lhiftoire du ciel. M. Pluche s’eft perfuadé que l’Ecriture fymbolique prife groflierement dans le fens qu’elle préfentoit à l’œil, au lieu d’être prife dans le fens qu’elle étoit deftinée à préfenter à l’efprit , a été non- feulement le premier fonds de l’exiftence prétendue d'Ifis, d'Ofiris, & de leur fils Horus, mais encore de toute la Mythologie payenne. On vint , dit-il, à prendre pour des êtres réels des figures d'hommes & de femmes , qui avoient été imaginées pour pein= 926 MYT. ‘dre des befoins. En un mot, felon ce critique d’ail- | leurs fort ingénieux dans fes explications, les dieux, les demi-dieux, tels qu'Hercule, Minos, Rhada- mante, Caftor & Pollux, ne font point des hom- mes, ce font de pures figures qui fervoient d’inftruc- tions fymboliques, Mais ce fyftème fingulier ne peut réellement fe foutenir, parce que, loind’être auto- rifé par l’antiquité , il la contredit fans cefle &c en fappe toute l’hiftoire de fond en comble. Or, sil ‘y a des faits dont les Sceptiques eux-mêmes aurotent peine à douter dans leurs momens raifonnables, c’eft que certains dieux, ou demi-dieux du pagamif- me, ont été des hommes déifiés après lenr mort; ‘honneur dontils étoient redevables aux bienfaits pro- curés par eux à leurs citoyens, ou au genre humain gngénéral. Ainfinos écrivains fe font jettés dans nulle erreurs différentes , pour vouloir nous donner des explica- tions fuivies de toute la Myshologie, Chacun y a dé- couvert ce que fon génie particulier & le plan de fes “études l'ont porté à y chercher. Que dis-je { le phyfi- cien y trouve par allégorie les myfteres de la na- ture ; le politique, les rafinemens de la fagefle des gouvernemens ; le philofophe , la plus belle morale ; le chimifte même , les fecrets de fon art, Enfin, cha- eun a regardé la fable comme un pays de conquête, où 1l a cru avoir droit de faire des irruptions confor- mes à fon goût & à fesintérèts. Ona indiqué ,: au mot FABLE, le précis des re- cherches de M, l’abbé Banier fur fes différentes four- ces : ileft également agréable &c utile de lire fes ex- plications de toute la Myshologie ; mais on trouvera des morceaux plus approfondis par M. Freret fur cette matiere, dans le Recueil de l'académie des Bel- des-Lertres. ( D. J.) MYTILÈNE, ( Géog. an. Morin, ville d’Æo- lie dans l’ile de Lesbos , & fa capitale. Elle étoit floriflante, puiffante , &c très-peuplée ; mais elle fut expolée en différens tems à de grandes calamités. : Elle fouffrit beaucoup de la part des Athéniens dans la guerre du Péloponnèfe, & de la part des Romains durant la guerre contre Mithridate. Après la défaite du roi de Pont, elle fut la feule qui demeura en ar- mes, de forte que les Romainsirrités l’attaquerent, la prirent, & la ruinerent. Cependant l'avantage de fa fituation la fit promptement rétablir, & Pompée eut la gloire d’y contribuer beaucoup en lui rendant fa liberté. Strabon ditque Myrilène étoit très-srande de fon tems; Cicéron & Vitruve ne parlent que de fa magnificence. La liberté que Pompée luirendit lui fut confirmée par les empereurs. Trajan affe@ionna cette ville, l’embeliit, & lui donna {on nom. On ne perdra jamais la mémoire de Myrilène par- mu les antiquaires. Les cabinets font remplis de mé- dailles de cette ville, frappées aux têtes de Jupiter, d’Apollon, de Vénus , de Livie, de Tibere , de Caius Céfar, de Germanicus, d'Agrippine, de Julie, d’Adrien , de Marc-Aurele, de Commode, de Crif- pine, de Juha Domna , de Caracalla, d'Alexandre Severe, de Valérien, de Gallien, de Salonic. Mytilène produifit de bonne heure des hommes à-jamais célebres , & devint enfuite en quelque ma- niere la patrie des Arts & des talens. Pittacus, un des fept {ages de la Grece, dont on avoit écrit les fentences fur les murailles du temple d’Apollon à Delphes , voulant délivrer Myrilène fa patrie de la fervitude destyrans, en ufurpa lui-même l'autorité ; mais il s’en dépouilla volontairement en faveur de fes citoyens, Alcée, fon compatriote & fon contemporain, a été un des plus grands lyriques de l'antiquité. On dait l'éloge qu’en fait Horace, OZ. 12. 4, IL. Et te fonantem plenius aureo #lcæe. pleitro 5 dura navis, MYT Dura fuge mala , dura bell, Pugnas, € exaëlos tyrannos + Denfum humeris bibis aure vulpus, : ne nous refle que des lambeaux des poëfies d’Alcée, Les plus belles, au jugement de l'ami dé Mécène & de Quintilien , étoient celles qu'ilfiteon- tre Pittacus, Mirfilus, Mévalagyrus, les Cléanaëti= des, & quelques autres, dent les faétions défole- rent l’île de Lesbos & toute l’Æolie, Obligé de 1e fauver, il fe mit à la tête des exilés, & fit la guerre aux tyrans dont ileut la gloire de délivrer fa patrie. Ilunifloit l’énergie €c la magnificence du ftyle à la plus grande exaéhtude; & c’eft de lui que le vers alcaique a tiré fon nom. La contemporaine d’Alcée & fa bonne amie, æeolia puella, la dixieme mufe pour m'exprimer en d’autres termes, celle que Strabon appelle un pro- ‘dige; ou fi l’on veut la confidérer fous une autre face , la malheureufe amante de Phaon , en un mot Sapho , dont le vers faphique a tiré fon origine, étroit de Mylène. Elle ne fe lafla point de vanter la lyre d’Alcée , & les anciens n’ont ceflé de les louer également tous les deux. Tous deux, dit Horace, | enlevent l'admiration des ombres ; tous deux méri- tent d’être écoutés avec le filence le plusreligieux: Uirumque facro digna filentio Mirantur umbræ dicere. Tous les juges de l’antiquité ont célébré la déli- catefle, la douceur, l’harmonie , la tendrefle 6ç les graces infinies des poéfies de Sapho. Il ne nousrefte que deux de fes pieces; 87 ces deux pieces, loin de démentir les éloges qu'on lui a donnés, ne font ‘qu’augmenter nos regrets {ur celles qui font perdues. On frappa des médailles à Myrilène en honneur de Pittacus , d’Alcée & de Sapho, qui vivoient tous trois dans le même tems. C’eft par ces médailles que nous apprenons qu'il faut écrire le nom decette ville avecuny, quoiqu'il foit écrit avec un z dans Stra- bon. Une de ces médailles repréfente d’un côté la tête de Pittacus, & de l’autre celle d’Alcée. M, Spon em a fait graver une autre où Sapho eft aflife tenant une lyte; de l’autre côté, eft la tête de Nauficaa, fille d’Alcinous , dont les jardins font fi célebres dans Ho- mere. Il eft vrai que Sapho ne put jamais défarmer la ja- loufie des femmes de Lesbos, parce que fes amies étoient prefque toutes étrangeres. Elle fit quelques pieces pour fe plaindre de cette injuftice, & , à cette occafon, on a écrit bien des thofes injurieufes à {4 Mémoire ; mais la maniere dont elle fe déclara pubh- quement & conftamment contre fon frere Caraxus qui fe deshonoroït par fon attachement pour la cour- tifanne Rhodope ; & la vénération que les Mytilé- miens conferverent pour elle, jufqu’à faire graver {om image fur leur monnoie après fa mort, nous doi- vent faire au-moins foupçonner que la calomnmie a er la meilleure part aux reproches qu’on lui a faits fur le débordement de fes mœurs. Sa pañion pour Phaon, natif de Mytilène , ne doit pas être objec- tée ; elle n’aima que lui & périt pour lui: eh com- ment n’auroit-elle pas aimé celuiquireçut de Vénus, dit la fable, un vafe d’albâtre , rempli d’une eflence célefte, dont il ne fe fut pas plutôt frotté qu’il de- vint le plus beau de tous les hommes ! Je n’en dirai pas davantage fur Sapho : je renvoie fon hiftoire à l’article étendu de Bayle, à fa vie écrite par Madame Dacier, à celle qu'en a publié le baron de Longepierre, & fur-tout à celle qu’en a fait imprimer M. Wolff à Hambourg, en 1735, à la tête des poéfies &c des fragmens de cette fameufe grec- que. Il y avoit tous les ans à Myrilère des combats où les Poëtes difputoient le prix de la poéfie , en réci- MY tant leurs ouvrages. Les Mytiléniens pañloient pour _ les plus grands muficiens de la Grece , témoin Phry- nis , qui le premier remporta le prix de la lyre aux jeux des Panathénées , célébrés à Athènes la qua- trieme année de la quatre vingtieme olympiade. On fait la révolution qu'il produifit dans la Mufique. La philofophie & l’éloquence étoient également cultivées à Myrilène. Epicure y enfeigna publique- ment à l’âge detrente-deux ans, comme nous l’ap- prenons de Diogene Laerce. Ariftote y fut aufli pen- dant deux ans, fuivant le même auteur. Marcellus , après la bataille de Pharfale, n’ofant fe préfenter devant Céfar, s’y retira pour y pañfer le refte de fes jours à l’étude des Belles-Lertres, fans que Cicéron pût le perfuader de venir à Rome éprouver la clé- mence du vainqueur. Enfin, le rhétoricien Diophanès & l’hiftorien Théophane étoient de cette ville. Saint Paul y vint, felonles Aëtes des Apôtres , ch. xx. 24. en allant de Corinthe à Jérufalem, lors de fon voyage où il fut arrêté dans cette derniere ville, l’an 58 de l’ere vulgaire. Perfonne aujourd’hui ne doute que Caffro , capitale de l'ile de Mételin , qu'on appelloit autrefois Lesbos, n'ait été bâtie fur les ruines de Mylène ; auffi n’y voit-on que bouts de colonnes , la plüpart de mar- bre blanc, quelques-uns gris-cendré, & d’autres de granit. Il y a des colonnes cannelées en ligne droite, d’autres er fpirale ; quelques-unes font ovales, rele- MYU 927 vées de plates-bandes, comme celles du temple de Délos ; mais celles de Mytilène ne font pas canne- les fur Les côtés, Enfin , 1l n’eft pas croyable com- bien dans les ruines dont nous parlons , 1l reftoit en- core au commencement de ce fiecle, de chapiteaux, de frifes, de piédeftaux, & de bouts d’infcriptions. Voyez MÉTELIN , voyez LESBOS; car tout ce qui appartient à la Grece, & fous les noms anciens ou modernes, doitintéreffer notre curiofité. ( D. J.) MY TULITES , ( Æifé, rar, ) nom donné par quelques naturalifles aux moules pétrifiées ou fofliles. MYURUS , cerme de Médecine, fignifie un pouls qui s’affoiblit continuellement & par degrés infenfi- bles, deforte que le fecond battement eit plus foible que le premier, le fecond plus foible que le troifie- me, Ge. Voyez POULS. Ce terme eft formé de pus, Jouris, & de cupa à queue, par comparaifon de la diminution du pouls à la queue de cet animal, dont la grofleur va toûjours en diminuant depuis la racine jufqu’au bout. MYUS, ( Géog. anc. ) c’étoit une des douze villes ‘de l’onie, felon Pline & Paufanias. Strabon ditque de fon tems il n’en reftoit pas le. moindre veftige. di) MYVA , en Pharmacie, ef la chair ou la pulpe de coings, cuite avec du fucre à une confiftance épaiffe. Ce nom fe donne auff à toutes les gelées que lon fait avec des fruits. Voyez GELÉE , voyez PULPE, FIN DU DIXIEME VOLUME der di Cr ù F 3! GE vo Je 14 * w fr » Jr LAN RES DETEN Fa Lu oi x Ci big se fe ÿ h | Far. : 1 , F 2 _. 4 il & Lai t g « 4 ea ar 4 \ \ ee # | || | || | [|| [ll | Il Il | TUI AF NN Il Il ra re: